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HARVARD UNIVERSITY.
LIBRARY
MUSEUM OF COMPARATIVE ZOÔLOGY.
GIFT OF
ALEXANDER AGASSIZ.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PARIS. — rilPRlMERlE GAUTHIER-VILLABS, QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55.
COMPTES RENDl S
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PUBLIÉS,
CONFORMÉMIiNT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
Oh 3ate Du <3 clutiîtet <835,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CENT VIi\GT-I\EUVlE»IE.
JUILLET — DÉCEMBRE 1899.
^
ARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1899
1899
SECOND SE3IESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR mil. liES SECRÉTAIKES PERPÉTUEEiS'
TOME CXXIX.
N^ 1 (3 Juillet 1899).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1899
HEliLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 2.5 JUIN 1862 ET 24 MAI iSyS.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article l*^ — Impressions des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un INIembre
ou par unAssociéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvles rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pag^s par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui v ont
pris part désirent qu'il en soii fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académ;
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Raj
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au tar
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance pi
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
f
Article 2. — Impression des travaux des Savants \
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un r
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires soi
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extra'
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fon
pour les articles ordinaires de la correspondance offi
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du malin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire estinséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est fîénvoyé au Compte rendu sui-
vant et mis à la fin du cahier. ,
Article 4. — Planches et tirage à parti *
Les Comptes rendus n'ont pas de planches. i
Le tirage à part des articles est aux frais des aui^ •
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports elt
les Instructions demandés par le Gouvernement. (
(
Article 5.
j
Tous les six mois, la Commission administrative fai/t
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprèk-
l'impression de chaque volume. ^^
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES UENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 JUILLET 1801),
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre DE l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
l'ampliation d'iin Décret qui, suivant le vœu exprimé par l'Académie des
Sciences, porte de loo à 1 16 le nombre de ses Correspondants, tant natio-
naux qu'étrangers.
ASTRONOMIE. — Considérations sur la constitution physique de la Lune.
Note de MM. Lœwy et Puiseux.
« Nous avons eu dernièrement l'honneur de présenter à l'Académie le
quatrième fascicule de l'Atlas photographique de la Lune, publié par l'Ob-
servatoire de Paris. Ces feuilles, rapprochées des précédentes, nous pa-
raissent devoir donner lieu aux conclusions suivantes :
» 1° Il existe, au point de vue du relief, une similitude générale entre
r 6 .
les mers de la Lune et les plateaux recouverts aujourd'hui par les océans
terrestres.
« Dans ceux-ci les surfaces convexes tiennent plus de place que les
bassins concaves, rejetés habituellement vers la limite de l'aire affaissée.
De même les mers de la Lune présentent d'ordinaire vers les bords des dé-
pressions assez prononcées. Dans un cas comme dans l'autre, nous obser-
vons les déformations normales d'un globe en voie de retrait et dérobé à
l'action érosive des pluies, qui tend au contraire, dans toutes les parties
abondamment arrosées de la Terre, à faire prédominer les surfaces con-
caves. L'explication de cette structure, telle qu'elle est admise aujourd'hui
par les géologues, nous semble également valable pour la Lune.
» 2° Pour trouver une ressemblance équivalente dans les parties sail-
lantes, il audrait pouvoir rétablir sur la Lune les traits effacés par les
éruptions volcaniques, sur la Terre ceux qui ont disparu par le travail des
eaux. Nous sommes à même d'y suppléer dans une certaine mesure eu
mettant en parallèle d'une part les massifs lunaires relativement pauvres
en cirques, d'autre part les chaînes terrestres de surrection récente, où la
structure initiale est susceptible d'être reconstituée sans trop d'efforts.
Nous observons alors, sur les chaînes qui entourent les mers lunaires
comme sur celles qui encadrent les fosses méditerranéennes, le. contraste
d'un versant intérieur rapide et d'une pente extérieure doucement inclinée.
Cette opposition est souvent si nette sur la Lune qu'il est permis d'en faire
remonter la cause à une rupture des couches, sans attendre la confir-
mation stratigraphique, jusqu'à présent irréalisable.
» 3° Le développement plus considérable acquis par les mers dans la
moitié orientale du disque lunaire montre que les phénomènes d'affaisse-
ment ont dû s'y manifester à une époque plus ancienne que dans la partie
occidentale. S'il en est ainsi, on doit prévoir que la croûte y a emprisonné
les gaz en quantité relativement plus grande et opposé une résistance
moins efficace à leur expansion. C'est, en effet, du côté de l'est que les
orifices isolés se montrent en plus grand nombre à la surface des mers, et
que les forces volcaniques ont créé des systèmes rayonnants étendus à toutes
les directions.
» Le développement de ces phénomènes a nécessairement exigé un
temps considérable, et il y a lieu d'admettre que ces plaines, solidifiées
avant celles de la partie ouest de la Lune, sont arrivées depuis longtemps
à une configuration peu différente de celle qu'elles possèdent aujourd'hui.
» 4" La tormalion des mers débute par l'effondrement d'une vaste ré-
( 1 >
gion, qu'isole bientôt une cassure circulaire. Cette cassure ne marque
point, en général, la limite future de la mer. Nous pouvons citer des cas
où l'aire effondrée échappe tout entière à la submersion, d'autres où la
partie centrale est seule envahie, d'autres enfin où l'enceinte primitive
est débordée et où la mer s'agrandit en s'annexant des bandes marginales.
C'est par une série d'étapes analogues que les plus grands cirques parais-
sent être arrivés à leurs dimensions actuelles.
)> 5" L'époque de la solidification d'une mer ne coïncide pas davantage
avec celle de la fixation définitive du niveau dans la partie centrale. Celle-
ci peut s'abaisser encore et déterminer par son retrait la formation d'une
nouvelle crevasse, parallèle, comme la première, aux limites delà mer.
» 6° Les nouvelles feuilles, de même que les premières, nous four-
nissent plusieurs spécimens de grands cirques où la solidification, due au
refroidissement progressif, s'est effectuée à trois ou même quatre niveaux
différents, séparés par plusieurs kilomètres d'intervalle. Les effondrements
modernes, comparés aux anciens, offrent presque toujours une étendue
moindre, une pente intérieure plus rapide, une forme plus régulièrement
circulaire. Les plus modernes, tels que ceux qui s'ouvrent sur le fond déjà
très déprimé de Longomontanus, n'ont plus aucune trace de bourrelet
périphérique, c'est-à-dire que leur apparition ne semble pas avoir été pré-
cédée d'un soulèvement.
» 7° Toutefois, ce phénomène d'intumescence de la croûte lunaire,
considéré par nous comme le préliminaire habituel de la formation des
cirques, a, dans certains cas exceptionnels, mais bien constatés, donné
naissance à des figures convexes, dont la partie centrale ne s'est pas
effondrée.
» W Nous avons indiqué précédemment comment il était possible, dans
un assez grand nombre de cas, d'assigner l'âge relatif des cirques d'après
l'état de conservation de leur rempart et la submersion plus ou moins
complète de leur cavité intérieure. Dans les parages envahis par les
traînées, nous pouvons juger, par un autre caractère, de l'époque plus ou
moins tardive de la solidification intérieure des cirques. Il convient de
placer en première ligne, par ordre d'ancienneté, ceux qui ont reçu et
conservé un revêtement blanc uniforme; ensuite ceux qui n'ont enregistré
que quelques traînées faibles et tardives sous forme de bandes, enfin ceux
qui sont demeurés complètement indemnes et tranchent aujourd'hui, par
leur teinte sombre, sur la région environnante.
» Ce critérium chronologique, plus net que celui qui repose sur l'étal
( 8)
de conservation des bourrelets, nous renseigne aussi sur l'ancienneté rela-
tive de la solidification dans les diverses parties des mers. Il tombe malheu-
reusement en défaut dans les régions, assez nombreuses, où les traînées ne
se sont point étendues.
» 9° En général, les grands systèmes de traînées recouvrent indistinc-
tement tous les accidents du sol placés sur leur trajet. Cette circonstance
nous a déjà permis de conclure que les formidables éruptions volcaniques
dont la Lune a été le théâtre appartiennent à une période récente dans
l'histoire de notre satellite. Elles ont dû être précédées de la solidification
à peu près complète des mers et du fond des cirques. Le même fait nous
semble devoir être pris en grande considération dans le problème si
souvent discuté de l'atmosphère de la Lune. Non seulement, en effet,
ces éruptions ont mis en liberté des quantités importantes de gaz ou de
vapeurs, mais la diffusion des cendres à de grandes distances suppose une
enveloppe gazeuse d'une certaine densité.
» La faiblesse relative de la pesanteur aide, il est vrai, à comprendre
leur ascension initiale à une altitude considérable. Il faut cependant que
la résistance de l'atmosphère ait été suffisante pour retarder la chute de
ces poussières pendant un trajet pouvant atteindre ou dépasser looo*^™.
» Le temps qui s'est écoulé depuis les grandes éruptions a-t-il suffi
pour amener la disparition totale de cette enveloppe gazeuse? On est
conduit à en douter si l'on examine le mécanisme des deux causes prin-
cipales qui ont pu agir dans ce sens. L'écorce, déjà solidifiée dans son
ensemble, ne devait plus absorber les gaz qu'avec lenteur et difficulté. La
déperdition dans l'espace des molécules animées de vitesses assez grandes
pour entrer dans la sphère d'attraction d'un autre corps devenait néces-
sairement de plus en plus lente à mesure que la température devenait
plus basse. Nous trouvons donc dans l'examen du sol lunaire un sérieux
motif pour croire qu'il subsiste encore, à l'heure actuelle, un résidu d'at-
mosphère dont l'appréciation, entourée à coup sûr de grandes difficultés,
peut n'être pas irréalisable.
» Cette induction s'ajoute à celle que fournit, comme nous l'avons vu,
la discussion des éclipses et des occultations. Le soin que les astronomes
apportent depuis quelques années à l'étude de ces phénomènes et le grand
nombre d'occultations de petites étoiles que l'on observe maintenant à
chaque éclipse totale donnent lieu d'espérer que cette discussion pourra
bientôt être reprise sur des bases nouvelles et dégagera des conclusions
plus précises, i
(9)
PHYSIQUE DU GLOBE. — Exartien de l'eau de mer puisée à différentes pro-
fondeurs; variations de ses composés iodés. Note de M. Armand Gautier.
« Dans une précédente Communication (') j'ai montré que les eaux
prises en mer, à la surface ou à faible protondeur, ne contiennent pas
trace d'iode à l'état d'iodures ou d'iodates et que la totalité de cet élément,
engagé dans des combinaisons complexes, ne devient sensible aux réactifs
qu'après fusion à la potasse caustique du résidu laissé par l'eau.
» Je rappelle que j'ai trouvé pour l'eau de l'océan Atlantique, prise à
l'entrée de la Manche à 4" kilomètres des côtes et à la surface :
mgr
,' Iode minéral 0,000
,,,,.,,, \ Iode des parties organisées retenues par le filtre
Iode (par litre d eau) -' , ,. . ^ „
' de biscuit 0,520
Iode des combinaisons solubles complexes (-). . i ,800
Total par litre 2,32
1) Je viens de faire une étude parallèle pour l'eau de la Méditerranée,
prise dans le golfe du Lion, à 11 kilomètres des côtes ('); elle m'a conduit
à des résultats tout semblables. J'ai trouvé :
mgr
[ Iode minéral 0,000
,,,,.,, ^ 1 Iode des parties organisées retenues par le filtre
Iode (par litre d eau) \ , ,. . „„
^^ ' i de biscuit 0,286
\ Iode des combinaisons solubles complexes i ,960
Total par litre 2 , 246
« Ces résultats établissent que :
» 1° r/eau de la Méditerranée possède, à la surface, une teneur en iode
total sensiblement égale à celle de l'océan Atlantique, l'une et l'autre
étant puisées loin de toute embouchure de fleuves et en pleine mer;
» 2" Dans la Méditerranée comme dans l'Atlantique, oii ne trouve pas
trace d'iodures ou d'iodates dans l'eau de surface ;
(') Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 1069.
(-) Celles-ci sont en partie organiques, mais je réserve le point de savoir si elles
sont mélangées ou faiblement unies à des composés minéraux iodés peu solubles.
tels que iodosulfates ou iodophospliates de chaux, à peu près comme les chloro- et
fluorophosphates de chaux sont unis à l'osséine dans les os.
(■*) Eau puisée le 10 mai 1899 à la surface, au droit du rocher de Monaco, par
beau temps. Très légère pluie le 4 mai.
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N° 1.) 2
r lo ;
» 3" Dans ces eaux de mer l'iode est contenu, partie dans les êtres
ori^anisés, partie dans une substance complexe partiellement organique et
soluble, azotée, phosphorée et dialysable.
» Quelle que soit la nature de cette substance iodée complexe (et j'y
reviendrai), j'ai pensé qu'originaire des profondeurs et contenu primitive-
ment dans les eaux de l'océan sous forme minérale l'iode, lorsqu'il arrive
dans les régions de la mer riches en êtres vivants aptes à l'assimiler, y passe
partiellement ou en totalité à l'état organique. Ce phénomène doit arriver
à son maximum dans les régions de la mer où pénètre la lumière, et où
peuvent vivre et se reproduire les algues à chlorophylle, sans que la trans-
formation de l'iode minéral en matériaux organiques divers doive nécessai-
rement cesser dans les régions plus profondes où les combinaisons iodées
formées à la surface peuvent pénétrer grâce à une lente dialyse, et où
d'ailleurs d'autres êtres non chlorophylliens, protozoaires, bactéries, etc.
auxquels la lumière n'est pas nécessaire, peuvent aussi modifier les com-
binaisons minérales de l'iode, comme c'est notoirement le cas pour les
spongiaires qui fixent, on le sait, cet élément à l'état organique.
» Si les choses se passent bien ainsi, il s'ensuit que les eaux de mer de
la région du plankton peuvent être entièrement privées d'iode minéral
(et nous avons établi qu'il en est ainsi, en effet), mais qu'au-dessous,
c'est-à-dire à 3oo™ ou 4oo™ de profondeur, on peut espérer, étant donnée
la pauvreté des eaux puisées à ces bas niveaux en organismes vivants,
trouver une partie de l'iode à l'état primitif, c'est-à-dire à l'état minéral.
C'est cette déduction que j'ai voulu soumettre au contrôle de l'expérience.
» Pour examiner l'eau de mer aux diverses profondeurs, j'ai pensé qu'il convenait
de s'adresser d'abord aux eaux de la Méditerranée, où la température est presque con-
stante du haut en bas (iS") et où il n'existe, au-dessous de 3oo™, aucun courant qui
mélange mécaniquement les couches supérieures et les couches profondes. Dans ce
but, j'ai eu recours à S. A. S. le prince de Monaco, dont on connaît le zèle éclairé et
l'indiscutable compétence en tout ce qui louche à l'Océanographie. Il a bien voulu
(et je lui en suis très reconnaissant) me faire faire, sous la surveillance de son dis-
tingué directeur de travaux scientifiques, le D'' J. Richard que je remercie, des puise-
ments d'eau prise sur une même verticale, le lo mai dernier, au droit de Monaco,
à II*'™ de la côle, par 43°, 4i', N, et S^iS'E. Ces eaux furent puisées : à o",5o au-
dessous de la surface; à 780"'; à 880™; enfin à 980™ de profondeur. A celte dernière
cote on touchait le fond formé d'un sable argileux roussâtre.
» Il convenait d'abord de se rendre compte de la nature et, jusqu'à un certain point,
de la masse des êtres vivants pouvant modifier ces eaux au-dessous de la région pro-
prement dite du plankton. L'échantillon de 2''' d'eau puisé à 780™ fut sacrifié pour
l'examen de ces êtres et de leurs dépouilles. Dès sa sortie de la mer, cette eau fut
additionnée de -^ de son poids de formol, substance qui a la propriété de saisir et
( I' )
insolubiliser les proloplasnias el de fixer les êtres vivants tels qu'ils sont au moment
où ils subissent cette sorte d'embaumement. On peut alors reconnaître au microscope si
ces êtres étaient vivants, ou du moins si leurs organes et protoplasmas étaient inal-
térés au moment du puisement. Les eaux de 780™, ainsi traitées, furent laissées à la
cave au repos et dans l'obscurité, siphonées douze jours après, et les couches inférieures
centrifugées. Le dépôt total recueilli sur trois verres à microscope ne pesait certaine-
ment pas, pour 2 litres, ^ de milligramme, soit -^ de milligramme par litre d'eau de
mer prise à 780". Encore la majeure partie de ce dépôt élait-il formé de débris inertes.
» Il fut reconnu, par M. Maxime Cornu el M. R. Blanchard, qui ont bien
voulu l'examiner avec soin et auxquels j'adresse l'expression de ma gra-
titude, ne contenir aucune algue vivante au moment du puisement. On y
trouva surtout des débris minéraux lamelleux, des carapaces chitineuses,
jaunes et brunes, paraissant avoir appartenu à des animaux articulés; des
masses informes provenant peut-être de protoplasmas altérés devenus hui-
leux, granuleux, décolorés ; quelques rares spicules d'épongés ; à peine trois
à quatre carapaces de diatomées dont quelques-unes à l'état de débris, un
foraminifère ; de petites sphères réfringentes paraissant des kystes d'infu-
soires ou autres protozoaires et quelques bactéries; enfin un très petit
crustacé copépode, visible à la loupe et vivant au moment de la capture.
» En un mot, à ce niveau de 780'" au-dessous de la surface de la mer, les
algues vivantes ont complètement disparu; on rencontre seulement des
débris minéraux, quelques dépouilles d'animaux inférieurs, de rares crus-
tacés microscopiques, infusoires, protozoaireset bactéries, représentant un
poids excessivement faible vis-à-vis des débris qui les accoinpagnent et a
fortiori de la masse de l'eau où ils vivent ; et si ces derniers assimilent l'iode,
ce ne peut-être qu'en quantité minime et proportionnelle à leur très faible
poids, qui, d'après mes observations, est inférieure, pour la matière vivante,
à -j-^ de miillj<'amme par litre d'eau ( ' ). Dans cette appréciation n'est pas
(') Abstraction faite de poids (o™s'', i5 environ) du petit crustacé. Le reste de la
partie vivante du dépôt de l'eau ne parait pas supérieur au quinzième de sa masse
totale. Ce dépôt étant de ^^^ de milligramme au maximum par litre, la partie vivante
ne représente donc pas plus de o™s, 0022 par litre d'eau puisée à 780 mètres.
On est encore très peu renseigné sur les organismes microscopiques, ou très petits,
vivant dans la mer à ces profondeurs. On sait seulement qu'à 5 ou 10 kilomètres des
côtes, et à la surface, le nombre des bactéries diminue très rapidement; de 800 à 900
par centimètre cube près du rivage, il tombe à 3o ou 4o au large (Tolomei, 1899, •^w^'-
Soc. d'agric. et de pêche, t. XI, p. 12/i). A 240 milles marins de la côte, E. Fischer
a encore trouvé, clans la région du Gulf-Stream, 645 germes; il n'y avait plus 100 bac-
téries hors de ce courant {Planklon Ej.pedit., IV. Bd., 1894; A. Fiscuer, Vorle-
sungea iiber Bactérien, p. 62, lena; 1897). Sur les mêmes points, mais entre 800™ et
( 12 )
comprise la pelile quantité de substance gélatineuse complexe, très iodée,
de nature inconnue, qu'arrête le fdtre de porcelaine et que nous avons
trouvée dans l'eau de mer à toute profondeur, mais moins abondante dans
les eaux profondes.
» L'absence totale des algues, même microscopiques, et la très faible
masse des autres êtres vivants ainsi constatée à ce niveau de 780"", et
à fortiori au-dessous, il était intéressant de rechercher l'influence de la
disparition de ces êtres sur la composition de l'eau de mer, surtout au point
de vue de sa teneur en iode et des formes sous lesquelles peut y être
contenu cet élément. C'est ce que nous avons fait.
» Nous avons donc examiné comparativement les eaux puisées à la sur-
face, à 880™ et à 980" où l'on touchait le fond.
» Ces échantillons d'eau pris sur la même verticale furent introduits, dès leur sortie
de la mer, dans des flacons de 2 litres préalablement rincés à l'eau distillée et bouchés
à l'émerl ; ils furent conservés jusqu'au moment de leur examen dans une cave obscure
pour éviter les modifications qu'aurait pu provoquer la lumière.
« On examina ces eaux au point de vue : 1° de leur densité; 2° du poids du résidu
sec; 3° de leur chlore, brome et iode total; 4° de leur richesse en iode total et de la
nature de leurs divers composés iodés. Ces eaux paraissaient limpides et toutes les
opérations furent pratiquées sans filtration préalable.
« Densité aux diverses profondeurs. ■ Cette densité fut prise à 4° et sur
25o'^'= à la fois pour permettre une grande précision. On trouva :
Densité. Poids du litre à 4°-
Surface i,o3oi4 io3o,i4
880"" I ,o3io4 io3i ,o4
980™ I , 03076 I o3o , 76
» Quoique la densité de l'eau du fond ne soit que légèrement inférieure à celle de
l'eau puisée à 100 mètres au-dessus, cette petite différence, qui se traduit par oS'',28
en moins par litre d'eau, est inattendue et nous semble intéressante. La plus faible
densité de l'eau du fond a été confirmée, comme on va le voir, par les poids des résidus
secs, un peu plus faibles à 980" qu'à 880™, aussi bien que par les dosages de chlore,
brome et iode total. Il nous semble très probable que la mer reçoit, sur certains
points, et en particulier dans celte partie du golfe du Lion, des eaux émanant de
sources profondes, phénomène qui doit se passer surtout aux environs des côtes que
iioo'" de profondeur, E. Fischer trouva seulement de huit à douze germes par cent.
cube d'eau, soit dix fois moins environ qu'à la surfaoe. Par i5oo" à 2400™ on peut
ne rien trouver de cultivable dans plusieurs centimètres cubes d'eau ou de vase du
fond (température de l'eau +2° à 4-5°); mais il est possible que les espèces du fond
échappent aux conditions de culture où s'était placé E. Fischer.
bordent, comme dans le cas présent, de liantes montagnes ('). Le mélange de ces
eaux, douces avec les eaux, de mer ne peut ensuite se faire que très lentement et par
dialyse dans un milieu entièrement au repos et à une même température de iS" sur la
plus grande hauteur.
1) Résidu sec. — Il fut pris chaque fois sur lo'" d'eau mesurés à 4'^ et
additionnés de oS'',o2 de carbonate de soude sec (-) pour éviter les pertes
dues à la dissociation à chaud du chlorure de magnésium; la dessiccation
fut faite au bain-marie, puis à io.i°, jusqu'à constance de poids. On trouva :
Rosidu sec par litre d'eau.
Surface 43 , 4o
880" 44,78
980"" 43,41
» Ces poids sont remarquablement élevés. Le résidu sec par litre d'eau est de 358''
à 388'', 5 pour l'océan Atlantique, à la surface. Laurent a trouvé pour l'eau de la Médi-
terranée, près Marseille, 4o8'',7. Mais nos trois pesées se contrôlent. On remarquera
encore ici que l'eau du fond est un peu moins concentrée qu'à 100 mètres au-dessus.
» Chlore-brome-iode. — La totalité du chlore, brome et iode fut dosée
par poids, toujours dans un même volume d'eau à ff. On obtint :
Calcul
Clilorobronioiodure d'argent (tliéoritiue)
par litre. en sel marin.
er 5''
Surface 0,8579 34,93
880"" de profondeur o,8844 35,99
980"" .> 0,8767 35,68
» Le sel marin ainsi calculé est sensiblement sujjérieur à la réalité, tout le chlore
des chlorures alcalino-terreux étant ici transformé arbitrairement, par le calcul, en
chlorure de sodium. Mais on voit encore une fois les principaux sels de l'eau de mer
plus abondants dans la couche^^de 880"^ qu'au-dessous et au-dessus.
» Composés iodés. — Pour la recherche des corps iodés, l'eau fut analysée
trois jours après son puisement : elle n'avait qu'entrevu la lumière au mo-
ment de son transvasement. Il était important en effet d'éviter les modifica-
tions que, sous son influence, les êtres vivants pouvaient lui faire subir. Les
(') Toute celte partie de la côte du golfe du Lion forme, on le sait, le contrefort des
Alpes, et les sources d'eaux douces y ont été signalées, même en mer. Dans sa Géo-
graphie de La Terre (vol. II, 4" édit., ; 1881) Elisée Reclus écrit page 7 : " Ainsi
» M. Villeneuve-Flayosc a découvert dans le golfe de Cannes une source d'eau douce
» jaillissant du fond d'une espèce de puits dont les parois ont 27 degrés d'inclinaison. »
(-) Poids soustrait ensuite par le calcul de chaque résidu.
( ./l
matières en suspension, vivantes ou non, furent séparées par le filtre de
biscuit de Sèvres en pleine obscurité. On dosa ensuite l'iode sous ses trois
formes, comme il a été dit dans une Note antérieure (' ). On trouva :
Iode par litre.
( Iode retenu par le filtre de biscuit (matière glaireuse, ^^^
1 parties insolubles, êtres vivants^ 0,286
^"'''^^'^® j Iode entièrement ou partiellement organique et soluble. i , 960
[ Iode minéral (iodures, etc.) 0,000
2,246
[ Iode retenu par le filtre de biscuit (organisé, inso- ^^^^
880" de pro- I lubie, etc.) 0,100
fondeur .... 1 Iode entièrement ou partiellement organique et soluble. 2 , 1 3o
Iode minéral (iodures, etc.) o, loo
2,38o
Iode retenu par le filtre de biscuit (organisé, inso- ^^^
980™ de pro- ' lubie, etc.) . . • o,o63
fondeur . . . . j Iode entièrement ou partiellement organique et soluble. i , 890
[ Iode minéral (iodures, etc.) o,3oo
2,260
)) L'examen de ces nombres donne lieu aux constatations suivantes :
)) L'iode tolal est, par litre d'eau, presque constant du haut en bas de la
mer, quel que soit le point oîi l'on puise l'eau.
» L'eau de la Méditerranée paraît légèrement plus pauvre en iode
total (2™e'-,25 par litre) que celle de l'océan (2"8'',4o).
» A mesure que l'on monte vers la surface et que Les êtres vivants (algues
ou protozoaires) s'accumulent dans l'eau de mer, l'iode minéral des pro-
fondeurs disparaît : il est de o^e^SoS par litre, au fond; de o™^, i5o seu-
lement à 100 mètres au-dessus; il a totalement disparu à la surface et pro-
bablement bien avant d'y arriver, dans les couches du plankton. C'est la
confirmation des idées a priori qui nous ont guidé et que nous exposions
plus haut.
)) Parallèlement, l'iode organisé, en tous cas celui qui est retenu sur le
filtre de biscuit, augmente à mesure qu'on s'élève à partir du fond, comme
augmente la masse des êtres vivants qui le fixent. De o"'5'',oG5 par litre
d'eau, dans le fond, il passe à o'"^'", 100 à cent mètres plus haut et à 0"^% 286
dans les eaux de la surface.
» Au contraire, l'îode di.ssous à l'état de combinaisons complexes est
maximum à 880™, mais varie peu du haut en bas. Les substances auxquelles
(') Comptes rendus, séance du i"'' mai 1899, t. CXXVIII, p. 1069.
( i5 >
cet iode appartient ne semblent donc pas provenir principalement des êtres
vivants, si nombreux à la surface, et si rares à ces profondeurs.
» Quelles que soient les transformations subies par l'eau de mer, en
raison de l'action des êtres vivants et de celle de la lumière, il est intéres-
sant de constater que le taux de l'iode reste à peu près constant dans une
même quantité d'eau de mer, quelle que soit la hauteur où on la puise,
tandis que les formes sous lesquelles apparaissent les combinaisons iodées
se modifient très sensiblement de bas en haut.
» Enfin, il est tout à fait remarquable d'observer qu'à toute profondeur
existe en proportion plus ou moins variable, mais nullement en rapport
avec la masse des êtres vivants qui habitent l'eau de mer, celte matière
glaireuse que retient le filtre de porcelaine, matière extrêmement riche
en iode et bien digne d'une étude spéciale. >
CORRESPONDANCE.
M. le Secrêtaibe perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un volume de MM. Bos et Laffargue, portant pour titre : « Distribution
de l'énergie électrique en Allemagne ». (^Présenté par M. Mascart.)
2° Un volume de M. l/a«n'ce rf'Oca^we, intitulé : 'c Traité de Nomogra-
phie. — Théorie des abaques. — Applications pratiques ». (Présenté par
M. Maurice Lévy.)
3° Une (1 Étude sur la Flore fossile du bassin houiller d'Héraclée (Asie
Mineure), par M. R. Zeiller ». (Présenté par M. Michel Lévy.;
4° Une « Histoire abrégée de l'Astronomie, par M. Ernest Lebon ».
(Présenté par M. Wolf.)
5° Le premier numéro du « Mois scientifique et industriel ; Revue inter-
nationale d'informations > . ^ Présenté par M. Ad. Carnot.)
( i6 )
ASTRONOMIE Observations de la comète Swift , 1899 a), faites à Vèquato-
rial Briinner (o'",i6), de l'observatoire de Lyon; par M. J. Guillaumk,
présentées par M. Lœwy.
Comparaisons et positions de la comète.
Temps »<; — *
Dates. moyen -~ , -- "- Nombre Log fact. Log. fact.
1899. de Paris. Ai. A?. de comp. i app. parall. S app. parall. *
bmsois .u liius ,,•
Juin 8 . 11.27.27 -f-i. 80,70 +7.18,0 8. 3 16. 1.12,90 -i-9,o63 -f-46. 26.10,9 —8,786 a
8.. 11.57.87 -f-i.i6,i5 +4.59,7 2. 2 16.0.58,35 +9,284 46.28.57,6 +9,001 a
*9.. 12.86.47 +0.25,75 —6.2,8 20.20 15.49.55,88 +9,492 4442.57,4 +9,900 b
10.. 9.47-20 —0.55,98 +1.18,7 2. 2 i5.4i.25,6o —8,843 43.17.42,4 -1-9,570 c
10.. 10.18.20 -I. 5,69 —0.38,1 2. 2 15.41.15,89 —7,691 43. i5. 00,6 +9,540 c
12.. 9.28.14 — ;.i8,77 —3.29,4 2. 2 i5.23. 8,98 —8,822 40.11.42,4 +9,928 d
12.. 9-46. o —1.26,02 — 4-5o,4 2. 2 i5.25. 1,68 —8,094 4o.io.2i,4 +9,914 d
18.. 12.12.57 —3.11,68 —I. 2,4 2. 2 15.17.28,74 +9,5i6 38.3i.46,6 +0,280 e
i3.. 12.41.47 —3.19,22 —2.48,6 3. 2 15.17.16,20 +9,577 38. 80. 0,4 +o,35o e
*i4-. 11.17.88 +o.i4,5o — 3.i4,5 2. 2 i5. II. 26,40 +9,871 37. 8.56,3 +0,228 /
i5.. jo.35.49 +3. 1,55 —3.26,4 2. 2 i5. 6. o,3i +9,217 85.48.48,7 +0,226 g
i5.. 10.59.81 +2.56,85 — 4-46,0 2. 2 i5. 5.55, 11 +9,880 85.47.24,1 +0,262 g
*3o. . 9.86.10 —0.10,10 —2.34,2 10.10 14.23.20,49 +9,349 21. 3.16,1 +0,598 h
*3o. . 9.58.12 —0.11,56 —3.11,3 10.10 14.28.24,03 +9,4i4 21. 2.89,0 +0,611 h
*3o.. 10.25.20 —0.12,97 —8.57,5 10.10 14.28.22,62 —9,477 21. 1.52,8 +0,628 /(
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1899,0.
Réduction Réduction
i^ Désignation. ï moy. au jour. 5 moy. au jour. Autorités.
• h ni s s o > . .
a DM-h46.2i42 13.59.88,92 1-8,28 +46.19. 1,7 —3,8 A. G. Bonn, 10297.
b. 4^-2318 15.4926,86 +8,27 44-49- 8.8 — 8,6 A.G.Bonn, 10201.
c 48-2525 15.42.18,82 -h3,26 43.16.27,8 — 3,6 Comparée à c'.
c' 48.258i i5.46. 3,i4 » 43. 9. 9,0 » A. G. Bonn, 10175.
d 40-2892 15.26.24,47 -î-8,23 4o.i5.i5,4 —3,6 A.G. Bonn, 99S4.
e 38.2652 i5. 20. 82, 20 +8,22 88.82.52,6 — 3,6 A.G. Lund Z 691.
/ ". . 87.2621 i5.ii. 8,70 +3,20 37.i2.i4)5 — 3,7 A.G. Lund Z 698.
g 36.2574 i5. 2.55,58 +3, 18 35.52. 18,9 — 3,8 Weisse, i4''> 1829.
/( 21.2657 i4-23.32,58 +8,01 21. 5.56,o —3,7 A.G. Berlin, 5087.
Observations faites par passages, sauf celles marquées (*) qui ont été obtenues par
pointés au micromètre à double fil. Grossissement =100. Les observations des pre-
miers jours ont été faites près du zénith, c'est-à-dire dans une position très incom-
mode.
( 17 )
Remarques. — Le 9, la comète est visible à l'œil nii, comme une étoile de 5,5 à
6° grandeur; à la lunette, elle présente une nébulosité d'environ 6' de diamètre, avec
condensation centrale et noyau stellaire de 9".
Le i5, apparence stellaire de 7"; nébulosité d'environ 4' de diamètre, condensée au
centre avec novan de 9".
Le 3o, la comète s'est beaucoup affaiblie; elle présente une condensation centrale
d'apparence stellaire io''-ii°.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur la suppression des essais, dans le calcul des
orbites paraboliques. Note de M. L. Ficakt, communiquée par M. Cal-
landreau.
« Dans sa belle préface aux leçons sur la détermination des orbites pro-
fessées par Tisserand, M. Poincaré a indiqué que le calcul des éléments
d'une orbite parabolique peut être fait sans tâtonnement, l'un d'eux s'ob-
tenant par une équation du premier degré.
)) On peut arriver à un résultat analogue d'une façon très simple, si l'on
admet, avec Laplace, que les observations aient fourni les dérivées du pre-
mier et du second ordre de la longitude et de la latitude géocentriques
7. et !5.
M Soient X et Y les coordonnées géocentriques du Soleil. Les coordon-
nées héliocentriques de la comète seront
a; = pcosa. — X, j=psiny. — Y, ^ = ptangS,
où p représente la distance accourcie de l'astre à la Terre, De ces équa-
lions, on déduit, par ditterentiations, -;-, -~, -r-> puis ^^> -td ^— •
' dt dt dt ^ dt- dt- dl^
Egalant ces dernières expressions à ^■, ^, ^, on aura un
système (1) de trois équations qui donneront p, -j-^ -j-j- On aura par suite
. dx dy dz . , , . ,
x,y, z ei -^, -j-, -j-\ or on sait que de la connaissance de ces six quantités
on peut déduire les éléments de l'orbite cherchée. L'équation qui donne p
s'écrit
où l'on a posé
drj d-j. d-j. d'-'i /dxY . . , d^fdzy
j7 -j:t 77 —r^ — -r sino cosn 4-2-^-7- tango
TT _ dt dt^ dt dt^ \dt J dt\dlj °
(X cosa + Y sina) —r- sinB coso — ( Xsina — YcosS') -^
' dt ^ ' dt
C. R., 1899, =° Semestre. (T. CXXIX, N» 1 ) 3
( I« )
et
u. étaiiL le rapport de la masse de la Terre à celle du Soleil.
» L'équation (2) est du huitième degré en p; elle s'abaisse au septième
si l'on fait |j. = o.
» Supposons maintenant que l'orbite soit une parabole. Nous aurons
une condition supplémentaire
(3) . (ty-riy-(ë)'=^'-
)) A l'aide des deux premières équations (i), on peut obtenir ^ en fonc-
tion de p. Si, dans l'expression ainsi trouvée, on remplace -^ par sa va-
leur (2), on a simplement
$ = ^rH(Xsin:c — Ycos:c)+ ^1 --=. - Ip.
dt d^x] ^ ' dt- J '
2 - ,
dt
M Substituant dans (3), on a l'équation
(4; p^j+2Bp + v=-ii^,
après avoir posé
J.[l.-.IU„gS|-Hcos=s(*)%(;|y]^.
,/f/X d\ . \ dafdX . d\ \
» L'équation (4) est du sixième degré en p, et les équations (2) et (4)
doivent avoir une racine commune que l'on obtiendra jKir la méthode du
plus grand commun diviseur.
» On peut simplifier un peu : on déduit de l'équation (2), après avoir
multiplié les deux membres par
r = — —-^ — 2p-/i -h R- ( -r. = X coso. -h Y sina ),
l'équation
» Retranchant membre à membre de l'équation (4), on a une équation
( 19 )
(lu troisième degré en p. Le problème revient à chercher la racine com-
mune à deux équations, l'une du sixième degré, l'autre du troisième. Il
suffit de deux divisions algébriques.
)> Les équations s'écrivent
(4') p' + Lp^ + Mp^ + Np' -4- Pp- ^h Qp H- S = o,
(5) p' + /p- + mp + « = o,
où l'on ;i
]j = -j- — 2ri cos-ô,
M = 2 ji h ( R- j-r, ) cos-ô,
N=:p[BV2-^cos-î5(.]V--)-2B^)+BJR-],
P = -p- — OVi cos-ô— n h 2R-COS-(^ p .
Q = ^^^(2BV^R^ — -/,¥'').
S = ^(R-V-4K'').
K'- T
« = T77TÎ — 'i '1 COS" h rr cos- h,
m— R- COS-O — 2riïrYTr COS-0 — ïy COS-Ô,
K'^'Ncos^S K'= ,.
V-— 2-s- — rr = — „ COS-Ô.
R ' 2tl 2 H
» Si l'on pose enfin
/;=P- L/+ '2/n—Mm-i- m" -h 2Llm - M' m - N/ <- M/- - Lf + Z',
pq =z Q — Mn -+- 2mn + Lin — l^n -+- Mlm — Q./m- — N/n -F Lm'- - L/-/n -r- /'«?.
/)i = S — N/z -h /i- + Lw« + M/« — ilmn — Ll'-n -h l' n.
on obtient
(6)
H — Is -h qs
' «l — S — ù/ H- 7"
» Nous avons donc l'inconnue principale p en fonction rationnelle des
données.
» Déjà Cauchy avait obtenu (Comptes rendus, t. XXV, p. 4'o). même
dans le cas d'une orbite d'excentricité quelconque, une expression de p ne
contenant qu'un radical cubique. Mais celte expression contenait les
( 20 )
dérivées du troisième ordre de la longitude et de la latitude géocentriques,
dérivées qui se calculent avec moins de précision que les dérivées pre-
mières et secondes, et qui sont impossibles à obtenir lorsqu'on ne possède
que trois observations.
» Si l'orbite est rigoureusement une parabole, l'équation (5) sera véri-
fiée par la valeur (6) de p. Si c'est une ellipse de grande excentricité, la
valeur de p ne sera qu'approchée, et le résidu obtenu en substituant dans le
premier membre de (5) sera sensiblement ^j a étant le demi grand
axe ; car les opérations ci-dessus s'appliquent au cas d'une orbite elliptique,
pourvu qu'on remplace V- par ¥■ H
)) Il resterait à simplifier autant que possible le calcul précédent, à
indiquer des procédés de vérification et à le comparer aux méthodes géné-
ralement employées; c'est ce que je me réserve de faire dans lui travad
plus développé. »
GÉOMÉTRIE. — Sur les transformations des droites.
Note de M. E.-O. Lovett, présentée par M. Darboux.
« Soient les équations de la droite
(i) y -\- kx -^ m = o, z -{- Icc -h n ~ o.
» Nous allons considérer des transformations de l'espace (n-, y, z) dans
l'espace (X, Y, Z), qui sont déterminées par deux équations
(2) <^(x,y,z,X,Y,Z) = o, W{x,y,z,X,Y,Z) = o.
)i La droite (i) sera transformée dans la surface représentée par l'équa-
tion
(3) £i(X,Y,XJ;/,m,n) = o,
que l'on obtient en éliminant x,y, z au moyen des équations (1) et (2).
» Considérons le cas spécial dans lequel les équations (2) sont linéaires
en .r, y, z, à savoir
I F,(X,Y,Z)ar + Fp(X,Y,Z)j + F,(X,Y,Z)= + F8(X,Y,Z) = o,
( Fe (X, Y, Z)^ + Fç (X, Y, Z)j + F,(X, Y, Z) s + Fo(X, Y, Z) = o,
où les indices désignent le degré des fonctions. Dans ce cas, la droite (i)
( 21 )
sera transformée dans la surface
(5)
k
I
o
ni
l
()
I
II
F„
Fp
Fv
Fs
Fe
F^
F.
Fo
ou
(6)
k l
m II
-l
Fç F,
Fsl
F,~
F-^ Fg
m
iFs F,
— /^
r
Fs
F»
— o.
» Si la surface doit être une quadriqiie, il faut que les relations sui-
vantes aient lieu
(7)
I FpF, - F,Fç = F: , FpFe - F., F^ = F; , F,Fo - FjF, = K,
\ F. Fi; - FpF, = F-, F, F, - F, F, = F;, F,Fo - FgF, = F^',
» En introduisant les hypothèses suivantes qui n'imposent aucune
restriction
(»)
( X -1- *( > p -I- £, X -(- Y) > y -h £, a 4- 0 > s + £,
nous trouvons que, pour que les relations (17) subsistent, les
(9) N =i(;iia='+ 3ia + l6)
constantes définissant les fonctions F, doivent satisfaire à
^ '-^ 1 H-3a + 2p -+-27 + 27)4-30 — 36]
équations de condition
» Soient en particulier toutes les fonctions F, du premier degré, ^^ va se
réduire à zéro et N à 32, comme, d'ailleurs, on le voit immédiatement en
regardant les formules (4)- Considérons alors les équations
(11) a;-çp, +7<f,,+ ^cp3 + (p,= o, a;cp5-Hrç6-+- =97 + ?8 = o,
où
cp,- = «,X -♦- biX + CiZ-\- di.
Elles définissent un groupe de 00'" transformations qui transforment la
( 22 )
droite (i) dans la quadriquc
(12) (^'« — //m)
fcfil
fe'fs
/
f3 r* I
m
n
'■?1?3
^= o.
TsTsI
(i3)
)) Si l'on veut que cette quadrique soit une sphère pour toutes les va-
leurs de k, l, m, n, il est nécessaire que cp^» ?3> 'ffii ?- se réduisent à des
constantes. Donc nous voyons que les équations
(a, X+ ô, Y + c, Z -h rt',).r -I- d„y -hd^z-h a,, X + b,, Y -t- c, Z 4- r/,, = o.
(«5 X -H 65 Y -i- C5 Z -I- r/5) a; -h «/„y + rf, s 4- a, X + ig Y + c, Z 4- ^/g = o ,
oïl les constantes sont assujetties aux conditions
a, CTg — a, «5 = è, hg — il /'s ^= c, (•« — c,, C5
/ aj}^ + h, «s — a.., h^ — b,, a, = o,
(i4) < a,c^-\-c,a^—a,,c- — c.a^^o,
{ b,Cg-hc,hi, — b,,c,— c,b^ = o,
déterminent co" transformations qui changent les droites en des sphères.
)) Les droites se transforment en des points si
(t 5 ) cl,:d.r. </, : d, = d^^ld^ld. idf,.
En employant la méthode de S. Lie, nous vérifions facilement que les
transformations (i3) sont des transformations de contact. Nous voyons
ensuite que, en particularisant les constantes de la manière suivante :
(.6)
a, = 6, = </, = r/j = c, ^ c?^ = C5 =^ c^5 r^ </j = «8 = ig = r/s = o,
f I = e?., =^ a,, = a., ^- «/„ = — Cg = i , i, = — />>, == i.
nous avons la célèbre correspondance étudiée par Lie
(17) Za- H- ;:: 4- X -H jY =r o, (X-j'Y)a-+j-Z = o.
» Si nous recherchons les transformations de l'espace à n dimensions
qui transforment les droites en des sphères et qui sont déterminées par
deux équations bilinéaires, nous trouvons que ces équations doivent être
de la forme
ou
?,■ = «i,,X-, + a2^,X„ 4- . . . + a„,,X„ •
( 2^ )
et les6« constantes a,,y sont assujetties aux ^(n — i)(n — 2) équations de
condition; donc il n'y a pas de transformations de cette espèce dans les
espaces à un nombre de dimensions supérieur à onze. Pour /z = r i , nous
avons ce' transformations; « = 10, so« ; /i = 9, co'"; n = 8, cc'^ ; n — 7, oo'';
« = 6, 00' « ; « = 5, ^'o ; n := 4, ^' ' ; n = 3, 00".
» Nous remarquons enfin que l'on peut obtenir une certaine catégorie
de oo" transformations de contact en généralisant la forme donnée par
Darboux (Théorie des surfaces, § 157, t. I) à la transformation de Lie. En
effet, les équations
^ ' -^ ( /i = a^y. + ^oP + c,>y h- d.f, m -- a,,a.-h h.,{i -\- r,/,' H- </., p
établissent une correspondance entre les droites (X-, /, m,n) et les sphères
(a., fj, y, p) de telle façon que deux droites se coupant se transforment en
deux sphères se touchant si les équations suivantes sont satisfaites :
a ta2 — a.j a ., = b^b.,— b-, b^ = c,c.^ — c^c,, - d, d., — d^ d,, = i ,
a,b.,-\- b,a.,— a.jb^— bjU^^ o, b,c., \- b^c, — b^c.,— b.,c.j— o,
(21) 1
1 a,c., -h c,a.2 — a.jC,, — c^U:, — o, b,d.^^ bnd,— bjd.,— bj,d.j^^ o,
[ a,d.,-hd,a., — a 3 <-/,,— </;,«,, = o, c^d^^ Cyd, — c^d,, — d.jC,, — o,
car ces équations sont nécessaires et suffisantes pour que la forme qua-
dratique
(k — k'){n — n') — (/ — l')(m — m )
soit changée par la transformation (19) dans la forme quadratique
("- - ^'X' + ((i - P')' + Cy - y'/ - (p - ?')'•
» Ici il y a encore quelques questions qui se posent ; par exemple la
question de la possibilité de la transformation des lignes asymptotiques
dans les lignes de courbure et la question si le groupe à six paramètres est
continu dans le groupe à treize paramètres. «
GÉOMÉTRIE. — Sur les sur/aces de M. Voss. Note de C Guichard,
présentée par M. Darboux.
« Je conserve les notations et les formules de ma Note précédente
(Sur les réseaux cycliques qui contiennent un système de géodésiques) . J'ai
fait remarquer que si « = i le réseau F est un réseau de Voss, c'est-à-dire
( 24 )
que toutes les courbes du réseau sont des géodésiques. La congruence FS
est donc une congruence de normales; par conséquent, le réseau T, qui
lui est parallèle, est un réseau O; c'est un résultat que j'ai établi depuis
longtemps.
» On a alors les formules suivantes :
a = sino, w^cosç,
è=-T^> n — i, - — ^ = sino,
dv ou <yi- '
dv ' ou âv "^ ^
)) A ch ique surface M on peut faire correspondre une infinité de sur-
faces analogues (M') pour lesquelles :
a'=xsino, TO'=xcoscp, h' -=: xh,
6'=~s n' = -, i=I,
</(■ -j-
X étant une constante arbitraire.
» Soient maintenant? un pointdeMT quidécritun réseau, PQ et PR les
deux tangentes à ce réseau qui rencontrent respectivement en Q et R les
secondes tangentes des réseaux M et T. La congruence PQest harmonique
au réseau M et la congruence PR au réseau T; donc ces deux congruences
sont cycliques.
» Nous obtenons ainsi des réseaux dont les deux tangentes décrivent
des congruences cycliques; les congruences parallèles à ces réseaux sor.t
telles que leurs deux réseaux focaux sont cycliques.
» Les solutions ainsi obtenues sont les solutions les plus générales du
problèdae suivant :
» Trouver toutes les congruences dont les deux réseaux focaux sont
cycliques.
» Ce problème est, comme je l'établirai plus tard, un problème du
sixième ordre (quand on ne cherche que la direction des éléments); les
solutions qui se présentent ici ne dépendent que de deux équations du
second ordre.
» Les cosinus directeurs ;,, c^, Çj de la droite MT sont solutions de
l'équation
-j - — T- -^ — I- mnt — i^cosç.
du oi- n ()u Oi' '
( 2n )
» Les cosinus directeurs ^', , E'^, l'^ de la tangente M'T' au réseau corres-
pondant M' satisfont à la même équation. Il en résulte que la coni^irnence
Mï est 30 d'une infinité de manières. On pourra donc choisir le point P
de façon que le réseau P soit 2O; si l'on effectue les calculs on trouve que
les réseaux Q et R sont aussi 2O; donc :
)) Ces réseaux P sont 'zO, les deux réseaux qui s'en déduisent par la méthode
de Laplace sont 2 O, enfui chaque tangente au réseau P décrit une congruence
cyclique.
» La congruence MT est plusieurs fois cyclique; soit [j. un réseau O
harmonique à MT; les tangentes '\jM, y.T à ce réseau décrivent des con-
gruences 2O.
» On est amené à étudier ce .second groupe de surfaces. Pour ces sur-
faces, on a
a = asmcp, /n = ^Àcos<p,
6 = [3 sin i|/, n:=-<j. cos y.
9 et i|/ étant donnés parles équations
du
Xsin(|/.
;x sm cp ;
a, p, \, ij- étant des constantes liées par la relation
aB — 5)^ — -ur = o.
' (3 a '
)> A l'aide de ces formules, on vérifie que les réseaux S et T de ce second
groupe de surfaces sont 2O.
» Les cosinus directeurs E,, ^2. i-i 'le MT satisfont ici à l'équation
I On 1]^
ou
à" dv ^' cosij*
» On vérifie qu'elle admet les deux solutions cosO et sinO, 0 étant dé-
C. R., 1899, r Semestre. (T. CXXTX, N» 1.) 4
( 2(i )
terminé par les deux équations compatibles
-T- = lu- COS ffl ,
au ' '
-— = llCOSÙ.
Elle admet, en outre, la solution sin}.
» Cela posé, si l'on considère une congruence rapportée à ses dévelop-
pables et telle que la droite génératrice ait ses cosinus directeurs propor-
tionnels aux quantités
cos6, sin6, «sinij»,
on verra que l'un des réseaux focaux de cette congruence est un réseau O
et que l'autre se projette sur le plan des deux premières coordonnées sui-
vant un réseau O ; donc :
» La recherche des sur/aces de Voss est èquivalenle à celle des congruences
dont l'un des réseaux focaux est formé par les lignes de courbure d'une sur-
face et dont l'autre se projette sur un plan fixe suivant un réseau ortho-
gonal. »
ALGÈBRE. — Les groupes d'ordre i6p, p étant un nombre premier impair.
ISote de M. Le Vavassecr, présentée par M. Darboux.
« J'omets, dans l'énumération, trente-quatre groupes décomposables.
Voici les autres :
( [rt"^n; 6''=: i,j6(7 = ai", a appartient à l'exposant 2? (modys)].
^'^"1 p = i,2,3,4,
1 [0'= 6^= C''= I, «i ^ />(7, c« = cfc", ce = ic"'
'"' ( 1 appartient à l'exposant 4 (niod/>)],
Gf g., {câ^z b' ^ €'■ =: i . ab^ ba^, ca =^ ac-^, cb = bc),
i [a^= b^=z cP^ i, ab:= ba^, ca = ac'^, cb=zbc
"'' I a appartient à l'exposant 4 (mod/?)],
^îc/' {a^^ b^ = cP^i, ab^ ba', ca z:z ac, c6 = 6c-'),
[a' = b^ z^ cP = 1 , ab^ ba^, ca = flc", cb = ic"'
""' ( a appartient à l'exposant 4 (niod/>)],
i (a^r=b-^^c''=:d''=i,ac=2ca, bc^=cb, ab=ibac-
""' \ da = ad, db = bd, de = cd-'),
G"
G\î,
G\h
( 27 )
j {a-=z b-^c'''^ d'' =:^i, ac = i:a, hc^^cb, ab ^= bac-
{ da = ad, db =1 bd~^ , de z^ cd ),
(rt-^ 6-— t' = rf/'.— I, flc = frt, bc =^ cb, abz^bac-
da = «rf-' , db =z bd-\ de ^= cd-'),
G\li, {a'-—b''=:cP=^\,ab = ba^,ca^ae-Kcb—be ),
G\li. {d'=:b- — c''—i,ab=iba^,ca = ae, cb—bc-'),
[a'^ ^= b^ —^ eP =: \ , ab =: ba^, ca = ac, c6 =; bc^
a appartient à l'exposant 4 (mod/»)],
pifi j («*= A' = c2= rf/'= I, rtc = ca, bc=eb, ab =: bac
' i da^z. ad-'^ , lii» 3= 6f^, de =r crf ).
/ [rt'= 6-= c^z= rf/'z^: I, (7c = Crt, bc^ricb., ab z= bac
G î j ,, ■ </a =z «rf», db = bd, de = cd
' a appartient à l'exposant 4 (mod/>)],
PIS ( {a''z^ b-z^ e-=z dP::^ 1 , ac ^^ ca, be^=cb, ab = bac
' ' I da z^ ad, db z= bd~^, de := cri ],
Gl6/,(«^= 6'= c''= I, «*= 6% «6 ■= ba'', ca = ac, eb = bc'),
G'J°^,(rt«r= 6'= c/'= 1, a'= b-, ab = 6«", ca = ac-', cb =^ be ),
G;J,,(rt8= b'— c''= I, «6 = 6rt', t-a = ac, cZ* = Oc-'),
Gil,,{a^= b-:= cP=i, ab=z ba\ ca = ae-\ cb= bc ),
Gj^,,(«'= 6^= ePzzri, rtô = 6a^ ea=iac-\ cb — bc-'),
GJ*,,(rt'= 6^= c''= (, «6= ia', ca = «c, cb = be-'),
GJ^,,(a*= è-= c''= I, «t = ia'', ca = «c-', eb ^^ bc ),
G\'l {a'=z b'^^c" =r. i,ab:=: ba, ac = cb, bc:=ca^b'),
Gl l |;al2,x<+x-.4-a-.+x+l, _ ^5 _ , _ „^ _ ^„;ï j^
G-2S |-„(2,..«+.c3+.,«4-a.H,_ ^3_ i^ ^(T, _ [,a^'+.^'],
( rt- =: Z;'- = c' =: rf^ =3 i , a6 r^ iac-, ac = ca, be = c6
c(^ =r f/c, ac? =; c^6, bd. -- '/rtZ»c ),
GJ° (a'= 62— f.)= ,^ ^^ _ ^^3^ ac'-= ca'', a'c-— cd-b, be-— cb).
G?
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le dcvdoppemenl d'une branche uniforme
de fonclion analytique en série de polynômes. Note de M. Paul Painlevé,
présentée par M. Appell.
(( Dans une Noie antérieure {Comptes rendus, 23 mai 189g), j'ai indiqué
une méthode de démonslration très simple du théorème récemment publié
par M. Mittag-Leffler. Je voudrais donner ici quelques applications pré-
cises de la mélhode.
( ^8 )
» Considérons, dans le plan complexe des 'C, l'angle aigu C compris
entre les deux demi-droiles issues du point — i et qui font avec le demi-
axe réel positif les angles -^ et jv (N désignant une quantité donnée
plus grande que i), et soit
la fonction qui représente l'aire C sur un cercle du plan Z, de façon qu'au
point - = o corresponde le centre Z = o du cercle, et au point 'C = i le
point Z = I. Soit maintenant z = i^-^g^-(Z) : quand le point Z décrit la
circonférence de centre Z = o et de rayon i, le point z décrit une courbe
fermée C,,, entourant l'origine et passant par le point z = i. Si N croît
indéfiniment, C^ tend à se réduire au segment oi de l'axe réel. Soit enfin
a .
z, = - : quand s parcourt C,,., 3, parcourt une courbe fermée, soit C^.
» Ceci posé, considérons la fonction
et développons-la en série de Mac-Laurin :
,-4-(Z) = ^'^o(-) + A. (=-)^ + A,(..)Z=^ + A,(z)Z-^ + ...,
où les Aoy, Aoy,_, sont des polynômes en :; de degré^(AoHsi, A, ;^o).
Faisons Z = 1 , et (pour simplifier la notation) posons 6^= A.,, + A., ^, ;
la série
'1=0
converge el représente ^ dans toute l'aire intérieure à la courbe fermée C'.
Les X sont des fonctions rationnelles de N à coefjîcienls entiers, dont il est fa-
cde de donner l'expression explicite.
« Plus généralement, soit Y {z) une branche de fonction analytique
holomorphe a l'origme; soit a son étoile de convergence. Soit enfin a un
quelconque des points singuliers de la branche Y {z) {a est un sommet de
1 étoile), et soit a^ l'aire intérieure à toutes les courbes C"^. Quand N croît
Huléfinimcnl, a, tend vers a. Remplaçons dans tous les termes de (i)
( 29 )
les zJ par — rf^ z', et soit P<,(2) ce que devient alors Bç(zj ; on a
'/=
7 = 0 </ = o
dans toute l'aire a.^. Pour tout point extérieur k cCp,, la série diverge.
» Précisons un peu le degré de convergence de ces séries. Il nous suffit
de considérer la série (i). Soit, dans le plan ^, ABC l'aire de l'angle t située
à gauche de la droite ^ = r, ('( = ^ + ir\), et soit A'B'C l'aire homothétique
de ABC par rapport à *C = o, le rapport d'homothétie étant i + |^- Soit
enfin F-y l'aire transformée de A'B'C dans la transformation z = yr
Quand N croît indéfiniment, l'aire Ty comprend sensiblement tout le plan,
abstraction faite du segment i, -h oo de l'axe réel. Ceci posé, soit Sj'(z) la
somme des v premiers termes de la série (i); on a
Il suit de là que, si l'on pose N = Iog(« + 2)
v = «, q„=s,':{z), n„ = Q„^, -Q„, .no=. I,
la série 7 n„(s), dont les termes sont des polynômes en z de degré n, con-
verge et représente ; dans tout le plan, sauf sur le segment i. H- ao de
l'axe réel.
)) Dans l'aire r,„„^ (qui tend vers a pour q — ao), la somme 2^ des q pre-
miers termes de la série représente ; avec une erreur moindre que
-t- - ( l — 10g2)
2 ^ . Les coefficients des !!„ sont rationnels en \o^(^n-\- 2). Si, au
lieu de faire N = log(/i 4- 2), v ^ n, on faisait N = Ai, v = 4«2", on
obtiendrait une î.ériebien plus rapidement convergente, où tous les coeffi-
cients seraient des nombres rationnels, mais dont le «"'"* terme serait un
polynôme en z de degré l^ni".
» Pour obtenir le développement de F(z') dans (X, il suffit, dans une des
deux séries précédentes, de remplacer partout z' par .^"" (y =: o, 1,2, . . . )•
w Donnons maintenant un exemple d'cVo//ec«m//g-/?e. Le point c étant un
( 3o )
point quelconque du plan complexe i^z = x + iy), décrivons sur le seg-
ment oz comme diamètre un demi-cercle omz ou L, qui sera défini sans
ambiguïté par la condition que le sens omzo soit le sens/jo^ùi/du contour
fermé omzo. Prolongeons la branche de fonction F(:;), holomorphe à
l'origine, le long de L : si le prolongement est possible régulièrement jus-
qu'en z, le point z, par définition, fera partie de l'étoile curviligne d'es-
pèce L attachée à F. Soient 7/ cette étoile, Fl(:;) la valeur ainsi définie pour
F en z. Soit, enfin, a un quelconque des points singuliers de F qu'on ren-
contre sur les chemins L: les points du plan exclus de l'étoile oJ sont tous
distribués sur des demi-droites issues des points a et faisant avec la direction oa
l'angle 4- -• Représentons enfin par C^ la courbe que parcourt le
point z = quand z, parcourt le contour désigné plus haut par C,,.
En substituant, dans toutes les définitions du début, C^ à C,,,, on définit,
pour chaque valeur de N(N ]> i), une aire ctJ^ qui tend vers a' pour N =; ce.
Ceci posé, toutes les propositions précédentes subsistent sans modification pour
la branche Fl(s) et les aires a! , aj,, à condition de substituer à la fonction
ç(Z), introduite plus haut, la fonction
o(Z) =
2
où ^(Z) garde le même sens. Le développement de la nouvelle fonction
o(Z) en série de Mac-Laurin (où l'on fait Z ^ i) fournit donc le moyen de
développer en une série explicite in„(3) de polynômes convergente dans
tout le plan sauf sur la demi-droite issue du point z = i et parallèle àoy. En
remplaçant partout z' par — q— -■'» on obtient un développement de Fl(5)
convergent dans toute l'étoile a'.
» Observons que V étoile ce' n'est pas nécessairement d'un seul tenant. Soit,
par exemple, F= \J{i~z){i — iz-^z-) où F = + v'â pour :; = o; l'étoile v.'
relative à F comprend tout le plan, à l'exception des trois demi-droites D.
D', D" issues des points :; = i , = = i -i- /, s = i — ^■ et faisant respective-
ment avec Ox les angles + ^' + x' "^ "^" ^^^ ^^"^ premières forment
un angle aigu E et les points intérieurs à E ne peuvent être reliés à l'ori-
gine par u;i chemin continu sans franchir les demi-droites D ou D'. La
série S converge dans tout le plan sauf sur D. D', D" et représente, pour
( 3i )
nn point z de E, la valeur F, (s) avec laquelle on arrive en :■ sur la demi-
circonférence L. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. • — Sur deux équations intégrables du second ordre.
Note de M. E. Goubsat, présentée par M. Appell.
« J'ai énuméré dans un travail récent (^Annales de la Faculté des Sciences
de Toulouse, 189g) tous les types d'équations aux dérivées partielles du
second ordre, de la forme s^ f(^x, y, z, p, g), qui admettent deux inté-
grales intermédiaires distinctes du second ordre. Les formules suivantes,
que j'ai obtenues depuis, complètent les résultats de ce Mémoire.
)) L'intégrale générale de l'équation
(r) s:. = \/j-^p'\ji-hc/-
est représentée par la formule
où X est une fonction arbitraire de a; et Y une fonction arbitraire de j.
Pour faire disparaître les quadratures, il suffira de poser
Y == P, r=^-©"(p) -+-fio'(p) -(p([3),
a et p désignant deux paramètres auxiliaires, /" et tp deux fonctions arbi-
traires.
» L'intégrale générale de l'équation
(3) s slnz = \/i + p- \/\ -h q^
est représentée par la formule
(4) cosz = — ^ ^
où 7/, et u.^ sont deux fonctions de x, vérifiant l'équation linéaire du second
ordre
cP II „ du II
aie- cix 4
( 32 )
X étant une fonction arbitraire de œ; v, et v., sont de même deux fonc-
tions de 7 satisfaisant à une équation linéaire de même forme
Hy
où Y est une fonction arbitraire de j. On voit facilement que u^, u.., (,, ('.
peuvent s'exprimer par des quadratures seulement. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE . — SuT une classe d' équations aux dérivées partielles.
Note de M. Ivan Fredholm, présentée par M. Poinci'.ré.
« Soit
(0
ri d d d ^
une équation différentielle linéaire homogène et à coefficients constants,
et supposons que/(i,-/i,Q soit une fonction définie du degré in.
» Soit, de plus, '\{l,r„'(,) une forme quelconque du degré 2/z — 2 et
formons l'intégrale
(2)
■-fw^^'"'''-* '•'■'' ^"'^^-
où l'intégration doit être étendue à tous les éléments d'une ligne droite
située dans le plan
x\ +yf\ + ^^ = 0,
et passant par le point
l
y ^
h c
Z X
c a
X y
a h
» J'ai démontré (') que la fonction n est une intégrale de l'équation (i)
jouiss int des propriétés d'être homogène du degré — i et de n'avoir aucun
point singulier réel sauf l'origine.
)) On démontre aussi facilement que les diverses fonctions qu'on obtient,
en posant, dans la formule (2),
• 4'=^°'yiP'C^ (oc-Hfi-t- Y=2/?-- 2),
sont les dérivées d'ordre in— 2 d'une même fonction, soit P^o-, j, z-).
C) Actn mathematica. t. XXIII.
(33 )
» Il est clair que P est aussi une intégrale de l'équation (i) n'admettant
pas d'autre point singulier que l'origine.
» Je me propose de montrer que le rôle de la fonction P par rapport à
l'équation (i) est analogue à celui de la fonction - par rapport à l'équation
de Laplace.
)) En effet, l'équation (i) étant identique à son adjointe, on a toujours,
entre deux fonctions ii et v admettant des dérivées continues jusqu'à l'ordre
2/1, la relation
(3) I (v/ii — n/v) dS = I [Lcos(«,;r) -t- M cos(«, j) -t- N cos(/*, s)] r/T,
où dS désigne l'élément de volume d'un domaine S et de l'élément de
surface de la frontière c de S.
» L, M, N sont des expressions bilinéaires des fonctions u, v et leurs
dérivées jusqu'à l'ordre 2rt — i inclus. Il importe d'observer que le coeffi-
cient d'une dérivée quelconque d'ordre f de u est une fonction linéaire des
dérivées d'ordre 2n — i — v de v.
» Cela posé, supposons que u soit une intégrale de l'équation (i) et
posons r = V(x- ~ .t„, y — y„, z — ;„). La formule (3) s'applique encore
à condition d'exclure le point Xg, j„. r„ du domaine S en l'entourant d'une
surface arbitrairement petite. Un raisonnement calqué sur la démonstra-
tion classique de la formule de Green nous permettra d'écrire la formule
(4) /cu(Xg, y„, Zg) = / [Lcos(«,a?) H- Mcos(«, j) 4- Ncos(rt, =)Jr/'7,
qui présente une analogie parfaite avec la formule bien connue de Green.
)) Désignons maintenant sous le nom de problème de Dirichlet généralisé
la recherche d'une intégrale de l'équation (i) continue ainsi que ses déri-
vées jusqu'à l'ordre in inclus dans S, prenant à sa surface t des valeurs
données ainsi que ses dérivées jusqu'à l'ordre n — i inclus.
» Admettons qu'il soit possible de résoudre ce problème, et désignons
par g{x, y, z; x„, >„, ::„) la fonction en donnant la séparation dans le cas
où les valeurs données à la surface sont celles de la fonction
V{x-x^,y - yg,z- z„)
et ses dérivées. L'application de la formule (3) aux fonctions /«et ^conduit
G. R., 1899, 2' Se>77cstre. (T. CXXIX, N» 1.) 5
(34 )
maintenant au résultat
[I., cos(n,x) + M, cos{/i,y) -+- N, cos(rt, z)]da = o,
/l
où les expressions L, , M, , N, , en ce qui concerne les termes contenant des
dérivés d'ordre supérieur à /* — i, sont égales aux termes correspondants
dans les expressions L, M, N. Par conséquent la formule
A-u(x„, y„, z-a)
[(L — L, )cos(/i,.r) + (M — M,) cos(«, y) — (N — N,)cos(/t, =)] rf<;
^J)
ne contient que les dérivées de u d'ordre inférieur à n.
» Elle représente par suite la solution du problème de Dirichlet géné-
ralisé et elle montre que cette solution est unique, toutefois en faisant
l'hypothèse que le problème est toujours soluble. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Considérations sur les Travaux de MM. S. Lie
et A. Mayer. Note de M. N. Saltykow, présentée par M. C. Jordan.
« Soit
(0
/'a+ >^k\X{i ^2t • • •> X,i, Z, p,„^f, p,n + i> • • •' Pn) — ^
dz
( k ^ \ , 1, . . ., m, rn<Cn,
un système complet, les variables pi désignant les dérivées partielles
Supposons que les équations
( 1=^1,2,...,/, ["in — w,
(3)
Ci étant des constantes arbitraires, sont des intégrales du système aux dif-
férentielles totales
dx„
lididr/^^"^
dH,
(3)
A = l
'i! /n — m
A=l \ /■=!
« = 1,2,...,
on,
Opm^
- H* l dx.
n — m.
(4)
( 35 )
» Les équations (2) étant supposées résolubles par rapport aux x,„+^,
■Tm^-2- • • • > '^mw. effectuons la transformation des variables de M. A. Mayer,
indiquée dans le numéro précédent des Comptes rendus (N. Saltykow,
Considérations sur les Travaux de MAI. S. Lie et A. Mayer^. Les équations (i)
et (2) deviennent
\ Pk + "a (.-^l > ■'^2 ' • • • » ^m' /'m + i » • • • » Pm i-t' ^m+l i-l « • • • » •''"«' ~' f Pm + i ' ■ ' • ' P/i) ^^ *^
( k = ï, 9., ..., m,
/ , (.T, , X.,, . • .» .T,„, /?,„+! » . . ., Pm+l^ •■'^nn-l+\ > • • •» •^'n' -^ • /',„+| • • • <! P m-rlj ^^ ' ''
« = I, 2, .. ., /.
Si l'intégrale complète de ce dernier système est connue, on obtient, comme
je l'ai démontré ('), rien que par des différentiations, l'intégrale générale
du système aux différentielles totales, correspondant aux équations (4).
(5)
^''/'"-> = i;:5Sl^^-
dx,
ô\\\
Iwt:"^^'-
dli'i
■*^ "/' m -I- ). ^^ '-^•' m + fj
k = \
tn / " = '"
* = 1 \ ; = 1
>^ = I, 2 /,
h; )</a-A,
17 ^ / 4- I , / + 2, . . . , 71 — m.
» Cela posé, tout revient à démontrer que, par la transformation in-
verse des variables p\ z' par leurs valeurs en fonction des x, z, p, le svs-
tème (5) devient identique à (3). Il est aisé de s'en persuader en vertu des
identités
dW,, d\{,,. dW'i, Mil,
àp,n + n
dW,,
dPm + n
àp',
dx„
dz' ~~ dz '
Oz p "•+'>''
les indices "k, 1 ayant les valeurs (5). Par conséquent, l'intégrale générale
du système (4) sera transformée dans celle du système (2), et l'on obtient
(') Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 27/i.
(30)
l'intégrale complète des équations (i) rien que par une opération d'éli-
mination algébrique (').
» Considérons l'exemple cité dans notre Note précédente
(6) ;,, + i;=0, p.^-^j^ = o.
Le système d'équations aux différentielles totales
doc.. = -^^ dx. . dx, = -^-^ dx.,.
Pi ' 2x2 -
( 7 ) {d/),= -^dx,, dp i = " i '' dx. ■+■ — dx., ,
dz = ^ (Ix,
pI
admet deux intégrales en involulion
(8) x,s^^, = C„ f = C,.
)) L'intégrale complète des équations (6) et (8), transformées à la ma-
nière de M. A. Mayer, est
z' = — ^'^* !
\^ C --C r ' r-
» - »^ — U, .7 ., çjJ-1
» Les déterminants fonctionnels
ne s'annulant pas, nous obtiendrons par la voie indiquée l'intégrale géné-
rale du système (7)
;" — a, b,
2(5»— «,i„)f' o\ /^
■r, = bf^^' ^^' — a?, )-)-«, , .r, = «, 4/ _i,
(') Voir mes Notes, Comptes rendus, t. CXXVIll, p. 166 et 274.
( 37 )
x",x" étant des valeurs données, o,,a.,,z",lj,,h.^ des constantes arbi-
traires, représentant les valeurs initiales des variables x.j,x.,, z,p.^,p:^. En
éliminant a.,, h, entre les trois premières de ces dernières équations, on
obtient Tinlégrale cherchée
3 (^.o- b,_ y/g .n) Ç/^ {.r, - x\ ) {œ,- «. r-
fl,, s", h., étant des constantes arbitraires.
)) De même pour l'équation
{z^ j\l).i)j„_ î — ,r,.r3
«i/'a
= O,
en partant de formules de ma Note précédente, nous avons l'intégrale
complète
" ~ ''i L •*"2 ■2-5— "i J'
a,, :", «., étant trois constantes arbitraires. »
PHYSIQUE. — Étincelle globulaire ambulante. Note de M. Stéphane Leduc,
présentée par M. d'Arsonval.
« Lorsque deux pointes métalliques très fines et bien polies, en rapport
chacune avec l'un des pôles d'une machine électrostatique, reposent per-
pendiculairement sur la fi^ce sensible d'une plaque photographique au
gélatinobromure d'argent placée sur une feuille métallique, les deux
pointes étant à 5"^^™ ou lo"" l'une de l'autre, il se produit un effluve autour
de la j)ointe positive, tandis qu'à la pointe négative il se forme un globule
lumineux; lorsque ce globule a atteint une grosseur suffisante, on le voit
se détacher de la pointe, « qui cesse conij)lètement d'être lumineuse », se
mettre en route, se déplacer lentement sur hi plaque, faire des détours,
s'arrêter, puis repartir vers la pointe positive; lorsqu'il arrive à celle-ci,
l'effluve s'éteint, tout phénomène lumineux cesse, et la machine se désa-
morce commme si ses deux pôles étaient unis par un conducteur.
M La vitesse avec laquelle le globule lumineux se déplace est très faible ;
il met de une à quatre minutes pour parcourir la distance de 5*^"" à lo'^^"'.
Parfois, avant d'atteindre la pointe positive, le globule éclate en deux ou
( '58 )
plusieurs globules lumineux, qui continuent individuellement leur route
vers la pointe positive.
» En développant la plaque, on y trouve tracée la route suivie par le
globule, le lieu d'éclatement, les routes des globules résultant de la divi-
sion, l'effluve autQur de la pointe positive; enfin, si l'on arrête l'expérience
avant l'arrivée du globule à la pointe positive, la photographie ne donne
la route que jusqu'au point d'arrêt.
» Le globule semble rendre son trajet conducteur. Si, pendant le voyage
du globule, on projette ime poudre sur la plaque, du soufre par exemple,
le trajet suivi par le globule est marqué par une ligne de petites aigrettes,
présentant l'aspect d'un chapelet lumineux.
» L'expérience réussit sur une plaque voilée par la lumière, laquelle ne
communique pas à la couche sensible la conductibilité que le globule lu-
mineux produit sur son trajet.
» Les étincelles globulaires décrites par G. Planté (') et A. Righi (-)
sont, par leur mode de production et par leurs caractères, très différentes
de celles qui sont étudiées dans cette Note.
» De tous les phénomènes électriques connus, celui-ci semble présenter
le plus d'analogie avec la foudre globulaire. »
PHYSIOLOGIE. — Oscillations nerveuses, leur fréquence. Note
de M. AcG. Charpentier, présentée par M. d'Arsonval.
« La méthode que j'ai employée pour mesurer la vitesse de propagation
des oscillations provoquées dans le nerf, par l'excitation unipolaire, m'a
permis de faire un pas de plus dans l'analyse de ce phénomène.
» Les faits que j'ai décrits jusqu'ici pourraient être interprétés [jhysio-
logiquement en les rattachant à la grande loi de l'inexcitabilité périodique,
posée par Marey depuis ses belles recherches sur le cœur, et qui tend
aujourd'hui à se généraliser aux divers appareils musculo-nerveux. En
eflet, nous avons vu une excitation simple et bien limitée, comme le cou-
rant unipolaire bref, amener dans le nerf un état tel que, si l'on fait agir
.sur lui une seconde excitation semblable un certain temps déterminé après
la première, cette seconde excitation reste inefficace.
(') Comptes rendus, 19 août 1878.
(^) éclairage électrique, 1896.
(39)
» Mais nous avons constaté en outre un fait nouveau, c'est que cet état
particulier du nerf se transmet au delà du point excité, avec une certaine
vitesse que nous avons mesurée et qui est précisément celle de l'influx
nerveux lui-même.
» Reste un dernier phénomène à ajouter aux précédents, c'est que cet
état du nerf se renouvelle périodiquement; en d'autres termes, que l'exci-
tation crée dans le nerf un étal oscillatoire.
» En effet, conservons le dispositif expérimental décrit dans ma dernière Note
(26 juin 1899) et à l'aide duquel on peut envoyer, à deux points différents du nerf,
deux excitations brèves, se suivant de très près à des intervalles variables ; seulement
nous ne changerons rien à la position des électrodes sur le nerf, et nous nous conten-
terons d'augmenter graduellement le temps compris entre les deux excitations; nous
verrons alors que l'interférence se produit, non seulement pour un intervalle de temps
déterminé, mais encore pour un second intervalle plus grand, et souvent ainsi pour
plusieurs intervalles successifs, séparés les uns des autres par des périodes de reprise
de la contraction. Il est évident que la différence de ces inten,'alles successifs donne
directemenL la valeur de la durée d'une oscillation nerveuse complète.
» Bien que cette mesure soit délicate, j'ai pu la faire pour les deux premiers inter-
valles. J'ai trouvé entre eux des différences comprises entre j^ et j^ de seconde. Leur
moyenne est YîS~ït ^^ o", 001 34-
« Admettons cette valeur encore provisoire, et rapprochons-la de celle qui a été
trouvée précédemment pour la vitesse de propagation : le produit de cette vitesse par
la durée d'une oscillation nous donnera la longueur d'onde dans le nerf. On a
36'", 43 X ■' - — o-jOSS.
747.5
La demi-longueur d'onde est, d'après cela, de 17"™, 5 environ.
1) Or, nous avons vu, dans nos premières expériences sur les excitations faradiques
unipolaires (voir Note du 12 juin), que la demi-longueur d'onde appréciée directement
sur le nerf par une tout autre méthode était voisine de 2'='" (et j'aurais dû dire un peu
inférieure). 11 s'agit donc bien, dans un cas comme dans l'autre, du même phéno-
mène : l'excitation instantanée et limitée d'un nerf détermine, dans ce nerf, des oscil-
lations d'une fréquence voisine de 700 par seconde.
» Ces oscillations sont bien, tout nous l'indique, de nature nerveuse.
Sont-elles en même temps de nature électrique? Cela est rendu bien pro-
bable par la comparaison des résultats précédents avec les mesures faites
par Bernstein sur la variation négative des nerfs : d'après ce physiologiste,
la variation négative du courant d'action qui se produit à la suite de toute
excitation nerveuse (Du Bois-Reymond) durerait de ,„ ^„„,, à Yiï\ôô ^^ ^^'
conde et se propagerait avec une vitesse de 27" à 28"".
» Or, celte diu'ée correspond bien à celle d'une demi-oscillation nerveuse
( 4o)
(période ncgalive de noire oscillation); la moyenne serait, en effet,
ïTrio- pou'' 'e phénomène de Bernstein et ^^^ de seconde pour le nôtre.
La vitesse de propagation est aussi sensiblement la même dans les deux cas.
» Si celte identité se confirme, ce sera le premier pas décisif vers la dé-
monstration expérimentale de celle idée que l'influx nerveux est réelle-
ment de nature électrique, idée déjà rendue hautement probable par l'en-
semble des travaux de M. d'Arsonval.
» Indépendamment de sa portée théorique, notre méthode constituerait
aussi un nouveau moyen d'étude de la variation négative, ou plutôt des
courants d'action des nerfs. Elle aurait l'avantage de ne pas exiger de lé-
sion du nerf pour déceler les manifestations électriques de son activité.
« Quoi qu'il en soit, il n'est pas sans importance de constater objective-
ment dans le nerf moteur le phénomène que j'ai déjà découvert dans la
rétine, et qui a été retrouvé par MM. André Broca et Richel dans l'écorce
motrice du cerveau : la production d'oscillations dans un appareil nerveux
à la suite de son excitation. Le rythme seul diffère suivant l'appareil en-
visa eré. ')
PHYSIQUE. — Sur la nature et la cause du phénomène des cohéreurs ( ' ). Note
de M. Thomas Tommasi.va, présentée par M. A. Cornu.
H Des expériences conduites systématiquement dans le but d'élucider le
phénomène des variations de conductibilité des limailles métalliques et
en général des poudres des corps conducteurs quelconques, sous l'action
des courants induits par les ondes électriques, me permettent d'établir les
conclusions suivantes :
» 1. L'augmentation de la conductibilité électrique des limailles est la
conséquence de la formation de chaînes rendues conductrices, par des
adhérences entre grain et grain.
» 2. La formation des chaînes dépend de l'orientation de ces corpuscules
conducteurs suivant les lignes de force du champ électrique constitué par
la différence de potentiel entre les deux électrodes.
» 3. Les adhérences conductrices sont la conséquence de réchauffe-
ment des très petits contacts produit par l'éclatement d'une série d'étin-
celles.
(') Genève, laboratoire de l'Université.
( 4i )
)) On pourrait, à la rigueur, déduire ces conclusions de mes précédentes
Notes; mais je pense pouvoir leur donner une base solide par les faits nou-
veaux que je vais signaler.
» Formation instantanée de chaînes verticales sans aucun contact préalable entre
les électrodes et la limaille. — Ces chaînettes, que j'appellerai à! auto-formation, se
produisent moins facilement dans l'air que dans les liquides diélectriques. Dans l'air,
il faut empêcher les fortes décharges disruptives, car dans ces recherches j'opérais avec
le courant induit d'une bobine de RuhmkorfT de grande dimension, pouvant donner
des étincelles de 35™ de long. Il suffit pour cela d'intercaler une large planchette de
bois horizontale d'une épaisseur suffisante entre les électrodes, et placer la limaille sur
la planchette, les électrodes étant maintenues à une certaine distance. En faisant les
interruptions à la main, on voit à chaque décharge la chaîne se former immédiatement
et rejoindre l'électrode qui se trouve du même côté.
» Dans l'eau distillée, j'ai pu voir se produire des chaînettes A' auto-formation de
plus de o™,20 de long, en laissant agir l'interrupteur de la bobine. Dans ce cas, la
formation n'est pas instantanée, mais la chaîne emploie moins d'une seconde pour
arriver à adhérer à l'électrode supérieure. Si l'on diminue le courant en laissant les
électrodes à la même distance, on voit se former et monter verticalement une quantité
de chaînettes qui semblent concourir, en s'efforçant par des élans rapides, à rejoindre
le but. En augmentant graduellement l'intensité du courant, l'une des chaînes peut
atteindre l'électrode et y adhérer. L'efl'et immédiat est de faire tomber en fragments
toutes les autres chaînettes et de faire cesser tout mouvement dans la limaille. La
chaîne conductrice reste formée et ne se détruit pas, même par des secousses très vio-
lentes; mais si l'on interrompt le courant, le plus léger choc suffit.
» Ayant mis un peu de limaille au fond d'un tube de verre, en forme de V, rempli
d'eau distillée, et ayant disposé les électrodes à une distance de o"',i.5, dans les deux,
branches du tube, j'ai pu observer le même phénomène, mais en double, c'est-à-dire
qu'il se produisit, en partant de la limaille, dans chaque branche. Les électrodes étant
sorties de l'eau et des étincelles éclatant sur le liquide, les chaînettes se forment
comme auparavant et chacune se prolonge jusqu'à peu de distance des points frappés
par les décharges.
« Dans l'obscurité, on voit des séries de petites étincelles alignées qui forment de
vraies chaînes lumineuses, dont la longueur dépend de l'intensité du courant. Au
sommet de toutes ces ciiaînettes en formation, on voit une sorte d'effluve qui produit
un vif mouvement dans la limaille; mais lorsque la chaîne conductrice réunissant les
électrodes est bien établie, tout mouvement et toute étincelle cessent.
)) Fantômes ou spectres des lignes de force électriques par les chaînes de limaille
dans l'eau distillée. — La production de chaînes entre deux décharges disruptives
m'ayant fait entrevoir la possibilité de rendre visibles les lignes de force d'un champ
électrique au moyen des limailles, j'y suis parvenu de la façon suivante. Dans un réci-
pient très large et à fond plat, j'ai étalé de la limaille d'argent, recouverte d'une couche
d'eau distillée de 3°"" à 4"'™ d'épaisseur seulement. Deux fils d'aluminium, renfermés
dans deux tubes de verre, étaient placés obliquement et s'écartaient à leur partie supé-
rieure, pour empêcher les décharges; les autres extrémités, sortant à peine de quelques
C. R., 1S99, -y Semestre. (T. CXXIX, N° 1.) 6
( 12 )
millimètres des tubes, étaient recourbées de façon à être verticales dans Feau et tou-
chaient le fond du vase. Sous l'action d'un courant moins intense que dans les expé-
riences précédentes, j'ai vu tout de suite rayonner des deux pointes d'aluminium, con-
stituant les électrodes, une quantité de chaînettes qui s'alignaient selon des courbes
parfaitement identiques à celles des limailles de fer des fantômes magnétiques. Mais
dès que la chaîne conductrice entre les électrodes était formée, il semblait en résulter
l'arrêt de la formation des autres; pour obtenir, le spectre complet, j'ai dû rompre
continuellement avec une baguette en verre la chaîne conductrice, car elle se reformait
chaque fois immédiatement. En aspirant l'eau avec une pipette et en faisant évaporer
le reste, j'ai pu conserver le spectre électrique ainsi obtenu.
» Si, pendant cette expérience, on fait l'obscurité, et si, après avoir augmenté le
courant, on donne au récipient un mouvement oscillatoire, on observe un certain
nombre de lignes de force qui se dessinent par des chaînes lumineuses.
» Ces expériences font voir sous une forme agrandie ce qui doit se passer
dans le champ très limité du cohéreur. »
MAGNÉTISME. — Sur la position des points de transformation magnétique des
aciers au nickel. Note de M. L. Dchas, présentée par M. A. Cornu.
« Les travaux de MM. J. Hopkinson, H. Le Chatelier, Ch.-Ed. Guil-
laume, Osmond, ont déterminé la position des points de transformation
magnétique des alliages de fer et de nickel. Lorsque la teneur en nickel
est voisine de 20 pour 100, le point de l'échelle des températures où com-
mence à apparaître le magnétisme, pendant le refroidissement, est peu
éloigné de 0° : il se relève rapidement, soit que la teneur en nickel diminue
(alliages dénommés par M. Guillaume irréversibles), soit qu'elle augmente
(alliages réversibles).
» Nous avons été amenés à constater que les aciers au nickel ayant la
composition suivante : C = o, 6 à o, 8, Mn := o, 5, Ni ^ 20 à 23, Cr = 2 à
3 pour 100, ne sont pas magnétiques à la température ordinaire, et ne se
transforment pas sous l'iniluence du refroidissement, même après l'immer-
sion dans l'air liquide (').
» Cette constatation a été le point de départ de nos recherches (-).
(') Grâce à l'obligeant intermédiaire de M. Guillaume, M. le professeur J. Dewar a
bien voulu faire cette expérience en mai et juin 1897 sur trois échantillons : l'un d'eux
a subi la transformation magnétique.
(') La Société de Commentry-Fourchambault nous a chargé de la direction de ces
recherches, qui ont été faites à l'usine d'Imph y par les soins de MM. Adenot, directeur ;
Girin, ingénieur principal; Dauphin, Gineste et Coupeaud. ingénieurs.
1.
II.
(43)
Nous avons préparé des échantillons dont nous donnons ci-après les ana-
lyses, suivies de l'état magnétique à la température ordinaire -+- i5°, dans
la neige carbonique — 78", et pour quelques-uns dans l'air liquide
— 188" (').Pour plus de clarté, nous groupons les teneurs en nickel voi-
sines. Dans chaque groupe, nous classons les échantillons par ordre de
teneur en carbone :
111.
IV.
V.
Corn
ipositiou chi
imique pour
100.
!\Iagnélisnie
Carbone.
Silicium.
Manganèse,
Nickel.
à + 1 j°.
à - 78".
à — 1S8".
1,37
0,41
2,7'
10,00
très
faible
très faible
permanent
0,07
0,25
1,45
i5,48
très fort
très fort
0,19
0, 12
0,73
i4,55
très
fort
très fort
0,73
0,38
o,4i
15,92
très
faible
peroiaucnl
I ,o3
0,37
1,22
i4,44
nul
permanent
.,i3
0,38
«,89
i5,88
nul
nul
permanent
1,36
0,55
2,07
i4,8o
nul
nul
o,i5
0, i5
o,3i
24,06
très
faible
très fort
0,34
0,22
o,5i
24,04
très faible
très fort
o,4i
0,23
0, 1 1
24, o5
nul
permanent
0,64
0,27
0,88
24,61
nul
nul
non permanent
o,85
0,47
j,4i
23,35
nul
nul
0,39
0,23
0,43
25,38
nul
permanent
0,62
o,4i
0,80
25,45
nul
non permanent
0,23
0,17
0,18
27,12
nul
permanent
0,26
o,i4
0,36
27,72
très
faible
non permanent
permanent
» L'examen du Tableau (^) nous amène aux conclusions qui suivent:
» i" La position du point de transformation magnétique ne dépend pas
exclusivement de la teneur en nickel; dans chaque groupe, les points de
transformation sont répartis sur l'échelle des températures entre des limites
éloignées de plusieurs centaines de degrés.
» 2° Dans chaque groupe, le point de transformation peut être abaissé
par des additions de carbone et de manganèse, ce qui permet d'obtenir
(') C'est à la grande obligeance de M. d'Arsonval que nous devons d'avoir pu donner
à nos expériences l'extension très intéressante dont les résultats sont consignés dans la
dernière colonne du Tableau, Nous lui en exprimons notre vive gratitude.
(^) M. Osmond, poursuivant ses remarquables travaux sur les modifications allo-
tropiques du fer, a eu recours au refroidissement dans l'air liquide. Il a signalé récem-
ment {Comptes rendus, t. CXXVlll, p. iSgS, 5 juin 1899) deux aciers à 29,07 et
3,77 pour 100 de nickel qui deviennent magnétiques dans l'air liquide. 11 a, de plus,
démontré que, dans l'austénite, le carbone seul, sans aucun auxiliaire, abaisse le
point de transformation du fer bien loin au-dessous de 0°. Ces résultats sont confir-
més et généralisés par nos propres constatations.
(44)
des aciers non magnétiques à basse température, même avec des teneurs
en nickel très faibles.
» 3° Certains aciers de teneur en nickel supérieure à 24 pour 100 ont
acquis, parle refroidissement, un magnétisme non permanent, c'est-à-dire
qui ne subsiste pas à la température ordinaire (réversibles de M. Guillaume);
d'autres, faisant partie des mêmes groupes, ont acquis par le refroidis-
sement le magnétisme permanent (irréversibles). L'un des échantillons
possède même cette propriété remarquable d'être successivement non
magnétique à + i5°, magnétique non permanent à — 78°, magnétique
permanent à — 188°.
» 4° L'influence du carbone est nettement prépondérante; quelques
millièmes de cet élément suffisent pour amener le point de transformation
dans le voisinage de — 188°, tandis que celui des alliages de fer et de
nickel, qui sont d'ailleurs toujours un peu carbures, ne descend jamais au-
dessous de 0°. Les proportions de manganèse sont assez faibles pour que
l'influence de cet élément puisse être considérée comme négligeable, rela-
tivement à celles du carbone et du nickel. Le manganèse a été introduit
pour favoriser la dissolution du carbone et éviter sa précipitation à l'état
de graphite.
» Le cbrome est un dissolvant du carbone plus énergique encore que le
manganèse, il a une action très favorable sur la ductilité à chaud et à froid,
c'est ainsi que nous avons été amenés à préparer un certain nombre d'échan-
tillons d'acier au nickel contenant des proportions variées de chrome :
Composi
tion chimie
. Chrome.
jue pour 1011.
Magnétisme
Carbone.
Silicium
Manganèse.
Nickel.
à + 15°.
à — 78°.
à — 188».
VI.
o,36
0,47
14.4
0,60
o>9
très fori
très fort
très fort
/ 0,52
(2,13
0,24
2,83
0,59
4,9^
très fort
très fort
VII.
»
3,12
0,93
5,0.5
très faible
très faible
0,54
3,92
5,o5
4,96
nul
nul
Mil.
'.77
o,4o
3,19
2,78
7,28
nul
nul
nul
[ o,3i
0,42
2,92
o,46
10,20
liés fort
très fort
1\.
1 0,73
o,.58
2,70
0,61
12, o4
nul
permanent
( t ,10
0,34
3,55
o,9'
.3,34
nul
nul
nul
/ 0.07
0,23
2,74
0,96
17,24
très fort
très fort
0,19
o,3i
0,98
0,26
17, 5o
très fort
très fort
0,29
o,3o
9,0.5
0, i3
i5,5o
nul
nul
nul
X.
0,33
0,21
2,83
0,60
i5,o8
nul
permanent
o,4o
0,47
.,75
0,63
t6,o6
nul
permanent
1 o,5o
0,24
'.77
0,53
16,68
nul
permanent
f 0,53
0,3.5
3,02
0,82
i6,o5
nul
nul
nul
1 0.71
o,58
2,02
'>«7
16,16
nul
nul
( 45 )
\I.
Composit
jori ciiiiniq
Lie pi.iur
Mangr
100
Carbone.
Silii'iiini.
Chrome.
muse.
Nickel.
à -4-
15».
0,10
0,21
0,43
0,32
21,84
Irès
fort
, 0,27
0,28
o,56
0,45
22,08
très
fort
'0,28
0 , 29
0,59
o,36
23 , 06
nul
1 o,3o
0,20
0,53
0,27
23,73
mil
1 o,3i
0, 25
■5,29
0,23
24,20
nul
' 0,45
0,35
0,28
0,66
24,26
nul
0,63
0,94
2,53
o,4i
27,16.
très
faible
(0,11
0,23
9.87
0,70
fer
(')
1,65
nul
0,46
0, .32
9'4o
1,72
fer
1,75
nul
( 0,96
0,49
9,62
.,45
fer
1 , 45
nul
Maenélisnie
à —78°. à — 188".
très fort
très permanent
permanent
permanent
nul non permanent
nul permanent
non permanent non permanent
nul non permanent
nul non permanent
nul non permanent
» L'action du carbone reste jîrépondérante dans la plupart des échan-
tillons composant ce Tableau, mais elle jnirait nulle lorsque le nickel rem-
place à peu près complètement le fer. Par contre, le chrome n'abaisse pas
le point de transformation des aciers à très faible teneur en nickel, mais il
abaisse considérablement celui des aciers au nickel à forte teneur, et no-
tamment celui des aciers au nickel sans fer ou pouvant être considérés
comme tels.
» Le magnétisme acquis par le refroidissement est encore, comme
celui des aciers non chromés, soit permanent, soit non permanent. Quatre
échantillons, dont les teneurs en nickel diffèrent notablement, mais qui
sont très fortement chromés, sont restés non magnétiques, même dans
l'air liquide. L'abaissement le plus considérable du point de transforma-
tion a été obtenu par l'action combinée du carbone et du chrome. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le dosage volumétrique du zinc (-). Note de
M. PocGET, présentée par M. Troost.
« Plusieurs méthodes ont été proposées pour le dosage volumétrique
du zinc (') :
» I" Scliaffner précipite le zinc en solution ammoniacale avec une liqueur titrée
de sulfure de sodium; la fin de la réaction est indiquée, soit par la coloration noire
que prend le sesquioxyde de fer précipité mis en suspension dans la liqueur, soit par
(') La teneur en nickel s'obtient par difi'érence.
(') Laboratoire de Chimie de la Faculté des Sciences de Rennes.
(') ,1. PosT, Traité d' Analyse chimique, p. 33i.
(4G)
des essais à la Inuche sur des papiers imprégnés de solutions métalliques donnant
avec le sulfure de sodium un précipité noir;
» 2" Fahlberg précipite le zinc en solution acide avec une liqueur titrée de ferro-
cyanure de potassium. La réaction est terminée lorsqu'une goutte du liquide soumis à
l'essai donne avec une goutte d'azotate d'urane une coloration rouge brun ;
» 3" Sc/iH'«/'J précipite le zinc en solution ammoniacale par le sulfure de sodium; le
sulfure de zinc précipité est lavé et mis en digestion avec une solution de chlorure
ferrique qui le décompose d'après l'équation
ZnS + Fe^Cl»^ ZnCl^-H S -H 2FeCP,
la quantité de sel ferreux formé est déterminée avec une solution titrée de perman-
ganate.
» Dans la première méthode, qui est la plus répandue, la liqueur titrée de sulfure
de sodium est tellement altérable qu'il est nécessaire d'en prendre le titre chaque
jour, ou avant chaque série d'essais. De plus, si on se sert de sesquioxyde de fer comme
indicateur, la fin de la réaction est difficile à saisir; dans le cas contraire, cette mé-
thode présente les mêmes inconvénients que la seconde.
» Dans celle-ci, la liqueur titrée est très stable, mais la fin de la réaction est in-
diquée par des essais à la touche qui rendent l'analyse très longue, lorsqu'on n'a au-
cune donnée sur la proportion de zinc contenue dans la liqaeur à analyser.
» L'inconvénient le plus grave de la troisième méthode réside dans le lavage du
sulfure de zinc : c'est une opération longue et difficile.
» De plus, la décomposition du sulfure de zinc par le perchlorure de fer ne se fait
bien qu'en liqueur chlorhydrique, ce qui peut entraîner des pertes; et le dosage du
fer en solution chlorhydrique par le permanganate est toujours délicat.
» La méthode que j'ai utilisée pour le dosage du zinc est celle que
MM. Rollet et Campredon emploient pour le dosage du soufre ( ' ).
» La dissolution de zinc est précipitée par l'hydrogène sulfuré; le sul-
fin-e de zinc est mis en contact avec un volume connu et en excès d'une
liqueur titrée d'iode qui le décompose d'après l'équation
ZnS-H2l = ZnI^-HS;
la réaction est complète au bout de quelques minutes; on mesure l'excès
d'iode avec une liqueur titrée d'hyposulfite de soude, en se servant d'em-
pois d'amidon comme indicateur. La fin de la réaction se fait donc avec la
plus grande netteté.
» Mais la méthode ne peut être pratique que si l'on évite la fdlration et
le lavage du sulfure de zinc; j'arrive à ce résultat par le mode opératoire
suivant, c'est celui qui m'a donné les meilleurs résultats :
(') Campkedon, Guide pratique du chimiste métallurgiste, p. 55;.
(47 )
» A la solution acide de zinc j'ajoute d'abord de l'acétate de sodium (ao'"" de solu-
tion à lo pour loo, pour oS'',i de zinc), puis de l'ammoniaque ijoutte à goutte jusqu'à
ce qu'il se forme un précipité persistant, et enfin un excès d'une solution saturée
d'hydrogène sulfuré (roo'^'' pour oB'',i de zinc).
» La liqueur ainsi préparée est portée à rébullilion Juxqu'à ce que toute trace
d' hydrogène sulfuré ait complètement disparu : ce résultat est généralement atteint
après trois quarts d'heure d'ébullition; il n'3' a d'ailleurs aucun inconvénient à la pro-
longer plus longtemps.
» Après refroidissement, j'ajoute au liquide un volume exactement mesuré avec une
pipette d'une solution titrée d'iode, le sulfure de zinc se décompose très rapidement
pourvu que la quantité d'iode soit suffisante ; au bout de quelque temps, le soufre nage
dans la liqueur brune mais parfaitement limpide. Il n'v a plus qu'à mesurer l'excès
d'iode : je verse avec la burette la solution titrée d'hyposulfite jusqu'à ce que la liqueur
ait une teinte jaune très faible; à ce moment, je sensibilise par quelques gouttes
d'amidon et je continue à verser l'hyposulfile jusqu'à disparition de la teinte bleue.
» Dans mes essais, je me suis servi de solutions normales d'iode et d'hyposulfite.
Dans la plus mauvaise des déterminations l'erreur est encore inférieure à yoo-
» Dans cette méthode, la filtration et le lavage du sulfure de zinc sont
remplacés par une opération ne nécessitant aucune surveillance; les
liqueurs titrées sont de bonne conservation, leur titre est d'ailleurs facile
à vérifier; la réaction finale est très nette et s'opère dans la liqueur
essayée. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la préparation et les propriétés des arséniiires de
strontium, de baryum et de lithium ('). Note de M. P. Lebeau, présentée
par M. Henri Moissan.
« Nous avons fait connaître, dans une précédente Communication (-).
un moyen de préparer l'arséniure de calcium As"Ca^ par la réduction de
l'arséniate de calcium par le charbon à la température du four électrique.
L'application de ce procédé nous a permis d'obtenir également les arsé-
niures de strontium, de baryum et de lithium.
» Arséniure de strontium As-Sr'. — L'arséniure de strontium n'avait pas encore
été préparé jusqu'ici.
» On fait un mélange intime d'arséniate de strontium et de charbon, que l'on agglo-
mère en petits cylindres, ainsi que nous l'avons indiqué pour l'arséniure de calcium.
Les proportions employées sont les suivantes :
Arséniate de strontium 100 parties
Coke de pétrole pulvérisé 18 »
(') Ce Travail a été fait au laboratoire de M. Moissan, à l'École de Pharmacie.
(') P. Lebeau, Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 95.
( 'l« )
» La durée de la chauffe est de trois mimiies pour un courant de 950 ampères sous
45 volts. Le mélange est placé soil dans un creuset, soit dans un tube de charbon
fermé à l'une de ses extrémités. On obtient une matière fondue, à cassure cristalline,
d'un rouge brun plus ou moins foncé. Le produit est introduit aussitôt que possible
dans des flacons bien boucliés ou mieux dans des tubes scellés.
» L'analyse nous a montré que cette matière est formée d'arséniure de strontium
fondu As-Sr' mélangé d'un peu de carljure et de graphite. Les chiffres ci-dessous
expriment le rapport du strontium à l'arsenic, déduction faite de la petite quantité de
carbure de calcium qui s'est formée en mêtne temps et qu'il est presque impossible
d'éviter :
Théorie
I. II. III. pour As^Sr^
Sr pour 100 62,83 63,1 3 62,97 63,63
As )< 37,17 36,88 37,03 36,36
» L'aspect de l'arséniure de strontium n'est pas sensiblement différent de celui de
l'arséniure de calcium. Comme ce dernier il est transparent sous le microscope et
présente une coloration rouge brun. La densité à 15°= 3,6.
» Le fluor réagit à froid avec incandescence et produit des fumées blanches de
fluorure d'arsenic. Le chlore l'attaque avec production d'une incandescence vive
à 160". Dans le brome, la réaction s'effectue au-dessus de 200°. Il brûle également
dans la vapeur d'iode surciiauffée.
» L'oxygène et la vapeur de soufre donnent lieu à une combustion vive au-dessus
du rouge sombre.
» Le carbone le décompose à la température du four électrique et le transforme
intégralement en carbure de strontium. Cette réaction montre combien la durée de la
chauffe peut influer sur la pureté de l'arséniure.
» L'eau réagit sur ce composé comme sur l'arséniure de calcium; il se produit de
l'hydrate de strontium et de l'hydrogène arsénié.
» L'arséniure de strontium réduit la plupart des oxydes métalliques et est violemment
détruit par les oxvdants. Ces réactions sont en tous points comparables à celles de
l'arséniure de calcium.
» Arséniure de baryum : As-Ba'. — La préparation de l'arséniure de baryum a été
tentée seulement par Soubeiran ('), qui a fait réagir les vapeurs d'arsenic et l'hydro-
gène arsénié sur la baryte : « Dans ces expériences, dil-il, la baryte devient noire et
» il se fait de l'arséniate et de l'arséniure de baryum. La décomposition est toujours
» très imparfaite et des parcelles d'oxyde obéissent seules à l'action décomposante de
» l'arsenic. » îVous n'avons eu connaissance d'aucun travail publié depuis cette époque,
sur les arséniures alcalino-terreux.
» Nous avons utilisé, pour la préparation de l'arséniure de barvum, le mélange
suivant :
Arséniate de baryum 70 parties.
Coke de pétrole 10 »
(') SoiBEiRAN, Mcmoires xiir les arséniures d'hydrogène {Annales de Chimie ei
de Physique, x' série, t. XLIll, p. 412).
( 49 )
» La durée de la chauffe au four électrique est environ de trois minutes pour un
courant de gSo ampères sous /[S volts. On observe les mêmes précautions que dans le
cas des arséniures de calcium et de strontium. Le produit fondu que l'on obtient est
de l'arséniure de baryum sensiblement pur répondant à la formule As^Ba'. Il nous a
été possible d'obtenir un échantillon à peu près pur, ne renfermant que des traces de
carbure, qui nous a permis d'établir directement la formule de ce composé :
Théorie
I. II. pourAs-Ba'.
Ba pour 100 72,63 72,80 73,27
As » 24,98 25,32 26,73
i> L'arséniure de baryum présente une coloration un peu plus foncée que les deux
autres arséniures alcalino-terreux. Au microscope, sa coloration est sensiblement la
même. Il paraît plus fusible et donne une masse plus compacte.
« Sa densité à i5°=:4ii- Les propriétés chimiques de ce composé sont tout à fait
comparables à celles des arséniures de calcium et de strontium, quoique nettement
plus énergiques. Il brûle à froid dans le fluor, le chlore et même le brome. Un frag-
ment d'arséniure de baryum, projeté dans le brome, s'enflamme, tournoie à la surface
du liquide en donnant une incandescence très vive.
» Dans l'oxygène, il brûle vers 3oo° et dans la vapeur de soufre au-dessous du
rouge sombre. L'eau le décompose rapidement à froid en donnant de la baryte hydratée
et de riijdrogène arsénié. D'une façon générale, cet arséniure présente une activité
chimique plus grande que les arséniures de calcium et de strontium.
» Arséniure de lithium : AsLi'. — Nous avons songé à utiliser ce mode de prépa-
ration des arséniures à l'obtention des arséniures alcalins.
» Les arséniures de potassium et de sodium semblent bien se former lorsque l'on
chauffe le mélange de l'arséniate ou de l'arsénite alcalin avec le charbon, au four élec-
trique; mais l'instabilité des composés obtenus et aussi l'action désagrégeante exercée
par les composés du sodium ou du potassium sur les récipients de charbon, que l'on
est obligé d'employer, nous ont fait abandonner ce moyen de les préparer. Il nous a
été possible cependant d'obtenir l'arséniure de lithium.
11 L'arséniate de lithium, bien sec, a été mélangé de charbon de sucre finement pul-
vérisé dans les proportions suivantes : ^
Arséniate de lithium sec 160 parties
Charbon de sucre 4o »
)) Ce mélange a été aggloméré en petits cylindres et disposé dans des creusets de
charbon munis de couvercles. Lorsque la chauffe était d'une durée supérieure à trois
minutes, il y avait presque toujours volatilisation complète de la matière. En dimi-
nuant progressivement le temps de chauffe, nons avons pu réaliser la réduction totale
de l'arséniate, sans volatilisation notable. La durée de la chauffe était de deux minutes
à deux minutes et demie pour un courant de gSo ampères sous 43 volts.
» On obtient un produit fondu à cassure cristalline, d'un brun foncé, qui est un
arséniure de lithium ne contenant comme impureté que du carbure de lithium et du
charbon. Un échantillon ne renfermant qu'une très faible quantité de carbure nous a
■; K . 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N° 1.) 7
( 5o )
fourni les résultais analytiques suivants, qui nous ont permis de donner pour ce com-
posé la formule de AsLi' :
Théorie
I. II. III. pour AsLP.
As 77,81 77,42 78,07 78,13
Li 20,98 20,82 20,98 21,87
Insoluble 2,01 2,56 2,12
» L'arséniure de lithium est un corps transparent lorsqu'on l'examine au micro-
scope sous une faible épaisseur. Il présente alors une coloration brun rouge.
» Le fluor, le chlore et le brome le détruisent à froid avec incandescence. Il suffit
de le broyer avec de l'iode dans un mortier pour qu'il y ait aussi à froid une réaction
très vive.
» Sa combustion dans l'oxygène a lieu au-dessous du rouge avec une vive lumière
violacée. L'arséniure de lithium décompose l'eau très rapidement et donne de l'hydro-
gène arsénié en même temps qu'une petite quantité d'un produit floconneux brun.
Le gaz renferme presque toujours un peu d'acétylène et d'hydrogène libre.
» Les oxydants réagissent très énergiquement sur ce composé, et il suffit de le
projeter dans l'acide nitrique fumant pour le voir brûler avec éclat, la réaction peut
même être dangereuse et donner lieu à des projections. La plupart des oxydes métal-
liques sont facilement réduits à basse température.
' Conclusions. — En résumé, nous avons préparé, par la réduction des
arséniales alcalino-terreux par le charbon, à la température du four élec-
trique, les arséniures de calcium, de strontium et de baryum.
" Ces composés se rattachent bien, par leurs formules et leurs propriétés,
aux azotures et aux phosphures de cette série, obtenus à l'état de pureté
par M. Henri Moissan.
» L'action de l'eau, par exemple, mérite d'être rapprochée :
Az= Ca' -h ÔH^'O = 3Ca(0H)- + 2 Az H',
Ph-Ca^ + 6H»0 = 3Ca(OH)-+2PhH'.
As=Ca' + 6H=0 = 3Ca(OH)--t-2As H^
>) Enfin, seul parmi les arséniures alcalins, l'arséniure de lithium pré-
sente assez de stabilité pour être préparé au four électrique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Étude de l' oxymethylène-cyanacélate de méthyle
et de quelques-uns de ses homologues (' ). Note de M. E. Grégoire
DE BOLLEMONT.
« M. L. Claisen (-) considère les dérivés oxyméthyléniques du type de
(') Travail fait à llnstitul de Nancy, au laboratoire de M. Haller.
{■) Lieb. A/m., t. CCXCVII; 1897.
( 5i )
/COR
l'éther oxymélhylène-acétylacétique C= CHOH , comme de l'acide for-
XCOOCH^
mique dans lequel l'oxygène est remplacé par un carbone uni à deux
groupements négatifs
0 = CHOH, ^)C = CHOH.
» Ces composés se comportent en effet, sous bien des rapports, comme
l'acide formique; ce sont de forts acides monobasiques, plus forts que
l'acide acétique. L'action négative plus ou moins grande des radicaux X
a la plus grande influence sur l'acidité de ces molécules. En substituant au
radical CO- —Rie radical plus négatif C Az, nous devions nous attendre
à obtenir des composés présentant un caractère acide plus prononcé que
celui des dérivés oxyméthyléniques de M. Claisen. L'expérience est venue
à l'appui de cette manière de voir et a confirmé la théorie de M. Claisen.
» Préparation. — Les dérivés oxymétli)'lène-cyanacétiques s'obtiennent facilement
par saponification des éthers éthoxy- et méthoxyméthylène-cyanacéliques décrits dans
ma précédente Note (' ).
» Propriétés générales. — Ces composés sont tous légèrement solubles dans l'eau,
solubles dans l'alcool et l'étlier. Les premiers ternies cristallisent facilement. Ils dis-
tillent dans le vide avec décomposition, et cette décomposition est plus profonde
à mesure que l'on s'élève dans la série. Leurs solutions aqueuses, traitées par le per-
chlorure de fer, donnent une coloration très intense d'un brun orangé. Celte réaction
présente une grande sensibilité. La propriété la plus remarquable de ces dérivés c'est
qu'ils constituent de réels acides monobasiques, plus forts que l'acide acétique, pou-
vant se titrer à l'hélianthine. Ils font eflTervescence avec les carbonates el déplacent l'acide
acétique de ses sels. Traités par l'ammoniaque, ils donnent les dérivés amidés corres-
pondants; l'aniline fournit de même des composés anilidométhylène-cyanacétiques.
CAz
» Oxyméthylène-cyanacélate de méthyle : C=CHOH . — Quand on traite les
~ COO CH'
/'CAz
alcoyloxyméthylène-cyanacétales d'alcoyles de la forme R OIIC ^ C^ rnnni P^*^ ^^
l'eau de baryte, on saponifie, non pas le groupe — COOR*, mais le complexe alcoyl-
/CAz
oxyméthylénique = CH OR et l'on obtient les sels de baryum des corps C=:CH OH.
\C02R'
(') Comptes rendus, l. CXXVIII, p. i338; 1899.
( 52)
En edet, les étlioxy- et méthoxyméthylène-cyanacélates de méthyle
en présence d'eau de baryte, fournissent un seul et unique sel de baryum
r /CAz T
c=cno
L XCOOCH'J
Ba;
ce dernier a été décomposé par l'acide sulfurique étendu qui met en liberté le dérivé
oxyméthylénique.
» C'est un composé à saveur très acide, à odeur piquante, volatil et fondant à iSô"-
137°. Des expériences de conductibilité faites sur cet acide et son sel de soude ont
montré que l'acide est monobasique, qu'il s'altère au contact de l'eau, mais que son
sel de sodium est stable. Son coefficient d'affinité K=^i,5o5 permet de le classer
parmi les acides organiques forts, compris entre les acides mono- et dicldoracétiques.
[CÂz y
C = GHO I Ba. - C'est une poudre légèrement colorée
\coocipJ
en jaune, très peu soluble dans l'alcool et i'éllier, soluble à chaud dans l'eau. De cette
dissolution aqueuse se séparent, suivant les conditions, difierents hydrates. Celui à
une molécule d'eau constitue une poudre blanche cristalline qui, chauflfée durant
quelques heures à i5o°, prend une teinte légèrement jaune et donne le sel anhydre.
"CAz
» Sel de cuivre : 1 C— CHO 1 Cu-i-2H''0. — Ce sel s'obtient par double
[CAz -j-
C-CHO
XcoochO
décomposition entre le sel de baryum et le sulfate de cuivre. Il cristallise avec deux
molécules d'eau. L'hydrate, constitué par de petits cristaux d'un beau vert tendre,
chauffé vers 110°, perd facilement son eau de cristallisation et donne le sel anhydre
qui est d'un vert plus foncé.
/CAz
» Sel d'argent : C^CWOh.^ . — Ce dérivé cristallise de ses solutions aqueuses
\C00CH3
en houppes soyeuses. Traité par l'iodure de méthyle il donne le dérivé méthoxyméthy-
/CAz /CAz
lénique correspondant : C=CHOAg -1- CH'I = C ^CHOCH^ -^- Agi.
\COOCH' \COOCH»
» Il permet ainsi de passer de la série éthoxy- à la série méthoxyméthylénique et
réciproquement.
/CAz
» Oxyniéthylène-cyanacélale d'éthvlc : C =:CHOH . — Ce composé prend nais-
XCOOC^H^
sance dans les mêmes circonstances que l'homologue inférieur en partant des élhers
'■ 53 )
/GAz
C=CHOR . C'est une poudre blanche, fondant vers 67°, et présentant un caractère
acide plus faible que le méthyle correspondant. Distillé dans le vide, il donne en majeure
partie des produits de décomposition et un peu d'une luiile incolore qui cristallise
facilement en longues lames transparentes, fondant vers 68°-69'' et constituant égale-
ment l'oxyméthylène-cyanacétate d'éthyle.
/CAz
» Oxyméthylène-cyanacélate d'amyle : Ci::-CIIOH . — Ce composé n'a été
XCO^CM-I"
déterminé que par ses sels de baryum et d'argent précédemment étudiés ('); l'acide
libre n'a pu être caractérisé. Quand on cherclie à l'isoler, on obtient une huile légère-
ment colorée, que l'on n'a pas encore réussi à faire cristalliser et qui, par rectification
dans le vide, subit une décomposition presque totale. Cette huile, dont les analyses ne
sont qu'approchées, jouit cependant des propriétés des dérivés oxyméthylène-cyanacé-
tiques. Elle est acide au tournesol, fait elfervescence avec les carbonates, et donne la
coloration caractéristique brun orangé avec le perchlorure de fer. »
CHIMIE ORGANIQUE. - Emploi de la télrachlorhydroquinone pour la carac-
térisation et la séparation des acides gras Ç- ) . Note de M. L. Iîouveault,
présentée par M. E. Grimaux.
« Tandis que les acides aromatiques sont, en général, cristallisés et
donnent aisément naissance à des dérivés solides qui peuvent permettre
de les purifier, de les caractériser et de les séparer, quand ils sont à l'état
de mélange, les acides gras sont, au contraire, presque toujours liquides
et ne fournissent que peu de dérivés organiques cristallisés souvent diffi-
ciles à obtenir. La plupart des acides gras ne sont caractérisés que par des
constantes physiques de liquides, points d'ébullition ou densités, apparte-
nant soit à eux-mêmes, soit à leurs éthers, critérium insuffisant pour dis-
tinguer des isomères et même pour indiquer si l'on a affaire à une espèce
chimique ou à un mélange.
» J'ai cherché un réactif capable de se combiner à l'acide ou à l'un de
ses dérivés immédiats, en donnant un dérivé cristallisé facile à purifier,
aisé à décomposer aussi, afin qu'on puisse en régénérer l'acide une fois
purifié.
» J'ai essayé successivement les amides, les anilides et paratoluides, les
(') Comptes rendus, t. CXXVIII, p. iSSgj; 1899.
{''■ ) Institut chimique de Lille.
( 54 )
phénylliyflrazifles : préparés avec des acides purs, ces dérivés sont presque
toujours cristallisés; il semblait donc qu'ils devaient me conduire au but
que je m'étais proposé.
) Les amides m'ont semblé être les plus avantageux : on peut les obtenir
aisément avec des rendements passables, mais ils sont en général très
soliibles dans les divers dissolvants, restent facilement en surfusion, ce qui
rend leur purification laborieuse, souvent impossible quand on à affaire à
un mélange de deux ou trois isomères.
» Les anilides et ^-loluides se font avec de bons rendements, mais ils
possèdent à un degré encore plus fort les inconvénients des amides; il est
de plus très difficile d'en régénérer l'acide.
» Les phényihydrazides sont très aisés à faire et cristallisent bien, mais
dès que le poids moléculaire s'élève, le point de fusion s'abaisse et la solu-
bilité augmente; la régénération de l'acide est encore plus laborieuse que
dans le cas précédent.
» J'ai trouvé en la létracblorhydroquinone le réactif cherché; chauffée
avec un excès de chlorure d'acide au réfrigérant à reflux, elle s'y combine
en donnant naissance à la fois à un dérwé diacide et à un dérivé monoacide ,
suivant les équations
c.a<°«-..R-cocu.aHCiH-c.a-<oco-R.
UH \UH
» Les éthers diacides se sont trouves cristallisés dans tous les cas que j'ai
observés; ils sont très solubles dans l'éther, le benzène, le chloroforme;
moins solubles dans le pétrole, très peu solubles à froid dans les alcools
mélhylique et éthylique qui les dissolvent abondamment à chaud, insolubles
dans l'eau. Ils sont très faciles à purifier et constituent des composés
blancs, très bien cristallisés, très stables, inaltérables à l'air; les acides et
les alcalis étendus sont sans action sur eux; la potasse alcoolique les
dédouble rapidement à chaud; il est donc très facile d'en régénérer l'acide.
» Tous les acides, susceptibles de donner naissance à des chlorures qui
les reproduisent par hydratation, se prêtent à ce mode de caractérisation,
les acides non saturés aussi bien que les acides saturés; je me propose
d'étendre la méthode aux acides polybasiques. Elle aura, d'ailleurs, nota-
blement moins d'intérêt pour ces derniers que pour les acides monoba-
siques, car ils sont actuellement beaucoup plus aisés à caractériser.
( ^'^ )
» J'ai songé à employer les dérivés diacides de la télrachlorhvdroquinone,
non seulement pour caractériser les acides, mais même pour effectuer la
séparation de leurs mélanges. Le mélange acide est transformé en éthers
méthyliques ou éthyliques qui sont soigneusement rectifiés; chacune des
portions est ensuite transformée en chlorure diacide, puis en dérivé
diacide de la tétrachlorhydroquinone, qui est alors soumis à. la cristallisa-
tion fractionnée. Des essais faits en petit sur un mélange très complexe,
qui se trouve dans les goudrons de bois, m'ont donné des résultats encou-
rageants; je ne doute pas qu'en opérant sur des quantités suffisantes on ne
parvienne à séparer complètement ces mélanges.
» Quant aux dérivés mono-acides, ils se séparent aisément des éthers
diacides parleur solubilité dans les alcalis étendus; ils sont également cris-
tallisés et seront très utiles pour le contrôle dans le cas de points de fusion
identiques ou peu différents; ils sont plus solubles dans les alcools que
les dérivés diacides, mais peu solubles dans le pétrole.
» Préparation des éthers de la tétrachlorhydroquinone. — Il est très important
que la tétrachlorhydroquinone employée soit très pure et tout à fait exempte de tri-
chlorhydroquinone ; on a réalisé cette condition en la faisant cristalliser une ou deux
fois dans l'acide acétique bouillant.
» On la prépare en réduisant par l'acide sulfureux le chloranile, que l'on trouve très
pur dans le commerce ou qu'on peut préparer facilement en oxydant la phénylène-
diamine commerciale par l'acide chlorhydrique et le chlorate de potassium. Le chlor-
anile, finement pulvérisé, est mis en suspension dans l'eau qu'on sature d'acide sulfureux.
Quand la saturation est terminée, on attend vingt-quatre heures et l'on recommence,
et cela deux ou trois fois. II faut éviter tout échauftement sous peine de faire, en même
temps, beaucoup d'hydroquinones moins chlorées, ce que l'on n'évite jamais complè-
tement. Les cristaux sont essorés, lavés, épuisés à l'eau bouillante, qui enlève les
hydroquinones moins chlorées, puis, après dessiccation, au benzène bouillant, qui dis-
sout le chloranile inaltéré. Il ne reste plus qu'à faire cristalliser le résidu dans l'acide
acétique.
» Pour obtenir le dérivé diacide, on l'introduit, avec trois molécules de chlorure
d'acide, dans un ballon muni d'un réfrigérant ascendant et l'on fait bouillir au bain
d'huile, tant qu'il se dégage de l'acide chlorhydrique. Le produit se prend en masse
par refroidissement; on le reprend par un mélange d'eau et d'éther qu'on additionne
de soude étendue en excès. La solution éthérée abandonne le dérivé diacide qui cris-
tallise aussitôt; une cristallisation dans l'alcool méthylique bouillant l'abandonne à
l'état de pureté. La solution alcaline acidifiée par l'acide chlorhydrique abandonne le
dérivé le plus souvent monoacide, à l'étal cristallisé.
» Cette préparation est des plus aisées; avec deux ou trois grammes d'un acide,
elle permet d'obtenir deux substances caractéristiques et en quantité suffisante pour
l'analyse, à cause du poids moléculaire élevé de la tétrachlorhydroquinone.
» Le dérivé diacélique, qui était déjà connu, fond à 243°; le dérivé dipropionique
( 56 )
fonda iGo°; \c dcrà'c dibulyriqite fond à 187"; ie dé/icé diacide de l'acide a-di-
CIP
méthylisocrotonique i 2-diméthyl-4-buténoïque) CH-r= CH — G — CO'-H fond à
CH'
i3o"'-i34°; le dérii'é monoacide du même fond à iSa».
» Ces recherches sont continuées. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la présence, dans l'organisme animal, d'un
ferment solnble réduisant les nitrates {'^. Note de MM. E. Abelous et
E. Gérard, présentée par M. Armand Gautier.
« Les travaux de M. Armand Gaulier ont étabh, dès 1881, ces faits
importants : 1° que les cellules de l'organisme anima! vivent en partie
anaérobiquement et donnent naissance à des substances réductrices;
2° que le protoplasma de la plupart des cellules est réducteur et qu'on
peut facilement, à son contact durant la vie ou in vitro, réduire des solu-
tions étendues d'acide sulfindigotique et de sulfofuchsine, transformer les
iodates et bromates alcalins en iodures et bromures, etc.
» D'autre part, Bokornv a démontré que le principe réducteur fixé dans
le protoplasma est colloïde, non dialysable, alcalin et qu'il est détruit par
les acides.
» Les expériences d'Ehrlich ont mis en évidence que les organes et
tissus animaux jouissent d'un pouvoir réducteur inégal Ais-à-vis de cer-
taines matières colorantes injectées dans la circulation (bleu d'alizarine,
bleu de céruléine). Ce pouvoir réducteur augmente après la mort.
» Enfin Binz a prouvé que le sang, le suc intestinal et certains organes,
surtout le foie, peuvent réduire in vitro l'acide arsénique.
» Cette action réductrice est-elle suffisamment énergique pour réduire
les nitrates alcalins? Ce pouvoir réducteur peut-il être attribué à un fer-
ment soluble?
» Voici les faits observés :
» t" Si l'on fait une macération de [\0i' de rein de clieval pulpe dans loo" d'eau
distillée, qu'on ajoute 8s'' de nitrate de potasse pur et du chloroforme pour éviter
l'intervention des microrganismes, on constate, après un séjour de douze à quinze
heures dans l'étuve à 40°, que le filtrat de cette macération nitratée présente les réac-
(') Travail du laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Toulouse.
• ( 57 )
lions caractéristiques des nitrites (réactions de Trommsdorff en liqueur acétique, de
Griess à la raétapliénylène-dianiiue, de Denigès à la résorcine et à l'acide sulfurique).
» 2° Si cette macération nitratée est faite avec de la pulpe rénale préalablement
portée à ioo°, le résultat est négatif, il n'y a pas trace de nitrite formé.
» 3° Ajoutons qu'on ne trouve pas les réactions de l'acide azoteux dans les macéra-
tions non nitratées de pulpe rénale.
0 4° Le rein de veau donne les mêmes résultats que le rein de cheval.
» 5° Si l'on examine, dans les mêmes conditions, le pouvoir réducteur des divers
organes du cheval, on constate qu'ils réduisent pour la plupart, mais d'une façon iné-
gale, le nitrate de potasse. D'après les déterminations calorimétriques effectuées à
l'aide du réactif de Griess, on peut ranger de la façon suivante les divers organes au
point de vue de leur pouvoir réducteur :
1° Foie. 6° Intestin. io° Muscle strié.
2° Rein. y° Ovaire et glande sous- ii° Cerveau (substance
3° Capsules surrénales. maxillaire. blanche et grise).
4" Poumon. 8° Pancréas.
5'^ Testicule. 9°. Rate.
» La recherche et la détermination des nitrites ayant été faites non seu-
lement dans des macérations chloroformées, mais aussi dans des liqueurs
additionnées de thymol à i pour 1000, d'essence de cannelle, d'acide sali-
cylique, etc., on ne saurait attribuer cette réduction, ni à la présence des
microrganismes, ni à l'action vitale des cellules.
') Les effets de diverses températures sur le pouvoir réducteur sont de
nature à confirmer cette dernière conclusion :
i> En effet, si l'on soumet des macérations aqueuses nitratées de pulpe
rénale aux températures suivantes : 0°, 20", ^0°, 60°, 72°, 100°, on con-
state que la quantité de nitrite formé, presque nulle à o", s'accroît au delà
de cette température; qu'entre 20° et 4o° elle semble passer par un maxi-
mum; qu'à 60°, elle est diminuée et enfin qu'elle est nulle à 72°.
'> La courbe qu'on peut ainsi établir est absolument de même nature que la courbe
d'activité d'un ferment soluble en fonction de la température.
» La substance réductrice peut-elle être extraite par l'eau de l'organe?
» Si l'on fait un extrait aqueux du rein, par exemple, toujours en présence de chlo-
roforme, qu'on laisse séjourner cette macération pendant vingt-quatre à quarante-
huit heures à l'étuve à ^0°, on obtient, après filtration, un liquide limpide jouissant
du pouvoir réducteur vis-à-vis des nitrates. En effet, si à 100'^'= d'un tel extrait on
ajoute 8s'' d'azotate de potasse et qu'on laisse séjourner un certain temps à 4o°, tou-
jours en présence d'un antiseptique, on constate qu'il y a formation de nitrite.
)) Ainsi les extraits aqueux de rein, privés de tout élément cellulaire,
G. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N» 1.) ^
( 58 )
peuvent réduire les nitrates. Par contre, si ces extraits ont été, au préa-
lable, soumis à la température de loo", ils n'ont plus aucune action.
» Nous nous sommes assuré que les réactions obtenues étaient bien
dues aux nitrites. En effet : i" l'iodure de zinc amidonné ne donne
rien avec les macérations, si l'on ne l'additionne d'acide acétique mettant
l'acide azoteux en liberté; 2" le réactif de Griess décèle nettement à froid
la présence des nitrites. Il en est de même avec le réactif de Denigès.
» Conclusions. — Nous avons donc établi qu'il existe, dans la plupart
des organes, quoique en proportion inégale, une substance soluble qui ré-
duit les nitrates. Etant donnés les faits observés, en particulier, sous l'in-
fluence de la température, il est vraisemblable que cette substance est de
nature diastasique et qu'on a affaire à un ferment soluble réducteur.
« Nous sommes donc naturellement amené à conclure qu'il existe dans
l'organisme, tout au moins un ferment soluble susceptible de réduire les
nitrates. Nous nous proposons d'exposer dans une prochaine Communica-
tion le mécanisme de ces actions réductrices. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur le pomoir réducteur des urines. Note
de M. Henri Hélier, présentée par M. Arm. Gautier.
« Les urines sont réductrices. C'est là une propriété à peine signalée
dans les meilleurs traités. Elle a cependant une grande importance, tant
pour le médecin que pour le physiologiste, car elle témoigne des oxvdations
incomplètes faites dans l'économie. En mesurant ce qui peut encore brûler,
on a par cela même la mesure de ce qui a déjà été oxydé.
» Voici la méthode que j'emploie :
» 10'^'= de l'urine à essayer sont additionnés de lo"^" d'acide sulfurique concentré. J'y
laisse tomber, jusqu'à coloration rose persistante, une solution contenant G»"', 36 de per-
manganate de potasse par litre et je lis le nombre n de centimètres cubes employés.
Ce nombre serait le pouvoir réducteur de l'urine si la concentration de l'urine était
normale. J'appellerai concentration normale celle d'une urine qui contient 208'' d'urée
par litre. L'urine étudiée contenant seulement m grammes d'urée par litre, le pouvoir
réducteur sera donné par la formule
P = 20 X — •
m
Ce pouvoir réducteur représente donc un certain nombre de centimètres cubes de per-
manganate et sa mesure nécessite deux opérations : 1° un dosage volumétrique; 2° un
dosage d'urée. Ces deux opérations peuvent être faites au lit d'un malade.
'- ^9 )
» Si l'on examine par cette méthode, au point de vue du pouvoir réduc-
teur, les urines des personnes dites bien portantes, on tombe toujours sur
des nombres compris entre 1 2, 5 et i5, ce qui est suffisamment constant. Si
l'on étudie, au même point de vue, les urines patholosi;iques, on voit
qu'elles peuvent se diviser en deux groupes : celles qui sont plus réduc-
trices que la normale et celles qui sont moins réductrices.
» Dans le premier groupe nous trouvons la plupart des maladies chro-
niques. Je ne parlerai pas des urines des diabétiques toujours très réduc-
trices, même lorsqu'on a brûlé tout le sucre par la liqueur de Fehling.
Dans la tuberculose j'ai trouvé les nombres 22,2, 20,^, 16, 3; dans
l'anémie 17, i; dans le cancer du pylore 20, G; dans la maladie de Basedow
i5,4, i8,6G(').
» Dans ces maladies consomptives, on pouvait s'attendre à trouver des
urines extrêmement peu réductrices, les recherches d'Albert Robin ayant
montré qu'en particulier les tuberculeux font des oxydations incessantes
et sans trêve. Il semblerait donc que les combustions doivent être com-
plètes. Il n'en est rien. Ce qui domine dans la tuberculose c'est une désas-
similation large et rapide qui chasse de la celluledes substances réductrices,
aptes ensuite à être brûlées dans le sang. Mais quelque hâte que les glo-
bules sanguins mettent à charrier l'oxygène, il n'y en a jamais assez. Les
urines restent très réductrices.
» Dans le rhumatisme articulaire aigu ou subaigu, j'ai trouvé les nombres
i5,7, 23,4, 23, 22, 1. C'est un fait bien connu, les rhumatisants n'oxydent
pas.
M Dans le mal de Bright on trouve 26, 26, 3/j,2 ; dans la colique néphré-
tique 17,9; dans l'insuffisance aortique 20, 21; dans la cirrhose de
Laennec 32; dans les Urines d'hystérique, après la crise, 43,5. Chez
l'hystérique, tout est détraqué, même les oxydations. Enfui dans un cas
d'insuffisance aortique où, sous l'influence de la ihéobromine, il s'est pro-
duit une diurèse abondante, le pouvoir réducteur est monté à 62,2. Les
produits de désassimilation ont donc été expulsés avant d'avoir pu être
brûlés.
» Dans certaines maladies aiguës, au contraire, le pouvoir réducteur
des urines semble inférieur à la normale. Dans deux cas de pleurésie, on
(') Ces urines proviennent des malades du service de M. le professeur Renaut, à
rtlùlel-Dieu de Lyon, qui a bien voulu choisir lui-même des cas types. Qu'il veuille
bien recevoir ici mes reraercimenls.
( 6o ^
a trouvé 1 1,8 el 7,5 ; dans un cas de pneumonie 11 ,7; dans un cas de surme-
nage 7,3.
» H ne faudrait pas croire que pour chaque maladie le pouvoir réduc-
teur est caractérisée par un nombre à peu près fixe ; ce pouvoir varie avec
le degré de la maladie et il peut servir, comme le thermomètre, à en
caractériser la marche.
» Une malade esl prise, le 12 avril dernier, de néphrite aiguë. Le i3, le pouvoir
réducteur de ses urines est de 5,6; le 26 avril, la malade va mieux, le pouvoir réduc-
teur est seulement de 7. Le 4 mai; la malade se sent tout à fait bien el quitte l'iiô-
pital; le pouvoir réducteur était remonté à 12, 3.
» En résumé, la mesure du pouvoir réducteur des urines, effectuée
d'après la méthode que j'indique, est une opération facile qui mesure
le degré des oxydations interstitielles qui se font dans l'économie. >>
CHIMIE ORGANIQUE. — Contribution à l'étude chimique de l'écorce du Rham-
nus purshiana (Cascara Sagrada), Note de M. Leprixce, présentée par
M. Arm. Gautier.
« Aux corps étudiés par les auteurs, et par nous dans le travail inséré
aux Comptes rendus, t. CXV, p. 286, il faut ajouter : 1° la chrysarobine ;
2° l'acide chrysophanique ('); 3° l'émodine.
» On peut mettre ces corps en évidence par plusieurs procédés; celui
qui nous a paru préférable est le suivant :
» On traite l'écorce grossièrement pulvérisée par de l'eau distillée contenant
5 pour 100 de soude caustique et l'on acidulé la liqueur obtenue; on a ainsi un préci-
pité plus ou moins abondant el une liqueur que l'on évapore dans le vide, ou à une
faible température, jusqu'à consistance d'extrait sec. On épuise séparément ces deux
extraits, aussi secs que possible, pas de l'acétone et Ion précipite par une assez grande
quantité d'eau, en enlevant avec soin les particules résineuses qui surnagent, puis l'on
filtre.
» On redissout ce précipité dans une nouvelle quantité d'acétone légèrement aci-
dulée, on précipite de nouveau par l'eau ell'on répète ces opérations jusqu'à purifica-
tion complète.
» On a finalement un précipité jaune cristallin qui contient surtout les corps dési-
gnés ci-dessus.
» Pour les séparer, on traite : 1° à froid le précipité par une petite quantité d'acide
(') Ce corps a déjà été signalé dans cette écorce par Limousin.
( 6i ^
acétique concenlré, on précipite la liqueur filtrée^ par une petite quantité d'eau
distillée.
» Le précipité obtenu est dissous dans une petite quantité de benzène bouillant,
par refroidissement et évaporation on obtient des lamelles jaune d'or micacées, so-
lubles dans l'alcool surtout à chaud, solubles en jaune dans les alcalis, insolubles dans
l'eau et dans l'ammoniaque, solubles en jaune dans l'acide sulfurique concenlré, elles
fondent à i65°-i70°. Ces caractères appartiennent à la chrysarobine.
» 2° On reprend le premier précipité non attaqué par l'acide acétique, par une plus
grande quantité de ce même acide cristallisable et à chaud; on précipite le filtratum
par une assez grande masse d'eau.
» Ce nouveau précipité est purifié par cristallisations dans l'alcool à go° ou dans le
benzène. On obtient ainsi un corps plus foncé que le précédent présentant tous les
caractères de l'acide chrjsophanique. Il est insoluble dans l'eau, soluble en rouge
dans l'ammoniaque et les lessives alcalines; il fond à i6o°-i62''. Oxydé par une solu-
tion de potasse aérée, il donne de l'émodine. L'analyse fournit des nombres qui s'ac-
cordent avecla formule C'^I'^C. (Trouvé : G = 70,87 ; H -- 8,92 ; O — 25,2i.)
» 3° Le résidu de cette seconde opération est lavé à l'éther, séché, puis mis à cris-
talliser dans l'alcool absolu; il se présente alors eu aiguilles clinorhombiques rouge
orangé sublimables, insolubles dans l'eau, très peu solubles dans l'éther, le benzène,
solubles dans l'alcool absolu, l'ammoniaque, les lessives alcalines en rouge pourpre.
Elles fondent à 245''-25o''.
» Avec l'anhydride acétique et un peu de chlorure de zinc, ce corps donne, suivant
la température : 1° du monoacétylémodine; 2° du triacétylémodine, de couleur
jaune fondant à 190°.
» L'analyse donne des nombres qui s'accordent avec la formule C'^H'^'O'^ qui est
celle de l'émodine. (Trouvé : C = 66,78; II = 8,78; O = 29,49-)
» Ces corps sont presque exclusivement contenus dans la partie précipitée par
l'acide ajouté à la première liqueur et leurs quantités respectives varient suivant les
échantillons et la teneur en alcali de l'eau qui sert à l'épuisement de l'écorce.
» Il ressort de celte étude, ainsi que de celles du D' Eccles, de
H. -F. Meier et J. Le Roy-Webber, que le corps antérieurement étudié par
nous n'est pas le seul principe actif de celte écorce, mais seulement l'un de
ceux qui peuvent être utilisés, avec avantage, par la Thérapeutique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Transformation direcle de l'acétamide en éthylamine
par hydrogénation ( ' ). Note de M. Guerbet, présentée par M. Moissan.
» On sait que les pyrrolidones, traitées par l'hydrogène naissant de la
réaction du sodium sur l'alcool amylique bouillant, fixent cet hydrogène
(') Travail fait au laboratoire de M. Jungdeisch, au Conservatoire des Arts et
Métiers.
et se transforment en pyrrolidines avec départ d'une molécule d'eau
( Tafel. Bericide derdeulsch. chein. Ges., t. XXII, p. i865 et t. XXIII, p. 708)
CH--CH\ CH=-- CH\
I )AzH-f-4H=.i AzH-t-H^O.
CIV--CO CH--CH-/
a-métliylpyrrolidone. a-mcUiylpjrrolidine.
)i Or, l'a-mélhylpyrrolidone est un véritable amide résultant de la dés-
hydratation interne de l'acide y-amidovalérique
CH= - CH( AzH^) - CH- - CW - CO=H,
et j'ai pensé que, peut-être, les amides traités de même se transformeraient
en aminés primaires correspondantes suivant l'équation
R -- CO - AzH= + 4H =-- R - CH= - AzIP -:- H-O.
» La réaction ainsi formulée est analogue à celle qui donne naissance
aux aminés par l'hydrogénation des nitriles, composés qui diffèrent des
amides par une molécule d'eau en moins (Mendius, Lieb. Ann. derChem.,
t. CXXI, p. 142)
R - CAz + 4H = R - CH= - AzIP.
» Mon hypothèse était rendue vraisemblable par les expériences de
M. Seifert (iffenc/i/e der deulsch. Ges., t. XVIII, p. iSSy), démontrant la
formation de l'éthylamine lorsqu'on chauffe à i7o°-20o° l'acétamide avec
un mélange d'alcool et d'alcoolate de sodium. J'ai montré, en effet,
{Comptes rendus, 17 avril 1899), ci^^'un tel mélange donne naissance à
de l'hydrogène quand on le chauiïè au voisinage de 200°. La formation de
l'éthylamine dans l'expérience de M. Seifert peut donc s'expliquer par la
réaction de l'hydrogène sur l'acétamide.
» Partant de ces idées théoriques, j'ai appliqué à l'acétamide le traite-
ment qui permet la transformation delà méthylpyrrolidone en méthylpyrro-
lidine et l'expérience a pleinement vérifié mon hypothèse : l'acétamide
se transforme partiellement en éthylamine suivant l'équation
CH' - CO - AzH- + 4H = CH» — CH- — AzH- + H-O.
» Voici comment on opère pour effectuer la réaction :
» On dissout i5s'' d'acétamide bien sec dans ôooS"' d'alcool amylique préalablement
distillé sur la baryte caustique pour le priver de toute trace d'eau. On ajoute en une
seule fois 6o6'' de sodium et Ton porte le mélange à l'ébuilitiou que l'on entretient jus-
( 63 )
qu'à dissolution complète du métal. Le ballon où s'effectue la réaction est en relation
avec un réfrigérant disposé à reflux, muni d'un tube adducteur qui permet de faire
barboter les produits gazeux dans une solution d'acide clilorhydrique. Celui-ci s'em-
pare de l'ammoniaque et de l'étliylamine issues de la réaction, tandis que l'hydrogène,
qui n'a pas été fixé, se dégage.
>> La solution clilorhydrique doit rester acide jusqu'à la fin ; elle est alors évaporée
au bain-marie et l'on constate que le résidu est formé de chlorhydrate d'ammoniaque
et de chlorhydrate d'élhylamine facile à séparer du premier par l'alcool absolu.
>i Le chlorhydrate cristallisé résultant de l'évaporation de la solution alcoolique est
bien du chlorhydrate d'élhylamine, car il fond à yS^-Si", est déliquescent et se dissout
en abondance dans l'alcool absolu. Sa solution aqueuse ne précipite qu'au bout d'un
certain temps par le chlorure de platine et surtout en présence d'alcool.
» Mélangé à deux fois son poids de chaux vive et chauffé, il laisse dégager up gaz
d'odeur ammoniacale, bleuisssant le tournesol, combustible et condensable en un li-
quide incolore qui bout à i8°. Ce sont là les propriétés de l'éthylamine.
0 Avec les proportions indiquées des corps réagissants, on a obtenu 8,2 de chlorhy-
drate d'éthylamine et 9,5 de chlorhydrate d'ammoniaque. Voyons quelles quantités de
ces composés devraient se former suivant la réaction formulée plus haut :
» Celle-ci indique la formation d'une molécule d'eau qui donnera de la soude au
contact de l'amylate de sodium présent dans le mélange, et la soude ainsi formée dé-
composera une partie de l'acétamide avec dégagement d'ammoniaque. Deux molécules
d'acétamide devraient donc donner naissance à une molécule de chacun des chlorhy-
drates; les iSs"' d'acétamide employés devraient produire 10, 3 de chlorhydrate d'éthyl-
amine et 6,8 de chlorhvdrate d'ammoniaque.
>i Le rendement en éthylamine est donc les ^ environ de celui qui est indiqué par
la théorie. On voit qu'il est satisfaisant et je pense que la même transformation pourra
être effectuée sur d'autres amides.
> Je m'occupe en ce moment des expériences nécessaires à la générali-
sation de la réaction et j'espère pouvoir bientôt en communiquer le ré-
sultat à l'Académie. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. - Sur la se'crc'tion des diastases. Note
de M. DiENEUT, présentée par M. Duclaux.
(' J'ai démontré, au mois de février devmer (^Comptes rendus, t. CXXVIII,
p. 617), que les levures ne décomposaient le galactose en alcool et
acide carbonique qu'après s'être acclimatées à ce sucre. La durée de cette
accliiTiatation est variable suivant les levures. On la rend très courte si
l'on facilite la multiplication des cellules en présence du galactose, ou en-
core, pour les levures sécrétant de la mélibiase ou de la lactase, en pré-
sence de mélibiose ou de lactose.
(64)
» Je montrerai dans cette Note que le phénomène d'acclimatation s'ac-
compagne chez les levures basses d'une sécrétion abondante de mélibiase,
et chez les levures de lactose d'une forte sécrétion de lactase.
» J'introduis clans trois ballons une même quantité d'un liquide nutritif azoté. Pour
le sucrer, j'ajoute dans le ballon A du glucose, dans le ballon B du galactose, et dans
le ballon C du lactose.
» Ces trois ballons sont ensemencés avec la même levure de lactose. La fermentation
finie, par un procédé facile à imaginer, j'enlève la levure débarrassée de son liquide
nutritif et je la sèche à 25° dans le vide en présence d'acide sulfurique. La levure
ainsi séchée est portée à la température de ioo° que l'on maintient constante pendant
six heures consécutives.
» Les diastases sèches résistent très bien à ce traitement.
H La levure est alors broyée avec de l'eau distillée. On en extrait une diastase, la
lactase, qui dédouble le lactose en galactose et en glucose. Je mets ces sucres en évi-
dence de la manière suivante. Certaines levures, comme le 5. Ludwigii, n'attaquent
pas le galactose. Si j'ensemence cette levure dans un milieu nutritif contenant un mé-
lange de glucose et de galactose, le sucre restant que je constaterai sera du galactose
pur. Pour différencier le galactose du lactose, je me sers d'une levure qui attaque le
premier sucre et laisse le second inaltaqué. De cette façon, on arrive très exactement
à trouver que le glucose et le galactose sont en égale proportion dans le liquide après
l'action de la lactase.
» Pour rendre la comparaison facile, je broie le même poids de levure avec le même
volume d'eau.
» Les levures des trois ballons, broyées séparément, me donnent trois solutions de
lactase que je désignerai par les lettres A, B et C des ballons d'où elles proviennent.
» La solution la plus active ne pouvait dédoubler au maximum que 6 pour loo de
lactose.
» Si je désigne par le chiffre i la quantité maxima de lactose décomposé par la
solution A, il faudra désigner par les chiffres 5 et 6 les quantités maxima de lactose
décomposé par les solutions B et C.
» Les résultats sont identiques avec la mélibiase qui dédouble le méli-
biose en glucose et en galactose.
» L'acclimatation d'une levure au galactose augmente donc la sécrétion
de certaines diastases. Elles agissent principalement sur le lactose et le
mélibiose, deux corps qui se décomposent en galactose et glucose par l'ac-
tion de ces diastases. »
( 65 )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les parlicdarilés de V éruption du Vésuve.
Note de M. Matteccci, présentée par M. de Lapparent.
« L'éruption qui se poursuit au Vésuve depuis le 3 juillet iSgS m'a
permis de constater quelques faits d'un assez grand intérêt.
» On sait que, à cette date, une série de fentes se sont ouvertes dans la
direction du nord-ouest, sur toute la hauteur du grand cône et que, sur
ces fentes, onze bouches d'éruption se sont d'abord échelonnées, donnant
issue à la lave. Mais, le 5 juillet, l'émission de cette dernière n'avait plus
lieu qu'à la base même du cône, dans l'Atrio del Cavallo, donnant lieu à la
formation d'une coupole de laves, d'altitude progressivement croissante,
qui avait fini par atteindre 90™ de hauteur. Le 3i janvier 1897, la bouche
d'éruption se déplaçait en remontant d'une quarantaine de mètres sur la
fissure. La laA^e, continuant à sortir, se répandait sur la coupole et en por-
tait bientôt l'altitude à 835"" au-dessus du niveau de la mer.
» En se plaçant sur la plate-forme de la station inférieure du funicu-
laire, on apercevait facilement le contour très aplati de la coupole, venant
rencontrer le profil du grand cône juste au même point que la pente du
Primo Monte ou escarpement occidental de la Somma.
» Vers le milieu de février 1898, il fut aisé de constater que les laves,
cessant d'arriver au sommet de la coupole, se déversaient latéralement, le
plus souvent vers l'est, dans l'Atrio, mais p:irfois aussi vers le nord ou vers
le sud, le lieu de leur sortie demeurant mirqué par d'abondan'es fume-
rolles. Cependant, au bout d'un mois, le contour de la coupole se trouvait
si bien bombé que sa cime avait gagné une quinzaine de mètres d'altitude;
de sorte que sa silhouette, vue de la station, s'interposait entre le grand
cône et l'escarpement de la Somma, atteignant le cône à une certaine
distance k l'est du point où elle s'arrêtait auparavant.
» Ce gonflement ne peut être expliqué que par la pression de la lave
qui, ne réussissant plus à sortir par le sommet de la coupole, a commencé
par la soulever en masse, avant de retrouver une issue de côté. L'excès de
pression se comprend d'autant mieux qu'au moment où le phénomène
s'est produit le niveau de la lave avait remonté de 60™ dans le grand cra-
tère, tandis que, quelque temps après, on voyait ce dernier reprendre la
profondeur de 200"" qu'il possédait auparavant.
» Il s'agit donc ici d'un soulèvement endogène, produit par l'intrusion
C. R., 1899, 2" Semestre. (T. CXXIX, N" 1.) 9
( 6*3 )
d'un véritable laccolithe, qui a fait gonfler les couches solidifiées du sommet
de la coupole, comme les hiccolitlies américains ont soulevé les couches
des terrains qui faisaient obstacle à leur sortie. C'est la première fois que
la naissance d'un accident de ce genre est prise sur le fait, et, s'il n'en ré-
sulte pas que l'on doive revenir à l'ancienne théorie des cratères de soulè-
vement, cela prouve que tout n'était pas faux dans cette conception.
M En janvier 1897, le cratère du Vésuve était circulaire, avec un dia-
mètre de 136"". En février 1898, le diamètre s'était accru et avait atteint
160™. Aciuellement, je me suis assuré qu'il a subi un nouvel élargissement,
le diamètre nord-sud étant de iBS"", tandis qu'on trouve 180™ dans le sens
est-ouest. La profondeur est de 200™.
» Le système des fentes qui accidentent le flanc du cône se poursuit, un
peu au delà du pied de ce dernier, sur 1600'" de longueur, embrassant une
largeur de 4oo™ et une superficie d'environ 5oo ooo^i.
» La hauteur de la coupole de laves est aujourd'hui de i63™, et son
volume représente environ ia5 millions de mètres cubes. C'est un chan-
gement considérable qui s'est produit dans la topographie du volcan, par
suite de celte accumulation venant se dresser à l'entrée de l'Atrio, tandis
que, en arrière, se trouve une autre coupole, édifiée de la même façon
de 1891 à 1894.
» Parmi les produits des fumerolles de cette éruption, j'ai vu se dégager
l'acide chlorhydrique, l'anhydride sulfureux, l'hydrogène sulfuré, l'anhy-
dride carbonique, le soufre, le gypse, divers sulfates et chlorures de fer et
de cuivre, l'érythrosidérite, les chlorures et sulfates de soude et de potasse,
le sel ammoniac, la ténorite, le fer oligiste. En outre, ce qui est important
pour l'histoire des éruptions, j'ai constaté l'abondance du sélénium, et
surtout celle du gaz acide fluorhydrique, en même temps que la présence
des acides iodbydrique et bromhydrique et du bicarbonate de soude.
» Les produits des fumerolles sont bien distribués, dans l'espace, confor-
mément aux lois indiquées par Charles Sainte-Glaire Deville; mais leur
distribution dans le temps me paraît plus conforme aux vues émises par
M. Fouqué. »
M. Armand Gautier, à propos de la Note de M. Matteucoi présentée
par M. de Lapparent, ajoute :
(c J,a présence du gaz iodbydrique dans les émanations volcaniques con-
corde avec l'observation déjà faite de la présence de l'iode dans les efflo-
( «37 }
rescences qui se forment sur les laves. Elle s'explique d'ailleurs par une
remarque que je viens de faire et qui se rattache, comme je le montrerai,
à l'existence des iodures dans le fond des mers; je veux parler de la pré-
sence de l'iode dans les roches éruptives, et en particulier dans tous les
granits que j'ai examinés. J'en ferai le sujet d'une Communication pro-
chaine à l'Académie. »
M. Emile Renner adresse une étude sur le Magnétisme terrestre.
La séance est levée à 4 heures et demie.
J. B.
BDLLETIIV BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 3 juillet 1899.
Traité de Nomographie. Théorie des abaques. Applications pratiques, par
Maurice d'Ocagke. Paris, Gauthier-Yillars, 1899; i vol. in-8°. (Présenté
par M. Maurice Lévy.)
Histoire abrégée de l' Astronomie, par Ernest Lebon, avec 16 portraits.
Paris, Gauthier-Yillars, 1899; i vol. in-S". (Présenté par M. Wolf.)
De la distribution d'énergie électrique en Allemagne, par M. Charles Bos
et M. J. Laffargue. Paris, Masson et C'^, 1899. (Présenté par M. Mascart.)
Etude sur la Flore fossile du bassin houiller d'Héraclée (^Asie Mineure), par
R. Zeiller. Paris, G. Carré et C. Naud, 1899; i fasc. in-4". (Présenté par
M. Michel Lévy. )
Le Mois scientifique et industriel. Revue internationale d' infoimations . N° 1 ,
juin 1899. Paris, i fasc. in-8°. (Présenté par M, Adolphe Carnot.)
Annales des Ponts et Chaussées. I™ Partie. Mémoires et documents. 7^ série,
9* année, 1899, i" trimestre. Paris, V"^^ Ch. Dunod ; i vol. in-8°.
Annales médico-psychologiques. Journalde i Aliénation mentale et de la Mé-
decine légale des Aliénés, 5']" année, n" 1, juillet-août 1899. Paris, Masson
etC'*, 1899; 1 fasc. in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie, 90* année, 6" série, t. X, n" 1 , i "' juil-
let 1899. Paris, Octave Doin; i fasc. in-8°.
(68)
Répertoire de Médecine el de Chirurgie pratiques. i''° année, n" 1, juin 189g.
Paris, M. A. Desfeux: i fasc. in-S".
Bulletin de la Société des Sciences de Nancy. Série II, t. XVI, fasc. 33,
3i* année, 1898. Paris-Nancy, 189g; i vol. in-8".
Essai d un plan de Métaphysique, par Alexis-S. Tsimbouraki. Athènes,
Anestis Constantinides, i8g6; i fasc. in-i8.
Report oflhe American Lavoisier Committee. Saint-Louis, Mo, i8gg; i fasc.
in-8».
The danish Ingolf-expedition . Vol. I, part. I; Vol. II, part. I; Vol. III,
part. I. Copenhagen, H. Hagerup, iKgg; 3 fasc. in-f".
Annual report of the Smithsonian Institution for the year ending JuneZo,
i8g6. Report of the U. S. National Muséum. Washington, i8g8; i vol. in-8°.
Bulletin of the United States National Muséum. N° 47 : The fishes of North
and Middle America, by David Starr Jordan and Barton Warren Evermann.
Partit, part III. Washington, 1898; 2 vol. in-8''.
The canadian patent Office record and register of copyrights and trade
marks. Vol. XXVI, i8g8. Annual index. Ottava, i8g9; i fasc. in-4''.
The geographical journal. Vol. XIV, n" 1, July 189g. London, Edward
Stanford; i fasc. in-8°.
Anales del Museo nacional de Montevideo, pub. bajo direccion de J. Are-
chavaleta. Tonio II, fasc. 11. Montevideo, 1899; i fasc. in-4°.
Nachrichten von der kôn. Gesellschaft der Wissenschaften zu Gôttingen.
Matematisch-physikalische Klasse. 189g. Heft 1. Gôttingen, Lùder Horts-
mann, 1899; i fasc. in-S".
Buletinul Societatii de sciinte din Bucuresci, Remania. Anul VIII, n°* 1 si 2.
Bucuresci, 1899; 1 fasc. in-8°.
Bulletin de la Société physico-mathématique de Kasan. Deuxième série;
t. VIII, n° 4; t. IX, n"» 1, 2. Rasan, 1899; 3 fasc. in-S".
Un souscrit a Pans, cnez UAUliillî.K-VlLl^AKS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
135 les COMPTES RENDDS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux Tolumes in-4'. Deui
s par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
" janvier.
Le prix de rabonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Ferr;»n frères.
iChaix.
Jourdan.
Ruff.
Courtin-Hecquet.
i Germain etGrassin.
( Lachèse.
Jérôme.
Jacquard.
I Feret.
I Laurens.
I Muller (G.).
Renaud.
iDerrien.
F. Robert.
J. Robert.
Uzel frères.
Jouan.
Perrin.
j Henry.
( Marguerie.
( Juliot.
i Ribou-Collay.
, Lamarche.
Ratel.
(Rey.
l Lauverjat.
I Degez.
\ Drevet.
I Gratier et C".
Foucher.
( Bourdignon.
\ Dombre.
i Thorez.
( Quarré.
Lorient.
Lyon.
chez Messieurs :
Baumal.
M"* Texier.
Bernoux et Cumin.
Georg.
Côte.
I Savy.
1 Vitte.
Marseille Ruât.
1 Calas.
Montpellier „
' Coulet.
\ Moulins Martial Place.
[ / Jacques.
I Nancy ( Grosjean-Maupin.
; ( Sidol frères.
> Loiseau.
Nantes . ,, ,
( Veloppe.
Barma.
Visconli et C'v
Ninies Thibaud.
Orléans Luzeray.
Blanchier.
Marche.
Rennes Plihon et Hervé.
Rochefort Girard (M»").
) Langlois.
\ Lestringant.
S'-Élienne Chevalier.
( PûrUeil-Burles.
Toulon , ,- ,,
( Rumebe.
I Gimet.
I Privât.
, Boisselier.
Tours j Péricat.
( Suppligeon.
„ , ( Giard.
Vatenciennes , ,
( Lemaitre.
Nice.
Poitiers.
Rouen.
Toulouse.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam.
Berlin.
Bncha' f'.it.
chez Messieurs :
Feikema Caarelsen
et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
[ Asher et C'v
1 Dames.
i Friedlander et (ils.
f Mayer et Muller.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanichelli.
/ Lamertin.
Bruxelles Mayolezet Audiarte.
I Lebégue et C".
( Sotcheck et C".
\ Stprck.
Budapest.. Kilian.
Cambridge Deighton, BelletC".
Christiania Cammermeyer.
Consianlino/iiu. . Otto Keil.
Copenhague... . . Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hosle.
Gènes Beuf.
. Cherbuliez.
Genève Georg.
( Stapelmohr.
Bel in fa nie frères.
Benda.
Payot.
Barth.
\ Brockhaus.
Leipzig... i Lorentz.
i Max Rube.
[ Twietmeyer.
( Desoer.
I Gnusé.
La Hâte.
Lausanne.
LiiJiie.
chez Messieurs :
I Dulau.
t-ondres Hachette et G'«.
' Nutt.
Luxembourg . ... V. Biick.
/ Libr. Gutenberg.
Madrid |Romo y Fussel.
j Gonzalès e hijos.
l F. Fé.
Milan S^°'='=» •■«"'■
\ Hœpli.
Moscou Tastevln.
Naples (Marghieri di Gius.
\ Pellerano.
l Dyrsen et Pfeiffer.
A'e.v- Vork Stechert.
' LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C*
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés et Mollit.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
I Bocca frères.
I Loescheret C".
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
^ Zinssrling.
I Wolir.
Bocca frère».
Brero.
i Clausen.
Rosenberg et Sellier.
Varsovie Gebethner et Wnill.
Vérone Drucker.
( Frick.
( Gerold et C".
ZUrich Meyer et Zeller.
Rome .
S' Petersbourg. .
Turin.
Vienne .
I GËNÉBâLES ses comptes RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" 31. ^ (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61,— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4''; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier iSfi6 à 3i Décembre 18S0.) Volume in-4'';.i889. Prix 15 fr.
MENT ADX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
noire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Derbès et A.-J.-J. Solieb. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
M. Hanien. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
1. Clàdde Bebnabd. Volume in-4°, avec 32 planches; i856 15 fr.
lémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
urs de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
suivant l'ordre de leur superposition . — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
s qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4'', avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
Librairie les Mémoirefi de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du ."> juillet 1899.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRlsS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M . le IMiNisTHE DE l'Instruction puiîLiguE
ET DES Ueaux-Arts atlrcsse rampli.ition
d'un Décret qui porte de luo à iifi le
iiiiriihre des Correspondants de l'Acadériiie,
l;inl natii>naN\ i|u'étrau^ers >
Pages.
MiM. Lœwy et PuiSEUx. — Considérations
sur la constitution physique de la Lune.. '>
M.AUMAND Gautier.— Examen de l'eau de
mer puisée à dillérentes profondeurs; va-
riations de ses composés iodés ij
CORRESPONDANCE.
M. le SuJiKTAïKL l'iui'ETUEI. signale, piiriiii
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, divers Ouvrages de MM. Bas et
Laffargiie. de M. Maurice fl'Ocagne, d"
M. /)'. Xeillcr, de M. Ernest Leboii; le
premier numéro du « Mois scientifique et
industrie! »
M. .1. Guillaume. — Observations de la
comète Swift (iSijç) a), faites à l'équato-
rial Brunner (o'", ifi) de l'observatoire de'
Lyon
M. L. Picart. — Sur la suppression des
essais, dans le calcul des orbites parabo-
liques
M. K.-O. LovETT. - Sur les Iransforma-
lions des droites
i\l. C. GuiciiAUD. — Sur les surfaces ib'
M . \"oss
AI. Le Vavasseur. — Les groupes d'or-
rire 1 0/7,/) étant un nombre premier impair .
IM. Paul Painleve. Sur le développement
d'une branciic uniforme de fonction una-
ly tique en série de polynômes
i\I. K. GouRSAT. — Sur deux équations inlé-
Srabb's du second ordre
M. Ivan Fredholm. — Sur une classe
d'équations aux dérivées partielles
M. IN. Saltykow. — Considérations sur les
travaux de M.AL S. Lie et A. Mayer
RL Stéphane Leduc. — Étincelle globulaire
ambulante
M. Auo. Charpentier. — Oscillations rrcr-
veuses, leur fréqueiH e
M. TiiiiMAs TojiMASiNA. — Sur la nature et
la cause du jibéiiuinéne des cohéreurs.. . .
lil'I.LETlN niBLlOGHAPIIIQtlE
Ifj
V
M. L. Dumas. — Sur la posilicm des points
de transformation magnétique dés aciers
au nickel i-^
IM. Pouuet. — Sur le dosage volumétrique
du zinc ^1
M. P. Lebe.vu. — Sur la préparation et les
propriétés des arséniures de strontium,
de Ijaryuni et de lithium '17
M. E. Grégoire iie Bollemont. — Étude
de l'oxymétliylène-cyanacétate de méthyle
et de quelques-uns de ses homologues... .')i)
M. L. BouvEAULT. Emploi de la tétra-
chlorhydroquinone pour la caraclérisation
et la séparation des acides gras J3
MM. E. Aeelous et E. Gérard. — Sur la
présence, dans l'organisme animal, d'un
ferment soluble réduisant les nitrates. ... ïK
.M. Henri Helier. — Sur le pouvoir réduc-
teur des urines iN
i\L Leprince. — Contribution à l'élude chi-
mique de Vécorcc i\a Jihamnus purs/iiana
( Cascnra sagracla ) im
M. Guerbet. — Transformation directe de
l'acélaïuidc en élhylaminc par hydrogé-
nation (il
M. DiEXERT. - Sur la sécrétion des dia-
stases 5,1
M. Matteucci. — Sur les particularités de
l'éruption du Vésuve 65
M. .Vrm. Gautier. — Remarques, à propos
de la Communication de M. jt/alleiicci.
sur la présence de l'acide iodliydri(|ue
dans les émanations volcaniques 6'i
M. Emile Renner adresse une étude sur le
Magnétisme terrestre 1,-
PARIS. —
I M P lu M E lU E G A U T H I E K - V l L L .\ R S ,•
Quai des Grands-Augustins, 5i.
Le fierait! .* *»*uthier-Villahs
:\Un 1 1899 SECOIVD SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR Mtl. liES SBCRÉTAiaES PBRPÉTUEKiS
TOME CXXIX.
N^ 2 (10 Juillet 1899).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Aii^'uslins, 55.
1899
lIEiiLKMEfNl MLAllF AUX lUlHES MINULS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES' DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomaaaires des séances de
l'Académie ?e composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i" . — Impressions des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou oarunAssociéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés .par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, dos Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les I^rogranimes des prix proposés par l'Acad
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'ai
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savai
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des perso
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'u
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requi;
Membre qui fait la présentation est toujours non
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Eî
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rei
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tar
jeudi à I o heures du ma tin ; faute d'être remis à te
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte 1
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Cornptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais de
teurs; il n'v a d'exception que pour les Rappoi
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrativ
un Rapport sur la situation des Comptes rendus i
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécutio» du
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés (
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant B*". Autrement la présentation sera remise à la séance sui
AUG 8 1889
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 10 JUILLET 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. fVilliarn Flower, Correspondant pour la
Section d'Anatomie et Zoologie, décédé, à Londres, le i*'' juillet 1899.
M. Edmond Perrier, en présentant à l'Académie le 5* fascicule (p. 2137-
2356) de son Traité de Zoologie, s'exprime ainsi :
« Le nouveau fascicule du Traité de Zoologie que j'ai l'honneur de pré-
senter à l'Académie aurait été considéré, au temps de Lamarck, comme
complétant V Histoire des Animaux sans vertèbres ; c'est en réalité une sorte
de préface de {'Histoire des Vertébrés. J'y ai exposé, en effet, l'organisation
et le développement de VAmphioxus, l'organisation, le développement et la
classification des Tuniciers. Dans le Chapitre relatif à VAmphioxus, on
verra comment l'organisation des Vertébrés s'est dégagée physiologique-
ment, pour ainsi dire, de celles des Vers annelés. Dans le long Chapitre
relatif aux Tuniciers, on verra comment, le Vertébré étant à peine ébauché,
l'intervention d'une condition nouvelle d'existence, la fixation au sol, a
G. R., 1899, 1' Semestre. (T. CXXIX, N° 2 ) TO
.( 70 )
transformé le type primitif du Vertébré en un type nouveau, celui même
des Tuniciers.
» S'il est aujourd'hui bien établi que les êtres vivants sont dérivés les
uns des autres par une série de transformations ininterrompues, il est non
moins certain que ces transformations n'ont pas eu lieu sans causes et que
ces causes doivent se trouver, d'une part dans le fonctionnement même de
l'organisme, d'autre part dans les conditions variées que les circon-
stances extérieures imposent à ce fonctionnement. Ces causes ne sont, en
général, masquées aux naturalistes que par les idées préconçues qu'ils se
sont faites des relations généalogiques des organismes, et par la croyance
où sont demeurés beaucoup d'entre eux que toutes les transformations
sont admissibles, alors même qu'on ne saurait entrevoir à quelles causes
elles peuvent être attribuées.
» C'est pour avoir dédaigné cette intervention des causes modificatrices
et s'être borné à constater les gradations morphologiques présentées par les
organismes, qu'on a dressé tant d'arbres généalogiques divers du règne
animal, que les mêmes formes ont pu être considérées tantôt comme le
terme ancestral, tantôt comme le terme le plus récent d'une même série
et qu'on en est arrivé à prendre au hasard, suivant sa fantaisie, un type
dans une série, pour tout faire rayonner autour de lui. Une fois sur cette
pente, on n'est même plus arrêté par les indications, pourtant si vantées,
de l'embryogénie, indications d'ailleurs si précises quand on a pris soin
de les coordonner elles-mêmes méthodiquement. L'intérêt de ce fascicule
sera de montrer une fois de plus comment, par la recherche des causes
rationnelles de transformation et par l'application rigoureuse des lois de
l'embryogénie, les questions les plus difficiles et les plus délicates
s'éclairent.
» J'ai montré, dans une Communication antérieure, comment l'impor-
tance prise par le système nerveux, la tachygonie intense de l'axe cérébro-
spinal et du mésoderrae, avaient déterminé, chez des animaux voisins des
Vers annelés, l'apparition, entre les ébauches de ces parties, d'un séquestre
entodermique devenu la corde dorsale des Vertébrés; comment ces causes
avaient produit un déplacement latéral de la bouche, qui avait eu, par
conséquent, une asymétrie momentanée, puis un renversement complet
d'attitude chez les ancêtres des Vertébrés. J'ai indiqué que l'histoire de ce
renversement était écrite tout entière dans l'embryogénie de VAmphioxus.
On en trouvera toutes les preuves dans ce fascicule. Ce renversement,
comme la torsion des Mollusques gastéropodes, résulte de ce que tout ani-
mal qui se trouve placé, d'une manière permanente, dans des conditions déjà-
( V )
vorables, répare autant qu'il le peut par des attitudes volontaires nouvelles
le tort qu'il éprouve de ces conditions; ces attitudes se fixent par hérédité.
» J'ai désigné cette proposition, qui n'est qu'un corollaire au principe de
Lamarck relatif aux conséquences de l'usage et du défaut d'usage des
organes, sous le nom de loi de la fixation des attitudes favorables .
)) Comme les Alcyonnaires, les Cirripèdes, les Nématodes, les Lom-
briciens, les Géphyriens, les Lamellibranches, Vers plats etmême à certains
égards les Echinodermes, les Tuniciers sont un groupe régressif. Chez les
Nématodes et les Vers plats la régression a été déterminée par l'inertie due
au parasitisme ; chez les Lombriciens, les Géphyriens et les Lamellibranches
par l'inertie due à une existence souterraine; chez les Cirripèdes et les
Tuniciers par l'inertie due à la fixation au sol. La simplification de l'or-
ganisme a été, chez les Tuniciers, accentuée par la progénèse et est
arrivée au point de permettre l'apparition du bourgeonnement. Ce dernier
a conduit à la constitution d'organismes complexes {colonies, cormus, etc.)
reproduisant, à cause de la communauté des conditions d'existence, un
grand nombre des traits des Phytozoaires. Ces organismes nouveaux ou
ascidiodêmes étant à leur tour affectés de tachygénèse, il en est résulté la
série de phénomènes longtemps considérés comme si exceptionnels que
l'on désignait sous le nom de génération alternante che?^ les Tuniciers. Je me
suis efforcé de montrer comment ces phénomènes retitraient dans les lois
les plus générales de la Biologie. En un mot, en étudiant les deux groupes
des Acràniens et des Tuniciers, où toutes les lois qui se dégagent de l'his-
toire des Invertébrés trouvent de si fécondes applications, j'ai fait tout ce
qui dépendait de moi pour substituer partout le bon sens et une méthode
rigoureuse aux conceptions métaphysiques, aux mystères et aux opinions
aussi gratuites que personnelles par lesquels on a réussi à obscurcir le
fond relativement simple de la morphologie animale.
» Le prochain et dernier fascicule exposera l'histoire des Vertébrés. »
CHIMIE GÉNÉRALp. — Nouvelles recherches sur l'argon et ses combinaisons.
Note de M. Berthrlot.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les résultats de nouvelles
recherches sur l'arg-on. Ces recherches ont été exécutées avec un nouvel
échantillon de ce gaz, que M. Ramsay a eu la grande obligeance de me
donner : je dois d'abord lui en adresser mes remercîrnents.
» Cet échantillon était renfermé dans une bouteille bien close; il occu-
pait 690"'' à la température ordinaire; soit GSo*^", réduit à l'état sec, à o"
( 7^
et 760""". Malheureusement, il était fort loin d'être pur. En efFet, il conte-
nait 3o pour 100 d'azote (exempt d'oxygène); ainsi que je l'ai reconnu
dans trois essais, l'azote étant absorbé dans les deux premiers en le combi-
nant avec l'oxygène, en présence de la potasse concentrée, sous l'influence
d'une série d'étincelles électriques. La réaction a duré une première fois
quinze heures, en donnant une absorption de 3o centièmes. Une seconde
fois, vingt-quatre heures, avec absorption de 3o,6. Le troisième essai, exé-
cuté en faisant agir l'effluve sur un mélange gazeux d'argon et d'éther gly-
colique (pseudoxyde d'éthylène), l'un des meilleurs absorbants de l'azote, a
donné une absorption de 29,5 centièmes, j'ai donc disposé de 455'='^ d'argon.
» La nécessité de purifier ainsi l'argon de son mélange avec l'azote a
rendu mon travail très pénible, mon outillage ne me permettant pas
d'opérer à la fois sur plus de 100'='= à 120'^'' du mélange dont je disposais,
additionné d'oxygène dans la proportion convenable (2™' pour i'"' d'azote),
soit en tout 200*='^ environ ; chaque opération durant de quinze à vingt-
quatre heures, avec un courant continu d'étincelles multiples, fournies par
une bobine d'induction, alimentée par six accumulateurs (12'°'", 6). En
raison de ces difficultés je n'ai pas poussé mes essais aussi loin que je l'avais
projeté. Cependant les faits que j'ai observés ajoutent un certain nombre
de points à nos connaissances sur les propriétés de l'argon et sur les
actions de l'effluve : j'ajouterai qu'ils ont été obtenus en dehors de toute
opinion théorique préconçue. Je les présenterai dans l'ordre suivant :
» Essais relatifs à l'action de l'argon sur divers composés organiques ;
» Essais spéciaux sur la benzine;
» Essais sur le sulfure de carbone.
» Je poursuis ces essais relativement à l'action de l'argon sur les métaux,
et spécialement sur les métaux renfermés dans les minéraux dont M. Ramsay
a réussi à extraire l'argon et l'hélium. Mais cet ordre d'expériences exige
des appareils disposés autrement : j'y reviendrai.
» Donnons d'abord quelques détails sur la marche et le dispositif des
expériences. Après avoir soumis à une nouvelle vérification mes travaux
relatifs à la benzine et au sulfure de carbone (^Annales de Chimie et de Phy-
sique,^ 7* série, t. VH, p. 5; 1896), vérification rapportée plus loin, j'ai
mis en œuvre des composés carbonés choisis dans diverses séries. Les
expériences ont été faites avec mes tubes à effluve de différentes dimen-
sions, décrits et figurés précédemment. On a opéré, sous la pression atmo-
sphérique et vers la température de 20° :
» i" Sur les mélanges d'argon avec les gaz, ou corps gazéifiables à la
température ordinaire;
( 73 )
« 2" Sur l'argon mis en présence de liquides offrant une tension de
vapeur suffisante. Quant aux corps solides, ou doués d'une très faible ten-
sion, leiu' réaction sur l'azote se fait beaucoup moins bien, comme je l'ai
dit ailleurs, et je n'ai pas cru utile de les mettre enjeu.
» J'opère sur un volume d'argon compris entre 5'^'^ et lo*^^', volumes
qu'il n'est pas utile de dépasser dans les tubes à effluve, en raison de la
faible capacité de l'esjjace annulaire où s'opère l'action, entre deux tubes
distants de o'""", 5 à o""'", i au plus. La rapidité des effets dépend à la fois de
cette distance, de la surface des tubes à effluve et de la tension électrique.
On doit éviter les tensions trop fortes, les pluies de feu notables el les échauf-
fements correspondants. Quand on fait réagir un liquide, son volume doit
demeurer, en général, voisin de i à 2 dixièmes de centimètre cube, ce
qui représente d'ailleurs un poids équivalent considérable par rapport à
celui de l'argon gazeux, tout en maintenant négligeable l'action dissol-
vante que ce liquide serait susceptible d'exercer sur l'argon, gaz dont la
solubilité dans les dissolvants est un peu plus forte que celle de l'azote,
c'est-à-dire faible.
» Ces liquides se transforment d'ailleurs, pour la plupart, en dérivés
solides polymérisés dans le cours de l'expérience, ce qui annule toute
action dissolvante.
» La bobine Ruhmkorff employée pour développer l'effluve, est celle
de /jo*"" de longueur, avec bouteille de Leyde; elle est alimentée par trois
ou six accumulateurs (6'">"%3 à i2™"%6). La distance limite des étincelles
extérieures est fixée à 6™" ou 8™'".
» J'ajouterai que la technique de ce genre d'expériences est délicate et
demande à être étudiée à l'avance sur l'azote, les réactions variant avec les
tensions électriques, la température développée et diverses autres circon-
stances.
» Les expériences exécutées d'abord avec l'argon purifié par l'action de
l'oxygène, comme il a été dit, ont été répétées toutes avec cet argon purifié,
puis ayant déjà subi ultérieurement l'action simultanée de l'effluve et d'un
premier composé organique, ce qui l'aurait débarrassé des dernières traces
d'azote, à supposer qu'il en restât encore.
I. Essais relatifs a l'action de l'argon sur divers composés organiques.
» L'expérience conduit à partager les composés hydrocarbonés, avec
lesquels j'ai opéré, en trois groupes :
» Série grasse ou saturée ;
( 74 )
» Série benzénique;
» Séries cycliques diverses.
» Je commencerai par la série grasse, dont les résultats négatifs ne
feront que mieux ressortir les résultats positifs obtenus avec la série ben-
zénique. Après la réaction, on mesure le gaz restant, on y ajoute de l'oxy-
gène et, s'il y a lieu, un peu de mélange tonnant. On fait détoner dans
l'eudiomètre, puis on absorbe l'acide carbonique et l'excès d'oxygène,
avec les précautions convenables, et l'on mesure le résidu, qui est consti-
tué par l'argon non combiné.
A. Sér'ie grasse.
» 1. Éthylène, C-H'' (loo''"') et argon (io6'"'), à volumes égaux,
vingt-quatre heures. — Le mélange a diminué de volume, tout en restant
supérieur à celui de l'argon. L'analyse eudiométrique a montré qu'il
s'était produit de l'hydrogène (43'^°'), mélangé avec une petite quantité de
formène (4'°'), on d'éthane (2^°') équivalent. Absorption d'argon, exacte-
ment nulle. Au cours de l'expérience, sous la pression atmosphérique, il
n'apparaît pas de luminescence visible en plein jour. La nuit, lueur jaune
le soir, puis bleuâtre, où le spectroscope à vision directe ne distingue pas de
raies.
» 2. Ether glycolique (iSo""') et argon (100'°'), vingt heures. Il s'est
produit de l'hydrogène (26™') et du formène (2'°', 4)- Absorption de
l'argon, nulle. Pas de luminescence diurne.
» Ether glycolique 5oo™' -H arg-o/z 100^"'. Gaz produit, H^^i25™';
CH'' := g''"', 3; CO = 4™'. 6; absorption de l'argon nulle. Pas de lumines-
cence diurne.
3. Aldéhyde gazeux. C"H''0, 167™' -+- argon 100™'; vingt-trois heures.
Gaz produit : H^ = 78; CO = 20; CH^ = 7. Absorption de l'argon nulle.
Pas de luminescence diurne.
» 4. Acétone, CH^O liquide -I- aro-on loo'^"'. Gaz produit H- = 120;
C0 = i,5; CH'' = i3. Absorption de l'argon nulle. Pas de luminescence
diurne.
» 5. Amylène, CH'" liquide avec forte tension de vapeur -+■ argon. Gaz
produit : hydrogène et carbures. Absorption de l'argon nulle. Pas de lumi-
nescence diurne.
» 6. Éther de pétrole. Carbures C"H^"^^ très volatils -h argon; vingt-
quatre heures. Absorption de l'argon nulle. Pas de luminescence diurne.
)> Voici maintenant quelques composés azotés.
( 75 )
■ » 7. Propioniliile, C^H* Az liquide + argon 100"°'. Gaz obtenus : H- = 4^ ;
C0 = 3; CH'' = 34.
)) Absorption de l'argon nulle, en admettant qu'il n'y ait pas dégagement
d'azote. Pas de luminescence diurne.
» 8. Sulfocyanure d'allyle, G* IPAzS liquide + aro-ow. Absorption nulle.
Pas de luminescence diurne.
1) 9. Amylaminc. C^H"Azliquide -+- argon 100™'. Il s'est développé une
odeur de pipéridine. Gaz obtenus : H- = 224; CH" = i[\; Az- = [5. Il y a eu
dégagement d'azote, auquel on a attribué tout l'accroissement de volume
du résidu incombustible. Pas de luminescence diurne.
B. — Série benzénique.
» La marche des expériences et des analyses est exactement la même.
Toutes ont donné une absorption d'argon plus ou moins sensible dans tous
les cas, la bobine étant alimentée par des tensions de 6 à 12 volts. On voit
apparaître le jour, seulement au bout de plusieurs heures, c'esl-k-dïre par suite
du développement d'une réaction lente et progressive entre l'argon et la vapeur
organique, une luminescence continue spéciale, verte, plus ou moins
intense, indépendante de la pluie de feu, qu'il vaut mieux éviter.
» Cette luminescence se développe dans les gaz sous la pression atmo-
sphérique. Elle est visible en plein Jour dans presque tous les cas. Le spec-
troscope à vision directe y distingue les raies de l'argon, du mercure, du
carbone et de l'hydrogène : le tout conformément à mes observations
publiées il y a trois ans, sur la benzine, et que j'ai reproduites sans diffi-
cultés. Voici le détail de ces nouveaux essais, tous exécutés en présence
de l'argon.
» 1. Benzine, C*H^. — Le détail en sera donné dans la IIP Partie du
premier Mémoire. Bornons-nous à rappeler que, dans les analyses, il est
nécessaire d'éliminer à la fin, par combustion eudiométrique, la vapeur de
benzine en excès.
» Le volume d'argon absorbé a été trouvé, en faisant varier les condi-
tions de durée, de tension, de masse relative, etc., dans différents essais,
égal à 8 centièmes, ày; à6,5;à5;à3 centièmes, etc., résultats du
même ordre de grandeur que mes précédents (^Annales de Chimie et de Phy-
sique, 7" série, t. VII, p. 24).
» 2. Toluène, G' H*. — Luminescence diurne verte très nette, pareille à
celle de la benzine, avec le même spectre; quoique plus faible, surtout au
début. Absorption de l'argon : 2 à 3 centièmes.
( 76)
M 3. Cymol, C'^H''. — Luminescence diurne verte, faible. Absorption
de l'argon : 6 centièmes.
» 4. Jereè<?«^Ap«e récemment rectifié, C'° H' ^ — Luminescence d'abord
blanchâtre, puis verdàlre faible, au moment du crépuscule, moment où la
lumière du jour est assez affaiblie pour rendre plus manifeste la lumines-
cence. Spectre correspondant. Le volume de l'hydrogène dégagé, faible.
Absorption de l'argon : 2 centièmes.
M 5. Éther méthylphénique (anisol), C'H^O. — La luminescence diurne
verte apparaît au bout d'une heure, très belle, quoique plus faible qu'avec
la benzine. Même spectre. Absorption de l'argon : 5 centièmes au bout de
vingt-quatre heures.
» 6. Phénol, C°H°0 cristallisé. — Lueur verte très faible, visible au
crépuscule. Absorption de l'argon : 2 à 3 centièmes, expérience répétée
deux fois.
» 7. Aldéhyde benzoïque, C'WO. — Mêmes observations. Absorption
d'argon : t à 2 centièmes.
» 8. Aniline, CH'Az. — Luminescence verte, plus faible qu'avec la
benzine. Absorption d'argon : i centième (').
» 9. Sul/ocyanure de p/iényle, CWAzS. — Luminescence faible, mais
réelle. Absorption de l'argon, 2 centièmes.
•M 10. Benzonitrile, C'H^Az. — Très belle luminescence verte, se pro-
duisant rapidement. S|)ectre bien accusé avec le spectroscope à vision
directe. Absorption de l'argon : 5,3 centièmes.
)) On voit que la benzine et ses dérivés développent avec l'argon la lu-
minescence diurne caractéristique, avec une intensité d'autant plus grande
que leur tension de vapeur est plus considérable ; le phénomène étant
à peine marqué avec le phénol, l'aldéhyde benzoïque etle sulfocyanure de
phényle; un peu plus avec le cymol et l'aniline, mais surtout éclatant avec
la benzine, le toluène, le benzonitrile et l'anisol. Cette luminescence est
corrélative d'une absorption d'argon, surtout nette avec les corps les plus
volatils.
» Le contraste de ces résultats avec ceux que fournit la série grasse
montre qu'il s'agit d'un composé particulier, propre à la série benzénique,
c'est-à-dire d'un phényleniercurargon, doué d'une faible tension, et limité
dans sa formation à la fois par la tension de vapeur, propre au composé
phénylique qui le fournit, et par des conditions complexes de stabilité
propre et de dissociation.
(') En admetlaul qu'il n'y ail pas d'azole dégagé..
( 77 )
» On remarquera que les composés de la série grasse et ceux de la
série benzénique ont été comparés en deux groupes parallèles, répondant
aux mêmes fonctions :
Carbures.
Éthylène. Amylène.
Hydrures forméniques.
Éther glycolique.
Sulfocyanure d'allyle.
Aldéhyde éthylique.
Acétone.
i Benzine. Toluène. Cymol.
Térébeiilhène.
Dérivés alcooliques.
I Phénol. Anisol.
Sulfocyanure de phényle.
Aldéhydes.
Aldéhyde benzoïque.
Amylamine.
Nitrile propionique.
Alcalis.
I Aniline.
Nitriles.
I Nitrile benzoïque.
» Le contraste entre les résultats fournis par les deux séries est mani-
feste, tant comme absorption, laquelle résulte de mesures délicates, que
comme luminescence, caractère qualitatif qui frappe tous les yeux, surtout
avec les corps suffisamment volatils.
» Il y a là une évidence, indépendante de toute mesure et facile à mon-
trer dans un enseignement public.
» Venons à la troisième série d'essais.
Série C. — Composés cycliques.
« 1. Furfurol, C^H'O'. — Absorption d'argon incertaine. Lueur visible
à l'heure du crépuscule, avec un spectre spécial, perceptible au spectro-
scope à vision directe.
)) 2. Thiophéne, C'H'S. — Absorption d'argon atteignant 3 centièmes el
2,5 (deux essais). Lueur verdàlre visible la nuit, avec spectre spécial per-
ceptible au spectroscope à vision directe.
» IL Pyrrol, C^H'Az. — Absorption incertaine. Lueur faible.
c. R., i8y9, ?.' Semestre. (T. CXXI\, N" 2.) TI
( 78 )
» 4. Pyridine, CH'Az. — Absorption d'argon, 2 centièmes (2 essais).
Luminescence notable au crépuscule, avec spectre spécial.
» Ces résultats paraissent les indices d'une formation, moins marquée
à la vérité, de composés analogues au dérivé phénylique.
II. — Essais relatifs a l'action de l'argox slr la bexzixe.
« Je me suis proposé de rechercher à quel moment l'absorption de l'ar-
gon avait lien; si c'était en présence de la benzine liquide, ou bien au
moment où sa polymérisation devenait totale, ou bien en présence du
polymère déjà formé; j'ai recherché également si la luminescence per-
sistait en présence d'un grand excès de benzine et d'une réaction long-
temps continuée; enfin si le polymère formé avec absorption d'argon
pouvait régénérer le composé lumineux, après que le système avait cessé
dedevenir lumineux immédiatement par l'effluve, celle-ci ayant été" inter-
rompue pendant un temps plus ou moins long, sans que l'état du système
ait subi aucun autre changement.
» Dans tous les cas, les dosages d'argon ont été faits en détruisant
d'abord la vapeur de benzine et autres corps carbonés par détonation
eudiométrique, etc.
» 1. Argon. Benzine liquide prise sous un volume égal au dixième du
volume de l'argon gazeux, c'est-à-dire en excès. La luminescence spéci-
fique apparaît au bout de deux heures, la benzine liquide subsistant
en quelque dose, quoique en grande partie détruite. Après destruction
de sa vapeur par détonation, on a trouvé que l'absorption s'était élevée
à 3 centièmes.
» 2. On a ajouté quelques gouttes de benzine et prolongé trente-six
heures l'action de l'effluve. Luminescence continue; absorption nouvelle,
4 centièmes. En poursuivant dix-sept heures, sans aucune addition de
benzine, l'absorption ne s'est accrue que de i centième. Soit, en tout,
9 centièmes.
)) On voit que l'absorption est devenue manifeste, en même temps que la
luminescence, et qu'elle s'est arrêtée vers une certaine limite, qui semble
dépendre surtout du rapport entre l'argon et la tension de vapeur du mer-
cure et du phénylemercurargon, c'est-à-dire de la tension de dissociation
de ce dernier composé.
» 3. Dans un autre essai, la luminescence étant déjà nette pour une
absorption de 5 centièmes d'argon, la limite d'absorption s'est arrêtée vers
( 79 )
7 centièmes; dans un autre, vers 8 centièmes. Ces limites paraissaient liées
d'ailleurs avec la tension électrique de l'effluve dans l'espace annulaire.
» La température développée dans cet espace joue certainement un
rôle. Quand elle est trop élevée, le composé se détruit, ou, ce qui revient
au même, ne se forme pas; ce dont je donnerai des exemples plus nets en
parlant du sulfure de carbone.
» 4. Lorsque toute la benzine a été détruite, si l'on prolonge indéfini-
ment l'action électrique, la luminescence, au bout d'un temps très long,
diminue et 6nit par disparaître, ainsi que je l'avais déjà signalé dans mon
précédent Mémoire.
» 5. En opérant avec volumes égaux d'argon gazeux et de benzine li-
quide, c'est-à-dire avec un énorme excès de cette dernière, la luminescence
n'a pas apparu au bout de vingt-deux heures : peut-être parce que l'excès
de liquide a retenu le phénylemercurargon en dissolution. L'absorption
apparente d'argon s'élevait cependant à iZj centièmes, la majeure partie
de la benzine étant polymérisée et changée en dérivé. Cette absorption
était, en réalité, la somme de deux effets, l'absorption chimique et la dis-
solution simple.
» Pour la contrôler, dans des essais approximatifs, j'ai mesuré la solu-
bilité de l'argon, vers 19°, sous une pression de o'",'749> dans le sulfure
de carbone et dans la benzine.
» Le sulfure de carbone en a dissous environ 6 centièmes de son vo-
lume; la benzine, environ 18 centièmes. Ces chiffres sont donnés seule-
ment comme approximatifs; ils indiqueraient, d'après des essais compa-
ratifs, une solubilité de l'argon égale à une fois et demie à peu près celle
de 1 azote dans les mêmes dissolvants. Sans les garantir d'une façon
absolue, ils montrent que dans les expériences où l'on emploie 0'='=, r à
0*^*^,2 de benzine ou de sulfure de carbone liquides, avec 5 à 10*''' d'argon
gazeux, l'action dissolvante proprement dite est négligeable.
» 6. La luminescence verte du phénylemercurargon cesse à l'instant
même où l'on arrête le courant électrique. Si l'on opère au moment
du crépuscule, après l'extinction l'œil continue à percevoir pendant une
fraction de seconde une lueur violette, qui s'efface à son tour, en laissant
seulement la teinte jaune permanente du dérivé polymérisé de la benzine,
adhérent à la paroi du tube à effluve.
» Si l'on rétablit alors le courant, la teinte verte reparaît aussitôt. Mais
après huit heures d'arrêt, il faut quelques minutes, comme si le phényle
mercurargon avait été réabsorbé par le corps polymère et exigeait quelque
(8o)
temps soit pour se reformer, soit pour se redégager. La lueur reparait
tantôt depuis le bas, où se trouve la surface du mercure, tantôt au con-
traire depuis la partie supérieure, qui en est éloignée de 20'=™ à aS^"*, pour
redescendre peu à peu. Celte diversité montre que la réapparition de la
lueur n'est pas liée avec le voisinage du mercure. Elle résulte sans
doute de l'inégale épaisseur de la couche annulaire gazeuse, comprise
entre les tubes de verre, et de la faculté plus ou moins grande, qui en
résulte, pour le passage de la décharge sur un point, ou sur un autre.
» 7. J'avais conservé, sur une cuve à mercure, depuis trois ans, un
échantillon d'argon, régénéré par la décomposition de la combinaison qu'il
avait formée d'abord avec le sulfure de carbone, puis rais en présence de la
benzine et soumis à l'action de l'effluve, jusqu'à formation du phényle-
mercurargon luminescent; la benzine avait entièrement disparu à cette
époque. Aucun changement n'ayant été fait depuis, dans la disposition des
appareils et des matières, tant gazeuses que transformées, il m'a paru inté-
ressant de tenter, à l'époque présente, de reproduire la luminescence
spécifique. Il a fallu onze heures d'effluve pour la faire reparaître, avec
sa lueur émeraude et ses raies spécifiques. On a arrêté alors l'action élec-
trique pendant huit heures, puis recommencé : dix minutes ont suffi cette
fois.
» Il résulte de celte expérience que le phénylemercurargon, réabsorbé
par le polymère benzénique, et peut-être décomposé à la longue sponta-
nément, à la façon de l'ozone et de l'eau oxygénée, reparaît, lorsque ses
éléments constituants sont soumis à une action prolongée de l'effluve.
III. — Essais relatifs a l'action de l'argon sur le sulfure de carbone.
» 1. Argon et sulfure de carbone liquide (o", i). Tension du courant
qui agit sur la bobine : 6'"'", 3. Vingt heures à 22°. Absorption : 7 centièmes.
Le composé formé est solide, d'une couleur fauve, sans mélange charbon-
neux. On en a régénéré par l'action de la chaleur une petite quantité
d'argon, reproduisant la luminescence verte avec la benzine, c'est-à-dire le
phénylemercurargon caractéristique.
)) 2. Un autre essai, opéré dans les mêmes conditions, au bout de six
heures, a donné une absorption de 6 centièmes.
» Pour exécuter ces analyses, on suit la méthode que j'ai indiquée, la-
quelle consiste à absorber la vapeur de sulfure de carbone avec un fragment
de potasse, imbibé préalablement d'alcool, puis la vapeur d'alcool par l'acide
(8i )
sulfiirique concentré. J'ai vérifié, par des essais synthétiques, qu'on retrouve
exactement après ces essais un volume donne d'argon, saturé de sulfure
de carbone. Dans le cas où l'on a ajouté de l'hydrogène, ou bien un com-
posé hydrocarboné, il convient, après l'action de l'acide sullurique, de
traiter le résidu par le mélange tonnant, additionné d'un peu d'oxygène,
dans l'eudiomètre.
» 3. Argon et sulfure de carbone. Expérience semblable, la tension du
courant qui agit sur la bobine étant de i2™"%6. Il se produit une pluie de
feu très apparente; vingt-quatre heures. Le composé formé est noirâtre et
charbonneux; absorption nulle.
)) 4. Cette expérience à forte tension a été répétée avec une dose plus
notable de sulfure de carbone; elle a également donné lieu à une matière
charbonneuse et à une absorption d'argon nulle.
» 5. L'argon non absorbé dans l'essai précédent a été de nouveau addi-
tionné de sulfure de carbone et soumis à l'action de l'effluve pendant
quelques heures, la tension du courant étant seulement de 6'""% 3. Le com-
posé formé est jaune, non charbonneux; absorption, 3 centièmes.
» Ces observations mettent en évidence une circonstance que je n'avais
pas aperçue dans mes anciens essais, à savoir la nécessité de ne pas opérer
avec des tensions trop fortes et dans des conditions d'échauffement; sur-
tout avec le sulfure de carbone : ce qui s'explique, le composé qui en dérive
étant détruit par une température inférieure au rouge, comme il résulte
des expériences de régénération.
» Voici maintenant des expériences faites avec le sulfure de carbone
mélangé d'hydrogène, ou de corps hydrogénés.
)) 6. Argon ioo^°'; H- = 175. CS^ liquide. Au bout de vingt-quatre
heures, tout l'hydrogène a disparu. Absorption de l'argon : 10 centièmes.
» J'ajouterai que le sulfure de carbone mêlé d'hydrogène seulement
absorbe ce gaz, aussi bien que l'azote, sous l'influence de l'effluve. J'y re-
viendrai.
» 7. Argon, avec o"', i d'un mélangede sulfure de carbone etde benzine
liquides, à volumes égaux. — Absorption de l'argon: g centièmes. Le pro-
duit, décomposé par la chaleur au rouge sombre, régénère divers gaz
exempts d'argon; ce que fait d'ailleurs également, comme je l'ai dit,
le dérivé benzénique.
» J'ai cherché à définir d'une façon plus précise la relation moléculaire
qui existe entre l'argon fixé et le sulfure de carbone transformé : pour y
parvenir, j'ai opéré sur les deux corps gazeux mélangés, et conformément
(«2)
à la marche que j'ai déjà suivie pour étudier les fixations d'azote. J'ai agi
comparativement avec l'hydrogène, l'azote, l'argon, tous en excès, mis en
présence du sulfure de carbone vaporisé dans une atmosphère de ces gaz,
sous une pression de o'",75o, et à une température voisine de 20° à 22" :
conditions dans lesquelles on vaporise, dans 100™' du gaz initial, 60^°' à
70™' de sulfure de carbone gazeux.
» J'ai trouvé dans ces conditions les rapports suivants entre les volumes
du gaz et du sulfure de carbone gazeux combinés sous l'influence prolon-
gée de l'effluve :
2CS-fixeH-,
4CS- fixe Az-,
34 es- fixe Argon-.
)) Avec les systèmes liquides, le rapport de l'argon fixé à son volume
total va plus loin, en raison de l'excès du sulfure de carbone.
» Dans tous les cas, il se forme un composé solide, amorphe, de couleur
fauve, polymérisé. Mais on ne saurait affirmer que ce composé ne soit pas
constitué par un mélange d'un composé défini, avec un excès variable de
sulfure polymérisé. En un mot, deux actions développées par l'effluve se
poursuivent parallèlement : savoir une combinaison d'hydrogène, ou
d'azote, ou d'argon, et une polymérisation (peut-être avec séparation de
soufre) du sulfure de carbone. Rien ne prouve que le second phénomène
soit négligeable, ni même connexe avec la combinaison : pas plus que la
formation de l'ozone ne l'est avec la formation de la vapeur nitreuse sous
l'influence de l'effluve, aux dépens d'un mélange d'azote et d'oxygène, tel
cjue l'air atmosphérique. Sans doute, les deux réactions sont simultanées
avec les fortes tensions électriques; mais l'ozone se forme seul par des
tensions plus faibles. Cette observation, que j'avais faite autrefois ('), a
été utilisée, dans ces derniers temps, par l'industrie pour produire de
l'ozone exempt de composés nitriques.
n La polymérisation, parfois accompagnée par la séparation partielle de
l'un des éléments, constitue l'effet le plus général de l'action de l'effluve
sur les composés organiques. J'en ai donné de nombreux exemples dans
mes études sur la fixation de l'azote et cet effet apparaît seul pour les mé-
(') Essai de Mécanique chimique, l. II, p. 375. — Annales de Chimie et de Phy-
sique, 5» série, t. XII, p. 44'^; i877-
( 83 )
langes de l'argon avec les gaz et corps volatils de la série grasse. Tandis
que les deux phénomènes se manifestent à la fois, avec l'argon et les corps
de la série benzénique. Dans ce dernier cas, la limite de tension gazeuse à
laquelle s'arrête la combinaison est de l'ordre de grandeur qui caractérise
l'action de l'effluve pour des phénomènes analogues, tels que la formation
de l'ozone aux dépens de l'oxygène, ou la formation des oxacides nitro-
génés aux dépens de l'azote et <le l'oxygène. Je puis également citer,
comme exemple de réactions simultanées, l'acétylène mélangé d'azote;
l'acétylène se polvmérise beaucoup plus rapidement qu'il ne fixe l'azote,
de telle sorte que sa combinaison proprement dite, quoique comparable
en principe à celle que forme l'éthylène, se produit en proportion bien
plus faible, ou plus exactement renferme une dose relative d'azote bien
moins considérable.
» La résistance que l'argon oppose à son entrée en combinaison permet
à la transformation propre du sulfure de carbone de se poursuivre plus
rapidement. Les réactions pyrogénées et les réactions d'oxydation, dans
les études de Chimie ordinaire, présentent un grand nombre de phéno-
mènes complexes de cette nature, régis par les rapports variables de vi-
tesse entre plusieurs réactions simultanées.
» En tous cas, on remarquera la différence qui existe entre les fixations
d'azote sur les composés organiques, sous l'influence de refflu\e électrique,
— fixations qui ont lieu, au contraire, de préférence, c'est-à-dire plus
abondamment, sur les corps de la série grasse, d'après mes expériences,
— et les fixations d'argon, qui ont lieu au contraire de préférence sur les
composés benzéniques.
» Quelque chose d'analogue semble exister pour les combinaisons com-
parées de l'azote et de l'argon avec les métaux. Les métaux alcalins
absorbent l'azote assez aisément, mais ne réagissent guère sur l'argon.
Tandis que l'existence de certains minéraux, susceptibles de dégager de
l'argon (ou de l'hélium), sous l'influence des acides ou de la chaleur seule,
paraît établir l'existence réelle de certains composés, tels que des argo-
nures, dérivés de métaux rares et de catégories spéciales.
>) Ces argonures fourniraient seulement tle l'argon libre et de l'hydro-
gène sous l'influence des acides ; au même titre que les antimoniures de zinc
et analogues mettent à nu de l'hydrogène libre et de l'antimoine précipité,
l'antimoniure d'hydrogène se décomposant aussitôt et spontanément, en
raison de son caractère fortement endothermique ( — 86^"', 8), attesté par
mes mesures. Si cet antimoniure d'hydrogène ne laissait pas déposer sur
sa route, dans le cours même de son dégagement à la température ordi-
(B4 )
naire, un métal facile à voir et à reconnaître, son existence aurait été
méconnue. La même considération paraît applicable à l'existence de
l'argonure d'hydrogène. Ajoutons enfin que l'existence de semblables argo-
nures, à la dose de quelques millièmes seulement, dans les minéraux qui
dégagent de l'argon concorde avec la difficulté d'obtenir les argonures
hydrocarbonés, autrement qu'à l'état de petites quantités relatives. Les
argonures métalliques naturels, dont l'existence ne paraît pas contestable,
n'ont dû se former dans la nature que dans des conditions exceptionnelles,
et comme les représentants peu stables de réactions complexes : les élé-
ments de cet ordre contractant en général de préférence des combinaisons
endothermiques et par voies indirectes. >>
GÉOGRAPHIE. — Su/- les travaux géographiques et cartographiques exécutés
à Madagascar par ordre du général Gallieni. de 1 897 à 1 899 ; par
M. Alfred Grandidier.
« Le général Gallieni, qui vient de rentrer en France après avoir exercé
pendant trente-deux mois les hautes fonctions de gouverneur général
de Madagascar, ne s'est pas seulement occupé de pacifier et d'organiser
notre nouvelle colonie, qu'il a trouvée en plein état d'anarchie et de ré-
bellion et où, en peu de temps, par une ferme et intelligente administra-
tion, il a obtenu des résultats vraiment extraordinaires. Tout le monde
sait qu'au début de sa brillante carrière il a été l'un des premiers explo-
rateurs du Soudan occidental et que son long séjour à Ségou-Sikoro a été
aussi utile à la Géographie et à l'Ethnographie qu'à l'expansion de notre
influence. Convaincu plus que jamais, après ses longues campagnes dans
nos colonies africaines et asiatiques que la Science' seule peut utilement
ouvrir la voie aux entreprises coloniales, dès son arrivée à Madagascar, il
a de suite organisé l'exploration méthodique et raisonnée des diverses
provinces de manière à nous les faire connaître à tous les points de vue et
à nous renseigner aussi complètement et aussi vite que possible sur leurs
ressources.
» Ses efforts ont porté d'abord sur l'établissement d'une Carte de Ma-
dagascar, qui, en 1896, était encore à peine ébauchée; une Carte précise et
détaillée est, en effet, la base indispensable de toute étude sérieuse d'un
pays, de toutes recherches, de toute exploration.
» La province centrale avait été, avant notre conquête, triangulée et
levée avec soin, mais le reste du pays n'était traversé que par quelques
( 8.) )
itinéaires dont l'exactitude laissait à désirer et que circonscrivaient de
vastes espaces encore inexplorés. Le i" novembre 1896, le général a réor-
ganisé sur de nouvelles bases, avec l'aide de son chef d'État-Major le lieu-
tenant-colonel Gérard, le Service géographicjiie de Madagascar, qui avait
été installé à Tananarive quelques mois auparavant, et qui est devenu l'un
des bureaux de l'Etat-Major sous la dénomination de Bureau topogra-
phique. Ce bureau est chargé tout à la fois de la triangulation de la grande
île et de l'établissement de sa Carte définitive, ainsi que des productions
photographiques et des gravures ou lithographies utiles pour faire con-
naître notre nouvelle colonie sous ses divers aspects ethnographique,
botanique et agricole, minier, etc.; il est dirigé depuis deux ans avec
beaucoup de zèle par le capitaine Mérienne-Lucas, de l'infanterie de ma-
rine, qui a dressé les nombreuses Cartes envoyées par le général Gallieni
à l'Institut (' ).
» Un Mémoire manuscrit de quarante pages in-folio, accompagné
d'une Carte à ^^^^^^^^ également manuscrite, qui donne l'état actuel de la
triangulation de |)remier ordre à Madagascar, ainsi que les Tableaux où
sont inscrites les coordonnées géographiques des sommets de tous les
triangles mesurés par les RR. PP. Roblet et Colin et par les officiers géo-
désiens. Mémoire et Tableaux que le général Gallieni m'a chargé de dé-
poser dans la Bibliothèque de l'Institut, contiennent des renseignements
très intéressants sur les travaux exécutés jusqu'à ce jour et sur les résul-
tats obtenus; je demande à l'Académie la permission de les résumer.
» Le système de projection adopté pour l'établissement de la Carte est
le même que celui employé au Dépôt de la Guerre, c'est-à-dire la projec-
tion de Flamsteed modifiée par le colonel Bonne, qui convient fort bien à
l'île de Madagascar à cause de sa forme allongée dans le sens du méri-
dien. Le développement se fait suivant le 5o* grade de longitude est et le
21" grade de latitude sud; ces deux axes passent à peu près par le centre
de figure. A l'inverse des Cartes de France, la concavité des parallèles est
naturellement tournée vers le pôle sud. Les échelles sont différentes sui-
vant la valeur et le nombre des documents que possède le Bureau topo-
graphique ; pour la région centrale et orientale comme pour la province de
(') 12 feuilles de la Carte au loo'ooo (Tiakoderaina, Anjozorobé, Ambohidrabiby,
Analabé, lac Itasy, Arivonimamo, Tananarive, Moramanga, Soavinandriana, Ramai-
nandro, Andramasina, Beparasy), 3 feuilles de la Carie au j^'ôôt; (Ankavandra, Mo-
rondava, Soavinandriana) et \ Carte générale de Madagascar à riô-j-u—o-
C. R., iSgg, 2' Semestre. (T. CXXIX, N» 2.) 12
(86 )
Diego-Suarez, on emploie le 75—^ î P*^"'" 1® reste de l'ile, qui est encore
très peu connu, on se contente d'une Carte provisoire à yj^'j^, qui com-
prendra 32 feuilles de 35"=™ sur 33"", tandis que celle à ,„^„^„ en aura
5o8, représentant chacune une surface de 48''" sur Bo*"".
« Dans un pays comme Madagascar où, en raison de la constitution
géologique du sol, les variations incessantes de la déclinaison en des points
très voisins en latitude, et même quelquefois en un même lieu, atteignent
jusqu'à quatre grades, l'agencement des levés et itinéraires à la boussole
des divers explorateurs pour la construction de la Carte présentait une vé-
ritable impossibilité, et il était indispensable de compléter et rectifier
par une triangulation sérieuse la série des coordonnées déjà connues.
)) Pendant la colonne de 1893, les capitaines Bourgeois et Peyronel
avaient relié Majunga à Andriba (Co/w/?^es re«(/H5, 24 mars 1897). A partir
de 1897, on a conduit les chaînes géodésiques suivant les deux axes de
l'île, et la ligne télégraphique Tamatave-Tananarive-Majunga a permis des
déterminations exactes de longitude et a facilité le placement de points
astronomiques.
» Cette même année, le R. P. Colin a prolongé la triangulation de l'Ime-
rina jusqu'à Andriba (^Comptes rendus, 7 novembre 1898) et l'a étendue
dans l'est pour la raccorder avec les travaux que poursuivaient les brigades
topographiques entre Ambatondrazaka-Tamatave-Anclévorante, et qui s'ap-
puyaient sur une base parallèle à la mer, mesurée trois fois par deux
groupes d'observateurs différents, près d'Ankarefo, à l'aide d'un ruban
d'acier; ces trois mesures ont présenté les écarts suivants autour de la
moyenne, 5o82™,i3 : première mesure, -î-o"',26; deuxième mesure,
— o™, 20; troisième mesure, -!-o™,o8. En 1898, on a poussé le réseau
d'Ambatondrazaka jusqu'à Tananarive; le côté Tananarive-Lohavohitra,
calculé d'après la base d'Ankarefo, a une longueur de 4i 3 1 2", etde4i3i i""
d'après la base d'Ialamalaza (du R. P. Roblet). soit seulement i™ d'écart,
ce qui est très satisfaisant.
» Le R. P. Colin a accompli, en 1898, une mission dans l'ouest, pendant
laquelle il a rectifié de nombreuses positions astronomiques {Comptes ren-
dus, 20 mars 1899).
» Quant aux brigades topographiques, elles ont jeté un réseau de trian-
gles le long de la partie sud du grand axe de Madagascar, de Fianarantsoa
à Fort-Dauphin, avec une traverse nord-est-sud-ouest d'Ihosy àTuléar (');
(') Au delà du sommet d'Andrambo, où l'on a vérifié la latitude et Fazimut, on n'a
pu déteriuiuer que quelques positions astronomiques isolées.
( 87)
cette partie de la triangulation est appuyée sur deux bases, l'une provisoire
mesurée près de Fort-Dauphin, l'autre longue de 9537", 71 mesurée dans
l'Horombé, où l'on a fait les observations nécessaires de latitude et d'a-
zimut. La valeur du logarithme du côté Tananarive-Lohavohitra, calculé à
l'aide de la longueur de la base d'Horombé el du réseau sud deTananaiive,
est identique, à la sixième décimale près, à celle trouvée en partant de la
base d'Ankarefo. A Fort-Dauphin, la vérification se fait }DOur quatre déci-
males avec le logarithme de la base provisoire.
) Pour 1899, le programme des brigades géodésiques comporte l'exécu-
tion d'un réseau reliant la région d'Ambatondrazaka à Diego-Suarez. On
s'occupe aussi de compléter la triangulation commencée, en 1892, par le
R. P. Colin entre Tananarive et Andévorante, et d'élucider la question du
raccord à Andriba des réseaux du P. Colin et du corps expéditionnaire de
1895, qui présentent en ce point une discordance de 20'^™ en longitude.
') L'ossature de la triangulation de Madagascar va donc être tout pro-
chainement complète dans ses grandes lignes. La persévérance et l'habi-
leté déployées par les officiers chargés par le général Gallieni de cet impor-
tant et difficile travail ont été couronnées d'un plein succès. En moins de
trois années, ils ont mesuré des chaînes de triangles dont le développement
dépasse i4oo'""; ce sont, d'une part, les RR. PP. Roblet et Colin, et,
d'autre part, les capitaines Gros, Durand, Dumézil, Lallemand, Maire,
Vallet, Prévost, Hellot et le lieutenant Maritz qui ont mené à bien ce grand
et utile travail, dont il n'est que juste de les louer.
» Les rectifications apportées aux anciennes coordonnées de certains
des points principaux changent 1res notablement la délinéation des côtes
du sud-est et de l'ouest.
Différences entre les anciennes
et les
nouvelles coordonnées
Signaux. Latitude S. Longitude E.
oatave (clocher, église
alholique) iS. 9.28,4 47- S.Sg.i
lévoranle («ugle nord-
uesl de la maison du
ommandani ) 18.57.82 46.44-29,6
_ , . / Ecart avec les
t Dauphin
en latitude.
en longitude.
Autorités.
-0. 7,5
' 2-"
— i.3o,9
Capitaine Durand
- -0.28
- 2.46(?)
Capitaine Gros
mamelon;
rigine de la '
■iangulation (
es i n g é -
leurs h}'dro-
raphes.
coordonnées
des ingé-
nieurs hy-
drographes.. 25. r.5i,6 44-38.26,2 — o. 8,7
lEcart avec
celles des
.\nglais » » »
11.19,5 Capitaine Dumézil
-18. i4 Capitaine Dumézil
( ^« )
Signaux. Latitude S.
Mevatanana (mât du pa-
villon du porl) »
Majunga (à 3o™ au sud du
pilier méridien^ i5.43.24,2
Tamboharano 17 .3o. 3
Maintirano 18. 9 54
Benjavilo 18. 09. 67
Tsimanandrafozana i9.47-3o
Morondava 20.17.21
Différences entre les anciennes
et les
nouvelles coordonnées
Longitude E.
en latitude.
en longitude.
Autorités,
0 / //
44.27.49
))
0' "
— 3. II
R.
P. Colin
43.56.36
))
— i .59
R.
P. Colin
41.47-46
)>
-:- ( I .3l
R.
P. Colin
41.42.45
-i-0.44
— 0. 5
R.
P. Colin
4 1 . 53 . 0
-3.48
— 0.55
R.
P. Colin
42. 4.3o
—0. 10
- 3.45
R.
P. Colin
41. 56. 45
-0.54
-t- o.3o
R.
P. Colin
M Fendant que les officiers géodésiens poursuivaient les travaux de
triangulation dont nous venons de donner un aperçu, d'autres officiers
ont fait le levé topographique entre Tamatave et Ambatondrazaka, d'une
part, et Tamatave et Andévorante, d'autre part. Le Bureau de l'État-Major
a assemblé et condensé les très nombreux levés à la planchette du
R. P. Roblet et les a complétés à l'aide des reconnaissances exécutées par
les lieutenants Rocheron et de Cointet dans le district d'Ankavandra; par
le lieutenant Maritz entre Andriba et Vohilena, entre l'Ikopa, la Betsiboka
et la Mahajamba, et à l'ouest du Cercle de Betafo; par le lieutenant de
Pierrebourg sur la côté orientale, et surtout par le lieutenant Gaudaire, qui a
exécuté des levés non seulement dans l'est et au nord de Tananarive, mais
aussi dans le pays des Sakalaves, d'où il a rapporté des documents assez
considérables pour permettre l'établissement d'une Carte sérieuse de ces
Des missions organisées avec les Officiers du Corps d'occupation ont,
en outre, parcouru le pays dans toutes les directions. Je citerai celles du
lieutenant Boucabeille de Tananarive à Diego, du lieutenant Duruy de
Tsaratanana à Nosy-Bé, du capitaine de Thuy sur le Mangoky, du capitaine
Lefort dans le sud, etc., qui ont été fécondes en résultats de toutes sortes,
géographiques, ethnographiques, météorologiques, zoologiques, bota-
niques, géologiques, agricoles, etc.
» Ces résultats sont consignés dans une très utile et très instructive pu-
blication mensuelle, imprimée à Tananarive sous le nom de Notes, Recon-
naissances et Explorations, dont il a paru deux volumes en 1897 et deux en
1898; ces derniers que le général Gallieni a fait déposer dans la biblio-
thèque de l'Institut, ne contiennent pas moins de 1600 pages et plus de
( «9 )
loo Cartes ou Planches, exécutées à Madagascar même , ' ), et mettent
promptement, à la portée de tous, les documents d'ordre scientifique et
pratique rassemblés sur notre colonie.
)) Le Guide de V immigrant à Madagascar (3 vol. in-8, avec Atlas de
il\ Cartes), qui donne une description très détaillée de l'île sous tous les
rapports (histoire, géographie, organisation, industrie et commerce, cul-
ture, colonisation, voies de communication, hygiène, législation), jette
aussi une vive lueur sur les productions naturelles et les ressources de
notre colonie et témoigne de l'énorme travail accompli en deux ans et
demi dans notre nouvelle colonie sous la féconde et intelligente direction
du général Gallieni.
» L'œuvre scientifique dont nous venons de donner un trop court aperçu
et qui ouvre très heureusement la voie à la colonisation de Madagascar
est d'autant plus remarquable que ceux qui y ont collaboré avec un zèle
et une persévérance très dignes d'éloges ont eu à lutter contre les plus
grandes difficultés, exposés à tous les hasards de la guerre et aux rigueurs
d'un climat exceptionnellement dur et malsain. »
(') Voici la liste des principales Cartes publiées par le Bureau topographique de
Madagascar en 189--1898 : Madagascar d'après Lasalle (1785-1789); schématique des
immigrations arabes ; de Tananarive à Mantasoa et Beparasy ; établissements Laborde ;
Cartes géologiques de l'Ambongo ; de Tananarive à Ambatondrazaka ; de Kelimafana à
Mahanoro, Vatomandry et Tsiazompaniry ; de Moramanga à Tsinjoarivo; routes dans
le premier territoire militaire en 1898; district d'ivongo; presqu'île de Masoala; pro-
vince de Diego; baie de Diego; district d'Ambohimanga ; cercles de la Mahavavy,
d'Ankazobé, de Moramanga, d'Anjozorobé, d'Ambatondrazaka; itinéraires dans l'ouest;
pays Mahafaly; Carte des côtes; Cartes de la pacification de 1896 à 1897 et en 1898;
21 Cartes dressées pour accompagner le rapport d'ensemble sur la pacification, l'orga-
nisation et la colonisation de Madagascar, d'octobre 1896 à mars 1899, adressé au Mi-
nistre des colonies par le général Gallieni (esquisses ethnographiques; 5 Cartes mon-
trant les progrès successifs de la pacification; 7 Caries donnant la situation administrative
du Nord-Ouest, des deuxième et quatrième territoires militaires, de l'Ouest et du Sud;
Cartes des provinces civiles au i''"' janvier 1898 et au i'"' janvier 1899; Carte des lignes
télégraphiques; projet de chemin de fer; Cartes des concessions en octobre 1896 et en
mars 1899; Carte indiquant les travaux topographiques au i"' janvier 1899; Carte
forestière); enfin 17 Cartes montrant les lots de colonisation levés par les géomètres
ou les officiers dans le but de faire connaître à l'avance à nos colons les terrains
propres à la colonisation.
(90 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur ks acides dialcoylbenzoylbenzoïqnes et dialcoyl-
henzylbenzoïques tétrachlorés. Note de MM. A. Haller et H. Umb-
GROVE.
« Dans une série de Noies publiées par l'un de nous et M. A. Guyol (' ),
nous avons étudié les acides dialcoylbeiizoyl- et dialcoylbenzylbenzoïques
et avons montré comment on peut transformer ces composés en dialcoyla-
midoanthraquinones.
M Les dérivés tétrachlorés correspondants prennent naissance dans les
mêmes conditions, présentent dans leur ensemble la même allure, tout en
se comportant différemment vis-à-vis de certains agents chimiques.
» Acide diméthylainidobenzovlbenzoïque tétrachloré :
^ ^' \GOOH
» A un mélange de looS'' de chlorure d'aluminium pulvérisé et de loos'' de dimclhyl-
aniline dans Soos'' de sulfure de carbone, on ajoute /Jo"'' d'anhydride télrachlorophta-
lique. Quand la réaction est terminée, on chasse le sulfure de carbone, et l'on traite
l'huile brune, qui reste, par de l'acide sulfurique dilué (SoS'' de SO*H- dans un litre
d'eau). L'acide tétrachloré se sépare sous la forme d'une masse jaune, qu'on lave à
l'eau et qu'on dissout dans une solution de carbonate de soude. On décolore la liqueur
au charbon animal, on sursature par de l'acide sulfurique, et l'on fait cristalliser le
précipité dans de l'alcool.
» Ecailles jaunes fondant à 211°. Cet acide est presque insoluble dans l'eau froide,
assez soluble dans l'alcool éthylique et l'éther, moins soluble dans l'alcool méthy
lique.
» Traité par le mélange sulfurico-nitrique, il ne fournit pas de dérivés nitrés.
» Anhydride acétyl-diinélhylamidobenzoylbenzoïque télrachloré :
ycocni'AziCîi'y-
XCO.O.COCH^
» Dans le but de condenser Tacide tétrachloré avec la diméthylaniline pour obtenir
la diméthylanilinephtaléine létrachlorée, on a chauffé un mélange de l'acide et de la
base, avec de l'anhydride acétique; mais, au lieu d'obtenir la phtaléine cherchée, on a
isolé de petites écailles incolores, fondant à 196», peu solubles dans l'alcool, solubles
dans le benzène, et dont l'analyse conduit à des chiflVes qui font de ce corps l'anhy-
dride mixte indiqué plus haut.
(') Comptes rendus, t. CXIX, p. 2o5; t. CXXVi, p. 1248 et i544; etc.
(9' )
» En substituant, dans celle opération, la diélli\laniline à la combinaison dimélhy-
lée, on arrive au même résultai. Cet anhydride a une constitution analogue à celle
que possède l'anhydride acétyl-benzoylbenzoïque de M. de Pechmann (' ).
^, . , ,. ^„^„ -COC«H'Az(CH^r ,, ....
» hlner metliylique : (j'^ClV ri\c\r\\^ ' • — "® réussit pas a préparer
cet éther par la méthode ordinaire (saturation par le gaz chlorhydrique d'une solu-
tion de l'acide dans l'alcool méthylique). L'a^ido télracldoré rentre, sans doute, dan^
la catégorie des acides difficilement éthériliables, étudiés par MAI. V. Meyer, Wegscli-
neider, etc.
» Nous sommes arrivés à préparer cet étlier en traitant l'anhydride acétyl-dimé-
ihylamidobenzoylbenzoïque tétrachloré par la quantité calculée de méthylale de
sodium. Il se forme, dans ces conditions, de l'acétate de sodium et l'élher méthylique
cherché, et non de l'acétate de méthyle et le sel de sodium de l'acide tétrachloré
.COC«Il'Az(CIP) , CH'ONa-C^tPOma c'cp/ ^^*^""'''^^'^^^^'^'
^ ^^ \COOCOCIP ^^^ ONa-L H O Na-r L U . cqOCIF
Cet éther se présente sous la forme de cristaux jaunes, fondant à 167° et donnant,
par saponification, l'acide tétrachloré fondant à 21 1°.
i",/ '.u V ^err -COC«H'Az(CH=, , . a x a-
1) Let/ier effiYCu/ue : L''Ll\ ^^^^,,,, .prend naissance dans des condi-
lions semblables. Petites aiguilles jaunes, qui se groupent en mamelons et dont le
point de fusion est situé à i43°.
, .j j. ,, , .,, „ , ,, , ^.^„/CIPC'H''Az(CIl-^)^
1) Acide aimelnylanuaoOenzoylbetizoïque tétrachloré :L?L>v (^ „^^ ^
— La réduction de l'acide benzojlé a été faite au moyen de la poudre de zinc et de
l'acide chlorhydrique. La liqueur, traitée par du carbonate de soude et filtrée, donne,
par l'addition d'acide acétique, un précipité qu'on fait cristalliser dans l'alcool mé-
thylique bouillant.
» Fines aiguilles blanches, fondant à 21 5°, très solubles dans l'alcool, moins solubles
dans l'eau bouillante et dans l'élher.
.■,,■-,,-,, „ . ,, - ^,^„ .-COC«H*Az(G'-H')-
» Acide dietliylatnictobenzoylbenzoïque tctraclilore : C'Cr, /-•(-\/-vtj
— La préparation de cet acide s'effectue comme celle de l'acide diméthylé. Il se pré-
sente sous la forme de cristaux jaunes, fondant à 222°, presque insolubles dans l'eau
froide, très solubles dans l'alcool élhylique, moins dans l'alcool méthylique et le
benzène.
» Il ne fournil pas de dérivés nitrés au sein du mélange sulfurico-njtrique.
» \Janhydride acétyl-diéthylamiclobenzoylbenzoïque tétrachloré :
/COC^H'Az(G^Hsf
\COOCOCIP
prend naissance dans les mêmes conditions que l'anhydride de l'acide diméthylé.
» Ecailles incolores, solubles dans le benzène, et fondant à 170°.
(') Bull. Soc. Chiin. de Berlin, ibiSi, p. 1866.
( ;)2 ;^
^, , , ,. ^,^„ C0OH'A.z(CMP)- „ , I •
» £^<Ae/- méthylique C«CI' rooCIF '" ^"""""^ ^°" homologue in-
férieur, cet étlier n'a pu êlre préparé par élhérification directe. Il prend naissance en
faisant a^'ir du métlivlatede sodium sur l'anhydride mixte, dissous dans l'alcool mé-
thjlique absolu.
» Cristaux jaunes, fondant à i6o° et donnant, par saponification, l'acide tétrachloré
fondant à 222°.
» Vét/ier élliylU/uc se forme dans des circonstances semblables et se présente sous
la forme de cristaux jaunes fondant à i35°.
)) En résumé, l'ctude de ces acides montre :
» 1° Qu'ils prennent naissance dans des conditions identiques à celles
qni permettent de préparer les acides dialcoylamidobenzoylbenzoïques non
chlorés ;
1) 2° Qu'ils diffèrent de ces derniers en ce qu'ils ne sont pas susceptibles
d'être éthérifiés directement, par la méthode ordinaire, et qu'ils ne four-
nissent pasde dialcoylanilines phtaléines quand on essaie de les condenser
avec les dialcoylanilines, par l'intermédiaire de l'anhydride acétique;
» 3° Qu'il se forme, dans ces conditions, des anhydrides mixtes acétyl-
dialcoylbenzoylbenzoïques tétrachlorés ;
» 4° Que ces anhydrides, traités par les alcoolates de sodium, donnent
naissance aux éthers. »
CORRESPONDAIVCE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. -- Sur le développement des fonctions analy-
tiques de plusieurs variables. Note de M. Paul Painlevé, présentée par
M. Darboux.
« Soient z —- x -\- i'i^z /-(cosG + « sin9), w^= y -f- ir, = p(cosw + isinio"),
deux variables complexes, et soit F(r, w) une fonction analvtique de ces
deux variables ( ' ), holomorphe pour s = o, w ~ o. I.a fonction F(:;, w)
est développable en série de Mac-Laurin :
( 1-/ \ '-V ' i àV (^F \'^'
(1) '=r
= 2 (co.j^' + a,jzJ-' w -h. . .^ ajjwJ)= ^ Pj(z, w).
1=0 ;=0
(') Tout ce qui va sui\re subsiste pour un nombre quelconque de variables.
( 9'> ^
et l'on sait que la série
(o) jffo.o' + I «0,1 = 1 + !«(,.«M + l^o.i^"! +■ ■ •
est convergente au moins dans un certain domaine | r | <; A, | n^ j <] B.
» Inversement, considérons une série
/=«. /=»
(')' 2 Pji"^-' «0^2 («0,,-^+ «,,y3(^-)(*' +. . .+ ajjiV'),
et appelons série absolue déduite de (i)' la série (2). Regardons x, ^, y, •/)
comme les coordonnées d'un point de l'espace à quatre dimensions E4, et
soientD le domaine de E,, où la série (i )' converge, D^ le domaine où la série
absolue converge. En général, D est plus grand que D„. Si (:■„, (v„) est un
point de D<j, tous les points du domaine D', défini par les inégalités
I c I < I s„ |. I (i-' I < I Hf„ |, font partie de D„, et la somme de la série (i)' est
une fonction F(3, w) holomorphe dans D'; de plus, «oo» ^ot> ^n' ■■• coïn-
cident avec F(o, o), Fl(o, o), F'„.(o, o), etc.
» Ou ne connaît aucun moyen de définir avec précision le domaine D„
(d'après les singularités de F). Mais il est bien aisé d( définir le domaine D.
» Posons
= i =/^[cos(io — 0) H- Jsin(to — 9)],
z
et soit
pour une valeur donnée de t, soit
/-.H[/,,(co-6)]
le module minimum des points singuliers de F, (z); le domaine de con-
vergence D de ( i)' est défini par l'inégalité r<; H \fr, (w — 6)|, et la surface
limite de D par l'égalité r = H [/"d ('»' ~ 9)j-
■ Prenons, par exemple, F = ^ > et, donnant à z, w des va-
leurs réelles x, y, déterminons le domaine D dans le plan réel xOy. La
série
- = 1 + a: ^- (f-^x^) + ( j' - 2X--J) +. . .
2>'
converge dans l'aire finie comprise entre les deux droites a; = ± i et les
deux paraboles 2)/ = ±(i 4- x"). L'aire D„ est exactement ici l'aire finie
C. R., 1899, 2« Semestre. (T. GXXIX, N» 2.) l3
(94 )
comprise entre les deux paraboles 2y = ± (i — x^); D„ est sensiblement
moindre que D (' ).
» Quand une série (i) converge uniformément dans un domaine (à
quatre dimensions) de E qui comprend l'origine {z = o, (v = o), à son inté-
rieur, elle représente une fonction F(z, «) holomorphe à l'origine, et la
série absolue converge, à coup sûr, dans un certain domaine entourant
rori£;ine. Mais bornons-nous aux valeurs réelles x, y, des variables z, a\
Existe-l-il des séries entières (i)' ou lp„(x,y), gui convergent uniformément
dans une aire du plan xOy entourant l'origine, et telles que la série ab-
solue (2) ne converge en aucun point x„,ya (en dehors des axes Ox, Oy)Ç-);
autrement dit, telles que la somme ¥( x, y) de la série ne soit pas une fonction
analytique de x, y, holomorphe à l origine? C'est là une question fort inté-
ressante, que je signale en passant, et qui ne me semble pas avoir été
étudiée jusqu'ici.
)) Revenons à la fonction analytique F(z, tv), holomorphe au point
0(z = o, (V = o). Soit (s„, «>„) ou P un point quelconque de E,, et L la
demi-droite qui joint OP; prolongeons F(z, w) analytiquement le long
deOP; si le prolongement n'est pas possible régulièrement jusqu'en P,
soit Q ou (z =:a, iv = b) la première singularité de F qu'on rencontre
sur OP; excluons de E< la demi-droite issue de Q et dirigée en sens inverse
de QO. Les jîoints restants de E^ formeront un domaine à quatre dimen-
sions a, qui sera dit l'étoile de convergence (relative à 6 ) de la fonction
F(s, w). Dans les exemples les plus naturels, les singularités de F seront
données par une relation analytique entre z et w, et les points exclus
de E,, seront distribués sur une surface à trois dimensions, engendrée par
une demi-droite (à une dimension) qui dépend de deux paramètres.
» Ceci posé, j'introduis un développement de M. Mittag-Leffler qui
représente : en dehors du segment de droite (i, -H 00) : soit
(3) (T=:tt = 2 P«(=) = 2 (V« + >.,«'-+••■ 4- V„s'').
(') Si l'on donne à la série la forme i ^{x^— 2y) + {x^~ 2'))--t- (x- — 2y)^-h...,
la nouvelle série converge entre les deux, paraboles 27 = ^-±1; elle diverge donc
dans une portion de D.
(-) La réponse me semble devoir être négative, mais je ne l'ai pas démontré rigou-
reusement. Il est facile de former des séries T.p„{x, y) qui convergent par exemple
sur toutes les droites issues de l'origine, faisant avec Ox un angle commensurable
avec T., et qui divergent en dehors de ces droites.
(95 )
Si, dans les P„, on remplace s-' par
, . 1 fdF dF \(J) , . ,
p.{^Z,W-)^^j,[-^^Z+^w) 0 = 0, 1,2,...).
la série 2n„(z, w) ainsi obtenue converge cl représente f{z, w) dans toute
l'étoile a.. Observons que, si la fonction F(::, w) vérifie une équation aux
dérivées partielles, linéaire, homogène, à coefficients constants et où ne
figurent que des dérivées de même ordre, les polynômes pj, et par suite
les n„, vèrijient cette équation. Par exem|)le, une fonction harmonique V des
trois variables réelles x, y, z, se trouve ainsi développée en série de poly-
nômes harmoniques, série qui converge dans l'espace réel, sauf sur les
demi-droites issues des points singuliers de V et dirigées en sens inverse
de l'origine.
» Il est facile de substituer à l'étoile a des étoiles curvilignes, comme
dans le cas d'une seule variable (Comptes rendus, mai «899).
» J'indiquerai, pour terminer, une question qui se pose dans le cas
d'une seule variable et, a fortiori, dans le cas de plusieurs variables. Dans
le développement (3), choisi une fois pour toutes, remplaçons zJ par OjZ^
(y = o, I, 2, . . .), et soit S la série ainsi obtenue, La condition nécessaire
et suffisante pour que S converge uniformément dans une aire comprenant
l'origine, c'est que la condition de Cauchy (limy/|a^ j <C A) soit remplie par
les «;; quand il en est ainsi, la somme de S est une fonction F(= ) holo-
niorphe à l'origine, et a^, a,, a^, . . . coïncident nécessairement avec F(o),
— —^j — —-, •••• Mais on sait, d'après un résultat de M. Borel, que la
série S peut converger uniformément dans une aire B (^n entourant pas l'ori-
gine), pour des valeurs des coefficients a qui ne satisfont pas à la condition
de Cauchy. Il serait donc intéressant de démontrer que deux développe-
ments S qui convergent uniformément, dans une aire B, vers la même
fonction F(:), coïncident : s.\x\.YemQni dit, (\\\un développement S qui converge
uniformément vers zéro, dans une aire B, a tous ses coefficients a^,a,, . . .nuls. »
ACOUSTIQUE. — Contribution à la théorie des instruments de musique
à embouchure. Note de M. Firmin Larroque.
« Il existe deux catégories d'anches. Dans les jeux à anches de l'orgue,
dans l'harmonium, la clarinette, le hautbois, le cor anglais, la musette et
le basson, les anches s'ouvrent vers le réservoir à air. Helmholtz les a
dénommées anches en dedans, pour les distinguer de celles qui s'ouvrent
vers l'extérieur de l'instrument, comme les lèvres dans les embouchures
des instruments en cuivre, et qu'il appelle anches en dehors. Lorsque leur
souplesse le permet, les anches en dedans sont susceptibles, si elles sont
reliées à un espace d'air limité, de produire des sons moins élevés que leur
son propre; les anches en dehors sont, au contraire, susceptibles de
donner, dans les mêmes conditions, des sons plus élevés que leur son
propre. En ce qui concerne les lèvres, leur faible résistance les rend aptes
à donner, sous la pression variable des colonnes d'air vibrantes, des sons
plus aigus que leur son propre; mais leur forme et leur tension variable
n'entrent en considération que parce qu'elles déterminent le son propre
du tuvau qui doit résonner, sans agir en rien sur la hauteur de ce son.
» Dans une colonne d'air vibrante, le lieu du maximum de variation de
pression correspond à celui du minimum de la vitesse des molécules d'air.
La pression des lèvres sur l'anche, leur tension dans l'embouchure, com-
binée avec la pression du souffle de l'instrumentiste, déterminent la for-
mation d'un maximum de variation de pression de l'air, qui est l'origine de
la colonne vibrante.
» Un tuyau cylindrique doiil le diamètre n'est guère supérieur à celui de la tubu-
lure de l'embouchure, ou à la longueur de l'anche (clarinette), rend les sons d'un
tuyau fermé à l'endroit de l'embouchure ou de l'anche, en fonctionnant comme un
tuyau bouché.
» Lorsque le diamètre d'un tuj^au cylindrique est très supérieur à celui de la tubu-
lure de l'embouchure ou à la largeur de l'anche, embouchure ou anche s'adaptent
alors au centre d'un disque de fermeture, ce tuyau rend les sons d'un tuyau fermé à
l'endroit de l'embouchure ou de l'anche, et fonctionnant comme un tuyau ouvert.
» Lorsque l'embouchure ou l'anche est adaptée (avec disque de fermeture) à la base
d'un cône (allongé), et que le sommet du cône est percé d'un orifice de diamètre peu
supérieur à celui de la tubulure de l'embouchure ou à la largeur de l'anche, ce tuyau
fonctionne comme un tuyau cylindrique ayant même diamètre que l'orifice du sommet
et même longueur que le tuj'au conique.
» Lorsque l'embouchure ou l'anche est adaptée au sommet du cône (allongé), le
tuyau fonctionne comme un tuyau cylindrique (large) de même diamètre que la base
du cône et de même longueur que le tuyau conique.
)) L'identité de fonctionnement entre les tuyaux coniques et les tuyaux
cylfndriques n'est pas rigoureuse à tous les points de vue. Par exemple, la
commande du son par les lèvres est moins commode avec le cône renversé
qu'avec le tuyau cylindrique équivalent; avec le tuyau cylindrique large
( 97 )
qu'avec le cône équivalent. Les timbres présentent également des diffé-
rences appréciables.
» La forme conique du tuyau, avec adaptation de l'embouchure au
sommet du cône, est celle qui convient le mieux pour la production de
vibrations extrêmement énergiques, telles que celles des instruments en
cuivre des orchestres. La tension des lèvres dans les embouchures, bien
plus énergique que leur pression sur les anches, permet d'atteindre une
grande puissance vibratoire. Indépendamment du pavillon, dont l'influence
est majeure sur le son et dont nous nous occuperons tout à l'heure, les
tuyaux des instruments en cuivre se décomposent en deux parties : une
partie cylindrique étroite, attenante à l'embouchure, et une partie en cône
allongé, faisant suite à la précédente. La |)roduction du son dans de sem-
blables tuvaux donne lieu à un effet comparable de tous points à celui de
la presse hydraulique, qui amplifie la masse sonore en accroissant la dé-
pense de souffle.
» L'énergie du mouvement vibratoire est favorable à la production des
harmoniques élevés, qui rendent le son éclatant. Mais c'est surtout à leur
évasement terminal que les instruments de cuivre doivent l'éclat et la
portée de leur son. Dans le cor de chasse, le trombone et la trompette, in-
struments dont les sons, caractérisés par de puissants harmoniques élevés,
sont particulièrement éclatants, une importante partie du tuyau est cylin-
drique, puis vient une partie régulièrement conique, et enfin un évase-
ment d'abord graduel et finalement plus brusque. On donne actuellement
à la partie terminale et complètement renversée de l'évasement le nom de
pavillon; en réalité, le pavillon comprend aussi une partie de l'évasement
graduel.
« Celte disposition donne lieu à de très curieux phénomènes d'acoustique :
1) 1° La colonne d'air vibrante, qui a. son origine à l'embouchure, doit, puisque
l'inslrumenl fonctionne comme un tuyau ouvert, présenter, à l'ouverture du tuyau,
un maximum de la vitesse des molécules de l'air (ionde). J'ai trouvé, avec un tout
petit tambourin d'épreuve de Ilopkins, que la surface V correspondant à ce maximum
de vitesse se trouve, dans les instruments à pavillon, reportée à une certaine distance
dans l'intérieur du tuyau (4°'" environ du plan terminal du pavillon, dans un ancien
cor de Raoux); et que cette surface est localisée dans la région axiale du pavillon,
comme si, l'évasement n'existant pas, l'instrument était régulièrement conique
jusqu'en V.
» 2° On peut introduire à l'intérieur du pavillon un tuyau tronconique, prolongeant
jusqu'en V la partie conique de l'instrument, presque sans modifier le timbre :
quelques notes graves seules perdent un peu de leur intensité. Avec un instrument
(98 )
ainsi disposé, on constate que la masse annulaire d'air comprise entre le tronc de cône
et le pavillon vibre par résonance et renforce le son principal et les harmoniques
élevés qui l'accompagnent; mais il faut, pour cela, donner assez de souffle pour
obtenir le son dans toute sa plénitude et avec son caractère, sinon l'anneau ne résonne
pas : il en est d'ailleurs de même sans tronc de cône. Celte masse d'air annulaire
vibrant par résonance est divisée en secteurs résonnants, qui peuvent êlre isolés au
moyen de cloisons situées dans des plans passant par l'axe de l'instrument, et réduits
un à un au silence. Ces secteurs résonnants s'incurvent contre le pavillon qu'ils
longent; ils appartiennent, que l'instrument soit cloisonné ou normal, à la classe des
(I d'onde) tuyaux résonnants fermés à un bout. La forme évasée.du pa\ illon se prête aux
variations de longueur de ces secteurs ; mais ils ne peuvent cependant pas atteindre une
longueur suffisante pour renforcer les sons graves; d'où il résulte que, dans les instru-
ments en cuivre, les notes les plus basses sont faibles. Dans les instruments en cuivre
normaux, cor, trombone, trompette, cornet, basse-tuba, etc., la masse d'air vibrante
se décompose donc en deux parties : une colonne d'air cylindroconique vibrante prin-
cipale, ayant son origine aux lèvres de l'instrumentiste, et un système annulaire de
secteurs d'air résonnants, engainant la partie terminale de cette colonne principale et
engainé lui-même par le pavillon. Ainsi se trouve expliquée l'influence du pavillon
dans les instruments de musique à embouchure.
» La production du son dans ces instruments exige une grande dépense d'air et de
grands efforts de pression; car, outre que la mise en vibration de la colonne d'air
principale représente un travail déjà considérable, une autre somme de travail est
absorbée pour la production des pliénomènes de résonance dans la région du pavillon. »
CHIMIE PHYSIQUE. — Remarques sur l'emploi des cryohydratcs.
Note de M. A. Ponsot, présentée par M. Lippmaiin (' ).
« On connaît la propriété des mélanges cryohydratiques de se solidifier
progressivement par refroidissement à température constante. A cause de
cette propriété, ces mélanges peuvent être employés dans des recherches
de précision, calorimétriques, cryoscopiques, thermométriques, etc. J'en
ai utilisé dans mes recherches sur la congélation des solutions salines : à ce
sujet, il est peut-être utile que je fasse connaître quelques-iilies de mes
observations.
» Février 1898. — J'ai placé une solution de IvCl formée à saturation à la tempé-
rature ordinaire, dans une éprouvette, avec un agitateur et un thermomètre. Cette
éprouvette était plongée dans une solution saturée de ce même sel, placée dans un vase
entouré d'un mélange réfrigérant, composé d'une solution suffisamment concentrée
(' ) Travail fait au laboratoire de Recherches physiques de la Sorboune.
( 99 )
de NaCl et de morceaux de glace ; il s'est produit sur la paroi interne de ce vase une
couche épaisse de crjosel; j'ai noté l'abaissement de température de la solution dans
l'éprouvette. Cet abaissement a été de près de i°,6 dans la première lieure pendant
laquelle s'est produite la congélation; ensuite la température est restée st-alionnaire
pendant plus d'une heure. Pendant ce temps et à des intervalles de un quart d'heure,
j'ai effectué quatre prises de la partie liquide : l'analyse m'a donné pour 5s'' de solution :
3s'', 998, 4°'',oo2, ^"''jOOi et 4""' d'eau. La lecture du thermomètre était faite seulement
au yj de degré : la composition du liquide cryohydralique me montre que la tempéra-
ture dans la dernière heure n'a pas dû varier de plus de yJ^ de sa valeur, soit de
o°,oi environ, la température étant de — 10°, 86.
» J'ai répété la même expérience avec une solution non saturée : la température
s'est abaissée jusqu'à un point où elle est restée stationnaire, et les deux dernières
prises effectuées dans cette condition m'ont donné Ss', 998 d'eau.
» Dans ces deux expériences, j'avais employé du KCl ordinaire. Dans les suivantes,
j'ai employé du chlorure de potassium purifié : les variations dans la composition
cryohydratique ont été un peu plus faibles : elles n'ont pas dépassé 0,002 sur Ss' de
solution. J'ai trouvé 4, 020 et 4,020; 4, 018 et 4,020, puis 4 1O16 et 4iOi8, avec une
température stationnaire, même pendant la solidification de plus du tiers de la solution.
» Les résultats que j'ai publiés dans m/> thèse correspondent à 4°So2i ; ils ont été
obtenus dans mon appareil cryoscopique avec du sel purifié par plusieurs cristallisa-
tions successives et dans des conditions de constance de température observée cette
fois au jI^ de degré : température — 10", 64.
» D'autres expériences sur BAGl^ pur et impur m'ont donné une variation d'en-
viron 0°, 2 du point cryohydratique correspondant à une variation de concentration
, 0,1
» Ces expériences montrent qu'tin même sel peut donner un bain cryo-
hydratique dont la composition, comme la température, dépend du de^ré
d'impureté de ce sel. De plus, tandis qu'on peut obtenir une constance de
température remarquable avec le sel pur, avec le sel impur on observe,
pendant la solidification, une variation de température plus ou moins
grande, encore en rapport avec les impuretés du sel.
)> Cette variation dépend aussi de la fraction de la solution solidifiée
pendant l'expérience, et par suite de la vitesse de refroidissement, qu'on
peut régler, d'ailleurs.
» La nature des impuretés doit avoir une grande influence : c'est du
moins ce que je crois conchire des recherches qui ont été faites par divers
savants sur les cryohydrates de plusieurs sels. Il me paraît non moins
certain que les impuretés d'un sel, dont on ne peut le débarrasser que par
plusieurs cristallisations, ont la moindre influence.
» Dans mes recherches sur la congélation des solutions, j'ai formé mes
lOO
bains cryohydratiques avec des sels purs ou plus ou moins impurs; j'ai
utilisé aussi des mélanges cryohydratiques de deux sels. Jusque vers — 3°, 5
j'ai employé, soit dans les essais, soit dans des mesures définitives, environ
trente bains cryohydratiques; il en est dont j'ai égaré le point de congéla-
tion, tels ceux formés avec la strontiane, le tannin.
)i En voici vingt-six, rangés à peu près (à cause des impuretés), dans l'ordre de
leur congélation :
1) Magnésie, gypse, chlorure de plomb, chaux, bioxyde de baryum, sulfate de chaux
saturé d'alun ammoniacal, alun de potasse, alun ammoniacal, baryte, borax, phos-
phate de soude, bitarlrate de soude, chlorate de potasse, acide borique, ferrocyanure
de potassium, sulfate de cuivre, sulfate de potasse, azotate de plomb, bisulfate de
potasse, sulfate de chaux avec sulfate de soude, sulfate de magnésie, azotate de
potasse, sulfate de chaux saturé de sulfate de potasse, ferricyanure de potassium,
sulfite de soude et hyposulfite de soude.
)) Il est presque inutile d'ajouter que j'aurais pu en trouver encore d'autres.
» Lorsqu'un bain cryohydratique de sel pur se trouve dans un vase au
contact direct d'un réfrigérant, la température de la partie liquide de ce
bain n'est pas toujours indépendante de celle du réfrigérant, ni même de
l'agitation. Cela est dû en grande partie à ce que la vitesse de solidification
du sel ne s'accroît pas autant que celle de la glace dans le refroidissement;
par suite, le bain devient de plus en plus concentré. Mais cette influence
lombe en grande partie et décroît ensuite très vite lorsqu'il se forme une
gaine de masse cryohydratique solide enveloppant le bain, et que cette
gaine augmente d'épaisseur.
» Cette observation m'a conduit à ma méthode cryoscopique. Je termi-
nerai en ajoutant que les cryohydrates solides peuvent être employés aussi
de la même manière que la glace pure. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action du bioxyde d'azote sur les sels de protoxyde
de chrome. Note de M. G. Cuesneau, présentée par M. Ad. Carnot.
« Péligot, et les Auteurs qui, après lui, ont étudié l'action du bioxyde
d'azote sur les sels métalliques, ont constaté que la solution bleue de pro-
toxyde de chrome absorbe ce gaz comme les sels ferreux en se colorant en
brun, mais n'ont pas, à ina connaissance, poursuivi l'étude du composé
formé, sans doute à cause de la difficulté qu'on éprouve à manier les solu-
tions rigoureusement à l'abri du contact de l'air.
( loi )
> Ayant trouvé un procédé simple pour remplir cette condition, j'ai re-
pris cette étude qui m'a fourni quelques résultats, non sans intérêt, dont
la présente Note résume les principaux.
I) Le procédé que j'emploie pour opérer les réactions à l'abri de l'air, consiste à
produire les sels chromeux par la méthode ordinaire de réduction à chaud, par le zinc
pur, des sels chromiques eu dissolution soit neutre, soit acide, mais en recouvrant
celle-ci d'une couche d'huile lourde de pétrole ((/ = 0,870) de o'",5 à o™,io d'épais-
seur qui suffit, sans bouchage spécial (ce que ne fait pas le pétrole ordinaire), à pré-
server le liquide pendant plusieurs semaines contre l'action de l'air: c'est ainsi qu'une
solution de protochlorure neutre de chrome obtenue de cette façon, qui absorbait au
moment de sa préparation 17'^'^, 4 d'oxygène pour 10™, absorbait encore 17°°,! au bout
d'un mois. I^our transvaser la dissolution à l'abri de l'air, il suffit d'en prélever au
moyen d'une pipette à pointe effilée, et recourbée au besoin, en ayant si)in d'aspirer
d'abord une certaine quantité du pétrole surnageant, qui précède et préserve la so-
lution contenue dans le réservoir de la pipette. Le même procédé appliqué aux sels
ferreux permet de constater l'absence totale do coloration par les sulfocjanures. J'ai
pu étudier ainsi l'action de divers réactifs sur les sels chromeux, et obtenir notamment
avec la soude un hydrate (ou sel basique?) chromeux d'un beau bleu turquoise dont
je poursuis l'étude.
» Les solutions chromeuses obtenues, renfermant forcément des sels de zinc, j"ai
commencé par vérifier, ce qui est à prévoir, que leur présence n'influe pas sur l'ab-
sorption du bioxyde d'azote : du sulfate ferreux, additionné de son poids de sulfate de
zinc, m'a donné, en eflet, à 12", 5 une absorption en poids de i'^°',o7 d'AzO pour 2 mo-
lécules de sulfate ferreux, c'est-à-dire à très peu près la proportion indiquée par Pé-
ligot.
» En saturant de même d'AzO (bien purifié de peroxyde d'azote et desséché) une
solution de chlorure chromeux neutre placé sous pétrole dans un flacon pouvant être
purgé d'air par un courant d'hydrogène pur et sec, j'ai obtenu une absorption en
poids de os'',257 d'AzO (soit o™°',oo86) pour 85"="= de solution contenant o™°',0273 de
CrCl-, ce qui correspond à o™°',9l d'AzO absorbé pour 3 molécules de CrCl-, ou à
très peu près à la formule (CrCl-)^, AzO. L'absorption se faisant avec un fort dégage-
ment de chaleur, l'appareil était maintenu dans un bain à la température constante
de 1.5°.
» La solution bleue de chlorure chromeux prend alors une teinte d'un beau rouge
foncé, couleur vin de Porto, très distincte de la teinte brune des sels de fer nitreux.
Elle est d'autant plus rouge que la saturation est obtenue plus vite; mais à l'inverse
des sels de fer dont la coloration ne varie pas, cette couleur rouge devient bientôt brun
verdàlre, au bout d'une heure ou deux à la température ordinaire, instantanément
à 100°. De plus, tandis que les sels ferreux dégagent complètement le bioxyde d'azote
absorbé, soit en les chauffant, soit dans le vide, le chlorure chromeux nitreux, fraîche-
ment préparé ou conservé depuis quelques jours, n'abandonne aucun gaz ni à l'ébulli-
tion, ni dans le vide barométrique; il constitue d'ailleurs bien une véritable combi-
naison, car il n'absorbe plus d'oxygène.
G. H., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N» 2.) l4
( '02 )
» J'ai d'ailleurs vérifie que le bioxjde d'azole qui a traversé une solu-
lion chromeuse froide n'a subi aucune décomposition; il y a donc eu
simple absorption. La liqueur rouge de chlorure chromeux nitreux donne
avec la soude un précipité gris, immédiatement soluble en violet dans un
excès de réactif, sans aucun dégagement gazeux; la solution verdit en peu
de temps.
» Des résultats semblables ont été obtenus avec des solutions acides
de chlorure et de sulfate chromeux. J'ai effectué, en outre, de nombreuses
absorptions en volume de bioxyde d'azote dans des éprouvettes graduées,
sur le mercure, qui m'ont donné les résultats suivants :
» La proporlion de sel chromeux. contenue dans les solutions était déterminée avant
chaque expérience par le volume d'oxygène qu'elle pouvait absorber. En efl'ectuanl
l'absorption d'AzO aussi rapidement que possible (en deux ou trois minutes), par une
violente agitation avec une baguette en verre recourbée, j'ai obtenu une absorption
un peu plus forte que dans le cas d'un courant gazeux barbotant dans la solution : la
même différence avait été constatée par Péligot pour les sels ferreux. La proportion a
varié seulement de i""'',2 à i™°',3 d'AzO absorbé pour 3 molécules de CrCl^, de o°
à 42°, et avec des concentrations variant du simple au quintuple; elle a été de i^^^jOS
pour 3 molécules de sulfate chromeux. Ces résultats différent notablement de ceux
obtenus avec les sels ferreux par M. J. Gay (') qui a constaté une absorption de 1 équi-
valent de bioxyde d'azote : pour 3 équivalents de sulfate de fer au-dessous de 8°, pour
4 équivalents de 8° à 25°, et pour 5 équivalents au-dessus de 20°.
» Enfin j'ai observé que l'absorption du bioxjde d'azote par les sels chromeux est
notablement moindre quand elle se produit lentement : elle tombe alors d'une façon
régulière à o"°',87 pour S'""' de CrCP neutre. Cette particularité me semble provenir
de l'action du chlorure chromeux restant libre sur le chlorure nitreux. J'ai, en effet,
constaté que le chlorure neutre saturé très rapidement à froid d'AzO donne (après
agitation prolongée à l'air pour être sûr qu'il ne reste plus aucune trace de CrCP libre)
un abondant précipité rouge d'oxvdule de cuivre dans la liqueur de Fehling bouillante
(ce qui semble caractériser la formation d'hydroxylamine AzH^O), et ne donne pas
d'ammoniaque avec l'appareil Schlœsing; au contraire, le chlorure neutre saturé très
lentement à froid, ou rapidement à chaud, ne donne rien avec la liqueur de Fehling
et dégage de l'ammoniaque avec les alcalis fixes; quant au chlorure acide saturé à
froid, il donne à la fois les deux caractères.
» Ces faits, ainsi que l'altération rapide des solutions de sels chromeux nitreux,
s'expliquent aisément si l'on admet les deux réactions suivantes :
(!) 2[(CrCP)=, AzO] H- 3W0 = 3Cr-^Cl*0 -+- 2AzIP0,
(2) 2CrCl•^-^-2[(C^Clî)^AzO]-^-31120=:4Cr2Cl*0-^2AzH^
('; Comptes rendus, t. LXXXLX, p. 4 10.
( T03 )
la réaction (i) se produisant seule dans le cas de l'absorption rapide d'AzO à
froid, et la réaction (2) dans le cas d'absorption lente, enfin les deux réactions ayant
lieu simullanément avec le sel chromeux acide. La comparaison des deux équations
montre que, dans le second cas, le volume d'AzO absorbé doit être les | du volume
absorbé dans le premier, pour un même volume de solution chromeuse : c'est ce que
vérifie sensiblement le rapport observé : — — - ^78 pour 100.
' ' 1 , 20 ' '
» En résumé, je pense avoir établi que les sels chromeux en dissolution
absorbent le bioxyde d'azote comme les sels ferreux, mais en donnant une
seule combinaison contenant i molécule d'AzO pour 3 iTiolécules de sel.
Cette combinaison se décompose d'elle-même rapidement, surtout à chaud
ou en présence des acides, mais sans aucun dégagement gazeux, à l'inverse
des composés similaires du fer, l'azote du bioxyde se transformant en hy-
droxylamine ou en ammoniaque, et son oxygène se fixant sur le sel chro-
meux. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les sulfoantimoniies métallique<; (*).
Note de M. Pouget, |)résentée par M. Troost.
« Dans une précédente Communication y^), j'ai montré que l'action de
V azotate d' argent sur les solutions de sulfoantimonite normal de potassium
SbS'K' pouvait donner naissance à deux composés :
SbS'Ag%
SbS'Ag^R.
>i I. Les sels de zinc, de manganèse, de plomb donnent des résultats
semblables.
» L'addition d'une solution d'un de ces sels à une solution étendue de sulfoantimo-
nite (imoi dans 10''') y produit un précipité volumineux, amorphe de sulfoantimonite
trimélallique.
Sb^S'Zn*, orangé;
Sb-S^Mn', rose sale;
Sb^S^Pb', marron.
» Avec les solutions concentrées de sulfoantimonite, c'est le même composé qui se
(') Laboratoire de Chimie de la Faculté des Sciences de Rennes.
( -) Comptes rendus, t. CXXIV, p. i5i8.
( lo/j )
forme d'abord ; mais il se transforme très rapidement, pourvu que le sulfoantimonite
de potassium soit en excès, en un précipité cristallin correspondant à l'une des
formules
SbS^ZnK, blanc;
SbS'MnK, rose;
SbS',PbK, marron.
» Ces corps sont facilement décomposés par l'eau qui les transforme en sulfo-
antimonites trimélalliques, cristallins, el différant par leur aspect des sulfoantimonites
trimétalliques obtenus directement avec les solutions étendues.
i> Avec les sels de fer {sels ferreux), de nickel, de cobalt, les composés qui
prennent naissance sont très oxydables, ce qui en rend la séparation difficile. En
solution étendue, c'est encore le sulfoantimonite trimétallique Sb-S'^Fe', Sb^S^Ni^,
Sb-S^Co', qui précipite; en solution concentrée, le précipité contient toujours du
potassium.
» II. Les sels de cuivre se comportent, avec les solutions de sulfoantimonite, d'une
manière différente; le phénomène de double décomposition est généralement accom-
pagné d'une réduction qui donne finalement nais^nce à un sulfoantimonite cuivreux.
» Avec les solutions étendues d'orthosulfoantimonite il se produit, par l'addition
d'un sel de cuivre, un précipité noir de sulfoantimonite cuivrique Sb^S'Cu', si le sel
de cuivre est en excès; mais si, au contraire, c'est le sulfoantimonite de potassium qui
est en excès, le précipité déjà formé est réduit peu à peu à l'état de sulfoantimonite
cuivreux SbS^Cu'.
» Avec les solutions concentrées de sulfoantimonite, le précipité noir qui se forme
tout d'abord se transforme rapidement au contact de l'excès de sulfoantimonite en un
précipité jaune cristallin de sulfoantimonite dicuivreux monopotassique SbS'Gu-K.
n Ce dernier corps est, comme les composés analogues d'argent, de zinc, de manga-
nèse, de plomb, facilement décomposé par l'eau, le résidu rouge brun cristallin con-
stitue encore du sulfoantimonite cuivreux SbS^Cu*.
» Avec les sels de mercure (sels mercuriques) la réduction est plus énergique : le
mercure est précipité à l'état métallique.
)> Ces phénomènes de réduction s'expliquent par la facilité avec laquelle les sulfoan-
timonites se transforment par oxydation en sulfoantimoniates.
;) En résumé, l'action des sels métalliques sur les solutions tle sulfoanti-
monite de potassium dissous peut donner, par double décomposition :
» i" Un sulfoantimonite trimétallique SbS^M^;
. 2° Un sulfoantimonite double SbS'M'K.
» Dans aucun cas je n'ai pu préparer le sel monométallique SbS^MR-;
!) 3° La double décomposition est quelquefois accompagnée d'une
réduction.
» Les solutions d'orthosulfoantimonite de sodium et de lithium four-
nissent des résultats semblables. »
( io5 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de la phénylhydrazine sur les bromures, chlo-
rures et iodures alcooliques. Note de M. J. Allain-Le Canu, présentée
par M. Troost (').
» MM. Genvresse et Bourcet ont étudié {Comptes rendus, t. CXXVIII,
p. 564 ) l'action de la phénylhydrazine sur les iodures de méthyle et
d'éthyle.
) Les bromures et les chlorures alcooliques se conduisent en général
d'une manière différente des iodures correspondants ; nous nous sommes
demandé s'il en serait de même quand on ferait réagir ces corps sur la
phénylhydrazine. Nous avons voulu également voir comment se compor-
terait cette dernière avec les iodures alcooliques supérieurs.
» Action du bromure d'éthyle sur la phénylhydrazine. — i°Nous avons d'abord
agi eu solution éthérée. Dans une solution éthérée de phényllijdrazine, refroidie par
un mélange de glace et de sel, nous avons versé peu à peu et en agitant avec une
baguette du bromure d'éthyle exempt d'acide bronihjdrique (demi-molécule de bro-
mure d'élliyle pour une de jîliényllivdrazine).
» Au bout de vingl-qualre heures, le liquide s'est pris en une masse d'aiguilles bril-
lantes, que nous avons essorées à la trompe, lavées à l'éther et dissoutes dans l'alcool
absolu. La solution alcoolique, refroidie vers — 15°, a cristallisé en partie en donnant
de belles aiguilles, que nous avons lavées avec un peu d'élher et séchées sur l'acide
sulfurique. L'analyse complète de ce corps montre que nous nous trouvions en pré-
sence d'un bronihydrate basique de phénylhydrazine, contenant deux molécules de
phénylhydrazine pour une molécule d'acide bromhydrique.
» A ce sujet, nous ferons remarquer que M. Moitessier a trouvé récemment des
combinaisons des chlorures, bromures, iodures et sulfates métalliques avec plusieurs
molécules de phénylhvdrazine.
» Nous considérons le corps précédent comme une combinaison de bromhydrate de
phénylhydrazine avec une molécule de phénylhydrazine. En effet, ce corps se dissocie
en présence de l'alcool. Chauffé longtemps à l'étuve à 100°, il perd une molécule de
phénylhydrazine. La perte est, en effet, de 06,10 pour 100 et la théorie exigerait 36, 61.
» Ce corps est peu soluble dans l'éther, soluble dans l'alcool, très soluble dans l'eau.
La solution aqueuse est acide au tournesol, elle donne, avec le nitrate d'argent, un
précipité blanchâtre noircissant très rapidement. La potasse met la phénylhydrazine
en liberté. Ce corps fond vers igS" en se décomposant.
» 2° En solution alcoolique, on obtient un corps différent qui n'est autre chose que
du bromhydrate de phénylhydrazine. Nous avons, du reste, vu que le corps précédent
se dissociait en présence de l'alcool.
» Nous avons reconnu le bromhydrate de phénylhydrazine à son point de fusion et
( ' ) Travail fait au laboratoire de Chimie de la Faculté des Sciences de Besançon.
( 'o6)
à sa teneur en brome, ainsi qn'à son aspect. Ce corps cristallise, en effet, en belles
lamelles nacrées.
» Action du chlorure d'éthyle sur la phénylhydrazine. — Le chlorure d'élliyle
se comporte vis-à-vis de la phénylhydrazine comme le bromure d'éthyle.
» Nous avons opéré exactement dans les mêmes conditions et obtenu suivant le cas
un chlorhydrate basique de phénylhydrazine et du chJorludrate de phénylhydrazine.
Seulement la combinaison de deux molécules de phénylhydrazine avec une d'acide
chlorhydrique est moins stable que la combinaison correspondante avec l'acide brom-
hydrique, une molécule de phénylhydrazine s'en allant beaucoup plus facilement que
précédemment.
» La combinaison basique fond vers 226° en se décomposant. Elle a les mêmes pro-
priétés que la combinaison bromhydrique correspondante.
» Action des iodures propylique et butylirjae normaux sur la phénylhydrazine. —
Nous avons opéré encore comme précédemment et nous avons trouvé que les iodures
de propyle et de butyle ne se comportent pas tout à fait de la même manière que les
iodures de méthyle et d'éthyle avec la phénylhydrazine. En elTet, si nous avons bien
obtenu des composés analogues à l'un de ceux de MM. Genvresse et Bourcet et ayant
pour formule (G«H=AzH. Azn2)2C'H- 1 et (C^H^AzH. AzH'-)"-C*H='l, nous n'avons pu
obtenir les composés G6H»Az=I^^(C'H')M et C«H^ Az^H^(C»H')^L
» Le composé (C^H^AzH. AzH^)-G^H"I cristallise de l'alcool en un feutrage d'ai-
guilles brillantes; elles sont solubles dans l'alcool et l'eau, peu solubles dans i'éther.
Elles fondent vers 122°.
1) La combinaison correspondante obtenue avec l'iodure de butyle normal fond à
126° et a les mêmes propriétés que le composé précédent.
)) Conclusion. — Comme nous le prévoyons, les chlorures et bromures
alcooliques ne se comportent pas de la même manière avec la phénylhydra-
zine que les iodures correspondants; les iodures alcooliques supérieurs
se conduisent aussi d'une manière m\ peu différente des iodures de mé-
thyle et d'éthyle vis-à-vis du même réactif. »
CHLMIE ORGANIQUE. — Sur les aminocampholénes . Note
de MM. E.-E. Blaise et G. Blanc, présentée par M. Henri Moissan (*).
« La formule de constitution du camphre proposée par M. Bouveault
établit entre les acides isolauronolique et [i-campholénique la relation
suivante
CH' CH' GH3 CH'
CH' ^'c - CO'' H CH"' — lie — CH« - CO'' H.
(') Laboratoire de Chimie organique de la Sorbonne.
( I07 )
Comme, d'ailleurs, la constitution de l'acide isolauronolique semble établie
avec certitude, alors que celle de l'acide fl-cam|)holénique est encore dou-
teuse, il était intéressant de chercher à vérifier la relation précédente.
» En réduisant le nitrile isolauronolique, l'un de nous a obtenu un
aminodihydrocampholène ( ' ) :
CH= CIP CH' Cil'
'" XII^ , 9, GIF
GH^/ ^.C-^ ^Cm ^^CH
CH^— C- CAz CIP
'CH- CH^ — AzH2
Si la relation que prévoit la théorie est exacte, l'aminocampholène cor-
respondant à ce dérivé dihydrogénédoit résulter de l'action de l'hypobro-
mite de potassium sur la fl-carnpholénamide
CH' CH» CH' Cil'
,CH' CH'
M_0-=CO-^ +
CH°- ^C - CH2 — CO - Az 112 CFP ' — C — CH^ - Az H^
et se transformer, par hydrogénation, en une base identique à celle qui
dérive du nitrile isolauronolique.
» Lorsqu'on traite la |3-canipliolénamide par rhypobromite de potassium, dans des
conditions déterminées, on obtient en eflfet le p-aminocampholène. Celte base con-
stitue un liquide incolore, mobile, à odeur ammoniacale, bouillant à iSS" sous la
pression atmosphérique. Sa densité à t5° est de 0,8778 et son indice de réfraction a
pour valeur «1,^1,4770; on en déduit, pour sa réfraction moléculaire, Ni, = 44.83, la
valeur calculée étant 45,23.
» Le p-aminocampholène donne un chlorhydrate cristallisant en longues aiguilles
qui fondent à i94°-i95° sans se décomposer et un chloroplatinate qui se décompose
au-dessus de 200°. Le picrate correspondant, C'II" Az.CII'Az'O', fond à 228''-229°.
linfin, en traitant le p-aminocampholène par l'éther oxalique, on obtient une oxa-
mide fusible à iii»-ii2''; le cyanate de potassium réagissant sur le chlorhydrate de
la base donne de même une urée fusible à io8°-io9".
» Nous avons traité de même l'a-campholénamide par l'hypobromile de
potassium, et nous avons ainsi obtenu une nouvelle base, isomère de la
(') G. Blanc, Bull. Soc. chim., Z' série, t. XXI, p. 822.
( io8 }
précédente : IV-aminocampholène
CIP CH»
CH^^ — CH ~ CH'- AzlP
j) Ce corps bout également à i85°. Sa densité à i5» et son indice de réfraction ont
respectivement pour valeur : 0,879.5 et 1,4797; °" ^" déduit, pour la réfraction mo-
léculaire, la valeur Nj, = 44)88-
» Le chlorhydrate cristallise en petits prismes et fond à 253°. Le picrate fond à 219°
et l'oxamide correspondante cristallise en aiguilles fusibles à iSi". En traitant le
chlorhydrate de la base par le cyanate de potassium, on obtient enfin une urée cris-
tallisant en lamelles nacrées et fondant à ii9°-i20''.
» Il est à remarquer que les dérivés de l'a-aminocampholène fondent
sensiblement aux mêmes températures que les dérivés correspondants du
dihydro-aminocampholène, exception faite pour l'urée.
» L'action de l'acide iodhydrique bouillant à 127° sur ry.-aminocampho-
lène est également intéressante; en effet, si l'on fait bouillir l'iodhydrate
de cette base avec de l'acide iodhydrique, on constate une décomposition
rapide en iodure d'ammonium et un carbure probablement identique au
campholène.
» Nous n'avons pas réussi jusqu'ici à réaliser l'hydrogénation des amino-
campholènes; la réduction au moyen du zinc et des acides iodhydrique ou
chlorhydrique étendus, du sodium et des alcools éthylique ou amyUque
bouillants, conduit en effet, non pas à l'aminodiliydrocampholène, mais à
une base à point d'ébullition beaucoup plus élevé et qui résulte du dou-
blement de la molécule primitive. D'autre part, la réduction, au moyen de
l'acide iodhydrique à chaud, ne peut être utilisée puisqu'il détermine une
décomposition; nous avons reconnu d'ailleurs que cet acide est sans ac-
tion sur la base dihydrogénée.
>) Nous poursuivons nos recherches sur ce sujet dont nous nous réser-
vons l'étude. »
( lOf) )
CHIMIE ORGANIQUE. — Contrihution à V étude d'une oxyptomaîne.
Note de M. OEchsner de Coninck ( ' ).
« J'ai fait connaître l'année dernière (Comptes rendus, séance du 28 fé-
vrier i8q8) une oxyptomaîne qui prend naissance dans l'action de l'eau
oxygénée sur une ptomaïne pyridique
C«H"Az-|-0 =C«H"AzO.
)) J'ai décrit en même temps son chlorhydrate et son chloroplatinate que
j'avais obtenu à l'état de précipité; je reviendrai aujourd'hui sur ce dernier
sel.
» Pour le préparer à l'état cristallisé, j'ai ajouté, à une solution étendue du chlorhy-
drate C'H"AzOHCl, une solution aqueuse renfermant iS"- de chlorure platinique pour
aSs'' d'eau distillée. La liqueur est concentrée, à basse température, sous une cloche en
relation avec une trompe à eau; la concentration doit être conduite lentement. Peu à
peu le chloroplatinate se dépose sous forme d'assez larges paillettes, à bords nets,
paraissant cristalliser dans le système orthorhombique; il renferme alors i molécule
d'eau de cristallisation
[(C»H"AzO.HCl)^ PtCl*]^IPO.
. Ce sel n'est pas décomposé par l'eau froide, à peine par l'eau tiède, complètement
par l'eau bouillante.
» Bromhydrate C«H"AzO.HBr. — Ce sel, préparé avec une solution étendue de
l'hydracide, ressemble beaucoup, par son aspect extérieur, au chlorhydrate. Il se pré-
sente en lames allongées, blanches et douées d'éclat nacré. Légèrement déliquescent,
il se dissout avec facilité dans l'eau froide; l'eau tiède ne le décompose pas, mais l'eau
bouillante le détruit rapidement.
» C/i/orai</ffie C'H"AzO.IICl -f- AuCl". — Précipité jaune clair, obtenu en mé-
langeant des solutions étendues de chlorure d'or et du chlorhydrate, et concentrant
sous pression réduite et à la température ordinaire. Ce sel n'est pas déliquescent: il est
assez soluble dans l'eau, mais si l'on évapore cette solution au bain-marie, il y a
décomposition totale. J'ai fixé sa composition en dosant successivement le chlore,
l'azote et l'or.
» Cliloromercurate [C«II" AzO, HCl]''', 3HgCl- ; précipité blanc, très dense, qui
se dépose lorsque l'on mélange des solutions concentrées des deux sels. Ce cliloromer-
curate qui, d'après les dosages de mercure et de chlore, est un sesquisel, est insoluble
(') Ce travail a été fait dans mon laboratoire, à l'Institut de Chimie de la Faculté
des Sciences de Montpellier.
G. R., 1899, 2- Semestre. (T. CXXIX, N» 2.) l5
( IIO )
dans l'eau frnide, un peu soluble dans l'eau tiède, décomposable à la longue par l'eau
bouillante.
» En résumé, l'oxvptoraaïne on collidone, C*H"AzO, fournit des sels
simples et doubles qui se rapprochent des sels similaires des ptomaïnes
pyridiques que j'ai découvertes, en ce qu'ils sont stables en présence de
l'eau froide, et qui en diffèrent en ce qu'ils sont, non pas modifies, mais
décomposés par i'eau tiède ou par l'eau bouillante. "
CHIMIE ORGANIQUE. Nouveau mode, de dosage acidimètrique des alcaloïdes.
Note de M. Eue Falières.
« La méthode acidimètrique, qui tend de plus en plus à remplacer la
pesée pour le dosage des alcalo'ides, ne présente pas, on le sait, la préci-
sion rigoureuse qu'il est possible d'obtenir avec les alcalis minéraux.
» Tout d'abord, la nature basique des alcaloïdes, moins accusée que
celle des alcalis minéraux, ne leur permet pas d'agir avecla même énergie
sur les indicateurs colorés. Il en résulte, dans la plupart des cas, des
virages progressifs, des teintes de passage, et. pour chaque opérateur, un
choix arbitraire de la nuance qu'il considère comme le terme de la
réaction . Dans son Étude sur les indicateurs employés pour le dosage acidimè-
trique des alcaloïdes, Lyman Kléber signale « ce facteur personnel d'erreur »
comme un réel défaut de la méthode.
M En second lieu, un même indicateur ne peut pas être utilisé pour
tous les alcaloïdes. La présence, par exemple, d'atropine dans une solu-
tion exclut l'emploi du tournesol. En outre, avec les alcaloïdes bruts et
les liquides d'extraction, le virage est, le plus souvent, masqué par la pré-
sence de matières colorantes étrangères.
» J'ai recherché, en dehors des indicateurs colorés, une réaction finale
nette, non influencée par la coloration des solutions, et capable de se pro-
duire également avec tous les alcaloïdes.
» Je me suis adressé, dans ce but, à la solution d'oxvde de cuivre
ammoniacal, déjà utilisée pour doser l'acidité libre dans certaines solutions
salines. Avec cette liqueur, on obtient, au terme de la réaction, non plus
un phénomène de coloration, mais un précipité d'oxyde de cuivre qui
trouble, de la façon la plus apparente, le liquide en expérience. La forma-
tion de ce précipité n'est pas modifiée par la présence d'un sel d'alcaloïde.
( ". )
» La solution d'oxyde de cuivre ammoniacal se prépare en dissolvant iqb' de sulfate
de cuivre dans un demi-litre d'eau environ; on ajoute de l'ammoniaque, en agitant
jusqu'à ce que le précipité qui se forme d'abord soit presque complètement dissous;
on complète avec de l'eau le volume de looo'^'^; on filtre, et l'on titre par rapport à de
l'acide sulfurique déci-normal.
» Dans un vase cylindrique étroit, on introduit io''S' d'alcaloïde avec 20'^'^ d'acide
N .
sulfurique — ; on dispose le vase sur fond noir et, après dissolution, on verse la liqueur
d'épreuve jusqu'à formation d'un louche persistant. Le volume de solution d'oxyde
de cuivre ammoniacal qui est consommée représente seulement l'acide libre. Ce nombre
soustrait de 20" exprime l'acide combiné à l'alcaloïde et, par suite, le poids même de
l'alcaloïde.
» Une solution de spartéine, préparée comme il vient d'être dit, a consommé 8", 3
de solution d'oxyde de cuivre ammoniacal, correspondant à i5"^'^,63 d'acide sulfurique
N .
— libre, soit à l^'''',3^] d'acide combiné :
0,0234 X 4)37 = o™B'', 102 de spartéine (théorie ;zr o™?'', 100).
» Des dosages faits dans les mêmes conditions avec les alcaloïdes suivants : morphine,
codéine, cinchonine, cinchonidine, quinidine, strychnine, cicutine, atropine, vératrine,
brucine, ont fourni des résultats aussi satisfaisants.
» En appliquant ce procédé au titrage des quinquinas, j'ai constaté qu'il
permet d'effectuer le dosage des alcaloïdes totaux dans le premier liquide
d'extraction; les matières étrangères qui le souillent sont sans inQuence
sur l'apparition du précipité d'oxyde de cuivre.
» Il devient alors inutile de recourir aux purifications successives,
recommandées par les auteurs, précisément dans le but d'éliminer ces
impuretés et d'obtenir des liquides se prêtant à l'emploi d'un indicateur
coloré.
» Des essais variés montrent que le procédé peut être appliqué au
titrage rapide de tous les produits végétaux alcaloïdiques. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le benzoylfurfurane. ■
Note de M. R. Marqdis. (Extrait.)
« Au cours de recherches que je poursuis actuellement dans la série du
fulfurane, j'ai été amené à préparer le benzoylfurfurane. Cette cétone s'ob-
tient facdement en faisant réagir le chlorure de pyromucyle sur le benzène
en présence du chlorure d'aluminium ....
( 'I^ )
» Le benzoylfurfurane est un liquide incolore, passablement visqueux, non solidi-
fiable à — iS", d'une faible odeur agréable.
» Il brunit fortemenl quand on le conserve, même à l'obscurité. Les résultats de
l'analyse s'accordent avec la formule C'H'O — CO — C*H=.
» Il bout à 185° sous 43""°; à 186° sous 46°"°; à 164° sous ig-""".
» Sa densité est de i,i83 à 19°.
» L'oxydation par le permanganate de potasse donne de l'acide benzoïque et un
autre acide : F =: 52° environ, non encore étudié.
)) Oxinie. — L'oxinie se dépose en fines aiguilles colorées en jaune. Rendement
85 pour 100.
» On la purifie, quoique difficilement, par dissolution dans le benzène et précipita-
tion par l'éther de pétrole.
» Elle est extrêmement soluble dans les solvants organiques.
» Elle fond à 182" et se décompose un peu au-dessus.
» L'anhydride acétique donne deux dérivés acélylés, dont l'un fond à 68° et l'autre
à 109°.
» Base C*1P0 — CH — C*H'. — La réduction de l'oxime du benzoylfurfurane
AzH^
conduit à une base nouvelle, la phénylfurfurylamine.
>i Dans un ballon, cliaulfé au bain-marie, on dissout à l'ébullition 5s'' d'oxime dans
100"^ d'alcool absolu; on ajoute du sodium en morceaux assez gros; quand la masse
devient trop visqueuse, on rajoute un peu d'alcool, puis de temps en temps un mor-
ceau de sodium jusqu'à concurrence de 20=' environ ....
» La base passe à i67"-i68° sous 43"'™-44""", ou à i44°-i45° sous 17™™. On obtient
un peu plus de Sb"' de base, soit un rendement de 67-68 pour 100. Cette base est un
liquide parfaitement incolore, d'une très faible odeur; elle brunit légèrement, même à
l'obscurité, et perd spontanément de l'ammoniaque au bout de quelques semaines.
» Le chlorhydrate est en petits prismes extrêmement solubles.
» Le chloroplatinate se forme en dissolvant la base dans HCl et ajoutant du chlo-
rure de platine. Le tout se prend en une masse de petites lamelles dorées, facilement
solubles dans l'eau chaude, peu solubles dans l'eau froide. Il se décompose à 100".
Cristallisé, il possède la formule
[C^H»- (CH - ÂzH) - C*H'O.HCl]nnCl*.2H20.
» L'anhydride acétique donne avec la base un dérivé acétylé F = 127'', facilement
cristallisable dans l'alcool très étendu bouillant.
» Les recherches que je poursuis ont pour but la préparation de la fur-
furane-amine
CH — CH
il II
CH C — AzH^
\/
O
( 'i^ ;
Il est possible, en effet, que par la transposition moléculaire de l'oxime du
benzoylfurfurane suivant le processus de Beckmann, on obtienne la ben-
zoylfurfurane-amine, qu'il sera facile de dédoubler. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Les éguls, nouveaux antiseptiques généraux.
Note de M. E. Gactrelet. f Extrail. )
« Lorsqu'on nitrose les dérivés parasulfonés des phénols en général, on
( phénol \
arrive à faire assez facilement absorber aux acides orlhonitro < crésol }
thymol )
parasulfoniques une quantité de mercure égale à un demi-alome par
atome du phénol primitif employé dans la réaction.
[ phénol j
>) On obtient ainsi les homologues orlhonitro ( crésol ' parasulfonates
( thymol )
de mercure et de potassium, auxquels nous avons donné le nom générique
d'ÉGOLS, les différenciant par les dénominations particulières de phénégol,
créségol, thymégol, d'après le phénol radical.
» .... Les égols sont des composés très stables ; le mercure ne peut y
être décelé que par la calcination avec la chaux sodée, ou par attaque à
chaud du produit par le chlorate de potasse et l'acide chlorhydrique, et
encore très difficilement; c'est la dernière méthode qui a été employée
pour l'analyse élémentaire.
» Par calcination, il y a décomposition des égols, formation tout d'abord
de sulfocyanure de mercure se manifestant sous forme de serpent de Pha-
raon, et finalement de sulfure de mercure.
» L'ébullition avec le sulfate ferreux réduit les égols à l'état de sels
amidés incolores.
» Les égols se combinent avec l'iode comme avec l'arsenic, atome par
atome du phénol radical.
« Propriétés générales. — Les égols se présentent sous forme de poudre
rouge brun; ils sont difficilement cristallisables, par évaporation des
solutions hydro-alcooliques diluées, dans le système rhomboédrique.
" Ils sont solubles dans l'eau en toute proportion et à froid; ils sont
insolubles dans l'alcool concentré.
» Les solutions aqueuses des égols sont sans odeur ni saveur particu-
lières : elles sont neutres et ne sont ni caustiques, ni irritantes; elles ne
coagulent pas les albumines, ne sont pas décomposées par les matières
organiques et précipitent les toxines.
» Les égols ne sont ni volatils, ni inflammables, ni explosifs.
M Ils ne sont pas toxiques, puisqu'il en faut au moins 26' par kilogramme
(le poids d'animal pour déterminer la mort, quand on les introduit par
la voie hypodermique. Par la voie stomacale, ils sont émétiques.
» L'élimination des égols est rapide, car les animaux qui reçoivent deux
fois la dose toxique répartie en vingt jours consécutifs, n'éprouvent aucune
altération de la santé et même engraissent fortement.
» Les égols sont des bactéricides forts (3° classe de Miquel) puisque, à
la dose de 4^"^ pour 1000, ils entravent dans les milieux de culture toute
prolifération bactérienne, et qu'ajoutés à la même dose à des bouillons sté-
riles ils en maintiennent la stérilisation. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. - Sur le rôle de la chaleur dans le fonctionnement
du muscle. Note de M. Raphaël Dubois.
« Les recherches expérimentales que j'ai poursuivies pendant plusieurs
années sur les Marmottes, au point de vue de la biothermogenèse, m'avaient
conduit à admettre depuis longtemps que la chaleur produite par les orga-
nismes, en particulier dans le système musculaire, ne devait pas être con-
sidérée comme un simple déchet du travail physiologique, destiné à être
éliminé à la manière des excréta, mais bien au contraire comme une con-
dition de perfectionnement utile et m.ême nécessaire au fonctionnement
physiologique (').
» Cette opinion a été adoptée par quelques auteurs, mais il m'a semblé
que, pour en fournir une démonstration expérimentale, les faits connus
n'étaient pas suffisants. J'ai pensé qu'il était nécessaire de comparer, chez
un même individu d'une même espèce, le fonctionnement d'un muscle
normalement et physiologiquement reft-oidi avec celui de ce même muscle
normalement et physiologiquement réchauffé.
» La Marmotte se prête admirablement à ce genre de recherches : elle nous a fourni
(') Etude sur le mccanisme de la Ihermogenèse et du sor)iineil chez les Mammi-
fères {Annales de l'Université de Lyon; 1896).
( "5)
des renseignements plus précis et plus complets que ceux qui avaient été obtenus
autrefois par Valentin parla comparaison du fonctionnement musculaire chez la Mar-
motte froide et chaude. Nous ne pouvons donner ici que les conclusions principales
de notre travail (') :
» 1° Le temps perdu de la contraction musculaire est un tiers plus court chez la
Marmotte chaude que chez la Marmotte froide;
» 2° La durée de la période d'activité croissante est, ainsi que la période d'activité
décroissante, moitié plus courte chez la Marmotte chaude;
» 3° La tétanisation s'obtient avec un nombre d'excitations trois fois moindre pour
la Marmotte chaude;
» 4° La puissance de travail est très augmentée chez la Marmotte chaude, qui peut
non seulement soulever des poids plus lourds, mais encore les élever à une plus grande
hauteur, et cela dans un temps plus court. L'optimum des poids soulevés est dix fois
plus fort chez la bête chaude;
» 5° Le muscle de la bête froide dégage moins de chaleur pour une même excita-
tion et un même poids soulevé;
» 6° La fatigue musculaire se montre beaucoup plus vite dans le muscle de la Mar-
motte chaude que dans celui de la Marmotte froide. Le même elTet se produit avec le
muscle cardiaque isolé de l'animal.
1) Dans les conditions expérimentales où nous nons sommes placé, on
ne peut attribuer les différences observées ni à l'insuffisance de l'oxygène,
ni à celle des aliments hydrocarbonés chez la Marmotte froide, mais à la
plus ou moins grande quantité de chaleur mise à la disposition du muscle.
» Dans les limites normales, la chaleur constitue une condition phy-
sique de milieu favorable au développement de la puissance de travail du
mu.scle. "
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUI::. — Nouvelles observations sur l'échidnase.
Note de M. C. Phisalix, présentée par M. A. Chauveau.
c L'existence dans le venin de vipère d'un principe phlogogène qui se
rapproche des ferments diastasiques est aujourd'hui bien démontrée : j'en
ai donné une preuve directe en l'isolant des autres principes du venin par
des précipitations alcooliques successives. La présente Note a pour but
d'apporter de nouveaux documents relatifs au mode de sécrétion et aux
(') La série de recherches concernant la Marmotte froide a été faite sur un sujet
dont la température rectale était voisine de celle du laboratoire, c'est-à-dire de 16°
à 17° en état de réveil, et la série relative à la Marmotte chaude sur le même sujet, au
moment où sa température rectale était de 82" à 34°.
( I'« )
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Cultures du ^ectria, parasite des chancTts
des arbres. Analogies de ces cultures avec celles du champignon parasite du
cancer humain. Note de M. Bra, présentée par M. Armand Gautier.
« Nos premiers essais ont consisté à ensemencer dans un bouillon de
raisins secs peptonisc à i5 pour looo des fragments de chancres du chêne,
du sapin, du pommier, du frêne. Ces fragments, prélevés le i)Ius asepti-
quement possible dans la profondeur, étaient rapidement flambés, puis
introduits dans le milieu de culture. Nous avons aussi ensemencé les péri-
thèces rouges qui existent à la surface des mêmes chancres. A la suite
d'objections qui nous ont été récemment présentées, nous sommes enfin
parti pour nos ensemencements de la conidie cylindrique typique du Nectria
ditissima du chancre du pommier préalablement et parfaitement isolée.
» Dans l'un et l'autre cas, indépendamment des conidies septées, incurvées et de
toutes dimensions du Nectria ditissima et de ses tubes de germination, apparaissent
dès les premiers jours, dans les cultures, des spores rondes mesurant il^ environ et
agitées d'un mouvement brownien, puis des éléments globuleux de forme de levures,
analogues aux. sphérules du champignon que nous avons isolé des tumeurs cancéreuses
humaines et qui ont fait l'objet d'une Note présentée à la Société de Biologie, le 1 2 no-
vembre 1898 et d'un article publié par la Presse médicale, le 22 février dernier.
» Ces sphérules sont réfringentes, de couleur vert clair. Elles sont arrondies,
ovoïdes ou polyédriques. Leur diamètre va de 3!^ à i5H-. Elles possèdent une masse
plasmique centrale homogène ou plus ou moins irrégulièrement granuleuse; une cap-
sule achromatique à simple ou double contour. Elles ont une grande tendance à s'agglo-
mérer. Elles se reproduisent le plus souvent par voie endogène et, dans quelques cas,
par bourgeonnement. Il résulte de nos observations les plus récentes que, dans quelques
cultures et dans certaines tumeurs, les sphérules du champignon humain peuvent
aussi bourgeonner à la façon des levures.
» Spores, sphérules, conidies, hyphes présentent mêmes réactions colorantes et
mêmes caractères biologiques que ceux du parasite humain.
» Les ressemblances morphologiques s'accentuent jusqu'à l'identilé, lorsqu'on
transporte dans le bouillon de mamelle les cultures obtenues dans le bouillon végétal;
les dimensions et les formes des conidies du Nectria se rapprochent ainsi de plus en
plus de celles du champignon du cancer humain.
» Le champignon sous sa forme globuleuse existe, d'ailleurs, non seulement dans
les cultures, mais dans les coupes de cancers des arbres où il est facile de le mettre
en évidence par le procédé de Gram, comme nous l'avons démontré pour les tumeurs
cancéreuses humaines.
( "9 )
» Ces sphérules ont été vaguement décrites par Harlig (').
» Les inoculations que nous avons pratiquées avec M. H. Chaussé con-
tribuent à rendre plus saisissante la parenté des deux parasites.
» Grâce à l'obligeance de M. Daubrée, directeur des Forêts au Ministère de l'Agri-
culture, nous avons inoculé dans la forêt de Meudon, avec des cultures de parasite
humain, des arbres éloignés de toute tache chancreuse. Six mois après, des chancres
apparaissent sur le frêne, le merisier, l'érable sycomore. Un orme est atteint de can-
cérose généralisée; une vingtaine de chancres crèvent l'écorce. Les ensemencements
de ces tumeurs donnent des cultures.
» Inversement nous avons soumis des lapins à l'ingestion de cultures du parasite des
arbres et nous avons obtenu, au bout de trois mois environ, des ulcères ronds de
l'estomac, comme chez les lapins soumis à l'ingestion des cultures d'origine humaine.
» Les toxicités immédiates des produits solubles des deux champignons
offrent aussi de remarquables analogies.
» La culture du champignon du cancer humain, filtrée à la bougie, tue à raison de
lâs'' à 20S' par kilogramme d'animal en injections intra-veineuses. Filtrée sur porcelaine
et chauffée, elle tue à raison de SoS' à SS?' par kilogramme La toxine du champignon
des arbres tue à des doses un peu plus élevées. Elles déterminent toutes deux des
phénomènes vaso-constricteurs, une accélération des mouvements respiratoires et car-
diaques, le rétrécissement pupillaire, de l'opisthotonos, des contractures, des secousses
dans les membres postérieurs et la mort brusque, probablement par arrêt delà respi-
ration dû à l'action prédominante du poison sur les centres nerveux.
» Les toxines atténuées par la chaleur élèvent toutes deux la tempéra-
ture des cancéreux et sont, dans la majorité des cas, sans action sur la
température des animaux sains. Nous recherchons actuellement si la toxine
atténuée du Nectria donne, au point de vue thérapeutique, les résultats
produits sur les cancéreux par la toxine atténuée du champignon humain :
polyurie, légère diarrhée, diminution des douleurs, tendance des plaies à
la cicatrisation, atténuation des troubles fonctionnels, etc., résultats con-
trôlés dans les hôpitaux.
» Le but de cette Note est, non de tenter une identification, que des
différences de coloration dans les cultures observées sur quelques milieux
solides végétaux suffiraient à nous interdire, mais uniquement de démon-
trer que les deux formes typiques existant dans les tumeurs et cultures
du champignon parasite du cancer humain se rencontrent dans une affection
(') Hartig, Vnterauchungen ans dem forstbotanischen Institut zii Miinchcn,
p. ii-jj/ig. i6; Berlin, 1880.
( I20 )
du règne végétal qui présente un grand nombre des caractères assignés
aux tumeurs malignes des Vertébrés.
» Ces faits semblent dès maintenant apporter un appui aux observa-
tions de P^iessinger, Mathieu, Léon Noël, etc. relatives à l'origine végétale
du cancer humain. Mais il importe, avant toute conclusion, de procéder
systématiquement à des cultures régulières sur un même milieu, des
diverses variétés de Nectries décrites par les auteurs. »
ZOOLOGIE. — Sur l'absence de régénération des membres postérieurs chez
les Orthoptères sauteurs et ses causes probables. Note de M. Edmond Bok-
DAGE, présentée par M. A. Milne-Edwards.
« Jusqu'à ce jour, les avis ont été partagés au sujet de la régénération
des membres postérieurs des Orthoptères sauteurs. Au nombre des natu-
ralistes niant la possibilité de cette régénération, je nommerai Heineken,
Graber, Durieu, Frédéricq, Contejean, Werner et Peyerimhoff. Parmi ceux
qui l'admettent, je citerai le professeur Griffini (de Turin).
)) Afin d'essayer de résoudre cette question controversée, j'ai entrepris
un très grand nombre d'expériences sur des représentants des trois familles
d'Orthoptères sauteurs, en choisissant comme sujets d'étude : Phylloptera
laurifolia et Conocephalus differens, chez les Lociistides; Acridiurn rubellum.
chez les Acridides, et Grvllus capensis, chez les Gryllides. Ces expériences
m'ont amené à conclure à l'absence de régénération des pattes sauteuses.
Je n'ai pu, en effet, obtenir la moindre trace de faculté régénératrice.
» Il y a là un fait qui, au premier abord, semble aller à l'encontrede la
loi de Lessona, puisque ces pattes sauteuses sont les plus exposées aux
morsures des ennemis, et qu'elles peuvent être détachées du corps par
autotomie évasive et par autotomie exuviale. Nous allons voir cependant
que ce cas ne constitue nullement une exception à la loi du célèbre biolo-
giste italien.
» J'ai pu constater, en efl'et, sur les larves gardées en captivité, combien
les mues étaient difficiles après la perte des pattes sauteuses. Les difficultés
se présentent surtout pour la dernière mue, lorsque l'Orlhoptère doit
dégager ses ailes de leur fourreau. Ses grandes pattes postérieures lui
auraient permis de s'accrocher plus solidement à quelque objet, lui
donnant un précieux point d'appui au moment où il doit faire de pénibles
efforts pour se débarrasser de son enveloppe chitineuse.
( 121 )
» Presque tous périssent avant d'avoir pu se défaire de cette enveloppe.
Parmi les rares survivants, à une ou deux exceptions près, je n'ai vu que
des insectes complètement estropiés, aux ailes toutes chiffonnées et quel-
quefois même atrophiées, se traînant avec peine. Ces détails étaient sur-
tout frappants chez Phylloptera laurifolia.
» Supposons maintenant qu'au lieu d'être en sécurité contre leurs nom-
breux ennemis, comme ils l'étaient dans les cages oi!i je les élevais, ces
Orthoptères mutilés aient été abandonnés à eux-mêmes. Il est alors évident
que les rares spécimens qui auraient pu surmonter les dangers présentés
par le phénomène de la mue auraient eu, malgré cela, peu de chances
d'arriver à leur état parfait. Admettons même que quelques-uns d'entre
eux, ayant échappé à tous leurs ennemis, soient parvenus à leur complet
développement, après avoir subi la dernière mue, la plus redoutable. Il
me semble alors impossible que ces insectes puissent s'accoupler. Tout
d'abord, quel que soit leur sexe, l'absence de leurs grandes pattes doit les
en empêcher complètement. En second lieu, en supposant encore qu'il n'y
eût pas là un cas d'impossibilité insurmontable, on est en droit d'admettre
que ces insectes mutilés seront laissés de côté, en vertu de la sélection
sexuelle qui semble avoir été nettement constatée chez les Orthoptères
sauteurs ('). Enfin chez certains de ces Orthoptères à instincts belliqueux,
tels que les Grillons, qui se disputeraient non seulement les femelles, mais
se livreraient quelquefois des célibats mortels pour la possession du trou
qui leur sert de demeure, l'absence des pattes postérieures constituerait
aussi une bien grande infériorité.
» Il y a donc tout lieu d'admettre que ces différentes causes empêchent
( ' ) Voir Ch. Darwin, l^a descendance de l' Homme et la sélection sexuelle. Édition
française, 1B91, p. 3ii-3i8. Parmi les exemples les plus intéressants qui sont cités
dans cet Ouvrage, figure le cas du Pachytylus niigratorius. Korte a constaté le choix
exercé par la femelle au profit d'un mâle. Le mâle de cette espèce, accouplé avec une
femelle, témoigne de sa colère par des stridulations, lorsqu'un autre mâle s'approche.
Si l'appareil musical joue un rôle dans la sélection sexuelle, les Orthoptères sauteurs
privés de leurs pattes sauteuses, et qui sont malgré cela parvenus à l'état parfait,
doivent être dans de bien grandes conditions d'infériorité par rapport à leurs rivaux;
car j'ai remarqué que, leurs ailes étant toutes froissées et quelquefois même atrophiées,
leur appareil musical est incapable de fonctionner. Chez les Acridides surtout,
l'émission de sons musicaux est rendue tout à fait impossible, puisque les fémurs des
pattes sauteuses contribuent à la production de ces sons.
( 122 )
les Orthoptères sauteurs mutilés de concourir à la reproduction de l'espèce.
Ce serait évidemment ce qui expliquerait l'absence de la faculté régénéra-
trice.
» Chez quelques espèces d'Orthoptères sauteurs, le trochanfer des
membres postérieurs est complètement enfoncé {télescopé, selon la pitto-
resque expression de MM. Sharp et Brindley) à l'intérieur de la hanche.
J'avais d'abord pensé que cette disposition pouvait peut-être empêcher la
régénération. J'ai constaté ensuite qu'il n'en était rien, puisqu'il v avait
également absence de régénération chez des insectes qui ne la présentaient
point.
« Les cas d'inégalité dans les dimensions des pattes sauteuses observés
par Griffini, chez Pristes tuherosus et chez des espèces des genres OEclipoda
et Gomphoceriis, me paraissent alors être dus à l'atrophie et non pas à la
régénération ('). J'ai pu constater des particularités analogues chez Phyl-
loptera laurifolia. Il arrive parfois, immédiatement après une mue, un arrêt
de croissance pour l'une des deux pattes sauteuses qui, jusqu'à ce moment,
avaient été parfaitement égales. J'ai même observé des faits semblables
pour les ailes, chez la même espèce de Locustide. Lorsque l'insecte subis-
sait sa dernière mue. sur un côté du corps, les ailes se développaient
complètement, tandis que celles du côté opposé restaient rudimentaires;
leurs dimensions ne dépassant pas celles du fourreau des ailes chez la
Nymphe.
» Mais je m'empresse d'ajouter que c'est avec raison que le professeur
Griffini croit qu'il peut y avoir régénération des membres des deux paires
antérieures chez les Orthoptères sauteurs, d'après une observation faite
sur Platyphyllum Regimbarti.
» Dans une prochaine Communication, je me propose de montrer l'exac-
titude de l'hypothèse de Griffini et prouver la possibilité de la régénération
des membres en question, ainsi que celle de la régénération des tarses des
trois paires de membres chez les Orthoptères sauteurs.
» La constatation du phénomène de l'autotomie exuviale fournit
l'explication de ces faits parfaitement en accord avec la loi de Lessona. »
(') Griffini déclare d'ailleurs n'avoir jamais obtenu de traces de régénération chez
les insectes qu'il élevait en captivité.
( «23 )
PATHOLOGIE ANIMALE. — Sur les affinités des Microsporum. Note de
MM. L. Matruchot et Cii. Dassonville, présentée par M. Gaston
Bonnier.
« Grûby a, le premier, su différencier, soit par les caractères cliniques,
soit par l'étude microscopique des parasites, la teigne spéciale causée parle
Microsporum Audouini, des teignes trichophy tiques dont les agents sont les
Trichophyton .
» Les idées de Grùby étaient depuis longtemps tombées dans l'oubli
quand, en 1892-94, M. Sabouraud ('), conduit par ses recherches aux
mêmes conclusions, remit en honneur la manière de voir de Grïiby et la
fit adopter par la majeure partie des dermatologistes. Il est généralement
admis aujourd'hui que les teignes trichophytiques et la teigne spéciale
de Grûby-Sabouraud constituent deux types cliniques bien distincts, et que
les parasites correspondants sont essentiellement différents.
» L'étude morphologique des Microsporum doit beaucoup à M. Sabou-
raud et à M. Bodin; mais il nous semble que jusqu'à ce jour les affmités
véritables de ces Champignons ont été méconnues.
» M. Sabouraud, qui, le premier, en a fait l'étiide botanique, s'attache à préciser
leurs dissemblances avec les Trichophyton. Il décrit, pour la première fois chez les
Microsporum, un élément bien caractéristique, qu'il dénomme hyphe pectinée spo-
rifère et qu'il considère comme une forme reproductrice conidienne du Champignon.
Mais il ne rattache les Microsporum à aucun groupe déterminé de Champignons.
» M. Vuillemin considère les conidiophores pectines décrits par M. Sabouraud
comme rapprochant les Microsporum des Marlensella , Champignons vivant en
parasite sur diverses Mucorinées; mais c'est là une ressemblance toute superficielle, et
ce rapprochement doit être abandonné.
1) MM. Delacroix et Bodin (^), étudiant le Microsporum. Audouini au cheval, se
contentent de signaler l'analogie de certaines formes de souffrance du Champignon
avec le genre E ndocoiiidium, mais n'émettent aucune hypothèse sur les affinités du
Microsporum avec les autres Champignons.
» Plus récemment, M. Bodin {') a apporté une importante contribution à l'étude
(') Sabouraud, Les Trichophy lies humaines; 1894.
(-) Momu^ Les teignes tondantesdu chevalet leurs inoculations humaines (thèse),
p. 4i; 1896.
(') BoDi.N et Almy, Le Microsporum du chien (Recueil de Médecine vétérinaire,
p. 161; 1897).
( 126 )
ceaux subissent fréquemment dans cette région une réduction de volume
plus ou moins accentuée.
» La couche séparatrice et la surface de déhiscence se forment à travers
le tissu mou des faisceaux par le même procédé que dans le tissu fonda-
mental, quoique fréquemment à des niveaux très différents. Les tubes cri-
blés et les vaisseaux seuls sont brisés lors de la chute de la (euille.
î> La cicatrisation se fait par une modification scléro-subéreuse des cel-
lules existantes semblable à celle du tissu fondamental. Cette dernière
modification n'intéresse ni les tubes criblés, qui sont le plus souvent écrasés
sous la pression des cellules voisines, ni les vaisseaux. Ces derniers se
bouchent soit par de la gomme de blessure, soit par des thylles, le pbis sou-
vent par les deux à la fois.
» Le dépôt de la gomme de blessure dans les vaisseaux ne se produit, à
de rares exceptions près (Cladrastris, Gleditschia, etc.), qu'après la chute
de la feuille. Les thylles au contraire, quand ils existent, se développent
toujours auparavant dans toute la base du pétiole et dans le coussinet,
c'est-à-dire au-dessus et au-dessous de la surface de déhiscence (' ); au ni-
veau de cicatrisation, ils se scléro-subérisent comme le parenchyme fasci-
culaire dont ils sont une dépendance.
» Si, au moment de la chute, le tissu fondamental renferme un péri-
derme cicatriciel, ce dernier ne traverse alors jamais les faisceaux; il est
même rare qu'il le fasse avant l'hiver (^Negundo, Sorhus, Pynis, etc.); mais,
dans tous les cas, les faisceaux sont traversés pendant la seconde année.
La zone génératrice de ce périderme s'établit aux dépens des éléments pa-
renchymateux des faisceaux; à ce niveau les tubes criblés s'écrasent et se
brisent de même qu'à celui de la couche séparatrice ; les vaisseaux se brisent
également, mais leurs thylles, quand il en existe, entrent presque toujours en
recloisonnement et interviennent dans la formation du périderme.
•» Appareil sécréteur. — Les cellules cristallifères, qu'elles se trouvent
ou non au milieu d'un tissu en voie de division, ne se recloisonnent
jamais. A l'intérieur des couches de cicatrisation, leurs membranes
subissent une modification scléro-subéreuse de même que le parenchyme
ambiant ou simplement une modification scléreuse, les deux cas pouvant
exister dans une même cicatrice. Lorsque ces cellules se scléro-subérisent,
(') 11 en est de même de la gomme dans les cas assez rares où elle apparaît avant la
chute de la feuille.
( 127 )
la mince couche subéreuse interne ne s'étend pas seulement sur leur mem-
brane extérieure, mais aussi sur la mince enveloppe pecto-cellulosique
qui épouse le contour du cristal et sur les ponts de même nature qui relient
souvent cette dernière aux parois de la cellule.
» Les autres cellules sécrétrices isolées ne subissent aucune modifica-
tion dans le coussinet {Benzoin, Magnolia, etc.).
» Les laticifères rameux (Ficus, Morus, Broussonelia, Maclara, Cudrama,
Periploca, etc.) se bouchent, avant la chute de la feuille, par deux cloisons :
l'une au-dessus de la couche séparatrice dans le pétiole, l'autre au-dessus
d'elle dans le coussinet. Ces cloisons sont allongées en doigt de gant l'une
vers l'autre dans la direction de la surface de déhiscence, puis le laticifère
se brise entre les deux au niveau de la couche séparatrice. Ces laticifères
ne subissent aucune modification de leurs parois dans la traversée des
couches scléro-subéreuses, ni aucun recloisonnement au niveau du péri-
derme vis-à-vis duquel ils se brisent de nouveau.
)) Les laticifères articulés de V Amorpha s'obstruent par concrétion de
leur contenu ; ils ne sont pas modifiés au niveau des couches de cicatri-
sation et se brisent vis-à-vis de la couche séparatrice et du périderme cica-
triciel. Mais, le plus souvent, les laticifères articulés se recloisonnent
transversalement avant la chute de la feuille au niveau de la lame de cica-
trisation et prennent, comme les cellules parenchymateuses de cette der-
nière, la caractérisation scléro-subéreuse {Acer, Negundo, jEsculus, etc.).
Ces mêmes laticifères se recloisonnent également au niveau du périderme
cicatriciel et contribuent à la formation de ce tissu.
» Les canaux sécréteurs des Rhusae bouchent par prolifération de leurs
cellules épithéliales sur une certaine longueur de la base du pétiole et dans
le coussinet. Cette obstruction se produit avant la chute de la feuille et le
tissu de remplissage ainsi formé prend la même caractérisation que les
couches scléro-subéreuses à leur niveau ; il contribue, par ses recloisonne-
ments, à former le périderme. Chez certains ^ra/j'a, ces canaux s'obstruent
par un dépôt de gomme de blessure.
» Dans les poches sécrétrices des Tilia et des Ptelea, les cellules épithé-
liales ne subissent aucune prolifération au niveau des couches de cicatri-
sation, mais leurs membranes se scléro-subérisent. »
( ' --i» )
PHYSIQUE l)V GLOBE. — Ecarts harornéltiqiies sur le méridien du Soleil aux
jours successifs de la révolution synodique. Note de M. A. Poixcaké, pré-
sentée par M. Mascart.
« Dans la dernière Communication présentée à l'Académie ('), j'ai
donné le profil, sur le méridien de Greenwich, méridien du Soleil au
moment des observations simultanées, des hauteurs barométriques
moyennes en Soleil austral, avec indication des écarts qui correspondent,
d'une part à la nouvelle Lune et à la pleine Lune, de l'autre à la décli-
naison boréale ou australe de la Lune. Cette indication était déduite de la
combinaison des deux mois synodiques IV et XI (mars et octobre i883),
où les révolutions synodique et tropique s'entrecroisent symétriquement
et que, pour ce motif, j'appelle mois en pendant.
» Le travail étant aujourd'hui terminé pour l'année entière, je puis
établir des moyennes, beaucoup plus rapprochées de la réalité, par jour
synodique et par jour tropique.
» Je ne fais entrer ici dans les groupements que les dix mois en pen-
dant deux à deux : I, II, III, IV, V (lo novembre 1882-G mai i883) et
VIII, IX, X, XI, XII (4 juillet-28 novembre). Le maintien dans les calculs
des deux mois sans pendant VI et VII changerait assez peu les résultats,
mais les rendrait moins logiques et moins réguliers.
» La double figure ci-après représente les principaux de ces résultats
en ce qui concerne la révolution synodique. Elle donne, aux latitudes de
10" en 10" du demi-cercle méridien de Greenwich, les écarts baromé-
triques, à midi icJ"" Paris, des jours synodiques i, 4, 8, 12, i5, i8, 22 et 26,
c'est-à-dire les dilférences moyennes entre les cotes réelles et les cotes
dites normales, ou moyennes des mois synodiques auxquels elles appar-
tiennent respectivement (-).
(') Comptes rendus, n" 17, 24 mai 1899 {Errata au n" 18).
{-) Je conserve les numéros des jours dits de la Lune, de 1 à 29. Quand NL est
avant le premier minuit du jour i, je prends, pour cole du midi dudit jour, la
moyenne des cotes des jours o et i.
Dans la figure page 1062 de la Communication sus-rappelée, les difiérences sont
portées de part et d'autre du profd normal moyen en Soleil austral. Ici elles sont
comptées à partir de la ligne des abscisses.
Écarts baroinélriijuus produits, sur le méridien du Soleil, par la résolution synodir/uc.
^ Midi i(. Minuit ^
Latituâ330° 10° 20° 30° faO" 50° 60° 70° 80° 90° 80» 70° 60° 50° 1.0° 30° 20° 10° 0°
1? aux jours synodiques l,*», 8 et 12
^„. Hauteurs au jour i ( i'° ligure) et i5 (2' figure).
» 4 » i8 »
» S » 22 »
)> 12 » 26 »
( '30 )
» Dislribué sur l'hémisphère, l'ensemble des profils moyens des vingt-
neuf jours dessinerait une surface qui ne suffirait pas à déterminer la seule
reproduction, par la révolution lunaire, de l'onde moyenne aux différentes
latitudes, la Lune restant à l'équateur et à la distance moyenne. A cette
reproduction s'ajoutent les effets consécutifs, localisés ou marchant en
spirale, de la rotation terrestre et du déplacement de l'onde, sans compter
ceux des reliefs.
» La figure montre que les écarts néi^atifs tendent à se porter du côté
de la Lune et les positifs du côté opposé.
» De NL à PL, les surpressions sont réduites et repoussées dans le sens
minuit vers midi et inversement de PL à NL.
)) Nonobstant cette marche d'ensemble, les variations du profil, de NL
à PL, ont une analogie frappante.
» Pour les analyser succinctement, au lieu de prendre les cotes aux
latitudes de io°en lo", comme dans la figure, il vaut mieux les prendre
aux points saillants des profils. On a le Tableau suivant:
Equateur
10<
midi.
minuit.
45
midi.
minuit.
midi.
minuil.
rôle
midi
el
minuil.
Jours.
midi.
minuit.
I . . .
Dim
— 0,25
moi
+ 1 , 0
ni m
-1,25
mm
+ I,5o
mm
-4,25
mui
—3, 0
(Il m
+6, 0
mm
—2, 0
mm
+ 4,25
4...
-hO,25
H-0,25
+ 0,25
— 0,25
— 2,25
— I, 0
+0,60
—0,60
— 0,20
8...
0
—0,35
—0,25
—0,75
— I ,60
— 0,60
—4, 0
— 1,70
-i,5o
12 . . .
0
— 0,25
—0,25
+o,25
+ 0,60
— I, 0
+2,80
— I, 0
— o,5o
i5...
-t-I, 0
— 1, 0
+ 1 , 5o
— 1 ,5o
+4, 0
+o,5o
+3,10
— 3,70
— 0,25
i8...
— o,5o
— o,5o
0
0
0
+2,5o
-4, 0
+o,5o
—3,25
22 . . .
0
—0,12
+o,5o
+o,5o
+ 2,5o
+ 1,90
—4, 0
+3, 5
— 1,10
26...
-HO, 25
0
0
— 0,25
+o,3o
— o,5o
— 2, 0
— o,5o
+2,10
» Equateur. — Quelque indécision dans les cotes, non seulement à
cause de la difficulté d'apprécier la cote de chaque jour sur une ligne oii
les observations manquent, mais surtout parce que l'étroite bande équa-
toriale à renversement d'écart est en transition à l'E^rLC).
» Aux jours I et i5, 1""" au-dessous de la normale sous la Lune, i'"*" au-
dessus du côté opposé. Écarts faibles aux autres jours. C'est, on devait s'y
attendre, la représentation atténuée de l'onde lunaire ramenée dans les
limites du jour.
(') Voir Comptes rendus, 7 novembre 1898, p. 743.
( '3. )
» Parallèle 10". — Aux jours i et i5. — i'"",5o côté Lune, +i'"™,5o
côté opposé. L'oscillation diurne due à la Lune est de 3™™ en NL, comme
en PL, avec simple déplacement du jour à la nuit. D'une façon générale,
dans les basses latitudes, les différences d'action à NLet à PL ne semblent
pouvoir se rattacher qu'à ce déplacement et aux cas de coïncidence des
excavations du profd dues au .Soleil et à la Lune. En Soleil austral, cette
coïncidence ne se rencontre guère qu'au mois III et pour PL comme
pour NL. En Soleil boréal, on la trouve à toutes les NL, sauf à celle du
mois VI.
» En dehors des jours voisins de NL et de PL, les écarts restent faibles
sur le méridien du Soleil.
)) Parallèle 45°. — Les écarts sont à peu près tous de même signe à
midi et à minuit; l'onde proprement dite est noyée dans les effets des
refoulements. Ils sont positifs du jour i3 au jour 26, négatifs du 27 au 12.
Plus forts écarts dépassant 4™" en moins à NL. en plus à PL.
)> Parallèle 65°. — Le mouvement diurne réapparaît. Faibles aux jours /j
et 27, les différences entre midi et minuit atteignent 7""" à 8™'" aux jours i ,
7, i5, 22 et 29, les + étant souvent ici côté Lune et les — côté opposé.
Mais il y a, plus encore qu'à 45°, à tenir compte des effets des reliefs et
des effets accumulés des refoulements et des reflux, et ces différences ne
tournent pas entières, à beaucoup près sans doute.
)) Pôle. — L'effet des retombées d'air est à son maximum au jour i , où
l'écart positif atteint 4""". 25. La vidange s'activant, la cote d'écart devient
nulle du 3 au 4, est à — i™'",5o au 8, remonte à — o™™,25 au PL, redescend
brusquement jusqu'à —3""", 23 au 18. De là, elle remonte rapidement
jusqu'au maximum du NL, en passant par o du 23 au 24.
» Ne pas perdre de vue que tous ces chiffres ne correspondent qu'à
l'action de la Lune, supposée maintenue dans le plan de l'équateur ter-
restre. M
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les ascensions dans V atmosphère cV enregistreurs
météorologiques portés par des cerfs-volants. Note de M. Léo\ Teisserenc
DE BoRT, présentée par M. E. Mascart.
« L'emploi des cerfs-volants pour porter des instruments enregistreurs
au sein de l'atmosphère tout à fait libre a été depuis quelques années pré-
conisé avec succès par les savants des Etats-Unis. A l'observatoire de Blue
( l32 )
Hill, près Boston, M. L. Rotch a pu ainsi recueillir depuis quatre ans des
documents très intéressants.
» Depuis l'automne de l'année iSq'j nous avons commencé des
recherches analogues à l'observatoire de météorologie dynamique de
Trappes et, dans le courant de l'année 1898, nos enregistreurs ont atteint
plusieurs fois l'altitude de 2000™.
» Cette année, grâce à une perfection plus grande dans la construction
de nos cerfs-volants du modèle cellulaire Hargrave (emplové aussi en Amé-
rique), nous avons pu élever les instruments à Sg^o™ le i/| juin, à SSpo"
le lendemain et, le 3 juillet, nous avons encore dépassé 33oo™.
M Nos sondages, exécutés à Trappes pendant plus de cent journées,
mettent bien en évidence le caractère différent de la décroissance de tem-
pérature dans les zones de hautes pressions et dans les aires de basses
pressions. Dans les premières, dès qu'on s'est élevé à quelques centaines
de mètres du sol, on volt la décroissance de la température se ralentir et
souvent on constate des inversions de température; dans les secondes, au
contraire, la décroissance est rapide et atteint la valeur indiquée par la
détente adiabatique de l'air plus ou moins humide suivant les cas.
» Par rapport au régime des vents, nos ascensions montrent :
» 1° Que, par temps clair el fortes pressions, la vitesse du vent décroît
généralement à mesure qu'on s'élève au-dessus du sol jusqu'à une altitude
qui varie entre 'tSoo™ et 3000";
» 2° Au contraire, par temps couvert et basses pressions, le vent aug-
mente sensiblement avec la hauteur, particulièrement au voisinage de la
couche de nuaees inférieurs. »
M. G.-B. Oi.ivERo adresse, de Moncalieri, une Lettre relative à un Mé-
moire d'Astronomie précédemment communiqué par lui à l'Académie.
(Renvoi à la Section d'Astronomie. )
La séance est levée à 4 heures.
M. P.
Ou soiiscril à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augusiins, n° ril.
,ni 1835 les COMPTES RENDDS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux Tolumes ln-4°. Deui
,1 une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnemeni est annuel
rt a i" janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale ; 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
chez Messieurs :
Ferryn frères.
iChaix.
Jourdan.
Ruir.
Courtin-Hecquet.
i Germain etGrassin.
\ Lachése.
Jérôme.
Jacquard.
, Feret.
Lorient.
chez Messieurs :
) Bauiiial.
t^. , Laurens.
' Muller (G.).
Renaud.
Derrieit.
I F. Robert.
j J. Robert.
' Uzel frères.
Jouan.
V Perrin.
\ Henry.
) Marguerie.
■g
t-Ferr > ''"'''"•
"'■ I Ribou-Collaj.
, Lamarche.
Ratel.
' Key.
I Lauverjat.
' Degez.
( Drevel.
( Gratier et G".
Foucher.
elle..
\ Bourdignon.
( Uombre.
) Thorez.
( Quarré.
\ M"" Texier.
Bernoux et Cumin.
\ Georg.
Lyon ^ Côte.
Savy.
Vitte.
Marseille . . Ruât.
^ Calas.
( Goulet.
Martial Place.
; Jacques.
Nancy Grosjean-Maupin.
' Sidot frères.
i Loiseau.
( Veloppé.
J Barrïia.
( Visconti et G"
J\imes Thibaud.
Orléans Luzeray.
t Blanchier.
Poitiers , ,, ,
( Marche.
Rennes Plihon et ]lervé.
Rochefort Girard (M"")
) Langlois.
\ Lestringant.
. \Chevalier.
( l'oiileil-Burles. .
\ Runiébe.
\ Ginict.
( Privât.
Boisselier.
Tours Pèricat.
' Suppligeon.
( Giard.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Athènes. . .
Barcelone..
Montpellier .
Moulins.. ..
Kaiites .
I\tce
Rouen
S'-Étienne
Toulon. . . ■
Toulouse...
Valenciennes.
I Lemaitre.
Berlin.
Berne . . .
Bologne.
Bruxelles..
Bûcha' est . .
Budapest
Cambridge
Christiania
Constantinople.
Copenhague... .
Florence
Gand
Gènes . .
Genève..
La Haye.
Lausanne.
Leipzig...
Liège.
chez Messieurs :
) Feikenia Caarelsen
/ et G".
Beck.
Verdaguer.
I Asher et G'-.
\ Dames.
, Friediander et lils.
f Mayer et Muller.
Sciiniid et Francke.
Zanichelli.
( Lamertin.
Mayolezet Audiarte.
( Lebégue et G".
( Sotcheck et C°.
' Slorck.
Killan.
Deighton, BellelG".
Canimernieyer.
OlLo Keil.
Hôst et fils.
Seeber.
Hoste.
Beuf.
Gherbuliez.
Georg.
Slapelmohr.
Belinfante frères.
, Benda.
( Payot.
/ Barth.
l Brockhaus.
Loreniz.
Max Riibe.
Twielmeyer.
( Desoer.
( Gnusé.
chez Messieurs ;
; Dulau.
: Londres Hachette et G".
: 'Nutl.
! Luxembourg . .. V. Btick.
ILibr. Gutenberg.
..„ ^■^"-"o y p-ssei.
I Gonzalés e hijos.
' F. Fé.
.Milan ! ^'"'^^ '■•«■•«•
' Hcepli.
.Moscou Tastcvin.
^aples jMarghieri di Giu,
' Pellerano.
/ Dyrsen et Pfeiffer.
A'eiv- rork Stechert.
' LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et G"
Palerme Glausen.
Porto Magalhaés ei Mdiiiz.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro ... Garnier.
_ i Bocca frères.
Rome ,
' Loescher et G".
Rotterdam Krainers et fils.
Stockholm Samson et Wallin
^ Zinserling.
I Wolff.
Bocca frères.
Brero.
Clausen.
Rosen berg et Sel I ici
Varsovie. Gebethiier et Wolll
Vérone Drucker.
I Frick.
Vienne
' Gerold et G".
Ziirich Meyer et Zeller.
S' l'etersbourg. .
Turin .
1BLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume 10-4°; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870 Prix 15 fr
Tomes 62 à 91. — ( i" Janvier 1866 à 3i Décembre 18K0.) Volume iu-4"; 1889. Prix 15 fr.
PLEMENT AUX COMPTES RENDDS DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES :
n : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Derbés cl .V.-J.-J. Solieb. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
it par M.Haniem. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
eioar M. Glàdde Bernard. Volume in-^", avec Sa planches; i856 15 fr.
H II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
1 concours de i853, et puis remise pourcelui de i85fi, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
J» ires, suivant l'ordre de leur superposition . — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
I pports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs •, par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
iaième Librairie les Hémolres de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie dds Sciences.
N" 2.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du lO juillet 1899.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBKI'S ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. !<• Stx.miT.viHE PERPKTUELannoncc à l'Aca-
dtiiiif la mort rie M. William Flon>er,C.or-
nspoiiiianl pour la Section d'.Vnatoiiiie
et Zoologie •"]
-M. ÉD.MDXD Periiikr. -Mole accompagnaril
la présentation du cinquième fascicule de
son « Traité de Zooloiiie > 6g
M. Hi KTiiri i>T. — \onvçlli's recliirrlics sur
Pages,
l'argon et ses combinaisons 71
M. ALFRKn liR.\NUii)lER. Sur les travaux
géograpliiques et cartographiques exécutés
à Madagascar, par ordre du général Gal-
lieni. de rSçi^ à iSyg S\
MiM. A. IlAi.i.tR et 11. Uhbgrove. — Sur les
acides dialcoylbenzoylbenzoïques et dial-
coylbenzylbcnzoïques tétrachlorés <)o
CORRESPOND AIVCE.
M. l'ALi, P.viNLivi:. - Sur le développement
des fonctions analytiques de plusieurs va-
riables 92.
M. l'iRMiN L.\RR0QUE. - Contribution à la
théorie des instruments de musique à
euiboucliure IJJ
M. .\. PoNSOT. Remarques sur l'emploi
des eryohydralcs 9**
M. G. Chesxe.\u. — Action du bioxyde
d'azote, sur les sels de protoxyde de
clirome 100
M. PouGET. — Sur les sulfoantimonitcs mé-
talliques, lOJ
,\1. J. All.vix-Le Canu. — Action de la phé-
ii\lhydrazine sur les brtoraures, chlorures
cl iodures alcooliques io5
MM. i:.-i:. Blaise et <'.. Bi..vi«c. — Sur les
aminocampholènes lofi
M. OEchsxer dk Coxixck. — Contribution
à l'étude d'une oxyptomaïne lof)
M. Élie Faliéres. — iNouveau mode de
dosage acidiniéirique des alcaloïdes 1 10
M. K. Marquis. — Sur le benzoylfurfurane. ji 1
M. K. ('■AUTBELET. — Lcs égols : nouveaux
antiseptiques généraux 1 10
M. Kaphael Dl.ROls. — Sur le rôle de la
chaleurdans le fonctionnement ilu muscle. 1 1 '1
M. C. Prisalix. — Nouvelles observations
sur l'échidnase ■ >5
M. BuA. — Cultures de Nectria. parasite
des chancres des arbres, .\nalogies de ces
cultures avec celles du champignon para-
site du cancer humain 1 if^
.M. EcMoxD BordaGe. — Sur l'absence de
régénération des membres postérieurs
chez les Orthoptères sauteurs et ses
causes probables 1 ■ ■
MM. L. Matruchot et Cu. Dassonville.
Sur les affinités des Microsporum 1 ■ i
M. K. Tisox. — Sur la cicatrisation du sys-
tème fasriculaire et celle de l'appareil sé-
créteur lors de la chute des feuilles 131
M. A. PûixciRE. — Écarts barométriques
sur le méridien du Soleil aux jours suc-
cessifs de la révolution synodique 128
M. LÉON Teisserexi; de Bort. — Sur les
ascensions dans l'atmosphère d'enregis- "^
treurs météorologiques portes par des
cerfs-volants lili
M. G. -H. Oi.iVERo adresse une Lettre rela-
tive à un Mémoire d'-\slronomie com-
muniqué par lui il l'Académie i32
PARIS. — IMPIUMIÎKIE G.VUT H l E R-V ( L I. \ KS ,
Quai des Grands-Augustins, 5S.
1^ f.ét-anl .* tiAUTUIEB'VlLLARS
AUG 8 1899 ^"^"^
Je
SECOND SEMESTRE.
la
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR SITE. IiBS SECRÉrAIRES PBRPÉTVEIjS
TOME CXXIX.
N^5 (17 Juillet 1899).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-AugusUns, 55.
*
1899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDl!
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES"; DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI iSyS.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de C Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou oar un Associé étranger de l'Académie comprenrenl
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Un Membre de l'Académie ne peut donner (aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionûées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
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vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
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Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
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Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les.
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les j-'rogrammes des prix proposés par l'Aïdi
sont imprimés dans les Comptes rendus, maisîsl
ports relatifs aux prix décernés ne le sont q'aui
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séajce
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Stm
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pefoi
qui ne sont pas Membres ou Correspondants c l'i
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoii i
tenus de les réduire au nombre de pages re( is,
Membre qui fait la présentation est toujours i
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cel v.
autant qu'ils le jugent convenable, comme il e
pour les articles ordinaires de la corresponda
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être iq
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis i I
le titre seul du Mémoire estinséré dans le Comp. \
actuel, et l'f^xtrail est renvoyé au Compte rer ui
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapf l
les Instructions demandés par le Gouvernemej
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrât!
un Rapport sur la situation des Comptes rendu.l
l'impression de chaque volume. \[
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution <j
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Acadéinie qui désireut faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont prié!
déposer au Secrétariat au plus tard le Saïuedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance S)
AUG G 1889 ■
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 17 JUILLET 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur les combinaisons du sulfure de carbone
avec l'hydrogène et i azote; par M. Berthelot.
« Voici quelques expériences relatives aux combinaisons du sulfure de
carbone effectuées sous l'inliuence de l'effluve électrique, combinaisons
d'un caractère tout spécial, expériences qui concourent à préciser les
conditions des réactions effectuées par celte méthode.
Hydrogène.
n 1. Hydrogène loo^"' + sulfure de carbone gazeux 70™'. Courant agis-
sant sur la bobine i2™"%6. 21". Pression barométrique voisine de 75o""".
G. R., 1899, 2- 5emsi<re. (T. CXXIX, N" 3.) l8
( i34 )
Cinq heures d'action. Le sulfure de carbone a disparu entièrement, soit
70™'; le volume de l'hydrogène absorbé étant 3G™'. Rapport 1 \ i,o3.
)> 2. Hydrogène 100™'+ sulfure de carbone gazeux 68^°'. 2.5''°'". 24".
Une heure. Tout le sulfure de carbone a flisparu. Le volume de l'hydrogène
absorbé était 34"""', 3, soit 2 : i ,01 .
» 3. Le même rapport sensiblement a été observé avec un mélange de
100™' H=+8i'"' argon -+- i33 CS= gaz. i2™"%6. 21". Gaz disparus :
CS'-' = 77^°' ; H^ = 38^"' ; Arg^ = 2™'.
» 4. Si l'on abaisse la tension du courant jusqu'au terme voisin de
celui où il cesserait d'actionner la bobine d'induction, l'hydrogène est éga-
lement absorbé; mais la proportion de sulfure de carbone condensé aug-
mente :
,00"°' H=+ 73^°' es- gaz à 24°. 4''<'"%2. 16 heures.
Gaz dispar Js : CS' = 28"°' ; H' = 6.
» On remarquera qu'il subsiste un peu plus de moitié de CS^ gazeux.
Dans les conditions des expériences précédentes il se forme un produit
résineux solide, jaune, doué d'une odeur analogue au mercaptan. Ce pro-
duit est insoluble dans l'éther^ Le sulfure de carbone le dissout en petite
quantité. La potasse concentrée l'attaciue à froid, sans le dissoudre entière-
ment; la liqueur obtenue noircit faiblement le papier d'acétate de plomb
et donne naissance, par addition d'acide chlorhydrique en excès, à un léger
dégagement d'hydrogène sulfuré.
» D'après ces observations, la réaction de l'effluve sur un mélange d'hy-
drogène et de sulfure de carbone produit un composé répondant à la for-
mule C^H- S^; ce qui représenterait soit un acide oxalique persulfuré, soit
plutôt un persulfuré dérivé de l'aldéhyde glycollique (glyoxal)
C=H'0-,
C=H=S-; C=H=S- + S-.
Pour une tension électrique suffisante, ce composé se forme seul. Mais, si
la tension est trop faible, la polymérisation du sulfure de carbone se pour-
suit plus rapidement que sa combinaison avec l'hydrogène.
Azole.
» 1. Azote ioo^°'-f-CS'gazeux69''"'; à 22°. H = 754""". 12''''"'. 6. Tout
CS= a disparu après dix heures. Azote absorbé : iG""'. Rapport •
4CS^:Az^
( i35 )
» 2. Dans une autre expérience, faite avec les mêmes volumes relatifs,
sous une tension de 25™"% mais qui a duré seulement trois heures, la
moitié seulement du sulfure de carbone avait disparu, le rapport entre
les gaz condensés étant '7CS'': Az'.
>> Il semble que la condensation du sulfure de carbone aurait marché
plus vite que sa combinaison avec l'azote dans les dernières conditions,
comme si, en accroissant la tension du courant qui alimente la bobine, on
diminuait la tendance de l'azote à se combiner avec le sulfiu'e de carbone.
Mais ceci réclame une étude plus approfondie.
A ri; on.
» (i) Argon, ) 00^"' + es- gaz, 70™'. — 23". 6™"^, 3. Trois heures. Le sul-
fure de carbone a entièrement disparu, en même temps que 2 volumes
d'argon. Rapport 34 CS" : Arg^.
» (2) Argon. 100"'+ CS'^ 73™'. — 21", 5. 6"°"% 3. Vingt heures. — Le
sulfure a disparu, avec 2^°', 5 d'argon.
» (3) Argon, 100™'+ CS-, 68™'. i2™"%6. Cinq heures. Pluie de feu
violente. Tout le sulfure a disparu. Absorption de l'argon, nulle.
» (4) Argon, 100™' (provenant de l'expérience précédente) + GS-, 72™'.
— 23". 4™"%2. Six heiu'es. Tout le sulfure a disparu, en même temps
que 3 volumes d'argon. Rapport 24 CS- : Arg-.
» Ces résultats indiquent que la combinaison cesse de s'effectuer, ou
devient insignifiante, sous des tensions trop fortes, la condensation du sul-
fure se poursuivant seule.
» Avec l'azote on paraît observer quelque chose d'analogue.
» Je rappellerai que la transformation de l'oxygène en ozone par l'élec-
tricité est, à la température orJinaii'e, de même ordre de petitesse que les
combinaisons de l'argon, soit avec la benzine, soit avec le sulfure de
carbone. Elle diminue également quand la tension devient trop forte.
Elle est moindre avec une série d'étincelles électriques qu'avec l'effluve :
ce qui s'explique parce que l'élévation de température détruit l'ozone déjà
formé. La formation de l'ozone est également moindre, quoique réelle,
avec des tensions excessivement faibles : ce qui s'explique aussi parce que
l'on observe seulement celle qui répond au rapport entre la vitesse de for-
mation de l'ozone, pour une tension électrique donnée, et sa vitesse de
décomposition spontanée dont j'ai indique la mesure.
( i36 )
» Au conlraire, la combinaison de l'azote avec Towe-ène suit une naarche
inverse, n'avant ])as lieu sous les fnibles tensions de l'effluve, apparaissant
au delà d'un certain terme et devenant de plus en plus active, sous l'in-
fluence d'étincelles de plus en plus fortes.
Oxyde de carbone.
n J'ai également examiné l'influence de l'effluve sur un mélange d'oxyde
de carbone et de sulfure de carbone.
» Oxyde de carbone, ioo^°'-l-|CS% 68''"'. 23". 6™'", 3. Dix heures. - Il
reste seulement 3,5 de CO, exempt d'acide carbonique. La matière jaune
condensée est un mélange des produits propres de condensation du sulfure
de carbone et de l'oxyde de carbone, composés condensables séparément
par l'effluve. Cependant l'oxydeide carbone, traité séparément, fournit
une certaine dose d'acide carbonique (Essai de Mécanique chimique, t. 11,
p. 379), lequel n'apparaît pas ici.
M Le mélange obtenu, traité [lar l'eau, se dissout en partie. La liqueur
filtrée olfre une réaction acide et elle contient un acide oxysulfuré, que
l'acide azotique oxyde à l'ébullition, en produisant de l'acide sulfurique.
11 résulte de ce fait que, sous l'influence de l'effluve, l'oxyde de carbone et
le sulfure ont exercé une certaine action réciproque.
» On voit par là de nouvelles preuves de la grande efficacité de l'effluve
pour provoquer des combinaisons entre les corps soumis à son action : ces
corps, ainsi que j'ai eu occasion de le dire, en parlant des réactions de
l'azote, tendent à former ainsi des composés condensés et polymérisés, de
l'ordre de ceux que produit la chaleur rouge sur les composés organiques ( ' )
et sur les oxydes métalliques (^), de l'ordre également de ceux qui sont
engendrés sous l'influence de la lumière, ou bien formés dans les tissus
des êtres vivants végétaux, ou animaux. »
(') Essai de Mécanique chimique, t. II, p. (\h.
O Annales de Chimie et de Physique, 4" série, t. I\, p. 478 et 479; 1866.
( '37)
CHIMIE GÉNÉRALE. — Remarques S ui la combinaison de l'azote
ai-ec l'oxygène; par M. Berthelot.
« En purifiant l'argon de l'azole, qui formait le mélange que j'avais à ma
disposition dans la proportion de 3o centièmes, j'ai mesuré le rapport
entre l'azote et l'oxygène, combinés lentement sous l'influence de l'étin-
celle électrique, et absorbés à mesure par la potasse : ce rapport mérite
quelque attention, au point de vue de la formation successive et graduelle
des différents oxydes de l'azote.
» J'opérais avec de grosses éprouvettes, de aSo*^*^ à 3oo'^'', sur le mercure.
Les étincelles jaillissaient entre deux longs fils de platine, introduits chacun
à travers un tube de verre à double courbure, ouvert des deux côtés et
rempli de mercure, conformément au dessin que j'ai donné dans mon
Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 34o (voir aussi Ann. de Chim. et de
Phys., 5* série, t. XII, p. 4^8; 1877). Cette disposition permet d'opérer
sans fils soudés dans le verre, et en faisant varier à volonté la distance
explosive. Les fils de platine sortent de part et d'autre librement des tubes
de verre.
» On a mélangé l'argon impur avec une proportion d'oxygène un peu
supérieure au double du volume de l'azote, dans la pensée que la réaction
devait former du peroxyde d'azote : Az 4- O^ = AzO\
» Après introduction du mélange gazeux dans l'éprouvette, on y glisse
les deux tubes de verre, puis les fils de platine dans ces derniers; enfin,
à l'aide d'une pipette courbe, on fait arriver dans l'éprouvette 20'^'^ à 30"*=
d'une solution presque saturée de potasse. La tension de la vapeur d'eau
contenue dans les gaz, dans ces conditions, est extrêmement faible. La
distance située entre la couche liquide de potasse dans l'éprouvette et la
région supérieure où jaillissent les étincelles est de iS*^" environ. Cela fait,
on met les fils de platine en rapport avec les pôles d'une bobine d'induc-
tion, alimentée par un courant d'une tension de 12™"=*, G.
)) En arrêtant les fils parallèlement à une distance convenable, et en
réglant l'interrupteur vibrant, il jaillit, entre les deux fils, un flux continu
d'étincelles, sur une longueur de 10°"" à iS""", formant une sorte de ruban
violet très brillant. — Pour une certaine période de l'interrupteur, le flux
d'électricité devient si actif que les fils rougissent et que le ruban lumi-
( I^« )
neux violet se transforme en une flamme ronge continue. — Il convient
(le prévenir ce phénomène. Il est également indispensable d'éviter que les
étincelles viennent à toucher le veire de l'éprouvette, dont elles pour-
raient déterminer réchauffement, la décomposition et la rupture.
» Étant données les conditions que je viens de décrire, on voit apparaître
dans les gaz une teinte à peine sensible de vapeur nitreuse, qui se diffuse
rapidement, sous l'influence de l'agitation violente des gaz par le flux
d'étincelles, et se dissout à mesure au sein de la potasse située au-dessous,
en formant un mélange d'azotite et d'azotate.
» C'est ici que j'ai constaté une circonstance intéressante. Quand l'ab-
sorption a cessé, par suite de l'absorption totale de l'azote, en mesurant la
proportion d'oxygène restait mélangé à l'argon, j'ai reconnu que cette
proportion était fort inférieijre à celle qui répond au peroxyde d'azote.
Dans une première expérienoe, le rapport entre l'azote et l'oxygène com-
binés a été trouvé le suivant |
I Az : O ^ 1,65 ;
dans une seconde expérience :
' Az : 0 = 1 , 84
au lieu de 2,0.
» Or, d'après ce dernier rapport, les acides azoteux et azotique, ou.
plus exactement, l'azotite et l'azotate de potasse auraient dû prendre nais-
sance à équivalents égaux :
aAzO» + 2ROH ^ AzO-K -h AzO'R -h H^O,
tandis que l'expérience a indiqué, dans les deux cas, un excédent
d'acide azoteux. l
» Il paraît résulter de cette circonstance que l'acide azoteux gazeux se
forme tout d'abord, même en présence d'un excès d'oxygène, et qu'il ne se
change en peroxyde d'azote que par une action plus lente, assez lente
même pour que le gaz azoteux à très faible tension ait le temps de se dif-
fuser à travers une colonne gazeuse longue de o™,io à o'", iS et d'atteindre
la potasse, qui le fixe sous forme d'azotite, avant que l'oxygène en excès
contenu dans cette colonne l'ait changé en peroxyde d'azote.
» En un mot, le bioxyde d'azote, formé dans l'action de l'étincelle sur le
mélange d'azote (d'argon) et d'oxygène, se combine d'abord à un premier
( i39 )
atome d'oxvgène, pour former l'acide azoteux
2AzO-f-0 = Âz'-'0»
avant de s'unir avec un second atome d'oxygène pour former le peroxyde
d'azote
Az=0'^-0=:'^AzO^
» J'ai déjà signalé cette circonstance, en étudiant directement l'action
du bioxyde d'azote sur l'oxygène. Lorsqu'on fait ariver bulle à bulle le
bioxvde dlazote dans une atmosphère d'oxygène, en présence d'une disso-
lution concentrée de potasse (ou même de baryte), sous une large surface
et en agitant continuellement, il ne se forme guère que de l'azotite de po-
tasse, par exemple 96 à 98 pour 100 de la dose équivalente au bioxyde
d'azote (Ann. de Ch. et de Phys., 5" série, t. VI, p. 193). Les expériences
actuelles fournissent une nouvelle confirmation de la succession des deux
formations, aussi bien à partir de l'azote libre que du bioxyde d'azote. »
ÉCONOMIE RURALE. — Cultures dérobées d'automne. Leur efficacité comme
engrais vert; par M. P. -P. Dehéraix.
« J'ai déjà entretenu l'Académie (') des avantages que trouvent les cul-
tivateurs à semer sur les chaumes de blé, immédiatement après la moisson,
une plante à végétation rapide, telle que la vesce d'hiver.
M Rejetant dans l'atmosphère, par sa transpiration, la plus grande partie
de l'eau tombée, elle restreint, dans le sol qu'elle dessèche, la formation
des nitrates et leur entraînement dans les couches profondes, fort à craindre
quand les terres sont découvertes. Ces cultures dérobées, enfouies comme
engrais vert, exercent, en outre, une action marquée sur la récolte sui-
vante. Je suis en mesure d'en fournir aujourd'hui à l'Académie un exemple
frappant.
« La réussite des cultures dérobées est étroitement liée à l'abondance
de la pluie pendant les mois d'août et de septembre; s'ils sont absolument
secs, ainsi qu'il est arrivé en 1895, la culture avorte; mais, depuis huit ans
que j'ensemence régulièrement mes chaumes de blé, c'est le seul échec
que j'ai eu à enregistrer ; les autres années, on a toujours obtenu des poids
(') Comptes rendus, t. C\X, p. Sg ; 1895.
( '4o )
d'engrais vert d'une valeur supérieure à la dépense qu'occasionne l'achat
de la semence; en 1897, notamment, le succès a été complet.
» Cette année-là, on a recueilli au pluviomètre de la Station agrono-
mique de Grignon : 72™™ d'eau de pluie en août, 53™™ en septembre et
7""", 8 en octobre, ou en tout i33™". Les cultures dérobées ont profité
de cette humidité; en général, elles ont été excellentes, non cependant
sans présenter quelques irrégularités; au milieu de parcelles donnant 14
ou i5 tonnes d'engrais vert, il s'en trouve qui en donnent 18 tonnes; dans
une autre partie du champ d'expérience, la moyenne de quatre parcelles
tombe à 13070''^, dans une autre à 81 io'*s.
» Si grandes que soient ces différences, elles ne correspondent pas ce-
pendant à une qualité particulière du sol, supérieure sur certains points à
ce qu'elle serait sur d'autres, car ces différences ne se produisent pas
toujours dans le même sens, et l'on trouve, dans les registres de la station,
que le blé, les betteraves ou lès pommes de terre ont donné souvent, sur
les parcelles à faible rendement de vesce de 1897, des récoltes égales ou
même supérieures à celles qu'on a recueillies sur les terres où la vesce a
si bien réussi il y a deux ans.
« La vesce analysée au moment où on allait l'enfouir à la fin d'octobre
était déjà partiellement desséchée; on y a trouvé de 28,6 à 3(3,9 centièmes
(le matière sèche, et, dans 100 de celle-ci, une quantité d'azote à peu près
constante de 3,55. On a eu le soin de peser toute la partie aérienne de la
vesce avant l'enfouissage, et l'on a pu calculer la quantité d'azote contenue
dans la récolte d'un hectare et le poids de fumier de ferme auquel elle
équivaut; en 1897 la vesce enfouie sur 22 parcelles du champ d'expé-
riences a correspondu en moyenne à 28 tonnes de fumier de ferme à 5 '"K
d'azote par tonne; les écarts ont été considérables: sur deux parcelles
la vesce équivalait à plus de ^o tonnes de fumier, et sur trois elle était
au-dessous de vingt; les autres nombres sont intermédiaires entre ces
extrêmes.
» Au printemps de 1898, je résolus de profiter de ces différences dans
les quantités d'engrais vert enfoui pour préciser sa valeur, et j'ordonnai de
planter des pommesde terre appartenantà la même variété, alternativement
sur une parcelle où l'engrais vert était abondani, puis sur une autre où, au
contraire, il ne s'était que médiocrement développé; toutes les parcelles
reçurent uniformément la valeur de 3o tonnes de fumier par hectare; la
fumure ne présentait donc d'autre variable que le poids de vesce enfoui au
mois d'octobi-e précédent.
( •4> )
» Les pommes de terre |>Iantéesapparlenaient à plusieurs variétés diffé-
rentes : nous continuons à cnlliver avec succès, au champ d'expériences de
Grignon, la Richtcr s-Imperalar. préconisée par notre regrette confrère
Aimé Girard; toutefois, comme ses rendements avaient faibli en 1897, nous
avons planté, comparativement avec les seraenceaux provenant de nos
propres cultures, d'autres acquis en dehors. Plusieurs cultivateurs repro-
chent à la Ricliter de se mal conserver dans les silos pendant l'hiver, et
nous avons introduit, dès 1897, deux nouvelles variétés qui viennent de Bo-
hème; elles portent les noms de Professeur- Mœrcker et de Bocleur-Locius ;
elles paraissent présenter de remarquables qualités; nous avons planté
encore la Géante-Bleue, variété nouvelle dont les rendements ont rapidement
baissé; enfin, j'ai essayé une variété qui m'a été adressée du département
de l'Oise par M. Poulet.
» Les résultats obtenus sont réunis dans le Tableau suivant :
Culture des pommes de terre au champ d'expériences de Grignon en 1898.
Tous les nombres sont rapportés à l'hectare. Fumure uniforme : 3o tonnes
de fumier.
Poids
des
de
du
tutiercules
l'azote
l'uiiiier
recueillis
de
conteni^
de
en
vesce
dans I
ferme
quintaux
Variétés plantées.
enfouie.
la Vfscej
correspondant.
métriques,
Frofesseur-Mœrciver.
\ I I 5oo
\ 8200
i34
100
ke
26800
20000
302
263
Docteur-Lucius.
i.5ooo
9100
i63
108
32600
21600
3i8
25o
Ricliter.
( i^ioo
143
28600
288
Semenceau Grignon.
i 83oo
93
19000
221
Rictiter.
1 8200
100
20000
3o8
Semenceau Vilmorin.
1 19200
28
5760
aSo
Variété Poulet.
\ i38oo
i S600
i5o
100
3oooo
20000
208
i63
Géante-Bleue.
( 6900 C^)
1 9600
79.8
1 10
15960
22000
74
.73
(') On a cultivé, eu culture dérobée, des pois au lieu de vesce.
(^) Cette parcelle ne reçoit que les engrais verts que lui fournissent les cultures
dérobées.
<:. R., iSyg, !• Hemeslre. (T. GXXIX, ^^ 3.)
ï9
( "4^- )
» On voit quel supplément considérable de fumure apportent les cul-
tures dérobées : la fumure de 3o tonnes de fumier distribuée partout est
parfois doublée ( ' ); on voit en outre que toujours les poids des tubercules
récoltés s'élèvent ou s'abaissent avec ceux de la vesce enfouie.
» Quand la variété Mœrcker a reçu i38oo'"*'' de vesce, elle a donné
3o20o''K de tubercules, et seulement 26 Soc'''»' quand le poids de vesce
enfouie est tombé à 820o''*''. La variété Lucius fournit 3i8oo''''' de tubercules
avec i5 tonnes de vesce, et 23 000''^' avec gioo'^s de fumure verte. On
trouve des différences analogues pour la Richler, semenceauxde Grignon,
et pour la variété Poulet. Les,autres comparaisons ne sont plus aussi régu-
lières, car une des parcelles plantées en Richter (semenceaux Vilmorin)
avait porté une culture dérobée de pois qui avait mal réussi. Une des par-
celles plantée en Géante-Bleue reste toujours sans engrais; la vesce y a été,
par suite, beaucoup moins abondante que sur les autres carrés.
» En restreignant la comparaison aux variétés pour lesquelles elle est
légitime, on trouve qu'un surcroît d'une tonne de vesce enfouie détermine
une augmentation de tnben ules à l'hectare de :
lontic
1,18 poui' Mœrel\er
I , lo poLir Lucius
1 , i5 pour Richler, semenceau de Grignon
0,86 pour l'oulel
ou, en moyenne, d'une tonne.
)) Si, de plus, on se rappelle qu'une tonne de pommes de terre renferme
3^^ d'azote, tandis qu'en 1897 ""'^ tonne de vesce, prise au moment de
l'enfouissage, en renfermait 10, on reconnaîtra que l'action fertilisante de
l'engrais vert n'est pas épuisée par cette première récolte, et qu'au con-
traire le sol se trouve enrichi d'une quantité notable d'azote prélevé sur
l'atmosphère.
)) l>es cultures de betteraves de 1898 conduisent encore aux mêmes
conclusions; il n'a pas été possible de les disposer de façon à mettre en lu-
mière, par des différences de rendement, l'influence des cultures dérobées,
comme on l'a fait pour les pommes de terre, car toutes les parcelles ense-
mencées en betteraves avaient porté de très bonnes cultures de vesce;
(') 11 ne liuil pas stlonner de voir, dans le Tableau précédent, des poids égaux de
vesce enfouie correspondre à des quanlilés variables d'azote : ces irrégularités tiennent
à l'inégale dessiccation des lots au moment de l'enfouissaue.
( 'i3 )
mais on réussit à montrer leur utilité en comparant les quantités d'azote
prélevées sur le sol par la betterave à celles qu'ont introduites le tuiiiier
et l'engrais vert.
» On a ohtemi, au champ d'expériences de Gri^non, en 1898 :
Betleraves (demi-sucrières),
à l'hectare. •
Hlaiiclie lîlanche
il collet vert. à collet rose.
Rncines 55 900 07 700
contenant :
Sucre ()ç)5(> 7 1 3o
Matières azotées 89^* 879
Nitrate de potasse i5a 149
» Les matières azotées et le nitrate renfermaient les quantités d'azote
suivantes :
\7.0te
Organique. iNitrique, Total.
Collets roses i4o''S,8 10^',- i6i''S,5
Collets verts '42''^,9 •^.i''",3 i64''",2
« En movenne la récolte d'un hectare a donc enlevé 162''^, 8.
» Il n'v a pas lieu de tenir compte de l'azote des feuilles et des collets,
car ces résidus sont enterrés dans le sol qui lésa fournis; en outre les eaux
de drainage qui s'écoulent au-dessous des cultures de betteraves sont très
peu chargées, ce qui est bien naturel, puisque les racines absorbent ces
nitrates aussitôt qu'ils sont formés; on peut donc estimer au plus de i65''s
à 170'*! les prélèvements d'azote des betteraves eu 1898.
» On avait distribué 3o tonnes de fumier par hectare, qui ne renfer-
maient que iSo'^K d'azote : la terre se serait donc trouvée appauvrie, si elle
n'avait pas reçu le supplément de i'umure des engrais verts; pour les par-
celles cultivées en betteraves, il a été en moyenne de 159'"*'' d'azote par
hectare et a sans doute contribué à pousser la récolte de betleraves jusqu'au
chiffre élevé que nous venons de signaler.
» A mesure que, d'années en années, les observations s'accumulent,
l'utilité des cultures dérobées d'automne devient de plus en plus évidente.
Il est bien à remarquer toutefois qu'on n'en tire bon parti qu'en les
enterrant à l'automne; si l'on relarde leur i^nfouissage jusqu'au printemps,
les nitrates, provenant de la transformation de leur matière organique
( i41 )
azotée, apparaissent trop lard pour que la récolte qui suit IVngrais vert
puisse en profiler ('). "
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un nouveau Volume publié par VAssociatiun française
pour l'avancement des Sciences, « 27* session, tenue à Nantes en 1898,
II* Partie : Notes et Mémoires. »
I
M. LœwY présente à rAca<lémie deux photographies lunaires qui lui
sont adressées par M. Weineck, directeur de l'observatoire de Prague; ces
photographies très intéressantes sont des agrandissements faits sur les cli-
chés de l'Observatoire de Parisl
GÉOMÉTRIE. — Sur les transformations des droites. Note de M. E.-O. Lovett,
présentée par M. Darboux.
« Considérons les transformations de l'espace (x, y, z) dans l'espace
(X, Y, Z)qui sont déterminées par deux œquationes directrices de la forme
^ x^^ + y^'^+ z^':^ -^<^l =0,
(0
où les <!),, I", sont fonctions de X, Y, Z et les indices désignent le degré des
fonctions.
» La droite
(2) j + X-,r + m = o, z + Ix -}- n = o
sera transformée dans la surface
(3)
*a t-p ^'y •I>5
w, w'r w:^ w;
k i o m
/ o I /(
= o.
(•) Annales agronomif/ues. t. XIX, p. 3o5 ; 1898.
( '^5 )
)) Si la surface doit être une quadriqiie, il faut que tous les détermi-
nants du second ordre
(4)
<!>„ 'l'p 'l'y ^i
w, wi w; i-ii
se réduisent à des fonctions du deuxième degré au plus. Soient, en parti-
culier, toutes les fonctions <î>,, W, du premier degré. Les équations
ou
o,- = a,- X + Z>,- Y -h CiZ -h di.
définissent un groupe de tc^" transformations qui transforment la droite (2)
dans la quadrique
(6)
kl
<?2?3
k
?2?1
-/
'fs'fi
— m
?r?2
— n
'fl?:l
_
'frfi
mil
?6?7
<?6?S
? 7 '■?«
■fô^G
?5<?7
'■?5?8
o.
» Si l'on veut que cette quadrique soit une sphère pour toutes les va-
leurs de A:, /, m, n, il est nécessaire que 92, 03, Çn, 9, se réduisent à des
constantes. Donc, nous voyons que les équations
1 (a, X -+- /^ Y + c, Z -^- r/, )x -{- (l,y + d., z H- a, X -+- è, Y + r,, Z + r/, r= o,
^'^' ( (fl^X + i, Y -+- r^Z + f/5) ^- + <-/« V -^ d-,z -^ rtjX -f- 6^ Y + r^Z + d^ = o,
où les constantes sont assujetties aux conditions
/ a^a^ — a„a,, = b. l\ — h-, h^ = c,c^ — c,, c-~
\ a.b<, -\'
(8)
«I^S -+- ^l«S — <-l-J^'< — ^4 «5
O,
a,i\ -t- r.a.
a.,c-^ — c,,a.^ = o,
/>,r, + r,/;, - h,r, — c.,b^ = o,
déterminent cc'^ transformations qui changent les droites en des sphères.
» En employant la méthode de Sophus Lie nous vérifions facilement
que les transformations définies par les équations (7) sont des transforma-
tions de contact. Les droites se transforment en des points, si
(9) d^ -.d^-.d^: d,, = r/,, : /,; : d^ : d^.
» Nous voyons ensuite que, en particularisant les constantes de la ma-
( '46 )
nicro snivanle
!</, zrzz a^ = A, = h^ r=z Ci,=^ r- = (l^ = (■/._, — r r/- — : .■/- ^= c/^ 7= O,
(t i = f/. — r.'| = — ("g = rf., — r/„ = I , /y, = — A ., = y/ — l ,
nous avons la corresjiondance célèbre étudiée par Lie.
» Si nous recherchons les transformHtions de l'espace à n dimensions
qui transforment les droites en des sphères et qui sont déterminées par
deux équations bilinéaires, nous trouvons que ces équations doivent être
de la forme
" 2 «H- 1
OÙ les 6« constantes sont assujetties aux .^(/i — i) (« + 2) équations; donc
iln'v a pas de groupes de transformations de cette espèce dans les espaces
à un nombre de dimensions supérieur à onze ('). Pour « = ii, nous
avons 00' transformations; n = 10, oc"; n = 9, oc"'; n = 8,cc'^; n -— 7,3c''';
n ixze.oo'»; n = S, ce"; /z = /|,cc"; n = 3, ce".
» INous remarquons enfin que l'on peut obtenir une catégorie de ce''
transformations de contact en emplovant la forme (■) de la transformation
de Lie donnée par M. Darboux.
» En effet les équations
(',0) ^,,=:/-.„4-7..«^_ ^..-^_v^p (/ = I,2,3.'i)
établissent une correspondance entre les droites («,, r/o, «.,, ff , ) et les
r~phères(a,fl,Y, p), de telle façon que deux droites se coupant se Irausforment
on deux sphères se touchant, si les dix équations suivantes
,, I ^\ ^'- - ^J-: = . . = v,v^ — v,v. I .
' / • I A . 1- A,/c., — ^"3 At — ^-i^'/, = ■ '>
•.ont satisfaites, car ces équations sont nécessaires et suffisantes |)our que la
(') I^e maximum pour n, savoir 4, donné dans ma Note Sur la correspondance
entre les lignes droites et les sphères {Comptes rendus du 9 janvier 1899), est inexact.
(-) Darboux, Théorie des surfaces. I. I, 11° 157.
( '47 )
forme quadratique
(a, — i'\ ) (a. — «',,) (rto — ti..)(a., — «'.,)
soit changée par la transformation (12) dans la forme quadratique
(y. - ^'Y + ( P - :^'y + (t - y')' - (p - P')'- »
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la /// cône générale des congriiciices de
cercles et de sphères. Note de M. C. Gciciiaud, présentée par M. Darboux.
« Les systèmes de points, plans, droites, cercles, sphères que je vais
considérer dépendent de deux paramètres que j'appelle u et v. Afin de
rendre les énoncés plus concis, je ferai les conventions suivantes :
)) Un point M décrit un réseau si, sur les surfaces lieu de M, les courbes
/; z^ const., c =: const. sont conjuguées.
» Un plan P enveloppe un réseau si, sur la surface enveloppe de P, les
courbes u = const., c -- const. sont conjugnées.
» Une droite U décrit une congruence si les surfaces réglées u = const. ,
(' = const. sont des développables.
» Une sphère S décrit une congruence si « et v sont les paramètres des
lignes principales de l'enveloppe de la sphère (Darboux, Leçons, IP Partie,
p. 322).
» Un cercle C décrit une congruence si, dans chaque série de cercles
u = const., c = consl., un cercle quelconque est rencontré en deux points
par le cercle infiniment voisin (Darboux, Leçons, IP Partie, p. Si^).
» Si une sphère S décrit une congruence, son centre M décrit un réseau ;
quand u ou c varient seuls, la sphère S touche son enveloppe suivant deux
cercles C, ou C^ qui décrivent des congruences; ces cercles sont les cercles
focaux de la congruence de sphère. Les deux cercles focaux se coupent
en deux points A et B qui sont les points de contact de la sphère et de son
enveloppe. La droite AB décrit une congruence parallèle au réseau M. La
droite AB sera la corde focale de la congruence de sphères.
» Si un cercle C décrit une congruence, il en est de même de son axe D.
Soient 5, et s^ les foyers de la congruence D ; (S, ), (Sj) les sj)lières qui ont
pour centres 5, ou s.^ et qui passent par le cercle C décrivent des con-
gruences. Ces sphères (S,), ( S,) sont les sphères focales de la congruence de
cercles. Le plan P du cercle enveloppe un réseau M qui est le rc seau focal
de la congruence de cercles ; soient MA et Al 13 les fangenles à ce réseau ; les
( i48 )
cercles focaux des congriiences (s, ) et (.v^), ;uilres que le cercle C, passent
respectivement par les droites MA et MB.
» Ces propriétés bien connues étant rappelées, je vais introduire les
coordonnées penlasphériques de M. Darboux. J'écrirai l'équation d'une
sphère S, sous la forme
— 2X,X — '2XnY — 2X3Z -+- .r^{X- -h Y--1- Z-— 1)
^'-^ I -{-ix,(X'-\-Y- + Z'-h<.)--=-o,
où X, Y, Z sont les coordonnées courantes; x,, a:,, . . .,oc. les coordonnées
de la sphère. Pour que la sphère S décrive une congruence, il faut et il
suffit que les quantités a-, , . . . ,\x^ soient solutions d'une même équation de
Laplace :
^ ■' ou oc h âv au l au or
)> Il en résulte que x,,.. .,x^ sont les paramètres directeurs d'une droite
de l'espace à cinq dimensions qui décrit une congruence; donc :
» A chaque congruence de droites dans l'espace à cinq dimensions on peut
faire correspondre une congruence de sphères.
» Deux congruences parallèles dans l'espace à cinq dimensions donnent
la même congruence de sphères.
» Je prends maintenant un cercle C qui décrit une congruence;
soient ^,, ...,(5 les coordonnées de la sphère focale S,; r,,, ...,r,-^ celles
de la sphère focale Sm. Quand v varie seul, la sphère focale S, doit toucher
son enveloppe suivant le cercle C; de même quand u varie, la sphère S^ la
touche suivant le cercle C. On doit donc avoir des relations de la forme
,,, (§ = «.+«'•., .
(-') 1 , / 1—1,-2.,
[^=ci.^^,^
A, B, C, D étant des fonctions de u et v. On sait qu'on peut multiplier les
quantités ^ par un facteur, les quantités r, par un autre facteur, de façon
à ramener le système (3) à la forme
/ / \ d^i drii y ^
(4) ^=rtr,„ ^=mç, i==l,2 D.
» On fait ainsi correspondre les congruences de cercles et les'réseaux de
l'espace à cinq dimensions. Les quantités ç, r, sont respectivement les para-
( i49 )
mètres directeurs des tangentes aux courbes du réseau. A deux réseaux
parallèles correspond la même congruence de cercles.
» Une congruence de sphères et une congruence de cercles sont dites
harmoniques lorsque le réseau et la congruence qui leur correspondent
sont harmoniques. On a les propriétés suivantes :
» Pour que les congruences décrites par une sphère S et un cercle C soient
harmoniques, il faut et il suffit que la sphère S passe constamment par le
cercle C.
» Le réseau focal de la congruence C est conjugué à la congruence décrite
par la corde focale de S.
» Une congruence de sphères et une congruence de cercles sont dites
conjuguées si la congruence et le réseau qui leur correspondent sont con-
jugués. On établit facilement les propriétés suivantes :
» Pour que les congruences décrites par une sphère S et un cercle C soient
conjuguées, il faut et il suffit que le cercle C passe par les deux points où la
sphère S touche son enveloppe.
» La congruence D décrite par l'axe du cercle C est harmonique au ré-
seau M décrit par le centre de la sphère S.
» A tout* propriété des réseaux et congruences de l'espace à cinq di-
mensions correspondent des propriétés des congruences de cercles et de
sphères. Je signale seulement les suivantes :
» Si les congruences décrites par les cercles C, et C, sont conjuguées à la
congruence décrite par une sphère S, la sphère qui contient les cercles 0, et C.
décrit une congruence.
» Si deux sphères S, et S., décrivent des congruences harmoniques à une
même congruence de cercles, les points A,, B,, k.,, Bo où ces sphères touchent
respectivement leur enveloppe sont sur un même cercle que décrit une con-
gruence. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur les formules de Mossotti-laiisius et de
Belti relatives à la polarisation des diélectriques. Note de M. F. Beaulakd,
présentée par M. Lippmann.
« 1. La théorie mathématique de l'induction magnétique a été établie
pour la première fois par Poisson (' ), en considérant un milieu magnétique
(') Poisson, Mémoire sur le Magnétisme, lu à rinstitiit le 2 février 1824, et Mé-
moires de l'Académie des Sciences, t. V, p. 247; 1821-1822.
C. H., 1899, 2" Semestre. (T. CXXIX, N» 3.) 20
( i5o )
comme constitué pur l'assemblage d'un grand nombre de corpuscules sphé-
riques, de perméabililé infiniment grande, disséminés dans un milieu non
magnétique. Cette conception permet d'établir entre le coefficient d'aiman-
tation k, le rapport g de l'espace occupé réellement par les corpuscules
magnétiques au volume total de la substance, et la perméabilité magné-
tique [j. de celle-ci, les relations
(,) k =
!i^{^ — g)'
(2) ;j. = I -f- /,7:/f.
d'où l'on tire
(3)
» Or il est facile de voir que, dans le cas du fer, en adoptant la valeur
;y. = 5oo, on obtient pour le remplissage relatif g, déduit de (3), une valeur
supérieure au rapport maximum — — que puisse atteindre g lorsque les
corpuscules sphériques égaux entre eux sont en contact immédiat ( ' ). Cette
difficulté a élé signalée par Maxwell ('); Betti (°) l'a fait disparaître, en
modifiant la relation (i) de Poisson et la remplaçant par la suivante
(4) k
d'où la valeur de [/.
(5)
4t: 4t(i — S^-)
1-3,
on vérifie facilement que, pour ji. = 5oo, la valeur de g déduite de (5) est
en effet inférieure au rapport maximum — —•
3^/2
') 2. Adoptant les vues de Faraday, à savoir que les diélectriques sont
formés d'un très grand nombre de corpuscules sphériques conducteurs,
distribués dans un isolant parfait, Mossotti (') a transporté les idées de
Poisson dans la théorie de la polarisation des diélectriques, la constante
(') Mascart, Eleclricité et Magnétisme, 2" édilion, p. 2o5, et Maxwell, Traité
d'Électricité et de Magnétisme, § 430.*
(^) Betti, Leçons sur le potentiel, p. 377.
(') F.-O. Mossotti, Arcli. desSc. phys. et nat. de Genève, t. VI, p. igS; 18^7, et
VTem. di. Mat. et di. Fis. dalla Soc. ital. Modena. 2'^ série, t. XIV, p. 49; i85o.
( '^n
diélectrique K correspondant à la perméabilité magnétique j;.. Plus lard, et
indépendamment de Mossotti, le physicien Clausius('), développant les
hypothèses que Poisson et Green ont prises pour base de leur théorie sur
le Magnétisme, et admettant que les corpuscules sont un peu conducteurs,
et très petits par rapport aux intervalles séparatifs, a donné une relation
identique à celle de Poisson, R remplaçant [i..
» D'une façon plus générale, si l'on désigne par K^ la constante diélec-
trique des corpuscules sphériques distribués dans un milieu de constante
diélectrique K,, on a, en représentant par K la constante diélectrique du
milieu supposé homogène, la formule (-)
,^ K^ _ K,H-2K,4-2g'(K3— Kl)
^^ K, K,-H2K, — ^(K,— K,) ■
Si l'on admet que le pouvoir inducteur spécifique des conducteurs est infini,
il vient pour R, = co
qui est la relation de Poisson ; de même, dans les mêmes conditions, la re-
lation de Betti prend la forme
K I
(H)
K, ~ . - 3
.^
M Afin de soumettre les formules I et II à un contrôle expérimental, j'ai
déterminé, par une méthode précédemment décrite (^Comptes rendus,
23 juillet 1894), la constante diélectrique de deux lames constituées par
un mélange, aussi homogène que possible, de limaille de cuivre et de pa-
raffine. La lame L, est formée par iao"^' (34"'^, 09) de cuivre et 400^'
(459'^'^, 7) de paraffine : d'où g^= 0,06904; la lame Lo par 4oS''(4'^'^, 545) de
cuivre et 242^"^ (278*^"^, 2) de paraffine : d'oii g^= 0,01607. Pour une durée
de charge de o%o8 et des potentiels de charge de 5o, 100, i5o éléments
Gouy, on a obtenu, pour L,, la valeur R=2, 443; pour Lo, la valeur R= 2,06
et pour la paraffine pure, R,^i,95. On a ainsi tous les éléments delavéri-
(') Clalsils, Tkéor. méc. de la Chaleur. 2" Partie : AddUion au Mémoire X,
p. 92-94. Traduction Folie.
(^) Mascart, lue. cit.. p. 2o4, et Maxwell, loc. cit., § 4.30.
( i52 )
ficalion
K
1 +ig
'-g
I
,-3g-
= i,'î7o
I ,222
I,26t
= I ,o56
i,o4q
I ,o5o
2i^
' ~',95
?-,o6
" '.95
» On voit que les formules de Poisson et de Betli conduisent à peu près
aux mêmes nombres el concordent également bien avec les résultats expé-
rimentaux.
» 3. Il n'est peut-être pas inutile de remarquer que K pour L, (42 pour
100 de Cu) est plus grand que pour 1^0(14 pour 100 de Cu). Le pouvoir
inducteur augmente avec la teneur en cuivre et doit tendre vers l'infini
pour une lame entièrement conductrice; or ceci est contraire aux idées
de Maxwell : ce physicien, écrivant que, pour un corps imparfaitement iso-
lant, le courant électrique vrai est la somme du courant de conduction et
du courant de déplacement, obtient les formules coimues (*)
M = CP + ^- -77 ' • ■ • >
qui, pour le cas d'un conducteur, exigent K = o, contrairement à la réa-
lité expérimentale. M. Potier a adopté un autre point de vue : en écrivant
que la force électromotrice en un point est égale à la somme des forces
électromotrices qui engendrent les courants de conduction et de déplace-
ment, on obtient les relations
qui, dans le cas d'un conducteur, entraînent la valeur R = oc et sont,
par suite, plus rationnelles que les relations de Maxwell. »
ÉLECTRICITÉ. — Les gaz raréfiés possédenl-ils la conduclivilé électrolytique?
Note de M. E. Bouty, présentée par M. Lippmann.
« Depuis quelques années, il y a, parmi les physiciens, une tendance à
considérer les gaz raréfiés comme naturellement doués d'une véritable
(') PoiNCARÉ, Éleclr. et Optique, p. 189-190.
( '53)
conductivité électrolytique. M. J.-J. Thomson ('), étudiant les décharges
induites dans des tubes à gaz raréfié dépourvus d'électrodes, a même pu
fournir une évaluation de cette conductivité qu'il a trouvée du même ordre
que celle de l'eau acidulée à 25 pour roo d'acide sulfurique.
» Pour savoir si les gaz raréfiés se comportent, en toute circonstance,
comme des électrolytes, j'ai employé la disposition suivante :
» Entre les armatures d'un condensateur en relation avec une source à
la différence de potentiel V, introduisons un conducteur isolé. Nous pro-
duirons un accroissement de capacité que l'on mesure par des méthodes
faciles à imaginer. Cet accroissement de capacité, Sopourioo par exemple,
est parfaitement indépendant de la nature du conducteur employé, métal-
lique ou électrolytique. Un ballon plein d'une dissolution saline se comporte
comme un ballon plein de mercure. On peut même remplacer la dissolu-
tion saline par de l'eau distdlée, de l'alcool, voire de l'essence de térében-
thine rectifiée. Pourvu que la durée de charge ne soit pas trop courte,
tous ces diélectriques se comportent, dans mon expérience, comme des
conducteurs parfaits. Il en est encore de même d'un ballon dont l'une des
surfaces, externe ou interne, conserve une faible trace d'humidité adhé-
rente.
» Il convient d'insister sur ce fait, que V accroissement de capacité mesuré
se montre parfaitement indépendant de la différence de potentiel V employée,
quelque faible que soit celle-ci. Cette indépendance constitue un caractère
essentiel àe la conductivité, soit métallique, soit électrolytique.
» Au contraire, si entre les armatures d'un condensateur on introduit un
ballon plein d'air, à la pression atmosphérique, soigneusement paraffiné à
l'intérieur et à l'extérieur pour supprimer toute trace de conduction par
les parois, le verre du ballon ne produit qu'un accroissement de capacité
insignifiant du condensateur, 2 ou 3 pour 100 par exemple, quelque
grande que soit la différence de potentiel employée. Il est donc très facile
de décider si le contenu du ballon est, ou non, un corps conducteur.
» Premier cas : Tubes de Croolces. — Cela posé, j'ai d'abord introduit
entre les armatures de mon condensateur tous les tubes à gaz très raréfiés
que j'ai pu me procurer : des lampes à incandescence, des tubes de Crookes
de diverses formes, un radiomètre, enfin des tubes sans électrodes spé-
cialement préparés pour cet usage et dans lesquels on avait fait le vide de
Crookes.
(') J.-J. THOMSOiv, Récent researchcs in Etectricily and Magnetism. p. 92; 1893.
( ï54 )
» Tous ces tubes étaient soigneusement paraffines à l'extérieur. Bien
que quelques-uns d'entre eux continssent de petites portions métalliques
isolées (armatures et fils des lampes, électrodes des tubes de Crookes,
ailettes du radiomètre), ils se sont comportés très sensiblement comme le
ballon plein d'air à la pression atmosphérique. Ainsi une certaine lampe
à incandescence placée entre les plateaux du condensateur produisait
uniformément un accroissement de capacité de 3 pour loo. On l'a ouverte
en brisant la pointe et on a laissé rentrer sans précaution de l'air humide :
la paroi est devenue assez conductrice pour faire monter brusquement à
3o pour loo l'accroissement de capacité. On a pu alors introduire dans la
lampe de l'eau de rivière ou même une dissolution saline ; l'accroissement
de capacité est demeuré égal à 3o pour loo.
» Le vide de Crookes, tel qu'on le produit dans les appareils précités, se
montre donc absolument dénué de conductH'ùé, même quand les armatures
du condensateur ne sont distantes que de 3*^™ et que l'on introduit entre
elles une différence de potentiel de 2000 volts.
» Deuxième cas : Tubes de Geissler. — Dans les tubes de Crookes, la
pression du gaz est généralement comprise entre o'"™,oi et o™™,ooi. Si
l'on emploie des tubes de Geissler (dans lesquels la pression est de l'ordre
de i""" à 5"""), on trouve encore que, pour des valeurs médiocres du
champ électrostatique, les tubes se comportent comme des ballons pleins
d'air à la pression atmosphérique, ce qui exclut toute idée d'une conduc-
tivilé électroly tique du guz-.
» Toutefois, pour un voltage suffisant, le tube paraît être devenu con-
ducteur, c'est-à-dire que désormais il accroît uniformément, de 5o pour 1 00
par exemple, la capacité du condensateur. Observé dans une obscurité
complète; le tube en expérience se remplit d'une lueur instantanée, aussi
bien au moment de la charge qu'au moment de la décharge. La production
de cette lueur paraît inséparable de la conductivité apparente.
» Pour une certaine valeur critique du champ, il arrive indifféremment
que l'accroissement de capacité se produit ou ne se produit pas : c'est-
à-dire que, dans plusieurs expériences consécutives, on observe un accrois-
sement de capacité, tantôt de 2 pour 100, tantôt de 5o pour 100, suivant
des circonstances accessoires analogues à celles qui agissent sur les dé-
charges entre des conducteurs dans l'air à la pression atmosphérique.
» J'ai soumis les phénomènes de conduction apparente par les gaz raré-
fiés à une élude systématique, dont je publierai prochainement les ré-
sultats.
( i55 )
» Je me bornerai à irisitiler aujourd'hui sur lévidenle discontinuité que
J3rcsenle, dans ces exjjériences, la manière d'être du gaz. Pour inie pres-
sion donnée yo, tant que le champ demreue au-dessous d'une certaine
valeur critique f, le tube reste obscur et il n'y a pas d'accroissement
sensible de capacité dû au gaz : le gaz raréfié est un parfait diélectrique.
Pour des champs supérieurs -a/, il se produit dans la masse du gaz comme
une rupture, manifestée par la luminescence du tube. Tout se passe comme
si l'on avait dépassé une limite d'élasticité électrique au delà de laquelle le
gaz est capable de fournir aux parois du tube les charges électriques posi-
tives et négatives qui annuleront le champ dans son intérieur.
» D'après toutes les analogies il convient, ce me semble, de réserver le
nom de décharge au phénomène qui nous occupe.
» Tout au moins ne saurait-on parler à' ions libres dans un gaz raréfié à
une pression quelconque et dans les conditions normales ('). On ne saurait
davantage assimiler les propriétés électriques d'un gaz à celles d'aucun
électrolyte connu. C'est la seule conclusion que je veuille tirer des faits
rapportés dans celte INote. »
PHYSIQUE. — Sur les variations lemporaues et résiduelles des aciers
au nickel réversibles. Note de M. Ch.-Ed. Guillaume, présentée par
M. A. Cornu.
« La facilité qui résulterait, pour un grand nombre de mesures, de
l'emploi d'alliages très peu dilatables, et, d'autre part, le danger qu'il
y aurait à se servir d'étalons éprouvant avec le temps des variations sen-
sibles, m'ont conduit à étudier en détail les changements temporaires ou
permanents des aciers au nickel.
» Je rappellerai d'abord (^) qu'une barre d'un alliage présentant l'ano-
malie négative de dilatation, étant amenée de la température de la forge
à une température inférieure, ioo° par exemple, augmente graduellement
de longueur, à température constante, et finit par se fixer à des dimensions
invariables. Si l'on abaisse encore la température, elle recommence à s'al-
longer, jusqu'à ce qu'elle ait atteint un nouvel état stationnaire. Les chan-
(') Bien entendu, je ne parle pas des gaz modifiés par les rayons X, les rayons ura-
niques, etc.
(^) Comptes rendus, t. CXXIV, p. 754; 1897-
( i56 )
gements inverses se produisent au réchaufFement, et l'on peut dire que la
barre tend, à toute température, vers un état définitif, auquel elle arrive
par un allongement ou une contraction, suivant que la température est
atteinte en descendant ou en montant. Toutefois, l'état définitif à une tem-
pérature déterminée n'est toujours le même que si les changements de la
température procèdent par étapes suffisamment rapprochées. Ainsi, une
barre amenée directement de la température de la forge à celle du labora-
toire n'arrive jamais à l'état où l'amène une série de recuits complets éche-
lonnés, par exemple, de 20 en 20 degrés depuis 100°.
» La vitesse initiale de transformation est d'autant plus grande que la
température est plus élevée, et l'écart entre l'état actuel et celui vers le-
quel on tend plus considérable. Elle est beaucoup plus forte à tempéra-
ture ascendante qu'à température descendante. Ainsi, à la température
de 100", la vitesse d'allongement d'une règle de i™ forgée est de 4"^ par
heure; après une exposition prolongée aux températures ordinaires, sa
vitesse de contraction est de 01^,8 à 01^,9 par minute. A i5°, l'allongement
est de o'^.o'; à o'^,o8 par jour après le forgeage,*et de 01^,03 par jour après
un recuit à 4o°.
)) Ces variations, très lentes aux températures basses, permettent d'étu-
dier les changements, à toute température, sans erreur appréciable, en
amenant toujours la règle à étudier à iS" par exemple, et en la comparant,
à cette température, à une longueur étalon. Cette comparaison pouvant
toujours être faite en moins d'une heure, on déterminera, par ce procédé,
l'état de la règle à la température qu'elle vient de quitter.
» Je me suis attaché particulièrement à déterminer les changements d'une barre
ayant subi la série rationnelle des recuits entre 100° et 4o°. Les résultats de ces me-
sures, qui embrassent une période de plus de deux ans, sont représentés dans le
diagramme y<^. i. On voit que, dans la première année, la barre s'est allongée de 6H-,5
par mètre environ, tandis que, dans la seconde année, la variation a été réduite à il'-, 5.
Si la variation est exponentielle, la longueur de la barre, à une température déter-
minée, doit être maintenant fixée, à oH-, 5 près. Cependant les points obtenus par l'ob-
servation ne se rangent pas tous sur la courbe; ils s'en écartent systématiquement à
certaines époques, et l'on voit que les écarts sont corrélatifs des variations de la tem-
pérature ambiante représentées par la courbe pointillée. Ces variations, conformes
aux lois générales précédemment énoncées, atteignent il'-, 5 environ pour les variations
extrêmes annuelles de la températiu-e.
» Pour étudier de prés ces variations, j'ai soumis une règle, primitivement recuite
complètement jusqu'à 4o° et abandonnée ensuite pendant une année aux variations
de la température ambiante, à une série de chauffes progressives jusqu'à 100°. A
chaque température, la règle était ramenée fréquemment à i5", et la chauffe était
( '-'•7 )
poursuivie jusqu'à ce que plusieurs mesures successives conduisissent au même résul-
tat. Le diagramme {fig. 2) montre les variations successi\es de la règle et la courbe
représentant la fonction
r =; — o,oo325. io""^0'^
Fia. I.
ï,s
qui les résume sensiblement. Le calcul direct d'une t'ouclion à deux termes avait donné
un premier terme positif très petit et d'ailleurs tout à fait incertain. Le signe de ce
terme paraissant très improbable d'après l'allure du phénomène, il a paru préférable
Fig. 3.
Te mpc: a liJi'eS
1f>
^^-^
\
30P
\
\
de l'annuler et de recalculer le second de manière à satisfaire le mieux possible aux
observations.
» La dernière formule donne les différences qui existent entre les longueurs d'une
C. n., iSçig, 3* Semestre. (T. CXXIX, N» 3.) ^I
I
( i58)
barre passant avec une vitesse très grande ou avec une vitesse très faible à une série
de tempéralures comprises entrée" et ioo°. Les formules de dilatation, trouvées par
des variations de la température qui, au point de vue de ce phénomène, peuvent être
considérées comme très raj)ides, doivent être corrigées de la quanti té /donnée ci-dessus,
si les variations de la température sont très lentes. Ainsi, un étalon géodésique employé
à la température ambiante en chaque saison, une tige de pendule, etc., se dilateront
suivant la formule corrigée, et c'est par celte formule que Ton devra calculer les com-
pensations.
» Les barres étirées se comportent d'une façon particulière. Le premier recuit à ioo°
les allonge pendant quelques heures et les raccourcit ensuite. A toute température
inférieure, elles ne subissent plus que des variations identiques à celles des barres
forgées, même si la contraction à loo" avait à peine commencé. Une barre étirée, con-
servée d'abord pendant longtemps à la température du laboratoire, puis amenée à ioo°,
se raccourcit pendant un temps qui peut dépasser une demi-heure, puis s'allonge pen-
dant quelques heures et se raccourcit enfin pendant plus de cent heures. On peut ainsi
observer successivement, dans la mêime barre, trois variations distinctes, d'amplitudes
et de durées différentes, dont les deux premières sont semblables à celles que l'on con-
state dans les barres forgées, mais dont la troisième est propre aux barres étirées.
» Celte dernière variation a été observée aussi dans des barres de nickel
pur et dans des aciers au nickel qui ne subissent les autres variations que
d'une façon inappréciable. La propriété caractéristique de cette variation
est d'être annulée à toute température par un recuit à une température
supérieure, tandis qu'il n'en est pas de même des changements propres
aux aciers au nickel, de la catégorie peu dilatable. Ces deux ordres de varia-
tion ont donc une orieine distincte. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l'cicélale chromique. Note de M. A. Recocra.
« Dans des Mémoires publiés antérieurement, je nie suis attaché à l'étude
des états isomériques des selschromiques. J'ai fait voir, en particulier, que
le chlorure, le bromure et le sulfate chromiques peuvent exister chacun
sous deux formes isomères, isolables à l'étal solide, la forme violette et la
forme verte. L'un des deux isomères, le violet, est un sel métallique ordi-
naire; l'autre, le vert, n'est pas un sel; c'est un composé anormal, en ce sens
que, soit la totalité, soit une partie de l'acide du composé est dissimulée à
ses réactifs ordinaires, c'est-à-dire n'est pas susceptible de faire la double
décomposition avec eux.
» Je me propose de décrire, dans ce Mémoire, les états isomériques de
l'acétate chromique. Ce sel offre un intérêt particulier, à un double
( i59 )
point de vue. En premier lieu, V acétate chromiq ne présente quatre formes iso-
mères, au lieu de deux que j'ai trouvées pour les autres sels. En second lieu,
tandis que, pour les sels précédents, la forme stable en dissolution est le
sel normal, pour l'acétate les formes stables sont celles qui ne sont pas de
véritables sels et, par suite, l'étude de l'action des réactifs sur ces com-
posés peut se faire dans des conditions beaucoup plus favorables. Potir
mettre l'exposition en harmonie avec les faits, je représenterai l'acétate
chromique par la formule Cr(C- H^ O^)', correspondant à la formule admise
aujoinxl'hui pour le chlorure CtCP.
» Disxolitlion d'acélale chromique. Acétate normal. — Le moyen le plus commode
pour préparer une solution d'acétale normal, c'est de l'obtenir par double décom-
position entre des quantités équivalentes de sulfate violet de chrome et d'acétate de
baryum. On obtient ainsi une dissolution verte. On serait donc tenté de croire, par
analogie avec ce qui a lieu pour les autres sels de clirome,que l'on se trouve en pré-
sence d'une variété anormale ou d'un sel basique. Il n'en est rien : ce n'est pas un sel
basique. Je l'ai isolé à l'état solide par des procédés que j'indiquerai plus tard. Il a
pour composition Cr(C^H'O-)', 511-0.
11 C'est l'acétate normal, car ce sel fait la double décomposition complète, soit
avec les alcalis, soit ai'ec les acides forts, ce que ne font pas, comme on le verra, les
autres variétés d'acétate. Ainsi, si à une solution renfermant une molécule du com-
posé et additionnée de plitaléine du phénol, on ajoute progressivement de la soude,
on précipite l'hydrate chromique et le virage de la phtaléine au rouge se produit,
quand on a versé exactement trois molécules de soude. La totalité de l'acide est donc
déplaçable par la soude, ce qui n'a pas lieu avec les autres variétés. La solution verte
d'acétate fait également la double décomposition avec les acides forts. Ainsi, si à une
solution renfermant une molécule d'acétate, on ajoute une quantité équivalente
d'acide sulfurique étendu, on constate au calorimètre un dégagement de chaleur de
13.''^', 17 qui correspond exactement au déplacement total de l'acide acétique par
l'acide sulfurique. On verra que l'acide sulfurique ne se comporte pas ainsi avec les
autres variétés.
» Ainsi donc, dans l'acétate vert, la totalité de l'acide acétique est déplacée instan-
tanément et complètement, soit par les alcalis, soit par les acides forts. Ses trois radi-
caux acides fonctionnent comme ions électropositifs. C'est donc l'acétate normal.
» On obtient le même composé en dissolvant l'hydrate chromique, récemment
précipité, dans une quantité équivalente d'acide acétique.
» Transformation spontanée de la solution d'acétate normal, en acétate anor-
mal. — La solution verte d'acétate normal, olUenue par les procédés que je viens
de décrire, est extrêmement instal)le. Cette instabilité se manifeste d'abord par les
changements de couleur de la solution, i[ui, du vert, vire peu à peu au violet. Ce
changement de couleur est déjà sensible au bout d'une demi-heure. Au bout de
quelques heures, la liqueur est complèlemenl violette. Mais ce n'est là qu'une première
phase de la transformation, phase rapide. Une deu,xième phase de transformation,
beaucoup plus lente, s'établit à son tour; elle se manifeste par un changement de la
( i6o )
teinte violette; celte deuxième phase dure environ une dizaine de jours. Une troisième
phase de transformation, encore beaucoup plus lente, s'établit alors et la liqueur
violette se change très lentement en une liqueur verte; celte dernière phase dure en-
viron un an. Je vais montrer que ces changements de teinte correspondent à la pro-
duction spontanée, successive, de trois variétés d'acétate isomères, très différentes,
que j'ai pu isoler.
« Mais je dois dire d'abord que, dès que la liqueur est devenue violette, c'est-à-dire
au bout de quelques lieures, elle se différencie profondément de la liqueur verte
primitive, par ce fait que les alcalis n'en précipitent pas l' hydrate chromique. Que
l'on ajoute, en eflfet, une quantité de soude équivalente ou même supérieure à la quan-
tité correspondante d'acide que renferme l'acétate violet, il ne se produit aucun préci-
pité d'hydrate chromique. Ce précipité ne se produit qu'au bout de vingt-quatre heures,
ou bien à l'ébullilion. Ainsi donc, dans la liqueur devenue violette, l'hydrate chromique
est dissimulé aux alcalis. Le chronit est donc engagé dans un radical très stable.
» On peut se demander s'il en est de même de l'acide acétique, c'est-à-dire si, dans
cet acétate violet, la lolalilé de l'acide acétique, les trois radicaux acides sont dissi-
mulés et refusent de se combiner à la soude, ou bien si un ou deux des radicaux acides
peuvent se combiner avec la soude, le reste refusant de faire la double décomposition,
et restant uni avec la totalité de l'hydrate chromique à l'état de composé basique
soluble. C'est la seconde hypothèse qui est la vraie. Si, en effet, on ajoute à la solu-
tion en voie de transformation, renfermant une molécule du composé Cr(C-H'0*)',
c'est-à-dire trois molécules d'acide acétique, quelques gouttes de phtaléine du pliénol,
puis, si l'on y verse progressivement une solution titrée de soude, on constate que les
premières portions de cette base se combinent avec l'acide acétique, car la phtaléine
ne vire pas au rouge. La liqueur reste d'ailleurs limpide; il ne se produit aucun pré-
cipité. Puis, tout à coup, quand on a versé une quantité de soude comprise entre une et
deux molécules et variable avec l'âge de la liqueur, le virage au rouge de la phtaléine
se produit, sans qu'il y ail aucun précipité; à partir de ce moment, la soude que l'on
continue à ajouter ne se combine évidemment plus avec l'acide acétique; celui-ci reste
uni avec l'hydrate chromique et refuse de faire la double décomposition. Ainsi donc,
dajis l'acétate transformé, une portion de l'acide peut faire la double décomposi-
tion, c'est-à-dire fonctionne comme ion, tandis que l'autre portion est dissimulée et
engagée dans un radical.
» Le phénomène de virage est assez net pour se prêler à une me.sure
qnantitalive de la portion d'acide non dissimulée, et il constitue un moyen
très commode de suivre pas à pas les transformations qu'éprouve la solu-
tion avec le temps. J'ai fait cette étude : elle m'a conduit aux conclu-
sions suivantes :
» Les changements de couleur de la liqueur correspondent à la trans-
formation successive de l'acétate normal en trois acétates anormaux, qui
lui sont isomères. Dans tous les trois, l'iiydrate chromique est imprécipi-
table par la soude. Dans le premier, qui correspond à la terminaison de la
première phase de transformations (quelques heures), deux radicaux
( K'^' )
acides peuvent faire la double décomposition avec la soude, c'est-à-dire
existent à l'état d'ions électropositils; le troisième est engagé dans un
radical très stable avec le chrome. Dans le deuxième isomère, qui est éga-
lement violet et qui correspond à la terminaison de la deuxième phase de
transformation (une dizaine de jours), un seul radical existe à l'état d'ion,
les deux autres sont engagés dans le radical chromique. Il en est de même
dans le troisième isomère, qui est vert et qui correspond à la terminaison
de la troisième phase de transformation (une année).
» Dans une prochaine Note, je me propose d'indiquer comment j'ai
isolé ces quatre acétates isomères et comment, par leur étude calorimé-
trique et cryoscopique, j'ai établi leur constitution et leur fonction. »
V
PHYSIOLOGIE PATHOI^piQUE. — Sur la prévention et la guèrison de l épi-
lepsie toxique, par Vinjection de substance nerveuse normale. Note de
MM. V. B.4BES et Bacoucea, présentée par M. Bouchard.
« Dans le n° 1 de 1898 de la Deutsche mediz Wochenschrift, l'un de nous
(Babes) avait communiqué une série de cas d'épilepsie dite essentielle,
guéris ou beaucoup améliorés par des injections répétées de substance ner-
veuse normale. Tandis que, dans certains cas, l'effet du traitement a été
très prononcé, dans, d'antres le résultat a été douteux. Depuis, nous
avons souvent répété ce traitement, toujours avec le même résultat variable.
» La théorie d'une auto-intoxication comme cause déterminante de
l'épilepsie, à laquelle il faut sans doute ajouter une prédisposition hérédi-
taire ou acquise, de même que la constatation d'accès caractéristiques d'épi-
lepsie expérimentale à la suite d'injections de certaines substances
toxiques, nous ont permis d'expliquer le succès inégal et peu stable des
injections de substance nerveuse, en nous indiquant en même temps le
mécanisme de l'action de la substance nerveuse sur les épileptiques.
» Il n'est pas douteux qu'il y ait des poisons qui s'adressent plus ou
moins exclusivement aux centres nerveux, dont l'irritation provoque des
accès épileptiques ; quand on inocule de la substance nerveuse sous la peau
des épileptiques, ces poisons qui s'accumulent dans l'organisme pour
s'adresser, à un moment donné, aux parties épileptogènes du système ner-
veux, pour lesquelles elles possèdent une certaine affinité, en déterminent
l'accès; s'ils sont mis en contact avec la substance nerveuse injectée, au
lieu d'entrer dans les centres nerveux, ces poisons entrent dans la con-
( i62 )
stitution (le celle siibslance injectée. Il n'est pas douteux que la même
quantité de poison qui, chez des individus dégénérés, avQc des centres
faibles, produit des accès d'épilepsie, peut être sans effet chez des indi-
vidus solides. Les accès seront plus ou moins rapprochés, selon l'état
d'excitabilité maladive des centres; si les centres sont tellement déséqui-
librés par des processus pathologiques grossiers, que la moindre irritation
provoque l'épilepsie, l'effet des injeclions doit rester peu appréciable, et il
est probable que l'effet de la substance nerveuse injectée variera d'après le
lieu où elle sera injectée et d'après la partie du système nerveux choisie
pour l'inoculation.
)) Il est donc très difficile d'arriver à une conviction en appliquant les
injections chez l'homme, tandis qu'en agissant sur des animaux sains, chez
lesquels on peut produire des accès d'épilepsie par des quantités déter-
minées de poison, on peut espérer trouver la preuve de l'action réelle des
injections de substance nerveuse sur les accès épileptiqnes, et préciser les
conditions dans lesquelles ces injections peuvent être efficaces.
» Voici le résultat de quelques-unes de nos recherches préliminaires :
» Nous savons que l'essence d'absinthe provoque des accès épileptiques chez le
lapin. Les animaux de ioooS''-i2oo8'' ne présentent ordinairement pas d'accès épilepti-
formes quand on leur injecte un ou deux jours consécutifs iS'' d'essence, tandis qu'en
injectant 3s'' d'essence, à la fois ou bien à des doses fractionnées, dans l'intervalle de
vingt-quatre heures, les animaux présentent des accès épilepliformes, ou succombent
peu de temps après.
)> Quand on inocule 3'''' d'essence à la fois ou dans l'intervalle d'une demi-heure,
l'accès se déclare au bout d'un temps variant de quelques minutes jusqu'à une demi-
heure après l'injection, et les animaux meurent une à trois heures après.
» Après l'injection de ■2'''', 5, les animaux meurent parfois après plusieurs jours, sans
présenter de symptômes épileptiques caractéristiques ; d'autres résistent, sans présenter
de convulsions.
» On obtient donc des résultats assez précis, avec des essences d'ab-
sinthe de provenances différentes; les expériences faites parallèlement sur
des animaux traités par des injections de substance nerveuse donnent des
résultats tout à fait différents.
» 2. Nous avons injecté, chez trois lapins de loooS' à laooS'', lo'"' d'émulsion à
lo pour îoo de bulbe frais de mouton. Une heure après, les trois lapins, de même qu'un
lapin de contrôle, reçoivent une injection de i'^<^ d'essence et le lendemain encore 2".
Le lapin de contrôle présente, une demi-heure après la dernière injection, des accès
typiques et meurt après deux heures, tandis qu'aucun des trois lapins traités aupara-
vant par la substance nerveuse ne présente de convulsions; l'un meurt après six jours,
les autres restent bien portants.
( i63 )
» 3. Deu\ lapins reçoivent lo™ d'émulsion de bulbe et immédiatement après 3'='=
d'essence; en même temps, on injecte la même quantité d'essence à un animal neuf.
Tous les trois prennent des accès et meurent; seulement les lapins traités ont des accès
retardés et meurent seulement après douze à treize heures, tandis que le lapin de con-
trôle meurt après deu\ heures.
» Pour établir combien de temps, avant l'empoisonnement et avant
l'accès, l'injection de substance nerveuse peut avoir de l'effet, nous avons
fait les expériences suivantes :
» k. Quatre lapins reçoivent chacun lo'^" d'émulsion nerveuse. Vingt-quatre heures
après, tous reçoivent 3"= d'absinthe, en même temps qu'un animal de contrôle. L'animal
de contrôle présente de violentes convulsions, vingt minutes après l'injection, et meurt
une heure après, tandis que, parmi les quatre lapins traités, l'un gagne des convulsions
tardives et meurt après six heures; l'autre reste bien portant pendant un jour et demi,
après quoi il est pris de convulsions et meurt cinq lieures après; les deux autres lajjins
n'ont pas eu de convulsions et restent bien portants.
1) Un autre lapin reçoit 5™ de la même émulsion nerveuse et, vingt-quatre heures
après, S"^" d'absinthe; il est pris d'épilepsie dix minutes après et succombe après six
heures.
1) 5. Un lapin reçoit iC'^ d'émulsion et, après quarante-huit heures, 3"^*^ d'essence
d'absinthe; il ne présente pas d'épilepsie et reste bien portant, tandis que l'animal de
contrôle est pris de convulsions et meurt deux heures après l'injection d'absinthe.
» Un autre lapin, traité de la même manière, gagne des convulsions tardives et
meurt après dix heures.
» Un autre lapin, qui ne reçoit que 5™ d'émulsion nerveuse deux jours avant l'em-
poisonnement, est pris d'épilepsie quinze minutes et meurt en six heures.
» La dose de 5*^*^ d'émulsion nerveuse n'est donc pas suffisante pour
sauver le lapin; cette dose peut, en plus, retarder l'accès et la mort.
» Une autre série d'expériences porte sur des mélanges d'essence d'ab-
sinthe avec la substance nerveuse.
11 6. Quatre lapins reçoivent chacun une injection de 3"=' d'émulsion de substance
nerveuse mêlée à 3"" d'essence, un autre lapin reçoit une dilution de 3'^'= d'essence
d'absinthe dans lo"" d'eau, et un autre 3'^^'= d'essence pure.
» Trois des lapins injectés avec ce mélange n'ont aucune manifestation morbide,
tandis qu'un des lapins gagne des convulsions seulement vingt-trois heures après l'in-
jection et meurt trois heures après. Les deux animaux de contrôle sont pris de con-
vulsions dix et quinze minutes après l'injection d'essence et meurent deux et trois
heures après.
» Pour comparer l'effet des injections nerveuses sur des substances
épileptigènes avec d'autres toxiques spécifiques, nous avons traité de la
même manière des lapins auxquels on injectait ensuite la dose mortelle
( '64 )
de la toxine diphtérique, ce qui nous permettait de constater que les injec-
tions nerveuses ne possèdent aucun effet sur cette toxine, qui ne s'adresse
pas particulièrement aux centres nerveux.
» Ces expériences sont des plus nettes et montrent, d'une manière
indiscutable, que les injections de substance nerveuse, en quantité suffi-
sante, faites même deux jours avant l'introduction de l'agent épileptigéne,
empêchent l'accès et la mort.
» Les résultats cliniques de l'un de nous se trouvent donc confirmés
par l'expérience; il ne reste qu'à approfondir les conditions dans lesquelles
ou pourra compter sur l'effet salutaire de ce procédé dans le traitement
de certains épileptiques.
» En même temps se trouve confirmée l'affirmation publiée par l'un de
nous, dans une Communication faite à l'Académie, que ce même procédé,
trouvé par Babès en 1889 et qui peut sauver des chiens contre l'infection
rabique, de même qu'il est efficace contre l'infection tétanique, doit trouver
encore une application plus générale dans une série de maladies produites
par des substances qui s'adressent aux centres nerveux. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la présence, dans l' organisme animal, d'un
ferment soluble réducteur. Pouvoir réducteur des extraits d'organes (').
Note de MM. E. Abelous et E. Gérari», présentée par M. Arm. Gautier.
« Comme développement des faits que nous avons indiqués dans une
Note précédente, relativement à l'existence dans l'organisme animal d'un
ferment soluble réduisant les nitrates, nous signalerons les expériences
suivantes :
» I" On fait niacéiei-, pendanl vingl-qiialre heures, à 42°, aSo"'' de rein de cheval
pulpe dans Soo'''' d'eau distillée en présence de chloroforme. On filtre ;
» A. 100''"' du liltrat limpide sont additionnés de S?'' de nitrate de potasse el de
!"■= de chloroforme.
» B. loo'^'' du filtrat sont soumis à l'ébullilion, puis additionnés de nitrate 8 pour
100 el de chloroforme, V.
» Les deux flacons sont placés, à dix heures du matin, dans l'étuve à 42°. Le soir, à
quatre heures, on recherche les iiitriles avec Tiodure de zinc amidonné en présence
d'acide acétique.
» B. Pas de réaction.
» A. Réaction nette (présence de nitrite).
(') Travail du laboratoire de f'hvsiologie de la Faculté de Médecine de Toulouse.
( i65 )
» Ces mélanges sont laissés toute la nuit à la température du laboratoire (ao"). Le
lendemain matin, pas de nitrite dans le flacon B; au contraire, réaction très nette
avec le liquide A : la quantité de nitrite paraît augmentée.
» Par conséquent une macération aqueuse filtrée de rein de cheval est capable de
réduire les nitrates. La température de loo" supprime cette propriété.
» Les mêmes expériences répétées à la température de 55''-6o<' ont donné des résul-
tats analogues.
I) Une macération moins concentrée de pulpe rénale ('|0 pour loo), placée dans les
mêmes conditions, est aussi susceptible de réduire le nitrate de potasse.
» 2° Extrait glycérine. — On sait c(ue la glycérine peut extraire les ferments so-
lubles des organes qui les renferment (voir W-ittich). Nous avons préparé un extrait
glycérine de rein de cheval en faisant macérer aSos"' de pulpe répale dans aSc^de gly-
cérine neutre pendant vingt-quatre heures à la température de 40°. La macération
fdtrée a donné un liquide limpide.
» De ce liquide, loc^" ont été prélevés et soumis, au préalable, à l'ébullition, puis
additionnés de Ss'' d'azotate de potasse et de i'^"^ de chloroforme, lot (A).
» 100 autres centimètres cubes non bouillis ont été additionnés de nitrate et de
chloroforme dans les mêmes proportions, lot (B).
» Les deux lots A et B ont été laissés à l'étuve à 42° pendant dix-huit heures. Au
bout de ce temps, on procède à la recherche des nitrites.
» A. Liquide bouilli ne donne rien.
» B. Liquide non bouilli bleuit nettement au bout de quelques instants par le réactif
de Trommsdorff.
)) Ces liquides, additionnés de noir animal pur, sont soumis à l'ébullition, puis
filtrés. Les filtrats incolores et débarrassés d'albumine coagulable sont essayés par
l'iodure de zinc amidonné et le réactif de Griess. Le liquide A, préalablement bouilli,
ne donne aucune réaction. On obtient, au contraire, une réaction intense avec le
liquide non bouilli B.
» Par suite, la glycérine peut extraire le ferment soluble réducteur des nitrates.
» Ajoutons qu'on ne trouve pas la réaction de l'acide azoteux dans les extraits non
nitrates et que nous nous sommes assurés que le charbon employé ne renfermait pas
de nitrites.
» 3° Influence des antiseptiques. — Nous avons étudié, à ce point de vue, l'action
du chloroforme, du thymol (i pour 1000) de l'essence de cannelle, du fluorure de
sodium (i à 2 pour 100). Nous avons constaté que l'addition de ces antiseptiques
n'empêchait pas la réduction du nitrate. Pour le bichlorure de mercure, à la dose de
I pour 2000, la réduction est empêchée, à la dose de 1 pour 5ooo l'action du ferment
réducteur est encore perceptible.
» 4° Influence des dii'erses températures. — Les extraits aqueux de rein possèdent,
comme les macérations de pulpe rénale, une activité qui est fonction de la tempéra-
ture. On constate que la quantité de nitrite formé croît avec la température, qu'elle
passe par un maximum, entre 40° et 45°, pour décroître manifestement à 60° et deve-
nir nulle à 7i''-72°. On voit que ces résultats sont absolument parallèles à ceux que
nous avons observés avec la pulpe d'organe.
)i 5° Influence du milieu gazeux. — Nous nous sommes demandé si l'acliN ilé du
C. R., 1899, a" Semestre. (T. CXXIX, N- 3.) 22
( i6G )
ferment réducteur ne serait pas plus grande à l'abri de l'oxygène et en présence, par
exemple, d'hydrogène ou d'acide carbonique.
» Nous avons pris trois lots, A, B et C de loo" d'extrait rénal filtré; on a ajouté dans
chacun d'eux 8s'' de nitrate de potasse et i" de chloroforme. Mais, au préalable, on a
fait passer dans le flacon B un courant d'hydrogène pur, et, dans le flacon C, un cou-
rant d'acide carbonique.
» Les deux flacons remplis d'hydrogène et d'acide carbonique ont été maintenus
soigneusement bouchés et renversés sous l'eau. Après un séjour des trois flacons, pen-
dant vingt-quatre heures, à la température de 42°, on procède à la recherche et au
dosage colorimétrique des nitrites. On constate la présence de nitrite dans les trois
flacons. Mais la quantité de ce sel formé est au maximum dans le milieu hydrogéné,
plus faible dans le milieu aéré et, enfin, beaucoup plus faible dans le flacon contenant
de l'acide carbonique.
» Il semble, par conséquent, qu'en présence de l'hydrogène, l'action réductrice soit
plus intense qu'en présence de l'air, et que l'acide carbonique, par un mécanisme
non encore élucidé, diminue l'activité du ferment. On sait d'ailleurs que cette action
paralysante de l'acide carbonique a été observée pour d'autres diastases animales.
» 6° Influence de Valcalinité. — Une alcalinisation légère par le carbonate de
soude parait favoriser l'action réductrice; on obtient, dans ce cas, des quantités de
nitrite un peu supérieures à celles que l'on observe sans addition de carbonate
de soude. Nous nous proposons, du reste, d'étudier d'un façon plus complète cette
action.
» 7° Influence de la filt ration xui porcelaine dégourdie. —Les extraits filtrés à
la bougie de biscuit perdent presque complètement leur activité. La substance active
est retenue par le filtre, particularité commune à beaucoup d'autre diastases.
» 8° Enfin, dans des essais de séparation du ferment par l'alcool, nous avons obtenu
un précipité qui, essoré et mis à macérer dans une solution chloroformique de nitrate
de potasse, a donné lieu à la formation d'une faible quantité de nitrite. Mais l'action
de l'alcool, pour si peu prolongée qu'elle soit, diminue l'activité du ferment.
» l^e ferment que nou.s avons ainsi étudié réduit non seulement le
nitrate de potasse, mais aussi le nitrate d'ammoniaque; il décolore le bleu
de méthylène et paraît donner de l'aldéhyde butyrique aux dépens de
l'acide butyrique. Nous avons essayé d'hydrogéner le glycose avec ce fer-
ment, mais nous n'avons pu observer la formation de la uiannite.
» Ces faits viennent à l'appui des conclusions formulées dans notre
première Note relative à l'existence d'un ferment soluble réducteur dans
l'organisme animal.
» Ce nouveau ferment, jusqu'ici simplement désoxygénant, peut-il être
aussi hydrogénant? c'est là ce que de nouvelles expériences pourront nous
apprendre. »
( 1^7 )
TÉRATOLOGIE. — Sur le parablaste et l' endoderme vitellin du blastoderme
de Poule. Noie de M. Etienne Rabaud.
« L'étude des anomalies du développement met parfois en présence des
faits qui ont la valeur de véritables expériences. J'ai déjà eu, après d'autres,
l'occasion d'insister sur ce point ('); j'apporte aujourd'hui un exemple
nouveau. Les enseignements qu'il nous donne ne sont peut-être pas déci-
sifs à tous égards; dans tous les cas, ils viennent en concordance d'obser-
vations d'embrvologie normale ou vérifient des hypothèses nécessaires :
c'est là leur principal intérêt.
» Mes recherches ont porté sur des blastodermes de l'ouïe qui se sont dévelopjsés
en surface sans donner lieu à aucune formation embryonnaire. Ces blastodermes,
essentiellement caractérisés par l'abondance des vaisseaux, sanguins, ont été assimilés
par Dareste aux Anidiens. Sans entrer dans les détails de structure qui feront l'objet
d'un Mémoire spécial, je vais indiquer seulement, et d'une façon sommaire, les parti-
cularités de l'anatomie de ces monstres, qui ont un rapport immédiat avec l'embryo-
génie normale.
» Les Anidiens examinés proviennent d'œufs ayant subi quatre et huit jours d'in-
cubation (-). Ils sont constitués par les trois feuillets externe, moyen, interne, et par
une grande abondance de vaisseaux sanguins réduits à l'endothélium.
» Au point de vue qui nous occupe, l'ectodernie ne présente rien de particulier.
» Du mésoderme, il n'existe qu'une seule lame, la somatopleure; sa situation et des
considérations d'un autre ordre permettent de lui assigner cette dénomination. Il
n'existe aucune trace de la masse intermédiaire.
» L'endoderme présente, chez les sujets de quatre jours, un aspect tout particulier.
Les cellules qui le constituent sont voJumineuses, munies d'un petit noyau et envahies
de granulations vitellines. Elles sont en tout semblables aux cellules du panblaster
avec lesquelles elles se trouvent en continuité directe. Leur forme, leur constitution
ne sont en aucune façon comparables aux éléments aplatis et larges de l'endoderme des
embryons des premiers jours. Vers la région centrale de l'un des blastodermes, et sur
une étendue peu considérable, ces cellules deviennent plus petites, leur protoplasma
plus homogène, elles se disposent sur une seule assise. Le passage de cette forme
franchement parablaslique à la forme qui se rapproche de l'aspect endodermique ordi-
naire est très ménagé ; il n'y a, en aucun point, de solution de continuité. Ajoutons que,
chez le blastoderme de huit jours, l'endoderme est fait de cellules aplaties et larges.
(') Voir Bulletin de la Société de Biologie, 28 novembre 1896 et Journal de
l'Anatoniie et de la Physiologie : embryologie des Poulets omphalocéphales, n"'* 2,
3, 4. et 6; 1898.
(') Les circonstances ne m'ont pas permis, jusqu'ici, d'en avoir de plus jeunes.
( ''i» )
)) Au-dessus du leuillet interne, e\islenl de très nombreuv vaisseaux sanguins,
dilatés au point qu'ils occupent en hauteur à peu près tout l'espace qui sépare l'endo-
derme de l'ectoderme. Cependant ils sont, selon toute évidence, indépendants de la
soiiiatopleure, tandis que l'endoderme les reçoit chacun dans une dépression ou gout-
tière moulée sur leur surface.
» Il n'existe aucun rudiment ni aucune indication de la corde dorsale.
» Ces divers faits : aspect parablastique du feuillet interne, formation
incomplète du mésoderme, développement excessif des vaisseaux, absence
de la corde d'orsale, me paraissent avoir, avec l'embryologie normale, les
rapports suivants :
» a. Chez les Sauropsidés, l'origine parablastique du feuillet interne a été admise
par un certain nombre d'auteurs (HofiTraann, Kuppfer, Ruhl, etc. ) et niée par d'autres.
L'évolution des blastodermes sans embryons permet de surprendre le processus. Elle
nous montre l'endoderme possédant ses caractères parablastiques dans toute son
étendue chez les uns. Elle nous montre, chez d'autres, des formes de passage non
douteuses de la transformation surplace qui va s'effectuer, et, enfin, l'aspect ordinaire
de ce feuillet chez les blastodermes de huit jours.
» b. Les rapports des vaisseaux avec l'endoderme d'une part, la diminution quan-
titative du mésoderme d'autre part, sembleraient indiquer que le système vasculaire
possède une origine endodermo-parablastique. C'est là un point fort controversé.
J'inclinerais à penser qu'il n'y a pas opposition entre l'origine parablastique vraie et
l'origine endodermique vraie, toutes deux également soutenues; il faudrait admettre
que les éléments du parablaste, différenciés ou non, sont capables de fournir les
vaisseaux.
» c. L'absence de la corde dorsale, quelle que soit la cause qui ait provoqué cet
arrêt de développement, ainsi que la présence d'une seule lame mésodermique, sont
deux faits qui viennent à l'appui des observations d'après lesquelles la corde dorsal
dériverait, non pas de l'endoderme d'invagination ou gastruléen, mais de l'endoderme
de différenciation ou vilellin. Dans un développement normal, la plaque axiale, qui
représente l'endoderme gastruléen, vient au contact de l'endoderme vitellin; elle
reçoit sans nul doute de ce dernier un certain nombre d'éléments embryonnaires,
l'uis, dans le sein de celte plaque axiale, se développe la corde dorsale. Celle-ci affecte,
avec l'endoderme, des rapports internes de continuité : \>2ly soudure secondaire, disent
les uns; par dérivation primitive, disent les autres. Le processus tératogène qui nous
occupe a eu pour résultats, en retardant l'évolution de l'endoderme vitellin, de sup-
primer le concours que celui-ci prête à la formation de la plaque axiale; l'absence de
la corde dorsale et d'une partie du mésoderme semblerait indiquer de quelle nature
est ce concours : des éléments de l'endoderme vitellin, qui se joignent à ceux de l'en-
doderme gastruléen, les uns fournissent la corde; les rapports de cette dernière et de
l'endoderme vitellin seraient donc primitifs (>); les autres contribuent à former le
mésoderme proprement dit. »
e
(•) Dans mon Mémoire sur l'Embryologie des Omphalocéphales. j'ai décrit et
( rG;, )
ZOOLOGIE. — Régénération tarsienne et régénération des membres des deux
paires antérieures chez les Orthoptères sauteurs. Note de M. Edmond Bor-
OAGE, présentée par M. A. Milne-Edwards.
« I. Ce serait en vain que l'on essayerait de provoquer l'autotomie sur
les membres des deux premières paires chez les Orthoptères sauteurs.
Mais, en opérant une forte traction sur les membres, on arrive à les sé-
parer du corps. La séparation s'opère rarement à l'articulation du fémur
et du trochanler ('), mais, le plus souvent, à l'articulation de ce dernier
article avec la hanche. La mutilation imposée est assez souvent mortelle
pour l'insecte ; les muscles se décliirant irrégulièrement en formant une
houppe frangée, et l'hémorragie étant abondante. Lorsque l'Orthoptère
survit, s'il est encore à l'état de larve, la régénération peut se produire et
donner un membre parfait, lorsque la séparation a eu lieu à l'articulation
du fémur avec le trochanter, ou d'un moignon plus ou moins rudimentaire,
lorsque la séparation s'est opérée à l'articulation du trochanter avec la
hanche.
» Il y a donc là un fait qui semblerait devoir doublement infirmer la loi
de Lessona : i" parce qu'il y a régénération en des points où des mutila-
lions ne paraissent pas devoir se produire normalement; i° p;irce que ces
régénérations se constatent plus souvent pour celle des deux régions où
la traction amène le plus rarement la rupture du membre et qu'elles sont
incomparablement plus complètes pour celte région.
» Si nous observons ce qui se passe pendant les mues, nous verrons
que ce double paradoxe ne résiste pas à l'examen des faits normaux.
» En effet, il n'est pas rare que, pendant la mue, l'un des membres con-
sidérés soit détaché du corps par autolomie exuviale. Contrairement à ce
que nous avons dit précédemment, la séparation s'opère presque toujours
suivant l'articulation du fémur et du trochanter et très rarement suivant
l'articulation du trochanter et de la hanche. Dans le premier cas, l'hémor-
figuré un exemple très net de cette manière de voir. De son côté, Mitropiianow
relate un c^i samh\A\)\e {Teratogenetische Studien, iSgS).
(') Il est même impossible quelquefois de la déterminer par traction en cet endroit.
Chez Gryllus capensis, par exemple, je devais me servir de ciseaux pour opérer cette
séparation.
( 170 )
nigie est relativement insignifiante; tandis que, dans le second, elle peut
être mortelle. De tonte façon, la mutilation est bien moins cruelle et bien
moins souvent suivie de mort que si elle avait été produite expérimentale-
ment. La faculté régénératrice se constate souvent dans le premier cas et
donne quelquefois un membre parfait (' ); quand il v a régénération dans
le second cas, il se foi'me un moignon sans articulation, long de 2"™ ou
3°"" à peine. Les faits signalés s'expliquent donc complètement.
» Mais, d'un autre côté, il peut sembler inexplicable que l'autotomie
exuviale se manifeste pour des membres dont la sortie de l'ancienne enve-
loppe chitineuse semble, a priori, ne devoir souffrir aucune difficulté; ces
membres étant de dimensions assez restreintes. Je ferai alors remarquer
que, chez les Arthropodes subissant des mues, il n'est pas un appendice
(patte, antenne, palpe), tant modestes soient ses dimensions, pour lequel
H ne puisse se présenter, à un moment donné, des adhérences acciden-
telles de la nouvelle enveloppe chitineuse avec l'ancienne. L'Arthropode
qui, pendant une mue, ne peut surmonter ces difficultés, est infailliblement
condamné» périr. C'est là ce qui explique pourquoi, chez les Arthropodes
à mues, il ne doit probablement exister que bien peu d'appendices sur
lesquels on ne puisse constater des traces plus ou moins marquées d'auto-
tomie exuviale (-) complète ou partielle, en même temps que la faculté
régénératrice. On peut même constater quelquefois la régénération de
certaines parties appartenant à des membres adaptés cependant à des
fonctions toutes spéciales. C'est le cas des tarses des pattes ravisseuses des
Mantes et de ceux des pattes fouisseuses des Courtilières. Mais une muti-
lation plus complète de ces membres entrahierait évidemment la mort,
soit indirectement, soit à bref délai et par hémorragie.
» IL Chez les Orthoptères sauteurs, la régénération des tarses des trois
paires de membres s'opère facilement : ce qui est naturel, puisque ces
tarses sont fréquemment mutilés par suite des efforts que fait l'insecte pour
\
(') Chez les Orthoptères sauteurs, les parties en voie de régénération croissent len-
tement, de sorte que l'expérimentateur serait d'abord tenté de croire que cette régé-
nération n'existe pas. Aussi un membre régénéré n'arrive-t-il jamais à égaler en lon-
gueur le membre opposé, demeuré en place, et est-il souvent incapable de rendre de
réels services. C'est cette lenteur de croissance qui aura probablement amené Graber
à conclure trop hâtivement à l'absence de régénération des tarses.
(^) Mais la perfection de cette autotomie exuviale est en raison directe des diffi-
cultés qu'éprouvent les appendices, par leur forme et leurs dimensions, à se dégager
de leur ancien étui chitineux.
( 17^ )
les désjager pendant la mue. Elle est surtout marquée pour les longs tarses
des pattes sauteuses. Celte régénération se constate encore après des sec-
tions artificielles enlevant le tarse et même une petite portion de la région
terminale du tibia qui est régénérée aussi. La présence de la faculté régé-
nératrice dans celte dernière région s'explique aisément quand l'on a
constaté que ses fibres musculaires sont souvent lésées lorsque le tarse
est arraché, soit pendant la mue, soit plus rarement, par le fait de l'at-
taque suivie d'insuccès d'un ennemi naturel.
» III. Chez Phylloptera laurifolia et Conoccphalus differens, les régéné-
rations donnent un tarse tétramère (la télramérie est la règle chez les
Locustides). Chez Gryllus capensis, les tarses régénérés présentent encore
trois articles; mais ce nouveau tarse est, en quelque sorte, plus massif que
le tarse normal. Le troisième article est à peu près égal au premier, tandis
que, pour le tarse normal, il est sensiblement plus long que le premier.
Enfin, le deuxième article qui, dans le tarse ordinaire, est très petit et
presque entièrement caché, est bien visible dans le tarse régénéré. La diffé-
rence est surtout appréciable pour les membres postérieurs (' ).
» En ce qui concerne la nature des régénérations tarsiennes chez Acri-
dium ruhellum, je ne puis pas encore me prononcer; mes expériences sur
cette espèce n'étant pas encore terminées (^). »
ANATOMIE ANIMALE. — Division du noyau dans la spermato genèse chez
VHomme ('). Note de M. Sappin-Trouffy, présentée par M. Edm.
Perrier.
« Le développement des spermatozoïdes, dans la série animale, est
d'ordinaire accompagné de la division indirecte ou karyokinèse. Il n'y a
d'exception que pour quelques Vertébrés où, d'après M. Moore (*), la
division directe supplée, dans certains cas, la division indirecte. Chez
l'Homme les deux modes réunis paraissent être la règle : il y a d'abord
(') On dirait que ce tarse régénéré représente une des positions de stabilité orga-
nique intermédiaires entre la forme normale actuelle et une forme ancestrale.
(^) Chez les Locustides et les Gryllides, le tibia des membres antérieurs régénérés
ne possède plus Y appareil tympanique qui existait sur le membre primitif.
(') Ces recherches ont été faites au laboratoire de M. (>ornil.
(') Consulter Drlage, Année biologique, p. 112; 1897.
( 172 )
division indirecte, puis division directe du noyau. Cette dernière se pré-
sente, ici, avec des caractères si particuliers que nous la désignerons sous
le nom de fragmentation directe du noyau. Elle rappelle de près ce que
M. Dangeard a décrit dans le Sappinia pédala (Acrasiées) (' ).
» Nos observations ont porté sur un testicule tuberculeux extirpé,
l'année dernière, par M. Tuffier, sur un homme de 3i ans. Les cellules
testiculaires étaient en voie de multiplication active et les spermatozoïdes
se formaient en grand nombre.
» Nous ne pouvons passer en revue, dans cette Note, toutes les modi-
fications que présente le noyau en vue de la formation des spermatozoïdes;
nous nous bornerons à décrire les deux principales, qui sont : la karyoki-
nèse et \a/ragmentation directe.
y, Karyokinèse. — La karyokinèse suit la marche ordinaire : nous ne ferons qu'in-
diquer les principaux caractères qu'elle présente dans le cas particulier que nous
étudions.
» Les cellules qui se divisent par karyokinèse ne renferment qu'un seul noyau, par
opposition à celles où la fragmentation directe se produit, qui renferment plusieurs
noyaux. Elles sont disposées sur trois ou quatre rangées à la surface interne du tube
séminifère. Les noyaux sont sphériques et ne renferment qu'un seul nucléole. Le pro-
toplasme qui les entoure est tantôt clair, homogène; tantôt granuleux ou disposé en
réseau. Un grand nombre de noyaux sont à l'état de prophase.
» A ce stade les anses chromatiques apparaissent avec netteté; elles sont formées
d'une série de petits grains ou nucléomicrosomes réunis par une substance transpa-
rente, la linine.
» Au fur et à mesure que la division progresse, les granules se rapprochent et ar-
rivent bientôt à se confondre. La charpente chromatique s'épaissit et devient plus sen-
sible aux réactifs. Le nucléole qui, jusqu'ici, occupait le centre du noyau, vient se
loger à la périphérie où il ne tarde pas à disparaître. En même temps, la substance
chromatique se rassemble sous forme d'anneau irrégulier pour former la plaque équa-
toriale,
» A ce moment la membrane nucléaire se résout et l'on voit quelquefois apparaître,
à chacun des pôles, deux corpuscules qui paraissent être des centrosomes. Ces corps
sont constitués par un globule de substance homogène qui ne se colore que très peu par
les réactifs. Leur apparition semble coïncider avec la formation de la plaque équato-
riale; après ce stade il est rare de les apercevoir. Cependant M. ÎMeves les a vus dans
les cellules à l'état de repos (^); d'après cet auteur ils joueraient un rôle important
dans la formation de la queue du spermatozoïde. Mais celte observation ne peut être
admise que sous certaine réserve; car on sait que les opinions des auteurs, en ce qui
concerne les animaux, sont très partagées sur ce point.
(') Hma^KKï), Le Botaniste, 5^ série, i"'' fascicule; 1896.
(^) Meves, Anat. aitg., t. XIV, n" 6; 1897.
( 173 )
» Dans nos préparations, ces corps ne deviennent très nets qu'an stade de plaque
équaloriale.
» L'anneau équatorial se colore plus en certains points qu'en d'autres ce qui semble
indiquer un commencement d'individualisation des chromosomes; mais ces derniers
sont si petits et si rapprochés qu'ils échappent à toute numération.
» Bientôt la plaque équatoriale se sépare en deux moitiés qui se portent en sens
opposé vers les pôles. Le fuseau apparaît sous forme de substance transparente fine-
ment striée dans le sens de la longueur. Le protaplasme suit enfin le mouvement du
noyau et se divise, perpendiculairement à la figure karyokinétique, en deux cellules
filles contenant chacune un des nouveaux noyaux.
» Les figures karyokinétiques ont sensiblement le même aspect elle même volume.
On n'en trouve qu'une seule par cellule. A aucun moment nous n'avons vu de divi-
sions indirectes se succéder sans intervalle de repos.
» Les noyaux se divisent ainsi un certain nombre de fois avant de se fragmenter.
» Fragmentation directe. — Les cellules dont le noyau s'est fragmenté sont poly-
nucléées ; elles sont disposées sans ordre au milieu des autres éléments. On en distingue
deux sortes : les unes à noyaux petits et contractés fournissent les spermatozoïdes;
les autres à noyaux plus gros et granuleux paraissent se désagréger. Néanmoins elles
dérivent toutes du même processus de fragmentation.
» Voici en quoi consiste la fragmentation directe du noyau ; un exemple fera mieux
comprendre que toute description. Supposons une pomme de terre coupée en quatre
par deux plans perpendiculaires et dont chaque quartier s'éloigne ensuite peu à peu
du centre; nous aurons ainsi le mécanisme de cette division.
» Les plans ne sont pas toujours perpendiculaires entre eux; ils peuvent se com-
biner de manière à former un Y ou un H, etc., ce qui paraît, d'ailleurs, ne changer en
rien le résultat.
» Au début, les lignes de séparation se présentent sous la forme de traits transpa-
rents qui sont très vraisemblablement formés par une invagination de la membrane
nucléaire. Le dédoublement des membranes commence au centre pour s'étendre de là
à la périphérie. Les fragments en forme de coins s'écartent peu à peu, laissant au
centre du noyau un espace clair irrégulier. Lorsque le dédoublement est terminé, les.
quatre noyaux-filles s'arrondissent et deviennent libres à l'intérieur de la cellule.
Quelquefois, il n'y a qu'un seul plan de scission, mais chaque moitié devenue libre se
divise aussitôt en deux autres.
» Les quatre noyaux qui résultent de la fragmentation sont égaux et plus petits que
le noyau générateur.
» 11 y a évidemment là un phénomène de réduction de la substance chromatique
dans les cellules-mères des spermatozoïdes.
» En eflel, les quatre noyaux résultant de la fragmentation sont comparables à ceux
qu'on obtient par deux bipartitions successives chez V Ascaris megalocephala et le
Liliuin martagon, lors delà formation des spermatozoïdes et des grains de pollen.
Dans l'un comme dans l'autre processus, les noyaux-filles sont réduits de moitié par
rapport au noyau générateur.
» Nous sommes donc autorisé à considérer la fragmentation directe du noyau en
C. R., 1899, 2« Semestre. (T. CXXI\, N° 3.1 33
( 174 )
quatre comme un processus particulier de réduction de la substance chromatique, en
rapport avec le développement des spermatozoïdes chez l'Homme.
» En résumé, les deux modes de division que nous venons d'étudier
fournissent :
)i i" Des cellules de multiplication à un seul noyau;
M 2" Des cellules de réduction polynucléées ou cellules-mères des sper-
matozoïdes.
» Dans un autre Travail, nous compléterons cette étude. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Régénérations osseuses, suivies à l'aide de la
radiographie ('). Note de M. Abel Buguet, présentée par M. Edm.
Perrier.
« La Radiographie permet de suivre les phases successives d'un phéno-
mène biologique sur un même individu, en pleine vie, sans compromettre
son intégrité. Elle a déjà permis de saisir sur le vif les actes de la diges-
tion, le mécanisme des mouvements du squelette, etc. Je me propose
de montrer le parti qu'on en peut tirer pour étudier les phases de la
régénération osseuse, chez les animaux oîi celle-ci est particulièrement
aisée.
» J'ai gardé plusieurs années vivants des animaux amputés (reptiles,
batraciens urodèles) en les soumettant souvent à l'examen radiogra-
phique (-).
» Les épreuves jointes à cette Note montrent les faits suivants :
» Un triton à crête femelle a été amputé au tiers supérieur de la jambe. On voit,
au bout de deux mois et demi, le membre régénéré avec ses cinq orteils, mais pas de
calcification. Au cinquième mois, péroné, tibia et phalanges sont calcifiés; rien au
tarse. Au dixième mois, apparaissent deux os du tarse : os péronéen et cinquième tar-
sien. Au douzième mois, on voit huit os au même tarse qui, enfin, porte ses neuf os,
encore un peu légers, quatorze mois et demi après l'amputation.
» Un triton à crête mâle a donné le même processus de régénération, mais plus
lent, puisqu'au treizième mois il est moins avancé que chez le précédent animal au
dixième.
{') Travail fait au laboratoire de Physique de l'École des Sciences de Houen.
(-) Les animaux ont été radiographiés éveillés, par des poses instantanées qui dis-
pensent de toute anesthésie.
( '75 )
M Un jeune axolotl montre ses cinq doigts régénérés au bout de sept mois et demi,
mais sans calcification. Celle-ci commence un mois plus tard (').
» Tritons alpestres et tritons palmés m'ont donné les mêmes phénomènes.
» Ces résultats, connus depuis Spallanzani, ne m'ont paru bons à signaler
qu'en raison de l'intérêt d'une méthode permettant de suivre, siu' le même
animal, toutes les phases d'un phénomène qui montre mieux ainsi le pa-
rallélisme des processus de la régénération et de l'évolution normale.
» Le même examen, appliqué à la régénération de la queue du lézard,
montre, plus aisément que les autres méthodes, l'apparition de l'étui
neural qui remplace la colonne vertébrale amputée ; sa calcification pro-
gressive, lesvariélés de structure qu'elle présente souvent, le mécanisme
de curieuses bifurcations qui sont assez communes, tandis que les lézards
intacts sont plutôt rares. »
RADIOGRAPHIE. — Radiographie des calculs du rein. Note de MM. Albarkan
et CoNTREMOULiN, présentée par M. Guyon.
« Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie les radiographies
obtenues chez un malade atteint de calculs du rein.
» Un jeune homme de vingt-six ans est entré, le 9 juin 1899, dans le
service de M. le professeur Guyon, à l'hôpital Necker, se plaignant d'acci-
dents de cystite rebelle remontant à plus de deux ans. Depuis dix ans déjà
ce malade avait des urines purulentes; à plusieurs reprises, il s'était
plaint d'hématuries et de quelques douleurs du côté du rein gauche. Nous
soupçonnâmes l'existence d'un calcul rénal et nous pratiquâmes l'examen
radiographique.
)) Comme on peut le voir sur les épreuves, on constate au niveau du rein gauche,
tout entier caché sur les côtes, et à 9<^" de la ligne médiane, une ombre très nette en
partie cachée par celle de la onzième côte : sa forme est irrégulière et rappelle un peu
le dessin d'un L renversé (t) dont le sinus regarderait en dehors. Les plus grandes
dimensions longitudinales et transversales sont de 5™. Affleurant en haut à la dixième
côte, en bas à la douzième, cette ombre est située tout entière dans la zone costale.
Au-dessous d'elle, vers le pôle inférieur du rein, on voit moins distinctement une
autre ombre plus petite n'ayant guère que i"" dans son plus grand diamètre. Du côté
(') Entre les deux derniers examens radiograjiliiques, deux doigts supplémenlaires
ont émergé normalement à la face dorsale de l'un des carpes de cet animal.
C 176)
droit on voil aussi une tache dans la région rénale; elle présente les dimensions d'une
noisette.
» Nous avons pratiqué chez ce malade la néphrolithotomie du côté
gauche : nous avons trouvé, dans le bassinet dilaté du rein, caché com-
plètement sous les côtes, les calculs que l'examen radiographique avait
décelés. Ces calculs, dont nous avons pratiqué l'examen chimique, sont
formés par du phosphate de chaux.
)) Notre malade est le premier chez qui on ait, en France, trouvé des
calculs rénaux par la radiographie. A l'étranger on en a publié dix cas,
tous, sauf un, concernant des calculs oxaliques ou phosphatiques. Lester
Léonard seul a pu, jusqu'à présent, constater l'existence de calculs
uriques qui sont, on le sait, bien plus perméables aux rayons X.
» Pour obtenir la radiographie d'un calcul du rein, la première condition à remplir
concerne la position occupée par le malade pendant cette recherche. Il est indispen-
sable que le malade soit en contact aussi complet que possible avec la plaque sensible,
sur toute la région dorsale. A cet effet, les jambes seront repliées et maintenues dans
cette position par un dispositif spécial.
» En second lieu, il importe de protéger la plaque des rayons X extérieurs; on
évite ainsi toute impression parasite due à la diffusion des rayons dans l'air et au
halo, que donnent toujours les parties fortement impressionnées.
» Enfin, l'état de vide du tube de Crookes doit être celui qu'on peut caractériser en
disant que l'ampoule est à l'état de tube mou. On dit qu'un tube est mou à partir du
moment où il commence à émettre des rayons X, jusqu'au moment où, sur l'écran
fluorescent, il commence à donner une image grise de tous les objets qu'on examine
avec cet écran. Quand les images sont devenues grises, le tube est dit dur, ce qui
exprime que son état de vide a augmenté. Alors les phénomènes qui se produisent
sont différents.
» Un tube dur traverse facilement les corps organiques, mais il ne donne pas de
contrastes, et les nuances délicates disparaissent complètement. Au contraire, si le
tube est mou. il donnera toutes les nuances désirées et permettra d'obtenir des détails
tels que certains calculs du rein deviendront visibles.
» Pour traverser des épaisseurs telles que l'abdomen de l'adulte sans porter le temps
de pose au delà des limites pratiques (dix minutes environ), il est nécessaire que le
tube soit amené à l'étal de vide particulier où il va cesser d'être mou pour devenir
dur, sans dépasser ce point précis, H donne alors toutes les nuances nécessaires, quoique
ayant déjà assez de pénétration et d'intensité dans la production des rayons X, pour
que le temps de pose soit réduit.
» On s'assure que le tube est à cet état précis de vide, en plaçant la main devant
l'écran à bonnettes à ao"^"» environ du tube. L'image formée doit alors être noire pour
les os, la structure de ceux-ci restant presque indistincte, les chairs s'accuseront, au
contraire, en demi-teintes bien franches, tandis que le fond de l'écran sera très lumi-
neux. Cet étal de vide doit être constamment maintenu, car, si le tube devenait dur
( 177 )
pendant l'opération, la recherche serait compromise. Dans ces conditions, six à huit
minutes de pose suffisent pour un adulte ayant de 25=" à Se""" d'épaisseur (le tube
étant placé à 20"" de la plaque). »
PHYSIOLOGIE ANIMALE.— Radiographie du cœur el de l'aorte aux différentes
phases de la révolution cardiaque. Note de M. H. Gcilleminot, présentée
par M. Bouchard.
« Dans certains cas pathologiques, M. le professeur Bouchard nous a
souvent fait observer les battements de l'aorte à l'examen radioscopique.
Parmi les assistants, les uns voyaient ces mouvements, les autres ne les
voyaient pas; quelques-uns même ont peine à voir les mouvements du
cœur. La radiographie dissociée des phases de la révolution cardiaque
s'imposait; elle est réalisée par un appareil que j'ai l'honneur de présenter
à l'Académie. Son principe est celui qui m'a servi pour obtenir la radiogra-
phie du thorax aux différentes phases du mouvement respiratoire (^Comptes
rendus, 8 août 1898). Il permet de dissocier la révolution cardiaque en
autant de phases qu'on le juge à propos, et de prendre pendant une série
de révolutions la photographie de la phase choisie à l'exclusion de toutes
les autres.
» Il se compose de plusieurs parties :
» 1. Générateur de mouvement uniforme. — Une petite dynamo, marchant sous
10 volts environ, est actionnée par cinq accumulateurs. Dans son circuit se trouvent
deux rhéostats, l'un que l'on règle avant l'expérience et l'autre qui constitue un régu-
lateur automatique spécial assurant l'uniformité du mouvement pendant toute la
durée de la séance. Ce régulateur se compose de deux spirales de fil en ferro-nickel,
enroulées autour de deux tubes de verre. Chacun de ces tubes plonge dans une éprou-
vette de mercure. Ils sont réunis par un corps d'ébonite le long duquel se réunissent
également les deux fils de ferro-nickel. On comprend que, à mesure que cet U ren-
versé sort du mercure, la résistance augmente. Or, cet appareil est supporté par un
régulateur à boules, de sorte que plus le mouvement devient rapide, plus la résis-
tance devient grande. Quel que soit l'obstacle rencontré du côte de l'appareil déclan-
cheur variable, comme nous le verrons, la régularité du système se trouve ainsi
assurée.
» Cet appareil anime d'un mouvement uniforme un axe que nous appellerons ABet
lui imprime environ 60 tours à la minute.
» 2. Régulateur facultatif de vitesse. — Cette deuxième partie a pour but de trans-
mettre le mouvement de l'axe AB tournant uniformément à 60 tours à un deuxième
axe A'B' avec un rapport de vitesse angulaire de '^ à 3. On peut ainsi animer l'axe A'B'
d'une vitesse de 20 à 180 tours à la minute, établie une fois pour toute avant l'expé-
( '7« )
rience. A cet effet, chacun de ces axes parallèles supporte un cône de transmission
tourné en sens inverse, et la poulie de transmission qui les unit peut glisser d'un bout
à l'autre, grâce à un châssis qui l'entraîne et qui lui-même se déplace sur une vis de
réglage.
» 3. Appareil. déclencheur. — Le deuxième axe A'B' supporte à l'une de ses extré-
mités un cylindre concentrique qu'il entraîne à frottement doux dans son mouvement,
de telle sorte que, si Ton arrête le cylindre, l'axe continue son mouvement uniforme.
Malgré la résistance plus grande, l'uniformité du mouvement est assurée par le régu-
lateur automatique.
» Ce cylindre porte un arrêt qui vient buter contre un clenchet relié au pulsomètre.
■ » Le clenchet se soulève, grâce à un électro-airaaiu qui devient actif lors de la
pulsation radiale.
» k. Ferme-circuit de l'inducteur des rayons X. — D'autre part, le cylindre du
déclencheur porte un ferme-circuit, U renversé, qui plonge dans deux cupules de mer-
cure. En unissant ces deux cupules, on ferme le circuit de l'inducteur des rayons X.
Ce ferme-circuit peut se fixer à tel degré de la circonférence du cylindre qu'on le juge
à propos de i à 36o à partir de la position d'arrêt du clenchet.
» Ce dispositif permet ainsi de fermer le circuit des rayons X à un moment quel-
conque de la révolution cardiaque et pendant un temps quelconque, le temps que l'U
ferme-circuit plonge dans le mercure.
» 5. Pulsomètre. — Il se compose du sphygmographe de Marey dont on a enlevé
le mouvement et le levier.
» A la place du mouvement se trouve une cupule de mercure en relation avec le
pôle 4- d'un accumulateur.
» A la place du levier j'ai mis une tige légère d'aluminium à l'extrémité de laquelle
est soudé un fil de platine qui vient plonger dans le mercure. Cette tige est en rela-
tion électrique par les pivots avec la masse du pulsomètre qui est relié à l'électro-
aimant de l'appareil déclencheur.
» L'autre fil de l'éleclro-aimant du déclencheur communique avec le pôle négatif de
Taccumulaleur, de sorte que le circuit est fermé quand le fil de platine plonge dans le
mercure; il est ouvert quand la pulsation radiale l'en fait sortir.
» Le pulsomètre étant mis au point une fois pour toutes avant l'expérience, on
corrige l'état de tension plus ou moins grande des tendons du poignet en tenant la
main du sujet dans la main droite, la main gauche supportant le poignet. L'opérateur
n'a d'ailleurs qu'à surveiller le pulsomètre, le reste de l'appareil ne demande aucun
soin au cours de l'expérience.
» Le fonctionnement de l'appareil est facile à comprendre. On règle la vitesse de
l'axe A'B' de telle sorte qu'elle soit un peu supérieure à celle de la révolution car-
diaque, 8o tours pour 70 pulsations. Il y a ainsi un contact du clenchet contre l'arrêt
du cylindre de ,'„- de seconde environ, ce qui suffit pour établir le synchronisme du o
de la révolution du cylindre avec le moment de la pulsation radiale.
» Les résultats obtenus dans deux séries de radiographies nous montrent
le cœur à la période (-+- 10° à -h 100°) après le déclenchement et à la pé-
riode (-(- 230° à -h 340°) après ce même déclenchement.
( '79 ;
» Dans les deux cas, la ligne ventriculaire gauche diffère d'une phase à
l'autre d'un maximum de o'='",6à o'"','] au niveau du tiers moyen du ven-
tricule. Le ventricule est plus gros à la deuxième phase.
» L'oreillette varie peu d'aspect. Elle parait écrasée légèrement en haut
et à droite à la première phase.
» L'aorte ne varie pas, mais nous ne la voyons que dans un seul cas. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Du rôle des organes locomoteurs du cheval.
Note de M. P. Le Hello, présentée par M. Marey.
« Dans cette Note, je me propose d'exposer les faits auxquels m'a con-
duit l'étude des documents chronophotographiques publiés par M. Marey
en 1898.
» Les rapports existant entre les axes généraux des membres et les axes
des rayons osseux qui les constituent montrent que l'ensemble de ces
colonnes squelettiques se dispose, pendant l'impulsion, de façon à con-
stituer, d'une manière d'autant plus accentuée que les efforts sont plus
intenses, un arc ouvert en arrière. La convexité de cet arc sert par suite
de point d'insertion à l'une des extrémités des muscles ischio-tibiaux-fémo-
raux et pectoraux-grand-dorsal, qui limitent l'ampleur des courbes ainsi
réalisées.
). Du reste, ces dispositions sont indispensables pour expliquer le rôle
des muscles extenseurs de l'avant-bras aux membres antérieurs. Autre-
ment ces puissances rétractiles ne pourraient ouvrir l'articulation huméro-
radio-cubitale, sans fermer l'articulation scapulo-humérale; et, avec une
organisation plus complexe, des subordinations analogues se perçoivent
pour les muscles qui vont de l'ischium au tibia.
.) Ces observations conduisent à penser que la rigidité des membres est
surtout en rapport avec l'utilisation des forces nées de la contraction des
muscles de la région crurale postérieure (partie postérieure du fessier
moyen, biceps fémoral, demi-tendineux, etc.) et de la région axillaire
(pectoral profond, etc.). L'exactitude de cette interprétation peut être
mise en évidence à l'aide de la représentation artificielle des mouvements,
suivant le procédé décrit dans mes travaux antérieurs.
» L'appareil dessiné dans la figure ci-conlre correspond à la conception des or-
ganes locomoteurs du cheval, qui découle de ces nouvelles recherches. L'axe du tronc,
joint au coxal, se retrouve dans GDCL, la rigidité du thorax, dans DX et les membres
( i8o )
dans GM el CN. Les ressorts LZ et XY correspondent aux ischio-tibiaux-fémoraux et
aux pectoraux-grand-dorsal.
» Il suffit de rendre les tiges représentant les membres obliques en avant, en ten-
dant par là même les liens rétractiles, pour qu'un effort de translation soit perceptible
et puisse devenir extrêmement accentué. On obtient un effet déjà fort accusé avec
chacune de ces puissances prises isolément.
» Dans l'appareil privé de ses ressorts, le tronc se reporte en avant quand les tiges
imitant les membres ont dépassé la verticale en ce sens, et réciproquement.
» Ce dernier état de choses correspond évidemment au recul, où, en l'absence de
muscles spécialement destinés à cet effet, la raideur des membres peut seule intervenir,
en combinant son action avec celle du poids du corps. Or, il est reconnu que ce mode
de translation occasionne une telle fatigue des muscles actifs, forcément surmenés,
qu'il ne peut être demandé que pour des efforts d'une intensité et d'une durée très
limitée.
M D'après ce qui précède, il paraît absolument rationnel d'admettre que, dans les
mouvements progressifs ordinaires, les agents qui déterminent la détente suivant l'axe
des membres utilisent largement les facultés dont ils disposent, rien qu'en y détermi-
nant la raideur grâce à laquelle les muscles du poitrail et de la région crurale posté-
rieure peuvent produire les forces dirigées dans le sens du déplacement de la masse
générale.
)) En somme, voici, encore plus précisée, la conception des phénomènes
de la locomotion du cheval que j'ai émise, et qui peut désormais se résumer
dans les données générales suivantes :
» 1° Les muscles ischio-tibiaux-fémoraux et pectoraux-grand-dorsal
sont les agents essentiels de la progression.
» 2° Les forces opérant suivant l'axe général des membres, qui sont les
intermédiaires nécessaires dans la mise en œuvre des actions précédentes,
n'ont qu'une participation directe difficilement admissible, dans la création
des forces dirigées pour produire les déplacements en ce sens.
» 3" D'après les faits constatés dans le fonctionnement des appareils
réalisant la représentation artificielle des mouvements locomoteurs, aussi
( i8, )
bien que par l'étude des caraclères anatoniiques, les muscles importants
de la partie antérieure de la croupe doivent surtout être considérés comme
des abducteurs du membre tout entier et des continuateurs de l'action de
l'ilio-spinal en arrière. L'anatomie comparée appuie cette induction en
montrant que ces muscles sont d'autant plus volumineux que les membres
agissent plus isolément pendant les actes locomoteurs : les chevaux de trait
les ont plus volumineux que les chevaux de galop; on les voit diminuer de
volume chez le lièvre, le lapin, la grenouille, à mesure que les modes de
translation se rapprochent du saut. »
PISCICULTURE. — Sur te f/éveloppement et ta pisciculture du Turbot. Note de
M. A. -Eugène Malaiîd, présentée par M. Edmond Perrier.
« .Suivant les désirs et les conseils de M. le professeur Edmond Perrier
qui a organisé l'étude de la piscifacture au laboratoire maritime du Muséum,
fondé par lui à l'île Talihou, et à la demande de M. le Ministre de la Ma-
rine, j'ai entrepris cette année, à ce laboratoire, des expériences sur le
développement et la pisciculture du Turbot. La réussite de ces premières
expériences, et les résultats importants pour l'avenir qu'elles font prévoir
m'engagent à en informer dès à présent l'Académie.
» Les Turbots, acclimatés (et je puis dire presque apprivoisés) dans un
grand bassin où ils sont nourris au moyen d'équilles ou lançons (Ammo-
dites tobianus), n'ont nullement souffert de leur stabulation préventive à
la ponte. C'est donc naturellement que nous avons obtenu la ponte et la
fécondation des œufs, ce qui n'avait jamais pu être obtenu jusqu'ici à ma
connaissance.
Il Les femelles se tiennent au fond du bassin; les mâles, au contraire, sont généra-
lement plus actifs et montent plus fréquemment vers la surface. Les femelles gravides
aident la ponte en se frottant l'abdomen sur l'arête vive d'une muraille imitant un
rocher sortant du sable d'à peu près So"'" de liauteur; durant la ponte, la femelle est
suivie par le mâle qui paraît féconder les œufs au fur et à mesure de la ponte; lorsque
la femelle s'arrête, le mâle tourne autour d'elle, puis s'arrête également, il appuie le
tiers antérieur de son corps sur la portion antérieure du ventre de la femelle et, par
des mouvements saccadés et répétés, quoique assez lents, semble comprimer l'abdomen
de la femelle dans le sens antéro-postérieur ; l'un et l'autre reprennent ensuite leur
course, le mâle à la suite de la femelle; comme celle-ci, il comprime son abdomen
dans l'élan qu'il se donne pour franchir le rocher. On voit alors les produits sexuels
formant comme un nuage, monter à la surface.
G. R., 1899, i' Semestre. (T. CXXIX, N° 3.) 24
( i8a )
» Je dois ajouler que, jusqu'ici, je n'ai observé aucune lésion organique,
ni aucun ulcère, sur mes animaux; les premiers moments de captivité
passés, les Turbots ont évité avec le plus grand soin le contact des murailles;
sauf le cas particulier que je signale lors de la ponte, ils semblent avoir le
plus grand soin d'éviter tout frottement.
» Je ne décrirai pas ici les œufs actuellement connus des Turbots, et je
me contente d'en mettre quelques-uns sous les yeux de l'Académie, au
stade où ils présentent déjà des caractères bien nets, l'embryon déjà formé
et le globule buileux si caractéristique; tous les œufs recueillis à la surface
des bassins sont fécondés, et je n'en ai peut-être pas observé un sur mille
non fertile; leur nombre est de plusieurs millions et je ne puis l'évaluer,
même approximativement.
» Buckland l'estime à i4oooooo dans une seule femelle de 25 livres anglaises,
et Collett, dans une de 775""", en a calculé environ io56ooo. Six femelles au moins
ont pondu jusqu'à ce jour; l'œuf, comme je l'ai dit plus haut, est pélagique, et sa
densité au moment de la ponte est de i ,02^7 environ en moyenne. L'œuf mort devient
bientôt opaque; il devient rapidement plus lourd et tombe au fond, ce qui a pu
induire en erreur la plus grande partie des auteurs qui ont observé en mer des œufs
de Turbots et les ont considérés comme devant achever leur développement au fond.
L'augmentation de poids parait être due à une perte de la substance grasse; contrai-
rement à l'opinion reçue, le développement de l'œuf après l'apparition de l'embryon
se continue à la surface pour l'œuf bien portant ; et il v aura lieu d'étudier d'une façon
exacte la densité de l'eau de mer dans les localités de ponte des Turbots. J'ai obtenu,
en effet, le développement de l'œuf jusqu'à éclosion dans l'eau de mer d'une densité
de 1,026 environ, mais j'ai pu l'obtenir dans diverses eaux de mer titrées, de den-
sités variant entre 1,024 et 1,028. D'après les résultats obtenus dans ces essais, j'ai
tout lieu de croire qu'il existe, dans la ponte normale du Turbot, des séries d'œufs
aptes, par leur plus ou moins grande proportion de substance grasse, à flotter et
éclore dans des eaux de mer de densités comprises entre i ,024 et 1 ,028 par exemple,
avec un optimum vers 1 ,026.
• » La larve, libre tout le temps que le sac vitellin n'est pas résorbé, nage en conser-
vant la forme courbée qu'elle avait dans l'œuf. Sitôt la vésicule résorbée, et même
avant sa disparition complète, le jeune Turbot, fortement pigmenté et ayant déjà le
yeux très développés, commence à chercher sa nourriture.
» J'ai essayé successivement diverses nourritures naturelles et artifi-
cielles (viande pulvérisée, farine de crevettes, de poisson, fromage, lait
caillé, séché et pulvérisé, jaune d'œufs, cervelle de veau, copépodes et
ostracodes, larves pélagiques, diatomées, infusoires).
» Les derniers dont j'avais entrepris la culture, sur les conseils de
M. Fabre-Domergue, ont donné lieu à une curieuse observation : mis en
contact avec des œufs de Turbot encore enfermés dans leur coque, les
( i83 )
iiifusoires s'attaquent à la coque du côté de la lèle de l'enibryoïi et per-
mettent ainsi une délivrance plus facile de celui-ci. Semblable fait, déjà
observé pour les oeufs de Saumon et d'Axolotls, n'avait jamais encore été
signalé chez les poissons de mer, à ma connaissance.
» Comme conclusion préliminaire pratique de cette Note, je crois pou-
voir affirmer que la pisciculture du Turbot sera possible et relativement
même facile si l'on possède des bassins d'élevage d'une capacité suffisante;
car, tandis que les jeunes conservés dans de petites cuvettes finissent tou-
jours par s'anémier et périr par excès de chaleur même en se nourrissant et
ayant complètement résorbé leur vés.ciile ombilicale, ceux qui, au con-
traire, vivent dans nos bassins ont jusqu'à présent toute l'apparence de la
santé ('). »
PHYSIOLOGIE. — Recherches expérimentales sur les rêves. De la continuité
des rêves pendant le sommeil (-). Note de M. Vaschide. (Extrait.)
« A notre connaissance, aucune recherche expérimentale méthodique
n'a été faite sur la continuité des rêves pendant le sommeil {'^). Les auteurs
inclinent généralement à croire que ce serait seulement à l'époque prémor-
phéique du sommeil, de même qu'au moment du réveil, que les rêves au-
raient lieu ('). A. Maury (^) et Dechambre ("), tout en faisant des
restrictions, inclinent à croire à la continuité; le marquis d'Hervey ('),
Lelut C), Serguyeff C) en sont partisans plus catégoriques.
(') Je dois ici remercier M. le professeur Edmond Perrier et M. Georges Roclié,
Inspecteur général honoraire des pêches, qui n'onl cessé de m'aider de leurs conseils
et de me fournir les moyens d'entreprendre ces recherches.
(^) Travail du laboratoire de Physiologie expérimentale de la Salpètrière, dirigé par
M. le Prof. Pierre Janet.
(•') Dernièrement M. Bourdon, répondant à une question que j'avais posée dans IV/i-
termédiaire des Biologistes (t. I), m'a fait connaître un travail américain de M. Wliiton
Colkins : Statistics of dreanis {The americ. Joiirn. of. Psych., t. 1. p. 3ii). Ne
connaissant pas ce travail je me contente de le signaler.
(*) Landois, Physiologie humaine. Trad. franc, d'après le 7"= album, p. 706; 1898.
Serguyeff, Le sommeil et le système nerveux ; physiologie de la veille et du som-
meil (3 vol., 1890), t. II, p. 890.
(') Le sommeilet les rêves, 4° éd., p. 49, •^2 ; 1878. Paris, Didier.
(') Dictionnaire des Sciences médicales : art. Songe; 3° série, vol. X, p. 45.
(') Les rêi-es et les moyens de les diriger, p. 336 et passim ; Paris, 1867.
(') Physiologie de la pensée, t. II, p. 45o, 453; 1862.
(') Ouvrage cité, t. I, p. 891.
( i84 )
» Depuis plus (le cinq ans, mes recherches sur cette question ont porté
sur trente-six sujets, âgés de i an à 80 ans, et sur moi-même.
» Dans rextrème majorité des cas, les sujets n'ont jamais été au courant de mes
recherches. En plus, nos observations ont été contrôlées par quarante-six. autres per-
sonnes, recueillant toujours proprio visu les faits. Notre méthode consistait à sur-
veiller les sujets toute la nuit, ou au moins une partie de la nuit, et à les observer de
tout près, recueillant avec soin les changements de physionomie, les gestes, les mou-
vements, de même que les rêves faits à haute voix et les rêves communiqués par les
sujets, n'oubliant jamais de déterminer la profondeur du sommeil par des expériences
préalables, notamment celles de Kolschutter, Spitta (' ) et Michelson (^).De temps en
temps, dans certains cas, nous réveillions le sujet, en lui cachant toujours que son
réveil avait été provoqué par nous, et soit laissant le sujet à lui-même, soit lui posant
des questions, nous étions renseigné suffisamment sur son état d'esprit et ses rêves.
Des réveils spontanés facilitaient parfois notre tâche.
» Voici les principales conclusions auxquelles nous sommes arrivé.
» i" On rêve pendant tout le sommeil et même pendant \& sommeil le
plus profond, le sommeil qui rappelle la syncope. La vraie vie psychique du
sommeil, comme la vraie vie des rêves, ne se révèle que lorsque le sommeil
commence à devenir profond ; c'est alors qu'entre en action l'inconscient.
Les rêves recueilhs pendant le sommeil profond révèlent les étapes et
l'existence de ce travail cérébral inconscient, auquel nous devons, à notre
grand étonnement, la solution des problèmes qui nous occupent depuis
longtemps et qui ressortent brusquement, comme par miracle (^).
» 2« On a étudié, sons le nom de rêve et songe, deux expressions dont
le contenu est loin d'être bien délimité, plutôt les hallucinations hypna-
gogiques de l'époque prémorphéique et celle voisine du réveil normal. Les
songes du sommeil profond ont un tout autre caractère que les autres rêves;
le chaos du râ\>e, pour employer l'expression de Gruthuisen, de même que
les clichés souvenirs, expression dont le marquis d'Hervey caractérise si
bien les rêvés, sont presque absents dans les vrais songes, qui paraissent
être dirigés par une certaine logique inconsciente, par l'attention et la vo-
lonté, et encore par ce quelque chose qui nous échappe et qui nous fait
penser au delà des images du rêve, dont parlait Aristote. On pourrait com-
{^) Die Schlaf iiiid Tiaumzustànde der menscidichen Seele, p. 24; 1878. Tu-
bingen
(2) Vntersuchiingen ïibcr die Tiefe des Scidafes {Psycltol. Arbeiten. 11. Bd,
p. 84-118).
(') CH.tRME a esquissé, il y a longtemps, une hypothèse semblable: Mémoires de
l' Académie des Sciences, Ails el Belles-Lellres de Caen; p. 429; i85i.
( x85 )
parer l'état mental de ces rêves avec le travail inconscient de la veille.
» 3" Il y a une relation étroite entre la qualité, la nature des rêves, et la
profondeur du sommeil. Plus le sommeil est profond, plus les rêves con-
cernent une partie antérieure de notre existence et sont loin de la réalité;
au contraire, plus le sommeil est superficiel, plus les sensations journalières
apparaissent et plus les rêves reflètent les préoccupations et les émotions de
la veille. Le D'' Pilez ('), un remarquable observateur, est récemment
arrivé à des conclusions semblables.
» 4° L'existence des rêves dans le sommeil profond, comateux, n'im-
plique pas la possibilité de certains cas de sommeil très profond sans rêve.
Il y a, comme dans tout phénomène, une question de relativité. L'état
comateux ou de syncope est loin de répondre, comme on le prétend, au
sommeil profond, quoique nous soyons loin de connaître l'état mental dans
ces conditions pathologiques. En somme, comme il y a une probable inertie
mentale pour la veille, il y en a une pareille pour le sommeil.
» 5° Les personnes qui ne rêvent pas, ou plutôt qui prétendent n'avoir
jamais rêvé, sont victimes d'une illusion d'analyse psychique trèsciuieuse.
Comme habituellement on ne fait attention qu'au moment du réveil ou
pendant l'époque prémorphéique, le réveil étant brusque de même que
la transition entre l'assoupissement du coucher et le sommeil comateux,
les étapes hypnagogiques et du réveil n'ont lieu que sous une forme verti-
gineuse et il y a impossibilité d'attirer l'attention du sujet. Il se peut bien
que l'illusion persiste pendant plusieurs années (mon cas, par exemple)
et qu'elle se révèle dans une nuit de fatigue.
» 6° Les rêves d'une intensité moyenne persistent plus dans la mémoire
et ils sont plus continus, tandis que les rêves énergiques, actionnels, dispa-
raissent rapidement. Pilez a observé ce même fait. Les rêves plus intenses
caractérisent le réveil et l'époque prémorphéique du sommeil.
» 7" Les enfants en bas âge et qui ont toujours un sommeil comateux
commencent à rêver à haute voix; il y a concordance des rêves faits à haute
voix avec ceux du réveil spontané ou provoqué.
» 8° Les vrais rêves sont plus lucides, et la lucidité est en rapport avec
la profondeur du sommeil; dans le sommeil d'une profondeur moyenne,
les rêves sont plus stables, plus précis et moins fugitifs que dans le som-
meil superficiel. Le marquis d'Hervey a d'ailleurs très bien deviné ce fait.
(') Quelques contributions à la psychologie du sommeil chez les sains d'esprit et
chez les aliénés {Ann. médico-psychol., 99, n° 1, p. 66-75).
( i«6)
» 9" En recueillant les rêves de toute une nuit, on est induit à croire
qu'il y a toute une continuité qui se suit dans les conceptions même les
plus hallucinatoires. Ce caractère est plus net pour le vrai rêve. Pour une
personne réveillée plusieurs fois dans une nuit et d'une façon méthodique,
on peut remarquer un certain ordre d'idées dans ses rêves : une asso-
ciation étrange, mais nette, et généralement difficile à expliquer par les
opinions courantes sur l'association des idées, reliait tous les rêves en
apparence très disparates. Cette association rappelle parfois ce genre d'as-
sociation de la veille, dans laquelle un mot n'agit que pour provoquer une
réaction quelconque, ou encore ces associations immédiates où il s'agit
d'une coexistence dans le temps ou dans l'espace (Aschatïenburg) (').
» En résumé, nous pensons, à la suite de nos recherches, que le pro-
blème de la continuité des rêves pendant le sommeil est en partie résolu,
et qu'on doit reconnaître, avec Descaries, Leibnitz et Lélut, qu'il n'v a pas
de sommeil sans rêve ("). Le sommeil ne serait pas, d'après nous, un
frère de la mort , comme le désignait Homère, mais, au contraire, un frère
de la vie (^). »
M. A. Herrera adresse, de Mexico, utie Noie sur une modification à
introduire dans la formation des noms de genres, en Histoire naturelle.
M. Al. Tsimbodraky adresse une Note relative à un trailement de la
lithiase et de l'hyperhémie hépatiques.
La séance est levée à 4 heures.
J. B.
(') Ejcperîmenlelle Sludien iiber Associationen {Psychol. Arbeiten, t. I, p. 209-
3oo; t. II, p. 1-84).
('-) Dans un travail publié dans la RivisLa sperimentale di Frevialrla, j'ai dé-
montré l'existence de l'attention comme facteur qui agit et se poursuit pendant le
sommeil: N. Vaschide, Influcnza deW attenzionc durante il sonno; 1898, fasc. I,
vol. XXIV, p. 20-42.
(') Nos recherches seront exposées dans plusieurs Mémoires qui paraîtront dans la
Revue philosophique.
( 18? )
BCf.LETIN HIBLIOGRAPHIQCE.
Ouvrages reçus dans la séance du io juillet 1899.
Traité de Zoologie, par M. Edmond Perrier, Membre de l'Iastitut. Fasci-
cule 5 : Arnphioxiis-Tuniciers, avec 97 figures. Paris, Masson et C'^. 1899;
I fasc. in-8". (Hommage de l'Auteur.)
Ponts et Chaussées. Service hydrométrique du Bassin de U Adour. Observations
sur les cours d'eau et la pluie, centralisées pendant Vannée 1896, par MM. Bel-
LEviLLE et Massenet, SOUS la direction de M. Eyriaud-Desvkrgnes. Paris,
imp. A. Dencède, s. d.; i fasc. in-f".
Notes, reconnaissances et explorations . Revue mensuelle. Livraisons 13-23
(janv.-nov. 1898). Tananarive, Imprimerie officielle, 1898; 11 fasc. 10-8".
Une série de Documents sur Madagascar : Mémoires, Cartes, Photographies.
(Présenté par M. A. Grandidier, au nom tlu général Gallieni, gouver-
neur général de Madagascar.)
Le Volta. Annuaire de renseignements sur l' Électricité et les Industries an-
nexes. Paris, Société fermière des Annuaires, 1899; i vol. in-8". (Hom-
mage des Editeurs.)
Archives du Muséum d'Histoire naturelle de Lyon. T. VII. Lyon, Henri
Georg, 1899; I vol. in-f".
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et Documents. Personnel. Paris,
V^^Ch. Dunod, 1899; i vol. iu-8".
Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, Membre de
l'Institut. T. XI, n" 126. Paris, Paul Dupont. 1899; i fasc. in-8°.
Wissenschaftliche Ergebnisse der Reisen in Madagaskar und Ostafrica in
dén Jahren 1889-95, von D' A. Vœi^tzkow. Band I, Heft IV. Echinodermen
des Sansibargebietes, bearbeitet von Prof. D'' Hubert Ludwig, in Bonn.
Frankfurt a. M., Morilz Diesterweg, 1899; i fasc. 10-4". (Présenté par
M. Alfred Grandidier.)
Rejlesiuni la opurile D lui membru académie M. Paye din Paris, Dlui Lappa-
rent, profesor la Universitatea catolica si Dlui Darvin. J. Bontila. Tip. Weisz
si Srikiai, in Lugos, 1899; i lasc. in-i6.
Substilucion de nombres genericos. III, j>or Carlos Berg. (Communi-
caciones del Museo nacional de Buenos Aires. T. I, n° 3, p. -jj à 80, 24 de
mayo de 1899.) i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
( i88 )
Coleopleros de la Tierra del Fuego, coleccionados por el senor Carlos Back-
hausen, por Carlos Berg. (Communicaciones del Museo nacional de Bue-
nos Aires. T. I, n" 3, p. Sy à 65, 24 de mayo de 1899.) i fasc. in-8°.
(Hommage de l'Auteur.)
Neue Redukdon dervon Wilhelm Olbersim Zeitraum von 1793 bis i83i auf
seiner Sternwarte in Bremen angestelllen Beohachtungen von Kometen iind
kleinen Planeten. Nach den Originalmanuskripten berechnet von Wilhelm
ScHUR und Albert Stichtenoth, in Guttingen. Berlin, Julius Springer,
1899. (Hommage de M. Scliur.)
Neuheiten 1899 auf dem Gebiete der Rônlgenstrahlen. Par Max Rohl.
Chemnitz; i fasc. in-/|". .
Les appareils de rerherches par les rayons X (Catalogue et supplément),
par Max Kohl. Chemnitz ; 2 fasc. in-4°.
Magnetische undmeteorologische Beobachtungen an der k. k. Slernwarte zu
Pragim Jahre 1898. Herausgeg. v. D^'L. Weinek. 59. Jahrgang. Prag, 1899;
I fasc. in-4".
Vn. Sulla funzione fisiologica délia Solalina. Recerche del D"" G. Albo.
(Estr. da A. Borri, Contrib. Biolog. veget.; vol. TT, fasc. 3, 1899.) i fasc.
in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
ERRATA.
(Séance du 3 juillet 1899.)
Note de M. C. Guichard, Sur les surfaces de M. Voss :
Page 24, ligne 22, au lieu de sont les solutions les plus générales, lisez ne sont pas
les solutions les plus générales.
(C'est ce qui résulte d'ailleurs des explications données deux, lignes plus bas. )
Oa souscrit à Pans, chez GAUTHIER-VILLARS.
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
du "janvier. j, prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
On souscrit, dans les Départements,
chei Messieurs
Ferrun frères.
iChaix.
Jourdan.
Ruff.
Courtin-Hecquel.
Germain et Grassin.
Lorient.
Lyon.
• ( Lachèse.
. Jérôme.
. Jacquard.
iFeret.
Laurens.
Muller (G.)
.. Renaud.
IDerrien.
F. Robert.
J. Robert.
Vze\ frères.
. . Jouan.
nie, P'rrin.
j Henry.
■J/ïC
fan
ges
chez Messieurs :
( Baumal.
j M°" Texier.
/Bernouxcl Cumin
\ Georg.
] Côte,
jsavy.
' Vitte.
Marseille Ruât.
1 Calas.
I Coulet.
Martial Place.
i Jacques.
Grosjean-Maupin.
On souscrit, à l'Étranger,
Montpellie
Moulins . .
chez Messieurs :
j Feikema Caarelsen
Amsterdam ! g^ c'*.
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
( Asher et C".
] Dames.
Berlin ' Friedlander et fils
( Mayer et Muller.
gerne Schmid et Francke.
Bologne
chez Messieurs :
Dulau.
Londres \ Hachette et C".
Nutt.
Luxembourg .
Madrid .
Zaoichelli.
] Lamertin.
Bruxelles } MayolezetAudiarte.
1 Nantes
I
■boi{
Nice.
\ Sidot frères.
Loi seau.
Veloppé.
Barnia.
Visconti et G"
Thibaud.
Ferr..
nob'
Hoc
tav
Marguerie.
Juliot.
Ribou-Collay.
iLamarche.
Ratel.
Rey.
i Lauverjat.
I Degez.
j Drevet.
i Gratier et C'V
(le Foucher.
i BourdignoD.
( Dombre.
j Thorez.
i Quarré.
Aimes,
Orléans Luzeray.
Blanchier.
Poitiers
Milan.
Naples.
Bacharest .
Lebègue et C".
Sotcheck et C».
SlorcU.
Kilian.
( Marche.
Plihon et Hervé.
Budapest
Cambridge Deighton, BellelG».
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. ■ Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste
Gènes
Rennes
Rochefort Girard (M»")
( Langlois.
Rouen j Leslringant.
Etienne Chevalier.
S'
Toulon
( Ponteil-Burles.
"i Rumèbe.
Genève.
La Haye.
Lausanne.
Toulouse.
Tours.
Valenciennes
J Gimel.
i Privât.
iBoisselier.
Péricat.
Suppligeon
( Giard.
Lemaltre.
Leipzig-
Beuf.
Cherbuliez.
Georg.
( Stapelmohr.
Belinfante frères.
j Benda.
( Payot.
Barlh.
1 Brockhaus.
, Lorentz.
i Max Rube.
', Twielmeyer.
^ Desoer.
Gnusé.
V. Buck.
' Libr. Gutenberg.
I Romo y Fussel.
I Gonzalès e hijos.
' F. Fé.
( Bocca frères.
( Hœpli.
Moscou Tastevin.
( Marghieri di Gius.
( Pellerano.
( Dyrsen et Pfeiffer.
Nciv- York j Slechert.
( LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C"
Palerme Clausen.
Porto Magalhaès el Moniz.
Prague ,.• Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
I ( Bocca frères.
•«<""« JLoescheretC".
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
( Zinserling.
I WollT.
! Bocca frères.
Brero.
Clausen.
RosenbergetSellier.
, Varsovie Gebelhner et Wollf
\ Vérone Drucker.
1 ( Frick.
1 Vienne Gerold et C".
\ Zurich MeyeretZeller.
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il,_ (,« Janvier i85i à 3. Décembre .865.) Vo utne m 4, 7
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dans les phénomènes digestifs, particulie - ^^ ^^
.ses>ar M. Cla.de Be.»ab». Volume m-^-, ^'"^''^'/'"-r^'gENEDEN. - Essa. d'une ^épon^eV la question de Prix P':°P°;J^J" f/;j',Vdtf'féSrter^
■«mil : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van ^"r . ^ ^^^^^-^^ delà distribution des corps organises fossiles dans U nature
„ 1 concours de ,853, et puis remise pour celui de .856, 7-'- ' " f "'^'^^^^^^^^ 15 fr.
.enires, suivant l'ordre de leur superposition. - Discuter la que t.on dleuappr ^ ^^ ^^^^^^^^^^ ^^^^^ j^_^.^ ^,,, ,, planche.,
.. ppons qu. existent entre l'étatactuel du règne organique et ses^tatsai^ ^ ^^^^^^^^^
.U..e UbraiHelesMé.o.e.de VAcadé^ie des Sciences, et les M..o.es présentes par ..ers Sa,anu
Om. : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues P"J^-J^;f ^^ ,
aèl^ par M.Han««.- Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique
CLAtDE Bee«abd. Volume in-4% avec 3^ planches ; i8o6
,rle Calcul des Perturbations qu'éprouvent le»
èrement dans la digestion des matières
W 3.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 17 juillet 1899.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. Ukiithelot. Sur les combinaisons du
sulfure de carbone avec l'hydrogène et
l'azote '33'
\I. Bl-RTHELOT. — Ucniarques sur la com-
Fages.
hinaison de l'azote avec l'oxygène ^(7
M. P.-P. Deiiérain. — Cultures dérobées
d'automne. Leur efficacité comme engrais
vert t'iii
CORRESPONDANCE.
M. le Skcretaiiik pekpetuki. signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, le nouveau Volume 'public par
l'Association française pour l'avancement
des Sciences : « 27" session, tenue à Nantes
en i8r)S, ir Partie : Notes et Mémoires >>.
IM. LœwY présente deux photographies lu-
naires qui lui sont adressées par M. IVei-
neck
M. E.-O. LovETT. — Sur les transformations
des droites
M. C. GuiCHAHD. — Sur la tlicorie générale
des congruences de cercles et de sphères.
M. F. Beaulard. — Sur les formules de
Mossotti-Clausius et de Betti relatives à
la polarisation des diélectriques
M. E. BouTY. Les gaz raréfiés possè-
dent-ils la conductivité éleclrolytique "? ..
M. On. -Ed. Guillaume. — Sur les variations
temporaires et résiduelles des aciers au
nickel réversibles
M. A.Recoura. — Sur l'acétate chromique.
M. V. Babès et Bacoucea. — Sur la pré-
vention et la guérison de l'épilepsie
toxique, par l'injection de substance ner-
veuse normale
MM. E. Abelous et E. Gérard. — Sur la
présence, dans l'organisme animal, d'un ,
ferment .soluble réducteur. Pouvoir ré-
ducteur des extraits d'organes
Bulletin bibliographique
Errata
•^7
/
■49
l'is
I 13
i')8
.H I
M. Etienne IUdaud. — Sur le parablasle
et l'endoderme vitcllin du blastoderme de
Poule
M. Edmond Bordage. - Régénération tar-
sienne et régénération des membres des
deux paires antérieures cliez les Ortho-
ptères sauteurs
M. Sappin-Trouffy. — Division du noyau
dans la spermatogénèse chez l'homme....
M. Abel Buouet. — Régénérations osseuses
suivies à l'aide de la radiographie
MM. .Vlbarran et Contremoulin. — Radio-
graphie des calculs du rein
M. H. (juiLLEMiNOT. - Radiographie du
cœur et de l'aorte auj. différentes phases
de la révolution cardiaque ,
AL P. Le Hello. — Du rôle des organes lo-
comoteurs du cheval. . ;
M. A.-Euûèxe !\Lalard. ~ Sur le développe-
ment et la pisciculture du Turbot
M. Vaschide. — Recherches expérimentales
sur les rêves. De la continuité des rêves
pendant le sommeil
M. A. Heurera adresse une Note sur une
modification à introduire dans la forma-
tion des noms de genres, en Histoire na-
turelle
M. .\.l. Tsimbourakv adresse une Note rela-
tive à un traitement de la lithiase et de
l'hyperhémie hépatiques
i*i()
■7^
'70
iSi
iS3
.8;
18S
P\RIS. — IMPKIMERIE G A UTH [E R -Vt L L \ RS ,
Quai des Grands-Augustins, Sa.
/-«• f.erant .' t>*L-ruiEB-ViLLARS.
1899
AUiS 15 im ■ SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
i DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAK un. IiES SECRÉTAIKES PEKPËTUEEiS
TOME CXXIX.
N^ 4 (24 Juillet 1899).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
yuai des Grands-Augustins, 55.
"189'J
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2/» MAI 1875.
J.es Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l' Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de C Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou parunAssociéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent' au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Acadéi •
sont imprimés dans les Comptes rendus, maislesR.
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'aut
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance >
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savant
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des person
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'A
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires î
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nomi
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet ExI
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils lei 1
pour les articles ordinaires de la correspondance! •
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être ren
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tare
jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à ter
le titre seulduMémoireestinsérédansleCow/)/erf
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapport
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
un Rapport sur la situation des Comptes rendus a\
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du|
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés di«
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avants*'. Autrement la présentation sera remise à la séance sniî >
UG 15 1889
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 24 JUILLET 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie que le Tome CXXVII
des Comptes rendus (i^ semestre 1898) est en distribution au Secrétariat.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Présence de l'iode en proportions notables dans
tous les végétaux à chlorophylle de la classe des Algues et dans les Sulfu-
raires, par M. Armand Gautier.
« L'air de la mer étant particulièrement riche en iode, exclusivement
localisé dans les particules en suspension et de nature organique, j'ai
pensé que cet élément était entraîné dans l'atmosphère à l'état d'Algues
microscopiques ou de spores iodées issues des eaux de mer où l'on sait
que foisonnent les Algues microscopiques très riches en cet élément. Mais
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N» 4.) . 2.^
( '9" '
l'air des conlinenls contenant aussi de l'iode sous la même forme, quoique
en bien moindre proportion, je me suis demandé s'il est vrai, comme on
le croit généralement, que l'iode n'existe que dans les Algues marines, et
s'il ne pourrait se faire qu'il fût indispensable à la constitution de tous les
végétaux de cette grande classe. On sait qu'elle se sépare de celle des
Champignons par son mode de végétation et de reproduction, ainsi que
par la présence de la chlorophylle, ou d'un pigment analogue, chez
presque tous ses représentants. De là des caractères différenciels impor-
tants : grâce à leur pigment, les Algues peuvent décomposer l'acide carbo-
nique et se développer sans l'aide d'aucune matière organique préexistante:
en revanche, elles ont besoin de l'excitation lumineuse. Les Champignons,
au contraire, ne peuvent se nourrir que d'une matière organique toute
formée qu'ils détruisent pour fonctionner, mais la lumière ne leur est
pas nécessaire. A la limite de ces deux classes, tantôt unies aux Algues par
les botanistes, tantôt séparées d'elles (de Bary, Nœgeli), se rencontrent les
Bactériacées, Algues par leur développement et leur mode de reproduc-
tion. Champignons par leur mode de nutrition, dénuées de chlorophylle
comme ceux-ci, et comme eux, par conséquent, se développant grâce à la
décomposition corrélative d'une matière organique préexistante. Au cas
où l'iode se rencontrerait dans toutes les Algues, marines ou d'eau douce,
et n'existerait pas dans les Champignons (et nous allons montrer qu'il
en est à peu près ainsi), comment, à ce point de vue, la présence ou
l'absence d'iode permettrait-elle de classer les Bactériacées?
» L'existence de l'iode dans les Algues d'eaux salées est établie depuis
longtemps. Toutefois, quoiqu'il y soit constant, cet élément s'v rencontre
en proportions très différentes suivant les espèces, comme le montrent les
quelques nombres suivants ( ' ) :
Iode en loo»'
de plante fraiclie.
gr
Laminaria digitala slenoloba o,o6i
» saccharina o , o44
Fucus vesiculosus. . . .
serrai us , _, . ,,
j > (Goémons noirs). Moyenne 0,012
nodosus 1 ^ ' -^ '
» siliq uosus
Laminaria bulbosa 0,0077
» Ainsi, les Algues d'eau de mer contiennent de y^^r à 6o™e'" et plus
(') Je les emprunte à E. Allauy, Bull. Soc. chiin., t, XXXV, p. 11; 1881
( igi )
d'iode jDOur loo^'' de plantes fraîches, soit en moyenne 12"'''', nombre
qu'il faut multiplier par 5 environ si on le rapporte à la plante dessé-
chée : [ooS"^ d'Algues sèches d'eau salée contiennent donc, en moyenne,
Go-^s'- d'iode.
)) Toujours présent dans les Algues d'eau de mer, où on le trouve sur-
tout à l'état d'iodonucléines, j'ai pensé que l'iode devait y jouer un rôle
pour ainsi dire spécifique, en rapport avec le fonctionnement des espèces
de cette grande classe de végétaux, et que, par conséquent, cet élément
existait dans toutes les Algues, au moins dans celles à chlorophylle,
quoique peut-être, dans ce dernier cas, en moindre quantité. C'est ce
que l'expérience a confirmé.
» J'ai examiné les Algues d'eaux douces, courantes et stagnantes, celles
qui poussent simplement sur la terre humide, celles qui s'introduisent
dans les Champignons et donnent ainsi les Lichens, celles qui vivent dans
les eaux sulfureuses froides ou chaudes et qui sont déjà presque des Bac-
tériacées. Les Algues étudiées appartenaient aux divers ordres des Cyano-
phycées, Chlorophycées, Floridées, etc. Dans tous les cas, j'ai trouvé et
j'ai pu doser l'iode dans ces plantes. Voici mes observations abrégées :
' Ulothrix dissecla (ordre des Chlorophycées, famille des Confervacées).
— Espèce très pure récoltée à la campagne, à la fin du printemps, dans un
grand baquet de bois rempli d'eau de source issue de la couche des sables
de Fontainebleau et abandonnée l'hiver dans une serre tempérée. Après
essorage à la trompe, 5^', 58 de cette algue fraîche ont laissé 2»', 77 de
matière sèche contenant o™8', 066 d'iode, soit :
Iode 2"'s'', 4o pour 100 d'algue sèche.
« Cladophora/racta {même ordre, même famille). — Plante développée
dans les bassins de l'École de Pharmacie de Paris, récoltée en juin. Elle
contenait 88,4 pour 100 d'eau. Dans 250^"" de cette algue fraîche, j'ai
trouvé o'"'''%433 d'iode, soit :
Iode o"s'',9S4 pour 100 d'algue sèche.
» A'oi/ocy)-rt^i/« (ordre des Cyanophycces, famille des Nostocacées). —
Cette plante contenait GiS", 8 d'eau pour 100, à l'état frais, après essorage;
3i^^ d'algue humide ont donné o"^'', o5 d'iode, soit :
Iode o™si,493 pour 100 d'algue sèche.
» Algue cyanophycèe du groupe des finulariées (mélangée d'un peu de
( '92 )
Desmidiées) . — Elle avait été recueillie, en mai, dans un ruisseau près
Mantes. On y a trouvé :
Iode o™s'', 262 pour 100 d'algue sèche.
» Protococcus pluçialis (ordre des Chlorophycées, famille des Protococ-
cacées). —Elle m'avait été fournie par M. Maxime Cornu qui l'avait récoltée
dans un bassin du Muséum de Paris. Elle était mélangée d'un peu de Pan-
dorina morum, de Gonium pectorale et d'Euglena viridis. Cette algue verte
contenait après essorage 98,24 d'eau. Elle a donné :
Iode 2"e'',o6 pour 100 d'algue sèche.
» Batrachospermum (ordre des Floridées, famille des Némaliées), ré-
coltée en Seine, en amont de Paris. Elle contenait, après centrifugation,
93,16 pour 100 d'eau. On y a trouvé :
Iode i™s'",i9 pour 100 d'algue sèche.
)) Beggialoa (Glairine et barégine). — Elle était mélangée de quelques
autres Sulfuraires formées de cellules arrondies, vraisemblablement des
Thiocystis. Mais la masse principale était de la glairine de consistance
muqueuse épaisse, surmontée de pellicules d'un gris verdàtre quelquefois
noirâtre, où se voyaient d'innombrables cristaux de soufre octaédrique
(L. Guignard). Cette Algue venait des sources sulfureuses thermales de
Luchon. Elle était toute fraîche au moment de l'analyse. La matière totale
contenait alors 98, Sa pour 100 d'eau. On y trouva :
Iode Sô^sr pour 100 de matière sèche.
» Si, au lieu de prendre les Algues libres, on s'adresse aux Lichens qui
résultent, comme on le sait, de la symbiose d'une Algue et d'un Cham-
pignon (généralement ascomycète), association où le plus souvent le
Champignon prédomine beaucoup, on retrouve encore dans le Lichen
l'iode qu'y apporte l'Algue. En voici deux exemples :
» Parrnelia, récoltée en avril sur des micaschistes du Tyrol à 800 mètres
d'altitude. On en a traité 2^'' à l'état frais :
Iode Trace. Trop faible quantité pour un dosage.
» Pehigera, récoltée à la même époque à i5oo mètres d'altitude sur les
micaschistes du Tyrol, au-dessus de Levico. On en a traité i^', 37 à l'état
frais :
Iode o"'S'', 298 pour 100 de lichen sec.
( '93)
» Ainsi les Lichens où l'Algue n'existe qu'en proportion minime, à peine
I pour 100 du poids total, contiennent aussi de l'iode en quantité le plus
souvent dosable.
)) Il n'en est plus de même des végétaux de la grande famille des Bacté-
riacées. Les essais que nous avons faits pour savoir si leur teneur en iode
les sépare nettement des autres Algues dont elles diffèrent aussi par leur
mode de nulrilion et par l'absence de chlorophylle, ont confirmé, au moins
partiellement, notre sentiment qu'aux points de vue cliimique et phy-
siologique, ces plantes doivent être classées à côté des Champignons. Mais,
à cause de la difficulté qu'on rencontre de se procurer des bactéries homo-
gènes en quantité suffisante pour ces études, nous avons borné nos re-
cherches à deux espèces : l'une aérobie, le bacille de la diphtérie, l'autre
anaérobie, celui du tétanos. Ils venaient l'un et l'autre du laboratoire de
notre confrère, M. Roux, de l'Institut Pasteur.
» Bacille de la diphtérie (Variété américaine). — C'est un microbe essen-
tiellement aérobie. On l'a recueilli en filtrant sur papier i3 litres de cul-
tures pures. Après lavage très modéré à l'eau et essorage, les corps des
bacilles occupaient un volume d'environ 120". Ces bactéries séchées pe-
sèrent S^"^, 3 seulement. On y trouva :
Iode Absence complète.
» Bacille du tétanos. — On sait que c'est un microbe anaérobie. Nous en
avions 20 cent, cubes à l'état de purée très épaisse qui, séchée, n'a laissé
que 637 centigrammes. Ils provenaient de 3'", 5 de cultures. On y a
trouvé :
Iode C"?', 00016 environ (')
» Quant aux Champignons, l'iode a été cherché dans trois espèces,
V Agaricus campestris, le Boletus edulis et le Cantharellus cibarius, par mon
préparateur, M. Bourcet, qui publiera plus tard ses résultats en détail. Il
a trouvé :
Iode pour loos'
de parties fraîches. à l'état sec.
Mgr mgr
Agaricus campestris {Champignon découche)... 0,028 0,270
" » . . . o , o 1 3 »
Boletus edulis (Cèpe comestible) 0,0172 »
Cantharellus cibarius (Girolle) 0,0019 »
(') Nous faisons quelques réserves sur ce cas. Les 20'= de corps de bacille n'ayant
(. 194 )
» Des observalions ci-dessus, on doit conclure que l'iode est un élément
constant du protoplasma des Algues à chlorophylle, aussi bien de celles
qui habitent la mer que de celles qui croissent dans les eaux douces, mais
celles-ci en sont moins abondamment pourvues : tandis qu'on trouve
en moyenne 6o"«' d'iode dans loo parties sèches d'Algues marines, celles
d'eaux douces n'en contiennent, pour la même quantité, que 0'"^% 25 à
2'"fi'',4o. Les Algues bactériacées d'eaux sulfureuses, dénuées comme on
sait de chlorophylle, mais dont le mode de fonctionnement est si différent
de celui des autres Algues, tiennent le milieu entre les Algues d'eaux
douces et celles d'eaux de mer, avec leurs 36™»'^ d'iode pour loos"" de
parties sèches.
» Les Aigu es microscopiques, surtout celles d'eau de mer, et celles qui
habitent les Lichens paraissent particulièrement riches en iode.
» A la façon des Champignons, les Algues dénuées de chlorophylle
(si l'on en excepte les Sulfuraires) semblent ne pas contenir nécessaire-
ment de l'iode, ou du moins n'en contenir le plus souvent qu'en quantité
très minime.
» Dans les Champignons, l'iode augmente ou diminue, paraît même
pouvoir disparaître, suivant le milieu où ils se nourrissent; en un mot,
l'iode ne paraît pas être un des éléments indispensables de leur proto-
plasma. Toujours présent, au contraire, dans les Algues chlorophylliennes,
souvent absent quand elles sont incolores et ne décomposent pas l'acide
carbonique, l'iode semble entrer, sinon dans la constitution même du pig-
ment chlorophyllien spécial de ces Algues, du moins dans celle du support
protoplasmique chargé de l'assimilation et s'y trouver sous forme d'une
combinaison nucléinique à la fois richement phosphorée et iodée.
» Il n'en est plus de même des faibles quantités d'iode des Champignons
et des traces qu'on peut rencontrer dans quelques végétaux supérieurs,
tels que le Tabac ou le Cresson, végétaux où l'iode peut beaucoup varier et
disparaître même entièrement, constituant ainsi un élément surnuméraire,
pouvant passer ou non dans le végétal, suivant la composition du sol et
des eaux où la plante s'est développée. »
laissé que 05^,056 de résidu sec, le bacille tétanique donnerait, pour loos"' à l'état sec,
o"'S'', 32 d'iode. Mais, vu la faible quantité sur laquelle on a été obligé d'opérer, on ne
peut répondre entièrement de ce nombre.
( igs )
MEMOIRES LUS.
M. le D"^ E. Vidal donne lecture d'un Mémoire « Sur la fermentation
des vins ".
(Commissaires : MM. Arm. Gautier, Duclaux, Bouchard.)
MEMOIRES PRESENTES.
M. Eugène Foubnier adresse un Mémoire intitulé : « Recherches sur la
désinfection par l'aldéhyde formique : formacétone ».
(^Commissaires : MM. Bouchard, Duclaux, Roux.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un article de M. Clennont-G anneau, inséré dans la Revue
archéologique, et relatif à un vase de terre cuite, du vi"' siècle avant notre
ère, destiné à laisser tomber en pluie le liquide qu'il contient, à la façon
de l'éponge américaine.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des équations aux dérivées
partielles. Note de M. N. Saltykow, présentée par M. C. Jordan.
« Les résultats de mes recherches, présentés à l'Académie au mois de
janvier de l'année courante, ne concernent que les équations résolues par
rapport aux dérivées partielles. Mais au point de vue des applications pra-
tiques, la résolution d'équations peut offrir des difficultés considérables.
Je me propose donc d'étendre la théorie développée aux équations quel-
conques en involution, d'autant plus que cette étude, liée intimement aux
travaux de S. Lie, présente de même un intérêt théorique.
(0
( '96 )
» Considérons le système d'équations difFérentielles
Fa(^i > ^2' • • • ' -^nf Pk P2' • • • ' Pn) ^^ O'
X: ^ I, 2, . . . , m,
les variables pi désignant les dérivées partielles -j^ et le déterminant fonc-
lionnel
r 1, rg* * • • » '^ A-î • • ■ ' ^ „
Pi
, ^2, . . . , ^4-,
^*,
ne s'annulant pas. Le système (i) étant en involution, on en conclut que
les équations
{^)
F,
,F„..
. , F,,
. . . , F„,
Pv
,P^, ■■
• • î Pm-^tj
• • • , Pm
'F,
,F„.
. . , F,, . . .
,F„,\
f/a;t.
j = I, 2, ...,« — m,
1,2, ...,n
sont aux différentielles totales. Il est aisé d'établir le théorème suivant :
>) I. Soit
z = \(x,,Xi ,x„,b,,b„, ..,6„_„, ) -i- b
une intégrale complète du système (i), b,h^, . . ., b„_„ étant des constantes
arbitraires. Le déterminant fonctionnel
D
dN
d\
dx
dXn
' b„
ne s'annulant pas, les équations
i Fi,(x,, x.^, .. ., x„, p,,p., . . ., pn)~ a/,.
(3)
d\
dx„
--=Pn
^ m-i-i
r, 2, ...,m.
d\ _
db, "
/= I, 2,
n-m
donnent l'intégrale générale du système (2), les a^ étant de nouvelles
constantes arbitraires.
( '.i)7 )
» La démonstralion du théorème inverse du précédent se base sur la
considération de la fonction suivante :
« Cette dernière jouit de la propriété remarquable de devenir une diffé-
rentielle exacte, que nous nommerons àM, en vertu d'une intégrale géné-
rale ou particulière du système (2). Nous avons, en particulier, si les équa-
tions (i) sont résolues par rapport aux dérivées /?,, p.^, . . ., />„,, que clM est
identique à la différentielle (/U, étudiée dans ma Note : Généralisation delà
première méthode de Jacobi sur l'intégration d' une équation aux dérivées par-
tielles (^Comptes rendus du 23 janvier 1899). Je veux ici mentionner à son
sujet que M. A. Mayer a bien voulu attirer mon attention par sa lettre du
22 juin sur son Mémoire : Zur Intégration der partietlen Differenlialglei-
chungen erster Ordnung (^Nachrichten von der k. Gesellschaft der Wissen-
schaJtenundderGeorg-Augiists-Universitàt, Gotlingen, 1873, p. 299), qui
m'était inconnu à l'époijue, quand j'ai [jubiié mon Travail cité plus haut.
Cet éminent i;éoinètre, tout en conservant les notions de 1 illustre Lagrange
sur les équations aux dérivées partielles et leurs intégrales, y a esquissé une
démonstralion de la méthode de Cauchy, généralisée par S. Lie, sur l'inté-
gration des équations correspondant à la différentielle d\] , et cela en pro-
fitant des propriétés de cette dernière. Le théorème suivant donne une
extension de la théorie en question aux équations (i) :
» IL Considérons l'intégrale particulière du système (2)
1 '^irn-i ^-~y i \,"^( ' "^ 2> • • • 5 ■^iii' a^, a.y^ • ■ • % a,i_,„, w, , o.,, . . . , o,i_,„j,
[ Ps--'h{^\^'^-2^ ■■ ■' ^m^ a^, a.., a„^,„,b,,b.,,. ., 6„_„;),
i = 1 , 2, . . ., n — m, A = r , 2, . . .. «,
que l'on obtient en prenant les équations (i) comme m intégrales distinctes, les
constantes arbitraires «,, 6, étant les valeurs initiales des variables j:',„-h,, Pmi^i-
La quadrature de la différentielle exacte f/M effectuée, considérons la fonction
OÙ M est la valeur initiale de la fonction M. En éliminant les a,, donnés en
C. R., 1899, 2* Semestre. (T. CXXIX, N" 4.) 2()
( '^8 ^
fondions des x„ b^par (es équations (4 ), l' égalité
Z = \(Xt,x.;,, .. ., x,„h,,h.^. . . .,^„_,„ ) î- l^
représente une intégrale complète du système (i ), h étant une nouvelle
constante arbitraire.
» Le problème de l'intégration des équations (2) est équivalent à celui
du système d'équations simultanées linéaires aux dérivées partielles d'une
seule fonction inconnue F
(j) ('Fa,F;) = o {k=i,2, ..,7U).
Donc le théorème bien connu de S. Lie (Math. An., Bd. XI, p. 469 ) est
une conséquence des formules (3), et il s'ensuit immédiatement :
M Si l'on connaît n ~ m intégrales distinctes en involution du système ( 5).
son intégrale générale s obtient par une quadrature.
)) On en conclut de même qae le problème d'intégration du système (5)
n'exige que n~-m opérations d intégration d 'ordre in — inijin-mi — i,....
4, 2 et une quadrature. Le nombre et l'ordre de ces dernières opérations s'abais-
sent de il unités, chaque fois que l'on connaît l{l<^n—m) intégrales
distinctes en involution du système (5). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations indéterminées de la forme
a' +y -^^cz^ .
Note de M. Edmond Maillet, présentée par M. C. Jordiin.
(( En nous appuyant, d'une part sur les méthodes de Kummer ('),
d'autre part sur certains résultats obtenus par nous antérieurement (-),
nous avons obtenu les théorèmes suivants :
)) L Soit >^ un nombre premier non exceptionnel (^''). L'équation indé-
(1) Jourii. de Lioia'ille, l. XVI, i85i et Abh. dcr Akad. d. W., Berlin, 1807 et
suiv.
(') Mémoires de V Association françcdse pour l 'avancement des Sciences : Congrès
de Saint-Etienne, p. loôetsuiv.; 1897.
(') Nous appelons, d'après Klmmbr {loc. cil.) et Smith {Report on ihe Tlieory of
Numbers, § 52; Reports on thc British Assoc, 1809 et suiv.), nombre premier non
exceptionnel tout nombre ), p qui ne divise le numérateur d'aucun des pre-
miers nombres de Bernoulli. Tout nombre premier 2p et \! 100 autre que 37, Sg ou 67,
est non exceptionnel.
( 199 )
terminée
(kl -+- fi- 1 , p =^ o ou 1 est impossible en nombres entiers réels x, y, ; pre-
miers entre eux deux à deux et à À, quand A est réel et égal à i ou
/•';■. . ./■','', r,, . . ., r, étant des nombres premiers différents, différents de 1, et
appartenant ( mod 1) à des exposants/,, . . .,/ tels que
i
m — <
1
f.
C'est en particulier le cas quand A = /-''^i ( mod>.).
)) II. L'équation indéterminée
.r' 4- ,}'' = /■'■'-'
(X premier non exceptionnel, r, premier, è,< >.) est impossible en nombres
entiers réels :
>; i" Quand r'i'^ -'i-i-c,! (modX-), quel que soit 1, c, étant un, au
moins, des nombres i, 2, ..., X — i qui dépend de>.;
» 2° Quand 1 = 5, 7 ou 17 et r^'H;a4 (modl*);
)) 3° Quand 1 = 1 1 et r*'^5 ou 47 (mod 11);
» 4° Quand X = i3 et r^'^Ei7 (^mod i3 ).
» III. L'équation indéterminée (')
x' -^ y'' -^ c;'
est impossible eu nombres entiers réels quand c est premier et d'une des
formes
49Â-±:3, dr 4, ±5, +6, —8, rh 9, zh lo, — l5,
±16, —22, dz 23 ou ±24.
u IV. L'équation indéterminée x^'-h y^=lz'' (1 premier non excep-
tionnel) est impossible en nombres entiers.
» Les méthodes qui nous ont conduit à ces résultats permettraient
d'ailleurs d'obtenir une foule de résultats analogues pour les équations de
la forme OL^ -i-j' =^ cz^\ c ayant d'autres valeurs que celles indiquées ci-
dessus. »
(') Le cas où X ;= 5 a été étudié par Diiichlel (OEuvres complètes) et Lebesgue
(Journal de Lioiiville; i843).
( 9.on )
GÉOMÉTRIE. — Sur une correspondance entre deux espaces réglés.
Note de M. A. Democliiv, présentée par M. Darboux.
« Soit (^{oc, y, i) = C l'équation d'une série simplement infinie de sur-
faces. Co et C,', étant deux valeurs particulières données à C, insérons entre
ces nombres n moyens C,, Co, . . . , C„ et posons
AQ = C,^,-C,, AC„ = C,;-C„.
Soient Sq, S„, S,. . . , S„ les surfaces de la famille qui répondent aux va-
leurs Cj, C„, C,, .... C„ de C. Attribuons à chacune de ces surfaces un
indice de réfraction : à la surface S;^ l'indice i — /(Q) AC^,/(a) désignant
une fonction continue de a; à la surface S', l'indice un. Cela posé, à tout
rayon lumineux d nous ferons correspondre un rayon lumineux d' de la
manière suivante : le rayon d étant assujetti à rencontrer d'abord la sur-
face So en A(, se réfractera en ce point en obéissant à la loi de Descartes et
donnera lieu à un rayon réfracté AoA, ; celui-ci se réfractera à son tour à
sa rencontre en A, avec la surface S, et ainsi de suite; le rayon A„_, A„ se
réfractera en A„ à sa rencontre avec la surface S„ et donnera lieu au
rayon d' . Il suit immédiatement du théorème de Dupin que si le rayon d
engendre une congruence de normales, il en sera de même du rayon d' .
Faisons maintenant croître n indéfiniment, lesAC/; tendant vers o. A tout
rayon d correspondra une courbe F, limite du polygone A,, A, ... A„_, A„ et
tangente en Ap au rayon d. La limite d" du rayon d sera évidemment tan-
gente à la courbe T au point où celle-ci rencontre la surface SJ,.
» Pour traduire en formules la correspondance entre les droites d et r/",
il faudra déterminer les courbes T dont le nombre est quadruplement infini.
Ces courbes ne dépendent que de la famille '^(x, y, ^) = C et de la fonc-
tion y(a) et non des surfaces Sq, S|,.
» Soient u, v, w- les cosinus directeurs de la tangente à l'une quelconque
des courbes r et 5 l'arc de cette courbe. On a
1 Is =/(9)l?.--»'(«?x
» De ces équations on déduit aisément le théorème suivant : Celles des
^?r
•+" '*'?;
)|.
rcp;.
-+- (PÇj
)l
t^?;
-t- tï-'çp;
:)]■
( 20I )
courbes Y qui passent en un point M de V espace ont leurs centres de courbure
en ce point distribués dans un plan, mais cette propriété n'est pas caracté-
ristique : les courbes les plus générales qui la possèdent sont définies par
les équations (A) où l'on remplacera les fonctions /(o), 9'^,, ©',., cpl par
quatre fonctions arbitraires de x, dey et de ^.
» Les courbes Y ont pour équations différentielles
» Ces courbes, gauches en général, ne sont planes que lorsque les sur-
faces 'i^{x, y, z) = C sont des sphères concentriques ou des plans pa-
rallèles. Nous avons intégré les équations (B) dans ces deux cas ainsi que
dans le cas d'une famille de paraboloïdes égaux et de révolution autour du
même axe.
« L'étude de la correspondance des droites d et d" se justifie par le
théorème suivant :
» Si une droite d engendre une congruence de normales, la droite d" en
engendre une autre.
» Ce théorème, très vraisemblable d'après ce qui précède, peut être
établi en toute rigueur; il permet de déduire d'une congruence de nor-
males une congruence de normales el constitue une réponse partielle à
une question intéressante qui nous a été proposée par M. Bricard et que
nous soumettons à notre tour aux géomètres : Etablir entre deux droites la
correspondance la plus générale telle que si l'une d'elles engendre une con-
gruence de normales, il en soit de même de l'autre. Les transformations
demandées forment évidemment un groupe.
» Dans le même ordre d'idées, nous indiquerons une généralisation du
théorème de Dupin qui nous semble nouvelle. Soient : i, 1, i„, n -h i
surfaces fixes. A une droite d rencontrant la surface 21 en M faisons corres-
pondre ainsi qu'il suit une droite d' passant par M. Appelons p,, . . ., p„ les
longueurs des normales MP,, ..., MP„ menées du point M aux surfaces
i,, . . ., i,,, et a,, . . ., a„, n vecteurs unitaires dirigés suivant ces normales.
Soient, déplus, a, %' et pdes vecteurs unitaires dirigés suivant les droites </,
d' et la normale en M à 2. Le vecteur a' sera défini par l'égalité
«a.'=_2;^--a, ^-a-hAp,
( 202 )
dans laquelle n est une constante et /(p,, ...,p„) une fonction quel-
conque de p p„. Quant au nombre h, il est déterminé par la con-
dition que a' soit unitaire. Cela posé, les droites d et d' engendreront en
même temps des congrnences de normales. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur le champ magnétique à V intérieur d'un cylindre creux
parcouru par un courant C^. Note de M. W. de JVikolaieve, présentée
par M. H. Poincaré.
» Il est facile de voir qu'il ne doit pas y avoir de force magnétique à l'in-
térieur d'un tube cylindrique creux indéfini, parcouru par un courant sui-
vant les eénératrices du cylindre; l'action est encore très faible à l'inté-
rieur d'un tel cylindre (courant tabulaire) de longueur finie, mais grande
par rapport au diamètre du cylindre. Mais l'expérience a montré qu'un
pôle magnétique placé à l'intérieur d'un courant tubulaire subit un couple
magnétique.
» L'appareil se compose essentiellement de deux tubes métalliques aa, bb {fig. i)
formant deux courants tubulaires de même axe, et d'un électro-aimant NS (tige de fer
entouré d'un courant hélicoïdal montant de n en 1\, puis descendant de N en S le long
de la tige). Chacune de ces trois parties : tube aa, tube bb et électro NS, peut tourner,
indépendamment des deux autres, autour de l'axe commun. Le tube extérieur bb porte
trois tiges d réunies par un plateau T, qui est muni d'un fil de suspension OT et porte,
en dessous, les crochets permettant de suspendre les tubes aa et bb. L'électro peut
tourner librement autour du fd de suspension m, ou bien il est lié avec le tube aa et
peut alors tourner autour du fd supérieur n. Quatre godets K, L, E, P, remplis de
mercure, constituent quatre contacts liquides qui permettent aux tubes et à l'électro
de tourner jusqu'à ce que les couples de torsion des fils équilibrent les couples magné-
tiques.
)) On envoie d'abord le courant électrique dans le circuit AQDCRBA, les tubes a
et b étant exclus du circuit électrique. On constate que, dans ces conditions, l'électro
reste immobile comme les tubes. En second lieu, on envoie le courant dans les tubes a
et Ij suivant le circuit AiMKnQA, après ai'oir relié invariablement l'électro NS
avec le tube aa. Dans ces conditions, on observe que l'électro lié à a entre en rotation
en même temps que le tube b tourne dans le sens opposé. Comme le courant tubu-
laire aa est invariablement lié à l'électro NS, il faut admettre qu'il ne peut agir sur NS
I
( ' ) Travail fait au laboratoire du prince Boris Galitzine, de l'Académie impériale
des Sciences de Saint-Pétersbourg.
( 2o3 )
et que la rotation du pôle N est due à un couple magnétique produit par le courant
tubulaire bb (').
Fis
» Tout se passe comme si les champs magnétiques des courants linéaires
longeant les génératrices des tubes aa et bb subsistaient indépendamment
les uns des autres, bien qu'il n'y ait pas de force magnétique à l'intérieur
des tubes. En tous cas, l'expérience montre qa il règne un couple magné-
tique à l'intérieur d'un courant tubulaire. d
(') Ce couple est égal et opposé au couple que peut exercer le courant tabulaire aa.
Ces deux couples ont même moment que le couple fourni par un courant-tige de
même intensité. Cela résulte de l'expérience suivante : lélectro reste immobile quand
le fil CD est démonté et quand l'extrémité u du courant de l'électro est reliée avec le
godet D. Or, dans les mêmes conditions, l'électro reste encore immobile si l'on rem-
place les courants tubulaires par deux courants-tiges.
( 20', )
ÉLECTRICITÉ. — Sur la cohésion diélectrique des gaz raréfiés. Note
de M. E. BouTY, présentée jiar M. Lippmann.
« Dans une Note antérieure ('). j'ai annoncé que, quand on place un
tube à gaz raréfié dans un champ électrostatique uniforme, il v a une in-
tensité critique/ du champ telle que, pour toute intensité inférieure à f,
le gaz est un diélectrique parfait, tandis que, pour toute intensité supé-
rieure, le gaz livre passage à une décharge.
» L'intensité /"du champ mesure {'obstacle que le gaz oppose àla rupture
de Véqudibre diélectrique, ou ce qu'on peut appeler, à bon droit, la cohésion
diélectrique du gaz. Cette cohésion est fonction de la pression p. Je me suis
proposé de chercher la relation qui lie f 'à p.
» 1° Mesure de p. — A cet effet, j'ai monté à demeure mes tubes à gaz
sur une machine pneumatique à mercure en relation avec un double baro-
mètre de M. Leduc (-). J'ai pu ainsi évaluer à moins de ~ de millimètre
près les pressions p comprises entre 1"=™ et o™™, 25, que j'ai le plus habi-
tuellement employées.
» Le condensateur, porté par un chariot, pouvait être écarté à volonté
ou venir encadrer le tube qui n'occupait que la région centrale du champ
et ne touchait pas les plateaux.
» Je chargeais le condensateur à l'aide d'une batterie de petits accumu-
lateurs pouvant donner jusqu'à 2000 volts et je comparais les charges qu'il
reçoit, avec ou sans le tube à gaz, en le déchargeant sur un électromètre
capillaire convenablement étalonné.
« 2° Mesure de f. — En faisant varier la différence de potentiel employée
pour la charge, on trouve, par tâtonnements, la différence de potentiel
critique. Soit V, — Vo sa valeur.
» Imaginons, pour simplifier, que les plateaux, situés à une distance e,
soient assez larges par rapport à leur surface, pour que le champ soit con-
stant dans tout l'intervalle. Il a pour valeur
(0 f
\\ -\,
(') Voir Séance du 17 juillet, p. iSa de ce Volume.
{') M. Leduc a bien voulu mettre à ma disposition son installation pour la mesure
des pressions. Je le prie d'agréer mes remercîments.
( 2o5 )
» Supposons, de plus, le tube à gaz de forme sphérique et ses parois
d'épaisseur uniforme et très petite. Le champ à l'intérieur du tube est
constant et se confond avec le champ extérieur, à un facteur près, très
sensiblement égal à i. Le champ intérieur, qui seul nous intéresse, se
calculera donc par la formule (i).
» Pratiquement, la distance des plateaux est toujours trop grande pour
que l'emploi de la formule (i) soit parfaitement légitime et que le champ
extérieur soit rigoureusement constant. De plus, les tubes n'étant ni sphé-
riques, ni d'épaisseur uniforme, le champ intérieur ne peut être confondu
avec le champ extérieur qu'à un degré moindre d'approximation.
» Enfin, la valeur critique de V, — Y., et, par conséquent, de /ne peut
être fixée sans quelque hésitation, eu égard aux circonstances accessoires
qui font varier / indépendamment de p, dans des limites d'ailleurs assez
étroites.
» Cependant toutes les causes perturbatrices ne peuvent altérer la valeur
de /que par un facteur constant pour un même tube et une distance donnée
des plateaux et, en général, assez voisin de i.
» L'expérience montre en effet que, dans des limites pratiques, les
valeurs de / trouvées pour une série de valeurs de p avec des tubes de
forme différente et diverses distances des plateaux sont proportionnelles.
» 3" Relation de/et de p. — Ainsi la même forme de fonction se prête à
relier les valeurs de/calculées par la formule (i) et les valeurs de p, indé-
pendamment de la forme des tubes et de la distance des plateaux. Cette
fonction demeurerait donc la même, à un coefficient numérique près, si
l'on pouvait réaliser rigoureusement les conditions théoriques.
M Dans les limites où j'ai opéré, on a
(.) /=a(i + B/, + ^).
Cette équation représente une hyperbole asymptote à l'axe des /et à la
droite /= A(i -h B/?). La cohésion électrique, très grande dans le vide de
Crookes, décroît d'abord quand la pression augmente, passe par un mi-
nimum et redevient très grande pour des pressions comparables à la pres-
sion atmosphérique.
» Il est vraisemblable que les molécules de gaz agissent de deux ma-
nières distinctes pour modifier la cohésion diélectrique de l'éther, qui est
indéfinie. Quand les molécules gazeuses sont très écartées, pour ainsi dire
isolées, elles n'agissent que pour rompre la continuité de l'éther oh elles
G. R., 1899, V Semestre. (T. CXXIX, N° 4.) 27
( 206 )
introduisent autant de points faibles; d'oîi le terme en - prépondérant aux
très basses pressions.
» Quand les molécules sont assez rapprochées pour réagir les unes sur
les autres, leur action réciproque paraît s'exercer dans un sens tel que la
cohésion résultante est renforcée proportionnellement à leur nombre; d'où
le terme en p prépondérant aux pressions élevées.
» 4° Influence de la nature du gaz. — J'ai opéré avec l'air, le gaz d'éclai-
rage, l'acide carbonique et l'hydrogène.
» Le coefficient B, le mieux déterminé par les expériences, se montre
indépendant de la nature du gaz. Il semble en être de même du coeffi-
cient C plus mal déterminé, puisque mon installation ne permettait pas de
mesurer avec précision les pressions très basses.
» Seul le coefficient A croît avec le poids moléculaire. En prenant pour
unité le coefficient relatif à l'hydrogène, j'ai trouvé les nombres suivants
que je donne seulement à titre de première indication :
Hj'di'Ogène i ,00
Gaz d'éclairage i , 16
Air I , 4o
Acide carbonique i ,55
» Si l'on évalue^ en millimètres de mercure, on a sensiblement
c = 4,4.
» La fixation plus exacte des rapports de ces divers coefficients et de
leur valeur absolue dans le système C.G.S. fera l'objet d'un travail ulté-
rieur. »
PHYSIQUE. — Disparition instantanée du phénomène de Kerr ( ' ).
Note de MM. H. Abraham et J. Lemoine, présentée par M. J. Yioile.
« 1. Un milieu isotrope devient biréfringent sous l'action d'un champ
électrique : c'est le phénomène de Rerr. Est-ce une action instantanée ?
Ou bien, au contraire, la biréfringence n'apparaît-elle et ne disparaît-elle
qu'avec un certain retard par rapport à l'établissement ou à la suppression
du champ électrique?
(') Travail fait «11 laboratoire de Physique de l'Ecole iXormale supérieure.
( --^o; )
» M. Blondiot ( ' ) a établi, en employant une méthode de miroir tour-
nant, que ce retard, s'il existe, ne peut dépasser j^ de seconde.
» Une méthode différente nous a montré que cette limite pouvait être
beaucoup reculée.
» Dans cette première Communication nous nous occupons seulement
de ce qui se passe lors de la suppression du champ électrique.
» 2. Un condensateur K, formé de deux lames de laiton parallèles (longueur, iS"^"";
largeur, 3""), distantes de 3™", est immergé dans une cuve de sulfure de carbone (-).
Ses électrodes sont réunies aux pôles P d'un transformateur à haut voltage.
n, i -
M
l— A'V-/ '
» Deux liges de laiton E constituent un déflagrateur en relation avec les armatures
du condensateur K par Tintermédiaire d'un circuit aussi court que possible (124™)
comprenant un rhéostat à sulfate de cuivre K. L'étincelle du déflagrateur est énergi-
quement soufflée de manière à transformer le courant à haut voltage du transforma-
teur en une série de décharges disruptives du condensateur K ( ').
» C'est l'étincelle même de décharge du condensateur qui sert de source à la lu-
mière : on ne pourrait faire aucune mesure en employant les sources de lumière
usuelles.
» La lentille convergente Li rend le faisceau lumineux cylindrique pour lui faire
traverser l'intervalle des lames du condensateur (miroir Mi enlevé). D'autre part, en
mettant en place le miroir M„ le système des deux lentilles convergentes Lj, L3 et des
quatre miroirs plans Mj, M., Mj, M, ramènera au condensateur la lumière de l'étin-
celle.
» En déplaçant l'ensemble des deux miroirs AL, M3, on pourra faire varier la lon-
gueur du chemin EM2M3M4M1 que parcourt la lumière de l'étincelle avant d'arriver
au condensateur K.
» 3. On mesure la biréfringence du diélectrique par la méthode photométrique
d'analyse de la lumière elliptique ('). Le condensateur est placé entre un polariseurN,
à 45" sur le plan des lames, et un analyseur formé d'un biréfringent B parallèle au
(') Blondlot, Journal de Physique, t. VII, p. 91 ; 1888.
( = ) J. Lemoine, Comptes rendus, t. CXXII, p. 835; 1896.
(') H. Adraiiam, Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 991; 1899.
(') Mascakt, Optique, t. II, p. 66.
( ?.o.S )
polariseur, suivi d'un nicol Nj. On observe avec un viseur \ les deux, images fournies
par ce sj'stème. Par une rotation convenable du nicol Nj, on peut amener ces images
à avoir même intensité : cette rotation mesure la difTérence déphasé moyenne due au
phénomène de Kerr pendant la durée du passage du flux lumineux dans le condensa-
teur K.
» 4. Ce dispositif permet de mesurer l'intensité (lu phénomène de Rerr
à des époques différentes, La première mesure, faite en enlevant le mi-
roir M,, donne la valeur du phénomène à l'instant même où éclate l'étin-
celle E, ou, du moins, au bout du temps qu'il faut à la lumière pour par-
courir le chemin EK, qui est de 20'''°.
» Dans les mesures suivantes, M, étant en place, on peut faire croître à
volonté le temps qui s'écoule entre la production de l'étincelle et l'instant
où la lumière traverse K : il n'y a qu'à reculer progressivement les miroirs
Mj, M3. De cette manière on arrive, en quelque sorte, à construire la
courbe du phénomène en fonction du temps; un retard de i™ correspon-
dant à un trois cent millionième de seconde.
» 5. Voici les résultats d'une expérience :
Chemin parcouru. Rotation du nicol.
cm
20 17,3
100 8,7
400 et au delà non mesurable
» La comparaison de ces mesures montre que, pour trouver le phéno-
mène électro-optique réduit de moitié, il suffit que la lumière arrive avec
un retard de 80''", c'est-à-dire de un quatre cent millionième de seconde. Ce
temps est dix mille fois plus faible que la limite trouvée autrefois par
M. Blondlot. »
CBIMIE. — Sur les états isomèriques de l'acétate chromique.
Acétate normal. Acétate anormal violet monoacide. Note de M. A. Recoura.
« Dans un Mémoire précédent {Comptes rendus, 17 juillet 1899), j'ai
établi l'existence de quatre formes isomères de l'acétate chromique
Cr(C=H='0-)' qui se produisent par les transformations spontanées succes-
sives de sa dissolution. De ces quatre isomères, le premier, l'acétate nor-
mal, est un sel métallique ordinaire; les trois autres ne sont pas des sels de
chrome, car les alcalis n'y produisent pas de précipité; le chrome y est
( 209 )
engagé clans un radical. Dans l'un, l' acétate anormal violet biacide, une des
trois molécules d'acide acétique est dissimulée et engagée dans le radical
avec le chrome; les deux autres molécules font la double décomposition
avec les réactifs. Dans les deux autres isomères, l'acétate anormal violet
monoacide et l'acétate anormal vert monoacide, deux des trois molécules
d'acide acétique sont dissimulées. Je vais montrermaintenant comment j'ai
isolé ces corps et comment j'ai établi leurs fonctions.
» Acétate normal. — La dissolution d'acétate normal, préparée comme je l'ai
indiqué, se transforme avec une rapidité telle qu'on ne peut songer à en extraire le sel
par évaporation. Voici comment je prépare l'acétate solide. L'hydrate chromique,
précipité du chlorure par l'ammoniaque, est essoré à la trompe, de façon à en retirer la
presque totalité de l'eau qui l'imprègne; puis on le mélange avec la quantité équiva-
lente d'acide acétique cristallisable. La combinaison se produit avec dégagement de
chaleur. On obtient ainsi une bouillie cristalline, qu'on essore aussitôt à la trompe pour
en séparer l'eau-mère. On étend la substance solide sur des plaques de porcelaine po-
reuse, qu'on abandonne dans une cloche sèche.
» L'acétate ainsi obtenu est une poudre gris filas, qui se dissout dans l'eau en don-
nant une dissolution vert Jaunâtre, identique à la dissolution obtenue par double
décomposition entre le sulfate violet de chrome et l'acétate de baryum. Elle se trans-
forme avec une très grande rapidité en la dissolution violette d'acétate anormal. L'ana-
lyse de cette substance conduit à la formule Cr{C-H^O^)', H-0.
Cr dosé à l'état de Cr-0' i atome
C^H*0^ dosé alcalimétriquement 2™°',g9^
H^O par diflerence 4"°', 963
» L'acétate normal est insoluble dans l'acide acétique. Dans le Mémoire précédent,
j'ai fait l'étude de sa dissolution et montré qu'il se comporte comme un sel métallique
ordinaire.
» Acétate violet anormal monoacide. — Avant d'étudier l'acétate anormal biacide,
qui dans l'ordre des transformations succède à l'acétate normal, j'étudierai d'abord le
troisième isomère, l'acétate anormal violet monoacide, dont l'histoire est plus simple.
Pour obtenir ce corps à l'étal solide, il suffit d'abandonner la dissolution violette
d'acétate chromique à l'évaporation spontanée sous une cloche, en présence d'acide
sulfurique et d'acide acétique cristallisable. On obtient comme résidu de l'évaporation
une substance constituée par des lamelles minces, brillantes, vitreuses, violettes. La
substance conservée dans ces conditions, jusqu'à ce qu'elle ne change plus de poids, a
pour composition Cr(C^H^O-)', H^O.
Cr dosé à l'état de Cr-0^ i atome
Q2j^4Q2 dosé alcalimétriquement 3™°'
H^O par différence o™°', gS
1) Ce composé solide, quand on l'abandonne à l'air, perd lentement de
l'acide acétique. Cette perte peut aller jusqu'à une molécule. C'est pour cette
( 2IO )
raison qu'il faut évaporer sa dissolution clans une atmosphère saturée de
vapeurs d'acide acétique. Il est très soluble dans l'eau. Sa dissolution est
violette.
» Ce composé nest pas un sel de chrome; car les alcalis ne produisent dans
sa dissolution aucun précipité, à froid. Le chron\e est donc engagé dans un
radical très stable. Des trois radicaux acides qu'U renferme, deux ne peuvent
être déplacés, ni par les alcalis, rnpar les acides forts, et sont par conséquent
en^aeés dans le radical chroraique; le troisième, au contraire, peut se cora-
biner avec les alcalis : si, en effet, à la dissolution renfermant une molé-
cule du composé et additionnée de phtaléinedu phénol, on ajoute progres-
sivement de la soude, la liqueur, qui reste limpide, vire au rouge quand on
a versé une molécule de soude, comme le ferait un acide monobasique; la
soude que l'on ajoute ensuite ne produit aucune modification. J'ai constaté
également, par des mesures calorimétriques, que je ne puis exposer ici,
que le radical chromique n'est pas attaqué par l'acide sulfurique.
)) L'étude calorimétrique donne des renseignements intéressants sur la
fonction de ce composé. Si à la dissolution renfermant une molécule du
composé on ajoute une molécule de soude, on observe un dégagement de
chaleur de iS^^'.aS. Or une molécule d'acide acétique libre, neutralisée
par la soude dans les mêmes conditions, donne un dégagement de chaleur
très voisin, i3^^S4o. Je me suis assuré, par des mesures variées, que cette
petite différence n'est pas due à des erreurs d'expérience, qu'elle est réelle
et que, par conséquent, la troisième molécule d'acide acétique du composé
n'est pas mise en liberté par le fait de la dissolution, comme on serait tenté
de le croire au premier abord en présence de ces deux résultats très voi-
sins. Ainsi donc la troisième molécule d'acide acétique du composé dissous
est bien combinée, comme elle l'est dans le composé solide ; mais, quand on
la neutralise par la soude, il se produit un dégagement de chaleur presque
égal à la chaleur de neutralisation de l'acide acétique libre (les acides
chromosulfuriques se comportent d'une façon analogue ).
» On est par là immédiatement conduit à penser, eu rapprochant ce fait
des autres propriétés, que, dans ce composé chromique, ce troisième
radical acide, quoique susceptible de faire la double décomposition, n'est
pas uni au chrome comme un radical acide est uni au métal dans un sel
ordinaire, mais que ce composé Cr(C- H' O")' est plutôt un acide monoba-
sique à radical complexe Cr(C-H'0-)'-C=H''0% dont la chaleur de neutra-
lisation par la soude est presque égale à celle d'une molécule d'acide
acétique.
( 2M )
» Cette hypothèse est pleinement vérifiée par la cryoscopie. En effet, si
ce composé est un acide monobasique, quand à une molécule on ajoute
une molécule de soude, on obtient une molécule du sel
Cr(Cn^'0-)-C=H'NaO^
Si, au contraire, l'hvpothèse n'est pas exacte, on a, après la neutralisation,
deux molécules séparées C^H'NaO^ et Cr(CMi'0=)-. Or, d'après les mesures
cryoscopiques que j'ai faites, en prenant comme dissolvant l'eau, on obtient
les abaissements moléculaires suivants :
Acide acétique .9,2) différence : .7,4
Acétate de soude • . . . 6b, b )
Cr(C^H'O^)^ 22,1 i
„ „ „ ^T. o f. î différence : 17,4
Cr(C''H3 0°-)'-l-NaOII 39,5 j "^
On voit immédiatement, en comparant ces nombres, que la liqueur chro-
mique neutralisée par la soude ne peut pas renfermer deux molécules
distinctes, dont une d'acétate de soude, puisque celle-ci à elle seule pro-
duirait un abaissement moléculaire de 36,6. On remarquera, en outre,
qu'il y a exactement la même différence 17,4 entre l'abaissement molécu-
laire de l'acétate de soude et celui de l'acide acétique, qu'entre l'abaisse-
ment moléculaire du composé chromique neutralisé par la soude et celui du
même composé non neutralisé. On est donc bien en droit de conclure que,
comme le faisaient prévoir les mesures thermochimiques et les autres pro-
priétés, l'acétate anormal violet monoacide se comporte comme un acide mono-
hasique à radical complexe.
» Si l'on rapproche ceci du fait que j'ai signalé, que le composé solide
exposé à l'air perd peu à peu une molécule d'acide acétique, on doit en
conclure que cet acide complexe doit être représenté par la formule
[Cr(C'H'0-)-]C-H"0%2H'0, c'est-à-dire qu'il résulte de l'union du
radical Cr(C-H'O-)- avec une molécule d'acide acétique. Je l'appelle
acide chromo-mono-acétique.
n Dans une prochaine Communication, j'étudierai les deux autres
isomères de l'acétate chromique. "
CHIMIE MINÉRALE. — Sels basiques mixtes argento-cuivriques.
Note de M. Paul Sabatier.
« I. Nitrates. — Dans une Communicalion Anlèr'iQure (^Comptes rendus,
p. 175, t. CXXV; 1897), j'ai indiqué que l'hydrate cuivrique, mis au con-
( 212 )
tact d'une solution moyennement concentrée de nitrate d'argent, se trans-
forme peu à peu en un sel basique mixte 3Cu(0H)*, 2AgAzO', bleu
violacé, bien cristallisé en beaux prismes allongés.
» Ce même composé se produit quand on oppose à molécules égales
l'oxyde d'argent et une solution de nitrate cuivrique.
» En faisant varier les conditions de la première réaction, j'ai trouvé
que le sel précédent n'est pas le seul qui puisse prendre naissance.
» Dans des solutions très diluées de nitrate d'argent (ayant moins de 7?'' d'argent
par litre), l'hydrate cuivrique demeure à peu près inaltéré.
» Dans des solutions moyennes de nitrate (telles que les liqueurs normales ou demi-
normales), l'hvdrate cuivrique bleu, sous ses diverses formes, se transforme lentement
dans le sel cristallisé déjà décrit 3Gu(01I)S 2AgAzO'.
» Mais l'hydrate brun Cu'H'^O* (') ne se transforme qu'avec une extrême lenteur.
» Dans les solutions très concentrées de nitrate d'argent, les hydrates cuivriques
bleus se transforment très vite, et l'hydrate brun lui-même ne tarde pas à se changer
en cristaux aciculaires très fins, de couleur bleu clair.
» L'eau les dissocie facilement, avec séparation de nitrate d'argent. Lavés rapide-
ment et séchés à l'air, ils répondent à la formule 2Cu(0H)"-, 2 AgAzO'.
)> Ce sel se forme plus vite à chaud qu'à froid dans les liqueurs saturées d'azotate
d'argent, et alors quelques heures suffisent pour obtenir avec l'hydrate noir une trans-
formation très avancée.
» II. Chlorate. — Les hydrates cuivriques bleus, mis au contact d'une
solution concentrée de chlorate d'argent, se changent assez rapidement
en une poudre lourde d'un beau bleu, qui apparaît au microscope consti-
tuée par de belles lames prismatiques légèrement obliques. Ces cristaux,
essorés rapidement, correspondent à la formule 2Cu(0H)-,2AgCl0'.
u Je suis arrivé au même composé, en abandonnant une solution de chlorate cui-
vrique au contact d'une molécule d'oxyde d'argent :
2Cu(G10^)^ 4- 2Ag^0 4- 2H2O = 2Cu(OH)-,2AgC103+ 2 AgClO^
« En employant une faible dose d'oxyde d'argent, on n'obtient pas de sel mixte, mais,
de même que dans le cas du nitrate, tout l'oxyde d'argent se dissout en déplaçant
l'hydrate cuivrique qui passe à l'état de chlorate basique cristallisé bleu verdàlre :
4Cu(C10')--+-3Ag20-i-3H20 = 3Cu(OH)"-,Gu(C10^)24-6AgC10'.
» Pour une dose d'oxyde d'argent comprise entre | de molécule et i molécule,
les deux réactions précédentes se produisent à la fois.
I) Pour une dose supérieure à une molécule, une partie de l'oxyde d'argent demeure
(') Voir à ce sujet ma Communication {Comptes rendus, t. CXXV, p. ici).
( 2l3 )
ii)allérée et mêlée an sel ini\le. Le phénomène est donc analogue à celui qu'avait
donné le nitrate {loc. cit.)
» III. Sulfates. — L'hydrate cuivrique bleu stable, récemment préparé
selon les indications de Péligot, étant mis au contact d'une solution saturée
de sulfate d'argent, se change lentement en une poudre cristalline bleue,
qui apparaît au microscope formée de beaux; prismes courts, épais, et très
inclinés. Ils correspondent à la formule
3Cu(0H)-, SO'Ag^
)> L'hj-diale cuivrique bleu, récemment précipité par la potasse diluée, étant
placé dans une solution maintenue saturée de sulfate d'argent, s'y transforme promp-
tement en une masse volumineuse bleu pâle, constituée par des aiguilles très allongées;
c'est un autre hydrate du même sel, savoir :
3Cu(0H)S SO*Ag=, SH^O.
» L'hvdrate cuivrique noir n'avait, après plusieurs mois, subi dans le sulfate d'argent
aucune transformation appréciable.
» IV. Hvposid/ate. — L'hydrate cuivrique bleu, placé dans une solu-
tion d'hyposulfate d'argent, se change assez rapidement en une matière
floconneuse violacée, très volumineuse, d'hyposulfate basique mixte, qui,
séparée aussi parfaitement que possible de son eau-mère, et séchée à l'air,
ré|)ond à la formule
•..Cu(OH)-Ag-S^O».
1) Le sel est souillé d'un léger excès d'hyposulfate d'argent.
» Le même composé peut être réalisé par la marche inverse à partir de l'hyposul-
fate cuivrique. Une petite quantité d'oxyde d'argent précipite seulement de l'hyposul-
fate basique vert de cuivre 3Cu(0H)^CuS-0^ En ajoutant peu à peu de très petites
doses d'oxyde d'argent, on voit à un certain moment, le précipité changer d'aspect :
il devient floconneux et violacé. C'est le sel basique mixte.
» V. En résumé, parle contact direct de l'hydrate cuivrique |avec des
solutions argentiques, on arrive à des sels basiques mixtes, qui dérivent de
deux types distincts :
» Tricuivrique (nitrate, sulfate);
» Bicuivrique (nitrate, chlorate, hyposulfate).
» Sauf pour le sulfate, où la très faible solubilité du sel d'argent oppose
un obstacle, ces sels peuvent être également obtenus, dans certaines con-
ditions, par l'action de l'oxyde d'argent sur les sels cuivriques. »
C. R., 1899, 3' Semestre. (T. C.\XI\, N° 4.) ^<^
( --^'i )
CHIMIE MINERALE. — Sur la purijlcalion de l'iridium ( ' ).
Note de M. E. Leidië, présentée par ]M. Troost.
« Lorsqu'on purifie l'iridium industriel par la méthode de Sainte-Claire
Deville et Debray (fusion du métal avec le plomb) on arrive, en épuisant
méthodiquement par divers acides le produit de cette fusion, à lui enlever
facilement et complètement le platine, le palladium, l'argent, le cuivre
et le plomb; l'iridium résiduel retient, ainsi que l'ont fait couslater les
auteurs de la méthode, le ruthénium et le fer de l'alliage, ainsi que du
rhodium et de l'osmium suivant la provenance du métal à purifier.
» C'est à ce cas particulier que s'adresse la méthode dont je vais exposer
le résumé; elle est moins longue et moins délicate à effectuer que la
méthode par voie sèche; bien qu'elle soit basée sur la transformation
préalable des métaux en chlorures et sur l'emploi systématique de l'azo-
tite de sodium, elle n'a rien de commun avec l'ancienne méthode de
Gibbs (-), dont j'ai démontré l'inexactitude à propos des azofites doubles
du rhodium ("). Voici en quoi consiste cette méthode.
« L'iridium finement pulvérisé et mélangé avec deux fois son poids de clilorure de
sodium fondu est cliauiTé dans un courant de chlore sec, à la tempéiature du rouge
naissant. Le produit de la réaction étant refroidi, on le traite par un poids d'eau
distillée, légèrement acidulée par l'acide chlorhydrique qui doit être égal à vingt-cinq-
ou trente fois le poids de l'iridium employé. La dissolution filtrée est portée à la
température de 5o° à 60°, et additionnée peu à peu d'azotite de sodium jusqu'à ce
qu'elle cesse de dégager des vapeurs nitreuses et qu'elle soit devenue neutre au tour-
nesol; à ce moment, on y ajoute avec précautions (à cause du dégagement gazeux qui
se produit quand il y a de l'osmium) assez de carbonate de sodium pour qu'elle ait
une réaction franchement alcaline au tournesol; enfin, on ajoute à nouveau un léger
excès d'azotite de sodium et l'on porte quelques instants à l'ébullition ; on laisse
refroidir et l'on liltre.
« Dans ces conditions, on a précipité complètement le fe^- de l'idliage avec le plomli
qui peut résulter d'une fusion défectueuse sous forme d'oxydes, et l'or à l'état métal-
lique. La dissolution renferme le ruthénium, le rhodium, l'iridium à Tétai d'uzolites
doubles
Ru^(AzO')S 4AzO=i\a — Rh^(AzO=)S 6A/.0^\a — Ir-^AzU-)'', 6AzU* .\a,
ainsi que l'osmium à l'étal d'osmiate : OsO*Xa-.
(') Travail effeclué au laboratoire de Chimie de l'École Normale supérieure.
C^) GiiiBs (W), Journ. fiir pr. Cliem., t. XCI, p. 176 et t. XGIV, p. 10.
(') Leioié (E.), Comptes rendus, t. CXI, p. 106.
( ■^^-> )
u l'oui- éliminer le rulliéniiim et l'osmium, on les transforme en peroxydes KuO*
et OsO' volatils. Four cela, on additionne le liquide d'un excès de soude, on le place
dans un appareil distillatoire semblable à celui qui sert à la volatilisation du peroxyde
lie ruthénium, et Ton y fait passer un courant de chlore en refroidissant; il se fait un
iivpochlorite alcalin et, par suite, les peroxydes Ru O* et OsO' prennent naissance.
On laisse le liquide se réchauffer, puis on élève légèrement sa température en y faisant
passer un courant de chlore assez rapide : les peroxydes RuO* et OsO' sont complè-
tement éliminés; ils sont condensés d'abord dans un récipient refroidi, puis dans un
flacon laveur renfermant de la potasse.
» Les azotiles de rhodium et d'iridium qui restent dans la liqueur sont détruits,
ainsi que le chlorate et l'azotate alcalins qui les accompagnent, par des évaporations
h siccité, effectuées en présence d'un excès d'acide chlorhydrique et répétées plusieurs
fois; ils se transforment ainsi en chlorures doubles Rh^CI', 6i\aCI, et IrCl', aNaCl.
On dissout la masse saline dans de l'eau froide chargée de chlore et l'on fait cristal-
liser pour séparer la plus grande partie du chlorure de sodium formé dans le cours
des opérations et qui se sépare le premier. Les cristaux qui se forment les derniers
sont un mélange de ces deux chlorures doubles; on les essore et on les dessèche
complètement à io5". On les chauffe alors, pendant trois à quatre heures, au milieii
d'un courant de chlore sec à la température de' 440° (éluve à vapeur de soufre). La
matière refroidie est alors traitée par de l'eau froide chargée de chlore : le chlorure
double de rhodium s'est dédoublé en chlorure de sodium et en sesquichlorure Rh'CK'
insoluble dans l'eau, comme celui qui est préparé par voie sèche à haute température.
On sépare celui-ci par filtration (').
)) Quant au sel d'iridium, il est resté inaltéré et se trouve dans la liqueur sous forme
de chloroiridale IrCI', aNaCI, accompagné de, l'excès de chlorure de sodium; au
moyen d'un excès de chlorure d'ammonium, on le précipite à l'état de chlorolridate
IrCI', 2 AzII'Cl insoluble dans ces conditions; on lave celui-ci avec une solution con-
centrée de sel ammoniac, on le sèche, on le décompose au rouge dans un courant
d'hydrogène, et on le laisse refroidir dans un courant de gaz acide carbonique; on
obtient ain>i l'iridium pur.
» Je me propose de généraliser celte méthode, et de l'employer à la
séparation des métaux du platine par voie humide. »
(') Pour réussir dans cette opération, il faut absolument : i" éviter la présence,
d'un excès de chlorure de sodium; celui-ci donne, en effet, de la stabilité au chlorure
liouble de rhodium qui se décompose dlfficilement'au milieu d'une masse de chlorure
de sodium fondue, et qui passerait en dissolution avec le chloroiridale; 2" opérer sur
un sel parfaitement desséché et avec du chlore absolument sec; en effet, le chlore, en
présence de la vapeur d'eau, donne de l'acide chlorhydrique : or, le chlorolridate
IrCI*, 2NaCl, chauffé à 44o° dans du gaz acide chlorhydrique, se décompose el
donne Ir-CI'', 6-\aCI soluhle et Ir-Cl" in«oliiliie qui resterait avec le sesquichlorun»
de rhodium Rh-CI'.
( 2l6 )
CHIMIE MINERALE. — Sur un azotite double de ruthénuim et de potassium (').
Noie de M. L. Brizard, présentée par M. Troost.
« Deux azolites doubles de rulhénium et de potassium ont été décrits
jusqu'ici, d'abord par MM. Joly et Vèzes (^), puis par MM. Jolv et
f>eidié ('). Ces deux sels, qui ont respectivement pour formules
Ru='(AzO-)*. 4AzO=K et Ru^O(AzO-)\ 8AzO-R, sont liés très étroi-
tement au chlorure double nitrosé RuAzOCl', 2KCI; en effet, d'une part,
on peut les obtenir- tous deux par l'action de l'azotite de potassium sur ce
chlorure double nitrosé, et, d'autre part, tous deux sont ramenés par
l'acide chlorhydrique à l'état de chlorure double nitrosé.
M J'ai obtenu un nouvel azotiledouble de rulhénium etdepotassium, tout
différent des précédents, et dont l'étude m'a paru offrir quelque intérêt
en raison des relations qu'il présente avec un chlorure double complexe
Ru-.H-.AzO.CP, 3KC1, 2 H Cl que j'ai décrit antérieurement ('); ces rela-
tions sont analogues aux précédentes, c'est-à-dire que, d'une, part, le
nouvel azotite double peut s'obtenir par l'action de l'azotite de potassium
sur ce chlorure double complexe, et, d'autre part, par l'action de l'acide
chlorhvdrique sur l'azotite double, on obtient de nouveau le chlorure
complexe.
» Pour préparer cet azotile, 011 traite une solution étendue et liéde du chlorure
double coniplexe, légèrement acidulé à l'acide chlorhydrique, par de l'azotite de
potassium que l'on ajoute par petites portions jusqu'à ce que tout déi^.-îgCTrient de
vapeurs nitreuses ait cessé de se produire; la liqueur, priniitivemeni rouge, est
devenue jaune orangé; concentrée à l'éluve, elle laisse déposer par refroidissement des
cristaux de même couleur, dont la longueur peut atteindre un demi-centimètre.
» L'analyse montre que la composition de ces cristaux, sécliés à froid sur du papiei-
à filtre, peut être représentée par la formule :
HuMI^(AzO^)», SAzO^K, /JH^O.
» Ils sont très solubles dans l'eau, presque insolubles dans une solution concentrée
(') Travail fait au laboratoire de Chimie de l'École Normale supérieure.
(-) Comptes rendus, t. CIX, p. 667.
{■') Ibid.. t. CXVIII, p. 468.
(') Ihid.. t. CWIl, p. 780.
( 2'7 )
de chlorure de potassium; ils cristallisent mieux dans une solution de ce dernier que
dans l'eau pure; leur solution aqueuse, très stable à la température ordinaire, ne com-
mence à subir une faible décomposition qu'après une longue ébullilion.
» Sous l'action de la chaleur, ces cristaux perdent 4 molécules d'eau à ioo°, sans
subir, d'ailleurs, la moindre trace de décomposition; ce n'est qu'à une température
peu inférieure à 36o° qu'ils commencent à noircir et à se décomposer; à 36o°, dans le
vide, la décomposition est complète; il se produit un dégagement de vapeur d'eau,
d'azote et de bloxyde d'azote, et il reste un résidu solide qui est un mélange d'a/.olile
de potassium et d'une matière noire insoluble dans l'eau bouillante contenant tout le
ruthénium; cette matière, qui contient un peu de potassium, paraît être un mélange;
je me propose de l'étudier ultérieurement.
» L'action de l'acide chlorhydrique reproduit', comme il a élé dit plus
haut, le chlorure double complexe qui a servi de point de départ pour la
préparation de l'azotite. Cette réaction, très lente à froid, devient plus
rapide à l'ébullition; elle peut être formulée :
Ru^H-(AzO-)', 3AzO-K + 8HCI
= Ru^H-. AzO.Cl% 3lvCI, 2IICI + aAzO + 4AzO- + 3H^O.
» Si la liqueur a été maintenue quelque temps à l'ébullition, le chlorure
complexe ainsi obtenu n'est pas pur; il est mélangé d'un peu de sesqui-
chlorure double Ru-Cl°, 4K.CI dont la formation s'explique facilement par
l'action des vapeurs nitreuses sur l'hydrogène lié au ruthénium; cette
explication est, d'ailleurs, confirmée par le fait que, si l'on effectue la
réaction précédente en présence d'une assez forte pro|)orlion de chlorure
d'ammonium qui détruit les vapeurs nitreuses, on obtient le chlorure com-
plexe absolument pur. »
CHIMIE MINKRALE. — Sur les propriétés réiluclnais du bore el de l'aluminium.
Note de MM. Dcboin et Gauthier, présentée par M. Troost.
« Les expériences récentes de M. Gokischmidl ont appelé l'attention
sur la facilité avec laquelle on peut obtenir les métaux [)ar réduction de
leurs oxydes au moyen de l'aluminiimi en poudre. Dans ces expériences le
métal se trouve ordinairement mélangé d'un excès d'alumine qui a été
portée à une température très élevée.
» Comme cette alumine est très réfractaire à l'influence des réactifs nous
avons pensé qu'il y avait intérêt à signaler le résultat de l'action du chlore,
du brome, de l'iode sur le mélange qui résulte de la préparation du bore
et du silicium par ce^orocédé.
( .iH )
» l/aliinni)iiiin réagit énergiquement sur l'acide bori(|iie fondu el piiUérisé. l w
mélange de 54 parties d'aluminium et de 70 parties d'acide borique fondu et pulvérisé
que l'on allume en un point au moyen du dard du chalumeau à gaz d'éclairage et
d'oxygène continue à brûler rapidement avec un éclat très vif. On peut d'ailleurs
allumer le mélange au moyen d'un fil de magnésium, mais l'expérience demande alors
quelques tâtonnements. Il en est de même quand l'on emploie du magnésium en
poudre, comme l'a indiqué M. Vigouroux pour la préparation du silicium. On peut
ertcore employer un mélange d'aluminium et d'un oxyde dégageant beaucoup de
chaleur, comme l'a indiqué M. Goldschmidt. Il est tel de ces mélanges, celui de
bioxyde de baryum el d'aluminium par exemple, qui s'allume simplement avec une
allumette. Mais ce dernier mélange, pour le cas qui nous occupe, brûle trop vite.
» On peut faire l'expérience sous une forme curieuse en donnant au mélange une
forme conique et en l'allumant par côtés; le phénomène présente alors beaucoup
d'analogies avec ce qui se passe dans une éruption volcanique: on voit apparaître une
véritable coulée de lave, et comme la masse se boursoufle pendant la réaction, loi-sque
l'expérience est terminée il s'est formé une véritable mer de lave comme celles qu'on
aperçoit aux environs des cratères d'Auvergne. C'est une très belle expérience de
cours.
» Avec un mélange de silice et d'aluminium, l'expérience est moins brillante; hi
masse ne continue à réagir d'elle-même que lor-quelle a été bien allumée à l'aide du
chalumeau.
» C'est le résidu brut de ces expériences que nous avons soumis à l'inlluence des
principaux réactifs.
» Sur le mélange intime d'alumine et de bore placé dans un tube de porcelaine
chauffé au rouge sombre, nous avons fait passer un courant prolongé de chlore : il
s'est formé du chlorure d'aluminium et il restait dans le tube de l'acide borique
» Dans les mêmes conditions, le brome a donné un résultat identique.
M Avec l'iode entraîné par un couranfd'hvdrogène, nous avons obtenu de l'iodure
d'aluminium.
" L'acide sulfhydrique adonné les sulfures de bore; nous avons pu condenser, dans
un matras entouré d'un mélange réfrigérant, beaucoup de sulfure B'S', qu'on a
d'ailleurs, à l'état cristallisé, dans les parties froides du tube.
» Le mélange de silicium et d'alumine s'est comporté de la même façon; nous avons
dé plus constaté que l'action de l'acide chlorhydrique sur le mélange chauflfé au rouge
vif donne surtout du chlorure d'aluminium et ne peut nullement être utilisée pour pré-
parer le chlorure de silicium et le silico-chloroforme.
» En résumé, le bore etle silicium mélangés inlimementavecralimiine
se comportent comme le carbone dans les circonstances décrites ici, où
raluininea été portée à une température très élevée. Étant données, d'une
part, l'action directe du chlore et du brome sur le bore et le silicium,
d'autre part, la résistance des réactifs vis-à-vis de l'alumine fortement cal-
cinée, ces résultais nous ont paru intéressants à signaler. »
I
( ■^>\) )
CHIMIE ORGANIQUE. — Oxydation du propylglycol par l'eau de brome.
Note de M. André Klkvg (' ), présentée par M. Troost.
« Dans une Note précédente (^) j'ai indiqué que, sous l'influence de la
bactérie du sorbose, le proiiylgiycol était oxydé et transformé en un pro-
duit réducteur. De nouvelles expériences m'ont prouvé que c'était la fonc-
tion alcool secondaire qui s'oxydait et que, dans ces conditions, il se for-
mait de l'acétol : l'étude complète de cette transformation fera, du reste,
l'objet d'une Communication ultérieure.
» J'ai voulu rechercher si le procédé qui avait permis à JM. de Ptch-
mann ( ) d'obtenir des dicétones avec les glycols bisecondaires ne me
conduirait pas, dans le cas du propylglycol (propane diol. 1.2), au même
résultat que la bactérie du sorbose.
)i Dans ce but, un mélange de 1 molécule de propylglycol el de 2 atomes de Bi', à
l'état deau de brome, a été ex.posé aux rayons solaires.
)) Au l)out de quelque temps le mélange se décolore ; lorsqu'il a complètement perdu
sa teinte rouge on achève sa décoloration avec quelques gouttes de solution de bisul-
fite de soude; puis, l'acide bromhydrique formé dans la réaction est saturé par le car-
bonate de soude et l'on distille sous pression réduite.
» Le liquide passé à la distillation réduit énergiquenient la liqueur de Feliliug,
surtout à ciiaud, et donne avec l'acétate de phénylliydrazine un précipité jaune : c'est
l-'osazone du mélliylglyoxal, fondant à i45°. Ce liquide distillé est alors traité par le
chlorhydrate d'Iiydroxylamine et le bicarbonate de soude, en quantités exactement
nécessaires, puis évaporé sous pression réduite vers 70". En reprenant par l'éther le
résidu de cette évaporation, on obtient une solution qui, abandonnée dans le vide en
|)résence de SO'H-, fournit un sirop épais constitué par l'oxime de l'acélol en
surfusion. En ellet, ce sirop, ayant été longuement trituré en prés&nce d'un cristal de
loxime île lacétol obtenue svnthétiquement, s'est pris en masse; après essorage du
magma sur plaque poreuse et purification du produit par deux cristallisations dans le
ciiloroforme bouillant, les cristaux obtenus ont été séchés dans le vide. Ils fondent à
-iy'-']\'', ce qui les identifie avec l'oxime de l'acélol.
» L'eau de brome a donc agi comme oxydant vis-à-.vis du propylgycol et l'oxydation
(') Travail fait au laboratoire d'Enseignement et de Recherches chimiques de la
Sorbonne.
(*) Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 244-
(^) Pechman.v, D. cil. G., t. XXVm, p. 2527.
( 2 20 )
:i porté sur la fonction alcool secondaire. La réaction peut Se formuler :
I I
CH.OH + 0=:CO -hH-0.
I I
Cil- OH CIPOH
» C'est bien, en elfel, l'eau de brome et non le brome dilué qui a agi, car des expé-
riences tentées avec du propylglycol et du brome m'ont fourni des résultats d'un autre
ordre et sur lesquels j'aiirai l'occasion de revenir.
» Je vais rechercher les meilleures conditions de rendement en vue
d'étendre ce procédé à la préparation générale des cétones-alcools pri-
maires. »
THERMOCHIMIE. — Sur quelques alcaloïdes de ï opium.
Note de M. Emile Leroy.
« Dans une Note précédente (' ), j'ai présenté quelques données ther-
miques relatives à la morphine, je donne aujourd'hui les résultats de
déterminations thermochimiques qui ont porté sur la codéine, la théhaïne,
la papavérine et la narcotine, c'est-à-dire sur les principaux alcalis de
l'opium.
1. Codéine : CH^'AzO'+H^Or^ 317.
» I" Chaleur de combuslion :
A volume constant . . 2325'''',8
A pression constante 2327'"'',-
» 2° C/ialeiir d'hydralatiun. — La codéine déshydratée dans l'étuve à 100" a élc
dissoute dans i équivalent de H Cl
ce qui a dégagé : ' -h g"', 27
la codéine hydratée dissoute de même
a dégagé -i- n^'^o^
d'où
Cod+ H- 01iq.= Cod hydratée m-3'-«',23
Cod-t- H*Osol.=; Cod hydratée -t- o'=',67
» 3° Chaleur de formalion :
C" -+- H^' H- Az -(- O' -I- H^ O liq. = Co J cristallisée .... -f-94'-'',4
C"-4-Ii='+ Az-t-03 = Cod anhydre -+-92"', 2
(') Comptes rendus, t. CXXVIH, p. 1107.
( 22 1 )
» 4° Chaleur de dissolution. — La cotléine hydratée a été dissoute dans l'eau
vers 15° (i molécule dans 5o''' environ), mesure directe :
GodH'O H- eau - o<:»',68
» 5° Chaleur de neutralisation. — La codéine anhydre a été dissoute dans i équi-
valent de HCl dilué dans lo'" d'eau vers 16°
CodsoL -i-HCldiss. = CodHadiss -t- 9C'",27
d'où
Coddiss. + HCldiss.= CodHGldiss -H 7'^".72
Un second équivdent n'a dégagé que -t-o<^"',o8.
» Une solution étendue de chlorhydrate de codéine, traitée par la potasse en quan-
tité équivalente, a dégagé -t- 5c-'',8o; le déplacement de la codéine par la potasse est
complet. Il n'en est pas de même avec l'ammoniaque : le dégagement de chaleur n'a été
que de 4'^''',o6; il y a donc partage de l'acide entre les deux bases.
» 6° Chlorhydrate de codéine : CodIlCl. aH^O.
Chaleur de dissolution dans l'eau vers 17° — 7*^"'» 79
» J'ai pu obtenir le sel anhydre parfaitement blanc et sans réaction alcaline, par
dessiccation dans le vide à 100° :
Chaleur de dissolution du sel anhydre — 3'^"',07
» On en déduit pour la chaleur d'hydratation
CodHCl-f- aH^O liq + /l'^"',72
CodHCl -h aH^O sol -h i''«i,6o
et pour la chaleur de formation du sel anhydre
Cod anhydre + HCl gaz. = CodHClsol ~h ig^-'^-^li
» On sait que la codéine est un éther méthylique de la morphine. Les deux corps
étant pris dans l'état anhydre, on trouve pour difTérence des clialeurs de combustion
179'-''', 5, valeur voisine de celles que présentent les éthers méthyliques dérivés des
phénols.
» Au point de vue de l'intensité de la fonction basique, on doit remarquer que la
codéine est une base plus forte que la morphine (29*-^', 74 pour la formation du chlor-
hydrate solide, au lieu de 27*^"', 97); la disparition de la fonction phénolique par éthé-
rification a donc pour effet, comme c'était du reste à prévoir, d'augmenter la force de
la base.
II. - THÉBAiMi : C''ir^'AzO'=3ii.
» 1° Chaleur de combustion :
A volume constant 2489'»', 9
A pression constante 244i"''>8
d'où pour la chaleur de formation
Qii_i^ FP'-H Az-i-0^ = thébaïne -h 74'^'', 6
C. R., iSgy, 2- Semestre. (T. CXXIX, N' 4.) 29
( 222 )
n 2° Chaleur de netilralisation. — Ln tlu'-l)nïiie a été dissoute dans mi équivaloMl
(le HCI dilué dans lo''' d'eau vers 20°:
Tb sol. + HCI diss. =: TbHCI diss +- Gi^-'.qS.
» Deuxième équivalent de HCI, phénomène thermique insensible.
» On a vérifié ce nombre en précipitant la lliébaïne par Az IP.
» 3° Chlorhydrate de thébaïne : TblICl.H'-O.
Chaleur de dissolution dans l'eau vers ao" (une molécule dans 10'''). — 5''"',2i.
Déshydraté dans le vide à 100", le sel se dissout en dégageant + o'^'',02.
» On déduit de là la chaleur d'hydratation
TbHCI -h H'O liq 4- .i'"-', ■?.?,
TbHCI H- H-0 sol :- 3'^'',67
et enfin la chaleur de formation du chlorhydrate solide
Tb sol. -H HCI gaz. = Tb HCI sol. + a/jc^', 3 r .
111. I'apavérine: C=' 11^' AzO« r= SSg.
1° Chaleur de combustion :
A volume constant 2477''''', 2
A pression constante 2478'''',8
d'où la chaleur de formation
C'»+ H'-i -f- Az -H O' — papavèrine -t- i3i'''',9.
» Chaleur de neutralisation. — La papavèrine cristallisée a été dissoute dans
un équivalent de HCI dilué dans 10''' d'eau vers 18" :
Pa -h HCI diss. =Pa MCI diss -h 4'-»',i.5
» Deuxième équivalent de HCI, phénomène tliermique insensible.
» Si l'on ajoute de l'ammoniaque à une solution de PaHCI, l'alcaloïde se précipite sous
forme d'un liquide huileux, qui ne se transforme en cristaux qu'au bout d'un temps
très long; celte précipitation par AzH' a dégagé -I- 7'^''',o4. On en déduit
Pa huileux =:= Pa cristallisé + i'»',26
» 3" Chlorhydrate de papavèrine. — Ce sel cristallise anhvdre; sa chaleur de dis-
solution dans i5''' d'eau environ vers 18° est de ■ — 4'^^'j93.
» La chaleur de formation du sel solide est, par suite:
Pa crist. -H HCI gaz. = PaHCI crist -(- 26' ="',48
IV. — Narcotine : C-='H-^\zO'=4i3.
)) 1° Chaleur de combustion :
A volume constant 2643'''', S
A pression conslanle 3644'"'; 8
( -22 3 )
il'uii la cluilciii' du l'uiiiiaLioii
C--'-t- H-'-f- Az-t- 0'= Narcoliiio -+- aaSC"',,!
» 3" Chaleur de neutralisation. — On a trouvé :
No + 11 Cl dissous (io'i') = No H Cl dissous... . + 2C»i,33 vers 16"
Deuxième équivalent de H Cl + o'^''',o3
)i 3" Chlorhydrale de narcoline. — La dissolution de narcoline dans HCI dilué
fournit par évaporation une masse gélatineuse; en reprenant par l'alcool chaud, on a
obtenu de petits cristaux blancs, de formule No HCI .■.! J IPO. Le sel a été déshydraté
dans le vide à 100° et dissous dans l'eau vers 18°:
NoIlCl + eau (i5'") — i«^°',99
d'où
No -I- H Cl gaz. =NoHCI -V2i<:''',72
» Le Tableau suivant rapproche les nombres qui mesurent l'intensité
de la fonction basique des alcaloïdes de l'opium que j'ai étudiés :
Base solide.
HCI dissous, HCI gazeux,
sel dissous. sel solide.
Cal Cal
Codéine 9,27 2917^
Morphine 7, 18 37i97
Thébaïne 6,93 2.'|,3i
Papavérine 4i'5 26,48
Narcotine 3,33 21,72
M Jj'ordre dans lequel ces bases se trotivent rangées est d'ailleurs con-
forme à leur action sur les réactifs colorés. La codéine, comme les bases
fortes, agit sur la phtaléine du phénol et le tournesol; les alcaloïdes sui-
vants n'agissent que sur le tournesol et, enfin, la narcotine est sans action
sur ce réactif. »
CHIMIE BIOLOUiQUli:. — Sur l' élimination de l'azote el du phosphore
chez les nourrissons. Note de M. OEciisner de Go\i\ck (').
« J'ai étudié cette question en 1892 et rSpS. Il s'agit ici d'enfants nourris
à la mamelle; je n'avais pas cru devoir publier les résultats de mes ana-
lyses, mais je trouve, dans le Zeitschrift fiir klinische Medicin, un Mémoire
(') Institut de Chimie de la Faculté des Sciences de Montpellier.
( 224 )
sur le même sujet de M. le D' A. Keller. Cet auteur a obtenu des nombres
presque identiques aux miens; je me décide donc à faire connaître ceux-ci.
» L'acide phosphorique a été dosé, dans mes recherches, d'après le
procédé classique de Neubauer ; l'azote total a été dosé, soit par la méthode
de Kjeldahl, légèrement modifiée, soit par le procédé au plâtre sec et à
l'acide oxalique ; dans ce dernier cas, la combustion était menée très len-
tement.
)i Voici les nombres trouvés dans douze expériences :
Quantités d'urine
des Azote total. Acide pliospliorique A*
vingt-quatre heures. (Az). (P-0'). PHp'
ce nit;r nigr
1 24o 348 66,5 J^
II 228 3i8 38 À"
m 3oo 633 90 1
1\ '46 660 107 ^^
V 228 680 65 j-j-r
M ^2,") 61 3 102,5 i
VII 428 452 4i
viii i^e 324 43
IX 352 847 120
X 211 422 64
XI 524 64o 82
XII 298 428 68
I
1 1
_i_
7,5
',8
1
G, 3
>' Je vais maintenant indiquer quelques-uns des rapports p^ que M. le
D'' Keller a inscrits dans son Mémoire : ~, '^. -, -^, J-. — . — etr
;>,;i' s, s' 7' 10.8* G.;:' 7.-^' 7,8' '^>'^.
» On le voit, c'esl l'identité ou la presque identité entre les résultats
de deux observateurs qui ont opéré à l'insu l'un de l'autre , à des époques
très différentes, et sur des enfants de races différentes. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide dichloro-3, Ix-bulanoïqne. Note
de M. R. Lespieau, présentée par M. Henri Moissan.
« Dans une Note précédente {Comptes rendus, t. CXXVII, p. gôS), après
avoir décrit le nitrile résultant de l'action de l'acide prussique sur l'épi-
chlorhydrine, j'indiquais comme formule probable de ce nouveau composé
le symbole CH^Cl - CHOH CW - CAz. D'après le mode de formation de
ce nitrile, cette hypothèse était très vraisemblable; on pouvait cependant
imaginer un autre mode de fixation de l'acide prussique représenté parla
( 225 )
formule CH^Cl — CH — CH^OH. Or, j'ai pu. eu procédant comme il va
CÂz
être dit, passer du nitrile eu question à l'acide crotonique fondant à 72° ;
c'est là un bon argument en faveur de la formule linéaire, car dans l'autre
manière de voir on devrait arriver à l'acide métacrylique, isomère de l'acide
crotonique, mais qui, fondant à iG°, ne sauraitêtre confondu avec lui.
» Nitrile dichlorobiUanoïque. — Kn faisant léasii" le pentachloruie de phosphore
sur le nitrile en solution élhérée maintenue froide, on obtient un nouveau nitrile qu'on
purifie par des distillations fractionnées et des lavages au carbonate de soude. C'est
un liquide incolore ayant pour densité, à o" i ,3i4 ; bouillant à i i3°-ii4'' sous une pres-
sion de 25™"" de mercure. Les mesures cryoscopiques et les dosages de chlore et d'azote
efiectuées sur ce corps s'accordent bien de la formule CH-CI.CHCl.CH^C Az.
» Acide dichlorobutanoîque . — Ce nitrile additionné d'acide chlorhydrique saturé
à froid est chauffé au bain-marie vers 80°. On évapore ensuite le tout à la même tem-
pérature sous pression réduite. Il reste dans le ballon des cristaux de chlorure d'am-
monium imprégnés du pioduit de la saponification du nitrile. On isole ce dernier en
le dissolvant dans l'éther qui, par évaporation, abandonne un liquide cristallisant peu
après. Les cristaux, essorés sur une plaque poreuse, ou jjurifiés par distillation dans
le vide, fondent à 49°-5o°. Us constituent un acide CH^Cl — CHCl.CH-.CO^'H (cryosco-
pie 169; analyse : C, 3o,48; H, 3,98; Cl, 44)82); on obtient le même acide en
chaullant avec de l'acide chlorhydrique le nitrile CH'CICI1=:CH — CAz qui sera
décrit ultérieurement.
» L'éther éthylique de cet acide dichloié bout à acô^-sog" sous une pression de
y5omm et à 92° sous i4'"'".
» Passage à l'acide ciolonique. — En chauffant pendant quatre heures le nitrile
CH-CI.CHCl.CH^.CAz au réfrigérant ascendant avec cinq molécules d'acide iodhy-
drique saturé à froid et un peu de phosphore rouge, on obtient un liquide très coloré
et très acide, en même temps que des cristaux d'iodure d'ammonium.
» On neutralise par addition de carbonate de potasse et, pour se débarrasser de
l'iode en excès, on chauffe quelque temps en présence d'amalgame de sodium. Puis on
évapore presque à sec dans le vide sulfurique. Le magma solide obtenu est additionné
d'alcool absolu, le tout est porté à l'ébuUition puis filtré. La portion qu'abandonne
l'alcool par évaporation est dissoute dans l'eau, additionnée d'acide chlorhydrique et
soumise à des extractions à l'éther. Par évaporation de ce dissolvant on obtient un
liquide fortement coloré ; on le reprend avec de la ligroïne qui dissout la majeure partie
mais laisse un résidu visqueux. La ligroïne étant chassée, on obtient des cristaux faciles
à purifier. On les identifie avec l'acide crotonique. La cryoscopie indique 86 comme
poids moléculaire, ce qui est le nombre théorique; la combustion a donné : H 7,4'i
C 55,48 au lieu de 6,97 et 55, 81. La formule est donc C* H* O^ et l'on n'a pas affaire à
un isomère de l'acide crotonique, car le point de fusion du corps est bien 72" ; en outre,
en fixant deux atomes de brome on obtient un corps fondant à 83-87°. *-^'' l'acide
CH^ CHBr CHBr CO^ H fond à 8-". »
( V526 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du brome sur te hroinure d'isobulyle en
présence du biomure d'aluminium anhydre et du chlorure d'aluminium.
Noie de M. A. Mouxetrat, présentée par M. Armand Gautier.
(( Dans deux Notes antérieures, communiquées à l'Académie, j'ai montré
que le bromure d'aluminiimi ;inliydre (AlBi^) était un agent debromura-
lion énergique dans les séries de i'éthène et du propane. J'ai été ainsi na-
turellement conduit à étudier l'action broniurante de ce composé dans la
série du butane.
« Je suis parti du dérivé brome le plus simple de cette série, c'est-à-dire
du mélhyl (2 ) -bromopropane (1) CH' — CH - CH^Br.
» Dans un ballon parfaitemenl sec, de 700" de capacité, surmonté d'un réfiigéraiiL
ascendant, on place 200e'' de bromure d'isobutyle que l'on porte à 5o°-55''. A l'aide
d'un entonnoir à brome, on ajoute, en mince filet, 60»'' d'une solution bromée au tiers
de bromure d'aluminium anhydre (Br = 4o6'', AlBr^= 208''), puis, de la même façon
et en agitant constamment le ballon, 3205"' de brome bien sec. On obtient dans ces
conditions un dégagement rapide et continu de gaz bromliydri(|iie que l'on recueille
dans de l'eau distillée. L'opération est terminée en moins de ileux heures; ce terme
est, du reste, facile à reconnaître par la disparition complète de l'atmosphère brune du
ballon. A ce moment, on laisse refroidir et l'on verse par petites portions les produitn
de la réaction dans de l'eau additionnée de glace et d'un peu d'acide bromliydrique ;
au fond de l'eau tombe une huile brunâtre lourde qu'on lave successivement à l'eau
distillée et à la potasse faible. On la sèche sur du chlorure de calcium fondu, puis on
la soumet à la distillation fractionnée dans le vide.
» On recueille ainsi tout d'abord du bromure d'isobutyle qui n'est pas
entré en réaction, puis, sous i'",5 de pression :
» 1° Une faible quantité de bromure d'isobutylène passant entre 75°-7(S".
» 2" La plus grande partie du résultat de cette bromuration passe sous
cette pression entre iio^-ii/j". C'est un liquide incolore, très lourd,
dont la densité à i6°= 2,188 et auquel l'analyse assigne la formule d'un
Iribromoisobutane (CH'Ër^). Le rendement est de 5o à 60 pour 1 00 du ren-
dement théorique par rapport à C'E^Br.
•■> Quelle est la constitution de ce dérivé Iribromé?
.1 Traité au léfrigérant ascendant et à l'ébullilion du buin-marle, par un excès de
potasse alcoolique jusqu'à ce qu'il ne se précipite plus de K Br, il donne par addition
( 227 )
d'eau une liuileqni passe à i55°, sous la pression normale, el n'ponfl à un dihi-onioiso-
butène C'II"Bi^ Ce dernier composé, additionné d'un excès de brome el exposé au
soleil, iiKe deu\ atomes de cet, halogène pour donner un létrabromoisobulane C* IFBr'
parfaitement cristallisé et fondant à 205° en perdant du brome.
» Or, Caventou {'), d'une part, Norton el Williams {-), d'autre part, ont montré
que, par addition de brome au bromure d'isocrotonyle CH'— C = CHBr, on obtenait
GIT'
le méllivl (?.) -tribromopropanefi . i) (t) CH^~- CBr- ClIBr-; puis ce dernier corps,
6m
traité par la pctasse alcoolique, fournit le méllivl (2 )-dibrûmopropène (i.i)
CIP— C:=CBr- bouillant à r55° sous 76'™, lequel fixe encore, en présence d'un
6h'
excès de brome et au soleil, deux atomes de cet lialogène pour donner le méthyl (2)
-télrabroiuopropane (i.i.i) (2) CH'— CBr - CBr' fondant, avec perte de brome,
à 2o5".
x Une telle concordance montre que le dérivé tribromé que j'ai obtenu dans celte
bromuralion est le méllivl ( 2)-tribromopropane (i . 1) (2) CH-'— CBr — CUBr-.
» 3" Entre 128"-] 35° sous 2'="', 6 de pression on recueille une faible
quantité d'un tribromoisobutane isomère du précédent :
« 4" Au-dessus de iSo", sous cette même pression, on sépare une
faible quantité d'un tétrabromoisobutane qui va être étudié plus loin.
» Remarque. -— J'ai essayé, dans cette réaction, en employant, avec le bromure
d'aluminium, les proportions théoriques de brome el de bromure d'isobutyle
(C'H'Br -4- Br-) de préparer avec de bons rendements le bromure d'isobutylèue
CU'— CBr — CH-Br. Je n'ai pu y arriver, dans lotîtes les expériences que j'ai tentées
GIF
soit en abaissant la température, soit en faisant varier les proportions de bromure
d'aluminium : dans tous les cas je suis arrivé au méthyl (2) tribromopropane (r. i){2)
CH'-CBr-GUBr^
11 J'ai aloi-s songé à me servir du chlorure d'aluminium anhydre AICT'; cet agenl
est dans ce cas un bromuiant énergique et, grâce à son emploi en faillie quantité, j'ai
pu préparer facilement, avec .5o-55 pour 100 du rendement théorique, le bromure
(') Caventou, Arut. Liehig. t. CXW'II, p. gS.
{-) Norton- et Williams. \nn. f.ichii;. I. IX, p. S9.
( .28 )
d'isolmU lène Cll^ — CBr — (]flH>r lioiiillanl, en perdant de l'acide bronilivdrique, i\
CIP
1 48°- 149° sous la pression normale.
» Le métliyi (2)-lribromopropane CIl^ — CBr — CHBr* brome à son tour, en pré-
sence du bromure ou du chlorure d'aluminium anhvdre, donne avec des rendements
de 65 à 70 pour 100, du méthvl ( 2)-téliabromopropane CH^Br — CBr — CHBr'
CH^
bouillant à i59°-i63°, sous r"™,2 de pression, et ayant pour densité 2,55- à 16°. u
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la composition de l'albumen de la graine de
caroubier; production de galactose et de mannose par hydrolyse. Note de
MM. Em. Bodrquelot et H. Hérissey.
« La graine de caroubier se compose d'un embryon jaunâtre, à cotylé-
dons aplatis, recouvert sur chaque face par une calotte d'albumen corné
et presque transparent; le tout renfermé dans un épispernie épais de cou-
leur rouge marron.
» Lorsqu'on fait tremper cette graine dans l'eau, elle augmente beau-
coup de volume, mais les parties qui la composent ne se gonflent pas
uniformément; aussi peuvent-elles être alors séparées les unes des autres.
» 1/albumen, en particulier, se sépare aisément; il a été étudié, il y a
deux ans, par M. Etfront ( ' ) et par M. H. Marlière (-). M. Effront l'a
trouvé composé, pour les quatre cinquièmes environ, par un hydrate de
carbone mucilagineux qu'il a désigné sous le nom de caroubine. La caroii-
bine, traitée à chaud par l'acide sulfurique étendu, lui a donné un produit
sucré, qu'il a considéré comme constitué par une nouvelle espèce de glu-
cose, bien qu'il n'eut pas réussi à l'obtenir cristallisé, et qu'il a appelé
caroubinose. M. Marlière, de son côlé, a conclu de ses recherches sur le
produit d'hydrolyse du même principe mucilagineux, et sans avoir, lui non
plus, séparé de corps cristallisé, que ce produit est constitué par un mé-
lange de dextrose, de lévulose et de galactose. Il dit d'ailleurs, dans son
Mémoire, qu'il n'a pu obtenir, en traitant ce produit par la phénylhydra-
zine, d'hydrazone insoluble à froid : ce qui exclut toute idée que du
(') Comptes rendus, t. CXXV, p. 38, 116 et 809; 1897.
(=) Art Cellule, t. Mil, p. 7; ,897.
( 2 29 )
mannose puisse exister à côté des sucres précédents. Et cependant,
quelques mois plus tard, M. Alb. van Ekenstein (') retirait, du produit
d'hydrolvse de la caroubine, du mannose cristallisé.
)) En présence de ces données contradictoires, nous avons repris l'étude
de la question. De nos recherches il ressort que le produit sucré que l'on
obtient par une hydrolyse ménagée de l'albumen des graines de caroubier
n'est pas constitué par un sucre nouveau, mais par un mélange de ^a/ac/ose
et de mannose. Ces deux sucres ont d'ailleurs été isolés à l'état pur et
cristallisé.
» 1. Hydrolyse de Valbiimen. • Cette liydrolyse se fait à l'autoclave à no", à
l'aide d'acide sulfurif[ite à 4 pour loo. On la réussit très bien en employant i'"' d'acide
dilué pour 235s'' environ d'albumen gonllé, correspondant à ioo8''-io5s' d'albumen
sec, et en chauffant pendant une heure et demie. La partie non dissoute, lavée et dessé-
chée, atteint à peine • à i du produit sec; le liquide sucré accuse, à la liqueur de
l'ehling, une réduction correspondant à 60-70 de dextrose pour 100 d'albumen sec.
» On neutralise le liquide filtré avec du carbonate de chaux et, après filtralion
nouvelle, on concentre au bain-marie jusqu'à \ du liquide primitif. On laisse refroidir,
on nilre pour séparer le sulfate de chaux qui s'est déposé et l'on ajoute 3 volumes
d'alcool à 95°, ce qui amène la séparation d'un précipité peu abondant et foncé. On
filtre, on évapore de nouveau jusqu'à consistance demi-sirupeuse, et l'on reprend à
l'ébullition par 3 à 4 parties d'alcool absolu. Il se fait un deuxième précipité, qu'on
laisse déposer pendant douze heures. On décante et, au liquide décanté, on ajoute de
l'éther dans la proportion de 20" pour 100" de liquide alcoolique. On obtient un
troisième précipité, qui n'est déposé complètement qu'au bout de deux jours. Ce
troisième précipité, peu coloré, est jnesque entièrement composé de galactose, tandis
que le liquide élhéro-alcoolique renferme surtout du mannose. Qu'il y ait beaucoup
de mannose dans ce dernier liquide, on peut s'en assurer immédiatement en l'évapo-
rant, en le reprenant par l'eau et en traitant à froid la solution aqueuse par l'acétate
de phényihydrazine : on voit se faire, en quelques minutes, le précipité caractéristique
de rnannose-hydrazone. Le poids de cette hydrazone (lavée et desséchée) atteint
jusqu'à 70 pour 100 de l'albumen sec traité.
)i IL Séparalion et caraclérisation du galactose. — On traite simplement le der-
nier précipité obtenu par de l'alcool à go" bouillant; le galactose se dépose en quelques
jours. On le purifie par cristallisation dans l'alcool à 80°. Voici les données qui prou-
vent que le sucre ainsi obtenu est bien du galactose pur :
» 1. Détermination de au pour le sucre desséché à 100° {p = o,3i39 ; i' = i5,02 ;
l—i\t — 25") ;
Rotation au bout de trois minutes « = 4- 5°56
Rotation au bout de huit heures a =-1- 3''3o
(') Comptes rendus, t. CXXV, p. 719; 1897.
G. R., 1899, 2« Semestre. (T. CXXIX, N° 4.) ^O
( :i3o )
» A partir de huit heures, la rotation reste constante; d'où il suit que ce sucre pos-
sède la multirotalion et ([ue, lorsque la rotation est constante,
3,3o X i5,o2 o„
2 X OjSiSg
» La formule de Meissl pour le galactose, a^ =- 83,883 — 0,0785? 0,209;,
donne -r 78,82 pour une température de 25°.
» Si l'on fait le calcul de au pour la première observation ai^ - j^àô', on trouve
i33" et Meissl a trouvé, en observant sitôt après la dissolution, des chiffres compris
entre 130° et i4o°.
» 2. Point de fusion du produit sec : 160°, 5 (corrigé : i66°,3). - L'un de nous (' )
a trouvé, pour le point de fusion du galactose retiré du sucre de lait, i63°,5 (non cor-
i-'gé)-
>) 3. Pioduclion d'acide inucique. - - Deux essais ont été faits simultanément, l'un
sur le sucre à examiner, l'autre sur du galactose pur. On a obtenu 15^,^5 d'acide mu-
cique dans le premier essai et \^',!\!\ dans le second.
)i 111. Séparation cl caractérisation du mannose. — l^our obtenir lo maimose, on
part de l'hydrazone. Celle-ci doit être lavée, d'abord avec un peu d'eau glacée, puis
avec de l'alcool à çj.y, ensuite avec de l'alcool absolu et finalement avec de Téther;
a|)rès quoi, on la fait sécher dans le \ide sulfurique.
» Le mieux est de suivre le procédé Herzfeld (décomposition de l'hydrazone par l;i
beuzrtldélnde). C'est ainsi, d'ailleurs, qu'a fait M. Alb. vanEUenstein qui, le premier,
a obtenu le mannose à l'état cristallisé.
» Dans une de nos expériences, nous avons opéré sur 47s' d'Ii^'drazone sèche, i|uc
nous avons délajés dans 940S'' d'eau distillée et traités par igs'' d'aldéhyde ben-
zoïque (-). Le liquide sucré que Ion obtient est évaporé en consistance sirupeuse; le
sirop est lavé à l'éther, amorcé avec une parcelle de mannose cristallisé et placé dans
une cloche à dessiccation après avoir été recouvert d'une légère couche d'alcool mé-
thylique.
» La cristallisation commence le jour même; au bout de trois jours le sirop est pris
en masse. On délaie dans un peu d'alcool raéthylique; on essore rapidement et on lave
à l'alcool absolu. Voici les données qui prouvent que le sucre ainsi obtenu est du man-
nos .
» Délerminalion de a^, pour le produit anhydre (y.i=;o,4o5; c r- 10,02; 1-- 2;
t ^- 25°) :
Rotation au bout de trois à quatre minutes -jl — — 36' ou — 0,60
Rotation au bout de une heure quarante minutes . . a 1= -j- 46' ou -0,766
(') Em. BouRQUELOT, Sur la préparation du galactose {Journal de Pharmacie et
de Chimie, ^^ série, t. XIII, p. 53; 1886).
(-) Les détails relatifs à ces opérations, ainsi que d'autres sur lesquels nous ne pou-
vons insister ici, trouveront leur place dans un .Mémoire plus étendu qui sera publié
(iuiis lo Journal de Pharmacie et de Chimie.
( 23, )
» A partir de une heure quarante minutes, la rotation reste constante, d'où il suit
que ce sucre possède la multirolation et que, quand la rotation est devenue constante,
0,766 X i5,02 ,
2 X o,4oj
» Or, d'après Van Ekenstein, la solution aqueuse de mannose est d'abord lévogyre
(a„z=— 13''6 au bout de trois minutes), puis devient bientôt dextrogyre et, lorsque la
dévialiou a atteint son maximum, on a «n =; h i4''25'.
» En résumé, le produit d'hydrolyse ménagée de l'albumen de la graiae
de caroubier renferme dn galactose et du mannose. Il semble, d'ailleurs,
étant données la facilité avec laquelle ces sucres sont préparés à l'état de
pureté et les quantités que l'on en peut obtenir, qu'ils ne sont accompagnés
d'aucun autre sucre. Reste à savoir quelle est la nature de la partie qui
reste après hydrolyse dans les conditions ci-dessus indiquées, partie qui
est vraisemblablement im hydrate de carbone plus résistant que ceux qui
ont fourni les sucres précédents. "
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. Expéiicnces cnncemunl l'étal vèfraclairc.
au sérum d'anguille. Immunité cylologique. Note de MM. L. Camus et
E. Gley, présentée par M. Bouchard.
(c Nous avons précédemment montré ( ') que le hérisson résiste natu-
rellement à d'assez fortes doses de sérum d'anguille; nous avons en même
temps donné la preuve, du moins en ce qui concerne une des propriétés
les plus importantes de ce sérum toxique, sa propriété globulicide, que
cette immunité naturelle ne tient nullement à la présence, dans le sang de
cet animal, d'une substance antitoxique (antiglobulicide), mais bien à la
résistance spécifique des globules rouges, c'est-à-dire à une organisation
cellulaire spéciale. Nous avons qualifié cette immunité iXa cylologique, par
opposition à l'immunité acquise, qui est d'ordre humoral, résultant de la
production d'antitoxine dans l'organisme de l'animal immunisé.
« Nous avons eu, depuis, l'occasion de constater que d'autres animaux
sont également pourvus de cette immunité cytologique pour le sérum
d'anguille. Nous avons expérimenté sur des Batraciens, la grenouille (iîana
(' ) Comptes rendus, t. CXXVI, p. 28, 3i janvier 1898; t. CXXVII, p. 33o, 8 août
1898 et Arc/i. inlern. de Phaimacodynamie, t. V, p. 247-3o5; 1898.
( 232 )
temporaria) et le crapaud {Bufo vulgarls); sur des Oiseaux, poule et pi-
geon ('); sur des Chéiroptères, Vespertilio murinus. Chez tous ces ani-
maux les globules rouges, préalablement séparés du plasma par la force
centrifuge, et éprouvés par le procédé que nous avons indiqué (méthode
de l'isotonie, procédé de Mosso-Viola), se sont montrés très résistants à
l'action du sérum d'anguille; celui-ci, même à la dose de y^, ne fait pas
diffuser l'hémoglobine de ces globules. D'autre part, dans aucune de ces
espèces, le sérum sanguin n'est pourvu de propriété antiglobulicide. C'est
donc bien par eux-mêmes, en vertu de leur organisation ou constitution
propre, que les hématies de tous ces animaux, comme celles du hérisson,
résistent à l'action dissolvante de l'ichtyotoxine.
» Cette immunité naturelle, d'ordre cytologique, existe, bien entendu,
durant la vie entière de l'animal qui en est pourvu.
» Mais il est des animaux qui ne possèdent cette même immunité que
pendant une phase de leur existence. Il faudrait donc distinguer une immu-
nité natnreWe permanente et une immunité naturelle transitoire o\i passagère .
» Dans nos recherches antérieures nous avons vu que le lapin est un
animal particulièrement sensible à l'action du sérum d'anguille, puisque
ses globules laissent encore diffuser leur matière colorante dans des dilu-
tions de ce sérum à j~, j^ et même quelquefois j^. Or, c'est une
chose remarquable que la résistance des globules des lapins nouveau-nés (^)
à ce pouvoir dissolvant. Nous avons étudié sur de petits lapins de la même
portée les variations de cette résistance. Très marquée dans les premiers
jours qui suivent la naissance, elle s'atténue à partir du moment où les
petits ouvrent les yeux, c'est-à-dire du quinzième au vingtième jour, pour
disparaître ensuite définitivement. Mais, à aucun moment, nous n'avons
constaté que le sérum de ces animaux fût antiglobulicide. Ici, encore,
nous retrouvons donc la distinction profonde qu'il v a lieu, croyons-nous,
d'établir entre l'immunité naturelle et l'immunité acquise.
» Incidemment, nous avons eu une autre preuve de cette distinction. Au
cours de nos recherches, une lapine, qui avait été immunisée pendant
quelque temps, mit bas; sur plusieurs de ses petits nous répétâmes les
expériences dont nous venons de parler; les hématies de ces animaux pré-
( ' ) On peut, à ce propos, se demander si tous les animaux pourvus de globules rouges
à noyau n'ont pas une résistance plus grande au sérum de l'anguille.
(-) Ces globules n'ont pas de noyau.
( 233 )
sentaient bien la résistance habituelle, mais en même temps leur sérum
sanguin contenait une petite quantité de substance antiglobulicide, suscep-
tible de neutraliser ^^^ de sérum toxique. Les deux sortes d'immunité
peuvent donc coexister chez le même animal. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches expérimentâtes sur une agglu-
linine produite par la glande de l'albumen chez /'Hélix pomatia ( '). Note
de M. L. Camus, présentée par M. Ch. Bouchard.
« Les expériences rapportées ici sont réalisables avec une solution de
glande de l'albumen de l'Hélix dans l'eau salée physiologique, ou même
dans l'eau distillée; mais, pour me placer dans des conditions toujours com-
parables, je me suis servi, de préférence, de l'extrait aqueux sec de cette
glande en solution au ^ dans l'eau distillée. Cet extrait a été obtenu en
broyant 28' de poudre de glande dans loo^^^'' d'eau distillée, et desséchant
dans le vide, à la température de laboratoire, le liquide décanté après cen-
trifugation pendant quelques heures.
» La solution de cet extrait est blanchàtie et de réaction acide au tournesol; elle
agglutine très rapidement, en général, les globules du sang et du lait. L'alcalinisation
par la soude n'empêche pas l'action de cette agglutinine. L'alcool précipite la solution
aqueuse; le précipité, rapidement séché et repris par l'eau, donne des solutions dont
la propriété agglutinante est encore très marquée. Cette propriété agglutinante de la
solution au dixième résiste très bien à l'action de la température de 80° pendant un
quart d'heure; la température de 85", pendant le même temps, l'aflFaiblit sensiblemeiil
et les températures supérieures d'une façon de plus en plus marquée.
» Cette solution d'extrait de glande détermine, à la température du laboratoire,
l'agglutination des globules du sang de l'homme et de différents animaux, ciiien, chat,
lapin, cobaye, souris, chauve-souris, hérisson, pigeon, poule. L'expérience peut être
fiite soit sur le sang en tolalité, soit sur les globules isolés, lavés et mis en suspen-
sion dans une solution de chlorure de sodium légèrement hjperisotonique.
« Quand on reçoit du sang dans un tube contenant une solution de substance agglu-
tinante, les globules peuvent se tasser rapidement à la partie inférieure du tube et le
plasma ne se coaguler que plus tardivement, si la proportion de substance active est
assez considérable. Les expériences sur les globules ont été faites avec des solutions
composées de une goutte de globules lavés pour 5™ d'eau salée. Sur ces solutions j'ai
(') Travail du laboratoire des Travaux pratiques de Physiologie de la Faculté de
Médecine.
( 234 )
fail a'fir des quantités voriables de solution de glande au dixième. Une proportion de
-i- de celte dernière solution agglutine très rapidement les globules du sang : en trois
ou quatre minutes le phénomène est visible au microscope et en cinq ou six minutes
à l'observation directe. Les globules des diilérentes espèces animales ne sont pas tous
a"olutinés avec la même rapidité. Il faut, de plus, tenir compte de ce fait qu'une agita-
tion lé"-èie du mélange favorise la production du phénomène.
» Les globules du lait sont agglutinés très rapidement au dixième ou au vingtième
avec la solution d'agglutinine : le phénomène est visible en une ou deux minutes au
microscope et en deux ou trois minutes macroscopiquement. Avec des dilutions plus
grandes, l'ao-glutination se fail plus tardivement. Ici encore l'agitation favorise l'ag-
o-lutination. Les laits de vache, de chienne, de lapine, de cobaye s'agglutinent très
facilement; le lait de femme s'agglutine plus difficilement, il nécessite souvent une
assez forte proportion de substance active. Une femme accouchée depuis trois jours
m'a fourni un échantillon de lait jaune qui s'agglutinait particulièrement facilement.
L'ac'glulination se prodviil aussi bien avec un lait acide (acide lactique) qu'avec un
lait alcalin (soude), avec un lait frais qu'avec un lait bouilli. Le lait dicalcifié s'agglu-
tine comme le lait naturel. Les globules du lait, isolés par centrifugalion, lavés avec la
solution physiologique et remis en suspension dans cette même solution, sont rapide-
ment agglutinés par la solution d'agglutinine. L'agglutinine, d'autre part, ne donne
pas cette agglutination avec le lacloplasma. Après agglutination des globules du lait,
le lacloplasma est coagulé par la présure.
)) Le fiiit de l'agglutinalion des globules dn lait par une agglutinine est,
je crois, bien établi par ces expériences; c'est un phénomène analogue à
celui de l'agglutination des globules du sang et tout à fait indépendant de
la coagulation des substances du milieu ambiant. Le fait très intéressant
rapporté par M. Yiordel (Annales de l Institut de Pasteur, t. XTH, p. 2/40;
numéro du 25 mars 1899) relève d'uu tout autre mécanisme; dans ce cas,
en effet, l'agglutination des globules du lait n'a lieu que secondairement
par englobement et n'est pas indispensable à la production du phéno-
mène.
» Dès maintenant et sans préjuger de son rôle spécifique possible comme
agglutinine dans la fonction de reproduction, nous devons admettre, d'après
les quelques expériences rapportées ici, que cette substance est capable
d'agglutiner des corps de nature très différente. »
( ^35 )
MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — Transmission intra-utérine de l' immunité
vaccinale et du pouvoir antivirulent du sérum. Note de MM. Béclèke,
Chambon, Ménaei) et Coulomb; présentée par M. Chauveau.
« M. Chauveau a présenté à l'Académie, dans la séance du 26 dé-
cembre 1898, au nom de trois d'entre nous et de M. Jousset, une Note
« Sur le pouvoir anti virulent du sérum de l'homme et des animaux immu-
nisés contre l'infection vaccinale ou variolique ». Une des conclusions de
ce travail était ainsi formulée : « La substance antivirulente peut traverser
» le placenta et passer du sang maternel dans le sang du fœtus : ce pas-
» sage est la condition essentielle de l'immunité congénitale. »
» Nous avons entrepris de nouvelles recherches dans cette voie, à la
Maternité de l'Hôpital Saint-Antoine qui nous a été libéralement ouverte
par le Chef de service, M. le D"' Bar. Nous avons cherché dans le sang des
femmes vaccinées la présence ou l'absence de la substance antivirulente.
Nous avons vérifié le passage de cette substance, à travers le placenta, du
sang maternel dans le sang fœtal et nous nous sommes efforcés de déter-
miner les rapports de ce passage avec la transmission de l'immunité vacci-
nale de la mère au nouveau-né.
» Nos recherches ont porté sur soixante-ciiiq femmes et soixante-cinq nouveau-nés,
dans les conditions suivantes :
» A la naissance de chaque enfant, on recueillii, aussi aseptiquemenl que possible,
d'une part le sang qui provenait de l'utérus maternel, d'autre part le sang qui, après
la ligature et la section du cordon ombilical, s'écoulait du bout placentaire. Dans les
deux sérums obtenus après la formation du caillot on lit baigner pendant quarante-
huit heures deux portions d'un vaccin de virulence éprouvée. Puis les deux échantil-
lons de vaccin ainsi traités furent inoculés à une génisse, par de multiples incisions,
sur des régions symétriques de la surface cutanée, en même temps qu'une troisième
portion du même vaccin ayant baigné dans la solution saline physiologique. Après
sept jours écoulés, l'observation des trois groupes éruptifs produits par ces inocula-
lions fit constater, dans les sérums en question, l'existence ou l'absence d'une action
antivirulente sur le vaccin et, quand cette action était manifeste, permit de comparer
et de mesurer le pouvoir antivirulent des deux sérums. Soixante-cinq génisses furent
employées à cette élude.
» Chaque enfant, le jour de sa naissance ou au plus tard le lendemain, fut inoculé
au bras avec du vaccin de virulence éprouvée. Chaque mère fui inoculée en même
lcnlp^^que sonenfanl et avec le même vaccin. Après sept jours écoulés, les résultats de
( -^36 )
rinoculalion vaccinale chez la mère et chez l'enfant furent noiés, comparés entre eux
et rapprochés des résultats fournis par la recherche du pouvoir antivirulent de leurs
deux sérums.
» Aucune des mères, inoculées ainsi le jour ou le lendemain de la délivrance, ne
l'était pour la première fois. Toutes avaient été vaccinées antérieurement ; elles se par-
tageaient en deux catégories, de nombre à peu près égal, suivant que leur dernière vac-
cination remontait à une date plus ou moins éloignée, antérieure au début de la gros-
sesse, ou suivant que, par nos soins, elles avaient été revaccinées, depuis un plus ou
moins grand nombre de jours, au cours même de la grossesse.
» Ces nouvelles recherches nous ont amenés aux conclusions suivantes :
» i" L'immunité à l'égard de l'inoculation vaccinale s'observe, chez les
enfants nouveau-nés, exclusivement parmi ceux dont la mère possède
elle-même cette immunité.
» 2° La transmission intra-utérine de l'immunité vaccinale ne s'observe
pas chez toutes les femmes en possession de cette immunité au moment de
l'accouchement, mais seulement chez un petit nombre d'entre elles.
» 3° La transmission inlra-utérine de l'immunité vaccinale s'observe
exclusivement parmi les femmes don! le sang, antivirulent à l'égard du
vaccin, a transmis, à travers le placenta, ses propriétés antivirulentes au
sang du fœtus.
« 4° L'i transmission intra-utérine de l'immunité vaccinale peut s'ob-
server parmi les femmes dont le sérum est antivirulent, qu'elles aient été
vaccinées pendant ou avant la grossesse, et si éloignée que soit la date de
leur dernière vaccination, alors même que celle-ci remonte à la première
enfance.
» 5° Par contre, la transmission intra-utérine de l'immunité vaccinale
ne s'observe pas chez les femmes dont le sérum n'est pas antivirulent,
qu'elles aient été vaccinées avant ou pendant la grossesse, et si rapprochée
que soit la date de leur dernière vaccination, alors même que celle-ci ne
remonte pas en deçà des dernières semaines de la grossesse.
)) 6° Le passage de la substance antivirulente, du sang maternel dans le
sang fœtal, à travers le placenta, est donc la condition nécessaire de l'im-
munité congénitale.
» 7° Cette condition nécessaire n'est cependant pas suffisante : parmi
les nouveau-nés dont le sérum se montre antivirulent, il en est qu'on peut
inoculer avec succès.
)) 8° Chez les nouveau-nés dont le sérum se montre antivirulent,
l'énergie plus ou moins grande du pouvoir antivirulent du sérum est un
( 237)
facteur important du succès ou de l'insuccès des inoculations vaccinales.
Toutefois il n'existe pas entre les deux phénomènes des rapports constants.
On peut dire seulement que, plus le sérum se montre antivirulent, plus
grandes sont les présomptions d'insuccès pour l'inoculation vaccinale. »
ZOOLOGIE. - Sur la respiration branchiale chez les Diplopodes. Note
de M. M. Causard, présentée par M. Edmond Perrier. .
M Au mois de mai 1897, je rencontrai, dans un ruisseau des environs
d'Aix-en-Provence, sous des pierres submergées, des Myriapodes apparte-
nant à la famille des Polydesmidw . Rentré chez moi, je déposai ces Myria-
podes dans l'eau. Je fus surpris de les voir, au bout de peu de temps,
dévaginer la partie terminale de leur tube digestif, qui faisait alors saillie
sous forme de deux ampoules transparentes et contiguës l'une à l'autre.
Cette espèce, qui vit ordinairement hors de| l'eau, a été, ainsi que celles
qui m'ont servi plus tard, déterminée par M. Brolemann : c'est le Brachy-
desmus siiperus Latzel.
» Un changement de résidence me força à interrompre mes recherches,
que je pus reprendre l'année suivante aux environs de Laval. L'espèce
que j'ai surtout rencontrée ici est le Polydesmus gallicus I^atzei. Je n'en ai
trouvé aucun exemplaire dans l'eau; mais j'en ai maintenu plusieurs sub-
mergés, et j'ai toujours vu les mêmes phénomènes se produire. Mes obser-
vations seront exposées avec détails dans un travail qui sera publié ulté-
rieurement.
» Chez les Polydesmidœ, le dernier anneau du corps (anneau préanal ou périanal)
se prolonge postérieurement en une pointe à sa partie supérieure et circonscrit une
ouverture ovale, oblique par rapport à l'axe du corps. Cette ouverture est fermée par
trois pièces chitineuses, dont deux (valves anales), placées symétriquement à droite
et à gauche, occupent presque tout l'espace, en laissant entre elles une fente longitu-
dinale, l'anus; la troisième, impaire, recouvre la partie antérieure des précédentes;
c'est l'écaillé anale. Lorsque la dévagination se produit, les valves anales s'écartent
l'une de l'autre; leur plus grande dimension, longitudinale au repos, devient transver-
sale; avec l'écaillé anale, elles forment alors une sorte d'anneau supplémentaire inter-
rompu, dont la région dorsale manquerait. Quand on examine au microscope un indi-
vidu vivant avec son intestin dévaginé, on remarque, à l'intérieur de la double poche
ainsi formée, de nombreuses bandelettes musculaires, régulièrement disposées, qui en
relient les parois au bord antérieur de l'anneau périanal.
C. R., 1899, 2« Semestre. (T, CXXIX, N" 4 ) •JÏ
( 238 )
» L'étude anatornique du tube digestif, dévaginé ou non, fournit des résultats très
intéressants. L'intestin terminal se divise nettement en deux parties : l'antérieure, la
plus grande, a une paroi épaisse, riclie en fibres musculaires et formant de nombreux
replis : on peut la nommer rectum; la postérieure, beaucoup plus courte, vient se
terminer en se fixant seulement aux bords des valves et de l'écaillé anales : elle
constitue une sorte de poche, que l'on peut nommer la poche rectale, et qui remplit
l'espèce de boîte formée par l'anneau périanal et les valves. Cette poche a une paroi
mince, translucide, dépourvue de fibres musculaires, et qui est recouverte intérieure-
ment par une cuticule, comme tout l'intestin terminal. Ces deux régions de l'intestin
communiquent entre elles par un orifice étroit, que l'on peut nommer Yanus interne.
Tandis que le rectum n'est relié aux parois du corps que par un réseau lâche de fines
trachées, la région antérieure de la paroi de la poche rectale est reliée par de nom-
breuses bandelettes musculaires striées, au bord de l'anneau périanal; ce sont elles qui
sont visibles par transparence dans l'organe dévaginé.
» Cette disposition spéciale des Polydesmidœ n'a, à ma connaissance, jamais été
signalée; elle permet de comprendre comment se faitia dévagination. Sous la pression
du sang, la paroi de la poche rectale est refoulée à l'extérieur, en déplaçant les valves
anales; ses bandelettes musculaires s'étendent; en même temps, le rectum se déplisse
et devient rectiligne. Une coupe longitudinale d'un individu à l'état de dévagination
le montre nettement. Lors de la défécation, pendant laquelle la dévagination se
produit aussi, l'anus interne se trouvant au fond du sillon qui sépare les deux am-
poules, les excréments peuvent sortir directement du rectum au dehors ; cela nous
explique que la poche rectale ne renferme jamais d'excréments. Quand la pression
sanguine diminue, les muscles de la poche se contractent: celle-ci rentre, en ramenant
les valves dans leur situation primitive.
)> Grâce à l'obligeance de M. le professeur E.-L. Bouvier, j'ai pu étudier de grandes
formes de Polydesmidœ ers.o\\(\x^e.'i, non encore déterminées, et j'y ai retrouvé la dispo-
sition signalée ci-dessus.
» Quel est donc le rôle de la poche rectale? Quand on examine an
microscope un individu vivant, à rectum dévaginé, on aperçoit à travers la
mince membrane de cet organe des trachées très fines, abondantes au voi-
sinage de l'extrémité postérieure du rectum, sans avoir une importance
extraordinaire. Mais on y voit nettement un courant dorsal de globules san-
guins qui semble sortir de sous la pointe anale, se dirige vers l'arrière, puis se
partage en deux courants dont chacun parcourt l'une des ampoules dèvaginées,
en gagnant la face ventrale.
» L'organe en question pourrait peut-êlre, au premier abord, être com-
paré, au point de vue fonctionnel, aux branches trachéennes des Epheme-
ridce, des Perlidœ, etc. ; mais les trachées y sont vraiment trop peu abon-
dantes et ne sont pas appliquées contre la paroi. Les courants sanguins
qu'on y observe conduisent, au contraire, à le considérer comme jouant le
( --^^î» )
rôle d'une véritable hranchic ; des échanges gazeux plus ou moins impor-
tants peuvent s'y produire entre le sang et le milieu extérieur.
» De nombreuses expériences m'ont permis de conclure au rôle respiratoire de la
poche rectale. Les Brachydesntus trouvés sous l'eau l'ont toujours été dans des
endroits où le courant était très rapide, et par suite, l'eau très aérée. J'ai pu garder
sous l'eau pendant longtemps des Brachydesmus et des Polydesmus, qui, de temps en
temps, dévaginaient leur poche rectale; leur résistance à l'asphyxie était d'autant plus
longue que l'eau était plus aérée. De plus, j'ai conservé pendant plusieurs mois des
P. gallicus dans de la mousse humide; j'ai pu les voir plusieurs fois rester longtemps
avec leur poche rectale sortie; cette attitude ne me paraît pouvoir s'expliquer qu'à la
condition que ces animaux l'aient utilisée pour leur respiration.
» Quelques Géophilides sont déjà connus pour vivre sous les pierres littorales qui
sont submergées à chaque marée. Plateau ('), qui a résumé et discuté les observations
faites avant lui sur ce sujet, s'est livré à des expériences sur la submersion des
Géophiles; mais ses animaux s'engourdissaient, bien que pouvant rester longtemps
vivants. Il n'en est pas de même des Polydesmidœ submergés, qui conservent presque
intégralement leur agilité, et pendant longtemps. La dilTérence ne peut tenir qu'à ce
que les derniers trouvent à oxvgéner leur sang aux dépens de l'air dissous dans l'eau,
grâce à la fonction spéciale de leur poche rectale, tandis que les premiers sont réduits
à vivre aux dépens de l'air renfermé dans leur s\stème trachéen.
» J'ai étendu mes recherches aux familles voisines des lulidœ et des
Glomeridœ. La disposition anatomique du tube digestif y est exactement la
même que chez les Polydesmidœ. On y observe une poche rectale, à paroi
mince, plus large, et non, commeledit Plateau (-), « très courte, beaucoup
» plus étroite » que le reste de l'intestin. Je n'ai pu saisir sur le fait la
dévaginalion chez les Glomeris ; mais j'ai vu des lulus, conservés dans la
mousse humide, dévaginer à maintes reprises leur tube digestif, et rester
en cet état pendant plus ou moins longtemps.
» La poche rectale des Diplopodes, qui n'avait jamais été décrite jus-
qu'alors, doit donc servir à la respiration branchiale, soit sous l'eau, soit
dans l'air humide. On pourrait la regarder comme une disposition ances-
trale, rappelant l'origine aquatique des Myriapodes, et l'invoquer pour
considérer les Diplopodes comme plus primitifs que les Chilopodes. »
(') V. Plateau, Acv Myriapodes marins et la résistance des Arthropodes à respi-
ration aérienne à la submersion {Journal d'Anaiomie et de Physiologie, t. XXVI,
1890).
(-) F. Plateau, Recherches sur les phénomènes de la digestion et la structure de
l'appareil digestif chez les Myriapodes de Belgique {Mémoires de i Académie royale
de Belgique, t. XLII; 1876).
(. ^lo )
GÉOLOGIE. — Sur les brèches éogènes du Briançonnais.
Noie de M. W. Kilian, présentée par M. Marcel Bertrand.
(1 J'ai signalé, il y a quelques mois ( ' ), dans le vallon de l'Alpet près du
mont Genèvre (Hautes-Alpes) et dans le voisinage immédiat d'un affleu-
rement de micaschistes d'origine éruptive (-), l'existence d'une brèche
polygénique, contenant les fragments de dolomie mêlés à de nombreux
débris de ces mêmes micaschistes. Cette brèche est identique par sa com-
positLon à celle que M. Termier a fait connaître dès iSpS (^) dans le massif
de Prorel-Eychauda, oîi elle est associée également à des micaschistes et à
des roches gneissiformes qui se retrouvent parmi ses éléments. La brèche
ou conglomérat de l'Eychauda a été magistralement décrite par M. Termier,
dans un travail récent où cet auteur reconnaît, lui aussi, son identité avec
la brèche de l'Alpet (').
» Quoique la présence de galets basiques et jurassiques supérieurs à
faciès briançonnais C) parmi les matériaux constitutifs de cette curieuse
(') Comptes rendus, 7 novembre 1898. Voir aussi Bull. Sert'. Carie géol. de
France, n° 69, t. X (1898-99), avril 1899.
(-) Comptes rendus, 7 novembre 1898. Le voisinage des masses éruptives du monl
Genèvre et l'analogie de ces micaschistes avec les schistes qui, dans le Haut-Queyras
et en Piémont, dérivent de la série des Piètre verdi, ainsi que l'apparence de cer-
taines inlercalations plus massives, m'ont conduit à considérer ces schistes cristallins
comme résultant du laminage de petites masses éruptives. M. Termier a bien voulu
procéder à l'examen microscopique de ces roches : les résultats qu'il a obtenus con-
firment pleinement l'induence qu'ont eue, sur la genèse de ces schistes cristallins, les
phénomènes éruptifs.
(^) Comptes rendus. 11 novembre iSgà; Bull. Soc. géol. de France, 3" série,
l. XXIII, p. 572; 1895.
(*) Les nappes de recouvrement du Briançonnais {Bull. Soc. géol. de France,
3= série, t. XXVII, p. 62; 1899). Dans ce même travail, M. Termier, après avoir visité
avec moi le gisement de l'Alpet, déclare adopter également, pour les schistes cristallins
Prorel-Eychauda, l'origine éruptive que j'avais proposée d'admettre pour les mi.
caschistes de l'Alpet, et atteste la liaison intime de ces micaschistes avec les roches
vertes des schistes lustrés.
(=) KiLiAN et Terjiier, Bulletin de la Société géologique de France, Z' série,
l. XXVIl, p. 63. -- KiiiAN, Compte rendu sommaire des séances de la Société
géologique de France, p. 76; ig juin 1899.
I
(' :j/( I I
formalion nous ait concliiils, M. Termier et moi ( ' ), à la considérer comme
tertiaire, la position qu'elle occupe clans les deux gisements susmenlionnés
ne donnait aucun renseignement sur son âge précis. La localisa'ion à
l'Eychauda et à l'Alpet avait en outre été utilisée par M. Termier (-), avec
d'autres arguments, pour établir l'existence, dans le Brianronnais, d'une
masse charriée d'origine lointaine (quatrième écaille), solidaire de la zone
des schistes lustrés et provenant, comme celle-ci, de l'est.
» J'ai découvert récemment, près de Montdauphin (Hautes-Alpes), un
nouveau gisement de cette même brèche, à fragments de dolomie et de
micaschistes, dans des conditions qui permettent à la fois de fixer, d'une
façon précise, son âge éogène et d'affirmer quelle ne peuL être considérée
comme uniqaemenl localisée dans le massif de Prorel-Eychauda ou dans le voi-
sinage immédiat de la zone des schistes lustrés {l'Alpet).
» I^'affleurement nouvellement découvert est situé sur la route straté-
gi(pie qui relie Montdauphin à la batterie de Gros, sur la rive droite du
Guil, et le long de laquelle on relève, à partir d'Eygliers, la succession
suivante :
» A. Fl\scli argilo-schisteux d'un noir lirunâlre, légèrement gréseux. — Recouvert
jiartiellement par du Glaciaire.
» B. Calcaire gris moiré, schisteux, avec petites taches foncées (Priabonien ).
» C. Calcaire rose amygdalaire (marbre de Guillestre), en gros bancs {Jurassique
supérieur).
)) D. Calcaire gris subcristallin, du type ordinaire des calcaires triasiques.
)> E. Cargneules englobant des fragments de calcaires et de schistes, avec banc de
calcaires dolomitiques.
» F. Flysch argilo-schisleux, d'un noir brunâtre, avec bancs gréseux, identique à
la couche A, mais renfermant de petits bancs discontinus d'une brèche polygénique
formée de fragments de micaschistes et de débris de dolomie brunâtre; cette brèche
paraît identique à celle de l'Alpet.
» La couche F, malgré sa position dans la coupe, possède incontestable-
ment tous les caractères du flysch de la région; elle appartient à la por-
tion inférieure de ce terrain qui, dans toute la région, est recouverte par
(') Termier, Bulletin de la Société géologique de France, 3° série, t. XX'Vll,
p. 56. — KiLiAN, Comptes rendus des Collaborateurs du Service de la Carte géolo-
gique de France, n° 69, t. X, p. 7; avril 1899, et Bulletin de la Société géologique
de France, 3" série, t. XXVU, p. 127 ; 1899.
{-) Termier, Les nappes de recouvrement du B/iançonnais, p. 68.
( 242 )
les "rès d'Annot et doit être considérée comme un faciès latéral du Pria-
bonien supérieur à petites nummulites, et peut-être du Sannoisien infé-
rieur. En continuant à suivre la série offerte par la route de Gros et en des-
cendant vers le Gui! par les sentiers, on voit, en effet, celte assise reposer
sur la série suivante :
» 7. Schistes calcaires gaufrés, avec inlercalations de brèches calcaires {/S'iimmu-
l il il] lie) ;
n (). Schistes et calcaires rouges du Jurassique supérieur;
» 5. Brèche calcaire du type de la Brèche du Télés^raphe {Lias);
» 4. Calcaires Iriasiques;
I) 3. Cargneules;
» 2. Quartzites du Trias inférieur;
n 1. Porphyrile en grandes masses.
H La couche F fait donc partie d'une série normale d'assises, constituant
le substratum sur lequel est venu se déverser le pli anticlinal localement
étiré que représentent les assises A, B, C, D, E et qui a été ensuite ployé en
roule avec ce même substratum ( ' ) ; elle appartient donc à un pli situé bien
à l'ouest de celui qui a fourni les nappes de recouvrement de lEychauda
dont M. Termier fait sa quatrième écaille, et se trouve très probablement
en continuité souterraine avec le flysch de Guillestre el de l'Embrunais.
)i En résumé, les brèches et congloméiats polygéniques à galets cristal-
lins de l'Alpet, de l'Eychauda et des environs de Montdauphin appartien-
nent à l'éogène (Priubonien ou Sannoisien); elles forment, dans les assises
inférieures du flysch, des amas lenticulaires provenant sans doute du dé-
mantèleiTient de reliefs préexistant à la transgression priabonienne et dans
lesquels affleuraient des micaschistes d'origine éruplive, comme ceux de
l'Alpet, de Villargaudin et du col Tronchet. près de Cliàleau-Queyras. Elles
sont du même âge et du même ordre que les brèches polygéniques qui se
formaient alors en Maurienne el en Tarentaise (-), dans le voisinage des
massifs cristallins de la première zone alpine, et qui atteignent au sommet
de Crève-Tête, près de Moutiers, un si beau développement; elles rap-
pellent aussi les formations analogues du flysch des Alpes suisses. »
(') Cette disposition tectonique a été reconnue par M. iiaug et par moi et fera
l'objet d'une description ultérieure; elle se voit nettement près de Guillestre.
("■) KiUAN et Bévil, Une excursion géologique en Tarentaise, Chambéry; iSgS,
et Compte rendu des Collab. du Sen-. Carte géogr. du France; iSgS-g^.
( 2f^ >
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur un bathymè Ire fondé sur l'emploi de cylindres
crushers. Note de MM. Charbonnier et Galy-Aché, présentée par
M. Bouquet de la Grye.
« Crushers. — On sait que l'artillerie emploie, pour la détermination des
pressions qui se développent dans l'Ame des bouches à feu sous l'action
des gaz de la poudre, de petits cvlindres en cuivre, appelés crushers, me-
surant i3""" de hauteur sur 8™™ de diamètre et sur lesquels la pression des
gaz s'exerce par l'intermédiaire d'un piston en acier de section connue.
» Pour passer de l'écrasement final du crusher, mesuré avec un palmer
donnant le centième de millimètre, à la pression maximum développée,
il est nécessaire d'avoir une T^ible de tarage. La Table de tarage actuelle-
ment réglementaire dans l'artillerie de la marine est la Table dite manomé-
triquc dressée en 1892 par M. Vieille au moyen d'un manomètre à piston
libre imité de celui de M. Amagat.
» La méthode suivie pour le tarage consiste à appliquer lentement et
progressivement une pression croissante au cylindre crusher. Dans ces
conditions, il y a constamment équilibre entre la résistance du crusher et
la pression qui lui est appliquée; on dit alors que l'écrasement est sta-
tique.
» Le cylindre crusher peut servir à mesurer non seulement la pression
des gaz de la poudre, mais encore toutes les hautes pressions se dévelop-
pant statiquement. Ainsi on peut en faire l'application à la mesure de la
profondeur des océans.
» Description du hathymètre. — L'appareil qu'on peut imaginer dans ce
but comprend un corps creux en acier RB, alésé intérieurement, fermd à
l'une de ses extrémités par un bouchon fileté E, sur lequel repose le
crusher C centré dans l'évidement au moyen d'une rondelle de caout-
chouc r. Le piston cannelé A est ajusté au -^^ de millimètre. Un cylindre de
garde DD, n'appuyant sur le corps que par des anneaux obturateurs en
cuivre rouge GG, évite l'action des pressions latérales. L'anneau de ser-
rage FF permet le montage de l'appareil. L'obturation est assurée par une
couche de mastic de vitrier QQ.
)) Ce bathymètre est analogue à un appareil employé dans l'artillerie
de la marine pour la mesure des pressions de la poudre.
» Pour pratiquer un sondage au moyen du lîathymètre à crushers, il
suffit de l'immerger après l'avoir fixé à l'exlrémité d'une ligne de sonde
ordinaire.
W--
- - 9°
» La descente de l'appareil étant relativement lente, l'écrasement du
crusher sous la pression de l'eau est évidemment statique; donc, la Table
manométrique permettra de connaître la pression maximum supportée par
le crusher et, par suite, la profondeur atteinte.
» Calcul et précision de l'appareil. — MM. Sarrau et Vieille ont remarqué
que, lorsque le fonctionnement est statique, l'écrasement et la pression
sont, dans des limites très étendues, liésapproximativement par la formule
dans laquelle les unités sont le kilogramme et le millimètre, R„ et R deux
constantes voisines de 5oo.
» Les cylindres crushers de fabrication courante, employés par l'artil-
lerie de la marine, sont d'une très grande homogénéité. Le manomètre à
piston libre permet leur tarage pour des pressions variant de 200 à 4000'^'-'
par 'centimètre carré. Grâce à l'emploi d'une méthode de retournement
indiquée par M. Vieille, l'écrasement correspondant à une pression déter-
minée est connu avec une approximation de o'"'",02.
» Ces données nous permettent de calculer les dimensions à donner à
l'appareil, sa précision et sa sensibilité.
( 245 )
» Pour une profondeur déterminée, l'appareil le plus sensible sera celui
qui utilisera toute l'étendue de la Table de tarage. On aura donc, en appe-
lant S la section du piston en décimètres carrés, H la profondeur en déci-
mètres, S le poids en kilogrammes du litre d'eau de mer,
SHo==4ooo'<g.
» La plus grande profondeur connue des mers ne dépasse pas loooo";
en admettant, pour plus de simplicité, que S est constant et égal à i''s, on
trouve
S = o'''"i,o4.
» D'après la formule linéaire citée plus haut, on
» Faisant R = 5oo, S = o''""i,o4, r/s = o""'.o2, il vient
dR = 25"».
)) Une profondeur quelconque comprise entre les profondeurs de 5oo™
et loooo", qui correspondent à l'étendue de la Table de tarage, sera donc
obtenue à aS™ près.
» Cette précision est, pour des valeurs de H voisines de loooo", au
moins équivalente à celle qu'on peut obtenir dans la mesure des hautes
montagnes.
» Dans le cas où les profondeurs à évaluer sont beaucoup plus faibles,
on peut évidemment augmenter la précision de l'appareil en faisant varier
convenablement la section du piston.
» Par exemple, si la profondeur hmite est de /iooo'", la section du piston
sera égale à o''°"i, lo, et l'approximation obtenue dans la mesure de la
profondeur sera de 1 G™.
» On peut d'ailleurs donner aux indications de l'appareil, dont nous
avons seulement indiqué le principe, la précision que l'on désire, puisqu'on
dispose des trois variables dont elle dépend, c'est-à-dire de la section du
piston, des dimensions du crusher et de la nature du métal de ce crusher. »
La séance est levée à 4 heures un quart.
M. B.
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N" 4.) 32
( 246 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OljniAGES KEÇDS DANS LA SÉANCE DU I7 JUILLET 1899.
Association française pour l' Avancement des Sciences. Compte rendu de
la 27' session. Nantes, 1898. Seconde Partie : Notes cl Mémoires. Paris,
G. Masson et C'^, 1899; i vol. in-8°. (Présenté parM. Griraaux.)
Projet d'établissement d'un système mètre-gramme-jour pour V unification
des mesures physiologiques, par M. J. de Rey-Pailhade. Toulouse, imp. La-
garde et Sebille, 1899; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Société de Géogiaphie de Toulouse. Congrès des Sociétés savantes, tenu à
Toulouse du 4 a« 8 avril 1 899. Rapport sommaire sur l' Exposition des appareils
de mesure du temps et des angles gradues suivant le système décimal, par
M. J. DE Eey-Pailhade. Toulouse, imp. Lsgarde et Sebille; i fasc. in-8".
(Hommage de l'Auteur.)
Centenaire de la Société académique de Nantes et de la Loire-Inférieure,
I 798-1898. Nantes, Mellinet et C'% 1899; i fasc. in-8°.
Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-
Inférieure. Vol. IX de la 7' série, 1898. Nantes, L. Mellinet et G'*, s. d.;
I vol. in-8''.
Lie technischen Hochschulen und ihre wissenschaftlichen Bestrehungen.
Rede von A. Riedler. Berlin, H. -S. Hermann, 189g; i fasc. in-4°.
The Yeikcs Observaloiy of the University of Chicago. Bul. 7-11. George E.
Hale. Chicago, 1899; 5 opuscules in-8°.
Planation and dissection of the Vrai mountains, par F. -P. Gulliver. Ro-
chester, 1899; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Shoreline topography, by F. -P. Gulliver. (^Proceedings of the American
Acad. of Arts and Sciences. Yo\. XXXIV, n°8, January 1899.) i fasc. in-8°.
(Hommage de l'Auteur.)
Concorsi a premio del R. Istituto Veneto diScienze, Lettere ed Arti, procla-
mati neW adunanza solenne del 21 maggio 189g, s. 1. n. d.; i fasc. in-8°.
Cambridge University library. Report of the library syndicale , for the year
ending December 3i, 1898. (From the University Reporter, 1898-99.)
Cambridge, jSgg; i fasc. in-4°.
Magnetical and meteorvlogical observations made at the Government obser-
( 247 )
K-atory, Bombay, 1897. With an appendix. Bombay, 1898; i fasc. in-4''.
(Présentée!, by order of the right honourable the Governor gênerai in
Council, India.)
General perturbations oj Minerva (93), by Jupiter, including terms onfy of
thefirst order witli respect to the mass, together wilh a correction of éléments,
by W.-S. EiCHELBERGER. (Mcmoirs of the national Academy of Sciences,
vol. VIII, third Memoir.) Washington, i8gg; i fasc. in-4°.
United States Commission of fish and fîsheries . Commissioner's report, 1898.
Washington, 1899; i vol. in-8°.
Proceedings of the United States national Muséum. Vol. XVIII, 1895.
Vol. XX. Washington, 1896-98; 2 vol. in-8°.
Annales of the astronomical Observatory of Harvard Collège. Vol. XXXIX,
Part I. Peruvian meteorology, 1888- 1890; compiled and prepared for publi-
cation by SoLON J. Bailey under the direction of Ed\vard-C. Pickering.
Cambridge, 1899; i fasc. in-4°.
Anales de la Associacion de ingénieras y arquitectos de Mexico. Tomo VII.
Mexico, 1899; I vol. in-8°.
Universidad central de Espana. Memoria delcurso de 1897 a 98,^ anuario
dèl de 1898 a 99, de su dis/rito universilario. Madrid, 189g; i fasc. in-4°.
La energia electrica. Revista gênerai de electricidad y sus aplicaciones. Di-
rector : Gumersindo Villegas Ortega. Ano I, num. 1. Madrid, 1899;
I fasc. in-4''.
Republica de el Salvador, America Central. Diario officiai. T. XLVI,
num. 110-112, 116, 124. San Salvador, 1899; 5 feuilles piiées in-f".
Ouvrages reçus dans la séance du 2/4 juillet 1899.
Annèlides polychètes de la rade de Brest et de Paimpol, par le baron de Saint-
Joseph. Paris. Masson et C'*, 1899; i br. in-8°. (Présenté par M. Milne-
Edwards.)
Le port de marée de Gris-Nez et les côtes basses et sablonneuses du littoral
français, par C.-J. Tackels. Paris, la Ligue maritime française, 1899;
I vol. in-8". (Hommage de l'Auteur.)
Transmission de l'énergie électrique par un fil et sans fil {par l'éther), par
Em. Guarini-Foresio. Liège, Henri Poncelet, 1899; 2 br. in-8°.
Operiren oder Nichtoperiren bei Krebs-Erkrankungen und andere Zeitge-
mdsse, insbesondere therapeutische Fragen, von D'Severin Robinski. Berlin,
1898; I vol. in-8°.
( 248 )
Recherches sur Vemplo^ de la Photographie stellaire à la déterrr^^nmon des
parallaxes des étoiles fixes, par Oesten Bergsthand. Upsala, 1899, i vol.
"1 •; deatsche Karl-FerdinandsM.ersUdt, in Prag unter der Regierung sei-
ner Mafestâl des Kaisers Franz-Josefl. Prag. Josef Roch. 1899 ; i a ol. m-8 .
Baudet afdelning I, II, HI et IV. Stockholm, 1899; 4 vol. m-8
p7Lrusflor:bata.ce. Vol. II, part.es I et II. N.jmegen, F.-L. Macdo-
"t-llS ^Itedl'elinger. der nederlandsche hotanische Vereeruging.
t- deel % et 3« stuk. Nijmegen, H.-C-.A. Thieme, 1897 ; 2 vol. in-8 .
Flor^ bata.a. Afbeelding en Deschnj.lr^g der nederlandsche ge.nssen.
Haarlem, de Ervea Loosjes, 1898; 1 1 fasc. in-4'' avec planches.
mrerdurch die gesammte Calciurncarbid- ur.d Acetylen-Literatur^m^^^^^^^
oraphie, von D« A. L.nwm; herausgegeben von S. Calvary und C . Be.-
îin, Verlag von S. Calvary und C'\ 1899; i br. in-8°.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands- A ugustins, n" 55.
)epD 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de. l'année, deux relûmes in-4'. Deui
lies ine par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
)art ( i" janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
1
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moh ''err.
•I. .
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chez Messieurs :
Ferryn frères.
( Chaix.
Jourdan.
JRufr.
Courtin-Hecquet.
( Germain etGrassin.
I Lachèse.
Jérôme.
Jacquard.
' Feret.
Laurens.
Muller (G.).
Renaud.
Derrien.
F. Robert.
J. Robert.
Uzel frères.
Jouan.
Perrin.
Henry.
' Marguerie.
I Juliot.
Ribou-Collay.
I Lamarche.
Ratel.
'Rey.
( Lauverjal.
( Degez.
( Drevet.
I Gralier et C'v
e Fouclier.
If Bourdignon.
( Doinbre.
j Thorez.
I Quarré.
chez Messieurs :
I Baunial.
' M"" Texier.
Bernoux et Cumin
\ Georg.
, Côte.
Sav-y.
Ville.
Marseille Ruai.
^ Calas.
' Coulet. ,
Martial Place.
/ Jacques.
Nancy Grosjean-Maupin.
' Sidol frères.
f Loiseau.
\ Veloppè.
j Barma.
' Visconli et G'*.
Nimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
1 Blanchier.
'^°'"*" j Marche.
Rennes Plihon et Hervé.
Bochefort Girard ( M"" )
( Langlois.
( Leslringant.
S'-Élienne Chevalier.
( Ponleil-Burles.
) Rumébe.
1 Gimcl.
( Privai.
, Boisselier.
Tours j Péricat.
' Suppligeon,
î Giard.
( Lemaitre.
Lorient.
Lyon.
Montpellier .
Moulins.. ..
Nantes
Nice.
Bouen.
Toulon .
Toulouse..
Valenciennes..
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam.
chez Messieurs :
1 Feikema Caarelsen
i et C'v
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
i Asher et C".
Berlin.
1 Dames.
' " ' , Friedlander et (ils.
' Mayer et Millier.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanichelli.
) Laniertin.
Bruxelles Mayolezet Audiarle.
f Lebégue et G'*.
Buc/iarest.
j Solcheck et C°.
I Slovck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighlon, BelletC»
Christiania Cammermeyer.
Conslantinople. . Otlo Keil.
Copenhague Hôsl et fils.
Florence Seeber.
Gand Hosle.
Gêneé Beuf.
, Cherbuliez.
Genève Georg.
( Slapelmohr.
La Haye.
Lausanne.
Leipzig-
Liège
Beliafanle frères.
I Benda.
' Payol.
Barth.
\ Brockhaus.
. Lorentz.
I Max Rube.
Twietmeyer.
1 Desoer.
I Gnusé.
chez Messieurs :
i Dulau.
i-ondres Hachette et C'v
'Nutt.
Luxembourg. ... V. Biick.
ÎLibr. Gutenberg.
Romo y Fussel.
Gonzalès e hijos.
, F. Fé.
Milan .
Naples .
( Bocra frères.
\ Hœpli.
Moscou Tastevin.
Marghieri di Gius.
Pellerano.
( Dyrsen et Pfeiffer.
Neiv-rork Stechert.
' LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et G'"
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés et Moniz.
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro Garnier.
„ i Bocca frères.
Bome , ,
( Loescheret C".
Botterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
) Zinserling.
) WolfT.
Bocca frères.
Brero.
Clausen.
RosenbergetSellior.
Varsovie Gebelhner et WollV
Vérone Drucker.
1 Frick.
Vienne « . . . . j - , . . „,
( Gerold et C".
ZUrick Meyer et Zeller.
S'-Petersbourg.
Turin.
lk\ ES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes l" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.- (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre iSSo.) Volume iu-4''; 1889. Prix 15 fr.
IDP.ÉMENT AUX COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
jel.lémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DERBÉset .\.-J.-J. Solier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbation» qu'éprouveotles
tts, r M.HiNtEN.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phéQomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
»! P M. Claude Bernabd. Volume in-4°, avec 32 planches; i856 15 fr.
>e I ; Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. V*n Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Acadéiuie des Sciences
le c cours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
itai i, suivantl'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée.— Rechercher la nature
rap.rts qui existent entre l'étatactuel du règne organique et ses états antérieurs ., par M. le Professeur Bbonn. ln-4% avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
1 m 16 Librairie les Mémoires de PAcadémie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
W 4.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 24 juillet 1899.)
MÉMOIRES ET COMMUiMCATIOXS
DES MEMBlUiS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. le SiîunÉ'iAuiE PEKPKiUKLannonce à l'Aca-
démie que le Tome CXXVII des Comptes
rendus (2' semestre i8()8) est en ilistii-
biilion au Secrétariat "1 ■
Pages.
M. Armand Gautikr. — Présence de l'iode
en proportions notables dans tous les vé-
gétaux à chloropliyllc de la <lasse des
AIl'Ucs et dans les Sulfuraires i'M
!»IEMOIRES LUS.
M. le l>' V.. \ lUAL donne lecture d'un Mémoire « Sur la fcrirrerilalion des vins
MEMOIRES PRESSATES.
M. Eugène Fournier adresse un Mémoire
intitulé: " Ri-i-lierrlips sur \,\ rléxinfi-'-t ion
par l'aldéhyde forniiqui- : formacétonc
CORRESPOND AIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Corrr^pon-
dance, un article de M. Clennoiil-
Ganneau, inséré dans la fievue archéolo-
gique, et relatif à un vase de terre cuite,
du VI' siècle avant notre ère
M. N. Saltykow. — Sur la théorie des
équations au\ dérivées partielles
M. Kdmomi Maillet. — Sur les équations
indéterminées de la forme x'- -\- y'- = ce"'.
M. A. Demollix. — Sur une correspon-
dance entre deux espaces réglés . . .-
M. \V. DE .Nikolaieve. — Sur le champ ma-
gnétique à l'intérieur d'un cylindre creux
paicouru par un courant
M. K. BoUTY. — Sur la cohésion diélec-
trique des gaz raréfiés
M. M. Arraiiam et J. Lemoine. — Disparition
instantanée du phénomène de Kcrr
M. A. HEColinA. — Sui les étals isomé-
riques de l'acétate chromiquc. Acétate
normal. .\cétale anormal violet mono-
acide
M. Paul Sahatier. — Sels basiques mixtes
argcnto-i uivriques
M. M. LLiDtE. — Sur la purification de l'iri-
dium..
M. L. Brizard. — Sur un azotite double de
ruthénium cl de potassium
MM. KuDoix et Oalthiku. — Sur les pro-
priétés réductrices du bore et de l'alumi-
nium
M. .\nurê Klixo. — Oxydation du propyb
BULLEri.N BlDUIUOTAPHIOUi:
H,,-)
■Ç)8
500
20a
204
206
■.!08
!l6
glycol par l'eau de brome
M. Emile Leroy. — Sur quelques alcaloïdes
de l'opium
M. OECHSNER DE CoNiNCK. — Sur l'éliminà-
lion de l'azote et du phosphore chez les
nourrissons
M. lî. Lespieau. — Sur l'acide dichloro-3.:'|-
butanoique ■ —
M. A. Mouneykat. — Action du brome sur
le bromure d'isobutyle en présence du
bi'omurc d'aluminium anhydre et du
chlorure d'aluminium •
iMM. Em. BourqleloT et H. IIÉRLSSEY. —
Sur la composition de l'albumen de la
graine de raroubier; production de galac-
tose et de manuose par hydrolyse
MM. L. Camls et E. (Iley. — Expériences
concernant l'état réfractaire au sérum
d'anguille. Iiiiiuunilé cytologique
M. L. Camus. — Recherches expérimentales
sur une agglutinine produite par la
glande de l'albumen chez Vlielia: pomatia.
M.M. BÉcLÉRE. CiiAMUûN, Menaud et Cou-
lomb. — Transmission intra-utérine de
l'immunité vaccinale et du pouvoir anti-
virulent du sérum
MM. Causard. — Sur la respiration bran-
chiale chez les Uiplopodcs
M. W. KiLL\N. — Sur les brèches éogènes
du Briançounais
MM. Charbonnier et Galy-Aché. — Sur
un bathymélre fondé <nr l'oToploi .1,
cylindres crushers
"9
22^
•I'
P\RIS. - IMPIUMËKIE OAUTHIKU-VtLI.AKS.
Quai des Grands-.\ugustins, :':■
Î.ÈÎLl
1899
SECOIVD SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR ITI.U. liES SECRÉTAIRES PBRPÉTUEEiS'
TOME CXXIX.
N"5 (31 Juillet 1899).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIM KUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET l!\ MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
ïl y a deux volumes par année.
Article l•^ — Impressions des travaux de l^ Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou oarunAssociéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus /j pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impre^ion de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu c^nt ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, (ks Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion, \
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs MéKoires par KM. les Secrétaires perpétuels sont priés
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui procède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance s'
Lés Programmes des prix proposés par l'Aca
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais le
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séan<
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savi
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des per;
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'
sumé qui ne dépasse pas 3 pages. \
Les Membres qui présentent ces Mémoire
tenus de les réduire au nombre de pages reqi
Membre qui fait la présentation est toujours m
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet!
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils
pour les articles ordinaires de la correspondani
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être r
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus l
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à '■
le titre seul du Mémoire estinséré dans le Comptt
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rem
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais à
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rappc
les Instructions demandés par le Gouvernemei
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrât!
un Rapport sur la situation des Comptes rendus
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution d
sent Règlement.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 31 JUILLET 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TlEGHExM.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
M. le Secrétaire perpétui'X annonce à l'Académie la perle qu'elle vient
lie faire dans la personne de M. Rieggenbach, Correspondant pour la
Section de Mécanique, décédé à Olten (Suisse), le 25 juillet 189g.
THERMODYNAMIQUE BIOLOGIQUE. — Thermogénèsc et dépense énergétique
chez l'homme qui élève ou abaisse son propre poids. Le travail positif prend
de la chaleur au moteur animé qui exécute ce travail; le travail négatif lui
en donne; par M. A. Cuauveau.
« Ceci est la réalisation du programme que je m'étais tracé, il y a deux
ans et demi, dans mon Étude critique des expériences de Hirn sur la Thermo-
C. K., 1899, 2- Semestre. (T. GXXL\, N" 5.) 33
( 25o )
dynainicjue dans les êtres vivants ('). Hirn, de son propre aveu, n'avait pu
établir que, en conformité des lois de la Thermodynamique générale, le
travail positif des êtres vivants leur prend de la chaleur et que le travail né-
gatif exécuté par eux leur en donne. L'échec de la très importante tenta-
tive de Hirn tenait en partie à son ignorance des choses de la Physiologie,
mais surtout à ce que les lois du travail physiologique des muscles et de la
dépense énergétique qu'entraîne ce travail étaient alors entièrement
inconnues. Les déterminations auxquelles je suis arrivé en ce qui concerne
ces lois contiennent virtuellement la solution vainement cherchée par
Hirn. Mais elle ne se dégage pas avec une netteté qui permette de se dis-
penser d'une démonstration directe. Je me suis appliqué à obtenir cette
démonstration avec une ténacité que les difficultés de l'entreprise n'ont pas
réussi à décourager.
» Ces difficultés n'ont pu être écartées toutes. Néanmoins, les expé-
riences déjà faites se sont prononcées unanimement dans le sens des lois
de la Thermodynamique et de la dépense énergétique entraînée par le tra-
vail physiologique des muscles. L'accord de ces lois avec les résultats
obtenus atteint une très satisfaisante approximation. Quand les conditions
expérimentales seront suffisamment améliorées, cet accord ne laissera
certainement plus rien à désirer. En attendant, il y a lieu de soumettre
aux mécaniciens et aux physiologistes les excellents résultats constatés
dans les premières expériences (^).
» Le but à atteindre et les moyens d'y arriver. — On veut, à l'exemple de Hirn,
savoir si le travail poûl'ii prend de la chaleur à l'homme qui élève son propre poids
el si le travail inverse, c'est-à-dire le travail négatif accompli par le sujet dans la
descente, lui donne au contraire de la chaleur. Pour se renseigner, il faut déterminer
et comparer : i° la production de chaleur et la dépense énergétique qu'entraîne le
tra\ail d'ascension, suivant que l'énergie représentée par le travail mécanique est ou
n'est pas détournée de l'enceinte où s'accomplit ce travail; 2° la production de chaleur
et la dépense énergétique inhérentes au travail de descente.
» Dispositif pour l'exécution du travail d'ascension ou de desc'knte. — Le prin-
cipe en a été indiqué ailleurs (^). Ce dispositif se compose de deux roues de Hirn, de
3™ de diamètre, exactement semblables et fixées sur le même axe, qui les maintient
étroitement conjuguées. L'une est dans un grand calorimètre à rayonnement; l'autre,
( ') Archives de Physiologie normale et pathologique; janvier et mars 1897.
(") Ces expériences ont été faites avec le concours de M. Tissol.
(") Loc. cit.
( 25i )
en dehors des enceintes de ce calorimètre. Le travail d'ascension peni se faire à
volonté sur celle-ci ou celle-là. Quant au travail de descente, il est toujours exécuté
sur la roue intérieure, pendant qu'un autre sujet, un peu plus lourd, fait du travail
positif sur la roue extérieure. Une sonnerie électrique, actionnée par un bon métro-
nome, permet de régler le rythme des mouvements et de les harmoniser.
» Si un sujet se meut seul sur une roue, en faisant du travail positif, son équilibre,
sur cette roue en mouvement uniforme, est obtenu grâce au serrage d'un frein, qui est
un des organes les plus importants du système. Il se compose d'une bande d'acier,
doublée d'une bande de cuir, enveloppant complètement la circonférence de la roue.
La résistance qu'il oppose au mouvement de celle-ci crée delà chaleur qui représente
le travail mécanique détruit. Comme ce frein peut être placé à volonté soit sur la
roue extérieure, soit sur la roue intérieure, la chaleur qu'il développe, c'est-à-dire la
valeur même du travail mécanique, peut être à volonté comprise ou non dans le
bilan thermique du sujet.
» Mesure directe de la chaleur produite. Calorimètre. — L'appareil employé à
cette mesure est un calorimètre à rayonnement, à air confiné, avec parois métalliques
et dont l'intérieur est éclairé par deux vitres.
» La capacité de l'appareil permet à un homme de 5o''6 d'y travailler sans gêne pen
dant deux ou trois heures. Il se compose de deux parties : i° une partie principale où
l'homme se tient debout sur la roue, à l'une des extrémités de son diamètre horizontal ;
2° un diverticule étroit, en partie creusé dans le sol et occupé par la roue. Il y a là
des conditions défectueuses; mais le local dont je pouvais disposer ne permettait pas
de les écarter.
» Ce calorimètre est placé dans une première enceinte, à parois en bois et verre, de
82""= environ de capacité, occupant le centre d'une vaste pièce, en demi-sous-sol, qui a
été aménagée dans l'une des régions du laboratoire où la température varie le moins
et où sont rassemblés mes divers calorimètres.
» Un bon ventilateur électrique, placé en haut de la partie principale du calori-
mètre, à proximité du point où elle s'abouche avec la partie annexe, entretient l'air en
mouvement perpétuel, en sorte que la température du calorimètre tend à s'y égaliser,
quoiqu'elle reste toujours un peu moins élevée dans les parties basses.
» Ce ventilateur introduit une cause de perturbation dans les mesures thermiques.
En effet, le courant qui le met en marche produit environ 6 ou 7 calories à l'heure.
Ces calories s'ajoutent nécessairement à celles qu'engendre le système de chauffage
consacré à l'étalonnage ou le sujet qui travaille.
» Enfin j'indiquerai l'existence de deux ouvertures, à fermeture hermétique : l'une
au bas de l'une des faces de la partie principale, pour l'introduction du sujet dans l'ap-
pareil; l'autre, à l'opposé, sur le plafond de la partie annexe. Cette dernière ouverture
peut être mise en communication avec un large conduit de tôle, qui introduit dans la
caisse du calorimètre l'air extérieur poussé par un ventilateur spécial, pour renouveler
la masse gazeuse de l'intérieur de l'appareil, après chaque expérience.
» L'étalonnage du calorimètre et ses difficultés. — Un tel calorimètre ne peut
être étalonné qu'à l'aide du chauffage électrique, et encore y renconlre-t-on certaines
difficultés. La roue à échelons est en bois un peu massif, ainsi que la carcasse |de la
( 232 )
caisse. Aussi, quoique la tôle des parois de celle-ci soil extrêmement mince, l'appareil
présente-t-il, en raison de ses dimensions, une certaine inertie, qui ne permet pas la
mesure exacte des petites quantités de chaleur. De plus, la partie des parois qui est
formée par le sol prend de la chaleur qui est perdue pour le rayonnement dans l'en-
ceinte extérieure. Ce serait sans inconvénient si la température du sol était toujours
la même et surtout s'il existait toujours le même rapport entre cette température et celle
de l'air ambiant. Mais il n'en est rien. On évite les perturbations qui en résulteraient
pour les mesures calorimétriques en répétant l'étalonnage à chaque expérience et en
intercalant celle-ci entre deux des chauffages électriques destinés à cet étalonnage. Ce
n'est pas une grosse complication, car on serait obligé de toute façon au chauffage
préalable de l'appareil pour amorcer l'expérience et en raccourcir la durée le plus
possible. En entrant dans l'appareil, le sujet déplace les spires chauffantes (au nombre
de deux) et se substitue à elles. Il les replace, avant de sortir, pour un nouvel éta-
lonnage de valeur plus élevée.
» Mesure de la dépense énergétique entraînée par les travaux physiologiques du
sujet, d'après l'oxygène absorbé dans les échanges respiratoires. — Cette opération
aurait pu être faite dans les expériences consacrées à la mesure de la chaleur produite.
Mais diverses considérations ont poussé à déterminer les échanges respiratoires dans
des expériences spéciales, où l'on recueillait l'air expiré avec l'appareil Tissot. La pré-
cision de son fonctionnement permet, du reste, de compter sur l'exactitude absolue
des déterminations tirées de l'analyse des échantillons d'air obtenus avec cet appareil.
La récolte en était faite trois fois, pendant deux minutes, au début, au milieu et sur-
tout à la fin de l'expérience. Avec le calorimètre à rayonnement, en effet, les indica-
tions thermogénétiques sont celles de la dernière partie du travail : il est indispen-
sable de les comparer exclusivement avec les indications de dépense énergétique
répondant à cette même dernière partie du travail.
» Conformément aux principes établis, l'évaluation de la dépense énergétique a été
faite d'après le taux de l'oxygène absorbé et le nombre de calories qui correspond à
celte absorption. Dans les conditions où se trouvait le sujet d'expérience, le glycogène
consommé par le travail musculaire provenait surtout de la transformation des
réserves graisseuses, en sorte que celles-ci pouvaient être considérées comme se brû-
lant directement pour alimenter le travail musculaire en énergie. D'où l'adoption du
chiffre de 4':'",6 par litre de O^ absorbé. C'est un chiffre sûrement un peu faible. Mais
on ne risque rien à s'en servir, étant donné que les expériences ont pour but d'obtenir
des valeurs comparatives, plutôt que des déterminations absolues.
» Le sujet d'expérience et son travail. — Ce sujet est âgé de 22 ans, maigre, de
petite taille, du poids moyen de Soi's. H était parfaitement dressé au travail qu'on lui
demandait d'exécuter sur la roue. Surtout il savait y accomplir ses mouvements d'une
manière absolument symétrique pendant la montée et pendant la descente, en sorte
que le poids de son corps était continuellement soutenu de la même manière par les
muscles dans les deux cas.
.. Toutes les expériences ont été faites le sujet étant à jeun depuis seize heures au
moins. Les mouvements étaient réglés de manière que la roue faisait uniformément
80 tours a 1 heure. Cette roue ayant 3" de diamètre, si le sujet avait pu faire passer
( 253 )
son centre de gravité exactement par la tangente perpendiculaire au rayon horizontal,
il aurait accompli en une heure : (3, i4 X 3 x 80 X 5o) = 3768o''e'", équivalant
à SBC"', 8.
» Mais les marches latérales sur lesquelles se faisait l'appui du sujet ne recevaient son
centre de gravité qu'à 126™™ de la circonférence, ce qui diminuait le parcours et ré-
duisait le travail à 3454o''S"', soit 81'^='', 27. Évidemment, il ne se produit, dans l'expé-
rience, que la dépense énergétique nécessaire à l'exécution de ces SSgia''^™.
» D'autre part, ces 3391 2''8" ne peuvent pas reparaître intégralement en chaleur,
quand on les exporte hors du calorimètre. En effet, le serrage du frein, qui permet
de les recueillir sous cette forme à l'extérieur de l'appareil, ne doit pas être poussé
jusqu'à l'équilibre exact des 5o''s que pèse le sujet. Une partie de ce poids est em-
ployée à mettre le sjstème en mouvement. On l'a déterminée empiriquement. Elle est,
au minimum, de S''?, 55o quand le système est chargé. Tenons-nous à ce chiffre : il
en résulte une réduction à 75*^^', 56 de la chaleur exportée hors du calorimètre.
» Enfin, une autre cause de réduction est encore à signaler. La résistance du frein
sur la roue s'exerce partout à l'extrémité des rayons de celle-ci. Il n'en est pas de
même de la puissance qui équilibre cette résistance dans le mouvement uniforme im-
primé à la roue. Ce n'est plus à l'extrémité d'un rayon de i",5o que le poids du sujet
est appliqué. Ce rayon est diminué, d'une part, de i25™™; d'autre part, le corps du
sujet restant toujours plus ou moins au-dessus de la ligne horizontale qui passe par
l'axe du système, le moment de la force qui équilibre la résistance périphérique s'en
trouve encore diminué. En définitive, on ne saurait évaluer à moins de -^ la réduction
du bras de levier de la puissance par rapport à celui de la résistance et l'amoindrisse-
ment qui en résulte pour la valeur de cette résistance représentée par le frottement
du frein. Ceci fait que le maximum de chaleur que peut produire l'exportation, hors
du calorimètre, du travail mécanique exécuté dans cet appareil par le sujet ne s'élève
guère qu'à 68^^^'.
» Déterminations calorimétriques. — Elles ont été faites dans les con-
ditions suivantes : 1° travail positif dans le calorimètre et frein serré sur la
roue intérieure; 2° travail positif dans le calorimètre et frein serré sur
la roue extérieure; 3° travail négatif dans le calorimètre; 4° enfin, travail
positif sur la roue extérieure et frein serré sur la roue intérieure.
» Expériences de la série 1. — Traçait positif dans le calorimètre. Frein serré
sur la roue intérieure. — Ces expériences sont au nombre de quatre :
Résultats bruts : n" 1 261 calories à l'heure
n" 2 266 »
n° 3 263 »
n" 4 263 »
Moyenne 263 «
( 254 )
» L'uniformité de ces résultats est extrêmement remarquable. Elle lient sans doute,
au moins pour une bonne part, à ce que le sujet peut régler lui-même à la main le ser-
rage du frein, quand il est averti, par l'accélération qu'il est obligé d'imprimer au
rythme de ses mouvements, que le frein a été détendu.
» Expériences de la série II. — Travail positif dans le calorimclre. Frein serré
sur la roue extérieure. — Ces expériences sont au nombre de cinq :
Résultats bruts : n° 1 196 calories à l'heure
n° 2 201,6 »
n" 3 192,6 »
n" 4 196 »
n° 5 210 »
Moyenne. ... 199 »
» Ces résultats sont moins uniformes que les premiers. Ceci tient sans doute à ce
que l'entretien de la tension du frein ne pouvant se faire que sur les indications du
sujet renfermé dans le calorimètre, elles ne sont pas toujours rigoureusement suivies.
En tous cas, les résultats, malgré leurs écarts, n'en sont pas moins tous concordants.
Comparés aux précédents, ils montrent que le travail positif, exporté hors du calori-
mètre, enlève à celui-ci :
263t-^'— i99'-^it=64P>'.
» Le chiffre théorique du déficit, indiqué par nos calculs ci-dessus,
est de ôS*^"'. Et encore doit-on le considérer comme un peu forcé. Tous
ceux qui connaissent ou soupçonnent les difficultés de pareilles expé-
riences conviendront du soin qui a dit être apporté à la construction de
l'outillage et à l'exécution des expériences, pour qu'une telle approxima-
tion ait pu être obtenue. D'après ce résultat, non seulement le travail positif
exécuté par un moteur animé lui prend de la chaleur, mais cette chaleur est,
de plus, équivalente au travail mécanique produit.
» Expériences de ia série IFI. — Tra^'ail négatif dans le calorimètre par un sujet,
pendant qu'un autre sujet fait du travail positif sur la roue extérieure. — Ces
expériences sont au nombre de quatre :
Résultais bruts : n» 1 i65 calories à l'heure
n" 2 162 ))
n" 3 i65,6 »
n" 4 187,2 (?) »
Moyenne 170 »
( 255 )
» Ainsi, dans ces expériences sur le travail négatif, la thermogénèse est
toujours inférieure à celle qui résulte du travail positif (expériences de la
série II) dans la proportion de 170 : i99 = o,85'|. Or, celte même infé-
riorité s'est montrée constamment dans les expériences thermométriques
que j'ai faites en nombre si considérable sur le biceps brachial ou le triceps
crural, pour comparer réchauffement excité par les travaux positif et
négatif, symétriques, exécutés exactement dans les mêmes conditions. On
ne saurait donc douter que la différence constatée dans les expériences
therraogénétiques actuelles ne représente un fait physiologique parfaite-
ment normal. Il n'y a pas à insister autrement sur cette question de fait.
On n'en peut tirer directement aucune indication sur le point de savoir si
le travail négatif donne de la chaleur au moteur animé qui l'exécute. La
solution n'apparaîtra que quand on aura pu mettre en présence la chaleur
constatée dans le calorimètre et la chaleur calculée d'après la dépense
énergétique indiquée par les échanges respiratoires.
» Expériences de la série IV. — Travail positif sur la roue extérieure, avec frein
sur la roue intérieure. — Ces expériences avaient pour but d'évaluer directement en
calories la valeur du travail mécanique exporté. Théoriquement cette valeur aurait
dû approcher de 68*^"'. Jamais ce chiflTre n'a été atteint, ni même celui de 64*^"'. La
chaleur engendrée dans ce cas par le frein à l'intérieur du calorimètre a toujours oscillé
entre Sô*^"' et ôi*^"'. Le déficit tient aux causes ci-devant indiquées. On ne peut guère
compter, en effet, sur l'exactitude du rendement thermique de l'appareil qu'à partir de
loo'-*'. Le renseignement demandé à ces expériences n'est, du reste, pas indispensable
aux solutions cherchées ici.
» Déterminations de dépense énergétique. — Les mesures thermogé-
nétiques dans le cas des expériences I et II suffisent à démontrer que le
travail positif prend de la chaleur au moteur animé qui l'exécute. On ne
saurait se passer de la détermination de la dépense énergétique et de la
chaleur déterminée par cette dépense, pour démontrer que le sujet pro-
ducteur de cette chaleur y ajoute celle qui est en provenance du travail
mécanique détruit par ce sujet dans son mouvement de descente. Les dé-
monstrations relatives au travail positif lui-même n'ont, du reste, qu'à
gagner à cette détermination de la dépense énergétique.
» 11 s'agit là d'expériences faciles, qui peuvent être répétées très souvent. Je n'en
ai que trois à présenter pour le moment, car je me réserve de les multiplier plus tard,
en y introduisant des conditions nouvelles, en vue d'étudier un certain nombre de
points particuliers. Mais les résultats de ces trois expériences peuvent être donnés ici
( 256 )
comme représentant à peu près les faits habituels de l'état normal. On les a traduits
dans le Tableau suivant :
Travail positif. Travail négatif.
C.
A. B. C. A. B. Consommation
0-, consommé O-, consommé Consommation de 0% consommé 0% consommé de
en en 0% transformée en en O^ transformée
Expériences, deux minutes. uneheure. en calories. deux minutes. une heure. en calories,
lii lil Cal m lii Cal
1 i,8i3 54,390 250,194 0,910 27,300 125, 58o
2 1,753 53,590 241,914 0,879 26,370 121, 3o2
3 2,020 60,600 278,760 0,941 28,230 129,858
Mo} . . 1,862 55,860 256,956 0,910 37,800 125, 58o
» Ainsi les colonnes C nous montrent que les consommations de poten-
tiel, sous l'influence des travaux physiologiques de l'économie animale,
chez l'homme qui élève son poids ou qui l'abaisse, sont entre elles dans le
rapport de 259 : i25 = 2,o56. Le travail positif, dans ce cas particulier, a
donc exigé une dépense énergétique qui dépasse de plus du double celle
du travail négatif. C'est la confirmation des principes exposés dans mes
publications antérieures, sur la grosse épargne de dépense que peut impli-
quer l'exécution du travail négatif comparé au travail positif correspon-
dant. On ne saurait, il est vrai, faire avec les éléments de ces expé-
riences des comparaisons bien fructueuses entre la dépense théorique et la
dépense réellement effectuée. Mais c'est une question qui n'est pas en jeu
actuellement. Il s'agit de savoir purement et simplement si la chaleur de
combustion du potentiel équivaut ou non à la chaleur réellement consta-
tatée dans les expériences de thermogénèse II et III. Les rapprochements
établis dans le paragraphe suivant renseignent sur ce point avec une pré-
cision qui ne laisse rien à désirer.
» Rapport de la thermogénèse avec la consommation du potentiel dans les
cas de travail positif et de travail négatif correspondants. — Mettons en pré-
sence la chaleur réellement constatée et celle qui répond à l'o.xygène
absorbé dans la combustion du potentiel. Pour faire cette comparaison
avec le plus d'exactitude possible, il est nécessaire de défalquer de la
chaleur constatée dans les expériences celle qui a été produite par le cou-
rant moteur du ventilateur et qui a eu, dans tous les cas, sans exception,
( 237 )
la même valeur, soit environ 6^"'. Le Tableau suivant résume 1res simple-
ment les résultats de la comparaison :
1.
H.
ai.
Travail positif
Travail positif
Travail négatif
avec frein dans le
avec frein hors du
dans le
calorimètre.
calorimètre.
caloriinèlre.
,257C^"
iç,^'^-''
l64Cal
A. Nombre moyen de Calories ]
représentant la mesure réelle
de la thermogénèse '
B. Potentiel mojen consommé, i
Evaluation en Calories d'après > 257*^-'' 257'^"' laS'-''
l'oxygène absorbé )
„ „ . t . D 2.57 iq3 . 164 ,
C. napporl A : B —^ =; i ,000 —5— ^ 0,7.^ 1 — ;r = 1,012
•^ 2.57 207 120
» Ainsi, clans le cas du travail positif avec frein dans le calorimètre, le
rapport A : B peut être égal à l'unité. Il lui est inférieur dans le même cas
de travail positif, si le frein exerce son action sur la roue extérieure. Enfin
ce rapport est supérieur à l'unité quand il y a travail négatif. Les ensei-
gnements cpii résultent de ces constatations sont tellement nets qu'ils se
dégagent d'eux-mêmes. Néanmoins, je crois devoir les formuler dans les
conclusions suivantes :
M Conclusions. — i" Quand un calorimètre recueille toute la cha-
leur créée pendant le travail d'un sujet qui élève son propre poids, cette
chaleur possède la valeur théorique de celle qui résulte de la consommation
du potentiel employé à l'exécution des travaux physiologiques intérieurs;
» 2° Quand le travail mécanique du sujet qui s'élève est exporté au
dehors, la chaleur constatée au calorimètre est inférieure à celle qui y est
réellement produite par le sujet. Le travail positif extériorisé a donc em-
prunté à ce dernier la chaleur qui lui manque;
» 3° Quand le sujet accomplit du travail négatif dans le calorimètre, la
production calorique est très supérieure à celle que comporte les com-
bustions intérieures qui alimentent en énergie les travaux physiologiques
de l'organisme. Donc le travail mécanique qui est détruit dans la descente
du sujet ajoute la chaleur qu'il représente à celle qu'engendre le sujet
lui-même;
» 4° En résumé, on ne saurait douter que le travail positif ne prenne
de la chaleur aux moteurs animés qui l'exécutent et que le travail négatif
C. R., 189.). -i' Semestre. (T. C\.\I\, N" 5.) 34
( 258 )
ne leur en donne. On ne saurait guère douter davantage, malgré les
écarts qui se sont manifestés dans les expériences entre les valeurs prévues
et les valeurs constatées, que la chaleur prue ou rendue ne soit équiva-
lente au travail mécanique produit ou détruit. »
BALISTIQUE. — Sur la loi des pressions dans les bouches à feu.
Note de M. E. Vallier.
« La formule que j'ai communiquée à l'Académie (séance du 29 mai
dernier) sur la loi des pressions dans les bouches à feu, lorsque l'on con-
naît seulement la vitesse initiale du projectile et la pression maximum
enregistrée à la culasse, ne peut, comme je l'indiquais d'ailleurs, être
considérée que comme une approximation : les données du problème sont,
du reste, en trop petit nombre pour que l'on puisse espérer davantage.
» Il est à prévoir que la durée 0 du développement de la pression sera
toujours ainsi évaluée à une trop faible valeur. Mais, quoi qu'il en soit,
cette expression conduit à des résultats suffisamment approchés pour être
utilisés : aussi ai-je cru devoir étudier à nouveau le moyen d'en tirer parti
rapidement.
» Je rappelle que la formule fondamentale est
(l) P=.a>P„-^e"^=coP„P(,.),
OÙ P désigne la pression, évaluée en kilogrammes par centimètre carré, à
l'instant /, P„ la pression maximum enregistrée à la culasse, 0 l'instant de
cette pression, l'origine des temps étant fixée au moment où le projectile
commence son mouvement; enfin, z le rapport--
» Soient m la masse du projectile, u' sa vitesse en mètres et u l'espace
parcouru, en mètres également, à l'instant /; o la section droite de l'àme
en centimètres carrés. Soient, en outre, u^ et «„ la vitesse et l'espace à
l'instant du maximum de pression pour lequel s := i, et enfin U', U et Z
les vitesse, espace et valeur de s à la bouche de la pièce.
» Désignons enfin par a le rapport
(a) a=:2coP„U :/nU'-
( 259 )
de la pression maxitiiuin a la pression constante qui, dans le même par-
cours, communiqvzerait au projectile la vitesse U'. Ce facteur a peut s'ap-
peler le coefficient de fatigue dans le tir considéré.
» L'application des formules données dans la Note précédente conduit
aux diverses expressions énoncées ci-dessous, lesquelles permettent de
tracer suffisamment les courbes des divers éléments, soit en fonction des
temps, soit en fonction des espaces :
(3) 6 = :^X0(a),
(4) M„=Ux<l>(a), <l.(x)=^,
(5) «„=U'xF(a). F(«)=^.
» Ayant ainsi calculé les éléments du point du maximum de pression, le
Tableau ci-dessous donne ceux d'un nombre de points suffisants pour le
tracé des courbes en question :
"■" 9'
0.
I.
1,35.
I ,DO.
1, Ô93J (',).
2,00 (=).
3,011,
Z(^).
u
0
"o
2 , I «/„
2,7 Mo
3,i3«o
5,22M(|
I 2 , 08 «0
U
u'
o
"i,
1 ,!\hu'„
i,685i/;
1,81 «;,
2,25«;
3,07 «'„
U'
P{z)
o
1
0,95
0,91
0,88
0,736
0,/406
P(a)
d?{z)
dl
2,7i83
e
o
0,2/47
6
o,3o3
6
0,3275
6
0,368
e
0,271
6
I — Z P(a)
Z 6
d¥(z)
du
+ 00
o
0,067
"0
0,0709
"0
0,0712
"0
0,064
«0
o,o35
"0
1 — Z P(a)
Z U0(a)
» Il est généralement admis de prendre pour le coefficient a la valeur
définie par l'équation (2). Mais il est plus conforme à la théorie comme à
l'expérience de remplacer dans cette formule la masse m du projectile par
w -4- -, p. étant la masse de la charge de poudre.
» A titre d'exemple, je donne ci-dessous une application de la méthode
à des expériences ex-écutées en Russie par M. Zaboudski, sur un canon de
(') Point d'inflexion de la courbe des pressions en fonction des espaces.
(^) Point d'inflexion de la courbe des pressions en fonction des temps.
(^) A la bouche de la pièce.
( 26o )
l\i lignes (io'"',5), avec des j)rojectiles de divers poids et des poudres de
diverses natures.
Poids de la charge i''*,S95 i''i=,(i57 ■''^,417 l'B.Sgj l's.SgS a'^.SSo 2'b,65o 2''P,i86 i^'-.-o'^
Poids des projectiles iSi^eiBoo i6''8,3oo iG'k.Soo i4''B,35o iî'SjSoo i6''8,3oo le'ejSoo i6''«,6oo i6''S,3oo
Vitesse initiale
Pression à la cuhissr
o
Pression à la bouche (calculée).. . .
Id. (observée) . . .
Id. et compensée .
547°
5o5"
456-
568"
597"
598"
598°
562"
562"
I722''B
i39o''«
io45''«
lôseï-»
i389'^B
■794'^
i7i6i'«
1731'^!
i764''5
1 ,853
i,8o5
1,715
r ,761
T,7i5
1,66
1,54
i,8i5
1,84
00244
0', 00274
0", 00326
D'jOOîSg 0% 002 5g 0', 00260
0', 00289 o',oo2'|5 0", 0023g
3i4
3i8
272
372
36i
5o5
566
365
378
.333
343
3ii
3i3
3i8
»
»
.33 1
328
3o9
274
261
3i5
336
5o4
570
36',
363
» Dans ces exemples, le paramètre a a été calculé en tenant compte de
la demi-masse de la charge, comme il est dit plus haut.
» Ainsi simplifiée, la méthode me semble susceptible d'applications pra-
tiques ; pour les faciliter, je donne ci-dessous des Tables sommaires des
différentes fonctions du paramètre a entrant dans les formules et Tableaux
qui précèdent : elles sont suffisantes pour traiter tous les cas oîi le phéno-
mène se produit dans des conditions normales.
a.
z.
P(;) ou P(a).
H (a).
•l-(I)-
> (Vi).
1 ,3
2,3o
0,627
0,915
0, i4 1
0,394
>,3
2 , 63
0 , .5 1 .5
0,766
0, 108
0,357
l..',
2,9''-
0,427
0 , 667
0,087
0,333
1 ,.5
3,, 8
o,36o
0,593
0 , 074
0,319
1,6
3,4o
0 , 3 08
0,540
0 , o65
o,3ii
1 ,7
3 , 62
0,264
0,497
o,o58
o,3o3
1,8
3,83
0,227
0 , 460
0 , o53
0,296
'-9
4,o3
0,19.5
0,427
o,o48
0,290
■2,0
4,23
0,168
0,398
o,o44
0,285
■.î,i
4,42
0, 145
0,374
o,o4i
0,281
2,2
4,60
0, 126
0,353
0,039
0,278
2,3
4,78
0,109
0,335
0,037
0,276
2,4
4,95
0,095
o,3i9
o,o35
0,275
3,5
5,11
0,084
o,3o6
o,o33
0,274
■^,6
5,27
0,074
0,293
0,001
0,270
•■^.7
5,43
o,o65
0,281
o,o3o
0,272
2,8
5,59
0,057
0,270
o,o«9
0,271
'-.9
5,7.5
o,o5o
0,259
0,027
0,270
3,0
5,80
0,044
o,25o
0,026
8,269
( 2^1 )
PHYSIOLOGIE AMMALE. — Imprégiialion hypodermique chez /'Ha^menlaria
coslala de Muller (Placobdella calentgera de R. Blanchard). Note de
M. A. KOWALEVSKY.
« Dans la séance du 8 mai 1899, j'ai fait à l'Académie une Communica-
tion sur y Hœmentaria costala de Muller, dans laquelle je décrivais la ma-
nière étrange dont se fait la copulation ou imprégnation de ces Hirudinées ;
mais alors, je ne connaissais de ce processus que les phénomènes exté-
rieurs, sans aucun détail interne. En rentrant en Russie, au mois de juin,
j'ai reçu de M. le professeur P. Melikoft plus de 4oo Hœmentaria, qu'il a
recueillies à mon intention, et j'ai eu ainsi l'occasion d'étudier de plus
près cette forme curieuse. Je prie M. P. Melikoff d'accepter mes renaercî-
ments les plus cordiaux.
» Comme je l'ai dit dans ma première Note « les individus qui copulent
collent les spermatophores aux orifices génitaux mâles ». En faisant des
coupes longitudinales et transversales de la région oij est attaché le sper-
matophore, j'ai remarqué que son extrémité antérieure traverse les parois
du corps ol pénètre dans la cavité cœlomique de la région clitellienne,
immédiatement en arrière an sac à sperma/ophure, c'est-à-dire de l'organe
de formation de ces éléments. Le sperme qui s'échappe du spermatophore
pénètre ainsi dans la cavité cœlomique et se présente sous forme d'une
niasse floconneuse blanche, qui remplit tout l'espace entre le sac à sperma-
tophore et la matrice.
« A mesure que la quantité de sperme dans le spermatophore diminue,
elle augmente dans l'intérieur du corps, jusqu'à ce que tout le sperme y
passe. Le spermatophore est alors vide et se détache. Il y a donc transport
et emmagasinement de tout le sperme du spermatophore dans le cœlome
de la région clitellienne.
« Cela établi, nous avons cherché à déterminer avec précision : i" le
point par où le spermatophore pénètre dans la cavité du corps; 2° le sort
du sperme qui s'accumule dans cette région.
u Avant de répondre à la première question, il est nécessaire de dire quelques mots
de la disposition de l'orifice génital mâle. D'après Ch. Robin ('), le sac à spermato-
(') Charles Robin, Mémoires sur les spermatophores de rjuelf/ites Hirudinées,
p. .6, pi.n,fig.<s.
( 262 )
phore des Clepsines s'ouvre directement à l'intérieur. En réalité, ce sac débouche dans
une petite poche qui le fait communiquer indirectement avecYey.lérieur. Celte poche
possède donc deux ouvertures : une interne, placée sur un petit mamelon (c'est l'orifice
du sac à sperraatophore de Robin); l'autre externe (c'est l'orifice génital mâle). Pen-
dant que les spermatophores sont échangés, leurs extrémités antérieures sont intro-
duites dans cette poche et, de là, en un point situé en arrière du mamelon sur lequel
se trouve l'ouverture du sac à spermatophore, pénétrent dans l'intérieur du corps.
» Exisle-t-il une ouverture permanente, ou la paroi du sac, représentée ici par une
membrane extrêmement mince, est-elle perforée au moment de l'imprégnalion? Je
n'ai pas réussi à résoudre cette question, mais je penche plutôt vers la seconde hypo-
thèse, qui est en accord avec des observations de Whitman (') sur la Clepsine plana ;
notre Hirudinée présentait une autre forme du même type. A l'appui de cette manière
de voir, notons que nous avons observé quelques cas, très rares pourtant, où les sper-
matophores étaient attachés directement à l'hypoderme.
» Ainsi, nous aurions ici un type de hypodermic imprégnation, comme le décrit
Whitman, avec cette particularité que l'endroit où l'hypoderme donne passage au
sperme se trouve à l'intérieur de la poche génitale mâle.
» 11 nous reste maintenant à parler du sort des spermatozoïdes qui sont parvenus
dans le cœlome. Dès que le spermatophore est attaché, le sperme commence à s'écouler
en un double courant et il s'accumule dans le cœlome en formant une niasse blanche,
limitée en avant par le sac à spermatophore, et en arrière par la matrice; le tronc ner-
veux avec le sixième ganglion de la chaîne nerveuse, ainsi que la portion subjacente
du vaisseau ventral, sont entourés par les spermatozoïdes qui, n'étant plus comprimés
comme dans le spermatophore et ayant perdu ainsi leur disposition régulière en
paquets, occupent maintenant un espace beaucoup plus grand. Presque tous les com-
partiments de la cavité cœlomique de la région clitellienne sont remplis par les sper-
matozoïdes et aussi d'autres éléments provenant également du spermatophore ; ce sont
des cellules, pour la plupart binucléaires, qui semblent phagocyter les spermatozoïdes,
car elles en contiennent plusieurs à leur intérieur. Ces deux sortes d'éléments du
spermatophore passent donc dans le cœlome et, au début du moins, se trouvent les
uns à côté des autres.
» Dès que le sperme commence à pénétrer dans le cœlome, les spermatozoïdes se
dégagent de leurs associations en fuseaux et deviennent libres; il y a, par suite, aug-
mentation considérable du volume occupé par eux dans le spermatophore. Libres, ils
se dispersent dans le cœlome, circulent dans les canaux cœlomiques et vont se concen-
trer et s'agglomérer dans deux sortes d'organes : les organes phagocytaires, ou capsules
néphridiennes, et la matrice. Les premiers absorbent les spermatozoïdes, de la façon
dont nous avons montré qu'ils se comportent vis-à-vis de tous les corps étrangers
qui pénètrent dans le cœlome (bactéries, poudres inertes). Peu de temps après l'im-
prégnation, on trouve les spermatozoïdes dans les canaux des appendices vibratiles,
puis dans l'intérieur des capsules, et plus tard dans les cellules des capsules néphri-
( ' ) C. O. Whitman, Spermatophores as a means of hypodermal imprégnation
{Journal nf Morphology, t. IV, p. 878 et suiv.; Boston).
(263)
diennes; an bout de trois jours, il sont digérés et l'on ne retrouve plus que des débris.
Les quinze paires de capsules néphridiennes absorbent toutes les spermatozoïdes;
mais j'en ai toujours trouvé un plus grand nombre dans les capsules néphridiennes
antérieures. Mais, malgré le grand nombre (trente) de ces capsules, ce n'est pas là
que se trouveiit la majorité des spermatozoïdes; ils sont dans la matrice.
» L'aspect des coupes transversales et longitudinales de la matrice et du flocon cœ-
lomique de sperme est des plus curieux. De l'amas sperraatique se détachent des
traînées de spermatozoïdes, qui s'insinuent peu à peu à travers les parois épaisses de la
matrice et cherchent â pénétrer à l'intérieur; ces cordons de spermatozoïdes, qui
viennent de la périphérie, convergent et se rencontrent en diff'érents points des
parois de la matrice, où ils forment des pelotons qui vont grossissant de plus en plus,
de sorte que, à un moment donné (douze à quatorze heures après l'imprégnation), ces
parois de la matrice sont parsemées d'amas blancs, arrondis, composés uniquement de
spermatozoïdes. A mesure que ces amas grossissent, ils déterminent un amincissement
des parois qui les entourent, qui, finalement, se perforent, et ils tombent dans la
matrice. Elle reçoit ainsi des masses de spermatozoïdes qui, pour la plupart, restent
contournés en pelotons; un petit nombre seulement se disperse sous forme de fila-
ments libres. Les pelotons de spermatozoïdes et les filaments libres de la cavité de la
matrice pénètrent dans les ovaires, où ils circulent, et sont charriés entre les ovules
ou œufs mûrs. Les œufs, qui se trouvent dans les canaux, ovariens, ne sont pas tout
à fait libres; ils sont entourés, outre leur enveloppe propre, d'une couche de cellules
qui présente sans doute une certaine résistance à la pénétration des spermatozoïdes.
J'ai observé des Hœmentaria, avec des œufs presque complètement mûrs, qui étaient
charriés d'un bout de l'ovaire à l'autre, comme des noix roulées dans un sac ; au milieu
d'eux, je trouvais des pelotons encore tout à fait complets de spermatozoïdes, des sper-
matozoïdes libres, ainsi que des traînées dans les parois de la matrice.
» En terminant cette Communication préliminaire, je crois utile d'ajouter
que le mode d'imprégnation que je décris chez V Hœmentaria costata peut
être regardé comme un cas particulier du type de « hypodermical impré-
gnation » de Whitman; on ne peut guère douter que chez la Clepsine plana.
et sans doute aussi chez beaucoup d'autres Hirudinées, les spermatozoïdes
ne pénètrent dans le cœlome et soient en plus ou moins grande quantité
absorbés par les organes phagocytaires et digérés comme nous l'avons vu
chez V Hœmentaria costata.
» Tl serait peut-être à mentionner ici que l'imprégnation est souvent
suivie de stérilité et qu'un nombre comparativement minime d'individus
imprégnés arrivent au développement complet des ovaires et au dépôt des
œufs ; au contraire, chez la majorité, les ovaires ne se développent pas du
tout, ou, après avoir atteint une certaine maturité, tombent en dégéné-
rescence et ne sont pas fécondés. Je crois avoir observé aussi que les pelo-
tons de spermatozoïdes, arrivés dans la matrice, sont souvent rejetés au
( 264 )
dehors. Le passage des spermatozoïdes du cœlome dans les capsules né-
phridiennes et la matrice est complet en vingt-quatre à trente-six heures;
plus tard, on ne trouve, dans la région où était le sperme, que les cellules
polynucléaires (provenant également des spermatophores) qui disparaissent
bientôt. «
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. G. Croquevielle soumet au jugement de l'Académie une Note « Sur
certaines affections d'origine cryptogamique, connues sous les noms de
maladies paludéennes, contagieuses, épidémiques, etc. ».
(Renvoi à la Section de Médecine et Chirurgie.)
M. E. SuMiEN adresse une Note « Sur la lutte contre le PhvUoxera ».
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPONDANCE.
L'Association' française pour l'avancement des Sciences invite l'Aca-
démie à se faire représenter à son 28^ Congrès qui se tiendra, à Boulogne-
sur-Mer, du i4 au 21 septembre prochain.
L'Association française, répondant à l'invitation de l'Association bri-
tannique, se propose de lui rendre visite à Douvres, et elle recevra elle-
même, quelques jours plus tard, les savants anglais. Enfin l'inauguration
de la statue de Duchenne de Boulogne est fixée au 21 septembre.
M. le D"^ F. Le Double prie l'Académie de vouloir bien le comprendre
parmi les candidats au prix Mège.
(Renvoi à la Commission.)
( 265 )
ASTRONOMIE. — Sur la nébuleuse annulaire de la Lyre, d après des observa-
tions faites à l' observatoire de Toulouse. Note de MM. Bourget, Montan-
GERAND et Baillatd. présentée par M. Lœwy.
« Pendant une soirée consacrée à une visite publique de l'observatoire
de Toulouse, le samedi 8 juillet, M. Baillaud ayant pointé le grand téles-
cope (o"", 83 d'ouverture et 5"" environ de distance focale) sur la nébuleuse
annulaire de la Lyre, qu'il avait examinée au même instrument, plusieurs
fois chaque année (sauf peut-être en 1898), depuis 20 ans, remarqua
immédiatement que l'étoile centrale qu'il n'avait jamais réussi à voir étaif
nettement visible. La surprise lui fit oublier qu'il avait à côté de lui le
mécanicien de l'observatoire, M. Carrère, doué d'une vue excellente, de
sorte que M. Carrère était averti quand il examina à son tour la nébuleuse.
M. Carrère déclara voir l'éloile de la façon la plus nette et d'une manière
continue. L'astre fut examiné successivement par diverses personnes,
notamment par M. Rossard, assistant à l'observatoire, et finalement par
M. Rayet, directeur de l'observatoire de Bordeaux, qui se trouvait à cette
date à l'observatoire de Toulouse. Les divers observateurs s'accordèrent
pour constater, à des degrés divers, la visibilité de l'étoile centrale, et,
sans conteste, le changement de la teinte de la partie centiale de la nébu-
leuse, laquelle, pendant de longues années depuis 18'^g, s'était montrée au
grand télescope de Toulouse aussi obscure, en quelque sorte, que le fond
du ciel autour de l'anneau, et olîrait aujourd'hui une teinte grisâtre, ma-
nifestant une diffusion de la matière nébuleuse dans l'intérieur de l'anneau
ou, tout au moins, pour ne faire aucune hypothèse, une augmentation
sensible de la visibilité de cette région.
» Sur l'invitation de M. Baillaud, MM. H. Bourget, chargé du grand té-
lescope, Montangerand, chargé de l'équatorial photographique, obtinrent
dans la première belle nuit, le 10 juillet 1899, des clichés à poses longues
dont l'objet était la comparaison aux clichés obtenus à Toulouse en 1890
par M. Montangerand.
» Nous avons l'honneur de présenter à L'Académie des positifs agrandis
de ces clichés. Les plus petits sont agrandis 8 fois i; pour les plus grands,
on aurait voulu un agrandissement de 8,5-, de même format que l'épreuve
du cliché à pose de neuf heures présentée à l'Académie en 1890. Les res-
C. K., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N° 5.) 35
( 266 )
sources dont dispose le photographe, M. Lassalle, qui a bien voulu nous
prêter son concours, et le peu de temps qui lui a été départi, cet artiste
ayant été absent de Toulouse du lo au 19 juillet, ne lui ont pas permis
d'obtenir de bonnes épreuves avec un grossissement aussi fort. M. Bail-
laud a pu profiter, le 18 juillet, vers minuit, au moment du coucher de la
Lune, de conditions atmosphériques exceptionnelles pour examiner de
nouveau la nébuleuse, avec M. Eourget et son assistant M. Caubet. La vi-
sibilité de l'étoile centrale a été confirmée par une estimation géométrique
de sa position légèrement excentrique dans l'intérieur de l'anneau, esti-
mation qui, le lendemain, a été confirmée d'une manière absolue par
l'examen des clichés photographiques. Tous les oculaires du micromètre
à étoiles doubles du grand télescope ont été essayés; tous ont donné de
bonnes images; en définitive, la visibilité de l'étoile a été la même avec
tous ces oculaires, un léger avantage paraissant rester au plus fort des ocu-
laires h deux lentilles.
» M. MontangeranH a bien voulu comparer avec le plus grand soin,
M. Bourget étant empêché, les épreuves de M. Lassalle, les clichés eux-
mêmes, les divers clichés de i8go. Il a constaté :
» 1° Que quelques étoiles faibles existent incontestablement dans le
vide central de l'anneau ;
)i 2° Il existe quelques points brillants sur l'anneau même ;
>) 3" L'étoile centrale apparaît plus nette sur les clichés et les épreuves
(jLi'en 1890; sur les clichés nouveaux, elle a très sensiblement l'aspect
d'une étoile proprement dite;
» 4" I-"i partie vide centrale de la nébuleuse parait plus brillante
qu'en 1890;
)) 5° La forme du bord extérieur sud de l'anneau n'est plus continûment
courbée comme en 1890; ce bord parait formé de deux tronçons presque
rectilignes, se coupant sous un angle voisin de 120". A l'extrémité ouest du
tronçon austral se distingue une éminence, bien plus visible qu'en 1890,
comme un jet de matière qui s'échapperait de l'anneau.
» Un dessin schématique joint aux six épreuves annexées à la présente
Communication montre la position des étoiles dont l'examen des clichés
permet de constater l'existence.
» Cette étude sera poursuivie dès que les circonstances le permettront.
Il s'est produit incontestablement des changements d'éclat très sensibles
dans la nébuleuse depuis vingt ans. Il serait sans doute intéressant de com-
( 267 )
parer nos épreuves à celles communiquées, il y a dix-huit mois, à l'Aca-
démie, par l'observatoire de Meudon, avec un télescope de plus grande
ouverture que le nôtre et de plus court fover. »
ASTRONOMIE. — Observations de p Lyre, faites à l'observatoire de Lyon.
Note de M. M. Luizet, présentée par M. Lœwv.
« Cette étoile a été observée à l'œil nu par la méthode des degrés. Les
étoiles auxquelles elle a été comparée sont :
ileg
•; Lyre
\>. Hercule 1 1 . 4
\ Hercule 7,9
Potsdain.
3 ,56
3.64
3,96
L.
des
0 Hercule 5,5
Ç Lyre 2,5
X Lyre 0,0
Potsdam.
4,08
»
4.53
» L est la valeur moyenne en degrés obtenue pour chaque étoile de
comparaison ; en regard de cetle valeur, on a mis la grandeur donnée par
le catalogue photométrique de Potsdam.
» 104 observations ont été faites entre le 7 avril et le 26 décembre 1898.
Elles sont toutes contenues dans le Tableau suivant (') :
Mois, jour et bcnre.
T. M. Taris.
Mois, jour et beure.
T. M. Paris.
Mois, jour et beure.
T. M. Paris.
IV.
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10.47
4,2
(') Dans la colonne R ( Remarques), i signifie lune: ?., nuages; 3, douteux, brumes
( 368 )
Mois, Jour el
heure.
Mois,
jour el
heure.
Mois.
Jour et heure.
Mois,
Jour
et heure.
T. m. 1>
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T
M. Paris.
T.
M. Paris.
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Paris.
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23
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9,2
■4
8.10
6,0
3
)B
5.35
10,5
3
» On a tiré de ces observations l'époque normale suivante se rapportant
h un minimum principal :
1898 Aofit 22 •îoi'46°'±oi'49"'-
» Ce minimum a eu lieu environ i3''34"' après le moment indiqué par
l'éphéméride publiée dans l'Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1898.
» Les éléments de Schur :
i855 Janv. 6,63i (T. M. Paris)4- i2,9079i3E -+- o, 000 oo3 6.57 E- — 0,000000000 i^E',
qui ont servi à calculer cette épbéméride, ne satisfont donc pas aux obser-
S^ations actuelles.
» [J n'en est pas de même de ceux qui ont été donnés par M. Pan-
nekœk (') :
i85.') Janv. 6, 6 10 (T. M. Paris) h- i2,9o8oo9E + o,ooooo3855E' — 0,000 000 000 047 E^.
» En eftét, d'après ces éléments, le minimum du 22 août 1898, qui cor-
respond à l'époque E = i234, doit avoir lieu à 2i''o"et celle heure ne
diffère de celle déduile de mes observations que d'une quantité bien infé-
rieure à l'erreur probable dont elle est affectée.
» D'autre part, la courbe de lumière tracée à l'aide des io4 observa-
(') Pannkk»:k, Untersuclian^en iiber den Lic/itivpc/isel voit ^Lyrœ.
( 269 )
lions contenues dans le Tableau ci-dessus, en prenant pour orig;ine les
niinima calculés d'après les éléments de M. Pannekœk. montre que :
)) 1° L'intervalle en temps entre le minimum principal /n, et le i""" maxi-
mum M, est :
M,— w,= 3J6'>i4'";
entre m, et le minimum secondaire m^ :
m^~ /«,== 6J 1 1''46"'.
et entre m, et le 2* maximum M^ :
Mj — /w, = 9J2o'' lo™.
ileg
» 2° L'éclat au minimum /«, correspond à L = 2,20
» I""' maximum M, » L=: 11,71
» 1' minimum in^ n .... L= 6,2.5
» 2" maximum M^ » L :r= 1 1 ,07
ASTRONOMIE. — Sur l'étoile variable du type Algol (DM. +12", 3557).
Note de M. Luizet, présentée par M. Lœwy.
« La variabilité de cette étoile a été annoncée par M. Sawyer, en 1898,
dans The Astronomical Journal, n" 447, et dans le n" 450, il donne les élé-
ments provisoires suivants :
Minimum 189S octobre 3, 54 (T. M. Gr. )-»- 01,89 E,
» Depuis le i" mai 1899, je l'observe régulièrement à l'observatoire de
Lvon à l'aide d'une jumelle de grossissement 5.
» Les étoiles auxquelles elle est comparée sont
L.
Sawj'er,
Potsdam
(i855,o) DM. +10*3532
h Ijl s
a = l8.23. 7,1
o = -t-io.23i3
11,1
7,12
-t-i3,3658
18.22.48,1
4-i3.46,o
7>9
7.27
7,12
-1-13,3677
i8.25.3o,3
+ 13.37,8
6,2
7.47
7,36
-1-12,3598
18.29.54,8
+ 12.52,8
5,3
7,58
7,48
-(-12,3546
18.22.47,6
+ 12.21,8
0,0
)>
>J
» Cette étoile variable est du tvpe Algol, et, d'après les 1 1 7 mesures que
j'ai pu faire jusqu'à ce jour (19 juillet), son éclat est constant pendant
i7*'28™; il diminue pendant i''58'" et augmente pendant i''55"; la durée
de sa variation est donc de 3''53" environ.
( 270 )
» Le maximum d'éclat correspond à L = 8'^"^,^ de l'échelle de lumière
ci-dessus, et le minimum à L ^ 2''*^, 2.
» Enfin, la durée de la période indiquée provisoirement par M. Sawyer
est un peu forte : je la trouve égale à 0^,8893, au lieu de 0^,89.
» D'après ces observations, les éléments de cette étoile variable seraient
donc :
Minimum 1898 octobre 3, iS'Mo™ (T. M. Paris') -H 2i''r>o'",5 E.
)) La courbe de lumière sera donnée ultérieurement lorsque l'on dis-
posera de toutes les observations correspondant à la période actuelle de
sa visibilité. »
ASTRONOMIE. — Sur les méthodes de M. Lœwy pour la dèlermination
des latitude?). INote de MM. W. Ebert et J. Perchot, présentée par
M. Lœwy.
« M. Lœwy a appelé précédemment l'attention des astronomes sur l'im-
portance des observations d'étoiles voisines du pôle pour la mesure des
latitudes. Il a indiqué plusieurs méthodes à cet effet. Nous avons déjà ap-
pliqué, en collaboration avec M. Renan, celle qui consiste à observer une
même étoile dans deux positions symétriques par rapport au premier cercle
horaire (^Comptes rendus du 5 décembre 1898).
» Les difficultés que nous avons rencontrées dans ce travail provenaient
principalement des variations de l'état du ciel et du petit nombre des étoiles
qui, au commencement de la soirée, se trouvaient à une distance du pre-
mier cercle horaire égale à la moitié de l'intervalle choisi entre les deux
observations. En cherchant à nous affranchir de ces deux inconvénients,
nous avons été conduits à reprendre une idée très ingénieuse de M. Lœwy.
Nous avons retrouvé, par des calculs différents, une formule déjà obtenue
i)ar lui et avec laquelle on peut, en introduisant les données de la pendule,
déduire la collimation polaire des deux observations d'une étoile très voi-
sine du pôle, sans s'astreindre à la symétrie par rapport au premier cercle
horaire. C'est l'objet de la présente Note.
» Nous employons les mêmes notations que dans nos précédentes Com-
munications sur les méthodes de M. Lœwy, le même système de coordon-
nées, et nous désignons, en outre, par t' et t" les angles horaires ài^
l'étoile aux moments des deux observations.
( 271 )
11 Nous avons ainsi :
Pour la première observation. . . A' = «' -f- o' sinx'. P' = 1' + p' cost'
Pour la seconde observation ... A":=: n"w- p" sin-r' , P"=: V H- p"cost'
Nous en tirons |
A"— à' = n" -- «'+p(sinT" - siiiT'),
P"-HP' = rH V + p(cost"+cost').
El en posant
„/
2
nous trouvons
= S, = c/, Il — Il = an, := >.,
A — A'^= dn H- 2p sinr/ cos*,
P" -I- P'= 2 A -T- :!p C0SC/C0S5.
» Nous éliminons 2pcosj et nous a\nns :
P"+P' A"_i' dn , ,
coX(l -\ cola.
» Ees coordonnées P', P", A', A" sont données directement |)ar les deux
observations; dn, variation de Vn de Bessel pendant l'intervalle, est déter-
minée par les mires et le nadir; r/, demi-différence des heures sidérales,
est indiquée par la pendule.
>i La formule précédente fait donc connaître \, coUimation polaire cor-
respondant au nadir moyen.
)i Cherchons successivement l'influence, sur \, des erreurs commises
sur d et sur les coordonnées A', A", P', P".
» Nous avons, en ne considérant que les termes principaux,
^ . A"- A' I . ,
2 Slll^fl
)i En supposant la distance polaire de l'étoile inférieure à 20', l'inter-
valle de deux observations au moins égal à quatre heures, et une erreur
de cinq secondes sur la différence des temps sidéraux, la valeur de S,X est
encore moindre qu'une seconde.
« D'autre part, à une erreur probable s sur chacun des P et des A, cor-
respond sur \ l'erreur
§.,>. ^ -Ji +■ 2coi-d =
y/2 sinrf
Pour un intervalle de quatre heures ojX = Ey/2
Pour un intervalle de siv heures o.,X ■=: s
( 272 )
» L'erreur provenant du terme en dn, qui résulte des variations instru-
mentales est, elle aussi, sensiblement atténuée quand on observe à six
heures d'intervalle.
» Enfin, pour diminuer l'importance des erreurs commises sur les pas de
vis micrométriqiies en ascension droite et en déclinaison, on doit faire en
sorte que les moyennes des P et des A pour les premières observations et
pour les secondes soient aussi petites que possible. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Les variations de l'horizon apparent.
Note de M. F. -A. Forel.
« Dans le cours d'études sur les réfractions et mirages à la surface du
Léman (voir Comptes rendus, 20 juillet 1896) j'ai recueilli un bon nombre
d'observations sur le déplacement de l'horizon apparent par rapport à
l'horizon vrai. Vu l'intérêt pratique de mes résultats qui complètent heu-
reusement ceux du professeur E. Kayser, de Dantzig, et du lieutenant R.
Ross, de la Pola, je crois devoir communiquer les conclusions auxquelles je
suis arrivé.
» Mes observations ont été faites à Morges, dans un laboratoire au bord du lac, où je
dispose d'une vue libre sur un horizon de 16''™ de longueur; une bonne lunette astro-
nomique, établie sur un pilier de maçonnerie, est à 2™ ou 3"" au-dessus de la nappe du
lac, suivant la saison ; le cercle de l'horizon normal est donc distant de S*"™ à 6'"" de ma
station. Je détermine la position de Vhorizon vz-ae ( tangente géométrique) par des vi-
sées d'une cime de montagne (visée directe et visée sur un horizon artificiel) ; je n'ai à
y apporter que la correction de la dépression de l'horizon résultant de la hauteur de
mon œil au-dessus du lac, pour apprécier la différence angulaire entre rAo/7;o« appa-
rent de chaque observation et l'horizon vrai. L'horizon apparent, lia, est tantôt plus
élevé, tantôt moins élevé que l'horizon vrai, /ii'. Les 607 observations valables dont je
dispose, du 25 octobre 1898 au 3o juin 1899, m'ont donné pour ha — h\- les valeurs ex-
trêmes -hôoi " et — 272", représentant une variation totale de 770", soit de prés de i3'
de degré.
» Les différents facteurs qui font varier la position relative de l'horizon
apparent sont: la température de l'air, celle de l'eau, l'humidité de l'air,
l'agitation de l'air, la direction et la qualité du vent, la pression atmosphé-
rique. Le plus important est certainement la température entre l'air et l'eau ;
je mesure la première, ta, dans la couche d'air qui baigne ma lunette, la
seconde, te, dans le lac au rivage, à quelques mètres de mon laboratoire.
( 273 )
)) J'ordonne en fonction de ta — te mes observations et j'en tire les
moyennes du Tableau suivant :
V.ilcurs de ha — le
ta -
- te.
Nombre
d'observations.
extrêmes.
moNoiine
—9,0 ?
-S". 1
7
— 262 à -
-ii5
— 207
—8,0
—7-'
5
— 261
- i3
— io4
— 7'0
-6,1
8
— 217
- 93
-.64
—6.0
— 5.0
-5,1
—4, '
■ 4
32
— 204
-■47 -
pii3
- i3
— 1 53
- 94
-4.0
— 3,1
20
-145 -
- 25
- 7«
— 3,0
— 2, 1
37
-175 -
-.54
— 59
— 2,0
— I , •
36
-.34 -
- 74
— 35
— I ,0
0,0
48
—290 -
-,43
-h 3
0,0
+ 1 ,0
54
-i33 -
-2,5
-h 56
-hi, I
-H2,0
56
— 82
t-283
H- 79
+2,1
+ 3,0
56
^ i5
1-486
-M2I
+3,.
-1-4, 0
3o
— 5
h463
-H 162
+4,1
-(-5,o
'7
- 6
f-36o
-h. 46
-1-5,1
-t-6,0
' /
— 10
+-4o2
-J-iSg
+6,1
+7,"
1 1
-1-162
h5oi
-h2.56
^7''
A -1-8,0
I'
-+- 1 85 à
^489
4-3.30
» Les écarts considérables, en dehors des m(^yennes, montrent que les
facteurs autres que la différence de températurp entre l'air et l'eau inter-
viennent pour causer ces réfractions de rayon tangent. Je ne suis pas
encore arrivé à les démêler d'une manière pratique. Mais, en attendant, je
crois devoir indiquer la correction moyenne à apporter aux lectures angu-
laires qui prennent pour base l'horizon marin apparent; ces corrections
diminueront de moitié au moins l'erreur possible de ces observations :
hrl — h\-
—6,5
—3
-1-0,5
-1-0.5
— 5,5
-2,5
+ 1,5
+ 1
-4,5
—1
+ 2,5
+ 1,5
-3,5
-1,5
^-3,5
+2
-2,, 5
— I
+ 4,5
+ 2,5
— 1,5
— 0,5
- 5 , 5
+3
—0,5
— 0 , 25
» Je puis, en outre, donner quelques règles pratiques sur l'incertitude
de telles observations :
» T° L'erreur possible sur la position de l'horizon vrai, déduite de l'ob-
C. R., i.'Jcii,. 2- S.mestrt. (T. CXMX, N" 5.) 36
( 274 )
servation de l'horizon apparent, esl plus grande quand l'air est calme que
quand il est agité ;
» 0." L'erreur possible est plus forte quand la valeur ta — ^eest positive
(quand l'air est plus chaud que l'eau) que quand elle est négative;
» 3" Les observations sont le plus incertaines quand le temps est caïme
et l'air plus chaud que l'eau. Par conséquent, les observations de la ma-
tinée sont meilleures que celles de l'après-midi. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations de P/aff. Note de \L E.-O.
LovETT, présentée par M. Darbonx.
u A propos de la Note de M. Guldberg, Sur les équations aux différen-
tielles totales linéaires, présentée par M. Picard à l'Académie le 26 décembro
1898, on trouve que la proposition de M. Guldberg, concernant les solu-
tions singulières des équations de Pfaff non intégrables, peut être rem-
placée par le théorème plus général suivant :
» Une équation aux différentielles totales linéaires {équation de Pfaff, in-
fégrable ou non intégrable)
(1) '^Vi{x^,Xi, ...,x„)dXi—o
1 = 1
peut admettre des intégrales singulières <p(.r, , a% a „) = o, dont la déter-
mination se fait sans intégration.
» En efFet, soit
(•2) U/=2 ^'(-^i- ■^:; '"^5^. /(^" ^"^ ^«)'
une transformation ponctuelle infinitésimale que l'éqnalion (1) admet ; les
conditions pour que cette invariance ait lieu sont exprimées p;u' les équa-
tions
(3) '"^ ^' ^""^ R ~^--
( 2,5 )
1) Donc, par une extension simple aux équations de Pfalîde la méthode
de Sophus Lie ( ' ) pour l'intégration des équations différentielles ordinaires
(lu premier ordre, on voit que
(4)
2;p,-^,=o
est une intégrale singulière de l'équation (i), car les trajectoires de la
transformation infinitésimale (2) se déterminent par l'intégration du
sj'stème simultané
(5)
17
djc.
dx„
dt.
» Ce résultat fournit, en même temps, la généralisation pour une
équation de Pfaff quelconque, intégrable ou non intégrable, d'un théorème
donné par M. Page (-) pour les équations différentielles ordinaires du
premier ordre.
» Pour faciliter les calculs dans l'application de cette méthode, il est
quelquefois préférable de se servir du système des équations aux dérivées
partielles :
Pi ' /'•- '" Pn
(6)
équivalent à l'équation (1), et, au lieu du critérium (3), du critérium de
Lie pour l'invariance d'un système (complet ou incomplet) :
r.
1=1
relativement à la transformation infinitésimale (2), savoir
(8) (u,v,.)^y2p>(^"^^ ^")^>/-
» Exemples. — Les équations de Pfaff
(9) {y '^ y^^' ~ y^) ^^^ -f- (a- + x^y — xz) dy — dz = o.
(10)
{y ~~ J'^ ^~.)'^) ^'"^ -h (x -h x-y — xz) dy ~ dz z=o,
(') Vorlesungeii uber Differentialgleichungcit , Leipzig, 1891.
(-) American Journal of Matheinatics, 1896.
( 276 )
admettent l'une et l'aulrc la transformation infinitésimale
comme on le vérifie facilement au moyen des critériums (3) ou (8) ; |)ar con-
séquent, toutes les deux ont l'intégrale singulière
z — xy = o.
» L'équation (9) est intégrable; la méthode de M. Guldberg n'est donc
jjas applicable à cet exemple; d'après la théorie de Lie la fonction
{z-œyr
osL lin miilliplicaLenr de l'équation; on trouve ainsi l'intégrale générale
XY -+- log(.zr)' — s). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les cols des équations différentielles. Nolo
de M. Henri Dui.ac, présentée par M. Appell.
« On sait qu'une équation différentielle du premier ordre peut, en gé-
néral, dans le voisinage d'un point singulier, se mettre sous la forme
(i) {x ^ .. .)dy = dx{—\y -\- . . .).
') Les coefficients de dy et de dx sont des fonctions holomorphes de x
<t <le y dans le voisinage de a; = i- = o; les termes non écrits sont de
degré supérieur au premier.
» Dans le cas où \ n'est pas un nombre réel positif, M. Poincaré a donné
la forme de l'intégrale générale de cette équation. Il résulte de cette forme
que l'équation admet une infinité d'intégrales pour lesquelles a; et y ten-
dent simultanément vers zéro. Ce résultata été obtenu d'une autre façon
par M. Picard. Le cas oi!i >. est /w.«/{/ échappe à ces recherches. On peut
se demander si, dans ce cas, lorsque x et y varient dans le champ com-
plexe, il existe une infinité d'intégrales allant passer par l'origine. La plu-
part des auteurs penchaient vers la négative ('). J'ai pu montrer, au moins
(') Voir PiCAHi), Traité d'Analyse, l. III, p. 3o. Plus loin, M. Picard démontre
que dans le champ réel il n'y a que deux intégrales j>assanl par l'origine.
( ^77 )
pour le cas on a est cornmensurahle, qu'il y a n-'^c infinité ci intégrales
allant passer par l'origine.
» Supposons >. positif. Il est toujours possible et il sera commode pour
certains raisonnements de mettre l'équation sous la forme
(2) xdy + K(^/.r l'A -f- Jîy(i + . . .)] = o.
)) En clifrchanl l'intégrale générale de celte équation on obtient
(3)
y£f'(i + V'f, +7-©2 + v^'fa-l-.. .) = const.,
où les ff) sont di's fonctions de x. L'argument dp x étant 0 et son module p,
cette série sera convergente, si
Op |< /?■ et
valeur de /■.
le peut être pris arbitrairement; i dépend de h
» Ce développement permet de montrer que l'intégrale dont les valeurs
initiales sont a;„, r„, prend, pour une valeur dp x, une valeur y très petite,
si j-ji est suffisamment petit.
» On peut aussi montrer que, si .r ne tend pas vers zéro, suivant un
chemin tel que | pO | croisse indéfiniment, il n'y a pas d'intégrales pour
lesquelles a; et y tendent simultanément verS|zéro. Cette conclusion peut
encore se déduire de la remarque faite par M. Picard que, si x tend vers
l'origine suivant un chemin de longueur finie, il n'y a pas d'autre intégrale
que y = o. |
» Il suit de là que, pour toute intégrale différente de j == o et passant par
l'origine, le produit du module par l'argument de chacune des variables x
et y devra croître indéfiniment. De pareilles intégrales existent. Foijr le
voir, il suffit de considérer l'équation
.rrfy(2 — xy) -i- ydxi^i + xy) = o,
dont l'intégrale générale est donnée par
X ■■
\/Ti
fi
» On doit remarquer que la condition donnée est relative au cas oii les
variables ont été choisies de telle façon que l'équation prenne la forme (2).
Si les variables n'étaient pas telles que ,r = o et j' = o soient deux courbes
( 278 )
intégrales, elles pourraient, dans certains cas, tendre toutes les deux vers
zéro, sans que leur argument augmentât indéfiniment.
1) On peut, dans l'é.tude de l'équation (2), distinguer trois cas :
» i" \ est commensurable, mais des conditions, en nombre infini, per-
mettant de mettre les <p de l'intégrale (3) sous la forme de polynômes en a;
ne sont pas remplies. Les o sont des polynômes en x et logo;. La série
formée par les ternies qui ne contiennent pas log.r peut être divergente. Si
elle est convergente, on peut donner une forme de l'intégrale générale de
l'équation, valable quels que soient a; et y, supposés suffisamment petits.
Dans tous les cas, on peut démontrer qu'il existe toujours une infinité d'in-
tégrales passant par l'origine. Si w et 6 sont les arguments de y et de x, la
somme cd -f- ).0 tend, pour ces intégrales, vers une limite finie.
» L'étude faite par M. Poincaré (Journal de Mathématiques ; i885) d'un
foyer d'une espèce particulière montrait que, si >. est égal à un, il peut y
avoir, dans certains cas, une infinité d'intégrales passant par l'origine.
» 2° X est commensurable et les conditions dont il a été parlé sont rem-
plies. Les «p sont alors des polynômes en a? et, en partant de la condition de
convergence donnée, on montre que la série (3) converge pour cr et j suf-
fisamment petits. Il ne passe par l'origine que les intégrales x=^o, j = o.
» 3° >. est incommensurable. Les cp sont des polynômes en x eta-^. On
peut trouver un développement de la forme (3) satisfaisant formellement
à l'équation, les tp étant des polynômes en r seulement; mais ce dévelop-
pement peut être divergent. Dans les cas où il est convergent, il est bien
évident qu'il n'y a que deux courbes intégrales a; = o e\.y=^o, passant
par l'origine. Il paraît vraisemblable qu'il en est toujours de même.
« Considérons maintenant le cas oii 1. est ««/dans l'équation (i).
n Cette équation peut alors toujours se mettre sous la forme
{x + . . .)dy -)-j'"+' dx = o.
■) Si l'on cherche à y satisfaire par un développement
x — ay- -t- by'^ 4- . . •
on obtient une série qui peut être convergente. Dans ce cas, l'équation
admet, outre y = o, une seconde intégrale pour laquelle l'origine n'est
pas un point transcendant.
M En posant y = tx, on met facilement en évidence une infinité d'inté-
grales passant par l'origine. Pour ces intégrales, si ip est l'argument de r,
( 279 )
coswcp lend vers o. Par une méthode différente, on peut démontrer qu'on
obtient une infinité d'intégrales transcendantes x =^ f{y) tendant vers o,
en fiiisant tendre y vers l'origine de telle manière que coswcp soit positif.
Ce résultat avait été mis en évidence par Briol et Bouquet, dans le cas par-
ticulier où l'équation admet la seconde intégrale algébroïde, dont il a été
parlé. Le cas général n'est pas réductible à ce cas particulier par les pro-
cédés qu'ont donnés Briot et Bouquet. »
PHYSIQUE. — Sur les changements d' è;m du fer e1 de l'acier.
Note de M. H. Le CnATELiEn.
« I^a découverte par Gorre et Barrett de la récalescence de l'acier, la
découverte par M. Osmond des deux transfoifmations du fer ont été le
point de départ d'nn nombre considérable de travaux. Mais bien des obscu-
rités subsistent encore; l'emploi systématique (réchauffements ou de re-
froidissements très rapides a eu pour effet dexagérer l'importance des
retards aux transformations. Il est fort difficile alors de distinguer ce qui
appartient, soit au phénomène réversible lui-uiême, soit aux résistances
passives antagonistes.
» Je me suis proposé d'étudier ces transformations au moyen de mesures
de dilatation, faites à température, sinon tout à fait stationnaire, au moins
ne variant que très lentement.
» 1, Point de récalescence de l'acier. — Cette transformation, la mieux
connue des trois, correspond à un point eutectique tout à fait semblable au
point de solidification minimum des mélanges de glace et de sel; il se
forme, par refroidissement, des lamelles alternantes de cémentite et de fer-
rite, c'est-à-dire du carbure FeHJ et du fer pur, aux dépens d'une solution
solide de ces deux corps (martensite). On pouvait penser qu'il se produi-
rait à ce point un simple changement de volume, comme dans la fusion ou
la dissolution de tous les corps et que, de part et d'autre de ce point, la
dilatation suivrait une loi régulière. Il n'en est rien ; il se produit successi-
vement deux changements de dimensions, de sens inverse, qui se com-
pensent à peu prés exactement dans l'acier normal à 0,9 pour 100 de
carbone.
)) Le Tableau suivant donne, à température montante, les dilatations d'un semblable
ncier, exprimées en millimètres et rapportées ;i une longueur de 100™". La lii;ne inli-
( 2.So )
tulée différence exprime la différence entre la dilatation observée et le prolongement
des dilatations correspondant au\ températures inférieures an point de transformation.
Première expérience.
Température 600» 760» 775° 800° SSo» 860° gSo"
Dilatation 0,82 i,o5 0,96 1,00 1,12 i,ao i,34
Différence » » — 0,11 — 0,11 — 0,06 » »
Seconde expérience.
Température SiS" Soc" 690° 775° 800" 85o° 900"
Dilatation o,35 o.63 0,98 i,o6 0,98 i,i4 ',25
Différence » " » » — o,i3 — o,o4 —0,01
» Le changement total maximum atteint donc o""", 1 15, nombre double
de celui qui a été trouvé par M. Svedelius ( ' ). Dans les expériences de
ce savant, réchauffement très rapide ne durait en tout que deux minutes;
dans les miennes, il a duré plusieurs heures. La coïncidence de la courbe
de dilatation au-dessus du point de transformation avec le prolongement
de la courbe inférieure résulte de la succession immédiate de deux chan-
gements égaux et de sens contraire. Un semblable fait est aujourd'hui sans
aucune analogie connue.
» 2" Transformai ion magnétique du fer. — Celte transformation,
d'après les observations de M. Curie et de M. Osmond sur le magnétisme
du fer, ne serait pas brusque, comme cela a lieu dans tous les phénomènes
similaires. En réalité, les expériences faites ne sont pas décisives et cela
pour deux molifs : on n'a pas réussi à séparer le phénomène réversible
des retards à la transformation; d'autre part, le magnétisme doit, comme
la chaleur, le travail mécanique, être une des conditions déterminantes des
transformations, et alors la continuité ou la discontinuité dans la transfor-
mation dépendra des circonstances de l'expérience. C'est ainsi qu'à pres-
sion constante un liquide présente un point d'ébuUition défini, tandis qu'il
n'en présente pas à volume constant.
» Les tentatives que j'ai faites pour étudier le changement de dimensions
correspondant à cette transformation ont échoué; ce changement doit,
par suite, être très faible, mférieur à o™'",i sur 100""°, ce qui correspond
à la limite de précision de mes observations.
(') Phil. Mag.. t. XCVI, août 1898.
( s8i )
» Des recherches semblables faites' sur le nickel m'ont montré que la
transformation correspondant à la perte des pro[)riétés magnétiques se fait
certainement d'une façon continue, dans un intervalle notable de tempé-
rature, de 35o° à 380°.
» On est donc en droit d'admettre par raison d'analogie que, dans le fer
comme dans fe nickel, la transformation en question se fait d'une façon
progressive, même en dehors de tout champ magnétique. C'est là un fait
très important, car il constitue un exemple unique parmi toutes les trans-
formations connues des corps définis.
)i Solides. — Il n'y a que les liquides et les vapeurs qui présentent de
semblables phénomènes : telles la transformation dû soufre fondu, celle
des vapeurs de peroxyde d'azote. La transformation diinorphique dans
l'état cristallisé est toujours discontinue, la continuité dans les transforma-
tions semble être la caractéristique de l'état amorphe.
» Transformation supérieure du fer. — Cette transformation très nette
dans le cas du fer électrohtique présente des anomalies inexplicables qui
ont fait parfois attribuer son existence à la présence de l'hydrogène ou du
soufre. J'ai retrouvé, dans mes expériences, dep anomalies semblables. La
température de cette transformation et le changement de dimensions qui
l'accompagne varient sans raisons actuellementdéfinissables. Les mesures
ont porté sur un échantillon de fer fondu renfermant o,o5 de carbone.
Naliire Température
de l'atmosphère. de la transformation.
Première expérience.
mm
Air 0,2.5
Hydrogène pin- 0,26
Deuxième expérience.
Changement
de longueur.
de 8^0 à gSo
de 900 à 970
Hydrogène ordinaire 0,26
» » 0,25
Air 0,20
Hydrogène ordinaire o, l'i
de' 8/40 à 860
de goo à 1000
de 950 à (025
de 925 à 975
1) La variabilité de cette transformation en fait donc un phénomène au
moins-aussi anormal que les deux transformations précédentes.
» La conclusion de ces recherches est que, si l'application des lois du
polymorphisme et de la dissolution à l'étude des propriétés du fer a été
C. R., 1899, 1' Semestre. (T. CXXIX, N« 5.) ^7
( 28p. )
souvent un guide précieux, il ne faut pas oublier cependant que ce métal
présente des particularités remarquables, qui rendent impossible une assi-
milation complète de ses propriétés à celles des autres corps. Il faudra en-
core de longues recherches, avant de pouvoir énoncer à son endroit des
conclusions définitives.
» Il ne serait pas impossible que quelques-unes de ces particularités
s'expliquent par l'existence d'une double fusibilité, semblable à celle qui a
été découverte dans le sélénium par Lehmann et Taramam. Ce corps n'est
stable à l'état cristallisé qu'au-dessus de 60" et au-dessous de 214°. En
dehors de ces deux limites extrêmes de température, c'est la variété
amorphe (vitreuse, liquide) qui est seule stable. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — $ur les déformations électriques des diélec-
triques solides isotropes. Note de M. Paul Sacerdote, présentée par
M. Lippmann.
K On sait depuis longtemps que, lorsqu'un diélectrique solide devient le
siège d'un champ électrique, il se déforme. Exemple : par la charge, la
capacité interne et le volume extérieur d'une bouteille de Leyde aug-
mentent, un condensateur cylindrique s'allonge.
» Ces phénomènes ont été étudiés expérimentalement par divers physi-
ciens : Fontana, Volpicelli, Govi, Duter, Righi, Quincke, Korteweg et
JuliuS, Cantone. D'autres ont essayé de prévoir les lois par la théorie :
Moutier, Korteweg, Lorberg, Kirchhofï, Rôntgen, Vaschv, Curie, Duhem.
Mais les résultats expérimentaux étaient en contradiction les uns avec
les autres sur certains points; il en était de même des résultats théoriques
et, en outre, ceux-ci ne s'accordaient pas complètement avec les premiers.
» Dans un Mémoire assez étendu, qui paraîtra prochainement, je me
suis proposé :
» 1° T>' établir les formules des déformations électriques des diélectriques
des condensateurs en me basant sur les principes fondamentaux de la con-
servation de l'énergie et de l'électricité; d'en dégager les /ow et d'en dé-
duire les causes de ces phénomènes ;
» 2° De montrer que toutes les divergences que l'on rencontre dans les
travaux expérimentaux et dans les essais de théorie précédemment faits ne
sont dues qu'à des erreurs et qu'une fois celles-ci rectifiées on retombe tou-
jours sur des résultats en accord avec ma théorie.
( 283 )
B Dans celte théorie, j'introduis, comme cela est absolument nécessaire, et on l'a
trop souvent oublié, les variations qu'éprouve la constante diélectrique d'un solide
priniilivement isotrope lorsqu'on le déforme mécaniquement; je définis deux coeffi-
cients A'i, ^2 : coefficients de variation de la constante diélectrique par traction per-
pendiculaire ou parallèle aux lignes de force, et aussi A— aA, + A, coefficient de
variation de la constante diélectrique par traction superficielle uniforme (M.
» Les coefficients élastiques de la matière diélectrique interviennent
également :
a désignera le coefficient d'allongement longitudinal (inverse du module d'élasticité);
a le coefficient de Poisson ; |
Y := 3«(i — 2t) le coefficient de compressibilité cubiqu|e.
» Voici les principaux résultats auxquels j'arrive :
i> i" Pour les condensateurs infiniment minces (au moins pour ceux des
formes sphérique ou cylindrique) et pour le condensateur plan, on a :
(I) ^ = (a + X,)i^H=,:
ou
(I')
(II) ^^
^ ^ e
ou
(ir) ^e
L désignant la longueur d'une ligne quelconque normale aux. lignes de force;
e l'épaisseur du diélectrique dans la direction de ces lignes de force;
AL, àe les variations de L, e, qui se produisent quand on charge le condensateur au
potentiel V;
V . .
H ^ — est l'intensité du champ électriciue créé dans le diélectrique.
e
» Et maintenant qu'il est établi (formule I) que la dilatation est la même
dans toutes les directions perpendiculaires aux lignes de force (exemple : {)Our
les lignes circulaires et les génératrices d'un cylindre), et la même quelles
que soient la forme et la grandeur du condensateur, il devient évident
qu'en désignant par :
( ' ) Voir à ce sujet : Sacerdote, Sur les déformations qu'éprouve un diélec-
trique solide lorsqu'il devient le siège d'un champ électrique {Comptes rendus,
4 avril 1898).
( 284 )
U, le volume de la cavité du condensateur;
U le volume de la matière diélectrique, on a
(III) (^.)=.3(^)=3(«-..5,)Jin^
d'où .
(III') AU, = 3(« + /5-,)J^U,^';
d'où
formules que j'établis, du reste, directement.
» Ces formules se tradiùraient facilement sous forme de lois simples.
» 2° Pour les co/zr/e/îiato/r* fjoa/V le calcul, qui est beaucoup plus diffi-
cile, conduit à des formules complexes : aucune des lois simples ne subsiste,
sauf celle de la proportionnalité des déformations au carré du potentiel.
» 3° Dans ce qui précède, on supposait que les armatures du conden-
sateur subissaient les mêmes déformations que les surfaces diélectriques
en contact; c'est ce <jui arrive, par exemple, lorsque les armatures sont
formées par la métallisation de la surface même du diélectrique (argen-
tures, feuilles d'étain collées, etc.), ou par des liquides.
» Si les armatures sont indépendantes du diélectrique, dans les formules
que l'on obtient, les termes qui contiennent les coefficients élastiques (a, a, y)
sont complètement différents de ceux obtenus dans le cas où il v a contact
entre les armatures elle diélectrique; au contraire, les termes en k^k.,k
restent toujours les mêmes; cela m'amène plus loin à une conclusion impor-
tante.
» 4° Je montre ensuite que les causes des déformations électriques des
diélectriques solides sont de deux sortes :
» 1. Les déformations correspondant aucc termes gui contiennent les coef-
ficients élastiques sont simplement des déformations élastiques dues aux forces
connues qui agissent sur le diélectrique, à savoir : \es pressions électrostatiques
(pour les |)ortions de surface où le diélectrique est en contact avec les
armatures), auxquelles s'ajoutent les/orces agissant sur un diélectrique non
éleclnsé placé dans un champ [mises en évidence par les expériences de
M. Pellat ( ' yj.
(') Pellat, Annales de Plirsique et de Chimie. -' série, t. IN ; iSgô.
( 285 )
» 2. Les Jèjormadons correspondant aux termes en kik.,k doivent au con-
traire être attribuées à un changement d' état moléculaire de la matière diélec-
trique, corrélatif (le la perturbation de l'éther qui constitue la création du
champ électrique.
» Je signale en passant que, pour les gaz, cette seconde cause subsiste
seule et produit la contraction électrique des gaz.
» 5" Enfin, si nous nous reportons à notre formule
tous les éléments, sauf ^,, en ont été déterminés expérimentalement; on
pourra donc en déduire ce coefficient /,,.
n En utilisant les données de M. Cantone.j arrive à cette conclusion que
/c, doit être de l'ordre de -\- i x i o~' - C. G. S.
» Des expériences toutes récentes dé M. Er;
qu'en effet k, est positif, mais elles n'indiquent pas son ordre de gran-
deur. »
olini sont venues confirmer
PHYSIQUE. — Sur les spectres des décfiarges oscillantes.
Note de M. G. -A. Hemsalech, présentée par M. Lippmann.
« Dans une Note, présentée à la Société Royale de Londres (' ), nous
avons montré, M. Schuster et moi, qu'en insérant une bobine de self-
induction dans le circuit extérieur d'une bouteille de Leyde, on peut
éliminer dans le spectre de l'étincelle presque toutes les raies provenant
de l'air, de telle façon qu'on obtient, d'une manière très nette, les raies
dues seulement au métal, qui constitue les électrodes entre lesquelles
éclate l'étincelle. Des expériences préliminaires, faites au laboratoire de
M. Schuster, à Manchester, m'ont montre, tie plus, qu'on peut, en choi-
sissant convenablement la self-induction, obtenir une augmentation d'in-
tensité pour certaines raies, pendant que d'autres s'affaiblissent sensible-
ment ou même disparaissent complètement.
» C'est cet ordre d'idées que nous avons poursuivi depuis, en étudiant
un certain nombre de spectres provenant de différents métaux et de gaz,
(') A. ScBUSTER, F. R. S. et G. Hemsalech, The Constitution of Ihe Electric
Spark {Proceedings Roy. Soc, vol. LXIV, p. 33i).
( 286 )
et c'est un résumé très bref de ces recherches, faites au laboratoire de
Recherches physiques de M. Lippmann, que je me propose d'esquisser
dans la présente Note.
» D'abord, comme méthode d'identification des raies, nous avons em-
ployé la méthode photographique : moyen certain et très commode pour
pouvoir contrôler à chaque instant les résultats. Les radiations extrêmes
que nous avons pu obtenir sur la plaque photographique sont comprises
entre 1 = Sgoo et À = 34oo. L'étincelle oscillante était produite par la
décharge de trois bouteille deLeyde en dérivation sur le secondaire d'une
bobine de Ruhmkorffde 25'™ de distance explosive et par l'insertion d'une
self-induction variant entre 0,00012 et o,oo38 henrys. Enfin, le procédé
pour comparer les spectres était le procédé direct de M. Lockyer : on
obtenait sur la même plaque photographique les deux spectres avec et
sans self-induction et on les plaçait l'un au-dessus de l'autre à l'aide de
l'écran de M. Lockyer; il était alors très facile de mesurer les distances
entre les raies en employant une machine à diviser, et l'on convertissait ces
distances en longueurs d'onde à l'aide d'une courbe fondée sur la fréquence
des oscillations.
» En examinant sur une de ces plaques photographiques le couple de
spectres obtenu comme nous venons de le dire, on est frappé de l'absence
complète des raies de l'air dans le spectre de l'étincelle oscillante, et de la
netteté des raies caractéristiques du métal employé comme électrodes. On
peut cependant, en exagérant beaucoup le temps de pose (de une à deux
heures) et en employant une self-induction de o,oo38 henrys environ,
faire apparaître dans le spectre de la décharge oscillante les bandes canne-
lées de l'azote (qui proviennent de l'air).
» Ce fait pourrait s'expliquer par l'abaissement de la température de
l'étincelle, abaissement dû à l'insertion de la self-induction. Dans les
mêmes conditions, les raies de l'oxygène ne sont pas visibles. En exami-
nant attentivement les raies qui sont influencées par l'insertion de la self-
induction, on remarque, en effet, que les raies appelées courtes, ou de
haute température, sont celles qui s'affaiblissent ou même disparaissent,
tandis que les raies appelées longues, ou de basse température (qui appa-
raissent surtout dans le spectre de l'arc), ou bien ne changent pas d'aspect
ou bien deviennent plus vives et plus nettes en même temps. Un autre fait,
qui confirme l'hypothèse qui précède, est l'apparition, dans le spectre, de
l'étincelle oscillante, des raies qui n'étaient pas visibles en employant
l'étincelle ordinaire et qui ne sont visibles que dans l'arc. Il nous semble
( 287 )
doue avoir là un moyeu couvenabic pour étudier les spectres à des tempé-
ratures intermédiaires entre celles produites par l'arc et pur l'étincelle
ordinaire (en faisant varier la self-induction). Un autre fait assez remar-
quable, dû toujours au caractère oscillatoire de l'étincelle, est l'apparition
des raies provenant des impuretés qui se trouvent dans le métal employé
comme électrodes, raies invisibles si l'on emploie l'étincelle ordinaire.
» Pour bien mettre en évidence l'influence de la décharge oscillante sur
les raies de haute et de basse température, je choisirai comme type le
spectre du bismuth ('). Voici le Tableau donnant les intensités relatives
des lignes les plus caractéristiques de ce métal.
Intensités relatives.
Etincelle
avec une self 1 avec une self
ordinaii'e de o,ooo48 henWs de o,oo38 henrys
>i , (temps de pose : (temps de posef ( temps de pose :
Rowland. 5 minutes). 5 minutes). ' 2 Ijeures). Arc.
5553,4 2 7 8 8
5271 ,1 7 o o o
5209,2 10 c 3 f/ 2d o "
5 1 44 ) 5 9 c 1 d 1 d o
4722,7 8 c 12 c ' i5c 10
4493, o o 3 3 2
43o8 ,7 o 8 ' 9 4
43o2,6 10/4 "] Il id o
4259,8 I2/J 9 II d o
4i2i,8.... 8 13 12 6
4o85,2 8« 5 2d o
3864 )4 7 n 3« o o
38i6,5 3 /i in o o
3793 ,3 7 rtc 5 «c 1 d o
3596,3 1 4 5 4
» Dans ce Tableau, les lettres qui accompagnent les cliifTres exprimant les intensités
des raies ont la signification suivante :
c = continu,
c?= discontinu,
n =r nébuleux.
Les intensités marquées o indiquent l'absence des lignes correspondantes.
(') Un résumé plus complet de ce travail sera publié dans le. Journal de Physir/t.
( 288 )
). En ce qui concerne les gaz, le spectre le plus caractéristique est celui
de l'hydrogène. Pour ce gaz (sous la pression atmosphérique) les raies du
spectre delà décharge oscillante deviennent nettes et la distance explosive
n'influe pas sur la netteté des raies. En exagérant la pose (environ deux
heures) et enemployant une self-induction de o,oo38 henrys j'ai pu obtenir
sur la plaque photographique des raies qui n'apparaissent qu'en employant
les tubes de Geissler (où le gaz est raréfié). Voici du reste deux Tableaux
comparatifs entre les raies que j'ai obtenues et celles obtenues par M. Ames
en employant un tube de Geissler.
Ktinccllc oscillaiilo. Tube de Geissler (Ames).
). (Rowlandj. liilcnsiLé. >, ( Howland ). Intensité. •
4633 3 /i63/4,i5 6
4583 2 4.580, 1 4
4535
42.3
4200
4174
3896
4534,8 2
42 12,65 7
42o5,2 8
4177,25 8
3889,. 5 7
» Nous nous proposons de continuer ces recherches pour pouvoir pré-
ciser davantage cette influence de la décharge oscillante sur les spectres
des différents métaux que nous avons eu l'occasion d'examiner. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les états isomériques de i acétate chromique : acétate
anormal violet biacide, acétate anormal vert monoacide. Note de M. A.
Recoura.
« Dans une Communication frécédenle (Comptes rendus, i[\ juillet 1899),
j'ai étudié deux des quatre formes isomères de l'acétate chroniiqne : l'acé-
tate normal Cr(C-H^O-)-, 5H^0, qui est un sel ordinaire, et l'acide chro-
mo-monoacétique violet [Cr(C-H'O-)- |C'-H*0^, qui n'est pas un sel de
chrome, mais un acide monobasique à radical complexe. Je vais décrire
aujourd'hui les deux autres isomères :
» Acélate anormal violet biacide ou acide chromo-diacélique. — J'ai montré
qu'une solution d'acétate normal verte se transforme, en quelques heures, en une
solution violette, qui en diffère profondément par le fait que les alcalis n'y pro-
duisent pas de précipité. Je vais faire voir que, pour des raisons toutes semblables à
celles que j'ai exposées pour l'acide chromo-monoacétique, on doit considérer cette
( 289 )
solution violette comme renfermant, non pas un sel de clinome, mais un acide blba-
sique à radical complexe [ Cr(C- HM_12)]^C-H'0'- )S l'acide cluomo-diacélique.
)) 1° Les alcalis ne produisent pas de précipité dans la solution à froid. Ae chrome
est donc engagé dans un radical.
» 2° Si, dans la solution renfermant une molécule du composé et additionnée de
phtaléine du phénol, on verse progressivement de la soude titrée, la liqueur, qui reste
limpide, vire au rouge quand on a versé deux molécules de soude, comme le ferait un
acide bibasique; si l'on continue à ajouter de la soude, il ne se produit aucune modi-
fication. Une des trois molécules d'acide acétique du composé est donc engagée
dans le radical avec le chrome. Les deux autres peuvent être neutralisées par la
soude.
1) 3° La chaleur de neutralisation du composé par la soude est la'^^'jS pour la pre-
mière molécule de soude et 9'^'',7 pour la seconde.
» 4° Des mesures cryoscopiques, semblables à celles que j'ai décrites, montrent que,
lorsqu'on a ajouté à la solution chromique 2 molécules de soude, cette solution
renferme une seule molécule [CrCG^H'O^)] (G'H'NaO^)S qui est le sel de soude de
l'acide bibasique, et non pas trois molécules séparées Çr(C^H'O-) et 2C^fPNaO-.
» On peut conclure de ces faits, en raisonnant comrjie je l'ai fait dans la Note pré-
cédente, que l'acétate normal vert s'est transformé isomériquement, en quelques heures,
en un composé qui n'est plus un sel de chrome, mais un acide bibasique, acide chromo-
diacétique. Je rappelle que cette solution se transforme à son tour, en une dizaine de
jours environ, en acide chromo-monoacétique [Cr (C"-H'0-)-]C^H'0-, c'est-à-dire
qu'une des deux molécules d'acide acétique rentre dans le radical chromique.
» Je n'ai pas pu isoler à l'état de pureté l'acide chroofo-diacétique solide. On ne peut
pas le retirer par évaporation de sa solution, parce que celle-ci, lorsqu'elle se con-
centre, se transforme très rapidement en acide monoacétique. J'ai alors cherché à le
précipiter de sa solution par des réactifs organiques. Je l'ai obtenu sous la forme
d'une masse visqueuse, qu'on ne peut purifier.
i> Acétate vert anormal monoacide ou acide chromo-monoacétique vert. — J'ai
dit que la solution d'acétate chromique, âgée d'environ une dizaine de jours, et qui
renferme alors l'acide chromo-monoacétique violet [Cr(C^H'0'')'-]C'MI*0^ continue
à se transformer très lentement et qu'au bout d'un an environ on a une liqueur verte.
Celte liqueur renferme un isomère vert de l'acide chromo-monoacétique violet. On
peut obtenir cet isomère vert beaucoup plus rapidement, en portant à l'ébulliiion une
solution quelconque d'acétate chromique, additionnée d'acide acétique (au minimum
3 molécules d'acide pour i molécule d'acétate). On obtient une liqueur d'un beau vert
franc qui, abandonnée à l'évaporation spontanée sous une cloche en présence d'acide
sulfurique et d'acide acétique, donne une matière solide verte, qui, conservée dans ces
conditions jusqu'à ce qu'elle ne change plus de poids, a pour composition :
Cr(C^H'O^), ^H^O.
Cr dosé à l'état de Gr^ O' i atome
C^H'O* dosé alcalimétriquement 3 molécules
H' O par différence o""", 57
C. R., 1899, a- Semestre. (T. CXXIX, N» 5.) 38
( 290 )
» Ce composé vert possède sensiblement les mêmes propriétés que l'acide chromo-
monoacétique violet, que j'ai décrit dans la Communication précédente. Je ne les
reproduirai donc pas à nouveau. On doit le considérer, pour les mêmes raisons, comme
un acide monobasique [Cr(C-H'0-)2]C'H*0', l'acide chromo-monoacétique vert.
Les seuls points par lesquels il diffère de son isomère violet sont les suivants : \° sa
chaleur de neutralisation par la soude est 12^^"', 54 au lieu de i3'^''',25 pour l'acide vio-
let; 2° la formule brute de l'acide violet est Cr(C^H302)',H20 et celle de l'acide vert
Cr(C- 1P0^)',|IP0 ; celle-ci doit donc être doublée; l'acide vert serait un polymère;
3° rii3'drale chromique, que lus alcalis précipitent à l'ébuUilion des deux acides, n'a
pas les mêmes caractères.
» Conclusions. — En résumé, l'acélale chromique peut se présenter sous
quatre formes isomères :
» i" L'acétate normal Cr (C^R* O" y , 5H-0; violet à l'état solide, vert à
l'état dissous. C'est un sel métallique ordinaire, faisant la double décompo-
sition avec les alcalis et les acides. On l'obtient par double décomposition
entre le sulfate violet de chrome et l'acétate de baryum, ou bien en dissol-
vant l'hydrate chromique dans l'acide acétique;
» 2° L'acide chromo-diacétique dont la formule brute est Cr(C- H' 0°)' Aq.
Violet à l'état solide et à l'état dissous. Ce n'est pas un sel de chrome,
puisque les alcalis n'en précipitent pas d'hydrate chromique. Il se com-
porte comme un acide bibasique à radical complexe. Il se produit par la
transformation spontanée, en quelques heures, de la solution d'acétate
normal qui, de verte, devient violette. Cette transformation moléculaire
doit être vraisemblablement exprimée ainsi :
Cr(C=H'Ov)%-2H-0 = [Cr(OH)^(C-H'0-)|( C='H*0-;-;
» 3° L'acide chromo-monoacétique violet, dont la formule brute est
Cl (C^H^0^)',I1^0. Violet à l'état solide et à l'état dissous. Ce n'est pas
non plus un sel de chrome, mais un acide monobasique. Il se produit par
la transformation spontanée, en une dizaine de jours, de la solution de
l'acide précédent. Cette transformation moléculaire doit vraisemblable-
ment être exprimée ainsi :
[Cr(0H)-^(G2H'0=)](CMI*0=)-^^ H=0 H- [Cr(01I j( CMPO^)2]C2H*0'.
La molécule d'eau que renferme la formule brute serait donc de l'eau de constitution.
» 4° L'acide chromo-monoacétique vert dont la formule brute est
Cr(C=H'0=')',^H=0,
formule qui doit être doublée par conséquent. Vert à l'état solide et à
( 291 )
l'état dissous. Il possède des propriétés très voisines de celles de l'acide
violet. Il se produit par la transformation spontanée très lente (une année)
de l'acide violet dissous; ou bien, très rapidement par l'ébuUition de la
solution d'acide violet additionnée d'acide acétique. Cette transformation
moléculaire est vraisemblablement une déshydratation interne avec poly-
mérisation :
2 molécules [Cr(OH) ( C'H'0=)-]C-H■'0-
= H^O + I molécule [Cr=0(G2H'0v)M('C=H*0=)=. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action du magnésium sur ses solutions salines.
Note de M. Georges Lemoine.
« Les actions de présence, où un corps détermine une transformation
sans s'altérer lui-même, intéressent toujours les chimistes. J'ai observé un
phénomène de ce genre en introduisant du magnésium dans les solutions
de ses sels (chlorure, acétate, sulfate, azotate j. Il se dégage de l'hydrogène.
Avec les solutions concentrées (ç)C\ =: i litre) et avec le magnésium en
poudre, l'action est extrêmement vive : on pourrait en faire une expérience
de cours. La quantité de gaz produit est beaucoup plus grande que celle
qui correspondrait au poids de métal primitivement en dissolution.
» Ou sait que le magnésium décompose l'eau, même à froid, mais avec
une extrême lenteur. Grâce à la présence d'une solution saline, la décom-
position est donc beaucoup plus rapide : il se forme presque uniquement
de l'oxyde hydraté :
MgCl= + mMg + mH=0 =MgCl= + mW ^mMgO.
w Limite de la réaction. — Le dégagement de gaz s'arrête au bout d'un
temps plus ou moins long. Mais cette limite est factice : elle est due sim-
plement à ce que le produit de la réaction (oxyde hydraté ou sous-sel)
empêche les contacts : en effet, le liquide fdtré, remis avec de nouvelles
quantités de métal, donne une réaction semblable.
» Dégagement de gaz avec diverses quantités de métal : par exemple,
avec I •'''', 28'', G*-'', 18^'' et 5*^"^ de solution. Mesurons l'hydrogène dégagé
jusqu'à ce que la réaction s'arrête :
^rtMg + (^MgCl' pour i''' ) = irH + ....
( 292 )
» ]Jans i'" tl'eau, il y a ^looo ou 1 1 1^'"^ d'hydrogène; le magnésium équi-
valent est, en atomes, ^ 1 1 1 ou 55,5 atomes ou, en poids, :1^ 24 X 1 1 1 ou
i332'". Il ne peut donc pas, avec i''*, se dégager plus de 11 1^"^ d'hydrogène,
ni y avoir plus de 55,5 atomes de magnésium consommés. En fait, d'après
l'expérience, il ne se dégage guère plus de 47**'' d'hvdrogène pour i''' de
solution, à cause du dépôt insoluble produit; jusqu'à ce maximum pra-
tique, le gaz dégagé est à peu près proportionnel au métal introduit {fig. i).
Fis.
» Dé gagerne.nl de gaz pour diverses dilutions avec un grand excès de métal :
par exemple, ô^'' et 5'^^'' d'une solution saline de diverses dilutions. La
réaction s'arrête au bout d'un temps très variable suivant la dilution : deux
ou trois jours, pour les solutions concentrées (Cl = ^ litre); plusieurs mois,
pour les solutions très étendues (Cl = 5o''M, et alors la limite est difficile
à préciser.
..f ■^^.^f'^^
^-^-'""^ 1
1^- — T j
1 ■ ■ - 1 -, :
1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 5 JO 20 1
VaUurs fff L-
^«Mg + (iMgCPpourV") = a-H + ....
)' Comme un litre d'eau renferme iii^' d'hydrogène, on ne pourra pas,
avec v'" de solution, recueillir plus de (m X v) grammes d'hydrogène.
L'expérience montre que, pour les dilutions usuelles (de Cl = i''' à
( 293 )
Cl = 20'"), les variations de x sont à peu près proportionnelles à celles
(le V (fi g. 2) :
Valeurs de v J- | i 5 10 30 5o
Valeurs de (i 1 1 X v) 12 Sy iii 555 iiio 2320 555o
I Chlorure 2 12 47 225 890 790 i36o
X observé ' Acétate « 12 48 242 477 864 >>
\ Sulfate » i3 48 172 353
» Dégagement de gaz par l'action d'un acide sur un grand excès de métal.
— Corrélativement à ces faits, on a, en faisant agir un acide sur un excès
de métal, beaucoup plus de gaz que d'après l'équation classique
Mg H ■>. H Cl --^ Mg Cl- -i-:2H.
I. .
En effet, ce premier dégagement, rapide, est suivi d'un autre, de plus en
plus lent, dû à l'action de présence du sel formé.
» Analyses des solutions après V action d'un grand excès de métal. — On
filtre à la trompe le liquide restant après la réaction; on dose le métal et le
radical halogène :
MgCl^ j Chlore par litre avant 17,7 après 16, 4
Cl = 2'" environ j Rapport (Mg : CI-) avant 1,0 après 1,08?
er gr
MgCP I Chlore par litre avant 6,7 après 6,2
Cl =: 5''' environ \ Rapport (Mg ; Cl^) avant 1,0 après 1,1
er gr
(C-H^O^)-Mg ( Magnésium par litre. .. . avant 2,16 après 1,9
C-ll'0-= 5'" environ j Rapport (Mg : CMl'O-). avant 1,1 après 1,2
sr SI'
SO*Mg i SO^ par lilre a\iint 10, i après 4>7
|SO'*ir-— 4'"e"viron ( Rapport (Mg : SQ-') ... . avant 1,0 après 1,0
gr gr
SO'Mg ( SO' par litre avant 7,3 après 2,5
2
SO>H^^^ 5'" environ (' Rapport (Mg : SO-*; ... . avant i,o après 1,0
)) On voit que, avec le chlorure et l'acétate, la modification chimique de
la solution est insignifiante, ce qui rend l'aclion de présence très nette.
Avec le sulfate, il y a précipitation d'une partie de l'acide sulfurique à
l'état de sous-sel.
)i Essai d' étude thermochimique, d'après les méthodes de M. Berthelot,
comme pour déterminer la chaleur de dissolution d'un sel; on projette,
par exemple, 0^,266 de magnésium en poudre dans sSo" d'une solution
concentrée (9CI = i'") : on agite : on a la température maximum après
trois quarts d'heure.
( '-^1)4 )
» La différence des chaleurs de formation de MgO et H^O est
(i/j3Cai_ 5pCai-)-- ^/^cai j'.,i obtenu environ 70^»'. Mais il faut observer
que la magnésie reste d'abord dissoute dans le chlorure (peut-être à l'état
d'oxychlorure) : le liquide ne donne de dépôt que le lendemain.
» Inlerprélalwn de l'action de présence. — Elle doit avoir pour origine
une décomposition partielle, si faible qu'elle soit, des solutions salines, en
magnésie libre et acide libre, qui détermine l'attaque du métal intro-
duit. S'il s'agit du chlorure de magnésium, il doit se former d'abord un
oxychlorure qui, au premier moment, reste en dissolution, mais qui se
détruit bientôt en donnant de la magnésie qui se précipite. Le chlorure de
magnésium ainsi formé agit comme le chlorure primitif, et l'on a une réac-
tion cyclique.
)) Avec l'aluminium, j'ai observé des résultats semblables qui ramènent
aux faits constatés par M. Ditte. Le zinc et le cobalt, en présence de leurs
chlorures concentrés, n'ont rien donné (^ ' ). »
CHIMIE. — Sur la dissociation du chlorure de cadmium hex ammoniacal.
Note de MM. W.-R. Lang et A. Rigact, présentée par M. Troost.
« Isambert ('■) a montré que l'on peut caractériser les composés chi-
miques définis, dissociables dans un système hétérogène, par la constance
de leurs tensions de dissociation. L'étude qu'il a faite des combinaisons de
l'ammoniaque avec les sels est restée classique.
» Nous avons étudié, à ce point de vue, les combinaisons de l'ammo-
niaque avec le chlorure de cadmium, en employant l'ammoniaque à l'état
gazeux, liquéfié ou dissous.
» A la température ordinaire, par un courant prolongé de gaz ammo-
niac sur le chlorure de cadmium anhydre, il y a fixation de 6 molécules de
AzH' avec gonflement de la masse (' ). Nous avons préféré faire réagir
l'ammoniac liquéfié sur le chlorure de cadmium fondu et concassé.
» Le gaz ammoniac sec est dirigé sur un poids connu de sel, refroidi à — 80° jus-
qu'à ce qu'il y ait un notable excès d'ammoniac liquide, baignant la masse blanche et
gonflée qui s'est formée.
(') M. Caffin m'a beaucoup aidé dans ces recherches; Ije le prie de recevoir tous
mes remercîmenls.
(^) \f,KiA6V.^j, A/inales de l'École Normale. 1868.
(') Craft, l'hilosophkal Mag., vol. XXI, 3" série, p. 355.
( 295 )
» Le tube scellé à la lampe est abandonné pendant dix-huit heures; au bout de ce
temps, on ouvre le tube préalablement refroidi à — 80°, et on le réchauffe jusqu'à
— 3o" par addition de chlorure de méthyle. L'ammoniac liquide s'évapore. Dans cer-
taines de nos expériences, on a laissé réchauffer jusqu'à 0°, après quoi on ferme le
tube à la lampe. L'augmentation de poids correspond à la formule CdCl-6AzlI^.
» En présence d'un excès d'ammouiac liquide, et au bout de plusieurs jours, le
produit, d'abord amorphe, devient nettement cristallin.
» Chauffé à 100°, le chlorure hexammoniacal perd 4 molécules d'AzH^ et se trans-
forme en chlorure diammoniacal inodore qui, comme le composé correspondant de
zinc, ne commence à se décomposer que vers 210°, et à Sôo" la décomposition n'est
pas encore complète.
» Dans cette décomposition du chlorure diammoniacal jusqu'à 4oo", température
de fusion du {MCl^, il ne se produit qu'une trace d'oxychlorure et de chlorhydrate
d'ammoniaque.
» Pour déterminer les tensions de dissociation du chlorure de cadmium
hexammoniacal, nous avons employé la disposition de M. Jarry (') qui
permet d'éviter le contact des graisses des robinets avec le gaz ammoniac :
o C. cm
o 4,6
i3 6,8
22 i3,5
25 l5,2
Si 18,1
39 23,5
44 29,0
48 4i,î
T. P.
o c. cm
5o 45,5
62 5i , I
59 63 , 1
60 69.6
61 71,1
63 77,6
65 83,1
69 93,1
» On voit que, au delà de 62°, le composé CdCl-6AzH' ne peut exister.
Comme, d'autre part, à 100", c'est le composé Cd Cl- 2 AzH' qui est stable,
ce sera entre 62° et 100° qu'il faudra préparer les composés intermé-
diaires.
» Par voie humide, on obtient très facilement le composé diammoniacal anhydre.
En arrosant le chlorure de cadmium hydraté avec la solution ammoniacale à 20 pour
100, de façon à la mouiller complètement, on a une combinaison avec dégagement de
chaleur, augmentation de volume. Les cristaux deviennent opaques; sèches à froid
sur la chaux ou à l'étuve à 100", ils répondent à la formule CdCl', 2 AzH'. C'est encore
le même produit qu'on obtient en évaporant la solution de chlorure de cadmium dans
l'ammoniaque sur la chaux, ou en recueillant le précipité qui se forme lorsqu'on chauffe
à 5o° la même solution.
(') Jarry, Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, 1899.
( 296 )
» Pour obtenir un produit contenant plus de 2 molécules de AzH' avec la solution
ammoniacale, il faut faire passer un courant de gaz ammoniac dans une solution claire
de chlorure de cadmium dans l'ammoniaque à ao pour 100 maintenue à 0°; il se fait
un abondant précipité de petits cristaux transparents qui, sécliés au papier et à la
presse, deviennent opaques en perdant Azl-P. Ces cristaux avaient été obtenus une
fois par M. André (' ) qui leur avait donné la formule CdCP,5 AzH'. D'après nos ana-
Ijses, nous serions conduits à admettre la formule de Craft, CdCl-,6AzH^, ce qui
confirmerait le fait établi par M. Jarrj' (^) pour les chlorures d'argent ammoniacaux
obtenus avec la dissolution ammoniacale; à savoir que la formation et la décompo-
sition de ces chlorures s'arrêtent quand l'eau est saturée sous une pression égale à leur
tension de dissociation.
» Nous avons d'ailleurs déterminé les tensions de dissociation de ce composé. A 22°,
nous avons trouvé une tension de i4'"",7 a" lieu de iS^jS.. L'excès de tension obtenu
avec ce produit tient à la petite quantité d'eau interposée qu'il contenait encore.
» Il nous paraît dès lors possible d'obtenir les mêmes combinaisons
ammoniacales, soit a^ec le gaz ammoniac, soit avec une dissolution conve-
nablement concentrée. »
CHIMIE MINERALE. — Sur la dissociation deViodare de mercurdiammonium.
Note de M. Maurice François, présentée par M. Henri Moissan.
« On sait que l'iodure mercurique absorbe le gaz ammoniac sec en le
convertissant en un composé blanc, nommé iodure de mercurdiammonium,
HgP, aAzH'. Ce composé, exposé à l'air, perd facilement son gaz ammoniac
en repassant au rouge. C'est là un cas d'action réversible, depuis longtemps
connu et des mieux caractérisés. Il nous a paru intéressant de rechercher
si la décomposition de HgP.aAzH* obéit aux lois de la dissociation et nous
avons étudié ce corps à ce point de vue. Nous espérions aussi que cette
étude nous indiquerait si la perte de gaz ammoniac produit directement de
l'iodure mercurique, ou s'il se forme des produits définis intermédiaires.
» On trouve bien la mention d'un composé Hgl- AzH' ; mais l'existence
de ce composé est tout à fait douteuse. En effet, ce composé a été obtenu
par voie humide au sein de liquides ammoniacaux et, comme il perd très
facilement du gaz ammoniac, il est impossible de le dessécher pour l'ana-
lyser, sans qu'il éprouve des modifications notables dans sa composition.
En un mot, il est intéressant d'en reprendre l'étude.
(') Comptes rendus, t. CIV, p. 908.
(-') Jarry, Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, 1899.
( 297 )
» Nous avons commencé par vérifier la composition de HgP, 2AzH';
nous avons trouvé que
ôs' HgP absorbent os'joya gaz ammoniac sec.
Théorie pour HgI',2AzH' ofjiy^ »
» Dissociation. — Nous l'avons pratiquée sur 536'' environ d'iodure de mercurdiam-
monium, obtenu en saturant de gaz ammoniac sec So»"' d'iodure mercurique pur et sec
et en employant la pompe à mercure d'Alvergniat suivant le mode opératoire
classique. On peut distinguer pendant cette dissociation deux périodes distinctes.
» Première phase. — Pendant la première partie de la dissociation, on observe
que l'enlèvement du gaz ammoniac par la pompe à mercure ne produit pas l'appari-
tion d'iodure mercurique rouge; la masse reste blanche. La tension de dissociation
est constante, pour une température donnée; elle augmente avec la température. Si
l'on élève la température, puis qu'on l'abaisse, celte tension prend, pour chaque tem-
pérature observée, les mêmes valeurs, le corps dissocié absorbant le gaz ammoniac
pendant le refroidissement. Enfin, les valeurs de la tension de dissociation se main-
tiennent après l'extraction d'une quantité importante de gaz ammoniac.
» J'ai trouvé, pour cette première phase de la dissociation, les chiffres suivants :
Tensions
Températures. en millimètres de mercure.
o ooS
i5 I oi8
25 j 087
35 072
45 i3o
55 219
65 362
75 601
80 732
» Cependant, si l'on continue l'enlèvement du gaz ammoniac par la pompe, il vient
un moment où la tension baisse très rapidement, le corps restant toujours blanc.
Nous avons extrait du gaz ammoniac à froid, jusqu'à ce que la tension se fixe à 2°°™
de mercure pour la température de i5°. A ce moment, la perte de gaz ammoniac est
de 16'', 226, soit très sensiblement le tiers de l'ammoniaque fixée sur Hgl*.
» En effet, bo^' fixent 3g'', 740 AzfP pour donner HgP, 2 AzH*.
3,740 ,^
— f— r= 1,246.
» Ainsi, pendant cette première phase, l'iodure de mercurdiammonium se dé-
compose en gaz ammoniac et un composé 3HgP, 4AzH' :
(HgP,2A.zH')^=2AzH5-l-3HgP,4AzH'.
» Deuxième phase. — On a porté à 95° le tube ayant servi aux déterminations
C. R., 1899, 2- .'ivmestre. (T. CXXIX, iN° 5.) ^9
( 29« )
précédente»; ou ;i enlevé, par quelques coups de pompe, du gaz ammoniac, de façon à
détruire complètement les dernières portions du composé Hgl'^, 2 AzH^ ; puis on a laissé
refroidir et l'on a étudié la dissociation du composé 3Hgl"-,4A.zH'. Dès le début, on ob-
serve que la matière devient rouge par places ; il y a production d'iodure mercurique.
On constate que, pendant celte seconde phase de la décomposition, il se produit une
nouvelle série de valeurs de la tension de dissociation. Celle-ci est, comme dans la
première phase, constante pour une température donnée; elle augmente avec la tem-
pérature et reprend les mêmes valeurs après enlèvement de gaz ammoniac.
» Les tensions de dissociation correspondant à celte nouvelle phase sont :
Tensions
Températures. en millimètres de mercure.
1 5 00 1
26 002
35 oo3
45 006
53 012
65 023
75 o3g
85 o65
93 "07
» Ces valeurs de la tension de dissociation sont très fixes, et nous avons pu con-
stater encore, pour 90°, la tension 107°"", après enlèvement total de 26'',i5o de gaz
ammoniac.
» Dans cette seconde phase, la proportion de HgP libre augmente à mesure que
l'on enlève du gaz ammoniac; le composé 3HgP, 4AzH' se dissocie donc en iodure
mercurique et gaz ammoniac.
M Conclusions. — L'iodure raercurique ammoniacal se comporte comme
le chlorure d'argent ammoniacal, si bien étudié par M. Isambert. Sa disso-
ciation démontre l'existence d'un composé blanc intermédiaire.
» Pendant la première période, Hgl-, 2 AzH^ se décompose en gaz ammo-
niac et en son composé SHgP, 4AzH', sans production d'iodure mercu-
rique. Cette décomposition est caractérisée par une forte tension de disso-
ciation.
» Pendant la seconde période, le composé 3 HgP, 4AzH' est décomposé
à son tour en iodure mercurique et ammoniaque. Cette décomposition est
caractérisée par une faible tension de dissociation.
» En reprenant, pour l'iodure de mercurdiammonium, les expériences
faites par M. Jarry (') sur les chlorures d'argent ammoniacaux, j'ai pu
(') Jakry, Comptes rendus, 1" semestre, 1897, p. 288.
( 299 )
constater, en opérant à la température de 25°, que les deux composés
HgI-,2AzH' et 3HgI^,4AzH' possèdent dans Teau la même tension de
dissociation que dans le vide. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action (lu sodammomum et du polassammonium
sur le sélénium ('). Note de M. C. Hugot, présentée par M. Ditte.
« L'appareil en verre, qui a servi dans cette étude, a été décrit dans des
Communications antérieures (*). Il est formé de deux tubes larges A et B
réunis par un tube étroit T, dans lequel on a introduit un tampon de coton
de verre sec. La marche d'une expérience est identique à celle qui a été
suivie dans l'étude des actions du phosphore sur les ammoniums alcalins.
» Le sélénium employé dans les expériences suivantes a été préparé en
purifiant le sélénium du commerce. Ce dernier a été traité par l'acide azo-
tique pur. La liqueur obtenue a été évaporée plusieurs fois à sec. L'acide
sélénieux provenant de la sublimation de ce résidu est dissous dans l'eau.
On précipite le sélénium de cette dissolution par un courant de gaz sulfu-
reux. Il est ensuite lavé, séché et fondu à l'abri de l'air.
» Deux cas à considérer :
» I. L'ammonium alcalin est en excès. — Le sélénium et le métal alcalin sont
introduits dans la même branche A de l'appareil rempli de gaz ammoniac sec. Les
deux branches sont fermées à la lampe et mises en communication avec un réservoir
contenant du s:az ammoniac liquéfié, pur et anhydre, que l'on fait condenser dans la
branche A. L'ammonium alcalin se dissout dans l'excès de gaz ammoniac liquide en
donnant une liqueur mordorée qui baigne complètement les morceaux de sélénium.
Dès le début de l'expérience la réaction se manifeste par la formation d'un corps blanc
en poudre insoluble dans la liqueur.
» Lorsque tout le sélénium est entré en combinaison, on décante de A en B la dis-
solution de l'ammonium alcalin en excès. Par des lavages répétés à l'aide d'ammoniac
liquéfié, on entraine tout le métal resté en A.
» On obtient ainsi un corps amorphe blanc mat, complètement insoluble dans le gaz
ammoniac liquide, soluble dans l'eau privée d'air en donnant une dissolution incolore.
Sous l'action de l'air, cette dissolution rougit fortement et laisse déposer du sélénium
en poudre rouge.
» Les séléniures de sodium et de potassium ainsi obtenus correspondent aux for-
(') Travail fait au laboratoire de Chimie industrielle de la Faculté des Sciences de
Bordeaux.
(') Comptes rendus, t. CXXVI, p. 1719.
( 3oo )
mules ISa'Se et K^Se. Ils ont été analysés en les attaquant par Teau de brome : le sé-
lénium a été dosé à l'état de sélénium et le métal alcalin à l'état de sulfate (').
n II. Le sélénium est en excès. — Le sélénium est introduit en petits morceaux
dans la branche A et le métal alcalin dans la branche B de l'appareil ATB. Après les
pesées, les deux branches A et B sont fermées à la lampe. L'appareil, mis en commu-
nication avec la source de gaz ammoniac, est plongé dans un mélange réfrigérant. La
dissolution d'ammonium alcalin qui s'efTeclue dans la branche B est décantée par petites
portions dans la branche A qui contient le sélénium. Ce mode opératoire permet
d'être toujours en présence d'un excès de sélénium.
» Le monosélénium blanc se forme d'abord, puis il disparaît. La liqueur mordorée
devient brune et très limpide. Lorsque tout l'ammonium alcalin est entré en combi-
naison, on fait passer la liqueur brune dans la blanche qui contenait primitivement le
métal alcalin. Le sélénium non attaqué reste à découvert. On le lave au gaz ammoniac
liquéfié jusqu'à ce que le liquide condensé soit incolore.
» La liqueur brune qui est réunie entièrement dans la branche B est évaporée lente-
tement. Pendant toute la durée du dégagement du gaz ammoniac, Tappareil est main-
tenu à une température voisine de — 23°. On laisse partir ainsi tout le gaz qui peut
se dégager. Lorsqu'au bout de plusieurs heures aucune bulle ne s'échappe plus, on
constate l'existence d'un liquide brun épais qui dégage du gaz ammoniac quand on
élève la température.
>) L'appareil est mis en communication avec un manomètre à air libre. La tension
diminue lentement au fur et à mesure qu'on enlève du gaz ammoniac. Le liquide,
considéré au moment où, maintenu pendant plusieurs heures à — 25°, il ne dégage plus
de gaz, se prend en masse quand on refroidit jusqu'à — 55°. A une température plus
élevée, au contraire, il reste liquide, tan.dis que la pression augmente rapidement. A
la température ordinaire, il perd tout le gaz ammoniac qu'il contient. Si l'évaporalion
est lente, la combinaison se présente sous la forme d'une masse cristalline brune
soluble dans l'eau en donnant une liqueur violette. Introduit dans une atmosphère de
gaz ammoniac sous pression, ce corps l'absorbe rapidement en redevenant liquide. Sa
dissolution dans l'eau exposée à l'air laisse déposer du sélénium. Traitée par un acide,
elle dégage de l'hydrogène sélénié, tandis que du sélénium en poudre rouge est mis
en liberté.
» Les séléniures de sodium et de potassium ainsi obtenus présentent le
même aspect. Dissous dans l'eau de brome; ils donnent une liqueur dont
l'analyse s'effectue comme plus haut.
» Ces deux corps correspondent aux formules Na'-Se* et R^Se* (* ).
(') On a trouvé, par exemple : sodium 36, 10 et sélénium 63, 80, au lieu des
nombres théoriques 36, 80 et 63,20. De même, potassium 5o,i8 et sélénium 49,75,
au lieu de 49>68 et 5o,32.
(^) Sodium 12, 5o et sélénium 87,49, au lieu des nombres théoriques 12,70 et 87 ,29;
de même : potassium 19,35 et sélénium 80, 48, au lieu des quantités calculées 19,80
et 80,20.
( 3oi )
» L'analyse précédente peut être contrôlée par la pesée du sélénium en
excès resté dans la branche A. Mais cette vérification, ainsi que le mode
de préparation et de lavages décrits plus haut, ne sont acceptables que si le
sélénium ne se dissout pas dans le gaz ammoniac liquide, ce que j'ai expres-
sément reconnu dans une étude (') dont les principaux résultats ont été
publiés avec ceux qui sont relatifs au soufre et au tellure (^).
» Cette méthode de préparation de séléniures alcalins anhydres permet
d'avoir des composés purs.
» Berzélius ('). par l'action directe du métal alcalin sur le sélénium,
Wohler et Dean (*), par l'action directe du charbon sur les sélénites ou
les séléniates alcalins, n'ont obtenu que des composés mal définis, conte-^
nant toujours un peu de sélénium libre. En chauffant les produits cristal-
lisés Na-Se, 4.5H^O et R-Se, 9H-O dans un tube traversé par un courant
lent d'azote, M. Fabre C) a obtenu des monoséléniures alcalins qui ren-
ferment toujours des silicates ou des aluminates provenant de l'attaque du
(') Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux, séance du 25 no-
vembre 1898.
(^) MM. Franklin et Krauss ont publié un Mémoire dans lequel ils étudient le gaz
ammoniac liquide en tant que dissolvant {American chem. Journal, vol. XX, n" 10,
décembre 1898; p. 820). Ils ont déterminé approximativement la solubilité de cinq
cents substances qu'ils classent en corps extrêmement solubles, très solubles, assez
solubles, peu solubles, très peu solubles et insolubles. Ils ont opéré à — 38", sous la
pression atmosphérique avec du gaz ammoniac liquide employé dans le commerce
pour la fabrication de la glace.
MM. Franklin et Krauss placent le sélénium parmi les corps solubles.
Ils ont étudié également la solubilité de ce corps à une température plus élevée. Le
sélénium était placé avec le gaz ammoniac liquide dans un tube qu'on fermait à la
lampe pendant qu'il était plongé dans un bain à — 38°. MM. Franklin et Krauss lais-
saient ensuite la température remonter à -t- 25°. Ils ont trouvé qu'à cette température
le sélénium se dissolvait lentement en donnant une liqueur dont la couleur rappelait
celle obtenue avec le soufre.
Il résulte, au contraire, d'expériences exécutées au laboratoire depuis plus d'un an
que le sélénium pur ne se dissout pas dans le gaz ammoniac liquide pur.
Ce désaccord entre ces résultats et ceux de MM. Franklin et Krauss provient
peut-être de ce qu'ils n'ont pas opéré avec du sélénium pur et du gaz absolument
anhj'dre. Il n'est pas étonnant en eflet qu'avec du sélénium du commerce on obtienne
une dissolution dont la couleur rappelle la dissolution du soufre dans le gaz ammoniac
liquide.
(') Berzélius, Traité de Chimie, t. 11; p. 247.
(') WôHLER et Dean, Ann. Pharm., t. XCVII; p. 5.
(') Fabre, Ann. de Chini. et Phys., &' série, t. X ; p. 490.
( 3o2 )
verre ou des nacelles de porcelaine qui avaient seni dans cette opération.
Dans une prochaine Note je me propose de présenter à l'Académie les
résultats obtenus en remplaçant le sélénium par le soufre ou par le
tellure ».
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques acélylacétonates ('). Note de MM. G.
Urbain et A. Oebierne, présentée par M. Grimaux.
« Alphonse Combes (') et l'un de nous ont déjà signalé les propriétés
curieuses de quelques acétylacétonates.
» Depuis, l'un de nous a décrit l'acétylacétonate de thorium et celui
d'uranyle (ce dernier en collaboration avec Alphonse Combes), et a pu
observer les mêmes particularités de solubilité et de volatilité.
» Nous avons pensé qu'il était intéressant de faire une étude d'ensemble
tle ces composés : c'est le commencement de cette étude que nous publions
aujourd'hui.
» Les acélylacétonates s'obtiennent généralement par l'action directe de Tacétyl-
acétone sur les hydrates ou les carbonates en suspension dans l'eau, ou par double
décomposition entre un acétylacétonate alcalin et la dissolution d'un sel neutre. Cer-
tains d'entre eux se produisent également par l'action de l'acétylacétone sur les acé-
tates. Dans ce cas, l'acétylacétone agit donc comme un acide plus énergique que
l'acide acétique. Nous avons observé, de plus, qu'elle peut aussi décomposer des chlo-
rures; c'est ainsi qu'une réaction très vive se produit lorsqu'on verse de l'acétylacétone
sur du chlorure d'aluminium anhydre en présence de chloroforme. Il se dégage du
gaz chlorhydrique et il se forme de l'acétylacétonate d'aluminium. Une réaction se
produit également avec les chlorures anhydres de thorium, de fer, etc.; elle devient
même d'une extrême violence avec le tétrachlorure de titane.
» Au cours de ce travail, nous avons constaté que certains oxydes, dont
les sels normaux sont instables et n'ont pu être isolés, donnent avec l'acé-
tylacétone des corps magnifiquement cristallisés et d'une remarquable
stabilité. Par exemple, nous décrirons, dans cette Note qui traite des acétyl-
acétonates de sesquioxydes, les sels obtenus par l'action de l'acétylacétone
sur les sesquioxydes de manganèse et de cobalt.
» Bien que les acétylacétonates de sesquioxydes soient d'une grande stabilité, cer-
tains d'entre eux se décomposent partiellement quand on cherche à les volatiliser. Nous
(') Travail fait au laboratoire de Chimie-Physique à la Sorbonne.
C) A. Combes, Comptes j-eruliis. t. CV, p. 868.
( 3o3 )
ne pouvions donc mesurer leurs densités de vapeur pour la détermination de leurs
poids moléculaires.
» Toutefois, la grande solubilité de ces composés dans le benzène nous a permis
d'effectuer dans ce dissolvant des mesures cryoscopiques qui n'ont laissé aucun doute
sur la grandeur moléculaire de ces dérivés.
» Il résulte de ces mesures que les acétylacétonates de sesquioxydes
que nous avons étudiés sont du type
„.,/GOCH^
\ /COCH^
et que par conséquent les sels de sesquioxydes sont de la forme MR' el
non^PR^
» Acétylacétonate ferrique. — Ce sel se prépare le plus aisément en traitant l'hy-
drate ferrique en suspension dans l'eau par un léger excès d'acétylacétone. Au bout de
vingt-quatre heures, la transformation est complète. Le précipité cristallin, d'un
rouge vif, est séparé par fîltration, séché à l'air et dissous dans le benzène. Après deux
cristallisations dans ce dissolvant, on obtient le corps absolument pur.
» L'acétylacétonate ferrique est très soluble dans le chloroforme, le benzène,
l'alcool, l'acétate d'éthyle, l'acétone; moins soluble dans l'éther, l'essence de térében-
thine; à peine soluble dans l'eau.
» Il fond à 184° et se décompose lorsqu'on le chauffe au-dessus de cette tempé-
rature.
Analyse, — Trouvé : Carbone. 30,91 "/o
Calculé : Carbone. 60,99 "/<>
Matière Poids Aljaissemenl du point Poids moléculaire
Cryoscopie. employée, du dissolvant. décongélation. trouvé,
f' expérience. . . 2,3o3 43, 02 o",75o 343
2= expérience... 2,584 42,85 o°,885 34 1
)) Poids moléculaire calculé pour Fe( Ac)' : 353 ; pour Fe-(Ac)'^ : 706.
» Acétylacétonate manganique. — Il se prépare comme le sel de fer, en partant
du sesquioxyde de manganèse provenant de la réduction du permanganate de potasse
par la glycérine à froid et en liqueur étendue. La dissolution brune obtenue après l'ac-
tion de l'acétylacétone doit être épuisée par le chloroforme, pour en extraire l'acétyl-
acétonate notablement soluble dans l'eau. Ce sel se purifie le mieux par des cristalli-
sations dans l'éther. Il se présente alors en cristaux isolés noirs et brillants, dont la
poudre est brun verdàtre. Il se dissout dans les mêmes liquides que le sel ferrique,
mais y est, en général, plus soluble.
Hydrogène.
6,01 %
Fer.
i5,6 V„
Hydrogène.
5,95 Vo
Fer.
i5,8 o/„
Mail
ganèse
i5,45
7o
Man
ganèse
i5,6
7o
Poidï
molécul
trouvé.
342
aire
( 3o4 )
» Il fond à 172°, puis se décompose.
Analyse. — Trouvé: Carbone 51,07"/,, Hydrogène 6,07 "/„
Calculé : Carbone 5i,i3°/o Hydrogène 6,98 "/o
Matière Poids
Cryoscopie. employée, du dissolvant. Abaissement.
i''" expérience ... . 3,786 4i>97 i,285
■2" expérience.... i,3624 43,25 0,460
» Poids moléculaire calculé pour Mn(Ac)^: 352.
» Acétylacélonate cobaltique. — Il se prépare au moyen du sesquioxyde de cobalt
provenanl de l'action de l'hypochlorite de potasse sur l'azotate de cobalt. Moins alté-
rable que le sel de manganèse, on l'obtient avec un rendement théorique. Les cristaux
sont noirs et leur poudre est vert clair. 11 se dissout comme les précédents dans les
dissolvants organiques et les dissolutions sont d'un vert intense.
» II fond à 240° et est plus stable que les sels de manganèse et de fer.
Analyse. — Trouvé : Carbone. 5o,7 "/„ Hydrogène. 5,92 "/„ Cobalt. 16,8 "/„
Calculé : Carbone. SojSô"/,, Hydrogène. 5,89 "/„ Cobalt. 16,57 "/„
Matière Poids .\baissement du point Poids mol.
Cryoscopie. employée. du dissolvant. de rongélation. trouvé.
1"'* expérience 2,5o3 42,96 0,835 343
2^ expérience 1,881 43,26 o,63o 345
)i Poids moléculaire calculé pour Co(Ac)' : 356.
» Acétylacélonate chromique. — Il s'obtieçit avec l'hydrate précipité à froid
des dissolutions des sels violets. Sa stabilité est comparable à celle du sel d'alumi-
nium. C'est un sel rouge violacé, également très soluble dans les dissolvants orga-
niques.
» Il fond à 2i4°, bout à 34o° sans décomposition. Sa vapeur est verte.
Analyse. — Trouvé : Carbone. 5\,3''l„ Hydrogène. 6,06 "/(, Chrome. 14,770
Calculé : Carbone. 5i,5"'/o Hydrogène. 6,01% Chrome. i4,9''/o
Cryoscopie. Matière employée. Poids du dissolv.
Inexpérience' 2,9712 42,56
2' expérience 2 , 335 43 , 08
» Poids moléculaire calculé pour Cr(Ac)' : 349.
» Acétylacétonatc d'aluminium. — Nous n'avons que peu de chose à ajouter à ce
qu'a publié Alphonse Combes sur ce sujet. L'acétylacétonate d'aluminium se prépare
difficilement avec l'hydrate d'alumine. On l'obtient, au contraire, très aisément par
l'action de l'acétjlacélone sur !e chlorure d'aluminium anhydre.
Cryoscopie. Matière. Poids du dissolvant. Abaissement. Poids moléculaire trouvé.
1,928 43,75 0,700 3i5
» Poids moléculaire calculé pour Al(Ac)' : 324-
M Acétylacétonatc nickelique. ^- Ce sel n'a pu être isolé. Lorsque l'on traite le
Poids mol
aissement.
trouvé.
I ,o3o
337
o,8o5
337
( 3o5 )
sesquioxyde de nickel par l'acétylacétone, on obtient une dissolution brune très foncée,
qui se décompose rapidement sans qu'on puisse arriver à extraire le sel nickelique.
» L'ensemble de ces résultats montre bien l'analogie que présentent les
sesquioxydes de cobalt et de manganèse avec ceux d'aluminium, de fer et
de chrome. Non seulement dans tous les acétylacétonates de ces ses-
quioxydes, le métal fonctionne comme tnvalent, mais encore leurs proprié-
tés physiques et chimiques sont presque identiques. Leurs formes cristal-
lines sont analogues. Ils fondent sans décomposition et sont tous plus ou
moins volatils. Enfin, ils peuvent tous se combiner avec i molécules de
chloroforme lorsqu'on les fait cristalliser dans ce dissolvant. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Action des matières minérales el des acides
organiques sur les variations de la résistance el les modifications de l'éco-
nomie ('). Note de MM. Charrin, Gdillemonat et Levaditi, présentée
par M. Ch. Bouchard.
« En présence de l'importance croissante, en Pathologie générale, de
la notion de terrain, il nous a paru intéressant de rechercher, d'une part,
dans quelle mesure on peut créer des différenees entre les milieux or-
ganiques, d'autre part, quelles sont les modifications qui, réalisées par ces
différences, font varier la résistance aux maladies.
» Pendant cinq à dix semaines, tous les deux ou trois jours, on injecte, sous la
peau de plusieurs séries de lapins, des quantités croissajites de 1°'= à 4""^ d'une solution
comprenant loo?"' de sulfate de soude, aS?"' de phosphate de soude, aSs' de phosphate de
potasse, loi' de chlorure de sodium pour i'" deau. Parallèlement, d'autres séries d'ani-
maux, de poids sensiblement égaux, soumis à une semblable alimentation, reçoivent
de la même façon des proportions oscillant de o"^, lo à i"" d'un mélange constitué
par 200" d'eau et renfermant iS'' de chacun des trois acides lactique, oxalique, citrique.
» Il convient d'agir avec prudence, de ne pas altérer, du moins en apparence, la
santé générale, de ne pas déterminer d'amaigrissement; des doses trop considérables
peuvent, en effet, provoquer des accidents toxiques au sens pratique des mots; or,
chacun sait qu'un empoisonnement affaiblit l'économie : une nouvelle démonstration
n'est nullement nécessaire.
» Ces longues préparations terminées, on inocule dans le sang de ces divers animaux
un égal volume d'une culture pyocyanique.
n Dans ces conditions les lapins traités par les acides succombent les premiers en
dix-huit ou cinquante-quatre heures; des témoins qui n'ont reçu ni acides, ni sels ré-
(') Travail du laboratoire de Médecine expérimentale des Hautes Etudes.
C. R., 1899, 2' Semeslre. (T. CXXIX, N- 5.) 4^
( 3o6 )
sislenl duraal une à trois journées; quatre fois sur six. les sujets modifiés par la péné-
tration des principes minéraux vivent plus longtemps, quelquefois pendant une à
trois semaines (').
)) Ainsi la résistance diminue chez les uns, tandis que le plus fréquem-
ment elle s'accroît chez les autres. Dès lors, il est intéressant de savoir si
ces variations se rattachent à des modifications organiques saisissables.
» Les lapins minéralisés ont les poils plus lisses, les mouvements plus agiles; ils
émettent habituellement plus d'urine que ceux qui reçoivent des acides, un tiers, un
quart en plus par jour; ils fabriquent ordinairement par kilogramme un peu plus d'urée :
o,4o ou 0,21 au lieu de o,34 ou o, i5, proportions émises par les animaux traités par
ces acides ; chez eux, le rapport de l'azote de l'urée à l'azote total oscille autour de o , 98 ;
chez ceux qui sont soumis à ces injections d'acide, ce rapport s'abaisse parfois à 0,88.
Par contre, ces derniers animaux émettent des urines plus riches en acide phospho-
rique d'environ | que les urines des sujets auxquels on administre des sels; toutefois,
si l'on calcule par rapport aux volumes urinaires quotidiens, au lieu de calculer par
litre, les phosphates, en raison des oscillations de ces volumes, sont, comme l'urée,
plus abondants tantôt chez les uns, tantôt chez les autres; ces urines, surtout chez
les cobayes qui reçoivent ces acides, sont souvent très louches.
» Le sang des animaux soumis à ces injections d'acides est ordinaire-
ment légèrement plus alcalin que celui des lapins minéralisés ; il se coagule
beaucoup plus vite, peut-être à cause des bases, de la chaux en particu-
lier, mises en liberté. Ces faits, aussi bien que d'autres détails placés en
évidence par nos recherches, sont du reste connus dans l'histoire de la
dyscrasie acide (-').
» Le bacille pyocyanique semé dans le sérum des animaux qui ont reçu
des sels pullule moins vite et sécrète, à un moment donné, moins de pig-
ment que ce bacille évoluant dans le sérum des lapins soumis aux injec-
tions d'acides; les cultures faites dans ce sérum des sujets minéralisés sont
moins virulentes; les lapins inoculés, à doses égales, survivent pendant
trois à huit jours, tandis que ceux qui reçoivent les microbes en évolution
dans le liquide, tant des témoins que des sujets acidifiés, périssent en
soixante-douze, en quarante-huit heures, même en une journée : ces résul-
tats, comme les autres, se dégagent de l'ensemble des faits, sans échapper
évidemment aux exceptions.
» Au point de vue de l'agglutination, on n'observe, au premier abord,
rien de spécial; cependant, si l'on vaccine en injectant, d'une part, des
(') Ces cultures sont très virulentes.
(') Voir Ch. BoncHARD, Leçons sur le ralentissement de la nutrition, p. 67 a gâ.
( 3o7 )
toxines du germe du pus bleu, d'autre part, ces toxines mélangées à des
matières minérales, on voit que l'emploi de ce mélange hâte notablement
l'apparition du précipité agglutinatif; celte rapidité d'apparition s'obtient
aussi en ajoutant quelques gouttes d'une solution de phosphate de chaux ( ' )
à du sérum associé à un peu de culture pyocyanique; toutefois, à eux seuls,
les sels n'engendrent pas nettement chez l'animal cette agglutination.
» A l'autopsie, les modifications les plus intéressantes portent sur la
moelle des os qui, chez les animaux traités par ces sels, prolifère, tend à
perdre une partie de sa graisse ( ■).
w Ainsi, à l'aide de ces matières minérales et de ces acides, on parvient
à créer, entre les milieux organiques, des différences qui correspondent à
des variations dans la résistance aux maladies. Parallèlement à ces chan-
gements on enregistre des mutations nutritives plus perfectionnées, des
attributs humoraux plus développés. L'état bactéricide devient manifeste;
on réalise de la sorte, assurément dans une plus faible mesure, avec des
substances banales, des modifications qui, pour certains auteurs, ne
peuvent apparaître que sous l'influence de la pénétration des produits
bactériens; ces principes de défense, suivant quelques chercheurs, ne
seraient même autre chose que ces produits bactériens plus ou moins
transformés.
» De tels résultats sont de nature à mettre nettement en évidence la
part de l'organisme si souvent proclamée par le professeur Bouchard, dans
la genèse de ces éléments de protection ; de pareils éléments se déve-
loppent sous l'influence des réactions de l'économie mises en jeu dans
notre cas par des matières minérales, dans d'autres circonstances par
d'autres composés le plus souvent, mais non fatalement, d'origine micro-
bienne. Nos expériences permettent même d'aller plus loin, de localiser,
pour une part, ces réactions dans le sang, plus encore dans la moelle
osseuse. »
(') Voir E)A1NYSZ, Soc. 6jo/.. juin 1899.
C) Ces modifications, comme tous nos résultats (survie, chiffres d'analjse, etc.)
varient naturellement suivant les réactions animales, les doses introduites, la durée
des préparations, la virulence des cultures, etc.
( 3o8 )
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Immunité et spécificité. Réflexions à propos de.
la Note précédente de MM. Charrin, Guillemonat et Levaditi; par M. Ch.
Bouchard.
« La Note de MM. Charrin, Guillemonat et Levaditi ('), que je viens de
présenter à l'Académie, a une très haute importance à ne la considérer
qu'au point de vue des faits concrets qu'elle expose. Son importance n'est
pas moindre, je crois, par l'interprétation que ces faits permettent de don-
ner à des questions posées depuis longtemps, tranchées arbitrairement ou
écartées comme actuellement impénétrables. Cette Note prend rang après
un ensemble de travaux qui préparaient l'intelligence de quelques-uns des
modes de production de l'immunilé. Elle me suggère quelques réflexions
que l'Académie me permettra de lui soumettre.
» Au nombre des moyens qu'utilise l'organisme pour se défendre contre
les microbes pathogènes, il y a certaines propriétés humorales, qui existent
avant toute atteinte morbide ou qui se développent au cours de la maladie
pour persister plus ou moins longtemps après elle, durant parfois pendant
toute la vie. Parmi ces propriétés humorales il en est qui sont défavorables
s la vie ou à la pullulation ou à l'activité sécrétoire des microbes, je les
réunis sous le nom de propriétés ou iV étals bactéricides. La réalité de l'état
bactéricide est démontrée pour le sérum sanguin normal. L'exaltation
de cet état bactéricide a été établie pour vingt maladies microbiennes en-
viron.
» Un autre état du sérum sanguin qui est sans action contre les microbes
mais qui aide, au moins, l'organisme animal à se défendre contre leurs
poisons, c'est l'état aniitoxique qui a été nettement établi au moins pour
deux microbes. Il doit être plus trécpient, à n'en juger que d'après ce que
nous savons de l'immunilé que confère l'intoxication jiar un venin et
d'après l'efficacité que possède le sérum des animaux ainsi immunisés
pour prévenir ou pour guérir l'intoxication par le même venin ou par
quelques autres.
» J'ai fait valoir, à partir de 1879, les raisons qui obligent à admettre
que l'immunité, au moins l'immunité acquise, est l'efTet d'une modification
(') Comptes rendus, t. CXXIX, p. 3o5.
( 3o9 )
plus ou moins durable de la nutrition, survenue au cours de la maladie
microbienne.
» J'ai démontré en 1891 que, pour l'état bactéricide au moins, le chan-
gement humoral est dû, non à la persistance de matières déposées dans
l'économie par le microbe lors de la maladie qu'il a provoquée, mais qu'il
résulte d'un changement survenu dans l'élaboration de la matière. J'ai
prouvé, en effet, que cette matière protectrice se détruit constamment
dans l'économie. Comme elle y est toujours présente et toujours efficace,
il faut admettre cpi'elie s'y forme incessamment, qu'elle n'est donc pas le
reliquat des cellules microbiennes, mais qu'elle est le produit incessam-
ment formé par les cellules animales dont la nutrition a été modifiée d'une
façon durable. Ce qui est vrai pour les matières bactéricides paraît vrai
également pour les matières antitoxiques.
» On a pensé d'abord que ce changement de la nutrition, d'où résulte
un état des humeurs qui aide à la guérison de la maladie ou à la résistance
contre une nouvelle invasion, ne pouvait être que la conséquence de la
lutte de l'économie aux prises avec l'agent spécifique de cette maladie. Il a
fallu reconnaître que le virus vaccin donne l'immunité contre la vaccine et
contre la variole. Il a fallu reconnaître ensuite que l'agent infectieux n'est
pas indispensable, que ses produits suffisent et qu'une immunité durable
peut être produite si l'on a introduit seulement les toxines. On a prouvé
ensuite ([ue la résistance par changement de l'activité nutritive produi-
sant une modification humorale s'observe quand l'économie a été aux
prises avec des ]3oisons autres que les |)oisons microbiens, avec certains
poisons fournis par de grands végétaux, abrine, etc., avec certains poisons
fournis par les animaux, venins, etc. M. Phisalix, auquel on est redevable de
si remarquables découvertes dans cette voie, a montré que des poisons ani-
maux incomparablement moins toxiques vaccinent contre eux-mêmes et,
chose bien plus précieuse, vaccinent contre les venins, contre les toxines :
tels sont, par exemple, les sels biliaires. Même des corps organiques que
l'on croyait presque inertes, la cholestérine entre autres, confèrent de telles
immunités. Aujourd'hui ce ne sont plus seulement les microbes, les toxines,
les venins, les substances organiques, ce sont les solutions salines miné-
rales, même neutres, même à dose non toxique, qui confèrent l'immu-
nité.
» La longue et fréquente introduction de ces sels produit l'immunité
en modifiant l'état humoral, puisque l'état bactéricide du sérum augmente.
( 3io )
Et ce changement de l'état humoral marche parallèlement à un change-
ment delà nutrition générale, quiest reconnaissableà la vivacité plus grande
de l'animal, au lustre de son poil, à l'abondance et à la richesse plus grande
des urines, à l'activité formative plus grande des cellules, au moins des
cellules de la moelle osseuse.
M Ainsi des substances très toxiques, ou des substances inoffensives et
qui passent pour être inertes, peuvent modifier l'activiié nutritive et la
modifier de façon plus ou moins durable. Comme conséquence de ce chan-
gement dans l'activité des cellules survient un changement dans la compo-
sition des humeurs qui en fait, pour certains microbes, un milieu de cul-
ture plus nuisible ou plus favorable. La résistance à la maladie infectieuse
marche parallèlement à ces variations de l'état bactéricide. Quelques sels
neutres en dissolution dans l'eau, du sulfate de soude, du phosphate de
soude ou de potasse, du chlorure de sodium peuvent produire cela comme
la toxine du bacille pyocyanique. Ces faits tendent à faire sortir la notion
de l'immunité du domaine de la spécificité. Elles ajoutent un argument
puissant aux raisons que je faisais valoir à l'appui de cette manière de voir
dans mon enseignement de ces dernières années.
» Je formulais ainsi ma conception : Tout ce qui impressionne, surtout
d'une façon durable, l'activité nutritive des cellules peut modifier la com-
position chimique des humeurs. L'état antitoxique et, surtout, l'état bacté-
ricide des humeurs étant liés à leur composition chimique, le changement
de l'activité nutritive des cellules pourra exercer une influence sur la récep-
tivité ou la résistance aux maladies infectieuses comme aussi sur la gravité
ou la durée de ces maladies.
» Le changeuient humoral que produisent les modificateurs de la nutri-
tion peut : i" favoriser l'animal dans sa résistance à la maladie /a; 2° lui être
nuisible na\ 3° lui être indifférent ia. Ce même changement humoral, envi-
sagé dans son action sur le microbe, peut : 1° favoriser l'activité morbifique
du microbeym; 2" nuire au microbe «m; 3° lui être indifférent ini.
» Cette double action des humeurs sur l'homme et sur le microbe prête
aux combinaisons suivantes :
» J'a -^ fin, favorable à l'animal et favorable au microbe, aclion incerlainc. utile,
nuisible ou nulle.
» fa -+■ nm, favorable à l'animal el nuisible au microbe, action atténuante sur la
maladie.
i> fa -H ù?t, favorable à l'animal et inditiéreute au microbe, action atténuante légère.
»
na
»
ia
légère.
»
ia
»
ia
( 3n ^
» na +fm, nuisible à l'animal et favorable au microbe, action aggravante sur la
maladie.
» na -f- nm, nuisible à l'animal et nuisible au microbe, action incertaine.
\- im, nuisible à l'animal et indifférente au microbe, action aggravante légère.
-fni, indifférente à l'animal et favorable au microbe, action aggravante
- nm, indifférente à l'animal et nuisible au microbe, action atténuante légère.
- im, indifférente à l'animal et indifférente au microbe, action nulle.
» De ces neuf combinaisons, seules possibles, il v en a
1 dont l'action est nulle;
2 » indifférente;
3 » aggravante;
3 » atténuante.
» Il ne serait pas difficile de trouver dans la clinique ou dans l'expéri-
mentation des exemples de ces quatre catégories.
» On ne considère que l'action que les produits microbiens exercent
sur la nutrition, et, en laissant de côté les influences tout aussi clairement
démontrées que ces poisons exercent sur le système nerveux et par son
intermédiaire sur les circulations locales et sur les migrations cellulaires, ou
ces autres influences non moins certaines que, par des procédés encore
obscurs, ils mettent en jeu dans certains organes pour activer la proliféra-
tion des cellules migratrices, on peut dire que, pour une part, l'immunité
peut résulter de changements chimiques survenus dans les humeurs, chan-
gements produits par une modification de l'activité cellulaire : car, comme
je m'obstine à le répéter, les humeurs ne sont que ce que tes cellules les font.
Les cellules les font bactéricides ou antiloxiques quand elles ont été impré-
gnées, même d'une façon passagère, par les produits microbiens ou par
un grand nombre d'autres modificateurs de la nutrition. Les immunités de
cet ordre, quand elles ont été produites par la toxine microbienne ou par
le sulfate de soude, sont amenées par des procédés de même nature diffé-
rant peut-être par l'intensité et par la durée de leur action. Les décou-
vertes de MM. Charrin, Guillemonat et Levaditi ont, entre autres mérites,
celui de rendre plus vraisemblables les vues que je viens d'exposer et
d'aider à faire sortir de la spécificité et du mystère l'une des questions
relatives à la doctrine de l'immunité. »
( 3.2 )
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur le gluten coagulé et les matières azotées
des farines. Note de M. Balland.
« Le gluten que l'on vient d'extraire des farines, jeté dans une capsule
contenant de l'eau bouillante, va au fond, puis surnage, après quelques
minutes, en prenant la forme spongieuse. Il ne colle plus aux mains; il a
perdu son élasticité et, contrairement à ce qui se passe pour le gluten
desséché à l'air libre et même à l'étuve, il ne la reprend pas lorsqu'on le
remet dans l'eau ordinaire. Celte particularité, signalée par Parmentier
en 1773 (Examen chimique des pommes de terre), a été mise à profit par
Aimé Girard pour le dosage du ^XnlenkY (i\.a\.!>ec {Comptes rendus, t. CXXIV,
p. 880). En coagulant le gluten, on facilite en effet sa dessiccation et l'on
évite l'adhérence aux parois des capsules ou des lames de verre sur les-
quelles on l'étend avant de le porter à l'étuve.
» J'ai entrepris, sur le gluten coagulé, une série d'expériences ana-
logues à celles que j'ai faites autrefois sur le gluten humide (Comptes rendus,
t. CXIX, p. 566). Le gluten, fortement exprimé à la main, a été pesé,
maintenu dans l'eau bouillante pendant dix minutes, essoré dans un linge,
pesé, séché pendant vingt-quatre heures à 100°, puis pesé à nouveau.
» Il résulte de nos observations que les glutens, tels qu'on les retire des
farines, plongés dans l'eau bouillante, acquièrent une hydratation assez
uniforme en perdant plus ou moins d'eau. Dans les farines de bonne
conservation, à acidité normale, la perte est de 10 à 26 pour 100; mais dans
les vielles farines, dont l'acidité est élevée (o ,i3o à o, 280 pour 100), elle
n'atteint que rarement 10 pour 100. Le gluten des premières, qui, avant sa
coagulation, retient le plus souvent 66 à 71 pour 100 d'eau, n'en retient
que 60 à 63 pour 100 à l'état coagulé; pour les farines anciennes, l'hydra-
tation avant et après coagulation présente moins d'écarts (60 à 64 avant et
57 à 61 après).
» Le dosage du gluten à l'état coagulé offrirait donc plus de garanties
que le dosage à l'état humide qui se fait habituellement. Le dosage à l'état
sec, en écartant toutes les causes d'erreurs dues à l'hydratation, donne,
assurément, des résultats comparables, mais il n'est pas à l'abri de la cri-
tique. Le gluten sec, en effet, présente une composition très variable; il
retient toujours, suivant les lavages auxquels on l'a soumis et suivant le
(3i3)
taux d'extraction des farines ou leur ancienneté, plus ou moins d'amidon,
de cellulose, de graisse et de matières minérales. Dans les glutens longue-
ment lavés, la matière azotée, représentée par 16 pour 100 d'azote, dépose
à peine go pour 100; si les lavages sont plus restreints, ce qui arrive
fréquemment, elle tombe au-dessous de 80 pour 100. La composition des
glutens ayant passé par l'eau bouillante ne diffère pas sensiblement de
celles des mêmes glutens qui n'ont pas subi ce traitement.
» De deux farines fraîches blutées l'une à 3o pour 100 et l'autre à 20 pour 100, on
a retiré des glutens qui contenaient, à l'état sec :
Matière azotée,
pour 100.
/ Gluten ordinaire très lavé 90, Sa
Farine blutée à 3o pour 100. < Le même après coagulation 891 'o
( Gluten ordinaire moyennement lavé. 80, 35
/ Gluten ordinaire très lavé 86, 10
Farine blutée à 20 pour 100. ? Le même après congélation 85,48
( Gluten ordinaire moyennement lavé. . 74, 3o
» Ainsi, le gluten sec n'est pas de la matière azotée pure. D'autre part,
il ne représente pas toutes les matières azotées insolubles contenues dans
les farines; il y a toujours une partie de ces matières qui est entraînée avec
l'amidon, pendant l'extraction du gluten, et qui ne saurait être confondue
avec les matières azotées solubles. Les exemples suivants le prouvent :
» I. D'une farine déchois, de mouture récente, on a extrait le gluten en recueillant
avec soin les eaux de lavage, qui ont été ultérieurement jetées sur un filtre, après
repos et décantation. On a examiné séparément le gluten, les parties restées sur le filtre
et le liquide ayant traversé le fdlre. On a trouvé pour 100 de farine :
Eau i3,8o
Gluten sec 8,64 do"l 7-66 pour la matière azotée;
Résidu sec laissé sur filtre 71 ,28 » 0,43 »
Extrait sec de la liqueur filtrée. . 4j05 » 0,86 »
Pertes 2,23
» Le gluten sec dosé comme précédemment par le procédé Kjeldahl (coefficient 6,25)
contenait 88,88 pour 100 de matière azotée, le résidu sec laissé sur le filtre 0,61 pour 100,
l'extrait sec 21,48 pour 100 et la farine 9,18 pour 100.
» Le résidu laissé sur le filtre avait 52 pour 100 d'eau au moment où il a été mis à
l'étuve, alors que la farine non déjjourvue de son gluten en retient, dans des conditions
analogues, 57 pour 100.
» La matière azotée est très inégalement répartie dans ce résidu : c'est au centre
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N" 5.) 4l
( 3i4 )
qu'il j- en a le plus. Avant de procéder au dosage de l'azote, on a mélangé soigneusement
la masse au mortier.
» II. Une farine très ordinaire, de mouture récente, a donné :
Eau i3, 3o
Gluten sec 8,'j5 dont 7,55 pour la matière azotée;
Résidu sec laissé sur filtre 70i95 » 0,86 »
Extrait sec de la liqueur filtrée. . 4iSo » 1,10 »
Pertes 2,20
100,00
« Le gluten sec contenait 86,34 pour 100 de matière azotée, le résidu 1,22 pour loo,
l'extrait 23,02 et la farine 9,82.
» III. Une farine première marque du commerce, conservée pendant trois ans,
a donné :
Eau i3,oo
Gluten sec 8,55 dont 7 , 92 pour la matière azotée ;
Résidu sec laissé sur filtre 7 '170 " 0,60 »
Extrait sec de la liqueur filtrée.. ^,9^ » 0,98 »
Pertes i ,So
100,00
» Le gluten sec contenait 92,7 pour 100 de matière azotée, le résiduo,85 pour 100,
l'extrait 19,94 c* ''' farine 9,5i pour 100.
» IV. Une farine de blé dur des manutentions militaires, conservée pendant deux
ans, a donné :
Eau 12,10
Gluten sec 12, 85 dont 11 ,28 pour la matière azotée.
Résidu sec laissé sur filtre.. . . 64,25 » 2,4i »
Extrait sec de la liqueur filtrée. 7,95 » 1,91 »
Pertes 2,85
100,00
» Le gluten sec contenait 87,80 pour 100 de matière azotée; le résidu, 3,76 pour
100; l'extrait, 24,10, et la farine, 15,96.
» On voit, par ces exemples, que le gluten, ainsi que je l'ai déjà signalé,
se modifie pendant le vieillissement des farines : il perd la faculté de se
rassembler, et il est entraîné en plus grande quantité par les lavages. On
remarquera aussi, d'après ce qui a été dit plus haut, que les glutens des
farines bien blutées, c'est-à-dire relativement dépourvues de graisse, de
matières minérales et de cellulose, contiennent la plus forte proportion
d'azote et que cette proportion va en s'élevant dans les vieilles farines,
chez lesquelles la matière grasse s'est plus ou moins transformée. »
( 3i5 )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Dosage du gaz carbonique au mont Blanc.
Note de M. Maurice de Thierry, présentée par M. Janssen.
(< Dans une précédente Note, que j'ai en l'honneur de présenter à l'Aca-
démie ('), j'ai donné le résultat des recherches que j'ai effectuées au
mont Blanc pendant les campagnes de 1894, iSgS et 189G, sur l'ozone
atmosphérique, l'eau oxygénée et l'ammoniac.
» M. Janssen m'ayant honoré de son bienveillant appui, j'ai pu, tout
en continuant le dosage méthodique de l'ozone atmosphérique dont la
quantité croît toujours avec l'altitude, commencer le dosage de V anhydride
carbonique, dans l'air des hautes régions.
» Comme pour l'ozone, j'ai donné la jDréférence à la méthode suivie chaque jour
par MM. Albert Lévy et Marboutin C), à l'observatoire municipal de Montsouris.
Cette méthode consiste à faire passer une grande quantité d'air (de 100 à i5o litres),
dans une série de tubes de Pettenkofer contenant une solution alcaline. L'opération
terminée, la liqueur est recueillie et titrée à l'aide de la phénolphtaléine.
» Pour éviter les causes d'erreur Inliérenles aux agglomérations, aux produits de la
combustion des foyers, à la présence des matières organiques, etc., je me suis installé
sur le toit d'un chalet situé à 2*"" de Charaonix et à 1080™ d'altitude. Sous un abri
improvisé, ouvert à tous les vents, j'ai placé trois tubes de Pettenkofer. Ces tubes
de I" de longueur sont recourbés à angle droit à l'une de leurs extrémités sur laquelle
est soufflée une boule pour empêcher les projections du liquide par le barbotage de
l'air. L'autre extrémité élargie sur une longueur de 20'™ environ, fait un angle obtus
avec le corps du tube et reçoit à l'intérieur un petit tube effilé en verre maintenu par
un bouchon de caoutchouc et par lequel l'air aspiré pénètre bulle à bulle. Les tubes
de Pettenkofer étaient inclinés légèrement sur l'horizontale, de façon que l'air en
arrivant produisît une série de bulles qui s'élevaient lentement sans cependant se réunir.
Ils communiquaient avec un aspirateur exactement jaugé, permettant de faire passer
un volume d'air déterminé.
>) Après avoir lavé les tubes et les dilTérentes parties de l'appareil avec de l'eau
préalablement bouillie pendant deux heures, pour éviter toute introduction de gaz
carbonique, les tubes ont été garnis d'une solution titrée d'hydrate de potassium et
l'on a fait passer bulle à bulle i5o''', 5oo d'air. L'ouverture du tube servant à la prise
(') Séance du 1='' mars 1897.
( 2) Je me fais un devoir de remercier ici M. Albert Lévy, chef du Service chimique
de l'observatoire municipal de Montsouris, et M. Marboutin, sous-chef de ce Ser-
vice, pour leurs précieux conseils et pour les appareils nécessaires à ces dosages qu'ils
ont bien voulu mettre à ma disposition.
100 mètres cubes
Température
Volume
d'air
Dates.
centigrade.
Pression.
d'air aspiré.
contiennent.
20 août 1898
-^ 8", 5
542"™, 75
i5o''S5oo
26'*', 9
5 sept. 1898
-1-20°, 5
682°"°, 25
i5o''',5oo
26'", 2
( 3i6 )
d'air regardait le mont Blanc, c'est-à-dire le sud. La température moyenne était
de 20°, 5; le vent ouest-sud-ouest; là pression barométrique moyenne de 682""", 25; le
ciel très pur, le temps très beau.
» Les mêmes appareils ont été transportés et installés à l'observatoire des Grands-
Mulets, situé à 3o5o™ d'altitude. La prise d'air était établie à une très grande hauteur
du glacier et des rochers pour éviter les divergences qu'une agitation continuelle
entretient au niveau du sol. L'ouverture du tube aspirateur regardait le mont Blanc,
c'est-à-dire le sud-est. Le vent était du sud-ouest et très faible; le ciel très pur, pas
un nuage à l'horizon. La pression barométrique mo3"enne de 542™™, 70 et la tempéra-
ture moyenne de -I- 8°, 5.
» I.,es quantités d'anhydride carbonique trouvées à Chamonix et aux
Grands-Mulets sont indiquées dans les Tableaux ci-dessous :
Localités. Altitudes.
Grands-Mulets 3o5o™
Chamonix-les-Pratz. 1080™
Comparaisons avec Montsouris.
Dates. Chamonix-les-Pratz. Grands-Mulets. Montsouris (nombre moyen).
20 août 1898 -n 26"', 9 Sa''',! pour 100 mètres cubes d'air
3 septembre 1898 26"', 2 » 32''Si » "
» Comme on peut le voira l'examen de ces Tableaux, la quantité d'anhy-
dride carbonique diminue très peu avec l'altitude, ainsi que de Saussure
l'avait remarqué, du reste, en 1828. 100™'= d'air pris à SoSo" en con-
tiennent 25"*, 9, au lieu de 32"', i à Montsouris.
» J'ajouterai, en terminant cette Note, que les neiges fraîches et
anciennes (névé), ainsi que l'eau de fusion de couches glacières, même
très profondes (crevasses, moulins, etc.), prises soit au sommet du mont
Blanc (4810"), soit aux Grands-Mulets, soit sur les glaciers de Talèfre
et du Géant, ne m'ont jamais donné, comme je l'avais publié l'année der-
nière, aucune des réactions de l'eau oxygénée. »
M. B. DE Bal.\ss.\y adresse une Note relative à la décharge électrique
et à la constitution de l'étincelle.
La séance est levée à 4 heures un quart.
J. B.
Ou souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLA RS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
Depuis 1835 les COHPTES RENDDS hebdomadaires paraissent régulièreraent le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux Tolumes ln-4°. Deuj
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
et part du i" janvier.
Le prix de Pdbnnnement est fixé ainsi qiiUl suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Agen Ferran frères.
I Chaix.
Alger ( Jourdan.
I Ruff.
Amiens Courtin-Hecquel.
• ( Germain et Grassin.
° ( Lachèse.
Bayonne Jérôme.
Besançon Jacquard.
I Feret.
Bordeaux ! Laurens.
' Muller (G.).
Bourges Renaud.
/ Derrien.
\ F. Robert.
Brest ( . „ ,
1 J. Robert.
( Uzel frères.
Caen Jouan.
Chamberv Perrin.
Henry.
Marguerie.
Juliot.
Ribou-Collay.
. Lamarche.
Dijon Ratel.
' Rey.
Cherbourg
Cler mont-Fer r. .
_ 1 Lauverjat.
Douai '
\ Degez.
1 Drevel.
( Gratier et G'*.
La Rochelle Foucher.
\ Bourdignon.
( Dombre.
) Thorez.
\ Quarré.
Grenoble.
Le Havre.
LUle..
chez Messieurs :
Lorient
( Baumal.
■ ■ ( M"' Texier.
/ Bernoux et Cumin
l Georg.
Lyon
. . < Côte.
1 Savy.
' Vitte.
Marseille
.. Ruât.
Montpellier. . .
\ Calas.
■ ■ ( Coulet.
Moulins
. . Martial Place.
/ Jacques.
Nancy
Grosjean-Maupin.
( Sidot frères.
Nantes
i Loiseau.
) Veloppé.
Nice
( Barma.
" / Visconti et C".
A ifnes
.. Thibaud.
Orléans
. . Luzeray.
Poitiers
( Blanchier.
■ • i Marche.
Hennés
Plihon et Hervé.
Rochefort
.. Girard (M"").
Rouen
1 Langlois.
\ Leslringanl.
S'-Etienne . ... .
.. Chevalier.
Toulon
( Ponteil-Burles.
( Rumèbe.
Toulouse
) Gimel.
■ ' Privât.
Boisseiier.
Tours
. . Pérical.
' Siippligeon.
Valenciennes.. .
S Giard.
/ Lemaître.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Berlin.
chez Messieurs :
Feikema Caarelsen
et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
, .\sher et C**.
Dames.
Friedlander et (ils.
' Mayer et Muller.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanichelli.
ILamertin.
Mayolez et Audiarle.
Lebégue et C'*.
) Solclieck et C".
Bucharest i „ ,
' Slorck.
Budapest Kilian.
Cambridge
Christiania
Constantinople.
Copenhague
Florence
Gand
Gènes
Genève .
La Haye.
Lausanne-
Leipzig..
Liège.
Deighlon, BelletC».
Cammeruieyer.
Otto Keil.
Hosl et fils.
Seebei'.
Hosle.
. Beuf.
Cherbuliez.
Georg.
I Slapelmohr.
Bel in fa nie frères.
j Benda.
' Payot.
Barlh.
\ Brockhaus.
■ Lorentz.
I Max Riibe.
Twielmeyer.
, Desoer.
( Gnusé.
chez Messieurs :
, Dulau.
^°'"^' " Hachette et C".
'Nuit.
Luxembourg. . . V. Biick.
ÎLibr. Gulenberg.
Romo y Fussel.
Gonzalès e bijos.
. F. Fé.
.Mtlan [^"""^ f"-""-
' Hœpli.
Moscou Tastevin.
Naples (Marghieri di G, us.
( Pellerano.
i Dyrsen et Pfeiffer.
New- York Stechert.
LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et G'-
Palerme Clausen.
Porto Magalhaès el Monit.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
_ 1 Bocca frères.
Rome .
' Loescheret G".
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin
) Zinserllng.
; Wolir.
I Bocca frères.
Brero.
j Ciausen.
[ RosenbergelSellii;!-.
Varsovie Gebethner et M dlll
Vérone Drucker.
1 Frick.
Vienne , „ , , . _,
! Gerold et C".
ZUrich Meyer et Zeller.
S'-Petersbourg. .
Turin.
TABLES GËNËRALES DES COUPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume m-4°; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61. — (i" Janvier i85i à 3i Décembre i86d.) Volume in-4°; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 a 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4'; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT ADX COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. .\. Debbés et A. -J.-J. Solie».— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvenllej
Comètes, par M.Hankn.— Mémoire sur le Pancréas el sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
grasses, par M. Claode Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i856 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sclence^
pour le concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : o Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
« mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
« des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique el ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 37 planches; 1861.. . 15 fr.
4 la même Librairie les Hématres de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savant» à l'Académie des Sciences.
N" 5.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du r,i juillet 1899.)
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIOXS
DES MEMBUES ET DES C0RUE3P0ND.\NTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. le Secbetaihe perpetuf.l annonce à
l'Aciidémie la mort tie M. liicggenbacli.
Corics|)ondaiit pour la Secûon de Méca-
nique ■
M. A. CiiALVEAt. — Thcrmogénése et
dépense énergétique chez l'homme qui
élevé ou abaisse son propre poids. Le
travail positif prend de la chaleur au
249
Pages,
moteur animé qui exécute ce travail; le
travail négatif lui en donne '■\'.\
M. E. Vali-ier. - Sur la loi des pressions
. dans les bouches à feu J "*
M. A. KOWALEVSKY. — Imprégnation hypo-
dermique chez VUœnicntaria costata de
MuUer (Placobdella catenigera de I!.
Blanchard) ' '
MÉMOIRES PRESENTES.
M. G. CuoQii.viEi.i,E soumet au jugement de
r.Vcadémie une Note « Sur certaines affec-
tions d'orijjine cryptosamique, connues
sous les noms de maladies paludéennes.
contagieuses, épidëniiques, etc.
M. E. Su.MiEX adresse une Note <•
lutte contre le Phylloxéra
Sur la
■}.n'A
CORRESPOiXDANCE.
L'Association française pour l'avance-
.MENT DES Sciences invite l'.Vcadémie à se
faire représenter à son >S" Congrès, qui
se tiendra à Uoulogne-sur-Mcr 2G.'|
M. le \y F. Le Double prie l'Académie de
vouloir bien le comprendre parmi les
candidats au prix IMége ^li^
.MM. BouuGET, Montangerand et Haill.vud.
— Sur la nébuleuse annulaire de la Lyre,
d'après des ol)ser\ations faites à l'observa-
toire de Toulouse 260
^L M. LuiZET. - Observations de fl Lyre,
faites il l'observatoire de Lyon 267
.\L LmzET. — Sur l'éloile variable du type
Algol (DM.-r-i3",35.'i7) 269
MM. \V. Ebeut et J. Perchot. — Sur les
méthodes de -M. Lceny pour la détermi-
nation des latitudes 270
M. F. -A. l'OREL. — Les variations de l'hori-
zon apparent 272
M. E.-O. Lovett. Sur les équations de
Pfaff 27:1
M. Henri Dulac. — Sur les cols des équa-
tions dillérenlielles 370
M. H. Le CiiATELiKR. - Sur les change-
ments d'état du fer et de l'acier 270
M. Paul Sacehdote. ' — Sur les déforma-
lions électriques des diélectriques solides
isotropes 2S_'
M. G.-.V. IIemsalech. -- Sur les spectres
des décharges osciUanties : js ,
M. A. Recouua. — Sur les états isome-
riques de l'acétate chromique : acétate
anormal violet biacide, acétate anormal
vert monoacide
M. Georges Lemoine. — Action du magné-
sium sur ses solutions salines
MM. W.-H. Lang et A. Kigaut. — Sur la
dissociation du chlorure de cadmium
hcxammoniacal
M. Maurice François. - Sur la dissocia-
tion de l'iodure de mercurdiammonium. .
M. C. Hugot. — .\ction du sodammonium
et du potassammonium sur le sélénium..
MM. G. Urbain et- -\. Uebierne. — Sur
■ quelques acétyl acétonates
MM. Chaiuun, Guillemonat et Levaditi. —
Action des matières minérales et des
acides organiques sur les variations de
la résistance et les modifications de l'éco-
nomie
M. Ch. Bouchard. — Immunité et spécifi-
cité. Réflexions à propos d'une Noie de
MM. Cliarrin. Guillemonat et Levaditi.
M. Balland. — Sur le gluten coagulé et
les matières azotées des farines
M. Maurice de Thierry. — Dosage du gaz
carbonique au muni Blanc
M. B. DE Balassnv adresse une Note rela-
tive à la décharge électrique et à- la con-
stitution de rétincelle
291
-'i/l
..,1.
29!l
P\R[S. — IMPIUMERIE G A UT H [ IC R- V [ L L A K S ,
Quai des Grands-Augustins. ai.
t.e ^.eranl .• *»ArtHieR-ViLLAlis.
1899
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR nm. liES SECRÉTAIRES PBRPÉTUEEiS
TOME CXXIX.
N^ 6 (7 Août 1899).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
"■1899
REGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS!
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES pES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI iSyS.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de l^ Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou oar unAssociéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier. _
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par"'
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent, dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, dos Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Irogranimes des prix proposés par l'Acai
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'ai 1
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savon
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des perso
qui ne sont pas Membres ou Correspondants deV
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'aï
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requis
Membre qui fait la présentation est toujours nom
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ex
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membse doit être rem 1
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard 1
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à ten
le litre seul du Mémoire est inséré dans le Compte re,
actuel, et l'txtrail est renvoyé au Compte rendui
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des;
leurs ; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative f
un Rapport sur la situation des Comptes rendus apr
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution dupr
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivin
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 AOUT 1899,
PRÉSIDÉE PAR M. Maurice LÉVY.
3IÉM0IRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
MÉCANIQUE. — Sur les mouvements de roulement; équations du mouvement
analogues à celles de Lagrange. Note de M. Appell.
« On sait que les équations de Lagrange ne peuvent pas être appliquées,
sans modifications, aux problèmes de Dynamique dans lesquels certaines
liaisons consistent en ce que des corps solides sont assujettis à rouler et
pivoter les uns sur les autres. Cette difficulté a été signalée par M. Vier-
kandt et a fait depuis l'objet des recherches de MM. Hadamard, Carvallo,
Rorleweg.
» .Te me propose d'indiquer ici une forme simple des équations du mou-
vement, analogue à celle de Lagrange et s'appliquant en particulier à ce
genre de liaisons.
C, R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N- 6 j 42
(3i8)
» Soit, pour fixer les idées, un système à trois paramètres indépendants
Q\> fjïi ?3> soumis à des forces X, Y, Z. Supposons les liaisons de telle
nature que, les paramètres subissant des variations infiniment petites arbi-
traires Sy, , tq^, ^q^, on ait, pour un point quelconque {x, y, z) du système,
le déplacement virtuel
( hx — a^tq^ + a^tq.^-r- a^^q.^,
(i) \ly=b,lq,^b^q,^b,^,,
où a,, a.,, «3, b,, b^, b,, c,, c.,, c, sont des fonctions de q,, q.^, q^, les
deuxièmes membres des relations (i) nèlanl pas des différentidles totales
exactes.
)) Dans ces conditions les équations de Lagrange ne s'appliquent pas.
» L'équation générale de la Dynamique déduite du principe de d'Alem-
bert est
(2 ) lm{x" Ix +y" ly + z" lz)=-S.{-^lx -^Yly -^ z Iz),
où af, y", z" sont les dérivées deuxièmes des coordonnées par rapport au
temps,
» Cette équation doit avoir lieu pour tous les déplacements (i) compa-
tibles avec les liaisons : elle se décompose donc dans les trois équations
suivantes :
j lm{x"a, -i-y"b, 4- z"c, ) = i(X«, - Yb, -+- Zc, ),
(3) lm{x"a.-i-y"b.,-hz"c,)=^l(Xa^-hYb,-hZc,),
{ lm(x"a., -hy"b^ -f- z"c3)=-l(Xa., + Yèj -h Zc^ ).
M Pour transformer ces équations, remarquons que le déplacement réel
du point X, y, z pendant le temps dt est donné par
dx = a, dq^ -t- a, dq., + «3 dq^, . . . ,
ou, en divisant par dt et désignant par x' , y', z', q\, q'„, q\ les dérivées
dx dqt
dt' '"' 'dt' '"'
(4) \y = f>,q\-hb,q'.,-\-b,q'^,
z' = c,q\ -i- Cj yl -H c, 9; ;
( ^'9 )
on en déduit, en prenant les dérivées totales par rapport au temps,
!x"— a,q", ■+- a^ql -h a^ql-h. . .,
z"=c,q",-^c,q:-hc,ql + ...,
où les termes non écrits ne contiennent pas 9'^, ql, q\. Cela posé, on a
évidemment
_ dx" , _ dy" _ d^
la première des équations (3) s'écrit alors
•en posant
^ / „dx" „dy" „àz"\ ^
si donc on désigne par S la fonction
où J est l'accélération du point m, l'équation du mouvement est
on a de même
dq:~^''
àq",-^'-
» La mise en équations du problème est donc ramenée au calcul de la
fonction S. Les deuxièmes membres Q,, Q^, Q3 des équations se calculent
comme dans les équations de Lagrange.
» On a ainsi une forme des équations du mouvement qui convient à
tous les genres de liaisons et qui exige le calcul de la seule fonction
^ImP, composée avec les accélérations comme la demi-force vive l'est
avec les vitesses.
» Pour calculer celte fonction S relative à un corps solide, on se servira
des formules classiques donnant la vitesse et l'accélération des divers
points d'un solide en mouvement. Il est d'ailleurs évident qu'il suffit de
( 320 )
calculer, dans S, les termes contenant q\, q".,, q\, puisque les autres termes
ne donnent rien quand on prend les dérivées partielles par rapport
aux q". »
CHIMIE ORGANIQUE. — Déterminations thermochimiques.
L' éthylênediamine ; par M. Berthelot.
« Voici quelques déterminations fiùsant suite à celles que j'ai publiées
sur les principes qui interviennent dans la production de la chaleur ani-
male et dans les synthèses chimicobiologiques. Elles ont porté sur les
acides de la bile, sur Tamygdaline, glucoside extrêmement répandu dans
les fruits végétaux et qui produit l'acide cvanhydrique et l'essence
d'amandes amères; sur la conicine, alcali de la ciguë; enfin et surtout, sur
un alcali fort important, l'éthylènediamine, type le plus simple de ces
alcaloïdes polyazotés, bivalents, qui jouent un si grand rôle parmi les
alcalis thérapeutiques.
I. —Acide cholalique : C^H^'OSH^O = 426.
» L'échantillon que j'ai étudié provenait de la fabrique de Merck : il
était cristallisé, répondant à la formule C-*H^°0\ 2iH-0. Il perdait dans
le vide à froid i.;H-0, et la même dose sensiblement à 100°; pourvu que
l'on ne prolongeât pas indéfiniment la dessiccation. Voici l'analyse du corps
séché à 100° (o,i de cendres déduites) :
Trouvé. Calculé.
C 67 , 66 67,6
H 9,95 9,85
» chaleur de combustion dans la bombe (corps précédent séché à 100°)
i^' : 7g86'^*',4; 79^8'^*', 7; 7980"^^', o à volume constant. D'où :
» Chaleur de combustion moléculaire : 34oi^^',7 à volume constant;
3406^^*',! à pression constante. Soit pour i^'' de carbone : 1 1827^'''.
)) Chaleur de formation par les éléments : pour C'^ + H^^ + O'' :
-l-3o6C«',35; pour C^*-t- H^» + O» + H=0 liquide : +237^»', 35.
» L'acide cholalique peut être privé de H* O par une température plus
élevée; mais il n'est pas prouvé qu'il ne soit pas altéré par là dans sa con-
stitution, le départ de l'eau pouvant même être poussé plus loin et par
degrés (acide choloïdinique, dyslysine, etc.). J'ai étudié plusieurs de ces
( 32 1 )
produits, de l'ordre des lactones ou anhydrides dérivés des acides mono-
basiques qui renferment plus de deux atomes d'oxygène. Mais les résultats
observés ne m'ont pas paru suffisamment définis pour les rapporter.
» L'acide cholalique peut être, en théorie seulement jusqu'ici, regardé
comme dérivé de la choleslérine
C-»H"0 -+- 50= =^ C-'-H^oQ^ -f- 2CO' + 2H=0;
cette réaction dégagerait -+- 442^"',!; soit + 44'^*'» 2 par atome d'oxygène
fixé, valeur notamment plus faible que celle de la première oxydation qui
change un alcool en acide monobasique :
C^tP0 4-0^=C2H»02+H2 0dégage +58,ix3
mais comparable à la chaleur d'oxydation d'un acide monobasique à deux
atomes d'oxygène fixant ultérieurement un ou plusieurs atomes addition-
nels [+40,6 pour CMl'O'; + 37,9 pourCH-'O' (ortho), etc.] ( ' ).
» On pourrait admettre aussi 30= fixés sur la cholestérine avec forma-
tion d'acide acétique C-'H^^O'* + C-H^O^ : ce qui dégagerait -t-226,7
ou 37,8 X 6, la combustion étant moins avancée.
11. - Amygdaline : C"H"AzO" = 457.
» L'amygdaline cristallisée a été séchée à 120°, analysée, puis brûlée
dans la bombe calorimétrique. Deux combustions. Pour i^' : 5i37''''',3 et
5i4 1'^*',9 à volume constant.
» Chaleur de combustion rapportée au poids moléculaire : 2348^"', 7 à
volume constant et 2349^^', 2 à pression constante.
» Formation par les éléments : -+- 468,5.
» Fermentation (rapportée aux corps séparés par l'eau).
C^'H" AzO" cr. -H 2H2O liq. = aC» H«0» cr. + C'H«0 liq. + CH Az liq. . . -o^^'.y
c'est-à-dire chaleur sensiblement nulle dans les limites d'erreur.
III. — CONICINE : G'lI'''Az =; 127.
» Desséchée par KOH fondue, rectifiée dans un courant d'hydrogène et
analysée.
G.
H.
Trouvé.
Calculé
75,81
75,59
l3,2
i3,3
» Deux combustions. Pour 1^% 10007*=*', 8 ®'- 10047'=''', 6.
(') Thennochimie : Données et lois niunérujiies, t. 1, p. G^a.
( 322 )
» Chaleur de combustion rapportée au poids moléculaire : 1273"^*', 5 à
volume constant et 1275^*', 5 à pression constante.
» Formation par les éléments : + 65^"', 4 liquide.
» Dissolution (i partie -+■ i5o parties eau) à 26° : -f-o*^*',!.
» Neutralisation : H Cl dilué 4- C'H"Az dissoute -t- ii*^^',4-
» Ce chiffre la rapproche des bases tertiaires de la série grasse.
» Chlorhydrate de conicine : C*H"Az,HCl. — La chaleur de dissolution
a été trouvée différente sur deux échantillons d'origine distincte.
» 1. Avec un chlorhydrate blanc cristallisé, acheté chez Kahlbaum, et
vérifié par analyse ;
C*H>'Az,HCl (i p. 4- 80 p. eau) à 20° — o'^^'jSg
M 2. Avec un échantillon préparé dans mon laboratoire au moyen de la
conicine de Merck purifiée :
C«H'"Az,HCl (i p. + 120 p. eau) à 24» --iC«',49
» Ces chlorhydrates doivent dériver de conicines isomères. En tous cas
la chaleur de formation du chlorhydrate solide, même la plus forte, est
inférieure à celle du chlorhydrate d'ammoniaque pour des états compa-
rables, ainsi qu'à celle de la pipéridine, mais supérieure à celle du chlor-
hydrate d'aniline. En effet :
( KzW liquide + HC1 gaz = AzH3,HCl solide +38,2
I C^H^Azliq. -hHCl gazrrC5H"Az,HCl solide +38,2
Ic^H'Azliq. +HC1 gaz = C'=H^\z,HCl solide +27,3
C'H^Az liq. + HC1 gaz = C»H"Az,HCl solide +35,4
» On sait que la svnthèse de la conicine et de plusieurs de ses isomères
conduit à les envisager comme des propylpipéridines. Or, la chaleur de
formation de la pipéridine par ses éléments, déterminée par M. Delépine,
est égale à +24,5. Ce nombre diffère de 4o^^',9 de la chaleur de formation
de la conicine : ce qui montre qu'il ne s'agit pas d'un homologue régulier,
pour lequel la différence C'H" répondrait seulement à 17*^^'. Mais la
discussion de ces différences nous conduirait trop loin.
IV. — Éthylènediamixe : r,2H'Az-=6o.
» L'étude de l'éthylènediamine, type des bases dérivées de 2 molécules
d'ammoniaque, est très intéressante. J'ai déterminé la chaleur de formation
de l'éthylènediamine anhydre, C-H*Az°; de son hydrate, C^H'^Az-O, et
de son dichlorhvdrate, C.-H'" Az*CI".
( 32;î )
» J'ai pris comme base de mes mesures la chaleur de combustion de
l'hydrate, ce corps étant moins promptement altérable au contact de l'air
humide que la base anhydre. Les produits que j'ai mis en œuvre viennent
de Kahlbaum : j'en ai vérifié d'abord les propriétés et la composition.
» Hydrate. — Ce corps ne répondait pas exactement à la formule
C^H'^Az^O; car l'analyse a donné :
Trouvé. Calculé.
C 32,3 3o,8
H 12,8 12,8
Az 37,4 35,9
0 17,6 30,5
» Cet écart résulte de la dissociation partielle que l'hydrate éprouve
pendant sa préparation ; il répond à l'existence d'un sixième de base
anhydre dans la substance. On a tenu compte de cette circonstance dans
les calculs qui suivent.
» En définitive, pour la molécule C-H'^Az^O = 785'', la chaleur de
combustion moléculaire a été trouvée égale à 452*^^', 4 'i volume constant;
453^*' à pression constante.
» La formation par les éléments
0^4- H'» -H Az^* -H O = C»H'»Az=0 liq. + ^o^-^\&;
à l'état dissous : +85*^"', i.
)) La chaleur de dissolution de la matière ( 1 partie + 65 parties d'eau ) à
25°, a été trouvée sans correction : 4-5, 08; en la corrigeant d'un sixième
d'anhydride, on trouve, pour C-H'" Az-0, 4-4,68.
» La chaleur de neutralisation du corps dissous par aAzO'H étendu,
à 26° : 4-23,2; valeur concordante avec le chiffre trouvé par MM. Colson
etDarzens, pour HCl élendu vers i5°, soit 4-23^"', 5 ('). Le faible écart
-t-o,3 répond à l'inégalité des températures.
» Base anhydre. — J'en ai déterminé la chaleur de dissolution dans l'eau.
C' H' Âz^ eau (i partie 4- 65 parties eau), à 25» 4-7'^''', 45
)) MM. Colson et Darzens ont donné -H7,6 à i5°.
M J'ai vérifié la pureté du produit, en en mesurant la chaleur de neutra-
(') Comptes rendus, t. CXVIII, p. 25o; 1894.
( 324 )
lisation par l'acide azotique étendu. Soit +23^*', 25 : ce qui concorde avec
la mesure effectuée sur l'hydrale soumis à une analyse directe.
» Il résulte de ces chiffres que la combinaison de la base anhydre avec
une molécule d'eau
C^H'AzMiq. -H H^Oliq., dégage à 25° +7,45 —4,68 = iC»', 77
» Ce chiffre est comparable avec la chaleur dégagée dans la formation
de l'hydrate d'ammonium, d'après mes anciennes mesures :
AzH' liquide +HîO liq. ^AzH^O liquide -+-3C''',ii
» Les composés ainsi formés dérivent de l'azote pentavalent, comme le
chlorure d'ammonium AzH*Cl, et le dichlorhydrate C^H'^Az-CP. Rap-
pelons que l'hydrate d'éthylènediamine éprouve, lorsqu'on le distille, une
certaine dissociation.
» La chaleur de formation de i anhydride par les éléments est facile à cal-
culer; car elle est égale à celle de l'hydrate, diminuée de celle de l'eau et
de la chaleur de combinaison de l'eau avec l'anhydride
x = + 80,6 - 69,0 - 2,8 = + 8^=", 8 pour C* -H H« + Az^ = C^ H" Az= liq.
» Dichlorhydrate : C-H" Az^Cl". — C'est un beau corps, bien cristallisé.
J'ai vérifié la composition de mon échantillon.
» Chaleur de dissolution (i p. + 70 p. eau) à 24°, 8 : — 6^*', 65. MM. Col-
son et Darzens ont donné, à i5", — 7,55. La différence résulte de l'inéga-
lité des températures.
» Neutralisation. — J'ai cherché quelle était l'action des alcalis minéraux
sur ce dichlorhydrate, en ajoutant à sa dissolution, d'abord i éq., puis 2
de NaOH (i mol. = 2''' à 25°). La première addition a dégagé +2*^^', 57;
la seconde addition, + 2^*', 28; en tout, +4^*', 85.
» En admettant que la première addition réponde au déplacement total
de la seconde molécule de H Cl saturée par l'élhylènediamine, la chaleur de
neutralisation de cette seconde molécule serait égale, à 25°, à
i3,45 — 2,57 = + 10,88,
valeur qui répond à la mesure directe de MM. Colson et Darzens : +11,0
à i5°. La réaction de la première molécule HCl dégage + 12, 3 ; à peu près
autant que AzH'. Cependant, l'action réunie de 2NaOH a dégagé, en fait,
+4<85, au lieu de +26,9 — 23,2 =+6,7 valeur résultant des précédentes
mesures relatives à la saturation totale de 2 H Cl par l'éthylènediamine.
( 32.5 )
» L'écart entre ces nombres indique que le déplacement de cet alcali
par la soude n'est pas total. Il y a un partage, lequel répond surtout à la
i'* capacité de saturation, les 2 molécules d'acide successives exerçant une
action inégale, conformément aux indications des savants que je viens de
citer ; c'est-à-dire que :
C^H'oAz^O dissous -4- i^HCl dissous à 25°, dégage +12, 4
n -)- 2'= H Cl » » -1-10,8
Total -t-23,2
» Chaleur de Joj-malion par les éléments. — Elle se calcule d'après les
données précédentes, conformément à l'équation
C»H'° Az^O dissous + 2HCI dissous = C-H'» Az-Cl= crist. -h H'Oliq.
(-H 85,1 -f- 78,4 + 23,2 4- 6,60 = 193,5) — 69 = -I- 124,5
pour
C^ + H'" + Az- -h Cl'' = C=H"* Az-Cl- solide.
)) J'ai essayé de contrôler cette valeur en brûlant le chlorhydrate dans
la bombe, en présence d'une solution de Az-0'. Mais la combustion se fait
mal, même avec addition de camphre. Il reste plusieurs centièmes d'une
matière charbonneuse et l'on retrouve dans la solution une dose notable
de chlorhydrate d'ammoniaque. Malgré ces causes d'erreur, l'écart sur la
chaleur de combustion calculée ne dépassait pas un centième. Mais une
telle valeur ne mérite pas la même confiance, à cause des corrections.
» On peut se rendre compte de la facilité avec laquelle le dichlorhy-
drate d'éthylènediamine régénère du chlorhydrate d'ammoniaque, sous
l'influence de la chaleur notamment, si l'on se reporte à la chaleur de
formation de ce dernier composé par les éléments, soit -1-76,8; laquelle
répond presque aux deux tiers de la chaleur de formation du dichlorhy-
drate. Il devrait rester ainsi un monochlorhydrale
C=H»AzCl ou C^H^Az,HCl.
On sait que par l'action brusque de la chaleur les éléments de ce dernier
se polymérisent en formant le composé (C-H'')-Az-, 2HCI, et consécuti-
vement des goudrons, qui se rencontrent en fait lors de la combustion
dans la bombe calorimétrique.
» Chaleur de jormation par l'acide et la base
C»H«AzMiq.-H 2HCI gaz. = C= H'" Az^Cl^ solide +70,9
C. K., 1S99, 2« Semestre. (T. CXXIX, ;N' 6.) 4*
( 326 )
^^ = 35,45 est plus faible que + 38,2, qui répond à la formation
AzH^Cl depuis AzH' liquide. Cette relation correspond avec la moindre
chaleur de neutralisation moyenne ^23,2 = 11,6 < 12,4 observée avec
AzH'.
» Le chiffre 35,45 est d'ailleurs comparable à la chaleur de formation
du chlorhydrate de conicine, calculée pour les mêmes états (+35,4), mais
supérieur à la chaleur de formation du chlorhydrate d'aniline, calculée de
même: -t-27,3.0n voit comment ces données rendent compte de la force
relative des bases amidées, même en l'absence de l'eau et de toute con-
sidération empruntée aux conckictibilités électrolytiques des dissolutions.
» On peut encore comparer l'hydrate d'étbylènediamine avec l'hydrate
d'ammonium et avec l'hydrate de potasse :
Cal
AzHSH^O liq. + HClgaz. = AzH* Cl sol. -t- H^O liq + 35, i
KOHsol. + HClgaz. = KGlsol. 4-H201iq +37,5
C»H>»Az=0 liq.+ H^O liq. + 2HCI gaz
= G'H'«Az'Cl«sol.+ 3H2 01iq + 68, i ou + 34,o5 x -?
» La formation du chlorure de potassium l'emporte sur les autres et
l'écart serait pkis grand encore si l'on retranchait de ces derniers, pour
rendre les états comparables, comme il convient, la chaleur de solidifica-
tion de la base. En outre, la moitié de la chaleur de formation du dichlor-
hydrate d'élhylènediamine est inférieure à la chaleur de formation du
chlorhydrate d'ammoniaque; mais il est probable que celle-ci serait sur-
passée par la formation du premier chlorhydrate d'étbylènediamine.
» Tous ces résultats et rapprochements montrent l'importance des
données thermochimiques pour la statique chimique et l'étude de la con-
stitution des corps. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l'azotate d'argent ammoniacal,
par MM. Berthelot et Delëpine.
« L'emploi de l'azotate d'argent ammoniacal, comme intermédiaire dans
certaines mesures calorimétriques, nous a conduits à une étude plus com-
plète de ce composé, qui représente en réalité l'azotate d'une base ammo-
niée complexe stable et formant deux sels stables dans leurs dissolutions,
base aussi puissante que les alcalis minéraux dissous. Elle est comparable
( 327 )
sons ce rapport à la platosamine et à la base animoniaco-magnésienne,
définie au point de vue ihermochimique par l'un de nous (^Ann. de Ph. et
deCh., 6* série, t. XI, p. 3ii; 1887. — Thermochimie : Données et lois nu-
mériques, t. II, p. 264).
» Cet ordre d'alcalis complexes peut être comparé avec les composés
doués d'affinités inverses, c'est-à-dire avec les acides complexes dérivés
des cyanures et des chlorures métalliques, lesquels constituent des acides
puissants de l'ordre des hydracides les plus forts.
» Voici les faits que nous avons observés relativement à l'azotate d'ar-
gent ammoniacal :
AzO^Ag(i mol. = 2'") + 2AzH3(i mol. = i'")
= AzO'Ag, 2ÂzH»(i mol. =4'") +1 3^=1, 33
» L'addition d'un excès d'ammoniaque, aAzH' diss., produit des effets à
peine sensibles : + 0,067 '■> ^® ^"^ montre que le sel dissous n'est pas sensi-
blement dissocié.
» Réciproquement, on a trouvé, à i5° :
AzO'Ag, 2AzrP(i mol. =:2'") + 2Az03H(i mol. = 2'^') 4-12^"', 20
ce qui conduit à -+- i3,i5 pour la réaction directe. Moyenne, -t- i'i,-2o.
» Le mélange des dissolutions d'azotate d'argent et d'azotate d'ammo-
niaque produit d'ailleurs des effets thermiques insensibles, ce qui exclut
la formation d'un sel double, je dis stable en dissolution.
» Si l'on admet que le premier équivalent d'ammoniaque déplacerait
simplement i équivalent d'oxyde d'argent (^ Ag^O), en formant i molécule
d'azotate d'ammoniaque (N = i2,45), le phénomène thermique résultant
serait un dégagement de 1 2,4.5 — 5,2 =^ 4- 7^"', 25. Le second équivalent
d'ammoniaque dégagerait alors -f- 6,0, en provoquant la formation d'un
oxyde ammoniargentique
AzH^Ag
AzH'Ag
O,
lequel s'unit aussitôt à l'ammoniaque de l'azotate d'ammoniaque pour for-
mer l'oxyde d'une base plus complexe, dans laquelle l'argent est substitué
|)ar l'argentammonium
AzH'(AzH^\g) (
AzH'(AzH^Ag) \ '
( 328 )
» Cet oxyde complexe forme toute une série régulière de sels cristallisés
et solubles, tels que l'azotate décrit dans cette Note :
AzO'[AzH'(AzH'Ag)];
un hyposulfate(Rammelsberg) ;
S-0=[AzH'(AzH'Ag)]';
un sulfate (Mitscherlich ) :
SO*[AzH='(AzH='Ag)]^;
un chlorate (Wachter) :
ClO'[AzH'(AzHUg)J-.
» L'oxyde ainsi formé répond à la formule brute Ag-'O, /j AzH', dnns la
dissolution. L'absence de réaction d'un excès d'ammoniaque, sur le sel
formé et dissous, montre qu'il n'existe pas dans les liqueurs un oxyde sali-
fiable, stable, plus riche eu ammoniaque.
)) L'oxyde dissous, que nous signalons en ce moment, répond à un
composé solide, dit argent fulminant (Berthollet) et qui peut être obtenu
cristallisé par simple évaporation (Higgins). On n'a pas vérifié si les cris-
taux se redissolvent dans l'eau pure ou ammoniacale, ni quelle en est la
composition réelle; en raison de leur caractère explosif extrêmement sen-
sible, lequel a déterminé, à plusieurs reprises, de graves accidents. Nous
nous sommes donc bornés à expérimenter sur l'oxyde dissous.
» Pour analyser de plus près les phénomènes et distinguer entre la cha-
leur propre de formation de cet oxyde et sa chaleur de neutralisation, nous
avons mesuré la chaleur dégagée lorsqu'on dissout l'oxyde d'argent pur,
récemment précipité et bien lavé, dans un excès d'ammoniaque étendue.
La dissolution est facile et complète avec un oxyde frais.
Ag^O + «Azii' étendu, dégage -|-io'^"',/|o
» Ce chiffre mérite d'être noté; il montre que l'oxyde d'argent dégage à
peu près la même quantité de chaleur en s'unissant, pour former un com-
posé, soit à l'acide azotique étendu, soit à l'ammoniaque étendue : rappro-
chement sans doute fortuit, mais cependant digne de remarque.
» Si l'on observe que la réaction de l'ammoniaque sur l'azotate d'argent
exige seulement 4 Az H^ pour Ag^ O combiné, le surplus n'ayant pas d'action
thermique sensible, on est autorisé à regarder la valeur io,45 comme
( ;^29 )
applicable à la formation de l'oxyde Ag^0,4AzH' dissous. On a alors
2 AzO' H étendu -t- Ag= précipité -(-io,4 )
Additionné de /JAzH* dissous -(-26,5 ) '^'
» Si l'on retranche les io^*',45 répondant à la formation de l'oxyde com-
plexe, et si l'on appelle N la chaleur de neutralisation d'un équivalent
d'acide azotique étendu par cet oxyde,
2N = 36,9 " iOî45 = -I- 26,45,
N = 4- l3,22.
» Or, cette valeur est fort voisine de la chaleur de neutralisation de
l'acide azotique étendu par les alcalis minéraux dissous. L'oxyde d' argent-
ammonium est donc un alcali, de force comparable à celle des alcalis miné-
raux les plus énergiques.
» lies données précédentes permettent d'examiner de plus près la suite
des phénomènes accomplis dans la réaction de l'ammoniaque sur l'azotate
d'argent.
» Nous avons vu que l'on pouvait envisager, au moins en principe, une
première action de déplacement simple de l'oxyde d'argent par l'ammo-
niaque, laquelle dégagerait :
2AzO^Agdiss.-t- 2AzH='diss.= 2 AzO'AzH' diss. -H Ag=0. . . -l- 24,9 — io,4 = i4,5
» Cet oxyde d'argent, en formant ensuite l'oxyde x\g- 0,4 AzH' dissous,
dégage en fait -i- 10,4.
» D'autre part, la séparation de l'azotate d'ammoniaque dissous
en acide azotique dissous et ammoniaque dissoute absorberait, pour
2AzO'AzH': - 24,9.
» Enfin, l'union de cet acide azotique avec l'oxyde d'argentammonium
précédent dégagerait, d'après ce qui vient d'être établi : -h 26,5.
» La somme des effets accomplis postérieurement au déplacement de
l'oxyde d'argent par l'alcali représente
-+- 10,4 — 24,9 + 26,5 = +- 12,0 ou 6,0 X 2,
c'est-à-dire le même chiffre indiqué plus haut.
» Cette concordance constitue une vérification exacte de la chaleur dé-
gagée par la dissolution de l'oxyde d'argent dans une dissolution ammo-
( 33o )
niacale; elle démontre que cette chaleur est la même, soit avec l'oxyde
d'argent pur et libre et l'ammoniaque en excès, soit avec l'azotate d'argent
et l'ammoniaque, employée dans la proportion exacte de^AzH^ par Ag-0
dégagé immédiatement de sa combinaison. C'est une vérification utile et
même indispensable pour établir l'existence d'un seul et même oxyde
ammoniacal dans les deux systèmes, identité qui n'était pas évidente a
priori, en raison de la présence d'un excès d'ammoniaque dans l'un d'eux.
» Examinons maintenant le sel qui renferme cet oxyde complexe, ou si
l'on aime mieux le radical ammouiargenlique.
)) L'azotate d'argentaranionium peut être obtenu, comme on sait, par
évaporation en beaux cristaux prismatiques, étudiés par Mitscherlich, Welt-
zar et Marignac.
» Nous en avons vérifié la formule par une analyse nouvelle.
» Ce sel desséché dans le vide ne perd pas d'ammoniaque sensiblement :
nous avons trouvé i6, 4; calculé i6,6.
» Nous avons trouvé que la dissolution dans l'eau, rapportée à la formule
AzO='[AzH'(AzH3Ag] +4'i' eau, à iS", absorbe — Sc^'.gô
dans 2ii' ). _8C»',58
)) Il en résulte
Az^-H 0="+ II^+ Ag = sel solide. . . +87,1.5; sel dissous. . . -+-78*^=', 45
/.Cal
AzO'Ag solide + 2AzH' gaz -nSij
» Le caractère explosif de l'azotate résulte immédiatement de ces va-
leurs, car la réaction
AzO^Ag,2 AzH' sol. =r SH^O liq. -+- 3Az + Ag, dégage. . . . -t-i igi^^^Sô
l'eau supposée gazeuse H- 87*^^', i5
valeur égale en fait à la chaleur initiale de formation du sel
» Cette étude peut être regardée comme le type de l'étude thermochi-
mique de celle des sels et autres composés dérivés des aramoniures mé-
talliques. »
( 33i )
CORRESPONDANCE.
PHYSIQUE. — Sur la dilatation du fer et des aciers aux températures élevées.
Note de M. H. Le Chatelier.
« La dilatation de l'acier aux températures élevées n'a été étudiée
jusqu'ici d'une façon un peu précise que parle professeur Svedelius (')
de l'Université d'Upsal; mais, dans les expériences de ce savant, les varia-
tions de température ont été tellement rapides qu'il peut subsister quelques
doutes sur l'exactitude des nombres obtenus. J'ai repris l'étude de cette
question avec la collaboration de M. Chantepic, aide préparateur de Chimie
à l'École des Mines. Nous nous sommes servis du procédé de mesure em-
ployé par M. Coiipeau (-) dans ses recherches sur la dilatation des pâtes
céramiques. Un miroir en silice fontlue s'incline plus ou moins, suivant la
différence de dilatation entre un support en porcelaine de Sèvres et le
corps étudié; il réfléchit un rayon lumineux, dont on mesure le déplace-
ment angulaire.
» Dans la dilatation des fers et aciers, il faut distinguer trois périodes :
la première correspond aux températures plus basses que celle du début
des transformations moléculaires; la dernière, aux températures supé-
rieures à la fin de ces transformations; entre les deux, la période de ces
transformations elles-mêmes.
» Dilatation aux basses températures. — Le fer que j'ai employé est un
métal fondu, de composition :
G. Mn. Si.
0,067 0,1 3 o,o5
)i Le Tableau suivant est relevé sur la courbe moyenne déduite d'un
grand nombre d'expériences. Les dilatations sont exprimées en prenant
le -^ de la longueur initiale de la tige, c'est-à-dire le millimètre pour une
') Phil. Mag., t. XLVl, août 1898.
(^) Bulletin de la Société d'encouragement, oclobre 1898.
( l^. )
tige de loo"'". La dernière ligne du Tableau donne le coefficient vrai de
dilatation pour chaque intervalle de température de loo".
Température.... o° ioo° 200° Soo" 400° 5oo° 600° 700° 800°
Dilatation » 0,11 0,28 o,36 o,5o o,65 0,81 0,976 i,i25
^ Xîo« II 12 i3 i4 i5 ]6 16,5 i5
» Les expériences faites avec des aciers proprement dits, c'est-à-dire
un métal pltis riche en carbone, donnent des nombres sensiblement iden-
tiques. Voici d'abord la composition des aciers étudiés :
1. 2. 3. 4. 5. 6.
G o,2o5 0,49 0,84 1,21 0,80 0,75
Mn o,i5 0,24 0,24 0,24 o,i5 o,i5
Si 0,08 o,o5 0,1 4 0,1 4 0,06 0,06
)) On a rapproché, dans le Tableau des dilatations, les résultats relatifs
au fer, déjà donnés plus haut :
Température 0° 100° 200° Soo" 400" 5oo° 600° 700°
Fer doux ,. 0,11 0,28 o,36 o,5o o.65 0,81 0,975
Aciers 1, 2, 3, 5, 6 » 0,11 0,22 o,35 0,49^ 0,64 0,81 0,976
Acier 4 » o,io5 0,22 o,35 o,5o o,64 0,80 0,96
» Les différences entre les dilatations de ces divers métaux ne dépassent
pas o™™,oi, ce qui correspond à la limite de précision des expériences. On
peut donc admettre que les fers et les aciers ont des coefficients de dila-
tation sensiblement identiques, voisins de 0,000011 à la température
ordinaire et croissant régulièrement jusque vers 708", où le coefficient
vrai est de 0,000017. Le coefficient moyen, entre o" et 750°, est alors
égal à 0,000014.
» Cette identité approchée des coefficients de dilatation s'explique très
bien par ce que l'on sait de la constitution des aciers. Ils sont constitués par
une masse prépondérante de fer pur, au milieu de laquelle sont distribués
une petite quantité de cristaux du carbure Fe'C. Les quatre cinquièmes du
fer au moins subsistent à l'état non combiné; il est donc assez naturel que
les aciers conservent, à très peu de chose près, la dilatation du métal pur.
» Dilatation aux températures élevées. — Au-dessus des températures de
transformation moléculaire, la dilatation des différents aciers varie, au con-
( 333 )
traire, très rapidement avec leur teneur en carbone, comme le montre le
Tableau suivant :
Teneur en carbone o , o5 0,2 0,8 1,2
^-Xio'^... i5 17 22 29
dt '
n Ce résultat est encore parfaitement conforme aux notions que nous
possédons sur la constitution des aciers. Au-dessus de la transformation
moléculaire, le carbure de fer et le fer constituent ensemble une véritable
solution solide; dans les cas semblables, comme je l'ai montré anté-
rieurement ('), la dilatation n'a aucune relation nécessaire avec celles des
constituants; elle peut leur être très supérieure.
» Période de transformation. — Il m'a été impossible de réaliser les trans-
formations moléculaires dans des conditions rigoureusement réversibles;
sur ce point, mes expériences ne sont pas plus satisfaisantes que celles du
professeur Svedelius. Je n'en donne les résultats qu'à titre provisoire, me
réservant de revenir ultérieurement sur cette question.
Teneur en carbone o,o5 0,20 o,5 0,8 1,21
Température moyenne de la Irans-
formation 840° 76S" 728" 780" 725°
Grandeur de la contraction o™"',26 o"'",23 o'""',2i o"",o8 o""",io
» La contraction est exprimée en fractions de millimètre et rapportée
à une longueur de 100™™.
» Ces contractions sont très irrégulières, d'une expérience à l'autre, et
souvent suivies de dilatations qui les compensent partiellement. Un grffid
nombre de ces anomalies s'expliqueraient en admettant que ce change-
ment est la résultante de deux phénomènes qui peuvent être plus ou
moins en retard l'un sur l'autre : la transformation moléculaire du fer, qui
est accompagnée d'une contraclion de 0,26, et la dissolution du carbure de
fer dans ce métal transformé, qui serait accompagnée d'une dilatation
dont la grandeur serait aussi de 0,26, pour une teneur en carbone voisine
de 0,9. »
(') Comptes rendus, 12 juin 1899.
C. R., 1899, 3' Semestre il. CXXIX, N' 6.) 41
( 334 )
CHIMIE MINÉRALE. — Action du chlore sur un mélange de silicium, de silice
et d'alumine. Note de M. Emile Vigocroux.
« Une Note très intéressante de MM. Duboin et Gauthier ('), dont je prends
connaissance à l'instant, m'amène à communiquer des expériences encore
incomplètes que j'ai commencées cet hiver, dans le but de préparer en
çrand le chlorure de silicium. Deux procédés ont été mis en œuvre :
i" action directe du chlore sur certains siliciures, le siliciure de cuivre
industriel en particulier; 2° attaque par le chlore d'un mélange de silicium,
de silice et d'alumine. Dans le premier cas, le chlorure de silicium était
coloré par du chlorure de fer, dû à la présence d'un siliciure du même
métal dans la plupart de ces produits industriels. De plus, la matière fon-
dait dans le tube d'attaque et, à partir de ce moment, la quantité de chlo-
rure de silicium devenait faible. l'^s de siliciure fournissait une moyenne
de 2oo6'' de chlorure de silicium brut.
» Pour réaliser le second procédé, on a réduit la poudre de silice par l'aluminium
pulvérisé, dans un creuset qui était vivement porté à la température du rouge. La
réaction effectuée, on isolait rapidement le tout dans un récipient où le refroidissement
s'effectuait à l'abri de l'air, afin d'empêclier la combustion de la masse incandescente.
Le mélange froid, vraisemblablement constitué par du silicium et de l'alumine, pro-
duits de la réduction, par de la silice et de l'aluminium, échappés à la réaction, était
traité par l'acide chlorhydrique, qui dégageait de l'hydrogène, puis par l'eau régale,
qui dissolvait un peu de fer et d'alumine. Après lavage et dessiccation, on obtenait une
poudre marron clair, que l'on utilisait, comme matière première, pour la préparation
du chlorure de silicium. Le chlore l'attaquait, vers le rouge, en formant du chlorure
de siliciuai exempt de chlorure de fer; l'acide chlorhydrique, avant le rouge, fournis-
sait également du chlorure, en même temps que du silicichloroforme.
» Cette méthode est expéditive, peu coûteuse et permet l'épuisement complet du
silicium, la masse restant infusible; de plus, elle utilise la source naturelle du silicium,
c'est-à-dire la silice, comme l'ancien procédé d'OErstedt (-). Elle peut lui être substi-
tuée, toutes les fois qu'on hésite à recourir à l'action directe des deux éléments.
» Si, dans mes expériences, la matière brute tirée du creuset n'a pas été traitée par
le chlore directement, c'est qu'elle retient toujours de l'aluminium, de sorte que l'ac-
tion du chlore se porte d'abord sur ce métal, qu'une très faible chaleur transforme en
(') DuBoiN et Gauthier, Comptes rendus, l. CXXIX, p. 217.
('-) OErstedt, Jaliresberichte, t. VI, p. 119.
( 3:Vy )
clilurure ('), tandis que l'attaque du silicium ne commence que vers 4">o". H est vrai
que la grande quantité de chaleur dégagée par la combustion de Taluminium amène
une température suffisante pour que le silicium prenne feu; mais le chlorure d'alumi-
nium, dont la condensation se fait à l'état solide, en masquant la présence du chlorure
de silicium, peut faire croire à la non-ex.istence de ce dernier. Dans mes expériences,
le silicium, qui, après attaque du produit brut par les acides, reste intimement mé-
langé à l'alumine, ne s'est donc pas comporté comme le carbone. Le rôle des deux
métalloïdes paraît peu comparable ; le carbone, résistant au chlore à toute température,
se trouve encore en présence de l'alumine lorsque son action devient efficace (le sili-
cium aurait disparu); en s'emparant de l'oxygène pour former un produit gazeux (CO),
il s'élimine constamment et permet au chlore de poursuivre son attaque. Le silicium,
au contraire, se conserverait-il en présence du chlore et deviendrait-il susceptible, au
moment de la formation du chlorure d'aluminium, de prendre à l'alumine son oxygène,
que la réaction serait entravée par l'apparition de la silice qui, s'interposant entre le
chlore et l'alumine, empêcherait tout contact.
» Des mélanges de silice et d'aluminium, après réaction et attaque par
les acides, ont fourni les résultats suivants :
N° 1. Silice 23o
Al 75
» 2. Silice 220
Al 75
u 3. Silice 200
Al 100
1) 4.. Silice 200
Al 100
j Silicium libre : 9 "/o
! Silicium libre : i4 "/o
Silicium libre : i4 "/o
( Silicium libre : 22 "/(,
)) La quantité de silicium libre dépend donc : i" des proportions de silice
et d'aluminium réagissantes; 2° des conditions de refroidissement; c'est
le n" 4 qui avait été refroidi avec le plus de soin.
» Conclusions. — Un mélange de silice et d'aluminium peut servir à la
préparation du chlorure de silicium. Cette préparation se fait en deux
temps : 1° réduction, au rouge, de la silice par l'aluminium, et épuisement
par les acides de la poudre obtenue; 2" attaque par le chlore du résidu aban-
donné par les acides. »
(') L'aluminium, en poudre fine, prend feu dans le chlore vers ioo°; s'il est en
fragments, les angles s'attaquent d'abord, puis la masse fond et prend la forme d'une
boule très incandescente que l'on peut faire rouler dans le tube.
( 336 )
cniMlE MINÉRALE. - Action du phosphure iV hydrogène sur V oxyde, V hy-
drate et le carbonate de cuivre (* ). Note de M. E. Rubénovitch, présentée
par M. A. Ditte. .
« Oxyde de cuivre, — L'oxyde préparé par calcination de l'azotate de
cuivre contenait 79,14 pour 100 de cuivre (au lieu de 79,82 pour 100
théorique). Mis en présence du phosphure d'hydrogène, dans les condi-
tions décrites dans nos Notes précédentes {Comptes rendus, t. CXXVII,
p. 270; t. CXXVII, p. 1398), l'oxyde de cuivre est immédiatement attaqué,
d'abord lentement, puis énergiquement, avec un dégagement de chaleur
considérable.
» La matière noire devient grise; lorsqu'on lave le produit de la réaction par de
l'eau fraîchement bouillie et à l'abri absolu de l'air, on trouve dans les eaux de
lavage de l'acide phosphorique; on ne trouve pas d'hydrogène dans le résidu gazeux.
! Nous avons obtenu les résultats suivants :
:, 1° Pour deux molécules d'oxyde de cuivre il faut une molécule de phosphure
d'hydrogène happorl trouvé -^^ z_ 2,06 et 1,93
» 2" La composition du précipité obtenu, séché à l'abri de l'air vers So", répond à
la formule P-Cu=, comme le montrent les analyses suivantes :
Calculé.
Phosphore i6,4
Cuivre 83,6
100,0 99,90
» 3" Il se forme simultanément de l'acide phosphorique; c'est un cinquième, à très
peu près, du pliosphore introduit à l'état de phosphure d'hydrogène qui se retrouve à
l'étal d'acide phosphorique.
» La réaction peut donc être représentée par la formule suivante :
(') 5PIPH-ioCuO = 2P2Cu'+PO*H'-f-6H-0.
» Hydrate de cuivre. — La matière préparée en précipitant le sulfate de
cuivre par la potasse et en lavant le précipité jusqu'à l'enlèvement complet
(') Ce Travail a été fait an laboratoire de M. Joannis, à la Faculté des Sciences de
Paris.
( 337
de la potasse contenait 54, a^ pour loo de cuivre, 3o,2 pour loo d'eau et
des traces d'acide sulfurique; elle correspondait assez exactement à la
formule Cu ( OH )--l-H^O.
» L'action du pliosphure d'hydrogène sur ce corps est extrêmement
énergicpie et le dégagement de chaleur est tel que la matière devient
incandescente. Pour modérer la réaction, il faut introduire le gaz peu à peu,
par petites quantités, et agir à basse température, ou bien tenir la matière
en suspension dans l'eau.
» On a trouvé dans le résidu gazeux des quantités variables d'hydrogène, d'autant
plus grandes que la réaction était plus énergique. Les quantités d'acide phosphorique,
que l'on dose dans les eaux, de lavage, effectué à l'abri de l'air, sont aussi variables. Ce
qui reste invariable, c'est la composition du précipité gris obtenu qui répond toujours
à la formule P-Cu^. Voilà les détails de deux expériences, dont la première (a) a été
edectuée en tenant la matière en suspension dans l'eau, et la seconde (b), en laissant
le gaz agir énergiquement sur l'hydrate de cuivre.
» (a). oS'', 5i32 de matière contenant os'',2783 ou 4, 38o millimolécules de cuivre ont
absorbé 45",36 ou 2,082 millimolécules de phosphure d'hydrogène avec mise en
liberté de4'^S62 ou 0,207 millimolécules d'hydrogène. Dans les eaux de lavage, on a
trouvé OB', 01^5 ou o,/4o3 millimolécules de phosphore à l'état d'acide phosphorique.
Enfin, dans le phosphure de cuivre il y avait os^joSSa ou 1,716 millimolécules de
phosphore sur oS'',274 ou 4!328 millimolécules de cuivre. D'après ces données, les
Cu(OHr- POMp „ H^ Cu 5,04
rapports ^^^ =z2,i; —jj^= 0,198; j^ _ o, lOi; -j^ _ - — •
» (b). oS'', 1618 de matière contenant oS'', 0877 ou i ,385 millimolécules de cuivre ont
absorbé ig-^^ôa ou 0,879 millimolécules de phosphure d'hydrogène avec mise en
liberté de i4™,86 ou o,665 millimolécules d'hydrogène. Dans les eaux de lavage, on a
trouvé o5'-,oo94 ou o,3o3 millimolécules de phosphore à l'état d'acide phosphorique,
et le phosphure de cuivre contenait o8'-,o877 ou i,385 millimolécules de cuivre,
OB', 0171 ou o,55i millimolécules de phosphore. D'après ces données,
Cu(OHr- ^^ PO*H' „ „, H2 Cu_5,o2
» Il résulte d'une série d'expériences concordantes que la réaction, si
elle est modérée, tend à se rapprocher de celle qui est représentée par la
formule (î).
» Carbonate basique de cuivre. ~ Le carbonate de cuivre obtenu en pré-
cipitant le sulfate de cuivre par le carbonate de sodium contenait 55, 2j
pour 100 de cuivre, 19,99 pour 100 d'anhydride carbonique et 10,8
pour 100 d'eau, ce qui correspond assez exactement à la formule du car-
bonate basique CO'Cu, Cu( OH )So, 5 IPO.
» L'anhydride carbonique a été soigneusement dosé : i" par l'appareil de Schrotter ;
( 338 )
2° volumétriquement, à Ja trompe à mercure, au uioyeii d'un petit appareil que nous
avons construit : les deux analyses étaient concordantes.
» L'action du phosphure d'hydrogène sur le carbonate de cuivre est immédiate et
très énergique; la réaction est accompagnée d'un dégagement de clialeur considérable,
sans donner toutefois lieu à une incandescence. La matière bleue devient bientôt d'un
gris noir; on trouve dans les eaux de lavage de l'acide pliosphorique et, dans le résidu
gazeux, de l'anhjdride carbonique avec absence complète d'hydrogène.
» Voici les résultats obtenus :
» 1° Pour a atomes de cuivre (c'est-à-dire i molécule de carbonate basique), il faut
I molécule de phosphure d'hydrogène /rapport trouvé ; "^ "^ :- =i,oi
et o,g5
» '>" La composition du précipité obtenu répond à la formule
r>,„ , [Cu , 5,02\
P-CuM _-; trouve : - — j-
» 3° Il se forme simultanément de l'acide phosphorique; un cinquième, à très peu
près, du phosphore introduit à l'état de phosphure d'hydrogène se retrouve dans les
eaux de lavage à l'état d'acide phosphorique.
). :\° On retrouve dans le résidu gazeux tout l'anhydride carbonique du carbonate
de cuivre.
» On peut donc représenter la réaction par la formule suivante :
(2) 5PH3h-5[C03Cu.Cu(OH)2] = 2P2Cu^+PO'H3 4-5CO^-miH20.
» Les résultats obtenus sont donc semblables à ceux que nous avons
trouvés avec la solution aqueuse du sulfate de cuivre.
M Le phosphure obtenu est gris noir, amorphe, très soluble dans l'acide
azotique et l'eau bromée. Il réduit le permanganate de potassium; l'acide
sulfurique concentré l'attaque à chaud avec production de soufre et
d'anhydride sulfureux.
» Nous avons obtenu le corps P-Cu% ainsi que le corps PCu% décrit
dans une Note précédente (Cow/jZe* rendus, t. CXXVIII, p. iSgS), en assez
grandes quantités en faisant passer un courant de phosphure d'hydrogène
mélangé d'anhydride carbonique sur du carbonate de cuivre pour le pre-
mier, et sur l'oxydule de cuivre pour le second, puis en lavant et séchant
le produit obtenu à l'abri absolu de l'air. >
( 339 )
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage du mannose mélangé à d'autres sucres.
Note de MM. Em. Bouuquelot et H. Hérissey.
tt Au cours de nos recherches sur la composition de l'albumen de la
graine de Caroubier, nous avons été amenés à étudier la question de savoir
dans quelle mesure la propriété que possède le mannose de donner une
hydrazone insoluble à froid, pouvait servir de base à un procédé de do-
sage de ce sucre.
» Pour cela, nous avons fait une série d'essais sur des solutions connues
de mannose pur ou mélangé à d'autres sucres, essais dans lesquels la quan-
tité de mannose-hydrazone précipitée était déterminée et comparée à la
quantité que la théorie indiquait comme devant s'être formée. Déjà, sans
doute, quelques expériences ont été faites dans cet ordre d'idées, mais
non pas, que nous sachions, en partant du mannose cristallisé et pur.
» I. Solutions dkerses de mannose pur. — 1. On mélange les deux solutions
suivantes ( ' ) :
i Mannose cristallisé Ss' I Phénylhydrazine S^", 6
j Eau distillée oo'"'^ \ Acide acétique cristallisable. . 3™, 6
Eau distillée, quant, suf. pour
I?
» On abandonne le mélange à la température du laboratoire (24") pendant huit
heures; on essore l'hydrazone à la trompe sur un petit entonnoir; on lave successive-
ment avec i5™ d'eau glacée, lo'^'^ d'alcool et iC'^ d'étlier. On fait ensuite sécher dans
le vide sulfurique.
1) Résultats :
Poids de l'hydrazone 4"') 45
Quantité tliéorique 4^''> 5o
1) La difTérence a donc été de 5'^s'' pour environ 75'^'= d'eau employés, ou de r,i
pour ICO, si on la rapporte à la quantité théorique d'hydrazone.
» 2. On mélange les deux solutions suivantes :
l Mannose cristallisé is' i Phénylhydrazine i'^%2
j Eau distillée i6'",6 < Acide acétique cristallisable . . . i", 2
( Eau distillée, quantité suf. pour 6="
» On opère comme ci-dessus ; mais on essore sur un double filtre, de façon à peser
l'hydrazone par différence, ce qui évite toute perte de ce produit. Mêmes proportions
(') Les flacons dans lesquels on fait ces mélanges doivent être pleins.
( 34o )
de liquides de lavage. L'hydrazone, desséchée d'abord dans le vide sulfurique, est
placée ensuite une demi-heure dans l'étuve à 100°. Pas de perte nouvelle de poids.
» Résultats :
Poids de l'hydrazone i^'i^Q
Quantité théorique iS'jOo
» La différence a donc été de i"^?' pour environ 26" d'eau enoployés, ou de 0,66
pour 100, si on la rapporte à la quantité lliéorique d'hydrazone.
3. On mélange les deux solutions suivantes :
( Mannose cristallisé OB'", 5o i Phénylhydrazine i",2
I Eau distillée 100" < Acide acétique cristallisablo. . . ii^"^, 2
f Eau, quantité suffisante pour 6"
n Le mélange est abandonné à la température de 10° pendant douze heures. On
opère comme ci-dessus, sauf qu'on lave le produit essoré, successivement avec 10"
d'eau glacée, 10" d'alcool à gS" et 10"^ d'éther.
» Résultats :
Poids de l'hydrazone os^ôgS
Quantité théorique o?'', 700
» La différence a donc été de 55"S'' pour environ 1 iS"^"^ d'eau employés, ou de 7,0
pour 100, si on la rapporte à la quantité théorique d'hydrazone.
» II. Solution de mannose et de galactose. — On mélange les deux solutions sui-
vantes :
! Mannose os^So / Phénylhjdrazine 2"^', .'1
Galactose iS"", 20 l Acide acétique cristallisable. . 2'', 4
Eau distillée 33", 2 ( Eau, quantité suffisante pour. 12"
» On abandonne à la température de 10" pendant huit heures, et, pour le reste, on
opère comme ci-dessus.
» Résultats ;
Poids de l'hydrazone 1?'', igS
Quantité théorique is"'^20o
» Soit une différence de ^^i' pour environ 5o"^'= d'eau employés, ou de o,5o pour 100,
si on la rapporte à la quantité théorique d'hydrazone.
i> 111. Solution de mannose et d'arabinose. — Même mode opératoire que ci-dessus,
le galactose étant remplacé par de l'arabinose. Résultats identiques.
» IV. Solution de mannose, de maltose et de dextrine- — On a mélangé, dans cet
essai, au mannose du maltose cristallisé brut, renfermant par conséquent de petites
quantités de dextrine. Une solution de ce maltose brut ne précipitait pas, d'ailleurs,
par la phénylhydrazine.
i Mannose iS'' / Phénylhydrazine 2'='=, 4
Maltose brut iR' < Acide acétique cristallisable. 2", 4
Eau distillée 5o'''^ ( Eau, quantité suffisante pour . . i2'''=
( 34- )
» Même mode opératoire que ci-dessus. Liquides employés au lavage : eau glacée,
i5'=<^; alcool, i5'="; éther i5'='=.
» Résultats :
Poids de l'hydrazone i^%44
Quantité théorique is', 5o
» Soit une différence de S'^' pour environ yS""^ d'eau employés, ou de 4 pour loo, si
on la rapporte à la quantité théorique d'hydrazone.
» Il ressort, de ces divers essais, que la phénylhydrazine peut servir à
doser le mannose dans les recherches de Chimie végétale, et que la pré-
sence d'autres sucres ne modifie pas sensiblement les résultats. Ceux-ci
seront suffisamment précis, si l'on opère à une température aussi basse
que possible et sur des solutions renfermant de 3 à 6 pour loode mannose.
Dans le cas oh les solutions seraient plus diluées, le poids d'hydrazone
trouvé devrait être augmenté de 4"^'" pour loo"" de solution. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques propriétés de la dioxyacélone, en relation
avec le degré d'agrégation moléculaire ('). Note de M. Gabriel Ber-
trand, présentée par M. Duclaux.
« L'oxydation de la glycérine par la bactérie du sorbose conduit, comme
on l'a vu antérieurement (-), à la production d'un sucre particulier, auquel
convient le nom de dioxyacélone.
» Ce sucre cristallise facilement quand on évapore sa solution aqueuse
dans le vide sec, à la température ordinaire. Il est alors en petits prismes
plus ou moins nets et brillants, tout à fait inaltérables en vase clos. A
l'air, ils résistent d'abord, plusieurs jours, si le temps est sec, piu's finissent
par condenser une trace d'eau qui accentue d'une manière remarquable la
liquéfaction de la masse.
» La dioxyacétone cristallisée est sensiblement insoluble, à la température ordinaire,
dans l'alcool absolu, l'éther et l'acétone : on peut la triturer et la laisser longtemps en
contact avec ces liquides, sans qu'il s'en dissolve une proportion appréciable. Au con-
traire, à la température de l'ébullition, les cristaux disparaissent peu à peu dans le
liquide; si l'on en ajoute de nouvelles quantités, elles se dissolvent à leur tour, et
ainsi de suite, presque indéfiniment, mais, chose curieuse, aucune partie du corps
(') Travail du laboratoire de Chimie du Muséum.
(2) G. Bertrand, Comptes rendus, t. CXXVl, p. 84^ et 984; 1898.
G. R., 1899, 3° Semestre. (T. CXXIX, N° 6.) 4^
( 342 )
dissous ne se dépose ensuite par refroidissement. J'ai de ces solutions préparées depuis
plus d'un an; elles sont aussi complètes que le premier jour (').
>i La dioxyacétone cristallisée fond lentement au voisinage de 70° en un liquide qui,
devenu limpide, peut être refroidi et conservé plusieurs semaines dans des tubes capil-
laires, sans trace de cristallisation. En masse, le phénomène de surfusion est beaucoup
moins durable, mais, dans les deux cas, on peut s'assurer que, à l'inverse du corps
cristallisé, la diox.yacétone surfondue, c'est-à-dire amorphe, est extrêmement et instan-
tanément soluble à froid dans l'alcool absolu, l'éther et l'acétone.
» Ces propriétés singulières trouvent leur explication dans l'existence
de plusieurs états d'agrégation moléculaire de la dioxyacétone, et le passage
de l'un à l'autre de ces états sous l'influence de la dissolution et de la
fusion.
» A l'état solide et cristallisée, la molécule de dioxyacétone n'est pas
C'H°0% comme on pourrait le supposer d'après son analyse et ses princi-
pales réactions. Elle est formée de deux molécules chimiques associées;
elle répond, par conséquent, à la formule 2(^C'H*0^^ et pèse 180 au lieu
de f)o.
» Dans cet état, elle est insoluble ou presque insoluble à froid dans
l'alcool, l'éther et l'acétone; mais, sous l'influence de la chaleur, seule ou
en présence des dissolvants énumérés, elle passe peu à peu à l'état de
molécules simples qui sont extrêmement solubles.
On peut se convaincre qu'il en est bien ainsi, en déterminant le poids
moléculaire de la dioxyacétone cristallisée et de la dioxyacétone amorphe
(ou surfondue ) par la méthode cryoscopique. Mais ici, il y a lieu de faire
de nouvelles observations si l'on veut interpréter exactement les résultats
de l'expérience.
» L'eau agit, en effet, sur les molécules associées de dioxyacétone; elle
les sépare, d'abord très rapidement, puis de moins en moins vite, en molé-
cules simples ( ' ); de sorte que, malgré la célérité de l'expérience, le poids
moléculaire moyen du corps dissous est toujours plus faible au moment de
la congélation qu'au début de l'expérience. En réchauffant le liquide,
déterminant à nouveau son point de congélation, et cela un certain nombre
de fois, on peut suivre la marche du phénomène et arriver, après un temps
convenable, à n'avoir plus ou presque plus en dissolution que des molécules
simples.
(') Il faut évaporer jusqu'à consistance sirupeuse pour qu'elles se prennent lente-
ment en cristaux.
(^) Une action analogue a été observée par ToUens et Mayer au sujet de la parafor-
maldéhyde {Berichte, t. XXI, p. 35o3; 1888).
( 343 )
» Dans une expérience, on a pris 2S', 5o5 de dioxyacétone cristallisée et 48?'', SyS d'eau
refroidie vers + 5°. La dissolution s'est faite très rapidement et l'on a pu procéder à
la détermination du point de congélation en une demi-heure environ. L'éprouvette
cryoscopique fut alors abandonnée dans l'air à un réchauffement spontané, puis sou-
mise à une nouvelle congélation, et ainsi de suite un certain nombre de fois. On a
trouvé :
Temps écoulé Abaissement Poids moléculaire
depuis le commencement du point correspondant
de la dissolution. de congélation. (constante = i8,5).
h m 0
Première détermination o.3o o,6i8 ]55,o
Deuxième détermination o.45 o,636 i5o,6
Troisième détermination i o,686 129,7
Quatrième détermination 3.4o 1,006 95,3
Cinquième détermination 6.25 1,026 93,3
» Dans une autre expérience, où le réchauffement de l'éprouvette cryoscopique
était un peu plus lent, on a eu :
Temps écoulé. Abaissement. Poids moléculaire,
h m o
Première détermination o.3o o,582 161,8
Deuxième détermination ^.20 0,882 106,7
Troisième détermination y.So 0,978 96,5
Quatrième détermination 4o i,o34 9i,2
» Ces résultats montrent bien que la dioxyacétone cristallisée est formée
de deux molécules chimiques associées au moment où elle entre en disso-
lution. Le suivant, mis en comparaison, suffira à établir que la dioxyacé-
tone amorphe est composée de molécules simples.
» 2?'', 507 de produit cristallisé ont été fondus dans un matras plongeant dans l'eau
bouillante. Aussitôt la liquéfaction complète, le matras fut refroidi, rempli d'eau et
pesé (eau ajoutée : 48?'", 198). Par agitation, le corps surfondu entra immédiatement
en dissolution et le liquide fut versé dans l'éprouvette cryoscopique. Vingt-cinq minutes
suffirent pour amener la congélation. On a obtenu :
Abaissement. Poids moléculaire.
o°,9o6 io5
» Le poids moléculaire trouvé dans cette expérience est notablement
plus fort que celui prévu par la théorie; cependant la différence est peu
importante, si l'on tient compte de la grande tendance qu'ont les molécules
siinples du corps fondu à reprendre la forme cristalline, c'est-à-dire la
forme de molécules doubles. Un tel retour à l'état associé s'observe
même jusque dans les solutions aqueuses. On voit, en effet, pour une
( 344 )
concentration et «ne température données, s'établir dans ces solutions
un certain équilibre entre les molécules de chaque sorte. Quand la tem-
pérature augmente, le nombre de molécules associées diminue et l'on
trouve un poids moléculaire plus petit; c'est l'inverse qui a lieu quand la
température s'abaisse. Le phénomène est tout à fait comparable à celui
que présentent certaines vapeurs, celle de l'acide acétique, par exemple;
seulement, peut-être à cause de la viscosité du milieu, il faut un temps
beaucoup plus long pour atteindre l'état d'équilibre qui correspond à
chaque température. C'est d'ailleurs ce qui permet d'en saisir les phases
à l'aide du cryoscope.
» Ainsi, à la température moyenne de io° à 20°, le poids moléculaire de
la dioxyacétone en solution aqueuse à 5 pour 100 s'écarte peu de 91-98;
c'est le nombre stationnaire qu'on trouve quelques heures après la disso-
lution. Vient-on maintenant à chauffer le liquide vers 100°, on ne trouve
plus, par un refroidissement rapide et la prise du point de congélation,
qu'un chiffre voisin de 88-89. Abandonnée à elle-même, à la température
du laboratoire, cette solution donne de nouveau les chiffres 91-98 indi-
qués plus haut; conservée plusieurs heures dans la glace, ils s'élèvent
même à 96-97, pour revenir encore, à la température de io°-2o°, au
chiffre 91-93 dont on était parti.
» En résumé, la dioxyacétone peut exister sous deux formes ayant cha-
cune des propriétés et un état d'agrégation moléculaire différents. La
connaissance de ces formes et des conditions qui font passer de l'une à
l'autre permettent de donner de certaines anomalies physiques de la
dioxyacétone, telles que la surfusion et la sursaturation, une explication
qui pourra sans doute être étendue à d'autres substances, à certains corps
gras, par exemple. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. - Sur les variations de la production de glycérine
pendant la /et mentation alcoolique du sucre. Note de M. J. Laborde, pré-
sentée par M. Duclaux.
« Le poids de glycérine produite pendant la fermentation d'un poids
déterminé de sucre n'est pas, comme on sait, une quantité constante.
Pasteur a signalé, le premier, des causes de variation ; d'autres savants se
sont occupés ensuite de la question, mais elle est encore peu connue. J'ai
entrepris à mon tour des recherches, à l'aide d'une méthode nouvelle de
(345)
dosage de la glycérine que j'ai indiquée en iSgS ('); j'ai obtenu les
résultats suivants :
» En faisant fermenter avec diverses variétés de levures un moût de raisin blanc à
iSoS"' de sucre par litre, la quantité de glycérine produite par loos' de sucre décomposé
a varié depuis aS', 5o jusqu'à 7S'', 76. La majorité des levures a donné une moyenne voi-
sine de 3 pour 100; celles dont les taux étaient les plus forts avaient, en général, un
pouvoir alcoogène plus faible. Des chiffres très élevés, tels que 5, 60 pour 100 et
7,7.5 pour 100, ont été obtenus avec une levure de Sauternes et une levure de la Mar-
tinique prise dans une fermentation de vesou.
» Une même variété de levure, vivant dans des milieux différents de même richesse
saccharine, peut donner des proportions très différentes de glycérine; il y a augmen-
tation lorsque le milieu est moins bien approprié à l'existence de la levure, lorsque la
fermentation est pénible; la production de glycérine paraît être, en effet, en raison
inverse de ï activité dela.levuve. Les chiffres extrêmes constatés ont été de 2,5o pour 100
pour l'eau de levure sucre, et de 5,46 pour 100 pour un milieu minéral contenant du
tartrate d'ammoniaque comme aliment azoté; la levure employée était une levure de
Médoc très active dans le moût de raisin.
» Si l'on modifie un milieu très bien approprié à la vie de la levure, par l'addition de
matières nutritives étrangères surtout azotées, comme l'extrait Liebig, l'extrait de
levure, la peptone, la production de glycérine augmente un peu, mais cela paraît être
dû à l'atténuation de l'activité de la levure par la rupture d'équilibre des matériaux
nutritifs du milieu primitif. Au contraire, certaines de ces matières organiques,
ajoutées à un milieu minéral, font diminuer la glycérine, en même temps que la fer-
mentation devient plus rapide.
La quantité de glycérine formée augmente avec la concentration du sucre; elle
passe, par exemple, de 2,90 pour 100 à 4)93 pour 100 et à 6,10 pour 100, pour des
proportions de iSos', Soos'' et 4ooë'' de sucre par litre. Une part de l'explication de ce
fait peut être attribuée à la diminution de l'activité de la levure par l'excès de sucre;
car, pour la levure indiquée ci-dessus, habituée à vivre dans les moûts concentrés de
Sauternes, le taux de glycérine a été beaucoup plus constant, quoique très élevé.
» Quand on augmente, par une addition d'acide lartrique, l'acidité naturelle, égale
à 0,5 pour 100, d'un moût de raisin, on voit augmenter la glycérine; le moût naturel
ayant donné 2,90 pour 100, on a eu 4)52 pour 100 lorsque l'acidité totale était de i
pour 100, et 7,33 pour 100 pour une acidité de 2 pour 100 exprimée en acide sulfu-
rique. Les diverses races de levure sont plus ou moins sensibles à l'acidité. Après qu'on
a eu neutralisé le moût, la production de glj'cérine a augmenté un peu et n'a pas varié
sensiblement pour une légère alcalinité, soit avec une levure de bière, soit avec une
levure de vin. La nature de l'acide libre dans un milieu a beaucoup d'influence; car,
si l'on sature partiellement l'acidité naturelle, supérieure à i pour 100, d'un moût
de raisin, on ne voit pas de variations bien accusées dans la production de glycérine.
» La glycérine augmente généralement avec la température, qui influe plus ou moins
( ' ) Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux,
1895, et Annales de Chimie analytique, 1899.
( 346 ;;
avec les diverses levures ; pour certaines, on a constaté des variations allant presque du
simple au double pour des fermentations faites à iS" et à 35°.
« Parmi les divers sucres que peut faire fermenter une même levure,
on en trouve qui lui font produire des quantités différentes de glycérine;
ainsi, le galactose et le lactose interverti ont donné, avec une levure devin,
3,1 5 pour loo, tandis que le glucose, le lévulose, le saccharose, lemaltose
ont fourni le chiffre constant de 2,45 pour loo. Pour d'autres, levures,
parmi lesquelles une levure de bière, le maltose s'est trouvé inférieur au
glucose, au lévulose ou au saccharose; la différence a été de 2,27 pour 100 à
2,84 pour 100. Avec une levure de lactose faisant fermenter très activement
ce sucre, on a obtenu 3, 16 pour 100 avec le sucre interverti, et 1,7$ pour
100 seulement avec le lactose.
» Comme M. Effront, j'ai trouvé que le rapport de la glycérine au sucre
fermenté varie constamment au cours de la fermentation; c'est ainsi que
trois stades successifs du phénomène ont donné les proportions suivantes :
5,46 pour 100 après la perte de 606'' de sucre par litre ; 4,42 pour 100 après
la disparition de i2oS'^ et 3,35 pour 100 après la fermentation complète
des 180S'' de sucre contenus dans un litre de moût de raisin.
» Plusieurs influences peuvent être invoquées pour expliquer ce résultat :
» 1° La production de glycérine est plus faible dans un liquide déjà alcoolisé que
dans un milieu non alcoolisé; j'ai trouvé une différence de 8,78 pour 100 à 8,07
pour lOo entre un moût naturel et le même moût alcoolisé à 8 pour 100 et fermentant
avec la même levure;
» 2» La glycérine étant probablement surtout un résidu du sucre employé à la con-
struction de la cellule, ce résidu doit être d'autant plus considérable que la dépense
de construction est plus grande; c'est en effet dans les premiers temps d'une fermen-
tation vigoureuse que se produit la majeure partie de la levure qui doit se retrouver
à la fin, et l'on constate toujours une élévation du taux de glycérine quand l'on fait
augmenter dans un milieu donné la quantité de levure formée, soit en augmentant la
quantité d'oxygène qui est à la disposition de la levure, soit en arrêtant la fermentation
en cours de route, pour la faire repartir ensuite par de nouvelles générations de la
même levure.
» Les faits qui précèdent peuvent expliquer les variations relativement
faibles de la production de glycérine que l'on observe habituellement dans
les liquides fermentes et notamment dans les vins ordinaires ; mais dans
les vins spéciaux qui proviennent de raisins atteints de pourriture noble,
tels que ceux de Sauternes, j'ai montré (') ([u'il n'est pas rare de constater
(') De la glycérine dans les vins provenant de raisins atteints de pourriture
noble (Mecue de Viticulture. 1897).
( 347 )
des productions qui atteignent près de i5 pour loo du sucre fermenté et
qui s'expliquent d'abord par certaines des influences indiquées ci-dessus,
et ensuite par l'existence, dans le moût de raisin, avant fermentation, d'une
proportion importante de glycérine (souvent plus de lo^"' par litre) qui
provient de l'action du Botrytis cinerea sur le sucre du jus de raisin. «
BOTANIQUE. — Sur la structure anatomique des Vanilles aphylles. Note '
de M. Edouard Heckel, présentée par M. Gaston Bonnier.
(c II existe, on le sait, deux formes bien dissemblables de Vanilles : les
unes, pourvues de feuilles très charnues et souvent très développées; les
autres, entièrement sans feuilles. Parmi ces dernières, j'ai reçu : i° de
Nossi-Bé, où elle est cultivée couramment, jiaraît-il, la Vanilla Phalœnopsis
Reicli., originaire des Seychelles; 2" du Jardin royal de Rew, la Vanilla
aphylla BInme, espèce asiatique qui a les plus grandes ressemblances avec
sa congénère africaine et semble être la miniature de la première. Dans
les deux formes, la tige sarmenteuse est deux fois sillonnée et de jeunes
feuilles très petites, roulées en cornet, se détachent de bonne heure, lais-
sant sur la tige une cicatrice très apparente en face de laquelle naît une
racine adventive aérienne.
» Ce qui paraît distinguer ces deux espèces, en dehors des organes
reproducteurs, c'est le fait suivant qui a été le point de départ de mes
recherches anatomiques. Quand on coupe transversalement la tige de V.
Phalœnopsis, on voit immédiatement sourdre sur les plaies une substance
ayant l'apparence d'un latex, abondante, blanche, gluante, poissant aux
doigts et qui ne tarde pas à se solidifier. Cette émission de gomme laiteuse
se fait par des points spéciaux de la périphérie de la coupe. Des faits sem-
blables s'observent dans la Vanilla aphylla et dans la V. planifoUa Andr.,
mais le liquide qui s'échappe des coupes de la tige y est incolore, quoique
abondant et gluant comme dans la V. Phalœnopsis.
» Les recherches que j'ai entreprises, en vue de connaître les causes et
la nature de cette émission abondante de pseudolatex, m'ont conduit à
constater, dans ces plantes, des organes et des éléments cellulaires, d'une
nature spéciale, qui n'ont pas été signalés jusqu'ici, à ma connaissance,
dans les Orchidées.
» Dans les F. Phalœnopsis et aphylla, la tige présente au-dessous d'un épiderme
non cristalligène (il l'est dans la V. planifoUa) un parenchyme chlorophyllien formé
( 348 )
de cellules ovoïdes assez grosses disposées en files longitudinales régulières et pour-
vues aux deux extrémités, supérieure et inférieure, de deux petites proéminences qui
se soudent à des proéminences semblables appartenant aux cellules placées au-dessous
et en dessus d'elles dans la file à laquelle elles appartiennent : c'est ce qui apparaît
nettement dans une coupe longitudinale. Elles sont en outre soudées avec les autres
cellules des files voisines qui les entourent, non par tous les points de leur surface,
mais par des parties limitées qui sont séparées par de larges espaces intercellulaires.
Il résulte de cette disposition qu'une coupe transversale ou longitudinale de ce tissu
présente, au microscope, des cellules dont les parois semblent perforées comme celles
des Leucobryiim ou des Sphagnum.
» Ce n'est là qu'une apparence. Les lignes circonférencielles ou elliptiques, qui se
dessinent nettement sur les parois cellulaires, limitent seulement les surfaces par les-
quelles ces parois sont accolées à celles des cellules voisines. En somme, c'est une
forme du tissu lacuneux : il remplace, dans la tige dépourvue de feuilles, le même
tissu qui existe, sous la même forme, dans la presque totalité du parenchyme foliaire
des Vanilles à feuilles et notamment dans la V. planifolia.
» Au milieu de ce même tissu lacuneux, on trouve dans les Vanilles aphylles comme
dans les Vanilles feuillées, de véritables canaux sécréteurs mais d'une forme variable
et d'une origine spéciale.
» Toujours en grand nombre dans ce tissu, tantôt ils sont bordés de cellules plates
{V. Phalœnopsis), tantôt ils ne le sont pas ( V. aphylla, planifolia). Mais dans tous
les cas ils reconnaissent toujours (ainsi qu'on peut le voir par l'examen des tissus
jeunes) une même origine. Ce sont d'abord des files longitudinales de cellules à
raphides, bien nettement séparées les unes des autres par des cloisons transversales et
remplies de petits cristaux aiguillés d'oxalate de chaux. Ceux-ci s'accroissant considé-
rablement, les cloisons transversales disparaissent, puis les cellules voisines du canal
ainsi formé s'aplatissent, et, quoique empruntées au tissu lacuneux ambiant que je
viens de décrire, ne présentent aucune des lignes circonférencielles ou elliptiques qui
caractérisent les cellules voisines. Dans toute l'étendue du canal, les raphides accrus
se disposent par groupes compacts et se recouvrent d'une matière mucilagineuse abon-
dante, tantôt colorée en blanc, tantôt incolore. Si l'on examine au microscope cette
substance quand elle vient fraîchement de s'échapper des canaux sécréteurs, on con-
state qu'elle est uniquement formée de raphides et de mucilage.
>i C'est à la limite même de ce tissu lacuneux que commencent, dans les Va/iilla
Phalœnopsis et aphylla, à apparaître les faisceaux libéroligneux épars dans la moelle
entière. Mais la moelle est constituée par un tissu incolore spécial qui ne se retrouve
pas dans la V. planifolia. Il est formé de grandes cellules portant des bandes cellu-
losiques transversales et parallèles entre elles. Ce tissu rappelle morphologique-
ment celui de même nature qui caractérise les feuilles de Pleurothallis. Dans V.
aphylla, ce tissu est proportionnellement plus réduit que dans V. Phalcenopsis; mais,
dans ces deux espèces, il est plus rapproché de l'épiderme dans les points qui corres-
pondent aux sillons de la tige, où le tissu lacuneux est à peine représenté par une ou
deux couches de cellules. Là, le tissu à bandes cellulosiques commence presque de
suite. Dans la Vanilla planifolia, et probablement dans toutes les Vanilles à feuilles,
immédiatement au-dessous de l'écorce formée par .un parenchyme chlorophyllien
( 349 )
normal non laciineux. avec canaux à raphides, on voit un endoderme sclérifié qui
n'existe pas dans les Vanilles aphylles. De plus, la moelle ne présente pas de cellules
à bandes; enfin, les faisceaux sont peu espacés en dedans de l'endoderme : leur con-
stitution est du reste la même dans les deux cas.
» Dans la jeune feuille caduque des Vanilles aphylles, on ne trouve, avec les fais-
ceaux libéroligneux, pas antre chose qu'un parenchyme qui n'est pas différencié; c'est
un tissu homogène sans caractéristique. Pas de différences pour ce qui touche à la
constitution histologique des racines entre les Vanilles à feuilles et sans feuilles.
» Il résulte de tous ces faits : i° que la simple consultation des carac-
tères anatomiques dans la tige des Vanilles aphylles ne permettrait pas, en
raison de la dissemblance absolue qu'ils présentent avec ceux des Vanilles
feuillées, de les rapprocher de ces dernières dans un même genre, ce qui
démontre bien à quel point ces caractères, s'ils étaient invoqués isolément,
resteraient parfois insuffisants au point de vue taxonomique; 2° que la
théorie du thalle, adoptée par Herbert Spencer (Principes de Biologie) pour
expliquer la formation de la tige des Monocotylées, semble être fortement
appuyée par le fait de la présence simultanée, dans la tige des Vanilles
aphylles et dans les feuilles des Vanilles feuillées, des mêmes éléments
cellulaires constituant l'écorce. »
BOTANIQUE. — Le piralahy, liane à caoutchouc de Madagascar.
Note de M. Henri Jumelle, présentée par M. Gaston Bonnier.
« 'Le piralahy , ou vahealahy, pousse à Madagascar dans la même région
occidentale que le guidroa ( Mascarenhasia velutina). que nous avons décrit
dans une Note précédente; mais c'est une liane, alors que le guidroa est
un arbre.
u Le tronc de cepiialahy, d'après M. Périer de la Bathie, ne dépasse pas un diamètre
de iS"^". Les rameaux que nous avons pu examiner étaient bruns, parsemés de très petites
lenticelles blanc jaunâtre. Les feuilles sont ovales, aiguës au sommet et à la base, avec
10 à i3 paires de nervures secondaires, obliques par rapport à la nervure principale,
et formant sur le bord à la face inférieure un ourlet assez net; sur la face supérieure,
la nervure principale est en gouttière. Dans les plus grandes que nous ayons vues, le
limbe avait 6'^", 5 de longueur sur 3"" de largeur, et le pétiole i""; plus souvent, le
limbe a S*^" à 6""" de longueur sur i"",5 à 2™, 5 de largeur, et le pétiole 5""" à 8"'".
A l'état frais, ce pétiole est ordinairement jaunâtre, et le limbe vert clair.
» Les fleurs sont groupées, par 3 à 8, en cymes bipai-es, latérales ou terminales;
chacune est portée par un pédicelle de 5""" à 7™", placé à l'aisselle d'une bractée ovale-
C. R., 1899, 2- Semestre. (T. CXXIX, N» 6.) 4''
( 35o )
aiguë, et muni latéralement de deux, autres bractées semblables. Ces 3 bractées, noires
à l'état sec, sont bordées de cils bruns.
» Le calice est en préfloraison quinconciale; les sépales, coriaces, chagrinés, bordés
de cils bruns et ovales-aigus, comme les bractées, ont, en moyenne 3"°™ de longueur.
» Le tube de la corolle a lo"™ à i5™°> et est surmonté de lobes à peu près de même
longueur, sur S"™ de largeur. Les étamines sont insérées dans la partie renflée du tube
immédiatement au-dessus du calice.
» La floraison a lieu en novembre et décembre; la corolle est extérieurement lavée
de jaune pâle et blanche à Tinlérieur.
» Les fruits mûrissent de juin à octobre. Nous ne les avons pas eus entre les mains,
mais M. Périer de la Bathie nous dit qu'ils sont ovoïdes, de iS""™ sur lo"", jaunes à
la maturité, et qu'ils contiennent une pulpe acidulé, comestible, dans laquelle sont
logées les graines.
» Notre planle est donc un Landolphia; mais nous la croyons une espèce
nouvelle, et telle est aussi l'opinion de M. R. Schumann, qui a si bien
étudié ce genre et à qui nous avons montré des échantillons de piralahy.
» Bien distincte du Landolphia madagascariensis, elle se rapproche plutôt
du Landolphia crassipes, récolté en 1879 à Semberano par Hildebrandt;
mais elle en est aussi différente, ne fût-ce que par l'absence de renfle-
ment du pétiole. Nous l'appellerons Landolphia Perieri.
» On la trouve dans toutes les forêts du Bouènî, à Majunga, à Andriba,
dans les vallées de l'Ikopa, du Betsiboka et du Menavava.
» Son c'ioutchouc est excellent et ne contient qu'une infime proportion
de résine (5,5 pour 100). Les Sakalaves, pour le recueillir, coupent la
liane par tronçons, qu'ils mettent à égoutter au-dessus d'un récipient; ils
coagulent par le jus de citron ou les fruits pilés de tamarinier.
» Pendant la saison sèche, la plante donne très peu de lait, mais qui
coagule spontanément. Pendant la saison des pluies, le lait est beaucoup
plus clair, mais ne donne alors que très peu de gomme : 60^"^ environ par
litre.
» Le latex que nous avons examiné et que M. Périer de la Bathie nous a fait par-
venir en très bon état, grâce à l'addition d'ammoniaque, a été recueilli à cette dernière
époque. Très fluide, il traverse tel quel le papier à filtrer, alors que, pour la plupart
des autres laits à caoutchouc, les globules restent sur le filtre. Ces globules sont, du
reste, de très faibles' dimensions : ils mesurent de o™"',oo20 à o™'",oo22 de diamètre,
alors que ceux d'//ei'ea (caoutchouc de Para), ont, en moyenne, o"'"',oo35.- Nous
n'avons pu réussir à les séparer de l'eau-mère par centrifugation au moyen d'un
appareil mû par l'eau.
1) La densité du lait, après qu'on a fait évaporer l'ammoniaque par une légère
ébuUition, est de 0,996.
( 35i )
» De celte faible densité, inférieure à celle de la plupart des autres laits à caout-
chouc, qui est supérieure à l'unité, on serait alors tenté de conclure, « priori, à une
grande richesse en substance élastique, puisqu'il est admis, en règle générale, que
plus un suc gummifère contient de caoutchouc, plus son poids spécifique est faible.
» Nous avons vu pourtant plus haut qu'il n'en est rien : i''' du lait reçu ne conte-
nait environ que ôSs*' de gomme.
» Cette intéressante particularité, qui démontre quelle circonspection il faut apporter
dans l'énoncé de ces prétendues règles générales, s'explique par la densité exception-
nellement faible des globules et par la faible proportion, dans le lait, des substances
étrangères. La densité du caoutchouc de piratahy est de 0,910 (celle du caoutchouc
de Para étant de 0,920); et ;ooS"' du produit obtenu par dessiccation du lait ne con-
tiennent que S'i' à loS"' de matières diverses. On conçoit comment ces deux faits réunis
contribuent à diminuer la densité totale du liquide, malgré la petite proportion de
globules.
» Au sujet des substances étrangères, ajoutons que la liqueur de Fehling 'ne décèle
pas la moindre trace de glucose; il n'y a pas davantage d'amidon.
» Une autre particularité que nous a présentée le lait de piralahy et que nous ne
pouvons que mentionner ici, nous réservant de donner plus de détails dans un travail
plus complet, c'est la difficulté avec laquelle on obtient la coagulation soit par l'ébul-
lition, soit par l'alcool ou l'éther.
» Lorsqu'on fait bouillir le liquide, contrairement à ce qui a lieu pour la plupart des
bons laits à caoutchouc, la coagulation ne se produit qu'au fur et à mesure de l'évapo-
ration, et la gomme n'est obtenue en totalité que lorsque l'évaporation est complète.
Il faut, d'autre part, ajouter au latex trois ou quatre fois son volume d'alcool absolu
pour recueillir le caoutchouc. L'alcool est cependant considéré d'ordinaire comme un
des coagulants les plus énergiques et les plus constants.
» Par contre, on provoque aisément la coagulation, même dans le liquide resté for-
tement alcalin, avec un grand nombre de réactifs, dont plusieurs sont souvent sans
action sur les autres laits : acides sulfurique, chlorhydrique, acétique et citrique ; po-
tasse caustique, alun, sulfates de magnésie et de soude, chlorure de sodium, azotate et
sulfate de chaux, oxalates de potasse et d'ammoniaque, etc.
» On voit ainsi, une fois de plus, à propos de cette nouvelle espèce de
Landolphia que nous venons de décrire, combien sont variables les carac-
tères des latex à caoutchouc; et le lait de notre piralahy présente réunies
quelques particularités qu'il importe, croyons-nous, de retenir comme
contribution à l'étude générale, encore si incomplète, de ces latex. »
GÉOLOGIE. — Sut le bord externe du Bnançonnais entre Freyssinières et Vars.
Note de MM. W. Kilian et E. Hadg, présentée par M. Marcel Bertrand.
« On sait, depuis les travaux de Ch. Lory, que la zone du Briançonnais
présente, par la nature de ses sédiments, un contraste assez marqué avec
( 352 )
les contrées voisines. M. Termier, qui a récemment étudié en détails une
partie de cette zone, a été tellement frappé de ce contraste qu'il y a vu la
confirmation d'une hypothèse fort ingénieuse sur la structure générale du
Briançonnais, présentée ici-même, il y a quelques mois ( ' ). Cet auteur a
insisté particulièrement sur l'indépendance absolue de ce qu'il a appelé la
zone du Flysch (pays des grés de l'Embrunais de Ch. Lory), qui limiterait
à l'ouest la région charriée du Briançonnais et qu'il envisage comme étant
en place et comme formant le substratum de cette région charriée.
» Nos observations des années précédentes et celles que nous avons
faites récemment dans une course commune nous ont montré que cette
indépendance est loin d'être aussi absolue qu'il semblerait à première vue.
Le faciès dit briançonnais se rencontre déjà, en effet, avec son développe-
ment typique, au cœur même de la zone de Flvsch.
» Nous rappellerons qu'il existe à Jausiers des anticlinaux à charnière conservée,
qui pointent au milieu du Flysch et font affleurer non seulement la succession bien
connue des calcaires du Briançonnais, des calcaires et marbres phylliteux et des
quartzites, mais aussi des anagénites du Permien, identiques à celles de l'Ârgentière.
» Dans le nord de l'Embrunais, à Dourmillouse, nous avons constaté récemment un
fait plus concluant encore. Bien à l'ouest des plis les plus occidentaux du Briançon-
nais, la profonde coupure de la Byaisse fait apparaître, sur tout le pourtour d'un
vaste cirque de rochers, une lame de mélaphyre du type bien connu de Champoléon,
comprise entre deux lames moins épaisses de calcaire de Guillestre, le tout étant
intercalé dans une masse puissante de dépôts nummulitiques et représentant par con-
séquent un vaste anticlinal fortement élire et couché vers l'ouest. Ici donc les calcaires
rouges de Guillestre, c'est-à-dire l'un des éléments les plus typiques de la série brîan-
çonnaise, se trouvent associés, dans un même pli, avec des mélaphyres du type du
Haut-Drac. Cette association rappelle la coexistence, au Plan de Phazy, d'un granité
laminé du type Pelvoux avec une succession à faciès briançonnais (Permien rouge,
quartzites, gypses et calcaires triasiques. Brèche du Télégraphe).
» Au point de vue tectonique, la solidarité de la zone du Flysch et des
plis du Briançonnais ( -) est non moins évidente. Tandis que dans l'hypo-
thèse de M. Termier, les massifs qui continuent au sud les nappes du Brian-
çonnais devraient reposer sans racines sur un substratum de Flysch, c'est
précisément l'mverse qui a lieu.
(') Sur la structure du Briançonnais {Comptes rendus, li février 1899). — Les
nappes de recouvrement du Briançonnais {Bull. Soc. géol. de France, 3<^ série,
l. XXVII, p. 47-84, pi- 1; 1899).
(-) Bulletin de la Société géologique de France, 3= série, t. XXVII, p. 84 et 126.
( 353 )
» Dans les environs de Réotier, sur les deux rives de la Durance, on constate' très
nettement l'existence de deux anticlinaux, séparés par un étroit synclinal de Lias et
de Fljscli, dont le plus oriental fait apparaître le granité du Plan de Phazy, et dont le
plus occidental comprend un noyau houiller (église de Réotier). Si l'on suit ces plis
vers le sud, on ne tarde pas à les voir disparaître sous leFlysch. Le pli occidental fait
voir, un peu à l'est du hameau de Doussarelle, une terminaison périelinale, tandis que
le pli oriental s'écrase contre le précédent, pour reparaître à très peu de distance, sous
la forme d'un brachyanticlinai de calcaires triasiques, mis à nu, par l'érosion, au
milieu du Flysch.
» Ces deux anticlinaux ne sont autre chose que la continuation méridionale de la
première et de la deuxième écaille de M. Termier, suivie par cet auteur jusqu'au sud
de Frej'ssinières. En effet, le pli occidental de Réotier se poursuit nettement vers
Freyssinières, par le bois de Roche-Charsière et passe à l'est du col de Val-Haute; le
pli oriental, séparé sur toute sa longueur du précédent par une bande synclinale de
Flysch, longe d'abord la Durance, comprend le Houiller de Chanteloube, se couche
graduellement vers l'ouest et va former le sommet de la Tète de Gaulent, pour tra-
verser ensuite la vallée de Freyssinières.
» A partir de Chanteloube, la continuation de ces plis vers le nord est en partie
masquée par une masse triasique très étendue qui leur est superposée. La surface
inférieure de cette nappe, jalonnée par des lambeaux d'Eocène, de calcaire de
Guillestre et de Lias, montre clairement que l'on est en présence du flanc inverse d'un
pli anticlinal couché, dont la racine doit être cherchée vers l'est, sur la rive gauche
de la Durance. Or, ce flanc inverse est la troisième écaille de M. Termier et se con-
tinue certainement vers le nord jusqu'à la vallée du Fournel.
» Ce témoin, épargné par l'érosion sur la rive droite, fait d'ailleurs
partie de tout un système de plis, qui sont couchés vers l'ouest et le sud-
ouest et dont les empilements, signalés déjà plus au nord par M. Lugeon
et par l'un de nous ( ' ) sur le flanc occidental du grand éventail intra-alpin,
constituent les massifs de l'Alpavin et de Moussière, sur la rive gauche
de la Durance. Certains de ces plis, reployés en voûte (gorge du Guil ),
dépassent même l'horizontale et leurs charnières anticlinales sont en-
foncées dans le Flysch du synclinal de Guillestre. Entre Guillestre et Vars,
une de ces charnières, mise à nu et isolée par l'érosion, apparaît avec la
plus grande netteté.
» Ainsi, la disposition symétrique des couches de part et d'autre d'une
bande centrale de Flysch n'est qu'apparente; car le plongement vers le
(') KiLiAN et LuGEOX, Une coupe transi'ersale des Alpes briançonnaises, de la
Gy ronde à la frontière italienne {Comptes rendus, 2 janvier 1899). — Bull. Hen-.
Carte géoL, n° 69, p. 107 et 116.
î 354 .,
sud-ouest des couches triasiques et jurassiques qui constitueraient le flanc
nord-est de ce grand svnclinal résulte en réalité du déversement exagéré
des plis les plus occidentaux de l'éventail briançonnais.
» Nous croyons pouvoir ajouter que d'autres plis, plus intérieurs, appar-
tenant également au flanc sud-ouest de ce même éventail, ont vraisem-
blablement donné naissance à la nappe supérieure de recouvrement de
l'Ubaye.
)) Si l'on considère maintenant que la partie du Briançonnais étudiée
par M. Termier est reliée intimement à celle qui fait l'objet de cette Note
par une continuité évidente des éléments stratigraphiques et tectoniques,
on est conduit logiquement à penser que l'existence d'une série de plis
couchés empilés ('), en partie laminés, puis replissés, expliquerait suffi-
samment les particularités si curieuses signalées par notre confrère. »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur les marmites des îlots granitiques de là. cata-
racte d'Assouân (Haute-Egypte). Note de M. Jean Brc.nhes, présentée
par M. de Lapparent.
« Dans une Communication précédente (-), à la suite d'observations
faites au barrage de la Maigrauge, près de Fribourg (Suisse), sur des mar-
mites torrentielles formées récemment dans la mollasse marine, j'avais
émis l'opinion que les deux types principaux de marmites observés jusqu'ici,
les marmites à fond concave et les marmites à fond conique avec dépres-
sion annulaire, représentaient un même type à deux moments de la forma-
tion. Les observations que j'ai faites, au mois de mars 1899, sur les îlots
granitiques qui parsèment le rapide, d'il première cataracte du Nil, de Philé
à Assouàn, confirment absolument cette manière de voir.
» Les conditions de ce rapide sont assez exceptionnelles : une différence
de près de 8™ en moyenne entre le niveau des basses eaux et le niveau de
( ' ) L'examen des coupes publiées par M. Termier permet, en effet, de reconstituer,
dans beaucoup de cas. le flanc inverse de ses « nappes », qui doivent, par conséquent,
être considérées comme de véritables plis couches, et non comme des « écailles »
aj-ant préexisté au principal plissement.
( - ) Sur quelques phénomènes d'érosion et de corrosion fluviales {^Comptes rendus,
séauce du i4 février 1898, p. 557).
( 355 )
la grande crue annuelle du Nil fait que, durant trois ou quatre mois par
an, ces rochers, qui émergent aux basses eaux, sont recouverts par le flot
montant.
» Surtout dans la zone d'aval du rapide, un grand nombre de courants
contraires se heurtent, et il se produit d'actifs et très nombreux tourbillons.
Ces tourbillons sont à la fois très variables et éphémères; ils se déplacent
et ils changent sans cesse d'intensité, puisque le flot qui les détermine est
sans cesse modifié.
» a. Tandis que, dans les pays glaciaires, une certaine permanence des
tourbillons sur les mêmes points a eu pour effet d'agrandir jusqu'à des
proportions grandioses les marmites d'abord ébauchées ( ' ) ; on est frappé,
sur les îlots d'Assouàn, de la multiplicité des petites marmites et de la
rareté des grandes (des marmites de 2™ de diamètre au plus sont excep-
tionnelles); les tourbillons, en effet, naissent et renaissent, indépendants
de ceux qui les ont précédés, et les résultats de leur action, les marmites,
se multiplient, se juxtaposent ou se croisent même, jusqu'à faire de ces
massifs de granité des masses criblées de trous; le type le plus curieux que
j'aie observé est un petit îlot, voisin d'Assouàn, un peu en amont de l'île
d'Eléphantine, et qui mériterait vraiment le nom à'Ilot des Marmites, il a
3o™ de longueur et 18" de largeur; les marmites ou lambeaux de marmites
y sont, à la lettre, innombrables; vu de haut, l'îlot semble avoir été per-
foré comme à remporte-|3ièce.
» h. Tandis que, dans les pays glaciaires, la succession de tourbillons
de différente intensité et de différents diamètres sur un même emplacement
a fini le plus souvent : 1° par oblitérer les formes intérieures des marmites
et détruire les saillies ou les sillons spiraliformes des parois; 2° par ter-
miner les marmites, c'est-à-dire par les faire aboutir à la forme de sac ou
de trou à fond concave, sur les îlots d'Assouàn : i'' presque toutes les
marmites présentent des traces fraîches de pas de vis sur leurs parois;
2° le plus grand nombre présentent la forme inachevée, c'est-à-dire à fond
conique avec dépression annulaire; dans les conditions normales d'As-
souàn, il y a, en effet, plus de chances que partout ailleurs pour que les
tourbillons durent peu de temps et soient brusquement interrompus;
( " ) Le plus grand des Moulins de glaciers qu'a fait déblayer M. le professeur Heim
au Gletschergarten de Lucerne ag", 5o de profondeur et 8"" de diamètre; le plus
grand de ceux qu'a découverts M. le professeur SteflFens, au col de Maloja, et que j'ai
moi-même étudiés en juillet 1898, a plus de 1 1"" de profondeur et 6"" de diamètre.
( 356 )
d'autre part, ces îlots sont si bien percés à jour en tous points et en sens
divers, qu'il arrive fréquemment que la paroi d'une marmite est usée
jusqu'à devenir trop mince pour supporter la pression intérieure et tout à
coup cède; j'ai observé au moins cinquante marmites de cette espèce,
ainsi brisées, éventrées, en pleine formation. Or toutes présentent la forme
à fond conique, c'est-à-dire celle que j'appelle Xa forme normale de mar-
mite interrompue. Un cas analogue et peut-être plus curieux se rencontre
à la première cataracte du Nil : la marmite une fois amorcée et en partie
formée par un tourbillon de crue, pour une cause quelconque, le courant
a emporté toute la partie supérieure du mamelon de granité dans lequel
le tourbillon avait travaillé; il n'est resté que la portion inférieure de la
marmite : c'est encore là un cas d'interruption bien nettement caractérisé;
or j'ai observé et déblayé plusieurs types de cet ordre, et tous étaient à
fond conique.
» Un spécimen de cette dernière catégorie mérite une mention spéciale :
la surface d'arrachement de la roche correspondait à peu prés au niveau
du fond momentané d'une marmite qui avait environ i™,8o de diamètre ;
et, au-dessus de la plate-forme de roche rugueuse, est restée seule en
saillie, comme témoin de la marmite disparue, la partie intérieure, ce
qu'on pourrait appeler le culot : c'est une protubérance de forme approxi-
mativement conique, entourée d'une dépression nettement spiraliforme,
dont la ligne de fond ne correspond point à un plan horizontal; aussi bien
le courant tourbillonnaire, en se heurtant à une roche peu homogène
comme le granité à gros grains, s'est décomposé en une série de mouve-
ments secondaires dont les irrégularités de la surface polie sont la preuve
très visible.
» J'ajouterai deux brèves considérations :
» J'ai examiné de près environ 4oo marmites; j'en ai vidé une cinquan-
taine : dans le fond de 2 ou 3 à peine j'ai trouvé un ou deux galets de 4*""
ou 5*"" de diamètre; dans presque toutes je n'ai trouvé que du sable, un
sable étonnamment fin; c'est avec le sable seul que les tourbillons ont
creusé le granité d'Assouàn ; l'idée de la meule unique, formant la marmite,
telle que la suggère l'expérience instituée au Gletsc/iergarten de liUcerne,
me semble de plus en plus une idée discutable; à Assouàn, en tout cas, il
n'y a pas de meule. Le procédé du travail tourbillonnaire ressemble à l'usure
à l'émeri, au travail du lapidaire qui use de la pierre très dure avec de la
poussière de pierre.
» Nulle part, peut-être, autant qu'aux rapides du Nil, on ne saurait être
( 357
frappé du rôle joué par le tourbillon comme facteur actif d'attaque et de
destruction par l'eau : la marmite tourbillonnaire semble l'effet le plus
énercfique de la tactique victorieuse des courants en vue de la destruction
progressive des seuils. Les masses compactes, ainsi percées de part en part,
s'effondrent tout à coup; certains îlots d'Assouân montrent ainsi les amas
chaotiques de portions récemment effondrées. »
M. Ad. Richard adresse une Note relative à un arc-en-ciel présentant
une apparence anormale.
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 3i juillet 1899.
Z'Hydrodiclyon utriculatumrfe Rolh et /'Hydrodictyon fémorale d' Arrou-
deau, par J. Comère. Toulouse, Lagarde et Sebille, 1899; i br. in-S".
(Hommage de l'Auteur.)
Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft. N° 12. Berlin, R. Fried-
liinder und Sohn, 1899; i vol. in-8°.
Astronomical and meteorological observations, made at thc Raddiffe obser-
i'alory. Oxford, James Paiker and C°, 189g; i vol. in-8°.
Mémorial hisiorico espanol : coleccion de documentos, opiisculos y antigùe-
dades que publica la Real Academia de la Historia. Tome XXXIX. Madrid,
de la Viuda é Hijos de M. Tello, 1899; i vol. in-S".
Annals of the New York Academy of Sciences. Vol. XL part IIL New York
City, 1898; I vol. in-8°.
Anales del Museo nacional de Buenos Aires, parle prof. D"" Carlos Berg.
Tome VI (2' série, t. III). Buenos Aires, Juan A. Alsina, 1899.
Bulletin de la Société des Sciences de Bucarest. N" 3. Bucuresci, Institutul
de Arte grafice, Carol Gobi, 1899; i br. in-8'' (Hommage de la Société.)
Proceedings of ihe. lowa Academy of Sciences for 1898. Vol. VI. Des
Moines, lowa, F. B. Conaway, state printer, 1899; i br. in-8".
G. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N» 6.) 47
( 358 )
Nachrichten von der kûnigl. Gesellschaft des Wissenschaften zu Gôtlingen.
1899. Heft 1. Gottingen, Liider Horstmann, 1899; r br. in-8°.
Journal of the Academy of natural Sciences of Philadelphia. Vol. XI,
part 2. Philadelphia, Academy of natural Sciences, 1899; i vol. in-4°-
Ouvrages reçus dans la séance du 7 août 1899.
Congrès horticole de 1899 : Séance du 26 mai. Paris, siège de la Société,
1899; broch. in-8°.
The résistance of hacteria tocold, by Mazyck P. Ravenel, M. D., of Phila-
delphia. From The médical News, 1899; i broch. in-8°.
Actas de la Sociedad espanola de Histoiia natural. Madrid, Don I. Bolivar,
Tesorero, 1899; 2 broch. in-8°.
Itad j'ugoslavenske akademije Zuanosti i Umjetnosti. U. Zagrebu, 1899;
r broch. in-8''.
Quelques recherches sur les centres d'action de l' atmosphère : II. La pluie,
par H. HiLDEBRAND-IIiLDEBRANDssoN. Slockholm, P. -A. Norstcdt et Sôner,
1899; I fasc. in-Zi".
ERRATA.
(Séance du ?> juillet 1899.)
Note de M. E.-O. Lovett, Sur les transformations des droites :
Les expressions pour n et r, qui n'afFectenl pas les résultais de la Note, ont été
écrites en employant accidentellement : /o/ie<io«5 rfe c^ewx- variables, au lieu de fonc-
tions de trois variables.
(Séance du 24 juillet 1899.)
Note de M. Armand Gautier, Présence de l'iode, etc. :
Page 191 , ligne 9, à la suite des mots : au moins dans celles à clilorophylle, ajoute:
même dans celles d'eaux douces.
( 359 )
(Séance du 3i juillet 1899.)
Note de M. E. Vallier, Sur la loi des pressions dans les bouches à feu
Page 258, formule (i), supprimez w.
Page 269, formules (4) et (5), au lieu de z, lisez Z.
Note de M. A. Recouru, Sur les états isomériques de l'acétate chromique
acétate anormal violet biacide, acétate anormal vert morioacide :
Page 288, ligne 27, au lieu de Cr(G2H30^')S 5H-0, lisez Cr(G2H30^)', ÔH^O.
Page 289, ligne 4o, au lieu de CrCC^H^O-), ^ II^O, lisez Cv{OR^0-y, ^H^O.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLA RS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le. Dimanche, lis forment, à la fin de l'année, deux Yolumes in-4r Deui
fables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
9t part du i" janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale ; 34 fr. — Autres pays : les frais fie poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
Igen. . .
Uger . .
imiens.
Ingers..
layonne..
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tourges
Irest.
aen
'hamberv..
'•kerbourg
'lermonl-Ferr...
:jon.
'Ouai.
'tenoble j
a Rocketle
» Havre !
aie..
chez Messieurs :
Ferryn frères.
Chaix.
Jourdan.
Ruff.
Courtin-Hecquet.
Germain et Grassin.
Lachèse.
Jérôme.
Jacquard.
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Laurens.
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Renaud.
Derrien.
\ F. Robert.
J. Robert.
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Jouan.
Perrin.
Henry.
Marguerie.
Juliot.
Ribou-Collay.
Laniarche.
Ratel.
Rey.
Lauverjat.
Degez.
Drevet.
Gratier et C".
Foucher.
Bourdignon.
Dombre.
Thorez.
Quarré.
Lorient.
I
chez Messieurs :
Baumal.
M"' Texier.
Bernoux et Cumjn.
Georg.
Lyon { Côte.
Savy.
Vitte.
Marseille Ruât.
\ Calas.
} Coulet.
Martial Place.
[ Jacques.
Nancy ] Grosjean-Maupin.
( Sidot frères.
Loiseau.
Veloppé.
Barma.
Visconli et C'V
.'\ inies Thibaud.
Orléans Luzeray.
Blanchier.
Marche.
Rennes Plihon et Hervé.
Hochefort Girard (M"").
l Langlois.
Rouen
S'-Étienne .
Toulon
On souscrit, à l'Étranger,
Montpellier
Moulins.. .
Nari tes
J\'ice .
Poitiers..
Amsterdam.
Berlin.
Bucharest.
Toulouse..
\ Lestringant.
Chevalier.
( PoiUeil-Durle
f Rumèbe.
^ Ginict.
[ Privât.
. Boisselier.
Tours j Péricat.
' Suppligeon.
( Giard.
) Lemaitre.
Valenciennes..
chez Messieurs :
Feikenia Caarelsen
et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et C'v
Dames.
Friediander et fils.
Mayer et Miiller.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanichelli.
Lamerlin.
Bruxelles [ Mayolezet Audiarte.
( Lebègue et C'*.
\ Sotcheck et C».
' Stoixk.
Budapest KIlian.
Cambridge Deighton, Bell et C".
Christiania Cauimermeyer.
Constantinopie. . Otto Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
; Cherbuliez.
Genève Georg.
( Stapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
) Benda. ;
( Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig ( Lorentz.
Max Rube.
Twietmeyer.
( Desoer.
I Gnusé.
Lausanne..
Liège.
chez Messieurs :
, Oulau.
Londres
' «t t rti
'Nutt.
Luxembourg . .
. V. BUck.
/ Libr. Gutenberg.
) Romo y Fusse!.
.Madrid
Gonzalés e bijos.
F. Fé.
Milan
( Bocca frères.
l Hoepli.
Naples
Marghieri di Giu».
Pellerano.
1 Dyrsen et PfeifTer.
/Veiv- York
. j Stechert.
' Lemckeet Buechner
Odessa
Rousseau.
Oxford
. Parker et C"
Palerme
. Clausen.
Porto
Prague
. Rivnac.
Rio-Janeiro
. Garnier.
Rome
Bocca frères.
Loescheret C'.
Rotterdam
. Kramers et fils.
Stockholm
Samson et VVallin.
S'-Petersbourg.
i Zinserling.
/ Wolff.
; Bocca frères.
) Brew.
Turin
i Clausen.
( RosenbergetSeM. ]■.
Varsovie
. Gebethner et Wnlll
Vérone
Drucker.
( Frick.
Vienne
) Gerold et C'-.
Ziirich
MeyerelZeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i a 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — ( 1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4''; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomel: Mémoire sur quelques points delà Physiologie des Algues, par MM. A. DERBÈset A.-J.-J. Solies.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
>métes, par M.Hansen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènesdigestifs, particulièrement dans la digestion des matières
■asses, par M. Claude Beknard. Volume in-4'', avec 32 planches; i856 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedes. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
lur le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Étudier leslois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée.— Rechercher la nature
des rapports qui existent entre l'état actuel du règne jrganique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bromn. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
A la rnSme Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Sarant» à l'Académie des Sciences.
N" 6.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 7 -.una 1899.}
' MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Appell. — Sur les mouvemeals de rou-
lemenl; équalions du mouvement analo-
gues à celles de Lagrange
M. Beistiielot. - Déterminations tlier-
Pages. I
Pages.
mocliimiques. L'étliylcnedianiine Sao
MM. Berthelot et Delépixe. — Sur l'azo-
tate d'arïênt ammoniacal -5 -'6
CORRESPOND ANCE.
M. H. Le Chatelieh. — Sur la dilatation
du fer et des aciers aux tempéiatures
élevées
M. Emile Vigouroux. — Action du chlon-
sur un mélange de silicium, de silice il
d'alumine
M. E. RuBÉNOviTCH. — Action -du j)lios-
phure d'hydrogène sur l'oxyde, l'hydrate
et le carbonate de cuivre
MM. Eh. Bourqueeot et H. Herissey. —
Sur le dosage du mannose mélange à
d'autres sucres
M. Gabriel Bertrand. — Sur quelques
propriétés de la dioxyacélone, en relation
avec le degré d'agrégation moléculaire...
M. .J. Laborde. — Sur les variations de la
Bulletin bibliographique
Errata
33i
Jo4
■539
production de glycérine pendant la fer-
mentation alcoolique du sucre
M. Edouard Heckel. — Sur la structure
anatomique des Vanilles aphylles
M. Henri Jumelle. — Le piralaky, liane à
caoutchouc de Madagascar
MM. W. KiLiAN et E. Haug. — Sur le bord
externe du Briançonnais entre Freyssi-
niéres et Vars
M. Jean Brunhes. — Sur les marmites des
ilôts granitiques de la cataracte d'Assouân
( Haute-Egypte )
M. Ad. Richard adresse une Note relative
à un arc-en-ciel présentant une apppa-
Ecnce anormale
34:
3^9
35 1
354
357
358
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIE R-VILL ARS ,
Quai des Grands-Augustins, 55.
/.e f.érant .■(iAiTTaiBR-ViLi.Aiis.
NÛV IG
1899
' SECOIVD SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR M.TI. IiES SECRÉTAIRES PERPÉTUEEiS
TOME CXXIX.
N^7 (14 Août 1899
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
^899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTE DANS LES SÉANCES DES 2.3 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875.
Les Lomptts rendus hebdomaaaues des séances de
l'Acadtmie se composent tles extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 leuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
(I y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de i^ Académie.
LesexlraitsdesMémoiresprésentés par un Membre
ou oarun Associéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'AciuIcmie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit fias les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris pari désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Noies ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposes par l'Acadén;
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Ra
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'auta
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance p
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personn
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'unr
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires se
tenus de les réduire au nombre de pages requis. I
Membre qui fait la présentation est toujours nommi
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extra
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foi
pour les articles ordinaires de la correspondance ofl
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à temp
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rem
actuel, et l'exlrail est renvoyé au Compte rendu su
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des ai
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports (
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
\
Tous les six mois, la Commission administrative fa
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré
sent Règlement.
Les Savants étrai.yers â lAcadticie qui désirent laire pi ôsenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de li
déposer au Secrétariat au plus lard le Saicedi qui précède la séance, avant 5'. Autrement la présentation sera remise à la séance suivant
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
>»aa' I
SÉANCE DU LUNDI 14 AOUT 1899,
PRÉSIDÉE PAR M. Maurice LÉVY.
MEMOIRES ET COMMUNICATïOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les dérivés métalliques de l'acétylène;
j3ar MM. Berthelot et Delépine.
» Depuis les étude de l'un de nous sur les acétylures métalliques et
leurs dérivés, faites '. l y a un tiers de siècle, à une époque où l'acétylène
était rare et coûteux, ces composés ont été l'objet de nombreuses
recherches, tant de la part de MM. Matignon, Guntz, Maquenne, de For-
crand,Moissan, pour les acétylures alcalins, que de MM. Keiser, MiasnikotT,
Blochmann, Lossen, Plimpton et Travers, Sœderbauni, Arlh, Biginelli,
Chavastelon, Erdmann et Kôthner, et autres savants, pour les acétylures
d'argent, de cuivre, de mercure et leurs dérivés. Ces recherches en ont
multiplié le nombre et fixé certaines formules. Le moment nous a paru
C. 11., 1899, 2' Semestre. (T, CXXIX, N° 7.) 4"
(362 )
venu d'établir la théorie thermochimique de ces composés et d'en com-
parer les formules définitives avec la théorie proposée par M. Berthelot,
théorie qui assimilait d'une part l'acétylène et les acétvlures C-H-,C-M*,
avec l'ammoniaque AzH' et les azotiires correspondants AzM', et d'autre
part les dérivés des acétylures à ceux de l'ammonium : (C-M')R corres-
pondant à (AzH*)R, R étant un radical négatif simple ou composé.
» Nous avons choisi pour cette recherche l'examen des composés acé-
tyliques dérivés d'un métal monovalent, l'argent, parce qu'un tel métal
fournit des dérivés plus simples que les métaux polyvalents. Les composés
argenliques d'ailleurs ne forment guère de sels basiques, comme le font au
contraire les composés des métaux polyvalents, et ils ne sont pas suroxy-
dables au contact de l'air, à la façon des sels cuivreux : ces circonstances,
propres aux sels d'argent, donnent plus de netteté aux déductions tirées de
leur étude.
AcÉTÏLlRE d'argent, C'^Ag".
» Nous avons formé ce composé dans le calorimètre, en faisant réagir
l'acétylène dissous sur l'azotate d'argent ammoniacal dissous. Nous avons
trouvé, vers i^'*,
C-H- diss. -1- 2(AzO'Ag. 2AzIP)diss.
= C-Ag^ préc. -I- 2(AzO^II. AzU^) diss. -i- aAzIP diss., dégage r-io'^^', 55
» D'où résulte
C^ -i- A.g-:r= C-Ag- précipité — 87'^"',i5
» L'acétylure précipité, desséché à 90°, a fourni dans deux analyses :
Ag = 90,05 et 8g, 83. La formule exige 90,0.
» Le composé desséché à l'air libre, après soixante heures, renfermait
88,5 d'argent; après cinq jours : 89,6, chiffres qui indiquent que l'eau
retenue d'abord se dissipe à la température ordinaire.
» A la rigueur, on pourrait supposer que celte eau ne préexiste pas
dans le précipité, celui-ci pouvant être envisagé comme un oxyde d'argent-
acétyle(C-HAg-)-0. Mais la facilité avec laquelle l'eau s'élimine à froid est
]ilus favorable à l'opinion qui la regarde comme simplement juxtaposée
avec l'acétylure d'argent : l'oxyde ci-dessus, s'il existe, ne se produit pas
dans les conditions précédentes.
( 363 )
» La réaction de l'acétylène sur l'oxyde d'argent
C^IP gaz -+- Ag'O sol. =1: C^Âg^ sol. -(- H-0 gaz., dégagerait +22,2,5
» » liquide -1-32,95
C-H- dissous » • +27,65
» Ces chiffres l'emportent sur la chaleur dégagée avec l'azotate d'argent
ammoniacal, cette dernière comprenant en moins l'excès de la chaleur de
neutralisation de l'oxyde d'argent ammoniacal, sur celle de l'ammoniaque.
» Nous reviendrons sur ces valeurs.
H L'acétylure d'argent sec a été placé dans un tube où l'on a fait le vide,
puison l'a chauffé avec précaution. Il détone avec un bruitsecetuneflamme
rougeàtre; du carbone se dépose aussitôt dans toutes les parties du tube.
On a obtenu quelques traces de gaz dans cette opération, soit pour 0^% 100
d'acétylène : CO = o'"',32; Az = o'^'^, iG. Ce qui montre que le précipité
retient toujours une trace d'argentacétyle; mais cette trace est insuffisante
pour expliquer la détonation. En tous cas, il n'y a pas d'hydrogène,
conclusion à laquelle Keiser était déjà arrivé, en faisant la même expé-
rience.
» Le caractère explosif d'un composé semblable, qui se détruit açec
flamme, bien qu'il forme à peu près exclusivement des éléments solides à
la température ordinaire, mérite quelque attention. En réalité, le phéno-
mène paraît la l'ésultante de plusieurs actions, qui se succèdent durant un
intervalle de temps presque inappréciable, savoir :
» i° La séparation du carbone et de l'argent provoquée par le travail
préalable de réchauffement à une température relativement peu élevée;
» 2" Un dégagement de chaleur de -f- 87^"', i5, rapporté au carbone dia-
mant, ou plus exactement -f- 8o'^''',47. rapporté au carbone amorphe;
>) 3' Ce dégagement de chaleur est assez considérable pour réduire
le carbone en gaz normal, comme en témoigne sa condensation sur toutes
les parois du tube : réduction qui exigerait pour C' = 24^'' (diamant)
-f- 84^''', 2 H- 5 ('), d'après les inductions développées par M. Berthelot à
différentes reprises depuis i865 (voir en dernier lieu Thei-mochimie, don-
nées et lois numériques, t. I, p. 207); les produits atteindraient ainsi une
température voisine de 4ooo°, d'après le calcul des chaleurs spécifiques ;
» 4° Le refroidis.sement immédiat de ces produits serait accompagné
(') C aiiKirplie : "- ,'i -\- :
( 364 ^
parla combinaison réciproque d'un certain nombre d'atomes de carbone
gazeux, de fiiçon à reconstituer le carbone à l'état polymérisé, seul connu
jusqu'ici à la température ordinaire ('). C'est cette combinaison qui dé-
gage la chaleur, manifestée par le phénomène explosif définitif.
» Ces considérations sont analogues à celles développées par l'un de
nous dans ses études sur l'explosion de l'acétylène; elles sont plus nettes
pour l'acétylure d'argent, parce qu'il se produit ici un élément solide à la
température ordinaire, l'argent, au lieu d'un élément gazeux tel que
l'hydrogène.
» L'acétylure d'argent humide détone également, lorsqu'on le chauffe;
mais l'explosion est plus violente dans ce cas, parce qu'elle a lieu au sein,
ou plutôt au contact d'une atmosphère de gaz aqueux, qui transmet aussitôt
les pressions aux parois du tube et en détermine la rupture générale; au
lieu d'être amortie en partie, en raison de l'existence d'un espace vide. On
connaît l'influence de ce dernier pour empêcher l'explosion de la poudre
noire; et plus généralement on sait l'influence inverse du bourrage pour
augmenter l'intensité du choc explosif dans les mines et dans les armes.
M C'est ici le lieu de remarquer que, étant donnée la chaleurde formation
de l'acétylure d'argent, ce corps doit régénérer l'acétylène, non seulement
par l'action du gaz chlorhydrique, ou d'une dissolution concentrée pro-
duisant aisément ce gaz, mais même par l'action de l'acide chlorhydrique
étendu
C«Ag'-+- 2HClgaz =r2AgCl + C''H2gaz +43,25
C2Ag''+2HCldilué = 2AgCl + G^H2 gaz -h 8,4 dissous -H-iB,;
» A.U contraire, l'acide azotique étendu ne saurait transformer simple-
ment en acétylène l'acétylure d'argent; attendu que
C=Ag''-H2AzO'H étendu = 2 AzO'Ag dissous -i-C^H^ gaz, absorberait... —22^"', 6
)) Même en supposant l'acétylène dissous, on aurait — 17,3.
.) L'acide azotique gazeux attaquerait, au contraire, l'acétylure d'argent,
mais en le détruisant avec dégagement de chaleur et même explosion. Avec
l'acide liquide pur, il y a aussi dégagement de chaleur; mais l'acétylène est
en même temps oxydé. On y reviendra.
» De même l'acide sulfurique étendu ne régénère pas d'acétylène avec
(•) Voir enUe autres ^rt/i.ofe Phys. et de C/i., 4°s., l. IX, p. 475; t. XVIIT.p. 176,610.
( 365 )
l'acétylure d'argent, circonstance qui paraît surprenante à première vue,
mais que la Thermochimie explique. En effet
C=Ag2-i- SO'H- étendu =;SO'Ag- dissous + C-H2 gaz 28,45
1) Même en supposant le sulfate d'argent solide (-f-'']» J ) et l'acétylène
dissous (+5,3) on aurait encore 18, G5.
1) On voit par là que la condition d'action de l'acide chlorhydrique sur
l'acétykire d'argent est attribuable au faible écart qui existe entre la cha-
leur de formation des chlorures d'argent et d'hydrogène, opposé à un écart
plus considérable entre les acétylures d'argent et d'hydrogène.
)) Comparons la chaleur de formation de l'acétylure d'argent à celle de
l'acétylène et des acétylures alcalins, déterminés par MM. Matignon,
Guntz et de Forcrand :
C-^-!-H':-:C2H2gaz, absorbe -S8,\
C^-rNa^ - 8,8
C- ~l- Li- -11,5
C^ hCa -1- 6,25 (')
C^+Ag^ -87,15
» Les acétylures d'hydrogène, d'argent, de sodium et probablement de
potassium, sont endothermiques; ceux de lithium et de calcium étaient
exothermiques.
» Il existe des acétylures monopotassé, C^HR, et monosodé, C'HNa,
auxquels correspondrait un acétylure monoargentique, C^HAg, qu'une
étude plus approfondie permettra sans doute d'isoler.
)) Toutefois, si l'on s'en rapporte aux analogies tirées des deux acéty-
lures sodiques, l'acétylure bimétallique serait moins instable que l'autre.
En effet :
C^-HNa==C2Na°-, absorbe — 8':^.>,8
C^-(-H-|-Na = QHNa, absorbe — 29^-1,2
» La décomposition exothermique inverse
CNa^z^C'+Na' -:- 8,8 (G diamant) ou -+- 2,1 (C amorphe)
C2HNa=:C'^-|-H + Na:C-+H-hNa. +29,2 ou --22,5
(') D'après la rectification faite par M. Moissan au nombre inexact donné par
Tiiomsen pour la chaleur d'oxydation du calcium.
( 366 )
c'est-à-dire que la seconde offrirait un caractère explosif bien plus pro-
noncé que la première.
» Ces deux décompositions ont été observées en fait par M. Moissan
(Annales de Chimie et de Physique, 7* série, t. XVI, p. i49). sous l'influence
d'une température de plus en plus élevée. Il a reconnu également que
l'acétylène monosodé, chauffé avec ménagement, éprouve une première
transformation, avec régénération d'une certaine dose d'acétylène, accom-
pagné par des carbures liquides (et probablement par les dérivés sodés
de ces derniers). Le dédoublement simple
2 C2 H Nar=C2Na=+C-+H2, dégagerait.. . +42,7 (C^ amorplie)
1) Au contraire, la réaction simple
aC^HNa zmC^Na^ -H C2H^ absorberait — S':-''',;
)i Mais cette dernière perle d'énergie est compensée par la formation des
carbures polymérisés et de leurs dérivés sodés, dans la réaction effectuée.
» Observons encore le dégagement de chaleur accompli lors de la réac-
tion de l'acétylène sur les métaux alcalins, dégagement qui va jusqu'à
l'incandescence avec le potassium
G^H^-t- Na^^ C^Na^H- H% dégage +49,3
C^H^+Na — C=HNa + H, dégage 4-28,9
et, par conséquent,
G-HNa-h Na = C2Na2-(- FI -:-20,4
)i Les deux composés successivement formés répondent à un dégage-
ment de chaleur décroissant, comme il arrive dans la plupart des cas des
réactions réitérées. A la vérité, les deux valeurs 28,9 et 20,4 se rappro-
cheraient beaucoup, si l'on rapportait l'acétylène à l'état solide, pour le
rendre plus comparable à l'acétylène monosodé; c'est-à-dire que les deux
dégagements de chaleur tendraient à se conformer à la loi des proportions
multiples (voir Thermochimie , données et lois numériques, t. I, p. 2o5 et
suiv.).
» Voici maintenant quelques comparaisons dignes d'intérêt. L'acétylène,
ainsi que M. Berlhelot l'a signalé, est un composé formé par l'hydrogène
uni à un élément électronégatif, le carbone, composé susceptible de sub-
stitutions métalliques et comparable sous ce rapport aux hydracides,
( 367 )
spécialement à l'hydrogène sulfuré, et même aux oxacides, en tant que
dérivés de certains radicaux complexes, jouant le rôle du soutre et des élé-
ments halogènes. Envisageons ces divers corps dans leur réaction sur les
oxydes et spécialement sur l'oxyde d'argent, d'après la formule suivante,
où les états des corps correspondants sont comparables :
Acide gazeux -i- Âg^O solide r- sel solide -h II-O gazeux.
Acide dissous.
Se! solide.
2 H Cl aAgCl +65,3 -!-/ii,2
2HBr oAgBr 1-80,9 4-5i,6
2HI 2 Agi -f-92,5 H-64
2HCy aAgCy -4-44,3 -t-42,8
FPS Ag^S +49,9 +55,8
2(Az03)II 2(AzO')A.g -h4o,o -+-21,8
SO'H^ SO'Ag^ » +19,0
H^C- Ag-^C- +22,5 H-27,6
» On voit par ces chiffres que la chaleur de formation des sels d'argent,
pour les acides gazeux et l'eau gazeuse, place l'acélyUire au dernier rang
des corps envisagés; mais qu'il en est autrement pour les acides dissous, le
sel foi-mé étant ramené pour tous au même état solide. Dans ces condi-
tions, l'acétylène l'emporte en effet sur les acides azotique, sulfurique,
tout en étant surpassé par les autres liydracides. L'expérience est con-
forme à ces prévisions et elle vérifie, comme il a été dit plus haut, les réac-
tions antagonistes, et de signe inverse, dans lesquelles on oppose l'acéty-
lène, d'une part aux hydracides ordinaires, d'autre part aux acides azo-
tique et sulfurique.
)i Les acétylures alcalins (potassium, sodium, calcium) sont au con-
traire décomposés par tous les acides, d'après leurs valeurs thermiques :
l'eau seule suffit à cette décomposition. Il nous paraît inutile de reproduire
ces chiffres, faciles à calculer d'après les données qui précèdent.
Il Nous pouvons cependant tirer de là d'autres rapprochements entre les
acétylures et les sels, c'est-à-dire entre les composés de l'hydrogène, du
sodium et de l'argent.
Substitutions dans les composés hydiogénés :
Etat gazeux du composé hydrogéné; état solide du composé métallique.
H'-' par Na- 11- par Ag-.
2HCI -f-i5i,8 -m4>o
2HBr -(-i55,o -1-29,6
( 368 )
H= par Na= H- par \g-.
2 m ^i5o +-4ï'-2
2HF -(-i44.4 — 20,6
2HCy -f-106,2' ■ — 7,0
H'-S/. 4- 84,5 + 1,2
2(AzO')H +i52,6 —11,4
C^H2 -^ 49,3 —29,05
)) Voici quelles conséquences se manifestent à la lecture de ces chiffres.
La substitution de l'hydrogène gazeux par le sodium solide dégage des
quantités de chaleur comprises entre i55 et i44) c'est-à-dire voisines pour
les quatre hydracides monovalents, et pour l'acide azotique, acide dont les
chaleurs de neutralisation sont, en général, voisines de celles de ces hy-
dracides. La même similitude est applicable, d'ailleurs, aux comparaisons
entre l'hydrogène et le sodium solide, la chaleur de solidification de l'hy-
drogène étant une constante.
» Les sels qui répondent à ces fortes valeurs ne sont pas dissociés (hy-
drolyses) sensiblement par l'eau qui les dissout.
n Au contraire les cyanures et sulfures alcalins, qui répondent à des
valeurs de substitution beaucoup plus faibles, d'un tiers et de près de
moitié, quoique considérables, sont dissociés d'une façon notable par
l'eau qui les dissout.
» Enfin les acétylures alcalins, dont la valeur de substitution n'est que
le tiers de celle des sels haloïdes et des azotates correspondants, — ce qui
rend exothermique leur décomposition par l'eau avec régénération d'hy-
drate de soude dissous ou analogue, — sont entièrement décomposés
par l'action du dissolvant.
» La substitution de l'hydrogène par l'argent donne lieu à des résultats
beaucoup plus divergents, la chaleur correspondante variant pour chacun
des acides envisagés. Celte valeur est même négative pour les acides
fluorhydrique, acétique, cyanhydrique, et surtout pour l'acétylène. Cepen-
dant l'eau n'exerce pas d'action décomposante à froid sur les sels corres-
pondants, parce que leur chaleur de formation serait considérable depuis
l'oxyde d'argent qui en serait séparé si la décomposition avait lieu.
)) L'étude des chaleurs de substitution de l'hydrogène par les métaux
conduit à examiner de plus près les réactions entre l'eau et les acétylures,
réactions dans lesquelles se manifestent deux phénomènes opposés, savoir
la décomposition de certaiins acétylures par l'eau, avec formation d'oxydes
(anhydres et hydratés) et d'acétylène, et la décomposition inverse de cer-
( 369 )
tains oxydes hydratés par l'acétylène, avec formation d'acétylures. Cette
opposition est, comme d'ordinaire, corrélative du signe contraire du phé-
nomène thermique. En effet
C-Na'-+ 2H'0 -{- eau =;C-H- gaz -i- aNaOH dissous, dégage... +37,6
cm Na -h ir-0 + eau— cm- gaz ~h NaOH dissous -m4,6
tandis que la réaction opposée
C-II- gaz -1- Ag-0 h eau =: C-Ag^-i- II'-O, dégage -1-32,95
» En général, étant données : A la chaleur de formation d'un acéty-
lure, C^M-, par les éléments, et 2Q la chaleur de formation d'un hy-
ilroxyde, 2ROH (ou du système R^O -1- H^O, si l'oxyde n'est pas hydraté),
le sens de la réaction devrait être déterminé par celui de l'inégalité
A + i38>2Q -58,1
si l'on envisage uniquement la formation de l'acétylène par la réaction de
l'eau sur l'acétylure métallique.
» Les choses se passent ici comme pour les sulfures et les cyanures qui
donnent lieu aune opposition analogue, explicable de même par les valeurs
thermochimiques relatives aux sulfures et cyanures alcalins d'une part,
métalliques de l'autre,
» Cependant des phénomènes intermédiaires sont possibles et ont été
observés, en effet, par M. Moissan, tels que la formation de carbures plus
hydrogénés et surtout plus condensés que l'acétylène; formène, éthane,
éthylène et polymères, etc., dans les cas où le carbure métallique ne cor-
respond pas par sa composition à un acétylure; ou bien dans les cas où
il renferme quelque dose de métal libre; ou bien encore s'il forme par
réaction un protoxyde capable de décomposer l'eau; ou bien enfin s'il
donne lieu, par suite d'une attaque locale trop vive, soit à quelque con-
densation polymérique de l'acétylène, soit à quelque séparation de carbone
libre. L'étude de ces diverses conditions, jointe à celle de la chaleur de
formation du carbure métallique, sera fort intéressante pour éclaircir la
genèse naturelle des pétroles, genèse synthétique rapportée autrefois, par
l'un de nous, à celle des acétylures (').
« Ces résultats étant acquis par l'étude de l'acétylène et des acétylures,
(') Annales de Physique et de Chimie, 4° série, t. IX, p. 482; 1S66.
C. K., iSyg, 3' Semestre. (T. CXXIX, N" 7.) 49
(370)
composés comparables à l'ammoniaque et aux azotures, nous allons passer
à l'étude des dérivés salins proprement dits, formés par les radicaux argent-
acétylés, comparables à l'ammonium.
Sels d'argentacéttle.
» Nous avons étudié l'azotate, les sulfates, les chlorures, l'iodure. Ces
divers composés sont dérivés d'un radical commun, l'argentacétyle, C-Ag\
jouant le rôle de radical simple, dérivé de l'acétylure d'argent et assimi-
lable à l'argent lui-même.
» Divers faits indiquent aussi l'existence d'un radical intermédiaire,
C^HAg-, dérivé d'un acétylure, C^HAg, comparable à l'acétylure monoso-
dique; mais nous n'en avons pas poursuivi l'étude, qui est fort délicate.
» Azotate d' argentacéty le : (C- As," )AzO^. — Ce composé, signalé par
Keiser et Plimpton, a été particulièrement étudié par M. Chavastelon.
Nous l'avons préparé en faisant agir l'acétylène sur une dissolution d'azo-
tate d'argent et nous en avons vérifié la formule de diverses manières, tant
en analysant les produits qu'en pesant le gaz employé. Le composé est fort
explosif.
» Dans le calorimètre, nous avons trouvé (4 essais) :
C'H^ gaz -+- 3 AzO'Ag étendu
= (C''Ag3)Az05précip. + 2 AzO'H étendu -^32^»!, 4
C'H' dissous -)- 3 AzO' Ag étendu -+- 27^»', i
» D'où résulte pour la chaleur de dissolution de C^H- : 4- 5,3; valeur
concordante avec celle de M. Villard,
» En opérant avec l'acétylène dissous et avec une liqueur diluée, on a
observé deux phases successives, la réaction ne dégageant immédiate-
ment que les f du chiffre total.
» On déduit des résultats précédents :
C2 + Ag' -f- Az -t- O = C Ag3 AzO' - 54'^=', 3
» Il en résulte pour l'union de l'acétylure d'argent avec l'azotate d'ar-
gent :
C2Ag'--HAzO'Agsolide 4-4C"', i5
AzO' Ag dissous -t- gCai^ §5
» L'oxyde d'argentacélyle, base correspondant à l'azotate, répondrait
( 371 )
à la formule
» Comparons la puissance basique de ce radical à celle de l'argent,
vis-à-vis de l'acide azotique. A cet effet, admettons que l'union de l'oxyde
d'argent avec l'acétylure d'argent (C-Ag-)- -h Ag^O dégage une quantité
de chaleur y, quantité probablement petite, en tout cas inférieure à la cha-
leur dégagée par l'union de l'ammoniaque avec l'oxyde d'argent; attendu
que l'ammoniaque ne laisse subsister que l'acétylureet non l'oxyde dérivé.
Soil N,, la chaleur de neutralisation d'un équivalent d'acide azotique par
cet oxyde.
» Un calcul facile ( ' ) donne
c'est-à-dire
N= 4-i5,o5 -^■
3
» L'azotate d'argentacétyle doit être décomposé et l'est, en effet, soit
par l'acide chlorhydrique, en raison de la chaleur due à la formation de
trois molécules de chlorure d'argent,
(C^\g^)AzO^+3HGl(;-lendu = 3AgCl-i-AzOniélendu iC^IPgaz.... H-24C"',/!;
soit par l'ammoniaque en excès, avec formation d'azotate d'argentammo-
nium et d'acétylure d'argent,
(C2Ag3)Az03+2AztPdiss. -^C=Ag'+ AzO^AzH3[AzH3Ag]diss +3,6.
)) Au lieu de décomposer l'azotate d'argentacétyle par l'acide chlorhy-
drique, on peut l'attaquer par l'acide azotique.
(') ■ C^+Ag=: -87,i5x2 -i74,3
Ag^ + O + 7,0
Union des corps précédents , . . . y
2 ( Az + 0'+ H) = acide étendu -i- 97,6
Neutralisation 2N
- 69,7+/+2N
2(C^Ag'AzO') — 108,6
H-O -H 69
— 39,6
/ -I- 2N + 3o,t
( 372 )
« Le précipité humide se dissout en eflét rapidement dans son volume
d'acide azotique ordinaire bouillant, le dégagement de vapeur nitreuse
continuant même après dissolution totale : ce qui implique la suroxydation
des éléments de l'acétylène. En effet, si on laisse refroidir la liqueur
claire, il s'y dépose de belles aiguilles constituées par du cyanure d'argent
pur. Ceci est conforme à la formation connue de l'acide cyanhydrique dans
les oxydations de matières hydrocarbonées par l'acide azotique.
» On remarquera que l'acétylène précipite l'argent de ses'sels dissous,
notamment de l'azotate, comme pourraient le faire les hydracides, chlorhy-
drique, iodhydrique, sulfhydrique, etc.
» Nous l'avons en effet comparé plus haut avec les hydracides, au point
de vue thermochimique.
» La précipitation simple de l'acétylure d'argent, à la façon du sulfure,
C'H^ gaz -+- 2 AzO'Ag dissous ^ C^Ag'-i- 2 AzO^H étendu, dégagerait. . . . -i-22, 55
» Mais l'acétylure s'associe à mesure, à la façon de l'ammoniaque, avec
I molécide supplémentaire d'azotate en dégageant + 9'^''', 85; dégagement
qui répond à un travail plus grand, lequel détermine la réaction totale.
Sulfates d'argentacétyle.
1) Nous avons obtenu plusieurs composés de cet ordre :
« 1. Sulfate double d'argent et d'argentacétyle: ^ SO". — C'est le
produit direct de l'action de l'acétylène gazeux sur une dissolution de sul-
fate d'argent employée en excès. Précipité blanc séché à 90°. Trouvé :
Ag = 78,23.
» Sa détonation dans le vide est faible. Elle fournit de l'argent et un
mélange d'acide sulfureux, d'acide carbonique et d'oxyde de carbone. La
mesure du volume des gaz et leur analyse montrent que la moitié de l'oxy-
gène est changée en acide sulfureux, l'autre moitié en acide carbonique et
oxyde de carbone, ces derniers à volumes presque égaux. En poids, le
soufre de l'acide sulfureux trouvé pèse 5,7 centièmes; l'oxygène changé
en gaz sulfureux et oxycarboné, 11, 4-
» L'analyse donne donc :
Calculé.
Ag 78,23 78,25
S 5,7 5,7
0 11,4 11,4
C » 4 ) 65
( ^7^^ ^
» Dans la détonation, les deux tiers du carbone environ sont brûlés à
l'état d'acide carbonique et d'oxyde de carbone, un tiers étant mis on
liberté.
» L'équation de l'explosion, d'après la pesée de ses produits, est donc
c^Ag^ so' = Ag'' + so= + -;;(co- + co) h- f c.
)) Nous avons mesuré directement la chaleur de formation de ce com-
posé dans le calorimètre,
C-H^ dissous -+- aSO'Ag dissous (en excès)
= C^Ag*SO* précip. + SO'H^diss., dégage. . +21'^''', 2 { 2 déterminations).
d'où
C^Ag^-h S0*Ag2 + 3,3.5
C^-4-Ag'-HS+ 0*=G^Ag'>SO» -î-83,3
» 2. Si l'on continue le courant d'acétylène, le précipité jaunit légère-
ment et l'argent se précipite en totalité, en formant un composé nouveau
(C=Ag'^;-SO'' H-C=Ag\Ag.SO\
» Analyse :
Trouvé. Calculé.
Ag 80,25 80)29
Sc> 4,4 4,7
O(^) 9,0 9,5
C » 5,5
» 3. Le composé ultime est (C" Ag')-SO'', composé dont la formation
est empêchée par la précipitation totale du précédent : M. Plimpton l'a
signalé; mais dans les conditions qu'il a indiquées, il semble avoir obtenu
plutôt le précédent, dont ce corps diffère très peu au point de vue des
dosages.
)' Quoi qu'il en soit, nous avons réussi à obtenir ce sulfate normal en
laissant une solution aqueuse d'acétylène en contact prolongé avec le sul-
fate précédent.
» Après vingt-quatre heures nous avons trouvé :
CalcnlO.
Ag 80,95 81,81
S /i,ï4 4,o4
(') D'après SO- obtenu par détonation dans le vide.
(-) D'après O changé en SO'. CO- en CO, par détonation dans le vide.
( 374 )
» Le but n'étant pas encore atteint, on enlève alors le liquide acide et
on le remplace par de l'eau nouvelle saturée d'acétylène. Au bout de deux
autres jours de contact, nous avons trouvé :
Ag 82,0.5 Calculé.
C^IP (regénéré par II Cl) ... . 9,48 c'est-à-dire 6, 47 pour 100 6,56
» Dans le calorimètre, ce corps a été détruit par l'acide chlorhydrique
étendu :
SO'(G^\g3)2-+-6IICldiss.
= 6Aga soI.-+-2G'-H2diss. -t- SO^H^ diss. à 2i°,8... +3q'^'",Z
» D'où
S + 0*-h3C2-H6Ag -t- 2<^»i,8
SO*Ag2sol. -H2C2Ag-sol -hio»:-'
» Entre la chaleur de formation d'une molécule de ce sulfate et celle de
deux molécules d'azotate, la différence est
+ 2,8 - (- I08,(5):^H-II1,4.
)) Elle est presque la même qu'entre le sulfate et l'azotate d'argent :
SO*Ag-— 2 AzO^Ag solides 167, 1 — 37,4 =-1-109,7
C'est là un rapprochement très frappant.
Chlorures d'argenlacétyle.
» Il existe plusieurs composés. Voici nos résultats :
» 1. (C-Ag')Cl. — On prend du chlorure d'argent récemment préci-
pité, on le dissout dans l'ammoniaque concentrée, et l'on fiiit agir le gaz
acétylèue, en quantité relativement faible, en agitant jusqu'à ce que les \
au plus du chlorure d'argent soient précipités, terme indiqué par l'appari-
tion d'un voile jaunâtre. On s'arrête aussitôt. On lave le précipité blanc
par décantation, puis on le sèche à 90°.
» Analyse :
Ag 84,26 Calculé 84,48
C^HM') 6,6i » 5,77
Ce corps détone faiblement.
(') Dégagé par II Cl étendu de son volume d'eau. On a tenu compte de la quantité
C^H^ dissoute.
( 375 )
» Dans le calorimètre, on a obtenu :
CÂg^Cl + IICl diss. =:3HG1 + C-H3diss 4- ii,8
d'où
C2+Ag3 4-a = (C^Ag')Cl — 56,4
C^Ag^ + AgCl -i- t,75
)) 2. C-Ag'C],C=Ag- ou C=Ag^(C'Ag=')Cl. - On prend une dissolution
de AgCl dans l'ammoniaque, amenée par l'addition d'un peu d'acide chlo-
rhydrique vers la limite de solubilité : on y t'ait passer l'acétylène gazeux
à refus, ce qui fournit un précipité jaune citron.
1) Analyse :
Ag 86,57 Calculé 86,59
G^H^C) 8,19 » 8,32
Ce corps détone mieux que le précédent.
» Dans le calorimètre :
C2Ag»CI,C2Ag-2-t-4HCldiss. = 5AgCI + C^H2diss. ... + 23,3
d'où
2G3 4-Ag5+Cl = C^AgCl,C2Ag2 - i4i,5
2C2Ag2+AgCI. .. +3,8 C^Ag^+G^Ag'CI... + 2,o5
» Les deux combinaisons successives d'acétylure d'argent dégagent à
peu près la même quantité de chaleur.
» 3. En prolongeant l'action de l'acétylène, on obtient des précipités
de plus en plus jaunes, tels que l'un d'eux contenait, par exemple, 8^,5 Ag,
répondant à C-Ag'Cl, aC^Ag-. Le calcul indique pour une transformation
complète du précipité en acétylure d'argent, en présence d'un excès
deAzH%
C^Ag'Gl, G2Ag2+ C^H-+ 2AzH^= 3C-^Ag2-+- 2AzH'*Cldiss +7,75
On voit par là pourquoi le chlorure normal s'obtient seulement au début
et en présence d'un excès d'argent.
» La chaleur de formation du chlorure d'argentacétyle par les éléments,
— 56,4, s'écarte à peine de celle de l'azotate —54,3; ce qui est précisément
la relation entre le chlorure d'argent (+29,0) et l'azotate d'argent solides
( + 28,7).
(') Dégagé par II Cl étendu de son volume d'eau. On a tenu compte de la quantité
G^H^ dissoute.
( 376 )
» Ces rapprochements entre le chlorure, l'azotate et le sulfate, sont,
on le voit, précisément parallèles à ceux qui caractérisent les sels d'un
métal ou radical simple.
lodure d'argentacétyle.
» Il existe plusieurs composés :
» 1. fodure double. - L'iodure d'argent, dissous dans l'iodure de potas-
sium seul ou additionné d'ammoniaque, ne précipite pas par l'acétylène;
mais si l'on ajoute un peu de potasse, il se forme peu à peu un précipité
jaune, lourd et ténu, surtout par agitation en vase clos. On sépare ce
précipité par le filtre; on ajoute une nouvelle dose de potasse et l'on fait
de nouveau passer l'acétylène: il se forme un nouveau précipité, dont la
composition est identique à celle du premier. Ces précipités doivent être
lavés d'abord avec des solutions d'iodure de potassium concentrées, pour
ne pas décomposer la solution initiale, (Agi 4- nKl), puis diluées, enfin,
avec de l'eau pure.
» Analyses:
Calculé
Premier Deuxième pour
précipité. précipité. C-Ag'I -(- Ag [.
Ag 60,88 6i,55 60,84
C^H"-(,') 3,7. « 3,66
Par détonation dans le vide, osi-, 2,56 o«, i5 CO -1-0,1 Azote
La détonation est faible, accompagnée de flamme.
» Dans le calorimètre
C^\g^I,AgI -4^2HCI dissous = OH* dissous + aAgCl h- aAgI . . .-12, 65
doù
C -t- Ag' -f- r- solide —5^ , 85
C'Ag2-l-2AgI (état final) +0,90
» Nous avons préparé un iodure double de cuprosacétyle vermillon :
CCu^LCuI, correspondant au sel d'argent précédent.
» 2. Nous avons essayé de préparer un iodure d'argentacétyle par
double décomposition, en versant une dissolution d'iodure de potassium
sur l'azotate d'argentacétyle. Il se produit aussitôt une réaction, avec mise
(') Pour II Cl.
. ( ^77 )
en liberté d'alcali et dégagement d'acétylène, lorsqu'on emploie un excès
d'iodure de potassium. Mais si l'on s'arrête au moment où l'alcalinité a| -
paraît, on obtient un précipité vert, présentant la composition
C-AgM AgIouC-Ag'I,
Ce composé est fort détonant.
» Pour eu évaluer la chaleur de formation, on l'a traité, tout humide,
dans le calorimètre par l'acide chlorhydrique étendu
C-Ag=,AgT+ oHCldiss. = 2 AgCl + Agi -t- C-H-diss... + i3C«',8o.
» D'après ce résultat
C- H- Ag' H- I =. C- Ag^ Agi, absorbe - 73, 2
nombre qui s'écarte à peine de la somme — 87,1 -I i4,2 -~ - 72,9 des
chaleurs de formation séparées de l'acétylure d'argent et de l'iodure d'ar-
gent.
» La différence entre la chaleur de formation de cet iodure complexe et
celle de l'azotate d'argentacétjle est + 18,9 : la différence entre l'iodure
et l'azotate d'argent étant
2i
S, 7 — 8,6 = + 20,1
ou
28,7 — i4,2 = -I- i4,5,
selon que l'on envisage l'état initial ou l'élat final de l'iodure d'argent.
Pour conclure avec certitude, il faudrait obtenir l'iodure d'argentacétyle
cristallisé.
» Les données précédentes montrent que l'acétylure d'argent doit décom-
poser l'iodure de potassium avec régénération d'acétylène et de potasse
libre; car, d'après le calcul,
C=Ag=+2RIdiss. = 2AgI + C^H=' diss. -î- 2ROH diss -1 8,95
» C'est ce que vérifie l'expérience, comme il a été dit plus haut; mais
sans doute, avec quelque formation intermédiaire. En effet le déplacement
est partiel, sauf à se renouveler chaque fois que l'on ajoute une petite quan-
tité d'un acide dilué, de façon à neutraliser à mesure la potasse.
» En réstmié, les faits précédents établissent l'assimilation annoncée au
début de ce Mémoire entre les acétylures et l'ammoniaque. De même que
c. R., 1899, 2" Semestre. (T. CXXIX, N° 7.) ^O
l'ammoniaque, AzH% peut s'unir aux acides et former des sels, dans les-
quels on admel l'existence de l'ammonium, en faisant passer l'hydrogène
acide du côté de l'ammoniaque; de même l'acélylure ou carbure d'argent,
C-Ag^, peut s'unir aux sels d'argent et former des sels, dans lesquels on
est autorisé à admettre l'existence de l'argentacétyle, C-Ag', en faisanl
passer l'argent du côté de l'acctylure.
Série acétyléniquc Série ammoniacale
C^Ag' AzH'
C^Ag^CI AzH'CI
C2Ag'-(G^\g')C! AzrP(AzH'Âg)AzO^
C^Ag'I AzIl'I
C^\g=l.KI Agi. Kl
C-Ag=(AzO^) AzIl''(Az03
C^Vg'. Ag.SO* Sulfates dou
(C^Ag')^SO' (AzH'-SO-
CHIMIE ORGANIQUE. — Réactions de l'argon et de l'azote
sur les radicaux mercurieh; par M. Bertuglot.
« Les expériences que j'ai présentées récemment à l'Académie sur
l'union de l'argon et de l'azote avec divers composés organiques, soumis
à l'action de l'effluve électrique, et spécialement la formation iV\.\n com-
posé complexe, doué d'une tension de vapeur sensible, et renfermant le
gi'oupement phénylé, associé au mercure et à l'argon, m'ont coaduit à
examiner directement les réactions etiire ce gaz et les radicaux dimélhyl-
mercure et diphénylmercure.
» 1. Le dimèthylmercur c , (CH')-Hg (6 volts alimentantla bobine — y''),
en présence de l'argon, s'est décomposé en formant de l'hydrogène, du
formène (ou de l'éthane C^H*) et du mercure. Mais il n'a donné aucune
luminescence spéciale, visible en plein jour, ou au jour tombant; seule-
ment une faible lueur nocturne, qui se manifeste dans tous les cas de ce
genre.
« L'analyse a constaté qu'aucune trace d'argon n'avait été absorbée
dans ces conditions.
» 2. Le diméihylmercure a absorbe, au contraire, razote(Gvolts — 22''^.
On a opéré sur o^'", aS^ô de diphénylmercure, contenu dans une très petite
( 379 ■
ampoule, à peu près entièrement remplie, et que l'on a écrasée aussitôt
entre les deux tubes concentriques. A la fin de l'expérience :
» C-H''Hg a fourni une portion gazeuse : H^ + :JCH\ avec absorption
de 0,22 Az".
" La composition de la matière condensée était, dès lors, la suivante :
i^C + H' -I- 0,4^4 Az, c'est-à-dire C^l'-^'Az"^».
» Ces rapports sont voisins de ceux que j'ai observés avec l'éthane C^H^,
qui a fourni C-H' '"'' Az''^'\ soit un atome d'azote fixé pour deux de carbone.
Le diméthylmercure se comporte donc comme tout autre composé orga-
nique et fixe pareillement l'azote sous l'influence électrique.
» 3. Le diphénylmercure ne se prête que difficilement aux expériences,
en raison de son état solide et surtout de son absence de tension appré-
ciable de vapeur à la température ordinaire; car il bout, paraît-il, au-
dessus de 3oo" sous la pression normale. Cependant j'ai essayé de le faire
réagir sur l'argon. A cet effet, j'ai introduit quelques décigrammes du com-
posé mercuriel cristallisé dans le fond du tube à effluve; je l'ai fondu
et promené sur la surface du tube pendant le refroidissement, de façon
que la matière solide constituât une couche mince sur une surface aussi
étendue que possible.
» L'argon, soumis à l'action de l'effluve (6 volts) dans ce tube, com-
mence à manifester, au bout de deux heures, la luminescence verte. Elle
est très manifeste au bout de trois heures; sans acquérir une grande
intensité, sauf la nuit, en raison de la petitesse de quantité de matière vola-
tilisée par l'effluve et de l'action absorbante exercée sur la lumière par
la couche blanche de diphénylmercure interposée sur la surface intérieure
du tube. Au bout de vingt-trois heures, j'ai trouvé 5,i centièmes du vo-
lume de l'argon absorbé. J'ai répété l'expérience sur le résidu gazeux;
avec un nouvel échantillon de diphénylmercure; après dix-huit heures,
j'ai trouvé une nouvelle absorption de 3,8 centièmes.
)) Ces résultats sont d'autant plus frappants que la réaction déterminée
par l'effluve s'exerce entre le gaz et une matière solide dont la surface de
contact est extrêmement restreinte. Ils concordent avec tous ceux que j'ai
observés précédemment. Ils montrent, de même, que la luminescence
verte ne se produit pas avec les dérivés méthyliques, étant attribuable au
concours du phényle, du mercure et de l'argon tenus dans un certain équi-
libre de combinaison et de dissociation, sous l'influence de l'effluve élec-
trique. »
( 38o )
MEMOIRES PRESENTES.
M. L. Laurent adresse, comme complément à son Mémoire sur l'étio-
logie (lu béribéri, une Note « Sur le rôle de l'insuffisance en matières
grasses de la ration alimentaire dans Tctiologie du béribéri » .
(Renvoi au Concours du prix Barbier.)
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète périodique Tempel.,^^i8'j3U,
faites à l' Observatoire de Paris {équatorial de la tour de l'Ouest de o™, 3oj
d'ouverture); par M. G. Fayet, communiquées par M. Loewy.
Dates.
1899. Étoiles.
Juillet 3i a
Août 9 b
10 c
»<1. -
*.
Nombre
'-
de
AiR.
AtO.
comparaisons
m s
+ O . I I , o6
- 8'. 42", 7
4:4
4- o. 4,57
— 10.54,6
4:4
— 0. 9,87
- 6.5o,6
4:4
Étoiles.
Grandeur.
a 9,0
b 8,8
c 9>o
Asc. droite
moyenne
1899,0.
Il m s
20. 52. 21 ,01
21. 3.17,93
21. 4-45,25
Positions des étoiles de comparaison
Déclinaison
Réduction
au
jour.
+4,75
+4,95
+ 4,98
moyenne
1899,0.
-23.58. 2,3
-28.30.57,0
-29. 2.20,4
Réduction
au
jour.
Autorités.
-i-i3,2 i65i7 Arg.-OE, Weiss
-1-19,7 29001 Cal. Arg.
-1-19,7 Cord. Zones XX^, n° io5
Positions apparentes de la comète.
Temps
Ascension
Dates.
moyen
droite
Log. fact.
Déclinaison
Lo;;. fact,
1899.
de Paris.
apparente.
parallaxe.
apparente.
parallaxe,
Juillet 3i..
10.46.53
20
h m s
.52.36,82
T,2o5„
—24.° 6'.26" I
0.9I7
Août 9..
12.32.20
21
. 3.27,45
2,907
— 28.41.01,9
0,933
10. .
12.38. 5
21
. 4-4o,36
2,988
— 29. 8. 5 1,3
0,933
( 38i )
Remarques. — Le 3r juillet, la comète, bien que déjà très basse, s'aperçoit comme
une nébulosité assez brillante, avec noyau slellaire de grandeur lo environ et de i5"
d'étendue. Ce noyau ressort vivement sur la nébulosité environnante. A cette hauteur,
la comète paraît avoir à peu près 4' d'étendue. Ciel très pur.
Le 9 et le lo août, la comète a semblé beaucoup plus faible, mais cela tenait
presque certainement à l'état médiocre du ciel au voisinage de l'horizon, et sans doute
la comète est encore 1res aisément observable dans les lieux dont la latitude est plus
favorable.
ASTRONOMIE. — Observations des Perséides de 1899, Note deM"''D. Klumpke,
présentée par M. Lœwy.
« Les observations données ci-dessous s'étendent du 9 au i3 auût. Elles
ont été faites à l'Observatoire de Paris, à l'aide d'une alidade montée azi-
mutalement; les coordonnées, azimuts et hauteurs, ont été converties
ensuite en ascensions droites et déclinaisons.
)) La série a été faite par un ciel pur et sans lune.
» Les Perséides, moins nombreuses que l'année précédente, présen-
taient le caractère suivant : elles étaient blanches, très rapides, à traînée
courte et peu lumineuse en général. D'autres étoiles fdantes différant des
Perséides par leur couleur et leur éclat ont sillonné le ciel, émanant de
radiants divers et traversant les constellations d'Andromède, la Petite-
Ourse, la Grande-Ourse, le Dragon, Céphée, la Girafe, Cassiopée, le Dau-
phin, la Baleine, le Taureau, le Verseau.
)) Dans le Tableau ci-après nous avons compté toutes celles que nous
avons vues sans pouvoir les observer toutes quant à leur position.
Étoiles
filantes. A l'heure.
h m h m
Le 9 août, de 9. 35 à 10. 36 7 7
9 » dei3.i6 ài4.27 i5 i3
.10 » de 9.40 àii.o 17 i3
10 » de 1 3.1 4 à 14.26 21 18
• 1 1 » de 10.25 à i:? . 19 4^ 23
12 » de 9.5o à II. 17 19 i3
12 I) dei5. 4 ài5.24 5 i5
i3 1) de 10. 6 à II. 6 10 10
( 382 )
Voici les étoiles filantes dont nous avons pu déterminer la position :
Dates.
9 aoùl.
10 août.
1 1 août .
12 août.
Temps
moyen
de Paris.
Il m
10.19,3
13.26,7
14
i3 août.
1,3
14. 1,5
i4.i3,7
9.5i,6
9.57,5
0.52,6
3.3o,8
3.43,8
3.49,1
3.53, 1
4. 1,7
4. 5,3
4.19,3
o.3o,3
0.47,2
o.5i ,5
1. 3,7
I- 7>7
1 .22,0
1.27,3
I .3i ,6
i47,9
2. 1,5
o. 16,6
0.20,3
0.25,2
0.41,4
0.48,7
0.56, 1
1 . 2,1
0.19,4
0.22,5
o.5o,o
Apparition,
sjo.. ,^ — __^
1 359,8 28°, 5
2 280,0 69,2
3
4
3
1
2
3
5
6
7
8
9
10
1
2
3
h
'6
6
7
8
9
10
1
2
3
4.
3
6
7
1
9
276,8
266.9
22. 1
91.8
124,3
35. 2
4<=) 4
29,6
70,8
78,1
96,7
74,0
358, o
262,4
339,9
60,8
145,1
224,8
i3,4
202,7
3i3,o
269,9
346,1
24,9
i5,6
114,4
i63,3
207,5
25,9
26,.
117,3
193,1
i3,3
46,2
5i,o
62,4
71,2
64,6
67,5
5o,4
21,2
63,4
48,9
75,2
5o, 1
28,6
81,5
85,2
66,6
70,0
4i,o
72,4
55,3
88,8
81,1
3o,8
68,9
55,3
60,6
76.9
24,2
53,2
65,3
65, 1
43,5
27>9
Disparition.
4,3 22,2
272,7 36,8
278,1 35,8
260,3 4';8
349>' 67,9
107,0 73,2
i38,i 57,1
28,9
38,6
27,1
87.9
85,5
81,5
356,3
241,1
266,8
69,8
i54,4
225, I
358,6
2o4,6
23o,9
254,9
339,1
19-6
12,1
123,3
180,5
210,6
22, 1
19,4
124,8
195,1
10,5
71,5
42,4
17,8
66,6
46,3
76,6
46,6
24.9
72,1
81,5
69,6
64,2
29,0
75,0
48,3
74,2
76,3
26,7
7o>9
54.5
57,1
69-9
.8,7
5i,3
66,2
61,4
39,3
Remarques.
courte, faible.
brillante, persistant en\'iron
deux secondes,
blanche, courte, gr. 4-
blanche, gr. 4-
faible, courte, blanche, gr. 5.
jaune, sans traînée persis-
tante, gr. 3.
faible, courte, rapide, gr. 6.
rapide, courte, gr. 6.
rapide, très courte, gr. 3.
rapide.
rapide, à traînée, gr. 3.
rapide, courte, gr. 4.
rapide, courte, gr. 4-
rapide, gr. 4.
g'-- 3.
brillante, rapide, gr. 3.
courte, gr. 3.
faible, courte, gr. 5.
blanche, gr. 4-
courte, rapide,
bleuâtre, gr. 2.
traînée une seconde, gr. 1.
raj)ide, gr. 2.
traînée, gr. 3.
courte, à traînée, gr. 4-
bleue, gr. 2, explosion,
gr. 4, blanche, à traînée,
gr. 2, bleuâtre, brillante,
gr. 4, courte, blanche,
gr. 4, blanche,
gr. 2, explosion,
gr. 3, rapide,
gr. 5, courte, rapide.
,' 383
ASTRONOMIE. Sur la pluie d'étoiles /liantes des Perséides, à Lyon,
et sur un bolide remarquable. Note de M. Ch. Akdrë, présentée par
M. Lœwy.
« La chute d'étoiles filantes du commencement d'août a été relativement
faible ici cette année; le nombre horaire maximum que nous ayons
observé du 9 au 12 a été de 45. Mais la soirée du 11 a été marquée par la
chute (l'un bolide excessivement lumineux, au point d'éteindre en son voi-
sinage les étoiles, même les plus brillantes. Aperçu d'abord dans la constel-
lation d'Hercule à io''43"3o% il a disparu vers l'Écu de Sobieski; blanc
bleuâtre au début, il a bientôt pris brusquement une teinte rouge orani^é,
qu'il a conservée jusqu'à sa disparition à Io'"^3™34^ Il paraissait d'ailleurs
laisser derrière lui, dans son parcours, une traînée lumineuse vite éteinte.
» Environ deux minutes quarante-cinq secondes après la disparition de
ce bolide, nous avons entendu au sud un roulement assez intense, que nous,
avons attribué à sa rupture, à 5o'>™ ou 55'^™ au sud de nous. J'ai commencé
à ce sujet une enquête de vérification. »
GÉOMÉTRIE. — Sur la correspondance entre les lignes droites el les sphères.
Note de M. E.-O. Lovett, présentée par M. Darboux.
■A Les transformations de l'espace (x,y,~-) en l'espace iX, Y, Zjqui
sont déterminées par deux équations bilinéaires
où
X'D
Î5^rcp6 + z9,-!-98= O,
cp, = «,X + /;,• Y H- c,Z + di,
changent la ligne droite
(2) y -\~ kx -{ m =^ o, z
Ix t- n --: o,
dans la surface du second degré
(3)
/>
m
9-2
?3
~k
92
?•.
-/'■
?* 1
1
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Il 1
1 'fe
?7 î
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¥8
■?■>
?8 1
'fi
?»
'fl
■h
— rn
— n
î fs
?6
<f5
?7
'f5 ?8
( 384 )
» Celte quadrique peut se réduire à une splière, pour toutes les valeurs
de k, l, m, n, dans les deux cas suivants :
" 1° Quand tous les six déterminants de la matrice
(4)
où
se réduisent à la forme
(5)
i,
*3
^7
4,,==a.X + ^,,Y + c,Z,
const.(X= + Y='+Z-);
» 2° Quand un déterminant quelconque de la matrice (4) se réduit à
la forme (5), et les fonctions <p, correspondant aux fonctions J/, restant
dans la matrice se réduisent à des constantes; par exemple, soient les
fonctions «p^, Ça, cpoi Çv constantes et le déterminant i/i^» — ^i,'\-^ de la
forme (5).
» Le deuxième cas donne les transformations des droites en sphères
étudiées dans une Noie présentée par M. Darhoux du 17 juillet 1899;
mais le premier cas, bien que ses conditions soient apparemment plus
nombreuses, donne une famille plus remarquable et plus étendue de trans-
tormations de contact, savoir un groupe de oo'^ transformations.
» En effet les équations
I a,«5 — a^aj = bib„ — b^bj = CiC„ — c^Cj,
/(js ) (iib^ + b^a^— a^bj — b^Uj ■= o,
i />,c, -I- Cib^ ~ bpCj — c^bj = o,
1 c^a^ + UiC^ — c^Uj — a^cj = o,
qui sont nécessaires el suffisantes pour que le déterminant
(7) h'^'^-^9^J'
soit changé dans la forme (5), possèdent la solution symétrique
'Q\ [bi=iai, b^ = — ia^, b; =
a,,
la
.1'
a,,
br.
Ula-
ainsi, on trouve que
(9)
I ■\ij = aj X + iaj Y + cj Z ,
j = 1,2,3,4,
I
( 385 )
et aussi que les deux équations bilinéaires
(lo) ,rto, -i-yto, -+- ^03 + co., = o, ajojj + )'ù)|; -f- SCO, + cog = o,
où
cj,- = i,- -t- «,-, J = l,2, ...,8,
définissent une famille de ce" transformations qui changent les lignes
droites en sphères. Que ces transformations-ci sont transformations de
contact et que la famille est un groupe, on le vérifie facilement de la
manière suivante :
» On combine la transformation de contact de Lie, déterminée par les
deux équations bilinéaires
(i[) (X — jYj.r, -4- V, — Z = o, Z.r, + -, -hX-f- iY = o,
avec toutes les transformations du groupe projectif général
^.,
pî, = a,a; n
-P3J + T:.--i-<\.
(),,
p = a , X n
'-p4j' + r., = + s.v;
les ao'^ transformations résultantes forment un groupe de droite-sphère
transformations de contact déterminées par deux équations bilinéaires
(i3)
(x,X-i'x,Y-a,,Z + y.2)j?+(|ï,X-tp,Y — p,Z+p,)j + ... = o,
(y., X + «a, Y -t- a, Z f- x,^x -1- ((3, X + ffî, Y -4- .8 , Z + Pa)^^ , . . = o.
de la forme (10),
» Donc, on a un groupe de quinze paramètres de transformations de
contact (2) qui se déduisent de la transformation (i 1) de Lie (A) et des
transformations (H) du groupe projectif général, au moyen de l'équation
symbolique
(i4) i=:nA.
» On peut employer aussi le groupe i et les transformations de contact
qui changent les lignes droites en lignes droites pour la construction des
transformations enlre les droites et les sphères; celles-ci ne sont pas
définies par deux équations directrices bilinéaires; d'ailleurs, les groupes
continus correspondants ont une infinité de paramètres. Je demande la
permission de présenter ces résultats dans une prochaine Note. »
G. R., 1899, 2- Semestre. (T. CXXIX, N- 7.) 5l
( 386 )
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur les terres cuites noires. Noie
de M. H. Le Giiatelier.
« On a fabriqué, en tous temps et en tous lieux, des poteries noires dont
la coloration est due à une imprégnation de carbone. Cette fabrication est
aujourd'hui assez développée en Allemagne pour les produits industriels
et en Danemark pour la Céramique d'art. Les objets sont cuits dans des
atmosphères confinées, chargées de vapeurs goudronneuses; la pâle se co-
lore en noir, en même temps qu'il se forme à la surface une couche mince
et adhérente de graphite. Cette croûte superficielle, avantageuse pour les
produits industriels dont elle augmente l'imperméabilité, est au contraire
très nuisible dans la fabrication des objets artistiques, son enlèvement
indispensable entraînant une main-d'œuvre très coûteuse.
» Je me suis proposé d'étudier le mécanisme par lequel se fait cette im-
prégnation de carbone et de chercher s'il ne serait pas possible d'éviter la
formation de la couche de graphite. D'après mes essais, le dépôt du carbone
à l'intérieur de la pâte est intiment lié à la présence du fer ; en son absence,
il se produit à peine une coloration grise, presque tout le carbone reste
dans la croûte extérieure. L'oxyde de fer jouit, en effet, de la propriété bien
connue de faciliter la dissociation de l'oxyde de carbone et des carbures
d'hydrogène, en abaissant la température à laquelle commence le dépôt du
carbone ou des carbures condensés.
» Les résultats les plus satisfaisants ont été obtenus avec l'acétylène
agissant sur des terres renfermant environ 2 pour 100 d'oxyde de fer, par
exemple sur des terres à grès ferrugineuses, comme celles de Rambervilliers,
ou sur des argiles plus pures additionnées d'une quantité convenable de
colcothar et mieux encore de glauconie. L'action de l'acétylène doit être
prolongée pendant un quart d'heure, à une température rigoureusement
déterminée, entre 45o° et 480°. Plus bas, la décomposition est trop lente;
plus haut, le dépôt de charbon ne se fait plus seulement à l'intérieur des
pâtes, il produit encore à l'extérieur des croûtes mamelonnées. Les
objets, après cette imprégnation, sont soumis à la cuisson définitive dans des
creusets remplis de poussier de charbon de bois ou de coke. Avec les terres
à grès et une cuisson à 1200", la dureté obtenue est comparable à celle de
la porcelaine. »
(387 )
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur la porcelaine égyptienne.
Note de M. H. Le Ciiatelier.
« On a souvent discuté la question de savoir si les anciens Égyptiens
avaient fabriqué de véritable porcelaine, c'est-à-dire des produits à pâte
compacte et translucide. Brongniart (') conclut pour la négative : tous les
échantillons de porcelaine trouvés en Egypte seraient de fabrication chi-
noise. Dans une série d'échantillons qui m'ont été remis par M. de Morgan,
j'ai rencontré un fragment de statuette funéraire, provenant de Saggarah
(Mempliis), qui est certainement en porcelaine. Il porte des inscriptions
hiéroglyphiques qui ne peuvent laisser aucun doute sur son origine égyp-
tienne. La pâte, dure et translucide, est colorée en bleu pâle; sa composi-
tion, absolument différente de celle de la porcelaine de Chine, est la sui-
vante :
Soude 5,8
Oxyde de cuivre 1,7
Chaux 2,1
Alumine i ,4
Oxyde de fer o , 4
Silice (diss. ) 88,6
100,0
» C'est, par sa composition, une véritable porcelaine tendre, colorée en
bleu par un peu de cuivre. On peut reproduire une matière toute semblable
en composant une pâte avec
Verre bleu 4o
Sable broyé 55
Argile blanche 5
le verre bleu de cette composition étant préparé de façon à répondre à la
formule
3,3 SiO% 0,23 CaO,o,i3CuO,o,64Na^O.
« La cuisson à loSo" donne une masse bleu pâle, qui tourne au vert
quand la température de cuisson est élevée jusque vers 1200°. En raison
de la faible teneur en argile, la pâte humide est peu plastique et ne peut
(') Traité de Céramique, t. I, p. 5o5.
( 388 )
convenir que pour le moulage d'objets de forme très ramassée, comme
l'étaient les statuettes égyptiennes.. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action du sodammonium et du potass ammonium
sur le tellure et le soufre ('). Note de M. C. Hugot, présentée
par M. A. Ditle.
u Dans une récente Communication j'ai communiqué à l'Académie les
résultats de l'action du sélénium sur les ammoniums alcalins. J'ai complété
cette étude en remplaçant le sélénium par le tellure et le soufre.
» Le tellure était préparé en purifiant le tellure du commerce. Ce der-
nier était attaqué par l'acide nitrique pur, et le résidu de cette liqueur éva-
porée plusieurs fois à sec était dissous dans l'acide chlorhydrique étendu.
Le tellure, précipité de cette solution par un courant de gaz sulfureux,
était, après plusieurs lavages, dissous dans de l'acide sulfurique chaud
additionné d'acide azotique. On transformait ainsi le tellure en sulfate de
tellure aTeO'-, SO' (^), duquel il était précipité de nouveau, puis distillé
dans un tube traversé par un courant d'hydrogène.
» On s'est également procuré du tellure cristallisé par la décomposition
de l'hydrogène tellure (^). Cette méthode donne du tellure très pur; elle
a été employée dans quelques cas seulement.
» Le soufre dont on s'est servi a été pris parmi les cristaux obtenus en
évaporant lentement une solution de ce dernier corps dans du sulfure de
carbone pur.
» L Tellure . — i" Excès de métal alcalin. — En suivant le mode opé-
ratoire que j'ai indiqué à propos du sélénium, j'ai obtenu les deux tellu-
rures amorphes Na- Te et K^Te, blancs, insolubles dans le gaz ammoniac
liquide. Cette dernière propriété permet de les séparer facilement de l'excès
de l'ammonium alcalin. Ils sont solubles dans l'eau. L'analvse a été faite,
en les attaquant par l'eau de brome et le brome. Le tellure est dosé à l'état
de 2TeO-, SO' ('); le métal alcalin à l'état de sulfate.
(') Travail fait au laboratoire de Chimie industrielle de la Facuhé des Sciences de
Bordeaux.
(■-) Metz.ner, Ann. de Cliim. et de Phys., 7"^ série, t. XV, p. 265.
(') DiTTE, Ann. de l'Ecole Normale supérieure, 7." série, t. 1, p. 298.
(*) M. Metzner, loc. cit.
( 389
» 2" Excès de tellure. — On fait agir par petites portions l'ammonium
alcalin sur le tellure, de façon à être toujours en présence d'un excès du
métalloïde. Il se forme d'abord du monotellurure blanc en suspension
dans la liqueur mordorée, puis il disparaît ensuite, tandis que la li-
queur reprend sa limpidité et devient violette. Lorsque tout l'ammonium
alcalin est entré en combinaison, on sépare le liquide du tellure non
attaqué; on le lave au gaz ammoniac liquide, dans lequel ce métalloïde est
insoluble ( ' ), puis on laisse dégager le gaz ammoniac en maintenant l'appa-
reil à une température voisine de — aS". I.e liquide, d'abord violet, de-
vient brun et épais. Soumis à l'agitation, il se prend en masse à cette tem-
pérature; et il reste solide jusque vers — 1 5°; puis, à ce moment, il redevient
liquide et présente une tension bien supérieure à la pression atmosphé-
rique; cette tension diminue lentement au fur et à mesure qu'on enlève
du gaz ammoniac. Si l'évaporation a été lente, il reste un corps cristallisé,
brun foncé, exempt de gaz ammoniac.
» Les deux tellurures alcalins présentent le même aspect. Placés dans
une atmosphère de gaz ammoniac sous pression, ils absorbent ce gaz en se
liquéfiant.
» La méthode d'analyse donnée plus haut conduit aux formules : Na= Te'
et K^Te'.
» H. Soufre : x" Excès de mêlai alcalin. — En opérant de la même
manière, on obtient les deux monosulfures Na-SetR-S, blancs, amorphes,
insolubles dans le gaz ammoniac liquide. Ces corps n'absorbent pas le gaz
ammoniac, comme Weyl l'indique à tort (-); j'ai déjà eu l'occasion de
signaler cette erreur (^).
» Après avoir traité les solutions de ces corps par un oxydant, on a pu
doser les éléments par les méthodes ordinaires.
» 2" Excès de soufre. — On fait agir par petites portions la solution
mordorée de l'ammonium alcalin sur la solution rouge violet de soufre.
On se place dans des conditions telles que le soufre soit eu grand excès;
la réaction est terminée quand la liqueur est devenue rouge.
» Ici se présente une difficulté que l'on n'avait pjs rencontrée dans les
cas précédents.
» Le soufre est aussi soluble que le sulfure formé dans le gaz ammoniac
(') Soc. des Se. phys. et nat. de Bordeaux, séance du 25 novembre 1898.
{■') Weyl, Pogg. Ann., l. CXXIII, p. 363.
(^) Soc. des Se. phys. et nat. de Bordeaux, séance du 12 janvier 1890.
( 390)
liquide; on ne peut donc séparer les deux corps par fillration et lavages,
comme on l'a fait dans le cas des séléniures et des tellurures. Pour y
arriver, on maintient l'appareil à une température voisine de — 23°, tout en
permettant au gaz ammoniac de se dégager lentement; la liqueur reste
rouge. On laisse alors la température remonter jusqu'à -H 3°; à ce moment,
le liquide est encore rouge et stable sous la pression atmosphérique, et il
ne se prend pas en masse, même quand on abaisse la température à — 79".
L'évaporation lente de ce liquide laisse déposer un sulfure jaune, qui parait
cristallisé, et dont les cristaux peuvent se distinguer de ceux du soufre qui
sont d'un jaune plus clair.
» Pour séparer le soufre du sulfure, on a eu recours au moyen suivant :
Dans le tube à robinet qui termine la branche renfermant le mélange des
deux corps, on introduit un tampon de coton de verre, puis on soude un
réservoir en verre muni d'un robinet; dans l'appareil ainsi constitué, on
fait complètement le vide, enfin on y laisse pénétrer une petite quantité
d'eau privée d'air.
» En inclinant l'appareil de telle façon que le sulfure soit à la partie
supérieure et plongeant le réservoir dans un bain-marie, on provoque
l'ébullition de l'eau. Celle-ci se condense dans la branche où se trouve le
sulfure, l'entraîne en retombant et abandonne les cristaux de soufre en
excès retenus par le tampon de coton.
» L'analyse de ces sulfures a indiqué pour formules Na-S" et R-S\
» En résumé, les résultats de l'étude de l'action des ammoniums alcalins
sur le soufre, le sélénium et le tellure peuvent être réunis dans le Tableau
suivant :
» Excès de métal alcalin :
Na^S
K^S
Na^Se
K^Se
Na^Te
K^Te
i
Amorphes, blancs, solubles dans l'eau, insolubles dans
le gaz ammoniac liquide, n'absorbant pas le gaz
ammoniac.
» Excès du métalloïde :
N ««; * K2<î •> \ Cristallisés, solubles dans l'eau, solubles dans le gaz
i\T o'r ■> TOT , ( ammoniac liquide, absorbant le saz ammoniac.
( 391 )
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la composition de l'albumen de la graine
de Caroubier, Note de MM. Em. Bourquelot et H. Hërissey.
« Dans une première Noie (') nous avons montré que l'on peut faci-
lement, des produits d'hydrolyse ménagée de l'alhumen de la graine de
Caroubier, isoler du galactose et du mannose à l'état pur et cristallisé.
Nous entendons par hydrolyse ménagée le traitement, à iio", de l'al-
bumen par de l'acide sulfiirique étendu à 3 ou 4 pour loo. Dans ce trai-
tement, il y a un résidu non attaqué qui atteint, comme nous l'avons dit,
5 à { de l'albumen sec.
» On voit ainsi qu'à nos recherches se rattachent encore les questions
suivantes :
» i" Le produit sucré obtenu est-il composé uniquement de galactose
et de mannose, et dans quelles proportions se trouvent respectivement
ces deux sucres?
» 2° Quelle est la nature du résidu non attaqué par l'acide sulfurique
étendu, dans les conditions indiquées ci-dessus?
» Ces questions ont été étudiées dans de nouvelles recherches que nous
résumons ci-après ("V
» I. L'albumen provenant de 25o5'' île graines est traité par looo"^'^ d'acide sulfu-
rique à 3 pour 100, à 110°, pendant une heure et demie. Après refroidissement, on
recueille par filtration io3o" de liquide dans lequel la liqueur de Fehling accuse la
présence de 628'', 6 de sucre réducteur (calculé en dextrose). Après neutralisation par
le carbonate de chaux, on filtre et, du liquide filtré, on prélève deux portions de
25o'^'' renfermant, par conséquent, chacune environ iSs'", 2 de sucre réducteur.
» Dans l'une on ajoute, pour y doser le mannose (''), un mélange de :
ce
I-'hénylhydrazine 18
Acide acétique cristallisable 18
Eau, 9,5 pour go
On laisse l'hydrazone se déposer et on l'essore à la trompe. On la lave successive-
(') Comptes rendus, t. CXXIX, p. 228; 1899,
(-) Ces recherches seront exposées avec plus de détails dans le Journal de Phar-
macie et de Chimie.
{^) Sur le dosage du mannose mélangé à d'autres sucres {Comptes rendus,
séance du 7 août 189g).
( 392 )
ment par yS" d'eau glacée, So*^"^ d'alcool à q5" et 5o'=' d'éther. Après dessiccation
complète dans le vide sulfurique, on pèse. On a trouvé iGs^jac d'hydrazone, poids qui
doit être porté à i6s"',4o en raison de la solubilité de ce composé dans l'eau. Ce poids
correspond à io8',go de mannose.
» La seconde portion est d'abord évaporée à loo"", puis additionnée de loo'''' d'al-
cool à 95° de façon à éliminer le sulfate de cliaux resté en solution. Après filtration,
on évapore en consistance d'extrait et l'on traite par l'acide nitrique ((3?=ii , i5) con-
formément aux indications de Kent et ToUens, pour l'obtention d'acide mucique. Le
poids de celui-ci a été trouvé égal à 2B'', 3o; il correspond, dans les conditions de
l'opération, à 36'', 06 de galactose.
» Le poids total du mannose et du galactose contenus dans l'essai était
donc de iS^'', 96. On a vu plus haut que la liqueur de Fehiing avait accusé
un chiffre plus fort (158% 2); mais il s'agissait du sucre exprimé en dex-
trose. Or, nous savons que, si le galactose possède un pouvoir réducteur
un peti moindre que celui du dextrose, le mannose, par contre, possède
un pouvoir réducteur notablement plus élevé (4™^, Soy de mannose équi-
valant, à cet égard, à 4™^, 753 de dextrose); et l'on peut s'assurer, par le
calcul, que le poids de dextrose dont la puissance réductrice équivaudrait
à celle des deux sucres trouvés se confond presque avec iS^', 2. On doit
donc conclure de là que le liquide d'hydrolyse ne renferme que deux
sucres : mannose et galactose. Cette conclusion ressort encore de l'essai
suivant :
t
» 2. L'albumen provenant de 25o8'' de graines est traité pendant une heure, à 110°,
par looo'^'' d'acide sulfurique à 4 pour 100. On jette sur un filtre; on recueille ggo'^'^ de
liquide que l'on reporte à l'autoclave pendant une demi-heure. Le liquide filtré est
évaporé à 200'^''. On l'additionne de 600" d'alcool à 95°; on filtre, on évapore à ioo8''
et l'on traite à l'ébullilion par 400"^' d'alcool absolu. Après douze heures, on
décante le liquide alcoolique, on l'additionne de f de son volume d'éther et on
laisse reposer. Le liquide élhéro-alcoolique est évaporé jusqu'à consistance sirupeuse;
on amorce le sirop refroidi avec un peu de mannose cristallisé et on le place dans la
cloche sulfurique. En trois ou quatre jours, le sirop se prend en masse. On délaie les
cristaux formés dans un peu d'alcool méthjlique et l'on essore rapidement. On purifie
par cristallisation dans l'alcool à 92°. Voici les propriétés et la composition du produit
obtenu :
» 11 est dextrogyre; la dé\iation augmente d'abord rapidement, atteint un maximum,
puis diminue jusqu'à être constante, le pouvoir rotatoire étant alors de +24°, 4. Ce pro-
duit renferme du mannose et du galactose, car il donne de l'hydrazone avec la phényl-
hydrazine et de l'acide mucique avec l'acide nitrique. La proportion de mannose
déterminée par le procédé à la phénylhydrazine est de 83,5 pour 100; reste donc
16,5 pour 100 pour le galactose et autres sucres, s'il y en a. Mais il est fasile de voir,
par un calcul très simple, qu'un mélange de mannose et de galactose qui renfermerait
( 393 ^
83,5 pour 100 du premier el i6,5 pour loo du second aurait précisément le pouvoir
rotatoire trouvé (en réalité +24°, 8).
» Donc ce produit ne peut être composé que de mannose et degalaclosc.
Les variations observées dans la rotation de la solution s'expliquent d'ail-
leurs par ce fait que les deux sucres sont à multirotation inverse : le galac-
tose, dont le pouvoir rotatoire est plus élevé d'abord, mettant un temps
très long à atteindre sa valeur minimum.
)! II. On a rassemblé les résidus provenant de plusieurs hydrolyses par l'acide
sulfurique à 4 pour loo. Ces résidus, après un nouveau traitement par ce même acide,
traitement qui n'a donné que fort peu de sucre réducteur, ont été lavés el séchés.
aôs' du produit sec ont été hydrolyses par le procédé Braconnot-Flechsig ( traitement
à froid par un mélange de i25s'' d'acide sulfurique concentré et de ^iS' d'eau, dilution
dans 5'" d'eau, iiltration el ébullition de deuv heures). On a obtenu ainsi un liquide
renfermant I7S'',85 de sucre réducteur dont 14^'', 85 de mannose (dosé à l'état d'hy-
drazone).
u II suit de là que la presque totalité du sucre formé est du mannose. Au
surplus, un essai à l'acide nitrique a été effectué sur le liquide d'hydrolyse
convenablement concentré, dans le but de rechercher le galactose; il a
abouti à un résultat négatif.
» Conclusions. En résumé, les hydrates de carbone de l'albiunen de
la graine de Caroubier, qui représentent, d'après M. Effront, les i de cet
albumen, sont constitués par un mélange d'anhydrides du mannose (man-
nanes) et d'anhydrides du galactose (galactanes), à des états moléculaires
plus ou moins condensés. Une grande partie des premiers et la totalité des
seconds sont à l'état d'hémicellulose (partie hydrolysable par l'acide sulfu-
rique étendu); le reste des premiers étant à l'état de mannocellulose.
Peut-être y a-t-il, en outre, une très faible proportion de dextrocellulose,
constituant, par exemple, la trame cellulaire, ce qui expliquerait, dans la
dernière opération (traitement Braconnot-Flechsig), le petit excès de sucre
réducteur par rapport à la quantité de mannose révélée par l'analyse;
mais cela, nous ne pouvons l'affirmer, n'ayant pu déceler la présence de
dextrose dans les produits d'hydrolyse.
» Quoi qu'il en soit, l'albumen de la graine de Caroubier pourrait être
utilisée avec avantage pour la préparation du mannose cristallisé, puisque
la partie facilement hydrolysable de cet albumen en donne de 40 à 5o
pour roo. »
C. R., iSçio- 2' Semestre. (T. CXXIX, N» 7.) 52
( 394 )
CHIMIE ANALYTIQUE . — Recherche et dosage du phosphore libre, dans les huiles
et les corps gras. Note d-e M. E. Locïse, présentée par M. Duclaux.
« Les méthodes employées ea Toxicologie pour déceler et doser le
phosphore, dans lesquelles on commence par l'entraîner au moyen d'un
courant de gaz inerte, ne peuvent convenir lorsque ce corps se trouve en
très petite quantité, réparti dans une masse d'huile considérable. Le cou-
rant sjazcux, en effet, devant être prolongé pendant fort longtemps, le
phosphore se trouve alors exposé plus ou moins à l'oxydation, et une
partie reste dans la liqueur sans pouvoir être entraînée, en sorte que les
dosases effectués sur le phosphore isolé de cette façon conduisent néces-
sairement à des résultais erronés.
» Quant aux méthodes de dosage pratiquées en Chimie organique, mé-
thodes dont le principe consisterait à oxyder le phosphore et la masse
d'huile dans laquelle il est disséminé, leur application est presque impos-
sible. D'autre part, elles ne feraient pas connaître la dose de phosphore
libre : or, c'est précisément cette dernière qui présente tout l'intérêt au
point de vue toxicologique.
)) La méthode que nous proposons pour doser le phosphore, même sous
forme de traces, dans l'huile, huile d'amandes douces ou huile de foie de
morue, ne suppose aucune manipulation exposant le phosphore à l'oxyda-
tion; elle permet d'aller le doser très exactement dans le milieu même où
il est dissous. En voici l'exposé sommaire :
» Si l'on ajoute de l'azotate d'argent en solution concentrée à de l'huile phospliorée
étendue d'environ vingt fois son volume d'acétone ordinaire, on obtient un précipité
noir très ténu, qui se répand dans toute la liqueur en lui communiquant la couleur
noire. La quantité de précipité obtenue est, toutes choses égales d'ailleurs, propor-
tionnelle au poids de phosphore en dissolution dans la liqueur. Lacétone possédant la
propriété de dissoudre à la fois l'huile et l'eau, les quelques gouttes de solution aqueuse
nécessaires pour précipiter le phosphore ne se séparent pas. Le mélange des trois pro-
duits, huile, acétone, eau, reste donc parfaitement homogène. Dans de pareilles condi-
tions, on sépare très aisément par filtration le précipité noir formé. La liqueur limpide
qui est recueillie ne noircira plus par l'addition d'une nouvelle goutte d'azotate d'ar-
gent, si elle ne renferme plus de phosphore libre. Dans le cas contraire, elle donnera
de nouveau une coloration brune.
» La réaction, dans les conditions que j'indique, est extrêmement sensible et per-
met de déceler les plus petites traces de phosphore en dissolution dans l'huile.
» Four etïectuer le dosage du phosphore, nous faisons deux liqueurs d'azotate d'ar-
( 395 )
gent, l'une à lO pour loo, l'autre à i pour loo, et nous cherchons expérimentalement
le poids de phosphore en dissolution dans une huile type, réduisant l'azotate d'argent
contenu dans une goutte de chacune de ces liqueurs. Pour obtenir des gouttes de gros-
seur identique, nous nous servons du compte-gouttes de Duclaux, donnant exactement
à i5" loo gouttes d'eau distillée pour 5"^".
» Le titrage de ces gouttes a été obtenu, comme nous allons l'exposer, avec divers
échantillons d'huile d'amandes douces ou d'huile de foie de morue, cette dernière étant
sans effet sur l'azotate d'argent. Dans chacun de ces échantillons, nous avions dissous
respectivement des poids de phosphore connus.
» En prenant un poids d'huile exactement pesé, 5s'' par exemple, dans une fiole
graduée de loo" et complétant à loo avec de l'acétone, nous avons, sous un volume
connu, un poids connu de phosphore.
i> Ce liquide étant réparti dans dix tubes à essai, soit lo""^ par tube, nous ajoutons
dans le premier i goutte de solution d'azotate d'argent à lo pour loo, et nous filtrons.
Si la liqueur filtrée, additionnée d'une nouvelle goutte d'azotate d'argent, donne
encore une coloration brune ou noire, c'est qu'une goutte d'azotate d'argent est
insuffisante pour la quantité de phosphore contenue dans un tube à essai; ajoutons
alors 2 gouttes au deuxième tube à essai, filtrons, etc., on arrivera à savoir que
2 gouttes, par exemple, de la solution à lo pour loo sont insuffisantes, mais que
3 gouttes représentent un excès.
» D'après cela, on ajoutera à l'un des tubes à essai 2 gouttes de la solution à
lo pour 100, puis on cherchera, au moyen de la solution à i pour loo, le nombre de
gouttes nécessaires pour effectuer la transformation complète du phosphore. On aura
ainsi titré les solutions d'azotate d'argent en phosphore.
» En opérant exactement de la même façon avec une solution de phosphore dans
l'huile ayant un titre inconnu, on arrivera à fixer aisément et très rapidement ce
titre. Il suffira de chercher le nombre de gouttes de solutions titrées d'azotate d'argent
qui sera nécessaire pour ne plus obtenir de coloration brune. »
ZOOLOGIE. — Sur la coloration des Tuniciers et la mobilité de leurs granules
pigmenlaires. Note de M. Antoine Pizon, présentée par M. Edmond
Perrier.
« On sait qu'un grand nombre de Tuniciers, en particulier certaines
Ascidies composées, présentent des colorations très vives qui ont été uti-
lisées quelquefois pour la spécification {Bolrylles, Claveliiies, etc.). Cer-
taines espèces possèdent en outre, autour des oscules, des taches pig-
menlaires (^Morchellium argus, Parascidium, Circinalium, etc.); d'autres
présentent des lignes laiteuses, jaunâtres ou verdâtres, dans certaines
régions du corps, principalement le long du sillon péricoronal et de
l'endostj'le {Clavelines, etc.); enfin, dans la cavité péribranchiale des Cyn-
{ 39(3 .
ihiad'ées, il proémine de petites vésicules laiteuses qui tranchent forte-
ment sur le fond rose de la branchie et des organes génitaux qu'elles avoi-
sinent {vésicules der/mqiies de Roule).
)i J'ai trouvé que la plupart de ces taches ou de ces lignes colorées sont
dues à des granulations pigmentaires, généralement de très faible taille
(i|j. environ), et que ces granulations sont animées, sur le vivant, de
mouvements très rapides dans l'intérieur des globules qui les renferment.
» (f-onsidérons comme exemple les Bolryllus smaragdus, dont le corps est généra-
lement d'un vert bleuâtre, avec des lignes radiales jaunes qui s'étendent, avec une
largeur et des nuances très variables, sur la face supérieure de la branchie; ces varia-
tions ont permis à Giard d'établir cinq variétés de cette espèce. Le liquide sanguin de
la variété a de cet auteur renferme, outre ses globules propres, à peu près incolores,
trois sortes principales de globules colorés ou chromocyles :
» 1° Des chromocjtes simples ou associés en morula, remplis de granulations qui
n'ont pas plus de i [x environ et dont la couleur varie du gris blanc au bleu ardoisé;
ces granulations se suivent avec une extrême rapidité dans l'intérieur de leurs globules
qui, de leur côté, se déforment et s'étirent avec la plus grande facilité, surtout quand
ils franchissent les espaces interstigmatiques de la branchie.
» ■2" D'autres cliromocvles sont bourrés de granules Jaune paille, (jui sont égale-
ment doués d'une très grande mobilité; en se mélangeant avec ceux de la catégorie
précédente, ils donnent aux individus de B. sniaragdus]e\M- coioraùon générale verte.
1) 3° Enfin, d'autres chromocjtes sont d'une belle couleur jaune soufre ou jaune
orangé; les uns sont uniformément teintés et dépourvus de granulations; les autres
renferment un petit nombre de sphérules mobiles d'un jaune plus foncé et a^ant tout
à fait l'aspect de microcoques; leur taille variable atteint jusqu'à 3 ]j.; mélangés avec
les chroniocytes jaune paille de la catégorie précédente, ils jsroduisent les bandes
jaunes de la face dorsale du corps.
» Quant au point rouge ou rouge orangé qui existe au niveau du ganglion nerveux,
il est également dû à une accu)nulation de globules de cette couleur, les uns uniformé-
ment teintés, les autres renfermant des granules pigmentaires mobiles. Parfois le
nombre de ces chroniocytes augmente dans cette région et ils déterminent alors, non
plus un point, mais une tache plus ou moins allongée sur la ligne médiane du corps.
)i Ajoutons enfin que beaucoup de granules pigmentaires ne sont pas inclus dans des
globules et se trouvent absolument libres au sein du liquide sanguin, dans lequel ils
se meuvent très rapidement et où ils forment quelquefois de longues traînées.
» Les différents chromocysles que je viens d'énumérer étant entraînés par le sang
dans les diflerentes lacunes, les vaisseaux coloniaux et leurs ampoules terminales se
mélangent, dans chaque région du corps, en proportions à chaque instant fort variables,
et l'ascidiozoïde change, par suite, très fréquemment de nuance dans le cours de son
évolution. C'est ainsi que les bandes radiales jaunes peuvent être plus ou moins vives,
plus ou moins larges et qu'elles deviennent quelquefois presque nulles lorsque les
chroniocytes gris ou bleus deviennent j)lus nombreux, etc. Il est facile de constater
ces vaiialions en conservant des Cormus en aquarium pendant quelques semaines.
Cerlains fadeurs, en particulier Tobscurilé el les régressions, font d'autre part varier
la quantité des différentes sortes de granules pigmentaires.
» Les considérations qui précèdent s'appliquent à toutes les autres
espèces de Botrylles et de Botrylloïdes, dans le détail desquelles je me dis-
penserai d'entrer ici. Je signalerai seulement cette particularité intéres-
sante, que certains Botryllidés que l'on regarde comme très distincts spéci-
fiquement renferment cependant des chromocytes identiques. C'est ainsi
que chez les B. violaceus on trouve les trois mêmes espèces de chromocytes
que chez les B. smaragdus, des gris, des bleus ardoisés et des jaunes, mais
leurs proportions sont différentes : chez les B. iHolaceus, ce sont les bleus
ardoisés qui l'emportent de beaucoup el qui donnent aux ascidiozoïdes leur
coloration générale. Toutefois dans certaines circonstances, par exemple a
une faible lumière, lorsque les Cormus sont situés à la face inférieure des
rochers, les granules gris et les jaunes augmentent considérablement et
donnent aux ascidiozoïdes une couleur fauve, très différente de la coulejn-
bleuâtre ordinaire des B. violaceus.
» Le mécanisme de la pigmentation, chez les Botryllidés, explique donc
les nombreuses variations que les ascidiozoïdes présentent dans leur colo-
ration et il enlève toute valeur à de nombreuses variétés que des ascidio-
logues ont cru devoir étiiblir en se basant sur ces variations, qui se trouvent
être essentiellement fugaces. Il y aurait lieu de reviser spécifiquement ce
groupe, en tenant compte des nouvelles données que je viens d'exposer
sommairement.
» Beaucoup d'autres familles de Tuniciers possèdent des granules pigmentaires
mobiles.
» La coloration des Distaplia rosea est due à des globules laiteux, roses ou rouge
vineux, qui circulent dans les cavités sanguines ou sont englobés dans la tunique; ils
sont remplis de granulations de I|ji. environ, qui sont douées d'une extrême mobilité.
» Les bandes el les taches laiteuses ou jaunâtres des Clavelines et des différentes
Ascidies composées, les vésicules dermiques des Cynthiadécs, les traînées laiteuses
qui longent l'endostjle des Asciclia elà^i Ascidiella, la vésicule oculaire des larves de
Distaplia et de Diplosoma renferment de même des granules pigmentaires animés,
sur le vivant, de mouvements très rapides. Par contre, les-taches rouges ou orangées
qui existent sur les oscules des âJorchellium argus, des Cioaa et des Parascidiam ne
sont pas constituées sur le vivant par des granules mobiles; ce sont de petites masses
uniformément colorées que, par une forte compression sur le couvre-objet, on arrive à
faire résoudre en sphérules de dimensions variables, el dont quelques-unes se montrent
alors animées de mouvements browniens.
» La motilité des granules pigmentaires paraît être un fait général dans
( 398 )
la série animale. P. Carnot l'a récemment observé chez les pigments mé-
laniques de plusieurs espèces de Vertébrés; avant lui, Girod avait signalé
les mouvements browniens des granules en suspension dans le liquide de
la poche du noir de la Seiche. J'ai pu constater, de mon côté, que cette
motilité appartient non seulement au pigment visuel des Vertébrés, mais
aussi à celui des Invertébrés, quel que soit le degré de complication ana-
tomique de l'organe visuel : Insectes (^Hydrophile, Mouche, Chenilles di-
verses). Mollusques (Pecten, Escargot), Ecrevisse, diverses Annélides,
pigment des chromoblastes des Sépioles.
» Il est manifeste, d'autre part, qu'il y a des rapports étroits entre le
pigment rétinien et le pigm.enl mélanique des autres parties du corps,
quand il existe. Un exemple intéressant en est fourni par certains Poissons :
les bandes argentées du corps du Maquereau, par exemple, sont dues à
de petits bâtonnets brillants (considérés comme des cristaux de guanine
associés à du calcaire), de lo^^ à 20!^ de longueur, formant un feutrage serré,
et animés de mouvements oscillatoires permanents ; or ces mêmes éléments,
animés des mêmes mouvements, se retrouvent dans la membrane argentine
de l'œil, qui en est tout entière constituée.
» Enfui j'ai également observé, sur des fragments de peau de nègre
fraîchement détachés, que les granulations pigmentaires de la couche
muqueuse se déplacent régulièrement, et c'est là, sans doute, l'explication
de la réussite des greffes noires sur peau blanche, que P. Carnot a prati-
quées avec succès.
); Quant à la nature des mouvements des granules pigmentaires, ce der-
nier auteur a conclu qu'il ne s'agit jamais que de mouvements browniens;
les recherches auxquelles je me suis déjà livré dans cet ordre d'idées, sur
les chromocytes des Tuniciers, me font penser que cette conclusion est
peut-être trop absolue, et qu'elle ne s'applique peut-être pas à tous les
pigments. Je continue mes recherches sur la question. »
PHYSIQUE. — Action des diverses radiations lumineuses sur les êtres vivants.
Note de M. C. Flammarion, présentée par ]M. Bouquet de la Grve.
(( Il y a quelques années, nous avons eu l'honneur de faire connaître
à l'Académie les résultats obtenus à Juvisy sur des plantes soumises à l'ac-
tion des diverses radiations du spectre solaire. En choisissant certains
ravons, en éliminant certains autres, nous transformons les dimensions.
( 399 )
la forme et la couleur des végétaux. Nous avons essayé la même applica-
tion sur le rè2;ne animal, et nous avons obtenu d'assez curieux résultats.
» Un premier essai, fait en 1898, dans le but d'étudier l'action des diverses radia-
tions lumineuses sur le développement du ver à soie {Bombyx mori), a fourni de
nombreux œufs qui ont donné de jeunes chenilles du 20 au 28 mai 1899.
» Du 26 au 29 mai, 720 vers, âgés de six jours, ont été placés dans douze casiers
recouverts d'un verre de couleur spécial et différent. Un examen soigneux des verres
de couleur au spectroscope a permis d'établir pour chacun d'eux leur spectre d'ab-
sorption :
Couleur des verres. Partie du spectre visible au spectroscope.
Incolore le spectre entier.
Rouge foncé de l'extrémité rouge jusqu'à la raie D.
Rouge clair rouge et un peu d'orangé au delà de D.
Orangé rouge, orangé, jaune, et vert jusqu'à la raie b.
Vert clair une partie du rouge, orangé, jaune, vert, bleu, très peu
de violet.
Vert foncé très peu d'orangé, jaune atténué, vert.
Bleu clair peu de rouge, très peu de jaune et vert, tout le bleu et
le violet.
Bleu foncé quelques traces de jaune et de vert, tout le bleu et le
violet.
Violet pourpre clair .... le spectre entier, sauf une bande d'absorption voisine de F.
Feuille d'étain à 0™°', i . . infra-rouge.
Air libre (sans verre). . . le spectre entier.
» L'obscurité a été obtenue avec un couvercle de carton de i'"",5 d'épaisseur.
» Sous chaque verre on a placé soixante larves de Bombyx, qui ont été nourries
abondamment avec des feuilles de mûrier.
» La série des douze casiers a été placée pendant toute la durée de l'expérience à la
lumière diffuse, dans une salle vitrée, très éclairée. Nous avons éliminé avec soin
l'action de la température, dont les variations modifient notablement le développe-
ment du ver à soie.
» Tous les vers étaient exposés à la même température, qui a varié de 18° à 22° dans
le cours de l'expérience. La montée des vers a commencé le 29 juin dans tous les
casiers recouverts de verres de couleur, c'est-à-dire quarante jours après l'éclosion.
Nous avons observé un relard de cinq jours pour les vers élevés à l'obscurité et de sept
jours pour ceux placés en plein air.
» Au moment de la montée, les soixante vers de chaque casier ont été pesés simul-
tanément et placés dans de grands casiers également recouverts des mêmes verres de
couleur et remplis de brindilles. Huit jours après l'achèvement des cocons, nous les
avons pesés pour chaque couleur.
» Les papillons sortis, les cocons ont été ouverts et desséchés et la soie pesée. Enfin,
nous avons compté pour chaque casier le nombre des papillons mâles et femelles, et
comme la production de la graine intéresse au plus haut point la sériciculture, nous
( 4oo )
les avons placés pour l'accouplement dans des casiers vitrés correspondant aux cou-
leurs de leur berceau.
» Après la ponte, les œufs ont été posés pour chaque casier, et d'après le nombre
des femelles, nous en avons déduit le poids moyen des œufs pondus par chaque femelle.
» Tous les résultats des pesées sont consignés dans le Tableau ci-joint :
Vers
à la montée.
Poids
de
chaque ver
Cocons.
Poids
de
chaque cocon
Soie brute.
Poids
de la soie
de
chaque cocon
Coloralion des verres.
3 ,o52
Incolore
Violet pourpre clair. . . . 2,goo
Orangé 3, 020
Rouge foncé. 2 , 990
Obscurité 2,890
Vert clair 2,763
Vert foncé 2 , 766
Rouge clair 2 , 755
Air libre 2,683
Feuille d'étain 2,65o
Bleu clair 2 ,534
Bleu foncé 2, 5 10
relatif {'
0,9.1
0.99
0.97
0,94
0,91
0,90
0,90
0,88
0,86
0,83
0,82
moyen .
gr
,695
,657
,56i
,56o
,640
,574
>493
,559
,547
,542
,422
,373
iclalif.
0.97
0,92
0,92
0,96
0,93
0.88
0,92
0,9'
0,90
o,84
0,81
moyen. relatif.
0,227
0,209
0,207
0,200
0,207
0,205
0.199
o,2or
0,201
0,193
0,190
0,172
I
0,92
0,91
0,88
0,91
0,90
0,87
0,88
0,88
o,85
o,83
0,75
Di.slribulion des sexe
Production des œufs (.3.5 vers).
Coloralion des verres.
Incolore
Violet pourpre clair.
Obscurité
Vert clair. .
Air libre
Rouge clair
Orangé
Rouge foncé
Feuille d'étain
Vert foncé
Bleu clair
Bleu foncé
Nombre
des femelles
sur
icio individus.
56
54
54
53
5o
5o
47
44
42
4o
37
39
Poids
lolal.
jr
10,823
10.560
10, 000
9, i56
7,290
8,586
8,45o
7,450
6,463
6,336
5,820
5,800
relatif.
I
I ,02
I ,01
0,88
0,71
o,83
0,82
0,72
0,62
0,61
o,56
0,57
Poids
pour
chaque
femelle
moyen.
relatif
0,333
I
0,352
1 ,o5
o,35o
I ,o5
0,327
0,98
0,270
0,81
o,3i8
0,95
0, 325
0.97
o,3io
0,93
0,281
o,84
0,288
0,86
0,291
0,87
0,274
0,82
(') Les résultats obtenus avec le verre incolore ont été pris pour unité.
( 4oi )
» L'observation comparative des résultats et des spectres d'absorption
des verres de couleur montre que la production maximum de la soie a lieu
sous le verre incolore, puis sous le verre violet pourpre clair, et le mi-
nimum sous le bleu foncé où elle est les 0,73 de celle du verre incolore.
') La production est maximum sous le verre incolore traversé par le
spectre solaire font entier et sous le violet pourpre clnir où il y a seulement
une bande d'absorption dans le bleu.
» Les verres coloriés les plus favorables au développement du ver à soie
sont donc ceux qui laissent passer la région voisine de la raie D, et qui
éteignent la partie la plus réfrangible du spectre.
» Au contraire, les verres de production minimum sont ceux qui ab-
sorbent la région du spectre comprise entre A et E.
» On voit également que les diverses radiations paraissent influencer la
distribution des sexes et que cette variation est à peu près dans le même
sens que celle de la quantité de soie produite; le nombre des femelles est
de 5G pour 100 sous le verre incolore et de 87 pour 100 seulement sous le
verre bleu foncé.
» Enfin, les résultats indiquent que les femelles des verres violet
pourpre, orangé et incolore sont plus fécondes que celles du bleu.
» La distribution des sexes est particulièrement intéressante à constater.
Elle peut être due à l'influence des radiations sur la quantité d'alimenta-
tion, les plus gros cocons donnant de préférence des femelles. A l'air libre
et dans le rouge clair, la proportion est de 5o pour 100. Sous le verre inco-
lore et le violet pourpre, elle s'élève à 54 et 56 pour le nombre des fe-
melles, lequel descend jusqu'à 3g et 3^ dans le bleu ; le bleu donne beau-
coup plus de mâles : 63 pour 100.
') La différence est bien plus considérable encore si l'on examine le
nombre des œufs, qui varie presque du simple au double, du bleu au
pourpre ('). »
M. J.-L. Lefort adresse diverses Comnuuiications relatives à la Phy-
sique, à la Physiologie et à l'Anthropologie.
(') Ces expériences ont été faites avec le concours de M. Georges Mathieu, ingé-
nieur-agronome, préparateur à la station climatoiogique annexée à l'observatoire de
Juvisy.
C. R., 1899, 2- Semestre. (T. CXXI\, N» 7.) 53
( 402 )
A 3 heures et demie, l'Académie se torme en Comité secret.
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OdTRAGES reçus DA^S LA SÉANCE DU l4 AOUT 1899.
Laréforme scienùjique définitive du Calendrier grégorien, par L. Liebich,
Alger, impr. administrative Gojosso, i8gg; i fasc. in-12.
Les mystères de la sorcellerie, de François Dulom. Agen, impr. moderne,
1899; I fasc. in-S".
Die Entwicklung der Wahrscheinlichkeitstheorie und ihrer Anwendungen.
Bericht, erslallet der deutschen Mathematiker-Vereinigung, von Emakuel
CzuBER. Leipzig, B. -G. Teubner, 1899; i vol. in-8".
Del analisis de la orina en laclinica, por D. Alejandro Fortuny Duran.
Prologo del D'' D.-S. Ramon y Cajal. Barcelona, 1H99; r vol. in-i6.
Annuaire géologique et minéralogique de la Russie, rédigé par N. Rrichta-
KoviTCH. Yol. III, liv. 7-8. Novo-Alexandria, Institut agronomique et fores-
tier, 1899; 1 fasc. in-4°.
The american Ephemeris and naulical Almanac, for the year 1901 . Firsl
édition. Washington, 1899; r vol. in-4°.
Unii'ersity of Cincinnati. Publications 0/ the Cincinnati Obsen'utory. N° 14 .
Catalogue o/-2o3q stars/or the epoch 1890, by Jermain-G. Porter, director.
Cincinnati, 1898; i f;isc. in-4°.
Astronomical papers prepared for the use of the american Ephemeris and
nautical Almanac, published by authorily of Congress. Vol. VIII, part II.
Catalogue of fundamental stars for l'è'jD and 1900 reduced to an absolute
System. Washington, 1898; i vol. in-f\°.
Mitlheilungen der hamburger Sternvcarte. N° 1-5. Hamburg, Lucas Griife
und Sillem, 1895-99; 5 fasc. in-8".
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
epuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux Tolume» ln-4*. Deui
es, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
art du i" janvier.
Le prix de U abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
I »j Ferryn irères.
1 Cbaix.
I îr < Jourdan.
( Rufr.
1 (m Courtin-Hecquet.
( Germain elGrassin.
' *" i Lachése.
i mne Jérôme.
\ nçon Jacquard.
/ Feret.
'eaux < Laurens.
( Muller (G.).
■gei Renaud.
/ Derrien.
j F. Robert.
] J. Robert.
' Uzel frères.
Jouan.
nbery Perrin.
. I Henry.
'tioure (
° { Marguerie.
. „ I Juliot.
mont-Ferr... ! ., „ ,,
( Ribou-Collay.
iLamarcbe.
Ratel.
Rey.
( Lauverjat.
\ Degez.
,, 1 Drevet.
loble '
( Gralier et C'V
tochelle Foucher.
i Bourdienoo.
i avre ^
( Dombre.
I Thorez.
( Quarré.
chez Messieurs :
( Baumal.
Lorient ..
( M°°* lexier.
Bernoux et Cumin,
l Georg.
Lyon i Côte.
Savy.
Vitle.
Marseille Ruât.
(Calas.
«ontpelher | ^^^^^^
Moulins Martial Place.
j Jacques.
Nancy ! Grosjean-Maupin.
( Sidot frères.
( Loiseau.
Nantes ! ,, ,
( Veloppe.
i Barma.
Nice 1 ... .. . „,.
( Visconti el C".
Nimes Tbibaud.
Orléans Luzeray.
. . ( Blanchier.
Poitiers ,, ,
( Marcbe.
Rennes Plibon et Hervé.
Roche/on Girard (M"").
( Langlois.
Rouen , . .
( Lestringant.
S'-Étienne Chevalier.
_ , 1 Ponteil-Burles.
Toulon „ ..
( Rumebe.
i Gimet.
Toulouse _ .
( Privât.
, Boisselier.
Tours Péricat.
( Suppligeon.
,, , . { Giard.
Valenciennes ,
( Lemaitre.
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
, . J i Fcikema Caarelsen
Amsterdam
' et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
I Asher et C''.
„ ,. ' Dames.
Berlin . ,, ,
. Friediander et fils.
' Mayer el Muller.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanichelli.
I Lamertin.
Bruxelles Mayolezet Audiarte.
I Lebégue et C'°.
i Sotcheck et C°.
Bucharest i „. ,
( Slorck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et C°.
Christiania Cammermeyer.
Constantinopie. . Otto Keil.
Copenhague Hijst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
Cherbuliez.
Genève Georg.
( Stapelmohr.
La Haye . Bel in fan te frères.
> Benda.
Lausanne , „
( Payot.
, Barth.
l Brockbaus.
Leipzig 1 Lorentz.
i Max Kijbe.
; Twietmeyer.
( Desoer.
^'^Se (Gnusé.
chez Messieurs :
i Dulau.
Londres Hachette et C".
'Nutt.
Luxembourg .. V. Buck.
.' Libr. Gutenberg.
mdnd ) Romo y Fussel.
I Gonzalès e hijos.
l F. Fé.
Milan 1^°"'' f''""-
I Hœpli.
Moscou Tastevin.
Naples (Marghieri di Giu,.
( Pellerano.
( Dyrsen et Pfeiffer.
New-York Slechert.
' LenickeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C-
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés elMoniz.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
_ i Bocca frères.
Rome î,
( Loescheret C'*.
Rotterdam Kramers et fîls.
Stockholm Samson et Wallin
cr, n . L. \ Zinserling.
S'-Petersbourg. . J ^^,^
j Bocca frères.
_ I Brero.
Turin ' .
j Clausen.
' RosenbergetSellioi.
Varsovie. Gebethner et Wollf
Vérone Drucker.
1 Frick.
Vienne ,....,„ , .
( Gerold et C.
Zurich Meycr el Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DÉS SÉANCES DE L'ACADÉMIE DÉS SCIENCES :
Tomes l" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; 1 853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.- ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.-^ ( i" Janvier 1866 à 3i Décenibie i8«o.) Volume iD-4"; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
me I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DerbÈs et A.-J.-J. Soliee. - Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent le»
ites, par M.Hanien.- Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phéoomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
es, par M. Claude Beraard. Volume in-4°, avec 32 planches; i8ô6 ' '
me II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benede>. - b.»^i a une repui.»c a la queMion de Prix proj»osée en i8do par l'Acadeui.e des Sciences
le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : . Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sedi-
:ntaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. - Rechercher la nature
i rapports qui existent entre l'étatactuel du régne organique et ses états antérieurs ., par M. le Professeur Bronn. In-4=, avec 37 planches; 1861.. r.
la même Ubraine les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoire» présentés par divers Savant» a l'Académie das Sciences.
W 7.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 14 août 1899.)
MEMOIRES ET COMMUXIC.VnO\S
DES MEMBUKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages. ! Pages.
M.\I. lÎERTiiELOT el Deli-I'INE. — Rfclierclies .M. Bkrthelot. — Koactions de l'argon et
sur les dérivés métalliques de l'acétylène. Sfii de l'azole sur les radicaux mercuriels ■378
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. L. L.viREXT adresse une Note « Sur le
rnle de l'insuflisance en matières grasses
de la ration alimentaire dans l'étiologie
du béribéri » 3So
CORRESPONDANCE.
M. G. F.uET. — Observations de la comète
périodique Tempe!, -= 187:1 II. faites à
l'Observatoire de Paris ( équatorial de la
tour de l'Ouest de o^jio') d'ouverture ... oSo
M'"' D. KniMPKE. — Observations des Per-
séides de t8y() 281
M. Cn. André. Sur la pluie d'étoiles
filantes des Perséides, à Lyon, el sur un
bolide remarquable. 383
.M. E.-O. LovETT. — Sur la correspondance
entre les lignes droites et les sphères 383
M. H. Le Chatelier. — Sur les terres cuites
noires 386
M. H. Le Chatelier. — Sur la porcelaine
égyptienne 3S7
M. C. HuGOT. — .\rtion du sodanimonium
BOLLETIX BlBt.lOGItAPHIQUE
ot du potassammonium sur le tellure et
le soufre 388
MM. Em. Bourqielot et H. Herissey. —
Sur la composition de l'albumen de la
graine de Caroubier 3t|i
M. E. Louise. - Recherche et dosage du
phosphore libre, dans les huiles et les
corps gras Jg^
M. Antoine Pizon. — Sur la coloration des
Tuniciers et la mobilité de leurs granules
pigmentaires *. . . 3c)5
M. C. Flam.mabio.n. — Action des diverses
radiations lumineuses sur les êtres vivants. Sgs
M. J.-L. Lefort adresse diverses Commu-
nications relatives à la Physique, à la
Physiologie et à l'.Vnthropologie 4"'
io>
PARIS. - IMPRIMERIE GAUT H I E R-VI L L A K S ,
Quai des Grands-Augustins, 53.
/.« Gérant .'Oautbier-Villars.
m-
1899
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR iriM. KiES SBCBÉTAIKES PERPÉTVEIiS.
TOME CXXIX.
N^ 8 (21 Août 1899).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Âugustins, 55.
.1899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
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Comptes rendus plus de 5o péges par année.
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Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
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vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, i
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
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lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
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Membre qui fait la présentation est toujours nommé:
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
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Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
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Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
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déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 6^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
NOVlô '
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
*
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
■ — tî~- 9 a il f
SÉANCE DU LUNDI 21 AOUT 1899,
PRÉSIDÉE PAR M. Malrice LÉVY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétcel annonce à l'Académie la perte qu'elle
vient de faire dans la personne de M. Frankland (^Edwards), Associé étran-
ger depuis le 27 mai 1895, décédé en Norvège le 9 août 1899.
M. le Secrétaire perpétuel annonce également à l'Académie la perte
qu'elle vient de faire dans la personne de M. Bunsen (Roberl-Wilhelm-
Eberhard), Associé étranger depuis le 2G décembre 1882, décédé à Heidel-
berg le 1 5 août 1899.
M. le Secrétaire perpétuel rappelle, en quelques mots, les décou-
vertes capitales qui ont été faites par ces deux illustres chimistes, et les
services qu'ds ont rendus à la Science.
C. R., 1899, a" Semestre. (T. CXXIX, N" 8.) 54
( 4o4 )
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Sur la cause des traînées lumineuses persistantes qui
accompagnent certaines étoiles filantes. Note de M. Ch. André,
transmise par M. Lœwy.
« Dans la nuit du 12 au i3 août, la dernière pendant laquelle nous
nous sommes occupés des Perséides, MM. Lagrula et Luizet ont fait l'ob-
servation curieuse qui suit :
» A i2''53'" (T. M. P.) leur attention fut brusquement mise en éveil par un éclaire-
ment assez intense pour faire apparaître distinctement à leurs yeux les objets envi-
ronnants; ils l'attribuèrent à la seule traînée lumineuse alors visible dans le ciel et,
vu sa persistance, purent en suivre les développements.
)i Rectiligne à l'œil nu, cette trace lumineuse avait alors, dans une jumelle de gros-
sissement 5, une forme nettement sinueuse et spiraliforme ; à i2''55™ l'aspect avait
changé, la lumière s'était étalée en prenant à peu près la forme d'une ellipse très
allongée dans le sens vertical (.îl = iSo" avec un grand axe allant de Décl. 74° à 76°) ;
à i2''.56°' cette ellipse avait déjà tourné, son extrémité supérieure avait incliné vers
l'ouest et son grand axe était devenu horizontal; en même temps, l'ensemble s'était
déplacé notablement (A= i38°, Décl. =r 76°); à partir de lai-SS", la lumière conti-
nuait à s'étaler de plus en plus, en même temps qu'elle se déplaçait vers l'ouest et se
rapprochait de l'horizon, si bien qu'à i3'^ 1 1" sa position correspondait à .1\ =i43° et
Décl. ^72°; pendant cette dernière période, l'objet observé avait à l'œil nu l'appa-
rence d'un petit nuage blanc, semblable d'aspect à une portion de la voie lactée, et
dans la jumelle celle d'une grosse nébulosité de 3o' à !\o' de diamètre apparent.
» A iS"" iS™ toute trace de lueur avait disparu, même dans la jumelle.
» Cette observation offre, me semble-t-il, un certain intérêt : d'abord
par la longue durée, vingt minutes, pendant laquelle on a pu suivre le mé-
téore; mais surtout parce que les changements de forme successifs et le
déplacement continu de l'image lumineuse paraissent démontrer nette-
ment que les traînées lumineuses persistantes, observées déjà pour un
certain nombre de ces météores, sont uniquement dues à la propagation
successive des fragments dans lesquels ils se partagent lors de leur rup-
ture. ))
(0
( /4o5 )
GÉOMÉTRIE. — Sur un groupe continu infini de transformations de contact
entre les droites et les sphères. Noie de M. E.-O. Loveïï, présentée par
M. Darboux.
i< Dans une Note précédente on a trouvé le groupe continu le plus
général de droite-sphère transformations de contact qui sont déterminées
par deux équations bilinéaires entre les coordonnées ponctuelles des deux
espaces correspondants. Ce groupe (2) est un groupe à quinze paramètres
et ses transformations sont équivalentes aux produits des 3o" transforma-
tions du groupe projectif général (II) par la droite-sphère transformation
de Lie (A) donnée par les équations {' ) :
( X + «Y = — z — x{i)œ + qy)\iq — x), X — iY = (p -hy)\{q — x\,
\ Z—{px-^qy)\(q_ — x), V = {qx— \)\{q + x), () = — i{i +qx)\{x+q).
» Une Note du 3 octobre 1898 donne les transformations de contact
les plus générales qui changent une surface développable quelconque en
une autre surface aussi développable dans un espace à un nombre quel-
conque de dimensions; pour l'espace à trois dimensions, ces transforma-
tions (A) sont définies par les équations ( -)
(^)
ou
(3) R = (7}),j;+(çi)3j-(<p.i.),, r=p'x-^qy-z,
et les fonctions ç, 6, / sont tout à fait arbitraires; d'ailleurs on a l'équation
(5) A = LPL,
où L est la transformation de contact de Legendre,
(6) \=p, Y = r/, Z=px -h qy — z, V—x, Q — V,
et P est une transformation ponctuelle arbitraire.
(') Noir Darbolx, Théorie des surfaces, l. I, § 108.
(-) Voir aussi le Mémoire de Vivanti, Rend. Cir. Mateni. di Palcnno. t. V; 1891.
( /»o6 )
» Ces transformations ci-dessus (A) transforment plan en plan et ainsi
chaneent droite en droite; donc, en combinant les transformations de
contact du groupe (A) avec les transformations de contact du groupe (i),
on obtient un groupe de transformations de contact contenant trois fonc-
tions arbitraires, c'est-à-dire un groupe à une infinité de paramètres qui
transforme les droites en sphères; les transformations de ce groupe (S)
sont équivalentes aux transformations données par tous les produits
(7) S = LPLnA.
« D'après leur définition les transformations de contact établissent une
correspondance entre les éléments de surface de telle façon qu'une multi-
plicité des éléments de surface est transformée en une multiplicité des élé-
ments de surface; donc il est clair, géométriquement, que les transforma-
tions de contact, qui transforment les plans en plans, changent aussi les
droites en droites et, réciproquement, que les transformations de contact
qui changent les droites en droites transforment aussi les plans en plans.
Ainsi en recherchant les transformations de contact les plus générales (D)
entre les plans, on peut construire au moyen du groupe (1) un groupe
continu infini de droite-sphère transformations (T) plus étendues que le
groupe (S); le groupe (S) est évidemment un sous-groupe du groupe (ï).
)) On trouve les transformations (D) de la manière suivante : soient
(8) cc,= X, J, = Y, ^, = Z, p, = P, y, = Q,
où X, Y, Z, P, Q sont fonctions de x-,y, z,p, q, les équations définissant les
transformations (D).
» Soient aussi
(9)
?1 = ?x + /'?.' ?2 =?, + '??=.
(,o)
(p"'=?^ + /y<p, + /v^^+59y, çp->=ç^,H- ^9,-f-,vo^4- /cp,^;
('0
(cpi),,= cp,'^,-ç,^,, (cp^)./,= ?.^p- ?/ ■'
(.2)
un = ?P^. - ?.<]^.+ ?.'^. - ?.<]^.. -(?. f~) = ?"'^''" - ?"'^"
» En développant la forme o>(cp, <^) on a
et en employant les formules de Lie ('), on trouve
^,f\ lî-lliZlI) ^ o,(X, P) _(o(Q,Y) ^_ 'o(X,Q)
(') Noir Lie-Engel, Théorie der Transfonnationsgiuppen, t. Il, p. 38o.
( 4o7 )
où R, S, T sont les dérivées partielles du second ordre de Z pnr rapport
à X et Y.
» Donc les fonctions X, Y, Z, P, Q se déterminent par les conditions
suivantes :
» 1° Pour que les transformations (8) soient transformations de contact
il faut que les équations (')
j [PQ]=[PYJ=[QX] :=|XYJ =[XZ]=^[YZj = o,
^"^ ( [PX] = [QY]=j;[PZj.-. ^[QZ] = p^o
aient lieu ;
')) 2" Pour que la famille de tous les oo' plans de l'espace ordinaire
reste invariante sous toutes les transformations (8), il est nécessaire et
suffisant que les équations
(iG) R = o, S = o, T = o
soient une conséquence des équations (8) et des équations
r = o, i' = o, t = o;
ainsi on trouve des équations (i3) et (i4) les conditions restantes sui-
vantes :
(17) 0'Y),. = o, (^XP),, = o, (X,Q),,= o;
en observant que coi^P.Q) est aussi égal à zéro, on peut adjoindre les
équations
(OY)„=o, (PQ).. = o,
mais celles-ci ne sont pas indépendantes des équations ( 17 ). "
PHYSIQUE. . — Méthode pour déterminer la constante newtonienne.
Note de M. Geo. K. Burgess, présentée par M. Lippmann.
» Parmi les constantes physiques il en est ime, la constante newtonienne
ou constante de la gravitation universelle, que l'on n'a pas pu, jusqu'ici,
déterminer avec la précision que mérite une constante physique. Les
(') Lie, loc. cil., p. i/p.
( 4o8 )
diverses méthodes employées par d'habiles expérimentateurs ont donné
des résultats qui présentent entre eux des écarts très supérieurs à l'erreur
probable des mesures de chaque physicien. Toutes les méthodes jusqu'ici
employées se ramènent, en définitive, à la mesure d'une longueur très petite
ou d'un angle très petit. Il serait bien préiérable de réaliser une méthode
qui ne nécessiterait pas, comme les méthodes classiques, la mesure des
quantités extrêmement petites. Par exemple, en employant la balance
chimique, il s'agit de mesurer un poids de l'ordre du milligramme ; dans la
balance de torsion, c'est un angle de trente minutes qu'on devra mesurer
avec toute l'exactitude possible.
» En considérant les expériences faites avec la balance de torsion, nous
voyons que l'on a cherché à rendre cette méthode plus sensible en rédui-
sant les distances linéaires de l'appareil tout en conservant les poids sus-
pendus aussi lourds que possible. Evidemment ces deux conditions se con-
trarient, et l'on est aussi limité par le poids que peut supporter un fd très
fin. Si, tout en employant un fil très fin et conservant les distances très
petites, on pouvait faire agir deux lourdes masses sur deux autres lourdes
masses, on augmenterait beaucoup la sensibilité de la méthode de Caven-
dish. En d'autres termes, le problème se réduit à ceci : supprimer la ten-
sion d'un grand poids sur un fil très fin, en conservant l'attraction de cette
masse suspendue sur une autre masse fixe.
)) On réalisera cela par l'emploi d'un support auxiliaire pour la masse sus-
pendue au fil. Ce sera, par exemple, un flotteur cylindrique métallique creux,
plongé dans un bain de mercure et supportant un bras de levier qui sup-
porte les masses employées. La grandeur du cylindre creux sera telle que
le poids du mercure déplacé soit à peu près celui des masses suspendues.
Ainsi le ])oids que supportera le fil sera aussi petit que l'on voudra, et si le
fil est fin, on aura un couple de torsion très petit, tandis que l'attraction
des masses fixes sur les masses suspendues aura une valeur relativement
très grande.
» Uu tel appareil a été construit au laboratoire de M. Lippmann. Les
deux masses suspendues aux extrémités d'un leyier horizontal sont en
plomb, de 2.^^ chacune, tandis que le fil de suspension est en platine ou en
bronze, d'un diamètre moindre que o'"'",oj. Les deux grandes boules de
plomb pèsent lo'^s chacune. La distance entre les centres des petites boules
est de o"',i2, qui est aussi la longueur d'un fléau; la distance entre les
grandes masses est de o'",37. Si l'on tourne les grandes boules d'un angle
de 40" d'un côté à l'autre côté de la position d'équilibre du système
( 4o9 )
suspendu, celui-ci tourne à peu près de 12°. effet incomparablement plus
grand que par toute autre méthode.
» Il s'agit de savoir s'il y a peut-être des causes secondaires ou des
corrections mal déterminées, qui pourraient retirer à la méthode sa sensi-
bilité apparente. L'appareil a subi une série d'essais dans ce but d'abord,
et dans le but aussi d'en tirer une valeur de la constante newtonienne. Les
expériences faites jusqu'ici semblent montrer que le principe de la méthode
mérite d'être publié. La difficulté la plus grande, c'est d'éviter les change-
ments de température dans le bain de mercure; et il y a aussi la question
de l'action capillaire sur la tige qui passe parla surface du mercure et qui
supporte le fléau de balance, ainsi que certaines attractions secondaires et
leur élimination. Nous croyons avoir évité la première difficulté, en enfer-
mant très soigneusement l'appareil qui est placé dans une cave à tempéra-
ture à peu près constante. La perturbation capillaire semble éliminée par
l'emploi d'une couche d'acide sulfurique étendu, versé sur la surface du
mercure qui est scrupuleusement propre. Notre dispositif permet aussi de
modifier les positions des masses suspendues, afin de faire disparaître des
termes correctifs dans le calcul de l'attraction. L'appareil fonctionne très
bien, en donnant des déviations concordantes, quand on a pris tous les
soins nécessaires pour avoir une température constante. <
PHYSIQUE. — Sur les propriétés magnétiques du fer aux basses températures.
Note de M. Georges Claude, présentée par M. A. Potier.
« Les expériences relatées ci-après ont eu pour but de suivre les varia-
tions de la perméabilité magnétique et de la rémanence du fer en fonction
de la température, en poussant celle-ci jusqu'à la limite fournie par l'éva-
poration de l'air liquide.
» Les essais, etrectués par la métliode du galvanomètre balistique, ont porté sur un
échantillon de fer forgé, en forme de cylindre creux à section rectangulaire, sur lequel
étaient enroulés les circuits inducteur et induit. Les dimensions de ce cylindre étaient
les suivantes : diamètre extérieur, 89™™, 2 ; diamètre intérieur, 25™™, 5; épaisseur,
23""", 6. Il était placé dans un récipient Dewar et d'Arsonval, à double paroi argentée
et vide intermédiaire; la température désirée était obtenue très commodément, d'abord
à l'aide d'un liquide difficilement congelable (étlier de pétrole léger), refroidi au degré
voulu par révaporation rapide d'air liquide contenu dans un tube à essai de grand dia-
mètre agité dans le liquide, et ensuite par de l'air liquide seul. Pour la pratique de
ces essais à basse température, il peut être intéressant de noter que les thermomètres
à toluène dont je me servais, gradués jusqu'à — 100° par M. Baudin en extrapolant les
résultats des expériences de M. Villard, pouvaient mesurer facilement les tempéra-
tiires jusqu'à ■ — i3o°, la congélation du toluène se produisant brusquement entre — i^o"
et — loo" de l'échelle, avec augmentation de volume.
1) Les résultats des essais n'ayant presque pas varié avec la température, les cliifTres
relatifs aux températures extrêmes -+- 25° et — i8o° seront seuls indiqués.
» En soumettant le circuit, inducteur à l'intensité maxima choisie, puis inversant
brusquement, on obtient au balistique une élongation proportionnelle à la perméabi-
lité dans les conditions de température choisies; ensuite, faisant varier le courant par
sauts successifs de -+- Imax à o, puis à — Imni> revenant de même à o, puis à - 1^,^^. et
notant les élongations partielles successives, on réunit les éléments nécessaires pour
la construction de la courbe d'hystérésis dans ces mêmes conditions.
Température : -i-iï''; (jhamp inducteur max. : 35, î> C.G.S.;
Induction max. : lôoooC.G.S. environ.
.K -
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t
7,5
o
5,o
»
6,o
»
Température : — i85°; Champ inducteur max. : 35,2 C.G. S.;
Induction max. : i5ooo C.G. S. environ.
10/
de
à
H- 35,
— 35,
,2
2
C.G. s. )
par
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tielles
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3C.
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"^nia\ ^
0.
de 0 à — .ICi
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Xma\ à 0.
de
0 à H- 3vmax>
35,2
25, I
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»
2,0
8,5
9,5
1
»
2,2
8,5
9,5
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2,5
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2,6
12,5
11,7
3,o
36
2,8
36
5,9
5,5
3i
6,0
3i ,5
2,0
o
6,o
b,o
A 7 .
a
6,5
5,5
t
7
»
( |M ^
n Les deiiN. Tableaux ci-conire indiquent les résullals, que traduisent les courbes I
et II.
B
Hystérésis (l"nn cylinflre ik- fer floux.
Courbe I. — Essai à + 2J°; x points d'expérience.
Courbe II. — Essai à — iSS"; o points d'expérience.
» On voit que, pour rindiictioii maxima employée, soit environ
i5ooo C.G. S., la perméabilité à — i85° diffère de moins de 2,5 pour loo
de ce qu'elle était à + 20°. L'hystérésis est également très sensiblement
constant, comme le montre la superposition presque parfaite des deux
courbes.
» Un autre essai, pour une induction voisine de loooo C.G. S., a montré
une diminution plus accentuée de la perméabilité aux basses températures,
soit 5 pour 100, mais le manque d'air liquide ne m'a pas permis d'appro-
fondir le fait.
» En résumé, ces expériences confirment jusqu'à — i85° les conclusions
que M. Thiesseu (' ) a tirées d'essais poussés à — 80° seulement, à savoir
que, pour des inductions considérables, la perméabilité et la perte hystéré-
tique du fer resteraient constantes, sauf une légère tendance à la dimi-
nution.
» D après ce qui précède, mes essais vérifient également, autant que
(') P/iysical flauet^; févi'ier iSyg.
G. K., 1899, 3» Semestre. (T. C.\\l\, N" 8.
JJ
( 1'2 )
j'ai pu m'en rendre compte, cette autre conclusion du même auteur, en
contradiction avec les résultats antérieurs de Dewar et Fleming, que, pour
de faibles inductions, la perméabilité et l'hystérésis diminuent au contraire
d'une manière très notable avec la température ( ' ). »
CHIMIE MINÉRALE. — Décomposition du phosphate monomanganeux par l' eau
ào° età ioo°(-). Note deM. Georges Yiard, présentée parM. Troost.
(' La décomposition du phosphate monomanganeux
(PO')=MnIl^ + 2IPO
par l'eau soit froide, soit chaude, est connue depuis le travail d'Erlen-
meyer et Heinrich (Lieb. Ann. Ch., 18^7) qui en ont fait connaître les
points les plus essentiels, à savoir que l'eau froide fournit un précipité
cristallisé de phosphate dimanganenx (PO')-Mii- 11- + 6H-0, et l'eau
chaude un précipité cristallisé (PO')HIn-H- + (PO')-Mn^+ 4H='0, in-
termédiaire entre le di et le trimanganeux et appelé par les auteurs phos-
phate ditrimanganeux .
« Le phénomène était ainsi bien connu qualitativement; il l'était beau-
coup moins au point de vue quantitatif, les auteurs n'ayant effectué que
trois déterminations numériques, ce qui est, nous le verrons, tout à fait in-
suffisant pour suivre la marche de la réaction à 100".
» Aussi ai-je cru devoir reprendre d'une manière plus approfondie
l'étude numérique de cette réaction, en faisant deux séries d'opérations
aux températures fixes de 0° et 100°.
)) Les dosages ont été -faits par la méthode de Gibbs dont l'emploi est
ici particulièrement commode puisque le liquide contient toujours plus du
double de la quantité d'acide phosphorique nécessaire pour la formation
du phosphate ammoniaco-manganeux.
» Décomposilion par l'eau à 0°. — Différents poids de phosphate monomanganeux
(') Ces recherches ont pu ùire eflecluées au Laboratoire central d'Electricité grâce
à re\lrêine obligeance de MM. Laporte et David, chefs des travaux pratiques.
J'ai à adresser mes sincères remercîmenls à M. le professeur Linde, de l'École
Polytechnique de Municii, qui a bien voulu, pour ces expériences et d'autres d'un
ordre diflerent, faire mettre à ma disposition, à Stoiberg, près Aix-la-Chapelle, l'air
liquide fourni par la belle machine des usines de la Rhénania.
(■-) Travail fait au laboratoire de M. Lemoine, à rÉcoie Polytechnique.
( 4i3 )
ont élé mis en digestion avec un poids donni!' d'eau dans des flacons placés dans une
glacière et agités plusieurs fois par jour. Au bout de plusieurs jours (une douzaine el
davantage), le précipité était recueilli sur un filtre et le liquide filtré analysé. Si l'on
suppose que le manganèse resté dissous est k l'état de phosphate monomanganeux, on
peut diviser par la pensée l'acide phosphorique total e\istant dans la dissolution en
acide combiné et en acide libre, et le rapport 11 de l'acide total à l'acide combiné
pourra servir de mesure à la décomposition plus ou moins considérable effectuée par
l'eau. En appelant /) el p' les poids de P-O' et de MnO contenus dans une quantité
donnée de liqueur, R est donné par
R-4x
IL — l.E
i^ii a p'
n Les résultats sont donnés par le Tableau suivant, dans lequel P représente le
nombre de grammes de phosphnte monobasique réagissant sur loos'' d'eau, MnO et
P-0^ les poids en milligrammes de ces corps contenus dans is'' de liquide et enfin D
la densité de ce liquide.
P.
10
20
100
R.
I ,o6
i,:4
1,19
Mn O.
19.75
33,39
97 - 42
P=0''.
41,90
76,04
9.32 ,o5
,06
,11
,39
)> On voit que la décomposition est d'autant plu- accentuée que la proportion d'eau
est moindre. C'est bien ce qu'avaient observé Erlenme^er et Heinrich et ensuite
M. Jolj-. Aussi, avec un excès d'eau suffisant, le sel monobasique peut se dissoudre
sans décomposition appréciable; c'est ce qui a lien avec jS'' de sel pour igob'' d'eau.
)i Décomposithn par l'eau à 100°. — Pour faire réagir à 100° des poids donnés
d'eau et de phosphate monomanganeux je les ai enfermés dans des tubes scellés placés
horizontalement au fond d'un bain-marie maintenu en ébullition pendant une huitaine
d'heures; les secousses produites par cette ébullition avaient l'avantage d'agiter con-
linuellemenlle contenu du tube scellé. Celui-ci une fois ouvert, on filtrait son contenu
dans un entonnoir cliaufie, et cela le plus rapidement possible, car si la liqueur-acide
se refroidissait au contact du précipité, elle le redissoud.rait peu à peu.
P.
o,.5
2
5
10
20
3o
5o
100
i5o
200
25o
3oo
4oo
R.
,24
,38
,56
.75
,85
,88
,83
>75
,65
,55
,55
,54
,54
,52
MnO.
0,926
1,56
2,65
5,43
9.87
18,00
26,39
4i ,53
70,53
93,52
io6,o4
I i5,42
122,70
•33,77
P=0=.
2,29
4,3o
8,25
19,06
36,55
67,80
96,73
145,27
232,59
290,08
33o, 12
354,25
377,87
405,95
D.
»
I ,oo5
1 ,010
1 ,025
I ,o4
1,08
1,11
1,18
1,32
1 ,42
i,5o
1 ,56
( 4i.1 )
» On voit que, pour des valeurs de P croissanl à partir de o, K croit d'abord rapi-
dement, atteint un maximum vers P = 20 et décroît ensuite lentement pour devenir,
à partir de Pi=i5o, presque constant et égal à |. Le graphique ci-dessous, où l'on a
porté P en abscisse et R — 1 en ordonnée, met bien en évidence ces variations.
» Ainsi, tant que la proportion de sel monobasique ne dépasse pas 20 de
sel pour 100 d'eau, la décomposition par l'eau à 100" est tout à fait ana-
logue à celles que M. Joly {Comptes rendus, i883 et 1884) a observées pour
les phosphates de Ba et de Ca, à celles que j'ai observées pour les mêmes
phosphates à 100° {Comptes rendus, 1898) et aussi à celle du phosphate de
Mn à froid étudiée dans la présente Note : elle va en s'accentuant à me-
sure que la proportion de sel augmente. Pour une concentration plus forte
(au delà de P = 20) les choses se passent d'une façon tout opposée, et la
décomposition devient de moins en moins accentuée à mesure que la pro-
portion de sel augmente, rappelant ainsi, dans une certaine mesure, les
sels de Hg, Sb, Bi étudiés par M. Ditte.
» Les trois déterminations effectuées jadis par Erlenmeyer et Heinrich
ayant porté seulement sur trois concentrations voisines (P = 1, P = 2 et
P =4) l'existence du maximum de R devait forcément leur échapper.
» Quant au sel insoluble qui prend naissance dans l'action de l'eau à
100°, l'analyse montre qu'il est toujours formé de phosphate ditriman-
ganeux. »
( 4.5 )
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur la persistance des conlraclions cardiaques
pendant les phénomènes de régression chez les Tunicicrs. Note de M. Antoine
PizoN, présentée par M. Edmond Perrier.
« J'ai fait connaître récemment la vitalité particulière du cœur de cer-
tains Tuniciers bourgeonnants (Botrylloïdes rubrum) pendant les phéno-
mènes de régression tlont ils sont le siège ('). J'ai montré qu'après la
mort de l'ascidiozoïde, le cœur, au lieu de se désagréger comme les autres
organes, reste absolument intact pendant les trois ou quatre premiers
jours de la dégénérescence et qu'il continue à fonctionner, (;omme pendant
le vivant, jusqu'à ce qu'il ne reste plus de l'individu primitif qu'une toute
petite masse granuleuse de quelques dixièmes de millimètre.
» Cette persistance des contractions cardiaques après la mort de l'asci-
diozoïde n'est pas spéciale au Botrylloïdes rubrum, chez lequel je l'ai con-
statée en premier lieu; elle paraît générale chez les Ascidies composées,
car, dans de nouvelles recherches, je l'ai observée chez la famille des
Distomidés (Distaplia rosea) et chez d'autres représentants de la famille
des Botryllidés (oozoïdes de Botrylloïdes rubrum, oozoïdes et blastozoïdes de
Botryllus Schlosseri et de B. violaceus).
» Voici ce que l'on observe sur les oozoïdes de B. Schlosseri :
» Au bout de trois à quatre jours de fixation, l'ouzoïde entre en régression; ses
orifices se ferment, la brancliie se contracte et ses éléments se dissocient; les autres
organes, intestin, ganglion nerveux, etc., ne lardent pas à subir la même désagréga-
tion et le tout se résout en un amas de globules isolés ou réunis par petits paquets.
» Mais le cœur reste intact au milieu de cette dégénérescence générale et con-
serve son activité fonctionnelle ; on l'aperçoit, au sein de la masse granuleuse, se con-
tractant régulièrement comme sur le vivant, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre.
Les éléments sanguins et les globules provenant de la destruction des organes larvaires
sont chassés, par ses contractions, dans l'appareil circulatoire colonial; ils s'accu-
mulent dans les cavités du jeune bourgeon en voie de développement et surtout dans
les huit ampoules ectodermiques de la périphérie, autour desquelles la production de
la substance tunicière est extrèment active.
» C'est ainsi que la masse de l'oozoïde va en diminuant progressivement, tandis
que le bourgeon s'accroît de son côté. Au bout du troisième jour, la régression est
déjà considérablement avancée et il ne reste guère de l'ancien ascidiozoïde qu'un
(') A. PizoN, Éludes biologiques sur les Tuniciers coloniaujc Jixés {Bull, des Se.
nat. de l'Ouest, 3i mars 1899).
( 4i6 )
petit amas granuleux, dont le volume dépasse à peine celui d'une des ampoules san-
guines de la périphérie.
» Le cœur, qui avait continué à battre j'égtillèrement jusque-là. commence
seulement à se ralentir lorsque l'oozoïde a atteint une telle réduction ; ses mouvements
s'espacent de plus en plus; c'est ordinairement vers la fin de ce troisième jour qu'il
finit par s'arrêter complètement et qu'il se désagrège à son tour.
» D'autre part, le cœur est aussi le premier organe qui entre en fonc-
tion : au moment où l'oozoïde entre en régression, son bourgeon est encore
très rudimentaire et atteint à peine le cinquième de la taille adulte; il
n'en est pas moins vrai que très peu de temps après (vingt-quatre heures
environ) son cœur se met à battre, associant ses contractions rythmiques à
celles de l'oozoïde; ce n'est que deux ou trois jours plus tard qu'il
ouvre ses orifices à l'extérieur et que ses autres organes commencent à
fonctionner.
» La durée de la phase adulte de ce second individu est à peu près
celle de l'oozoïde et n'excède pas de quatre à cinq jours, après quoi il
éprouve une régression aussi rapide; seul, le cœur persiste encore pendant
trois ou quatre jours, jusqu'à ce que la plus grande partie des globules
d'oriffine régressive soient chassés dans le svstème vasculaire colonial.
» Chez tous les individus qui vont se développer ultérieurement dans la
colonie, par voie de bourgeonnement continu, on retrouve la même pré-
cocité des contractions cardiaques et leur persistance après la mort.
» J'ai observé les mêmes faits chez les larves de Botrylloides ruhrnm
ainsi que chez les larves et les colonies âgées de Bolryllus riolaceus.
» On pourrait croire que la vitalité particulière du cœur chez les Botryl-
lidés est liée à l'existence, chez ces animaux, d'un réseau vasculaire colo-
nial, par lequel les cléments en dégénérescence sont distribués chez les
individus survivants. Mais je l'ai observée aussi chez les Lislaplia rosea, qui
appartiennent à une famille très différente d'Ascidies composées (famille
des Distomidés) et dont les individus vivent associés en petites cœnobies,
sans jamais être en relation les uns avec les autres par des tubes vascu-
laires. Après la mort, alors que les différents organes sont dissociés et ré-
duits à une masse de globules, on voit encore, au sein de cette dernière, le
cœur continuer à battre jusqu'au moment oii tous ces éléments dissociés
émigrent dans la tunique, isolément ou par petits paquets semblables à des
morulas.
» Par les exemples que je viens de citer et qui sont fournis par deux fa-
milles très différentes d'Ascidies composées, on peut penser que la persi-
(4i7)
slance des conlractions cardiaques pendant les phénomènes régressifs est
un fait général chez les Tuniciers bourgeonnants, rappelant celle que
présentent les Insectes pendant leurs niétanicirphoses; il est très vrai-
semblable, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer ('), qu'une telle vitalité
n'est pas autre chose qu'un réflexe provoqué par les globules eux-mêmes,
et comparable à celui que les physiologistes déterminent sur un cœur isolé
de grenouille, en y faisant passer un courant sanguin. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la température et ses variations dans l'atmo-
sphère libre, d'après les observations de quatre-vingt-dix ballons-sondes.
Note de IM. L. Teisserenc de Bort, présentée par M. E. Mascart.
« La connaissance de la distribution de la température dans la ver-
ticale aux diverses époques de l'année et suivant les circonstances mé-
téorologiques différentes est un élément capital pour la Piiysique du
globe et la Météorologie.
» Jusqu'ici les données que nous possédons sur la température dans
l'atmosphère libre sont très limitées, à cause du petit nombre d'ascensions
scientifiques de ballons montés qui aient été fuites à grande hauteur, et
aussi parce que ces ascensions ne peuvent guère avoir lieu par mauvais
temps, en sorte que tout un ordre de situations atmospliériques inté-
ressantes échappe à nos investigations.
» L'emploi de ballous-somles, inauguré en iSg^ par les aéronautes
français, permet, au contraire, de procéder à des explorations répétées de
l'air en toute circonstance.
1) A l'étude des couches basses de l'atmosphère par les cerfs-volants,
poursuivie déj;i, depuis deux ans, à l'observatoire de Météorologie dyna-
mique, nous avons joint des explorations méthodiques par ballons-sondes
pour les hautes régions.
» Après quelques essais préliminaires, nos lancés utiles ont commencé
à Trappes en avril 1898 et ont été exécutés à diverses reprises chaque
mois depuis cette époque, les ascensions étant 1res rapprochées à certains
moments, pour suivre les modifications qui se produisent dans l'atmo*
sphère. Nous avons pu ainsi recueillir un ensemble de documents scienti-
fiques qui est, sans doute, de beaucoup le plus important de ceux que
( ' ) Loc. cit.
( 4iH )
l'on possède sur ces questions, car il repose sur plus de cent ascensions
de ballons-sondes, dont sept ont dépassé i4ooo™, vingt-quatre i3ooo™,
cinquante-trois ont atteint la hauteur de 9000™.
» La valeur des documents rapportés par les enregistreurs dépendant
avant tout des précautions prises pour en assurer l'exactitude, nous avons
mis tous nos soins, ainsi que je l'ai indiqué à l'Académie dans ma Note du
II juillet 1898, à bien protéger le thermomètre de toutes les causes d'er-
reur. Diverses améliorations ont été apportées à notre matériel, mais les
instruments qui nous ont servi dans nos premières ascensions ont été
tout récemment encore utilisés concurremment avec ceux qui ont été con-
struits depuis et donnent des résultats comparables. La série des observa-
lions est donc homogène dans son ensemble.
» Le dépouillement des courbes rapportées par les ballons-sondes per-
met de dresser le graphique ci-après qui, pour la première fois, donne une
idée de la température et de ses variations au cours d'une année dans
l'atmosphère libre jusqu'à l'altitude de 1 1 000™. Afin de ne pas compliquer
ce graphique, nous nous sommes bornés à y figurer l'altitude à laquelle
les ballons ont rencontré quelques températures caractéristiques : 0°,
— 25°, —40°, — So".
» Il se dégage, de la discussion de l'ensemble des documents, les faits
généraux suivants :
» ï° La température à diverses hauteurs présente, dans le cours de l'année,
des variations importantes et bien plus considérables qu'on ne l'a admis d'après
les anciennes observations faites en ballon.
)) La température 0° se trouve à des hauteurs très différentes, ce qu'ex-
pliquent bien les variations de température du sol qui lui-même atteint
souvent celte température en hiver, tandis qu'il s'échauffe fortement en été.
Ainsi l'isotherme de o" qui à certains moments est au sol, ou n'existe pas
du tout dans l'atmosphère (dans le cas de températures négatives en bas)
s'en éloigne à d'autres et dans la saison chaude peut être rencontré au-
dessus de 4000"'.
)) L'isotherme de — aS", qui reste ordinairement éloigné du sol, est sujet
aussi îi de grandes variations de hauteur. On le Irouve vers 3ooo'" en hiver
et au-dessus de 7000™ en été. En septembre nous l'avons même rencontré
à plus de 8000™; soit une variation d'altitude dans le cours de seize mois
d'observations de 5ooo™ (et vraisemblablement nous n'avons pas observé
les extrêmes).
» L'isotherme de — 40" s'est abaissé plusieurs fois vers Gooo™ et se
( 4'9 )
Irouve ordinairement vers 9000™, dépassant même cette altitude, surtout
vers la fin de l'été.
» La température de — So" n'a jamais été rencontrée bien au-dessous
de 8000™; sa plus grande hauteur a été constatée en septembre 1898 et
en juillet 1899, à 12000™. Elle varie donc au moins de 4000"".
» On voit que, même à cette altitude où l'on a dépassé les deux tiers de
la masse de l'atmosphère, les variations dans la température sont encore
très étendues.
" 1° Il semble d'après ces observations quil y ait, même jusque vers
10000"", une tendance assez marquée à une variation annuelle de la tem-
pérature, le maximum thermique ayant lieu vers la fin de Celé, le mini-
mum à la fin de l'hiver; mais ce phénomène est troublé par les variations
d'un jour à l'autre se rapportant aux changements de situation atmosphé-
rique, variations qui sont très marquées. C'est ainsi que, dans une même
saison, on trouve par exemple l'isotherme — f\o° à Sooo"" le i4 mars 1899
et à 6600™ le 24.
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Diagramme représentant la hauteur à laquelle on a rencontré à diverses dates les isotliormes de o,
— 25, —40, — 5o. En bas sont indiquées les températures prises au sol au départ du ballon. Les
isothermes de — 4o et — 5o manquent dans certaines ascensions, les ballons ne s'étant pas élevés
assez haut pour les rencontrer.
56
G. R., iS
Semestre. (T. CXXIX, N» 8.)
( 420 )
» Si l'on calcule la variabilité delà température à diverses hauteurs, en
déterminant les écarts positifs ou négatifs des températures de chaque
ascension à la moyenne générale pour cette altitude, on voit que, dès
qu'on s'est un peu éloigné du sol, les écarts ne diffèrent pas beaucouj)
avec l'altitude jusqu'à gooo"".
» Le Tableau ci-dessous donne les écartsmoyens de deux groupes de tem-
pératures à peu près d'égale importance, comprenant en tout les résultats
de 80 ascensions; il montre (contrairement à ce qu'on a admis jusqu'ici)
qu'il n'y a pas d'atténuation rapide de la variabilité thermique avec la
hauteur. Il est d'ailleurs probable que la répartition des écarts dans la
verticale varie avec le type du temps
Allitude
au sol.
m
171
1000
2000
3ooo
/Jooo
5ooo
6000
7000
8000
9000
Écarts moyens.
(a).
(6).
5,36
5,75
5,48
5, .4
5,54
5,74
5>97
6,3o
6,17
6,56
5,91
6,82
6,53
6,63
6,81
6, i5
6,45
5,76
6,61
4,81
Moyenne des deux séries
en tenant compte des poids.
5,53
5,20
5,63
6, n
6,36
6,34
6,59
6,45
6,o5
5,55
(a) Ballons lancés d'avril 1898 au milieu de février 1899.
{b) Ballons de février à juillet 1899.
)) La décroissance de température dans la verticale varie sensiblement
d'un jour à l'autre, et ces variations, comme celles des températures elles-
mêmes, sont liées aux diverses situations atmosphériques.
» Nous nous proposons d'examiner ces relations dans une autre Note. »
La séance est levée à 3 heures et demie.
M. B.
( 421 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 21 août 1899.
Comité international des Poids et Mesures. Procès-Verhaux des séances
de 1899. P;iris, Gauthier-Villars, 1899; i vol. in-B".
Recherches sur la Météorologie et les Météorologistes à Montpellier, du
xviu* siècle jusqu à nos jours, par Edouard Roche, retrouvées dans ses pa-
piers et publiées par son frère. {^Académie des Sciences et Lettres de Mont-
pellier. Mémoires delà Section des Sciences, 1^ série, t. II, n° 5.^ Montpellier,
Delord-Boehm et Martial, 1898; i vo\. in-8°.
Plantes médicinales et toxiques du département de l' Hérault, par le D*" Louis
Planchon. {Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Mémoires de In
Section de Médecine, 2* série, t. I, n° 3.) Montpellier, Delord-Boehm et
Martial, 1899; i vol. in-8°.
Paralysie générale : Étiologie, pathogénie, traitement, par le D' Mairet
et le D'' Vires. (Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Mémoires de
la Section de Médecine, 2° série, t. I, n" 2.) Montpellier, Delord-Boehm et
Martial, 1898; i vol. in-8°.
Vie physique de notre planète devant les lumières de la Science contempo-
raine, par A. Klossovsky. Odessa, 1899; i fasc. in-8°.
Ueber die Zeitbestimmung im Verticale des Polsternes, von Paul Harzer.
(Publication der Stermvarte in Kiel, t. X, herausgeg. von P. Harzer, Direc-
tor àer Sternwarte.) Leipzig, Breitkopf u. Hàrtel, 1899; i fasc. in-4°-
(Hommage de l'Auteur.)
Astronomische Mittheilungen, gegrundet von D*' Rudolf Wolf, n" XC,
herausgeg. von A. Wolfer. {Separatahd. aus der Vierteljahrsschrift der na-
turforschenden Gesellschaft in Zurich, Jahrgang XLIV, 1899.) i fasc. in-8°.
Methods of determining the frequency of alternating carrent s, by Carl
KiNSLEY. (Jàe}pr[n\ei\ irom The electrician, Jnne 16, 1899.) i fasc. in-12.
The anatomy and physiology oj the mouthparts of the Collemholan, Orche-
sella Cincta L., by Justus Watson Folsom. (Bul. of the Muséum of com-
parative zoôlogy at Earward Collège, vol. XXXV, n° 2.) i fasc. in-8°.
(With the com[)liraents of Alexander Agassiz.)
Estudio sobre San Salvador desde et punlo de vista medico, por Isidor B.
Juarez. San Salvador, 1899; i fasc. in-8'\
( 422 )
Keine Hungerkalastrophen , keine Eungerlyphus. . . . auf dem Erdball
mehrl .... Ein Appellan aile Staalsgewalten der gesammlen cwilisirlen Welt,
die beim Welt-Friedenscongress verlrelen sein verden, von Coelestin Zydli-
KiEwicz. Kolomea, M. Biloiis, 1899; i fasc. in-12.
Money's worlh orthe anthmetic ofthe mechanism ofthe world's présent in-
terchanges ofsevenmonctary and currencyintermediaries bv John Henry
Norman. G.-P. Putnam's sons, New York, 1899; ' f^^c. in-12.
Geological Survey of Canada. Contributions to Canadian palœontology.
Vol. I, by J.-F. Whiteayes, part. Y, 7 : On some additional or imperfectly
understood fossils from the Hamilton formation of Ontario, with a revised list
of the species therefrorn. Ottawa, S.-E. Dawson, 1885-98; i fasc. in-8°.
ERRATA.
» (Séance du 7 août 1899. i
Note de M. Gabriel Bertrand, Sur quelques propriétés de la dioxv-
acétone, etc. :
Page 3:j2, ligne 3, ou lieu de 70°, lisez 80°.
Page 344. ligne 19, du lieu de 96-97, lisez 108.
i
(Séance du \\ août 1899.)
Note de MM. Rerthelot et Delépine, Recherches sur les dérivés métalliques
de l'acétylène :
Page 363, ligne i4, au lieu de une trace d'argentacétyle, lisez une trace d'azotate
d'argentacétjle.
Page 374, ligne-4 en remontant, au lieu de calculé 5,77, lisez calculé 6,77.
Page 379, ligne 8, au lieu de un atome d'azote fixé, lisez un demi-atome d'azote
fixé.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
Jepuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux Toluraes in-i- Deux
les, lune par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
lart du I janvier.
Le prix de Vabonnement est fixé ainsi qu'il suit :
■ Paris : JO fr. - Départements : 30 fr. - Union postale : 3i fr. - Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
chez Messieurs :
i Ferryn frères.
I Chaix.
r ' Jourdaa.
( Ruff.
<ns Courtin-Hecquet.
( Germain et Grassin
( Lachèse.
nne ... Jérôme.
içon Jacquard. _
, Feret.
!aux Laurens.
I Muller (G.).
fes Renaud.
Derrien.
F. Robert,
i J. Robert.
' Uzel frères.
Jouan.
àerr Perrin.
) Henry.
f Marguerie.
( Juliot.
( Ribou-Collay.
. Lamarche.
Rate).
' Rey.
I Lauverjat.
( Degez.
bU jDrevet.
' Gratier et G'*.
chelle Foucher.
( Bourdignon.
( Dombre.
) Tliorez.
( Quarré.
Lorient.
Lyon.
ourg. . .
.ont-Ferr. . .
chez Messieurs :
1 Baumal.
' M"' Texier.
Bernoux et Cumin
Georg.
Côte.
Savy.
Vitte.
Marseille Ruât.
Ht . !?■ t Calas.
Montpellier '
^ ' Coulet.
Moulins Martial Place.
I Jacques.
Nancy Grosjean-Maupin.
( Sidot frères.
( Loiseau.
! Veloppé.
) Barma.
/ Visconti et G'*.
IS'imes Thibaud.
Orléans Luzeray.
„ ., . 1 Blanchier.
Poitiers ! .
( Marche.
Bennes Plihon et Hervé.
Bocheforl Girard ( M"" ).
_ , Langlois.
Houen ".
[ Lestringant.
S'-Etienne Chevalier.
\ Ponleil-Burles.
( Kumébe.
1 Gimet.
I Privât.
iBoisselier.
Péricat.
Suppligeon.
Valenciennes *
( Lemaitre.
Nantes
Nice. . . .
Toulon .
Toulouse.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Berlin.
Buckarest.
chez Messieurs :
j Feikema Caarelsen
' et Ci".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et C".
Dames.
Friedlander et fils.
1 Mayer et Muller.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanichelli.
I Lamertin.
Bruxelles ! MayolezetAudiarte.
( Lebègue et C'".
( Sotcheck et C°.
I Stovck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BelletC".
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
iCherbuliez.
Georg.
Stapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
I Benda.
■ I Payot.
,' Barth.
I Brockhaus.
Leipzig < Lorentz.
Max Riibe.
Twietmeyer.
\ Desoer.
I Gnusé.
Londres
Luxembourg .
Madrid
Milan ....
Moscou. . . .
Naples . . . .
New- York.
Lausanne.
Liège.
Odessa
Oxford
Palerme
Porto
Prague
Bio-Janeiro .
Borne .
Botterdam .
Stockholm..
S'-Petersbourg . .
Turin.
Varsovie.
Vérone . . .
Vienne .
ZUrich .
chez .Messieurs :
I Dulau.
1 Hachette et C'v
'Nutt.
V. Buck.
Libr. Gutenberg.
Romo y Fusse).
I Gonzalès e hijos.
( F. Fé.
( Bocca frères.
( Hœpfi.
Tastevin.
( Marghieri di Gius.
( Pellerano.
( Dyrsen et Pfeiffer.
j Stechert.
' LenickeelBuechner
Rousseau.
Parker et C"
Clausen.
Magalhaès et Moiiiz.
Rivnac.
Garnier.
Bocca frères.
Loescheret C".
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Samson et Wallin
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Bocca frères.
Brero.
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âBLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; 1853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61. — ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865. ) Volume ia-4°; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (1" Janvier 1866 à3i Décembre iSSu.) Volume in-4"; 1889. P'ix 15 fr.
IPPLÉMENT A0X COMPTES RENDUS DES SÈi^gp,? DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. OerbES et A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
î,par M.Han»en.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénoménesdigeslifs, particulièrement daos la digestion des matières
par M. Claude Bermard. Volume in-4'', avec 32 planches; i856 15 fr.
II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas Bekeden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
Jires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
ipports qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronk. 10-4°, avec 27 planches; 1861.. .■ 15 fr.
Bâme Librairie les Hémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
K 8.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 21 août 1899.)
aiÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBKES ET DES CORRESPONDANTS DE LACADËMIE.
Pages.
M le Secrétaire perpétuel anoonce à
l'Académie la mort de M. Franhlaïul
(Edwards) el de M. Bunsen (RoOert-
Pages.
iri7/îe/nî-£"''e'-/iarrf),Associésétrangers,et
rappelle en quelque? mots les découvertes
faites par ces deux illustres cliimistes ioj
CORRESPONDANCE
M. Cu. André. — Sur la cause des trainces
lumioeuses persistantes qui accompagnent
certaines étoiles filantes
M. E.-O. LoVETT. - Sur un groupe conlinu
infini de transformations de contact entre
les droites et les sphères
M. Geo-K. Burgess. — Méthode pour dé-
terminer la constante newtonienne
M. Georges Claude. — Sur les propriétés
magnétiques du fer aux basses tempéra-
tures
bclletis bibliographique
Errata
!^o..
4o5
^0%
• I
409
M. Georges Viard. — Décomposition du
phosphate ninnomanganeux par l'eau à o"
et à loo" • • •
M. Antoine Pizon. — Sur la persistance des
contractions cardiaques pendant les phé-
nomènes de régression chez les Tuniciers.
M. L. Teisserexc de Bort. — Sur la tem-
pérature et ses variations dans l'atmo-
sphère libre, d'après les observations de
quatre-vingt-dix ballons sondes
\ii
'|i.i
4'ii
PARIS. - IMPKIMEKIE G AUTHIER-Vl LL A RS ,
Quai des Graods-Augustins, 55
Le Gérant ; («althibr-Villabs.
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR mn. IaKS secrétaires perpétijeiiS.
TOME CXXIX.
N° 9(28 Août 1899).
»-€M&€)^
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 2.5 JUIN 1862 ET p4 MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l' Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou oar un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus pu communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de Sa pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les i'rogrnmmes des prix proposés par l'Acadc
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les ]
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savan
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persoi
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'i
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requis
Membre qui fait la présentation est toujours nom
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ex
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être ren
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tan
jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à ten
le titre seul du Mémoire estinséré dans le Compte re
actuel, et l'extrait est renvové au Compte rendu
vant et mis à la fm du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapport
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
un Rapport sur la situation des Comptes rendus ap
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution duf
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mcnioires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avar.tS''. Autrement la présentation sera remise à la séance suiva
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 28 AOUT 1899,
PRÉSIDÉE PAR M. Michel LÉVV.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET] DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE. — Sur une forme générale des équations delà Dynamique.
Note de M. P. Appell.
« Je demande à l'Académie la permission de revenir sur la forme nou-
velle des équations de la Dynamique que j'ai exposée, sur un cas simple,
dans la séance du 7 août dernier. L'avantage de cette forme est de per-
mettre d'employer des paramètres qui ne sont pas de véritables coor-
données, mais qui sont liés aux coordonnées par des relations différen-
tielles non intégrables.
» Imaginons un système de points matériels, assujetti à des liaisons telles
que le déplacement virtuel le plus général, compatiljle avec les liaisons,-
soit défini comme il suit. Désignons par ,r, y, z les coordonnées absoUies
C R., 189(1 ■!• Semestre (T. CXXIX, N» 9.) ^1
( 424 )
d'un point quelconque du système : le déplacement virtuel lie ce pointa
pour projections
I Zx = rtfSy, + a.^^q^ -4- . . . -t- a,itq„,
(i) Zy =- h^tq, -,- b.^lq, ; ... - h^hj,,.
\ Iz ^ r, 09, + c.,lci.^ -\- ... -r- c,^lq,„
où Zq^, tq.,, . . ., ^qn sont arbitraires : dans ces formules, les coefficients «,,
«o, ...,c„ peuvent dépendre du temps /, des paramètres ^,, r/j, ...,q„ et
d'autres paramètres qn+i< </n+.i> ■ ■ ■> ^n+p do"'^ l^s variations sont liées à
celles de y,, q.,, . • ., y„ par des rélalions de la forme
[ §?«+) = «i Sy. -1- «2 S^, -H . . . + «„ Sy„.
j ; '
les coefficients a,, a., ..., ),„ dépendant également de t et de l'ensemble
des paramètres q^, q., . ■ -, y„, q„+,, ■ ■ -, qa+p- Dans ces conditions, le dé-
placement réel du système pendant le temps dt est défini par des relations
de la forme
: dx = fl, f/(/, + a., dq., -(-... H a„ f/^^ + a (/f,
( o) - f/v = 6, dq^ + />. dq.^+ . . — b„ dq„ + è c/^,
( dz = f, Jy, 4- f.j ^/^.j -1- . ■ -I- c„ f/y„ + c dt.
avec
(4)
dq„^^ = ot, </^, -I- 0,2 dq., -1- . . . + a„ (/y„ 4- oc. dt,
dcjn^i = Pi «^9, + Pj (i(l2 + ■■■^ P« f^/« -i- P dt,
1
dqn^P = ■^M f''?! + >^o f/^o -I- . . . -h \i c/y„ -^Idi,
où les coefficients a, 6,c, a, p, ...,\ peuvent dépendre de t,q,, q., ..., q„^p.
» On peut alors obtenir les équations du mouvement comme il suit
Prenons, d'une part, la somme des travaux virtuels des forces appliquées
et mettons-la sous la forme
2(X 8a; -+- Y ly 4- Z Sr-) = Q, %, -^ Q.^^r., + . . . 4- Q„^,.
Formons, d'autre part, la fonction
S = \,lmi-
( 4'-i5 )
égale à la demi-somme des produits de la masse de chaque point par le
carré de son accélération; cette fonction contient les paramètres q^,
</.,, .... Çn^py leurs dérivées premières q\, q'.,, ..., q'„^p et leurs dérivées
deuxièmes q\, q'.,, .... q"„+py les relations ( 'i ) divisées par dl donnent
9«.P y„+2' • • •> '7«+/, en fonction linéaire de q\. ^l q'„, et, en les déri-
vant par rapport au temps, on obtient de même q,,^,, q,n... 7,,+/, en
fonction linéaire de q\, q", q"„; on peut donc toujours laire en sorte
que la fonction S ne contienne plus d'autres dérivées deuxièmes que q\,
n\ 7«-
» Ola posé, les équations du mouvement sont
c'est ce qu'on démontre comme dans la Note précédente.
» Exemple. — Cette méthode s'applique aisément aux problèmes de
roulement; je me bornerai à en donner aujourd'hui un exemple tout à
fait élémentaire, en montrant comment elle permet de retrouver, d'une
façon symétrique, les équations d'Euler pour le mouvement d'un solide
autour d'un point fixe. Imaginons un solide mobile autour d'un point
fixe O, et soient Oac, Oy, Oz trois axes rectangulaires entraînés parle
corps et coïncidant avec les axes principaux d'inertie relatifs au point O.
I^a position du corps est définie par les trois angles d'Euler 9, o, 'i/ que
font les axes O.r, y, z avec des axes fixes; les composantes de la rotation
instantanée /;, </, r suivant les axes mobiles sont
rfi . ,^ . f/f)
p = -^ smiJ sMif -h -7- coso,
d'b . , d') .
(I z= —^ sinf)cos« — -r smo,
' Ht ' dl
,.= _cosO 4--.
» Pour obtenir un déplacement virtuel compatible avec les liaisons, il
suffit de faire varier 0, <p, i^ de Î59, Sep, %^. Introduisons alors trois para-
mètres \, ;j., V dont les variations sont liées à celles de 9, o, i]/ par les rela-
tions
.§> := sin9 sinç Vj -(- cos(pS9,
Sa = sin9coS(p S'J; — sinçSG,
Sv = cos9 Si H- t"J.
f
( 426 )
» On pourrait inversement résoudre ces équations par rapport à SO, So,
8({i et regarder ^1, Bjj., !5v comme arbitraires. C'est ce que nous allons faire :
alors >., y-, V joueront le rôle de q,, q.^, . . ., (j„ et H, o, i celui de^„+,,
q„+2, .... Çn-^p. Avec ce choix de paramètres, on a
dl
P-= Tt-'-'
dix
, dq
'l = di
'"^dt
dr
» Si Ion imprime au système un déplacement virtuel compatible avec
les liaisons, on a, pour la somme des travaux des forces appliquées,
où L, M, N sont les sommes des moments des forces par rapport aux
axes 0.r, Ov, Oz; cela tient à ce que S>., Sy., Sv sont les rotations élémen-
taires autour des trois axes.
» D'autre part, la vitesse V d'une molécule r. v, z a pour [)rojections
et son accélération
Y,, r^qz -^ ry.
•'•^=^+y^^^-'%-- •
dt
d'oii
J.r -=' '■(/ ~y' + (j(.Pr - gjp) - r(r.r —pz), . . .
» La fonction
S-i:Sm(J^ + J; + J;)
est alors donnée par la formule
2S — A/y- -4- Br/'- — Cl- -^- 2(C — V,)qrf) ~ i>(A — C)rpq'
-2(B-A>.//--...
où A, B, C sont les moments principaux d'inertie et où nous n'écrivons pas
les termes ne contenant pasp', q' , r . Il faudrait maintenant remplacer^, q, r
par leurs expressions en 0, o, i, 0', 9', i' ou (i, ç, ^, V, ;/, v' et p' , q' , /■'
par V, tj.", v". Les équations du mouvement sont alors
^ - f ^ ~ M -^^ - \
( 4^7 )
ou encore, puisque 1" —■ p' , <j-" = 7'. v" = r ,
dp- -'^' dq' '^'' d/-'
Ce sont les équations d'Euler.
» Les applications à d'autres problèmes du même genre se trouvent
facilitées par ce fait que la fonction S est calculée, une fois |)our toutes,
pour un corps solide mobile autour d'un point fixe.
» Pour un corps solide libre et, en général , pour un système quelconque,
le calcul de S se simplifie, si l'on remarque que l'on peut appliquer à cette
fonction un théorème analogue à celui de Rœnig pour la force vive totale
d'un système.
» Je me propose de développer prochainement cette méthode dans un
Mémoire détadlé. »
MÉCANIQUE CHIMIQUE. — Sur la vitesse (le détonation de l' acétylène ;
par MM. Bekthelot et Le Chatelier.
« Nous avons étudié la vitesse de propagation de la détonation de l'acé-
tylène pur sous difi'érentes pressions, et dans des conditions diverses :
cette étude est intéressante, à la fois au point de vue de la théorie de la
propagation des réactions physico-chimiques dans les gaz, et au point de
vue des règles de l'emploi de ce gaz pour l'éclairage. Les expériences ont
été exécutées au printemps 1898. Indiquons d'abord les procédés expéri-
mentaux.
» L'acétylène était contenu dans des tubes de verre horizontaux, longs
(le i"", d'un diamètre intérieur compris entre 2""" et G"'", et d'une épais-
seur comparable à ce diamètre. L'une des extrémités est close, l'autre
rodée et ajustée» l'aide d'un joint en caoutchouc comprimé avec une pièce
de fer, permettant l'introduction du gaz au sein du tube vidé à l'avance par
un jeu de trompe. Le gaz était introduit sous diverses pressions, qui ont
varié de 5'^s à 36''« (ou atmosphères) : le g;iz contenait, d'après analyse,
98 pour 100 d'acétylène.
» L'allumage se faisait électriquement dans la pièce de fer, à l'aide d'une
amorce de fulminate, ou de poudre chloralée (sulfure d'antimoine et gra-
phite), pesant en général de i à 4 centigrammes. Les amorces plus fortes
( 4--8 )
doivent être évitées, parce qu'elles sont susceptibles de donner lieu à des
mouvements ondulatoires violents, attribuables à l'action impulsive de
l'amorce et non à la détonation même, mouvements dont la vitesse est
souvent beaucoup plus considérable que celle de la propagation de la dé-
tonation véritable.
» Dans un certain nombre d'expériences, afin d'éliminer l'influence de
la période initiale de propagation, on a faitprécéder le tube de verre d'un
tube de fer long de i™,5o, à l'entrée duquel on déterminait Tallumage.
» L'enregistrement des phénomènes avait lieu par la méthode photo-
graphique, qui permet d'en suivre exactement toutes les phases, du moins
tant que les gaz enflammés demeurent lumineux.
» Vis-à-vis du tube de verre horizontal, à une distance de 8'° environ,
était disposé un appareil photographique. La plaque et sa lentille étaient
fixées sur un cadre vertical à coulisses, le long duquel elle tombait, à l'in-
stant même de l'allumage électrique de l'amorce, La vitesse de chute était
de 8™,3o par seconde, enregistrée sur la plaque même. L'image de la
flamme qui parcourt le tube s'enregistre ainsi sur la plaque, sous la forme
d'une ligne plus ou moins courbe. L'inclinaison de la tangente (empirique)
à cette courbe, en un point donné, permet de calculer la vitesse de propa-
gation de l'explosion en ce point. Dans le cas d'une vitesse uniforme, on
obtient une ligne droite, plus ou moins inclinée sur l'axe horizontal. Les
clichés ont été agrandis, dans la proportion de i à 3, de telle sorte que
l'échelle des temps était de aS""™ pour un millième de seconde.
» Ce procédé enregistre non seulement la propagation de la flamme,
mais aussi certains mouvements ondulatoires de retour, à partir de l'extré-
mité opposée à celle où a lieu l'inflammation : du moins toutes les fois que
le tube n'est pas brisé et jusqu'à l'instant où les gaz refroidis cessent d'être
lumineux.
» Dans tous les cas où le tube est brisé au cours de l'explosion, sa frac-
ture, ou plutôt sa pulvérisation, explosive se propage en sens inverse et
revient à l'origine du tube de verre, le phénomène étant enregistré fidèle-
ment ainsi que sa vitesse relative.
» A ce moment, d'ailleurs, le carbone préalablement mis à nu dans le
tube brûle au contact de l'air, en donnant lieu à des colonnes incandes-
centes qui parlent du tube éclaté.
» La combustion de ce carbone est beaucoup plus lumineuse que la
détonation de l'acétvlène, celle-ci fournissant bien moins de lumière que
( t^l) )
la combustion d'au mélange gazeux qui ne dégage pas plus de chaleur : ce
qui s'explique, si l'on observe que le carbone précipité, lors de la détona-
lion de l'acétylène, arrête la lumière provenant des couches centrales. La
couche refroidie au contact des parois du tube concourt seule à la lumière
aperçue du dehors.
)) Comme contre-épreuve, nous avons cru utile d'exécuter d'abord
quelques essais avec des mélanges d'acétylène et d'oxygène, afin de véri-
fier les caractères de l'image produite par l'onde explosive. Cette onde,
comme on le sait, ne s'établit régulièrement qu'à partir d'une certaine
distance de l'origine de l'inflammation. Au delà on doit obtenir, et l'on
obtient, en effet, comme nous l'avons vérifié, une droite régulière, c'est-
à-dire une vitesse de propagation uniforme.
» Ce point une fois bien vérifié, nous avons étudié la détonation de l'acé-
tylène pur sous différentes pressions. Dans tous les cas, nous avons observé
une vitesse croissant au fur et à mesure de la propagation de la flamme.
La rupture du tube survient en général avant que l'on ait obtenu une
période de vitesse tout à fait uniforme. Toutefois, la progression des
vitesses suit des marches bien différentes, même avec un gaz également
comprimé et un mode d'inflammation en apparence semblable ; cette
diversité paraît dépendre de ce qui se passe'au voisinage de la région ini-
tiale d'inflammation, c'est-à-dire de la mise en train de la détonation.
Elle est comprise entre deux limites, que nous allons d'abord décrire.
» Dans le plus grand nombre des cas, la courbe prend presque aussitôt
une marche asymptotique ou, plus exactement, sa tangente, au bout d'un
trajet fort court, diffère peu de la valeur qu'elle a acquise vers la fin du
trajet; en somme, celui-ci tend à être presque rectiligne. Ce sont évidem-
ment les meilleures déterminations. Seulement, au point final, au moment
de la rupture des tubes, la valeur de la tangente devient parfois beau-
coup plus forte. Mais la valeur obtenue à ce moment ne peut plus être
regardée comme régulière.
» En effet, la vitesse du gaz comprimé, qui s'échappe alors, sous la
pression atmosphérique, du tube brisé, s'ajoute dans une certaine mesure
à celle de la propagation de la flamme enregistrée ; en même temps, la
combustion immédiate de ce gaz au contact de l'air développe une lumière
plus éclatante, qui masque en partie la fin du premier phénomène.
» Citons, par exemple, l'expérience (N) :
» Diamètre intérieur du tube, 3"""; épaisseur, 3""™, 5; pression initiale
( 4jc) )
(le l'acétylène dans ce lube, 2V^«; détonation provoquée par une amorce
de poudre chloratée pesant o^', 04. La vitesse de la lumière de détonation
a varié assez rapidement pendant le premier cinquième du parcours. Au
delà, entre ce point et le voisinage de la rupture, la vitesse a présenté
une valeur movenne de i^jo" par seconde. Mais, dans les derniers cen-
timètres qui précèdent immédiatement la rupture, la tangente à la courbe
enregistrée semblait répondre à 2160'", la flamme extérieure résultant de
l'écbappement du gaz au lieu d'éclatement masquant en partie la lumière
intérieure; il est clair que cette dernière valeur est incertaine.
» Dans des cas assez multiples les variations ont été beaucoup plus
prononcées pendant tout le cours de la détonation. Ainsi dans l'expé-
rience (II), exécutée dans un tube de diamètre intérieur égal à 4™".
rempli d'acétylène sous une pression de i5'"«, la courbe s'élève d'abord
presque verticament, puis un peu inclinée : de telle sorte qu'entre les lon-
gueurs o™,io et o'",4o la vitesse moyenne est seulement de 64" ; elle croit
rapidement. Entre o™,8o et i", la vitesse moyenne atteint 1320™. Le tube
a éclaté seulement après qu'il avait été entièrement parcouru par la
flamme. Son cclalement s'est propagé en arrière avec une vitesse à peu
près uniforme de 1200'" par seconde.
)i Citons encore l'expérience suivante, exécutée avec un tube de dia-
mètre égal à 4'"™» rempli d'acétylène sous une pression initiale de 21^^.
Pendant les trois premiers quarts du trajet, la vitesse moyenne estimée à
o^.aS de l'origine était 182". A o",5o, elle a atteint lôgS". Mais le tube a
éclaté vers ce point. La détonation ne s'est pas propagée en avant dans le
tube au delà de l'éclatement; tandis que l'explosion du tube s'est propagée
en arriére avec une vitesse de i5oo™ par seconde.
» L'expérience suivante (C) a donné une variation plus lente (ao''^)
De 0,10 à 0,20 . . 587
O , 20 à o , 5o I 02 I
o,5oào,65 i5i8
» Au delà l'image de la flamme est en partie masquée par l'éclatement
du tube.
» Voici la liste des expériences réalisées. Ou donnera seulement la
Taleur de la vitesse à peu près régulière de détonation dans la dernière
région, à quelque distance du point de rupture :
( 43i )
Pression
initiale.
(L)
(P) 'o
(M) 10
(1) lo
(K) >o
(U).. .. 10
(G) .2
(H). ... ,4
(II).... .5
(A,).... .7
(T) .8
(C) 20
(O).... 2,
(A).... 2.
(>) 21
(N).... 24
(E) 24
Vers. ... 3o
Vitesse.
m
io5o
lOIO
I lOO
io8o
io3o
iigo
1280
1210
l320
1 280
I2I0
i5oo
i4oo
1265
.693?
i45o
1260'
1600 env.
Observations.
La variation de la courbe est lente.
Courbe presque rectiligne.
Tracé à peu près régulier, presque rectiligne. L'allu-
mage a eu lieu à l'extrémité d'un tube de fer de
i™,5o, précédant le tube de verre; le tube de fer a
crevé à son raccord avec le verre.
Tracé peu régulier, sans variation trop rapide. Rup-
ture à o'",5o de l'origine.
Tracé sensiblement rectiligne. Tube de fer de l'^jSo.
Tracé irrégulier, sans variation trop rapide.
Tracé à peu près rectiligne. Tube de fer de i'",.5o.
Variation de la courbe extrêmement rapide.
Tracé presque rectiligne.
Tracé à peu prés régulier.
Variation de la courbe extrêmement rapide. Eclate-
ment à o"',5o.
Même observation. Même éclatement.
Tracé régidier et asymptotiqiie.
Variation de la courbe extrêmement rapide. Eclate-
ment à o"',5o.
» Nous avons reproduit Ions les résultats observés avec exactitude. Mais
il semble que l'on doive en écarter ceux où la variation de la courbe a été
très rapide et s'est prolongée jusque vers la fin ; quoique, à ce moment, les
écarts avec des courbes plus régulières ne soient pas extrêmement grands.
En raison de ces variations et de la brièveté de l'espace parcouru, ce
genre d'expériences ne comporte pas la même précision que les mesures
faites sur la vitesse de l'onde explosive dans les mélanges de gaz combus-
tibles et d'oxygène, par d'autres méthodes et dans des tubes quatre-vingts
fois aussi longs.
» Quoi qu'il en soit, d'après le Tableau précédent, la propagation de la
détonation de l'acétylène s'effectue avec ime vitesse qui croît avec la pres-
sion, soit de 1000™ à 1600™ par seconde, lorsque la pression passe de S''^
à So^s.
M La propagation de la détonation s'est toujours effectuée avec une
c. u , 1X99, 2- Semestre. (T. CXXIX, N" 9.) 58
( 432 )
vitesse croissante, sans être encore réduite cependant à cette uniformité
observée dans les systèmes gazeux formés de corps combustibles et d'oxy-
eène.
» Sans doute, la longueur des tubes était trop petite pour assurer
une semblable uniformité. Mais i! v a aussi d'autres différences essen-
tielles.
)) C'est ici le lieu d'insister sur les caractères fondamentaux de l'onde
explosive, lesquels la distinguent de l'onde sonore et plus généralement
des ondes provoquées au sein d'un fluide par une impulsion originelle
unique et non renouvelée. La vitesse de ces dernières ondes est fonction
de l'énergie de l'impulsion |iremière : l'onde qui se propage possède
une force vive limitée, déunie p;ir cette vitesse et la masse de la matière
en mouvement comprise dans la longueur d'une onde. Cette force vive
initiale de la masse fluide ne peut aller qu'en diminuant, par suite de la
communication du mouvement aux corps environnants. Elle est, en
général, trop petite pour élever par compression la température du fluide
vibrant jusqu'au degré où il cleAiendrait lumineux.
» I/onde explosive répond à des phénomènes tout différents. L'impul-
sion originelle détermine dans le fluide qui la subit une transformation chi-
mique, développant une force vive incomparablement plus grande et qui
croît continuellement à mesure que l'onde se propage, car le nombre des
molécules qui en sont animées simiillanément va sans cesse en augmentant.
Une portion de la force vive emmagasinée p^r la matière comprise dans
une longueur d'onde est employée à reproduire, sur la tranche de matière
suivante, les conditions mécaniques et, spécialement, la compression qui
provoquent la transformation chimique de cette tranche. Une autre por-
tion de la force vive se manifeste sous forme de chaleur, qui rend lumineux
les gaz résultant de la transformation. Par suite, l'énergie totale, évaluée
à la fois sous forme de mouvements mécaniques et de chaleur, croît conti-
nuellement à mesure que l'onde se propage, et cela proportionnellement
à la masse chimiquement transformée. Celle-ci conserve son éclat lumineux
jusqu'au moment où la chaleur qu'elle renferme a été en partie dissipée,
en se répartissant dans les corps environnants, par conductibilité, rayon-
nement, convectioif ; dans le cas d'explosion, on doit ajouter : par détente
subite des gaz comj)rimés.
» En ce qui louche la détonation de l'acétylène, comparée à celle des
mélanges combustibles, il convient d'expliquer comment les conditions
( 43:i )
de répartition de la chaleur entre les produits, ainsi que les conditions de
propagation de l'onde elle-même ne sont pas exactement comparables avec
celles d'un mélange gazeux fournissant uniquement des produits gazeux.
En effet, au sein d'un mélange gazeux homogène, l'onde explosive se pro-
duit dans un système dont toutes les molécules tendent à être animées
d'une même force vive, incessamment régénérée par le fait même de la
transformation chimique. Les réactions de compression et de dilatation,
tant au point de vue calorifique qu'au point de vue dynamique, s'effectuent
sur tous les corps mis en présence suivant les mêmes procédés, en raison
de l'état gazeux qui leur est commun. Or, il en est autrement de la déto-
nation de l'acétylène, car elle produit un mélange de deux éléments dont
l'état physique est dissemblable : l'un gazeux, l'hydrogène, qui obéit aux
lois thermodynamiques des fluides élastiques; l'autre solide, le carbone,
presque incompressible et fonctionnant à peu près à la façon d'un gaz
supposé réduit à son covolume : par conséquent le carbone est incapable
d'emmagasiner la force vive, comme le ferait un gaz dans son état de
fluide élastique.
M Ce n'est pas tout : un semblable système, de constitution essentiel-
lement hétérogène, ne saurait conserver son homogénéité; les communi-
cations de chaleur et de force vive s'v font suivant de tout autres lois
que dans un système entièrement gazeux.
» En raison de ces circonstances, l'onde explosive de l'acétylène ne
saurait présenter exactement les mêmes caractères que celle d'un mélange
d'hydrogène et d'oxygène, ou de tout autre mélange gazeux combustible.
On trouve à cet égard une indication remarquable dans le caractère émi-
nemment brisant de l'explosion de l'acétylène, aucun tube de verre n'y
ayant résisté au delà d'un mètre et le plus ordinairement d'un demi-mètre
de longueur, lors de nos ex|)ériences. Au delà ils ont été constamment pul-
vérisés; tandis que nous avons pu faire détoner les mélanges d'oxygène
et d'acétylène, pris à diverses pressions, sous les mêmes longueurs, les
tubes de verre ayant d'ordinaire résisté. Il en était de même pour le mé-
lange tonnant d'hydrogène et d'oxygène sous une longueur de 43", dans
les expériences de MM. Berthelot et Vieille.
» Cette différence s'explique si l'on remarque que les combustions
d'hydrogène et de gaz hydro-carbonés, mêlés d'oxygène, produisent de
l'eau et de l'acide carbonique, en partie dissociés au moment et à la
température de l'explosion, et complétant progressivement leur combi-
naison et les phénomènes thermodynamiques dont elle est accompagnée,
( 434 )
pendant les premiers instants chi refroidissement, ce qui tempère la vio-
lence du choc initial ; tandis que la détonation de l'acétylène le résout
brusquement et du premier coup en carbone et hydrogène libres.
» En définitive, on voit, par ces développements, que la propagation de
l'explosion dans un gaz composé endolhermique, tel que l'acétylène,
réduit par là en ses éléments, peut avoir lieu avec une vitesse de looo™
à 1600"" par seconde, en vertu des mêmes transformations thermodyna-
miques et chimiques qui provoquent la production de l'onde explosive :
elle présente des caractères du plus haut intérêt pour les théories géné-
rales de la Mécanique chimique. »
M. Henri Moissan est heureux de transmettre à l'Académie une dépêche
qu'il vient de recevoir de M. Dewar, de Londres. Cette dépêche est ainsi
conçue :
i( L'hydrogène se solidifie en écume blanche ou en une masse semblable à un verre
transparent. L'hydrogène solide fond à environ 16° au-dessus du zéro absolu. L'hélium
pur change d'état lorsqu'il est refroidi au moyen de l'hydrogène solide et sous une
pression de 8 atmosphères. Des graines refroidies dans de l'hydrogène liquide con-
servent toutes la propriété de germer. »
MÉMOIRES PRESENTES.
M. A. Baudouin adresse, pour le concours du prix Leconte, un Mé-
moire intitulé : « L'éther, sa nature, ses vibrations différentes; chaleur,
lumière, électricité ».
(Renvoi à la Commission du prix Leconte.)
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Découverte d' une nouvelle planète à r Observatoii e de Pans.
Lettre de M. Jean Mascart à M. le Secrétaire perpétuel.
« J'ai l'honneur de vous informer que j'ai pu, dans la nuit du 26 au
■27 août, observer une nouvelle planète EP à l'Observatoire de Paris, équa-
lorial de la tour de l'Ouest.
( .435 )
M J'ai pu faire quatre observations complètes de cette planète, de gran-
deur 11-11,5; n'ayant pas eu le temps d'achever les calculs de réduction
de toutes ces observations, résultats que je publierai ultérieurement, je
me permets de vous adresser les positions de cet astéroïde dans les deux
observations extrêmes.
Le 26 août à io''33°'3= ( Ascension droite apparente. .. . 21'' 29" 18*, 55
temps moyen de Paris. ( Distance polaire apparente. .. . 96''4'44")5
Le 26 août à i4''24'°8' 1 Ascension droite apparente.. . . 2i''29™ io',8i
temps moyen de Paris. ( Distance polaire apparente ... . g6°5'35",4
ASTRONOMIE. — Les Perséides en 1899. Note de M. C. Flammarion,
présentée par M. Bouquet de la Grye.
« L'observation des Perséides a été faite cette année, à l'observatoire de
.luvisy, par MM. E. Antoniadi et G. Mathieu, qui, du 10 au i3 août, ont
enregistré SSg météores. J'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Aca-
démie les observations du 10 août.
» Le Tableau suivant, qu'accompagne la figure ci-jointe, donne la liste
de toutes les étoiles filantes dont les trajectoires ont pu être déterminées
cette nuit-là.
Lieu
Lieu
Lieu
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Heure,
Icmps moyen
do l'aris.
d'apparition.
(le disparition.
Ilouro,
temps moyen
de l'aris.
d'apparition.
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. 14.28. i5
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Obs.
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A
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JI
A
A
A
A
A
A
A
A
A
A
» Le n* G6 esi un bolide, d'un éclat bien supérieur à Vénus, et qui'a éclaté dans
(437 )
Céphée. Son mouvement était assez rapide, et il venait de Persée. Il était d'un blanc
bleuâtre, laissant derrière lui une traînée qui a duré 3o'.
» La moyenne horaire du nombre d'étoiles filantes a été, le lo août,
de 18,9, avec un maximtim de 25, de i3'' i5™ à i4'' i^™- Il y a eu 110 Per-
séides et 20 météores provenant d'aulres radiants, les n"' 6, 15, 24, 26,
27, 30, 32, 33, 35, 38, 44, 49, 52, 54, 70, 73, 77, 85, 92, 114 et 129.
)) Je présenterai prochainement les observations des 11. 12 et i3. »
( 438 )
ACOUSTIQUE. — Sf/r les baltements des sons donnés par les cordes.
Note de M. C. Maltêzos, présentée par M. A. Cornu.
(( On sait que les cordes exécutent des vibrations transversales donnant
des battements. Si l'on considère une corde très mince et sans rigidité,
l'équation différentielle des vibrations transversales est
(') T
d-x d'à-
= 07
d^-^'-HF'
en désignant par p la densité, T la tension de la corde, c sa section ; d'où
l'on tire, pour le nombre des vibrations par seconde,
aL
L étant la longueur de la corde. Cette équation n'explique pas les batte-
ments.
» J'ai voulu voir si, en faisant entrer dans le calcul la rigidité de la
corde, on aurait l'explication de ce phénomène. Alors, en prenant pour
axes des x et des j les deux axes principaux d'inertie de la section, l'équa-
tion différentielle devient
d-iic „, d'.v d^x
(2) T^-EI,^
dz'- ^'' dz' ~ !" dt-
où I, désigne le moment d'inertie de la section droite de la corde par rap-
port à l'axe des x, et E le coefficient d'élasticité. On en tire, pour le nombre
des vibrations par seconde.
N
I /T , TT^EI, „
--El, g
'TÏX'
comme le second terme du binôme sous le radical est très petit par rapport
à l'unité, on peut prendre
N. = N(i + 3j|l^
f, = N(i
Supposons maintenant que la section de la corde n'est pas un cercle ou
lin carré, ce qui est tout naturel à cause des déformations; alors le moment
( 439 ,')
d'inertie par rapport à l'axe des y est I2, différent de I, , et l'on aurait, dans
le plan des yz,
d'où _
_.^E(I,-I,) /,
Donc, le nombre des battements est : 1° proportionnel à la racine carrée de
la section; 2° inversement proportionnel au cube de la longueur de la
corde; 3° inversement proportionnel à la racine carrée de la tension;
enfin, il dépend de la nature et de l'élasticité de la corde.
I) En faisant l'expérience, j'ai vérifié la troisième loi, mais la loi des
longueurs est d'autre nature, comme on peut en juger par les nombres
suivants :
L =: looo™™ 900""" 800™'" 5oo°""
N,— N, = f I I 1,8
» Ce Tableau nous montre que le nombre des battements par seconde
n'est pas inversement proportionnel au cube de la longueur de la corde,
mais qu'il est presque (') inverse à la longueur.
» Nous en concluons qu'on ne peut pas, jiar la rigidité seule, expliquer
le phénomène des battements des sons des cordes. Il ne reste donc qu'à
chercher la cause principale de ce phénomène dans l'élaslicité différente
suivant deux directions perpendiculaires de la section droite de la corde.
J'espère que j'aurai l'occasion de revenir une autre fois sur le mode
d'action de cette cause. »
Lia séance est levée à 3 heures et demie.
J. B.
(') Pour ces expériences, la loi empirique est donnée par la formule
avec A = 0,00195, B z^~ 0,000002578, C = 0,00000000182.
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N" 9.) 5g
( 44o )
BCLLETIN BIBI.inr.RAPIlIQL'E.
Ouvrages reçus dans la séance du 2i août 1899.
(Suite.)
Société industrielle de Mulhouse. Programme des prix pr-op osés en assemblée
générale le 3 1 mai 1 899, à décerner en 1 900. Mulhouse, impr. V* Bader et C'*,
1899; ' fasc. in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse. Bul. de mai-juin, juillet 189g.
Mulhouse-Paris, 1899; i vol. in-8°.
Direccion gênerai de estadistica, a cargo del D' Antonio Penafiel. Censo
gênerai de la Republica Mexicana verifîcado el 20 octobre de 1 895 . Censo del
estado de Oaxaca. Censo del estado Michoacan. Censo del eslado de Mexico .
Mexico, 1899; 3 fasc. in-/;". (Hommage de M. Antonio Penafiel.)
Informaciones y memorias de .la Sociedad de Ingenieros del Peru. Vol. I,
n""" 1 y 2. Lima, 1899; i fasc. in-12.
Ouvrages reçus dans la séance du 28 août 1899.
Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes, du ix*
au^y^ siècle, par Frédéric Godefroy. Fasc. 94 (orfraie-perméable). Paris,
Emile Bouillon, 1899; i fasc. in-4°.
Vie physique de notre planète devant les lumières de la Science contempo-
raine, par A. Rlossovsky. Odessa, 189g; i fasc. in-8'>.
Température di Catania e dell' Etna ottenute col metodo délie differenze.
Notadi F. Eredia. Catania, 1899; i opuscule in-S".
Principali fenomeni eruttivi avvenuti in Sicilia e nelle isole adiacenti, nel
semestre luglio-dicembre 1898. Nota di S. Arcidiacono. In Modena, 189g;
I fasc. in-8°.
Riassunto délia sismografia del terremoto Calabro-Siculo del 16 novembre
1894. Note del socio Annibale Ricco. Roma, 1899; i fasc. in-8°.
Calcolo preliminare délia differenza di longitudine tra Catania e Palermo e
determinazione délie anomalie di gravita in Catania. Nota di A. Ricco, T.
Zona e G. Saua. Catania, tip. Galatola, 1899; i fasc. in-4°.
Sullafrequenza e distribuzione in latitudine délie macchie solari, osservate
( 44i )
al R. Osservatorio astrofisico di Catania nel 1898. Nota di A. Mascari; i fasc.
in-4°.
Sulle proluberanze solari osservate al R. Osservatorio di Catania nel 1898.
Nota di A. Mascari. Catania, 1899; i fasc. {11-4°.
Roscoe-Schorlernmer' s ausfiihrliches Lehrbiich der Chimie, von Jul.-Wilh.
Bruhl. VII Bd. Die Kohlenwasserstoffe und ihre Derivate oder organisch,-
Chimie. V. Theil, bearbeitet in gemeinschaft mit Edv.vrd Hjelt und Ossian
AscHAN, Braunschweig, Friedrich Vieweg und Sohn, 1899; 1 vol. in-8°.
(Hommage des Auteurs.)
Sitzungsberichte der kôniglich-preussischen Akademie der Wissenschaften
zu Berlin. XXIII-XXXVIII, Mai-Juli, 1899. Berlin, 1899; i» fasc. in-8°.
Philosoplùcal transactions of the Royal Society of London. Vol. 187 (A)
(B), 1896; Vol. 188 (A), 1896; Vol. 188 (B), 1897; Vol. 189 (A) (B),
1897; Vol. 190 (A), 1897; Vol. 190 (B), 1898; Vol. 191 (A), 1898. Lon-
don ; 9 vol. in-4°.
United States geological.Survey. Charles-D. Walcott, director : Eigh-
teenth annual report 1896-97; Part I, III, IV. Nineleenth annual report
1897-98; Part [, IV, VI and VI continued. G vol. in-4°.
The quarterly journal of the geological Society . Vol. LV, part III, n° 219.
London, Longmans, Green and C", 1899; i vol. in-8°.
Comptes rendus des travaux spéciaux de l'Institut vétérinaire à Kharkoff,
1896-1898. Tome V. Kharkoff, 1898; i vol. in-8°.
Anales de la Sociedad cientifica aigenlina. Julio 1899, enlrega I,
tomo XLVIII. Buenos Aires, 1899; i fasc. in-8°.
Linguo internacia, gazeto por la linguo espéranto. N° 1. Upsala, 1899;
I fasc. in-8°.
On souscrit à Pari., chez GAUTHIER-VILLA RS,
Quai des Grands-Augusiins, n° 55.
Depuis 1835 les COMPTES RINDDS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux rolumes In-i* Deux
fables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
et part du i" janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. - Départements : 30 fr. - Dnion postale : 34 fr. - Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
igen. . .
llger..
\miens.
\ngers. .
ayonne..
etançon .
ordeaux .
ourges
œn
iambery..
ierbourg.
ermont-Ferr.
ion..
•enoble ]
Rochelle
Havre
It..
chez Messieurs :
Ferran frères.
Chaix.
Jourdan.
Ruff.
Courtin-Hecquet.
i Germain etGrassin
I Lachése.
Jérôme.
Jacquard.
[ Feret.
Laurens.
Muller (G.).
Renaud.
Derrien.
I F. Robert.
I J. Robert.
Uzel frères.
Jouan.
Perrin.
Henry.
Marguerie.
Juliot.
Ribou-Collay.
Laniarche.
Ratel.
Rey.
Lauverjat.
Degez.
Drevet.
Gralier et C'V
Foucher.
Bourdignon.
Dombre.
Thorez.
Quarré.
Lorient.
Lyon.
Marseille. . . .
Montpellier .
Moulins . . ..
Nancy
Nantes
Nice.
Nimes
Orléans
Poitiers
Bennes
Bochefort
Bouen.
S'-Étienne .
Toulon .
Toulouse. .
Tours..
Valenciennes.
chez Messieurs :
Baumal.
M"" Texier.
(Bernoux et Cumin
Georg.
Côte.
Savy.
Vilte.
Ruât.
Calas.
Coulet.
Martial Place.
Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidot frères.
Loiseau.
Veloppé.
Barnia.
Visconti et C".
Thibaud.
Luzeray.
Blanchier.
Marche.
Plihon et Hervé
Girard (M»").
Langlois.
Lestringant.
Chevalier.
Ponleil-Burlcs,
Rumèbe.
Gimet.
Privât.
Boisselier.
Péricat.
Suppligeon.
Giard.
Lemaitre.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
A thènes . . .
Barcelone. .
Berlin.
Berne . . .
Bologne.
Bruxelles.
Bucharest.
Budapest
Cambridge
Christiania
Constantinople.
Copenhague.. . .
Florence
Gand
Gênes
Genève . .
La Haye.
Lausanne-
Leipzig.
Liège.
chez Messieurs :
Feikema Caarelsen
et O:
Beck.
Verdaguer.
Asher et C'V
Dames.
I Friediander et fils.
I Mayer et Muller. '
Schmid et Francke.
Zanichelli.
ILamertin.
Mayolezet Audiarte.
Lebégue et C'*.
( Sotcheck et C°.
( Stoi'ck.
Kilian.
, Deighton, BelletC".
Cammermeyer.
. Otto Keil.
Hôst et fils.
Seeber.
Hoste.
. Beuf.
, Cherbuliez.
Georg.
( Stapelmohr.
Bel in fan te frères.
I Benda.
} Payot.
Barth.
^ Brockhaus.
Lorentz.
Max Riibe.
Twielraeyer.
( Desoer.
I Gnusé.
chez Messieurs :
I Dulau.
Londres Hachette et C".
'Nutt.
Luxembourg . ... V. Buck.
ÎLibr. Gutenberg.
Homo y Fussel.
Gonzalès e hijo».
F. Fé.
Milan. ( ^°'=<^a frères.
j Bocca f
( Hoepli.
Moscou Tastevin.
Naples S Marghieri di Giu».
j ( Pellerano.
l Dyrsen et PfelÈfer.
New-Vork Stechert.
( LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C-
Palerme Clausen.
Porto. Magalhaés elMoiiiz.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
) Bocca frères.
( Loescheret C*.
Botterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
( Zinserling.
( Woinr.
Bocca frères.
Brero.
Rome .
S'-Petersbourg .
Tur.m .
\ Clausen.
( Rosenbei
ibergelSellicr.
Varsovie Gebethner et Wolll
Vérone Drucker.
Vienne „ , ■.
( Gerold et C".
Zurich Meyer et Zeller.
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SUPPLÉMENT ADX COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
orne I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DebeéscI A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbation!) qu'éprouvent le;
«tes, par M.Hanien.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matiérci
ises, par M. Clacde Bebnabd. Volume ia-l^', avec Sa planches; i8û6 15 fr.
orne II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas BENEDK^. — Essai d'une réponse a la question de Prix proposée en i83o par l'Académie des Science;
r le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir ; « Étudier les lois delà distribution des corps organises fossiles dans les différents terrains sédi-
lentaires, suivant l'ordre de leur superposition . — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée — Rechercher la nature
!» rapports qui existent entre l'étal actuel du règne organique et ses états antérieurs ., par M. le Professeur Bkonn. In-4"', avec 27 planches; 1861.. . 15 fr
la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers SavanU à l'Académie das Sciences.
W 9.
TABLE J)ES ARTICLES. (Séance du 28 août 1899.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDMTS DE L'ACADÉMIE.
Pages. ; . ,.^ ^. .P^?*^'
p APPELL ^ Slu- la forme Kénérale des i M. Henri Mûiss.vn transmet a 1 .\cadem,e
■■ t h; In nvnamiaue . . ^23 1 une dépèche de M. £»e.var, de Londres,
'r']!TJ'l\?r"r?rt;.n: :: S^V la I relative à la solidification de l'hydrogène. P4
M. P. Appell.
MM. Bebthiîlot et Le Chatelier. — Sur la ^
vitesse de détonation de l'acétylène
MÉMOIRES PRESENTES.
, A. Ba^ou.n adresse, pour le concours du ther, sa l^rt^'l^^!^!".!^'""'"''" ''
pris
M \.BWD0UIN adresse, pour le concours ou uier, sa .-tu c, =-.... ...c...^-
■4x Leconte, un Mémoire intitulé : ., Lé- chaleur, lumière, électricité » ^3^
CORRESPONDANCE
M. Jean Mascart. — Découverte d'une nou
M. C. Maltézos. — Sur les battements des
sons donn'és par les cordes M-'*^
velle planète à l'Observatoire de Paris... 434
M C Flammarion. — Les Perséides en iSçig. 435
^4o
Bulletin bibliographique
PARIS. - IMPRIMERIE GAUT HIER-VI LL ARS ,
Quai des Grands-Augustins, 55.
U Gérant ; G»uTair«-ViLL*«».
i89!!
,5 0 Q.^ SECOND SE3ÎESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR nm. IiKS SECRÉXAIKES PERPETVEIiS.
TOME CXXIX.
NMO (4 Septembre 1899)
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
yuai des Grands-Ausustins, 55.
i89y
REGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉA^XES DES 2.3 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de t^ Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou parun Associéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au.
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Acadéii
sonl imprimés dans les Comptes rendus, mais les :
ports relatifs pux prix décernés ne le sont qu'aut
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article ti. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requis
Membre qui fait la présentation est toujours no:
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet E:
autant qu'ils le jugent convenable, tomme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remisa
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, k
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire estinséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à j5ai t des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports el
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administiativefai
un Rapport sur la situation des Comptes rendus apli
l'impression de chaque volume.
Les Secrélaiies sont chargés de l'exécution du pré-"
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désireut laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 4 SEPTEMBRE 1899,
PRÉSIDÉE PAR M. Maihice LÉVY.
MEMOIRES ET C03IMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Swift (1899, a), faites, au grand
èquatorial de l' observatoire de Bordeaux, par MM. G. Rayet et A. Féraud.
Note de M. G. Rayet.
Comète Swift (1899, a).
Temps sidéral
Dates. de
1899. Etoiles. Bordeaux. Aa conicle. Aif comète. Observateurs.
Il m s m » . ^
Mai 18 I 15.27.23,57 — i.3o,3i + 7. 1,26 G. Rayet
3o 2 14.19-10,52 -1-2.12,64 —11.23,60 A. Féraud
3i... . 3 13.57.49,88 —3.59,77 + '-59,40 A. Féraud
Juin 2 4 i4- 31.57,47 —2- 5,1 4 —6.59,63 G- Rayet
3 5 14-43-52,90 — 0-52, i3 — 12. 5,28 G. Rayet
5 ■ 6 14. 3o. 9,22 -1-0.46,38 -^14.16,37 _ G. Rayet
6 7 17. 2.23,20 -1-1.10,79 — 3.59,61 A. Féraud
C. K-, i§9fj, i' Semestre. (T. CXXI\, N» 10.) 6o
( Wi )
Dales.
1899. Étoiles.
i3 8
i4 9
i6 lo
25 II
26 12
27 i3
Juillet A i4
5 i5
7 '6
8 17
9 18
i3 19
i4 20
i5 21
Temps sidéral
de
Bordeaux.
h ni s
16. 9.19,64
16. 2.18,78
i5.23. 36,94
16.37. I 5, 20
16.33.33,56
16.59.17,01
17.33.21,52
16.45.26,66
16.47.23,68
17.18 2t ,02
17.25. 2,o3
17.42 .21 ,o5
18. 7.16,92
18.25. i4,5o
Aa comète.
m s
-2.49,10
4 3. 3,77
— 2. 12,95
-+-1.32,53
— 2 . 1 o , 66
I 2.49,23
— I .35, T2
-+ 1 .47,22
H-1 .21 , l3
— 2. 0,o4
-^ 2 . 23 , 46
-ho. 53, 69
— 1 .30,67
-T-2. 8,56
aÇ comète.
— 3.56,42
-\- 1.21,16
— 6.52,24
— 1.29,71
— 0.19,75
-i- 3. 1,64
4-r5.45,54
-1-- 5. 5,33
— 0.40,82
+ 9.58,54
— 0.32, 16
— o. i3,og
I 1.44,22
19,23
Observateurs.
G. Rayet
G. Rayet
A. Féraud
G. Rayet
G. Rayet
G. Rayet ■
G. Rayet
A. Féraud
A. Féraud
A. Féraud
G. Rayet
G. Rayet
G. Rayet
G. Rayet
Positions moyennes des étoiles de
Étoiles. Catalogue et autorité.
1 . . . Ballermann 1895, i54i
2. . . I [A.O. 18722. — A. G. Hels. Gotha 10020]..
3... ï[Groom'b. 2609. — A.O. 18397-8. - Rad. |
3978. — A. G. Hels. Gotlia 9856] (
4... A. G. Hels. Gotha 9436
5... A. G. Camb. U.S. 5289
6. . . A. G. Cambridge U .S. 5072
7... .l[A.O. 16245. — A.G.Bonn io554]
8. . . { [ParisHI 19126.— A.G. Lund. Z. 6,26, 28]..
9. . . l [B.B.YI+37'',26i7. — A.G. Lund.Z. 19, 21]
10. .. i [Paris 11 18709.- A.G.LeydeZ. 42, 178].
11... -j [Paris ni 17936. -A. G. Camb. Eng. 6892. j
- A.G. Berlin 5io4] j
12... H Paris ni 1 7980. — A.G. Berlin B. 5 1 1 2 ] .
i3... B.D.+ 23°,27oo
14... I [Paris m 17709. — A.G. Berlin A. 52 10].
i5. . . A.G. Berlin A. Sigo
16... J[Pulki2ii7.—Pulk2 32o3-A. G. Berlin A. )
5187] (
17... Observation méridienne Bordeaux
18. . . I [Paris III 17528. — A.G. Berlin A. 5i74].
19. . . Weisse, H. XIV 172
20.. J [Pulk, 21 15. — Yarna 6022.— Glasg. 3549].
21... Weisse, H. XIV i32
comparaison
Ascension
droite
moyenne,
h m s
22.36. 5,06
8.49. 8,36
pour 1899,0.
Réduction Dislance
polaire
moyenne.
au
jour.
s
4 1,54
-r2,90
46°. 1 5 . 4)0
32.53.46,9
Réduction
au
jour.
H- 3", 69
7,06
8.3o.5o,o4 -.3,00 33. 1.54,0 -t- 6,69
7.42. 1,25
7.19.54,35
6.42.28,98
6.25.49,72
5.20.31, 97
5. 8.27,97
5. 3. 2,o4
-J-3,19
-i 3,24
^ 3,29
-1-3, 3 1
-j- 3,22
-1-3,19
4 3,18
34.48. 3,2
36. 3.i4,5
38.24.14,2
40.21 .48,5
5i .27. 6,2
52.47-30,2
55.38.44,9
-t- 5,82
-h 5,26
+ 4,48
H- 4,54
4-3,61
-r- 3,69
-h 3,88
4.30.14,95 -+-3, 06 65. 7. 8,9 -t- 5,16
4.31.59,07
4.25. 10
4.20.21,29
4.16. 6,41
4.14.58,77
4.16.38,54
4.12.38,73
4.12.18,78
4.l4-22,82
4. 10.26,03
-i 3,06
-: 3,o3
4-2,98
4-2,96
65.56. 16.7
66.44
71.17. 16.8
72. 1.4^,5
5,18
5,46
6,09
6,4i
2,90 73.i3.5i,6 4- 6,57
+ 2,94
4-2,93
H ■2,89-
4-2,90
4-2,87
73.35.17,9
74. 16.10,1
76. 7.42,4
76.31.44,9
77. 1.12,8
4- 6,5i
+ 6,77
4- 7,07
4- 7,o3
4- 7,27
( 4^.5 )
Positions apparentes de la comète Swift {ii<j^, a).
Temps moyen
Ascension
Distance
Dates.
de
droite
Log. fact.
polaire
Log. fact.
1899.
Bordeaux.
apparente.
parall.
apparente.
parall.
Mai i8. .
h m 8
11.41.39,16
h m s
22.34.36,29
-■1,748
46°. 2 2'. 9",0
-0,762
3o...
9.46.26,34
i8.5i .23,90
^7,864
32.42.3o,4
-0,l36
3i...
9.21. i3,3o
18.26.53,27
-7,859
33. 4. 0,1
- 0, 128
Juin 2...
9.47.23,48
17.39.59,30
— 1,735
34.41. 9,4
-2,079
3...
9.5.5.21,10
17.19. 5,46
-7, -65 3
35.5i.i4,5
+ i,5oo
5...
. 9.33.47,80
16.43.18,65
—7,575
38.38.35,1
+7,290
6...
12. 1.40,93
16.27. 3,82
+7,000
40.17.53,4
+7,856
i3...
. 10.40.57,49
I 5. 17.46,09
+7,075
5i.23.i3,4
—0,011
.4...
10. 3o. 19,05
15.11.34,93
+ 7,068
52.48.55,1
—0,093
i6...
9.43.51,73
i5. 0.52,27
+2,708
55.31.56,5
-0,195
25...
10.21.54,71
14. 3i .5o,54
+7,382
65. 5.44,4
— o,53o
26...
. 10.14.17,76
14.29. 5i, 47
+7,377
65.56. 2,1
—0,544
27...
10.36. 1,08
14.28. 2
-î- 1,449
66.47. "
—0,577
Juillet 4- ■ ■
10.42.28,65
i4. 18.49, i5
+ 1,524
71.33. 8,4
— 0,664
5...
9.50.45,71
14.17.56,59
+7,428
72. 6.56,2
—0,642
7...
9.44.50,59
14.16.22,85
+ i,43i
73.13.17,4
— 0 , 660
S...
. • 10. I I .46,94
i4.i4-4j,44
+7,498
73.45.23,0
—0,665
9--
. 10. 14. 3o, 94
14. i5. 5,12
+7,5i6
74.15.44,7
—0,688
i3...
10.16. 3,49
i4. i3. i5,36
+7,539
76. 7.36,4
—0,711
14...
10.36.59,37
14. i2.55,o5
+7,568
76.33.36,2
—0,725
i5...
10. 5o. 58, 10
i4- 12.37,46
+7,592
76.59. 0,8
-0,739
» Dans le!),dej:niers jours Je mai, la partie brillante de la comète a la forme d'un ^'
dont la pointe, formant un noyau de 8" grandeur, est dirigée vers le Soleil. La nébu-
losité totale est ronde, avec diamètre d'environ 8'.
» En juin et juillet, la comète a progressivement faibli sans changer notablement
de forme. Le i5 juillet, elle présentait une nébulosité ronde, d'environ 3' de diamètre,
avec noyau dilTus excentré.
» Les observations actuelles font suite à celles qui ont été publiées dans les
Comptes rendus du 27 mars. »
C ORRE SPOIVD ANGE .
M. le Directeur de l"' Institut© y observatorio de Marixa de San Fer-
nando » adresse à l'Académie la Lettre suivante :
11 Septembre 1899.
» L'éclipsé totale du Soleil du 27 mai 1900 étant visible en Espagne, le Ministre de
la Marine s'est adressé au Ministre des Finances en vue d'obtenir l'admission, en fran-
( 446 )
chise de tous droits, des instruments des astronomes étrangers qui pourraient venir
dans notre pays pour l'observation du phénomène.
)) Je serai très heureux d'être informé des noms des personnes ou des missions qui
projettent une expédition, de la date probable de leur arrivée, et de la douane où ils
comptent délivrer leurs instruments, afin de pouvoir rendre tous les services en mon
pouvoir et faire accorder toutes les facilités pour la prompte délivrance des appareils
et des instruments. »
Cette Lettre est renvoyée à la Section d'Astronomie.
ASTRONOMIE. — Observations de la planète EP (7. Mascart, iSggrtowi 26)
faites à l' observatoire de Besançon, avec V équatorial coudé, par M. Cho-
fardet. Note de M. L.-J. Gruey, transmise jjar M. Lœwy.
Planète.
■ Etoiliî
Etoiles
Dates. de
1899. Comparaison. Grandeur.
Août 29 a 9,7
29 « 9,7
3o b 10
3o a 9,7
3i b 10
3i a 9,7
Sept. I c 9
I b 10
Ascension
Distance
Nombre
de
droite.
polaire.
comparaisons
m s
—0.57,98
—
4. i',6
6:6
—0.59,18
—
3.52,4
12:9
-+-I. 2,54
—
t. 18,1
6:6
— 1 . 4o , 47
+
'• 9>4
6:6
-t-o.22,76
+
3.33,9
6:6
—2.20, 19
+
6. 1,4
6:6
— 1 .55,5i
—
'• 9,1
12:9
—0.29,43
+ 10. 5,7
12:9
Positions des étoiles de comparaison.'
Ascension
Étoiles
droite
Réduction
Distance polaire
Réduction
de
moyenne
an
moyenne
au
compar.
1899,0.
jour.
1899,0.
jour.
Autorités.
a
h m s
21.27.49,70
s
-1-4,47
96.25.45, 1
—23,2
II 735 Munich,
a
21.27.49,70
+4,47
96.25.45, I
— 23,2
»
b
21.25. 6,74
+4,47
96.28.12,7
— 23,0
Anon. rapp. à * «
a
21.27.49,70
+4,47
96.25.45, I
— 23,2
11-35 Munich,
b
21.25. 6,74
+4,47
96.28.12,7
— -23, I
Anonyme
a
21.27.49,70
+4,47
96 . 25 . 45 , I
— 23,3
1 1735 Munich,
c
21 .26.40,89
4-4,48
96.38.3i ,0
— 23,2
558 Weisseï
b
21 .25. 6,74
-1-4,47
96.28. 12,7
-23,1
Anonyme
1
( 447
Positions apparentes de la planète.
Dates.
Temps moyen
de
Ascension
droite
Log. fact.
Distance
Log. fact
1899.
Besançon.
apparente.
parallaxe.
polaire.
parallaxe
Aoiit 29.
h m s
... 11.44.38
h m s
21 .26.56,24
2,937
96°. 2 I . 20 , 3
o,85o„
29.
12.24.47
21.26.54,99
7,187
96.21 . 29,5
o,848„
3o.
10.20. 8
21.26.13,75
2,729»
96 . 26 . 3 I , 6
o,85o„
3o.
10.20. 8
21 .26.13,70
2,729,,
96.26.31,3
o,85o„
3i.
•• 7-49-Ï2
21 .25.33,97
7,45o„
96.31 .23,5
0,842,,
3i.
•• 7-49-12
21 .25.33,98
T,45o,,
96.31 .23,2
0,842„
Sept. I .
8.14.20
21 .24.49,86
T,383„
96.36.58,7
o,845„
1 .
i2.35.3o
21. 24.4», 78
1,288
96.37 .55,3
0,847,,
La première série du 29 et celles des 3o et 3i août ont été un peu contrariées par
des nuages.
ASTRONOMIE. — Observations des Persëides faites à Athènes. Note de
M. D. Eginitls, transmise par M. Lœwy.
« Les observations des Perséides ont été favorisées, cette année, par un
temps très beau et l'absence de la Lune; elles ont duré pendant quatorze
jours. Trois observateurs, MM. Terzakis, Maris et Tsapekos ont tracé les
trajectoires des météores observés, sur des Cartes préparées exprès.
» Voici les résultats de ces observations :
Jour. Heure.
h u
1 août 10. o
2 « 10. o
3 » 10.0
4 " 9 • " 5
5 » 9 • ' 3
Il DJ
I 3.40
i3.5o
[3.3o
r I .45
i3.3o
Nombre
de
météores.
12
42
Nombre
horaire.
Hadianis.
:43°, 18°
■ 47°, 55'J
a = 35», 34"
3 = 57°, 38°
a — 20°, 43°
3 = 68°, 64°
a = i5°, 4o°, 43°
S — 36°, 35°, 5o°
( 44H )
Nombre
de
Nombre
Jour.
Heure.
météores.
horaire.
Radiants
6 >' ...
h m h m
9.20 i3.3o
18
4
« =3 44»,
43"
0 — 36°, 42°
■j .1 9-20 i3.io 3i 8 a =: 42°
3 z= 57°
8 >) 9. o 16. o 102 i5 5! " 56°, 33", .54°, 38°, 42°.
3o°, 35°, 20°, 40», 50°
0=48°, 60°, 67°, 47», 60",
58°, 56°, 59°, 52°, 52°
9 » 9.10 t6.to 166 19 a =z 45°, 46°, 36°, 40°, 43°
S =z 55», 56°, 55», 56°, 5o°
10 )> 9.20 16.10 272 39 a =: 45°, 56°, 4o°, 37°
0 =57°, 57°, 57°, 58°
11 ,. 9.i5 16.10 1900 28 a = 42°, 33°, 55°, 5o°, 32°
2 = 58°, 58°, 53», 45°, 56»
12 » g.iD i4-20 99 20 a = 43», 45°, 37°, 5o», 65°
0 = 58°, 57°, 57°, 52°, 46°
i3 » Ciel couvert.
i4 » 9.oi3.3o 53 12 a=r4i°
0 = 07°
)) Les Perséides ont été plus nombreuses cette année que l'année pré-
cédente; le maximum de leur chute a eu lieu, ainsi que l'année précédente,
le 10 aotit de 12'' à i4''- La couleur de ces météores était, la plupart du
temps, jaune, quelques-uns seulement étaient jaune rougeàtre; presque
tous étaient faibles (5* grandeur) et rapides. Très souvent on les voyait
apparaître par couples et le jour du maximum en essaiins de 5 à G; en
général, d'après nos observations, le mode d'apparition de cet essaim
présente des périodes de calme et des flux d'activité. Quelques-uns des
météores observés appartiennent à d'autres essaims. Le plus grand nombre
d'étoiles fdantes a été observé entre minuit et le matin, comme d'ordinaire.
» Nos observations des Perséides des trois dernières années confirment
ce qu'on avait déjà remarqué, que cet essaim possède un grand nombre
de points radiants; la position de son centre principal d'émanation, d'où
(') Pendant celle soirée, le ciel a été nébuleux.
( 449 )
est sorti le plus grand nombre des météores le jour du maximum, a été
cette année « — 45", S = Sj". »
GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces de qualricine degré qui admet Icnl une inlé-
grale de différentielle totale de première espèce. Note de M. Arthur Berry,
présentée par M. E. Picard.
» D.ms la Théorie des fonctions algébriques de deux variables indépen-
dantes (\e MM. Picard el Simart, il y a (p. i34-i36) une brève discussion
des surfaces du quatrième degré qui admettent une intégrale de différen-
tielle totale de première espèce. Ayant trouvé deux surfaces, les auteurs
ajoutent qu'il n'y a pas d'autres surfaces en deliors des cônes et des trans-
formations houiographiques de ces deux surfaces. Ce résultat a étéénoncé
sans démonstration par M. Poincaré (Comptes rendus, t.- XCIX, 29 dé-
cembre 1884).
» J'ai trouvé encore trois surfaces ayant la propriété dont il s'agit.
)> M. Picard a réduit le problème à l'intégration des équations différen-
tielles
^ ' (jx - dr ■' dz ' ot
,• N t)0| 06., tJO, o9,,
^ o.v ôy dz- de
dans lesquelles y est une fonction homogène du quatrième degré des
quatre variables .t, y, z, l, et les fonctions 0 sont linéaires.
>j On sait que l'équation (1) peut être réduite, en générai, par une
transformation homographique, à l'équation plus simple
(3) «,4+«,.|+c=^-.rf4 = o,
OÙ les quantités a, b, c, d sont racines d'une équation algébrique auxiliaire.
Mais si ces racines ne sont pas toutes distinctes, la réduction n'est pas tou-
jours possible et l'intégrale générale de l'équation (i ) a ordinairement une
partie logarithmique.
» En étudiant un peu minutieusement ces cas d'exception, j'ai trouvé
qu'il faudrait avoir égard à cinq équations différentielles, à savoir : les
( 45o )
Irois équations
/ - \ àf ôf
^ ■' d-r " ay
/AN df ' df df df
/ N -y Of , o df àf df
^'■' ax -^ dv dz di
qui sont des cas spéciaux de (3), et les deux équations
/8\ àf , ,(>f
- \ àf df
V9) ^^-■-^^. = "'
qui ne le sont pas. En faisant celte réduction, j'ai mis de côté quelques
équations qui conduisent ou aux cônes, ou aux surfaces rationnelles (uni-
cursales), qui ne peuvent avoir aucune intégrale de première espèce.
» Voici les surfaces auxquelles conduit l'intégration de ces équations
différentielles :
(I) x-y--h 2XY{z,ty+{z,iy=^o,
(II) z-{x,yy-^izt{x,Yy + t\x,YY = o,
(III) {xy,zty-^-axl^+byz''^o,
(IV) {xt-Yzy + i{xt -Yz){z,ty-\-{z, ty = o,
(V) (ixi-Y"-y-^2(2xt-y^-){z,ty^(z,ty = o,
où j'emploie la notation (a?, y)'" pour un polynôme homogène arbitraire
du degré m.
» Les surfaces (I), (II) sont celles qui ont été signalées par M. Poin-
caré. La surface (IV) a une droite double (5 = ^ = 0) d'une espèce supé-
rieure, que l'on peut appeler une ligne tacnodale (^ac/ior/a/ Une), parce
qu'une section plane générale y a un point tacnodal (tac-node). C'est un cas
limite de la surface (II) qu'op trouve quand les deux droites doubles
(x ^= y = o, z = t = o) s'approchent l'une de l'autre sans se rencontrer;
mais l'équation (IV) n'est pas un cas spécial de l'équation (II). La sur-
face (III) a deux points uniplanaires, à savoir : x = z — t^o,y = z — t:=o;
d'ailleurs les droites a: = ;=:o, ^ = ^ = 0 sont lignes simples, chacune
avec le plan tangent fixe. La surface (V) a un point tacnodal j = - = / = o.
( 45i )
» Au moven d'iino transformation biralionnelle, on peut transformer
chacune des cinq surfaces en un cône du troisième degré. On vérifie ainsi
l'existence effective d'une intégrale de première espèce. Ponr la troisième
surface, j'emploie la transformation cnhicpio
■t' : y' ::■''. t' = z^ t '. .r f- ] .ryz : xyt.
Poin- les autres surfaces, j'arrive au bout par une transformation bira-
lionnelle quadrique, qu'il ne vaut pas la peine d'indiquer ici.
' On voit ainsi que les cinq surfaces ont le genre numérique (/j„) égal
à — T. En ayant égard aussi aux cônes, on voit que toute surface du qua-
trième degré admettant une intégrale de différentielle totale de première espèce
a le genre numérique négatif. •>
PHYSIQUE GÉNÉRALE. — Sur la solidi/ication de l'hydrogène.
Note de M. James Dewar, présentée par M. Henri Moissan.
« Aussitôt que nous eûmes produit l'hydrogène liquide par 200*^'= ou
ooo'^^', à la fin de l'année 1898, nous avons essayé de le solidifier par ébul-
lition sons pression réduite. Dès cette époque, pour rendre plus lent
l'échauffement extérieur, nous avons disposé notre appareil (^g. i) de la
façon suivante ; De l'hydrogène liquide fut placé dans une petite éprouvette
à double paroi, qui était entourée elle-même d'un bain d'hydrogène liquide
renfermé dans une de nos grandes éprouvettes à double paroi et à vide de
Crookes. Celle éprouvette était fermée et mise en communication, par un
tube recourbé, avec une pompe qui permettait de faire le vide très rapide-
ment. De cette façon, l'évaporalion se faisait principalement dans l'espace
annulaire et la surface extérieure du plus petit tube était maintenue à la
même température que celle de l'hydrogène liquide de l'espace annulaire.
Nous étions ainsi bien préservé de tout échauffement extérieur et, grâce à
cette disposition, l'hydrogène liquide fut évaporé sous 10'"™ environ de
pression, mais aucune solidification ne se proilnisit. Reconnaissant que des
expériences de ce genre exigeaient de grandes quantités de liquide, d'autres
questions furent abordées et nous abandonnâmes momentanément nos
expériences sur la solidification de l'hydrogène. Dès le début de cette
année, nous avons déterminé les constantes d'un grand nombre de ther-
momètres à résistance électrique et, avec ceux-ci, l'abaissement progressif
C. R., 1S99, a« Semeslre. (T CX\I\, N° 10 •»'
( 452 )
des températures réalisées par l'ébullition rapide de l'hydrogène iiqiié6é.
» Dans le courant de ces expériences, on nota que, presque toujours, il
y avait un petit suintement d'air, qui devenait apparent par le fait qu'il se
congelait sous forme de neige dans l'intérieur du récipient, au point où il
rencontrait la vapeur froide de l'hydrogène qui sortait. Lorsque des fils
conducteurs couverts de soie doivent passer à travers des bouchons en
caoutchouc, il est, en effet, très difficile, à ces températures extrêmement
basses, d'empêcher des suintements, car les bouchons deviennent durs
comme de la pierre et les ciments craquent et se fendillent dans tous les
sens.
)) L'effet de ce léger suintement d'air sur l'hydrogène liquide, lorsque la
pression fut réduite au-dessous de 6o°"°, fut très remarquable, car il se soli-
difia soudain en une masse mousseuse ressemblant à de l'écume gelée. Ma
première impression fut que ce corps était une éponge d'air solide conte-
nant de l'hydrogène liquide, de même que l'air ordinaire peut être, dans
certaines conditions, un magma d'azote solide contenant de l'oxygène
liquide. Cependant le fait que cette écume blanche s'évaporait complète-
ment à cette basse pression, sans laisser aucune quantité appréciable d'air
solide, m'amena à conclure que le corps pouvait bien être de l'hydrogène
solide. Cette hypothèse fut confirmée par l'observation de ce fait, que, si
l'on augmente la pression et, par conséquent, la température de l'hydro-
gène, le solide fond lorsque la pression atteint environ 55°"". L'échec de
la première expérience doit être attribué au surrefroidissement du liquide,
qui est évité dans ce cas grâce à son contact avec les fils métalliques et à
des traces d'air solide. Pour trancher définitivement la question, nous
fîmes l'expérience suivante :
» Un ballon C d'environ un litre de capacité {fig. i), portant soudés
sur son col un petit manomètre à mercure D et un long tube de verre
recourbé, fut rempli d'hydrogène pur et sec, puis scellé à la lampe.
» La portion inférieure AB du long tube fat calibrée. Elle fut entourée
d'hydrogène liquide, placé dans un récipient où l'on avait fait le vide et dis-
posé pour l'épuisement. Dès que la pression fut abaissée notablement au-
dessous de la pression atmosphérique, de l'hydrogène liquide parfaitement
clair commença à se réunir dans le tube AB; celui-ci put être observé
s'accumulant jusqu'au moment où l'hydrogène liquide, entourant l'exté-
rieur du tube, se transforma soudain, sous une pression de So™" à 4o°"°,
en une masse blanche ressemblant à de l'écume solide, et remplissant
( /j53 )
presque tout l'espace annulaire. Comme il n'était pas possible d'observer
l'état de l'hydrogène dans l'intérieur du tube AB recouvert d'une grande
quantité de ce solide, l'appareil tout entier fut renversé, sens dessus
Fig. i.
Fig. 2.
SîÀa:
r^
dessous, afin de voir si un liquide quelconque coulerait le long de AB
dans le ballon C. On n'observa aucun liquide le long du tube, de sorte
que l'hydrogène devait être considéré comme solidifié.
» En plaçant une forte lumière sur le côté de l'éprouvette où l'on avait
faille vide, en face de l'œil, et en maintenant l'épuisement à environ 25"""',
le solide devint graduellement moins opaque, et l'on vit que la matière
dans AB était une glace transparente à la partie inférieure, mais que la
surface avait un aspect mousseux. Ce fait nous empêcha de déterminer la
densité à l'état solide, mais on avait pu prendre la densité fluide maximum.
Elle fut trouvée être de 0,086, le liquide à son point d'ébuUition ayant la
densité de 0,07.
» L'hydrogène solide fond lorsque la pression de la vapeur saturée
atteint environ 55"™. Afin de déterminer la température de fusion, deux
thermomètres à hydrogène à volume constant furent employés. Ils conte-
naient de l'hydrogène à o", l'un sous une pression de 269™", 8 et l'autre
sous une pression de 127™'". Lu température moyenne de ce solide fut
( 434 .
trouvée êLre 16" absolus, sous une pression de 35"'". Toutes les tentatives
faites pour obtenir un thermomètre de résistance électrique exact pour
des observations à température aussi basse n'ont abouti qu'à des échecs (' ).
» Pour le moment, le point d'ébuUition, qui est 21" absolus à 760°""
taudis qu'il est de 16° absolus à SS™"", permet d'en faire dériver la formule
approchée donnant la tension de vapeur saturée de l'hydrogène liquide
au-dessous de la pression atmosphérique
] r r> f 83 ,28
\ogp= b,7J4i rj.-'
formule dans laquelle T représente la température absolue et où la pres-
sion est exprimée en millimètres. Celte formule donne pour 55""" une
température de 16", 7 absolus. Le point de fusion de l'hyiirogène doit être,
par conséquent, voisin de 16° 317° absolus.
)) La limite pratique de température que nous pousous produire par
l'évaporation de l'iiydrogèue solide est de i4° à i5° absolus.
>. La détermination exacte des points d'ébuUition de l'hydrogène liquide
sous pressions réduites fera l'objet de nouvelles recherches.
» En passant, on peut noter que la température critique de l'hydrogène
étant 30" à 32" absolus, le point de fusion est représenté par un nombre
qui est moitié environ de celui qui correspond à sa température critique.
Une observation semblable peut être faite pour le point de fusion et la
température critique de l'azote. L'apparence écumeuse du solide, lorsqu'il
est produit dans un récipient vide ordinaire, est due à la faible densité du
liquide et au fait qu'une ébullilion rapide a lieu dans la masse entière du
liquide.
') Ces expériences sur la solidification de l'hydrogène nous semblent
détruire l'hypothèse que l'hydrogène puisse être un métal; on doit, à
l'avenir, le classer parmi les éléments non métalliques. »
(') Maintenant qu'il est définilivenieiU prouvé que l'iiélium est plus volatil que
l'hydrogène, ce corps, après avoir passé à travers un tube de verre en spirale plongé
dans de l'iiydrogène liquide pour séparer tous les autres gaz, pourra être comparé
avec le tlieruiomètre à livdrocèiie.
(45^ )
ZOOLOGIE. — Sur le mode de croissance en spirale des appendices en voie de
régénération chez les Arthropodes. Note de M. Edmoxd Bordage, présentée
par M. Milne-Edwards.
« 1. Dans une précédente Communication à l'Académie, j'ai signalé le
mode de croissance en spirale dçs membres en voie de régénération chez
les Manlides; j'ai rappelé que ce mode s|)écial de croissance se constate
également chez les Phasmides et chez les Blattides ('). J'ajoutais que cette
particularité devait probablement se rencontrer chez les quatre familles
d'Arthropodes, et cela pour les différents appendices (^).
« En ce qui concerne les Insectes, le lait est maintenant prouvé pour les membres.
En outre, j'ai pu m'assurer que, après amputation, les antennes des larves de l^hasmides
{Monandroplera el liapkidertis) croissent en spirale jusqu'après la première mue
qui suit la mutilation.
» Chez les Crustacés, le mode de croissance en spirale a été constaté chez Cancer
paguriis. Carcinus mœnas, Pagurus Bernhardus, par H. Goodsir (Anatomical nnd
pallwlogical obsen,ations; Edimbourg, i845).
Parmi les Arachnides, les Aranéides le présentent nettement.
« Chez les Myriapodes, il n'a pas encore été signalé. Cela provient vraisemblable-
ment de ce que peu de recherches ont été faites sur la régénération des membres chez
ces Arthropodes. Mais il est très probable qu'il doit s'observer tout au moins cliez les
Myriapodes à membres très développés, tels que les Scutigères (Scutigera). Ces der-
niers présentent une particularité très remarquable. Quand ils n'ont pas encore atteint
leur complet développement, on aperçoit, par transparence, dans le segment terminal
du corps, des membres enroulés sous les téguments, membres qui ne deviendront libres
et rectilignes qu'à la mue suivante. Après chaque mue, le corps du Scutigére com|)tera
un segment de plus.
!■ II. Mais je dois faire remarquer que le mode de croissance en spirale ne
se rencontre pas chez tous les Arthropodes. Chez le Hoinard, par exemple,
les membres thoraciques en voie de régénération croissent d'une façon rec-
tiligne. Ce fiit est d'autant plus remarquable que, cbez le même Crustacé,
(') Je viens de constater que M. H. Brindley avait signalé ce mode de croissance
chez les lilattides ( Brindley, On certain characters of reprodiiccd appendages in
Arthropoda, p. 9; i8g8).
(^) Mais des recherches, tant expérimentales que bibliographiques, m'ont appris
que ce mode de croissance ne se rencontre pas chez tous les Arthropodes, contraire-
ment à ce que l'on serait tenté de supposer d'aijord.
( 45(i )
les antennes mutilées croissent en spirale jusqu'à la première mue qui se
produit après la mutilation.
)) La différence entre ces deux modes de croissance n'est pas aussi grande qu'on
pourrait le croire tout d'abord. Voyons en quoi elle consiste. Chez les Arthropodes
présentant le mode de croissance en spirale, comme chez ceux qui offrent le mode de
croissance rectiligne, la surface suivant laquelle se fait la séparation, entre deux
articles consécutifs d'un membre, se recouvre d'une mince cuticule non chitinisée.
Dans l'un et l'autre cas également, le travail de régénération ne se fait pas, dès le dé-
but, sur toute la surface de section, mais il commence vers la partie centrale, et, la
rapidité de croissance en longueur étant ordinairement de beaucoup supérieure à la
rapidité de croissance en diamètre, il en résulte que le rudiment de membre en voie
de développement a d'abord un diamètre de beaucoup inférieur à celui du moignon
demeuré en place.
» Si la croissance s'opère rapidemenl, ce qui a lieu le plus souvent, et si aucune
turgescence ne se manifeste dans le rudiment de membre, ce dernier, par suite de sa
flaccidité, est incapable de repousser fortement devant lui la mince cuticule qui re-
couvre la surface de section. Il ne peut que la distendre légèrement, de façon à trouver
la place qui lui est nécessaire. Dans ces conditions, il est obligé de s'enrouler sur lui-
même, tout en restant couvert par la cuticule qui forme une sorte de petite poche
protectrice.
1) Si, au contraire, la turgescence se manifeste dès le début de la croissance, le rudi-
ment du membre en voie de formation, au lieu d'être obligé de se replier sur lui-
même, est capable de refouler devant lui la mince cuticule douée d'une assez grande
élasticité. Dans ce cas, rien ne l'empêche de croître d'une façon rectiligne. Cette cuti-
cule peut même se mouler d'une façon jjlus ou moins parfaite sur le membre en voie
de croissance et résister jusqu'au moment de la plus prochaine mue. Elle est alors
rejetée avec l'ancienne enveloppe chitineuse du corps à laquelle elle est intimement
liée.
» En résumé, le développement d'un membre se ferait suivant le mode spirale, ou
suivant le mode rectiligne, selon qu'il y aurait eu flaccidité ou turgescence du rudi-
ment de ce membre de remplacement, dès le début de sa formation.
» III. En ce qui concerne leg Insectes [Mantides, Blattides ('), Ortho-
ptères sauteurs], la régénération d'une portion de membre, après section
artificielle, se produit le plus souvent suivant le lîiode de croissance en
spirale. J'ai cependant constaté quelques exceptions, que l'on peut expli-
quer assez facilement d'ailleurs et considérer comme un cas particulier du
processus le plus général.
» Ainsi, chez les Phasmides, tandis qu'un membre amputé par autotomie
(') Cf. H. -II. Urikdley, Ou certain characlers of reproduced appendages in Ar-
thropoda, p. 9; 1898.
( 457 )
se régénère en suivant le mode de croissance en spirale, la régénération
d'une portion d'un membre amputé par section artificielle a lieu suivant le
mode de croissance rectiligne [voir Bord âge, Régénéra/ ion des membres
chez les Phasmides après des sections artificielles {Ann. Soc. Entom. de France,
p. 87; 1898)].
» Dans le Travail en question, après avoir indiqué que la croissance des membres
autotoniisés en voie de régénération s'opère avec une rapidité relativement remar-
quable, j'ajoutais que celle des portions de membres mutilés par des sections artifi-
cielles se fait, au contraire, avec la plus grande lenteur. Mais la partie en voie de
régénération, après section artificielle, devant avoir, immédiatement après la mue la
plus proche, le même diamètre que la partie terminale du moignon plus ou moins long
demeuré en place, il s'ensuit que la croissance en diamètre doit être tout aussi rapide
que chez les Mantides et les Blattides. Elle est même quelquefois aussi rapide que la
croissance en longueur ('), et cela précisément au début du processus de régénération,
mais à cette période seulement. Ensuite, elle se ralentit considérablement et obéit à la
vitesse de croissance en diamètre du membre tout entier, avec laquelle elle se confond.
» De cette façon, le travail de régénération de la portion de membre qui a débuté,
comme cela est la règle, vers la partie centrale de la section, a déjà gagné toute la
surface de cette section, avant que le rudiment de membre ait acquis une longueur
appréciable. Ce rudiment possède donc le diamètre de la partie dont il est le prolon-
gement et sa longueur insignifiante ne le contraint pas à s'enrouler sur lui-même sous
la cuticule protectrice, ce qui arriverait certainement si sa croissance en longueur
était rapide et si son diamètre demeurait en même temps de beaucoup inférieur à
celui du moignon qu'il doit compléter. Il peut alors distendre devant lui la mince
cuticule sur toute son étendue et croître d'une façon rectiligne.
» J'ai pu constater que le même fait se produit quelquefois pour les Orthoptères
sauteurs, à la suite de sections artificielles pratiquées soit sur les membres des deux
paires antérieures, soit sur la partie inférieure du tibia et sur les premiers articles du
tarse des pattes sauteuses. Mais ici, le fait n'est pas constant comme chez les
Phasmides. Il ne se produit que dans le cas où, pour une cause quelconque, la régé-
nération se fait avec une grande lenteur. Autrement, la croissance se fait en spirale.
» Nous avons donc là une seconde cause amenant la croissance recti-
ligne du membre en voie de régénération. Il convient d'ajouter que, dans
ce cas, la turgescence semble aussi jouer un certain rôle. »
(') Ainsi, j'ai pu constater, chez une larve de Monandroplera inuncans, qu'après
la mue qui se produisit en premier lieu, quelque temps après la section artificielle
d'un membre mesurant 2"" de diamètre au point où la section avait été pratiquée, la
saillie terminale formée par la partie en voie de régénération atteignait elle-même à
peine 2™'" de longueur.
( /,5H )
M. L. Brach soumet au jugement de l'Académie l'indication d'un moyen
de protection pour les trains de chemins de fer en marche.
(Renvoi à la Section de Mécanique).
La séance est levée à 3 heures et demie.
J. B.
BULLETIN BIBLinr.RAPIlIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 4 septembre 1899.
Description des machines el procédés pour lesquels des brci'els d'imention ont
été pris sous le régime de la loi du 5 juillet i8.'î4, publiée par les ordres de
M. le Ministre du Commerce et de l'Industrie. ï. XCI, i"-3' parties, nou-
velle série. Paris, Imprimerie nationale, 1899; 3 vol. in-8°.
Influence des changements de température sur la respiration des plantes.
par M. W. Palladine. (Extr. de la Revue générale de Botanique, dirigée par
M. Gaston Bonnier, Membre del'Institut, t. XI, p. 241 ; 1899.) Paris, Paul
Dupont, 1899; I fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1898. CXLIX*année, 5' série, t. XVI.
Nancy, Berger-Levrault et C'", 1899; i vol. in-8°.
Œuvres complètes de Christian Euygens, publiées par la Société hollan-
daise des Sciences. T. VIII, Correspondance, 1676-1684. La Haye, Martinus
Nijhoff, 1899; I vol. in-4". (Hommage des Directeurs de la Société hollan-
daise des Sciences.)
AstrologY vindicated : The zodiac of the human face, by J.-B. Schmalz.
Etowah, P. O., 1898; 2 fasc. in-24. (Hommage de l'Auteur.)
Die Unitâl des absoluten Maass^Systems in Bezug auf magnetische und eleh
trische Grôssen, von FRA^•z Herntlee. Budapest, 1899; i fasc. in-8°.
A new theory of the stahility ofships, by Alfred-J. (Iooper. 2"'' édition, re-
vised and enlarged. London, J.-D. Potter. (Hommage de l'Éditeur. )
Money's worth, by John-Henry Norman. London, Sampson Low, Martson
and C", 1899; I vol. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
Jepnis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes lû-4*. Deui
•lies, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
oart du i" janvier.
Le prix de Pabonnemenl est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
sn..
chez Messieurs :
Ferriin frères.
iChaix.
Jourdan.
Ruff.
Uns Courtin-Hecquet.
j Germain etGrassin.
' I Lachése.
■onne Jérôme.
inçon Jacquard.
./ Feret.
ieaux ! Laurens.
! Muller (G.).
rgea Renaud.
Derrien.
F. Robert.
J. Robert.
Uzel frères.
I Jouan.
mberv Perrin.
Henry. .
Marguerie.
Juliot.
Ribou-Collay.
I Lamarche.
(1. Ratel.
' Rey.
( Lauverjat.
( Degez.
\ Drevet.
\ Gratier et C".
\tochelle Foucher.
( Bourdignon.
I Dombre.
) Thorez.
( Quarré.
•bourg..
mont-Ferr. .
mbU.
'(are.
chez Messieurs :
, . ( Baumal.
Lorient J .. .,
( M»' Texier.
(Bernoux et Cumin
Georg.
Lyon { Côte.
I Savy.
' Vitte.
Marseille Ruât.
) Calas.
Montpellier .
Moulins.. ..
\ Coulet.
Martial Place.
/ Jacques.
Nancy ... Grosjean-Maupin.
' Sidot frères.
I Loiseau.
' ■ ■ ' / Veloppé.
i Barma.
■ I Visconti et C".
Nimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
„ . . \ Blanchier.
Poitiers , ,, ,
( Marche.
Hennés Plihon et Hervé.
Rochefon Girard (M"").
„ i Langlois.
Rouen ! ' .
( Lestnngant.
S'-Étienne Chevalier.
( Ponteil-Burles.
Mantes
Nice.
Toulon.
Toulouse..
{ Rumèbe.
j Gimet.
! Privât.
iBoisselier.
Péricat.
Suppligeon.
( Giard.
( Lemaître.
Valenciennes .
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Berlin.
Bttcharest .
chez Messieurs :
( Feikema Caarelsen
' et C-.
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et C*.
Dames.
Friediander et fils.
' f Mayer et Muller.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanichelli.
[ Lamertin.
Bruxelles Mayolezet Audiarte.
I Lebégue et C*.
\ Sotcheck et C°.
( Storck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BellelC".
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
iCherbuliez.
Georg.
Stapelmohr.
Bel infante frères.
i Benda.
( Payot.
■ Barth.
l Brockhaus.
Leipzig ( Lorenlz.
Max Riibe.
Twietmeyer.
( Desoer.
\ Gnusé.
Londres
Luxembourg
chez Messieurs :
1 Dulau.
Hachette et C'.
'Nutt.
. .. V. Buck.
Naples .
Genève
La Haye. .. .
Lausanne —
Liège.
I Libr. Gutenberg.
Madrid ' ^°"'° y Fussel.
) Gonzalès e hijos.
l F. Fé.
Milan !^°«'» f''""-
> Hœpli.
i^oscou Tastevin.
Marghieri di Giu».
Pellerano.
j Dyrsen et Pfeiefer.
New-York Stechert.
' LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C"
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés et Mouiz.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
Rome j Bocca frères.
) Loescheret G".
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallid.
c., „ . . \ Zinserling.
S'-Petersbourg..^^^^^^
1 Bocca frères.
Brero.
I Clausen.
( RosenbergelSellier.
Varsovie Gebelhner et WollV
Vérone Drucker.
i Frick.
Vienne !„ ,,
I Gerold et C".
ZUrich Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES SES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à Si Décembre i85o. ) Volume in-4»; i853. Prix 16 fr.
Tomes 32 à 61.- ( i" Janvier i85t à 3i Décembre i865.) Volume in-4"'; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre iSSo.) Volume in-4''; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES :
sel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Dbrbès et A.-J.-J. Solier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbation» qu'éprouTcnlles
:tes, par M.HisfEN.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
65, par M. Clicde Behnard. Volume in-4'', avec 32 planches; i856 15 fr.
ne II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benede>. — Essai d'une réponse a iaqucauoude Prii proposée en iSôo par l'Académie des Sciences
le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
maires, suivant l'ordre de leur superposition . — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Kechercher la nature
rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bbonîi. In-4°, avec 37 planches; 1861.. . 15 fr.
a même Librairie les Hémou-es de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie dsi Sciences.
N" 10.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 4 septembic 1899.)
MEMOIRES ET COMMUi\ICATIO-\S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. G. liAYKT. - Observntions de la comète
Swift (1899, a), faites au grand équalo-
Pages.
rial de l'observatoire de Bordeaux, par
MM. G. Rayet cl A. Féraud 4^3
CORRESPO.\DAIVCE.
M. le Directeur del'.. Institlto y Obser-
VATORio DE Marina de San Fernando. —
Lettre relative aux futures expéditions
pour l'observation de l'éclipsé de Soleil
du 37 mai 1900
M. L.-J. Gruey. — Observations de la pla-
nète EP J. Masrart. 1899 août 26) faites
à l'observatoire de Besançon, avec l'équa-
torial coudé, par .M. P. Chofardet
M. D. EoiNiTis. — Observations des Per-
séides, faites à Athènes
SL Arthur Berhy. - Sur les surfaces de
Bulletin bibliographique . - .
4^6
447
quatrième degré qui admettent une inté-
grale différentielle totale de première
espèce
M. James Dewar. — Sur la solidilication de
l'hydrogène
M. Edmond Boudaoe. — Sur le mode de
croissance en spirale des appendices en
voie de régénération chez les Arthropodes.
M. L. Brach soumet au jugement de l'Aca-
démie l'indication duu moyen de protec-
tion pour les trains de chemins de fer en
marche
44o
4a 1
^^J
45s
458
I
PAKIS. - IMPKIMIÎRIE G A UT H I E R-V I L L A RS ,
Quai des Grands-Augustins, 55.
Le CéranI ." GADiaiER-ViLLA»».
iôM 1899
SECOND SE3IESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR ITIRI. KiES SECRÉTAIRES PERPÉTUEEiS.
T031E CXXIX.
NMl (11 Septembre 1899).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPltlMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Àugastins, 55.
1899
RÈGLEMENT RELATIF ALX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI iSyS.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
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Il y a deux volumes par année.
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écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
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limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
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Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à temf
Les Programmes des prix proposés par l'Académ.
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Ra
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'auta:
que l'Académie l'aura décidé
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qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un t>
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tenus de les réduire au nombre de pages requis. 1
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mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extr;
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fo
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vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
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préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
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moires sur l'objet de leur discussion.
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actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sï
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sent Règlement.
Les Savants étrangers à rAcadémie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont P"és de
inocer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise a la séance smv
déposer au Secrétariat au pi
I
COMPTES RENDl S
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 11 SEPTEMBRE 1899,
PRÉSIDÉE PAR M. Maurice LÉVY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE. — Sur une forme nouvelle des équations de la Dynamique.
Noie de M. P. Appell.
« IjH forme nouvelle des équations de la Dynamique, indiquée dans les
Comptes rendus des 7 et 28 août 1899, peut être résumée par le théorème
suivant, qui se rattache au principe de la moindre contrainte de Gauss :
» Soit un système à liaisons données, soumis à des forces pouvant dépendre
des positions, des vitesses et du tem.ps ; désignons par J l' accélération d'un
point quelconque du système, par m sa masse et par F la force donnée qui lui
est appliquée; puis formons la fonction
R = U/nJ-~iFJcosF,J;
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N* 11.)
62
à un instant quelconque, la posilioti du système et l'état des vitesses étant
regardés comme déterminés, les accélérations ont des valeurs rendant la fonc-
tion R minimum.
» Dans cel énoncé, on peut évidemment remplacer la fonction R par la
fonction
^li(SJ-J^ F)V,
((mJ — F)) étant la différence géométrique des vecteurs mJ et F, ou par
toute autre fonction qui diffère seulement de R par des termes indépen-
dants des accélérations.
» Les équations précédemment indiquées s'obtiennent en égalant à zéro
les dérivées partielles de la fonction R par rapport à q[, ql' • • • > lu- "
MEMOIRES PRESENTES.
M. Th. Descamps soumet au jugement de l'Académie un Mémoire « Sur
la maladie du Rot-brun et du Black-rot ».
(Renvoi à la Section d'Économie rurale.)
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. - Les Perséides en 189g. Note de M. G. Flammarion,
présentée par M. Bouquet de la Grye.
(( J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les observations des Perséides,
faites à l'observatoire de Juvjsy par MM. Antoniadi et Mathieu, les 11,
12 et i3 août. Elles font suite à celles que j'ai adressées récemment pour
la nuit du 10 août.
)) La figure ci-après représente toutes les trajectoires des météores
observés le 11.
( 46i )
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Lieu
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Lie
U
Lieu
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(le disparition.
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Cf.
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-58
■7- 9
+48
A
12 août.
1 9.17.30
2 9.22.30
3 9.23.30
4 9.26.30
1 9-46
2 9.5.
3 9.52
4 9-54
5. ... 9.55
6 10. 0
7 10.10
8 10.24
9 10.27
10 10.35
U 10.40
3i
3i
4
5
5{
2.20
3.12
23.43
2i.5o
21 . O
20.20
2. O
23.40
23. 8
I.I9
23. o
l3.20
22. |5
23.26
h85
r62
^62
-5o
-73
--43
-43
+54
-32
-|.;52
+67
32
82
.3. 7
3.5o
0.38
20.52
16. 3o
20.43
19.36
o. 0
23. 7
22. o
22.56
23.24
9-3o
22. 3o
22.48
+75
+68
+52
+33
+5i
+48
+3o
+44
+•7
+43
+60
+27
+80
A
A
A
A
5 9-32
6 9.33
7 10. 2
i3 août.
A
A
A
A
A
A
A
A
A
A
A
12 10.42
13 10.58
14 II. 2
15 II. 5
16 II . II
17 II .3i
18 11.32
19 11.34
20 1 1 . 07
21 11.40
22 11.40.45
2 o.3o -i-32
5 20. 6 +72
2I 16.20 —76
4
3
4
6.32
22. O
12.12
18. l4
16. 5o
o.5o
22. o
2.17
3.5o
23. 8
22. o
-64
-64
-"77
+23
-"79
+48
+73
+44
+58
o. 3
18. 7
i5.52
7.40
23.12
13.49
16.42
12.21
0.57
18.22
i.5o
19.48
23.16
21.16
-21
-56
r-52
-^65
--49
--59
-49
+7'
-37
-46
+35
-40
+28
-3i
» Un nombre considérable des météores enregistrés ici n'appartenaient
pas à l'essaim des Perséides. Tels sont, dans la nuit du 1 1 , les numéros 5,
A
A
A
A
A
A
A
A
A
A
A
( 463 )
6, 7, 10, 13, 17, 19, 20, 31, 41, 52, 54, 57, 65, 81, 95, 101, 105, 113.
114, 128, 137 et 139. Le numéro 3 de la nuit du la provenait également
d'un autre radiant; il en a été de même des numéros 2, 8, 9, 10, 13, 17
et 21 le i3 août.
» Enfin les résultats généraux des observations sont donnés dans le
Tableau suivant :
Dates
Observation
iNombre
de
météores
Moyenne
horaire.
Antres
météores.
Proportion
de
Perséides.
Radtan
1899.
commencée
à
terminée à
Durée.
observés.
er
registres.
Persétdes.
a. 3.
h m
h m
h lïi
h m
10 août .
. .. 9.i5
14.45
5.3o
i53
i3o
ï8,9
109
21
0,84
3. 0 +56
11 .) .
... 9-15
14.45
5.3o
157
i46
■^» 5 , 1
123
23
0,84
3. 5 +56
12 » .
. . . g. 10
10. 5
o.3o
7
7
i4±
6
1
0,86
3. 4 +57
i3 » .
... 9. 45
11.45
2. 0
22
22
ii;±
i5
7
0,68
3.12 +55
( 464 )
» Ainsi qu'on le voit, le maximum de l'averse a eu lieu dans la seconde
moitié de la nuit du 1 1, vers 2'' du malin, lorsque la moyenne horaire s'est
élevée à 36. La comparaison de la position du radiant dans les quatre nuits
accuse un léger déplacement vers l'est. 1
M. BouQDET DE LA Grye fait remarquer que les Perséides constituent
des signaux presque instantanés, se passant à des hauteurs telles qu'elles
sont visibles d'un horizon d'un millier de kilomètres. Dans ces conditions,
il pense qu'elles pourraient servir aux géodésiens à déterminer des diffé-
rences de longitudes, dans des régions dépourvues de télégraphe. Cette
solution n'est d'ailleurs possible qu'en utilisant des étoiles filantes partant
d'un même radiant, pour que l'attention de l'observateur soit limitée à
une petite surface du ciel.
Chaque station serait munie d'un chronographe électrique.
Il priera M. Flammarion de poursuivre des essais dans ce sens.
GÉOMÉTRIE. — Sur quelques dépendances géométriques entre deux systèmes
de points définis par des équations algébriques. Note de M. S. Mangeot,
présentée par M. Appel!.
« Je considère trois variables x,y,z, regardées comme des coordon-
nées rectangulaires.
" Si, A étant une fonction de ces variables, l'on pose
, , . ^ d^k d-k à-k
avec '
A^(A) = A,[A^_,(A)], Ao(A) = A,
la fonction Ur,,r,,...[^p('j'i,)> ^pi^n)' ■ • -J» représentée par l'expression
r.
11
«,! 6,!c,! «,! b.lc^l
{a, -hi, +c, = r,, a., -h è„ -+- c. = r.,, . . .),
où '1,, <],.„
désignent des fonctions de x, y, z en nombre quelconque,
«gai à celui des nombres r,, r.,, . . ., est un covariant de <]/,, «J/o, ... pour
toute transformation de coordonnées rectangulaires, quelles que soient
( 4fi.^ )
les valeurs, posilives ou nulles, attribuées aux nombres/?, r,, r.,, . . . pourvu
que l'on convienne de remplacer ^^^^ par i et ^J^^Ti par A quand r
est nul.
» Je pose exceptionnellement
U„(A) = A.
)) J'envisage l'ensemble F des points dont chacun appartient à v surfaces
algébriques S„ représentées par les équations entières et à coefficients réels
f„{x,y,z) =-- o (« = I ,v);
et, d'autre part, l'ensemble $ des points dont chacun vérifie v autres équa-
tions entières à coefficients réels
<sf„(x,y,z) = o (n= I, ., .,v),
V étant l'un des trois nombres i, 2, 3 (' ). Pour l'objet que j'ai en vue, je
dois su|)poser que les degrés des polynômes 9» sont les mêmes que ceux des
polynômes /„. Soient/,, .. ., f^, cp,, ..., <pp ceux des polynômes /„ et 9,,
dont le degré est égal au plus faible de ces degrés.
). Les fonctions/"',/'^',/'", . . . que définissent successivement les for-
mules
/" =^ U,. ,,[A,( /•,),..., A,(/p)], /(=) = U^A, (/<))|.
/•') = u,4A,.r/<»))],
doivent être des covarianls de/,, /p, pour toutes les valeurs, positives
et nulles, des indices r^, ..., r^, p, r', //, r", p", Je dénomme 9'", <f'-\
9<'', ... les fonctions définies par les mêmes formules où l'on remplace la
lettre / par la lettre ç, en gardant aux indices les mêmes valeurs. Parmi
tous les couples de fonctions correspondantes/"^', «p""', il y en a une infi-
nité qui comprennent chacun deux fonctions du second degré P, Q. Je
désigne par M, N les centres respectifs des deux quadriques (P), (Q) cor-
respondant aux équations P = o, Q = o.
» Cela étant, je suppose que les deux figures F et <I> aient entre elles une
relation de similitude. Il en sera ainsi des deux figures définies, l'une par
les équations/, = o, ...,/= o, l'autre par les relations
(p, = O, .. .,Çp= 0.
Il devra en être de même, également, des deux surfaces qui ont pour équa-
(') Si V est égal à 3, je suppose que les équations /„= o, d'une part, et les équations
•f„= o, d'autre pari, sont toutes nécessaires pour définir les deux figures F et *.
( 466 )
tions
/«^ = o, 9"^ = o.
De plus, la loi même qui transforme F en $ devra faire correspondre la
première de ces deux surfaces à la seconde, et, en particulier, la qua-
drique (P) à la quadrique (Q); par suite aussi le point M au point N, et,
conséquemment encore, le triangle T formé par trois des points M au
triangle T' formé des trois points N qui leur sont associés. Je suis ainsi
conduit à ce théorème :
» Pour que les deux figures F, $ soient semblables, homothétiques , égales,
superposables par translation, ou par rotation, ou encore symétriques l'une de
l'autre par rapport à un point, à une droite, à un plan, il faut que les deux
quadriques (P), (Q) aient entre elles cette même dépendance, comme aussi les
deux triangles T, T' ; et les deux figures (P), (Q), om T, T', doivent se trans-
former l'une dans l'autre d'après la loi même qui permet de passer de¥ à ^.
» Par exemple, pour que les deux figures F, $ soient égales, il est
nécessaire que les deux triangles T, T' soient égaux et que, en transportant
T sur T', ou les axes de (P) sur ceux de (Q), la figure formée par les points
appartenant à chacune des nouvelles positions des surfaces S„, supposées
entraînées dans le mouvement, soit confondue avec $.
1) Ainsi encore, les deux figures F, $ ne peuvent être symétriques l'une
de l'autre par rapport à un élément : point, droite ou plan, que si les deux
figures (P), (Q), ou T, T', sont elles-mêmes symétriques l'une de l'autre
par rapport à un élément e, confondu avec le précédent. Pour que la symé-
trie ait lieu entre F et $ il sera nécessaire et suffisant que la figure formée
des points a oartenant à chacune des surfaces respectivement symétriques
des siyfav.es S„ par rapport à s coïncide avec la figure $.
» Si l'on suppose que les fonctions (p„ sont les mêmes que les fonctions
/„, on voit que la recherche des centres, axes, plans de svmélrie d'une sur-
face S,, ou de la courbe d'intersection de deux surfaces S,, S^, ou du sys-
tème des points communs à trois surfaces S,, S^, S,, peut être générale-
ment ramenée à la détermination des centres, axes ou plans principaux de
l'une quelconque des quadriques (P). »
La séance est levée à 3 heures un quart.
J. B.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
Depuis 1835 les COMPTES RINDDS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Us forment, à la fin de l'année, deux Tolumes ln-4*. Deux
"jles, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
I part du i" janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 30 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale : 3i fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
en Ferran (rères.
iChaix.
Jourdan.
Ruff.
lient Courtin-Hecquet.
( Germain etGrassin
° ( Lachése.
yonne Jérôme.
ançon Jacquard.
/ Feret.
deaux J Laurens.
( Muller (G.).
rges Renaud.
( Derrien.
F. Robert.
J. Robert.
Uzel frères.
ffl Jouan.
•Mbery Perrin.
. ( Henry.
rbourg ■' .
( Marguene.
j Juliot.
( Ribou-Collay.
/ Lamarche.
>« Ratel.
'Rey.
. ( Lauverjat.
( Degez.
_., 1 Drevet.
noble '
( Gratier et C'V
i Hockelle Foucher .
Havre | Bourdignon.
( Dombre.
•mont-Fer r..
Thorez.
Quarré.
Lorient.
\ Lyon.
Montpellier .
chez Messieurs :
l Baumai.
I «"• Texier.
! Bernoux et Cumin
i Georg.
( Côte.
J Sary.
I Vitle.
Marseille Ruât.
Calas.
Coulet.
Moulins Martial Place.
i Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidot frères.
Loiseau.
Veloppé.
Barma.
Visconli et C".
Nimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
( Blanchier.
l Marche.
Bennes Plihon et Hervé.
Rocheforl Girard (M"").
I Langlols.
I Lestringant.
S'-Étienne Chevalier.
„ , ( Ponteil-Burles.
Toulon
Toulouse
Nantes
Nice.
Poitiers..
Rouen.
{ Rumèbe.
Gimet.
Privât.
iBoisselier.
Pérical.
Suppligeon.
( Giard.
( Lemaître.
Valenciennes..
Amsterdam .
Berlin.
Bucharest.
chez Messieurs :
Feikema Caarelsen
et Or
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
( Asher et C".
Dames.
Friediander et fils.
( Mayer et Muller.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanichelli.
iLamertin.
Mayolezet Audiarte.
Lebègue et C'*.
Sotcheck et C".
Storck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BelletC».
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhc^gue Hbst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
j rherbuliez.
Genève j oorg.
( apelmohr.
La Haye Belinfan'e frères.
( Benda.
I Payot.
Barth.
Brockbaus.
Leipzig l Lorentz.
Max Riibe.
Twietmeyer.
Desoer.
^'^Se JGnusé.
Naples.
Lausanne.
chez Messieurs :
( Dulau.
l'O'id'-es Hachette et C".
' Nutt.
Luxembourg . ... V. Back.
/ Libr. Gutenberg.
Madrid | '^°'"° ^ ''"5'«'-
I Gonzalès e hijos.
' F. Fé.
Milan j Bocca frères.
( Hœpli.
Moscou Tastevin.
Marghieri di Gius.
Pellerano.
/ Dyrsen et Pfeiffer.
New-Vork Stechert.
' LemckeetBuecbner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C-
Palerme Clausen.
Porto Magalhaès et Mouiz.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
Bocca frères.
Loescheret C".
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
i Bocca frères.
Brero.
Clausen.
Rome .
RosenbergetSellicr.
Varsovie Gebelhner et WollV
Vérone Drucker.
1 Frick.
Vienne _ , , ^ „.
( Gerold et C".
Ziirich Meyer et Zeller.
TABLES GËNËRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1« 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870 Prix 15 fr
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume 10-4"; 1889- l'ii^ *^ f""-
SOPPLËHENT ADS COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
me I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Deebês et A.-J.-J. Solieb. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
Cl êtes, par M. HAMiEti. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréa tique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
Jlies, par M. Claude Beknakd. Volume in-4°, avec 32 planches; i856
■ me II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedkn. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i8do par l'Académie des Sciences
f« le concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir ; « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
• intaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
• i rapports qui existent entre l'étatactuel du régne organique et ses états antérieurs ., par M. le Professeur Bron». In-4», avec 27 planches; 1861.. . .5 t.
la même Ubraine les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savant» à l'Académie des Sciences.
IV" n.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du H septembre 1899.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. P. Appeli.. — Sur une forme nouvelle de» équalions rie la Dynamique.
Pages.
• • 459
MEMOIRES PRESENTES.
M. Th. DE.SCAMPS soumet au jugement de
l'Académie un Mémoire ■< Sur la maladie
du Rot brun et du Black rot ■• 4''"
CORRESPOND AIVCE.
M. C. Flammarion. — Les Perséides en 1S99. 46"
M. Bouquet de la Grye. — Remari]ues à
propos de la Communication de M. Flam-
marion, sur l'utilisation possible des
étoiles filantes pour la détermination des
différences de longitudes 4^4
M. S. Maxgeot. — Sur quelques dépendances
géométriques entredeux systèmes de points
définis par des équations algébriques 4^4
PARIS. — IMPRIMERIE G AUX H I E R-VI L L A RS ,
Quai des Grands-Augustins, 55.
Le Gérant : <«jidti]1Bb-Vii.lars.
iô'^
1899
SECOAD SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
IIEBDO.MADAIHES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAK TITI. liES SECUÉrAIIlES PHUP^rUËE.».
TOME CXXIX.
NM^2 (18 Sep(embrc I899).
m-^)-^^Q^^^S^^^
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
yuai des Grafids-Au^usliiis, 55.
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875.
Les Coniptfs rendus hebdomaaaiies des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 patres ou 6 teuilles en moyenne.
26 nrméros composent un volume.
Il y a deux volumes |)ar année.
Article 1". — Impressions des travaux de l^ Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou oarunAssociéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les commiinicalions verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Noies sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académ
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Ra
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'auta
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance p
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savanu
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personm
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un i-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires se
tenus de les réduire au nombre de pages requis. !
Membre qui fait la présentation est toujours nomm
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Exfr;
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le te
pour les articles ordinaires de la correspondance 0:
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remi
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à tem
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rer,
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu s
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports»!
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administra tivefi
un Rapport sur la situation des Comptes rendus api
l'impression de chaque volume. I
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution dup
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant &\ Autrement la présentation sera remise à la séance suIt»
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 18 SEPTEMBRE 1899,
PRÉSIDÉE PAR M. Maurice LÉVY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION. — Variations de iJolume des mortiers de
ciment de Portland, rèsuhant de la prise et de l'état hygrométrique.
Note de M. Considèrk.
« De 1886 à i88g, les variations de volume des mortiers ont été l'objet
d'expériences précises, faites à l'École des Ponts et Chaussées et prolon-
gées pendant trois ans. D'autre part, dans leur Traité qui vient de paraître
en x4llemagne, MM. F.-W. Busing et C. Schuman ont fait connaître les
résultats des recherches de MM. Meier et Schuman à ce sujet. Mais on
n'a pas, à ma connaissance, étudié les effets que produisent ces variations
de volume dans les maçonneries armées, oii elles sont contrariées par des
pièces métalliques et où elles développent des forces intérieures.
» Pour étudier cette question, à laquelle les progrès des constructions
c. R., 1899, 2» Seniezirc. ("T. CXXIX, N« 12.) t)3
( 468 )
en maçonnerie armée donnent de l'intérêt, j'ai fait simultanément, avec
les mêmes mortiers, des prismes armés et des prismes non armés, dont les
variations de longueur ont été observées au moven de vis micrométriques
donnant le centième de millimètre. Les uns ont été conservés dans l'eau
douce, les autres ont été laissés à l'air.
» Prismes conservés dans l'eau. — On a fabriqué et immergé quatre
prismes ayant une section de 6oX25™™et une longueur île Goo™™. Deux
de ces prismes étaient en pâte de ciment pur; les deux autres, en mortier
dosé à 6oo''s de ciment par mètre cube de sable siliceux. Un prisme de
chaque nature était armé, suivant son axe, d'un fer rond de lo™", 2ode
diamètre; l'autre n'était pas armé.
» Ces prismes se sont allongés suivant une loi très régulière, avec une
vitesse qui diminuait chaque jour. Le Tableau ci-après donne, dans les
quatre premières lignes, les allongements exprimés en centièmes de
millimètre par mètre de longueur.
Numéros Nature Milieu
jes de ou le prisme Allongements ( en ciiilTre? era? i ou racroiircissemertls ol)=erTês pendant C3 jours,
c-spcriences. la paie. Armalure. elait placé. — — ^ -^ _^
.Nombre de jours après fabrication i a 3 4 5 (i 7 li 21 5S 35 .^;> ^9 5(5 fi3
I néant \ ; 7 15 21 27 32 37 41 59 69 73 75 77 78 78 79
ciment pur • arme J l
( au iTTj' ^„ , ] 2 3 4 5 6 8 9 13 16 18 20 21 22 22 22
66..
63 \
67 ) mortier
65 ) à Goo'-e
c:
néant 1 "^^'^ 1 3 10 13 15 17 18 19 20 22 24 26 27 27 27 28
arme
au 7772 ' \22233344445555
néant \ [Go .'iM 07 58 60 G4 70 y5 no 118 i23 12S i3o i3i
■ ciment pur j arme
01 ) / 1
\ a» TTTï
/ néant
68 ) ""»-lier ) ^^^_^.
63 ) à 6oo'-s I I
l •TU — --;
air \
a.")
6 9 12 l'i iG 17 20 22 23 2'| 2j 25 13
22 31 20 21 22 2G 29 38 !\i .'1', 43 47 47 4(, 5o
4 G 7 8 t) 9 9 9 10 10 10 10 10 10 10
» Ces observations, qui seront poursuivies, n'ont encore duré que sept
semaines; mais, en les complétant au moyen de celles qui ont été faites à
l'École des Ponts et Chaussées et en Allemagne, on peut dire que, en
moyenne, l'allongement du mortier de ciment pur non armé, conservé
dans l'eau douce, atteint o™'",» en moins d'un mois, i""" en moins d'un an,
et paraît tendre vers la valeur de i™™,5 à 2'"™, qu'il atteint au bout de
deux ou trois ans. Les dilatations des mortiers dosés à 600''^ paraissent
être environ trois fois moindres que celles du ciment pur.
» Au sujet des prismes armés on peut observer que leurs armatures
( 469 )
étaient de véritables dynamomèlres, dont les allongements donnaient la
mesure des forces qui tendaient à les allonger.
» Ainsi, pour le prisme 62, âgé de soixanle-lrois jours, rallongement moyen de l'arma-
ture étant de o""°, 22 par mètre et le coefficient d'élasticité du métal étant de 20 x 10', la
tension moyenne de l'armature était de 4''°, 4 pa'' millimètre carré, c'est-à-dire de 36 ii*;
pour la section totale de l'armature qui était de 82'"™'!. Cet effort de 36i''s, nécessaire
))our imposer à l'armature l'allongement observé, ne pouvait être produit que par la
poussée du ciment adhérent au métal qui tendait à se dilater. Le ciment produisait
donc forcément une poussée totale de SGi'^s et comme sa section était égale à i4''"i,2
sa pression par centimètre carré était, en moyenne, de—, — = 25''?,4-
1 4 , a
» Ce calcul, étant basé sur la valeur moyenne de l'allongement de l'ainiature, c'est-
à-dire sur le quotient de son allongement total par sa longueur, ne peut donner que
les valeurs moyennes de la tension de l'armature et de la pression du mortier. Il est
donc évident que l'allongement et les efforts, qui forcément sont nuls aux extrémités
du prisme, atteignaient vers son milieu des valeurs bien supérieures encore aux
moyennes calculées ci-dessus. Des considérations trop longues pour trouver place ici
conduisent à penser que les maxima dépassaient les moyennes d'au moins 25 pour 100
et atteignaient 5''?, 5 pour la tension du fer et 32''s pour la pression du ciment.
» En rapprochant les chiffres des deux premières lignes du Tableau, ou voit que, au
bout de soixante-trois jours, les allongements ont été deo"'™,79 pour le prisme non
armé et de o™'",22 pour le prisme armé. L'armature a donc réduit de 0,79— 0,22=0,57
la dilatation du ciment; en d'autres termes, elle a imposé au ciment un raccourcis-
sement de o™", 57.
» La pression du ciment pur qui correspond, en général, à un tel raccourcissement,
étant voisine de ioo''s, on doit rechercher pourquoi, dans le cas actuel, la pression
n'a atteint que la valeur de 25''s,4, en moyenne, et probablement de 32''s au milieu
du prisme. On le comprendra en remarquant que ce n'est point sur du ciment arrivé
à sa résistance finale que l'armature a agi, mais sur du ciment d'abord très mou, qui
a durci peu à peu. Au début de la prise, il avait d'abord une limite d'élasticité très
basse et, comme la dilatation qu'il tendait à prendre dépassait le raccourcissement
élastique dont il était capable, la résistance de l'armature lui imposait, à chaque
phase de la prise, des raccourcissements permanents qui se cumulaient.
» La déformation des sections planes contribue aussi à expliquer cette anomalie.
« Il y a lien de rechercher comment se comporterait le prisme armé
n° 62 dans l'état où il était après soixante-trois jours de prise, s'il faisait
partie d'une construction soumise à des efforts de traction.
» On a vu que, lorsque ce prisme n'était soumis à aucune force extérieure, le ciment
y subissait une pression intérieure voisine de Sa"*? par centimètre carré. Pour que le
ciment, dont le coefficient d'élasticité était 2 x 10% fût délivré de cet effort intérieur,
il faudrait qu'il pût s'allonger de -, soit de o"'",i6 par mètre et, par suite, que
2x10' * ' ' ' '
( 47" )
le fer, qui en est solidaire, prît un supplément de tension de o,i6 x 20 X 10', soit de
S''?, 2 par millimètre carré. La tension totale du fer atteindrait donc le chiffre élevé de
5,5 -+- 3,2 := 8''s, 7 par millimètre carré, au moment où le ciment, rendu à l'état parfait
d'équilibre, ne supporterait ni tension, ni pression. Le prisme 02 armé d'un fer de 82™'"
de section peut donc supporter une traction totale de 8''s,7 x 82"'""=: 718''? avant que
le ciment commence à subir la moindre tension.
» Oo voit, par cet exemple, que les armatures métalliques prennent, dans
les maçonneries immergées, une part des tensions beaucoup plus grande
qu'on ne le sup[)osait, faute de tenir compte de la dilatation du ciment. On
trouverait saus doute des différences plus grandes encore si, au lieu de
ciment âgé de .soixante-trois jours, on considérait du ciment de deux ou
trois ans, dont l'allongement serait presque deux fois plus fort.
» Un calcul identique, fait pour le prisme armé 64, qui, au lieu du ciment pur.
était formé de mortier dosé à 6oo''8, fait reconnaître qu'au bout de soixante-trois jours
de prise, l'armature en fer supportait une tension moyenne de i''5,2 par millimètre
carré et de gS''? pour la section totale de 82™""!, et que le mortier subissait une pression
moyenne de 'j^i par centimètre carré et, sans doute, une pression maximum de g''? au
milieu du prisme.
» Les expériences dont il vient d'être rendu compte sont les seules dans
lesquelles les allongements aient été mesurés chaque jour; inais j'ai en
outre observé, à des intervalles plus éloignés, des prismes ayant une section
carrée de 46™" de côté et armés de quatre fds de 4™'", 4 de diamètre. Le
rapport des sections du métal et du mortier y était de ^^ tandis qu'il était
de ~-z dans la série précédente. Comme on devait s'y attendre, l'allonge-
ment des armatures a augmenté quand leur section relative diminuait.
Dans le prisme 54, formé de mortier dosé à 6oo'~i^, il a été de o""", 12, tandis
qu'il n'était que de o™'-',o6 dans le prisme n° 64 de la première série.
» Il semblerait que la dilatation, qui met les armatures en tension i)réa-
lable, ne peut avoir que des avantages et qu'elle donne au ciment pur la
supériorité sur les mortiers plus ou moins riches, pour les maçonneries ar-
mées et immergées, parce que sa dilatation est bien plus grande que celle
des bétons ou mortiers. En fait, d'importantes réserves à cette déduction
sont commandées par les expériences qui viennent d'êlre faites, sur ma
demande, au Laboratoire de l'École des Ponts et Chaussées, et dont je me
propose de rendre compte dans une prochaine Communication.
» Prismes conservés à l'air. — Au lieu de se dilater comme dans l'eau,
les ciments et mortiers se contractent dans l'air, mais en suivant une loi
moins régulière.
( 47Ï )
)) Pendant les six à dix premières heures, ceux que j'ai faits au moj'en de ciment
supportant après douze heures l'aiguille de ^'icat ont éprouvé des raccourcissements
considérables, atteignant o°"",6o; puis le retrait s'est arrêté pendant trois jours et a
même été remplacé par une très légère dilatation, puis il a repris avec une vitesse
décroissante et beaucoup moindre que pendant les premières heures de la prise. La
durée de l'arrêt de la contraction a coïncidé avec la période pendant laquelle le prisme
se desséchait et la température du mortier, maintenue d'abord inférieure à celle de
l'air ambiant, par l'évaporation de l'eau, s'en rapprochait peu à peu. La dilatation due
aux variations de température a pu jouer alors un rôle prédominant et masquer la
contraction produite par la prise du ciment.
» En somme, si l'on complète les résultats de mes essais au moyen des
expériences de longtie din-ée exécutées à l'Ecoîe des Ponts et Chaussées et
par M. Meier et Schimian, on peut dire que le ciment pur et non armé
qu'on conserve dans l'air subit, en quelques heures, une contraction voi-
sine de o^'^.S par mètre, que cette contraction atteint i°"" en quinze jours
à un mois, et qu'en deux ou trois ans elle arrive au maximum de i'"°,5 à
» Les chiffres relatifs au prisme n° 61 prouvent que les ciments armés
se contractent suivant une loi continue et régulière et qu'ils diffèrent, par
suite, à cet égard, des ciments non armés. On l'expliquera plus loin.
» Pour calculer la pression que subit l'armature d'un prisme conservé à l'air dont
on a mesuré le raccourcissement, et en déduire les valeurs des eflTorts qui se déve-
loppent dans le métal et le mortier, on fait un calcul identique à celui qui a été
indiqué ci-dessus en détail pour le prisme 62 conservé dans l'eau. On trouve les
chiffres suivants :
» Dans le prisme armé en ciment pur n° 01, l'armature supportait une pression
moyenne de 5''s par millimètre carré et le ciment une tension moyenne de 28''S,7 par
centimètre carré. Au milieu de la longueur du prisme, les maxima devaient être
voisins de 6''?, 23 pour la pression du fer et de 36'^5 pour la tension du ciment.
» Dans le prisme n" G3 de mortier à 6oo''8, l'armature supportait une pression
moyenne de 2''8 par millimètre carré et le ciment une tension moyenne de i l'espar
centimètre carré.
» De ces chiffres et d'autres, obtenus au moyen de prismes constitués
comme le n° 54 cité plus haut, il semble résulter cjuc la tension intérieure
développée, dans un prisme de mortier, par l'action d'armatures métal-
liques de section suffisante, est, à chaque phase de la prise, voisine de la
(') Ces résultats ont été, en ce qui concerne les vingt premiers jours de prise, con-
firmés par quatre autres expériences dont il est inutile de rendre comj)te et où j'ai
mesuré les allongements au moyen de miroirs tournants.
(472 )
résistance à la rupture par traction que possède, au même âge, un mortier
identique essayé sans armatures. Cela explique que le raccourcissement
des prismes armes augmente régulièrement, comme on l'a vu plus haut.
)) Ce fait pouvait être prévu, car la diminution que la solidarité avec
l'armature impose au retrait que le ciment ou le mortier tend à prendre
est, dès le début de la prise, très supérieure à l'allongement élastique dont
il est capable. Le 'ciment ou mortier armé qu'on conserve à l'air est donc,
pendant toute la durée de sa prise, étiré au delà de sa limite d'élasticité et
il doit, par suite, avoir une tension égale à sa résistance maximum au
même âge, puisque cette résistance reste sensiblement constante au delà
de la limite d'élasticité, comme je l'ai démontré dans la Communication
faite le 12 décembre i8f)8 à l'Académie.
)) On remarquera que la contraction du fer et, par suite, la tension du
ciment qui l'a produite n'ont progressé notablement que pendant vingt-
huit jours. L'arrêt de la progression a coïncidé avec l'apparition de fissures
transversales dans le prisme formé de mortier de ciment pur.
» On doit rapprocher de ce fait les fissures observées souvent dans les
massifs en mortier de ciment pur exposés à l'air sec, que des armatures
intérieures ou des liaisons extérieures empêchent de prendre librement
leur retrait. Il y a là un défaut grave qui, si l'on ne réussissait pas à le cor-
riger, ferait écarter remjjloi hors de l'eau du ciment pur et des mortiers
très riches, dans tous les cas où le retrait n'est pas absolument libre, et il
semble que celte condition n'est presque jamais réalisée, car le retrait de
toute maçonnerie est gêné par l'invariabilité du sol de fondation ou des
assises inférieures qui se sont déjà contractées.
Il A l'œil, on ne voit pas de fissures dans les mortiers renfermant, au
plus, Goo'^s de ciment par mètre cube de sable, qui sont conservés à l'air
sec, mais je ne saurais encore dire s'il ne s'y produit pas de fissures capil-
laires. »
CORRESPONDANCE.
M. le Maire de IVcits-Saint-Georges invite l'Académie à se faire
représenter à l'inauguration du monument élevé à la mémoire de Félix
Tisserand, qui aura lieu à Nuits-Saint-Georges le i5 octobre prochain.
( 473 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Surun développement d'une Jonction holoinorphe
à l'intérieur d'un contour en une série de polynômes. Note de M. Rexaux,
présentée par M. Picard.
« M. Picard a donné (^Comptes rendus, année 1879; tours d'Analyse.
\. II, p. 288) un élégant «léveloppement pour une fonction holomor|)Vie à
l'intérieur de l'aire limitée par une ellipse. On peut facilement généraliser
ce développement. Soient un contour simple S, et:;, =/(:) la fonction cpii
représente d'une manière conforme l'aire extérieure à S sur l'aire exté-
rieure à un cercle C du plan des s, ayant l'origine pour centre, les points à
l'infini se correspondant. On aura
z, = kz[ I
et, en posant z^ = ku.
- = ?(") = «!+ -7,
+-
s+-
..+
. "Le
+ .
-
?!+•■
->
..-{-
S+-
'Il
u
u-
-+-..
.-+-
les coefficients b étant convenablement choisis. Soit R(, le module de u
pour lequel le développement de z cesse d'être convergent. Si u par-
court le cercle C„ de rayon R^, ;: décrira une courbe So qui sera comprise
à l'intérieur du contour S, si ce contour est formé tout entier d'un seul
arc régulier de courbe analytique, et qui coïncidera avec S dans le cas
contraire. Aux différents cercles concentriques à Co et extérieurs corres-
|)ondront des courbes de niveau extérieures à S^ et si u parcourt la couronne
limitée par deux cercles C, et C^ concentriques à Cp et de rayons R, et R^,
(Ri >Ro]>Ro), z décrira l'aire limitée par deux courbes de niveau S,
et So (S, extérieure à S^).
» Soient x un point quelconque de cette aire et z un point quelconque
extérieur à S,. Soient u et U les valeurs correspondantes, u situé entre les
cercles C, et C,, U extérieur à C,. On aura
Log(U-,^) = LogU-2j;(g)''-
1
Or, si l'on con!^idère le développement de uP suivant les puissances dé-
( hlk )
croissantes de x, on obtiendra, en s'arrêtant au terme en -> un polynôme
de degré /? et l'on pourra écrire
Q,(.%) étant une fonction holomorplie à l'intérieur de So et s'annulant à
l'infini. Si l'on exprime la fonction Q/,(^) par rapport à u, on obtiendra
une nouvelle fonction R/,(")= QpC^)' pi'océdant suivant les puissances
positives de - à l'extérieur du cercle C;,.
» Or, on peut écrire
et il est facile de démontrer que l'on a
(,) Log(=-a;) = LogU-2-^ ^j7^'
/'■
Rp(")
^ ' /• = '
» Le premier développement est absolument et uniformément con-
vergent pour les valeurs de rr comprises à l'intérieur du contour S,, z étant
extérieur à S, ou sur ce contour. La série (i) peut être dérivée soit par
rapport à z, soit par rapport -ax, et toute fonction holomorplie à l'intérieur
d'une courbe de niveau S, (S, pouvant se réduire à S») est développable
en série procédant suivant les polynômes P^(.a?), (P» = i) ou bien les poly-
nômes dérivés P^(^). Ce développement exige qu'on connaisse les valeurs
de la fonclion sur le contour S,. Les polynômes P;,(^) restent les mêmes
pour les différentes courbes de niveau. Enfin, le développement (2) est
valable pour tous les points ^ et a; extérieurs à Sj ou, ce qui revient au
même, pour les points U et u extérieurs au cercle Cp.
» Si l'on pose
a7 = &-{-r/,, z = ^ + iX, /•^ = (X-ç)=^-(Y-•0^
U = R(cosii + ïsinP.), V ,,{x) = G^(ç,r) -I- i Hp(ç, r,),
on aura pour Logr le développement suivant :
(3) Logr = LogR - ;21 ^ [^z-^'- ''^ """"^P" -^ "''^^' '''^ ''"^"^'
;' = '
( 'rp )
et toute fonction harmonique à l'intérieur d'une courbe de niveau S, (!sl
développable en série absolument et uniformément convergente à l'inté-
rieur de S, et procédant suivant les polynômes Gp(ç,-/-,) et Hp(ç,o)
( H„ = o, G„ = i).
>i Les développements (i), ( 2 ) et (3) permettent de déterminer d'une
façon simple les fonctions fondamentales pour le plan, analogues aux
fonctions fondamentales trouvées ]3ar M. Poincaré dans le cas de l'espace.
Je me réserve de revenir ultérieurement sur celte question. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur dwcrses expériences destinées à confirmer ihypolhésc
d'Ampère, relative à la direction de l'action élémentaire électroniagné-
liijuc ('). Note de M. W. de iXikolaiève, présentée par M. Poincaré.
« Un électro-aimant tubulaire NS (yfig. i) peut tourner autour d'un fd
de suspension. Une extrémité Z du circuit de l'éleclro plonge dans le mer-
cure du godet A; l'autre extrémité M est reliée par un fd ML au mercure
du godet annulaire LE invariablement lié à i'électro. Le fait que le fd ML
est lié invariablement à I'électro permet au reste du circuit ABCDELMZA
de manifester son couple magnétique lorsque ce circuit est parcouru par
un courant; on observe en effet une rotation énergique de I'électro NS.
» Si, maintenant, le fil ML de \'<\Jig- i est supprimé et que l'extrémité
M du circuit de I'électro communique non plus avec le godet L, mais avec
le godet annulaire PQ qui communique lui-même par le conducteur TR
avec le gotlet LE, l'électro-aimant reste au repos. Mais la rotation de
I'électro reprend avec la même énergie que dans le premier cas, si l'on
place le fil DE dans l'intérieur de I'électro creux et si l'on immerge l'extré-
mité de ce fil dans le mercure R relié avec celui du godet T^. On observe
la même rotation si l'on solidarise le conducteur FK avec I'électro et qu'on
dispose en F un godet à mercure pour permettre un contact liquide.
)) Pour comparer entre eux les couples moteurs, on démonte le conduc-
teur RT et l'on rétablit la communication ML; alors I'électro redevient im-
mobile. Les deux modes de disposition du conducteur FK. à l'intérieur de
I'électro sont donc équivalents; mais, comme dans le second cas le cou-
rant FK était inactif', il doit l'être aussi dans le premier, quand il était fixe
(') Travail fait au laboratoire (le Pliysique du piince Boris Galitzine, meiiibre de
l'Académie impériale des Sciences de Saiiil-Péter^ljouig.
C li., iSgcj, 2' Semestre. (T. CXXIX, N" 12.) (>4
( 47G )
et indépendant de l'élcclro. Comme, d'autre part, les pôles élémentaires
sont symétriques autour du courant, il faut admettre que les réactions élé-
mentaires passent par le courant et que le couple total autour de l'axe est
])ar suite égal à zéro.
» Ordinairement on dit que, quand le courant FK.est fixe, son action
est prépondérante et détermine la direction de la rotation ; en réalité, cela
ne serait vrai que pour un aimant libre non lié à l'axe fixe. Dans le cas du
courant solidaire avec l'électro, on dit que c'est la solidarité qui permet la
rotation ; en réalité, dans les deux cas, les courants sont inactifs et la |)lus
grande partie du couple moteur est formée des couples magnétiques déve-
loppés par la partie CB du courant.
Fig. I.
Kis. 5.
rA
)) On place entre les deux armatures d'un électro-aimant de Faraday le
système suivant : un tube creux T (./%'. ^) parcouru de bas en haut par un
courant qui peut redescendre par une tige It de laiton, placée à l'intérieur
du tube T.
( ^177 )
» Ce syslème possède un champ inléricur, comme un cuuranl solénoïdal,
mais n'admet pas de champ extérieur.
» Premirre e.cpérience. — Si le courant parcoiiil le Uibe T sans redescendre par
la Lige II, on observe un mouvement énergique de T dans le champ magnétique; de
même, on observe un mouvement éneigique de It parcouru par le courant à re\olu-
sion de T.
» Deuxième expérience. — On lie invariablement la tige tt avec le tube Teton les
fait paicouiir par le courant comme il est indiqué sur Xajig. 2. On ne constate plus
alors <\u\\n(i faible rotation du syslème, altribuable à un défaut d'uniformité dans la
répartition du courant dans le tube T.
1) Troisième expérience. — Dans le dispositif précédent {Jig. 2), on laisse le tube T
et la tige tt indépendants l'un de l'autre dans leurs mouvements. On observe alors,
comme dans la première expérience, que la tige tt et le tube T se déplacent énergicpie-
nient à travers les lignes de force'du champ magnétique extérieur; la tige tt se déplace
en sens inverse du tube T. Cela démontre que l'équilibre approché de la deuxième
expérience résultait de l'opposition des actions mécaniques exercées sur le tube T et
sur la lige tt.
» En d'autres termes : le champ magnétique extérieur <\n système (T, tl)
est nul, comme pour un courant solénoïdal; mais le champ extérieur de
l'électro-aimant de Faraday agit séparément sur le tube T et sur la tige tt,
bien qu'il n'agisse pas sur leur ensemble supposé rigide; même dans ce
dernier cas, le champ de l'électro-aimant agit encore par les tensions et
pressions élastiques qu'il provoque dans le conducteur.
» Donc toujours les phénomènes se produisent comme si les champs
magnétiques de tous les courants linéaires d'un système solénoïdal subsis-
taient indépendamment les uns des autres, malgré l'absence de force
magnétique à l'extérieur du solénoïde. «
CHIMIE IJNDUSTRIELLE. — Sur les poteries égyptiennes.
Note de M. H. Le Ciiatei.ier.
« Les statuettes funéraires de l'ancienne Egypte, avec leur pâte sableuse,
souvent très friable, et leur éclalaute couverte bleue, ont depuis longtemps
attiré l'attention des céramistes. De nombreuses tentatives ont été faites,
le plus souvent sans grand succès, pour arriver à leur reconstitution syn-
thétique. Parmi ces recheix;hes, les plus connues sont celles deSalvétat,
eiïectuées à la manufacture de Sèvres; elles sont résumées dans une Note
(47« )
de la dernière édition du Traité de Brongniart (t. It, p. 772). Voici la con-
clusion de ce travail :
» Il esl vraisemblable que ces figurines élaienl iailes en les »culplaul dans des grès
naturels, encore tendres par suite de la conservation de leur eau de carrière.
>i La composition indiquée pour la couverte serait un verre bleu corres-
|)ondant à la formule
2 ,3 Si 0-(o , 58Na^O .0 , 1 5CaO . o , 27 CuO).
» J'ai pu reprendre l'étude de cette question, grâce à l'obligeance de
M. de Morgan qui a mis à ma disposition un grand nombre d'échantillons
de statuettes recueillies dans les fouilles faites sous sa direction en Egypte.
La conclusion de ces recherches a été, sur tous les points, dilVérenle de
celle de Salvétat.
» Pâles. — \ oici d'abord Tanaljse d'un certain nombre de pâtes, choisies de façon
à représenter les différents types de fabrication ; on y a joint l'analyse d'un grès natu-
rel d'Éevpte :
'^"'^ 1. -2. 3. i. Grùs.
Silice (diir.) 94,4 92.3 93,9 9.j,3 98,8
Alumine 2,4 1,1 ' '-6 ' ,<->
Oxyde de fer. .. . 0,2 o,3 0,1 3 o,4 o,ih
Chaux 1,3 0,6 1,7 1,(3.") 0,07
Magnésie » » >' » '-^ij
Manganèse « 2,4 " " "
Oxyde de cuivre. . o,5 0,8 0,84 o,4 "
Soude 1,2 2,5 2,4 0,64 »
Eau » » » » ' -J
» 1. Saqqarah (Memphis). Saïte. — Pâte blanche, sableuse, à grain grossier; assez
tendre. Couverte épaisse, bleue, de ton uniforme. C'est un des types les plus fréqueiit».
» -2. Gournah (Thèbes). XX'' dyn. — Pâle grossière, colorée en brun par le man-
ganèse, agglomérée par la soude, assez dure. Couverte violacée.
« 3. Saqqarali. Saïle. — Paie dure assez fine, agglomérée par la soude, colorée
par le cuivre. Couverte bleu foncé.
» k. Saijqarah. Plotémaïqiie. — Pâte très fine et assez tendre, moulages délicats;
i^laçure verte, très mince.
» La présence, dans ces pâtes, de bulles d'air à peu près sphériques,
suffirait pour prouver qu'elles ont été primitivement gâchées avec de l'eau.
On a d'ailleurs trouvé en Egypte quelques restes des moules en terre cuite
qui avaient servi à les façonner. Mais on peut donner une preuve plus
^
( 479 )
directe de la différence absolue qui existe entre les grès naturels et les
|)àtes de ces statuettes, en en faisant au microscope polarisant un examen
comparatif sin''plaques minces. Les deux photogra|)hies ci-dessous l'epro-
duisent, à un grossissement de 35 diamètres, les coupes du grès naturel et
de la statuette n" I , |)lacées entre deux niçois croisés à /|5°.
» J.a pâte de la statuette est composée de grains de sable, anguleux et
très fins, tlouble caractère que ne possède jamais le quartz des sables et grès
naturels. Le sable employé avait donc subi un broyage très avancé, qui
contribuait;! augmenter la plasticité de pâtes très pauvres en argile, comme
l'indique leur fadîle teneur en alumine.
» Couverte. — La composition indiquée par Salvétat donne une couverte
vitreuse qui, suivant l'épaisseur, varie du bleu très pâle au bleu presque
noir. La caractéristique des couvertes égyptiennes est, au contraire, de
présenter, malgré des variations inévitables d'épaisseur, une uniformité
absolue de ton; les couvertes ne sont pas transparentes, mais seulement
translucides; ce sont des pâles colorées, analogues à celles de |)orcelaine,
employées comme engallée, et avant reçu seulement un glaçage superficiel.
L'examen microscopique d'une coupe transversale montre immédiatement
la composition de ces couvertes ; elles sont composées de grains de sable
quartzeux dont les intervalles sont remplis par un verre bleu au cuivre.
On le voit très nettement, à la reproduction près des couleurs, sur la pho-
tographie donnée plus haut qui comprend pâte et couverte juxtaposées. La
( 48o )
coiiverle correspond à la bande plus claire de largeur variable (10™'° à
20'""') qui limile la coupe sur un des côtés. Si l'on ne pouvait à la vue
directe observer le verre bleu, on serait tenté de croire que la totalité de
la coupe se rapporte à une pâte sableuse de constitution uniforme.
H On obtient une couverte semblable avec un mélange à poids égaux
de sable quartzeux et d'un verre bleu, broyés très fins tous les deux. Le
verre ayant la composition
4SiO^ o,33Cu O .o.67]N[a'0,
cette couverte cuite à 1000° est complètement mate. On la glace en la ba-
digeonnant avec une solution de carbonate de soude et chauffant quelques
instants au point de fusion de ce sel, soit 800°. Un chauffage trop pro-
longé, ou à température trop élevée, fait de nouveau disparaître le glaçage,
aussi bien sur les statuettes égyptiennes que sur leurs reproductions.
» J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie une petite sta-
tuette obtenue par les procédés indiqués ci-dessus. La pâte est composée
de 5 parties d'argile et 93 de sable broyé; la couverte, de 20 parties de
sable broyé et 80 de verre bleu ; la proportion du sable est trop faible pour
donner l'uniformité absolue de nuance; elle a été adoptée pour faciliter
le glaçage ('). >.
I^a séance est levée à 3 heures et demie.
J. B.
BULLETLV BIBLIOGRAPUIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 4 septembre 1899.
(Suite.)
De la persistance du trou de Bolal et de sa valeur fonctionnelle, par le
D'' Louis Vervaeck. (jMémoires couronnés et autres Mémoires publiés par
l'Académie royale de Médecine de Belgique. Collection in-8", t. XV,
fasc. 4.) Bruxelles, 1899; 1 f^^*^- i"-8°-
(') Tous ces essais de rejiroduction de pâles el couveiles égApliennes ont élé faits
aux ateliers de Glatigny.
(48i )
An account of the Cruslacea of Norway, fviih short descriptions and figures
ofall the specie, by G.-O. Sars. Vol. II : Isopoda. Parts Xld, XIV. Cryplo-
niscida-, appendix. Bergen, 1899; i fasc. '\n-'\°.
Ohservacioncs meteorologicas de provincias. iSqj-iSqG. Observacioncs ine-
leorologicas de Madrid, 1896-1897. Madrid, 1899; 2 vol. in-8''.
Observations and researches made at the Hongkong observatory, in the
year 1898, by W. Doberck. Hongkong, 1899; i fasc. pelit in-f".
Bolelin delà Sociedad geografica de Madrid. T. XLI, segundo trimeslre
de 1899. Madrid, 1899; i vol. in-8".
The Journal of electricily power and gas. Vol. VIII, n" l. San Francisco,
1899; I fasc. in-4*'.
Archives des Sciences biologiques, pubb'ées par l'Inslitnt impérial de iMc-
decine expérimentale à Saint-Pétersbourg. T. VII, n" 3. Saint-Pétersbourg,
J899. (Edition française.)
Ouvrages reçus dans la séance du ii septembre 1899.
Elude sur les moyens de prèf,'enir les collisions en mer, étal actuel de la
question (août 1899), par Léon et Cosme dç Somzée. Paris, impr. E. Kap[),
1899; 1 fasc. in-8°.
Sur un Trichophylon du cheval, à cultures lichénoides (Tricliophyton mini-
mum), par Le Clavé et le D'' H. Malherbe. Paris, Carré et C. Nuud, 1899 ;
I fasc. in-8".
Actes de la Société linnéenne de Bordeaux, vol. LUI, 6* série, t. III. Bur-
deaux, 1898; i vol. in-8".
Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonmer, Membre
de l'Institut; t. XI, n° 128. Paris, Paul Dupont, 1899; i fasc. in-8".
Institut des Actuaires français. Bulletin trimestriel. X® année, n" 37. Paris,
L. Dulac, 1899; I fasc. in-8".
Systems of circles analogous to Tucker circles, by J.-A. Third. (Extr. froni
ihe Proceedings of the Edinbwgh matheninlical Society, vol. XVII, ses-
sion 1898-99.) (With compliments from M'' J.-A. Third.)
Sludies in the gold-bearing slates of Nova Scotia, by J.-Edmund Woodman.
Boston, 1899; I fasc. in-8°.
Monilopoiidœ, a nevi> family of palaeozoic corals , by Amadeus-W. Grabau.
Boston, 1899; I fasc. in-8".
Some hydroids from Puget Sound, by Gary-N. Calkixs. Boston, 1899;
I fasc. in-8".
( /|8^ )
Norlh american wood frngs, bv REciNALD-HEincn Home. Boston, iHrjf);
I fasc in-8".
Revision of the Jumping Mice ofthe genits Zapus, bv Er)\v\i!n-\. PisEnr.E.
Washington, 1899; i fasc. in-8".
Voha Bureau. Marriages of the deaf in America, bv Edward- \li,en I"\y.
Washington, 1898; 1 vol. in-8'\ (Wilh ttie compliments of the VoLaliu-
reau.)
Cunsideracioncs sobre la voz huniana, por el D' Amonio de Gordon v de
AcosTA. Habana, 1899; i fiisc. in-8".
Détermination relative de la pesanteur à Helsingfors, précédée d'un aperçu
sur les formules de réduction, par Otto.Savander. Helsingfors, 1898; 1 fasc.
in-8".
Sur les phénomènes de lumière, naturels et artificiels, de la nature de l'au-
rore boréale : Observations faites aux stations de Sodankyla et de Ktdtala.
Helsingfors, 1898; i fasc. in-4".
Ueber die gcologiiche Enl^vicklung der halbinsel Kola in der Quartârzeit .
von WiLHELM Rasisay. Hclsi iiofors, 18(18; i fasc. in-8".
Sy nies af fur ochfurylbernslenssyra. af S.-S. Sandelin. Helsingfors, 1899;
I fasc. in-8".
Sludien iibcr die Marktmilch in Helsingfors mit besonderer Hinsicht aufden
Bakteriengehalt derselben, von Oskar yon Heli.ens. Helsingfors, 1899.
Experimenlelle Unlersuchungen uberperiloneate Infection mit Streptococcus.
von Axel Wallgren. Helsingfors, 1899; i fasc. in-8".
Die NierensyphUis. Erste Hiilfte, von J.-J. Karvonen. Helsingfors, 1899;
I fasc. in-8".
Patologisk-anatomiska och kliniska studier ùfver ovariallumôrer, af Axel-R.
Limnell. Helsingfors, 1898; i fasc. in-/|".
Sverigcs offentliga bibliotek, Stockliolm, Upsala, Liind, Gôteborg, Accessions-
kalalog. 13, 1898. Utgifveti af kongl. Biblioteket genom Eyiil Havf.iîman.
Stockholm, 1899; i vol. ia-8".
Memoirs of the Boston Society of natural History; vol. V, nuniber 4, .5.
Boston, 1899; 2 fasc. in-'j".
Rendiconto de.ll' Accademia délie Sc'ienze fisiche e matematiche; série 3",
vol. V, fasc. 6" e 7°. Napoli, 1899; i fasc. ia-8".
Kongliga svenska velenskaps-Akademiens handlingar. Bd. 31. Stockholm,
1898-99; 1 vol. in-/i".
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands- A ngusMns, n" 55.
)epoi» 1835 Ifp COMPTES RENDDS hebdomadaires paraissent résulièreraenl le Dimanche. Ils forment, à la Qn de l'année, deux Tolume» in-4*. Deui
fies l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque rolume. L'abonnement est annuel
oarl du r" janvier.
Le prix dé Pabonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
, în Ferrsn frères.
iChaix.
Jourdaa.
Rufr.
, ient Courtin-Hecquet.
I Germain elGrassin.
' ' \ Lachése.
, onne Jérôme.
inçon Jacquard.
, Feret.
1 deaux Laurcns.
' Muller (G. y.
I rget Renaud.
iDerrien.
K. Robert.
J. Robert.
Uzel frères.
I n Jouan.
\ tmberv Perrin.
I Henry.
' Marguerie.
; Juliot.
Ribou-Collay.
1 Lamarche.
in Ratel.
' Uey.
1 Lauveriat.
M ,, '
I Degez.
., 1 Drevet.
noble ^
( Gratier et G".
Rochelle Foucber.
. „ l Bourdignon.
[Havre ! "
( Dorabre.
Tborez.
Quarré.
rbourg. .
'mont-Ferr...
Lorient.
Lyon.
(:
chez Messieurs :
Baumal.
M"' Texier.
/ Bernoux et Cumin
\ Georg.
Côte.
Savy.
Vitte.
Marseille Ruât.
l Calas.
fontpell.er J ^^^,^^
Moulins Martial Place.
I Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidot frères.
Loi seau.
Veloppé.
Nantes
Poitiers.
) Barma.
^'" I Visconti et C'v
Kimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
Blanchier.
Marche.
Rennes Plihon et Hervé.
Rochefort Girard ( M"" ).
1 Langlois.
Rouen ,
( Lestringant.
S'-Êtienne Chevalier.
1 Ponteil-Burles.
Toulon , „ ,,
( Rumebe.
i Gimct.
Toulouse 1 „ . .
( Privât.
iBoisselier.
Péricat.
Suppligeon.
. \ Giard.
Valenciennes ,
( Lemaitre.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Berlin.
Bucharest .
chez Messieurs :
Feikema Caarelsen
et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
[ Asher et C''.
Dames.
Friediander et fils.
Mayer et Muller.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanichelli.
iLainertin.
MayolezetAudiarte.
Lebégue et C".
( Sotcheck et C».
} Storck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BelletC".
Christiania Canimermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
iCherbuliez.
Georg.
Stapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
L Benda.
i Fayot.
/ Barth.
\ Brockhaus.
Leipzig \ Lorentz.
Max Rube.
Twietmeyer.
^ Desoer.
\ Gnusé.
Lausanne-
Liège.
chez Messieurs :
I Dulau.
t-ondres Hachette et C".
'Nutt.
Luxembourg . ... V. Buck.
1 Libr. Gulenberg.
Madrid Romoy Fussel.
I Gonzalés e hijos.
' F. Fé.
Milan !''°='=» ''^^"'■
I Hœpli.
Moscou Tastevin.
JVaples (Marghieri di Giu,.
( Pellerano.
I Dyrsen et Pfeiffer.
New-York Siechert.
' Lemckeet Buechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C"
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés ei Moiiiz.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
Bocca frères.
Loesclieret C'.
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
„ . i Zinserling.
S'-Petersbourg..^^^^^^
I Bocca frères.
Brero.
Clausen.
RosenbergelSelii' I-.
Varsovie Gebelhner el W olll
Vérone Drucker.
( Frick.
Vienne , „ . . , „,.
( Gerold et G".
ZUrich Meycr et Zeller.
Rome.
Turin.
ÎABLES GtNÉBALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes !•' 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; i853. P"'' ^'^ ^■'■
Tomes 32 à 61.— ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4''; 1870 P'"''' *^ ^'■•
Tomes 62 à 91.— (1" Janvier 1S66 à 3i Décembre 1880.) Volume ii)-4'; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLEMENT ADI COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DÉS SCIENCES :
ome 1 : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Dbrbés et A.-J.-J. Solieb.— Mémoire sur le Calcul des Perturbation» qu'éprou venllea
:iète8,par M.HirnEN.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion de» matières
; ises, par M. Cliodb Bernard. Volume in-4'', svec 82 planches; i856 ■ '.■■.■"■" ,
ome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Bïnedik. - Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en .85o par l'Académie des Sciences
'T le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : . Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sedi-
lentaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. - Rechercher la nature
!S rapports qui existent entre l'étal actuel du régne organique et ses étals antérieurs ., par M. le Professeur Brosm. In-4°, avec 37 planches;
1861
15 fr.
I» même Ubrairie les Mémoirei do l'Académie des Science», et les Mémoires présenté» par diTers SaTanl» à l'Académie ds» Sciences.
I
K 12.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 18 septembre 1899.)/
MEMOIRES ET COMMUi\ICATIO.\S
DES MEMBKES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. Considère. — Variations de volunip des
mortiers de ciment de Portiand, résultant
l'ages.
de la prise et de l'état hygrométrique 4''7
COUHESPOVDAIVCE.
M. le Maire de NniTS-SAiNT-GEoRGEs invile
l'Académie à se faire représenter à l'inau-
guration du monument élevé à la mé-
moire de Félix Tisserand, qui aura lieu
le i3 octobre prochain 47^
M. Rénaux. — Sur u'n développement d'une
fonction holomorphe à l'intérieur d'un
contour en une série de polynômes 47'
.M.W. DE NicoLAiÈVE. — Sur diverses expé-
riences destinées à confirmer l'hypothèse
d'.\mpcre, relative à la direction de l'ac-
tion élémentaire électromagnétique 47'
M. H. Le CiiATELiER. — Sur les poteries
égyptiennes 477
Bulletin bibliographiqu 48»
PARIS. — IMPRIMERIE G.\UT H I ER-VI LL A RS ,
Quai des Grands-Augùstios, 56.
Le Gérant .'GAUrHisk-ViLtAiii.
3 5 9."] 1899
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAK ITIIfl. IiES SBCRÉTAIKES PEUPÉTUELS.
TOME CXXIX.
r 13 (25 Septembre 1899).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augualins, 55.
i8uy
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI iHyS.
/.es Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l' Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
4H pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a àçwx. volumes par année.
ARTiCi-E 1". — Impressions des travaux de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou oarun Associéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 j)ages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
l,es communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les"5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne j)eut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris ]iart désirent qu'il en soir fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Rureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
■ Les J'rogrammes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aea-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sor
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nomméf
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extraill
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le loatj
pour les articles ordinaires de la correspondance oll(
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du malin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
actuel, et l'txtrail est renvoyé au Compte rendu sui-
vant et mis à la fin du cahier. j^ 1
Article 4. — Planches et tirage à part.
J.es Comptes rendus n'ont pas de planches. , ,
Le tirage à part des articles est aux frais des am
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports ei
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative falj
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprèl
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution dupré|
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Méttoires par KM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le
déposer au Secrétariat aii plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivanti
\
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES x
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 25 SEPTEMBRE 1899,
PRÉSIDÉE PAR M. Waibice LÉVY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Éludes sur le trimélhyléne; par M. Îjeejtiki-cï.
« Le trimélhyléne et le propvlène fournissent l'exemple rare de
deux isomères gazeux à la température ordinaire : leur condensation et
leurs réactions chimiques sont semblables; mais la chaleur de formation
paries éléments, fort inégale ( — 9^^', 4 |jour le propylène; — i^*^"',! pour
le triméthylène), ainsi que la chaleur dégagée par la combinaison de ces
deux gaz, tant avec le brome (+29*^"',! pour le proj^ylène; +38*^"', 5 pour
le trimélhyléne) qu'avec l'acide sulfurique (+16,7 pour i^SO''H^ avec
le propylène; H-25,5 avec le trimélhyléne), et avec l'eau (+16, 5 alcool
du propylène; +26,3 alcool du trimélhyléne); ces trois dernières inéga-
lités, de signe contraire avec la première, ayant pour effet de ramener les
G. II., 1899, a'Semeiire. (T. CXXIX, À' 13.) ^'J
( 484 )
dérivés isoraériques de même fonction à des chaleurs de formation par
les éléments presque identiques. J'ai traduit ces phénomènes et caracté-
risé la relation thermique qui existe entre le propylène et le triméthylène,
en les regardant comme représentant un genre nouveau d'isomérie, Viso-
mérie dynamique. On voit par là quel intérêt présente l'étude de ces deux
carbures d'hydrogène ; leur différence apparente, la plus saillante à pre-
mière vue, est celle de la vitesse avec laquelle ils entrent en combinaison,
cette vitesse étant notablement moindre pour le triméthylène que pour le
propylène, malgré la relation contraire entre les quantités de chaleurs
dégagées : mais, en général, il n'existe aucun rapport nécessaire entre
la chaleur dégagée et la vitesse de combinaison.
» Au contraire, on peut dire que la transformation du triméthylène en
propylène, devant être accomplie avec dégagement de chaleur (+7*^*'. 7)>
est possible directement; tandis que la transformation inverse ne le sera
que par quelque cycle de réactions comportant une absorption d'énergie.
» En raison de l'intérêt qui s'attache à ces problèmes, il m'a semblé
utile de soumettre à un nouvel examen les questions suivantes :
» Pureté du triméthylène et réaction comparée du brome sur ce carbure
et sur le propylène; action du chlorure de zinc sur l'alcool propylique
normal et sur le triméthylène; action de l'acide sulfurique sur les alcools
propyliques; réactions comparées du zinc sur les deux bromures iso-
mères; action d'une température voisine de 5oo° sur le propylène et sur
le triméthylène. — Plusieurs de ces questions ont donné lieu, dans ces
derniers temps, à une discussion entre des chimistes distingués, MM. Ta-
natar d'un côté ( ' ), Wolkoff et Menschutkine (- ) d'un autre côté : les faits
mêmes observés de part et d'autre ne me paraissent pas inconciliables,
quoique les conclusions soient différentes. Je me bornerai à exposer mes
propres observations. j
1.
1. La première question qui se présente est relative à la pureté du triméthylène,
c'est-à-dire à son mélange avec une certaine proportion de propylène, dans le cours de
sa préparation.
» Ce fait, signalé en passant par M. Wagner ('), a été établi d'une façon plus com-
(') Berliner Berichte, t. XXIX, p. 1297; 1896; t. XXXII, p. 702; 1899.
Ç-) Ibid., t. XXXI, p. 3067; 1898.
(') Ibicl., t. XXI, p. ij36; 1888.
( 485 )
plète par MM. Wolkoff et Menschulkine, d'après lesquels la dose de propjlène dans le
Qiélange varierait de i3 à 39,5 pour loo : en moyenne 20 à 26. Je l'ai également
observé; mais ayant pris soin de récolter dans des vases successifs, sur le mercure, la
totalité des gaz dégagés, j'ai reconnu que le propylène était surtout concentré dans
les premiers produits de l'opération ('). Il s'y trouve presque pur, tandis que sa dose
dans les produits moj'ens et finaux, devient faible, et même presque nulle : le trimé-
thylène y devient, au contraire, de plus en plus pur.
» 2. Cette observation s'applique à mes expériences thermocliimiques, ainsi que
je m'en suis assuré expressément, en étudiant les ilacons, datés et numérotés chacun
suivant l'ordre du dégagement des gaz, qui renfermaient les portions de Iriméthylène
non utilisées dans mes expériences antérieures, Ilacons que j'avais conservés depuis 1894.
» En effet, sur seize flacons de 250"^= chacun, j'avais mis de côté les huit premiers
et utilisé seulement les suivants. Or, à partir du n" 5 de ces flacons eux-mêmes, j'ai
vérifié récemment qu'il n'y avait pour ainsi dire plus de propylène. Toute dose de ce
dernier augmenterait d'ailleurs les écarts thermiques signalés plus haut, un dixième
répondant à i*^"' environ. Les conséquences thermochimiques de mes expériences
subsistent donc intégralement.
» 3, On sait que c'est par la réaction immédiate du brome que l'on peut constater
la présence d'une proportion notable de propylène dans le triméthylène.
» Celte réaction a même été proposée, mais à tort à mon avis, pour séparer les deux
gaz; le brome étant réputé absorber seulement le propylène, tandis que le triméthy-
lène serait respecté. En réalité, il n'y a là qu'une différence de vitesse dans les réac-
tions, laquelle ne permet guère que des conclusions qualitatives. Avant d'entrer dans
plus de détails sur ce point, rappelons que le propylène forme un bromure qui bout
à 142° et le triméthylène un bromure isomère, qui bout à lôS". Il est clair que la dis-
tillation fractionnée d'un mélange de ces deux bromures, à moins d'opérer sur des
poids considérables, ne fournit, elle aussi, que des indications qualitatives. Quant au
produit obtenu en faisant agir le mélange des deux gaz sur le brome, sa composition
par rapport aux deux bromures dépendra de la durée et des conditions du contact :
le propylène ayant été beaucoup plus vite absorbé.
» k. Avant de fournir quelques données nouvelles à cet égard, je rappellerai que
j'emploie, pour absorber quantitativement les carbures d'hydrogène gazeux au sein
d'un mélange, le brome liquide en présence de l'eau, depuis 1857, et cela dans des
conditions dont le détail précis est donné aux Annales de Chimie et de Pliysique,
5"" série, tome XII, page 297; 1877. C'est à ces conditions que se rapportent les
indications suivantes.
» J'ajouterai que j'opère sur iS"^"^ à 20'''^ de gaz; le volume du brome liquide employé
est voisin de o'''',i5 à o"", 20 au plus, c'est-à-dire capable d'absorber 26'''= à Zo"" d'éthy-
lène pur, 35"^= à ^o''" de propylène pur, etc.
» L'emploi du brome liquide est indispensable pour une absorption immédiate de
ces gaz. L'eau bromée ne donne une action complète, sur le propylène notamment, que
(') SoS'' bromure de triméthylène rectifié expressément à point fixe, pour 65s'' de
zinc en poudre; 100™ alcool à 75 degrés : le tout chauffé au bain-marie entre 60° et 70".
( 486 )
par uue action prolongée el en présence d'un volume d'eau considérable, laquelle
eau exerce une action dissolvante propre très marquée elcède en sens inverse aux gaz
une partie de l'air qu'elle renfermait.
5. Par exemple iS^^jO de propjlène pur, agités pendant quelques minutes avec
25'^'^ d'eau bromée saturée, ne lui ont cédé que i", 5, et cela sans la décolorer;
200"^ d'eau bromée n'ont absorbé de même que 5'=" de propylène. Une dissolution de
brome dans le bromure de potassium n'a pas été plus efficace.
» Si l'on opère avec le brome liquide, sous une couche d'eau, le tout contenu dans
un petit tube que l'on introduit au sein du tube à analyse, l'absorption du propylène
est au contraire assurée et rapide. Les vapeurs de brome qui arrivent tout d'abord
au contact du gaz disparaissent et le mélange se décolore aussitôt. Ce caractère,
jointe l'absorption immédiate, sous l'influence de deux ou trois secousses énergiques,
permet de constater à l'instant l'existence du propylène dans le tiùméthylène.
» 6. Le triméthjlène, au contraire, laisse d'abord subsister un excès de brome
gazeux, le mélange ne se décolorant qu'après un certain temps. D'après ces signes, on
peut aisément constater la présence d'une dose voisine d'un dixième, ou plus, de
propylène dans le triméthylène. Cette constatation étant faite en une fraction de
minute, on laisse retomber le petit tube à brome hors de l'éprouvette graduée, et l'on
absorbe avec une pastille de potasse l'excès de brome, contenu tant dans l'eau que
dans l'atmosphère gazeuse de l'éprouvette graduée. Le résidu gazeux peut être regardé
comme du trimétiiylène privé de propylène.
» Cependant, il faut se garder d'attribuer au propylène seul la mesure du volume
absorbé par le brome. En effet, ce dernier absorbe toujours une certaine dose de tri-
méthylène, en partie par réaction chimique (formation du bromure), en partie aussi
par une action chiinicophysique de dissolution, le brome exerçant une telle action
dissolvante (el même considérable) sur une multitude de composés organiques.
» Le triméthylène ainsi dissous d'abord entre ensuite peu à peu en combinaisons.
» 7. Voici quelques données numériques, relatives à ces actions dissolvantes com-
plexes du brome sur le triméthylène.
» iS'^jQ de triméthylène, obtenu à la fin d'une préparation, c'est-à-dire pur ou sen-
siblement, ont été agiles une seule fois avec o'^'^,i5 de brome liquide, en présence de
l'eau. Aussitôt, on a séparé le tube à brome, éliminé l'excès de sa vapeur par la potasse,
el mesuré l'absorption, soil i'^'^,9. Toutes ces opérations n'ont pas duré une minute.
B La dose de brome employée aurait dû en absorber vingt fois autant, si elle avait
été changée en bromure de triméthylène.
» Une seconde opération, faite sur les i2'"'',o restants, avec 0"^'=, i5 de brome liquide,
a laissé 10=°, o : soit 2"^"^, o absorbés.
» 10'^", o du résidu ont été mis de nouveau en présence d'un volume de brome
liquide beaucoup plus petit, soit o"^'=,o5. Celte fois, en opérant de même, l'absorption
a été o-^^S.
» Les 9=% 2 restants ont été mis, une quatrième fois, en présence de o", i5 de brome
liquide. On a secoué deux fois, au lieu d'une. L'absorption finale a été de 2'^'^, 2.
» A aucun moment de ces opérations successives, l'atmosphère gazeuse ne s'est
désolorée, si ce n'est par l'addition de potasse, qui précède chaque mesure. On voit
qu« l'absorption est progressive.
( 487 )
» Si l'on agite 230'=' de trimélhylène dans un flacon avec quelques grammes de
brome liquide, en enlr'ouvrant le flacon sur l'eau de temps en temps, on constiile éga-
lement cette absorption progressive, et, au bout d'un temps considérable d'agitation
continue, elle devient totale, comme je l'ai vérifié expressément sur quatre échantil-
lons distincts.
» Ceci rappelle les conditions efficaces de l'absorption de l'éthvlène par l'acide
sulfurique concentré; conditions qui contrastent pareillement avec l'absorption immé-
diate du propjlène par Je même acide : la chaleur lolale dégagée dans les deux, cas
est d'ailleurs à peu près la même. Malgré cette diversité d'action de l'acide sulfurique,
la constitution du propjlène et celle de l'éthjlène sont réputées semblables.
» Ces détails peuvent sembler minutieux ; mais ils m'ont paru nécessaires pour bien
établir la caractéristique du trimélhylène obtenu vers la fin de la préparation. En
résumé, ce gaz semble à peu près pur, en raison du caractère lent des réactions et
surtout en raison de la similitude des absorptions successives.
» Le flacon qui avait fourni l'échantillon sur lequel ont été faites les analyses précé-
dentes est celui que j'ai mis en œuvre dans les expériences qui vont suivre.
II.
» Action du chlorure de zinc sut l'alcool propylique normal. — Le chlo-
rure de zinc anhydre étant placé dans une cornue tubiilée et chauffé, j'ai
fait tomber sur lui peu à peu de l'alcool propylique norinal, iG»'' de ce
liquide ont fourni :
Carbures gazeux, 3'"', 25; soit, en les calculant comme G'H^ . . 5° i
Carbures liquides et corps analogues 3,o
Alcool inaltéré 2,9
Eau 4,1
i5,i
Perte 0,9
» Les gaz étaient constitués en majeure partie par du propylène, exempt
de trimélhylène, mais mélangés avec une certaine proportion d'hydrogène
et d'hydrure de propyle, proportion qui a varié entre 4o et 17 centièmes.
» Vers la fin, les gaz renfermaient en oulre 4 centièmes d'élhylène.
» Ils ont foiu-ni du bromure de propylène bouillant à 142° et non plus
haut. J'ai fait les mêmes observations en décomposant l'alcool isopropy-
lique par le chlorure de zinc; ce qui a fourni du propylène exempt de
triméthylène, et le bromure correspondant.
» L'analyse des mélanges contenant du propylène, du trimélhylène et
même de l'éthylène s'exécute de la manière suivante :
» D'une part, on traite les gaz (desséchés avec RHO solide), sur le
( 488 )
mercure, par l'acide sulfurique concentré, qui absorbe le propy'ène (el
le triméthylène, s'il y en avait). Le résidu est transporté sur l'eau, avec
les précautions que j'ai décrites dans le Mémoire précité (Annales , 5* série,
t. XII, p. 299) et traité par le brome, qui absorbe l'éthylène, s'il y a lieu.
Le second résidu est ramené sur le mercure, desséché, et soumis à l'analyse
eudiométrique par détonation avec l'oxygène : ce qui indique les carbures
forméniques et l'hydrogène.
)) D'autre part, le même gaz est traité rapidement sur l'eau par le
brome, qui absorbe le propylène et, s'il y a lieu, l'éthylène (ainsi qu'un
peu de triméthylène). Le résidu est ramené sur le mercure et traité par
l'acide sulfurique concentré, qui absorbe le triméthylène (ou, du moins,
la portion non absorbée par le brome). Puis on fait sur le mercure l'ana-
lyse eudiométrique du résidu, laquelle doit fournir le même résultat que
plus haut.
)) Je me suis assuré par des essais synthétiques que cette marche permet
de reconnaître avec certitude la présence du triméthylène, mélangé à la
dose de quelques centièmes avec le propylène. A la vérité, le dosage
même du premier gaz n'est qu'approximatif, étant subordonné à la durée
du contact avec le brome, comme je l'ai montré phis haut.
j
IIL
» Action de l'acide sulfurique sur les alcools propyliques. — L'alcool pro-
pylique normal, mélangé avec deux fois et demie son poids d'acide sulfu-
rique concentré, ne tarde pas à s'échauffer et à donner lieu à une action
très vive. Parfois il est nécessaire de la provoquer par un léger échauffement
initial. Le volume des gaz dégagés (après séparation de SO") est peu con-
sidérable : 10'='^ par gramme d'alcool environ dans mes essais. — En opé-
rant avec le concours de CO', j'ai recueilli séparément les premières
parties et les dernières, ainsi que la portion principale. — Dans les trois
fractions, après absorption de CO^ et de SO", j'ai trouvé du propylène
exempt de triméthylène. Les gaz renferment en outre, surtout à la fin, un
peu d'oxyde de carbone et d'hydrure de propyle.
» L'alcool isopropylique, dans les mêmes conditions, a fourni également
du propylène exempt de triméthylène, comme on pouvait s'y attendre.
» Ainsi, l'alcool propylique normal, engendré, d'après les auteurs, par
le triméthylène, ne le régénère pas sous les influences déshydratantes du
chlorure de zinc ou de l'acide sulfurique.
( 489 )
IV.
» Action du chlorure de zinc sur le triméthylène . — Dans une cloche
courbe, dont la partie supérieure renfermait du chlorure de zinc préala-
blement fondu, puis solidifié, on a introduit, sur le mercure, i6™,5 de
triméthylène sec, aussi pur et exempt de propylène que possible. On a
chauffé le chlorure de zinc doucement, de façon à le fondre, mais sans en
élever la température jusqu'au point de distillation.
M Au bout d'une demi-heure, on a fait l'analyse. Le volume du gaz
n'avait pas changé. Il renfermait l\o centièmes de propylène, immédiatement
absorbable par le brome, avec décoloration de la vapeur (dosage approxi-
matif). 60 centièmes de triméthylène (absorbable par SO*H") subsistaient;
sans doute parce que la réaction n'avait pas été assez prolongée.
» On voit que le chlorure de zinc transforme lentement le triméthylène
en propylène à une température élevée. M. Gustavson a constaté une
action semblable du bromure d'aluminium à froid sur le bromure de tri-
méthylène : mais, dans cette circonstance, la transformation parait pré-
cédée par la combinaison du bromure d'aluminium avec le bromure du
carbure mis en oeuvre.
» On conçoit, d'après mon expérience, pourquoi on n'obtient pas de
triméthylène dans l'action exercée à chaud par le chlorure de zinc sur
l'alcool propylique normal.
» Réactions comparées du zinc sur les bromures de triméthylène et de propy-
lène. — Cette réaction, opérée en présence de l'alcool, régénère, comme
on sait, les carbures précédents, le propylène à l'état pur, le triméthylène
étant changé en partie en propylène. J'ai vérifié que la réaction s'effectue
avec une facilité très inégale sur les deux bromures, le triméthylène se
dégageant régulièrement vers 6o''-7o", tandis que le bromure de propylène
est attaqué dès la température ordinaire (20°) : l'attaque est si rapide, en
opérant sur So^^ de bromure, que la masse s'échauffe de plus en plus et
donne lieu à une évolution presque explosive.
» Une semblable résistance, plus marquée pour le bromure de trimé-
thylène, surprend à première vue, surtout si l'on attribue au triméthylène
une formule cyclique, hypothèse qui semblerait impliquer une stabilité
( 490 )
relative moindre dans les combinaisons du carbure avec le brome et avec
les autres corps qui s'y unissent au delà des limites de la saturation sup-
posée.
» On s'en rend compte, au contraire, si l'on observe que la séparation
entre le brome et le carbure exige 9^*', 4 de plus pour le triméLhy lène que
pour le propylène. L'énergie nécessaire est empruntée à la chaleur de
formation du bromure de zinc. En effet, la réaction définitive :
C'H'^Br- + Zn H- eau = C'Ii'' -+- ZnBr- dissous, dégage +62^=1,3 pour le propylène;
4-52'^''', 9 pour le triniélhylène.
VI.
» Action de la chaleur sur le Irimélhylène et sur le propylène. — Dans
une cloche courbe en verre dur, on a introduit sur le mercure 19'''=, o de
triméthylène, aussi pur que possible. La partie supérieure de la cloche
représentait la moitié environ de la capacité remplie de gaz. Elle a éLé
entourée de clinquant, puis d'une toile métallique et chauffée sur un bec
de gaz avec précaution, à une température qui peut être regardée comme
voisine de 550° (' ), pendant vingt minutes. Après l'expérience, le volume
du gaz a été trouvé égal à 19'^'', 2, et l'on en a fait l'analyse par les actions
successives : 1° de l'acide sulfurique et du brome; 2° du brome et de
l'acide sulfurique.
» On a trouvé ainsi :
100 Volumes gaz initial.
ICI Gaz après échauflement, c'esl-à-dire :
4 Trimétlijlène inaltéré ( approximatif).
76 Propylène.
7 Elhylène.
i4 Ilydnu-es C"H"+- et hydrogène.
» On voit que le triméthylène a été changé presque entièrement en
propylène : une petite quantité subsistant encore après vingt minutes et
une autre ayant été décomposée.
» D'autre part : i6'^'^,7 de propylène (préparé avec son bromure, le
zinc et l'alcool) ont été chauffés en cloche courbe, dans des conditions aussi
(') D'après les expériences siniilaipes (]ue j'ai eu occasion de taire avec le concours
d'un thermomètre à gaz.
( 491 )
semblables que possible. Le volume n'a pas changé sensiblement et le pro-
pyjène est demeuré complètement et immédiatement absorbable par le
brome : ce qui exclut sa transformation en triméthylène et indique une
stabilité plus grande.
» Ces résultats confirment la transformation du triméthylène en propy-
lène par la chaleur, annoncée par M. Tanatar, qui a opéré, d'ailleurs, en
faisant passer les gaz dans un tube rouge sombre, c'est-à-dire dans des
conditions différentes de temps et de température. Il est clair qu'en opé-
rant plus vite et à une température moindre, le triméthylène pourrait
rester inaltéré. Au contraire, à une température rouge vif et prolongée, il
se détruit, comme le fait d'ailleurs également le propylène.
» A cet égard les conditions de mon expérience, à une température
déterminée, sont fort différentes et plus sures que celles qui présidente la
simple traversée d'un gaz, dont les bulles successives passent chacune en
quelques secondes par un tube de verre chauffé à la même température;
attendu que la plupart des réactions pyrogénées et notamment les trans-
formations isomériques ne sont pas instantanées.
» En résumé, le triméthylène est moins stable que le propylène et il se
transforme en son isomère, soit par la chaleur, soit par les agents dits de
contact, soit même (plus ou moins partiellement) par l'influence des réac-
tifs employés pour le régénérer de son bromure. Ce sont là des résultats
que les données therraochimiques permettaient de prévoir. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur le Néomylodon. Note de M. Albert Gaudry.
« Je peux donner à l'Académie des nouvelles de la découverte du Néo-
mylodon, qui attire si vivement l'attention des naturalistes, car je viens de
voir les restes qui ont été envoyés à Upsal par M. Otto Nordenskjold, et
ceux qui ont été apportés à Stockholm par M. Erland Nordenskjold, le fds
de notre illustre Associé.
M Assurément, le Mylodon devait passer pour un des animaux fossiles
les plus différents des espèces actuelles; parmi ses particularités, on
remarque la disposition de sa peau, où sont accumulés des ossicules der-
miques qui la rendent impénétrable. Cependant, ce type étrange s'est con-
servé jusqu'à nos jours.
» Lors du voyage exécuté par la mission suédoise à la Terre de Feu, le
C. R., 1S99, ^" Semestre. (T. CXXIX, N" 13.) 66
(492)
docteur Otto Nordenskjôld, un des membres de la mission, apprit que des
fermiers avaient découvert une grotte, la Cueva Eberhardl, à oi^SS' de
latitude sud, près d'Ultima Esperanza, sur la Terre de Magellan. Cette
grotte était remplie d'ossements; on en avait tiré une peau d'un grand
animal, qui était, comme celle du Mylodon, consolidée par de nombreux
ossicules et couverte en dessus de poils bruns de 4*"" à 5'='" de long. Un
morceau de cette peau a été remis à M. Ameghino. l'habile explorateur de
la Patagonie; il la signala sous le nom de Néomylodon. Les pièces du Néo-
mylodon recueillies par le docteur Otto Nordeuskjôld ont été adressées à
l'Université d'Upsal, où il esXjjrivat docent; un awire privât docent d'Upsal,
le docteur Einar Lonnberg, vient de les décrire et de les figurer dans un
beau Mémoire que je présente à l'Académie. M. Erland Nordenskjold,
voyant l'intérêt des découvertes de son cousin à la Cueva Eberhardt, est
parti pour explorer cette caverne. Il vient de revenir avec une quantité
d'ossements et de mâchoires mêlés à des crottins et à de la paille hachée
menue qui formait le sol dans la place où se trouvent les restes de Néomy-
lodon ; j'en ai vu une partie à Stockholm, dans le laboratoire du Musée de
l'Académie, dirigé par le professeur Nordenskjold, et une autre partie à
Copenhague, où M. Erland Nordenskjold l'a portée pour ses comparaisons,
Copenhague avant d'admirables collections paléontologiques de l'Amé-
rique du Sud. Le directeur du musée de la Plata, M. ^loreno, a envoyé son
assistant, M. Hauthal, à la Cueva Eberhardt; il y a fouillé après les savants
suédois et a trouvé encore debplles pièces. Pour M. Hauthal, l'animal de la
Cueva Eberhardt n'est pas un genre inconnu, c'est le Glossotlierium, sous-
genre de Mylodon représenté j)ar plusieurs espèces fossiles dans le terrain
pampéen.
» Les peaux que M. Lonnberg m'a montrées à Upsal avec leurs poils bien
adhérents, un os encore garni de muscles desséchés, des os qui ne happent
point à la langue, comme je m'en suis assuré, des crottins, de la paille
hachée menu à l'état frais, des cornes d'ongles intactes sont inexplicables,
si le Néomylodon n'a pas été enfoui à la Cueva Eberhardt à une époque peu
reculée. Il n'y a pas de motifs pour rejeter la croyance de M. Ameghino
qu'on pourra le trouver à l'état vivant. »
(493)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
f TM. A. Rkeuillot et Thomas adressent une Note relative à un aérostat
(Renvoi à la Commission des Aérostats. )
dirigeable
M. F. Lakroque adresse une Note « Sur le mécanisme de l'audition des
sons ».
(Renvoi à la Section de Physique.)
M. AuG. CoRET adresse une Note relative à un appareil destiné à mesu-
rer l'inclinaison d'un. navire, produite parle roulis.
(Commissaires : MM. Guyou, Cornu, Mascart.)
CORRESPONDANCE.
M. Mascart rend compte à l'Académie de la cérémonie organisée à
Côme pour fêter le centenaire de la découverte de la pile par Volta.
A cette occasion, M. Mascart a donné lecture des procès-verbaux de
la Classe des Sciences mathématiques et physiques de l'Institut, en 1802,
dans lesquels il est question du passage de Volta à Paris, des expériences
qu'il a répétées devant la Classe et de la médaille d'or qui lui a été décer-
née. C'est à la suite des expériences de Volta que la Classe, sur la propo-
sition de Bonaparte, a fondé un prix annuel de Sooo''' pour les travaux
relatifs à l'électricité.
Le Premier Consul fit remettre en outre au savant italien une somme
de 6000''''. Le 26 prairial an X, il écrivit d'Italie au Ministre de l'Intérieur :
(( Je désire donner un encouragement de 60000'^'' à celui qui, par des
» expériences et des découvertes, fera faire un pas à l'Électricité compa-
» rable à celui qu'ont fait faire à cette Science Franklia et Volta. « Le
prix de Sooo'^'^ fut décerné successivement à Erman, de Berlin, à Sir Hura-
phry Davy, puis à Gay-Lussac et Thenard.
( 494 )
Le prix extraordinaire n'a pas été décerné sous le Premier Empire.
Napoléon III l'a rétabli et la République a continué cette tradition. Sous le
nom de prix Volta, il a été attribué à R.ihmkorff, à Graham Bell et à
Gramme. Ces souvenirs étaient de nature à montrer que la Science fran-
çaise avait accueilli avec une grande faveur la découverte de Voila.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'observatoire de
Lyon {équatorial Briïnner de o™, \Ç)) pendant le premier trimestre de 1899.
Note de IM. J. Glillaume, présentée par M. Mascart.
« Ces observations sont résumées dans les Tableaux suivants :
Tableau I.
Taches.
Pâtes
Nombre Pass.
Laliladcs
moyennes Snrfaces
Dates
Nombre
Pass.
Latitudes
Doyennes
Surfaces
extrêmes
d'obserr.
d'obser- au mér
Talions, central
S.
N. r
oyennes
éduites.
extrêmes
d'obserT.
dubser-
Talions.
au mér.
central.
S.
N.
moyennes
réduites.
Janvier i
899. — 0
,i3
FévTier 1899.
-0,44
(suite)
5-9
3 5,7
— 6
84
21-22
2
22,1
— 9
6
3i- 6
4 6,6
- 9
100
20-21
2
24,7
- S
7
6
I 10,4
I 11,5
+ 10 28
-f-12 , 32
27- 4
5
26,9
— 5
121
9
"~
5-17
6 11,0
-i5
223
16 j.
— 6',8
»
11-19
>7-i9
4 13,7
■1 21,4
— 16
— 1 1
66
4
Mars 1S99. — 0,
6
24-27
4 29,9
— 12
109
4
i3-i5
1
5,4
16 6
— 15
-'4
-1- 7
3
14
6
i5j.
-ii",5
-rll",0
21-24
4
19,2
Février 1899. — 0
«.
15-27
20-27
If
7
20,9
25,8
— 8
— 4
4o5
47
4
I .3,8
— I
. 72
4-10
3 6,6
— Il
58
19 j-
- 9°,o
-h 10°,
5
18P9.
Janvier . . .
Février. . .
Mars
Totaux .
Distribution des taches en latitude
Nord.
Somme. 0". 10'. 20". 30'. 40".
Totaux
90", mensuels.
H
5
5
Surfaces
moyennes
réduites.
646
264
475
i385
V I
( 495 )
Tableau III. — Distribution des facules en latitude.
Su<i. Nord. Surfaces
— w^ -^ ■■! I ^--^.^ -^ Totaux moyennes
U:39. 50". 40". 30". 2<i\ 10". 0". Soomie. .Snniuie. 0". 10". -0". ::0". ^0 . CO'. mensuels. rèiluiles.
Janvier » » i G 3 lo G { v- » iG i5,4
Février » i » G 7 i/| ■>. i 1 » » >i iG r>. ,5
Mars » ■' » J ■) 8 Ci j » » » i.} i3.i
Totaux... » I 1 17 ij 3'', Il 9 5 «11 » 46 4'>o
» Le premier donne, à droite de l'indication du mois, le nombre proportionnel des
jours sans taches ; les colonnes successives renferment les dates extrêmes d'obser-
vation, le nombre d'observations de chaque groupe, le moment du passage au méri-
dien central du disque solaire (en jour et fraction de jour, temps moyen de Paris), les
latitudes moyennes des groupes de taches exprimées en millionièmes de l'aire d'un
hémisphère et réduites au centre du disque; à la fin de chaque mois, on a indiqué le
nombre de jours d'observations et la latitude moyenne de l'ensemble des groupes
observés dans chaque hémisphère.
« Le deuxième Tableau donne les nombres mensuels de groupes de taches contenus
dans des zones consécutives de 10" de largeur et les surfaces mensuelles des taches
(en millionièmes de l'hémisphère).
» Le troisième, enfin, renferme des données analogues pour les régions d'activité du
Soleil, c'est-à-dire pour les groupes de facules contenant ou non des taches; dans ce
dernier Tableau, les surfaces mensuelles des facules, toujours réduites au centre du
disque, sont exprimées en millièmes de l'hémisphère.
» Les principaux faits qui en résultent sont les suivants; il y a eu cin-
quante jours d'observation dans ce trimestre.
» Taches. — Les taches ont beaucoup diminué : on a, en effet, 18 groupes
avec une surface totale de i38j millionièmes au lieu de 29 groupes et
2535 millionièmes notés le précédent trimestre. La répartition des groupes
entre les deux hémisphères est de i4 groupes au sud au lieu de 16, et de 4
au nord au lieu de i3; on voit que cette diminution s'est fait sentir surtout
dans l'hémisphère boréal où d'ailleurs nous n'avons vu aucune tache en
février, particularité qui ne s'était pas présentée durant tout un mois, depuis
\e à^rnxer minimum , en novembre 1889.
» Le nombre des jours sans taches augmente : il est de 12 au lieu de 3
notés précédeiument (2 en janvier, 7 en février, 3 en mars); néanmoins il
y a eu encore une assez belle tache qui a atteint la limite de visibilité à
l'oeil nu, en mars; elle a traversé le méridien central le 20,9 a — 8° de
latitude.
( 496 }
)) Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules a un peu
augmenté au sud de l'équateur (32 au lieu de 28) et diminué au nord
(i4 au lieu de 20); enfin, au total on a 46 groupes au lieu de 48, soit un
nombre peu différent; mais la diminution en surface est beaucoup plus
marquée : on a, effectivement, 4 1,0 millièmes au lieu de 60,9 millièmes. »
ASTRONOMIE. — Sur la comparaison des heures obtenues, pour les contacts
d'éclipsés partielles de Soleil, par l'observation directe et les mesures de
longueurs de corde commune. Note de xM. Ch. André, présentée par
M. Mascart.
« Lors de l'éclipsé partielle de Soleil du 7 mai 1899, mon but principal
était la comparaison des heures de contact données par l'observation
directe à celles que l'on déduit d'une série de mesures de longueurs de la
corde commune faites au voisinage de chacun d'eux. En effet, les heures
obtenues directement en un même lieu par différents observateurs pré-
sentent souvent des écarts assez grands, et il y aurait intérêt à pouvoir
déterminer quelle y est la part réellement imputable à l'observateur.
» L'observation du phénomène, confiée à M. Guillaume (équatorial
Brunner de o™,i7), devait donc comprendre, outre les heures directes des
contacts, deux séries de mesures de la corde commune; en voici les
résultats.
» Au commencement de l'éolipse, l'observation directe donne, pour
heure du contact, lô^^SS^SS', tandis que le calcul, basé sur les cordes
communes mesurées, conduit à la valeur i6''53",9; il y a concordance
presque absolue entre les deux nombres.
» A la fin de l'éclipsé, les deux époques sont I7''38'°i4* et 17'' 37"", 8,
dont l'accord est moins satisfaisant. Il semble que l'observateur ait été un
peu gêné par la préoccupation de l'observation directe prochaine du
contact de sortie; et, en effet, la discussion des nombres obtenus alors
met en évidence une sûreté moindre de mesures dans cette portion de
l'observation. Pour cette phase du phénomène, il y a lieu de reprendre
la comparaison.
» Mais l'accord entre les deux nombres obtenus à l'entrée semble, à lui
seul, permettre de conclure que, dans les observations d'éclipsés partielles
de Soleil et en vue de la détermination des heures des contacts, les mesures
( 497 )
de la corde commune ont une importance réelle et ne doivent pas être
négligées. »
STATIQUE CHIMIQUE. — Sur Ics points fixes de transformaùon ;
Note de M. H. Le Ciiatelier.
« Un certain nombre de transformations réversibles des corps : dissocia-
tion, vaporisation, fusion, changements allotropiques, peuvent s'effectuer
intégralement à pression et température invariables. On s'est laissé aller
parfois à généraliser outre mesure ces fiuts, intéressants par leur simpli-
cité, et à les ériger en lois très contestables : telles la loi des tensions fixes
de dissociation, la loi des points fixes de transformation allotropique.
» A l'occasion de mes recherches sur l'hydrate de chlore, sur la décom-
position par l'eau d'un sulfate de mercure, j'ai déjà montré qu'il ne peut
être question de tensions fixes quand un corps liquide intervient dans la
réaction. Les expériences sur les zéolites et sur différents hydrates salins,
les expériences sur l'hydrure de palladium, faites par différents savants,
ont montré que, dans bien des cas, même en l'absence de tout liquide, la
loi des tensions fixes se trouve en défaut. Il n'y a peut-être pas aujourd'hui
un seul cas dans lequel on ait rigoureusement établi l'existence d'une ten-
sion fixe de dissociation.
» Les transformations allotropiques se font souvent à des températures
rigoureusement déterminées; mais, là encore, il n'y a pas de loi absolue :
la transformation magnétique du nickel se fait certainement d'une façon
progressive, dans un intervalle d'une vingtaine de degrés; probablement
aussi celle du fer,
» La fusion des corps, plus souvent encore, se fait à température abso-
lument fixe; les corps vitreux font cependant exception, et certains com-
posés chimiques cristallisés, comme l'antimoniure de cuivre SbCu".
» On doit donc, en s'en tenant au point de vue expérimental, reconnaître
l'existence fréquente de points fixes de transformation, mais refuser à l'en-
semble de ces phénomènes le caractère d'une loi physique nécessaire.
» La théorie des équilibres chimiques de J.-W. Gibbs permet, à ce sujet,
de préciser certains points. La condition d'équilibre d'un système hétéro-
gène composé de plusieurs parties homogènes (phases), en relations avec
un milieu indéfini, est donnée par l'équation
e — T'/i-f-Pt' — M.m, -...— M,/n„= o
(498 )
qui doit se vérifier séparément pour chacune des parties homogènes :
£, u, «', rn^, ..., m,j représentent l'énergie, l'entropie, le volume, la
masse des différents comjjosants dans la jiartie homogène considérée;
T, P, »2,, . . ., jM„, la lempérature, la pression, les potentiels dans le milieu
indéfini. Le premier membre de l'équation exprime la puissance disponible
dans la production de la partie homogène considérée, aux dépens du
milieu.
» Il résulte de cette équation que la transformation chimique des diffé-
rentes parties du système entre elles pourra s'effectuer à pression et tem-
pérature constantes dans tous les cas où :
» 1° La transformation considérée peut s'effectuer sans modifier la
composition d'aucune des parties en présence, condition remplie dans les
faits expérimentaux passés plus haut en revue;
» 2° Les changements de grandeur des parties homogènes amènent des
variations proportionnelles de leur énergie, leur entropie, leur volume, etc.
» Cette seconde condition est satisfaite toutes les fois que les parties
envisagées ont des dimensions finies. Mais il n'en est plus ainsi, comme
J.-W.Gibbs l'a fait remarquer, lorsque quelques-unes de ces parties devien-
nent infiniment petites. Une petite goutte d'eau n'a pas la même tension
de vapeur qu'une masse d'eau d|e dimensions finies; la différence est facile
à calculer. ;
» Convenons d'indiquer parjle symbole D les grandeurs relatives à une
partie semblable infiniment petite. En même temps que l'équation ci-dessus
se vérifie pour une partie finie, on pourra avoir, pour une partie infini-
ment petite de même composition, l'inégalité
D,— TDvi + PDc-W.D/;?, ...-M„Dto„>o.
» Prenons d'abord le cas o^ cette expression a une valeur > o. Il ne
pourra se former spontanément aucune partie semblable, ou, s'il en existe
quelques-unes, elles tendront à se réunir ensemble ; ce sera le cas de petites
gouttelettes d'eau en suspension dans la vapeur, de petites bulles de vapeur
au sein d'une masse liquide. La résultante des forces capillaires à la surface
de séparation sera alors une tension. Les masses finies en présence seront
en équilibre stable et les conséquences de l'équation qui les concerne s'ap-
pliqueront; la trausl'ormation pourra s'eifectuer sous tensions fixes dans
toute l'étendue oii aucune des masses homogènes ne sera encore devenue
infiniment petite. La loi des tensions des points fixes se vérifiera dans ce cas,
et seulement dans ce cas.
i
( 499 )
» Si l'expression relative aux parties infiniment petites a, au contraire,
une valeur <[o, ce qui correspondrait au cas où la résultante des forces
capillaires serait une compression superficielle, le système composé des
parties finies ne sera plus en équilibre. La division de ces parties homo-
gènes en parties plus petites, s'entremèlant les unes dans les autres, corres-
pondra au développement d'une quantité positive de travail; cette division
pourra donc se faire spontanément et se continuera jusqu'à donner un
mélange homogène ou semi-homogène, qui constituera une véritable disso-
lution, ou tout au moins présentera tous les caractères extérieurs d'une
dissolution. Le mélange semblable, stable à chaque pression et à chaque
température, aura une composition différente; la transformation chimique
ne pourra pas s'effectuer dans son intégralité à pression et à température
constantes.
') A priori, il n'y a aucune espèce de raison pour que l'un ou l'autre de
ces deux cas se rencontre plus fréquemment que l'autre. Tandis que l'on
a presque toujours affaire à des tensions fixes de vaporisation, il se pour-
rait que les tensions de dissociation fussent presque toujours variables.
Dans le cas des phénomènes de fusion, les cristaux liquides de Tammam
sont peut-être un exemple de corps cristallisés à fusion progressive. Il est
enfin probable que, dans les transformations allotropiques, on trouvera
d'autres cas semblables à ceux du nickel et du fer.
» Mais la réalisation expérimentale et, par suite, l'étude de ces change-
ments d'état sous tensions variables seront le plus souvent très difficiles, au
moins dans le cas des corps solides, l'absence de diffusion dans la plu-
part de ces corps étant un obstacle à l'établissement d'un état d'équilibre
réversible. Il arrivera, en général, que les différentes couches concen-
triques d'un corps s'arrêteront à des degrés de transformation différents,
l'importance et la répartition de chacune de ces couches variant d'une
expérience à l'autre, variant surtout avec le sens des changements de tem-
pérature. Il sera impossible alors d'étudier le phénomène dans son état de
réversibilité, le seul envisagé ici. Mais si la dilfusibilité est rare dans les
corps solides, elle n'est pas cependant absolument impossible. On sait que
le carbone se diffuse dans le fer au-dessus de 85o°, presque aussi vile que
les sels solubles dans l'eau; les zéolites et cristaux semblables laissent dif-
fuser l'eau lentement, mais à la longue d'une façon assez complète pour
permettre l'établissement d'un véritable régime d'équilibre. »
C. R., 1899, 'i' Semestre. (T. CXM\, N» 13.) 67
( 5oo )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la variation diurne de l'électricité atmosphérique.
Note de M. A.-B. Chauveau, présentée par M. Mascart.
« A la fin de l'année 1893, j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Aca-
démie les premiers résultats des observations sur l'électricité atmosphé-
rique faites au Bureau central et au sommet de la tour Eiffel ('). Ces
observations, poursuivies pendant huit ans, forment aujourd'hui une série
assez étendue pour que les données qui s'en déduisent présentent un
caractère suffisant d'exactitude. J'indique ici les résultats de ces recherches,
relatifs à la variation diurne du potentiel en un point déterminé de l'atmo-
sphère.
» I. Il existe, dans nos régions tempérées, deux types très différents de
la variation diurne au voisinage du sol; l'un correspond à la saison chaude,
l'autre à la saison froide.
» Pendant l'été, un minimum très accusé se produit au heures chaudes
du jour et constitue le minimum principal toutes les fois que le point
exploré n'est pas suffisamment dégagé de l'influence du sol, des arbres ou
des bâtiments vojsins. L'oscillation diurne est double; c'est la loi généra-
lement admise pour cette variation.
» Pendant l'hiver, le minimum de l'après-midi s'atténue ou disparaît,
tandis que le minimum de nuit s'accentue davantage. Considérée dans son
ensemble, l'oscillation parait simple, avec un maximum de jour et un
minimum vers 4 heures du matin. Ce caractère est d'autant plus net que le
lieu d'observation est plus dégagé.
)) II. Cette distinction des deux régimes d'hiver et d'été au voisinage du
sol est confirmée par l'examen des résultats obtenus, d'une part à Sodan-
kylà (Finlande) par la mission dirigée par M. LemstriSm (i883-i884). de
l'autre à l'observatoire de Batavia (1887-1895). Chacune de ces stations
donne, pour ainsi dire, le type exagéré de la variation constatée dans nos
climats, soit pendant la saison froide, soit pendant la saison chaude.
» III. La variation diurne au sommet de la tour EiJ/'et, pendant l'été,
entièrement différente de la variation correspondante au Bureau central, offre
la plus frappante analogie avec la variation d'hiver.
{') Sur la variation diurne de l'électricité atmosphérique observée au voisinage
du sommet de la tour Eiffel {Comptes rendus, l. CXMl, |). 1069).
( 5oi )
M Ce même type d'hiver se retrouve, moins accentué, mais parfaitement
net, dans la moyenne fournie par trois mois d'observations, pendant l'été
de 1898, sur le pylône de l'observatoire de Trappes (altitude 20"'). Il appa-
raît donc comme caractérisant la forme constante de la variation diurne
en dehors de toute influence du sol.
M IV. Au contraire, dans les stations où le collecteur est dominé par
des constructions ou des arbres voisins, le type correspondant au régime
d'été s'exagère; le minimum de l'après-midi se creuse au détriment du
minimum de nuit qui parfois disparait. L'oscillation peut être simple, mais
en sens inverse de l'oscillation d'hiver, c'est-à-dire avec un minimum de
jour et un maximum de nuit. Cette forme anormale de la variation diurne,
constatée autrefois par M. Mascart ('), résulte en effet des observations
du Collège de France, mais pour la saison d'été seulement. On la retrouve
encore, presque identique, à Greenwich, où le collecteur est placé dans
des conditions aussi défavorables.
» On peut conclure de ce qui précède :
» 1° Qu'une influence du sol, maximum pendant l'été, et dont le facteur
principal, suivant les idées de Peitier, est peut-être la vapeur d'eau,
intervient comme 'cause perturbatrice dans l'allure de la variation diurne.
a 1° Que la loi véritable de cette variation, celle dont toute théorie,
pour être acceptable, doit rendre compte, se traduit par une oscillation
simple, avec un maximum de jour et un minimum (d'ailleurs remarqua-
blement constant) entre 4'' et S*" du matin. »
ZOOLOGIE. — Sur un mode particulier de^protection des appendices en voie de
régénération après sections artificielles chez les Insectes. Note de M. Edmond
BoRDAGE, présentée par M. Milne-Edwai'ds.
'( Lorsqu'un membre est détaché par autotomie du corps d'un Arthro-
pode, d'un Crabe ou d'un Phasmide, par exemple, la régénération a pour
point de départ la surface même de la section produite. Il en est rarement
de même quand la régénération a lieu à la suite d'une section artificielle
pratiquée sur le membre. Chez les Mantides, les Blattides (-), les Orlho-
(') Sur l'électricité atmosphérique {Comptes rendus, t. XCI, p. 108).
(-) H. -H. Brindley, On certain characters of reproduced appendages inArlltro-
poda, 1898.
( 5o2 )
ptères sauteurs, par exemple, les sections artificielles sont suivies d'une
contraction, d'un déplacement plus ou moins accentué des muscles sec-
tionnés, qui remontent à l'intérieur du fourreau chitineux du membre;
de sorte que, s'il y a ensuite régénération, la partie en voie de croissance
peut demeurer entièrement cachée jusqu'à la plus prochaine mue. L'étui
chiLineux remplit donc, dans ce cas, un rôle protecteur.
» 11 peut même arrivei- que, chez les Manlides, qui possèdent, développée à un haut
degré, la faculté d'autotomie, et chez les Blatlides, où elle est bien moins marquée, la
contraction des muscles à l'intérieur du troclianter ou même à l'intérieur de l'article
si développé qui constitue la hanche (coxa), se produise après autotomie suivant la
soudure fémoro-trochanlérique. Dans ce cas, s'il y a régénération, la partie en voie de
croissance restera cachée jusqu'à la prochaine mue.
» Mais le plus souvent, chez les Manlides, et plus rarement chez les Blaltides, cette
contraction des muscles n'a pas lieu après l'autotomie.
» Dans ce cas, on peut voir bientôt s'il j aura régénération, sans qu'il soit néces-
saire d'attendre la prochaine mue. Il est vrai qu'on n'aperçoit pas les difTérentes
parties qui composent le rudiment en voie de croissance, car il est enroulé s-ur lui-
même et, de plus, recouvert par la cuticule non chilinisée qui le protège comme une
sorte de poche. Celle cuticule est dépourvue de transparence, à cause de sa coloration
brunâtre. Mais, la saillie très peu marquée que forme celte poche protectrice à l'extré-
mité du trochanler indique cependant que le travail de régénération s'opère.
» Chez les Phasmides, le rudiment en voie de croissance, destiné à remplacer un
membre détaché par autotomie, peut quelquefois se voir, mais d'une façon peu
distincte, enroulé sous la cuticule protectrice qui possède, chez quelques espèces, une
certaine transparence.
» En ce qui concerne les Mantides|et les Blatlides, j'ai remarqué que la contraction,
à l'intérieur de l'étui chitineux, des muscles sectionnés par autotomie était d'autant
plus marquée que les elTorts faits par les insectes pour se débarrasser du membre
avaient été eux-mêmes plus violents. Quand l'autotomie s'opérait facilement, cette
contraction était réellement insignifiante.
» Il nous reste maintenant à examiner le cas particulier offert par les
Phasmides. i
)i Lorsqu'on opère des sections artificielles dans la région comprenant le fémur et
les deux tiers supérieurs du tibia, la contraction des muscles sectionnés est très
marquée. Lorsqu'on opère ensuite ces sections dans le haut de la région formée par le
tiers inférieur du tibia, la contraction se produit encore, et comme c'est précisément
là que la faculté régénératrice commence à se manifester, la partie en voie de crois-
sance demeure cachée jusqu'à la mue suivante. Puis, au fur et à mesure que les sec-
lions se rapprochent du tarse, la contraction est de moins en moins sensible, et, dans
le voisinage de l'articulation du tibia et du tarse, les muscles sectionnés demeurent
sensiblement en place; de sorte que la partie en voie de régénération pourra être
( 5o3 )
visible avant qu'une mue se soit produite. Il en est de même lorsque les sections sont
pratiquées dans les trois premiers articles du tarse.
» En étudiant la structure interne du membre, nous voyons que c'est précisément
dans la région qui nous occupe que s'insèrent, sur la partie inférieure du tibia et sur
les premiers articles du tarse, les muscles destinés à mouvoir ce tarse tout entier et
ses différentes parties. Les sections piatiquées dans cette région passent par les sur-
faces où ces muscles s'attachent sur l'étui chitineux et d'où ils se dirigent vers des
articles situés au-dessous, qu'ils doivent mouvoir. Dans ces conditions, ou comprend
que la contraction soit insignifiante, ou ne se ])roduise pas du tout. Elle ne peut se
produire que lorsque la section est plus ou moins éloignée de la surface supérieure
d'attache des muscles sectionnés, ce qui n'est pas le cas. Chez d'autres Insectes, il y a
un retrait complet des muscles sectionnés lorsque la section passe par la région tar-
sienne. Il est évident que ces particularités proviennent de difi'érences dans le nombre
et la position des surfaces d'attache de ces muscles, différences que révèlent des dis-
sections fines.
» Il arrive donc que, chez les Phasiiiides, les parties en voie de régéné-
ration, dans la région qui nous occupe, sont plus ou moins apparentes
dès le début de leur formation. Mais, comme je l'ai déjà dit, la croissance
se fait avec la plus grande lenteur ; il en résulte que, pendant le temps qui
s'écoule avant la mue la plus proche, la partie en voie de croissance arrive
à peine à former une minuscule saillie, de i™"* à 2™"" de longueur. Elle est
recouverte par la mince cuticule protectrice de couleur brune, se moulant
exactement sur le rudiment de membre, lequel ne présente encore aucune
séparation en articles. Ce n'est qu'après la mue la plus proche, que le
rudiment, commençant à avoir ime certaine longueur, montrera des traces
assez netles de division en articles tarsiens. La lenteur de la croissance
est telle que ce n'est qu'après deux et même trois mues que io membre
mutilé se trouve complété et capable de rendre des services à l'infecte (').
(') Les régénérations les plus parfaites donnent un tarse télramère. J'ai cependant
obtenu, après des sections pratiquées dans le troisième article du tarse : i° un tarse
pentamère à articles incomplètement séparés; 2° un tarse pentamère aussi parfait
qu'un tarse normal; 3° un tarse monstrueux et coudé de six articles incomplètement
séparés; mais ce sont là de rares exceptions à la règle. La tétramérie après régénéra-
tion a été constatée, pour les Phasmides, non seidement chez les quatre genres que
j'ai cités dans des Communications précédentes, mais encore chez Anchiale. Acan-
ihoderas, Lopaphus, Diaphei ornera et vraisemblablement chez Cyphocrania, Diiirn
et Bacleria mexicana, ce qui porterait à a5 le nombre des espèces d'Orthoptères
coureuis chez lesquelles la tétramérie a été constatée.
( 5o4 )
» Il est intéressant de comparer la lenteur de la croissance des parties
envoie de régénération après sections artificielles, aussi bien que la lenteur
de la croissance, bien moins marquée cependant, des membres destinés à
remplacer ceux qui ont été détachés par autolomie, chez les Phasmides, à
la merveilleuse rapidité de croissance que l'on constate chez les Mantides
et chez les Blattides. Tandis que, chez ces derniers, les membres régénérés
après autotomie ou section artificielle peuvent commencer à rendre des
services à l'insecte immédiatement après la mue la plus proche, chez les
Phasmides, les membres en voie de régénération ne peuvent être utiles à
l'insecte qu'après la deuxième ou même la troisième mue. J'ai remarqué
que le même fait se produit chez les Orthoptères sauteurs. »
ZOOLOGIE. — Sur les organes céphaliqiies latéraux des Glomeris. Note de
M. IV. DE ZoGRAF, présentée par M. Edmond Perrier.
« Le célèbre anatomiste allemand François Leydig a dessiné, sur une
des Planches accompagnant son travail inachevé Ueber den Bau des thie-
rischen Kôrpers en 1864, une tête de Glonieris, ayant sur ses parois latérales
deux organes en forme de fer à cheval, présentant à leur intérieur une
assez grande cavité qui communique avec l'extérieur par une fente longi-
tudinale très étroite. Leydig a démontré que la paroi intérieure de ces
organes est très épaisse ; qu'elle est innervée par un nerf sortant du cerveau
dans le voisinage du nerf optique; enfin, que ces organes doivent être con-
sidérés comme des organes de sensibilité.
» Après Levdig, le zoologiste hongrois Cômôsvary a décrit ces organes
chez plusieurs Myriapodes, sans en donner davantage une description dé-
taillée : c'est par le nom de Cômôsvary (\\i on les désigne aujourd'hui. C'est
ainsi que les appellent le zoologiste français Saint-Rémy et l'entomologiste
allemand Curt Hennings; ce dernier en a donné une description histolo-
gique dans le n° 3 des Sitzungshericlile der Gesellschaft nalurforschenden
Freunde zu Berlin de l'année 1899.
)) Dans mon article sur la parenté des Arthropodes, publié en 1892
dans les Comptes rendus du Congrès international de Zoologie, j'ai montré le
grand intérêt morphologique que présentent ces organes, surtout si on les
compare aux fosses céphaliques embryonnaires des autres Myriapodes, de
quelques Insectes et Crustacés, et aux organes céphaliques de quelques
( 5o5 )
Annélides, par exemple des Capitellides. Malheureusement les Glomeris
sont très rares en Russie et ne se rencontrent que dans la partie sud-ouest
de l'Empire : je n'ai pu me procurer des matériaux suffisants pour mes
recherches que dans l'été de l'année 1898, grâce à l'obligeance de
M. E. Bouvier, professeur au Jardin des Plantes; je reçus alors des Glo-
meris marginata que M. Bouvier a recueillis dans les forêts des environs de
Dieppe. Tous les animaux composant deux envois successifs ont péri pen-
dant le long trajet de Dieppe à Moscou; mais un dernier envoi, fait après
les grandes chaleurs de l'été, est arrivé à Moscou sain et sauf et m'a servi
pour mes recherches.
» Les organes latéraux céphaliques des Glomeris ont une structure très
curieuse et originale. M. Hennings nous fait connaître que l'épaississement
de la paroi interne des organes consiste en cellules d'épithélium sensitif,
dont les noyaux se trouvent dans les parties proximales, tandis que les
couches plus superficielles contiennent quelques petites granulations dans
le plasma des cellules. M. Hennings considère, avec raison, les cellules
de la paroi épaisse des organes comme étant de nature nerveuse; celles
qu'il dessine dans sa Jig. 1 et qu'il nomme les cellules de l'épithélium sen-
sitif, sont des cellules glandulaires. Lu structure de cette paroi interne de
l'organe latéral est plus compliquée :
» La paroi consiste en cellules glandulaires qui sont très abondantes, qui s'ouvrent
par des canaux très minces dans le fond de la cavité de l'organe; sur la surface chiti-
neuse de ce fond, on peut même remarquer des trous minuscules, par lesquels la sécré-
tion des cellules se déverse dans la cavité de l'organe.
» Outre les cellules glanduleuses, on remarque dans les couches encore plus proxi-
males, dans le voisinage des cellules du tissu adipeux, de grandes cellules ganglion-
naires qui se prolongent sur leurs bouts proxiiiiaux dans les nerfs qui sortent du
grand nerf de l'organe, tandis que leurs bouts distaux se prolongent en de longs
filaments nerveux terminaux; ces filaments, que l'on voit très bien en étudiant l'or-
gane à l'aide de la méthode de Ramon y Cajal, atteignent la couche chitineuse du
fond et quelquefois la relèvent en formant de petits bourrelets. Si l'on prépare une
coupe parallèle à la surface du fond, on peut voii nettement que chaque filament ter-
minal, qui a ici une structure rappelant les rhabdomes des organes des sens des Ar-
thropodes, est entouré par les canaux des cellules glandulaires; ces derniers forment
des figures polygonales, rappelant les mailles d'un réseau de tulle; et, au centre des
mailles, se termine un filament nerveux.
» Entre les canaux des cellules glandulaires se trouvent des concrétions très abon-
dantes; ces concrétions se colorent avec tous les réactifs colorants et se conservent
après l'ébullition dans la potasse caustique.
» La combinaison des cellules glanduleuses et sensitives et la structure
( 5o6 )
des cellules rappellent beaucoup les organes olfactifs, et je pense que l'on
doit attribuer cette fonction à ces organes.
M Cette structure, ainsi que cette fonction apparente des organes cépha-
liques latéraux des Glomeris, les rapprochent des organes céphaliques des
Vers annelés. Si nous nous rappelons que les Péripates conservent jusqu'à
l'état adulte les traces des organes céphaliques, bien développés chez
leurs embryons et chez leurs jeunes, et que beaucoup d'autres Arthro-
podes présentent, dans leur vie embryonnaire, des traces de curieux organes
céphaliques; si nous nous souvenons, d'autre part, que la parenté entre les
Vers annelés et les Arthropodes par l'intermédiaire des Péripates devient
de plus en plus évidente, nous pouvons émettre l'hypothèse que les or-
ganes céphaliques latéraux des Glomeris sont homologues et même peut-
être analogues aux organes céphaliques des Annélides. »
fiJmipç nnpnnmPTipç rJp In /7^'cn, „^
BIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur quelques phénomènes de la désorganisation
cellulaire ('). Note de M. Tital Boulet, présentée par M. Gaston
Bonnier.
« Les premiers phénomènes que l'on observe dans la désorganisation
spontanée des cellules d'une feuille d'Elodée, détachée de sa tige à l'état
de vie manifeste, et abandonnée dans l'eau même où vivait la plante, con-
sistent en un accroissement considérable de la tension osmotique accom-
pagné de modifications importantes dans le contenu de l'hydroleucite et la
structure du protoplasme.
» 1. La tonicité des cellules intactes, déterminée à l'aide de solutions
titrées d'azotate de potassium, jvarie de 2, i à 2,3 suivant les cellules. La
tension osmotique se relève ensuite avec le temps et l'hydroleucite se seg-
mente souvent en un certain nombre de parties. J'ai pu déterminer les
nombres suivants qui ne sauraient d'ailleurs être considérés que comme
des moyennes.
l'juiir Tension osmotique 2,1 à 2,3
2" » ; » 3 , 2 à 3 , 5
3" » ' » 3 ,7 à 4 > 1
7" » » 3 , 9 à 4 < 2
1 0= » >) 4 , 5 à 4 j 7
15" » » 3, 2 à 5,7
22= » » 6 à 6,3
(') Travail fait au laboratoire de Botanique de la Faculté des Sciences de Paris.
( 5o7 )
» Finalement, la cellule ne plasmolyse plus même dans les solutions à
i8 pour loo, el,âce stade, l'hydroleucite, ou les parties qui en proviennent
ne sont plus visibles, soit qu'ils remplissent entièrement la cellule, ou que,
plus vraisemblablement, la membrane qui les limitait ait été détruite.
)) 2. En même temps, et parallèlement à l'accroissement de la tension
osmotique, il apparaît dans l'hydroleucite de nombreux éléments bacilli-
formes. Existant déjà dans quelques cellules intactes, mais rares, ténus et
animés de mouvements browniens très rapides, ils augmentent graduel-
lement en nombre et leur motililé apparente décroît. Parmi les cellules
qni ne plasmolysent plus, j'ai pu en observer quelques-unes, très rares il
est vrai, mais qui étaient entièrement remplies par une sorte de feutrage
de ces éléments désormais immobiles. Leurs dimensions s'accroissent
d'ailleurs, et leur forme devient définissable. Quelques-uns, très peu fré-
quents, sont des octaèdres quadratiques, mais, en très grande majorité, ils
se présentent en lames prismatiques terminées par des pointements en bi-
seau, et mesurant environ 6i^ de long sur it^,3 de large. Insolubles dans
l'acide acétique concentré, ils se dissolvent rapidement dans les acides
chlorhydrique et sulfurique très étendus et présentent ainsi les caractères
des cristaux d'oxalate de calcium.
» 3. Le protoplasme subit corrélativement des modifications importantes.
Formant d'abord une masse assez homogène autour de l'hydroleucite, il se
vacuolise abondamment à mesure que la tension osmotique croît. Observé
aux plus forts grossissements il apparaît, dans les cellules intactes, formé
d'une partie fluide et hyaline dans laquelle se meuvent rapidement et en
tous sens des granules très nets, mais de dimensions non mesurables. Le
volume de ces granules augmente graduellement; le phénomène est parti-
culièrement visible dans les tractus protoplasmiques déliés, décrits par
quelques auteurs, et qui rattachent le protoplasme à la membrane cellulo-
sique lors de la plasmolyse. Ces tractus prennent alors une structure gra-
nulaire très nette. Le protoplasme lui-même, et en particulier sa couche
externe, paraît subir la môme dégénérescence, si bien que, dès les tonicités
moyennes, l'hydroleucite, isolé par plasmolyse, n'est plus étroitement
enserré par la masse protoplasmique qui remplit le reste de la cellule et qui
ne subit que peu ou pas de contraction sous l'action des solutions plasmo-
lysantes.
M Mais, à partir de ce moment, la désorganisation paraît entrer dans une
nouvelle phase, car les chloroleucites eux-mêmes subissent une altération
profonde, dont je me propose de foire l'objet d'une autre Communication. »
C. R., 1899, 2- Semestre. (T. CXXIX, N» 13.) ""
( 5o8 )
BOTANIQUE. — Sur la formaUon des canaux sécréteurs dans les graines de
quelques Gulliféres. Note de M. Edodard Ueckei., présentée par M. Gaston
Bonnier.
« On sait que, d'une façon générale, l'embryon des Clusiacées, quelle
que soit sa constitution, est richement pourvu de canaux sécréteurs. Tou-
tefois, comme l'a indiqué M. Van Tieghem (Canaux sécréteurs des plantes,
deuxième Mémoire, Annales des Sciences naturelles, 7* série, p. 42 ; i885),
« l'embryon di\ Pentadesma butyracea Dorr. fait exception à cette règle. Il
» ne présente de canaux sécréteurs ni dans le parenchyme cortical, ni dans
» le parenchyme médullaire, et cependant, bien qu'elle manque d'organes
» spéciaux, la fonction sécrétrice ne s'accomj)lit pas moins ». Je viens
ajouter quelques autres exceptions à celles que constitue le Pentadesma
butyracea. Dans l'une de ces excjeptions, la germination s'accompagne de
faits tellement spéciaux et inconnus jusqu'ici en ce qui touche à la genèse
des canaux sécréteurs, que j'ai cru nécessaire de les signaler à l'attention
des botanistes.
» Les embryons des Garcinia, au moins pour ce qui concerne G. indica
Choisy, Cochinchinensis Choisy Qlpictoria Roxb., n'ont pas de cnnaux sé-
créteurs et n'en forment pas pendant la période germinative. Là, aussi,
comme dans Pentadesma butyracea, la fonction sécrétrice diffuse s'accom-
plit, ou dans chaque cellule du parenchyme dont les parois sont tapissées
de résine verdàtre, ou au moym de cellules spéciales. Ces dernières, ne
renfermant ni corps gras ni amidon, sont plus grandes que les autres,
disposées en séries, remplies de résine et colorées d'une façon différente
de leurs voisines à contenu gras et amylacé. L'embryon exalbuminé de
Lophira alata Banks, espèce que M. Van Tieghem a séparée des Diptéro-
carpées à cause de l'absence desjcanaux sécréteurs et de quelques autres
caractères analomiques et morphologiques, pour la placer dans les Tern-
strœmiacées, présente, d'après mes recherches, les mêmes dispositions
anatomiques que les Garcinia et les conserve pendant la germination.
C'est une véritable transition vers l'état particulier qui se révèle dans
V embryon à' Allcinblackia Jloribunda Oliver. Ici les faits sont plus intéres-
sants et plus imprévus. J'ai donné la description morphologique et histo-
logique de celte graine dans mon étude sur les Graines grasses des colonies
françaises (^Annales de l'Institut colonial, 2^ fascicule, p. 80, année 1898),
mais il convient de la rappeler sommairement ici.
( 5o9 )
» L'embryon est constitué par une tigelle tuberculeuse, surtout par
l'écorce. A la coupe, on trouve une zone périphérique corticale très
épaisse, puis au centre une autre plus petite de beaucoup, c'est la moelle.
Ces deux zones, de couleur chocolat clair, sont séparées par une ligne
brune. Les deux parenchymes de l'écorce et de la moelle sont formés de
cellules à parois peu épaisses, de couleur jaune clair, contenant contre les
parois des corpuscules huileux, liquides, disposés en une couche légère,
. tout le reste de la cellule étant rempli par une masse solide, blanchâtre,
formant un seul bloc de matière grasse cristallisée. Dans ces parenchymes
uniformes, je n'ai pu discerner aucune cellule différente de ses voisines;
il n'y existe qu'une épaisse zone endodermique, séparant l'écorce de la
moelle.
)> J'ai pu avoir, par M. Vilmorin, une de ces graines en germinalion, elle provenait
de Libreville (Congo français), d'où elle était arrivée en cet état sans apparition tou-
tefois de radicelle ni de tigelle.
» J'ai essayé vainement, à plusieurs reprises, de faire germer en serre chaude ces
graines que j'ai reçues très fraîches du Congo; elles perdent en route leur faculté ger-
minative. Tout d'abord j'ai constaté dans la graine de M. Vilmorin une déformation
très accusée : durant l'acte germinatif, la zone médullaire s'était considérablement
accrue et de dactyliforme la graine était devenue sphérique. Mais à la coupe transver-
sale je constatai ce fait inattendu et significatif qu'un liquide jaune, résineux., pois-
sant aux doigts s'écoulait surtout de certains points profonds de l'écorce qui avait
pris elle-même une couleur d'un beau rouge. Des canaux sécréteurs, d'où s'écoulait ce
liquide résineux, s'étaient formés sillonnant l'écorce de toutes parts.
» Malheureusement, bien que la germination ne fût pas encore très avancée, elle
l'était cependant assez pour que je n'aie pas pu saisir les premières phases de la for-
mation des canaux sécréteurs, si bien que j'ignore aux dépens de quelles cellules ini-
tiales ils se produisent et comment se divisent ces cellules initiales. Mais on aperçoit
encore, dans le parenchyme accru et coloré en rouge, des îlots de cellules très petites
à parois très ténues, situées auprès de l'endoderme.
1) Dans leur développement, ces groupes d'éléments cellulaires, au nombre de huit
à dix, compriment en les aplatissant les cellules voisines du parenchyme primordial
qui les entoure, et ces dernières deviendront les cellules bordantes du canal sécré-
teur. Puis, très rapidement, ces cellules de nouvelle formation se gélifient en com-
mençant par celles du centre et disparaissent peu à peu, en laissant des lambeaux de
parois révélatrices de l'origine des canaux sécréleurs. Toutefois la couche de cellules
à minces parois qui est en contact direct avec celles du parenchyme primordial per-
siste intacte assez longtemps, portant sur sa face interne les lambeaux cellulaires
dont je viens de parler. Il semble dès lors qu'il y a une double rangée de cellules
sécrétantes, les unes petites, de nouvelle formation, et les autres, grosses, propres au
parenchyme primitif. La rangée la plus interne disparaît enfin et les canaux sécré-
teurs sont définitivement constitués. A cause des lambeaux cellulosiques qu'ils pré-
( 5io )
sentent souvent, ces canaux revêtent un peu l'apparence des lacunes gommeuses
propres à un grand nombre de plantes et notamment aux Mali-acées.
)) Je n'ai pas constaté de canaux résineux dans la moelle de la graine
à' Allanhlackia Jlorihunda, mais je ne puis dire s'il ne s'en forme pas dans
une période plus avancée de la germination. J'ai même lieu de croire qu'il
s'en forme, si je tiens compte de ce fait que j'ai constaté leur présence dans
les feuilles, dans l'ccorce des rameaux et même dans la moelle, où ils sont
plus grands et plus nombreux encore.
)) Le processus de formation des canaux sécréteurs que je viens de dé-
crire se retrouve dans l'embryon d' Ochrocarpus Siamensis Anderson, mais
avec cette différence que, dans cette graine, les canaux sécréteurs très
nombreux se forment tous pendant le développement de l'embryon et ne
s'y développent pas pendant la germination. Il serait intéressant de savoir
si Pentadesma butyracea, qui a dqfe canaux sécréteurs dans ses tiges et dans
ses feuilles ('), en forme dans sa graine pendant qu'elle germe. Je cher-
cherai à m'en assurer.
» Il résulte de mes observations qu'il existe, dans les Guttifères, deux
catégories de graines dépourvues de canaux sécréteurs; les unes (Gam««"a)
n'en forment jamais pendant la période germinalive, les autres (^Allan-
blackia^ en forment de nombreux et par un j^rocessus tout différent de
celui qui est admis comme unique jusqu'ici. Ce processus se retrouve dans
Ochrocarpus. ,
» J'ai déjà, dans une précédante Communication, démontré que, chez
les Orchidées, ces organes ont iin mode de formation spécial, du moins
dans la section aphylle du genre Vanilla c[ui seul, dans les Orchidées, pa-
raît juscpi'ici en posséder; nous en voyons un nouveau aujourd'hui dans
les Allanhlackia et les Ochrocarpus.
M II faut donc renoncer à c^lte notion classique que les canaux sécré.
leurs se produisent toujours par formation schizogène. »
La séance est levée à 3 heures trois quarts
M. B.
(') \'oir mon étude détaillée sur celte graine et sur le végétal qui la produit, dans
les Annales de Vfnslilut colonial de Marseille (t. I, 1898), où j'ai décrit et dessiné
ces canaux.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
(lis 1835 les COMPTES RINDDS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la 6n de l'année, deux volumes ln-4'. Deux
■ l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
1 du i" janvier.
Paris : 30 fr.
Le prix de Pabonnement est fixé ainsi qu'il suit :
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Renaud.
; Derrieti.
] F. Robeil.
j J. Robert.
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Joiian.
Pernn.
( Henry.
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i Ribou-Collay.
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( Rey.
( Lauverjal.
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\ Drevet.
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"e Foucher.
\ Bourdignon.
( Dombre.
j Thorez.
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Lorient.
'Y
-g
t-Ferr
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Marseille Ruât.
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I Loiseau.
( Veloppé.
I Barma.
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l'aimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
„ . . i Blanchier.
Poitiers . ,
( Marche. "
Bennes Plihon et Hervé.
Fochefort.. Girard (M"").
\ Langlois.
/ Lestringant.
S'-Étienne Chevalier.
_ , ( Ponteil-Burles.
Toulon
( Rumebe.
_ , 1 Gimet.
Toulouse „ .
j Privât.
, Boisselier.
Tours j Péricat.
• ( Suppligeon.
\ Giard.
( Lemaître.
Rouen.
Valenciennes.
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( Feikema Caarelsen
( et C:
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et C'*.
Dames.
Friedlander et tils.
Mayer et Muller.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanichelli.
!Lamertin.
Mayolez et Audiarte.
Lebégue et C'".
„ , I Sotcheck et C".
Bucnarest „
' Storck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BellelC".
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Cand Hoste.
Gènes Beuf.
, Cherbuliez.
Genève Georg.
( Stapeiraohr.
La Haye Belinfante frères.
f Benda.
( Payot.
' Barth.
\ Brockhaus.
Leipzig ! Lorentz.
Max Rube.
Twietmeyer.
I Desoer.
Liège , „
" / Gnuse.
Lausanne.
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^'"''''"" Hachette et C'-.
'Nutt.
Luxembourg.... V. Buck.
(Libr. Gutcnberg.
rto'no .V Fussel.
1 Gonzalés e hijos.
' F. Fé.
Milan.... * ^'"^"^ (riTts..
" \ Hoepli.
Moscou Tastevin.
Naples i Marghieri di Giu,.
/ Pillera no.
I Dyrsen et Pfeififer.
New-Vork Stecherl.
' LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford. Parker et C"
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés el Monii.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
„ l Bocca frère».
Rome ,'
( Loescheret C".
Rotterdam Krauiers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
S'-Petersbourg .
If Zinserling.
) Woiir.
Turin.
Bocca frères.
Brero.
\ Clausen.
( RosenbergetSellii r.
Varsovie Gebethner et Wollt
Vérone Drucker.
( Frick.
Vienne _ , .
l Gerold et C".
Ziirich Meyer et Zeller.
LES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes !•' 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; 1 853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— ( i" Janvier i85i a 3i Décembre i865.) Volume \n-i°; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 a 91. — ( r" Janvier 1866 à 3i Décembre t8fio.) Volume in-4^ 1889. Prix 15 fr.
:PL£MENT ADX COMPTES RENDDS DES SEANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES :
■ Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DerbÉs et A.-J.-J. Solikr. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'épromeiitlc»
>ar M. H*N«EN. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
■"■ M. CncDB Bernabd. Volume in-^", avec Sa planches; i8ô6 '• 13 fr.
: Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Bknedïn. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en iSôo par l'Académie des Sciences
ncours de i853, et puis remise pourcelui de 1856, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
es, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée — Rechercher la nature
'lorts qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états an.urieurs », par M. le Professeur Bkosn. In-4*, avec 27 planches; 1861.. . 15 fi.
'me Librairie les Mémaues de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par dlTers SaTanis à l'Académie das Sciences.
N" 13.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 2d septembre 1899.)
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages. I Pages.
M. Berthelot. — Éludes sur le triniéthylène. 48' I -M. .\lbert G.wdry. — Sur le Néomylodon. 4'J'
MEMOIRES PRESENTES.
.M.M. .\. Breuillot et Thom.\s adressent une
Note relative à un aérostat dirigeable. . . . ^9^
M. F. L.\RROQL"E adresse une Note <• Sur le
mécanisme de l'audition des sons » 49* i
.M. Alg. Goret adresse une Note relative a
un appareil destiné à mesurer l'inclinaison
d'un navire, produite par le roulis 'l'i
CORRESPONDANCE .
M. MASCARTrend compte àl'.^cadémie delà
cérémonie organisée à Corne pour fêter le
i-entenaire de la découverte de la pile par
Volta 493
M. J. Guillaume. — Observations du Soleil,
laites à l'observatoire de Lyon (équatorial
Brtinner de o",i6) pendant le premier tri- |
mestre de 1899 49
M. Cn. André. — Sur la comparaison des
heures obtenues, pour les contacts d'é-
olipses partielles de Soleil, par l'obser-
vation directe et les mesures de longueurs
de corde commune 49^
M. 11. Le CH.iTELlER. — Sur les points fixes
de transformation '197
M. A.-B. Chauveal". — Sur la variation diurne
de l'électricité atmosphérique bon
M. Ed.v. Bordaoe. — Sur un mode particu-
lier de protection des appendices en voie
de régénération après sections artificielles
chez les Insectes 5oi
M. N. DE Zograf. — Sur les organes cépha-
llques latéraux des Glomeris 5o4
M. V. Boulet. — Sur quelques phéno-
mènes de la désorganisation cellulaire.. . . 5ofi
M. Edouard Heckel. — Sur la formation
des canaux sécréteurs dans les graines de
quelques Gultifères ')o8
PARIS. — IMPRIMERIE G AUT H l E R-VI LL A RS ,
Quai des Grands-Augustins, 5S.
Le Gérant .'GAOTBiBb-ViLLAiS.
1899
SECOIVD SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR IVIltl. liK» SECRÉTAIRES PBRPÉTUEEiS.
TOME CXXIX.
N^ 14 (2 Octobre 1899)
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IM PlilMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES. SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Au^ustiDS, 55.
1899
/
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article i" . — Impressions des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou parunAssociéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent aii
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne rejjroduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soii fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
ires
;q|J
etH
ilsT
Les J^rogranimes des prix proposés par l'Acadi
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'ai
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Sava.
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des perse
qui ne sont pas Membres ou Correspondants del
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'u
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages reqi
Membre qui fait la présentation est toujours
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet
autant qu'ils le jugent convenable, comme il
pour les articles ordinaires de la correspondanc
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rr
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tai
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à t
le titre seul du Mémoire estinséré dans le Compt)e\
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rentt>
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches, jf
Le tirage à part des articles est aux hais d
leurs; il n'y a d'excepliou que pour les Rappc
les Instructions demandés par le Gouvernemei
t.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrât!
un Rapport sur la situation des Comptes rendus
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution à
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priéi
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance s
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 2 OCTOBRE 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
CORRESPONDANCE.
M. le Maire de Chantilly informe l'Académie que rinangiiration de la
statue élevée auduc d'Aumale aura lieu Icdimanche i5 octobre, à aheures
et demie.
M. le Ministre de la Guerre invite l'Académie à lui désigner deuK de
ses Membres pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l'École.
Polytechnique.
ASTRONOMIE. — Orbite du bolide du 24 aoixt 189g.
Note de M. J. Comas Sola, présentée par M. A. Cornu.
« Observatoire Català, 27 septembre 1H99.
» Le 24 août 1899, à ti''io" (temps moyen local), j'observai un bolide
d'un éclat supérieur à dix fois au moins celui de Vénus et suivi d'une
C. R., 1899, 3» Semestre. (T. CXXIX, N° 14.) l>9
( 5i2 )
longue traînée. Il fit son apparition dans le Serpentaire et, après dix se-
condes environ, il disparut près de l'étoile a. du Capricorne.
» Sa lumière était très blanclie, avec de léf,'ères recrudescences pendant sa course.
Trois secondes avant de disparaître, le bolide se subdivisa en deux fragments, qui ont
continué la trajectoire à une faible distance l'un de l'autre. A partir de la fragmenta-
tion, la couleur devint rouge et son intensité lumineuse s'affaiblit rapidement. De mon
lieu d'observation, on n'a pu enteudre aucun roulement ni explosion, mais ces bruits
ont été perceptibles de Barcelone et ses environs.
» Ce même météore a été vu par d'autres observateurs ('). En combinant leurs
observations avec les miennes, j'ai pu calculer d'une manière assez approchée sûrement
les éléments de l'orbite suivie par le bolide.
» La direction relative de ce corps n'a pas été très différente d'ouest à est. Au
moment de l'apparition, vue de ce littoral méditerranéen, le bolide était à l'altitude
de 98''", et, au moment de l'extinction, à 45''°'. Le météore est tombé sans doute dans
la mer. De Barcelone, on l'a vu avec un diamètre apparent presque aussi gros que
celui de la Lune. La projection verticale de la trajectoire passait à quelques kilomètres
au sud de Barcelone et elle avait une longueur, entre les deux points mentionnés,
de 280'"°.
» J'ai déterminé la direction de la vitesse relative et les direction et valeur
de la vitesse absolue au nioven des procédés graphiques de la Géométrie
descriptive. J'ai négligé la sphéricité et l'attraction de la Terre et la résis-
tance de l'air. Par la formule
Kcos>|. ~ ^''
j'ai calculé R, ravon de courbure, et par des constructions géométriques,
j'ai déduit les autres éléments de l'orbite. La vitesse relative était de 24''"
par seconde, et la vitesse absolue, de oo'"'". Voici les éléments de cette
orbite, fortement hyjierbolique :
i^= 16°, 5,
^ =0,99,
e=i,74.
» J'ajouterai que le 28 aoiît, à 7''45'", j'observai un autre bolide, rouge.
(') Parmi ceux auxquels je suis redevable de précieux renseignements, je dois
signaler MM. Estival Rosell, de Premià de Mar (près de Barcelone), Julio de las
Cuevas, qui se trouvait à Molins de Rey (près de Barcelone), R. Duràn et le D'' Es-
trany, habitants de cette dernière ville.
( -'ÏI^ )
de l'éclat de Mars et qui suivit, dans la voùto céleste, un chemin font à fait
semblable à celui du bolide du 24. "
MÉCANIQUE. — Sur l'identité de solution de certains problèmes d'élasticité
et d' hydrodynamique. Note de M. Georc.es Poisso\.
« Dans une Note présentée à l'Académie le 2 mai 1898, M. Maurice
Lévy a fait remarquer que, dans les problèmes d'élasticité à deux dimen-
sions, la répartition des pressions est indépendante de la valeur des
coefficients d'élasticité. La présente Note a pour objet d'établir que, dans
ce cas, la recherche des pressions peut souvent se ramener à l'étude du
mouvement permanent d'un liquide.
» Considérons la section droite d'un corps cylindrique de longueur
infinie, soumise à une déformation élastique plane, et traçons-y les
courbes orthopiéziques. Deux courbes infiniment voisines limitent un filet
solide, qui se trouve dans les conditions d'un fil infiniment flexible soumis
à son poids et à des pressions moléculaires appliquées normalement sur
ses deux faces.
)) Soient, en un point quelconque du filet, P, la pression totale du filet
suivant sa longueur, V^ds la résultante des forces extérieures qui agissent
sur l'élément ds. Les équations d'équihbre du filet seront
1 rfP, = P, rt'^cos(P,,(/^),
(0 F
^=P, cos(P,,r).
» Soient e l'épaisseur du filet au point considéré, et /;, la pression par
unité de section; on aura P, =p,t. Soit, en outre, p.^ds la pression nor-
male au filet sur l'une de ses faces. La pression sur l'autre face sera
ds ;- £ ." ' ^ dn étant l'élément de normale. La résultante de ces deux
P
dn
dx
pressions sera, en projection sur la tangente, p^t~ds, x étant l'angle du
filet avec l'axe des x. Mais on voit facilement que i-r- ds = di. La première
des équations (i) devient donc, en appelant II le poids spécifique du corps,
dÇp,z^ = — Uislnxds -{-p^di
ou
(2) _f(^,_^,)e]+nesina ;-£^^=o.
( 5l4 ;
» Eu projection sur la normale, la résultante des pressions transversales
sera — £^ Comme on
an
d{ds)
a —-j — ; ds, la deuxième des équa-
tions (i) devient
ou
(3)
r
= -
- 11 e COS a — £
dp,
dn
-+-
r
El
-Pi
r
+ ncosa -(-
dpi
dn
=
o.
» Soit, d'autre part, un liquide parfait et incompressible, en mouve-
ment permanent dans le plan. Considérons un des fdets liquides, et
prenons les mêmes notations que ci-dessus. De l'équation de Bernoulli,
\^ p .1
^ -f- ^ = H, on tu'e |
2^
(4)
\_d\_
sds
sma
I dp
n Is
— o.
» On obtient, en outre, par la combinaison des équations du mouve
ment permanent, y compris l'équation de continuité, la relation
(5)
COS a
i dp
ndn
M Posons maintenant
■Pï J.
— et
» En faisant ces substitutions dans les équations ( :\) et (5), et en tenant
compte de l'équation de continuité eV = const., on retombe sur les équa-
tions (2) et (3). Par suite, le même réseau de courbes satisfaisant à ces
équations pourra représenter ron seulement les fdets d'un liquide en mou-
vement permanent, mais au^si les courbes orthopiéziques d'un solide
élastique.
« Pour que ce réseau représente effectivement la déformation élastique
d'un corps, il faut que l'on ait
et, comme on a
p,-hp, = Tl{B. - 2j),
la condition pour qu'un problème de mouvement permanent puisse se
transformer en problème d'élasticité est A;, II = o. Celte condition est
( 5i5 .
remplie lorsque H est constant, c'est-à-dire lorsqu'il y a un potentiel des
vitesses.
■ L'assimilation qui vient d'être établie entre les deux genres de phéno-
mènes physiques considérés donne lieu à de nombreuses applications. J'en
citerai brièvement une seule.
» Le mouvement périodique des ondes liquides cylindriques dont on
sait calculer la forme, exactement pour une mer de profondeur infinie et
approximativement dans les autres cas, peut se transformer en un mou-
vement permanent, si Ton imprime à l'ensemble du liquide une translation
égale et contraire à celle des vagues. On peut partir de là pour obtenir,
par la transformation indiquée ci-dessus, un état de plissement d'un sol
élastique dont toutes les conditions seraient faciles à déterminer. Cet état
paraît être celui qui se réalise naturellement lorsqu'un sol élastique se
plisse sous l'action d'une compression horizontale. On serait conduit ainsi
à reconnaître que la forme normale des plissements du sol terrestre est
identique à celle des vagues de la mer. »
CHIMIE. — Sur deux chlorobromures de tungstène.
Note de M. Ed. Defacqz, présentée par M. H. Moissan (').
<( Nous avons montré, dans une précédente Communication (-), que le
gaz bromhydrique sec, en réagissant vers 35o" sur l'hexachlorure de
tungstène, ne donnait pas le composé brome correspondant, mais un
bromure iniérieur : le pentabromure; c'est aussi ce dernier corps que
MM. Riche ('), Blomstrand {"), Roscoe (^) ont obtenu en faisant agir
directement le brome sur le métal.
)) Nous avons alors pensé qu'il serait possible de préparer l'hexabro-
mure en traitant l'hexachlorure par l'acide bromhydrique liquide; il n'en
est, malheureusement, pas ainsi, et les composés formés sont des chloro-
bromures de formules ditîérentes suivant les conditions de température
(') Travail fait au laboratoire des hautes études de M. Moissan à l'École de Phar-
acie.
(-) Ed. Defacqz, Comptes rendus, t. CXXVIII, p. i232.
1,^) A. Riche, Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. L, p. 5.
( ') Blomstrand, Journal f tir prakt. Chemie, t. LXXII, p. 4o8.
("') Roscoe, Chemical News, t. XXV, p. 6i.
( 5i6)
auxquelles on opère. Nous avons pu en isoler deux : l'un a pour formule
TuCl",3TuBr«; l'autre, TuCl'.TuBr" ; le plus stable est le premier, c'est
de lui que nous nous occuperons principalement.
I. - TuClSSTuBr".
» Préparation. — On liquéfie dans un tube de verre à paroi épaisse, contenant Ss'
environ d'hexachlorure de tungstène pur, de l'acide bromhjdrique jusqu'à ce que l'on
ait lo"" à iS''"' de liquide; on scelle le tube et on le porte pendant trois ou quatre
heures à la température de 60" à 70°; après refroidissement le tube est ouvert, les gaz
se dégagent au travers des sécheurs et sont recueillis.
•« Si l'on répète sur le produit obtenu et correspondant à la formule TuCl% STuRr^
la même expérience, la matière solide isolée de nouveau n'a pas changé de com-
position.
» Propriétés. — C'est une substance vert olive, formée d'amas de petits cristaux,
s'altérant très rapidement au contact de l'air et devenant brune.
» Elle fond à 232°.
» Elle est soUible dans un grand nombre de liquides : dans l'alcool absolu, sa solution
est rouge ponceau ; dans l'éther anhydre, dans le sulfure de carbone, dans la benzine,
la glycérine; elle n'est soluble qu'à chaud dans le tétrachlorure de carbone, et presque
insoluble dans l'essence de térébenthine.
» Exposé à l'air, ce chlorobromure attire l'humidité, qui forme autour de la sub-
stance de fines gouttelettes qui hâtent sa décomposition; finalement, on obtient une
pâte épaisse, jaune verdâtre, d'acide (ungstique incomplètement oxvdé; comme tous
les corps très hj'groscopiques, quand (in le met en contact avec l'eau, il v produit un
bruissement; il est immédiatement décomposé : il se forme un précipité jaune ver-
dâtre d'acide lungstique et une solution d'acide chlorhydrique et d'acide bromhy-
drique. La vapeur d'eau réagit vers boo" avec très grande énergie pour donner de
l'acide tungstique.
» Les corps simples attaquent ce chlorobromure à une température peu élevée :
l'action réductrice de l'hydrogène commence vers 200°; près de son point de fusion,
le chlore le transforme en hexachlorure avec départ de brome ; l'oxygène donne d'abord
des oxychlorures et oxybromures, puis, vers 3oo°, de l'acide tungstique; le soufre et
le phosphore forment sans incandesceice des sulfure et phosphure.
» Les hydracides employés en solution, gazeux ou liquéfiés, donnent des actions
différentes : l'acide fluorhydrique à 4o pour 100 dissout complètement le chlorobro-
mure; l'acide chlorhydrique à 22''B. j^rovoque un léger précipité d'acide tungstique;
les acides bromhydrique et iodhydrique gazeux réagissent, le premier vers 200°, il se
forme du pentabromure, le second donne du biiodure vers 350°; nous avons déjà vu
qu'à la température de 60°, l'acide jjromhydrique liquide n'avait aucune action;
l'acide sulfhydrique gazeux transforme le chlorobromure en bisulfure vers 300°.
>) Les acides azotique et sulfurique le décomposent : il se précipite de l'acide
lungstique.
» Les alcalis en solution ou fondus, les mélanges oxydants et le bisulfate de potas-
sium l'attaquent vivement.
( 5i7 )
» Analyse. — La méthode que nous avons employée est la même que celle que nous
avons indiquée pour le pentabromure ('); elle est basée sur la facile décomposition
du chlorobromure par l'eau en acide tungstique précipité d'une part et en une solu-
tion d'acide chlorh^drique et d'acide bromhydrique d'autre part.
» Nous avons trouvé les nombres suivants :
Calculé
pour
Trouvé. Tu CI", 3 Tu Br».
Tu 30,69 (moyenne de 8 analyses) (^) 3o,8o
Br 60, 16 (moyenne de 5 analyses) 60,27
Cl 8,36 (moyenne de 6 analyses) 8,93
II. — TuCl«,TuBr«.
» Préparation. — La préparation est la même que précédemment : nous mettons
en contact, en tube scellé, environ Se"' d'hexachlorure de tungstène avec 10" à i5'^''
d'acide bromhydrique liquéfié, mais cette fois nous abandonnons le tube pendant
deux ou trois jours à la température du laboratoire.
» Propriétés. Analyse. — La substance isolée a un aspect cristallin et une couleur
vert olive ressemblant beaucoup à celle du corps précédent; ses propriétés sont du
reste très voisines.
» L'analyse conduite de la même manière nous a donné les chiffres suivants :
Calculé
pour
Trouvé. Tu Cl«, Tu Br^
Tu 34,46 34,68
Br 46,06 45,24
Cl 19,86 20,08
» En résumé, il ne nous a pas été possible de préparer l'hexabromure
de tungstène par l'action de l'acide bromhydrique liquide sur l'hexacldo-
rure en tube scellé vers 70'', mais nous avons obtenu deux chlorobromures,
l'un, le plus stable, qui se forme vers 70' : c'est l'hexachlorolrihexnbromure
TuCl", 3TuBr^ l'autre s'obtient vers 1 5-^, il a pour formule Tu Cl% TuBr":
c'est l'hexachlorobromure; ces deux cnm;^osés sont les premiers chloro-
bromures de tungstène connus. »
(') Ed. Defacqz, Comptes rendus, t. CXXVIII, p. i232.
(^) Nous avons trouvé :
PourTu : 3o,35; 29,94 — 29,90; 29,96 — 31,52; 3i,8-3i,o8; 3o,84;
» Br : 60,76; 59,90 — 59,60; 60,00 — 60,55;
>' Cl: 8,11; 7,90-9,19; 8,73-8-8,37.
( 5i8
CHIMIE. — Sur r hypophosphùe de cuivre et sa décomposition par le
palladium précipité. Note de M. R. Engel.
« La facilité avec laquelle l'acide hypophosplioreux réduit les sels de
cuivre est sans doute la cause pour laquelle on n'a pas encore pu obtenir,
d'une manière certaine, l'hypophosphite de enivre, malgré quelques tenta-
tives de H. Rose.
» J'ai été conduit à préparer ce composé, qui possède une stabilité rela-
tÏAement assez grande.
. !
I) Pour l'obtenir, il suffit de précipiter une solution de sulfate de cuivre par une so-
lution d'hypophosphile de baryum, molécule à molécule. Les deux solutions peuvent
être saturées à 35° ou 4o°, sans que, par leur mélange, il se produise une réduction du
sulfate de cuivre. Il est essentiel de i^e laisser dans la liqueur aucun excès d'hjpophos-
phite de baryum, mais plutôt une trace de sulfate de cuivre. Dans ces conditions seu-
lement, le sulfate de baryum formé ^e dépose rapidement et peut même être séparé
par filtration à froid sur papier durc^. La stabilité de la solution et du sel solide est
aussi plus grande.
» La solution d'hypophosphile cuivrique peut ainsi être amenée à renfermer environ
lo pour 100 de sel. On ajoute à cette solution un grand excès d'alcool fort, qui pro-
voque la formation d'un précipité cristallin d'hypophosphile cuivrique. On dessèche
ce précipité à l'air ou sous cloche en présence d'acide sulfurique.
I) L'hypophosphite de cuivre ainsi' obtenu est d'un blanc éclatant. Il est anhydre et
répond à la formule (PhO-H2)-Cu. (Cu trouvé : 82,7 pour 100; théorie 82,84.)
» Il peut être conservé pendant plusieurs jours sans s'altérer. Sa solution étendue
peut être portée à l'ébullition sans se décomposer. Ce n'est que lorsque la concentra-
tion se rapproche de 7 pour 100 que la décomposition a lieu vers 60°. A l'état sec,
l'hypophosphite de cuivre fait brusduemenl explosion vers 90°, en dégageant de l'hy-
drogène phosphore.
)) J'ai signalé précédemment que le palladium précipité par l'acide
hypophosplioreux de la solution de .son chlorure a la propriété d'oxyder
une quantité illimitée d'hypophosphite de baryum, en le transformant en
pbosphite avec dégagement d'hydrogène. C'est là une expérience de cours,
très propre à montrer l'actionides agents dits de contact; la réaction est
théorique. Ce palladium décompose également à froid l'hvpophosphite
de cuivre; il se précipité du cuivre métallique (et non de l'hvdrure), il se
dégage de l'hydrogène et il se produit de l'acide phosphoreux. Lé palla-
dium précipité provoque donc simultanément une oxydation et une réduc-
( ^519 ^
tion. La réaction a lieu d'après l'équation
(PhO^H')='Cu -t- aH^O = Cii + 2PhO'H^ -i- H'.
» J'ai vérifié que la décomposition formulée ci-dessus est tout à fait
théorique, en provoquant, par le palladium, la décomposition de 7B'',63o
d'hypophospliite de cuivre et en dosant les produits indiqués dans le
second membre de l'équation.
1 J'ai trouvé :
Hypophosphite
de cuivre.
D'après le poids du cuivre 7 ,619
D'après le volume d'hydrogèue recueilli et ramené à o" et à 760"'". 7)640
D'après l'acide titré par acidimétrie en présence du méthylorange
comme indicateur 7,628
» I.a non formation d'hvdrnre de cuivre, à froid et malg^ré un excès
d'hydrogène qui se dégage, me paraît très remarquable. J'ai vérifié, d'autre
part, que le cuivre précipité ne renfermait aucune dose appréciable de
phosphore.
» La décomposition d'une solution d'hvpophosphite de cuivre par la
chaleur ne se fait pas de la même manière. Il se forme d'abord le précipité
brun d'hydrure cuivreux, (jui se décompose rapidement en cuivre et en
hydrogène. Le dégagement d'hydrogène, d'abord très rapide, se continue
ensuite très lentement, pendant un temps tort long, et seulement vers 100°.
Il est facile de séparer les deux phases de la réaction.
■) Dans la première, le cuivre est précipité et il se dégage exactement la
moitié de l'hydrogène que dégage le palladium d'un égal poids d'hypo-
phosphite de cuivre. La décomposition de ce sel est donc représentée
exactement par la formule
(PhO^H-)=Cu -h H^O =. Gu ^ H=0 4- PhO'H' + PhO-H'.
» Tl subsiste donc, dans la liqueur, après la précipitation du cuivre
(dont il reste quelques traces en solution, environ 0,4 pour 100), de
l'acide hypophosphoreux qu'il est facile de reconnaître par la réduction
qu'il fait subir au sulfate de cuivre. L'exactitude de la formule ci-de.ssus
a été vérifiée comme celle de la décomposition de l'hypophosphite de
cuivre par le palladium.
» Diuis la seconde phase, le cuivre précipité détermine lentement,
vers 100°, l'oxydation de l'acide hypophosphoreux restant, comme le pal-
C. K., 1899, j- Semestre. (T. C\\I\, ^■14.) 70
( 520 )
ladium le fait à froid et plus rapidement. Cette propriété du cuivre pré-
cipité, que j'ai déjà signalée, a été reconnue depuis par MM. Bartlett
et Walter H. Merril.
» Le palladium précipité additionné d'acide hypophosphoreux réduit
à froid, avec dégagement d'hydrogène, non seulement les sels de cuivre,
mais aussi ceux de bismuth et d'antimoine. La précipitation est totale. Le
métal précipité sur le palladium ne lui enlève pas son activité.
» Avec le chlorure stanneux et les sels de plomb, il y a précipitation
partielle de l'étain et du plomb, sans dégagement d'hydrogène, et le métal
précipité sur le palladium lui enlève son activité. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Aldéhydes salicyhque et para-oxybenzoîque
et salicylhydramide . Note de MM. Delépiîhe et Rivals.
« Ayant entrepris, à des points de vue différents, l'étude thermochi-
mique des dérivés de l'aldéhyde salicylique, nous avions obtenu, chacun
de notre côté, des résultats incompatibles avec certaines déterminations
antérieures.
)i Nous avons cru devoir mesurer à nouveau les chaleurs de formation
de l'acide et de l'aldéhyde saHcvliques; nous y avons joint celles de l'aldé-
hyde /9.-oxybenzoïque, du salicylhydramide et quelques expériences de
contrôle.
» 1° Acide salicylique C'H^O'. ' — Chaleur de combustion moléculaire à volume
constant et à pression constante ; 728*^^', 2; Slohmann a trouvé, de son côté,
d'abord 729^»', 5, puis plus récemment 727*^^', i. Adoptons la moyenne de ces trois
nombres, soit 728^^', 3; on en déduit pour la chaleur de formation par les éléments
de l'acide solide 4-i38c=',8.
» Si d'autre part on adopte, pour la chaleur de formation du phénol solide, + 36*^"', 8
(Berthelot et Louguinine) ('), on a pour la réaction
C'H^O S0I. + CO2 gaz =C\¥0^ sol 4- 7*^"', 7
» MM. Berthelot et Werner C"^) oat trouvé directement +6'^^', 3.
» 2° Aldéhyde salicylique G'H^O-. — Pour débarrasser rigoureusement l'aldéhjde
commercial de toute trace de phénol qui élèverait la chaleur de combustion, nous
l'avons précipité par l'ammoniaque à l'état de salicylhydramide. Celui-ci a été lavé à
(') Ann.de Chim. et Phys.. Ç>' série, t. XIII. p. 328; 1888.
(-} Ann. de Chim. et Phys., 6= série, t. VII, p. i46; 1886.
( 521 )
l'eau et à l'alcool froids, puis décomposé par l'acide chlorhydri/jue étendu. Après
vingt-qualre heures, l'huile déposée est séchée et distillée : c'est de l'aldéhyde salicy-
lique pur qui passe à point fixe à i95°,5 sous 760""" de pression et qui ^e io//f///?e
Chaleur de combustion pour is''
cal
( 6526,5
( 6528,3
Moyenne 6527 , 4
/^, , , , ^. ,. 1 • ( à volume constant. .. . 7q6'^'',34
Chaleur de combustion moléculaire < , . „r. 1 /-
( a pression constante . . 796''*', o
Cal
Chaleur de formation par les éléments +70,5
M On a alors pour l'aldéhyde transformé en acide :
C'HsOliq. + O^C'tPO^sol +68c-',3
» 3° Aldéhyde para-oxybenzoïque CIPO-. — Cristaux fondant à 116°.
cal
i 65o6,6
Chaleur de combustion pour js"" } 6499,9
\ 6495,4
Moyenne 65oo,6
^, , , , . 1, . • l à volume constant. ., . 7q3'^''',07
Chaleur de combustion moléculaire { . r, , J
{ a pression constante . . 793*^^', 3
Cal
Chaleur de formation par les éléments +73,8
Chaleur d'oxydation de l'aldéhyde solide transformé en acide
para-oxybenzoïque solide (Stohmann) -t-67,4
» On obtient, en résumé, pour la chaleur d'oxydation des deux aldéhydes, des
valeurs très voisines de celles que fournissent les aldéhydes benzoïque (+ 68'^''',8),
anisique (4- 72<^'^', 1) et cinnamique (+ 70^"', i).
» 4" Salicylhydramide (C'IPO)^ Az-. — Ce corps, résultat de la combinaison
de 3 molécules d'aldéhyde et de 2 molécules d'ammoniaque avec élimination de 3 mo-
lécules d'eau, /o«(j? toujours à 167°, quel que soit le mode de préparation. Ce point
de fusion s'éloigne beaucoup de ceux qui sont indiqués par les auteurs : Herzfeld
(145°), Lôwig (ii6°). L'analyse ne laisse d'ailleurs aucun doute sur sa composition
(on a trouvé : 0 = 72,73 pour 100, H — 5,37; calculé : 0=172,83, H = 5,2i).
» Notons encore, en contradiction avec Ettling, que cet hydramide est décomposé
à froid rapidement par les acides et les alcalis étendus. L'aldéhyde formique eu chasse
( 5-22 )
égalemenl l'aldéhyde salicyliqiie.
cai
7802.9
7299-2
Chaleur de combustion pour i^' '' 7810,2
i 73ii-9
' 7808,8
Moyenne 7806,6
„, , , , . 1. 1 • i à volume constant 2327,78
Chaleur de combustion moléculaire ' , . - o
i a pression constante. . . 2026,9
Cal
Chaleur de formation par les éléments -1-72,4
» D'où l'équation génératrice :
(I) 3C'H«OMiq.4-2AzIiMiss.= (C"H«0)^\z2sol.^8H201iq.-h2 x i2<:=^
90.
M A titre de vérification, nous avons pu réaliser, dans le calorimètre, les
réactions suivantes qui s'achèvent en quelques minutes :
(II)
(III)
( (C'H«0)^Az^sol.-H8K0H(ir''i=i''')
I =3C"H»0-Kdiss. + 2AzB3diss — 6'^'\ô
8C"H=0=Kdiss. -H2 AzH^diss.+ SHCIdiss.
3 K Cl diss. H- 2 Az H' Cl diss. h- 8 C WO' liq.
-45^=', 9
)) On en déduit, pour la réaction (1), 2 x iS^^^S. La concordance ne
laisse rien à désirer.
» La réaction (II) se passe en deux temps: on observe d'abord un
dégagement de chaleur d'au moins S*""', i, dû selon nous à la saturation
par la potasse de la troisième fonction phénolique du salicylbydramide,
les deux autres étant déjà saturées dans la molécule même, ce que nous
exprimons par le schéma suivanf. :
CH — C^H^-OH
C'>H--CH =
Az
\ 0^
A\
0
y \
C«H*— CH =
Az
qui représente la formule d'un hydramide dans lequel les deux atomes
d'azote satiu-eiaient deux fonctions phénoliques en devenant penlavalents
comme dans un phénate d'ammonium.
» Un s'explique alors <jne le salicylhydrauiide soit Jaune comme un
( 523 ,
salicylure, au lieu d'êlre blanc comme les hydramides. La vraisemblance de
celle hypothèse est encore renforcée par ce fait que cette sorte de satura-
tion interne a augmenté légèrement la chaleur de formation du salicylhy-
dramide comparé aux autres hydramides (') et que la couleur jaune
/OCH'*
n'existe plus dans les hydramides dérivés des éthers ortho C H'' \ pi, n ^^
CH^x ^., ^ , lesquels, d'après Perkin, sont blancs.
\L>HO ' '
» L'aldéhyde /;.-oxybenzoïque contraste singulièrement avec l'isomère
ortho. Pas plus qu'Herzfeld, nous n'avons pu en préparer aucune combi-
naison ammoniacale stable dans les conditions ordinaires ; c'est là un
curieux résultat, qu'une fonction phénolique éloignée paralyse ainsi les
réactions de la fonclion aldéhyde, d'habitude si aciive vis-à-vis des com-
posés azotés. .'
TÉRATOLOGIE. -- Sur un monstre double slemopage en voie de formation,
observé sur un blastoderme d'œuf de poule (-). Note de MM. Bonmariage
et Petrucci, présentée par M. Marey.
« Il n'y avait jusqu'à présent qu'une observation unique d'un fait de ce
genre chez l'oiseau. Elle est due à Allen Thomson (') qui a vu et figuré un
sternopage en voie de formation sur le blastoderme d'un œuf d'oie. La
figure d'Allen Thomson a été reproduite par M. Dareste dans ses Recherches
sur la production artificielle des monstruosités, page 324, édition de i8r)i . Ce
tyj)e monstrueux n'avait jamais été observé chez la poule.
» La pièce que nous avons étudiée est malheureusement en fort mauvais état. Elle
provient d'une série d'œufs de poule que nous avions mis à incuber dans une atmo-
sphère d'oxygène au cours d'une étude sur l'influence des milieux. L'œuf a été ouvert
assez tardivement, au septième jour; les embryons étaient morts, et, en partie,
macérés; d'après leur aspect général, on peut leur attribuer un âge qui ne dépasse
guère le quatrième jour. Nous n'aurions point figuré cette pièce et attiré l'attention
sur ce fait si l'exlrènie rareté de ce type monstrueux chez l'oiseau ne lui avait donné
une importance exceptionnelle.
(') Delépine, Comptes rendus, t. CXXVI, p. 3'|3; i8g8.
(-) Ces études ont été faites à l'Institut d'IIygiéue de Bruxelles, dirigé par
M. Bonmariage.
{') Voir Re?narks on ihe early condition and probable origin of doubla mon-
sters {The London and Edinburgk nionthly journal of médical Science; i844)-
( 524 )
» La pièce est constituée par deux embryons enfermés dans un amnios unique; les
deux corps embryonnaires sont complètement distincts dans la partie supérieure et
ils étaient également distincts dans la partie inférieure, ainsi qu'on en peut juger par
leur direction générale et par ce qui subsiste des corps embryonnaires dans cette
région, presque complètement détruite. Ce qui reste des bourgeons des membres infé-
rieurs et la position respective sur deux plans distincts des deux embryons, permet de
rejeter toute idée d'union future par les colonnes vertébrales, les bassins ou les
membres inférieurs. On voyait des îles du sang, éparses dans l'aire vasculaire.
» Les deux embryons sont retourné^ sur le jaune et se font vis-à-vis; l'embryon de
gauche est dans la position normale, c'est-à-dire retourné sur le côté gauche, tandis
que l'embryon de droite est atteint d'hétérotaxie et retourné sur le côté droit. Au-
dessous des têtes, dans la région qui sépare les deux corps embryonnaires, on voit un
cœur unique. On se trouve donc bien en présence d'un sternopage en voie de for-
mation.
» Cette pièce, qui répèle pour'le poulet les conditions de l'observation
d'Allen Thompson pour l'oie, vient à l'appui de la théorie que Dareste a
émise sur la formation des trois types de monstruosité sternopage, thoraco-
page, ectopage, formation dont le fait initial est constitué par l'inversion
de l'un des deux sujets et l'unidn, médiate ou immédiate, des deux anses
cardiaques dans l'inLervalle qui sépare la léte des deux ennbryons. L'anse
cardiaque du sujet de droite, sortie à gauche, conduit l'embryon à se cou-
cher sur le côté droit et détermine l'hétérotaxie; venant se conjuguer avec
l'anse cardiaque, sortie à droite du sujet de gauche, elle forme le cœur
unique du monstre sternopage. Plus tard, les somatopleures, amenées au
contact par suite de la positiorl des deux embryons, donnent les parois
costo-sternales et la double poitfine de ces monstres.
» Nous nous expliquons la production de ce monstre sternopage par
l'influence de l'atmosphère d'o^jygène dans laquelle l'œuf a poursuivi son
développement. Il est, en effet; inexplicable qu'un type de ce genre ait
échappé à des observateurs aussi sagaces que ceux qui se sont occupés de
la tératologie du poulet et qui ont manipulé un nombre considérable
d'œufs. Même rare, ce type monstrueux eût dû se présenter au moins une
fois au cours de ces observations. D'autre part, c'est un fait d'observation
— Isidore Geoffroy Saint-Hilaire l'a depuis longtemps signalé — que cer-
taines espèces animales sont prédisposées plus que d'autres à la production
de certaines monstruosités. Celaexpliquerait l'observation unique d'Allen
Thompson, celle-ci portant sur uti œuf d'oie, tandis que la presque totalité
des monstres doubles ornithologiques a été observée chez la poule.
» Cette prédisposition de certaines espèces ii produire certains types
( 525 )
monstrueux doit être considérée comme dépendant de l'individualité du
germe. Le fait que nous avons obtenu, avec l'incubation dans une atmo-
sphère artificielle d'oxygène, et dès les premiers débuts de notre travail,
un monstre double, d'un type non encore observé chez la poule, conduit à
penser que certaines conditions extérieures peuvent retentir sur les pro-
priétés du germe inhérentes à l'espèce et qui font son individualité spéci-
fique, de telle sorte que des monstruosités qui ne se produisent que rare-
ment, ou peut-être jamais dans une espèce déterminée, lorsque le germe se
développe dans des conditions à peu près normales, peuvent être déter-
minées de façon plus ou moins fréquente par l'influence de conditions
extérieures entièrement anormales. Le petit nombre d'œufs, une vingtaine
environ, que nous avons soumis à l'action de l'oxygène, tend, du reste, à
justifier cette opinion. »
GÉOLOGIE. — Complément d' observations sur le terrain caillouteux des Préalpes
vaudoises. Note de M. Stanislas 3Ie(j\ier.
« J'ai eu l'occasion de développer les raisons tirées de l'observation
sur le terrain, comme de l'expérience dans le laboratoire, qui me font
croire qu'on a méconnu la signification des placages de terrain caillouteux
généralement considéré comme glaciaire dans les Préalpes vaudoises et
dans les régions de constitution analogue. Les stries que présentent en
abondance les galets de calcaire polis renfermés dans ce terrain se ratta-
chent, suivant moi, au mécanisme de la dénudation souterraine et non pas
aux conditions, d'ailleurs exceptionn<-lle>, même dans les moraines, qui
seules ont paru, d'après le sentiment môme d'Agassiz, avoir pu leur donner
naissance.
» C'est comme complément à ces considérations, confirmées pour moi
d'une manière définitive parles études de cotte année, que je viens signaler
aujourd'hui, en quelques mots, les particularités qui m'ont été offertes par
une coupe inopinément rencontrée.
» On peut l'étudier sur la rive droite du torrent appelé la Baie de Cla-
rens, qui descend du pied sud du mont Folly pour se jeter dans le lac
Léman. Les travaux de la nouvelle route qui doit joindre Blonay à Charnex
ont nécessité l'exploitation d'un énorme placage de terrain caillouteux au-
quel on emprunte des blocs pour les niuraillements, des éclats pour le
macadam et du sable pour le mortier. Ce placage a été recoupé, en face de
( n-îe )
Brenf, par une tranchée de 200™ de longnenr, dans laquelle est disposé
nn petit chemin de fer et (font les parois sont très instructives.
» Il se trouve, en effet, qu'au lieu d'intéresser ce terrain, comme dans
les autres localités, langentiellement au flanc des montagnes où l'on ouvre
des routes avec une déclivité aussi faible que possible, on l'a recoupé celte
fois presque suivant la ligne de plus grande pente ; il en est résulté, à mon
point de vue, des enseignements tout nouveaux.
1) Cette ligne de plus grande pente est très diversement inclinée suivant
les points : sur le flanc du coteau elle plonge rapidement, mais plus haut
elle tend vers l'horizontalité. Et la consécpience c'est que les eaux d in-
filtration ruissellent dans la masse avec inie activité très inégale, ici et là,
et que le travail de la dénudation souterraine est très loin d'être uniforme.
1) Tandis que sur le flanc du cpteau la soustraction des poussées souter-
raines est très rapide et que les tassements correctifs producteurs des
stries sont continus et étendus, plus haut, au contraire, ce travail est très
modéré et peu sensible. Aussi, <|ans le premier cas et toutes choses égales
d'ailleurs, voil-on la boue beaijcoup moins abondante pendant que les
galets calcaires sont très richement striés, tandis que, dans l'autre cas, on
observe des intercalations de lits limoneux et un excès de boue qui, bien
loin de présenter la structure 'ides moraines, permet de retrouver des
formes de deltas superposés. En|même temps, on reconnaît que les stries
font défaut à peu près complèteii|ent.
i> Sans entrer dans le détail de cette coupe, que j'ai relevée d'une ma-
nière complète et que je donnettai ailleurs, il importe de faire remarquer
comment ces faits, qui sont iicompalibles avec l'hvpothèse glaciaire,
peuvent confirmer au contraire k manière de voir que je piopose.
)> Il n'y aurait, en effet, aucune raison pour que le nombre des blocs
striés par le glacier variât avec la distance au thalweg actuel : au contraire,
si l'on rattache les stries à l'intensité de la dénudation souterraine, on peut
prévoir les faits observés. Cette Intensité varie en effet, sans aucun doute,
quant au cube de matière dont elle détermine la soustraction et quant à la
puissance des tassements qui en résultent, avec la forme môme du terrain.
)) En terminant, je constaterai que mes publications sur cette question
ont amené des géologues à modifier leur première opinion. M. Schardt,
par exemple, sans renoncer à l'idée que les placages de terrains caillou-
teux sont glaciaires, admet que les stries ne sont pas dues au mécanisme
ordinaire (friction entre le glacier en mouvement et la roche sous-jacente),
mais que le glacier, montant sur la moraine déjà constituée, aurait par son
( 527)
poids déterminé les tassements générateurs de stries. Ce changement de
point de vue est pour moi très précieux : je le regarde comme un premier
terme dans une évolution qui ne s'arrêtera pas là. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur Un voyage aérien de longue durée, de Pans à la
Méditerranée, exécuté le 16-17 septembre dernier. Note de M. Gcstave
Hermite.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie le résumé de l'ascension
que nous venons d'exécuter, M. Maurice Farman et moi, à l'usine à gaz
du Landy (Saint-Denis), le 16 septembre dernier.
» Partis à 6'^ 25"" s., nous avons atteint l'altitude barométrique de 4700™,
d'après nos enregistreurs Richard, qui ont parfaitement fonctionné et qui
ont été spécialement contrôlés avant et après notre voyage par les soins de
M. J. Jaubert, directeur du Service météorologique de la ville de Paris.
)) Notre descente s'est effectuée sans accident, par un très violent mis-
tral, au sud de Vergière, sur les bords de la Méditerranée, près du golfe de
Fos (embouchure du Rhône), après avoir séjourné quinze heures huit
minutes dans l'atmosphère (dislance parcourue 655''™).
» Notre aérostat cubait igSo"". Comme instruments, nous avions à bord :
» i" Un triple enregistreur (bar. therm. hygr.) disposé dans le panier
parasoleil et suspendu suivant notre coutume;
» 2° Un baromètre enregistreur;
» 3** Un indicateur de route, appareil fondé sur l'utilisation du vent rela-
tif et expérimenté pour la première fois. Je l'avais conçu dans le but de
déterminer la direction de l'aérostat lorsqu'on a perdu tout point de repère
dans les nuages. Je me propose de donner, dans une prochaine Communi-
cation, la description de cet appareil et les résultats obtenus au cours de
cette ascension.
» Nous emportions aussi divers instruments, boussoles, appareils pho-
tographiques, lampes électriques, etc.
» Enfin, une partie de notre lest était constituée par dix mille feuilles
questionnaires, classées et numérotées d'une façon spéciale, et que nous
avons semées pendant toute la durée de notre voyage, à des heures déter-
minées. Beaucoup de ces feuilles nous ont été renvoyées par la poste.
Grâce au précieux concours des habitants qui avaient rempli nos question-
naires, nous avons pu reconstituer avec précision, non seulement toute
C. R., 1899, 2* Semestre. (T. CXXIX, N" 14.) 7 '
( 528 )
notre trajectoire, mais aussi toutes les variations tic notre vitesse horizon-
tale.
» Notre départ s'est efîecliié par un temps à grains et un vent de nord-ouest assez
fort, qui nous a fait parcourir 60'^'" dans la première heure. Notre direction vers le
sud-est n'a pas varié pendant la nuit, mais la vitesse a diminué graduellement jus-
qu'au malin (16'''" à l'heure au sud de Chalon-sur-Saône). Nous avons été constam-
ment entourés d'énormes nuages, sans recevoir de pluie. Nous avons entrevu la Terre
à travers de rares éclaircies et la Lune nous a permis d'observer plusieurs phénomènes
d'optique :
» 1° Un arc-en-ciel absolument incblore, qui apparut quelques instants à notre
gauche, peu en dessous de nous vers Si^ldu soir;
)> 2° Plusieurs apparitions de l'ombré du ballon, projetée sur les nuages et entourée
d'une petite auréole également incolore.
» L'humidité, contrairement à la loi générale, augmentait avec l'altitude et attei-
gnait (à quelques centièmes près) le pojint de saturation à 2800™, maximum de hau-
teur nocturne atteinte peu avant l'aurore (therm. — 5°C.)
» Au petit jour, nous nous sommes (jirigés directement vers le sud, et notre vitesse,
faible au début de ce nouveau courant^rien, a été constamment en augmentant, au
point de se transformer en un mistral terrible à quelques centaines de kilomètres
plus au sud. C'est en ce point de biflircation (sud de Chalon-sur-Saône), par 2500"
(H.::; 36; T. =3 — 4°) d'altitude, que noas avons aperçu un nuage enferme de trombe
qui nous a enveloppés en tournant autiur de nous. L'équilibre de l'aérostat fut, en cet
instant, très compromis. Je suppose cjiie nous devions être entraînés en ce moment
dans une sorte de tourbillon, formé au i)oint de rencontre des deux courants aériens,
que nous avons suivi. ,
» Etant redescendus, à 5''52°^ du rajatin, jusqu'à 900'", nous reconnaissons le pays
des Dombes (45'^'" au nord de Lyon)
pluie. Notre aérostat commença alors
et nous recevons quelques grosses gouttes de
à remonter vers les hautes régions. A 3 800°',
nous dépassons les nuées et nous assiitons au spectacle merveilleux de la mer des
nuages, ondulée, d'où émergeaient au bin les principales sommités des Alpes.
» Le mont Blanc nous servit longtemps ainsi de guide. A 4ioo™, nous avons tra-
versé un nuage de glace diaphane et (Composé de cristaux microscopiques qui se dé-
posaient sur nous avec un crépitement particulier (therm. : — 7°; hygrom. : 4o).
Au-dessous, pluie légère. Nous avons' vu aussi, phénomène rare, Viniage du Soleil
réfléchie par la mer des nuages faisint l'oflice d'un miroir. Nous suivons la rive
gauche du Rhône, les nuages se dissolvent peu à peu sur le fleuve et, balayés parle
mistral, se rejettent sur les montagnes. Au-dessous de nous, s'ouvre alors un abîme
transparent, au fond duquel nous voyonsidéfder, avec une rapidité foudroyante. Valence
Montélimar, Orange A 9'^i2", au zénith d'.\vignon, nous apercevons la mer (baro-
mètre, altitude : 4700™; therm.: —10°; hygrom.: 26). Nous laissons descendre l'aérostat
et ressentons un vent relatif violent. A iSoo'", le vent siffle avec un bruit strident.
A 9''33'", nous atterrissons dans la Crau, après quelques terribles secousses. Nous
venions défaire iSo"^'" à l'heure depuis Avignon, et, à terre, la vitesse du mistral est
bien j)lus grande encore, mais je n'ose l'estimer.
( 529 )
)) iNons altribimiis le succès de cet atterrissage, effectué dans des cir-
constantes aussi périlleuses, à l'excellent fonctionnement des organes
spéciaux conçus par M. Besançon en vue de notre ascension.
» Nos diagrammes sont très nets et établissent une décroissance de
température de i° par i85". La marche de l'hygromètre a été normale
pendant le jour. Nous avons pris aussi quelques bonnes photographies
dans les hautes régions.
» En terminanf, je me permettrai de faire remarquer que nous avons
suivi exactement la direction qui nous avait été indiquée, le matin même
de notre départ, par le Bureau central météorologique. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Ecarts barométriques sur le méridien du Soleil aux
jours successifs de la révolution tropique de la Lune. Note de M. A. Poin-
GARÊ, présentée par M. Mascart.
« Préliminaires. — Voir plus parliculièremenl les Coinniiinications des 2^ avril
et 10 juillet 1899, n°' 17 et 2. L'année étudiée, le mode de procéder et les notations
restent les mêmes (8 déclinaison de la Lune, X latitude du point considéré, E^L équi-
lune, LB, I^A lunistice boréal, austral, etc.).
» Je numérote les jours tropiques de i à 27, le jour 1 étant celui où la Lune, en
ascension, a dépassé l'équaleur avant midi-Paris. Quand l'E^L est avant le premier
minuit du jour i, je prends encore pour cote du midi dudit jour la moyenne des cotes
des jours o et i. J'appelle :
» Jours antithétiques, deux jours où la Lune est en déclinaisons contraires, les
plus voisines de l'égalité en valeur absolue et en môme marche, rappi-ochement ou
éloignement, par rapport à l'équaleur^ i et i5, 2 et 16, . . ., i3 et 27, dilTérence i4;
» Jours symétriques, déclinaisons contraires et marche inverse par rapport à l'équa-
leur, 1 et 27, . . . , i3 et i5, somme 28 ;
» Jours opposés, mêmes déclinaisons, et marche inverse, i et i3, ..., 6 et 8, i5
et 2-, ... , 19 et 28, somme i4 ou 42.
» Les jours 7 et 21, jours du LB et du LA, sont à la fois antithétiques et symé-
triques, chacun d'eux est son propre opposé.
» Cette nomenclature n'a d'autre prétention que de s'adapter à l'objet de mon étude
et à l'utilisation des documents compulsés.
» Les valeurs des déclinaisons ne sauraient que par exception être exactement les
mêmes aux deux midi-Paris de jours antithétiques, symétriques ou opposés. La dif-
férence qui, dans les moyennes de l'année, n'ei-t f[ue de o'',5 aux antithétiques 7 et 21 ,
atteint i°59' aux 11 et 26 et 3°i6' aux 1 et i5.
» Généralités sur les effets de la révolution tropique et leur représentation. —
Restant sur le méridien de Greenwicli, je prends, dans les dix mois en
pendant deux à deux, les écarts barométriques moyens aux jours succès-
( 53o )
sifs de la révolution tropique. Les effets de la rotation terrestre et de la
révolution de la Lune autour de la Terre sont éliminés. Je continue à faire
provisoirement abstraction de ceux de la révolution anomalistique.
» Subsistent les effets qui se produisent uniformément suivant le méri-
dien sur tout l'hémisphère et qui résultent, pendant le temps donné, de
l'action en soulèvement ou en compression proportionnelle à sin>, sinS et
de la traction proportionnelle à cosl sinS (sens S.-N. pour S positive; for-
mules, p. io54, Comptes rendus, 4 avril i8g8). Restent, en outre, ceux des
refoulements et reflux, soit des retombées et des appels d'air, conséquence
du mouvement méridien et de la variation des parallèles.
» Il faut aussi compter avec le mouvement de bascule que provoque la
marche en spirale de la trace de|la Lune. Il disparaît d'ailleurs dans les
demi-sommes des écarts de part ef. d'autre d'un parallèle.
)) Il en est de même des effets, |plus considérables, produits par la diffé-
rence entre les reliefs des deux (Quarts de méridien et de leurs prolonge-
ments sur l'hémisphère austral : lès situations aux côtés opposés sont géné-
ralement contraires.
» De plus, les conditions moyennes des reliefs étant à peu près les mêmes
sur l'hémisphère que sur le mé^-idien considéré, les demi-sommes ainsi
établies sur chaque parallèle peuvent, sans grande erreur, être, dans les
moyennes, appliquées à tout le parallèle. La somme des écarts sur le paral-
lèle est donc proportionnelle au produit de cette demi-somme par le cosinus
de la latitude. 1
» Je choisis, pour les représenter sur la double figure ci-après, oîi les
lignes d'abscisses correspondent Çncore aux cotes normales dues au Soleil,
les écarts moyens de l'année dans les quatre jours tropiques i, 3, 7 et ii.
Lune boréale, et dans les quatre jours respectivement antithétiques, i5,
17, 21 et 25, Lune australe. J'utiljse au besoin, dans la présente Note, les
chiffres trouvés pour les jours intermédiaires.
» Comme nous considérons les moyennes d'une année, si les valeurs
absolues des déclinaisons, aux mjdis de deux jours antithétiques, étaient
exactement égales, les écarts actjuis à ces deux midis seraient inverses,
leurs profils suivant le méridien seraient symétriques. Les courbes antithé-
tiques qui, sur la double figure, s'écartent le plus de la parfaite svmétrie,
sont, en effet, celles des jours où les valeurs des déclinaisons diffèrent le plus.
» L'opposé est l'antithétique du symétrique. Il y a, entre opposés et
entre symétriques, des relations plus complexes, reliées à la somme des
actions en la demi-révolution.
Écarts barométriques produits, sur le méridien du Soleil par la révolution tropique.
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Jours I et i5 Jours 3 et 17
Jours 7 et 31 — Jours 11 et aS
Moyenne boréale et australe
( 532 )
^, , _ -. ascendante
,, Ecarts au fole. - Aux E9L jg,,,„,i,„je
± 7""™, 5. K l± 8°, nuls.
A LB et à LA: ±9""". Vers ^±10" a.eendante ' ^P'"^^ J°"''' " ''^ " '
» Moyenne des écarts en Lune boréale ou australe : pour les jours
rp/j'^^jf); pour l'ensemble des jours,
%;>.
représentes,
» Écarts à t'équateur. — Vont de o aux Eg^L à qio'"'",/i5 à LB ou LA.
De LB ou LA à EyL, retour à o. Ressaut oscillant.
» Écarts intermédiaires. — AJjstraction faite des petites irrégularités
cpi'on trouve surtout du côté atlantique, les deux profds moyens, Lune bo-
réale et australe, atteignent à la atitude /[0°d=o'°'°, 75, puis se rapprochent
et touchent à la ligne des abscissîs à 70", pour de là s'élancer vers le mini-
mum ou le maximum polaire.
» Aux jours I et i5, les écarts restent de même sens qu'en la demi-
révolution antérieure, au-dessus du parallèle 45°. et passent à l'autre sens
au-dessous. Aux 3 et 17, écarts du nouveau sens fortement accusés entre
10° et 5o°, court renversement -sers 60" ou 70° ; pointes polaires retournées
et rapidement développées. Au;: 7 et 21, grande progression des pointes
polaires et élargissement de leu^ base; de l'autre côté de la ligne des abs-
cisses, il ne reste plus que les saillies du parallèle 70°. Aux 1 1 et iS, plus
grand développement des écart! au-dessus de 60°; des mouvements con-
traires s'accentuent au-dessous.
» De Yq\j ascd. k LB. la sajllie positive des latitudes intermédiaires
remonte de 10° ou 20" à 70°. De LB à Eqh ascd., elle disparaît d'abord
dans l'élargissement du trou polaire, puis reparaît à 70°. De EyL à LA,
îile et la pointe polaire une excavation qui
5 le mouvement, autrefois étudié, des lignes
de maxima; c'est la substitutioh du chapelet circompolaire de la Lune
australe à la grande dépression polaire de la Lune boréale.
» Ne pas perdre de vue quepes effets se superposent, en chaque mois
tropique, à une situation créée par la marche similaire et treize fois plus
lenle des saisons.
» Variation de la pression moyenne sur l'hémisphère. — On a, à un jour
donné, l'écart moyen de l'hémisphère en divisant par la somme des cosinus
la somme des écarts movens sur les parallèles 5°, i5°, . . . , 85°.
» La moyenne des écarts en Lune boréale et australe n'est que de
_ o""",5o. Les plus grands sont de i'"'" «4 se présentent aux jours 9 et 23,
deux jours après LB et LA.
elle recule à 40°. laissant entre
s'approfondit de LA à Eç'L. Ces
( 53:-i )
)) Le passage des — aux -f- s'opère un peu après l'EyL asccl., vers
la déclinaison — 3°, par un relèvement barométrique rapide de i™" dans
les jours l/^ et i5. Le passage des -l- aux — se fait, au contraire, par des
oscillations aux 27, i et 2. On trouve à faire des distinctions analogues
entre les deux équinoxes.
» La comparaison de six mois synodiques aux six autres me donne, de
la même façon, une moyenne barométrique sur l'hémisphère de 759""", 74
en Soleil austral et de 769""", 68 en Soleil boréal. Si l'on coupait l'année
exactement aux équinoxes, les différences avec la moyenne 759'"™, 7
seraient plus sensibles. Quoi qu'il en soit, pour la révolution tropique de la
Lune et pour la marche des saisons, ce qu'il y a de plus caractéristique
dans les mouvements barométriques d'ensemble, ce sont les différences par
zones terrestres et celles entre les jours tropiques lunaires, ou les demi-
mois solaires. »
M. VON SiciiART adresse une Note relative à un calendrier perpétuel.
M. E. Graxboulan adresse une Note su" un système de propulsion des
navires à vapeur.
La séance est levée à 3 heures et demie.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 18 septembre 1899.
Comment on défend son bétail. Moyens de prévenir et de combattre la fièvre
aphteuse (^cocote^, par G. Fabius de Champyille. Paris, s. d.; i fasc. in-i8.
(Hommage de l'Auteur.)
Statistique sanitaire des villes de France et d' Algérie, pendant l'année 1897,
et Tableaux récapitulatifs des années 1 886 à 1 897 . ( 1 2* a nnée . ) Mel un, 1 899 ;
I vol. petit in-4°.
Annales des Ponts et Chaussées, i" Partie, 1899, 2* trimestre. Paris,
V^<^Ch. Dunod; i vol. iii-8".
( 534 )
Mémoires de la Soeiélé d'Agriculture, Sciences et Arts de la Marne. 2* série,
t. I, i"et 2* Parties, 1898-1899. Chàlons-sur-Marne, Martin frères, 1899;
2 vol. in-8°.
Koninkrijk der Nederlanden. Slalistiek van den in-, uit- en doorvoer, over
hetjaanSgS, uitgegeven doorhet deparlment vanfinanciën; eerste gedeelte.
1899; I vol. in-f°.
List of members of ihe British Astronomical Association. Septeniber 1899.
London ; i fasc. in-S". /
The record of the Royal Societ^ . 1897, n" 1. London, Harrison and Sons,
1897 ; I vol. in-8°.
The Chicago Academy ofScien\^es. Fortieth annual Report for the year 1897.
Chicago, U. S. A., 1898; i fascl in-8°.
The Pleistocene features and 4epositis of the Chicago Area, by Frank Le-
VERETT. (The Chicago Academy of Sciences, Bull. n° 11 of the geological
and natural history Survey, issued May 1897.) i fasc. in-8".
American chemical Journal, edited by Ira Remsen. Vol. XX, n"* 8-10
(1898); Vol. XXI, n°' 1-5 (18L). Baltimore, 1898-99; 8 fasc. in-8°.
The institution of mechanical mgineers. Proceedings. 1 899, n" 1 . London ;
I vol. in-8°.
American Journal of Mathemàlics. Edited by Thomas Craig, with the co-
opération of Simon Newcomb, published under the auspices of the Johns
Hopkins University. Vol XX, n> 4 (1898); Vol. XXI, n°* 1-2 ( 1899). Balti-
more, 1898-99; 3 fasc. in-4°.
Memoirs and proceedings of ihe Manchester luerary and philosophical So-
ciety. 1898-1899. Vol. XLIII, part 4. Manchester, 1 fasc. iu-8°.
Nova acta regiœ Societatis scieJitiarum upsaliensis. Seriei tertiie, Vol. XVIIJ,
fasc. 1. 1899. Upsalise, Ed. Berling, 1899; i vol. in-4''.
Annalien der k. k. Universitats-Sternwarte in Wien, herausgegeben von
Edmund Weiss. XIII. Band. Wien, 1898; i vol. in-4".
Memorias y revista delà Sociedad cientifica Antonio Alzate, publicadasbajo
la direccion de Rafaël Aguilar y Santillan. T. XII (1898-99), n°» 4, 5 y G.
Mexico, 1899; I fasc. in-8".
Il ■ MOO-
On souscrit à Fans, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
•epuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux rolume» ln-4*
les, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est
art du i" janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. - Départements : 30 fr. - Dnion postale : 34 fr. - Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
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1 Ferryn irères.
ÎChaix.
Jourdan.
Ruir.
ens Courtin-Hecquet.
Germain etGrassin.
Lachèse.
tnne Jérôme.
nçon Jacquard.
j Feret.
leaux j Laurens.
( Muller (G.).
'ges Renaud.
/ Derrien.
j F. Robert.
j J. Robert.
( Uzet frères.
1 Jouan.
nbery Perrin.
Henry.
Marguerie.
Juliot.
Ribou-CoUay.
iLamarche.
Ratel.
Rey.
( Lauverjal.
I Degez.
( Drevet.
\ Gralier et C'.v
\otheUe Foucher.
Rourdignon.
Dombre.
Thorez.
Quarré.
'bourg. .
mont-Ferr...
\oble.
Lorient
Lyon
Marseille. . ■
Montpellier .
Moulins.. ..
Nantes
chez Messieurs :
Raumal.
M"* Texier.
Rernoux et Cumin
Georg.
i C6te.
Sa\'y.
Vitte.
Ruât.
Calas.
Goulet.
Martial Place
! Jacques.
Grosjean-Maupio.
Sidot frères.
Loi seau.
Veloppé.
Barnia.
Visconti et C*.
Nîmes Thibaud.
Orléans Luzeray.
Blanchier.
Marche.
Rennes Plihon et Hervé.
Rocheforl Girard (M"").
\ Langlois.
( Lestringant.
On souscrit, à l'Étranger,
Nice.
Poitiers. .
Rouen
S'-É tienne . .
Toulon
Toulouse... .
Tours —
Valenciennes.
Chevalier.
( Ponteil-Burle^.
( Humèbe.
Gimet.
Privât.
Boisselier.
Péricat.
Suppligeon.
Giard.
Lemaître.
Amsterdam.
Berlin.
/As
JDa
Bucharest.
chez Messieurs ;
Feikema Caarelsen
et Cl*.
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et C'*.
âmes.
, Friedlander et fils.
Mayer et Millier.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanicbelli.
Lamertin.
Bruxelles l Mayolezet Audiarte.
Lebégue et C'".
Sotcheck et C°.
Storck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deigbton, BelletC".
Christiania Camraermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
I' Cherbuliez.
Georg.
Stapelrnohr.
Belinfante frères.
( Benda.
( Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig / Lorentz.
Max Rube.
Twietmeyer.
Desoer.
^'^S« iGnusé.
Genève. .
La Haye.
Lausanne
Londres
Luxembourg.
Madrid ......
Milan
Moscou. . . .
Naples. . . .
Netv-ïork.
Odessa
Oxford
Palerme
Porto
Prague
Rio-Janeiro .
Rome .......
Rotterdam.
Stockholm.. .
S'-Petersbourg .
Turin .
Varsovie.
Vérone . . .
Vienne .
ZUrich.
chez Messieurs
iDulau.
Hachette et C'«
Nutt.
V. Bùck.
!Libr. Gutenbei
Romo y Fussel
Gonzalès e hijc
F. Fé.
1 Bocca frères.
( Hœpli.
Tastevin.
Marghieri di G
Pellerano.
' Dyrsen et Pfeii
Stechert.
Lemckéet Buec
Rousseau.
Parker et G"
Clausen.
Magalhaès et M
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Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedes. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Scie
ne II :
le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Étudier les lois delà distribution descorpsorganisés fossiles dans lesdifférents terrains s
ntaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la na
rapports qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . IS
a même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savant» à l'Académie des Sciences.
K 14.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 2 octobre 1899.)
CORRESPONDANCE .
Pages.
M. le Maire de Chantilly informe l'Aca-
démie que l'inauguration de la statue
élevée au duc d'Auniale aura lieu le
dimanche i5 octobre 5ii
M. le Ministre de la Guerre invite l'Aca-
démie à lui désigner deux de ses Membres
pour faire partie du Conseil de perfec-
tionnement de l'Ecole Polytechnique 5ii
M. J. Comas Sola. — Orbite du bolide du
24 août 1899 5i I
M. Georges Poisson. — Sur l'identité de
solution de certains problèmes d'élasticité
et d'hydronamique 5i3
M. Ed. Defacqz. — Sur deux chlorobromures
de tungstène 5i.'>
M. R. Engel. — Sur l'hypophosphite de
cuivre et sa décomposition par le palla-
dium précipité .5i8
MM. Delépine et Rivals. — Aldéhydes sali-
cylique et para-oxybenzoïque et hydrosa-
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
M.
M
M
Pages.
Ifcylamide 52o
MiV|. BoNMARiAGE et Petrucci. — Sur un
onstre double sternopage en voie de for-
ation, observé sur un blastoderme d'œuf
dî poule 023
M. ÎTANISLAS Meunier. — Complément d'ob-
irvations sur le terrain caillouteux des
réalpes vaudoises 525
Gustave Hermite. — Sur un voyage
lérien de longue durée, de Paris à la Mé-
literranée, exécuté le 16-17 septembre
lernier 527
A. PoiNOARÉ. — Écarts barométriques
ut le méridien du Soleil aux jours suc-
cssifs de la révolution tropique de la Lune. 329
VON SiCHART adresse une Note relative à
n calendrier perpétuel 533
M.\E. Granbodlan adresse une Note sur un
stème de propulsion des navires à vapeur. 533
533
II
PARIS. — IMPRIMEKIE GAUTH l E K-VI LL A RS
Quai des Grands-Augustins, 55.
Le Ocrant .* Gaotuibr-Villabs.
^'^1 1899
SECOND SEMESTRE. .
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR lUIfl. liES SECRÉXAIKES PBRPÉTUEIiS.
T03IE CXXIX.
N^ 15 (9 Octobre 1899
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l' Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuiiles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de C Académie,
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou oar un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 j)ages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aui
Comptes rendus plus de 5o pages par année. j
Les communications verbales ne sont mentionnée.^
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la mêm
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-^
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou;
vernement sont imprimés en entier. |
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro. |
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année. j
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les |
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont |
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- |
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, l
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
I Les Programmes des prix proposés par l'Acadé
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les ]
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savan
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persor
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de W
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requis
Membre qui fait la présentation est toujours nom
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Exi
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être ren
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tan
jeudi à 10 heures du malin ; faute d'être remis à tec
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rt
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux Irais des
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapport
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
un Rapport sur la situation des Comptes rendus af
l'impression de chaque volume.
•Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du j;
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés dei
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sçra remise à la séance suival
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 9 OCTOBRE 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire PERPÉTUEL annonce à l'Académie que le Tome XLV,
2* série, des Mémoires de l'Académie est en distribution au Secrétariat.
MÉCANIQUE. — Sur l'équilibre élastique d'une plaque rectangulaire.
Note de M. Maurice Lévy.
« Navier a résolu le problème de l'équilibre élastique d'une plaque rec-
tangulaire appuyée sans encastrement sur tout son pourtour. On peut le
résoudre aussi lorsque deux bords opposés sont ainsi appuyés, chacun
des autres bords pouvant être ou libre ou appuyé avec ou sans encastre-
ment.
» Rapportons le plan moyen de la plaque, dans son état naturel, à deux
C. K., 1899. .!• Semestre. (T. CXMX, N" 15.) 72
( 536 )
des côtés du rectangle qui lui sert de pourtour, et soient a et h les lon-
gueurs des côtés de ce rectangle respectivement suivant les axes des x et
des y. Soit /> la pression par unité de surface exercée normalement à la
plaque en l'un de ses points, en sorte quep est une fonction donnée de x
et de y, fonction uniforme pouvant être continue ou discontinue. Soit w le
déplacement élastique de ce même point, compté positivement dans le
sens où agissent les pressions p. La fonction inconnue w doit satisfaire à
l'équation à dérivées partielles du quatrième ordre
(i) ff ErA2A2(v=/?.
à- à"-
en posant '^2 = ^j;^ + j^-
» Dans cette équation, qui suppose que les coefficients d'élasticité XetjA
de Lamé sont égaux, E représente le coefficient d'élasticité de la matière
constitutive de la plaque et I est le moment d'inertie de la matière ren-
contrée par une perpendiculaire au plan moyen de la plaque, relativement
au centre de gravité de cette ligne. Si la plaque est pleine et d'épaisseur e,
on a : I = — C'est ce que l'on suppose habituellement. Mais on peut aussi
supposer, comme cela peut se présenter dans les portes d'écluse, une
plaque formée de deux bordages invariablement liés l'un à l'autre et cal-
culer ainsi la valeur de L
)) Sur le pourtour, la fonction w doit satisfaire aux conditions suivantes :
» 1° Le long d'un bord simplement appuyé : iv = o et -r— r = o ou ->— ,
suivant que le bord est parallèle à l'axe des y ou à l'axe des x;
» 1° Le lone d'un bord encastré : ir = o et -r- = o ou -;— suivant les
° dx ôy
mêmes hypothèses ;
» 3° Si le bord est libre, d'après la théorie de Kirchhof,
si le bord est parallèle à l'axe des x; s'il est parallèle à l'axe des y, il faut,
dans ces équations, permuter les lettres x et y.
» Supposons que les deux bords simplement appuyés soient ceux qui
sont parallèles à l'axe des j. On devra, pour a; = o et a; = a, avoir
( 53: )
') On satisfait à ces conditions en posant
(3) ir = 2Y,sin^,
i
i étant un nombre eritier et les Y, des fonctions dey seulement. En portant
cette expression dans l'équation (i), on obtient
lÈEiy (yY- '-^ y; + ^' Y,) sin ^ =/,.
i
» La formule de Fourier donne
(4) Yr-^^Y, + ^Y,= gï^J ^s.n — rfa.=y;.(j),
fi{y) étant ainsi une fonction connue.
» On tire de là
(5) Y,= ?,(v) + A,Sin^ +B,Cos^ +y(c,Sin^+D,Cos^),
oîi Sin et Cos désignent des sinus et cosinus hyperboliques; A,, B,, C,, D,
les quatre constantes d'intégration et <p,(j') une solution particulière
quelconque de l'équation différentielle (4)- Dans les applications usuelles
où p est une constante ou une fonction linéaire de }', on a cette solution
immédiatement; elle est elle-même une constante ou une fonction
linéaire. Dans le cas général, on l'obtiendra par la méthode de la variation
des constantes.
» Il reste à satisfaire aux conditions relatives aux deux bords parallèles
à l'axe des x. Si l'un d'eux est simplement appuyé, on devra avoir, ou
pour y = G ou pour y = b, suivant le bord considéré,
Y, = o, y; = o.
» Si l'un d'eux est encastré, la seconde condition est remplacée par
Y'- = o. S'il est libre, les deux conditions sont
Y, ^^,= o et 4 Y, -\=o.
» Dans tous les cas, les quatre conditions à remplir sur les deux bords
détermineront les quatre séries de constantes A,, B,-, C,, D,.
» En supposant ime porte décluse dont trois bords sont appuyés et le
( 538 )
quatrième libre, l'axe des x étant supposé pris suivant l'arête inférieure, la
pression p sera
p=Jl{b-y),
n étant le poids spécifique de -l'eau. On aura, en posant pour abréger
a = ^' : fi{y) = o et 9,(7) = o pour i pair
fi{y)
{b-y)]
i5n
4EIat
i5n
pour 1 impair.
» Pour j = o, on doit avoir Y,= o, YJ= o, ce qui donne
i5n6 ^ i5n6
B,
4EIaa5
Q=-
SEIaa'
)) Comme on n'a à prendre que les valeurs ^ = i , 3, 5, 7, . . ., on voit
que ces coefficients, qui contiennent ;' et i* en dénominateurs, diminueront
très rapidement et qu'en général il suffira de conserver le premier terme
ou, pour des portes très larges, tout au plus les deux premiers termes de
la série.
» Sur le bord supérieur, soit pour j- ^ b, on devra avoir
4Y;-a=Y,= o, 4Y:'-a^Y;=o,
ce qui donne, pour déterminer les deux séries de coefficients A., et D,, les
deux équations
3a,SinaiA,+(3a/7 Cosotè — 2 Sinaè)D,=: -^ — ^ ( Cosaèn — a.b Sinaèj»
3«CosaiA, + (5Cos3cè + 3aèsina.è)D,-^ ,,^, , ( -Sina6
4EIaa' ^2
aèCos
aèV
qu'il suffit de résoudre pour achever la solution du problème. On voit que
A, et B, contiennent oc^ en dénominateurs et diminueront aussi très rapi-
dement comme Q et D,, pour i = i, 3, 5. . . , de sorte que le plus souvent
un ou deux termes de la série donnent une approximation suffisante.
» Observations . — Dans le cas où la plaque est simplement appuyée sur
ses quatre bords, on peut mettre l'expression de w indifféremment sous la
forme ci-dessus indiquée ou sous la forme
w
Ex,
■y
sinnjiy-j
U
(539)
X, étant des fonctions de x. Navier a pris une forme symétrique en adop-
tant la série double
V^ 'V 4 citx . mi Y
où i et j sont des entiers et A,y des constantes que l'on détermine par
la formule de Fourier à l'aide de l'équation (i). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Quelques remarques sur les intégrales doubles
de seconde espèce dans la théorie des surfaces algébriques. Note de
M. Emile Picard.
« Dans la recherche précise du nombre des intégrales doubles distinctes
de seconde espèce relatives à une surface algébrique se présentent quelques
complications qui tiennent au fait suivant. Considérons une fonction algé-
brique ; des deux variables indépendantes x ely définie par l'équation
/(x,Y,z)= o,
et soit R(,r, j, z) une fonction rationnelle de x, y, z susceptible de se
mettre sous la forme
où A et B sont des fonctions rationnelles de x, y et z (en faisant les diffé-
rentiations indiquées, ;: est regardée comme fonction de x et y). Cette
représentation de R peut évidemment, quand elle est possible, être faite
d'une infinité de manières. Or il peut arriver que, pour tontes ces repré-
sentations, A et B deviennent infinies pour des systèmes de valeurs de x,
y el z laissant R fini ; ce fait a été, dans mes dernières recherches sur la
Théorie des surfaces, l'origine de difficultés que je crois avoir réussi à sur-
monter et sur lesquelles je reviendrai bientôt. Je veux seulement aujour-
d'hui donner un exemple explicite, qui appelle de plus l'attention sur une
circonstance intéressante.
» Partons à cet effet, en désignant par P{x) un polynôme arbitraire
en X, de l'identité fondamentale dans la théorie des intégrales hyperellip-
tiques d'après Weierstrass,
/ v/P(^) \ _ ± ( v/P(y) \
U(^,J)
<i-^'\(y-œ)^/¥lj); ()f\(^_.y)^/pl^)/ V/P(^)v/P(7)
( 54o )
où U représente un polynôme en x ely. Envisageons alors la surface
(i) z^- = V{x)^{y),
on aura évidemment
U(x.,r) ^ d f P(x) \ ô f P(7) Y
z dx\{y—w)z.) ()y\{x—y)z)'
et l'on a ainsi un exemple de la circonstance indiquée.
» Cet exemple va nous montrer encore un fait intéressant. On pourrait
être tenté, au premier abord, de penser que toutes les périodes cycliques
d'une intégrale double de la forme
sont nulles. Il n'en est rien, comme le montre l'intégrale double
» Soient, en effet, a,, Co, ...,«„ les racines du polynôme P(a^)- Nous
considérons, pour la surface (i), le cycle à deux dimensions formé par un
contour du plan des .r, comprenant à son intérieur deux des points «, et
par un contour analogue dans le plan des y. La période correspondante
sera nulle, si ces deux contours peuvent être tracés de telle sorte que l'on
n'ait, pour aucun de leurs points, .57 = v. Mais il y a des contours pour
lesquels il ne peut en être ainsi; il suffira de prendre dans le plan des x
un contour enveloppant «, et a,, et dans le plan des j' un contour enve-
loppant flo et «3. La période correspondante est alors égale à '\~i. Toutes
les périodes cycliques de l'intégrale (2) ne sont donc pas nulles. »
IVOMINATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la désignation de deux de
ses Membres qui devront être présentés à AL le Ministre delà Guerre pour
faire partie du Conseil de perfectionnement de l'École Polvtechnique.
MM. Cornu et Sarrau réunissent la majorité des suffrages.
( 54i )
MEMOIRES PRESENTES.
M. Eue. AcKERMANN soumct au jugement de l'Académie un Mémoire
« Sur le dessèchement futur de l'île de Marajo (Brésil) ».
(Commissaires : MM. Schlœsing, Grandidier, Dehérain.)
M. G. GiBON adresse diverses Notes relatives à ses trois types de ballons
dirigeables.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
CORRESPOIXDAIVCE.
M. le Seckétaire perpétcel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, le deuxième Volume de l'Ouvrage publié en langue russe
par M. Groum-Grjimailo : « Description d'un voyage dans la Chine occi-
dentale ».
ASTRONOMIE. — Sur une modification de la méthode de Bessel pour le calcul
des occultations . Note de M. L. Cruls, présentée par M. Lœwy.
« La méthode de Bessel, adoptée dans la Connaissance des Temps et dans
le Nautical Jlmanac, pour le calcul des occultations, est susceptible d'une
modification qui nous semble devoir présenter certains avantages, du mo-
ment qu'on connaît avec une précision suffisante l'heure de la conjonction
apparente des deux astres.
» En conservant les mêmes notations que dans la Connaissance des Temps,
nous avons obtenu l'équation suivante :
/s ,, iSrcoso' sin/i • // f,\
(') ^= 1-^ ■ ,, s rSm(A+6),
^ ^ p' sin (/î -f- o)) ^ '
laquelle donne l'intervalle de temps moyen 9 (exprimé en arc), qu
s'écoule entre les conjonctions vraie et apparente, en fonction de l'angle
( 542 )
horaire local h de la Lune, de sa parallaxe en ascension droite i», du rayon
111-1- • / 1 / Aacoso
terrestre r, de la latitude geocentrique ç et de /j =
» Cette équation, au terme près . , -> est, au fond, identique à
celle qu'a obtenue M. Stechert (^Tafeln fur die Vorausberechnung der
Sternbedeckungen). Nous l'avons toutefois déduite en suivant une marche
entièrement distincte de celle qui se trouve exposée dans cette publication,
dont nous n'avons eu connaissance que tout récemment. La modification
que nous proposons dans la présente Note fera d'ailleurs l'objet d'une
publication actuellement sous presse.
» Le terme . , -> négligeable, à la rigueur, lorsqu'il ne s'agit que
d'une simple prédiction, peut, sans erreur sensible sur le résultat, se mettre
sous la forme
sin/i siniT cos/i cos<p'
sin(/i -\- tu) coso
» Dans le cas particulier de la Lune, et en adoptant pour:: et ^ leurs
valeurs moyennes, on pourra écrire plus simplement
sin/i or,
^-—j ; = 1 — O, O I 0 COS« COScp .
sin(« -^ w) '
» En posant, pour simplifier,
, i5/'cos!p'
"' ^^ 'i
P
et
X = o,oi8cosAcoscp',
l'équation (i) deviendra
(2) 6 = /t(i — ^)sin(A + 6).
» Trois tables à double entrée permettront de résoudre aisément cette
équation; la première, ayant pour arguments p' et «p', fournira les valeurs
de A-; la deuxième, avec h et cp' pour arguments, donnera le terme x ou
(i + a;); la troisième, dont les arguments seront k ou X(i H- x) et h, don-
nera les valeurs de 0; 0 étant connu,
sera l'heure de la conjonction apparente T'„.
( 543)
» En tenant compte de la variation horaire p.' de l'angle horaire de la
Lune, on obtiendra l'angle horaire, à l'heure T„, par la formule
II, = lh> + 75 î'- •
» Ceci posé, on procède, comme dans la inéthode de Bessel, au calcul
des termes (% u' , c'. Quant k q — v, on l'obtieildra par la relation
(3)
5^ - »' = 9« + y' 7^ -^ t'-
13
» La valeur de l'angle N sera fournie par lu formule
(4) l«n§N = ^-j'
» Remarquons ici que, si
y— (•>/.: (/•=:0|2725),
l'occultation, quoique possible, devient cepertdant incertaine; pour qu'elle
soit impossible, on devra avoir
(9-(')sinN>^-!
» Au lieu de l'angle ij^, qui figure dans la Connaissance des Temps, il vaut
mieux ici faire usage de l'angle compris entre l'orbite apparente de la Lune
et les rayons menés de l'étoile, considérée comme centre, et aboutissant
aux points d'immersion et d'émersion, angle jue nous désignerons par i.
Sa valeur sera donnée par la formule
(5)
smt = ■^—, — smN
)> On calculera ensuite les angles de position :
P,- = N + i,
P,= i8o'' + N-«.
Les valeurs de T, et T^, en fraction d'heure, qu'il faudra retrancher deT„,
pour avoir les heures d'immersion et d'émersion, seront données par
7 sinP,,!
p — u
k
p — u
C. R., 1899, 2- Semestre. (T. CXXIX, N- 15.)
jsinP^,'
73
( 544 )
et finalement
e = T' — T
^/ ^11 •/'
^e = T;, — T^
seront les heures d'immersion et d'émersion.
» En ce qui regarde les signes, comme dans la pratique p' — a' est tou-
jours positif, on considérera la valeur de l'angle N, donnée par la for-
mule (4), comme étant comprise entre o° et +i8o°, comptée autour de
l'étoile, comme centre, à partir de N, et dans le sens NES. Le signe de t,
dans la formule (5), dépendra de celui de q — v fourni par (3), et suivant
que celui-ci sera positif ou négatif, cela indiquera que le centre de la Lune,
dans son mouvement apparent, coupe le cercle de déclinaison de l'étoile,
au nord ou au sud, et à une distance égale k q — ^? de celle-ci. La valeur
de l'angle i sera d'ailleurs toujours plus petite que 90°, sauf dans le cas
d'un appulse, où l'on devra trouver sint^i.
» Afin de nous rendre compte du degré de précision que l'on obtient à
l'aide des formules ci-dessus, nous avons pris, au hasard, dix occultations
observées à Greenwich, en iSpS, et avons comparé les heures calculées
avec les heures observées. Dans le Tableau ci-dessous, on trouvera les dif-
férences observation-calcul exprimées en secondes de temps :
I Observation — calcul.
1895. ' Immersion. Émersion.
s ,
/I9 Auriga' 6 fév. H- 2 « Eni. non observée.
T Leonis 10 mars — 11 +2*
■z Leonis 4 mai — 6 » »
Tt Scorpii 9 mai -+-4 » »
y' Sagittarii 11 mai — 4 » "
Regulns 26 juin — 4 — 24
42 Aqiiarii 6 aoùl — 5 — 6
81 Aqiiarii 7 août — 16 — 10
6 Capricorni 29 sept. — i6 — 20
19 Tauri 3 nov. +4 4-ii
)i La moyenne des ditférences n'est environ que de neuf secondes.
» L'avantage qui semble résulter de l'introduction de l'heure de la con-
jonction apparente, dans le calcul des occultations, est non seulement de
fournir par un seul calcul la précision que l'on n'obtient généralement
qu'à l'aide d'une deuxième approximation, mais, en outre, de se prêter
aisément à une construction graphique et à une interprétation géométrique
l
( 545 )
plus simple des différents éléments dont dépendent les conditions du phé-
nomène. »
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Giacobini (1899, e) faites à
l'observatoire de Besançon, avec Véquatorial coudé, par M. P. Chofaudet.
Note communiquée par M. L.-J. Gruey et présentée par M. Loewy.
Astj'e. — Étoile.
Dates.
1899.
Octobre 3.
4-
Étoiles
de
Comparaison. Grandeur.
Ascensioii
droite
a
b
8
8,7
2. lO.Sli — 1 .2.5, 2
-0.53,35
Positions moyennes des étoiles te comparaison
Ascension
Étoiles droite
de moyenne
compar. 1899,0.
h m s
a i6.36. 2,80
Réduction Distance polaire
au moyenne
jour. 1899,0.
Distance
polaire.
-i5.22,4
iNombrc
de
comparaisons.
9:6
12:9
{éduction
au
jour.
Autorités.
-2,76 94. 1.12,6 \y 0,6 12900 Munich,.
16.34.23,95 +2,73 93,25.13,4
H- o,
H- o,
5893 Schjelleriip.
Positions apparentes de la comète Çiacobini (1899, e).
Temps moyen
Ascension
Distance
Dates.
de
droite
Log. fa(
t. polaire
Log. fact.
1899.
Besançon.
moyenne.
paralla
e. moyenne.
parallaxe.
Octobre 3. .
h m s
. 8. 7. II
h m s
16.33.55,25
7,564
93°. 59. 48", 0
0,821,.
4..
. 8. 0.42
16. 35. 20, o3
1 ,56o
93.40.36,4
0,820,,
La comète a l'aspect d'une nébulosité ronde, deji' de diamètre, ayant, au centre,
une légère condensation de 13° grandeur.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les foncliom
loppement d'une fonction holomorphe à l'in
fondamentales et sur le déve-
éneur d'un contour en série de
fondions fondamentales . Note de M. Rénaux, présentée par M. Picard.
« Une fonction harmonique, à l'intérieur d
pour l'intérieur de ce contour si l'intégrale
W
-U
oflogr
dn
Yd'7^
in contour, sera fondamentale
( 546 )
reproduit la fonclion harmonique V multipliée par un facteur constant i — -
(r étant la distance d'un point du contour à un point intérieur). Mais l'in-
tégrale précédente définira pour les points à l'extérieur du contour une
fonction W^ telle que — z ( ^" W^ (/t reproduise la fonction W^ mul-
tipliée par un facteur constant — f i -4- - j • La fonction W^ sera fondamen-
tale pour l'extérieur du contour. Supposons le contour S, faisant partie
d'une série de courbes de niveau (') et auquel correspondront le rayon R,
d'un cercle (R, > R(,) et un développement de la forme
p-
^0 V=2ï;^[A,G,(E,r,)-l-B,H,ar.)].
p = i
» Si l'on exprime que le développement (i) représente une fonction
fondamentale pour l'intérieur du contour, les coefficients A,, B,, . . ., A^,
Bp, ... devront être solutions d'équations linéaires en nombre infini. Le
déterminant de ces coefficients est sous forme normale [les éléments de ce
déterminant dépendent des coefficients des développements des fonctions
R^(m) définies dans la Note antérieure citée]. Ce déterminant est absolu-
ment convergent pour toutes lès valeurs réelles ou imaginaires de 0, ainsi
que les valeurs de R, ]> R„. Il détermine une fonction entière de 0, qui est
paire et admet une infinité de racines toutes réelles, croissantes en valeur
absolue avec R,. En se plaçant dans le cas des racines simples pour plus de
simplicité, à deux racines 0 et — 6 on peut faire correspondre deux déve-
loppements de la forme (i)
V 1 "y rApG;,(^,T,) + B,,lI^(^,-01
r
p
w
à^[
A„ H„ ( ^,r,)-B^G^(^,r,) -
^ ,.=1
/'
^^^pi'^'p+n)^
(') Voir une Note anlérieure Sur un déi'eloppement d'une fonction Iwlomorplie
à l'intérieur d'un contour donné en série de /;o/jrtome5 (septembre 1899). Lire dans
celle Note : « Soil Rq le module de u pour laquelle Z = c5(U) cesse d'être con-
vergent, ou pour laquelle -jp- =3 » (celle dernière partie avait été omise).
( 547 )
représentant des fonctions fondamentales intérieures et telles que (V + iW)
représente une fonction analytique de la variable complexe x = 1 -h- ir\ pour
l'intérieur du contour. Enfin à ces deux développements correspondront
deux fonctions fondamentales extérieures V<- et W-.
^^-7^ïi^^)'\K<^-^P^
BpSin/?i2),
W' = ;7î2 (^)"(A^sin^i2lB^cos/,£2),
telles que V^— fW^ soit fonction analytiqie d'une variable complexe
Z = X + /Y à l'extérieur du contour S, .
» On peut alors énoncer les théorèmes suivants :
» Théorème I. — Les fonctions
Log(Z-ic) et Logr, ,•- =(V -If ^ {Y - r,y
peuvent se représenter par les séries suivantes absolument et uniformément con-
vergentes pour X compris à l'intérieur du contour S,, Z étant extérieur ou sur
le contour 1
(^)
Log(Z -x)^ LogU - 2 ( V.^ ^■W,)(V,,,- .-W,,^),
p=i 1
Log/-=LogR-2(V,V„
Théorème II. — Toute /onction holomorphe à l'intérieur de S, est déve-
loppable en série procédant suivant les fonctions
W W
' p e.p
)•
Jj,+ iWp(Y„ = i,W„ = o),
et toute fonction holomorphe à l'extérieur du contour S, est développable en
série procédant suivant les fonctions Y^p — « W^., ,.
» Les coefficients se déterminent par des intigrales analogues à celles qui
définissent les cofficients de la série de Taylor.
» Des propriétés analogues existent soit pou: les fonctions harmoniques à
l'intérieur, soit pour les fonctions harmoniques a l'extérieur du contour S, . Les
coefficients se déterminent par des intégrales ariçtlogues à celles qui définissent
les coefficients de la série de Fourier.
» Théorème III. — Si l'on considère la fidure inverse du contour S,, /e
pôle d'inversion étant quelconque à l'intérieur de S,, on obtient un nouveau
contour S■^ auquel correspondent les mêmes racines 6 que pourS^.
( 54« )
» La connaissance des fonctions fondamentales de S , entraîne celle des fonc-
tions fondamentales de So.
» Ces résultats s'étendenl encore au cas où les racines 0 ne sont pas
simples. Dans le cas où R, coïncide avec Rq, le déterminant n'est plus absolu-
ment convergent et il y a lieu de voir si les fonctions fondamentales existent
encore et dans quelles circonstances les développements précédents sub-
sistent. Enfin, les fonctions fondamentales sont définies lorsque l'on con-
naît la représentation conforme de l'aire extérieure à S, sur l'aire extérieure
au cercle de rayon R,. La fonction Z = ?(U) étant inconnue lorsque l'on
se donne le contour, il v a lieu de déterminer les racines 0 et les fonctions
fondamentales par rapport aux éléments du contour donné seul connu.
» Je me réserve de traiter tes points dans un Mémoire étendu qui pa-
raîtra ultérieurement. » .
CHIMIE. — Sut- la stéréoc/iimie de l'azote. Note de M. J.-A. Le Bel,
présentée par M. Armand Gautier.
« J'ai annoncé à l'Académie, en 1891, que j'étais parvenu, le premier,
à créer le pouvoir rotatoire an tour de l'azote dans un dérivé ilu chlorure
d'ammonium renfermant quîjtre radicaux différents et d'ailleurs inactifs
par eux-mêmes (isobutyle, p^opyle, éthyle et méthyle). Depuis. M. Van
t' Hoff (Zeitschr. f d. Phys.Und Chem. Unterricht XI) a affirmé que ce
pouvoir rotatoire ne se conserve pas et qu'on n'a pu reproduire ces faits.
Ces assertions n'étant pas appuyées d'expériences personnelles, je n'avais
pas répondu; mais récemment M. Markwald {Berichte, p. 36o; 189g) ayant
publié qu'il avait essayé en vain d'obtenir par les moisissures le corps actif
que j'avais décrit, je crois devoir donner quelques explications qui dis-
siperont ces doutes.
» J'observerai d'abord que le dernier auteur aurait dû, pour contrôler
mes expériences, introduire les radicaux dans le même ordre que moi; or
il prend en dernier lieu le propyle, alors que je termine par le méthyle.
Dans des recherches aussi délicates, on ne saurait intervertir l'ordre des
substitutions sans s'exposera créer des isoméries. Nos expériences ne sont
donc pas comparables.
» J'avais repris ces recherches depuis plusieurs années, avant la publi-
cation de M. Markwald, et je puis répondre dès à présent que j'ai de nou-
veau reproduit quatre fois le corps actif lévogyre en question, ce qui fait
( 549 )
présentement six expériences probantes. J'ai encore une fois constaté que
l'acide chlorydrique racémise à froid le corps lévogyre qui constitue le
premier isomère chimique a,, et j'ai aussi retnarqué qu'il reste, dans la
liqueur, un isomère p dextrogyre.
» Je puis donc maintenir intégralement tous les faits annoncés en 1891;
mais, à cette époque, j'ignorais que l'isomère j3 était toxique et qu'il pou-
vait quelquefois prédominer dans les préparai ons; c'est là ce qui a proba-
blement empêché M. Markwald de réussir. J'aijfinalement réalisé la culture
sur l'isomère toxique ^ à l'état d'acétate, mdis six mois ont été, dans ce
cas, nécessaires. Sur le chlorure, la culture est impossible. Enfin le chlo-
rure de même que l'acétate préparés en 1891 sont restés actifs.
» Je suis à même d'annoncer encore aujourd'hui que j'ai obtenu le
pouvoir rotatoire avec un nouveau dérivé ainmonique renfermant qua-
torze atomes de carbone et différant du premier en ce que le méLhyle est
remplacé par le radical de l'alcool amylique ïnactif de Pasteur. Le corps
ainsi préparé est lévogyre.
» Je donnerai maintenant les détails indispensables à la réussite de ces
préparations et expériences de culture très déjicates.
» Préparation de la base à cultwer. — 1° ïsmutylepropyleéthy lamine. — Je
pars de l'isobutylaniine commerciale, provenant ds jl'alcool de fermentation, que je
fais réagir sur un demi-équivalent d'iodure de piopyle. Les bases volatiles, séchées
sur la potasse fondue, sont fractionnées et l'on isole facilement risobutylpropylamine
bouillant à laS". Cette base, traitée de même par l'iolure d'éthyle, fournit la triamine
cherchée; elle bout à i46° et doit être rigoureusement fractionnée. J'ai vérifié par
le nitrite de soude que mon produit était convenable nent pur, mais je ne puis con-
seiller ce nitrite comme procédé de purification, ca il fournit des traces de corps
oxygénés qui gênent la culture. Pour le même moti', on doit s'interdire l'usage des
sels de mercure et d'argent, sauf le chlorure d'argen;, et, en général, toute manipu-
lation pouvant donner lieu à des traces de corps oxycjs.
)) 2° IntroducLion du méthyle. — Je conseille de f ire réagir un fort excès d'iodure
de méthyle sur la triamine ci-dessus; la réaction est volente; néanmoins il ne faut pas
refroidir, car le rendement en isomère (3 augmenterai. On fait le mélange par frac-
tions de 25s'' de triamine dans une cornue; on recueil e les produits projetés et on les
ramasse avec l'iodure de méthyle. On termine par une chauffe à 120°; on sépare par
l'eau un excès d'iodure qui paraît combiné, et l'oiil traite alors par le chlorure de
plomb, que l'on produit avec de la litharge et de lucide chlorhydrique. Ce dernier
traitement avait pour but de remplacer l'iode par le chlore, mais j'ai constaté ulté-
rieurement qu'il était encore d'une autre efficacité, et ce que l'isomère toxique p s'éli-
mine alors en grande partie à l'état de sel double )lombique moins soluble : deux
traitements suffisent en général. On fait ensuite agif rapidement un peu de chlorure
d'argent, pour enlever le restant de l'iode; on enlève les métaux par l'hydrogène
( 55o )
sulfuré et l'on évapore plusieurs fois après addition d'eau pour chasser l'excès d'acide
chlorhj'drique autant que possible.
Détails pour les cultures. — On emploie 2 pour 100 de sirop concentré au bain-
marie, en ajoutant un peu d'extrait Liebig et les sels habituels, puis on fait un ense-
mencement massif avec du pénicillium. Il vaut mieux cultiver en vase ouvert, car il est
nécessaire, dès que la moisissure s'est développée, d'examiner le liquide au polari-
mètre et au tournesol pour maintenir le milieu acide. Il m'est arrivé quelquefois que
la moisissure primitive périsse et que l'air ait ramené des germes qui ont conduit
l'expérience à bien. J'ai toujours observé un pouvoir rotatoire lorsque la moisissure
était épaisse et bien verte; lorsqu'elle est trop mince ou blanche, on n'observe rien et
il faut faire un nouveau traitement au PbCl-. Si l'on produit un précipité par l'acé-
tate ou le sous-acétate de plomb on obtient, après l'emploi de H- S, une liqueur avec
excès d'acide acétique, sur laquelle la culture est infiniment plus facile (il faut main-
tenir cet excès d'acide, sous peine de voir le pouvoir rotatoire disparaître). C'est ainsi
que j'ai réussi mes cultures sur la base à i4 atomes de carbone et sur l'isomère p;
encore a-t-il fallu diluer au double et cultiver pendant un temps très long. Je dois
signaler encore que l'observateur qui n'a pas suivi l'expérience exactement au polari-
mètre tombera presque fatalement sur le moment où le pouvoir des deux isomères se
compense à peu près : époque à laquelle la moisissure a une tendance à rester station-
naire; néanmoins, on peut mettre en évidence l'existence du csrps dextrogyre, soit en
traitant par HCl dans le vide, soit'ten continuant la culture dan-s le liquide dilué.
» Conclusions. — Il n'y a aucun doute que l'isomérie optique ainsi que
l'isomérie chimique existent dans les dérivés du chlorure d'ammonium
renfermant autour de l'atome d'azote quatre radicaux différents et conte-
nant dix atomes de carbone au moins.
» Il est également établi que ces deux sortes d'isoméries sont peu stables
dans les dérivés moins riches en carbone. Ceci confirme les vues que j'ai
déjà exposées (^w//. Soc. chim., uSgo), à savoir, que les radicaux permutent
entre eux quand leur volume n'est plus suffisant pour qu'ils se calent réci-
proquement. Dans ce cas, les corps à petits radicaux se racémisent déjà
à la température à laquelle on fait ordinairement ces cultures.
» S'il est bien établi par nos expériences et celles de Wedeldnd que les
corps ayant au moins dix atomes de carbone ont une forme géométrique
stable, nous ignorons si celte forme est une pyramide à base carrée ou un
double tétraèdre ; la première hypothèse conduirait à trois isomères chi-
miques, la seconde à quatre; or nous n'en connaissons encore que deux.
Toute discussion sur ce sujet serait donc encore prématurée. >>
( 55i )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la liquéfaction réversible des alburninoïdes .
Note He M. Tsvett, présentée par M. Armand Gantier.
a On sait qne les albnminoïdes, insolubles pour la plupart dans l'eau
pure, s'v dissolvent ordinairement à la faveur'des acides, des alcalis et des
sels. Ces substances favorisent le gonflement ides albuminoïdes et celui-ci
peut être envisagé, inversement, comme déterminé par la dissolution de
l'eau dans la matière protéirpie.
» Nous avons trouvé que diverses substances organiques telles que les
dioxybenzols (résorcine, pyrocatécbine), le phénol, l'hydratedechloral, etc.
sont susceptibles d'exalter le gonflement etjla dissolution dans l'eau de
beaucoup de principes albuminoïdes. Dans certaines conditions de con-
centration, la matière alburninoide passe après ^onjlement ci l'état d'un véri-
table liquide.
)) C'est ainsi que la glutine ou gélatine, presque insoluble dans l'eau à
la température ordinaire, mais susceptible de s'y gonfler fortement, se
dissout dans la résorcine aqueuse (80 pour 100) dans la proportion de 3 à
4 parties pour 100. Si dans le liquide ainsi saturé on ajoute un surplus de
gélatine, celle-ci gonfle et se transforme en qne masse homogène parfai-
tement fluide. On obtient ainsi dans le récipient deux couches liquides
nettement délimitées : la couche supérieure est une solution de gélatine
dans la résorcine aqueuse; l'inférieure, utie dissolution de résorcine
aqueuse dans la gélatine. Les coefficients d* solubilité réciproques K et
K' varient avec la concentration de la résorcine et avec la température.
M Dans certaines conditions, on a K = ï^,- C'est Vètat critique.
» La dissolution et la liquéfaction dans la résorcine aqueuse ne sont pas
liées à une modification chimique. L'albumirloïde peut être récupéré à
l'état intact au moyen de la dialyse ou en le précipitant par l'eau. Le phé-
nomène est donc réversible (').
» La caséine, l'hémoglobine, les peptones,ies albuminoïdes protoplas-
miques (plastine, chloroplastine) sont également susceptibles de liquéfac-
tion par le liquide résorcinique. Ont fourni les résultats négatifs : la
(') Par contre, les cas de liquéfaction étudiés par MM. Dastre et Floresco
{Comptes rendus, t. CXXI, p. 6i5 ; 1893) sont déterminés par une modification chi-
mique; ils sont irréversibles. /
C. K., 1S99, 2' Semestre. (T. CXXIX, N» 15.) 74
( 552 )
myosine, l'ovalbiimine, la légumine. Nous donnons ailleurs le détail de nos
expériences et la théorie de la liquéfaction. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le dosage volumétrique des quinones dérivées
du benzène. Note de M. Amand Valeur.
« La méthode de dosage que je propose est fondée sur la réduction
des quinones par l'acide iodhydrique. Je remplace cet acide étendu par
un mélange équivalent d'acide chlorhydrique et d'iodure de potassium.
Les essais que j'ai effectués ont montré que l'action de ce mélange sur les
quinones est instantanée et s'effectue d'après l'équation suivante :
C«H*0-+2HC1 + 2KI = C''H'^0-+2KC1 + V.
L'iode mis en liberté reste dissous dans l'iodure de potassium non ilécom-
posé; il peut être titré, avec beaucoup d'exactitude, au moyen de l'hypo-
sulfite de sodium.
» Dans les essais qui suivent, on a opéré de la manière suivante. On prélève de la
quinone pure et sèche, une quantité telle quelle détermine la mise en liberté de
osi^iSO à o§'',5o d'iode, correspondant à un nombre de divisions de la burette contenant
rh3'posulfite, compris entre 200 el4oo. On dissout cette quinone dans un peu d'alcool
à 95°. D'autre part, on mélange rjpidement 20" d'une solution d'iodure de potas-
sium au Jj avec 20"= d'acide chlorhydrique concentré, préalablement additionné d'un
égal volume d'alcool à gS" et refroidi; ce mélange étant fait, on le verse dans la solu-
tion alcoolique de quinone, et l'on litre l'iode mis en liberté en laissant tomber Thypo-
sulfite (solution correspondant à 11^',' d'iode par litre).
» Il importe d'opérer préalablement le mélange d'iodure et d acide chlorhydrique,
et non d'ajouter successivement chacun de ces produits à la quinone; car, l'acide,
d'une part, réagirait immédiatement sur la quinone, et, d'autre part, l'iodure, qui est
souvent légèrement alcalin, pourrait déterminer une oxydation partielle de ce com-
posé, ou même exercer une réaction propre. Enfin, il v a intérêt à effectuer ce mé-
lange au moment du besoin, de manière à n'avoir pas à tenir compte de l'iode mis en
liberté par la décomposition spontanée de l'acide iodhydrique.
)> Cette méthode paraît applicable à la plupart des quinones vraies.
Voici les résultats obtenus avec quelques-unes d'entre elles :
Quinone ordinaire : C'H*0'.
Poids de substance
Iode mis en liberté
I pour 1 00 ( théorie 235 ,1) . ...
I.
II.
III.
0,25lO
0,25l I
0,2008
o,.5888
o,5888
0,4/43
34,5
234,4
236,2
( 553 )
3,5 Dichloroqiiinone : (i'IPCl-O-.
X.
Poids de substance ; o, 2092
Iode mis en liberté 0,2994
I pour 100 (théorie i43,5) ^ i43, i
Toluquinone : G«H3(Œ»)0».
1.
Substance 0,2067
Iode libre .j 0,4290
1 pour 100 (théorie 208,3) I 208, 5
I
Thymoquinone : C'-n^{CY{')\CHV)OK
I.
Substance J o,2i3o
Iode libre J o,33i i
I pour 100 (théorie i54,8) ' i55,4
II.
0,2020
o , 2905
143,8
II.
0,2707
0,5629
207,9
II.
o, i663
o, 2674
i54,7
» Ce procédé de dosage est commode et d'un maniement rapide. Il permet
d'opérer sur des quantités très faibles de matière; c'est ainsi qu'on a pu
efFectuer des déterminations exactes sur des poids dequinone ordinaire ne
dépassant pas i'^s>'.
» Cette méthode paraît susceptible de plusieurs applications; elle per-
mettra notamment de déterminer la solubilité des quinones dans divers
cool, données qu'il est très
la volatilité des quinones et
solvants et principalement dans l'eau et l'a
délicat d'établir par d'autres voies, à cause d€
de la difficulté qu'il y a de les sécher sans en perdre une certaine quantité.
De plus, elle pourra être utilisée chaque f'^is qu'il s'agira d'étudier la
marche de l'oxydation de l'hydroquinone pai^ un ferment oxydant. Enfin,
elle se prête également au titrage des quinones quand celles-ci sont enga-
gées dans des combinaisons peu stables, telles que les phénoquinones et
les quinhydrones. Appliquée à la quinhydrone ordinaire, elle a fourni les
résidtals suivants :
Trouvé ; I pour 100 .' 1 16,6
Calculépour C«H'0SOH«0^ : 1 pour 100.... 116, 5
116,3
»
1 16, 1
» Ce composé résulte donc bien de l'union à molécules égales de qui-
none et d'hydroquinone, contrairement aux vhes de Wichelhaus. »
( 55/i )
ANATOMIE ANIMALE. — Sur la slruclure du noyau dans les myélocyles des
Gastéropodes et des Annclides. Noie de M. Joaxnes Ciiativ, présentée
par M. Filhol.
« Dans une série de recherches, publiées de 1888 à 1890, j'ai montré
que l'élément nerveux, décrit sous le nom de myèlocyle. ne constituait pas
une espèce hislique particulière. Loin de se résumer en un noyau libre,
ainsi qu'on l'avait admis jusque-là, le mvélocvte se présentait, chez les
animaux les plus différents, comme une véritable cellule nerveuse. Celte
cellule était caractérisée par un novau volumineux, mais aulour du noyau
se trouvait une zone de plasma somatique.
» La présence d'un cytoplasme modifiait totalement la notion classique
du mvélocvte; cependant le noyau réclamait une attention spéciale, ne
fut-ce qu'en raison de la remarquable karvomégalie offerte par l'élément.
Les movens dont on disposait alors ne permettant pas d'en poursuivre
complètement l'étude, je dus différer celle-ci jusqu'au moment où les
progrès de la technique l'ont rendue possible.
» C'est donc au point de vue de leur appareil nucléaire que j'ai repris
l'examen des invelocytes chez divers Gastéropodes et Annélides. J'ai sur-
tout fait usage de la méthode de Nissl, guidé dans ce choix par des considé-
rations faciles à apprécier : cette méthode ayant été presque exclusivement
appliquée aux récentes recherches sur l'histologie des cellules nerveuses
chez les Tnverlébrés, je me suis placé dans des conditions identiques à
celles des autres observateurs et nos conclusions respectives seront ainsi
très comparables.
» Gastéropodes. — Comme je l'ai établi précédemment, les myélocytes sont aisés à
découvrir dans le lobule de la sensibilité spéciale, si bien décrit par M. de Lacaze-
Duthiers.
)i La membrane nucléaire est presque toujours assez visible, contrairement à ce qui
s'observe pour beaucoup de cellules ganglionnaires. Toutefois, et ceci ne saurait sur-
prendre en des reclierches aussi délicates, on peut éprouver quelque difficulté à isoler
celte membrane de la formation nucléinienne arrivant souvent à son contact; celui-ci
s'établit généralement par des points chromatiques assez rapprochés pour faire admettre
une suppléance de la membrane par certaines portions de la formation nucléinienne.
» Cette dernière est toujours très développée, riche en chromatine, qui est disposée
le plus fréquemment en réseau.
» (^)uant au karyoplasrae, il est fort réduit chez les Mélicides; il est jjIus appré-
ciable chez les Limnées et les Planorbes, sans être jamais fort abondant.
( 555 )
» Il en résulte que, lorsque des nucléoles appaiaitronl, ils seront de nature nucléi-
nienne; mais doit-on même mentionner ici des nucléoles? Les seules parties aux-
quelles ce terme puisse s'appliquer se réduisent à de simples grumeaux chromatiques,
disposés aux nœuds du réseau nucléinien. Peu fréquents, pouvant douteusement être
assimilés à des nucléoles, ces amas chromatiques serbnt plus constants dans le groupe
suivant. ]
» Annélides. — Considéré au point de vue dé son noyau, le myélocyte offre
de notables difTérences, suivant qu'on l'examine chek tel ou tel type: les Sabelles et
les Térébelles offrent des dispositions assez analogbes à celles que présentaient les
Gastéropodes; au contraire, chez la Pontobdelle, dhez l'Arénicole, etc., on constate
des difTérences importantes et c'est alors surtout qii'dn peut être conduit à décrire des
nucléoles.
)> Non seulement la chromatine tend à se grouper sous forme de grains répartis sur
le réseau nucléinien ets'accentuant vers ses nœuds, mais elle constitue un, deux ou
trois amas plus volumineux, comparables à des nucléoles. Il est à remarquer que, lors
même qu'il existe deux ou trois de ces corpuscules] l'un d'eux demeure prééminent
par son volume et sa faculté chromatique, pouvant ainsi faire croire à l'existence d'un
seul nucléole. Les corpuscules niicléolaires sont d'ailleurs toujours de faibles dimen-
sions, caractère important à relever pour l'ensemble ies conclusions qui se déduisent
des faits précédents.
» Le.s conclusions sont les suivantes : ,
» 1° Contrairement à certaines assertions, les myélocytes d'Inverlé-
brés peuvent offrir une membrane nucléaire très nette;
» 2° Dans ces mêmes myélocytes, la formation nucléinienne se montre
comparable à ce qu'elle est dans les « petites Cellules nerveuses pauvres en
» protoplasma des Vertébrés », étudiées par îlamon y Cajal;
iser, elle se répartit surtout
» 3° Lorsque la chromatine tend à se loca
en grains disposés sur les nœuds du réseau nucléinien; parfois elle y figure
des nucléoles. »
BOTANIQUE. — Sur l' alternmice de générations des Cutleria
Note de M. C. SAuv.iGE:t#, présentée
par M. Guignard.
hitlena, le C. mullifida et le
« On connaît, en Eiu-ope, deux espèces de
C. adspersa, et l'on admet que ces plantes sexuées sont les gamétophytes
de deux plantes asexuées, ou sporophytes, V A^glaozunia parvula et 1'^. chi-
losa, qui sont les deux espèces connues du genre. Actuellement, le rappro-
chement entre le C. muUijida et \A. parvula paraît démontré; celui entre
le C. adspersa et 1'^. chilosa, seulement supposé par analogie avec le précé.
dent, et à cause de la répartition de ces deux espèces dans le golfe de
( 556 )
Naples, ne me paraît pas exact. En effet, j'ai trouvé à Guéthary (Basses-
Pyrénées) une nouvelle espèce d'/4o'/ao:o«2a, r.4. melanoidea; il y vit au
voisinage du C. adspersa sur des rochers découvrant à basse-mer, faciles à
explorer et où ne se trouve pas l'^l. chilosa, d'ailleurs inconnu dans
l'océan. Je l'ai suivi sur toute la côte nord de l'Espagne (SanVicente de
la Barquera, Gijon, Rivadeo), et je l'ai identifié avec le Zonaria melanoidea
récolté par Schousboe au Maroc.
» \j'A. melanoidea forme des lames noires ou d'un brun noir sur les
pierres ou les Lithothammion, à festons arrondis, fortement appliquées sur
le substratum ; les plus grandes sont de la dimension de la main: l'aspect
est tout à fait celui d'un Ralfsia de grande taille. La structure de la lame
rampante des plantules falkenbergiennes que j'ai trouvées sur le C. ad-
spersa ( ' ) correspond avec celle de 1'^. melanoidea. Ce dernier existe sans
doute aussi dans la Méditerranée, où sa ressemblance avec un Ralfsia a dû
le faire méconnaître.
» Nous ignorons donc le gamétophyte de VA. chilosa. Or VA.parvula
se reproduit nécessairement sans alternance de génération dans l'Europe
septentrionale, puisque le C. multifida n'y existe pas. JJA. chilosa se com-
porte probablement de même dans la Méditerranée; son gamétophyte a
complètement disparu ou bien est représenté par des espèces exotiques
(C compressa, C. paci/ica) encore fort mal connues.
)) Sur des C. multifida que j'ai reçus de la station zoologique de Ply-
moulh, j'ai trouvé des plantules falkenbergiennes épiphytes provenant de
la germination d'oosphères parlhénogénétiques. Elles diffèrent beaucoup
moins de celles du C. adspersa que j'ai étudiées à Guéthary, que les dessins
publiés par les auteurs le laissaient supposer. Elles ont une colonnette
(Keimfuss) aussi longue ou même plus longue que celle des jeunes A. me-
lanoidea; elles portent, au sommet plusieurs poils, et la touffe latérale de
poils est fréquente, mais je n'ai pas vu de touffe basilaire sur la lame ram-
pante; son absence est sans doute une différence spécifique. On sait que
les plantules obtenues en culture par M. Falkenberg et par M. Church
étaient courtes et privées de poils; leur aspect en était donc complètement
changé. C'est qu'en effet si les Bactéries et les Champignons se déve-
loppent facilement dans des vases de dimensions restreintes, il n'en va pas
de même des Algues marines à chromatophores, et il est nécessaire de
(' ) C. Sauvageau, Sur l'origine du thalle des Cutlériacées {Comptes rendus,
16 mai 1898).
( 557 )
contrôler les cultures de laboratoire avec les plantules qu'une recherche
entendue permet de rencontrer dans la nature.
>) Parmi plusieurs centaines de plantules falkenbergiennes et thurétiennes
épiphytes que j'ai isolées sur le C. adspersa, j'en ai trouvé quelques-unes
fort instructives que je nommerai churchiennes, pour rappeler leur ressem-
blance avec celles que M. Church a décrites. Je les considère comme des
anomalies. La colonnetle continue à donner àsa base une lame rampante,
mais elle porte à son sommet un ou plusieurs filaments cutlériens ; suivant
que cette modification a lieu plus tôt ou plus tard, la colonnette est plus
ou moins développée et, par suite, plus ou moins reconnaissable. J'apprécie
les plantules que M. Church a obtenues avec les zoospores de VA. pan'ula,
non comme des Cutleria confervoïdes capables de produire une lame ram-
pante, mais comme des colonnettes churchiennes. Les zoospores de ce
même Aglaozonia ont donné à M. Ruckuck t^eux sortes de germinations;
les unes sont de vrais Cutleria confervoïdes de la forme thurétienne, et les
autres ont produit une lame basilaire d' Aglaozonia, mais l'examen des
dessins de l'auteur me laisse croire qu'il s'agit ici d'une forme churchienne
dans laquelle la colonnette est extrêmement réduite. Par suite, les zoo-
spores d' Aglaozonia aiiraienl donné àHelgoland, simultanément, la forme
thurétienne et la forme falkenbergienne modifiée.
)) Or, la germmation des oosphères fécondées du C. multifida à Naples,
et du C. adspersa à Antibes, celle des oosphères parthénogénétiques du
C. multifida à Plymouth et du C. adspersa à Guéthary ont donné en culture
une forme falkenbergienne, autrement dit un jeune Aglaozonia. Au con-
traire, la germination des oosphères parthénogénétiques du C. multifida à
Saint-Vaast-la-Hougue a donné une forme thurétienne, autrement dit un
jeune Cutleria, et. bien que je n'aie point obteinu de fécondation dans mes
cultures à Guéthary, il serait possible d'attribuer les plantules épiphytes
thurétiennes trouvées sur le C. adspersa à la germination d'oosphères
fécondées, car les individus mâles de cette espèce y sont plus abondants
que les individus femelles. Par conséquent, les oosphères de Cutleria,
qu'elles soient fécondées ou parthénogénétiques, de même que les zoo-
spores d'j4g/ao3o«j'a, peuvent donner ou bien un Cutleria ou bien un Aglao-
zonia. L'alternance de générations n'est pas nécessaire, mais variable, sui-
vant, sins doute, qu'agissent des conditions que nous ne savons point
préciser, mais qu'il y aurait peut-être lieu de rechercher dans la variation
du nombre des chromosomes, si la théorie de M. Strasburger sur la réduc-
tion chromatique est exacte.
( 558 )
» La colonnette qui paraît être l'origine nécessaire d'un Aglaozonia peut
donc produire aussi un Cutlena. On a vu des Zanardinia et des C multifida
donner de nouveaux individus par prolifération superficielle, et le mode de
végétation des Aglaozonia est très favorable à la multiplication par bou-
tures. Mais on n'a jamais signalé qu'un thalle de Cutlena put naître par
prolifération sur un thalle d' Aglaozonia et, réciproquement, qu'une
colonnette fût portée par l'un ou par l'autre thalle. Il y a opposition com-
plète, à tous les points de vue, entre un Cutleria et un Aglaozonia et la
colonnette est un lien entre eux, bien que sa structure diffère nettement
de l'un et de l'autre. La colonnette nous apparaît donc comme un organe
essentiel et primordial dont l'importance phjlogénique est sans doute con-
sidérable, mais impossible à préciser actuellement. Nous ne connaissons
point de Phéosporée actuelle qui lui soit absolument comparable, mais elle
paraît se rapprocher surtout des Mjriotrichia et Litosiphon qui, comme elle,
restent pleins et portent des poils exogènes; mais ceux-ci sont diffus au
lieu d'être localisés. Jusqu'à ce que j'aie fait l'étude des germinations fal-
kenbergiennes épiphytes, on ne soupçonnait point que la colonnette put
acquérir une aussi grande différenciation. Les plantules churchiennes nous
éclairent sur le rôle de la colonnette; peut-être trouvera-t-on d'autres plan-
tules analogues où elle portera des organes reproducteurs lui appartenant
en propre, et qui nous éclaireront sur ses affinités réelles. Quoi qu'il en
soit, un Cutleria me paraît être la synthèse de trois genres : le Cutleria pro-
prement dit, V Aglaozonia, et la colonnette de genre inconnu. »
BOTANIQUE. — Sur une plante à gutta-percha, susceptible d'être cultwée sous
un climat tempéré. Note de MM. Dybowski et G. Fnox, présentée par
M. Gaston Bonnier.
« La gutta-percha est, comme on le sait, produite principalement, à
l'heure actuelle, par des arbres appartenant à la famille des Sapotacées, et
croissant dans les régions intertropicales.
» Il n'est donc pas sans intérêt de constater qu'une plante, appartenant
à un tout autre groupe botanique et croissant dans des régions à climat
tempéré, peut également produire de la gutla.
» Il s'agit d'une espèce étudiée par MM. Oliver et Weiss, et décrite
dans le Bulletin de la Société Linnéenne de Londres, en 1 892, sous le nom de
Eucomia ulmoides Oliver. N'ayant à sa disposition que des échantillons
( 559 )
incomplets, ce botaniste n'a pu faire de la plante une étude définitive.
Cependant il range le genre Eucomia dans les Euphorbiacées, au voisinage
des Crotonoidées, et signale déjà, dans les divers organes de la plante, la
présence de vaisseaux laticif'éres dont le contenu devient particulièrement
visible quand, ayant brisé une portion de tige ou de feuille, on écarte avec
précaution les deux parties.
» M. Weiss entreprit l'étude anatomique dé la tige et des feuilles et plus
particulièrement celle du développement des laticifères. Il constata leur
présence en grande abondance dans le [larenchyme cortical de la tige et
leur ressemblance avec les vaisseaux à latex des Euphorbiacées. Il a dosé
la proportion d'éléments soUibles au chloroforme dans la région corticale,
le rendement qu'il a obtenu est de 3 pour loo.
» Ayant remarqué l'analogie qui existe entre les feuilles de Palaquium et
celles de Y Eucomia quand, brisant avec précaution les feuilles, on laisse
apparaître le contenu des laticifères, nous avons été conduits à essayer
d'appliquer aux différents organes de la plante le procédé de traitement
recommandé par M. Jungfleisch pour l'extraction de la gutta-percha des
feuilles de Palaquium (' ).
« Le traitement a porté d'abord sur des feuilles fraîches provenant d'un pied
A^Eucomia ulmoïdes qui existe au Jardin colonial. L'échantillon a été misa la dispo-
sition de cet établissement par M. Maurice Vilmorin, lequel avait reçu des graines du
nord de la Chine.
» Les feuilles de V Eucomia ulmoïdes ont 8"'" à 9"" de longueur sur 4"'" à 5"" de
largeur. Elles sont ovales, acuminées, finement dentées, courtement pétiolées et pré-
sentent une certaine analogie d'aspect avec celles de notre Orme commun, d'où le nom
d'espèce donné par M. Oliver.
» Opérant sur 206'' de feuilles sèches, nous avons obtenu os'',/i5 de produit soluble
au toluène, ce qui correspond à un rendement de 28', 35 pour 100. Ce rendement est
faible si l'on considère que les feuilles fraîches renferment 70 pour 100 d'eau.
» L'écorce est largement parcourue par des laticifères. Mais la plante que nous
possédons étant très jeune encore, nous n'avons pu en distraire des rameaux pour les
soumettre au traitement. Cette expérience ne pourra être faite qu'ultérieurement.
» Une seconde série d'observations a porté sur les fruits. Le fruit est une samare
dont la longueur est de 3™ à 3™, 5 sur une largeur de i'='°. Un lot de 200 fruits pèse
environ i3e'' à i^"''.
» Le dosage de la matière soluble au toluène, après épuisement à l'alcool, nous a
(') Jungfleisch, La production de la gutta-percha {Bulletin de ta Société d'en-
couragement à l'Industrie nationale, jo juin 1892).
C. R., 1899, 2" Senestre. (T. CXXIX, N" 15.) yS
( 56o )
fduini les reiidemenls suivants :
2°.
Produit soluble
Prise d'essai.
au toluène.
■ OB'-
4«S09
iSe''
/isSia
» Soit une proportion de Ss'', 20 de produit soliiblo au toluène sur SoS"' de matière;
ce qui correspond à un rendement égal à 27,34 pour 100.
» Nous avons opéré sur des fruits non desséchés. La proportion d'eau contenue dans
le fruit est d'ailleurs faible et égale 37,4 pour 100.
» Le produit obtenu est de couleur brune avec des reflets métalliques.
Plongé dans l'eau chaude il se ramollit, s'élire en feuilles minces analogues
à de la baudruche et prend bien sous la compression l'empreinte d'une
médaille. En se refroidissant il perd de la souplesse et devient résistant.
» Nous n'avons pas manqué de soumettre les échantillons obtenus à
M. Léauté dont l'opinion en pareille matière fait autorité. Il a bien voulu
nous déclarer et nous autoriser à dire qu'il considérait cette gutta comme
étant de « bonne qualité ».
» Culture. — Le Jardin colonial où la plante a été étudiée possédait un pied
cVEucomia ulmoides. Des expériences ont été entreprises en vue de déterminer le
mode de multiplication auquel la plante pourrait être soumise. En effet, étant pour
l'instant connue seulement dans le nord de la Chine, il ne sera sans doute pas aisé
d'obtenir rapidement toute la quantité de graines désirable. D'autre part la germination
de ces graines s'est montrée difficile et capricieuse. Un semis a donné des levées dont
la première a eu lieu après six semaines, la deuxième après cinq mois et d'autres plus
tard encore.
» Fort heureusement le procédé du bouturage a fourni les résultats les plus favo-
rables. En toute saison, les rameaux peuvent s'enraciner et donner des plantes se dé-
veloppant vigoureusement. Cependant le printemps semble la période la plus favorable
à la reprise des boutures. Celles-ci devront être faites avec des rameaux ligneux pris
sur la plante alors qu'étant à l'état de repos elle est dépourvue de feuilles.
» L'origine de la plante permettait de prévoir qu'elle offrirait une
certaine rusticité. En effet, elle a bien résisté au froid de l'hiver sous le
climat de Paris, étant exposée à l'air libre. On peut donc espérer que la
culture de cette plante à gutta pourra être faite d'une manière pratique
dans les régions tempérées et présenter de réels avantages. Le Jardin
colonial en fait expérimenter la culture en Annam, au Tonkin et dans le
nord de l'Afrique. »
h
( 56. )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Action des vapeurs anesthésiques sur la vitalité
des graines sèches et des graines humides ('). Noie de M. Hexki Coupiv,
présentée par M. Gaston Bonnier.
« On sait que les anesthésiques, et notamment le chloroforme et l'éther
que j'ai seulement en vue dans cette Note, amènent la mort des êtres
vivants, lentement lorsqu'ils agissent pendant trop longtemps, rapidement
quand ils sont employés à une dose élevée. Ceci est vrai aussi bien pour
les animaux que pour les végétaux, considérés à l'état de vie active. Je me
suis demandé si l'action était la même avec des organismes à l'état de vie
ralentie, et, pour le savoir, je me suis adressé à des graines, matériaux
d'études très favorables, car, chez elles, le protoplasma a une vitalité
extrêmement ralentie.
» J'ai mis un certain nombre de grains de Blé de Bordeaux dans une atmosphère
saturée de vapeurs de chloroforme et des grains de Trèfle violet dans une atraosplière
saturée d'élher sulfurique. Toutes les vingt-quatre heures, je prélevais quelques
graines, je les faisais gonfler dans l'eau et je les mettais au germoir. Il semble a priori
que les graines ne devaient pas tarder à périr dans une atmosphère aussi asphyxiante :
contrairement à ces prévisions, il n'en a rien été. Les graines sont restées au contact
des vapeurs saturées d'anesthésiques pendant plus de six cent quatre-vingts heures
sans subir le moindre trouble dans leur pouvoir germinatif. Bien plus, ces graines,
mises au germoir en même temps que des graines témoins, germèrent tout aussi vite
que ces dernières.
I
» Je crois donc pouvoir conclure de ces (expériences que les vapeurs
anesthésiques mêmes saturées sont sans action sur le protoplasma à l'état de vie
ralentie.
» On pourrait tirer de ce fait une conclusion pratique pour la destruc-
tion des insectes qui attaquent les graines conservées par les cultivateurs.
[1 suffirait de répandre un peu de chloroforme dans l'endroit où elles se
trouvent pour tuer les insectes nuisibles, sans nuire aux graines intactes.
Le sulture de carbone que l'on a proposé d'employer dans les mêmes
conditions, et qui est très efficace pour les insectes, a, en etfet, l'inconvé-
nient de nuire à certaines semences, le Blé par exemple.
(') Travail du laboratoire de Botanique de la Sorbonne, dirigé par M. Gaston Bonnier.
( 562 )
» Il était intéressant de savoir comment se comporteraient des graines
humides placées dans les mêmes conditions que les graines sèches.
» J'ai semé des graines humides dans des verres renfermant de la sciure de bois
humeclée et j'ai placé les pots dans des cloches de lo'"' de capacité, cloches herméti-
quement closes, dans lesquelles je versais par un tube une dose plus ou moins forte
d'anesthésique. Les graines sur lesquelles ont porté mes expériences sont les suivantes :
» Lupin blanc, Trèfle violet, Vesce velue de printemps. Sarrasin, Blé, Orge, Maïs,
Chanvre.
» Un pot témoin placé à l'extérieur permettait de comparer la vitesse de la germi-
nation (').
» Avec une dose de j" d'éther, la germination s'est faite comme à l'air libre.
» Avec une dose de i'" d'éther, la germination a été un peu ralentie. Par exemple,
au bout de dix jours, la gemmule de l'Orge avait ;"> à l'air libre et 5'"» dans l'air
chargé de vapeurs anesthésiques.
>) Avec une dose de 3" d'éther, la germination a été très ralentie. Ainsi, au bout
de douze jours, les Lupins aneslhésiés sortaient à peine de terre, tandis que ceux pla-
cés à l'air libre avaient un axe hypocotylé de 6'^'" de longueur.
>) Avec une dose de 3'•^ 5 d'éther, les graines de Trèfle violet ont seules subi un
commencement de germination.
» Avec une dose de 3", 7 d'éther, aucune graine n'a germé. Les graines retirées de
dessous la cloche au bout de quinze jours, lavées à grande eau et mises au germoir,
n'ont pas germé : elles n'étaient donc pas seulement endormies mais bien mortes.
» Il est à noter que cette dose de 3", 7 d'éther pour loooo':'^ d'air est considérablement
éloignée de l'état de saturation.
» Ainsi, les graines dont la vitalité a été ranimée par l'humidité sont très
sensibles aux vapeurs anesthésiques qui ralentissent leur germination ou les
tuent à une dose très faible (environ ,/„^„ j. Cette deuxième conclusion
rend la première encore plus frappante. »
La séance est levée à 3 heures et demie.
J. B.
(') Plusieurs expérimentateurs ont déjà étudié l'action des anesthésiques sur les
graines, mais en les faisant gonfler pendant vingt-quatre heures dans une solution
plus ou moins concentrée d'anesthésique et en les semant ensuite à l'air libre. Il est
bien évident que ce mode opératoire n'est pas comparable au nôtre, dans lequel nous
ne considérons que les vapeurs d'anesthésique agissant d'une manière continue.
(563 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance nu 2.5 septembre 1899.
Rapport sur les travaux du Conseil central de salubrité et des Conseils d'ar-
rondissement du département du Nord pendant l'année 1898, présenté par le
D'"Thiba.ut. N° 57. Lille, impr. L. Danei, 1899; i vol. in-8°.
Annales de la Société d' émulation du département des Vosges. LXXV année,
1899. Paris, Aiig. Goin, 1899; i vol. ia-8".
Bulletin de la Société de l'Industrie minérale, publié sous la direction du
Conseil d'administration. 3* série, t. XIII, 2* livraison, 189g. Saint-Etienne;
I vol. in-8".
Mémoires de la Société d' Agriculture, Sciences. Belles-Lettres et Arts d'Orléans.
2*^ série, t. XXXVI, n°' 5 et 6. Orléans, impr. G.Michau et C'^; i fasc. in-8''.
Revue bryologique . Bulletin bimestriel consacré à V étude des Mousses et des Hé-
patiques. 26^ année, 1899, n° 5. Athis (Orne), T. Hiisnot. 1899; 1 fasc.
in-8".
Hypothèses, par James Pochon. Cortaillod (Suisse), chez l'Auteur, 1899;
I fasc. in- 12.
Sul diametro solare, Memoria di A. di Legge et A. Prosperi. Ronia, tipo-
grafia délia R. Accademia dei Lincei, 1899; i fasc. in-Zj".
The Cenlenary of the electric carrent, 1799- 1899 : A lecture delivered during
the meeting of the British Association for the advancement of Science, 1899,
by D"" J.-A. Fleming. London, 1899; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur. )
Precession Tables adapted to Newcomb 's value of the precessional constant
andreduced to the epoch 1910,0, by A.-M.-W. Downing. Edinburgh, Neill
and C, 1899; I fasc. in-4°.
U. S. Department of Agriculture. Weather bureau. Report of the chief of the
weather bureau, 1897-98. Washington, 1899; i vol. in-4°.
Meteorological observations made at the Adélaïde observatorv and other
places in the South Australia and the northern territoiy, during the year i8g6,
under the direction of Charles Todd. Adélaïde, printed bv C.-E. Bristow,
1899; I fasc. petit in-f°.
Annalen der kaiserlichen Universitàts-Sternwarte in Strassburg. herausgeg.
V. E. Becker. ZweiterBand. Rarlsruhe, 1899; 1 vol. in-4°.
On souscrit à Paris, ( hez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Granùs-Augustins, n° 55.
îpni» 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'ann/
138, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volu :
l'irt du i" janvier.
> Le prix de l'abonnement est fixé ainsi quHl suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale ; 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extra'
IX Tolumes in-4*- Deux
abonnement est annuel
'es en sus.
On souscrit, dans les Départements,
/ rj.
chez Messieurs :
|[ Ferryn frères.
\ i Chaix.
Jj r J Jourdan.
' I Ruff.
i m Courtin-Hecquet.
i Germain etGrassin.
' ■ ' I Lachése.
'c nne Jérôme.
e çon Jacquard.
, Feret.
'0 taux Laurens.
' Muller (G.).
lo ^es Renaud.
iDerrien.
F. Robert.
J. Robert.
, Uzel frères.
'a Jouan.
h berv Perrin.
. ( Henry.
A ourg ,. •'
( Marguerie.
It ont-Ferr..
Juliot.
Ribou-Collay.
La m arche.
Ratel.
Rey.
l Lauverjat.
\ Degez.
,, , , i Drevet.
H Ole „
( Gratier et C".
a^ chelle Foucher.
,l,re (Bourdignon.
( Dombre.
m. t Thorez.
( Quarré.
Lorient.
Lyon.
Marseille. . .
Montpellier .
chez Messieurs :
Baumal.
M"' Texier.
Bernoux et Cumin
Georg.
Côte.
Savy.
Ville.
Ruai.
\ Calas.
i Coulet.
Nantes
Nice.
Moulins Martial Place.
i Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidol frères.
Loiseau.
Veloppé.
Barma.
Visconti et C'v
Nimes Thibaud.
Orléans Luzeray. \
„ . . l Blanchier.
Poitiers ,, ,
( Marche.
Bennes Plihon et Hervé.
Roche/ort Girard (M"").
I Langlois.
\ Leslringanl.
Chevalier.
( Poiiteil-Burles.
( Rumèbe.
1 Gimct.
) Privai.
, Boisselier.
Tours ! Péricat.
' Suppligeon.
( Giard.
( Lemaîlre.
Rouen
S'-Étienne
Toulon. . . ■
Toulouse.
Valenciennes .
On souscrit, à
-nger,
Amsterdam .
Berlin.
chez Messieurs :
Feikema Caarelsen
et G".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et O'.
Dames.
Friediander et '
f Mayer et Mullei
Berne . Schmid et Fran
Bologne Zanichelli.
iLamertin.
MayolezetAud
Lebègue et C"
( Sotcheck et C
) Slorck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighlon, Bell clC
Christiania Cammermej i:r.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hosl et fils
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Bucharest .
Gênes . .
Genève . . .
La Haye . ■
Lausanne..
Beuf.
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'*' . par M. Claude Bernard. Volume in-4'', avec 32 planches ; i856
" I II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse a la question de Pri.
lOT: concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : ■. Étudier les lois de la distribution des corps orga
■"I aires, suivant l'ordre de leur superposition . — Discuter la question de leur apparition ou de leur dispariuon succès
Miapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn
ic ulcul des Perturbations qu'éprouTCollct
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, ' simultanée. — Rechercher la nature
avec 37 planches; 1861.. . 15 fr
A même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Sarants a 'Académie des Sciences.
K 15.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du î> octobre 1899.)
MÉMOIRES ET COMMUi\IGiVTIO\S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'AGADËMIE.
Pages.
M. le SECRiiTAïuE l'EnrÉTiiKL aiiiionce à i'Aca-
flcmic que le Tome \LV, r série, des Mé-
moires de l'Académie est en distribution
au .Secrétariat 535
M. MAiiaiir. Lévy. — Sur l'équilibre élas-
Pages.
ïf tiçiue d'une plaque rectangulaire 53. i
;itf. Émilk Picard. — Quelques remarques sur
les intégrales doubles de seconde espèce
dans la Uiéorie des surfaces algébriques. . 53.)
NO.MmATIONS.
VI M. CiiiiNi- et Si.viuiAU .-lonl dcïigués i uniniu
de\anl l'iue présentés à M. le .Ministre de
la (.'■ucrre pour faire partie du Conseil de
perfectionnement de l'École Polytechnique 54'i
MÉMOIRES PRESENTES.
.M. Eue. Ac!<.EUM.vx.\ soumet au jugement de
l'Académii un Mémoire <■ Sur le dessèche-
ment futui de l'ile de Alarajo ( Brésil; ».. .3.'|i
,M. G. GiBO.N adresse diverses Notes relatives
I à ses trois types de ballons dirigeables.. . ")4i
CORRESPO.\D AIVCE .
\1. le Seorétaipe perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspondance,
le deuxième Voluue de l'i^uvrage public
en langue russe par M.Grouin-Crjimaïlo
« Description d'un \nvage dans la Chine
occidentale ■■ >4'
M. L. CiWLS. — Sur une niodilicalion de la
méthode de Bessel pour le calcul des nrcul-
lations 54 '
M. P. Chofardkt. — Observaiions de la co-
mète (îiacobini ( iSyg, e) faiies à l'obser-
vatoire de Besançon, avec Véquatorial
coudé 545
M. Rénaux. — Sur les fonctions f'^ndamen-
tales et sur le développement d' me fonc-
tion liolomorplic à l'intérieur d'un contour
en série de fondions fondament.iles ' 54.5
M. J.-A. Le Bel. — Sur la stéréo;himie de
Bulletin BiBLiofiiiAPHiQur:
Errata
l'azote
\l. TsvETT. - Sur la liquéfaction réversible
des albuminoïdes
M. .\uMAMi Valeur. — Sur le dosage volu-
métrique des quinones dérivées du ben-
zène ,
M. JoANMis Gratin. - Sur la structure du
noyau dans les myélocytcs des Gastéro-
podes et des Annélides
M. C. Sauvageau. — Sur l'alternance de
généralions des Cutleria..
.MM. Dyuowski et G. Fron. — Sur une
plante à gutla-percha, susceptible d'être
cultivée sous un climat tempéré
M. Henri CouriN. — .\ction des vapeurs
^ anesthésiques sur la vitalité des graines
sèches et des graines humides
54N
55 1
55.'
554
555
55s
56i
563
J65
PARIS -
l M P R t .M E R [ li G A U T H I E R - V l L L A R S
Quai des Grands-Augustins, 55
/.« Ijérant ; tiAOrBlEh-VlLLAHS.
1891)
SECOND SEaiE; : RE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR n.TI. liES SECRÉTAIRES PERPÉTlIEIiS
TOME CXXIX.
NM6 (16 Octobre 1899)
PARIS,
tîAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustias, 55.
1899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUJI
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1861 ET 24 MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
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Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou oarunAssociéétranger de l'Académie comprennent
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écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
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limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
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vernement sont imprimés en entier.
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plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
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vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Ac p '
sonl imprimés dans les Comptes rendus, mais 1
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qii
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séai
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
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étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pei
qui ne sont pas Membres ou Correspondants d^
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou o
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoir;
tenus de les réduire au nombre de pages reqi
Membre qui fait la présentation est toujours!
mais les Secrétaires ont le droit de réduire ceU
autant qu'ils le jugent convenable, comme ila
pour les articles ordinaires de la corresponde
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit et
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au pli]&|
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis II
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compm
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte re)\
vaut et mis à la fin du cahier. • \
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais
leurs; il n'v a d'exception que pour les Rapd
les Instructions demandés par le Gouvernepil
Article 5.
Tous.les six mois, la Commission administrai
un Rapport sur la situation des Comptes rendit
l'impression de chaque volume.
Les Secrélaires sonl chargés de l'exécution |
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MW. les Secrétaires perpétuels sont prij
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5* . Autrement la présentation sera remise à la séance [
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 16 OCTOBRE 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MEMOIRES ET COMMUMCATIOIVS
DES MEMBRES ;ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE. — Sur les positions d'équilibre d'un navire
avec un chargement liquide. Note de M. Appell.
« Le problème de l'équilibre d'un navire avec un chargement liquide a
fait l'objet d'importantes recherches de M. Guyou, résumées dans la
Théorie du Navire (').
» En me plaçant à un point de vue géométrique, je me propose d'étendre
à ce problème la belle méthode suivie par M. Guyou pour l'équilibre d'un
flotteur sans liquides intérieurs, en donnant le moyen de trouver les posi-
tions d'équilibre et de discuter leur stabilité.
(') Consulter également un travail de iM. Duhem {Journal de Mathématiques, i^^Q).
C. R., X899, 1' Semestre. (T. CXXIX, N" 16.) 76
( 568 )
» Soit un flotteur que je suppose fermé, renfermant dans son intérieur
des surfaces fermées S,, S. S„ invariablement liées au flotteur et par-
tiellement remplies de liquides homogènes de densités quelconques.
Appelons-/; le poids du flotteur sans liquides, p,, p-^t • • ■ . Pn 1^^ poids des
liquides contenus respectivement dans les surfaces S,, S^, . . ., S„ ; le poids
total du flotteur est dès lors
» Soient nr le poids de l'unité de volume du liquide dans lequel le flot-
teur est immergé et V le volume immergé. Il est évident que les conditions
d'équilibre sont les suivantes :
» 1° Les surfaces de tous les liquides doivent être horizontales;
» 2" On doit avoir
» 3° Le centre C de la carène immergée et le centre de gravité G de
tout le flotteur doivent être sur une même verticale.
» Laissons de côté seulement la dernière condition, et supposons qu'on
donne au flotteur toutes les orientations possibles sous la condition vsV =; P,
les surfaces des liquides étant constamment horizontales. Cherchons, dans
ces conditions, le lieu du point C et celui du point G par rapport au flotteur.
D'après les théorèmes de Dupin, le lieu du point C est la surface (C) des
centres de carène : dans chaque position du flotteur, le plan tangent à
cette surface au point C est horizontal. De même le lieu du centre de gra-
vité C, d'un quelconque des liquides /o, est une surface (C,) dont le plan
tangent, dans chaque position du flotteur, est horizontal : toutes ces sur-
faces sont convexes. Dans ces conditions le lieu du centre de gravité total G
du système formé par le flotteur et les liquides est une surface (G), et il est
facile de voir que le plan tangent a celte surface au point G correspondant
à une position quelconque du flotteur est horizontal. Cette surface (G) est
convexe comme (C,), (Co) ... (C„), Les deux surfaces (C) et (G) étant
supposées construites, pour qu'il y ait équilibre dans une position ilonnée,
il faut et il suffit que la droite GC soit verticale, et, comme les plans tan-
gents en G et C sont horizontaux, il faut et U suflît que GC soit une nor-
male commune aux deux surfaces.
» Slabilué. — Pour discutej- la stabilité, appliquons le mode de raison-
nement de M. Guyou.
f 56q )
« Les positions stables sont celles dans lesquelles le centre de gravité de
lont le système, flotteur, liquides intérieurs, liquide extérieur, est le plus
bas possible.
)> i" Quelle que soit l'orientation du flotteur, on fait descendre le centre
de gravité en rendant les surfaces libres de tous les liquides horizontales.
» 3." La condition précédente étant remplie, si l'on descend le flotteur
parallèlement à lui-même, le centre de gravité descend jusqu'au moment
où rô V ^ P, pour remonter ensuite.
» 3" Les conditions précédentes étant remplies, inclinons le flotteur :
le minimum de la hauteur du centre de gravité total a lieu en même temps
que le minimum de la distance du point G au plan tangent à la surfnce C.
» On est donc ramené à ce problème de Géométrie : Etant données deux
surfaces ((1) et (G), trouver la plus courte distance d'un point de (G) au plan
tangent à (C).
» Supposons que l'on réalise matériellement ces deux surfaces (C) et (G),
invariablement liées l'une à l'autre, avec une substance sans poids : pla-
çons stu" la surface (G) un point matériel assujetti à glisser sans frottement
sur cette surface. Les orientations du flottein-, dans l'équilibre, sont les
mêmes que les orientations du système pesant ainsi formé reposant par la
surface (C) sur un plan horizontal fixe.
M S'il n'y a pas de liquides intérieurs, la siu'face (G) est un point et Ton
retrouve les résultats de M. Gtiyou.
» Remarque. — Si, au lieu de supposer toutes les surlaces des liquides
/?,, p.,, ..., p„ planes et parallèles, on leur donnait des formes quel-
concjues, le centre de gravité G se déplacerait d'une manière continue de
façon à occuper successivement les diverses positions de l'intérieur de la
surface (G).
» On pourrait donc dire aussi qu'il s'agit de trouver la plus courte
dislance d'un point G de ce volume au plan tangent à la surface (C). Il est
évident, en eflet, que le minimum ne peut avoir lieu que si le point G est
sur la surface (G) et les plans tangents en G et C parallèles. »
OPTIQUE. — Méthode pour la mise au point d'un collimateur.
Noie de M. G. Lippmann.
ic Mettre au point un collimateur, c'est amener la fente dans le plan
local de l'objectif, afin que l'image de cette fente soit rejetée à l'infini. On
( '''70 )
opère ce réglage par la méthode suivante, qui m'a paru précise. On éclaire
la fente et l'on observe son image dans nne lunette auxiliaire. Entre le col-
limateur et la lunette on intercale un hilame, c'est-à-dire le système de
deux lames de verre à faces planes et parallèles, inclinées l'une et l'autre
sur le faisceau lumineux d'environ 4j"» ^^ î> P^u près perpendiculaires
entre elles. L'intersection des deux lames est parallèle à la fente.
)) Le bilame dédouble par réfrartion l'image de la fente, et donne deux
images écartées l'une à droite, l'autre à gauche de l'image primitive. L'in-
tervalle linéaire entre les demi-images est constant et proportionnel à
l'épaisseur du bilame; il demeure le même quel que soit le tirage. Donc,
tant que le réglage n'est pas parfait, on voit deux images de la fente. Lorsque
le réglage devient parfait, les deux images paraissent se rapprocher jus-
qu'à se confondre; l'intervalle linéaire qui les sépare est demeuré con-
stant; mais il est vu sous un angle nul lorsque le système des deux images
est rejeté à l'infini. L'opération consiste donc à faire varier le tirage jusqu'à
ce que les deux images ])araissent se confondre.
» Si l'on savait tailler des lames de verre à faces planes et exactement
parallèles, ime lame unique pourrait remplacer le bilame, à condition seu-
lement de l'intercaler sur le passage de la moitié des faisceaux lumineux.
Mais on ne peut pas compter sur un parallélisme parfait : une lame de
verre à faces planes est en réalité uu prisme d'angle très petit. C'est pour
cette raison qu'il convient d'employer un bilame fait de deux lames décou-
pées dans un même disque de glace. L'intersection du plan des deux lames
doit être perpendiculaire à l'arête du prisme primitif. Le plan de section
devient dès lors un plan de symétrie du bilame, et l'effet de la déviation
prismatique se trouve éliminé.
» La précision obtenue n'est limitée que par le pouvoir séparateur de
l'instrument. C'est d'ailleurs une limite qu'il serait inutile de dépasser. »
CHIMIE MINÉRALE. — Production d' ozone par la décomposition de l' eau
au moyen du fluor. Note de M. Henri Moissax.
« Lorsque, dans une réaction, l'oxygène est mis en liberté à basse tem-
pérature, on peut remarquer que ce corps simple se polymérise avec la
plus grande facilité et qu'il se forme de l'ozone. Nous citerons comme
exemple l'action de l'acide sulfurique sur le bioxyde de baryum ou sur le
( ^7^ >
permanganate de potassium. Il est vrai que si la réaction produit quelque
dégagement de chaleur, l'ozone se détruit, et nous n'en retrouvons plus
que des traces. A cause même de l'instabilité de l'ozone à la température
ordinaire sa destruction peut être totale.
» L'action du fluor sur l'eau vient apporter une nouvelle preuve de cette
facile polymérisation de l'oxygène à basse température.
» Nous avons démontré, en 1891, que le fluor en présence de l'eau à la
température ordinaire décomposait ce liquide, avec formation d'acide
fluorhvdrique et d'ozone. Nous avons même fait remarquer qu'en laissant
tomber quelques gouttes d'eau au milieu d'une atmosphère de fluor, l'ozone
qui se produisait était assez concentré pour apparaître avec la belle
couleur bleue indiquée par MM. Hautefeuilie et Chappuis.
» Nous avons répété ces expériences au moyen d'un courant de fluor
plus abondant, préparé dans un appareil en cuivre. Nous avons pu ainsi
faire passer un grand volume de fluor dans une petite quantité d'eau.
» Le fluor est amené, par un petit tube de platine, dans un barboteur
à eau maintenu à la température constante de 0°. Il passe ensuite dans un
ballon de Chancel à fond rond, tel que ceux qui sont utilisés pour prendre
la densité des gaz.
» Lorsque l'appareil de Chancel est rempli par déplacement d'oxygène
ozonisé, on titre ce dernier au moyen d'une solution d'iodure de po-
tassium, en présence d'un excès d'acide sulfurique, pour éviter la for-
mation d'iodate. L'iode mis en liberté est enfin dosé par l'hyposulfite de
sodium.
» Pour introduire la solution d'iode dans le ballon, sans perdre d'ozone,
on dispose sur la tubulure centrale un entonnoir effilé dans lequel on verse
le liquide, additionné d'acide sulfurique. On refroidit ensuite assez for-
tement le ballon, au moyen d'acide carbonique solide et d'acétone. Le
gaz se contracte, et en ouvrant le robinet le liquide pénètre dans l'in-
térieur.
» La solution d'iodure de potassium dans l'acide sulfurique est intro-
duite ainsi en plusieurs fois, jusqu'au moment où le gaz ne colore plus
l'iodure de potassium. On reconnaît la fin de la réaction en portant le
ballon à la température du laboratoire et en laissant passer, grâce au ro-
binet, une bulle de gaz dans la solution d'iodure qui se trouve dans l'en-
tonnoir. Cette bnlle ne doit produire aucune coloration. Après agitation,
on débouche le ballon et l'iode libre est dosé par l'hyposulfite.
( ''7^ )
» Nons citerons, comme exemple, les expériences suivantes, qui ont
été conduites avec beaucoup de régularité :
Ozone par litre.
Durée -^^^^—^ .^ ^,
de l'expérience. En volume. En poids.
1" Cinq minules 56,3 0,19.07
2° Dix minules 90,7 0,1945
3° Trente minutes '43,9 o,3q85
En ramenant à loo"" nous avons:
i" Cinq minutes, en volume 5,63
2" Dix » Il 9)07
3" Trente )■ « i4,39
« D'après cette expérience, la teneur en ozone du gaz produit était en
volume de i4>39 pour 100. A partir de ce moment la quantité d'ozone
reste à peu prés constante. Ainsi que ces chiffres l'indiquent, c'est une
proportion assez élevée. En réalité, la concentration de l'ozone produit
par le fluor au contact de l'eau est plus grande que celle qui est fournie
par les analvses précédentes. En effet, le déplacement de l'air du ballon
])ar l'ozone exige un temps assez long, pendant lequel l'ozone concentré
se décompose.
» D'autre part, l'influence de la vitesse du courant est très grande. Dans
nos expériences, cette vitesse était de 3'" à l'heure. Plus le courant de
fluor sera rapide, en ayant bien soin toutefois de refroidir l'eau à la tem-
pérature de 0°, et plus la concentration de l'ozone sera forte.
» Il se fait ici un équilibre entre les deux réactions suivantes :
» 1" Formation d'ozone bleu par décomposition de l'eau par un excès
de fluor;
» 2" Destruction de l'ozone par l'élévation de la température ambiante.
» Dans plusieurs séries d'expériences, lorsque la vitesse du courant de
fluor est inférieure à 3'" par heure, la teneur de l'oxygène en ozone variait
de 10 à 12 pour 100. Dans d'autres expériences, où l'on ne refroidissait
pas l'ampoule qui contient l'eau à la température de o", la teneur en ozone
était beaucoup moins élevée.
« Cette formation si facile de l'ozone concentré par l'action du fluor sur
l'eau, à la température de o", pourrait peut-être devenir le point de départ
de quelques applications.
» La préparation du fluor par voie éleclrolytique est encore délicate.
( 5?^ )
mais elle n'est point coûteuse. De plus, l'ozone ainsi obtenu ne renferme
pas trace de composés oxygénés de l'azote. Nous évitons dans cette forma-
tion de l'ozone toute réaction secondaire, et si cette nouvelle préparation
devenait industrielle, elle mettrait en évidence la grande activité chimique
du gaz fluor. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Des qualités piéventives du sérum sanguin
d'une génisse immunisée contre la péripneumonie contagieuse des Bondes.
Note de MM. S. Arloisg et Dcpuez.
« I. M. Willemsa montré depuis longtemps que l'on pouvait immuniser
les Bovidés contre la péripneumonie contagieuse en inoculant la sérosité
des lésions pulmonaires, par scarifications, au voisinage de l'extrémité
libre de la région coccygienne. L'opération, simple par elle-même, déter-
mine parfois des tuméfactions spécifiques souvent mortelles, toujours
mutilantes.
» En outre, la pratique a démontré que l'inoculation willemsienne de-
mande un certain temps pour développer ses effets préventifs, pendant
lequel les sujets restent exposés à la contagion.
» Il y a donc lieu de chercher un procédé d'immunisation comparable,
dans ses résultats, à celui de Willems, mais plus prompt dans ses effets et
sans danger. I/un de nous a déjà fait, dans cette voie, des tentatives in-
fructueuses. En attendant que l'on trouve ce moyen idéal pour conférer
une immunilc durable, peut-être serait-il |)ossible de communiquer rapi-
dement et sans danger une immunité passagère qui mettrait les Bovidés
à l'abri : i" de l'infection naturelle pendant le développement des effets
bienfaisants de l'inoculation v/illemsienne; 2" des accidents graves qui,
parfois, suivent cette inoculation.
» Le sérum sanguin d'une génisse ou d'un bœuf fortement immunisé
nous semblait, a priori, devoir posséder les qualités nécessaires à l'obten-
tion de ce double résultat.
» II. Il s'agissait donc d'abord de préparer un sujet producteur de sérum.
» Nous avons entrepris cette préparation depuis le mois de juillet 1896,
sur une génisse de race charoUaise.
n L'iiimiunisalioii de cette bêle a été commencée par i'inoculalion de Willems vers
l'exlrémilé de la région coccygieu'ie. Après le délai réclamé par l'évolution de raction
( '574 )
préventive, on a fait une série d'injections de très faibles doses de sérosité pulmo-
naire dans le tissu conjonctif sous-cutané de la queue. L'état de l'animal continuant
à se maintenir très satisfaisant à la suite de ces inoculations, on se risque à en faire
de nouvelles, à doses plus fortes, dans des régions où le tissu conjonctif sous-cutané
est lâche et abondant, telles que l'encolure, la face latérale du thorax, et de l'abdomen.
La quantité de sérum injectée en un seul point s'est élevée, dans les derniers temps, à
So'^S 4o" et So'^'^.
» Les injections ont toujours été rapprochées par groupes. Entre chaque groupe, on
laissait reposer le sujet. Les groupes d'injections produisaient une oscillation de la
température centrale : celle-ci s'élevait peu à peu jusqu'à i" au-dessus de la normale
au fur et à mesure que les injections se multipliaient, puis elle revenait à l'initiale,
en dépit de l'introduction de nouvelles doses de sérosité. La plupart des injections ne
causaient pas de réaction locale; mais quelques-unes déterminaient un gonflement
chaud, oedémateux, douloureux, qui, d'ordinaire, disparaissait entièrement au bout de
quelques jours, d'autres fois était suivi d'une induration lente à se résorber; jamais
elles n'ont produit de nécrose ou de séquestre.
» Somme toute, nous possédotis acluellement un animal de l'esjîèce
bovine qui tolère, dans son tissu conjonctif, des doses de sérosité viru-
lente cent fois et même cinq cents fois plus fortes que la dose capable d'en-
traîner des tumeurs mortelles sur un sujet vierge.
» C'est de ce sujet que nous avons retiré le sérum qui fut essayé dans
les circonstances suivantes.
» III. Une première expérience devait nous renseigner sur la valeur
préventive du sérum de la génisse contre l'infection naturelle. A l'époque
où ce sérum a été retiré, l'immunisation de la génisse était moins forte
qu'elle ne l'est aujourd'hui.
» Dans ce but, six vaches bretonnes sont aciietées dans le département du Mor-
bihan et dans une région exemple de péripneumonie. Elles sont transportées aux en-
virons de Paris, dans une étable où la péripneumonie n'a jamais été constatée. Ces
bêtes sont destinées à être introduites le lendemain dans un foyer de contagion. Mais,
auparavant, elles sont divisées en trois lots : les vaches 1 et 2 recevront une seule
injection sous-cutanée de sérum à la dose de ao"^"^; les vaches 3 et 4 recevront aussi
une injection avant leur introduction dans l'élable contaminée et, déplus, des injec-
tions successives pendant toute la durée du séjour dans le milieu infectieux ; les
vaches 5 et 6 seront exposées intactes à la contagion.
)i L'expérience a duré quatre mois. Au bout d'un mois et demi, la vache témoin
n° 6 contracta la péripneumonie. Au bout de deux mois et demi, la vache n° 1 ayant
reçu une seule injection de sérum devint malade à son tour. Malheureusement, l'in-
fection naturelle borna là ses ravages ; aucune des autres vaches n'a été contaminée,
( 57'! )
ainsi que l'examen nécropsique ultérieur l'a démontré. Si la majorité des animaux
soumis à l'action du sérum a échappé à la contagion, on trouve également une bêle
indemne pyrnii les deux témoins.
» L'expérience n'est donc pas concluante, et, depuis qu'elle a été faite,
nous n'avons pas rencontré d'occasion propice pour la répéter. Par consé-
quent, sur la question de l'immunisation temporaire contre l'infection
naturelle par le sérum d'une génisse vaccinée, nous sommes tenus à une
grande réserve.
» IV. La seconde expérience devait nous renseigner sur la valeur pré-
ventive du sérum contre les effets mortels de la sérosité pulmonaire viru-
lente, injectée dans les madles du tissu conjonctif. Par la manière dont elle
a été conduite, elle peut aussi nous renseigner, dans une certaine mesure,
sur la valeur curative du sérum immunisé.
» Cette expérience a porté sur six vaches bretonnes, qui toutes ont reçu une forte
dose de sérosité péripneumonique (2""!,) sous la peau de l'encolure. Mais il avait été
convenu que les vaches 1 et 2 recevraient préalablement une injection de 10"" de
sérum, que les vaches 3 et 4 recevraient préalablement quatre injections semblables,
et que les n"* 5 et 6 recevraient une injection avant l'inoculation virulente et trois au
cours de la période silencieuse qui s'écoule habituellement entre cette dernière et
l'apparition de la tumeur spécifique.
>' Vingt jours francs ont séparé la première injection de sérum de l'inoculation de
la sérosité virulente. Comme la dose de sérosité employée à l'inoculation était relati-
vement très forte, la tuméfaction locale s'est montrée presque immédiatement, mais
son évolution a été différente suivant les animaux.
» Sur les sujets 1 et 2, elle prit rapidement une grande extension, si bien que,
douze jours après l'inoculation, pour l'un, et quatorze jours, pour l'autre, on se
décida à sacrifier les malades dont la vie était sérieusement menacée. Chez la vache
n° 2, la tumeur locale s'accompagnait d'un gonflement mou et douloureux de l'articu-
lation fémoro-tibiale droite.
» Sur les sujets 3 e*- 4, les suites de l'inoculation virulente n'eurent pas les mêmes
conséquences. On crut devoir abattre le n" A, dont la tumeur était très étendue et dont
l'état général était devenu très grave. Quant au n" 3, après avoir donné de vives
inquiétudes, il finit par se rétablir. La tumeur se circonscrivit et se transforma en un
abcès.
» Les sujets 5 et G surmontèrent tous les deux des accidents locaux très sérieux.
Après avoir manifesté des tendances envahissantes, les tumeurs se délimitèrent à leur
pourtour, : 'ouvrirent dans quelques points de leur surface, d'où elles laissèrent échap-
per des fragments de tissus nécrosés. Seulement, malgré ces bruyantes réactions
locales, l'étal général des sujets o et 6 ne cessa jamais d'être satisfaisant.
C. R., 1899, 2» Semestre. (T. CXXIX, N° 16.) 77
(576)
» Il n'est pas douteux que, dans cette expérience, nous ayons obtenu
des effets préventifs et même curatifs, mais au prix de plusieurs injections
et surtout d'injections faites pendant la période latente et l'évolution des
tumeurs spécifiques. Si faible que soit la manifestation de ces effets, elle
permet de compter sur un résultat meilleur, lorsque nous pourrons
employer un sérum plus immunisant.
» V. Disons donc, en terminant, que si nous ne pouvons pas affirmer
aujourd'hui la possibilité de créer une immunité passive capable de prévenir
temporairement l'infection naturelle dans un milieu où sévit la péripneu-
monie contagieuse, nous nous croyons en mesure d'avancer que le sérum
sanguin d'un sujet immunisé contre la péripneumonie nous est un moyen
préventif ou curatif d'atténuer les inconvénients de l'inoculation willem-
sienne.
» Les expériences relatées dans cette Note ont été faites avec le concours
de M. Galibert et de M. Mestre, vétérinaires sanitaires du département de
la Seine, à qui nous adressons nos vifs remercîments. »
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, la deuxième édition du « Traité de Phvsique élémen-
taire », de M. Ed. Branly. (Présenté par M. de Lapparent.)
M. le Ministre des Affaires étrangères informe l'Académie, par l'en-
tremise de M. le Ministre de l'Instruction publique, que le « Cercle indus-
triel agricole et commercial » de Milan a décidé d'offrir une médaille d'or
à l'inventeur du meilleur appareil, ou à la personne qui fera connaître la
mesure la plus efficace, contre les accidents du travail des ouvriers électri-
ciens. Le concours ouvert à cet effet est international.
M. le 3ii\isTRE DES Affaires étrangères communique le Rapport sui-
vant du Consul général de France à Smyrne, sur un tremblement de terre
survenu dans cette ville et en Anatolie, dans la nuit du 19 au 20 sep-
tembre dernier :
» Une violente secousse de tremblemen', de terre a été ressentie à Smvrne et
en
( '77 )
Analolie, celte nuit, à 4'' • 'e mouvement a eu une durée de quarante-cinq secondes,
et il était accompagné de bruits souterrains.
» Ainsi que l'indique le graphique que Votre Excellence trouvera ci-joint et dont je
dois la communication aux. RR. PP. Lazaristes, les lignes de plus longue amplitude du
trouble sismique s'inscrivent dans le sens nord-est-sud-ouest, alors que de nombreux
enregistrements suivent une direction plus voisine de nord-sud. Au commencement du
phénomène, des secousses, qui correspondraient à un mouvement vertical, ont été
remarquées par un certain nombre de personnes.
» Les dégâts, pour Smyrne, se bornent à la chute de quelques pans de mur dans
les quartiers de Mortakia : aucun accident de personne n'est à déplorer.
» Il n'en est pas de même, malheureusement, en ce qui concerne beaucoup de loca-
lités de l'intérieur. Si le tremblement de terre a été ressenti sans accident sur la côte
d'Anatolie et dans les îles, ses conséquences ont été désastreuses dans la vallée
du Méandre. D'après les renseignements parvenus à la direction du chenain de fer
d'Aïdin, renseignements confirmés en grande partie par des informations de source
officielle, le tremblement de terre de septembre 1S99 aura été un des plus violents que
l'on ait eu à enregistrer dans ce pays : à Aïdin même, les maisons écroulées ne
se comptent pas. Une partie de la ville est détruite, le nombre des cadavres trouvés sous
les décombres est de plus de vingt-cinq, alors que les recherches ne font que com-
mencer. En remontant le cours du Méandre, on signale à Nazli vingt morts et quantité
d'immeubles endommagés; à Ortakché, la ville est complètement ruinée; le nombre
des victimes serait de cent personnes. Seraïkeny, Denizli ont également souffert, sans
que l'on puisse, jusqu'à présent, se rendre compte du nombre d'individus qui ont
perdu la vie dans la catastrophe. L'incendie est venu généralement lendre celle-ci plus
terrible : ses conséquences se feront vivement sentir, à une époque où toute la popu-
lation valide doit consacrer son activité à la rentrée des récoltes dans la région qui
vient d'être si cruellement éprouvée, n
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Giacobini (29 septembre 1899),
faites à r obseri'atoire d'Alger, à l' équatorial coudé de o", 3i6 d'ouverture,
par MM. R.4.mbaud et Sv, présentées par M. Lœwy.
Comète. — Étoile.
Dates.
Ascension
Nombre
de
1899.
Étoiles.
droite.
Déclinaison.
compar.
Obseiv.
Octobre 2. .
a
m s
— 0.42,07
-f- 3.37,4
12:12
S
2 . .
a
— - 0.41,08
-h 3.5o,5
12:12
R
4..
.. b
-- 2.36,84
-Hi6.37,2
12: 8
R
4..
.. b
— 2.35,73
H-i6.54,6
12: 8
S
( 578 )
Positions des étoiles de comparaison.
Ascens. droite Déclinaison
Dates. moyenne Réduction moyenne Réduction
1899. • 1899,0. au jour. 1899,0. au jour,
h m s s 0 . .,
Oct. 2.. a i6.33. 6,56 4- 2,77 — 4-23. 22,0 — 0,9
Autorités.
j ^[Manich,, n» 12824 + Radcliffe,,
j n°432i.
, , ^ 5 t /• 2 te o ri ifSchi., Il" 5c)i8 -|-Munichi,n"' 12048
4.. /. .6.37.52,97 +^,1^ -3.57.00,7 -0,4 p'^.F[adcliffe3,no4346]
Positions apparentes de la comète.
Dates.
1899.
Oct. 2
2. . . .
4....
4....
Temps
moyen
d'Alger.
h m s
7. 16.28
7.32.49
7.27.28
7.49. 2
Ascension
droite
apparente,
h m s
16.82.27, 26
16.82.28,25
16. 85. 18,89
16.35.20,00
Log. fa et.
parallaxe.
7,574
1,596
7,628
Déclinaison
apparente.
— 4.19.45,5
— 4.19.82,4
— 3.40. 58, 9
— 3.40.86,5
Log. fact.
pai'allaxe.
0,747
0,745
0,742
0,788
GÉOMÉTRIE. — Sur un problème relatif aux congruences de droites.
Note de M. E. Gouhsat, présentée par M. Darboux.
« Dans une Note récente {Comptes rendus, 24 juillet 1899; p. 201),
M. Demoulin a proposé la question suivante, due à M. Bricard : Établir
entre deux droites la correspondance la plus générale telle que, si l'une d'elles
engendre une congruence de normales, il en soit de même de l'autre. La solu-
tion de ce problème, que je vais indiquer succinctement, offre une appli-
cation intéressante de la théorie des transformations de contact.
» Soient (m,, «2, j/,, m,, ) les coordonnées d'une droite; si ces coor-
données sont fonctions de deux paramètres variables p, p,, la droite décrira
une congruence. En choisissant convenablement les coordonnées u^, u^,
«3, u^, la condition pour qu'une droite engendre une congruence de nor-
males est la suivante : a, c^w, + u.idu^ doit être une différentielle exacte. Par
exemple, si l'on écrit les équations d'une droite
a; = a -t-
X = è -f
y/i — «»— P«
( 579 )
cette droite engendrera une congnience de nornaales, pourvu que
(x.da -^ <^db
soit une différentielle exacte. Cette condition ne changeant pas quand on
permute a et «, Z> et [3, on en déduit immédiatement une tiansformation
particulière répondant à la question.
» Le problème proposé par M. Bricard conduit donc au problème sui-
vant d'Analyse : Trouver loules les transformations
(0
P= o,{x,y,p,q), V.,=:^.^{x,y,p,q),
telles que 1V/X-|-Q6?Y soit une différentielle exacte toutes les fois que
p dx -[- q dy est une différentielle exacte (on suppose, bien entendu, que x,
r./7, 7 sont remplacées par des fonctions de deux paramètres A^ariables p, p,).
» Un calcul élémentaire montre que les conditions nécessaires et suffi-
santes pour qu'il en soit ainsi sont exprimées par les cinq relations
D(X.P) D(Y,Q) ^ D(X,P) D(Y, Q) _
D(x,r) ^ D(x,j) ' T>{x,q) '^ D{œ,q) " '^•
(.\ I D(^'P) I D(Y>Q)_o D(X,P) D(Y,Q)
^-^ \ D{y,p) ^ B{y,p) "' B{p,q) ^ B{p,q) ^ °'
D(X,P) _ D(Y,Q) ^ D(X,P) ^ D(Y,Q)
D(^,/)) ' D(^,/>) D(j,,/) ■ D(y,q)'
on déduit aisément des formules (2) que l'on a une identité de la forme
(3) \'dX-hQdY = A(pdx-hqdy)^df,
A étant une constante, et f(x,y,p, q) une fonction quelconque de x,y,
p, q. Si l'on pose maintenant
(4) Z = Az^f(x,y,p,q),
l'identité (3) devient
(5) dZ-PdX:-qdY = A(ds ~pdx^~qdy),
et par conséquent les formules 0) et (4) définissent une transformation de
contact en (x,p). Lu réciproque est évidente.
» On voit donc qu'à toute transformation de contact en (a?, />) de l'espace
à trois dimensions correspond un mode de correspondance entre deux droites qui
( 58o )
change toute congruence de normales en une nouvelle congruence de normales,
et réciproquement .
» Comme on connaît toutes les transformations de contact en (a-, p), on
a par là même la solution analytique complète de la question proposée par
M. Bricard. En supposant A = — i, ce qui revient à changer X en — AX,
et Y en — AY, les formules qui donnent X, Y, P, Q en fonction de x, y,
p, q ont l'une des trois formes suivantes :
» Première forme :
,., dY d¥ ॠ^ <^F n
(^) Tx=P' Ty = 'i' ^=^' ^Y=Q'
F (a;, y, X, Y) étant une fonction arbitraire des quatre variables x,y, X, Y;
» Deuxième forme :
dY dF àY ^ dY ^
(7) l dY, ôYj^ dV^ dY^ '
' â.v dy dX dY
F,(x-,y, X, Y) = o,
F{x, y, X, Y) et F, (x, y, X, X ) étant deux fonctions arbitraires;
» Troisième forme :
1X=/,(..,J), Y==Mx,y).
/,(x,y),/.,(x,y), /six, y) étant trois fonctions arbitraires des deux va-
riables X et y. »
GÉOMÉTRIE. — Sur la classification des groupes projecti/s de l'espace
à n dimensions. Note de M. F. Marotte, présentée par M. Dar-
boux.
« I. Dans ma Thèse de doctorat (Annales de la Faculté des Sciences de
Toulouse, 1898), j'ai montré comment on pouvait trouver delà façon la
plus simple le groupe de rationalité d'une équation différentielle linéaire,
d'ordre inférieur ou égal à quatre.
( 58i )
» Ma méthode était basée, pour les équations du quatrième ordre, sur
le théorème suivant :
)) Les groupes projectif s rie. l'espace à trois dimensions se partagent en deux
catégories :
» La première comprend les groupes qui laissent invariable une multiplicité
ponctuelle. Dans ce cas, ils laissent aussi invariable ou un point, ou une
droite, ou un plan, ou une cubique gauche, ou une quadrique non dégénérée.
» La deuxième comprend seulement le groupe d'un complexe linéaire et le
groupe projectif général.
» Cet énoncé, que j'avais déduit des résultats obtenus par M. Lie, fait
connaître les plus grands sous-groupes de l'espace à trois dimensions. J'ai
montré (/oc. cit.) comment la simplicité des invariants différentiels carac-
téristiques de chacun de ces groupes permettait l'étude des cas de réduction
d'une équation linéaire donnée.
)) II. On ne pouvait songer, pour étendre ces recherches à l'espace à
n dimensions, à employer la méthode de M. Lie. Il fallait trouver un pro-
cédé direct, basé sur un caraclère simple et essentiel.
M Je le trouvai dans le fait que les figures géométriques énumérées plus
haut : point, droite, plan, cubique gauche, quadrique non dégénérée,
complexe linéaire, noni, au point de vue projectif, aucune singularité. D'une
façon générale, je puis énoncer le principe suivant :
» Si une figure géométrique M, , ponctuelle ou non, reste invariable par un
groupe projectif G , l'ensemble de ses éléments singuliers forme une multiplicité
Ma, invariable par le groupe G. Ainsi, lorsqu'une courbe reste invariable
par un groupe projectif, l'ensemble de ses points doubles, de ses points
d'inflexion reste aussi invariable par ce groupe.
» Appliquons la même remarque à la multiplicité Mo, au cas où elle
existe, et ainsi de suite. Nous arriverons nécessairement à une multiplicité
M^, sans éléments singuliers, qui reste invariable par le groupe G.
» Nous sommes donc ramenés à chercher les multiplicités, ponctuelles ou
non, sans éléments singuliers.
» Il est curieux de constater que cette simple restriction limite étroite-
ment, et d'une façon définitive, le champ des recherches. Par exemple,
les seules multiplicités ponctuelles sans singularités projectives de l'espace
à trois dimensions sont le point, la droite, le plan, la cubique gauche, la
quadrique non dégénérée; ce sont précisément les multiplicités que nous
avons rencontrées plus haut.
» IIL L'application systématique du principe énoncé permet d'obtenir
( 58:? )
une classification des groupes projectifs de l'espace à n dimensions R„. Je me
bornerai ici à l'élude des groupes continus qui laissent invariable une mul-
tiplicité ponctuelle, réservant pour une prochaine Communication l'étude
des autres groupes.
)) a. Tout groupe projectif, qui laisse invariable une multiplicité ponctuelle,
laisse aussi invariable une multiplicité ponctuelle algébrique.
» b. Toute multiplicité ponctuelle algébrique, invariable par un groupe pro-
jectif, est unicursale, ou bien est décomposable en multiplicités umcursales, sé-
parément invariables par le même groupe.
» c. Les multiplicités unicursales de R„ qui n'ont pas de singularités pro-
jectives sont :
» Les multiplicités planes à o, i, 2, ..., n — i dimensions;
)) Les multiplicités unicursales de degré minimum M,^^,^^^ de degré p et à
n -h i — p dimensions. (Certaines de ces multiplicités peuvent avoir des singu-
larités projectives.)
» d. Tout groupe projectif de R„ , qui laisse invariable une multiphcité
ponctuelle, laisse cmssi invariable une au moins des multiplicités énumérées
en c.
» e. Ces multiplicités admettent effectivement un groupe projectif.
)) IV . Pour mieux préciser le sens de ces énoncés, cherchons ce qu'ils
deviennent pour l'espace à quatre dimensions R,.
)) Tout groupe projectif de R.,, qui laisse invariable une multiplicité
ponctuelle, laisse aussi invariable ou une uudtiplicité plane, ou l'une des
multiplicités M3, M^, M], à trois, deux et une dimensions, et respective-
ment de degrés deux, trois et quatre.
)) Ces trois dernières multiplicités admettent respectivement des groupes
projectifs à 10, 6 et 3 paramètres.
» Ajoutons que la multiplicité M!!, à deux dimensions et de degrés trois,
est une multiplicité réglée, dont toutes les génératrices présentent une
droite singulière qui, par suite, reste invariable par le groupe qu'ad-
met Mj. Notre énoncé devient donc :
)) Tout groupe projectif de R,, (]ui laisse invariable une multiplicité ponc-
tuelle, laisse aussi invariable ou une multiplicité plane, ou l'une des multipli-
cités M; , M'; .
» Ce résultat a déjà été obtenu par M. G. Kowalewski (Leipziger
Berichte, p. 1 13; 1899), qui ajoute que le seul groupe projectif de R„, qui
ne laisse invariable aucune multiplicité ponctuelle, est le groupe projectif
général.
( 583 )
» Ce dernier résultat peul aussi être obtenu par la uiéthode que j'iti-
dique ici; je le montrerai en m' occupant en général des groupes projectits
de l'espace à n dimensions qui ne laissent invariable aucune multiplicité
ponctuelle. »
GÉOMÉTRIE. — Théorème sur le nombre de racines d'une équation algébrique,
comprises à l'intérieur d'une circonférence donnée. Note de M. Michel
Petuovitcu, présentée par M. Hermite.
« Soit F (a?) = o une équation algébrique de degré m, à racines réelles
ou imaginaires, égales ou inégales. Soit ensuite C une circonférence donnée
de rayon /■, ayant l'origine pour centre. Décrivons de part et d'autre
de C deux circonférences C. et C,, ayant l'origine pour centre, de rayons
respectifs r, et ^3 (avec '', ■<^<!^2). et telles que la couronne qu'elles
limitent ne contienne aucune racine de F(r) =; o.
» Remarquons que la détermination de r, et r^ pour /• donné revient, par
exemple, à la détermination d'une limite supérieure des racines négatives
et d'une limite inférieure des racines positives d'une certaine équation
algébrique.
» Soit n le plus petit nombre entier supérieur à la quantité toujours
positive
(i) I log(4w + i) ^
^ ^ 2 ■ / /■, — '• ■-
log I +
I '
'■2 4- '"i
» Formons la transformée de F (a;) = 0 en x = t\/y et soit
(2) $(j,0 = o
cette transformée. Formons ensuite la transformée de (2) en y = y^
puis la transformée de celle-ci en z-, = s/:-.,, ensuite la transformée de cette
dernière en z-.^= \z^ et répétons cette opération jusqu'à la transformée
d'ordre n, que nous désignerons par
(3) W(z„t) = o,
W étant un polynôme en :;„ et t, de degré 7n en z„.
» Désignons par >.„ le nombre qu'on obtient en posant
dans la dérivée logarithmique de T par rapport à :;„.
c. R., 1899, 2« Semestre. (T. CXXl.X, N° 16.) 78
• '->R
( 584 )
» On aura alors le théorème suivant :
» Le nombre de racines de F(op) = o, comprises à l'intérieur de la circon-
férence C, est égal à la partie entière du nombre !„-{- .'.
)) En effet, l'équation (3) n'est autre que la transformée de F(^) = o
en œ := ^z^'""^"; par suite, en désignant par a, les racines de F{x') = o,
on aura
m
d ou
m
où l'on a posé pour abréger
» Soient 1,2, ..., p les indices des racines intérieures, /> + i, p-h 2, ..., m
celles des racines extérieures à la circonférence C. Le nombre/; de racines
intérieures àCest égal au nombre de racines intérieures à la circonférence
de rayon R.
» Soit d'abord a, une racine réelle intérieure. On aura
R ^ R ^''
d'où
^"(r) "-(h) '-(h)
» Si a, et 7.., étaient deux racines intérieures imaginaires conjuguées, en
désignant par p et ± 6 leur module et argument, on aurait
(,) , . _ 4'-(âyco^3(.-.,)0]
d'oii l'on conclut facilement que
I . 2
\^) /p\2(tt-Hi) <^ /aA^I^+'J /a»\-(''+') ^
» D'autre part, on a
'-•-'hj '-(Ît) '-UJ ' VR
R ^ R ^ * '
( 585 )
et, par suite, (8) devient
^ s 2 ^ I I 2
» Les inégalités (G) et (^i i) montrent que
' + li^) i-lw ) 1-1 i^) I , fj
(lo) ^ <y î ^ l-
d'oî
)> Envisageons maintenant les racines extérieures. Pour une telle racine
R -^ R -^ ''
réelle oc^ on a
ou
\ / /f.\Hn+l)'^ /(j^\2(n+I) <C *^
'-'r '- r
» Pour deux racines extérieures, imaginaires conjuguées a^ et a^^, on a,
en désignant par p leur module
'~U; '"U^ '~l"irj ' + (rJ
et, par suite, d'après (11) et (12),
m
(\3) m-/? y I
\ -iCI + l)
» De (5), (10) et (i3) on tire
'>^~P ^ ^ ^ P L m—p
ïï
ou encore
(i4) /) — £<>.„<p + r„
avec
(i5)
> \ 2(H+1)
^>r) ^ — .
■^'ïï
;. \2(«+l)
R/
,• \ 2(n+l)
,^-^ilZ ^_^P
■,. \2{n + l) ' /,. XSd + l)
j . , > \ / 2 \
\Ry VR
( 586 )
» Or on s'assure facilement que, n étant choisi comme il est dit, chaque
terme des seconds membres de(i5)est positif et plus petit que|; par suite
on aura
ou bien, d'après (i4).
P -'^<\<P +5,
ou encore
ce qui démontre le théorème énoncé.
)> Si >.„ était exactement égal à ^ -4- i, où k est un entier, le nombre p
sera ée^al à k ou bien à k-[-i; on le décidera en prenant l„-i au lieu
de >.„. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur les réactions cV induit des alternateurs.
Note de M. A. 1îi,ondel, présentée par M. Potier.
« On considérera, pour préciser, le cas des alternateurs polyphasés,
également chargés dans leurs différents circuits, et l'on supposera, comme
d'habitude, les forces électromotrices et les courants comme suivant sensi-
siblement la loi harmonique. Si l'on néglige les petites pulsations du flux
de réaction de l'induit, le flux est sensiblement constant et fixe dans l'es-
pace. Une partie se ferme à travers les inducteurs et le reste par les pièces
polaires; j'appellerai la première y7M,r direct et la seconde yZwj; transversal.
» Quand le circuit parcouru par le courant de l'alternateur ne présente
aucune self-induction (cas qu'on peut réaliser pratiquement en le faisant
débiter sur des résistances sans induction, mais avec un peu de capacité
qui compense la self-induction intérieure), le courant est en phase avec la
force élecCromotrice, la polarité de l'induit se trouve la même que dans
une dynamo à courant continu dont les balais ne sont pas décalés et, par
conséquent, tout le flux se ferme ti'ansversalement le long de l'entrefer sans
pénétrer dans les noyaux inducteurs. Au contraire, lorsque le circuit est
fermé sur des self-inductions très grandes, de façon que les courants
soient décalés de - par rapport aux forces électromotrices induites, tout se
passe comme dans une machine à courant continu dans laquelle on aurait
décalé le diamètre de commutation de i du pas (longueur d'un double
champ inducteur); il n'y a donc plus du tout de réaction transversale
(sauf les fuites dont on parlera tout à l'heure) et tout le^flux tend à se
fermer par les inducteurs; la réaction est directe.
^
ï>:
( 587 )
)) Le fondement très sim[)le de ma théorie est la proposition suivante :
Pour tout décalage intermédiaire (|/, la réaction de l' induit peut être considérée
comme la résultante d'une réaction directe due au courant déwatté et d'une
reaction transversale due au courant watté. Cela résulte immédiatement de
notre hypothèse de la loi harmonique, car, d'après celle-ci, tout courant
efficace I décalé de t^ par rapport à la force électromolrice est égal à la ré-
sultante d'un courant IcosiJ/ en phase avec la force électromotrice (ou
watté) et d'un courant Isin^j/ en quadrature (ou déwatté). D'après les
remarques précédentes, le premier donne un flux transverse et le second
un flux opposé.
» Il y a en outre à tenir compte des fuites magnétiques, c'est-à-dire des
lignes de force qui se ferment directement dans l'air sans traverser ni les
pièces polaires, ni les inducteurs. Elles sont sensiblement indépendantes
du décalage des courants, car leur intensité est très faible dès qu'on
s'éloigne de la surface de l'induit et de l'entrefer. On peut donc, sans
erreur sensible, admettre qu'elles produisent un champ proportionnel aux
courants et en phase avec eux; l'axe de ce champ se confond avec celui de
la réaction transversale quand le décalage est nul et il se déplace propor-
tionnellement au décalage.
» Ces réactions étant définies qualitativement, il y a encore deux façons
de les exprimer numériquement : par des coefficients de self-induction ou
par des forces magnétomotrices.
» Le premier système peut être appliqué tant que les inducteurs et l'in-
duit sont loin de la saturation, car alors retrancher le flux induit du flux
inducteur équivaut à retrancher les ampères-tours.
» On appellera donc
X un coefficient de self-induclion transversale correspondant au cas des courants watlés;
),' un coefficient de self-induction directe analogue, mais différent numériquement,
correspondant au cas de courants déwatlés;
s un coefficient de self-induction de fuites, représentant l'effet de l'ensemble des fuites
magnétiques.
» L'équation différentielle du courant «dans l'induit en fonction de la force élec-
tromolrice e et de la tension aux bornes (/ (lui, dans la théorie de M. Joubert, s'écrit
. , di
e — Il =z ri-\- l -7-)
dt
deviendra plus i
■igoureusement
^ di , ..di., di
C 'ï«« )
OU, en notntions vectorielles, en posant -7=^ z-r to
[E - /•! + (uXI oosi)/ -I- ojX' 1 sin'l' -!- 10 .çl |.
» Les vecteurs <o>Icos'|, toX'Isio»]; et wsl étant respectivement décalés de — par
rapport aux courants 1 cos'|, I sin^ et I. Cette formule contient donc un terme
(jA'IcosiJ;
qu'a oublié l'école de Kapp.
» On peut écrire plus simplement, en décomposant le dernier terme en ses deuv
composantes et les ajoutant respectivement aux deux réactions principales, c'est-à-dire
en posant
^ = X -f- .?,
\Ez:z rl-h (xill cos'\i + ton'sinij'].
» Aiilrement dit, la réaction d'induit d'un alternateur doit être définie, en
général, par deux coefficients de self-indue lion, ou par trois si l'on l'eut mettre
les fuites à part.
» Dans bien des alternateurs /et /'sont pen différents, et l'on peut alors
se contenter de la première approximation de M. Joubert; dans beaucoup
d'autres la différence est notable par suite des conditions de la construc-
tion telles que : étroitesse de pôles, entrefer supplémentaire dans le circuit
inducteur, etc.; dans tous, la saturation des inducteurs amène une inéga-
lité croissante de / et /' parce que la perméabilité diminue dans les novaux
et par suite aussi V et /' décroissent, tandis que, la réluctance du circuit
transversal se réduisant dans un alternateur sensiblement à celle de l'en-
trefer qui est constante ('), ^ Pt / sont constants (j ne varie pas).
)) Cette variation de /' nous conduit pour les machines saturées à consi-
dérer pour la réaction directe dans le circuit inducteur iXes, forces magnéto-
motrices au lieu d'employer un coefficient de self-induction. On caractéri-
sera dans ce but l'induit par un nombre d'ampères-tours équivalent à la force
magnétomolrice que produisent les courants déwattés. Si l'on appelle N
le nombre de lîls périphériques sur rinduit dans la largeur d'un champ
double, I l'intensité efficace des courants polyphasés, le nombre d'ampères-
(') Vu les faibles inductions employées dans les induits de machines à courants
alternatifs, pour éviter de trop grands échauftements, on peut considérer que les in-
ducteurs seuls peuvent arriver à la saturation.
( 589 )
tours équivalent a pour expression
R-Iv^2,
2 '
R étant un coefficient convenable, dont j'ai donné ailleurs des valeurs, ou
mieux un coefficient calculé d'après les enroulements, en plaçant l'induit
dans sa position de courant déwatté.
M Quant aux coefficients / et s, ils se déduisent eux-mêmes d'un calcul
des forces magnétomotrices le long de l'induit, placé, soit dans l'air seul,
( pour s), soit dans la position du courant watté (pour /)('). »
ÉLECTRICITÉ. — Expériences de télégraphie sans fil, exécutées entre
Chamonix et le sommet du mont Blanc. Note de MM. Jean et Louis
Lecarme, présentée par M. de Lapparent.
« Aucune démonstration satisfaisante n'avant encore établi que la télé-
graphie sans fil fût possible entre deux points d'altitude différente et dans
les hautes régions atmosphériques, nous avons procédé, du i5 au
23 août 1899, à dès expériences entre Chamonix et le mont Blanc.
» Le poste transmetteur (observatoire Vallot, station de Chamonix,
altitude looo"") et le poste récepteur (observatoire Vallot, station des
Bosses, altitude 435o™) sont distants de 12''™ environ à vol d'oiseau : la
différence de niveau est de 3'35o™. Quant à la nature du sol entre ces deux
points, on ne trouve que des micaschistes, dont la partie supérieure est
enlièrement recouverte de glace, sauf à l'emplacement de l'observatoire,
et la partie inférieure de moraines et d'alluvions.
» Le but des expériences était de savoir : 1° si la télégraphie sans fil est
pratiquement possible en montagne; 2" si l'électricité atmosphérique ne
nuirail pas aux communications; 3" si le l'ôle du fil de terre persiste malgré
l'absence d'eau à l'état liquide sur le sol; 4° nous avions également l'inten-
tion d'étudier des orages situés à de grandes distances, mais le temps ne
nous a pas été favorable.
» Poste Iransinelleur. Station de Chamonix. — Le poste transmetteur se corapo-
(') Ces diverses questions seroiil étudiées avec plus de détails dans un piocliain
Mémoire publié dans V Industrie électritjue.
( Sgo)
sait d'un Iransformaleur à haute tension ( '), actionné directement par le courant con-
tinu d'une dynamo de 5o volts, interrompu par un Irembleur de Neef. Un manipula-
teur à contacts de platine permettait d'envoyer à volonté le courant dans le primaire
du transformateur, qui donnait dans ces conditions des étincelles de iS"^™ entre deux
pointes. Celte longueur d'étincelle se trouvait réduite à 2'"" lorsque les pôles du trans-
formateur étaient réunis, l'un au sol et l'autre au mât : celui-ci se composait d'un fil
de cuivre de 2"", 5 de diamètre, tendu obliquement à 3o° environ sur une longueur
de 25". Nous avons employé un oscillateur à boules de 2"" de diamètre, fonctionnant
dans l'air.
» Poste récepleur. Station des Bosses (435o™). — Le poste récepteur (-) compre-
nait un radioconducteur à limaille d'or très sensible (^), une pile sèche (E = p^i'jô)
et un relai télégraphique. Celui-ci commandait une sonnerie à un coup, un frappeur
et un galvanomètre. Le frappeur était disposé de façon à interrompre automatiquement
le courant traversant le radioconducteur, avant le choc; celui-ci se produisait de bas
en haut sur le support du tube. Grâce à cette disposition, un faible choc suffisait pour
décohérer la limaille et la sensibilité du radioconducteur demeurait identique pendant
toute la durée des expériences. L'appareil ainsi disposé est sensible, sans mât ni fil
de terre, à une étincelle de i™™ de longueur (*) éclatant à une distance de 100™. Le
poste était placé à l'intérieur de l'observatoire et préservé de toute perturbation exté-
rieure (^) par l'enveloppe de cuivre dont est revêtu le bâtiment. La mise au sol était
établie par la communication avec les paratonnerres : le mât se composait d'un fil de
fer isolé placé parallèlement à celui de Chamonix et tendu entre le refuge Yallot et un
poteau planté dans la neige sur la paroi nord de la Grande-Bosse; ce fil était relié à
l'observatoire par un conducteur isolé de 5o™ de longueur. Les deux postes étaient
visibles l'un de l'autre et des signaux optiques permettaient la vérification des expé-
riences par le beau temps (^).
» Résultats. — 1° Les expériences ont eu lieu tous les jours à 11'' du
matin jusqu'au aS aoiit (^). Les signaux n'ont été bien nets que pour un
(') Ce transformateur provenait de la maison Séguy et était d'un fonctionnement
parfait.
(^) Nous avons construit nous-mêmes ce poste, de façon à le rendre portatif et aussi
léger que possible.
(') Ce radioconducteur, que M. Braniy avait eu l'obligeance de nous prêter, avait
été parfaitement réglé par M. Gendron, son préparateur.
(') Cette étincelle était, bien entendu, produite par une petite bobine donnant son
maximum.
(^) Nous avons vérifié, pendant un violent orage au milieu duquel nous nous trou-
vions, que l'action de la foudre était nulle â l'intérieur de l'observatoire malgré les
ouvertures dues aux fenêtres.
(^) Une tempête de neige nous ayant assaillis aussitôt notre arrivée à l'observatoire,
nous n'avons pas pu placer le mât avant le 19 août.
C) M™" et M"" Vallol avaient bien voulu se charger d'exécuter les expériences à
Chamonix pendant notre séjour au mont Blanc.
( -'yi )
êcartement des boules de roscillaleiir égala -i"".
» 2" L'absence d'eau à l'état liquide n'a pas empêché lescnmmunicalions.
» 3° Des nuages interposés entre les deux postes n'ont pas empêché les
signaux.
» 4° L'électricité atmosphérique, bien qu'ayant fait fonctionner l'appa-
reil à plusieurs reprises, n'a pas produit une action capable de nuire à la
télégraphie pratique.
» 5° Nous avons observé également que le fonctionnement de l'éclairage
électrique à Chamonix agissait avec intensité sur l'appareil et que, |)en(lant
toute la durée de l'éclairage, il était impossible de communiquer. La lumière
électrique est fournie par une dynamo à courants triphasés ( E = 2 'ioo^""'');
le circuit primaire étant fermé sur lui-même sans production d'étincelles, il
nous semble possible d'opérer avec un autre dispositif que celui qui a été
adopté par M. Marconi ( ' ). »
ÉLECTRICITÉ. — Ampoule radiographujue à anticalkode froide.
Note de MM. Abei. Buguet et Victor Chabal'D, présentée par M. Marey.
« On sait que les ampoules radiographicpies s'échauffent vile au focus
cathodique. La durée d'activité s'en trouve limitée de façon particulière-
ment regrettable lorsqu'on doit dépenser dans l'appareil une puissance
considérable.
M ]j'un de nous a publié {Journal de Physique élèinenlaire, octobre 1896),
le |)i incipe d'après lequel nous avons cherché à refroidir Tanlicathode des
tubes du type focus par une circulation de liquide froid. M. J. Lebreton,
dans Rayons cathodiques et Rayons X, année 1896, publication 1897, décrit
deux projets de tubes reposant sur le même principe. Ces tubes ne res-
semblent en rien à celui qui est présenté aujourd'hui ; ils sont de construc-
tion plus difficile et ne paraissent pas avoir été exécutés jusqu'ici.
» Le lube i(ue nous avons Thonneur de présenter à rAcadémie porte une anlica-
lliode faite d'un gros tube de plaline soudé direclemenl au verie de Tampoule. Ce
lube est entouré, jusqu'au centre de l'ampoule, d'un manchon de verre évitant l'aclion
de l'induit inverse de la bobine sur le lube métallique.
(') Nous devons remercier ici M. Vallot d'avoir bien voulu mettre à notre disposition
son observatoire pendant plus de quinze jours el de nous avoir permis, par là même,
d'exécuter ces expériences.
G. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N- 16.) 79
( >!)2 )
» Le lubu (le platine est, à son exln'nillé interne, taillé en sifllet. Une lame de pla-
tine, souciée sur celte extrémité, la ferme hermétiquement.
» Une collerette métallique entoure le tube de platine à celte exlréraité interne,
arrêtant les rayons cathodiques étrangers au faisceau utile, qui pourraient atteindre
le verre à l'ariiére de la ola£:e anticatliodi(|ue.
Tube
buguei-chabaud
» Enfin, un petit réservoir à eau est relié à l'exlrémité extérieure du tube de pla-
tine.
» Dans le cas oii l'on préférerait faire usage de circulation d'eau ou de mercure, il
suffirait de remplacer le réservoir à eau par un dispositif de deux tubes concentriques,
qu'on relierait à l'extrénoité libre du tul>e de platine au moyen d'un caoutchouc, ou plus
simplement par un bouchon muni de deux tubes dont l'un s'arrêterait à une faible
distance du fond du tube de platine.
» En marche, les rayons cathodiques tombent sur la lame de platine obturatrice.
Cette lame étant, par sa face postérieure, au contact immédiat de l'eau, ne saurait
atteindre une température supérieure à celle de Tébullition libre du liquide.
» L'appareil peut recevoir, sans que l'anticalhode rougisse, les décharges des
bobines les plus puissantes, actionnées par les interrupteurs les plus rapides, lors
même qu'elles seraient capables de foniire en fpielques secondes les anticathodes
ordinaires.
» L'état de vacuité du tube ne subit aucune modification pendant le fonctionnement.
» On peut obtenir et maintenir la plus haute puissance de la source de rayons X en
conservant au faisceau de radiations la composition (|ui convient èi chaque application
j)ai'liculière de la radiographie ou de la radioscoj)ie. Les tubes ordinaires ne peuvent
su])porter les grands débits que durant un temps souvent insuffisant pour les appli-
cations actuelles ; et encore n'est-ce pas sans courir les plus grands dangers, et sans que
la composilioii tlu faisceau de rayons X éprouve des changements souvent énormes,
toujours fâcheux.
» M. le ly Walter (Forlsc/irUlc aiif dtm. Gebiele der liônlgrn Strahlen,
( %3 )
t. Il, fascicule 6; août 1899) décrit un luhc à anticathode refroidie, mais
difTérant du notre par les caractères suivants : i" La soudure du platine
au verre est à l'intérieur de l'ampoule de Crookes; 1° Le tube de platine
est de faible section à l'endi'oit de sa soudure au verre (on sait que les sou-
dures verre-métal présentent des difficultés qui croissent rapidement avec
la section). L'anticalhode n'est pas protégée et peut rayonner librement
sous l'action de l'induit inverse. La connexion anodique est faite par un
fîl métallique qui traverse l'eau de réfrigération. Le tube du D' Walter est
du type bianodique. »
PHYSIQUE. — Sur une nouvelle matière radw-active . Note de M. A. Debiek\e,
présentée par M. J. Violle (').
)) M. et M'"* Curie (-) ont démontré que l'émission des rayons constatée
dans la pechblende ne provenait pas seulement de l'uranium contenu dans
ce minéral; et en examinant les dilFérents corps qui y étaient contenus, ils
ont conclu à la présence de deux nouveaux éléments radiants, le polonium
et le radium beaucoup plus actifs que l'uranium.
» Le polonium se comporte comme un élément très voisin du bismuth,
l'accompagnant dans toutes ses réactions chimiques, mais dont il se sépare
lentement par des fractionnements répétés. Le radium a toutes les réac-
tions chimiques du baryum et c'est seulement aussi par des fractionne-
ments ré|5étés qu'on peut observer une séparation.
» L'individualité de ces nouveaux éléments, d'abord seulement révélée
par la radio-activité, a été confirmée, pour l'un d'eux, par l'observation
d'un spectre distinct faite par M. Demarçay (') avec du radium préparé
par M. et M"* Curie. Il semble donc que la propriété d'émettre de telles
radiations peut servir à rechercher et à caractériser des éléments chi-
miques.
» Sur les conseils de M. et M'"'' Curie, j'ai examiné s'il n'existait pas
d'autres portions radiantes dans la pechblende, et mes recherches ont
principalement porté sin- les corps dont les solutions acides ne précipitent
(') Travail fait au laboratoire de Chimie-Physique à la Sorhoiine.
(■-) Comptes rendus, juillet 1898 et décembre 1S98.
(') Comptes rendus, décembre 1898.
l 594 )
pas par l'hvdrogène sulfuré, et précipitent complètement par l'ammo-
niaque ou le sulfhydrate d'ammoniaque.
» La matière qui m'a servi provenait d'une usine de traitement de minerais d'urane
et était déjà presque complètement débarrassée d'urane. La quantité de pioduits
radiants contenus dans cette matière paraissant être extrêmement faible, un premier
travail a consisté à organiser le traitement d'une très grande quantité de matière, plu-
sieurs centaines de kilogrammes, et à éliminer, aussi complètement que possible, les
matières radiantes déjà connues (poloniuni et radium).
» La majeure partie du produit précipitant par l'ammoniaque était composée doxyde
de (èr et d'alumine; mais, à côlé de ces cor])s, j'ai reconnu la présence d'un assez grand
nombre d'autres qui s'y troirvaient en pioporlions très faibles. C'est ainsi que j'ai pu
séparer de petites quantités de zinc, de manganèse, de chrome, de vanadium, d'ura-
nium, de titane, de niobium, de tantale; les terres rares étaient également représen-
tées, et j'ai pu caractériser le lanthane, le didyme, le cérium et les terres yttriques.
» La radio-activité, qui existait à un faible degré dans la masse brute du groupe pré-
cipitable par l'ammoniaque, se concentrait en certains points à mesure que l'on elTec-
tuait les séparations.
» J'ai ainsi constaté que la portion renfermant le titane et les corps
analogues montrait la radio-activité à un degré très intense, et après un
traitement assez com|)liqiié, sur la nature duquel je reviendrai plus tard,
j'ai obtenu une matière dont les solutions présentaient les principales pro-
priétés analytiques du titane, mais qui émettait des rayons extrêmement
actifs.
» La radio-activité d'une fraction de cette matière a pu être déterminée
grossièrement comme cent mille fois plus grande que celle de l'uranium.
De plus, celle malière a des propriétés chimiques tout à fait différentes de
celles du radium et du polonium.
» Les radiations émises par celte matière sont tout à fait comparabli^s
à celles qui ont été déjà observées par M. et M""^ Curie pour le polonium
et le radium.
» Elles rendent les gaz capables de décharger les corps électrisés, elles
excitent la phosphorescence du platinocyanure de baryum el impres-
sionnent les plaques photographiques.
» La nouvelle matière se distingue cependant du radium en ce qu'elle
n'est pas spontanément lumineuse : M. et M'"'^ Curie (') ont en effet con-
{') Société de T'Iiysiiiuc, mars 1899. — Res'ue de Chimie pure et appliquée,
juillet 1899.
( h^ )
staté que les composés (lu radium émettaient, dans l'obscurité, une lueur
parfaitement distincte.
» Je me réserve de revenir prochainement sur cette matière radio-
active. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Su?- le poids atomique du bore.
Note de M. He\ri Gactier, présentée par M. Henri Moissan.
« Le bore est de tous les métalloïdes celui dont le poids atomique est
connu avec le moins de certitude, car peu de composés de cet élément se
prêtent facilement à une détermination de ce genre.
» Les premières déterminations de ce poids atomique dues à Berzélius
et à Laurent, de même que celle déduite par Dumas d'expériences anté-
rieures de Wohler et Deville, ne peuvent guère inspirer une confiance
absolue en raison de la présence reconnue de petites quantités d'impuretés
dans les produits qui ont servi à ces déterminations.
» Ce n'est que dans ces dernières années que la question fut reprise, en
Angleterre, par Abrahall (')tout d'abord. La méthode suivie par ce savant
consistait à évaluer le poids d'argent nécessaire pour précipiter le brome
dans un poids donné de bromure de bore. Mais le bromure dont il est
parti renfermait certainement de l'acide bromliydrique d'après son mode
de préparation (action du brome sur le bore amorphe de Wohler et
Deville); les recherches de M. Moissan ont, en effet, démontré que ce
bore contenait toujours une certaine quantité d'hydrogène. Il en résulte
que la valeur (io,H4) donnée par Abrahall (-) doit être un peu faible.
» Nous devons enfin signaler, sur cette question, un très important Mé-
moire de William Ramsay et Mrs. Aston (^). Ces savants ont employé deux
méthodes consistant l'une à déterminer l'eau de cristallisation dans le
borax, l'autre à transformer un poids connu de borax déshydraté en chlo-
rure de sodium par distillation de ce borax avec de l'acide chlorhydrique
et de l'alcool méthylique. Ils sont ainsi arrivés au nombre 10,9g.
(') Journal of Ihe Chemical Society, t. LXI, |i. 65o.
(-) La valeur (10,820) indiquée dans le Mémoire original a été recalculée par nous,
d'après les poids atomiques de la Table publiée, en 1898, par Landolt, Oslwald et
Seubert. Il en a été de même pour les poids atomiques suivants.
(^) Journal of ihe Chemical Society, t. LXIIl, p. 270.
( h(^ )
» Or lit clé terminal ion exactedu rapportdu poids d'une certaine quantité
de borax cristallisé an poids de son eau de cristallisation nous paraît pré-
senter de très grosses difficultés pratiques. Il n'est pas facile d'obtenir du
borax à lo molécules d'eau qui n'ait pas subi la moindre cfflorescence ou
ne retienne un peu d'eau d'interposition, et sa déshydratation totale pour
arriver à un produit de composition constante n'est pas non plus commode
à réaliser. Il en résulte que, a priori, le borax ne semble pas le composé
le mieux désigné pour conduire à une détermination exacte du poids ato-
mique du bore.
» Nous avons donc [)ensé que cette question méritait d'être reprise, au-
jourd'luii surtout que les importantes recherches de M.|Moissansurla réduc-
tion de l'anhydride borique l'ont conduit à un procédé de préparation du
bore amorphe pur. C'était là une matière première tout indiquée pour la
préparation de quelques-uns de ses composés susceptibles d'être utilisés
pour la détermination de son poids atomique.
» Si tous les composés d'un élément étaient susceptibles d'être obtenus
dans un état de pureté comparable et si, pour chacun d'eux, la détermina-
tion de sa composition pouvait être effectuée avec le même degré de pré-
cision, il est bien évident que les combinaisons les plus avantageuses à
employer pour une détermination de poids atomique seraient celles dont le
poids moléculaire, rapporté à l'atome de l'élément considéré, serait le plus
faible. Dans le cas du bore, les composés à poids moléculaire peu élevé
sont ceux dont la préparation ou l'analyse présente le plus de difficultés,
de sorte qu'il est difficile de décider, a priori, quelle combinaison doit être
préférée.
)) La présente Note est relative à l'emploi de deux composés à faible
poids moléculaire, le sulfure de bore et le borure de carbone.
» Le sulfure de bore a été préparé par l'action de l'acide sulfliydrique sec sur le
bore amorphe également desséché et, pour éviter la Tormation du pentasulfure de bore
indiqué par M. Moissan, nous avons opéré, non pas avec de l'acide sulfhydrique pur,
mais avec un mélange d'acide sulfhydrique et d'hjdrogène; la présence de ce dernier
gaz retardait la dissociation de l'acide sulfl.ydriqug sous l'influence de la chaleur; on
empêchait d'ailleurs complètement la formation de pentasulfure en ayant le soin d'em-
ployer toujours le bore en grand excès. La vapeur d'eau devait être absolument évitée
aussi bien pendant la préparation du sulfure que dans toute manipulation de ce com-
posé, antérieure à sa pesée; les gaz étaient soigneusement desséchés et l'on avait
donné à l'appareil ( /?o-. i) une disposition qui permît de recueillir le sulfure directe-
ment dans le tulje où il de\ait être pesé. Ce tube l était sus|)endu à l'intérieur du
( ^!»7 )
flacon F au-dessous de la tuliulure par laquelle aiiivail le sulfure, et le flacon F clalt
relié à une éprouveUe desséchante pour le préserver de l'humidité atmosphérique.
» Le sulfure de bore, pesé dans le tube t préalablement taré, était décomposé par
une solution étendue de soude; la réaction terminée, on oxydait ensuite par l'eau de
brome et l'on précipitait par le chlorure de baryum. Les résultats que nous axons
ainsi obtenus sont consii^nés dans le Tableau suivant :
B-S
B-S'
3S0'Ba
0
2754
1 ,63i2
0,1 6883
0
338o
3,ooo4
0, 16897
0
3o88
i,83oo
0,16874
0
263-
Moyen
Frreui'
i.56i4
le
o,i688S
])robable. .
Poids atomique du bore.
I I ,o32
t I , 08 (
1 I ,000
1 I ,o5o
I I , o4 I
» Le borure de carbone a été préparé au four électrique par la méthode de
Al. iMoissan, en chauflant du bore amorphe et du charbon de sucre en présence du
cuivre. Après attaque du cuivre par l'acide azotique et élimination du bore et du car-
bone non combinés par une digestion prolongée avec un mélange d'acide azotique et
de chlorate de potassium, il se présentait sous forme de cristaux noirs brillants de i"""
à 2'"'" de longueur.
>' Pour analyser ce borure, nous l'avons décomposé par le chlore, et le carbone
résidu a été pesé d'abord à l'état libre, puis ensuite à l'état d'acide carbonique. La
grosse difficulté de cette analyse consistait à éviter soigneusement le contact du borure
chauflé au rouge a\ec la moindre trace d'oxygène ou de vapeur d'eau. Nousy sommes
( "igs ^
parvenu en ernployanl ilii chlore liquide, desséclié au préalable par un contact pro-
longé avec du chlorure de calcium récenimenl fondu. Le borure était chauffé dans une
nacelle en porcelaine de Saxe placée dans un tube en porcelaine vernissée; les diffé-
rentes parties de l'appareil étaient réunies par des soudures ou des joints au mastic
Golaz et le tube n'était chauffé au rouge qu'après avoir été rempli de chlore sec par la
méthode de Rudberg.
» Nous avons fait, de ce borure de carbone, deu\ analyses qui nous ont donné les
résultats suivants :
B'C. C0-. i=7v' Poids atumique du bore.
0,2686 o,i5i5 1,77293 11,001
0,8268 0,1844 1.77224 10,994
Moyenne 10,997
» Dans une prochaine Communication nous disculeron.s ces résultats en
même temps que nous les comparerons avec les déterminations relatives
aux composés à poids moléculaire plus élevé. »
CHIMIE. — Sur le carbonate de magnésium anhydre.
Note de M. R. Engel,
« Dans une étude antérieure sur les carbonates de magnésium, j'ai
observé que, en chauffant le sesquicarbonate double de magnésium et de
potassium dans des conditions convenables, ce composé laisse un mélange
de carbonate neutre de potassium et de carbonate de magnésium anhydre.
Ce dernier corps se distingue nettement du carbonate de magnésium
anhydre naturel et du carbonate obtenu artificiellement par de Sénar-
mont, par sa solubilité dans l'eau et la facilité avec laquelle il se combine
à l'eau pour donner, suivant la température, l'un des hydrates à 3 ou
à 5 molécules d'eau. Mais la présence du carbonate de potassium, qu'il
faut enlever au mélange par des lavages à l'eau, ne permet pas d'obtenir,
dans ces conditions, le carbonate anhydre à l'état de siccité.
» On y arrive, au contraire, en décomposant par la chaleur le carbo-
nate double de magnésium et d'ammonium dans des conditions qui seront
précisées plus loin.
» Il se dégage de Tuau et du earbonali' d'ammonium, ou les produits de sa décom-
position, et il reste du carbonate neutre de magnésium. Le carbonate double de
( 599 )
magnésium et d'ammonium CO'Mg, C0^(Ara2), 411^0 renferme théoriquement
33,33 pour 100 de carbonate de magnésium; trouvé : 33, 4i, 33,39, 33,4 (')•
» Le carbonate de magnésium anhydre ainsi obtenu garde la forme cristalline du
carbonate ammoniaco-magnésien. Il est très avide d'eau. Exposé à l'air, il s'hydrate,
au début, aussi rapidement que la cliaux vive dans les mêmes conditions. La quantité
totale d'eau fixée est de 3o à 3i pour loo du poids du carbonate, correspondant à un
peu plus de 1,5 molécule d'eau par molécule de carbonate de magnésium.
» i'" d'eau dissout environ 2S"' de ce carbonate de magnésium, alors que la même
quantité d'eau ne dissout que is"- de carbonate hydraté, calculé à l'état anhydre. Aussi
la solution de carbonate de magnésium anhydre ne tarde-t-elle pas à déposer des
cristaux de carbonate hydraté. Le carbonate naturel, ainsi que celui obtenu par de
Senarmont, sont insolubles dans l'eau et ne s'hydratent pas à l'air.
» Mis en contact avec un peu d'e;iu, le carbonate anhydre fait prise à la manière du
plâtre.
» Mis en suspension dans une quantité d'eau un peu plus grande, il ne tarde pas à
se transformer en cristaux de carbonate de magnésium à 3 molécules d'eau. La
transformation est complète après quatre ou cinq heures; elle est facile à suivre au
microscope.
» Ayant remarqué que ce carbonate, après avoir été chaufTé à i3o", retenait avec
force de petites doses d'ammoniaque, j'ai fait passer un peu de ce composé dans une
éprouvette remplie d'ammoniaque et j'ai constaté qu'il absorbe presque instantané-
ment une centaine de fois son volume d'ammoniaque, puis l'absorption se continue
plus lentement pendant plusieurs heures. La quantité d'ammoniaque ainsi fixée cor-
respond à un peu plus de i molécule d'ammoniaque pour 2 molécules de carbonate à
la pression atmosphérique. Exposé à l'air, le carbonate ainsi chargé d'ammoniaque
diminue d'abord un peu de poids, par perte d'ammoniaque, puis augmente de poids
par fixation d'eau.
» Toutes ces propriétés font de ce carbonate de magnésium iin composé
bien distinct du carbonate naturel; il ne paraît pas possible d'attribuer
des différences de propriétés si tranchées à la différence d'état physique.
» La préparation du carbonate neutre de magnésium demande quelques
précautions. En effet, si l'on porte rapidement le carbonate ammoniaco-
magnésien à i6o° ou i8o°, le cai^bonate de magnésium perd de l'anhydride
carbonique, quoique le carbonate de magnésium naturel ne se décompose
que vers le rouge sombre. D'autre part, si l'on chauffe le carbonate am-
moniaco-magnésien en couche un peu épaisse et à température plus basse,
le carbonate de magnésium formé se trouve en présence de vapeur d'eau
et s'hydrate en perdant encore de l'anhydride carbonique. Il faut donc
(') Le léger excès trouvé tient à ce que le carbonate ammoniaco-magnésien perd
toujours un peu de carbonate d'ammoniaque pendant la dessiccation.
G 1'... iSyy, 3' Semestre. (1. CXXIX, N" 16.) Ho
( 6oo )
chauffer le carbonate ammoniaco-magnésien dans un courant d'air sec et
porter progressivement la température jusqu'à i3o°-i4o''- On obtient ainsi
du carbonate de magnésium, bien anhydre, ne retenant qu'une faible
trace d'ammoniaque et se transformant intégralement, en présence de
l'eau, en carbonate trihydraté.
» Ajoutons à ces faits l'observation suivante : divers auteurs (Wirtz,
Dictionnaire, t. Il, p. 277, par exemjjle) signalent un sesquicarbonate
de magnésium et d'ammonium de formule : CO^Mg, CCHAm, 4H-0,
dont ils attribuent la découverte à Favre. Or ce savant n'a jamais signalé
l'existence de ce corps. En mélangeant deux solutions, l'une de bicarbo-
nate d'ammonium, l'autre de bicarbonate de magnésium, saturées toutes
deux d'anhydride carbonique et abandonnant à l'air, je n'ai obtenu que le
carbonate ammoniaco-magnésien neutre CO'Mg, CO'Am-, 4Il-'0. Le
sesquicarbonate correspondant au sesquicarbonate de magnésium et de
.potassium n'existe donc pas; il n'a du reste été décrit, à ma connaissance,
par aucun expérimentateur. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la chaleur d' oxydation du tungstène.
Note (le MM. Delépine et Hallopeau.
« Nous nous sommes proposé de mesurer les chaleurs de combustion
du tungstène et de son oxyde inférieur TuO", afin de les couiparer à celles
des autres métaux, et d'assigner sous ce rapport une place au tungstène
dans la série des éléments; les résultats obtenus nous ont conduits à réa-
liser certaines expériences propres à justifier cette place.
» Tungstène Tu. — Ce n'esl qu'après plusieurs échecs que nous sommes arrivés à
obtenir des résultats satisfaisants. La combustion dans l'oxygène à la pression ordi-
naire, la combinaison avec un élément halogène, l'attaque par l'eau ou par un acide,
le déplacement par un autre élément dont la chaleur d'oxjdation est connue, etc. . . ,
employés généralement pour déterminer la chaleur de formation d'un oxyde, ne sont
pas applicables au tungstène ni à son oxyde TuO-, car le tungstène ne brûle dans
l'oxygène et dans le chlore que si on le chauflFe continûment, et aucune des autres
réactions où il entre en jeu n'est rapide, toutes conditions incompatibles avec l'usage
du calorimètre. Nous avons alors pensé à l'emploi de la bombe calorimétrique de
M. Berthelot.
» Il faut allumer le tungstène en poudre fine (oS'',8 à is'') au moyen d'un peu de
camphre (os'',oi à os'',o3), le camphre étant onllanimé par quelques brins de colon-
( (^Ol )
poudre (o"'',oi au plus) auquel on niel, le feu au moyen d'un fil de platine porté à
l'incandescence par un courant électrique. Grâce à celle série d'allumages successifs,
on supprime la spirale de fer, qui pourrait introduire dans le calcul la formation d'une
dose de lungstale de fer impossible à évaluer. Il faut également bannir l'eraploi de la
coupelle de platine; dans notre première expérience, le tungstène, en brûlant dans
l'oxygène comprimé (aS atmosphères), a percé la coupelle sur une surface de plusieurs
centimètres carrés, tant est élevée la température produite; peut-être se formc-t-il un
alliage. Heureusement, nous avions ])Iacé au fond de la boml)e une couche d'eau
recouverte d'une lame de platine; cette lame fui également percée, mais la bombe ne
fut point détériorée. Nous eûmes soin de prendre toujours ces mêmes précautions
dans toutes nos expériences ultérieures. La porcelaine ne peut pas être employée non
plus ; elle fond toujours quelque peu et se perce môme quelquefois. Nous nous sommes
arrêtés finalement à l'emploi de fonds de creusets en biscuit d'épaisseur bien uniforme,
de 6"'" à 7""" de haut et de lo™" à if)""" de diamètre. Le succès n'esl pas encore tou-
jours le résultat des opérations, mais nous avons pu obtenir, dans trois expériences
faites avec du tungstène pur, des nombres assez rapprochés, soit, par gramme :
to49'"''; io44'^'^' et logS"^"'; en moyenne : 1062"'.
I) Le premier de ces nombres a comporté une petite correction, que nous avons éta-
blie en déterminant dans le produit de la combustion la dose d'oxygène de nouveau
fixable (o8'-,oo27), ce qui a porté le chifTre initinl de io36<^»' à io49"'; dans les deux
autres expériences, on n'avait pu fixer de nouvel oxygène.
n Bio.vyde TnO-. — Nolve bioxyde était un corps magnifiquement cristallisé. La
combustion n'offre pas les difficultés de la précédente; on peut se servir de la coupelle
de platine et, au lieu d'opérer à aa atmosphères sur iS'', nous avons opéré à i5 atmo-
sphères el même moins, sur 'is' de bioxyde à la fois. La combustion de chaque gramme
a dégagé :
392C"',8 3o4':°',2 2931''!, I 3o6':'^i,6; en moyenne : 299c»', 2.
» Il résulte de ces chiffres et des précédents que :
Tu H-0'> = TuO^ . . -(- i95'""'',4i à vol. const. ; -h i96c='',3 à près, const.
TuO'^-l-O =TuO^.. -I- 64''"-'',63 .> -^ 64<^'",9 »
ïu-hO-^TuO' + i3ic>',4 = 2 x63C'",7
)) La fixation de chaque atome d'oxygène dégage donc à peu près la
même quantité de chaleur en portant sur le métal ou sur l'oxyde déjà
formé; mais, si nous sommes autorisés à regarder la chaleur d'oxydation de
Tu O- comme exacte ù i*^^' près, nous sommes portés à croire un peu trop
faible la chaleur d'oxydation de Tu en TuO'.
» Néanmoins, ces résultats permettent de faire une première comparai-
son avec la chaleur d'oxydation de quelques corps, rapportée à la fixation
( 602 )
d'un atome d'oxygène. Le Tableau suivanl, lequel entraîne avec lui toutes
les conséquences rapportées ci-après, donne ces chaleurs d'oxydation.
Cal Cal
Mg i43,4 FeenFeO 65,4
Al i3i,o Fe^enFe^O' 65,2x3
Métaux alcalins et alca- Fe'enFe'O' 67,7x4
lino-terreux >90,o SK--(-0' 60,2 x 4
Si 89,8 Il(II-Ogaz) 58,3
Zn 84,8 Sb-^en Sb^O^).... 55,6x3
Sn 70,7 Pb 5o,8
H(H201iq) 69,0 Cu^enCu^O 43,8
Tu 65,4 Hg,A.g,Au,Pt <25
» On sait que la vapeur d'eau à température relativement basse oxyde
le tungstène, mais qu'inversement l'hydrogène à haute température réduit
complètement l'anhydride tungstique : résultat comparable à l'action
qu'exercent H" O et H sur le fer et ses oxydes, dont le tungstène se rapproche
par sa chaleur de formation et par l'égalité des dégagements de chaleur
successifs dans ses divers degrés d'oxydation. L'eau liquide n'oxyde pas
(ou presque pas) le tungstène, mais Tu et Tu O^ la décomposent facilement
en présence des alcalis, sans qu'il y ait réversibilité, par suite de la forma-
tion d'un tungstate dissous :
-,<;a.,9)(l)
+ 4Cal,7)
» On sait aussi que le tungstène ne décompose pas la silice, ni l'alumine,
ni la magnésie; il ne décompose pas non plus les oxydes anhydres des
métaux alcalins ou alcalino-terreax : témoin sa préparation par l'électro-
lyse des tungstates où il peut rester à un moment donné en contact avec le
bain devenu alcalin. Au contraire, le magnésium nous a donné avecTuO'
une réaction d'une extrême violence; nous avons jugé inutile d'essayer
l'action des métaux alcalins sur cet oxyde, mais le zinc nous a fourni une
réaction précieuse, parfaitement régulière.
L'action de l'étain sur les oxydes eux-mêmes n'a pas été étudiée par nous,
mais nous avons trouvé que, conformément à sa plus grande chaleur
d'oxydation, il ramène les tungstates alcalins à l'état de bronzes et en sépare
même le métal tungstène.
(') j; = chaleur d'hydratation de 4Tu(J'cliaugésen acide métalaiigstiiiiie{TuO')''H^O.
Tu + aKOHdiss. +2H=0 liq. r= Tu O'K^ diss. ^SH^gaz..
+ (x
TuO=+2lvOridiss. r=TuO*K=diss. + IPgaz..
-4- (x
( 6o3 )
» Inversement, nous avons constaté que le tungstène décompose facile-
ment et régulièrement les oxydes d'antimoine, de plomb et de cuivre, en
mettant le métal de ces oxydes en liberté, à la température d'une simple
lampe à gaz. Il était, par conséquent, inutile d'examiner la réduction des
oxydes dont la formation dégage encore moins de chaleur.
» Le tungstène change les sulfates en sulfures, résultat conforme aux
chiffres du Tableau.
» Enfin, sa tendance à passer à l'état d'oxyde tungstique peut s'exercer
sur les solutions des derniers oxydes du Tableau : les liqueurs bleues
(Tu-0') ou rouges (TuO^) contenant des oxydes inférieurs de Tu ra-
mènent à l'état d'oxydation inférieur les sels cuivrique, mercurique, pla-
tinique, et précipitent du métal dans les solutions auriques et argentiques;
en même temps, la couleur bleue ou rouge disparaît par suite de la trans-
formation en TuO^
» La place assignée au tungstène d'après sa chaleur d'oxydation,
3 X 65^"' environ, nous semble justifiée amplement par les expériences
précédentes. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action du potassammonium sur V arsenic ('). Note
de M. C. HcGOT, présentée par M. A. Ditte.
« On considère deux cas :
» L L'ammonium alcalin est en excès. — L'arsenic et le potassium sont
introduits dans une des branches de l'appareil ATB, décrit dans des Notes
précédentes.
» Dans ce récipient, fermé à la lampe, on fait condenser le gaz ammo-
niac. La réaction se manifeste bientôt. A une température et sous une
pression convenables, on constate la formation d'un corps jaune amorphe,
un peu soluble dans le gaz ammoniac liquide auquel il communique une
coloration jaunâtre.
» Lorsque tout l'arsenic est entré en combinaison, le potassammonium en excès est
entraîné dans la seconde branche par des lavages au gaz ammoniac liquéfié. On laisse
ensuite le liquide s'évaporer. Quand l'appareil, ramené à la température ordinaire,
ne laisse plus dégager de bulles de gaz ammoniac, on sépare à la lampe les deux
(') Travail fait au laboratoire de Cliimie industrielle de la Faculté des Sciences de
Bordeaux.
( 6o4 )
branches. L'une contient l'arséniure alcalin pur, l'autre le potassium eu excès souillé
de traces d'arséniure entraîné.
« On a dit plus haut que le produit obtenu paraissait jaune au sein de la liqueur.
Il conserve cette coloration tant qu'il est recouvert par le gaz liquéfié ou que la pres-
sion du gaz ammoniac est notablement supérieure à la pression normale. Sous la
pression et à la température ordinaires, il est rouge brique, d'un rouge plus foncé que
le composé correspondant du sodium.
» L'expérience étant terminée, aucune trace d'ammoniac ne se dégageant plus, on
constate que l'appareil a augmenté de poids. Ce corps, chauffé dans le vide à 3oo",
dégage du gaz ammoniac. Le poids du gaz recueilli est précisément égal à l'aug-
mentation de poids qu'avait éprouvée l'appareil ; il correspond à une aïoléeule de gaz
ammoniac pour un atome d'arsenic employé.
» Après cette perle d'ammoniac, le corps est alors noir mat et sa formule corres-
pond à AsK^.
» A l'état rouge brique, c'est-à-dire tout d'abord, sa formule est AsK', Azil'.
» L'analyse de l'arséniure AsK' se fait en le traitant par un acide. Il se dégage de
l'hydrogène et de l'arséniure d'hydrogène. Le volume de ce dernier gaz est déterminé
en l'absorbant par une dissolution concentrée de sulfate de cuivre. Le résidu repris
par l'acide azotique étendu fournit une liqueur où le métal alcalin est dosé à l'état de
sulfate et l'arsenic à l'état de sulfure :
Trouvé.
Calculé. I.
As 39,06 38,07
K 60,93 59,95
99>99 ■ 98,52 99,56
» Le potassium peut aussi être déterminé par différence entre le poids du métal
employé et le poids du potassium en excès. Ce dernier peut être calculé d'après le
volume d'hydrogène obtenu par l'action ménagée de l'eau sur ce métal.
» On avait obtenu {') avec le sodamnionium, en se plaçant dans les mêmes condi-
tions, le corps rouge brique AsNa', AzH', qui perdait également, à une température
peu élevée, sa molécule de gaz ammoniac.
» II. L'arsenic est en excès. — L'arsenic était placé dans la Ijranche
qne l'on peut désigner par A, pour rendre plus claires les explications qui
suivent, et le potassium dans la branche B.
» Lorsqu'une quantité suffisante de gaz ammoniac a été liquéfiée dans les deux
branches, on fait passer de B en A un peu de potassammonium. Ou agite le liquide
en en provoquant l'ébullition. Dès que le potassammonium ainsi introduit a disparu,
on fait arriver sur l'arsenic, par décantation, i'^'^ ou p/^ de la dissolution d'ammonium
alcalin et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il soit tout entier entré en combinaison. On pro-
voque de temps en temps l'ébullition du liquide de la branche A pour que les mor-
(') Comptes rendus, i. CXXVII, p. 553.
*
( 6o5 )
ceau\ d'arsenic ne soient pas toujours eu contact avec les mêmes couches de la
liqueur.
» Le corps obtenu se dissout dans le gaz ammoniac liquéfié en donnant une liqueur
rouge. Il est très rare qu'on puisse empêcher le dépôt sur les parois du corps AsK^,
AzH'.
« On fait ensuite repasser de A en B, à travers un tampon de coton de verre filé, la
liqueur rouge obtenue. Il reste donc en A l'arsenic en excès et un peu du corps AsK',
AzH' dont on ne peut empêcher la formation.
» La liqueur rouge, ainsi filtrée à travers le coton de verre, laisse déposer par éva-
poration une masse orangée.
>) Ce résidu chauffé dégage, un peu au-dessous de 3oo°, une certaine quantité de
gaz ammoniac et éprouve une perle de poids sensiblement égale à l'augmentation de
poids de l'appareil, constatée à la fin de l'expérience avant de chauffer à 3oo°;
« Le corps orangé correspond à la formule
As'KS AzfP.
I) En perdant la molécule de gaz ammoniac un peu au-dessous de 3oo°, il devient
rouge. Sa couleur rappelle un peu celle du cinabre.
» L'analyse de ce corps s'effectue d'après la mélliode indiquée plus haut.
u Voici quelques-uns des résultats :
As
K.
Tr
ouvé.
I.
II.
79.65
78,20
ao,55
19,12
99,99 iOO,20 y/'^^
» On est averti de la présence de AsK^, AzfP parce que ce dernier devient noir
sous l'action de la clialeur tandis que As*K° est rouge.
» Il est intéressant de rappeler que ces mêmes essais (') n'avaient pas
donné dans le cas du sodammoniiim de composé différent suivant que le
métal ou le métalloïde était en excès. La réaction avec le sodammonium
est probablement beaucoup plus lente et, par suite, matériellement im-
possible dans les conditions assez pénibles où doivent se faire les expé-
riences de ce genre. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du brome en présence du chlorure d'aluminium
sur quelques dérivés chlorés du benzène. Note de MM. A. Mou\eyrat et
Ch. Pouret, présentée par M. Anu. Gautier.
« Les dérivés chlorobromés des carbures aromatiques sont très mal
connus. La plupart de ceux actuellement décrits ont été préparés à l'aide
(^') Comptes rendus, t. CXXVII, p. 553.
( 6o6 )
des aminés clilorobromées correspondantes, dans lesquelles on a remplacé,
en passant par les dérivés diazoïques, le groupe AzII" par H ('). Ce pro-
cédé, comme on le voit, n'est pas direct et ne permet, du reste, d'obtenir
que quelques dérivés chlorobromés.
» M. Gustavson (") ayant préparé l'hexabromobenzène par l'action,
sur cet hydrocarbure, du brome en présence du chlorure d'aluminium
anhydre, et l'un de nous ayant montré (^), d'autre part, qu'on peut obtenir
facilement, à l'aide de ce puissant agent de synthèse, en partant du brome
et des dérivés chlorés des carbures de la série grasse, un certain nombre
de dérivés chlorobromés de cette série, il était rationnel de se demander
si, en opérant d'une façon analogue dans la série aromatique, on n'aurait
pas là un procédé général de préparation des dérivés chlorobroniés des carbures
cycliques. En un mot, nous nous sommes proposé de vérifier si, dans la série
aromatique, la réaction générale suivante aurait lieu
C«n"'Cl"+ Br''== C°H ■"""'-■ Cl" -h (IIBr)^.
» L'expérience est venue vérifier cette hypothèse. Nous nous sommes
tout d'abord adressés au monochlorobenzène (CH^Cl).
» Dans un ballon de 5oo'^'^ de capacité, parfailemenl sec, on place aSoS'' de C^H'CI
et 320S"' de brome anhydre. Le ballon plongeant dans un bain-marie, à eau glacée, est
fermé par un bouchon à deu\ trous dont l'un reçoit un réfrigérant ascendant, l'autre
un tube de gros diamètre en relation, par l'intermédiaire d'un raccord de caoutchouc,
avec un petit ballon sec contenant 26'' de chlorure d'aluminium anhydre. Dans les con-
ditions ordinaires le mélange (C^H^Cl-t- Br) ne donne pas trace de dégagementde HBr;
au contraire dès qu'en relevant le petit ballon on fait tomber dans le mélange refroidi
une parcelle de AlCl^, une réaction très vive se déclare aussitôt et des torrents de HBr
se dégagent. Il est nécessaire de ne pas laisser tomber plus de os'', i5à oS'', 20 de Al CI'
à la fois et cela environ tous tes quarts d'heure, sans quoi la réaction est si vive qu'on
pourrait perdre la plus grande partie du produit. Pour ces doses de matière, i8'',5o à
aS' de Al Cl' suffisent amplement.
» Lorsque la réaction est terminée, c'est-à-dire au bout de deux à trois heures, le
gaz bromhydrique cesse de se dégager et la masse devient complètement solide. On la
projette alors par petites portions dans de l'eau distillée additionnée d'acide chlorhy-
drique, on lave les cristaux successivement à la soude faible et à l'eau distillée, puis
l'on essore à la trompe.
» On obtient ainsi 370^"' d'un produit cristallisé blanc, peu soluble dans l'alcool
froid, beaucoup plus soluble dans l'alcool bouillant, dans l'éther, dans le benzène, le
(') Voir Langer, Ann. Chcin., t. CCXV, p. n3.
(-) Derichle, t. X, p. iioi.
(') Bull. Soc. chim., 3" série, t. XIX-W, p. i8o-3oo.
( 6o7 )
chloroforme, et dont l'odeur rappelle celle du benzène monocliloré. Par cristallisation
dans un mélange d'alcool et d'étlier, il donne de longues lames parfaitement incolores
et transparentes fondant à 67°, 4, entrant en ébullilion à 196°, 3. L'analyse assigne à ce
corps la formule C^H'ClBr. Il donne avec l'acide nitrique fumant, et à chaud, un
dérivé mononitré CHI^( AzO^)CIRr fondant à 68°, 2. Ce sont là les propriétés du
parabromochlorobenzène
\Br(t,
Il s'est formé d'après l'équation
C'H^Cl -I- Br2= OH'CIBr H- HBr.
C'est là un excellent moven de préparation de ce composé; les rendements sont au
moins de gS pour 100 du rendement théorique.
» En opérant comme précédemment et en prenant pour point de départ
les dérivés chlorés suivants CH'Cl - CH* Cl(„Cl(,,, - C^H' Cl(o)Cl(„,
C''H^Cl(,)Cl(o)Cl(,.,)CI(5), nous avons obtenu, avec de bons rendements, en
employant un excès de brome sec et en terminant la réaction au bain-
marie, des dérivés clilorobromés dans lesquels tous les atomes d'hydrogène
sont remplacés par du brome.
M Ces dérivés purifiés par sublimation se présentent sous forme de
belles aiguilles ; ce sont :
O 0
C'Br'Cl fondant à 299-800
C«Br*Cl(„Cl(n « 278-278,5
CBr'CldjGlfîjClti, » 260-261
C«Br2CI(,,Cl(2)CI(oCli5) 246-2^6,5
C«Br*/J"'^" « 258-259
\C1(4)
» Nous poursuivons l'application de ce procédé aux autres carbures aro-
matiques. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la constitution de la matière colorante des feuilles.
La chloroglobine. Note de M. Tsvett, présentée par M. Arm. Gautier.
« La chlorophylle et la xantophylle (cnrotine), telles que nous les ont
fait connaître les travaux de MM. Gautier, feu Hoppe-Seyler, Schunk,
Arnaud et les recherches encore inachevées de M. Montéverde, se trou-
vent-elles dans la cellule végétale sous la forme d'agrégats microscopiques,
juxtaposés, pour ainsi dire, aux agrégats élémentaires de protoplasma,
C. R., 1899, a' Semestre. (T. CXXIX, N» 16.) 81
( f)o8 )
immédiatement ou à l'état de solution dans une matière huileuse ou cireuse;
ou bien sont-elles engagées dans des combinaisons complexes, faisant
parties intégrantes de certaines molécules albuminoïdes proloplasmiques?
Nous nous sommes efforcé de résoudre cette question très importante de
Physiologie végétale.
» Si l'on se propose, ainsi que l'a fait M. Étard, de rechercher les sub-
stances satellites de la chlorophylle en les extrayant au moyen de l'alcool
ou du sulfure de carbone, on risque de réunir dans ces menstrues des sub-
stances d'origines diverses. Il fallait donc créer d'abord une méthode qui
permît d'isoler m situ la substance complexe présumée. Nous en avons
trouvé plusieurs; nous ne parlerons ici que de la plus parfaite. C'est une
application de la propriété liquéfiante et dissolvante de la résorcine aqueuse
à l'égard des albuminoïdes (').
» La solution concentrée de résorcine, agissant sur le protoplasma de la cellule
végétale, dissout certaines parties, en liquéfie d'autres et permet la séparation de
substances qui ne sont associées que mécaniquement. A la concentration de 120:100
et rendue légèrement alcaline au moyen de carbonate d'ammonium, la résorcine, dans
une cellule chlorophyllée, agit comme il suit : les chloroplastes se gonflent, s'agrègent,
se décolorent par séparation d'une matière verte sous forme de petits globules et
finissent par se dissoudre ainsi que le cjtoplasma. Les petits globules verts confluent
peu à peu en grandes gouttelettes sphériques d'apparence oléagineuse. On n'aperçoit
finalement dans le lumen cellulaire que le noyau et une ou plusieurs gouttelettes
réfringentes, d'un beau vert.
» La matière colorante ainsi isolée et que nous proposons de nommer chloroglobine,
n'est pas liquide par elle-même; elle ne l'est que par le fait de là résorcine. Un lavage
énergique à Feau ou à la glycérine la fait coaguler instantanément, chaque globule
passant à l'état de grumeau plus ou moins opaque, inclus dans une logette arrondie au
sein du protoplasma incolore reprécijiité.
» Telle est la réaction fondamentale que nous avons pu constater chez
toutes les plantes 011 nous l'avons essayée (Algues, Mousses, Fougères,
Gymnospermes, Mono- et Dicotylédones).
» Grâce à leurs fortes dimensions, les amas de chloroglobine, isolés par
la résorcine, se prêtent on ne peut mieux à une étude microchimique.
Nous avons exécuté cette élude sur les feuilles de Vallisneria et d'Ehdea.
» Isolée, ainsi qu'il a été dit, et débarrassée de toute trace de résorcine par un la-
vage de vingt-quatre à quarante-huit heures dans l'eau courante, la chloroglobine jouit
des propriétés suivantes :
(') Voir notre Note, même Volume, p. 55i.
(6o9)
» Elle est insoluble dans l'eau et les solutions salines
(NaCl, MgSO*, K^HPOS K*CO').
Elle gonfle dans les solutions de K^HPO'et dans celles de K-CO% dans ces dernières
avec altération. Elle gonfle dans les solutions de salicylate de soude et dans les solu-
tions diluées de résorcine, de pjrocatéchine et d'hydrate de chloral.
» Les solutions concentrées de ces dernières substances liquéfient la chloroglobine;
l'hydrate de chloral produit, en outre, une rapide dissolution avec décomposition.
» La chloroglobine gonfle également, mais en s'altérant, dans les solutions diluées
de potasse caustique.
» Les acides dilués (HCI, C^H^O-) décomposent lentement la chloroglobine en
abandonnant un résidu insoluble d'une matière vert brunâtre (chlorophyllane impure).
Les acides concentrés la dissolvent entièrement et la décomposent.
» La chloroglobine se dissout entièrement dans l'alcool fort ainsi que dans l'éther,
le benzol, le sulfure de carbone et le chloroforme.
» Comme les albuminoïdes, la chloroglobine est coagulée par les réactifs suivants:
bichlorure de mercure, chlorure de platine, ferrocyanure de potassium, acide phos-
phomolybdique, acide osmique, tanin, aldéhyde formique. Les grumeaux de chloro-
globine, fixés au moyen de ces réactifs, ou encore par une ébullition prolongée dans
l'eau, ne se liquéfient plus dans la résorcine ou l'hvdrate de chloral et ne se dissolvent
plus dans l'alcool.
» A l'exemple des albuminoïdes, la chloroglobine condense énergiquement certaines
matières colorantes: fuchsine, cyanine, chrysoïdine, bleu de méthylène, vert à l'iode.
» La chloroglobine gonfle fortement dans l'eau de Javel et s'y décolore. Nous en
avons profilé pour essayer sur la matière ainsi blanchie certaines réactions de colora-
tion (réaction de Milion, de Raspail, xanthoprotéique, du biuret). Nous n'avons ob-
tenu que des résultais incertains. Par contre, les grumeaux décolorés fixent énergi-
quement les matières colorantes susdites et se colorent en jaune dans la teinture
d'iode. Ils ne prennent pas du tout la teinture d'alkanna.
» La chloroglobine liquéfiée par la résorcine neutre, et qui se jjrésente alors sous
l'aspect d'une masse verte diffuse, répandue dans toute la cellule, se décompose au
bout de quelques heures, en fournissant un dépôt de matière vert foncé, en petits
granules, et d'abondantes cristallisations de Caroline (xanthophylle), sous forme d'ar-
buscules ou de sphérocristaux.
» La chloroglobine étant soluble dans l'alcool fort, nous devons la retrouver dans
l'extrait alcoolique de la plante fraîche. De fait, le résidu de cette alcoolature pré-
parée soit à froid, soit à chaud, présente les diverses réactions énumérées plus haut.
» Si l'on agite une teinture alcoolique de chlorophylle avec de la benzine (procédé
de Kraus), celle-ci se colore généralement en vert, tandis que la couche alcoolique
prend une teinte jaune. Le résidu benzénique, ([ui représente essentiellement la
chlorophylle de M. Gautier, ne réagit pas avec la résorcine, tandis que le résidu alcoo-
lique se liquéfie dans cette dernière.
» Dans un extrait alcoolique de feuilles vertes qu'on ramène par dilution à 20° cen-
tésimaux, la chloroglobine passe à l'état d'un précipité d'une extrême ténuité, révélé
seulement par l'ojjalescence vague du liquide. Néanmoins ce précipité peut être
recueilli par filtration sur une bougie de porcelaine.
( 6io )
» Ainsi qu'il ressort des expériences que nous venons de résumer,
la chloroglobine est une substance complexe où la chlorophylle et la caro-
tine sont faiblement unies à un radical de nature apparemment protéique.
Par la pln|jart de ses propriétés physico-chimiques, la chloroglobine
semble, en effet, appartenir au groupe de ces substances.
)> Sa solubilité dans l'élher, le sulfure de carbone et autres liquides
organiques paraît être due aux noyaux chromophores de la molécule; on
connaît d'ailleurs des hémoglobines solubles dans l'élher et le chloro-
forme. La chlorophylle et la carotine semblent avoir avec le radical
protéique des liaisons assez lâches, du même ordre que celle qui, d'après
les expériences de MM. Bertin-Sans et Moitessier, réunit dans l'hémoglo-
bine l'hématine à la matière albuminoïde. Ceci ressort de l'expérience de
Rraus et des procédés appliqués par M. Armand Gautier et feu Hoppe-
Seyler à l'extraction de la chlorophylle cristallisée.
» Il appartiendra à l'analyse chimique, analyse que nous ne nous
réservons pas, d'élucider entièrement la constitution de la chloroglobine.
En partant d'un matériel convenablement choisi, que l'on épuisera par de
l'alcool rectifié, et en recueillant ensuite sur un filtre de porcelaine la chlo-
roglobine précipitée par l'eau, on obtiendra une matière d'une grande
pureté et aussi peu modifiée que possible.
» Quoi qu'il en soit de sa nature chimique, la chloroglobine participe de
la constitution phvsique des albuminoïdes. Comme elles, susceptible d'im-
bibition par les solutions aqueuses, comme elles jouissant d'un j^ouvoirde
condensation qui, sans doute, s'exerce aussi sur les gaz, la chloroglobine
réalise l'adduction la plus rapide des matériaux premiers de la synthèse
organique et leur contact le plus intime avec les groupes d'atomes récep-
teurs et transformateurs de l'énergie lumineuse. »
CHIMIE ANIMALE. — Démonstration de la désagrégation des leucocytes et de
la dissolution de leur contenu dans le plasma sanguin pendant l'hypoleu-
cocytose. Influence de la leucolyse intravasculaire sur la coagulation du
sang ('). Note de Henri Stassano, jirésentée par Armand Gautier.
« Les injections de sels solubles de mercure provoquent immédiate-
ment dans la circulation un abaissement très sensible du nombre des leu-
(') Travail du laboratoire de Toxicologie de la I^réfecture de Police et du labora-
toire de Physioloeie de la Sorbonne.
(6,1 )
cocyles, abaissement d'autant plus marqué, et de durée d'autant plus
lone^ue, que la quantité injectée est |)lus considérable. C'est d'ailleurs
la règle pour l'introduction dans le sang de n'importe quelle substance
étrangère à l'économie animale, quel qu'en soit le degré de toxicité.
» Les savants qui ont étudié ce i^hénomène en ont envisagé différem-
ment le processus intime : pour les uns, les leucocytes se désagrègent à
l'arrivée dans le sang de la substance étrangère; pour les autres, ils s'ar-
rêtent simplemetit dans les vaisseaux capillaires ou émigrent dans les
tissus. La première hypothèse, soutenue principalement par Loëwit et
Wright, repose sans doutesur des observations assez concluantes. Au cours
de mes recherches sur l'action du mercure dans l'organisme, j'ai fait à mon
tour des constatations qui s'accordent avec cette manière de voir, mais qui
n'en donnent pas plus la preuve décisive, irréfutable, que les observations
déjà acquises à la littérature scientifique.
» Pour parvenir à un meilleur résultat, j'ai posé la question comme il suit :
s'il y a efleclivement destruction de leucocytes pendant l'hypoleucocytose,
ilfautquelecontenu leucocytaire passe à ce moment dans le plasma sanguin.
Constater d'une façon indéniable cette présence du contenu leucocytaire
par l'analyse chimique et par des réactions physiologiques appropriées,
tel est le but que je me suis proposé.
» Je me suis contenté d'abord de comparer, à simple vue, la marcbe
et l'importance de la précipitation de la nucléine — élément essentiel du
leucocyte — dans le plasma d'un lapin saigné en pleine hypoleucocytose
mercurielle, et dans le plasma d'un lapin normal.
» La comparaison, nalurellemenl, a été faite entre volumes égaux de plasmas (20"="),
étendus chacun de quatre volumes d'eau distillée et placés dans des éprouvettes iden-
tiques. Pour empêcher la désagrégation des leucocytes après leur sortie des vaisseaux,
ce qui aurait rendu nulle la comparaison, le sang a été retiré des deux lapins après
une injection intraveineuse d'extrait de sangsues; les saignées ont été faites de suite
l'une après l'autre, et les deux échantillons de sang ont été centrifugés simultanément.
» Dès le début jusqu'à la fin de la réaclum, le plasma du lapin en hy-
poleucocytose a présenté une teneur nettement supérieure en nucléine :
dans ce plasm;i, en effet, le trouble a commencé à la quatrième ou à la cin-
quième goutte d'acide acétique, tandis que, dans le plasma du lapin
témoin, la formation des premiers flocons de nucléine ne s'est produite
qu'à la huitième ou à la neuvième goutte. Bientôt une couche blanche,
ouatée, bien définie, s'est établie dans l'éprouvette du premier mélange et
en a atteint presque le fond; dans le plastiia normal, au contraire, les
( «12 )
flocons blancs de nucléine n'ont formé qu'une couche beaucoup moins
épaisse, qui s'est arrêtée aux deux tiers de la hauteur du liquide.
» Ne pouvant donner plus de précision à cette évaluation, faute d'un
procédé de dosage de la nucléine, j'ai cherché, comme terme de compa-
raison, à déterminer la teneur en acide phosphorique, composant inorga-
nique principal de la nucléine; et pour donner plus d'exactitude aux ré-
sultats des dosages comparatifs, j'ai effectué la comparaison entre plasmas
provenant de deux saignées successives chez un même sujet.
» Pour obtenir un échantillon de plasma qui se rapproche le plus de l'état normal,
il faut pouvoir recueillir le sang qui doit le donner avec un nombre de leucocytes
qui s'écarte le moins de la moyenne physiologique. On sait que la contention d'un
animal fait baisser le nombre de ses leucocytes; que la saignée réduit, de même, le
chiffre de ces cellules en raison de l'importance de la perte de sang; que les aneslhé-
siques provoquent également l'hypoleucocytose; il faut donc, pour ces trois différentes
raisons : i" opérer très rapidement, 2° se servir d'uu chien de forte taille, et 3° n'avoir
point recours à Tanesthésie.
» La préparation du plasma de l'hypoleucocytose ne réclame qu'une précaution : il
faut éviter que l'injeclion de sublimé, qui provoque la disparition des leucocytes,
atteigne les hématies. Si ces éléments figurés du sang venaient à être attaqués on
aurait dans le plasma un excès de phosphore provenant de la lécithine des hématies
détruites. On parvient à protéger les globules rouges par une injection intraveineuse
d'extrait de sangsues. Cet extrait, employé habiluelleraenl pour exalter la vitalité des
leucocytes, exerce la même influence sur les hématies. J'ai noté, en effet, que la solu-
tion physiologique additionnée d'acide acétique à o,5 pour 100, dont on se sert pour
détruire les globules rouges dans les numérations des leucocytes, est presque inofl'en-
sive pour les hématies, lorsque ces cellules ont été stimulées par l'extrait de sangsues.
» Les précautions communes à prendre dans la préparation des deux plasmas sont :
d'opérer asepliquement et de rendre le sang incoagulable par une abondante injection
intraveineuse d'extrait de sangsues (i tête par kilogramme d'animal).
» Aussitôt après avoir recueilli, par l'artère crurale, le premier échantillon de sang
de 300""^ environ, j'injecte au chien en expérience, dans la veine saphène, une solution
étendue de sublimé dans de l'eau physiologique (3'"S'" par kilogramme d'animal). Cinq
minutes après je fais une deuxième saignée d'un même volume. Les deux échantillons
sont centrifugés sans perle de [temps : au deuxième échantillon il convient d'ajouter
quelques centimètres cubes d'extrait de sangsues pour compenser ce que le premier
extrait injecté a perdu d'activité anticoagulante entre les deux saignées.
» Au moyen d'un siphon on retire de ciiacun de ces échantillons, après deux heures
de centrifugation, iSo"' de plasma très pur et très transparent. Les deux plasmas sont
desséchés et calcinés pour le dosage de l'acide phosphorique.
» Les chiffres trouves sont les suivants : les 180" de plasma normal (ou
à peu près normal, si l'on tient compte de l'hypoleucocytose causée par la
simple immobilisation de l'animal) contiennent o*»', 0164 d'acide phospho-
( (n.^ )
riqiie; le vokime égal du plasma de l'hypoleucocvtose franche, provoquée
par le mercure, en contient o*'"', o4o8 : soit environ le triple. Ce résultat
confirme et précise le précédent, basé sur la simple appréciation visuelle
de la teneur en nucléine. Ces deux ordres de données mettent hors de
doute la désagrégation des leucocytes pendant l'hypoieucocytose.
« La dissolution du contenu leucocytaire dans le plasma peut être dé-
montrée par plusieurs réactions physiologiques; j'étudierai ici l'une d'elles,
à savoir : l'action accélératrice que l'hypoieucocytose, quelle qu'en soit la
cause, exerce sur la coagulation du sang.
M Dès les premières saignées que j'ai pratiquées à des animaux (chiens,
lapins, cobayes) qui venaient de recevoir une injection de sublimé, j'avais
remarqué une accélération delà coagulation du sang; j'étais enclin, d'abord,
à attribuer cette accélération à une diminution de l'alcalinité du sang, ayant
à l'esprit la modification analogue, mais de sens contraire, notée chez le
chien par M. Dastre, pendant l'action anticoagulante de la peptone. Ce
n'est que dans ces derniers temps que j'ai pu rattacher cette accélération
à sa véritable cause en établissant : i° qu'elle est indépendante de la com-
position chimique de la substance qui provoque l'hypoieucocytose; 2° que
la disparition des leucocytes liétermiiiée par l'action du froid et par l'immo-
bilisation accélère la coagulation tout aussi bien qu'une injection de mer-
cure ou de peplone; 3" que cette accélération est en rapport direct de
l'intensité de l'iiypoleucocytose et en raison inverse du temps qui s'écoule
entre le début de l'hypoieucocytose et la saignée.
» L'hypoieucocytose agit sur le sang, en en accélérant la coagulation,
parla dissolution, à l'intérieur des vaisseaux, d'une masse de (ibrin-ferment.
Tout ce ferment, ne pouvant être retenu de suite par le foie et les autres
organes d'arrêt, sort avec le flot sanguin par la blessure vasculaire et accé-
lère ainsi la formalioa du caillot qui, dans le sang normal, se produit seule-
ment après l'éclatement des leucocytes en dehors de la circulation.
» Pourtant, l'accélération de la coagulation du sang peut être consi-
dérée comme la réaction physiologique de la désagrégation des leucocytes
pendant l'hypoieucocytose, désagi'égation et dissolution du contenu leuco-
cytaire dont j'ai donné j)liis haut la démonstration expérimentale, par
l'analvse chimique. »
( 6i4 )
CBIMIE VÉGÉTALE. - Germmanon de la graine de Caroubier; production
de mannosepar un ferment soluble. Note de MM. Em. Bourquelot el H.
Hérissev.
« Dans un premier travail présenté à l'Académie (' ). nous avons établi
que l'albumen de la graine de Caroubier, traité à chaud par l'acide sulfu-
riqueétendu,fournit"duma.inoseetdugalactose.Ultérieuremente).nous
avons étudié de plus près la réaction, et nous avons constate que les deux
sucres, lorsque le traitement est ménagé (emploi d'acide sulfurique a
3 pour loo), se forment dans la proportion de | du premier pour { du se-
cond (exactement 10,9 de mannose pour 3, 06 de galactose).
« Il y a donc une différence essentielle, an pouit de vue de la constitu-
tion chimique, entre l'albumen de la graine de Caroubier {albumen corne^
et celui du blé par exemple {albumen amylacé), qui, traite a chaud par
l'acide sulfurique étendu, donne du dextrose. Cette même différence se
retrouverait-elle encore dans la germination des deux graines? En d autres
termes, alors que, pendant la germination et sous l'influence de ferments
solubles qu'élabore l'embrvon, l'amidon de l'albumen de blé éprouve les
mêmes transformations que sous l'influence de l'acide sulfurique étendu,
c'est-à-dire se transforme en dextrose, i'hydrate de carbone qui constitue
la presque totalité des matières de réserve de l'albumen corné de la graine
de Caroubier serait-il transformé en mannose et en galactose? C est la la
question que nous avons cherché à résoudre.
>, On voit que, pour cela, il fallait chercher si, pendant la germination,
l'embrvon de la graine de Caroubier sécrète un ferment soluble capable
d'agir sur son albumen et, le cas échéant, étudier les produits provenant
de la réaction déterminée par ce ferment.
« I. Production, par V embryon de la graine de Caroubier envoie de ger-
mination, d'un ferment soluble agissant sur l'albumen de cette graine. - Les
embryons de graines de Caroubier germent facilement. Quand les graines
ont été gonflées par un séjour suffisant dans l'eau, on peut séparer les
embryons et les placer, à une douce chaleur (20" à So"), sur du coton
mouillé, ou bien placer dans les mêmes conditions les graines entières;
(1) Comptes rendus, t. CXXIX, p. 228; 24 juillet 1899.
(2) Comptes rendus, t. CXXIX, i4 août 1899.
( <h5 )
dans les deux cas, la germination commence bientôt et se continue régu-
lièrement.
» Nos reclierclies ont été faites avec des embryons Jonl la radicule avait alteint
3"" et même 4*"" de long.
» Dans une première série d'essais, on a cherché à séparer un ferment soluble en
suivant les procédés ordinaires. Pour cela, on a trituré les embryons avec du sable et
de l'eau; on a jeté sur un filtre, précipité le liquide filtré avec de l'alcool, recueilli et
lavé le précipité, qui a été ensuite desséché dans le vide sulfurique. C'est ce précipité
qu'on a fait agir sur l'albumen.
» Dans une seconde série, on a employé simplement la pâte obtenue en triturant les
embryons avec du sable.
» Pour reconnaître plus facilement l'action ferraentaire, l'albumen pulvérisé gros-
sièrement était ajouté à de l'eau dans la proportion de 5 pour loo, et le tout porté à
ioo° pendant quelques minutes. On a ainsi un produit semi-iluide, qui se prend en gelée
par refroidissement; mais, en y mettant quelque attention, on peut introduire dans la
masse et mélanger le précipité ou la pâte d'embryons avant la prise en gelée, et alors
que le refroidissement est suffisant (4o" à 4'^°) pour qu'il n'y ait pas à craindre de
destruction des ferments par la chaleur. Dans tous les cas les essais étaient saturés
de chloroforme, et les flacons contenant ces essais placés dans une étuve chauffée à
Soo-SS" (»).
» On a constaté : i° que la gelée était peu à peu liquéfiée par le précipité et par la
pâte d'embryons, plus rapidement toutefois et plus complètement par la pâte que par
le précipité; 2° que le liquide ainsi obtenu renfermait une petite quantité de sucre
réducteur.
1) Il y a donc production, dans l'embryon, pendant la germination, d'un
ferment soluble, agissant sur l'albumen et donnant naissance à du sucre (-).
Restait à connaître la nature d6 ce sucre.
» II. Production de mannose et de galactose dans l'action du ferment
soluble de l'embryon germé de la graine de Caroubier sur l'albumen de celte
graine. — Nous avions jiu constater dans nos dernières recherches que
le sucre se formait très lentement. Aussi nous sommes-nous résolus à faire
un essai de longue durée et portant sur une assez forte proportion d'al-
bumen.
1) On a opéré sur l'albumen de aSoS'' de graines (lOO"' environ). Gel albumen, gonflé
(') Ces essais seront exposés avec plus de détails dans le Journal de Pliannacie et
de Chimie.
(-) Piappelons que ce fait a déjà été observé par M. Eliront {Comptes rendus,
t. CX.W, p. ii6; 1897).
C, K., 18(19, 2* Semest.e. (T. C.V-\l\, N» 16.) ^2
(6i6)
dans l'eau, a été additionné de i''' d'eau distillée et le tout a été porté à iio° à l'auto-
clave, pendant quelques instants, de façon à pouvoir obtenir un mélange homogène.
A ce mélange, refroidi à 40°, on a ajouté 10"'' dcpoudre d'embryons germes, desséchés
à l'air. Ces embr^'ons avaient été mis à germer en dehors de la graine et, comme
nous l'avons constaté depuis, de tels embryons sont moins actifs que ceux qui germent
dans la graine même. On a saturé de cliloroforme et abandonné le tout à la tempéra-
ture du laboratoire pendant sept semaines, du 10 août au 28 septembre, après avoir
eu soin d'agiter dans les premiers temps.
» A part quelques grumeaux, le mélange s'était liquéfié. On en a filtré 800"; le
liquide obtenu, très limpide et à peine teinté de jaune, a été additionné de 2 volumes
d'alcool à gS". Il s'est fait un précipité blanc, volumineux, dont on a séparé le
liquide par fillration. On a distillé pour retirer l'alcool et évaporé ce qui restait
à 50'". Ces 5o™ renfermaient 6s'',9o de sucre réducteur (dosé comme dextrose). Les
essais auxquels nous avons soumis ce liquide ont montré qu'il renfermait du mannose
(ce sucre a été séparé à l'état cristallisé) et du galactose. Ces sucres ont été dosés en
suivant les procédés déjà utilisés par nous antérieurement; nous avons trouvé '|S'',67
pour le mannose et iS', 24 pour le galactose. On voit que la quantité du premier est à
celle du second comme 4 est à i environ. Ce rapport est sensiblement le même que
celui que nous avons observé dans l'action de l'acide sulfurique.
» Ainsi donc, pendant la germination de la graine de Caroubier, il se
produit un ferment soluble, agissant sur l'albumen corné de celte graine à
la façon de la diastase siu' les albumens amylacés, mais donnant naissance
à du mannose et à du galactose. Si nous faisons remarquer, en outre, que
la salive, comme des expériences directes nous l'ont montré, n'agit pas
sur cet albumen, il apparaîtra bien qu'il s'agit là d'un ferment spécial,
distinct de la diastase. En tout cas, la proiliiction de mauuose par un fer-
ment soluble se trouve démontrée, dans ces recherches, pour la première
fois. »
ZOOLOGIE. — Sur- les Aplosporidies, ordre nouveau de la classe des Sporo-
zoaires. Note de MM. IUIaurice Caulleby et Félix Mgs.ml, présentée
par M. Edmond Perrier.
« Les Sporozoaires constituent un ensemble très vaste de Protozoaires
parasites sur lesquels nos connaissances se sont beaucoup précisées au
cours de ces dernières années. On a pu reconstituer d'une façon complète
le cycle é\olutif complique de beaucoup d'entre eux; la structure de leurs
éléments reproducteurs a été plus minutieusement étudiée ; on a été ainsi
conduit à mieux caractériser les ordres de cette grande classe. Mais, à côté
des formes qui rentrent sans difficulté dans ses diverses subdivisions, il en
(6r7 )
est quelques-unes isolées acluellement. Nous avons eu nous-mêmes
occasion, au cours de recherches sur divers Invertébrés, d'en signaler
plusieurs {Cœlosporidium Mesn. et March.; Bcrlramia, Siedleckia Caull. et
Mesn.). Parmi ces types aberrants, il en est unesérie qui nous semblent pou-
voir avantageusement être groupés en vui nouvel ensemble que nous nous
proposons de définir ici. Nous lui donnons le nom d'ApLospoRiDiES ('),en
raison de la simplicité qu'offrent leur cycle évolutif et la structure de leurs
spores.
» Nous prenons comme types du nouvel ordre le genre Berlramia, créé
par nous en 1897 (") pour deux parasites, l'un d'une Annélide, Capitella
capitala, l'autre de divers Rotifères (Bertram) et le genre Aplosporidium
que nous créons (^) pour des parasites de Aqwx. knné\k\e%, Scoloplos Mûllen
et Heterocirriis viridis. Ij'ordre des Aplosporidies comprendra en outre le
genre Cœlosporidium Mesnil et Marchoux (^) et les parasites décrits par
Schew'iakoff comme enloparasitische Schtaiiche der Cjclopiden(^).
» Les deux genres Berlramia et Aplosporidium ont une évolution très
analogue. Le point de départ est une petite masse uninuciéée, à membrane
très mince. Elle croît peu à peu et, en même temps, le nombre des noyaux
augmente par une série de karyokinèses qui se produisent simultanément
dans toute l'étendue de l'organisme. On a ainsi une sorte de plasmode.
Lorsque la croissance est très avancée ou même achevée, autour de chaque
noyau s'individualise une certaine quantité de protoplasme et des cellules
se trouvent ainsi constituées. Ces cellules deviennent directement des
spores (Berlramia) ou bien se divisent encore en quatre pour donner
quatre spores (Aplosporidium). A maturité, les spores s'échappent de la
masse commune. Chacune est entourée d'une membrane résistante
et sa forme varie suivant le genre. Celles des Berlramia sont sphériques
avec un noyau central et un protoplasme homogène. Celles des Aplospori-
dium ont à peu près la forme d'un fruit de pavot; le couvercle se soulève
en clapet chez A. scolopli àw contact de l'eau de mer et laisse échapper une
petite masse plasmique nue, formée d'un |)rotoplasme homogène et d'un
(') De aTTÀo-j;, simple.
(^) Comptes rendus Soc. Biologie, 20 novembre 1897.
(') Comptes rendus Soc. Biologie, i4 octobre 1899.
(') Comptes rendus, 1 août 1897.
{j') Bull. Soc. Imp. des J\'aluialisles de Moscou, n° 1 ; iSgS.
(6i8)
noyau facilement colorable. La spore d'A. helerocirri est toujours entourée
d'un fin chevelu.
» L'évolution du genre Cœlospondiiim présente quelques différences.
Dès les stades jeunes, le parasite, toujours de forme définie qui se modifie
peu à peu, est entouré d'une membrane dont l'épaisseur va en augmentant
à mesure de la croissance. La production des spores est successive et non
simultanée et elle se fait de la périphérie à l'axe du tube. Dans les états
observés, elles n'étaient jamais entourées d'une membrane résistante.
M Le parasite étudié par Schewiakoff a une phase amibe (avec vacuole
contractile) assez longue. Il y a multiplication des noyaux et enkystement;
le kyste a une forme ellipsoïdale. A l'intérieur, se différencient des spores
ovoïdes à noyau unique et facilement colorable. Chaque cellule qui s'isole
de la masse plasmique se divise encore une fois pour donner deux spores.
)) Ces divers organismes ont un grand nombre de caractères communs.
L'évolution se fait de la même façon. La spore est monozoïque; son
noyau est grand et facile à colorer. Elle ne porte trace ni de capsule po-
laire, ni de filament siiiral, ni de différenciation d'aucune sorte à son inté-
rieur (')• Il y a donc là une différence avec la spore des Microsporidies
chez laquelle, de plus, le noyau est, contrairement au cas actuel, très
difficile à colorer.
» C'est en effet au voisinage des Microsporidies que doivent se ranger
nos Aplosporidies. L'évolution d'une Bertramia, par exemple, est paral-
lèle à celle d'une PUstophora]\isç\ui\ la différenciation des spores. Mais la
structure des éléments reproducteurs n'est pas la même dans les deux
ordres et l'exemple de tous les groupes inférieurs d'êtres vivants montre
que c'est dans cette structure qu'il faut chercher la base des classifica-
tions.
» Les Aplosporidies se rencontrent dans diverses classes d'Invertébrés :
Crustacés, Annéhdes, Rotifères. On en trouvera sans doute d'autres types.
Peut-être, comme nous avons déjà eu l'occasion de le faire remarquer, le
Chytridiopsis A. Schneider, trouvé dans les cellules intestinales des Blaps,
est-il voisin de Bertramia. Peut-être aussi la Myxocysds ciliata de Mràzek (-)
(') En ce qui regarde le parasite étudié par SchewiakolT, nous émettons cette affir-
mation d'après l'Auteur. Ainsi qu'il l'indique lui-même, il serait intéressant d'en faire
une vérification nouvelle en faisant agir les acides sur les spores
(-) Silznngsber. d. Bolini. Gesellscfi., n° 8, 1897.
( 6i9 )
est-elle une Aplosporidie. Mais il faudrait, pour l'affirmer, réétudier ces
deux formes.
» Au point de vue du parasitisme, toutes les Aplosporidies bien carac-
térisées se trouvent, au moins à un certain stade, dans les cavités inté-
rieures de l'hôte (cavité sanguine des Cyclops et des Chydonis, cœlome de
Scoloplos et de Capitella, sinus périintestinai à'Heterocirrus). A leurs états
jeunes, certaines, au moins, sont parasites intracellulaires; chez les deux
formes étudiées par nous (^Aplosporidium heterocirri, CœlosporuUum) où
cette recherche a été possible, nous avons trouvé des stades jeunes dans
les cellules de l'epithélium intestinal, ce qui semble bien indiquer que
l'invasion de l'hôte se fait par la voie digestive. »
BOTANIQUE FOSSILE. — Les plaques subéreuses calcifiées du terrain houiller
d'Hardinghen {Pas-de-Calais). Note de M. C.-Eg. Bertrand.
« 1. Parmi les nodules du terrain houiller d'Hardinghen, il en est
une première catégorie très spéciale qui n'a été rencontrée que dans cette
localité. Il s'agit de plaques d'un calcaire brun foncé, cristallin, revêtues
d'une croûte de houille. Ces nodules ont été observés au puits La Provi-
dence et ultérieurement à la fosse La Glaneuse. Dans ce dernier gisement,
l'exploitation de M. Ludovic Breton les a rencontrés dans la veine Marquise.
» 2. Ces nodules sont des plaques de liège. Vu l'uniformité de leur
structure, toutes ces plaques me paraissent provenir d'une même espèce
végétale qui est très probablement le Lepidodendron acnlealum. Le tissu
subéreux gonflé a été amené à l'état d'une gelée molle, dont la consistance
rappelle celle d'une solution aqueuse de gélose à 0,004. Cette consistance
gélatineuse est montrée par l'attitude affaissée des plaques et par les déchi-
rures qui coupent leur masse aussi bien dans les parties centrales de la
plaque que sur ses bords. Ces coupures spontanées, dues au reirait,
reproduisent tous les accidents de la gelée humique du brownoilshale de
Broxburn et ceux de la masse gélosique du boghead de Resiutta.
» 3. L'absence d'effondrement dans des masses aussi molles indique
qu'elles ont été enfouies et soutenues dans une gelée de consistance peu
différente. On trouve, en effet, entre ces plaques, une gelée brune qui a
fait prise. Tous les corps qui y sont plongés, pollen, spores, menus débris,
plaques subéreuses, se présentent soutenus par cette gelée. Cette gelée
brune se continue directement avec la croûte de houilles des nodules cal-
( 620 )
caires. Dans les régions où, par suite d'dne minéralisation partielle, elle a
subi un retrait moindre, elle permet de lire quelques-uns des caractères
de la matière génératrice de la houille.
» 4. Malgré leur mollesse, les plaques subéreuses d'Hardinghen n'ont
pas été taraudées par les organes radiciformes. Ces organes ne se sont pas
non plus introduits entre les plaques. L'empilement de matières végéto-
humiques qui a produit la veine Marquise diffère donc profondément de
ceux que présentent les nodules carbonates de Westphalie et du Lanca-
shire.
» 5. Les plaques subéreuses amollies ne participent pas immédiatement
à la formation de la gelée brune fondamentale du dépôt. Tandis que la
gelée brune montre dans, toutes ses parties, des grains de pollen, des spores
et de menus débris, ces organites ne se rencontrent pas dans les lames
subéreuses, quel que soit leur état d'altération et d'effondrement ou d'af-
faissement.
» 6. La structure du tissu subéreux gonflé et amolli n'est reconnais-
sable que dans certaines plages. Ailleurs, cette structure a été effacée par
des phénomènes secondaires, dont les principaux sont le retrait, la disso-
lution partielle des plaques et la recristallisation.
» 7. Dans les parties des nodules calcaires où la structure est le mieux
conservée, les éléments subéreux sont indiqués : i" ))ar une mince lame
mitoyenne humifiée et imbibée de bitume ; 2° par des épaississements gonflés
au point de rompre leur continuité; la matière de l'épaississement a faible-
ment retenu le bitume; elle est peu colorée; ses fissures, lames ou fdets,
sont injectés de bitume; 3" par une masse de bitume qui emplit totalement
ou partiellement la cavité cellulaire. Les noyaux et les protoplastes des
cellules subéreuses ont complètement disparu,
)) 8. Le recensement des plaques subéreuses de la veine Marquise a
donné les pourcentages ci-après :
Plaques formées d'une seule lame de liège 14,62
Plaques formées de deux lames collées parallèlement l'une à l'autre,
l'une des deux pouvant dépasser l'autre 41 ,28
Plaques formées de deux lames de liège croisées 6,02
Plaques formées de trois lames de liège parallèles 10, 82
Plaques formées de trois lames de liège croisées 0,86
Plaques formées de plus de trois lames subéreuses toutes parallèles.. i2,o4
Plaques formées de plus de trois lames dont certaines croisent les
autres 14,62
( G2I )
» 63,64 de ces plaques portent ilonc sur elles-mêmes la trace d'un aligne-
ment, mais cet alignement s'efface dès que le nombre des lames superposées
s'élève au-dessus de trois.
» 9. Je n'ai pas trouvé de parcelles minérales élastiques entre ces lames
subéreuses.
» 10. Ces plaques subéreuses présentent un remarquable exemple de
localisation élective d'une espèce minérale sur un substratum organique
déterminé. Tandis que toutes les plaques subéreuses sont minéralisées par
le carbonate de chaux, les stigmarias mêlés à ces plaques ont localisé la
sidérose sous la forme de sidérose compacte. Cette minéralisation s'est
opérée de bonne heure, les objets qui sont enfermés dans ces nodules
n'étant que faiblement rétractés.
1) 11. Même dans les plages les mieux conservées, je n'ai pu démontrer
d'une façon suffisamment rigoureuse que les corps bactériformes qui
chargent la matière des nodules sont les restes d'organismes bactériens.
Dans un grand nombre de ces corps bactériformes, j'ai reconnu des micro-
cristaux, des inclusions bullaires accidentelles et de très petits grains de
pyrite.
» 12. La structure du tissu subéreux a été effacée par des phénomènes
secondaires, dont les principaux sont le retrait et la cristallisation. Les
membranes végétales bituminisées et les lames de bitume injectées se sont
brisées en une très fine poussière dont les fragments sont tous à angles vifs.
Le remplissage central des cellules s'est brisé le premier. Les lames mi-
toyennes et les épaississements se sont rompus ensuite. Une dissolution
partielle, accompagnée d'une recristaUisation, a permis un très léger dépla-
cement de ces menues parcelles fragmentaires. Elles ont perdu leurs ali-
gnements. La structure a cessé d'être reconnaissable. La plaque subéreuse
calcifiée ne présente plus alors qu'une fine poussière disséminée par zones
dans le calcaire. L'origine organique de ces plaques n'est plus immédia-
tement reconnaissable. Les plaques subéreuses d'Hardinghen fournissent
ainsi à la fois un exemple très remarquable de fossilisation, sous son volume
initial, d'une gelée organique d'origine bien définie, et un très beau spé-
cimen d'effacement d'une structure figurée par des modifications tardives
de la roche, qui ont changé son agencement intérieur sans altérer sa forme
d'ensemble. »
( 622 )
CHIMIE VÉGÉTALF. — Sur la coinposilion el la valeur alimentaire
des principaux fruits. Note de M. Ballaxd (Extrait.)
« Notre examen a porté sur les fruits suivants, classés d'après leurs
familles botaniques :
» Ampélidces, Raisins; Aurantiacées, Oranges; Corylacées, Noisettes;
Granatées, Grenades; Gros salariées, Groseilles; Juglaiidées, Noix; Morées,
Figues; Musacées, Bananes; Oléinées, Olives; Palmiers, Dattes; Rosacées,
Abricots, Amandes, Cerises, Coings, Fraises, Framboises, Nèfles, Pèches,
Poires, Pommes et Prunes.
» Tous les fruits, à leur maturité, contiennent de 72 à 92 pour 100 d'eau; dans les
fruits plus ou moins desséchés du commerce (raisins secs, pruneaux, noix, noisettes,
figues, amandes), celte proportion dépasse rarement 33 pour 100; elle est souvent
au-dessous de 10 pour 100 dans les amandes, les noix et les noisettes.
» Dans les fruits à pulpe, la matière azotée représentant l'albumine végétale passe
de 0,25 pour 100 dans la poire à 1 ,[\0 pour 100 dans la banane; dans les fruits-graines
(amandes, noix et noisettes), elle est plus élevée : i5 à 20 pour 100 à l'état sec.
» Les matières grasses, avec tous les produits solubles dans l'éiiier (huile essen-
tielle, matières résineuses et colorantes), sont généralement en plus faible proportion
que les matières azotées; il n'y a d'exception (jue pour les olives, les amandes, les noix
et les noisettes, chez lesquelles l'huile domine (58 à 68 pour 100 à l'état sec).
» Les cendres, dont quelques-unes renferment des traces de manganèse (figues,
poires, pruneaux), sont en faible quantité, de même que la cellulose inerte: celle-ci
n'est en proportion notable que dans les coings et les nèfles.
» L'acidité atteint son maximum dans les framboises et les groseilles (1,20 pour 100).
» Le sucre et les matières Ailes, extractives (amidon, dextrines, pectines, gommes,
cellulose saccharifiable, acides organiques) représentent, avec l'eau, la majeure
partie des éléments contenus dans les fruits à pulpe. Le sucre, qui est enlière-
:nent assimilé, a son rôle dans l'alimentation : les fruits qui en contiennent le plus,
comme les bananes, les dattes et les figues, constituent de véritables aliments hydro-
carbonés. Les matières extractives agissent aussi à la façon du sucre, mais à un
moindre degré, leur coefficient de digestibilité étant moins élevé.
» A part de rares exceptions, les fruits sont peu nutritifs et ne peuvent
être considérés comme des aliments : leurs sucs, qui flattent plus ou moins
nosgoîits par leur odeur, leur saveur ou leur acidité, joisent plutôt le rôle
de condiments. »
( 623 )
GÉOLOGIE. — Lithologie sous-marine dcn côtes de France.
Note de M. J. Tiioulet. (Extrait.)
(( Une Carte montrant d'une façon claire le reliet du sol sous-marin et
indiquant avec netteté les diverses natures de ce sol présente un véritable
intérêt scientifique, et l'on pourrait presque dire qu'elle constitue un docu-
ment indispensable à la navigation, à la pose des câbles télégraphiques et
surtout à l'industrie des pêches. C'est pourquoi la plupart des nations ma-
ritimes, l'Angleterre, l'Allemagne, la Norvège, la Suède, les États-Unis et
d'autres encore, ont dressé à grands frais de ces sortes de Cartes. Partout
on a figuré le relief par des courbes d'égal niveau, ou isobathes, et la
nature du sol immergé par des teintes et des signes conventionnels.
» Si l'on fait alistraction d'une Carte à très petite échelle, publiée par
Delesse en 1867, Ouvrage qui eut au moins le mérite d'indiquer la voie à
suivre, la France est à peu près la seide nation maritime ne possédant point-
ces documents. Je me suis efforcé de combler cette lacune et, depuis en-
viron cinq ans, je m'occupe de la construction d'une Carte de la lithologie
sous-marine des côtes de France, en vingt-deux feuilles grand-aigle. Ces
feuilles sont toutes actuellement terminées en manuscrit; j'ai l'honneur de
soumettre à l'Académie la première, qui vient d'être publiée.
» J'ai pris pour base de mon travail un report sur pierre, dont j'ai été
autorisé à me servir, des vingt-deux Cartes de la Marine qui représentent,
sans laisser d'intervalle, les côtes françaises depuis la frontière belge jus-
qu'à celle d'Espagne, sur l'Atlantique, et des Pyrénées à la frontière ita-
lienne, sur la Méditerranée. Sur ces feuilles, on a tracé, d'après les sondes
des ingénieurs-hvdrographes de la Marine, les lignes isobathes de 10™
en [o™, jusqu'à 100™, et même au delà en Méditerranée, où la pente est
très abrupte au voisinage de la terre.
» Les divers fonds représentés par des teintes ou des signes conven-
tionnels sont la roche, le sable, la vase sableuse et le sable vaseux, la vase,
le gravier gros et fin, les galets, les pierres, les coquilles vivantes ou
entières, les coquilles brisées, les coquilles moulues, les madrépores et les
herbiers. J'ai indiqué avec détail, dans plusieurs Mémoires, les données
précises sur lesquelles j'ai appuyé ma classification des sols, la définition
exacte de chacun d'eux, les procédés employés pour les récolter en mer et
pour les analyser dans le laboratoire. Grâce à la bienveillance de diverses
G. K., 1899, 2 Semestre. (T. CXXIX, N' 16 ) 8.i
( ^-^h )
personnes, à plusieurs expéditions faites par moi-même, j'ai pu entrer en
possession d'échantillons et exécuter bon nombre d'analyses mécaniques,
minéralogiques et chimiques. Quand les documents m'ont manqué, j'ai
pris des indications partout où j'en ai trouvé
» Telles qu'elles sont, les feuilles de l'Atlas représentent, avec un pre-
mier degré d'approximation, ce que l'on sait aujourd'hui sur le sol du
socle continental sous-marin français. Il sera d'ailleurs toujours facile de
les tenir progressivement au courant de ce qui sera connu relativement
au relief et à la nature du sol immergé, dans le voisinage immédiat des
côtes françaises ».
La séance est levée à \ heures.
IVl. B.
BCLLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i6 octobre 1899.
Allas de Lithologie sous-manne des cèles de France, par J. Thoulet, 1899,
s. 1. (Réductions photographiques réunies sur une feuille gr. in-f°.) (Pré-
senté par M. Berthelot.)
Carte lilhologique des côles de France, par M. Thoulet, feuille 7, du cap
Fréhelau havre de Carteret. Paris, A. Challamei, s. d.; i feuille gr. aigle.
Traité élémentaire de Physique, rédigé conformèmenl aux plus récents pro-
grammes des baccalauréats es sciences (^Classique et Moderne), par Edouard
Branly. Deuxième édition. Paris, Ch. Poussielgue, 1900; i vol. ia-8°.
(Présen*^ é par M. de Lapparent. Hommage de l'Auteur.)
Électricité médicale, traité théorique et pratique, par Félix Lucas et le
D'" André Lucas. 124 figures intercalées dans le texte. Paris, Ch. Déranger,
1900; I vol. in-i2. (Présenté par M. Marey.)
Description sommaire du mécanisme physiologique au service de l'âme hu-
maine, par leD' H. Védie. Pau, impr. Garet, 1899; 1 fasc. in-8". (Hom-
mage de l'Auteur.)
Classification des formes de l'Aliénation mentale, par le D'' H. Védie.
Pau, impr. Garet; i feuille in-4°.
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention
( 6-25 )
ont été pris sous le régime de la loi du > juillet i844. publiée par les ordres
de M. le Ministre du Commerce et de l'Industrie. T. XCII, T* et 2* Parties.
Paris, Imprimerie nationale, 1899; 2 vol. in-B".
On the morphology of certain of tlie hones of the cheek and snout 0/ Amia
calva, by Edwahd-Phelps Allis. Boston, Ginn and C°, 1898; i fasc. in-8°.
(Hommage de l'Auteur.)
Étude monographique des Pleurotomaires actuels, par E.-L. Bouvier et
H. Fischer. {Bull, of the Muséum of comparative zoôlogy at Harvard Collège,
Vol. XXXII, n-^ 10.) Cambridge, Mass., U. S. A., 1899; 1 fasc. in-8".
(With the compliments of A. Agassiz.)
Annales du Musée du Congo. Série II : Zoologie, t. I, fasc. 3; Série III :
Ethnographie et Anthropologie, t. I, fasc. 1. Bruxelles, Charles Vande
Weghe, 1899; 2 fasc. in-^".
Comptes rendus des séances de la douzième Conférence générale de l'Associa-
tion géodésique internationale, réunie à Stuttgart du 3 au \ 2 octobre 1898,
rédigés par A. Hirsch, publiés en même temps que les Rapports spéciaux
sur les progrés de la Mesure de la Terre et les Rapports des Délégués sur les tra-
vaux géodésiques accomplis dans leurs pays . T. I, II. Berlin, Florence, 189g;
2 vol. in- 4°.
Zehnter Jahreshericht der physikalischen Gesellschaft in Zurich, 1898. Uster-
Zurich, Gcbr. Frey, 1899; 1 fasc. in-8°.
Jaliresbericht des Direktors des kônigl. geoddtischen Instituts, fur die Zeit
von April 1898 bis April 1899. Potsdam, 1899; i fasc. in-8°.
Annual report of the assistant in charge of the Muséum of comparative zoô-
logy at Harvard Collège, for 1898-99. Cambridge, U. S. A.; i fasc. in-8°.
Yearbook of the Royal Society of London, 1899. London, Harrison and
Sons, 1899; I vol. in-8°.
( 626 )
ERRA TA .
(Séance du i8 septembre 1899.)
Noie de M. Renauœ, Sur un développement d'une fonction holomorphe
à l'intérieur d'un contour en une série de polynômes :
Page 474, ligne 4, au Ueu de Q,{x) étant une fonction holomorphe à l'intérieur
de S„, lises Qp{x) étant une fonction holomorphe à l'extérieur de S».
i
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
lepnis H3B les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fln de l'année, deux Tolumes ln-4*. Deui
[les, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
, ,art du i" janvier.
Le prix de Pabonnemt::! est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 30 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 3i fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
■ 71 Ferran frères.
I Chaix.
I tr < Jourdan.
(RufT.
lient Courtin-Hecquet.
( Germain etGrassin
' ■'" I Lachèse.
! onne Jérôme.
'. inçon Jacquard.
( Feret.
I ieaux j Laurens.
( Muller (G.).
rga Renaud.
iDerrien.
F. Robert.
J. Robert.
Uzel frères.
I n Jouan.
j mierv Perrin.
Henry.
Marguerie.
Juliot.
Ribou-Collay.
iLamarche.
Ratel.
Rey.
l Lauverjat.
( Degez.
Drevet.
Gratier et C'v
Rochelle Foucher.
. ( Bourdignon.
( Dombre.
1 Thorez.
î ?
( Quarré.
rbourg
■mont-Ferr. .
noble.
Lorient.
Lyon.
chez Messieurs :
Baumal.
M°" Texier.
Bernoux et Cumin
Georg.
Côte.
Savy.
Vitte.
Marseille Ruât.
i Calas.
Montpellier „ ,
( Coulet.
Moulins Martial Place.
/ Jacques.
Nancy ! Grosjean -Maupin.
Nantes
Nice.
\ Sidot frères.
( Loiseau.
\ Veloppé.
( Barma.
) Visconti et C'V
Poitiers..
Bouen.
Nîmes Thibaud.
Orléans Luzeray.
Blanchler.
Marche.
Bennes Plihon et Hervé.
Boche/or t Girard ( M"" ).
Langlois.
Lestringant.
S'-Étienne Chevalier.
i Ponleil-Burles.
Toulon.
( Rumébe.
J Gimet.
\ Privât.
( Boisselier.
Tours... j Péricat.
( Suppligeon.
\ Giard.
( Lemattre.
Toulouse..
Valenciennes. ,
chez Messieurs :
( Feikema Caarelsen
' et C'V
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et C''.
Dames.
Friedlander et fils.
Mayer et Millier.
Schmid et Francke.
Amsterdam .
Berlin.
Bucharest.
Berne
Bologne Zanichelli.
Lamertin.
Bruxelles ! Mayoiezet Audiarte.
( Lebégue et G'".
j Sotcheck et C".
i Storck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighlon, Bell elC°.
Christiania Cammermeyer.
ConstantinopLe. . Otto Keil.
Copenhague Hbst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes . . .• Beuf.
/ Cherbuliez.
Genève ( Georg.
Stapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
j Benda.
( Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig ( Lorentz.
Max Riibe.
Twietmeyer.
Desoer.
'-'^Se iGnusé.
Lausanne..
Naples.
chez Messieurs :
I Dulau.
l-ondres Hachette et C'«.
' Nutt.
Luxembourg . ... V. Biick.
/ Libr. Gutenberg.
Madrid Romoy Fussel.
j Gonzalès e hijos.
\ F. Fé.
Milan i^'^'^" f""'-
( Hœpli.
Moscou Tastevin.
Marghieri di Gius.
Pellerano.
( Dyrsen et Pfeiffer.
New-York Stechert.
' LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C"
Palerme Clausen.
Porto Magalhaès et Mouii.
Prague Rivnac.
Bio- Janeiro Garni er.
( Bocca frères.
( Loescheret G'".
Botterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
( Zinserling.
( Wolff.
I Bocca frères.
Brero.
Clausen.
RosenbergetSellier.
Varsovie Gebethner qt WoKt'
Vérone Drucker.
Frick.
Gerold et C*.
Zurich Meyer et Zeller.
Borne .
S'-Petersbourg .
Turin.
Vienne .
UBLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i8Jo.) Volume in-^; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— ( 1" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4''; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— ( i" Janvier i866 à 3i DécembiL i88o.) Volume in-^"; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
)inel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Dbebès et .A.-J.-J. Soliee.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
• lètes, par M.Hanikn.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
; ises, par M. CLiuDE Bebnird. Volume in-4'', avec 32 planches; i856 15 fr.
oine II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedks. — lissai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
ic le concours de i853, et puis remise pourcelui de i85fi, savoir : « Éiurlier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
' lentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
■ !S rapports qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4% avec 37 planches; 1861.. . 15 fr.
la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, ei les Mémoires présentés par divers SaTanis à l'Académie des Sciences.
N" 16.
TABLE DES ARTICLES. (Séance Hu 16 octobre 1899.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIO.XS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS' DE L'ACADËMIE.
Pages.
M. Appell. — Sur 1rs positions d'équilibre
d'un navire avec un chaigcnienl liquide.. 5(17
M. G. LiPP.M.\NN. -- Mclliode poui' la mise
au point d'un collimaleur Sl'ig
M. Henui Moissan. — Production d'ozone
par la décomposition de l'eau au moyen
Pages.
du fluor 570
MM. S. ARLorNG et Duprez. — Des qualités
préventives du sérum sanguin d'une gé-
nisse immunisée contre la péripneumonle
contagieuse des lîovidés S-3
CORRESPONDANCE.
iM. le Si-.i:ki-.i.\ire peupetiet. >ignale, parmi
les pièces imprimées de la Correspondance,
la deuxième édition du «Traité do Physique
élémentaire » de M. Ed. /Iranly
M. le Ministre des- AEE.iiiiEs étrangères
informe l'.\cadémie que le .< Cercle indus-
triel, agricole et commercial » de Milan a
décidé d'offrir une médaille d'or à l'inven-
tion la plus efficace contre les accidents
du travail des ouvriers électriciens
M. le MiNisTRï DES Affaires ÉTRANOÉnEs.
— Communication d'un Rapport sur un
tremblement de terre survenu à Smyrne
et en Anatolie. dans la nuit du kj au
20 septembre
MM. Ha.mbaud cl Sy. — Observations de la
comète Giacobini (v) septembre 1899),
faites à l'observatoire d'Alger
M. E. GoinsAT. — Sur un problème relatif
aux congruences de tlroiles
M. F. Marotte. — Sur la classification des
groupes projectifs de l'espace à n dimen-
sions
M. Michel Petrovitch. — Tliéoréme sur le
nombre de racines d'une équation algé-
brique, comprises à rintérieur d'une cir-
conférence donnée
M. A. Bi.oNDEL. — Sur les réactions d'in-
duit des alternateurs
MM. Jean et Louis Lecarme. "— Expériences
de télégraphie sans fil. exécutées entre Cha-
monix et le sommet du mont Blanc
MM. AiîEL BuGL'ET et Victor Charaud. —
Ampoule radiographique à anticalhode
froide
M. A. Debierne. — Sur une nouvelle ina-
BULLËTIN BlBLtOGRAPHIOL'E
Errata
576
.57O
5,7
578
58o
583
586
589
591
tiére railio-active
M. Henri Gautier. — Sur le poids atomique
d u bore
M. K. Engel. — Sur le carbonate de ma-
gnésium anhydre
MM. Delepine et Hai.lopkau. — Sur la cha-
leur d'oxydation du tungstène
M. C. HuGOT. — Action du potassammo-
nium sur l'arsenic
MM. A. MouNEYiiAT et Cii. Pouhet. — Ac-
tion du brome en présence du chlorure
d'aluminium anhyrlre sur quelques dérivés
chlorés du benzène
M. Tsvett. — Sur la constitution de la ma-
tière colorante des feuilles. La chloroglo-
biiie
M. Henri Stassano. — Démonstration de
la désagrégation des leucocytes et de
la dissolution de leur contenu dans le
plasma sanguin pendant l'hypoleuco-
cytose. Inlluence de la leucolyse inlra-
vasculaire sur la coagulation du sang. . . .
MM. E-M. BoURQUELOT et H. Herissey. —
Germination île la graine de Caroubier;
production de mannosc par un ferment
soluble
MM. Maurice Cauli.ery et Félix Mesml.
— Sur les Aplosporiclies, ordre nouveau
de la classe des Sporozoaires
id. C.-Eo. Bertrand. — Les plaques subé-
reuses calcifiées du terrain houiller d'Har-
dinghen ( Pas-de-Calais)
M. Ballaxd. — Sur la composition et la
valeur alimentaire des principaux fruits.
M. J. Thoulet. — Lithologie sous-marine
des côtes de France
_59:;
595
59S
Coo
6o3
6o5
607
6io
6ir.
619
622
fe.'5
62 i
r)26
PARIS. — [MPRIMBKIE G A UT H I B R-VI L L .\ K S
Quai des Grands-Augustins, 55.
Le aérant .*(iAaTBlBa-ViLLAR&.
30^1 18H9
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAK Mn. liES SBCRÉTAIRES PERPÉTUEIiS.
/
TOME CXXIX.
N^ 17 (23 Octobre 1899)
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Graiuls-Aiitïustins, 55.
1899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDIS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES sS JUIN 1862 ET ll\ MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de C Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou car un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les J rogran mes des prix proposés par l'Acadé
sonl imprimés dans les Comptes rendus, mais lesp
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'aul
que l'Académie l'aura décidé
I^es Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savaru
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des person
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'a
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires s
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nomi
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ext
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le!
pour les articles ordinaires de la correspondance (
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rem
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard
jeudi à 10 heures du malin ; faute d'être remis à tem
le litre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rei
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendui
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des ;
leurs; il n'v a d'exception que pour les Rapports
les Inslruclions demandés par le Gouvernement
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative!
un Rapport sur la situation àes Comptes rendus a'pi
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pi
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui piécéde la séarce, a\ant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivai
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 25 OCTOBRE 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES GORRESPONO.VNTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la simultanéité des phénomènes d'oxydation et
des phénomènes d' hydratation accomplis aux dépens des principes orga-
niques, sons les influences réunies de l'oxygène libre et de la lumière; par
M. Berthelot.
« Les principaux phénomènes chimiques accomplis au sein des animauv
sont des phénomènes d'oxydation et d'hydratation on hydrolyse, comme
on dit aujourd'hui : ce sont là les phénomènes les plus importants qui
président soit à la nutrition, soit à la production de la chaleur animale. On
les envisage en général comme tout à lait séparés et réalisés sous l'in-
fluence d'agents essentiellement distincts, agents qui auraient seulement
ceci de commun de différer, en général, des agents ordinaires de la
G. K.,1899, 3" Semenre. (T. CXXLN, N" 17.) i^ J
(628 )
Chimie minérale. Ces derniers, en effet, opèrent pour la plupart d'une
façon brusque, violente et avec le concours de températures plus ou moins
élevées. Tel est le cas des acides et des alcalis concentrés, lorsqu'ils déter-
minent des hydratations ou des déshydratations; tel est également le cas
des acides et autres composés oxydants : l'acide azotique, l'acide permanga-
nique, les peroxydes métalliques, le chlore avec le concours de l'eau, etc.,
lorsqu'ils déterminent des oxydations. Or ces conditions sont incompatibles
avec le maintien de la vie. Mais alors interviennent les actions lentes,
dont on ne tenait guère compte en Chimie organique avant l'époque où
elles m'ont conduit à réaliser la synthèse des corps gras naturels, exposée
en i854 devant l'Académie, et avant mes longues recherches sur la forma-
tion des éthers (1860), point de départ de la plupart des travaux et consi-
dérations relatifs aux équilibres, qui ont pris aujourd'hui un si grand
développement dans la Mécanique chimique.
» Depuis lors j'ai exécuté plusieurs études sur les principes oxydables,
doués de propriétés oxydantes, et j'ai essayé d'en établir la théorie, assi-
milant leurs actions à celles que j'avais déjà constatées pour l'eau oxygénée,
le peroxyde d'argent, le chlorure manganeux, l'essence de térében-
thine, etc.
» J'ai réuni ces faits et ces explications dans mon dernier Ouvrage
(^Chimie végétale et agricole, t. III, livre IV : Propriétés oxydantes de divers
principes oxydables, p. 470-5 10). J'ai également relié certaines de ces
réactions oxydantes à des réactions hydratantes, corrélatives et simul-
tanées. Je me propose, dans le présent travail, de poursuivre ce sujet, en
exposant quelques expériences nouvelles. Il s'agit d'oxydations accomplies
sous les influences simultanées de l'oxygène et de la lumière. J'ai recherché
si ces influences, agissant sur l'élher étiiylique, l'un des types les plus
simples des composés dédoublables par hydratation, sont susceptibles à la
fois de l'hydrater, c'est-à-dire d'en changer une portion en alcool, en
même temps qu'elles en oxydent une autre portion.
» Voici les faits que j'ai observés. Us sont groupés en trois séries :
» La première série est relative à l'action comparée de l'éther, d'une
part, sur l'eau et l'air; d'autre part, sur l'eau, l'air et l'eau oxygénée, chaque
expérience étant poursuivie à la fois dans l'obscurité et avec le concours de
la lumière solaire directe, pendant cinq mois;
» La deuxième série est relative à l'action comparée de la lumière
solaire et de l'obscurité sur l'éther, l'eau et l'eau oxygénée, pendant un
temps beaucoup plus court;
( 629 )
» La troisième série, au contraire, expose les résultats obtenus par l'al-
tération lente de l'éther pur, sous l'influence de l'air et de la lumière dif-
fuse, au bout de dix-sept ans.
PREMIÈRE SÉRIE.
» J'ai pris quatre matras à long col, d'une capacité voisine de ■î^o"" chacun et
j'ai d'abord introduit dans chacun d'eux, 75', o environ (10") d'éther ordinaire,
purifié aussi rigoureusement que possible et contenu dans un tube de verre mince
complètement rempli, ou sensiblement et scellé à la lampe. Cela fait, le col du ma-
tras a été étranglé sur un point, en forme d'entonnoir. Dans deux des matras, j'ai
versé 10" d'eau pure, dans les deux autres 10" d'une solution d'eau oxygénée pure,
non acide, susceptible de fournir lit"", S d'oxygène par centimètre cube aux corps
oxydables, ou de dégager cet oxygène à l'état libre (oxygène disponible). Cela fait, la
partie étranglée de chaque matras a été scellée d'un trait de chalumeau; chacun
d'entre eux contenait ainsi un volume d'air exactement connu sous une pression et à
une température déterminées. Il ne reste plus qu'à briser le tube de verre rempli
d'éther, par quelques secousses, pour le mettre en présence de l'eau pure, ou de la dis-
solution d'eau oxygénée, ainsi que de l'air contenu dans le matras; les proportions
relatives de ces divers corps étant connues. Deux de ces matras ont été conservés dans
l'obscurité; deux autres, placés sur une table, sur une terrasse exposée à l'action
directe de la lumière solaire, pendant cinq mois (février à août 1899).
» Avant de décrire les résultats obtenus, il convient de fixer les pro-
portions relatives des corps mis en présence et de les comparer avec celles
qui répondraient aux transformations définies les plus simples que l'éther
est susceptible d'éprouver, par les réactions de l'oxygène libre, ou de l'eau
oxygénée. Par exemple, on déduit des données relatives à un matras (I),
contenant de l'eau pure, que l'oxygène de l'air qui s'y trouvait pesait
o^', 060 au début de l'expérience. Dans un autre matras (II), contenant
une dissolution d'eau oxygénée, l'oxvgène de l'air pesait o^'',o65 et l'oxy-
gène disponible dans l'eau oxygénée, o^'^igS; total o^', 260.
)) Comparons ces données avec les réactions de l'éther oxydé : une mo-
lécule d'éther p,„5 ^O = 74*^' exigerait, pour fixer deux atomes d'oxy-
gène, O-, Sa'»'' de cet élément, en formant de l'aldéhyde C^H^O :
(C=H=)='0 4- 0= = 2C-H'0 + H-0.
» La formation de l'acide acétique répondrait à 64^'' d'oxygèue
(C=H'>)=0 + 20="= 2C=H*0= + H=0;
( 63o )
la combustion lotale, à 192^'" d'oxygène
(C=H^)-0 + 60- = 4C0= 4- 5H='0,
» Au contraire, la formation de peroxyde d'éthyle, composé qui prend
naissance immédiatement avec l'éther anhydre soumis à l'influence de
l'ozone, d'après mes recherches antérieures ('), mais plus lentement, sous
l'influence de l'oxygène libre, cette formation, dis-je, répond seulement à
la fixation d'un atome d'oxygène pour deux molécules d'éther (protoxyde
d'éthyle)
2(C^H^)»0 + 0 = (C=H')'0'
\3
soit 8^'' d'oxygène pour i molécule d'éther.
» Si nous rapportons ces nombres au poids de l'éther employé dans les
expériences ci-dessus, c'est-à-dire à ']^',o, on arrive aux chiffres suivants :
*■''■
La combustion totale exigerait. . 18,00 d'oxygène.
La formation de l'acide acétique 6,00
La formation de l'aldéhyde 3 , 00
La formation du peroxyde d'éthyle 0,76
» Or, le matras (I) renferme seulement 0^^060 d'oxygène libre et le
matras (II) renferme seulement 0,260 d'oxygène disponible.
)) On voit que dans tous les cas une fraction seulement, et même une
fraction minime de l'éther, est susceptible d'être attaquée par la dose
d'oxygène mise en présence. Cette circonstance a été maintenue à dessein,
afin de prévenir autant que possible des transformations trop profondes,
et de se placer dans des conditions comparables à celles que l'on observe
au sein des êtres vivants, où l'oxygène intervient peu à peu, sa dose rela-
tive demeurant faible à chaque instant, par rapport à la masse des prin-
cipes immédiats oxydables mis en présence.
» Ceci posé, voici les résultats obtenus :
» Obscurité. — Un matras renfermant de l'éther, de l'air et de l'eau, a
été conservé pendant deux mois dans l'obscurité, au fond d'une armoire
de laboratoire. Puis on l'a examiné : il ne s'y était pas formé d'alcool et
les phénomènes d'oxydation étaient très peu prononcés.
» Même résultat à peu près négatif, avec un matras renfermant de
(') Ann. de Chini. cl de Pliys., 5" série, t. XXVII, p. 229; 1882.
( 63i )
l'éther et une tlissolution aqueuse d'eau oxygénée : pas d'alcool. La décom-
position même de l'eau oxygénée était loin d'être terminée.
» Lumière solaire directe. — Au bout de cinq mois, j'ai examiné les deux
matras similaires qui avaient été exposés au soleil. J'ai déterminé la compo-
sition exacte de l'atmosphère gazeuse qui y subsistait. Elle ne contenait plus
trace d'oxvgène libre et était constituée par un mélange d'azote, de vapeur
d'éther (absorbable par SO^H-), et de formène, sans acide carbonique.
Quanta la liqueur, j'y ai constaté la présence de l'aldéhyde et de ses déri-
vés, celle de l'acide acétique et celle de l'alcool. Il n'y avait pas d'éther
acétique, du moins en dose notable. L'eau oxygénée avait entièrement
disparu.
» J'ai dosé l'alcool et l'acide acétique : le premier, par essai alcalimé-
trique, le second en nature, par distillation et emploi de CO^K- cristallisé,
suivant ma méthode ordinaire.
)) Réunissons les chiffres obtenus par l'analyse des deux matras exposés
au soleil pendant cinq mois. Ces chitlres indiquent, d'une part, l'oxygène
consommé; d'autre part, le formène, l'acide acétique et l'alcool produits :
I. Élher, II. Éther, air, eau
air et eau. et eau oxygénée,
gr srr S' „ ^' ,
O consommé 0,060 0,065 + 0,195^0,260
CH* trouvé o,oo5 0,006
Acide acétique, C- II' 0-. o,o53 0,200
Alcool, C^H«0 0,08 0,26
Ces données établissent la formation de trois ordres de composés distincts,
aux dépens de l'éther soumis à l'influence de la lumière en présence de
l'oxygène et de l'eau.
» La formation de l'acide acétique est normale, résultant d'une oxy-
dation.
» La formation de l'alcool résulte d'une hydratation; enfin, la formation
du formène atteste un dédoublement com|)lexe, qui se rattache peut-être
à l'instabilité du peroxyde d'acétyle, supposé produit tout d'abord. Mais
cette dernière formation est accessoire.
M Examinons de plus près les deux réactions fondamentales. La forma-
tion de l'acide acétique est quatre fois aussi forte en présence de l'eau
oxygénée qu'en présence de l'oxygène libre. Pour o^"", 200 d'acide acétique,
formé aux dépens de l'éther, il a fallu consommer qS"', 107 d'oxygène, dose
(63. )
supérieure aux oS'^,o65 libres dans l'atmosphère initiale du matras : l'eau
oxygénée est donc intervenue d'une manière nécessaire dans la formation
de l'acide acétique du matras (II). Quant au matras (I), les o^,o53 d'acide
acétique formés répondraient à oS'',o28 d'oxvgène, c'est-à-dire à la moitié
environ de celui de l'air du matras.
» Le surplus de l'oxygène disparu (soit o,o32 pour le matras eau
+ éther; ou o,i53 pour le matras eau -H éther -i- eau oxygénée) a con-
couru à changer une certaineKlose d'éther en aldéhyde et en produits divers.
» A première vue, l'alcool semble résulter d'une hydratation, sans
oxydation apparente. Mais cette explication paraît insuffisante, l'élher et
l'eau ne se combinant directement sous aucune influence connue, et sur-
tout n'étant pas entrés en combinaison dans les essais similaires relatés
plus haut, pendant le même temps. On doit dès lors faire intervenir une
réaction hydratante, corrélative de l'oxydation. L'hypothèse de l'éther
acétique se présente tout d'abord. Cependant, la formation de cet éther
n'a pas lieu en fait, lorsqu'on met en présence l'acide acétique, même
exempt d'eau, et l'éther anhydre à la température ordinaire. Ce n'est
que vers la température de 3oo*' que la combinaison a lieu, d'après mes
anciennes expériences. En tous cas, elle ne se développe pas en présence
d'un grand excès d'eau. Il faut donc admettre ici quelque mécanisme par-
ticulier. Ce mécanisme est d'ailleurs spécialement efficace en présence de
l'eau oxygénée, la dose d'alcool formé étant alors triple de celle que l'on
observe sans eau oxygénée.
)) Celui qui se présente dès lors à l'esprit, comme conforme aux faits
observés, est la production du peroxyde d'éthyle, corps susceptible d'être
obtenu en effet par l'action immédiate de l'ozone sur l'éther et même par
l'action lente de l'oxygène ordinaire. Entre ce peroxyde et l'eau oxvgénée
se développent des équilibres, qui en font varier les proportions relatives:
soit avec l'eau oxygénée préexistante, soit même avec l'oxygène ordinaire.
Le peroxyde d'éthvle se dédouble en effet, sous l'influence d'un excès
d'eau, en alcool et eau oxygénée
(C=H^)*0^-h3H=0 = 4C=Ii''0 + H='0-,
l'oxygène de cette dernière pouvant être employé à oxyder une autre por-
tion d'éther.
» L'oxygène disponible de l'eau oxygénée se porterait alors soit sur l'al-
cool ainsi formé, soit sur l'éther, lequel se trouve présent en dose beaucoup
( 63H )
plus forte, pour former d'abord de l'aldéhyde, puis de l'acide acétique. A
cet égard, l'eau oxygénée agit en fournissant de l'oxygène, et non en se sub-
stituant dans la molécule, à la façon du radical hypothétique hydroxyl, HO,
dont l'eau oxygénée possède la composition. En tous cas, la dose d'acide
acétique ainsi formée représenterait seulement, en théorie, i molécule de
cet acide pour 8 molécules d'alcool formé; tandis qu'en fait le rapport est
inverse, soit 3 i molécules d'acide pour i molécule d'alcool avec l'eau
oxygénée, ou 3 molécules d'acide pour i molécule d'alcool, avec l'eau
pure et l'oxygène libre.
« On pourrait supposer une corrélation plus directe entre l'acide et l'al-
cool, en admettant que l'éther ordinaire se transforme d'abord dans l'éther
acétique, produit normal de la combinaison entre l'alcool et l'acide acé-
tique : j'en ai déjà parlé plus haut,
(C-FP)-O -^ 0-==. C-H\C-H'0-+ H^O.
M En admettant que ce produit se dédouble à mesure, au contact d'un
excès d'eau, en acide acétique et alcool, il n'interviendrait qu'à l'état nais-
sant, comme on disait autrefois. Mais, dans ce cas, l'acide et l'alcool de-
vraient prendre naissance à molécules égales: ce qui ne répond pas davan-
tage aux rapports observés, non plus qu'au fait d'après lequel l'oxygène
consommé, soit avec l'air seul, soit avec le concours de l'eau oxygénée,
est double environ de celui qui concourt à former de l'acide acétique.
» Quoi qu'il en soit de ces interprétations, il n'en demeure pas moins
établi par les expériences précédentes que sous l'influence de l'oxygène
libre, ou fourni par l'eau oxygénée, influence activée par la lumière et
lentement exercée dès la température ordinaire, l'éther subit à la fois une
double réaction : l'une oxydante, qui fournit l'aldéhyde et l'acide acétique,
et l'autre hydratante, qui fournit l'alcool.
SEUXIËUE SËRIE.
» J'ai pris de l'éther anhydre et pur et je l'ai réparti entre cinq vases,
savoir :
1) Un tube scellé rempli presque exactement 10'='^ éther anhydre; un tube
scellé 5*=" éther, io<^'= eau. Ces deux tubes ont été exposés à la lumière
solaire directe l'après-midi; un troisième tube, semblable au second, étant
conservé dans l'obscurité.
» Un ballon de i"' plein d'air, avec 10*^'^^ eau et 3'='^ éther dans un tube
( 634 )
scellé, qui a été introtluit d'avance; le ballon une' fois scellé, on a brisé le
tube intérieur. Ce ballon a été conservé dans l'obscurité.
» Un ballon de i'", 5io plein d'oxygène; avec ô^"", 7 d'éther anhydre et
lo^"" d'eau, a été disposé de même, mais exposé à la lumière solaire directe
les après-midi.
» Ces expériences ont duré du 3i août au 19 octobre 1899.
)) L'analyse a montré que l'éther des trois tubes scellés et à peu près
privés d'air était demeuré inaltéré.
» Dans le ballon conservé dans l'obscurité il n'y avait eu aucune absor-
ption d'oxygène, ni formation d'acide acétique ou d'alcool. La lumière
paraît donc nécessaire pour déterminer l'altération de l'éther.
» Dans le ballon exposé à la lumière solaire (sept semaines, l'après-
midi), il y avait eu, au contraire, absorption de quelques centimètres
cubes d'oxygène et production de o^', 10 d'alcool et de oS'',oo4 d'acide
acétique, c'est-à-dire réaction déterminée par la lumière; réaction plus
faible d'ailleurs que dans la première série, à cause d'une durée moindre
et d'une température maxima plus faible. L'hydratation a été, comme dans
la première série, bien plus marquée que l'oxydation.
» Dans la série suivante, la durée a été, au contraire, bien plus grande.
TROISIÈME SÉRIE.
» En 1882 j'avais préparé, en vue d'expériences thermochimiques, une
quantité notable d'éther anhydre, aussi pur que possible, que j'avais
réparti dans un certain nombre de ballons de aSo'^'^, presque entièrement
remplis et scellés à la lampe, et dans des flacons à l'émeri, oii la comniu-
nicati(m avec l'atmosphère était inévitable, quoique lente, par l'espace
annulaire compris entre le col et le bouchon. J'avais conservé plusieurs
de ces ballons et flacons, soigneusement étiquetés et datés.
» Ballons scellés. — En août 1899 l'éther de l'un de ces ballons a
redistilié entièrement, inaltéré et à point fixe. Les dernières gouttes ont
seules offert une réaction acide, équivalente, d'après titrage, à un quart de
milligramme et attribuable au petit volume d'air laissé à l'origine. liC temps
et la lumière diffuse n'ont donc pas modifié l'éther en dix-sept années.
» Flacons. — Dans la plupart des flacons, tout l'éther avait disparu par
évaporalion; cependant, dans quelques-uns où la clôture était excellente,
l'oxydation lente de l'éther a donné naissance à des composés moins vo-
latils, qui y subsistaient après le même intervalle.
( 635 )
» Un flacon de aS'*", renfermant, en 1882, lyS'' d'élher anhydre, conte-
naitencore, en 1899, 7'^'' environ d'un liquide, dontl'analysejjar distillation
pllitrai^es alcalirnél.rifjiies a donné :
gr
Etlier LHIiylique. . .
nul
Ellier acétique . .
1,9
Alcool
2,6
Acide acétique . . .
0,6
Eau
0,9
6,0
Oxjgène
fixé.
Ether
détruit.
Eau
formée.
0,73
iIg
+ o,4i
nul
2,1
— o,5o
0,32
0,37
+ 0,09
»
)>
+ 0,90
» Il n'y avait pa.s d'autres composés, du moins à dose notable.
» Le Tableau suivant indique les poids d'oxytjène fixé, d'éther détruit,
d'eau formée, répondant à chacun de ces corps:
Élher acétique 0,73
Alcool nul
Acide acétique o,32
Eau de diverse origine. .
» Le poids de ces composés subsistant dans le flacon représente 4^'<07
d'éther, sur ï'j^'' contenus à l'origine.
» Le poids de l'alcool libre, soit 2S'',6, surpasse de 28'', 14 le poids équi-
valent à l'acide acétique libre; c'est-à-dire que le poids total de cet alcool
est six fois aussi considérable que celui qui correspondrait à une formation
supposée d'éther acétique avec l'acide libre actuel; il est triple du poids de
l'alcool équivalent à l'éther acétique l'éellement observé.
» Ces valeurs conduisent aux mêmes conclusions que la première et la
deuxième série, dont la durée a été plus courte. En effet, on a retrouvé,
sous forme d'alcool, les 12 centièmes du poids du carbone contenu dans
l'éther primitif, et seulement 2 centièmes de ce carbone .sous forme d'acide
acétique. L'oxydation de l'éther est donc accompagnée pur une hydrata-
tion beaucoup plus considérable.
» Les phénomènes spontanés observés sur l'éther sont applicables en
principe, et probablement en fait, à une multitude de composés végétaux
et animaux, tels que le sucre de cannes, les saccharoses, les hydrates de
carbone naturels, lesglucosides, les glycérides, les nitriles, uréides et corps
azotés, tous composés susceptibles d'hydratation et d'oxydation. Elle est
même plus complète, dans certains cas où les produits oxydés fixent, pour
C. R., i»t)9, i" S.^'.icstre. (T. CXXIX, N» 17.) 85
( 636 )
leur propre comple, les éléments de l'eau, et dans d'autres où produits
oxydés et produits hydratés entrent en combinaison réciproque, ce qui
arrive pour l'éther acétique, engendré par la combinaison de l'acide acé-
tique et de l'alcool. La connexitéde ces deux actions, ainsi constatée par des
expériences purement chimiques, doit exister également dans l'ordre des
réactions dites physiologiques, accomplies au sein des êtres vivants par le
concours des oxydants et des composés à double rôle, oxydables par l'oxy-
gène libre, et susceptibles de transmettre cet oxvgène, c'est-à-dire de
jouer le rôle d'agents oxydants vis-à-vis des autres principes contenus dans
l'économie. »
MÉCANIQUE. — Équilibre d'un flotteur avec un chargement liquide.
Note de M. Appell.
« Nous avons montré, dans la dernière séance, que la détermination
des positions d'équilibre d'un flotteur, contenant des liquides intérieurs,
peut être ramenée à la détermination delà plus petite valeur delà distance (5
de deux plans parallèles Q et Q' respectivement tangents à deux surfaces
(C) et (G). Si l'on considère une troisième surface enveloppée par un
plan Q" assujetti à être parallèle à Qet Q' et à rester à une distance <» d'un
point fixe, il est évident qu'on sera ramené à rechercher la plus courte dis-
tance d'un point fixe au plan tangent à une surface. Nous allons, dans ce
qui suit, ramener directement la question à ce dernier problème.
» Appelons, comme précédemment, p le poids du flotteur sans les
liquides iniérieurs, />,, /j,, . . ., p» les poids de ces liquides.
» Supposons toutes les surfaces libres horizontales et le flotteur immergé
de façon que la poussée appliquée au centre de carène C soit égale au
poids total du flottteur p +/), -{-fo ■+-■ ■ • + /'«•
» Soit B le centre du système des forces parallèles constitué i" par les
poids /?,, fi.,, . . ., pn appliqués aux centres C,, Co. . . ., C„ des liquides inté-
rieurs, 2" par la poussée /> -hp, -{-/Jo + .. .-h />„ appliquée au point C. Quand
on oriente le flotteur de toutes les manières possibles, le point B décrit
une surface (B) et, à chaque instant, le plan tangent à cette surface au
point B est horizontal.
» Pour que le flotteur soit dans une position d'équilibre stable, il faut et
il suffit que la distance du centre de gravité du flotteur seul (sans les
liquides) au plan tangent à la surface (B) au point B soit un minimum.
( 637 )
» On est ainsi ramené à une condition identique à celle que donne la
méthode de M. Guyou pour les flotteurs sans liquides intérieurs; la seule
différence est que la surface des centres de carène est remplacée parla sur-
face (B).
« Les rayons de courbure de cette surface (B) en un point B s'ex-
priment à l'aide des moments d'inertie des surfaces libres des liquides et
de la flottaison, par rapport à des droites analogues à l'axe d'inclinaison
dans la théorie ordinaire des flotteurs.
» Dans cette théorie nous avons supposé qu'à une orientation du flot-
teur correspond un seul plan de flottaison et un seul système de surfaces
libres des liquides intérieurs. Pour des flotteurs dont la surface extérieure,
tout en étant sans trous, contiendrait des creux suffisamment profonds
pour embarquer de l'eau à une certaine inclinaison, cette condition ne
serait pas remplie; il en serait de même si les surfaces contenant les li-
quides présentaient des saillies intérieures trop prononcées. »
ÉLECTRICITÉ. — Observation sur une Note de M. Blondel, relative
à la réaction d'induit des alternateurs ; par M. A. Potier.
" En attribuant deux coefficients de self-induction différents, l'un aux
courants wattés, l'autre aux courants dcNvattés, M. Blondel a sans doute
voulu faire allusion à ce fait que le coefficient de self-induction de l'induit
est variable avec sa position par rapport aux inducteurs, et est une fonc-
tion du temps, de fréquence double de celle du courant. Admettant que la
force électromolrice extérieure est Esinco/, l'équation du courant est
(i) Rj+^il^Esmco^
» Avant de résoudre cette équation dans toute sa généralité, il peut être
utile de la résoudre dans un cas particulier, ce qui permettra de présumer
l'influence de la variation de L dans les cas que le calcul ne peut aborder.
On supposera que L varie en raison inverse du binôme i — 2a.cosu^, la
valeur maximum étant V, la valeur minimum \, on aura
-"'^X^' i=^(i-2a.cosco/), ^ = | + J^,
L, est un coefficient, moyenne harmonique entre \ ei \' .
( 638 )
)) Si l'on désigne par Z,, Z.,, ... les impédances, et par (5,, H..,
retards correspondant aux divers harmoniques
. . les
Z^. = R-+K^L;or
langSA= -R-
la solution périodique de l'équation (i) se développe en série convergente
suivant les puissances de a,
[sin (coi — â, )]
sinS, cosoit
sinïîj cos(3o)i — S,
S,,)
— sinS, (coso, cos((o^ — ^( ) + cosS., cos(oj/ — S, — (\)
f-sinSj cosS, cos(3coi — ^3)
- sin 85 cosSg cos (5 (lit — ^, — ^i.^ — S,).
« La formule s'applique quel que soit S,, même en court-circuit absolu
(R = o); elle se réduit alors à
i = —z- sm ( 0)/
M Lu
(i — 2y.CQSo)t) = — j— [ — cos(o^(l — 7.) 4- acos3w;J,
.L,
qui est bien la solution de l'équation (i) dans ce cas.
» Dans la plupart des machines, a. est inférieur à o,o5; il est donc suf-
fisant d'examiner les termes en a; on voit alors que lorsque S, est faible,
ou lorsque le circuit extérieur est peu inductif, tout se passe comme si L,
était le coefficient de self-induction i-cel. Lorsque â, est notable, deux cas
sont à distinguer : ou bien, comme dans la pratique, cela lient à l'induc-
tance du circuit extérieur, la valeur x est alors négligeable, parce que
1, V se rapportent au circuit complet; ou bien, comme dans les essais
ea court circuit, a peut atteindre la valeur donnée plus haut; l'intensité
du courant en court circuit est déterminée par un coefficient d'induction
L, ^ J^_
I — a 3X -i- X'
compris entre L, et V ; mais l'écart entre ces deux coefficients, l'un corres-
pondant à la marche normale, l'autre à la marche en court circuit, n'est
que le quart de la différence (V — 1).
» Lorsque la force électromotrice contient des termes en alukoit, Thy-
pothèse faite sur la variation de L conduit à l'introduction dans la valeur
du courant d'un terme principal en Auii, et de deux autres termes propor-
( 639)
tioiHiels à a, en (/i — 2) coi et (/• + 2 )Mt ; la force électroniotrice E/,s,\nko>l
produil le courant
i = J~ î sin(>(-t)/ — (\) — c. rsin()^_^ cos(^- — 2)oj/ — <\ — ^k--i)
» Si Y ^'^^ représenté par une série
j- ([ — 2 7. COS20J/ — 2[icos4a^. • •),
un calcul analogue aux précédents fournit la valeur de i en séries ordon-
nées suivant les puissances de a, fi.
» Le courant est ainsi calculé, quelles que soient les variations de L et
de E((Hi de l'induction mutuelle) en fonction de l'angle de position des
bobines.
» Enfin, à la force éleclroinotiice E, sinco^ -1- E3 sinSu/ +. . ., et au
coefficient de self-induclion L tel que
j- = j— ^i — 2 7. COS2C0/ — 2[icos4wf — 2Ysin6cof — . , .),
17
I _ I ça
correspond le courant de court-cireuit i^ tel que
L| coi|| = COS iùt
cos ô co l
=c(£, + ^
^ — -.[V.
3
j-j-PC^' + T
E,\ /E.
Ht
/E3
Ht
E,
1 -1
j
9
En
1 I
■J"
» Si le court-circuit n'est pas absolu, mais que R > o . it une petite
fraction de L, to, en posant ~ = ii = i ^ — 2a cos 2to; — . . • ,
l = /„ 4- [-' / hi^ (Il -)- p / A / A4 Jl -\- . . . ,
dévelojjpement qui, pour R très petit, peut être plus commode que les pré-
cédents.
)» Ces procédés de calcul ne s'appliquent qu'autant que le fer est loin
( ^4o )
de la saturation. Ils sont loin de satisfaire aux desiderata de la pratique;
mais les procédés plus ou moins empiriques que l'on emploiera pour tenir
compte de la saturation et des fuites devront toujours donner des résultats
conformes à ceux des calculs ci-dessus quand on négligera la saturation
seulement; en particulier, il y a incohérence entre les hypothèses L va-
riable, E et i sinusoïdaux. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. J.-M. ]\oEL soumet au jugement de IMcadémie une Note sur « Un
nouveau télémètre ».
(Commissaires : MM. Maurice Lévy, Cornu, Becquerel.)
M. G. Ckoquevielle adresse une Note « Sur les propriétés curatives du
sulfate de fer dans les maladies microbiennes ».
(Renvoi à la Section d'Économie rurale.)
CORRESPONDANCE.
GÉOMÉTRIE. — Sur certaines surf aces remarquables du quatrième ordre.
Note de M. G. Hcmbert, présentée par M. Jordan.
« Les fonctions intermédiaires normales, dont j'ai donné ailleurs la
définition, conduisent à de curieuses surfaces d'ordre quatre.
» Supposons que, entre les périodes i,o; o,i; g,h; h, g' d'une fonction
abélienne à deux variables, u et v, existe la relation
D étant un entier positif, supérieur à l'unité, et tel que la forme x- — Dy*
puisse représenter le nombre trois; on a ainsi, pour deux valeurs entières
/et k,
(i) /^-Dr-=3.
Les fonctions intermédiaires normales, d'indices 2/, 2A, et de caractéris-
(64. )
tique nulle, sont fonctions linéaires et homogènes de douze d'entre elles,
parmi lesquelles huit : Y^(u,v), V.,{u,v), ..., F8(«, <>), sont paires, et
quatre : 'l\(u,p), ..., $,,(?/, ç'), sont impaires. Les huit fonctions F ne
s'annulent simultanément pour aucun syslème de valeurs de u, i>; les
quatre fonctions $ s'annulent simplement pour chacune des seize demi-
périodes.
» Cela posé, considérons d'abord les fonctions paires F : quatre d'entre
elles, linéairement distinctes, s'annulent pour la demi-période u=o, c'=o,
ai'cc l'ordre quatre, c'est-à-dire que leur développement en série de Ma-
claurin commence par des termes du quatrième ordre en i/, c.
» Désignons par F|(//, c) F,,(j<, c) ces quatre fonctions, et soit 1 la
surface, évidemment algébrique et hyperelliptique, pour laquelle les
coordonnées homogènes a-,, a?,, x^, œ„ d'un point sont proportionnelles à
F,(k, v), . .., F.,(m, c): si l'on observe que le nombre des zéros communs à
deux fonctions intermédiaires d'indices >>, v est aX^— aDv*, et si l'on se
souvient que les quatre fonctions F sont paires, on voit que le degré 1 est
1(8/2- 8DP-16)
c'est-à-dire quatre, d'après (i).
» D'ailleurs la surface 3 a évidemment quinze points doubles, dont les
arguments sont les quinze demi-périodes autres que u = o, v = o, et l'on
établit qu'elle n'admet pas d'autre point double.
» On obtient ainsi, en faisant varier l'entier D, une infinité de surfaces
du quatrième ordre à quinze points doubles, pour chacune desquelles les
coordonnées d'un point sont des fonctions abéliennesde deux paramètres :
ce résultat est d'autant plus intéressant que, si l'on applique la même
méthode, ou une des méthodes plus générales dont il sera question tout à
l'heure, en employant des fonctions intermédiaires non singulières, c'est-
à-dire des fonctions thêta, la surface obtenue a toujours un seizième point
double et se réduit, par suite, à une surface de Rummer.
» Les surfaces 1 dépendent des deux modules arbitraires des fonctions
abéliennes correspondantes et de l'entier D, tandis que la surface générale
d'ordre quatre, à quinze points doubles, dépend de quatre modules; elles
possèdent toutes une même propriété géométrique, indépendante de l'en-
tier D, et qui peut s'énoncer ainsi :
» Le contour apparent sur un plan d'une surface d'ordre quatre, à quinze
points doubles, à partir d'un de ces points, se compose de quatre droites
d^, d.,, d^, d,, et d'une conique C; ces cléments n'ont à satisfaire qu'à une
( 6.'|2 )
seule condition, c'est qu'il existe une combe du second ordre bitangente
à C et tangente aux quatre droites d. Pour les surfaces 1, une autre rela-
tion lie les droites et la conique : il existe une courbe du second ordre, C,
circonscrite au triangle des droites </, , d.^ , d^ , passant par les deux points où la
droite r/, coupe la conique C, et touchant en outre celle-ci.
)> D'ailleurs, si cette condition est satisfaite, il existe trois autres courbes
du second ordre analogues à C et qu'on obtient en permutant les quatre
droites dans l'énoncé ; de là un théorème de Géométrie élémentaire qu'il
serait intéressant d'établir directement.
» D'autres surfaces à quinze points doubles se définissent d'une manière
semblable, à l'aide des fonctions abéliennes singulières, dont les périodes
vérifient la relation
g'+h = \yg,
D étant un entier positif, tel que la forme x'- -\- xy — Dj^ puisse repré-
senter le nombre trois; ces surfaces possèdent la propriété spéciale qu'on
vient d'indiquer.
» De même, en supposant g' = D^ et P — Dk- = 2/>- 4- i , ou g' + h = Dg
et /- -I- l/c — DA- = 2/?^ + I, on arrive à de nouvelles surfaces du quatrième
ordre à quinze points doubles, pour lesquelles la propriété spéciale com-
mune a une forme plus compliquée.
» Soit enfin S la surface pour laquelle les coordonnées d'un point sont
proportionnelles aux quatre fonctions impaires ^i{^u,v), définies précé-
demment; son degré est
7,(8/- — 8D/:- — i6), c'est-à-dire quatre;
elle n'a pas de point double et possède deux groupes de seize droites, qui
forment une configuration remarquable, en quelque sorte complémentaire
de la configuration ordinaire de Rummer : chaque droite d'un groupe ren-
contre en effet dix droites de l'autre groupe.
» L'emploi des fonctions normales singulières conduit de même à des
surfiices du quatrième ordre, à quatorze, treize, douze, etc. points doubles,
qui mériteraient une étude spéciale. »
( 643 )
CHIMIE. — Sur la détermiiialion du cocfficiciii de sobilnliiè des liquides.
Note de MM. A. Aignan et E. Dcgas.
« Nous avons montre ;intéritniremeiit ( ' ) que l'on pont dcterminer avec
facilité les coefficients de solubilité réciproque « et p de deux liquides A etB,
qui ne sont pas miscibles en toute proportion, en agitant dans deux tubes
gradués des volumes V„, V^ et V^^, V^ de ces deux liquides, puis notant,
après un instant de repos, les volumes des deux couches liquides V,, V^
et V, , V'^ dans chaque tube. Les valeurs o. et p sont données par les
formules
V V _ V \" V V. V, v
en admettant que l'on ait
v„ + V, = V , + V , et v;, + v; = v, + v,.
Il en est ainsi quand on opère à température constante et que les deux
liquides ne réagissent pas l'un sur l'autre. C'est \e premier cas à considérer.
» Quand les deux liquides sont susceptibles de se combiner, il y a con-
traction du volume après agitation. Les conditions initiales du problème
sont alors changées : l'un des liquides se dissout dans la combinaison, et
l'excès de ce liquide lui-même non combiné dissout à saturation la combi-
naison formée. C'est le deuxième cas. Pour avoir les coefficients de solu-
bilité réciproque, il convient de remplacer, dans les formules ci-dessus, V,,
Va, V, , y'^ respectivement par V, ( 1+ c,), V, (j + £,), ¥0(1 + s.), V'^ (i -1- 1._),
avec
et
A w V'j — A (v' Vj
^'- v,v,-v,v; '
Aif-V, - A.f'V,
"'^ v,v;-v,v;
Aiï'
= (V„+V,)-(V. + V,),
à..v.' = (v>v;,)-
(v; + v;).
» Il faut remarquer que a et p ne sont alors que des coefficients de solu-
bilité apparente, a, par exemple, représente le volume de liquide A qui
sature, par dissolution et combinaison, l'unité de volume du liquide B.
» Mais, en outre, au moment oîi l'on mélange les deux liquides pour
les saturer réciproquement, il peut se produire des phénomènes acces-
(') Comptes rendus, t. CXXIV.
C. K., 1899, 2" Semestre. (T. CXXIX, N" 17.) ^6
( 644 )
soires, qui modifient la composition de l'un au moins des liquides, consi-
déré comme dissolvant. On ne peut alors songer à déterminer des coeffi-
cients de solubilité, parce que le volume de liquide A dissous dans l'unité
de volume du liquide B dépend, à une même température, du rapport des
quantités des deux liquides A et B mis en présence. C'est le troisième cas.
» En opérant comme il suit, notre procédé expérimental fait connaître
quel est de ces trois cas celui qui se présente quand on mélange les deux
liquides A et B.
» Les deux liquides à étudier sont introduits en proportions différentes
dans trois ou quatre tubes gradués et l'on note les volumes ¥„, V^, V,, Vj
fournis par chaque tube avant et après agitation. Pour calculer x et fi, il
suffit de combiner les nombres lus sur deux quelconques des tubes.
» Si les diverses données fournies par les tubes i et 2, 2 et 3, 1 et 3, etc.
permettent de calculer pour a et ji des valeurs qui ne changent pas d'un
groupe de deux tubes à l'autre, on se trouve dans le premier ou dans le
second cas, suivant qu'à température constante le mélange s'effectue sans
contraction ou avec contraction. Si, au contraire, les diverses valeurs
de a et p ainsi calculées sont différentes, on est en présence du troisième
cas; il se produit dans le mélange un phénomène accessoire, qui masque
le phénomène de solubilité proprement dit.
)) Afin de préciser, nous allons donner un exemple da premier cas et un
du troisième cas.
» i" Aniline et eau. — Les observations ont été faites à la température de -+-11"
avec quatre tubes divisés en dixièmes de centimètre cube. On a obtenu :
V„ V, V, V,
Tubes. (aniline). (eau). (couclie infér.). (couche super. ).
ce ce ce ce
1 2 18 1,4 18,6
2 5 i5 4i7 i5,3
3 i5 5 i5,5 4)5
% 18 2 18,7 1,3
d'où :
Tubes.... (leti) (lel3) (2 et 4) (2 et 3)
a o,o36 0,087 o,o33 o,o34
P 0,042 o,o44 o,o4i 0,043
» Ces résultats concordent d'une manière satisfaisante et donnent en moyenne
pour i = -t- 1 1°
a^o,o35, p^o,o42.
» En chauffant progressivement les tubes, on peut constater que ces deux coeffi-
cients de solubilité croissent à mesure que la température sélève.
( 6/,5 )
» 2° Alcool amyliqiie et eau. — Les expériences ont été effectuées dans les mêmes
conditions, à la température de -hiS", mais elles ont fourni des résultats tout autres.
Les données expérimentales sont résumées dans le Tableau suivant :
Tube. V„ (eau). - V,, (alcool). V,. V,. ^
ce ce ce ce ce
1 17 3 i8,3i 1 ,60 0,09
2 i3 7 i4,3o 5,61 0,09
3 7 i3 7,61 12,35 o,o4
4 3 17 2,90 17,08 0,02
» La contraction très sensible nous indique qu'il doit y avoir combinaison entre les
deux liquides; et comme le calcul donne
E,=io,oo5, =2=o,
on doit admettre que l'alcool amylique se combine avec l'eau dans la couclie
inférieure sSule où l'eau est en grand excès. A l'appui de cette conclusion, il faut
noter que la couche inférieure seule se trouble dès qu'on l'échauffé légèrement en
touchant le tube avec la main, l'alcool amylique se séparant en fines gouttelettes de
l'hydrate partiellement dissocié.
» Si pour calculer a, coefficient de solubilité de l'eau dans l'alcool amylique, et p,
coefficient de solubilité de l'alcool amylique dans l'eau, nous groupons nos expériences
deux à deux, on obtient :
Tubes (letV) (3 et 4) (2et4) (let3)
y. 0,019 0,027 o,023 — 0,006
p 0,084 0,1 46 0,118 0,082
» La variabilité de a et de (3 démontre que l'on a affaire à un phénomène plus com-
plexe que la solubilité réciproque de deux liquides.
)> Ces particularités peuvent s'expliquer si l'on remarque que Valcool amylique
pur de fermei^tation est un mélange en proportions variables d'alcool isopropylacé-
tique et àWcooiméthyléthyléthylique, et si l'on admet, comme nous croyons l'avoir
expérimentalement établi, que l'alcool méthyléthvlélhylique, susceptible de se com-
biner avec l'eau, possède un coefficient de solubilité indépendant de sa proportion
dans le mélange amylique, tandis que le coefficient de solubilité de l'alcool isopropyl-
acétique, qui se dissout sans se combiner, varie notablement suivant la proportion
des deux alcools isomères. »
PHYSIOLOGIE. — Sur la fécondation mèrogonique et ses résultats.
Note de M. Yves Delage, présentée par M. H. de Lacaze-Duthiers.
« Dans une Note présentée l'année dernière à l'Académie (séance du
10 octobre), j'ai montré que, chez l'Oursin, une moitié d'œuf ne contenant
pas de noyau pouvait être fécondée et se développer en un embryon. Deux
mois d'études faites cette année sur le même sujet, au laboratoire de
( 646 )
Roscoff, m'ont permis d'étendre, de généraliser et d'approfondir ces ré-
sultats.
» La fécondation de cytoplasma ovulaire non nucléé ne se limite pas aux
Échinodermes. J'ai pu l'étendre aux Mollusques (Dentale) et aux Vers
(l'Annélide polychète Lanice conchylega). Ce n'est plus désormais une
curiosité biologique, c'est un processus qui peut être généralisé et qui
mérite de recevoir un nom : je propose de l'appeler mérogonie.
» Je n'avais l'année dernière obtenu que des masses morulaires repré-
sentant des embryons plus ou moins déformés. J'ai réussi cette année à
obtenir des larves typiques et normales des trois formes étudiées, le Pluteus
chez l'Oursin, le Veliger chez le Dentale et la Trochophore chez l'Annélide,
toutes larves parfaitement agiles, ne différant que par leur taille et par
quelques détails d'importance secondaire des larves provenant d'oeufs
entiers. Fréquemment, et pour les trois types étudiés, j'ai obtenu deux
larves identiques, parfaites, d'un même œuf coupé en deux avant la fécon-
dation.
y> Pour déterminer les limites de la mérogonie, j'ai coupé des œufs en
plusieurs parties égales ou en deux parties très inégales. J'ai pu obtenir,
chez l'Oursin, trois larves d'un même œuf et, chez les trois types, des larves
provenant de fragments représentant seulement le tiers, le quart, le
dixième de l'œuf total. Chez l'Oursin, j'ai même obtenu une larve blastula
ciliée, parfaitement normale et agile, aux dépens d'un fragment anucléé
représentant ^ de l'œuf. Un seul œuf pourrait donc, s'il était idéalement
sectionné, donner une quarantaine de larves, toutes, moins une peut-être,
dépourvues de noyau maternel.
» J'ai réussi des hybridations mérogoniques entre trois Oursins : un
Echinus, un Strongylocenlrotus et un Sphœrechmus.
» Soumis à la fécondation, les fragments, anucléés ou non, d'œufs
encore pourvus de leur vésicule germinative restent toujours stériles, tandis
que les fragments d'œufs ayant émis leurs globules polaires, identiques en
apparence aux précédents sous tous les autres rapports, sont fécondés et
entrent en évolution. Il y a donc dans l'ovule, contrairement à ce qui est
admis d'après les idées régnantes, une maturation cytoplasmique, corré-
lative peut-être de la maturation nucléaire, mais distincte de celle-ci. Si,
en effet, l'œuf achevé, n'ayant plus qu'à émettre ses globules polaires,
avait déjà un cytoplasme identique à celui de l'œuf ayant émis ces glo-
bule», on ne comprendrait pas pourquoi les fragments anucléés de ce cyto-
plasme se refuseraient à la fécondation, quand les fragments similaires des
œufs à novau réduit se laissent féconder.
( 647 )
» D'après certaines théories actuellement en cours, les chromosomes
auraient une individualité, une personnalité permanentes au milieu des
multiples avatars de leur évolution. Les expériences de mérogonie m'ont
permis de soumettre cette idée au contrôle de l'expérience, quand on
aurait pu croire qu'elle était condamnée à rester dans le domaine de la
spéculation. Les cellules somatiques de VEchinus ont 1 8 chromosomes;
les cellules sexuelles mûres en ont donc 9. Les œufs normaux en ont 9
maternels et en reçoivent 9 du spermatozoïde, ce qui rétablit le nombre
normal 18. Dans la niérogonie, le fragment ovulaire a o chromosome, le
spermatozoïde lui eu apporte 9; il devrait donc y en avoir 9 seulement
dans les cellules de la larve. Or, il y en a 18, voilà le fait! J'ai pu , sur-
montant des difficultés très grandes, que comprendront sans explication
tous ceux à qui ces sortes d'études sont familières, les colorer et les mettre
en évidence chez les deux larves sœurs jumelles issues d'un même œuf
et constater qu'elles avaient, l'une comme l'autre, 18 chromosomes,
comme les larves provenant d'œufs intacts.
» Que s'est-il donc passé?
» Il s'est passé ceci, que la cellule de l'embryon mérogonique qui, à un
moment donné, a reçu 9 chromosomes seulement, a néanmoins, en sortant
de l'état de repos, sectionné son filament chromatique en 18 morceaux.
» La conclusion est que les chromosomes n'ont pas d'individualité
propre, qu'ils ne sont que des segments quelconques du filament chroma-
tique. La fixité du nombre des chromosomes dans les cellules d'un nnim.il
donné ne résulte pas de la permanence d'un objet qui se reproduit toujours
identique à lui-même : elle est une simple propriété de la cellule comme
la forme ou les autres détails de la structure; une cellule donnée, détermi-
née par la constitution physico-chimique de son protoplasma, a la propriété
de couper son filament chromatique en n segments comme elle a celle de
sécréter telle ou telle substance, de se contracter ou de produire de l'influx
nerveux.
» En faisant la statistique des réussites de fécondation chez les œufs
coupés et les œufs intacts, placés pour le reste dans des conditions abso-
lument identiques, l'on arrive à cette constatation surprenante que, dans
les expériences bien faites, la proportion des réussites est au moins aussi
grande pour les œufs coupés que pour les intacts ; fréquemment elle est
plus élevée.
» Si l'on tient compte de ce fait que le traumatisme opératoire ne peut
que nuire aux œufs sectionnés, on est conduit à cette conclusion, qui s'im-
pose malgré son apparence paradoxale, que la mérogonie favorise la fécon-
( ^48 )
dation. Je ne puis affirmer, mais tout porte à croire, que c'est à l'absence
du noyau qu'est dû cet avantage. On a longtemps cru que l'ovule entier
était fécondé. Il a fallu reconnaître qu'il ne peut l'être qu'après avoir éli-
miné les trois quarts de son novau. On a longtemps cru que son centro-
some était indispensable à son évolution ; il a fallu reconnaître que le plus
souvent il disparaît avant la fécondation. On est maintenant forcé d'ad-
mettre, d'après les expériences de mérogonie, que seul le cytoplasnia ovu-
laire est nécessaire à la fécondation; et l'on est conduit enfin à se demander
si ce quart restant du noyau n'est pas au moins inutile à la fécondation de
l'œuf et peut-être à la formation des organes de l'embryon, si (en mettant
à part les avantages qui peuvent résulter pour l'espèce du fait de l'amphi-
mixie nucléaire) un œuf qui éliminerait tout son noyau, sans traumatisme,
par un processus naturel analogue à l'émission des globules polaires, ne
serait pas en meilleure condition pour être fécondé et en aussi bonne con-
dition pour se développer que l'œuf normal intact.
» Les faits exposés ici viennent à l'appui des conclusions formulées dans
mon travail de l'année dernière et dont je rappellerai la principale, en la
complétant d'après les résultats actuels : les faits de mérogonie condamnent
les théories de la fécondation qui font intervenir une polarité nucléaire, ou
la nécessité de rétablir le nombre de chromosomes réduit par la matura-
tion, ou toute autre particularité ayant son siège dans le noyau femelle;
elles conduisent à admettre que, dans la fécondation, le phénomène essen-
tiel est, non pas, comme ou le croyait, la fusion d'un noyau femelle et d'un
noyau mâle dans le cytoplasma ovulaire, mais l'union d'un noyau sperma-
tique à une masse donnée de cytoplasme ovulaire et le transfert à ce cyto-
plasme ovulaire d'un plasma énergétique spécial contenu dans le spermo-
centre. «
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Les affinités et la propriété d'absorption
ou d'arrêt de l'endothéliunivasculaire {^).'^ot.e, AeM. Hexri Stassano,
présentée par M. Armand Gautier.
« Dans les différentes formes expérimentales d'empoisonnement par le
mercure, j'avais noté que les organes et tissus où ce toxique s'accumule
sont les plus vascularisés : la rate, les reins, le foie, les poumons, la moelle
des os, la peau, les muscles. Ils retiennent tous le mercure bien après que
(') Travail du Laboratoire de Toxicologie de la Préfecture de Police et du Labora-
toire de Physiologie de la Sorboiine.
i
( H^ )
celui-ci a disparu cki sang. Ce n'est donc pas au sang lui-même qu'on peut
rapporter sa prédominance dans ces organes, mais, comme on va le voir,
aux parois elles-mêmes qui auraient une véritable affinité pour le métal.
» Celte interprétation trouve un appui dans la commune origine em-
bryogénique des cellules endothéliales et des leucocytes que j'ai déjà
démontrée s'emparer du sublimé ('). Elle cadre avec la propriété de
fixer les selsdefer et d'argent, l'encre de Chine, le carmin ammoniacal, etc.,
reconnue à l'endothélium vasculaire par Kobert et ses élèves et Kowa-
lewsky.
)) Faute d'un réactif microchimique pour déceler le mercure dans les
cellules endothéliales, j'ai dû recourir à l'analyse chimique ordinaire. Le
principe de la méthode est le suivant : S'il y a fixation du mercure par
les parois vasculaires, l'apport tle ce métal à un organe déterminé doit
varier suivant la longueur et l'étendue du réseau vasculaire parcouru par
la solution mercurielle avant d'arriver à cet organe.
« J'ai choisi deux bouledogues, de même poids et de même Age, et je leur ai injecté
la même dose de sublimé (3™8"' par kilogramme) dissous dans la solution physiolo-
gique. A l'un d'eux, l'injection fut faite, vers le cœur, dans la jugulaire, tandis qu'à
l'autre, elle fut pratiquée dans l'artère crurale, au pli de l'aine. On compara : i° les
quantités de mercure fixées dans le poumon et le cœur, dans l'un et l'autre cas; 2° le
mercure retenu séparément dans la peau, les muscles et les os de la jambe injectée
directement, avec le mercure fixé, chez le même chien, dans chacun des tissus corres-
pondants de l'autre jambe j)ostérieure, qui ne recevaient la solution mercurielle
qu'après qu'elle avait franchi les capillaires de la jambe injectée, les vaisseaux de la
petite circulation et enfin les voles artérielles de la grande.
M Le résultat de ces comparaisons fut démonstratif. L'anneau de mercure donné par
le poumon du chien injecté dans la jugulaire fut presque triple de celui du poumon du
chien injecté dans la crurale. De même, la trace de mercure arrêtée par le cœur du
premier chien est bien plus marquée que celle localisée dans le cœur du second. A
leur tour, les trois anneaux de mercure provenant de la peau, des muscles et des os
de la jambe injectée furent quatre à cinq fois plus étendus que les anneaux correspon-
dants de la jambe opposée.
» Il est démontré assez clairement, par cette expérience, qu'une grande
partie du mercure injecté dans les vaisseaux se fixe presque instantané-
ment sur place. Il reste à savoir dans quels éléments cellulaires le mercure
s'arrête : est-ce dans l'endothélium, est-ce dans les tuniques vasculaires
sous-jacentes?
» Pour en décider, j'ai recherché si les modificateurs de l'endothélium
faisaient varier l'absorption du mercure. Le violet de méthyle, d'après
( ' ) Comptes rendus, 3 1 octobre 1 '
( 65o )
Cavazzani, Ferrari et Finzi, a une affinité considérable pour les cellules
endothéliales et, en s'y fixant, en entrave les manifestations vitales. Si
l'arrêt du mercure se fait dans les cellules endothéliales, il est clair que
l'injection intraveineuse préalable de violet de raéthyle modifiera l'absor-
ption du mercure par les parois vasculaires. Or, j'ai trouvé qu'effective-
ment une injection de So^e"- de sublimé n'a presque pas laissé de traces de
son passage à travers les organes les plus vasculaires (foie, rate, reins,
poumons, etc.) chez deux chiens de lo'-s à 12''^, quand je leur injectais au
préalable 3o" à 4o" d'une solution saturée de violet de méthyle, chez l'un
par la jugulaire, chez l'autre par la saphène.
» Pour démontrer encore plus solidement cette action du violet de
méthyle sur la capacité d'absorption de l'endothélium vasculaire, j'ai rem-
placé ensuite le sublimé par la strychnine, A un bouledogue de Si^s, j'in-
jecle dans la carotide So'^'^ d'une solution saturée de violet de méthyle à
38° et, quelques minutes après, par la même artère, de très petites doses
de strychnine. La même solution de toxique est employée simultanément
chez un autre bouledogue qui sert de témoin. Je commence par 1'^'= d'une
solution à 0,20 pour 1000; dix minutes après, j'injecte un deuxième cen-
timètre cube : à la suite de cette seconde injection, le chien normal se
raidit à chaque coup qu'on frappe sur la table à vivisection; le chien au
violet de méthyle, au contraire, ne bouge pas; lorsqu'en augmentant la
dose, ce dernier commence à ressentir l'action de la strychnine, le témoin
est, déjà depuis longtemps, en plein tétanos.
» Une objection se présente cependant. L'examen histologique montre que les cel-
lules endothéliales sont les premières et presque les seules attaquées par le violet de
méthyle; mais on pourrait penser que ce corps, agissant encore sur les centres céré-
braux, peut émousser leur sensibilité à l'égard de la strychnine. Pour lever ce doute,
j'ai examiné le degré d'excitabilité électrique d'un hémisphère cérébral qui venait de
recevoir une injection de violet de méthyle par la carotide correspondante, vis-à-vis
de l'excitabilité de l'hémisphère opposé chez le même chien, et j'ai noté du côté de
l'injection une surexcitation bien marquée (7° du chariot) à la place de l'affaiblis-
sement qu'on pouvait craindre.
» Ces expériences confirment la relation qui existe entre la fixation du
poison par l'endothéliiuTi et l'apparition des phénomènes toxiques. I^es
expériences suivantes font connaître, en outre, comment cette môme pro-
priété de fixation par les cellules endothéliales, dangereuse pour l'orga-
nisme dans le cas précédent, se transforme en un mécanisme protecteur
lorsque l'injection toxique se produit loin des centres nerveux.
» A deux chiens de io''e à 12''?, du même âge et de la même race, on injecte, par pe-
tites doses de i'^'^ chacune, une solution à 0,20 pour 1000 de strychnine; à l'un par la
( 65, )
carotide, à Faiitre par l'artère crurale. Dès les premières doses, le chien injecté par la
carotide a des secousses tétaniques qui deviennent plus fréquentes à mesure qu'on
répète les injections, tandis qu'il faut le double de strychnine pour que le cliien
injecté par la crurale présente les mêmes symptômes; en poussant plus loin l'empoi-
sonnement, cette différence s'accentue jusqu'à ce (|u'une nouvelle injection, de 4'"°''
à 5"S'', soit nécessaire pour faire entrer ce chien en tétanos, tandis que le premier est
mis dans cet état dès que l'on atteint la dose de S""»'' à 4°'°'-
» Eli rem[)laçanL la strychnine par le cuiare, qui n'exerce son aclion
que sur les terminaisons des nerfs, on lait ressortir, d'une façon encore
plus frappante, par une sorte de contre-épreuve, le rôle que l'endothéliuni
vasculaire joue, tour à tour, dans la production des phénomènes toxiques,
ou contre ces mêmes manifestations, selon que l'arrêt du poison se fait
près ou loin des éléments cellulaires, sur lesquels se porte son action.
» A un chien auquel on a mis à nu les bouts supérieurs des nerfs cruraux, on
injecte une dose modérée de curare (o"^,5 par kilo, d'une solution à i pour loo) dans
une des artères crurales, près du pli de l'aine, et de suite, on mesure l'excitabilité
des deux nerfs découverts au moyen du chariot inducteur. On note d'abord que la
surexcitabilité nerveuse motrice, par laquelle débute l'action du curare, est bien plus
prononcée dans la jambe qui a reçu directement l'injection que dans la jambe
opposée. Cette différence a pu atteindre dans une de mes expériences jusqu'à i8". Dans
la phase de paralysie, c'est encore du côté de l'injection que le curare agit avec le plus
d'intensité, les écarts d'excitabilité des nerfs respectifs variant de i" ou 2° à 7° ou 8°.
A mesure que le curare s'élimine, on voit apparaître les mouvements spontanés dans les
doigts et la patte de la jambe de l'autre côté de l'injection, tandis que du côté injecté
persiste la plus complète immobilité.
» En résumé, ces expériences démontrent que l'affinité de l'endothéliuni
vasculaire pour le mercure est la cause de la prédominance de ce toxique
dans les organes les plus sanguins. En établissant que cet endothélium agit
de même vis-à-vis d'autres poisons, tels que la strychnine et le curare, ces
mêmes expériences élargissent le cadre de nos connaissances sur les alfi-
uités multiples des cellules endothéliales et donnent une portée générale
au rôle de ces cellules, qui fonctionnent dans l'économie tantôt comme
organes d'absorption, tantôt comme organes d'arrêt. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — La mort par ks déc/targes électriques.
Note de MM. J.-L. Prévost et F. Battelli.
« Nous avons fait, dans le laboratoire de Physiologie de l'Université de
Genève, une série de recherches sur des chiens, des lapins et des cochons
d'Inde, dont nous résumons les principaux résultats dans cette Note.
C. R., 1899, 1!" Semeslie. (T. CXXIX, N° 17.) ^^
( 652 )
» Nous nous sommes servis d'une batterie fie condensateurs, constitiiés par de
grandes plaques de verre, recouvertes sur une partie de leurs deux faces de papier
d'étain. La capacité de ces condensateurs, mesurée au moyen d'un galvanomètre ba-
listique, était pour chaque plaque d'environ o,i6 microfarad. Elles étaient chargées
au moyen d'une grosse bobine de RuhmkorfT. La dislance explosive était mesurée en
faisant éclater l'étincelle entre les deux sphères d'un spinthéromètre ; chaque sphère
étant reliée par un conducteur métallique à une armature du condensateur. L'animal
soumis à l'expérience était inséré dans le circuit de l'un des conducteurs. Les élec-
trodes étaient habituellement placées, l'une dans la bouche, l'autre dans le rectum.
» Les physiciens ont, on le sait, mesuré le potentiel correspondant aux distances
explosives. Nous connaissions donc : la capacité C du condensateur, et le potentiel c
de la distance explosive. Dans ces conditions, nous pouvions calculer facilement soit
la quantité d'électricité
Q = £•<•,
qui traverse l'animal à chaque décharge, soit l'énergie électrique
)> Dans un grand nombre d'expériences, nous avons inscrit la jjression artérielle sur
un kymographion.
» Les résultats de nos nombreuses expériences (270) peuvent se résu-
mer comme suit :
)) 1. Les effets mortels (le la décharge électrique ne sont pas propor-
tionnels à la quantité Q.
» 2. Les effets mortels de la décharge électrique sont proportionnels,
dans la limite de nos expériences, à l'énergie W. En d'autres termes, les
effets mortels de la décharge sont proportionnels à la capacité et au carré
du potentiel.
» 3. Au-dessus d'une certaine limite (i 5°"" environ), les augmentations
de la distance explosive ne sont pas suivies d'augmentations correspon-
dantes dans les effets mortels.
» En employant une capacité égale à i et une étincelle de 4"™, on obtient
approximativement les mêmes effets qu'avec une capacité égale à 4 et une
étincelle de i"".
» Il en résulte que, pour obtenir des effets mortels, il est d'abord plus
avantageux d'augmenter la distance explosive; mais au delà d'une certaine
limite (i5'"™ environ) il est plutôt avantageux d'augmenter la capacité du
condensateur.
» 4. L'inversion des pôles n'a pas d'influence appréciable sur les effets
mortels des décharges électriques.
» 5. La plus grande énergie électrique W dont nous disposions, savoir
( H53 )
environ looo joules, n'est pas suflisanle pour tuer un chien de G'*'»' à 'j^^;
même en soumettant l'animal à deux décharges consécutives.
» Une décharge électrique doit avoir une énergie de 900 à 1000 joules
environ, pour arrêter d'une manière certaine la respiration d'un lapin de
2000S'', les électrodes étant placées dans la bouche et le rectum.
» Dans les mêmes conditions, chez un jeune lapin de i2oof5'', la respi-
ration est complètement arrêtée, lorsque l'énergie de la décharge atteint
35o joules environ.
» Dans les mêmes conditions, la respiration thoracique est complète-
ment arrêtée par une décharge d'une énergie de 4oo joules environ, chez
un cochon d'Inde de Soo^' , par une énergie de 25o joules chez un cochon
d'Inde de 35of^'', et par i3o joules chez un cochon d'Inde de aSo^''.
M En comparant ces chiffres, on voit que, d'une manière générale,
l'énergie de la décharge nécessaire pour tuer un animal augmente avec son
poids. Toutefois, l'âge joue un certain rôle, les jeunes animaux étant plus
sensibles aux effets de la décharge électrique que les adultes.
)) 6. Chez le chien et le lapin, nous avons pu, en répétant les décharges
à quelques secondes d'intervalle, observer une sommation des effets pro-
duits et réaliser les symptômes que pourrait produire une seule décharge
d'une plus forte énergie. Cependant l'énergie dépensée dans plusieurs
décharges à quelques secondes d'intervalle produit des effets moins dan-
gereux que lorsque celte énergie est dépensée en une seule décharge.
» 7. D'une manière générale, on peut diviser les effets de la décharge
en cinq phases, proportionnelles à l'énergie employée, qui varie selon les
espèces animales et le poiils des animaux.
» Première phase. — Contraction musculaire généralisée unique, sans
autre effet appréciable (cochons d'Inde, 49 à 69 joules; lapins, 69 joules;
chiens, 1000 joules).
» Deuxième phase. — Convulsions cloniques; le centre respiratoire n'est
pas encore fortement attemt et l'animal se remet rapidement (cochons
d'Inde, 69 joules; lapins, 170 joules). Chez les jeunes cochons d'Inde sou-
vent la mort est produite, dans cette phase, par la perte de l'élasticité pul-
monaire; ce qui empêche même la respiration artificielle de se faire d'une
façon efficace.
M Troisième phase. — Convulsions toniques; arrêt habituellement mo-
mentané de la respiration thoracique (cochons d'Inde, i38 joules; lapins,
25o à 55o joules).
M Quatrième phase. — Inhibition générale du système nerveux. Pas de
( 654 )
convulsions; perle des réflexes; arrêt absolu de la respiration tliora-
cique. Les muscles lisses sont encore excitables. Les oreillettes du cœur
sont fréquemment arrêtées (cochons d'Inde, 34 1 joules; lapins, 770
à 1000 joules \
» Cinquième phase. — Arrêt complet du cœur; perte de l'excitabilité
des muscles lisses de Tintestin, avec conservation de l'excitabilité des
muscles striés et des nerfs moteurs (jeunes cochons d'Inde seulement,
de 75o à 1000 joules).
■>■> 8. La pression artérielle offre des modifications variables. Dans la pre-
mière phase, la pression monte, après une descente momentanée préa-
lable. Dans les deuxième, troisième, quatrième phases, elle monte, en
général, brusquement et reste élevée.
» Cette ascension de la pression montre que le centre vaso-moteur n'est
pas paralysé à un moment où le centre respiratoire est déjà inhibé.
)) Aux troisième et quatrième phases, on observe quelquefois, chez le
cochon d'Inde, une chute de la pression due aux trémulations fibrillaires
des ventricules. Ces trémulations sont passagères et les battements des
ventricules se rélablissenl; mais ces battements sont alors le plus souvent
sans énergie et !a pression reste à l'abscisse.
» Chez le chien l'ascension de la pression due aux premières décharges
peut cire suivie d'une chute ;i l'abscisse, suite des trémulations ventricu-
hîires, lorsque des décharges d'une certaine énergie ont été répétées un
certain nombre de fois.
» 9. Les lésions anatomiques macroscopiques observées ont été : la
perte d'élasticité pulmonaire, grave surtout chez les jeunes cochons
d'Inde; des phénomènes congeslifs, avec œdème pulmonaire; des ecchy-
moses sous-pleurales surtout dans les cas où la respiration est devenue
dyspnéique, sans être supprimée totalement.
» T-a rigidité cadavérique est habituellement rapide et énergique. »
BOTANIQUE. — GreJ/'c de quelques Monocolylédones sur elles-mêmes.
Note de M. Liciex Daxiei-, présentée par M. Gaston Bonnier.
« On sait que la greffe des Monocolylédones a été essayée sans succès
depuis les temps les plus reculés.
» Le procédé que Théophraste désignait par le verbe i-\a-d^v.'i , etqu'au
moyen Age on a appelé la greffe des gramens, n'est autre chose qu'un semis
( 655 )
sans rapport avec la greffe. En effet, si l'on place un grain de blé dans un
tubercule, une racine, ou tout autre organe de plante préalablement fendu,
et si riiumidilé est suffisante, la germination s'effectuera, mais à aucun
moment il n'y aura trace de soudure et par conséquent pas de greffe.
» Je ne puis considérer comme plus sérieuse l'affirmation d'Ysabeau ( ' )
quand il prétend que l'on pratique avec succès la greffe du riz en Italie, ce
qui, dit-il, ouvre toute une série nouvelle de greffes que le temps peut
rendre fécondes.
» Les greffes exécutées à l'instigation du botaniste de Candolle, sur des
Monocotylédones à couches génératrices du genre Dracœna, n'ont point
donné de résultats positifs. Ces greffes se sont maintenues un an environ,
puis se sont desséchées sans cause apparente et sans avoir poussé (-).
» On peut donc dire que l'on n'a jamais jusqu'ici obtenu le développe-
ment d'un greffon après l'opération de la greffe dans les Monocotylédones.
)) Depuis plusieurs années, j'ai pratiqué des essais nombreux et de na-
ture variée sur la cicatrisation et la greffe des Monocotylédones ('' ).
» J'ai obtenu bien des fois la reprise complète des deux lèvres d'une
longue fente longitudinale pratiquée dans les tiges du Lis blanc, du Glaïeul ,
du Funkia cordala, du Canna, dans les pseudobulbes des Orchidées du
genre Lœlia, etc., et même dans la tige très jeune d'une Cryptogame, le
Selaginella arborea.
» La réussite facile de ces cicatrisations m'avait engagé à essayer la greffe
en fente de quelques Monocotylédones (Lis blanc, etc.). Malgré une sou-
dure bien nette, mais peu étendue, ces greffes ne poussèrent [)as et se
maintinrent six semaines environ. En opérant par le procédé de la greffe
anglaise en approche sur différents Caladiums, j'obtins encore une soudure
imparfaite. Le greffon s'est maintenu bien vert, mais ses feuilles sont tom-
bées. L'expérience a été commencée il y a quatre mois, et son succès
paraît aujourd'hui compromis. J'ai conclu de là que les greffes en fente et
en approche donnaient des résultats mauvais à cause de l'insuffisance des
communications séveuses entre le sujet et le greffon après une cicatrisation
insuffisamment étendue.
)) Dans le but d'augmenter l'étendue des surfaces en contact, j'ai eu
(') YsABEAU, Le Jardinier de tout le inonde, p. 78; Paris, s. d.
(^) De Candolle, Physiologie végétale, p. 780; Paris, iSSa.
( ^ ) L. Daniel, Recherches anatoniiques sur les greffes herbacées et ligneuses, p. 38 ;
Rennes, 1896.
( 656 )
recours à la greffe anglaise simple ou greffe par copulation. Pour être aussi
certain que possible de la reprise, j'ai opéré sur une même plante : j'en ai
sectionné très obliquement la tige à peu de distance du sommet végétatif
(un décimètre environ) et j'ai replacé ce greffon au même endroiten liga-
turant fortement. L'opération a été faite en mai dernier sur la Vanille
(Orchidées) et sur le Philodendron (Aroïdées). La reprise de ces végétaux
ainsi greffés sur eux-mêmes est aujourd'hui complète; les entre-nœuds du
greffon se sont allongés, deux feuilles nouvelles se sont développées ainsi
qu'une racine aérienne. Le greffon est aussi vigoureux que les parties cor-
respondantes non greffées.
» La présence sur le greffon de racines aériennes n'a rien de surprenant.
On sait en effet que les Monocotylédones en question possèdent deux caté-
gories de racines : les unes, terrestres, puisent la nourriture dans le sol; les
autres, aériennes, pompent l'humidité de l'air. Or ces dernières ne peuvent
à elles seules assurer le développement de la plante, ainsi qu'il est facile de
s'en assurer par l'expérience. Elles y contribuent seulement.
" Les greffes de Vanille et de Philodendron réalisent donc une sorte de
greffe-mixte ('), très utile à la reprise; comme il y a soudure et aussi
transport des sèves entre la partie sujet et la partie greffon, c'est bien d'une
véritable greffe et non d'une greffe-bouture aérienne qu'il s'agit ici.
» En résumé, la réussite de la greffe anglaise simple de la Vanille et du
Philodendron sur eux-mêmes montre que la greffe des Monocotylédones,
même dépourvues de couches génératrices, ne doit plus être considérée comme
impossible. Cette réussite fait voir aussi que la reprise dépend de l'étendue
des surfaces en contact, du procédé de greffage et de la nature des plantes que
l'on veut associer. «
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — La Graisse, maladie bactérienne des Haricots.
Note de M. Delacroix, présentée par M. Prillieux.
« Dans la région du sud-ouest des environs de Paris, la culture en grand
des Haricots, très répandue, fait d'ordinaire partie de l'assolement triennal
des terres, et l'on utilise à cet effet, le plus souvent, la variété Flageolet
Chevrier dont la graine à tégument vert clair est très estimée pour la con-
sommation à l'état sec.
(') L. Daniel, La greffe-mixte {Comptes rendus, -i no\embre 189-).
( 657 )
» Dnns tonte cette région, les Haricots sont envahis par nne maladie de
nature bactérienne que les cultivateurs appellent communément la Graisse.
)) Le mal se rencontre tous les ans plus ou moins abondant; il sévit sur-
tout dans les années humides et orageuses, et il devient bien apparent
lorsque les premières gousses formées atteignent S*^"" à ^o"" de longueur.
C'est sur la gousse que la maladie est immédiatement visible; elle y forme
des taches d'étendue variable à coloration verte plus intense au début que
sur le restant de la surface de la gousse. Ces .taches ne peuvent être mieux
comparées qu'à une tache de graisse ou d'huile : d'où la dénomination
appliquée à la maladie. Celte teinte offre encore une grande similitude avec
celle que la gelée imprime aujc gousses. Les tiges, les pétioles, les feuilles
sont souvent aussi envahis, mais le caractère de la tache y est moins net et
snrtout plus fugace.
» L'apparence de la maladie revêt des caractères un peu dissemblables
selon la variété de Haricot. Sur certains Flageolets, sur le Haricot Petit
Suisse, la tache reste souvent sèche, un peu grisâtre et, dès le début, co-
lorée sur les bords d'un ton rouge brique, tandis que, sur le Haricot de
Bagnolet et surtout le Flageolet Chevrier, la tache se ramollit et laisse ex-
suder, surtout si la saison est pluvieuse, un liquide visqueux qui renferme
des quantités innombrables de bactéries; la coloration marginale rou-
geàtre est moins marquée et son apparition est plus tardive.
» La dimension des taches est variable, leur forme irrégulière, elles sont
assez souvent confluentes. La lésion, d'abord localisée aux couches super-
ficielles de la gousse, s'étend bien vite en profondeur. A ce moment, le
centre de la tache est souvent un peu nacré; cette apparence tient au dé-
collement qui s'est opéré entre l'épiderme et le parenchyme sous-jacent;
entre eux s'interpose une mince couche d'air.
» La partie profonde de la gousse comme la face externe exsude le li-
quide visqueux chargé de bactéries. Les graines peuvent alors être en-
vahies à leur tour et le liquide en question se concrète autour d'elles en
petites masses jaunâtres qui sont de véritables cultures bactériennes.
Quand les gousses sont attaquées jeunes et que les conditions extérieures
favorisent l'extension rapide de l'infection, beaucoup de graines se déve-
loppent mal et il en est qui se désorganisent de la même manière que les
gousses. D'autres, quoique infectées, peuvent mûrir et germer ultérieure-
ment; mais un très petit nombre des plantes qui en proviennent arrivent à
un développement complet.
» Les portions atteintes des gousses finissent par se ramollir entièrement
et former un putrilage verdàtre qu'envahissent divers saprophytes.
( 658 )
» L'examen niicroscopiqne montre, dès le début, des quantités consi-
dérables de bactéries à l'intérieur des cellules correspondant à une tache;
ces bactéries sont assez peu mobiles, allongées, faiblement arrondies aux
deux bouts, en général isolées, bien plus rarement associées bout à bout
par deux ou trois; leur dimension moyenne est de 1,2 [j-k i,5;j., de o,3jy.
à o,4"-- Cette bactérie n'est peut-être pas différente du Bacillus Phaseoli
décrit récemment par M. E.-F. Smith et qui cause sur les Haricots aux
États-Unis une maladie dont la description se rapporte un peu à celle de la
« graisse » ( ' ).
» Quand l'infection date d'un certain temps, les parois cellulaires sont
en partie détruites; le contenu s'épanche dans des lacunes où les bactéries
pullulent abondamment et qui sont le point de départ de ce flux de liquide
visqueux apparaissant sur les parties tachées des gousses.
» Les bactéries se cultivent facilement sur les milieux artificiels, bouillon
peptonisé, bouillon de Haricots neutralisés, etc. Elles reproduisent l'infec-
tion quand on les introduit dans les tissus sains de la gousse; on y peut
employer soit la pulpe d'une gousse infectée, soit des cultures artificielles.
Ces dernières semblent perdre leur virulence rapidement. Nous n'avons
pu réaliser aucune infection à partir de la troisième culture.
» Les gousses s'infectent parfaitement par contact. Il sulfit de ligaturer
une tache de façon à établir la coaptation de sa surface avec celle d'une
gousse saine pour que celle-ci soit. envahie à son tour; la tache apparaît
dès le sixième jour. C'est par ce moyen d'ailleurs que la graisse s'infecte
dans la gousse.
» Nos expériences poursuivies depuis la fin de l'été de 1896 à la station
de Pathologie végétale nous ont permis d'établir que l'infection se fait au
début sur un nombre restreint de gousses par l'intermédiaire du sol et que
par le contact elle se répand de proche en proche.
» Les premières taches sur les gousses, dans les variétés sans rames,
qui sont celles que la graisse attaque le plus souvent, siègent généralement
vers la pointe du fruit qui touche le sol, partie qui correspond au style de
la fleur accru et transformé. On la voit dès le début tachée de petites par-
celles de terre à l'endroit où débutent les taches.
» Nos expériences poursuivies depuis l'année 1896, variées de diffé-
rentes manières, nous ont prouvé que c'est le sol qui est le véhicule de la
maladie à son début. Les Haricots de semis tachés par la graisse ne se
(') E.-F. SiiUTU, Description of Bacillus Phaseoli {Proceedings of Americ. Assoc.
for cah'anc. of Se, l. XLVl, p. 288; 1897).
( 659 ,
développent qu'incomplètement, et la grande majorité présentent des
taches, virulentes pour les gousses dès la période cotylédonaire; ils pour-
rissent sur le sol, les bactéries s'y répandent et infectent les organes des
plantes voisines, les gousses particulièrement, lorsqu'elles arrivent au con-
tact de sol contaminé. Puis, la maladie se répand de proche en proche,
sans doute par simple contact.
); Un traitement curatif ou préventif sur la plante vivante n'est pas
réalisable. Il faut seulement se mettre à l'abri de la contamination. Four
cela, on veillera rigoureusement en grande culture à observer l'assolement
triennal et l'on ne sèmera que des graines soigneusement choisies, dé-
pourvues de toute tache et provenant de préférence d'une région oîi ne
sévit pas la maladie. »
GÉOLOGIE. - Observations relatives au dcpùt de certains travertins calcaires;
Note de M. Stanislas Meunier.
« De récentes excursions dans les gorges des Préalpes vaudoises m'ont
procuré des observations précises sur le mode de génération de quelques-
uns des amas de tuf calcaire qui sont si fréquents et si volumineux dans
cette région. Il en résulte, en effet, que dans bien des cas, le dépôt du
carbonate de chaux résulte de circonstances dans lesquelles un phénomène
de pure physiologie végétale joue le rôle prépondérant.
» Les eaux qui suintent le long des escarpements et qui ont circulé
dans des couches calcaires épaisses et crevassées renferment du bicarbo-
nate de chaux dont le dépôt pourrait théoriquement être déterminé par le
simple dégagement de l'acide carbonique surabondant, mais qui, en réalité,
comme il est facile de le constater, tient à une autre disposition ; de telle
sorte que le gaz qui se dégage n'est pas de l'acide carbonique.
» En choisissant, au moment où le soleil darde ses rayons sur le point
de production du tuf, des localités convenables, comme j'en ai rencontré
plusieurs sur la rive droite des torrents appelés la Baie de Clarens et le
Chauderon (ou Baie de Montreux), on reconnaît aisément que les bulles
très fines qui se dégagent du liquide sont de l'oxygène. Du même coup,
on s'aperçoit que le tuf déposé est associé à une véritable gelée organique
présentant par place une nuance verdàtre très sensible.
» Au microscope j'y ai déterminé d'innombrables individus de Prolo-
coccus viridis et d'autres Algues dont les plus fréquentes sont des Nostocs,
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N" 17.) 88
( 66o )
des Oscillaires et des Diatomées variées. Après dessiccation, la masse pro-
duite, légère et spongieuse, est grossièrement feuilletée au moins dans cer-
tains points où elle peut se défaire par petits lits superposés, et l'on constate
que chacun des lits dont il s'agit correspond à une période d'activité plus
grande de la concrétion résultant de l'intervention du soleil. Il va sans dire
que la matière est très facilement soluble dans les acides étendus ; cepen-
dant elle laisse un résidu insoluble dont la proportion (environ 2 à 3
pour 100 j a de quoi surprendre. On y trouve des débris végétaux^t jusqu'à
des débris de mousse, des flocons d'argile et de très fins grains de quartz
peut-être apportés par le vent, et des carapaces de Diatomées.
» Le mécanisme de la précipitation minérale paraît facile à reconstituer :
il faut admettre que le résultat de la fonction chlorophyllienne, réalisée
dans la substance des végétaux qui ont été énumérés, est de décomposer
précisément cet acide carbonique grâce auquel le carbonate calcique
était tenu en dissolution.
» Dans cette manière devoir, le dépôt du tuf s'accompagne du déver-
sement dans l'atmosphère d'une quantité correspondante d'oxygène, et
c'est un fait digne d'attention au point de vue du régime chimique de
l'océan aérien.
» Déjà des observateurs américains ont insisté sur le rôle des plantes
inférieures dans le dépôt des travertins siliceux; il est intéressant de
reconnaître que la Physiologie végétale peut intervenir aussi dans la con-
stitution des travertins calcaires )'.
La séance est levée à 4 heures.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OdVRAGES reçus dans la séance du 9.3 OCTOBRE 1899.
Icônes Fitngorum, ad iisum Sylloges Saccardianœ adcommodalœ, auctore
Â.-N. Berlese. Vol. n, fasc. IV : Sphœriaceœ Dictyosporœ (conùn . et finis),
pag. I i3-2i6, tab. CXLV-CLXXVIII et LX gênera. Patavii typis serainarii,
1899; I fasc. pet. in-ff. (Présenté par M. Bornet. Hommage de l'Auteur.)
Toxicologie africaine : étude botanique, historique, ethnographique, rir ....
( 66i )
sur les végétaux toxiques et suspects propres au Continent africain et aux îles
adjacentes, par A. -T. de Rochebrune, précédée d'une préface de M. le pro-
fesseur Brouardel, Membre de rinstitiit. T. Il, fasc. 1 et 2. Paris, Octave
Doin, 1898-99; 2 vol. in-8°.
Ministère de la Guerre, État-Major de l'Armée, Service géographique
(trente feuilles de diverses Caries nouvellement publiées).
Société nationale d' Agriculture de France. Séance publique solennelle du
S juillet 1 899. Discours de M. Jean Dupuy, Ministre de l'Agriculture. Discours de
M. Levasseur, Président de la Société. Compte rendu des travaux de la Société,
par M. Louis Passy. Paris, Chamerot et Renouard, 1899; i fasc. in-8°.
Ministère de l'Agriculture. Bulletin. XVIII* année, n"' 1 et 3. Paris, Im-
primerie nationale, 1899; 2 fasc. in-8°.
Position of nova Sagitlarii, by Edv^'ard-C. Pickering. (Harvard Collège
observatory. Circular n° 46.) September 1899; i feuille in-4°.
I convogli-ospedali-fluviali délia Croce Rossa e l'esperimenlo fondamentale
del 1891 ; riposta ad un articolo délia Rivista mililare , del capitano Giuseppe
»Olivari. Genova, Fratelli Waser, 1899; 1 fasc. in-12. (Hommage de l'Au-
teur. )
Almanaque nautico para elano 1901, calculado de orden delà superioridad
en el instituto y observatorio de Marina de San Fernando. San Fernando,
1899; r vol. in-8°.
Revue des questions scientifiques, publiée par la Société scientifique de
Bruxelles. T. XVI (2* série). Louvain, 1899; i vol. in-8°.
Journal and proceedings of the Royal Society of New South Wales.
Vol. XXXII, 1898. Sydney, 1899; i vol. in-8°.
Memorie délia Regia Accademia di Scienze, Lettere ed Arti in Modena.
Série m. Vol. I, tavole XVI. In Modena, 1898; i vol. in-4°.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLA RS,
Quai des Grancls-Auguslins, n" 55.
)ai8 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux Tolumes ln-4'. Deui
;, l'une par ordre alphabéticpie de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annue'
t du i" janvier.
Le prix de P abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste exiraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
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iChaix.
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Ruff.
il Courtin-Hecquet.
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te Jérôme.
>n Jacquard.
I Feret.
ux I Laurens.
I Muller (G.).
I i Renaud.
iDerrien.
F. Robert.
J. Robert.
Uzel frères.
l Jouan.
j| erv Perrin.
( Henry.
( Marguerie.
l Juliot.
j Ribou-Collay.
1 Lamarche.
Ratel.
(Rey.
\ Lauverjat.
I Degez.
( Drevet.
j Gratier et C".
Huile Foucher.
:/, J t Bourdignon.
I Dombre.
e. j Thorez.
( Quarré.
!•'"•?
I nt-Ferr..
't.
chez Messieurs :
, I Baumal.
Lorient
( M*"* Texier.
/ Bernoux el Cumin
\ Georg.
Lyon , Côte.
i Savy.
1 Vilte.
Marseille.. Ruât.
,, . ... ( Calas.
Montpellier . ■ . . l „
'^ \ Coulet.
Moulins Maniai Place.
/ Jacques.
Nancy j Grosjean-Maupin
( Sidol frères.
j Loiseau.
Nantes ,, ,
( Veloppe.
( Barma.
Nice
( Visconti el C".
Nimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
„ . . ( Blanchier.
Poitiers ,, ,
( Marche.
Rennes Plihon et Hervé
Bochefort Girard ( M"" )
„ 1 Langlois.
Rouen , ," .
( Lestnngant.
S'-É tienne . . . . Chevalier.
„ , 1 Ponteil-Burlcs.
Toulon .
( Rumebe.
_ , i Gimet.
Toulouse „ .
( Privât.
. Boisselier.
Tours... . J Péricat.
( Suppligeon.
„ , ■ \ Giard.
Valenciennes , .
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. ( Feikeina Caarelsen
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„ , I Sotcheck el C°.
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>"i par M.Hànien.— Mémoire sur le Pancréas el sur le rôle du suc pancrëalique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matière;
'•' par M. Claude Bernard. Volume in-4", avec 32 pjanches ; i8ô6 15 fr.
"• II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Efsai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
f honcours de i853, el puis remise pour celui de i856, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
'"ires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur : pparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
'■> pports qui existent entre l'état actuel du régne organique el ses états antérieurs ., par M. le Professeur Bhonn. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
I>>ème Librairie les MémolTes de l'Académie des Sciences, et les Hàmoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
W 17.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 23 octobre 1899.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBKES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. Bertiielot. — Sur la simultanéité des
phénomènes d'oxydation et des phéno-
mènes d'hydratation accomplis aux dépens
des principes organiques, sous les in-
fluences réunies de l'oxygène libre et de
la lumière *^27
Pages.
M. Appell. ~ Équilibre d'un flotteur avec
un chargement liquide
M. A. Potier. — Observation sur une Note
de M. Blondel, relative à la réaction
d'induit dos alternateurs
M. G. HUMBERT. — Sur certaines surfaces
remarquables du quatrième ordre 64o
MM. A. AiaNAN et E. Dugas. — Sur la dé-
termination du coefllcicnt de solubilité
des liquides
M. ^VES Delage. —Sur la fécondation mé-
rogonique et ses résultats
M. Henbi SikssANO. — Les afiinités et la
propriété d'absorption do l'endolhélium
vasculaire
Bulletin bibliographique
(J',3
G45
f)48
r,:;-
MÉMOIRES PRESENTES.
M. J.-M. NoKL soumet au jugement de l'Aca- i M. G. Ciuiqui:vielle adresse une Note « Sur
demie une Note sur « Un nouveau télé- les propriétés curatives du sulfate de fer
,„i\|Pe „ 64o I dans les maladies microbiennes ). i'|ii
CORRESPO\l>ArVCE.
MM. J.-L. Prévost et !■'. Iîattelli. — La
mort par les décharges électriques
M. Lucien Daniel.— Greffe de quelques Mo-
nocotylédones sur elles-mêmes
M. Delacuoix. - La Graisse, maladie bac-,
térienne des Haricots
M. Stanislas Meunier. — Observations
relatives au dépôt de certains travertins
calcaires
Cvti
i;.')ii
(3,-,.,
CCio
PARIS. - tMPKlMERIE G AUT H IK R-Vl LL A RS
Quai des Grands-Augustins, 5S
Le (iernni .*<iAiiri4iKa-ViLL*Rft
DEC 8 1899
1899
^0^1
SECOIVD SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAU Iflitl. liES SECRÉTAIRES PERPÉTUEEiS.
T03IE CXXIX.
N^ 18 (30 Octobre 1899),
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCKS DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
(Juai des Grands-Augustins, 55.
■ 1899
REGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI iS'jS.
i,es Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Âcadcmie se composenl des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composenl un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de C Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
!>u plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
I>es Bapporls et Instructions demandés par ie Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne re])roduil pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris pari désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les J'rogrammes des prix proposés par l'Aradémii
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais lesRap
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savann
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par. des personpe?
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
I es Membres qui présentent ces Mémoires son
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Exfrai
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le Ion
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis i
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, It
jeudi à 10 heures du malin ; faute d'être remis à temps
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendi
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sut-
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part. I
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux irais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports ei
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative f:iii
un Rapport sur la situation (\es Comptes rendus wj>rh
l'impression de chaque volume.
],es Secrélaiies sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MB!, les Secrétaires perpétuels sont priés de le
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi cpii précède !a séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivaiit»
■icx> (j iijJ9
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 50 OCTOBRE 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. PoiNCARÉ, Président du Bureau des Longitudes, présente à l'Aca-
démie \a Connaissance des Temps pour l'année 1902. Ce Volume contient
une amélioration importante. A la suite d'une Conférence qui eut lieu
en 1896 entre les directeurs des quatre grandes Ephémérides, anglaise, alle-
mande, américaine et française, il fut convenu que ces quatre publications
s'entendraient pour fournir aux astronomes les positions apparentes de
plusieurs centaines de fondamentales.
La Connaissance des Temps de cette année donne, en outre, les posi-
tions moyennes de toutes les étoiles du Catalogue de M. Newcomb dont
les positions apparentes ne figurent dans aucune des quatre Ephémérides.
A côté de ces positions moyennes, la Connaissance des Temps donne les
logarithmes des coefficients a, h, c, cl, a' , b' , c' , d' , d'où l'on peut déduire
pour chaque jour les positions apparentes par un calcul facile.
c. H. 1S99, 2' Semestre. (T. CXXI.X, N» 18.) 89
( 664 )
Grâce à celte heureuse innovation, les astronomes auront désormais
à leur disposition les 1600 fondamentales du Catalogue de M. Newcomb.
GÉOLOGIE. - - Sur l'intervention des végétaux dans la formation des tufs
calcaires; par M. de Lapparent.
« A propos de la récente Communication de M. Stanislas Meunier (')
sur la part des végétaux inférieurs dans la précipitation du calcaire des
tufs, je crois opportun de rappeler que, dès 1862, M. Cohn a nettement
signalé le rôle que jouent les mousses et les algues microscopiques, tant à
Carlsbad qu'à Tivoli, où leur avidité povn- l'acide carbonique serait la
cause déterminante du dépôt calcaire. Les observations de M. Cohn n'ont
d'ailleurs point passé inaperçues et, depuis 1881, elles n'ont cessé d'être
mentionnées dans les diverses éditions de mon Traité de Géologie, à pro-
pos des sources thermales et des sources incrustantes non thermales. '
ASTRONOMIE. — Sur la comète Giacobini; par M. Perrotin.
« Les éléments de la comète découverte le 29 septembre, à l'observa-
toire de Nice, avec l'équatorial coudé et dont j'ai l'honneur de demander
l'insertion dans les Comptes rendus de r Académie, ont été calculés par
M. Giacobini, à l'aide de trois lieux normaux basés sur les observations,
au nombre de vingt, faites dans divers observatoires, dans celui de Nice
en particulier, par M. Javelle, du 3o septembre au 24 octobre.
Éléments.
T=i 1899, septembre i4)4446; temps moyen de Paris.
tu = 10. 3o. 10,4 )
Q —-272.14.27,2 ( 1899,0.
« = 76.59.31,7 )
logy =: 0,25l54o
» L'observation du milieu se trouve représentée comme il suit :
0-C, Aacos8 = -4",4, A8 = -h3",3.
(') Comptes rendus, aS octobre 1899.
( 66.«; )
» La forme de l'orbite est sensiblement celle d'nne parabole, pour le
moment, du moins.
» De ces éléments on a déduit, pour les coordonnées héliocentriques
équatoriales, les expressions ci-dessous :
a; =:[ 1 ,610019] sin(('+ 20.21 .54,5) séc^ J
y =[0,248 1/40] sin(c -i- 258. 0.11,2) séc^ j
3 =[0,243443] sin(t'+ 346.36. [^,l) séc- ^v,
qui ont servi à calculer l'éphéméride suivante donnant les lieux vrais rap-
portés à I 899,0.
Éphéméride.
Temps moyen de Paris. a. S. log 'i'
h
1899. Novembre 20, 5 17.47-39,1 -^ 9.29.34 o,4i46
22,5 17.50.56,5 -110. 2. II 0,4170
24,5 17.54.15,0 +10.34.58 0,4194
26,5 17.57.34,7 -f-ii. 7.59 0,4217
28,5 18. 0.55,4 -j-ii.4i.i4 0,4239
Novembre 3o,5 18. 4- '7.2 -}-i2.i4-44 0,4261
Décembre 2,5 18. 7.40,2 -i-i2.48.3o 0,4281
» La comète qui avait une nébulosité d'une minute et demie d'arc envi-
ron, au moment de la découverte, n'a plus maintenant qu'une minute. Par
contre, le noyau semble avoir augmenté d'éclat. 11 était de 1 1" à 12" gran-
deur le 24 octobre. »
M. DE Lapparent, en présentant à l'Académie les deux premiers fasci-
cules de la quatrième édition de son Traite de Géologie, signale les modifi-
cations qu'il a introduites dans cet Ouvrage, spécialement en ce qui
concerne le mode de description des terrains sédimentaires.
M. FouQCÊ appelle l'attention de l'Académie sur une innovation impor-
tante introduite par M. deLapparent dans la nouvelle édition de son Traité
de Géologie. Il s'agit, à la suite de la description de chacune des périodes
géologiques, du tracé de la distribution correspondante des continents et
des mers. Des tentatives analogues ont été déjà faites avec succès par plu-
sieurs savants, m;iis c'est la première fois que d'une façon méthodique un
travail général de ce genre est effectué dans un Ouvrage classique de
( 666 )
Géologie. La Géographie du globe est ainsi exposée et suivie pendant
la longue série du dépôt des terrains sédimentaires. Les premières
esquisses offrent nécessairement de nombreuses incertitudes, mais à me-
sure que l'on a affaire à des périodes de plus en plus rapprochées des
temps modernes, les données utilisées se précisent. Durant la période ter-
tiaire, par exemple, les tracés deviennent suffisamment exacts pour que
l'on puisse aisément saisir le lien qui les rattache à la Géographie de
l'époque actuelle.
NOanNATIONS.
L'Académie procède, y)ar la voie du scrutin, à la nomination d'un de ses
Membres, qui devra faire partie delà Commission de contrôle de la circu-
lation monétaire, au Ministère des Finances.
M. TROosTest réélu à l'unanimité.
3IEM0IRES PRESENTES.
M. Ch. Lacrans soumet au jugement de l'Académie un Mémoire « Sur
la théorie mécanique de la chaleur ».
(Renvoi à la Section de Physique.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage de M. ./. Coslandn avant pour titre : « La Nature tropi-
cale ». (Présenté par M. Bonnier.)
2° Un Ouvrage de M. A. KarpinsJiy sur l'Hclicoprion. (Présenté par
M. Gaudry.)
( ^^67 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions hyperahèUennes.
Note de M. Georges Humbert, présentée par M. Jordan.
" M. Picard appelle surfaces /lyperabeliennes ceWes poiir lesquelles les
coordonnées cartésiennes d'un point sont des fonctions hyperabéliennes
de deux paramètres, ^ et vi, c'est-à-dire des fonctions qui ne changent pas
quand on opère sur ^ et vi les substitutions d'un groupe hyperabélien.
» Il résulte des travaux de M. Picard qu'on obtient une telle surface de
la manière suivante :
» Soient i,o; o,i; g, h; h, g' les périodes normales d'un système de
fonctions abéliennes à deux variables, ii cXv; admettons que ces quantités
soient liées par la relation
h^^gg'=B,
où D désigne un entier positif, non carré parfait, et posons
si v/'(ï — 'OC' — x-t){i — y-<)(i — s^/) est le radical, du cinquième ordre
en t, dont dépendent les fonctions abéliennes considérées, les trois mo-
dules X, y, z sont des fonctions uniformes de ^, n, qui demeurent inaltérées
pour les substitutions d'un groupe hyperabélien G. Ces substitutions cor-
respondent à des transformations du premier ordre effectuées sur les
périodes g-, h, g' ; elles ont été étudiées avec détail par M. Bourget dans son
excellente thèse.
» J'ajoute à ces résultats que, dans le cas où la forme X- — DY- peut
représenter le nombre — i , le groupe G contient une substitution spéciale,
qui correspond à ce que j'ai appelé une transformalion singulière du premier
ordre.
» On conçoit qu'il y aurait intérêt à obtenir explicitement des surfaces
hyperabéliennes particulières et à étudier les irrationnalités qui s'y ratta-
chent : aucun exemple de ce genre n'a été donné jusqu'ici à notre connais-
sance; nous allons en indiquer un, qui se rapporte au cas où D = 2, c'est-
à-dire où la relation entre les périodes est
h'-gg = 2.
(')
( 668 )
» La relation correspondante entre les modules x, y, z est alors
xy + z scz -\- y
xy — z X — v;
Elle représente une surface du quatrième ordre, qui est hyperabélienne,
d'après ce qui précède.
» D'ailleurs x, y, z s'expriment, comme on sait, en fonction des dix S
d'arguments nuls (notations de Weierstrass),
23 -'01 ,
(^-) ^^i^Fî y
-'» ~'3i
et l'on a des expressions semblables, rationnelles et homogènes de degré
zéro par rapport aux dix S', pour les quantités
(3) v^'s, v"i-^'. v^'-J'% v'i-^% v/^'"J% V^--% s^-'--^-
» Posons maintenant
( f\ Jl. — ^^±1 ^ + 1 . L — '^ ~ ' .
Y et z seront, d'après cela, des fonctions hyperabéliennes de E et y],
comme a?, j et z; la relation (i) s'écrit, en éliminant /et ; entre (i)
et (4),
tr\ •> _ '-' Y—' i + Z Z_-Y
\^) ^ ~ i + j Y + j i-Z Z + Y*
» En portant cette valeur de x- et les valeurs correspondantes de y et
de s, déduites de (4), dans les radicaux (3), on voit qu'on peut exprimer,
en fonction rationnelle et homogène (de degré zéro) des dix & d'arguments
nuls, les quantités
(6) Y, Z. sx-\^, v'-2;% yï^^^Z^, ^/^^^' sj\^'
auxquelles on peut ajouter
v(Y-iXz-0(Y + zo(v + z)(Y-0(z~0-
» Ces quantités sont dès lors des fonctions hyperabéliennes de ?, yi,
n'ayant d'ailleurs pas toutes le même 2;roupe : les groupes correspondants
admettent seulement un même sous-groupe.
- On arrive ainsi à cette proposition intéressante qu'en désignant par Y
( 669 )
el Z deux variables indépendantes ou peut exprimer les quantités (6) en
fonction uniforme de deux paramètres, les fonctions de la représentation
étant hyperabéliennes. Sous une autre forme, toute surface pour laquelle
les coordonnées d'un point sont des fonctions rationnelles des quantités (6)
est hyperabélienne et répond au cas où D = 2; comme exemple simple,
on peut, outre la surface (i). citer la surface
Y'- - (V--i)(Z— I)
Y-^+Z"-
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les congruences de normales.
Note de M. E. Goursat, présentée par M. Darboux.
« Les formules que j'ai données (p. 58o de ce Volume) pour défuiir la
correspondance la plus générale entre deux droites, cjui change toute
congruence de normales en une autre congruence de normales, conduisent
à la construction géométrique suivante :
» J'appelle, pour abréger, axe d'un élément (a;, jk, -,/>, ^) la droite
perpendiculaire au plan de cet élément, menée par le point (^x, y, 3), eijile
d'éléments l'ensemble des éléments qui ont le même axe. Gela posé, à
chaque plan P faisons correspondre une surface S, de telle façon qu'à
deux plans parallèles quelconques P, P,, situés à une distance h, corres-
pondent deux surfaces parallèles S, S,, dont l'une s'obtient en portant une
longueur nih sur les normales à l'autre, m étant un facteur constant. Pour
obtenir la correspondance la plus générale de cette espèce, on pourra, par
exemple, se donner arbitrairement les surfaces S qui correspondent aux
différents plans passant par un jjoint donné O, et l'on en déduira les sur-
faces qui correspondent aux plans ae passant pas par le point O en tenant
compte de la condition précédente. Cette correspondance étant établie,
lorsque le plan P reste tangent à une surface non développable 1, la sur-
face S a une enveloppe i', qui correspond élément par élément à la sur-
face S. O.n obtient ainsi, il est aisé de le voir, une transformation de con-
tact qui change deux surfaces parallèles en deux surfaces parallèles, et
remplace les éléments d'une file par les éléments d'une autre file. Une
droite quelconque pouvant être regardée comme l'axe d'une file d'éléments,
la transformation précédente définit aiasi une correspondance entre deux
droites. Lorsqu'une droite A reste normale à une surface 2, il est évident
que la droite correspondante A' reste normale à la suiface i'. Lu corres-
( (^70)
poiidance ainsi définie jouit donc de la propriété en question, et c'est la
plus générale qui possède cette propriété. «
ÉLECTRICITÉ. — Sur la propagation des oscillations électriques dans les mi-
lieux diélectriques ('). Note de M. Albert Turpaix, présentée par
M. Mascart.
« Deux théories prévoient les lois de la propagation des oscillations
électriques, celle de Maxwell et celle de Helmholtz, modifiée par M. Duhem.
» Maxwell suppose la propagation dans les diélectriques de flux de dé-
placement exclusivement transversaux. Cette hypothèse lui est suggérée
par le désir de soumettre au même mécanisme les phénomènes lumineux
et les phénomènes électriques.
» Helmholtz suppose la propagation de flux de déplacement transver-
saux et celle de flux de déplacement longitudinaux.
» Si l'on désigne :
par U, la vitesse de la lumière dans le vide;
par t'o, la vitesse de propagation des flux transversaux dans le vide (pra-
tiquement dans l'air);
par i>, v' , celles des mêmes flux dans deux diélectriques différents de pou-
voirs inducteurs spécifiques k, k' ;
par Vo, V, V' les mêmes vitesses relatives aux flux longitudinaux,
les lois théoriques qui se déduisent des hypothèses précédentes sont résu-
mées dans le Tableau suivant :
.. , 1° v = v„ = u,
Maxwell.. J ,, m Helmholtz-Duhem. . ! -" ''0 = ^
0'
2" -T =
» Les lois expérimentales immédiates qui expriment les résultats des ex-
périences de MM. L. AronsetH. Rubens, de MM. Cohn et Zeemann, de
M. Blondlot, sont les suivantes :
(Arons et Rubens, Cohn et Zeemann) -p = 1/7:' (Blondlot) /— /',
(') Comptes rendus, 6 juin 1898, 5 décembre 1898. — Procès-verbaux de la
Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux, i""' juin 1899.
( ^7' ^
i, /' (lésii^nant les longtieurs d'onde des oscillations qui excitent nn même
résonateur disposé successivement dans deux diélectriques différents, sans
présumer si ces longueurs d'onde se rapportent à des flux transversaux ou
à des flux longitudinaux.
» Ces lois expérimentales peuvent être indifféremment invoquées en fa-
veur de la théorie de Maxwell ou de celle de Helmholtz suivant les hypo-
thèses que l'on admet: i° relativement à l'espèce de flux que décèle le
résonateur dans chaque expérience; 2° relativement à la période du réso-
nateur. Si )^ et ^ désignent la longueur d'onde et la période des oscillations
transversales, A et T celles des longitudinales, on a pour deux diélectriques
différents : ). = vt. et a' = v' t' , ou A == VT el A' = V'T'.
» Suivant que l'on fera les hypothèses :
l~\ et t =t' / = A et T = T',
i 11? f>ii T IT'
/ = ^ et ^ = t A / = A et ^ - ^ / ^
\T ' = ^ «^ T'=\-ir
les expériences do MM. Arons et Rubens, Cohn et Zeemaini d'une part,
celles de M. Blondlot d'autre part, confirment ou infirment l'une des deux
théories en piésence. Les premières semblent de plus en contradiction
avec les secondes, elles vérifient l'une des théories quand les secondes
l'infirment et inversement.
» Nous avons entrepris récemment (' ) des expériences dont l'interpré-
tation ne prête pas à une semblable ambiguïté. Le dispositif que nous
employons est le suivant :
» Deux fils tendus à l'intérieur d'un réservoir (4™) se prolongent à l'ex-
térieur sur une longueur de 3"" avant d'arriver au voisinage de l'excitateur.
Un résonateur placé successivement dans les positions i et 2 (-') (positions
qui ont été définies précédemment) est disposé dans l'air, dans une région
située entre le réservoir et l'excitateur, à une distance de la paroi exté-
rieure du réservoir égale au quart de la longueur d'onde des oscillations
qui excitent le résonateur dans l'air. On constate, en déplaçant un pont
mobile dans le réservoir, que, lorsque le résonateur est dans la position i,
dans la longueur qu'occupe une concamération, quand le réservoir est
vide, s'étagent, dès qu'il est plein d'eau, sept à huit concamérations. La
(') Recherches expérimentales sur les oscillations électriques, Paris, A. Mermann.
(■- ) Comptes rendus, 3i janvier 1898. — Procès-oerbaux de la Société des Sciences
physi(jues el naturelles de Bordeaux, 20 janvier 1898.
C. K., iSgg, 1' Semestre. (I. CXXIX, M" 18.) QO
(672 )
grandeur des concamérations décelées est la même, que le réservoir soit
vide ou qu'il soit rempli de liquide, quand le résonateur est dans la posi-
tion 2.
>' Ce dispositif, et c'est là son avantage sur ceux de MM. Cohn et Zeemann
et Blondlot, nous oblige à considérer la période du résonateur comme
indépendante de la nature du milieu qui le baigne. Le résonateur demeure
constamment placé dans l'air, que le pont mobile soit déplacé dans l'air
ou qu'il soit déplacé dans le milieu étudié.
» Les loi-s expérimentales immédiates que notis trouvons sont les sui-
vantes (/,, 4 longueurs d'ondes relatives aux positions i, -i) :
1° /, = L (dans l'air); i" L=^ l.^; "^^ J = V
'k'
» Puisque le dispositif employé nous oblige à admettre / = /' ou T = T',
nos expériences nous conduisent alors à écrire
v„ = .„, v=v', ;^,=\/j'
conclusions en com[)let accord avec les lois de Helmholtz-Duhem, en
admettant les seules hypothèses :
» i" Le résonateur dans la position i est sensible aux seuls flux trans-
versaux;
» 2" Le résonateur dans la position 2 est sensible aux seuls flux longi-
dinaux. »
ÉLECTRICITÉ. — Transmission des ondes hertziennes à travers les liquides.
Note de M. Edouard Braxlv.
« On sait <pie le rayonnement électrique traverse un grand nond)re de
substances opaques pour la lumière; la facilité avec laquelle le bois, les
étoffes et même des murs ont souvent permis la transmission, faisait croire
que la plupart des substances laisseraient passer les ondes hertziennes.
Cependant, il a été démontré que les métaux opposent un obstacle absolu
s'ils n'offrent pas de fentes; une feuille métallique extrêmement mince (')
suffit et même un grillage à mailles serrées. Si des murs en pierre sèche
(') Comptes rendus, séance du 4 juillet 1898.
( ^7'^ "^
sont extrêmement transparents, certains ciments (') se sont présentes
comme complètement opaques sous une épaisseur de /[o"". Aucun essai
n'ayant encore été réalisé avec les liquides, j'ai pensé qu'il y avait quelque
intérêt à faire connaître les expériences que j'ai effectuées récemment sur
ce sujet. Ces ex|)ériences se rapportent à l'absorption exercée par des
couches liquides de o",20 d'épaisseur.
» Le liquide exposé au rayonnemenl était contenu dans une caisse cubique de 60'^™
de côté dont la face supérieure restait ouverte; les |)arois du fond et de trois des faces
latérales étaient en verre épais encastré dans une carcasse de zinc (peinte à l'intérieur
et à l'extérieur); la quatrième face latérale consistait en une épaisse plaque de zinc M
offrant en son centre une ouverture carrée à rebords, de 20™ de côté, par laquelle on
pénétrait dans une boîte en bois B qui contenait le récepteur. Par le liquide versé
dans la cu\e (i85''') la boîte centrale en biii> était entourée d'une couche de 20'^'"
d'épaisseur, sauf sur la face d'entrée qui était hcruiétiqueraent close par un couvercle
métallique C assujetti par huit écrous e.
» Le producteur d'ondes était une bobine d'induction dont les étincelles éclataient
entre les deux boules d'un excitateur. Les dirilcullés matérielles m'ayant obligé
à opérer dans un laboratoire restreint, j'ai dû faire usage de deux radialeuis : l'un
faible. A, pour la comparaison de la tiansparence de l'air, de l'huile et de l'eau,
l'autre, B, beaucou]) plus actif pour la comparaison de la transparence de l'eau et des
solutions salines :
1) A : bobine d'induction de 2"" d'étincelle; excitateur à intervalle d'air, boules dis-
tantes de I™™, 2 ;
» B : bobine d'induction de 20'"' d'étincelle; excitateur île Higlii à intervalle d'huile.
)i Le radiateur était disposé en face de la pami de verre A opposée à la face métal-
lique M.
(') Comptes rendus, séance du 4 avril 1 Sg<j.
V <^74 )
rt Le récepteur intriHliiil ilaiis le réduit central B était un ladioconducteur intercalé
dans le circuit d'un élément Leclanché et d'un relais; le circuit secondaire du relais
comprenait une sonnerie qui se faisait entendre lorsque le rayonnement électrique
déterminait l'accroissement de coiiductiliililé du radioconducteur. Au bruit de la
sonnerie on ouvrait la poile métallique C et par un ciioc on rétablissait la résistance
du tube à limaille.
)i Les nombres que je vais ciler désignent en mèlres les dislances
limites auxquelles le radialeur cessait d'agir siu' le tube à limaille dans
les diverses expériences; les distances sont comptées du radiateur à la
paroi A. Les expériences ont été faites avec le même tube à limaille, mais
à des jours différents dans l'inlervalle d'un mois.
» Aux distances limites une seule étincelle ne suffisait pas pour faire
fonctionner la sonnerie, il en fallait quelquefois de lo à i5, et à une
dislance un peu supérieure tout etfel cessait. En général. Terreur probable
n'atteignait |ias lo"'" dans chaque groupe d'essais.
)) Je me bornerai aux résultats que je crois les plus intéressants :
Jiadiateur A.
m
Air (cuve vide) io,3o
Eau de la Vanne 2,20
Air 9 ) 5o
Huile minérale (valvoline) 10, 5o
Eau distillée 3
Eau de la Vanne 2,60
Radiateur B.
Eau de la Vanne 9™, 20
» La même eau, soit colorée avec de la teinture de tournesol bleue ou rouge, soit
amidonnée à froid (i''s d'amidon délayé dans l'eau), soit amidonnée à chaud (empois
d'amidon avec a''? d'amidon), a fourni sensiblement la même distance limite 9"— 9™, 5o.
m
Eau de la Vanne Qj-^o
Eau salée (contenant i''s de sel marin dans i8,")'") o,3o
Eau salée ( 2^s de sel marin) o
Le nombre o indique que le radiateur appliqué contre la paroi de verre de la cuve ne
produisait aucun elïet.
)> L'eau dislillcc et l'eau de source exercent une absorption bien supé-
( ()-j3 )
rieiire à celle de l'air et de l'huile. Quant à l'eau de nier qui contiendrait,
pour la capacité de la cuve, un poids de sel marin voisin de 5'^''', elle pro-
duirait, d'après les nombres ci-dessus relatifs à )''»et2''«, une absorption
complète sous une épaisseur notablement inférieure à 20^'°.
)) L'eau de mer doit donc arrêter les radiations hertziennes, au moins
celles que j'ai employées ici ('), beaucoup mieux que ne le ferait un mur
de ciment de même épaisseur.
» Le sulfate de zinc, le sulfate de soude, le sulfate de cuivre m'ont
présenté des absorptions moindres, mais comparables encore à celle du
chlorure de sodium.
» Mes essais ont été limités par les grandes dimensions de ma cuve qui
avait été établie avec l'idée préconçue que les liquides et, en particulier,
les solutions salines exerçaient une absoiplion bien inférieure à celle
qu'ils exercent réellement.
» Lorsque la cuve contenait des solutions exerçant ime absorption
complète, j'ai eu soin de m'assurer que la fermeture de la porte métallique
était hermétique, en plaçant le radiateur B en face de la porte C et à une
très faible dislance. Pour celte position du radiateur, j'ai dû garnir les
bords de la porte de feuilles de plomb qu'on écrasait par la pression des
écrous, ce qui montre une fois de plus la facilité avec laquelle les radia-
tions hertziennes traversent les fentes les uhis fines. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur i interrupteur éU'cl/ofytique de Wehnelt (-).
Note de M. E. Rotiié, présentée par M. G. Lippmann.
« J'ai l'honneur de signaler à l'Académie un phénomène curieux pré-
senté par l'interrupteur de Wehnelt lorsque, pour une force électromotrice
constante, on fait varier la résistance du circuit. Ce phénomène peut s'ob-
server très facilement en opérant de la façon suivante :
1) Les deux éleclrodes de la cuve électroh lique sont mises en communicalion avec
les deux pôles du secteur de la Sorbonne (1 13 volts) par l'intermédiaire d'une résis-
tance liquide variable, formée simplement d'une dissolution très étendue de sulfate
de cuivre (1° à 2° Baume), dans laquelle plongent deux lames de cuivre. Une des
(') 11 y auia lieu de rechercher par l'absorption les phénomènes à^électroclirose,
si une même substance laisse passer en proportions diverses des rayonnements élec-
triques de ionguenis d'ondulation dilTérenles.
(■-) Ces observations ont été faites à la Sorbonne, au laboiatuire de M. Pellat.
( 676 )
lames peut se déplacer le long d'une vis sans fin, à l'aide d'une manivelle. Un ampère-
mètre placé dans le circuit indique l'intensité du courant. L'anode de l'interrupteur
est constituée par un fil de platine de o""", 55 de diamètre et de 2"^ de long. Le liquide
est de l'eau acidulée par l'acide sulfurique (5" Baume).
)) Dans ces coniiilions, si l'on commence pardonnera la résistance sa
plus grande valeur, on constale que l'intensité du courant est faible
(4 ampères environ), mais l'aiguille de l'ampèremètre pour une valeur
donnée de la résistance reste fixe. Le courant est alors continu et sensible-
ment constant. C'est le régime le plus sim|)le, pendant lequel l'électrolyse
a lieu. I/appareil ne |)eut dans ces conditions fonctionner comme inter-
rupteur. Si l'on introduit dans le circuit une bobine d'induction sans trem-
bleur, on ne constate aux bornes de l'induit aucune étincelle si petite
qu'elle soit.
» Si l'on diminue la résistance, on voit que l'intensité croît conformé-
ment à la loi d'Ohm ; dans les conditions de l'expérience elle va ainsi en
croissant jusqu'à ii^^p, 5, puis subitement tombe à a'""'', 5. Il existe donc
une valeur limite de la résistance extérieure, pour laquelle subitement le
régime change : ce nouveau régime, à faible intensité, est variable; l'ai-
guille de l'ampèremètre indique des variations d'intensité, mais, ce qui est
surtout remarquable, c'est que, une fois ce régime atteint, on peut aug-
menter ou diminuer considérablement la résistance sans qu'il soit modifié.
)) On peut donc dire qu'il existe pour chaque interrupteur, et pour {me
force éleclromotrice donnée, une résistance litnite telle que, pour toute
résistance inférieure, le régime variable est seul possible. Pour toutes les
résistances supérieures, on pe.ut avoir, soit le régime variable, soit le
régime continu, et cela suivant la façon dont on a établi le courant.
1) Il n'est donc pas indifférent de fermer le circuit directement sur une
grande résistance, ou de le fermer sur une résistance très faible, que l'on
auginente ensuite pendant que le courant circule.
» On peut vérifier, en faisant varier la force électromoirice, qu'à chaque
valeur de la force électromotrice correspond une résistance litnite, et l'in-
tensité du courant, au moment du changeiuent de réginie, a toujours la
même valeur, i i'""'', j, dans le cas de l'expérience précédente.
'1 Le régime variable ne diffère pas seulement du précédent par l'inten-
sité : le dégageinenl des gaz n'est pas le même dans chacun de ces deux
cas. Il n'y a plus sous le régime variable, comme dans l'électrolvse, de
nombreuses bulles de gaz partant du fil de platine. Les bulles ne se
dégagent plus qu'une à une et d'une façon très régulière.
( 677 )
» Le fil de platine étant vertical, c'est ;iii point où le fil est soudé dans
le verre que se forme une bulle unique, assez volumineuse, qui finalement
éclate : les gaz qui s'en échappent sont très chauds et fument à l'air.
') On peut donc dire que c'est au moment où le changement de régime
a lieu que se forme autour de l'anode la gaine de gaz protectrice, qui per-
met d'expliquer le fonctionnement de l'interrupteur. C'est la partie supé-
rieure de cette gaine qui s'enfle sous forme de bulle. Chaque fois que la
bulle se forme, la gaine se rétrécit; elle s'enfle, au contraire, chaque fois
que la bulle éclate. Le phénomène est surtout très net quand on l'observe
au microscope : on peut suivre les mouvements de la gaine gazeuse et
constater que la période correspond bien au dégagement des bulles.
)) Si l'on place en dérivation, sur les bornes de l'interrupteur, une
lampe de i lo volts, on constate qu'elle ne brille pas tant que le régime est
continu. Elle ne commence à briller qu'au moment du changement de
régime, c'est-à-dire quand, la gaine de gaz se formant, une résistance sup-
plémentaire s'introduit autour de l'anode.
» Ce sont les variations de la gaine de gaz qui produisent les variations
de l'intensité du courant, mais elles sont trop faibles et trop lentes pour
que sous ce régime l'anode de platine puisse constituer un interrupteur de
courant : grâce à la stabilité de ce régime on peut sans le modifier intro-
duire une self-induction dans le circuit, par exemple le primaire d'une
bobine d'induction. On ne constate dans ces conditions aux bornes de l'in-
duit aucune étincelle appréciable, comme l'a montré M. Pellat (Comptes
rendus, t. CXXIX, p. 8i5).
» Si, au contraire, la self-induction est placée dans le circuit avant la fer-
meture, on sait que l'intensité moyenne peut atteindre une très grande
valeur (3o ampères environ) (M. Pellat, Comptes rendus, t. CXXVIIL
p. 732). Ce troisième régime, interrompu et à grande intensité moyenne, a
de nombreuses propriétés intéressantes.
» Ce qui est particulièrement remarquable, c'est l'influence qu'a dans
ces conditions l'interrupteur sur l'éclairage fourni par les lampes du secteur.
Non seulement au laboratoire de Physique où est placé l'interrupteur,
mais encore à la Sorbonne, dans les laboratoires voisins, les lampes bril-
lent d'un éclat beaucoup plus grand pendant le fonctionnement de l'inter-
rupteur. L'effet est surtout remarquable le soir, où la lumière devient
éblouissante, et peut s'observer même sur un assez grand nombre de lampes
brillant à la fois.
» J'ai entrepris quelques expériences pour étudier cette influence sur
l'éclairage et aussi l'extrême stabilité du régime variable à faible intensité. »
( 68o )
explosions qui amènenl la rupture des vases dans lesquels elle s'effectue,
nous avons dû la réaliser lentement dans un flacon fermé, en opérant de
telle sorte que la réaction se produisît seulement entre les vapeurs du bro-
mure et de l'eau ; nous avons opéré de même pour le chlorure. Ensuite, le
produit de la réaction a été additionné d'eau distillée, de façon à en faire
un volume de i'" dans lequel le brome ou le chlore a été dosé sur^^, soit
sur So*^*^.
» Le Tableau suivant contient les résultats obtenus sur des ampoules
remplies de bromure de bore provenant d'un même matras :
Poids
BBr'.
AgBr
AgBr
total.
BBr3
SAgBr
atomique
20
(lu bore.
3,ii3o
0,3497
6,994
0, 44510
11,009
3,3334
0,3745
7,490
o,445o5
10,981
3,7456
0,4207
8,4i4
o,445i6
II ,043
3,2-80
0,3682
7,364
o,445i4
1 I ,o32
4,2074
0. 4726
9,452
o,445i3
1 1 ,026
Mojen
Erreur
ne
1 1
,018
probable.
—
0
,011
Tableau suivant est
relatif à un
second matras
Poids
B Br'.
AgBr
AgBr
BBr'
atomique
20
total.
3 Ag Br
du bore.
3,3956
o,38i4
7,628
0, 445x5
I 1 ,o37
4,0295
0,4526
9,o52
o,445i4
I I ,o32
3,7886
0,4256
8,5r2
0,44509
I 1 ,oo3
3,1711
0,3562
7, '24
o,445i3
I I ,026
Moyenne
1 1
025
Erreur
probable.
i:^
0
007
» En combinant ces deux séries de résultais tout à fait concordants, on
trouve une moyenne de i i,02r, avec une erreur probable de ± o.ooG.
» Quant au chlorure de bore il nous a fourni les résultats suivants :
BCI^
AgCl
AgCl
BCP
Poids
20
total.
3.\gCl
atomique du bore.
2,6412
o,484i
9,682
0,27279
10,987
2,7920
0,0117
10,234
0,27282
I I , 000
2,4634
o,45i3
9,026
0,27292
,i,o43
3,4489
o,632o
I2,64o
0, 27285
II, 0x3
2,20l5
o,4o35
8,070
0,27280
10,992
2,6957
0,4939
9,878
0,27289
II ,o3o
Moveimt
11,01
i
Erreur probable zh 0,008
( <;«■ )
» Conclii<:inns. — En résumé, nous avons entrepris, sur le poids ato-
mique du bore, quatre séries de déterminations qui nous ont fourni, pour
ce nombre, les moyennes suivantes :
j
Matière première. Poids atomique. Erreur probable.
Sulfure de bore 1 1 ,o4i ±0,017
Borure de carbone 10,997 "
Bromure de bore 11,021 ±0,006
Chlorure de bore 1 1 ,01 1 ±0,008
» Les déterminations effectuées sur le sulfure de bore et le borure de
carbone, composés très différents l'un de l'autre, sont venues nous dé-
. montrer que le poids atomique du bore était bien voisin de 1 1 . Mais, malgré
les avantages résultant de la faiblesse de leur poids moléculaire, nous
ne pensons que ces coiiiposés puissent, dans l'état actuel de la Science,
être préférés au chlorure et au bromure de bore qui sont susceptibles
d'être obtenus dans un état de pureté absolue, si l'on en pré|iare de grandes
quantités, avec les précautions que nous avons indiquées.
» I.a moyenne des valeurs trouvées en partant du chlorure et du bro-
mure conduit, pour le poids atomique du bore, au nombre ii,oi6. C'est
celui que nous proposons d'adopter; il est très voisin de 1 1 et un peu plus
élevé que ceux donnés précédemment soit par Abrahall, soit |)ar William
Ramsay et Mrs. Aston. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les anhydrides mixtes des acides acycliques et
cycliques. Note de M. A. Béhal, présentée par M. Moissan.
« Les anhydrides mixtes des acides ont été découveris par Gerhardt
i^Ann. Chim. et Phys., 3' série, t. XXX VH, p. 3o8; i853) qui les obtint en
faisant réagir les chlorures d'acides sur les sels de sodium d'acides orga-
niques différents. Chiozza (Liebigs Ann., t. XCL p. 102), Loir (liull. Soc.
chim., 2" série, t. XXXH, p. 169), Tassinuri (D.chem. G., t. XI, p. 2o3i)et
Autenrieth (/). chcm. G., t. XX, p. 3189) préparèrent ou étudièrent ces
anhydrides. Enfin, le dernier travail sur le sujet est dû à Rousset qui ne
croit pas à l'existence des anhydrides mixtes des acides, puisque par simple
distillation on en sépare deux molécules d'anhydrides symétriques (^Bull.
Soc. chim., 3* série, t. XIH, p. 33o).
» Je me suis demandé, après avoir découvert les anhydrides mixtes de
l'acide formique (Comptes rendus, t. CXXVIH, p. 1460), si l'assertion de
Rousset était fondée.
( 682 )
» Gerhardt ne signale comme propriétés des anhydrides mixtes que leur
scission par distillation en deux molécules d'anhydrides symétriques et
leur dédoublement sous 1 influence de l'eau en deux molécules d'acides :
2 CH* - CO - O - CO - C« H.^ = (CH ' - CO)- O 4- (C H= - CO)- O
Anhydride mixte l>enziiï(|ue. Anhydride aeéllque. Anhydride benzoïque.
CH ' - CO - O - CO - C« H^ -4- H- O = CH^ - CO- H + C'-W - CO- H.
» Or, il est évident que, si l'on nie l'existence d'un anhydride mixte et
si on le considère comme un mélange de deux molécules d'anhydrides sy-
métriques, ce mélange devra se comporter comme l'anhydride mixte de
Gerhartit, puisque, d'après les travaux de ce savant, les anhydrides mixtes
se dédoublent précisément, sous l'influence de la chaleur, en deux molé-
cules d'anhydrides symétriques.
» M. Autenrieth étudie l'action de l'ammoniaque et de la phénylhydra-
zine, et annonce que c'est le résidu le plus carboné qui se combine au com-
posé basique; l'anhydride acétobenzoïque donne de la benzamide et de la
benzoylphénylhydrazine.
» Je me suis proposé tout d'abord de vérifier si les anhydrides mixtes des
acides n'existaient pas. J'ai étudié particulièrement les anhydrides mixtes
acéto-isovalérique et acétobenzoïque.
» Si l'on prépare l'anhvdride acéto-isovalérique par les procédés de Ger-
hardt ou d' Autenrieth, on constate que les produits obtenus dans des pré-
parations différentes, par l'un ou l'autre procédé, ne présentent pas une
composition constante. On trouve plus de carbone que n'en indique la
formule de l'anhydride mixte. Parmi les nombreuses opérations ayant
porté sur l'anhydride acéto-isovalérique, l'analyse cadrant le mieux avec
la formule est la suivante : C = Sg.So, 11 = 9,01; la théorie demande
C = 58,33, H = 8,33.
» Si l'on prolonge les lavages, on constate que l'huile surnageante
diminue, que sa teneur en carbone s'accroit et finalement le composé se
trouve être de l'anhydride isovalérique.
1) La présence de cet anhydride ne peut s'expliquer que de trois
façons :
» 1° Le produit qui l'a fourni est un mélange d'anhydride acétique et
d'anhvdride isovalérique et le premier est plus rapidement détruit que le
second par la liqueur alcaline;
» 2° Le produit est l'anhjdride mixte et sous l'influence du réactif il se
dédouble en acétate alcalin et en anhydride isovalérique:
( 683 )
» 3" Le produit est un mélange d'anhydride mixte et d'anhydride iso-
valérique. Le premier est pins facilement détruit que le second dans les
conditions où l'on opère.
» Pour tranclier la question, j'ai étudié l'aidivdrideacétobenzoïque. J'ai
d'abord préparé une dissolution d'une molécule d'anhydride benzoïqne
dans une molécule d'anhydride acétique, et j'ai examiné comparativement
l'action de la solution aqueuse de carbonate de soude sur ce |)roduit et sur
l'anhydride mixte obtenu par les procédés de Gerhardt. Or, tandis que
le premier se décompose très rapidement à froid, en donnant la ([uanlité
à peu près théorique d'anhydride benzoïque, le second, au contraire, n'est
attaqué que très lentement. L'anhydride mixte acétobenzoïque existe donc
bien. Refroidi dans le chlorure de méthyle, il cristallise entièrement et
fond vers -+- io°; mais il n'est pas pur; quel que soit le procédé employé,
il renferme de l'anhydride benzoïque comme l'indiquent son analyse et
aussi sa décomposition par les alcalis. On obtient toujours, en effet,
dans ce traitement, un peu d'anhydride benzoïque, si l'on se met à l'abri
d'une trop grande élévation de température. En opérant sur 17S' d'anhy-
dride acétobenzoïque, j'ai obtenu dans une opération 3^'' d'anhyilride
benzoïque.
» Comme Autenrieth prépare cet anhydride mixte en chauffant à
l'ébidlition un excès d'anhydride acétique avec del'acide benzoïque, comme
Rousset a trouvé que dans le vide cet anhydride se scinde entre 35° et 5o°
en anhydride acétique et acide benzoïque, j'ai pensé qu'il devait y avoir
combinaison possible de l'anhvdride benzoïcpie et. lie l'anhydride acétique
sous l'influence de la chaleur, et l'expérience a répondu à cette prévision.
En effet, en mélangeant molécules égales des deux anhydrides, j'ai trouvé
qu'au bout de trois heures, en chauffant à l'ébullition, environ 3o pour 100
du mélange sont entrés en combinaison, mais au bout de six heures cette
quantité, au lieu de croître, a diminué. Cela nous explique la présence de
l'anhydride benzoïque dans l'anhydride mixte acétobenzoïque et nous
serons obligés d'en tenir compte dans les réactions que nous allons étudier.
» Action de l'ammoniaque {^). — D'après Autenrieth, c'est l'amide du
résidu le plus carboné qui se forme. On trouve précisément l'inverse, en
conformité de ce qui se passe avec les anhydrides mixtes de l'acide for-
niique. S'il se forme un peu de benzamide avec l'anhydride acéto-
benzoïque, cela est dû à la présence d'anhydride benzoïque dans le mé-
(') I>.i pallie expériineiilnle île ce travail sera publiée clans un autre Recueil.
( 686 )
est d'un brun j;iunàLre, elle est décolorée par la poudre de zinc, avec for-
mation très probablement de pentaoxynaphtalène que je n'ai pu isoler mais
qui répond sûrement à la constitution suivante :
OH OH
/\/\ OH
III
i I !
\/\/
OH OH
» La naphtopurpurine se dissout facilement dans l'alcool et l'acide acé-
tique; sa solution est ronge cerise. Les alcalis et l'ammoniaque donnent
une solution rouge fuchsine et une solution d'alun de potasse une couleur
carmin.
» De même que la purpurine la naphtopurpurine est un colorant éner-
gique, teignant les mordants grâce à sesgroupes liydroxyles situés en ortho.
Le coton mordancé en alumine est teint en rouge carmin et la laine chro-
mée, teinte en bain acide (acétique), se colore en brun soutenu.
» Le Tableau ci-dessous résume les propriétés de la naphtazarine com-
parées à celles de la naphtopurpurine :
Couleur de la solulioii. iVaphtopurpurine. Naplilazarinc.
Dans l'acide sulfurique concentré. . . . Rouge cerise. Pourpre.
» l'ammoniaque Rouge fuchsine. Bleu pur.
» l'eau froide Rouge jaunâtre. Insoluble.
)) l'alun de potasse Rouge carmin. Violet.
» l'acide acétique crislallisable. . . .Jaune rougeàlre. Rouge fuchsine.
Couleur de la laque d'alumine Rouge carmin. Violet.
» La naphtopurj)urine donne un dérivé acétylé ainsi qu'un dérivé ben-
zovlé, qui sont encore à l'étude.
)) La naphtopurpurine est bien une trioxy-y.-naplitoquinone, ainsi qu'il
résulte de l'analyse élémentaire suivante :
Calcule
pour
CMIH6 0S. Trouve.
G 58,25 58,42
H 2,92 3, CD
La séance est levée à 4 heures un quart.
M. B.
I
On souscrit à Fans, chez GAUTHIER-VILLA RS,
Quai des Grancis-Augusiins, n° 55.
pni» 1836 l«s COMPTES RENDDS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, ileux roiniuM in-r Ueui
faiis, l'une par iprdre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'aboanement est annuel
k n do i" janvier.
Le prix de ^abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
ris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
pn souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Ferran Irères.
Chaix.
Jourdan.
Ruff.
7j Courtin-Hecquet.
Germain et Grassin.
Lachèse.
la me Jérôme.
kl çon Jacquard.
1 I Feret.
■I aux I Laurens.
F ( Muller (G.).
toi es Renaud.
jr I Derrien.
1 ] F. Robert.
V j J. Robert.
» \ Uzel frères.
"ai Jouan.
fberv Perrin.
mrg..
ont-Fer r..
Marguerie.
( Juliot.
I Ribou-Collay.
iLamarche.
Ratel.
Rey.
( Lauverjai.
( Degez.
\ Drevet.
j Gratier et C".
"kelle Foucher.
f,re (Bourdignon.
( Dombre.
( Thorez.
i Quarré.
Loricnt
l-yon ...
Marseille..
Montpellier
Moulins.. .
chez Messieurs :
I Baumal.
( M"' Texier.
Bernoux el Cumin
Georg.
< Côte.
Sa\'y.
Vitte.
Ruât.
\ Calas.
) Coulai.
Martial Place.
j Jacques.
Nancy j Grosjean-Maupin
' Sidot frères.
\ Loiseau.
/ Veloppé.
I Barma.
( Visconti el C'v
Nimes Thibaud.
Orléans . . Luzeray.
( Blanchier.
' ' ' ( Marche.
Bennes Plihon et Hervé
Rochefort Girard (M"").
I Langlois.
Aaiilef
Nice.
Poitiers..
Me
fiouen
S'-Étienne
Toulon . . . .
( Lestringanl.
Chevalier.
( Ponteil-Burles.
( Rumèbe.
( Gimel.
i Privât.
. Boisselier.
Tours i Péricat.
( Suppligeon.
( Giard.
\ Lemaltre.
Toulouse..
Valenciennes.
On souscrit, à l'Étranger,
.Amsterdam .
.4 thènes
Barcelone...
Berlin.
Berne . . .
Bologne .
Brwrelles .
Buchar*>.st . . .
Budapest
Cambridge. .
Christiania
Constantino/jle.
Copenhague ... .
Florence
Gand
Gênes
Genève . . .
La Haye. .
Lausanne..
Leipzig.
Liège.
chez Messieurs :
j Feikema Caarelsen
! et C".
Beck.
Verdaguer.
Asher el C".
Dames.
, Friedlander et fils
f Mayer el Muller.
Schmid et Francke
Zaoichelli.
I Lamerlin.
Mayolezet Audiarte.
I Lebègue et C'*.
( Sotcheck el C".
I Slorck.
Kilian.
Deighton, BellelC».
Cammermeyer.
Otto Keil.
Hôst et fils.
Seeber.
Hoste.
Beuf.
Cherbuliez.
Georg.
( Stapelmohr.
Belinfante frères.
I Benda.
I Payot.
Barlh.
Brockhaus.
Lorentz.
Max Riibe.
Twietmeyer.
( Desoer.
I Gnusé.
Londre.^
Luxembourg .
chez Messieurs :
I Dulau.
, Hachette et C'.
' Nuit.
V. Bûck.
; Libr. Gutenberg
.l/adrld \^°"'° y Fussel.
\ Gonzalès e hijos
l F. Fé.
A/ilan j^°'=<=* f""*
( Hœpli.
Moscou Tastevin.
( Marghieri di Giu»
( Pellerano.
( Dyrsen et Pfeiffer.
Neyv- York i Stechert.
! LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C-
Palerme Clausen.
Porto Magalhaès et Moiiiz
Prague — Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
„ 1 Bocea frères.
Rome ,
y Loescheret C".
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin
Naples .
S^-Petersbourg
Turin .
\ Zinserling.
; Woiff.
; Bocca frères.
) Brero.
j Clausen.
[ RosenbergetSellier.
Varsovie Gebelhner et WolIT
Vérone Drucker.
, Frick.
Vienne „ , .
I Gerold et C'.
Zurich Meyer et Zeller.
ABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre iS'^o i Volume in-4°; i853. Prix 16 fr.
Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i DécemL.u i865.) Volume in-4''; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 a 91. — (i" Janvier 1866 a 3i Décembre 1880.) Volume in-4'; 1889. Prix 15 fr.
I DPPLÉMENT AUX COMPTES RENDDS DES SEANCES DE L'ACADKMIE DES SCIENCES :
ÏTcil: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. \ liERaÈsel A.-J.-J. Solieb. — Mémoire sur le Calcul des Perturba lion» qu'épruuvem les
"D ;s, par M.HiNiBN. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matière^
•s > par M. Claude Bernard. Volume in-4°> avec 3j planches; iS56 15 Ir.
• '9 II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Bemedks. — l'.^^ai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science;
nr! concours de i853, el puis remise pour celui de i856, savoir : « Élu li ■ les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédl-
t intaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
|<le 'apports qui existent entre l'étatacluel du régne organique el ses états ^nlérieurs », par M. le Professeur Bron». In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
i même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et 'ie< .Mémoires présentés par dlrers Sarants à l'Académie des Sciences.
N" 18.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 50 octobre 1899.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES COKRESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M.PoixcARÉ présente à r\cadéniie la « Con-
naissance des Temps pnur l'année igoj >•. 663
M. DE Lapparent. — Sur l'intervention clos
végétaux dans la formation des tufs c;il-
caires 664
M. Perrotin. — Sur la comète Giacobini . 664
Pages.
M. DE Lapparext présente à l'Académie les
deux premiers fascicules de la quatrième
édition de son « Traité de Géologie «... 'iliS
M. FouQUÉ. — Remarque au sujet de l'Ou-
vrage précédent de M. de Lapparent.. . . W>:>
NOMINATIONS.
M. Troost est réélu Membre de la Commis-
sion de contrôle de la circulation ninné-
taire. au Ministère des Finances
(i(l(i
MEMOIRES PRESENTES.
M. Ch. Lal'Rans soumet au jugement de
l'Académie un Mémoire « Sur la théorie
mécanique de la chaleur
<ir/i
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspondanc,
divers Ouvrafjes de M. /. Costantin et de
-M . A. Karpinshy 066
M. Georges Hu.mbert. — Sur les fonctions
hyperabéliennes 667
M. E. GouRs.iT. — Sur les congruences de
normales 669
M. .\lbert Turpaix. — Sur la propagation
desoscillations électriques dansles milieux
diélectriques. ... li'jo
AI. ÉdoL'aru Bkam.v. — Transmission des
ondes hertziennes à travers les liquides. . O-2
M. E. RoTHE. — Sur l'interrupteur électro-
lytique de \Vehnelt 117)
M. Henri Gautier. — Sur le poids ato-
mique du bo,rc <)7Îi
M. A. BÉiiAL. — Sur les anhydrides mixtes
des acides acycliques et cycliques OSi
M. Georges-F. Jaibert. — La uaphtopur-
purine. un produit d'oxydation de la
naphtazarine (iS'i
PARIS.— IMPKIMERIE G \ UTH lE R-VI LL A RS
Quai des Grands-AUi.'ustins, 55.
/.e titrant .* tiAltruiEB-VlLLARS
DEC 8 189» 1899
SECOND SEMESTRE.
^6^^
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR jnn. IiES SBCnéXAIRES PERPÉTIIBBEiS.
T03IE CXXIX.
W 19(6 Novembre 1899)
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55,
1899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDU
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 2.3 JUIN 1862 ET 24 MAI iS^S.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
r Académie se composenl des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composenl un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de C Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou parunAssociéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soii fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, I
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les |
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne j
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de 1
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'A
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais
ports relatifs aux prix décernés ne le sont q
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séa
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Si
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pf
qui ne sont pas Membres ou Correspondants (
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoii
tenus de les réduire au nombre de pages rei
Membre qui fait la présentation est toujours
mais les Secrétaires ont le droit de réduire ce
autant qu'ils le jugent convenable, comme il
pour les articles ordinaires de la correspon(îa«
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus
jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis :
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Cowp
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte fei
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage àp^t
Les Comptes rendus n'ont pas de planche^.
Le tirage à part des articles est aux frais
leurs; il n'y a d'exception que pour les R>p|
les Instructions demandés par le Gouvernim»
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrai
un Rapport sur la situation des Comptes rendi\
l'impression de chaque volume. L
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution "
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont pri'
déposer au Secrétariat au plus tard le San edi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance
DEC 8 1S99
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 6 NOVEMBRE 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches S ni les diarnines. Dléthylène diamine
{pipérazine)\ par M. Berthelot.
DiÉTHYLÈNE DIAMINE (PIPÉRAZINE) f C* H'» Az' =: 86.
« La diélhylène diamine est une base intéressanle, en pratique comme
en théorie. En pratique, elle a été employée en Thérapeutique, sous les
noms de spermine et de pipérazine, emploi qui a conduit à la fabriquer sur
une certaine échelle. En théorie, elle a été d'abord confondue avec une
base à poids moléculaire moitié moindre, la vinylamine ou acétylamine,
C^H°Az; son poids moléculaire et ses relations avec l'éthylène diamine
ayant été établis plus tard par Hofmanu (Berliner Berichte, t. XXIO,
p. 329'^; 1890), et l'identification avec la spermine et la pipérazine par
MM. Majert et Schmidt (même Recueil, p. 3718). Enfin elle .se rattache,
C. R., 1R99, 3 Semestre. (T. CXXIX, N' 19 i 92
( 688 )
d'après MM . T.. Wolfi et Franz Scholl (Berl. Berichte, t. ^^J^'f ' ^^"^"^ '•
8^3 et l'ense.nble de recherches résurnées dans le F«W.«c. ^r^^aj^-
Ch de Beilslezn, 3« édUion, t. IV, p. 8i6 (.898), a la pyrazine G H Az ,
houe if change en diéthylène domine par fiKation de 3H^ ; rec.proque-
Z la di^thyllne diamini produit de la pyrazine par perte d'hydrogène :
delà ésultent des relations très intéressantes, tant avec les bases pyn-
dqùes qu'avec l'acide lévuUque, le sucre de lait, etc. ; bref, avec la constt-
uln de d.vers principes immédiats contenus dans les êtres -vants
En raison de ces Circonstances, il m'a paru opportun de ta 1 étude
th:rlchu..que de la pipérazine, comme suite à celle de l'éthylene d.a-
mine (ce Recueil, t. CXXIX, p. 322). "
: le composé que i'ai pris comme pomt de départ est un corps b.en
cristallisé, fourn. par M. Billault, fabricant de produits ch.m.ques. Son
analyse répond à un hydrate C"H-AzS6H^O.
Trouvé. Calculé.
^ 25,2 24,7
1 1 5 11,3
H 1 1 , j '
Az:::::^; -^-s -4,4
„ 3'exposerai mes observations relativement à l'action de la chaleur sur
ce composé, laquelle m'a fourni directement le base anhydre; sur es cha-
eursde dis olutiondela base et de l'hydrate précédent; sur seschaleur.s de
formation par les éléments et de combustion; sur sa formation par 1 ethy-
ènrdiamine et le caractère cyclique de la pipérazine ; sur la saturation gra-
duelle de cette dernière base par l'acide chlorhydnque; sur son d.chlorhy-
drate et sur les relations pyrogénées des deux éthylènes diammes
„ AcTio. UK .. CHM.E.R. - L'hydrate de p.pérazme fond vers 44 • J en
ai cbaulîé loo^- dans une cornue traversée par un courant lent d hydrogène
et plongée dans un bain d'huile, dont la température n'a pas dépasse oo.
\ Il distille d'abord de l'eau presque pure, renfermant 3 centièmes de
bise anhydre, puis un liquide de plus en plus riche en alcali Celui qui
pasie vers i.oo^ température du liquide de la cornue) cristallise dans le
récipient : c'est une solution saturée de l'hydrate précèdent
«Entre i25'>-i3o° passe en abondance l'hydrate lui-même, sous la
forme d'un liquide huileux qui cristallise dans le récipient. Il passe sans
aoute à l'état de vapeur dissociée, laquelle reconstitue le compose pendan
L condensation. La composition réelle du produit condense repond.
.-. 5iH^0, c'est-à-dire un peu moins de 6H'^0, en raison d une certaine
( (389 )
dissociation ; le composé originel en manifeste déjà quelques traces, accu-
sées par un excès de o,5 centième de carbone dans son analyse.
» De i3o° à 135", a distillé la base anhydre, mêlée à quelque dose
d'hydrate; ce qui donnait la composition brute : CMl"'Az-, 3H-O.
» Au delà on obtient, en quantité faible d'ailleurs, la base anhydre,
fusible à 104" et pure, comme je l'ai vérifié en outre par les essais alca-
limétriques et par les mesures thermochimiques (chaleur de neutralisa-
tion); j'y reviens plus loin : il ne reste pour ainsi dire rien dans la cornue.
» Celte base anhydre a été isolée par Hofmann au moyen des agents
déshydratants. Je l'ai obtenue directement sous la forme d'une matière
cristallisée, de consistance cireuse et tenace, qui se dissout très lentement
et difficilement, mais en totalité, dans l'eau. Cependant elle attire l'humi-
dité atmosphérique avec une grande promptitude et avidité, chaque grain
de base se recouvrant d'eau presque aussitôt, au contact de l'air libre.
» Chaleurs de dissolution. — J'ai d'abord déterminé la chaleur de
dissolution de ces divers produits, détermination qui tend à établir l'exis-
tence d'un seul hydrate défini, ainsi qu'il va être dit, hydrate peu stable
d'ailleurs.
» Hydrate cristallisé : CH'^Az-, GHH^. — Quatre déterminations. Vers
16", une partie d'hydrate en poids a été dissoute dans des poids d'eau
qui ont varié de 20 à 5o fois celui du corps. Pour le poids moléculaire, on
a trouvé : ~9<^''',i6; —9*^*', 28; -9*^"',o/i; — 9*^''', io5. Moyenne géné-
rale : — 9*^="', i5.
» Base anhydre. — C'H'"Az^,
I partie + 190 p. eau, à i4" -l- 5'^'',i6
Il résulte de ces nombres que la formation de l'hydrate
Ori'»Az^crist. +6ir-01iq., dégage +i4cai^3i
» Si l'on suppose l'eau solide, le calcul donnerait vers lo": 4- 4*^"', 9. Celte
chaleur de combinaison est considérable.
» Les données précédentes peuvent servir à rechercher s'il existe
quelque autre hydrate de pipérazine, défini par une chaleur de formation
propre.
» En fait, la masse cristallisée obtenue à 120" répondait (encore imbibée
d'eau-mère) à loH^O. Mais sa chaleur de dissolution a été trouvée sensi-
blement la même (pour une molécule C''Il"'Az-) que celle de l'hydrate
6H-0; ce qui s'accorde avec un simple mélange île ce corps et d'eau.
( (Jgo )
» D'autre part, le corps obtenu vers i35", avec la composition brute,
C^H'^Az-, ^H-O, a fourni une chaleur de dissolution égale à +4^*', 3. Ce
chiffre répond sensiblement à un simple mélange d'une molécule de la
base anhydre, C'H'°Az-, avec j!j(C' H'" Az", 6H-'0), soit +4^^',i. On voit
que ces résultats sont peu favorables à l'hvpothèse d'un hydrate intermé-
diaire réputé normal, tel que C'H'"Az-, H-O. En tout cas, cet hydrate,
s'il existe, n'aurait point de stabilité.
M Chaleur DE formation par les éléments et chaleur de combustion. —
La chaleur de combustion de la pipérazine a été mesurée en opérant sur
l'hydrate cristallisé, la base anhydre absorbarit trop vite l'humidité. Le
composé pur brûle mal dans la bombe, et l'on a dû y ajouter une certaine
dose de camphre, purifié expressément pour ce genre d'opérations et dont
la chaleur de combustion, très bien connue par des expériences directes
sur le même échantillon, a été déduite.
» 3 opérations ont fourni pour i^' d'hydrate de pipérazine 3627,0;
3634,5; 3022,4; moyenne SBaS*^^' à volume constant.
» Le corps brûlé renfermant un léger excès de carbone, ainsi qu'il a été
dit plus haut, je rapporterai d'abord sa chaleur de combustion à un poids
de matière contenant exactement i^' de carbone : soit 14398"', 8, ce qui
fait pour 48^"^ àe cet élément, c'est-à-dire pour le poids moléculaire,
CH'^Az- renfermé dans I'ti\clrale : 691"^=', 14 à v. c; 691*^^', 3 à p. c.
d'où la chaleur de formation par les éléments
C*+ 11'°+ Az-^+GH^O iquide 4-3oC»',9
Mais 6H-0 liquide -H C*li'»Az2solide dégage -{- i^f^'^B
» Donc en définitive la diéthylène diamine solide pure
C'-H H'» +Az-=C* H'» Az^ cristallisé -i- i6«^',6
» La chaleur de combustion sera dès lors '^o 5^'', 6.
)) Relations de la pipérazine avec l'éthylène diamine. — La chaleur de
formation de la pipérazine est à peu près double de la chaleur de formation
de l'éthylène diamine, C'H^iz^' : -h 8, 8.
)) Cet excès mérite attention, au point de vue du mode de génération
de la pipérazine et de sa constitution véritable, qui n'est peut-être pas
exactement celle d'une diéthylène diamine, c'est-à-dire d'un alcali secon-
daire, dérivé du glycol, alcool divaleut, dont l'élhylène-diamine représente
l'alcali primaire. C'est ce qui va être examiné. A première vue, et sans
( 691 )
discuter de plus près leur constitution, les deux diamines diffèrent par une
addition de C-H-, ou, ce qui revient au même, par une substitution de C^H'
à H-, laquelle dégage dans le cas actuel ■+- 7^-'', 8; la fonction générale des
deux corps demeurant la même, quoique avec une certaine différence dans
la valence du composé, comparée à celle de ses éléments. En effet, il semble
que la diétliylène diamine, envisagée comme dérivée de C-H\ composé
incomplet, par substitution à H- d'un corps saturé, C^H*AzS c'est-à-dire
C-H-(C-H'Az-), devrait être apte à fixer encore H-, comme son généra-
teur.
» Or le dégagement de -1-7^''', 8 par une addition de C-H^ à l'étliy-
lène diamine, dans le cas précédent, contraste avec les valeurs thermiques
observées, lors des additions de C-IP à une molécule, dans les exemples
suivants, où la fonction générale demeure la même, et eu outre la varia-
tion de valence semblable dans le système. Tels sont le cliangement du
formène en propylène, tous deux gazeux :
CH^+C^H^rrC^ H" absorbe — 28Cai,3
le changement de la benzine en styrolène, tous deux liquides, changement
qui représente une réaction réelle et même facile à effectuer :
C'=H'=+G'-H- = C»1P — laC'-i.o
le changement de l'alcool méthylique en alcool allylique, tous deux li-
quides :
CH'O 4-G^H-=:C'H''0 ;.... — i4cai,5
le changement de l'aldéhyde éthylique en aldéhyde crotonique, tous deux
liquides :
C^H'0-4-C2H- = C'H'0 — i5c»',2
de même l'aldéhyde benzoïque changé en cinnamique : — i3^*',6.
» L'acide acétique, C-H^O-, changé en acide crotonique, C*H°0-, tous
deux solides : — i4^^',o, etc.
» Les fonctions carbure d'hydrogène, alcool, aldéhyde, acide, etc., de-
meurent d'ailleurs les mêmes, dans ces divers cas, comme dans celui des
deux éthylènes diamines. Dans tous les premiers cas également l'intro-
duction de C-H" a pour effet, en théorie, de communiquer au composé
nouveau 2 valences de plus que celles du corps primitif : le formène
étant saturé et le propylène apte à fixer H", Br-, H Cl, etc.
( 692 )
» De même la benzine est saturée au sens cyclique, le styrolène deve-
nant apte à fixer H^, Br^, etc.
» L'alcool méthylique est saturé, l'alcool allylique fixant H^, Br-,
IICI, etc.
» Or c'est là le point qui paraît constituer une dififérence pour la pipé-
razine.
» En effet, l'introduction de l'azote modifie beaucoup les relations de
saturation des éléments et, par suite, les relations thermochimiques.
Dans le cas présent, le contraste entre la formation thermique de la pipé-
razine et celle des carbures et composés oxygénés précédents apparaît,
d'après les faits et relations suivantes.
» La transformation pyrogénée de l'éthylène diamine en diéthylène dia-
mine
2C^H»Az- = C'H"'Az^ -f-2AzH'
dégagerait, les corps supposés pris à la température actuelle et l'ammo-
niaque gazeuse,
— i7,G-i-(t6,6-H24,/4 = 41,0; = -f-23c^',4,
l'ammoniaque liquide, + 32*^"', 3.
» On sait qu'en fait cette transformation s'accomplit aisément sous la
forme de chlorhydrates,
2(CM1* Az=,2HCl) = (C''H"',2HCI) + 2(AzH\HCl)
en donnant lieu à un dégagement de 4- 26^"', 9 ; la chaleur de formation des
chlorhydrates se compensant à peu près d'après les déterminations que je
vais exposer.
» Un semblable dégagement thermique contraste avec les absorptions
de chaleur, constatées d'ordinaire dans les compositions pyrogénées
simples, c'est-à-dire dans celles où il y a, comme ici, accroissement du
nombre des molécules. La différence est due évidemment à la conden-
sation du carbone, survenue lors de la transformation de l'éthylène diamine
en pipérazine.
» Cette condensation paraît donner lieu à une saturation interne, com-
parable à celle des corps cycliques et qui aurait pour résultat de faire
disparaître le caractère incomplet du composé, c'est-à-dire son aptitude
théorique à s'unir avec 2 atomes d'hydrogène : elle équivaut, au point de
(693)
vue thermochimique, à une combinaison véritable, accomplie avec dégage-
ment fie chaleur, ainsi que je l'ai établi par tle nombreux exemples,
empruntés à l'histoire des composés cycliques ( '). Or la pipérazine semble
présenter un tel caractère : on peut l'induire tout d'abord de l'absence
d'un hydrate stable, tel que CH'^Az-, H-O, comparable à l'hydrate
d'éthyléne diamine, absence constatée par mes mesures thermiques sur les
produits de distillation de l'hydrate commercial. Mais l'induction princi-
pale à cet égard résulte des transformations réciproques de la pyrazine,
C'H*Az-, en pipérazine, et de la pipérazine en pyrazine, composé auquel
on s'accorde à attribuer une formule cyclique véritable.
» Chlorhydrates de pipérazine. — La pipérazine se combine avec
2 équivalents d'acide chlorhydrique, en formant un diclilorbydrate cristal-
lisé. Mais la combinaison passe par deux phases successives, conformément
à la loi des proportions multiples. C'est ce que montrent les déterminations
thermiques exécutées sur les dissolutions. En effet, à l'état dissous, j'ai
trouvé, vers 16°, avec une dissolution de l'hydrate cristallisé :
C* H'» Az- étendu -h HCI étendu +10, 36
C*Ft"'Az'^ étendu -1- 2" 11 Cl étendu + 7,o5
Soit pour -i-aHCI -1-17,41
Avec la base anhydre, j'ai obtenu : -t-io,5 et -f-'y,o.
)) Observons d'abord que ces valeurs sont plus faibles que les deux
données correspondantes, observées avec l'éthylène diamine (-l-i2,52
et +11,0) : la pipérazine est donc une base plus faible.
» En outre, la saturation de la seconde valence donne pour les deux
bases une valeur moindre que celle de la première. Je reviendrai sur ce
point dans une Note spéciale.
» La soude et la potasse déplacent à peu près entièrement la pipérazine
dans son chlorhydrate dissous. En fait j'ai observé, lors de l'action de
aNaOH dissoute : -1- 1 o*^"' , o ; ce qui répond sensiblement à l'écart calculé :
27,4—10,0.
» Le dichiorhydrate de pipérazine renferme, d'après les auteurs, une
molécule d'eau. Le corps que j'ai préparé répondait, en effet, d'après son
analyse, à
C'H'"Az=,2HCl.H=0.
(') Tltermocltimie. Données cl luis n 11 nicri'/ lies. t. I, j). 5o4.
( 694 )
Sa dissolution à 16", dans 60 fois son poids d'eau, a absorbé pour i molé-
cule : +6^''',o.
» En desséchant ce composé à l'étuve, vers un", pendant plusieurs
heures, il perd son eau, en même temps que le sel anhydre commence à
se sublimer. Le chlorhydrate de pipérazine se volatilise d'ailleurs également
en quantité sensible, pendant l'évaporation de ses dissolutions chauffées
sur un bain-marie, sans doute à l'état dissocié. En tout cas, lorsqu'on
chauffe le sel cristallisé dans une étuve, il reste un composé effleuri, ré-
pondant à la formule
OH'»Az2,2H Cl... Cl trouvé = 44, 35 calculé =; 44,65.
» J'en ai déterminé la chaleur de dissolution dans l'eau à 16" (i partie
de sel + 35 parties d'eau), soit pour une molécule : — 4^'', 09; ce qui fait
pour la fixation de H- O liquide : +1,91 ; H-0 solide : -Ho,3.
» On conclut de ces nombres la chaleur de formation du sel anhydre
par l'acide gazeux et la base solide :
C*Hi°.\z--f 2H Cl = C*H'»Az%2HCI. .. +6ic»',4.
» Pour I molécule d'acide gazeux, cela fait + 80,7 pour la base solide;
01, 4- 3o, 7 + ip pour la base liquide, F étant sa chaleur de fusion.
» La formule de cette formation étant comparée à celle du chlorhy-
drate d'ammoniaque (+38,2 depuis une seule molécule de HCl et AzH^
liquide), elle répond pour la pipérazine à un nombre sensiblement infé-
rieur. Il en est de même, si on la compare aux chlorhydrates de méthyl-
amine, éthylamine, etc., équivalents; tandis qu'elle l'emporte sur la
chaleur de formation des sels d'alcalis plus faibles, tels que l'aniline
( + 27c=«',4).
» J'ai montré plus haut l'importance de ces données pour rendre
compte de la formation pyrogénée, de la pipérazine, au moyen de l'éthylène
diamine, et pour en discuter le caractère cyclique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques caractères des diamines,
tirés de leur neutralisation. ; par M. Berthelot.
« Dans le cours de mes études sur les éthylènes diamines, j'ai eu occa-
sion de constater certains caractères tirés de leur neutralisation, soit par
( 695 )
voie thermochimique, soit par voie alcallmétrique en présence des colo-
rants; caractères qui peuvent être employés tant pour distinguer unepolya-
mine d'une monamine, que pour déterminer, dans une dissolution, la pro-
portion de la polvamine et même la dose d'acide fort, qui lui serait déjà
combinée sans la saturer entièrement.
» Commençons par établir comment ces diverses données peuvent être
obtenues en partant des mesures tliermochimiques. La chaleur dégagée
pendant la neutralisation! d'un acide fort monovalent par les monoamines
proprement dites, telles que réthylamine, l'aniline, la pipéridine, la pyri-
dine dissoutes, est à peu près proportionnelle à la dose progressive de cet
acide; tel est l'acide chlorhydrique étendu, que Ton fait réagir jusqu'à
équivalence sur une dissolution étendue renfermant une molécule de la
base. Les variations observées pendant les additions successives d'une
même fraction d'acide, quoique sensibles dans des mesures très précises
et susceptibles d'accuser l'état de dissociation partielle des sels des bases
faibles, sont cependant assez restreintes pour laisser apparaître une pro-
portionnalité approximative.
» Il en est autrement des diamines et des bases polyvalentes étudiées
jusqu'ici. D'après les expériences de MM. Colson et Darzens, Vignon et
les miennes propres, les valences successives répondent à des chaleurs de
neutralisation très inégales, ces bases se rapprochent à cet égard de l'acide
phosphorique et des acides oxvbenzoïques et analogues : on ne connaît
même aucune base polyvalente dont les valences successives soient à peu
près égales, comme le sont celles des acides bibasiques ou tribasiques à
fonction simple (oxalique, succinique, aconitique, mellitique, etc.). On
pourrait même douter a prioii que cette égalité approximative soit réali-
sable. Sans m'étendre autrement sur ce sujet, je me bornerai à observer
que l'on peut profiter de ce caractère pour déterminer le poids moléculaire
d'une base, susceptible d'être représentée par deux formules multiples
l'une de l'autre. J'ai rappelé, par exemple que la diéthylène diamine,
C'H'"Az-, avait été d'abord représentée par une formule à coefficients
moitié moindres, C-H^Vz. Or son jjoids moléculaire réel aurait pu être
déterminé, dans les dissolutions et indépendamment de toute autre réac-
tion, si l'on avait connu à cette époque les méthodes thermochimiques,
je veux dire l'action thermique jjrogressive de l'acide chlorhydrique.
» Le fait de l'existence de deux valences successives et inégales peut
être constaté d'ailleurs aisément, même si l'on ne connaît ni la formule
C. R., 1899, 2- Semestre. (T. CXXIX. N' 19) 9^
( 696 }
d'un alcali, ni le poids de ce corps contenu dans une dissolution. C'est
donc un caractère précieux pour résoudre les problèmes de poly-
valence.
» Réciproquement, étant connues les chaleurs dégagées par la réaction
successive de 2 équivalents d'acide clilorhydrique sur une diamine déter-
minée, on pourrait déterminer le poids inconnu de cette base ren-
fermé dans une liqueur, si elle était entièrement libre. On pourrait aussi,
dans le cas oii le poids total de la base dissoute serait connu, mais en partie
combiné avec une dose insuffisante d'acide clilorhydrique, déterminer,
d'après la dilférence thermique, le poids de cet acide déjà contenu
dans la liqueur. Enfin, on pourrait même, — en principe du moins, car
l'expérience est fort délicate, — déduire à la fois le poids total de la base
et le poids de l'acide déjà combiné (supposé en dose inférieure à celle
de la neutralisation) à l'aide de deux mesures thermiques, effectuées avec
deux proportions successives d'acide additionnel.
» Telle est l'étendue des résultats fournis par la méthode thermochi-
mique pour un corps polyvalent, acide ou base, dont les valences sont
inégales. Ce ne sont pas là d'ailleurs de simples conceptions; car j'ai eu
occasion d'employer ces méthodes dans l'étude de la distillation de la
diélhylène diamine.
» Je me propose maintenant de montrer que les mêmes problèmes
peuvent être résolus d'une façon plus prompte, plus facile et, dans la plu-
part des cas, susceptible d'une précision plus grande par l'emploi de car-
bures colorants usités en alcalimétrie, tels que le méthylorange et la phta-
léine. Ils peuvent l'être, eu neutralisant directement la base dissoute par un
acide fort; ou bien, eu sens inverse, en ajoutant à la dissolution un excès
connu d'un tel acide et en revenant à la neutralité |)ar la potasse. Eu em-
ployant deux colorants, on peut tirer de chacune de ces épreuves trois
déterminations numériques du poids de la diamine, c'est-à-dire plusieurs
contrôles de ce poids.
M La méthode repose au fond sur les mêmes principes que ceux em-
ployés dans l'étude des acides à valences multiples et inégales; mais il
n'est pas à ma connaissance qu'on l'ait appliquée aux polyamines.
M Pour bien faire comprendre cette méthoiie, il parait utile de rappeler
d'abord que le méthylorange fournit, en présence d'un acide fort, une
liqueur rose, qui vire au jaune lorsque la liqueur devient alcaline, par suite
de l'addition d'une liqueur titrée de potasse. Au contraire, le virage a lieu
( ^91 )
du jaune au rose, dans une liqueur alcaline additionnée d'acide chlorhy-
driqtie.
» Les propriétés du méthvlorange sont comparables à celles du bichro-
mate de potasse, qui joue exactement le même rôle, ainsi que je l'ai dé-
montré par mes études spéciales, en donnant la théorie thermochimique
des phénomènes.
1) Les acides faibles ne font pas virer.
» La phtaléine, au contraire, demeure incolore dans une liqueur acide,
même avec les acides faibles; elle se colore en rose, au moment où l'on
atteint la limite de neutralisation par l'addition progressive d'une liqueur
de potasse titrée. Inversement, la liqueur rose, obtenue en présence d'un
alcali, se décolore à la limite de neutralisation par un acide même faible.
« Le regretté Joly a montré qu'en comparant les résultats observés
avec le méthvlorange et la phtaléine on peut, soit établir l'existence de
deux basicités inégales d'un même acide, et le doser ainsi, s'il est isolé;
soit doser un mélange d'un acide fort et d'un acide faible, chacun à fonc-
tion unique; soit doser un mélange d'un acide fort, à fonction unique, avec
un acide à double fonction d'acide fort et d'acide faible.
» Ce sont ces réactions bien connues qui peuvent être appliquées à la
reconnaissance et au dosage des polyamines, dans des conditions conve-
nables qui vont être déHnies, ainsi qu'il résulte des faits que j'ai observés
sur l'éthylènediamine et sur la pipérazine.
» Indiquons d'abord les résultats généraux des observations.
TiTRAGK ALCALIMÉTRIQUE DE I.'ÉTHYLÈNE-DIAMTNE.
» I. Par l'acide : i° On prend une dissolution chlorhydrique (HC1 = 2''*),
on la verse goutte à goutte dans lo" d'une dissolution renfermant la base,
teintée par la phtaléine rose, jusqu'à décoloration (laquelle est progressive
vers la limite). Dans un essai déterminé, il a fallu .tS''"" d'acide;
» 2° Même opération, avec une dissolution teintée en jaune clair par
le méthylorange, jusqu'à apparition de la teinte'rose, virage plus net que
le précédent. Avec la même liqueur que ci-dessus, il a fallu 99'''^ d'acide,
c'est-à-dire sensiblement le double.
» II. Par la potasse : 1° On prend lo''' d'une dissolution renfermant la
base organique, en dose approximativement connue; on y verse d'un coup
une dose d'acide chlorhydrique supérieure à 2 équivalents par molécule
( 698 )
de base : dose d'acide équivalente à 22'^'=, ^S (niéthylorange), ou 22'^'^. 8
(phtaléine) d'après des essais antérieurs.
» Dans la liqueur qui renferme la base organique et qui a été acidulée,
on ajoute de la phtaléine (incolore), puis on verse goutte à goutte une
solution titrée de potasse, jusqu'à apparition de la couleur rose (plus nette
que la précédente, quoique encore un peu progressiA e) : soit 17", 25,
c'est-à-dire que la base représente dans cette liqueur : 22,8— 17, 25=^5''", 55;
» 2" On opère avec la même solution rendue acide, mais additionnée
de méthylorange rose; on y verse la potasse goutte à goutte jusqu'à virage
jaune clair, qui est net; ceci a exigé 11", 6.
» La base représente dès lors 22,73 — 11,6= 1 1'''' , 1 5, c'est-à-dire sen-
siblement le double du résultat précédent.
» Les deux résultats, soit par l'acide, soit par la potasse, fournissent
donc des résultats sensiblement concordants.
» Je les ai contrôlés, en recherchant si l'emploi du méthylorange peut
être remplacé, au moins approximativement, par celui du bichromate de
potasse, conformément à mes anciennes expériences relatives au dosage
des acides.
» A cet effet, on a pris lo*^"^ d'une dissolution de la base organique,
on y a versé 20'^^'= d'acide chlorhydrique titré, c'est-à-dire un excès,
puis deux gouttes de bichromate de potasse rouge, et l'on a ajouté de la
potasse titrée jusqu'à virage au jaune : ce qui a exigé 12''^, 6.
» Le titrage direct par la potasse de l'acide chlorhvdrique emplové au
moyen du bichromate ayant exigé 23*^*^, 5, le titre de la base organique est
dès lors 23,5 — 12,6 = 10^,9, ce qui répond sensiblement au chiffre observé
avec le méthylorange.
» Il en résulte que la théorie de l'action exercée sur ce dernier dans le
cas des diamines est la même que celle que j'ai développée pour le titrage
des acides de force inégale ; les principes et la pratique de ces dosages
étant ainsi fixés.
» Voici maintenant quelques données plus précises. J'ai opéré sur un
poids connu d'hydrate liquide, C-H* Az-. H-0, et mis eu œuvre 20"^^ de
l'acide chlorhydrique titrant comme il a été dit, 22*^"^, 75 avec le méthyl-
orange, 22'^'^, 8 avec la potasse.
» On a pris lo*^*^ d'une solution, renfermant o^»', 187 d'hydrate d'éthylène
diamine.
» On les a mêlés avec 20" de l'acide précédent et l'on est revenu à la
( 699)
neiilralilé avec la potasse. Les résultnts numériques ont été donnés plus
luiiit; Fliu des colorants répondant à une ([iiantité de potasse double de
l'autre, et permettant de calculer le poids dt- la base.
» En outre la diOérence entre les deux titres, soit : i i,i5 — 5,55 =: 5,6,
est directement proportionnelle au poids de la pipérazine et permet de la
calculer, d'après une valeur où les erreurs dues à l'inégalité de valeur des
deux dosages se compensent : ce qui m'a engagé à faire entrer cette valeur
comme troisième donnée dans le calcul des moyennes. Elle constitue
d'ailleurs une détermination directe du poids de la base, dans les cas où
une partie de cette base a été déjà en partie combinée avec un acide fort.
Dès lors nous pouvons calculer le poids de l'éthylène diamine de trois
manières dilierentes :
D'après le métliylorange o, 179 1
D'après la phtaléine o, 178 | Moyenne. . . 0,181
D'après leur différence o, 186 )
Valeur réelle 0,187
» Ces chiffres, reproduits sans aucune correction, donnent une idée de
la méthode et de son degré de précision. Ils montrent en même temps très
nettement la caractéristique d'une diamine, à l'aide des colorants,
» Soit maintenant la diéthylène diamine. Eu opérant sur une dissolution
titrée de cette base (hydrate), additionnée avec un excès connu d'acide
chlorhydrique, et en revenant à la neutralité parla potasse, on a obtenu
par voie de différence, comme plus haut :
Mélhylorange Gc^", 5
Ph taléine 29", 4
» Le premier litre est sensiblement double du second. La différence de
ces valeurs, soit 3i, 1 , est proportionnelle au poids de la base. On calcule
d'ailleurs les poids suivants :
D après le méthylorange ' >77 )
D'après la plilaléine 1,72 l Moyenne... IS^77
D'après la différence 1,81 )
Valeur réelle 1,766
» Sur un poids d'hydrate renfermant o'''',483 de base anhydre, l'essai
suivant a été fait au moyen de l'acide sulfurique :
Le méthylorange indiquait g^c^ 2
La phtaléine 4", 5 *
Le tournesol (par un virage spécial, délicat à saisir) 9", i
D'après le métliylorange, le poids de la base anhydre calculé était. . . , osi',48o
( joo )
» Une autre expérience faite avec un poids connu <le la base anhydre
préalablement isolée et l'acide chlorhydrique :
D'après le méthylorange i ,55 1
D'après la phtaléine i .ijg > Moyenne. . . i«%55
D'après la clifTérence i ,62 )
Valeur réelle 1,09
)) Les virages sont un peu moins sensibles avec la pipérazine qu'avec
l'éthylène diamine; ce qui semble tenir aux valeurs moindres des chaleurs
de neutralisation. Il me paraît probable, d'ailleurs, que les dianiines jouis-
sant de deux chaleurs de neutralisation, toutes deux notamment plus
faibles que les précédentes, ne manifesteront plus les mêmes différences
à l'égard des colorants : il y faut, comme pour les acides polyvalents, le
contraste entre une basicité forte et une basicité faible.
)) Les méthodes qui viennent d'être décrites permettent de déterminer
non seulement le poids d'une diamine renfermée dans une dissolution,
mais même celui de l'acide chlorhydrique qui pourrait y avoir été introduit
à l'avance, sans autre secours que la connaissance du titre de l'acide et de
la potasse que l'on y ajoute, et des limites de neutralisation définies par la
phtaléine et le méthylorange, comme il serait facile de le démontrer par
un petit calcul. Mais cette détermination manque de sensibilité. La dif-
férence des deux limites indiquées par ces réactifs est d'ailleurs, dans tous
les cas, proportionnelle au poids de la base.
» Si l'on cherche maintenant à se rendre compte de ces résultats et du
rôle des deux colorants pour accuser : le méthylorange, la double basicité;
la phtaléine, une basicité simple des diamines mises en expérience. On ne
saurait contester que cette différence est corrélative de la grandeur diffé-
rente des deux chaleurs de neutralisation, caractéristiques de ces deux
basicités.
» La théorie de ces phénomènes me paraît dériver de considérations
thermochimiqiies semblables à celles que j'ai invoquées précédemment
pour expliquer les faits observés dans l'étude des acides polyvalents, jouant
à la fois le rôle d'acides forts et d'acides faibles. La similitude des effets
observés en substituant le bichromate de potasse au méthylorange est
décisive à cet égard (' ). «
(') Thermochimie. Données et lois numérir/iirs. l. I, p. 356.
( 701 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation et dosage du glycogcne;
par M. Armand Gautier.
« Divers procédés ont été donnés pour préparer le glycogène. Ils four-
nissent généralement un produit mélangé de corps azotés, même après pu-
rification par ébidlition avec la lessive de potasse ou l'acide acétique (').
Les méthodes que l'on a voulu appliquer au dosage du glycogène sont
particulièrement insuffisantes ou douteuses (-).
)) J'ai observé que lorsqu'à un extrait d'origine végétale ou animale on
ajoute de l'acétate mercurique en léger excès, en ayant soin de maintenir
les liqueurs neutres par du carbonate de potasse étendu, ou précipite la
presque totalité des corps azotés, ce qui permet de retrouver ensuite plus
facilement dans le filtratum les matières ternaires que l'acétate mercurique
ne précipite pas le plus ordinairement dans ces conditions. J'ai profité de
cette observation pour en dériver une méthode de préparation et de dosage
du glycogène (^).
» La matière brute où l'on cherche le glycogène est grossièrement di-
visée, lorsqu'elle n'est pas liquide, et jetée dans une fois et demie son poids
d'eau bouillante. Après quinze minutes, on l'en retire et on la broie fine-
(') Le procédé de Brûcke [précipitation préalable des corps azotés en liqueur
chlorhydri(jue, par l'iodomercurate de potassium {Sitzungsbar. d. Wien. Akad.,
t. LXIII, II, p. 2i4; 1871)] donne un glycogène impur, mêlé de corps azotés, et sou-
vent altéré ou souillé de mercure réduit. J'en dirai autant du procédé analogue de
Kisliakowsky [Bull. Soc. chirn. (3), t. XII, p. 8^0]. La méthode consistant à précipiter
le glycogène par le perchlorure de fer en présence des acétates n'est pas un procédé de
dosage, pas plus que le procédé de Ciaulrian qui précipite le glycogène par l'iodure
de potassium ioduré en présence d'un excès de sel marin et de sulfate d'ammoniaque,
et sépare ensuite l'iode du glycogène iodé par l'acide snlfureux.
(-) En particulier, celle qui consiste à doser, grâce au réactif cupropotassique, le
pouvoir réducteur pouvant préexister dans la liqueur à aciduler alors de 5 à 6 pour 100
de SO'*H- à porter à 1 10"- 120° et à reprendre le pouvoir réducteur nouveau ; la différence
est attribuée à la transformation du glycogène en glycose. Cette méthode donne tou-
jours des résultats trop élevés.
(^) C'est aussi, on le comprend, une méthode plus générale permettant de séparer
des corps azotés, définis ou extraelifs, les principes ternaires non azotés. C'est là une
étude qui se fait en ce moment dans mon laboratoire.
( 702 )
ment. La pulpe est remise à bouillir dans la même eau durant trente à
quarante minutes. On jette le tout sur une toile, on exprime et l'on épuise
la partie solide avec de nouvelle eau jusqu'à ce que la liqueur qui filtre ne
se colore plus en brun ou violet par l'eau iodée. L'épuisement, souvent
recommandé, du foie ou des tissus par de l'eau alcalinisée de 2 à 3 pour 100
de carbonate sodique n'augmente pas les rendements et rend les filtra-
tions très pénibles. J'en dirai autant de l'acidulalion des liqueurs.
» Deux à trois litres d'eau suffisent pour épuiser 5oo^ de foie ou de
muscle.
» La liqueur neutralisée et grossièrement filtrée est concentrée rapide-
ment de près de moitié à l'ébullition ('). On en sépare alors la dixième
partie environ, qu'on refroidit et triture avec de l'acétate de mercure
neutre mêlé d'un |)eu d'acétate de potasse. On ajoute, en agitant, le
magma ainsi obtenu au reste de la liqueur et l'on s'assure, sur une petite
portion qu'on filtre, si une solution d'acétate de mercure ne précipite
plus nettement, même après dix à quinze minutes, ou s'il est nécessaire
d'ajouter encore un peu de ce réactif. En général, 208"" à 25^'' d'acétate de
mercure suffisent par litre de bouillon de foie. On laisse douze heures au
moins au contact à 18° ou 20°, en agitant souvent, puis on filtre, ou mieux
on centrifuge (-). Le précipité est épuisé avec un peu d'une solution
d'acétate mercurique à i pour 100. Je me suis assuré qu'ainsi lavé il n'en-
traînait pas de glycogène (').
M La solution filtrée contenant outre le glycogène une faible proportion
de composés mercuriels est acidulée franchement avec de l'acide acétique
et versée, en agitant, dans son volume «l'alcool à 85° de l'alcoomètre
centésimal. On lave longuement le précipité qui se forme avec de l'alcool
à 33" centésimaux acidulé d'acide acétique pour dissoudre un peu d'oxyde
de mercure entraîné, ou faiblement combiné, en même temps qu'un corps
spécial qu'on distingue sous le microscope en ce qu'il ne se colore pas par
l'eau iodée. Pour plus de sûreté encore, le glycogène brut précipité est
redissous dans de l'eau à yo^-So" et la solution, filtrée ou centrifugée,
acidulée à 5 pour 100 d'acide acétique et mêlée de 2 pour 1000 de sel
(' ) Même en liqueur acidulée d'acides faibles, le glycogène n'est pas altéré à l'ébul-
ilion.
(-) Filtration difficile et qui peut retenir du glycogène.
(') On en précipiterait un peu si la liqueur mère avait été préalablement alcalisée.
( 7oi )
m;irin, est portée à rébullilion presque neutralisée après refroidissement
et reprécipitée rie nouveau par de l'alcool. Dès que la liqueur arrive à
contenir 3b volumes d'alcool réel pour loo il ne se dissout plus de glyco-
gène, s'il y a en présence une trace de sel. Après cette seconde précipita-
tion on lave le glycogène à l'alcool à ;'jO'\ tant qu'il contient une trace de
mercure, puisa 90° centésimaux, enfin à l'alcool mêlé de son demi-volume
d'éther. Finalement on le met à sécher à l'air sec ou dans le vide.
» Ainsi préparé le glycogène ne doit ni brunir ni jaunir par l'hydrogène
sulfuré (trace de mercure). Il ne doit pas donner d'ammoniaque par fusion
avec la potasse caustique.
)) Ce procédé de préparation, à la condition qu'on substitue la cenlri-
fugence au filtre, est aussi une méthode de dosage, car je me suis assuré
i" que le glycogène ainsi précipité est pur, homogène au microscope, et
qu'il répond, après dessiccation à 1 io°-i2o°, à la formule (C''H'"0^)";
2° que le précipité que forme l'acétale mercurique dans les extraits d'or-
ganes n'en entraîne pas, après lavages complets à l'eau acétique, si la
liqueur où on le précipite est seulement légèrement acidulée d'acide
acétique; 3° que la liqueur alcoolique où l'on précipite le glycogène n'en
contient plus, dès qu'elle arrive, en présence d'une trace de sels, à conte-
nir 36 à 40 volumes d'alcool réel pour 100.
» Par cette méthode, j'ai trouvé dans looo"'' de foie à l'état frais :
Glycogène.
Foie humain sain 20ô'',5 (')
Foie frais de lapin i4^'',o
>) Je donnerai ici quelques-uns des caractères du glycogène pur, que
j'ai observés au cours de ce travail.
» Après lavage à l'alcool éthéré, exciccation à l'air du laboratoire et
séjour de douze heures sous la cloche à acide sulfurique, sans faire de vide,
le glycogène contenait les quantités d'eau suivantes :
Eau
pour looK'.
S''
Glycogène de foie de lapin 4i8
» de foie humain 2,45
» de foie de poulet i ,35
» de muscle de cheval ' 1 93
(') Foie de l'assassin Carrara traité cinq heures après l'exécution.
C. a., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N» 19.) 94
( 70'. )
)) La formule (C"ir"0'')",H^ O. attribuée au glycogèno de foie par
Boehm et (^lautrian, demande i, 85 pour loo d'eau; la formule C H' °0',H-0
de Pelouze exigerait : eau = 10,00.
» Le glycogène n'est qu'en apparence soluble dans l'eau. J'ai trouvé
qu'il est arrêté en partie par les filtres de papier. Avec une solution un
peu concentrée qui a déjà traversé le papier, le filtre de porcelaine
d'amiante laisse d'abord passer, par aspiration à la trompe, une liqueur
légèrement opalescente, puis ses pores se bouchent, la liqueur qui filtre
s'éclaircit et bientôt on constate qu'elle ne louchit plus qu'à peine par
l'alcool. Le glycogène, en apparence dissous, reste alors entièrement sur
le filtre d'amianle que l'eau seule traverse.
)) Ce corps est entièrement précipité de ses pseudo-solutions aqueuses
par l'alcool dès que la liqueur marque 36° centésimaux en présence des
traces de sels.
» Il ne précipite pas par l'acétate de mercure, il louchit faiblement et
peu à peu par l'acétate de mercure ammoniacal, qui enlève aux liquides
organiques l'a peu près totalité des corps azotés. Mais il précipite plus ou
moins lentement par l'acétate de plomb légèrement ammoniacal. Chauffé
au bain-marie durant trois heures, avec une lessive de potasse à 3 pour 100,
le glycogène ne donne pas de corps réduisant le réactif cupropotassique.
Il perd ainsi son opalescence, mais elle reparaît par neutralisation de la li-
queur dont on reprécipite le glycogène par l'alcool.
» Le glycogène, chauffé à l'autoclave à 100° avec de l'acide acétique à
5 pour joo, durant trois heures ne subit aucune hydrolyse.
» Il se transforme lentement en un mélange de sucres réducteurs lors-
qu'on chauffe ses solutions acidulées de 5 à6 pour 100 d'un acide minéral,
à la température de ii5° à 120", durant cinq à six heures. Dans ces con-
ditions j'ai trouvé qu'il fallait, pour réduire lo"^^*^ de liqueur de Fehling nor-
male :
0,000 de saccharose.
o,o526 de glycose anhydre.
o,o5i8 de glycogène sec de lapin hydrolyse à 11 5°.
o , o5o8 » »
» En somme et en moyenne 97,8 de glycogène .sec de foie de lapin
agissent, sur la liqueur cupropotassique après hydrolyse, comme 100 de
glycose anhydre.
( 7o') )
» Ce pouvoir réducteur, ajirès rintorvenlion de l'eau acidulée à chaud,
est loin d'être le même pour les divers glycogènes : le glycogène de foie
humain est plus réducteur que celui de lapin et beaucoup plus que la gly-
cose. Je me propose de montrer, dans un travail ultérieur, qu'en effet les
substances confondues sous le nom de glycogène diffèrent, non seulement
quand on les extrait d'organes différents (foie, muscles, etc.), fait déjà en
partie reconnu depuis les recherches de Boehm et Hoffmann ( ' ), mais aussi
quand on les retire d'un même organe dans les diverses espèces animales;
ces glycogènes peuvent différer, on effet, pnr plusieurs caractères : solu-
bilité, coloration par l'iode, pouvoirs réducteurs et rotatoires, et, dans
certains cas, par les sucres qui en dérivent lorsqu'on soumet ces divers
glycogènes au dédoublement hydrolytique. »
MÉCANIQUE. — Sur le tracé des freins hydraidiques .
Note de M. Vallier.
« Les formules que j'ai communiquées à l'Académie (séances des 29 mai
et 3i juillet derniers), sur la loi des pressions dans les bouches à feu, per-
mettent d'établir le tracé des freins hydrauliques dans des conditions de
précision supérieures à celles actuellement réalisées.
« On sait que la théorie de ces freins, que l'on s'efforce de faire tra-
vailler à pression constante, est basée sur le principe du travail à dépenser
pour fournir au liquide contenu dans le cylindre du frein l'énergie néces-
saire à son passage à travers les orifices ménagés à cet effet, avec la grande
vitesse que nécessite la faible section de ces orifices par rapport à celle du
cylindre.
» Ce travail s'évaluait primitivement en l'égalant à la force vive de recul
que possédait le système, supposé actionné instantanément lors du départ
du projectile. La méthode a été rectifiée par Hugoniot, qui a montré qu'il
fallait tenir compte du fonctionnement du frein pendant le trajet du projec-
tile dans l'àme.
» On peut faire aujourd'hui un pas de plus en avant en traitant la ques-
tion comme il suit :
(') Ils ont comparé ces variétés aux diverses dextrines et amidons solubles obtenus
aux cours de l'hydratation de l'amidon; mais les dillérences entre les givcogènes sont
en réalité plus profondes.
( 7o6)
» Le travail <lu frein s'opère en trois périodes, correspondant la pre-
mière au trajet du projectile dans l'âme, la deuxième à la détente des gaz
de la poudre après la sortie du projectile, tandis que, dans la troisième,
la résistance du frein agit sans force antagoniste pour annuler l'énergie
possédée par le système à la fm de la deuxième période.
» Le régime de la deuxième période n'a pas été mis en formules jusqu'à
ce jour, à notre connaissance du moins, parce que l'on ne possédait pas de
données suffisantes sur les conditions dans lesquelles elle s'exerce. Mais si
l'on évalue la pression à l'instant du départ du projectile, par les formules
que j'ai communiquées, et dont j'ai montré, dans la Note du 3i juillet, la
concordance avec l'expérience, et si l'on remarque d'autre part que l'exa-
men des tracés de pression après ce départ du projectile permet de les figurer
par une ligne droite, on possède les éléments nécessaires à la mise en
équation de la deuxième période, et par suite au tracé complet de la courbe
directrice.
M Conservant les mêmes notations que dans la Note précitée, désignons
en outre par P' la pression à la bouche, par t„ la durée du trajet dans
l'âme, pjir t, celle de l'action gnzeuse, et par M la masse du système soumis
au recul, enfin par x et ç les coordonnées relatives au déplacement du
frein. Soit enfin R la résistance du frein travaillant seul, et à effort con-
stant; les formules de balistique, d'une part, et le principe de la conserva-
tion du mouvement du centre de gravité, d'autre part, donnent immédia-
tement, les premières la valeur de P' et de ^„, et le deuxième les éléments
relatifs au frein à l'instant /„ par les formules
M('„ = (^m -+- ^) U' ~ R/„
2
A ce moment commence la deuxième période. On sait par expérience que
la quantité du mouvement de recul libre n'est pas Mv^, mais cette dernière
accrue d'une quantité que l'on évalue soit en fonction du poids de la
charge à l'aide d'un paramètre spécial à chaque poudre, soit par la rela-
tion suffisamment approchée |[7.U'. Dès lors l'équation différentielle
dt \ /,
( 707 ^
intégrée de o à /,, définit /, par la relation
;j;..U' = ^'^ ou /, = 3[/.U' :coP',
et lorsque l'on porte cette v.deur dans les éqnations de recnl avec frein
dv =^ i>dt,
intégrées de zéro à i,, on trouve, pour le point terminus de I;i deuxième
période, les expressions
Me, = Rh'„ - R^, + ^ojP7, = (m + 2y.jU'- R(/o-h^),
M.-r, ^ Ma-„ H- M f 'vdt = (m + '^\\] + (m + ^) U7, - ^ R(/„ h /,)-.
» Dès lors, appelant L la course totale du frein et, par snite, \j — ,ï-, la
course réduite, l'équation du travail donne immédiatement
Mr;— '2R(L-.r,) = o,
c'est-à-dire, en résolvant par rapport à R,
R = {m + 2[^.)^U'- : 2ML — (2m + [;.)U
— {■îm-\- Z[j.)\j't^ + '2{m + 2a)U'(^o-l- ^)'
ce qui détermine la résistance R à développer tout le long du purcours.
» Dès lors, appelant P, la pression dans le frein, A la surface de pres-
sion correspondante, on écrira
A=.R: P,,
ce qui donne l'aire effective du cylindre, et l'aire de l'orifice au point œ^l ^
s'en déduira par la formule
A /^^tp;
a, := — t/ — .r— )
f'i V ^
S étant le poids du mètre cube de liquide employé.
» Pour tout autre point de la directrice, on aura couramment
a,. = a, — >
( 7"8 )
et en particulier pour tons les points correspondant à la troisième période.
on retomljcra sur la relation
«I / X — X,
qui ne diffère de la formule élémentaire que par la substitution du pointa,
à l'origine dans le cas ordinaire, et au point a'„ dans la méthode plus
approchée d'Hugoniot.
» Il ne reste plus qu'à tracer la portion de la courbe comprise entre
l'origine du mouvement et le pointa-,, et, pour cela, l'on déterminera les
éléments de trois points de cette courbe.
» Le premier correspond au maximimi de pression dans l'àme; il
pourra, pour le tracé des orifices, se placer à l'origine du mouvement,
dont il n'est distant, en réalité, que de i""" ou 2""". La vitesse y est donnée
par la relation
en vertu des formules et du principe cités plus haut.
» Le deuxième point correspond à l'instant de la sortie du projectile :
ses éléments ont été calculés prccéJ.emment.
» Le troisième point correspond à l'instant t' du maximum de vitesse de
recul, instant donné par la relation
exprimant cpi'il v a équilibre entre la pression gazeuse et l'effort du
frein.
>) Ses éléments x' et c' l'it pour valeur
zMx' = (2«i H- ^.){\] + U'/') — R{t„ 4- t'y + Ç (20. P' -1- R),
et, en ce point, la tangente à la courbe des vitesses en fonction des espaces
est horizontale.
» La courbe des vitesses ainsi tracée, on en déduit celle des orifices
par la relatioii-^ = -'> et l'on repasse de ces orifices théoriques à ceux
( 709 )
réels il l'aide des coefficients d'écoulement convenables selon la forme de
l'ajutage.
» Cette méthode permet de tenir compte, dans les tracés, de la pres-
sion maximum, alors qu'il n'en est pas ainsi avec les formules habi-
tuelles. »
flIÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. FiRMix Larroque soumet au jugement de l'Académie une Note « Sur
la mesure de l'intensité des impressions sonores ».
(Renvoi à la Section de Physique.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage de M. Erneslo Pascal, a)ant pour titre : « Repertorio di
Matematiche snperiori «. (Présenté par M. Hermite.)
2" Un Ouvrage de M. Willard Gihbs, intitidé : « Equilibre des systèmes
chimiques », traduit par M. Le Chatelier. (Présenté par M. Picard.)
PHYSIQUE. — Sur la masse du décimètre cube d'eau. Note de MM. Cii. Farry,
J, Macé de Lépinay et A. Pérot, présentée par M. A. Cornu.
« Nous avons exposé, dans une précédente Communication, la méthode
suivie pour mesurer en longueurs d'onde les dimensions d'un parallélépi-
pède de quartz ( ' ) de o", 04 environ de côté. Notre but était de déterminer
le volume de ce solide, en vue d'une nouvelle détermination delà masse du
décimètre cube d'eau. Les faces du solide n'étant ni parfaitement planes ni
parallèles deux à deux, il est nécessaire d'étudier comment varie l'épaisseur
tl'un point à l'autre de chaque couple de laces. Ces mesures différentielles
doivent conduire au tracé des courbes d'égales épaisseurs pour les trois
(') Taillé par M. Werlein.
( 7if> )
couples de faces. La méthode suivante nous a permis de le faire d'une façon
à la fois rapide et précise.
» Soit à étudier le couple de faces A, A'. Ces surfaces sont faiblement
argentées, et placées respectivement à une très petite distance des surfaces
planes B, B' de deux disques de verre de o™,o6 de diamètre; les surfaces B
sont également argentées. Le système est susceptible de tous les réglages
convenables, permettant de faire varier soit rorientalion, soit la distance
des plans B, B' par rapport aux faces adjacentes du cube; chacun de ces
réglages se fait par double mouvement, mouvement rapide par vis calantes
pour le réglage approché, puis mouvement très lent par flexion d'une pièce
d'acier au moyen de soufflets de caoutchouc pleins d'eau.
» Cela posé, imaginons que les surfaces B, B' aient été amenées au
parallélisme (on verra plus loin comment celte condition essentielle est
obtenue). En AB et A'B' restent de petites épaisseurs d'air; si l'on fait tra-
verser normalement le système par un faisceau parallèle de lumière mono-
chromatique, on obtiendra les deux systèmes corresjwndants de franges de
lames minces, que l'on pourra l'eprésenter sur une même épure.
» Il suffit alors de joindre d'une façon convenable les points d'inter-
section des deux systèmes de courbes pour avoir les lignes d'égales épais-
seurs du cube de quartz. A cause des propriétés des lames argentées, les
franges se présentent sous forme de lignes très fines, et leurs points d'in-
tersection sont très bien déterminés. Il est nécessaire que le dessin des
franges soit obtenu assez rapidement pour que rien dans l'appareil n'ait le
temps de se modifier; cela nous a conduits à photographier les franges, en
utilisant la radiation violette de l'arc au mercure dans le vide (Arons) (').
Le faisceau incident étant à très peu près parallèle, on peut mettre au
point à la fois, sur le verre dépoli, les deux systèmes de franges, et obtenir
leurs images sur la même plaque. On agrandit l'épreuve par projection,
et les courbes d'égales épaisseurs se tracent pour ainsi dire d'elles-
mêmes (-). Ayant ces courbes, ainsi que l'épaisseur absolue en un point.
(') Voir Fabrï et Perot, Comptes rendus. 8 mai 1899. La radiation violette est si
intense qu'une pose de trente secondes suffit, malgré les quatre argentures que la
lumière doit traverser.
(-) Les courbes ainsi tracées sont presque identiques à celles que M. Macé de Lé-
pinay avait obtenues par une méthode toute dilFérenle {Annales de Chc/nie et de
Physique, mai 1897).
{ 7'i /
il est facile d'en déduire, en se servant du planimètre, l'épaisseur moyenne
correspondant au couple de faces considéré.
» Reste à indiquer comment est obtenu le parallélisme des faces B, B'.
Ces disques ayant G*^"" de diamètre débordent lo cube, qui laisse à décou-
vert quatre segments. En faisant traverser l'un d'eux par le faisceau issu
d'un tube à cadmium et observant avec une lunette visant à l'infuii, nn
pourra observer un système d'anneaux, produitpar la lame d'air de 4^"" en-
viron comprise entre B et B'. L'observation de ces anneaux permet déjà
un réglage extrêmement approché, en les amenant à présenter une symé-
trie parfaite. Pour achever ce réglage, on éclaire successivement les quatre
secteurs, et l'on examine les quatre systèmes d'anneaux obtenus; s'il sub-
siste une petite inclinaison des surfaces, les quatre épaisseurs ne sont pas
identiques, et l'aspect des anneaux n'est pas le même dans les quatre sys-
tèmes. Le parallélisme sera parfait si, en éclairant successivement les
quatre secteurs, on n'observe aucune modificatiou dans le système d'an-
neaux; on arrive facilement à ce résultat par un tâtonnement méthodique.
L'éclairement successif des divers secteurs est obtenu d'une façon pour
ainsi dire instantanée par rotation d'une lame épaisse de verre oblique-
ment interposée sur le faisceau incident. La lumière employée est celle
d'un tube à cadmium; grâce aux coïncidences des raies verte et rouge, il
est impossible de commettre dans le réglage une erreur d'un anneau entier.
» Aussitôt ce réglage fait, on substitue par i]n jeu de miroir la lumière
de l'arc au mercure à celle du cadmium et l'on photographie les franges
de lames minces; enfin, on vérifie que le parallélisme s'est maintenu.
L'ensemble de ces opérations ne dure pas plus d'une minute.
» On a raisonné comme si les surfaces B, B' étaient rigoureusement
planes. [1 suffit en réafité que, par un déplacement parallèle, elles soient
applicables l'une sur l'autre. Il est facile de s'assurer que cette condition
est satisfaite en amenant les deux surfaces presque au contact et photogra-
phiant les franges de la lame mince ainsi produite. On a trouvé que la
correction nécessaire pour tenir compte de la courbure était bien infé-
rieure aux erreurs d'observation; en d'autres termes, les surfaces, taillées
par M. Sabin, peuvent être considérées comme parfaites.
)) De ces mesures différentielles et des mesures absolues précédemment
décrites, nous avons déduit le volume du cube de quartz('), 61^,70136.
(') En tenant compte d'une correction de iC^Scooiii, due à ce que les dièdres ne
sont pas exactement droits (voir Macé de Lépinay, loc. cil.).
G. R., 1899, 2« Semestre. (T. CXXIX, N» 19. gS
( 7'^ )
» D'autre pari, la masse d'eau à 4° déplacée par ce solide était exacte-
ment connue, grâce à la détermination de sa masse faite au Bureau inter-
national des Poids et Mesures, et à la détermination de sa densité faite par
M. Macé de Lépinay. Cette masse d'eau est 61 2% 7 lo 04.
» On en conclut :
Masse de 1000*^ à /j" : 999S%978G = i'<s - 21 ""S 4.
» Ce résultat paraît devoir être exact à quelques milligramiiies près. Il
présente un accord remarquable avec le nombre que M. Chappuis a bien
voulu nous communiquer comme résultat provisoire de mesures, encore
inédites, effectuées sur des c^ubes de verre parla méthode de M. Michelson :
» Nous ferons remarque^ que, grâce à la méthode employée, nos me-
sures ont été possibles, malgré des imperfections sensibles dans la taille
du cube; deux des faces (apposées font un angle de 12". En employant
un cube plus parfait, on ^îeut espérer réduire encore l'incertitude du
résultat. »
PHYSIQUE . - Enregistrement microphonique de la marche des chronomètres ( ' ) .
Note de M. Alphonse Berget, présentée par M. Lippmann.
(( On sait quelle est, pour les astronomes, les géodésiens et les marins,
l'importance des chronomètres, qui, dans des mesures faites loin des ob-
servatoires, constituent la '^eule possibilité d'avoir l'heure du premier
méridien.
)) Aussi l'étode de ces inslnimeuts est-elle faite avec les plus grands soins,
et leur marche est-elle déterminée par des observations nombreuses et
variées quant aux conditions de température.
)) J'ai cru qu'il serait utile de pouvoir enregistrer graphiquement la
marche de ces appareils garde-temps sans les ouvrir et sans les munir d'un
organe quelconque surchargeant une de leurs pièces. J'ai pensé, pour cela,
à la transmission microphoniqiie des battements de l'échappement.
» A cet effet, j'ai construit un microphone de Hughes, à charbon vertical
et à support très léger; le crayon mobile ne présente qu'une inertie très
(') Ce travail a élr fait au laboratoire des Ueclierches physiques de la Sorbonne,
faible. Ce microphone A, simplement posé sur le chronomètre à étudier,
est monté en série avec une pile-bloc de huit éléments et un téléphone,
sur la plaque vibrante duquel est monté un transmetteur microphonique B
à quatre charbons. Ce transmetteur B est lui-même monté en série avec un
récepteur téléphonique dont la membrane exécute, dans ces conditions, et
grâce au courant fourni par quatre éléments de pile secs, des vibrations
d'une amplitude suffisante pour rompre à chaque vibration un contact
établi entre une pointe de charbon et une lame de platine fixée à la mem-
brane. La rupture et le rétablissement de ce contact sont utilisés pour
produire, sur un cylindre noirci à la fumée et mis en mouvement par un
mécanisme à régulateur Yvon-Villarceau, l'inscription de chaque battement
produit par l'échappement du chronomètre. Les courbes sont très nettes
et d'une lecture très aisée.
» Les avantages de cette méthode sont les suivants :
» 1° Suppression de l'erreur personnelle dans l'observation du chrono-
mèlrc;
» 2" Possibilité d'employer, avec une précision aussi grande qu'on veut,
la méthode des coïncidences à la comparaison du chronomètre avec un
pendule, puisqu'on peut inscrire la marche de celui-ci-ci à côté de celle du
chronomètre, sur le même cylindre, et qu'on est maître de la vitesse de
rotation;
« 3° Possibilité de suivre et d'enregistrer la marche d'un chronomètre
pendant qu'il est à l'éluve ou à la glacière, sans ouvrir les enceintes où on
l'a placé;
)) 4° Chaque chronomètre peut être rendu émetteur de signaux quel-
conques et régler plusieurs horloges, puisque le contact rompu et
rétabli périodiquement peut être employé à commander un relais ordi-
naire;
)) 5° La méthode s'applique également à l'inscription de la marche d'une
horloge astronomique à balancier, sans qu'il sojt besoin de munir celui-ci
du moindre organe additionnel dont la niasse troublerait le mouvement ou
nécessiterait un réglage nouveau : il suffit de poser le microphone A sur
une pièce fixée à la caisse de la pendule. »
( 7i4
PHYSIQUE. - Sur la radioactmlé provoquée par les rayons de Becquerel ( ' ).
Note lie M. P. CuniE et de M"*" 31. -P. Curie, i)résentée par M. Bec-
querel.
« En étudiant les propriétés des matières fortement radioactives, pré-
parées par nous (le polonium et le radium), nous avons constaté que les
rayons émis ])ar ces matières, en agissant sur des substances inactives,
peuvent leur communiquer la radioactivité, et que celte radioactivité in-
duite persiste pendant un tepps assez long.
» Voici comment les expériences sont disposées. La matière radio-
active en poudre se trouve ^ur un plateau horizontal; au-dessus de cette
matière l'on place, à quelquies millimètres de distance, la plaque que l'on
étudie, soutenue par des cales. De temps en temps, l'on enlève la plaque
supérieure, on la porte iminédialement dans l'appareil de mesures élec-
triques et l'on détermine sa radioactivité par la conductibilité qu'elle com-
munique à l'air (-).
)) On constate ainsi que la plaque exposée a acquis une radioactivité
qui augmente avec le temps de l'exposition; au bout de quelques heures,
toutefois, cette augmentation ne se fait plus que très lentement, et la radio-
activité induite semble tendre vers une limite.
» Si l'on soustrait la plaque activée à l'influence de la substance radio-
active, elle reste radioactive pendant plusieurs jours. Toutefois, cette
radioactivité induite va en décroissant, d'abord très rapidement, ensuite
de moins en moins vite et tend à disparaître suivant une loi asymptotique.
» Pour observer le phénomène, il est nécessaire de faire agir des sub-
stances fortement radioactives. Nous avons fait nos expériences avec des
substances de 5ooo à 5oooo fois plus actives que l'uranium; les activités
induites observées immédiatement après l'exposition variaient alors entre
1 et 5o fois celle de l'uranium (' ). Ces activités étaient réduites au dixième
( ' ) Ce travail a été fait à l'Ecole municipale de Physique et de Chimie indus-
trielles.
(-) Comptes rendus, t. CXXVl, p. iioi; Revue générale des Sciences, 3o jan-
vier 1899.
(') Certains échantillons de chlorure de baryum radifère ont donné lieu à des acti-
vités induites d'intensité très variable, bien que, au courant des expériences, l'activité
propre de ces échantillons n'ait pas varié sensiblement. Ces irrégularités semblent être
( 7i'>)
de leur valeur primitive deux à trois heures ajirès le moment où la sub-
stance impressionnante a cessé d'agir.
)) Nous avons examiné ainsi l'effet des ravons de Becquerel sur diverses
substances : le zinc, l'aluminium, le laiton, le plomb, le platine, le bis-
muth, le nickel, le papier, le carbonate de baryum, le sulfure de bismuth.
Nous avons été très surpris de ne point trouver des différences d'ordre
de grandeur dans les radioactivités induites dans ces différentes substances
qui se comportent toutes d'une manière analogue.
» Le but du présent travail a été surtout de rechercher si la radioactivité
induite n'était pas due à des traces de matière radioactive qui se seraient
transportées sous forme de vapeur ou de poussière sur la lame exposée. La
façon analogue dont se comportent les diverses substances impressionnées
semble favorable à une pareille supposition. Cependant, nous croyons
pouvoir affirmer qu'il n'en est pas ainsi et qu il existe une radioactwilé
induite.
» La disparition graduelle et régulière de l'activité induite, quand la
plaque impressionnée est au repos, semble exclure l'hypothèse des pous-
sières non volatils, et il est bien difficile d'admettre que les sels de baryum
radifères soient volatils. En lavant à l'eau les plaques impressionnées par
le chlorure de baryum radifère, on ne fait pas [disparaître leur activité,
quoique ce sel soit soluble. j
» Enfin nous avons organisé avec le plus de soiii possible une expérience
qui nous semble décisive. Nous avons enfermé une substance très forte-
ment radioactive (Soooo fois plus active que l'uranium) dans une boîte
métallique complètement close, dont le fond est formé par de l'aluminium
très mince. Les plaques en contact avec le fond de la boîte sont rendues
radioactives; l'activité provoquée était de lo fois à 17 fois plus grande que
celle de l'uranium.
» On obtient des effets de radioactivité induite très intenses en posant
la substance impressionnante directement sur la plaque à impressionner.
On peut employer comme substance impressionnante le chlorure de baryum
radifère, dont on peut retirer les dernières traces par un lavage à l'eau.
On arrive ainsi à avoir des radioactivités induites plusieurs centaines de
fois plus grandes que celles de l'uranium.
» Le phénomène de la radioactivité induite est une sorte de rayonne-
- i— .
en relation avec les variations de ia température ambiante et de l'état hygrométrique
de l'air; ce point n'est pas encore élucidé.
( 7i6 )
ment secondaire dû aux rayons de Becquerel. Cependant ce phénomène
est différent de celui que l'on connaît pour les rayons de Rontgen. En effet
les rayons secondaires des rayons de Rontgen étudiés jusqu'ici prennent
naissance brusquement au moment où le corps qui les émet est frappé par
les rayons de Rontgen et cessent brusquement avec la suppression de ces
derniers.
» Devant les faits dont nous venons de parler, on peut se demander si la
radioactivité, en apparence spontanée, n'est pas pour certaines substances
un effet induit. »
M. H. Becquerel, à la suite de la Communication de M. et M""" Curie,
présente les observations suivantes :
« Le nouveau fait très remarquable observé par M. et M™^ Curie me
semble devoir être rap|)roché de celui que j'ai signalé il y a plusieurs
mois (' ) et qui apparaissait comme une fluorescence invisible sans qu'on
ait aucun renseignement sur sa durée, tandis que M. et M™" Curie montrent
qu'il existe une action persistante de l'ordre d'une phosphorescence.
» Cette observation n'a pu être faite que grâce à l'activité radiante prodi-
gieuse des matières découvertes par M. et M""* Curie, alors que dans mes
premières études (-) la recherche de ce même phénomène, sous l'influence
du très fiùble rayonnement des sels d'uranium, n'avait pas donné de
résultat. »
PHYSIQUE. — Sur le spectre du radium. Note de M. Eue. Demarçay,
présentée par M. Becquerel.
'c J'ai reçu de M. et M""^ Curie, dans le courant de la présente année,
divers échantillons de chlorure de baryum contenant du radium en pro-
portion croissante. Corrélativement à l'accroissement de pouvoir radiant,
la raie nouvelle, dont j'ai signalé, l'an passé, la présence dans le chlorure
de baryum radifère (^), s'est montrée de plus en plus forte et de nouvelles
raies ont fait leur apparition, confirmant ainsi la supposition que ce
spectre est bien dû à la substance radiante.
(') Comptes rendus, t. CXWIII, p. 771; mars 1899.
(^) Comptes rendus, t. CAXll, p. 762; mars 1896.
(') Comptes rendus, 26 décembre 1898.
( 7'7 )
» Dans le dernier échantillon qui m'a été remis, le pouvoir radiant
était environ 7 : : to' fois celui de l'uranium. Le s|)ectre photographié
contenait les raies comprises entre 1 ;5ooo,o et >, — 35oo,o. Dans ce
spectre on remarque :
» 1° Le spectre du haryum très intense et très complet;
» 2" Celui des électrodes (platiiic) et d'impuretés banales (calcium,
traces de ploml ) très faibles et réduits aux raies principales;
') La série des raies nouvelles parmi lesquelles plusieurs sont aussi
fortes que les plus fortes du baryum. Ces raies sont les suivantes. Leur
plus grande force est marquée i(), la plus faible i.
1. Force. >>. F'orce.
4826,3
10
4726,9
5
4699,8
3
4692,1
7
4683, 0
i4
464i,9
4
4627,4 env.
4
4600 , 3
3
4533,5
9
4458,0 cnv.
3
4436,1
8
4364,2
3
4340,6
I 2
38i4,7
16
3649 ) 6
12
M Sous 1 4tJ27,4 est désigné le centre d'une bande nébuleuse symétrique
très notable. Il en est de même de >i4â58,o. Celle-ci est plus faible.
» Toutes les raies sont nettes et étroites et rappellent par leur aspect
celles du baryum. 1.
» Il conviendrait peut-être de joindre à cette liste une dizaine de raies
moins fortes, faibles ou très ftiibles. Leur faiblesse rend leur attribution
incertaine. J'ai cru préférable d'attendre d'avoir du radium à un plus grand
état de pureté.
)) H faut soigneusement remarquer enfin que, dans la liste précédente
des raies du radium, pourraient manquer celles qui sur le cliché seraient
confondues avec les raies éliminées du baryum.
» J'examine actuellement la portion moins réfrangible de ce spectre et
espère pouvoir sous peu exposer les résultats de cette étude. ■■>
ÉLECTRICITÉ. -- Reproduction électrique de figures de Savart, obtenues
à l'aide de lames liquides. Note de M. P. de Heen.
« Si l'on vient à électriser un plateau de résine et si on le saupoudre
ensuite avec de la poudre de soufre, l'on se rend compte de la place
( 7i8 )
occupée par l'électricité, en un mot l'on réalise les figures de Lichtenberg.
Cela étant, si l'on dispose, autour d'un de ces plateaux éleclrisés, des
foyers d'ébranlement del'éther, tels que des flammes ou des aigrettes élec-
triques émanant de pointes mises en communication avec une bobine, l'on
remarque que les choses se passent exactement comme si l'énergie élec-
trique était refoulée par chacune de ces sources, comme si elles émettaient
un souffle particulier. Aussi l'électricité ne tarde pas à se disposer suivant
les figures géométriques que l'on réaUserait en projetant sur un plan des
jets Hquides, lesquels, en s'étendant en lames, produisent les figures bien
connues.
» Si l'on se sert de deux loyers de projection, on obtient une droite;
trois foyers produiront trois droites se réunissant en un point; des jets,
disposés en carré, produiront des carrés; la disposition en quinconce, des
hexagones et la disposition en hexagone, des triangles. D'une manière
tout à f;iit générale, la figure obtenue peut se définir comme suit : le lieu
géométrique est formé des points à égale distance de deux foyers, la distance
commune étant inférieure à tout autre foyer.
» Les figures se réahsenten quelques instants en plaçant au-dessus d'un
plateau électrisé une série de becs de gaz très petits et disposés comme les
jets d'eau dont nous venons de parler.
)) On peut donc dire que les choses se passent comme si ces sources
émettaient un souffle éthéré, lequel en venant rencontrer la lame de résine
emporterait l'énergie électrique comme le souffle du vent entraîne la
poussière.
» Les rayons X se comportent d'une manière analogue, mais, si nous
l'assimilons à un souffle édiéré, sa violence est telle qu'il traverse la lame
de résine et ne s'étend pas comme la lame liquide. Il importe pour obtenir
le même résultat de se servir de rayons transformés, tels que ceux qui sont
émis par de l'air soumis à l'action de ces rayons.
» Afin de réaliser l'expérience, il suffit de produire deux faisceaux
jiarallèles de rayons X lesquels se comportent comme deux tubes paral-
lèles, fendus longitudinalement et lançant de l'eau sous pression sur un
plan. La rencontre des deux lames liquides déterminera encore une droite.
Le même résultat est encore réalisé si l'on place en dessous de ces faisceaux
la lame électrisée dont nous avons parlé.
» Ces faits paraissent établir la plus étroite analogie entre les rayons X
et les rayons cathodiques. Ces derniers correspondraient à une projection
d'éther entraînant de la matière radiante, les rayons X seraient simple-
( 719 )
ment des projections d'éther. Tous les foyers d'ébranlement de l'éther
détermineraient de plus des projections de même nature, mais avec une
force de projection incomparablement plus faible.
» Ceci nous porte à croire que l'émission de l'éther est un phénomène
tout à fait général. L'hypothèse de Newton serait donc exacte, mais se rap-
porterait à des phénomènes tout à fait différents de ceux de la lumière et
de la chaleur.
M Nota. — Il sérail intéressant de rechercher si des fragments d'uranium
disposés suivant ces figures géométriques déterminent les mêmes résul-
tats. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Transformation du styrolène en métastyroléne sous
l'influence de la lumière. Note de M. Georges Lemoine.
(c Le styrolène ou cinnamène C*H' se change par la chaleur dans l'obs-
curité en un polvmère, le métastyroléne : les lois de cette transformation
rappellent celle du phosphore (^Comptes rendus, t. CXXV, p. 53o). Cette
même polymérisation se produit aux températures ordinaires parla lumière
solaire, mais lentement (en une heure, de i à3 pour loo) : le mélange reste
homogène, car le métastyroléne se dissout dans (a styrolène en excès.
» J'ai profité des plus belles journées de ces dernières années pour faire
sur cette transformation des déterminations méthodiques, semblables à
celles des mêla nges de chlorureferrique et d'acide oxalique (Com/?ie^rp/i</Hf,
t. CXn, CXX, CXXT). On a ici un liquide sensiblement transparent, au
lieu d'un liquide coloré. J'employais un produit de synthèse de la maison
Léser, purifié au laboratoire par deux rectifications dans le vide et contrôlé
par l'analyse. Ce styrolène était exposé au soleil cinq ou six heures, per-
pendiculairement aux rayons lumineux, dans des cuves en verre à faces
parallèles de i°"", 4™"' lo™™; on déterminait la proportion de métastyro-
léne en distillant dans le vide lo'^'^ou 20"^*^ de liquide dans des ballons tarés.
» Rapports entre les transformations sous différentes épaisseurs. — Ils ont
été déterminés par des dosages comparatifs avec des cuves de i'""", 4'"'".
Rapports /■ entre les Iransfor- ( Cuve de i™™ : cuve de 4"™- • • • 1,28; i,3; 1,1
mations p. 100 de styrolène. . \ Cuve de 10™'" : cuve de 4""'. ... o,55
» Une substance est impressionnée par les radiations lumineuses qu'elle
c. R., iSçig, 2- Semestre. (T. CXXIX, N" 19.) 96
( 720 )
absorbe. Si la transformation s'arrêtait après un trajet de 4"'°. '«^ rapport
entre les cuves de lo"™ et 4™'" serait (4: ro), o,4o. On voit que les radia-
tions actives dépassent peu 4""'-
» Transmissions. — Pour apprécier l'absorption sous différentes épais-
seurs, j'ai pris comme témoin de l'intensité lumineuse le styrolène lui-
même. Soient deux cuves semblables de 4°"" contenant ce liquide et rece-
±
t ' - "^
vant les rayons solaires: l'une directement, l'autre à travers une cuve de
styrolène de i™"", 4"", io""°. Le rapport des quantités transformées dans
les deux cuves de 4""" indiquera l'absorption (il la mesurerait exactement
si les cuves, au lieu d'avoir 4°"°, étaient infiniment minces). D'ailleurs, la
transformation n'étant que de quelques centièmes, la modification de
transparence résultant du changement chimique du liquide n'a pas d'in-
fluence sensible.
Épaisseurs
(ie styrolène. Transmissions apparentes.
r" o,8o; o,94; 0,8:^; 0,85
4 o,43; o,5o
10.
o,23
» Comparaison entre les différenles radiations. — Des expériences prolon-
gées plusieurs semaines m'avaient montré déjà que les radiations bleues
agissent sur le styrolène beaucoup plus rapidement que les jaunes ( Comptes
rendus, t. XCllI, p. 5i6). Dans les mesures actuelles, en une seule
journée, par de très beaux temps, j'ai constaté la grande activité des radia-
tions ullra-violetles par des insolations comparatives avec deux cuves
de4™'", l'une en verre ordinaire, l'autre ayant sa face antérieure en spath
d'Islande (rapports observés : i,6; i,8).
» Action continuatrice. — J'ai fait de nombreuses déterminations compa-
ratives sur le liquide insolé, immédiatement et au bout d'un certain temps
(une et deux heures, un et trente jours ... ). Presque toujours Vaction
continuatrice a été trouvée nulle ou très faible.
» Représentation algébrique des résultats numériques. — Ils peuvent être
coordonnés, comme ceux de mes expériences sur les mélanges d'acide oxa-
lique et de chlorure ferrique {Comptes rendus, t. CXII, p. 936). Il faut ex-
primer que l'action chimique résulte ici : d'une part, de radiations très
actives, mais très rapidement absorbées (ultra-violettes, violettes, etc..
( 721 )
comme pour le chlorure d'argent); d'autre part, de radiations moins
actives, mais plus lentement absorbées parle styrolène.
» BoiDons ici le calcul à un ensemble de deux radiations prises dans les rapports /(
et c. L'intensité lumineuse, appréciée par la transformation chimique, sera respecti-
vement après les trajets o el l,
I =: rt -1- (',
« =^ na' + ra'.
» La quantité de matière transformée sous l'épaisseur / sera proportionnelle
à f i dl, d'où les rapports 77 entre les transformations sous les épaisseurs 4°"" et /.
La transmission apparente J/ à travers l'épaisseur /, appréciée dans nos expériences
par les transformations effectuées dans des cuves de 4°"", sera
a' I na' dl -+- a' j ra'
J,— — .-
Il
( na' dl+ f s-:L'dl
» Les résultats des expériences décrites plus luuil sont représentés d'une manière à
peu près suffisante par
Calculé /■,= :, 35 /■,o=:o,65 J, — 0,82 J4=o,48 J,.j=o,i7
Observé /•, = !, 3 /■,o=o,55 Ji:=o,|86 ,li:i=:o,47 Jio = o,23
» Influence de la température sur la vitesse de la transformation au soleil. —
Le styrolène est soumis à l'insolation comparativement dans deux cuves
de 4""" : l'une, libre de s'échauffer par les rayons solaires; l'autre, appuyée
sur une caisse en cuivre rouge contenant un mélange déglace pilée et de sel.
Les températures des deux liquides différaient ainsi de 32*^ (35° et 3"). En
cinq heures, aS"^*^ ont donné respectiveinent o^''', io3 etoS'',o4odemétastyro-
lène, soit le rapport 2,6. Si donc on voulait essayer d'apprécier l'intensité
lumineuse par la transformation du styrolène, il faudrait le maintenir à
une température constante.
» Ce résultat contraste avec ceux des mélanges d'acide oxalique et de
chlorure ferrique où une variation de température de 32° n'a que très peu
d'influence. Cette différence est corrélative des observations suivantes.
» Comparaison entre les vitesses de transformation au soleil et dans l'obscu-
rité pour une même température. — Dans l'obscurité, en maintenant long-
( 722 )
temps du styrolène en vase clos à une température constante, on peut
admettre comme vitesse initiale :
Température 100° 60° 42° i5°(enunan)
Métastyrolène pour 100 produit en une heure. 4 o,o3 0,001 io~'x5
» Au soleil, en plein été, la transformation est de 2 à 3 pour 100 par
heure et le liquide arrive par l'insolation à une température de 40° à 60°.
On voit que, pour une même vitesse de transformation au soleil et dans
l'obscurité, l'abaissement de température réalisé par la lumière avec le sty-
rolène est de So" seulement. Avec les mélanges d'acide oxalique et de
chlorure ferrique, il atteint 100° environ.
» Conclusion. — Malgré les différences signalées avec le mélange d'acide
oxalique et de chlorure ferrique, les expériences sur le styrolène montrent
que, dans les deux cas, le rôle principal delà lumière est d'acce/ere/" une
transformation exothermique qui se serait produite dans l'obscurité à la
même température, mais beaucoup plus lentement. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le bioxyde de molybdène ( ' ).
Note de M. Marcel Guichard, présentée par M. Henri Moissan.
« Nous avons montré (^) que, lorsqu'on réduit graduellement par l'hy-
drogène le trioxyde de molybdène ou anhydride molybdique, on n'obtient
pas d'autre oxyde que le bioxyde brun anhydre. En particulier, la réduc-
tion ne conduit, à aucune température, à des oxydes définis tels que
Mo*0'^Mo-O^Mo'0^ou3MoO- 2M0OMVI0O-M0O', MoO' 2MoO\
Plusieurs auteurs ayant décrit des combinaisons de bioxyde et de
trioxyde, c'est-à-dire des oxydes intermédiaires entre MoO^ et MoO',
nous avons repris l'étude de leur préparation.
)) I. Action de l'anhydride molybdique sur le molybdale d'ammoniaque. —
Lorsqu'on chauffe quelques minutes, au chalumeau, dans un creuset de
platine couvert, un mélange bien pulvérisé d'une partie de molyb-
date d'ammoniaque et de deux parties d'anhydride molybdique pur,
jusqu'à fusion de la masse, on obtient un culot brun violet avec irisations
( ' ) Ce travail a été poursuivi au laboratoire de M. Moissan.
(-) M. Guichard, Comptes rendus, t. CXXV, p. 26 et io5.
( 723 )
rouges, violettes et jaune cuivre. La surface du culot est recouverte,
lorsque la chauffe n'a pas été trop prolongée, d'une couche gris métallique
et de paillettes d'anhydride molybdique sublimé; sur le couvercle se trouve
également un léger sublimé.
» L'expérience, reproduite un grand nombre de fois, conduit toujours
au même résultat.
» Berlin (') pensait qu'il se produit ainsi un molybdate d'oxyde molyb-
dique. Pour le débarrasser de l'excès d'anhydride molybdique qui l'entoure,
il le traitait par l'ammoniaque. Il fut ainsi conduit à la composition Mo' O*.
M Uhrlaub (") ayant montré que cet oxyde renferme de l'azote, Muth-
mann (^ ) fit suivre le irailement par l'ammoniaque d'une ébuUition pro-
longée avec de l'acide chlorhydrique pour tiétruire la combinaison azotée.
Il arriva ainsi à un oxyde de composition Mo'^O'-, inattaquable par les
solutions alcalines et les acides sulfurique étemlu et chlorhydrique.
» Lorsque nous avons cherché, suivant cette méthode, à dissoudre l'an-
hydride molybdique dans l'ammoniaque, nous avons constaté que ce trai-
tement est très long. Dans une expérience, le corps résultant de l'action
de l'anhydride molybdique sur le molybdate d'ammoniaque, lavé plusieurs
fois à l'ammoniaque par décantation, puis séché à i io°, renfermait 72,59
pour loo de métal. Après plusieurs jours de traitement par l'ammoniaque,
il renfermait 74. ^9 de molybdène et n'était pas encore complètement
débarrassé d'anhydride molybdique libre. Il est donc fort difficile d'arriver
à une purification complète au moyen de l'ammoniaque. Ceci tient à ce
que l'anhydride molybdique, qui se dissout très rapidement dans l'ammo-
niaque, lorsqu'il a été porté au rouge sombre, est très long à ilissoudre
lorsqu'il a été fondu ou sublimé. Une solution de soude, au contraire, dis-
sout l'anhydride molybdique calciné, fondu ou sublimé, avec une très
grande rapidité.
» Nous nous sommes alors arrêtés au traitement suivant : l'oxyde à
purifier est traité alternativement par une solution de soude à 10 pour 100
et par l'acide chlorhydrique pur étendu de son volume d'eau, jusqu'à ce
que l'acide chlorhydrique cesse de se colorer en rouge et que la soude,
saturée d'acide acétique, ne précipite plus par l'acétate de plomb.
» L'oxyde obtenu, séché à 110°, est brun violacé, cristallin, les irisa-
(') Berlin, Journ. filr prakl. C hernie, t. XLIX, p. 444-
(^) Uhrlaub, Po^^e/ic?. Ann., t. Ct, p. 6o5.
(') MUTBMANN, Liebig's Ann., t. CGXXXVIII, p. 117.
( 72 1 )
lions qu'il présentait au début de la purification ont disparu; elles étaient
dues à une mince couche d'anhydride molybdiqne fondu entourant chaque
particule d'oxyde. Au microscope, il est formé de petits cristaux à nom-
breuses facettes brillantes. Il ne renferme pas d'azote. Son analyse donne :
Calculé
pour MoO^.
Molybdène pour joo 74)90 73, oi 70,00
» C^et oxvde est donc du bioxyde pur et cristallisé.
■u Le bioxyde préparé par la méthode de Bucholz, en chauffant le molyb-
date d'ammoniaque seul et souniis au même traitement que le précédent,
a la même forme, la même couleur et la même composition. Son analyse
a donné :
MolybdèDe jiour 100 7^)05
» II. Électrolyse de l'anhydride molybdique fondu. — Buif ('), en i85g,
électrolysa l'anhydride molybdique fondu dans un tube en Uavec des élec-
trodes de platine. L'oxyde inférieur produit, lavé à l'ammoniaque, analysé
par Wohier, présenta la composition Mo^O".
M Suivant Muthmann, ce corps ne se forme pas par l'électrolyse de
l'oxyde MoO' pur et celui de Bu(f devait renfermer de l'azote.
» Nous avons repris l'électrolyse de l'anhydride molybdique de la façon
suivante :
» L'oxyde Mo O^ pur est fondu dans un creuset de porcelaine couvert
d'une plaque de carton d'amiante; deux électrodes de graphite de 8""" de
diamètre traversent ce couvercle et font passer dans le bain fondu le cou-
rant produit par 5 éléments Bunsen. L'électrolyse est prolongée trente
minutes avec une intensité de 10 ampèies. Le creuset, après refroidisse-
ment, renferme, sous une couche d'oxyde RIoO' sublimé, un culot brillant
gris et brun avec irisations. Les électrodes ne présentent pas trace dal-
té rai ion.
» Pour éviter l'abondante sublimation d'anhydride molybdique, il est
prélérable de constituer le bain par un molybdate de potassium qui donne
le même résultat que l'anhydride molybdique seul.
» Le bain qui convient le mieux s'obtient par fusion de i5*^'' d'oxyde
Mo O' pur avec 2S'' de carbonate de potassium; le molybilate formé cor-
respontl à peu prèsauquinLimolybdate 5MoO'K-0 et émet peu de vapeur
(') liuFF, Liebig's Anit., t. CX, p. 270.
Électrolyse
de
du
l'anhydride
molybdate
molybdique.
de potassium
Molybdène pour loo. . . .
... 74,95
74,83
( 7.5 )
d'anhvdn'de molvbrliqiie lorsqu'il est fondu au rouge. Dans ces conditions,
nous avons pu prolonger l'électrolyse une heure trente minules avec un
courant de 3,5 ampères. Le rendement est toujours faible, parce que
l'oxyde formé étant bon conducteur de l'électricité, il arrive un instant
où le courant passe sans jirodnire d'électrolvse sensible; le di'gagement
d'oxygène à l'électrode positive devient alors à peu près nul.
» L'oxvde inférieur formé, mélangé d'un grand excès d'oxvde MoO' ou
de molybdate de potassium fondu, est traité par la soude à ro pour 100
jusqu'à ce qu'il ne lui cède plus rien, puis lavé à l'acide clilorhydrique, à
l'eau, enfin séché à 1 10°. Il reste alors un corps brun violet brillant, formé
de petits cristaux agglomérés en grand nombre. L'analyse donne :
Calculé
pour
MoO'.
75,00
» Cet oxvde est donc du hioxyde pur cristallisé (').
» Il résulte de ce travail qu'on ne connaît pas d'autre oxyde de molyb-
dène anhydre, intermédiaire entre les oxydes MoO^ et MoO', que celui qui
provient de la déshydratation de l'oxyde bleu hydraté, si toutefois cette
déshydratation peut être effectuée sans peroxydation. Nous nous propo-
sons d'examiner ce fait. »
CHIMIE ORGANIQUE. —Surlfirhamninosf.
Note de MM. Gh.\rles et Georges Taxret.
« La xanthorhamnine, glucoside des fruits du Rhamnus infectoria
(graines de Perse, graines d'Avignon), ne se dédouble pas uniquement
sous l'influence des acides étendus en rhamnétine et rhamnose, comme on
l'a cru jusqu'ici, mais en rhamnétine, ihamnose et galactose (-). Il résulte
encore de nos observations que le rhamnose et le galactose ainsi formés
proviennent eux-mêmes du dédoublement d'un saccharose qui se produit
(') Nous donnerons dans une autre Note les résultats obtenus dans l'électrolyse
d'autres composés du molybdène.
(-) Société chimique, séance du 28 juillet 1S99. Le détail de nos expériences sera
donné dans son Bulletin.
( 726 )
au début de l'hydrolyse de la xanthorhamnine. L'étude de ce sucre que
nous proposons d'appeler rhamninose fait l'objet de celte Note.
» Préparation. — Pour le préparer nous avons d'abord essayé l'hydro-
lyse ménagée de la xanthorhamnine par l'acide sulfurique très étendu, soit
à o,5o pour loo; mais nous n'avons ainsi obtenu qu'un mélange de rham-
nose, de galactose et de rhamninose d'où ce dernier n'a pu être séparé. Ce
mélange avait pour pouvoir rotatoire «0^= — i5°.
» Nous avons été plus heureux en nous adressant au ferment que Lie-
bermann et Horraann, Marshall Ward et J. Dunlop ont signalé dans les
graines de Perse et qu'on obtient en en précipitant par l'alcool une macé-
ration concentrée. C'est ce ferment auquel on a donné depuis le nom de
rhamnase, en admettant, sans l'avoir isolé toutefois, que le sucre qu'il pro-
duit était du rhamnose. Comme ou va voir qu'il ne pousse pas le dédou-
blement de la xanthorhamnine jusqu'au rhamnose, mais qu'il s'arrête au
rhamninose, nous le désignerons dans la suite de ce travail sous le nom de
rhamninase .
» A une dissolution aqueuse de xanlliorhamoine à -jij on ajoute i partie de rham-
ninase pour ICO parties de glucoside et l'on chauffe à 45''-70°. Au bout de très peu de
temps, un précipité jaune verdàtre commence à se former. Quand il cesse d'augmenter,
ce qui a lieu en moins de quarante-huit heures à la température de 45° et de vingt-
quatre heures à celle de 70°, que nous avons trouvée être la température optima de la
rhamninase, la liqueur est filtrée, évaporée en consistance de sirop et épuisée par
l'éther acétique bouillant jusqu'à ce que celui-ci en ait enlevé avec la xanthorhamnine
inattaquée ses produits de dédoublement solubles et ne se colore plus sensiblement eu
noir par Fe^Cl*. La solution est alors traitée par le noir animal jusqu'à décoloration
complète, évaporée et reprise par l'alcool à çf>° bouillant. Après refroidissement on filtre
de nouveau et l'on évapore à siccilé. Le résidu ainsi obtenu constitue le rhamninose.
» looS'' de xanthorhamnine anhydre ne donnent guère que 4o"'' de sucre au lieu
de 578^ qu'exigerait la théorie. Cette différence de rendement est due à l'aclioii
incomplète du ferment. En effet, un dixième environ du glucoside y échappe el
le dédoublement du reste ne donne pas uniquement, comme avec les acides, de
la rhamnétine, principe phénolique désormais incapable de redonner du sucre, mais
un mélange de cette rhamnétine et de produits de dégradation intermédiaires, gluco-
sides nouveaux sur lesquels nous espérons revenir un jour.
» Composition. — L'analyse du rhamninose et l'étude de ses principales
réactions conduisent à lui assigner la formule
C"H'-0''.
» Sous l'influence des acides étendus, il s'hydrate en donnant exac-
( 7^-7 )
temcnt deux molécules do rhamnosc et une molécule de galaclosc :
c'est donc Tine siicchnrofriose.
» Propriétés physiques. — Le rhamninose est soluble dans l'eau en toutes
proportions : il est aussi très soluble dans l'alcool fort, mais bien moins
soluble dans l'acide acétique crislallisable (i partie pour 35). Il est inso-
luble dans l'acétone et l'éther acétique. Sa saveur est légèrement sucrée.
Ce sucre est lévogyre : [a]o:= — 4i"- U se ramollit à 135° et fond à i/[o"
en se décomposant lentement. Nous n'avons pas encore réussi à le faire
cristalliser.
» Propriétés chimiques. — Le rhamninose réduit la liqueur de Fehiing
comme le ferait | de son poids de glucose. Il ne fermente pas sous l'in-
fluence de la levure de bière et, si l'on additionne sa solution de glucose,
celui-ci fermente seul. Il est également insensible à la levure qui a produit
la fermentation d'un mélange de glucose et de galactose. L'invertine,
l'émulsine et les diastases de V aspergillus sont sans action sur lui.
» Il ne donne pas d'osazone ou d'hydrazone insolubles avec l'acétate
de pliényihydrazine ou la phénylliydrazinc libre.
» Le dédoublement du rhamninose en rhamnose et galactose par les
acides étendus est assez lent. Avec l'acide sulfurique à 2,5 pour loo, la
réaction exige trois heures et demie pour être complète. Elle est beaucoup
plus lente avec l'acide acétique et le pouvoir rotatoire gauche du sucre ne
baisse que de quelques degrés dans le même temps.
» Action de l'hydrogène. — Quand on traite sa solution concentrée par
l'amalgame de sodium à 4 pour loo en maintenant le mélange dans la
glace, le rhamninose fixe IP et se transforme en un nouveau sucre non
réducteur, plus lévogyre (o-d = — 57°), la rhamninite C'^H"0"'. Ce sucre
chauffé avec l'acide sulfurique étendu s'hydrolyse en donnant de la didcite
et du rhamnose :
C'«H^''0'' + 2H=0 = 2C''H'H)=-hC«H'H)^
Mais, en fait, à cause de l'attaque partielle par l'alcali de la partie aldéhy-
dique du rhamninose qui par hydratation donne du galactose, le rendement
en dulcite ne dépasse guère 5o pour 100, alors que celui du rhamnose est
presque théorique.
» Action de l'oxygène. — L'oxydation du rhamninose par l'acide azo-
C. R., 1899, 1' Semestre. (T. GXXIX, N» 19) 97
( 728 )
tique donne notamment de l'acide muciqiie, et si elle est très modérée,
celui-ci se trouve accompagné d'acide galactonique.
» L'oxydation par le brome confirme la formule du rhamninose en C".
Elle produit en effet de l'acide rhamninotrionique C'*H"0'^ qui est au
rhamninose ce que l'acide lactobionique est au lactose. Cet acide est lévo-
gyre : a^ = — 94°. Il est amorphe comme ses sels.
» L'acide rhamninotrionique est monobasique comme l'a montré l'ana-
lyse de ses sels de calcium (C'^H'' 0'=)^Ca et de baryum (C'^H" 0'=}^Ba.
Il ne précipite ni l'acétate neutre, ni l'aci-tate basique de plomb, mais seu-
lement l'acétate de plomb ammoniacal. Il ne réduit pas la liqueur de
Fehling.
» La réaction capitale de l'acide rhamninotrionique est son hydrolyse j)ar
les acides étendus. Chauffé, en effet, pendant trois heures av^ec de l'acide
sulfurique à 2,5 pour 100, il fixe de l'eau et donne 2 molécules de rham-
nose et i molécule d'acide galactonique :
CH^O^' + aH^O^^aCH'-O'+CH'-O". »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Re.cherches sur le développement progressif de l'essence
de bergamote. Note de M. Eugène Charabot, présentée par M. Moissan.
« Les essences renferment, d'une manière générale, un ensemble de
composés que l'on peut facilement transformer les uns en les autres. Il
était intéressant de pouvoir saisir le mécanisme à l'aide duquel ces consti-
tuants se forment aux dépens les uns des autres dans la plante, ce qui né-
cessitait l'étude du développement progressif des essences.
M Je traiterai, dans cette Note, le cas de l'essence de bergamote.
» Deux essences extraites, l'une de fruits com])lètement développés
mais verts, l'autre de fruits mûrs cueillis sur les mêmes arbres, possédaient
les constantes physiques suivantes :
» Essence de fruits verts. — Densité à i4" : 0,882. Pouvoir rotatoire
(/= 100™"') : H- i4"38'.
» Essence de fruits mûrs. — Densité à i4" : o,883. Pouvoir rotatoire
(/= loo™™): + 20° 3o'.
)) Acides libres. — L'essence de fruits verts renfermait 0,289 po'^"' ^^^
et l'essence de fruits mûrs o,283 pour 100 d'acides libres calculés en
acide acétique.
( 7^9 )
» On voit que la proportion des acides libres diminue légèrement pendant la
maturation.
» Acétate de linaly le. — L'essence de fruits verts contenait 33,8 pour loo
et l'essence de fruits murs 37,3 pour loo d'acétate de linalyle.
» Donc, pendant la maturation la proportion d'éther a augmenté de 3,5
pour ICO, c'est-à-dire d'une façon très sensible.
» Linalol libre et linalol total. — On sait que le dosage du linalol ne
s'effectue pas d'une façon rigoureuse par acétylation et saponification suc-
cessives, cet alcool se déshydratant partiellement sous l'influence de
l'anhydride acétique. En outre, les nombres que l'on obtient dépendent à
la fois du volume de l'anhydride mis en jeu et du temps pendant lequel on
chauffe le produit. Les meilleurs résultats s'obtiennent en employant
des volumes égaux d'essence et d'anhydride acétique et chauffant pendant
trois heures. Ainsi que me l'a montré une série d'expériences que j'ai
laites à ce sujet, lorsqu'on dose de cette façon le linalol dans un pro-
duit ne renfermant pas d'acétate de linalyle, l'erreur commise atteint
i8 pour loo de la teneur exacte en linalol. Si la teneur en acétate de
linalyle du produit dans lequel on veut doser le linalol total est de n
pour loo, l'erreur dans le dosage du linalol total se trouve réduite à
lo pour loo.
lO '
» Toutefois, au point de vue des recherches que je poursuis, la méthode
de dosage du linalol par acétylation et saponification successives peut être
considérée comme suffisante, puisqu'il s'agit simplement d'obtenir des
résultats comparatifs et qu'il suffit pour cela d'opérer exactement dans les
mêmes conditions.
» Voici, corrigés d'une erreur de i5 pour loo, les résultats obtenus
dans ce dosage :
Essence de ti'uits
verU. liiûis.
Ethers dans le produit acétylé 5o,9 pour loo 44)7 pour loo
Elhers provenant du linalol libre 17,1 » 7,4 »
Linalol libre dans l'essence primitive i3,9 » 5,9 »
Linalol total 4°) 5 » 35,5 »
» Ainsi, la richesse totale de l'essence en linalol diminue pendant la matu-
ration.
» Terpénes {limonéne et dipenténe). — Il était particulièrement intéres-
sant d'étudier comparativement les portions terpéniques des deux essences
; 73o ) .
et de rapprocher les résiiltuts de celle élude de ceux obLcmis plus haut.
)) \ cet eiïel, 200^'' de chacun des deux produits o.il été saponifiés par
ébuHilion avec une solution alcoolique de potasse. Les huiles obtenues
avaient les caractères yjhysiques suivants :
Essence saponifiée de fruits
verts. uiùij.
.Densité à 1 G" o,S625 o,86i5
Pouvoir rotatoiie (/== 100""") -i- i3°5-2' -+-20°io'
» J'ai soumis, exactement dans les mèiues conditions, les deux produits
saponifiés à la distillation fractionnée; eu opérant sur lôo*^*^ de chacune
des deux essences, j'ai obtenu les résultats suivants après deux fi'action-
nements :
I. EssL-nce de fruits verts. II. Essence cle fruits mûrs.
Volume Volume
du liquide Pouvoir Densité du liquide Pouvoir Densité
Teuipéritures. recucjUi. rotatoire. à iS". recueilli. rotutoire. à iS».
i77°-i83° gS'-" +3o" lo' 0,807 'oS''' +34° o,8.53
1 83°-2ou'' . . . . 36'='-- H- 2°i4' » 'io"= -+- 4° »
Résidu » » 1) » » >)
» La densité de la fraction 177"-! 83" du produit I correspond à une sub-
stance plus riche en linalol que celle tle la fraction correspondante du pro-
duit IL La fraction i77"-i83° de ce dernier produit étant, malgré cela,
plus abondante que la même fraction du produit I, il en résulte nécessai-
rement que la proportion des terpènes augmente pendant la maturation
des fruits.
» Je me suis demandé si les proportions relatives de limonène et de di-
jjenlène restaient ou lion constantes. Pour résoudre la question, j'ai éliminé
le linalol dans la fraction terpénique de chacune des deux essences à l'aide
de rectifications sur du sodium. En réj)étant l'opération jusqu'à pouvoir
rotatoire invariable, j'ai recueilli, bouillant à i73"-i76" sous 767'"'" :
i) 1" Les terpènes de fruits verts avec le pouvoir rotatoire : -+- /^']° 2.0' ;
» 2° Les terpènes de fruits mûrs avec le pouvoir rotatoire : +47° 12'.
« Les pouvoirs rotatoires des deux portions terpéniques restant sensi-
blement égaux, les proportions relatives de limonène, qui est dextrogyre,
et tie dipeiilèiie, qui est iiiactif, sont les mêmes dans les deux cas.
» En résumé, pendant la maluralion des fruits du citrus bergamia, /(/
yoitioii terpénique (lugnicnte, les proportions relatives de ses constituants,
limonène et dipenthie, restant constantes.
( 7^^' )
» ISergaplène. — Co principe, qu'on dose par évaporation au bain-
niarie de l'essence de bergamote, se trouve dans l'essence de fruits verts,
à la dose de 0,9 pour 100 et dans celle de fruits mûrs, à la dose de 5,5
poiu' 100. Il en résulte que sa proportion diminue pendant la maturation.
» Conclusions . — Quelles conclusions peut-on tirer de ces observations
relativement à la formation des composés terpéniques dans la bergamote?
Le fait que la proportion du linalol total diminue pendant que la propor-
tion d'acétate de linalyle augmente montre bien que le linalol doit faire
son apparition avant son éther acétique. L'acide acétique libre agissant
alors sur le linalol, élliérifie une partie de cet alcool et en déshydrate une
autre partie en produisant du limonène et du dipentène qui constituent,
en présence de certains agents déshydratants, le cortège habituel du lina-
lol. Cette manière de voir est corroborée par le fait que la masse du mé-
lange terpénique augmente pendant l'élhérification sans qu'on observe la
moindre variation dans la proportion relative des deux terpènes, ce qui
montre bien que leur formation intervient au cours d'une même réaction.
» En somme, la ])ériode active de formation du linalol est celle qui
correspond au développement du fruit, l'éthérification accompagnée do
déshydratation de cej. alcool terpénique s'effectuant surtout pentlant la
maturation. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur une maladie nouvelle des Œillets.
Note de M. Louis Maivgi\-, présentée par M. Guignard.
« Les plantations d'OEillets sont envahies, cette année, dans la Pro-
vence, à Cannes, Nice et Antibes, par une maladie grave quia déjà dévasté
de nombreux champs et menace de ruiner l'une des cultures importantes
de la région. Mon attention ayant été attirée, au mois de septembre der-
nier, sur cette maladie, par M. Grec, professeur à l'Ecole d'Horticulture
d'Autibes, qui a bien voulu m'en fournir une description précise et me
faire adresser des échantillons, j'ai pu commencer une étude dont la pré-
sente Note résume les premiers résultats.
» Les plantes malades se reconnaissent à la teinte jaune et au flctrisse-
ment des feuUles; si on les arrache, on constate que les racines sont saines,
mais la base de la tige est dans un état de décomposition plus ou moins
avancé; souvent, au moment de l'arrachage, la plante se brise au niveau
du sol par suite de la pourriture qui a cnvatii le collet.
( 732 )
» Daas les tissus décomposés et brunis, j'ai rencontré un grand nombre
d'organismes : des Champignons variés, les uns à mycélium noir remplis-
sant le bois mais non fructifies et, par suite, indéterminables; d'autres à
mycélium incolore, qui ont fourni les fructifications de diverses Mucé-
dinées : Pénicillium, Vcrticillium, etc. A ces Champignons étaient associés
des bactéries et, enfin, des anguillules, les unes, assez rares, voisines du
genre Tylenchus, les antres, très nombreuses, constituées par des Rhabditis
ou des Diplogaster.
)) Il était difficile de discerner, dans ce mélange d'organismes, celui qui
cause la maladie; mais l'analyse des tissus de la tige, sur des échantillons
encore verts et en des points successivement rapprochés des parties saines,
nous fait assister à l'élimination progressive des saprophvtes. On voit seu-
lement persister un mycélium incolore extrêmement développé dans le
bois et dans la zone génératrice; puis, çà et là, au milieu du bois désorga-
nisé, on aperçoit des Rhabditis à tous les états de développement. Enfin,
dans les échantillons où la maladie commence à se manifester et dans les
tissus des pousses qui paraissent entièrement saines, les anguillules ont
disparu; on ne rencontre plus que le mycélium incolore; sa présence est
à peine indiquée par une légère teinte jaunâtre et, sur les coupes trans-
versales, il est assez difficile à voir, mais on l'observe avec la plus grande
netteté sur de minces coupes longitudinales. A défaut de la preuve expé-
rimentale qui sera prochainement donnée par les expériences d'inocula-
tion établies depuis quelque temps, nous avons, dans les résultats de
l'analyse microscopique, une présomption que le mycélium dispersé dans
les tissus les plus éloignés du collet représente le parasite destructeur des
plantations d'OEillets.
» Ce parasite ne correspond à aucune des espèces décrites dans les ma-
ladies étudiées jusqu'ici. Il est essentiellement polymorphe et possède au
moins deux formes conidiennes, peut-être davantage. En effet, des frag-
ments de branches contaminées, placés dans un milieu humide, se
couvrent par places d'un duvet blanc de neige et l'on voit apparaître des
conidies de forme et de grandeur variables. Les unes se développent à
l'extrémité de bouquets de filaments ramifiés qui s'échappent à travers
l'écorce; les rameaux portant les conidies, souvent opposés, se redressent
de manière à se diriger presque parallèlement à leur support commun ; les
conidies sont fusiformes, arquées, souvent mucronées, et sont divisées par
des cloisons transversales, d'une à cinq, ordinairement trois; leurs dimen-
sions oscillent entre 20^^ et "io^ de longueur sur i^-,3 à 4"^ de largeur. Ces
( 7^'^ )
fructifications sont voisines par leurs spores du groupe des Ramulariées,
notamment des Cercosporella ; mais, par l'aspect des filaments conidifères,
elles rappellent les Verticillium.
» Sur d'autres points des branches malades, notamment au niveau des
déchirures et des sections de la tige, l'appareil fructifère est constitué par
des flocons de filaments très allongés portant, sur leur longueur, un grand
nombre de rameaux courts, insérés à angle droit, simples ou bifurques,
terminés chacun par une conidie ; les conidies sont presque cylindriques,
un peu arquées, arrondies aux extrémités, parfois mucronées; elles ont de
5"^ à la*^ de longueur sur i^ à 3^^ de largeur et ne sont pas cloisonnées;
ces fructifications appartiennent à la forme Cylindrophora ; on peut d'ail-
leurs trouver toutes les transitions entre la forme Cercosporella et la forme
Cylindrophora; ces deux formes constituent, dans le cas particulier, une
seule et même espèce nouvelle dont la diagnose sera donnée plus tard,
à la suite des essais de culture que j'ai entrepris.
» L'analyse que je viens de résumer permet déjà d'élucider un point
important de l'évolution du parasite. Des observations transmises par mon
correspondant, M. Grec, il résulte que la maladie n'a pas un caractère
• infectieux, car les pieds malades sont souvent isolés au milieu des pieds
sains; elle ne se propage pas non plus par le sol, car elle s'est déclarée, et
parfois avec un caractère grave, sur des sols neufs. Il semble qu'elle soit
transmise par le bouturage qui, dans la région provençale, est le seul
mode de multiplication des OEillets; ce serait une maladie conslitutionnelle;
certains horticulteurs de la région expriment cette impression en disant
que leurs OEillets sont « poitrinaires ».
» J'ai pu vérifier la justesse de ces observations en examinant des plants
où la maladie débute à peine, car j'ai retrouvé, dans les tiges absolument
saines d'apparence et sur une assez grande longueur, le mycélium aux
formes conidiennes multiples.
» On comprend alors que les plants constitués au moven de boutures à
peine contaminées, que l'œil le plus exercé ne distingue pas des boutures
rigoureusement saines, soient condamnes; leur végétation est d'abord
vigoureuse, car le parasite se développe lentement dans les tissus, puis, au
moment où le plant va fleurir, la maladie éclate brusquement.
)) On devra donc, dès à présent et j)Our éviter la propagation de la ma-
ladie, s'astreindre à ne bouturer que des branches bien saines.
» Pour reconnaître celles-ci, je conseille le procédé suivant : on dispose
les boutures préparées pour la plantation côte à côte et fichées dans les
( 734 )
trous d'nnR mince plnnchctte on d'une feuille de zinc, que l'on dispose au-
dessus d'un vnse plnt renfermant un peu d'eau, de manière que la section
des boutures soit à 2'™ ou 3'''" au-dessus de la surface de l'eau. Au bout
de vingt-quatre heures, à la température de i5°, les sections des branches
malades sont couvertes d'un duvet blanc sortant de tout ou partie de la
surface du bois, tandis que les surfaces des branches saines sont intactes.
On jette toutes les plantes malades ou mieux on les brûle. Quant aux
branches saines, on les plonge aussitôt après le triage, par leur extrémité
coupée ou avivée, soit dans une solution de sidfate de cuivre à i^^'ou 2^^
par litre, soit dans une solution contenant par litre iS^'' de napthol p et 45^''
de savon; cette opération ayant pour but de tuer les spores qui auraient
été accidentellement transportées sur les parties saines.
» J'examinerai dans une autre Communication les autres voies d'intro-
duction du parasite. »
GiîiOLOGIE. — Sur l'état actuel des volcans de l'Europe méridionale.
Note dé M. Matteucci, présentée par M. de Lapparent.
« Chargé par le Ministère de l'Instruction publique de visiter les vol-
cans actifs de l'Italie et de la Grèce, j'ai eu l'occasion, depuis l'automne
de 1898, d'y faire, principalement sur les prndiiits gazeux des fumerolles,
des observations dont je désire communiquer à l'Académie les résultats les
plus importants.
» Vésuve. — Il n'y a plus, parmi les fentes élevées, que celles des
années 1872, 1889, 1891 et 1895 qui offrent encore une activité solfata-
rienne. Les fentes nord-nord-ouest de 1872, par où se sont produites des
émissions de laves si violentes et si abondantes, sont complètement refer-
mées et inactives. Seules les fentes secondaires sud-ouest, en communica-
tion indirecte avec le bassin magmatique, exhalaient, en automne 1898, de
la vapeur d'eau, des traces des acides chlorhvdrique et sulfureux, beau-
coup d'acide carbonique et des hydrocarbures, à une température variable
de 4o° à 5o°.
» La haute fente orientale de 1889 dégage beaucoup de vapeur d'eau,
d'acides sulfureux et chlorhvdrique, avec une quantité sensible d'acide
carbonique et d'hydrocarbures.
» La fente septentrionale, par où la lave s'est épanchée sans disconti-
nuer du 7 juin au 3 février 189/1. et qui h cette époque donnait de la
( 73'> )
vapeur d'eau, peu d'ncide chlorhydrique, des acides sulfureux el rnrbo-
niqiip, a cessé, une fois la sortie do la lave termiiu'e, d'émetire des ^■,17,
et des vapeurs. Peu de temps après, les laves elles-mêmes cessaient de
donner les fortes émanations gazeuses qui s'étaient traduites auparavant
par la production de sulfates et de chlorures de fer et de cuivre, de fer
oligiste et de tcnorite. En automne i8()8, un petit nombre des fentes de
cette coulée dégageaient un peu d'acide chlorhvdrique sec par une tem-
péraltu-e comprise entre 5o" et 80°. Quant aux nouvelles fentes qui se
produisirent le 3 juillet 189), et du pied desquelles sortait encore, en
automne dernier, une véritable profusion de lave, j'ai déjà fait connaître
à l'Académie (') la série intéressante des abondantes émanations gazeuses
qu'elles émettaient. Je rappelle que l'on y reconnaissait les acides chlorhv-
drique, sulfureux, sulfurique, carbonique, iodhydrique, bromhvdrique,
fluorhydrique; le soufre, le sélénium, l'iode, divers sulfates et chlorures
de fer et de cuivre; l'érythrosidérite, le fer oligiste, les chlorures et les
sulfates de potassium et de sodium. Sur les laves mêmes se condensaient
le sel marin, le sel ammoniac, la ténorite et le bicarbonate de soude.
D'autre part, durant cette période, le cratère central manifestait une acti-
vité strombolienne bien caractérisée.
)) Etna. — Le cratère mesurait Sog" dans le sens ouest-nord-ouest est-
sud-est, et4oo" dans le sens perpendiculaire, avec plus de 200" de pro-
fondeur. A l'intérieur de cette vaste chaudière se trouvaient des plages de
blocs incandescents, d'où se dégageaient des flammes bleuâtres, de i"
à 2™ de hauteur, produites par la combustion du soufre et, peut-être
aussi, de l'oxyde de carbone. Sur le bord du cratère, j'ai trouvé les acides
sulfureux, sulfhydrique, carbonique, chlorhydrique, fluorhydrique, du
soufre, des sulfates et chlorures de potassium, sodium, magnésium, alu-
minium, fer, cuivre. Les cratères d'explosion les plus hauts des éruptions
de 1879 et de 1892 émettaient beaucoup de vapeurs acides, parmi lesquelles
l'acide fluorhydrique en petite quantité. D'autres bouches, situées plus bas,
de 1892, et celles de i883 m'ont donné du sulfate et du bicarbonate de
soude. J'ai rencontré ce dernier sel dans les moraines latérales des coulées
de 1892.
» Vulcano. — Surcevolcan persiste la phase solfatarienne de 1888-1890.
Les parois et le fond du vaste cratère dégageaient de la vapeur d'eau et des
gaz abondants, entre autres les acides carbonique, sulfurique, sulfliy-
(') Comptes rendus, t. CXXIX, p. 65.
G. R.,i8()9, 1' Semestre. (T. CXM.N, N"19.) 98
( 7^'' )
drique, chlorhydrique. Les vapeurs de soufre et l'acide borique se conden-
saient un peu partout, sauf autour des fumerolles les plus chaudes. Une
seule fois, la nuit, j'ai constaté la présence de l'acide fluorhydrique. Dans
les parties les plus éloignées de l'axe volcanique, ainsi qu'au Faraglioni du
i'orto di Levante et à l'extérieur de l'enceinte cratérique la plus récente,
j'ai remarqué des hydrocarbures et de l'acide carbonique avec de légères
quantités d'acides chlorhydrique et sulfurique.
» Stromboli. — En automne 1 898, les manifestations de ce volcan étaient,
comme toujours, du genre strombolien bien caractérisé. L'appareil éruptif
était formé de sept cratères, dont un émettait, tantôt des scories et des
vapeurs, tantôt des fumées chargées de sable, tantôt de petites coulées.
Parmi les gaz, j'ai reconnu l'acide fluorhydrique. Les explosions étaient
fréquentes. Observées de près et la nuit, elles laissaient voir des flammes
bleuâtres à couronne.
M Santorin. — Le terrain qui formait la baie au sud-ouest de Mikra-
Kaiméni, lors de l'éruption de i866-i8;7o, s'est notablement affaissé. Les
eaux ferrugineuses qui affluent dans le canal entre Néa et Mdvra-Raiméni
ont une température de 45" à 60° et contiennent des hydrocarbures ainsi
que de l'acide carbonique. Par suite d'un abaissement considérable du sol,
le port Saint-Georges, à l'ouest de Néa, s'est élargi de plusieurs mètres.
Les îles de Mai, entre ce port et Paléa-Raiméni, ont presque entièrement
disparu sous le niveau de la mer. Lors de ma visite, le cratère George P'
était tapissé de chlorure de fer, chlorure double de fer et potassium, gvpse,
sulfates et chlorures de cuivre, soufre. Parmi les vapeurs j'ai observé l'eau,
les acides chlorhydrique, carbonique, sulfureux, fluorhydrique. Sur les
laves d'Aphroessa, il y avait un peu de bicarbonate sodique.
)) En résumé, pendant qu'au Vésuve l'activité strombolienne du cratère
terminal marchait de pair avec un épanchement latéral de laves, \Elna
était en repos depuis 1892, et semblait se préparer à un afflux lavique,
peut-être vers le sud ou le sud-ouest. Vulcano traversait une de ses phases
solfatariennes habituelles; Stromboli coasQYMx'il sans changement son acti-
vité explosive wormiÛQ. ai Santorin, après trente années d'émissions gazeuses,
semblait se préparer à reproduire l'imposant spectacle de flammes et d'ex-
plosions qu'il a déjà donné dans la mer Egée.
M En ce qui concerne les fumerolles, je pense que si, dans les régions de
forte activité, on ne réussit pas toujours à découvrir certains gaz, cela tient
à ce que leurs caractères sont nsasqués par la présence des acides plus
puissants.
à
(7^7 )
» Aujourd'hui (i i oclobre), de retour d'une nouvelle visite ;i tous les
volcans italiens, je suis en mesure d'ajouter ce qui suit :
» Au Vésuve, la sortie latérale des laves a cessé dans la nuit du i^'au
1 septembre, toute l'activité se concentrant au cratère terminal: cependant
il ne paraît pas impossible que de nouvelles laves viennent sortir par les
mêmes fentes ouest-nord-ouesl. Le cratère de VEtna, à la suite de fortes
explosions, qui ont commencé le jour du tremblement de terre de Rome
(19 juillet) et ont duré peu de jours, a subi un léger élargissement, avec un
exhaussciisent très marqué au fond. Au Stromholi, un accroissement d'acti-
vité, survenu le 7 mars 1899, a entraîné la fusion de deux des sept cratères
en un seul, et la bouche éruptive de l'automne précédent s'est déplacée en
s'élari^issant beaucoup. A Vufcano comme à Santorin, rien de nouveau ne
s'est produit. »
PHYSIOLOGIE. — Siif l'innervation sècrèloirc du pancréas.
Kote de MJM. E. Wertheimer et L. Lepage ('), présentée par M. Bouchard.
« Claude Bernard a, comme on sait, attribué au ganglion sous-maxil-
laire le rôle de centre réflexe pour la sécrétion salivaire. Cette opinion
a suscité des controverses qui durent encore. Nous pouvons apporter de
nouvelles preuves à l'appui de la notion générale établie par Clauile Ber-
nard. La participation du système ganglionnaire périphérique aux actes
réflexes qui règlent les sécrétions digestives ressort, en effet, avec évidence,
d'expériences que nous avons faites sur la sécrétion pancréatique : celle-ci
s'v est montrée remarquablement indépendante de l'action du système
nerveux central.
» Les recherches de Pawlow et de ses élèves, celles de Morat ont prouvé
l'existence de fibres excito-sécrétoires pour le pancréas dans les pneumo-
gastriques et dans les nerfs splancbniques. D'autre part, on a, dans l'emploi
des solutions acides, un moyen, en quelque sorte spécifique, de provoquer
l'activité de la sécrétion pancréatique (Doleaski). Un agent dont nous
nous sommes aussi servis avec avantage, c'est l'éther dont l'ach'ou exci-
iante sur le pancréas a été signalée par Claude Bernard et Kiihno.
» Ceci posé, si l'on sectionne les deux pueumo^jastriques au cou et les
(') Travail du Laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Lille.
( 7^« )
deux cordons (in sympathique dans le thorax, l'injection d'une solution
d'acide chlorhydrique à 5 pour looo dans le duodénum produit une au''-
mentation tout aussi marquée de la sécrétion pancréatique que si les prin-
cipaux nerfs sécréteurs étaient resiés intacts. Cletle expérience a déjà été
faite par Po|jieLslu et nous ne pouvons que confirmer les résultats qu'il a
obtenus. Mais cet expérimentateur ajoute que, si l'on sépare le duodénum
du pylore, la sécrétion réflexe ne se produit plus, et il en conclut que le
pylore renferme très vraisemblablement le centre sécrétoire du pancréas.
Sur ce point, nos observations sont en désaccord avec celles de Popielski.
Nous avons toujours vu, quand le duodénum avait été sectionné à quelque
dislance au-dessous du pylore, l'injection d'acide ou d'élher amener ses
efléls habituels.
» Il fidlait donc chercher ailleurs que dans la région pvlorique le centre
de sécrétion et l'on pouvait supposer qu'il se trouverait dans les gros
ganglions abdominaux du sympathique. Pour résoudre cette question, nous
avons extirpé, à des chiens curarisés, le ganglion cœliaque et le ganglion
mesenlérique sui)érieur et, en même temps, nous avons énervé soigneuse-
ment l'origine de toutes les artères qui peuvent fournir des branches au
pancréas, c'est-à-dire l'origine du trou cœliaque et celle de l'artère mésen-
térique supérieure. Ces animaux avaient subi, en outre, la section des
pneumogastriques, des cordons thoraciques du sympathique et celle du
pylore.
» Un premier fait digne d'intérêt s'observe après ces opérations : le
pancréas, ainsi privé de ses relations avec tous les appareils nerveux exté-
rieurs à l'organe, continue à sécréter. Mais le résultat le plus im[)ortant
c'est que, si l'on introduit une solution acide ou de l'éther dans le duo-
dénum, l'écoulement du suc pancréatique s'accélère. L'exemple suivant
est très caractéristique.
» Chez lin chien de 6''k,5oo, en digestion et curarisé, on pratique toutes les opéra-
tions indiquées ci-dessus, et l'on teroiine par rintroduction d'une canule dans le con-
duit excréteur du pancréas. Le suc apparaît rapidement à l'orifice de la canule, et une
première goutte tombe au bout de deux minutes quinze secondes ; l'écoulement se
ralentit alors progressivement, et la cinquième goutte met onze minutes vingt-cinq
secondes à se former. A ce moment, on injecte dans le duodénum 8'='^ d'une solution
d'acide chlorhydrique à 5 pour looo. La première goutte qui se produit après l'in-
jection tombe au bout de quatre minutes vingt secondes, et dans les huit minutes
quarante secondes qui suivent, on recueille 12 gouttes; puis la quatorzième gouUe ne
tombe plus qu'au bout de trois minutes quarante secondes, et la suivante au bout de
( 7^9)
treize minutes seulement, La sécrétion qui s'était accélérée pendant dix-sept minutes
environ, sous l'influence de l'injection acide, reprend donc, au bout de ce temps, sa
marche très ralentie du début.
» Nous [)ourrio!is lapporler plusieurs exemples dti même genre. Parfois
quand l'ellet de la soluLion acide était épuisé, nous avons, par une injec-
tion d'éther, réveillé à nouveau, quoique à un degré moindre, l'activité
de la glande. Il est à noter aussi que l'épreuve réussit à un moment où
l'insufflation pulmonaire, le traumatisme pratiqué sur l'abdomen ont lait
baisser la température rectale à 34° ou 33".
» Ce n'est pas sans surprise qu'on \oit le pancréas isolé de toute con-
nexion, non seulement avec le système nerveux cérébro-spinal, mais aussi
aACC les centres abdominaux du sympathique, obéir encore à une excita-
tion dont le caractère réflexe n'est pas douteux, puisque l'acide introduit
dans le duodénum ne peut agir qu'à distance sur la cellule glandulaire. 11
faut donc que les centres sécrétoires aient leur siège, soit dans leduodénuu),
soit dans le pancréas lui-même : c'est très vraisemblablement dans l'inti-
mité de sa propre substance que la glande trouve tous les éléments néces-
saires à la manifestation de son activité réflexe. La persistance de cette
dernière dans un organe énervé implique aussi que les ganglions minus-
cules disséminés à la périjjhérie réunissent en eux toutes les parties con-
stituantes de l'arc diastaltique.
» Ajoutons enfin que la pilocarpine conserve son action excito-sécrétoire
sur la glande isolée de son appareil nerveux extrinsèque : ce qui permet
de recueillir une quantité assez forte de suc pancréatique. Nousrevieuilrons
sur Jes propriétés du liquide obtenu dans ces conditions. »
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
I^a séance est levée à 4 heures et demie.
Al. B.
( 74o )
BUI.LKTI.N RIBUOGnAPIUQUr;.
Ouvrages reçus daks r.4 séance du 3o octobre 1899.
Connaissance des Temps ou des moincwents célestes pour le Méridien de
Paris, à l'usage des astronomes et des navigateurs, pour l'an 1902, publiée
par le Bureau des IjOngitiides. Paris, Gauthier-Villars, 1899; i vol. in-8°.
(Présente par M. Poincaré.)
Traité de Géologie, par A. de Lapparent, Membre de l'Institut : I (fasci-
cule 1), Phénomènes actuels; II (fascicule 2), Géologie proprement dite.
Paris, Masson et C'", 1900; 2 vol. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
La nature tropicale, par J. Costantin. Paris, Félix Alcan, 1899. (Pré-
sentée par M. Gaston Bonnier. Hommage de l'Auteur.)
Cinq Opuscules de M. Bordage, sur des questions de Biologie et d'En-
tomologie (1898). (Hommage de l'Auteur.)
Uebereinealgebraische Reihe, von Georg Sidler. Bern, K.-J. Wyss, 1899.
Ueher die Reste von Edestidcn und neue Galtung Helicoprion, von A. Raf-
PINSKY, mit 4 Tafeln und 72 Textfiguren. Saint-Pétersbourg, C. Birkcnfeld,
1H99; I fasc. in-8° et i tasc. in-4°. (Présenté par M. Gaudry. Hommage de
l'Auteur.)
Mémoires de la Section topographique de l'Etat-Major général (russey
T. I^VI. Saint-Pétersbourg, 1899; i vol. in-4°. (Offert par M. Venukoli',
présenté par M. Bouquet de la Grye.)
Sitzungsherichte der kônigl. buhmischen Gesellschafl der Wissenschaften.
Mathematisch-natuiwissenschaftliche Classe. Jahrgang 1898. Prag, 1899:
I vol. in-8°.
Jahresbericht der kônigl. bôhmischen Gesellschafl der Wissenschaften, fïw
das Jahr 1898. Prag. 11899; ' ^^^<^- in-8".
Husitske va/ecnicti'i za doby Zizkovy a Prokopovy. sepsal Judr. Hugo
ToMAN. Y Praze, 1898; 1 vol. in-'6°.
0 dcterminantech mocninnych a sestavych, napsal D"" F.-J. Stlu>ic;va.
"V Praze, 1897; i fasc. in-8".
( 7^'i' ^
Aiialele inslitutului rnetcuiolugic al lioinànui, puljlicale de SiiiiAN-C..
Hepites; t. XIII, anul 1897. Biicuresci, F. Gobi; Paris, Gautliier-Villars,
1899; 1 vol. iii-4°. (Oferit (le Institutul météorologie.)
Ouvrages reçus dans la séanck uu 6 novejibke 1S99.
Équilibre des systèmes chimiques, par J. Willard Gibbs, traduit par Henry
Le Chatelier. Paris, Georges Carré et C. Nand, 1899; i vol. in-8'\ (Pré-
senté par M. Picard. )
La tuberculose pulmonaire, son traitement par une nouvelle tubercuhne,
par le D'' Ponzio, Paris, J.-B. Bailliere et fds, 1900; i fasc. in-12. (Hom-
mage de l'Auteur.)
Le potager d'un curieux : histoire, culture et usage de aSo plantes comes-
tibles peu connues ou inconnues, par A. Paillieux et D. Bois, 'i* édition.
Paris, Ldjrairie agricole de la Maison rustique, 1899; i vol. in-8°. (Hommage
des Auteurs.)
Notice sur les travaux scientifiques de M. A. Etard. Paris, Gauthier-Viilars,
189g; I fasc. in-4°.
Manuali Hoepli. Repertorio di Malemutiche superiori, per Ernesto Pascal.
II. Georaetria. Milano, Ulrico Hoepli, 1900; i vol. ia-18. (Présenté par
M. Hermite; hommage de l'Auteur.)
Chronik derkônigl. technischen Hochschule zu Berlin, 1799- 1899. Berlin,
Wilhehn Ernst und Sohi>, 1899; 1 vol. 'n\-lf.
Die reine Mathematik in den Jahren 1 884-1899, nebst Actenstùcken zum
Leben von Siegfried Aronhold, von D'' E. Lampe. Berlin, Wdhelm Ernst und
Sohn, 1899; I fasc. in-8°.
Neue physikatische Apparale. 7 Mittheilung. Ptlax Kohi, Chemnitz, s. d.;
I fasc. in-4°.
Catalogue des appareils pour les expériences avec les courants à grande
fréquence et haute tension d'après Tesla. Max Rohl, Chemnitz, s. d. ; i fasc.
in-4°.
Statistiek van het koninkrijk der Nederlanden. Bescheiden betreffende de
geldmiddelen. Vier en twintigste sluk. Ecrste gedeelte. 1898. 'Sgravenhage,
Martinus Nijhoff, 1899; i fasc. in-4''.
( 742 )
Bericht der senckenbergischen Nalurforschen der Gesellschafl in Frankfurt
amMain, 1899 : vom Jiini 1898 bis Juni 1899. Frankfurt a. M., Gebrûrler
ICnaiier, 1899; i vol. in-8°.
Transactions oflhe Conneclicut Academy of Aris and Sciences. Vol . X, part I.
Newhaven, 1899; i vol. in-8°.
Annuaire géologique et minèralogique de la Russie, rédigé par N. Rrichta-
lOViTCH. Yol. III, livr. 9. Novo Alexandria, s. d. ; i fasc. in-4°.
Jahrhitch (les Kônigl. scichsischen meteorologischen Inslitutes. 1896, Jahr-
gang X[V, 3 Abt.; 1897, Jahrgang XV, 1-2 Abt. Cheinnitz, 1898-99;
3 fasc. in-4°.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
ui8 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièroment le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux Tolumes ln-4''. Deui
l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
Uda i" janvier.
1 Le prix de ^abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 30 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Ferrsin frères.
iChaix.
Jourdan.
Ru6f.
,j Courtin-Hecquet.
( Germain etGrassin.
i ' \ Lachése.
. ne Jérôme.
I on Jacquard.
( Fera t.
■ zux ] Laurens.
( Muller (G.).
I es Renaud.
[ Derrien.
j F. Robert.
j J. Robert.
[ Uzel frères.
! Jouan.
: ierv Perrin.
( Henry.
I mrg ,, ■'
( Marguerie.
.„ (Juliot.
, ont-Ferr... J „., „ ,,
( Ribou-Collay. ,
iLamarche.
Ratel.
Rey.
j Lauverjat.
( Degez.
, , i Drevel.
i oLt „
( Gratier et C'V
chelle Foucher.
l„f (Bourdignon.
j Dombre.
. 1 Thorez.
' ( Quarré.
chez Messieurs ;
( Baumal.
Lorient .. ^
{ M"* Texier.
Bernoux et Cumin
Georg.
Lyon / Côte.
Savy.
Vitte.
Marseille Ruât.
( Calas.
MontpeUie, . .] ^^^^^^
Moulins Martial Place.
/ Jacques.
Nancy ! Grosjean-Maupin,
( Sidot frères.
( Loiseau.
Nantes ,, ,
( Veloppe.
i Barma.
Nice ,,■ .■ . ^,.
( Visconli et C".
Nîmes Thibaud.
Orléam Luzeray.
. , ( Blanchier.
Poitiers • 1 ,, ,
( Marche.
Hennés Plihon et Hervé.
Rocheforl Girard ( M»" ).
( Langlois.
Bouen , . .
( Lestnngant.
S'-Étienne Chevalier.
( Poiitcil-Bur!e5.
Toulon „ _^..
( Bumebe.
i Gimet.
Toulouse jp^.^^^
: Boisselier.
Tours j Péricat.
( Suppligeon.
. j Giard.
Valenciennea ,
( Lemaltre.
A msterdam
Berlin.
chez Messieurs :
Feikema Caarelsen
et C'-.
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et C'V
Dames.
Friedlander et fils.
Mayer et Muller.
Schmid et Francke.
Bucharest .
On souscrit, à l'Étranger,
Berne
Bologne Zanichelli.
Lamertin.
Bruxelles MayolezetAudiarte.
Lebègue et C",
Sotcheck et C°.
Slorck.
Budapest Kilian.
Cambridge.. . . Deighton, BelletC».
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
iCherbuliez.
Georg.
Stapelmohr.
Belinfante frères.
( Benda.
( Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig i Lorentz.
I Max Riibe.
V Twielmeyer.
( Desoer.
\ Gnusé.
Genève . .
La Haye.
Lausanne
Liège.
chez Messieurs ;
iDulau.
Hachette et C.
Nutt.
Luxembourg . ... V. Buck.
/ Libr. Gutenberg.
Madrid ) Romo y Fussel.
I Gonzalès e hijos.
' F. Fé.
Milan i^°"« f'""-
( Hœpli.
Moscou Tastevin.
Naples S Marghieri di Gius.
( Pellerano.
IDyrsen et Pfeiffer.
Stechert.
LemckeetBuechnei
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C"
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés et Mouiz.
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro Garnier.
„ ( Bocca frères.
Rome ,
( Loescheret C*.
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin
_ „ , i Zinserling.
S'-Petersbourg..)^^^^^
I Bocca frères.
Brero.
j Clausen.
[ RosenbergetSelliLi.
Varsovie Gebethner et WollV
Vérone Drucker.
l Frick.
Vienne i „ , . . _,.
( Gerold et C".
Ziirich Meyer et Zeller.
ABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1« 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61. - d" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4''; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — ( i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4'; 1889. Prix 15 fr.
DPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
fi 0 1 : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DerbÉs et Â.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent le»
nés, par M.Han»en.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancreaiique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
'S s, par M. Claolk Beemâbd. Volume in-4°, avec 32 planches; i856 ■ ■ • *" ^'
f'ie II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedb». - bs^ai d'une réponse â la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
me concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir ; . Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
m taires, suivant l'ordre de leur superposition . — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
1« rapports qui existent entre l'étatactuel du régne organique et ses états antérieurs ., par M. le Professeur Bronm. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fi,
il même Librairie les Méntolres da l'Académie des Sciences, v. Kémoires présentés par divers Savant» à l'Académie des Sciences.
K 19.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 6 novembre 1899;)
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBKES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. Beiîthelot. — Recherches sur les dia-
miiirs. DiélhylL-ne-clianiine (pipéraziiie ).. 687
M. Beiîthelot. — Sur queh-|ues caracti'ies
des diamines, lires de leur neutralisation. 69^
Pages.
M. Arm.\nd Gautier. — Préparation et
dosage du glycogéne 701
M. Vallieh. — Sur le tracé des freins
hydrauliques 700
MEMOIRES PRESENTES.
M. KiRMiN Larroque siiumet au jugement
de P.Vcadéinie une Note 1. Sur la mesure
de l'intensité des impressions sonores
709
CORRESPO^ D ANGE .
M. le Secrét.ure perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, divers Ouvrages de M. Ernesto
Pascal et de IM. Willaid Gibbs. 709
MM. Ch. Fabry, J. Mare de Lepinay et A.
Perot. — Sur la niasse du décimètre
cube d'eau 709
M. Alphonse Ueuget. — Enregistrement
microphonique de la marche des chrono-
mètres 712
M. P. Curie et 1M"° M. -P. Curie. — Sur la
radio-activité provoquée par les t'ayons
de Becquerel 714
M. H. Becquerel. — Observations à pro-
pos de la Communication de M. et
M"" Curie 716
M. EUG. Demarçay. — Sur le spectre du
radium .■ 716
M. P. DE Heen.
Reproduction électrique
Bulletin bibliographique
de figures de Savart, obtenues à l'aide de
lames liquides
M. Georges Lemoixe. — Transformation du
styrolène en métastyrolène sous l'influence
de la lumière
M. Marcel Guichard. — Sur le bioxyde
de mobybdène
MM. Charles et Georges Tanret. — Sur
le rhamninose
M. Eugène Charabot. — Recherches sur
le développement progressif de l'essence
de bergamote •
M. Louis MA^•G1N. — Sur une maladie nou-
velle des OEillets
.M. Matieucci. — Sur l'état actueldes volcans
de l'Europe méridionale
MM. E. Wertueimer et L. Lepage. — Sur
l'innervation sécrétoire du pancréas
7'9
722
725
72S
73.
73'.
7^7
740
PAKIS. - IMPKI\U-;RIE (>\U TIIIKK-Vl LI.AKS
Quai des Grands-Augustins, 55.
1^ fiertinl .*<>iI1THIBR-VlLLAni
DEO 8 1899
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAU nn. EiEs SEcnérAiKEs perpétuei^s.
T03IE CXXIX.
N^20 (i3 Novembre 1899
\
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE 1,'ACADÉMIE DES SCIENCES.
(Jiiai des Grands-Au5;uslms, 55.
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUl
ADOPTÉ DANS LES SEANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2^ MAI iHyS.
Les Comptes rendus hebdomaaaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1*'. — Impressions des travaux de L'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant,' si les Membres qui y ont
pris pari désirent qu'il en soii fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préiudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les l'rogrammes des prix proposés par l'Acadén
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais lesR
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autj
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance p
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savanu
étrangers à l' Académie. m
Les Mémoires lus ou présentés par des persom
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ai
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'uni
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires s<
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est loujours nomn
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Exir
autant qu'ils le jugent convenable, comme ilslef(
pour les articles ordinaires de la correspondance 0
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remi
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à 10 heures du matm ; faute d'être remis à l«in'
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rei
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu s
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
4
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des i
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative)
un Rapport sur la situation des Comptes rendus ap
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution dup
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qni désirent ta>re présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont p^^^^^^^^^
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 6". Autrement la présenUtion sera remise a la seau
DEC f? 1GS9
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 15 NOVEMBRE 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
R!EMOIRES ET COMMUl\ICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Observation relative aux recherches sur les diammes ;
par M. Berthelot.
(( Dans mon Mémoire publié au dernier numéro des Comptes rendus,
une rédaction trop elliptique est susceptible de produire quelque confu-
sion qu'il est utile de prévenir.
» Après avoir indiqué que l'addition des éléments C^H" (c'est-à-dire
C^H-H-)à l'élhylène diamine la change en diéthylène diamine avec dé-
gagement de +7^"', 8; il convient, dans les exemples suivants : formène
changé en propylène; benzine en styrolène; alcool méthylique en alcool
allylique; acide acétique en acide crotonique, etc., de remplacer la for-
mule C-H^ par C--j-H°, afin d'éviter toute confusion entre l'addition de.
cette somme d'éléments et celle de l'acéfeylène qui en différerait par
G. R., 1^99, 2' Semestre. (T. CXXIX, N° 20.) 99
( 744 )
— 58*^"', I, c'est-à-dire que toutes les additions signalées seraient exother-
miques. Tous les raisonnements exposés sont applicables à la somme
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — La maladie des OEilleis à Antibes ;
par MM. Prillieux et Delacroix.
« L'Académie a reçu, dans sa dernière séance, une Communication de
M. Mangin sur une maladie qui fait un ravage considérable dans les cul-
tures d'OEillets des environs d'Antibes. Sur la demande pressante du Syn-
dicat agricole de cette localité, le Ministre de l'Agriculture nous a chargés,
à la fin de septembre dernier, de l'étude de cette maladie, et depuis lors
plusieurs envois d'OEillets atteints, ainsi que diverses notes et renseigne-
ments, ont été transmis d'Antibes à la Station de Pathologie végétale. Les
études que nous avons entreprises sur ce sujet feront l'objet d'un rapport
au Ministre de l'Agriculture.
)) Nos propres observations confirment celles de M. Mangin, en ce qui
touche l'anatomie des tiges malades et la présence dans les tissus de divers
mycéliums de Champignons.
» Parmi eux, plusieurs évidemment saprophytes ne se rencontrent que
dans les parties tout à fait mortes. Les uns ont donné dans nos cultures un
Macrosporium; d'autres, le Torula herharum, tous deux à filaments noirs.
Dans les mêmes conditions, un mycélium hyalin a produit les conidies de
Trichothecium roseum.
» C'est à une forme mycélienne différente des précédentes et signalée
par M. Mangin que doit être rapportée la cause réelle de la maladie. C'est
elle que nous avons rencontrée d'une façon constante dans les régions
récemment envahies et qui pénètre peu à peu les parties vivantes des tiges.
Ce mycélium hyalin progresse ainsi par l'intermédiaire des vaisseaux. On
le trouve seul fructifié sur les portions de tige simplement un peu bru-
nâtres, quand on les fait séjourner quelque temps dans un milieu maintenu
humide; à la surface de son support, la Mucédinée se développe et végète
en une masse floconneuse, d'un blanc pur.
» Ce Champignon est doué d'un polymorphisme très marqué, comme
l'a constaté M. Mangin; nous y avons rencontré trois formes de fructifi-
cations conidiennes ;
» i" Un FusariLiin, à conidies hyalines, le plus souvent arquées, aiguës
( 745 )
aux deux bouts, parfois droites, en gênerai triseptées, avec des dimensions
moyennes de -iB^ x 3^,5. Les filaments fructifères iiortenl un ou doux
verticilles de 3 à 5 slcrigmates aigus terminés chacun par une conidie
unique. C'est cette forme Fusarium que M. Mangin rapproche des Cerco-
sporella.
w 1° Des conidies hyalines, avec extrémités arrondies, continues au
moins au début, de dimensions variables et pouvant atteindre xo^ à lai^' de
long sur 3i^à 4'^de large. Ces conidies sont isolées au sommet d'assez courts
stérigmates insérés sur les filaments jeunes, irrégulièrement et à angle
droit.
» 3° Des chlamydospores globuleuses, hyalines, à membrane relative-
ment épaisse, de ii^ h iS^^de diamètre. Leur contenu, formé d'abord de
sphérules réfringentes, se modifie bientôt, et les sphérules confluent en
une grosse gouttelette brillante. Ces chlamydospores apparaissent soit au
sommet de rameaux grêles, soit sur le trajet des filaments du mycélium;
parfois elles sont géminées.
» L'examen du Champignon fructifié sur les OEillets malades nous a
montré ces trois formes conidiennes associées, produites par le même m^^-
célium. Nous avons pu les obtenir aussi bien en culture artificielle sur des
fragments de pommes de terre stérilisés en tubes. Des cultures en chambre
humide flambée, faites sur goutte suspendue d'un liquide nutritif, nous ont
permis de suivre leur développement. En semant de cette manière des
conidies de la forme Fusarium, nous les avons vues germer en moins de
vingt-quatre heures à la température de 20° C. Un filament germinatif
part de l'une ou des deux extrémités, et souvent en même temps d'un ou
deux des compartiments intermédiaires. Dès le second jour, les conidies
cylindroïdes se montrent vers les parties extrêmes du mycélium hyalin,
grêle, à peine cloisonné, chargé de très fines gouttelettes. Ces conidies
sont éparses le long des filaments; un bon nombre s'allongent, se cloi-
sonnent, s'incurvent parfois pour évoluer vers la forme Fusarium, de telle
sorte qu'on peut rencontrer tous les intermédiaires entre les deux formes.
Enfin, à partir de la cinquantième heure environ, apparaissent les chlamy-
dospores, dont nous n'avons pu encore suivre la destinée ultérieure.
» A ces formes conidiennes corres])OMd sans doute une forme ascospore
encore inconnue. Nous qualifierons provisoirement l'espèce qui fait l'objet
de cette Note du nom de Fusarium Dianthi nov. sp. »
( 74'" ^
MEMOIRES LUS.
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Recherches sur l' alcoolisme aigu; dosage de
l'alcool dans le sang et dans les tissus ( ' ). Note de M. IV. Gréuant.
« Les recherches que j'ai entreprises sur l'alcoolisme aigu ont consisté
à faire pénétrer clans l'estomac des animaux, à l'aide d'une sonde œsopha-
gienne et d'une burette graduée, un volume mesuré d'alcool à lo pour loo,
puis à faire successivement plusieurs prises de lo'"' de sang dans une artère;
chaque échantillon a été injecté dans un ballon-récipient uni par un tube
réfrigérant avec une pompe à mercure : deux appareils semblables ont été
montés et ont permis d'obtenir rapidement la distillation et la dessiccation
du sang.
M J'ai fait le dosage de l'alcool par le procédé volumétrique au bichro-
mate de potasse dû à mon élève et préparateur M. Nicloux, qui donne des
résultats exacts comme on peut le reconnaître par l'épreuve suivante : j'ai
composé à part deux mélanges très étendus d'alcool et d'eau distillée à
proportions bien mesurées, l'un à -^, l'autre à ^„. Or ces mélanges,
avant été soumis au procédé de dosage, ont donné pour l'alcool les nombres
— V- et -V ; l'erreur relative est comprise entre-^et:f„ : elle est négligeable
et les résultats obtenus dans mes recherches comparatives ne peuvent pas
être contestés.
»
Expérience I. — Chez un chien dogue du poids de ii''s,7, à jeun depuis vingl-
quatre heures, on injecte dans l'estomac en vingt minutes 5'='^^ d'alcool absolu par kilo-
gramme, ce qui fait 585" d'alcool à lo pour loo.
» Une demi-heure après rinjection, on fait une première prise de 10"== de sang qui
est soumis à la distillation et l'on a fait dix jM-ises de sang de demi-heure en demi-heure;
il a fallu travailler avec beaucoup d'activité pour obtenir par la distillation et par le
dosage les résultats suivants :
Alcool absorbé
daos loo" de sang.
ce
Une demi-heure o,4
Une heure o , 5
Une heure trente minutes 0,5^
(') Travail du laboratoire de Physiologie générale du Muséum d'Histoire natu-
relle.
( 7 17 )
Alcool absorbé
dans 100" de sang.
Deux heures 0,57
Deux heures trente minutes 0,6
Trois heures 0,57
Trois heures trente minutes 0,67
Quatre heures 0,66
Quatre heures trente minutes o,53
Cinq heures o,Di
» C;e Tableau est très instrtictiF: il montre qu'à partir d'une heure et
demie après l'injection dans l'eslomac, jusqu'à quatre heures après, la
pro[)ortion d'alcool dans le sang est constante, égale ào'^'=,57; la courbe
qui représente les résultats offre un long plateau parallèle à la ligne des
abscisses; c'est la période d'ivresse profonde. Aussitôt que la proportion
d'alcool baisse dans le sang, quatre heures et demie et cinq heures après
l'injection, l'animal fait des efforts continuels pour se relever, mais il
retombe sur le sol et ce n'est qu'au bout d'un certain nombre d'heures
qu'il est complètement rétabli.
» L'alcool ne se trouve pas seulement dans le sang, mais on peut le
retirer des tissus qui en sont tous imprégnés.
» Expérience II. — Chez un chien du poids de ii''s,6, on injecte dans l'estomac
5So" d'alcool à 10 pour 100 ou 58™ d'alcool absolu, 5"° par kilogramme; trois heures
après l'injection, qui a duré un quart d'heure, on sacrifie l'animal par hémorragie de
l'artère carotide;" on a obtenu 5o5" de sang; l'animal n'a point présenté les convul-
sions de l'anémie; 100" de sang renfermaient 0"^=, 02 d'alcool absolu.
» L'estomac contenait 3835"' de liquide que l'on a distillé et le dosage de l'alcool a
donné 2", 3 d'alcool absolu tandis que le contenu de l'intestin grêle a donné seulement
o«S 8 d'alcool, de sorte que 58 — 3, 1 c'est-à-dire 54"'S9 d'alcool absolu ont été ab-
sorbés en trois heures un quart.
» Le cerveau qui pesait 70s'' a été haché et introduit dans un ballon-récipient; le
dosage de l'alcool calculé pour loos"' de cerveau et de différents tissus a donné :
Alcool absolu.
ce
Cerveau o,4i
Muscles 0,33
Foie o,325
Reins 0,39
» On a pu détacher de l'animal la plus grande partie des muscles dont le poids a été
trouvé égal à 3''°, 6; looS'' de muscles renfermaient o"'-, 33 d'alcool absolu; 3''"', 6 con-
tenaient H'^jQ d'alcool.
( 748 )
» Les données numériques que j'ai obtenues et que j'ai l'honneur de
pj'ésenler à l'Académie des Sciences serviront de base à mes recherches
ultérieures sur l'alcoolisme. » ».
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage de M. L.-J.-B. Bérenger-Féraud ayant pour titre : « Le
baron Hippolyte Larrey ». (Présenté par M. Guyon.)
2° Un Ouvrage de M. André Broca : « Sur la télégraphie sans fils ». (Pré-
senté par M. Cornu.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les congruences de cercles et de sphères qui
interviennent dans l'étude des systèmes orthogonaux et des systèmes cy-
cliques. Note de M. C. Guichard, présentée par M. Darboux.
« J'appelle, selon l'usage, joofe d'un cercle, les centres des sphères de
rayon nul passant par le cercle. Ou peut alors, par des considérations tout
à fait élémentaires, établir le théorème suivant :
» Théorème. — Si une sphère S décrit une congruence, le cercle C, quia
pour pôles les points A et A' oit la sphère S touche son enveloppe, décrit aussi
une congruence.
)) Réciproquement :
M Si un cercle C décrit une congruence, la sphère S, quia pour centre le point
où le plan du cercle C touche son enveloppe et qui passe par les pôles A et k' du
cercle C, décrit aussi une congruence. La sphère S touche son enveloppe aux
points k et k' .
» Ces congruences de sphères (S) et de cercles (C) sont dites adjointes.
» Ces systèmes possèdent les propriétés suivantes :
» Si une sphère S et un cercle C décrivent des congruences adjointes, les con-
gruences décrites par les deux cercles focaux de S sont adjointes aux con-
gruences décrites par les sphères focales de C.
» Si une sphère S et un cercle C décrivent des congruences adjointes, toute
congruence de cercles harmonique ou conjuguée à (S) a pour adjointe une
congruence de sphères harmonique ou conjuguée à C et inversement.
( 749 )
» Ces théorèmes jouent un rôle important dans cette théorie, ils per-
mettent (le ramener tout problème sur les congruences fie sphères à un
problème sur les congruences de cercles et inversement. Ils sont analogues
aux théorèmes qui constituent la loi de parallélisme des réseaux et des
congruences.
» Cela posé, soit S une sphère qui décrit une congruence, x,,x.j., . . .,0;^
les coordonnées de la sphère qui satisfont à l'équation
\ '' dudv Ti ai' du l Ou dv
» Je dirai que la congruence S est I si
.t; + xi -^'- ...-.- XI ^-^ o,
d'une manière générale la congruence S sera/jl si l'on peut trouver (p — i)
solutions 7, ,j., .. . Vp-, de l'équation (i) telles que
x\ + ... + xi-^rSyi'^=o;
on suppose de plus que l'expression
p-\
dx\+... +djc\\-y,(fyl
1
n'est pas identiquement nulle.
» La congruence S sera une congruence O si l'équation (i) admet trois
solutions y, ,j2,73 telles que
x\ -\-xl + ... + xl ==/; + yl +yl ,
dx] -\- dxl-^ . . . ^ dx'l — dy] -f- dy\ + dyi ;
d'une manière générale, la congruence S est /jO si l'équation (1)
admet /7 + 2 solutions j, ,7., . . ,7^+0 telles que
x] + xl-^ ...^ x\=y] + y: + . . . + j;^,,
d.v] + dxl-^ ...-^dx\=^dy\ V dy\-h...-\- dy^^.,.
» Enfin la congruence S sera C si
oc]-^xl-^...+xl = li" {}■' + /^ V-,
U et V étant respectivement des fonctions de u et de v.
» D'une façon générale, la congruence S sera pC, si l'équation (1)
( 7'"> )
admet (/) — i) solutions j,,)'2. . . . J^-, telles que
r
-1
x', 4- xl-l-... + x: + Syl =~ h-V' -- l' V
I
» Une congruence de cercles, adjointe d'une congruence de sphères,
sera désignée par la même notation que cette congruence.
» Un cercle I corrt^spond à un réseau de l'espace à cinq dimensions
applicable sur un réseau à une seule dimension; un cercle /jI correspond
à un réseau île l'espace à cinq dimensions applicable sur un réseau à p di-
mensions.
» Un cercle O correspond à un réseau orthogonal dans l'espace à cinq
dimensions; un cercle/?0 à un réseau de l'espace à cinq dimensions que
j'ai désigné par la notation pO dans mon Mémoire Sur tes systèmes cycliques
et sur les systèmes orlhogonaux {Annales de F École Normale, 1897 et 1898).
)) Dans ma prochaine Note, j'indiquerai les propriétés principales des
systèmes que je viens de définir. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations du second ordre à points
critiques fixes. Note de M. Paul Painlevé, présentée par M. Poincaré.
« Dans des Notes antérieures {Comptes rendus, 1898), j'ai formé expli-
citement toutes les équations
(où R est rationnel en t^' ^t Y, analytique en X), dont l'intégrale génc-
raie a ses points critiques fixes (').
» Je me propose de traiter ici la question inverse :
>i Étant donnée une équation (1), reconnaître si elle a ses points critiques
fixes et {quand il en est ainsi) l'intégrer ou la ramènera un type canonique
irréductible.
)) Je représenterai, dans ce qui suit, par /c, / des constantes arbitraires,
par a, p, ... des constantes numériques, par a, b, ... des fonctions delà
variable indépendante et par a', b', ..., a", h", . . . leurs dérivées.
(') Les points critiques soiil les points autour descjiiels plusieurs branches de l'in-
tégrale r(a:) se permutent; r{x) peut présenter des pôles mobiles et des singularités
essentielles mobiles.
( 7^1 )
» Premières conditions. — Il l;uit d'abord que K soit de la forme
A(Y,X)(;^;y+B(Y,X)^+C(V,^),
et que A coïncide a\ec une des /«ew/ expressions suivantes :
îrt
2VaYH
— ^^ ~, ^ V , ,1 \ " entier > J
(' I , a b
e\+/ ■2\a\ -h b
c
c\ -h d
e
c\
2
3\«Y
a
b
eY
2 aY + 4
eY-+-^
c
+
\ -\-d
3
+ 4VcY4-«/
I e
«"■Y.
eY
6 flY + /^ ' 3 c-Y + ^ ' 2 eY + /'
Il est loisible d'effectuer sur Y la transfoiniation homographique qui
change les valeurs ' "~ ^7' ~ -7 en x, o et i; cela fail, si, pour les
expressions précédentes de rang 3, 5, 7, iS, 9, ou pose respectivement
:;^Y", -^ = Y^ .^=[Y(Y-i)]% ; = [Y(Y-i)f, = = Y% on ramène
les expressions 3 à 2, 5 a 4- 7. 8 et 9 à G et l'on montre que la nouvelle
fonction :■ a ses points critiques fixes en même temps que Y. Moyennant
ces transformations algébriques préalables, A coïncide donc avec une des
trois expressions.
o, Y'
Y-
oii A est, suit une constante numérique a, soiL une (oucLiuu de X., que la
transformation X, ;= A(X) fait coïncider avec X.
M Deuxièmes conditions. — Cette première réduction effectuée, l'équa-
tion (si elle a ses points critiques fixes) coïiiciile avec une des équations du
Tableau suivant, ou s'y ramène par une transformation y=l(X)Y-t-a(X),
x — <!^(X), où X, [/., '\i s'expriment atgèbrif/uement à l'aide des coefficients
de (i) et de leurs dérivées.
i) y" = ay' -h Ijy -h i' (équation linéaire du deuxième ordre),
ou y
.bz
2.) y" = — 'iyy' — .y' -h ay -\- b
3) y" — — lyy' -+- a(y' +y-)+ b [ouy' + y- =^ u, u' = au -h b\,
4 ) y"—y'^-ha[i y.y'-' -f- G [iy- -h yv -t- '^ | [ ou y'' = a yy ' + _', [iy-' - ; - --y
C. U., iSgy, !' .Semescie. ('1. CXXI\, N' 20.)
■2^y+-{i].
iOO
( 7^2 )
(^) y'—~'àay-h-2y-'—Y(a'-h2a'^) ou (/ + ay)'- = j* + m, — = — 4a]
(6) /'=— ;«r'-i- ^.7" — 7 («'+ -7-) "" (.v'-t-«j)^=.v' + (/, ^ r= — 3al
(7) 7"= — xr'+ y'- a(3j'-l- v')— (a'-h 2flM V fou >'=-.-^=£=.
if .' z' v'cl
1 ou r= — — , -, — ' — = -^ ,
= M, — =
-4
(8)
12Z -h k
-4
- jy + J' - « ( 3/' + y ) + by - ^^ «^'ec ^/ = ^-^ :
a + 2rt-
12
(9) ■
[
ou K — -, — ^ > z=p{l-Jrl^ o, X-), « = e-f"''^, l = ~
]
(10;
[
ou Y
\'P(-r)\'
(II) yj"=: y='H ry + «(a'J* + [^j' + YV+^) [ou y'^ = a(x)\xy''-+-'2^y^ — ■2yy—o-
l .xr' = j ' + «(i - '-)yy + [a'-f- a^ (^i — i j] /-■ + [i - ^)y
( 12) / (1 = 0, I, 3 ou 4)
f [ou (y +«7)'-/ = "7'. ^ = (2-0«
1 y'
( 13) yy" — y -+- ayy' -+- by- ou — = w, a = au
yy'=y-+y \y{Yc -«) + «] +rO' ^ v)
jou [y +a(/+ i)]'' = cy[(j+ I )--«], ^=-2a
jy — j'^+ y'[a(y-H- 1) + by] + (a— ^«) 7(7- — i)-+-cj-
[ou y = <2(y — i) + uy, u' = bu -t- cj,
-^r].
(-4)
(.5)
y'c4 —a — n-
(16)
iYy"=y'-+-y{i^ay)-^by' + cy'- + ay, avec c = (^j - a\ï-2(a -h a') - j -^ -jj:^
'6)' ? n.
jou y+i+.y(7 «) = y-by''^ -h uy-, u'—-2au — 2b ^y
(17) yy' = y--{- y{ay -i- by- ) -i-y\b' — ba) + cy- [ou y— 6y-=M>', «— c///4-eJ,
( 75:^ )
■' • ■ L 2r(.r-i)(7-«) J - L ;//(/- ')(/-«) " J
[i' — a'
OU J = -^~~ — ) s" = ()S^ + .r
2i) y" = 2 y^ + £ry + 0.,
22) Yy"—Y"- — ^ — «r* — ? — H- y - -f- ^ (y ou S :/: o).
23) Yy"= —(-H — '- — I — ^ — ) + y'(— ' —
X x) 2X(.» — "){y — oc)
I) Les cinq dernières équations sont seules irréductibles. La question
posée est ainsi entièrement résolue. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la généralisation des développements en
fractions continues, donnés par Gauss et parEuler, de la/onction (i -+- x)'" .
Note de M. H. 1*adé, présentée par M. Appell.
« 1. Dans ses Diquisitiones générales circa seriem infinitam
I H -X +
'■T
Gauss donne (n" 14, formule 3 1) le développement suivant, en fraction
continue, de la fonction (r + .ce)" :
(i+.r)""=: ^-
m + 1
X
m — 1
■ X
2.3
2(TO -4- 2 )
^^ X
l.k
ni m — 2 )
X
.--A±
>i Si l'on fait correspondre à chaque réduite de cette fraction le point
qui a pour abscisse le degré du dénominateur, et pour ordonnée le degré
( ^A )
An numérateur, on ol)tientle schéma suivant
J/J
•j:
o:_r
où A, B, C, . . . sont, les points représentatifs des réduites successives de l;i
fraction.
)) Celte fraclion sp çénéralise; on a, en pfTet.
(i 4- .r)'":
m
- .r
I
m [m -+- 1)
■(-I)
, )V. '^'(W +■)•••(»' + 1^- " .pji
M-!
"^ ' (:^ + i)!
.y*
. G. —
A(u,'J) B
( JA + I ) ( |J. + 1 + »? )
(tX+l)(tX+2)
i(i — m)
(jX + 2)(iJ. + 3)
{;x+2)(,a-)- 2 -(-/m)
2(a — m)
» Le schéma relatif à ce développement de (r +.r)'" est analogue à
celui de la fraction de Ganss, mais au lieu que la première réduite A soif
figurée par l'origine, elle l'est par le point d'abscisse <j. de l'axe des x.
» La loi des numérateurs partiels de P est la suivante : si l'on repré-
sente ces numérateurs successifs par r, r^x, r.x, r,,.!" on a
r.,,=
i{ i — m)
(|J. + 2 /l(l-^ -(-'''' + ')
r-ii+K =
(lJ.H-/ + i)(F^-t-i + I-H m)
( [A + 2 J H- l ) ( |J. -t- 2 « + 2)
On peut aussi terminer la fraction en prenant pour quotient complet
I + r„x X -^y. et alors, F(a, 3, y, x) désignant la fonction hypergéomé-
fn
trique de Gauss,
J\.— F(a 4- / -t- I -H W. /. [)■ 4- 2?' -h I , — x).
/„+, = F([^. 4- ?■+ I 4-W. i-+- I. i^-l- 2«'-(- 2, — X).
( 755 )
)) Il suffit de faire, dans ce développement, y. -= o pour retrouver la fraction
de Gauss.
» 2. L'application de la formule générale donnée par Enler dans son
Introductio pour le développement en fonction continue d'une série quel-
conque donne, quand on l'applique à la série du binôme, la fraction sui-
vante :
^1
oi
J
(T + .r)"
m — 2
I — = — X
près de laquelle nous avons placé sa représentation schématique.
» Sa généralisation s'oblient en prenant pour la quantité désignée par P
ce développement
D.
cl
ei
A(fL,o)
i ( I — m)
(|X-+-l)(|J.-|-2)'
a -+- 1
! ( 2 — m)
I -f- ~ X
((I.+ 3,)(|X-t-3)
|j. — 2 -(- m
» Si l'on désigne par i. r, .r. r.^x, r,,r. ... les numérateurs partiels, et
par I +- .*■„ r, i-l-.v,x, i-i-v^r- ■•• ^*"^ dénominateurs partiels de la frac-
tion P, on a généralement
i(i — m)
T: = ^^ '-
( a H- : ) ( [A -I- «
(A — l -'r ni
I)
En la terminant par le quotient complet t -f- s„_^t -t- r„x^-^, on a
/-.
/■ = F(a -f- I H- m, i, fy. -f- f -I- I . — .r ).
La fraction d'Euler correspond au cas où a ;= o.
» 3. Les réduites des deux fractions continues générales ici données
sont toutes des fractions rationnelles approchées ou réduites, au sens précis
( 756 )
que j'ai donné ;i cette locution dans des Communications antérieures, de
la fond ion développée.
» J'aurai l'honneur, dans une prochaine Communication, de faire con-
naître à l'Académie les fractions continues qui généralisent les trois déve-
loppements donnés par Lngrange, différents de ceux de Gaiiss et d'Euler,
de la même fonction (i ■+■ œ)"', ainsi que des fractions continues entièrement
nouvelles, relatives à cette même fonction. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. —Nouvelle manière de considérer la propagation
des vibrations lumineuses à travers la matière. Note de M. G. Sagsac,
présentée par M. Lippmann.
« Je considère les vibrations lumineuses à l'intérieur d'un corps comme
s'y propageant par l'intermédiaire d'un milieu identique à l'éther du vide.
Ce milieu vibrant n'est donc pas regardé comme autrement dense ni autre-
ment élastique que l'éther du vide. Je ne considère pas non plus de réac-
tions mécaniques entre l'éther et la matière. Je fais intervenir directement
la discontinuité de ta matière suivant le mécanisme principalement cinéma-
tique que je vais brièvement décrire :
» Chaque particule ou atome du milieu matériel renvoie en tous sens
une |">roportion bien définie des vibrations qui l'abordent. Cette réflexion-
diffraction des vibrations lumineuses par une particule matérielle peut être
comparée à l;i réflexion-diffraction de vibrations électriques de Hertz par un
petit corps conducteur plongé dans le vide, de dimensions très petites vis-
à-vis des longueurs donde des A'ibrations électriques incidentes.
» Soit le cas fondamental d'une série d'ondes lumineuses planes de
période simple arrivant dans le ville parallèlement à la surface plane P
d'un milieu isotrope très transparent. Chaque couche de particules du milieu
sépare les vibrations qui l'abordenten vibrations transmises et en vibrations
réfléchies. La même subdivision se poursuit par transmission et réflexion sur
les diverses couches de particules. Il se produit ainsi un nombre théorique-
ment infini de systèmes de vibrations élémentaires ayant subi des transmis-
sions et réflexions plus ou moins nombreuses.
» Toutes les vibrations élémentaires qui ont subi un nombre pair de ré-
flexions sur les particules se pro|)agent vers l'intérieur du milieu matériel.
Sur un même plan S parallèle à la surlace P du milieu, ces vibrations ar-
rivent avec des phases diverses en raison des chemins diversement repliés
( 757 )
qu'elles ont parcourus dans le vide d'une particule réfléchissante à une
autre. La résultante de ces vibrations élémentaires d'ordre pair définit, en
chaque point libre du plan S, la vibration périodique transmise à l'intérieur
du milieu. De même, les vibrations élémentaires qui ont subi un nombreim-
pair de réflexions reviennent traverser la surface P du milieu; leur résul-
tante définit, en chaque point libre de P, la vibration réfléchie à la surface
du milieu.
» Quand le plan S s'éloigne dans le milieu à une distance de la surface I'
supérieure à une certaine valeur e, les vibrations d'ordre impair qui tra-
versent le plan S dans la direction de P sont renvoyées par les couches de
particules comprises entre S et P sensiblement comme si la distance e de S
à P était infinie ( ' ). A partir de ce moment, un même accroissement Ae de
l'épaisseur e de matière comprise entre S et P produit toujours un même
accroissement Ar du retard r de la vibration réfractée.
» Le retard r est considéré comme la moyenne définie par la règle de
Fresnel entre les retards divers S que les diverses vibrations élémentaires
d'ordre pair ont éprouvés en se propageant par allées et venues dans le
vide entre les particules réfléchissantes ("). Les retards élémentaires ?î
croissent par degrés successifs comparables au double de la distance
moyenne des particules, donc, en général, par degrés extrêmement petits
vis-à-vis de la longueur d'onde. Tous ces retards S surpassent l'épaisseur e
du milieu traversé; le rapport désormais constant — est supérieur à l'unité;
c'est l'indice n de réfraction du milieu.
« D'après ce mécanisme, Xa vitesse de propagation de la vibration trans-
mise prend une valeur constante V égale à — ^ (la vitesse d'une onde plane
dans le vide étant Vo ) seulement au delà de la couche optique de passage
définie par l'épaisseur s du milieu supposé parfaitement homogène.
(') L'épaisseur z renferme un nombre N de couches de particules suffisant pour que
l'on puisse, dans le calcul delà vibration transmise par le milieu, négliger la vibration
élémentaire, seule de son espèce, qui est transmise sans aucune réflexion successive-
ment à travers les N couches de particules de l'épaisseur e. Il en résulte que la trans-
mission de la lumière ne peut se faire au-dessous de la couche de passage que par le
mécanisme de réjlexions plus ou moins nombreuses des vibrations élémentaires.
(-) Pour les corps doués d'une absorption élective notable, la résonance des par-
ticules (Stokes) introduit en outre dans chaque réllexion un changement de phase qui
ne s'élimine pas de lui-même et qui devient rapidement très important à mesure que
la résonance devient très intense. Je reviendrai sur cette importante question.
(758)
L'expérience conduit à admettre que la réflexion de la lumière par un
milieu tel que le verre, l'eau, a lieu sur une épaisseur comparable à une
assez médiocre fraction de longueur d'onde de la même manière que si
cette épaisseur était infinie. Cette épaisseur de la couche optique de pas-
sage pour la réflexion de la lumière est comparable à s. Donc quand l'épais-
seur c du milieu traversé par les vibrations n'est pas trop petite, on ne
commet pas d'erreur sensible en admettant que la propagation des vibra-
tions transmises se fait dans toute l'épaisseur e avec la vitesse constante
— 1 bien que cela soit certainement inexact.
n ^
» La valeur — de la vitesse de propagation s'étend au cas d'une onde
sphérique de grand rayon en appliquant le principe d'Huygens à la propa-
gation du ^/a« d'onde S dans l'étendue duquel les vibrations transmises sont
en moyenne svnchrones pour l'incidence normale. Le principe d'Huygens
permet alors de démontrer, pour une incidence quelconque, l'existence
d'une onde plane discontinue réfractée à travers la face plane P du milieu,
aussi bien que d'une onde plane continue réfléchie par la surface plane P.
Ces deux ondes se pro|)ag<int suivant les lois géométriques connues.
» Si l'on se borne au cas d'un milieu suffisHuiment dense et de vibra-
tions de longueur d'onde suffisamment grandes, de manière que la longueur
d'onde soit égale à un assez grand nombre de fois la distance moyenne des
particules, le principe d'Huygens-Fresiiel montre assez facilement ceci :
bien que chaque particule réfléchisse et diffracte en tous sens les vibrations
lumineuses, Y ensemble des particules du milieu ne diffracte pas sensiblement
la lumière en dehors des directions de rayons correspondant aux ondes
réfléchies et réfractées déjà définies.
» Le mécanisme précédent est surtout cinémalique. Il m'a paru utile de
n'introduire les considérations soit dynamiques, soit électromagnétiques,
qu'au moment où la nature du problème l'exige absolument, de manière à
. rendre les raisonnements théoriques aptes à guider tacilement les
recherches. Je me propose de montrer que déjà à eux seuls les principes
cinématiques présentés rapidement dans cette Note permettent de traiter
avec précision et simplicité certains problèmes liés actuellement à des con-
sidérations dynamiques complexes, et de conduire parfois à des consé-
quences nouvelles. »
( 759 )
OPTIQUE. — Sur la spectrophotométne des lumières électriques.
Note de M. Feuxand Gaud.
« Nous avons l'honneur de soumettre à l'Académie les résultats obtenus
dans l'étude speclrophotométrique des lumières électriques à incandescence
et à arc comparées à la lumière solaire.
)) Ces données ont été obtenues en décomposant chacune de ces
lumières par des écrans de couleurs homogènes et appréciant l'intensité
des faisceaux transmis, au moyen d'un simple appareil photométrique
Foucault ou Bunsen.
M Avec ce mode opératoire, les procédés sont considérablement simpli-
fiés, et à condition d'être sûr de l'homogénéité parfaite des rayons transmis
par l'écran, on peut compter sur des résultats peut-être plus exacts que
par les specirophotomètres.
)) Nous nous sommes servi d'écrans en verres de couleur ; leur examen
a été fait suivant le procédé de Frauenhofer: observation à travers un
réseau de la lumière transmise par l'écran et mesure des angles de dévia-
tion des images. On a trouvé ainsi très exactement la longueur d'onde de
la radiation de chaque écran.
)i Ensuite on a disposé sur le photomètre les sources à comparer munies
chacune de l'écran jaune et de manière à obtenir l'égalité d'éclairement
pour la raie D. En substituant à l'écran jaune toute la série des écrans
colorés, on était obligé chaque fois, pour assurer l'égalité d'éclairement,
de modifier la distance de l'une des sources, distance qui, de L, devenait
L,, L„, . . ..
» Les nombres ( -r ) ' (-p ) ' • • • mesurent le rapport photométrique des
deux lumières pour chaque couleur considérée. Il a suffi de porter ces
nombres en ordonnées avec, comme abscisses, les longueurs d'onde des
couleurs correspondantes pour réaliser une courbe qui a donné la mesure
exacte des rapports pour les raies principales du spectre. Ce sont ces rap-
ports qui forment le Tableau ci-après :
Incandescence électrique Arc électrique
Longueur d'onde. Suleil Soleil
800 [x II ,86 I ,67
Raie A 4,88 1,87
» B 2,68 1,28
G. R., 1899, 2" Semestre. (T. CXXIX, N° 20.) lOI
( 1^- )
Incandescence clectiidue
Arc
électrique
Soleil
Soleil
i,25
0,97
I ,00
I ,00
0,38
0,77
0,1-
0,56
0, 10
0,83
o.o5
1,21
Longueur d'onde.
... c...
» D...
« E. . .
» F. . .
« G. . .
,. H. . .
CHIMIE. — Sur le poids atomique du métal dans le chlorure de baryum
radifère ('). Noie de M""' Skliidowsk.v Cuuje, présentée par M, Bec-
querel.
(( Nous avons publié anlérieuremenl, M. Curie, M. Bémontet moi, un
travail dans lequel nous avons montré que les composés de baryum ex-
traits des minerais d'urane étaient doués d'une très grande radioactivité.
En nous basant sur ce caractère de radioactivité nous avons émis l'opinion
que le baryum actif contenait un élément nouveau, le radium (").
» l^es sels de barvum directement extraits des minerais d'urane ne se
distinguent des sels de baryum extraits d'autres minerais que par leur
radioactivité; ils ne donnent au spectroscope que les raies du baryum, et
l'on trouve le poids atomique du baryum pour le métal.
» Par des méthodes de fractionnement convenables on peut concentrer
la radioactivité de manière à obtenir des produits de plus en plus actifs.
» M. Demarçay a bien voulu étudier au spectroscope ces produits suc-
cessifs. 1! a pu ainsi découvrir et suivre l'apparition d'un spectre nouveau
qui, dans les derniers produits examinés, a atteint la même intensité que
celui du baryum.
)) De mou côté j'ai déterminé le poids atomique du métal dans ces pro-
duits successifs. J'ai trouvé que le poids atomique du baryum fortement
radioactif est plus fort que celui du baryum ordinaire et que cette diflé-
rence croît en même temps que l'activité du produit.
» J'ai soumis à une cristallisation fractionnée 2^^ de chlorure de baryum
radifère purifié qui ont été extraits d'une demi-tonne de résidus déminerai
d'urane ('). Ce traitement a pour eiïet de concentrer la radioactivité dans
(') Ce travail a élé fait à l'Ecole municipale de Plnsique el de Cliimie iuduslrielles.
(-) Comptes rendus, décembre 1898.
(') Une tonne de ces réiidui a élé gracieusenent ofTcrli; pour nos recherches par
( 7^' )
les pnrties les moins solubles. J'ai ensuite effecliié sur le rlilorure très actif
obtenu quelques précipitations fractionnées par l'alcool; l'activité se con-
centre dans les parties précipitées.
» T-e chlorure de baryum radifère ainsi obtenu est traité par l'hydrogène
sulfuré pour éliminer la petite quantité de plomb qui s'y trouve; après cela
il ne contient plus aucune impureté connue en quantité appréciable.
» J'ai déterminé le poids atomique du métal en dosant le chlore dans le
chlorure anhydre par Tazotate d'argent. Le poids de chlorure employé
était de os^ 5 environ.
» Chaque détermination du poids atomique du métal dans le chlorure
actif était accompagnée, comme contrôle, d'une mesure analogue effectuée
sur le chlorure de baryum inactif.
» L'activité du chlorure de barvum actif avant fractionnement était en-
viron soixante fois plus grande que celle de l'uranium; mais pour obtenir
une différence de poids atomique, il faut atteindre une activité plusieurs
milliers de fois plus grande que celle de l'uranium.
» Dans le Tableau ci-après i désigne le courant électrique que produit le chlorure
de baryum actif quand il occupe une surface circulaire de 2'^'" de diamètre au centre
d'un des plateaux d'un condensateur de dimensions suivantes : diamètre des plateaux,
S™; distance des plateaux, 3"". La différence de potentiel entre les plateaux était de
100 volts. Le courant que donne, dans ces conditions, Turanium métallique est égal à
0,25 X io~" ampères.
» J'ai désigné par a la radioactivité du chlorure actif, celle de l'uranium étant prise
comme unité. C'est le 'rapport du courant électrique produit par le chlorure actif à
celui que donnerait l'uranium dans les mêmes conditions.
» J'ai désigné par m le poids atomique du métal dans le chlorure radioactif et par
Ba le poids atomique trouvé pour le baryum dans l'expérience de contrôle faite dans
les mêmes conditions avec le chlorure de baryum inactif.
m. Ba.
i4o,o i38,i
i4o,9 i37,6
i45,8 187,8
» Ou voit qu'il v a une différence très notable entre le poids atomique
('. 10+" ampères.
0.
7.50
3ooo
1170
4700
1870
7D00
le Gouvernement autrichien. Nous remercions à ce sujet M. Suess, Président de l'Aca-
démie des Sciences de Vienne, Correspondant de l'Institut de France, qui nous a
prêté dans cette circonstance son bienveillant appui. Le traitement de ce minerai a
été organisé par M. Debierne.
( 762 )
du baryum et celui du métal du dernier chlorure de baryum radifère
soumis à l'expérience.
» Il est nécessaire de remarquer que les activités radiantes des chlorures
de baryum radifèresont été mesurées pour chacun d'eux à l'état sec aussitôt
après la préparation. En effet, la radioactivité de tous les composés de
baryum radifères augmente encore très fortement pendant plusieurs jours
après le passage de Tétat de dissolution à l'état solide, soit par cristallisa-
tion (chlorure) soit par précipitation (sulfate, carbonate). Cette activité
semble atteindre, au bout de quelques semaines, une valeur limite qui,
pour les composés très actifs, peut être cinq ou six fois plus grande que la
valeur initiale. Ce fait que nous connaissions, M. Curie et moi, mais que
nous n'avions pas encore publié, a été décrit par M. Giesel pour les sels
solubles (').
» Le chlorure de baryum radifère dont le spectre vient d'être décrit par
M. Demarçay (-) avait à l'origine une activité a =■ 17000 ('). Je n'ai pas
encore eu assez de ce produit pour faire une mesure de poids atomique.
)) L'étude spectrale de M. Demarçay et les expériences que je viens
d'exposer semblent prouver que l'élément hvpothétique que nous avons
appelé radium existe effectivement et qu'il possède un poids atomique plus
élevé que celui du baryum. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la préparation et les propriclés des phosphures de
strontium et de baryum cristallisés. Note de M. A. Jaboix, présentée
par M. Henri Moissan.
« Les composés binaires définis du strontium et du baryum avec le phos-
phore n'ont pas encore été préparés jusqu'ici.
» On connaît, sous les noms de phosphure de strontiane et de phosphure
de baryte, des corps de nature assez complexe obtenus par Dulong (") et
Dumas ('), par l'action de la vapeur de phosphore sur la strontiane ou la
baryte caustique chauffée au rouge.
(») Wied. Ann., t. LXIX, p. 91.
(') Comptes rendus, 6 novembre 1899.
(') C'est par erreur que nous avons indiqué à M. Demarçay le nombre 70000
comme valeur de l'activité initiale de ce produit.
(') DcLONG, Mémoires de Physique et de Chimie de la Société d'Arcueil, t. III,
p. 408.
(^) Dumas, Annales de Chimie et de Physique, 2" série, t. XXXIII, p. 363.
(763 )
» En utilisant le procédé indiqué par M. Moissan dans la préparation du
phosphure de calcium au four électrique ( ' ) nous avons pu réaliser la pré-
paration des phosphures de strontium et de baryum cristallisés.
» Phosphure de stroîntium : Préparation. — Nous avons préparé le
phosphure de strontium cristallisé en réduisant par le charbon, au four
électrique, le phosphate de strontium pur. Ou prend : phosphate de stron-
tium, loo parties; noir de fumée, 22 [jarties.
» On mélange intimement et l'on fait des agglomérés, au moyen de
l'essence de térébenthine. On chauffe ce mélange au four Ferrot, puis on
l'enferme ensuite dans un flacon bien sec.
» Ces agglomérés sont chauffés au four électrique, dans des creusets
de charbon, pendant trois à quatre minutes, avec un courant de 930 am-
pères, sous 45 volts. La durée de la chauffe doit être bien observée, car
une chauffe insuffisante fournirait un produit incomplètement réduit, et
une chauffe trop prolongée donnerait \\n produit mélangé de carbure.
» On relire le creuset du four et on le recouvre immédiatement avec
un disque de charbon pour éviter toute oxydation; on brise le creuset
pour recueillir la substance, dès que la température le permet, et l'on
conserve le produit dans des flacons à l'émeri bien bouchés, ou, mieux,
dans des tubes scellés.
» M. Moissan, dans son étude sur le phosphure de calcium cristallisé,
avait préparé ce corps en soumettant à l'action du four électrique le phos-
phure de chaux de F. Thénard placé dans un creuset de charbon. Par
analogie, nous avons répété cette opération avec du phosphure de stron-
tiane; nous avons obtenu un résultat identique.
» Propriétés. — Le phosphure de strontium se présente en fragments
noirâtres à cassure cristalline brillante d'un rouge brun, qui s'altère assez
rapidement à l'air humide. Il est presque toujours souillé de graphite et
de carbure de strontium. Au microscope, le corps pulvérisé a l'aspect d'une
poussière cristalline de coideur foncée exagérée par la présence de carbone
disséminé dans la masse. Il est peu fusible, nous n'avons pu le fondre qu'au
four électrique. Sa densité est de 2,68.
M L'hydrogène est sans action à la température du ramollissement du
verre. Le phosphure de strontium brûle dans le chlore vers 3o° : il se forme
du chlorure de phosphore et du chlorure de strontium. Le fluor a une
(>) H. Moissan, Comptes rendus, t. GXXVIII, p. 787 al Ami. de CIdm. et dePliys.,
7'= série, t. XVIII, p. 827.
( 764 )
action analogue à la température ordinaire; le brome réagit également à
une température de 170"-! 75° et l'iode à une température voisine du rouge.
» Il brûle dans l'oxygène à une température supérieure à 3oo°; avec le
soufre il se produit également une incandescence, mais il faut fournir une
quantité de clialeur plus considérable.
» Le carbone déplace le phosphore à haute température pour donner du
carbure de strontium ainsi que nous l'avons indiqué dans la préparation du
phosphurc.
» Au rouge, le sodium n'a pas d'action sur le phosphure de strontium.
» L'acide chlorhydrique gazeux l'attaque avec incandescence à une
température inférieure au rouge; l'hydrogène sulfuré et l'ammoniac sont
sans action dans les mêmes conditions.
» L'eau décompose à froid le phosphiu'e de strontium pour donner un
hydrate de strontiane et de l'hydrogène phosphore gazeux.
» Quand la chauffe a été faible, le gaz dégagé est souvent spontanément
inflammable et est quelquefois accompagné d'hydrogène; au contraire, il
ne s'enflamme pas quand la chauffe a été poussée un peu loin, mais dans
ce cas il y a dégagement d'acétylène. Ces réactions s'opèrent parfois vio-
lemment si le phosphure est en poudre.
» Les acides concentrés sont sans action. Avec l'acide azotique fumant,
l'attaque est faible à froid, mais elle se produit lentement au bain-marie, avec
dégagement de vapeurs nitreuses et de gaz souvent spontanément inflam-
mable. L'acide snlfurique ne l'attaque que lorsqu'il est dilué.
» La benzine, l'essence de térébenthine, l'alcool absolu, l'éther
n'agissent pas sur ce corps à la température ordinaire.
» Avec les oxydants il se produit souvent des attaques violentes ; avec le
chlorate de potasse, il y a une vive incandescence ; le phosphure brûle
dans le protoxyde et le bioxyde d'azote avec production de traces d'azoture.
» Analyse. — Le phosphure de strontium a été attaqué au. bain-marie
au moyen de l'acide azotique fumant : le strontium a été dosé à l'état de
sulfate, en liqueur alcoolique, et le phosphore à l'état de phosphate-
am nioniaco-ma gnésien .
11 D'autre part, nous avons dosé le carbone par deux procédés : d'abord
par la combustion de l'acétylène, qui s'était formé au contact de l'eau, au
moyen de l'oxyde de cuivre chauffé au rouge; ensuite, par le procédé
eudiométrique en décomposant le phosphure par l'eau, opérant la com-
bustion du gaz dégagé par l'oxygène au moyen de l'étincelle électrique et
absorbant, par la potasse, l'acide carbonique formé.
( 76f; )
» Nous av'ons j3li élablir les rapports suivants, déduction faite des impu-
retés :
TUéoi'ic
1. -i. 3. pour P^Sr'.
Sr 81,240 81,894 82,670 80,893
P 81,759 i8,io5 i7>329 i9>io6
» Phosphure de baryum : Préparation. — Le phosphure de baryum cris-
tallisé se prépare exactement comme celtii de strontium en cbauITant, pen-
dant trois minutes, au four électrique, avec un courant de gSo ami)ères
sous 45 volts; on emploie dans ce cas : phosphate de baryum, 100 parties;
noir de fumée, 16 parties, préalablement mélangés et réduits en agglo-
mérés, comme il a été indiqué précédemment.
» Propriétés. — I/s propriétés du phosphure de baryum sont analogues
à celles du phosphure de strontium. Il se présente sous forme de fragments
noirâtres à cassure cristalline brillante. L'examen microscopique nous a
Uiontréque ce produit est d'un aspect identique au composé du strontium.
Sa densité est de 3, [83.
» Il ne brûle dans le chlore qu'à une température de go°, et dans le
brome que vers 26o°-3oo°.
» Analyse. — L'attaque a été faite comme pour le phosphure de stron-
tium, au moyen de l'acide azotique fumant : le baryum est dosé à l'état de
sulfate dans la solution bouillante et le phosphore à l'état de ])hosphate
ammoniaco-magnésien. Le c:<.rbone est dosé comme précédeinment.
M Les proportions de bjryum et de [)liosphore sont les suivantes,
déduction faite des impuretés :
Ba
P.
Théorie
1.
2.
3.
4.
pour P-Ba'.
86,409
86,5o2
87,686
87,636
86,892
18,590
i3,497
i2,3i3
12,363
13,107
« Conclusions. — Nous avons donc préparé au four électrique, en rédui-
sant par le charbon les phosphates correspondants, les phosphures de
strontium et de bary.un cristallisés, dont la formule est respectivement
P-Sr' etP='Ba\
» Ces corps très stables, qui jouissent d'une grande activité chimique,
ont ia propriété de décomposer l'eau à la température ordinaire en don-
nant de l'hytlrogène phosjihorc et de l'hydrate de slrontiaae ou de baryte. »
( 76G )
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage du phosphore dans les composés orga-
niques ('). Noie de M. Ch. Marie, présentée par M. H. Moissan.
« Au cours de recherches que je poursuis depuis quelque temps sur des
composés organiques phosphores, j'ai eu à effectuer un grand nombre de
dosages de phosphore, et j'ai cherché à éviter l'emploi toujours désa-
gréable du tube scellé. Pour cela il fallait trouver un procédé de destruc-
tion de la matière organique suffisamment énergique, procédé qui permît
ensuite le dosage du phosphore par les méthodes ordinaires. Après diffé-
rents essais je me suis arrêté à l'emploi du permanganate de potasse en so-
lution nitrique. L'oxydation doit être conduite de la manière suivante :
» La substance à analyser est dissoute d'abord dans l'acide azotique concentré em-
ployé en excès : i5'='^ à 20'^'=, par exemple, pour une prise d'essai de i^. Puis on
cliaufie au bain-marie et Ion projette une petite quantité de permanganate finement
pulvérisé.
» Le permanganate se dissout, puis la solution rouge se décolore progressivement
en même temps qu'il se précipite de l'oxyde de manganèse. On ajoute de nouveau du
permanganate, on attend la décoloration, puis on continue ainsi jusqu'à ce que la
solution reste franchement rouge pendant quelques minutes. Il est nécessaire que le
permanganate ainsi ajouté représente au moins cinq à six fois le poids (2) de la matière
organique. On laisse alors refroidir, puis goutte à goutte on verse une solution d'azotitede
soude ou de potasse au dixième. L'oxyde de manganèse se dissout, puis brusquement la
solution redevient limpide. On chaufl'e quelque temps à l'ébullition pour chasser les
vapeurs nitreuses et l'excès dacide azoti(]ue, puis on ajoute la solution molvbdique
en quantité calculée pour la quantité de phosphore supposée présente, soit environ
4""^ par milligramme de phosphore. A partir de ce moment le dosage rentre dans la
méthode ordinaire à laquelle toutefois il convient d'ajouter les précautions suivantes :
» 1° Le phosphomolybdate précipité doit être lavé avec soin jusqu'à disparition
totale du manganèse. On suit d'ailleurs facilement le lavage en chauflant un peu du
liquide filtré avec du bioxyde de plomb qui transforme le manganèse en permanga-
nate, (^elte élimination du manganèse est importante, sans cela le phosphate amrao-
niaco-magnésien que l'on obtient par la suite jiouirait l'entraîner avec lui, surtout si
la solution ammoniacale restait longterajis à l'air.
» 2° Le précipité ammoniaco-magnésien doit être lavé soigneusement pour enlever
tout le molybdène. Ce métal se recherche le plus facilement par la réaction suivante :
(') Faculté des Sciences (laboratoire de Chimie appliquée).
{}) La quantité de permanganate employé doit être d'autant plus grande que la
matière organique est plus difficile à oxyder, ce qui est le cas par exemple des composés
cycliques.
( 7^7 )
au liquide ammoniacal qui passe on ajoute un excès d'acide chlorhj'drique, quelques
gouUes d'une solulioii de sulfocyainire d'ammonium et une grenaille de zinc. Le mo-
lybdène, dans ces conditions, donne une coloration rose très sensible, quoique dispa-
raissant par le temps.
» Pour éprouver cette méthode, je l'ai comparée à la méthode ordinaire
(l'oxydation en tube scellé, et j'ai toujours obtenu d'excellents résultats,
même dans le cas de composés extrêmement (litficiles à oxyder, tels que
l'acéto-diphosphite ammoniaco-calcique ( ' ) qui exige, pour sa destruction,
huit heures de chaufTe à 200° avec de l'acide azotique fumant. Ce procédé
s'applique, ainsi que je l'ai vérifié, aux giycérophosphates et simplifiera
l'analyse de ces com|)osés si répandus actuellement. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Su7' de nouveaux composés asymétrique?, de l'azote
obtenus par synthèse et doués du pouvoir rotatoire. Note de MM. W-J.
Pope et S.-J. Peachey, présentée par M. Arm. Gantier.
« On cluiuOe l'iodure de ra-benzvlphénvlaliylméthylammonium, déjà
préparé antérieurement par M. Wedekind (/?enc^Ze, t. XXXII, p. Si^;
1899), avec une quantité équivalente de dextrocamphorosulfonate d'ar-
gent en suspension dans un mélange d'acétate d'éthyle et d'acétone. Après
avoir enlevé par le filtre l'iodure d'argent qui se forme, on obtient par
évaporation un résidu cristallin qui peut être séparé par des cristallisations
fractionnées, dans le même dissolvant, en un dextrocamphorosulfonate
peu solnble Az(C'I]'. CFP, C'H\CH')C'»H'^OSO' et un second sel plus
soluble formé par l'inverse optique du précédent.
') Le premier de ces sels possède, en solution dans l'eau, le pouvoir
rotatoire M„ = -h 208°; le second, Mi,=: — 87°.
» En ajoutant de l'iodure ou du bromure de potassium aux sels pré-
cédents, on obtient les solutions aqueuses de l'iodure ou du bromure des
deux bases que l'on purifie par des cristallisations dans l'alcool.
» Les pouvoirs rotatoires observés pour ces quatre sels sont les suivants :
lodure dextrogyre [2]o = -f- 52''4
lodure lévogyre 1:= — 5i°4
Bromure dextrogyre =4- 68°6
Bromure lévogyre. r;: — 67°3
(') B^YER et A. HoKMANN, D. ch. G., t. XXX, p. 1978.
C. R., 1899, 2» Semestre. (T. CXXIX, N° 20 ) I02
( 768 )
» L'existence fie ces deux composés actifs formés simultanément, et
isolés grâce à leurs simples différences de solubilité, prouve surabondam-
ment que, dans les composés ainsi formés par l'association autour de
l'azote de quatre radicaux inactifs différents, le pouvoir rotatoire est bien
dû à la disposition asymétrique des radicaux unis à cet élément. Cette
extension de la théorie stéréochimique, à savoir la production du pouvoir
rotatoire grâce à l'asymétrie créée autour de l'atome d'azote, est entière-
ment de M. Le ^eX (Comptes rendus , t. CXVII, p. 724; 1891) qui a dû récem-
ment défendre ses conclusions (Co/?i^/e.y rendus, t. CXXIX, p. 548; 189^)
contre les objections de MM. Markwald et von Drosle-Hiielschoff (Z?en'cAie,
t. XXXn, p. 56o). ).
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur l'absorption de l'iode par les végetau.v. Note
de M. P. BouRCET, présentée par M. Armand Gautier (' ).
« Les plantes diverses cultivées sur un même sol absorbent en propor-
tions différentes les diverses substances minérales que ce sol peut contenir.
Bunsen observait il y a longtemps que certaines espèces végétales peuvent
enlever du rubidium à des terrains dans lesquels ce métal est tellement
disséminé que l'analyse spectrale ne permet pas de le reconnaître. Gran-
deau a fait une remarque analogue pour le lithium et le césium. J'ai pensé
que certains végétaux devaient absorber, dans le sol ou dans les eaux,
l'iode nécessaire à la structure de leurs protoplasmas et peut-être à l'ac-
complissement de fonctions spéciales. Mais, comme des expériences portant
sur un nombre considérable d'espèces et de genres m'auraient entraîné trop
loin, j'ai limité ces premières recherches à un certain nombre de plantes
comestibles, mon intention étant d'étudier en même temps comment l'iode
s'introduit, par l'alimentation, dans l'économie animale.
» Plusieurs mètres cubes de terre furent bien pelletés, et ce mélange
rendu homogène par des tamisages snccessifs. Cinq échantillons, pris au
hasard dans la masse parfaitement brassée, firent trouver une teneur
moyenne en iode de o™b''^83 par joo kilogrammes. Cette terre fut disposée
en plates-bandes sur lesquelles on sema un certain nombre de graines. Les
végétaux furent récoltés au fur et à mesure de leur maturité et l'iode y fut
(') Travail du laboratoire de M. le professeur Armand Gautier à l'Ecole de Méde-
cine.
( 769 )
dosé par 'la méthode que j'ai déjà décrite {Comptes rendus, t. CXXVIII,
p. 1 120).
» Voici les résultats auxquels je suis arrivé :
Salariées .
Cucurbitacées .
Crucifères .
Chénopodées
Légumineuses.
Liliacées.
Polygonées . . .
Ombellifères .
Synanthérées. .
Solanum tuberosum (Pomme de terre).
Lycopersicum escuientum (Tomate) . . .
Solanum melongena (Aubergine)
Cucumis sativus (Concombre)
Cuciirais sativus (Cornichon)
Cucumis melo (Melon)
Cucurbita maxima (Potiron).
Raphanus sativus (Petite rave)
Brassica napus (Navet)
Brassica ? (Raves)
Raphanus ? (Radis noir)
Bêla râpa (Belle rouge)
Beta cj'cla (Côtes de bette)
Spinacia oleracea (Epinard)
Faba vulgaris (Fève)
Phaseolus? ( Haricots verts)
Phaseohis? (Haricots de Soissons) .
Pisum sativum (Pois verts)
Âllium sativum (Ai!)
Allium cepa (Oignon)
Allium porrum (Poireau)
Rumex acetosa (Oseille)
Scandix cerfolium (Cerfeuil)
Petroselinum sativum (Persil)
Daucus carotta (Carotte)
Lactuca sativa(Laitue)
Cichorium nitybus (Ciiicorée)
Gichorium augustifolium (Escarole)..
Milligrammes
par kilogramme.
0,000
0,07
0,01
0,012
0,00
0,06
0,017
0,18
0,24
o, 16
0,00
o,i4
o,38
0,021
0,14
0,82
o,oi3
0,084
0,94
0,28
o, 12
o,o47
o,i4
0,00
0,00
0,096
0,000
0,000
» Ce Tableau (iéiuontre que, dans des conditions ieientiques de terrain,
d'humidité, d'exposition, certaines plantes absorbent beaucoup plus d'iode
que d'autres, et que quelques-unes même n'en absorbent pas trace. Mallieu-
rcusement mes expériences ont porté sur un nombre trop restreint de
végétaux pour pouvoir définir les conditions multiples qui président à
cette absorption. Elles ont pourtant été suffisantes pour montrer que cer-
taines familles, les Liliacées et les Chénopodées par exemple, accumulent
beaucoup plus d'iode que certaines autres, les Solanées ou les Ombelli-
fères. On voit aussi que dans un même genre végétal l'absorption de ce
( 77^ )
mélalloïfle varie avec chaque variété : les Synanthérées et les Crucifères en
offrent des exemples bien expressifs.
» Dans une prochaine Note, je me propose de montrer que ce phéno-
mène de sélection spécifique de l'iode se produit aussi dans les divers
organes d'une même espèce animale. »
ZOOLOGIE. — Sur la nwrphologie et révolution sexuelle d'un Epicari de para-
site des lialancs (Hemioniscus balaui Buchholz). Note de MM. Macrice
Caullery et Félix Mesnil, présentée par M. Edmond Perrier.
« Les Epicarides constituent un ensemble d'îsopodes parasites sur
d'aulres Crustacés. Si, grâce à divers travaux, et surtout à ceux de
MM. Giard et J. Bonnier, leur morphologie, modifiée d'une façon pro-
fonde et variée par le parasitisme, commence à être bien connue pour
quelques familles, celles en particulier que l'on rencontre chez les Podo-
l)hlhalmes (Z?o/jj/-iWff, Entoniscidœ, Dajidœ), elle reste encore assez obscure
pour les Epicai-ides des Edi i.)phlhaliiies et des Enlomostracés, tantôt réunis
en un seul groupe, les Crvptoniscidœ, tantôt subdivisés en plusieurs familles
(Podasconidœ, Cabiiopsiliœ , Cyproniscidœ, Cryptoniscidœ).
» Nous avons rencontré en très grande abondance, à la Hague (Manche),
un de ces derniers types, parasite des Balanes (Balanus balanoides), décrit
et soigneusement étudié autrefois par Buchholz (') sous le nom d'Hemio-
niscus balani et que Rossmann (-) a revu depuis (^).
» Le mâle a la forme typique chez les Cryptoniscidœ et que l'on retrouve d'ail-
leurs transiloirement (larve dite cryptonicienne) dans révolution des autres Epica-
rides. C'est un petit Isopode à faciès libre, h^ femelle provient d'une larve semblable
dont la partie antérieure (la tête et les quatre premiers anneaux thoraciques) ne
subit pas de modifications, et dont le reste du corps perd ses appendices pour devenir
un énorme sac résultant surtout de l'hypertrophie des trois derniers somiles thora-
ciques et se prolongeant par sept lobes (six lobes thoraciques latéraux eL l'abdomen
(') Zeitschr. fiir tviss. ZooL, t. X\ I, p. 3o3-327.
(2) Sitzungsber. d. k. preuss. Ak. d. Miss. Berlin, t. XXII, p. 457-473; 1884.
{^) Nous conservons à cet animal le nom générique d'//emtortWCMS pour des raisons
que nous exposerons ailleurs. On l'a souvent fait rentrer dans le genre Cryplothir,
créé par Dana {U. S. E.rplor. Exped., Crustacea, t. Il, p. Soi) pour un parasite d'un
autre Balanide {Creusia) des îles Fiji dont il n'a vu que le mâle, qu'il a très sommai-
rement décrit.
postérieur). A Tétat adulte, ce sac est rempli par les embryons en voie de développe-
ment. Les diverses étapes de la mélaniorphosc ont été bien décrites par Bucbholz.
Kossmann, ensuite, a conclu de ses observations que les mâles et les femelles ne con-
stituaient pas deux séries d'individus distincts, mais que les femelles résultaient de la
transformation des mâles eux-mêmes. Les Cryplonisciens seraient, d'après lui, berma-
phrodites protandriques.
» Nous avons pu préciser sur bien des points les faits établis par nos
prédécesseurs et combler les lacunes laissées j)nr eux. Nous nous bor-
nons ici à résumer ceux de nos résultats qui ont une portée morphologique
générale.
» Nous avons d'abord rectifié une erreur d'interprétation assez impor-
tante par les déductions qui en ont été tirées, soit chez les Crvptonisciens,
soit chez les autres Epicarides. Elle concerne les glandes que Buchholz
(^loc. cit., fig. 3) appelle kiudrilsen et qu'il considère comme un appareil
annexe de l'organe génital. Kossmann y avait vu le reste des testicules
chez les femelles. C'était pour lui la preuve positive de l'hermaphrodisme
des Cryplonisciens. Or, c'est là un système glandulaire formé de grandes
cellules, à noyaux énormes et riches en granules chromatiques (que Koss-
mann a cru être des spermatozoïdes), mais qui n'a aucun rapport avec
l'appareil génital. Il est bien développé chez le mâle, oîi il forme à l'in-
testin un revêlement latéral presque continu et où il est complètement in-
dépendant des testicules. On ne peut rien inférer de cet organe relative-
ment à l'hermaphrodisme; il est très probablement lié à la fonction
digestive.
» L'hermaphrodisme successif protandrique n'en est pas moins réel chez
Hemioniscus (et très probablement général chez les Cryplonisciens), mais
nous sommes les premiers à en apporter une preuve positive indiscutable.
Nous avons, en eOet, étudié une .série complète des stades de transforma-
tion de V Hemioniscus depuis le mâle jusqu'à la femelle adulte. Or, dès le
moment où les glandes génitales mâles se vident, leur paroi antéro-interne
prolifère et donne ainsi naissance à l'ovaire que l'on voit se développer
graduellement aux stades suivants. Les ovaires et les oviductes (qui se
forment indépendamment par des invaginations ectodermiques) sont déjà
lietlcment reconaaissables sin- des individus que rien ne distingue exté-
rieurement des mâles et qui, d'ailleurs, possèdent encore, en place, les
testicules et leurs orifices externes. La dégénérescence du testicule paraît
s'elfectuer sous forme pigmentaire et avec le concours de processus pha-
gocytaires. Cet hermaphrodisme est de même nature que celui découvert
par Bullar et par P. Mayer chez d'autres Isoj)odes (Cymothoadiens).
( 772 )
» Le développement de la chnmbre incnbatrice nous a fourni des résul-
tats intéressants au point de vue général. Les auteurs antérieurs n'avaient
pu le suivre ou l'avaient faussement interprété. La chambre incubatrice
joue un rôle capital dans la morphologie des Épicarides. Elle est extérieure
à l'animal et constituée soit par un système de lamelles dépendant des
appendices thoraciques, soit par des replis latéraux du corps. Il y circule
un actif courant d'eau assurant la respiration des embryons. Chez /'Hemio-
niscus, au contraire, elle est toujours complètement close, ce qui constitue une
différence physiologique de première importance. D'autre part, son mode
de formation est jusqu'ici sans analogue. Vers la fin de l'ovogénèse, on voit
se différencier, à la face ventrale, à hauteur du cinquième anneau ihora-
cique, à partir de la ligne médiane, une zone cordiforme suivant laquelle
l'ectoderme s'épaissit énormément par bourgeons pleins, vers l'intérieur.
Ce plastron s'étend latéralement jusqu'aux orifices externes des oviductes
qu'il englobe. Il s'y creuse ensuite, par délamination, une cavité qui
n'est autre que la future cavité incubatrice, et dans laquelle débouchent
maintenant les oviduttes (où sont accumulés les spermatozoïdes déposés
par le mâle). A la ponte, les œufs sont fécondés lors de leur passage dans
les oviductes et arrivent directement dans la chambre incubatrice sans
avoir été en contact avec l'extérieur. A mesure de la croissance des em-
bryons, cette chambre prend un développement de plus en plus grand en
refoulant le cœlome auquel elle arrive à se substituer.
» La structure des ovules et leur mode de développement sont influen-
cés, corrélativement aux dispositions précédentes, d'une façon considé-
rable.
» Alors que les divers Isopodes, et en particulier les divers Epicarides,
ont des œufs riches en vitellus pigmenté, ceux à' Hemioniscus sont petits
(5oi^ à 6oi^ de diamètre), peu pigmentés, presque entièrement alécithes.
Leur segmentation aboutit à une blastula pleine qui se gonfle pour devenir
un embryon sphérique creux au lieu de la gastrula à masse endodermique
vivement colorée. U œi\ï ^ï Hemioniscus oiïve donc, comparativement à celui
des autres Epicarides, des rapports analogues à celui des Mammifères par
rapport à celui des Sauropsidés et, pour une raison analogue, la vivi-
parité.
» Dans la suite de l'embryogénie, l'embryon acquiert assez vite, sauf en
ce qui regarde la masse endodermique, l'apparence caractéristique de
ceux des autres Epicarides; mais il ne se pigmente que très tardivement. Il
éclôt sous la forme habituelle, rappelant un petit sphérome. Notons que
cette première larve d'Heinioniscus est aveugle et qu'elle rappelle dans ses
( 773 )
détnils très étroitement celle des Podasconidœ (existence d'un long tube
anal, similitude des six paires de |)érciopodes, soies en éventail du propo-
dite de ces derniers, etc.). Au contraire, elle s'écarte par ces diverses par-
ticularités de celle des Cryploniscus .
)) Nous nous bornons à ces indications que nous développerons ail-
leurs. Elles suffisent à montrer que V Hemiunisciis esl une forme très intéres-
sante dans les Épicarides, plus spécialisée qu'aucune autre à certains
égards, comme par exemple en ce qui concerne sa cavité incubatrice et
son embryogénie. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur l' hy gromélricilé des graines. Note de
M. L. Maquenne, présentée par M. Dehérain.
« A l'état normal toutes les graines renferment une certaine quantité
d'eau, libre ou faiblement combinée, qui varie considérablement avec les
espèces, mais reste à peu près constante pour chacune d'elles, dans les
mêmes conditions.
» Lorsque le milieu dans lequel elles séjournent vient à se modifier, la
proportion d'eau, déterminée par la perte de poids à l'étuve, peut subir
des variations sensibles; elle augmente lorsque l'atmosphère devient plus
humide ou que la température s'abaisse, et c'est ainsi, par exemple, que
les blés d'Afrique s'alourdissent à la suite de leur importation en France.
» Ces faits, qui sont connus depuis longtemps, montrent que la faculté
(le retenir l'eau, chez les graines, est en rapport avec l'état hygrométrique
de l'air, comme chez les corps inertes, mais on ne sait encore rien de
précis sur la nature intime de cette relation, surtout en ce qui concerne la
vitalité des semences.
» C'est en vue de jeter quelque lumière sur cette question intéressante
que j'ai essayé d'abord de soumettre certaines espèces de graines à l'action
de hauts vides, en présence ou non de matières desséchantes.
I) On s'est servi, dans ces recherches, d'une trompe spéciale à deux chutes conju-
guées, l'une de I"™, l'autre de 2'"™, 7 de diamètre intérieur; la première extrait direc-
tement les gaz du récipient à vider et les envoie à la seconde, qui les chasse défini-
tivement au dehors. Par suite de celte disposition, sur laquelle l'étendue de celle
Note ne me permet pas de m'étendre davantage, l'appareil entraîne la vapeur d'eau
aussi facilement que l'air et donne le vide isolant dans des vases humides aussi bien
que dans des vases secs; on peut d'ailleurs y adjoindre, sans inconvénient, un tube à
baryte anlivdre, si l'on désire que la dessiccalion se poursuive pendant les arrêts et
notamment pendant la nuit.
» Les graines mises en expérience étaient contenues dans des ampoules soudées sur
la trompe, sans raccords ni robinets d'aucune sorte, et maintenues par un bain d'eau
à température constante.
» On a reconnu ainsi que, puiir les espèces faciles à dessécher comme
les graines oléagineuses, la perle de poids à 45°, sous un vide voisin du
centième de millimèlre, est sensiblement égale à celle que l'on observe
dans l'étuve, à iio".
)) A une température plus élevée, la perte peut devenir plus grande :
égale à 6,o5 pour loo en moyenne pour le ricin, séché à /p" dans le vide
ou à I lo" sous la pression ordinaire, elle a atteint 6,57 pour 100 pour des
graines semblables, maintenues pendant trois heures à 80" et encore pen-
dant deux heures à 90° dans le vide sec.
» Il est vrai que dans ce dernier cas les graines paraissent avoir subi un
commencement d'altération, car elles n'ont plus germé qu'avec lenleuret
n'ont fourni que des plantes chélives, incapables d'utiliser la totalité de
leurs réserves.
» On peut conclure de là, au moins pour l'espèce précitée, que l'eau
qui se sépare d'une graine lorsqu'on la dessèche à l'étuve y préexistait bien
sons cette forme et ne résulte pas, comme on aurait pu le supposer, de
quelque réaction chimique intéressant ses principes essentiels.
» Lorsqu'on répète l'expcrience dans le vide simple, sans desséchant,
le départ de l'air précède nécessairement celui de l'eau et il airive un
iTioment, facile à reconnaître d'après la maiclie de la trompe, où la pres-
sion résiduelle est uniquement due à la vapeur émise par les graines qui
commencent à se dessécher; en mesurant celte tension au cathélomètre j'ai
reconnu qu'elle est constante pour toutes les espèces étudiées, à la seule
condition que les graines aient été conservées au préalable dans la même
atmosphère et à la même température.
Tension
Eau pour loo. de vapeur à 20°.
mm
Ricin 5 ) 97 ' • > 04
Colza 7,04 10,96
Pois 10,56 11,10
Lentilles '0,84 11,10
Blé de printemps 11 ,69 11,16
» Les graines se mettent donc, comme les corps inertes, en équilibre
( 77'J )
d'humidité avec le milieu duns lequel elles se trouvent; d'où cette consé-
quence déjà signalée qu'elles doivent varier de poids lorsque l'état hygro-
métrique de l'air change et aussi que leur dessiccation doit devenir totale
dans un vide suffisamnifnl avancé. C'est en effet ce que l'on observe, bien
qu'en général il soit diflicile d'arriver jusqu'à la limite, à cause du temps
considérable que nécessite l'expérience: au moins quatre jours pour les
graines oléagineuses et environ trois semaines pour les céréales, à la tem-
pérature de 45".
» La dessiccation dans le vide s'effectue d'ailleurs d'une manière pro-
gressive et sous une tension régulièrement décroissante; ce fait ressort
nettement d'une expérience faite avec 5 graines de ricin, que l'on a sou-
mises au vide sans desséchant, à la température ordinaire, qui était voisine
de i5". En dix jours, la trompe ayant fonctionné pendant trente-quatre
heures, la tension de la vapeur d'eau s'est abaissée de S™'", 2 à o""",7 sans
qu'on ait pu saisir aucun temps d'arrêt comparable à ceux qui caractéri-
sent les phénomènes de dissociation; à la fin de l'expérience, les graines
avaient perdu 3,84 pour 100 de leur poids, soit les deux tiers environ de
la perte correspondant à une dessiccation totale.
» En présence de ces résultats, qui conduisent à envisager les graines
comme de simples corps hygroscopiques, on peut se demander si l'eau
qu'elles renferment intervient d'uiie manière quelconque dans la conser-
vation de leur énergie vitale et en particulier dans les échanges gazeux
qui s'accomplissent encore dans la vie ralentie; c'est une question sur
laquelle je me propose de revenir prochainement, si l'Académie veut bien
me le permettre. »
MINÉRALOGIE. — Sur l'origine de la symétrie dans les curps cristallisés
et du polymorphisme. Note de M. Fuéd. Wallekant, présentée par
M. Fouqué.
« On explique facilement la symétrie des corps cristallisés en partant
lie la particule complexe et en montrant que les éléments de symétrie de
cette dernière doivent se retrouver dans le réseau, autant que cela est
possible, et, par suite, dans le corps cristallisé. En ni'appuyant sur une
théorie des groupements cristallins, que j'ai publiée récemment, je crois
pouvoir expliquer l'origine de la symétrie de cette particule complexe,
et, par suite, l'origine du polymorphisme. La théorie du polymorphisme
C, R., iSyy, 2» Semestre. (T. CXMX, ^• 20.; ' I oJ
( 77'^ )
repose, en elfet, sur deux faits d'observations : la constance du réseau et
de la densité. On l'explique en admettant que les particules fondamentales
sont susceptibles de prendre deux ou plusieurs orientations différentes cor-
respondant à autant de positions d'équilibre. Mais il n'est pas possible de
montrer pourquoi le réseau reste le même, pourquoi les éléments de symé-
trie d'une forme faisant défaut dans une autre sont des éléments de symé-
trie des groupements de cette dernière.
» J'ai montré que, si les cristaux possédaient la symétrie de leur parti-
cule complexe, en outre ils se groupaient symétriquement par rapport aux
éléments limites de celte particule et j'ai été amené à distinguer deux
sortes de groupements : les groupements parfaits se produisant lorsque les
éléments limiies font rigoureusement entre eux et avec les éléments réels
les angles que font les éléments de symétrie d'un polyèdre. Dans ce cas, en
effet, si l'on prend les symétriques d'un cristal par rapport aux différents
éléments limites on retombe forcément sur l'orientation primitive; le
nombre des cristaux est limité et leur orientation est indépendante de
l'ordre dans lequel on fait intervenir les éléments de symétrie. Dans les
groiiijements imparfaits, au contraire, les éléments limiies ne forment
pas entre eux les angles des éléments d'un polyèdre, on ne retombe pas
sur l'orientation primitive, le nombre des cristaux est indéterminé, et leur
orientation dépend de l'ordre dans lequel on fait intervenir les éléments
limites. Mais dans la nature il y a passage graduel entre ces deux modes
de groupements : si les angles des éléments limites différent peu de ce
qu'ils sont dans un polyèdre, le groupement comprend le même nombre
de cristaux que le groupement parfait correspondant. Mais alors il peut se
produire plusieurs groupements très voisins, en ce qu'ils ont la même
symétrie totale, c'est-à-dire le même ensemble d'éléments réels et limites.
Mais les éléments réels de l'un peuvent être des éléments limites de l'autre
et inversement. Ainsi la particule complexe de la chabasie possède un axe
ternaire limite et trois plans de symétrie limites faisant entre eux des
angles légèrement différents de 120". Ces trois plans ne sont pas identi-
ques et l'on peut les distinguer par leur position relative à Fellipsoïde
d'élasticité optique. Or les cristaux de cbabasie se groupent généralement
par six et donnent des groupements qui n'ont pour plan de symétrie réel
que l'un des plans précédents et, par suite, un axe binaire perpendiculaire.
Mais tantôt c'est l'un, tantôt c'est l'autre des plans limites de la particule
complexe qui devient un plan réel du groupement. Il y a donc trois grou-
pements, qui ne sont pas identiques, mais qui ont tous un axe ternaire
1
( 777 )
limite, un plan réel, deux plans limites, un axe binaire réel et deux axes
binaires limites.
» Ceci posé, la particule complexe est formée de particules fondamen-
tales, dépourvues de symétrie, mais on conçoit très bien qu'au point de vue
mécanique elles puissent avoir des éléments de symétrie approchés. Si
l'on réfléchit que les actions s'exercent à distance, on comprend qu'elles
puissent agir à peu près de même sur deux points diamétralement opposés
par rapport à leur centre de gravité, autrement dit qu'elles aient un centre
limite. De môme, elles auront un axe limite, un plan limite, si elles
exercent des actions à peu près identiques sur les points symétriquement
placés par rapport à une droite, à un plan. Or si la symétrie approchée au
point de vue géométrique entraîne le groupement des cristaux, cela tient
simplement à ce qu'elle a pour conséquence une symétrie approchée au
point de vue mécanique. Par conséquent cette symétrie approchée des par-
ticules fondamentales suffira pour les amener à se grouper symétriquement
par rap|)ort aux éléments hmites et ainsi se produira la particule complexe
possédant une svmétrie réelle.
» Or deux cas peuvent se présenter. Ou bien les éléments limites de la
particule fondamentale font entre eux les angles des éléments d'un po-
lyèdre et il se produira alors un groupement parfait, complètement déter-
mmé et unique. Il n'y aura donc pas de polymorphisme, tant que les con-
ditions extérieures restent les mêmes, tant que la particule fondamentale
n'est pas modifiée. Au contraire les éléments limites de la particule fonda-
mentale peuvent faire entre eux des angles différant de ceux des éléments
d'un polyèdre, et alors la particule complexe, tout en comprenant le même
nombre de particules fondamentales, pourra avoir des symétries réelles
différentes. Les particules complexes résultantes différeront cependant peu
les unes des autres et surtout elles aui'ont la même symétrie totale, c'est-
à-dire que les éléments l'éels de l'une faisant défaut dans l'autre s'y retrou-
verontà l'état d'éléments limites. lien résidlera donc que les réseaux seront
identiques, ou tout au moins différeront fort peu, et en outre les éléments
réels d'une forme faisant défaut dans une autre seront les éléments réels
des groupements de cristaux de cette dernière.
)) Nous n'avons pas recherché l'origine dans la particule fondamentale,
d'éléments limites au point de vue mécanique. Or il est tout naturel d'ad-
mettre qu'elle est due à l'existence d\me symétrie limite au point de vue
géométrique et alors on peut reporter à la molécule chimique elle-même
le raisonnement proposé au sujet du groupement des particules fondamen-
( 77« ) '
taies. La svmélrie des corps cristallisés ser;iil ainsi le résultat d'étapes
successives transformant progressivement les éléments limites en éléments
réels : les molécules chimiques, exerçant sur les points extérieurs des
actions se répartissant à peu près symétriquement par rapport à certains
cléments, se groupent en particules fondamentales ayant des éléments
limites au point de vue géométrique, et celles-ci se groupent à leur tour
en particules complexes ayant une svmétrie réelle. Enfin les éléments
limites subsistant dans les particules complexes sont les éléments des
groupements des cristaux.
» A pro|)os du polymorphisme, j'ai supposé que les particules fonda-
mentales étaient identiques dans les différentes formes d'une même espèce
minérale; mais il ne faut pas oublier que. si les conditions extérieures
viennent à varier, si, par exemple, la température change, les particules
fondamentales se modifient : les angles de leurs éléments limites changent,
ainsi que leur degré d'approximation. Il en résulte que la symétrie de ia
particule complexe j)eut varier par la transformation d'éléments limites
en éléments réels, cl inversement. «
PHYSIOLOGIE. — Dzs relations existant entre les actions diurétiques et les
propriétés osmotiques des sucres ('). Note de MM. E. Hédo.v et J.
Arroits.
« On sait par It's expériences de Moutard-Martin et Ch. Richet(^rcA.
de Physio!. i88i)que les sucres possèdent en injection intraveineuse des
propriétés diurétiques extrêmement énergiques.
» L'un de nous a repris ces expériences pour déterminer dans tous leurs détails les
conditions de celle diurèse. Il ressort de celle élude : i° que les sucres ne sonl
toxiques qu'à des doses e\lrèmenient élevées et qu'on peut impunément en injecter
de grandes quantités dans les vaisseaux sans amener d'accidents ni immédiats, ni
consécutifs ; 2" qu'il eviste une dose et une concentration optima à laquelle la poljurie
provoquée est maximum (pour le glycose los' par kilogramme d'animal, en solution à
25 pour 100); 3° qu'il 3 a un rapport relativement fixe entre la quantité de liquide
injectée et la quantité de liquide éliminée (rapport que nous désignons sous le nom
de coefficient diurclirjiie) ; 4" que pour une même dose cl une même dilution les
diverses sortes de sucres ont une activité diurétique dill'érenle.
(') Travail du laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Mont-
pellier.
( 779 /
» Celte dernière notion, qui jusqu'ici ne paraît avoir été envisagée par
.uicun expérimentateur, se dégage très nettement des expériences compa-
ratives que nous avons faites d'abord avec les sucres les i)liis usuels et que
nous avons étendues ensuite à toute la série des alcools polybasiques.
Pour comparer les sucres entre eux au point de vue de leur action diuré-
tique, nous pouvons nous appuyer sur la donnée du coefficient diuré-
tique. En effet, ce coefficient, que nous désignerons désormais, pour
abj-éger, par la lettre D, est, entre certaines limites, indépendant de la
quantité de sucre injectée et relève uniquement de la nature du sucre et
du titre de la solution employée. Aiiisi pour le glycose, ou solution à
25 pour loo, D = 2,8 en moyenne pour toutes les doses comprises entre
le seuil de l'action diurélique jusqu'à des doses de lo^'' par kilogramme et
mèmeau-dessus. Il est doncfacilede calculera /?nm la quaniitéd'urinc que
doit rendre un animal auquel on injecle un volume déterminé de la solu-
tion sucrée à 25 pour loo. Mais ce coefficient varie avec la dilution. Ainsi,
])our le glycose, il devient 4>f' pour loo à 5o pour loo, et i pour loo à
lo pour loo, c'est-à-dire qu'il s'élève et s'abaisse avec les concentrations.
Pour appliquer la notion du coefficient diurélique à une étude compara-
tive de la diurèse produite par les difiérents sucres, il faut donc comparer
les effets de solutions de même concenlration. Or, en employant la solu-
tion à 25 pour loo, D = 2,8 pour le glycose, 2,4 pour le lévulose et le ga-
lactose, 2 pour le saccharose, 2,2 p.our le lactose et le maltose. Il y a donc
une diflérencc très notable entre les différents sucres : ainsi, 4o" d'une
solution de glycose à 23 j)our 100 amène l'élimination de 4o X 2,8 := 1 12™;
un volume égal de la solution de sucre de canne à 25 pour 100 donne
seulement 40 X 2 ^ So*^*^.
» Si maintenant Ion remarque que pour les sucres qui viennent d'êlre
énumérés les coefficients les plus forts appartiennent à des hexoses et les
plus faibles à des saccharoses, il est naturel de penser que les différences
d'activité diurétique de ces sucres sont en ra]>port avec les différences de
leurs poids moléculaires et de leur pression osmotique, relation déjà
signalée d'ailleurs par Limbeck pour différents sels. Effectivement, en
déterminant, par la méthotle de Hamburger, les concentrations isotoniques
de ces sucres, nous avons trouvé 5 pour loo pour le sucre de canne, le lac-
tose, le tnallose,„et 2,6 pour 100 pour le glycose, le lévulose, le galactose.
La relation entre les effets diurétiques et la tension osmotique des sucres
ressort avec encore plus d'évidence, si l'on compare aux sucres précédents
d'autres sucres de poids moléculaire plus fort ou plus faible; on voit leur
( 780 )
activité diiirélique suivre exactement l'ordre de leur classement. Ainsi le
raffinose (trihexose) est peu diurétique (D — 0,9) et possède une tension
osmotique faible (coeff. isotonique = 7,5), et pour des hydrocarbonés
plus condensés (dextrine) la diurèse est à peu près nulle. Par contre, pour
unpentose, l'arabinose, D s'élève à 3,4» le coefficient isotonique étant 2,2;
et avec l'érythrite, alcool tétrabasique, dont le coefficient isotonique
est 1,8, D atteint /\. Mais l'érythrite marque la limite supérieure de la
série, car l'alcool trihasique qui le précède immédiatement, la glycérine,
a une activité diurétique bien plus faible et, de plus, délruit les globules
rouges à n'importe quelle concentration. Il en est de même du glycol,
alcool bibasique.
» On remarquera qu'en multipliant les poids moléculaires des divers sucres par le
même coefficient ^i^, on arrive exactement, ou à très peu près, aux valeurs des coef-
ficients isolonicjues obtenues expérimentalement.
» D'autre part, en étudiant les divers sucres au point de vue de leur
équivalent endosmotique dans des conditions rendant les observations
comparables, nous avons trouvé encore, à ce point de vue, de notables
différences, également en rapport avec les différences d'action diurétique.
Ces équivalents élaienl : saccharose 8,:j; raffinose 11,2; glycose 5,3;
érythrite 3,8.
» On voit donc'que l'activité diurétique des sucres croît en raison directe de
leur tension osmotique et en raison inverse de leurs poids moléculaires.
» Si des sucres ayant le même poids moléculaire et la même pression
osmotique ne possèdent pas cependant exactement le même coefficient
diurétique, cela tient vraisemblablement, entre autres facteurs, à ce qu'il
' existe entre eux des différences dans les quantités consommées par l'orga-
nisme pendant le temps de la diurèse. On peut penser aussi à d'autres
causes se rattachant à la structure moléculaire des sucres; ainsi la mannite
dont le poids moléculaire (182) est très voisin de celui du glycose (180),
a cependant un coefficient diurétique plus élevé (3,2); or, de ces deux
sucres, le premier possède une fonction alcool, le second une fonction
aldéhyde. Pour ces mêmes motifs on ne saurait parvenir à égaliser tous les
coefficients diurétiques en injectant les divers sucres en concentration iso-
tonique, c'est-à-dire en variant les solutions de façon que chacune d'elles
renferme le même nombre de molécules, bien que dans ces conditions ces
coefficients se rapprochent. Ainsi, pour une solution de saccharose à 5o
jjour 100, D s'élève à /j, mais il s'en faut de beaucoup qu'on atteigne ce
chiffre avec une solution de glycose à 27 j)our 100.
( 7»! )
» La toxicité clos sucres paraît aussi d'une manière générale en rapport
avec leurs poids moléculaires, de telle sorte que les plus diurétiques sont
aussi les plus toxiqnes. Car si l'éqnivalent toxique du sucre de canne s'élève
jusqu'à 3o'^''-35k'' par kilogramme d'animal (toxicité immédiate), celui du
glycose chimiquement pur est 2oS''-25s''; et avec l'arabinose et l'érythrite,
la dose de 5^'' par kilogramme tue généralement les animaux dans les
vingt-quatre heures. L'absence certaine de tout accident après injection
intraveineuse de doses modérées (S^^'-ioS'^ par kilogramme) de glycose,
saccharose, lactose ou solution à 2.5 pour loo, nous a enhardis à pratiquer
de telles injections chez l'homme dans le but de provoquer une diurèse
intense et immédiate. I^es résultats en ont été entièrement satisfaisants, et
il n'est pas douteux pour nous que ces injections intravasculaires de sucres
ne soient appelées à rendre de grands services en Thérapeutique dans cer-
tains cas. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur la lipcise à l'état pathologique. Note
de MM. Ch. Achard et A. Clerc, présentée par M. Lannelongue.
n Parmi les ferments du sang, le ferment saponifiant des graisses ou
lipase, étudié par M. Hanriot, est celui qui se prêle le mieux aux recherches
cliniques. Son activité, en effet, se laisse facilement mesurer, avec une
précision suffisante et au moyen d'une petite quantité de sérum. En suivant
le procédé indiqué par M. Hagriot, c'est-à-dire en faisant agir le sérum sur
la monobulyrine en solution exactement neutralisée, et en opérant à '5']°,
nous avons trouvé qu'à l'état normal la moyenne de l'activité lipasique
du sérum humain est de i8, d'après les chiffres variant de i6 à 20,
obtenus chez six sujets qu'on pouvait considérer comme étant en bon état
de santé.
» En étendant nos recherches à divers malades, nous avons pu constater
de grandes variations en plus ou en moins. Pour fixer les idées, nous dirons
que le sérum est ortholipasique quand le taux de son activité se trouve
compris entre i5 et 20, hyperUpasique quand ce taux s'élève au-dessus
de 20, hypolipasique quand il est inférieur à i5.
» Le groupe de l'hyperlipasie, dans lequel le taux varie de 20 à 3o,
compte, sur 9 sujets, 7 diabétiques, i obèse et i myxœdémateux. L'exagé-
ration de l'activité lipasique paraît donc fréquente dans le diabète; elle
n'est pas liée cependant à l'insuffisance glycolytique, c'est-à-dire à l'inca-
( 7»-^- )
p;;cilé où se trouvent les tissus de fixer et d'utiliser le glycose, car nous
avons constaté cette insulfisance glycolytique chez des sujets n'ayant pas
d'hyperlipasie, et tous les diabétiques ne sont pas non plus hyperlipasiques.
D'ailleurs, dans le diabète, le pouvoir lipasique s'abaisse quand la cachexie
progresse.
» Dans le groupe de l'orlholipasie se rangent desadections fort diverses,
aiguës et chroniques (fièvre typhoïde, pneumonie, congestion pulmonaire,
ici ère catarrhal, affections cardiaques, mal de Bright, tuberculose, tabès,
elc). Sur les 20 cas de cette catégorie, les affections aiguës ne comptent
que 2 cas mortels, et les affections chroniques étaient compatibles avec
une assez longue survie.
» Dans l'hypolipasie, on peut distinguer deux degrés :
» Le premier, dans lequel le pouvoir lipasique est compris entre i5 et
10, montre déjà une tendance plus grande à la gravité des maladies. Sur
i4 cas, en efiét, nous relevons: i pneumonie mortelle, 1 autre grave, avec
ictère, i cancer, i ostéosarcome, 2 tuberculoses avancées, i ulcère gas-
trique terminé par perforation.
» Au deuxième degré, dans lequel le pouvoir lipasique peut descendre
jusqu'à 5, nous ne trouvons plus guère que des cas mortels à brève
échéance. Les affections aiguës, au nombre de six (pneumonie, rhuma-
tisme avec cardiopathie, septicémie avec abcès pulmonaires, phtisie aiguë),
se sont terminées par la mort, sauf une fièvre typhoïde grave, complicjuée
d'albuminurie, de troubles cardiaques, d'hémorragies intestinales et de
phlegmon sireptococcique. Et parmi les malades atteints d'affections
chroniques, au nombre de seize, la plupart ont succombé à l'hôpital : il
s'agissait de phtisie avancée, de cancer, de dégénérescence amyloïde
consécutive à un abcès du foie, de péricardile brightique. Un seul sujet,
urémique, a quitté vivant l'hôpital, mais presque mourant. Un autre,
atteint d'abcès tuberculeux multiples, se trouve encore à l'hôpital, mais
se cachectise progressivement,
» La diminution extrême du pouvoir lipasique présente donc une cer-
taine valeur pronostique et peut être tenue j)our un signe de fâcheux augure.
» Nous ne connaissons pas bien encoie le mécanisme de ces variations
do l'activité lipasique. L'inanition ne semble pas être le seul facteur de
l'hvpolipasie constatée chez nos malades, dont plusieurs continuaient de
s'alimenter assez bien.
» Le taux de l'excrétion d'urée paraît être tout à fait indépendant de
celui du pouvoir lipasique.
( 783 )
» L'ingestion répétée âe corps thyroïde, chez deux sujets, l'iiii obèse,
l'autre myxœdémateux, a été suivie d'un abaissenfient de l'activité
lipasique.
» La lipase agissant ïn riiro sur les graisses, on pouvait se demander si
l'aufïmentation de son activité jouait un rôle dans l'amaigrissement, et sa
diminution dans l'engraissement. Or, d'une façon générale, ce sont les
sujets obèses, bien nourris, florissants, qui ont, au contraire, un taux assez
élevé, alors que les malades cachectiques, amaigris, ont un taux peu élevé.
Mais il ne faut pas oublier que l'obésité et la maigreur ne dépendent pas
seulement de la destruction des graisses, mais aussi de leur production;
que, de plus, la lipase ne fait que dédoubler les graisses en acides gras et
glycérine, sans les brûler complètement: enfin, si nous connaissons la
lipase dans le sang mort, en dehors de l'organisme, nous ignorons com-
ment elle agit, et même si elle agit, au sein des tissus vivants. »
VITICULTURE. — Nouvelles expériences relatives à la désinfection antiphyl-
loxérique des plants de vignes. Note de MM. Georges Couaxox,
Joseph Micho.v et E. Salomon.
« Ce sont, on le sait, les apports de boutons de vigne qui ont grande-
ment contribué à la dissémination du fléau phylloxérique.
» Déjà, au début de l'invasion du vignoble français, il y a plus de trente
ans, il avait été reconnu que, partout oi'i l'on avait constaté les foyers phyl-
loxériques, à l'étranger de même que chez nous, des introductions de
plants d'Amérique avaient été faites.
» Plus récemment, en Algérie (rSS")). en Champagne (1890), en Lor-
raine (1894). de constatations faites et vérifiées il est toujours résulté que
les nouveaux foyers n'avaient pas d'autre origine que des importations
malheureuses de plants provenant de pays antérieurement envahis.
» A diverses reprises les vignerons ont réclamé un procédé certain pour
désinfecter les plants tant français qu'américains racines ou non racines.
Cette question est de nouveau agitée au moment des tentatives de recon-
stitution en Algérie et en Champagne.
» En 1887, l'un de nous, M. G. Couanon, communiquait précisément à
l'Académie des Sciences ('), en collaboration avec MM. F. Henneguy et
(') Comptes rendus, séances des 7 février et 'îi novembi-e 1SS7.
C. R., 1899, ■>.' Semestre. (T. CXXIX, N° 20 ) lO'l
( 784 )
E. Salomon, le résultai d'expériences qui. s'appuvant sur les remarquables
travaux de M. Balbiani, relatifs à la résistance des œufs du PhvUoxera ('),
établissaient que par une immersion dans l'eau chaude de 45° à oo" C.
pendant une durée de dix minutes, on pouvait traiter préventivement les
boutures non racinées.
» Nous avons repris ensemble cette année ces expériences en les éten-
dant aux plants racines, qui sont le plus fréquemment employés dans la
reconstitution, et aussi les plus souvent contaminés, partant les plus in-
fectieux.
>) C'est de nouveau à Thomerv, chez M. E. Salomon. que nous avons fait
nos expériences.
» Ive 3i janvier, nous soumettions des plants de Noah racines d'un an
d'âge à l'immersion dans l'eau chaude :
» i" Pendant cinq minutes, un paquet de dix plants. Température à
l'entrée : 53" C. ; à la sortie : 5i° C. ;
)) 2° Pendant quatre minutes, un autre paquet de dix plants. Tempéra-
ture à l'entrée : 53" C. ; à la sortie : 5i" C. ;
» 3° Pendant trois minutes, un autre paquet de dix plants. Tempéra-
ture à l'entrée : 53" C. : à la sortie : 5i° C.
>i A la fin des opérations, l'examen des racines semblait bien montrer
que les plants n'avaient nullement souffert.
» Les paquets furent partagés par moitié.
)) Quinze plants (cinq, quatre, trois minutes), auxquels il fut ajouté
cinq plants témoins n'avant pas été trempés dans l'eau chaude, furent
immédiatement j)lantés en serre et forcés à la manière des vignes desti-
nées à la production des raisins de primeur.
» Les quinze autres plants (cinq, quatre, trois minutes) furent mis en
stratification pour être plantés, aussi avec témoins, à l'époque ordinaire
des plantations à l'air libre. La plantation a eu lieu le .') mai.
» Aussi bien dans la serre qu'à l'air libre le succès a été complet. La
reprise a été parfaite. Les vignes sont aujourd'hui très belles et très bien
constituées.
» On peut donc affirmer qu'une immersion dans l'eau chaude à 53" C.
pendant cinq minutes, est un moyen pratique et économique pour désin-
fecter des plants de vignes quelconques, racines ou non racines. Insectes et
œufs sont tués et les plants vivent et végètent normalement. »
(') Comptes rendus, séance du ai décembre 1876.
( 7«5 )
M. V. DucLA adresse une Note avant pour litre : « Résolution de l'équa-
tion du troisième degré par une méthode nouvelle ».
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
M. B.
BULLETIN BIBLIOr.RAPHIQVR.
OOVRAGF.S REÇUS DANS LA SÉANCE DU l3 NOVEMBRE 1899.
Le baron Eippnlyle Larrey , par L.-J.-B. Bérenger Féraud. Paris, Fayard
frères, 1899: i vol, in-8". (Présenté par M. Giiyon.)
Actualités scientifiques : La Télégraphie sans fils, par André Broca. Paris,
Gauthier-Villars, 1899; t vol. in-12. (Présenté par M. Cornu.)
Supplément de Notice ( 1 899) de M. J.-A. Le Bel : Stéréoclumie du carbone.
Paris, tvp. Clinmerot et Renouard; i fasc. in-4°.
Société industrielle d^ Amiens. Programme des questions mises au concours
pour l'année 1899-1900. Amiens, impr. T. Jeunet; i fasc. in-S".
Tne islands and coral reefs of Fiji, by Alexander Agassiz ; with 112 plates.
Cambridge, Mass.. U. S. A., 1899; r vol. in-8'\ (With the compliments of
Alexander Agassiz.)
■Electrical instruments for determining tlie moisture , température and soluble
sait content of soils, by Lyman-J. Briggs. Washin;.ton, 1899; i tasc. in-8".
Soil moisture : a record of the amoiint ofwater contained in soils during the
crop season of i^çi%, hv Milton Whitney and Ralph-S. Hosmer. Washing-
ton, 1899; I fasc. in-8".
Température changes in fermenting piles of cigar-leaf tobacco, bv Milton
Whitney and Thos.-H. Means. Washington, 1899; i fasc. in-8".
Cinq Opuscules sur diverses questions à^Histoire naturelle, par Carlos
Berg. Buenos Aires, 1899; 5 fasc. in-S". (Hommage de l'Auteur.)
Royal Institution of Great Britain. List of the members officers and profes-
sors, 1899. London, 189g; i f.isc. in-8°.
List of the geological Society of London. November i" 1899. Burlington
House; i fasc. in-8".
( 786)
Atlas geologirzny Galicyi, z. 9 (bez tekstii); z. 10, cz. l. Krakow, 1897-
1899; 2 vol. in-S" (texte) et t3 (Partes, gr. -aigle. (Don de l'Académie des
Sciences deCracovie.)
Censo gênerai de la Bepublica Mexicana, verificado et 10 de octubre de 1895.
Estado de Durango. Estado de San Luis Potosi. Mexico, 1899; 2 fasc. in-4°.
Missouri hotanical garden. Tenlh annual report. Saint-Louis, Mo., 1899;
j vol. in-S"^.
U. S. Department of Agriculture. Fi ft cent h annual report ofthe Bureau 0/
animal industry, for the year iSgS. Washington, 1899; i vol. 10-8".
Royal Institution proceedings. Vol. XV, part 3. London, 1899; i vol.
in-8^
Annals ofthe New York Academy of Sciences. Vol. XII, part 1. Lancasler,
Pa., 1899; I fasc. in-8".
Proceedings of the Academy of natural Sciences of Philadelphia, 1899.
Part 1. Januarv, february, mardi. Philadelphia, 1899; i vol. in-8°.
Natuurkundig Tijdschrift voor Nederlandsche-Indië. Deel LVIII. (Tiende
série, dl. II.) Batavia, G. KolfF and C", 1898.
A/v/m'es du Musée Teyler. Série 2, Vol. VI, 3* partie. Haarlem, Loosjes;
Paris, Gauthier-Villars, 1899; r fasc. in-8°.
Rozprawy Akademii Umiejetnosci. Wydzial matematyczno-przyrodniczy .
Serya 2, t. XVI. W Rrakowie, 1899; i vol. in-8°.
On souscrit à Paris, < hr OAUTHIEB-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
Siis 1836 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent résulièroineni le Dimanche. Ils funneiil, à la fln de l'aiinôe, deux *olumes lii-j". Deux
> l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétiqiip lie noms d'Aulours, lerminent chaque volume. L'abonnement est annuel
I du t" janvier.
Le prix lie Pobimnement est fixé ainsi <tu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr - Antres pays : les (r;iis de poste «xtraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Ferriin frères.
> Chaix.
( Jourdan.
) Ru (T.
Courtin-Hecquet.
( Germain etGrassin.
\ Lachése.
; Jérôme.
1 Jacquard.
, Feret.
u, Laurens.
Lorient.
Muller (G.).
rg
■t-Fen.
Renaud.
Derrien.
\ F. Robert.
I J. Robert.
' Uzel frères.
Jouan.
rv Perrin.
^ Henry.
( Marguerie.
I Juliot.
i Ribou-Coliay.
, Lamarclie.
! Ratel.
' Key.
1 Lauverjat.
' Degez.
\ Drevel.
I Gratter et G". ,
6"e Fouclier.
( Bourdignon.
! Dombre.
I Thorez.
( Quarré.
chez Messieurs :
i Baumal.
■ ■ ■ ■ / M— lexier.
/ Bernoux et Cutnjn
\ Georg.
< Côte.
J Savy.
' Vitte.
Marseille Ruât.
1 Calas.
^°"'/'^"'«' /Co.,lel.
Moulins Martial Place.
j Jacques.
Nancy j Grosjean-Maupin.
Sidot frères.
Lyon.
\ Loiseau.
* ' " ' Veloppè.
I Barnia.
' ' Visconli et C".
Aimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
„ . . i Blanchier.
Poitiers ,, ,
' Marche.
Hennés Plihon et Hervé.
Rochefort Girard (M""').
L Langlois.
Rouen , ".
I Lestringant.
S'-É tienne Chevalier.
( Ponteil-Burles.
Nantes
Nice.
Toulon.
I Rumèbe.
Toulouse..
Valenciennes.
1 '
Gimet.
( Privât.
J Boisseiier.
Tours 1 Pèricat.
' Suppligeon.
\ Giard.
( Lemailre.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam.
chez Messieurs :
j Feikema Caarelsen
( et Ci*.
Athènes Beck.
Rarcelone Verdaguer.
I Asher et C".
Berlin. .
Dames.
Friedlander et fils.
Mayer et Muller.
Schmid et Francke.
Rerne
Sologne Zaniclielli.
I Lamertia.
Brujcelles , Mayolezet Audiarte
I Lebègue et C".
I Sotcheck et C°.
• I Storck.
liucharest.
Budapest Kilian.
Cambridge Ueighton, BelletC".
C/iristiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence... .. . Seebei-.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
Cherbuliez.
Georg.
' .Stapeluiohr.
a Haye Beiinfante frères.
Benda.
Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig Lorentz.
Max Kube.
Twietineyer.
I Desoer.
' Gnusè.
Genève.
Lausanne..
Naples.
Liège..
chez Messieurs :
i Dulau.
^"'"^'■^ Hachette et C".
'Nutt.
Luxembourg.... V. Biick.
/ Libr. Gutenberg.
.Madrid )Romoy Fussel.
) Gonzalés e hijos.
' F. Fé.
Milan ( Bocca frères.
( Hœpli.
Moscou Tastevin.
( Marghieri di Giu».
( Pelierano.
I Dyrsen et Pfeiffer.
rVetv-rork Stechert.
' LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C"
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés et Mouiz.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
„ i Bocca frères.
Rome ,
( Loescheret C".
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin
J Zinserling.
I Wolff.
Bocca frères.
Brero.
Clausen.
' RosenbergetSellier.
Varsovie Gebethner et Wollf
Vérone Drucker.
i Krick.
Vienne
( Gerold et G".
Ziirich Meyer et Zeller.
S'-Pelersbourg .
Turin .
I iUS G£NLf,AL£S fi£S COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes l" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4»; t853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— d" Janvier i85i à 3i Décembre i865. ) Volume in-4''; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 â 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre lijKo.) Volume iu-4''; (889. Prix 15 fr.
SI PLÉHENT AUX COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L'ACADÉMIE SES SCIENCES :
m : Mémoire sur quelques points delà Physiologie des Algues, par MM. A. Debbés et A.-J.-J. Soueb. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
'e par M.HiNjE».— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement cfans la digestioa des matières
ss ar M. CucDK Bernard. Volume in-4°, avec Sa planches; iS56 15 fr.
II I : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beheden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
leoncours de i8d3, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
Bt res, suivant l'ordre de leur superposition . — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
r ports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 37 planches; 1861.. . 15 fr.
> ime Librairie les Xémclres de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers SaTanU à l'Académie des Sciences.
iT 20.
TABLE DES ARTICLES, (Séance du 15 novembre 1899.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIOXS
DES MEMBIIKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉilIE.
!' - Pages.
.M. BEnTiiEi.oT. - 01)>(>rv;ilii>ns reliili\i M.M . PiiiLLiEUX et Delackoix. — La maladie
aux rcclicrchrs sur les (liniiiiiirs 7 JJ îles OEilleN h .\rilil>os ~\'^
I
MEMOIRES LUS.
M. N. GiiÊiiANr. — Recherches sur l'aicoo-
lisme ai!;u ; dosage de l'alcool dans li-
sauf; el dans les tissus.
CORRESPOA D ANGE .
M. le Secrétaire rEurÉTCEL signale, parm
les pièces imprimées de la Correspon
daucc, divers Ouvrages de M. /..-././
Bérenger-Féraud cl île M. André Broc<i
M. C. Guif.iiAiîn. — Sur les congruences il'
cercles el de sphères qui inlervieunei-i
dans l'élude des syslémes orllingonaux et
des syslémes cycliques
M. Paul Painlevê. -- Sur les équations du
second ordre à points critiques fixes...
M. H. PADiJ. — Sur la généralisation Ar^
développements en fractions continue^,
donnés par Gauss el par Euler. de lu
fonclion ( 1 -+- x)'"
M. G. Sagnac. — Nouvelle manière de con-
sidérer la jiropagation des ^■il^rations lu-
mineuses à travers la matière
M. Feuxaxd Gaud. - Sur la speclropliol ■
métrie des lumières électriques
M'"" Ski.odowsiva Cl'Uie. — Sur le poids
atomique du métal dans le chlorure iV
baryum radifére
M. \. Jaboix. — Sur la préparatiou et !• -
propriétés des jihospliures de stronliui/i
el de baiyum cristallisés
M. Ch. Marie. — Sur le dosage du ph..-
phore dans les composés organiques. .
BULLKTIN HIBI.IOGIlAPlllQtTÎ
I MM. W.-J. PorE et S.-J. Peachey. — Sur de
' nouveaux composés asymétriques de l'a-
zotc obtenus par synthèse et doués du
^ pouvoir rolaloire 767
M. P. BouRCET. — Sur l'absorption de
l'iode par les végétaux 76S
j MM. Caullery et Félix Mesxil. — Sur la
•^8 ! morphologie et l'évolution sexuelle d'un
Epicaride parasite des Balanes (Hemio-
■ 1 nisciis balani Buchholz) 770
M. L. Maquenne. — Sur l'hygrométricité
des graines 77'J
,. I M. Fred. AVallerant. — Sur l'origine de
■^ÔS la symétrie dans les corps cristallisés cl
1 du pcdymorphisme ~~S
!MM. E. IIÉnox et .1. Anndas. — Des rcla-
tiiins existant entre les actions diurétiques
el les propriétés osmoliqucs des sucres. .. 77S
7") MM. Ch. .\ciiARD et \. Clerc. — Sur la
; lipase à l'état pathologique 7S1
MM. Georges Couanox, Joseph Micuon cl
E. .Salomon. — Nouvelles expériences re-
latives à la désinfection anliphylloxé-
rique des plants de vignes 788
M. V. Ducla adresse une Note ayant pour
titre ; « Résolution de l'équation du troi-
sième des;ré par une méthode nouvelle ». 7^5
. .■ -S'y
PKKIS.— IMPKtMEP.IE G\UrHrEK-VlLI..VRS
Quai des Grands-Aucuslins. .i.S.
189i]
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR Ifira. IiES SBCRÉTAIRES PBRPÉTUEIiS.
TOME CXXIX.
r 21 (20 Novembre 1899)
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auj;ustins, 55.
189<)
REGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2/» MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou car un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les J rogranimes des prix proposés par l'Acad»
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'ai
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savah
étrangers à l'Académie,
Les Mémoires lus ou présentés par des persa
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'u
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requi:
Membre qui fait la présentation est toujours nor t
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet E: a
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils h 1
pour les articles ordinaires de la correspondancf ï
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rei ii
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tai It
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à te
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Co7??p/f /
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendi
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais de: u-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rappor t\
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administratif ail
un Rapport sur ]& s\tual'\on àes Comptes rendus s-ii
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du'é-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs MéiEoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés 1 '•*
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5*^^. Autrement la présentation sera remise à la séance sni '"1
DEC 12 1899
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 20 NOVEMBRE 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES, CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Note sur les Lconides ; par M. L«kwy.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie les résultats obtenus
dans divers observatoires français par l'exploration du ciel relativement à
la visibilité présumée d'une des parties de l'essaim des Léonides.
» A l'Observatoire de Paris, trois groupes d'astronomes étaient chargés
de l'observation de ce phénomène. Le premier avait pour tâche de compter
les étoiles; le second, de tracer leurs trajectoires sur des cartes, et le troi-
sième groupe était affecté aux opérations photographiques.
» Comme l'Académie l'a peut-être déjà appris, ces efforts n'ont pas été
couronnés de succès. Il n'y a en effet qu'un petit nombre de ces corpuscules
qui ont traversé l'espace dans la période du 12 au 17 novembre.
» A Paris, trois nuits seulement ont été favorables : celle du 12 au i3, où
^ G. K., 1899, 2' .Semestre. (T. CXXIX, N-21.) I o5
( 788 )
M"''D. Klumpke a observé i/j étoiles, et celles du i5 au i6 et du i6 au 17
pendant lesquelles on n'a pu en noter que 19; soit au total 33 étoiles.
» M. Trépied, directeur de l'observatoire d'Alger, nous a fait savoir
télégrapliiquement qu'il a pu constater, dans les deux nuits du i4 et du
i5 novembre, le passage de 65 météores. L'état du ciel a rendu les obser-
vations impossibles dans les autres nuits.
» M. André, directeur de l'observatoire de Lyon, nous indique le passage
d'une quarantaine de ces corpuscules dans les nuits des i3, i4 et 17.
» M. Stéphan nous adresse de Marseille les renseignements suivants :
Nuil du i3 au i4 20 étoiles visibles
)5 1/4 au 1 5. j] i>
» 1 5 au 16 43 »
» Comme M. Baillaud l'indique dans une Note insérée plus loin ('),
on n'a pu apercevoir, à l'observatoire de Toulouse, dans les nuits du i3 au
16 novembre, que le passage de 43 étoiles filantes.
» La probabilité a priori, pour un important flux d'étoiles filantes, n'était
d'ailleurs pas bien grande. Nous savions en effet que la partie de l'essaim,
qui a donné naissance en i 866 à une averse abondante de météores, ne
pouvait pas passer celte fois à proximité de la Terre par suite des pertur-
bations notables provenant des grosses niasses planétaires de Jupiter et de
Saturne. Il était toutefois permis d'espérer que d'autres portions du même
essaim, trop éloignées autrefois de nous, deviendraient visibles cette
année : espoir qui ne s'est pas réalisé.
» Cette constatation présente néanmoins un intérêt réel : elle nous
fournit la preuve que le développement, particulièrement en largeur, de
l'essaim des Léonides n'est pas considérable. «
ASTRONOMIE. — Note sur les observations des étoiles filantes dites Léonides,
faites sous la direction de l' observatoire de Meudon; par M. J. Janssen.
« J'ai l'honneur de rendre compte à l'Académie des observations faites
à l'observatoire de Meudon ou sous sa direction à l'occasion de l'appari-
tion des étoiles filantes de novembre, dont le maximum était attendu pour
cette année.
(') A'oir plus loin, page 806.
( 7^9 )
1) En i-aison de cette circonstance que ce phénomène ne se reproduit
comme on sait que tous les tiers de siècle, l'observation de cette année
avait une importance et un intérêt tout particuliers.
» Il s'agissait, en effet, de bien constater que la pluie météorique si
extraordinaire de 1799, celle de i833 et celle de 1866 reviendrait encore
en 1899 et quels seraient son abondance et son point d'émanation : ces
diverses circonstances étant indispensables pour se rendre compte des
modifications que les masses planétaires ont pu apporter dans la distribu-
tion des petites masses météoriques sur l'oibite des essaims et jusqu'à un
certain point sur la forme même de cette orbite et la position de ses nœuds
avec l'orbite terrestre.
M Ces questions intéressent la constitution de notre système solaire et
présentent en outre un grand intérêt au point de vue de la Physique
céleste.
» La partie la plus importante de ces observations réside donc dans la
constatation de l'époque de l'apparition du maximum, suivant l'expression
consacrée, et de l'importance de ce maximum comparée à ceux des
époques antérieures.
» Mais cette constatation exige évidemment pour être certaine que le
phénomène soit suivi sans lacunes pendant toute la durée de son apparition
probable.
» Cette condition, dont l'importance est évidente, nous conduit à re-
chercher les moyens d'empêcher que des stations placées sur la ligne d'ob-
servation ne fassent défaut par suite de circonstances atmosphériques.
» C'est ainsi qu'on est conduit, pour éviter des lacunes qui vicieraient
toute conclusion sur l'apparition du maximum en question, à l'emploi de
ballons permettant aux observateurs de s'élever au-dessus des brumes, des
brouillards et même des nuages. On voit de suite combien un pareil
emploi peut être intéressant.
» Cette nouvelle application de cet art si français de l'aérostalion m'a
paru pleine d'avenir, même à l'égard d'autres objets astronomiques, et j'ai
conseillé d'en tenter l'emploi depuis bien des années déjà, mais d'une ma-
nière plus effective l'année dernière et cette année même, à l'occasion des
observations des Léonides.
» On sait que l'année dernière, M. Hansky, alors élève de l'observa-
toire de Meudon, s'élevait en ballon et qu'à une hauteur très modérée il
jouissait d'un ciel qui lui permit une observation complète tandis qu'à terre
un brouillard épais s'opposait à toute vision du ciel.
( 79'! )
M Ce succès nous a engagés à reprendre ces observations à l'occasion du
passage si important de cette année.
» Deux ballons ont été mis à notre disposition.
» Le premier, propriété de l'Aéro-Club, monté par MM. les comtes de
Lavaulx et Castillon de Saint-Victor qui m'avaient gracieusement offert
deux places dans leur nacelle, ce dont je les remercie ici.
)) Ces deux places ont été occupées par M. Tdihoff, élève de l'observa-
toire de Meudon, et M. Lespieau, professeur de Chimie au collège Chaptal.
Ces Messieurs s'étaient entendus avec moi avant le départ sur le programme
des observations.
» Le deuxième ballon, propriété de M. Mallet, constructeur et aéronaute
bien connu par de nombreuses et très belles ascensions, était conduit par
lui-même. Il avait à bord comme observateur M"^ Rlumpke, attachée
à l'Observatoire de Paris, que mon éminent confrère M. Lœwy, son direc-
teur, avait bien voulu, sur ma demande, autoriser à faire l'ascension.
M. WilfriddeFonvielle, si versé dans l'histoire et la littérature scientifiques
et spécialement dans l'aérostation, voulait bien l'accompagner pour enre-
gistrer les observations.
» Ces ballons partirent de l'usine du Landy, près Saint-Denis, usine
appartenant à la Compagnie parisienne du Gaz, qui donna tous ses soins à
ces ascensions.
» M. le prince Roland Bonaparte voulut très aimablement faire les frais
du gaz du ballon Y Aèro-Cluh. nous nous chargeâmes de l'autre.
» Résumons maintenant les observations :
» Première ascension : nuit du i4-i5 novembre. Ballon VAéro-Club
monté par MM. les comtes Henri de Lavaulx et Castillon de Saint-Victor.
Observateurs : MM. Tikhoff et Lespieau. Départ le it à i'' du matin.
» A 200", le ballon est au-dessus du brouillard.
» i''45 commencement des observations.
h h
De I 45 à 2 on compte 2 Léonides
De 2 à 3 B i3 »
De 3 à 4 " 'o »
De 4 à 5 » 26 »
De 5 à 6 » 4o »
en plus 9 étoiles de [f grandeur qui furent visibles quand la Lune s'abaissa
à l'horizon.
» Parmi les étoiles observées M. Tikhoff estime qu'il y en eut 19 de
( 7:!i ^
i'" grandeur, /(3 de 2*^, 29 de 3" et 9 de ^^ orandenr comme il vient d'être
dit; il est évident que sans la présence de la Lune le nombre des étoiles
(le faible éclat eût été beaucoup plus considérable.
1) En outre, il faut remarquer que quand le radiant s'éleva vers /|5° le
ballon cacha une grande partie du ciel où le phénomène devait se produire.
M. Tikhoff estime que, sans cette circonstance, le nombre des Léonides
observées eût été certainement doublé. Il faut donc estimer à 200 en-
viron le nombre des apparitions d'étoiles de la i''® à la 4^ grandeur qui
sillonnèrent le ciel dans les régions du radiant pendant la nuit du i4 au
i5 novembre.
» A l'égard des couleurs manifestées par ces météores M. Tikhoff estime
qu'elles se sont partagées en parties à peu près égales entre le jaune foncé
très brillant et le blanc bleuâtre, les météores de i'* grandeur laissant des
traces qui ont persisté pendant quatre et cinq secondes.
» Du reste, le détail de ces intéressantes observations sera donné par
M. Tikhoff dans une Note ultérieure qu'il aura l'honneur de présenter à
l'Académie.
» L'atterrissage du ballon eut lieu dans les meilleures conditions dans
le département de l'Eure, au village de Plessis-Sainte-Opportune, arron-
dissement de Berna v, à iSo'"" de Paris.
Seconde ascension. Ballon le Centaure, monté par M. Mallet, M"' Klumpke
et M. DE FONVIELLE.
» Parti de l'usine du Landy le i5 à i3'', c'esl-à-dire le i6 à i*" du matin. Ciel très
pur :
» i''?,o'". — Commencement des observations : une Léonide.
» i''4i". — Une sporadique.
» i^V. — Une Léonide très brillante supérieure à la i" grandeur; belle traînée
irisée de 2' de durée.
» 2''i5'". — Une seconde près de a Lion; traînée blanchâtre.
» a'^So"". — Une Léonide blanche inférieure à la i" grandeur.
1) 2''52'". — Une Léonide partant de î du Lion vers la Grande-Ourse; traînée i'.
» 2''55'". — Sporadique de i''" grandeur.
» 3''34"-3''35". — Sporadiques.
» 4"^ 16™. — Léonide passant près de Ç Lion.
i> 4''38™. ^ Sporadique partant de l'Hydre.
» 4'''46™-4''48™- — Deux Léonides, dont une avec traînée de 2^
I) 4*' 37™. — Une sporadique traversant Hercule.
» 5™ 10". — Une Léonide vers la Vierge.
» SI» 21 "-5'' 39™. — Cinq sporadiques.
( 792 )
» G*". — Coucher de la Lune. Ciel très pur du côté du radiant; magnifique halo
lunaire.
» Atterrissage à Saint-Germain-sur-Ay, canton de Lassay, arrondissement de Cou-
tances (Manche).
» Telle est en substance le résumé de ces observations.
» Il faut remarquer que la nacelle de V Aéro-Club était beaucoup trop
près du ballon, ce qui a nui beaucoup aux observations.
» A ma demande, la nacelle du deuxième ballon (/e Centaure) avait été
plus éloignée par allongement des câbles d'attache, et les observations ont
été beaucoup moins gênées.
» Je pense que, pour un ballon de i4"' à iS™ de diamètre, une distance
d'environ lo™ entre la nacelle et le ballon serait suffisante.
» Cet éloignement de la nacelle aurait encore pour avantage de dimi-
nuer beaucoup les chances d'inflammation du gaz par les lampes placées
à bord.
)> Ou pourrait également employer des ballons et des nacelles de forme
allongée. Dans ce cas, si le grand axe de la nacelle était placé perpendi-
culairement à celui du ballon, on pourrait avoir la vision du zénith.
» J'ajoute ici que des cartes postales affranchies avaient été préparées
à Meudon. Elles portaient l'adresse de l'observatoire, avec l'invitation aux
personnes qui les trouveraient d'y inscrire très exactement l'indication du
lieu où elles auraient été trouvées. Avant de les laisser tomber, l'observa-
teur y inscrivait l'heure exacte de l'observation. Un certain nombre de ces
cartes nous ont été retournées. Les indications qu'elles contenaient ont
])ermis de reconstituer l'itinéraire suivi par les ballons et de connaître les
coordonnées des points d'observation et les temps correspondants.
» Je suis persuadé que cette méthode si simple permettra de donner
ime grande précision aux observations faites en ballon.
» L'Académie comprendra que j'aie désiré connaître quels résultats on
avait obtenus sur la ligne des observations, afin d'avoir une idée générale
du phénomène en 1899.
» Dans ce but, j'ai envoyé des télégrammes à la plupart de nos col-
lègues des observatoires étrangers ou nationaux où le phénomène pouvait
être observé.
» Avec un empressement dont je suis reconnaissant, on m'a fait par-
venir des nouvelles qui embrassent la région partant de Delhi, dans l'Inde,
où M. Auwers allait si courageusement observer, jusqu'à San Francisco,
c'est-à-dire sur une zone embrassant plus de la moitié de la Terre.
( 793 )
» Le i6, à Delhi, les Léonides ne sont pas apparues.
» A Pulkowo, M. Hansky, ancien élève de l'observatoire de Meudon,
s'est élevé en ballon jusqu'à 2 500™ et n'a rien vu, me télégraphie
M. Backlund.
» A Odessa, on a observé les Léonides pendant quatre jours, mais l'es-
saim a été faible.
» De Vienne, M. Palisa, mon si distingué compagnon de i883 pour
l'observation de récli|)se totale visible dans le Pacifique, m'écrit que, le i4.
le ciel a été découvert, mais qu'on n'a rien observé de l'emarquable ; le 1 5
et le i6, le ciel a été couvert.
» De Potsdam, M. Vogel me télégraphie qu'aucune Léonide n'a été
observée.
» Strasbourg. Du î4 au i5, maximum vers 6'', 6o météores par heure;
du i5 au i6, en ballon : étoiles filantes isolées.
» Madrid. Je n'ai pas encore reçu de nouvelles.
» De Cambridge (États-Unis). M. Pickering me télégraphie qu'on n'a
pas observé de brillants météores, mais environ 200 Léonides.
» De Chicago, à l'observatoire Yerkcs, on n'a pas observé de météores,
me télégraphie M. Haie.
» San Francisco. Une dizaine de météores par heure dans la nuit du
mardi. Le jeudi, temps couvert.
» Voici quelques observations françaises :
» D'Alger, M. Trépied. Le 14, 35 Léonides; le i5, 16 Léonides; le iG,
temps couvert; durée des observations : chaque jour, six heures,
» De Nice, M. Perrotin. Ciel très défavorable, estime néanmoins cjue le
passage a dû être très médiocre.
)) De Bordeaux, M. Rayel. Ciel parfaitement beau, observations pour-
suivies jusqu'au matin. Du 12 au i3, étoiles filantes inférieures à la
moyenne. Du i3 au i4, 2 à3 étoiles par heure. Probablement pas Léo-
nides. Du i4 au i5, 25 j^éonidesde 2''3o'"à 3''3o°; ensuite 3 ou 4 par heure.
A l'égard de l'Observatoire de Paris, son Directeur a fait, à cet égard,
à l'Académie, une Communication très complète.
» Il résulte de cette large information, qui n'a laissé en dehors d'elle que
les parties maritimes du globe, que le maximum attendu a été considéra-
blement réduit d'importance sans doute par suite de l'action des planètes,
notamment Jupiter et Saturne, ainsi que Le Verrier l'avait prévu et
annoncé à l'occasion de l'apparition de 1866 : conclusion à laquelle ont
été conduits les astronomes qui se sont depuis occupés de la question.
( 794 )
)i Ces éludes, dont plusieurs sont dues à des hommes très éminenls, ont
conduit à des discussions et des conclusions dans le détail desquelles nous
ne pouvons entrer ici, notre but étant pour le moment de rendre compte
seulement des observations faites à propos du passage de 1899.
» Disons maintenant que, pour préciser davantage les observations et
obtenir des conclusions théoriques plus certaines, on devra observer avec
grand soin l'année prochaine; aussi voudrais-je appeler l'attention des as-
tronomes et des observateurs sur l'intérêt qu'il y aurait, pour l'année pro-
chaine, à développer encore ce mode d'observation en ballon qui, permet-
tant de s'affranchir des chances de mauvais temps, conduira à tirer des
observations des conclusions absolument certaines. »
OPTIQUE PHYSIQUE. — Ce que devienl un système d'ondes planes latéralement
indéfinies, dans un milieu transparent isotrope, mais hétérogène, formé de
couches planes et parallèles; par M. J. Boussinesq.
« I. Le fait de la réfraction atmosphérique pose, aux géomètres, le pro-
blème de la transmission des ondes lumineuses dans un milieu transparent
et isotrope où la vitesse oj de propagation de la lumière varie d'un point à
l'autre, mais assez graduellement pour pouvoir être supposée constante
dans des étendues comprenant en tous sens plusieurs longueurs d'onde, où
le mouvement vibratoire a lieu très sensiblement comme dans un milieu
homogène. Les astronomes résolvent ce problème par une décomposition
fictive du milieu en minces couches homogènes, comprises entre surfaces
voisines équiréfringentcs, c'est-à-dire de la famille qui a pour équation
(o = const.; ce qui leur permet d'appliquer aux rayons les lois usuelles de
la réfraction, sur chaque surface séparative des couches. Or, la démons-
tration théorique de ces lois delà réfraction (et de la réflexion concomitante)
attribue essentiellement à la couche de transition comprise entre les deux
milieux homogènes une épaisseur totale beaucoup plus petite que la lon-
gueur d'onde; et l'on peut se demander si les résultats resteraient bien les
mêmes, en restituant leur continuité effective aux lentes variations de la
réfringence ou de to. Il y a donc lieu d'intégrer directement, dans l'hypo-
thèse de oj lentement variable avec x, y, z, les trois équations des petits
déplacements vibratoires ^, vi, ^ de l'éther, savoir
(')
(xi- dl-
- A,(E, r;, ^)
cH)
d{j;,j,5)
ou
d'i , dr,
dx
dy
d^
di'
( 795 )
» Bornons-nous d'abord au cas où les surfaces équiréfringentesw=:const.
sont des plans parallèles, normalement auxquels on prendra l'axe des a;.
Nous supposerons homogène le milieu, du côté des a; négatifs d'où vien-
dront les ondes étudiées, et c'est à partir du plan des yz que w sera, pour
a? > o, une fonction donnée, lentement variable, de x.
» II. Demandons-nous d'abord ce que deviendra un système d'ondes
planes latéralement illimitées, arrivant de la région des x négatifs et définies
en direction par l'angle if, de leur normale avec les x positifs. Prenons le
plan d'incidence pour plan des xy, c'est-à-dire l'axe des j suivant la pro-
jection de cette normale (issue de l'origine) sur la dernière couche homo-
gène .a;- = o, où w a une certaine valeur Wo. Si l'on pose
m-
^ ^ cu(, y (O- V "•'ô
I, Y,, *C seront, comme on sait, dans ces ondes planes, les trois projections,
sur les axes, d'un déplacement purement transversal, d'orientation uni-
forme, et fonction de la variable unique t — my — l„x. Les ébranlements
qu'il produira sur la face d'entrée j; = o du milieu hétérogène dépendront
donc de / — my. Ils se produiront, en tous les points, de la même manière
que sur l'axe des z, mais affectés du retard my, uniformément croissant
avec la distance y à l'axe des:;. On observera donc ultérieurement, par
raison de parité et en conséquence de ces ébranlements, les mêmes phé-
nomènes sur toute l'étendue d'une couche quelconque a; = const., mais
avec des retards relatifs pareils. Ainsi, quel que soit x, les déplacements
E, r,, C seront indépendants de z, et ils ne dépendront de t et de j' que par
la variable unique t — my : ce seront des fonctions de x et de t — my. On
pourra, en prenant l'intégrale fldx à partir de a; = o, remplacer t — my
par la variable
(3) X = t — my — fldx,
fonction connue de x et de t — my, qui varie, dans toute région d'étendue mo-
dérée, comme l'expression linéaire ; — my — Ix dont y dépendrait unique-
ment, sans les changements subséquents de l, notre système d'ondes planes,
supposé parvenu dans cette région en gardant sensiblement sa nature.
» III. En résumé, E, Y], Z, seront des fonctions déterminées de deux va-
riables seulement, t et x. De plus, la lenteur de variation de o) ou de l
avec X permettant au milieu de se comporter sensiblement, en chaque en-
droit, comme un milieu homogène, les ondes y différeront vraisemblable-
C. l:., iSgy, :!• Semestre. (T. C.\.\l\, N» 21.) 1 otj
( 79^^ )
ment peu d'oades planes; et l, n, ^ varieront lentement avec x quand -v ne
changera pas (ou qu'on suivra une même onde), mais en comparaison,
très rapidement avec la variable principale t. Nous désignerons par des ac-
cents, à la manière de I.agrange (^', l", ..., r,', r,", etc.), les dérivées rela-
tives à cette variable t, et à la manière de Leibnitz (sauf pour / fonction
uniquement de x) , mais avec des ô de ronde, les autres dérivées partielles,
toutes très petites, obtenues en restant sur une même onde suivie au
besoin dans sa propagation.
» Celles-ci, -^> ••■> ne modifiant leurs faibles valeurs que sur de grands
espaces (par rapport à la longueur d'ondulation) quand t ne change pas,
n'auront de sensibles que leurs dérivées principales i-^> etc.j; et elles-
mêmes se trouveront négliijeables, quand ce seront des dérivées (en ix, . . . )
non pas de déplacements transversaux ou sensibles, mais, par exemple, de
petits déplacements longitudinaux correctifs (de l'ordre de /').
)> Cela posé, comme E, r,, C ne dépendront pas ici de z-, et vu d'ailleurs
que l'inverse de co- égale /- + m'-, les équations (i) du mouvement devien-
dront
» Les inconnues E, r,, t y sont séparées en deux groupes. La première
équation (4) contient le déplacement "C seul; elle concerne les vibrations
pt'rpeudicidaires au plan d'incidence. Quant aux deux autres équations, en
l et Y], elles régissent les vibrations parallèles au plan d'incidence.
» IV. Occupons-nous d'abord de la première, où "C est fonction rapide-
ment variable de t et lentement variable de x. Les dérivées de t en /, x et
jetant I, — /, —rn, il viendra, en tenant compte des remarques précé-
dentes,
| = --c. p=-^"- A,?: = (/^+.^^)^"-./§-/r';
ce qui réduit la première équation (4) à
( 797 )
» Le produit /"('-, esseiiliellemenL positif (tant que /gardera le signe
de /„), ne dépend ainsi que de la variable principale t. En appelant (9")'
une fonction positive, d'ailleurs arbitraire, de? seul, l'équation (5) aura
donc pour intégrale "(^ \jl = o". Multiplions celle-ci par dt et intégrons sur
place soit à partir de l'époque où le mouvement aura commencé à atteindre
la région (x,y,z^, et en prenant alors nulle la valeur initiale de f'fd-z = cp',
soit, dans le cas contraire d'un mouvement vibratoire périodique (autour
de situations moyennes), en déterminant la constante de J\"d^ = ?', t^e
manière à annuler cp' en moyenne. Il viendra
» Une onde plane à mo'.îviinents normaux au plan d'incidence se pro-
page donc, à travers toutes les couches, en gardant ses caractères, qu'ex-
prime la fonction arbitraire cp', mais en prenant des amplitudes sensiblement
inverses, partout, de yj l.
» V. La fonction arbitraire de t introduite a été appelée cp', ou consi-
dérée comme dérivée d'une autre /'ç </t = ç, par analogie avec ce qu'il
y aura lieu de faire dans le cas de mouvements parallèles au plan d'inci-
dence.
M Dans ce cas, les déplacements ont une composante transversale
sensible <», qui serait seule sans les lentes variations de / avec x, et une
petite composante longitudinale s, due à ces variations. D'ailleurs, l'ex-
pression (6) de ^ nous faisant pressentir que 8 pourrait bien être, aussi,
inverse de y^, attribuons-lui la forme (6), mais avec tp' susceptible de
varier lentement avec œ, jusqu'à preuve du contraire.
» Alors, si l'on appelle R la racine carrée positive de l'expression (len-
tement variable avec x)
(7) R"- = l(P^mn, d'où W=^Jl±J!!ll',
on aura évidemment
(8) c; = — -^-0+ , i, '^1 = R? •+■ -7^=5,
^ ^ R ^ ^/2 _,_ ,„2 R ^ ^/^ + ni-
formules où les petits termes (en s) n'auront de sensibles que leurs déri-
vées (accentuées) par rapport à la variable principale t.
M En dilFérentiant ces expressions de E, n exactement comme on a fait
( 798 )
pour K et tenant, au besoin, compte des valeurs (7) de R' et de R', il
vient
«?e
/ 7 \ r '" <^? "
m(3r-+ m-)l'
■9
^l'-hmU"\;
et les deux dernières équations (4), changées de signe, se réduisent à
, V (— ml, 2l--\- m") (?!p" , ., ■,/ „l^—m- „ , /tj— ;, ,A
(9) ^^ -^ ^ jJ- + (^.'»)("î^-7Rr-? +V^' + '«'^ j = o-
» Respectivement multipliées par — m, /et ajoutées, elles donnent
-2- ^o; ce qui signifie que, conformément à nos prévisions, cp" dépend
uniquement de la variable principale t. Après quoi, une intégration par
rapport au temps, effectuée sur place, donne, comme pour Z, l'expression
suivante du déplacement transversale.
(10)
,f'{t-my-fld.r)
7i '
où (p' désigne une fonction arbitraire de la variable unique t. L'amplitude
des vibrations, à la traversée des diverses couches, est donc encore inverse
de \jl.
» VI. Enfin, les équations (9) deviennent
(")
ml'{l^~m^) „
» Deux intégrations successives en /, effectuées sur place et de ma-
nière, finalement, que l'intégrale /çp'f/T = 9 soit, comme le déplacement £,
ou initialement nulle, ou à valeur moyenne nulle, en déduisent
(12)
ml'{l-—i>r-) m(l^—m^) v/7 , ni \
0 = , ,; . „.,^/ -rr- ? (^ — f^y — J Idx).
îRV
(l^-+-m^y (Ir
» On voit que le petit déplacement longitudinal s rend légèrement
courbes les trajectoires de l'éther vibrant. 11 s'annule quand l- = m-.
( 799 )
c'est-à-dire quand les ondes sont inclinées à 45° sur le plan des couches
équiréfringentes du corps.
» VIT. Supposons maintenant que, dans la première couche a: = o,
^ et S soient les deux projections du déplacement total, —<h\t — wv),
V 'o
imprimé à cette couche par un système donné d'ondes incidentes. Si V
désigne l'angle de ce déplacement avec le plan des xy, la fonction
(p'(z — my) sera évidemment, dans X,, le produit de i/'{t — my) par sinV,
et, dans S, le produit de i^' {t — my) par cosV : C et S garderont, dans
toutes les couches parallèles, le même rapport tangV. Donc le plan de
polarisation fera un angle constant avec le plan d'incidence. »
CHIMIE MINÉRALE. — Action de V acide fluorhydrique el du fluor sur le verre.
Note de M. Henri Moissan.
« Depuis longtemps déjà, différents expérimentateurs ont insisté sur
l'action que peut exercer une impureté sur la mise en train d'une réaction.
On a discuté pour savoir si tel corps, par exemple, qui se combine avec
facilité à l'oxygène, ne deviendrait pas inerte ou si sa température de
réaction ne serait pas reculée par suite de la présence d'une trace d'eau.
Ces expériences touchent à des questions théoriques intéressantes ; mais, à
cause des difficultés qu'elles présentent, on comprend fort bien" qu'elles
aient été souvent contredites. Il nous suffira de rappeler sur ce sujet les
travaux de Dubrunfaut et ceux de Dumas, ainsi que les expériences plus
récentes sur le même sujet de Brereton Baker, de Dixon, de Gutmann et
de Lang.
» D'autre part, nous rappellerons aussi que, dans ses études de Ther-
mochimie, M. Berthelot a insisté maintes fois sur le rôle important, au
point de vue de la combinaison, que peut jouer une trace d'un composé
intermédiaire qui se forme, se dédouble, puis se reproduit ainsi sans cesse,
entraînant enfin l'union totale des deux corps mis en réaction.
» Nous avons pensé que cette étude de l'influence d'une trace d'im-
pureté pouvait être reprise au moyen du fluor; ce corps simple étant le
plus actif de tous ceux que nous connaissons.
» On sait que, dans des expériences déjà anciennes, Louyet avait indi-
qué que l'acide fluorhydrique sec n'attaquait pas le verre. On s'est servi
quelquefois, pour constater l'attaque du verre par l'acide fluorhydrique
( 8oo )
et les fluorures, de l'aspect que prenait le verre mis au contact de ces
corps. Le verre était dépoli. Mais il peut arriver, quand l'acide fluorhy-
drique liquide réagit sur le verre dans des conditions de concentration
déterminée, que le verre sorte de cp liquide avec un poli parfait, bien que,
par la balance, on constate nettement une diminution de poids. Le phé-
nomène est analogue au polissage de certains calcaires durs par l'action
de l'acide chlorhydrique étendu.
» Nous avons déjà fait remarquer (') que les expériences de Louyet
comportaient une autre cause d'erreur. Ce savant avait desséché son acide
fluorhydrique au moyen d'anhydride phosphorique, et il pensait ainsi
obtenir des vapeurs d'acide fluorhydrique absolument privées d'eau. Or,
l'anhydride fluorhydrique réagit à la température ordinaire sur l'anhydride
phosphorique pour donner naissance à un gaz que nous avons découvert
en 1886 : l'oxyfluorure de phosphore PFl' O. Ce gaz sec n'attaque pas le
verre.
» Action de l' acide Jluo /hydrique sur le verre. — Pour étudier l'action de
l'acide fluorhydrique sur le verre, nous avons décomposé d'abord des
fluorures exactement privés d'eau par l'acide sulfurique monohydraté bouilli
dans un tube de verre retourné sur du mercure bien sec. Dans ces condi-
tions, il se produit rapidement de l'acide fluorhydrique qui reste gazeux
pour peu que la température soit supérieure à -f- 20°, et le verre est de
suite attaqué. Mais on peut objecter à ces expériences que l'acide sulfu-
rique m'onohydraté contient de l'eau et que l'acide fluorhydrique formé
n'est pas absolument sec. Si l'on remplace l'acide sulfurique monohydraté
par l'acide de Nordhausen riche en anhydride sulfurique, on voit se dé-
gager un corps gazeux qui ne larde pas à se condenser dans l'excès de li-
quide acide et qui est formé en grande partie d'acide fluosulfonique étudié
par Thorpe et Walter Rirman.
» Dans ces expériences, le verre est encore attaqué.
)) Pour éviter les objections dues à l'emploi de l'acide sulfurique qui
dissout l'acide fluorhydrique, nous avons fait réagir l'anhydride fluorhy-
drique sur le verre absolument sec.
» L'expérience était disposée de la façon suivante : Une nacelle de pla-
tine, remplie de fluorhydrate de fluorure de potassium fondu dans un cou-
rant de gaz sec, était introduite, encore chaude et à l'abri de l'humidité
(') Action de l'anhydride fluorhydrique sur /'anhydride phosphorique (Riill.
Soc. chim., 3= série, t. V, p. 458).
( 8oi )
de l'air, dans un tube de platine parfaitement desséché. Ce tube de pla-
tine était fermé par des ajutages à vis de même métal. Il était traversé par
un courant de gaz carbonique pur, séché par de la ponce phosphorique et
de la tournure brillante de sodium. Il n'entrait pas naturellement dans
tout l'appareil de liège ou de caoutchouc. Les joints étaient formés de
tubes à frottement doux, recouverts de paraffine, corps qui n'est pas
attaqué par l'acide fluorhydrique.
)) L'extrémité de l'ajutage de platine, qui était disposé après la nacelle
renfermant le fluorure, venait déboucher dans un tube de verre z'ecourbé
en forme d'U et qui avait été séché au préalable avec le plus grand soin.
L'autre branche du tube en U laissait passer un tube abducteur dont l'ex-
trémité trempait dans du mercure recouvert d'acide sulfnrique. Cette
expérience étant ainsi préparée, on laissHit passer le courant d'iicide carbo-
nique absolument sec, pendant deux heures à la température ordinaire.
On interceptait ensuite le courant de gaz et l'on chauffait lenlement la na-
celle contenant le fluorure. De l'acide fluorhydrique gazeux se produisait
aussitôt en abondance et, dès qu'il arrivait au contact du verre, ce dernier
était d'abord dépoli, puis rapidement corrodé. Après une expérience de
quinze minutes, le tube avait perdu de son poids une quantité de oS'',532.
» Cette expérience, répétée plusieurs fois, nous a toujours donné les
mêmes résultats.
» La conclusion que nous en tirons est la suivante : l'acide fluorhy-
drique gazeux attaque le verre à la température ordinaire.
1) Action du fluor sur le verre. — Nous devons rappeler tout d'abord que
le fluor liquide obtenu vers —187'' par M. Dewar et l'auteur de cette Note
n'agissait pas sur le verre à cette basse température. Mais, dans toutes les
expériences sur le fluor gazeux que nous avons décrites jusqu'ici, ce gaz
attaquait toujours le verre. Nous rappellerons que ce fluor était préparé
par électrolyse du fluorure de potassium en solution dans l'acide fluorhy-
drique. Par suite d'une action secondaire du métal alcalin mis en liberté
au pôle négatif, l'hydrogène se dégageait à ce pôle, tandis qu'au pôle po-
sitif on recueillait le fluor. Ce corps simple était purifié des vapeurs d'acide
fluorhydrique qu'il entraînait forcément, par son passage dans un petit ser-
pentin de cuivre maintenu à —23", enfin, par son contact avec du fluorure
de sodium bien sec. Le fluor, ainsi préparé, ne fumait plus à l'air; mais,
comme nous le faisions remarquer plus haut, il attaquait toujours le verre.
Après avoir varié l'expérience que nous avons décrite précédemment, et
( 802 )
nous être assuré qu'une très petite quantité d'acide fluorhydrique répandue
dans un gaz inerte suffisait pour dépolir le verre, nous avons cherché à re-
tenir avec plus de soin les dernières traces d'acide fluorhydrique, et pour
cela nous nous sommes adressé à un procédé physique.
» L'acide fluorhydrique bout à -+- 1 9°, 5 ; il se solidifie d'après Wroblesky
à la température de — 92°. Nous avons pensé que, étant donné le point de
liquéfaction du fluor, — 187° (Moissan et Dewar), et celui de l'acide fluor-
hydrique, il nous serait facile de débarrasser le gaz fluor des dernières
traces d'acide en portant le mélange gazeux à une température un peu
supérieure au point de liquéfaction du gaz fluor ( ' ).
» Le fluor, préparé dans un appareil de cuivre et purifié ainsi que nous
l'avons indiqué précédemment, passait ensuite dans un petit tube de verre
plongé dans l'air liquide (-). L'extrémité de ce tube en U était terminée par
une série d'ampoules séparées les unes des autres par des parties étranglées.
L'extrémité du tube à ampoules était mise en communication avec une
atmosphère d'air absolument desséché. On produit ensuite un dégage-
ment régulier de gaz fluor et bientôt tout l'air de l'appareil est chassé par
déplacement. Le tube de verre s'emplit de gaz fluor, on scelle les ampoules
dans la partie étranglée au moyen de la flamme du chalumeau. Le fluor
réagissant sur le verre sec, dans la partie étranglée même chaude, ne peut
pas produire la plus petite quantité d'acide fluorhydrique, puisqu'il n'y a
pas d'hydrogène en présence.
)' Après l'expérience, on reconnaît que le verre n'a pas été dépoli et j'ai
l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie plusieurs de ces ampoules
remplies de fluor, préparées depuis deux semaines et dont la surface a con-
servé le brillant du pi'emier jour.
» Une de ces ampoules est-elle portée sur la cuve à mercure? On voit,
en brisant la pointe, que le mercure monte, dans le tube de verre, d'une
petite quantité; qu'il se forme, à la surface du métal, une petite couche de
crasse de fluorure de mercure et que l'attaque s'arrête. Nous avons pu
conserver ainsi pendant plusieurs jours du fluor pur dans des appareils
de verre sur la cuve à mercure. Si l'on agite le tube, la pellicule de fluorure
(') Nous ajouterons que celte méthode peut être employée pour séparer des traces
d'eau dans les gaz, et que nous l'utilisons dans l'étude de quelques réactions.
{'') Nous donnerons le détail de ces expériences dans le Mémoire que nous publierons
dans les Annales de Chimie et de Physique.
( 8o3 )
se brise, et l'absorption se produit avec facilité. L'ampoule s'emplit alors
complètement de mercure et, si ce métal est bien privé d'humidité, l'attaque
du verre n'a pas lieu.
» Nous avons reconnu ensuite que ces expériences pouvaient réussir en
refroidissant l'acide fluorhydrique à une température moins basse que celle
fournie par l'air liquide, à condition que le fluorure de sodium qui sert à
purifier le fluor soit bien sec. Nous avons condensé les vapeurs d'acide
fluorhydrique entraînées, grâce à un mélange d'acide carbonique et d'acé-
tone, qui donne avec facilité — 85°. Nous avons pu alors préparer, avec
du verre sec, un certain nombre de ces ampoules et nous avons reconnu
que le fluor bien exempt de vapeurs d'acide fluorhydrique n'attaquait pas
à la température ordinaire le cristal, le verre blanc, le verre vert et le verre
de Bohême. Bien plus, des ampoules de ces différents verres, remplies de
fluor et maintenues deux heures à une température de loo" dans l'eau
bouillante, n'ont pas été attaquées. Il va de soi que ces expériences^ne
réussissent qu'avec des verres absolument secs et propres. La plus petite
trace de matière organique adhérant au verre étant brûlée par le fluor
à la température ordinaire et fournissant de l'acide fluorhydrique, ce der-
nier intervient plus ou moins rapidement et l'attaque se produit.
» Je considère cette dernière expérience comme importante, car elle
semble bien démontrer l'action exercée sur le verre par une très petite
quantité d'acide fluorhydrique noyée dans un grand excès de gaz fluor. Si
l'une de nos ampoules de verre, remplies de fluor, contient une impureté
organique imperceptible, adhérente à la paroi, on ne voit aucune attaque
se produire tout d'abord. Mais plusieurs jours après, la surface du verre
devient irisée, puis un léger voile se forme autour du point où se trouvait
la matière organique, et finalement tout l'intérieur de l'ampoule ne tarde
pas à se dépolir.
» Dans une autre expérience, nous avions du fluor placé dans un tube
de verre sur le mercure sec depuis trois jours et le tube avait conservé
toute sa transparence. Nous avons alors fait passer dans ce tube un petit
fragment de fluorure de potassium fondu, corps très hygroscopique qui
avait fixé pendant deux minutes de contact avec l'air atmosphérique une
petite quantité d'humidité. Dès que ce fluorure eut pénétré dans l'atmo-
sphère gazeuse de fluor, on vit en quelques minutes le tube s'iriser à sa
partie intérieure et cette irisation ne tarda pas à s'élever dans tout le tube.
» Nous ajouterons que, pour nettoyer complètement nos ampoules de
verre de toute trace de matière organique, nous avons liquéfié le fluor
C. K., 1899, 2" Semestre. {T. CXXIX, N' 21.) IO7
( 8o', )
dans lin petit serpentin fie verre, puis en laissant ce serpentin reprendre
une température pins élevée, nous avons halavé ainsi tout le tube à
ampoules par du giz fluor qui ne laisse subsister aucune matière orga-
nique. Les ampoules sont ensuite scellées et le verre n'est plus attaqué.
» Ces expériences nouvelles, en nous permettant de manier le fluor pur
sur la cuve à mercure dans des appareils en verre, nous ont permis de
donner une forme nouvelle k la combustion du soufre, de l'iode, du
brome, du silicium et du carbone.
» Les corps gazeux qui se produisent dans ces réactions peuvent, dès
lors, être étudiés avec plus de facilité et l'on peut se rendre compte de
suite des variations de volume. Nous aurons bientôt l'honneur de présenter
à l'Académie les résultats de ces nouvelles recherches. «
M. x\d. Carxot fait hommage à l'Académie d'un nouveau Recueil
de 122 analyses exécutées sous sa direction, au Bureau d'essai de l'Ecole
des Mines, sur des eaux minérales françaises, pendant les cinq dernières
années (1894-1899). Ce travail fait suite à deux autres .séries qu'il avait
déjà publiées dans les Annales des Mines, en 1884 et en 1894, et qui com-
prenaient ensemble 462 analyses exécutées dans la période de t845 à 1894
( 5o années).
L'auteur lait remarquer que la progression continuelle des demandes
d'analyses de ce genre témoigne à la fois de la richesse du sol français en
sources minérales et de l'intérêt croissant qui s'attache à leur recherche
et à leur analyse scrupuleusement exacte.
MEMOIRES PRESEIVTES.
M. A. GuÉPiN adresse un Mémoire sur k L'Etiologie générale des mala-
dies de la prostate ».
(Commissaires: MM. Bouchard, Guyon, Brouardel. j
M. Germaik adresse, de Mesle-sur-Sarthe, un Mémoire intitulé : « Théorie
de la pression universelle ».
(Renvoi à la Section de Physique. )
I
( So3 )
CORRESPONDANCE.
M. le MiNisTiîE DE i/I.\STi!iicTiox l'UBLiQi K iiivitc l'Acailémie à lui dési-
gner deux candidats à la place de Membre Astronome devenue vacanle au
Bureau des Longitudes par suite du décès de M. Tisserand.
(Renvoi à la Section d'Astronomie.)
M. le f^ECRÉTAiRE PERPÉTUEi. signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage ayant pour titre : « Miscellanées biologif|ues », dédiées
au professeur Alfred Giard ii l'occasion du 25" anniversaire de la fondation
(le la station zoologique de Wimereux, 1874-1899. (Présenté par M. Dar-
bonx.)
2° Une brochure de M. S. de Glasenapp, intitulée : « Mesures micrnmé-
Iriques d'étoiles doubles faites à Doinkino et à Saint-Pétersbourg ». (Pré-
sentée par M. Lœwy.)
3" Le Traité sur l'astrolabe plan de Sévère Sabokt, écrit au vu'' siècle,
d'après des sources grecques, texte syriaque et traduction française, par
M. l'abbé Nau. (Présenté par M. Wolf.)
ASTRONOMIE. — Observation de l'essaim des Léonides, faite à l'Observatoire
de Paris, du i3 au 16 novembre 1899. Note de M. G. Bigourdaiv, com-
muniquée par M. Lœwy.
« On pouvait attendre, cette aimée, une chute abondante de Léonides,
analogue à celles du même essaim qui ont été observées en 1766, 1799,
i833 et 18G6. M. Ijcewy, directeur de l'Observatoire, m'ayant chargé de
celte observation, les préparatifs nécessaires avaient été faits, tant poui-
l'observation directe que pour l'inscription j^holographique.
» Outre M"^ Klutnpke, l'observation directe a été faite avec le concours
de MM. J. Mascart, Boiiiot, Fayet, Le Morvan, Pourteau, A. Chatelu et
R. Coniel. Pour la jihoto£^ra|:)liie, organisée avec l'aide de M. Guénaire,
nous avons installé six objectifs et une lunette viseiu' sur une monture
équatoriale provisoire, entraînée par un mouvement d'horlogerie. Les
( 8o6 )
objectifs photographiques couvraient, autour du radiant, un espace utile
d'environ 25° de rayon.
» La Lune, presque pleine, n'a permis de voir que les météores les plus
brillants. Le ciel n'a été découvert que dans les nuits du i5 au i6 et du i6
au 17 novembre; dans celle du i3 au i4 un épais brouillard a régné con-
stamment, et il est revenu vers 2^ du malin dans la nuit du i4 au i5. D'ail-
leurs, le Lion se levant assez tard, les observations ne pouvaient être com-
mencées utilement que vers minuit.
» Dans l'intervalle des observations, on n'a jamais aperçu que de rares
météores, soit i5 dans la nuit du i5 au iG et 4 dans celle du 16 au 17.
Aussi on n'a pu photographier aucune trace. Mais l'installation laite dans
ce but pourra être utilisée à l'avenir, aux époques de l'année où les étoiles
filantes sont le plus nombreuses. »
ASTRONOMIE. — Observation des Léonides, à l'observatoire de Toulouse.
Note de M. Baillaud, présentée par M. Lœwy.
« Les Léonides ont été surveillées à l'observatoire par tous les astro-
nomes successivement, du i3 novembre au 16 inclusivement. Dans la nuit
du i3, MM. Besson et Saint-Blancal; danscelledu i4,MM. Monlangerand
et Rossard n'ont aperçu que quelques astéroïdes. Le 16, de iS*" à i^'^ao",
M. Baillaud n'en a aperçu aucun.
» L'apparition a eu lieu dans la nuit du i5. Les observations ont été
faites de minuit jusqu'au jour par MM. Rossard et Bourget. Les trajectoires
des quarante-trois étoiles vues ont été inscrites par M. Rossard sur une
carte que nous avait envoyée la Société astronomique de France. Les étodes
étaient généralement faibles et la longueur des trajectoires visibles ne
dépassait généralement pas dix degrés. Trente-cinq de ces trajectoires,
prolongées, passent plus ou moins grossièrement dans le voisinage de
'C Lion. On a observé :
Aslcroïdes.
h II
de i3 à i4 4
de i4 à i5 6
de i5 à 16 3
de 16 à 17 16
de 17 à 18 14
)) Au début les étoiles ont été vues entre le point radiant et le pôle, par
( 8o7 )
des ascensions droites plus fortes que celles de ^ Lion; ensuite dans la
région opposée par rapport à "( Lion.
» Des clichés photographiques faits par M. Montangerand à la lunette
photographique d'un mètre montée sur l'équatorial Briuiner, et par
M. Bourget au moyen d'un objectif de photographe, n'ont rien donné. »
ASTRONOMIE . — Observation de l'essaim des Léoaides .
Note de M. H. Deslaxdkes, présentée par M. Janssen.
« J'ai pris des dispositions spéciales à l'observatoire de Meudon pour
l'observation de l'essaim des météores de novembre, appelé essaim des
Léonides, qui devait présenter cette année un maximum analogue aux
maxima constatés en 1799, i833 et 1866.
» Le calcul des perturbations exercées par les planètes Jupiter et Saturne
avait permis de prévoir un déplacement du gros de l'essaim, et il convenait
de reconnaître avec un soin particulier les trajectoires des météores et le
point radiant.
» Aussi je me suis proposé d'essayer l'enregistrement photographique
des météores qui est assurément difficile, mais est seul capable de fournir
leur trajectoire exacte.
» Le principal obstacle à la photographie des météores est, comme on
sait, l'insuffisance de la plaque photographique, qui, pour les phénomènes
lumineux très courts, est de-if^auconp inférieur à l'œil humain ('). Les
essais faits récemment en Amérique ont montré que, même avec un
objectif de o",2o, on ne pouvait photographier les météores d'un éclat
inférieur à la 2'' grandeur.
» D'autre part l'observatoire de Meudon ne possède pas encore les mon-
tures équatoriales spéciales et les nombreux objectifs spéciaux qui con-
viennent pour cette étude.
» J'ai utilisé des objectifs quelconques, appartenant à l'observatoire, ou
prêtés par des particuliers ('-), h savoir deux objectifs de Darlot de o",i5
(') Si l'on admet que les étoiles qui, avec un objeclif, sont à la linaite de visibilité,
exigent une pose d'une heure pour être photographiées, avec un objectif de même
ouverture, le rapport entre les sensibilités de l'œil et de la plaque photographique
serait le rapport entre yj de seconde et une heure, soit â^J-j^.
(-) Je remercie vivement M. Lesage, qui m'a prêté aimablement deux objectifs.
.( 8o8 )
elo",20, un objectif de o^.ia de Voigtlander, un objectif de o"',o7 de
Suter, un de o",o5 de Dallmeyer, et deux objectifs de Zeiss de o'",o7 et
o"',o4; en tOTit sept objectifs qui ont été répartis sur l'équalorial de huit
pouces, sur la monture équatoriale des observations solaires, et sur le si-
dérostat polaire nouvellement monté à l'observatoire.
» Dans la photographie des météores, qui diffère de la photographie
des étoiles, la quantité de lumière concentrée |)ar un objectif en un point
de l'image du météore est proportionnelle à y, a étant l'ouverture et /la
distance focale. Il faut donc employer des objectifs aussi larges que pos-
sible, avec une distance focale aussi faible que possible, et j'ajouterai avec
un champ de netteté aussi étendu que possible. Cette dernière condition,
très importante, n'était réalisée que par les deux objectifs de Zeiss qui,
par contre, avaient une faible ouverlure.
» Le champ total des sept objectifs pouvait être représenté par un rec-
tangle de 5o° sur 40°. Mais la région parcourue par les météores est beau-
coup plus étendue.
» L'observation a été poursuivie dans l'intervalle de temps indiqué pour
le passage du gros de l'essaim, c'est-à-dire dans la deuxième partie de la
nuit du j4 au i5, et pendant la nuit entière du i5 au i(i; les observateurs
étant MM. Deslandres, Millochau, Corroyer, Burson et d'Azambuja. Trois
observateurs étaient employés aux appareils photographiques et les deux
autres alternativement à l'observation oculaire.
» Les résultats sont les suivants :
» Dans la nuit du i4 au i5, l'observation a été arrêtée par un brouillard
qui, à partir de i^ao"", a été opaque. Deux .séries de plaques ont été ex-
posées sans résultat. A l'œil, de 9'' à l'-So", on a compté 10 météores.
» Dans la nuit du i5 au 16, l'observation a été poursuivie de ^ du soir
à 6'»3o'° du matin; elle a été gênée par la Lune et par une brume assez
légère, mais persistante.
» A l'œil, on a relevé 4o météores, dont 36 Léonides, quatre étant de
1'^ grandeur et neuf de 2-= grandeur, !a plupart étant d'ailleurs éloignées
du point radiant. Deux météores de 2* grandeur se sont trouvés sûrement
dans le champ des appareils photographiques (lesquels ont reçu huit séries
do. plaques), mais aucune trace nette n'a pu être relevée sur les épreuves.
Cet msuccès est attribuable à la Lune qui voilait les plaques, à la faible
transparence de l'air et aussi à l'insuffisance des objectifs.
» Les heures de passage des 40 météores et les trajectoires approchées
( 8o9 )
(le 3o météores relevées sur nos Cartes seront publiées dans un Mémoire
ultérieur.
)) En résumé, malgré les conditions défavorables de l'observation, on
peut affirmei' que, dans la nuit du i5 au rG, la Terre n'a pas été traversée
par l'essaim très dense des passages de i833 et de i8()6. »
ASïRONOMIIl. — Observations f/es nouvel 'es planètes (EW) et (KK^, faites à
r observatoire d'Alger, à l'équatorial coudé de o'",3i6 d' ouverture, par
MM. Rambaud et Sv, présentées par M. Lœwy.
Dates.
1899.
Étoiles.
Planète. — Ktoile.
Ascension
droite.
Déclinaison.
Nombre
de
compar. Observ.
EW.
Novembre 7
8
9
10
10
i3
i3
a
a
a
b
b
b
8...
. c
9 •••
c
10. . .
. d
10. . .
. d
4
7,o5
— II. 9,0
4
57,30
-12.47,6
5
5i ,08
— i4 .3o,6
1
9,5o
— 6.29,6
I
9>3i
— 6.3o,i
1
8,21
— 10.10,9
I
9,08
— 10. 10,9
ER.
0
24,53
11.22,7
I .
1 2 , 1 5
-10. 38, 4
0
7,81
— io.i4,i
0
7,43
— 10. i5,6
10:
10
R
12:
8
R
20:
■ 4
R
12:
8
R
12:
S
S
9:
6
R
12:
8
S
2
10
U
I
■ 4
R
2
12
S
2
12
R
Positions des étoiles de comparaison.
Asc. droite
Kéductioii
DL-ohriaison
Réduction
Dates.
znoyenne
au
moyenne
au
1899.
■k
1899,0.
jour.
1890,0.
jour.
Autorités.
ov. 7
a
h m s
1.08.45,93
s
+4,96
-+-
8. 10.24,6
+ 26,2
Leipzigll, ii''783
8
a
»
+4,96
H
-1-26,2
»
9
a
»
+4,97
),
-1-26, I
»
10
. b
1 . 5 I . 2 , 59
+4,94
-H
8. 1. 4,5
+ 26,6
Leipzii; 11, n° 737
i3
. b
»
-t-4,9-5
»
-1-26,6
»
8
c
1 .25.34, 72
+4,82
-+-
5.27. 10,6
-1-27,8
Leipzigll, n" 56o
9
c
))
+4,82
,)
4-27,9
«
10
. d
1.23.36,26
4-4,8.
-H
5.27 . 28,7
+27,8
Leipzig II, ii°545
/
( 8io )
Positions apparentes des planètes.
Temps
Ascension
Dates.
moyen
droite
Log. fact.
Déclinaison
Log. fact
1899.
d'Alger.
apparente.
parallaxe.
apparente.
parallaxe
Nov. 7 8.35. 2
8 8.58.27
9 1 1 .27.34
ro 9.35.36
10 9.47 .20
i3 10. i4-43
i3 10.35.36
Nov. 8 10. 7.46
9 12. 16.57
10 10.26.52
10 10. 36. 16
EW.
1.54.44,84
T , 4 1 6„
-f-
7.59.41,8
0,627
1 .53.54,59
7,32i„
-1-
7.58. 3,2
0,637
1.53. 0,82
T,oi8
+
7.56.20, I
o,63o
I .52. 17,03
7,073,,
+
7.55. 1,5
o,63i
I .52.16,84
2,976/-
+
7.55. 1,0
o,63o
1.49-59,33
2,025„
+
7.51.20,2
0,629
1.49-58,46
2,545
+
7.5j .20,2
0,629
ER.
1 .25. 10,01
2,097,,
+
5. 16. i5,7
o,663
1.24.27,39
T,4o2
-t-
5.17. 0,1
0,672
1.23.48,88
2,667
-t-
5.17.42,4
0,663
1.23. 48, 5o
T. 8)9
+
5.17.40,9
o,663
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'observatoire de
Lyon ièquatorial Brunner de o™, 16) pendant le deuxième trimestre de 1 899.
Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascarl.
« Ces observations .sont résumées dans les Tableaux suivants dont l'ex-
plication est donnée page 94 du Tome CXXIX des Comptes rendus.
)) Voici les principaux faits qui en résultent :
» Il y a eu 69 jours d'observation dans ce trimestre ( ' ).
y Taches. — On a noté dans ce trimestre 16 groupes de taches et une
surface totale de 1096 millionièmes au lieu de 18 groupes et i385 millio-
nièmes ; on voit qu'il y a une diminution peu sensible quant au nombre de
groupes, mais assez forte en ce qui concerne les surlaces. La répartition
des groupes entre les deux hémisphères est de 10 au lieu de i4 au sud, et
de 6 au lieu de 4 au nord.
» L'activité des phénomènes solaires présente des fluctuations rapides
bien remarquables; ainsi, après un minimum accentué en mai, on a pu
(' ) Il y a eu une interruption de i3 jours entre le 26 mars et le 10 avril.
II
( 8ri )
voir h l'œil iiii, en jnii!, une belle tnche qui a traversé le méridien centrnl
le 2f) à + G° de hilitinle; la présence de cette tache est extraordinaire si
l'on considère que nous sommes au voisinaije de V époque (\\\iy minimum
de ces phénomènes.
» Enfin on a noté ti jours sans taches (5 en mai. et i en juin); ce
nombre était [)récédemment de 12.
» Régions d'aclivilé. — Les faciiles continual?N^liminuer, on a au total
27 groupes avec une surface de 3o,9 millièmes au lieu de 4^ groupes
et4i,o millièmes. Cotte diminution s'est produite presque entièrement au
sud de. l'équateiir où l'on a ij groupes au lieu de 32; suit 17 groupes en
moins, tandis ((u'au nord on comjile 12 groupes au lieu de \l\, soit 2 groupes
en moins seulement.
Tableau 1.
1 aches.
Dates .NiiHibre l'as.-i. Lntilndcs muyeanes Surfaces | ïlales Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaios
extrêmes d'obser- au mér. -^^ — ^ — — ■ moyennes | extrêmes d'obser- au tuer. *-. ■ '*■ moyennes
(l'obscrv. rations, central. S. N. réduites. d'observ. rations, centrai. S. .N. réduites.
Avril 1S99. - 0,00
27
1
1.9 -"
10-17
")
.5,3 -7
10-19.
2
16,6
ia-i5
j
r6,8 10
17-M.
■1
■22,7 - 6
■20-27
-
20,2
24- J
1 1
29,2 —12
-^ 4
i4j-
- 9 ,3
r-.à
83
22
'9
i3
28
1 1 1
Mai i»99
— 0,21.
1 2-20
f,
'7,7
.-^ 8
21
20
1
2J,2
6
5
20- I
10
24 j
26,4
— 12
— I0",O -'r 6",0
47
Juin 16
— 0,0J
5-12
4
7,0
^ 6
20
3-10
7
9,4
6
44
8-17
7
l3,2
— 9
22
12-1 9
7
17,5
-i3
80
10-19
3
■i',9
— 10
27
24- 4
'7
29,4
-: 6
3S2
. _
-..
21 J.
G°.o
Tableau II. - Distribution des taches en latitude.
1909.
Avril
Mai
Juiti
Totaux
2 .
6
Somme. 0'
C. R., 1899, 2* Semestre. (T. CXXIX, N° 21.)
Totaux
40". 90". uiensuels.
16
108
Surfaces
Diojennee
réduiles,
448
73
575
1096
( 8ia )
Tableau III
Sud.
•
Distri
billion d
es facules
.Nord.
en i
'at
itude.
Totaaii
mensaels,
II
/
9
27
Sarfaces
moyennes
1859.
90"
. 40'. 30'.
20». 10°
. 0".
Somme,
6
4
5
i5
Somme.
5
3
4
12
0% 10
•. 20-
: 30',
. iO". 90".
réduites.
Avril
» 1) "
» » »
11 1) l>
» » »
3
2
4
9
3
2
6
3
3
7
2
2
I
5
»
»
»
0
))
»
»
9,6
Mai
6,1
l5,2
Totaux.
3o,9
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Contribution à la théorie de la fonction t(s)
de Riemann. Note de M. Edm. Landau, présentée par M. Jordan.
« On sait que, pour tous les s dont la partie réelle est supérieure à 1 ,
on a
et
A = l
où [^-(A) = I pour ^ = I, = o si ^ est divisible par un carré supérieur à r,et,
dans les autres cas, = (— i)P, p désignant le nombre des facteurs premiers
de k. Il en résulte facilement que, si les deux séries formant les seconds
membres de ces deux équations sont convergentes pour s = i, les valeurs
de leurs sommes sont respectivement o et — i, et la difficulté ne consiste
qu'à prouver leur convergence. Le premier de ces deux théorèmes
a été énoncé déjà en 1 748 par Euler ( ' ) ; il a été démontré pour la première
fois par M. von Mangoldt (-), ensuite par moi (') et enfin par M. de la
(') Inlroduclio in analysin injinitorum, l. I, Cli. XV, n° 277, Lausanne, 1748.
{■) Beweis der Gleichung /^ , — o {Comptes rendus de l'Académie des
* =1
Sciences de Berlin, p. 835-852 ; 1897).
( ') Neiier Baveis der Gleichung 2. ■"( — ~ ° ( Thèse, Berlin ; 1899).
(8i3)
Vallée-Poussin ('), qui a même démontré que le produit de log a? par la
somme '^—r— reste fini, soit *"{?, pour x -- x. Quant au deuxième
théorème
2é /~~ ~ — I .
il a été énoncé déjà en i832 par Mobius (-); mais on n'a pas encore réussi
jusqu'ici à le démontrer; l'objet du présent Mémoire est de combler cette
lacune.
» En désignant ^ --y-- par g(sc) [g(a;) doit signifier o pour *• < i],
1
^ [J.(/.") log/i /■/ \ t'r ■ \ 1 i>> 1- ■
2j j P'""' J{^')< Pt en delinissant ^(^,r) an moyen de 1 égalité
[|£(a:)| est toujours <i (Mertens) (^) et <a e-*^'°ë^ (de la Vallée-
Poussin) ('), a et è désignant deux constantes positives; j'entends o par
ï(o)], on a (5)
(i) / "=' "='
» Je me propose de montrer que chacune de ces trois sommes a, pour
X -^ 00, la limite o.
» Quant à la première, je la décompose en trois parties, limitées par i.
(') Sur la fonction ^(s) de Rieniann et le nombre des nombres premiers infé-
rieurs à une limite donnée {Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par
l' Académie royale de Belgique, t. LIX; 1899).
(-) Ueber eine besondere Art von Vmkehiung der Reihen {Journal de Crelle,
t. 9, p. 122).
(') Ein Beitrag zur analytischen Zahlentheorie {Journal de Crelle, l. 78, p. 48 ).
(*) Loc. cit., p. 54.
C") Neuer, etc., p. 12.
( H'4 )
yîogic, sfx et X. On a
y^jySyj,) 'o|^,r~7JJ =^ ^ [lôgx— loge "'" l^g^r^log( (•-+-))]
i" ;
V .,
(■,'û^t)
1C
•2C
v/log;
■^ — 'og(\/joga; 4- i) log.r — logÇy'logj; -+- i)'
celle somme a donc, pour a; = oo, !a limite o
(v'.r)
E '(-)Kî)--^(^;t)]
(/losx) + l
(/?)
:. 2
-Av'logi' V i
(v'lug.r) ^1
Or, comme v''Z,x, on démontre aisément qii
(tO fâ)
L<".
-h<A<-
La somme en, question est donc, en valeur absolue, inférieure à
Or, l'intégrale
étant finie, la série X
( i/lu;j- ) ^ 1
"1 «-o
; — e>t convergenie, de sorte que
Il m
y
g— i vlogi'
o,
3°
V e(.)
(/lO!;.r) + I
.)]
<fl 2 '^^*^"-'"'' 2 ^=«e-*^'°°^'^2i=«^~^^"'""(^os*' "0-
donc, à la limite, =: o.
«
( 8iâ;
» Quant aux deux autres sommes de l'équation (i), vu que les séries
y l^^''~ ') et V lo;^/->(^ ;- — ^ , . . . ) sont convergentes el que tous les
facteurs o(- j sont, en valeur absolue*, ^i et tendent, pour tout i>, verso
pour x infini, il est évident qu'elles s'approchent, pour a; -- ao, de la
limite o (').
)) Il résulte donc de l'équaLion (i ) que
.1'
existe et égale — i, et la démonstration promise est achevée. »
MÉCANlQUiî RATIONNELLE. — Sur (es systèmes isolés simi/ltanés.
Note de M. A\urade, présentée par M. Appell.
u [. On sait que les principes fondamentaux de la Mécanique affirmeiit
l'existence d'iin espace absolu et d'une hor!(>i.^e absolue; ceux-ci fixent le
sens de la loi de l'inertie et de la loi de l'égalité de l'action et de la réac-
tion. Ce dernier principe déclare que les forces absolues qui agissent sur
les différents points matériels de l'univers doivent se résoudre cîi forces
mutuelles s'exerçant entre ces points, ou en d'autres termes que l'univers
est un système isole.
» II. Si l'on ne fait aucune autre hypothèse sur les forces absolues mu-
tuelles, il est naturel de se demander si l'hypothèse fondamentale de la
Mécanique peut être vérifiée par l'étude des seuls mouvements relatifs des
points matériels supposés tous observables.
» La réponse est simple ; la vérification demandée est impossible lors-
qu'on ne connaît qu'un seul système isolé; mais une vérification devient au
contraire possible, si l'on connaît deux ou plusieurs systèmes isolés ou
simultanés.
» III. (Considérons, en effet, /i: systèmes isolés simultanés S,, So, .... S/,.
(') M. de la Vallée-Poussin, à qui j'avais communiqué ma démonslralion, m'a
indiqué que, pour la raison cilée, la séparation de ces deux sommes en plusieurs par-
ties était inutile.
( 8i6 )
Un système Sy renfermera rij points dont je désignerai les coordonnées et
la masse respectivement par
-■' (/ = I, 2, 3, . . ., Ilj).
xj, j/, c/:
m'-
» Les variations de ces coordonnées sont supposées évaluées dans un
temps relatif t et dans le trièdre relatif R.
>> D'autre part, le déplacement du trièdre R par rapport à l'espace ab-
solu E sera défini par ses éléments cinémaliques relatifs au temps t; la rota-
tion instantanée et raccélération angulaire de ce mouvement auront pour
projections sur les axes relatifs
(j > pour la rotation ;
") . . .
7, 1 pour 1 accélération angulaire.
P )
» Définissons de même au temps t la vitesse et l'accélération de l\)ri-
gine du trièdre R par leurs projections sur les axes relatifs, savoir
(' ,' pour la vitesse;
pour raccélération.
» Ces éléments sont, d'ailleurs, unis par les équations dilTérentielies
(0
du
dv
dt ' '" -f'"'
(^-)
['" = 11
["^-"dt'
1 ^7
\'^^'di'
dr
\ ? =dt-
pv - qit;
» Soient encore A/, B/, C^, les projections sur les axes relatifs de la
force absolue appliquée à la masse mj ; pour un même système Sy, ces Srij
éléments satisfont aux conditions de l'équilibre des corps rigides et dé-
pendent par conséquent de 3nj — 6 arbitraires.
(8.7 )
Il nniic ï"»nci=>mnQ
dt
dt
df)
» Désignons enfin par 9 le temps absolu, nous poserons ^- = u>, puis
(3) "^'
» Les équations du mouvement de la masse m^- seront la suivante et les
deux qui en dérivent par permutation circulaire
j[d^^j dzJ-
dt
(4)
~ ^'■^ ■^P^P'^'i-^ ^T'i-^rzi)
-(/'^ + r + '-^)^H-x^/-pM]
da:{
lit
'< -17 + ^-' ~ry\-\-u
» Les équations de la forme (4) sont au nombre de
3w, H- 3/Î2 + . . . -{- Sra*.
» En dehors des éléments du mouvement relatif observable, ces équa-
tions renferment : d'ahord les dix quantités
p, a, r; w, y, p; u —m—, v — v—, w'-.w — -. —;
puis les quantités d'où dépendent les forces et qui sont au nombre de
3/1, + 3^2 + ••-!- ^ri/, — 6A".
» Les dix quantités précitées seront donc déterminées sous la réserve
de 6X- — lo équations de condition ; de plus, en portant ces quantités dans
les équations (2) et (3), nous aurons trois nouvelles équations de condi-
tion renfermant les dérivées troisièmes, par rapport <à t, des coordonnées
observables.
» Quant aux équations (i), elles définiront, après l'orientation relative
des espaces E et R connue par les {p, q, r), la position de l'espace E à un
mouvement uniforme près.
» De même, la valeur de w définit l'horloge absolue.
» En défmitive, nous avons donc 6^- — 7 équations de vérification dont
trois contiennent les dérivées troisièmes des coordonnées.
M Ces équations n'existent d'ailleurs que si k est au moins éijal à 2.
» IV. Une remarque intéressante mérite cependant d'être faite lorsque.
( 8iH )
/• éliuit ognl il I, on suppose que l'on conrinisse une liorloge absolue et
l'état initial dos forces; on peut alors déterminer les />, q, ri\ l'instant ini-
tial, et par le théorème des aires à tout instant, lorsque le système n'est
pas condensé en lifi^ne droite.
11 L'orientation de l'espace absolu se rattache alors au temps absolu et à
l'état initial des forces. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Théorie nouvelle des phénomènes optiques
d'enlraincment de l'éther par la matière. Note de ]\I. G. Sagxac, présentée
parM. liippmann.
« Dans le mécanisme que j'ai imaginé pour expliquer la propagation
de la lumièreà travers la matière (Cow/?/P5re/ir//:/5du i3 novembre dernier),
je n'ai recours h aucune des hypothèses qui expliquent dynamiquement les
phénomènes optiques (!'« entraînement de l'éther par la matière(') ».
Or, je n'ai eu rien à modifier dans mes hvpothèses primitives pour trouver
de tous les faits bien établis une explication purement cwe/na^i^we d'ailleurs
assez simple. Je rendrai compte dans cette Note du seul résultat positif
acquis, dû à Fizeau : les vibrations lumineuses qui se propagent suivant
l'axe d'un tube plein d'eau OS {fi^- i) sont comme entraînées par l'eau,
quand ce liquide se renouvelle dans l'inlérieur du tube fixe OS où il entre
et d'où il sort par des ajutages latéraux avec une vitesse de quelques
mètres par secontle.
» Je considère cet eJfel-Fizeau comme la résultante de deux effets
simultanés :
» 1° Effet de masse. — Je supposerai, pour fixer les idées, que l'eau
fuit devant la lumière dans le sens OS avec la vitesse v. Pendant que la
lumière parcourt la longueur L du tube OS, une petite colonne d'eau S(,S
s'écoule hors du tube. Le temjis T' ciiiplové |)ar la lumière pour parcourir
de O en S la longueur L du Inhe fixe plein d'eau en mouvement est donc
égal au temps employé par la lumière pour parcourir la longueur / de la
colonne mobile d'eau qui, d'abord en OSo {fig- i), se transporte en
O'S {fig- ^) pendant que la lumière se propage di; O en S. Le nombre de
(') Cf. : FuESNEL, Ann. de Cln'ni. et de Phys., t. IX, p. 57; 1818. — IL PomcARÉ,
Leçons sur la théorie mathématique de la lumière, du i<^'' semestre 1887-1888;
Chap. Vm, n« 239 et 240.
( «r9 )
couches de particule'^ réellement trnversées de O en S par la lumière est
S S
donc diminué de la fraction -^ ^6 sa valcnr. Cette réduction de la masse
utile de l'eau produit une égale réduction de la durée T de propagation
s So
Fis. I.
■
Fiff. 2.
de O en S. Si V est la vitesse de propagation dans l'eau en repos, on peut
remplacer ^^ par i^ et la valenr de l'effet de masse est la diminution de
durée de propagation (') T^, c'est-à-dire -:^-
» 2° Effet de mouvement. — Après avoir tenu compte du raccoî/rcmp/wenf
de la colonne utile, il faut tenir compte de Vétat de mouvement de celte
colonne / qui se meut avec la vitesse v par rapport au tube OS. Il faut
chercher de combien varie la durée de propagation de la lumière d'une
extrémitéà l'aulred'un cvlindrede matière de longueur /quand ce cylindre
fuit devant la lumière avec la vitesse v par rapport à l'éther du vide (■).
» Je rappelle que la vibration lumineuse transmise à l'extrémité S„ de
de la colonne OS^ ( fig, 3) est définie, dans ma manière de voir, comme la
résultante d'un mnBJjre théoriquement infini de vibrations élémentaires
transmises par Vcther du vide et retardées par allées et venues entre les
particules qui les réfléchissent. Soit une vibration élémentaire quelconque
caractérisée par les réflexions sur des couches de particules en r,, r^, . . . ,
^-ij-K" ^2j' • • • . ^2/7 (fig- 3). Les différents segments Or,, r,;-,, ..., r^^So
représentés séparés sur la ffg. 3 sont en réalité superposés suivant la
du'ection du rayon réfracté qui joue aussi le rôle de rayon par rapport aux
ondes élémentaires correspondant aux diverses vibrations élémentaires.
» Considérons les durées de parcours des différents trajets doubles tels
que r^r^t,, ...,r,î_^r^j t^j_^, ... mesurés dans la colonne mobile, qui sont
(') Dans tout ceci, on néglige les quantités du second ordre qui sont, dans l'expé-
rience de Fizeau, inférieures à la fraction iq-" de l'eflet principal.
(-) Il est facile de voir que, dans le dispositif de Fizeau, rigoureusement rien ne
pourrait être changé au résultat si la terre était immobile par rapport à l'éther.
C. R., iSgrj, 3" Semestre. (T. CXXIX, N-^Zl.) I 09
( 820 )
composés de deux trajels égaux et de sens inverses. Pendant que la vibra-
tion élémentaire se propage dans l'éther du vide de r,^_, à r^j, la parli-
Fig. 3.
cule r, s'est avancée au-devant de la vibration et a raccourci le chemin
parcouru dans l'éther parla vibration et, par suite, la durée de propagation
correspondante d'une fraction / de sa valeur du même- ordre que y- (la
vitesse de la lumière dans le vide étant V„). Inversement, pendant que la
vibration revient de r^j en Z^,..,, le point t„j_^, invariablement lié au milieu,
a fui devant la vibration et a allongé la durée de propagation de la vibra-
tion dans l'éther d'une fraction de sa valeur qui est égale à/aux quantités
près de l'ordre de ^- Donc, à celte approximation, la durée de parcours
d'un trajet double r, r„ /,, ..., r^j^i r.,, /.,^_,, ... n'est pas altérée par le
mouvement de la colonne 0S„. Il en est de même pour un trajet multiple
d'aller et retour, tel que r^ r, r^ r^ t^. Or, si l'on met à part tous les trajets
doubles ou multiples ainsi composés de parties symétriques deux à deux,
il reste une série de serments directs
Or,,
'3^.
^•2/— 1 '2/-f- 1»
top-i î>n •
» La réunion de ces segments forme exactement la longueur / de la
colonne en mouvement et ces différents tronçons sont parcourus dans
Véther chivide avec la même vitesse que si les particules du milieu isotrope
étaient absentes. L'influence du mouvement de la colonne OSq est donc la
même que si l'intérieur du cylindre OS, était vide de toute matière. Cela est
vrai pour chaque vibration élémentaire et, par suile, pour leur résultante
en S„ qui est la vibration lumineuse transmise par le cylindre de matière.
Or la durée de propagation de la lumière d'une extrémité à l'autre d'un
cylindre de longueur / vide de toute matière serait ^ dans le cas où le
cylindre serait immobile par rapport à l'éther et ?,' allongerait de ^■: ou -r^
'00
(au second ordre près) dans le cas où le cylindre fuirait devant la lumière
( 821 )
avec la vitesse c. Telle est donc aussi la valeur de X effet de mouvement.
)i La valeur de l'effet-Fizeau Ci«t donc la diminution de durée de propa-
gation
Le Li' Lr ... x
T.-T'- . ^ - ^_ ■'-- Yî («-"')'
en désignant par n la valeur -y <le l'indice de réfraction de l'eau. C'est pré-
cisément la formule direclemeiU vérifiée par le déplacement des frangf-s
d'interférence dans l'expérience de Fizeau ('). On voit que l'effet-Fizeau
est la différence de deux effets simultanés de même type. L'effet dû à
Xélat de mouvement de la masse d'eau utile {effet de moH('e.'-«p/i^) affail>!ir
l'effet d'entraînement aj^parent qui est dû à la diminution de la masse unie
tie l'eau réellement traversée par chaque onde lumineuse {effet de massé). »
OPTIQUE. — Sur une nouvelle loupe binoculaire. Note de M. Emile Berger,
présentée par M. Lippmann.
'( Les loujies et microscopes binoculaires actuels sont construits d'après
dtiux principes : i° deux microscopes (Chérubin, 1678) ou loupes compo-
sées (Leitz, Westien, Sclianz) à long foyer et à axes convergents (corres-
pondant k la convergence des lignes visuelles) placés devant chaque œil;
a'' loupes et microscopes à court foyer avec interposition de prismes entre
l'oculaire et l'objectif (Ridell, i853; Nachet, i854; Giraud-Teulon,
VVenham, Czapsky, 1899). Ces instrumeuls ne peuvent remplacer la loupe
monoculaire simple, dont certaines professions (horlogers, graveurs, etc.)
se servent journellement à cause 1° de leur grossissement trop fort et
2" de la grande étroitesse de leur champ visuel. On conçoit très facilement
qu'il serait avantageux de remplacer, dans lesdites professions, la loupe
monoculaire par un appareil binoculaire, qui éviterait le surmenage de
l'œil qui travaille et rendrait la vision stéréoscopique, si nécessaire pour
les travaux de grande finesse, à des ouvriers qui, par leur outillage actuel,
sont borgnes pendant leur travail.
» On a essayé d'utiliser l'action prismatique d'une lentille convexe dé-
centrée (Brùcke, Liebreich) : ces essais n'ont pu aboutir à la construction
(') FizEAL', Comptes rendus, t. XXXllI, p.35i; i85i. — Micbelson el W. Morlev,
American Journal of Science, t. XXI, p. 877; 1886.
y
/
/
/■
( 8^-^ )
d'une loupe binoculaire à court foyer. Il est facile de concevoir que les-
dites lentilles n'ont qu'une action prismatique faible et ne diminuent la
convergence que d'une façon insuffisante. En effet, à cause de l'écarte-
ment des deux yeux, les rayons lumineux émanant d'un objet rapproché
situé dans la ligne médiane arrivent sous un angle si grand sur les parties
temporales des deux lentilles (où l'action prismatique est forte) qu'ils se
perdent par réflexion, et les parties nasales (situées près des centres) des
lentilles n'ont qu'une action prismatique faible. La partie des lentilles
convexes décentrées, que les rayons lumineux, émanant d'un objet rap-
proché, peuvent traverser, augmente en proportion de la grandeur du
foyer.
» Ces considérations m'ont encouragé à élargir l'angle d'incidence
par l'inclinaison des lentilles à l'horizontale. J'ai l'honneur de présenter
un appareil que j'ai fait construire d'après ce principe. L'inclinaison des
verres ne doit cependant pas dépasser une certaine limite à cause de
l'astigmatisme qu'elle provoque. L'astigmatisme de mes verres est de 7^ de
leur foyer. Un angle d'inclinaison double produirait un astigmatisme cinq
fois plus grand (d'après les travaux de Swan Burnett et de John Green).
L'astisgmatisme de ma loupe binoculaire a son maximum dans le méridien
horizontal, c'est-à-dire l'inverse de celui de 90 à g4 pour 100 des yeux
humains (de Steiger). Une inclinaison de ma loupe à la verticale permet
de diminuer le degré de l'astigmatisme des verres. La loupe que j'ai
l'honneur de présenter a un foyer de 10 D, son astisgmatisme est de
0,75 D (contre la règle), l'astigmatisme de mes yeux est de o,25 (selon la
règle). Il suffit donc d'une légère inclinaison de la loupe à la verticale
pour corriger notre propre astigmatisme. Généralement, il est préférable de
corriger, par l'inclinaison à la A-erticale, l'astigmatisme de l'œil directeur;
mais on peut, soit donner des inclinaisons différentes à la verticale aux
deux lentilles dans les cas où l'astigmatisme des deux yeux est d'un degré
différent, soit surajouter des verres cylindriques dans les cas où l'obser-
vateur a un astigmatisme contre la régie ou à axes obliques.
» En examinant un objet, à l'aide de ma loupe, on constate qu'elle pro-
duit des images très différentes pour les deux yeux; les images sont d'au-
tant plus déplacées vers le côté temporal que le foyer des lentilles est plus
court.
» Le premier phénomène nous explique l'effet stéréoscopique très
marqué de notre loupe. En effet, par l'action prismatique des lentilles, les
images des deux yeux sont aussi différentes qu'elles le seraient si notre
( 823 )
écartement pupillaire était élargi. Cependant l'impression stéréoscopique
ne se produit que par un certain entraînement, plus facilement, en général,
chez les jeunes gens que chez les vieillards; elle se manifeste dès le début
chez des gens qui se servent des longues-vues stéréoscopiques, dont le
principe, d'après une Communication du D' Kœnig, de Berlin, revient à
Helmhollz. Nous sommes frappé du fait qu'un certain nombre de savants
auxquels nous avons présenté notre loupe ne jugent le relief que par la
superposition des contours ou l'ombie des objets et nullement par la diffé-
rence des deux images rétiniennes. Notre loupe n'est pour eux que binocu-
laire et nullement stéréoscopique. Il y a donc des anomalies, probablement
congénitales, quelquefois acquises, dont nous parlerons dans une autre
Communication, du soi-disant sens stéréoscognosique, comme il y en a
|)our la sensation des couleurs.
» Le deuxième phénomène nous explique qu'on peut observer, à l'aide
de notre loupe, sans avoir la fatigue de la convergence. II. est aisé de con-
cevoir que notre système est aussi applicable aux verres concaves, en don-
nant à l'observateur les avantages de la convergence et d'un effet stéréo-
scopique marqué. »
CHIMIE. — Effets chimiques produits par les rayons de Becquerel. Note
de M. 1*. Curie et de M"^*^ Curie, présentée par M. Becquerel.
« Les rayons émis par les sels de baryum radiféres très actifs sont
capables de transformer l'oxygène en ozone.
» Lorsqu'on conserve le sel radioactif dans un flacon bouché, on perçoit
en ouvrant le flacon une odeur d'ozone bien nette. C'est M. Demarçay qui
a découvert ce phénomène avec du chlorure de baryum radifère très actif
que nous lui avions envoyé, pour ses études spectroscopiques, dans un petit
flacon bouché. Le flacon étant ouvert, l'odeur se dissijie incomplètement;
j)our qu'elle reprenne son intensité primitive, il suffit de refermer le flacon
pendant une dizaine de minutes.
» Nous avons vérifié le dégagement d'ozone avec un papier à l'iodure
de potassium amidonné qui, placé devant l'ouverture du flacon, se teint
légèrement. La teinte est plus foncée si l'on amène du chlorure de baryum
radifère au contact du papier, tandis que le chlorure de baryum ordinaire
ne produit dans les mêmes conditions aucun effet.
( 824 )
» Les produits ra lifèrfs nécessaires pntir la proHnction de l'ozone sont
tous très actifs et tous lumineux. Le phénomène semble plus directement
relié à la radioactivité qu'à la luminosité. C'est ainsi qu'un carbonate de
radium très lumineux jiroduit nniins d'ozoi:e qu'un clildriu'p de radium
bien moins lumineux mais bien plus fortement radioactif.
» Nous avons remarqué également une action colorante des rayons de
Becquerel sur le verre. Si l'on conserve pendant quelque temps un sel de
rndium dans un flacon de verre, on aperçoit une coloration violette qui
apparaît peu à peu en se propas^eant de l'intérieur du flacon vers l'extérieur.
Avec un produit très actif au bout d'une dizaine de jours le fond du flacon
ree^ardé de côté est presque noir au contact du sel. Cette teinte va en dé-
£;radant à mesure qu'elle pénètre dans le verre et, à quelques millimètres
(In fond, elle paraît violette. Avec un pioduit moins actif la teinte est moins
intense et demande plus de temps pour se produire. Le verre des flacons
où s'est produit le phénomène ne noircit pas à la flamme réductrice, il ne
doit pas renfermer de plomb.
H La modification produite dans le ()latinocyanure de baryum par les
rayons du radium est probablement aussi un effet chimique. Soumis à l'ac-
tion des rayons du radium, le platinocyanure de baryum commence à jaunir,
ensuite il devient brun, et cette variété brune est moins sensible à l'exci-
tation de fluorescence. Pour régénérer le platinocyanure, i! suffit de
l'exposer à la lumière solaire. Ce phénomène est le même que celui qui a
été décrit pour les rayons de Rontgen par M. Villard ( ' ).
» Quand on place dans robscurilé une couche de platinocyanure de ba-
ryum ai:-dessus d'une couche d'un sel radioactif recouvert par une lame
(Taluminium, le platinocyanure devient fortement lumineux sous l'effet des
rayons de Becquerel; mais peu à peu le platinocyanure se transforme en
la variété brune et la luminosité diminue graduellement. En exposant le
système à la lumière, le platinocyanure est partiellement régénéré, et si
alors on reporte le système dans l'obscurité, la lumière émise est de nou-
veau très brillante.
)i On réalise donc ainsi la synthèse d'un corps phosphorescent à longue
du: ée de phosphorescence au moyen d'un corps fluorescent et d'un corps
radioactif.
» M. Gicsel a réalisé un platinocyanure de baryum radifère, très liniii-
{') Soc. de Phys., i8 mai 1898.
( 8^5 )
neiix an moment de sa préparation, lequel, sous l'action rie ses propres
rayons de Becquerel, se transforme en la variété brune moins lumi-
neuse (').
» Quand le chlorure de haryum et de radium se dépose dans une solu-
tion qui a été saturée à chaud, les cristaux sont incolores au moment du
dépôt. Peu à peu ces crislaux prennent une coloration rose de plus en
plus prononcée. Cette coloration apparaît d'autant plus rapidement et est
d'autant plus intense que le sel contient plus de radium. Si l'on dissout
les cristaux roses, la solution est incolore, et, si on la fait crislalliscr, elle
dé()ose des cristaux incolores au début. Le développement do !a colora-
tion semble accompagner celui de la radioactivité, laquelle, après le dépôt,
augmente avec le temps.
» Le chlorure de baryum et de radium sec est tout d'abord blanc, il
jaunit graduellement en même temps que sa radioactivité se développe.
» Il est probable que ces changements de coloration correspondent à
des modifications moléculaires qui se produisent dans les sels de baryum
radifères sous l'effel des rayons du radium.
» La transformation de l'oxygène en ozone nécessite une dépense
d'énergie utilisable. La production d'ozone sous l'effet des rayons émis
par le radium est donc une preuve que ce rayonnement représente un
dégagement continu d'énergie. »
CHIMIE MINÉRALE. - Déplacement récipj-oque des métaux. Note
de M. Ai.B. Coi.soN, présentée par M. Henri Moissan.
« Après avoir établi que la décomposition de certains sels par un acide
ou par une base est un phénomène de dissociation hétérogène (-), j'ai
cherché si le déplacement direct d'un mi tal par un autre ne donne pas
lieu, lui aussi, à des réactions réversibles. J'ai d'abord étudié le déplace-
ment à basse température de l'argent cl du cuivre par l'hydrogène ('') :
SO'' Ag= : - ii\ ., SO' H- - :- 2 Ag,
SO'Cu 211 = SO'H- ;-Cu.
(') Wied. Ann., t. LXLX, p. 91.
(^) Comptes rendus, 1896, t. CXXIII, p. 1286; 1897, '• CXXIV, p. 8r et mars 1897.
(') Comptes rendus, décembre 1898, mai et juin 1899.
( 8-6 )
Comme ni le cuivre ni l'argent usuels ne se substituent directement à l'hy-
drogène, la réversibilité des réactions précédentes n'eût été possible que
si l'argent noir et le cuivre divisé formés dans ces réactions eussent été plus
actifs que dans leur état usuel. Or j'ai déjn montré que le cuivre réduit
à loo" ne diffère pas chimiquement du cuivre ordinaire ('); quant à l'ar-
gent noir déplacé de l'oxyde AgOH vers o°, il conserve ses propriétés
après transformation en argent blanc sous l'influence d'une température
de 3oo° (-). l.es réactions inverses de celles qui sont formulées ci-dessus
sont donc chimiquement impossibles. Le fait que la tension de l'hvdrogène
en contact avec les sulfates diminue quand la température augmente per-
mettait de prévoir celte conclusion.
)) Puisque le déplacement des métaux par l'hvdrogène ne donne pas de
rénctions réversibles, cherchons s'il existe d'antres métaux volatils ca-
pables de déplacer un métal fixe avec dégagement de chaleur : Le mercure
et l'argent forment des systèmes toutindiqués dansles réactions suivantes:
2AgCl ~- Hg= r-. Hg=Cl- -- 2Ag ;- a^"',
AgS--Hg:r= HgS-^ Ag-4-8f^'",2
)) Ces réactions étant exothermiques, les actions inverses seront endo-
thermiques, si elles sont possibles; vovons-le :
» Calornel et argent. — Dans un petit tube, mélangeons de l'argent réduit et du
calomel dans les proportions indiquées par Téquation ci-dessus; faisons le vide au -j-^^
de millimètre, et chaufTons au bain d'iuiile. Vers 170°, la réaction commence visible-
ment; elle est très nette à 260° : le mercure se condense en gouttelettes dans les parties
froides du tube. Mais le calomel aussi se volatilise partiellement; de sorte que la pré-
sence simultanée des deux vapeurs de mercure et de calomel ne permet pas d'assimiler
cette réaction à une dissociation hétérogène comme celle du carbonate de cliaux.
» Cinabre et argent. — En substituant le cinabre, beaucoup moins volatil, au
calomel, les résultats sont diflérents; et, bien que les mesures de pression n'aient pas
encore été effectuées, on peut affirmer que, entre i5o° et 3oo°, la réaction est limiiée
par la tension de la vapeur mercurielle. \'oici pourquoi : d'une part, le mercure est
absorbé par le sulfure d'argent faiblement chauffé ; d'autre part, le système HgS + Ag-,
chauffé au bain d'huile dans le vide de Crookes (au-dessous de yj-,,- de millimètre),
émet des vapeurs mercurielles, d'une façon constante, dès la température de i5o°. Ces
vapeurs se condensent dans les parties froides du tube sous forme de gouttelettes de <
%
I
(') Comptes rendus, décembre 1898, mai et juin 1S99.
(-) Ils précipitent également bien le plomb de son iodure dissons. C'est, comme
dans le cas du cuivre, le fait d'une isomérie physique sans action nette sur les pro-
priétés chimiques.
I
( 827 )
mercure pur ('). Enfin ce dégagement est indépendant de la quantité de sulfure d'ar-
gent qui existe dans le système; je l'ai constaté en ajoutant j^^^Ag^S au mélange
HgS + Ag2, et c'est là un caractère fondamental des dissociations hétérogènes.
» Sulfure de cadmium et cuivre. — Le cadmium est un métal volatil par rapport
au cuivre et au fer; de plus, il réagit vers 35o° dans le vide de Crookes sur les sul-
fures Cu^S et FeS, en dégageant de la chaleur, tandis qu'à la température où le tube
de verre se déforme sous la pression de l'atmosphère la réaction se manifeste par un
dégagement de vapeurs de cadmium. Celles-ci forment, sur les parties froides du tube,
un anneau métallique brillant qui ne renferme que du cadmium, d'après mes analyses.
» Cependant la réaction Cd S -h Cu^ = Cu^S -t- Cd ne paraît pas être limitée par la
vapeur de cadmium, attendu que le sulfure de ce dernier métal est dissociable dans
les conditions de l'expérience; le cuivre ouïe fer n'agit peut-être que pour augmenter
la vitesse et non la tension de la dissociation. Il n'est pas facile de démontrer la dis-
sociation du sulfure de cadmium dans le vide de Crookes, parce que tous les échan-
tillons de ce corps dégagent du gaz sulfhjdrique au début du chauffage et qu'il faut
alors examiner la possibililé d'une réduction par les gaz renfermés dans le sulfure ou
dans le verre. Pour faire cette constatation, j'ai placé le sulfure de cadmium à la partie
supérieure du tube; puis, après avoir réduit la [)ression à ■^^ de millimètre, j'ai
chaulTé énergiquement le sulfure et le tube dans toute sa longueur, afin de chasser
tous les gaz ; et seulement à la suite de cette opération, j'ai fait tomber le sulfure à la
partie inférieure du tube, en maintenant le vide. Chauflant alors de nouveau le sul-
fure jusqu'au ramollissement du verre, j'ai observé un second dégagement de vapeurs
de cadmium métallique qui n'était plus imputable à une réduction du sulfure, attendu
qu'aucun gaz n'avait pris naissance, la pression n'avait pas varié.
» Oxyde de cadmium . — Ce corps se comporte comme le sulfure et donne lieu,
dans les mêmes conditions, à une décomposition et à une dissociation.
» Avec l'oxyde ou avec le sulfure, on arrive à donner à l'anneau métallique une si
faible épaisseur que la lumière le traverse en prenant une teinte bleu violacé; d'où
Ton conclut que la couleur du cadmium, par rédexion, est jaune.
» En résumé, l'emploi du vide de Crookes, en éliminant l'action pertur-
batrice de l'oxygène atmosphérique et des gaz retenus par les corps solides,
nous a permis d'établir que le déplacement direct de l'argent par le mer-
cure est, dans certains cas, une réaction réversible limitée par une tension
de vapeur métallique, comme une dissociation hétérogène l'est par une
tension gazeuse. Enfin, ce mode opératoire nous a montré que le sulfure
et l'oxyde de cadmium sont dissociables au-dessous de 600° et il nous a
donné la couleur par transparence du cadmium (^). »
(') Vers le rouge, la réaction est vive, et j'ai constaté que le sulfure resté dans le
tube ne renferme que de l'argent; mais une partie du sulfure mercurique se volatilise
à cette température.
(^) Sous ces faibles pressions, on obtient encore très aisément des transformations
isomériques : le cinabre se transforme en sulfure noir, etc.
C. R., 1899, 1' Semestre. (T. CXXIX, N»81.) UO
( 828 )
CHIMIE MINÉRALE. — Action de l'oxyde nitrique sur la dichlorhvdrine chro-
mique (' ). Noie de M. V. Thomas, présentée par M. H. Moissan.
« Dans une Note parue aux Comptes rendus (-), M. Chesneau a étudié
l'aclion du bioxyde d'azote sur les sels chromeux en solution. Ce travail,
qui vient compléter heureusement les recherches faites antérieurement sur
l'absorption de ce gaz par les sels de fer, m'a encouragé à résumer rapide-
ment les expériences nombreuses que j'ai eu l'occasion de faire sur l'ac-
tion exercée par l'oxyde nitrique sur la dichlorhydrine chromique.
» Lorsqu'on fait passer un courant de bioxyde d'azote dans de l'acide
chlorochromique, une réaction très vive se produit. Il se dégage d'abon-
dantes vapeurs colorées en jaune, la température s'élève rapidement et il
se forme une masse noire, la plupart du temps visqueuse, qu'il est, dans
la suite, difficile de transformer en un produit solide homogène, même par
l'action prolongée de l'oxyde nitrique.
» Pour obtenir cette substance dans un état de pureté plus grand et
bien exempte d'acide chlorochromique, il faut entraîner, à l'aide d'un cou-
rant d'acide carbonique, des vapeurs de CrO^Cl- dans un grand ballon oîi
se rend également un tube par lequel se dégage un excès de bioxyde
d'azote. Dans ces conditions, et l'acide chlorochromique arrivant par le
col du ballon, on voit immédiatement se former une poussière blanchâtre
qui tombe au fond du récipient. Après très peu de temps, ce composé blanc
formé se transforme en une substance de couleur brune. C'est ce produit
que l'on recueille lorsque la réaction est terminée, c'est-à-dire lorsqu'on
estime avoir fait réagir une quantité suffisante de gaz. Dans mes expé-
riences, la vitesse des courants gazeux était telle que la quantité de produit
recueilli en six heures oscillait entre 2*^ et 3^"".
» Ce produit constitue une poudre brune extrêmement avide d'eau.
Lorsqu'on l'abandonne quelque temps dans un flacon bien bouché, on voit
bientôt celui-ci se remplir de vapeurs rutilantes. Il est nécessaire, pour
l'en débarrasser, de laisser le produit plusieurs heures en présence de
potasse en plaques, sous un dessiccateur dans lequel on a fait le vide.
(') Travail fait au laboratoire de Chimie appliquée de la Faculté des Sciences de
l'Université de Paris.
(') T. CXXIV, p. loo.
( 829 )
« La substance ainsi obtenue se dissout très facilement dans l'eau en la
colorant en noir. Au moment de la dissolution, on observe le dégagement
plus ou moins abondant de vapeurs rutilantes.
» La solution ainsi obtenue contient :
» 1° Du chrome à l'état d'oxyde de chrome, car l'ammoniaque y produit
un précipité abondant ;
» 2" Du chrome à l'état d'acide chromique, car, après séparation de
l'oxyde de chrome, la solution est fortement colorée en jaune et précipite
par l'acétate de plomb en solution acide;
» 3° Du chlore;
» 4" Des composés oxygénés de l'azote provenant de la dissolution plus
ou moins notable des vapeurs rutilantes que nous avons mentionnées ci-
dessus.
» Les solvants les plus couramment employés : l'alcool, l'éther, le chlo-
roforme, la benzine, etc., ne la dissolvent pas ou seulement en quantité
extrêmement faible. Sous l'action de la chaleur, elle dégage des vapeurs
nitreuses et du chlore et se transforme en oxyde vert de chrome. En pré-
sence des réducteurs, zinc et acide chlorhydrique, par exemple, il y a for-
mation d'ammoniaque.
)) A l'analyse, le produit donne des nombres concordants, même lorsque
les analyses portent sur des substances provenant d'opérations diverses.
On trouve ainsi :
Cr total 39,93 40 , 33
Cl 27,66 27,63
Az 4,67 4.45
» Toutefois, si l'on vient à effectuer la séparation du chrome à l'état de
sel de chrome du chrome à l'état d'acide chromique, on ne peut arriver à
des nombres concordants. Il faut en chercher la cause dans la décomposi-
tion même qui accompagne le phénomène de la dissolution. Du peroxyde
d'azote produit, une partie se dégage tandis que l'autre reste en solution.
Le rapport entre l'hvpoazotide dégagé et i'hypoazotide dissous est extrê-
mement variable et dépend surtout de la rapidité avec laquelle ce gaz est
mis en liberté. Il en résulte dans la liqueur la formation d'une quantité
variable d'acide azoteux qui réagit immédiatement sur l'acide chromique
pour le transformer en sesquioxvde de chrome. C'est ainsi qu'une série de
dosages a dorme, par exemple.
ji. II. ni.
Cr(à l'état deCrO^) 16, 4 i3,2 i4,8
» Cependant, cette teneur en chrome (CrO^) ne paraît pas dépasser
( 83o )
i6,5 pour loo et, dans la plupart des dosages, a été inférieure à i6
pour loo.
)> Le dosage de l'azote peut s'effectuer très simplement : dans un tube en
verre peu fusible dél>arrassé de toute trace d'air comme pour le dosage de
l'azote dans les matières organiques, on chauffe au rouge un poids connu
de substance qu'on a eu soin, au préalable, de bien mélanger avec du
cuivre réduit en poudre. Dans ces conditions, le gaz dégagé est constitué
par de l'azote pur.
M La formule Cr^CPO', 2AzO- exprime assez exactement les résultats
d'analyse. Elle donne, en effet :
Cr total 4o ) 53
Cr (à l'état d'acide chromique) 16,20
Cl 27,66
Az 4,36
» Ce composé Cr^CPO^, 2AzO' représente-t-il une espèce chimique
bien définie? Il est amorphe et, par suite de sa facile décomposition, on ne
peut songera le purifier par les procédés habituellement employés. Cepen-
dant, sa composition, qui reste constante même quand on fait varier nota-
blementles proportions des gaz générateurs, ne semble pas rendre probable
l'hypothèse d'un mélange de plusieurs composés.
» La solution aqueuse se comporte comme celle d'un chlorochromate
d'oxyde de chrome, analogue à ceux déjà décrits, et quoique la substance
ressemble fort au composé Cr'0°Cl- signalé par différents auteurs, il reste
encore à prouver que cette substance contient tout son chrome saturé
comme il l'est dans l'acide chromique ou dans l'oxyde de chrome vert, car
certains groupements pourraient bien ne prendre naissance qu'au moment
de la décomposition au contact de l'eau.
» L'étude de sels composés est très délicate, et de longues recherches
consacrées à l'étude de cette action de l'oxyde nitrique sur la dichlorhy-
drine chromique ne m'ont amené qu'à vin seul résultat ne pouvant être mis
en doute : c'est que, comme l'étain, comme le bismuth, comme le fer, le
chrome est susceptible de donner naissance à des composés renfermant
des groupes AzO', stables même dans le vide à température ordinaire, mais
se décomposant avec la plus grande facilité au contact de l'eau. Dans la
série du fer, en particulier, cette propriété appartient en même temps aux
sels ferreux et aux sels ferriques ('). Les composés du chrome se com-
(') J'ai montré, en effet, que le chlorure ferrique, le chlorure et le bromure fer-
reux étaient tous trois susceptibles de donner des composés nitrés (Thèse de Doctorat)-
( 83i )
portent-ils exactement de même? C'est là un point qui serait évidemment
intéressant à éclaircir. .»
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le sulfate de méthylène ou méthylal suifurique;
Note de M. Marcel Delëpi.ve.
« Sous le nom de sulfate de méthylène ou méthylal suifurique, je propose
de désigner un produit neutre, cristallisé, CH^^ \SO- ou CH-O, S0^
que j'ai obtenu par l'union de molécules égales d'aldéhyde formique et
d'anhydride suifurique. En raison de sa neutralité, je le considère comme
l'éther suifurique neutre du glycol méthylénique hypothétique CH^, ,
dont nous connaissons les éthers simples CH^CP, CH-Br^, CH- [-, l'éther
diacétiqueCH^(O.CO.CH')S l'éther oxahqueCH='<^^^C-0% etc.
B Préparation. — On ajoute, par petites portions en agitant, du trioxyméthylène
bien sec à de l'acide suifurique fumant à 5o pour loo d'anhydride jusqu'à ce que l'acide
ne fume presque plus; les premières portions se dissolvent totalement; les suivantes
se transforment en une poudre blanche nettement cristallisée. Après douze heures de
repos du mélange on essore la partie insoluble pendant longtemps à la trompe; après
expulsion de presque tout l'acide imprégnant, on lave à l'eau, puis à l'alcool et à
l'éther. Le produit obtenu est le sulfate de méthylène pur SO*CH^ :
Trouvé pour loo. . . C: io,83 H: 1,88 S : 29,20 et 29,09
Calculé pour 100 . . C: 10,90 H; 1,82 S: 29,09
» La réaction de formation est la suivante :
|(CH20)^+ S-0'H-= S0*CH^4- SO*H^
» Propriétés. — Le sulfate de méthylène est une poudre blanche, complètement
cristallisée, inodore et insipide quand elle n'a pas subi le contact prolongé de l'air
humide, inaltérable en tube scellé; insoluble ou à peu près dans l'eau, l'alcool et l'éther
froids, le chloroforme et le benzène froids ou chauds; un peu soluble dans le paral-
déhyde bouillant qui l'abandonne en gros cristaux par le refroidissement; son dissol-
vant est l'acétone qui en prend plus à froid qu'à chaud et permet de l'obtenir par
refroidissement ou par évaporation rapide en cristaux de plusieurs millimètres; la
solution acétonique additionnée d'eau, d'alcool, d'éther ou de chloroforme laisse
précipiter des cristaux de sulfate de méthylène.
» Ce corps fond mal vers i55°; maintenu à cette température et même au-dessous,
il se met à bouillir vivement en dégageant d'abord des torrents d'anhydride sulfu-
( 832 )
rique, puis de l'oxyde de carbone et de l'anhydride sulfureux; il reste de l'acide sul-
furique coloré en brun. Ces décompositions s'expriment par les équations suivantes :
(i) S0*CH2=S0'-t-CH"-0
(2) S0'CH2=S0=+C0 + H-^0,
(3) SO*CH2 + H2 0 = SO'H^+CH^O.
» La première représente une sorte de dissociation; la deuxième et la troisième
dégagent respectivement i'^''',5 et o'^''',7, d'après la chaleur de formation de SO*CH'.
» Si l'on chauffe le sulfate de méthylène en tube scellé à 200° pendant une heure,
les réactions changent peu; à l'ouverture du tube, il se dégage CO, CO-, SO' et
l'acide fortement coloré en noir contient, partie en suspension, partie en dissolution,
une matière humoïde qui ressemble à du charbon, mais qui n'en est pas. Une matière
noire analogue se forme plus facilement quand on maintient à 100° pendant une heure
en tube scellé le sulfate de méthylène additionné de son poids d'alcool : l'acide sulfu-
rique formé étendu d'eau laisse précipiter une matière noire qui contient 72,71 pour 100
de carbone et 7,53 d'hydrogène, nombres conduisant à la formule C^H'O, ou plutôt à
celle d'un polymère; la formation de ce corps s'exprime facilement, ainsi que la pro-
duction d'une certaine dose d'anhydride carbonique
(4) 6SO*CH2= 1 (C=H60)«+ 3S0^H- 3SO»H2+ C0=.
/i
» Le sulfate de méthylène transforme instantanément l'aldéhj'de en paraldéhyde,
sans doute en raison d'une légère dissociation en SO'-t- CH-0.
» Action de Veau et des alcalis. — Il n'y a pas d'action sensible à froid,
même au bout de plusieurs jours; mais à ôo^-^o", la réaction devient très
vive. On a, en effet, d'après le calcul :
SO'CH^sol. + «H20=:S0»H^diss. -i-CH^Odiss. + («-i)H20.... +i8C''',6
» Action des alcools. — Ils ne réagissent pas non plus à froid; mais, vers
6o°-70'', ils exercent une action remarquable; il y a, à la fois, production
de formai et d'éther sulfurique acide de l'alcool emplové, ainsi que d'acide
sulfurique libre, transformations que traduisent les équations
2R.OH + SO'CH=' = CH-(OR)--+-SO^H-
3R.0H + SO'CH-= CH-(OR)^ + SO'RH + H^O.
» J'ai effectué cette double réaction avec les alcools niéthylique, éthv-
lique, propylique, isopropylique, isobutylique, isoamylique et benzylique;
j'ai pu en constater la généralité et, en particulier, préparer le formai
dibenzylique CH=(O.C''H')= et les sels auparavant inconnus de l'acide
benzylsulfurique C'H'.O.SO'H; j'ai obtenu les sels de Ba, K, Cu, Ag, Pb,
( 833 )
les premiers à l'état cristallisé, les deux derniers en solution : ce sont tous
des sels laciles à hydrater par l'action de la chaleur sur leurs dissolutions
et plus altérables encore à l'état sec.
» Chaleur de formation . — L'adjonction d'une dose suffisante de camphre
permet parfaitement de brûler le sulfate de méthylène. La réalisation de
l'équation
SO'CH^ sol. 4- 0= gaz. = CO^ gaz. -+- SO*H- diss.
a fourni par gramme 1281"^"', 9, 1295^', 4» i282<^-^', 2; en moyenne 1286'^^',.');
soit pour une molécule, à volume et à pression constante, i4i*^''',5. D'où
l'on déduit
Soct. -H 0*gaz. +Cdiam. + H^ gaz. == SO^CH- sol +162^^1,9
c'est-à-dire pour la réaction de formation
SO^soJ. -H -(CIPO)" trioxym.=r SO'CH^sol.
8Cal
II
'/
valeur que ne modifie pas sensiblement l'intervention de S'O'H" au lieu
de SO'. A première vue, il semble qu'il n'en doive plus être de même si
l'on considère la formation à partir de SO'H- liquide, avec élimination
d'eau, comme cela a lieu dans la formation des éthers, ce qui donnerait
SO'H-liq.-H -(CtPO)" liioxym.^iSO^CH^sol. -t-H^Oliq.... — oC"',7
mais, en réalité, au commencement de la réaction l'acide SC^Il' s'unit
avec l'eau formée, avec un dégagement de chaleur d'au moins +6^"',!;
c'est-à-dire que la réaction réelle serait exothermique en présence d'un
excès d'acide, avec limitation due à l'hydratation dudit acide. En vérité,
on ne peut se rendre compte de ce qui se passe, le sulfate de méthylène se
dissolvant dans un excès d'acide sulfurique et se détruisant totalement
par suite de réchauffement lorsqu'on dilue l'acide.
» Tels sont les points saillants relatifs à ce singulier éther sulfurique
neutre; c'est sans doute le seul de cet ordre, car les aldéhydes homologues
m'ont donné des résultats bien différents que j'espère exposer prochai-
nement. )>
( 834 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un mode de synthèse de l'acide parahamque.
Note de M. P. Cazenecve, présentée par M. Arm. Gautier.
« En traitant un mélange d'urée et d'acide oxalique par le trichlorure
de phosphore, Panomareff obtient un corps cristallisé en prismes minces,
transparents et incolores qui présentait la plupart des réactions de l'acide
parabanique ou oxalviurée. Toutefois le corps obtenu ne se dissout pas
dans l'alcool, tandis que l'acide parabanique s'y dissout assez facilement.
D'autre part, il correspondrait, à l'analyse, à l'acide parabanique plus
CO.AzHx
deux molécules d'eau, i /CO,2H^O.
CO.AzH/
» La synthèse de l'acide parabanique par cette méthode n'est donc rien
moins que prouvée, puisque le corps produit présente des caractères diffé-
rentiels importants qui ne permettent pas de le confondre avec la véritable
oxalylurée dérivée de l'alloxane. L'analyse centésimale du sel d'argent
obtenu concorde, il est vrai, avec le parabanate d'argent, mais cette con-
cordance ne suffit pas pour conclure à une identité.
» Un autre mode de synthèse totale consisterait à faire réagir l'urée
sur l'o-xalate d'éthyle au sein de l'alcool absolu, en présence de l'éthylate
de sodium. Ce mode de formation a été contesté.
» Nous sommes parvenu à produire synthétiquement l'acide paraba-
nique en faisant réagir l'oxamide sur le carbonate de phényle, conformé-
ment à l'équation suivante :
CO.AzH=' /OC«H= CO.AzH \
I -i-CO< =1 ^CO-f-aCH^OH.
CO.AzH^ \OC*H'^ CO.AzH/
» Voici les conditions expérimentales :
» On porte à l'ébuUition tranquille 5 parties de carbonate de phényle.
Le thermomètre plongé dans le carbonate en fusion marque de 240° à 230°.
On projette dans la masse liquide i [)artie d'oxamide en poudre. Le mé-
lange, un peu pâteux, se liquéfie bientôt en se colorant légèrement. On
maintient i'ébullition vers 240° pendant une demi-heure. La masse refroidie
et solidifiée est bouillie avec Soo**^ d'eau pendant cinq minutes. On laisse
refroidir et l'on filtre.
» Cette solution aqueuse est fortement acide au tournesol. Elle ren-
( 835 )
ferme du phénol et de l'acide parabanique. Ce dernier est mis en évidence
de la façon suivante : on évapore le liquide aqueux à siccité dans le vide
sur l'acide sulfurique et sur la chaux sodée: on obtient d'emblée de petits
cristaux blancs offrant tous les caractères de solubilité de l'acide para-
banique aussi bien que ses caractères organoleptiques. En reprenant par
l'éther, puis évaporant lentement, il se f;iit des cristaux très nets et très
purs. En reprenant par l'eau, au lieu d'éther, on sépare également l'acide
parabanique mêlé d'un peu d'oxamide entraînée.
» Dans cette solution aqueuse le nitrate d'argent donne un précipité
qu'une addition d'ammoniaque augmente et rend gélatineux. C'est un des
caractères de l'acide parabanique.
» Le sel d'argent analysé a donné à la calcination, pour matière o,36i5,
CO.AzAgx
Ag = 0,2273, soit, pour 100, 62,93. La formule 1 /CO, H-O exige
CO.AzAg/
62,42 pour 100.
» Nous avions préalablement chauffé ce sel à 100° pour le sécher de l'eau
hygroscopique, l'eau de la cristallisation n'étant chassée qu'à i65°. A 100°
il est devenu grisâtre et a dû légèrement s'altérer. Le résultat, à
0,5 pour 100 près, dans le dosage de l'argent s'explique par cette très
légère altération. D'ailleurs le dosage de l'azote a inversement indiqué un
léger déficit en rapport avec le sens de l'altération : pour matière o,3i37,
nous avons obtenu, en centièmes, Az = 8,o5; la théorie exige 8,53.
» Le corps libre, cristallisé de l'éther, nous a donné à l'analyse, pour
matière o, 38 1 1 , en centièmes :
C=:3i,4o, H =^1,82, Az = 24,62.
La théorie exige
C^3i,58. H = 1,75. Az = 24,56.
» Nous avons encore confirmé la synthèse de l'acide parabanique de la
façon suivante :
)) La solution aqueuse provenant de l'épuisement du produit de la réac-
tion de l'oxamide sur le carbonate de phényle a été portée pendant quelques
minutes à l'ébullition en présence de carbonate de chaux pur précipité.
Par évaporation dans le vide, nous avons obtenu des cristaux perdant
de l'eau de cristallisation à 100° dans la proportion de 11,08 pour 100.
La formule C°H''Az^O'*Ca, 2H-O exige 10,97 pour 100.
G. R., 1S99, 2' Semestre. (T. CXXIX. N° 21.) I I I
( 836 )
» La calcination an rouge a donné pour matière 0,5909 : CaO = 0,1 i 1 i,
soit 18,80 pour 100.
» I^a formule de l'oxalurate de calcium
CO.AzH.CO.AzH-
CO-0\ca
CO . 0/
CO.AzH.CO.AzH^
demande i8,54 pour 100.
» Cet oxalurate s'est produit d'ailleurs conformément à ce que l'on sait
sur l'hydratation de l'acide parabanique, en présence des carbonates et
même du carbonate de chaux.
» La synthèse de l'acide parabanique par cette méthode est donc
démontrée. Les rendements sont faibles, il est vrai, et n'excèdent pas
5 pour 100 environ de l'oxamide employée. L'attaque de cette dernière
par le carbonate de phényle vers 24o''-25o" est lente; au-dessous de cette
température, elle n'a pas lieu; au-dessus, l'acide parabanique est détruit;
même à 24o°-25o°, cet acide tend à s'altérer. De là des rendements faibles.
)> Cette réaction semble, dans tous les cas, offrir un réel intérêt. Sans
doute applicable aux homologues de l'oxamide, elle permettra de préparer
sy nthétiquement des homologues encore inconnus de l'acide parabanique. »
ZOOLOGIE. — Sur une nouvelle Myxosporidie, Nosema Stephani, ^ara«/e du
Flesus passer iT/o/ea« ('). Note de M. Hagenmcller, présentée par M. H.
de Lacaze-Duthiers.
« Depuis les recherches si approfondies de Thélohan, les Pleuronectidés
sont regardés comme réfraclaires à l'infeslation myxosporidienne. Ce fait
paraissait d'autant plus intéressant que les conditions biologiques de ces
poissons semblaient devoir favoriser chez eux les chances de pénétration
des parasites. Thélohan insiste lui-même sur ce point.
» Les travaux de Thélohan ont porté particulièrement sur les poissons
des côtes océaniques, et dans ses voyages aux stations méditerranéennes,
(') Travail du laboratoire de M. le professeur Marion, station zoologique d'En-
doùine.
(837 )
il n'avait pu étudier les représentants de la faune des eaux saumàtres des
étangs littoraux dont M. le professeur Mnrion a fait connaître les particu-
larités si intéressantes ('). Une de ces parliciilarités très importante, rap-
pelons-le en passant, est la variabilité des oonriitions de milieu. Ces con-
ditions, degrés de salure des eaux, invasion brusque des eaux douces
dans l'eau de mer et réciproquement, dessèchement périodique de certains
étangs, faibles profondeurs, apports changeants de matières organiques,
sont de nature proi)ablement à favoriser le parasitisme en général. Quoi
qu'il en soit, un des Pleuronectidés caractéristiques de cette faune, le
Flesus passer Moreau, m'a permis d'observer une espèce de Myxosporidie
nouvelle, qui se rencontre très fréquemment (dans un peu plus de la
moitié des individus, i8 fois sur 3o), dans ce poisson.
» Cette Mvxosporidie appartient au genre Glugea Thélolian, aujourd'hui
Nosema; elle- infeste, sous forme d'infiltration diffuse ou de kystes, les parois
du tube digestif. Les seul es Mvxosporidies observées jusqu'ici dans ces con-
ditions appartiennent au genre Myxuholus.
)) L'infiltration diffuse représente plus particulièrement un mode de
pullulation endogène, tandis que les kystes assurent la dissémination du
parasite à l'extérieur. Kystes et amas d'infUlration s'observent depuis la
partie supérieure de l'œsophage jusqu'à l'exlrémité du rectum, logés dans
les tissus ou simplement recouverts par le péritoine. Il n'existe ni amas ni
kystes dans le parenchyme d'aucun organe, rein, r;ite, foie, cœur, etc.
Cependant, sous le péritoine à la surface du foie et dans les replis périto-
néaux où cheminent des vaisseaux, les kystes sont assez nombreux; j'en ai
trouvé jusque sur le conduit cholédoque près de son abouchement avec
l'intestin. Dans la paroi intestinale, les kystes siègent dans les couches
musculaires et surtout dans la couche conjonctive. J'en ai vu jusque dans
la charpente conjonctive des replis de la muqueuse et des villosités, mais
jamais, non plus que d'infiltration diffuse, dans la couche épithéliale de
l'intestin.
» Ces kystes apparaissent à l'œil nu comme de petits grains d'un blanc
de lait, ovoïdes ou plus rarement sphériques, ne dépassant guère i""" en
diamètre, n'atteignant même pour la plupart que quelques dixièmes de
millimètre, ou moins encore.
» Le fait intéressant mis en lumière par leur observation se rapporte au
(') A. -F. MARIO^•, Étude des étangs saumàtres de Beire {Bouclies-da-Rliàne) :
Faune ichtyologique {Comptes rendus. 3 mai 1S87).
( 838 )
mode (l'oriii;ine (le leur membrane. Oii a beaucoup discuté, à propos des
Myxosporidies, pour savoir si la membrane kystique appartient à l'hôte ou au
parasite. Dans le cas du Nosema Stephani, la membrane limitante des kystes
est composée d'éléments provenant des tissus de l'hôte et sa formation
résulte d'une réaction de l'organisme envahi.
» Un kyste âgé, ayant terminé son évolution, montre sur les coupes son
contenu formé d'une masse granuleuse résiduelle, et d'une innombrable
quantité de spores disséminées dans cette masse ; celle-ci n'occupe pas toute
la cavité kvstique, mais laisse entre elle-même et l'enveloppe une zone vide,
due à l'action des réactifs durcissants. Sur beaucoup de coupes, cette zone
est traversée par des sortes de filaments, de minces brides, rattachant la
masse sporigène à la surface interne de l'enveloppe. Un très fort grossisse-
ment démontre dans ces brides des noyaux caractérisés par leur forme
aplatie, il en montre de tout pareils très nombreux dans l'enveloppe kystique
elle-même, et fait voir cette enveloppe composée de nombreuses couches
minces, concentriques, imbriquées comme les tuniques sur la coupe d'un
bulbe de liliacée. Il n'y a pas de ligne de démarcation bien nette entre les
dernières couches de la paroi kystale et le tissu conjonctif ambiant.
» Sur un kyste moins évolué, présentant des spores achevées, mais
aussi des sporoblastes, le nombre considérable de ceux-ci nous garantit
que ce deuxième kyste est moins avancé que le premier. Ici, les spores
mûres et la matière résiduelle occupent sur la coupe une surface plus res-
treinte, sous forme d'amas central encerclé d'une zone vide, zone de con-
traction, due à l'action des réactifs. En dehors de cette zone vide, une
couche de protoplasma, restée accolée à la face interne de l'enveloppe kys-
tale, est remplie de pansporoblastes pressés les uns contre les autres, avec
chacun des sporoblastes caractéristiques nombreux, et des sporoblastes
déjà libres, à différents degrés d'évolution. Cette couche, où le processus
de multiplication se montre si actif, est la dernière appartenant en propre
à la Myxosporidie. Elle est accolée immédiatement à l'enveloppe kystale.
» L'enveloppe de ce deuxième kyste est bien différente de celle du
premier. Ici pas d'aspect fibreux, pas de tuniques minces avec dés noyaux
aplatis, mais de nombreuses cellules très nettes, à corps renflé, où loge
un gros noyau vésiculeux, aux deux extrémités atténuées et effilées, stra-
tifiées les unes sur les autres en plusieurs rangs, avec leur plus grande face
tangentiellement ordonnée par rapport à la couche sporoblastique. Ce sont
des cellules épiihéliuïdes, avant le tassement final et la translormation en
enveloppe fibreuse qu'elles montrent sur les coupes de kystes parachevés.
( 839 )
On voit très bien les limites de cette formation épithélioïde et les rapports
de ses éléments avec les faisceaux du tissu conjonctif ambiant.
» Le Nosema Slephani s'enkvste donc par im processus identique à celui
dont Metscbnikoff a généralisé le rôle. Je dédie cette espèce à M. Pierre
Stephan, qui a trouvé, le premier, les kystes et les a signalés à mon at-
tention. »
BOTANIQUE. — Sur les phénomènes cytologiques précédant et accompagnant
la formation de la téleutospore chez le PucciniaLiliacearum Duby ; Note de
M. R. Maire, présentée par M. Guignard.
« he Puccinia Liliacearum, parasite fréquent dans l'est de la France sur
les feuilles de V Ornithogalum. pyrenaicum, est une Urédinée auloïque sans
stade urédosporifère el à stade écidien très rare. Le champignon se trouve
donc d'ordinaire réduit aux stades spermogoniqueettéleutos|)onfère. Nous
avons étudié la formation des téleutospores sur des exemplaires fixés à
l'aide du mélange de Flemming. La coloration des noyaux est assez facile
et réussit surtout avec l'hémalun de Mayer el la méthode de Benda (safra-
nin-lichtgrûn). L'emploi de ces colorations et de quelques autres nous a
permis les constatations suivantes, dont les unes confu-ment les observa-
tions antérieures de MM. Poirault, Raciborski et Sappin-Trouffy, et les
autres mettent en lumière un fait non étudié par ces auteurs.
» Le mycélium du parasite est composé de cellules uninucléées, ou
assez souvent plurinucléées par suite de divisions amitotiques du noyau. La
chromatine des noyaux du mycélunn est iorlement satranophile et disposée
en une pelote ou un réseau plus ou moins compliqué, sans nucléole appa-
rent.
» Les filaments mycéliens s'enchevêtrent pour former les jeunes sores
téleutosporifères : à ce moment il ne se forme pas de cloison après la divi-
sion de chaque noyau terminal, de sorte que la cellule terminale est bi-
nucléée. Ces deux noyaux restent côte à côte et, à partir de ce moment, se
divisent synergiquemeut par mitose. Les fdaments s'allongent donc par des
cellules à deux noyaux et se dressent au-dessus de l'enchevêtrement qui
sera le stroma du sore léleutosporifére. A dater du moment où les deux
noyaux sont réunis dans une même cellule, on voit apparaître à leur inté-
rieur un nucléole, véritable plasmosome. D'abord de petite taille, ce plas-
mosome devient de plus en plus gros au fur et à mesure qu'on se rapproche
de l'extrémité du filament.
( 84o )
M En même temps qu'il grossit, la chromatine safranophile disparaît ou
se transforme peu à peu, laissant à sa place une substance acidophile
(dans les colorations aux couleurs d'aniline), mais différente de celle du
plasmosome, car elle se colore encore comme la hasichromatine par l'héma-
lun, tandis que le plasmosome prend une teinte plus pâle et d'une nuance
différente. Bientôt les noyaux sont entièrement acidophiles ; en même temps
le cytoplasma est devenu plus abondant, plus condensé et présente un
réticulum très net à tendances basophiles, sans que toutefois on puisse y
distinguer de formations ergastoplasmiques bien nettes. C'est à ce moment
que se forme la téleutospore; elle se constitue par le renflement des deux
cellules terminales, qui accumulent de grandes quantités de réserves entre
les mailles de leur cvtoplasma et cela aux dépens des cellules sous-jacentes,
qui j)erdent peu à peu l'abondant deuloplasma qu'elles avaient déjà éla-
boré, et même leur cytoplasma. C'est ce qu'on remarque surtout dans la
cellule qui précède immédiatement la téleutospore et en constitue à ma-
turité le pédicelle.
» Pendant tout ce travail, les noyaux restent acidophiles; avant la ma-
turation complète de la téleutospore, alors que son épispore n'est pas
encore complètement épaissi, les deux noyaux de la loge supérieure se
fusionnent. Ceux de la loge inférieure ne se fusionnent que plus tard, mais
d'ordinaire avant la maturation complète de la téleutospore. Quand celle-ci
se détache spontanément, la fusion est toujours accomplie. (Il n'en est pas
de même chez d'autres espèces : chez Puccinia Schneideri, par exemple,
nous avons pu observer des téleutospores spontanément détachées, dont
la loge inférieure possédait encore deux noyaux.)
» La fusion des noyaux et des plasmosomes se fait comme l'ont décrit
MM. Sappin-Trouffy, l'oirault et Raciborski. Le noyau qui résulte de la
fusion continue à être acidophile et le reste encore dans la téleutospore
mûre.
» Un phénomène analogue d'oxychromatisation a été signalé par
MM. Bouin dans la cellule-mère du sac embryonnaire des Liliacées et le
jeurie oocyte d'Asle/ina gibhosa, où il coïncide avec l'existence dans le
cytoplasma de formations ergastoplasmiques. Ces auteurs l'assimilent à la
chromatolyse partielle décrite par M. Garnier dans les noyaux des cellules
glandulaires en activité sécrétoire, cellules qui possèdent alors aussi des
formations ergastoplasmiques basophiles. Nous croyons que le phénomène
présenté par le P. Liliacearum est comparable jusqu'à un certain point
aux modifications du noyau signalées par les auteurs susdits : en effet, si
( 84' )
ces dernières accusent le travail de la cellule en train d'élaborer un abon-
dant deutoplasma, il en est de même chez P. Liliacearum, où l'oxychroma-
tisation coïncide avec l'élaboration des réserves destinées à la téleutospore.
Mais, dans notre cas, les formations ergastoplasmiques basophiles sont peu
distinctes, bien que le cyloplasma présente un réliculum plus accentué et
ayant une certaine tendance à fixer les couleurs basiques, s'accusant par
les teintes mixtes qu'il prend dans les doubles colorations.
» Toutefois si, chez le P. Liliacearum, l'entrée en activité élaboratrice,
en sécrétion du cytoplasma, produit des phénomènes nucléaires compa-
rables à ceux déjà connus dans des cas analogues, le noyau paraît ne pas se
comporter de même façon au point de vue de sa faculté cinétique. Dans les
glandes, en efiêt, le travail sécrétoire paraît incompatible avec la mitose;
chez le P. Liliacearum, au contraire, il se produit environ trois pu quatre
mitoses entre le début apparent du travail élabprateur et la constitution
de la téleutospore.
» I/oxychromatisation du noyau ne paraît donc rien lui enlever de sa
faculté cinétique, et il semble qu'il y a ici moins d'antagonisme entre la
sécrétion et la mitose que dans la plupart des cas connus jusqu'ici; toute-
fois il est probable que le travail séciéteur doit subir un temps d'arrêt pen-
dant la durée de la mitose elle-même.
» Le fait de mitoses trouvées dans les corps jaunes en activité par
P. Bouin se rapprocherait du nôtre; mais, d'après ce dernier auteur, il est
encore trop peu étudié pour que l'on puisse appuyer sur lui des conclusions
un peu fermes. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les modijîcalioiis histologiques produites dans
les tiges par V action des Phyto|)tus ('). Note de M. Marin Molliar»,
présentée par M. Gaston Bonnier.
« Dans la plupart des galles produites par des Phytoptides, les parasites
restent externes par rapport à l'organe attaqué, qui est généralement une
feuille végétative ou florale; ce n'est qu'assez rarement que ces Acariens
pénètrent dans les feuilles, aux dépens desquelles ils vivent; Soraér a
montré quelles sont les transformations anatomiques qu'ils déterminent
alors en étudiant la galle produite par le Phyloptus Piri Pag. sur les feuilles
(') Travail du Laboratoire de Botanique de la Faculté des Sciences de Paris.
( 842 )
de Poirier. Il est encore plus rare que les tiges abritent à leur intérieur ces
parasites, et Frank, dans son Traité des maladies des plantes, donne une
courte liste de ces galles caulinaires sous le titre de galles corticales; c'est
à celte catégorie que se rapporte la phytoptocécidie des jeunes rameaux de
Pin décrite par Th. Hartig ( ' ) et dont l'étude anatomique m'a présenté
certains faits qui peuvent offrir quelque intérêt.
» Ce sont les tiges de deux ou trois ans qui présentent ces galles sous
forme de renflements considérables, produits presque uniquement aux
dépens de l'écorce; si l'on compare la structure anatomique de l'écorce
d'une telle tige dans une région saine et dans la partie parasitée, on est
frappé de la transformation complète que subissent tous les tissus. Sans
entrer dans le détail de cette structure, rappelons que l'écorce saine com-
prend à cet âge une zone externe île liège, du phelloderme réduit à une
assise de cellules, et environ six à huit assises de cellules parenchyma-
teuses, dont les unes sont vivantes, à parois relativement épaisses, conte-
nant de nombreux grains d'amidon, les autres mortes, desséchées, réduites
à leur membrane qui est souvent rompue; de place en place existe un
large canal sécréteur formé par une assise de cellules sécrétrices et une
assise de cellules de soutien plus ou moins sclérifiées.
» Dans la région gallaire on observe en dedans du liège, dont les assises
sont très comprimées radialement, un tissu homogène, constitué par un
grand nombre de cellules dont on peut compter jusqu'à cinquante assises
et plus; elles se sont formées par les divisions répétées et s'effectuant dans
tous les sens du parenchyme cortical primitif, sous l'influence des parasites
qu'on trouve logés dans des cavités produites par celles d'entre ces cellules
qui ont servi à leur nutrition, et dont on reconnaît les membranes scléri-
fiées et desséchées. Sous l'action des Acariens, le phelloderme s'est divisé
aussi très activement suivant le sens normal, de sorte que cette région est
constituée par plusieurs assises de cellules nettement superposées; toutes
les cellules ainsi formées sont complètement dépourvues d'amidon, ou, s'il
en existe des grains, ils sont beaucoup plus petits que dans les cellules
vivantes du parenchyme normal.
» Sous l'action directe des Phyloptus les cellules qui, dans les conditions
ordinaires, subissent des dilférenciations variées prennent donc toutes la
même structure qui correspond à une nouvelle fonction, celle de nourrir
les parasites; on a déjà de nombreux exemples de tels changements de
(') Tn. ttARTif., Forstl. KonversalionslexiA-on, p. 787; i836.
( 843 )
différenciation effectués expérimentalement en changeant les conditions
de milieu de la plante ; mais certains organes semblent résister plus parli-
cnlièrement à une pareille déviation et au nombre de ceux-ci se trouvent
les organes sécréteurs. Nous observons, en effet, dans la phyto|)locécidie
qui nous occupe, que bien souvent les canaux sécréteurs corticaux ne subis-
sent qu'une faible transformation; elle consiste en la division langentielle
de certaines cellules délimitant le canal sécréteur; mais l'action des para-
sites peut se taire sentir d'une manière plus intense sur ces tissus cl l'on
trouve toutes les transitions entre ces canaux sécréteurs presque normaux
et des colonnes compactes de cellules parenchvmateuses comprenant en-
viron 10 assises irrégulièrement concentriques de cellules; au centre de
ces massifs existe ou n'existe même ])lus un faible lumen et il n'y est plus
sécrété de produits résineux.
» Le parasite ne pénètre jamais plus profondément cjue l'écorce, mais,
à côté de l'action directe qu'il exerce sur cette région, on observe dans la
zone plus profonde des modifications qui sont en relation avec les change-
ments survenus dans la physiologie des cellules centrales. C'est ainsi que,
lorsque la galle est surtout dévelopj)éed'un côté de la tige, les formations
ligneuses sont très visiblement plus épaisses du côté parasité ; le nombre
des assises du bois augmente et les éléments ligneux offrent des parois
beaucoup plus épaisses; leur lignification est également plus intense.
» A côté de ces galles internes, où l'écorce seule est envahie par des
Phytoptus, vient se placer une catégorie de phytoptocécidies également in-
ternes où toutes les régions de la tige peuvent être, à des degrés divers,
transformées par les parasites ; le seul exemple de ce groupe m'a été fourni
par une nouvelle espèce de Phylopliis que je désignerai sous le nom de
P. Obiones et qui attaque les tiges de 1' Obione pedunculata Moq. ; j'ai ren-
contré celte galle en très grande abondance dans les marais salants du
Pouliguen; elle se présente sous la forme de renflements irréguliers des
axes florifères, au niveau des pédoncules floraux; l'attaque débute par les
bourgeons floraiix et progresse jusque dans l'axe correspondant en s'éten-
dant un peu au-tlessus et au-dessous du pédoncule parasité. Nous retrou-
vons la même différenciation des cellules corticales que dans la galle du
Pin, les cellules primitives se divisant un très grand nombre de fois, de
sorte que chaque cellule primitive, dont on reconnaît encore le c^tour
général, peut être transformée en un massif d'une vingtaine de cellules
séparées, le plus souvent, par des membranes cellulosiques; cependant, il
arrive que l'on observe une division du protoplasma et du noyau sans
C. K., 1S99. ^' Semestre. (T. CXXl.^ ÎN" 21.) 112
( 84/i )
qu'il se constitue, du moins de suite, de membranes cellulosiques indé-
pendantes; on se trouve en présence de cellules analogues à celles qui
ont été signalées par MM. Vuillemin et T.egrain (') chez les Nématocéci-
dies, avec celte différence qu'ici la division du noyau a été accompagnée
d'une division très apparente du protoplasma.
M Les parasites pénètrent également dans la moelle à laquelle ils don-
nent la même structure; le pnrenchvme des ra\ons médullaires primaires
subit aussi la même transformation et lorsque ce tissu patbologique a été
utilisé par les Acariens les faisceaux libéroligneux sont absolument isolés
sous forme de cordons continus au sein de ce tissu dissocié. Si l'attaque a
été suffisamment précoce, c'est-à-dire a commencé à un moment où les for-
mations libéroligneuses, soit primaires, soit secondaires, ne sont pas en-
core différenciées, les cellules qui devaient normalement donner ces tissus
subissent, elles aussi, l'action parasitaire, et tel élément qui devait, de par
sa situation à l'intérieur de la lige, donner naissance à un vaisseau du bois
devient cellule nutritive du parasite; c'est ainsi qu'on peut observer des
faisceaux libéroligneux où un liber normal est adossé en partie à des files
de vaisseaux ligneux et en partie à des cellules palbologiques représentant
le reste du faisceau ligneux correspondant au faisceau libérien considéré.
» Il résulte de ces quelques faits que, si les variations introduites expé-
rimenlalemenl dans le milieu extérieur où se développe une plante vascu-
laire amènent des modifications de structure se traduisant le plus souvent
par des différences uniquement quantitatives dans le développement re-
latif des divers tissus normaux, Vaction chimique qui correspond à la pré-
sence de parasites tels que les P/iytoplides détermine la formation d'un tissu
nouveau qui se différencie aux dépens de cellules quelconques, quelle que soit la
destinée de chacune de celles-ci dans les conditions ordinaires de développe-
ment. »
PHYSIOLOGIE. — Sur la variation négative du courant nerveux axial. Note
de M. Mexdelssoun, présentée par M. d'Arsonval.
« En poursuivant mes recherches sur le courant nerveux axial (on
nomme ainsi tout courant j)rovenant d'une différence de potentiel élec-
trique entre deux surfaces d»^ section transversale du nerf), j'ai cru utile
(') P. "N'uiLLEMiN et E. Legrain, Comptes rendus, t. CXVIII, p. 5^9; 1894.
( 845 )
de rechercher les modifications que ce courant subit sous l'influence des
irritations électriques du nerf. Il résulte de mes recherches antérieures (' )
que la direction du courant axial des nerfs est opposée au sens de leur acti-
vité physiologique et que ce courant au repos est soumis aux mêmes varia-
lions que le courant transverso-longitudinal. Il était donc intéressant de
voir comment se comporte le courant axial d'un nerf en activité. Aussi ai-je
entrepris une série de recherches sur ce sujet. En disposant l'expérience
de manière à éviter toute cause d'erreur et surtout à ne pas dériver des
branches du courant irritant dans le circuit galvanométrique, j'ai pu con-
stater les faits suivants :
» Toute irritation tétanisante (avec un courant d'induction) de courte
durée diminue la force du courant axial; l'aiguille galvanométrique déviée
par le courant de repos revient sur ses pas vers le zéro sans toutefois dé-
passer ce dernier. Le courant axial diminue plus ou moins notablement,
mais il n'est jamais ni annulé, ni renversé par la tétanisation du nerf. Si
l'on a soin de compenser préalablement le courant axial, on voit à la suite
de l'irritation électrique l'aiguille dévier de zéro dans le sens opposé à
celui de la déviation produite par le courant de repos. Au bout d'un cer-
tain temps l'aiguille déplacée revient plus ou moins rapidement à sa posi-
tion primitive. Tout ceci indique que, de même que les courants transverso-
longitudinaux, le courant axial manifeste à l'état d'activité du nerf une
iiariation négative, dont l'intensité varie suivant les différents nerfs et pré-
sente en moyenne une valeur de i5-20 pour loo de l'intensité du courant
axial au repos. Il résulte d'un grand nombre de recherches, que j'ai insti-
tuées sur la force électromotrice de la variation négative du courant axial,
que celle-ci n'est, dans la majorité des cas, qu'une différence entre les
forces électromotrices des variations négatives de deux courants trans-
verso-longitudinaux dérivés de l'équateur du nerf et de ses sections trans-
versales, centrale el périphérique. Les nerfs des animaux à sang froid ainsi
que ceux des animaux à sang chaud, les nerfs h myéline et sans myéline,
les nerfs moteurs, sensilifs et mixtes présentent tous à l'état d'activité une
variation négative du courant axial; celle-ci, contrairement au courant
axial lui-même, va, comme de raison, toujours dans le sens de l'activité
physiologique des nerfs.
» La variation négative du courant axial se manifeste dans un nerf isolé
(') y o\r Sur le courant nerveux axial {Arch.f. Ànat. und Physiol.,p. SSa, 1886).
el Nouvelles recherches sur le courant nerveux axial {Comptes rendus, 1886).
( »46 )
encore dix ou quinze heures et, dans les cas exceptionnels, vingt-quatre ou
trente heures après la mort et ne paraît pas être en rapport avec la durée
de la survie du nerf. Tel nerf qui est encore excitable au point de produire
une secousse musculaire peut ne plus manifester une variation négative de
son courant axial.
)• Le degré de l'excitabilité du nerf influe sensiblement sur la valeur de la
variation négative; tout ce qui modifie la première fait varier la dernière. La
variation négative du courant axial augmente avec l'intensité de l'irritation
sans qu'il y ait cependant parallélisme complet entre les deux valeurs. La
longueur de la portion du nerf intercalée dans le circuit galvanométrique
influe peu sur la grandeur de la variation négative; celle-ci est influencée
par la grosseur du nerf. De deux nerfs ayant le même rôle fonctionnel chez
deux animaux de la même espèce mais présentant une grosseur différente,
celui qui est plus volumineux, c'est-à-dire celui dont le diamètre de section
transversale est plus grand, présentera un plus fort courant axial et une
plus forte variation négative de ce courant.
» Il existe un certain rapport entre la valeur de la variation négative et
la localisation de l'irritation dans le nerf dans les deux directions du cou-
rant axial. J'ai pu m'assurer, par des recherches très nombreuses, que
l'effet obtenu varie sensiblement suivantque l'irritation a lieu au voisinage
d'une des sections transversales ou bien au milieu du nerf et suivant que
le courant axial a une direction descendante ou ascendante. Ainsi dans un
nerf à courant axial descendant (c'est-à-dire dans un nerf centripète),
lorsque l'irritant est appliqué au voisinage du bout central du nerf on ob-
tient une variation négative plus grande que lorsque l'irritation est portée
sur la portion périphérique du nerf; c'est le contraire qui a lieu dans un
nerf à courant axial ascendant (donc dans un nerf centrifuge), la variation
négative est alors bien plus grande dans le cas où l'irritant est appliqué au
voisinage du bout périphérique que lorsque c'est le bout central qui est
irrilé. Tout se passe donc comme si l'irritation produite au voisinage de la
section transversale augmentait la négativité (ou diminuait la positivité) de
cette dernière. Rien d'analogue ne s'observe dans le cas où l'irritation
est appliquée juste au milieu du nerf, comme cela avait lieu presque dans
toutes nos expériences; l'eifet obtenu est alors le même quelle que soit
la direction du courant axial et, par conséquent, le sens de la fonction
physiologique du nerf.
( 8'r )
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Des élémenls de diagnostic et de pronostic fournis
par la cryoscopie des urines. Note de MM. H. Claude et V. Iîaltiiazakd,
|)résentée par M. Bouchard.
« Nous poursuivons depuis longtemps des recherches pour arriver à dé-
terminer par la cryoscopie la (quantité et la qualité des molécules des sub-
stances élaborées qui passent dans l'urine; nous n'apportons aujourd'hui
que quelques-uns des résultats de nos études en cours.
» Dans la recherche du taux de l'élimination moléculaire, il nous a
paru préférable de tenir compte surtout des valeurs des molécules achio-
rèes, plutôt que d'estimer la totalité des molécules solides dissoutes,
la molécule de Na Cl, grâce à &on petit voUime, devant facilement passer
au dehors; quant à l'albumine et au sucre, accidents pathologiques, ils
seront déduits également du chiffre concernant les molécules achlorées.
Nous recherchons donc le point cryoscopique attribuable aux molécules
des substances élaborées, abstraction faite des degrés d'abaissement thermo-
métrique relevant de NaCl, et accessoirement du sucre et de l'albumine.
Le nombre obtenu S indique, comme l'a montré M. Bouchard, le nombre
relatif des molécules élaborées dans l'unité, dans i'^''. Ce chiffre multiplié
|)ar le volume d'urine rendu en vingt-quatre heures nous donne une
valeur SV, très variable, mais beaucou|) plus instructive que A (point
cryoscopique de l'urine globale) ou que S. Toutefois, pour arriver à une
estimation rationnelle, il faut considérer cette valeur dans ses rapports
avec le poids de l'individu. C'est ce que nous avons fait dans nos premières
recherches, mais nous nous proposons dorénavant de rapporter cette va-
leur à la substance active de l'organisme, au kilogramme d'albumine fixe
du corps.
» Voici quelques-uns des résultats obtenus : chez deux individus nor-
maux, l'un au régime lacté et au repos, l'autre soumis à l'alimentation ordi-
naire et en pleine activité, la valeur S était sensiblement égale : 1 1 1 et 1 17 ;
SV , .
SV était plus différent : 122000 et 189300, tandis que -p- était représenté
par 1900 et 2400. Ces chiffres encore une lois ne répondent pas à des quan-
tités réelles, mais ne représentent que des valeurs comparatives.
» Chez des enfants normaux on trouva pour SV des valeurs de 42000,
boooo et pour -p- 2000 a 2000.
» Chez des chiens, sur lesquels nous avons étudié les modifications de
( 848 )
l'économie dans l'inanition avec diète hydrique ('), le nombre S augmente
plutôt avec la durée du jeûne, V étant très inférieur à la quantité normale;
dans ces conditions W paraît moins élevé que dans le régime ordinaire :
Gogo à looooau lieu de aSoooàSSooo; mais ^demeure à peu près con-
stant par suite de la dimunition du poids de l'animal : 2 3oo à 2600, valeurs
constatées avant le début de l'expérience. La valeur -j^ paraît donc peu
variable chez l'individu sain et oscille dans des limites assez voisines chez
les divers sujets.
» Dans les maladies où la perméabilité rénale est diminuée, il en est
tout autrement.
» Trois cas de néphrite avec urémie suivie de mort nous ont donné :
s. ûV. -p--
1 72 18000 327
n 48 16800 3oo
III 4i 70900 1180
» Chez le troisième malade, trois semaines plus tard, l'avant-veille de la
mort :
S ^45, SV = 20700, ^=38o.
» Dans les néphrites qui tendent vers la guérison ou qui restent à l'état
stationnaire, les valeurs SV et -p- tendent à se rapprocher de la normale
et c'est dans ces cas que l'on voit bien que les variations de A ne suffisent
pas à caractériser le mode d'excrétion urinaire :
6V
0. oV. — ■
1 81 119800 1930 néplirlle syphilitique, état général bon
II.... 65 74500 i55o néphrite infectieuse, période de convalescence
III. . . 35 73500 !o8o néphrite afrigore, fièvre, état général médiocre
» Chez un enfant atteint de diphtérie toxique avec albuminurie qui a
dépassé 4''^ observé régulièrement pendant quinze jours, la valeur SV s'est
maintenue élevée, plutôt au-dessus de la normale (à cause de la fièvre) et
l'élimination des molécules élaborées s'est toujours montrée relativement
bonne; -^ n'est descendu qu'une fois à i3oo et a oscillé entre 2000 et 3ooo
(') Recherches entreprises avec M. Perrier et qui seront publiées bientôt.
( 849 )
pour dépasser ce chiffre pendant la convalescence. Le malade a guéri de
sa lésion rénale.
)) Nos recherches expérimentales en cours nous permettent déjà de
penser que les mêmes phénomènes s'observent clans les néphrites aiguës
provoquées. Pendant la période où la lésion rénale est à son maximum
(congestion, œdème, glomérulo-lubulile aiguë) l'élimination des molécules
achlorées est très diminuée. La terminaison de la maladie est annoncée
par une élévation progressive du taux de celles-ci.
» La valeur fonelionnelle des reins avant été déterminée, on peut
essayer d'apprécier l'excrétion des molécules élaborées par l'émoncloire
rénal. Nous avons ainsi constaté que dans le diabète flavide, chez les sujets
dont l'élat général est bon, l'élévation du taux des molécules élaborées est
considérable; dans un cas, par exemple, S =: 147, ï^V = 492000, -p- = 5 700
(déduction faite du sucre et de NaCl). Chez un diabétique albuminurique
dans la période de cachexie terminale, les valeurs étaient bien différentes :
s = 38, SVr= qTiooo, y5- = 1283. Un polyurique hystérique présenta une
élimination moléculaire voisine delà normale. iVlalgré une quantité énorme
d'urine (ro'"), B = i4, SV= 14^000.
)) Les applications de la cryoscopie à l'étude des urines, dans les condi-
tions où nous nous plaçons, nous paraissent donc fournir des renseigne-
ments utiles au médecin sur le fonctionnement des reins, et lorsque ces
organes apparaissent sains, on peut espérer en tirer, jusqu'à un certain
point, des notions intéressantes sur la nutrition en général.
» La valeur SV, dans ses rapports avec le poids ou mieux avec la sub-
stance active de l'organisme, est donc la plus intéressante à déterminer
tout d'abord. Nous pensons toutefois que l'étude de la sécrétion chlorurée
dans ses rapports avec A, a une très réelle importance, comme l'a déjà
indiqué Roranyi; nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet ultérieu-
rement.
» Jusqu'à présent, nous avons cherché à évaluer le taux de l'élimina-
tion des molécules élaborées; à côté de cette étude quantitative, l'estima-
tion de la grosseur et de la qualité de la molécule élaborée moyenne,
telle que l'a indiquée M. Bouchard, est d'un intérêt plus grand. Nous
savons en effet que toute augmentation de poids de celle-ci est l'expression
d'un désordre profond de la nutrition, notion capitale bien établie par
notre maître. Nous avons pu vérifier, dans un certain nombre de cas, cette
donnée fondamentale; toutefois, au cours des altérations rénales que nous
( .S')o )
avons étudiées, les nombres exprimant le volume de cette molécule ont
présenté des variations qui nous empêchent de donner ici une conclusion
ferme; il est à supposer, cependant, que l'état anatomique des reins,
variable suivant les moments, a une influence siu' l'élimination des molé-
cules de volumes différents. »
TOÉRAPEUTIQUI^. — Effets d'une alimentation pauvre en chlorures sur le
trailement de l'épilepsie par le bromure de sodium. Note de MM. Ch.
lîiciiET et El). Toi!i.oisE, présentée par M. Marey.
<i On sait que les bromures alcalins diminuent et parfois arrêtent com-
plètement les accès d'épilepsie. Mais celte médication n'est pas sans incon-
vénients; car il se produit à la longue une intoxication bromique due aux
doses énormes qu'il faut donner pour faire cesser les accès (de 8^^ à iS^""
par jour).
» Nous avons pensé qu'en privant, dans une certaine mesure, l'orga-
nisme de chlorures, on devait le rendre ainsi plus sensible à l'action des
bromures. Comme, selon toute vraisemblance, les actions médicamenteuses
sont dues à l'imbibilion des cellules par tels ou tels poisons, les actions
doivent être d'autant plus intenses que l'appétition des cellules pour ces
j)oisons est plus intense, et, par conséquent, elle doit être augmentée pour
les sels alcalins thérapeutiques par l'absence de sels alcalins alimentaires.
)) Les faits ont confirmé notre hypothèse.
» Chez trente épileptiques (femmes) soumises à un régime alimentaire
spécial (' ), pauvre en chlorures, des doses de 2^"' de bromure par jour ont
fait, parfois en moins d'une semaine, disparaître les accès épileptiques,
quelle qu'ait été leur fréquence avant le traitement.
» Exceptionnellement les crises convulsives font place à des vertiges,
(qui sont des accès atténués) moins fiéquents que les accès. Mais même
ces vertiges finissent par disparaître, si l'on porte la dose de bromure de
(') Ce régime était constitué par: lait, looos"'; viande de bœuf, SooS'"; pommes de
terre, Sooe''; farine, 200e''; deux œufs, 708''; sucre, SoS''; café, joos''; beurre, 4oS''. Celte
ration, au point de vue alimentaire, équivaut à 2 yoo'""' et aos' d'azote. La quantité de
chlorures, évalués en NaCl, est d'environ li' dans ces aliments naturels. Rappelons
que la quantité de chlorure de sodium ajouté au pain et à nos aliments est de 8='
à 12S'' par jour, ce qui nous fait une consommation moyenne de los'' à i5s'"de NaCI
par jour.
( 85i )
sodium à 3^'' ou 4*^'' par jour, la dose de 4*^"^ étant d'ailleurs très rarement
nécessaire.
» Certains sujets soumis à ce régime alimentaire et traités par 2^'' ou 3*=''
de bromure de sodium n'ont eu ni accès ni vertige depuis plus de six mois.
Mais il a suffi de les faire revenir au régime alimentaire ordinaire, même en
continuant la médication bromurée, pour faire reparaître les accès, ce qui
prouve bien que c'est la combinaison du régime pauvre en chlorures avec
la médication bromurée qui produit l'effet thérapeutique.
)) Ce régime alimentaire spécial n'a pas d'influence nocive sur la nutri-
tion générale. Le poids a diminué quelquefois; mais, dans d'autres cas, il a
augmenté. Nous n'avons pu observer aucun trouble organique, ni ther-
mique, ni vasculaire, ni névro-vasculaire.
» Naturellement il faut surveiller avec soin les malades; car le bromure
de sodium, étant, dans ces conditions, beaucoup plus actif, peut produire
des accidents de bromisme, même à la dose, relativement faible, de 4*^'-
De même il est prudent de ne pas cesser brusquement le régime, de peur
qu'il ne survienne, au moment de son interruption, des accès fréquents,
pouvant dégénérer en état de mal.
» Les bons effets, au point de vue thérapeutique, de celte alimentation
spéciale, se produisent encore, quand, au lieu d'une inanition presque com-
plète.en chlorures, on ne produit qu'une inanition relative, par l'addition
quotidienne, au régime spécial indiqué plus haut, de petites doses, 38^'' à 4^'
ou 5°'' de chlorure de sodium. Même alors on ne voit pas reparaître les
accès. On peut (') ainsi tâter la susceptibilité des malades en augmentant
progressivement l'ingestion des chlorures jusqu'au moment oi^i elle sera
suffisante pour faire revenir les accès, et cela sans changer la dose de
bromure de sodium ingéré.
(') En calculant la quantité de chlorures de la ration normale d'entretien, on voit
que, si le chlorure de sodium n'était pas ajouté aux aliments, c'est à peine si l'on con-
sommerait 25"' de sel par jour. Le pain (5oo8') ne ferait guère que iS'' de NaCl en plus.
C'est donc en tout Ss"' de NaCl qu'on prendrait par jour dans le cas d'une alimentation
sans addition de sel. C'est là une condition évidemment très facile à réaliser, et qui
répond aux exigences de ce régime spécial. En somme, cet état d'hypochlorurie, qui
est suffisant pour TefTet thérapeutique, n'est pas la privation du chlorure de sodium
nécessaire, mais bien celle du chlorure de sodium de luxe.
Les analyses faites par M. A. Perret, au laboratoire de Chimie de la Faculté de
Médecine, ont montré que, même chez les malades soumis depuis longtemps à ce
régime, et ingérant 25'' de bromure de sodium, le rapport du chlore au brome dans
l'urine ne tombait que rarement au-dessous de 2 à i.
C. R., 1899, t2' Semestre. (T. CXXIX, N° 21.) t l3
( 852 )
)) En résumé, nous pensons avoir établi que, dans la presque totalité des
cas, des doses de 2*''' de bromure de sodium par jour font cesser les accès épi-
leptiques, quand le régime alimentaire ne contient pas de chlorures ajoutés,
comme dans l'alimentation ordinaire.
» Nous croyons qu'il y a là une méthode générale, nouvelle, de théra-
jîeutique, ajjplicable non seulement aux maladies dans lesquelles des sels
alcalins (iodure et bromure de potassium) sont administrés, mais peut-être
encore aux affections traitées par d'autres médicaments (quinine, digita-
line, atropine). En mettant les cellules nerveuses en état de demi-inani-
tion chlorurique, on les rend plus aptes à assimiler les substances médi-
camenteuses.
» Nous proposons d'appeler méthode métatrophique cette méthode thé-
rapeutique qui consiste à modifier l'alimentation et la nutrition, en même
temps qu'on administre telle ou telle substance thérapeutique. »
M. W.-A. Bentley adresse une Note relative à des photographies de
cristaux de neige.
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 20 nov'embre 1899.
I : Etude géologique sur l'isthme de Panama, par MM. Marcel Bertrand,
Membre de l'Institut, et Philippe Zurcher. — II : Les phénomènes volcaniques
et les tremblements de terre de l'Amérique centrale, par M. Marcel Bertrand,
Membre de l'Institut. S. 1. n. d.; i fasc. in-4°. (Hommage des Auteurs.)
Analyses des eaux minérales françaises, exécutées au Bureau d'essai de
l'Ecole nationale supérieure des Mines, par M. Adolphe Carnot, Membre de
l'Institut. Paris, V'« Ch. Dunod, 1899; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Au-
teur. )
( 8.53 )
Miscellanées biologiques, dédiées au professeur Alfred Giard, à l'occasion du
XXV* anniversaire de la fondation de la Station zoologique de Wimereux, i 874.
1899. Paris, 1899; I vol. in-4". (Présenté par M. Darboux. Hommage des
Auteurs.)
Le traité sur l'astrolabe plan de Sévère Sabokl, écrit au vu* siècle d'après
des sources grecques et publié pour la première fois par M. F. Nau. Paris,
E. Leroux, 1899; i fasc. in-8°. (Préseuté par M. Wolf.)
Nouvel appareil orthopédique destiné à s'opposer à lafoimation de l'angle
pottique et à l'ouvrir, par F. Lacroix. Paris, impr. J.-E. Watelet et P. Vigot,
1899; I fasc. in-8''.
Le mois scientifique et industriel. N" 4. Sej)tembre 189g. Paris; i fasc.
in-8''. (Présenté par M. A. Carnot.)
Mesures micrométriques d'étoiles doubles faites à Domkino et à Saint-Péters-
bourg (5* série des mesures d'étoiles doubles), par S. de Glasenapp. Saint-
Pétersbourg, 1899. (Présenté par M. Lœwy. Hommage de l'Auteur.)
The development and application of a gênerai équation for free energy and
phisico-chemical equilibrum, by Gilbert-Newton Lewis. {Proceedings of the
American Academy of Arts and Sciences, Vol. XXXV, n° 1.) i fasc. in-8''.
(Hommage de l'Auteur.)
U. S. Department of Agriculture. Report w° 62. Cultivation of ci gar-leaf to-
bacco in Florida, by Marcus-L. Floyd. Washington, 1899; i fasc. in-8'».
Notas fitoteratologicas, por Angel Gallardo. Buenos Aires, 1899; i fasc.
in-8". (Hommage de l'Auteur.)
Algunas rejlexiones sobre la especificidad celular y la teoriafisica de la vida,
de Bard, por Angel Gallardo. Buenos Aires, 1899. (Hommage de l'Au-
teur.)
Meteorological charls ofthe Southern Océan between the Cape of Good Hope
and New Zealand. Officiai n° 123. London, 1899; i fasc. in-f» oblong.
Report on the Madras observatory for iSç)S-gg. Calcutta; i fasc. in-4''.
Koninkrijk derNederlanden. Statistiek vanden in-, uit- en doorvoer over het
jaar 1898. Tweede gedeelte. 189g. i vol. in-f°.
Transactions of the Academy of Science of Saint-Louis. Vol. VOT, n°' 8,
10-12; Vol. IX, n°^ 1-3, 5, 7, 9. Saint-Louis, Mo., 1898-99; 1 1 fasc. in-8°.
On souscrit à Pans, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augusiins, n° 55.
il836 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent rej^ulièrement le Dimancke. Ils forment, à la 9n de l'aniK^e, deux rolumes ln-4*. Deux
De par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
f I*' janvier.
Le i>rix de Pabiinnemcnl est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : ÎO fr. — Déparlements : 30 fr. — Dnion postal» ; 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Ferran frères.
iCbaix.
Jourdan.
Ruff.
Courtin-Hecquet.
( Germain etGrassin.
\ Lachèse.
I Jérôme.
Jacquard.
1 Feret.
1 Laurens.
' Muller (G.).
1 Renaud.
, Derrien.
) F. Robert.
j J. Robert.
' Uzel frères.
. . ..... Jouan.
! Perrin.
) Henry.
I Marguerie.
j Juliot.
j Ribou-Collay.
Laniarche.
Ratel.
'Rey.
I Lauverjat.
f Degez.
( Drevet.
I Gratier et G'*.
Foucher.
\ Bourdignon.
( Dombre.
i Tborez.
( Quarré.
( Ferr..
f.'.e
Lorient.
chez Messieurs :
\ Baumal.
Lyon.
M"* Texier.
Bernoux et Cumin.
Georg.
, Côte.
J Savy.
' Vitte.
Marseille Ruât.
1 Calas.
Jlf^'^tpellier , ^^^,^^
Moulins Martial Place.
l Jacques.
Nancy I Grosjean-Maupin.
' Sidot frères.
^ Loiseau.
I Veloppé.
j Barma.
/ Visconti et G".
Aimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
I Blanchier.
^'"''"' Ularche.
Bennes Plihon et Hervé.
Bochefort Girard ( M"" ).
1 Langlois.
Rouen ,
( Lestringant.
S'-Étienne Chevalier.
i Ponteil-liurles.
Toulon , _ .,
( Rumebe.
J Gimet.
I Privât.
. Boisselier.
Tours ■. Péricat.
( Suppligeon.
j Giard.
( Lemaître.
Nantes
Nice.
Toulouse..
Valenciennes . .
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam.
chez Messieurs :
Feikema Caarelsen
et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
( Asher et G'".
Berlin.
Bucharest.
1 Dames.
, Friediander et fils.
1 Mayer et Muller.
Berne Scbniid et Francke.
Bologne... Zanichelli.
iLamerlin.
Mayolez et Audiarte.
, Lebégue et C'*.
( Sotcheck et C°.
) Storck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell elC°.
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
Cherbuliez.
Genève Georg.
! Stapelmohr.
La Haye Belinfanle frères.
t Benda.
Lausanne „
( Payot.
Barth.
\ Brockhaus.
Leipzig < Lorenlz.
i Max Riibe.
\ Twietmeyer.
chez Messieurs ;
iDuIau.
Hachette et C».
Nutt.
V. Buck.
Libr. Gutenberg.
Madr,d \ ^°""' y ''"'^«l-
I Gonzalès e hijos.
l F. Fé.
Bocca frères.
Hœpli.
Moscou Tastevin.
Luxembourg .
Milan.
Liège.
( Desoer.
I Gnusé.
Naples (Marghieri d. G.us.
( Pellerano.
I Dyrsen et Pfeiffer.
Ne^v-York ! Stechert.
' LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et G''
Paterme Clausen.
Porto Magalhaés et Moniz.
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro Garnier.
Bocca frères.
Loescher et C'°.
Botterdam Kramers et fils.
Stockholm. Samson et Wallin
Zinserling.
Wolff.
Bocca frères.
Bome .
S'-Petersbourg.
I '
Turin.
Vienne .
Brero.
Clausen.
Rosenberg et Sellier.
Varsovie Gebethuer et Wollî
Vérone Drucker.
Frick.
Gerold et C".
Ziirick Meyer et Zeller.
l .£S GËNËRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADËHIE DES SCIENCES :
Tomes 1« 31. — (3 Août i835 à Si Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865. ) Volume in-4°; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à Si Décembre 1S80.) Volume 10-4"; 1889. Prix 15 fr.
1 LÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
1 Mémoire sur quelques points delà Physiologie des Algues, par MM. A. DERBÉset A.-J.-J. Soliee.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
s,ar M.HiNiEN.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
r M. CL*toK Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches; i856 15 fr.
I : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas Benedbs. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
'ocours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
a :s, suivant l'ordre de leur superposition . — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
»;orts qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 27 planches; 1861.
15 fr.
nne Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
i
. K 21.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 20 novembre 1899.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRRS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Lœwv. — Noie sur les LiMniiiIrs -s-
M. .J. Janssen. — Note sur les observations
des étoiles filantes dites Le'o/iides, faites
sous la direction dr l'observatoire de
Meudon 78S
M. J. BoLissiNESQ. — Ce f|ue devient un
système d'ondes planes latéralement indé-
finies, dans un milieu tj-auspareul isotrope.
Pages.
mais iiétérogènc. formé de couches planes
et parallèles
M. Henki Moissajj. — Action de l'acide
fluorliydrique et du fluor sur le verre....
M. Ad. Cahnot fait hommage à l'Académie
d'un nouveau liecueil d'analyses des eaux
.minérales françaises
79;)
'99
M
MEMOIRES PRÉSENTÉS.
M. A. GuEriN adresse un Mi-moire sur
« L'Étiologie générale des maladies de Ja
prostate » '
804
JNI. Ukk.main adresse un Méhioire intitulé :
<i Théorie de la pression universelle >■.... 80^
CORRESPOND AIVCE
M. le Ministre de L'iNSTmioTio» publique
invite l'Académie à lui présenter une liste
de deux candidats à la place de Membre
Astronome devenue vacante au Bureau
des Longitudes par suite du décès de
M . Tisserand 8o5
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, un Recueil de Piîémoires dédié à
M. Giard et divers Ouv'rages de M. S. de
Glasenapp, et de M. l'abbé Nau Soô
M. G. BioouRDAN. — Observation de
l'essaim des Léonides, faite, à l'Observa^
toire de Paris, du i3 au 16 novembre iSyi). 8o5
M. Baillaud. — Observation des Léonides,
à l'observatoire de Toulouse 806
M. H. Deslandues. — Observation de
l'essaim des Léonides 807
MM. Hambaud et Sy. — Observations des
nouvelles planètes ( EW ) et (EU), faites
à l'observatoire d'Alger, à l'équatorial
coudé de 0",3ilj d'ouverture 809
M. J. Guillaume. — Observations du Soleil,
faites à l'observatoire de Lyon (éqiiatorial
Brunner de o^jiS) pendant le deuxième
trimestre de 1899 810
M. Ei)M. Landau. — Contribution à la théo-
rie de la fonction Ç(i) de Biemann 812
M. Andrade. — Sur les systèmes isolés si-
multanés bi5
M. G. Sagnac. — Théorie nouvel 1.- des phé-
nomènes optiques d'entrainemcnl de
l'éther par la matière .S 18
M. E.MiLE Beuuer. — Sur une uouvclle
Bulletin niBLiuGRApiiiQUE
loupe binoculaire
M. P. Curie et M°" Curie. — Efl'ets chi-
miques produits par les rayons de Bec-
querel
M. Ale. Colson. — Déplacement réci-
proque des métaux
M. 'V. Thomas. — .4ction de l'oxyde ni-
trique sur la dichlorhydrine chromique..
M. Marcel Delépine. — Sur le sulfate de
méthylène ou méthylal sulfurique ..
M. P. Cazeneuve. — Sur un mode de syn-
thèse de l'acide parabanique
M. Hagenmulleh. — Sur une nouvelle
Myxosporidie, Nosejna Steplwni. para-
site du Flesus passer Moreau
M. R. Maire. — Sur les phénomènes cyto-
logiques précédant et accompagnant la
foi'mation de la léleutospore ehe/ le Piic-
cinia LUiacéarum Duby
M. Marin Molliard. — Sur les modifica-
tions histologiques produites dans les
tiges par l'action des Phytoptus
M. Mendelssohn. — Sur la variation néga-
tive du courant nerveux axial
MM. H. Claude et V. Balthazard. — Des
cléments de diagnostic et de pronostic
fournis par la cryoscopie des urines
MM. Cn. RicHET et Ed. Toulouse. — ElTets
d'une alimentation pauvre en chlorures
sur le traitement de l'épilepsio par le bro-
mure de sodium
M. \V.- V. Bentley adresse une Note rtla-
tives à des photographies de cristaux de
neige
8i3
825
828
83 1
83:'!
83(i
839
84.
844
8^7
852
852
PARIS. — IMPIUMIÎRIE G VUTH t K It-Vf L L A RS
Quai des Grands-Augustins, 55.
/.c aérant : '«AurH
ûEC 23 1899
^0^1 1899
SECOND SEMESTRE
COMPTES RENDIS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR IVm. liES SECRÉTAIRES PERPÉTIJEJLS.
TOME CXXIX.
N^22 (27 Novembre 1899)
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET a/J MAI iSyS.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de | Les Lrograniines des prix proposés par l'Acac i
l'Académie se composent des extraits des travaux de j sont imprimés dans les Comptes rendus, mais le; 3
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes | ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'ai
piésentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
/i8 p-iges ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
IJ V a deux volumes par année.
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séanc h
blique ne font pas partie des Comptes rendus
Article 1*'. — Impressions des travaux de l'Académie
Les extraits des Mémoires présentés par un
ou car un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut doiiner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communie ués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut idonner
plus de 32 pages par année. l
Dans les Comptes rendus, on ne reproduitjpas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le $ein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Article 2. — Impression des travaux des Sava
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des perse t
qui ne sont pas Membres ou Correspondants del j
Membre ' '^^"^'^ peuvent être l'objet d'une analyse ou d'u e
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires u
tenus de les réduire au nombre de pages requi
Membre qui fait la présentation est toujours noi
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet E
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils li
pour les articles ordinaires de la correspondant
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être re
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tai
jeudi à i o heures du matin ; faute d'être remis à le f
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte) »
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendm-
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. • — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais de; u
leurs; il n'v a d'exceplion que pour les Rappor f'
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrativi su
un Rapport sur la situation àes Comptes rendus a t
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du f-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés cl»
déposer an Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance sui' »
DEC !aS 1899
COMPTES RENDUS
DES SÉA.NCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 NOVEMBRE 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrï'jtaire perpétuel croif. devoir rendre compte à l'Académie de
l'état présent de la Souscription pour élever un monument à Lavoisier.
« La Souscription a été annoncée en 1894 au nom de l'Acadéniie.
» En août 1896 une première liste donnant le détail des souscriptions
et le nom des souscripteurs a été distribuée à tous les abonnés des
Comptes rendus.
» Un Tableau résumé de cette liste a paru dans le Compte rendu de la
Séance du 10 août.
C. R., 1899, 2" Semestre. (T. CXXIX, N» 22.) I l4
\
( 856 )
fr c
Le total versé de la souscription s'élevait à 47 533,3o
Le 8 juin 1897, M. le Général de Tillo annonce à l'Académie l'envoi
d'une somme de 26 000'^'', provenant de la souscription effectuée en
Russie avec le concours et l'autorisation de S. M. l'Empereur Nicolas II.
Cette somme a été versée au Secrétariat 25 000
M. Gauthier-Villars a reçu directement les souscriptions dont le détail
est donné ci-après 7 9*'9>7^
(Ces souscriptions comprennent celles versées par M. Kerreira da Silva, au nom
de la Commission portugaise, soit 34S'',95; par M. Hinrichs, au nom des
Savants américains, soit 2697''^; par M. Istrati, au nom du Comité roumain,
soit 1819''; par le Comité norvégien, soit 409''. 10.)
Espero. Societo Esperantista (Odessa) 55,85
Souscription au nom de la Ville de Paris par le Conseil municipal
(32 octobre 1897) Sooo
Le Ministre de l'Instruction pliblique et des Beaux-Arts (1898), sur la
proposition du Directeur des Beaux-Arts, a souscrit pour 9000", dont
la moitié déjà versée, ci 1 4 5oo
(Une somme égale sera versée en 1900.)
Souscription du Comité lyonnjais, dont le détail est donné plus loin.. . 0210
Sommes reçues 91 208,88
Intérêts.. . .i 2 344, '2
Total 93553
» Ces sommes ont été versées à la Caisse des Dépôts et Consignations.
» M. Barrias, Membre de l'Institut, a bien voulu se charger de l'exécu-
tion de la statue de Lavoisier et des bas-reliefs destinés à figurer sur le pié-
destal.
» Le Conseil municipal de la Ville de Paris, par délibération du 22 no-
vembre 1897, a accordé un emplacement place de la Madeleine, dans l'axe
de l'entrée nord de l'Église et de la rue Tronchet, emplacement voisin de
l'ancienne habitation de Lavoisier. Le Préfet de la Seine a annoncé cette
concession par lettre du 7 juin 1898.
» Les travaux de fondation du piédestal vont commencer ces jours-ci.
Le modèle de la statue est exécuté et la fonte de la statue est également
commencée. L'inauguration aura lieu à l'époque de l'Exposition univer-
selle.
(857 )
Versements faits chez AI. Gauthier-Villars.
MM. (r- c.
Mannheim 20,00
F.-R. Nobre (Porto) 17, 5o
André 20,00
Gauthier-Villars père 5o,oo
Albert Gauthier-Villars 25, 00
Des Cloizeaux 20,00
Gérard ( Witrj-les-Reims). . . . 100,00
Simoès de Carvalho (Porto).. 12,00
Balland 20,00
De Poutrinsky (Dillingen). . . 100,00
Athanasesco ( Bucarest) 20,00
Vracin (Idem.) 2,00
Ghimpo (Idem.) 2,00
Schiumberger (souscription
collective) 700,00
Syndicat commercial des Chi-
mistes essayeurs 17,00
Avlotinis (Conslantinople) ... 67 ,00
A. Quiroga (Buenos-Ayres). . 100,00
(Comité norvégien 4o9> 10
Avlonilis (Conslantinople). . . 28, 5o
Ferreira de Castro (Oliviera). 3,99
\y Souza Gomes (Goïmbre). . 7^,79
Société nationale d'Horticul-
ture 100,00
Raulin (Bordeaux) 10,00
Hinrichs (États-Unis) (sou-
scription collective) 1000,00
Ferreira da Silva (souscription
collective) 3x5, 5o
Ferreira da Silva 33 , 45
Hinrichs (Étals-Unis) 1000,00
Janssen 20 , 00
Bouchardat 5o,oo
Jungfleisch 5o,oo
Lacroix 5 , 00
MM. fr. c.
Adrian 100,00
Baverel (Lyon) 10,00
Auge (Idem) 5, 00
Poitevin Le Mans) 5, 00
Baelde ( Nord ) 5 , 00
Philippe Lyon) 5, 00
Brouquil (Sainte-Levrade).. . . 0,75
Boulhier (Vierzon) 5, 00
Pivert ( Auray ) 5 , 00
(ihaumeil (Annonay) 5, 00
Samson (Beuglon) 10,00
Monier (Valence) 2,26
Tourdot (Lure) 5, 00
Barillon (Saint-Amour) 3, 00
Mondet (Gap) 10,00
Callaudre ( Allanche) 5, 00
Moles (S&int-Sever) 5, 00
Delamour 5, 00
Garin ( Vitrj'-en-Artois) 2,00
Dupain (Lamolhe-S'-Hervy) . . 5, 00
Giraud (Lozère) 5, 00
PelTerkorn (Levallois-Perret) . 2,00
Agier (Avignon) 5, 00
Hinrisch (Etats-Unis) .5oo,oo
Islrali ( Bucarest) 61 ,00
Comité roumain 1708,00
Jacot (Saint- Etienne) 5, 00
Degorce ( Royan) 10,00
Willni (Lille) (souscription
collective) 654 > 80
Société physico-chimique. ... 3o,oo
Hinrichs (États-Unis 197, 10
Société des Chimistes, sucre-
ries et distilleries 100,00
Total 7909-73
\
( 858 )
Versements faits par le Comité de Lyon.
MM.
Mangini
Gensoul
Bonnet, Ramel, Savigny
La Chambre de Commerce. . .
Lumière fils et leur personnel.
J. Martin (maison Coignet). .
Joseph Lortet
F. Pocquillon
Université de Lyon
Soudière de Saint-Fons (Saint-
Gobain)
Syndicat commercial et indus-
triel
G. Lyonnet
J. Coignet
Coignet et C''
Jacquand et C'"
Vial et Pradel
Société Lumière, Monplaisir .
Société de Stéarinerie et Sa-
vonnerie
Société des Sulfures de car-
bone
J. Simon
Société Jalabert
S. Laprévote et C'"
Lucien Picard, Saint-Fons. . .
F. Poly »
O. Enjoiras » ...
Union mutuelle, rue Gasparin.
Hours-Edel et Dupont
Doix-Mulàton et Wolf
Laroche-Juillaud .
E. Mauriat
Givaudan et Trouillat
Auge et C'"
Blanchon et Allegret
H.-J. Diederichs
E. Voisin
L. Chicoidard, Fontaines ....
5o
5o
100
200
190
10
5
5
100
5o
100
20
20
5o
20
5o
5o
20
20
20
20
20
10
10
20
20
20
10
10
10
10
10
20
10
10
Compagnie des Engrais et pro-
duits chimiques de l'Est . . .
Compagnie du Gaz
Compagnie des Produits chi-
miques de Saint-Fons
Société chimique des Usines
du Rhône
F. Monnet
Gilliard
Gistre
Perrussel
Les Employés de la Société
chimique des Usines du
Rhône
D' Lortet
D' Lépine
Barrai
Bordier
Goulier
Monoyer
Fochier
Weill
Pic
Hugounenq
Crolas
Renaut
Beauvisage
D"' Teissier
i\ove Josserand
D' Laroyenne
D'' Tripier
Sambuc
Th. Vautier
D'-OUier
Amigue, Proviseur du lycée de
Toulon, les Professeurs et
Elèves du lycée
Gillet et fils
E. Gillet
P. Gillet
10
5o
100
20
20
10
5
22
20
20
10
10
10
10
10
5
5
10
10
10
5
10
5
lO
10
5
20
100
100
20
20
( 859 )
MM. 'I
Sociétédes Amis de l'Université
lyonnaise loo
Syndicat de la t ai n t Lire en pièces
et impressions 5o
Société d'Agriculture, des
Sciences et Industrie de
Lyon DO
Manufacture lyonnaise de ma-
tières colorantes 3oo
Société des dentistes du Rhône
et de la région loo
D"' Carry, pour la Société na-
tionale de Médecine loo
Perrin, de l'Académie des
Sciences loo
Cérésole, a Neuville 20
Cracuer » 5
E. Laurent » 2
Succursale de la Badische
Anilin und Soda Fabrik. . . . 100
Vignon, Faculté des Sciences. 20
Deperet, » . 20
Gouy, » . 5
Autonne, » . 5
Ray, » . 5
Vautier 20
Léser 5
Hélier 20
Couvreur 5
D' Raphaël Dubois 5o
Balay 10
Eug. Vignon 10
Pierre Danto 10
Société da Pharmacie du
Rhône 2.5
André Guilleminet, Président
de la Société de Pharmacie
de Lyon 5o
Durand, H uguenin,Saint-Fons. 20
Total 33o3
Frais de recouvrement ... gS
Somme versée 8210
OPTIQUE PHYSIQUE. — Propagation, dans un milieu transparent hétéro-
gène, d'un pinceau latéralement limité de lumière parallèle : intégration
des équations du mouvement ; par M. J. Boussixesq.
« I. Maintenant que nous savons (') intégrera très peu près les équa-
tions (i) du mouvement, dans le cas d'ondes planes, incidentes, latérale-
ment indéfinies, il nous fatit passer au cas d'un pinceau limité de, lumière
parallèle, où ç,-r\,'C, varieront lentement avec x,y, z quand la variable prin-
cipale T ne changera pas, c'est-à-dire quand on restera sur une même
onile (suivie au besoin dans sa propagation). Ces variations seront, en
effet, très lentes, ou analogues aux différentielles ô\, dr,, dZ, de ^, v), "( en x
dans la précédente question, si la largeur du pinceau comprend un grand
nombre de longueurs d'ondulation : or ce sera nécessaire pour qu'on
puisse négliger, comme nous le ferons, les phénomènes de diffraction.
(') Voir le précédent Compte rendu, p. 79^.
( 86o )
Donc, l, •/], X, étant considérés comme fonctions de la variable principale
T = / — mjK — / Idx et de x, y, z, les dérivations partielles exprimées par
des à, relatives à ces trois dernières variables x, y, z, comporteront les
simplifications admises précédemment pour les dérivations en x : d'une
part, les dérivées premières 3- — n'auront de sensibles que leurs dé-
rivées (accentuées) relatives àx; d'autre part, elles se trouveront, elles-
mêmes, négligeables, si ce sont des dérivées (en dx, dy, dz) de petits
termes, contenant en facteur des déplacements longitudinaux déjà com-
parables aux dérivées en àx, ây, dz de ç, y,, Z, l.
» Les équations (i) dui mouvement cesseront d'ailleurs d'être réduc-
tibles à la forme (4) et s'écriront
(i3) (/^+;n^)^]'l)iA,(^,^,0
c?6
d{x,y,s)
avec 0
1'
dx
dY
dK
dz'
système où les inconnues ;, y), X, ne se séparent plus.
» II. Étant données les ondes planes incidentes, limitées comme on
voudra tout autour de l'origine dans la première couche hétérogène a; = o,
et décomposées en deux systèmes d'ondes à mouvements sensiblement
perpendiculaires, pourl'url, et parallèles, pour l'autre, au plan d'incidence,
considérons d'abord le premier de ces deux systèmes, celui où la compo-
sante principale est C.
» Nous pourrons évidemment continuer à l'exprimer par la formule (fi),
pourvu que ç' y soit une fonction convenablement choisie, lentement
variable, de x, y, z, et rajpidement variable de t. Si '^' ne dépendait pas
directement de x, y, z, ce déplacement t se produirait même seul, comme
on l'a vu en démontrant cette formule (6). Mais les lentes variations de
9' dans le plan de chaque onde incidente pourront entraîner l'existence
de deux petits déplacements, que j'appellerai 7. et p, suivant les x et les y,
déplacements correctifs dont les dérivées en t seront seules sensibles. Nous
poserons donc
04)
d'où
K
?=..«, ^ = [3;
= - (/a +mI3')-f-— -^
» La dilatation cubique 0, à termes tous très petits, n'aura de sensible,
( »6i )
comme a, p et même ^' ->;) que sa dérivée principale ou relative à t. Et
le système (i3) deviendra
« Les deux premières de ces équations donnent
06) l^'-^m^'-y^^^o.
ou
bien
(l6èw) /a--»zp^-^':^,
par deux intégrations successives en t, effectuées sur place et de manière
que l'intégrale / <p' f/x -= cp soit, en {x,y, z), comme X,, a. et p, ou initiale-
ment nulle (s'il s'agit d'ondes isolées venues d'ailleurs), ou nulle en
moyenne (s'il s'agit de vibrations périodiques). Or le quotient de li -H nir,,
c'est-à-dire de /a + m^, par y//- + m^, est évidemment la composante lon-
gitudinale des déplacements; et c'est, par conséquent, elle seule que dé-
terminent les deux premières équations (i5). Nous appellerons s, ce très
petit déplacement longitudinal, dû à la limitalion latérale des ondes, pour
le distinguer de celui, e, qu'exprime la formule (12) el que provoque l'hété-
rogénéité du milieu dans le cas de mouvements parallèles au plan d'inci-
dence. La formule (i6 bis) donnera donc, en se rappelant que R désigne
la racine carrée positive de /(/- + ni-),
» IlL 11 reste, pour déterminer 'C, ou tp, la troisième équation (i5). On
trouve aisément, vu la première relation (i/|)' f'abord
puis, par de secondes différentiations où les termes déjà très petits n'auront
de sensible que leur dérivée en t,
i
( 8H2 I
et la troisième équation (i5) devient successivement
(.8) /
dx
m-V- = o,
d-r dy ] dt'\ dx
do\
)) Celle-ci, multipliée deux fois successivement par dt et intégrée chaque
fois surplace, donne, quand il s'agit d'ondes isolées venues d'ailleurs dans
la région (x,y,'), et en annulant alors la valeur initiale de / 9'(f< = cp
comme s'annulent celles de K, 9' et s, ,
(19)
ÛJC
m
do
= o.
» Le résultat est le mêiitie, dans le cas de vibrations périodiques, où les
valeurs moyennes, en chaque point, de ^, £, et, par suite, ©', ç sont nulles.
Car les deux relations / tp|c?T = o, /«pc^T^o, qui expriment l'annulation
de ces valeurs moyennes et où l'intégration (à limites indépendantes de
X, y, ^) s'étend à toute une période, peuvent être différentiées sous le
signe / et donnent / -,V ^!dz := o: ce qui signifie l'égalité à zéro des
" J J à{J(,y) ^ f c
valeurs moyennes des dérivées de o' et de ç en dx ou dy, et annule les
constantes qu'introduit, au second membre de la dernière équation (18),
chaque intégration par rapport à t.
» IV. Or le premier membre de (19), divisé par y//^ -hm^, est la dérivée
partielle de cp suivant un chemin an mené normalement aux ondes, dans le
sens de leur progression. Donc l'intégrale obtenue (19) exprime que,
dans la formule (i4) du déplacement tr;msversal ^, la fond ion cp conserve,
sur chaque onde, les mêmei valeurs durant toute sa propagation, le long des
trajectoires qui lui sont normales.
» Celte fonction cp peut ainsi recevoir au départ de l'onde, c'est-à-dire
dans le voisinage delà première couche a; = 0, telles valeurs qu'on voudra,
fonctions données de z et d'une coordonnée courbe normale aux z ou me-
surée, le long de cette onde au départ, sur le plan xy d'incidence; elle
peut, par exemple, être nulle, sauf dans une petite étendue autour de
l'origine. Mais dès lors, ses valeurs sur l'onde en question sont déter-
minées pour toute la suite des temps t, puisque chacune d'elles se conserve
sur la trajectoire, normale aux ondes, émanant du point où elle existait au
départ. A raison de la formule (i4) <'e '^» c'est dire évidemment que le
( 8ti3 )
faisceau proposé de lumière parallèle se transmet suivant le sens normal aux
oncles, mais pas (du moins en quantité appréciable) dans les sens qui leur sont
tangents. Le mode tle variation de çp ou de *( suivant ces sens règle seule-
ment le déplacement longitudinal insensible s,, donné par la formule(i'7),
etqui même ne dépend, comme on voit, dans une mesure appréciable, que
de la variation de (p ou, au fond, des déplacements!^ eux-mêmes, suivant le
sens de ces déplacements, c'est-à-dire, ici, des z.
» V. Passons maintenant à l'étude d'ondes latéralement limitées, dans
lesquelles il n'y ait de notable que le déplacement transversal S parallèle
au plan d'incidence ou des xy, déplacement qu'on pourra toujours sup-
poser exprimé par une formule comme celle, (i4)' de Z,, où tp', rapide-
ment variable avec t, changerait, en outre, lentement avec x, y, z. A ce
déplacement S devront s'adjoindre non seulement le petit déplacement
longitudinal s donné par (12) et annulant la grande parenthèse de (g),
mais encore un surcroit, e,, de déplacemeuL longitudinal et, peut-être
même, un minime déplacement C = y suivant le sens des :;, dû au défaut
de symétrie que cause la variation de S avec z. Les expressions des dépla-
cements suivant les axes seront dès lors, au lieu de (8),
/ \ >- m , I / \ l , m , \ V
(20) ç--.^-- j^ç + -^^^(e + £,), -^-^ R? H- r(e + s,). C-=T.
M Les petiis termes (en i, ^^, y) n'auront de sensibles que leurs dérivées
principales (accentuées, ou en t). Quant à la fonction (p', elle aura, en
outre, de petites dérivées premières non négligeables, en dx, dy, dz. Les
expressions de A^c, A^-o et des dérivées de 9 en x et j, obtenues après les
formules (8), s'accroîtront, par suite, des nouveaux termes respectifs
et les Oiîixxx premières équations (r3), au lieu de donner les deux re-
lations (9), dans lesquelles la grande parenthèse sera annulée par l'ex-
pression de s, deviendront
)) VI. Celles-ci, ajoutées après midtiplication par — //i et par /respecti-
vement, donnent l'équation (18) déjà obtenue pour régir 0 dans le cas
d'ondes à mouvements normaux au plan d'incidence; et il en résulte de
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N- 22.) 1 l5
C 864 )
même, tant pour des ondes isolées que pour des ondes périodiques, l'in-
tégrale (19). On en déduira donc la conservation des valeurs de la fonc-
tion (p suivant le sens normal aux ondes, ou la transmission exclusive,
dans ce sens, du mouvement sensible. D'ailleurs, les expressions de ?5 et
de £ seront toujours (10) et (12), mais avec 9 fonction arbitraire, rapide-
ment variable, de / — my — i Idx, et lentement variable de z, ainsi que
d'une coordonnée courbe, comptée dans le plan des xy le long de la pre-
mière surface d'onde, comme quand il s'agissait de déplacements X, nor-
maux au plan d'incidence.
)) Quant au nouveau déplacement longitudinal e,, sa loi résultera des
équations (21), maintenant réduites à
. . R „_ 1 (?y"|_ -I ()y"_ I (làj" ^m^'!\
i/li _j_ ;^s ' i ày m d-z- l' + m^ \ dy
L'on en déduit aisément
V2-5; ^. - K [^^^^. dx ^ sJir^Tn-' ày) R as '
où as désigne un arc élémentaire tiré, à partir du point (x, y, z) et paral-
lèlement au plan des xy, dans la surface d'onde, c'est-à-dire suivant la
direction même du déplacement S quand il est positif.
» Cette formule est toute pareille à celle, (17), du petit déplacement
longitudinal a, dans le cas de mouvements perpendiculaires au plan d'inci-
dence; car, ici, la coordonnée de même sens que le déplacement trans-
versal est s et non plus z.
» Il reste enfin la troisième équation (i3). Mais la petite expression de 6,
n'ayant de sensible que sa dérivée principale 9', donne -7^ = o ; et, dès lors,
cette troisième équation du mouvement régit Z, indépendamment de E et v).
Autrement dit, les déplacements transversaux S parallèles au plan des xy
n'entraînent aucun déplacement appréciable qui soit normal à ce plan.
» En résumé, les lois obtenues ci-dessus (n°' II, III et IV) pour régir,
dans un pinceau limité de lumière parallèle, les vibrations sensiblement
normales au plan d'incidence, s'appliquent sans changement aux vibra-
tions parallèles à ce plan ( ' ). »
(') C'est en i885, dans le Volume inlitulé Application des potentiels à l'étude de
( 865 )
MEMOIRES PRESENTES.
VITICULTURE. — Expériences sur la destruction du Phylloxéra.
Note de M. Lanfrey. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Les expériences ont été faites avec l'^e d'acide picrique dissous dans
90''' d'eau, on a employé i'" par pied de vigne (cette quantité pourrait être
diminuée); le prix de revient varie de o'''',o4 à o^'^oS par litre, mais ce
chiffre sera certainement rendu inférieur par des approvisionnements en
gros. Les injections ont été faites avec un verre; un injecteur à pression
donnera de meilleurs résultats.
)) On détruit aussi de la sorte tous les autres insectes microscopiques
contenus dans les racines. Le ver blanc est également atteint.
» Le moment opportun pour cette opération paraît être aux mois de
juin, juillet et août.
» Le même produit employé sur des racines d'arbres fruitiers, tels que
pommiers, poiriers et abricotiers également attaqués par les racines, a
donné le même résultat que pour la vigne. «
M. Fii. lÎAiLr,Y soumet au jugement de l'Académie un Mémoire « Sur un
appareil volant «.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
M. Deiss adresse une Note relative à « son procédé d'extraction du
caoutchouc ».
(Commissaires : MM. Van Tieghem, Arm. Gautier, Guignard.)
l'équilibre et du mouvement des solides élastiques, avec des notes étendues sur
divers points rie Physique mathématique et d'Analyse, que j'ai donné la mélliode
approchée d'intégration suivie ici pour expliquer la délimitation latérale des rayons
lumineux. Elle y est appliquée (p. 673 à 698) aux ondes émanées d'un centre d'ébran-
lements, ou enveloppes d'ondes planes de toute orientation parties simultanément de
ce centre, dans un éther homogène de la contexture élastique la plus générale pos-
sible, vibrant au sein d'un corps transparent, également homogène, de contexture
symétrique.
( 866 )
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Observations des Lconides faites en 1899 à l'observatoire
de Lyon. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Lœwy.
/
» Le xn novembre. — Ciel pur, la lumière zodiacale est visible jusqu'aux
étoiles de la tête du Lion, En quarante minutes d'observation, j'ai vu
i3 étoiles, soit un nombre horaire proportionnel de 19,5. Ces i3 étoiles se
répartissent ainsi :
h m h lu
De 17. oàf-.iS 9 étoiles
De 17 . i5 à «7 .3o 3 »
De 1 7 . 3o à 1 7 . 40 I »
)) Dans le premier quart d'heure d'observation, on en a compté 5 en
une minute, vers 17'' 5™.
» Les trajectoires étaient généralement courtes, le mouvement plutôt
lent, la teinte bleuâtre et l'éclat de 5* à 6*, 5 grandeur; deux d'entre elles
étaient plus brillantes, i^,5 et 2^ grandeur, l'une dans la Vierge (182" — 3"
et 183°— 5°) et l'autre dans la Boussole (i36°— 19° et i32°— 23"); elles
étaient toutes deux orangées, plus brillantes au milieu de leur course
qu'au commencement et à la fin.
» Le radiant de la plupart de ces étoiles était près de (7 et t Lion
(170° + 6°).
» Au jour, on voyait le ciel parsemé de bandes de légers cirrus.
» Le i3. — Ciel brumeux, la lumière zodiacale n'est visible que jusque
vers p Lion. Au jour, on voit des cirrus.
» De i7''o"' à 17'' 45", je n'ai noté que deux étoiles :
144° + 26° et i35°-T- 37"
195°+ iS" et 216°+ 11°
Elles étaient blanches, assez rapides, sans traînée, de 4^ grandeur.
» Les i4 et i5. — Brouillard très épais a empêché d'observer.
» Le 16. — Ciel très pur mais la Pleine Lune gène, la vision s'arrête
aux étoiles de 4* grandeur dans la Vierge et à celles de 5" dans le Lion.
( «<^7 )
)) En une heure trente minutes, j'ai noté 1 1 étoiles, soit une moyenne
horaire de 7,4- Voici leur répartition :
^ ^'' °; / »" l 5'' sr. bleue, très rapide i5o° : i3" et i5i°+ 12"
De 1 6 . o a 1 6 . 1 a. 2 „ " ; . / „ „ „
( 3= « orangée, rapide log"-- 8° et 160° H- 2°
!i' » » assezrapide i94°-i 3''et200°H- 1°
3'^ » jaune, lente, trai- )
neeavecgranules, ; 169° ai" et loo"-'^ 21"
persiste \^ \ ]
T^ „ „ , ^ ,^ (a'' » oranffée, assez ra- ) , , ., o r„ o „
De ib.3oà i6.4o. 1 ., . . 100° - Aooà 203° i- 37<'el2o5° ; 32°
( pide, incurvée )
/ 5" )> orangée, assez ra- j
\ pide, incurvée à / i4o°— 9°ài39° — i7°eti38° — i8°
x\ c r- ■ / ] \^in\ I
DeiD.4oai7. o. 4 1 , , , ., ,. ,, ,
1 4° » orangée, très rapide, granulée, courte, passe sur V Hydre
I 5"',5 » blanche, >> i9>° i- i6°eti93°H- 16°
\ S'' )> » rapide 188"— 27° et 196°+ 29°
De 17 . i5 à 17 .3o. o
(4'' » orangée, assez ra- ) „„ . „
.," ' j63° - 2o°el 161° -n- 25°
pide
ue 17.00 a i-, .i\o. 2 ( ^ ' ,
'a" » orangée, assez ra- cn„ o„
. ,^ 177°^ 2°et i83°— 3°
pide )
ASTRONOMIE. — Obseivalions des Léonides, faites à l' obseivaloire d'Alger,
les i3, i4 et 13 novembre 189g. Noie de M. Cii. Trépied, présentée par
M. Lœwy.
Les observateurs sont désignés par les lettres suivantes :
E Evrard. H" Rénaux.
G Gaultier. S Sj.
R'' Rambaud. T Trépied.
Dates.
1899. d'Algci-. de Léonides. du ciel. Observateurs.
h m II m
Nov. i3 . . . . . II.. 5o à 12.20 I Brumeux. R-^.S.T
Temps ninyen
d'Alger.
Nombre
de Léonides.
Etal
du ciel.
Il m
1 I . .5o
à
Il m
I 2 . 20
,
Brumeux.
12 .20
à
I2.5o
0
»
I2.5o
à
l3.20
I
»
l3.20
à
i3.5o
0
»
i3.5o
à
l4-20
0
))
l4.20
à
i4.5o
I
»
A i4''.5o'" le ciel se couvre complètement.
( 868 )
Dates.
189f).
Nov. lli 12.10
Nov. 10
Temps moyen
Nombre
État
d'
^Ige
'.
de Léonides.
du ciel.
Il II
h m
12.10
à
12.40
0
Beau.
12.4o
à
i3.io
I
))
l3.I0
à
i3.4o
2
»
i3.4o
à
i4. 10
4
»
i4. 10
à
14.40
I
»
14.40
à
i5. 10
I
»
1.5. 10
à
i5.4o
4
»
i5.4o
à
16. 10
4
»
16. 10
à
16.40
.5
»
16.40
à
17.10
7
»
17.10
à
17.40
7
»
II .3o
à
12. 0
I
Beau.
12, 0
à
12.3o
1
1)
la.So
à
i3. 0
1
»
i3. 0
à
i3.3o
2
»
i3.3o
à
.4. 0
3
)>
i4. 0
à'
14. 3o
6
»
i4-3o
à
i5. 0
3
))
i5. 0
à
i5.3o
1
»
i5.3o
à
16. 0
I
»
16. 0
à
16. 3o
2
M
16. 3o
à
17. 0
2
»
17. 0
à
17.30
3
»
17. 3o
à
18. 0
4
»
Observateurs.
E
»
G
»
»
E
R»
Rd.E
R-.S.T.
»
E.S.T.
R*
i4 montrent un accroissement sensible du
es vers la fin de la nuit, de i5''io'° à 17'' 40'".
quer l'existence d'un maximum entre i4''o'"
» Les observations du
nombre horaire des météoi
Celles du i5 semblent indi
et lA^So'".
» Les météores étaient, pour la jilupart, de couleur jaune; on en a noté
quelques-uns orangés.
Classemenl des Léonides par ordres de grandeur.
Grandeur.
1 . . .
2 . . .
3...
4...
5...
Nombre
de Léonides.
10
22
'9
9
6
» Position du radiant. — La position du point radiant a été déterminée
( 869 )
par i8 traces marquées sur la Carte pour le i4 novembre, et par i4 traces
pour le i5. On a trouvé
M. (S>.
NOV. l4 iSo" ^-22°
i5 i5o"> +21°
)) Météores étrangers à l'essaim des Léonides. — Le nombre de ces mé-
téores, avec la durée de l'observation, est indiqué dans le Tableau sui-
vant :
Durée
Dates. Nombre de
1899. de météores, l'observation.
h m
Nov. i3 7 3.0
i4 I ' 5-5
i5 23 6. .5
» Les étoiles filantes étrangères à l'essaim des Léonides entrent donc
pour 4o pour loo environ dans le nombre total des météores observés
pendant les trois nuits.
)) Il est certain que l'observation du phénomène a été fort gênée par la
lumière de la Lune; on avait déjà de la peine à percevoir les traces d'un
éclat comparable ;i celui des étoiles de 5* grandeur. Néanmoins, il se ma-
nifeste une telle différence d'intensité entre le flux de 1899 et celui
de 1866, que l'hypothèse d'un changement profond dans la distribution
des corpuscules de l'essaim, pendant la dernière période écoulée de 33 ans,
est devenue très vraisemblable. »
ASTRONOMIE. — Observation des Léonides à Alger.
Note de M. Harold Taruv. (Extrait.)
« Les observations des Léonides à Alger ont été faites par les membres
de la section astronomique du Petit Athénée, Société d'études et de vulga-
risation littéraire, scientifique, artistique et sociale.
)) M. l'Amiral avait bien voulu mettre à notre disposition, pour ces
observations faites sous ma direction, les terrasses de l'Amirauté, et
M. Voinot, maire d'Alger, dans le même but, les terrasses du fort Babazoun
devenu propriété communale depuis le déclassement des fortifications.
» Les observations ont duré trois nuits et ont été très complètes dans
les deux dernières; une quarantaine d'observateurs ont pris part aux
observations.
( «?" )
» Voici, par heure, les nombres d'étoiles filantes observées
Du i3 au i4
h h
10 à II bolide
1 1 à 1 2 6
1 2 à 1 6
là 3 »
2 à 3 »
3 à 4 »
>4.
Du i4 au
i5.
Du
i5 au
16
e
3
5
7
19
16
20
70
I
3
6
»
»
»
10
Total 92
GÉOMÉTRIE. — Sur la définition de l'aire d'une surface.
Note de M. H. Lebesgue, présentée par M. E. Picard.
« Le problème de la mesure des surfaces planes limitées par des courbes
fermées sans point double peut se poser de la façon suivante (Voir
Hadamard, Leçons de Géométrie élémentaire, page 289) : Faire correspondre
à chaque surface un nombre appelé aire, de façon que deux surfaces égales
aient des aires égales et que la surface formée par la réunion d'un nombre
fini ou infini de surfaces, ayant des portions de frontière communes et
n'empiétant pas les unes sur les autres, ait pour aire la somme des aires
des surfaces composantes (conditions A).
» Le problème est possible lorsqu'on se limite aux polygones. Une sur-
face plane étant donnée, les aires des polygones intérieurs à celle surface
ont une limite supérieure s que l'on appelle aire intérieure, et les aires des
polygones comprenant la surface ont une limite inférieure S que l'on
appelle aire extérieure. Il est possible de décomposer la surface en poly-
gones dont la somme des aires est s, de fiçon que chaque point de l'inté-
rieur appartienne à un polygone, et à un seul ou soit sur la frontière d'un
polygone. Il faut donc attribuer à la surface proposée l'aire s. Mais avec
cette définition l'aire de la somme de deux surfaces pourrait être plus
grande que la somme des aires de ces deux surfaces. Cela n'arrive pas pour
les surfaces telles que S = 5; on les appelle sur/aces quarrables, I^e pro-
blème de la mesure des surfaces planes n'est donc possible que pour les
surfaces quarrables. Si l'on appelle courbes quarrables celles qui peuvent
être enfermées dans des aires aussi petites que l'on veut, on voit que les
(rentières d'une surface quarrable sont des courbes quarrables.
( 87« )
» Les conditions A suffisent pour déterminer le problème de la mesure
des surfaces sphériques (ou cylindriques de révolution), le problème n'est
encore possible que pour certaines surfaces particulières; mais ces condi-
tions A ne suffisent pas en général, de plus elles ne permettent d'établir
aucune relation entre les aires planes et les aires sphériques. Il faut donc
définir des conditions supplémentaires.
» Je rappelle que les courbes se divisent en deux catégories (Scheeffer,
Jordan) : les courbes rectifiables, pour lesquelles les longueurs des lignes
polygonales inscrites ont une limite supérieure que l'on appelle longueur
de la courbe, et les courbes non rectifiables.
)) Il a semblé tout d'abord que l'on pouvait définir d'une façon analogue
l'aire d'une surface par la considération des surfaces polyédrales inscrites.
Schwarz a montré, dans une lettre à Genocclii, que les aires de ces surfaces
polyédrales n'ont pas de limite supérieure. J'opérerai donc autrement.
» Soit dans l'espace une ligne polygonale fermée /. Les aires des surfaces
polyédrales bilatères simplement connexes ayant / pour unique frontière
ont une limite inférieure que j'appelle Vaire minima de l. Soit une courbe
fermée G, j'inscris dans cette courbe une ligne polygonale /. Il est possible
de déterminer deux nombres * et S (^=S) tels qu'à partir d'un certain degré
de petitesse pour les côtés de /, l'aire minima de / soit comprise entre s — t
et S + £ (quel que soit i). J'appelle s l'aire minima intérieure de C, S l'aire
minima extérieure. Si S = 5 je dirai que la courbe est quarrable et j'appel-
lerai s son aire minima. Pour qu'une courbe soit quarrable il faut et il suffit
que sa projection sur tout plan soit quarrable. Les courbes rectifiables sont
quarrables. Soient
les coordonnées des points d'une surface (que j'appelle rectifiable) telle
qu'à toute courbe rectifiable du plan (m, c) corresponde une courbe recti-
fiable sur la surface. Il est facile de déterminer la forme la plus générale
des fonctionsy, 'p, i|/ correspondant aux surfaces rectifiables; ces fonctions
sont, à plusieurs points de vue, les analogues des fonctions d'une variable
à variation limitée. Les surfaces analytiques sont rectifiables. A une courbe
quarrable du plan (j/, v) correspond sur la surface rectifiable une courbe
quarrable.
» Soit une surface rectifiable S limitée par une courbe quarrable 1. Je
décompose S en morceaux, par des courbes quarrables. La somme des aires
minima de ces courbes tend vers une limite, indépendante du choix des
c. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, iN' 22 j I I (3
( «72 )
courbes de division quand le diamètre maximum de ces courbes tend vers
zéro. Celte limite, que l'on aurait aussi pu définir comme limite supérieure,
est ce que j'appelle X'aire. Elle satisfait aux conditions A. En parLiculier si
l'on a divisé S, i)ar des courbes quarrables, en morceaux dont la somme des
aires est inférieure à l'aire de S, on peut affirmer qu'il existe une infinité
non dénombrable de points n'appartenant à aucun de ces morceaux.
M Le problème de la mesure des surfaces est donc possible pour les sur-
faces rectifiables S limitées par des courbes quarrables 2. Il n'est plus pos-
sible si i n'est pas quarrable. En opérant comme ci-dessus, on fait corres-
pondre à S un nombre que j'appelle aire intérieure, mais il ne satisfait plus
aux conditions A. Si la surface rectifiable est définie au delà de 1, on peut,
comme dans le cas du plan, définir l'aire extérieure de S.
)) Dans le cas où la surface admet des plans tangents variant d'une façon
continue, on peut définir l'aire à l'aide d'une intégrale. On a alors deux
définitions d'un même nombre; ces deux définitions concordent.
» Étant donnée une courbe C, il existe une surface rectifiable ayant C
pour unique frontière et dont l'aire intérieure est égale à l'aire minima
intérieure de C. Je l'appelle surface minima. Il n'existe pas, avec les con-
ditions précédentes, de surfaces ayant une aire intérieure plus petite. Une
surface minima pour une courbe C est minima pour toute courbe V tracée
par elle. Si T n'est pas quarrable, l'aire extérieure relative à r de la surface
minima est l'aire minima extérieure de T.
» La définition qui précède, de l'aire d'une surface, présente la plus
grande analogie avec la définition de la longueur d'une courbe. A une
division de la courbe par des points correspond une division de la surface
par des courbes quarrables et à la distance de deux points de division sur
la courbe, c'est-à-dire à la longueur de la courbe de longueur minima joi-
gnant ces deux points, correspond la surface minima d'une des courbes
de division, c'est-à-dire l'aire de la surface d'aire minima passant par cette
courbe.
» M. Peano a indiqué (') une définition de l'aire d'une surface dans
laquelle intervient une division de la surface en morceaux, par des courbes.
Sa définition est donc analogue à celle que je viens de donner. Mais, pour
l'appliquer avec certitude, au moins sans études nouvelles, il faut faire
certaines hypotbèses dont la méthode que j'ai indiquée permet de s'at-
franchir.
(') liendiconti délia Accadeinia dei Lincei ; 1890.
( »7^> )
» On peut donner de l'aire d'une surface des définitions plus simples et
s'appliquant à des familles de surfaces moins particulières, du moins si
l'on renonce à la seconde des conditions A; mais la définition précédente
met en évidence une classe très générale de surfaces qui présentent une
grande analogie avec les courbes rectifiables.
» Je conviens d'appeler sur/aces applicables l'une sur l'autre, deux sur-
faces rectifiables entre les points desquelles il est possible d'établir une
correspondance biunivoque et continue conservant les longueurs des
courbes rectifiables. Cette définition est plus générale que celle que l'on
donne ordinairement. On peut démontrer que les portions correspon-
dantes de deux surfaces applicables ont même aire intérieure et même
aire extérieure. Les aires et les longueurs sont donc conservées: les angles
ne le sont pas. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le nombre de racines d'une équation algé-
brique comprises à l'intérieur d'une circonférence donnée. Note de
M. Michel Petrovitch, présentée par M. Hermite.
n Dans une Note précédente ('), j'ai démontré le théorème suivant :
Soit ¥(x) = o une équation algébrique de degré m, à racines réelles ou
imaginaires, égales ou inégales; soit ensuite C une circonférence donnée
de rayon r, ayant l'origine pour centre. Décrivons de part et d'autre de C
deux circonférences C, et C,, ayant l'origine pour centre, de rayons res-
pectifs r, el r, (avec /■,</•< r^) et telles que la couronne qu'elles limitent
ne contienne aucune racine de F(œ) = o.
» Formons la transformée de F (a;) — o ena= isjy el soit
(i) $(j, ?) = o
cette transformée. Formons ensuite la transformée de (i) en y = yjY,, puis
la transformée de celle-ci en z, = s/z^ et répétons cette opération jusqu'à la
transformée d'ordre n, que nous désignerons par
(2) W{z„,t) = oC).
(') Comptes rendus, n° 16 du 16 octobre 1899, p. 583-586.
C) V étant un polynôme en z„ et t, de degré m en z„.
( 874 )
» Désignons par \, le nombre qu'on obtient en posant
., , = ^1±^
dans la dérivée logarithmique de W par rapport à z„.
» Le nombre de racines de F(x) = o comprises à l'intérieur de C sera égal
à la partie entière de o,5 4- !„ et cela quel que soit l' entier n à partir d'une
certaine valeur entière [j..
» J'avais indiqué, comme limite supérieure de [/., le plus petit nombre
entier supérieur à la quantité toujours positive
(3)
1 iog(4"i
logl I
'■■.— l\\
» Mais on peut avoir une limite supérieure de [x plus petite que cette dernière.
« En effet, la démonstration de la Noie jjrécédente repose sur ce fait
que, si
(4) W,{z,t)=o
est la transformée de F(a) ^ o en
x = t\Jz,
le nombre y.^, obtenu en posant s = i, / = ^(r, + r^) dans la dérivée loga-
rithmique de Wh par rapport à z-, satisfera aux inégalités
(5) /? — £<>.*</> + ■'),
où p est égal au nombre de racines de F = o comprises à l'intérieur de C
et où l'on a posé
^\T-.
1
m — p
I
(^)
' 2
2r9
» Chaque terme des seconds membres de (6) est positif et tend vers
zéro lorsque k augmente indéfiniment. De plus, en prenant pour k un en-
( 875 )
lier quelconque supérieur à la quantité toujours positive
loef. '''-'''
/■<! 4- r
chaque terme de (6) sera plus petit que ~; par suite, on aura s <C ?, vX^ ^,
d'où
ou encore
» Or, la transformée (2) n'est autre que la transformée de F (a;) ^ o en
2"+'/
» Par suite, en faisant
[S étant défini par (7)] on aura une limite supérieure de jx en prenant pour
ce nombre le plus petit entier supérieur à la quantité toujours positive
(8) pl-i.
^ ' lOg 2
M Et comme pour m > i on a toujours !5 > 3 et, par suite,
log 0^8
log 2 2
le nombre (8) est toujours plus petit que le nombre (3). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la généralisation des développements en
fractions continues, donnés par Lagrange, de la fonction (i + x)'"-. Note
de M. H. Padé, présentée par M. Appell.
« l. Ces développements^ au nombre de trois, ont été donnés par La-
grange dans son Mémoire Sur l'usage des fractions continues dans le Calcul
(') Je saisis l'occasion de corriger une petite erreur qui s'était introduite par mé-
garde dans la Note précédente et qui consiste en ce que l'exposant 2"+' s'y trouve par-
tout remplacé par 2(n -t- i). Ceci ne change, d'ailleurs, en rien ni la démonstration ni
le résultat énoncé, puisque les inégalités (5) et les formules (6) subsistent quel que
soit l'exposant positif k.
( 876 )
intégral. Le premier d'entre eux, avec sa représentation schématique (').
est le suivant
y\ . . H I
B-lc. .
aI — . — -. — .—
(l -t-.T)"'— I
(m-O-
m -^- \ œ
3 ■>.
m — IX
3 2
nt-\- 1 œ
3 2
» Soit
^ ' I 1.2
la q uantité Q peut être mise sous la forme
Q=-
m{ni ■ — I ) . . . ( m — ■; + i )
V\
m {m — \). . .{m — v )
X'
(v + ,)!
x'-^' X Q;
^1
(v H- I ) (v + 1 — w )
• Ht •!
x!' ; :
i
A(o,v)| ....
(v+l)(v + 2)
I (i -H m)
(v+2)(v + 3)
(v H- 2 ) (v + 2 — w )
(v4-3)(v + 4) '
2 ( 2 + «l )
(v4-4)(v + 5)
» Les numérateurs partiels étant désignés par i , r, x, r.^x, . . , on a
r„ =
i{i -h m)
(■' + 2J)(^ + 2' -f- ')
^it + >
( V -t- / + I ) (v + (' -I- 1 - m)_
(v -f- 2? -(- i)(v + 2/ -H 2) '
un quotient complet quelconque est i + 7„a;-^i avec
J\.i = F (v + / + I — /«, /, V + 2/ + I , — x),
/■ii+\ = F(v + / + I — m, «' + I , V + 2 / + 2, — x).
» Le schéma placé contre la fraction continue Q représente la disposi-
(') Voir Comptes rendus, i3 novembre 1899.
(877 )
tion, dans le plan, des réduiles du développement correspondant de
(i-hx)'".
» Le développement considéré de Lagrange est le cas particulier de ce déve-
loppement de (t + x)"', qui correspond à v = o.
» 2. Nous rapprochons ici les deux autres développements de Lagrange,
parce qu'ils vont apparaître comme des cas particuliers d'une seule
fraction continue générale; les voici, avec leurs schémas :
('
^ . \Ht r I «-n ^
+ -
1
//*(//( — i) ^^ —
y
D
By , . .
/. . . .
m — 2
1 .0
m X
(w + i)(m-
9
-2) a^-
4
A
C
( m -)- 2 ) ( /« — 3 ) x'
m — i .[l 2.5 (4
3.0 m — 2.Q
I 2x + . .
0-7
\\ , ^ ,
> + (l
X
»l' — I x^
V
: : y:
1.3 4
I -i-
X 3.5 4
/"
0
A
ce
2 m^
X 5.7
IH 1
2 j;
IH
2
9 ^'
4
» La fraction continue dont on les peut déduire s'obtient en prenant
pour Q le développement suivant ;
ACO.K)
0 =
V ( V -(- I — m)
v(v -H 2)
1(1 -t- m) (y -i- i)(v + 1 — m) „
(v+i)(v + 2)2(v-)-3) ■^■■'
2(2-1- OT)(v-t-2)(vH-2 — m)
v(v -I- I — m)-H 2(v -t- 2) ^ (y -t- 3)(v -^ 4)^(v 4- 5)
(y -H 2) (y -h 4) , , v(vH-i— wO-h4('' + 3)
(y-+-4)(v4-6)
( 878 )
» Les numérateurs partiels étant désignés par i, r^x'-, r.>œ-, r^x^, ... et
les dénominateurs partiels par i +s^^a:, \ + s^x, 1 + ^,^. ...,ona
^■(^■^- /«) (v +/)(v -I- j — 7/i) v(v -4- I — 7?i) -4- 2/(v + « -I- i)_
' (v + 2t— 1) (v + 2J)-(V+ 2« + l)' ' (v -h 2«)(v + 2<'-+- 2) '
f
si l'on désigne un quotient complet par i -A- s„_,a; -h r„x^ ~^, on a
Jn
fi = F(v -\- i — m, i, V + 2/, — x).
)) Les deux fractions de Lagrange s'obtiennent : la première, en faisant
•^ =^ \ , la seconde, v = o, dans ce développement de (i + a;)'".
» 3. Les cinq fractions continues de Gauss, Euler et Lagrange, que j'ai
rapportées dans cette Communication et dans celle qui l'a précédée,
épuisent les fractions continues relatives à (i + a?)"' connues jusqu'à ce
jour; mais les quatre fractions générales dont je lésai déduites ne sont pas
les seules fractions continues régulières attachées à cette fonction; il en
existe encore deux autres entièrement nouvelles, en ce sens qu'aucun cas
particulier n'en a même jamais été donné.
» En reprenant la quantité, analogue à Q, que j'ai désignée, dans ma
Communication précédente, par P, et posant
1 -t-iû-y +
r,x
\ + s.,x -\- .
I -H5„a;H- /•„a;-'^""^'
on a, pour la première de ces fonctions,
i{i -h m) V — i — m
ri ■; 77—; : 7 î S; : j
(v -H j) (v-l- J -hl) ' v + i + i
fi = F(v + I — m, i, ^ -i- i -h i, — x).
w Posant maintenant
Q =
r\a)^
l\X^
1 -\- s^x -+-.
' f
J"
( 879)
la seconde fraction s'obtiendra en faisant
Si-
( |A + 2 «■ — I ) (|J. -f- 2 0' ( IJ- + 2 « + 1 )
/'■ = F(,w- -\-i + m, i, [y. + 2?', — x).
» Les schémas de ces fractions sont les suivants :
|x( |JL -4- 1 + m) 4- 2 i{ |J. + t -t- l)
(;a + 2î) (lJi+ 2' + 2)
A(o,'J)
^*
B C 0 E
va:
A(|i,o)
» J'ai réussi à former l'expression générale de la réduite de (i -h x)'"
d'oîi peuvent se déduire toutes les formules précédentes, sinon, toutefois,
les expressions, données par des séries hypergéométriques, des quotients
complets. »
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur la Stabilité de l'équilibre des corps flottants
et, en particulier, d'un navire qui porte un chargement liquide. Note de
M. P. DuHEM, présentée par M. Appell.
« Dans une Note récente. Sur les positions d'équilibre d'un navire avec
chargement liquide ('), M. P. Appell me fait l'honneur de mentionner un
travail, Sur la stabilité d'un navire qui porte du lest liquide (-), que j'ai pu-
blié en 1896. Depuis ce temps, j'ai complété ce travail par quelques
recherches sur lesquelles je demande la permission d'appeler l'attention
de l'Académie.
» Mon premier travail avait pour objet d'établir des conditions néces-
saires, mais non suffisantes, pour la stabilité d'un flotteur qui porte un
chargement liquide.
» Peu de temps après, je parvenais (^) à trouver les conditions néces-
(') Comptes rendus, l. CXXIX, p. 067, séance du 16 octobre 1899.
('-) Journal de Mathématiques de Liouville, 5° série, t. II, p. 28; 1896.
C) De l'influence qu'un chargement liquide exerce sur la stabilité d' un navire
{Bulletin de l'Association technique maritime, n" 7; session de 1896).
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N' 22.) 1 17
( 88o )
saires et suffisantes pour la stabilité de l'équilibre d'un navire qui flotte sur
un liquide incompressible, homogène, pesant, et porte un chargement
formé d'un liquide semblable. Les conditions obtenues coïncidaient avec
celles qu'admettaient, bien que sans démonstration complète, les construc-
teurs ; elles coïncidenl également avec celles auxquelles parvient M. P.
Appell ( ' ) en étendant la méthode géométrique de Bravais et de M. Guyou.
» La méthode analytique que j'ai suivie est susceptible d'une grande
extension, elle fournit (- j les conditions nécessaires et suffisantes pour la sta-
bilité d'un Jîotteur solide, qui na^e à la surface d' un liquide unique, compres-
sible suivant une loi quelconque, et porte ou non un chargement liquide, com-
pressible suivant une loi quelconque ; les divers corps du système étant d' ailleurs
soumis à des forces extérieures quelconques. »
Remarque sur la Communication précédente ; par M. Appell.
(I Je me permets de rappeler que l'objet de mes deux Notes était de
montrer, ce qui n'avait pas encore été fait, que la généralisation de la
méthode de M. Guyou permet d'obtenir, par un raisonnement de Géométrie
élémentaire, sans intégrales multiples ni formes quadratiques, la condition
nécessaire et suffisante de l'équilibre stable d'un vaisseau chargé de liquides.
Celte méthode géométrique sera prochainement exposée en détail dans un
Mémoire inséré au Journal de l'École Polytechnique. »
TÉLÉPHONIE. — Sur le rendement de la transmission du son par l'électricité.
Note de M. Dussadd ( ').
« Je me suis proposé de rechercher les conditions dans lesquelles le son
était transmis avec le meilleur rendement au moyen de l'électricité.
(') Équilibre cV un flotteur avec chargement liquide {Comptes rendus, l.CXXW,
p. 636; séance du 28 octobre 1899).
(2) Conditions nécessaires et suffisantes pour la stabilité de l'équilibre des corps
flottants {Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux, séance du 7 jan-
vier 1897). — Sur la stabilité de l'équilibre d\in corps flottant à la surface d'un
liquide compressible {Journal de Mathématiques de Liouville. 5" séiie, t. III, p. 889,
>897)-
(') Université de Genève.
( 88i )
» Poste transmetleur. — J'ai constaté que le rendement est d'autant
meilleur qu'on enferme davantage de membranes microphoniques dans
une caisse de résonance où vient vibrer l'air mis en mouvement par la
voix et que l'on augmente encore ce rendement en faisant agir l'air vibrant
sur chacune des deux faces des membranes microphoniques. Ces mem-
branes sont réunies par des doubles cônes et des granules en charbon.
» Posle récepteur. — J'ai observé que le rendement est d'autant meilleur
que l'on donne i)lus de facettes à chacun des pôles de l'électro-aimant,
chaque facette ayant en face d'elle une plaque vibrante, et que l'on aug-
mente encore ce rendement en recueillant l'air ébranlé des deux côtés de
chacune des plaques vibrantes au moyen de conduits qui aboutissent à un
même orifice.
M En se servant de deux postes où sont appliqués les principes ci-dessus,
l'on constate que le rendement de la transmission est suffisant pour
actionner un phonographe.
» C'est ce dernier appareil qui m'a servi de mesure des rendements
obtenus.
» J'ai pu enregistrer ainsi, à un très grand nombre de kilomètres et avec
les courants ordinaires de la téléphonie, des conversations téléphoniques,
des communications téléphoniques en l'absence de l'abonné appelé, des
auditions théàtrophoniques et des discours, le poste transmetteur étant dis-
simulé sur la tribune de l'orateur.
)) A la suite de ces expériences, j'ai été chargé par le Département de
l'Instruction publique de les répéter dans une conférence officielle, le
i5 novembre dernier.
» Le poste transmetteur fut installé dans le laboratoire de Physique de
notre Université et le poste récepteur dans le grand amphithéâtre de ce
même bâtiment. Plus de mille personnes qui se trouvaient dans cet amphi-
théâtre ont entendu, sans perdre un mot, les paroles enregistrées et
répétées par le poste récepteur.
» Le rendement était tel que l'intensité et le timbre de la voix des per-
sonnes qui parlaient devant le poste transmetteur conservaient presque,
au poste récepteur, leur valeur primitive malgré les nombreuses transfor-
mations d'énergie nécessitées par le fait de la transmission électrique et de
l'enregistrement du phonographe. »
( 882 )
PHYSIQUE. — Sur l'action chimique des rayons X. Note de M. P. Villard ('),
présentée par M. J. Violle.
n Les intéressants résultats que M. Curie et M"* Curie (*) viennent de
faire connaître donneront peut-être quelque intérêt à l'observation sui-
vante, que je n'avais pas cru devoir publier jusqu'à ce jour.
» Quand un tube de Crookes a fonctionné pendant quelque temps, le
verre de l'ampoule prend, comme on le sait, une teinte violette très accen-
tuée dans toute la partie située au-dessus du plan de l'anticathode, c'est-
à-dire du côté où celle-ci reçoit les rayons cathodiques. Cette région de
l'ampoule est frappée à la fois par les rayons X et par les rayons catho-
diques diffusés; l'expérience suivante permet de décider auquel des deux
rayonnements il faut attribuer l'action observée.
» Dans un tube focus, j'ai entouré l'anticathode par un large tube, soit
de verre, soit de cristal, dont la paroi intérieure pouvait être protégée
contre les rayons cathodiques par une très mince feuille d'aluminium, très
transparente aux rayons X. Une silhouette en métal opaque, en platine par
exemple, était, au besoin, interposée sur le trajet de ceux-ci. Après une
demi-heure environ de fonctionnement, j'ai obtenu les résultats suivants :
» Quand il n'y a pas de feuille d'aluminium, le tube noircit fortement
s'il est en cristal, et prend la teinte bleuâtre, à reflets métalliques, du cristal
réduit. Il brunit simplement s'il est en verre ordinaire, lequel contient
toujours un peu de plomb. C'est la réduction cathodique ordinaire, sem-
blable à celle qui se produit dans uue flamme réductrice. L'interposition
de la feuille d'aluminium, arrêtant les rayons cathodiques, supprime com-
plètement cette réduction; et l'on obtient alors une coloration violette, aussi
bien avec le cristal qu'avec le verre. Cette modification est évidemment
due aux rayons X : elle ne se produit en effet qu'au-dessus du plan de
l'anticathode, et, si l'on a interposé une petite lame de platine sur le trajet
des ravons, la région protégée par celle-ci reste incolore. C'est à ce phé-
nomène que je faisais allusion dans une conférence faite devant la Société
de Physique à la séance de Pâques, en disant qu'il était à la rigueur pos-
(') Travail fait au laboratoire de Chimie de l'École Normale supérieure.
(') Comptes rendus, t. CXXIX, p. 823.
( 883 )
sible d'obtenir une radiographie en prenant comme préparation sensible
une simple lame de verre.
» Cette transformation du verre ou du cristal est certainement due à un
phénomène d'oxydation, car on l'obtient également en chauffant le cristal
dans une flamme très oxydante. Très probablement la coloration violette
est produite par le manganèse; on sait que ce métal, au maximum d'oxy-
dation, colore le verre en violet.
» Ces résultats établissent une analogie de plus entre les rayons X et
les radiations émises par les substances radio-actives. Pour cette raison
je me propose de reprendre les expériences précédentes, mais en substi-
tuant au verre ordinaire un silicate contenant, en quantité notable, une
matière dont l'oxydation soit aisée à reconnaître. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l'action de l'acide cJdorhydrique sec sur /'argent
et réaction inverse ( ' ). Note de M. Jocniaux, présentée par M. Troost.
« L'argent est attaqué par l'acide chlorhydrique gazeux : ce f;iit a été
mis en évidence pour la première fois par Boussingault (^) qui, en faisant
passer de l'acide chlorhydrique sec sur de l'argent chauffé au rouge vif,
constata la formation de chlorure d'argent et la mise en liberté d'hydro-
gène. Cette expérience a été reprise par M. Berlhelot ('), qui opérait à
5oo°-55o°, alors que la dissociation de l'acide chlorhydrique ne pouvait
influer sur la marche du phénomène.
» Réciproquement, le chlorure d'argent, chauffé dans une atmosphère
d'hydrogène, est réduit par ce gaz : il y a formation d'argent métallique
et d'acide chlorhydrique.
M Nous nous trouvons donc en présence de deux réactions inverses sur
lesquelles nous nous sommes proposé d'étudier méthodiquement l'in-
fluence de la température.
(') Ce travail a été fait au Laboratoire de Chimie générale de l'Institut de Chimie
de Lille.
(-) Boussingault, Mémoire sur l'action du gaz acide hydrochlorique sur l'ar-
gent à une haute température {Annales de Physique et de Chimie, 2" série, t. LIV,
p. 253).
(^) Berthelot, Sur la décomposition des hydracides par les métaux {Annales de
Physique et de Chimie, 5^ série, t. XVI, p. 433).
( 884 )
» La méthode employée est la suivante :
» Des tubes scellés renfermant, soit du chlorure d'argent fondu et de l'hydrogène,
soit de l'argent pur et de l'acide chlorhydrique sec, sont chauffés pendant un temps
suffisamment long à des températures fixes. On les refroidit alors brusquement, on
les ouvre sur la cuve à mercure et l'on fait passer leur contenu dans une éprouvette
graduée : on a le volume V du mélange des gaz. On absorbe l'acide chlorhydrique
par de l'eau distillée récemment bouillie et on lit le volume c de l'hydrogène. Le rap-
{ V — (') 100 , , . ., , 1, • 1 I 1 1 j •
port p := :^ donne la proportion en centièmes de 1 acide chlorhydrique con-
tenu dans les tubes scellés. On a naturellement fait subir à V et à r les corrections
relatives à la pression et à la tension maxima de la vaj)eur d'eau à la température de
l'analyse.
» L'étude de l'action de l'hydrogène sur le chlorure d'argent conduit aux
résultats suivants :
» 1° Si l'on chatiffe à une température fixe du chlorure d'argent dans une
atmosphère limitée d'hydrogène, pendant des temps progressivement crois-
sants, on remarque que la proportion d'acide chlorhydrique croit d'abord
avec le temps, puis tend vers une certaine limite qui dépend de la tempé-
rature de l'expérience :
Expériences à 35o°.
Temps
Valeur
de chauffe.
de p.
8 jours
. .53,89
3 semaines. . .
• 70,98
5 semaines. .
. 75,85
6 semaines. . .
. 70,87
8 semaines. . .
. 75,88
Expériences
à 44o°.
Temps
Valeur
de chauffe.
de p.
12 heures . . .
7' '67
36 heures . . .
. 82,46
70 heures . . .
. 88,66
408 heures . .
. 88,88
5o4 heures . .
88,42
Expériences à (300°.
Temps
Valeur
de chauffe.
de p.
i d'heure. . .
. . 92,08
i heure ....
. 92,56
I heure. . . .
• 92,80
2 heures . . .
. 92,86
5 heures . . .
• 92,84
» Le temps de chauffe nécessaire pour atteindre la limite en question
varie avec la température; il est d'autant plus long que la température est
plus basse : ainsi, à 250", il faut plusieurs mois pour atteindre cet équilibre;
à 600", il ne faut plus qu'une heure.
» 2° Cette action réductrice de l'hydrogène sur le chlorure d'argent
débute vers 200°. Très faible à 250° (elle atteint à peine 5 centièmes), la
valeur de p monte rapidement à 75,88 à 35o°, pour atteindre successive-
ment 88,88; 90,80; 92, i5 et 92,80 aux températures de 44o°, 490°» ^So"
et 600°.
» h'action de l'acide chlorhydrique sur l'argent est aussi limitée :
( 885 )
Expériences A 4ç)o°. Expériences à o3o". Expériences à 600°.
Durée Valeur Durée Valeur Durée Valeur
(le cliaulTi'. de p. rie chauffe. de p. de cnauffe. de p.
I lieure r)'i,35 [d'heure 98,81 i d'heure 94,74
3 heures 94,07 J heure 93,44 J heure g^,"
24 heures ... . 94,18 2 heures 92,95 i heure 92-82
^8 heures 94, o3 5 heures 92,92 i4 heures 9^,79
» L'attaque de l'argent par l'acide chlorhydrique sec commence vers
400°. Lorsque l'équilibre est atteint-, on trouve pour p les valeurs 94. •"!
92,95 et 92,80 aux températures respectives de ^go°, 53o° et 600".
» Les résultats précédents montrent que, pour toutes les températures
inférieures à 600", la limite des deux réactions inverses est bien différente
suivant le système dont on est parti. Si l'on représente la marche du
phénomène par des courbes construites en portant en abscisses les tempé-
ratures et en ordonnées les proportions centésimales d'acide chlorhy-
drique formé, les deux courbes limitent une région du plan à laquelle
M. Duhem ( ' ) a donné le nom de région des/aux équilibres.
" Au delà de 600°, les limites sont les mêmes quel que .soit le système
considéré.
» Remarques. — 1° Aux températures inférieures à 45o°, alors que le chlorure d'ar-
gent n'est pas encore liquéfié dans les tubes scellés, il se recouvre d'un enduit blanc,
brillant, d'argent métallique. Nous nous sommes naturellement demandé si cette
couche d'argent métallique ne protégeait pas le chlorure d'argent de l'action ulté-
rieure de l'hydrogène, si ce n'était pas elle qui limitait la réduction. Nous avons ainsi
été conduit à faire varier dans de larges limites la surface du chlorure d'argent intro-
duit dans nos tubes.
» L'équilibre est sensiblement indépendant des surfaces en contact. Ajoutons que
pour toutes les températures supérieures à 450°, alors que le point de fusion du chlo-
rure d'argent est dépassé, la limite a été trouvée (et ici les résultats sont encore plus
nets) absolument indépendante de la masse. Seul, le temps de chauffe nécessaire pour
atteindre l'équilibre a été en général d'autant plus réduit que le chlorure d'argent était
en proportion plus considérable.
» 2° Une difficulté beaucoup plus grande est la suivante : aux températures de nos
expériences, le verre est attaqué par l'acide chlorhydrique ; il semble donc qu'il y avait
là une cause d'erreur. Nous sommes arrivé à l'éviter, dans une certaine mesure, soit
en argenlanl intérieurement les tubes, et le procédé n'est malheureusement pas appli-
cable aux températures élevées parce qu'alors l'argenture est détruite, soit en em-
( ') P. Di'HEM, Traité élémentaire de Mécanique chimique fondée sur la Thermo-
dynamique.
( 886 )
ployant un verre aussi peu attaquable que possible par cet hydracide. Celui qui nous
a donné les meilleurs résultats a été le verre dit d'Iéna.
)) Il est essentiel d'ailleurs de remarquer que, si l'on chauffe à une température
élevée pendant un temps suffisamment long des tubes scellés renfermant de l'acide
chlorhjdrique sec, le gaz que renferment ces tubes est, après refroidissement, entière-
ment absorbable par l'eau : il n'y a donc pas, dans l'attaque du verre par cet hydra-
cide, production de gaz dont la présence aurait faussé les résultats.
» Au reste, dans la région des équilibres véritables, les divergences observées dans
la limite des deux, réactions inverses sont de l'ordre des erreurs expérimentales. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la camphénylone . Note
de MM. E.-E. Blaise et G. Blanc.
« Dans un récent travail (5er.f/.cA. G., t. XXXII, p, 1498, 12 juin fSgg),
M. W. Jagelki a montré que le camphène, traité par le nitrite de sodium
et l'acide acétique, fournit un mélange de dérivés azotés. Ceux-ci, chauffés
avec la potasse, donnent une cétone cyclique : la camphénylone C'H"0,
dont l'oxime se déshydrate sous l'influence du chlorure d'acétyle avec for-
mation de nitrile camphocéénique. Enfin, l'acide camphocéénique, traité
par le permanganate de potassium, donne un dérivé ddiydroxylé qui,
oxydé par l'acide azotique, fournit de l'acide «.a-diméthyllricarbaUylique.
» Il était intéressant de chercher à établir une relation entre l'acide
camphocéénique et son isomère, l'acide isolauronolique, qu'on obtient en
faisant réagir le chlorure d'aluminium sur l'anhydride camphorique.
Adoptant pour le camphène la formule de Bredt, M. Jagelki attribue à
l'acide camphocéénique la constitution suivante
CH' CH'
^ ,CH3
CO^H-CH / ^|C/
CH2 I ^^1 Cil
» Or, la formule que M. Bredt assigne d'autre part à l'acide campho-
rique conduit, pour l'acide isolauronolique, au schéma ci-dessus, ou au
suivant :
CH' CH^
*^ CIP
COMI-CII /\ G'^
CH^ I '^ CH2
( 887 )
» On voit que, dans les deux cas, la réduction totale des nilriles cam-
phocéénique et isolauronolique doit fournir une seule et même araine.
L'aminodilivdrocampholène qui résulte de la réduction du nitrile isolauro-
nolique ayant déjà été préparé par l'un de nous, nous avons cherché à
réduire le nitrile camphocéénique dans les mêmes conditions, afin de con-
firmer ou d'infirmer la relation précédente. On voit d'ailleurs qu'au cas
où la liaison éthylénique du nitrile camphocéénique ne se tût pas hydro-
génée, la base obtenue aurait dû être identique à l'a ou au fl-aminocampho-
lène que nous avons préparés précédemment à partir des campholénaniides
correspondantes (').
» Nos premiers essais ont été effectués sur un échantillon de camphène
qui nous avait été gracieusement donné par M. Étard, que nous sommes
heureux de remercier.
» Le camphène que nous avons employé ensuite nous a été fourni par
la maison Schimmel et porte le nom de camphène de l'ùobornéol; il tond
à 53° et possède un pouvoir rotatoire gauche Irèsfiible : a^ = — ^°.
» La préparation de la camphénylone par le procédé de M. Jageiki étant
fort laborieuse et ne nous ayant pas fourni de bons rendements, nous
l'avons modifiée. Nous faisons réagir directement les vapeurs nitreuses sur
le camphène, à o°. Le carbure fond rapidement en un liquide vert, puis
bleu, qui absorbe aisément l'hypoazotide. Lorsque la fixation de ce der-
nier atteint une molécule (Az-0'')pour une molécule de camphène, on
voit des bulles gazeuses se former à la surface du liquide puis une réaction
violente se déclare; il se dégage un mélange d'oxydes d'azote et de vapeur
d'eau. Le résidu, duquel on peut séparer aisément le nitrite de camphényle
par entraînement au moyen de la vapeur d'eau, est alors additionné de
lessive de potasse. On chauffe à reflux, à l'ébuUition, pendant cinq heures,
puis on entraîne dans un courant de vapeur la camphénylone formée.
I) La cétone ainsi obtenue et séparée par épuisemciit à l'éther forme
une masse solide de cristaux en feuilles de fougère. Comme celle qu'on
obtient en suivant le procédé de M. Jageiki, elle fond vers 5o° et n'est pas
pure; elle renferme en effet un peu de camphène et, en outre, une faible
proportion d'un corps non cétonique à point de fusion très élevé, pro-
bablement identique à l'isobornéol. On la purifie par transformation en
semi-carbazone, fusible à 224°, qu'on hydrate ensuite au moyen de l'acide
chlorhydrique concentré. La camphénylone pure tond à 'à']".
(') Bull. Soc. chim., 20 novembre 1899.
C. R., 1899, ■"-' Semestre. (T. CXXIX, N° 22.) u8
( 888 )
M Cette purification est d'ailleurs inutile quand on se propose de pré-
parer l'oxime; il suffit, en effet, de dissoudre l'oxime brute dans l'acide
chlorhvdrique et d'épuiser trois fois la solution à l'éther pour éliminer les
impuretés. L'oxime qu'on précipite ensuite, en neutralisant la liqueur acide,
est facilement entraînable par la vapeur d'eau; elle se sublime en cristaux
blancs, fusibles à iog°-iio°. La déshydratation de l'oxime au moyen du
chlorure d'acétvle fournit le nitrile camphocéénique, liquide réfringent, à
odeur forte et particulière, qui bout à 22o''-23o° à la pression atmosphé-
rique. En même temps se forme une isooxime fusible à i65". La déshydra-
tation à l'aide de l'acide sulfurique à 20 pour 100, que M. Jagelki indique
comme plus commode, a l'inconvénient de régénérer une certaine quantité
de camphénylone.
» La réduction du nitrile a été effectuée au moyen du sodium et de
l'alcool absolu bouillant. Lorsqu'elle est terminée, on neutralise par l'acide
chlorhydrique étendu et l'on distille l'alcool. On met la base en liberté par
addition de potasse, on épuise à l'éther, on sèche la solution éthérée sur
la potasse fondue et on distille le solvant. On distille alors le résidu et l'on
recueille la portion 200-220; on la dissout dans l'éther anhydre et l'on fait
passer dans la liqueur un courant d'acide chlorhydrique sec. Le chlorhy-
drate se précipite; on l'essore, on le redissout dans le moins possible d'al-
cool absolu et on le reprécipite par addition d'éther anhydre.
)) La base, régénérée du chlorhydrate pur, constitue un liquide réfringent
et bout à 2o4°-20j° sous la pression atmosphérique; elle fixe avec avidité
l'acide carbonique. L'analyse montre qu'elle n'est pas saturée. Son chlor-
hydrate constitue une poudre blanche, peu soluble dans l'alcool, assez so-
luble dans l'eau; il noircit vers 193° et se décompose vers 225° en tondant.
Traité par le cyanate de potassium, il donne une urée
C.''H'^\zH -CO- AzH^
cristallisant en lamelles micacées, très peu soluble dans le benzène froid,
s'y dissolvant facilement à chaud et fusible à 1 1 8°. L'éther oxalique, réagis-
sant sur la base, donne une oxamide. Celle-ci est très peu soluble dans
l'alcool absolu, même à l'ébuUition, et cristallise en aiguilles soyeuses qu^
fondent à 148". Le chloroplatinate constitue une poudre jaune clair, inso-
luble dans l'eau et l'alcool.
» Dans les eaux-mères du chlorhydrate de cette première base, on trouve
le chlorhydrate d'une base isomère : ce sel fond à 175°-! 76°. La base libre
bout à 193"; son urée et son oxamide fondent à ioG''-io7'', et le picrate
correspondant à 178°.
( 889 )
» Des faits précédents, il résnltc qne les hases qu'on obtient en rédui-
sant le nilrile cnmphocéénique sont essentiellement différentes du dihydro-
aminocampholène et d^s aminocampliolènes a et (i. La camphénylone et
ses dérivés ne renferment donc plus le noyau triméthylcyclopentanique
qui existe dans les corps qui appartiennent à la série du camphre.
» Ces conclusions théoriques seront développées dans un Mémoire qui
paraîtra au Bulletin de la Sociélé chimique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la matière colorante de la digitale.
Note de MM. Adriax et A. Trillat, présentée par M. Arm. Gautier.
<( Nous avons pu retirer de la digitale un nouveau corps cristallisé en
employant une méthode analogue à celle qui nous avait servi à extraire la
matière colorante jaune de V Artemisia absinthium, la grande absinthe (').
» Le produit a été retiré de la Digitalis lutea(\a. digitale de Hongrie), en
traitant lesrésidus provenant de la préparation de la digitaline cristallisée.
)) Les eaux-mères, après la cristallisalion de la digitaline obtenue en suivant les
indications du Codex, sont évaporées jusqu'à consistance d'un extrait qui est ensuite
mis en contact à froid pendant plusieurs heures avec de la benzine. On sépare la partie
insoluble qui est constituée surtout par de la digitaline amorphe, on fdtre la benzine
et on la distille. Le résidu de la distillation, débarrassé par la chaleur des dernières
traces de benzine, est à son tour épuisé par de la gazoline qui dissout l'huile dans
laquelle le nouveau produit se trouve en suspension. Après quelques heures de repos,
on décante et l'on dissout la partie solide dans l'alcool amylique chaud qui la laisse
cristalliser par refroidissement. Pour purifier le produit, on emploie l'alcool à 90°
bouillant dans lequel il cristallise rapidement par simple abaissement de température.
» Après de nombreuses cristallisations, le corps obtenu par la méthode
que nous venons de décrire se présente sous la forme de belles aiguilles
jaunes, soyeuses et feutrées, fondant très nettement à la température de
2I7°-2l8°.
» Nous avons cherché à en établir la formule par la combustion et par
la détermination du poids moléculaire.
>) Analyse :
I. II. Moyenne.
Carbone 7Ij99 7'»63 71,860
Hydrogène 4,6' 4,72 4,665
Oxygène (par diff.) 28, 4o ^ 23,65 28,475
ce qui correspond à une formule en (CH'O)".
(') Comptes rendus, novembre 7898.
( 890 )
» Détermination du poids moléculaire. — La détermination du poids mo-
léculaire par la méthode cryoscopique n'a donné que des résultats négatifs
par suite de la faible solubilité de la substance.
» Nous avons préféré employer la méthode ébuUioscopique. iS'", 8221 de
substance séchée à iio" ont été dissous dans 27s'-, 6 d'acide acétique
(éb. I iS", 5) (élévation du point d'ébuUition o°,66).
» En appliquant la formule suivante, on a :
_ ., ,, „ p X 100 f. o 1,8221X100 f-g
Poids moiec.= K^s = 25, J X ^ r^ = 20 J.
P X c 27,6 X 0,06
» L'analyse élémentaire ayant donné la formule (C'fPO)" on trouve
le chiffre 268 pour C'«H'-0\
» Cette formule est différente de celle de la digitoflavone de Fleischer.
» Nous pensons que la substance ainsi retirée de la digitale constitue la
matière colorante de cette plante. Elle est insoluble dans l'eau, dans les
acides minéraux étendus et dans l'éther de pétrole; elle se dissout surtout
à chaud dans l'alcool, le chloroforme, l'alcool amylique. Les solutions
alcalines la dissolvent avec une belle coloration rouge.
» L'acide chlorhydrique bouillant ne l'attaque pas; elle ne donne pas
de sucre réducteur, l'acide acétique et la phénylhydrazine ne la trans-
forment pas. Nous n'avons pas pu constater la formation de la pyrocaté-
chine et de la phloroglucine par l'action de l'acide chlorhydrique ou de
la potasse; elle diffère donc encore en cela de la digitoflavone.
)) Nous avons cherché si notre produit pouvait provenir de la décom-
position de la chlorophylle ou d'un des composés qui l'accompagnent.
Nous avons trouvé qu'il ne devait pas être assimilé à un dérivé à noyau
chlorophyllien et qu'il n'était pas comparable au carottène, car il ne donne
pas de bandes d'absorption. D'autre part, la comparaison avec les pro-
duits tinctoriaux jaunes naturels, sur tissus mordancés au chrome, au fer
et à l'alumine, ne permet pas de le considérer comme une matière colo-
rante bien active. Il est donc spécial à la digitale et encore faut-il remar-
quer que seule la Digitalis lutea peut en fournir.
» En résumé, le nouveau principe que nous avons retiré de la digitale
est remarquable pai- sa grande stabilité et sa résistance aux divers agents
chimiques. En ceci, il a une grande analogie avec le composé que nous
avons retiré de la plante d'absinthe, mais il en diffère par le point de
fusion et l'analvse. »
( %! ^
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur une expérience relative aux courants sous-manns.
Note de M. J. Thoflet.
« Pendant son mémorable voyage d'exploration scientifique, à diverses
reprises, le Challenger exécuta des mesures relatives à l'existence, à la di-
rection et M la vitesse des courants sons-marins. Ces expériences (' ) furent
faites principalement pendant les mois d'avril, d'août et de septembre 1873,
d'abord à l'ouest des Bermudes, puis entre les îles du Cap Vert et Fernando
Noronha. On amarrait une embarcation sur le câble de la drao;ue ou sur la
lififne de sonde dont le plomb reposait au fond et servait d'ancre. De ce
point fixe, à l'aide d'une drague à courant, descendue à des profondeurs
variables et qui ont dépassé 5oo brasses (91 5™), on évaluait la direction
et la vitesse du courant d'abord à la surface puis à des profondeurs aug-
mentant progressivement. Ou construisait alors des roses de courants, dia-
grammes montrant de la façon la plus nette que, sur une même verticale,
les courants profonds étaient susceptibles de différer considérablement,
comme direction et comme vitesse, non seulement entre eux, mais encore
du courant de la surface.
» Ces expériences ont été reprises par des procédés semblables ou dif-
férents par le prof. I. Y. Buchanan, à bord du Dacia en 1878, puis du Buc-
caneer dans le golfe de Guinée et par le commandant Anthony S. Thomson
en 1895, à bord du Buccaneer, dans l'Atlantique, au sud de l'équateur (^).
» Grâce à la bienveillance des membres de la mission hydrographique
opérant dans i'Iroiseau large de Brest, j'ai pu, à bord du bâtiment de l'État
le Laborieux, avec l'aide de M. l'Ingénieur hydrographe de la marine
Gauthier, me livrer à une expérience du même genre et établir une nou-
velle confirmation d'un fait dont l'importance est capitale pour l'étude de
la circulation océanique.
» Le vendredi 11 août 1899, à environ trois milles et quart dans le sud
du phare des Pierres-Noires, c'est-tà-dire aussi en dehors que possible des
phénomènes d'interférences provenant de réflexions contre la terre, par
(') Cliallenger's Reports. Narlative of llie cruise.
(^) Remarks on océan currents and p radical liinlson the metkodof their obser-
vation, by A. S. Tliomson. lleporl of tlie 6^'' Intern. Geog. Congress lield in Londoii
in 1895, p. 443.
( 892 )
une profondeur de 70™, cinq flotteurs, dont chacun était constitué par deux
bouteilles de mêmes dimensions accouplées selon la méthode de M. Hau-
treux, furent jetés simultanément à la mer et abandonnés à eux-mêmes.
Le point de départ fut soigneusement relevé au cercle. On était à ce mo-
ment en flot, dix-huit minutes seulement après l'heure de la basse mer qui
avait lieu, ce jour-là, à i*" de l'après-midi.
» La bouteille supérieure de chaque flotteur était peinte d'une couleur
différente, afin d'être reconnaissable. Pour chacun d'eux, une bouteille
flottait à la surface, en y enfonçant autant que possible, à l'aide d'un lest
d'eau; la seconde bouteille était aussi lestée de manière à avoir une den-
sité à peine supérieure à celle de l'eau ambiante et était reliée à la première
par une cordelette très fine de 5" pour le premier flotteur, de 10™, 20™,
3o™, 40" et 60" pour les suivants. Dès le départ, les cordelettes des flot-
teurs à 20™ et So" s'enchevêtrèrent, de sorte que ce double svstème de
quatre bouteilles fut considéré comme un flotteur unique correspondant
à une profondeur de 25". La mer était calme et il n'y avait pas de vent.
» Après que le bâtiment se fut maintenu en vue, sans toutefois troubler
la dérive des flotteurs, pendant un plus d'une heure, une embarcation fut
mise à la mer et chaque flotteur fut recueilli. On eut soin de noter exac-
tement au cercle la position où il était parvenu, ainsi que la durée de son
immersion.
» Ces données furent reportées sur la carte marine. Le flotteur à 5™ étant
considéré comme de surface, la trajectoire de chaque flotteur déterminant
en direction et en vitesse, le courant à cette profondeur s'obtenait par la
comjîosante suivant le parallélogramme des forces de la résultante diago-
nale indiquée par la trajectoire de la bouteille de surface et de la trajec-
toire du flotteur à 5" comme autre composante. On obtint de cette ma-
nière une rose de courant suivant une verticale au point considéré.
» Les résultats mesurés graphiquement sont les suivants :
Surface. Direction. Vitesse à l'heure,
m o in
5 N 29 W i43o
10 S 28 E 94
25 S 73 E 1 5o
4o S 78 E 1 5o
60 j\ 8 E 420
« A l'inspection du diagramme, il semblerait que les eaux de flot, ren-
contrant la masse des eaux qui finit de descendre en jusant, les heurtent
(893)
comme un double coin, d'abord à la surface avec une vitesse maximum
tandis qu'à io'"de profondeur le courant, encore influencé par le jasant,
possède une vitesse minimum et une direction presque inverse. A mesure
qu'on descend davantage, le courant tourne de plus en plus sur lui-même,
en sens inverse des aiguilles d'une montre, avec une vitesse croissante;
jusqu'à 60", c'est-à-dire à 10" seulement au-dessus du fond, il ne fait plus
qu'un angle de 3']° avec la direction du courant de surface quoique avec
une vitesse notablement moindre que celle de celui-ci. Le phénomène pré-
sente quelque analogie avec ceux étudiés par Helnihollz à propos des
vagues atmosphériques.
» Il serait à désirer que de semblables expériences fussent renouvelées,
en jusant et à des époques différentes, aussi loin que possible de la terre
pour éviter les interférences. On y trouverait sans doute d'intéressantes
conclusions relatives aux phénomènes de marées. Indépendamment de
l'importance scientifique de ces questions, la navigation pourrait peut-être
être amenée à tirer profit de courants si peu profonds et pourtant si diffé-
rents en intensité et en direction du courant régnant à la surface. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la résistance des graines aux températures
élevées. Note de M. Yictor Jodi\, présentée par M. Dehérain.
« Au cours de ses Recherches sur i Alucite, Doyère constata qu'on peut
chauffer jusqu'à 100° le blé qui a été séché dans le vide, sans que ses
graines penlent la faculté de germer.
» Il est possible d'obtenir le même résultat sans l'emploi du vide, en
ménageant la température et en n'introduisant les graines dans l'étuve
à 100° qu'après leur avoir enlevé leur eau hygrométrique à une tempéra-
ture moins élevée.
)) Des graines de Pois et de Cresson alénois, chauffées directement à 98°
pendant tlix heures, furent complètement tuées. Mais, chauffées d'abord
vingt-quatre heures à 60", puis dix heures à 98°, elles avaient conservé un
pouvoir germinatif de 3o pour 100 pour les Pois, et de 60 pour 100 pour
les Cressons.
» Cette température de 60° ne paraît pas préjudiciable à certaines
graines; car des Pois et des Cressons germèrent très bien après cinq cents
et huit cents heures passées dans l'étuve à 65".
» On n'observe cette immunité que si l'on chauffe en vase ouvert, de
( 894 '
façon à permettre l'élimination rapide de l'eau hygrométrique. Il en va
autrement si l'on retarde ou si l'on met obstacle à cette élimination. Si,
par exemple, on opère dans des tubes scellés ou simplement étirés en
pointes capillaires laissées ouvertes, les dimensions de ces tubes étant
telles que leur ca])acité intérieure puisse se saturer de vapeur formée aux
dépens d^ane partie seulement de l'eau hydrométrique des graines renfer-
mées, celles-ci, d^ns l'imposbibililé de se dessécher complètement, ne sup-
portent même plus des températures relativement faibles.
» Ainsi des Pois et des Cressons, chauffés à 4o°en tubes scellés, avaient
tout à fait perdu leur pouvoir germinatif au bout de cinq cents heures, soit
environ vingt jours.
» Mais si, avec les graines, on introduit dans les tubes scellés un corps
desséchant, les choses changent, et l'on retrouve la résistance signalée
précédemment dans le chauffage à vase ouvert. Des Pois et Cressons en
tubes scellés, contenant de la chaux vive, purent séjourner à l'étuve à 40°
pendant deux cent six jours sans subir aucune diminution apparente de
leur puissance germinative.
» Il y a peut-être là l'indication d'un procédé pour prolonger la vie la-
tente et le pouvoir germinatif de certaines graines. Depuis assez longtemps
j'ai dans mon laboratoire des graines noyées dans lui mélange de plâtre et
de chaux vive (contenu dans des flacons à l'émeri) et qui continuent à
germer parfaitement. «
GÉOLOGIE. — Sur la période glaciaire dans les Karpates méridionales.
Note de M. E. de Martonne, présentée par M. A. de Lapparent.
« Les traces de la période glaciaire, dans les Karpates méridionales, ont
été signalées pour la première fois par Lehmann, en 1881. Mais ses obser-
vations furent contestées par les géologues hongrois Primics et Inkev. La
question a été touchée depuis par MM. Mrazec, Popovici-Hatzeg et Mun-
teanu Murgoci. En août 1889, j'ai visité les massifs du Paringu et du Bu-
cegiu et acquis la conviction que, de tous les arguments invoqués, le seul
décisif était l'argument topographique. Les Cartes existantes étant inca-
pables de donner idée de la topographie de ces montagnes qui offrent les
cirques glaciaires les plus typiques, l'on ne saurait s'étonner du scepti-
cisme avec lequel ont été accueillies les descriptions pourtant exactes de
Lehmann.
( 8o^ )
M En août et septembre 1^99. j':ii exécuté un lever tnpographiqne du
massif du Paringu. Les deux cirques de Gauri et Giïlcescu, situés en terri-
toire roumain, ont été levés avec la règle à éclimèlre au ,„^„^ (courbes de
niveau de 5™ en 5™, /)oo cotes sur une surface de 8'^""i).,Les cirques de Je-
seru et Coasla Pelresi ont été levés par intersection, les autres cirques à la
boussole alidade et au baromètre. La topographie des cirques situés en
territoire autrichien a été soumise à une révision qui a permis de compléter
et d'ajouter certains détails caractéristiques. Un relief au .,^,'p^ de tout le
massif du Paringu doit être exécuté d'après la Carte ainsi obtenue.
» Ce travail a amené la découverte de plusieurs cirques dont la Carte
au ^-r~y n'offrait même pas une indication, d'un grand nombre de lacs, dont
plusieurs sont incontestablement d'origine glaciaire et sur lesquels je me
propose de revenir nltérieurement. Enfin, il m'a permis de rechercher
toutes les traces du passage des anciens glaciers, en les soumettant à la
critique la plus sévère. Les résultats sont les suivants :
» Toutes les hautes vallées se terminent en cirques, dont la topographie
est à tous égards la même que celle des cirques actuellement occupés par
des glaciers dans les Alpes ou les Pyrénées, et les vallées où la présence
d'anciens glaciers a été démontrée d'une façon indiscutable, dans les Alpes,
les Pyrénées, le Jura, le Riesengebirge, la Tatra. Le profil transversal
en U, le profil longitudinal en escalier, l'indépendance des courbes de
niveau relativement au tracé des cours d'eau, la convergence des lignes de
plus grande pente vers un ou plusieurs points autres que le débouché du
cours d'eau principal, tels sont les traits les plus caractéristiques de cette
tO|)ogra|ihie qui ne peut s'expliquer par l'érosion seule.
» Les cirques les plus caractéristiques se trouvent sur le versant nord,
ce sont : Zîïnoaga Scliveiului, Rosiile, Crcresiu, Gâuri, Giilcescu, Jezeru,
Coasta Petresi. Un certain nombre tle cirques sont orientés vers l'est, ce
sont : Munlinu, Urda, Dengheru. I! existe aussi des cirques orientés au sud
dont les plus typiques sont : Gâura Mohorului, Jesul et Zunoaga Plescoi.
» Dans presque toutes ces vallées, j'ai trouvé des roches moutonnées
qui, par leur nombre et leur position, ne permettent pas d'autre explica-
tion que le passage d'un glacier. L'altitude à laquelle on les rencontre est
lyoo"" (Urda).
» Les stries bien conservées sont extrêmement rares, ce qui s'explique
par la rapidité avec laquelle les schistes cristallins se décomposent. A Gal-
cescu et à Jesul j'en ai trouvé sur des roches moutonnées, qui paraissent
bien incontestablement des stries glaciaires.
C. R., 1S99, 2» Semestre. (T. CXXIX, N° 22.) I I9
( 896 )
» La plupart des points où Ton a signalé jusqu'ici des moraines et où
j'ai cru moi-même d'abord en trouver ne présentent que des éboulis. Je
crois pouvoir affirmer qu'il n'existe pas de moraines typiques dans ces
hautes vallées. On s'expliquera facilement ce fait si l'on songe qu'il n'existe
aucun moyen de distinguer des éboulis la moraine de surface ou la moraine
latérale dès qu'elle a été remaniée par l'érosion, et que les glaciers suspen-
dusn'ont généralement pas de moraine de fond. Sur les jjentes de Câr-
bunele (entièrementforniées de roches vertes), M. Munteanu a déjà signalé
la présence de blocs de gneiss, assez difficiles à expliquer. Ces blocs peuvent
être les restes d'une moraine latérale du glacier de Jezeru.
>) Plusieurs faits semblent indiquer l'existence de deux et peut-être trois
périodes glaciaires, au moins sur le versant nord. Tous les cirques du ver-
sant nord sont accompagnés de petits cirques parasites qui présentent tous
les caractères de la topographie glaciaire d'une façon bien plus nette que
les grands cirques, et peuvent être considérés comme les traces d'une pé-
riode glaciaire plus récente. Au débouché de plusieurs cirques du versant
nord (Jezeru, Giïuri, Coasta Petresi, Urda) et d'un cirque du versant sud
(Moharu), on obserA^e une série de terrasses dans le rocqui permettent de
reconstituer une vallée beaucoup plus large, plus élevée et d'une pente
généralement plus rapide que la vallée actuelle. Sur ces terrasses on trouve
des roches moutonnées qui manquent dans le fond de la vallée. C'est sur
une pareille terrasse que sont les blocs de gneiss de Carbunele. Il faut donc
admettre au moins deux périodes glaciaires séparées par une période d'é-
rosion. Jja première, dont la plupart des traces ont disparu, s'est étendue
jusque dans les vallées et doit dater de la fin du pliocène; la deuxième qui
ne forma que des glaciers suspendus, limités aux cirques des hautes val-
lées, n'a pas laissé de moraines, mais d'après la position des roches mou-
tonnées on peut fixer la limite moyenne des glaciers à 1700™ et la limite
des neiges éternelles à iSao"".
» Une rapide exploration de la répion la plus élevée du massif des
Fogarash (Negoiu, Paltinu, Buda, Capra, Riosu) m'a conduit à des consta-
tations analogues. J'ai découvert sur le versant sud un grand nombre de
cirques dont la Carte ne porte pas la plus légère indication, ainsi que
plusieurs lacs d'origine glaciaire incontestable. Dans les cirques de Capra
j'ai trouvé des roches polies et moutonnées et des striés d'un étal de
conservation parfait. Au contraire du massif du Paringu, la glaciation
paraît avoir été j)Uis intense sur le versant sud que sur le versant nord.
Il semble en être de même dans le massif du Bucegiu que j'ai visité l'an-
née dernière.
( «97 )
» Tout cet ensemble de faits concorde avec la récente découverte des
traces d'une glaciation dans le Riladagh par M. Cvijic. »
PIIYSIOLOGIK. — La variation négative n'est pas un signe infaillible d'activité
nerveuse. Note de M. A. Iïerzex.
« On sait que l'actiNité d'nn nerf est accomjiagnée de négativité élec-
trique; on ne connaît aucune exception à cette règle et l'on est, par consé-
quent, autorisé à admettre que, toutes les fois qu'un nerf devient actif,
il devient en même temps électro-négatif. Mais on admet comme allant de
soi que Vinverse est également vrai, c'est-à-dire que toute variation négative
éveillée dans iiii nerf par une irritnlinn, fût-elle fonctionnellement inefil-
cace, est nécessairement accompagnée d' activité physiologique de ce nerf. Or,
non seulement cette présomption ne repose sur aucun fait connu, mais u.i
certain nombre de faits indiquent que la variation négative peut avoir lieu
dans un nerf encore excitable, sans qu'il devienne actif. J'ai signalé ces faits
en 1898 (dans V Intermédiaire des Biologistes). Cependant, comme ils se
rapportent à des nerfs et à des organes terminaux plus ou moins altérés,
jo me suis attaché à trouver le moyen de produire la variation négative dans
des nerfs normaux aboutissant à des organes périphériques intacts, sans
activité physiolo;^i<p!o.
)) On connaît depins longiemps un certain nombre de substances qui
ont, sur les nerfs avec lesquels on les met directement en contact, une
action très particulière : le trajet du nerf soumis à leur influence perd peu
à peu son excitabilité locale, sans que sa conductibilité subisse une dimi-
nution appi éciïible; d ms ces conditions, le trajet nerveux modifié transmet
parfaitement les impulsions centripètes et centrifuges qui lui arrivent de la
partie périphérique ou de la partie centrale du nerl, mais il est totalement
iîiciipable de transformer lui-même en activité fonctionnelle les irritations
([ue l'on fait agir directement sur lui; elles ne produisent aucun effet phy-
siologique, ni sensitif ni moteur.
» Il était tout indiqué de l'aiie quelques expériences sur des nerfs placés
dans ces conditions, afin de voir si l'iiritation du trajet inexcitable, bien
qu'elle ne fournisse aucun effet fonctionnel, produit néanmoins une varia-
tion négative dans les parties normales du nerf situées près du centre ou
plus près du muscle.
» Quelques essais préliminaires nous montrèrent, à M. Radzikowski,
( »;.« )
mon assistant, et à moi, que la cocaïne et le chloral étaient, dans ce but,
préférables à d'autres substances, et nous eûmes à plusieurs reprises de
bonnes variations négatives dans les parties normales du nerf en irritant sa
partie inexcitable. 'SI. Radzikowski a en outre trouvé que la substance qui
agit le mieux est la chloralose. Son action est plus lente, mais plus con-
stante.
n II se pourrait que nos constatations entraînassent des conséquences
d'une grande portée : elles semblent inconciliables avec les théories domi-
nantes concernant la nature intime de l'activité nerveuse. En effet, dans
l'expérience sur un nerf rendu localement inexcitable, la variation néga-
tive naît seule dans la partie modifiée du nerf et se propage seule dans ses
parties normales; elle n'est donc ni l'effet nécessaire, ni la caM^e néces-
saire de l'aclivilé foLicliounelle, qui serait quelque chose d'autre et quelque
chose de plus que le phénomène électrique qui l'accomiiagne habituelle-
ment. Néanmoins, la conciliation est. possible, à la condition qu'd soit
expérimentalement démontré qu'il s'agit de deux formes dilïérentes de va-
riation négative, l'une brusque et rapide, phvsiologiquement efficace, et
l'autre graduelle et lente, phvsiologiquement inefficace. Le galvanomètre
à lui seul est impuissant à révéler cette différence. Il appartient à des re-
cherches ultérieures d'établir si elle existe et, selon le résultat auquel elles
aboutiront, les théories actuelles pourront être maintenues dans leur inté-
grité ou devront être modifiées. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Embolies cellulaires.
Note de MM. Charrin et Levaditi ('), présentée par M. Cb. Bouchard.
« Nous venons d'observer des faits qui permettent d'établir que le cou-
rant sanguin peut transporter des cellules constitutives des différents
organes de l'économie.
» Dans un premier cas, il s'agit d'une femme qui a succombé aux
atteintes d'une fièvre tyj)hoïde grave contractée au terme d'une grossesse.
— En dehors des lésions caractéristiques de l'intestin, nous avons constaté
une dégénérescence profonde du foie et du myocarde, organes décolorés,
mous, dépressibles. Mais nous avons surtout été frappés par l'existence,
(') Travail du laboratoire de Médecine expériinenlale de l'École des Hautes
Études.
( 899 )
dans quelques capillaires, d'éléments figurés ; ces éléments, découverts dans
les vaisseaux hépatiques comme dans ceux du cœur, du rein ou du poumon,
nous ont paru constitués par des débris de cellules provenant, pour une
part, de la glande biliaire. De plus, dans les artérioles cardiaques et pul-
monaires, nous avons décelé, d'une façon indiscutable, des fragments de
muscles striés à noyau central, autrement dit, en raison de ces caractères'
des fragments myocardiques; dans une de ces artérioles cardiaques on a
reconnu deux de ces fragments entourés de globules rouges mélangés à
des gouttelettes graisseuses. Dans une veinule du poumon, on a rencontré
une de ces cellules musculaires du myocarde parfaitement conservée, placée
près de la paroi et entourée de nombreuses hématies.
)) Dans un second cas, nous venons de découvrir, dans des capillaires
du foie, des éléments anatomiques soit de cet t)rgane, soit du revêtement
des canaux biliaires : ce foie a été recueilli chez un lapin mort des lésions
que provoque la pancréatine en circulation. — Un des capillaires des
espaces portes, contient sept de ces éléments anatomiques hépatiques, dont
l'un présente deux noyaux; ce capillaire renferme, en outre, quatre cel-
lides épithéliales provenant de la membrane interne des voies de la bile, et
tout autour des globules rouges très pâles, mêlés à d'abondants leu-
cocytes.
» En présence de ces constatations, la première idée qui vient à l'es-
prit, c'est que, par suite d'un singulier hasard, ces éléments ont pu être
placés dans ces vaisseaux par les mouvements du rasoir qui a servi à pra-
tiquer les coupes. Toutefois, comme ces embolies cellulaires existent dans
un assez grand nombre d'artérioles ou de veinules, il faudrait admettre la
répétition de cette cause d'erreui-, et, si sa fréquence est telle, on ne con-
çoit pas comment des faits de cette nature n'ont pas depuis longtemps et
fréquemment été signalés, d'autant plus qu'on retrouve ces embolies dans
des plans successifs d'un même conduit sanguin; d'ailleurs, comment con-
cilier cette interprétation avec l'exislence des fragments musculaires myo-
cardiques dans des capillaires pulmonaires, attendu que, de telles fdjres
musculaires n'entrant pas dans la structiu-e du poumon, on ne peut pour-
tant pas soutenir que ce rasoir, en coupant, a détaché et transporté
quelques-unes de ces fibres?
» On ne saurait prétendre daAantage que ces cellules en suspension
dans les liquides conservateurs ou les réactifs colorants se sont fixées sur
ces pièces; d'une part, en eifet, en examinant ces liquides, on retrouve-
rait tout au moins un petit nombre de ces corps; d'autre part, dans ces
( yoo )
conditions, on les décèlerait uniquement à la surface et non dans l'épais-
seur des parcelles d'organes recueillies sur l'animal, dans des coupes suc-
cessives; enfin, sur une de ces coupes prises isolément, un fort grossisse-
ment ne permettrait pas de reconnaître que ces divers éléments sont au
même niveau et nullement superposés, tandis qu'un dépôt superficiel en-
traînerait forcément cette superposition.
» Si la réalité de ces embolies est indiscutable, il n'est pas aisé de pré-
ciser le mécanisme de leur formation et surtout de leur pénétration intra-
vasculaire.
« A la vérité, dans le foie de l'animal tué par la pancréatine, à côté de
territoires relativement sains, on aperçoit des foyers constitués par des
cellules hépatiques dissociées, isolées, flottant pour ainsi dire librement,
faciles, par conséquent, à déplacer puisqu'elles ne sont plus dis|)osées et
fixées en travées régulièrement ordonnées; de plus, dans quelques-uns de
ces fovers existent des globules rouges sortis des canaux artériels ou vei-
neux. Peut-être s'est-il produit là une de ces hémorragies qu'engendrent
assez souvent les toxines ou les diastases. Peut-être cette hémorragie en
rompant le capillaire a-t-e!le pratiqué, dans la paroi, une brèche capable
de laisser ces cellules devenues libres s'introduire dans la circulation;
peut-être aussi, résorbés en quelque sorte dans les espaces lymphatiques,
ces éléments sont-ils ensuite conduits par la lymphe dans les vaisseaux san-
guins. Tout en penchant pour la première de ces hypothèses, nous man-
quons de données suffisantes pour trancher définitivement la question.
» Un point paraît acquis, c'est que ces transports n'ont dû se faire que
dans les derniers moments de la vie. Quand, en effet, on injecte dans une
veine des cellules du foie, du rein, etc., on les voit en général dispa-
raître promptement. Maximow, après avoir malaxé un placenta, a réussi à
retrouver dans les viscères des débris détachés de ce placenta ('); Klebs ("),
Sohmorl ('), lAibarscb (*) avaient, du reste, indiqué, dans certains capil-
laires, la présence, d'éléments le plus ordinairement dérivés de la moelle
osseuse, sans jamais signaler de fibres musculaires.
» Néanmoins, ou conçoit à quel point ces résultats sont suggestifs; en
dépit de cette rapide disparition des parcelles de viscères expérimenta-
(') Parenchy mezelLcn Embolie {Fort. d. Mcd., iSgS).
C^) Deitràgc Ziegler; Bd. III, 1888.
{^) Puerperalcklampsie ; Leipzig, iSgS.
{•') Fort, der Med., Bd. XI, iSqS.
( 9"! )
lement introdiiiles dans le sang, on entrevoit tonte nne série de déductions
relatives à la greffe on an transport des cellnles bactériennes, cancéreuses
on autres. Des perfertionnements de technique ou des recherches plus hen-
reuses permettront sans doute nn jour de constater la fixation, suivie d'évo-
lution, de ces éléments anatomiques d'organes; dès lors, les chercheurs
pourront, avec plus de facilité comme aussi a\pc plus de précision, étudier
une foule de questions, même en dehors de celles qui touchent aux géné-
ralisations néoplasiques. »
CHIRURGIE. — Sur un cas d' endothéliome des os. Note de M. Paul Berger,
présentée par M. Lannelongue.
« Les endothéliomes des os paraissent avoir été d'abord confondus aver
les carcinomes primitifs des os dont ils se rapprochent par quelques-uns
de leurs caractères histologiques et par leur évolution chimique.
» Ce n'est qu'à parlirdes travaux d'Hildebrand et deRudolph Volkmann
que l'origine conjonctive de ces tumeurs a été mise hors de doute et qu'elles
ont constitué un groupe distinct des autres variétés de sarcomes par leur
structure et la nature de leurs éléments.
» Nous ne connaissons que deux observations appartenant à cette sorte
de tumeurs qui aient été publiées en France; elles sont dues à MM. Poncet
ctDor (de Lyon), et à M. Gross (de Nancy). Le fait dont nous donnons le
résumé et dont l'étude anatomique détaillée a été faite par M. leDTernand
Bezançon, chef du laboratoire de Chimie à la Faculté de Médecine, précise
les notions que nous possédons sur les caractères microscopiques et sur
les relations originelles de ces tumeurs et permet d'indiquer quelques-uns
des signes chimiques qui pourront servir à en faire reconnaître l'existence.
» Une femme de cinquante-quatre ans, après quelques mois de douleurs
vives dans le membre supérieur gauche, présente une fracture spontanée
au tiers supérieur de l'humérus; bientôt apparaît en ce point une tumeur
pulsatile qui nécessite la désarticulation de l'épaule. A peine la malade
est-elle guérie qu'on voit se développer une nouvelle tumeur pulsatile au
niveau de la région frontale gauche et qu'une autre tumeur, également
pulsatile, se montre à la région trochantérienne gauche qui, même avant
l'apparition de la première tumeur, avait été le siège de quelques douleurs.
» Cette tumeur détermine bientôt la production d'une fracture spon-
( 9^2 )
lanée du fémur. Des hématuries, des hémophysies indiquent la généralisa-
lion de la néoplasie et l'invasion de la cachexie terminale.
» Examen de la tumeur. — La tumeur a complètement détruit le tiers supérieur
de la diaphvse luimérale sans envahir la tête liuniérale, les muscles qui s'j' insèrent et
l'articulation scapulo-huraérale; elle est limitée par une capsule conjonctive du côté
des parties molles, mais elle pénètre dans les espaces médullaires de l'os malade. Sa
coupe est parfaitement homogène.
» L'examen histologique, pratiqué par iM. Bezançon, y démontre les caractères
suivants : la tumeur est exclusivement constituée par des alvéoles remplis de cellules;
ces alvéoles ne ressemblent que grossièrement aux alvéoles des cancers. Les cloisons
qui les séparent sont formées par des capillaires sanguins du plus petit calibre qui
délimitent des mailles remplies par les formations cellulaires. Celles-ci reposent direc-
tement sur la paroi des capillaires sans interposition de tissu conjonctif; tantôt elles
remplissent tout l'alvéole, tantôt elles laissent à son centre un espace clair dépourvu
de cellules.
» Les cellules ont de i5 à aofji de diamètre, elles sont cylindriques ou polyédriques,
parfois renflées à leur extrémité; elles sont constituées par un protoplasma clair ne
(ivant ni les couleurs acides (éosine), ni les couleurs basiques d'aniline (thionine);
elles possèdent un gros noyau vésiculeux, peu riche en chromatine et pourvu d'un
gros nucléole. On n'y trouve nulle part de figures de karyokinèse.
1) La forme, les caractères physiques et hislochimiques de ces cellules les dis-
tinguent absolument des cellules épilhéliales; leurs rapports avec les ca|)illaires dans
les mailles desquelles elles sont logées démontrent qu'elles procèdent de l'endotliélium
vasculaire ou des cellules endothéliales des gaines péri-vasculaires.
» Cette tumeur est donc un exemple indiscutable d'endothélium des os à forme
alvéolaire.
)) T/endolhélium des os présente une autre forme histologique, plus
rare, l'endothéliuin tubulé dans lequel les formations cellulaires se pro-
longent sous forme de cordons cellulaires anastomosés autour de cajiil-
laires ramifiés qui en constituent en quelque sorte la lumière. Ces tumeurs
rentrent dans la catégorie des tumeurs plexiformes.
» Enfin, il est des cas où la formation endothéliale paraît indépendante
des vaisseaux sanguins et où elle dérive des cellules des fentes lympha-
tiques du tissu conjonctif: les observations de Liicke, de Driessen, d'En-
gelmann et de von Liickowicz en sont des exemples.
» L'endothéliome des os [)résente quelques caractères cliniques qui,
sans être constants, se rencontrent assez fréquenuuent réunis; notre obser-
vation en est un des exemples les plus complets. Ce sont des tumeurs à dé-
veloppement rapide; elles déterminent souvent de bonne heure des frac-
( 9o3 )
tures spontanées au niveau des points où elles se développent. Elles
présentent des pulsations artérielles, une expansion, à l'auscultation du
souffle, qui s'observent non seulement dans la tumeur originelle mais dans
les tumeurs secondaires: elles constituent donc une variété des ané-
vrismes des os. Enfin, elles sont parfois multiples d'emblée (cas de Rus-
tifzky, de Zîibn, de Kahler, de Wieland, de Marckwald) : il semble que
dans notre cas la tumeur du fémur, qui s'était annoncée dès le début par
des douleurs à la cuisse, et celle du frontal, qui apparut aussitôt après l'opé-
ration, doivent être considérées comme contemporaines de la tumeur de
l'humérus et non comme des récidives.
>' Les endolhéliomes des os sont des tumeurs éminemment malignes;
l'amputation même éloignée du membre ne mettra pas toujours à l'abri de
leur récidive ou de leur généralisation. »
M. G. ViKCENTi adresse des « Études de Phonographie et de Phonotélé-
graphie ».
A 3 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Chimie présente la liste suivante de candidats pour la
place laissée vacante par le décès de M. Friedel :
En première ligne M. Étakd.
En deuxième ligne M. Le Bel.
En troisième ligne, par ordre alphabétique. . .
Les titres de ces candidats sont discutés.
Ij'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures trois quarts.
MM. COLSON.
Hanriot.
j ungfleiscu
Le Chatelier.
Le moïse.
xVI. B.
G. R., 1899, 1' Semestre {t. CXXIX, N« 22.)
120
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLA RS,
Quai des Grands- Augusiins, n" 55.
epuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièremenl le Dimanche. lis forment, à la fin de l'année, deux Tolumes ln-4*. Deui
'ses l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
it art du i" janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
I Paris : 30 fr. — Départements : 30 fr. — Dnion postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
chez Messieurs
t Ferrsn frères.
i Chaix.
T ; Jourdan.
(Ruer.
Si
!
Courtin-Hecquet.
( Germain etGrassin.
I Lachése.
Jérôme.
Lorient.
nçon Jacquard.
, Feret.
eaux Laurens.
( Muller (G.).
ges Renaud.
/ Derrien.
F. Robert.
j J. Robert.
[ Uzel frères.
Jouan.
Jtberv Perrin.
i Henry.
bourg..
C,
C. mont-Ferr.
D.
D,
Gi
'^
Le t
Lu.
( Marguerie.
( Juliot.
j Ribou-Collay.
■ Lamarche.
1 Ratel.
(Rey.
, ( La.uverjat.
[ Degez.
wble 1^"^.^'-
I Gratier et O'.
■oehelle Foucher.
\ Bourdignon.
( Dombre.
( Thorez.
( Quarré.
chez Messieurs :
( Baumal.
I M"* Texier.
Bernoux et Cumin
l Georg.
Lyon « Côte.
Savy.
Ville.
Marseille Ruât.
if .. Il- i Calas.
Montpellier „ , .
( Coulet.
Moulins Martial Place.
i Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidot frères.
( Loiseau.
l Veloppé.
I Barma.
' Visconli et Cv
Aimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
Blanchier.
Marche.
Bennes Plihon et Hervé.
Bocke/ort Girard (M»").
{ Langlois.
( Leslringanl.
S'-Élienrie Chevalier.
j Ponleil-Burles.
( Rumèbe.
j Gimet.
i Privai.
Boisselier.
Tours J Péricat.
' Suppligeon.
( Giard.
! Lemaltre.
Nantes
Nice.. .
Aime
Orléa
i Poitiers..
Bennes
Boche/
Bouen.
S'-Étie
Toulon.. .
Toulouse..
Tours
Valenciennes.
On souscrit, à l'Etranger,
A msterdam .
Berlin.
Bucharest.
chez Messieurs :
Feikema Caarelsen
et C".
Athènes Beck .
Barcelone Verdaguer.
Asher et C".
Dames.
Friedlander et fils.
Mayer et Millier.
Berne Schmid et Francke.
Bologne Zanichelli.
Lamertin.
Bruxelles { Mayolezet Audiarte.
Lebègue et C'".
Sotcheck et C°.
Storck.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BelletC".
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hôsl et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
Cherbuliez.
Genève ' Georg.
' Stapelmohr.
La Haye Belinfanle frères.
Benda.
Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig Lorenlz.
Max Rûbe.
Twielmeyer.
, Desoer.
^'^S^ IGnusé.
chez Messieurs :
. Dulau.
^"""^'•«^ Hachette et C".
' Nuit.
Luxembourg . ... V. Biick.
Libr. Gutenberg.
Madrid I Rome y Fussel.
I Gonzaiès e hijos.
F. Fé.
Milan I Bocca frères.
' Hœpli.
Moscou Tastevin.
Aaples (Marghieri di Giu,.
( Pellerano.
( Dyrsen et Pfeiffer.
New-Vork Slechert.
' LemckeetBuechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C-
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés et Mouii.
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro Garnier.
D 1 Bocca frères.
Bome ,
f Loescheret C".
Botterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallm
S'-Petersbourg.
Lausanne.
^ Zinserling.
; Woiff.
j Bocca frères.
j Brero.
\ Clausen.
1 RosenbergetSellier.
Varsovie Gebethner et Wolff
Vérone Drucker.
,,. \ Frick.
Vienne „ , ,
( Gerold et C'-.
Ziirich Meyer et Zeller.
Turin.
ITàBUS générales des comptes rendus des séances de L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes !•' 31. — ( 3 Août i835 à 3i Décembre i85o.) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— ( i" Janvier i85t à 3i Décembre i865.) Volume in-4''; [870 Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— 1 i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1S80.) Volume in-4"; "889. \\\%. 15 fr.
....
lUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
T me I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DerbÉs et A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbation» qu'éprouvenlies
Co ites, par M.Han(bn. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
gri es, par M. Claudb Bernard. Volume in-4°, avec Sa planches ; i856 15 fr.
US II: Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. V*n Bknedïn. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
p>i le concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
« 1 intaires, suivant l'ordre de leur superposition . — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
• c. rapports qui existent entre l'étatactuel du régne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
' la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
W 22.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 27 novembre 1899.
RIEWOIRES ET COMMUNICATIOXS
DES MEMBUES et des correspondants de L'ACADÉMIE.
Pages.
.M. le J^ECRÉTAIRE PEliPÉTrEL rend rnmple à
l'Académie de l'élat présent de la Sous-
cription pour élever un ninnumi^nl à La-
voisier 855
M. J. BoussiNESy. - Propagation, dans un
Pages,
milieu transparent, liétérogéne, d'un
pinceau latéralement limité de lumière
parallèle : inlégratiou des équations du
mouvement Sôg
MEMOIRES PRESENTES.
M. Lanfrev. — Expériences sur la destruc-
tion du Phyllo.xera .S65
M. Fr. Bailly soumet au jugement de l'Vca-
démie un Mémoire « Sur un ajipareil
volant » 865
M. Deiss adresse une Note relative à " son
procédé d'extraction du caoutchouc i. .. SGô
CORRESPO.\DANCE.
M. J. Guillal.me. — Observations des Léo-
nides, faites en iSgy à l'observatoire de
Lyon
M. Cii. Trépied. — Observations des Léo-
nides, faites, à l'observatoire d'.\li;er,
les i3, I.') et i5 novembre 1899
AI. Harold Tarry. — Observation des Léo-
nidcs à Alger
M. H. Leblsuue. — Sur la déliuitiun de
l'aire d'une surface
.M. Michel Petrovitch. — Sur le nombre
de racines d'une équation algébrique com-
prises à l'intérieur d'une circonférence
donnée
AI. H. Fade. — Sur la généralisation des
développements en fractions continues,
donnés par Lagrange, de la fonc-
tion (t -f- j:)"
-AI. P. DfHE.M. — Sur la stabilité de l'équi-
libre des corps flottants et, en particulier,
d'un navire qui porte un chargement
liquide
AI. .\i-PELL. -- Kemarque sur la Communi-
cation précédente de AI. P. Dulicm
Al. Du-ssacd. - Sur le l'cndenient de la
866
«67
Siig
S-o
S75
880
transmission du son par l'électricilé
iVI. P. Villard. ~ Sur l'action chimique
des rayons X
AI. J0UNIAU.X. — Sur laclion de l'acide
chlorliydrique sec .sur l'argent et réaction
inverse
AIM. E.-E. Blaise et G. Blanc. — Sur la
campliénylonc
AI.M. Adriax et A. Trillat. — Sur la matière
colorante de la digitale
M, .1. TuouLET. — Sur une expérience rela-
tive aux courants sous-marins
AI. Victor Jodix. — Sur la résistance des
graines aux températures élevées
AI. t:. m; AIarto.nne. — Sur la période gla-
ciaire dans les Karpates méridionales
M. A. Hehzen. — La variation négative
n'est pas un signe infaillible d'activité
nerveuse
AIAI. Charrix et Levaditi. — Embolies cel-
lulaires
AI. Paul Berger. — Sur un cas d'cndolhé-
liome des os
M. G, A'incenti adresse des .> Études de
Phonographie et de Phonotélégrai)liie >•..
88»
883
S83
88ti
889
891
893
S94
89:
S98
901
<io3
COMITE SECRET.
Liste de randidals présentés pour la place
laissée vacante, dans la Si'ction de Chimie,
par le décès de AL Frk'del : 1" .AI. litard;
•j° AL Le Bel: 3» MAI. Cohon^ Hanriot,
Jungfleisch, Le Chatclicr. Lemoine goS
t'
^
PAKIS. — IMPKIMKKIK G .\. U I' H 1 b. It- V t L L .\ K S
Quai des Grands-Augustins, 55.
/.« CeranI .* (>AOrBiER-ViLLATit
JAN 17 190O
ioi^ 1899
SECOAD SEaiESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES ,
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR itm. IiES SECRÉTAIRES PERPÉTUEIiS.
TOME CXXIX.
N^ 23 (4 Décembre 1899).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2^ MAI iByS.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Mepibres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus s
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1".
Impressions des travaux de C Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou car unAssociéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
l^es communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit lait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académ
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Ra
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'auta
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance pi
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personn
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un r
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires so
tenus de les réduire au nombre de pages requis. ]
Membre qui fait la présentation est toujours nonini'
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extr;
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils lefo
pour les articles ordinaires de la correspondance oi
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à tenij
le titre seulduMémoireestinséré dans le Compte ren
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu si
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des a
leurs; il n'y a d'exception que pour les Raj)ports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative f
un Rapport sur la situation âes Comptes rendus ap
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pi
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de >
déposer an Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivai
JAN 17 1900
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 4 DÉCEMBRE 1899,
PRESIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
OPTIQUE PHYSIQUE. — Justification du principe de Fermât sur l'économie du
temps, dans la transmission du mouvement lumineux à travers un milieu
hétérogène, d'ailleurs transparent et isotrope ; par M. J. Iîoussixesq.
« T. Passons au cas où, dans le plan a; = o de la première couche hétéro-
gène ( '), le déplacement transversal elfectif se trouve incliné, partout où
il n'est pas nul, d'un angle constant V sur le plan tl'incidence, sa valeur v
étant d'ailleurs de la forme —Wl — my,y,z), avec J/' ou, par suite,
V '0
/y dl = i, fonction arbitraire ûunnée, rapidement variable, de t — my et,
lentement variable, de v, z. L'on aura évidemment, pour toutes les valeurs
(') Noir le précédent Compte rendu, p. SSg.
C. K., 1899, 2« Semestre. (T. CXXIX, N° 23 ) 121
( 9o6 )
,./
positives (\ex, ^ égala ^[/sinV, dans l'expression ^ de 'C, mais égal à icosV,
dans l'expression analogue de S, les valeurs de i et de ']/' étant, au point
quelconque {^,y, s), et à l'époque t, celles quiexistaient, dans le plan même
a; = G, au point d'où en émane la trajectoire, normale aux ondes, qui
aboutit en (a?, y, ;;), et à l'instant de départ de l'onde qui arrive actuelle-
ment en ce point (ar-, j. -).
Ainsi, les deux composantes notables ou sensibles, C, ^. des déplacements
seront, en ne mettant en évidence dans <!'(') que la variable principale,
(o4) î: = ±1 ,y (/ - my -flda^j, S = î2lY .y f, _„,_,._ p,/,,).
(') Si l'on voulait faire figurer explicitement, dans les fonctions 'Y et •}, toutes les
variables dont elles dépendent, on pourrait, par exemple, appeler y^,, Sq les coordon-
nées jy, s des divers points de la première couche hétérogène j"=o, et <„ les instants
du passage ou du départ des ondes en ces points. Alors les valeurs initiales de 'Y ou
de i}*, c'est-à-dire leurs valeurs dans cette couche, arbitraires et données, s'écriraient
Or, de chaque point ( >'„, :,,) du plan ct- = o émane un rayon avant pour équations
différentielles rf; := o. dy —dj;^o, ou pour équations intégrales
r"' dx
= =-0. y — m I -j = r„.
De plus, chaque élément, dn, de ce rayon somme de ses projections dx et dy respec-
tivement projetées elles-mêmes sur lui, ou exprimé par — =:^= dx -\ — — dy,
\/l- -\- m- y,7'--t- ni-
exige, pour être parcouru par les ondes, le temps — =^ \//- + //;- dn, c'est-à-dire
(0
simplement l dx -h mdy; de sorte que la durée de parcours du rayon, jusqu'au point
{x,y, z),(iilm{y — y„] -^ j Idx.
Ainsi, d'après les lois concrètes établies ci-dessus, les valeurs de <V et de •!/, en
(x, y, z) et à l'époque t, sont les valeurs connues qu'avaient prises Y et <l an point
/'' / '
du plan j- = o ayant les coordonnées r„ ^= >' — m j -j- , z„^= :, el à l'époque
'- Il
t„^= l — m{y — v„) — / /dx, qui donne
t^ — »!/„=: t — »( ) — / l dx.
( 907 )
» II. Quant à leur petite composante longitudinale, formée par la su-
perposition de celle, (17), qui correspond aux mouvements effectués dans
des plans normaux au plan d'incidence, et des deux, (12) et (aS), qui cor-
respondent aux mouvements effectués parallèlement au plan d'incidence,
elle se composera de deux parties distinctes, dues, l'une,
à l'hétérogénéité du milieu, c'est-à-dire à la lente variation, avecir, du para-
mètre /= v/ ~ï "~ '"" o" ^^ ^^ vitesse oj de pro|>agation; l'autre,
(.6) e,==^(^NiuV+^NosY
à la lente variation du déplacement transversal effectif \,''C' -+- ^' sur une
même onde et à un même moment.
» Dans l'expression (2(j) de celle-ci, la quantité entre parenthèses est
la somme des petites dérivées partielles de la fonction <^ suivant les deux
sens respectifs de dz et de ds, multipliées par les cosinus directeurs sinV,
cosV, relatifs à ces deux éléments rectilignes, d'un petit arcr/S tiré, aussi
dans la surface d'onde et à partir de Çi\y, :■), suivant la direction (positive)
des déplacements sensibles totaux /(' + ^'- La somme dont il s'agit repré-
sente par conséquent la dérivée de la fonction (J^ suivant la propre
direction du mouvement transversal ; et l'on a
(27) '' = R^S'
formule comprenant comme cas particuliers les deux précédentes (17),
(23). C'est donc une loi générale, que le petit déplacement longitudinal e,
Les fonctions ']/' et '^ recevront donc les expressions, explicites en t, x, jet z,
■i^' (t — my - j Idx, y — mj -^, :. j
et
'^[t — my — I Idx, y — m j —, z\,
la première étant la dérivée de la seconde par rapport à la variable t — m y — / Idx.
( 0"8 )
ne dépend ;i 1res peu près, dans un milieu isotrope, que du mode de varia-
tion, suivant leur pro|)re sens, des déplacements transversaux effectifs.
» III. Mais laissons de côté les déplacements longitudinaux qui, étant
du premier ordre de petitesse comme ,, ' "^ — r) ne donnent lieu qu'à des
vitesses vibratoires du même ordre et à des demi-forces vives d'ordre supé-
rieur, c'est-à-dire négligeables dans notre théorie approchée. Ne nous
occupons que du déplacement transversal, seul sensible, résultant des deux
composantes "C, S, et qui, incliné partout, d'après (24), de l'angle V sur le
plan d'incidence, a pour valeur - • La vitesse vibratoire est évidemment sa
'h" . il"'
dérivée par rapport au temps, ^_; et elle a pour carré -^•
» Cela posé, considérant dans notre milieu transparent un rayon lumi-
neux limité par des trajectoires orthogonales à toutes les surfaces d'onde,
et d'une très petite section normale variable c, évaluons la demi-force vive
que charrie, le long de ce rayon, ime onde quelconque, à laquelle nous
attribuerons partout une épaisseur infiniment petite, wdr, telle, que cette
onde emploie un petit temps constant donné, d-z, à passer par un quelconque
de ses points.
» Le ravon sera, par exemple, compris, d'une part, entre deux plans
parallèles au plan d'incidence et distants de ôz-, d'autre part, entre deux
petites surfaces cylindriques, de hauteur Oz, normales au même plan et
inclinées sur les xz de l'angle variable i d'incidence. Ces surfaces cylin-
driques coupant ainsi, toutes les deux sous le même angle i, cbaque plan
normal aux x, leur intervalle, Oy, mesuré dans le sens parallèle aux v,
sera constant; et leur espacement perpendiculaire Os, largeur variable du
ravon, égalera, par suite, (Jycosi ou ' La section (j, c'est-à-dire J^ Je,
du ravon, vaudra donc — - " • Par suite, l'élémentd'onde.d'épaisseunor/-:,
V' '^ + '"^
.,. , 11 loiOvd^d- lOyOzdi
a considérer dans ce ravon, aura le volume , ou -jf —■
» Dans l'évaluation de sa masse, regardons, à la manière de Fresnel,
l'éther du corps comme plus dense que l'élher libre, ou assimilons à une
surcharge inerte d'éther la matière [)ondérable, en tant qu'elle participe
(faiblcmonl) au mouvement vibratoire. Autrement dit, prenons comme
densité du milieu vibrant le quotient, -4 ou <j.{l- -\-m-), du coefficient
( 'J"9 )
d'élasticité [j. de l'éther libre par le carré de la vitesse w de propagation.
La masse vibrante à considérer, produit de cette densité par le volume
ci-dessus, sera donc simplement (<j.dydzdx, ou pr()|)ortionnello à /; et, le
carré de sa vitesse étant ,-> elle aura pour demi-force vive le proiiuit
(28) '^[j:Y-'\Ydz,h.
Or celui-ci est, le long du rayon quelconque suivi, fonction uniquement de
la variable principale -r : il reste donc constant durant toute la propagation
de l'onde considérée, que définit une valeur particulière de t.
» Ainsi, la proportionnalité inverse, à yjï, du déplacement vibratoire
qu'apporte chaque onde aux divers points d'un même rayon quelconque,^
signifie simplement (|ue la demi-force vive possédée par tout élément d'une
onde, au départ de celle-ci dans le milieu, se transmet intégralement avec L'onde
même, le long du rayon mené à partir de cet élément el normal aux positions
successives de l'onde.
» Cette loi, établie pour le cas de vibrations sensiblement rectilignes
polarisées, s'élend d'elle-même au pinceau résultant de la superposition
de deux, autres de même direction, polarisées respectivement dans deux
azimuts rectangulaires, comme il arrive quand il s'agit de lumière naturelle.
Et alors les deux pinceaux continuent à cheminer ensemble ou à n'en faire
qu'un, nos formules ne faisant nullement, dans un milieu isotrope, dé-
pendre la direction des ondes de celle du mouvement vibratoire dans leur
plan, ni, par suite, le sens des rayons, de leur mode de [polarisation.
» IV. Maintenant que nous savons comment progresse, dans un milieu
transparent à couches isotropes planes et parallèles, le mouvement excité
iiar uu pinceau de liunière parallèle qui v pénètre, il nous est facile d'ob-
tenir les lois élémentaires de la transmission d'un jjareil pinceaLi dans un
milieu à .couches courbes et non |)nralléles. Jusqu'à des dislances de
quelques longueurs tl'onde tout autoin- (l'ini point assigné quelconque
(.2-, y, s), la vitesse tie propagation m y sera, très sensiblement, la même
que si les surfaces w = const. s'y trouvaient être des plans parallèles au
plan langent, en(^x,y, z), de la véritable surface équiréfringente qui y
passe, et que l'on eût, en (x, y, z), les valeiu's tant de o> que des dérivées
partielles premières -y, données pour ce point. Donc la propagation
" ( ■^' ) J'y ^ )
du mouvement vibratoire s'y fera aussi de même, à très |ieu près, y com-
pris notamment les changements de direction du pmceau lumineux dus à
l'existence de ces dérivées de eu.
» Tl est vrai que le pinceau, en arrivant sur la première des couches
planes et parallèles ainsi considérées et substituées fictivement aux couches
courbes co = const., ne viendra pas d'une région homogène, comme nous
l'avions admis, pour fixer les idées, dans notre analyse. Mais, cette analyse
même montrant que le pinceau conserve, après avoir traversé des couches
hétérogènes, sa nature de pinceau parallèle, ou, en d'autres termes, que
les ondes y prennent seulement des courbures insensibles et que le mou-
vement transversal, s'il était polarisé au départ, reste polarisé, les ébran-
lements se produiront très sensiblement, à l'entrée des couches planes el
parallèles dont il s'agit, comme nous l'avons supposé dans nos calculs.
» V. r/axe du pinceau, dévié dans le plan d'incidence quand les surfaces
équiréfringentes sont planes et parallèles, le sera donc encore, presque
entièrement, dans ce plan. Autrement dit, le plan osculateur du rayon lu-
mineux coïncidera avec le plan d'incidence, ou plan que déterminent le
rayon, à son arrivée sur une surface équiréfringente co = const., et la nor-
male à cette surface. Ainsi, le plan osculateur du rayon lumineux sera par-
tout normal à la surface w = const. traversée.
» De plus, le changement de direction du rayon sur un petit trajet dn
étant, à très peu près, le même que dans le milieu à plans parallèles équi-
réfrmgents, l'angle de contingence correspondant du rayon, que j'appel-
lerai A (en le comptant positivement quand le rayon s'écartera de la nor-
male aux surfaces équiréfringentes traversées), pourra s'évaluer par la
formule qui le donnerait dans l'hypothèse de tels plans parallèles. Or cette
formule est m = const., ou ^^ = const., ^ désignant les angles faits avec
la normale, en {x, y, z), à la surface u = const. qui y passe, par divers élé-
ments successifs du rayon, et, w, les vitesses respectives de propagation de la
lumière sur ces éléments. Prenons donc, pour l'un d'eux, celui qui perce,
en {x, y, z), la surface donnée w = const., et soit i l'angle correspondant
d'incidence, ou angle de l'élément (prolongé) avec la normale à cette
surface, sur laquelle m désignera la vitesse de propagation. Un second
élément sera pris à la distance dn après le premier, là où oj est devenu
oj + f/io et où le rayon, ayant tourné de A, fait l'angle i -t- A avec la même
normale. La relation m =. const. donnera ainsi, sauf erreurs négligeables
de l'ordre de dn- ou de dia"^ ,
/ 2Q ) sinf sin(f-t- A) sin/+(cosj)A {coii)\
<^ ta -i- dtx) (0 -(- o'w f/o) '
( 9" )
c'est-à-dire
(3o) A = — tangj,
formule différentielle fondamentale, bien connue, des réfractions atmo-
sphériques.
» VI. Les déviations élémentaires des rayons lumineux se calculeront
donc par la loi de Descartes ou des sinus, exactement comme si les sur-
faces équiréfringentes étaient des surfaces de séparation de couches homo-
gènes ou produisaient des réfractions proprement dites. Or Fermât a
obtenu, comme on sait, les vraies lois de la réfraction, en admettant
comme point de départ, et en exprimant analyliquement, que la lumière
obéit, dans sa propagation, au principe tle l'économie du temps, c'est-à-
dire que tout rayon suit, entre deux quelconques de ses points, le trajet
y assurant au mouvement lumineux la transmission la plus rapide, eu égard
aux vitesses m qu'impose la nature des milieux traversés.
M Par conséquent, cette belle loi de minimum ou d'épargne, révélée à
Fermât par une inspiration de génie, se trouve ici justifiée, du moins pour
le cas d'isotropie, en ce qui concerne le trajet des rayons hunineux à tra-
vers un milieu de réfringence graduellement variable. Tant dans ce phé-
nomène que lorsqu'il y a rupture brusque des rayons à la surface sépa-
rative de deux milieux, la presque totalité du mouvement est propagée
suivant les voies qui assurent au trajet la plus grande économie possible
de temps.
» Il doit y avoir une raison générale, sans doute à la fois métaphysique
et mathématique (suivant le point de vue d'où on l'envisage), mais qui
nous échappe encore, pour que les transmissions qui se font par ces voies
soient les seules, ou soient seules efficaces. Serait-ce, en quelque manière,
parce que, de tous les mouvements partis en même temps, ceux qui arrivent
les premiers quelque part résulteraient d'impulsions incomparablement
plus nombreuses, et à résultante incomparablement plus intense, que ceux
qui, isolés, arrivent ultérieurement, à raison de ce fait capital, signalé par
Kepler, que les fonctions pourvues d'un minimum ou d'un maximum
restent bien plus longtemps dans son voisinage que dans celui de toute
autre de leurs valeurs? Des considérations d'une telle nature explique-
raient-elles synthétiquement la transmission quasi intégrale, suivant la
normale, de la force vive d'un élément d'onde, circonstance principale de
la propagation dans les milieux isotropes? »
( 0'-' )
PHYSIQUE. — Recherches sur les phénomènes de phosphorescence produits
par le rayonnement du radium; par M. Hexui Becquerel.
« On saiL qu'après avoir découvert eL préparé des substances radio-
actives dont le ravonnement est considérablement plus intense que celui
de rnraniiim, IM. et M""' Curie ont reconnu les premiers que ce rayonne-
ment excitait la fluorescence du platinocvanure de baryum. M. et M™" Curie
ayant eu l'obligeance de mettre à ma disposition quelques milligrammes
de chlorure de baryum radifère extrêmement actif, j'ai pu étudier l'action
du ravonnement de cette matière sur diverses substances phosphores-
centes.
)) Ces substances ont été celles qui ont servi autrefois aux travaux de
mon père, et plus tard aux miens. Je citerai notamment diverses prépara-
tions de sulfures de calcium et de strontium, très lumineuses sous l'action
de la lumière, des minéraux, tels qu'un rubis, un diamant, une variété de
spath calcaire manganésifère, divers échantillons de fluorine, et de la
blende hexagonale très phosphorescente préparée par M. H. Sainte-Claire
Deville. Ces substances étaient pour la plupart réduites en poudre et
collées sur des feuilles très minces tie mica.
» 'Lorsqu'on se place dans l'obscnrilé, et qu'on approche ces substances
à quelques niillimèlres de distance du corps radiant, en évitant l'inter-
position de toute autre matière que l'air, on reconnaît que la plupart
deviennent lumineuses. Celles dont le spectre d'excitation (') est formé
de rayons lumineux, telles que le ridiis et le Sj)ath calcaire précités, ne
deviennent pas phosphorescentes. Au contraire, celles des substances qui
s'illuminent dans les rayons ultra-violets, ou sous l'influence des rayons
de Rontgen, deviennent généralement lumineuses sous l'mfluence du
rayonnement du radium.
» On observe cependant des différences profondes dans les effets de ces
deux rayonnements. Ainsi l'échantillon de diamant qui a servi dans ces
expériences et qui est vivement lumineux sous l'action du radium, ne
devient pas lumineux avec le rayonnement du tubefocus que j'ai employé,
en l'entourant d'un papier noir. Le sulfite double d'uranium et de potas-
sium est plus lumineux que la blende hexagonale, sous l'influence des
(') \'oir en parliculiiT Comptes rendus, l. I^XIX, p. 994; 1869.
( 9t'^ )
rayons X; il l'est moins avec le radium; le sulfure de strontium lumineux
vert est vivement excité par les deux rayonnements; le sulfure de calcium
lumineux bleu, au bismuth, est à peine excité par les rayons X, alors qu'il
devient lumineux lorsqu'on l'approche du sel radifère. Je me borne à ces
exemples que l'on pourrait multiplier.
» Afin d'avoir des données plus précises sur les intensités relatives des
effets lumineux ainsi observés, j'ai établi la disposition photométrique sui-
vante : le chlorure de baryum radifère est placé sur un support mobile, muni
d'une vis micrométrique qui lui permet de s'abaisser ou de s'élever de
hauteurs connues ; au-dessus est disposée, sur un support fixe, la substance
phosphorescente, collée sur une lame de mica ou de verre, la face tournée
du côté de la matière active. A côté de la substance phosphorescente étu-
diée, on projette par réflexion, sur une bande de papier blanc, l'image
d'une soiu-ce lumineuse d'intensité constante, obtenue au travers d'une
lentille munie d'un diaphragme variable, à œil de chat; en faisant varier la
surface de l'ouverture on fait varier l'intensité de l'image proportionnelle-
ment à cette surface, et l'on mesure cette intensité après l'avoir rendue
autant que possible égale à celle de la substance phosphorescente. La
source lumineuse était un petit rectangle de verre dépoli, éclairé soit par
une lampe carcel, soit par un bec Auer. l^es verres colorés permettaient de
donner à l'image une teinte voisine de celle des lueurs phosphorescentes.
» En plaçant diverses substances à 6™" environ au-dessus de la ma-
tière active, on a eu pour les intensités relatives les nombres suivants :
Affaiblissement
au travers du papier noir.
Blende hexagonale i3,36 o,o4
Platinocyanure de baryum 'jQO o,o5
Diamant i,i4 o,oi
Sulfate double d'uranium et de potassium ... . i,oo o,.3i
Fluorure de calcium (cliiorophane verte). .. . q,3o 0,02
)) Ces nombres ne sont pas des valeurs caractérisant d'uue manière
absolue les substances dénommées; ils sont relatifs aux écrans phospho-
rescents tels qu'ils ont été préparés; l'intensité varie avec la densité de la
couche pulvérulente.
M On a fait ensuite mouvoir la vis micrométrique du support de manière
à éloigner la matière active à diverses distances de la substance phospho-
rescente. Afin d'éliminer la lumière émise par la matière active elle-même,
la substance phosphorescente étudiée reposait sur une feuille mince d'alu-
C. K., 1H99, 2' Semestre. (T. CXXIX, N- 23.) 122
( 9'4 )
minium battu, repliée en double sur elle-même. Dans ces conditions on a
obtenu, pour l'effet produit par les radiations qui traversent la double
feuille d'aluminium, les intensités suivantes :
Sulfate double
Plalinocyanure d'uranium et de potassium.
Distances. de baryum. Diamant. — ^ — -i^ —
d. d~-. i. i. d. i. d~-.
III m
6,3 I 1 I 5,6 ( I
8,5 0,549 0,480 0,543 7,8 o,556 o,5i5
11,5 0,299 0,262 0,262 10,8 0,267 0,268
i3,5 0,217 0,167 0,167 12,8 0,175 0,191
» On voit par ces nombres que l'intensité varie un peu plus vite que la
raison inverse du carré de la distance à la matière active, ce qui indique
une absorption par l'air. Cette absorption est différente pour le rayonne-
ment particulier qui excite chaque substance.
)) Le support fixe était disposé de façon qu'on pût interposer entre la
source radiante et les corps phosphorescents des écrans de diverse nature.
On constate alors que les mêmes écrans affaiblissent très inégalement la
phosphorescence des diverses substances.
» La dernière colonne du premier Tableau ci-dessus indique l'alîaiblis-
sement de phosphorescence des diverses substances lorsque les rayons
qui les excitent ont traversé une feuille de papier noir. Parmi les séries de
mesures obtenues, je citerai la suivante, pour laquelle les substances
phosphorescentes étaient à 6""" environ au-dessus de la matière active, et
reposaient soit sur une feuille double d'aluminium battu, soit sur une
feuille de papier noir.
Sulfate double d'uranium
Au travers de l'aluminium. et de potassium
. ^ ^— - ..«^ • au travers
Écrans ^ — -"■ — — ^ -
. »^ ^ — Blende Platinocyanure de du
Nature. Épaisseur. hexagonale. Diamant. de baryum, l'aluminium, papier noir.
Aluminium batUi. Feuille double. 0,914 0,966 o,853 0,996 0,999
mm
Mica 0,025 0,0756 0,0289 0,0784 0,417 0,772
Papier noir 0,068 o,o384 0,0108 0,0713 0,387 0,890
Aluminium 0,098 0,0275 o,oo55 o,o56i » 0,637
Verre o,i4o o,0263 o,oo46 o,o445 0,241 o,6i3
Ébonite 0,738 » 0,0009 o,oi37 0,111 o,3i6
Cuivre 0,090 o,oi48 0,0000 0,0137 0,117 o,325
)) Ce Tableau, ainsi que d'autres analogues que j'ai pu dresser, montre
( 9''> )
une absorption relative inégale, par un même écran, du rayonnement qui
excite la phosphorescence des diverses substances. On peut interpréter ce
résultat en admettant que chaque substance est excitée par un rayonne-
ment particulier, comme cela se produit avec les rayons lumineux, et l'on
en conclut que le ravonnement de la source radiante se compose de rayon-
nements de diverses natures, caractérisés par leur absorption et analogues
aux radiations de diverses longueurs d'onde d'un faisceau de lumière
blanche.
)) Parmi les effets de phosphorescence observés, un des plus curieux
est la persistance considérable de la phosphorescence excitée par le
radium dans certains minéraux, et en particulier dans la fluorine. La phos-
phorescence de la fluorine reste observable pendant plus de vingt-quatre
heures après que l'influence du radium a cessé.
» Les divers échantillons de fluorine que j'ai réunis autrefois pour mes
recherches sont des corps qui, exposés à la lumière du jour ou au soleil,
puis examinés dans une chambre noire, sont faiblement phosphorescents.
Si on les expose à la lumière de l'arc électrique, ils deviennent beaucoup
plus lumineux, et conservent une phosphorescence appréciable pendant
des heures entières. Le même effet est encore produit lorsqu'on fait éclater
très près de la fluorine la décharge d'une bouteille de Leyde. 11 est très
remarquable que le rayonnement du radium produise un effet presque
aussi intense.
» On doit rapprocher ce phénomène de celui qui a été observé par
M. Crookes, puis par mon père ('), sous l'influence des rayons catho-
diques, dans un tube à gaz raréfié; la persistance de matières qui s'étei-
gnent assez lentement dans le phosphoroscope est considérablement aug-
mentée; la phosphorescence des substances qui s'éteignent très vite,
comme les sels d'urane ou les platinocyanures, ne présente pas de persis-
tance observable autrement qu'au piiosphoroscope. Dans les expériences
précitées, mon père avait reconnu que le spath-fluor blanc se colore rapi-
dement en violet sous l'influence des rayons cathodiques; le même effet
avait été obsei'vé en i832 par M. Perseal (-), sous l'influence de l'étincelle
électrique. Le rayonnement du radium ne m'a encore rien montré de
semblable au travers de la feuille de mica qui supportait les fragments rie
(•) Comptes rendus, l. CI, p. 2o5 ; 1895.
{-) Ann. de Chim. et de Pliys., t. XLIX, p. SSy el 346; i832.
(9i6)
fluorine influencés. Ces faits doivent cependant être de la même nature
que la coloration violette du verre sous l'influence du radium, signalée
récemment par M. et M™* Curie.
» L'influence «les radiations du radium sur la phosphorescence par la
chaleur a donné lieu à un résultat intéressant. On sait que la fluorine natu-
relle est phosphorescente par la chaleur. Si on l'échauffé, elle rend sous
forme lumineuse l'énergie qu'elle a emmagasinée depuis l'époque de sa
formation, et qu'elle aurait conservée indéfiniment si elle n'avait pas été
échauffée. Cette élévation de température la rend impropre à devenir de
nouveau lumineuse par une calcinalion ultérieure. Un grand nombre de
minéraux et toutes les substances phosphorescentes présentent cette
propriété.
» Dessaignes, en 1809, avait observé qu'en faisant éclater une étincelle
très près des corps calcinés et rendus inactifs on leur rendait la faculté
d'être de nouveau phosphorescents par la chaleur, soit immédiatement,
soit à une époque ultérieure quelconque. L'action prolongée des rayons
violets et ultra-violets produit le même effet ('). J'ai eu occasion de mon-
trer (-) que, dans la phosphorescence par la chaleur, la lumière émise est
identique, comme composition, à celle que l'on observe avec le phospho-
roscope sous l'influence de la lumière. Pour la fluorine, en particulier, le
spectre de la lueur émise se compose des mêmes raies et bandes, qui
apparaissent et persistent dans un ordre révélant la plus ou moins grande
rapidité d'extinction, ou la plus ou moins grande capacité lumineuse de
substances diverses existant dans le minéral.
» Avec la fluorine verte, qui a servi aux expériences décrites plus haut,
lorsque l'étincelle rend au cristal inactif une énergie nouvelle, l'émission
lumineuse est la même qu'au phosphoroscope. On remarque toutefois la
prédominance d'une lueur continue, verte et bleue, avec deux raaxima
>.(53o-5io) et X(488-48o). On reconnaît au phosphoroscope que cette
lueur a une durée de persistance plus grande que celle des autres bandes,
mais qu'elle est plus lente à atteindre son intensité maximum.
» On a soumis à l'influence du radium, en les plaçant sur une lame mince
de mica, à quelques millimètres au-dessus de la matière active, des frag-
ments de fluorine préalablement calcinés et rendus inactifs. Ces fragments
(') Ed. Becoukrel, La Lumière, t. I, p. 5i.
(-) Comptes rendus, l. CXII, p. 557; 1891.
( 917 )
qui deviennent instantanément lumineux redeviennent rapidement ca-
pables de rendre, quand on les échaiifFe, une lumière identique à celle qui
est provoquée par l'étincelle électrique avec prédominance de l'éclat de
la bande 53 1-478 signalée ci-dessus.
» Déjà, en i89'7, M. Borgman(') avait pu manifester avec les ravons de
l'uranium un effet de thermo-luminescence sur des mélanges de sulfate de
potasse et de sulfate de manganèse.
» Je terminerai ce résumé en signalant l'indépendance entre les effets
de phosphorescence et le phénomène découvert le mois deraier par M. et
M™^ Curie, le pouvoir temporaire de rendre l'air conducteur, communiqué
aux corps soumis à l'influence du radium.
» J'ai pu vérifier qu'un grand nombre de corps subissent cette influence
et déchargent à distance les corps éleclrisés; ces corps influencés placés
sur une plaque photographique, soit directement s'ils ne sont pas phospho-
rescents, soit sur du papier noir, n'ont produit aucune action. L'effet paraît
donc être différent de celui que j'avais signalé il y a quelques mois (-). Ces
substances, lorsqu'on les échauffe, perdent leur activité.
» Le sulfate double d'uranium et de potassium n'a pas paru subir cette
influence. Après une exposition de plusieurs jours à l'action du radium, il
n'a pas manifesté de variation appréciable, soit dans son pouvoir de rendre
l'air conducteur, soit dans son action sur une plaque photographique.
M La fluorine, soumise à l'action du radium, s'est comportée comme
très active pour rendre l'air conducteur; on peut faire disparaître cette
propriété par un lavage à l'eau, sans modifier sensiblement la phosphores-
cence persistante acquise par le cristal sous l'influence du radium.
» I^es faits qui viennent d'être exposés apportent de nouvelles preuves
à la réalité d'une émission continue d'énergie par les corps radio-actifs; ils
mettent, de plus, en évidence l'existence, dans cette émission, de radia-
tions particulières caractérisées par leur absorption élective, et présentant
entre elles des différences du même ordre que les radiations lumineuses
de diverses longueurs d'onde et les ravons X secondaires de M. Sagnac. /)
(') Journal de Physique, 3* série, t. VII, p. 671.
(') Comptes rendus, l. CXXVIII, p. 771; mars 1899.
( 9'8 )
THERMOCHIMIE. — Sur les radicaux mélalbques composés : dérivés
du mercure; jjar M. Beuthei.ot.
« J'ai mesuré la chaleur de formation de trois radicaux dérivés du mer-
cure : le mercure diméthyle, le mercure diéthyle, le mercure diphényle.
» Ces produits ont été fournis par Kahlbaum; le mercure diméthyle, liquide, et le
mercure diphénj'le, cristallisé, étaient purs d"après leur analyse. L'échantillon de mer-
cure diéthyle liquide, au contraire, renfermait seulement C=:i6,8 au lieu de i8,6; il
contenait un excès de mercure et un composé iodé. Redistillé à point fixe (i6i°), il a
laissé séparer une goutte de mercure liquide. Le composé distillé offrait celle fois une
composition exacte.
Trouve. Calculé.
C j8,6.5 i8,6i
H 3,93 3,88
» La combustion dans la bombe s'opère bien avec les radicaux éthjlique el pliény-
Jique. Le radical mélliylique, trop pauvre en carbone, a exigé l'inlervenlion d'une
petite dose de camphre. Il se forme dans ces combustions, comme il arrive en général,
quelques centigrammes d'acide azotique, qui se trouve changé eu un azotate mercu-
reux; on a tenu compte dans le calcul de cette correction, faible d'ailleurs. Après
chaque combustion, il est nécessaire de débarrasser par l'acide azotique les pièces
intérieures de platine de la bombe du mercure qui s'y trouve condensé.
» Voici les résultats de ces combustions :
» Mercure diméthyle, (CH')-Hg liquide = 23o.
» Chaleur de combustion pour i^»" : 1867,6 et 1 876,6. Moyenne 1 872""', i .
» pour I mol. : 43o'^'''',8 à v. c. ; 43i,8 à p. c.
)) Formation par les éléments, 2C -I- 3H--f- Hg : — SG''"', 2.
» Mercure diéthyle, (C-H')-Hg liquide = 258.
M Chaleur de combustion pour i^'" : 285o,6 et 2836, o. Moyenne 2843"^', 3.
» |)our i mol. : 733*'-''',6 à v. c. ; 735,0 à p. c.
» Formation par les éléments, 4 C -h 5 H^ -h Hg : — 1 2*^"', 8.
» Mercure diphényle, (C*H°)- Hg cristallisé =364-
» Chaleur de combustion pour i R'' : 44^3, 4 ^t 44 1 1 > 7 • Moyenne 44 ' 7''''.5 .
» pour I mol. : i563''''',8à v. c; i565,3 à p. c.
» Formation par les éléments, 2 (J" + 5 H" -1- Hg : — 88*^"', 5.
» Toutes ces chaleurs de formation sont négatives, c'est-à-dire que les
radicaux mercuriels composés renferment un excès d'énergie, de même
( 9'9 )
que les radicaux acétyloraétalliques ; excès susceptible d'expliquer leur rôle
de radicaux et leur aptitude à se combiner à la façon des corps simples.
J'ai montré ailleurs comment ce caractère rendait compte de l'aptitude
singulière de l'acétylène à se transformer et à entrer en combinaison, et
ces considérations sont également applicables aux radicaux mercuriels.
» Si nous nous bornons d'abord à comparer la chaleur de formation
des radicaux entre eux, nous obtenons des différences de l'ordre de gran-
deur de celle qui existe entre les dérivés de même fonction, appartenant
aux séries méthylique, éthylique, phénylique. Soit d'abord la différence
entre le mercure diéthyle et le mercure diméthyle (36,8 — 12,8) = 24,0
ou 12,0 X 2 pour une double différence homologue 2CH-, valeur un peu
plus forte que la moyenne générale 5,8. Un excès analogue peut être
observé dans un certain nombre de circonstances, particulièrement lorsque
l'on compare les premiers termes des séries, rapportés au même état phy-
sique :
Entre les acides malonique et oxalique cristallisés, on a. . -h 16, i
Entre la toluidine (ortho) et l'aniline liquides -t- 17 , r
Entre l'éthylamine et la méthylamine gazeuse -t- 10, i
D'autre part, entre les radicaux mercuriels, phénylique et méthylique,
. , ^ F
l'écart, soit 2.6, j -+- -pour CH' — C^W ('), en les rapportant au même
état physique, est à peu près le même que ])our les autres fonctions, car
on a
Cal
Carbures : CH' — C^ H^ état gazeux -(- 3o , 2
Alcool-phénol CII*0 — CH'^O état liquide -+- 29, 1
Alcools C'H'''0 — C"ll*0 alcool benzylique liquide. ... -H 3i ,7
Acides C-H'O-— C'H«0= état solide 4-25,5
Les relations entre les radicaux mercuriels composés sont donc du
même ordre de grandeur qu'entre les autres composés appartenant à
d'autres fonctions.
Les rapprochements suivants sont plus intéressants.
» Voici quelques chiffres, destinés à comparer les combinaisons de l'hy-
drogène et celle du mercure avec les radicaux hydrocarbonés, et qui
(') F reprcsenlaiil la chaleur de fusion du mercure diphényle.
( 920 )
montrent toute l'étendue de la différence entre les dérivés de ces deux
éléments :
( (CH')'+H2=2CH* gaz, dégage +i8,5
Dimelhyle gaz. j (CH^)^ + Hg = (CH'fHg liquide, absorbe -5g,5
.1 (C'H=)'-t- H' ^ 2 C H' cristallisée, dégage +29,9
Diphényle crislalhse. ■ ,,^-11.., „ ,/^,-ijk ^o u • . 1 u
' ■' / (C'H')--f- Hg = (C'H'j-Hgcrist., absorbe. .. . — oa
(C'H^)=+H2=2C=H«gaz -1-12 env.
(C-H')- + Hg = (C^H5)"ngliquide, absorbe —48 env.
Diéthyie gaz.
» Des observations semblables peuvent être faites, en comparant les
combinaisons du mercure avec les radicaux hydrocarbonés niercuriels.
D'une part, en effet, ces derniers, comme on vient de le voir, sont tous
endolhermiques, tandis que
Hg -(- O dégage -t-2r,5
Hg + Cl- dégage -1-53 , 3
Hg -h 1- . . -1-25,2; elc.
On voit par là pourquoi la réunion des carbures au métal exige le con-
cours de réactions indirectes, c'est-à-dire de doubles décompositions, four-
nissant l'énergie complémentaire nécessaire pour rendre la combinaison
possible. »
THERMOCHIMIE. — L'acide lactique; par MM. Bektkelot et Delépixe.
« L'acide lactique est l'un des corps les plus importants en Chimie
organique et physiologique. Cet acide et ses dérivés azotés et autres jouent
un rôle essentiel dans les études relatives à la chaleur animale. Cependant
ses chaleurs de formation et de combustion sont imparfaitement connues,
n'ayant été déterminées que par un calcul indirect, et par une relation nu-
mérique approximative, déduite des données obtenues, non sur l'acide ou
sur ses sels, mais sur son éther. C'est ce qui nous a décidés à en reprendre
l'étude thermochimique. Nous l'avons fait par trois voies différentes, au
moyen du lactate d'argent, au moyen du lactate de zinc et au moyen du
lactide, anhydride fort important, car il constitue avec le glycolide les pro-
totypes des anhydrides d'acides alcools.
» Les lactates de zinc et d'argent sont particulièrement indiqués pour
ce genre d'étude : d'une part, à cause de la focilité avec laquelle on les
( 92 1 )
obtient anhydres et, d'autre part, parce que leur combustion laisse pour
l'un un métal pur, l'argent, pour l'autre un oxyde bien défini; ce qui
n'arriverait ni pour les sels des métaux formant plusieurs oxydes, ni
pour les métaux dont les oxydes demeurent, après combustion, sous forme
de carbonates basiques, ou hygrométriques.
I- — Lactate d'akgent.
» Ce sel a été préparé avec l'acide lactique et l'oxyde d'argent. Il est né-
cessaire de dire d'abord comment l'acide a été purifié.
» L'acide lactique blanc, que le commerce fournit aujourd'hui, contient
une certaine dose d'anhydride ou plutôt d'acide dilactique; c'est ce que
nous avons constaté sur notre échantillon (Kahibaum). Une quantité de
ce corps étant pesée exactement et dissoute dans 5o fois son poids d'eau
froide, à i5°, 7, a dégagé, pour une molécule
GMPO^
Valeur probablement un peu forte, l'acide renfermant environ un sixième
d'anhydride, d'après les résultats qui suivent.
» En effet, la liqueur, traitée par une proportion équivalente de potasse,
a dégagé immédiatement
,06;
mais le dégagement de chaleur se prolonge ensuite d'une façon lente et
indéfinie. Au bout de cinq minutes, il s'élevait à
+ 11,96.
» Pour atteindre le terme de la transformation, il faut faire bouillir pen-
dant une demi-heure la dissolution aqueuse d'acide lactique, ou bien
l'abandonner à elle-même pendant un temps considérable. On obtient
ainsi la valeur normale +i3,5, déjà constatée par l'un de nous.
)i L'emploi d'un excès considérable de potasse accélère cette transfor-
mation.
» Nous avons observé sur l'acide glycérique, CH'O^ autre acide mo-
nobasique à fonction alcoolique, des phénomènes analogues.
» L'acide déshydraté par simple évaporation a fourni immédiatement,
avec un seul équivalent de soude, NaOIJ étendue, une chaleur de neutra-
lisation ajjparcnte é^ale a
-t-i 1 ,3,
C. K., 1899, 2- Hemestre. (ï. CXM\, ^° 23.) 12^
( 9^2 )
laquelle s'est élevée au bout de quelques minutes à
+ i3,i,
et par l'addition d'un deuxième équivalent, NaOH étendue, à
» On sait qu'en général les acides alcools ont beaucoup de tendance à
former des anhydrides spéciaux, désignés sons le nom de lactones, et cette
circonstance a dû amener plus d'une erreur dans leur étude chimique et
thermique. Dans le cas de Tacide lactique, une déshydratation partielle se
produit très aisément, comme l'ont constaté M. Wislicenus (Annalen der
Liebig, t. 164, p. i8i) et M. J.-A. Muller {^Bulletin de la Société chimique
de Paris, 3* série, t. XV, p. 1206; 1896).
» Cette circonstance se traduit dans la formation des sels. En effet, si
l'on opère la neutralisation de l'acide lactique immédiatement après l'avoir
dissous, ces sels sont parfois mélangés avec des produits moins riches en
métal, probablement des dilactates, ainsi que nous l'avons reconnu notam-
ment sur le se! d'argent.
)) Pour obtenir des lactates purs, il est nécessaire, comme on vient de
le dire, de faire bouillir la dissolution aqueuse récemment préparée au
moyen de cet acide concentré. C'est avec un semblable acide, après refroi-
dissement, que nous avons préparé le lactate d'argent à froid, au moyen de
l'acide et de l'oxyde d'argent. On a concentré la liqueur dans le vide, à la
température ordinaire et dans l'obscurité, afin de prévenir toute décom-
position. Le sel cristallise à un certain degré de concentration des liqueurs.
C'est un hydrate; on l'a privé d'eau en le séchant à l'étuve vers 80", pen-
dant trois heures, dans l'obscurité.
» Analyse: Ag = 5Zj,72; 54,77- ~ Calculé: 54,75.
)) Chaleur de dissolution : (i p. + /[O p. eau, à 12"). — 2''"''',oj.
)) Chaleur de neutralisation. — On l'a mesurée par voie indirecte, en pi'é-
cipitant l'argent du sel dissous par l'acide chlorhydrique étendu
C'H'AgO^diss. -f.IICléi.= AsClprée. +CHPO^cHss. -m6,55 et 16, 4-?
Moyenne -t-iô^Sô
» D'où résulte
2C'IP0Ȏlendn + A^^O = aC H'AgO' dissous -h IPO H-S"-"', 2
» Chaleur de neutralisation pour un équivalent -H 4''''',i.
( 9'^3 )
» Chaleur de combuslion. — Le sel aislivlre (l'^'.A) a élé brûlé dans la
bombe calorimétrique, avec addition du tiers de son poids de cimphre,
dont il a été tenu compte dans les calculs (').
» On a obtenu pour !«'■ du sel : 1620,2; 1598,9; iGio,o. Moy. iGocj*^"',;.
» Soit pour une molécule (196s'', 7), 3iG'^^"',6 à volume constant, et,
par conséquent, 3iG'^',5 à poids constant.
» Chaleur de formalioji. — On la conclut des chiffres précédents; soit
C» + IP -t- Ag + O' = Cni°AgO'' +i38"i,9
» Pour le sel dissous -+- 1 36,85.
» On déduit de ces chiffres :
)) Chaleur de formadon de l'acide lactique :
C^4-li6 + 0';r:C3H«03 dissous -Hl63,75
» Pour C/' ll'^O^ liquide pur: environ +162,6.
Lactatk uii ziNt;.
» Ce sel est facile à préparer à l'état cristallisé, pur, et à l'état anhydre.
» Chaleur de dissolution. — Sel anhydre (i partie sel +100 parties eau).
Pour !e poids moléculaire (C^HM)')-Zn : +8'-"''',oo.
» Sel hydraté :
(C^H^0»)^Zn,3H^0 -3™i,3.5
» Chaleur d' hydratation. — Eau liquide : +1 1'^''',35.
» Chaleur de neutralisation. — En ajoutant KOH étendue, on dé^asfe :
+7'^'", 5, d'où
aC^H^O' étendu 4- ZnO hydraté 27, '1 — 7,5 = + i9=''',9
soit : +18,6 pour ZnO anhydre.
» Par la méthode des doubles décompositions réciproques, qui est
plus exacte :
( (C3IF0=)Zndiss.-HS0'H-dis> +3-i,2i5
j S0*Zndiss.H-2C-IIi=05diss — o-»i,i2.5
(') Ij'argent étant demeuré dans !a caphide supéiieure, il i;e b'ust pas formé d'azo-
tate d'areenl.
( 924 )
En admettant
SO'IPdiss.+ ZnO hydraté -)-23"='',4
on a dès lors
aC'ÎPO'-f-ZnO hydraté 4-20™', 06
Avec ZnO anhvdre, on aurait H- 18"^"', 76
On remarquera qno Vacide sulfaiiqne ilcplace presque complètement
l'acide lactique, comme il arrive d'ordinaire pour les acides organiques
ou nionobasiqnes.
» Chaleur de combustion (avec addition de camphre). — Zn reste à l'état
d'oxyde, ZnO, qui salure l'acide azotique formé dans ces conditions et
condensé dans l'ean ajoutée d'avance au fond de la bombe. On a tenu
compte de cette circonstance. Tous calculs faits, la chaleur de combustion
a été trouvée, pour 1^ de lactate de zinc anhydre :
2080, 3; 26o5,5; 2590,4; moyenne.... 2592'^''', r.
)) Soit poiu' le poids moléculaire 243*^'', i ,à volume età pression constante,
640^^'. 1 5.
» En admettant Zn + O = ZnO anhydre : +84'^"', 8.
» On a, dès lors:
» Chaleur déformation par les éléments :
2(C'+ H'+0')-+-Zn sel anhydre +355"', 45
)' sel dissous -f- 363"', 45
On en déduit :
O+H'=_H0-^=C'IP0'diss. + i64,45; liquidepnr.. -4- r63,3
Lactide : C'ir*0-.
)) Le corps a été préparc en beaux cristaux, pu* les procédés connus.—
On l'a fait recrisfalliser dans l'alcool et analysé.
» Chaleur de combustion. — Pour i"'' : 4542, o et 4543,6; movenne :
4542"', 8.
» D'où pour le poids moléculaire 72 : -+- 327''''', i à volume constant et à
pression constante.
» Chaleur déformation parles éléments. — D'après les chiffres précédents
elle est + 93^»', 8.
( 925 )
» Dissolution. — La dissolution du lactide dans 65 fois son j)oids d'eau
à i5" donne lieu tout d'abord à une absorption de chaleur à peu près instan-
tanée, soit — o*^"', 79 par molécule dans une expérience.
» Mais cette absorption est suivie presque aussitôt d'un dégagement de
chaleur qui se prolonge indéfiniment. Au bout de quelques minutes, la
chaleur ainsi dégagée s'élevait à +o™',75, c'est-à-dire était presque égale
à l'absorption initiale. Il est clair que le premier changement répond à
la dissolution simple du corps solide, le second à sa combinaison avec
l'eau; mais la distinction ne saurait être regardée que comme qualitative.
)) Pour compléter la transformation, on a ajouté à la liqueur une dis-
solution de potasse en excès sensible, de façon à changer peu à peu le
lactide en lactale. Cette opération a dégagé +i4'''''-5o; soit, dans l'opé-
ration totale, +10''''', G4. Elle avait duré plus d'une heuie.
» On a vérifié, en ajoutant à la liqueur une dose d'acide chlorhvdrique
étendu précisément équivalente à celle de la potasse, que la transforma-
tion était totale, la chaleur dégagée étant sensiblement celle qui corres-
pondait à la dose de potasse employée en excès, sur celle que l'acide
lactique devait avoir saturée. Cette vérification est nécessaire et assez
rigoureuse.
» Dans une autre expérience, le lactide a été dissous directement dans
un excès considérable de potasse; ce qui a dégagé, dans l'espace de six mi-
nutes, toute la chaleur de transformation, la vitesse de refroidissement
du système étant ensuite devenue normale. La chaleur dégagée dans ce
cas a été| trouvée -f- 15"=*', 58.
» On déduit de ces expériences la chaleur d'hydratation du lactide, soit
i5™',6 - i3^"^',5 = + 2^="', I.
OW'O- cristallisé -f-H^O-^ eau = C'H«0^ dissous -(-2'-'',i.
» Pour l'acide CHPO^ liquide pur, on aurait -1- l'^^'.o environ; valeur
faible, conformément à ce qui été déjà observé pour le glycolide.
Elle est fort inférieure à la chaleur de transformation des anhydrides
normaux, tels que les anhydrides sulfurique, phosphorique, les carbures
d'hydrogène changés en alcools, etc. Ceci accuse une distinction digne
d'intérêt dans les corps analogues au laclide, malgré le caractère en appa-
rence incomplet de semblables composés; je veux dire une sorte de satu-
ration interne, qui rapproche leur constitution de celle des corps complets
et saturés.
( 926 )
» Comparons maintenant la chaleur de formation du lactide par les élé-
ments à celle de l'acide lactique; on a :
tT'IPO- -t- 93,8
11^ O -+- 69,0
Combinaison + 2,1
+ i64,9
» Ce dernier chiffre représentant la chaleur de formation de l'acide lac-
tique dissous, celle de l'acide liquide pur sera environ -+- 163,8.
» On a donc, en définitive :
Acide dissous. Acide piir liquide.
D'après le lactate d'argenl -hi63,75 +162,6
D'après le lactale de zinc -hi64,45 -t-i63,3
D'après le laciide +i64,9 +i63,8
Moyenne -hi64,3 -i-i63,2
Ce sont les valeurs qu'il convient d'adoptei'. ».
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur V explosion du chlorate de potasse ;
par M. Berthelot.
« Le chlorate de potasse est un composé endothermique, à partir de
l'oxygène et du chloruré de potassium, car la transformation inverse
C10^K = IvCl-i-0'dégage +ii«'',9
en développant 33'", 5 d'oxygène; soit pour i^'' : 97*^"' et 273"*^.
« Cependant le chlorate de potasse n'est pas classé parmi les corps
explosifs. H ne détone j)as sous l'influence d'un éch;iuffement progressif,
bien qu'il se décompose avec une vitesse et une élévation de température
qui peut aller jusqu'à l'incandescence, lorsqu'on opère dans une petil.e
cornue chauffée à feu nu et contenant une centaine de grammes, ou davan-
tage.
» J'ai reconnu qu'on peut le faire détoner sous la pression ordinaire, en
vase ouvert et dans un gaz inerte, en opérant conformément à une mé-
thode ou plutôt à un principe que j'ai signalé il y a longtemps, comme
applicable en général aux réactions des systèmes exothermiques : je dis aux
réactions qui conservent leur signe et leur valeur approchée lorsqu'on
( 927 )
élève la température du système. Il suffit de placer ce dernier brusque-
ment dans une enceinte portée à l'avance et maintenue à une température
beaucoup plus élevée (pie celle de li décomposition commençante, dont la masse
soit telle que l'introduction de la quantité de matière décomposable (sup-
posée introduite en la prenant;! la température ordinaire) soit trop faible
pour abaisser sensiblement la température générale du milieu.
» J'ai montré (') comment on peut faire détoner ainsi l'acide picrique,
composé qui brûle cependant tranquillement lorsqu'on le fait fondre et
qu'on l'enflamme au contact de l'air.
» Or la môme expérience réussit avec le chlorate de potasse. Pour la
réaliser, il suffit de prendre un tube de verre, fermé p;u- un bout, d'un
diamètre de aS"™ à So""" ; on le fixe à l'aide d'un support convenable et
on l'échauffé presque verticalement, en le maintenant enveloppé par la
flamme d'un bec de gaz, sur une longueur de So'"" à 60°"", jusqu'à ce que
le fond du tube et cette longueur du tube aient été portés à la température
du rouge visible, sans cependant le fondre.
w D'autre part, on a disposé à l'avance l'extrémité, amincie en forme
de gros fil, d'une baguette de verre, puis on l'a trempée, à plusieurs re-
prises, dans une masse de chlorate de potasse pur fondue au préalable dans
une capsule, puis refroidie jusqu'à ce qu'elle commence à se solidifier. On
opère de façon à accumuler quelques décigrammes du sel solidifié sur
l'extrémité de ce fil de verre, en paquet ovoïde.
» Quand le tube de verre est rougi, on saisit la baguette de verre et on
l'introduit dans le tube, en rapprochant le chlorate de potasse du fond, à
10"™ environ, avec la précaution qu'il ne touche le tube en aucun point.
Au bout de quelques instants, ce chlorate de potasse se liquéfie sous l'in-
fluence du rayonnement des parois du tube et de la flamme enveloppante,
et il s'écoule goutte à goutte, lentement, en tombant sur le fond du tube
maintenu au rouge. Chaque goutte fait explosion, à l'instant où elle arrive
au contact du verre, avec un bruit très net et une fumée blanche, formée
de poussière et de vapeur de chlorure de potassium. Mais l'explosion ne se
propage pas à la portion de sel liquide qui est demeurée à la surface du fil
de verre. Le bruit de l'explosion est net, brusque, quoique un peu pro-
longé, à la façon de celui d'une poudre lente.
» Cette expérience est facile à réaliser. Elle est la même que celle de la
(') Ann. de Chim. et. de Phys., 6'- séi-ie, t. \YI, p. aS; 1889.
( 92« )
tlclonalion de l'acide picrique. L'une et l'autre s'exécutent au sein d'un gaz
inerte; car je l'ai faite dans l'azote avec l'acide picrique, et la détonation
du chlorate de potasse a lieu dans l'air.
» L'acide picrique détone encore mieux, si l'on opère dans l'air ou dans
l'oxvgène, comme on devait s'y attendre, parce que la chaleur de sa com-
buslion totale s'ajoute à celle de sa décomposition pyrogénée.
» Le chlorate de potasse détone également mieux, si on le chauffe dans
une flamme hvdrocarbonée, son oxygène se combinant en partie avec le
carbone et l'hvdrogène, en donnant lieu à un nouveau dégagement de cha-
leur : cette observation est citée dans un rapport récent et fort intéressant
du colonel Ford, inspecteur en chef des explosifs, rapport relatif à une
explosion survenue cette année, en Angleterre, dans une fabrique de
chlorate de potasse. IVIais cette dernière observation ne suffirait pas à prou-
ver que le chlorate de potasse pur soit explosif par lui-même et sans l'inter-
vention d'aucun corps combustible. La présence de ce dernier, même en
petite quantité, concoui t à déterminer d'une manière plus prompte et plus
facile l'explosion du chlorate lui-même.
)) C'est ici le lieu de faire observer que les conditions précises des expé-
riences que je viens de rappeler sur l'acide picrique et sur le chlorate de
potasse sont susceptibles, à la rigueur, d'être réalisées dans un grand
incendie affectant le toit ou les parois d'un magasin renfermant une masse
considérable d'acide picrique, ou de chlorate de potasse. Je citerai comme
exemple l'explosion récente, mentionnée plus haut, de i56 tonnes de chlo-
rate de potasse embarillé dans des tonneaux de bois, à la fabrique nommée
Kurtz Chemical Works de la United Alkali C Ld, au bourg de Sainte-Hélène
(Londres). Cette explosion a tué 5 hommes, en a blessé 4o à 5o, et elle a
amené des destructions de bâtiments considérables. Elle paraît avoir
réalisé sur une grande échelle les circonstances que je décris ici. L'explo-
sion du chlorate de potasse a été d'ailleurs facilitée, dans ce cas, par la
combustion du bois des tonneaux, comme elle l'est par la flamme d'un gaz
combustible.
» On pourrait citer également des exemples, intermédiaires en quelque
sorte, de l'exaltation des propriétés explosives, produite par des circon-
stances analogues. Tel est le cas de la dynamite : répandue sur une table,
en couche mince, elle brûle à peu près sans danger. Mais il en est autrement
si l'on enflamme une masse un peu considérable de dynamite, et surtout si
on l'échaulïe avec le concours d'un bourrage, même sans détonateur.
( 929 ;
» Ces phénomènes doivent être également rapprochés de la détonation
de l'acétylène, laquelle n'a pas heu par simple échauffement sous la pres-
sion atmosphérique, à l'air libre; mais elle se produit dès que la conden-
sation du gaz, sous des pressions doubles ou davantage, permet à la tem-
pérature développée par la décomposition provoquée sur un point, sans
être abaissée à mesure par mélange, convection, conductibilité, ou rayonne-
ment, de s'élever toujours davantage.
» Dans les cas de ce genre, la température croissant, sans que son
accroissement soit limité par dissociation ou changement d'état physique,
la vitesse de la réaction, combinaison ou décomposition, croit de son cùlé,
suivant une loi que j'ai reconnue, comme une fonction exponentielle de la
température. Il y a là certaines propriétés générales des corps explosils,
qui entrent en jeu avec une facilité inégale, suivantleur nature individuelle,
mais qu'il est nécessaire de ne jamais oublier dans leur emploi industriel ou
militaire. -(
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur l' existence normale de l'arsenic chez
les animaux, et sa localisation dans certains organes; par M. Armand
Gautier.
« Les découvertes sont bien rarement le fruit du hasard. Celle dont je
vais entretenir l'Académie a ses origines dans les traditions les plus reculées
de la Médecine. Les cadmies ou fléjjôts formés sur les parois des fours où
l'on produisait le bronze au moyen de minerais généralement arsenicaux,
étaient employés déjà par les peuples de l'Asie et de l'ancienne Grèce
contre les maladies des yeux ou de la |jeau et pour le pansement des
plaies; plus tard Pline relatait que les malades afléctés de toux opiniâtre se
trouvent soulagés lorsqu'ils respirent les vapeurs provenant de la calcina-
tion de l'orpiment avec du bois de cèdre ('). Depuis l'antiquité jusques à
nous, l'arsenic n'a cessé d'être utilisé dans les maladies de la peau ou
du poumon et contre certaines anémies spécifiques. Mais, quoique em-
ployées depuis plus de trente siècles, les diverses préparations minérales
de ce métalloïde sont restées ce qu'elles étaient au temps de Pline, des
médicaments difficiles à manier, infidèles, mystérieux dans leur action.
(>) Édition Lemerre, t. XXXIV, 56.
0. K., 1899, 2« Semestre. (T. CXXIX, N« 23.) »24
( 93<> )
» An mois de juin dernier, j'ai fait connaître à l'Académie de Méde-
cine (') les essais que j'avais tentés depuis quelques années avec succès
contre les maladies de poitrine, l'anémie, la malaria, etc., grâce à une sub-
stance arsenicale organique, l'acide cacodylique découvert par Bunsen en
1843, et resté jusque là sans emploi. Cet acide, As(CH')-O^H, quoique
très soluble dans l'eau et contenant 54,3 pour 100 d'arsenic mélalloïdique,
ne possède aucune des propriétés vénéneuses, aucun des caractères chi-
miques des composés arsenicaux. L'arsenic y est comme latent; mais j'ai
établi qu'il y conserve, à un degré éminent, et sous une forme inoffensive,
des propriétés médicatrices spécifiques précieuses. Employé en injections
hypodermiques, il surexcite l'appétit, active l'assimilation et permet, tout
particulièrement, de combattre les maladies de poitrine.
» Depuis ma publication, ce corps à peu près inconnu, même dans nos
laboratoires, se fabrique en grand dans l'industrie en France comme en
Allemagne, et plusieurs centaines de kilogrammes ont été déjà utilisés dans
nos hôpitaux français et dans la clientèle de ville.
Il En réfléchissant, au cours de ces recherches, au mécanisme de l'acti-
vité de l'arsenic, à son efficacité dans les anémies graves et surtout dans la
maladie de Basedow, conséquence d'une altération fonctionnelle de la
glande thyroïde que l'on sait être iodée; en tenant compte de cette obser-
vation que l'arsenic et l'iode sont l'un et l'autre deux médicaments très
efficaces des maladies de cette glande; en rapprochant ces remarques de
celles laites d'autre part par les chimistes qui se sont occupés d'eaux miné-
rales, que l'arsenic est souvent, dans la nature, le satellite de l'iode (-); enfin
en retrouvant, au cours de mes études sur les algues, l'arsenic et l'iode
souvent juxtaposés dans ces végétaux inférieurs, comme je le montrerai
un jour, j'ai songé qu'il pourrait bien se faire que l'explication de l'activité
de l'arsenic dans les maladies ci-dessus visées, tînt à ce que ce métalloïde
fait partie constitutive de quelques-uns de nos organes, et spécialement de
la glande thyroïde, où l'iode est relativement abondant.
» C'est ainsi que j'ai été amené à rechercher si ce singulier élément,
l'arsenic, existe normalement chez les animaux. Je viens annoncer à l'Aca-
(') Bull. Acad. Méd. Paris, séance du 6 juin 1899.
(-) Kosmann a indiqué la présence de l'arsenic dans les eaux ferrugineuses ou sul-
fureuses, où l'on rencontre toujours de l'iode et du brome. MM. Chatin, Filhol, puis
M. Bourcet, ont constaté aussi que l'arsenic se trouve dans plusieurs eaux, des Pyrénées
du Jura, etc., où il est généralement acconapagné par l'iode.
( 9'^' )
demie qu'en effet l'arsenic se rencontre d'une façon constante dans la glande
thyroïde chez les herbivores, les carnivores et l'homme, à dose faible, mais
pondérable, et qu'on le trouve, en plus petites quantités, dans quelques
autres organes.
» L'existence de l'arsenic normal dans l'économie paraît contredire
toutes les données expérimentales de la toxicologie. Des milliers d'exper-
tises ont été faites, en effet, sans qu'on ait signalé ce métalloïde chez
l'homme. Ce fait s'explique, d'une part, par les méthodes généralement
employées pour la destruction des matières organiques (Cl; Chlorate de K
+ HCl; Distillation en présence de SO''H- + NaCl, etc.), méthodes qui
font perdre l'arsenic en totalité ou en partie, comme je m'en suis de nou-
veau assuré par les essais les plus minutieux ('); ils s'expliquent, d'autre
part, par la constatation que je viens de faire au cours du présent travail,
par une méthode très sure exposée plus loin, que l'arsenic esf, en effet,
absent de la plupart des organes animaux. Seule la glande thyroïde, vers
laquelle j'avais d'abord dirigé mes investigations, puis avec elle, mais en
bien moindre proportion, le thymus et le cerveau (^), enfin à l'état de traces
seulement, la peau ('), contiennent normalement de l'arsenic. Je fais
toutes mes réserves pour la glande pituitaire, que je n'ai pas encore étu-
diée ('').
» J'ai constaté l'arsenic dans toutes les glandes thyroïdes normales que
j'ai analysées (') chez l'homme, le chien, le porc, le mouton, etc. Toujours
l'arsenic est présent dans cette glande, toujours il est absent (ou à doses
insensibles) des autres organes, sauf le thymus et le cerveau.
» J'ai à ce point de vue examiné plusieurs fois, comparativement avec
la glande thyroïde :
Le foie de mouton (120^'),
» de veau (iSo»''),
" de chien, de porc (loo^'),
(') Voir à ce sujet mon Mémoire {Ann. de Chini. et de Phys., 5'' série, t. VIII,
p. 384).
(-) Ils avaient été privés, pour ces reclierches, de leurs glandes pituitaire et pinéale.
(') i48s'' de peau de porc privé de poils et de tissu adipeux.
(') Je n'ai pas encore examiné le cœur, le pancréas, la moelle osseuse, les poils et
cheveux, les urines, les fèces.
(^) Je me propose d'étudier les cas du goitre simple, de la maladie de Basedow, du
myxœdème, de l'anémie pernicieuse, de l'infantilisme, etc.
( 9^2 )
La rate de chien, de bœuf (70B'),
Le rein de cochon (looS"").
La chair de chien (loo^'').
Le sang de porc (iSo^" défibriné ).
Le testicule humain (yo^"").
« La méthode employée (voir piusloin, p. gSG) me permettait de retrou-
ver dans 100 grammes de ces organes frais, poids sur lequel j'opérais en
général, o°"^'',oo5 ou un demi-centième de milligramme d'arsenic. Je n'en
ai pas obtenu la moindre trace dans les organes ci-dessus éniimérés. L'arse-
nic est au contraire constant dans la thyroïde. Quoique sa dose soit minime,
j'ai pu, dès mes premières tentatives, le constater dans S^"", sde glande
thvroïde fraîche fournie par deux chiens, quantité répondant seulement à
ie'",3 de matière sèche. Quarante-cinq grammes de thyroïde de porc
fraîche (') m'ont donné un anneau d'arsenic qui, jugé par comparaison
avec une série d'anneaux témoins de poids connus, pesait environ o™^, o3,
ce qui répond à o"^, 067 pour 100^'' de glande, ou environ sept dixièmes
de milligramme par kilogramme de glande fraîche, et 3 milligrammes
par kilogramme de thyroïde prise à l'état sec.
H loo^'' de thyroïde de mouton fraîche m'ont donné un anneau arse-
nical pesant o'"S'^,o5, ce qui répond à 2'"^" par kilogramme de glande sèche.
>) Ces premiers nombres ne sont toutefois qu'approchés, ayant reconnu
depuis quelques imperfections à ma méthode, qui donnait des résultats tou-
jours tropf[ubles.
» Après l'avoir corrigée, j'ai opéré sur 127 grammes de glande thyroïde
humaine, provenant de six individus n'ayant pris, durant leur maladie,
aucun médicament métallique ni surtout arsenical ("). J'ai obtenu un
anneau d'arsenic pesant un peu moins de 1"'^ (au juste, o^^'jqS).
M Toutes ces expériences ont été répétées en double en employant
comparativement le foie de mouton, que j'attaquais par des quantités
d'acides égales ou supérieures à celles qui servaient à détruire les thy-
(') La glande entière avec ses deux. lobes pèse environ 17s'- par animal.
(-) Femme (33 ans); Ensipèle et pneumonie;
Homme (27 ans); Fracture de la colonne vertébrale;
Homme (43 ans); Méningite tuberculeuse;
Honime (47 ans); Obstruction intestinale.
Homme (46 ans); Cancer de reslomac;
Homme ( 19 ans ) ; Pleurésie, ascite.
( 93'^ )
roïdes. Les expériences témoins ont toujours été entièrement négatives.
» Il existe donc constamment, du moins à l'état normal, chez les ani-
maux carnivores et chez les herbivores, de l'arsenic dans la glande thy-
roïde. Chez l'homme, pour lequel toutes nos déterminations ont été faites
après que notre première méthode eut été perfectionnée, nous avons
trouvé environ i milh'gramme d'arsenic métalloïdique pour 127 grammes
de glande, soit j^'iT^ du poids de la thyroïde fraîche ou un Lrente-flcnx
millième du poids sec. Celte petite quantité d'im élément, sans nul doute,
nécessaire, puisqu'il est constant dans la glande saine chez tous les ani-
maux examinés, suffit à l'accomplissement d'une fonction vitale impor-
tantes, fonction encore inconnue, mais certaine et indispensable, car pas
de thyroïde sans arsenic et pas de santé sans thyroïde.
» L'animal trouve ce singulier élément dans quelques-uns des ali-
ments où l'accompagnent sans doute le fer et l'iode ('). De là, comment
l'arsenic arrive-t-il à la glande? Il est curieux de constater qu'on ne le
retrouve pas, même à l'état de traces, dans le sang. L'arseoic doit cepen-
dant, comme dans les aliments qui l'apportent, y exister à un état de dilu-
tion extrême, inférieur à un cinquante millionnième, quantité encore
accessible à ma méthode de recherche. Mais même à cet état de dilution,
et peut-être bien au-dessous encore, la glande s'empare de cet élément
et construit, grâce à lui, le principe arsenical nécessaire à son fonction-
nement. C'est là un fait de sélection dont nous n'avons aucune explication
rationnelle, fait qui rappelle celui qu'observait Raulin de l'influence des
traces de zinc sur l'accroissement de V Aspergillus ; mais pour la glande
thyroïde, mes expériences établissent la fixation de l'arsenic par le tissu,
tandis que pour V Aspergillus il n'est pas démontré que le zinc se fixe dans
le végétal, sur lequel il pourrait n'agir que comme un simple excitateur de
la nutrition.
(') Stein {Journ. f. prakt. Chem., t. LI, p. 3o2, et t. LUI, p. 87) reconnut la pré-
sence de l'arsenic dans un assez grand nombre de végétaux. Il en trouva des traces
dans la paille de seigle; des quantités sensibles dans le chou, les navets, les tubercules
de ponames de terre, etc. J'ai observé qu'il existe aussi dans plusieurs algues, où il est
accompagné par l'iode; iSoS"" de baregine de Ludion peséeà l'état humide, après esso-
rage à la centrifugeuse, m'ont donné 7^'", 3 de résidu sec. Cette quantité contenait :
Soufre 6,4
Autres nialières 0,8
Dans ces os', 8, j'ai trouvé de l'iode en quantité et une trace très sensible d'aisenic.
( 934 )
» L'arsenic se trouve en quanlité pondérable dans la thyroïde, très sensible
dans le thymus et le cerveau, à l'état de traces dans la peau. Sous quelle
forme y existe-t-il et quel est son rôle probable dans ces organes?
» Après l'avoir découvert dans la thyroïde, je pensai que l'arsenic, que
ses analogies chimiques rapprochent du phosphore, devait se trouver
dans les cellules sous la forme active de ce dernier élément, c'est-à-dire à
l'état de nucléines constituant les noyaux des cellules et les granulations
basophiles du protoplasma. J'avais aussi, pour me laisser guider d'après
cette hypothèse, les observations de savants déjà nombreux qui ont remar-
qué que les substances métalliques, ou plus généralement celles à poids
moléculaires élevés, lorsqu'elles pénètrent dans le sang, se fixent sur-
tout sur la substance des noyaux cellulaires.
» Je me suis donc déterminé à séparer les nucléines de la glande thy-
roïde pour y rechercher l'arsenic. J'ai recouru, dans ce but, à la digestion
pepsique à laquelle on sait qu'elles résistent : loo grammes de glande
thyroïde de mouton hachée, mise en présence de o^,5 d'une pepsine très
active et d'eau acidulée à i,5 millième, se sont très lentement digérés à 38°.
Il est resté, après cinquante-six heures, un résidu formé de fibrilles élas-
tiques, de tissus kératiniques et d'un peu de graisse, mélangé d'une ma-
tière pulvérulente gris de fer paraissant très iodée. J'ai, par filtration,
séparé ce résidu total de digestion de la peptone qui s'était formée en même
temps, et après l'avoir lavé, je l'ai repris à 35° par de l'ammoniaque très
étendue. De la liqueur filtrée, j'ai précipité les nucléines par acidulation
avec l'acide acétique; enfin j'ai filtré et lavé.
» J'ai alors cherché l'arsenic par la méthode appliquée dans ce travail,
d'une part, dans les peptones qui s'étaient formées, de l'autre, dans les nu-
cléines ainsi séparées. L'arsenic était absolument absent des peptones; au
contraire, il était relativement très abondant, ainsi que l'iode, dans la nu-
cléine. i^"^, 21 de cette substance prise à l'état sec, et répondant à loo^"^ de
glande thyroïde de mouton fraîche, m'ont donné un bel anneau d'arsenic.
)) Il existe donc, à l'état normal, dans la glande thyroïde, et par exten-
sion, dans le thymus et dans le cerveau, oii nous avons aussi découvert
l'arsenic, des nucléines arsenicales, des arsénucléines, coexistant avec les
nucléines phosphorées ordinaires. Ellesjouent, danslesnoyauxdes cellules,
et sans doute aussi dans les granulations chromatophyles du protoplasma de
ces organes, un rôle important, puisque l'arsenic est toujours présent
dans le tissu, puisque aussi, dans les maladies de ces glandes, la médication
arsenicale a été empiriquement reconnue avantageuse, puisque enfin la
( 935 )
glande de l'économie de beaucoup la plus riche en arsenic, la thyroïde (et
ses annexes), ne peut être malade ou détruite sans qu'apparaissent les
troubles du myxœdème qui frappent particulièrement les trois organes,
thyroïde, cerveau et peau, où j'ai trouvé de l'arsenic.
» Mais la constatation de l'existence de l'arsenic normal dans le noyau
de certaines cellules n'est pas seulement importante en ce que la seule pré-
sence d'un élément aussi rare que l'arsenic dans la thyroïde, le thymus,
le cerveau, la peau et probablement la glande pituitaire, sufHt à démontrer
les relations chimiques et fonctionnelles qui unissent ces organes ; cette con-
statation nous éclaire encore à un point de vue plus général. Elle établit l'in-
fluence que sont aptes à exercer sur le fonctionnement des tissus et sur la
vie de l'être tout entier des doses presque infinitésimales de certains élé-
ments spécifiques. Une glande thyroïde humaine (pesant 21 s'' en moyenne),
glande empruntée à l'espèce animale qui, à poids égal, fournit le plus d'ar-
senic, contient à peine o^^"", 17 de cet élément. Pour un individu d'un poids
moyen de 67''^, ces 17 centièmes de milligramme représentent environ
4ouo()uuoo ^^ ^^ masse totale. Ce quatre cent millionième d'arsenic suffit pour
que, la glande foncticmnant normalement, la santé générale se maintienne.
Un poids encore bien plus faible d'arsenic, un milliardième chez certaines
espèces, suffit chez d'autres animaux.
» Il se dégage encore de ces recherches une autre conséquence, à
savoir, que des fonctions spécifiques plus ou moins nécessaires à la vie,
plus ou moins latentes, se poursuivent dans les organes, grâce à la pré-
sence de certains éléments actifs dont la majeure partie nous échappe sans
doute encore à cette heure. Tel semble être le rôle du manganèse, reconnu
dans le ferment oxydant; de l'iode dans la thyroïde; de l'arsenic dans les
nucléines, où il remplace le phosphore; du fluor dans la cellule osseuse, etc.
Il y a donc lieu de rechercher aujourd'hui, dans chaque organe, et grâce
aux méthodes les plus délicates, les divers éléments qui, tels que les pré-
cédents, peuvent raisonnablement être regardés comme aptes à se sub-
stituer à leurs analogues chimiques, éléments grâce auxquels la nature peut
arriver à modifier plus ou moins profondément le fonctionnement soit local,
soit général : tels seraient le sélénium à la place du soufre ; le soufre négatif
substitué à l'oxygène; le cuivre, le zinc ou le manganèse remplaçant le ter;
le[)hosphore, l'arsenic, le vanadium, le bismuth lui-même, jouant le rôle de
l'azote. C'est toute une Chimie biologique nouvelle à entreprendre; elle
me paraît pleine de promesses pour l'avenir.
» Des observations faites d'abord sur le mode d'action de l'arsenic chez
( g3f. )
les malades m'ont amené à découvrir cet élément chez les animaux; par
une réciproque inverse, et ajirès les considérations générales que je viens
d'exposer, je n'ai pas besoin de foire remarquer la portée de cette décou-
verte au point de vue de l'éliologie et de la thérapeutique des maladies.
» Les toxicologistes auront à leur tour, dans les expertises médico-
légales, à tenir compte de ces observations qui établissent l'existence nor-
male de l'arsenic dans certains organes, mais aussi son absence de la
majeure partie des tissus ou des glandes et du sang lui-même. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Recherche et dosage des 1res petites quantités d'arsenic
dans les organes; par M. Arîuand Gautier.
« Quoique j'aie déjà déjà décrit depuis longtemps la méthode qui me
permet de retrouver et même de doser de très petites quantités d'arsenic
dans les tissus animaux ou végétaux ('), je crois devoir, dans l'intérêt de
ceux qui voudraient répéter ou étendre mes observations sur l'arsenic
normal de l'économie animale, aussi bien qu'au point de vue des toxicolo-
gistes, donner quelques renseignements complémentaires sur cette méthode
que j'ai d'ailleurs perfectionnée au cours du précédent travail. Ces indica-
tions leur éviteront bien des tâtonnements et des doutes.
» La méthode consiste à détruire la matière organique successi-
vement |)ar l'acide nitrique, l'acide sulfuriqiie, puis encore l'acide ni-
trique. On agit ainsi du commencement à la fin en milieu très oxydant et
l'on chasse, presque dès le début, la totalité des chlorures, l'une des causes
principales des pertes d'arsenic sous forme de composés volatils.
» Sur loo^ de tissu frais, on verse, suivant les cas, de ?>o^^ à 6oS'" d'acide
nitrique pur (AzO^)-, 3H-0; on additionne de i s'' d'acide sulfurique, et l'on
chaulïe le tout, dans une capsule de porcelaine, jusqu'à liquéfaction coni-
plète puis épaississement; on retire du feu et l'on ajoute alors seulement
8 à lo grammes d'acide sulfurique pur. On chauffe de nouveau assez forte-
ment, j)uis retirant du feu, l'on verse sur la matière en train de se détruire
de l'acide nitrique par faibles quantités à la fois, jusqu'à ce que, chauflanl
jusqu'au point oii l'acide sulfurique émet d'épaisses vapeurs, il ne reste
plus dans la capsule qu'un liquide brun à peu près incarbonisable à la
température où l'acide sulfurique commence à bouillir. Dans certains cas
(') Annales de CIdmie et de Physique, 5° série, l. VIII, p. 384.
(93? )
(résidus iirinaires, extraits de vin, et surtout glande thyroïde), la destruc-
tion est difficile et les additions successives d'acide nitrique doivent être
plusieurs fois répétées. Arrivé au point où l'acide nitrique n'oxyde presque
plus, on chasse celui-ci une dernière fois à chaud, on laisse refroidir, on
ajoute encore un peu d'acide sulfurique, et, en agitant, on verse la petite
quantité de liqueur brune résiduelle dans 600'='= à 700" d'eau distillée. On
lave ensuite la capsule, après refroidissement, et l'on réunit le tout. Il
tombe au fond du récipient une matière humique très divisée à laquelle
surnage une liqueur plus ou moins foncée ('). On filtre, on ajoute l'^'^à 2*="
d'une solution d'acide sulfureux et l'on fait enfin passer dans la liqueur
acide, à chaud et durant plusieurs heures, un courant d'hydrogène sul-
furé. Le sulfure d'arsenic se précipite avec un excès de soufre qui en-
traîne encore un peu de matière organique. On recueille ce précipité
douze heures après, on le lave sur un filtre et l'on place le filtre avec son
résidu dans une capsule oîi l'on verse ua peu d'eau ammoniacale (i partie
d'ammoniaque et 20 parties d'eau). On laisse digérer trente à quarante mi-
nutes, vers Zjo" à 5o°, et l'on filtre. La liqueur filtrée, évaporée doucement,
laisse un résidu qu'on oxyde par un mélange d'acide nitrique et sulfurique.
On chauffe jusqu'à décoloration en renouvelant, s'il le faut, l'acide nitrique.
On élève enfin la température jusqu'à l'apparition des fumées abondantes
d'acide sulfurique, dans le but de chasser les dernières traces d'acide
nitrique ; on étend d'eau et l'on verse peu à peu dans l'appareil de Marsh.
» Pour les détails de la conduite de cet appareil et le dosage de l'ar-
senic, je renvoie à mon Mémoire des Annales de Chimie et de Physique de
1876 (/oc. c/V., p. 397 et 402).
» La méthode le plus souvent employée pour détruire les matières
animales, méthode dite de Fresenius et Babo (en réalité d'AbreiJ, perfec-
tionnée par Duflos et Millon), consistant à détruire la matière organique
par un mélange d'acide chlorhydrique et de chlorate de potasse, occasionne,
même en cornue fermée, même en agissant à 5o" ou 60" seulement, des
pertes notables d'arsenic entraîné à l'état de chlorure par les oxydes de
chlore qui se forment. Je me suis assuré que, dans le cas de la glande
thyroïde, la majeure partie de l'arsenic disparaissait ainsi.
(' ) Si l'on se bornail à carboniser la matière, il arriverait, dans certains cas, qu'on
s'exposerait, en épuisant imparfaitement par l'eau bouillante un charbon encore bitu-
mineux, à des pertes très notables d'arsenic; c'est ce qui se passerait particulièrement
pour le tissu thyroïdien.
C. K.. 1899, 2' Semestre. (1. CXXIX, N° 23.) 125
( 93« )
» La marche précédente, lorsqu'on se borne à carboniser la matière
sans détruire la majeure partie du charbon par des additions successives
d'acide nitrique, donne lieu, dans le cas de la glande thyroïde et dans
quelques autres rares cas, à des pertes d'arsenic qui reste occlus dans le
résidu charbonneux.
» Pour les dosages, on pèse, quand c'est possible, l'anneau d'arsenic.
Il répond à la totalité du métalloïde primitivement contenu dans le tissu
examiné, si l'on prend les précautions que je viens d'indiquer dans cette
Note, et celles que j'ai décrites aux Annales pour la conduite de l'appareil
Marsh. »
IXOMINATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre
de la Section de Chimie, en remplacement de feu M. Friedel.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 67,
M. G. Lemoine obtient 21 suffrages,
M. Étard >> 19 »
M. Le Bel » 17 »
Aucun des candidats n'ayant réuni la majorité absolue des suffrages, il
est procédé à un deuxième tour de scrutin.
Le nombre des votants étant encore 57,
M. G. Lemoine obtient 23 suffrages,
M. Étard » 19 ''
M. Le Bel » i5 «
Aucun candidat n'ayant encore réuni la majorité absolue des suffrages,
il est procédé à un troisième tour de scrutin, scrutin de ballottage entre
les deux candidats qui ont obtenu le plus grand nombre de suffrages.
Le nombre des votants étant toujours 07,
M. G. Lemoine obtient 32 suffrages,
M. Étard » 25 »
M. Georges Lemoine, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est
proclamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu-
blique.
( 939 )
MEMOIRES PRESENTES.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet à l'Académie un Rap-
port adressé par M. le Consul général de Naples à M. le Ministre des
Affaires étrangères sur divers travaux de M. Schrôn, membre de l'Aca-
démie de Médecine de Naples, concernant la Cristallogénie.
(Renvoi aux deux Sections de Minéralogie et de Botanique.)
M. U. G ANNA adresse, de Turin, une Note relative à un projet d'avertis-
seur destiné à prévenir les rencontres des trains sur les chemins de fer.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. E. Roger adresse un Mémoire relatif à la Navigation aérienne.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
CORRESPONDANCE.
L'Académie royale des Sciences de Berlin informe l'Académie qu'elle
célébrera le second centenaire de sa fondation les 19 et 20 mars 1900, et
l'invite à se faire représenter à cette solennité.
M. le Consul de France a Batavia, par une Lettre adressée à M. le
Ministre des Affaires étrangères, donne les détails suivants sur le tremble-
ment de terre qui a désolé, le 3o septembre dernier, l'île de Céram et une
partie des Moluques :
« Dans la nuit du 29 au 3o septembre dernier, vers i''45°' du matin, un fort tremble-
ment de terre, suivi d'un raz de marée, a eu lieu sur la côte sud de Céram et sur les
territoires inférieurs d'Amboina, de Banda et d'Ouliasiers. C'est dire qu'une grande
partie des Moluques ont été atteintes par le bouleversement souterrain.
« On estime que le tremblement de terre dont il s'agit a occasionné plus de
4 000 décès et que 5oo personnes ont été blessées. Les victimes sont indigènes. Ces
estimations ne sont, bien entendu, qu'approximatives.
» Toutes les constructions de la côte sud de Céram sont détruites, ainsi que les
remparts d'Aniabei.
( 9 |0 )
M. Lœwt, en présentant à l'Académie le troisième Volume des « Annales
de l'observatoire de Toulouse », s'exprime comme il suit :
« Je viens faire hommage à l'Académie, au nom de M. Bailland, Direc-
teur de l'observatoire de Toulouse, du troisième Volume des Annales de
cet établissement, qui n'a pu paraître que treize années après le second
Volume. Toutefois, durant cette période, de nombreux travaux d'une très
grande valeur, embrassant diverses branches de l'Astronomie théorique et
pratique, y ont été exécntés, grâce à l'activité toujours croissante des astro-
nomes attachés à cette institution scientifique. Mais des raisons impérieuses
ont empêché le Directeur de livrer à l'impression ces travaux au fur et à
mesure de leur achèvement. En effet, les progrès incessants accomplis dans
le domaine général de la Science ont modifié d'une manière essentielle les
mélhodes d'observation, et M. Baillaud s'est trouvé ainsi dans l'obligation
de consacrer toutes ses ressources budgétaires à la création d'un nouvel
outillage. Il est parvenu ainsi à doler l'observatoire de Toulouse de nou-
veaux et puissants moyens d'investigation dont cet établissement fait
aujourd'hui un si excellent usage.
» M. Baillaud a pu seulement commencer maintenant la publication des
précieux documents accumulés dans !e long intervalle écoulé et qui for-
meront la matière de plusieurs Volumes.
» Le tome présent débute [lar trois Mémoires très instructifs de M. An-
doyer. Le premier est relatif aux formules générales de la Mécanique cé-
leste. M. Andoyer applique, avec beaucoup d'habileté et d'ingéniosité,
aux divers problèmes qu'offre le système solaire, la méthode des coefficients
indéterminés employée par Laplace dans la théorie de la Lune; il obtient
très rapidement, à l'aide de cette méthode, les coefficients des expressions
trigonomélriques représentant les inconnues des problèmes et, ce qui est
important, ne renfermant aucun terme proportionnel au temps ou à une
puissance du temps. M. Andoyer précise qu'on peut pousser assez loin le
calcul pour que la substitution des formules trouvées dans les équations
différentielles donne des résidus d'ordre aussi élevé qu'on voudra par rap-
port à certaines quantités regardées comme petites du premier ordre.
» M. Andoyer, dans les deux autres Mémoires sur des inégalités de
la Lune, applique celte méthode : il calcule avec la même approximation
que Delaunay les coefficients des inégalités de la longitude qui ne dé-
pendent que de la première puissance de l'excentricité de notre satellite et
du rapport des moyens mouvements du Soleil et de la Lune; il calcule
( 94' )
aussi la partie du mouvement du périgée lunaire relativement à ce dernier
rapport et les inégalités de la longitude de la Lune qui ne dépendent que de
rexcentricilé de l'orbite de la Terre. M. Andoyer a vérifié ses résultats par
la méthode de M. Hill (Mesearches on the lunar theory') et trouve, à partir
du huitième ordre, certaines discordances avec les nombres donno's par
Delaunay dans ses recherches supplémentaires. M. Andoyer explique ces
différences et rectifie ainsi très heureusement certains développements de
la théorie de Delaunay.
!) Deux importants Mémoires de M. BaiUaud renferment la démonstra-
tion de résultats annoncés par lui dans les Comptes rendus. Dans une étude
sur les formules de quadratures premières et secondes, M. BaiUaud
démontre comment un peut déduire facilement, par les procédés élémen-
taires du Calcul intégral, les formules générales données par M. Gruey et
par Th. von Oppolzer pour le calcul de ces quadratures.
'1 II fait connaître un grand nombre de formules intéressantes qui per-
mettent en outre de vérifier par divers procédés les résultats obtenus; il
donne enfin les valeurs numériques des cinc[ premiers coefficients des qua-
dratures des quatre premiers ordres.
» Ces diverses recherches théoriques constituent la partie principale du
volume actuel, et elles fournissent de nouvelles et très satisfaisantes solutions
de quelques problèmes très délicats de la Mécanique céleste.
1) Une autre série de Chapitres renferme d'abord les observations des
étoiles de culminalion lunaire et les positions de la Lune, déterminées
avec beaucoup de précision par M. Saint-Blancat, de janvier 1H84 à sep-
tembre 1887; et, ensuite, de très nombreuses mesures d'étoiles doubles
effectuées de i885 à iSy'i. Cette dernière recherche, à laquelle ont colla-
boré MM. Andoyer, BaiUaud, Cosserat, Montangerand, Saint-Blancat et
Rossard, a été exécutée dans les meilleures conditions d'exactitude et forme
une contribution très précieuse pour l'étude de ces corps célestes. La
partie astronomique est accompagnée de deux spécimens de photographies
très réussies des célèbres nébuleuses d'Orion et de la Lyre.
>) Le volume se termine par les observations météorologiques trihoraires
faites de 6'' du matin à 9'' du soir pendant les années 1894, 1893, 1896 et
1897.
» Cette très rapide analyse permet de constater que l'observatoire de
Toulouse a déployé, depuis sa réorganisation, une incessante et très fé-
coutle act.vilé. »
( 942 )
M. Tarry adresse, par dépêche télégraphique, les indications complé-
mentaires suivantes, sur les nombres horaires des Léonides seules, ob-
servées à Alger :
Deuxième nuit i, a, 5, i8, 17 Total : 43
Troisième nuit 1,1, 3, 8, 6 Total : 19, jusqu'à 4'"
ASTRONOMIE. — Observations des Léonides et des Biélides, faites à Athènes,
en novembre 1 899. Note de M. D. Égixitis, présentée par M. M. Lœwy.
Obseri'ations des Léonides.
« Depuis le 8 novembre, avec le concours des trois observateurs de notre
service régulier météorique, nous avons surveillé attentivement le ciel, pour
suivre les diverses phases de l'averse des Léonides. Malheureusement, le
mauvais temps et la vive lumière de la Lune, pendant toute la période de
l'apparition de cet essaim, en ont beaucoup gêné l'observation complète à
Athènes. Cependant, malgré la nébulosité du ciel, le très petit nombre de
météores que nous avons pu apercevoir, dans des éclaircies, montre qu'un
maximum possible de cette pluie météorique attendue cette année, bien que
peu probable, n'a pas eu lieu.
» Les résultats de notre exploration sont les suivants :
» Le 8 novembre, le ciel était couvert; on a eu cependant un assez grand nombre
d'éclaircies, dans lesquelles on n'a vu aucune étoile filante.
» L'apparition des Léonides a commencé le 9 novembre; pendant cette nuit, on a
pu observer, dans quelques éclaircies, trois météores de cet essaim.
» Le 10 novembre, presque avec le même état du ciel, on a pu noter le passage de
deux Léonides.
» Le 1 1 novembre, le ciel était complètement clair, cependant on n'a vu que deux
météores.
» Le 12 novembre, le ciel étant nébuleux, on a observé, dans des éclaircies, 9 étoiles
filantes émanant de la constellation du Lion.
» Le i3 novembre, le ciel fut complètement couvert.
» Le i4 novembre, on a aperçu, en grande partie à travers les nuages, de i4'' jus-
qu'à iSi", 46 météores dont les trajectoires donnent les trois radiants suivants :
a= i52°, 140", '76°;
0 = -t- 25 , H- i4 , -h 16 .
» La plupart de ces météores ont émané du radiant connu, situé près de Ç Lion ; une
dizaine environ appartiennent au deuxième qui nous paraît nouveau et quelques-uns
seulement à un troisième qui, comme nous le supposons, n'a pas été également observé
( q43 ^
jusqu'ici. Le deuxième radiant se trouve près de Régulus et le troisième est situé aussi
dans la constellation du Lion.
» Le i5 novembre, on a aperçu, à travers les nuages, cinq météores et, le i6, avec
le même état du ciel, un seul. Le 17 novembre, le ciel était complètement couvert.
1) Les météores étaient, en général, rouges, rapides et d'un éclat moyen de deuxième
à troisième grandeur; quelques-uns seulement avaient une couleur jaune et rouge jau-
nâtre et plusieurs un éclat de première grandeur.
» D'après l'ensemble de ces données, le maximum de l'averse de cette
année a eu lieu, très probablement, à moins que l'état vaporeux du ciel ne
nous ait trompé, dans la nuit du i4 novembre (temps astronomique);
d'ailleurs, il paraît certain que, dans la nuit du i5 novembre, pendant
laquelle on s'attendait à observer la plus grande valeur de ce maximum,
on n'a vu, relativement, que très peu de ces corpuscules.
Obsenations des Biélides.
» Pendant quatre soirées, dn 24 au 27 novembre, nous avons observé à
Athènes, par un ciel très beau et à l'aide de nos trois observateurs du ser-
vice astronomique, MM. Terzakis, Maris et Tsapèkos, l'essaim des Biélides.
» Le 24 novembre on a noté, depuis 6''3o" jusqu'à la^" 20" (temps moyen d'Athènes),
4i météores, dont 20 ont émané d'un petit cercle, de 1° de rayon, situé tout près
de T Andromède; les trajectoires de ces météores, tracées sur une carte construite
exprès pour notre latitude, nous donnent le radiant suivant :
a = 23°, 8 = -t-39<'.
» L'année dernière, le 20 novembre, nous avons observé le radiant, ayant les coor-
données {Comptes rendus, p. 1000) :
a = 20°, o=+37''.
» La ditTérence entre ces coordonnées n'est pas, relativement, très grande; c'est
donc le même radiant que nous observons pendant deux années consécutives et qui est
autre que celui qu'on constate habituellement près de y Andromède. Ce radiant fut
déterminé aussi, il y a quelques années, par plusieurs autres observateurs.
n Les 21 autres météores notés dans la soirée du 24 novembre émanaient des
constellations de Cassiopée, du Triangle, du Bélier et de la Girafe.
» Le 25 novembre, depuis 6''3o"' jusqu'à [7''3o™, on a vu 11 météores, dont 4 seule-
ment appartiennent aux Andromédides; le radiant de ces dernières, situé près de
Y Andromède, est :
a — 25°. o = + 43°.
» Les étoiles filantes qui émanaient de y Andromède étaient rouges, rapides et
brillantes, tandis que celles qui sortaient de ~ Andromède étaient moins rapides,
faibles et rouge jaunâtre.
( 9^44 )
» Le 26 iio\ LMiibre, de 8^ à ii''i5", on a vu 4 météores de la constellation d'An-
dromède; le ciel fut couvert pendant la seconde moitié de la nuit.
» Le 27 novembre, de 6'' Se™ à 12'', on a aperçu 9 météores, dont 4 émanant d'An-
dromède et 5 de Cassiopée. m
GÉ0MÉTRI1-: INFINITÉSIMALE. — Sur quelques propriétés de certains systèmes
de cercles et de sphères. Note de M. C. Guichard, présentée par M. Dar-
boiix.
« Je vais indiquer les principales propriétés des systèmes de cercles et
de sphères définis dans ma Note du i3 novembre.
» Les sphères I sont des sphères-points, dont le centre M décrit un
réseau de lignes de courbure. Les cercles focauK sont des cercles-points
ayant pour centre M et situés dans les plans principaux de la surface (M).
)) Il en résulte que les courbes I sont des cercles-points dont le centre M
décrit un réseau de lignes de courbure, ces cercles étant situés dans le
plan tangent à la surface (M). Les sphères focales passent par M et ont
pour centres les centres de courbure G, G' de la surface M; ce sont les
sphères osculatrices de la surface M.
» Si l'on désigne par Y,, Yj, Y3 ; Z,, Zj, Z3 les coordonnées de G et de
G', {)ar /• et p les rayons de courbure correspondants, les coordonnées
^,, . . ., Ej; -/j, , . . ., -/is des deux sphères focales seront
l,= 2^.Z,, Sj— 2[xZo, Ej-^ap-Zj,
E,r_,f.(Z;-i-Z=+Z^-p^-Hi), E, = f.(Z;+Z^4-Z^-p=--i),
r,, = 2XY,, -n.,^ 2).Yo,
y,, :^ À( Y; -4- y;; + y;; - A" + 1\
2>.Y
_^l(Y^.^Y; + Y;-r-^-i),
1 et [j. étant des facteurs de proportionnalité auxquels il convient de
donner les valeurs suivantes:
).=
6(/--p)'
a(p— /•)'
a^ du- + b- dv- étant \e ds- de la représentation sphérique de la surface M;
avec ce choix de valeurs pour \ et \i., on aiu-a les équations
('^
d'il
I dix
è = -^"
I di
m =Z - -r-
^ du
Si l'on tait
C 9^«5 )
on voit qne E,, l.,, . . ., ;„ ; r,,. r..,, . .., •/)„ représentent les paramètres di-
recteurs des deux tangentes d'un réseau à ds'- nul dans l'espace à six
dimensions; ce qui est bien conforme à ce résultat que les cercles I cor-
respondent aux réseaux de l'espace à cinq dimensions applicables sur un
réseau à une seule dimension. Je montrerai plus tard comment de ces
formules on peut déduire une démonstration très simple du théorème de
Weinffarten sur la déformation des surfaces.
)) Les centres des sphères 2I décrivent des réseaux O ou 2O. Dans le
premier cas, leur rayon est constant. Les sphères 2T sont celles pour
lesquelles les lignes de courbure se correspondent sur les deux nappes
de l'enveloppe.
» Les plans des courbes 2I enveloppent des réseaux O ou 2O; dans le
premier cas, le rayon du cercle est constant; le centre du cercle est le
point où le plan touche son enveloppe. Dans tous les cas, les pôles d'un
cercle 2I décrivent des réseaux O.
» Les centres des sphères O décrivent un réseau C. Voici comment on
les construit : Soient M et M' deux points qui décrivent des réseaux appli-
cables : on sait (théorème de M. Bellrami) que si une s])hère S de centre M
décrit une congruence, la sphère S' de centre M' et qui a même rayon que
S', décrit aussi une congruence. Si la sphère S' passe par un point fixe, la
sphère S décrit une congruence O et l'on obtient ainsi toutes les con-
gruences O. Si la sphère S' coupe ortliogonalement une sphère fixe, la
sphère S décrit une congruence 2O; enfin, si la sphère S est quelconque,
la congruence S est 30. On obtient ainsi des congruences 2O ou 30 qui
sont particulières.
» Appelons cercles correspondants les cercles situés dans les plans
tangents en M et M' qui viennent coïncider quand on fait rouler M' sur M;
les cercles O de M correspondent aux cercles de M' qui sont situés sur
une sphère-point fixe; les cercles 2O de M correspondent aux cercles
de M' qui sont situés sur une sphère fixe.
» Les cercles O sont les cercles, trouvés par Ribaucour, qui sont nor-
maux à une famille de surfaces.
» Il y a une remarque importante à faire : L'inversion ne change pas la
nature d'une congruence de cercles ou d'une congruence de sphères, c'est-à-dire
qu'une sphère /jI se transforme par l'inversion en une congruence pL
c. R., iSqg, -i' Semestre. (T. CXXIX, N" 23 j 1 '-if>
( 9^^ ^
» Voici maintenant un Tableau qui donne les systèmes de cercles qui
sont h.irmoniqiies ou conjugués aux divers systèmes df sphères :
Cercles harmoniques.
\ I cercle I
/ les autres ... al
P I
< oc' al
( les autres. . . 31
i 00' ai
) 00' 31
( les autres ... [\\
cercles C
( I cercle C
/ les autres ... aC
Spliéi-rs.
Cercles conjugués.
1
0
aT
i
f
I cercle.. .
les autres .
.. O
.. aO
1
a cercles. .
.. 0
31
1
00'
.. aO
les autres .
.. 30
j
oo'
I
0
oo^
. . ol
1
les autres .
.. 31
i
00^
al
aO
oo'
.. 31
\
les autres .
.. 41
C
)
o
1" ^o
( les autres ... 30
oo' aO
•iC. \ 0)5 30
les autres ... 40
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des ensembles. Noie de
M. R. Baire, présentée par M. Picard.
« I. Dans ma Thèse de doctorat (yl««a/< rf/iWa/e/?2a//crt, 1899), j'ai traité
un certain nombre de questions relatives aux lonctions discontinues de
variables réelles, et j'ai montré que leur solution est, en général, intime-
ment liée à celles de certaines questions relatives à la théorie des ensembles
de points; c'est ce qui a lieu, en particulier, pour la recherche des fonc-
tions discontinues développables en séries de polynômes. En poursuivant
les recherches indiquées au Chapitre III de ce travail, c'est-à-dire en
essayant d'obtenir toutes les fonctions discontinues développables en
séries doubles, triples, etc., de polynômes, j'ai été conduit à reconnaître
que la théorie des ensembles de points, telle qu'elle est envisagée dans les
Mémoires de MM. Caritor et Bendixson {Acta mathematica, t. II) et dans
ma Jbèse, devient insuffisante poui' étudier ces nouvelles questions. Il y a
( 9^47 )
lieu de la remplacer par une théorie plus générale, construite sur ries bases
nouvelles, et qui comprendra, comme cas particulier, la théorie des
ensembles de points dans un continu à n dimensions. Cette dernière
théorie est dominée par la nolion de point limile; c'est celte notion cju'il
s'agit de transformer, de manière à la dégager, non seulement de l'intui-
tion du continu, mais encore de la notion d'inégalité ou de grandeur rela-
tive de deux nombres.
» J'appellerai cette nouvelle théorie : théorie des ensembles de suites d'en-
tiers. Je me propose d'en indiquer ici les principes et d'en énoncer quelques
théorèmes, en mettant surtout en évidence ceux qui me sont utiles pour la
théorie des fonctions. Je crois d'ailleurs que cette théorie peut présenter
un certain intérêt en elle-même, indépendamment de ses applications.
» II. On appelle groupe d'entiers d'ordre p un système de/; nombres en-
tiers positifs rangés dans un ordre déterminé, soit (a,, a„, . .., a^); il y a
des groupes d'ordres i, 2, 3. ...; on convient de dire que le groupe
d'ordre /7 (a,, y.., a^) est contenu dans chacun des groupes (z,),
(a,, a^), . . ., (a,, a^. . . ., «p.,). On apjielle suite d'entiers une suite infinie
d'entiers positifs rangés dans un ordre déterminé, soit
(a,, a,, .... cLp, . . .);
on convient de dire que cette suite est contenue dans chacun des
groupes («,), (a,, ao) (a.,, a^, ..., a^), ....
» Si P est un ensemble de suites d'entiers, on dit qu'une suite A, faisant
ou non partie de P, est limite pour P, si, quel que soit n, il y a dans P des
suites antres que A contenues dans le même groupe d'ordre /i que A (c'est-
à-dire ayant en commun avec A les n premiers nombres). Un ensemble P
de suites est à\ifermé, s'il contient toutes ses suites limites. Un ensemble P
fermé de suites est dit parfait, si chacune de ses suites est limite pour lui.
» Soit E un ensemble de groupes d'entiers; on dit que E est complet si,
dès qu'un groupe g- d'ordre/; fait partie de E, les groupes d'ordres 1,2,...,
p — i, qui contieimenl g font aussi partie de E. Un ensemble cojnplet E de
groupes est dit fermé, si tout groupe g' de E contient au moins un groupe
d'ordre supérieur au sien contenu aussi dans E.
» Étant donné un ensemble complet E de groupes, il peut exister une
suite A, telle que tous les groupes contenant A se trouvent dansE; l'en-
semble F des suites, telles que A est dit déterminé par l'ensemble de
groupes E; l'ensemble F, s'il existe, e.>t fermé. Tout ensemble fermé de
groii]>cs E détermine un ensemble fermé de suites F; réciproquement,
( 94« )
étant donné un ensemble fermé de suites F, il existe un et un seul en-
semble fermé de groupes E, déterminant F ; il y a correspondance parfaite
entre les divers ensembles fermés de groupes et les divers ensembles
fermés de suites. Si F est parfait, on dira que l'ensemble de groupes cor-
respondant E est parfait; pour qu'un ensemble de groupes E soit parfait,
il faut et il suffit que tout groupe de E contienne au moins deux groupes
d'un même ordre supérieur au sien et contenus aussi dans E.
» Soit P un ensemble de suites; l'ensemble P' des suites limites de P est
dit l'ensemble dérivé de P; P' est fermé. On définit de même P" dérivé
de P', . . ., P'"' dérivé de P<"-'), . . ., puis P", ensemble des suites contenues
dans P", quel que soit /?,... et d'une manière générale P", a. étant un
nombre de la première ou de la deuxième classe.
» Si P est un ensemble fermé quelconque, il existe toujours un nombre x
tel que P" = P""^* :=...; ou bienP est dénombrable, on bien il se compose
d'un ensemble dénombrable et d'un ensemble parfait.
» Considérons un ensemble parfait de groupes E, déterminant un en-
semble parfait de suites F. On dit que l'ensemble de suites P, contenu
dans F, est non dense dans F (ou dans E) si tout groupe de E contient au
moins un groupe de E ne contenant aucune suite de P. On dit que P, con-
tenu dans F, est de première catégorie par rapport à F s'il existe une infi-
nité dénombrable d'ensembles P,, Po, ..., P„, ..., dont chacun est non
dense dans F, et tels que toute suite de P fait partie de l'un au moins des
ensembles P,, P^, ..., P„, .... Un ensemble qui n'est pas de première
catégorie est dit de seconde catégorie.
M Un ensemble parfait de suites F est de seconde catégorie par rapport
à lui-même.
» Si un ensemble Q contenu dans l'ensemble de suites F, déterminé par
l'ensemble de groupes E, est de seconde catégorie, il existe un groupe g
de E tel que, dans tout groupe de E contenu dans g, la portion de Q qui y
est contenue est de seconde catéeorie.
o
» Si P est de première catégorie, si Q est de seconde catégorie, F — P
et Q ont des suites communes, qui constituent un ensemble de seconde
catégorie.
)) 111. Nous considérerons des éléments constitués par une même lettre r
affectée d'une infinité d'indices, ces indices étant des entiers positifs
rangés dans un ordre déterminé : la forme générale de ces éléments sera
^a„a= a,, . • Nous Conviendrons de dire qu'un tel élément est contenu
ilans le groupe (a,, 7.^, . . ., a^).
( 949 )
1) Je me propose d'indiquer, dans une prochaine Note, quelques appli-
cations de la théorie précédente à la théorie des fonctions. »
ANALYSE MATHEMATIQUE. — Sur les équations différentielles du second ordre
à points critiques fixes. Note de M. Paul Painlevé, présentée par
M. Appell.
« Considérons une équation
où R est rationnel en -^) algébrique en Y, analytique en X. J'ai formé
explicitement toutes les équations (I) à points critiques fixes (^Comptes
rendus, i8g8). Le problème inverse se pose ni\lore\lement : L'équation (!)
étant donnée, reconnaître si ses points critiques sont fixes. J'ai résolu complè-
tement ce problème dans le cas où R est rationnel en Y (^Comptes rendus,
i3 novembre 1899) : on sait alors reconnaître algébriquement (' ) si l'équa-
tion (I) a ses points critiques Hxes et (quand il en est ainsi) la ramener
par une transformation algébrique à un des vingt-trois types (intégrables
ou irréductibles) que j'ai énumérés.
» Étudions maintenant le même problème en supposant R non plus
rationnel, mais algébrique en Y. Tout d'abord R doit être de la forme
A(Y, X)Y'= -^ B(Y, X) Y' + C(Y, X),
et les fonctions algébriques A, B, C de Y (où X est regardé comme un
paramètre) doivent s'exprimer rationnellement à l'aide soit d'un para-
métre y, soit de j et de v'j'(j' — 1) [j' ~ ^(^)] (')' la fonction j(X) ayant
des points critiques fixes en même temps que Y(X). Dans le premier cas,
si l'on substitue à Y la fonction y, on est ramené aux équations (I) où R
est rationnel en y. Dans le second cas, posons x = a(X) sia(X) n'est pas
(') Par conditions (ou opérations) algébriques, j'entends des conditions (ou des
opérations) algébriques entre les coefficients «(X), etc. de (I). De même, par trans-
formation algébrique, j'entends une transformation y=:ip(Y, X), a;=:4'(X) où tp est
algébrique en Y et où les fonctions o, «i de X s'expriment algébriquement à l'aide
des a(X) et de leurs dérivées.
(-) Ce qu'on sait reconnaître algébriquement.
( 95o )
une constante, et a; = X si a est constant; la nouvelle équation en y{x)
tioit coïncider avec une des deux suivantes :
(-^) r . ir. . . rfrl
I P:^;j'(j — i)(7 — a), a = const. numérique, p = o ou — > 2 w période de -7= .
» Nous arrivons donc à ce théorème : Etant donnée une équation (I),
on sait, à l'aide d'un nombre fini d'opérations algébriques extrêmement
simples, reconnaître si elle a ses points critiques fixes et, quand d en est ainsi,
la ramènera un des types (i), (2), (25). Il va toutefois un cas d'ex-
ception, le cas où l'équation (I) se trouve ramenée au type (24) avec ?> =^0;
la condition supplémentaire ^ -= '^ est transcendante. Ce type (24)
(oùp = — ) est le seul dont l'intégrale possède des singularités essen-
tielles mobiles ; ces singularités sont des points essentiels isolés.
n Quant aux 25 types énumérés, d'après le Tableau que j'en ai donné,
ils sont tous réductibles aux équations linéaires et aux quadratures, sauf
les six types (aS), (aS), (22), (21), (20) et (19), qui se ramènent à quatre
types irréductibles, a savoir le type bien connu (25) et les trois types :
y" = 67- -\- X, y" ^ 2j' -t- xy -h a, y" ^ y"' - ^ ^ '•^' "^ ^7" "^ ¥ '
» L'intégrale des deux premiers est une fonction y{x) méromorphe
dans tout le plan, et il en est de même pour le troisième, si l'on prend
comme nouvelle variable indépendante ^ = logic. Les transcendantes uni-
formes ainsi engendrées sont irréductibles aux transcendantes classiques
et se calculent à l'aide (\q fonctions entières qui vérifient (pour chacun des
trois types) une équation très simple du 3*= ordre, que j'ai déjà indiquée.
>i Les résultats précédents résolvent plusieurs problèmes importants.
» Problème L — Former toutes tes équations ([), — où R est rationnel
en Y', algébrique en Y et en X, — dont tes points critiques sont fixes. Il suffit,
dans les équations (i), (2), ..., (25) [le type (20) étant écarté], d'assu-
jettir les fonctions arbitraires a{x), ..., qui y figurent, à être algé-
briques, puis d'effectuer sur ces équations la transformation Y = cp(j, x),
X = K^)' ^^ P'"^ générale, où tp et ^ sont algébriques en x et rationnels
( 95i )
soit en j, soii [pour les types (24) et (2^)] en y et \y{y — i)''.v — ,^).
,!:,'■ désignnnt x pour ('-It) et la constante a pour (24)-
» Problème II. — Former toutes les équations Y"= R(Y', Y), — où R est
rationnel en Y', algébrique en Y, indépendant de X, — </ort^ les points cri-
tiques sont fixes.
» Il suffit d'écarter du Tableau des types (i), (2), ..., (25) les 7 types
(25), (23), (22), (21), (20), (rg) et (10), et de remplacer, dans les types
restants, les fonctions arbitraires a{x). ..., par des constantes; puis d'ef-
fectuer sur ces équations la transformation Y = cp(^) la plus générale
où <p est rationnel en v, ou [pour le type (24)] eny et \jy{y — i) (t ~ ^-J-
» D'après le Tableau même, ces équations se ramènent toutes sans
intégration à une équation de Riccali, où une équation
•^ = a(x)dx,
équations dont les coefficients sont des fonctions rationnelles àe x + x^,
ou de e5t-^+-^«' ou de -^{x 4- x„, g.,, g.^), Y'(;r + x„, g^, g^). J'ai déjà établi ce
dernier théorème {Comptes rendus, juillet 1894), mais par une méthode
bien plus longue et compliquée.
» Je voudrais comparer enfin les résultats précédents avec quelques
théorèmes généraux que j'ai établis sur les équations du second ordre à
points critiques fixes
(II; ¥(y",y',y,x)=o,
F désignant un polynôme en y", y, y, analytique en x. Pour de telles équa-
tions, deux cas généraux sont à distinguer suivant que l'on peut ou non
choisir les constantes d'intégration de façon qu'une au moins de ces
constantes figure algébriquement dans y{x). Dans le premier cas, j'ai
montré que l'équation se ramène aux équations linéaires et aux quadra-
tures; le second cas, le cas où y (x) est une fonction essentiellement
transcendante des deux constantes, peut seul conduire à des transcendantes
uniformes nouvelles. Le Tableau (i ) ... (aS) fournit une vérification dé-
taillée de ces théorèmes.
>) Dans mes Leçons de Stockholm, j'ai de plus indiqué comme vraisem-
blables ces deux théorèmes ;
)) 1" Si l'intégrale de (II) a ses points critiques fixes mais présente des
singularités essentielles mobiles, ces singularités sont des points essentiels
isolés et i'é.juation n'est pas irrédiielible.
( 9^2 )
» 2° Si l'intégrale fie (II) a ses points critiques fixes et est une fonction
essentiellement transcendante des deux constantes, la surface algébrique
F = o (oîi X est un paramètre) correspond à un cylindre f'- = f/(//— i)(m— a)
de l'espace (h, v, «').
» Ces deux théorèmes se trouvent démontrés rigoureusement pour les
équations (II) du premier degré en y". «
ANALYSE MATHEMATIQUE. — Gcnéralisaliu/i d' une forinuli- ilc Gauss.
Note de M. E. Iîcsche, présentée par M. Hermitc.
(( La formule très connue de Gauss
P-' 1^
.r = 1 .1=1
oi'i y (oc) désigne l'entier contenu dans x, est le premier membre d'une
longue série de théorèmes plus généraux dus à Eisenstein, Dirichht, Stern,
Syh'esler et à beaucoup d'autres auteurs. C'est pourquoi j'espère que la
formule (2) indiquée ci-dessous, qui me semble être la source de tous ces
théorèmes, pourra intéresser les Géomètres.
» Soient
«v„ < «v„+. < ■ ■ • < «.„ : K < K^> <■■ ■< f',„. ; «^v. ■' ' Cv..+i < • • • < c„^
des nombres réels représentés par des points d'une droite. Par a_,.(h ) je
désigne l'indice y du nombre b^ qui satisfait à la condition
par b^i'a)' l'indice x du nombre
)) Les symboles a^^c), b^(c)' , c.{a)', c^(by ont la signification corres-
pondante. Une différence entre les symboles accentués et non accentués
existe seulement au cas que deux ou trois des nombres a, b, c coïncident :
un nombre c est regardé comme situé devant un nombre b ou a coïncidant
avec c, et un nombre b comme situé devant un nombre a coïncitlant
avec b. Tous les nombres a, b, c sont contenus dans l'intervalle de a
à p>a (ocexcl., p incl."), à l'exception de a,, ,, b^^, r,^ qui sont la.
(^)
( 95a )
» lui taisanl usage de ces notations, ou a léquation suivaiilf-, où
J(j7, v, =) est une fonction arbitraire des variables réelles x, y, z ;
/ "a
2] ;j[*-. «..:(*). «x(c)| —S\x-i,a^(b),a^{c)][,
.1 = Va -1-1
-i- 2 ! J[t-.-(«)'.c.(/-')',=J - J[c,(ay,c,(6)', ::- 1]!,
:=Vc + l
» En effet, si, pour v„<; ay^w^, on a Uj^^b) = y, a^Çc) = ^, un terme de
la première somme sera ^(x, y, z). Le nombre a^ n'étant pas le plus grand
de tous les nombres a, b, c, il y aura un nombre voisin à droite de a^ qui
pourra être ou a^^_, ou b^_^, ou c-^,. En tous cas, il y a évidemment un seul
terme — ^Çx, y, z) qui se trouve dans la première somme, si a^^,, dans
la seconde, si b^^,, dans la troisième, si c-^, est voisin dea^;. Ainsi, à chaque
terme ^(a;, y, s) de la partie à gauche de l'équation répond un seul terme
égal et de signe contraire, à l'exception du terme #(««' "«' '^c). apparte-
nant ou à la première, ou à la seconde, ou à la troisième somme, suivant
que le nombre a„^, ou 6„,, ou c,,^ est le plus grand de tous les nombres a,
b, c. Le seul terme négatif qui reste est — .l^(v^„ v^, v^.).
» Il est clair qu'on peut écrire une formule tout à fait analogue à (2)
avec deux ou ])Ius de trois sommes, en faisant usage de deux ou plus de
trois systèmes de nombres a, b, c, d, .. . et d'une fonction arbitraire
j(.r, y) ou J'(x, y, z,u, .. .).
» L'équation (i) est un cas particulier de (2). Prenons, pour le mon-
trer, a. = o, [5 = ~pq, a^ = qx, by = py, où p el q sont deux nombres pre-
miers impairs. On a maintenant
où l'accent de b^i^a) peut être retranché, parce qu'aucun nombre a ne
peut coïncider avec un nombre b. En posant S{x, y) = xy, la formule (i)
résulte immédiatement.
» Pour faire une application plus générale de (2), désignons par a{x),
b(x), c(x) des fonctions continues, de telle sorte que leurs valeurs situées
c. 1'.., iSy.j, 2' Semestre. (T. CXXIX, N' 23.) 12^
( 954 )
enlre les limites a. et p croissent toujours lorsque a; augmente, et par A (a-),
B(a;), C(x) les fonctions inverses de a(a?\ b(x), c(x). Si l'on pose
on a, supposant ax{b) = y,
b{y) = a(x^<^b{y^^i),
d'où
j = B[a(a:)]<j+.,
ou
a^{b) = c[Ba(a;)],
en écrivant ha{x) au lieu de B[a(a-)]. De même, on obtient
b/ay = clkb{y)]'
La fonction c(^x)' désigne l'entier défini par
C{xy <^x^C{x)' -\- 1.
■) Comme on a
v„=t[A(a)J. «,= t[A(p)]
on trouve de (2) l'équation suivante :
(3)
2 [S\x, £[Ba(j;)], C[Ca(>)]j —S\x-i, C[ùa{x)], c\_i:a{x)\\]
Mail + i
2 [S\cikb{y)], y, C{Cb(yy\\ - s\c\Kb{y)]' , y - i, c[b{y)\]
-h 2 (^'l^IM^)]'. C[Bc(^)]'.z| -i|t[A(s)]', c[Bc(:.)]', :;-i!)
='#!^[A(!Î)]. i:[B^?)], 4C(?)]; - fy]C\k{y.)l 4B(.)]. C[C(x)]|.
1) On pourrait déduire une formule sur la fonction c(x'), plus générale
que (3) de l'équation (2), si l'on supposait quelques-unes des fonctions
a(x), bÇx), . . . décroissantes, lorsque x augmente, mais comme cela exi-
gerait un calcul un peu long, je me borne à renvoyer le lecteur à un petit
Mémoire : Ein Beùrag znr- Diff'erenzenrechnung und zur Zallien-theorie, qui
va paraître dans \es Mal/iematische Arinalen. J y démontre une formule de
Dirichlet de cette espèce (Œuvres complèles, t. II, p. loi), à l'aide d'un cas
spécial de la formule (2). «
( 9^^ ':
ANALYSE MATHÉMATIQUE.— Sur la transformation des fonctions ahélicnncs.
Note de M. G. Humbert, présentée par M. C. Jordan.
« Soit un système de fonctions abélienncsà deux variables, de périodes
I o i; h
o I h g"
supposons que l'on ait
(0 g' = '^g-'
à cette relation singulière entre les périodes répond, entre les modules des
fonctions abéliennes, une relation qui est algébrique, et qu'on peut ob-
tenir de la manière suivante :
» Considérons une conique, et faisons correspondre à chacune de ses
tangentes, d'une manière univoque, un argument x; soient a;,, .. ., a;,., les
:irgumentsde six tangentes. Le radical
\/( X — X,) (x ~ X,) . . .(x — Xg)
conduira à des fonctions abéliennes dont les périodes vérifient la rela-
tion (i) si les six tangentes peuvent se répartir en trois couples, A et A',
B et B', C et C, de telle sorte qu'il existe un et un seul système simplemenl
infini de cubiques planes passant par les sommets des trois couples et tou-
chant en outre les six droites.
» Cette condition est équivalente à la suivante, moins symétrique, mais
plus avantageuse pour le calcul : il existe une cubique et une seule, pas-
sant par les sommets des trois couples, avant un point double au point
d'intersection de A et de B, et touchant en outre les droites A', B', C et C.
Sous cette forme, on arrive à obtenir, sans trop de peine, la relation mo-
dulaire entre x^,x„, . . . , x^. Afin de simplifier, on peut supposer, comme
on en a le droit,
a?, —ao, X.,^ o, 073 = T, x^~k'-, X5=/-,
et si l'on fait pour abréger
X. =z nr
k
^ m'
„ \— k'-
- k'-
l'équation modulaire entre X", /, m, qui correspond à la relation (i) eiilre
{ (P<i )
les périodes, est
{ni' - klk'l') {l'k — Ik') - [^mklk'l
= m(l'k + Ik'y-(kk'-U') , \ =
(2)
M L'intérêt du cas particulier (i) considéré est qu'il fournit l'exemple le
plus simple possible de ces transformations singulières du premier ordre dont
j'ai déjà eu Toccasion de parler, et qui conduisent d'un système de fonc-
tions abéliennes à des fonctions abéliennes de modules différents. Sous
une autre forme, une surface hyperelliptique répondant à des modules
k-, l^, m^, qui vérifient (2), correspond point par point à une surface de
modules k'^, /^, m^, sans que les systèmes de modules k'-, P, m- et k'^, t\, m\
puissent se ramener l'un à l'autre par une transformation du premier ordre
ordinaire d'Hermite.
» Il s'agirait maintenant d'exprimer leg modules k'^, l\, m\, conjugués des
modules k-, P, m-, en fonction de ces derniers : je n'ai pas réussi, à cause
de la longueur des calculs, à obtenir explicitement ces expressions qui
paraissent, a priori, devoir être fort comjiliquées; mais la Géométrie en
donne une représentation assez élégante.
» Supposons vériliée l'équation (2), et formons, avec les trois couples de
droites considérées plus haut, un hexagone (de Brianchon)en prenant ces
droites dans l'ordre ABCA'B'C, de manière que deux droites d'un même
couple, telles que A et A', soient des côtés opposés de l'hexagone : il existe
une courbe, C^, du quatrième ordre, unicursale, inscrite et circonscrite à
l'hexagone; les modules k'-, P, m" sont les rapports anharnwniques quatre à
quatre des six côtés de l'hexagone considérés comme tangents à une conique;
les mochdes conjugués, k], 1% m'^ sont les rapports anharmoniques quatre à
quatre des six sommets de l'hexagone, considérés comme situés sur la courbe
unicursale C,. »
ÉLECTRICITÉ. — InJIaence des rayons X sur la résistance électrique
du sélénium ('). Note de M. Perreau, présentée par M. Mascart.
« L'intérêt que présente la connaissance de la nature des rayons X m'a
conduit à chercher s'ils exercent sur la résistance électrique du sélénium
(') Travail fait au laboiatoiie de Physique de la Faculté des Sciences de l'Université
de \ancv.
( 9^7 )
l'influence singulière que produit la lumière, influence signalée en 1873
par W. Smith el utilisée par Graham B(41 dans son radioplione en 1878.
» L'expérience a répondu affirmativement.
» La résistance du sélénium a été faite suivant la technique indiquée par M. Merca-
dier (rubans de laiton de o™",i d'épaisseur et de 2" de long, papier parchemin de
G""", 4 d'épaisseur). Elle était placée dans un circuit comprenant un élément Daniell,
un commutateur, une boite de résistances el un galvanomètre. Elle était contenue
dans une boîte en zinc qu'on pouvait fermer avec une plaque mince d'aluminium.
). Au début, dans l'obscurité, la résistance était égale à 40000 ohms; à la lumière
difiuseou à celle d'un bec de gaz placé à 1™, 5o, elle tombait rapidement à 33ooo ohms,
puis, placée de nouveau à l'obscurité, revenait à sa première valeur au bout d'un temps
très court,
>> Éclairée par des ravons X venant d'un luhe de Crookes (tube Chabaud), dont
l'anticalhode était à une distance d'environ o"',o5, elle diminuait rapidement jusqu'à
34000 ohms, éprouvait de part et d'autre de celle valeur de faibles variations tenant
sans doute à celles de l'intensité des rayons fournis par le tube.
» Les rayons X supprimés, la résistance revenait à sa première valeur plus lente-
ment qu'après l'action de la lumière ordinaire.
» Celte action diminue quand on éloigne le tube de Crcjokes; elle était encore
sensible à une distance de o™,i7. Elle varie avec la nature des corps interposés comme
le fait prévoir leur transparence pour les rayons X. Aucun effet n'était sensible en
interposant une lame de plomb de i'"™ d'épaisseur. Cette résistance de 4oooo ohms
au début a augmenté graduellement pour devenir égale à 55ooo ohms dans l'obscurité
au bout de six jours, mais présente toujours la même diminution sous l'iulluence des
rayons X.
)■ J'ai l'ait agir aussi sur cette résistance des oscillations électriques a la
fois pourvoir s'il ne fallait pas se méfier d'un effet Branly et si les vibra-
tions hertziennes produisaient inie modification de la rési-tance du sélé-
nium. Le résultat a été négatif, bien qu'un résonateur non à l'unisson du
vibrateiu- donnât des étincelles au delà de la résistance du sélénium.
» Je me propose de construire tles formes de résistances plus sensibles
et aussi d'étudier cette même action des rayons X sur d'autres corps. »
PHYSIQUE. — Sur la constatation de la fluorescence de l'aluminium et du
magnésium dans l'eau et dans l'alcool sous l'action des courants de la
o
bobine d'induction. Note de M. Thomas ïommasina, présentée par M. A.
Cornu.
« Au mois de juillet dernier, j'avais entrevu une faible fluorescence dans
l'extrémité la plus large d'un tube focus rempli d'eau distillée en regardant
( 958 )
dans la direction du disque cathodique qui se trouvait à l'autre extrémité.
J'ai repris l'étude de ce phénomène avec un tube ovoïde, de ceux créés par
Crookes pour observer la phosphorescence de différents corps, dans l'air
raréfié, sous l'action des rayons cathotliquos.
» Dans cette ampoule remplie d'eau distillée, les électrodes en aluminium situées
du même côté et formant deux, miroirs concaves ont été reliées au pôle positif, tandis
qu'un fil de platine servait de cathode. Ayant fait l'obscurité dans la salle, j'ai vu que
les deux miroirs étaient devenus fluorescents. En augmentant l'intensité du courant,
la lueur devint assez brillante pour illuminer non seulement l'eau et le verre de l'am-
poule, mais aussi les objets proches. Ayant remplacé le fil de platine par un fil d'am-
monium, je l'ai vu devenir lumineux, en même temps que les disques, lesquels, comme
le fil, étaient recouverts d'un grand nombre de petites bulles gazeuses avec de minus-
cules étincelles; mais la fluorescence existait aussi dans les endroits où il n'y avait ni
étincelles ni bulles. La luminosité ayant un caractère pulsatoire très prononcé, en fai-
sant les interruptions du primaire à la main, j'ai constaté que l'extra-courant direct
d'ouverture rendait lumineuse l'anode et celui de fermeture la cathode; c'est donc une
fluorescence anodique. Bien que les deux électrodes semblent lumineuses en même
temps, l'action est alternative en réalité.
» En approchant dans différentes positions un écran au platinocyanure de baryum,
je n'ai pas aperçu de fluorescence. J'ai pu au contraire, dans l'obscurité absolue, pho-
tographier l'ampoule, dont les deux miroirs ont donné une faible image en quatre
minutes de pose, et une très bonne en trente-deux minutes; dans cette dernière on
voit, bien que très légèrement marqué, le contour de l'ampoule et un des fils conduc-
teurs externes.
» Pour étudier le phénomène en variant les métaux et les liquides, j'ai
adopté un récipient cylindrique en verre, dans lequel plongent parallèle-
ment deux fils ou deux lames métalliques. Seuls, l'aluminium et, à un
degré moindre, le magnésium deviennent lumineux. Le platine, l'argent,
le cuivre, le laiton, le zinc, l'étain ne semblent rien protluire. Pour les
deux premiers, j'ai constaté aussi que la fluorescence augmente et devient
plus blanche avec l'intensité du courant et diminue avec l'augmentation de
la surface des électrodes.
» Dans un voltamètre, contenant deux lames rectangulaires de platine disposées pa-
rallèlement et fixées au fond par des conducteurs les reliant chacune à un serre-fils
extérieur, j'ai placé entre les lames de platine une lame mince en aluminium. Faisant
anode celle-ci et cathode l'une des lames de platine, l'aluminium ne devenait lumineux
que sur la face en regard de la lame de platine en circuit. Lorsque les électrodes de
platine étalent toutes les deux reliées au pôle négatif, l'anode d'aluminium devenait
lumineuse sur ses deux faces. En laissant comme écran la lame d'aluminium hors cir-
cuit, l'une des lames de platine étant anode et l'autre cathode, j'ai vu la lame d'alu-
minium devenir encore lumineuse des deux côtés si elle était disposée parallèlement,
et seulement dans les parties les plus proches des électrodes de platine lorsqu'elle était
hors de l'espace compris entre les premières et disposée normalement aux mêmes.
» Pour éviter les réflexions des parois en verre, j'ai répété les expé-
riences dans une grande cuve rectangulaire en ébonite que j'ai divisée en
long par une paroi étanche en fer-blanc épais.
1) Les deux compartiments remplis d'eau ordinaire ont reçu chacun un fil d'alumi-
nium, reliés l'un au pôle positif et l'autre au négatif de la bobine. Immédiatement les
parties immergées des deux fils devinrent lumineuses avec dégagement de bulles ga-
zeuses qui montaient à la surface, mais celles-ci sans aucune lueur visible. Ayant sub-
stitué à la lame métallique une autre lame en verre, j'ai encore observé la fluorescence
des deux fils immergés un de chaque côté de la lame de verre sans la toucher.
» Une série d'expériences avec l'aluminium et le magnésium m'ont permis de con-
stater que la lueur se manifeste même si les lames ont été polies, mais qu'elle se produit
plus vite lorsque les lames, ayant déjà servi, sont couvertes d'une légère couche d'oxyde ;
dans ce cas, la lueur est plus vive. Ayant enlevé l'oxyde sur une partie d'une lame, j'ai
observé que la partie polie devenait bien moins lumineuse que celle recouverte
d'oxvde. On pourrait en déduire que l'oxyde joue un rôle, et même que c'est lui qui
devient fluorescent.
» Quant aux liquides dans lesquels le phénomène se manifeste, les
meilleurs sont l'eau distillée et l'alcool ; viennent ensuite l'eau ordinaire et
même l'eau contenant quelques gouttes d'acide sulfurique. Dans les huiles
diélectriques telles que la vaseline, le pétrole, etc., je n'ai rien pu obtenir.
)) Comme explication du phénomène, je serais disposé à admettre qu'il
est produit pendant l'électrolyse par les décharges successives dans les
deux sens, entre le métal et le liquide à travers la mince couche très dié-
lectrique formée par l'oxyde. Le passage du flux électrique à travers l'oxyde
serait la cause directe de la fluorescence. »
CHIMIE MINÉRALE. — Dissociation par l'eau de l' iodomercurate d'ammo-
niaque et de r iodomercurate de potasse. >(ote de M. Maurice François,
présentée par M. Henri Moissan.
« L'étude de l'acliou de l'eau sur l'iodomercurate d'ammoniaque et sur
l'iodomercurate de potasse montre que la décomposition de ces sels par
une quantité d'eau limitée obéit aux lois de la dissociation des sels par l'eau,
lois établies par M. Ditte. C'est ce résultat que je voudrais présenter dans
cette Note.
( 960 )
lODOMERCURATE d'ammoniaql'e : HgP AzH* 1, H^O.
>) Décomposition complète. — C'est celle qui se produit quand on verse de l'eau en
grande quantité sur les cristaux de HgPAzlPI,H^O ; soit, par exemple, 100'='^ d'eau sur
56'' de ce corps. 11 se dépose Hgl^ rouge surmonté par une liqueur jaune, solution sa-
turée de HgP dans AzH*I (')•
» Décomposition limitée. — Elle se produit quand on verse une quantité très
faible d'eau sur l'iodomercurate ; soit, pour fixer les idées, 5" d'eau sur aSs'' d'iodo-
mercurate (avec 20'^'^ d'eau pour 25»'' de sel, la décomposition est déjà complète pour
la température de 20°). 11 se produit de l'iodure mercurique qui se dépose mêlé de
cristaux inaltérés d'iodomercurate conservant leur couleur; le dépôt est surmonté
d'un liquide jaune. La décomposition est donc limitée; il se produit un état d'équi-
libre et la composition du liquide reste constante lorsqu'on fait varier les quantités
d'eau ajoutées, aussi longtemps qu'il reste des cristaux d'iodomercurate non décom-
posés.
» Dans cette décomposition limitée, il est à remarquer que le liquide,
séparé des cristaux d'iodomercurate et d'iodure mercurique qu'il baignait,
laisse déposer abondamment des cristaux d'iodomercurate par le moindre
refroidissement (refroidissement d'un demi-degré). Ce fait, qui force à
opérer les déterminations à une température absolument constante, semble
avoir une certaine valeur pour établir que, au moment de l'équilibre, le
liquide est une solution saturée de HgT AzH'I, H-0 dans l'iodure d'ammo-
nium provenant de la dissociation.
» Dans une série de tubes à essai bouchés, placés dans un étuve bien réglée à 30",
on met aSs"' d'iodomercurate d'ammoniaque crist. Dans chacun des tubes, on verse, en
une seule fois, un certain volume d'eau préalablement portée à 20°. Après quarante-
huit heures de contact et agitation fréquente, on prélève directement sur le liquide
surnageant limpide 1='= de liqueur pour j doser, par électrolyse, le mercure et l'iode:
1" pour y doser l'ammoniaque. Ou transforme ensuite, par calcul, le mercure en io-
dure mercurique, puis, retranchant l'iode combiné au mercure de l'iode total dosé,
on a l'iode à l'état d'iodure d'ammonium.
n Résultats trouvés :
aSi-' iodomercurate HgPAzIl* 1,H20; T"— 20°.
Eau
Hgr
\zH'I
•
employée.
dans loo""^.
dans 100".
1
ce
5
61 ,800
00,409
11
7
61 , 120
3o,4o9
m
10
61,199
3o,825
(') Comptes rendus, l. C\\\ 111, p. i\jG.
( 9^' )
» Si l'on admet que, clans l'état d'équilibre, lout le mercure dissous est à l'état de
HgP Az FI'l, H- O, et si l'on se sert des cliiffres précédents pour calculer les quan-
tités de HgPAzH'I, H-0 et de AzH*l libre dans la liqueur, on a :
Hgr'AzH'I,H-0 AzH'Ilibrc
dans loo". dans loo".
1 83,980 10,67/4
II 83,062 10,869
III 83,169 11,281
11 Action inverse. — Elle a été pratiquée en mettant en contact avec un excès d'io-
dure mercurique des solutions d'iodure d'ammonium contenant de SSs"" à SoS'' d'iodure
d'ammonium par loc^", et laissant quarante-liuit heures à 20° avec agitations fré-
quentes. L'iodure d'ammonium forme avec l'iodure mercurique de l'iodomercurate
qui se dépose en cristaux.; il reste un excès d'iodure mercurique.
» L'état d'équilibre étant atteint, on a trouvé :
Hgl-dans 100". AzH*I dans loo"'^
6i8S263 3oi%488
et en faisant le calcul ci-dessus indiqué :
HgI-Azll'I,H = Odans ino". AzH'Ilibre dans 100 =
83e'', 256 io5'',9i9
lODOMERCURATE DE POTASSE : HgPKI, I,5H^0.
» L'étude de l'action de l'eau sur ce corps a été conduite comme celle de l'iodo-
mercurate d'ammoniaque et donne lieu aux. mêmes remarques.
» Décomposition complète. — Elle se produit quand on verse une grande quantité
d'eau sur l'iodomercurate de potasse : soit 100™ d'eau sur 5s'' de ce corps. Il se dé-
pose de l'iodure mercurique; le liquide surnageant est une solution saturée de Hgl-
dans Kl.
» Décomposition limitée. — 258'' iodomercurate Ilgl-RI, i,5H^0; T°=20''.
Eau ajoutée. Hgl- dans ioo=\ Kl dans lOO".
ce ^ er gr
1 2,5 116,11 62,722
II 3,5 116,22 63,o36
III 5 116,45 62,607
» Si l'on admet que tout le mercure dissous est à l'état de Hgl- Kl, i,5H'0
et si l'on calcule les quantités de ce sel dissous et de K.I libre, on a :
HgrKt,i,5H'0
dans 100". Kl libre dans 100".
„8^ , S"'
I i65,45 20,285
Il 1 65 , 60 20 , 56o
m 165,94 20,094
C. R., 1899, 3' Semestre. (T. CXXIX, N» 23.) ' ^^
(962 )
)i Action iiweise. — On la pratique en meltanl au contact d'un excès d'iodure
mercurique, à la température de 20°, des solutions d'iodure de potassium pur conte-
nant 906'' à looS'' d'iodure de potassium par 100'-''. On trouve après équilibre :
Hgl- dans 100". CI dans 100".
II 68'-, 45 62S'.8i4
et en faisant le calcul ci-dessus indiqué :
Hgl-KI, 1,5 H-O dans 100". Kl libre dans 100".
i65s%9J4 20S"", 25i
» Dans le but de contrôler les résultats ci-dessus, j'ai déterminé pour
la température de 20° la solubilité de l'iodure mercurique dans des solu-
tions d'iodure d'ammonium de richesse croissante; puis, la solution d'iodo-
mercucate HgPAzH^I, H-0 dans des solutions d'iodure d'ammonium de
plus en plus concentrées. Ces deux séries de déterminations ont fourni
deux courbes régulières dont le point commun correspond à l'état d'équi-
libre étudié plus haut, que l'on retrouve deux fois par ce procédé. Faisant
alors agir sur une quantité fixe d'iodomercurate IJgPAzH*!, H-O crist.,
des quantités d'eau croissantes, analysant les liquides pour avoir la teneur
en iodure mercurique et en iodure d'ammonium, j'ai obtenu une courbe
qui concorde bien avec la première; c'est-à-dire avec celle qui exprime la
solubilité de l'iodure mercurique dans des solutions d'iodure d'ammonium
de richesse croissante.
» Le même travail a été fait pour l'iodomercurate de potasse.
» Conclusions. — La décomposition de l'iodomercurate d'ammoniaque
HgPAzH' [, H-Oparde faibles quantités d'eau est limitée et réversible; elle
obéit aux lois de la dissociation des sels par l'eau. 11 en est de même de
la décomposition de l'iodomercurate dépotasse HgPKL i,5H-0. Lorsque
l'état d'équilibre est atteint, la liqueur contient une quantité de AzH^I ou
de Kl libre constante pour une température donnée. »
THERMOCHIMIE. — Sur les chaleurs de neutralisation fractionnée de V acide
carhonylferrocyanhydrique, comparées à celles de V acide ferrocyanhy drique .
Note de M. J.-A. Muller.
« En neutralisant par quarts l'acide ferrocyanhydrique par la potasse,
j'ai obtenu, pour une molécule-gramme de cet acide, en solution très
( 963 )
étendue et vers 18", 6, les résultats suivants (') :
Col
Première fraction i4> '5
Deuxième » i3,86
Troisième » i4'07
Quatrième » i4)io
Total, pour H»FeCAz"= 2iCrf 56, 18(2)
» D'autre part, les neutralisations par tiers de l'acide carbonvlferro-
cyanhydriqiie par la potasse et par la baryte, dans les mêmes conditions
de dilution, m'ont fourni les nombres que voici :
Neutralisation Neutralisation
par la potasse par la baryte
(vers 19°, 6). (vers 17°, 4).
Cal Cal
Première fraction i^jOj i4,o8
Deuxième » 13,87 i4)i4
Troisième » 18,96 i3,95
Tolal.pour H'FeC0CXI'=si7e'.... ',1,90 42,17
» Deux autres déterminations m'ont donné, pour la chaleur de neutra-
lisation totale de l'acide carbonylferrocyanhydrique par la potasse, res-
pectivement 42^"', 06 à 19", 5 et ^i^^'.gS à 19",!, Enfin, en neutralisant
totalement le même acide par la baryte, j'ai trouvé ^2^'\^\2 à i8°,'7. On
peut donc prendre, en moyenne, pour la chaleur de neutralisation de
l'acide carbonylferrocvanhvdrique par la |)otasse, en solution très étendue
et vers 19", 4) 1^ nombre 41*""'. 9^ et pour sa chaleur de neutralisation par
la barvte, vers t8°, 42^"', 29.
» Les déterminations calorimétriques qu'on vient de relater conduisent
aux conclusions suivantes :
» 1° L'acide carbonylferrocyanlivdrique est un acide fort, au même titre
que l'acide ferrocyanhvdrique, car les neutralisations de ces acides par les
bases fortes dégagent, en solutions très étendues et à la température ordi-
naire, environ 14^"' par atome-gramme d'hydrogène neutralisé;
(') Les détails de mes expériences calorimétriques devant être publiés dans les
Annales de Chimie et de Physique, je n'en donne ici que le résumé.
(2) M. Joannis a trouvé (Annales de Chiin. et de Phvs., 5' série, t. XXVI, p. 5i5;
1882) pour la chaleur de neutralisation totale de loSs"' d'acide ferrocjanliydrique, par
la potasse en solution, vers 11°, 5, le nombre 27*^^', 76 qui est voisin de la moitié de
56^^', 18, soit 28c»",o9.
li
( 9^C^ )
dissolutions de soude, de potasse, d'ammoniaque, de carbonates de sodium,
de potassium, etc., il se forme des précipités jaunes qui se décomposent
rapidement sous raclion de l'eau. Ces précipités sont, sans doute, les ben-
zèiie-monodimétaphosphates de sodium, de potassium, d^ ammonium., etc.,
mais il est impossible de les recueillir.
)> II. Quand on chauffe le même mélange de benzène el d'anhydride phosphorique
pendant plusieurs heures à une température plus élevée (200"'-2io°), il se forme
un composé dillérenl de celui que je viens de décrire. Ce nouveau corps est jaune. Il
possède des propriétés analogues à celles de l'acide benzène-monodimétaphospho-
rique : il est solide, insoluble dans le benzène, l'éther, le sulfure de carbone, le chlo-
roforme; très peu soluble dans l'alcool. Il est très déliquescent, décomposable par
l'eau, en benzène et acide phosphorique. On le conserve dans un tube de verre, entre
deux couches de kaolin sec.
1) L'analyse montre qu'il résulte de l'union de
C=H«+3P20=.
» Sa constitution peut s'expliquer par la formule
C^H'-P^O^H,
\P2 0=H
c'est Vacide benzène-tridimétaphosphoriqne.
» Cet acide, placé dans un flacon en présence d'un grand excès de benzène et agité
fréquemment, absorbe le gaz ammoniac en donnant un corps solide, jaune clair. Quand
il n'absorbe plus de gaz, on le place entre deux couches de kaolin, dans un tube de verre.
Au bout de quelques jours, quand la matière solide est bien débarrassée de l'excès de
benzène qui l'imprégnait, on l'analyse. On trouve que sa composition répond à la
formule
/P^O^AzIP
C^H^— P^O'AzUS
XP^O'AzH'
c'est le henzèiie-tridimélaphosphate d'ammonium.
» L'acide benzène-tridimétaphosphorique, traité par des dissolutions de soude, de
potasse, de carbonates de sodium, de potassium, etc., y produit des précipités jaune
clair, rapidement décomposés par l'eau, et qui paraissent être les sels de sodium,
de potassium, etc. de l'acide benzène-tridimétaphosphorique, mais que je n'ai pu
isoler.
)) J'ai constaté que le toluène, le xvlène, l'anthracène et d'autres car-
bures analogues s'unissent aussi à l'anhydride phosphorique, et plusieurs
d'entre eux même à froid, pour donner des combinaisons qui paraissent du
même genre que les précédentes, et dont je poursuis l'étude. «
( 9^7 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation des orthoquinones tètrachlorées et létra-
bromées, en parlant des gaïacols et vératrols lélrahalo gênés correspondants.
Note de M. H. Cousin, présentée par M. Moissan.
« La découverte des premiers corps appartenant à la série de l'ortho-
quinone C'"'H^O*(o = o en i et 2) est due à M. Zincke ('), qui obtint les
orthoquinones tètrachlorées et tétrabromées en partant des pyrocatéchines
substituées correspondantes. En traitant, par exemple, une solution acé-
tique de pyrocatéchine tétrachlorée CCI" (OH)- par l'acide nitrique,
celui-ci agit comme oxydant, enlève H" à la pyrocatéchine tétrachlorée et
donne l'orthoquinone tétrachlorée C" Cl" O*.
» J'ai eu l'idée d'appliquer la réaction de Zincke aux gaïacols et véra-
trols tétrahalogénés et j'ai constaté que dans tous les cas il v avait forma-
tion de ces mêmes orthoquinones.
» Gaïacol télrachloré. — Je triture los-'de gaïacol tétrachloré CCI''— OCH^ — OH
avec 20" d'acide acétique cristallisable et j'ajoute peu à peu io<^= d'acide azotique ordi-
naire ; le mélange se colore en rouge foncé et bientôt il se dépose une poudre cristal-
line rouge; j'ajoute de l'eau peu à peu pour acliever la précipitation et recueille le
précipité que je dessèche dans le vide. Pour purifier le produit obtenu, je le dissous
dans l'élher dans lequel il est très soluble : par évaporation spontanée, l'éther aban-
donne de gros cristaux rouge foncé sous une petite épaisseur, brun noir en masse.
» L'aspect de ces cristaux est le même que celui de Torlhoquinone tétrachlorée
C'Cl'O^; leur point de fusion iSo" est identique à celui donné par Zincke pour
C'C1*0^. Des analyses confirment ces données et montrent que le corps obtenu dans
l'action de l'acide nitrique sur le gaïacol tétrachloré est bien l'orthoquinone tétra-
chlorée.
» J'ai constaté que cette quinone donne facilement avec la benzine une combinaison
moléculaire de formule C'C1*0- -h SC'H". Cette combinaison cristallise en gros
prismes allongés rouge vif; abandonnée à l'air, elle perd rapidement la benzine et il
reste une poudre rouge violacé qui est l'orthoquinone tétrachlorée.
» Vératrol télrachloré. — La réaction est plus difficile que dans le cas du gaïacol
correspondant et l'acide nitrique ordinaire n'attaque pas à froid le vératrol tétra-
chloré. Si l'on chauffe au bain-marie un mélange de vératrol tétrachloré, acide acé-
tique et acide nitrique, au bout de quelque temps le mélange se colore en rouge, mais
la proportion de quinone formée est très faible. J'ai du opérer de la façon suivante:
105'' de vératrol tétrachloré sont finement pulvérisés et triturés avec 20"^° d'acide
nitrique fumant ; bientôt le mélange se colore en rouge foncé, il y a dégagement de
(') Berichle, t. XX, p. 1777.
( 968 )
vapeurs rutilantes et peu à peu le tout se dissout. J'ajoute alors de l'eau et je traite par
la benzine dans une boule à décantation : la solution benzénique évaporée laisse dé-
poser les prismes caractéristiques de la combinaison de l'orthoquinone tétrachlorée et
de benzine G^d'O-H-SCH^. Je décante les eaux-mères, je lave avec un peu de benzine
et, après évaporation, j'obtiens une poudre que je purifie par cristallisation dans
l'éther. Je me suis assuré, par l'étude des propriétés et par des analyses, que le corps
formé par cette réaction était bien l'orthoquinone tétrachlorée C'Cl'O^.
» Gaïacol tétrabromé. — J'ai opéré comme dans le cas du gaïacol tétrachloré;
dans le mélange de gaïacol tétrabromé, acide acétique et acide nitrique ordinaire, il
se dépose au bout de peu de temps une poudre brune qui est desséchée et purifiée
par cristallisations dans le chloroforme. J'obtiens ainsi des cristaux aplatis, brun
foncé, paraissant noirs vus en masse; leur point d'ébullition, i49"-i5o°, est celui de
l'orthoquinone tétrabromée ; des analyses confirment ces résultats.
» Vératrol tétrabromé. — Comme dans le cas du vératrol tétrachloré, j'emploie
comme oxydant l'acide nitrique fumant; le mélange de vératrol tétrabromé et acide
nitrique se colore bientôt en rouge foncé et le tout se dissout : j'ajoute de l'eau et
j'extrais par le chloroforme. Les cristaux obtenus sont purifiés par une seconde cristal-
lisation. J'obtiens ainsi de l'orthoquinone tétrabromée C^Br*0-.
)) Les rendements en orthoquinones, en partant des gaïacols halogènes, sont satisfai-
sants; il n'en est pas de même en partant des vératrols, car une grande partie des
orthoquinones formées est détruite par l'action de l'acide nitrique fumant.
» Il résulte des faits que je viens d'exposer que l'acide nitrique saponifie
d'abord les gaïacols et vératrols tétrachlorés et tétrabromés, et les trans-
forment en pyrocatéchines substituées : celles-ci sont alors oxydées et
donnent les quinones correspondantes.
» Je me propose d'étudier celte réaction dans le cas des autres gaïacols
et vératrols halogènes, ainsi que des éthers correspondants des autres
diphénols. »
PH"ysiOLOGIE MÉDICALE. — Un cas d' hémiplégie hystérique guéri par la
suggestion hypnotique et étudié par la Chronophoto graphie. Note de
M. G. Mari\esco. présentée par M. Marey.
« Dne femme de 28 ans, mariée à i5 ans, était sujette à divers accidents nerveux
et à des syncopes, quand elle éprouvait des émotions. Le 5 août de cette année, à
propos d'une discussion avec son mari, elle fut prise d'un tremblement de la moitié
droite du corps, puis d'un mutisme absolu, suivi d'une nouvelle syncope. Au réveil, le
mutisme persistait et la malade présentait une hémiplégie du côté droit. La parole
revint, mais l'hémiplégie persista sans qu'il y eût, cependant, déviation de la face.
» Au commencement de septembre, l'hémiplégie persistait, quoiqu'à un degré
moindre; le bras droit n'a\ait que des mouvements restreints; la main, tout en con-
( 9^9 )
servant le mouvenienl des doigts, ne développait aucune pression sensible au dynamo-
mètre. A la jambe, sensation d'engourdissement et de fourmillement; les mouvements
de ilexion du genou et de la cheville étaient à peu près abolis.
» Hémianesthésie sensitivo-sensorielle du côté droit; abolition du rélleve plantaire,
conservation du réflexe rotulien et des réflexes tendineux du membre supérieur.
» Intelligence conservée, très vive même. Il s'agissait donc bien d'une hémiplégie
hystérique.
» La fiiçou ilont marchait celle malade répondait bien aux caractères
que Todd et Charcot ont assignés à l'hémiplégie hystérique. J'en ai voulu
fixer les phases par la Chronopholographie. \.es //g. i et 2 correspondent
à ct lie marche pathologique.
i<ig. ..
Jambe niiilaile nu levé; preiiiirie phase ilu pas.
» Or, comme les cas de ce genre sont de ceux qui peuvent guérir par la'
suggestion, je mis cette femme en état d'hypnotisme et lui suggérai l'idée
que ses membres n'étaient plus engourdis et qu'elle pouvait marcher.
Fii
Jambe uialaile au levé; seeonje phase du pas.
» La malade, effectivemenl, a recouvré la marche, el sa guérison s'est
maintenue jusqu'à ce jour, c'est-à-dire depuis deux mois, avec disparition
successive de tous les stigmates hystériques.
» L'étude clironophotographique de la niaiche après guérison est représentée
11 J'essayerai d'analyser, d'après ces figures, les caractères de la marche hyslériciue
C K. 1899, 2- .Semei(re ( T. CXM.\, N" 23. ) ' SQ
( 97» )
que l'œil ne peul apprécier direcleineiU, et qui clillèrenl sur quelques poiuts de la
description donnée par Todd.
» Et d'abord, pour faciliter cette analyse, au lieu de considérer le pas du plnsio-
logiste, c'est-à-dire la série des inouvementi exécutés pendant le temps où l'un des
Fig. 3.
Marche après suêrison.
pieds, partant d'une altitude, revient à celte même altitude, je n'envisage, avec
P. Richer, qu'un demi-pas. Dans la série des mouvements que fait l'un des pieds pour
aller se placer devant l'autre, je distingue, dans leur ordre de succession, les phases
suivantes : i° période de double appui, les deux pieds posant sur le sol ; i° pas pos-
térieur, partie de l'oscillation du membre depuis son départ jusqu'à : Z° passage du
pied par la verticale ; puis le pied, achevant son oscillation, exécute : 4° le pas
antérieur.
«Dans toute son oscillation, le pied du côté paralysé garde la même attitude (y7^.i),
à cause de l'immobilité de l'articulation tibio-tarsienne; parfois, cependant, quand le
pied quitte le sol, le talon se soulève un peu avant la pointe. Dans le reste de son
oscillation, le pied malade rase le sol par une sorte de glissement. Au moment du
passage du pied oscillant par la verticale, la jambe portante est manifestement fléchie.
» Le tronc se penche en avant et s'incline du côté de la jambe portante au début de
l'oscillation, puis, au moment du passage par la verticale, se redresse à peu près
comjjlètemenl.
» (^)uand la jambe malade appuie sur le sol {Jig. 2), la jambe saine oscillante est
légèrement fléchie comme dans la marche normale, au moment où le pied va se déta-
cher du sol, le talon se relève d'une manière sensible, tandis que la pointe est abaissée;
la deuxième parlie de l'oscillation est plus brève que la première, ce qui est l'inverse
de ce que l'on observait dans \a Jig. 1.
» Le tronc se porte en avant et continue à s'incliner après le passage de la jambe
saine par la verticale; il ne s'incline que faiblement du côlé de la jambe malade
portante.
)' \^&Jig. 3 montre la marche de la malade après guérison; on y trouve les carac-
tères de la marche normale; cette figure, rapprochée des précédentes, est bien propre
a faire saisir les caractères de la marche hémiplégique.
» L'examen des figures chronophotographiques montre que le type de
( 971 )
la marche des hémiplégiques hystériques est sensiblement plus compliqué
que celui que les cliniciens admettent d'après Todd. T.a malade ne traîne
pas simplement la jambe |iaralysée, mais le transport de ce membre se fait
péniblement et est secondé par les inclinaisons du Ironc en avant et latéra-
lement. En outre, dans l'appui sur le membre malade, la jambe saine
accomplit très rapidement la seconde phase de son oscillation. »
ZOOLOGIE. — Observations biologiques sur le Peripatus capensis Gruhe.
Note de M. E.-L. lîouviEn, présentée par M. A. Milne-Edwards.
« Parmi les formes zoologiques qui servent d'intermédiaire entre deux
grands groupes du règne animal, les Peripatus méritent, au point de vue
de l'intérêt scientifique, d'être rangés au premier rang. Arthropodes par
leur chitine, par leur vaisseau dorsal et par leurs trachées, ils se rattachent
aux Vers par le reste de leur organisation et, de la sorte, relient l'un à
l'autre, deux immenses embranchements. Les études, jusqu'ici entreprises,
ont fait largement connaître l'organisation et le développement de ces
curieux animaux, mais l'étude systématique de leurs affinités propres n'a
jamais été suffisamment abordée et l'on ne connaît guère davantage l'en-
semble de leurs caractères biologiques. Je serai en état, très prochainement,
de combler la première de ces lacunes; quant à la seconde, je m'efforcerai
de la faire disparaître partiellement dans la Note que je présente aujour-
d'hui.
» Les observations suivantes se rapportent au Peripatus capensis Grah^
dont M. Raiïray, notre Consul au Cap, m'a obligeamment communiqué un
exemplaire vivant, il v a plus d'un mois. Enveloppé dans la mousse où il
avait probablement vécu, l'animal a bien supporté le voyage; je le conserve
dans ce milieu où il paraît se trouver à merveille, pourvu que l'on y entre-
tienne une atmosphère suffisamment humide. .T'emploie, dans ce but, le
cristallisoir couvert et muni d'un récipient à eau, qu'un de mes plus
aimables correspondants, M. A. Deudy, a utilise avec succès.
» J'ai toujours vu le Pcripate ramassé et à demi enroulé dans un plan,
quand je soulevais la mousse où il se trouve. Une fois sorti de son gîte et
baigné par la lumière, il quitte bientôt cet élat de torpeur, effectue des
mouvements en divers sens, se contourne et soulève la partie antérieure de
son corps, comme pour explorer l'espace. Ces mouvements sont, à coup
sûr, provoqués par la lumière, car le Péripate est un animal extraordinai-
( 9/2 )
rement lucifiige. A])rès les mouvements lents dont j'ai parlé plus haut, on
le voit s'allonger considérablement, puis se mettre en marche et fuir, aussi
rapidement (|ue possible, dans un sens directement opposé à celui des
rayons lumineux. Quand on retourne le plateau sur lequel il se trouve
pour le remettre en face de la lumière, on voit le Péripate s'arrêter brus-
quement, soulever la partie antérieure de son corps, contracter ou allon-
ger ses antennes et donner toutes les marques d'une impression désa-
gréable; après quoi, l'animal fait demi-tour et, à grands pas, se dirige en
sens opposé. Dans sa marche, il explore continuellement l'espace avec ses
antennes et, h de fréquents intervalles, leur fait toucher le sol. Le jour,
l'animal ne se dirige pas avec les yeux ou, du moi;is, ceux-ci ne paraissent
pas capables de distinguer les objets qu'on en approche; les antennes, par
contre, sont beaucoup plus sensibles et s'écartent devant une pointe, même
avant d'avoir été touchées. On pourrait dire qu'à la lumière le Péripate se
comporte comme s'il était aveugle; mais cette expression ne serait pas des
plus exactes; l'animal, en effet, perçoit la lumière avec ses veux et, quand
ces derniers sont couverts, il ne ces^e de s'agiter et de se diriger en tous
sens. L'appareil de vision lui sert par conséquent de guide, non pas pour
s'orienter dans le milieu, mais, comme on l'avait observé déjà, pour fuir la
lumière au plus vite.
)) Dans tous ses mouvements, le Péripate donne bien plus l'impression
d'un Ver que d'un Arlhopode; il se contracte ou s'allonge démesurément
comme , une Sangsue, s'enroule parfois à la manière d'un Lombric ou se
tord^en spirale autour d'un brin de mousse; en même temps, des ondula-
lions vermiformes se propagent en divers points de son corps.
» Sa marche est des plus curieuses. Les pattes d'une même paire se
meuvent simultanément dans le même sens, et les pattes de deux paires
consécutives s'éloignent d'abord au maximum pour se rapprocher ensuite,
presque jusqu'au contact. Du reste, toutes les pattes du corps ne se dé-
placent pas ensemble dans la même direction; elles sont en retard les unes
sur les autres d'avant en arrière, de sorte que si l'on suppose le corps di-
visé en une série de couples de paires de pattes, on ne voit pas les pattes
de tous les couples s'éloigner ou se rapprocher en même temps. Les pattes
de la paire j)ostérieure, d'ailleurs rudimentaires, restent constamment
sans usage.
» Le mécanisme de la marche n'est point celui qu'avait supposé Gaffron,
car les griffes des pieds jouent un rôle important dans la fonction locomo-
trice. Quand l'animal déplace en avant une de ses pattes, il la soulève très
( 973 )
légèrement, la fiiit glisser sur les arceaux des soles et relève le pied avec
les griffes qui le terminent ; la patte une fois arrivée au terme antérieur de
sa course, on voit le pied s'abaisser et sa griffe s'implanter dans le sup[)ort ;
le Péripate trouve de la sorte un point d'ap|)ui cpii lui |:)ermet de se tirer en
avant. On observe très bien l'impression des griffes dans un graphique au
noir <le fumée; on i)eut, d'ailleurs, la voir se produire très distinctement
quand on examine l'animal à la loupe. Sur une plaque de verre inclinée
à 45°. le Péripate glisse et tombe; grâce à ses grilles, il peut marcher dans
toutes les positions, et même le dos en bas, sur une plaquette de bois ou
de carton.
» L'animal est suffisamment patient; néanmoins, il finit par s'irriter
quand on l'excite et projette alors, par ses tantacules céphaliques, le li-
quide muqueux dont ont parlé la plupart des auteurs. Ce liquide res-
semble tout à fait au sérum sanguin des Arthropodes mais, plus que lui, se
coagule rapidement à l'air. On n'y voit pas d'éléments figurés. M. Kennel
pense, à juste titre, qu'il sert à capturer les proies; comme on vient de le
voir, il joue aussi un rôle dans la défense de l'animal.
» On ne sait rien du régime des Péripates, mais M. Kennel suppose, non
sans raison, qu'il doit être carnassier. Je ne crois pas toutefois que ces
animaux se nourrissent de vers de terre ou de cloportes, car j'ai placé mon
exemplaire, pendant plusieurs jours, au voisinage immédiat de ces êtres
et je n'ai pas vu qu'il leur ait fait le moindre mal. D'ailleurs, je continue
ces observations et je ne désespère pas d'arriver quelque jour à des résul-
tats plus positifs. »
BOTANIQUE. — Sur la fécondation hybride de l'aîbumen. Note
de M. Hugo ije YitiEs, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Les belles recherches de MM. Nawaschineet Guignard ont établi que
le tube poUinique des Angiospermes contient deux spermatozoïdes, dont
l'un sert à la fécondation de l'oosphère, tandis que l'autre se fusionne avec
le noyau central du sac embryonnaire. Ce noyau, qui est le générateur
de l'albumen, est donc fécondé en même temps que l'oosphèi'e elle-même.
» Pour le cas d'une fécondation hybride, on peut déduire de ces obser-
vations que l'albumen sera hybride tout aussi bien que le jeune embryon.
Mais ordinairement les albumens manquent de caractères qui pourraient
déceler leur origine mixte. Parmi les rares exceptions à cette régie, se
( 974 )
trouve le Maïs sucré, variété ou sous-espèce de Maïs, dont l'albumen, au
lieu de se remplir d'amidon, se gonfle de sucre. Ce caractère se trahit à
l'œil nu sur les épis mûrs parce que les graines, en se desséchant, dimi-
nuent de volume, se rident et deviennent transparentes.
» En croisant le Maïs sucré avec un Maïs ordinaire à amidon, on verra
donc directement sur les épis si l'albumen est hybride ou non. Et dans le
premier cas on aura une preuve expérimentale et macroscopique en faveur
delà conclusion tirée de la découverte de la fécondation de l'albumen.
Celte découverte deviendra, par ce moyen, d'une démonstration très Facile.
» Le Maïs sucré qui a servi pour mes expériences est une variété très
pure, dite blanche. Ayant acheté des graines, j'ai fait pendant deux années
une expérience de contrôle. En i8g8, j'avais environ quaj'ante exemplaires
et, en ;i8f)9, je possédais par leurs graines une seconde génération de
soixante plantes, qui donnaient soixante-sept épis pleins de graines, les-
quelles toutes, sans aucune exception, étaient sucrées. Il est donc évident
que les plantes destinées à mon expérience et issues du même lot oriijinel
de graines auraient donné des épis purs de graines sucrées, si je les avais
fécondées par leur propre pollen.
» La fécondation hybride a eu lieu au mois d'août 1898. Au commence-
ment de ce mois, avant la floraison, j'avais coupé la plus grande partie de
chaque inflorescence mâle. Lorsque les stigmates sortirent de leurs
bractées, je les saupoudrai de temps en temps avec du pollen d'un Maïs à
amidon, mais sans empêcher tout à fait la fertilisation par le pollen prove-
nant des branches inférieures de leurs propres inflorescences mâles.
» La récolte donna dix épis |)lus ou moins grands et bien couverts de
graines. Chaque épi portait les deux sortes de graines, la majeure partie
à amidon, comme le père, les autres à sucre, comme la mère. Ces dernières
étaient évidemment dues à l'autofécondation, ce dont je me suis assuré, du
reste, en en semant une partie en 1899: elles reproduisirent la variété
sucrée tout à fait pure.
» Les graines amylacées étaient des hybrides, aussi bien dans leur
albumen que dans leur embryon. L'albumen avait tout à fait le caractère
du père, bien rempli d'amidon et sans trace visible de sucre, d'un blanc de
craie à l'intérieur, et d'une surface lisse et sans rides. Il est évident que ces
propriétés paternelles lui avaient été communiquées par le second sperma-
tozoïde du tube pollinique.
» J,a présence d'un certain nombre de graines autofécondées et sucrées
sert à démontrer l'origine de ces épis ; si je les avais fertilisés exclusivement
( 975 )
par le pollen de l'antre variété, toutes leurs graines auraient été amylacées,
et ils ne se seraient pas distingués visiblement des épis ordinaires à
amidon.
» Il reste à prouver la nature hybride des embryons de ces graines. Dans
ce but, j'en ai semé une partie en 1899, et j'ai laissé se féconder les plantes
par leur propre pollen. Il y avait trente-deux |)lantes qui donnèrent trente-
cinq é|jis riches en graines. Tous ces épis étaient de nature mixte. Envi-
ron un cpiart des graines étaient sucrées, les trois autres quarts étaient
amylacées. Les premières élaicnt revenues au caractère de la grand'mère,
les dernières montraient celui du père et du grand-père. Le nombre des
graines fertiles variait pour la |>lupart de ces épis entre trois cents et
quatre cents.
» Les graines amylacées de mes épis croisés de 1898 étaient donc bien
des hybrides capables, comme tant d'autres hybrides, de reproduire les
types de leurs deux parents. Il est nécessaire de remarquer qu'il n'y avait
sur tous ces épis aucune graine intermédiaire, moitié sucrée, moitié amy-
lacée. De telles graines ne se trouvaient pas non plus sur les épis croisés
de 1898.
» Quand on cultive une variété de Maïs à sucre, à côté d'une variété à
amidon, le vent peut transporter une partie du pollen de la dernière sur
les stigmates de la première. En s'ajoutant aux faits énoncés plus haut,
ceci nous explique pourquoi l'on rencontre de temps en temps des épis
sucrés contenant quelques graines amylacées. Il est évidemment très facile
de se procurer de tels épis, et l'on a alors entre les mains une démonstra-
tion frappante, quoique accidentelle, de la mémorable découverte de
MM. NavsMSchine et Guignard. »
MINÉRALOGIE. — Les minéraux du Crétacé de l'Aquitaine. Note de
M. Ph. Glaxgeaud, présentée par M. Michel Lévy.
« On ne s'était pas occupé, jusqu'ici, de l'étude minéralogique des
sédiments crétacés du bassin de l'Aquitaine. Cette Note est une première
contribution destinée à combler cette lacune.
« Les minéraux constitutifs du Crétacé de l'Aquitaine sont assez
nombreux. Ce sont sensiblement les mêmes que ceux qui ont été observés
dans le bassin de Paris. Nous ne pouvons donner ici la répartition géogra-
{ 91^ )
phique et géologique de chacun d'eux : c'est donc un résultat brut que
nous présentons.
» D'une façon î^énérale les sédiments cénomaniens, coniaciens, san-
toniens, campaniens, maeslrichtiens sont relativement détritiques. Ils
présentent ce caractère d'autant plus accentué que l'on se lapproche
davantage du sud du département de la Dordogne, du Lot et du Lot-et-
Garonne.
)) Par contre le Turonien est très riche en dépôts chimiques et zoogènes
(Calcaires à Rndistes) dans le nord-ouest du bassin; vers le sud-est, ces
dépôts sont également remplacés, en grande partie, par des sédiments
détritiques.
» Les barres récifaies, parfois très étendues, formées par les Rudistes
dans l'Aquitaine, manf|uent totalement dans le bassin de Paris où ces
organismes ne se montrent qu'il l'état sporadique.
» En revanche la Craie, si abondante dans ce dernier bassin, fait presque
totalement défaut dans le second, sauf en quelques points de l'An-
goumien.
» 11 n'existe pas non plus de niveaux phosphatés dans l'Aquitaine;
on en trouAC, au contraire, d'assez importants dans le bassin de Paris.
Faut-il rapprocher ce fait de ce que, dans cette dernière région, le Crétacé
est relativement riche en Vertébrés fossiles, tandis qu'ils sont extrêmement
rares dans l'Aquitaine? La corrélation ne paraît pas absolument évidente.
1) L'élude micrographique du Crétacé de l'Aquitaine m'a Iburni les résul-
tais suivants :
» La silice est d'origine organique, cliimique et détritique.
>i h'opa/e, qui constitue les spicules d'épongés, est assez abondante à certains niveaux.
(Sanlonieii, Canipanien). Elle se montre parfois sous forme de petits globules prove-
nant en partie de la dissolution des spicules d'épongés et des coquilles de radiolaires.
» La calcédoine est très fréquente, mais très variée dans sa modalité. Tantôt elle
imprègne, localement ou uniformément, les roclies et les transforme en véritable
gaizes, tantôt elle remplace l'opale des spicules d'épongés, ou le carbonate de chaux,
de la coquille de certains fossiles. On l'observe également sous forme de sphérulites à
croix noire. Elle provient de la dissolution des éléments siliceux (spongiaires, radio-
laires). Assez fréquemment la silicification s'est faite par l'eau qui a lessivé les sables
ou les argiles les surmontant.
» Une évolution plus complète de la silice donne naissance à de petits cristaux de
quarts {quartz secondaire).
M A part les calcaires à rudistes et quelques calcaires grenus et suboolitiques, la
plupart des roches observées renferment du quartz détritique, sous forme de grains
( 977 )
plus ou moins arrondis ou d'esquilles à angles émoussés. Dans un grand nombre de
ces cas, ces grains ont été brisés, probablement sous l'influence des mouvements ayant
plissé le Crétacé.
» Les silex sont nombreux dans le Santonien et leCampanien. J'ai observé du quartz
tapissant les cavités de certains d'entre eux, qui sont ainsi transformés en véritables
druses. C'est là un produit ultime de l'évolution de la silice.
» Les débris de feldspaths (plagioclases) sont rares et très décomposés.
» La calcile d'origine organique constitue presque exclusivement certaines roches
(calcaires de l'Angoumien inférieur à Biradiolites lumbricalis). Les calcaires grenus
sont formés presque en totalité par des rhomboèdres de calcite, parfois volumineux.
» L'existence de la dolomie est très locale.
« La glauconie est absente dans la presque totalité du Turonien et du Cénoma-
nien. Elle est répandue, au contraire, dans le Santonien et le Campanien : i" elle
existe sous forme de grains isolés, homogènes ou granuleux, avec ou sans inclusions
(calcite); 2° elle moule les cavités des foraminifères et les loges des bryozoaires; elle
est alors associée généralement à la pyrite; 3° elle s'est déposée dans les clivages du
mica blanc; 4° on l'observe parfois sous forme de grains nettement polychroïques,
avec clivages et màcles offrant l'aspect des assemblages microscopiques du microcline
ou de certains grenats.
» La pyrite est très répandue dans le Sénonien, dont les sédiments presque tous
gris bleu, dans la profondeur, sont imprégnés de cette substance qui accompagne
presque toujours la glauconie dans les calcaires.
» La magnétite se présente sous forme de grains irréguliers, rarement elle est
octaédrique.
» Le mica blanc est fort abondant dans le Coniacien, le Santonien et le Campanien,
principalement sur la bordure du Massif central. 11 est visible à l'œil nu en beaucoup
de points. Je ne l'ai observé ni dans le Cénomanien, ni dans le Turonien.
» Le mica noir est une rareté. Peut-être ce minéral a-t-il participé, dans une cer-
taine mesure, à la formation de la glauconie.
» Les échantillons examinés renferment de belles inclusions de zircon.
» C'est dans le Sénonien, principalement dans le Sénonien de la Dordogne, que se
trouve presque exclusivement la tourmaline.
» Elle est relativement fréquente.
» Le zircon est également développé dans la même région et aux mêmes niveaux.
Plusieurs préparations m'ont montré jusqu'à huit cristaux de zircon présentant les
inclusions caractéristiques de ce minéral, parfois les clivages «• et /('.
» Le rutile, la brookite, V a n atase onX. une répartition analogue à celle du zircon et
de la tourmaline, mais ils sont infiniment plus rares.
» Le phosphate de chaux ne se présente que sous forme de grains dans le Santo-
nien et le Campanien. Parfois il constitue une légère couche autour des loges de fora-
minifères.
" Le gypse se rencontre en beaux cristaux (formes ma^g^) de plusieurs centi-
mètres de long, dans les lignites du Cénomanien inférieur et de l'Angoumien supérieur
de la Dordogne.
C. R., 1899, 2- Semestre. (ï. CXXIX, N» 23.) I 3o
(97« )
)) En résumé, c'est clans le Sénonien que se montrent la presque totalité
des minéraux que je viens de signaler; le Cénomanien ne renferme guère
que du quartz, de la pyrite (argiles) et localement du gypse. Le Turonien
est l'étage le plus pauvre au point de vue minéral, il est en grande partie
calcaire.
» On peut, il me semble, établir de la façon suivante les différences
surtout pétrographiques existant entre le Crétacé de l'Aquitaine et le Cré-
surtout pétrographiq
tacé du bassin de Paris :
Bassin fie l'Aquiliiinc.
Pas ou peu de craie.
Calcaires grenus el subooliliques très dé-
veloppés.
Calcaires à Rudistes (barres récifales).
Roches peu glauconieuses.
Pas de niveaux phosphatés.
(Débris vertébrés très rares).
Niveaux sauniàtres (Cénomanien inférieur,
Angoumien supérieur).
Lignites el gjpse.
Bassin de Paris.
Craie abondante.
Calcaires grenus et subooliliques rares.
Pas de calcaires à Rudistes (Rudistes
sporadiques).
Roches relativement très glauconieuses.
Plusieurs niveaux phosphatés importants
(Vertébrés assez fréquents).
Pas de niveaux saumâtres.
Ni lignites, ni gypse.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Suj- l' histoire de la vallée du Jiu {Karpates mé-
ridionales). Note de M. E. de Martonne, présentée par M. A. de Lap-
parent.
« Le Jiu présente un des cas les plus curieux de vallée perçant toute
une chaîne de montagnes. On a déjà cherché à l'expliquer soit par une
fracture (Lehmann, Mrazec), soit par l'érosion régressive (Inkey). Ayant
étudié en aoiit 1898 et octobre 1899 la plus grande partie du Jiu, le bassin
de Petroseny et le bassin de Hatzeg, j'ai été amené à constater un certain
nombie de faits géologiques et lopographiques qui ne peuvent s'expliquer
qu'en assignant au Jiu une histoire plus compliquée.
)) La partie des Karpates Iraverséepar le Jiu est constituée presque exclu-
sivement par les Schistes cristallins formant plusieurs anticlinaux el syn-
clinaux orientés est-ouest, dont l'axe subit un abaissement sensible sur le
trajet de la vallée. Ce lait, déjà signalé par M. Murgoci, est particulièrement
net à J^ainici où les schistes à chloritoïde el les quartzites de la formation
( 979 )
de Schéla apparaissent pinces clans un pli aigu au fond de la gorge, tandis
qu'ils s'élalent en un synclinal aplati sur les hauteurs d'Alaunn. La vallée
du Jiu n'est donc pas d'origine récente (Inkev) mais suit une très ancienne
ligne de dislocation. D'autre part, l'énergie de l'érosion, la fréquence des
éboulis, la présence de marmites d'une conservation parfaite à 3o™ ou ^o™
au-dessus du niveau du fleuve témoignent cependant de la jeunesse de la
vallée actuelle. Une série de terrasses dans le roc, parfois surmontées d'al-
luvions, permettent de reconstituer un fond de vallée très large dont la
hauteur varie entre 3o" et loo'" au-dessus du lit de la rivière. Le point le
plus haut de ces terrasses se trouve en amont de Lainici près de i'aïus. Il
semble qu'on ait là un ancien partage des eaux.
M Des lambeaux de calcaire considérés comme jurassique par M. Mrazec
surmontent cii et là le massif primitif, formant sur les bords de la vallée des
escarpements dominant les pentes régulières des Schistes cristallins (Pàrete,
Pietrile Albe). A l'ouest du Jiu ils se multiplient de plus en plus jusqu'à la
Cerna. Ce sont les restes d'une couverture continue de calcaire mésozoïque
qui subit des dislocations correspondant à celles de son soubassement cris-
tallin, et qui s'étendait comme lui jusqu'au Danube avant l'affaissement de
la plaine valaque, se rattachant d'ailleurs au nord aux massifs cristallins
maintenant isolés au nord de Petroseny.
» C'est sur cette surface faiblement inclinée vers le sud que dut s'établir
le cours primitif du Jiu. La vallée ne tarda pas à devenir un canon comme
toutes les vallées qui, à l'heure actuelle, traversent les lambeaux de ce cal-
caire affaissés sur le bord des Karpates, si bien qu'au moment du soulè-
vement de cette partie de la chaîne (Crétacé supérieur) le fleuve, prison-
nier de sa vallée profondément encaissée, dut continuer à creuser son lit
dans les Schistes cristallins. (Cette explication pourrait peut-être s'appli-
quer à plus d'une vallée semblable à celle du Jiu.)
)) Au début du Tertiaire, le Jiu avait déjà une vallée assez profondément
creusée dans les Schistes cristallins à loo™ au-dessus de son lit actuel. A
la fm de l'Oligocène ou au début du Miocène commencent les phénomènes
de tassement qui font naître une série de dépressions d'origine tectonique
sur le bord des Karpates. Le bassin de Petroseny et le bassin de Hatzeg se
forment alors sur le versant nord. Les couches à Cerithium margaritaceum
et les lignites indiquent qu'ils ont été occupés par des lagunes sans com-
munication possible avec le versant sud des Karpates. Il y eut donc à ce
moment dislocation du réseau fluvial du Jiu. C'est par le défilé de Merisor
que devaient arriver dans le bassin de Petroseny les eaux saumàtres du
( 980 )
bassin de Hatzee;. Celui-ci resta à l'état de lac jusqu'au Sarmatique, alors
que le bassin de Petroseny n'offre pas de couches plus récentes que le
Burdi^alien. Les deux rivières, dont la réunion à Livazény forme le Jiu
actuel, dateraient donc du Miocène inférieur, mais elles coulaient alors
par Merisor vers le nord-ouest. A Livazény se jetait un torrent venant de
Pâïus. Ainsi s'explique l'établissement d'une ligne de partage des eaux dans
l'ancienne vallée karpalique du Jiu.
» C'est à la fin du Tertiaire que le cours du Jiu s'est établi définitive-
ment tel que nous le trouvons maintenant, sous l'influence de deux phé-
nomènes : le soidèvement du bassin de Petroseny et la formation sur le
versant sud des Karpates de dépressions analogues à celles du versant
nord.
)) Le soulèvement du bassin de Petroseny est rendu sensible par l'im-
portance de la terrasse de cailloutis qui s'étend de Petroseny à Livazény
et par le fait que la rivière est entaillée jusqu'au Tertiaire.
» Les dépressions qui longent le pied des Karpates en Oltenie ( Valachie
occidentale) ont été signalées par M. Mrazec sous le nom de dépression
subkarpatique. En réalité on a affaire à une série de dépressions séparées,
de profondeur et d'étendue très variables, remplies de terrasses de cail-
loutis du Pliocène supérieur et riominées au sud par une rangée de collines
tertiaires que traversent les rivières en des vallées souvent étroites. L'ori-
gine de ces déjjressions, qu'on n'a pas cherché à expliquer, nous paraît
être tectonique. En effet, elles correspondent à une zone où l'érosion est
rarement descendue plus bas que les cailloutis pliocènes et quaternaires,
comprise entre deux zones où la roche en place paraît seule dans le fond
de la vallée.
» La plus importante de ces dépressions est celle traversée par le Jiu et au
centre de laquelle se trouve Tîrgu-Jiu (230"). Sa formation a eu pour con-
séquence de donner à l'ancien Jiu décapité assez de force érosive pour
reconquérir son cours supérieur aux dépens du fleuve de Petroseny. Une
nouvelle dislocation du réseau fluvial s'ensuivit dans la vallée de Merisor.
La ligne de partage des eaux entre Merisor et Banitza est si peu marquée
à l'heure actuelle qu'il suffirait d'un soulèvement de lo"" pour que le ruis-
seau de Banitza s'écoulât vers Merizor et Hatzeg. De plus on trouve, juste
sur cette ligne de partage, une nappe de cailloutis de schistes cristallins,
dont la présence serait bien difficile à expliquer si l'on admettait que le
drainage de la région a toujours été le même qu'à l'heure actuelle. »
(9»! )
GÉOLOGIE. — Sur les vestiges d'une ancien ne forteresse vitrifiée, au bourg de
Saint-Sauveur, dans la vallée supérieure de la Dore (^Puy-de-Dôme). Note
de M. J. UsELADE. (Extrait.)
« Le bourg de Saint-Sauveur, situé dans la vallée supérieure de la Dore, ne compte
qu'une douzaine de maisons, échelonnées le long d'un chemin vicinal reliant cette
commune à celle de Saint-Alyre. La Dore, peu large à cet endroit, décrit une sorte d'S,
au centre de laquelle est jeté un pont métallique. Près de ce pont, s'élève une butte
de gneiss, de forme irrégulièrement conique, n'ollrant à son sommet qu'une surface
relativement faible, mais dont la hase, beaucoup plus large, se trouve presque en-
tièrement baignée par la Dore qui la contourne.
» Le dessus de cette butte est à peu près plat, recouvert de gazon, parsemé de
quelques pins rabougris, avec, ça et là, des tas de pierres, des blocs épars de granit
ou de gneiss. A la cassure, ces blocs ont une teinte d'un blanc grisâtre avec des stries
noires, ce qui pourrait, à première vue, les faire ranger dans la série des roches tra-
chytiques. Mais un examen plus approfondi montre que ces moellons doivent leur
couleur joj'e/vc de deuil à l'action d'un feu intense auquel on a dû les soumettre.
» Ce sont des roches gneissiques ou granitiques, dont les éléments, sous l'influence
de la chaleur, se sont modifiés, déterminant ainsi le métamorphisme de la roche. A la
surface, ces pierres sont recouvertes d'un enduit vitreux, noirâtre, ressemblant au
verre employé par la Compagnie fermière des eaux de Vichy dans la fabrication de ses
bouteilles.
» J'ai recueilli et étudié de nombreux, échantillons de ces blocs; j'ai multiplié mes
visites à la butte, et j'ai été amené à cette conclusion que je me trouvaisen présence
des derniers vestiges d'une de ces anciennes forteresses vitrifiées, de ces châteaux de
verre, comme il en existe beaucoup en Ecosse et comme il en a été rencontré quel-
ques-uns en France.
» Des considérations d'un ordre plus général militent, d'ailleurs, en faveur de cette
assertion. D'abord la configuration du pays, couvert de forêts sur une très grande
étendue et où il était facile de se procurer le bois nécessaire à la vitrification de
l'édifice. Puis la position du lieu, position imprenable grâce à l'inaccessibilité du dyke
de rochers et à la rivière qui forme autour de lui un fossé naturel.
)> De plus, la plate-forme qni surmonte la butte est connue, dans le pays, sous le
nom patois de Châtevé, qui signifie vrvàserah^hlGment Château-Vieux, dénomination
qui a dû se transmettre d'un siècle à l'autre.
» Enfin, l'entrepreneur qui a établi la route traversant Saint-Sauveur et coupant
un angle de la butte de Châtevé m'a affirmé avoir extrait, à cet endroit, au cours des
travaux de terrassement, il y a quatorze ou quinze ans, un grand nombre de blocs
analogues à ceux que j'ai recueillis moi-même.
)) J'ai la conviction qu'il y a eu en Auvergne des forteresses vitrifiées et que la butte
de Saint-Sauveur a soutenu un de ces étranges édifices, qui n'ont pu être construits
qu'à une époque très reculée, à l'aurore de la civilisation. »
( 9«^ )
M. Apéru adresse, de Constantinople, une Note relative à un « moyen
de destruction des rats à bord des bateaux ». Ce projet consisterait dans
l'emploi du gaz carbonique, que l'on ferait dégager à fond de cale. Il serait
particulièrement utile dans les temps d'épidémie de peste, puisqu'il est
reconnu que les rats contribuent puisamment à la propagation du fléau.
A 5 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie.
M. B.
BULLETIN BIBI.IOGKAPHIQUE.
Outrages reçus dans la séancr du 27 novembre 1899.
Notice sur les travaux de Chimie de M. Georges Lemoine. Paris, Gauthier-
Villars, 1899; i fasc. in-4°.
Les vieux arbres de la Normandie, étude botanico-historique, par Henri
GADEA.U DE Rerville. Fasc. 4. J.-B. Baillère et fds, 1899; ^ '^"^- *"-^"-
(Hommaoe de l'Auteur.)
A la conquête du Ciel! Contributions astronomiques de F.-C. de Nascius, en
i5 Livres. Livre H, fasc. S.Nantes, R. Guist'hau, 1899; i fasc. in-S".
(Hommage de l'Auteur.)
Beginselen der scheikunde door D' M.-C. Schuyten. Anlwerpen, 1899;
I fasc. in-8".
An account of the Deep-sea Brachyura collected by the Royal Indian Manne
Survey ship « Investigator », by A. Alcock. Calcutta, 1899; i fasc. in-Zj".
(Presented by the trustées of the Indian Muséum.)
Beitrdge zur Géologie der Schweiz.. Geotechnische Série, 1. Lieferung.
Bern, 1899; i fasc. in-4".
R. Unii-ersita romana. Scuola d' applicazione per gl'ingegneri. Annuario
perl'anno scolastico 1899-1900. Roma, 1899; i fasc. in-24.
Almanach der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. XLVill. Jalir-
gang, 1898. Wien, 1898; i vol. in-12.
Rapporta annuale dello /. R. Ossermtorio astronomico-meteorologico di
Trieste, perVanno 1896. Vol. XIIl. ïrieste, 1899; i fasc. in-4''-
(983 )
Denkschrifien der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften : Mathematisch-
naturwissenschaftUche Classe. Bd. LXV-LXVII, 1898-99. Wien, 1898-99;
4 vol. in-4'\
Philosophical transactions of the Royal Society of London. Séries A,
Vol. CXCII. Séries B, Vol. CXCI. London, 1899; 2 vol. in-/^^
bitzungsberichte der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. CVII. Band,
Jahrgang 1898. Wien, 1898; i2fasc. in-8''.
Bulletin mensuel du Magnétisme terrestre de V observatoire royal de Belgique,
par L. NiEsïEN. Janvier-février-mar.s 1899. Bruxelles, 1899; 1 tasc. in-24.
Bergens muséums Aarbo g 1899. 1*"= Hefte. Bergen, 1899; 1 fasc. in-8°.
The journal of the British astronomical Association. Vol. X, n° 1. London,
1899; I fasc. in-8".
Anales del Instituto y obsermtorio de Marina de San Fernando, publicados
por don Juan Viniegra. Seccion 1". Observacionesastronomicas. Afio 1898.
San Fernando, 1899; i vol. pelit in-4".
Ouvrages rbçus dans la sÉA^CK du 4 décembre 1899.
Les roches et leurs éléments minéralogiques, par Ed. Jânnettaz; 3* édition,
entièrement revue et augmentée, avec 2 cartes géologiques, 21 planches
chromolithographiques et 822 figures. Paris, J.Rothschild, 1900; i vol.
in-8°. (Hommage de l'Editeur.)
A propos de l'Ours miocène de la Grive-Saint-Alban {Isère), par Claudius
Gaillard. Lyon. impr. A. Rey, 1899; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Graminées. Descriptions, figures et usages des Graminées spontanées et cul-
tivées de France, Belgique, Iles Britanniques, Suisse, par T. Hus>ot; p. 73-92,
pi. XXV-XXXm. Athis (Orne), T. Husnot, 1896-99; i fasc. in-f^ (Hom-
mage de l'Auteur.)
Annuaire de la Société météorologique de France. 47* année, 1899, janvier-
juin. Paris, Gauthier-Villars; i fasc. in-8''.
Annales de l'observatoire astronomique, magnétique et météorologique de
ToM/ow^e. T. IlLrenfermanlune partie des travaux exécutés, de 1884 à 1897,
sous la direction de M. B. Baillaud. Paris, Gauthier-Villars, 1899; i vol.
in-4°. (Présenté par M. Maurice Lœvvy.)
Régions po'aires, parJ. de Schokalski, avec deux cartes dressées par
l'Auteur. (En russe. Extrait du dernier Volume de la grande Encyclopédie
russe.) S. 1. n. d.; i fasc. in-8°. (Présenté par M. de Lapparent.)
Ueber die Temperaiur der Insekten narh Beohachtungen in Bulgarien, von
( 9^4 )
P. Bachmetjew. Mit 5 Figuren im Text. Leipzig, Wilhelm Engelmann, 1899 ;
I fasc. in-8". (Hommage de l'Auteur.)
Rafinarea petroleuhd cruel si manufactura diferitelor producte comerciale din
petroleul crud in Slalelele-Unite aie Americei, de Victor-S. Gutzu, inginer.
Bucuresci, Carol Gobi, 1898; i fasc. in-8°.
Studii geologice si paleontologice dinCarpatii sudici, de D'"Ioan Simionescu.
I-III. Bucuresci, Carol Gobi, 1898-99; 2 fasc. in-8°.
Fauna cretacica superiora de la Urmôs (Transihania), de D"" Ioan Simio-
nescu. Bucuresci, Carol Gobi, 1899; i fasc. in-8°.
Transactions 0/ the Clinical Society of London. Vol. XXXII. London,
Longmans, Green and C, 1899; i vol. in-8".
Acta mathematica. Zeitschrift, herausgeg. v. G. Mittag-Leffler. 22 :
3, 4. Stockholm, Berlin, Paris, 1898-99; 2 fasc. in-4°. (Offert par M. Her-
mite au nom de M. Mittag-Leffler.)
Publicationen der Sternwarle der Eidg. Polyteknikum zu Zurich. Band II;
herausgeg. v. A. Wolfer. Zurich, Friedrich Schulthess, 1899; i fasc.
in-4''.
Publicationen fur die internationale Erdmessung. Die astronomisch-geodd-
tischen Arbeiten der k. und k. militdr-geographischen Jnstitutes in Wien.
Bande XIII-XV. Wien, 1899; 3 fasc. in-4°.
TABLE DES ARTICLES. Séance du 4 décembre 1899.)
MÉMOIRES ET COMMUlMCATIOIVS
DES MEMBHES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADËMIE.
Pages.
M. J. BoussiNi-SQ. — Jiislilicalion du prin-
cipe de Kcrmat sur l'économie du temps,
dans la transmission du mouvement lumi-
neux à travers un milieu liétérogène,
d'ailleurs transparent et isotrope i)o5
M. Hii.NRi Becquerel. KechercUes sur les
phénomènes de phosplioresrence produits
par le rayonnement du radium <)[.!
M. Beutiielot. — Sur les radicaux métalli-
ques composés ; dérivés du mercure...- (|iS
iM.M. limiTiiELOT et Delkpine. - L'acide
lactique
jM. Berthelot. — Sur l'explosion du clilo-
rate de potasse
M. Armand Gautier.— Sur l'existence nor-
male de l'arsenic chez les animaux et sa
localisation dans certains organes
M. Arm.\nu Gautiiîr. — Méthode pour la re-
cherche et le dosage des très petites quan-
tités d'arsenic contenues dans les organes.
Pages
.,:ii;
IVOMIi\ATIOIVS.
M. Gorges Lejioine est élu Membre de la
Section de Chimie, en remplacement de
eu M. Fiicdel.
MEMOIRES PRÉSENTÉS.
.M le I\IiNi.>sTRE DE l'Instruction publique
transmet un Rapport du Consul général
de Naples sur les travaux de M. .Schron,
concernant la Crislallogénie
M. U. Ganna adresse un projet d'avertisseur,
ri'O
destiné à prévenir les rencontres des trains
sur les chemins de fer i|3i|
M. E. KoGER adresse un Mémoire relatif a
la Navigation aérienne lyi,,
CORRESPONDANCE.
L'Académie royale de.s Science.s de Berlin
informe l'Académie qu'elle célébrera le
second centenaire de sa fondation les 19
et 20 mars 1900, et l'invite à se faire re-
présenter à cette solennité ' ij.?;)
M. le Consul de France a Batavia adresse
quelques détails sur le tremblement de
terre qui a désolé, le 3o septembre dernier,
l'ile de Céram et les Moluques q,»)
M. Lœwy présente à l'.Vcadémie le Tome III
des « .Vnnales de l'observatoire de Tou-
louse " Il'jn
M. Tariiy adresse des indications complé-
mentaires sur les nombres horaires des
Léonides observées à Alger tf'ft
M. D. Eginitis. ~ Observations des Léo-
nides et des Biélides, faites à Athènes.... 94-2
M. C. GuiciiAHD. — Sur quelques propriétés
de certains systèmes de cercles et de ■
sphères ' (|/|/|
M. R. Baire. - Sur la théorie des ensem-
bles (j',(î
M. Paul Painlevê. — Sur les équations
dill'érentielles du second ordre à points
critiques fixes 9:^9
M. E. BusciiE. — Généralisation d'une
formule de Gauss. .
M. G. Hiimbert. — Sur la transformation
des fonctions abéliennes
M. Perreau. — Influence des rayons .\ sur
la résistance électrique du sélénium
,M. Th^ Tommasina. — Sur la constatation
de la nuorescence de l'aluminium et du
magnésium dans l'eau et dans l'alcool
sous l'action des courants de la bobine
d'induction
M. Maurice I''iianijois. — Dissociation par
l'eau de l'iodomercurate d'ammoniaque et
de l'iodomercurate de potasse
M. J.-A. Muller. - Sur les chaleurs de neu-
tralisation fractionnée de l'acide carbonyl-
ferrocyaiihyilrique, comparées à celles de
l'acide ferrocyanhydrique
M. H. GiRAN. — Sur de nouvelles combinai-
sons de l'anliydriile phosphoricpie avec le
benzène
M. U. Cousin. — Préparation des ortlioqui-
noncs létrachlorées et tétrabromées en
parlant des gaïacols et vératrols lélraha-
logénés correspondants
yj'
9,31,
N° 23.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages.
M. G. Marinesoo. — Un cas d'hémiplégie
hystérique guéri par la suggestion hypno-
tique et étudié par la Clircinoplioto-
graphie '. . ■ •
M. E.-L. HouviER. — Observations biologi-
ques sur le Peripatus cnpeitsis Griibe...
M. IluGo DE Vriks. - Sur la fécondation
hybride de l'albumen
.M. Pn. Glaxgeaud. — Les minéraux du
Crétacé de l'Aquitaine
97»
975
Pages.
,M. E. iiE Martonne. — Sur l'histoire de la
vallée du Jiu (Karpates méridionales 1. . . 078
M. J. UsELADE. — Sur les vestiges d'une
ancienne forteresse vitrifiée, au bourg de
Saint-Sauveur, dans la vallée supérieure
de la Dore ( Puy-de-Dôme) ySi
M. ArÉRU adresse une Note relative à un
<i moyen de destruction des rats à bord
des bateaux » c)li2
LLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
982
PARIS. — IMPRIMERIE GAUT HI E R-VI L L A RS
Quai des Grands-Augustins, 55.
/.« Cérant .* Gaotbibb-Villaki
JAN 17 1900 i oqn
SECOIVD SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAK MTI. liES SBCRÉTAIRES PBRPÉTVEEiS.
\
TOME CXXIX.
W U (H Décembre 1899),
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES KENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
ynai (les Granris-Auguslins, 55.
'l899
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUl
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 20 JUIN 1862 ET 2/j MAI 1H75.
Les Comptes rendus hebdomaaaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
yrésentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
4fi pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposes par l'Acadt
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les!
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savon
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des perSbï
qui ne sont pas Membres ou Correspondants del'i
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'^ai.
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires !
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nomi
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet ExI
autant qu'ils le jugent convenable, comme ilslei
pour les articles ordinaires de la correspondance >
cielle de l'Académie. <^
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être r<
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard
jeudi à 10 heures du malin ; faute d'être remis à tem
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte ra
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendui
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des ;
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports»
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fi
un Rapport sur la situation des Comptes rendus apr
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sonl chargés de l'exécution dupr
sent Règlement.
Les Savauts étraugers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivan
JAN 1? 1900
COMPTES RENDl S
DES SÉANCES
DE ^ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 11 DÉCEMBRE 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie que, en raison de la fête de Noël,
la séance du lundi aS décembre sera remise au mardi 26.
La séance du lundi 1*'' janvier sera, de même, remise au mardi 2.
M. le Secrétaire perpétuel annonce l'envoi du dernier complément de
la Souscription Lavoisier, organisée aux Etats-Unis parle concours dévoué
de M. Hinrichs; il s'élève à 107*^'; cette somme, ajoutée aux 2(397''' ^""
nonces à la page 856 des Comptes rendus, et aux aSo''' qui figurent au nom
de M. Hinrichs dans la première liste publiée le i*' août 1896, forme un
total de 3054'", transmis par le Délégué de l'Académie. Plus de cinq cents
C. K., 1S99, 2" Semestie. (T. CXXIX, N" 24.) l3l
( 9H6 )
chimistes américains y ont contribué. Nous leur adressons ici nos remercî-
ments, ainsi qu'à toutes les personnes dont le dévouement scientifique
nous a permis de réaliser la Souscription internationale au Monument La-
voisier.
ASTRONOMIE. — Sur la parallaxe du Soleil (Extrait d'un premier Mémoire);
par M. Bouquet de la Grye.
« L'Académie des Sciences avait envoyé en 1882 dix missions pour
observer le Passage de Vénus sur le Soleil.
» Leur personnel, composé en majeure partie d'astronomes et d'offi-
ciers, devait, d'après les instructions données avant le départ, s'attacher à
la détermination la plus exacte possible des contacts internes de la pla-
nète avec le Soleil, pour en déduire la correction de la parallaxe de cet
astre à laquelle nos éphémérides assignaient une valeur de 8", 86. Huit
stations, quatre au nord de l'équateur et quatre au sud, devaient en plus
rapporter des photographies du Soleil en nombre aussi grand que possible,
prises pendant le passage de la planète. Un rapport préliminaire, contenant
le résumé des principales observations faites par les missionnaires, a été
publié par l'Académie en i883, mais la seule mention des résultats que
l'on pouvait en déduire a été présentée dans deux Notes à l'Académie :
l'une sur la forme de Vénus ('). l'autre sur la nécessité d'utiliser les
plaques photographiques dont le nombre s'élevait à un millier (-).
» La Commission du Passage de Vénus voulut bien adopter mes propo-
sitions et me charger de procéder à ces mesures en m'en donnant les
moyens.
» Ce travail, qui a duré plusieurs années, et les calculs qui en étaient la
conséquence sont aujourd'hui terminés.
» Il a été nécessaire aussi de calculer de minute en minute, pendant
toute la durée du passage et pour toutes les stations, les distances des
centres des deux astres et l'angle formé par leur direction avec l'équateur
en ayant pour base les chiffres des éphémérides plus ou moins corrigés.
» Nous sommes donc à même, à l'heure actuelle, de calculer les valeurs
(') Comptes rendus, 9 juin 1884.
(-) Ibid., novembre 1884.
( 987 )
provenant de l'observation directe des circonstances du passage de Vénus
et celles de l'impression lumineuse sur les plaques photographiques, et je
puis aujourd'hui donner à l'Académie un premier chiffre provenant des
déterminations des contacts internes de la planète, en indiquant les causes
qui ont modifié le premier, d'ailleurs provisoire, que j'avais tiré des
observations contenues dans le Rapport préliminaire.
» Je disais en i88/j : « J'ai pris comme représentant les heures vraies
» (les contacts, soit la moyenne de toutes les observations, si l'on avait
» utilisé les prismes pour répéter les heures des contacts, soit l'heure
» unique dans le cas où l'on aurait eu un seul chiffre, et point de gouttes
» ni d'anneaux, soit enfin l'heure du contact géométrique corrigé de la
» diffraction, dans les cas les plus défavorables, ce qui a été rare, en
.) m'appuyant sur les données et les chiffres contenus dans le rapport de
» M. André. »
» Les heures des contacts utilisées présentement diffèrent de celles
employées en 1884, en ce sens que j'ai dû écarter les répétitions données
par les prismes biréfringents.
)i En étudiant, en effet, dans les cahiers mêmes des observateurs, les
résultats que donnent ces prismes, on s'aperçoit que, d'une façon géné-
rale, l'instant accusé pour le deuxième contact est en retard sur l'obser-
vation directe pendant qu'au troisième contact il est en avance.
» Les prismes, en affaiblissant l'éclat du Soleil, diminuent en même
temps son diamètre d'une partie de l'épaisseur des gaz incandescents qui
le terminent, et chez le plus habile de nos observateurs en cette matière,
M. Fleuriais, qui avait préconisé l'usage des prismes et qui a donné des
résultats très concordants, la différence chaque fois est supérieure à lo se-
condes, si bien que la différence du temps entre les deuxièmes et les troi-
sièmes contacts dépasse 23 secondes de temps.
)> Ceci correspond à une diminution de o",6 du rayon du Soleil.
« La Commission du Passage de Vénus avait recommandé aux obser-
vateurs d'argenter très légèrement la surface extérieure des objectifs pour
éviter l'éclatement des verres colorés sous l'action d'une trop forte cha-
leur; l'emploi des primes et le mélange de leurs données avec celles obte-
nues directement a faussé les premiers résultats que j'avais indiqués et qui
avaient conduit à une moyenne pour la parallaxe de 8", '78.
» Une autre cause de modification des données du problème a été la
substitution des longitudes définitives à celles indiquées en premier lieu
( 9»» )
pour certaines stations ('); enfin, une antre correction a été introduite
dans les calculs des valeurs des distances des deux astres qui servent aux
comparaisons avec les instants des contacts provenant des observations
directes.
:> Au lieu de partir des données de la Connaissance des Temps pour les
valeurs de l'ascension droite et de la déclinaison des deux astres, je les ai
corrigées au moyen des données recueillies pendant le passage, et les dis-
tances des centres de Vénus et du Soleil ont été calculées, en tenant
compte de la forme de la Terre et aussi, pour la station du Mexique, de l'al-
titude de 2 200™ de la station.
» Les valeurs des rayons du Soleil p et de Yénus p' interviennent pour
la détermination des instants des contacts externes et internes. Nous
avions bien un grand nombre de mesures des diamètres de Vénus prises
dans les stations pendant le passage (au moyen des micromètres des
grandes lunettes équatoriales); mais, comme, on pouvait s'y attendre,
l'irradiation a diminué ces diamètres, qui n'ont plus été comparables à
ceux obtenus sur les plaques photographiques.
» Il m'a semblé plus logique de faire intervenir dans ces mesures les
contacts mêmes, et d'utiliser pour cela la durée comprise entre le troisième
et le quatrième, qui est d'environ douze cent dix secondes et comporte
une approximation apparente d'environ cinq secondes.
» C'est dans ces conditions que l'on a pu comparer l'instant observé
avec l'instant calculé et appliquer, à l'aide de leur différence et des T:i-
(') Voici les positions qui ont été adoptées poui- les diverses stations; le Mémoire
contient la manière dont ces résultats ont été obtenus :
Latitude. Longitude.
" • Il ° I II
Puebla (Mexique) 19. 3.24 6.42. 6,1
Saint-Augustin (Floride) 29.53.5i 5.34.35,3
Petionville (Haïti) i8.3i.ii 3.58.34,9
Fort-Tartenson (Martinique) i4.36.20 4-'3.4i,t
Cerro-Negro (Chili) 33.36.3o 4.52.6,3
Montevideo (République orientale). 34.54.23 3.54. 10, 3
Bragado (La Plata) 35. 7.27 4- n -17)0
Patagones (Rio-Negro) 40.47-5I 4-2i.i7,3
Chubut (Patagonie) 43. 18. 38 4.29.47,33
Santa-Cruz (Patagonie). 49-59.22 4-43.32,26
Cap Horn 55.3i.24 4-4i-44i6
( 989 :^
bleaux, l'équation
empruntée aux Notes publiées par M. Puiseux dans les Connaissances des
Temps de 1875 et 1876, et dans laquelle S représente un coefficient com-
pliqué (acosAcosL -)- èsinAsinL + csinA), où interviennent la lati-
tude A et la longitude L de la station, ù l'angle formé par la direction des
deux centres avec l'équateur, t^ l'instant observé et te celui calculé, cette
différence étant exprimée en fraction de minute.
1) Le nombre d'équations ainsi comprises s'élève à gS pour toutes les
stations et ce sont les combinaisons deux à deux de ces équations qui,
théoriquement, pourraient servir à la détermination de la parallaxe.
» Pour les raisons indiquées plus haut, nous nous bornons aux obser-
vations directes et nous leur appliquons successivement la méthode de
Halley et celle de Delisle.
" Dans la première, on ajoute, pour chaque station, les équations cor-
respondant au deuxième et au troisième contact et l'on retranche les résul-
tats obtenus dans chaque station Sud de ceux d'une station Nord. En
faisant ces différences, les termes cost^rfX, èinddY, dp, do', ~r-^ dh, dis-
[)araissent et il reste une équation de la forme (T — T' ) f/^r = R — R', dans
laquelle T == S, -^ S,, R =-- - '-^{t, - t,^} - f^ (l, - t,).
Nous allons donner ces valeurs :
Stations Nord.
Puebla Bouquet de la Grye II, III. .
» Héraud • II,IIi .
» Ferrari II,lli. .
Floride Basset 11,111...
» Defforges 11,111. .
Haïti D'Abbadie 11,111...
» Callandreau 11,111..
I) de la Baume Pluvinel 11,111.
Chili de Bernardières 11,111. .
» Barnaud II, III. . .
1) Favereau 11,111. . .
Montevideo Penfenteuyo 11,111..
Bragado Perrin 11,111...
Chubul Hatt 11,111...
T.
R.
3,9707
-0,1764
3,9707
— 0,3173
3,9707
- o,28i3
4,7457
— o,25i3
4,7457
-1-0,1473
i-4,5586
—0,2910
1-4,5586
— 0, I i5o
.-4,5586
— o,o3o7
r- 1,2608
—0,2087
3)
+0,2797
»
-+-0,0880
4-1,5583
— 0,2923
4-1 , 1624
H-o,27i5
-1-0,4661
-1-0,0668
( 990 )
Santa-Cruz Fleuriais —0,1091 ^-o,iio4
)) Lepord » -t-0,2846
Cap Horn CoiircelleSeneuii —0,5896 - o, 2338
» Nous avons huit observations faites au nord de l'équateur que nous
devons combiner avec neuf faites au sud, ce qui nous fournit soixante-douze
résultats. Il avait été indiqué avant le départ des expéditions que les
instants des contacts dépendant directement de la grandeur des objectifs,
les combinaisons devaient être faites entre les données provenant de lu-
nettes de même grandeur. Ceci est exact dans la pratique lorsqu'il s'agit
de phénomènes difficiles à noter par défaut de luminosité, tels la dispa-
rition des satellites de Jupiter; ces disparitions, comme nous l'avons
observé à Puebla, étant d'autant plus tardives que la lunette était plus
puissante.
» Dans le cas des contacts intérieurs de Vénus il n'en est pas ainsi; la
luminosité est en excès, on est obligé de l'atténuer, et l'instant du contact
le plus exact dépend principalement de la qualité de l'œil de l'observateur.
» Comparons néanmoins entre elles les données provenant des lunettes
de huit pouces .
Coefficient.
Combinaisons Bouquel de la Grye et de Bernardières. -1-2,7099 -1-0,0278
» id. Ilatl H-3,5o46 —0,2432
» id. Fleuriais -1-4,0798 —0,2868
» d'Abbadie de Bernardières. -;-3,2978 — 0,0878
» id. Hatl -)-4,o925 —0,3578
» id. Fleuriais 4-4,6677 — o,4oi4
)) En divisant la somme de la deuxième colonne par celle de la première,
on a n = — 0,0604, ce qui conduit à la valeur de la parallaxe 8", 7996.
» Passons maintenant ii l'ensemble de toutes les combinaisons utili-
sables et nous pouvons pour arriver rapidement au résultat éviter de faire
successivement tous les groupements deux à deux.
» En effet, en appelant T, , T„, T3, ... les coefficients des stations Nord
et R,, R2. ... les valeurs des seconds membres et en affectant d'une asté-
rique les valeurs similaires des stations Sud, nous aurons à combiner en-
semble T, - T;, R, - r; ; T, - T;, r, - r;; t, - t;, r, - r;; mais il est
plus court de retrancher de /iT, et de nR, les sommes de T', -f- T., -hT.^ ...
Ri -h R, -I- R', ..., et la division finale tiendra compte du poids de chaque
groupement.
ï
et
( 991 )
En faisant la sommation des données des stations Sud, on a + 6,i6i4
- o,3654-
En retranchant ces chiffres de neuf fois ceux des stations Nord, on a
Bouquet de la Grye et
stations Sud..
-H 29,5749
— i,953o
Héraud
id.
■■ + 29,57/49
-- 3,2211
Ferrari
id.
■ • + 29,5749
— 2,8971
Bassot
id.
. . + 36,5499
— 2,6271
Defforges
id.
. . + 36,5499
-H 0,9603
D'Abbadie
id.
.. -f- 34,8660
- 2,9844
Callandreau
id.
.. + 34,8660
— i,4oo4
De la Baume Pluvinel
id.
, . + 34,8660
— 0,6417
266,4225
—14,7645
» En divisant la sommation de la deuxième colonne par celle de la pre-
mière on a û?n = - o, o532; d'où n = 8,8068 avec une erreur probable
inférieure à o",oi .
» Employons maintenant la méthode de Delisle.
» Un des inconvénients de cette méthode c'est qu'elle laisse subsister
les erreurs des longitudes des stations. Dans la situation actuelle ces
erreurs ne dépassent guère deux secondes de temps et par suite elles n'oc-
casionneraient dans le résultat qu'une différence d'environ o",oi; mais
le plus grave inconvénient tient à l'équation propre à l'observateur : s'il
observe trop tard le deuxième contact, il y a quelques chances pour qu'il
en soit de même pour le troisième, et l'erreur qui en résulte disparaît tandis
qu'elle reste sensible si l'on n'utilise qu'un contact.
» Nous pouvons, comme nous l'avons fait plus haut, grouper toutes les
données relatives aux stations Sud en y introduisant des observations nou-
velles incomplètes.
Deuxième contact.
De Bernardières.. . -1-0,0970
Barnaud +0,0970
Ganereau +0,0970
Penfenteuyo — -1,1912
Perrin — 0,0906
Hatt —0,3997
Leigue
Fleuriaiâ
Lepord
Courcelle-Seneuil . .
—0,3997
— 0,6634
— o,6634
—0,9054
+0,0895
-HO , o4o I
+0,0612
—0,5791
+0,7153
— o,35o6
— o,o5i I
— 0,o52I
—0,1169
+0,4234
— 0,0224 +0,1100
Troisième contact.
De Bernardières. . + i,i638
Barnaud
Ganereau
Penfenteuyo
Perrin
Perrotin
Delacroix
Cessier
HaU
Fleuriais
Lepord.
Courcelle-Seneuil .
— 0,2932
+0,2396
+0,0268
+0,2868
+0,0639
+0,3952
— 0,0668
+0,1086
+0,4174
-HO, 1625
+0,1677
— 0,6572
1,7691 +o,88i3
i,i638
i,i638
',7495
i,253o
0,9950
0,9950
0,9950
o,8658
0,5543
0,5543
o,3i58
( 992 )
» Groupons maintenant ces résultats avec les données des stations Nord
multipliées par lo pour le deuxième contact et par 12 pour le troisième :
Deuxième contact.
Bouquet de la Grye et stations Sud .
+
26,0299
—
4,2i85
Héraud id.
. . . +
26,0209
—
6, 3255
Ferrari id.
. . . +
26,0209
—
5,9655
Perrier id.
. . . 4-
28,0889
—
4,9335
Bassot id.
-h
28,0889
—
4,9005
Defforges id.
. . . -+-
28,0889
—
2,0285
D'Abbadie id.
. . . -^-
24,6829
-1-
0,5545
Callandreau id.
. . . -t-
24,6829
+
3,8142
De la Baume-Pluvinel id.
-\-
24,6829
-h
i,o549
Tisserand id.
. . . -t-
22,0739
—
3,6335
Bigourdan id.
... -'(-
22,0789
—
i,4i85
Puiseux id.
-t-
22,0789
+
0 , I 900
3o2,5848
—
26,6099
on en tire
dn
0,0879 d'où
n
8,77:
Le troisième contact donne:
Bouquet de la Grye et stations
Sud....
-f- 8,2817
-H 1,5679
Héraud
id.
-+- 8,2817
-^2,4o58
Ferrari
id.
-t- 8,2817
^2,7871
Bassot
id.
-t- 15,1071
— 1 ,2o53
Defforges
id.
+ 15,1071
-1-2,8243
D'Abbadie
id.
-t- 16,9421
—5,5349
Callandreau
id.
+ 16,9421
—7,3337
De la Baume-Pluvinel
id.
-+- 16,9421
105,8836
—3, i3ii
—7,6202
on en tire
dn =-'- 0
07
19
d'où
n=: 8,788.
)) En résumé, en nous bornant aux observations directes nous avons eu,
en employant celles faites aux grandes lunettes par la méthode de Halley,
8,7996, et avec toutes les lunettes, 8,8068, chacune de ces valeurs étant
obtenue avec une erreur probable d'environ o",oi .
« Avec la méthode de Delisle, le résultat est plus incertain, l'erreur
probable beaucoup plus considérable.
» Nous pouvons donc offrir la valeur de 8", 80 comme le résultat des
observations françaises directes provenant des deuxième et troisième con-
tacts de toutes les stations.
(993)
» A titre de curiosité, nous pouvons donner le résultat obtenu par les
observations directes du premier et du quatrième contact, calculées i)ar
la méthode de Halley; on a alors 8", 783, mais il y a discordance entre les
résultais partiels, ce qui est loin de surprendre, les instants de ces contacts,
surtout du premier, étant difficiles à apprécier.
» D'autres déterminations sérieuses vont résulter de l'étude complète
des données prises par les observateurs et aussi des mesures des plaques
photographiques. Nous les présenterons ultérieurement à l'Académie. >
PHYSIQUE TERRESTRE. — Note sur les travaux au mont Blanc en 1899;
par M. J. Janssev.
(c 1. Etude des pertes qu'un câble électrique peut éprouver quand il est placé
à nu sur le glacier. — Cette étude, d'un très haut intérêt pour la Télé-
graphie en général, et en particulier pour l'Administration des Télégraphes,
avait été entreprise par MM. Lespieau et Cauro, et je m'étais mis à leur
disposition pour les aider de tout mon pouvoir.
» L'Administration des Télégraphes qui, comme je viens de le dire, avait
un intérêt direct dans la question, avait bien voulu nous prêter le fil et les
appareils nécessaires à la réalisation de cette étude.
» On connaît le mortel accident arrivé à M. Cauro au début même des
opérations. Ce jeune et très distingué physicien fit une chute dans un sen-
tier de la montagne de la Cote, montagne conduisant au glacier sur lequel
on devait expérimenter, et il se tua sur le coup. Ce grand malheur, qui
brisait une carrière pleine d'avenir, m'atterra. Je fus d'autant plus affecté
de cette mort que c'était par amour et amour absolument désintéressé de
la Science qu'elle se produisait. Aussi ai-je tenu à rendre à cette si intéres-
sante mémoire tout l'hommage qui lui était dû et à agir en cette circon-
stance comme s'il se fût agi de mon propre fils. Son ami, M. Lespieau,
aussi affecté que moi-même, m'aida de tout son pouvoir dans cette si dou-
loureuse circonstance. Nous nous rendîmes au-devant du corps qui fut
ramené à Chamonix et mis en cercueil plombé chez moi. Le lendemain un
service solennel eut lieu à l'église de Chamonix et nous attendîmes l'arrivée
de M""' Bougleux, sœur de M. Cauro, qui vint bientôt et put emmener le
cercueil de son frère et le faire placer à Paris dans une sépulture de famille.
Une croix, rappelant l'accident et son noble motif, a été placée sur le lieu
même par mes soins. M. Lespieau conduisit l'expédition et ma fille m'y
représenta.
c. R.,iS99, ^'Semestre. (T. CXXIX, N° 24.) l32
' 994 !
» Indépendamment des études sur le câble, M. Cauro s'était proposé
d'instituer entre le sommet du mont Blanc et Chamonix des expériences
de télégraphie sans fil et il avait préparé et apporté dans cette intention
les appareils nécessaires. Les connaissances de M. Caiiro en électricité le
préparaient tout particulièrement à ces intéressantes expériences. Le
projet fut nécessairement abandonné, mais nous comptons le reprendre.
» M. Lespieau, ayant accompli tout ce qui dépendait de lui pour
honorer la mémoire de son ami, voulut bien à ma demande continuer les
expériences commencées et je lui donnai les moyens nécessaires à cet
effet.
Rapport de M. Lespieau.
1) Avec l'aide de trois guides de Chamonix, j'ai relié le rocher des Grands-Mulels
au sommet de la montagne de la Côte par deux fils de fer galvanisé d'un diamètre de
3™™, du modèle de ceux utilisés par l'Administration des Télégraphes. Ces deux fils,
distants l'un de l'autre d'au moins 5", reposent à même sur le glacier, sauf à l'arrivée
aux Grands-Mulets, où ils courent pendant quelque mètres sur le rocher. La longueur
de l'un d'eux est 1700"" environ; la dislance du point de départ au point d'arrivée est
plus petite, mais il a fallu faire de nombreux détours et laisser du jeu au fil.
» Ces deux fils constituaient une ligne utilisable pour la télégraphie, ainsi qu'il
a été vérifié. On s'est préoccupé d'en étudier la résistance et l'isolement.
» 1° Aux Grands-Mulets on a monté en série dix-huit éléments Leclanché grand
modèle de l'Administration des Télégraphes, puis on a relié en série l'un des fils, la pile,
un milliampèremètre et l'autre fil. On na observé aucune déviation, alors qu'après
avoir bouclé les deux fils à l'autre extrémité on a vu que trois éléments de piles fournis-
saient une intensité de courant supérieure à 5o milliampères, limite de la graduation
de l'instrument.
I) 2° L'ampèremètre étant remplacé par un galvanomètre, le guide Emile Ducroz
relie un deuxième galvanomètre du même modèle que le précédent aux deux fils de
fer à des distances variables des Grands-Mulets. La indications des deux instruments
sous l'influence du même courant se montrent concordantes.
Déviations
Déviations observées
aux
par M. Ducroz,
Grands-Mulets.
à Soc
" des Grands-Mulets.
61
62
55
56
54
55
Id. à 600
62
61
60
r50
5o
5o
Id. à 1700
62
60
52
53
39
38
f 995
» Les dernières observations en chaque point sont dues au courant donné par un
seul élément quelque peu polarisé.
» 3° Les deux fils étant soudés, on mesure la résistance de la ligne à l'aide d'un
pont de Wheatslone; on la trouve comprise entre 56 et 67 ohms, mais plus voisine
de 37 que de 56. La résistance du fil isolé est de 17,3 ohms à 17,8 ohms par kilomètre
(nombres fournis par l'Administration). La ligne devrait donc avoir une résistance
de Sg à 60 ohms si elle élait parfaitement isolée.
» 4° Un Leclanché non polarisé fournissait dans la ligne un courant de 24 milli-
ampères, deux éléments en série un courant de 46,5 millianipères. La résistance de la
ligne étant 67 ohms, celui de l'ampèremètre i,85 ohm, on peut de ces données dé-
duire la résistance intérieure d'un élément et sa force électromolrice par la formule
de Ohm. On trouve ainsi R = i ,96 et E =ri ,459; or, on sait que E égale i ,46. Quant
à R, la mesure directe a fourni des nombres oscillant entre 1,8 et 2 ; la température
avait une certaine influence.
» De ces expériences il résulte que la ligne constituée par deux fils posés sur un
glacier ou sur un rocher émergeant du glacier est parfaitement utilisable pour la télé-
graphie ; que son isolement est bon même lorsque la glace fond à la surface du gla-
cier, comme cela a eu lieu, enfin qu'un fil de fer de 3™" reposant sur une longueur de
1700™ de glacier ne constitue pas une terra télégraphique.
» Il a été dit que la résistance des piles variait notablement avec la température.
Cet effet est dû en partie à l'appauvrissement en chlorhydrate d'ammoniac jjar suite
du dépôt de ce sel. Maintenues à basse température, les piles se refroidissent jusqu'à
— 16° en conservant approximativement la même force électromotrice. Elles se con-
gèlent alors lentement. Quand la congélation est totale, la température de la pile
s'abaisse de nouveau, mais sa résistance devient énorme. Un élément fermé sur une
résistance de 3i ,85 ohms fournit 43 milliarnpères à la température de ^- i5". Congelé
et fermé sur une résistance de i,85 ohm, il ne donne plus qu'un quart de milliam-
père ; encore cet effet est-il attribuable à une trace de liquide non solidifié.
» J'ajouterai que c'est grâce au concours que m'a prêté M. Janssen et sur sa demande
l'Administration des Télégraphes que j'ai pu réaliser ces expériences. Qu'il me soit
permis de les remercier ici.
1) Il ré.siille de ces intéressantes expériences qu'une ligne télégraphique
d'une grande longueur peut être établie, à fil nu, sur les glaciers et fom-nir
un bon service. Ce résultat est fort intéressant pour la télégraphie en haute
montagne et nous savons que l'Administralion en a été très satisfaite.
» C'est un nouveau service que le mont Blanc aura rendu.
11 Disons maintenant que si l'isolement donné par la glace se prête
à rétablissement de lignes à fd nu, d'un autre côté les mouvements de
descente des glaciers sont des causes incessantes de rupture des câbles.
Cette difficulté n'est pas insurmontable et nous nous proposons de faire
ultérieurement des expériences à cet égard.
» 2. Sur l'oxygène solaire. — L'étude de cette difficile question de la
{ 996
présence de l'oxygène dans les enveloppes gazeuses du Soleil a été conti-
nuée celte année et le sera encore les années suivantes jusqu'à ce qu'on ait
obtenu des résultats absolument décisifs.
1) On sait qu'il s'agit de démontrer que les groupes A, B, a du spectre
solaire, qui se rapportent à la présence de l'oxygène dans notre atmo-
sphère, disparaîtraient complètement aux limites mêmes de cette atmo-
sphère et que les enveloppes gazeuses solaires ne sont pour rien dans leur
formation.
Il Pour résoudre cette question d'un intérêt capital, j'ai institué depuis
1886 une série d'expériences :
» 1° Au laboratoire de l'observatoire de Meudon avec des tubes conte-
nant des quantités d'oxygène équivalentes à celles de l'atmosphère ter-
restre ;
» 2° Par une expérience faite en 1889 entre la Tour Eiffel et Meudon,
l'épaisseur atmosphérique traversée en cette circonstance par un faisceau
lumineux étant équivalente comme quantité à celle que traverse un rayon
atmosphérique zénithal ;
» 3" Par des expériences comparatives, instituées à Meudon, à Chamo-
nix et au sommet du mont Blanc et dont M. de la Baume-Pluvinel avait
bien voulu se charger à ma demande ;
» 4" Par l'intervention des ballons-sondes, lesquels permettent d'obte-
nir le spectre solaire à une très grande hauteur, et par conséquent en lais-
sant une portion très faible d'atmosphère au-dessus d'eux.
» Cette année, sur mes instructions, M. Tikhoff, élève astronome de
Meudon, s'est livré à des expériences nouvelles à Meudon, àChamonix,
au sommet du mont Blanc. Les spectres solaires photographiés qu'il a
obtenus seront discutés ultérieurement.
» Du reste, je compte en outre reprendre l'expérience de 1889 à la
Tour Eiffel pendant le cours de l'année 1900. »
PHYSIQUE. — Influence d'un champ magnétique sur le rayonnement des
corps radio-actifs. Note de M. Henri Becquerel (').
« Au cours des expériences que je poursuis dans la recherche des faits
qui peuvent nous éclairer sur la nature du rayonnement émis par les
(') J'ai été obligeamment aidé dans ces expériences par M. Malout.
( 997 )
corps radio-actifs, j'ai en l'occasion d'observer ces jours derniers des effets
remarquables produits sur ce rayonnement lorsqu'il traverse un champ
magnétique.
w Dans un champ magnétique non uniforme, constitué par un puissant
électro-aimant, j'ai observé que le rayonnement du radium s'infléchit et se
concentre sur les pôles.
» M. et M"" Curie, à qui je montrais quelques-unes des expériences qui
vont être décrites, m'ont alors appris que MM. Stefan Meyer et Egon R. v.
Schweidler venaient de publier, il y a trois semaines ('), l'observation
d'une action d'un champ magnétique sur les rayons du radium et du polo-
nium, et ils m'ont communiqué la Note de ces auteurs. Ceux-ci, en étu-
diant dans un champ magnétique uniforme le rayonnement du radium au
moyen d'un écran de platinocyanure de baryum, ont conclu de leurs
expériences que, dans un plan perpendiculaire au champ, les rayons sont
infléchis vraisemblablement suivant des lignes circulaires, tandis qu'il
existerait dans la direction du champ des rayons qui ne sont pas déviés.
Ces propriétés sont celles des rayons cathodiques.
» Parmi les faits que j'ai observés, sans avoir eu connaissance de ces
expériences, les uns sont conformes à ceux qui ont été découverts par les
auteurs viennois ; les autres apportent une contribution nouvelle à nos
connaissances sur le rayonnement du radium.
» Voici les expériences que j'ai réalisées avec la petite quantité de
chlorure de baryum radio-actif que je dois à l'obligeance de M. et de
M"' Curie :
Il Effets produits dans le sens des lignes de force. — Dans un champ
magnétique formé par deux petites surfaces de fer doux, planes et circu-
laires, de i4""° environ de diamètre, qu'un fort électro-aimant permettait
d'aimanter presque à saturation, et dont la distance a varié de quelques
millimètres à plusieurs centimètres, suivant les expériences, j'avais disposé
d'abord, près du centre d'une des surfaces polaires, la matière radio-
active, déposée sur du papier et recouverte d'une mince feuille d'alumi-
nium battu, puis contre l'autre pôle un écran fluorescent, soit de sulfate
double d'uranium et de potassium, soit de platino-cyanure de baryum, de
blende hexagonale, de diamant, ou d'autres matières phosphorescentes.
)) Tant que l'électro-aimant n'est pas excité, la phosphorescence
apparaît sous la forme d'une large tache lumineuse s'étendant bien au
(') Physikaliscke Zeitschrift, n" 10, p. ii3-ji4-
( 99» ^
delà de la surface polaire en contact avec l'écran; la lueur est assez faible
lorsque les armatures sont à une distance de i*""" environ, conformément
aux expériences que j'ai publiées la semaine dernière.
» Si, alors, on excite l'électro-aimant, on voit la tache lumineuse se ré-
trécir et devenir considérablement plus intense. La lueur dépasse à peine
les contours de la pièce polaire, et il semble que tous les ravons excita-
teurs ém;inés du radium viennent aboutir sur cette surface. L'augmenta-
tion d'intensité est considérable, j'en donnerai prochainement une mesure;
elle ne présente pas de différence notable lorsqu'on change le sens de
l'aima ntalion. ,
» Le même phénomène se produit lorsqu'on interpose entre la matière
active et la surface fluorescente des écrans de diverses natures, tels que du
papier noir, du verre, etc.; l'intensité s'est seulement affaiblie comme je
l'ai indiqué antérieurement.
» Si aux écrans phosphorescents on substitue contre la surface polaire
une plaque photographique, on obtient en quelques instants des épreuves
très intéressantes. Les épreuves que je présente aujourd'hui à l'Académie
ont été obtenues, l'une à une distance de iS"" environ, en une minute et
demie, l'autre à une distance de 4*^"*, en cinq minutes; on voit sur la même
plaque rim|)ression très faible lorsque l'électro-aimant n'est pas excité,
et l'impression très intense produite par les rayons qui ont traversé le
champ magnétique.
)) L'augmentation considérable de l'intensité, obtenue dans cette expé-
rience pourrait peut-être donner un moyen de concentrer sur une petite
surface polaire l'action produite par une large surface de matière peu
active telle que l'uranium, mais je n'ai pu jusqu'ici réussir cette expé-
rience soit en raison de la faiblesse de l'intensité, soit en raison des pro-
priétés particulières des rayons de l'uranium.
» Effets produits dans un plan perpendiculaire au champ. - La ma-
tière active recouverte d'aluminium, comme dans les expériences précé-
dentes, était placée au milieu du champ; autour de celle-ci on avait disposé
un écran fluorescent cylindrique en enduisant de sulfate double d'ura-
nium et de potassium l'intérieur d'un tube de verre dont l'axe, parallèle
au champ, passait par la source radiante; tous les points de l'écran étaient
ainsi sensiblement à la même distance de la source et dans une direction
normale au champ. Si l'on excite alors l'électro-aimant, on voit dans les
conditions particulières de l'expérience la phosphorescence diminuer
considérablement, au point de devenir à peine perceptible.
» Dans une autre expérience, la matière a été placée en dessous de la
( 999 )
partie la plus intense du champ, et un écran fluorescent plan a été disposé
au-dessus, de l'autre côté du champ. Dans ces conditions, on voit l'effet
changer avec le sens du courant; pour un sens de l'aimanlalion, la phos-
phorescence s'affaiblit; pour le sens contraire, elle se présente en une
tache lumineuse plus brillante.
1) Exploration du champ par la photographie. — La photographie, parla
netteté des détails qu'elle enregistre, a donné pour l'étude du champ des
résultats bien supérieurs à ceux de la fluorescence. J'ai réalisé en parti-
culier les expériences suivantes :
» i" On place parallèlement au champ, entre les deux pôles distants
de 45"'", une plaque photographique horizontale entourée de papier noir.
Après avoir excité l'éleclro-aimant, on met sur la plaque, à égale distance
des |)ôles, la matière radio-active. Après quelques minutes de pose, on peut
développer la plaque et l'on constate que l'impression, très forte, au lieu
de s'être faite uniformément autour de la source, est tout entière rejetée
sur la droite du champ (à gauche [)our un observateur qui regarde le
pôle H- ). En dehors de la tache noire qui marque la place de la source ra-
diante, l'impression maximum est répartie sur une zone étroite qui affecte
la forme ci-contre {' j ifig- i )• L'écarlimaximum correspond à la direction
normale au chamjj, passant par la source qui, dans le cas actuel, est au
milieu du champ. Le maximum d'écart est aussi, dans ce cas, le maximum
de l'intensité de l'impression; de part et d'autre de ce maximum, la courbe
s'infléchit et rejoint les pôles presque normalement aux surfaces polaires,
en des points situés à droite des centres de ces surfaces.
» La courbure est d'autant moins accentuée que le champ est plus in-
tense.
( ' ) Les figures représentent la forme des courbes, mais nullement l'aspect des pho-
tographies.
( lOOO ")
» Cette expérience est identique à celle que MM. Meyer et Schweidler ont
faite avec un écran fluorescent. Ces auteurs ont signalé seulement le maxi-
mum du sommet de la courbe; mais ils ont montré ce fait capital que
l'impression était due à des rayons émis au-dessus de la plaque, et ramenés
sur celle-ci par l'aimant.
» Les rayons émis au-dessous de la plaque donneraient la courbe
symétrique, mais dans notre expérience ils sont absorbés par le verre qu'ils
ont à traverser deux fois.
» Celte première expérience permet d'expliquer les anomalies appa-
rentes qu'on observe quand on place des écrans fluorescents à diverses
distances de la source radiante supposée au milieu du champ. Si celle-ci
était réduite à un point, le lieu dans l'espace du maximum d'action serait
la surface de révolution ayant pour axe l'axe du champ passant par la
source, et pour méridienne la courbe que nous venons de décrire. Sur
cette surface la propagation du rayonnement se fait suivant des hélices
en tournant dans le sens d'un courant circulaire qui produit un champ
de même sens que le champ étudié. Lorsqu'un écran coupe cette surface,
le maximum d'action a lieu sur celle des régions d'intersection qui reçoit
le rayonnement curviligne; si le sens de l'aimantation change, le maximum
d'action est sur l'autre région. Si l'écran est tangent à la surface, la région
du maximum ne paraît pas se déplacer quand le sens de l'aimantalion
change. Enfin si l'écran ne coupe pas la surface, on observe sur l'écran
une action moindre que si le champ n'existait pas.
» 2° Une seconde expérience, tout aussi importante, consiste à placer
le radium près de l'un des pôles, du pôle -f- par exemple, la plaque photo-
graphique restant dans la même position que ci-dessus.
» L'effet obtenu est notablement différent. L'impression ne va pas en
ligne droite comme dans l'expérience de MM. Meyer et Schweidler, elle
affecte encore la forme curviligne décrite plus haut, et est tout entière à
droite du champ { fig. 2). A côté de la tache marquant la place de la source,
se trouve, à droite du champ, une tache presque aussi intense qui se rejoint
à la première; l'impression va ensuite en diminuant le long de la courbe
jusqu'au sommet, au milieu du champ, où elle est minimum, puis elle aug-
mente en se rapprochant de l'autre pôle, près duquel elle est très intense,
moins cependant qu'à l'autre extrémité, figurant une sorte d'image disper-
sée de la matière active.
» Il résulte de la propagation curviligne que l'on peut placer, au milieu
du champ, un petit écran opaque, une petite pièce de monnaie par
( lOOI )
exemple, sans que le rayonnemenl cesse do se concentrer sur le pôle. Si
l'on déplace excentriqiiement l'écran, l'action sur le pôle est considérable-
ment affaiblie.
)) Ces expériences montrent d'une aiilre manière l'augmentation d'ac-
tion près des pôles, que j'ai indiquée au début de cette Note. Elle rend
compte, en outre, de ce fait que si l'on place, près du pôle opposé à la
source, un écran fluorescent ou photographique, et qu'on le déplace vers
le milieu, la surface impressionnée s'élnrgit, et l'intensité est moindre que
sur le pôle, bien qu'on s'approche de la source.
» 3° Si l'on fait une troisième expérience en disposant la plaque photo-
graphique comme ci-dessus et en plaçant la matière active non plus au
milieu du champ ou près d'un des pôles, mais en un point quelconque de
l'axe du champ, on obtient encore la courbe décrite ci-dessus; celle-ci
présente alors un maximum d'intensité en face de la source radiante, sur
la même normale au champ. Ce maximum a une tendance à se rappro-
cher du pôle le plus voisin; et lorsque la matière active est à une petite
distance de l'un des pôles, on voit apparaître un second maximum d'action
près du pôle opposé.
» Enfin, parmi les expériences que j'ai réalisées il en est d'intéressantes
qui montrent qu'un écran de plomb, arrêtant le rayonnement direct de la
source sur une surface fluorescente, ou photographique, n'arrête pas le
rayonnement curviligne dans le champ, si celui-ci peut contourner
l'obstacle; le point où ce rayonnement curviligne vient frapper l'écran
change alors avec le sens de l'aimantation.
« Tous ces faits montrent que le rayonnement du radium se rapproche
considérablement des rayons cathodiques; certaines expériences donnent
presque la reproduction d'expériences faites avec les rayons cathodiques
par M. Broca (').
» IjCS expériences qui viennent d'être rapportées nous fournissent des
éléments nouveaux pour nous guider dans la recherche de la nature des
radiations émises par les corps radio-actifs; toutefois le fait de leur émis
sion continue et sans affaiblissement notable, par des substances non élec-
trisées, n'en reste pas moins, jusqu'ici, un mystère d'un grand intérêt. »
(') Journal de Physique, 3" série, t. \\\, p. 710; 1898.
C. R., 1899, .!' Semestre. (T. CXXIX, N" 24.)
i33
( I002 )
ANALYSE CHIMIQUE. — Sur une méthode générale pour h dosage tin divers
corps simples contenue dans les composés organiques; par M. Berthflot.
o Le dosage des éléments mnlliples contenus dans les composés orga-
niques a été effectué jusqu'à clés derniers temps par des voies et méthodes
diverses, souvent longues etcampliquées, mnis dont la complication résulte
de la nécessité de détruire complètement, et d'ordinaire progressivement, le
composé, par l'action de la cjialeur et de divers réactifs, tels que l'oxvde
de cuivre, les alcalis, le chlorate, ou l'azotate de potasse, etc.
); Te crois utile de montrer qu'il existe une méthode générale plus simple
et plus rapide dans la plupart des cas, méthode fondée sur les procédés
mêmes que j'emploie pour les études calorimétriques, et je réunirai ici les
résultats que j'ai observés, dejpuis vingt années, dans les analyses qui ont
suivi les déterminations calorimétriques; ces analyses ayant leur caractère
propre et indépendant de la Thermochimie.
>i En effet, cette destruction peut être accomplie, d'un seul coup et d'une
façon instantanée, par l'emploi de l'oxygène comprimé à 25 atmosphères,
dans la bombe calorimétriquei de façon à ramener le problème des dosages
d'éléments aux conditions d'une analyse purement minérale. C'est d'ailleurs
ce que j'ai signalé à différentes reprises, dans le coin-s de mes recherches
sur la chaleur de combustion ^ volume constant des composés organiques,
recherches qui remontent à(i88i; les procédés par lesquels je mesure
cette chaleur reposent sur une combustion totale, dont les produits formés
en vase clos se prêtent parfaitement à des dosages. L'opération de la com-
bustion instantanée demeure la même, sans qu'il soit nécessaire de l'exé-
cuter en plongeant la bombe dans un calorimètre; ce qui la rend plus
prompte. Dans certains cas, on peut ajouter à l'avance dans la bombe
des matières qui facilitent les analyses ultérieures. La combustion enfin
s'exécute avec une égale facilité sur les gaz, les liquides, les solides,
volatils ou non, en observant les conditions décrites dans mon Traité pra-
tique de Calorimélrie chimique.
» Ra]jpelons brièvement qaels sont les corps simples que j'ai dosés par
celte méthode.
» 1. Le carbone se dose en le pesant sous la forme d'acide carbonique,
que l'on extrait avec la pompe (extractions et rentrées d'air) {Traité pra-
tique de Calorimélrie chimique, p. i8o); j'ai exécuté un grand nombre de
lois cette opération, principalement sur les gaz. Ce dosage est facile.
( loo'i )
« Vhydrogêne se dose à l'état d'eau. Mais ce dosage exige l'emploi ini-
tial d'oxygène sec, et l'échauffement consécutif de la bombe dans un bain-
mariu, de façon à réduire l'eau en vapeur, que l'on entraîne par une suite
d'extractions et de rentrées d'air : ce qui reml l'analyse assez pénible.
» Le dosage de l'azote en volume est également pénible, à cause de
l'impureté de l'oxygène qui exige une mesure spéciale; mais le principe
en est aisé à énoncer.
» 2. Au contraire, les dosages du soufre et du phosphore sont faciles et
rigoureux; je les ai décrits, en détail, dans plusieurs Mémoires. Ils
exigent souvent, le premier surtout, l'addition d'une certaine dose d'un
corps combustible, tel que le camphre ou la naphtaline : ce qui ne com-
plique en rien le dosage du soufre, susceptible d'être exécuté immédiate-
ment à l'état de sulfate de baryte; ni celui du phosphore, à l'étal de phos-
phate ammoniaco-magnésien.
» 3. Le dosage du chlore s'effectue sous forme d'acide chlorhydrique,
transformable en chlorure d'argent. Le composé chloré doit être, dans plu-
sieurs cas, additionné de camphre ou de naphtaline. Pour les expériences
calorimétriques, on opère en ajoutant à l'avance dans la bombe 20™ à 25'='^
d'une solution titrée d'acide arsénieux , ce qui exige le dosage exact de l'acide
chlorhydrique contenu dans cette dernière solution; j'ai donne plusieurs
exemples de la transformation totale du chlore en acide chlorhydrique dans
ces conditions, même avec les composés les plus riches en chlore, tels que
le perchlorure de carbone et la benzine perchlorée. Mais on peut suppri-
mer cette correction, lorsqu'on ne se propose pas de faire une détermina-
tion calorimétrique simultanément. Il suffit d'introduire au préalable dans
la bombe, en projiortion convenable, une dissolution aqueuse d'arsénite de
soude, ou de sulfite de soude, ou de tout autre composé susceptible de
ramener la petite quantité de chlore libre, qui pourrait se produire dans
les combustions, à l'état de chlorure, ou d'acide chlorhydrique. On vérifie
qu'il n'y a pas de chlore libre, dans les gaz qui s'échappent de la bombe,
dont on ouvre le robinet après la combustion.
» 4. Le dosage du brome s'effectue de la même manière, mais avec un tour
de main, peu convenable dans les essais calorimétriques, mais excellent
pour les cas où il ne s'agit que d'un dosage pondéral. En effet, lorsqu'on
brûle un composé brome (additionné au besoin de camphre ou de naphta-
line) dans la bombe calorimétrique, en présence d'eau ou d'une dissolution
aqueuse qui contient de l'acide arsénieux, par exemple, le brome ne passe
presque jamais entièrement à l'état d'acide bromhydriqne pur; une portion
( loo'i )
demeurant à l'état de perbromure d'hydrogène, dans les gouttelettes proje-
tées sur les parois. La tension du brome étant presque nulle dans ce per-
bromure, il n'est pas absorbé par la liqueur réductrice placée au fond, du
moins pendant la durée des quelques minutes consacrées à l'expérience;
cependant sa transformation totale en acide bromhydrique est facile et im-
médiate, il la comlilion de prendre la bombe à la main et de l'agiter forte-
ment, ainsi que nous l'avons vérifié.
» A la vérité, cette opération exclut toute mesure calorimétrique rigou-
reuse; mais elle n'entrave ei» rien le dosage final du brome à l'état de
bromure d'argent; on opère d'ailleurs soit en présence d'un arsénite, soit
en présence d'un sulfite alcalin.
" .5. Le dosage de l'tWe est également facile, quoique un peu plus long.
» Cet élément est mis en liberté, entièrement ou presque entièrement,
suivant les cas, dans les combustions par l'oxygène comprimé; si le corps
combustible est trop pauvre eh carbone, on y ajoute du camphre ou de la
naphtaline. Mais il faut certcJines précautions pour le dosage, en raison
de la tension de vapeur de l'iode. Après refroidissement complet, on fait
écouler les gaz, en raison de leur excès de pression, à travers une dissolu-
tion d'acide sulfureux, ou de sulfite alcalin.
» On poursuit même cet écoulement sous une pression inférieure à
la pression atmosphérique, à l'aide d'une pompe à gaz, toujours en con-
duisant d'abord les gaz à travers la solution sulfureuse. On rétablit alors
la pression atmosphérique, ce qui fait pénétrer une partie de l'acide sul-
fureux dans la bombe et ramène l'iode à l'état d'acide iodhydrique.
» On réunit enfin toutes les liqueurs, on lave la bombe et l'on dose l'iode
sous forme d'iodure d'argent.
» 6. Le dosage des métaux s'effectue aisément, les combustions étant
tantôt totales directement, tantôt rendues totales par une addition de
camphre.
» Par exemple, le picrate de potasse détone et brûle dans l'oxygène
comprimé, en laissant du carbonate dépotasse; on rassemble ce dernier par
des lavages et l'on y dose la potasse sous forme de sulfate.
» Les sels alcalins et terreux brûlent en laissant des carbonates ou des
oxydes, que l'on redissout dans l'acide chlorhydrique étendu, etc.
» Les métaux proprement dits laissent, suivant les cas, un oxyde, de
composition variable, si le métal est suroxydable (le cuivre par exemple),
ou bien un métal libre.
» Par exemple, le zinc laisse de l'oxyde de zinc, dosable sans difficulté.
( I oo5 )
» Le fer seul ne peut être dosé par cette voie, en raison de l'emploi de
la spirale de ce métal, qui allume le mélange combustible. A la vérité, on
pourrait déduire le poids du métal correspondant. La combustion laisse
d'ailleurs de l'oxyde magnétique, difficile à redissoudre pour le dosage final.
» L'argent, dans nos essais, est demeuré réuni en un globule, au fond
de la petite capsule de platine qui contenait la matière; mais on le redis-
sout par l'acide azotique. Dans les cas de ce genre, on a à redouter la
formation d'alliages du platine. On y obvie en opérant la combustion
dans un petit creuset de biscuit que l'on a scié par le milieu, afin de n'en
mettre que la moitié dans la bombe.
» Le mercure se disperse, en se volatilisant sur les parois de la bombe;
on doit le récolter au moyen de l'acide azotique, etc.
» J'ai cru devoir entrer dans ces détails pratiques, afin de montrer la
généralité de la méthode. En somme, le dosage des métaux dans la bombe
est ramené à des conditions analogues à celles du dosage par incinération,
l'emploi de la méthode nouvelle étant particulièrement avantageuse et
préférable pour le dosage des métalloïdes. »
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur les réfractions moléculaires , la dispersion molécu-
laire et le pouvoir rotatoire spécifique de quelques alcoylcamphres . Note de
MM. A. Haller et P. -Tu. 3Iuli.er.
« Dans une précédente Communication ('), nous avons étudié les pro-
priétés optiques des combinaisons du camphre droit avec quelques aldé-
hydes aromatiques ; de l'ensemble de nos déterminations concernant
ces combinaisons, nous avons conclu que l'addition des aldéhydes aroma-
tiques a pour effet, non seulement d'augmenter les réfractions et la dispersion
moléculaires, mais encore d'exalter le pouvoir rotatoire des molécules, jusqu'à
le décupler.
» Nous avons continué les mêmes recherches sur les produits d'hydro-
génation de ces combinaisons, c'est-à-dire sur les alcoylcamphres. Ainsi
que l'un de nous l'a démontré (-), ces produits s'obtiennent en réduisant
des solutions alcooliques des composés provenant de la copulation des
aldéhydes avec le camphre, au moyen de l'amalgame de sodium. Les
rapports qui existent entre ces deux catégories de dérivés du camphre
(') Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 1870; 1899.
(^) A, tiALLER, Comptes rendus, t. GXtlI, p. 22; t. CXXVIII, p. 1070.
( ioo6 )
peuvent se Iraduire par les deux schémas suivants, où
R=:C''H%C''H»0-CH',C°H*C^H'; i7'W0CR\
/C=CH.R /Cil — CIP.R
CO \G0
Combinaisons du camphre Alcoylcamplires.
avec les aldéhydes
ou alcoylidènecamphres.
. I
» Nous avons mesuré les inriices de ces composés par rapport à la raie
du sodium et aux trois raies a, p, y de l'hydrogène, à la température de
20° ± 0,2, avec le réfractomètre de Pulfrich.
» Pour la mesure de ces indices, comme pour celle des pouvoirs rota-
toires, nous avons employé des solutions toluéniques des corps mis en
expérience. Le mode opératoire a d'ailleurs été exactement le même que
celui que nous avons suivi pour l'étude des alcoylidènecamphres.
» D'autre part, les réfractions moléculaires théoriques, ainsi que les
dispersions moléculaires, ont été calculées dans les mêmes conditions que
celles des combinaisons aldéhydiques.
» Le Tableau ci-dessous résume nos résultats : il est disposé dans le
même ordre que celui de notre première Communication ('); les lettres et
les signes y ont !a même signification.
Nom
(le la àiibstantc. Fui-mule.
Benzylidéae camphre. C"H-''0"|'J
Id Id.
Id Id.
Pipcronylidène c C'H-O'O^ll'
Cuminyl camphre. . . . C-'H^O'lf
Éthylsaligcnyl c C"H«0"0<|7
-VlélamcUioxybenzyl c. C'"H-'0"0<lf
Paraméthoxybenzyl c.
ou anisyl camphre. C"H-'0"0'^l'?
Poids
du corps IVorml-
dansioopr. litc
de de la a
sulution. liqueur. IrouïO.
Réfractions moléculaires
'2 -
^ d '
Diâper^i(ll1
moléculaire
(K,
R»> M.
Calculé Calculé
d'après Na d'après
Uriihl. trouve. Conradv.
Calculé
d'après
Irouïé. Brilhl.
i3,6o^4
6,853"
3,455ç)
8,ii4i
G,5o58
5,5882
6,2071
72, 3i 73,79 73,05 7'), 98 76,03 2,7s
» -3,48 » 74,99 77,09 3,93
" 74>oo » 75,71 77,11 3,i6
2, -20
"3,25
70,16
73,95
79>i7 77,98 79,59 78,91 81,49 83,73 4,58 2,29
86,09 86,02 86,65 86,86 88,18 89,37 3, 18 2,56
83,74 83,10 83,96 83,94 85,69 86,74 3, 00 2,47
79,23 78,53 79,58 79,33 Si. .38 82.69 3.46 2,35
3 7,77^3
79,-"
79,J*J
r,o,>.j
Pouvoir
rolatoire
spécitlque
fai„a 2„'.
i4i°,82 ( = )
144,01
.43,08 P)
i33,74
89.25
103,69
127,36
95,43
C) Dans ce Tableau (Comptes rendus, t. CXXVIII, p. i34o), il s'est glissé une
faute d'impression; il faut lire et non
n^ -H 2 «--(- I
(-) Pouvoir iotatoire pris à une température oscillant aux. environs de 20". Les
autres pouvoirs rotatoires ont été déterminés à une température de 20°±o'', 2.
( I007 )
» Ainsi que nous l'avons annoncé, dans les alcoylidènecamphres,
les perturbations constatées dans les réfractions et dispersion molécu-
laires sont dues probablement à la double liaison qui lie le camphre au
reste aldéhydique. Les mêmes constantes, déterminées avec les alcoyl-
camplires où cette double liaison a disparu, montrent qu'il en est bien
ainsi, puisque la concordance entre les réfractions moléculaires trouvées
et celles calculées avec les modules de Brûhl et de Conrady est suffisante,
si l'on songe qu'on a affaire à des solutions assez étendues et que l'élimi-
nation du dissolvant repose sur des calculs un peu incertains, les modules
ayant été déterminés à l'aide d'observations faites sur des liquides purs,
sans dissolv.ints.
» La dispersion moléculaire présente encore avec les nombres calculés
une divergence assez forte, de l'ordre de celle que l'on constate chez les
aldéhydes aromatiques ('). Nous devons d'ailleurs faire observer que le
module de dispersion (y — a) de la double liaison n'est pas constant pour
les produits de la série aromatique (-), et il semble que le nombre o,23
qui sert de base à nos calculs soit trop faible dans le cas particulier. On
sait que les dérivés aliphatiques du camphre n'offrent aucune anomalie de
dispersion.
» Enfui le pouvoir rotatoire spécifique a aussi baissé, tout en restant
encore supérieur à celui du camphre et de ses composés qui ne. contien-
nent pas de double liaison. Toutefois cette diminution du pouvoir rotatoire
pourrait trouver son explication dans la formation d'une espèce de racé-
miques, en ce qui concerne uniquement les groupements — C*H — CH^R,
I
dans lesquels, par suite de l'hydrogénation, l'atome marqué d'un astérisque
devient asymétrique. Les molécules renfermeraient ainsi fleux atomes de
carbone asymétrique, dont l'un, celui du noyau, n'est pas modifié et
continue à imprimer au dérivé du camphre son allure optique. Bien entendu,
la présence de ces deux atomes asymétriques entraîne la possibilité,
pour ces composés, de pouvoir exister sous quatre modifications, comme
lesbornéols et les acides camphoriques.
» En résumé, nous pouvons attribuer à la même cause l'exaltation de
la réfraction, de la dispersion et du pouvoir rotatoire des combinaisons du
(') BRiiHL, Zeitschr.f.physik. Cliein., t. VII, p. iSr.
(^) BniJHL, loc. cit., p. 19 1.
( ioo8 )
camphre avec les aldéhyfles aromatiques, toutes ces molécules renfermant
un groupement èthylcnique uni lui-même au noyau benzénique.
» L'influence spectromélriqiie de ce complexe est connue depuis long-
temps par les travauxdeGladstone, d'Eykmann.deBriihl, de Walden, etc.
(voir Bnuni,, Zeit. f. physik. Chem., t. XXI, p. Zjio). D'autre part,
Walden (') avait de son côté constaté, quelques années après notre pre-
mière publication sur les alcoylidènecamphres, l'influence de la double
liaison sur le pouvoir rotatoire, sans que cependant ses dérivés amylés aient
donné, même pour l'acide cinnamique, des divergences aussi notables que
celles qui ont été observées par nous.
)) Au point de vue du pouvoir rotatoire, nos dérivés restent uniques dans
leur genre. »
M. DucLAUx, en présentant à l'Académie le troisième Volume de son
« Traité de Microbiologie », s'exprime comme il suit :
(( Ce Volume est consacré à l'étude de la fermentation alcoolique. J'essaie
de montrer la transformation profonde qu'a subie l'histoire de cette ques-
tion, depuis la découverte faite par E. Biichner d'une zymase alcoolique,
produisant, en dehors de la cellule de levure, de l'alcool et de l'acide car-
bonique aux dépens du sucre. »
NOMINATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats qui devront être présentés à M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique et des Beaux-Arts, pour la place d'Astronome laissée vacante
au Bureau des Longitudes par le décès de M. Tisserand.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier can-
didat, le nombre des volants étant 48,
M. Radau obtient 38 suffrages
M. Wolf .. • 20
(') Zeilachr.fiir phys. Chem., t. XX, p. 583; 1896.
( I009 }
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat,
le nombre des votants étant encore 48,
M. Bigourdan obtient 46 suffrages
M. Wolf >. r
Il V a I bulletin blanc.
En conséquence, la liste présentée par l'Académie à M. le Ministre sera
composée comme il suit :
En première ligne M. Radaii
En seconde ligne M. Bigourdan
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant pour la Section de Géométrie.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 45,
M. Méray obtient . , 43 suffrages
Il y a 2 bulletins blancs.
M. Méray, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant pour la Section de Minéralogie.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 44»
M. Rosenbusch obtient 44 suffrages
M. Rosenbusch, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Marcellin Langlois adresse, par l'entremise de M. Cornu, un nou-
veau Mémoire intitulé « Origine de la tension superficielle ; sa loi de for-
mation ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée. )
C. R., 1899, 2* Semestre. (T. CXXIX, N- 24.) l34
( lOIO ~)
CORRESPOIVnAIVCE.
M. le Secrétaire perpétiel donne lecture de la dépêche suivante qui
est adressée à l'Académie, d Odessa, à l'occasion du Centenaire de l'adop-
tion du Système métrique :
« A l'occasion du Centenaire du Mètre, nous venons rendre liommage aux grands
fondateurs du Svstème métrique, qui ont procuré à la France la ijloire de faire adop-
ter ce Système par le monde entier.
» Les Présidents des Sociétés impériales naturalistes et technique,
n IVLOSSOVSKY et Depp. »
M. H. T.4RRY adresse, d'Alger, la Note suivante, relative à l'observation
des Biélides dans la nuit du 28 au 29 novembre :
« Le temps a été pluvieux pendant toute la nuit du i-j-'xi et l'observation a été im-
possible; toutefois quelques personnes assurent que, pendant les éclaircies, on voyait
beaucoup d'étoiles filantes.
» La section Flammarion a observé dans la nuit du 28-29 et a noté 12 étoiles filantes
de io''i5™ à i*" du matin, savoir :
De II'' 10'" à ii^So" I
De ii^So™ à minuit .5
De minuit à n''3o 2
De I '>.'■ 3o"' à i*" 4
Total 12
» Une circonstance indépendante de notre volonté n'a pas permis de continuer,
quoique le temps fùl très beau, d
ANALYSE MATHÉMATIQUE. - Sur la théorie des fonctions discontinues.
Note de M. R. Raire, présentée par M. Picard.
« I. Quand on considère une fonction de variables réelles, on définit
un domaine continu, à une ou plusieurs dimensions, et l'on suppose que,
à tout système de valeurs appartenant à ce domaine (ou à un certain
( loii )
ensemble contenu dans ce domaine), correspond un nombre déterminé.
» Nous remplacerons cette notion par la suivante :
)) Étant donné un ensemble d'éléments pourvus d'une infinité d'in-
dices, c'est-à-dire de la forme x^^,^_ ^ [voir ma Note : Sur la théorie
des ensembles (Comptes rendus, 4 décembre)], on suppose qu'à chacun de
ces éléments correspond un nombre; l'ensemble de ces nombres consti-
tuera une fonction définie sur l'ensemble d'éléments considéré.
» Soit '1> un ensemble d'éléments x de la nature précédente ; soit F l'en-
semble des suites d'indices des éléments de $ ; nous supposerons F parfait,
et nous dirons aussi que * est parfait. Soit E l'ensemble de groupes qui
détermine F.
» Considérons une fonction quelconque f(-v) définie sur l'ensemble
d'éléments <t>. Si g est un groupe de E, l'ensemble des valeurs i!(î la fonc-
tion pour les éléments contenus dans g a un maximum M[J(a:), g\, un
minimum m[/(iv), g\. Considérons maintenant un élément particulier,
soit.r3j y , ; il fait partie des groupes (a.,), (a,, z^ ),..., (ce,, a^, ..., z,,), ...;
la suite des nombres M relatifs à tous ces groupes a une limite que nous
appellerons le maximum de J\x) pour l'élément a?^ .^^ ^ et que nous
désignerons |)ar M [/(a?), j7„ „ ^ J. On définira d'une manière analogue
le nombre in( J',x^^^ j, ).
Reprenons le groupe g. Il existe un nombre W{f,g) tel que les élé-
ments pour lesquels /> M' forment un ensemble de première catégorie
dans g, tandis que ceux pour lesquels /> M' — t forment un ensemble de
deuxième catégorie, quel que soit e >o. On définit de même m'(/, g), puis,
par le même procédé que tout à l'heure, les nombres M'(/, a,,,.» a, )»
»*'(/.^-a„«....a,,.. )•
» Ou a, pour tout élément x,
i\I;;iVI'^w'îm.
') Posons, en outre,
r,\/,x\-^M\J\x\-m\f,x\,
n,'\/,x\=^M'\J\x\~m'\/,.v].
Si, pour un élément déterminé x, on i\J'{x) =^ M[/, x\, ou di;a que/ est
semi-continue supérieurement pour cet élément; de même, si /— m[/, x\,
la fonction esldile semi-continue in/érieureinent. Enfin, si l'on a y=M = ot,
la fonction est dite continue.
» Quelle que soit /, les fonctions suivantes de l'élément x : M, — m, m,
( IOI2 )
M', - m, u', sont semi-continues supérieurement, pour chaque élément.
» H. Ces principes étant posés, je vais essayer d'en indiquer quelques
applications. Je me suis proposé d'étudier l'ensemble E de fonctions dis-
continues d'une variable, que j'ai défini dans une Note précédente (Com;?<e*
rendus, 6 juin 1898), et dans ma thèse (Ch. III, Section I). Cet ensemble E
possède les deux propriétés suivantes : i'' il renferme les fonctions con-
tinues (on pourrait se contenter de dire les polynômes); 2° il contient
toutes ses fonctions limites. Il se divise en classes de fonctions, marquées
par les nombres de M. Cantor: o, 1 , 2, ...,/?,..., co, ..., x, La classe o
forme l'ensemble des fonctions continues; la classe 1 forme l'ensemble des
fonctions étudiées au Chapitre II de ma thèse.
» Dès qu'on aborde l'étude des fonctions de classe 2, on peut, dans le
champ de variation de la variable, faire abstraction d'un ensemble dénom-
brable quelconque; par exemple, si l'on considère le continu o<a;<i, on
peut se borner à étudier les valeurs àef{x) pour les valeurs irrationnelles
de X. D'autre part, considérons l'ensemble de tous les groupes d'entiers
possibles; les nombres irrationnels compris entre o et i peuvent être assi-
milés aux éléments x contenus dans ces groupes : on considérera l'élé-
ment x^^^_ „^ comme définissant le nombre irrationnel dont la suite
(les quotients incomplets est (a,, a, a,,, ... ). On est ainsi ramené,
pour la question qui nous occupe, à étudier àes fonctions d'éléments de la
nature indiquée dans le § I de cette Note. La théorie des Jonctions d'élé-
ments sera plus générale que la théorie des fonctions faite en prenant pour
point de départ un champ de variation continu de la variable; elle la com-
prendra comme cas particulier, mais elle nous permettra d'aborder des
problèmes dont cette théorie ne pourrait pas nous fournir la solution.
» Revenons à l'ensemble E. Pour caractériser les fonctions de cet en-
semble, il est naturel de rechercher une propriété se conservant à la limite,
c'est-à-dire telle que, si les fonctions/,. /,, ...,/„ d'une suite possédant
une fonction limite/ la possèdent, la fonction/ la possède aussi. Je suis
parvenu à trouver une telle propriété; en voici l'énoncé sous sa forme la
plus générale :
Si, pour chacune des fonctions f „ f ., /„, définies sur un ensemble par-
fait d'éléments <P, /a fonction ct'(/) a son minimum nul pour tout élément, la
fonction f limite def, est aussi de telle nature que ct'(/) a son minimum nul
pour tout élément.
» Sous une forme plus abrégée, je dirai : La propriété exprimée par
"^[^'(/)\ = o se conserve à la limite.
( loi 3 )
» Ce théorème nous donne des conditions nécessaires pour les fonctions
de E; il reste à voir si elles sont suffisantes, et à distinguer les différentes
classes de E entre elles; je suis déjà parvenu à trouver des propriétés spé-
ciales aux fonctions de classe 2. »
PHYSIQUE. — Méthoc/e pour déterminer la densité moyenne de la Terre et la
constante graiitationnelle. Note de M. Al. Gerschun, présentée par
M. Lippmann.
« Dans la présente Communication je donne la description schéma-
tique d'une nouvelle méthode pour déterminer la densité moyenne de la
Terre et la constante de l'attraction.
» Si l'on approche de la surface libre d'un liquide une masse pesante,
la surface du liquide prend la forme d'une surface d'égal potentiel new-
tonien, provenant de l'action simultanée de la Terre et de la masse pesante
qui perturbe le champ gravitationnel de la Terre. Si le corps perturbateur
a la forme d'une sphère de masse ja, dont le centre est à une distance h de
la surface libre (supposée très grande) du liquide, la surface sera de révo-
lution, autour d'un axe passant par les centres du corps et de la Terre. Le
rayon p de la sphère osculatrice ii cette surface à son point ombilic est
donné par
_ MA'— i^R' 7 D
où M est la masse de la terre, R son rayon.
» Pour toutes les masses ne dépassant pas des dimensions possibles en
pratique, le second terme (^,R- du numérateur est complètement négli-
geable en comparaison avec le premier terme MA'. En le négligeant et en
supposant que la Terre et la masse donnée ont la forme d'une sphère,
nous avons
- = 1 + va'',
P ^
où d est la densité de la masse (y., S la densité moyenne de la Terre,
a = j, r étant le rayon de la sphère [j..
» Celte expression nous montre qu'à condition d'une valeur constante
de «,, la valeur de p ne dépend pas du rayon r de la sphère, mais seulement
de sa densité. Cela nous donne la possibilité d'employer comme masse
( ioi4 )
perturbatrice une sphère de petites dimensions, faite d'un corps à grande
densité, par exemple une petite sphère de platine. Dans ce dernier cas, si
nous posons § = 5,5 et -/. = 0,9, nous avons p = o,26R, c'est-à-dire près
de iGSoi^".
)) Si nous avions une méthode pour mesurer, avec une exactitude suffi-
sante, des rayons de courbure de la grandeur donnée, nous pourrions me-
surer p et, d'après la valeur dé p, calculer B la densité moyenne de la Terre
etC la constante de l'attraction.
>) Pour déterminer la valeur de p on peut employer une méthode op-
tique basée sur le moyen d'une extrême sensibilité que Foucault a donné
l)our vérifier la planéité des surfaces optiques. Si l'on fait tomber un fais-
ceau homocentrique de lumière sous un angle d'incidence 9 > o sur l'om-
bilic d'une surface de révolution réfléchissante, le faisceau réfléchi de
homocentrique deviendra astigmatique, et les rayons se réuniront en deux
lignes focales, dont une sera située dans le plan d'incidence, l'autre dans
un plan perpendiculaire. Si le rayon de la sphère osculatrice à l'ombilic de
cette surface est p, nous avons (dans le cas d'un p très grand), avec une
approximation suffisante, l'expression suivante pour la distance (i entre ces
deux lignes focales :
n 2S' .
S — — sino tango,
où S est la distance de la source lumineuse à la surface réfléchissante.
» Dans le cas d'une surface convexe les deux lignes focales virtuelles
peuvent être observées au moyen d'une lunette, dont l'axe est dirigé sui-
vant le rayon axial du faisceau réfléchi astigmatique. Le déplacement de
l'oculaire de la lunette nécessaire pour passer de la mise au point d'une
ligne focale à celle d'une autre est donné par
où r est la distance focale principale de l'objectif de la lunette et
/c = ~^\ p étant la distance de l'objectif au point considéré de la sur-
face. Pour des valeurs de F et de ç assez grandes la valeur de y même pour
des p énormes est assez considérable et peut être mesurée avec une exacti-
tude suffisante ('). Pour F — 10", 9 — 85°, ^- — o,5, p = iooo'^'", nous
(') J'ai pu mesurer de cette manière, au moyen d'un simple viseur à luuelte, la
courbure (rayon de quelques kilomèlrtjs) d'un miroir d'iiéliostat.
( ioi5 )
avons y^o^.r). Un objectif d'une très grande distance focale (comme
par exemple l'objectif de M. Gautier) donnerait des valeurs de y beaucoup
plus considérables.
» Cette méthode nous permet de mesurer le rayon de courbure de
l'ombilic de la surface du liquide soumis à l'influence de la masse pertur-
batrice, et de trouver en conséquence la valeur de la densité moyenne de
la Terre.
» En exécutant des mesures d'après la méthode décrite il faut employer
comme surface liquide un bain de mercure. Tia courbure propre du sommet
de la surface, provenant des forces capillaires, peut être négligée même
pour un bain de dimensions assez restreintes, comme on peut le montrer
aisément au moyen des formules données par Laplace. Les changements
de forme de la surface, qui proviennent de l'action d'autres masses envi-
ronnantes influençant le champ gravitationnel de la Terre, peuvent être no-
tablement diminués par un groupement convenable de ces masses et leur
influence peut être annulée avec une approximation suffisante par une
double mesure de p, en observant la surface sous l'action de la masse a et
sans la masse [/.. Pareillement on peut éviter par une méthode bien connue
la nécessité de mesurer exactement la distance h, en observant les valeurs
de p pour deux distances /*, et /«.,, dont la différence est mesurée avec une
précision suffisante.
» Les difficultés que présente la mesure exacte de y, à cause de la pro-
fondeur de foyer des objectifs à long foyer, peuvent être notablement
diminuées en observant les phénomènes de diffraction au plan focal de
l'objectif et en employant comme source lumineuse un réseau rectangulaire,
éclairé à la lumière monochromatique; les lignes du réseau doivent être
situées dans le plan d'incidence et perpendiculairement à ce plan. Pareille-
ment la mesure directe de la valeur de l'angle ç, qui doit être connue avec
une grande exactitude, peut être évitée en mesurant successivement le
déplacement y pour quelques points d'intersection d'une ligne verticale du
réseau avec les lignes horizontales qui la coupent.
» Les calculs préalables et quelques expériences préliminaires ont
montré que la méthode décrite peut donner une précision pas moindre que
celle donnée par les méthodes connues et probablement ne présentera pas
de difficultés d'exécution plus grandes que ces méthodes.
» Les détails de la méthode seront publiés dans le Journal de la Sociélc
astronomique, russe. »
( TOl6 )
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur le principe de V égalité de l'action
et de la réaction. Noie de M. André Broca, présentée par M. Cornu.
« En électricité, on démontre que, malgré la forme de la loi de Laplace,
l'action d'un pôle sur un courant fermé, ayant partout la même intensité,
passe par le pôle et qu'il y a alors égalité de l'action et de la réaction (' ).
). M. Vaschy, complétant un théorème dû à Stokes, a montré {Comptes
rendus, i8q4. — Théorie de l'électricité. Baudry, iSgS) l'existence de masses
vectorielles agissant, suivant la loi de Laplace, sur un pôle scalaire dans
un champ de force de nature quelconque. Je veux montrer qu'on a le droit
de calculer comme en électricité la réaction du pôle sur les masses, et
que cette réaction est directement opposée et égale à l'action. Soient X, Y, Z,
les composantes de la force exercée en tout point sur la masse scalaire
d'exploration du champ. Les masses vectorielles élémentaires de Vaschy
ont pour expression :
» i" M dxz = -^i-. -T-]dt5 et les deux autres composantes par
permutation, dxs étant l'élément de volume. Ces masses n'existent que là
où il n'y a pas de potentiel.
» 2° N^(/co= -'-(nY, — mZ,)rfw et les autres composantes par permuta-
tion. X,, Y,,Z, sont les composantes de la discontinuité de la force; rfw est
l'élément de surface d'une surface de discontinuité; l,m,n sont les cosi-
nus directeurs de sa normale au point considéré.
» Nous allons montrer que les masses de deuxième espèce n'existent
pas et que les premières forment des tubes conservatifs malgré les surfaces
de discontinuité, ce qui permettra de réduire leur action sur une masse
scalaire à celle d'un feuillet analogue au feuillet magnétique. Dansée cas,
la réaction pourra se calculer sur ce feuillet, c'est-à-dire qu'il y aura
encore égalité de l'action et de la réaction, celle-ci pouvant être calculée
élémentairement par la loi de Laplace.
» Nous allons généraliser aux points où il n'y a pas de potentiel le théo-
rème démontré par Maxwell, p. gS de son Traité.
» Théorème. — Sur une surface de discontinuité d'un champ de vecteur, la
(') Potier, Cours de Physique de l'École Polytechnique.
( 'OI7 )
composante normale seule de ce dernier peut être discontinue, sauf si la force
est infinie au point considéré.
» Soit F, la composante de la force suivant le chemin ds. Le théorème
tle Stokes nous apprend que, pour un contour infiniment petit c.
i ^sds=\l(~-'^)
dZ (JY\ fô\ dZ\ fôY dX\
^/co.
ày (Jz ' \ <J; d.c / \dx ày / _
)> Le second membre est du second ordre; donc, pour un contour c infi-
niment petit, l'sds peut être considéré comme une différentielle exacte. Si
donc F^^ ds, = SV, est nécessaire pour aller d'un point M à un point M, , et
Y,ds.,= S V; pour aller de M en i\L,, on aura, en appelant F^ la composante
de F suivant M, IVL,
l'^ds = i)\'.,-- hV ,, (i OU 1" s = 7
» Soit maintenant un chemin traversant une surface de discontinuité, la
fonction SV prendra toujours un accroissement de l'ordre de ds, si la force
n'y est pas infinie; or, ds peut être pris du second ordre pour le passage,
doncSVaura, de part et d'autredela surface, la même valeur, s'il est calculé
en parlant d'un point M infiniment voisin.
» Soit un élément de longueur A, B, , du premier ordre, tout entier dans
une réijion de continuité, et infiniment voisin du second ordre de la sur-
face, et soient A2 et B., des points à distance du second ordre respectivement
de A, etB,, mais dans l'autre région de continuité. En appliquant ce qui
vient d'être dit, on voit immédiatement que SV, entre A, et B, est le même
que SV^ entre A.^ et B.,, puisque les valeurs en A, et A^ sont les mêmes au
second ordre près ainsi qu'en B, et Bo. Donc F^ c?5, = F^ ^5,, comme
ds, = dsn, Fi= Fj , et la seule condition à remplir étant que les F^ soient
parallèles à la siuface de discontinuité, le théorème est démontré.
» Corollaire L — En prenant l'axe des z normal à la surface de discon-
tinuité en un point, on voit immédiatement que la masse vectorielle de surface N
est nulle (/ := m = X, = Y, = o") quand la force n'est pas infinie en ce point.
» Corollaire IL — Le vecteur M forme partout des tubes fermés soumis à
la condition M û?cù = const., c?to étant leur section droite.
» En etfet, le théorème de Stokes nous apprend que, c étant un contour
el S une surface limitée à ce coutour,
/ F^ ds — i (/iM^ + m s\y + nJVI.) r/oj.
c. K., 1899, i' Semestre. (T. CXXIX, iN" 24.) l35
( loi 8 )
Si le contour c est une section droite infiniment petite d'un tube de vecteur M,
nous pouvons prendre pour S : i" la surface plane qu'il limite ; 2" une por-
tion de surface latérale du tube de vecteur et une autre section droite de
celui-ci. Les deux intégrales de surfaces seront égales comme étant toutes
deux égales à l'intégrale de ligne. Or, les éléments dus à la surface laté-
rale du tube sont nuls, donc M r/to = M , f/w , . Ceci s'applique dans toute
région de continuité. Je dis que cela s'applique même quand on traverse
une surface de discontinuité.
» En effet, on voit immédiatement que / ¥,ds est le même pour toute
courbe tracée sur la surface d'un tube de vecteur M, et c'est cette valeur
qui détermine la valeur Mr/w, constante dans une région de continuité de
la force. Soit alors un tube coupant une surface de discontinuité ; les deux
contours parallèles à l'intersection des deux surfaces et respectivement de
part et d'autre de la surface de discontinuité et à distance du second ordre
de celle-ci, détermineront M c?co dans les deux régions. Or, la composante
de la force mise en jeu pour ces parcours est parallèle partout au plan
tangent, donc est continue, et les deux contours étant à distance du
second ordre, Mdio a la même valeur de part et d'autre d'une surface de
discontinuité de la force. Donc, les tubes de vecteur de Stokes jM sont
infinis ou fermés, et le champ de force dû à l'un d'eux en un point exté-
, , ,. „ /"Md'wsinO r M.e/w.*. sinO ^
rieur sera de la lorme F ^ 1 ^^ =: / ; Or,
Mdo> =: const. = 1,
et nous pouvons écrire ceci F = / ■ — ^-^ — , c étant un contour fermé.
» Le principe de l'égalité de l'action et de la réaction est donc absolu-
ment général.
« Nous pouvons encore tirer de là une particularisation du théorème
d'Helmholtz (Mémoire de 1847). Celui-ci démontre que pour les régions
à potentiel on peut ramener l'explication du champ à des forces centrales.
Nous voyons que ces forces centrales peuvent toujours être considérées
comme dues à des masses scalaires agissant en raison inverse du carré des
dislances.
» Nous terminerons par trois remarques. En appliquant aux régions à
potentiel ce que nous avons vu d'une manière générale, nous voyons qu'il
ne peut y avoir de discontinuité du potentiel. Donc les différences de
potentiel au contact de deux corps sont produites dans une « couche de
» passage » à variation rapide.
( I019 )
» De même, le vecteur courant électrique étant partout tangent an fil
ne peut être discontinu. Il passe donc forcément de la valeur au centre à
la valeur zéro dans le diélectrique par une couche de passage à variation
rapide, où la résistance tend vers l'infini.
» Ce que nous venons de dire étant général s'applique au régime
variable; même dans ce cas, tous les courants électriques sont fermés
comme l'avait prévu Maxwell. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du chlorure d' aluminium sur l'anhydride
camphorique ('"). Note de M. G. Blanc.
Cl T. 'action du chlorure d'aluminium sur l'anhydride camphorique four-
nit, comme l'on sait, l'acide isolauronolique avec un bon rendement (').
Il se produit également, dans cette réaction, un certain nombre de pro-
duits secondaires que j'ai, dans une première étude, laissés intentionnelle-
ment de côté pour m'occuper exclusivement de l'acide isolauronoliqne.
Mais, depuis que la constitution de ce dernier acide ne fait plus de doute,
je reviens à l'étude de ces produits secondaires, avec l'intention de les
décrire sommairement.
)■ Dans la préparation de l'acide isolauronolique, on obtient une assez grande quan-
tité d'une liqueur mère de cristallisation qui, soumise à la distillation dans le vide, se
scinde en deux portions : une partie qui distille el un résidu charbonneux qui est
éliminé.
» La partie distillée, semi-solide, constitue environ 3o à 35 pour loo du poids de
l'anhydride camphorique employé. Par une série de cristallisations fractionnées, on
peut la scinder très aisément en trois portions : i" de l'anhydride camphorique inal-
téré; 2° de l'acide isolauronolique; 3° un liquide huileux, bouillant à i4o°-i45" sous
une pression de 20""" de mercure (rendement 10 à 1 1 pour 100).
» Un grand nombre d'extractions répétées par une solution de bicarbonate de po-
tasse divise ce liquide en deux parties : une partie acide et une partie neutre.
1) Partie acide. — Celte portion bout entièrement à i4o''-i42° (H =: 20™'"). Soumise
à l'analyse, elle fournit des cliiflFres intermédiaires entre les nombres correspondant
aux formules C'H'*0- et C'H'*0^ ce qui prouve qu'elle est formée d'un mélange de
plusieurs acides possédant ces formules. N'ayant pu les séparer par cristallisation
fractionnée des sels de baryum, et, d'autre part, pensant que les produits en 11'° de-
(') Faculté des Sciences de Paris, laboratoire de Chimie organique.
(2) Bulletin de la Société chimique, 3" série, t. XV, p. 1191. — Thèse de Paris,
1899, et Annales de Physique el de Chimie, octobre 1899.
( I020 )
vaienl être saturés, j'ai dû me contenter d'isoler ceux-là, en détruisant les autres par
le permanganate de potassium.
)) L'oxydation se fait à la température de o° en solution très légèrement alcaline, et
de la même façon que pour l'obtention de l'acide isolauronique. Les liquides d'oxyda-
tion, évaporés à un petit volume, sont additionnés d'un léger excès d'acide chlorhy-
drique, puis soumis à l'action d'un fort courant de vapeur d'eau.
» Dans le liquide résiduel, on a reconnu la présence des produits d'oxydation de
l'acide isolauronique et de l'acide isolauronolique (acides oxalique, dimétliylsucci-
nique, dimétliylliexanonoïque, isolauronique), plus un acide huileux, non cétonique,
qui doit vraisemblablement correspondre à un acide CH^O", non saturé et différent
de l'acide isolauronolique.
» Le produit qui a passé avec la vapeur d'eau peut être séparé en deux acides
possédant tous deux la formule Cff^O' et qui sont saturés. Le premier est un corps
solide, fusible à "6''-J'/°- Son amide C'Il'^COAzIP est en fines aiguilles fondant
à 190°.
M L'étlier brome que l'on obtient par la méthode classique bout à iSo" — iSa'
(Il = 25"""). La potasse alcoolique le convertit en un acide incomplet C'H"0- fusible
à io8°— 110" et différent de l'acide isolauronolique. Son amide C'H"COAzH= fond à
163°.
» Le second de ces deux acides est une huile incristallisable, d'une odeur d'acide
gras à point d'ébullition élevé. Son amide est liquide. De plus, les tentatives faites en
vue d'obtenir l'acide non saturé correspondant, en passant par l'éther brome, n'ont
jusqu'ici fourni aucun résultat.
» Partie neutre. — Cette partie, convenablement purifiée par un traitement au
gaz ammoniac sec et un fractionnement soigné, constitue un liquide huileux, d'une
forte odeur lactonique, insoluble dans les alcalis étendus froids, soluble dans les alcalis
chauds et répondant à la formule CH'^O-. Il bout mal entre i25» et i35°(H = 3o™™).
Ce produit est vraisemblablement la laclone d'un acide C'II'^0'^.
» Je m'apprêtais à continuer cette étude, quand je me suis aperçu que
cette lactone avait déjà été l'objet d'une Note dans les Proceedings elje me
vois contraint de l'abandonner.
» On peut néanmoins tirer de ce court travail une conclusion intéres-
sante. Si les acides G" H' *^^0- renfermaient le même noyau que l'acide isolau-
ronolique (le noyau du camphre en général), ils devraient tous deux être
identiques à l'acide dihydroisolauronolique. Comme il n'en est rien, on en
conclut qu'ils constituent des produits de transposition lîioléculaire de
l'anhydride camphorique. Il en est très vraisemblablement de même de la
lactone C''H'''0-, dont la formule de constitution devra, pour être valable,
être démontrée directement . »
)t1
( I02l' )
CHIMIE ORGANIQUE. — Alcalimétrie des aminés ('). Note de M. A. Astruc.
« Menschoutkine et Dibowsky ont indiqué ('-) qu'une solution aqueuse
de chlorhydrate d'aniHne à laquelle on ajoute quelques gouttes de solution
alcoolique de phcnolphtaléine donne à ce réactif un virase alcalin, lorsque,
pour une molécule de sel d'aniline, on a ajoulé exactement une molécule
d'alcali. Ils ont rendu ce mode de dosage général en l'appliquant à l'am-
moniaque et aux aminés grasses en dissolution, à l'état de chlorhydrate,
dans l'alcool à c)5".
» Le fi novembre dernier, M. Berthelot communiquait à l'Académie
des Sciences les résultats obtenus avec l'éthylènediamine et la diéthylène-
diamine ou pipérazine, en présence d'hélianthine et de phénolphtaléine.
Ces bases sont monoacides à la phénolphtaléine, et diacides à l'hélianthine.
» Depuis quelque temps, je m'occupais du dosage alcalimétrique des
aminés en employant les deux réactifs indicateurs déjà cités. Il n'est p:!s
à ma connaissance que cette étude comparative ait été faite; mais les
résultats publiés par M. Berthelot m'engagent à indiquer immédiatement
les conclusions auxquelles je suis arrivé.
» J'ai examiné successivement le titrage alcalimétrique des aminés
gi asses et des aminés aromatiques.
') Les premières sont caractérisées par ce lait qu'elles sont monoacides
à la fois aux deux réactifs.
» Les bases grasses qui ont servi à ce travail sont :
Mélhylamine en solution aqueuse
Diméthjlamine : '
Triméthylamine >
Hydrate de tétraméthylammonium
Elhylamine
Diélhyiamine
Triélhylamine
Hydrate de tétraéthylammonium
Propylamine "
Dipropylamine "
(') Travail fait au laboratoire de recherches cliimiques de l'Ècolo fîe Pharmacie de
Montpellier, dirigé par M. Henri Imbert.
(-) Journal soc. phys. chini. R.. t. XXIX, p. il^i, et t. XV^, p. 95.
( I022 )
Ti-ipopvlamine en solution hj'droalcoolique
Bulvlamine normale en solution aqueuse
Isobulvlamine i>
Amylamine »
Dianirlamine en solution liydroalcoolique
)i Les aminés aromatiques primaires, au contraire, sont neutres à la
phénophtaléine, mais se conduisent comme bases mononcides au méthyl-
orange.
» Telles sont :
L'aniline en solution livdioaIrooHquo
L'o-toluidine kl.
La p-toluidine en solution aqueuse
La naphlylamine a en solution liydroalcoolique
Id. |3 Id.
» Se conduisent d'une façon identique :
La diméthylaniline.
La pyridine,
La quinoléine,
La pliénvlhvdiaziiie,
auxquelles il faut joindre l'hydroxylamine.
» Pour ce dernier corps, au lieu d'emplover une solution d'hvdroxyl-
amine, j'ai opéré d'une façon inverse, sur le chlorhydrate d'hydroxylamine
en solution aqueuse. Ce sel est acide à la phénophtaléine, mais il est sen-
siblement neutre à l'hélianthine, et il faut ajouter très approximativement
I molécule d'alcali pour i molécule de sel, afin d'amener le virage à la
pliénolphtaléiue.
» Si l'on compare ces deux séries d'expériences, on voit que l'emploi
successif des deux réactifs indicateurs permet d'accuser entre les aminés
grasses et les aminés aromatiques la même différence de basicité qu'indi-
quent les données therinochiiniques. Ainsi les aminés grasses se conduisent
comme des bases fortes, faisant virer les deux réactifs, mais les aminés
aromatiques accusent une fonction basique plus fiible, puisqu'elles sont
sans action sur la phtaléiue, mais monoacides à l'hélianthine. Cette dimi-
nution de la basicité du radical ammoniaque est encore produite par la
substitution à un alome d'hydrogène de la molécule AzH' d'un oxhydrile
OH (hydroxvlamine).
» D'autre part, la substitution de deux radicaux gras aux deux atomes
( I023 )
(l'hydrogène ammoniacaux de l'aniline n'influe en rien sur la basicilé du
corps (dimélhylaniline).
» Même lorsque l'azote ammoniacal fait partie du noyau aromatique
(pyridine, quinoléine ), la basicité est encore abaissée d'un degré.
» La phénylhydrazine se conduit elle-même comme base faible, et il
convient, ce que je fais en ce moment, de comparer son action à celle de
l'hydrazine, et l'action de celle-ci à celle des diamines étudiées par M. Ber-
llielot.
» J'ai en outre examiné l'action d'une solution hydroalcoolique de diphc-
nylamine. J'ai constaté que l'introduction d'un nouveau radical aromatique
dans la molécule d'aniline entraînait une diminution de la basicité, puisque
ce corps est neutre aux deux réactifs.
» Enfin, une diamine aromatique, la paraphénylène-diamine, bien que
possédant deux fonctions ammoniacales, est neutre à la phénolpbtaléine et
monoacide à l'héliantliine.
» En résumé, les deux réactifs employés successivement permettent de
caractériser deux basicités bien différentes : celle des aminés purement
grasses, qui se conduisent comme bases fortes, résultat d'accord avec les
données thermochimiques; celle des aminés aromatiques primaires, qui se
conduisent comme bases faibles, ne faisant virer que le méthylorange,
résultat d'accord également avec les données thermocliimiques.
M L'influence d'un second radical aromatique, dans une aminé aroma-
tique secondaire, fait disparaître toute basicité aux deux réactifs.
» Mais il est difficile de tirer une conclusion de l'examen isolé des carac-
tères de basicité de la paraphénylène-diamine.
« J'appellerai l'attention sur ce point, que l'hélianthine sert à caractériser
une fonction acide fort, et inversement une fonction base faible; la phta-
léine, au contraire, permet de déceler une fonction acide faible et une
fonction base forte. »
CHIMIE ANIMALE. — Sur /a coexistence d'une diastase réductrice et d'une dias-
tase oxydante dans les organes animaux. Note de MIVI. J. Abelous et E.
Gëkard, présentée par m. Arm. Gautier.
« Nous avons établi qu'il existait dans l'organisme animal un ferment
soluble qui réduit les nitrates en nitrites. Au cours de nos recherches, nous
avons constaté que le tem[)s de séjour à l'étuve exerçait une influence
( I02^ )
manifeste sur la quantité de nitrile lormée. Cette quantité va en effet en
croissant avec la durée du séjour à l'étuve jusqu'à la vingt-quatrième heure
pour diminuer ensuite. Si, par exemple, la quantité de nitrite exprimée
en anlivdridc azoteux est de o^', 0012 (pour too'*^ d'extrait de rein à parties
égales et 4^' d'azotate de potasse) au bout de quatre heures, elle est de
o6'',oo22, de oS'',oo3o et de o^^ooSg au bout de sept, seize et vingt-quatre
heures, pour descendre à o^'", 0028 au bout de quarante-huit heures.
» Il semble donc qu'à un moment donné il y ait disparition d'une cer-
taine quantité de nitrite. Nous avons été ainsi amenés à nous demander si
cette diminution n'était pas la conséquence d'une oxydation d'une partie
du nitrite produit, la quantité de nitrite trouvée au bout d'un certain temps
ne représentant que l'excès de la réduction sur l'oxydation, et, au cas où
il y aurait oxydation, quel était le mécanisme qui la provoquait.
)) D'une part, si l'on ajoute à loo*^*^ de macération de rein de cheval,
/préalablement bouillie, une petite quantité de nitrite de sodium, o^^ooi par
exem|>ie, et qu'on maintienne le mélange à l'étuve pendant vingt-quatre à
quarante-huit heures, on constate qu'il n'y a pas disparition de nitrite.
)! Au contraire, si l'on effectue la même expérience avec la macération
de vem non soumise à l'ébullition, la majeure partie du nitrite disparaît, et
après un séjour prolongé à l'étuve on ne retrouve plus de nitrite.
» Les résultats sont aussi nets quand, au lieu de l'extrait aqueux de
rein, on emploie une solution aqueuse obtenue avec le précipité qui se
forme quand on traite l'extrait rénal par quatre à cinq fois son volume
d'alcool (précipité desséché dans le vide à basse température).
1) C'est donc à l'intervention d'une oxydase qu'est due la disparition
du nitrite.
» On peut d'ailleurs arriver à supprimer complètement, ou à peu près,
l'action réductrice des extraits et laisser intacte l'action oxydante. Il suffit
pour cela de soumettre préalablement la pulpe rénale à la digestion soit
par la papaïne, soit par la trypsine. On obtient ainsi, quand la digestion
est assez avancée, des liqueurs qui ne réduisent plus d'une façon appré-
ciable le nitrate de potasse ou qui, tout au plus, ne produisent qu'une
quantité de nitrile infiniment moindre que lorsque la pulpe rénale n'a pas
été soumise à la digestion.
» Par contre, l'extrait de rein digéré oxyde les nitrites plus énergique-
ment que l'extrait de rein non digéré, car dans le premier cas l'action
réductrice ne gêne plus l'action oxydante. Inversement, on peut arriver à
diminuer l'action oxydante et, par suite, à obtenir un rendement plus fort
( I025 )
en nitrite : Il suffit pour cela de priver d'air l'extrait rénal nitrate et de le
mettre en présence d'une atmosphère d'un gaz inerte, comme l'hydrogène.
C'est ainsi que, si l'on abandonne à l\i^ pendant vingt-quatre heures deux
extraits de rein de cheval additionnés de nitrate (extrait ioo<^'=, azotate de
potasse 8^' et chloroforme i*^*'), l'un en présence de l'air, l'autre dans une
atmosphère d'hydrogène, le dosage des nitrites permet de constater qu'il
s'est produit dans la liqueur aérée o^^ooSo de nitrite, exprimé en anhy-
dride azoteux, et oS',oo38 dans la liqueur privée d'air et laissée en contact
avec l'hydrogène.
» En présence de ces faits, nous nous croyons autorisés à conclure que,
dans les macérations aqueuses de rein de cheval, il y a coexistence d'an
ferment soluble rédacteur et d'un ferment soluble oxydant, la présence
de ce dernier pouvant entraîner la disparition d'une certaine proportion
des produits dus au ferment réducteur. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la présence de la mannocellulose dans le tissu
ligneux des plantes gymnospermes {^). Note de M. Gabriel Bertrand,
présentée par M. Duclaux.
« En reprenant l'étude de la substance gommeuse retirée du bois par
Poumarède et Figuier, à l'aide de la lessive de soude Ç-), Thomsen a
observé que le pin et le sapin, contrairement à ce qui arrive avec le bou-
leau, le hêtre, le chêne et quelques autres arbres, ne fournissent que des
quantités insignifiantes de gomme de bois ( ').
» Cette observation, confirmée plus tard par Koch, et même étendue
par cet auteur à deux autres conifères, l'if et le genévrier ('), est passé
presque inaperçue. Il était cependant intéressant de savoir si des plantes,
telles que des conifères et des angiospermes, déjà séparées par l'ensemble
de leurs caractères sexuels et la structure anatomique de leur bois, pré-
sentent une telle différence de processus physiologiques qu'on puisse
encore les reconnaître à la composition de leurs membranes cellulaires.
» Aussi, à la suite des recherches que j'ai publiées, il y a quelques
(') Travail du laboratoire de Chimie du Muséum.
(-) Comptes rendus, t. XXIII, p. giS; i846.
(') Joiirn. fïir prakt. Chemie, t. XIX, p. i46; 1879.
(') Phannaceut. Zeitsch. fiir Russland, t. XXV; i886.
G. R., 1899, 2« Semestre. (T. CXXIX, N° 24.) '36
( 1026 )
années, sur la composition immédiate du tissu ligneux ('), ai-je entrepris
l'analyse du bois des gymnospermes. Dans ma première Note, j'étais arrivé
à cette conclusion, que le tissu ligneux des plantes angiospermes, mono-
cotylédones et dicotylédones, était formé, quel que soit l'organe où on
l'examine, de quatre substances principales : la cellulose ordinaire, la
vasculose de Fremy, une sorte de résine probablement phénolique ou
lignol (^), et la gomme de bois, appelée aussi xylane. Dans celte Noie, je
montrerai que, chez les plantes gymnospermes, la xylane, à peu près
absente, est remplacée par un hydrate de carbone tout à fait différent,
par de la mannocellulose.
» Du bois, des feuilles, des cônes de diverses plantes appartenant aux trois familles
de gymnospermes, furent séchés et pulvérisés, puis débarrassés de leurs principes
solubles dans l'eau et dans l'alcool avant d'être soumis à l'action delà lessive de soude.
Dans aucun cas, contrairement à ce qui arrive avec le tissu ligneux des plantes angio-
spermes, on n'a obtenu de proportion importante de xylane. Par exemple, au lieu de
i5 à 25 pour loo que donnent avec facilité les bois de hêtre, de bouleau et de chêne,
les pailles d'avoine et de froment, les feuilles d'alfa, les coques de noix, etc., on n'a
obtenu que quelques millièmes avec le bois de sapin, beaucoup moins encore avec la
plupart des autres plantes gymnospermes examinées.
» Le tissu ligneux qui reste, après les traitements indiqués plus haut, fut alors mis
à bouillir pendant quatre à cinq heures avec dix fois son poids d'eau contenant cinq
centièmes de H Cl. Dans ces conditions, que j'ai reconnues les plus favorables à l'hy-
drolyse de la mannocellulose, on obtient un liquide fortement réducteur. On le sature
à froid par la soude et on l'additionne d'acétate de phénylhydrazine en proportion
calculée d'après la teneur en sucre. Le précipité, recueilli après une heure, est lavé à
l'eau froide et à l'alcool, puis recristallisé dans l'eau bouillante. C'est de la phényl-
mannose-hydrazone. Dans tous les cas, on l'a identifiée avec le dérivé correspondant du
mannose ordinaire du Phytelephas ou c?.-mannose, à l'aide de son point de fusion et
de sa transformation en rf.-glucosazone. Cette dernière transformation s'obtient,
comme on sait, en chauffant l'hydrazone avec une solution aqueuse d'acétate de phé-
nylh3'drazine : les lamelles presque incolores de mannose-hydrazone sont alors rempla-
cées peu à peu par de fines aiguilles jaune d'or, groupées en petits pinceaux, peu
solubles dans l'eau, moins encore dans l'alcool mélhylique, même bouillant, et fusibles
vers -)- iZo° (au bloc Maquenne).
(') Comptes rendus, t. CXIV, p. 1492, 1892; et Bull. Soc. chim., 3= série, t. Vil,
p. 468; 1892. Dans cette dernière Note, p. 469, ligne i3, lire : oxalique, au lieu de :
malique.
C') J'ai d'abord appelé cette substance lignine; mais, pour éviter toute confusion
avec la lignine des auteurs allemands, qui comprend l'ensemble des matières incrus-
tantes du bois autres que les hydrates de carbone, je me servirai maintenant du nom
de lignol.
( I027 )
» Pour plus de garantie, on a, une fois, extrait le mannose cristallisé en décomposant
son hydrazone par l'élégante méthode de Herzfeld('). 24s'' de mannosehydrazone,
provenant du bois de Pinus maritima, ont été maintenus deux heures en ébullition
avec 200B'' d'eau et 12s'' d'aldéhyde benzoïque. Après refroidissement, la solution,
séparée de la benzaldéhydehydrazone insoluble, a été évaporée presque à sec dans le
vide et le résidu repris par un peu d'alcool méthylique. En amorçant, le sirop a rapi-
dement cristallisé. On a essoré le sucre et, après une nouvelle cristallisation dans
l'alcool méthylique, on l'a passé au polarimètre. La solution, d'abord lévogyre, a donné
comme pouvoir rotatoire constant :
[a]i,r= +14026'
(pour une concentration de 2 pour 100 et à la température de -t- 3°). C'est le chiffre
donné par van Ekenstein (" ) et que j'ai retrouvé en opérant sur le mannose extrait de
l'amande de Phytelephas.
» J'ai recherché la mannocellulose dans le tissu ligneux des plantes
gymnospermes suivantes :
Cycadées : Cycas siamensis Miq tige
Conifères : Taxas baccata L « (aubier, bois parfait)
Podocarpus macrophylla Don m
Cu pressas torulosa Don »
Biota ( Thuya) orientalis End »
Séquoia gigantea End »
Abies peclinata D. C »
» excelsa D. C »
Pinus sylvestris L »
» maritima Lam »
» laricio Poir feuilles, fruit
Araucaria brasiliana A. Rich tige
Gnétacées : Ephedra distachya L tige
Giietum Thoa R. Brown tige
Welwilschia mirabilis Hook racine
» Toutes les espèces des deux premières familles m'ont fourni un pré-
cipité de mannosehydrazone, assez abondant même pour qu'on puisse les
recommander comme une source avantagetise de mannose. Voici, comme
preuve, les dosages que j'ai effectués :
Mannosehydrazone Mannose correspondant
pour 100. pour 100.
Taxus baccata, aubier i5,o 10,0
» bois parfait 12,0 9,0
C) Berichted. d.chem. Gesellsch., t. XXVIII, p. 448; i895.
('-) Recueil des travaux chimiques des Pays-Bas, t. XV, p. 222; 1896.
( I028 )
Mannosehydrazone Mannose correspondant
pour 100. pour loo,
Cupresstts torulosa, û^e enûère. 5,o 3,4
Abies pectinata, bois de la tige.. i/i,4 9)6
Pinus laricio, cône 12,6 8,4
Araucaria brasiliana, tige 12,8 9,5
» Au contraire, clans la petite famille des Gnétacées, lorntiée de trois
genres, Ephcdra dislachya n'a fourni qu'un très petit rendement (environ
i^ d'hydrazone pour iS.'îs'' de bois frais débarrassé de son écorce), tandis
que Gnetum Thoa et Welwitschia mirabilis n'ont rien donné du tout. C'est
là un fait d'autant plus intéressant que les Gnétacées ne sont pas de véri-
tables gymnospermes, mais bien plutôt un terme de passage, un véritable
trait d'union entre les deux grands groupes de Phanérogames. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Note pour servir à l'histo're de la pression inlra-
oculaire et, par suite, à la connaissance du mécanisme de la pression du
sang dans les capillaires ; par M. W. Nicati, présentée par M. Ranvier.
M Poursuivant les expériences par lesquelles il m'a été possible d'indi-
quer la mesure de la dureté de l'œil comme un moyen d'aider au diagnostic
de la mort certaine ('), j'ai été amené à constater que la dureté habituelle
de l'œil varie en fonction des dimensions du corps et de la pression atmo-
sphérique ambiante.
» Atteignant jusqu'à 0,66 de l'unité sclérométrique choisie [le centimil-
limètre-gramme (')] pour l'homme adulte, la dureté habituelle de l'œil
n'est que o, 3o de la même unité pour un gros lapin ou un enfant de même
taille.
» Mesurée égale à o,3opour le lapin sous la pression atmosphérique
ordinaire, elle est montée à o,43 dans la cloche à plongeur par une
atmosphère et demie de surpression.
Ces résultats ont leur explication dans le fait que la pression interne de
l'œil, corollaire et cause de sa dureté, est l'indice, plus exactement la
mesure, de la pression du sang dans les capillaires. Mes expériences et le
calcul en fournissent la preuve.
M Enfin, le calcul appliqué aux résultats généraux de mes recherches
(') Comptes rendus, 22 janvier 1894.
(^) Duielé du corps qu'un gramme déprime d'un centimillimètre.
( '029 )
conduit à constater que la dureté ordinaire de l'œil varie comme le rapport
entre le volume du corps et sa surface.
» La formule générale suivante résume mon exposé :
» Fonction des dimensions du corps et de la pression atmosphérique, la
pression du sang dans les capillaires, mesurée à la dureté de l'œil, a été trouvée
proportionnelle au rapport entre le volume du corps et sa surface.
» A peine est-il besoin d'appeler l'attention sur la portée de pareils faits.
Ils éclairent le mécanisme de la circulation du sang, les effets physiolo-
giques de l'air comprimé et de l'air raréfié, l'action thérapeutique des cures
d'altitude et des cures d'air sous pression dans les affections morbides du
cœur et du poumon. »
ZOOLOGIE. — Nouvelles observations sur les Péripates américains. Note
de M. E.-L. Bouvier, présentée par M. Milne-Edwards.
» Les Péripates sont des animaux rares et en apparence fort peu diffé-
rents les uns des autres; pour ces deux raisons, les zoologistes se sont
heurtés dans leur étude à des difficultés de toute nature et, en fin de
compte, les ont souvent considérés comme les représentants d'un groupe
très homogène. Que cette homogénéité soit réelle, on n'en saurait douter
lorsqu'on passe en revue les formes les plus diverses de ces curieux ani-
maux; mais elle est loin d'être aussi grande qu'on l'avait cru jusqu'ici, et,
en dehors des sections déjà établies dans la classe, il est possible d'en in-
troduire d'autres dont la base ne saurait être sérieusement contestée. C'est,
du moins, la conclusion à laquelle m'a conduit une étude minutieuse des
Péripates américains ; ces Péripates ne comptent pas moins de vingt espèces
et forment à eux seuls la partie la plus importante du groupe, mais ils sont
d'une observation particulièrement délicate, et je n'aurais pu parvenir à
élucider leur histoire si des confrères obligeants et les divers Musées d'Eu-
rope ne m'avaient obligeamment communiqué les richesses dont ils sont
les détenteurs.
» Dés études que j'ai entreprises, il résulte que les Péripates américains
peuvent se ranger dans deux sections absolument distinctes : à la première
section appartiennent des espèces qui ont quatre ou cinq papilles pédieuses
et les orifices urinaires des pattes IV et V inclus dans le troisième arceau
qui constitue la sole de ces appendices; dans la seconde viennent se grou-
per toutes les formes qui ont trois papilles pédieuses (deux en avant, une
( io3o )
en arrière) et où les orifices urinaires anormaux se trouvent compris entre
les arceaux 3 et 4 de la sole. Les Péripates de la première section habitent
tous les hauts plateaux de la chaîne montagneuse qui avoisine le Pacifique,
ou le versant maritime de cette chaîne; je les appellerai pour cette raison
Péripates andicoles; ceux de la seconde section peuvent être appelés Péri-
pates caraïbes, parce qu'ils sont localisés dans les îles (Antilles) et dans les
vallées américaines situées à l'est de la chaîne.
» Les Péripates andicoles sont connus depuis la région de Tépic, au
Mexique (P. Eisenii Wheeler), jusqu'en Bolivie {P. Dalzani Camerano);
les Péripates caraïbes se retrouvent depuis Cuba jusqu'aux rives de l'Ama-
zone. Deux Péripates mexicains, le P. Perrien Bouv. de la Véra-Cruz et
le P. Goudoti Boav., appartiennent aussi à cette seconde section.
» De tous les Péripates andicoles, l'un des plus curieux provient des
environs de Quito et appartient à la collection du British Muséum; je l'ap-
pellerai P. Lankesteri, en l'honneur de M. le professeur Ray Lankester, qui
a libéralement mis à ma disposition les importants matériaux du grand
établissement anglais. Ce Péripate ressemble aux espèces d'Australie et de
la Nouvelle-Zélande en ce qu'il est muni d'une papille sur la face dorsale
du pied ; il diffère de toutes les formes jusqu'ici connues par la présence de
cinq papilles pédieuses et par la position de l'orifice urinaire anormal qui
occupe l'extrémité postérieure du troisième arceau de la sole des pattes IV
et V.
» Viennent ensuite trois espèces qui ont, comme la précédente, cinq
arceaux à chaque sole, et parfois six, comme le P. tuberculatus Bouv. ; cette
dernière espèce se fait d'ailleurs remarquer par les grosses papilles tuber-
culiformes qui se trouvent éparses au milieu des papilles accessoires de sa
face dorsale; elle a été trouvée en Colombie, aux environs de Popayan.
Des deux autres espèces de la même série, l'une provient de Quito, c'est le
P. quilensis Schmarda {non Camerano), l'autre a été trouvée sur les pla-
teaux boliviens, c'est le P. Balz-ani Cam.; la première présente sur le dos
des plis alternativement grands et petits, ces derniers étant dépourvus de
grosses papilles; la seconde est munie partout, du côté dorsal, de papilles
grandes et petites.
» Parmi les espèces andicoles à quatre arceaux, on doit accorder une
place spéciale au P. Cameranoi nov. sp. (P. quitensis Cam.), dont les papilles
dorsales sont subégales et qui provient de Sigzig, dans l'Equateur; les
deux autres espèces de la même série sont le P. Corradi Cam. des environs
de Quito et le P. Eisenii W^heeler de la région de Tépic; dans la première,
( io3i )
le tubercule urinaire anormal n'est pas séparé en avant du troisième arceau;
dans la seconde il occupe le centre d'un tubercule indépendant comme
dans les espèces de l'Afrique australe.
» Les espèces caraïbes ressemblent aux trois précédentes en ce qu'elles
sont pourvues de quatre arceaux, à l'exception du P. Perrieri Bouv., qui
en a cinq ; on les distingue les unes des autres d'après les ornements de
leur peau, la position des papilles sexuelles du mâle et le nombre de leurs
pattes, qui varie entre des limites plus ou moins larges. Une espèce nou-
velle de Santarem, le P. brasiliensis , se distingue de toutes les antres par
la disposition de ses plis dorsaux, qui ne se bifurquent pas au niveau des
pattes. Pour ce qui est des appendices locomoteurs, on peut dire qu'en
général les espèces andicoles ont un plus grand nombre de pattes que les
espèces caraïbes, mais cette règle est sujette à de nombreuses exceptions.
» Il résulte de ce qui précède que les Péripates américains présentent
une variété des plus grandes, que leurs espèces andicoles ne sont pas sans
affinités avec les espèces caraïbes, mais qu'elles se rapprochent aussi, par
plus d'un point, des espèces non américaines. On est loin, malgré tout, de
connaître complètement leurs enchaînements zoologiques; d'après une
Note intéressante de M. Filippo Silvestri ('), une espèce chilienne, le P.
Blaifni/lei Bhnch. , se rapproche à tous égards des formes néo-zélandaises,
de sorte qu'il s'agit de trouver actuellement le passage entre les Péripates
andicoles et ceux qu'on rencontre plus au sud, dans la région du Chili. »
BOTANIQUE. — Sur une nouvelle Muconnée pathogène. Note de MM. Lucet
et CosTANTiN, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Les parasites du groupe des Mucorinées qui attaquent les animaux
supérieurs sont encore peu nombreux. Les affections qu'ils produisent,
confondues souvent avec les mycoses aspergillaires, n'ont pas paru avoir
jusqu'ici une grande importance; peut-être cela tient-il à ce que leur étude
n'a pas été faite avec assez de précision. Ces espèces pathogènes mériteraient
cependant d'être soigneusement étudiées, si l'on tient compte du cas de
mycose généralisée et mortelle observé par M. Paltauf (-), dans lequel
(') Filippo Silvestri, Peripatoïdes BlainvilleiBlanch. {Zool. Anzeiger, XXII. Bd,
p. 370, 371 ; 1899).
(^) Paltauf, Mycosis mucorinea. Ein Beitiag zur Kenntniss der menschlichen
( loSa )
presque tous les organes de l'individu décédé avaient été atteints et où les
poumons, les intestins, le larynx, la rate, le cerveau renfermaient un
Mucor dont la détermination spécifique n'a malheureusement pas été faite.
» L'observation précédente nous apprend à la fois que la connaissance
des Mucorinées parasites présente un véritable intérêt et que leur spécifi-
cation laisse souvent à désirer. Nous croyons donc ulile de signaler une
espèce nouvelle de ce groupe, découverte dans les circonstances remar-
quables suivantes :
» Origine. — Au mois de novembre 1898, une femme d'une trentaine d'années,
atteinte depuis quelques mois d'une afTection à marche lente des voies respiratoires,
vient consulter le D' Lambry, médecin à Courtenay (Loiret). Celui-ci pense d'abord
à la tuberculose. Les crachats de la malade, recueillis en tube stérilisé, sont remis
à M. Lucet; ils ne révèlent pas le bacille de Koch, mais des globules sphériques,
pourvus de prolongements, rappelant ceux, que l'on voit dans l'aspergillose. Quelques
jours après, l'examen de nouveaux crachats met en évidence : 1° des spores intactes,
2° des spores en germination, 3° des fragments de mycélium jeune. Des cultures faites
en liquide de Raulin donnent d'emblée l'espèce nouvelle que nous allons définir plus
loin.
» La présence de ce Champignon n'était pas accidentelle, car de nouveaux examens
faits, une première fois huit jours plus tard, une seconde fois trois semaines après,
donnèrent le même résultat positif. La malade, traitée notamment par l'arsenic et l'io-
dure de potassium, suivant la méthode recommandée en pareil cas contre l'aspergillose
[Lucet ('), Renon (^)], s'est remise peu à peu; elle va actuellement aussi bien que
possible, sa toux a presque complètement disparu, ses crachats ne présentent plus leurs
caractères primitifs, et elle a augmenté de poids. Depuis le traitement, les crachats
ont donné en ensemencement des résultats d'abord positifs, puis un certain nombre
d'entre eux ont été négatifs dans les premiers mois; ce n'est que plus lard qu'ils de-
vinrent plus régulièrement infructueux, à mesure que l'amélioration se manifestait avec
plus de netteté dans l'état de santé de la malade.
» Description du parasite. — Le Champignon qui est la cause de TafFec-
Faden Erkrankung ( Virchow's Aichiv, t. Cil ; i885). Les observations de Furbringer
{Zeils. f. klin. Medec, t. VIT, 1882, p. 140) de Hvckel {Zur Kenntniss der Biologie
d. M. corymbifer, i884) établissent que des Mucorinées pathogènes peuvent exister
dans le poumon, l'oreille. Cela résulte aussi des recherches de Bezold et Siebmann,
Jakowski et des études plus anciennes de ScHiiiz, Reinhardt, Bôllinger, Zijrn et
CoHNHEiM, et surtout des expériences de Lichtheim et Lindt. Enfin, récemment IIerla
{Acad. royale de Médecine de Belgique, i895)a signalé aussi un cas de pneumo-
mycose chez l'homme mal défini botaniquement.
(') Lucet, De /'Âspergillus fumigatus chez les animaux domestiques. Paris, 1897.
(') Renon, Etude sur l'aspergillose chez les animaux cl chez l'homme. Paris, 1897.
( io33 )
tion précédente est différent des quatre espèces pathogènes connues jus-
qu'ici avec précision ( ' ).
» Il difFére des Mucor pusillns Tandt, coryinbifer làchtheim et Colin et
ramosus Lindt par la présence de rhizoïdes se présentant irrégulièrement
de place en place sur le mycélium rampant, quelquefois à la base des fila-
ments fructifères, mais souvent sans rapport avec eux. Son mode de rami-
fication rappelle un peu celui de ces deux dernières espèces, dont il se dis-
tingue cependant par l'absence de renflement du pied au-dessous de la
colnmelle. Le caractère de la ramification le rapproche du genre Mucor,
mais ses rhizoïdes tendraient à le faire placer dans les Rh'zopus; nous
croyons devoir en faire le type d'une section nouvelle du genre Mucor c^ae
nous proposons d'appeler Rhizoïnucor et l'espèce nouvelle Rhizomucor pa-
raslticus, dont voici la diagnose très sommaire :
» Rhizomucor parasilicus. — Mucorée à stolons rampants, à rhizoïdes irréguliers,
à pédoncules fructifères ramifiés au sommet en grappe, quelquefois en corymbc; spo-
ranges de 80 [J. à 35 [x; columelle ovoïde, cutinisée, dc70|j.à Soja. Spores réniformes, 4 [^
sur3|x. Couleur des cultures gazonnantes peu élevées : d'abord grisâtre, puis brun
fauve grisâtre.
» Températures critiques du parasite. — Les propriétés de ce Champignon vis-
à-vis de la chaleur sont tout à fait remarquables et n'appartiennent, à notre con-
naissance, qu'au Mucor pusillus (dont il se distingue nettement par ses rhizoïdes et
sa ramification en milieux riches) : il ne germe pas aux températures du laboratoire,
et commence à croître lentement à 21°. Il végète admirablement entre 34° et 44°- Sa
croissance est lente à 5o°, il ne pousse plus à 54".
» Inoculations. — Les caractères précédents laissent entrevoir que le Rhizomucor
doit être essentiellement pathogène, ce que l'expérience justifie.
» A. Un fort lapin est inoculé par voie intraveineuse de deux centimètres cubes de
bouillon stérilisé dans lequel ont été émulsionnées en quantité abondante des spores
d'une culture âgée de 8 jours. Il meurt au bout de 4 jours avec les lésions suivantes :
reins congestionnés, piquetés de rouge; foie hypertrophié, jaunâtre; rate énorme,
noire; ganglions intestinaux hyperémiés; urine sanguinolente. De la pulpe de foie
étalée sur pomme de terre, à titre de contrôle, donne rapidement les jours suivants
une culture pure du champignon inoculé.
(')LicHTEiM, Zeitsch. fur klinische Medec, t. VII, p. i4o; Lindt, Ârchiv. f.
experim. Pathol. u. Pharmac, t. XXI, p. 269. Les espèces Mucor racemosus et
conoideus signalées par Bôllinger (Ueber Pilzkrank. hôherer und niederer Thiere)
sont insuffisamment décrites. Il en est de même du M. se ptat us ^e.7.o\à (Siebmann,
Schiniincl-mycosen des 0/ires). Le M. niger, qui produit l'afTection de la langue
noire (d'après Ciaglinski et Hiîwelke, Zeilscli. /. klinische Medec, iSgS) n'est pas
pathogène pour le lapin.
C. K., 1S99, 3' Semestre. (T. CXXIX, N' 24.) l37
( 'o34 )
» B. Cette expérience est le type d'une série d'autres qui ont donné des résultats tout
à fait analogues. Ce qui semble surtout caractéristique, ce sont les lésions du rein
(qui devient énorme et gris jaunâtre) et celles des ganglions mésentériques. Des frag-
ments de ces organes prélevés avec tous les soins usités en pareil cas ont redonné la
culture type du Rhizomucor. Mènae résultat avec la rate.
» C. Si la dose de spores inoculées est très forte, la mort peut survenir en 3 jours;
si on les dilue, par exemple, dans de l'eau salée physiologique {j^) et si l'on
n'inocule que 1"% 5, la mort survient au bout de huit jours. Les poids de l'animal sont
les suivants chaque jour : i<="-jour, 2''5,88o; 2=, a''^, 55o ; 3% 2''s,55o; 4°, 2''S,6oo; 5%
2''s,65o; 6'^, 2''s,5oo; la mort survient le 8" jour.
» D. Les variations de température de l'animal sont, dans une autre expérience, de
jour en jour : 38°, 9; 38", 8; 4o";39<'; 39°,8; 35°, 4 et 34°, 8 le jour de la mort.
» E. Des inoculations dans le péritoine amènent également la mort en un temps
variable de quatre à sept jours, avec des lésions de même ordre.
» Toutes ces expériences, et d'autres faites sur le cobaye, que nous pu-
blierons ultérieurement, établissent d'une manière indéniable le caractère
pathogène de l'espèce nouvelle, pour ces animaux. Le chien paraît résister,
au contraire.
» Ces données et l'observation faite sur l'homme mentionnée plus haut
suffisent à montrer l'intérêt s'attachant à Tétude de cette espèce. La con-
naissance de ses températures critiques conduirait à penser, ou que ce
Champignon est surtout tropical, ce qui est assez peu vraisemblable, ou
qu'il est essentiellement pathogène; et cette dernière conception contri-
buerait à faire soupçonner qu'il est commun chez les animaux ou chez
l'homme. »
BOTANIQUE. — Sur un nouveau mode de fonnalion de l'œuf chez les Pipto-
cephalis. Note de M. L. Matruchot, présentée par M. Gaston Bon-
nier.
(c Le genre Piptocephalis, un des plus intéressants de la famille des Mu-
corinées, est représenté à l'heure actuelle par huit espèces, dont une seule,
P. Freseniana, est connue comme susceptible de former des œufs. Aussi
n'est-il pas sans intérêt de signaler la reproduction sexuée dans une
deuxième espèce du même genre, d'autant plus que le mode de formation
des œufs est, dans ce second cas, assez différent du premier.
)) L'espèce qui m'a fourni ce type nouveau de formation d'œuf chez les
Piptocephalis diffère nettement des autres espèces du genre. Je la dé-
nomme Piptocephalis Tieghemiana, la dédiant ainsi à M. Van Tieghem, à
( io35 )
qui nous devons la plus grande part de nos connaissances sur la biologie
des Mucorinées.
» Le P. Tieghemiana s'est développé spontanément dans une assiette luimide où
avaient été mises à germer diverses graines (Pois, Fève, Ricin, etc.). Il vivait en para-
site sur un Rhizopus nigricans développé à la surface des graines. Comme tous les
autres Piptocephalis, le P. Tieghemiana s'est, à l'essai des cultures, montré comme
un parasite nécessaire, et, fait remarquable, il semble incapable de se développer sur
tout autre mycélium que celui des Mucorinées. C'est en vain, en effet, que j'ai tenté la
culture sur de nombreuses espèces de Mucédinées {Amblyosporium uinbellalum,
Gliocladium viride, Sterigmatocystis et Aspergiltii.t variés, etc.), d'Ascomycètes
(Pyronema conjluens. Nectria Peziza, Morchelln esculenta et rimosipes, etc.) et de
Basidiomycètes (PleuroCus ostreatus, Tricholoma nudum, Matruchoda varions,
etc.). Au contraire, les cultures sur Mucorinées ont réussi (Pilaira. Miicor. Rhizo-
pus, Absidia, Sporodinia, ilelicoslylum, Syncephnlis); seuls les Morlierella, dont
j'ai essayé quatre espèces, se sont montrés réfractaires à toute culture du Pipto-
cephalis (').
» Le Piptocephalis Tieghemiana se différencie des espèces voisines par les carac-
tères suivants : l'arbuscule sporangifère, dépourvu de rhizoïdes à la base, se ramifie
en dichotomie régulière ; ses branches successives diminuent progressivement de lon-
gueur et de calibre, et se cutinisent à maturité sans présenter de rainures longitudi-
nales; enfin les articles ultimes se terminent chacun par une tète sphérique de 'èv■-[^v■
de diamètre, Tporlanl sur toute sa périphérie des sporanges cylindriques. Les sporanges
sont ovales, d'une longueur de 8V-; ils renferment généralement deux spores coniques,
parfois trois (la médiane étant cylindrique), rarement une seule (qui, dans ce cas, est
fusiforme); les spores ont 4^'-5l^ sur 2l^-2l'',5.
» Sur le mycélium rampant peuvent s'observer des chlamydospores. On a déjà si-
gnalé ces chlamydospores chez divers genres de Mucorinées, mais pas encore, à ma
connaissance, chez les Piptocephalis. Dans P. Tieghemiana, ce sont des éléments
volumineux, très réfringents^ de forme irrégulière, ayant de 12!^ à 3o!^ de longueur
sur iol^-i5H- de largeur.
» La reproduction sexuée de Piptocephalis Tieghemiana se fait par fusion
de deux gamètes égaux et semblables. Commei^lifis P. Freseniana, les deux
branches copulatrices sont recourbées en mors de pince; mais les éléments
sexuels et l'œuf lui-même présentent avec leurs homologues chez P. Frese-
niana de profondes différences.
» Tout d'abord les cloisons qui, dans les branches copulatrices, isolent
les gamètes du corps de la plante, sont ici très haut placées, tandis que dans
(') M. Van Tieghem a déjà observé le même fait pour d'autres espèces du même
genre. A ce point de vue, comme à beaucoup d'autres, les Mortiérellées forment donc
un groupe à part dans la famille des Mucorinées.
( io3() )
P. Freseniana elles séparent chaque branche en deux parties à peu près
égales : ici les gamètes sont relativement petits.
» En outre, l'œuf, une fois formé, devient parfaitement sphérique, et à
sa surface se développent, non un petit nombre de pointes faisant forle-
nient saillies (comme dans P. Freseniana), mais un grand nombre de
petits tubercules arrondis et à peine saillants à la surface.
» Enfin, la différence capitale entre les deux formes s'observe dans le
développement de l'œuf en embryon. Dans P. Freseniana, l'embryon se
développe au-dessus àa point de jonction des deux éléments sexuels. Ici,
c'est entre les deux branches copulatrices : sur l'œuf mûr, on voit les deux
suspenseurs s'insérer presque à l'opposé l'un de l'autre, comme dans un
Mucor ou un Sporodinia. D'ordinaire il y a, entre les points d'insertion
des deux suspenseurs, un arc de | de circonférence environ.
» Ce dernier fait a une certaine importance. Dans toutes les Muco-
rinées de la tribu des Syncéphalidées où jusqu'à ce jour on ait observé des
œufs (un Piplocephalis et deux Syncephalis), ceux-ci se développent en
embryon au-dessus (\ei, suspenseurs. La plupart desauteurs, A. Fischer ('),
Schrôter (-), etc., ont généralisé et, dans les classifications, donnent à la
tribu des Syncéphalidées (ou Piptocéphalidées), comme caractère de pre-
mier ordre, d'avoir un œuf se développant de la sorte. M. Van Tieghem
avait, au contraire, depuis longtemps attiré l'attention sur ce fait que, dans
une classification naturelle des Mucorinées, les caractères tirés de la re-
production sexuée doivent venir en second lieu, après ceux que fournit
la reproduction asexuée. Le Piplocephalis Tieghemiana apporte une preuve
remarquable à l'appui de cette manière de voir. »
GÉOLOGIE. — Sur la Tectonique de l' extrémité septentrionale du massif de
la Chartreuse. Note de M. H. Révil, présentée par M. Marcel Bertrand.
« Entre Chambéry, au nord-est, et Grenoble, au sud-ouest, se déve-
loppe un groupe de chaînons de direction sensiblement nord-sud, dont
l'ensemble constitue le massif de la Chartreuse. Nous avons repris l'étude
de la terminaison nord de ces chaînes, entre le Guiers-Yif et Chambéry,
( ' ) liciben/iorsl's Kryplogamen-Flora:IV. Phycomyccles, par Alf. Fischer, p. i 77.
{-) Colui's Kryplogamen-Flora von Sclilesien : Pilze, par J. Schrôter, i" Partie,
p. 2l5.
( ^o37 )
afin d'établir leur relation avec celles du Jura, qui les limitent à l'ouest, et
celles des Bauges, qui sont situées an nord-est. Leur structure est d'ailleurs
plus comjjlexe que ne le faisaient prévoiries travaux de nos prédécesseurs,
qui en expliquaient les anomalies par des failles verticales se continuant
sur une certaine longueur (').
» Les plis de cette partie du massif peuvent être groupés en quatre
bandes parallèles qui sont, en allant de l'ouest à l'est : I, faisceau anticli-
nal du Corbelet-Hauterans; II, synclinal du col du MoUard-la-PoinLière;
III, faisceau anticlinal de Montagnole-Entremont; IV, synclinal du Joi-
gny-Granier.
1) I. \Janliclinal du Corbelet n'a pas de continuation vers le nord, car les bancs de
rUrgonien qui forment les deux flancs du pli présentent, au point de sa terminaison,
au sud du Pont Saint-Charles, un plongement périclinal très net. De plus, elles sup-
portent sur tout leur pourtour des assises dépendant de l'Aquitanien.
» L'axe se relève plus au sud, et, à partir de i'IIauterans, le pli se complique :
il présente deux anticlinaux que sépare un synclinal formé d'assises qui appartiennent
à rUrgonien. Plus au sud encore, au nord-est de Saint-Jean-de-Couz, un nouveau syn-
clinal prend naissance dans le flanc occidental de la chaîne. C'est le synclinal des
Egaux, que remplissent des dépôts faisant partie du Gault, du Sénonien, du Burdiga-
lien et de l'Aquitanien {''-).
» Quant à l'anticlinal succédant à ce synclinal, il montre, au-dessous de Corbel,
les assises de Berrias et, au bord du Guiers, celles du Jurassique supérieur.
)) L'étude de ce faisceau de plis n'est pas sans intérêt, car elle fait voir les modifi-
cations que peut subir un pli d'abord unique, lors(iu'il arrive dans une région où les
eflorts de striction ont présenté plus d'intensité.
» IL Le synclinal du col du Mollard. — La Pointière est jalonné dans la vallée
de Chambéry par des assises appartenant à l'Aquitanien. Il est ici fortement étiré et
chevauché par un anticlinal faisant partie du groupe de plis situé plus à l'est.
» Au col du Mollard, les couches de Berrias sont en recouvrement très net sur les
assises tertiaires; le synclinal est donc incomplet et étiré sur son flanc est. Par contre,
dans la vallée d'Entreraont, le synclinal s'élargit et est alors rempli par des forma-
tions appartenant au Gault et au Sénonien. Plus au sud, et à la hauteur des Gandys
(') Ch. Lory, Essai géologique sur le groupe des montagnes de la Grande-Char-
treuse {Bull. Soc. Stat.de l'Isère, 2'' série, t. II, 1862. — Description géologiquedu
Dauphiné, publiée en 3 parties dans les t. V^ VI et VII dans Bull. Soc. Slat. — D.
Hollande^ Etude sur les dislocations des montagnes calcaires de la Sa<,'oie {Bull.
Soc. hist. nat. Sacoie, r= série, t. II).
(-) Voir KiLiAN et P. Lory {Comptes rendus, Collaborateurs \)our 1898) pour sa
continuation vers le sud; c'est le svnclinal de la Charmette.
( io38 )
et de la Frasette, il est complet et l'on voit le Gault du flanc oriental se relever contre
une barre urgonienne et le centre de la cuvette être rempli par quelques bancs de
mollasse tertiaire. Ce même pli s'étire de nouveau au sud de la Frasette et n'est plus
indiqué que par un lambeau de Sénonien. Il est ensuite relayé, au bord du Guiers,
par un synclinal de marno-calcaires berriassiens.
» III. Les plis du faisceau de Monlagnole-E ntremont sont très nombreux dans la
vallée de Cliambér}' et l'on peut, en se dirigeant de l'ouest à l'est, relever la succession
suivante d'anticlinaux et de synclinaux : anticlinal deSaint-Cassin, synclinal du Pélaz,
anticlinal de Césolel, synclinal des Alberges, anticlinal de Jacob, synclinal de Belle-
combette, anticlinal de la fontaine Saint-Martin, synclinal des Charmettes, anticlinal
de Buisson-Rond. La plupart de ces plis présentent une dyssimétrie très nette et ils
sont déversés vers l'ouest. L'anticlinal de Saint-Cassin se couche au mont Pélaz sur
le synclinal du Mollard et supporte le synclinal suivant. Quelques-uns d'entre eux sont
la continuation de la chaîne Nivollet-Revard, tandis que d'autres n'ont pas de prolon-
gement vers le nord et disparaissent au milieu des alluvions.
» Ces plis si nombreux sur le plateau de Monlagnole se simplifient vers le sud, et
l'on ne rencontre plus au bord du Guiers qu'un seul anticlinal jurassique se dévelop-
pant entre deux synclinaux formés par les calcaires argileux du niveau de Berrias.
» IV. A l'est des plis précédents se développe le grand synclinal du Joigny-Granier,
formé de couches appartenant au Crétacé. L'arête qui s'étend de la Trousse au Pas-de-
la-Fosse et qui est la continuation de l'un des plis du Nivollet, se poursuit par le mont
Joigny, où les assises sont disposées en bancs sensiblement horizontaux. Entaillées par
l'érosion au col du Frêne, les marnes valanginiennes viennent passer, plus au sud,
sous la chaîne duGranier formée d'Hauterivien et d'Urgonien. Celle-ci, oii l'on trouve
des lambaux de Gault et de Sénonien, est un synclinal surélevé situé entre deux anti-
clinaux profondément érodés.
» En résumé, la chaîne Semnoz-NivoUet-Revard est la seule chaîne du
massif des Bauges qui se continue dans celui de la Chartreuse. Les parties
de ce dernier massif situées à l'ouest de l'anticlinal jurassique d'Entremont
naissent au sud de Chambéry et ne se prolongent pas vers le nord. Ces plis
relaient ceux situés à l'est de la chaîne du mont du Chat, mais n'en sont
pas la continuation directe. Ils ne sont que l'épanouissement d'un pli
simple dont on voit l'axe s'abaisser peu à peu pour disparaître ensuite avec
plongement périclinal sous les assises tertiaires et les alluvions quater-
naires de la vallée s'étendaut de Chambéry à Aix-les-Bains. Cette der-
nière, formée par la réunion des synclinaux de Couz et du Mollard, se
continue au nord par le lac du Boiirget et la vallée du Rhône; elle s'acci-
dente de deux anticlinaux importants : celui de la Chambotte et celui du
Vivier et de lloche-du-Roi. «
( ïo39 )
GÉOLOGIE. — Les faciès et les conditions de dépôt du Turonien de
r Aquitaine. Note de M. Ph. Gla\geaud, présentée par M. Albert Gaudry.
« Aucun étage du Crétacé du bassin de l'Aquitaine ne présente des
changements pétrographiques et paléontologiqiies plus considérables que
le Turonien, tant dans le sens latéral que dans le sens vertical.
)) On sait que le Turonien se divise en deux sous-étages : le Ligérien et
l'Angoumien. Le Ligérien étant presque partout constitué, dans l'Aqui-
taine, par des calcaires marneux et des marnes kAm. Rochehrunei el Ostrea
columba, nous nous occuperons surtout de l'Angoumien, que l'on divise de
la façon suivante :
» Angoumien supérieur (Provencien auct.), caractérisé par Hipp. Moulinsi, Hipp-
petrocoriensis, et riche en Sphœrulites : Sphœr. radiosus, Sphœr. Sauvagesi, etc.
» Angoumien inférieur. 2. Divers niveaux à Rudistes : Hipp. inferus. Biradioliles
lumbricalis, Bir. cornupastoris. Rad. ponsianits. 1. Calcaires marneux ou sublitho-
graphiques à Am. Deverlanus et Ain. Fleuriaudanus .
» En raison de leur résistance à l'érosion, les sédiments de l'Angoumien
forment des abrupts hardis, de pittoresques falaises, principalement dans
la région comprise entre Cognac, Angoulêine et Périgueux. Les vallées
ouvertes à travers ces calcaires sont même parfois transformées en véri-
tables canons (vallée de la Dronne).
» Durant tout l'Angoumien s'édifièrent, dans une grande partie du bas-
sin, des amas de Rudistes, véritables barres récifales atteignant parfois de
grandes dimensions. Ces constructions, bien que n'ayant pas l'ampleur de
celles qui ont été élevées par les polypiers, offrent cependant beaucoup
d'analogies avec ces dernières. Les Rudistes vivaient, en effet, dans les
mêmes conditions que les polypiers, avec lesquels on les trouve d'ailleurs
fréquemment associés. Comme eux, ils ne pouvaient se développer au
delà d'une certaine profondeur (40"" au maximum). Leur absence dans
les régions septentrionales fait supposer qu'ils avaient besoin d'une tem-
pérature assez élevée. Une troisième ressemblance a trait au milieu dans
lequel ils vivaient; de même que pour les Polypiers, l'argile arrêtait leur
développement; ils ne se multipliaient que dans des eaux riches eu cal-
caire. Si on les trouve dans des argiles, ce n'est qu'à l'état sporadique; ils
n'y forment pas d'accumulations.
» Parfois les îlots à Rudistes n'ont que quelques mètres carrés de surface;
ils se présentent sous forme de bouquets, de gerbes, isolément, au milieu
( io4o )
des calcaires. Fréquemment, ils constituent de véritables îlots, affectant
une forme vaguement lenticulaire, mesurant plusieurs mètres de haut
(rarement plus de lo™), et plusieurs centaines de mètres, quelquefois
plus de 1*"" de long.
» Ces dépôts zoogcnes passent latéralement à des calcaires grenus,
suboolitiques, puis à des calcaires marneux et à des marnes. Dans leur voi-
sinage, on recueille (autre analogie avec les récifs à Polypiers) une faune
véritablement coralliophile. On trouve ainsi associés : des Échinides
{Cidaris, Cyphosoma, Micrasler), des Crinoïdes nombreux, des Nérinés,
des Gastropodes et des Lamellibranches à test épais, pouvant résister au
choc des vagues. Les calcaires grenus sont souvent peuplés de Brachio-
podes et le pourtour du récif d'algues calcaires, telles que les Litho-
thamnium. Quelquefois les Foraminifères et les Bryozoaires viennent aug-
menter cette faune littorale déjà si variée.
» Les passages latéraux des calcaires à Rudistes sont fréquents et rapides
dans l'Angoumien de l'Aqaitîùne. A quelques centaines de mètres d'un îlot
à Rudistes, on a parfois une transformation pétrographique et paléontolo-
gique profonde. Ces changements ont induit certains géologues en erreur
en leur faisant considérer comme superposées des couches qui, en réalité,
étaient équivalentes. (Environs de Périgueux.)
» L'épaisseur de l'Angoumien varie entre quelques mètres et gS"'. C'est
vers l'Océan (Charente-Inférieure) que cet étage est le moins épais. De
même que le Coniacien, le Santonien et le Maestrichtien, il atteint son
maximum de puissance au sud de la Dordogne, dans le Lot et le
Lot-et-Garonne (').
» C'est dans cette même région que les changements de faciès sont les
plus fréquents dans le sens vertical et latéral et que les sédiments sont le
plus détritiques.
)) Si l'on considère l'étendue du bassin de l'Aquitaine, on peut dire que
l'Angoumien est principalement" constitué, dans la Charente-Inférieure,
par des calcaires renfermant des silex. Dans la Charente et le nord de la
Dordogne, cet étage comprend des calcaires crayeux, grenus, subooli-
tiques, avec intercalation de nombreux îlots à Rudistes. La variété des sé-
diments est encore plus considérable dans le sud de la Dordogne, le Lot
et le Lot-et-Garonne, où, durant l'Angoumien supérieur, on voit se succé-
der fréquemment et brusquement des grès, des calcaires grenus, des
' ) Les dépôts jurassiques présentaient des caractères .nalogues.
( lo^i )
argiles, des sables, des lignites, elc. On conçoit que les conditions dans
lesquelles se faisait celte sédimentation étaient peu propres au développe-
ment en masse des Rudistes.
)) Un fait des plus importants est l'existence de lignites à maints endroits
et à plusieurs niveaux de l'Angoumien supérieur do cette région. On con-
state, aux mêmes points, la trace de ravinements et la présence de roches
perforées par les lithophages. De pareilles observations s'étendent sur plus
de So"*" du nord au sud et à plus de So''" de la bordure occidentale du
massif central. On déduit de ces faits que, durant l'Angoumien supérieur,
il y eut, à plusieurs reprises, dans le bassin de l'Aquitaine, des oscillations
du rivage et un retrait considérable de la mer. Cette régression qui se fit
surtout sentir à l'est du bassin ne fut pas spéciale à l'Aquitaine; elle coïn-
cide avec une régression marine analogue, dans le bassin de Paris et le sud
de l'Angleterre.
» Il est bon de se rappeler que c'est à ce moment que s'édifiaient les
formations à Rudistes des Corbières et que se déposaient du gypse et des
argiles à lignites au sud de la Provence (').
Il De l'ensemble des faits qui précèdent on peut conclure que le maxi-
mum d'extension et de profondeur de la mer Turonienne eut lieu à
l'époque ligérienne (à la fin) et le minimum durant l'Angoumien supé-
rieur. Pendant le Ligérien et jusqu'au milieu de l'Angoumien inférieur, les
eaux marines s'avançaient assez loin vers les massifs cristallins qui leur
servaient de rivage. Le retrait de la nier se fit sentir à la fin de l'Angou-
mien inférieur et s'accentua durant l'Angoumien supérieur.
» En raison de cette régression, la communication des bassins de Paris et
de l'Aquitaine fut rendue plus difficile. Ce fut la cause principale qui em-
pêcha les Rudistes de pénétrer dans le bassin de Paris, où on ne les trouve
qu'à l'état sporadique. »
GÉOLOGIE. — Sur de nouvelles recherches souterraines en Dévoluy (^Hautes-
Alpes^ et sur le plus profond puits naturel connu (^chourun Martin, 3io™).
Note de M. E.-A. Martel, présentée par M. Albert Gaudry.
« En juillet et août derniers, j'ai repris les explorations commencées
en 1896 dans les chouruns (abîmes) du Dévoluy (Hautes-Alpes). Confir-
(') Cf. Travaux de MM. Arnaud, Mouret, de Grossouvre, Péron, Cayeux, Vasseur,
Munier-Chalmas.
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N" 24.) '38
( I042 )
niant les premières conclusions (voir Comptes rendus, 24 mai 1H9), elles
ont fourni les nouvelles données suivantes :
» Sur les indications et avec le concours de M. David Martin, conser-
vateur du musée de Gap, j'ai reconnu l'existence, à travers les calcaires
sénoniens et urgoniens des pentes orientales du Grand-Ferrand (2761'"),
du plus profond abîme naturel connu jusqu'à présent, situéà4oo'"ou Soo""
à l'ouest du chourun du Camarguier (décrit dans ma précédente Note) et
une trentaine de mètres plus haut (à i58o'" d'altitude environ); il fait
partie d'un groupe de sept chouruns très rapprochés les uns des autres et
il n'avait pas de nom spécial : je l'ai appelé chourun Martin.
» Un difficile sondage, qui a demandé deux jours de travail (3i juillet et i"'' août)
et (jui n'est pas définitif, a révélé que l'énorme profondeur de ce gouffre atteint au
moins Sic™, répartis en un premier puits de 35™_ un deuxième (double) de 5o™, un
troisième de 85" et un quatrième de i^o"' (le grand puits de Jean-Nouveau, en Vau-
cluse, a i63™). Certains indices nous font croire que le gouffre pourrait bien se conti-
nuer en un cinquième puits arrivant jusqu'à 400" ou Soc"" sous terre; mais je ne
saurais l'affirmer. L'insuffisance du matériel et surtout des avalanches de pierres et
de neige détachées par le frôlement des cordages dans l'intérieur du second puits ne
m'ont permis de descendre que jusqu'à 70™. L'exploration complète de l'abîme sera
longue et très coûteuse, à cause des travaux préparatoires qu'elle exigera pour dimi-
nuer autant que possible les risques d'accident. J'ai pu me rendre compte que le
troisième puits doit avoir des dimensions considérables, peut-être 20'" de diamètre.
)) Le chourun Martin doit être considéré comme le plus profond puits
naturel actuellement constaté, car celui de Trebic (Trebiciano), près de
Trieste, sur le Karst, où l'on a retrouvé le cours présumé de la Recca, à
322™ sous terre, est en partie artificiel, puisque l.indner n'a pu en atteindre
le fond qu'après onze mois de travaux miniers (i84o-i84r)' ^^ celui de la
Kacna-Jama, dans les mêmes parages, n'arrive qu'à 3o4"' de profondeur,
d'après les dernières explorations de M. Marinitsch (Spelunca, n° 7; 189G).
» Le chourun Martin descend au moins à 1270™ d'altitude; si c'est là
son fond véritable, il se trotive encore à ^go'" au-dessus du niveau de la
double source des Gillardes (S^S™), à 6'"" au nord-nord-est, émissaire
de toutes les eaux souterraines du Dévoluv (voir Comptes rendus du
24 mai 1897). L'investigation complète de ce remarquable abime pourrait
provoquer les plus curieuses découvertes dans le sous-sol du massif; a
priori, il est impossible de prévoir s'il conduira à un j)uissant courant inté-
rieur (ayant au maximum 6 à 7 pour 100 de pente, alors que Bramabian
en a i3 pour 100), ou s'il aboutira, comme la plupart de ses émules de
( io43 )
Vaucluse et des Causses, à un bouchon de pierres et de détritus divers. Il
est important de rappeler toutefois que son voisin, le chourun de Camar-
guier, se prolonge par une fente étroite dont j'ai déjà recommandé l'élar-
gissement, et que beaucoup d'autres chouruns du Dévoluy, bouchés par la
neige seulement, semblent également se continuer à une grande profon-
deur tlans la direction des Gillardes.
» J'ai examiné, cet été, plusieurs de ces puits à neige, comblés, plus ou
moins bas, par de vrais névés en pleine fusion pendant la saison chaude
(chouruns Jumeaux, ch. Rond, ch. Picard, ch. de la Parza, etc.).
» La Parza est le plus intéressant; à i'"" nord du cliourun Martin, et à lyaS" d'al-
titude, il mesure 25'" de diamètre à l'orifice; sou\ent la neige le remplit jusqu'à la
gueule; le 2 août, elle ne s'y trouvait qu'à 3o" de profondeur, vrai névé creusé de
grandes crevasses comme un glacier ; dans une de ces crevasses, la sonde est descendue
jusqu'à 44'" (soit y^™ de profondeur depuis l'orifice du goufTre) ; telle est donc l'épais-
seur 7?H>i«/M«//i de la couche glacée dans ce cliourun (température extérieure: i4°;
intérieure: H-i", aC).
» Aux chouruns Picard (18 août) la masse de neige, dans une longue diaclase de 3"'
à 7'" de largeur, m'a arrêté à 87™ de profondeur; elle se dressait en étroite pyramide
de 12"' de hauteur, déjà isolée des parois par la chaleur estivale; des fissures impéné-
trables absorbaient toute l'eau de fusion.
» Les puits à neige du Dévoluy expliquent à eux seuls la basse température (6°, 5 C.)
de l'eau des Gillardes qui m'avait tant étonné en 1896 : le 2 août 1899, je l'ai trouvée à
6°, 2, fort inférieure à la moyenne annuelle qui correspondrait à l'altitude de 875™;
d'ailleurs une autre petite source voisine, mais indépendante des Gillardes, qui jaillit
d'un grand clapier à gSo"' d'altitude, était en même temps à 9"C.
n Tout cela confirme absolument, comme je l'ai énoncé il y a trois ans,
la provenance élevée de l'eau des Gillardes, et sa relation certaine avec les
hauts choui'uns et les puits à neige du Dévoluy, qu'il faut désormais
classer parmi les principaux phénomènes géologiques et géographiques
de ce genre. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Évaluation approchée de la dénudation du terrain
crétacé des côtes normandes. Note de M. J. Thoulet.
i( Pa côte de France, entre l'embouchure de la Seine et celle de la
Somme, est bordée de hautes falaises verticales, en craie compacte, avec
bandes horizontales de silex, dont la surface supérieure, qui forme la plus
grande partie du pays de Caux, est un plateau plus ou moins coupé de
( lovl )
vallées et uniformément recouvert d'argile ou terre ronge. Celle-ci, forte-
ment mélangée de silex, provient de rattaque de la craie sous-jacenle par
les agents atmosphériques. Il m'a semblé que la considération des volumes
respectifs de la craie et de l'argile, ainsi que la proportion d'argile conte-
nue dans la craie, permettraient d'évaluer le volume de craie nécessaire
pour produire la quantité d'argile recouvrant le plateau, c'est-à-dire l'épais-
seur de terrain crétacé enlevée par dénudation.
» Les échantillons qui ont servi à' mes expériences proviennent des
falaises situées au nord-est d'Etretat, dont la paroi abrupte se prête d'une
façon exceptionnellement nette aux évaluations.
» La falaise présente une hauteur de 90™ à 100™; elle est coupée par
des bancs parallèles de silex noirs ou blancs, en rognons irréguliers, noyés
dans la craie. Celle-ci est parfaitement homogène, et, sauf les silex, on n'y
aperçoitque de très rares poches ayant à peine quelques décimètres cubes
et remphes de sable fin. J'ai estimé que le volume total des silex était
d'environ -^^ de celui de la craie.
» La couche superficielle d'argile est d'épaisseur assez uniforme, bien
qu'on la trouve accumulée dans les fentes et cassures de la craie sous-
jacente. Cette épaisseur est d'environ i™en moyenne; la couleur est rouge,
elle ne manifeste point d'effervescence aux acides et renferme à peu près
moitié de son volume de gros rognons de silex. Cette terre rouge résulte
de la destruction et de la décomposition chimique d'une certaine épaisseur
de craie qu'il s'agit d'évaluer. 11 est évident que tout ce qui a été ainsi
produit n'est pas resté; mais l'homme, pour lequel l'argile constitue un sol
agricole, a tout fait pour la conserver, tandis qu'au contraire il s'est efforcé
de se débarrasser des silex qui lui étaient une gène. L'horizontalité du
plateau offrait d'ailleurs d'excellentes conditions de conservation. On com-
prend que la quantité de silex de la couche de terre rouge soit moindre que
la quantité de silex provenant de la destruction de l'épaisseur de craie né-
cessaire pour donner naissanceà l'argile, et l'on ne saurait, pour ce motif,
se fier à un calcul basé sur ces proportions relatives. Il devient indispen-
sable de ne s'appuyer que sur la proportion d'argile contenue dans la
craie.
» Un morceau de craie a été desséché et exactement pesé; on la attaqué par de
l'acide chlorhjdrique étendu, dans un appareil spécial qui permet à l'attaque de
s'effectuer lentement et régulièrement. On a recueilli ainsi un mélange, facile à sé-
parer par lévigation, d'argile et de silev fins.
» L'argile pure est desséchée, calcinée, mouillée d'eau, desséchée à 100° et enfin
• ( 1045 )
pesée. Sa couleur rouge et son aspect sont identiques à l'argile naturelle tlans les
mêmes conditions. Les grains de silex sont très fins, de forme globuleuse, recouverts
d'une croûte d'un blanc opaque, semée de fines aspérités. On reconnaît au microscope
que ces rognons de silex en miniature sont paieils à ceux qu'on retrouve dans la terre
rouge naturelle.
» I005'' de craie ainsi traités renferment os^SSB de résidu insoluble, constitué lui-
même par 08'^, 666 d'argile et os'', 167 de silex fins.
» Comme il s'agit de ramener les proportions en poids fournies par l'analyse à des
proportions en volume, la densité apparente de la craie (i,795) a été obtenue en
cubant et pesant des morceaux de craie taillés régulièrement, et celle de l'argile
(1,457), en lassant à refus et en pesant de l'argile naturelle dans un flacon cylindrique
en verre, préalablement taré.
» On trouve ainsi qu'une hauteur de o"',57 de résidu insoluble corres-
jîoiid à une hauteur de 55™, 71 de craie.
» Faisant la correction relative au sileK contenu dans la proportion de
Y^ du volume total dans la craie et de ~ dans la terre rouge, ramenant à i'"
de terre rouge, on trouve que cette dernière hauteur correspond à oa" de
falaise avec silex. Tel serait le taux de la dénudation minimum aux envi-
rons d'Étretat. »
M. PocRovicz adresse, de Moscou, une Note relative au mouvement des
planètes.
M. AuG. BoiiTiN adresse une Note « Sur quelques équations de Pell et
autres équations indéterminées du second degré ».
M. L.-A. Levât adresse une Note relative à un projet de « ceinture-
tampon » à adapter aux navires, contre l'accostage.
M. A. Payot adresse une Note relative à un procédé pour rendre les
bois incombustibles.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
M. B.
( io46 )
BPLLETIIV BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVKAGES REÇUS DANS r.A SÉANCE DU II DÉCEMBRE 1899.
Traité de Microbiologie, jjar M. E. Duclaux, Membre de l'Inslitiit, Direc-
teur de l'Institut P;isteur. Tome III . Fermentalion alcoolique. Paris,
Masson et O", 1900. (Hommage de l'Auleiir.)
Essai sur les pompes centrifuges, recherches expérimentales, par A. -H.
Courtois. Paris. V'Cli. Diinod, 1900.
Complément du « Précis analytique des travaux de V Académie des Sciences,
Belles-Lettres et Arts de Rouen », penlant Vannée 1896-1897. Pi. I-VII.
Rouen, 1898; i fasc. in-8°.
Précis analytique des travaux de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et
Arts de Rouen, pendant l'année 1897-1898. Rouen, impr. Gagniard, 1899;
I vol. in-8^
Experiments on the metaholism of matter and energy in the human body,
by W.-O. Atwaïteu and F. -G. Benedict with the coopération of A.-W.
Smith and A. -P. Bryant. Washington, 1899; 1 fasc. in-S".
The influence of substituents on the electrical conductivity ofbenzoïc acid,
by Alfred Tiîngel. PhHadelphia, 1899; i fasc. in-8°.
Electrolytic déterminations and séparations, byLiLY Gavit-Rollock. Phila-
delphia, 1899; i fasc. in-8°.
An electrolytic study of benz-oin and henzil, by Joseph Hildy-James. Phi-
iadelphia, 1899; i fasc. in-8°.
Une série d'Opuscules sur la « Phonographie universelle », par Vincenti
Giuseppe. Florence et Turin, 1889-1898; formats divers. (Hommage de
l'Auteur.)
Prace matematyczno-fizyczne. T. X, 1899. Warszawa, 1899-1900; t vol.
in-8°.
Memoirs of the Royal Aslronomical Society. Vol. LU, LUI; 1896-99.
London, 1899; 2 vol. iu-Zj". (Presented by tiie Royal Astronomical Soceity.)
Transactions of the 3o* and 3i* a nnucd meetings of the Kansas Academy of
Science, 1897-1898. Vol. XVI. Topeka, Kansas, 1899; ' ^*^'- in-8°. (Com-
pliments of Bernard-B. Smyth, librarian Kansas Academy of Science.)
Annales de la Société royale malacologique de Belgique. T. XXXII,
année 1897. Bi'uxelles, 1899; i fasc. in-8''.
( io47 )
Annales du Musée du Congo. Série I : Botanique. T. I, fasc. 4. Bruxelles,
1899; I fasc. in-l".
ERRATA.
Une erreur d'impression s'esl glissée dans la désignation des quanlités de clialeur
relatées dans les Notes de M. Berthelot, dans le précédent numéro des Comptes
rendus, pages 918-928, le correcteur ayant confondu les petites calories (rapportées
à I gramme d'eau) avec les grandes Calories (rapportées à i kilogramme d'eau). Ces
dernières seules sont applicables aux poids atomiques et moléculaires des corps rais
en expérience.
(Séance du 6 novembre 1899.)
Note de M. Malteucci, Sur l'état actuel des volcans daris l'Europe mé-
ridionale :
Page -34, ligne i3, supprimes 1891.
Même page, ligne i, après 7 juin, ajoutez 1891.
Page 735, ligne i3 du haut, au lieu de sulfurique, lire sulfhjdrique.
Même page, ligne 3 du bas, après solfatarienne, ajoutez commencée depuis l'érup-
tion.
Même page, ligne 1 du bas, au lieu de sulfurique, lisez sulfureux.
Page 736, ligne 7 du haut, au lieu de sulfurique, lire sulfhydrique.
N" 24.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du il décembre 1899.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBItlîS ET DES COlUiRSI'ONDANTS DE L' ACADEMIE.
l'iiecs.
M. le Président annonce à l'AcadtJmie que,
en raison de la fcte de Noël, la séance
du lundi 25 décembre sera remise au
mardi aO. La séance du lundi i" janvier
sera, de même, remise au mardi !
M. le SECRiiTAiRK PERi'ÉTUEL annonce
l'envoi du dernier complément de la
Souscription Lavoisicr, organisée aux
États-Unis par M. Hin:icl\t
M. Bouquet de i.a Gryk. - Sur la paral-
laxe du Soleil
M. .[. Janssen. — Note sur les travaux au
mont Blanc en 1899
.).^
Pages.
M. Henri Becquerel. — Iniluence d'un
champ magnétique sur le rayonnement
des corps radio-actifs çigfi
.M. Behïhelot. — Sur une méthode générale
pour le dosage des divers corps simples
contenus dans les composés organiques, loo-j
MM. A. Haller et P. -Tu. Muller. — Sur
les réfractions moléculaires, la dispersion
moléculaire et le pouvoir rotatoire spéci-
fique de quelques alcoylcamplires luo.')
M. DucLAUxprésente à l'Académiule tome III
de son « Traité de Microbiologie >■ joo.s
■1
IVOMINATIOIVS.
Liste de candidats présentés à U. le Minislie
de l'Instruction publique pour la place
d'Astronome vacante, au Bureau des Lon-
gitudes, par le décès de M. tisserand :
1° M. JiaUau, v M. Bisourdan
M. Meray est élu Cnrrcspondanl poui- la
Section de Géométrie 1 oo.S
M. KosENBUSCH est élu Correspondant pour
la Section de Minéralogie mni,
MEMOIRES PRESENTES.
M. Marcellin Lanulois adresse un nouveau
Mémoire intitulé « Origine de la tension
^iiperlicielle ; sa loi ^le loi-malion
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel donne lecture
d'une dépèche adressée d'Odessa à l'Aca-
démie, à l'occasion du Centenaire de
l'adoption du Système métrique mni
M. H. Tarry adresse une Note relative à
l'observation des Biélides, à Alger, dans
la nuit du 2S au 29 novembre luio
Al. Baike. — Sur la théorie des fonctions
discontinues imo
.■M. Al. Gersciiux. —- Méthode pour déter-
miner la densité moyenne de la Terre et
la constante gravitationnelle iiu.'i
M. .\ndre Broca. — Sur le principe de
l'égalité de l'action et de la réaction loili
M. G. Blanc. — Action du chlorure d'alu-
minium sur l'anliytlride campliorique. . . . mni
M. .\. AsTuuG. — .\lcaliraétrie des aminés.. i"m
MM. ,1. Abolous et E. Gérard. — Sur la
coexistence d'une diastase réductrice et
d'une diastase oxydante ilans les organes
anintaux ii»''î
M. Gaukiel Bertrand. - Sur la présence
de la mannoeellulose dans le tissu ligneux
des plantes gymnospermes 10 !,")
M. W. NiCATi. — Note pour servir à
l'histoire de la pression intra-oculairc el,
par suite, à la connaissance du mécanisme
delà pression du sang dans les capillaires, uns
M. E.-L. Bouvier. -- Nouvelles observations
sur les Péripates américains 10 !.|
.MM. LucET et CosTANTiN. — Sur une nou-
velle Mucorinée pathogène np,lr
M. L. Matruchot. — Sur un nouveau mode
de formation de l'ccul' chez les Pipto- y
cephalis loj'i
-M. II. RÉviL. -- Sur la Tectonique de l'ex-
trémité septentrionale du massif de la
Chartreuse niiîii
M. Pu. Glanc.e.wd. — Les faciès et les con-
ditions de dépôt du Turonien de l'Aqui-
taine JoJi]
iM. K.-A. Martel. Sur .le nouvelles re-
N" 24.
SUITE DE LA PABLE DES ARTICLES.
Pages?
clieiclics soutoiraines iii Dcvoluy (Haules-
Alpcs) et sur le plus profond puits nii'i-
roi nonnu {rliourun IMiirtiii, 3io"')... I'jji
M, .1. TiioiTi.nT. — Kvaliiation approrliéc de
In dénuilatlon d» terrain crétacé des cùles
normandes io^3^
M. Pounovii-.z adresse une Note relative an
mouvcnienl des planètes lo j5
M. AuG. BouTiN adresse une \ote « Sur
HlTLETIN BtBMOGlUPlIIOUR
Eriiatv. . .
Pas
quelques équalions de l'ell el autres équa-
tions indéterminées du second degré »...
M. L.-A. Levât adresse une Note relative à
un projet de « ceinture-tampon » à adap-
ter aux navires, contre l'accostage
M. A. Payot adresse une Note relative à un
procédé pour rendre les hois ineoinbus-
tihles
1.1 1.)
'►1;
P\1US. — IMPur MHKIE G\.UTH[fi;K-V[ LLAKS
Quai des Grands-Aususlins, 55.
1^ l.erani ." ''^crHiKR-ViLi.jitiS
SECOND SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. liBS SBCnÉTAIHBS PBRPÉTVEIiS.
TOME CXXIX.
N° 25 (18 Décembre 1899).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1899
MENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des aS juin 1862 et 24 mai 1875.
endus hebdomadaires des séances de
imposent des extraits des travaux de
sel <;t de l'analyse des Mémoires ou Notes
pij 5 par des savants étrangers à l'Académie.
lue cahier ou numéro des Comptes rendiu a
(ts ou 6 teuilles en moyenne,
j numéros composent un volume.
J^ y a deux volumes par année.
Article 1*'. — Impressions des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les l'rogrammes des prix proposés par l'Acadéc
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les R
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'aut;
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séance i
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savanti
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personi
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'A
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires s.,
tenus de les réduire au nombre de pages requis. |
Membre qui fait la présentation est toujours nomi
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ext
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils lel ,
pour les articles ordinaires de la correspondance (
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être reru
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à ten .
le titre seul du Mémoire estinséré dans le Compte re. i
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu : ■
vant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage àpart.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapport*
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
un Rapport sur la situation des Comptes rendus
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution duf
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés d(
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 6^. Autrement la présentation sera remise à la séance sui*
n
COMPTES ilENDl
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE PUBT>!QUE ANNUELLE DU LUNDI 18 DECEMBRE 1899,
PRÉSIDÉE PAR i\(. VAN TIEGHEM.
M. Pu. Van TiEGiiEM prononce l'allociilion suivante :
» Messieurs,
» Fondée en iG66, l'Académie des Sciences compte anjoiird'hui deux
cent trente-trois ans d'existence. Durant ce long espace de temps, où notre
pays a connu bien des vicissitudes, pas un seul jour elle n'a failli à sa
noble mission, qui est de travailler, par tous les moyens et dans toutes les
directions de l'esprit, à l'avancement de la Science, c'est-à-dire à l'aug-
mentation de notre connaissance ou plus exactement à la diminution de
notre ignorance des choses et des lois de l'Univers. Elle sait bien, en effet,
que l'homme le plus savant sera longtemps encore, sera toujours sans
doute comme l'enfant auquel, dans sa modestie, le grand Newton aimait
à se comparer : en jouant sur le rivage, il trouve çà et là un caillou plus
brillant que les autres, il découvre de temps en temps un coquillage mieux
orné que les autres, pendant que l'immense océan de la Vérité s'étend
inexploré devant lui.
C. K., 1899, ■' Semeslre. (T. CX\1\, N" 25 ) . 1^9
( io5o )
» A mesure donc que, par l'effet même de cette constante impulsion,
la Science a marché et qu'en se ramifiant se sont multipliées les voies où
■fille se développe; à mesure que, sur le rivage chaque jour un peu plus
élargi de la mer inconnue, l'œil plus exercé de l'enfant a pu apercevoir de
nouveaux cailloux plus beaux, que sa main plus habile a pu saisir de nou-
veaux coquillages plus précieux que les anciens, la tâche de notre Compa-
gnie est devenue plus complexe et plus difficile à remplir. Mais aussi elle
a su, chaque fois, par un effort plus grand, se porter plus avant et plus
haut, de manière à se maintenir à toute époque à la tête du mouvement
scientifique contemporain, tout en préparant les voies de l'avenir. Qu'elle
conserve encore aujourd'hui ce beau rôle d'initiatrice du progrès, qu'elle
exerce même plus efficacement que jamais ce qui est, pour ainsi dire, sa
fonction sociale, pour le prouver, il suffira de jeter un coup d'œil rapide
sur les progrès les plus importants réalisés dans les diverses parties de la
Science au cours des deux ou trois années qui viennent de s'écouler.
)) Longtemps séparées et comme étrangères l'une à l'autre, les diverses
Sciences mathématiques se rapprochent, se pénètrent chaque jour davan-
tage et tendent de plus en plus à s'unifier. C'est ainsi que la notion de
groupes de transformations, introduite d'abord en Algèbre, a peu à peu
envahi tout le domaine inalhémalique et que les nouvelles méthodes de
l'Analyse se sont introduites dans la Géométrie, dans la Mécanique et
jusque dans la Théorie des nombres. Tout en suivant celte marche con-
vergente, chacune des sciences particulières a réalisé pour son compte
d'importants progrès. En Géométrie, ils ont porté sur la déformation des
surfaces, sur les surfaces à courbure constante, sur l'élude des lignes et
des surfaces à l'aide des nouvelles fonctions transcendantes fournies par
le Calcul intégral. En Analyse, ils ont intéressé l'étude des fonctions défi-
nies soit par des équations différentielles, soit par des séries, soit par des
fractions continues; aussi, de ces dernières, ne peut-on plus répéter au-
jourd'hui ce qu'en disait hier encore un de nos Confrères, que c'est « une
sorte de terre inconnue, dont la carte est presque blanche «. En Méca-
nique, plusieurs géomètres se sont occupés de la recherche des intégrales
des problèmes de Dynamique. D'autres ont perfectionné la théorie de
l'élasticité par une étude approfondie des analogies existant entre les
équations de l'élasticité et l'équation de Lnplace, qui se présente en Phy-
sique mathématique. D'autres encore ont consacré leurs efforts à la réso-
lution d'un problème d'une actualité immédiate, le mouvement de la bicy-
clette. Un concours ouvert par l'Académie sur ce sujet a non seulement
( .OH )
donné les résultats les plus satisfaisants au point de vue pratique, mais
provoqué de nouvelles recherches théoriques sur l'impossibilité d'appli-
quer aux mouvements de roulement certaines équations générales données
par Ijagrange.
)) L'Astronomie a reçu du Traité de Mécanique céleste de notre illustre et
regretté Tisserand, digne continuateur de Laplace, et de l'Ouvrage d'un de
nos Confrères, Sur les Méthodes nouvelles en Mécanique céleste, une très forte
impulsion, qui a donné naissance aussitôt à de nombreux et importants
travaux. D'autre part, elle a recueilli des renseignements plus précis sur
la constitution du système solaire, et plusieurs vastes entreprises, enga-
gées par elle depuis plusieurs années, ont commencé à porter leurs fruits.
Appelant à son aide la Photographie et la Spectroscopie, elle a pu étendre
le champ de ses recherches et pénétrer plus avant dans l'exploration des
espaces célestes. C'est ainsi qu'on a vu paraître récemment les premières
feuilles de la Carte photographique du Ciel, exécutée par une Commission
internationale, sur l'initiative de la France. Avec ses trente millions
d'étoiles, cette grandiose publication léguera à la postérité l'image exacte
du Ciel à notre époque. L'Atlas photographique de la Lune, qui s'y rat-
tache étroitement, donne déjà, pour une grande partie de la surface de
notre satellite, une image à la fois expressive et fidèle. Ses cirques pro-
fonds, ses hautes montagnes, ses nombreuses vallées, ses rayonnements
de cendres blanches, tout y est reproduit avec une exactitude qui n'a pas
encore pu être atteinte jusqu'à présent dans la représentation du sol de la
Terre qui nous porte.
» En même temps, la Spectroscopie, cette méthode admirable qui nous
a permis déjà de pénétrer dans la constitution intime des astres les plus
éloignés, a réussi à déterminer avec une précision de plus en plus grande
la vitesse du mouvement des astres dans le sens du rayon visuel, et il est
devenu possible de reconnaître qu'un grand nombre d'étoiles, en appa-
rence simples, sont en réalité des groupes d'astres, circulant les uns autour
des autres à des distances si faibles que les lunettes les plus puissantes ne
parviennent pas à les distinguer isolément. Elle a permis aussi de démon-
trer que les ondes lumineuses subissent l'influence des agents physiques
et, par l'analyse de ces effets, elle a pu confirmer que, dans le gigantesque
foyer de matières incandescentes qu'est l'enveloppe solaire, les gaz se
trouvent superposés dans l'ordre de leurs poids atomiques.
» La Physique nous a dotés de la télégraphie sans fil, dont le principe
a été posé le jour où l'illustre Hertz a établi que l'électricité se propage à
( io52 )
distance par voie de vibrations, à la façon <io la chaleur et de la lumière.
Grâce à elle, on a pu déjà correspondre de France en Angleterre à travers
la Manche, en franchissant une distance de cinquante kilomètres, relier
entre elles, tant en France qu'en Amérique, diverses stations maritimes,
rattacher Chamonix à l'observatoire établi au sommet du mont Blanc : ces
premiers succès justifient toutes les espérances.
)> La production et le transport de l'énergie électrique en vue des appli-
cations les plus variées : éclairage, locomotion, industries électrochimiques,
métallurgiques et autres, ont amené l'invention de machines électriques
affectant les formes les plus diverses et dans lesquelles le courant est pro-
duit dans les conditions les plus différentes, depuis les intensités les plus
faibles et les tensions les plus réduites, jusqu'aux intensités les plus fortes
et aux tensions comparables à celle de la foudre. La jouissance de ces
machines atteint aujourd'hui looo chevaux et l'on en construit qui dépas-
seront i5oo chevaux.
» Pour les mettre en marche, ou a demandé aux machines à vapeur des
vitesses de plus en plus grandes et aussi des puissances de plus en plus
fortes sous des volumes et des poids de plus en plus réduits, et, comme
conséquence, une utilisation de plus en plus complète de l'énergie calo-
rifique employée. De là, de grands progrès dans la construclion des
machines à vapeur ordinaires et dans leurs générateurs, qui ont permis
aussi aux locomotives de franchir sans arrêt d'énormes distances. De là,
surtout, une conception nouvelle, qui consiste à faire agir la vapeur
directement comme l'eau sur les aubes d'une turbine. Légères et peu
encombrantes, ces turbines à vapeur, qui font )usqu'à4oo tours par seconde,
ont aussitôt trouvé leur emploi naturel à bord des navires et surtout des
torpilleurs, où elles ont permis d'obtenir des vitesses inespérées. Les
navires à marche rapide faisaient naguère 35 kilomètres à l'heure, ils en
font maintenant 55, et les torpilleurs jusqu'à 65.
» Malgré les perfectionnements apportés aux moteurs à vapeur et la
meilleure utilisation qui en résulte pour les approvisionnements, après
tout limités, de combustible minéral dont l'industrie peut disposer, des
efforts considérables ont été faits pour utiliser les forces naturelles dispo-
nibles sous forme de chutes d'eau. Des travaux d'art gigantesques s'élèvent
déjà dans certains pays, spécialement favorisés par la nature sous ce rap-
port, et de puissantes turbines sont mises en service pour actionner les
générateurs d'électricité, dont l'énergie est utilisée sur place ou transportée
à distance pour alimenter des usines produisant l'éclairage, mettant eu
( io53 )
marche des véhicules, ou servant à des fabrications diverses, notamment
aux industries chimiques et métallurgiques.
» En modifiant les conditions de la vie sociale, la bicyclette, celte véri-
table merveille de mécanique, dont on disait tout à l'heure que la théorie
laisse place encore à bien des surprises, a provoqué l'étude de nouveaux
moyens de locomotion plus rai)ide; elle a été l'introductrice de la locomo-
tion automobile et de ses rapides développements, qui promettent une vie
nouvelle à nos vieilles routes abandonnées. Celle-ci, à son tour, a introduit
des perfectionnements dans les différents types de petits moteurs suscep-
tibles d'être appliqués à la mise en marche des véhicules, et de ce côté
aussi de remarquables progrès ont été accomplis.
» La production des fameux ravons X, dont la découverte si récente a
déjà provoqué tant d'utiles applications, a été améliorée par l'emploi de
tubes qui ne s'usent pas et donnent une surface radiante intense et presque
ponctuelle. On peut obtenir ainsi en peu de temps des radiographies très
nettes, résultat très important aussi bien pour la Médecine que pour la
Chirurgie, où cette nouvelle méthode d'investigation rend des services
chaque jour plus précieux.
» A côté de ces rayons, d'autres, encore plus mystérieux, ont pris place
dans la Science. Ils sont dégagés d'une façon continue par l'uranium, et
aussi par d'autres corps simples que l'on a découverts précisément par
cette singulière propriété et dont on connaît déjà trois : le radium, le polo-
nium, le troisième n'est pas encore nommé.
» Enfin les relations profondes et longtemps cachées qui existent entre
la matière pondérable et l'éther, et au sein de l'éther lui-même entre les
divers modes de vibration dont il est animé, en particulier entre les ondes
électriques et les ondes lumineuses, ont continué d'exercer avec succès les
efforts des physiciens.
» La Chimie nous a fait connaître l'argon, l'hélium et les autres gaz de
l'atmosphère qui sont, par rapporta l'azote et à l'oxygène, comme les petites
planètes par rapport aux grandes dans notre Système solaire.
» Maniant facilement, grâce au four électrique, les températures les
plus élevées jusqu'au delà de 35oo", elle a reproduit le diamant, étudié les
carbures métalliques et obtenu à l'état de pureté les métaux réfractaires,
en dernier lieu l'uranium, type des métaux radiants. Sachant aussi, d'autre
part, obtenir les températures les plus basses et jusqu'à — 257°, c'est-
à-dire jusqu'à i6° au-dessus du zéro absolu, non seulement elle a liquéfié
l'air, qui aujourd'hui se manie aisément à l'état liquide dans tous les lab -
( io54 )
ratoires, mais encore liquéfié, puis solidifié l'hydrogène, faisant ainsi dis-
paraître de la langue scientifique le mot de gaz permanent .
» Après avoir réalisé la synthèse des sucres, elle reproduit maintenant,
à partir de l'acide urique, avec le guano comme matière première, la
caféine du Café, la théobromine dn Cacao et dirige ses efforts, déjà cou-
ronnés d'un succès partiel, vers la reconstitution des alcaloïdes naturels,
notamment de la morpliine et de la strychnine. Après avoir fabriqué de
toutes pièces l'alizarine de la Garance et la vanilline de la Vanille, elle
reproduit aujourd'hui les essences de Violette, de Jasmin, de Lilas, d'Es-
tragon, d'autres encore, et nous fait espérer que, tout en reconstituant de
la sorte toutes les essences naturelles connues, elle saura en créer de nou-
velles, plus délicieuses, et réaliser ainsi, pour les parfums, ce qui a été fait
depuis une trentaine d'années pour les matières colorantes.
» Comme les Sciences mathématiques, la Physique et la Chimie se rat-
tachent l'une à l'autre par des liens chaque jour plus nombreux et tendent
ainsi vers l'unité. H en est résulté, à leurs limites, la constitution d'une
région nouvelle, la Physicochimie, avec ses diverses subdivisions : la Ther-
mochimie, la Photochimie, l'Eleclrochimie, etc., région dans laquelle se
sont accomplis déjà des travaux importants et qui est pleine de promesses
pour l'avenir.
» La Physique du globe comprend, comme on sait, l'étude des trois
parties dont se compose notre planète : l'atmosphère, les terres et les mers.
L'exploration de l'atmosphère à l'aide des cerfs-volants et des ballons-
sondes a ouvert une voie nouvelle à la Météorologie. A leur aide, on a pu
élever jusqu'à une hauteur de i5 kilomètres des appareils enregistreurs,
qui ont mesuré simultanément la température, la pression, l'état hygro-
métrique et fixé la composition chimique de l'air dans les hautes régions.
» La Géographie a fait un pas important vers la solution du problème
du continent austral. Si l'existence de ce continent n'est pas douteuse, en
raison de la nature des pierres que la drague rapporte du fond sur le bord de
la banquise, du moins les dernières expéditions conduisent à lui attribuer
une superficie moindre qu'on n'étail porté à lui supposer. De récents
voyages dans l'Asie centrale ont précisé la position des chaînes de mon-
tagnes de cette région et la constitution spéciale du sol dans les grands
déserts du Gobi et de la Mongolie. Les géologues, de leur côté, pénètrent
chaque jour plus avant dans la connaissance si difficile des régions dislo-
quées, telles que les Pyrénées et les Alpes en Europe, telles que les Andes
en Amérique.
( io55 )
» Maintenant que l'importance de son but est mieux comprise et que ses
méthodes d'investigation sont plus sûres, l'Océanographie marche à grands
pas. Vers le pôle Nord, les expéditions suédoises, danoises, anglaises et
françaises ont pénétré jusqu'à 86° de latitude et rencontré des profondeurs
de 5400 mètres. Dans les régions de latitude moyenne, le Pacifique, la mer
Rouge, la Méditerranée ont été explorés en tous sen.s. Vers le pôle Sud,
une expédition belge, dont l'heureux retour a été fêté ces jours-ci, a réussi,
pour la première fois, à hiverner dans la banquise antarctique; une expédi-
tion allemande a atteint le bord du continent antarctique par 53° de lon-
gitude E. et a trouvé là des profondeurs de 5ooo mètres. Une expédition
anglo-norvégienne vient de s'installer sur la terre Victoria pour un hiver
nage qui permettra de déterminer la position du pôle magnétique austral,
nécessaire à l'établissement définitif delà théorie du magnétisme terrestre.
Toutes ces explorations nous ont révélé la nature et la proportion des di-
vers organismes, animaux et plantes, qui peuplent la haute mer au voisi-
nage de la surface et dont l'ensemble constitue ce qu'on a nommé le
plancton. L'étude méthodique de ce plancton a été poursuivie avec succès,
notamment dans la mer du Nord, où les variations de sa composition
étaient d'autant plus utiles à connaître qu'elles semblent régler l'appa-
rition et la disparition des bancs de Harengs. La fondation, à Monaco, d'un
Musée océanographique, où seront centralisés tous les documents spéciaux
ainsi obtenus, facilitera désormais leur tâche aux explorateurs de toutes
les nations.
» Comme les Sciences mathématiques, comme les Sciences physiques,
les Sciences qui étudient les êlres vivants tendent déplus en plus à se con-
fondre en une seule : la Biologie. Chacun de leurs progrès récents marque
un pas de plus vers cette unification.
» La Biologie générale s'est attachée à l'étude du difficile problème des
diastases, ces singuliers corps azotés neutres qui transforment sans cesse,
par un mécanisme que la Chimie ne nous a pas encore expliqué, les ma-
tériaux de réserve en substances assimilables. Elle a fait connaître deux
catégories nouvelles de ces corps : les uns provoquent l'oxydation des ma-
tières soumises à leur action, ce sont les oxydases; les autres ne sont pas
diffusibles au dehors à travers les membranes des cellules et demeurent
intimement unis au protoplasme, dont on ne peut les séparer que par la
destruction; aussi a-t-on cru longtemps que leur action décomposante était
l'œuvre directe du protoplasme lui-même. Telle est cette zymase qui, pro-
duite par la Levure de bière dans les conditions d'asphyxie, provoque la
( io56 )
décomposition du glucose en anhydride carbonique et alcool, en un mot, l;i
fermentation alcoolique.
» La Biologie animale, ou Zoologie, a montré que les animaux les plus
simples, ceux qui ont la propriété de former des spores comme les Cham-
pii^nons, ce qui les a fait nommer Sporozoaires, produisent néanmoins des
œufs par le même mécanisme compliqiié qui est bien connu chez les ani-
maux supérieurs. Elle a fait voir que, chez certains parasites, l'oeuf donne
non pas un seul embrvon, mais tout un groupe d'embryons, devenant plus
tard autant d'animaux adultes, fait depuis longtemps constaté chez diverses
plantes. Elle a éclairé le mode de formation des vraies perles, en montrant
qu'elles se forment dans l'Huître perlière à la suite de la piqûre locale d'un
parasite, qu'elles sont le résultat d'une sorte de maladie contagieuse de
l'Huître. Elle a fait connaître la reproduction des Anguilles, qui vont
pondre à la mer, oii leurs œufs se développent en larves nommées Lepto-
céphales, qui remontent ensuite dans les rivières. Elle a établi, résultat
important au point de vue de la recherche des origines, que le corps des
Vertébrés est formé de segments comparables à ceux des Insectes et des
Vers annelés, la tète ne renfermant pas moins de sept de ces segments.
Aux fonctions bien connues du foie elle en a ajouté une nouvelle, en mon-
trant qu'il concentre et met en réserve le fer nécessaire à la constitution
et à l'entretien de l'organisme. Enfin, poursuivant l'étude de la contrac-
tion musculaire, soit statique, soit dynamique, elle a recherché les règles
qui gouvernent les transformations d'énergie dont le muscle est le siège
dans l'un et l'autre cas et qui sont la source de son travail.
» La Paléozoologie a découvert de nouveaux types d'animaux, notam-
ment de Vertébrés fossiles : Reptiles, Oiseaux et Mammifères de forme
étonnante, trouvés d'abord dans l'Amérique du Nord, aux Montagnes Ro-
cheuses, puis en dernier lieu dans l'Amérique du Sud, en Patagonie. Ces
tvpes nouveaux bouleversent les anciennes classifications, qui doivent
s'élargir et se transformer pour les recevoir; ils nous donnent en même
temps une idée plus complète de l'histoire de la vie animale à la surface du
globe.
» La Biologie végétale, ou Botanique, a établi cpie certaines Phanéro-
games, telles que les Cycades et le Ginkgo, forment leurs œufs à l'aide
d'anthérozoïdes mobiles etcUiés, assez semblables à ceux des Cryptogames
vasculaires, mais beaucoup plus grands, puisqu'ils sont visibles à l'œil nu,
ce qui a abaissé d'un degré la barrière qui sépare ces deux embranche-
ments. Elle a fait voir aussi que l'ovule manque chez bon nombre de
( ioJ7 )
Pharénogames de la classe des Dicotylédones, et montré, par la marche
diClérente des choses quand il fait défaut, par la variation de sa structure
quand il existe, qu'il est nécessaire de distinguer dans cette classe un bon
nombre de familles nouvelles et de préciser plus exactement les afdnilés
des anciennes, ce qui conduit à améliorer la classification de ces plantes.
Enfin, par la connaissance chaque jour plus précise des variétés et par le
choix chaque jour |)lus judicieux de celles qu'il convient de soumettre de
préférence à la culture, comme répondant le mieux aux besoins de l'homme,
elle est parvenue à augmenter dans une proportion considérable la récolte
des plantes agricoles, en particulier de la Betterave, de la Pomme de terre
et du Blé.
n La Paléobotanique a repris avec succès l'étude, inaugurée il y a
vingt ans, mais longtemps délaissée, du rôle qu'ont joué dès les temps
les plus anciens, notamment dans la formation de la houille, les petites
Algues incolores de la famille des Bactériacées. Elle a achevé ainsi de
démontrer que le rôle de ces plantes dans la fermentation et dans la des-
truction de la matière organisée avait pris déjà, dans ces âges si reculés,
toute l'importance que nous lui connaissons aujourd'hui.
» Celles qui vivent et pullulent dans la terre arable, la fertilisant si elles
y fixent l'azote de l'air et si elles oxydent l'azote pour faire de l'acide ni-
trique, la stérilisant, au contraire, si elles décomposent l'acide nitrique
pour en dégager et en perdre l'azote, préoccupent chaque jour davantage
les agronomes, qui en poursuivent activement la difficile étude. Celles qui
se développent dans le fumier de ferme le transforment peu à peu et lui
donnent enfin ses propriétés fertilisantes. Aussi, en s'appliquant à régler
la marche du phénomène, est-on parvenu à améliorer beaucoup la prépa-
ration du fumier, à éviter notamment les grandes pertes d'azote qu'on y
déplorait naguère.
» On sait, d'autre part, depuis les beaux travaux de notre grand Pasteur,
que la plupart des maladies de l'homme et des animaux domestiques sont
de même provoquées par le développement dans le corps de certaines Bac-
tériacées parasites. La connaissance approfondie des propriétés spécifiques
de ces plantes a conduit déjà à prévenir ou à guérir quelques-unes de ces
maladies et il est permis d'espérer que de nouveaux efforts réussiront peu
à peu à les vaincre toutes. Aussi voyons-nous, dans le monde entier, toute
une légion de travailleurs s'engager résolument dans cette voie difficile,
mais féconde en bienfaisantes découvertes. Bornons-nous à inscrire ici les
deux résultats le plus récemment obtenus dans cette direction.
C. R., i>99, 2' Semestre. (T. CXSIX, N» 25.) l4o
( io58 )
» D'une pari, on s'est appliqué à résoudre le problème très compliqué
delà préservation et de l'immunité. Tout d'abord on a été amené à attribuer
aux leucocytes le rôle prépondérant dans ce phénomène. Tantôt ils agis-
sent directement en détruisant, en digérant le corps même des Bactéria-
cées : ils sont phagocytes, il y a phagocytose, comme on dit. Tantôt ils
fonctionnent indirectement, en sécrétant des substances capables de com-
battre l'action des toxines produites par les Bactériacées, des antitoxines,
comme on les appelle. Plus tard, le rôle si actif joué j)ar les leucocytes
dans la défense de l'organisme a été reconnu appartenir aussi à d'autres
cellules, notamment à celles qui revêtent la paroi interne des vaisseaux.
» D'autre part, la peste ayant reparu d'abord dans l'Inde et tout récem-
ment en Portugal, à Oporto, on s'est attaché à son étude; on a découvert
]a Bactérie qui la provoque, montré le rôle que jouent les puces et les rats
dans la propagation du parasite, et surtout on est parvenu à produire un
sérum antipesteux, dont l'efficacité, déjà éprouvée dans l'Inde, apparaît
plus nettement encore à la suite des expériences toutes récentes faites à
Oporto. On est donc fondé à croire que les efforts de la Science ne seront
pas déçus, pourvu que la maladie lui laisse quelque répit et ne se répande
pas avant qu'aient pu être forgées les armes destinées à la combattre.
» Tel est le résumé, très succinct et sans doute aussi très incomplet, des
résultats le plus récemment acquis par la Science dans les diverses di-
rections où s'exerce son activité. Pour un si court espace de temps, c'est,
comme on voit, une abondante récolte.
» Au cours de cet exposé, pour n'offenser la modestie de j^ersonne, on
s'est abstenu de citer aucun nom. Mais tout le monde sait bien quelle large
part nos Confrères ont prise à tous ses progrès; on les a reconnus et salués
au passage. Aussi l'Académie, fière de leurs efforts et de leurs succès, pro-
clarae-t-elle ici par ma voix qu'ils ont bien mérité de la Science et de la
Patrie. Beaucoup d'autres aussi, qui n'ont pas encore pu prendre rang
parmi nous, tant à l'Etranger qu'en France, et notamment les nombreux
lauréats auxquels nos prix vont être décernés tout à l'heure, y ont puis-
samment contribué. L'Académie est heureuse de leur adresser à tous ses
remercîments et ses félicitations.
» Ne l'oublions pas, cependant : après tout, ce sont là seulement
quelques beaux cailloux, quelques précieux coquillages, ramassés un à un
sur le rivage chaque jour un peu plus découvert; la grande mer de la
A'érité n'en continue pas moins de s'étendre devant nous, presque aussi
( io59 )
profonde et presque aussi inconnue. Souvenons-nous-en, non pas certes
pour nous décourager, tout au contraire, pour nous exciter sans cesse à
de nouveaux efforts, dans la certitude que, dirigés par une méthode de
plus en plus sûre, ils seront aussi de plus en plus fructueux, en sorte que
peu à peu tous les voiles seront écartés, toutes les ombres dissipées, et
qu'enfin il sera permis à l'homme de contempler face à face toute la Vérité
dans la pleine lumière.
» Hélas! Messieurs, il n'est pas donné à tous ceux qui ont semé et cul-
tivé, de faire aussi la moisson. La mort emporte chaque année quelques-
uns d'entre nous. Depuis notre dernière séance publique, notre Académie
a perdu deux de ses Membres, M. Naudin, doyen de la Section de Bota-
nique, et M. Friedcl, doyen de la Section de Chimie, deux de ses Associés
étrangers, M. Frankland à Londres et M. Bunsen à Heidelberg, et cinq de
ses Correspondants, tous étrangers, M. Richards à Londres, M. Wiede-
mann à Liepzig, M. Marsh a New-Haven (Connecticut), M. Flower à
Londres et M. Riegenbach à Ollen. Chacun d'eux a reçu ou recevra, dans
la Section à laquelle il appartenait, tout l'hommage mérité par son talent
et ses services. J'ai, seulement le devoir de les rappeler ici en quelques
mots à votre souvenir.
)) Élève et ami deDecaisne, dont il fut longtemps l'aide-natnraliste dans
la chaire de Culture du Muséum d'Histoire naturelle, M. Naudin s'est fait
connaître du monde savant d'abord par d'importants travaux descriptifs,
en particulier par une monographie de la grande famille des Mélasto-
macées, puis et surtout par une longue et belle série de recherches sur
l'hybridité et sur la variation, qui a obtenu le grand prix de Physiologie au
concours de 1861 et lui a ouvert les portes de l'Académie des Sciences
dans la Section de Botanique en i863. H aurait pu tout aussi justement y
entrer dans la Section d'Économie rurale. De bonne heure, en effet, il
s'était intéressé à l'art de la Culture. Sur ce vaste sujet, on lui doit un très
grand nombre d'articles, publiés dans les revues et journaux spéciaux, et
un Manuel de l'Amateur des jardins en qualre \o\ames, rédigé en collabo-
ration avec Decaisne. Depuis bien des années déjà, toujours retenu dans
le Midi, d'abord par un établissement de Botanique expérimentale qu'il
avait fondé à Collioure, puis par la direction du Laboratoire et du Jardin
botanique créés à Antibes par Gustave Thuret et généreusement légués à
l'État par sa famille, M. Naudin ne faisait plus à Paris que de rares et courtes
apparitions. Aussi la plupart d'entre nous ne le connaissaient-ils que de
( lofio )
nom. Il continuait pourtant à s'intéresser à nos travaux et à nous donner
des preuves de sa propre activité en publiant, entre autres Ouvrages, un
Manuel de r Acclimateur et deux Mémoii'es importants sur les Eucalyptes,
qui montrent Lien toute l'utilité de ces Jardins d'essai, lorsqu'ils sont
dirigés par un savant expérimenté. Il est parti, nous a dit celui de nos Con-
frères qui l'a le mieux connu, laissant le souvenir d'un homme bienveillant,
d'un brillant causeur, d'un esprit vif, original, très ouvert, qui se mouvait
avec la même aisance dans le domaine des faits, dans celui des idées et
dans celui de l'imagination, d'une âme virile, que les épreuves les plus
cruelles n'ont pu abattre.
» Elève de Wurlz et son successeur dans la chaire de Chimie organique
de l'Université de Paris, M. Friedel a consacré tous ses efforts à continuer
et à développer l'œuvre de son illustre maître et ami. Par ses nombreux et
importants travaux, par son enseignement à l'Ecole Normale et à la
Faculté des Sciences, par les élèves distingués qu'il a formés dans son
laboratoire et tout récemment encore par cette Ecole de Chimie pratique
appliquée à l'industrie qu'il venait de fonder à la Sorbonne et à laquelle il
donnait sans compter tous ses soins, il a exercé une grande et féconde
influence sur les progrès de la Chimie organique dans notre pays durant
le dernier quart de siècle. On lui doit notamment de belles recherches sur
les aldéhydes, les acétones et les acides organiques, une série de travaux
sur les combinaisons du silicium qui ont mis en évidence les étroites ana-
logies entre ce corps et le carbone, et une nouvelle méthode de synthèse
fondée sur l'emploi du chlorure d'aluminium, méthode dont l'admirable
fécondité est encore loin d'être épuisée. La Minéralogie avait eu tout
d'abord sa prédilection; il était Conservateiu' des Collections minéralo-
giques de l'Ecole des Mines, et c'est cette Science qu'il a enseignée à
l'Ecole Normale et aussi à la Sorbonne avant d'y recueillir la succession
de Wurtz. Il n'a pas manqué de l'enrichir de nombreuses observations,
cristallographiques et cristallophysiques, en même temps qu'il réussissait
à reproduire un grand nombre de minéraux naturels. Tout autant que
l'étendue et la variété de ses connaissances, nous savions apprécier l'affa-
bilité de son caractère, la droiture de son esprit, l'élévation de son âme,
infatigablement éprise de vérité et de justice, et, pour tout dire en un mot,
la haute valeur morale de sa personne.
» Professeur de Chimie à l'Institution royale de la Grande-Bretagne et
à l'Ecole des Mines de Londres, M. Frankland s'est illustré par la décou-
verte des combinaisons organo-métalliques, ces singuliers corps composés
( T06l )
qui, comme le cyanogène, jouent le rôle de corps simples, et dont les
types sont le zinc-éthyle et le zinc-méthyle. Il a fait connaître ensuite plu-
sieurs procédés généraux de synthèse qui, se fondant sur l'emploi de ces
combinaisons, ont contribué à fixer la valence des métaux et leur satura-
tion. Parmi beaucoup d'autres recherches, on lui doit aussi d'importantes
études sur les eaux potables et les eaux vannes, qui ont conduit à améliorer
les conditions hvgiéniques de la ville de Londres.
» La longue vie de M. Bunsen s'est écoulée tout entière dans le labora-
toire et dans la chaire de Chimie de l'Université de Heidelberg. Dès 1837,
il y établissait sa réputation en découvrant dans le cacodyle, ou arsenic-
dimélhyle, le premier et le type de cette série de radicaux organo-métal-
liques dont M. Frankland a depuis, comme on vient de le rappeler, enrichi
la Chimie. Plus tard, à l'aide d'une pile nouvelle qui porte son nom, il a
isolé le calcium, le baryum, le strontium, et fait connaître les propriétés
de ces métaux. Chacune des étapes de sa longue et laborieuse carrière a
été marquée ainsi par quelque nouveau progrès. Mais surtout il a eu la
gloire d'attacher son nom à l'une des découvertes les plus considérables
de la Science moderne, celle du spectroscope et de l'analyse spectrale, faite
en collaboration avec Kirchhoff, son collègue dans la chaire de Physique
de l'Université. On sait combien cette méthode a été et continue d'être
féconde, et qu'après nous avoir fait connaître toute une série de nouveaux
corps simples dont Bunsen et Rirchhoff ont trouvé les deux premiers,
le cîEsium et le rubidium, elle a permis de démontrer l'unité de composi-
tion chimique de tous les astres et de prouver ainsi l'identité de la matière
dans toute l'étendue de l'Univers, résultat de la plus haute importance,
on le comprend, pour la Philosophie naturelle.
» Après s'être acquitté avec succès de plusieurs missions hydrogra-
phiques, longues et difficiles, notamment la reconnaissance des côtes et des
îles de l'Amérique occidentale dans une région où la nature paraît avoir
accumulé tous les obstacles, opération qui n'a pas duré moins de sept
années, l'amiral Richards, alors seulement capitaine de vaisseau, fut nonuiié
en i863 au poste élevé d'Hydrographe de l'Amirauté anglaise. Là, pendant
dix ans, il a consacré son activité à améliorer le service qui lui était confié,
tant au point de vue des méthodes scientifiques qu'à celui de la production
générale. C'est sous sa direction que furent organisés divers groupes d'ex-
ploration des mers, et notamment en 1872 la célèbre expédition du Chal-
lenger. C;'est à lui également que sont dues les études préliminaires con-
( 1003 )
cernant les missions anglaises du premier passage de Vénus sur le Soleil.
Dès 1866, notre Académie l'avait nommé Correspondant dans sa Section de
Géographie et de Navigation.
» Professeur de Mathématiques à l'Université de Christiania depuis 1877,
M. Lie avait répondu en 1886 à l'appel très honorable de TUniversité de
Leipzig, où il a enseigné jusqu'en 1898; mais, tout récemment, il était
revenu dans son pays natal pour y occuper la chaire que le parlement de
Norvège lui avait spécialement réservée, en la dotant pour lui d'un traite-
ment exceptionnel. Après une première étude où il a su trouver une trans-
formation singulière qui fait correspondre à toute ligne droite une sphère,
qui fait dériver par conséquent de toute proposition relative à un système
de lignes droites Tin théorème relatif à un ensemi)le de sphères, et vice versa,
il a été conduit à construire progressivement cette magistrale théorie des
groupes continus de transformations qui constitue son œuvre la plus im-
portante et qu'il a t^v la suite appliquée à un grand nombre de sujets par-
ticuliers, notamment à la théorie des surfaces minima et à celle des surfaces
à courbure constante. Ces beaux travaux ont eu le privilège de réunir dans
une commune admiration les géomètres et les analystes, et ils ont beaucoup
contribué à ce rapprochement, à cette unification des Sciences mathéma-
tiques à laquelle on a fait tout à l'heure allusion. Aussi, dès 1892, notre
Académie s'était-elle attaché M. Lie comme Correspondant dans sa Section
de Géométrie.
M M. Wiedemann était, depuis 1871, professeur de Chimie physique à
l'Université de Leipzig, et depuis 1893, notre Correspondant dans la Section
de Physique. On lui doit de nombreux travaux sur l'Électricité et le Ma-
gnétisme, en particulier des recherches devenues classiques sur l'Électro-
chimie et les propriétés des dissolutions salines, sur la conductibilité des
métaux pour la chaleur comparée à leur conductibilité électrique, sur l'ai-
mantation du fer et de l'acier et ses relations avec les déformations méca-
niques, enfin sur la rotation du plan de polarisation de la lumière sous
l'influence du courant électrique, qu'il a démontrée le premier être
proportionnelle à l'intensité du courant. En 1877, il a pris la direction
des célèbres Annales de Poggendorff, qui sont devenues les Annales
de Wiedemann, et il a su conserver à cette publication toute l'auto-
rité que lui avait donnée son fondateur. Mais son œuvre principale, à
laquelle il a consacré une grande partie de son existence, est un Traité
général d'Électricité et de Magnétisme. Véritable monument scientifique,
( io63 )
cet Ouvrage a eu, sous des titres différents, quatre éditions successives; le
dernier volume de la dernière édition, qui en compte quatre, a paru en
1898, peu de mois avant la mort de l'auteur.
)) M. Marsh, de New-Haven (Connecticut), Correspondant dans la Sec-
lion de Minéralogie, a consacré sa grande fortune à la recherche des Ver-
tébrés fossiles. Il a fait dans ce dessein aux Montagnes Rocheuses une longue
suite de pénibles et périlleuses explorations. Il en a rapporté des monceaux
d'osscmenls, qui lui ont permis de reconstituer une multitude d'animaux
gigantesques et étranges qui ont étonné le monde scientifique et qu'il a
décrits dans de magnifiques publications. Tout récemment, dans un admi-
rable élan de générosité, il a fait don à Yale University de ces splendides
collections. Pour tout cela, son nom restera honoré par tous ceux qui s'in-
téressent à l'histoire de la vie dans les temps passés.
» M. Flower, surintendant du département zoologique du Brîtish
Muséum, oii il a remplacé Richard Owen en 1874. occupait parmi les
naturalistes anglais une situation des plus élevées. Pendant plus de trente-
cinq années, il s'est consacré à l'élude de l'Anatomie comparée et ses
principaux travaux ont eu pour objet les Mammifères. On lui doit notam-
ment de belles recherches sur la conformation de l'encéphale dans les
Vertébrés supérieurs, sur le cerveau et la dentition des Marsupiaux, sur
les homologies existant entre la ceinture pelvienne et la ceinture scapulaire
des Vertébrés, sur le crâne des Carnassiers, et toute une série de Mémoires
sur les grands Mammifères de l'ordre des Cétacés. Tous ces travaux l'ont
désigné, en 1893, au choix de notre Académie, qui l'a nommé Correspon-
dant dans sa Section de Zoologie.
» Attaché d'abord comme ingénieur à la construction des chemins de
fer de l'Ouest Suisse, M. Riggenbach a été le promoteur du lançage des
ponts métalliques, procédé qui, après des perfectionnements successifs, a
été étendu, comme on sait, à des portées de plus en plus grandes, aujour-
d'hui gigantesques. On lui doit la création du système à crémaillère pour
les chemins de fer de montagne, système qu'il a inauguré de 1871 à 1874
sur les deux versants du Rigi avec une pente maximum de 20 pour 100,
et qui a reçu depuis de si nombreuses applications. On lui doit aussi la
construction des chemins de fer funiculaires à caisse d'eau, l'éalisée d'abord
en Suisse, puis dans beaucoup d'autres pays. Grâce à lui, les voies ferrées
pénètrent désormais dans les gorges les plus escarpées et atteignent le
sommet des plus hautes montagnes, rendant d'immenses services à des
populations qui n'avaient avant lui aucun espoir d'être jamais desser-
( io64 )
vies autrement que par d'étroits chemins de mulets ou par de périlleux
sentiers. C'est pour récompenser ces éminents services que l'Académie
avait élu, en i8i)3, M. Riggenbach comme Correspondant dans sa Section
de Mécanique.
1) Vous le voyez, Messieurs, Meml)res ordinaires, Associés ou Corres-
pondants, chacun de ces Confrères disparus, par une belle et libre intel-
ligence, par un labeur obstiné et fécond, par un dévouement de toute la
vie aux idées supérieures, a largement contribué à accroître le patrimoine
de la Science, à en répandre au dehors les bienfaits, à la faire aimer et
respectei', justifiant ainsi toutes les espérances que le monde moderne a
placées e,i elle et nous laissant la tranquille assurance que dans l'avenir
les plus hautes même ne seront pas déçues. Aussi leur garderons-nous à
tous un souvenir reconnaissant. i>
PRIX DÉCERNÉS
ANIMÉE 1899.
GE03IETRIE.
PRIX BORDIN.
(Commissaires : MM. Poincaré, Emile Picard, Maurice Lévy, Appell;
Darboux, rapjiorteur.)
L'Académie avait rais au concours, pour le prix Bordin à déceriier
en 1898, la question suivante:
Étudier les questions relatives à la détermination , aux propriétés et aux
( io6t )
applications des systèmes de coordonnées curvilignes orthogonales à n i^ariahles.
Indiquer en particulier, et d'une manière aussi précise que possible, le degré
de géuéralité de ces syslèmes.
Un seul Mémoire fut, envovc an concours, [iiscrit sons la devise
L'imagination prix de l'expéiience des sens ne nous permet pas de nous fip;uier plus
d'une rencontre de deux di-oites ; mais ce n'est pas sur quoi la Science doit être fondée.
Leibnitz.
il contenait des résultats très dignes d'intérêt; mais son auteur y annon-
çait l'envoi d'un Supplément; et ce Supplément parvint seulement le
i*'' décembre à l'Académie. Dans ces conditions. l'Académie décida, sur la
proposition de la Commission, ùi\ laisser le concours ouvert et de main-
tenir pour l'année 1899 la question cpi'elle avait proposée pour 1898.
Depuis l'année dernière, trois nouveaux Mémoires ont été envovés au
concours. Un seul, inscrit sous le n" 4 et portant la devise
[^'esprit ne peut se soumettre qu'à ce qui est esprit,
a été retenu par la Commission. Son écriture, sa rédaction et un renvoi
formel nous permettent de reconnaître; c[u'i! émane de l'auteur qui avait
déjà concouru l'année précédente.
La Commission s'est donc trouvée en présence d'un travail unique,
envoyé par fragments à des époques différentes et ilans lequel se trouve
abordée par cinq méthodes distinctes la principale des questions sur les-
quelles l'Académie avait appelé l'attention des concurrerîts : à savoir le
degré de généralité des .systèmes orthogonaux dans l'espace euclidien
à n dimensions.
Dans le Mémoire de 1898 l'auteur rattache l'étude de ce point essentiel
aux propositions générales que nous devons à MM. Riquieret Delassus sur
la réduction des systèmes les plus généraux d'équations aux dérivées par-
tielles à une ou à plusieurs fonctions inconnues. En particulier, il donne
une exposition à quelques égards nouvelle de la méthode de M. Delassus.
Dans le même Mémoire, il indique une seconde démonstration reposant
sur la considération de ce système qui a été introduit par l'un de nous sous
le nom de système auxiliaire. Étant donné un système d'écjuations différen-
tielles ou aux dérivées partielles, ce système auxiliaire est le système
linéaire auquel doivent satisfaire toutes les solutions infiniment voisines
d'une solution particulière cjuelconque du système.
Dans le Supplément envoyé en décembre au Mémoire de 1898, il
r. R., 1899, 'i' Semestre. (T. CXXIX, N- 25.) l/jl
( io66 )
reprend l'étude de la même question, soit en employant les méthodes de
M. Riquier, soit en étudiant le système des équations aux dérivées par-
tielles du troi-;ième ordre auquel doit satisfaire chacune des fonctions in-
connues.
Le Mémoire de 1899 n'est pas consacré, comme on pourrait le supposer,
au développement du travail précédent. L'auteur remarque que la fpies-
tion proposée par l'Académie est comprise dans la suivante :
Étant donnée une forme quadratique de différentielles
:Llaikdxid.Vi„
déterminer, dans les cas où elles existent, toutes les formes équivalentes qui ne
contiennent que les carrés des différentielles?
et il a abordé l'étude des formes différentielles dont il n'avait pas fait usage
dans son premier travail.
Il reprend d'abord avec quelques développements la méthode que
M. Christoffél a développée dans un travail classique pour reconnaître si
deux formes quadratiques données de différentielles sont équivalentes et
cherche ensuite à appliquer les critères obtenus en supposant que l'une au
moins des deux formes quadratiques ne contienne que les carrés des diffé-
rentielles.
Cet exposé, dans lequel nous avons dû négliger l'étude de certains pro-
blèmes accessoires faite par l'auteur, montre assez cpielle est l'étendue de
ses connaissances et la fertilité des ressources dont il dis[)ose.
Malheureusement les démonstrations ne sont pas présentées avec la
précision que l'Académie était en droit d'exiger et sur laquelle elle avait
expressément appelé l'attention des concurrents. La rédaction, d'ailleurs,
fait défaut presque complètement, malgré tout le temps qui a été laissé aux
concurrents pour l'étude d'une question qui est, en somme, très limitée.
D'après cela, la Commission propose de clore le concours, de ne pas
décerner le prix, mais d'accorder une mention très honorable à M. Jdles
Dracii. auteur des travaux que nous venons d'analyser en lui accordant
une récompense sur les fonds du prix Bordin.
( '"^7 )
PRIX FRANCOEUR.
(Commissaires : MM. Picarfl, Appell, Hermite;
Darboux et Poincaré, rapporteurs.)
Le prix est attribué à feu M. Le Cordif.r.
Une mention très honorable est en outre accordée à M. IjE Roy.
PRIX PONCELET.
(Commissaires : MM. Poincaré, J. Bertrand, Appell, Sarrau;
Darboux, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à ^L E. Cosserat, pour l'ensemble de
ses travaux de Géométrie et de Mécanique.
MECANIQUE.
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS.
(Commissaires: MM. de Russy, Guyou, de Jonquiéres, Sarrau,
Bouquet de la Grye.)
Rapport sur les travaux de M. le commandant Baills, par M. de lîussv.
Le Mémoire de M. ie commandant Bahxs, intitulé : Géométrie des dia-
grammes, complété par les additions que l'autenr y a faites postérieurement
il ia publication de son Travail dans la Rr^vue maritime, fournit pour la rc-
clierche des causes qui ont amené l'abaissement du rendement d'une ma-
chine à vapeur un procédé qui a le grand avantage d'être rapide. Le travail
qu'entraîne son application n'est pas considérable et les résultats obtenus
( ioG8 )
iii(li(]Liei()iit à un mécanicien les améliorations à apporter à l'état des or-
e;anes de la distribution.
Certainement le calcul, d'après les diagrammes obtenus avec l'indicalenr
de Watl, des quantités de vapeur existant dans un appareil à différentes
époques, n'est pas chose nouvelle, mais la méthode inventée par le com-
mandant Baills est aussi simple qu'élégante. La construction qu'il indique
permet de comparer rapidement et nettement le poids de vapeur existant
dans les divers cylindres avec celui qu'ils devraient renfermer s'il n'y avait
ni fuites, ni condensations, et par suite de déterminer la valeur des pertes.
Il y a lieu d'observer que ce contrôle ne peut se faire qu'en comparant les
résultats obtenus en marche de campagne avec ceux des essais officiels de
recette pour lesquels toutes les précautions ont été prises en vue d'éviter
des pertes de vapeur, et cette comparaison doit se faire sensiblement dans
les mêmes conrlitions de marche, nombre de tours, introduction, pression
d'admission, réchauffage, et avec une même activité de combustion aux
chaudières. Or le nombre des essais est toujours assez considérable pour
que l'on puisse se rapprocher de l'un d'eux.
Nous estimons donc que les travaux de M. le commandant Baills faci-
literont la conservation en bon étal de rendement des appareils moteurs
de la flotte et contribueront par suite au développement de nos forces na-
vales.
La Commission du prix extraordinaire de six mdle francs lui décerne à
l'unanimité un prix.
Rapport sur les travaux de MM. Charbonnier el Galy-Aché;
par M. Sahrau.
Dans un Mémoire sur la mesure des pressions de la poudre au moyen de
cylindres crushers, MM. Charbonnier et Galy-Aché, capitaines d'Artillerie
de la Marine, viennent de faire une nouvelle étude des conditions dans
lesquelles le manomètre à écrasement, dit crusher, peut ilonner l'éva-
luation exacte des pressions développées par les gaz de la poudre dans les
armes. Les études étendues dont cet appareil a été l'objet, dans les Ser-
vices de la Guerre et de la Marine, depuis les premières recherches qui
ont conduit la Marine à l'adoption de l'artillerie modèle 1870, ont fait con-
naître les conditions qui assurent s,o\-\ fonctionnement statique, c'est-à-dire
rendent ses indications sensiblement exemptes de l'effet des forces d iner-
tie. Ces conditions sont aujourd'hui réalisées, soit dans le développement
( '"^^!» )
normal fies j3ressioiis explosi^■es, soil dans les opérations du tarage; mais
la durée de l'écrasemetit étant, dans le premier cas, beaucoup plus petite
que dans le second, la question s'est présentée de savoir s'il n'en résulte
pas, dans la loi de résistance à l'écrasement, une modification telle que
récrasement correspondant à un même efl'ort ne soit pas le même dans
les deux cas, ce qui impliquerait erreur dans l'évaluation des pressions
explosives.
Cette question a été envisagée par M. Vieille qui a trouvé expérimenta-
lement que l'influence de la durée de Ipcrasement peut être considérée
comme négligeable, quand il s'agit de comparer entre elles les pressions
explosives développées dans des temps dilïérents, d'après les indications
correspondantes des crushers; mais quand il s'agit de la mesure absolue
de ces pressions, il devient nécessaire desavoir quelle peut être l'influence
de la différence très considérable de durée qui se produit en jiassant du
|)hénomène explosif au tarage.
A la suite d'ex|)ériences faites avec la balance de Jœssel, M. G. Cliarpy
a trouvé que celte influence était appréciable et que, pour évaluer la pres-
sion explosive, la pression de la table correspondant au même écrasement
devait être augmentée d'une quantité dont l'auteur n'a pu qu'indiquer
l'ordre de grandeur et qu'il y aurait à déterminer par de nouvelles expé-
riences.
C'est cette détermination que MM. Charbonnier et Galy-Aché ont en-
treprise, au laboratoire central de la Marine, en substituant à la balance
de Jœssel le manomètre à piston bbre de M. Vieille pour la détermi-
nation des résistances luiiites.
Procédant d'abord suivant une méthode dont le principe avait été déjà
utilisé par M. Vieille et par la Commission deGâvre, ils ont constaté que
la résistance finale d'un cylindre crusher écrasé, dans l'opération du ta-
rage, entre les enclumes du manomètre à piston libre est moindre que celle
d'un autre crusher écrasé de la même quantité par l'action des gaz de la
poudre ; c'est-à-dire que, si l'on désigne |)ar P la force qui a |)roduit l'écra-
sement du premier crusher, il est nécessaire d'appliquer au second, pour
y déterminer une nouvelle déformation permanente, une force P + AI^,
l'excès AP atteignant 8 à lo |)our loo de la valeur de 1*. Les auteurs en
concluent que cet excès représenterait la correction à appliquer au nombre
de la Table de tarage pour évaluer la pression maximum si, dans l'écra-
sement rapide, la température du cylindre était la même que dans l'écra-
sement lent; en fait, elle est notablement plus élevée et, comme la résis-
( 1070 )
lance du métal diminue quand la tem|jéiMlure augmente, une seconde
correction est nécessaire; les auteurs l'évaluent dans la suite de leur
Tra va i 1 .
Pour compléter leur élude, les aulcnrs ont considéré les écrasements
produits par des poids tombant sur les cylindres crushers en enregistrant
le mouvement de ce poids, de manière à avoir l'écrasement variable en
fonction du temps pendant la durée totale du phénomène, laquelle était,
dans les conditions de leurs expériences, du même ordre de grandeur que
les durées des écrasements que la pression des gaz réalise dans les canons.
Ils ont ensuite cherché, à la température ordinaire et avec le mano-
mètre à piston libre, les résistances finales des crushers ainsi écrasés, de
manière à constrtnre une courbe ayant les écrasements comme abscisses
et les résistances comme ordonnées (courbe A).
De plus, ayant préalablement déterininé par des mesures calorimé-
triques la température développée dans les cylindres pendant leur écrase-
ment par les poids et ayant, d'autre part, cherché avec le manomètre la
résistance de cylindres portés directement à la même température, ils ont
construit une seconde courbe dont les ordonnées, égales à celles de la
courbe A diminuées des ~ environ de leurs valeurs, représentent les ré-
sistances finales des crushers à la température des écrasements dus aux
pressions exjilosives (courbe B).
Enfin, une troisième courbe (courbe C) se déduit, par simple différen-
tiation, de la relation expérimentale qui existe entre les écrasements
finaux et le travail total correspondant de la résistance à l'écrasement
c|ue mesure, dans chaque expérience, le produit da poids par la hauteur
de chute.
C'est en utilisant ces données d'expérience et en leur attribuant une
interprétation confirmée par la discussion des tracés que les auteurs
arrivent à cette conclusion que la Table représentée par la courbe B, dont
les nombres sont de 6 pour 100 environ au-dessous des nombres corres-
jjondanls de la Table réglementaire, donne la jn'ession maximum et que
la combinaison des courbes B et C permet de déterminer la loi de la varia-
tion des pressions en fonction du temps.
Ces conclusions ont été soiunises, en outre, à une vérification expéri-
mentale directe consistant à employer simultanément dans le canon deux
crushers enregistreurs, l'uu en cuivre, l'autre en argent.
Le Mémoire se ternune par les Tables nécessaires à l'emploi pratique
des crushers.
( i<>7' )
Ce travail, conduit avec beaucoup de soins et de méthode, a exigé la
réalisation d'un nombre considérable d'expériences à l'occasion desquelles
les auteurs ont introduit de notables perfectionnements dans les appareils
de mesure en usage; la fabrication des cylindres a été améliorée pour
éviter des défauts d'homogénéité qui ont pu, dans d'autres expériences,
masquer l'allure réelle- des phénomènes; il constitue une contribution im-
portante aux recherches persévérantes qui ont été faites, dans ces der-
nières années, pour accroître la précision des expériences de balistique
intérieure, et la Commission, en a|)préciant le grand mérite, propose à
l'Académie de décerner à MM. Ciiakbo.v.mer et Galy-Aché un prix sur
les fonds mis à sa disposition par le Ministère de la Marine.
Rapport sur les travaux du capitaine (le frégate ^. Perrin; par M. Guyou.
M. Edouard Pekuin, actuellement capitaine de frégate, commandant du
Galilée, est sorti de l'Ecole Navale en 1871. Depuis cette époque, il a con-
sacré à l'étude des diverses branches des Sciences nautiques tous les loisirs
que lui laissaient ses devoirs professionnels, et publié une série de Mémoires
qui ont attiré l'attention du public maritime, non seulement en France,
mais encore à l'étranger.
Les Mémoires de M. E. Perrin, qui ont, le plus souvent, pour objet l'ex-
position de méthodes nouvelles poui- résoudre d'importants problèmes de
navigation, se distinguent par deux qualités essentielles : leur précision
scientifique et le soin avec lequel sont traités les détails pratiques d'appli-
cation. Sur ce dernier point, les conseils de l'auteur sont d'autant plus pré-
cieux qu'il est lui-même très habile praticien, et qu'il n'a jamais négligé,
avant de conseiller une méthode, 'd'en faire personnellement de nombreuses
applications pour s'assurer de sa valeur pratique.
Son premier Oiivr;ige date île 187G. A cette époque, le ca[)itaine de fré-
gate Marcq de Suint-IIilaire venait de publier, dans la Revue maritime, les
lumineux Mémoires dans lesquels ont été exposés pour la première fois
les vrais |)rincipes des nouvelles méthodes de navigation. Pour l'application
de ces méthodes, il devenait nécessaire de déterminer l'azimut de chaque
astre observé, et les marins, qui jusqu'alors n'utilisaient cet élément que
pour contrôler le compas, n'avaient à leur disposition que des Tables
dressées spécialement pour le Soleil, et applicables, par suite, seulement
aux astres voisins de l'équateur. M. Perrin fit voir que, par une transfor-
mation très simple, la formule qui relie l'angle au pôle et l'azimut à la de-
( i"72 )
clinaison et à In latitude pouvait être réduite à trois termes faciles à mettre
en Tables, et que les Tables ainsi dressées facilitaient non seulement la
recherche de l'azimut, mais encore celle de divers éléments fréquemment
utiles à la mer. IjCS Tables de M. Perrin comblèrent d'une façon si heureuse
la lacune qui existait dans les recueils de Navigation qu'elles furent bientôt
adoptées à l'École Navale où elles sont encore réglementaires, et repro-
duites dans divers recueils étrangers.
Dans les années suivantes, de 1877 à 1881, 3.Î. Perrin, en collaboration
avec son collègue M. Beuf, entreprend l'élude théorique et ex|,érimentale
des problèmes des distances lunaires et des occultations d'étoiles au point
de vue spécial de leurs applications à la mer. A cette époque, l'opinion
générale, basée sur i]es considérations théoriques erronées qui ont été
rectifiées depuis, était que les petites distances devaient être écartées de
la pratique à cause de l'importance des erreurs qu'elles pouvaient occa-
sionner. Cependant le contre-amiral Mottez, très habile observateur, avait
déjà constaté, à la mer, que les meilleurs résultats lui étaient donnés en
général par les plus petites des distances que fournissait alors la Connais-
sance des Temps. MM. Perrin et Beuf firent en 1877 et 1878 de nombreuses
observations pour élucider cet important sujet, et constatèrent que non
seulement l'avantage signalé par l'amiral Mottez était bien réel mais encore
qu'il s'étendait jusqu'aux très petites distances. Ce résultat était d'autant
plus intéressant que l'observation de ces distances offre dos facilités excej)-
tionnelles. C'est à la suite d'un Rapport dans lequel ces deux officiers
exposèrent le résultat de leurs travaux que le Bureau des Longitudes
décida l'insertion des petites distances dans la Connaissance des Temps.
Depuis 1880 ce Recueil donne les distances lunaires jusqu'aux limites de
petitesse au-dessous desquelles l'interpolation deviendrait impraticable.
Comme complément indispensable de leur travail MAI. Perrin et Beuf
donnèrent une formule de réduction nouvelle pour remplacer les formules
usuelles dont l'approximalion devenait insuffisante poiu- les très petites
distances (^Comptes rendus, t. LXXXVI, p. 708; 1878).
Les résultats des recherches de ces officiers sur lesoccidtations d'étoiles
ont été publiés dans la l{evue maritime eu 1882; cette publication a valu à
ses auteurs une mention honorable du Ministère de la Marine.
Dans un travail publié en 1884 par la Revue maritime , M. Perrin appelle
l'attention sur les services que peut reniire, dans certaines circonstances,
la méthode des hauteurs correspondantes du Soleil [)our déterminer le
pointa la mer. [| (ait remarquer que les diverses raisons qui ont fait écarter
( I073 )
cette méthode par les praticiens disparaissent lorsque le Soleil culmine
dans le voisinage du zénith, circonstance (|ui se présente assez fréquem-
ment d'ans les navigations intertropicales. Alors, en effet, dans un intervalle
qui peut ne pas dépasser quelques miinites, et qui n'atteint |)as une heure
même lorsque la distance zénithale méridienne est de 20° à 25°, le marin
peut recueillir les éléments nécessaires à la détermination du point et ob-
tenir ce résultat par un calcul très rapide. M. Perrin donne, dans son
Mémoire, des formules nouvelles et une Table très simple, spécialement
applicables au cas des petits intervalles. Pour étendre sa méthode aux cas
où l'intervalle dépasse une heure et, par suite, au réglage des chronomètres
par des observations à terre, il suffit de tenir compte d'un terme correctif
donné par l'auteur dans une petite Table supplémentaire.
En i885, M. Perrin, chargé des montres à bord du La Galissonnière, mit
à profit sa campagne dans les mers de Chine pour vérifier l'exactitude de
nos Tables de dépression apparente de l'horizon de la mer. Ces Tables ont été
calculées avec la valeur o, 08 du coefficient de réfraction géodésique, valeur
qui a été déduite exclusivement d'observations faites à terre. Déjà l'ingé-
nieur hydrographe de Tessan, pendant la campagne de circumnavigation
de la Vénus (i836 à iSSg), avait constaté par de nombreuses mesures
directes de dépression que la valeur 0,08 était trop forte. M. Perrin fit
soixante-deux mesures nouvelles très précises avec un cercle répétiteur de
Borda, muni à cet effet d'un miroir spécial imaginé par l'ingénieur hydro-
graphe Daussy. Il résulte de ces observations que la valeur du coefficient
de réfraction géodésique pour la mer devrait être réduite à o,o5. Ce ré-
sultat concorde avec celui qu'avait indiqué M. de Tessan. Les observations
de M. Perrin ont été insérées aux Comptes rendus (t. Cil, p. 495 et 597).
A son débarquement du La Galissonnière, M. Perrin est détaché à l'ob-
servatoire de Montsoutis. Ayant eu l'occasion, au cours de ses nouvelles
études, de s'occuper de la méthode de détermination du temps local et de
la latitude par plusieurs hauteurs égales d'étoiles, et frappé de la préci-
sion surprenante obtenue avec des instruments imparfaits par Gauss
d'abord, puis par d'autres observateurs, il en entreprend l'étude au point
de vue des services qu'elle pourrait rendre à l'Hydrographie. Il en fait lui-
même l'application à la détermination de la latitude de Montsouris. Avec
son sextant, muni pour la circonstance d'un oculaire grossissant douze à
treize fois et monté sur un pied articulé construit sur ses indications, il
observe quatre séries de quatre ou cinq étoiles, et obtient quatre valeurs
de la latitude dont le plus grand écart ne dépasse pas deux secondes et
G. R. . 1899, 2- Semestre. (T. CX.XI.\, N" 25.) I 42
( I074 )
dont la valeur moyenne diffère de Utte seconde seulement de la valeur
donnée parla Connaissance des Temps. Les résultats des études de M. Perrin
sur ce sujet sont exposés dans un Mémoire que le Bureau des Longitudes a
jugé cligne d'être inséré dans ses Annales (1888). L'auteur ne s'est pas
borné à y exposer la méthode de Gauss et les perfectionnements qui lui ont
été apportés depuis par divers astronomes; au point de vue théorique, il
dortne notamment du problème une interprétation géométrique dont il
déduit ensuite une solution graphique élégante et simple ; au point de vue
pratique, il indique les précautions minutieuses à prendre pour obtenir
toute la précision dont la méthode est susceptible, précautions dont la plu-
part lui sont suggérées par ses connaissances scientifiques et par sa grande
expérience personnelle des observations exactes.
M. Perrin n'a pas borné ses études aux sujets d'Astronomie nautique.
Les marins lui doivent encore une solution graphique, d'une simplicité
remarquable, d'un problème relatif à la compensation des compas : la
séparation des influences respectives du magnétisme permanent de la coque
et du magnétisme induit par la composante verticale de la Terre sur la
partie semi-circulaire de la déviation des compas. Pour résoudre ce pro-
blème, il fallait autrefois attendre que l'on ait pu recueillir les données
nécessaires^ dans un nombre suffisant de relâches, convenablement répar-
ties en latitude magnétique, et résoudre, par la méthode des moindres
carrés, un système d'équations de condition. Par la méthode de M. Perrin
le problème est ramené à la détermination d'une droite, dont chaque
relâche fournit un point par un calcul facile.
Enfin, avant de terminer, nous mentionnerons encore les services rendus
à la Science par M. Perrin, dans l'observation du dernier passage de Vénus,
en 1882, comme directeur de la mission Argentine à Bragado. La Com-
mission n'a, il est vrai, à apprécier ici que les services rendus à la Naviga-
tion, mais il lui est permis de signaler à l'Académie ces services spéciaux
comme une i)reuve nouvelle du mérite de l'officier qu'elle propose de
récompenser.
L'exposé qui précède, où nous nous sommes bornés à citer les principaux
travaux de M. Perrin, montre combien a été féconde l'intervention de ce
savant officier dans l'étude des questions scientifiques intéressant la Navi-
gation. Son mérite dans l'accomplissement de cette tâche a été d'au-
tant plus grand qu'il n'a négligé pour elle aucun de ses devoirs profes-
sionnels. Il s'est au contraire acquitté de ces derniers de manière à
obtenir un des plus brillants avancements de la Marine.
( I07T )
I.a Commission propose donc à l'Académie d'attribuer à M. E. Perris,
pour l'ensemble de ses travaux scientifiques relatifs à la Navigation, un
prix sur les fonds alloués par le Département de la Marine.
PRIX MONTYON.
(Commissaires : ]\1M. Boussinesq, Léauté, Sarrau, général Sebert;
Maurice Lévy, rapporteur.)
T>a Commission, à l'unnnimité, décerne le prix à M. Partiot, inspecteur
génér,Tl des Ponts et Chaussées en retn^ite, pour les nombreuses observa-
tions qu'il a faites sur le régime des fleuves maritimes, dans les quarante
deri^ières années, et qui ont ét6, en majeure partie, publiées soit aux
Annales des Ponts et Chaussées, soit dans les Comptes rendus de l' Académie
des Sciences. L'une de ses études sur les rivières à marées et sur les
estuaires a déjà été honorée du prix Telfcrd, par l'Institution des ingénieurs
civils de Londres. Une autre, sur les sables de la Loire, a reçu une men-
tion honorable aux Annales des Ponts et Chaussées.
Quelque opinion que l'on ait sur le problème très difficile et très contro-
versé de la correction des rivières à marées ou de leurs estuaires, les con-
sciencieuses observations faites par M. Partiot, pendant sa longue car-
rière, soit sur les courbes des marées, soit sur le mouvement des sables,
foin-niront aux ingénieurs qui ont à s'en occuper des données très utiles.
C'est pourquoi la Commission a voulu récompenser l'ensemble de son
œuvre.
PRIX PLUMEY.
(Commissaires : MM. Guyou, Sarrau, Deprez, Léauté;
de Bussy, rapporteur.)
M. BoxjouR, Ingénieur, à qui l'ingéniosité de ses inventions a fait depuis
longtemps déjà une situation des plus distinguées parmi les mécaniciens,
est l'auteur d'un certain nombre de dispositifs ayant pour objet d'aug-
menter l'effet utile des machines à va|)8ur ou de simplifier leur construc-
tion. Nous citerons spécialement :
1° Le déclenchement hydraulique substitué au déclic des machines
Corliss;
( 1076 )
2° Une transmission supprimant les excentriques multiples, les cou-
lisses, les bielles et autres organes mécaniques ordinairement employés
pour conduire les tiroirs.
Le déclenchement hydraulique, dont j'emprunte la description à un
Rapport fait par M. Hirch i\ la Société d'Encouragement, a pour organe
principal une bielle en deux parties formant la transmission entre l'excen-
trique et le distributeur; les deux parties de la bielle se terminent : l'une,
par un fourreau; l'autre, par un piston entrant tians ce fourreau. L'inter-
valle entre le piston et le fond du fourreau est plein d'un liquide, lequel
résiste par son incompressibilité à la poussée produite par l'excentrique
et détermine ainsi l'ouverture du distributeur; mais, à un point donné du
parcours, un robinet s'ouvre danslefond du fourreau, le liquide s'échappe,
la force de rappel agit seule et ramène le distributeur à la position de fer-
meture. Des combinaisons cinématiques très élégantes mettent le robinet
sous la dépendance du régulateur, ce qui fait varier la détente à la demande
du travail imposé au moteur.
Le déclenchement hydraulique supprime les chocs si fâcheux qui se
produisent forcément dans les commandes des distributeurs avec déclic,
et permet, par suite, d'aborder, dans le fonctionnement des machines, des
allures beauceup plus vives. Il est employé avec succès sur un grand
nombre de puissantes machines dans les diverses parties de l'Europe.
La solution très simple, imaginée par M. Bonjour à l'aide de sa trans-
mission hydraulique, du problème de la conduite des tiroirs, intéresse
particulièrement les grands appareils moteurs employés pour la navigation.
Chacune des machines actionnant les propulseurs sur un grand navire
comprend, pour la distribution de la vapeur dans les quatre cylindres,
huit chariots d'excentrique, huit colliers d'excentrique, huit barres d'excen-
trique, quatre coulisses avec leurs bielles de suspension, des arbres de
relevage avec leurs appareils de manœuvre à bras et à vapeur.
Dans le système imaginé par M. Bonjour, tout cela est remplacé par un
excentrique unique actionnant de petites pompes foulantes dites ge'nera-
irices, en nombre égal à celui des cylindres, lesquelles mettent en mou-
vement un liquide qui se rend par un tuyau sous un piston monté sur la
lige du tiroir dont les mouvements suivent exactement ceux du piston
énératcur. Des dispositions simples et très efficaces, inventées par
M. Bonjoiu', annulent les effets perturbateurs auxquels pourraient doruier
lieu les fuites et les dilatations de l'organisme. Le changement de marche
et la variation de la détente s'obtiennent eu modifiant le calage de l'excen-
&
( I077 )
trique sur l'arbre. La transmission hydraulique de M. Bonjour a été expé-
rimentée par la Marine nationale sur YOndine. Des essais prolongés faits
sur ce navire ont été suivis par une Commission dont le Rapport a été très
favorable.
A la suite de ce Rapport, le Creusot n'a pas craint d'adopter le système
de M. Bonjour pour la conduite des tiroirs de l'un des appareils moteurs
du croiseur à deux hélices Vlnfernel, de 8000 chevaux, et le Ministre de la
Marine en a autorisé l'application à l'une des machines du croiseur le
Dupedt-Thouars, de 17600 chevaux, et à une machine de torpilleur.
En raison des faits exposés ci-dessus, la Commission estime que les
travaux de M. Boxjour apportent des perfectionnements sérieux aux ma-
chines à vapeuret notamment à celles employées pour la navigation, et lui
décerne, à l'unanimité, le prix Pliimev pour la présente année.
PRIX FOURNEYRON.
(Commissaires : MM. Maurice Lévy, Boussinesq, Sarrau, Sebert ;
Léaulé, rapporteur.)
Le sujet du prix était le suivant :
Perfectionner en quelque point la théorie des trompes. Confirmer les résultats
obtenus par l'expérience.
La Commission a eu à examiner deux Mémoires qui lui ont été soumis;
l'un portant la devise :
Miini/ns iiiimquani est. nascitiir sejnper et moritiir
lui a paru très digne d'intérêt.
Ce Mémoire qui est clair et conscieusement rédigé comprend une partie
théorique et une partie expérimentale; il répond donc bien au programme
du prix.
La théorie admet comme hypothèse fondamentale que les densités du
fluide moteur et du fluide entraîné ne varient pas pendant le passage à
travers le mélangeur et le diffuseur, c'est-à-dire que le mélange des deux
fluides s'établit sans contraction de volume.
Cette hypothèse, qui peut être approchée dans certains cas, n'est admis-
sible qu'à titre de première approximation; le choc de deux veines fluides
( '078 )
animées de vitesses diflPérentes doit aqiener une variation de pression qui
se répercute dans toute la masse.
Cependant il faut reconnaître que, en opérant comme il l'a fail, l'autenr
est conduit par ses formules à des résultats qui concordent bien avec l'ex-
périence dans le cas de ce qu'il appelle \e fonctionnement normal.
Quelle que soit d'ailleurs la valeur qu'il faille attribuer à cette partie
théorique, en raison des simplifications faites, simplifications qui sont tou-
jours mises en lumière, c'est la deuxième partie du travail où se trouvent
les recherches expérimentales qui présente le plus d'intérêt; elle constitue
ime addition utile aux expériences déjà connues sur le même sujet.
L'auteur étudie spécialement les trompes à air; ses essais portent sur
onze trompes et pour quatre d'entre elles il arrive à obtenir un rendement
très satisfaisani , notablement supérieur même à celui qu'on obtient d'ordi-
naire.
A ce titre, ses expériences mériteraient déjà de fixer l'attention, mais
elles conduisent encore à des remarques intéressantes parmi lesquelles
nous signalerons l'opportunité d'employer plusieurs tuyères concentriques
lorsque le rapport des débits dans la veine motrice et dans la veine en-
traînée dépasse l'unité.
En résumé, le Mémoire soumis à notre examen contient une partie
théorique qui, sans prétendre à la rigueur, est conduite avec clarté et
.méthode; il renferme ensuite, dans sa partie pratique, des expériences
consciencieuses, bien faites, conduisant à des résultats intéressants dont
quelques-uns constituent des progrès.
La Commission n'hésite pas, dans ces conditions, à décerner à ce Mémoire
le prix Fourneyron.
Le pli cacheté portant comme devise : Mundus nunquam est, nascitur
semper et moritur, a été ouvert en comité secret à la séance du lundi 20 no-
vembre; il contenait le nom de M. Auguste Râteau, ingénieur au Corps
des Mines, qui a été proclamé lauréat du prix Fourneyron.
( '079 )
ASTR0N03IIE.
PRIX LALANDE.
(Commissaires : MM. Paye, Wolf, Janssen, Callandreau ;
I^œwy, rapporteur.)
M. W.-R. liRooKS s'est rendu célèbre par une série ininterrompue de
découvertes cométaires très importantes, accomplies d'abord à Phelps,
de i883 à 1888, et, depuis cette époque, à Geneva, dans l'État de New
York.
L'Astronomie lui est aussi redevable de iG nouvelles comètes qui nous
ont apporté des renseignements précieux et variés sur cette catégorie de
corps célestes. Cinq de ces astres décrivent autour du Soleil des orbites
elliptiques, deux d'une période très courte et trois dont la durée de révo-
lution ne dépasse pas mille ans. Plusieurs autres trajectoires semblent pos
séder un caractère légèrement hyperbolique.
Parmi ces conquêtes qui ont enrichi l'Astronomie, il convient de signaler
de façon toute spéciale la comète Brooks de 1889. Cet astre nous fournit
un exemple fraj)pant des modifications notables que peuvent subir les
comètes sous l'influence des forces attractives des masses planétaires.
En effet, la comète Brooks parcourait en quarante-deux ans sa trajec-
toire autour du Soleil, dans des conditions normales, jusque vers le milieu
de l'année 188G; mais, à partir de cette époque, où elle a passé si près de
Jupiter qu'elle en a presque frôlé la surface, sa constitution, aussi bien que
sa marche, ont été profondément altérées. A cette fiaible distance, sous
l'action considérable de l'énorme planète, l'astre s'est divisé en cinq frag-
ments et la durée de sa révolution, de quarante-deux ans en 1886, est
descendue à sept ans en 1889. Cet essaim cométaire est ainsi devenu le
point de départ de très intéressantes études.
Grâce à son infitigable exploration du Ciel, M. W.-R. Brooks a réussi
en outre, et sans le secours d'aucune cphéméride, à retrouver les deux
anciennes comètes périodiques de Pons (1812) et d'Olbers (i8i5).
Afin de récompenser les efforts si persévérants et si féconds de cet astro-
nome, votre Commission propose de lui décerner le prix Lalande.
( io8o )
PRIX VALZ.
(Commissaires : MM. Lœwy, Fave, Jaussen, Wolf;
Callandreau, rapporteur.)
La Commission propose de décerner le prix Valz à M. Nykêx, astronome;
à l'observatoire de Poulkovo, pour l'ensemble de ses travaux dans le do-
maine de l'Asti'dnomie si<lérale.
On sait la grande place que l'Astronomie sidérale tient aujourd'hui dans
les préoccupations des astronomes. M. Nyrén, depuis une trentaine d'an-
nées, a pris une part prépondérante aux admirables séries de mesures qui
ont mis hors de pair l'observatoire de Poulkovo et assuré les fondements
de l'Astronomie de précision.
PHYSIQUE
PRIX LA CAZE.
(Commissaires : MM. (]ornu, Mascart, Lippmann, Becquerel, Berthelot,
Violle, Cailletet, .T. Bertrand; Potier, rapporteur.)
La Commission, à l'unanimité, décerne le prix La Caze à M. Iîloxdlot,
professeur à la Faculté de Nancy, Correspondant de l'Académie.
M. Blondlot s'est occupé spécialement d'Electricité. Dès ses débuts, ses
TraA'aux sur la non-existence de la dilatation galvanique, et sur la capacité
de polarisation, ont attiré l'attention des physiciens, tant par l'originalité
des méthodes que par la rigueur des raisonnements. Depuis cette époque,
soit seul, soit en collaboration avec le savant doyen de la faculté de Nancy,
ou ayec M. Curie, il n'a cessé de produire : la simultanéité des phéno-
mènes optiques dus au magnétisme ou à l'électricité (rotation du plan de
polarisation, phénomène de Rerr) et de leur cause; les différences élec-
triques au contact de deux liquides; la transmission de l'électricité à faible
tension par l'intermédiaire de l'air chaud, l'influence de l'illumination et
( T08l )
de rinsiit'flation sur la décharge des corps électriscs; la construclion d'un
électromètre absolu pour hautes tensions, d'tin wattmctre et, tout récem-
ment, d'un compteur fondé sur un principe entièrement nouveau, ont été
successivement l'objet de ses études.
Nous ne pouvons ici qu'énumérer ces Mémoires, sans en faire ressortir
l'importance; obligés de faire un choix, nous donnerons un peu plus de
détail sur d'autres Travaux.
La détermination de la vitesse avec laquelle se propage dans le vide une
perturbation électrique est aussi importante en elle-même que la mesure
de la lumière.
La théorie de Maxwell conduisait bien à admettre que cette vitesse
n'était autre que la quantité désignée sous le nom de rapport des unités
électromagnétique et électrostatique, rapport mesuré par de nombreux phy-
siciens, et la coïncidence entre la vitesse ainsi calculée et la vitesse de la
lumière est un argument puissant en faveur de l'assimilation des phéno-
mènes lumineux et des phénomènes électromagnétiques, ou au moins de
l'unité du milieu dans lequel ils se propagent. Il n'en était que plus dési-
rable d'avoir une mesure directe de cette vitesse, et non une évaluation
basée sur des idées théoriques.
En dépit de sa simj)licité apparente, la question était difficile et n'avait
pas été résolue, malgré les efforts de savants tels que Wheatstone et Fi-
zeau. La difficulté la plus importante provient de l'emploi obligatoire des
fils métalliques, indispensables comme les lentilles dans les expériences
d'Optique, pour guider les perturbations ou ondes électro-magnétiques, et
qui apportent un trouble considérable dans la propagation quand la per-
turbation n'est pas très brusque, trouble dont l'importance varie avec la
nature du conducteur. Par un heureux dispositif expérimental, M. Blondlot
a su triompher de ces obstacles et est arrivé à montrer l'égalité des deux
vitesses.
En étudiant la propagation des ondes électromagnétiques dans les
milieux pondérables, M. Blondlot a réussi à démontrer expérimentalement
les lois suivantes : la longueur d'onde correspondant à un résonateur
donné est indépendante du milieu ambiant, et la vitesse de propagation en
raison inverse de la racine carrée du pouvoir inducteur spécifique de ce
milieu ; et par l'emploi d'un résonateur de forme appropriée, il a pu cal-
culer, avec une précision bien supérieure à celle qu'avait obtenue l'illustre
Hertz, la longueur d'onde correspondante, longueur qui a été trouvée
conforme à celle prévue dans la théorie.
r. R., 1899, 2« Semestre. (T. CXXIX, N" 25.) I 4^
( io82 )
Enfin, par une méthode tout à fait nouvelle, et indépendante de la
théorie à laquelle on vient de faire allusion, M. Blondiot est parvenu à
comparer directement les pouvoirs inducteurs des diélectriques quand ils
sont le siège d'oscillations hertziennes, c'est-à-dire d'une très grande
fréqtience.
On voit, par ce bref exposé, combien les recherches de M. Blo\olot
ont donné de précision aux notions expérimentales acquises antérieure-
ment et combien est justifié le choix de la Commission.
STATISTIQUE
PRIX MOISTYON (Statistique).
(Commissaires : MM. de Jonquières, Rouché, Brouaidel, J. Bertrand,
Laussedat; Haton de la Goupillière, rapporteur.)
L'Académie a reçu cette année huit Ouvrages pour le concours du prix
Montyon de Statistique.
Quatre d'entre eux ont dû être écartés purement et simplement par
votre Commission, comme ne rentrant pas dans l'énoncé des conditions du
jn-ix. nettement formulées par son fondateur. Cette décision nécessaire n'est
en aucune façon relative à la valeur intrinsèque, très inégale d'ailleurs, de
ces travaux que nous ne désignerons pas ici nominativement, suivant l'usage
établi en pareil cas.
Nous pouvons même ajouter que l'un d'eux constitue une œuvre de
premier ordre, digne à nos yeux, après un scrupuleux examen, d'une
haute récompense de la part de l'Académie, qui devra seulement être
cherchée dans une direction différente.
Les quatre Ouvrages retenus par votre Commission ont été classés par
elle de la manière suivante :
Le prix Montyon de Statistique de 1899 est attribué, par moitié pour
chacune d'elles, aux deux œuvres suivantes :
i" Les deux Volumes intitulés : La France charitable et Paris charitable,
présentés par I'Office es xtral des Œuvres de bienfaisance ;
( ioH3 )
2" Entiuête sur les logemenls, professions, salaires et budgets; par MM. les
D'* DuMEsxiL et Maxgenot.
il
11'
M. TtKQi'Ax a présenté un Album démographique de la France, a\ec un
Mémoire à l'appui, intitulé : Examen analytique de l'accroissement de la
population française. Cet auteur en est à sa quatrième présentation, pour
le concours du prix Montyon de Statistique, d'Ouvrages, variés de forme,
mais relatifs à ce même sujet de la population française. Il a déjà obtenu,
en i885, une mention très honorable; en 1886, un rappel de celte men-
tion; et, en 1887, le prix Montyon de Statistique {Comptes rendus, t. CV,
p. 1327). Votre Commission lui décerne, pour la présente année, le rappel
de ce prix, en raison de la valeur de l'œuvre nouvelle présentée par lui,
mais sans partage des sommes précitées.
M. Henri de Beaumont a présenté la première année de la Revue de Sta-
tistique.
Pour des motifs énoncés plus loin, votre Commission, en signalant
aujourd'hui, par une simple mention, ce nouveau périodique à son début,
en a remis à plusieurs années l'appréciation définitive.
Les Rapports suivants sont destinés à vous présenter en détail les motifs
qui ont déterminé ces choix.
Rapport de M. us Josquièues sur les deux Ouvrages intitulés : « La France
charitable » et » Paris charitable », présentés par r« Office central des
OEUVKES DE BIE^'FAISA^•CE ».
L Office central des Œuvres de bien/aisance, reconnu d'utilité publique,
siège au n" 17 j du boulevard Saint-Germain, a pour président M. le mar-
quis de Vogiié, Membre de l'Académie française, pour vice-jjrésident
M. Georges Picot, Membre de l'Institul, pour Secrétaire général fonda-
teur M. Léon Lefébure, ancien député, et se composait, en outre, au
moment de sa création, de trente-sept membres, jouissant tous d'une haute
notoriété; M. Jules Simon en faisait alors partie. Cette Société présente à
l'Académie des Sciences, pour concourir, en 1899, au prix de Statistique
fondé par M. de Montyon deux Volumes (grand in-8°), l'un de plus
de 1200 pages, intitulé : La France charitable et prévoyante ; l'autre
de 644 pages : Paris charitable et prévoyant, ayant tous deux pour objet
Il le recensement général de nos œuvres de bienfaisance ».
( 1084 )
L'Office central des Institutions charitables, créé par M. LéonLefébiire,
a eu pour but, non de se substituer à ces œuvres, d'em|Méter sur leurs
droits, ou d'aH'aiblir en quoi que ce soit leur autonomie, mais au contraire
de les fortifier par une entente commune, et d'accroître leur puissance en
régularisant leurs efforts. Ainsi que le disait, avec une éloquente précision,
M. Paul Descbanel dans un discours prononcé le 7 juin 1895, à l'Assem-
blée^ générale de l'Office central : « Les œuvres de l'initiative privée
s'étaient développées un peu au hasard, sans concert, sans méthode,
restant isolées, souvent ignorées les unes des autres et, chose plus grave,
de ceux-là mêmes qu'elles se proposaient de secourir. De là, un gaspillage
de forces, de ressources; des doubles emplois fréquents; les vrais pauvres
dépouillés par les faux; la charité dupée par l'imposture. »
Frappé de cette dispersion et du contraste qui, d'après ses recherches
approfondies, « existait entre l'immensité de l'effort tenté par la charité pu-
blique et privée pour secourir la misère et le résultat de cet effort », M. Léon
Lefébure, à la suite d'un discours-programme prononcé devant la Société
d'Économie sociale, obtmt la fondation, en 1890, de l'Office central, qui
a eu pour but de mettre un terme à cette situation. « Cet Office sert de
lien aux institutions charitables, rappi-oche les bienfaiteurs et les pauvres
qui, trop souvent, se cherchaient sans se rencontrer; s'efforce de substituer
de plus en plus à l'aumône aveugle l'assistance raisonnée et informée, de
procurer aux pauvres valides un travail temporaire, d'ouvrir aux orphelins,
aux malades, aux vieillards, aux malheureux de toute catégorie l'accès des
œuvres créées pour eux, de canaliser, en un mot, les efforts et les res-
sources de la charité privée ».
Pour 1 emplir ce vaste programme, il était nécessaire que l'Office fût
exactement renseigné lui-même sur toutes les institutions charitables de
notre pays. Aucun document n'était alors, à beaucoup près, assez com-
plet pour remj)lir ce but. « A l'heure présente, disait M. Lamy, la bien-
faisance est un livre immense et admirable, où chaque œuvre a écrit une
page; mais il manque à ce livre une table des matières, l'aule de celte
table, beaucoup de gens ne peuvent y trouver le passage dont ils auraient
besoin et, faute de temps, ils laissent le livre fermé ». {Assemblée générale
de 1891-1892) (').
(') Celle raétapliore, enipiuntée à M. Lain\-, a le mérlle d'une éléganle simpli-
cilé; mais elle est insuffisanle. liile pourrait laisser croire que « l'œuvre de l'Office
cenlral » ii'esl rien de plus qu'une lable des malières, tandis qu'en réalité, oulre un
( io85 )
L'Office central a donc commencé par procéder à une enquête perma-
nente et impartiale sur les œuvres charitables de toute nature qui existent
eu France. Cette laborieuse enquête répondait à un besoin professionnel
de l'Office central, et tendait du même coup à un évident profit pour le
public. Le nombre est grand, en effet, des personnes qui veulent secourir
les malheureux et ne savent comment s'y prendre. « Faute d'êlre guidées,
certaines velléités charitables s'évaporent; d'autres s'égarent. » C'était
donc leur rendre un important service que de mettre à leur disposition
un tableau méthodique, où elles pourraient trouver la solution convenant
à leur cas particulier.
A ce premier motif, qui conseillait la publicité de l'enquête, s'en joi-
gnait un autre d'ordre plus général encore : l'intérêt qu'il pouvait y avoir
à donner à la France le sentiment de sa générosité et de ses vertus intimes,
en lui révélant le bilan de sa charité.
« Notre littérature, du moins celle qui est la plus bruyante, crie sur
les toits nos défauts, aime à étaler nos plaies, et donne, comme des types,
des exceptions peu édifiantes; nous calomnie et pratique à nos dépens
l'hypocrisie, non de la vertu, mais du vice. Nous valons mieux que ce
prétendu portrait; sous des ajjparences qui peuvent tromper un observa-
teur superficiel ou malveillant, la population française, envisagée dans son
ensemble, travaille, peine, épargne, exerce dans l'ombre les vertus de ht
jjrévoyance et de la charité. »
C'est sous la poussée de ce double courant qu'il s'est fondé, en France,
d'admirables institutions pour prévenir ou soulager la misère. Elles ont
jailli du sol, isolément, obscurément, silencieusement, fuyant la publicité.
Ainsi dérobée au grand |)ublic, celte floraison spontanée est non seulement
ignorée, mais encore méconnue, et trop souvent l'on se fait contre ces
œuvres une arme de leur discrétion. Il im|)orte de les produire au grand
jour et de montrer, en les rapprochant, l'admirable gerbe qu'elles com-
posent. « Malgré des symptômes alarmants, dit M. Lefébure dans son rap-
port de 1894- 1893, nous conservons encore, au milieu de tous les peuples
du monde, la plus enviable des supériorités; notre nation est celle vis-à-
itivenlaire com])Iet et une éniimération minutieuse, elle ollVe une classification métho-
dique accompagnée de toutes les indications utiles et des tableaux de chillres néces-
saires, c'est-à-dire qu'elle réunit l'ensemble des caractères dislinctifs d'une vraie sta-
tistique, par lesquels la Science qui porte ce nom est, ou devrait être, toujours
définie.
( io86 )
vis de laquelle riiiimanilé contracte chaque jour la plus grosse detle, et
nous pouvons avoir la légitime ambition de rester les maîtres dans l'art de
faire du bien. » Aux détracteurs qui seraient tentés de nier l'âme et le
cœur de la France, il n'y a pas à op(!Oser de réfutation plus péremptoire
que l'inventaire exact de nos richesses charitables, tel que l'Oifice central,
grâce à un persévérant et prodigieux labeiir, l'a dressé et résumé, avec
autant d'ordre que de clarté, dans les deux Volumes soumis par lui à
l'examen de notre Commission de Statistique.
Ce magnifique travail, soigneusement et généreusement édité par la
maison Pion, Nourrit et C'*, met en complète lumière ce qui fait pour une
bonne part l'honneur d'une nation, c'est-à-dire la solidarité intelligente et
afTectucuse qui en relie les différents membres. Jl stimule, par la contagion
de l'exemple, l'initiative individuelle et la générosité publique; enfin, il
rend plus efficace, en la fiiisant connaître à tous, l'assistaiice qui, sous des
formes multiples et infiniment ingénieuses, s'aflresse à tous les besoins et
à toutes les misères sur tous les points de notre France.
Sans nous laisser entraîner ici à des détails, pour la connaissance desquels
il suffira d'ouvrir et de feuilleter les deux volumes, bornons-nous à signa-
ler les substantielles et lumineuses Notices de M. l'Inspecteur général des
Ponts et Chaussées Chaysson, président de la Commission d'enquête, où ont
été empruntées, souvent textuellement, les considérations qui précèdent,
et concluons en disant que jamais peut-être aucun travail de statistique n'a
exigé des recherches plus délicates, plus difficiles, plus variées; n'a ré-
clamé, dans l'exposition des résultats, plus d'ordre et de méthode pour
porter efficacement et promptement les résultats à la connaissance des
intéressés, bienfaiteurs et assistés; n'a abordé des faits d'un ordre plus
élevé, et plus utiles à la société; enfin n'a eu pour collaborateurs des hommes
plus éniinents, plus dévoués, plus entraînés par l'amour du bien public et
de leurs semblables.
Après l'avoir lu, on est donc en droit de dire que si le charitable
M. de Montyon, créateur du prix que nous sommes chargés de décerner,
pouvait reparaître un instant au milieu de nous, il y reconnaîtrait sans hési-
tation l'idéal auquel il obéissait en faisant sa fondation.
( io87 )
Rapport de M. Broitaisdei, sur l' « Enquête sur l-s logements, professions,
salaires et budget » (Loyers inféniurs à 4od francs), par 1rs D'' Dumesnil
et Mangenot.
Cette enquête a été fiute personnellement par les auteurs, elle n'a uti-
lisé aucun document de seconde main. Ils ont, dans un quartier du
XIIP arrondissement, visité chaque logement, si infect qu'il fût. Ils ont
causé avec les occupants, se sont renseignes sur la nature des travaux aux-
quels se livrent les membres de la famille, sur le produit qu'ils en tirent,
sur la durée du chômage des industries dans lesquelles ils sont employés.
En un mot, ils ont procédé à une étude complète d'hygiène sociale appli-
quée aux logements et aux habitants de la Pointe d'Ivry.
Cette étude comprend deux parties : la première est consacrée à la
description des rues, maisons, logements, de leur mode d'habitation, de
leur peuplement ou plutôt de leur surpeuplement; la seconde donne les
renseignements les plus complets sur la profession, les salaires, les recettes
et les dépenses des occupants.
Ce travail constitue un recueil d'observations prises sur le vif, avec
l'exactitude la plus scrupuleuse; il peut servir de base de discussion à ceux
que préoccupe le sort des classes nécessiteuses.
Je ne puis entrer dans la description des logements qui sont, pour la
plupart, d'une insalubrité incroyable; des garnis, du nombre d'habitants
cjui les occupent; notons seulement que le prix de location est infini-
ment plus élevé pour la surface occupée qu'il ne l'est pour les grands appar-
tements, que le nombre des enfants est considérable; quelques familles,
confinées dans une seule chambre, ont sept, huit enfants; une en a
douze.
La seconde partie, celle que l'on peut, par euphémisme, appeler le
budget de la famille, est certainement la partie la plus neuve de cette
étude. Chacun des trois mille habitants a son compte spécial, la part réservée
au loyer, à la nourriture et au vêtement est faite avec une rigueur com-
plète.
Les auteiH's arrivent à cette conclusion qu'un ménage ayant moins de
un franc de revenu par tète et |iar jour ne peut subvenir à ses dépenses
uniquement avec le produit de son travail, il faut lui venir en aide. Pour
ne pas recourir à l'aumône, l'ouvrier doit faire partie d'une société de
secours mutuels, des sociétés de secours par le travail, etc.
( io88 )
Celte étude, basée sur une statistique individuelle, est tout à fait nou-
velle; elle a été menée à bien, parce que les auteurs ont fait personnelle-
ment une enquête qui a duré plus d'un an, qu'ils ont dû grouper leurs
observations avec une parlaite clarté. L'un d'eux, M. le D'' Dumesnil, est
mort, épuisé de fatigues, avant d'avoir complètement terminé cette œuvre.
Nous estimons qu'un tel travail est digne d'un j)rix.
Rapport de M. Roitché sur « l' Album démographique de la France » ;
par M. Victor Turquan.
Cet Ouvrage a pour objet l'examen analytique de la variation et de la
composition par sexe, âge et état civil de la population française depuis le
commencement de notre siècle.
Il se compose d'un magnifique Album renfermant 126 planches coloriées
et d'un Mémoire manuscrit expliquant sommairement l'objet de chaque
planche et les conséquences qui en résultent.
Il y a, pour chaque département : 1° un diagramme indiquant l'allure
générale de la population; 2° une figure spéciale que M. Turquan nomme
pyramide des âges et qui met en évidence la distribution de la population
suivant le sexe, l'âge et l'état civil. Ces deux figures sont intimement liées
l'une à l'autre et se complètent en quelque sorte mutuellement.
Les départements ont été classés par province; ce mode de classification
est justifié par ce fait que, dans les départements appartenant à une quel-
conque de nos anciennes provinces, l'allure générale de la population esta
peu près semblable et que la composition est même parfois presque iden-
tique.
Les provinces à leur tour ont été groupées par régions, qui sont au
nombre de six. Les voici avec les provinces qui les composent :
1° Ouest. — Normandie, Poitou, Saintonge, Aunis, Angoumois, Maine,
Anjou, Bretagne;
2" Est. — Lorraine, Alsace, Franche-Comté, Champagne, Bourgogne;
3° Sud-Ouest. — Guyenne, Gascogne, Béarn, Comté de Foix, Langue-
doc et Roussillon, Pyrénées;
4° Nord. — Ile-de-France;
5° Sud-Est. — Corse, Comté de Nice, Comtat-Venaissin, Savoie, Pro-
vence;
6° Centre. — Berry, Bourbonnais, Touraine, Nivernais, Lyonnais, Au-
vergne, Marche, Limousin, Orléanais.
( "^«9 )
Nous no saurions suivre M. Turquan dans les détails relatifs à chaciue
région; il faudrait pour cela reproduire entièrement son excellent Mé-
moire. Mais il est particulièrement intéressant de signaler les foyers prin-
cipaux et eu quelque sorte permanents, soit de la diminution, soit de
l'accroissement de la population.
Le plus ancien foyer de dépopulation est la Normandie, exception faite
du Havre et de Rouen. Puis viennent successivement Clamecy, Vitry-le-
Francais, une partie de la ÎNIarne et de la Nièvre, le Jura, les vallées du
Rhône, de la Garonne, du Tarn, de l'Aude et de l'Hérault.
Les foyers d'augmentation sont heureusement plus nombreux que les
précédents et permettent par suite de regagner très amplement ce que le
pays a perdu. Ce sont : le Pas-de-Calais, le Nord, les Ardennes, Fteims,
la frontière de l'Est, le Finistère, le Morbihan, la Loire-Inférieure, les bords
de la Gironde, la Vendée, le Poitou, le Berry, le Lyonnais et Saint-Etienne,
Rayonne, Toulouse, les côtes de la Méditerranée, la Corse et l'aggloméra-
tion parisienne.
Il faut remarquer que ce ne sont |jas toujours les régions les moins
fécondes qui voient leur population s'éclaircir le plus. Ainsi dans les Al[)es,
en Savoie, dans le Massif central, c'est surtout à l'émigration qu'est due la
diminution de l'effectif des habitants.
Heureusement, dans la plupart des cas, cette émigration se |)roduit à
l'intérieur de la France, sans sortir de nos frontières; elle a pour elfet
de remplacer, dans les centres les plus actifs et les plus riches, les vides
causés |)ar la mort et par la diminution des naissances, et de fournir la
main-tloeuvre aux populations pauvres et prolifiques; elle contribue de la
sorte à développer la richesse de notre pays.
Notre analyse fort, incomplète ne saurait donner qu'une faible idée de
l'importance de l'Ouvrage de M. Turquan, des recherches qu'il a nécessi-
tées, ni enfin du soin avec lequel l'Album a été exécuté.
C'est un très beau travail qui mérite certainement d'être récompensé.
Rapprot de M. IIato.v de i-a Gocpillièhe sur la « Revue de Stalislique «,
présentée par M. Henri de Beau mont.
Le directeur de la Revue de Statistique, M. Henki de Beaujiont, présente
au concours du prix Montyon de Statistique la première année de ce
Recueil hebdomadaire, laquelle s'étend du 6 mars 1898 au gavril 1899, avec
Table des matières et 832 pages grand in-8'' sur deux colonnes chacune.
G. K., 1899, 1' Semestre. (T. CXMX, ^■' 25.) l44
( 'ogo )
Cette présentation rentre incontestablement dans le programme du
prix, car le volume est exclusivement formé d'études et de Tableaux de
Statistique; et, bien qu'il concerne un peu tous les pays, il fait à la France
une part tellement importante que, en s'y réduisant par la pensée, on y
trouve encore une matière considérable.
Toutefois on peut objecter, sinon en principe, mais tout au moins par
comparaison avec d'autres concurrents, qu'il ne s'agit pas ici à proprement
parler d'une œuvre originale de Statistique, c'est-à-dire de l'élaboration
par un auteur de nombres recueillis par lui, ou même par d'autres, sur un
sujet déterminé, mais coordonnés par ses propres efforts, de manière à en
dégager des énoncés et des lois, ou tout au moins à les préparer utilement
pour une telle investigation de la part de chercheurs et d'économistes
futurs.
La lettre d'envoi explique que le but que s'est proposé le fondateur
« estde vulgariser les renseignements statistiques contenus dans les innom-
brables documents publiés par les administrations publiques, et de faire
connaître exactement l'état économique de la France, ses ressources, sa
richesse et sa situation dans le monde ».
Nous reconnaissons volontiers que ce but, qui a certainement une grande
importance, semble atteint par cette publication qui, dès son début, paraît
présenter une grande solidité, en même temps qu'une variété plus grande
encore d'articles, dont le nombre est énorme, la plupart se réduisant à
une ou deux pages. Cette revue s'impose donc à l'attention des hommes
d'étude, mais nous ne saurions admettre qu'elle puisse victorieusement
concourir, après un aussi court laps de temps, pour les récompenses éle-
vées que décerne l'Académie des Sciences.
Le fondateur aura tout avantage à laisser écouler un certain temps, en
accumulant plusieurs Volumes, par exemple trois ou quatre, pour en
représenter alors tout l'ensemble. Peut-être, dans ces conditions, l'impor-
tance de sa publication, au point de vue du concours annuel que nous
avons à juger, se sera-l-elle accrue par îles rapprochements, des coordina-
tions de nature à augmenter pour l'homme d'études la valeur de cette
mosaïque, précieuse par sa richesse, mais nécessairement un peu dénuée
de consistance, si l'on ne l'envisage que pour une aussi courte étendue.
Voire Commission, en signalant à votre attention l'intéressant début
de la Bei'ue de Statistique, vous propose donc d'engager l'auteur à ne la
représenter qu'au bout d'un intervalle de quelques années.
( 1091 )
CHIMIE.
PRIX JECRER.
(Commissaires : MM. Troost, H. Moissan, E. Grimaiix, Ditle;
Armant! Gaulicr, rapporteur.)
La Commission du prix Jecker propose, à l'unanimité, de décerner ce
prix, pour 1899, à M. Maurice Hanriot.
M. M. Hanriot, déjà lauréat de l'Instilut, Membre de l'Académie de Méde-
cine, agrégé et chef des Travaux chimiques de la Faculté de Médecine,
Président de la Société chimique de Paris pour 1899, s'est distingué depuis
longtemps par la variété et la valeur de ses travaux en Chimie orga-
nique. De ses anciennes recherches, nous nous bornerons à citer ses tra-
vaux sur la glycérine et les dérivés du glycide; sur l'aldéhyde et ses poly-
mères; sur quelques produits d'oxydation delà strychnine; sur un procédé
de synthèse de corps aromatiques complexes par substitutions opérées sur
les hydrocarbures potassés, etc.; dans l'ordre de la Chimie physiologique,
nous rappellerons ses études, en collaboration avec M. Ch. Richet, sur la
respiration et les lois qui président aux échanges pulmonaires sous l'in-
lluence du travail musculaire, du sommeil, de l'ahmentation variée, des
bains, etc., et, comme suite à cet important travail, ses recherches sur
l'assimilation des hydrates de carbone, et sur le mécanisme de leur trans-
formation en graisses dans l'économie.
Nous nous étendrons un peu plus sur les publications ftùtes par M. Han-
riot au cours de ces dix dernières années.
En 1889, eu collaboration avec M. Bouveault, alors son préparateur, il
étudia l'action du sodium sur les nilriles de la série grasse et obtint le
propionylpropionitrile, premier représentant de la classe des nitriles acé-
loniques. Après avoir donné une mélhode permettant de remonter aux ho-
mologues supérieurs de ces corps, M. Hanriot prépara, par l'action de l'hy-
droxylamine sur le propionylpropionitrile, ramidométhyléthyloxazol, etc.
Ce corps ouvrait une série nouvelle, celle des isoxazols, véritables bases
à sels définis, mais bases cycliques fournissant des dérivés diazoïques et des
( "»92 )
isoxalones. T^es nombreux dérivés de ces premiers termes établirenl les
aptitudes et fonctions de celte famille.
Des recherches poursuivies sur l'action physiologique du chloral ame-
nèrent, on 1893, M. Haiiriot à combiner ce corps à la glycose dans le but
d'obtenir une substance qui, a priori, paraissait devoir êlre hypnotique en
fournissant lentement du chloral à l'économie. Le glycose et le chloral
s'unissent, en effet; il se forme ainsi deux isomères, M. Hanriot les appela
chloralose cV parachloralose. Le chloralose C'H"CI'0" est un alcool tétra-
valcnt que les oxydants iiansforment en acide chloralique monoba-
sique C'E^CPO". Les divers chloraloses et parachloraloses prévus, aussi
bien que les acides chlondiques correspondants, furent de même obtenus
avec les divers sucres aldéliydiques : glycose, galactose, mannose, xylose,
arabinose. Les sucres cétoniques lui ont fourni des résultats différents : le
lévulose donne un chloralose bien dislincl des prérédt-nts; U> sorbose n'a
|)u être combiné au chloral.
Les chloraloses furent étudiés au point de vue physiologique par
MM. Richetet Hanriot; ils reconnurent que le chloralose a. delà glycose or-
dinaire jouit d'un pouvoir hypnotique considérable. Ce corps est depuis
passé dans la pratique de la thérapeutique moderne.
Eu i8q8, M. Hanriot découvrait dans le plasma sanguin des animaux un
ferment doué de l'aptitude de saponifier rapidement les graisses. La lipase
(c'est le nom qu'il lui a donné) réagit, à 35° ou 4o°, sur tous les éthers à
acides organiques qu'elle hvdrate et dédouble, en présence de l'eau, en
acides et alcools. De là une méthode qui permet de suivre les effets de ce
ferment et d'en doser l'activité en mesurant alcalimétriquement la quantité
d'acide qu'il mcl en liberté. M. Hanriot a constaté cpie ces quantités sont
toujours j)roporlionnelles aux doses du ferment piimitif en activité; il a
soigneusement analysé les conditions extérieures qui font varier son action.
Il i ésulle encore de ces recherches cette curieuse remarque que, chez le
niêuie animal, l'hœmolipase, ou lipase du sang, et la pancréaticolipase, ou
lipase du pancréas, sont deux ferments saponificateurs dilférents ; ils
agissent aulrement l'un et l'autre en milieu neutre et alcalin, ainsi qu'aux
diverses températures.
Ces recherches sur la lipase, suite naturelle des études de M. Hanriot sur
les transformations des hydrates de carbone dans l'économie animale, ont
ti'ès sensiblement agrandi le chamjj de nos connaissances sur les méca-
nismes chimiques de la désassirailation et sur le mode d'action des ferments
solubles.
( HXjJ )
c'est le propre des bons esprils en Chimie, de ceux qui hussenl dans la
Science une trace durable et personnelle, d'aimer à passer de la Chimie
pure, minérale ou organique, aux applications industrielles ou biologiques.
Ces recherches appliquées soulèvent et éclairent à l'occasion des ques-
tions qu'une science trop théorique, trop étroite, ne soupçonnerait même
pas. Le lauréat du prix Jecker de cette année a suivi cette voie et l'Aca-
démie des Sciences ne saurait que l'approuver.
PRIX WH.DE.
(Commissaires : MM. Faye, Berthelot, Moissan, Fouqué;
Cornu, rajiporteur.)
Depuis longtemps les Physiciens et les Géomètres avaient été conduits
à |)enser que la création d'un cliamp magnétique dans l'espace oîi existe
iMie source radiante doit niolifier la nature des ondes émises, dans leur
])ériode ou dans la forme de leurs vibrations. Mais les essais exécutés dans
cette direction n'avaient conduit qu'à des résultats incertains, attribuables
d'ailleurs à des causes secondaires.
C'est à M. le D'' P. Zeeman qu'on doit d'avoir réussi en 189(3 à démon-
trer l'action d'un champ magnétique sur la nature et la polai'isation des ra-
diations lumineuses qu'on y développe. Les expériences ont été poursui-
vies au laboratoire de Physique de l'Université de Leyde dirigé par M. le
professeur Ivamerlingh Onnes, avec l'appui et les conseils de M. le profes-
seur n. Lorcnlz dont les travaux mathématiques sur ce sujet ont été d'un
grand secours pour l'interprétation correcte des apparences délicates ob-
servées au début.
L'importance de cette découverte est considérable; elle ajjporle une
relation nouvelle et étroite entre les phénomènes électromagnétiques lumi-
neux. Aussi la Commission a-t-elle été unanime pour proposer à l'Acadé-
mie de décerner à M. le D'' P. Zeema.\ le prix Wilde pour l'année 189g.
PRIX LA CAZE.
(Commissaires : MM. Friedel, Troost, A. (iautier, Moissan, Grimaux,
Berlhelot, Haulefeuille, Schlœsing; Ditte, rapporteur.)
Les recherches de M. Excel, professeur à l'Ecole centrale, commencées
en 1873, ont été continuées sans interruption pendant une période de
( I094 )
vingt-six ans; elles ont débuté par un examen de la substance qui se pro-
duit dans l'action de certains réducteurs sur l'acide arsénieux, et que l'on
regardait comme un hydrure. M. Engel a montré qu'il n'en est rien, que
cette matière est de l'arsenic doué de propriétés spéciales, dont la densité
n'est plus que ^,6 au lieu de celle 5,7 qui appartient à l'arsenic ordinaire;
il a apporté une contribution intéressante à l'étude des allotropies de l'ar-
senic.
Une série de Mémoires très précis, minutieusement détaillés, a porté
sur le carbonate de magnésie, ses hydrates, sa solubilité, ses combinaisons.
M. Engel a établi que le précipité déterminé par les carbonates alcalins
dans le sel de magnésium est un carbonate neutre, hydraté, amorphe,
décomposé par l'eau froide en hydrocarbonate et en bicarbonate de ma-
gnésie; le phénomène est limité et réversible, l'hydrocarbonate reprenant
de l'acide carbonique au bicarbonate, mais il n'a pas lieu avec les carbo-
nates hydratés, cristallisés. L'auteur a complètement étudié les équilibres
qui se produisent entre les solutions carboniques de carbonate et de bi-
carbonate de magnésie, ainsi que la formation du carbonate de potasse par
réaction du chlorure de potassium sur le bicarbonate de magnésie; ses
expériences ont rigoureusement défini, pour chaque température, l'équi-
libre qui s'établit entre ces deux sels et le sesquicarbonate double de ma-
gnésium et de potassium qui tend à se former; elles l'ont conduit à exa-
miner les divers carbonates de magnésie et à découvrir un carbonate
anhydre qui fixe avec facilité les éléments de l'eau.
En étendant ses recherches relatives aux équilibres dans les dissolutions,
M. Engel s'est préoccupé de ceux qui s'établissent entre divers sels et un
excès de l'acide qui entre dans leur composition; l'acide sulfurique préci-
pite certains sulfates, comme s'il s'emparait des deux molécules d'eau; la
solubilité des azotates alcalins diminue sensiblement d'une molécule par
molécule d'acide ajouté, tout au moins au commencement de la précipita-
tion; dans une solution saturée, une molécule d'acide chlorhydrique en
déplace sensiblement une de chlorure monovalent, une demi-molécule de
chlorure bivalent; quand il paraît augmenter, au contraire, la solubilité
des chlorures, c'est qu'il se forme des chlorhydrates de chlorures, et
M. Engel a pu isoler huit de ces sels bien définis et cristallisés. Il semble
donc que la loi des proportions multiples se poursuive même dans ces dis-
solutions, l'acide se substituant molécule à molécule au chlorure qu'd
déplace, en donnant tantôt une dissolution définie, tantôt un chlorhydrate
de chlorure cristallisé.
( '09S )
Nous ne rappellerons que pour mémoire les recherches de M. Engel sur
la séparation du chlore et du Liome à l'aide des persulfates alcalins; sur
la manière de mettre en évidence la fonction acide des amines-acides et
autres acides faibles; sur la dissociation des sulfures ammoniacaux et des
hydrates de chloral et de butylchloral (en commun avec M. Moitessier);
sur plusieurs questions de Chimie organique auxquelles l'Académie a
décerné une partie du prix Jecker en 1889.
Mais nous tenons à signaler plus longuement une belle série de Mémoires
relatifs aux hydrates de bioxyde d'étain, étudiés dès 1812 par Berzélius,
plus tard par Gay-Lussac, Fremy, Musculus, etc., et sur lesquels cepen-
dant les données demeuraient confuses, obscures et parfois contradic-
toires. M. Engel a établi qu'indépendamment dn chlorure stannique il
existe deux oxychlorures, répondant à l'acide métastannique de Berzélius,
et différant complètement des oxychlorures que l'on obtient en dissolvant
du bioxyde d'étain dans du chlorure stannique; ceux-ci ne précipitent pas
par l'acide chlorhydrique, qui se borne à changer en chlorure l'excès
d'oxyde ajouté; il n'en est plus de même des oxychlorures de M. Engel :
l'un d'eux, le chlorure métastannique, est précipité par l'acide chlorhy-
drique concentré, l'acide sulfurique ne le trouble pas, et l'eau le décom-
pose en donnant l'acide métastannique de Fremy. Cet acide, après ébulli-
tion prolongée dans l'eau, donne, au contact de l'acide chlorhydrique, un
second oxychlorure, le chlorure parastannique, doué de caractères parti-
culiers : l'acide sulfurique étendu le précipite et l'eau, en le décomposant,
donne, non plus les hydrates métastanniques, mais un nouvel acide défini,
l'acide parastannique, qui forme avec les bases des sels différents des
métastannates, et qui, au contact de l'acide chlorhydrique, régénère le
chlorure parastannique duquel il provient. Ces faits et l'examen des trans-
formations des hydrates ont conduit M. Engel à dissiper les obscurités et
à faire cesser les contradictions qui existaient avant ses travaux. Il a mon-
tré, par exemple, que l'acide stannique perd de l'eau, à la température
ordinaire, pour se changer en acide métastannique, et que, si l'on observe
de près cette transformation d'un corps renfermant 82,7 pour 100 d'eau en
un autre qui en contient 10,7 pour 100, on arrive à un produit qui ne
contient que la proportion imprévue de 8 pour 100 d'eau : le fait tient à ce
que la transformation de l'acide stannique est limitée; elle s'arrête quand
il y a molécules égales des deux acides stannique et métastannique, s'unis-
sant en un stannate de métastannyle formé, comme tout sel à partir de
son acide et de sa base, avec élimination d'eau, et cela explique la plus
( lOC)f> )
faible quantité d'eau restant dans le produit final. M. Engel a pu recon-
naître ainsi que les prétendus acides de Musculus ne sont que des mélanges
et montrer à quoi sont dus les résultats contradictoires des divers auteurs,
relativement aux quantités d'eau trouvées dans ce qu'on désignait tantôt
sous le nom d'acide stannique, tantôt sous celui d'acide métastannique.
L'ensemble de ces longues, difficiles et délicates recherches fait honneur
au savant qui les a effectuées; votre Commission est heureuse de recon-
naître leur importance en proposunt à l'Académie, par un vote unanime,
d'accorder à M. Engel le prix La Caze (Chimie) jjour Tannée 1899.
MINÉRALOGIE ET GEOLOGIE.
PRIX DE LES SE.
(Commissaires : IMM. Fouqué, Gaudry, Hautefeuille, Michel Lévy;
Marcel Bertrand, rapporteur.)
M. W. KiLiASf, professeur à l'Université de Grenoble, s'est consacré
depuis dix ans, avec une activité et une énergie infatigables, à l'étude des
Alpes françaises. Depuis dix ans, l'étude de détail s'est substituée pour nos
montagnes à l'étude d'ensemble, dont le regretté Lory avait si longtemps
seul assumé la charge. Les données nouvelles se sont accumulées, et, sans
que la mémoire de Lory en ait à souffrir ni que l'importance de ses travaux
en soit diminuée, nos idées sur l'histoire de la chaîne se sont progressive-
ment modifiées. Cette périoderécente comptera certainementparmi les plus
fécondes dans l'étude de nos Alpes.
La part de M. Kilian dans les nouveaux résultats acquis est consi-
dérable; il n'est pas un progrès auquel son nom ne se trouve mêlé, et
quelques-uns des résultats les plus importants, comme l'âge de la brèche
du Télégraphe et l'extension du Jurassique supérieur dans les hautes
chaînes, lui appartiennent complètement.
Aussi bien an point de vue de la succession complexe des terrains et de
la détermination de leur âge qu'au point de vue des complications toujours
nouvelles de la structure, il est devenu le meilleur connaisseur des Alpes
( '097 ) .
françaises; il est, comme autrefois Lory, celui dont l'opinion a le plus de
poids dans tous les problèmes qui les concernent. La Commission à l'una-
nimité propose d'accorder le prix Delesse à M. Kiliax.
PRIX FONTANNE.
(Commissaires : MM. Fouqué, Gaudry, Marcel Bertrand, Michel-Iiévy;
de Lapparent, ra|)porteur.)
Les rapides progrès accomplis dans l'exploration de la croûte terrestre
ont mis à découvert tant de richesses paléontologiques, que le nombre des
publications consacrées à cette spécialité devient chaque jour plus consi-
dérable. Aussi, en présence de tant d'ceuvres de mérite soumises à son
examen, la Commission du prix Fontanne éprouverait-elle un sérieux
embarras si, outre l'obligation de récompenser un travail de haute valeur,
elle n'avait, eu vertu des termes mêmes de la donation qui a constitué le
prix, le devoir étroit de rechercher « l'auteur de la meilleure publication
paléontologique ».
Pour se guider dans cette difficile désignation, elle ne peut mieux faire
que de prendre en considération non seulement la valeur descriptive des
travaux, en tant qu'ils enrichissent nos connaissances en fait de restes fos-
siles, mais encore la portée de ces travaux, c'est-à-dire la valeur des con-
séquences générales qui en rejaillissent sur la Science du globe.
C'est pourquoi, bien qu'il eût été agréable à la Commission de donner
un témoignage aux persévérants efforts déployés par quelques spécialistes,
par exemple à ceux qui, depuis tant d'années, se manifestent dans la série
des Annales de Géologie et de Paléontologie, de M. de Gregorio, elle a cru
devoir arrêter son choix sur une œuvre d'un caractère plus synthétique.
A ce point de vue, il lui a paru qu'elle n'en pouvait pas trouver de plus
digne que l'ensemble des publications paléontologiques de M. Emile Uaug.
C'est à l'étude des Ammonoïdés, si importante par la précision qu'elle
imprime à la détermination des horizons géologiques, que M. Haug a con-
sacré la plus grande part de son activité. Ses travaux descriptifs, commen-
cés en i883, l'ont conduit, deux ans après, à une revision de toutes les
espèces d'un groupe déterminé d'Ammonites jurassiques. Poursuivant le
même ordre d'idées, il a été amené à mettre en évidence de curieux plié-
C.,R., 1899, i' Semestre. (T. CXXIX, N° 25.) l45
( i"98 )
noniènes de convergence, produits par l'évolulion parallèle de rameaux
distincts, mais où les différences d'origine restent reconnaissables dans le
mode de développement de la cloison.
Après avoir établi, en itSgi, la synonvmie rigoureuse et l'horizon strati-
graphique des espèces françaises du genre Phylloceras, qui joue un rôle si
important dans la région méditerranéenne; après avoir, en iSgS, ajouté
d'intéressants exemples à la série des phénomènes de dimorphisme que
présentent certains genres d'Ammonites, M. Haug s'est tourné du côté des
Ammonoïdés les plus anciens, ceux des terrains paléozoïques et triasiqucs.
Il a donné à ses recherches une forme définitive dans ses Etudes sur les Go-
niatites, publiées, en 1898, dans les Mémoires de Paléontologie de la Société
géologique de France.
Pour éviter de réunir dans un même groupe des formes parvenues au
même stade de développement, mais issues de souches différentes, l'au-
teur a eu recours à la méthode ontogénique, qui l'avait guidé au cours de
ses recherches sur les Ammonites jurassiques. Il est ainsi parvenu à mettre
en évidence l'existence de plusieurs types d'enroulement, qui demeurent
constants durant les premiers stades de toutes les Goniatites, et persistent
souvent jusque chez Fadulte. Chacun de ces types lui sert à caractériser un
groupe naturel on phylum, où se manifeste une évolution propre dans la
forme du péristome, le développement du goulot siphonal et la complica-
tion des cloisons, tandis que le mode d'enroulement lui-même reste en re-
lation permanente avec la forme de la loge d'habitation : caractère que
M. Haug, à la suite de M. Suess, croit devoir remettre en honneur, en ré-
partissant les Ammonoïdés entre les deux grands groupes des Longidomes
et des Brévidomes.
D'autre part, dans l'étude de la distribution slratigraphique des types,
M. Haug a mis tous ses soins à faire ressortir l'influence probable du mi-
lieu ambiant, ainsi que l'importance des formes dites cryptogènes, dont la
brusque apparition, en un point donné, accuse des changements géogra-
phiques qu'on doit faire intervenir dans l'établissement des limites entre
les périodes. Il a ainsi apporté une contribution de haute valeur à l'étude
des premiers représentants de ce groupe d'animaux marins, qui olfre au-
jourd'hui le critérium le plus sûr pour la détermination du synchronisme
des assises.
Par la précision de ses travaux comme par leur caractère philosophique,
M. Haug s'est placé au nombre des meilleurs paléontologistes de l'époque.
I
( 1099 )
En France, comme à l'étranger, ses publications jouissent d'une réelle au-
torité. Aussi la Commission n'hésite-t-elle pas à proposer de lui attribuer
le prix Fontanne.
BOTANIQUE.
PRIX DESMAZIERES.
(Commissaires : MM. Chatin, Van Tieghem, Bornet, Guignard, Prillieux;
Gaston Bonnier, rapporteur.)
M. l'abbé Hue a envoyé à l'Académie un Mémoire d'une grande valeur
sur une nouvelle classification des Lichens fondée sur leur anatomie. Ce
Mémoire est accompagné de dessins qui représentent très exactement la
structure des principaux types de Lichens.
Après avoir écarté les diverses espèces de Cryptogames qu'on a con-
fondues avec les Lichens, M. l'abbé Hue donne les caractères généraux
du groupe et expose les principes sur lesquels est fondée la classification
qu'il établit.
On sait qu'un Lichen est formé par l'association d'une Algue et d'un
Champignon. C'est surtout d'après la structure des hyphes, c'est-à-dire en
examinant la partie végétative du Champignon, que l'auteur délimite les
grandes divisions de sa classification. Il distingue trois types principaux
dans la structure : le type homaeomère (^Collema, par exemple), où les
hvphes sont dispersés dans toute l'étendue du thalle; le type radiaire
{Usnea, par exemple), où les hyphes forment deux couches distinctes et
circulaires, l'une médiane et l'autre extérieure; le type dorsiventral
(Parmelia, par exemple), où les hyphes présentent trois couches, deux cor-
ticales dissemblables et une médullaire.
La nature de l'Al^^ue associée au Lichen, ou gonidie, la forme et la con-
stitution de la fruclification du Champignon, ou apolhécie, ne fournissent
que des données de second ordre.
L'auteur n'a pas la prétention d'avoir découvert les caractères sur les-
quels il s'appuie, car les diverses structures du thalle des Lichens ont déjà
( non )
élé discutées et figurées par plusieurs botanistes, entre autres Schwen-
dener, Fûnfstuck, Zukal, Wainio et Reinke; mais c'est l'application de ces
caractères au classement méthodique et rationnel de ces végétaux, dont
l'étude systématique est si difficile, qui constitue le mérite spécial du Tra-
vail de M. l'abbé Hue.
Il est curieux de remarquer que celle classification, fondée sur les
caractères anatomiques, se rapproche plus de celles quiavait adoptées les
lichénographes du commencement de ce siècle, tels que Hoffmann, Acha-
rius, Eischweiler, édifiées sans l'aide du microscope, que des classifica-
tions plus récentes. H y a donc une concordance plus grande entre les
caractères anatomiques et les caractères de morphologie générale qu'entre
ces mêmes caractères et ceux qui sont tirés des spores dont on avait essayé
de faire la base d'un classement des Lichens.
Devant l'importance de ce Travail, la Commission accorde à M. l'abbé
Hue le prix Desmazières.
La Commission a, en outre, examiné un Travail imprimé de M. le D"" G.
Leuduger-Fortmorel, intitulé : Diatomées de la côte occidentale d'Afrique,
qui fait suite aux Ouvrages de même nature que l'auteur a publiés anté-
rieurement sur les Diatomées de Saint-Brieuc et des côtes du Nord, sur les
Diatomées de l'île de Ceylan, de la Malaisie. La bande littorale du conti-
nent africain, qui s'étend du Maroc au Cap de Bonne-Espérance, est à
peine connue au point de vue des Diatomées. Des circonstances favorables
ont mis à la disposition de M. Leuduger-Fortmorel des matériaux prove-
nant d'une douzaine de localités distribuées le long de celte côte. Il en a
déterminé les espèces, et les listes qu'il donne pour chaque localité forment
un total déjà considérable. Beaucoup d'espèces nouvelles sont décrites et
figurées dans 8 planches, d'après les dessins de l'auteur. Une telle série
de recherches est digne d'une récompense; aussi la Commission accorde
une mention honorable à M. Leuduger-Fortmorel.
PRIX MONTAGNE.
(Commissaires : MM. Chalin, Van Tieghem, Guignard, Bonnier, Prillieux;
Bornet, rapporteur.)
Parmi les travaux imprimés ou manuscrits adressés au Secrétariat pour
les prix attribués à l'étude des plantes cryptogames, deux Ouvrages rela-
1
{ iioï )
tifs aux Mousses, l'un et l'autre de valeur sérieuse, ont été distingués
par la Commission. Le premier, remarquable par la méthode et la maîtrise
avec lequel il est exécuté, non moins que par la netteté des résultats aux-
quels il a conduit, est l'œuvre de M. Jules Cakdot, dont l'Académie a déjà
récompensé les travaux en iSpS. En même temps que diverses publica-
tions utiles et intéressantes, telles qu'un Catalogue général synonymique
et bibliographique des Sphagnum, une Revision des échantillons-types des
Mousses nord-américaines contenues dans l'herbier d'Hedwig et de
Schwegrichen, des Contributions aux flores bryologiques des Açores, de
Java, etc., qui ont paru dans ces deux dernières années, l'auteur a présenté
un travail manuscrit de 78 pages, accompagné de 36 planches, qui a pour
titre : Recherches anatomiques sur les Leiicohryacées.
Le Leucobryum glaucum, type de cette famille, dont les espèces décrites
sont au nomlire de 176, mais qui sont en réalité plus nombreuses, est une
des Mousses les plus remarquables de notre région. Ses touffes en coussins
denses, épais, spongieux, sa couleur glauque ou blanchâtre la distinguent
de loin de toutes les autres. Cet aspect particulier est dû à la structure des
feuilles qui, de même que celles des Sphagnum, sont formées d'un sque-
lette de cellules étroites contenant de la chlorophylle, et de grandes cel-
lules vides, incolores, à parois minces. Les genres réunis dans la famille
des Leucobryacées étant jusqu'à présent insuffisamment définis, et com-
prenant, par suite, des espèces disparates, une étude d'ensemble était de-
venue nécessaire. M. Cardot l'a entreprise. En faisant concourir les ca-
ractères anatomiques avec ceux que fournit la forme des organes et le port
des plantes, il s'aperçut bientôt que la structure analomique de la feuille,
la situation, la forme, la complication, les relations réciproques des deux
sortes de cellules donnent naissance à des combinaisons variées qui peuvent
servir de base à l'établissement des tribus, des genres, et même à la déli-
mitation des espèces.
Nous ne saurions exposer ici les différences anatomiques signalées par
l'auteur, ni indiquer l'application qu'il en a faite à la classification de la fa-
mille, il convient pourtant de dire que ses recherches établissent définiti-
vement que les feuilles des Leucobryum sont presque entièrement formées
par la nervure très dilatée, ainsi que de Notatis l'avait pressenti, et que les
Leucobryacées ont, au point de vue analomique, îles affinités très nettes
avec les Dicranacées et le genre Syrrhopodon, dont elles se rapprochent
déjà par l'organisation du sporogone.
( II02 )
I/auteiir du second travail, le Frère Héribaud Joseph, professeur au
pensionnat de Clermont-Ferrand, est, lui aussi, lauréat de l'Académie.
Les Muscinées cl Auvergne constituent un beau volume de 544 pag^s, où
l'auteur a consigné le résultat des herborisations qu'il a poursuivies pen-
dant une longue série d'années. Grâce aux matériaux rassemblés par lui-
même ou qu'il a reçus de ses correspondants, il a été en mesure de tracer
une histoire à peu près complète de la bryologie d'une région intéressante
et qu'il connaît à merveille. Dans une série de chapitres très développés,
il décrit successivement la géologie, l'hydrographie, la climatologie du
Puy-de-Dôme et du Cantal, la propagation et les conditions d'existence
des Mousses, les régions bryologiques, les florules comparées des deux
départements, et de ces deux départements avec les Pyrénées, les Alpes,
le Jura et les Vosges. La seconde partie de l'Ouvrage contient l'énuméra-
tion des 634 espèces de Muscinées trouvées jusqu'à présent en Auvergne.
Un grand nombre d'observations critiques sur les espèces litigieuses, la
description succincte, mais suffisante, des variétés et des formes nouA'elles
ou peu connues, augmentent beaucoup l'intérêt et l'utilité pratique du Livre.
Heureux de reconnaître le mérite de ces deux travaux, et autorisée par
les dispositions prises par le fondateur à décerner deux prix Montagne, la
Commission attribue le premier, à M. Jules Cardot, et le second, au
Frère Héribaud Joseph.
PRIX TIIORE.
(Commissaires : MM. Bornet, Van Tieghem, Perrier, Bonnier;
Guignard, rapporteur.)
La classification des Fougères a été fondée, jusqu'ici, à peu près exclusi-
vement sur des caractères tirés de la morphologie externe et surtout de la
conformation et de la localisation des sporanges sur les feuilles. La présence
ou l'absence d'anneau sur les sporanges, le développement plus ou moins
complet et la direction de cet organe, la forme de l'indusium quand il
existe, la disposition des sores, etc. fournissent les bases principales de la
classification. Ce n'est pas que, parmi les nombreux auteurs qui ont étudié
la structure des Fougères, plusieurs n'aient songé à comparer, au point de
vue taxinomique, les données qu'elle peut fournir avec celles qui sont
empruntées à la morphologie externe; mais on n'a pas encore envisagé
d'une façon suffisamment générale l'application des caractères anatomiques
au groupement systématique de ces plantes.
( iio3 )
Cette considération a conduit M. Paul Paumentier à entreprendre une
étude des Fougères basée à la fois sur l'anatomie et la morphologie
externe. Pensant avec raison que tous les caractères, tant internes qu'ex-
ternes, doivent se compléter mutuellement dans les recherches taxino-
miques, ce botaniste s'est adonné avec ardeur, depuis une dizaine d'années,
à ce genre d'observations et a déjà publié sur divers groupes de Phanéro-
games des travaux estimés. Il était donc bien préparé pour des recherches
analogues sur les Fougères.
Dans un Mémoire intitulé : Recherches sur la structure de la feuille des
Fougères et leur classijîcation, il passe en revue une soixantaine de genres
appartenant à chacune des tribus que l'on peut distinguer dans ce groupe
de végétaux. Il a reconnu que la conformation des faisceaux ligneux
pétiolaires, considérés surtout à la base de l'organe, la forme et la structure
(les poils épidermiques, l'existence ou l'absence dans le pétiole d'éléments
oléo-résinifères, la structure du mésophylle, etc., constituent un ensemble
de caractères de premier ordre, qui, combinés judicieusement avec ceux
du dehors employés jusqu'à ce jour par les monographes, lui ont servi à
subordonner systématiquement les familles et les genres, tout en permet-
tant d'entrevoir la filiation probable de ces diverses entités taxinomiques.
D'une façon générale, l'anatomie confirme les données fournies par la
morphologie externe, et les variations de structure coïncident, notamment,
avec celles que l'on observe dans la direction de l'anneau des sporanges.
Même les caractères d'importance subordonnée, tirés de la forme de l'indu-
sium, de la position des sores, de la forme et de la déhiscence des spo-
ranges, du mode de terminaison des nervures sur les bords de la feuille,
présentent fréquemment une concordance manifeste avec les caractères
anatomiques. La présence d'éléments oléo-résinifères circonscrit nettement
certaines familles et certains genres; il en est de même pour les poils; par
contre, l'existence de l'oxalate de calcium n'a que la valeur d'un carac-
tère spécifique.
Ces résultats ont conduit d'abord M. Parmentier à établir une classifi-
cation générale des Fougères, qui a l'avantage de s'appuyer sur la combi-
naison raisonnée des caractères anatomiques et morphologiques. Ensuite,
après avoir rais en évidence, par l'élude de nombreux spécimens, la fixité
des caractères anatomiques dans une même espèce et dans les diverses
conditions de végétation, il a pu donner la diagnose de toutes les Fougères
et de la flore française. Ce travail, abordé partiellement par certains
auteurs, n'avait pas encore été poursuivi ni exécuté d'une façon aussi com-
( iio4 )
plète. Si quelques-uns des rapprochements admis par l'auteur peuvent
prêter à controverse, et si la discussion touchant les caractères distinctifs
des espèces et des variétés reste toujours ouverte, le Mémoire de M. Par-
nientier n'en fournit pas moins, au point de vue théorique et pratique,
une importante contribution à l'étude systématique du groupe le plus
considérable des Cryptogames vasculaires.
Dans un travail ayant pour titre : Recherches sur la végétation de quel-
ques Algues d'eau douce, M. Bouilhac étudie trois questions différentes :
1° l'influence de l'acide arsénique sur la végétation de quelques-unes de
ces plantes; i" la fixation de l'azote atmosphérique par l'association des
Algues et des Bactéries ; 3° les conditions permettant de cultiver un Nostoc
en l'absence de lumière.
1. Bien que l'acide arsénique ait toujours été considéré comme un poison
violent pour les animaux et les plantes, on sait pourtant que certains
Champignons inférieurs peuvent vivre dans des solutions arsenicales.
Comme on connaît, d'autre part, les analogies chimiques qui existent
entre l'acide arsénique et l'acide phosphorique et le besoin qu'ont les
plantes de ce dernier composé pour leur végétation, on pouvait se
demander si, dans quelques cas toutau moins, les phosphates ne pourraient
pas être remplacés par les arséniates.
En semant les spores de diverses Algues vertes communes dans une solu-
tion nutritive additionnée de proportions variables d'arséniate de potasse,
M. Bouilhac a d'abord constaté qu'elles peuvent s'y développer, quand on
ne dépasse pas une certaine dose, et que, même en présence de l'acide
phosphorique, elles saisissent au moins des traces d'acide arsénique.
Cultivant ensuite, à l'état de pureté, certaines espèces appartenant aux
genres, SticJiocuccus ^ISchizolhrix àsins des solutions nutritives additionnées
d'arséniate de potasse, mais contenant moins d'acide phosphorique que dans
le cas précédent, il croit pouvoir conclure que ce dernier corps peut être
remplacé partiellement par l'acide arsénique.
2. Le second chapitre du Mémoire de l'auteur a trait à la fixation de
l'azote atmosphérique par les Algues. On avait remarqué dans ces derniers
temps que certains Nostocs, qui se rencontrent communément à la surface
de la terre végétale, sont capables de fixer l'azote libre de l'air en quantité
notable. Mais, les cultures n'ayant pas été faites à l'état de pureté, il
restait à savoir si celte fixation est opérée directement par les végétaux
en question ou bien si elle n'est pas, comme on l'avait déjà constaté pour
( ..o5 )
cerlaines Algues vertes, le résultat d'une symbiose avec les Bactéries. Pour
résoudre le problème, il fallait nécessairement obtenir des cultures pures
et rechercher comment une espèce donnée se comporte soit seule, soit en
mélange avec des Bactéries.
Sous ce rapport, il y aurait, d'après M. Bouilhac, des différences entre
les Algues d'un même groupe. Le Nostoc punctiforme, par exemple, ne fixe
pas l'azote libre en culture pure, mais il en opère la fixation en présence
des bactéries du sol, tandis que \e Schizothrix lardacea, qui est également
une Nostocacée, ne le fixerait ni dans un cas ni dans l'autre, et il en serait
de même pour une Algue verte, V Ulothrix flaccicla.
3. Enfin, dans une dernière série d'expériences, l'auteur a recherché
l'influence du glucose sur la végétation du Nostoc punctiforme. Le résultat
le plus saillant de ces observations est le suivant : tandis que ce Nostocr
cultivé en solution purement minérale, a besoin de lumière pour végéter
et décomposer l'acide carbonique aérien, il se développe h l'obscurité com-
plète si l'on ajoute du glucose à la solution minérale, à condition toutefois
que la proportion de glucose ne soit pas trop élevée et que la température
soit voisine de 3o°. Ce résultat est intéressant en ce qu'il montre qu'une
plante inférieure pourvue de chlorophylle peut, suivant les conditions,
emprunter sa matière organique à deux sources différentes, l'acide carbo-
nique aérien à la lumière, une substance carbonée à l'obscurité.
Ces recherches délicates méritent de fixer l'attention. S'il reste encore
beaucoup à faire dans cette voie, on n'en doit pas moins savoir gré à
M. Bouilhac d'avoir élucidé certains points encore peu connus de la phv-
siologie des Algues inférieures.
La Commission propose de partager le prix Thore entre MM. Par-
MENTIER et Bouii.iiA».:.
ANAÏOMIE ET ZOOLOGIE.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
(Commissaires : MM. Milne-Edwards, ('e Lacaze-Duthiers,
Perrier, Filhol, Borne!.)
Le grand prix des Sciences physiques pour 1899 n'est pas décerné.
C. R., 1899, 2» Semestre. (T. CXXIX, N» 25.) l46
( iio6 )
PRIX BORDIN (SCIENCES PHYSIQUES).
(Commissaires : MM. Milne-Erlwards, Perrier, de Lacaze-Duthiers,
Ranvier; Filhol, rapporteur.)
Le sujet mis au concours pour le prix Bordin était le suivant : Études des
modifications des organes des sens chez les animaux cavernicoles.
Un seul travail est parvenu à l'Académie, c'est celui de M. Viré, intitulé :
La Faune souterraine de la France.
Avant les travaux de M. Viré on savait bien que les animaux des cavernes
possédaient certains organes atrophiés et hypertrophiés; mais ce que l'on
ignorait encore en grande partie, c'étaient les causes et le mécanisme intime
de ces anomalies apparentes.
Grâce aux explorations multipliées qu'il a accomplies, seul ou avec
M. Martel, dans de très nombreuses cavernes ou gouffres du centre de
la France; grâce aux expériences diverses qu'il a pu faire au Muséum
d'Histoire naturelle, dans le laboratoire des catacombes, dont la création
est due à M. A. Milne-Edwards, M. Viré a pu mener à bonne fin son
travail.
Il nous a appris, fait opposé à ce que l'on admettait, que, dès qu'un
animal est soumis au régime de l'obscurité, ses organes de relation ou une
partie d'entre eux se modifient dès la première génération.
Pour certaines espèces, ces modifications s'accentuent graduellement
sous les yeux de l'observateur; les organes du tact, de l'ouïe, de l'odorat
s'hypertrophient, alors que l'œil s'atrophie, que le pigment qu'il renferme
disparaît. Par suite de ces transitions absolument graduelles, des espèces
aériennes changent (teu à peu jusqu'à produire des formes considérées à
tort jusqu'ici comme spécifiques et spéciales aux cavernes. Celte observa-
tion importante permet de saisir, grâce au changement d'une seule des con-
ditions des milieux, la série des modifications qui président à la variation
des espèces.
D'autre part, M. Viré a soumis à l'influence de la lumière des animaux
recueillis dans les cavernes et privés d'organes visuels. Il a vu la repig-
mentation s'accomplir. Des expériences longuement continuées devront lui
permettre de mieux préciser les conséquences définitives de cette action.
Durant le cours de ses investigations dans les cavernes, M. Viré a décou-
vert de nombreuses espèces d'insectes qui n'avaient pas encore été signa-
( II07 )
lées et dont peut-être quelques-unes, dit-il, grâce à leur mode spécial
d'existence, pourraient provenir d'époques géologiques antérieures, par
suite de ce fait qu'elles ont été moins soumises aux influences extérieures
des climats.
Votre Commission a pensé que les recherches de M. Viré présentaient
un réel intérêt scientifique, et elle vous propose de lui accorder le prix
Bordin.
PRIX SAVIGNY.
(Commissaires : MM. Perrier, de Lacaze-Duthiers, Filhol, Blanchard;
Milne-Edwards, rapporteur.)
Votre Commission a décerné le prix Savigny pour 1899 à M. Guillaume
GiiANDiDiER, pour son voyage à Madagascar.
M. G. Grandidier, suivant les traces de son père, a exploré pendant
quinze mois la grande île africaine, de mars 1898 à mai 1899, visitant suc-
cessivement les régions de l'ouest, du centre et de l'est qu'il a étudiées
au point de vue géographique et surtout au point de vue de l'histoire natu-
relle. Son itinéraire ne compte pas moins de jooo"^"".
Il a commencé ses recherches sur la côte occidentale oii il a découvert
à Moroundava un Rongeur inconnu (Mus auratus), divers petits Mammi-
fères intéressants et de nombreux Insectes. A Bélo, il a pratiqué des
fouilles au milieu des marais et, malgré des difficultés considérables pro-
venant de la nature du sol et de l'insécurité du pays, il a réuni une belle
collection d'ossements du plus grand des ^Epyornis, comprenant tous les
os de la patte, jusqu'aux dernières phalanges, et montrant que cet Oiseau
gigantesque était incapable de nager. Il a exhumé également des débris
du squelette de plusieurs Lémuriens de grande taille dont l'espèce est tout
à fait éteinte.
Dans le sud-ouest, à Tuléar, il a continué ses collections et, dans les
marécages tl'Ambolisalra, il a découvert le Peloriadapis, genre disparu
dont la taille était de beaucoup supérieure à celle de tous les Lémuriens
actuels.
De Tuléar à Fianarantsoa, il a traversé une région qu'aucun Européen
n'avait encore visitée, et il a relevé le cours du Sakondry, colleclionuaut
sur son passage des Insectes d'espèce inconnue, des Crustacés d'eau douce
et une grande Euphorbiacée arborescente, V Euphorhia enlophora. Plus
loin, dans le district d'Ikongo, ses récoltes ont été aussi importantes.
( iio8 )
La région nue et désolée qui s'étend entre Fianarantsoa et ïananarive
lui a fourni de nombreux minéraux.
Sur la côte nord-est, il a consacré deux mois entiers à fouiller l'empla-
cement d'une ancienne ville arabe du x* siècle, sans négliger ses recherches
/.oologiques qui, là encore, ont été très fructueuses.
MEDECINE ET CHIRURGIE.
PRIX MONTYON (Médecine et Chirurgie).
(Commissaires: MM. Bouchard, Guyon, Marey, Lannelongue, d'Arsonval,
Brouardel, Ranvier, Chauveau ; Potain, rapporteur.)
L'un des prix est décerné à MM. Nocard et Leclai\ciie, pour leur Livre :
Les maladies microbiennes. Ce n'est pas parce que ce Livre, qui traite d'un
sujet non pas neuf mais entièrement renouvelé, est fort bien fait, mais à
cause de la part considérable prise par les auteurs, l'un d'eux surtout, aux
progrès si importants accomplis |)ar la Physiologie pathologique dans le
domaine nouA eau que les immortelles découvertes de Pasteur ont ouvert
à l'activité des chercheurs.
Parmi les maladies décrites par MM. Nocard etLecIainche, les unes sont
particulières aux espèces animales, les autres sont communes à l'homme
et aux animaux domestiques. Nous signalerons surtout les faits nouveaux
relatifs à ces dernières : le tétanos, la rage, le charbon, la morve, la tuber-
culose.
Sur le tétanos, il faut citer particulièrement le traitement préventif de la
maladie parla sérothérapie. Expérimenté en grand, par M. Nocard, avec
le plus grand succès, sur les animaux domestiques, ce traitement a donné
assez de preuves de son efficacité pour qu'on soit autorisé à en attendre les
mêmes excellents résultats dans son application à l'espèce humaine.
Les contributions à la connaissance et à la prévention de la rage sont
nombreuses et importantes. Il suffit d'en signaler une, due à la collabora-
lion de M. Nocard et de notre confrère M. Roux. Après avoir confirmé la
découverte de M. Gallier sur l'effet vaccinal des injections intraveineuses
( "09 )
du virus rabique chez le mouton et la chèvre, ils ont montré l'heureux
parti qu'on peut tirer, contre l'éclosion de la rage des ruminants, des injec-
tions inlravasculaires d'émulsions nerveuses virulentes. Ces injections
inlravasculaires, pratiquées vingt-quatre heures après l'injection intra-
oculaire de virus rabique (moyen aussi sûr que l'inoculation crânienne de
communiquer la maladie), préservent toujours les animaux de la rage. Au
cours de ces expériences, les auteurs ont rencontré un autre fait extrême-
ment intéressant, au sujet de la pathogénie de la rage, à savoir que l'injec-
tion, sûrement préservatrice quand on la pratique dans un vaisseau arté-
riel dont le sang emporte le virus loin des centres nerveux, est non moins
sûrement contaminante si le virus est poussé dans le sang d'une artère,
telle la carotide, chargée d'irriguer ces centres nerveux.
Si les faits nouveaux, trouvés par les auteurs en étudiant le iv/M^c/iarèo/z-
neux, sont peu nombreux, il en est toutefois qui s'imposent à l'attention
d'une maniiîre tout à fait parliculière. La physiologie générale du virus a à
tirer bon parti de l'observaLion, faite par M. Leclainche, que la bactéridie
de Davainne se cultive et s'entretient, chez la chèvre, pendant des mois,
dans les sinus galactophores, où l'agent virulent a été injecté, après vacci-
nation préalable du sujet.
Avec la moire, les contributions personnelles des auteurs se multiplient
et prennent une importance pratique considérable. Les recherches persé-
vérantes de M. Nocard l'ont amené à préciser les conditions qui assurent
l'infection morveuse par les voies digestives et à découvrir des lésions pul-
monaires spontanément curables. Grâce à ces déterminations nouvelles,
les expériences sur le diagnostic de la morve au moyen de la mallcine
pouvaient être poursuivies avec une très grande sûreté. Et elles l'ont été
d'une manière extrêmement méthodique par M. Nocard. Nul n'a autant con-
tribué à établir les principes de la malléination appliquée au diagnostic des
formes larvées de la morve chevaline.
Ajoutons que, dans l'étude des maladies qui peuvent simuler l'affection
farcino-morveuse, M. Nocaril a concouru au progrès, particulièrement par
la distinction qu'on lui doit du microbe delà lymphangite ulcéreuse du cheval.
\j'A tuberculose, qui vient enfin, a été beaucoup étudiée par les auteurs.
On doit à M. Nocard, collaborant avec M. Roux, ungrand perfectionnement
des procédés de culture du microbe de la maladie par l'introduction de la
glycérine dans les milieux de culture, solides ou liquides.
M. Nocard a encore à son actif une série d'études sur la tuberculose du
cheval : tuberculose pulmonaire, appartenant au type humain; tuberculose
abdominale, se rattachant au type aviaire.
( iiio )
A citer, de plus, la détermination, déjà commencée par J. Courmont et
L. Dor, des relations étroites existant entre ces denx types de tuberculose,
considérés le plus généralement comme étant absolument distincts l'un de
l'autre.
Mais les efforts les plus méritants de M. Nocard, ceux qui ont rendu les
plus grands services, ont été consacrés à l'application de la tuberculination
de Roch au diagnostic de la tuberculose dans l'espèce bovine. On ne peut
y comparer que les elforts de Baug, en Danemarck, appliqués au même
objet. Grâce à la campagne vigoureuse menée par ces deux expérimenta-
teurs, le public sait qu'on peut diagnostiquer avec une sûreté presque
absolue l'existence de la tuberculose la plus cachée. D'où la possibilité
d'entreprendre, avec succès, la lutte contre la propagation de la maladie
entre bovins ou de l'espèce bovine à l'homme par l'alimentation avec le lait.
Dans le champ d'étude des maladies spéciales aux animaux, la récolte
des faits normaux n'a pas été moins importante.
Comme il faut se restreindre, nous nous bornerons à signaler :
1° La découverte, par M. Nocard, du microbe du farcin du bœuf, strep-
totrix spécial, très répandu maintenant, comme objet d'études et d'exer-
cices, dans tous les laboratoires d'enseignement;
2° La culture à l'état de pureté, et en grande abondance, du virus de la
clavelée, dans la substance cérébrale du mouton, auquel l'inoculation du
virus communique toujours une clavelée mortelle, quand c'est cette sub-
stance qui reçoit directement le virus.
3° ],a détermination par M. Leclainche de l'agent du coryza gangreneux
du bœuf, agent considéré par l'auteur comme un coli-hacille ;
4° Enfin la démonstration, faite par M. Leclainche, de la possibilité
d'enrayer l'infection du rouget du porc de douze à quarante-huit heures,
suivant les espèces, après l'inoculation, eu faisant intervenir la sérothé-
rapie préventive. M. Leclainche a démontré qu'on peut obtenir le sérum
actif nécessaire à cette prévention non seulement sur le lapin, le porc, le
mouton, mais encore sur le cheval, qui en donne des quantités énormes
et se prêle ainsi parfaitement à l'exploitation en grand de la méthode.
Grâce à l'immunité immédiate qu'elle confère sans aucun risque, elle
permet d'intervenir dans les porcheries déjà infectées. Il est vrai que cette
immunité immédiate est passagère. Mais l'addition au sérum d'une culture
virulente, en quantité égale, rend l'immunité durable sans accroître les
dangers de l'inoculation, qu'on peut considérer comme à peu près nuls.
Parmi les œuvres médicales, pour la plupart très remarquables, pré-
( I"! )
sentées cette année au concours pour le priv Montyon, il en est une qui a
paru à votre Commission spécialement digne de vous être désignée comme
méritant le prix. C'est le Traité de Diagnostic médical et de Séméiologie du
professeur Mayet, de Lyon.
Il a tout d'abord le mérite très particulier d'être, pour le moment, uu
Livre unique, c'est-à-dire le premier Traité de ce genre qu'on ait entrepris
de publier en France depuis près d'un siècle; encore bien que la Science
médicale se soit, à l'égard des matières dont il est question, radicalement
transformée dans cet espace de temps.
Or, si on ne l'avait point fait, ce n'est pas faute assurément d'en sentir
l'importance et la nécessité. Sans Séméiologie, il ne saurait exister de mé-
decine clinique; c'est dire que la Médecine n'existerait pas. Le pronostic, le
traitement des maladies ne peuvent, en effet, être basés que sur des indices
fournis par la Séméiologie. Les plus grandes découvertes de l'Anatomie, de
la Physiologie pathologique, de la Pathogénie seraient lettres mortes si
elles ne trouvaient |)as, dans la Séméiologie, les moyens d'éclairer sur l'être
vivant les caractères inlimesetla nature de la maladie. Mais, par bonheur,
il n'est pour ainsi dire pas de découverte de la Science moderne qui n'y ait
trouvé une application, et vous en avez eu récemment un exemple en-
core dans tout ce qu'elle sut emprunter aux rayons de Rontgen, dès qu'ils
lui furent révélés. On conçoit ainsi la portée inimense de la Séméiologie
et des progrès considérables que le siècle actuel lui a fait faire. C'est par
les progrès incessants de sa technique séméiologique que la Médecine
d'aujourd'hui se distingue surtout de celle des temps antiques et même de
celle du siècle dernier.
Les applications des sciences à la Médecine pratique sont ainsi devenues
sans nombre et souvent des plus délicates. Aussi ne faut-il pas s'étonner
que les auteurs aient hésité à entreprendre de les considérer dans leiu* en-
semble en même temps que dans tous leurs détails. On a publié bien des
manuels, beaucoup de traités concernant chacune des parties de la Séméio-
logie en particulier; jamais rien de complet. Sans doute aussi, dans les
traités de Pathologie interne, on a nécessairement énuméré, à propos de
chacune des maladies, les divers signes à l'aide desquels on les peut re-
connaître. Mais SI l'on a constitué ainsi un tableau frappant pour chaque
type envisagé, cette forme synthétique, comme on l'a souvent fait remar-
quer, répond mal au procédé intellectuel tout analytique, par lequel le
médecin, en face de son malade, doit le plus souvent remonter du symp-
tôme à la maladie. Elle s'accorde peu surtout avec ce fait que, en Patho-
( ' 1 '9 )
logie, la phrase symptomatique est souvent incomplète et que la nature
vent être entendue à demi-mot.
Un Traité s'imposait donc où chaque symptôme fut étudié en lui-même
et dans ces nuances les plus délicates où la valeur de ces nuances fût exac-
tement spécifiée. C'est cette œuvre que M. Mayet a entreprise et a su
mener à bonne fin : OEiivre, il faut le dire, toute d'abnégation et de dévoue-
ment, car, s'il est singulièrement tentant de se lancer à la découverte de
quelque élément nouveau de Pathogénie ou de Séméiologie ; si, sur une
piste de ce genre, volontiers on consacre à sa poursuite une bonne partie
de son existence; il est beaucoup moins séduisant de vérifier patiemment
et attentivement la valeur de chacun des éléments de la Séméiologie, telle
qu'elle est actuellement constituée, d'en préciser la technique, d'en déter-
miner la signification précise en toute circonstance et de refaire ainsi la
Médecine entière en se plaçant au point de vue séméiologique. Tout cela, I
le professeur Mayet l'a fait avec une admirable conscience.
En le faisant, il a réalisé une œuvre d'une haute valeur et d'une srande
utilité. Et si nous ajoutons que, non content d'exposer l'état de la Science,
il y a ajouté le produit de ses propres recherches et les faits nouveaux
qu'elles lui avaient fournis, nous aurons justifié suffisamment la propo-
sition de votre Commission, qui est d'accorder à M. le professeur Mayet
un prix Montyon de Médecine pour cette année.
Rapport sw !e « Traité de l'allaitement et de l'alimentation des enfants 4
du premier âge ». par M. le D-^ A.-B. Marfan; par M. Gcyox. "
La mortalité des nouveau-nés est considérable. Elle égale dans la pre-
mière année celle des vieillards qui ont atteint ou dépassé 8o ans; sur
looo enfants qui naissent, il en meurt environ 200 avant le douzième mois,
la plupart succombent à des troubles digestifs. Ces pertes effrayantes ne
sont pas compensées par la natalité. Si l'on ne doit pas désespérer de son
relèvement, la nature des difficultés qui lui font obstacle ne peut laisser
l'illusion de l'obtenir prochainement.
La vie des enfants et le maintien de leur santé ne sont plus seulement le
bien le plus précieux de nos familles, l'avenir de notre pays dépend de
leur conservation. L'élude des causes de la mortalité des enfants en bas
âge, des moyens de la prévenir et de la combattre offre, à la fois, l'intérêt
d'une question médicale et d'une question sociale de premier ordre.
i
( i"3 )
M. le D'' Marfan est de ceux qui se sont attachés avec persévérance à
son étude; depuis huit ans il n'a cessé d'y apporter des contributions im-
portantes. Aussi bien par ses recherches et ses publications que dans l'en-
seignement dont il a été chargé par la Faculté de Médecine, il a soumis à
un examen approfondi chacun des points de ce difficile et attachant pro-
blème. Son Livre présente l'ensemble très complet de nos connaissances
actuelles sur l'allaitement et l'alimentation des enfants du premier âge;
les résultats obtenus donnent la preuve de la puissance d'une direction
médicale éclairée, et témoignent de l'influence exercée sur les progrès
accomplis par les travaux de l'auteur.
Le Traité de l' allaitement est une œuvre personnelle, et l'esprit dans
lequel il a été conçu lui donne son véritable caractère. Il renferme un
abrégé de la chimie du lait, un exposé de la physiologie de la mamelle,
une étude très complète des microbes du lait; deux Chapitres sont consa-
crés à la digestion du lait et aux échanges nutritifs chez le nourrisson.
L'auteur a donné de grands développements à toutes ces questions, car il
estime que les médecins ne peuvent ignorer les résultats obtenus par la
Chimie, la Physiologie et la Bactériologie, sans courir le risque de retomber
dans l'empirisme grossier et meurtrier, auquel il faut soustraire les nour-
rissons. C'est en prenant, comme point de départ, chacune de ces données
scientifiques, pour les soumettre au contrôle et à la critique de l'observa-
tion clinique, que M. Marfan est arrivé à formuler les préceptes précis et
pratiques qui ont fait si longtemps défaut dans cette délicate partie de l'Art
médical.
La méthode à laquelle il a obéi rend intéressants et instructifs tous les
Chapitres de son Livre, mais elle marque particulièrement de son empreinte
ceux qui lui sont personnels. Je ne puis les indiquer tous; je signale seu-
lement l'importance des démonstrations relatives à l'existence, dans le lait
stérilisé, de poisons capables d'engendrer le choléra infantile; aux condi-
tions qui permettent à cette dangereuse adultération de se produire, aux
moyens qui peuvent très sûrement s'y opposer, aux indications du cou-
page du lait, à tous les détads relatifs à son administration aux différentes
époques du début de la vie, à l'emploi si précieux de la diète aqueuse dans
les gastro-entérites graves ou tenaces.
La lecture du Livre de M. Marfan entraine la conviction. Le médecin a
le devoir de mettre les nouveau-nés dans les conditions qui permettent
le développement régulier et progressif des fonctions de leur appareil di-
gestif. Là se trouve le secret de la conservation de leur existence et, dans
C. R., 1899, 2- Semestre. (T. CXXIX, N" 25.) l47
( ii'4 )
une certaine mesure, celui de l'amélioration de notre race. Les accidents
qui menacent la vie de l'enfant qui vient de naître portent toujours atteinte,
quand ils l'épargnent, à sa santé. Les effets d'une alimentation défectueuse
se perpétuent; ils empêchent les jeunes sujets d'être mis en possession
d'un corps robuste et sain, capable de déjouer les atteintes de la maladie ou
d'y résister, et de ne laisser se reproduire, qu'après une longue accumu-
lation d'années, la fragilité des premiers mois.
C'est à une œuvre scientifique et pratique, patiemment mûrie et vrai-
ment humanitaire, que la Commission des prix Montyon, de Médecine et
de Chirurgie, propose à l'Académie de décerner l'un de ceux dont elle dis-
pose.
La Commission accorde, en outre, des mentions à MM. Lejaks, Fournier
et Garxier; des citations à MM. Guille.mo.vat et Labbé.
PRIX BARBIER.
(Commissaires : MM. Bouchard, Guyon, Guignard, Potain;
Lannelongue, rapporteur.)
La Commission du prix Barbier a décidé, à l'unanimité, de partager le
prix entre MM. Houdas et Joua.mn pour leurs recherches originales sur le
lierre terrestre; M.Lapicqiie pour ses observations relatives à la substitu-
tion du chlorure de potassium au chlorure de sodium chez certaines peu-
plades de l'Asie; et M. Schlagdenhauffe.v pour ses contributions à l'étude
du genre Coronilla.
MM. Schlagdenuauffen et Reeb ont publié, dans ces derniers temps, une
étude à la fois botanique, chimique, physiologique et thérapeutique sur
certaines Légumineuses appartenant au genre Coronilla. La plus intéres-
sante parmi les espèces de ce genre est connue depuis longtemps, en rai-
son de ses propriétés spéciales, sous le nom iVamarelle, qu'où appelle aussi
queue de scorpion (Coronilla scorpioides). Plus heureux que leurs devanciers,
les auteurs de cette étude ont réussi à retirer de cette plante, ainsi que de
plusieurs espèces voisines, un principe actif doué de propriétés physiolo-
giques spéciales et auquel ils ont donné le nom à& coronilline . C'est un glu-
coside analogue, sous certains rapports, à la digitaline et à la strophantine,
mais qui possède aussi quelques réactions chimiques spécifiques.
( "l'> )
L'isolement de ce composé a permis d'étudier avec beaucoup plus (]e
précision qu'on ne l'avait fait auparavant les propriétés physiologiques des
Coronillcs. L'expérience montre que l'intoxication qu'il détermine chez
les animaux suit la même marche que celle qui résulte de l'administration
de la digitaline ou de la strophantine. Plusieurs physiologistes ont reconnu
que la coronillihe mérite d'être employée comme médicament cardiaque,
et l'observation clinique a déjà prouvé que le nouveau principe actif, que
MM. Schlagdenhauffen et Reeb ont eu le mérite d'isoler, peut répondre à
d'intéressantes applications thérapeutiques.
PRIX BREANT.
(Commissaires : MM. Marey, Guyon, Potain, d'Arsonval, Lannelongue;
Bouchard, rapporteur.)
La Commission, à défaut d'un Travail qui mérite le prix destiné à récom-
penser l'auteur d'un traitement capable de guérir le choléra, a décidé de
prélever sur les arrérages une somme Ae six mille francs (\\i eWe partage entre
les auteurs de travaux importants sur la pathogénie et la pathologie du
tétanos.
Elle accorde quatre mille francs à M. Vaillard qui a montré quelles pré-
cautions doivent être prises pour obtenir là stérilisation certaine des cul-
tures du bacille: le chauffage qu'on pratiquait à 65° ou 70° tuait en
effet le bacille. Une température plus haute est nécessaire pour tuer les
spores.
Rnud Faber, Tizzoni et Cattani, Brieger et Frrenkel avaient étudié ou
tenté d'isoler la toxine tétanique; M. Vaillard a repris cette étude et montré
la longue persistance de cette toxine dans le sang de la poule.
Il a fait voir surtout que cette toxine est le plus souvent nécessaire pour
que l'infection devienne possible. Il avait été frappé de ces deux faits,
l'extrême dissémination des germes de la maladie et des excoriations qui
doivent réaliser très souvent l'inoculation; cependant, l'infection ne se
produit qu'exceptionnellement d'une [)art, et !a grande rareté du tétanos,
d'autre part. Cela tient à ce que le plus souvent les spores ne sont
pas accompagnées par une quantité suffisante de la toxine et il vérifie
(iii6)
riiYPothèse en inoculant sans succès les cultures lavées et débarrassées de
leurs toxines.
M. Vaillard le premier a réussi à vacciner à l'aide de cultures fdtrées,
puis chauffées. Avant lui, on évitait l'intoxication par la culture en l'addi-
tionnant de trichlorure d'iode ou d'extrait de thymus.
Il a mis sur la véritable voie de l'utilisation du sérum des vaccinés en
montrant que si les espérances de Behring et de Ritasato étaient vaines
quand ils pensaient guérir par l'injection du sérum antitétanique, comme
ils guérissaient la diphtérie par l'injection du sérum antidiphtérique , cepen-
dant ce sérum était capable de prévenir le développement de la maladie. Il
est préservateur, mais non curateur. Si l'on n'utilise pas souvent cette
propriété chez l'homme, elle donne au moins les résultats les plus sérieux
dans la Médecine vétérinaire.
On pourrait croire d'après cela que ce sérum est bactéricide. Il lui dénie
cependant cette propriété, ne lui reconnaissant que le pouvoir anlitoxique
que Behring avait démontré.
Ce pouvoir antitoxique qui protégerait l'animal contre l'envahissement
par le microbe est neutralisé par l'injection simultanée du poison bacté-
rien, au moins chez les animaux affaiblis.
Je signale un dernier fait et très important : c'est la transmission héré-
ditaire de l'immunité tétanique acquise.
Une somme de deux mille francs est accordée à MM. Courmont et Dot on
pour leurs études sur la même maladie.
De ces études, il résulte que la poule qu'on disait réfractaire peut con-
tracter le tétanos; que si la toxine tétanique ne s'élimine pas par l'urine,
les urines cependant sont convulsivantes et cela même pendant la période
d'incubation; que la grenouille cesse d'être réfractaire quand on élève
artificiellement sa température; que la toxine injectée dans le sang de cet
animal ne produit son effet pathogène que quand la température de l'ani-
mal s'élève; que le siège de l'incitation tétanisante paraît être limité à
certaines portions du système nerveux et vraisemblablement à certaines
portions sensitives.
La donnée fondamentale à laquelle les auteurs attachent avec raison la
plus haute importance est celle qu'ils ont cru pouvoir déduire de certaines
expériences qui montrent que la toxine ne produit les effets convulsivants
qu'après une longue incubation, tandis que le sang des tétaniques provo-
( i"7 )
querait la convulsion. La conclusion formulée par ces Messieurs est que
le jjoison tétanisant est produit par les tissus à l'occasion de l'imprégnalion
de ces tissus par la toxine bactérienne.
La Commission accorde une mention à M. H. de Brun pour son Mémoire
intitulé : L'organisation sanitaire de V Empire ottoman et la défense de l'Europe
contre la peste et le choléra.
La Commission accorde en outre une mention à un travail adressé par
MM. Ch. Iîesnoit et J. Cuillé, décrivant une septicémie hémorragique du
mouton, maladie microbienneextrêmementnieurtrière, considérée à tort par
les propriétaires et les vétérinaires praticiens comme une affection parasi-
taire ÇDistomatose), mais dans laquelle l'anémie causée par le parasite favo-
risait simplement le développement de l'agent microbien (une bactérie
ovoïde), cause essentielle de la maladie.
PRIX GODARD.
(Commissaires : MM. Bouchard, Potain, Lannelongue, Brouardel;
Guyon, rapporteur.)
État du système lymphatique dans les maladies de la vessie et de la prostate ;
par M. le D" O. Pasteau.
Les recherches très étendues de l'auteur ont été faites à l'aide de l'Ana-
tomie normale et pathologique, associées à la Clinique; pareil travail n'avait
pas encore été entrepris.
M. Pasteau a repris toutes les recherches relatives aux lymphatiques de
la vessie et de la prostate; il a fait, en outre, de nombreuses autopsies et
annexé à son Mémoire 178 observations; il a pu, en procédant ainsi, faire
faire un pas décisif à une question longtemps discutée.
Si l'on était depuis longtemps renseigné sur l'état lymphatique de la
prostate et ses conséquences au point de vue de la propagation ganglion-
naire que déterminent les néoplasmes de cette glande ; si l'on savait même
qu'elle peut occasionner des propagations inflammatoires, on n'avait cessé
de mettre en doute la présence de vaisseaux lymphatiques dans la vessie,
que depuis très peu de temps.
La propagation des néoplasmes de la vessie par voie lymphatique n'était
( i"8 )
plus disciilable; on savait aussi que, dans certains cas de cystite, les gan-
glions périphériques sont parfois enflammés ou suppures, rhais la question
n'était pas étudiée dans ses détails et n'avait pas été envisagée dans son
ensemble. Le travail de M. Pasteau comble ces lacunes, et nous connais-
sons maintenant le rôle des lymphatiques de la vessie dans les cystites
anciennes et profondes.
Sans entrer dans d'autres détails, il nous est permis de flire que le tra-
vail de M. Pasteau réalise un progrès véritable en Pathologie urinaire; la
Commission du prix Gorlard propose à l'Académie de lui décerner le prix.
PRIX SERRES.
(Commissaires : MM. Ranvier, Bouchard, deLacaze-Duthiers, Marey;
Edm. Perrier, rapporteur.)
La Commission propose d'attribuer le prix à M. Boule, professeur de
Zoologie à l'Université de Toulouse, et d'accorder des mentions honorables
à chacun des concurrents suivants : M. Joiix Beard, professeur à l'Uni-
versité d'Edimbourg ; M. Maurice Caullery, maître de conférences à
l'Université de Lyon; M. Félix Mesml, attaché à l'Institut Pasteur.
M. Boule a présenté au concours un ensemble très important de tra-
vaux : ce sont, les uns, des Ouvrages généraux, marque d'une érudition
considérable; les autres, des Mémoires sur des points spéciaux de la
Science, témoignant d'une grande habileté d'observation. Les uns et les
autres, s'étayant réciproquement, montrent leur auteur parfaitement armé
pour conduire à bien les investigations scientifiques les plus difficiles et en
dégager toutes les conséquences d'un intérêt général.
L'illustre Confrère qui a laissé une part si large de sa fortune au Mu-
séum d'Histoire naturelle et à l'x^cadémie des Sciences, pour assurer
non seulement les progrès de l'Embryogénie, mais aussi son union intime
avec l'Anatomie comparée et la Paléontologie, ne pourrait voir sans grande
joie sa doctrine si bien représentée par les trois Ouvrages généraux
que M. Roule a soumis à l'appréciation de l'Académie et qui ont pour
titres :
I ° L' Embryogénie, générale ( ' ) ;
(') I vol. in-S", 5io pages; iSgS. Reinwald, éditeur.
I
( '"9 )
1° L'Embryogénie comparée (' ) ;
3° L' Anatomie com.parée des animaux basée sur l' Embryogénie (^).
Ce dernier litre implique même que la pensée de Serres a été quelque peu
dépassée, et c'est justement par là que l'œuvre de M. Roule, quant aux
principes, se prête à quelques critiques. Ces critiques s'adressent bien
moins d'ailleurs à des Ouvrages dont la documentation est d'une richesse
digne de tous les éloges qu'à des idées très répandues dans la Science, que
M. Roule a acceptées, comme presque tout le monde, et qu'il est, par con-
séquent, nécessaire, au moment où l'Académie semblerait, à son tour, leur
donner son adhésion, de soumettre à un examen plus approfondi.
Les naturalistes allemands, principalement ceux de l'école des Philo-
sophes de la nature, ont plus d'une fois indiqué les ressemblances que les
embryons des animaux supérieurs présentent avec les animaux inférieurs
du même groupe, ressemblances qui s'affirment par exemple d'une façon
vulgaire dans les analogies de structure du têtard des Grenouilles avec les
Poissons. De cette idée vague, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire fit le premier
une application scientifique en montrant que les os si nombreux de la tête
des Poissons étaient représentés dans la tête des embryons de Mammifère,
et que ces centres d' ossification n'avaient qu'à se souder d'une façon déter-
minée, pour constituer les os plus étendus et moins nombreux de la tête
des Mammifères adultes. Il s'ensuivait, pour ainsi dire, que, en étudiant
l'embryogénie des types supérieurs du règne animal, on pouvait espérer
voir se dérouler sous ses yeux l'organisation de tous les types inférieurs, en
commençant par les plus simples ; c'est ce qui a fait dire à Etienne Geoffroy
Saint-Hilaire lui-même que les animaux inférieurs n'étaient que des arrêts de
développement de formes plus élevées; c'est ce qui a conduit Serres à donner
à l'Embryogénie le nom un peu ambitieux t\' Anatomie transcendante et à
formuler la loi suivante : L' anatomie transcendante n'est qu'une anatomie
comparée transitoire, comme l' anatomie comparée n'est quune anatomie trans-
cendante permanente.
Cette loi de Serres est devenue la base de l'Embryogénie comparée
actuelle; elle exprime entre la succession des formes embryonnaires des
animaux supérieurs et les progrès graduels de l'organisation dans la série
ascendante des animaux inférieurs un indéniable parallélisme, indépen-
(') I vol. grand in-8°, 1162 pages, ioi4 figures; 1894. Reinwakl, éditeur.
(2) 2 vol. grand in-8°, ensemble 2971 pages et 1202 figures; 1898. Masson, éditeur.
( I I20 )
(lant des interprétations philosophiques qu'on en peut donner, comme des
hypothèses sur les causes auxquelles on peut l'attribuer.
La doctrine transformiste, à laquelle se range M. Roule, donne de ce
parallélisme une explication saisissante. Il est clair que si toutes les formes
animales, qui se sont produites depuis l'origine des temps, avaient de nos
jours des représentants, l'Anatomie comparée ne serait que l'exposé des
complications graduelles et des transformations que les organismes ont
présentées, que la meilleure manière d'exposer ces modifications des orga-
nismes primitifs et d'en dégager les causes serait de les décrire dans l'ordre
même où elles se sont manifestées, et que nos classifications, comme le vou-
lait Lamarck, ne seraient qu'un Tableau synoptique de la généalogie du
Règne animal. La formule de Serres pourrait donc être remplacée par celle-
ci : L'embryogénie d'un animal n'est qu'une répétition de sa généalogie; et
comme cette répétition reproduit en quelques semaines une série de formes,
qui se sont succédé depuis que le Règne animal évolue, la formule pour être
exacte devrait être énoncée : L'embryogénie d'un animal n'est qu'une répé-
tition TRÈS ABRÉGÉE de SU généalogie. Cette répétition est elle-même une con-
séquence directe de la loi d' hérédité àe Lamarck. Fritz Mûller a rassemblé
dans un petit écrit intitulé : Fur Darwin, un ensemble d'observations portant
principalement sur les Crustacés, qui lui ont permis d'étudier et de con-
firmer, sans d'ailleurs y rien ajouter qui en changeât l'essence, les idées de
Geoffroy Saint-Hilaire et de Serres; il montre seulement que les choses ne
sont pas aussi simples que nous venons de le supposer ; il résume ses obser-
vations dans plusieurs propositions qu'il met sur le même plan et dont au-
cune ne reproduit la forme évoluée de la loi de Serres ; il est difficile de com-
prendre comment celte dernière loi est devenue pour quelques auteurs la
loi de Fritz Millier. S'il y avait quelque nécessité à enlever à la Science fran-
çaise le mérite d'avoir la première explicitement formulé la loi du parallé-
lisme de l'embryogénie et de l'anatomie comparée et d'en avoir tiré de vé-
ritables applications scientifiques, c'est bien plutôt le nom d'H;eckel qu'il
faudrait substituer à celui de Serres, puisqu'il a donné à la proposition du
savant français une de ces formes lapidaires dont il est coutumier. Mais le
rôle de Fritz Mûller et de Hœckel a été, au contraire, de rechercher des for-
mules nouvelles permettant de réunir en groupes définis les perturbations
de la loi de Serres, c'est-à-dire les écarts très considérables que présente
l'embryogénie de nombre d'animaux avec les indications les plus précises
que l'on puisse avoir sur leur généalogie. Hœckel a admis que dans l'accé-
I
( I 121 )
lération à laquelle elle est fatalement condamnée l'embryogénie supprime,
saute, confond, télescope pour ainsi dire, tantôt les phases les plus récentes
de la généalogie, tantôt, au contraire, les phases les plus anciennes. Dans
le premier cas, elle reproduit un nombre plus ou moins grand de formes
ancestrales, et elle est alors particulièrement instructive ; c'estce que H;eckel
nomme une paUngènic et ce que M. Giard appelle une embryogénie dilatée;
dans le second, les états les plus récents de l'organisme sont seuls repro-
duits avec quelque fidélité; l'embryogénie pose alors plus de problèmes
qu'elle n'en résout, c'est une cœnogénie ou une embryogénie condensée.
M. Roule accepte ces idées et fait un fréquent usage des mots embryogénie
dilatée et embryogénie condensée.
Que ces mots aient pu être commodes, au moment oti ils ont été lancés
dans la Science pour répondre d'ailleurs à des cas tout particuliers, nous
l'admettons sans peine ; mais, même à ce moment, ils ne représentaient
que très imparfaitement l'ensemble des faits connus; ce désaccord s'est
depuis fortement accentué, et il suffira de quelques indications pour faire
comprendre qu'ils sont la négation mêmede la méthode scientifique à laquelle
doit se plier l'embryogénie comparée, comme toutes les autres sciences.
Ils créent, en effet, deux catégories opposées là où il n'y a qu'une série
continue de faits rigoureusement reliés entre eux. La répartition des faits
entre ces deux catégories, répartition plus ou moins arbitraire, puisqu'il
ne devrait exister entre elles aucune démarcation, masque les relations de
causalité qui existent entre ces faits; or la recherche de telles relations est
justement le véritable problème de Vembryogénie générale ou de ['embryo-
génie comparée. D'autre part, ces dénominations mêmes sont inexactes, et ne
peuvent laisser qu'une idée fausse de l'ensemble des faits que l'embryo-
génie cherche à grouper. Si l'embryogénie n'est qu'une répétition abrégée
de la généalogie, et même prodigieusement abrégée, comment pourrait-il y
avoir des embryogénies dilatées? Toutes sont forcément condensées, si l'on
veut employer ce mot, le premier créé des deux et qui a entraîné, par
contraste, l'apparition de l'autre. Qu'appelle-t-on, dès lors, embryogénies
dilatées?
Sous cette dénomination, comme sous toutes celles qui ont été mal con-
çues, on confond, en général, au moins deux catégories de phénomènes qui
n'ont aucun rapport entre eux : i° ceux que l'on observe lorsqu'une série
plus ou moins longue d'anciennes formes ancestrales vraisemblables est re-
produite; 2° ceux que l'on observe lorsqu'au cours de son développement
l'embryon revêt des formes qui lui sont propres, qui tiennent aux condi-
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N» 25.) '48
( 1122 )
iions récemment réalisées de son développement, conditions qui n'ont pu
être à aucun de£;ré celles où ont vécu les formes ancestrales. Ces formes
compliquent quelquefois l'embryogénie, lorsque l'embryon est pélagique,
par exemple; et c'est dans ce sens qu'il pourrait être question d'une sorte
de dilatation embryogénique, bien que cette dilatation ne soit en réalité
qu'une déi'iation momentanée qui se superpose souvent à une accélération
très intense, comme dans le casdes Phoronis si bien étudiées par M. Roule
lui-même. Mais des formes embryonnaires qui n'ont rien d'ancestral
viennent aussi compliquer, dilater par conséquent, au sens où l'on emploie
ce mot, les embryogénies les plus condensées, les cœnogénies les plus
caractérisées, celles des Vertébrés allantoïdiens, par exemple. Ainsi se
trouvent abitrairement réparties entre deux catégories opposées des formes
embryonnaires dues à une même cause, l'adaptation personnelle de l'em-
bryon aux conditions de développement qui lui sont imposées. Comment
apercevoir les liens qui unissent entre elles des formes que l'on se con-
damne tout d'abord à dissocier ainsi ? Toute la méthode de coordination
des faits se trouve par là viciée, sinon anéantie.
En réalité, dans l'état actuel de nos connaissances, il semble bien que la
succession des |)hénomènes embryogéniques que présente un animal donné
ait pour cause première les transformations graduelles subies par les an-
cêtres de cet animal et ne soit qu'une reproduction héréditaire très accé-
lérée de ces transformations. Mais il ne s'ensuit pas que ces transformations
successives soient rigoureusement reproduites et que l'embryogénie d'un
animal soit une sorte de cinématographe à mouvement rapide qui ferait
passer sous les yeux de l'observateur la galerie des miniatures des ascen-
dants de l'animal considéré. D'une part, la cause ou l'ensemble de causes
encore inconnues qui détermine l'accélération embryogé nique et que nous
avons désigné sous le nom de tachygénèse substitue le plus souvent aux
véritables portraits une série à' ébauches qui se transforment les unes dans
les autres par des procédés nécessairement plus rapides que ceux qui ont
déterminé les transformations initiales; d'autre part, l'embryon peut trou-
ver réalisées autour de lui des conditions d'existence tout autres que celles
parmi lesquelles ont vécu ses ancêtres, il s'adapte momentanément à ces
conditions sans cesser pour cela d'être dominé par l'hérédité, et diffère
des formes ancestrales réelles soit par l'absence ou l'état rudimentaire de
certains organes, soit par le dévelo])pement d'organes complémentaires
transitoires, essentiellement embryonnaires, soit, le plus souvent, par
ces deux sortes de modifications à la fois. On peut dire qu'une embiyo-
( ii->3 )
génie est normale (^patrogonie) lorsque la scène est dominée par la repré-
sentation des formes ancestrales, qu'une embryogénie est accélérée {tachy-
gonié) lorsque la représentation des ancêtres est assez rapide pour amener
des modifications imj)ortantes dans les procédés évolutifs; qu'elle est
adaptative (^armozogonie) lorsque les adaptations propres de l'embryon
défigurent au point de les rendre méconnaissables les portraits ancestraux ;
mais tous ces phénomènes se combinent étroitement. Les patrogonies les
plus typiques sont toujours fortement altérées par des tachygonies plus ou
moins mélangées d'armozogonies. En général, dans les ordres les plus
inférieurs des classes les plus anciennes de chacune des séries ou même des
embranchements du règne animal, l'éclosion des embryons est précoce;
l'embrvon est, dés sa naissance, apte à rechercher sa nourriture; il mène
une existence analogue à celle d'un animal adulte; il atteint graduelle-
ment son état définitif, sans à-coup ni déviations, par la formation suc-
cessive des unités morphologiques (mérides ou zoïdes) dont son corps est
constitué; s'il éprouve des changements importants, ces changements sont
précédés de modifications dans les conditions d'existence qui les expliquent
facilement. Ce sont là les signes auxquels se reconnaissent les patrogonies
typiques; en prenant pour point de départ celles où les phénomènes s'ac-
complissent avec le plus de lenteur, on peut disposer les embryogénies de
tous les animaux de la classe ou même de l'embranchement dans un ordre
tel que les effets de la tachygénèse y soient de plus en plus marqués; les
lois des modifications embryogéniques dues à la tachygénèse peuvent dés
lors ressortir nettement de cette coordination, et la recherche de ces lois
est au fond le problème le plus important comme aussi le plus négligé de
l'embryogénie comparée, parce qu'une classification vicieuse des phéno-
mènes embryogéniques a masqué et masque encore trop souvent la mé-
thode qui devait conduire à sa solution.
Les lois de l'accélération embryogénique une fois connues permettent de
démêler plus nettement les cas d'adaptations embryonnaires parmi les
phénomènes dus à la tachygénèse, et, ce déj)art fait à son tour, il devient pos-
sible de demander avec quelque sécurité son secours à l'Embryogénie pour
combler les lacunes de l'Anatomie comparée. Sans doute ce n'est pas abso-
lument la faute de M. Roule si ces conceptions ne dominent pas son Livre de
toute leur logique; elles sont cependant dans la Science depuis plusieurs
années, et l'on peut regretter qu'un esprit aussi ouvert que le sien n'ait pas
été plus frappé ilu caractère impérieux de la discipline qu'elles imposent.
Il n'eût pas manqué dès lors de reconnaître le caractère contradictoire
( iI2/i )
(lu titre qu'il a choisi pour un autre de ses Ouvrages, véritable trésor de faits
dont la réunion a certainement coûté bien des veilles : son Traité cl' Ana-
tomie comparée basée sur l'Embryogénie. Le temps n'est plus ou l'on pou-
vait à son gré commencer par un bout ou par l'autre l'étude des Sciences
naturelles. Depuis que ces Sciences ont été toutes pénétrées du principe de
causalité, qu'elles ont senti la possibilité d'expliquer ce qu'elles ne faisaient
autrefois qu'exposer, leurs divers chapitres s'enchaînent comme ceux de
la Physique, et il n'est pas plus permis de les renverser qu'il n'est permis
de renverser l'ordre des théorèmes de la Géométrie. Or, que signifie la
loi de Serres, sinon que l'Anatomie comparée est la c^use, la base scien-
tifique de l'Embryogénie? C'est donc une idée à abandonner que celle
de fonder l'Anatomie comparée sur l'Embryogénie, qui n'en est en somme
qu'un majestueux corollaire, qui sans elle serait totalement énigmatique, et
qui ne peut d'ailleurs lui prêter quelque secours qu'après avoir été épurée
des phénomènes d'accélération et d'adaptation qu'elle subit.
Sans doute, l'état adulte n'étant que le dernier état auquel parviennent
les embryons, il semble au premier abord légitime de présenter l'organi-
sation définitive d'un animal comme la suite naturelle des modifications
successives de l'organisation de l'embryon; on s'imagine même avoir
expliqué cette organisation quand on a décrit les diverses étapes qu'elle a
traversées. Il n'en est rien, car ces étapes elles-mêmes sont inintelligibles
si une connaissance approfondie des modifications que les formes adultes
ancestrales ont pu subir logiquement ne vient en fournir la raison d'être, et
celte connaissance c'est justement l'Anatomie comparée qui la donne.
Le beau travail de M. Roule sur l'Embryogénie des Phoronis vient à point
nommé pour mettre nettement en lumière la portée précise de ces propo-
sitions.
Les Phoronis sont de petits Vers marins, tubicoles, sédentaires, se nour-
rissant des menus corpuscules amenés à leur bouche par un courant que
détermine un volumineux panache de tentacules ciliés, occupant l'extré-
mité antérieure de leur corps. La place des Phoronis ài\n's> les classifications
est fort discutée. Des Annélides tubicoles, les Serpulid.î:, présentent un
panache assez semblable, et l'on en a rapproché ces petits animaux, mais
ils ne possèdent rien des organes locomoteurs des Serpulid.î:; et, de plus,
leur anus, au lieu d'être situé à l'extrémité postérieure du corps comme
chez tous les Vers annelés, est situé dans la région antérieure du côté
dorsal, non loin du panache lentaculaire. Par ces caractères particuliers, les
Phoronis se rapprochent des Bryozoaires, qui ont comme eux un panache
( II25 )
tentaculaire, mais les Bryozoaires n'ont pas un corps vermiforme, ils
sont dépourvus de l'appareil circulatoire qui est nettement indiqué chez
les l'horonis, auxquels lont en revanche défaut la puissante facullé de
bourgeonnement et la destruction périodique du corps, si caractéristique
des Bryozoaires.
On retrouve d'autre part chez certains Géphyriens, les Sipunculid^,
le corps vermiforme, l'absence d'organes locomoteurs, l'anus reporté en
avant et dorsal, l'appareil circulatoire, les néphridies, l'absence de blas-
togénèse et de destruction périodique du corps des Plioroms; mais aucun
Siponcle ne possède leur panache tentaculaire compliqué.
Si la parenté des Phoronis avec les SipunculidjE est vraisemblable, elle
ne peut être démontrée qu'à la condition d'expliquer comment les pre-
miers ont pu dériver des seconds. L'Embryogénie, à première vue tout à
fait exceptionnelle des Phoronis, ne semble pas apte à nous renseigner, et
M. Roule, qui l'a étudiée avec le plus grand soin, qui a vérifié toutes les
données recueillies par les précédents observateurs, se trouve lui-même
assez embarrassé d'en tirer parti, car s'il rapproche les Phoronis des
Bryozoaires ptérobranches, il laisse indécise la question de savoir si ces
animaux {Rhabdoplcura) sont réellement des Bryozoaires, et la ressem-
blance qu'il signale entre les Phoronis et les Vertébrés ne dépasse pas
les toutes premières phases du développement, l'état de trochosphère. Il
y a cependant, dans l'embryogénie des Phoronis, deux périodes très signi-
ficatives : celle qui précède la réalisation complète de la larve depuis long-
temps célèbre sous le nom d'Aclinotrocha, et cejle qui suit immédiatement la
métamorphose de cette larve. Dans la première période, rien ne distingue
l'embryon des Phoronis de celui d'un Ver annelé d'abord, de celui d'un
Siponcle ensuite; après la métamorphose, la jeune Phoronis est presque
identique à un jeune Siponcle, et c'est seulement plus tard, par l'exagé-
ration du développement du panache tentaculaire, que le type Phoronis se
différencie en même temps que l'animal se cantonne exclusivement dans
l'existence tubicole. Les relations des Phoronis avec les Sipunculid-e
seraient donc évidentes si entre les deux phases géphyriennes du déve-
loppement ne venait s'intercaler une phase de métamorphose tout à fait
aberrante, tout à fait « originale », comme dit M. Roule.
Cette métamorphose justement ne paraît si étrange qu'en raison du
renversement que l'on fait d'habitude des rapports del'Anatomie comparée
et de l'Embryogénie. I^'Analomie comparée nous montre, en effet, que les
premiers Géphyriens avaient, comme les Vers annelés, leur anus situé
( II26 )
tout à fait à l'extrémilé postérieure du corps (Echiurimorpha, Priapuli-
morpha); l'anus est devenu dorsal et plus ou moins antérieur chez les
SiPUNCULiMORPiiA. Cc déplacement s'explique facilement si l'on admet,
conformément au principe de la fixation des attitudes avantageuses, consé-
quence du principe de Lamarck, qu'en raison de son existence souter-
raine, afin de pouvoir rejeter facilement au dehors ses excréments, l'ani-
mal a pris l'habitude de contracter ses muscles longitudinaux dorsaux et
de relâcher en même temps ses muscles longitudinaux ventraux; l'anus a
été d'abord volontairement amené sur la face dorsale par ce procédé; cette
attitude habituelle s'est ensuite fixée héréditairement ; la région dorsale
située en avant de l'anus s'est raccourcie d'une manière permanente, le
méridien médian ventral et la portion du méridien dorsal inférieur à l'anus
se sont au contraire allongés.
Dans une embryogénie patrogonique, on devrait voir cette disproportion
et ce déplacement s'établir graduellement; mais si la tachygénèse inter-
vient, elle doit s'établir d'un coup; de là, la métamorphose. L'exoderme et
l'entodertne ventraux grandissent démesurément; par suite de sa crois-
sance, le premier, qui sérail gênant au dehors, se reploie en une vaste poche
à l'intérieur de la cavité générale, où il est entouré de matériaux nutritifs;
on observe chez les larves de certains Tuniciers (Clavelhna) une croissance
semblable de l'exoderme aboutissant à la formation non d'une invagination
proprement dite, mais d'un pli qui permet la rotation brusque de la larve
après sa fixation. Lorsque l'exoderme invaginé de Y Actinotrocha se déploie,
il constitue d'un coup le tégument de la région inférieure du corps, et du
même coup l'anus d'abord terminal se trouve antérieur.
L'anus primitif ne persiste cependant pas; il disparaît ainsi que le rec-
tum; un rectum et un anus nouveaux les remplacent. L'Embryogénie con-
state le remplacement, en décrit tout le mécanisme, mais ne nous apprend
rien sur l'origine et la raison d'être de ce mécanisme. L'organisation des
Géphyriens adultes des autres groupes éclaire le mystère. Le rectum nou-
veau apparaît comme un cordon solide dorsal, dépendance immédiate de
l'intestin de V Actinotrocha ; or, à cette même place se trouve, chez presque
tous les Géphyriens, un tube parallèle à l'intestin, le double en quelque
sorte et constitue le siphon intestinal. Il est manifeste que c'est ce siphon
intestinal qui, chez les Phoronis, s'adapte aux fonctions du rectum et se
substitue au rectum primitif. Ainsi, grâce à l'application rigoureuse de la
loi de Serres, en vertu de laquelle l'Anatomie comparée prime et explique
l'Embryogénie par la seule application des principes de la fixation des atti-
( "27 )
ludes et de \' accélération emhryogénique. principes qui s'appliquent au Règne
animai tout entier, rien ne demeure inexpliqué dans la métamorphose des
Phoronis. L'étrangeté apparente des métamorphoses en général est d'ail-
leurs faite en grande partie de ce qu'on ne s'est pas avisé d'introduire dans
l'exposé des phénomènes embryogéniques une méthode rigoureusement
scientifique.
Si M. Roule n'est pas encore résolument entré dans cette voie, ses beaux
livres si pleins de faits, si magnifiquement illustrés de figures schématiques
d'un étonnant relief, ses recherches si approfondies non seulement sur les
Phoronis, mais aussi sur le développement de la Marionia enchylrœoïdes
(^Enchytrœoides Marionia'KQv\\e), précédemment récompensées par l'Aca-
démie, n'en forment pas moins un ensemble bien digne de la haute dis-
tinction qui leur est aujourd'hui réservée.
MM. Caullery et Mesnil ont présenté, pour le concours relatif au prix
Serres, deux Mémoires dus à leur collaboration assidue et qui portent, les
uns sur les Annélides polychètes, les autres sur les Sporozoaires.
On sait depuis longtemps que diverses Annélides, lesA'erm, beaucoup de
Syllidiens, auxquelles sont venues s'ajouter depuis peu un certain nombre
de Phyllodociens, prennent, au moment de la reproduction, des caractères
spéciaux qui rappellent ce que l'on désigne chez certains Poissons et chez
certains Oiseaux sous le nom de robes de noces; l'état adulte des Insectes
pourrait être considéré comme une robe de noces de ce genre. Les Anné-
lides qui présentent ces particularités sont dites épigames ou épitoques. Le
fait n'était connu que chez les Annélides errantes; MM. Caullery et Mesnil
l'ont constaté chez les Annélides sédentaires de la famille des Cirratuliens
et en ont profité pour faire une remarquable étude d'ensemble de Vépigamie.
Leurs Études sur la morphologie comparée et la phylogénie des espèces chez
les Spirorbes; leur Noie sur la position systématique du genre Ctcnodrilus ; CfUe
Sur un cas de ramification latérale chez les Dodecaceria concharum ne se rat-
tachent qu'indirectement à l'Embryogénie, mais contiennent cependant
d'assez nombreuses allusions au développement embryogénique des Poly-
chètes, pour n'être pHS déplacées dans le concours qui nous occupe. H en
est de même des recherches sur les Sporozoaires du genre Siedleckia Metz-
nikowitch, etc., dont MM. Caullery et Mesnil ont précisé le cycle évolutif,
tandis qu'un Orlhonectide, le S/fecAarMr;/m Giardi, a permis à ces jeunes
savants une élude approfondie du mode de développement si singulier de
ces animaux dont la position zoologique est encore douteuse.
Les deux Mémoires de M. Beard auxquels votre Commission propose
( II28 )
d'accorder une mention ont pour titre, le premier : On certain prohlems of
vertébrale Embryoîogy (i8g6), le second : The span of gestation and the
cause ofbirth (1897). Tous deux se rattachent à une même idée fondamen-
tale, intéressante sans doute, mais à laquelle il est impossible d'accorder
une approbation sans réserve, malgré l'importance des investigations pré-
cises de l'auteur. Beaucoup d'Invertébrés, des classes entières de plantes
présentent, au cours de leur développement, ce phénomène singulier au
premier abord que les individus composant une génération donnée difFèrent
par des caractères souvent très importants de ceux de la génération qui
précède et de celle qui suit. En 1842, Steenstrup a essayé de réunir tous
ces faits dans une même théorie devenue célèbre sous le nom de Théorie
des générations alternantes. Plus tard, Henri Milne-Edwards, par une sorte
d'extension de la doctrine de l'unité de plan de composition de Geoffroy
Saint-Hilaire, prit la génération alternante comme point de départ d'une
théorie générale de la reproduction. C'est dans une voie analogue qu'est
entré M. Beard. Il admet, lui aussi, qu'à un certain moment de l'évolution
des Métazoaires il y a véritablement production d'un organisme sexué par
un organisme asexué, ce qui est le propre de la génération alternante, dont
il fait ainsi la loi même du développement des organismes. De cette hypo-
thèse qui lui a été suggérée par des découvertes réellement importantes,
comme celle d'un système nerveux transitoire chez les Raies, et qui sont
ce que votre Commission vous propose d'encourager, M. Beard tire des
conséquences très inattendues relativement au développement des Ver-
tébrés eux-mêmes; il considère, par exemple, le blastoderme comme un
organisme asexué nécessaire à la production de la forme sexuée, qui est
pour nous tout le Vertébré; une fois sur cette voie, il considère comme
des explications les assimilations qui se présentent entre les faits obscurs
du développement des animaux supérieurs et les phénomènes très nets,
en apparence, de la génération alternante chez les animaux inférieurs.
Ce sont là des comparaisons tout à fait ingénieuses, mais non des explica-
tions. Partir des phénomènes de ^e/zera^ior? rt//er«an/e tels qu'on les observe
chez les Polypes et les Tuniciers, par exemple, pour poser en principe
que tous les êtres vivants traversent deux phases analogues, c'est introduire
dans la Science un mystère de plus, car on ne comprend pas la nécessité de
cette alternance compliquée, ni la raison de sa généralité.
C'est justement parce que les naturalistes ont trop longtemps cherché,
au rebours des physiciens, à retrouver les phénomènes les plus complexes
de la biologie dans les plus simples qu'ils ont si péniblement échafaudé
leur science et que les théories les plus contradictoires, les plus étonnants
( '"29 )
paradoxes y peuvent encore trouver place, sans soulever trop de protes-
tations.
En suivant, sans parti pris, les faits dans leur ordre de complication crois-
sante, on s'aperçoit bien vite, au contraire, que les mystères s'évanouissent,
que les contradictions disparaissent, et c'est ainsi que Ton arrive à voir dans
les phénomènes dits de génération alternante non plus une sorte de truc
ingénieux de la Nature pour accroître la puissance reproductrice des indi-
vidus, mais bien la conséquence nécessaire de mécanismes biologiques re-
lativement faciles à démêler. Ils y pej'dent, à la vérité, l'imposante unité
que Steenstrup leur avait jadis attribuée et par laquelle on se laisse sé-
duire encore trop volontiers. Il n'y a rien de commun, en effet, entre ce
qu'on appelle la génération alternante des Cryptogames vasculaires et celle
des Polypes, qui est l'équivalent, au point de vue de la morphologie externe,
de la floraison des Phanérogames; la génération alternante des Salpes dé-
rive d'une adaptation graduelle à la gestation des blastozoïdes des Ascidies
composées, de captations dont toutes les étapes sont aujourd'hui connues,
à partir du moment où l'ozoïde et les blastozoïdes sont absolument sem-
blables. L'alternance des générations est réalisée par de tout autres moyens
que celle des Polypes et n'aboutit pas au même résultat. La génération
alternante des Trématodes n'est qu'un phénomène de parthénogenèse
compliqué de pédogénèse. Comment comprendre ces phénomènes si dis-
parates et d'ailleurs expliqués dans une formule générale et mystérieuse
qui s'appliquerait à tous les organismes?
La formation d'un blastoderme, celle d'un sac vitellin, d'un placenta,
de glandes mammaires s'expliquent par les méthodes mêmes qui ont permis
d'expliquer les divers phénomènes illusoirement groupés sous la dénomi-
nation de générations alternantes, mais sans qu'il soit besoin de faire inter-
venir ces derniers. Les périodes de crise qui interviennent dans le dévelop-
pement de tant d'animaux sont simplement les périodes où s'accumulent
les résultats définitifs des mécanismes variés de la tachygénèse. La ten-
tative de M. Beard ne contient donc pas, à notre sens, les éléments des
explications qu'il cherche, mais ses travaux positifs d'embryogénie sont
d'un tel intérêt que votre Commission n'a pas cru pouvoir les laisser passer
sans vous proposer de leur donner un témoignage de votre haute estime.
C. R., 1899, 2« Semestre. (T. CXXIX, N° 25.) '49
I i3o
PRIX CHAUSSIER.
(Commissaires ; MM. Marey, Giiyon, Rnnvier, Lannelongiie;
Bouchard, rapporteur >
Pour se faire une idée de la part qui appartient à M. Ghabri.v dans les
progrès de la Médecine scientifique au cours de ces quinze dernières
années, il faut considérer surtout ses travaux de Pathologie expérime-n-
tale, où certaines constatations cliniques dont la précision et la rigueur
donnent à l'observation une signification et une puissance démonstrative
que n'atteint pas toujours l'expérimentation.
En Pathologie expérimentale, M. Charrin a eu le mérite de bien déli-
miter l'objet de ses recherches, de choisir cet objet et au besoin de le créer.
Je ne sais rien de plus nouveau, de plus hardi et de plus ingénieux que sa
création d'une maladie nouvelle qu'il a constituée de toutes pièces en vue
de l'étude de l'infection et qu'il a établie à titre de maladie d'étude en face
de la maladie charbonneuse qui avait fourni les premières notions à Chau-
veau, à Toussaint et à Pasteur et qui, presque partout, a été remplacée
par la maladie pyocyanique. On savait que parfois les plaies présentent
chez l'homme une suppuration bleue, on avait extrait de ce pus bleu un
alcaloïde coloré, la pyocyanine; enfin, M. Gessard avait démontré que cette
pyocyanine et un autre pigment vert sont les produits d'un microbe, le bacille
pyocyanique. M. Charrin a provoqué à l'aide de ce microbe une maladie
chez le lapin, puis il l'a poursuivie dans la série animale. Il a établi les
variétés de forme de cette maladie, qui tantôt est essentiellement ou exclu-
sivement une maladie locale, tantôt est d'emblée une maladie générale,
laquelle peut tuer rapidement sans localisations à la façon d'une septicémie
ou déterminer des affections organiques secondaires et se prolonger, par-
fois passer à l'état chronique.
Toutes ces variétés de forme sont en rapport ou avec la quantité du virus,
ou avec l'intensité de sa virulence, ou avec la résistance variable naturelle
ou acquise de l'organisme animal. Telle a été la précision de ces détermi-
nations de types morbides provoqués chez l'animal, que les cliniciens ont à
leur tour retrouvé ces formes chez l'homme et ont complété l'étude de
M. Charrin par la démonstration de la maladie pyocyanique interne dans
l'espèce humaine.
Quand parut cet opuscule intitulé : La maladie pyocyanique, il semblait
( 'i3i )
que tout y fiU traité, que tous les possibles y fussent réalisés et que toutes
les questions eussent reçu leur solution. Le temps n'a pas manqué d'élargir
ce domaine, et M. Charrin est resté au premier rang parmi ceux qui l'ont
fait fructifier.
Dès la première heure, il avait expérimenté sur le microbe lui-même et
fait en quelque sorte sa Physiologie et sa Pathologie. Il avait étudié sa
nutrition en choisissant comme milieu de culture des substances toutes
cristallisables, en suivant leur destruction et leur disparition dans le li-
quide nourricier, en les retrouvant transformées dans la matière constituée
du corps des microbes ou dans leurs produits de sécrétion.
Il a montré que certaines modifications dans la composition du milieu
nutritif entravent la vie du microbe, retardent la segmentation des bacilles,
qui deviennent fdamenteux ou se réduisent en granulations, ou changent
de forme et se constituent morphologiquement à l'état de spirilles.
Malgré les expériences anciennes de Zopf et de Ray Lankester, l'idée
du polymorphisme des bactéries avait été abandonnée, et la doctrine de
l'invariabilité de la forme, établie comme un dogme parCohn, régnait sans
conteste. Le travail de M. Charrin a définitivement démontré la variabilité
de la forme d'un même microbe, et les travaux de même ordre qui ont été
publiés bientôt après n'ont fait que le confirmer.
On change à volonté la forme des microbes, on change aussi leur fonc-
tionnement, on modifie leurs sécrétions, on diminue ou l'on restitue leurs
sécrétions colorées, on les supprime temporairement, on les supprime
même définitivement, on crée des races dépourvues de la fonction chromo-
gène. On influence de même les sécrétions par lesquelles les microbes
exercent sur les animaux une action souvent nuisible, parfois utile ; on
exalte et l'on atténue leur virulence.
Une constatation intéressante qui rentre dans le même ordre de modifi-
cations artificielles apportées à la vie et au fonctionnement des microbes
a été fournie à M. Charrin par la culture simultanée, dans un même milieu,
de la levure et du bacille pyocyanique. Les deux organismes se développent,
mais la levure cesse d'agir comme ferment et le bacille pyocyanique ne
sécrète plus le pigment bleu.
Ce sont là, en réalité, de pures recherches de Bactériologie, mais on
devine de quel intérêt elles vont être pour l'étude expérimentale de la viru-
lence, de l'immunité, de la Bactériothérapie.
Pour expliquer la genèse de la maladie, il n'est pas moins nécessaire
d'étudier les variations de l'activité chez l'homme que chez le microbe. On
avait de bonnes raisons pour admettre que la fatigue, l'excès du travail, la
( Il32 )
crainte, l'inquiélude, le chagrin rendent l'homme plus vulnérable et le
placent en état d'opportunité morbide. M. Charrin, en collaboration avec
M. Roe[er, a démontré que des causes de même ordre font qu'un animal
normalement réfractaire à une maladie devient capable de la contracter,
ou que, s'il n'est pas réfractaire, elles rendent cette maladie plus grave et
plus rapide dans son développement. Ces expériences, qui ont fait, à
l'époque, grande impression, sont considérées comme la démonstration
expérimentale de l'influence du surmenage sur l'infection. Leur significa-
tion est plus large. Elles ont eu le mérite de démontrer que, dans les ma-
ladies infectieuses, tout ne réside pas dans le microbe et que la détériora-
tion préalable de l'économie, le consentement de l'organisme humain n'est
pas chose indifférente pour la production de la maladie.
Le i5 avril 1878, Toussaint avait affirmé sans preuve, mais avec une
parfaite netteté, que la bactéridie charbonneuse fabrique ou excite l'orga-
nisme à fabriquer une substance solubJe, toxique, phlogogène, capable
d'amener l'ensemble des accidents de la maladie. C'était la première affir-
mation de l'origine toxique des symptômes caractéristiques des maladies
infectieuses. L'idée devait faire son chemin. Il appartient à M. Charrin
d'avoir démontré que les poisons spécifiques de ces maladies sont réelle-
ment sécrétés par les microbes. Les cultures filtrées du bacille pyocyanique
injectées à l'animal produisent, tout aussi bien que l'inoculation du microbe,
la fièvre, l'albuminurie, la diarrhée, l'amaigrissement et surtout, cela est
spécifique, la paraplégie spasmodique et la paralysie vésicale. Le travail de
M. Charrin est du 3 mars 1887.
Ce n'est pas seulement la fièvre, l'albuminurie, la diarrhée, les paraly-
sies qui résultent des poisons versés dans l'organisme parles microbes qui
s'y développent, les dégénérescences chroniques de certains organes
peuvent avoir la même origine toxique. C'est ce que M. Charrin a démon- '
tré pour le rein, pour le cœur, où il a constaté même la dégénérescence
amyloïde à la suite des intoxications répétées par les poisons bactériens.
Ce travail a ouvert la voie et les lésions toxiques du foie dans les maladies
infectieuses ont pris leur place à côté de celles du cœur et des reins.
M. Charrin a signalé un fait plus inattendu : les toxines bactériennes
amènent un gonflement parfois énorme des capsules surrénales et du même
coup ces organes perdent l'une de leurs fonctions. On sait que le suc
extrait des capsules surrénales, injecté aux animaux, produit une élévation
brusque et considérable de la tension artérielle. Le suc des capsules sur-
rénales modifiées par les toxines n'agit plus sur la circulation.
L'action nuisible des poisons bactériens est bien autrement générale.
( ii33 )
profonde et durable, elle change la nutrition tout entière. Les jeunes ani-
maux qui ont subi cette imprégnation sont retardés dans leur développe-
ment et atteignent rarement la taille et le poids des individus sains de la
même portée. Bien plus, le trouble nutritif et formateur se produit même
dans la descendance des animaux qui ont subi, je ne dis pas une atteinte
de la maladie infectieuse, mais une simple impression par les produits de
sécrétion du microbe pathogène. Tous ceux qui s'intéressent à ces grandes
questions de l'hérédité ont vu les animaux issus de mères et parfois même
de pères intoxiqués par les poisons pyocyaniques et qui offraient des mal-
formations des oreilles, des membres, du vagin, qui se présentaient avec
tous les attributs du nanisme; chez lesquels enfin on a pu reconnaître
l'apparition des difformités et des lésions histologiques qui caractérisent le
rachitisme. Un peu de hardiesse dans l'hypothèse et une constante et per-
sévérante attention dans la recherche des effets lointains d'une expérience
ont fixé la Science sur les points les plus graves et les plus discutés du dé-
veloppement des monstruosités comme conséquence des maladies infec-
tieuses des parents, faits que la clinique nous avait révélés, mais qu'elle
était incapable de nous expliquer. Ainsi M. Charrin a donné à sa découverte
ses plus larges développements.
Ce qu'il a obtenu chez les petits des femelles imprégnées parles toxines
microbiennes, M. Charrin l'a constaté pour les enfants nés de mères
atteintes de maladies infectieuses pendant la grossesse, plus particulière-
ment chez les enfants de mères tuberculeuses et chez les enfants nés de
mères atteintes de fièvre typhoïde au cours de leur grossesse. Ces enfants
ont moindre poids et moindre taille, même s'ils naissent à terme. Leur
température centrale est abaissée, elle ne dépasse guère 36°, elle est
souvent 35°. Cela tient peut-être à ce que le kilogramme corporel chez ces
enfants est desservi par une surface de o'^ijoS à o°"i,o9 au lieu de o™i,o6,
comme c'est chez le nouveau-né normal. En tout cas cela démontre que
leur système nerveux est incapable d'assurer la régulation thermique.
L'alcalinité du sang est diminuée, l'acidité de l'urine augmente. Elle con-
tient plus de phosphates, elle est plus toxique que l'urine normale. Le
rapport de l'azote urinaire total oscille de 0,72 à 0,78 au lieu de la nor-
male 0,85.
Les poisons bactériens ont aussi des actions plus limitées, plus spéciali-
sées, et tout à fait passagères. On avait démontz'é que, dans certaines ma-
ladies infectieuses, ou même dans les intoxications aiguës produites par
les poisons que sécrètent les microbes de ces maladies, les leucocytes ne
sortent pas des vaisseaux, la diapédèse, même si l'on cherche à la provo-
( iï34 )
quer, ne s'effectue pas. M. Charrin a fait faire un pas de plus à la question;
il a montré que ces poisons, qui empêchent la sortie des leucocytes, em-
pêchent aussi la dilatation vasculaire et l'exsudation du plasma, suppriment
la rougeur et le gonflement, empêchent la manifestation de l'inflammalion,
même si l'on tente de la produire par l'application de l'huile de croton sur
la peau. Poussant plus loin son expérience, il a démontré que si certaines
substances bactériennes s'opposent à la manifestation de l'inflammation,
c'est en produisant une paralysie des centres vaso-dilatateurs, dont l'exci-
tation ne réussit plus à provoquer par action réflexe la dilatation active des
vaisseaux de l'oreille. Je n'ai pas besoin d'insister sur l'importance de ces
découvertes, et sur la lumière dont elles éclairent certains faits constatés
cliniquement ou expérimentalement, et qui jusque-là étaient obscurs.
L'un d'eux appartient précisément à M. Charrin. Le cobaye est relative-
ment réfractaire à la maladie pyocyanique, qui produit chez lui non une
septicémie mortelle, mais une tumeur inflammatoire curable. Il possède un
système nerveux qui, dans ses centres vaso-dilatateurs, ne se laisse pas pa-
ralyser par les toxiques pyocyaniques. D'autre part, le lapin rendu réfrac-
taire par vaccination atténue le bacille en question, et l'empêche de verser
dans le sang ses poisons paralysants. Ce lapin vacciné fait, comme le co-
baye, une gomme inflammatoire et non plus la septicémie d'emblée.
En 1880, Pasteur avait formulé deux hypothèses par lesquelles on pour-
rait expliquer l'immunité acquise : ou bien le microbe pathogène, pendant
la première maladie qui a guéri, a détruit et supprimé dans le corps de
l'animal quelque principe nécessaire à la vie bactérienne et que la vie de
l'organisme animal ne ramène pas; ou bien, dans son premier passage par
cet organisme, le microbe a laissé quelque sécrétion nuisible à son déve-
loppement, et dont l'économie aniuîale ne parvient pas à se débarrasser.
Pasteur se prononçait en faveur de la première hypothèse : c'était la théorie
de l'épuisement. A la même époque, Chauveau se déclarait en faveur de
la seconde hypothèse et adoptait la doctrine des matières empêchantes,
que les expériences de Toussaint semblaient confirmer. Pendant sept ans,
la question n'avait pas fait un pas; mais le génie de Pasteur n'était pas resté
inactif, et son esprit avait conçu une interprétation de la vaccination qui,
sans nouvelles expériences, l'amena à abandonner sa première idée de
l'épuisement, et à se ranger à l'opinion des matières empêchantes. Huit
mois après cette Communication, MM. Salmon et Smith apportaient le
commencement de la démonstration expérimentale; un mois plus tard,
le 24 octobre 1887, M. Charrin rendait publique la preuve décisive et défi-
nitive qu'il possédait, et dont il m'avait rendu témoin dès le mois de mars,
( ii35 )
mais que, par un scrupule excessif et par un sentiment de déférence fort
honorable, il ne voulait pas publier avant d'avoir obtenu l'approbation de
ses maîtres de l'Institut Pasteur. Les cultures du bacille pyocyanique, fd-
trées ou chauffées à ioo° et même à i io°, conféraient l'immunité au lapin.
Deux mois plus tard, le 25 décembre 1887, MM. Roux et Chamberland
répétaient la démonstration à l'aide des produits solubles du vibrion sep-
tique. A cette époque, M. Duclaux a fait la critique des expériences de
MM. Salmon et Smith, et remarqué, non sans raison, qu'ils n'avaient pas
conféré au porc l'immunité par les produits du bacille du choléra des porcs,
mais seulement au pigeon, animal qui, de leur aveu, est placé à la limite
de la réceptivité. On a pu ajouter très judicieusement que les cultures
avaient été peut-être insuffisamment stérilisées seulement par la chaleur
entre 58° et 60". C'est ce qu'avait fait Toussaint pour stériliser le sang
charbonneux, et c'est parce que le procédé avait été jugé insuffisant que
l'honneur de la découverte des vaccinations par produits solubles ne lui
appartient pas.
M. Charrin a voulu pénétrer le mécanisme de cette immunisation pro-
duite par un poison. Elle n'est pas l'effet d'une accoutumance, d'une mi-
Ihridatisation. Si Ton injecte aux vaccinés la dose de produits solubles stric-
tement nécessaire pour tuer un animal non vacciné, cette dose suffit aussi
à tuer le vacciné.
Ce qui assure l'immunité c'est, pour une part, un changement humoral
qui survient chez le vacciné à la suite de l'intoxication, changement qui
rend son sang bactéricide. On avait déjà reconnu que le sang est bactéri-
cide même chez l'animal normal, et, à la veille de la publication du Mé-
moire de MM. Charrin et Roger, Nissen, qui donnait le bilan actuel de nos
connaissances, concluait au doute sur la question de savoir si la vaccina-
tion augmente le pouvoir bactéricide du sang. Après la publication dont je
parle, le doute n'a plus semblé permis. Dans seize maladies on a établi
que le sang, après guérison, fournit un sérum bactéricide, et pour toutes
ces démonstrations on a adopté la technique de MM. Charrin et Roger. Ce
n'est pas à dire que d'autres modifications humorales ne surviennent pas
chez les vaccinés, en particulier l'état antitoxique, qui n'est encore ferme-
ment établi que pour la diphtérie et le tétanos.
Plus récemment, M. Charrin a communiqué des recherches expérimen-
tales sur l'influence qu'exercent les substances minérales, même neutres,
quand elles sont introduites dans le corps pendant un assez long temps à
petites doses. Au nombre de ces effets, on note une augmentation de la
résistance à certaines maladies infectieuses. On savait déjà que la modifi-
( ii36 )
cation durable de la nutrition, qui confère une immunité plus ou moins
complète, n'est pas produite exclusivement par les toxines microbiennes;
les venins, la peptone, certains produits de la sécrétion du foie exercent de
ces actions tardives et durables. Les constatations de IM. Charrin, en mon-
trant que les changements de la nutrition que produisent les substances
minérales peuvent aussi créer l'état rèfractaire, font sortir de la spécificité
et du mystère cette question de l'immunité.
Les nombreux et importants travaux que je viens de résumer ont déter-
miné votre Commission à décerner le prix Chaussier à M. Charrin.
PRIX BELLION.
(Commissaires: MM. Bouchard, Guyon, Lannelongue, Marey;
Potain, rapporteur.)
La Commission propose à l'Académie de partager le prix entre :
D'une part : îvL Cestan, pour son Livre sur la Thérapeutique des em-
pyèmes. Livre où tous les détails de cette Thérapeutique très importante,
très délicate, très disputée, sont exposés et discutés avec un très grand
talent, une haute compétence et un véritable luxe de documents;
D'autre part : MM. Grespix et Sergent, pour leur Mémoire sur la fièvre
typhoïde en Algérie, Mémoire dans lequel ces auteurs ont réuni un très
grand nombre de documents nouveaux sur les caractères et la marche de
cette maladie dans la population civile de l'Algérie, sur les causes de sa
propagation et sur les mesures d'hygiène qui pourraient l'atténuer ou
l'éteindre.
PRIX MÈGE.
(Commissaires : MM. Bouchard, Potain, Marey, Brouardel ;
Guyon, rapporteur.)
La suture intestinale, pat MM. Félix Terrier et Marcel Baudoin.
Ce Livre a eu pour point de départ les leçons faites à la Faculté de
Médecine, dans le semestre d'été 1898, par M. le Professeur Félix Terrier.
Noire savant Collègue a pris et nous a donné la bonne habitude, depuis
qu'il occupe la chaire de Médecine opératoire, de publier chaque année
' ' '37 •'
ses leçons; il poursuit ainsi une œuvre de véritable Thérapeutique chirur-
gicale.
Le Volume qui a été présenté par les auteurs pour le prix Mège est
avant tout un Livre d'Histoire. Il contient la description de la presque
totalité des procédés connus et publiés de suture intestinale. On y trouve,
à côté de la partie descriptive, un nombre considérable de figures. Les
auteurs se sont efforcés, aussi bien pour le texte que pour les images qui
aident la description, de toujours puiser, de façon directe, aux sources
originales. Ils ont considéré que le dessin, lui aussi, avait droit au titre de
document bibliographique et devait en offrir les garanties. Aussi ont-ils
reproduit les figures mêmes des Publications originales. Ils ont ainsi réuni
l'ensemble le plus complet de documents qui ait encore été publié, sur
les procédés chirurgicaux successivement inventés pour toutes les solu-
tions traumaliques ou opératoires de l'intestin.
Il n'est pas besoin de remarquer que, malgré qu'ils se soient astreints à
l'ordre chronologique afin de rester historiens, les auteurs n'ont pas
oublié que l'esprit critique est l'une des qualités essentielles du chirur-
gien; on sait comment le professeur de Médecine opératoire de notre
Faculté sait apprécier, juger et appliquer les ressources de l'intervention
chirurgicale. Mais nous ne voulons insister que sur le très grand intérêt
que présente l'histoire détaillée d'un simple chapitre de Médecine opéra-
toire, au point de vue de l'étude des causes qui ont retardé ou favorisé les
progrès de la Médecine.
C'est, on le sait, pour favoriser les travaux de cet ordre, qu'a été fondé
le prix Mège. Son auteur a désiré que son essai, qui ne comprend qu'un
avant-propos et un assez court chapitre de prolégomènes consacré à l'ex-
posé de la période préhippocratique, soit continué et complété. Il faudrait,
pour le compléter, écrire l'histoire tout entière de la Médecine et de la
Chirurgie, dénoncer les erreurs reconnues et mettre en leur place les
vérités conquises. Mais il ne peut être plus utilement continué que par
les œuvres où se trouvent représentées, avec tant d'autorité et de compé-
tence, l'érudition la plus complète et la critique la mieux autorisée.
L'histoire de la suture intestinale montre, en effet, que les efforts tentés
de tous temps pour la réparation des plaies de l'intestin, ne sont devenus
effectifs que lorsque des notions physiologiques exactes ont nettement
déterminé les conditions qui permettent la reprise très rapide des surfaces
mises en rapport; c'est ainsi que jjeuvent être obtenus la fermeture immé-
diate des solutions de continuité, la complète incarcération et l'abandon
C. R., 1899, y Semestre. (T. CXXIX, N» 25.) IJO
( ii38 )
des fils dans le ventre. C'est grâce à ces conditions que l'on peut utiliser,
pour cette Chirurgie à laquelle elle convient si bien, l'asepsie au lieu de
l'antisepsie.
Votre Commission propose à l'Académie de décerner le prix Mège pour
1899 à MM. Félix Terrier et Marcel Baudoin.
PRIX LÂLLEMATSD.
(Commissaires : MM. Bouchard, Potain, Ranvier, d'Arsonval ;
Marey, rapporteur.)
Le prix n'est pas décerné cette année. Une mention honorable est ac-
cordée à M. le D*" Pierre Janeï, pour son Ouvrage intitulé : L' Automatisme
physiologique et Névroses et idées fixes.
PRIX DU BARON LARREY.
(Commissaires : MM. Bouchard, Potain, Marey, Lannelogue;
Guyon, rapporteur.)
Statistique, étiologie et prophylaxie de la Tuberculose dans l'armée;
par MM. les Tf^ Arnaud et Lafeuille.
Ce travail manuscrit s'appuie sur les statistiques recueillies de 1876 a
1895 par le Service de santé des armées; cette importante enquête accuse
une augmentation sensible de la Tuberculose chez les soldats. Api'ès avoir
fait la part légitime qui revient dans cette constatation aux meilleures
classifications et aux examens plus soigneux, qui permettent d'attribuer à
la Tuberculose tout ce qui lui revient avec certitude, les Auteurs recon-
naissent néanmoins sa réelle et rapide progression.
Leurs recherches, très étendues, très méthodiques et très soigneuses,
portent sur l'évolution comparée de la Tuberculose chez les jeunes et chez
les anciens soldats; sur l'évolution de la Pleurésie: sur l'influence des ma-
ladies infectieuses. Les Auteurs examinent l'influence de la contagion et
celle des saisons sur la propagation de la tuberculose; ils font la part
respective de la contagion et de la réinfection, et donnent un aperçu géné-
ral de sa prophylaxie dans l'armée. Cette étude documentée les amène à
conclure : que l'augmentation delà Tuberculose dans l'armée porte exclu-
sivement sur les jeunes soldats; qu'elle est due à l'insuffisante sélection
( ii39 )
faite par les Conseils de revision ; que la Tuberculose évolue principalement
sous l'influence des maladies infectieuses et des conditions inhérentes au
service militaire; les Auteurs sont disposés à très peu incriminer la caserne.
Ils terminent leur Mémoire en proposant les mesures prophylactiques qui
visent à la fois le séjour à la caserne, et les conditions dans lesquelles
s'opère le recrutement. Votre Commission propose à l'Académie de décerner
le prix Larrey à MM. les D" Arnaud et Lapeuillf.
PHYSIOLOGIE.
PRIX MONTYON (PHYSIOLOGIE EXPERIMENTALE).
I Commissaires : MM. d'Arsonval, Bouchard, Chauveau, Ranvier;
Marey, rapporteur. )
M. Le Hello, professeur au Haras du Pin, a présenté au concours des
études sur le mécanisme de la locomotion du cheval. Les épures chrono-
photographiques des allures de cet animal lui avaient montré que les
théories régnantes ne sont pas admissibles. Ainsi, le membre postérieur
n'agit pas en s'allongeant par le redressement de ses angles; cet allonge-
ment ne serait efficace pour la propulsion de l'animal que si le pied à
l'appui se trouvait en arrière de la verticale abaissée du centre de l'articu-
lation de la hanche; dans le cas contraire, il ferait reculer le cheval; or
les épures montrent qu'il n'en est pas ainsi.
L'auteur est arrivé à une conception nouvelle du rôle des divers groupes
musculaires du membre postérieur; parmi eux, les muscles ischio-tibiaux
ouvrent l'angle que forme en avant la cuisse avec le bassin. C'est l'ouver-
ture de cet angle qui produit la propulsion à toutes les phases de l'appui
du pied. Mais, dans ce mécanisme, la rigidité de la colonne vertébrale
joue un rôle capital. Chargée parle poids <iu corps, cette colonne empêche
le bassin de se relever lorsque s'ouvre l'angle coxofémoral; dès lors, cette
ouverture ne peut se produire qu'en propulsant la masse du corps. Celte
théorie explique pourquoi, si les vertèbres lombaires sont altérées dans
leurs articulations et ont perdu leur rigidité, le cheval ne peut pas marcher.
L'ouverture de l'angle produit un mouvement de bascule du bassin avec
( ii4o )
flexion (le la région lombaire dont les apophyses épineuses forment une
saillie apparente, mais la propulsion est abolie.
Ce mécanisme un peu compliqué, M. Le Hello l'a rendu parfaitement
clair au moyen d'une démonstration schématique. Une carcasse de métal
dont les pièces articulées imitent grossièrement le squelette d'un cheval
est munie de bandelettes de caoutchouc tendues et dont les attaches cor-
respondent aux insertions des principaux groupes musculaires. Suivant
qu'on enlève ou qu'on replace telle ou telle de ces bandelettes, on voit
disparaître ou reparaître la fonction que M. Le Hello avait assignée au
muscle d'où elle tient la place; c'est ainsi que peut se démontrer le rôle
indispensable des ischio-tibiaux dans la propulsion. Enfm, la nécessité de
la rigidité de la colonne vertébrale se démontre sur le schéma en rendant,
à volonté, rigide ou flexible la région lombaire. Dans ce dernier cas, le rein
forme un angle convexe en haut et la propulsion est supprimée.
La même méthode suivie par M. Le Heilo lui a montré que les membres
antérieurs ne soat pas île simples colonnes portantes comme on l'a cru
longtemps, mais que ces organes servent aussi à la propulsion. D.ins ce
cas, l'effort propulsif est produit par le grand pectoral. Un schéma très
démonstratif explique ce mécanisme d'une manière saisissante.
Votre Conmiission a pensé que ces importantes études île M. Le Hello
devaient être récompensées par le prix de Physiologie.
Une mention honorable a été accordée à M. Quixton pour ses persévé-
rantes études sur la constance du milieu marin originel à travers la série ani-
male. L'auteur entend par là que l'origine de tous les animaux a été pri-
mitivement marine, et que les cellules organiques dont sont formés leurs
tissus gardent la composition primitive; de sorte que les éléments dont
elles sont formées renferment tous les sels qui entrent dans la composition
de l'eau de mer. Il observe que la proportion de chacun de ces sels est la
même pour l'eau de mer et pour les tissus organisés, si l'on excepte, bien
entendu, les matières azotées qui leur sont propres.
PRIX LACAZE ^Physiologie).
Commissaires : MM. Marey, d'Arsonval, Bouchard, Duclaux, Ranvier,
Folaiii, Mdne-Edwards; A. Chauveau, rapporteur. )
La Commission décerne le prix à M. le professeur Morat, pour l'en-
semble de ses travaux de Physiologie expérimentale.
Les plus importants de ces travaux sont ceux qu'il a exécutés sur le sys-
tème nerveux, particulièrement sur le grand sympathique, en collaboratioM
avec M. le professeur Dastre, auquel le prix Lacaze a été décerné il y a
quatre ans.
Avant de parler de ces travaux, il importe d'en rappeler quelques autres,
portant sur la Chimie physiologique et l'Électrophysiologie.
Signalons d'abord un travail, auquel M. Dastre a également collaboré,
faisant connaître un caractère optique de la lécithine et où il est démontré
que les dégénérescences dites graisseuses sont souvent des dégénérescences
lécithiques.
Avec M. Dufourt, M. Morat a étudié la consommation du glycogène faite
par les muscles pendant leur travail artificiellement provoqué. Par des
dosages comparatifs de la glycose dans le sang artériel et le sang veineux
il montre ensuite comment, dans les muscles épuisés de glycogène, la
reconstitution de celui-ci s'effectue rapidement à l'aide de la glycose em-
pruntée au sang.
Le progrès apporté, par M. Morat, en Électrophysiologie consiste en
ceci :
Par l'auscultation du muscle et l'analyse myographique, on a montré la
ressemblance de la contraction volontaire avec le tétanos physiologique et
réciproquement. Néanmoins l'étude des phénomènes électriques du muscle
montrait un certain désaccord dans les deux cas. Avec Toussaint, M. Morat
a fait disparaître ce paradoxe, en précisant les circonstances dans lesquelles
on amène les phénomènes électriques eux-mêmes à être semblables dans ces
deux cas. L'Académie a honoré ce travail d'un prix Montyoa (Physiologie
expérimentale) en 1877, sur le Rapport de Cl. Bernard.
De la colLiboration de M. Morat avec Toussaint est résulté un autre tra-
vail d'Électrophysiologie : les phénomènes de l'eVec/rotoniw dans l'excitation
unipolaire. Nous le passons sous silence pour arriver de suite aux travaux
qui ont eu pour objet la physiologie du système nerveux.
Ces travaux ont trait : à la détermination et au classement méthodique des
fonctions du grand sympathique, à la constitution de ce système de nerfs, à
l'analyse des rapports fonctionnels de ses éléments constituants. Ils débutent
par une critique des méthodes employées pour la recherche des nerfs
vaso-moteurs (constricteurs et dilatateurs). On y trouve un des premiers
exemples de la méthode d'inscription autographique à l'étude de la con-
traction des muscles vasculaires, provoquée par excitation artificielle de
leurs nerfs.
Les deux expériences suivantes sont les plus originales et les plus saisis-
santes des séries exécutées par les deux collaborateurs.
Ils excitent le sympathique cervical ou sympathique. Faite sur certains
animaux, cette excitation provoque une dilatation vasculaire très intense
de certaines régions de la tête : c'est donc que ce tronc nerveux contient
des éléments dilatateurs des vaisseaux. Ce résultat, malgré les apparences,
n'est nullement en contradiction avec ceux qui ont été constatés par
Cl. Bernard sur le même sujet et le même objet. Il les complète tout au
contraire. La fonction, en effet, n'appartient pas au tronc nerveux, mais à
ses éléments composants. L'expérience de MM. Dastre et Morat, par sa
réalisation facile, par ses effets évidents, par sa signification très nette, est
devenue une expérience de cours. Grâce à la suivante, d'une exécution plus
délicate, la question fait un pas de plus.
Chez d'autres animaux, les effets susdits s'obtiennent par l'excitation
du sympathique thoracique. Mais ils changent de sens quand on excite le
svmpathique cervical. Le lieu qui correspond à cette inversion remarquable
est la masse des ganglions situés à la base du cou, au niveau de l'entrée de
la poitrine.
On peut conclure de ces constatations que le grand sympathique n'est pas
un simple nerf, mais, comme les anatomistes en avaient le pressentiment,
un système de nerfs. Des éléments antagonistes coexistent dans ses branches
de distribution ou d'origine. Ces éléments convergentvers les masses gan-
glionnaires, qu'ils traversent depuis la chaîne vertébrale jusqu'aux plexus
terminaux. Les masses ganglionnaires sont comme les points nodaux du
système, et l'expérience les désigne comme ayant des fondions impor-
tantes, de la nature de celles qui sont attribuées à la substance grise des
masses nerveuses centrales.
Les nerfs vaso-dilatateurs sont, en somme, des inhibiteurs vasculaires.
Le mot inhibition, ainsi qu'on sait, désigne simplement ce qu'on appelait
autrefois les phénomènes d'arrêt. Le mot nouveau a fait fortune. Mais en
s'appliqnant à des phénomènes de plus en plus nombreux et souvent dis-
parates, il perd sa signification première et jusqu'à sa raison d'être. Les
expériences précédentes montrent qu'il faut l'entendre comme désignant
des phénomènes avant tout nerveux, résultant d'un conflit d'éléments et
localisés dans la substance grise ou ses équivalents des masses ganglion-
naires.
Pendant que les uns étendaient l'inhibition outre mesure, les autres,
par une conséquence logique de cette exagération, acceptaient le phéno-
( 1.43 ) •
mène, mais niaient l'existence de nerfs spéciaux à lui dévolus : tout nerf,
pour eux, serait moteur ou inhibiteur, suivant les circonstances. Dans les
travaux que nous analysons rapidement ici, il est démontré que cette ma-
nière de voir est insoutenable. Si, en elfet, on excite un nerf, comme le
pneumogastrique ou le sympathique, provoquant dans son champ de dis-
tribution des effets les uns moteurs, les autres inhibiteurs, ces effets ne
sont pas successifs, mais simultanés. Bien plus, si l'on fait varier en série
régulière les conditions d'intensité, de rythme, de durée et de sens du
courant excitateur, on voit ces effets croître, atteindre un maximum, puis
décroître parallèlement, mais en restant toujours inverses. Donc, il y a des
nerfs qui, possédant toutes les propriétés générales des nerfs moteurs, s'en
distinguent en ce qu'ils produisent le repos, là où les nerfs moteurs vrais
produisent le mouvement. Donc, il y a des nerfs inhibiteurs spéciaux.
Pour l'anatomiste descripteur, le grand sympathique s'arrête en haut à
la base du crâne et en arrière aux trous de conjugaison. Ce sont là des
limites évidemment conventionnelles. Les travaux de MM. Dastre et Morat
rattachent à ce système tous les éléments de môme fonction qui sont con-
tenus dans les nerfs crâniens et auxquels les bouleversements embryolo-
giques de cette région ont valu de porter des noms particuliers, notam-
ment les éléments contenus dans le pneumogastrique (moyen sympathique)
et dans le facial (petit sympathique des anciens). Quant à la question,
longtemps controversée, des origines du système, origines que les anciens,
avec Bichat, plaçaient de préférence dans les ganglions, et les modernes,
avec Schiff, de préférence dans la moelle épinière, M. Morat montre, par
la méthode des dé générations, que cette alternative ne se pose pas.
Formé de pièces juxtaposées en même temps que superposées, ce sys-
tème, pas plus, du reste, que les autres, ne possède une origine unique,
mais autant d'origines qu'il compte d'éléments, ou, pour employer le mot
nouveau, de neurones. De ces neurones, les uns commencent dans la
moelle épinière et vont plonger leurs extrémités dans un des ganglions,
soit de la chaîne vertébrale, soit de la périphérie; les autres commencent
dans ces ganglions et vont jusqu'aux organes.
Le grand sympathique est de la sorte comparable à une moelle dissociée
et éparpillée diins les organes et les tissus. Les noyaux moteurs sont des
ganglions. De ceux-ci partent des fibres allant aux viscères, aux glandes,
aux vaisseaux. A ces ganglions aboutissent des fibres de projection venues
de la moelle épinière et comparables à celles qui, de l'écorce cérébrale.
( 11/44 ^
descendent le long de l'axe gris de la moelle pour le rejoindre à des niveaux
différents.
Toutes ces études sont complétées par celle des poisons particuliers du
çrand sympathique. Ce sont des alcaloïdes dont l'atropine et la pilocarpine
représentent les deux types les mieux définis. Ces deux substances trou-
blent puissamment, mais en sens inverse, les mouvements de l'iris, du
cœur, des viscères et la sécrétion des glandes. Il est montré qu'elles agis-
sent sur les éléments, les uns moteurs, les autres inhibiteurs, contenus dans
le grand sympathique; comme les méthodes usuelles de section et d'exci-
tation, elles constituent un nioven de déceler l'antagonisme fonctionnel
des éléments. En d'autrrs termes, l' antagonisme des effets observés réside
non dans les substances administrées, mais dans les éléments nerveux affectés
par elles. L'antagonisme est de nature physiologique et non chimique.
Parmi les fonctions particulières assez nombreuses du grand sympa-
thique, M. Moratenafait connaître plusieurs. Indépendamment de la fonc-
tion vaso-dilatatrice, il a établi, avec M. Doyon, l'existence d'une fonction
accommotiatrice, pour la vision éloignée, en étendant au muscle ciliaire
l'action inhibitrice exercée par le cordon cervical sur le muscle irien.
D'autre part, il a étudié, avec M. Dufonrl, les nerfs qui gouvernent la
formation de la glycose dans le foie et indiqué les arguments qui permet-
tent de les considérer comme étant indépendants des nerfs vaso-moteurs
de l'organe.
Enfin, en appliquant la méthode graphique à l'étude des mouvements
de l'estomac, M. Morat a montré, à côté des nerfs moteurs, les nerfs inhi-
biteurs de la membrane charnue de ce viscère.
PRIX POUR AT.
Commissaires : MM. Chauveau, d'Arsonval, Ranvier, Bouchard;
Marey, rapporteur.^
La question proposée était la suivante : Les caractères spécifiques de la
contraction musculaire dans la série animale.
Un Mémoire anonyme a attiré l'attention de la Commission ; il a pour
objet l'étude de la contraction musculaire principalement dans la phase
embryonnaire et la comparaison de ses caractères avec ceux qu'on observe
chez l'adulte.
I
( ■t4:'' )
L'auteur a cherché d'abord à vérifier une affirmation de Preyer, à savoir
que des mouvements volontaires s'observent chez l'embryon à une époque
où les muscles ne réagissent pas encore aux excitations électriques. Il a vu
qu'à cette phase existent des mouvements spontanés, rythmés, auxquels
on ne peut assigner le caractère de mouvements volontaires, attendu que
le système nerveux n'est pas encore formé, que ces mouvements peuvent
être provoqués parfois par les excitations électriques, mais que leurs
caractères ne ré|)ondent ni à l'intensité, ni îi la fréquence des excitations.
A cette époque, le muscle n'est encore formé que de protoplasma; lorsque
les fibrilles y apparaissent, les réactions ordinaires du muscle aux excita-
tions viennent interférer d'abord avec les mouvements spontanés, puis se
substituer à eux quand le muscle a acquis sa structure définitive.
Toutefois, dans cette période précoce de la vie embryonnaire, les
secousses musculaires sont faibles et prolongées, la période d'excitation
latente est longue et, chose curieuse, ni l'amplitude des secousses, ni la
durée de l'excitation latente ne sont modifiées par les variations de la tem-
pérature. A une phase plus avancée, au contraire, les variations de la tem-
pérature produisent sur les caractères de la secousse les efTets bien connus
qu'on observe sur les muscles de l'animal adulte.
Dans ces expériences, la mesure des températures a été faite avec le
plus grand soin, les réactions musculaires ont été inscrites au myographe;
enfin, toutes les fois que cela a été possible, le fœtus a été maintenu en
relation avec le placenta maternel.
Frappée du soin apporté dans ces études expérimentales, votre Com-
mission a pensé qu'elles jugeaient une question encore peu connue des
caractères de la contraction musculaire aux dilFcrentes époques de la vie
embryonnaire, et elle a décerné le prix Pourat à leurs auteurs, qui sont
MM. Weiss et Carvalho.
PRIX PHILIPEAUX.
(Commissaires : MM. d'Arsonval, Marey, Bouchard, Ranvier;
Chauveau, rapporteur.)
Le prix n'est pas décerné.
C, R., 1S99, 2' Semestre. (T. CXXIX, N° 25. 131
( ii46 )
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
PRIX GAY.
(^Commissaires: MM. Milne-Edwards, de Lacaze-Diithiers, Filhol,
Blanchard; Edm. Perrier, rapporteur.)
L'Académie avait mis au concours, pour le prix Gay, l'Etude des Mol-
lusques nus de la Méditerranée; leur comparaison avec ceux des côtes océaniques
françaises. Les beaux Mémoires que, depuis 1877, M. Albert Vayssière a
publiés sur ce sujet répondent admirablement à ce programme.
C'est d'abord la description d'un élégant Nudibranche, voisin des Tritonia,
qu'il dédie à son maître, M. Marion, professeur à la Faculté des Sciences
de Marseille et qu'il dénomme Marionia Berghii ('). Viennent ensuite de
très précises Uecherches anatomiques sur les Mollusques de la famille des Bul-
lidœ (-), qui servent au jeune naturaliste de thèse de doctorat et oîi est dé-
ciite avec de grands détails l'organisation des Gastropteron , Doridium,
Philine, Scaphander, Haminea. En 1887, dans les Annales du Musée d'Histoire
naturelle de Marseille, M. Vayssière commence la publication de ses
Recherches zoologiques et anatomiques sur les Opisthobranches du golfe de
Marseille; dans ce Recueil paraissent successivement ses études et ses dé-
couvertes sur les Tectibranches (Act.i:onid.ï:, Bullid.e, Scaphandrid^e, Phi-
LINID.E, Gastropterid^ï:, Doridiid.e, Aplysid.e, Oxynoeid.e, Peltid.e, Pleu-
ROBRANCHiD-E, Umbrellid.e) ; en 1889, celles sur les Nudibranches; enfin,
dans les Annales des Sciences naturelles Q), une Monographie de la famille des
Pleurohranchidés, qui contient la revision et la description de toutes les
espèces de cette famille. C'est là un ensemble de travaux considérables,
tous orientés dans le même sens et dans lesquels M. Albert Vayssière s'est
montré tour à tour anatomiste habile, zoologiste érudit et critique très
avisé. De nombreuses et belles figures font connaître le détail de l'organi-
sation des animaux qu'il décrit et représentent la configuration extérieure
et la couleur des espèces nouvelles. Grâce à ces travaux, on peut dire que
(') Coniples rendus, (877, el Journal de Conchyliologie, 1879.
(-) Annales des Saiences naturelles; 1879-1880.
(») 8« série, t. Mil.
( i'47 )
M. Vayssière tient, parmi les zoologistes français, la place éminente que
Rudolph Ber^h occupe depuis si longtemps parmi les zoologistes danois et
qui lui ont valu le titre lie Correspondiinl étranger dont l'Académie des
Sciences est si ménagère.
L'Académie, en récompensant M. Albert Vayssière, aura témoigné de
son estime pour les études que rien ne décourage, de l'intérêt qu'elle porte
aux savants laborieux qui ne s'arrêtent qu'après avoir épuisé les sujets
qu'ils ont choisis.
PRIX GENERAUX.
MEDAILLE ARAGO.
L'Académie a décerné la Médaille Arago à Sir George-Gabriel Stores,
à l'occasion de son Jubilé, célébré à Cambridge les i*"" et 2 juin dernier,
pour fêter la cinquantième armée de son professorat à la chaire lucasienue
de \'\]m\ers\lé. (Comptes rendus, 12 juin 1899.)
PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES).
(Commissaires : MM. Brouardel, Armand Gautier, Schlœsing, Troost;
Moissan, rapporteur.)
Le prix est décerné à M. E. Collin.
Une mention est accordée à M. Paul Razous.
Parmi les nombreux travaux qui lui ont été soumis, votre Commission
n'en a retenu que deux. Le premier est dû à M. Collin; il a pour titre :
Élude microscopique des aliments d'origine végétale; le second nous est pré-
senté par jM. Paul Razous, Inspecteur départemental du travail; il traite
De l'assainissement des ateliers industriels.
Parmi les questions qui intéressent au plus haut degré l'hygiène publique,
C ii4B )
il faut citer celle qui concerne la pureté des substances alimentaires. Indé-
pendamment des altérations spontanées qu'elles peuvent éprouver, ces
substances subissent dans leurs pays d'origine et d'importation de nom-
breuses falsifications qui, sans être toujours directement nuisibles à la
santé, atténuent leurs qualités alimentaires et diminuent leur valeur com-
merciale.
Il est assez facile de constater la pureté et la qualité des substances ali-
mentaires quand elles sont constituées par des organes entiers, tels que
des feuilles, des graines et des fruits. L'examen et la comparaison de leurs
caractères extérieurs fournissent la plupart du temps des moyens de vérifi-
cation assez précis. Il n'en est |)lus de même quand ces substances ont
subi une préparation ou sont offertes sous un état de division qui facilite
singulièrement leur mélange avec d'autres produits; c'est ce qui se pré-
sente pour la plupart des aliments végétaux tels que les farines, le thé, le
cacao et les épices, qui sont l'objet de falsifications aussi nombreuses que
variées.
Pendant longtemps on a demandé à la Chimie la solution de ce problème
délicat; mais, si cette Science nous permet de déterminer parfaitement la
composition des aliments liquides, tels que le vin, la bière, le lait et les
huiles; si elle conduit facilement à la découverte des substances minérales
et organiques qui peu\ent avoir été introduites frauduleusement dans les
aliments, elle ne peut donner que des indications vagues pour l'étude des
aliments végétaux réduits en poudre et des produits si variés qui servent
à les adultérer.
Depuis plusieurs années déjà des procédés d'investigation plus parfaits
ont été utilisés. Les résultats importants qui ont été obtenus établissent
nettement que l'examen microscopique permet de constater rapidement et
sûrement la pureté et la qualité des aliments végétaux, de déterminer la
nature des altérations et des falsifications qu'ils ont subies, et de fixer
même, jusqu'à un certain point, la proportion des éléments étrangers.
Celte méthode, adoptée d'abord en Allemagne, où elle a suscité la publi-
cation d'Ouvrages très importants, a été longtemps négligée en France.
Dans diverses Communications présentées au Conseil d'hvgiène de la
Meuse, dans de nombreux Mémoires publiés depuis l'année 1874 dans les
journaux français et étrangers, M. (>ollin a démontré par des découvertes
intéressantes l'utilité du microscope pour l'analyse des denrées alimen-
taires. Depuis cette époque, il n'a cessé de s'occuper spécialement de cette
( 11.^19 )
question si intéressante, et c'est le résultat de ses longues et patientes ob-
servations qu'il a réuni dans le Mémoire qu'il a l'honneur de présenter
aux suffrages de l'Académie.
Dans ce Mémoire, absolument personnel et très complet, M. Collin em-
brasse l'étude anatomique de tous les alimeiils végétaux ainsi que la
recherche des altérations et des falsifications qu'ils peuvent subir.
L'auteur y étudie successivement :
i" Les aliments féculents (céréales, farines, fécules exotiques, pain,
pommes de terre);
2" Les aliments stimulants, tels que le thé, le café, le cacao, le chocolat ;
3° Toute la série des condiments (poivre, piment, anis, girofles, va-
nille) ;
4° Les herbes fraîches ;
5° Les conserves végétales;
6° Les confitures et gelées de fruits.
Après avoir examiné la structure interne des substances alimentaires
quand elles sont entières, M. Collin s'attache à étudier spécialement les
particularités différentes qui caractérisent leurs éléments anatorniques
quand ils sont divisés ou séparés les uns des autres. La connaissance de
ces particularités est indispensable pour constater la pureté et la qualité
des substances alimentaires réduites en poudre. Appliqué à l'étude des
farines de céréales, cet examen constitue une méthode d'expérimentation
dont M. Collin a pu faire ressortir tous les avantages dans les nombreuses
expertises de farine qu'il a exécutées pour le Ministère du Commerce.
Après avoir étudié la structure intime des substances alimentaires,
M. Collin applique la même méthode d'observation à chacun des produits
avec lesquels on les mélange dans un but de spéculation frauduleuse. Il a
reproduit toutes les falsifications qui ont été signalées, tant en France qu'à
l'étranger, et il décrit tous les caractères que présentent ces produits
quand ils sont entiers et quand ils sont pulvérisés. Chaque description est
accompagnée de nombreux dessins originaux dessinés par l'auteur.
Les observations consignées dans le Mémoire de M. Collin n'ont pas
seulement un intérêt pratique. Par le grand nombre et la variété des sub-
stances qui ont été observées et décrites, ce Mémoire constitue un ensemble
de documents dont on ne peut nier l'intérêt scientifique, surtout si l'on
se place au point de vue de l'Anatomie comparée des végétaux.
Le travail de M. Paul Razocs ne comporte pas de recherches person-
nelles. L'auteur a visité de nombreuses usines et il passe en revue les
( ii5o )
conditions dans lesquelles se produisent, dans l'industrie, les poussières,
les gaz, les vapeurs et les buées. Il indique dans chaque cas particulier
comment on peut arriver à l'assainissement des ateliers. .Son Mémoire
renferme des exemples nombreux et intéressants.
Votre Commission vous propose de décerner le prix Montyon (Arts
insalubres) à M. Collin et une mention très honorable à M. Paul Razous.
Ces conclusions sont adoptées.
PRIX TRÉMONT.
(Commissaires : MM. J. Bertrand, Berthelot, Maurice Lévy, Sarrau;
Cornu, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M. Louis Ducos du Hauron, l'un des
inventeurs de la Photographie des couleurs par la méthode des images
colorées superposées (procédé trichrome), qui a publié son invention dès
1868 en même temps que Charles Gros et indépendamment de ce dernier.
Ce procédé est devenu la source d'une industrie très répandue par suite de
perfectionnements techniques et artistiques sans que l'inventeur ait tiré
aucun profit de son ingénieuse conception.
PRIX GEGNER.
(Commissaires : MM. Joseph Bertrand, Berthelot, Darboux, Hermite;
Mascart, rapporteur.)
Le prix est décerné à M. Vaschy ( Aiimé).
PRIX PETIT D'ORMOY (SCIENCES MATHÉMATIQUES).
(Commissaires : MM. Poincaré, Picard, Jordan, Hermite;
Darboux, rapporteur.)
Le prix est décerné à M. Moutard, pour l'ensemble de ses travaux rel;
tifs à l'Analyse et à la Géométrie.
( "5i )
PRIX PETIT D'ORMOY (SCIENCES PHYSIQUES).
(Commissaires : MM. Milne-Edwards, Van Tieghem, Bornet, Blanchard;
Edm. Perrier, rapporteur.)
La Commission propose de donner le prix Petit d'Ormoy à M. Alfred
GlARD.
Le prix Petit d'Ormoy, en raison de sa valeur (^dix mille francs), est de
ceux que l'Académie réserve d'habitude, soit à une découverte exception-
nelle, soit à un effort particulièrement méritoire, soit à une carrière d'in-
cessant et utile labeur. Il y a souvent dans les plus retentissantes décou-
vertes une part importante d'heureux hasards: un souffle généreux, qui
passe et s'éteint, peut provoquer un effort qui étonne par sa puissance,
mais ne se renouvelle pas; la volonté continue qui préside à une existence
dont tous les instants sont employés à la poursuite d'un but élevé, dont
toutes les forces sont constamment tendues vers la réalisation d'un même
idéal, une telle volonté est peut-être ce qu'il y a de plus méritoire dans un
homme de science. Elle s'est rencontrée à un haut de^ré dans l'œuvre
de M. Alfred Giard, professeur d'Embryogénie comparée à la Sorboune,
et c'est ce qui a déciilé votre Commission à le désigner à l'Académie pour
l'un de ses plus beaux prix.
• Tout enfant, M. Ciard s'est voué à l'étude des Sciences naturelles. Her-
borisant ou recueillant des Insectes dans la campagne, il s'est familiarisé
de bonne heure avec les formes extérieures des élres vivants qui sont
comme l'alphabet d'une langue dont il devait plus tard cherchera péné-
trer tous les secrets. Ainsi pourvu de connaissances préliminaires que l'on
ne soupçonnait pas alors au collège et c|u'on n'y soupçonne pas beaucoup
plus aujourd'hui, il entrait en 1867 à l'École Normale supérieure, où l'on
ne songeait pas davantage à faire des naturalistes inutilisables dans les
lycées, mais où le large esprit de Pasteur visant le développement intégral
des facultés de ses élèves avait constitué, avec MM. Delesse, van Tieghem
et de Lacaze-Duthiers, un puissant enseignement des Sciences naturelles.
M. Giard se laissa facilement enthousiasmer pour la Zoologie par un
maître dont les leçons étaient pour son jeune et vibrant auditoire des
surprises toujours renouvelées, et ont laissé de telles traces que six des
( 1 132 )
élèves de cette école de mathématiciens et de physiciens professent aujour-
d'Iiiii les Sciences naturelles à la Sorbonne ou au Muséum. Sans se préoc-
cuper d'acquérir le tilre professionnel d'agrégé pour lequel, en 1870, il
avaitété impossible d'ouvrir un concours, M. Giard, à peine remis des dou-
loureuses émotions de la guerre allemande, alla s'enfermer à Roscoff, où
aucun laboratoire n'existait encore; il y passa l'hiver et en revint avec une
thèse, ouvrage de début qui a eu la rare fortune de demeurer classique.
Nous ne saurions, dans ce Rapport, suivre le jeune docteur partout où l'a
conduit depuis un esprit d'observation toujours en éveil, s'arrêtant devant
les sujets les j)lus variés, aussi bien en Botanique qu'en Zoologie, scrutant
les squares de Paris aussi bien que les bois des environs de Valenciennes
ou bien encore explorant toutes les grèves de notre littoral. Nous cherche-
rons principalement à exposer celles de ses études qui ont été longtemps
maintenues dans une même direction, ont révélé ou coordonné des en-
sembles de faits de quelque étendue et ont marqué un progrès incontesté
dans nos connaissances zoologiques. Ces recherches sont relatives aux
Ascidies composées, au parasitisme, à la castration parasitaire et aux varia-
tions qu'est susceptible de présenter le développement embryogénique
des animaux d'un même groupe.
On appelle Ascidies des animaux marins, de structure assez complexe,
mais qui se présentent sous l'aspect de sacs irréguliers, de consistance
cartilagineuse, livrant passage à deux tubes régulièrement découpés sur leurs
bords et qu'on nomme les siphons. Dans l'un de ces siphons s'engage un
courant d'eau qui apporte à l'animal des aliments et de l'oxygène, filtre au.
travers de parois d'un sac en forme de trémie qui constitue la branchie,
pénètre dans un espace péribranchial communiquant avec l'autre siphon,
et sort par ce dernier, en entraînant les excréments et les éléments géni-
taux qui se déversent naturellement eux-mêmes dans l'espace péribran-
chial. Parmi les Ascidies, il en est de volumineuses qui vivent à l'état soli-
taire ; de petites, qui jouissent d'ordinaire de la faculté de bourgeonner et
forment alors des colonies généralement incrustantes, ornées des plus vives
couleurs. Ce sont ces Ascidies coloniales qui portent, depuis Henri Milne-
Edwards, le nom A' Ascidies composées. Les recherches de M. Giard sur ces
animaux remontent à environ vingt-cinq ans ('). A ce moment, une révo-
lution complète venait de s'accomplir dans les idées des zoologistes relati-
(') A. GiAiiu, Recherches sur les Ascidies composées ou Synascidies {Archives de
Zooloffie expérimentale, t. I, 1872).
(.153)
vement aux Ascidies; on les avait longtemps considérées comme apparentées
aux Mollusques ; les recherches embryogéniques de Kowalevsky établirent,
au contraire, que les larves, en forme de têtard, des Ascidies présentaient,
dans leur mode de développement et jusque dans leur organisation, d'é-
troites ressemblances avec les embryons des Vertébrés les plus inférieurs et
notamment avec celui de VAmphioxus. Les Ascidies semblaient donc le pont
si longtemps cherché entre les Vertébrés et les Invertébrés. Toutefois, à ce
moment même, la découverte par notre éminent Confrère, M. de Lacaze-Du-
thiers, d'un mode de développement exclusif du têtard chez certaines Asci-
dies de la famille des Molgulidées, semblait enlever une grande partie de
leur valeur théorique aux observations de Kowalevsky, puisque la forme
larvaire sur laquelle elles portaient pouvait indifféremment être réalisée ou
faire défaut. M. Giard montra que, dans la famille même des Molgulidées('),
l'absence de têtard n'est pas générale. Il y a deux groupes de Molgulidées :
les unes vivent, comme les autres Ascidies, fixées aux pierres ou aux algues;
les autres, fixées seulement à de menus objets, semblent libres dans le
sable et mènent, par suite, un genre de vie tout à fait exceptionnel chez
les Ascidies. Les Molgulidées libres sont seules dépourvues de têtard, et
l'absence apparente de ce dernier n'est que le résultat d'un mode de déve-
loppement plus rapide que le mode normal. Les Ascidies ordinaires vivent
d'abord libres sous forme d'un têtard qui nage avec sa queue; le têtard se fixe
plus tard par sa région antérieure et subit ensuite une importante métamor-
phose au cours de laquelle sa queue est résorbée; la jeune Molgule se
métamorphose, pour ainsi dire, en même temps qu'elle se développe, et
sa queue se constitue c^'ew/'/ee à l'état où l'amène d'habitude sa régression.
C'est ce que M. Giard appelle un développement condense. Grâce à cette
ingénieuse interprétation, les observations de Kowalevsky et celles de
M. de Lacaze-Duthiers, en apparence contradictoires, pouvaient être
facilement synthétisées.
Tout en se livrant à ces recherches sur les Ascidies simples, M. Giard
rassemblait les matériaux d'une monographie des Ascidies composées de
nos côtes de Bretagne, longtemps demeurée la plus complète des mono-
graphies consacrées à ce groupe d'animaux. Dans ce travail, sa thèse de
doctorat, toutes les espèces d'Ascidies composées des côtes de Bretagne
sont étudiées aussi soigneusement qu'on pouvait alors le faire; un grand
(') A. Giard, Étude critique des travaux d'Embryologie relatifs â la parenté
des Vertébrés et des Tuniciers {Archives de Zoologie expérimentale, l. 1, 1872).
C. R., 1899, 2- Semestre. (T. CXXIX, N° 26.) ' 32
( 'i54 )
nombre de renseignements sont recueillis sur leur habitat, leurs variations
sous l'influence des agents extérieurs, leur alimentation, leurs parasites,
de manière à pré]>arer une sorte de vérification expérimentale de la doc-
trine alors fort contestée de la descendance. Un grand nombre d'espèces
inconnues jusque-là sont décrites; des genres nouveaux sont constitués,
d'autres mieux définis, et l'ensemble des genres est disposé en un arbre
généalogique provisoire qui met nettement en relief leurs affinités
naturelles. Mais il ne s'agit pas ici d'une monographie purement taxo-
nomique; M. Giard étudie aussi l'organisation des Ascidies composées,
découvre notamment un organe glandulaire spécial en rapport avec
leur tube digestif; il décrit leur développement, suit la formation de
leurs colonies, cherche à déterminer les influences que le milieu exté-
rieur peut exercer sur elles et se trouve ainsi amené à faire connaître
leurs commensaux et leurs parasites; il signale déjà quelques modifica-
tions que la présence des parasites apporte à la forme des colonies des
Synasciches.
C'est le prélude des fécondes recherches que M. Giard ne tardera pas à
effectuer sur les parasites. Le parasitisme, sous toutes les formes qu'il
revêt, soit dans le Règne animal, soit dans le Règne végétal, a vivement
excité son intérêt, en raison surtout des modifications qu'il imprime soit
au parasite, soit à son hôte, des singulières métamorphoses ou des migra-
tions étonnantes qu'il provoque et qui sont susceptibles d'éclairer d'un
jour nouveau le problème de l'origine et de la raison d'être des formes
animales.
Chez les Echinodermes, M. Giard découvre d'abord une classe nouvelle
de parasites, les Orthonectidés, êtres vermiformes, ciliés, mais d'une orga-
nisation tellement simplifiée, que quelques auteurs ont créé pour eux et
les Dicyémidés, parasites des Seiches, une division primordiale du Règne
animal, la division des Mésozoaires, intermédiaire entre celle des animaux
uniceilulaires ou Protozoaires et celle des animaux pluricellulaires ou
Métazoaires. La complication remarquable du mode de reproduction des
Dicyémidés et des Orthonectidés témoigne, comme le fait observer avec
raison M. Giard, qu'il ne s'agit pas ici d'un groupe primitif du Règne
animal, mais bien d'êtres dégradés par le parasitisme et appartenant vrai-
semblablement au sous-embranchement des Vers plats.
C'est à ce même sous-embranchement qu'appartient un auti-e parasite,
jusqu'ici unique dans son genre, découvert à Fécamp par M. Giard et au-
quel il a donné le nom lie Fecampia. Sur |)lusieurs points du lilloral de la
( 1.5,3 )
iMaiiche on Lrou\e en abondance, sur les grandes algues du genre f^iioiira
ou sous les pierres, de petits sacs blancs, effilés à une extrémité, qui laissent
écouler quand on les écrase une matière jaunâtre. Ces sacs étaient demeurés
longtemps problématiques. Un jour, dans un de ces Crabes communs qu'il a
ouverts par milliers pour en recueillir les parasites, M. Giard observe, au voi-
sinage du cœur, une sorte de ver semblable à une larve de Mouche; il
l'isole dans de petits cristallisoirs. L'animal se met à nager d'une façon ca-
ractéristique, propre aux Vers plats de la classe des Planaires, puis il se
fixe et file une sorte de cocon où il effectue sa ponte. L'explication des
singuliers sacs de Fécamp était trouvée. La Fecampia est le premier
exemple d'une Planaire parasite dans le jeune âge et qui recouvre ensuite
sa liberté.
Le plus grand nombre des parasites des animaux marins appartient à la
classe des Crustacés. M. Giard s'est surtout attaché à l'étude de ceux qui
sont parasites d'autres Crustacés, et il en a trouvé qui, redoublant en
quelque sorte ce genre de parasitisme, sont parasites de Crustacés eux-
mêmes parasites sur des Crustacés.
1j Aspulœcid Normani, par exemple, est un Crustacé copépode, qui vit sur
V Aspidophryocits peltalus, Crustacé isopode, parasite lui-même d'un Crustacé
schizopode, VEryihrops micro phtalma. Ici le parasitisme est pour ainsi dire
descendant, le parasite appartenant à un ordre inférieur à celui dans lequel
se classe son hôte; mais il peut être aussi wograû^e — les Cabirops, Crustacés
iso])odes, sont en effet des parasites spéciaux d'autres Isopodes; ou même
ascendant, comme c'est le cas pour les Microniscus et les Cryptoniscus,
Crustacés isopodes, parasites respectivement des Copépodes et des Cirri-
pèdes.
Le Crabe commun porte fréquemment sous son abdomen un gros para-
site que les pêcheurs prennent pour ses œufs; c'est une sorte de Cirripède
dégradé, la Sacculine; comme les autres Cirrijjèdes, les Sacculines sont
parasitées par des C/jy>/on«cM^. Or, M\L Giard et Bonnier ont constaté que
les espèces de Crabes susceptibles d'être attaquées par des Sacculines
étaient presque toujours susceptibles aussi d'être parasitées par quelque
Crustacé isopode, appartenant à la singulière tribu des Entoniscinœ. Préci-
sément les Entoniscus, dont les femelles étrangement déformées se substi-
tuent, pour ainsi dire, aux organes génitaux des Crabes qu'elles habitent,
traversent une phase de développement où ils sont presque identiques aux
Cryptoniscus. MM. Giard et Bonnier en concluent que les Entoniscus ne sont
que des Cryptoniscus qui auraient passé de la Sacculine sur le Crabe qui
( "56 )
la portait, seraient devenus des parasites presque internes et se seraient
profondément modifiés, en raison de leur mode nouveau d'existence. Il y
a là toute une méthode de reconstitution du passé des parasites qui a été
appliquée par MM. Giard et Bonnier à la filiation des formes nombreuses
qui constituent la famille des Bopyridœ ou Epicarides.
Les Epicarides se développent, en effet, comme s'ils descendaient d'une
forme ancestrale voisine des Microniscus ei (\vn aurait donné successivement
les Phryxusel les Bopyrus, tandis que les Phryxus auraient eu pour descen-
dants, d'une part les Dajus, d'autre part les Cryptoniscus et les Enloniscus.
Cette filiation une fois établie, il devient possible de suivre méthodiquement
les modifications imprimées à un organisme par le parasitisme à mesure
que ce dernier devient de plus en plus profond.
Si le parasitisme modifie l'être qui le pratique, la présence de celui-ci
n'est pas sans altérer aussi, dans une certaine mesure, l'hôte qui l'héberge.
En 1881, l'auteur de ce rapport (') exprimait déjà l'idée que le parasite et
son hôte sont soumis, comme les parties d'un même cor()s, à la loi des
adaptations réciproques, et, se basant sur une observation d'Alhnan, faisait
remarquer que le développement précoce des œufs peut amener chez cer-
tains Polypes hydraires des phénomènes d'arrêt de développement an;do-
gues à ceux que provoque la présence d'un parasite. En 1884, M. J. Ferez,
professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, étudiait avec un soin re-
marquable les modifications que produisent sur les Abeilles solitaires du
genre Andrène les Insectes parasites du genre Slylops, qui déterminent chez
elles une vériable castration. En 1886, M. Giard fit des observations ana-
logues sur les Crabes affectés de Sacculine; il montra que la présence de
ce parasite causait la stérilité du Crabe attaqué et que cetle castration para-
sitaire, tout comme la castration chirurgicale, entraînait avec elle une mo-
dification plus ou moins profonde des caractères sexuels extérieurs de l'ani-
mal. Depuis celte époque, M. Giard n'a cessé de rechercher par lui-même
ou de recueillir les faits de castration parasitaire existant déjà dans la
science. Coordonnant tous ces faits, étendant beaucoup la signification de
cette expression castration parasitaire, M. Giard s'est efforcé de codifier, en
quelque sorte, les lois de l'adaptation réciproque des parasites et de leur
hôte.
L'étude des parasites est d'ailleurs féconde en résultats dont les uns ont
(') Edmoxd I'errier, Les colonies animales et la formation des organismes,
p. 284 cl 7 10.
( i'57 )
une portée théorique, les autres une importance pratique. C'est ainsi que,
parmi les Epicarides, M. Giard a constaté une singulière évolution de l'ap-
pareil génital : l'animal, d'abord exclusivement mâle, devient ensuite her-
maphrodite, puis exclusivement femelle. On soupçonnait déjà des faits
analogues chez certains Mollusques, l'Huître comestible par exemple, pour
laquelle celle protandrie est aujourd'hui complètement confirmée; elle a
été retrouvée chez des Vers, tels que les Myzostomes ou la célèbre Ophrio-
trocha puerilis, et même chez un Vertébré parasite des Morues et voisin
des Lamproies, laMyxine. Il y a d'ailleurs des raisons théoriques de penser
que, sauf de rares exceptions qu'il faudrait examiner de près, les éléments
mâles sont toujours ceux qui se développent les premiers chez les animaux
hermaphrodites.
Dans une tout autre direction, suivant l'exemple donné par les natura-
listes étrangers, M. Giard a cherché à s'opposer aux ravages que divers
Insectes font dans nos cultures en infestant ces Insectes de Champignons ou
de Bactéries pouvant provoquer chezeux des épidémies exterminatrices. Un
Champignon, Visaria clensa, paraît susceptible de restreindre ainsi les dé-
prédations des Hannetons. Si les résultats de ces recherches ne sont pas
encore entrés d'une manière courante et efficace dans les pratiques agricoles,
ils n'en ont pas moins attiré l'attention des cultivateurs sur le bénéfice
qu'on en pourrait tirer, le cas échéant, et, en les poursuivant, leur auteur
a saisi l'occasion de faire connaître un certain nombre de végétaux ento-
mobies nouveaux.
Ces études ont naturellement marché de pair avec d'autres relatives aux
Insectes parasites des végétaux et aux Insectes parasites d'autres Insectes.
Là encore M. Giard s'est montré entomologiste avisé; il a en la bonne
fortune de découvrir un certain nombre de formes nouvelles de Coche-
nilles, de Cécidomvides et d'Hyménoptères entomophages.
En 1897, M. Giard a été l'un des lauréats du prix Serres; un Rapport
imprimé à cette époque, suivant l'usage, dans le Compte rendu de notre
séance publique annuelle, précise le rôle qu'il a joué comme embryo-
géniste; on me pardonnera de ne pas m'étendre sur ce sujet. Parmi les
Mémoires embryogéniques publiés par M. Giard, je signalerai cependant
ses recherches sur le développement d'une Annélide tubicole, la Salmacina
Dysteri, et celles qu'il a consacrées à un Mollusque qui broute les Ascidies
composées, la Lamellaria perspicua. Ces recherches conduites simulta-
nément, comme celles de Kowalevsky, sur V Amphioxus et les Ascidies,
ont permis à leur auteur de confirmer les idées qui avaient déjà cours sur
( ii58 )
la parenté des Mollusques et des Vers. Mais c'est dans une autre direction
que l'action de M. Giard s'est principalement fait sentir. Il a surtout fait
servir l'expérience qu'il a acquise des processus embryogcniques à la coor-
dination de ces processus, à leur groupement en catégories, et il a fait de
grands efforts pour en dégager toutes les conséquences. Les conditions de
la parthénogenèse ou génération sans fécondation préalable, les modifica-
tions que le développement embryogénique est susceptible de présenter
dans des formes voisines, celles même qu'il peut présenter dans une espèce
donnée quand les circonstances extérieures viennent à changer, ont été
ainsi plus vigoureusement mises en relief. En voici un frappant exemple.
On trouve sur nos côtes un Crustacé, à peine différent de la Crevette
ordinaire, mais qui a la remarquable faculté de vivre aussi bien dans les
eaux douces que dans les eaux saumàtres et dans la mer; c'est le Palœmo-
netes varians. Avec Walter Faxon, Mayer, Boas, M. Giard a contribué à
établir que, dans la mer, le Palœmonetes se développe à la façon de la Cre-
vette ordinaire, en présentant, à l'état de liberté, des transformations
compliquées; dans les eaux douces, il subit à la façon des Écrevisses, sous
les enveloppes de l'œuf devenu très gros, les plus importantes de ses
transformations, de sorte qu'il éclôt avec une forme peu différente de sa
forme définitive. De ce fait et d'autres analogues, qui constituent ce qu'il
nomme la pœcilogonie, M. Giard a tiré habilement parti pour montrer
comment ont pu être réalisés des développements plus ou moins rapides
chez des formes voisines, confinées dans des conditions d'existence plus
ou moins favorables ; pour montrer aussi avec quelle prudence il faut user
des ressemblances ou des différences des formes larvaires, quand on veut
apprécier les affinités des animaux adultes.
Au reste, les services généraux rendus à l'Embryogénie par M. Giard
ont reçu une importante consécration. Ils ont été pour beaucoup dans la
création à la Sorbonne, par le Conseil municipal de Paris, d'une Chaire
de l'Évolution des êtres organisés, qui lui a été attribuée sans conteste.
Auparavant, M. Giard s'était acquis une juste notoriété par le nombre
d'élèves qu'il a formés à Lille, par la création du laboratoire maritime de
Wimereux, et par l'impulsion qu'il a su donner à un Recueil local devenu,
sous sa direction, une de nos plus importantes publications périodiques
d'Histoire naturelle, le Bulletin zoologique de la France et de la Belgique.
Par tous ces travaux, par son érudition toujours exactement et complète-
ment informée, par ces créations diverses, par l'influence légitime qu'il
exerce sur nos jeunes zoologistes, M. Giaud s'est depuis longtemps classé
( 11^9 )
parmi les maîtres de la Zoologie française, et tous les naturalistes applau-
diront à la récompense enviée que votre Commission vous propose de lui
décerner.
PRIX TCHIHÂTCHEF.
(Commissaires : MM. Milne-Edwards, Grandidier, Bouquet de la Gryo,
Guyou; Marcel Bertrand, rapporteur.)
MM. Verbeck et Fennema, ingénieurs en chef des mines des Indes néer-
landaises, ont publié, en 1896, une description géologique des îles de Java
et de Madoura, qui renouvelle et fixe pour longtemps nos connaissances
sur ces régions. L'Ouvrage est accompagné d'un atlas qui comprend : une
carte géologique détaillée, au joo'ooo' ^" -^ feuilles, malheureusement sans
aucune représentation du relief; une carte d'ensemble, au j^^^^, des coupes
nombreuses et des cartes de détail des districts les plus intéressants. Le
progrès réalisé sur les anciennes cartes et descriptions de lunghuhn (i855)
est considérable; non seulement des régions entières qui, du temps de
lunghuhn, étaient encore sauvages et inaccessibles, ont pu être étudiées
en détail, mais la découverte de nombreux fossiles et l'étude microsco-
pique des roches ont permis de préciser dans ses traits fondamentaux l'his-
toire de la grande île néerlandaise.
Java borde, sur près de looo'^"', les grandes profondeurs de l'océan
Indien; l'île appartient encore au socle continental; une élévation de
40 mètres la rattacherait à l'Asie. La composition générale de ce socle ancien
n'est pas observable à Java même, mais les affleurements connus à Suma-
tra, aux îles K.arimoun-Diawa, à Billiton et à Bornéo, ainsi que les cailloux
trouvés dans les conglomérats tertiaires de Java, permettent de conclure
que le substratum général de la région est un terrain schisteux fortement
plissé, analogue à celui de Malacca et traversé comme lui par des granités
anciens. Ce terrain conslitue une sorte de plate-forme sur laquelle ont
débordé par intervalles les mers anciennes (carbonifère avec Fusulines à
Sumatra, jurassique à Bornéo, Timor et Rôti, schistes serpentineux avec
Orbitolines à Java); de nombreux lufs de diabase et de porpbvrite
montrent que l'activité éruptive avait déjà commencé à se manifester à
Java dès l'époque crétacée.
Le terrain éocène, remarquablement semblable à lui-même à Sumatra, à
Java et à Bornéo, avec Nummulites, grandes Orbitoïdes et autres Forami-
nifères, soigueusement décrits et figurés, renferme des couches de houille
et est accompagné de nouveaux produits d'éruptions qui ressemblent
( ii6o )
plus à la série ancienne (gabbros, diahases, porphyrites, mélaphyres) qu'à
la série tertiaire de nos régions classiques. Mais c'est surtout au début de
l'époque miocène que l'activité éruptive commence à prendre, à Java, des
proportions grandioses : on peut évaluer à plusieurs dizaines de milliers
de kilomètres cubes la masse de matières rejelées (basaltes, andésites à
pyroxène et à hornblende), non pas sous forme de montagnes coniques
isolées, comme dans les volcans actuels, mais sous forme de véritables
chaînes continues qui se faisaient jour le long de crevasses parallèles,
qui se sont, depuis, morcelées et ont, en grande partie, disparu sous
l'amoncellement des formations plus récentes. Puis est venue une période
de repos relatif, pendant laquelle presque toute l'île a été recouverte par la
mer, dont les dépôts, épais de plus de 600 mètres, se trouvent pour la pre-
mière fois classés et divisés en étages. A la fin de l'époque tertiaire se sont
produits les mouvements qui ont donné à Java sa forme actuelle, et l'ont
même momentanément réunie au continent, en permettant l'immigration
des mammifères asiatiques. C'est à ce moment que, dans une formidable
poussée, se sont élevés tous les grands volcans que contient l'île. Il faut
signaler dans celte dernière période : l'existence de volcans à leucite (Mou-
riah et Ringguit) qui ont précédé les grandes sorties andésitiques et basal-
tiques; la distribution des bouches suivant des fentes transversales; le rôle
des effondrements (comme celui du Krakatoa), qui ont partout laissé leur
empreinte dan^ le relief et qui ont réduit de près de 1000 mètres la hauteur
des principales cimes; enfin la persistance des coulées de lave dans les
temps historiques (Lemengan, Semerou etGountoun), niée par lunghuhn
et constatée avec certitude par M. Fenneraa.
Ce résumé des résultats nouveaux acquis par huit années d'explorations
n'a pas semblé inutile pour montrer comment la Commission du prix
Tchihatchef a été amenée à détourner cette année ses regards du vaste
champ d'exploration de l'Asie centrale, pour les reporter sur les 'des limi-
trophes de l'Asie, spécialement mentionnées dans les volontés du fondateur
du prix. L'œuvre que nous avons voulu couronner n'est pas, il est vrai,
l'œuvre d'un seul; il serait injuste ainsi de ne pas mentionner ici le nom
de M. Fennema, qui a exploré ei décrit le cinquième de l'île, et celui de
M. Martin, qui a étudié et décrit les fossiles recueillis. Mais c'est certai-
nement à M. Verbeck que revient la part principale; d'ailleurs ses belles
éludes sur la côle ouest de Sumatra, sur les îles du délroit de Gaspar et
surtout sur l'éruption du Krakatoa, suffiraient à justifier le choix de la
Commission, qui décerne le prix Tchihatchef à M. Verbeck.
( ii6i )
PRIX GASTON PLANTE.
(Commissaires : MM. Lippmann, Cornu, Violle, Becquer&l;
Mascart, rapporteur.)
Jusqu'en 1889, les courants continus, presque exclusivement, étaient em-
ployés dans les grandes applications industrielles, notamment dans les
transmissions d'énergie. Vers celte époque, l'usage des transformateurs,
l'invention des moteurs d'induction et l'emploi des courants polyphasés
ont lancé l'industrie électrique dans une voie nouvelle, en rendant pratique
l'utilisation des très hautes tensions qui permettent seules les transmissions
à très longues distances. Les grandes installations à courants alternatifs se
sont multipliées, et leur progression est au moins aussi rapide que celle des
installations à courant continu.
M. I^ÎAURicE Leblanc a, depuis 1889, étudié dans de nombreux Mémoires
les questions complexes que soulève l'application des courants alternatifs,
simples ou polvphasés. Parmi les résultats qu'il a obtenus, les trois sui-
vants ont particulièrement attiré l'attention de la Commission :
L En donnant le premier la théorie des moteurs alternatifs d'induction,
M. Leblanc a fait voir que ces moteurs, s'ils sont construits de manière à
avoir un bon rendement, ont un très faible couple au démarrage, incon-
vénient pratique grave; mais qu'en introduisant des résistances variables
dans les circuits secondaires, au lieu de fermer ceux-ci sur eux-mêmes, on
pouvait avoir à la fois un bon rendement et un fort couple de démarrage;
c'est aujourd'hui le procédé le plus employé pour la mise en route des
moteurs de grande puissance.
IL Dans les installations importantes, on ne peut se contenter d'une
machine génératrice, on doit en associer plusieurs. Mais tandis que la mise
en parallèle de dynamos à courant continu ne présente aucune difficulté,
il n'en est plus de même pour les alternateurs, particulièrement quand ils
sont actionnés par des moteurs a vapeur; leur synchronisme doit être
absolument rigoureux et se rétablir automatiquement avec une extrême
rapidité s'il vient à être troublé.
M. Leblanc a montré que ce but pouvait être atteint en munissant le sys-
tème inducteur de circuits amortisseurs, et a réussi à assurer ainsi la marche
synchrone dans des cas considérés comme désespérés.
IIL Si les courants alternatifs se prêtent à la transmission à grande dis-
C. R.. 1899, ■>• Semestre. (T. CXXIX, •-" 25.) I ^-*
( it62 )
tance, ils sont peu convenables pour certaines applications mécaniques et
pour l'électrolyse; il v a donc un intérêt très grand à transformer ces cou-
rants en courants continus. Deux solutions étaient déjà connues : l'une
consiste à associer un moteur à courant alternatif avec une dynamo à cou-
rant continu, l'autre à associer à un transformateur une commutatrice ou
un redresseur de courant; dans ces deux solutions, les parties tournantes
ont le même poids que dans une machine de puissance égale à la puissance
à transformer. M. Leblanc en a donné une nouvelle dans son transforma-
teur redresseur, oi^i la partie tournante n'absorbe qu'une puissance insi-
gnifiante; ce système a reçu des applications importantes sur le réseau du
Nord et à l'étranger.
Les inventions de M. Maurice Leblanc, parmi lesquelles nous n'avons
mentionné que celles qui ont été consacrées par l'expérience, ont paru
à la Commission assez importantes pour la décidera attribuer à leur auteur
le prix Gaston Planté, destiné à l'auteur français d'une découverte, d'une
invention ou d'un travail important dans le domaine de l'Electricité.
PRIX CAHOURS.
(Commissaires : MM. Troost, Friedel, Berthelot, Gautier;
Moissan, rapporteur.)
La Commission du prix Cahoursà l'unanimité a décidé de donner le prix
pour l'année 1899 à M. René Metznek.
PRIX SAINTOUR.
(Commissaires : MM. Joseph Bertrand, Berthelot, Maurice Lévy, Jordan
M. Mascart, rapporteur.)
Depuis les recherches de Reichert et de Remak, les embryogénistes ont
fait d'immenses efforts pour démontrer que, chez tous les animaux supé-
rieurs aux Polypes, tous les organes dérivaient de trois couches d'éléments,
de trois feuillets : Vexoderme, comprenant l'assise externe des éléments de
l'embryon; Ventoderme, formé de l'assise interne, et le mésoderme, em-
brassant tout ce qui est compris entre les deux assises. Ils se sont, en
outre, efforcés d'établir que chacun de ces trois feuillets avait une |)rédes-
tination particulière et donnait toujours naissance aux mêmes organes et
( I.G3 )
que, réciproquemenl, un organe donné tenait toujours son origine d'un
même feuillet embryonnaire.
La première proposition peut être considérée comme une simple défi-
nition ; la seconde tire une importance particulière des idées finalistes
qu'elle cache et des efforts accomplis pour en établir la généralité. Les
exceptions à la règle admise comme une des bases de l'Embryogénie
prennent à leur tour une valeur exceptionnelle, parce qu'elles peuvent
entraîner comme conséquence un changement complet dans l'orientation
des idées directrices et des travaux des ontogénistes. C'est ce qui est arrivé
pour les travaux de Heymons, relatifs à l'embryogénie des Orthoptères. Il
résulte de ces recherches qu'au lieu de dériver immédiatement de l'ento-
derme comme chez les autres animaux, l'épilhélium du tube digestif et les
glandes qui en dépendent sont constitués, chez les Phasmides notamment,
par l'exoderme. Un tel résultat demandait confirmation.
M. Lecaillon s'est proposé de le vérifier et il s'est adressé pour cela aux
œufs de certains Coléoptères, les Chrysomélides. Ses observations lui ont
permis, non seulement de retrouver les résultats d'Heymons, mais encore
de les expliquer. Chez les Chrysomèles, la couche de cellules qui corres-
pond à l'entoderme se dissocie; ses cellules épaisses dans le vitellius le
modifient de manière à lui permettre de servir à l'alimentation des cellules
superficielles, mais elles s'usent en accomplissant celte digestion et dispa-
raissent. Seules les cellules superficielles correspondant à l'exoderme
sont, par conséquent, appelées à construire l'embryon. M. Lecaillon a,
de plus, constaté que, dès le débat du développement, quelques cellules
étaient mises en réserve pour être employées plus lard à constituer l'appa-
reil génital. Ces faits ne sont pas isolés dans le Règne animal; mais ils sont
normaux pour la classe des Insectes et peuvent être considérés comme un
exemple de l'accélération qui marque les phénomènes de développement
chez ces animaux.
La Commission décerne le prix à M. Lecaillon.
PRIX JEAN-JACQUES BERGER.
(Commissaires : MM. J. Bertrand, Berthelot, Maurice Lévy, Marey;
Brouardel, rapporteur.)
Ce prix est décerné successivement par les cinq Académies à l'œuvre la
plus méritante concernant la ville de Paris. Après avoir dans plusieurs
( n6'i )
séances, recherché quelles étaient les œuvres scientifiques dont la ville de
Paris avait le plus bénéficié dans ces dernières années, l'attention de votre
Commission s'est arrêtée sur les services que I'Institut Pasteur a rendus
à la ville de Paris dans la cure de la diphtérie.
La découverte de Behring-Roux date de 1894. Depuis cette époque, l'In-
stitut Pasteur a largement distribué le sérum antidiphtéritique, il l'a gra-
tuitement donné aux pauvres et à toutes les institutions de bienfaisance.
Quels sont les résultats obtenus ? Il suffit de consulter la statistique mor-
tuaire de la ville de Paris de 1886 à 1897 :
Décès annuels par diphtérie survenus à Paris de 1886 à 1897 :
1886-90 1640
1891 i36i
1892 i4o3
1893 1266 Organisation du Service de désinfection.
1894- 1009 Application de la sérothérapie pendant
le dernier mois de l'année.
1893 435
1896 444
1897 298
La mort frappe donc, aujourd'hui, à Paris, quatre fois moins d'enfants
par diphtérie qu'il y a six ans. Ce résultat a deux causes. Les injections de
sérum antidiphtéritique ont abaissé la mortalité de la diphtérie. Elle était,
à l'hôpital des Enfants de la rue de Sèvres, de 5i pour 100; elle est de
16 pour loo.
On sauve donc trois fois plus d'enfants atteints de diphtérie qu'il y a six
ans. De plus, un beaucoup moins grand nombre sont frappés. Le traite-
ment réduit dans une proportion considérable la durée de la maladie, par
suite celle de la période contagieuse. Aussi, à Paris, où nous avons dans les
hôpitaux deux services consacrés à la diphtérie, nous relevons qu'avant
1894 ils recevaient annuellement 2200 à 23oo enfants; ils n'en reçoivent
plus que 1 130.
La fréquence de la maladie a donc diminué de moitié, et comme le trai-
tement permet d'en sauver trois fois plus qu'autrefois, nous ne perdons
plus par diphtérie que le quart des enfants qui succombaient il y a six ans
à Paris.
Je dois faire remarquer que la mortalité décrit une courbe régulière-
ment décroissante et que nous avons le droit d'espérer qu'elle n'a pas
encore atteint son point minimum.
( ii65 )
La Commission n'a pas oublié qn'au nom de la diphtérie elle aurait pu
joindre celui d'autres uialadies. C'est en 1887 que Pasteur a créé le traite-
ment de la rage; depuis lors, 3607 personnes du département de la Seine
ont été traitées à l'Institut Pasteur, les deux tiers avaient été mordues par
des chiens enragés. Elle a pensé que de tels travaux désignaient I'Institut
Pasteur pour recevoir le prix fondé au nom de M. Jean-Jacques Berger, et
elle vous propose de le lui donner pour les services rendus à la ville de
Paris dans la cure de la diphtérie.
PRIX FONDÉ PAR M"' la Marquise DE LAPLACE.
Une Ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter
la donation, qui lui a été faite par M°*la Marquise deLaplace, d'une rente
pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection com-
plète des Ouvrages de Laplace, qui devra être décerné chaque année au
premier élève sortant de l'École Polytechnique.
Le Président remet les cinq Volumes de la Mécanique céleste, Y Exposition
du Système du monde et le Traité des Probabilités à M. Siegler ( Jeax-Paul),
entré, en qualité d'Élève Ingénieur, à l'École nationale des Mines.
i\[l
PRIX FONDE n^[l M. FELIX RIVOT.
Conformément aux termes de la donation, le prix Félix Rivet est décerné
à MM. Siegler (Jean-Paul) et Heurteau (Edouard-Ciiarles-Emile),
entrés les deux premiers en qualité d'Élèves Ingénieurs à l'École nationale
des Mines; et MM. Aron (Alexandre-Georges) et Becquerel (Jean-
Antoine-Édouard-Marie), entrés les deux premiers au même titre à l'École
nationale des Ponts et Chaussées.
( ii66 )
PROGRAMME DES PRIX PROPOSÉS
POUR LES AN\'ÉES 1900, 1901, 1902 ET 1903.
GEOMETRIE.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHEMATIQUES.
(Prix du Budget.)
(Question proposée pour l'année 1900.)
L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour le grand prix des
Sciences mathématiques de 1900, la queslion suivante :
Perfectionner, en quelque point important, la recherche du nombre des
classes de formes quadratiques à coefficients entiers, de deux indéterminées.
Les Mémoires manuscrits destinés au concours seront reçus au Secré-
tariat de l'Institut avant le i*' octobre 1900; ils seront accompagnés d'un
pli cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne sera
ouvert que si le Mémoire auquel il appartient est couronné.
PRIX BORDIN.
(Question proposée pour l'année 1900.)
Développer et perfectionner la théorie des surfaces applicables sur le para-
boloïde de révolution .
Le prix est de trois mille francs.
Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secré-
tariat de l'Institut avant le i" octobre 1900; ils devront être accompa-
(i,r>7)
gncs (l'un [)li cacheté renfermaiil le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne
s'.;ra ouvert que si le Mémoire auquel il appartient est couronné.
PRIX FRANCOEUR.
Ce prix annuel, de mille francs, sera décerné à l'auteur de découvertes
ou de travaux utiles au progrès des Sciences mathématiques pures et ap-
pliquées.
PRIX PONCELET.
Ce prix annuel, d'une valeur de deux mille francs, est destiné à récom-
penser l'Ouvrage le plus utile aux progrès des Sciences mathématiques
pures ou appliquées, publié dans le cours des dix années qui auront pré-
cédé le jugement de l'Académie.
Le Général Poncelet, plein d'affection pour ses Confrères et de dévoue-
ment aux progrès de la Science, désirait que son nom fût associé d'une
manière durable aux travaux de l'Académie et aux encouragements par les-
quels elle excite l'émulation des savants. M"" Poncelet, en fondant ce prix,
s'est rendue l'interprète fidèle des sentiments et des volontés de l'illustre
Géomètre
Une donation spéciale de M""" Poncelet permet à l'Académie d'ajouter
au prix qu'elle a primitivement fondé u n exemplaire des Œuvres complètes
du Général Poncelet.
MECANIQUE.
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS,
DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT PROGRÈS DE NATURE A ACCROITRE l'eFFICACITÊ
DE NOS fori:es navales.
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans la prochaine séance
publique annuelle.
( iifiS )
Les Mémoires, plans et devis, manuscrits ou imprimés, doivent être
adressés au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin de chaque année.
PRIX MONTYON.
Ce prix annuel, d'une valeur de sept cents francs, est fondé en faveur do
celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences, s'en sera rendu le plus
digne, en inventant ou en perfectionnant des instruments utiles aux pro-
grès de l'Agriculture, des Arts mécaniques ou des Sciences.
PRIX PLUMEY.
Ce prix, de deux mille cinq cents francs, est destiné à récompenser
« l'auteur du perfectionnement des machines à vapeur ou de toute
» autre invention qui aura le plus contribué au progrès de la na^ igation à
vapeur ». Il sera décerné au travail le plus important qui lui sera sou-
»
mis sur ces matières.
PRIX FOURNEYRON.
Une somme de cinq cents francs de rente sur l'État français a été léguée
à l'Académie, pour la fondation d'un prix de Mécanique appliquée, à dé-
cerner tous les deux ans, le fondateur laissant à l'Académie le soin d'en
rédiger le programme.
ASTRONOMIE.
PRIX LALANDE.
Ce prix, d'une valeur de cinq cent quarante francs, doit être attribué
annuellement à la personne qui, en France ou ailleurs, aura fait l'obser-
vation la plus intéressante, le Mémoire ou le travail le plus utile aux
( "69 )
progrès de l'Astronomie. Il sera décerné dans la prochaine séance publique,
conformément à l'arrêté consulaire en date du i3 floréal an X.
PRIX DAMOISEAU.
L'Académie met au concours, pour l'année 1900, la question suivante :
Faire la théorie d'une des comètes périodiques dont plusieurs retours ont été
observés.
Le prix sera de quinze cents francs.
Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au
i" juin 1900.
PRIX VALZ.
Ce prix, d'une valeur de quatre cent soixante francs , sera àécemê tous
les ans à des travaux sur l'Astronomie.
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa prochaine séance
publique, à l'auteur de l'observation astronomique la plus intéressante qui
aura été faite dans le courant de l'année.
PRIX JANSSEN.
Ce prix biennal, qui consiste en une médaille d'or, destinée à récom-
penser la découverte ou le travail faisant faire un progrès important à l'As-
tronomie physique, sera décerné en 1900.
M. Janssen, dont la carrière a été presque entièrement consacrée aux
progrès de l'Astronomie physique, et considérant que cette science n'a pas
à l'Académie de prix qui lui soit spécialement affecté, a voulu combler
cette lacune.
Un généreux anonyme a offert à l'Académie une somme de quinze cents
francs, destinée à encourager les calculateurs de petites planètes, spéciale-
ment de celles découvertes à l'observatoire de Nice. La Section d'Astrono-
mie est chargée de trouver le meilleur emploi de cette somme.
G. R., 1899, 2" Semestre. (T. CXXIX, N» 25.) '^4
( n?" )
PHYSIQUE.
PRIX L. LA GAZE.
M. Louis La Gaze a légué à l'Académie des Sciences trois rentes de cinq
mille francs chacune, dont il a réglé l'emploi de la manière suivante :
« Dans l'intime persuasion où je suis que la Médecine n'avancera réel-
» lement qu'autant cju'on saura la Physiologie, je laisse cinq mille francs
» de rente perpétuelle à l^ Académie des Sciences, en priant ce corps savant
» de vouloir bien distribuer de deux ans en deux ans, à dater de mon
)) décès, un prix de dix mille francs (loooo fr.) à l'auteur de l'Ouvrage
)) qui aura le plus contribué aux progrès de la Physiologie. Les étrangers
M pourront concourir
» Je confirme toutes les dispositions qui précèdent; mais, outre la
» somme de cinq mille francs de rente perpétuelle que j'ai laissée à \'Aca-
n demie des Sciences de Paris pour fonder un prix de Physiologie, que je
' maintiens ainsi qu'il est dit ci-dessus, je laisse encore à la même Acadé-
mie des Sciences deux sommes de cinq mille francs de rente perpétuelle,
» libres de tous frais d'enregistrement ou autres, destinées à fonder deux
» autres prix, l'un pour le meilleur travail sur la Physique, l'autre pour
» le meilleur travail sur la Chimie. Ges deux prix seront, comme celui de
» Physiologie, distribués tous les deux ans, à perpétuité, à dater de mon
» décès, et seront aussi de dix mille francs chacun. Les étrangers pourront
» concourir. Ces sommes ne seront pas partageables et seront données en
1) totalité aux auteurs qui en auront été jugés dignes. Je provoque ainsi,
!) par la fondation assez importante de ces trois prix, en Europe et peut-
» être ailleurs, une série continue de recherches sur les Sciences naturelles,
» qui sont la base la moins équivoque de tout savoir humain; et, en
n même temps, je pense que le jugement et la distribution de ces récom-
1 penses par V Académie des Sciences de Paris sera un titre de plus, pour
« ce corps illustre, au respect et à l'estime dont il jouit dans le monde
< entier. Si ces prix ne sont pas obtenus par des Français, au moins ils
) seront distribués par des Français, et par le premier corps savant de
'> France. »
( ïi?' ;
L'Académie décernera, dans sa séance publique de l'année 1901, trois
prix de dix mille francs chacun aux Ouvrages ou Mémoires qui auront le
plus contribué aux progrès de la Physiologie, de la Physique et de la Chimie.
(Voir pages 1 172 et 1 182.;
STATISTIQUE.
PRIX MONTYON.
L'Académie annonce que, parmi les Ouvrages qui auront pour objet une
ou plusieurs questions relatives à la Statistique de la France, celui qui, à son
jugement, contiendra les recherches les plus utiles, sera couronné dans la
prochaine séance publique. Elle considère comme admis à ce concours les
Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, avant été imprimés et publiés,
arrivent à sa connaissance.
Le prix est de cinq cents francs .
CHIMIE.
PRIX JECKER.
Ce prix annuel, d'une valeur de dix mille francs, est destiné à accélérer
les progrés de la Chimie oj-ganique.
L'Académie annonce qu'elle décernera tous les ans le prix Jecker aux
travaux qu'elle jugera les plus propres à hâter les progrès de la Chimie
organique.
( "72 )
PRIX WILDE.
M. Henry Wilde a fait donation à l'Académie des Sciences d'une somme
de cent trente-sept mille cinq cents francs, qui devra être convertie en rente
3 pour loo sur l'État français. Les arrérages de ladite rente seront consa-
crés à la fondation à perpétuité d'un prix annuel de quatre mille francs, qui
portera le nom de Prix Wilde.
Ce prix sera décerné chaque année par l'Académie des Sciences, sans
distinction de nationalité, à la personne dont la découverte ou l'Ouvrage
sur Y Astronomie, la Physique, la Chimie, la Minéralogie, la Géologie ou la
Mécanique expérimentale aura été jugé par l'Académie le plus digne de
récompense, soit que cette découverte ou cet Ouvrage ait été fait dans
l'année même, soit qu'ils remontent à une autre année antérieure ou pos-
térieure à la donation.
Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secré-
tariat de l'Institut avant le i" juin 1900.
PRIX L. LA GAZE.
Voir page 1 170.
MINERALOGIE ET GEOLOGIE.
PRIX VAILLANT.
(Question proposée pour l'année 1900.)
L'Académie a décidé que le prix fondé par M. le Maréchal Vaillant
serait décerné tous les deux ans. Elle rappelle qu'elle a mis au concours,
pour l'année igoo, la question suivante :
La détermination rigoureuse d'un ou de plusieurs poids atomiques,
( 1-73 )
ou
L'Etude des alliages.
Le prix est de quatre mille francs.
Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Tnstitut jusqu'au i" juin
de l'année 1900.
PRIX DELESSE.
jYjme y ve £)elesse a fait don à l'Académie d'une somme de vingt mille francs,
destinée par elle à la fondation d'un prix qui sera décerné tous les deux
ans, s'il y a lieu, à l'auteur, français ou étranger, d'un travail concernant
les Sciences géologiques, ou, à défaut, d'un travail concernant les Sciences
minéralogiques.
Le prix Delesse, dont la valeur est de quatorze cents francs, sera décerné
dans la séance publique de l'année 1901.
Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
I*'' juin de l'année 1901.
PRIX FONTANNE.
Ce prix sera décerné, tous les trois ans, à V auteur de la meilleure publica-
tion paléontologique .
L'Académie décernera le prix Fontanne en 1902.
Le prix est de deux mille francs.
Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
i'"^juin 1902.
( '174 .)
BOTANIQUE.
PRIX BORDIN.
L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année 1901, la
question suivante :
Étudier l' influence des conditions extérieures sur le protoplasma et le noyau
chez les végétaux.
IjC prix est de trois mille francs.
Les Mémoires manuscrits destioés à ce concours seront reçus au Secré-
tariat de l'Institut jusqu'au i**" juin 1901; ils devront être accompagnés
d'un pli cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne sera
ouvert que si le Mémoire auquel il appartient est couronné.
PRIX BARBIER.
Ce prix annuel, d'une valeur de deux mille francs, est destiné à récom-
penser « celui qui fera une découverte précieuse dans les Sciences chirur-
" gicale, médicale, pharmaceutique, et dans la Botanique avant rapport à
" l'art de guérir
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa prochaine séance.
Voir page 1 178.
PRIX DESMAZrÈRES.
Ce prix annuel, d'une valeur de seize cents francs, sera décerné « à
» l'auteur, français ou étranger, du meilleur ou du plus utile écrit, publié
» dans le courant de l'année précédente, sur tout ou partie de la Crypto-
» garnie » .
Conformément aux stipulations ci-dessus, l'Académie annonce qu'elle
décernera le prix Desmazières dans sa prochaine séance publique.
( '175 )
PRIX MONTAGNE.
Par testament en date dn ,i i octobre 1862, M. Jean-François-Camille
Montagne, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences la tota-
lité de ses biens, à charge par elle de distribuer chaque année un ou deux
prix, au choix de la Section de Botanique.
L'Académie décernera, s'il y a lieu, dans sa séance publique de 1900,
les prix Montagne, qui seront ou pourront être, l'un de mille francs , l'autre
de cinq cents francs, aux auteurs de travaux importants ayant pour objet
l'anatomie, la physiologie, le développement ou la description des Crypto-
games inférieures (Thallophytes et Muscinées';.
Les Mémoires, manuscrits ou imprmiés, devront être déposés au Secré-
tariat de l'Institut avant le i^'^juin; les concurrents devront être Français
ou naturalisés Français.
PRIX DE LA FONS MELICOCQ.
Ce prix sera décerné « tous les trois ans au meilleur Ouvrage de Botanique
) sur le nord de la France, c'est-à-dire sur les départements du Nord, du
» Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne ».
Ce prix, dont la valeur est de neuf cents- francs , sera décerné, s'il v a lieu
dans la séance annuelle de 1901, au meilleur Ouvrage, manuscrit ou
imprimé, remplissant les conditions stipulées par le testateur.
PRIX THORE.
Ce prix annuel, tl'une valeur de deux cents francs, sera décerné « à
•■' l'auteur du meilleur Mémoire sur les Cryptogames cellulaires d'Europe
•I (Algues fluviatiles ou marines, Mousses, Lichens ou Champignons), ou sur
.' les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe ».
Ce prix est attribué alternativement aux travaux sur les Cryptogames
cellulaires d'Europe et aux recherches sur les mœurs ou l'anatomie d'un
Insecte. TVoir page 1177.)
( 1176 )
ECONOMIE RURALE.
PRIX BIGOT DE MORGUES.
Ce prix décennal, d'une valeur de dix-sept cents francs, sera décerné
dans la séance annuelle de igoS, à l'Ouvrage qui aura fait faire le plus de
progrès à l'Agriculture de France.
AJVATOMIE ET ZOOLOGIE.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
(Prix du Budget.)
L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours pour l'année 1901 la
question suivante :
Étudier la biologie des Nématodes libres d'eau douce et humicoles et plus
particulièrement les /ormes et conditions de leur reproduction.
Le prix est de trois mille francs.
Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secré-
tariat de l'Institut avant le i"juin 1901.
PRIX SAVIGNY, FONDE PAR M'"» LETELLIER.
« Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir
» de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et de l'honneur, je
» lègue à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoologie,
4
( "77 )
)i vingt mille francs, au nom de Marie-Jules-César IjC Lorgne de Savigny,
» ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France, pour
» l'intérêt de cette somme de vingt mille francs être employé à aider les
» jeunes zoologistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention du
» Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans
» vertèbres'de l'Egypte et de la Syrie. »
Le prix est de neuf cent soixante-quinze francs.
Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être envoyés au Secré-
tariat de l'Institut avant le i"' juin 1900.
PRIX DA GAMA MACHADO.
L'Académie décernera, tous les trois ans, le prix da Gama Machado aux
meilleurs Mémoires qu'elle aura reçus sur les parties colorées du système
tégumentaire des animaux ou sur la manière fécondante des êtres animés.
Le prix est de douze cents francs.
Il sera décerné, s'il y a lieu, en igoo.
PRIX THORE.
Voir page 1175.
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
PRIX MONTYON.
Conformément au testament de M. Auget de Montyon il sera décerné
un ou plusieurs prix aux auteurs des Ouvrages ou des découvertes qui se-
ront jugés les plus utiles à Var/ de guc'rir.
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXI\, N° 25.) •^'^
( i^7« )
L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à
perfectionner la Médecine ou la Chirurgie.
Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfailemenl déterminée.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
Conformément à l'Ordonnance du 23 août 1829, outre les prix annoncés
ci-dessus, il sera aussi décerné, s'il y a lieu, des prix aux meilleurs résultats
des recherches entreprises sur des questions proposées par l'Académie,
conformément aux vues du fondateur.
Les Ouvrages ou Mémoires présentés au concours doivent être envoyés
au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin de chaque année.
PRIX BARBIER.
Ce prix, d'une valeur de deux mille francs, sera décerné à « celui qui
)) fera une découverte précieuse dans les Sciences chirurgicale, médicale,
» pharmaceutique, et dans la Botanique ayant rapport à l'art de guérir ».
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa séance publique
de 1900.
Voir page 1171.
PRIX BRÉANT.
M. Bréant a légué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille
francs pour la fondation d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé
« le moyen de guérir du choléra asiatique ou qui aura découvert les causes
» de ce terrible fléau ».
Prévoyant que le prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de
suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que l'intérêt
du capital fut donné à la personne qui aura fait avancer la Science sur la
( "79 )
question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce
prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale-
ment les dartres ou ce qui les occasionne.
Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes :
1° Pour remporter le prix de cent mille francs , il faudra : « Trouver une
» médicaUon qui guérisse le choléra asiatique dans r immense majorité des cas » ;
Ou:» Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de
» façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l' épidémie » ;
Ou enfin : « Découvrir mie prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est,
» par exemple, celle de la vaccine pour la variole » .
2° Pour obtenir le prix annuel représenté par l'intérêt du capital, il
faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère
l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la
propagation des maladies épidémiques.
Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le
prix annuel pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura
trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur
ctiologie.
PRIX GODARD.
M. le D' Godard a légué à l'Académie des Sciences « le capital d'une
rente de mille francs, trois pour cent. Ce prix annuel, d'une valeur de mille
francs, sera donné au meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie
et la pathologie des organes génito-uiinaires. Aucun sujet de prix ne sera
proposé. « Dans le cas où, une année, le prix ne serait pas donné, il serait
» ajouté au prix de l'année suivante. »
PRIX SERRES.
Ce prix triennal « sur l' Embryologie générale appliquée autant que possible
» à la Physiologie et à la Médecines sera décciné en 1902 au meilleur
Ouvrage qu'elle aura reçu sur cette uiiportante question.
I>e prix est de sept mille cinq cents francs.
( ii8o )
Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
1*'' juin 1902.
PRIX CHAUSSIER.
Ce prix sera décerné tous les quatre ans au medleur Livre ou Mémoire
qui aura paru peiidant ce temps, et fait avancer la Médecine, soit sur la
Médecine légale, soit sur la Médecine pratique.
L'Académie décernera ce prix, de la valeur de dix mille francs , dans la
séance annuelle de 1908, au meilleur Ouvrage paru dans les quatre an-
nées qui auront précédé son jugement.
Les Ouvrages ou Mémoires devront être déposés au Secrétariat de
r Institut avant le 1" juin 1908.
PRIX PARRIN.
Ce prix triennal est destiné à récompenser des recherches sur les sujets
suivants :
« 1° Sur les elFets curatifs du carbone sous ses diverses formes et plus
» particulièrement sous la forme gazeuse ou gaz acide carbonique, dans
)) le choléra, les différentes formes de fièvre et autres maladies;
» 2° Sur les effets de l'action volcanique dans la production de maladies
» épidémiques dans le monde animal et le monde végétal, et dans celle des
» ouragans et des perturbations atmosphériques anormales. »
Le testatenr stipule :
« 1° Que les recherches devront être écrites en français, en allemand
» ou en italien ;
» 2° Que l'auteur du meilleur travail publiera ses recherches à ses pro-
» près frais et en présentera un exemplaire à l'Académie dans les trois
» mois qui suivront l'attribution du prix ;
» 3° Chaque troisième et sixième année le prix sera décerné à un tra-
» vail relatif au premier desdits sujets, et chaque neuvième année à un
» travail sur le dernier desdits sujets. »
li' Académie ayant décerné pour la première fois ce prix dans sa séance
( iirti )
publique de [897, en continuera l'altribulion, pour se conformer au vœu
du testateur, en l'année 1900.
Le prix est de trois mille quatre cents francs.
Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant li
i^'juiu 1900.
PRIX BELLION, FONDÉ PAR M"" FOEHR.
Ce prix annuel sera décerné aux savants « qui auront écrit des Ouvrages
» ou fait des découvertes surtout profitables à la santé de l'homme ou à l'amc-
» lioration de F espèce humaine ».
Le prix est de quatorze cents francs .
Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avaul l;'
1" juin de chaque année.
PRIX MÈGE.
Le D'' Jean-Baptiste Mège a légué à l'Académie « dix mille francs à donner
» en prix à l' auteur qui aura continué et complété son essai sur les causes f/iii
» ont retardé ou favorisé les progrés de la Médecine, depuis la plus haute anli-
» quitè jusqu à nos jours.
» L'Académie des Sciences pourra disposer en encouragement des inté-
» rets de cette somme jusqu'à ce qu'elle pense devoir décerner le prix. )i
L'Académie des Sciences décernera le prix Mège, s'il y a lieu, dans sa
séance publique annuelle de 1900.
Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
i'"^ juin.
PRIX DUSGATE.
Ce prix sera décerné, s'il y a lieu, en 1900, à l'auteur du meilleu:-
Ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort et sur les moyens de pré-
venir les inhumations précipitées.
( II«2 )
PRIX LALLEMAND.
Ce prix annuel, d'une valeur de dix-huil cents francs , est destiné à « ré
compenser ou encourager les travaux relatifs au système nerveux, dans la
plus large acception des mots ».
Les travaux destinés au concours devront être envoyés au Secrétariat
de l'Institut avant le i" juin de chaque année.
PRIX DU BARON LARREY.
Ce prix sera décerné annuellement à un médecin ou à un chirurgien
des armées de terre ou de mer pour le meilleur Ouvrage présenté à l'Aca-
démie et traitant un sujet de Médecine, de Chirurgie ou d'Hygiène mili-
taire.
Le prix est de mille francs.
Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
i"" juin de chaque année.
PHYSIOLOGIE.
PRIX MONTYON.
L'Académie décernera annuellement un prix de la valeur de sept cent
cinquante francs à l'Ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra ré-
pondre le mieux aux vues du fondateur.
PRIX L. LA GAZE.
Voir page 1 170.
( ii83 )
PRIX POURAT.
L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année 1900, la
question suivante :
Détermination des principales données anthropométriques.
Le prix est de quatorze cents francs.
Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i" juin
rf)oo.
PRIX POURAT.
(Question proposée pour l'année 1901.)
La question mise au concours pour le prix Pourat, eu 1901, est la sui-
vante :
Sur le refroidissement dû à la contraction musculaire. Détermination expé-
rimentale des contractions et du mécanisme intime de ce phénomène.
PRIX MARTIiN'-DAMOUREÏTE.
Ce prix biennal, dont la valeur est de quatorze cents francs , sera décerné,
s'il y a lieu, dans la séance publique annuelle de 1900.
Les Ouvrages ou Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jus-
qu'au I*' juin 1900.
PRIX PHILIPEAUX.
Ce prix annuel de Physiologie expérimentale, de la valeur de huit cent
quatre-vingt-dix francs , sera décerné dans la prochaine séance publique.
( ii84 )
GEOGRAPHIE PHYSIQUE.
PRIX GAY.
Par un leslament, en date du 3 novembre 1873, M. Claude Gay,
Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une rente perpé-
tuelle de deux mille cinq cents francs, pour un prix annuel de Géographie
physique, conformément au programme donné par une Commission nom-
mée à cet effet.
L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours pour sujet du prix Gay,
qu'elle doit décerner dans sa séance publique de l'année 1900, la question
suivante :
Appliquer à une région de la France ou à une portion de la chaîne alpine,
l'analyse des circonstances géologiques qui ont déterminé les conditions
actuelles du relief et de l'hydrographie.
Ce prix est de deux mille cinq cents francs.
Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au
i^juin 1900.
PRIX GAY.
(Question proposée pour l'année 1901.)
Grâce aux explorations récentes de l'Asie centrale, les plantes de celte
région sont beaucoup mieux connues et les documents réunis dans nos col.
lections fournissent les éléments d'une étude comparative des diverses
flores alpines du monde ancien. Les résultats qu'on peut espérer de cette
étude seraient d'un grand intérêt. C'est dans le dessein de la provoquer
que la Commission chargée de projjoser une question pour le prix Gay qui
sera distribué en 1901, met au concours la question suivante :
Faire connaître la distribution des plantes alpines dans les grands massifs
montagneux de l'ancien monde. Indiquer les régions où se trouvent réunies le
1
( ii85 )
plus grand nombre d'espèces du même groupe. Établir la diminution graduelle
de r importance de chacun de ces groupes dans les autres régions. Rechercher
les causes anciennes ou actuelles susceptibles d'expliquer, dans une certaine
mesure, la répartition de ces plantes alpines.
PRIX GENERAUX.
MEDAir.LE ARAGO.
L'Académie, dans sa séance du i4 novembre 1887, a décidé la fondation
d'une médaille d'or à l'effigie d'Arago.
Cette médaille sera décernée par l'Académie chaque fois qu'une décou-
verte, un travail ou un service rendu à la Science lui paraîtront dignes de
ce témoignage de haute estime.
PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES).
Il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs qui auront trouvé les
moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre.
1/ Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions qui dimi-
nueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques.
Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
Les Ouvrages ou Mémoires présentés au concours doivent être envoyés
au Secrétariat de l'Institut avant le i*' juin de chaque année.
G. R., 1899, ■>.' Semestre. (T. CXXIX, N» 25.) 130
( ii86 )
PRIX CUVIER.
Ce prix est décerné tous les trois ans à l'Ouvrage le plus remarquable,
soit sur le règne animal, soit sur la Géologie.
L'Académie annonce qu'elle décernera, s'il y a lieu, le prix Cuvier, dans î
sa séance publique annuelle de 1900, à l'Ouvrage qui remplira les condi- -
lions du concours, et qui aura paru depuis le i^' janvier 1891 jusqu'au ^
i^'juin 1900. ■i
Le prix est de quinze cents francs.
l'RIX TREMONT.
Ce prix, d'une valeur annuelle de onze cents francs, est destiné « à aider
dans ses travaux tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien, auquel une
assistance sera nécessaire pour atteindre un but utile et glorieux pour la
France ».
Jj' Académie, dans sa séance publique annuelle, accordera la somme
provenant du legs Trémont, à titre d'encouragement, à tout savant, ingé-
nieur, artiste ou mécanicien qui, se trouvant dans les conditions indiquées,
aura présenté, dans le courant de l'année, une découverte ou un perfec-
tionnement paraissant répondre le mieux aux intentions du fondateur.
PRIX GEGNER.
Ce prix annuel, d'une valeur de quatre mille francs , est destiné « à sou-
tenir un savant qui se sera signalé par des travaux sérieux, et qui dès lors
pourra continuer plus fructueusement ses recherches en faveur des progrès
des Sciences positives ».
( -i«7 )
PRIX DELALANDE-GUERINEAU.
Ce prix biennal, d'une valeur de mille francs, sera décerné en 1900 « au
» voyageur français ou au savant qui, l'un ou l'autre, aura rendu le plus de
» services à la France ou à la Science » .
I^es pièces de concours devront être déposées au Secrétariat de l'Institut
avant le i*''juin 1900.
PRIX JEAN REYNAUD.
]yjme Veuve Jean Reynaud, « voulant honorer la mémoire de son mari
et perpétuer son zèle pour tout ce qui touche aux gloires de la France »,
a fait donation à l'Institut de France d'une rente sur l'État français, de la
somme de dix mille francs, destinée à fonder un prix annuel qui sera suc-
cessivement décerné par les cinq Académies « au travail le plus méritant,
relevant de chaque classe de l'Institut, qui se sera produit pendant une
période de cinq ans ».
« Le prix J. Reynaud, dit la fondatrice, ira toujours à une œuvre origi-
» nale, élevée et ayant un caractère d'invention et de nouveauté,
» Les Membres de l'Institut ne seront pas écartés du concours.
» Le prix sera toujours décerné intégralement; dans le cas où aucun
» Ouvrage ne semblerait digne de le mériter entièrement, sa valeur sera
» délivréeà quclquegrandc infortune scientifique, littéraire ou artistique. »
L'Académie des Sciences décernera le prix Jean Reynaud dans sa séance
publique de l'année 190 1.
PRIX JEROME PONÏI.
Ce prix biennal, de la valeur de trois mille cinq cents francs, sera accordé à
l'auteur d'un travail scientifique dont la continuation ou le développement
seront jugés importants pour la Science.
L'Académie décernera ce pris, s'il y a lieu, dans sa séance publique
de 1900.
( ii88 )
Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i" juin
1900.
PRIX PETIT D'ORMOY.
L'Académie a décidé que, sur les fonds produits par le legs Petit d'Or-
moy, elle décernera tous les deux ans un prix de dix mille francs pour les
Sciences mathématiques pures ou appliquées, et un prix de dix mille francs
pour les Sciences naturelles.
Les reliquats disponibles de la fondation pourront être employés par
l'Académie en prix ou récompenses, suivant les décisions qui seront prises
à ce sujet.
L'Académie décernera le prix Petit d'Ormoy, s'il y a lieu, dans sa
séance publique annuelle de 1901 .
PRIX LECONTE.
Ce prix, d'une valeur de cinquante mille francs, doit être donné, en un
seul prix, tous les trois ans, sans préférence de nationalité :
1° Aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en Mathématiques,
Physique, Chimie, Histoire naturelle, Sciences médicales;
1° Aux auteurs d'applications nouvelles de ces sciences, applications qui
devront donner des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus
jusque-là.
L'Académie décernera le prix Leconte, s'il y a lieu, dans sa séance
annuelle de lyoï.
PRIX TCHIHATCHEF.
M. Pierre de Tchihatchef a légué à l'Académie des Sciences la somme
de cent mille francs.
Dans son testament, M. de Tchihatchef stipule ce qui suit :
« Les intérêts de cette somme sont destinés à offrir annuellement aux
» naturalistes de toute nationalité qui se seront le plus distingués dans l'ex-
» ploration du continent asiatique (ou îles limitrophes), notamment des
( 1-89 )
» régions les moins connues et, en conséquence, à l'exclusion des con-
» trées suivantes : Indes britanniques, Sibérie proprement dite, Asie Mi-
» neureet Syrie, contrées déjà plus ou moins explorées.
» Les explorations devront avoir pour objet une branche quelconque
» des Sciences naturelles, physiques ou mathématiques.
>) Seront exclus les travaux ayant rapport aux autres sciences, telles
» que : Archéologie, Histoire, Ethnographie, Philologie, etc.
» Lorsque l'Académie ne croira pas être dans le cas d'accorder une ré-
» compense ou un encouragement, soit partiellement, soit intégralement
» le montant ou le restant des intérêts annuels de la susdite somme seront
') ajoutés à ceux de l'année ou des années subséquentes jusqu'à l'époque
« où l'Académie jugera convenable de disposer de ces intérêts, soit à titre
» de récompense pour des travaux accompHs, soit pour en faciliter l'entre-
» prise ou la continuation.
» Il est bien entendu que les travaux récompensés ou encouragés
» devront être le fruit d'observations faites sur les lieux mêmes et non des
» œuvres de simple érudition. »
L'Académie décernera le prix Tchihatchef, s'il y a lieu, dans la séance
publique de l'année 1900.
Le prix est de trois mille francs.
Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
i^' juin de l'année 1900.
PRIX GASTON PLANTE.
Ce prix biennal sera attribué, d'après le jugement de l'Académie, à
l'auteur français d'une découverte, d'une invention ou d'un travail im-
portant dans le domaine de l'électricité.
L'Académie décernera, s'il y a lieu, le prix Gaston Planté dans sa séance
annuelle de 1901 .
Le prix est de trois mille francs.
Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
I*' juin 1901.
( "9" )
PRIX BOILEAU.
Ce prix triennal, d'une valeur de treize, cents francs, est destiné à récom-
penser les recherches sur les mouvements des fluides, jugées suffisantes
pour contribuer au progrès de l'hydraulique.
A défaut, la rente triennale échue sera donnée, à titre d'encouragement,
à un savant estimé de l'Académie et choisi parmi ceux qui sont notoire-
ment sans fortune.
L'Académie décernera le prix Boileau dans sa séance annuelle de 1900.
PRIX HOULLEVIGUE.
M. Stanislas HouUevigue a légué à l'Institut cinq mille francs de rentes
3 pour 100, à l'effet de fonder un prix annuel qui portera son nom et sera
décerné à tour de rôle par l'Académie des Sciences et par l'Académie des
Beaux-Arts.
L'Académie des Sciences décernera le prix HouUevigue dans la séance
publique annuelle de 1900.
PRIX CAHOURS.
M. Auguste Cahours a lé^ué à l'Académie des Sciences la somme de
cent mille francs.
Conformément aux \œux du testateur, les intérêts de cette somme se-
ront distribués chaque année, à titre d'encouragement, à des jeunes gens
qui se seront déjà fait connaître par quelques travaux intéressants et plus
particulièrement par des recherches sur la Chimie.
Le prix est de trois mille francs.
L'Académie des Sciences décernera le prix Cahours, s'il y a lieu, dans
sa séance publique annuelle de 1900.
( i'9' )
PRIX SAINTOUR.
L'Académie décernera ce prix, de la valeur de trois mille francs, dans
sa séance annuelle de 1900.
PRIX RASTNER-BOURSAULT.
Le prix, d'une valeur de deux mille francs, sera décerné, s'il y a lieu,
en 190 1, à l'auteur du meilleur travail sur les applications diverses de
l'Électricité dans les Arts, l'Industrie et le Commerce.
PRIX ESTRADE-DELCROS.
M. Estrade-Delcros, par son testament en date du 8 février 1876, a
lé^ué toute sa fortune à l'Institut. Le montant de ce legs devra être par-
tagé, par portions égales, entre les cinq classes de l'Institut, pour servir à
décerner, tous les cinq ans, un prix sur le sujet que choisira chaque
Académie.
Ce prix, de la valeur de huit mille francs , sera décerné par l'Académie
des Sciences, pour la première fois, dans sa séance publique de 190.3.
PRIX JEAN-JACQUES BERGER.
Le prix Jean-Jacques Berger, de la valeur de quinze mille francs, à dé-
cerner successivement par les cinq Académies à l'OEuvre la plus méritante
concernant la Ville de Paris, sera attribué, par l'Académie des Sciences,
en 1904.
PRIX BARON JOEST.
Ce prix, décerné successivement par les cinq Académies, sera attribué
( "92 )
à celui qui, flans l'année, aura fait la découverte ou écrit l'Ouvrage le plus
utile au bien public.
Ce prix, de la valeur de deux mille francs, sera décerné par l'Académie
des Sciences, pour la première fois, dans sa séance publique de 1901.
PRIX FONDÉ PAR M-"* la Marquise DE LAPLACE.
Ce prix, qui consiste dans la collection complète des Ouvrages de
Laplace, est décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École
Polytechnique.
PRIX FONDÉ PAR M. FÉLIX RIVOT.
Ce prix, qui est annuel et dont la valeur est de deux mille cinq cents
francs, sera partagé entre les quatre élèves sortant chaque année de
l'École Polytechnique avec les n°' 1 et 2 dans les corps des Mines et des
Ponts et Chaussées.
( «193 )
CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS.
Les concurrents sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des
Ouvrages envoyés aux concours; les auteurs auront la liberté d'en faire
prendre des copies au Secrétariat de l'Institut.
Par une mesure générale prise en i86,j, l'Académie a décidé que la
clôture des concours pour les prix qu'elle propose aurait lieu à la même
époque de l'année, et le terme a été fixé au premier juin.
Les concurrents doivent indiquer, par une analyse succincte, la partie
de leur travail où se trouve exprimée la découverte sur laquelle ils appellent
le jugement de l'Académie.
Nul n'est autorisé à prendre le titre de La.uréa.t de l'Académie, s'il n'a
été jugé digne de recevoir un Prix. Les personnes qui ont obtenu des ré-
compenses, des encouragements ou des mentions, n'ont pas droit à ce titre.
Li:CTURES.
M. Bertrand, Secrétaire perpétuel, lit une Notice historique sur la
vie et les travaux de M. Félix Tisserand, Membre de l'Institut.
J. B. et M. B.
C. R., 1899, 1' Semestre. (T. CXXIX, N° 25.) 1^7
( "9l )
TABLEAUX
DES PRIX DÉCERNÉS ET DES PRIX PROPOSÉS
DANS LA SÉANCE DU LUNDI 18 DECEMBRE 1899.
TABLEAU DES PRIX DECERNES.
ANNÉE 1899.
GÉOMÉTRIE.
Prix Bordin (Sciences mathématiques). Prix
de i8ç)8 reporté à 1899. — Le pri.\ n'est
l)as décerné. Une mention très honorable
est accordée à M. Jules Drach 1064
Prix Francœur. — Le pri,t est décerné à
feu M. Le Cordier. Une mention très
honorable est attribuée à iM. Le Roy.... 1067
I'rix Ponoelet. — Le prix est décerné à
M. Casserai loG-
mecaniqtje.
Prix extraordinaire de six mille fr.\ncs.
— Un prix est décerné à M. le commandant
Bailles. Un prix à MM. Charbonnier et
Galy-Aché. Un prix à M. E. Perrin. . . . iofi7
Prix Montyon. — Le prix est décerné à
M. Parliot lo-ô
Prix Plumey. — Le prix est décerné à
M. Bonjour 1075
Prix Fouuneyron. — Le prix est décerné à
M. Auguste Bateau 1077
ASÏIIOJNOMIE.
Prix Lalande. — Le prix est décerné à
M. Brooks 1079
Prix Valz. — Le prix est décerné à M. Ny-
réii 1 080
Prix La Gaze.
M. Blondlot.
PHYSIQUE.
- Le prix est décerné à
loSo
STATISTIQUE.
Prix IMontyon. — Le prix est partagé entre
VOffice central des Œuvres de bienfai-
sance et M.M. Duniesnil et Mangenot.
Rappel de prix à M. Turquan. Une men-
tion honorable à M. de Beaiiniont. 10S2
CHIMIE.
Prix Jecker. — Le prix est décerné à
M. Maurice Hanriot myi
Prix Wilde. — Le prix est décerné à M. le
D' Zcemnn 1093
Prix La Caze. — Le prix est décerné à
M. Engel logS
MINÉKALOGIE ET GÉOLOGIE.
Prix Delesse. — Le prix est décerne à
IVI. Kilian logfi
Prix Fontanne. — Le prix est décerné à
M. Haug 1097
BOTANIQUE.
Prix Desmazières. — Le prix est décerné à
M. l'abbé Hue 1099
( "9^ )
Pnix Montagne. — Le prix est décerné à
M. Jules Cardot. Un prix est décerné au
frère Héribaud Joseph non
Prix Thore. — Le prix est partagé entre
MM. Parmentier et Bouilhac nos
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
Grand Prix des Sciences physiques. — Le
prix n'est pas décerné iio5
Prix Bordin. — Le prix est décerné à
M. Armand Vire , i io6
Prix Savigny. — Le prix est décerné à
M. Guillaume Grandidier 1 107
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
Prix Montyon. — Un prix est décerné à
MM. Nocard et Leclainche. Un prix ;\
M. Mayet. Un autre prix à M. Marfan.
Des mentions sont attribuées à MM. Le-
jars, Fournier, Garnier. Des citations A
MM. Guillemonat, Labbe i loS
Pri.^ Barbier. — Le prix est partagé entre
MM. Uoudas et Joanin, M. Louis LapC'jue
et ^L^[. Schlagdenhauffen et Reeb in'i
Prix Bréant. — Un prix est décerné à
M. Vaillard. Un prix à MM. Courmont
et Doyon. Des mentions sont attribuées à
MM. Besnoit et Guillé et à AL de Brun. iii,5
Prix Godard. — Le prix est décerné à
M. Pasteau 1 1 17
Prix Serres. — Le prix est décerné à
M. Louis Boule. Des mentions sont attri-
buées à MM. CauUery et Mesnil et à
M. Bearrf ....... . iiiS
Prix Chaussier. — Le prix est décerné à
M. Chavrin 1 1 iio
Prix Belliox. — Le prix est partagé entre
MM. Cestan et Crespin et Sergent ii36
Prix Mège. — Le prix est décerné à
MM. Terrier et Baudoin 1 136
Prix Lallemand. — Le prix n'est pas dé-
cerné. Une mention honorable est accordée
à .M. Pierre Janet 1 1 3.S
Prix du baron Lahrey. — Le prix est dé-
cerné à MM. Arnaud et La feuille 1 138
PHYSIOLOGIE.
Prix Montyon (Physiologie expérimentale).
— Le prix est décerné à M. Le Ilello. Une
mention est attribuée à M. Quinton iiSg
Prix La Gaze (Physiologie). —Le prix est
décerné à M. Moral • • • 114°
Pbix Pourat. — Le prix est décerné à MM.
Weiss e( Carvalho 1 :44
Prix Philipeaux (Physiologie expérimen-
tale). — Le prix n'est pas décerné ii45
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
Prix G.\y. — Le prix est décerné à M. Vays-
pniX GÉNÉRAUX.
médaille .\rago. — La médaille Arago a été
décernée à sir George-Gabriel Stokes...
Prix Montyon (Arts insalubres). — Le prix
est décerné à M. E. Collin. Une mention
est attribuée à M. Paul Bazous
Prix Trëmont. — Le prix est décerné à
M. Louis Ducos de Hauron
Prix Geoner. — Le prix est décerné à
M . Vaschy
Prix Petit d'Ormoy (Sciences mathémati-
ques). — Le prix est décerné à M. Mou-
tard
Prix Petit d'Ormoy (Sciences naturelles). —
Le prix est décerné à M. Alfred Giard.
Prix Tchihatchef. — Le prix est décerné à
M. Verbeck
Prix Gaston Planté. — Le prix est décerné
à M. Maurice Leblanc
Prix Cahours. — Le prix est décerné à
M . Bené Metzner
Prix Saintour. — Le prix est décerné à
M . Lecaillon
Prix Jean-Jacques Berger. — Le prix est
décerné à YInstitut Pasteur
Prix Laplace. — Le prix est décerné à
M . Siegler
Prix Kivot. — Le prix est décerné à MM.
Siegler, Heurteau. Aron et Becquerel .
ii46
'i47
1147
I i5o
I i5o
ii5o
I i5i
"59
1 161
11 62
1 162
ii63
1 165
I î63
( II96 )
PRIX PROPOSES
pour les années 1900, 1901, 1902 et 1903.
géométrie.
1900. Grand prix des Sciences mathéma-
tiques. — Perfectionner, en quelque point
important, la recUerclie du nombre des
classes de formes quadratiques à coeffi-
cients entiers de deux indéterminées 1166
1900. Prix Bordin. — Développer et per-
fectionner la théorie des surfaces appli-
cables sur le paraboloïde de révolution.. 1166
1900. Prix Francœur 1167
1900. Prix Poncelet 1 167
mécanique.
1900. Prix extraordinaire de six mille
FRANCS.— Destiné à récompenser tout pro-
grès de nature à accroître l'efficacité de
nos forces navales 1167
1900. Prix Montyon 1168
1900. Prix Plumey 1)68
1901. Prix Fourneyron 1168
astronomie.
1900. Prix Lalande 1168
1900. Prix Damoiseau. — Faire la théorie
d'une des comètes périodiques dont plu-
sieurs retours ont été observés 1169
1900. Prix Valz 1169
1900. Prix Janssen. — Médaille d'or des-
tinée à récompenser la découverte ou le
Travail faisant faire un progrès important
à l'Astronomie physique 1 169
physique.
1901. Prix L. La Caze 1170
statistique.
1900. Prix Montyon uni
CHIMIE.
1900. Prix Jeoker unj
1900. Prix Wilde ..., , ,,2
1901. Prix L La Caze 11,2
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE.
1900. Prix Vaillant. — La détermination
rigoureuse d'un ou de plusieurs poids ato-
miques, ou l'étude des alliages 1172
1901. Prix Delesse 11^3
190'2. Prix Fontanne 11-3
BOTANIQUE.
1901. Prix Bordin. — Étudier l'influence
des conditions extérieures sur le proto-
plasma et le noyau chez les végétaux. ... 1174
1 900. Prix Barbier 1 1 74
1900. Prix Desmazières 1 174
1900. Prix Montagne n-jo
1901. Prix de la Fons Mélicocq 1175
economie rurale.
1903. Prix Bioot de Morgues
176
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
1901. Grand prix des Sciences physiques.
— Étudier la biologie des Nématodes libres
d'eau douce et humicoles et plus particu-
lièrement les formes et conditions de leur
reproduction 1 1-6
1900. Prix Savigny 1176
1900. Prix da Gama Machado 1177
1900. Prix Thore 1:77
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
1900. Prix Montyon..
1900. Prix Barbier . .
1900. PrixBrêant ...
1900. Prix Godard...
1902. Prix Serres
1903. Prix Chaussier.
1900. Prix Parkin....
1900. Prix Bellion...
1900. Prix Mège
1900. Prix Dusqate..
178
.78
'79
'79
;8o
180
181
[81
:8i
( "97 )
1900. Prix Lallemand 1182
1900. Prix du baron Larrey 1 182
PHYSIOLOGIE.
1900. Prix Montyon
1901. Prix L. La Gaze
1900. Prix Pourat. — Détermination des
principales données anthropométriques.. .
1901. Prix Pourat. — Sur le refroidisse-
ment dû à la contraction musculaire.
Détermination expérimentale des contrac-
tions et du mécanisme intime de ce phé-
nomène
1900. Prix Martin-Damourette
1900. Prix Philipeaux
1182
ii83
ii83
ii83
ii83
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
1900. Prix Gay. — Appliquer à une région
de la France ou à une portion de la chaîne
alpine, l'analyse des circonstances géolo-
giques qui ont déterminé les conditions
actuelles du relief et de l'hydrographie. . .
1901. Prix Gay. — Faire connaître la dis-
tribution des plantes alpines dans les
.84
grands massifs montagneux de l'ancien
monde "84
PRIX GÉNÉRAUX.
MÉDAILLE AkAGO 1 185
1900.
1900.
1900.
1900.
1900.
1901.
1900.
1901.
1901.
1900.
Prix Montyon, Arts insalubres 118,)
Prix Cuvier ii86
Prix Trémont 1186
Prix Geoner 1186
Prix DELALANDE-GUÉniNEAU 1187
Prix Jean Reynaud 1 1 87
Prix Jérôme Ponti 1187
Prix Petit d'Ormoy 1188
Prix Leconte 1188
Prix Tchihatchef "88
1901. Prix Gaston Plante "89
1900. Prix Boileau •■ "90
1900. Prix Houllevigue "90
1900. Prix Caiiours "90
1900. Prix Saintour "91
1901. Prix Kastner-Boursault "91
1903. Prix Estrade-Delcros "91
1904. Prix Jean-Jacques Berger "91
1901. Prix du Baron de Joest 1191
1900. Prix Laplace "92
1900. Prix Rivot "92
Conditions communes à tous les concours "93
Avis relatif au titre de Lauréat de l'Académie ■ ■Q-'
( II98 )
TABLEAU PAR ANNÉE
DES PRIX PROPOSÉS POUR 1900, 1901, 1902 ET 1903.
1900
Grand prix des Sciences mathématiques. —
Perfectionner, en quelque point important, la re-
cherche du nombre des classes de formes quadra-
tiques à coefficients entiers de deux indéterminées.
Prix Bordin. — Développer et perfectionner
la théorie des surfaces applicables sur le parabo-
loïde de révolution.
Prix Francœur. — Découvertes ou travaux
utiles au progrès des Sciences mathématiques
pures et appliquées.
Prix Poncelet. — Décerné à l'auteur de l'Ou-
vrage le plus utile au progrés des Sciences ma-
thématiques pures ou appliquées.
Prix extraordinaire de six mille francs. —
Progrès de nature à accroître l'efficacité de nos
forces navales.
Prix Montyon. — Mécanique.
Prix Plumey. — Décerné à l'auteur du per-
ectionnement des machines à vapeur ou de toute
autre invention qui aura le plus contribué aux
progrès de la navigation à vapeur.
Prix Lalande. — .astronomie.
Prix Damoise.ali. — Faire la théorie d'une
des comètes périodiques dont plusieurs retours
ont été observés.
Prix Valz. — .\stronomie.
Prix Janssen.
Prix Montyon. — Statistique.
Prix Jecker. — Chimie organique.
Prix H. Wilde.
Prix Vaillant. — La détermination rigoureuse
d'un ou de plusieurs poids atomiques; ou :
L'étude des alliages.
Prix Desmazières. — Décerné à l'auteur de
l'Ouvrage le plus utile sur tout ou partie de la
Cryptogamie.
Prix Montagne. — Décerné aux auteurs de
travaux importants ayant pour objet l'Anatomie,
la Physiologie, le développement ou la descrip-
tion des Cryptogames inférieures.
Prix Thore. — Décerné alternativement aux
travaux sur les Cryptogames cellulaires d'Eu-
rope et aux recherches sur les mœurs ou l'ana-
tomie d'une espèce d'Insectes d'Europe.
Prix S.avigny, fondé par M"* Letellier. — Dé-
cerné à de jeunes zoologistes voyageurs.
Prix Da Gama M.aohado. — Décerné aux meil-
leurs Mémoires sur les parties colorées du sys-
tème tégumentaire des animaux ou sur la matière
fécondante des êtres animés.
Prix Montyon. — Médecine et Chirurgie.
Pri.x Barbier. — Décerné à celui qui fera une
découverte précieuse dans les Sciences chirurgi-
cale, médicale, pharmaceutique, et dans la Bo-
tanique ayant rapport à l'art de guérir.
Prix Bréant. — Décerné à celui qui aura
trouvé le moyen de guérir le choléra asiatique.
Prix Godard. — Sur l'anatomie, la physiologie
et la pathologie des organes génito-urinaires.
Prix Parkin. — Destiné à récompenser des re-
cherches sur les sujets suivants : 1° sur les cITets
curatifs du carbone sous ses diverses formes et
plus particulièrement sous la forme gazeuse ou
gaz acide carbonique dans le choléra, les di lié-
rentes formes de fièvre et autres maladies; 2° sur
les effets de l'action volcanique dans la produc-
tion de maladies épidémiques dans le monde
auimal et le monde végétal et dans celle des
ouragans et des perturbations atmosphériques
anormales.
Prix Bellion, fondé par M"° Foehr. — Dé-
cerné à celui qui aura écrit des Ouvrages ou fait
des découvertes surtout profitables à la santé
de l'homme ou à l'amélioration de l'espèce hu-
maine.
Prix Mège. — Décerné à celui qui aura con-
tinué et complété l'essai du D' Mège sur les
causes qui ont retardé ou favorisé les progrès de
la Médecine.
Prix Dusqate. — Décerné à l'auteur du meil-
leur Ouvrage sur les signes diagnostiques de la
mort et sur les moyens de prévenir les inhuma-
tions précipitées.
Prix Lallemand. — Destiné à récompenser ou
encourager les travaux relatifs au système ner-
veux, dans la plus large acception des mots.
Prix du baron Larrey. — Sera décerné à un
médecin ou à un chirurgien des armées de terre
( "99 )
ou de mer pour le meilleur Ouvrage présente à
l'Académie et traitant un sujet de Médecine, de
Chirurgie ou d'Hjgiènc militaire.
Prix Montyon. — Physiologie expérimentale.
Prix Pourat. — Détermination des principales
données anlhropométrit[ues.
Prix Martin-Damoubette.
Prix Piulipeaux. — Physiologie expérimentale.
Prix Gay. — Appliquer à une région de la
France ou à une portion de la Chaîne alpine
l'analyse des circonstances géologiques qui ont
déterminé les conditions actuelles du relief et de
l'hydrographie.
Médaille Arago. — Celte médaille sera dé-
cernée par l'.Académie chaque fois qu'une décou-
verte, un travail ou un service rendu à la Science
lui paraîtront dignes de ce témoignage de haute
estime.
Prix Montyon. — Arts insalubres.
Prix Cuvier. — Destiné à l'Ouvrage le plus
remarquable soit sur le règne animal, soit sur la
Géologie.
Prix Trémont. — Destiné à tout savant, artiste
ou mécanicien auquel une assistance sera néces-
saire pour atteindre un but utile et glorieux pour
la Fi-ance.
PrixGegner. — Destiné à soutenir un savant
qui se sera distingué par des travaux sérieux poui--
suivis en faveur du progrés des Sciences positives.
Prix Delalande-Guérineau.
Prix Jérôme Ponti.
Prix Tchiuatohef.— Destiné aux naturalistes
de toute nationalité qui auront fait, sur le conti-
nent asiatique (ou iles limitrophes), des explo-
rations ayant pour objet une branche quelconque
des Sciences naturelles, physiques ou mathéma-
tiques.
Prix Houllevigue.
Prix Boileau.
Prix Cahours. —Décerné, à titre d'encourage-
ment, à des jeunes gens qui se seront déjà fait
connaître par quelques travaux intéressants et
plus particulièrement par des recherches sur la
Chimie.
Prix Saintour.
Prix Laplace. — Décerné au premier élève
sortant de l'École Polytechnique.
Prix Rivot. — Partagé entre les quatre élèves
sortant chaque année de l'Ecole Polytechnique
avec les n°' 1 et 2 dans les corps des Mines et des
Ponts et Chaussées.
1901
Grand prix des Sciences physiques. — Etu-
dier la biologie dcsNématodes libres d'eau douce
et humicoles et plus particulièrement les formes
et conditions de leur reproduction.
Prix Bordin. — Étudier l'influence des condi-
tions extérieures sur le protoplasme et le noyau
chez les végétaux.
Prix Fourneyron.
Prix Gay. — Faire connaître la distribution
des plantes alpines dans les grands massifs mon-
tagneux de l'ancien monde.
Prix La Caze. — Décerne aux Ouvrages ou
iMémoires qui auront le plus contribué aux pro-
grés de la Physiologie, de la Physique et de la
Chimie.
Prix Delesse. — Décerné à l'auteur, français
ou étranger, d'un travail concernant les Sciences
géologiques ou, à défaut, d'un travail concernant
les Sciences minéralogiques.
Prix de la Fons Mélicocq. — Décerné au meil-
leur Ouvrage de Botanique sur le nord de la
France, c'est-à-dire sur les départements du
Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la
Somme, de l'Oise et de l'Aisne.
Prix Pourat. — Sur le refroidissement dû à
la contraction musculaire. Détermination expé-
rimentale des contractions et du mécanisme in-
time de ce phénomène.
Prix Jean Reynaud. — Décerné à l'auteur du
travail le plus méritant qui se sera produit pen-
dant une période de cinq ans.
Prix Leconte. — Décerné : i° aux auteurs de
découvertes nouvelles et capitales en Mathéma-
tiques, Physique, Chimie, Histoire naturelle,
Sciences médicales ; 2° aux auteurs d'ai>plications
nouvelles de ces sciences, applications qui devront
donner des résultats de beaucoup supérieurs à
ceux obtenus jusque-là.
Prix Petit d'Ormoy. — Sciences mathéma-
tiques pures ou appliquées et Sciences naturelles.
Prix Gaston Planté. — Destiné à l'auteur fran-
çais d'une découverte, d'une invention ou d'un
travail important dans le domaine de l'Élec-
tricité.
Prix Kastner-Boursault. — Décerné à l'au-
teur du meilleur travail sur les applications
diverses de l'Électricité dans les Arts, l'Industrie
et le Commerce.
Prix Baron de Joest. — Décerné à celui qui,
dans l'année, aura fait la découverte ou écrit
l'Ouvrage le plus utile au bien public.
( I200 )
1902
Prix Fontanne. — Ce prix sera décerné à
l'auteur de la meilleure publication paléontolo-
gique.
Prix Serres. — Décerné au meilleur Ouvrage
sur l'Embryologie générale appliquée autant que
possible à la Physiologie et à la Médecine.
PRix VAILLA^■T.
1905
Prix Chaussier. — Sur l'Embryologie générale
appliquée autant que possible à la Physiologie et
à la Médecine.
Prix Estrade-Deloros.
Prix Bigot de Morgues.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLA RS,
Quai des Grands-Augiistins, n° 55.
36 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux Tolumes ln-4« Deuï
par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
' janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : JO fr. - Départements : 30 fr. - Dnion postale -. 34 fr. - Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
hei.
chez Messieurs :
Ferran frères.
i Chaix.
Jourdan.
JRuff.
Courtin-Hecquet.
Germain etGrassin.
( Laclièse.
Jérôme.
Jacquard.
Feret.
Laurens.
! Muller (G.).
Renaud.
Derrien.
) F. Robert.
1 J. Itobert.
( Uzel frères.
Jouau.
Perrin.
j Henry.
) Marguerie.
j Juliot.
! Ribou-Collay.
La m a relie.
Ratel.
(Rey.
1 Lauverjat.
! Degez.
\ Drevet.
( Gralier et C".
Foucher.
\ Bourdignon.
( Dombre.
( Thorez.
( Quarré.
Lorient.
Lyon.
Montpellier .
chez Messieurs :
Baumal.
M"* Texier.
Bernoux et Cumin.
Georg.
Côte.
Savy.
Vitte.
Marseille Ruât.
Calas.
Coulet
Moulins Martial Place.
1 Jacques.
Nancy Grosjean-Maupin.
Nantes
( Sidot frères.
j Loiseaii.
( Veloppé.
) Barma.
^'" ( Visainti et C-.
Nîmes Thibaud.
Orléans Luzeray.
„ . . j Blanchier.
Poitiers ,, ,
( Marche.
Bennes Plihon et Hervé.
Boche/ort Girard (M"").
I Langlois.
Rouen
S'-Étienne
Toulon. . . ■
{ Lestringant.
Chevalier.
( Ponteil-Burles.
( Rumèbe.
( Gimet.
j Privât.
J Boisselier.
Tours J Péricat.
( Suppligeon.
j Giard.
' Lemaitre.
Toulouse..
Valenciennes.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Berlin .
chez Messieurs :
Feikema Caarelsen
et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et C".
Dames.
Friedlander et fils.
Mayer et Muller.
Schmid et Francke.
Bucharest.
Berne
Bologne Zanichelli.
Lamertin.
Bruxelles J Mayolezet Audiarte
Lebègue et C'".
Sotcheck et C°.
.\lcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell etC».
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gênes ■ . Beuf.
Cherbuliez.
Genève \ Georg.
Stapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
) Benda.
I Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig / Lorentz.
Max Riibe.
'^ Twietmeyer.
Desoer.
^'^^* ÎGnusé.
Lausanne.
Londres
Luxembourg .
Madrid
Milan ....
Moscou. . . .
Naples. . . .
New-Vork
Odessa
Oxford
Palerme
Porto
Prague
Bio-Janeiro .
Bome.
Botterdam.
Stockholm..
S'-Petersbourg.
Turin.
Varsovie.
Vérone . . .
Vienne .
Zurich .
chez Messieurs :
iDulau.
Hachette et C'.
Nutt.
V. Buck.
Libr. Gutenberf;.
Romo y Fussel.
) GoTizalcs e hijos.
( F. Fé.
( Bocca frères.
l Hœpli.
Tastevin.
( Marghieri di Gius.
\ Pellerano.
I Dyrsen et PfeiSfer.
! Stechert.
( LenickeetBuechner
Rousseau.
Parker et C"
Clausen.
Magalhaès elMoniz.
Rivnac.
Garnier.
; Bocca frères.
Loescheret C*.
Kramers et fils.
Samson et Wallin
I Zinserling.
' WolCf.
Bocca frères.
I Brero.
Clausen.
RosenbergetSelJiei'.
Gebethner et Wollf
Drucker.
Frick.
Gerold et G".
Meyer et Zeller.
UÏÎS GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DÉS SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o.) Volume in-4'; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61. - ( i" Janvier i85t à 3i Décembre i865. ) Volume in-4°; 1870 Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre iSJJo.) Volume in-4''; 1889. Prix 15 fr.
PIÉHENT AUX COMPTÉS RENDUS DÉS SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
I: émoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Debbés et A.-J.-J. Solieb. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
i);r M.Han«en.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
P M. Claude Bernard. Volume in-4'', avec 32 planches ; i856 15 fr.
I Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedkn. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
dcour» de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi«
»i) , suivan' " jrdre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
iprts qui saxistent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
mie Librairie les HémolreB de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Saranta à l'Académie des Sciences.
N° 25.
TViîlE DES ARTICLES.
(Séance publique annuelle du ]8 décembi'e 1899.)
Pages.
Alloculiuii .le- .M. l'ii \ '.\ TiKUirM lu^.,
Prix décernés 'o6/|
Prix proposés " ''' '
Tahloan des prix décernés i ig'l
Tableau des prix proposés i '9l>
Tahli-aii par année des prix proposés 119K
PARIS. - IMPRIMERIE G AUTHIER-VI L L A RS
Quai des Grands-Aususlins, 55
Le aérant .* *i*uraiEa-ViLi.Aus
OAN X7 1900 i8Q0
SECOND SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. IiES SECRÉTAIRES PBRPÉTUECiS.
TOME CXXIX.
N' 26 (26 Décembre 1899)
^^PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1899
/
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 2.3 Jt'IM 1H62 ET 2/4 MAI 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 teuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou oarunAssociéétrangerde l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comvtes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comjirennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne rejjroduit fias les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
(iris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
[>réjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les J'rogranimes des prix proposés par l'Acad
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'a
que l'Académie l'aura décidé
Les Notices ou Discours prononcés en séana
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Sava.
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des perse
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'u ii
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires d
tenus de les réduire au nombre de pages requi 1
Membre qui fait la présentation est toujours net
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Eb
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être reM
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tan
jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à ||
le titre seul du Mémoire est inséré dans le fo/?y><c A
actuel, et l'txlrail est renvoyé au Compte rentbt
vaut et mis à la fin du cahier.
Article 4. ■ — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais
leurs; il n'v a d'exception que pour les Rappoi
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrai»
un Rapport sur la situation des Comptes rendus^
l'imjjression de chaque volume. J
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution é
sent Règlement.
Les S^anU étrangers à l'Acadéicie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MK. les Secrétaires perpétuels sont priés
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance SM
^-^ ~ 7 im
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU MARDI 26 DECEMBRE 1899,
PRÉSIDENCE DE M. VAN TIEGHEM.
RENOUVELLEMENT ANNUEL
DU BUREAU ET DE LA COMMISSION CENTRALE ADMINISTRATIVE.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Vice-Président pour l'année 1900, lequel doit être choisi, cette fois,
parmi les Membres appartenant aux Sections de Sciences physiques.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 41,
M. H. Milne-Edwards obtient 38 suffrages,
M. Fouqué 2
M. Bouchard .... i
M. H. Milne-Edwards, ayant réuni la majorité absolue des suffrages,
est élu Vice-Président pour l'année 1900.
C. R., 1899, 2» Semestre. (T. CXXIX, N» 26.) l58
( 1202 )
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux de
ses Membres qui devront faire partie de la Commission centrale adminis-
trative pendant l'année 1900.
MM. Darbocx et Borset réunissent la majorité des suffrages.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ETj DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de lTnstructiox publique et des Beaux- Arts adresse
l'amplialion du Décret par lequel le Président de la République approuve
l'élection de M. Georges Lemoine, dans la Section de Chimie, en rempla-
cement de M. Friedel.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. G. Lemouve prend place parmi
ses Confrères,
ASTRONOMIE. — Note sur les travaux contenus dans le volume des « Annales
de l'Observatoire de Paris de 1897 » ; par M. Lœwy.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie l'ensemble des travaux méri-
diens effectués à l'Observatoire de Paris pendant l'année 1897, ainsi que
les observations obtenues aux deux équaloriaux de la terrasse supérieure.
Le Volume qui les renferme inaugure une nouvelle série à' Annales se dis-
tinguant des Volumes précédents, aussi bien au point de vue du plan adopté
pour l'exécution des études qu'à celui de la forme choisie pour la publica-
tion. Des raisons très importantes nous ont obligé d'abandonner les tradi-
tions suivies pendant de longues années.
» En effet, le travail fondamental exécuté à l'aide des instruments méri-
diens et auquel ont collaboré presque tous les Astronomes de l'Observatoire
de Paris depuis cinquante ans, la revision des zones de Lalande, est
complètement achevé. Mais, en dehors de cette cause purement acciden-
telle, un changement de plan nous a été imposé par les conditions nouvelles
dans lesquelles s'accomplissent aujourd'liui un grand nombre de recherches
astronomiques.
( I203 )
)) Les études principales dévolues, jusqu'à l'époque moderne, aux
instruments méridiens, consistaient dans la mesure des constantes fonda-
mentales de l'Astronomie de précision et dans la détermination des posi-
tions relatives des astres dans l'espace. Mais, la Photographie ayant armé
les Astronomes d'un nouveau et puissant instrument d'investigation leur
permettant d'évaluer avec beaucoup plus de facilité et en plus grand
nombre les coordonnées relatives des étoiles, le programme des travaux à
effectuer aux instruments méridiens s'est trouvé notablement réduit. Tou-
tefois, leur tâche reste encore très étendue et elle devient d'autant plus
difficile qu'ils serviront surtout à étudier les questions les plus élevées de
l'Astronomie de mesure. Ils seront, en outre, appelés à concourir à la solu-
tion de nouveaux problèmes d'une nature très délicate, tels que la variation
de la latitude, la d'étermination de la parallaxe solaire, etc. Mais, lorsqu'on
veut aborder des études d'une nature si complexe, il faut, pour les mener
à bonne fin, confier leur exécution à des astronomes habiles, formés à la
suite d'une longue expérience, capables de mettre à profit toutes les res-
sources de la Science moderne, et leur accorder la liberté nécessaire pour
déployer cette initiative personnelle qui est la condition essentielle du suc-
cès de toute œuvre scientifique. Il s'agit, en effet, de progrès à réaliser
dans un domaine oii la culture intellectuelle a déjà atteint un niveau très
élevé. La centralisation excessive des travaux méridiens qui existait jus-
qu'à présent, basée sur la collaboration d'un nombre considérable d'ob-
servateurs, étant de nature à paralyser tout esprit d'entreprise, ne pouvait
être maintenue plus longtemps dans les conditions données.
» En s'inspirant de ces considérations, il fallait non seulement affecter
les instruments méridiens à de nouvelles recherches, mais établir en outre
une autre organisation du travail scientifique. Voici dans quelles condi-
tions cette réforme a été réalisée :
» Nous possédons trois instruments méridiens; chacun d'eux, en gé-
néral, est maintenant confié à deux astronomes, assistés d'un aide, et
employé à l'étude d'une des questions les plus importantes de l'Astro-
nomie de précision. Les observations ainsi effectuées sont réduites, discu-
tées, publiées en forme de Mémoires, sous le nom des astronomes qui les
ont accomplies; en assumant la responsabilité scientifique de leurs re-
cherches, ils recueillent d'une manière intégride l'honneur que comporte
le succès de leurs efforts.
» Dans le présent Volume, on verra pour la première fois les travaux
méridiens publiés en quatre Mémoires distincts. Le premier, émanant de
( I20'} )
M. Bonnet, a pour objet l'observation du Soleil, des grosses planètes et des
étoiles les plus brillantes.
.. Le second renferme les recherches entreprises par MM. Oltramare et
Luiicelin, assistés par M. J. Chatelu, en vue de déterminer avec la plus
grande exactitude possible les distances polaires d'un certain nombre
d'étoiles fondamentales. Le troisième, ayant pour auteurs MM. Barré,
Viennet et Brandicourt, contient les positions de la Lune, des planètes et
d'un certain nombre d'étoiles; il s'agit surtout ici de déterminer les posi-
tions précises des étoiles de repères du Catalogue de la Carte photogra-
phique du Ciel pour les zones dévolues à l'Observatoire de Paris. Le qua-
trième est relatif à la détermination de la latitude de l'Observatoire de
Paris, étude entreprise à l'aide de nouvelles méthodes par MM. Renan,
Perchol et Ebert.
)) Les ressources normales du budget de l'Observatoire n'ayant reçu
aucune augmentation depuis bien des années, tandis qu'au contraire l'ac-
tivité du personnel a toujours été croissante, il a fallu imprimer les re-
cherches méridiennes dans une nouvelle forme qui, tout en maintenant
dans les Tableaux les données essentielles des observations, a conduit à
une grande économie d'espace.
» Dans le but de rendre ces travaux aussi rigoureux que possible, l'en-
semble des réductions effectuées par les observateurs est transmis au Bu-
reau des Calculs qui les soumet à une vérification approfondie. En vérité,
une section de ce Bureau exécute sous la direction de M. Bossert, une nou-
velle réduction entièrement indépendante de celle des astronomes. I^es
étoiles de Lalande, ainsi que les astres mobiles, y sont en outre soigneuse-
ment comparés soit aux éphémérides, soit aux divers Catalogues d'étoiles.
>) L'ensemble de ces travaux est dirigé personnellement par le Directeur
de l'Observatoire, assisté de M. G. Leveau, astronome titulaire, chef-ad-
joint du Service méridien.
)) Le Volume renferme, comme par le passé, les observations faites,
d'une part, à l'équatorial de la tour de l'Ouest, par MM. Bigourdan et
Fayet; et, d'autre part, à la tour de l'Est, par M. Callandreau.
» Le Volume contient, en outre, les résultats des observations de M. Bi-
gourdan sur les nébuleuses et amas d'étoiles correspondant aux heures XX
et XXL On sait que cet astronome a commencé cette grande et belle étude
en 1884 et en a déjà publié antérieurement plusieurs fascicules.
« Les observations météorologiques faites dans le courant de l'année
1897 terminent celte publication. »
( I2o5 )
PHYSIQUE. — Sur le rayonnement des corps radio-actifs.
Note de M. Henri Becquerel.
« Depuis ma dernière Communication ( ' ) relative à l'action d'un champ
magnétique sur le rayonnement du radium, j'ai pu étudier de pins près ce
phénomène. Il résulte des observations que je communique aujourd'hui
que cette action du magnétisme ne semble pas être générale.
» M. et M™* Curie ont eu l'obligeance de me remettre un peu d'une pré-
paration d'azotate de polonium, presque aussi active que le radium, soit
pour rendre l'air conducteur, soit pour impressionner une plaque photo-
graphique non enveloppée. Le rayonnement de cette substance, placée
dans un champ magnétique, n'a manifesté aucune influence de l'ordre de
celle qu'on observe avec le radium. Ni les phénomènes de phosjihorescence,
ni les actions photographiques n'ont révélé aucune influence» appréciable
de la part du champ magnétique.
» Je citerai, en particulier, les expériences comparatives suivantes :
Entre les pôles d'un électro-aimant, dans un champ magnétique, dont
l'iulensitéaété de 4ooo, puis de loooo unités C.G.S., on a placé la prépa-
ration de polonium ; au-dessus de cette matière, à des distances qui ont été
dans diverses expériences de 2"""" et de i"^™, on a disposé horizontalement,
soit dans le champ, soit en dehors du champ, une plaque photographique
non enveloppée, car le rayonnement du polonium est considérablement
absorbé par le papier noir. Dans ces conditions, après quelques minutes de
pose, on obtient sur la plaque photographique une impression symétrique
par rapport à la position de la source active, et cette impression est la
même, lorsque l'électro-aimant est excité ou lorsqu'il ne l'est pas.
» Si au polonium on substitue du radium, dans les mêmes conditions
d'expérience, on obtient avec le champ magnétique et sur une plaque enve-
loppée une impression rejetée dans le sens du courant qui produit le
champ, et ayant l'aspect que j'ai signalé antérieurement.
» Le rayonnement de la préparation de polonium qui a été soumise à
cts expériences ne subit donc pas les mêmes influences que celui du radium.
On savait déjà que ces deux rayonnements sont très inégalement absorbés
par diverses substances; ce fait avait été, sinon publié, du moins vu par
(') Comptes rendus, t. CXXIX, p. 999.
( 12o6 )
M. et M"* Curie, lorsqu'ils ont découvert et préparé ces matières; j'ai eu
également l'occasion de le signaler l'année dernière (').
)) On doit rapprocher de ces expériences une observation négative faite
il y a quelque temps par M. et M™^ Curie sur le rayonnement de l'uranium
dans un champ magnétique.
M L'action magnétique révèle donc, dans les caractères du rayonne-
ment des diverses prép.T rations radio-aclives, des différences profondes d'une
nature différente de celles que manifestent les phénomènes d'absorption (*).
» En poursuivant les recherches que j'ai décrites dans ma dernière Note,
j'ai recueilli diverses observations qui montrent que le rayonnement du
radium, tout en se rapprochant considérablement des rayons cathodiques,
ne semble pas avoir toutes les propriétés de ces rayons.
» Dans un champ magnétique qui, pour certaines expériences, a été
rendu sensiblement uniforme, on a placé une petite quantité de radium
sur une plaque photographique enveloppée de papier noir, horizontale et
parallèle au champ; puis on a disposé à angle droit, normalement au
champ, une seconde plaque photographique enveloppée de papier noir,
et on l'a placée, dans diverses expériences, à diverses distances de la
source radiante et des pièces polaires de l'électro-aimant. Après quelques
minutes de pose, on obtient sur la plaque horizontale les courbes que j'ai
décrites antérieurement, puis sur la [laque verticale une impression
intense, limitée par une spirale dont le sens est celui du courant qui pro-
duit le champ.
» Dans un champ uniforme, l'origine de cette spirale est sensiblement
au point de rencontre avec la plaque verticale d'une droite passant par la
source et parallèle au champ, montrant que les rayons parallèles aux lignes
de force ne sont pas déviés, ainsi que l'ont reconnu MM. Stefan Meyer et
Schweidler. Ces rayons, rasant la plaque horizontale, ne donnent sur
celle-ci aucune impression photographique.
» La spirale qui limite l'impression sur la plaque verticale est la trace,
déformée par le champ, de la droite d'intersection des plaques horizon-
(') Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 776.
(-) Depuis que j'ai communiqué celle Noie à l'Académie, j'ai été informé que
M. Giesel avait observé, avec du polonium et du radium, la déviation du rayonnement
de ces substances par un champ magnétique. La préparation radio-active que M. Gie-
sel a étudiée sous le nom de polonium doit être d'une autre nature que celle qui m'a
été remise par M. Curie; celte observation date du 3i octobre 1899.
( 1=^07 )
taie et verticale qui se comportent comme des écrans partiellement
opaques. La tangente à la spirale à l'origine fait avec l'intersection des
plaques, dans le sens du mouvement d'entraînement, un angle d'autant
plus grand que la distance de la source à la plaque verticale est plus grande
ou que le champ est plus intense.
» Ces expériences permettent de mesurer la déviation dans un champ
magnétique. Si, comme il arrive pour les rayons cathodiques, on pouvait
constater que le rayonnement transporte des charges électriques et est
dévié dans un champ électrostatique, on sait que l'on pourrait déduire de
la mesure des deux déviations la vitesse d'émission du rayonnement.
« Les expériences que M. et M™^ Curie ont réalisées jusqu'ici et celles
que j'ai faites avec un champ électrique très intense n'ont montré ni trans-
port de charges électriques appréciables, ni déviation sensible dans un
champ électrique.
» Les courbes que donnent les photographies montrent que la vitesse
de propagation du rayonnement du radium est de l'ordre de grandeur de
la vitesse de rotation communiquée par un champ magnétique de 4ooo
unités C.G.S.
» Les mesures qu'on peut effectuer sur ces courbes donnent le rapport
entre la vitesse de propagation et la vitesse angulaire d'entraînement du
rayonnement. Je publierai prochainement les résultats de ces mesures. Si
l'on assimile un champ magnétique à un milieu animé de mouvements
giratoires, et si l'on admet, comme une hypothèse compatible avec les ré-
sultats de mes recherches antérieures sur la polarisation rotatoire magné-
tique, que, pour un champ égal à l'unité C. G. S. dans l'air, la vitesse
de rotation des tourbillons soit 271; >; 6,6 x 10^ par seconde, on obtient
pour la vitesse du rayonnement du radium des nombres tout à fait de
l'ordre de grandeur de ceux qui ont été trouvés pour la vitesse des rayons
cathodiques. »
BOTANIQUE. — Cultures expérimenLales sur T adaptation des plantes au climat
méditerranéen. Note de M. Gaston Bonmer.
« Les plantes de la région méditerranéenne ont, en général, des carac-
tères qui semblent en rapport avec le climat spécial de celte région. Ces
plantes subissent le plus souvent deux périodes d'arrêt dans leur végétation
annuelle : l'une en hiver, moins marquée que dans les régions tempérées;
( I 2o8 )
l'autre en été, par suite de la grande sécheresse. Leur organisation permet
aux végétaux méditerranéens de supporter un éclairement plus grand en
même temps qu'une somme de chaleur plus élevée ; elles ont, par suite, une
assimilation chlorophyllienne énergique et doivent résister à une intense
transpiration.
» Comme un grand nombre d'espèces répandues dans les régions tem-
pérées font défaut dans le littoral méditerranéen, et inversement, comme
la flore méditerranéenne contient un nombre considérable d'espèces spé-
ciales, on peut se demander si les espèces ou les variétés qui croissent
dans celte flore ont des caractères particuliers que ne peuvent acquérir les
espèces ou variétés des régions plus froides. On peut aussi poser le pro-
blème autrement, et chercher si, dans une certaine limite tout au moins,
les plantes des régions tempérées ne peuvent pas s'adapter au climat médi-
terranéen, en modifiant partiellement leur forme et leur structure.
» C'est cette dernière question que j'ai essayé de résoudre expérimen-
talement et, dans celte Communication, je donne un résumé des premiers
résultats acquis, en me bornant aux changements obtenus dans la morpho-
logie externe du végétal. J'exposerai plus tard les modifications de la
structure anatomique.
)) 1° Établissement des cultures comparées. — J'ai opéré sur un assez
grand nombre d'espèces, parmi lesquelles je citerai les suivantes :
» Teucriuin Scorodonia, Rubus Idœus, Iris germanica, Euphorhia silvatica,
Calamintha Ciinopodium, Senecio Jacobœa, Veronica ojjlcinalis, Scabiosa Suc-
cisa, Scrofularia nodosa, Solidago Virga-aurea, Pulmonaria ojjicinalis, Tanace-
tum vulgare, Aquilegia vulgaris, Primula ojficinalis, Ajuga reptans, Betonica
officinalis, Fiagaria vesca, Viola caiiina, Origanum vulgare, Slachys silvatica,
Potentilla Tormentilla, Geum urbanum, Carex glauca, Helleborus fœtidus, Lysi-
machia vulgaris, Aira cœspitosa, Artemisia vulgaris,' Robinia Pseudacacia,
Fraxinus excelsior , Quercus sessiliflora, Fagus silvatica, Tiliasilveslris, Evonymus
japonicus, Ribes rubrum, Corylus Avellana, Syringa vulgaris, Ligustrum vul-
gare, Acer Pseudo-Platanus, jEscuIus Hippocastanum, Carpinus Betulus, Picea
excelsa, Pinus silveslris, Thuja occidentalis.
» Pour chaque plante herbacée vivace, les touffes prises à Fontainebleau
étaient divisées en touffes aussi semblables que possible, la moitié étant
plantée sur les terrains du Laboratoire de Biologie végétale de Fontaine-
bleau, l'autre moitié sur un terrain situé dans la plaine de La Garde, près
de Toulon. Pour presque tous les arbres ou arbrisseaux, mis en cultures
( I209 J
comparées, les deux lots, installés l'un près de Fontainebleau, l'autre près
de Toulon, provenaient de boutures ou de marcottes comparables du même
individu initial. Pour le Pin et l'Epicéa seulement, j'ai dû prendre des pieds
différents aussi exactement semblables que possible et provenant d'un
semis fait dans des conditions uniformes. En somme, sauf pour ces deux
Gymnospermes, les plants d'une même espèce croissant aux environs de
Paris ou dans la région méditerranéenne étaient des fragments analogues
d'un même être, ce qui rend les comparaisons bien meilleures que si l'on
opère avec des graines, surtout lorsqu'on se borne à ne cultiver qu'un
petit nombre d'individus de la même espèce.
» Afin d'éliminer toute influence pouvant provenir de la composition
chimique du sol, une partie de la terre sur laquelle ont été établies les cul-
tures près de Toulon a été transportée, et les plants à comparer ont été
installés sur cette terre de Toulon amenée à Fontainebleau. D'ailleurs un
troisième lot de chaque espèce était cultivé en même temps sur la terre du
Laboratoire, et l'on pouvait se rendre compte, de la sorte, que l'influence
du changement de climat l'emportait de beaucoup, dans ces cultures, sur
l'influence exercée par la nature du sol. Toutes les plantes'ont été laissées
dans les conditions naturelles des deux climats, sans arrosages ni soins
d'aucune sorte, sauf le sarclage.
1) Ces expériences ont été commencées en janvier 1898, et dès Li
première année ont déjà donné des résultats remarquables, dont l'impor-
tance n'a fait qu'augmenter dans la saison de 1899.
» Les échantillons à examiner ont été prélevés, pour chaque plante, dans
les trois séries de cultures (Toulon sur terre de Toulon, Fontainebleau sur
terre de Toulon, et Fontainebleau sur terre de Fontainebleau) à des mo-
ments déterminés de l'évolution de la plante : floraison, fructification,
époque où les feuilles sont complètement différenciées, etc. Des récolles,
faites aux mêmes dates, n'auraient pas permis de faire des comparaisons
précises, le développement annuel de cliaque végétal se faisant à des
époques différentes dans la région méditerranéenne et aux environs de
Paris.
«
» 2° Différences observées. — Presque toutes les espèces cultivées dans
ces conditions ont montré, dès la première saison, des différences notables
dans leur forme et dans leur port, suivant qu'elles se trouvaient dans le
climat méditerranéen ou dans le climat de la région parisienne.
» D'une manière générale, les plants cultivés dans la région méditerra-
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N" 26.) I Sg
( 12 le, I
néenneont présente : des tiges plus ligneuses, même pour les tiges qui ne
vivent qu'un an; des feuilles relativement plus larges, plus épaisses, plus
coriaces, à nervures mieux marquées, à dents moins nombreuses et moins
aiiïuës, à limbe moins profondément divisé, et souvent plus longtemps
persistantes; des rameaux plus divariqués ou des inflorescences plus
étalées.
« Comme on devait s'y attendre, certaines espèces ont naturellement
varié plus que les autres, et quelques-unes n'ont présenté que des diffé-
rences fort peu sensibles; mais je n'ai noté, sur les plantes de ces cultures,
aucune différence inverse de celles que je viens d'énumérer. Pendant la
seconde saison, en 1899, toutes les modifications produites en 1898 se sont
maintenues, et, en général, accentuées.
» Pour mieux préciser les résultats obtenus, je citerai les changements
provoqués ainsi expérimentalement dans une même plante, par le chan-
gement de climat, pour un certain nombre des espèces citées plus haut.
» Parmi les plantes vivaces dont les parties aériennes n'évoluent que
pendant une saison, on peut citer la Tanaisie (Tanacetum vulgare). Dans
la région méditerranéenne, l'échantillon présente des feuilles moyennes
moins divisées que les feuilles comparables des échantillons de Fontaine-
bleau, à lobes plus confluents, souvent réunis entre eux au sommet de la
feuille; les lobes secondaires ont des dents moins aiguës, et la direction
générale de la feuille fait un angle plus grand avec la direction de la lige;
les folioles forment aussi un angle bien moins aigu avec la direction du
pétiole principal; enfin, dans leur forme générale, les feuilles sont plus
larges, mesurant en moyenne o",i7 de longueur sur o™,o9 de largeur,
tandis que les feuilles comparables des échantillons de Fontainebleau
mesurent o'°,i8 de longueur sur o™,o6 seulement de largeur.
» Dans les régions analogues de la plante, la tige mesure environ 6°"" de
largeur au lieu de 4""°, 5; elle est plus épaisse, non seulement d'une
manière absolue, mais surtout par rapport aux feuilles. L'inflorescence
totale est plus divariquée dans les échautdlons de Toulon et le corymbe
de capitules qui la termine est plat ou même concave au lieu d'être un peu
convexe comme dans les échantillons de Fontainebleau.
» Le Séneçon (Senecio Jacobœa) présente des modifications encore plus
frappantes. Cultivé dans la région méditerranéenne, il a acquis des feuilles
larges, plates, à divisions très étalées et comme réunies entre elles à la base,
presque tronquées au sommet, à limbe épais, tandis que les feuilles simi-
laires des exemplaires de Fontainebleau sont très profondément divisées.
Î2I 1
à lobes eux-mêmes découpés, à dents aiguës, à limbe mince. En comparant
les exemplaires du Midi à ceux des environs de Paris, on ne croirait pas
avoir sous les yeux deux échantillons de la même espèce, bien que tous
ces plants proviennent de la même touffe initiale.
)) Le Clinopode ((Jalamintha Clùwpodium) est devenu, à Toulon, plus
trapu, à tiges beaucoup plus épaisses, ligneuses vers la base, à feuilles plus
étalées, relativement plus larges (o'",20 de longueur sur o"',i4 de largeur
au lieu de o™,3o de longueur sur o™,i3 de largeur).
» La Pulmonaire (Pulmonaria officinalis) a des feuilles de formes très
différentes dans la région méditerranéenne et à Fontainebleau. Les feuilles
de la base ayant acquis tout leur développement mesurent, en moyenne,
dans le Midi, o'", 1 1 de longueur sur o",o3 de largeur, et aux environs de
Paris 0^,29 de longueur sur o°',027 de largeur.
» Des modifications de même ordre ont été obtenues avec des Grami-
nées ou des Cypéracées. C'est ainsi que Y Aira cœspitosa, dont les feuilles de
la base mesurent en moyenne o™,4o sur o°',o5 de largeur à Fontainebleau,
ont en moyenne o'",23 de longueur sur o'",07 de largeur à Toulon et sont,
en outre, plus épaisses, plus coriaces et moins flexibles; l'inflorescence de
la plante est, dans le Midi, beaucoup plus ramassée el à pédoncules bien
plus courts. Il s'est produit des caractères différentiels de même ordre
avec le Carecc glauca.
» Les arbres et arbustes ont subi des modifications analogues et l'on y
remarque particulièrement le développement plus grand des nervures des
feuilles. Ce fait est spécialement frappant si l'on considère les nervures
d'ordre tertiaire, qui sont plus épaisses et plus saillantes dans les échan-
tillons méditerranéens. Le Troëne (Liguslrum vutgare) offre des rameaux
plus étalés, à feuilles plus élargies (28™'" sur iS""™ au lieu de 3o™™ sur
i3™"), moins dentées. Le Lilas (Syringa vulgaris) acquiert à Toulon
des feuilles plus épaisses du double, et persistant bien plus longtemps
sur les branches. Le Frêne (Fraxùnis excelsior') développe des feuilles
dont le contour général est plus large par rapport à la longueur, avec des
folioles à dents moins aiguës et moins nombreuses. I^e Framboisier
(Rubus idœus) produit des feuilles de o™,i2 sur o™,io, alors que les
feuilles comparables des exemplaires de Fontainebleau mesurent o'",i6
sur o™, 12; les folioles sont aussi bien plus larges, à nervures plus déve-
loppées, les tertiaires nettement saillantes. Le Marronnier (/Esculus Bippo-
castanum) est très remarquable par l'épaisseur que ses feuilles acquièrent
dans le Midi, par ses nervures accentuées, les tertiaires faisant nettement
( 1212 )
saillie, alors qu'elles restent absolument sans relief dans les exemplaires
de Fontainebleau. Le Chêne (Quercus sessilijlora) a acquis en deux ans
presque tous les caractères de la variété du Chêne Rouvre qui pousse
naturellement dans la région méditerranéenne. Les feuilles deviennent
moins profondément lobées, plus larges, plus coriaces, longtemps per-
sistantes à l'état vert.
» 3° Comparaison avec les espèces méditerranéennes naturelles. — Un cer-
tain nombre des espèces mises en expérience croissent naturellement dans
les deux climats considérés. Or, si l'on compare les échantillons natu-
rels recueillis dans la région méditerranéenne à ceux qui leur semblent
assez similaires dans la région parisienne, on observe souventdes différences
importantes, à tel point que ces plantes sont décrites comme variétés de la
même espèce ou même comme espèces différentes du même genre. Bien
que les comparaisons ne puissent être établies solidement ainsi, par de
simples observations, on remarque cependant que la plupart des diffé-
rences observées entre deux plantes du même type sont dans le sens indi-
qué et précisé par les cultures expérimentales. C'est ainsi que le Senecio
nemorosiis de Jordan se rapproche par bien des caractères des exemplaires
de 5enec'jo-/acoZ'rt'a issus de Fontainebleau mais ayant poussé à Toulon ; c'est
ainsi que dans la région méditerranéenne la Chicorée sauvage (Cichorium
Intybus L.) devient le Cichorium divaricatum Schousb., à rameaux écartés
de l'axe, à feuilles plus coriaces et plus épaisses. Les échantillons obtenus
à Toulon avec le Frêne ordinaire ( Fraxinus excelsior L. ) se rapprochent du
Fraxinus parvifolia G. G. tel qu on le trouve dans la région méditerra-
néenne. Les échantillons développés à Toulon de Belonica ojjicinalis L.
sont très comparables à l'espèce décrite sous le nom de Betonica occilana
Jord. dans la région provençale, etc, etc.
» Enfin, si même on compare l'ensemble de toutes les plantes médi-
terranéennes à l'ensemble de toutes les plantes des régions tempé-
rées, on y trouve des caractères beaucoup plus marqués que ceux dont
nous venons de parler : la lignification des tiges et même des tiges
annuelles peut devenir considérable et la proportion des plantes tout à fait
ligneuses est fort augmentée; les plantes à feuilles épaisses, coriaces et
persistantes sont beaucoup plus fréquentes; la forme des feuilles, classi-
quement représentées par celles du Myrte ou du Laurier, se simplifie
tandis que leurs nervures sont très épaisses; les plantes à rameaux étalés
ou à inflorescences divariquées sont en grand nombre, etc.
( I2l3 )
» En somme, en rapprochant les faits dont je viens de parler des
résultats fournis par les cultures expérimentales, il est impossible de nier
qu'un grand nombre d'espèces des régions tempérées puissent, dans une
certaine mesure, changer de forme pour s'adapter au climat méditerra-
néen. De plus, les caractères provoqués par l'expérience se révèlent, bien
qu'avec une intensité beaucoup moindre, comme analogues à ceux qu'on
remarque chez les végétaux croissant naturellement sur le littoral médi-
terranéen et qui donnent à la Flore son aspect si spécial. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur la tautomérie de l'acide henzoylben-
zoïqiie; par MM. A. Haller et A. Guyot.
« Dans une Communication sur de nouveaux dérivés obtenus en partant
de l'acide o-benzoylbenzoïque ( ' ), nous avons essayé de donner une inter-
prétation de la formation de diphénylphtalide aux dépens du chlorure de
cet acide, en admettant pour ce chlorure la formule de constitution I, ce
qui conduirait à donner à l'acide la formule II, au lieu de le considérer
comme un acide cétonique III.
/Cl /OH
çjejjii/ C — C H C"H'^ "^ ^ (-'6TT/, CO.C'H''
CO/^ CO/^
COOH
» Rappelons que M. Bredt (- ), à la suite d'un travail effectué sur l'acide
lévulique, acide y-cétonique de la série aliphatique, avait considéré cette
/OH
molécule comme une sorte d'oxylactone CH' — C — CH', et avait étendu
CH--CO/^
ces considérations à l'acide benzoylbeuzoique. Ajoutons que la formation
de l'acide benzoylbenzoïque, aux dépens du dichlorure de phtalyle et de
la benzine, en présence d'une quantité limitée de chlorure d'aluminium,
autorise encore, dans une certaine mesure, à attribuer à cet acide la fonc-
(') Comptes rendus, t. CXIX, p. iSg; 1894.
(-) Liebig's Annalen, t. CCXXXVI, p. 225; 1886.
{ 121 4 )
lion d'une oxylactonè
/Cl
CE' \^ +C''H'' = C/H^ \^ +HC1,
\/ \ /
co co
/Cl /OH
/C-CH^ /C-CH^
C'W \^ -fH^O = C^H'' \^ -1-HCl.
\ /° \ /^
CO co
» Mais, dans beaucoup de réactions, chlorure et acide o-benzoylben-
zoïques se comportent nettement comme des molécides y-cétoniques. Il
devenait donc intéressant de s'assurer, par la préparation de combinaisons
éthérées, si les deux modifications lautomères de l'acide pouvaient exister
sous la forme d'éthers métbyliques, dans des circonstances déterminées.
Cette tentative était d'autant plus justifiée que M. Wegschneider (') est
arrivé, par un procédé analogue, à mettre en évidence la tautomérie d'un
acide y-aldéhydique, l'acide opianique, qui, selon le mode d'éthérification
employé, donne naissance à deux éthers méthyliques isomères. Nous avons
donc éthérifié l'acide benzoyibenzoïque par cinq méthodes différentes,
dans le but d'obtenir i'éther normal et le pseudo-éther.
« 1° Éther méthylique obtenu par éthérificalion directe. — Une solution d'une
partie d'acide benzoyibenzoïque dans cinq parties d'alcool inéthylique est saturée
par du gaz chlorhydrique sec, puis abandonnée pendant vingt-quatre heures et éva-
porée au tiers de son volume primitif. Le liquide visqueux ainsi obtenu est étendu de
dix fois son volume d'eau et agité avec I'éther. Après avoir été lavée au carbonate de
soude, la solution éthérée est séchée sur du chlorure de calcium, puis abandonnée à
l'évaporation spontanée sous une cloche à dessiccation. On obtient une huile épaisse,
incolore, qui ne tarde pas à se fondre en une masse cristalline, blanche, dure et
cassante, qu'on débarrasse, par expression entre des doubles de papier à filtre, de
traces de produit visqueux qui y adhère. Le produit, cristallisé dans un mélange
d'éther et d'éther de pétrole, se présente sous la forme de prismes transparents, fon-
dant à 52°, et dont de nouvelles cristallisations ne modifient pas le point de fusion.
Rendement : 85 pour loo de la théorie.
» 2° Éther méthylique obtenu par action de CH^I sur le sel d'argent. — Une
partie de benzoylbenzoate d'argent a été mise en suspension dans dix parties de ben-
(') Monatshefte f. Chemie, t. XIII, p. 252; 1892.
( I 2 I 5 )
zine pure, puis additionnée d'iodure de méthyle, bien neutre, en léger excès, et
chauffée au réfrigérantascendant pendant deux heures. La solution benzénique laisse
déposer, après filtration, des cristaux qui, après purification, fondent à 02°. Rende-
ment presque théoricjue.
» 3° Ether obtenu par action du méthylate de sodium sur l'anhydride benzoyl-
benzoùjue. — On met en suspension une partie d'anhydride finement pulvérisé dans
cinq parties d'alcool méthylique absolu, et l'on ajoute la quantité théorique de méthy-
late de sodium. Après avoir chauffé, pendant quelques minutes, au réfrigérant ascen-
dant, on évapore à sec au bain-marie. Le produit est traité par l'eau et par l'éther, et
la solution éthérée, après avoir été lavée au carbonate de soude et séchée sur du
chlorure de calcium, fournit une masse qu'on purifie et fait cristalliser comme il est
dit plus haut. On obtient ainsi des cristaux prismatiques fondant à 52° et qui res-
semblent en tous points aux élhers 1° et 2°.
» 4° Ether préparé par action du méthylate de sodium sur l'anhydride mixte
acétylbenzoylbenzoïque. — Une partie d'anhydride, préparé par le procédé Pech-
mann, est dissoute dans cinq parties d'alcool méthylique absolu, et la solution est
additionnée de la quantité théorique de méthylate de sodium pur. Le mélange, après
avoir été chauffé au réfrigéraint ascendant, est évaporé à sec et le résidu est traité par
l'eau et l'éther. La solution aqueuse renferme de l'acétate de sodium, tandis que la
liqueur éthérée contient le benzoylbenzoate de méthyle, qu'on fait cristalliser. Prismes
transparents fondant à 52°. Rendement : 90 pour 100.
)) Comme on le voit, dans cette double décomposition entre le méthylate de soude
et l'anhydride mixte, c'est le groupement acide le plus riche en carbone qui entre en
réaction avec l'alcool, tandis que le sodium se combine au reste le moins carboné :
C^''" ,CO-0-GOCH=-^CH30Na .Cn<^Q^^^j3-:-CH3.COONa.
» L'un de nous et M. Umbgroves (') avions déjà observé une réaction analogue
avec l'anhydride acétylbenzoylbenzoïque tétrachloré et le méthylate de sodium.
» 5° Ether obtenu par l'action de l'alcool méthylique sur le chlorure de l'acide
benzoylbenzoïquc. — On dissout, à froid, une partie de chlorure bien cristallisé dans
dix parties d'alcool méthylique absolu; la solution est alors portée à l'ébullitiou, puis
concentrée au tiers de son volume primitif, étendue de dix parties d'eau et traitée
exactement comme dans le cas de l'éthérification directe. On obtient ainsi des cristaux
ayant même habitus et un point de fusion identique à ceux obtenus par les autres mé-
thodes, mais avec un plus faible rendement et moins purs du premier jet. Lors de
l'expression entre les doubles de papier à filtrer, ils ont abandonné une quantité de
produits huileux qui représentait environ le yj de leur poids.
» Conclusions. — Quel que soit le mode opératoire employé, on obtient
1^') A. Hallkr et H. Umbgroves, Comptes rendus, t. GXXIX, p. 90; 1899.
( t2ib )
toujours le mêmeéther, cristallisant en prismes fondant à 52°. Or, comme
le procédé de préparation, décrit en 2'^, exclut, dans une certaine mesure,
l'existence d'une forme lactonique du composé benzoylbenzoïque mis en
jeu, il faut admettre, ou bien que les deux formes d'élher n'existent pas et
/COC'H'
que, seule, la forme CH^^^^QQ^jjj est susceptible de prendre naissance,
/OCH»
ou bien que la seconde forme CH^^ \ »'<?st pas stable et se
\
CO.
o
transpose aussitôt formée. »
M. Albert Gaudry présente à l'Académie le résumé d'un travail de
M. Erland Nordenskjold. Il s'exprime dans les termes suivants :
M Notre érainent associé M. Nordenskjold m'envoie de Stockholm une
Note de son fds Erland, intitulée : La grotte du Glossotherium (Neomylodon)
en Patagonie. Comme cette Note dépasse les limites accordées dans les
Comptes rendus, je crois devoir en donner le résumé à l'Académie.
)> L'animal de la Cueva Eberhardt, qui a été l'objet des recherches de
MM.OttoNordenskjold,FlorentinoAmeghino,Lônnberg,SmilhWood\vard,
Hauthal, Santiago Roth, Lehman-Nitsche, vient d'être étudié par M. Erland
Nordenskjold, au moyen d'une multitude d'échantillons qu'il a recueillis
lui-même en Patagonie et qu'il a comparés avec les pièces de l'important
Musée de Copenhague.
» M. Erland Nordenskjold adopte l'opinion que cet édenté nommé
Neomylodon Listai par M. Ameghino, dont on a trouvé des peaux garnies
de poils et des excréments, est une espèce déjà connue à l'état fossile; ce
serait le sous-genre de Mylodon, appelé Glossotherium Danvini, auquel on
a aussi donné le nom de Grvpotherium.
» M. Erland Nordenskjold prétend qu'on n'a pas de preuves que cette
singulière créature ait élé domestiquée, ainsi que le dit M. Hauthal, et il
repousse le nom de Grypotherium domesticum.
» Il y a plusieurs grottes auprès de la forme Eberhardt. Elles sont
ouvertes dans des conglomérats formés de fragments de porphyres et
d'autres roches cristallines; M. Nordenskjold a exploré ces diverses
grottes. Il a fait dans la ])rincipale des fouilles méthodiques, en tenant
( 1217 )
compte du contenu de chaque couche. Il distingue trois couches qui sont
de haut en bas :
» Couche A. — Elle renferme des cendres, du foin, des coquilles de
Mytilus, des objets d'industrie, des os fendus pour en retirer la moelle;
ces os proviennent tous d'animaux vivant dans le pays.
» Couche B. — On y trouve des cendres avec des os A'Auchenia lama et
d'un Équidé auquel M. Roth a appliqué le nom çVOnohippidium Saldiasi
Moreno. Des feuilles et des branches d'arbres indiquent que, lors de sa
formation, le pays était boisé.
» Couche C. — Elle repose sur le fond rocheux de la grotte; elle a i"
d'épaisseur. M. Nordenskjold n'y rencontre plus des branches et des
feuilles d'arbres, mais seulement des herbes; il en conclut que, lors de sa
formation, le pays était, comme les Pampas, couvert d'herbes et dépourvu
d'arbres. Il déclare que c'est dans cette couche seulement qu'il a recueilli
les os du Glossotherium Darwini; ils y sont très nombreux. Il a rencontré
auprès d'eux beaucoup d'excréments non fossilisés qu'il attribue au Glosso-
therium, parce qu'ils sont mêlés aux poils de cet Edenté. Il a rapporté aussi
des restes d'un grand Felis onca, d'un Marauchenia, de VOnohippidium
Saldiasi, un rocher d'un enfant et une courroie.
M. Erland Nordenskjold pense que la peau du Glossotherium rapportée
par M. Otto Nordenskjold et décrite par M. Lonnberg a été recueillie dans
la couche B, mais qu'elle pourrait provenir originairement de la couche C
d'où elle aurait été tirée par les hommes.
En résumé, il croit que le Glossotherium de la Cueva Eberhardt ne vit
plus de nos jours, mais que cependant il appartient à des temps moins
anciens que l'époque quaternaire. »
IV03IIIVATI0NS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant pour la Section de Géographie et Navigation.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 44.
M. le général Gallieni obtient .... 4^ suffrages,
M. Savorgnan de Brazza 2 »
M. le général Galliem, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages,
est proclamé élu.
c. R., 1899, !• Semestre. (T. CXXIX, N« 26.) l6o
( I2l8 )
MÉMOIRES PRÉSEÎ\TÉS.
M. F. Martin soumet au jugement de l'Académie un appareil destiné à
'arrêt instantané des chevaux emportés.
(Commissaires : MM. Marey, Maurice I-évy.)
M. Lambert-Roymn adresse une Noie relative à un principe pouvant
servir à la direction des ballons.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
CORRE SPON I) ANGE .
M. H. PoiNCAftÉ, Président du Bureau des Longitudes, présente V An-
nuaire du Bureau des Longitudes pour l'année 1900. Il signale, parmi
les innovations introduites cette année, l'adoption du temps moyen civil
compté de o'' à 2/\^ et un Tableau des équivalents électrochimiques des
corps simples.
M. Ch. Méray, nommé Correspondant pour la Section de Géométrie,
adresse ses remercîments à l'Académie.
M. RosEXBCscH, nommé Correspondant pour la Section de Minéralogie,
adresse ses remercîments à l'Académie.
MM. DE Beaumont, J. Becquerel, Besnoit et Cuillé, Blondlot, Box-
jovR, Carvalho, Caillery et Mesxii., Cestan, Courmont et Doy'ox, Jui.es
Drach, E\gee, (jiard, Kiliax, Lécaielox, Le Hello, E. Le Roy, Morat,
Nyréx, Partiot, a. Râteau, Louis Roule, Sciilagdexhauffex et Reeb,
Vaillard, MarquisDE Togué (Président de V OJ^ce central des OEuires de Bien-
faisance), Zeemanx et Weiss adressent des remercîments à l'Académie
pour les distinctions accordées à leurs travaux.
( 1219 )
ASTRONOMIE. — Observation de l'éclipsé de Lune du i& décembre 1899 à l'équa-
tonal pJiolo graphique, à Toulouse. Note de M. Moxtaivgerajïd, présentée
par M. Lœwy.
« Pendant l'éclipsé partielle de I-nne du 16 décembre, t2 clichés ont
été obtenus à l'éqnatorial photographique de l'observatoire de Toulouse :
8 des diffcrenles phases du phénomène, 4 en vue d'expériences diverses.
Il a paru utile de donner les résultats des premiers, faits avec des plaques
Lumière : rapides, lentes, ou panchromatiques.
» I. Plaque lente (pose : 3 secondes). — 16 minutes après l'entrée de
la Lune dans l'ombre.
)) La partie éclairée de l'astre donne une image très nette avec de nom-
breux détails. La partie cachée ne vient pas, mais le conlour du disque est
apparent.
» IL Plaque rapide (pose : i seconde). — 23 minutes après l'entrée
dans l'ombre.
)) La partie brillante est surposée ; le reste apparaît, mais sans détails
précis; le bord obscur est très nettement dessiné.
» III. Plaque lente (pose : 3 secondes). — f\i minutes après l'entrée
dans l'ombre.
« Seule, la partie éclairée est obtenue et avec détails.
» VI. Plaque panchromatique (pose 20 minutes). — Le milieu de la
pose était à 8 minutes avant le milieu de l'éclipsé.
)) Le phénomène est alors dans son maximum. Le bord resté brillant ne
donne que peu de détails; l'image est noircie par un voile intense. Quant
au reste du disque lunaire, il est vu très distinctement; on reconnaît tous
les détails de la surface.
» VIL Plaque panchromatique (pose : i5 minutes). — 17 minutes
(milieu de la pose) après le milieu de l'éclipsé. Le moment du minimum
de lumière est passé; la partie éclairée est plus étendue; son image est plus
noire sur le cliché. En revanche, la netteté du reste du disque est complète;
le cliché montre tous les détails, ou à peu près, habituellement reconnus
dans les poses sur la pleine Lune. Ce cliché est supérieur au précédent.
VI et VII contiennent de nombreuses traînées d'étoiles voisines delà Lune.
» VIII. Plaque rapide (pose : 10 minutes). — 39 minutes avant la sortie
de l'ombre.
( I220 )
» On avait placé devant la plaque, sur l'image de la moitié éclairée de
l'astre, un écran noir; mais, en raison des difficultés de cette opération, le
cliché est fortement surposé. Aucun détail.
» IX. Plaque rapide (pose : 2 secondes). — 16 minutes avant la sortie
de l'ombre.
» Le disque étant presque entièrement brillant, il y a surpose. Le bord
obscur ne donne que ses contours.
» XL Plaque lente (pose : 3 secondes). — i minute avant la sortie de
l'ombre.
)) L'image est très nette; un bord seul est encore légèrement échancré.
)) Le ciel était un peu nuageux pour la poseL mais très beau pour toutes
les autres. Les images dans le champ de la lunette-pointeur étaient assez
bonnes.
» On a pointé généralement sur des pics; mais pour VL VH, Vtll sur
une tache ronde, blanche et bien définie du disque obscur.
» L'instrument étant réglé sur le mouvement des étoiles, il a fallu em-
ployer les rappels. L'astre étant à peu près au lunistice et son déplacement
en déclinaison étant par conséquent faible, la conduite dans ce sens de
l'instrument était ainsi facilitée.
» De l'examen comparatif des clichés VI et VII il résulte que VII est
préférable. Une pose de quinze minutes, ou à peu près, est donc suffisante
pour obtenir l'image du disque, caché dans l'ombre, avec tous ses détails,
aii moins pour la présente éclipse.
» J'ai comparé les clichés actuels à ceux obtenus pendant l'éclipsé totale
du 27 décembre 1898 (voir Comptes rendus du 2 janvier 1899).
» Les premiers sont supérieurs aux seconds, comme étendue de la sur-
face obscure reproduite. Le 27 décembre 1898, pendant la totalité une por-
tion notable du disque était sensiblement plus éclairée que le reste, et ce
contraste s'est représenté sur les clichés correspondants, tandis que pour
l'éclipsé du 16 décembre dernier, à part le bord resté hors du cône
d'ombre, le disque était d'une lumière assez uniforme. Aussi les clichés
actuels donnent tonte la surface cachée dans l'ombre; ceux du 27 décembre
1898 n'en montrent qu'une partie, très notable d'ailleurs.
» Dans ces deux phénomènes, des plaques panchromatiques ont été
employées et des poses de quinze minutes obtenues. Il semble bien que
ce genre de plaques et cette durée donnent les meilleurs résultats pendant
les éclipses totales ou presque totales.
» Des épreuves sur papier (positives) des quatre clichés I, II, VI, VII
( 1221 )
décrits dans les lignes qui précédent, soumises à l'Académie, donnent
assez bien l'idée des clichés originaux, quoiqu'elles leur soient sensiblement
intérieures. »
ASTRONOMIE. — Observations de la nouvelle plane'te EY (Chariots) faites à
l'observatoire de Besançon, avec réquatorial coudé, par M. P. Chofardet.
Note transmise par M. L.-J. Gruey, présentée par M. Lœwy.
Dates.
1899.
Étoiles. Grandcui'.
Décembres a 9
9 « 9
Il b 6
12 b 6
i3 b 6
Planète.
— Etoile.
Nombre
de
Ascension
Distance
droite.
polaire.
comparaisons
m s
— I .45,21
-1-10.34,8
l5: 12
— 2.38,95
-h 7.15,8
12: 16
-)-3. 6,60
-H 0. 28,q
12:16
-1-2. 10,20
- 3.14,5
12: 16
-t-I . 18, 12
- 6.48,8
12: 10
Positions des étoiles de comparaison.
Ascension
Étoiles
droite
Réduction
Distance polaire
Réduction
de
compar.
moyenne
1899,0.
au
jour.
moyenne
1899,0.
au
jour.
Autorités.
a
h m s
4.35.43,16
+5' 70
75.22.20,2
- 9'. 9
Yarnall, 1981
a
»
-1-5,70
»
- 9-8
1)
b
4.28. 6,79
+ 5,71
75.22. 4,8
— 10,7
Glascow I, 1099
b
»
-f-5,72
»
— 10,7
))
b
))
-t-5,72
»>
— io,7
1}
Positions apparentes de la planète.
Temps moyen Ascension Distance
Dates. de di-oite Log. fact. polaire Log. fact.
1899. Besançon. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
h m s h m s . , „
Dec. 8 10.47. 4 4-34. 3,65 2,825„ 75.32.45, i 0,678,,
9 9.41.56 4-33. 9,91 T,233„ 75.29.26,2 0,689,,
II 9.27.25 4-3i. 19,10 T,253„ 75.22.23,0 0,689,,
12 10. 6. 5 4-3o,22,7i 7,021,; 75.18.39,6 0,679,
i3 9. II. 32 4-29. 3o, 63 7,279,, 75.15. 5,3 0,690,,
( 1222 )
ASTRONOMIE PHYSIQUE. - Organisation de V enregistrement quotidien de la
Chromosphère entière du Soleil à l'observatoire de Meudon. Premiers résul-
tats. Note de M. H. Deslandres, présentée par M. Janssen.
» J'ai organisé déjà l'enregistrement quotidien de la Chromosphère en-
tière du Soleil à l'Observatoire de Paris, après des recherches nombreuses
sur la question. (Voir, en particulier, Comptes rendus, t. CXIII, p. 307;
t. CXIV, p. 276 et 578; t. CXV, p. 222; t. CXVII, p. 716 et io53;
t. CXVIII, p. 842 et i3i2; t. CXXVI, p. 879.)
» En février 1892, M. Haie, directeur de l'observatoire de Chicago, et
moi, nous annonçons que le spectre des facules solaires contient des raies
brillantes violettes, identifiables avec les raies H et K attribuées au cal-
cium; ce qui assure la photographie des vapeurs correspondantes sur le
disque et, d'autre part, aussi la photographie des protubérances, vainement
tentée jusqu'alors.
» Je montre, de plus, que ces mêmes raies brillantes apparaissent sur le
disque entier plus ou moins fortes et décèlent, en réalité, la chromosphère
ou partie basse de l'atmosphère solaire (telle qu'on la verrait isolée de la
surface du disque), dans la partie très étendue qui est projetée sur le
disque, et qui jusqu'alors avait échappé à l'observation.
)) Ce résultat est une extension nouvelle de la méthode spectrale qui a
été inaugurée en 1868 par MM. Janssen et Lockyer, et qui, jusqu'en 1892.
a assuré par l'observation oculaire la reconnaissance journalière des pro-
tubérances et de la chromosphère au bord extérieur.
» Dès le début, j'ai réclamé l'enregistrement quotidien et même continu
de la chromosphère entière du Soleil par ces moyens nouveaux ; et, à partir
de 1893, j'ai organisé à l'Observatoire de Paris deux spectrographes auto-
matiques enregistreurs appelés spectrographe des formes et speclro graphe
des vitesses. Le premier donne la chromosphère projetée sur le disque avec
ses plages brillantes, et aussi, mais avec une pose plus longue, les protu-
bérances du bord extérieur. Le second donne les mouvements des vapeurs
chromosphériques dans le sens du rayon visuel et, en plus, l'épaisseur de
la chromosphère au bord,
» J'ai organisé ces mêmes appareils à l'observatoire de Meudon, avec
l'assentiment et le concours du directeur, M. Janssen, grâce à une subven-
( 1223 )
lion spéciale que l'Académie a bien voulu m'accorder. Je présente dans
celte Note la description générale de rapj)areil établi àlNIeudon, qui diffère
de celui de Paris, et les premiers résultats obtenus. Il sera question seule-
ment du spectrographe des formes, le spectrographe des vitesses élant
réservé pour une Noie ultérieure.
» L'appareil comprend deux parties principales : i° un sidérostat qui
renvoie dans luie direction constante les rayons solaires réfléchis et qui,
complété par un objectif astronomique, donne une image du Soleil réelle et
fixe; 2° im spectrographe mobile à deux fentes, qui reprend cette image
réelle et en extrait la lumière spéciale de l'atmosphère solaire sous la
forme d'une ligne lumineuse, la lumière de la surface de l'astre étant éli-
minée, et qui, par le mouvement de la ligne lumineuse, reconstitue l'image
même de l'atmosphère solaire el de ses plages brillantes.
» A Paris le sidérostat est div type Foucault; les rayons sont réfléchis
horizontalement, et j'ai pu facilement augmenter la distance focale de l'ob-
jectif et obtenir successivement deux séries de photographies de la chromo-
sphère de valeur croissante :
M Première série : de 1893 à i8g6 inclus. — Objectif de o™,i2 et de
2"", 80 de distance focale. Agrandissement 2 par le spectrographe. Image
finale de la chromosphère de 5o™" de diamètre.
» Deuxième série : 1897 et i" semestre de 1898. — Objectif de o™,3o et
de 5"' de distance focale. Agrandissement 1,7 par le spectrographe. Image
finale de la chromosphère de 85™".
» A Meudon le seul sidérostat existant a été mis à ma disposition par
M. Janssen, Il est polaire, plus simple que le précédent et de marche plus
régulière, mais ne se prête pas aux grandes distances focales. Les rayons
solaires sont réfléchis suivant une ligne parallèle à l'axe du monde, donc
très inclinée sur l'horizon, le long de laquelle sont disposés l'objectif et le
spectrographe. Le dessin schématique ci-contre montre la disposition
adoptée. A la partie supérieure est le sidérostat sur un pilier indépendant
dont la hauteur a été réglée sur la distance focale (3™, 20) du seul objectif
disponible d'ouverture égale à o™,2o. Le spectrographe el son chariot mo-
bile sont à la partie inférieure, dans un bâtiment spécial que l'on a recou-
vert en pierre, terre et chaume, pour diminuer les variations de tempéra-
ture. L'agrandissement par le spectrographe a été porté à trois fois; si bien
que l'image chromosphérique atteint 92°"" el est plus grande que les deux
précédentes.
( 1224 )
» Le pilier du sidérostat et le bâtiment annexe ont été construits en
i8n8; et, pendant le premier semestre de 1899, le sidérostat et le spectro-
graplie, avec leurs nombreux accessoires, ont été mis en place (').
Coupe schématique verlicale {dans le plan méridien) qui montre ta disposition générale
du sidérostat et du spectrographe.
\
A, Sidéioslat polaire.
B, Pilier massif qui porte le sidérostat.
C, Galerie faisant le tour du sidérostat et indépendante du pilier.
D, Objectif astronomique.
E, Spectrographe.
G, Chariot mobile sur roues portant le spectrographe.
HH, Bâtiment avec appentis recouvert de terre et chaume.
S, Direction du Soleil.
)) En juin 1899 j'ai commencé la troisième série de photographies de la
chromosphère. Je présente à l'Académie plusieurs épreuves qui donnent,
les unes la chromosphère projetée sur le disque, les autres les protubé-
rances du bord extérieur. Les résultats généraux sont les suivants :
» Les épreuves de l'année 1899 offrent un intérêt spécial, à cause du
(') Le speclrograplie a été payé en partie avec la subvention fournie par TAcadémie;
les autres dépenses (bâtiments, accessoires) ont été supportées parles budgets des bâ-
timents civils et de l'observatoire.
( 12-5 )
voisinage d'un minimum de taches. Les premières épreuves de 1892 et
1893, au contraire, ont élé faites au moment du maximum de taches et de
facules. L'image chromosphcrique offrait alors de larges plages très bril-
lantes à l'emplacement des facules du disque, et, en outre, de petits
maxima de lumière formant ce que j'ai appelé le réseau chromosphérique .
La présence de ces maxima avait été contestée dans la région polaire; mais
j'ai montré qu'ils existaient aux pôles comme en tous les autres points du
disque. De même, j'ai obtenu le réseau chromosphérique sur le disque en-
tier, en 1897 et 1898, alors que le pôle n'offrait plus de facules visibles.
Enfin, lesépreuves de cette année le montrent également complet sur toute
la surface, même lorsque le disque entier est dénué de taches et aussi de
facules appréciables.
» Le réseau chromosphéricfue semble donc permanent; il est d'ailleurs
persistant, en ce sens qu'il conserve en général la même forme au même
point pendant plusieurs heures. Il apparaît souvent formé par des sortes
de mailles qui, en 1898, avaient paru moins nombreuses que les années
précédentes ('). Les épreuves de l'année 1899, plus rapprochée du mini-
mum, ne confirment pas cette diminution, difficile à apprécier, d'ailleurs,
à cause des différences entre les appareils employés successivement et aussi
parce que les mailles ne sont pas également nettes. Il est seulement très
probable que l'intensité du réseau a diminué par rapport aux annexes du
maximum.
» Dans une Note prochaine, je présenterai les résultats du spectrographe
des vitesses qui donne les vitesses et l'épaisseur de la chromosphère, c'est-
à-dire des éléments susceptibles de varier pendant la période solaire. »
( ' ) Le réseau est conslilué j)lulôl par des masses brillantes isolées, qui souvent se
soudent et forment alors des mailles. Puis, parfois, l'éclat de la maille augmente, et
une facule est alors visible au point correspondant de la surface du disque; enfin
parfois, au milieu de la maille, apparaît une tache. Les mailles les plus intenses et les
plus larges correspondent aux plus fortes facules et taches. D'ailleurs, dans le réseau
chromosphérique, on peut distinguer les régions à masses isolées, les régions à mailles
nettes et les régions intermédiaires entre les deux précédentes. Les mailles ont souvent
des formes polygonales qui rappellent les images formées par les bords des cratères
enchevêtrés dans certaines parties de la Lune. Dans les deux cas, les mailles chro-
mosphériques et les bords des cratères lunaires correspondent à des parties élevées de
la surface de l'astre.
C. H.. 1899, 2- 5emei<;Ê. (T. CXXIX, N'Ze.) lOI
( 12 26)
Remarques sur la précédente Communication; par M. J. Janssen.
« Ainsi que le dit M. Deslandres, la Communication ci-dessus vise le
commencement d'observations qui doivent être continuées régulièrement
et constituer un véritable service de l'observatoire.
)) A côté des photographies qui nous donnent l'état «le la surface solaire,
il est intéressant d'obtenir également des photographies nous renseignant
sur l'existence des facules et des protubérances. Ces documents sont
même indispensables pour connaître l'état général du globe solaire au
point de vue photosphérique et chromosphérique, c'est-à-dire au point
de vue des phénomènes de la surface du globe solaire. L'immense atmo-
sphère coronale et ses annexes restent encore en dehors de nos études
journalières. A cet égard, il y aura à créer des méthodes nous permet-
tant leur étude journalière. Alors le cycle de ces études sera complet.
» Les études de M. Deslandres sur ce sujet avaient été commencées par
lui à l'Observatoire de Paris. J'ai tenu à lui créer à Meudon une installa-
tion qui lui permît de les continuer et de les développer, et, sous ce
rapport, nous avons fait tout ce que les ressources de l'observatoire per-
mettaient. Les fonds que l'Académie a bien voulu lui accorder à ma de-
mande l'ont également beaucoup aidé au point de vue instrumental.
» On sait que la méthode employée ici repose en principe sur celle que
j'ai proposée en 1869 (') et qui consiste dans l'emploi d'une seconde fente
permettant d'isoler dans le spectre obtenu à l'aide de la première une radia-
tion déterminée.
M MM. Haie et Deslandres ont fort habdement appliqué ce principe et,
par son aide, ont obtenu les intéressants résultats qu'on connaît et auxquels
je suis heureux d'applaudir. A cet égard, et c'est là surtout le but de ces
remarques, je voudrais appeler l'attention sur l'intérêt des comparaisons
qu'il y aurait à faire, pour un même instant, entre les photographies
solaires ordinaires et ces photographies spéciales des facules et des protu-
bérances. Ces comparaisons conduiraient à fixer les rapports qui existent
entre ces diverses manifestations solaires.
» Il y a là une voie qui serait certainement féconde en résidtats. »
(') Comptes rendus, 11 janvier el 28 mais 1869.
( 1227 )
ÉLECTRICITÉ. — De V emploi des courants triphasés en Radiographie.
Note de M. Delézinier, présentée par M. Lippmann.
« Les courants triphasés, employés de préférence dans les secteurs de
construction récente, n'ont pu jusqu'à présent être utilisés en Radio-
graphie. En 1896, des vues théoriques ont été émises sur la possibilité de
leur emploi à l'aide de trois bobines actionnant une ampoule à trois pôles.
De l'avis des principaux constructeurs, ce dispositif n'a pas même été
expérimenté. A la date du 26 septembre 1899, il résultait des expériences
de Radiguet que, si l'on relie une bobine par les deux bouts de son induc-
teur à deux quelconques des fds d'un triphasé, il ne jaillit pas d'étincelles
entre les pôles de l'induit, mais il s'y produit une flamme analogue à celle
de Tesla; l'ampoule reiuse de s'éclairer, et si par le chauffage on diminue
la raréfaction, elle s'éclaire un instant dans toute son étendue et se brise.
» M. Radiguet m'ayant confié le matériel utilisé par lui dans ses essais
sur le secteur triphasé de Limoges (5o pulsations, 120 volts), j'ai fait, de
septembre à décembre 1899, des recherches d'où il résulte que :
» 1° Aucune ampoule placée sur l'induit ne s'éclaire si l'on excite la
bobine par une prise sur deux quelconques des fils d'un triphasé. En dimi-
nuant la raréfaction, on voit l'ampoule s'éclairer uniformément quelques
secondes, puis se briser.
» 2° Des interrupteurs divers (ty|)e Foucault ou Neef), mis dans le pri-
maire, refusent de fonctionner. Le Wehnelt à réglage ne prend pas un
régime régulier. En amenant la durée d'oscillation propre des interrupteurs
au synchronisme avec la pulsation du secteur, les résultats ne sont pas
meilleurs, même si le réglage est fait au diapason enregistreur avec le signal
Deprez. Le résultat le moins mauvais est donné par les interrupteurs qui
ont par construction le moins de self et d'hystérésis.
)) 3° Si l'on interpose un électro à noyau feuilleté, formé de deux
branches reclilignes à 120", portant deux bobines de sens inverse, de faible
résistance, dont les nombres de spires décroissent de deux tours par
couche :
» se. Le Wehnelt fonctionne avec nue régularité absolue pendant des
heures. Il doit avoir pour liquide une solution saturée d'alun de potas-
sium; un platine à réglage avec bain d'amalgame d'étain, un ajutage en
ébonite ou en stéatite, la grande électrode creuse en plomb à courant
( ia-8 )
f l'eau intérieur, la bobine donne des étincelles nourries, mais jamais la
longue étincelle en chenille du Wehnelt sur continu.
» p. L'éclairage de l'ampoule est si parfait que la stroboscopie seule en
montre les intermittences.
)) y. Si, laissant le reste en l'état, on intervertit les extrémités du fil
induit par rap|)ort à l'ampoule, celle-ci ne s'inverse pas. La zone éclairée
ne se déplace pas, elle est aussi active pour les plaques, un peu moins lu-
mineuse pour l'écran.
» S. Les interrupteurs à période variable fonctionnent très bien quand on
peut les synchroniser avec la période du secteur. I^eplus satisfaisant est le
solénoïde vertical à extrémité inférieure plongeant dans le mercure. En le
réglant de façon que la portion de phase utilisée soit - à ^^ ou inversement
on obtient d'excellentes radiographies.
» J'ai pu ainsi, avec un matériel ordinaire pour courant continu, exa-
miner et radiographier de nombreux cas de fractures, oxostoses, lésions par
projectiles, lésions pulmonaires, cardiaques, etc. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur les discontinuités produites par la détente
brusque de gaz comprimés. Noie de M. Paul Yieili.e, présentée par
M. Sarrau.
« J'ai étudié, dans de précédentes Communications, la propagation par
ondes planes, dans un milieu en repos, de perturbations brusques pro-
duites par la combustion d'explosifs, et montré que le phénomène de
discontinuité prévu par la théorie pouvait être mis en évidence, soit par la
mesure des vitesses de propagation, soil par l'étude de la déformation du
front de l'onde.
» La méthode d'enregistrement des vitesses de propagation était fondée
sur l'inscription simultanée, sur un même cylindre tournant, de pistons
légers placés aux extrémités d'un tube fermé, le phénomène excitateur
étant produit au voisinage de l'une des extrémités.
» La méthode suppose l'onde initiale symétrique : cette onde peut être
obtenue, sans l'emploi des explosifs, à l'aide de gaz comprimés dans des
ampoules en verre sphériques du diamètre du tube et dont la rupture par
|)uK érisation sous pression croissante présente une brusquerie très grande.
» Mais on est limité dans cette voie, au point de vue de l'intensité du
( '129 )
phénomène, par la capacité relativement faible de la sphère inscrite clans
le tube cylindrique. Le coefficient d'affaiblissement de l'onde devient, dans
ce cas, considérable, et je n'ai pu observer, dans des Inbes de 22™'", sur
des parcours de i'" dans l'air et pour des pressions de rupture de 5o atmo-
sphères, que des vitesses de 430™ supérieures de 100™ environ à la vitesse
normale du son.
» On peut, au contraire, en partageant un tube en deux parties par un
diaphragme dont on provoque la rupture par compression lente du gaz
dans l'un des segments, donner ii la masse excitatrice une valeur quel-
conque. Mais, en même temps, le phénomène cesse d'être symétrique et
les mesures de vitesse de piopagation exigent l'enregistrement latéral d'un
même côté du diaphragme. L'enregistrement a été obtenu par des pistons
légers, normaux à l'axe du tube, et affleurant par leur base sa paroi interne.
Ces pistons sont contrebutés par des ressorts dont la déformation s'inscrit
parallèlement à l'axe du tube, sur un même cylindre tournant.
» On obtient des diaphragmes de faible masse et de grande résistance en utilisant
des lames de collodion. Les pressions de rupture de ces lames présentent une régularité
bien supérieure à celle des lames de verre trempé ou non trempé, ou de clinquant
d'acier, que j'avais expérimentées tout d'abord. I^a rupture des diaphragmes s'opère
suivant des lignes ravonnant du centre et régulièrement espacées, et les segments
ainsi formés sont arrachés ou rabattus sur la paroi du tube suivant un mode très favo-
rable à l'écoulement rajjide du gaz. Celte rupture s'opère sous le diamètre de 22"""
à 27°"" absolues pour l'épaisseur de o""", 29, et à 14^"" pour l'épaisseur de o'"™,i i.
» J'ai également utilisé des diapln-agmes en papier, rompant sous la pression
de 2'''"" alisolues.
» J'ai étudié tout d'abord comment les vitesses de propagation dans l'air
variaient avec la pression de rupture et quelle était la loi d'amortissement
des vitesses.
» Dans ces expériences, le diaphragme était voisin de l'un des fonds du tube (271"'™)
et formait une chambre de petite capacité, 100^" environ. Le tube avait plus de 6"" de
longueur et recevait en divers points des enregistreurs identiques. Chaque mesure de
vitesse comportait cinq à six déterminations eflectuées en permutant alternativement
les enregistreurs en vue d'éliminer leurs retards propres.
» Le Tableau suivant résume les résultats observés:
Vitesses moyennes de propagation mesurées entre
Nature Pressions absolues des points distants du diapliragme de
du de — ^ — ~, ■ ^
diapliragme. rupUire. o",o52 et o"',458. o», 458 et i", 888. o",458 el 4°'.oi j.
mni al m
Collodion 0,29. .. 27 625,4 606,4 570,5
Collodion 0,11. .. 16 » 540,2 »
Papier 2 » » 390,2
mo-
( i23o )
» n résulte de ces nombres que la détente d'une faible masse d'air corn
primé à 27 atmosphères suffit à assurer dans l'air sons la pression at
sphérique des vitesses de propagation en tube cylindrique supérieures à
600™ et que ces vitesses se sontiennent sur plusieurs mètres avec le même
ordre de grandeur, la décroissance de la vitesse étant de 20" environ par
mètre de parcours dans les limites observées.
» Des détentes brusques beaucoup plus faibles assurent encore des
vitesses de propagation très supérieures à celles du son. I^es explosifs ne
jouent donc aucun rôle essentiel dans les phénomènes de propagation à
grande vitesse que j'ai antérieurement signalés.
» En second lieu, j'ai cherché comment la capacité du réservoir influait
sur la vitesse de prop;igation.
» A cet effet, le diaphragme était disposé à 2",5o8 de l'un des fonds de façon dé-
cupler environ la longueur et le volume de la chambre à gaz.
» Les essais ont porté sur les diaphragmes les plus résistants de o^^jSg avec rupture
à 27 atmosphères. La vitesse mesurée entre les points distants du diaphragme de
o"',458 et i™,888 a été trouvée dans six expériences comportant la permutation
alternée des enregistreurs de 608'", 9. Elle diffère donc à peine de la vitesse de 606", 4
obtenue dans des conditions identiques avec le petit réservoir de loo"'".
)) Il V a donc lieu de penser que la discontinuité qui assure la vitesse de
propagation reste la même dans ces divers cas et que l'infltience de la
capacité du réservoir s'exerce seulement sur le mode d'alimentation de cette
discontinuité.
» L'étude directe de la forme de l'onde propagée justifie cette prévision
et permet de montrer que la grandeur de la discontinuité qui assure des
vitesses de propagation de 600'" est, conformément aux données théo-
riques, bien inférieure à la pression de 27 atmosj)hères qui produit la rup-
ture des diaphragmes.
» Cette étude fera l'objet d'une prochaine Communication. »
PHYSIQUE. — Sur quelques phénomènes que présente le fer.
Note de M. Galy-Aciié, présentée par M. Sarrau.
(i On sait que MM. Osmond et Werth ont été conduits, pour expliquer
les particularités que présente la trempe des aciers, à admettre l'existence
de deux variétés allotropiques du fer, le fer a., stable à la température
ordinaire, et le fer fi, stable aux hautes températures. Nous allons décrire
sommairement quelques expériences qui paraissent venir à l'appui de cette
manière de voir.
( .231 )
» Le fer que nous avons utilisé est presque chimiquement pur, il a
notamment été trouvé complètement exempt de carbone et contient seule-
ment des traces de phosphore.
)> Ce fer a été étiré à la filière en barres rondes de S""" de diamètre,
dans lesquelles on a découpé mille cylindres de i3""" de hauteur. Ces
cylindres ont été recuits à looo" et refroidis dans des cendres chaudes. La
durée du refroidissement a été d'environ douze heures.
» Essais effectués à la presse hydraulique. — Si l'on comprime à la presse
les cylindres de fer ainsi obtenus et qu'où construise la courbe des écra-
sements en fonction des charges, on constate que ces cylindres sont très
homogènes. Pour chacun d'eux, l'écrasement permanent commence seule-
ment sous une pression voisine de goo'^s correspondant à iS''^'' par milli-
mètre carré. Cette pression de iS''^ est la limite élastique du fer à la com-
pression.
)) Chaque cylindre s'écrase d'environ o""", lo sous la pression constaote
de 900''^, donnant lieu ainsi au phénomène connu sous le nom de palier.
L'écrasement croît ensuite en même temps que la charge;
)i Si à une époque quelconque de l'essai on laisse tomber la pression et
qu'on la réapplique aussitôt progressivement, on constate que le cylindre
ne commence à s'écraser de nouveau que lorsqu'on a atteint la pression
antérieurement supportée, et l'on n'observe plus de palier.
» Mais si , au lieu de réappliquer la pression aussitôt après l'avoir enlevée,
on attend quelques heures, le cylindre pourra supporter sans déformation
une pression supérieure à la pression antérieurement appliquée. En outre,
le cylindre commencera à s'écraser de quelques centièmes de millimètre
sous charge constante et la courbe des écrasements en fonction des charges
présentera une amorce de palier.
» La surélévation de limite élastique observée croît avec le temps et
tend vers une limite (5o''° par millimètre carré, si la limite élastique primi-
tive était de 43'^s).
M Enfin, si l'on attend six mois avant de réappliquer la pression, la pres-
sion supportée reste toujours très supérieure à la pression antérieurement
appliquée, et la longueur du palier obtenu est comparable à celle du palier
observé lors de la compression initiale.
» Influence de la vitesse du refroidissement. — Lorsqu'on porte un cylindre
de fer à la température de 1000° et qu'on le laisse refroidir en enregistrant,
par exemple à l'aide du couple thermo-électrique Le Chatelier, la tempé-
rature en fonction du temps, on sait que, pour une temi)crature voisine
( 12.32 )
de 85o°, on observe un arrêt clans la marche du thermomètre, arrêt qui
dénote un dégagement de chaleur correspondant à un changement d'état.
Nous avons répété cette expérience et effectué, en outre, les suivantes :
» Après avoir chauffé un cylindre de fer à une température supérieure
à 85o°, nous l'avons laissé se refroidir lentement et nous avons constaté
l'existence d'un palier en soumettant ce cylindre à l'essai de compression
lente.
» Mais, si dans les mêmes conditions on refroidit brusquement le fer
en le jetant dans l'eau froide, le palier disparaît à l'essai de compression.
Ce palier réapparaît avec le temps. On peut hâter sa réapparition en chauf-
fant le cvlindre, même légèrement.
» Lorsque le fer a été chauffé à une température inférieure à 85o°, le
palier subsiste toujours, quelle que soit la vitesse du refroidissement.
» Nous devons ajouter que, jusqu'à la température de 1000°, la limite
élastique paraît être indépendante de la température à laquelle a été porté
le cylindre et de la vitesse du refroidissement.
» Au-dessus de 1000", la limite élastique du fer refroidi brusquement
diminue avec la température.
» Ces faits semblent bien montrer cpi'il existe deux variétés allotro-
piques du fer : l'une a, stable à la température ordinaire ; l'autre p, stable
aux hautes températures.
» La variété {i peut être obtenue à la température ordinaire, soit par
refroidissement brusque, soit en déformant le métal; mais le fer à l'état p
revient à l'état a, lentement à la température ordinaire, rapidement si l'on
élève la température, même en la maintenant au-dessous du point de trans-
formation. M
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur les changements de volume corrélatifs du durcis-
sement des liants hydrauliques. Note de iM. H. Le Chatelier, présentée
par M. Ciirnot.
« Les ciments et, en général, tous les liants hydrauliques augmenterit
de volume pendant leur hydratation. M. Considère a montré récemment le
rôle de ce phénomène dans la consolidation des poutres en ciment armé.
Pour les ciments portlands de bonne qualité, le gonflement linéaire est en
moyenne de —^ ; cela résulte des déterminations concordantes de MM. Tet-
maiger, Dyekerhof, Considère et Blount. Si l'existence de ce gonflement
I
I
( 1233 )
est connue depuis longtemps, il ne paraît pas qu'on se soit préoccupé jus-
qu'ici d'en rechercher la cause. On a admis comme évident que le volume
des hydrates formés était plus grand que la somme des volumes de l'eau
et du ciment anhydre. Il m'a semblé que celte hypothèse méritait d'être
soumise au contrôle de l'expérience. Elle ne s'impose pas nécessairement;
il se pourrait très bien que le volume apparent et le volume absolu varient
en sens inverse pendant l'hydratalion. C'est bien en effet, comme je vais le
montrer, ce qui se passe; l'augmentation du volume apparent résulte
d'un déplacement relatif des différentes particules solides. C'est un phé-
nomène analogue, mais sur une échelle très réduite, à celui qui se produit
dans l'extinction de la chaux.
» Pour les mesures j'ai employé de grands thermomètres de 70"^° de capacité dans
lesquels on introduit par le vide la pâte molle, puis au-dessus une certaine quantité
d'eau s'arrètant à mi-hauteur dans la tige. On scelle ensuite à la lampe l'extrémité
supérieure de cette tige. Il ne reste plus qu'à mesurer de temps en temps la descente
progressive du sommet de la colonne liquide. Son déplacement donne la mesure très
précise de la diminution du volume absolu; cette diminution est d'ailleurs accompa-
gnée d'une augmentation du volume ajjparent qui finit par amener la rupture des ré-
servoirs en verre après un temps compris généralement entre un mois et six mois.
M Le Tableau suivant donne les résultats d'une série d'expériences com-
mencées en 1894. Les contractions sont exprimées en centimètres cubes
et rapportées à loo^'' de matière. Une croix indique la rupture du tube par
gonflement apparent.
(i 1 7 1 a iS j
heures, jour, jours, mois. mois. mois. .ins.
ce ce rc vc te re ce
Ciment porlland de Boulogae o,4 0,7 2 2,9 x
)) (roches grises) 0,6 1,0 3,7 4)' 4'6 ><^
Ciment lent de Grenoble ... 1,3 (,8 3,8 8,9 x
i> rapide » 1,2 1,8 2,0 2,2 2,4 3,6 X
Chaux, siliceuse de Saint-Astier 0,0 o,3 1,2 i,S 2,2 2,6 3,o
Grappier du Teil 0,0 0,2 0,6 i,5 1,9 2,0 3,o
Ciment siliceux de I^uoms 0,2 0,9 2,8 3,6 4!''> 4)5 4^7
I p. SiO' calcinée -)- I p. CaO, H^O.. . 0,0 o,3 2,5 3,i 3,9 x
)) On voit donc que pour la plupart des liants hydrauliques la contrac-
tion après achèvement du durcissement est comprise entre 4*"" et S"".
M Ces expériences montrent que la diminution du volume absolu dans
le durcissement des mortiers est un fait aussi constant que l'accroissement
de leur volume apparent. Il n'y a aucune corrélation à établir entre ces
C. W., 1899, 2' Saniestre. (T. GXXIX, N- 26.; ' ^-
( '^Sl )
deux ordres de phénomènes dont les causes sont nécessairement indé-
pendantes.
» Une contraction semblable accompagne l'hydratation de la chaux, de
la magnésie et du plâtre. Je l'ai vérifié par des expériences directes, mais
un calcul basé sur les densités de ces corps anhydres et hydratés suffit
pour établir, a priori, ce fait. »
CHIMIE. — Sur la température de transformation des deux variétés quadra-
tique et orthorhombique de Viodure mercurique. Note de M. D. Gerxez.
« La transformation de l'iodure mercurique rouge quadratique en cris-
taux jaunes orlhorhombiques sous l'influence de la chaleur est réversible,
mais le phénomène présente, dans les deux sens, un retard : i" celui que
M. Mallard a dési2;né sous le nom de surfusion cristalline, qui se manifeste
lorsque l'iodure jaune est lentement refroidi à une température inférieure
à celle où la transformation peut s'effectuer; la durée de ce retard se
prolonge très longtemps, à l'abri de poussières cristallines de l'autre
forme, car je conserve des cristaux de ce genre, restés jaunes, depuis le
24 mars dernier; 2° le retard que j'ai appelé surchauffe cristalline, que pré-
sentent les cristaux rouges qui persistent tels à une température supérieure à
celle où l'on pourrait les observer jaunes. Ces deux phénomènes expliquent
la diversité des nombres indiqués par les savants qui ont observé la trans-
formation de ces deux variétés d'ioclure mercurique. Elle est indiquée par
les uns (') comme se produisant vers i5o", par les autres ( -j vers i3o''.
D'autres déterminations plus précises fixent cette température à i26°(').
» Si l'on considère que la présence d'un cristal de l'une des variétés dé-
termine la formation de cristaux identiques dans les conditions de tempé-
rature et de pression où ils sont la figure d'équilibre stable, on voit qu'il
est possible de déterminer avec certitude la température de la transfor-
mation, en opérant sur une couche mince d'iodure mercurique dont une
partie est rouge et l'autre chauffée de manière à devenir jaune, puis en
mettant le tout dans un bain à température constante et notant quels sont
(') Oppenheim, Dictionnaire de Wiirtz, t. Il, V Partie, p. 346.
(*) Wyrolboff, Bullclinde la Société chimique, 3" série, t. IX, p. 216.
(') Gmelin, Traité de Chimie; G.-F. Rodweli. et H. -M. EuDiiit, Praceedings of Ihe
Royal Societj, t. XXVIII, p. 284.
( 1235 )
les cristaux qui augmentent aux dépens des autres. Si le milieu ambiant,
est à une température inférieure à celle où la transformation est possible,
les cristaux rouges envahissent la région jaiuie contigué; s'il est à une tem-
pérature supérieure, les cristaux jaunes se développent aux dépens des
rouges.
» L'expérience comporte quelques précautions que je vais indiquer :
I ° il convient d'opérer dans des tubes de verre très minces afin que la tem-
pérature des cristaux qui s'y trouvent soit aussi peu différente que possible
de celle du milieu ambiant; i° il faut de plus que l'iodure mercurique
forme une couche continue adhérente à la paroi du tube, ce que l'on
obtient facilement, lorsqu'on opère sous la pression atmosphérique, en
fondant l'iodure dans le tube ouvert, étalant le liquide sur ses parois
et refroidissant; 3° pour suivre la marche du phénomène qui est très lente
dans le voisinage du point de transformation, il est nécessaire de tracer
sur le tube des traits équidistants qui serviront de repère.
» Le tube présentant des régions rouges et jaunes, déterminées par
exemple par un fd de platine enroulé en hélice et qu'on chauffe par un
courant électrique, est plongé dans un bain à température constante et l'on
suit la marche du phénomène : elle est rapide si la température ne diffère
que d'une quinzaine de degrés du point de transformation; elle est beau-
coup plus lente pour des températures plus rap|)rochées et l'on peut, par
des essais successifs, reconnaître que le point tie transformation est compris
entre deux températures de plus en plus voisines. A ii'S° les cristaux rouges
s'allongent sur fond jaune avec une lenteur extrême, à 127" les cristaux
jaunes envahissent le fond rouge, mais avec une vitesse très faible. La tem-
pérature de transformation est donc très voisine de 126° sous la pression
atmosphérique.
» Pour ce qui est de la température de transformation des deux espèces
de cristaux dans le vide, on peut la déterminer de la même manière. Il est
cependant nécessaire de faire une remarque : si, eu effet, après avoir placé
les cristaux rouges dans un tube, on fait le vide et scelle le tube à la lampe,
puis qu'on essaie de liquéfier l'iodure pour en étaler une couche sur les pa-
rois, les cristaux se subliment sans passer par l'état liquide et vont se dé-
|)oser plus loin en poussière cristalline à éléments isolés. On évite cet incon-
vénient en liquéfiant l'iodure dans le tube avant de faire le vide. On peut
alors procéder comme nous l'avons indiqué et l'on constate que la tempé-
rature de transformation est sensiblement la même que sous la pression
atmosphérique, c'est-à-dire voisine de 12G".
( JiiG )
» Un savant aussi remarquable par l'originalité de ses vuoe que par
l'importance de ses découvertes, M. Wyrouboff ('), a indiqué que cette
température de transformation dans le vide est seulement ^S". Je vais
expliquer l'illusion dont il a été victime. Si l'on met dans un tube des
cristaux rouges d'iodure mercurique, qu'on y raréfie l'air autant que pos-
sible et qu'on ferme le tube, il se produit, dès qu'on le chauffe, des vapeurs
d'iodure. Ces vapeurs, quelle que soit la température de leur production,
donnent, comme je l'ai établi antérieurement, lorsqu'elles rencontrent un
corps froid, un dépôt de cristaux jaunes. M. Wyrouboff chauffait le tube à
n5°, le retirait du bain et observait que la surface interne était jaune. Ce
dépôt se produisait aussitôt que le tube se refroidissait, mais ces cristaux
jaunes ne résultaient pas de la transformation des cristaux rouges, ils
étaient dus à la condensation, sur la paroi refroidie, de la vapeur émise
par ces cristaux. On peut aisément obtenir ce résultat, à toutes les tempé-
ratures inférieures ou supérieures à 126", lorsqu'on retire le tube du bain
où il est plongé. »
CHIMIE MINÉRALE. — Nouvelles expériences sur l'acliviié du manganèse par
rapport à la phosphorescence du sulfure de strontium. Note de M. José
RODRIGUEZ MoURELO (').
« Dans une Communication antérieure, j'ai exposé le résultat obtenu
dans la préparation du sulfure de strontium phosphorescent, en substituant,
comme matière active, le sous-nitrate de bismuth au carbonate de manga-
nèse en très petites proportions. La phosphorescence, toujours intense,
présentait, dans ce cas, une coloration vert jaunâtre, assez claire . En fai-
sant varier les conditions expérimentales, j'ai pratiqué plusieurs essais, dont
les résultats sont consignés dans cette Note.
» On employa, comme suljstance active, le suiCale de manganèse pur el anhydre. Ce
corps, d'après les expériences de M. Lecoq de Boisbaudran, mêlé à d'autres sulfates,
tels que ceux de magnésium et de zinc, et calciné, produit dans le vide, sous l'in-
fluence des effluves électriques, une phosphorescence rougeâtre.
» I^our loos'' de SrCO' on employa 3o5'' de soufre et oS'-,2 de MnSO'; le mélange
(1) Bulletin de la Société chimique, 3" série, l. IX, p. 291.
{-) Travail fait au laboraloire de Chimie de l'École centrale des Arts et Métiers
de Madrid.
( i^'37 )
bien fait, on le mil dans un creuset en terre fermé; on le rouvrit, pendant trois
heures, à la température du rouge vif. Il en résulta un sulfure presque blanc, assez
dur et doué d'une très intense phosphorescence d'un vert jaunâtre clair, excitable par
la seule exposition de quelques secondes à la lumière diffuse. A loos'' de SrCO^, on
ajouta 50"^= d'eau, qui contenait dissous 28'' de Na'-CO^ préalablement dépourvu d'eau
et qS'', 5 de NaCl fondu. On calcina le mélange après dessiccation et, à la strontiane
impure résultant, on ajouta SoS"' de soufre et oS"', 2 de MnSO*. En soumettant de
même au feu, on obtint un sulfure de strontium encore plus brillant et nécessitant
moins d'exposition lumineuse que dans le cas précédent. On obtint un efl'et analogue
en mêlant d'abord le MnSO' avec le SrCO' et en y ajoutant Na^CO^ et NaCl dissous,
sans modifier autrement le procédé.
» On peut encore mêler 2S'- de Na-CO^ desséché, os^S de NaCl et oB'',2 de MnSO',
en ajoutant au mélange looS'' de SrSO^ et SoS'' de soufre. Chauffé sans accès d'air, pen-
dant trois heures, à la température du blanc, le sulfure de strontium devient excitable
au plus haut degré, avec une phosphorescence splendide vert clair, nuancée de jaune.
» Dans une autre série d'expériences, le procédé employé fut celui-ci : à lOos"'
de SrCO' on ajouta 5o''<^d'eau qui contenaient, en dissolution, 2S'' de Na^GO^ et os',5
de NaCl, et 20™ d'eau avec oS"',2 de MnSO*. On dessécha le mélange à 85° en agitant
continuellement; il fut soumis ensuite a la température de 120°, pour achever la des-
siccation. En y ajoutant 3oS'' de soufre et chaufl'ant au rouge vif, pendant trois heures,
on obtint un sulfure de strontium de magnifique phosphorescence vert jaune.
» A loos-'de SrCO^on ajouta Sc^"" d'eau qui contenait en dissolution oS'',2 de MnSO';
on procéda à la dessiccation, comme plus haut; le produit, bien mélangé à 3o5'' de
soufre, fut chauffé, au rouge vif également pendant trois heures. Il en résulta un
sulfure de strontium très phosphorescent et très excitable, mais à un moindre degré
que l'antérieur.
» On versa sur ioo5''de SrCO' 5o'^<^ d'eau ayant en dissolution 28'' de Na-CO' et oB',5
de NaCl; le mélange, séché à 120°, fut calciné pendant quatre heures au rouge; la
strontiane résultante fut mêlée à So^'' de soufre et oS"',2 de MnSO* bien sec. Chauffant
pendant trois heures au rouge vif, on obtint un sulfure doué d'une phosphorescence
intense qui persista longtemps, après une très courte exposition à la lumière diftuse.
)) Avec la même quantité de loos'- de SrCO^ on mêla So"" d'eau où l'on avait dis-
sous o8'',2 de MnSO^ En faisant la dessiccation et chauffant comme il est dit, on
obtint de la strontiane impure; ce corps, mélangé à aos'' de soufre, 08'', 5 de NaCl et
28"' de Na-CO^ donna, après avoir été chauffé au rouge vif pendant trois heures, un sul-
fure de strontium assez blanc, dur, granuleux, comme le sont tous ceux de la série,
et doué d'un très grand pouvoir phosphorescent, que la plus petite excitation de la
lumière diffuse fait développer.
» Il résulte de ces expériences que le sulfate de manganèse, ainsi que le carbo-
nate de manganèse et le sous-nitrate de bismuth, se présentent comme activant la
phosphorescence du sulfure de strontium, de telle sorte que la luminescence devient
beaucoup plus intense, dure plus longtemps et se produit après une moindre exposition
à la lumière diffuse. Les proportions indiquées sont celles qui ont donné les meilleurs
résultats dans les nombreuses expériences effectuées.
( 1238 )
» Quant à la comparaison entre les pouvoirs actifs des substances citées,
celle qui paraît les posséder à un plus haut degré, c'est le carbonate de
manganèse fraîchement préparé, précipité et sec, en dehors du contact de
l'air; puisqu'il suffit de o^', i5 pour obtenir sensiblement les mêmes effets
qu'avec o"', 2 de sulfate de manganèse ou de sous-nitrate de bismuth.
» Il y a une différence marquée dans la couleur de la phosphorescence,
selon que la matière active est le manganèse ou le bismuth ; dans le pre-
mier cas, elle est vert jaune très clair; dans le second, vert bleu bien
défini. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le si/iciure de mo/ybdéne (').
Note de M. E. Yigoirolx, présentée par M. Henri Moissan.
« Le molybdène, préparé au four électrique par le procédé de M. H.
Moissan, s'unit directement au silicium, comme l'a démontré ce chimiste (-).
Nous avons étudié le résultat de celte combinaison.
» Du silicium cristallisé a été niélaiigé au produit obtenu on calcinant au rouge le
molybdate d'ammoniaque, masse constituée par des proportions variables des deux
oxydes INIoO^ et MoO'^. On a, par exemple, fait un mélange de : silicium loos''; oxyde
de molybdène 25o8\ Le tout a été chaufFé dans un creuset en charbon introduit dans
un four électrique qu'actionnait un courant d'environ 1000 ampères et 5o volts.
Pendant la cliaulle, le molybdène naissant se combinait au silicium, la majeure partie
de la scorie se volatilisait et, après refroidissement, il restait un culot d'aspect fran-
chement métallique. Dans la plupart des essais, sa cassure laissait paraître des stries
nombreuses qui indiquaient une cristallisation abondante. Pour isoler les cristaux,
on plongeait le culot, fonctionnant comme anode, dans de l'acide chlorhydrique étendu,
au sein duquel baignait également une lame de charbon agissant comme cathode. Un
faible courant les détachait et les amenait au fond du vase. Après traitements alternés
et rapides à l'eau régale et à la potasse, on reprenait successivement par l'acide lluor-
hydrique, par l'eau, puis on séchait à l'étuve. Ces cristaux étaient un mélange d'un
siliciurede molybdène, d'un siliciure de fer et de siliciure de carbone. Au moyen du
tungstale de cadmium, on enlevait le siliciure de carbone, par densité, mais il n'était
pas possible de séparer le siliciure de fer. Ce n'est que par des essais multiples qu'on
a pu obtenir un produit à peu près exempt de fer; il répondait à la formule Si^Mo^-
M Ce corps, dont la composition est analogue à celle du siliciure de
( ') Travail fait au laboratoire de Chimie industrielle de l'Université de Bordeaux.
(•-) II. Moissan, ComjHes rendus, t. CXX, p. i3'2o.
( T23Ç) )
tungstène étudié précédemment (' ), jouit de ses mêmes propriétés. Ainsi
le chlore le brûle avec inc^inclescence, vers 3oo°, en formant dn tétra-
chlorure de silicium et du perchlornre de molybdène noir qui se dépose
dans l'appareil.
» Analyse. — Attaque par le chlore dans un tube de Bohème chaufFé au rouge sur
une grille à gaz. Les chlorures formés, traités par l'acide azotique, puis portés vers
200°, se transforment, après évaporation de ce dernier, en un mélange de silice et
d'acide molvbdique. En reprenant par le chlore, lacide moijbdique est entraîné à l'état
d'oxychlorure jaune, la silice reste. On la pèse. Quant au composé molybdique, on le
rassemble avec de l'eau chaude et l'on évapore à siccité, ce qui a pour efifet de
redonner de l'acide molybdique avec dégagement d'acide chlorhydrique. Il est ensuite
dissous dans l'ammoniaque [le fer reste insoluble, on le dose (-)] et finalement le
molybdate d'ammoniaque soluble est transformé en molybdate de plomb insoluble
que l'on pèse. On est conduit à la formule précédente.
» D'autres moyens permettent la formation de ces corps; ainsi, dans le
four à réverbère, en présence de l'hydrogène, le silicium se combine, soit
au molybdène, soit à ses oxydes. Nous poursuivons cette étude. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le bisulfure de molybdène {^). Note de M. Marcrl
GuicHARo, présentée par M. Henri Moissan.
« Aucune des préparations indiquées jusqu'ici ne permet d'obtenir
facilement des quantités un peu considérables de bisulfure de molyb-
dène pur. Après de nombreux essais, nous avons trouvé deux préparations
satisfaisantes, l'une donnant le bisidfnre cristallisé, l'autre le bisulfure
amorphe.
I) I. Bisulfure cristallisé. — De Schulten ( ' ) a obtenu de petites quantités de bisul-
fure en cristaux microscopiques en fondant du carbonate de potasse avec du soufre,
et ajoutant ensuite peu à peu de l'anhj'dride molybdique. Partant de celte synthèse
minéralogique, nous sommes arrivés à la préparation suivante :
» On fait un mélange de i5o5'' de carbonate de potasse, SioS"' de soufre et aooS'' de
bioxyde de molybdène obtenu par calcination du molybdate d'ammoniaque pur. Ce
( ' ) E. ViGOL'Rorx, Comptes rendus, t. CXXVII, p. SgS.
(^) Le fer est fourni, soit par le silicium, soit par le molybdate.
(^) Travail poursuivi au laboratoire des Hautes Études de M. Moissan.
(*) De Schulten, Reproduction artificielle de la molybdénite (Bull, de la Société
miner, de France, t. XII, p. .545; 1889).
mélan-e est maintenu une rlemi-heure à la température maxima du four à gaz Perrol.
Après refroidissement, le culût, formé .le polysulfure de potassium, de sulfomolybdate
de potassium et de bisulfure, est repris par l'eau, qui laisse insoluble le bisulfure
cristallisé. Le poids obtenu est de Sos'. ^
>) Si l'on substitue au bioxyde de molybdène le molybdale d'ammoniaque (loos'' de
carbonate de potassium, aSos"' de soufre et 20os- de molybdale d'ammoniaque), le ren-
dement est moins élevé, mais le sulfure est très bien cristallisé. Nous avons ainsi ob-
tenu des paillettes de i">", de forme hexagonale et de couleur gris bleu rappelant la
molybdénile naturelle. L'analyse de ce bisulfure donne :
I. II. Calciilr.
Molybdène 59,96 59,85 60
Soufre 40,19 ^o
» Cette préparation donne donc du bisulfure cristallisé, mais elle n'est pas très avan-
taoeuse, parce qu'une partie du molybdène passe à l'état de sulfomolybdate alcalin.
» Bisulfure amorphe. — Scheele a obtenu du bisulfure par l'action du soufre sur
l'anhydride molybdique à haute température. Sranberg et Struve ('), dans leur mé-
thode d'extraction de l'acide molybdique de la molybdénile, obtiennent du bisulfure
impur par laction, au four à vent, du soufre sur le molybdale de potasse impur; ils
purifient le sulfure par l'eau, le carbonate de potassium et l'acide chlorhydrique.
» Pour obtenir facilement le bisulfure amorphe pur, nous opérons de la façon sui-
vante : ôos'' de molybdale d'ammoniaque cristallisé, pulvérisé finement, sont mélangés
avec IO0S-- de soufre. Le mélange est lassé dans un creuset de terre n° 9 placé, avec son
couvercle, dans un creuset n° iV. L'intervalle entre les deux creusets est rempli de
noir de fumée. On chaufle le tout au rouge dans un four Perrol pendant une heure.
» Le sulfure ainsi produit renferme encore une très petite quantité d'oxygène, ainsi
que le montre son analyse : molybdène pour 100, 60,21; soufre, 87,69; calculé 60 et
40. On le mélange de nouveau avec son poids de soufre, et on le chauffe une seconde
fois dans les mêmes conditions ; on obtient alors le bisulfure parfaitement pur. L'analyse
donne :
I. II. Calculé.
Molybdène 59,70 60,01 60,0
Soufre 4o,53 4o,o
» Dans cette préparation, la totalité du molybdène est transformée en sulfure gris
pulvérulent.
» Si l'on remplace le molybdale d'ammoniaque par le bioxyde de molybdène, on
n'arrive pas à la sulfuration complète.
» Nous avons employé, pour les analyses, la méthode de séparation
suivante, applicable à tous les sulfures de molybdène :
» Le sulfure est attaqué par l'acide azotique ou par fusion avec l'azotate de potasse
(') Sranberg et Struve, Sur quelques combinaisons du molybdène et sur son
poids atomique {Journ. fiir pralxt. Chemie, t. XLIV, p. 257; 1848).
( T2'|t )
et le carbonate de soude. Après attaque, on chasse l'acide azoti([iie par évaporation
avec l'acide chlorhyJriqiie. On précipite ensuite l'acide sulfuriqiie par le clilorure de
baryum en solution chlorliydrique.
» L'acide molybdique reste en solution; on élimine ensuite l'excès de chlorure de
baryum par le moins possible d'acide suifurique, puis, après filtration, on additionne
la liqueur d'acétate d'ammoniaque en excès et l'on précipite le molybdène par l'acétate
de plomb à chaud. L'acétate d'ammoniaque empêche toute précipitation de chlorure
ou de sulfate de plomb. La densité du bisulfure cristallisé a été trouvée égale à 4'8o:
celle du bisulfure amorphe est de 4,88, à 10°.
» Nous avons repris l'étiule de quelques propriétés cliimiques du bisul-
fure de molybdène.
» Le soufre sous forme de dissolution, dans le sidfhydrate ou le chlorure
de soufre, n'agit pas en tube scellé.
)' Le |)hosphore est également sans action à la température de ramollisse-
ment du verre. Von den Pfordten (') a montré que le bisulfure chauffé
fortement dans un courant d'hydrogène sec est complètement transformé
en métal. Nous avons cherché si, par l'action ménagée de l'hydrogène sec,
il était possible d'obtenir un sous-sulfure avant d'arriver au métal. L'hy-
drogène commence à agir sur le bisulfure cristallisé un peu avant le rouge.
La réduction est encore très lente un peu au-dessous du point de ramol-
lissement du verre. En trente heures, os^isS de bisulfure ont perdu, peu
à peu, 23,20 pour 100 du poids primitif. Or le bisulfure, en se transfor-
mant en sesquisulfiu'e ou en protosulfure, cloit perdre 10 pour 100 de son
pnidsdans un cas et 20 pour 100 dans l'autre; il semble donc que, à la plus
basse température à laquelle la réduction par l'hydrogène comnaence à
être sensible, cette action se poursuive peu à peu jusqu'au métal, sans
s'arrêtera lui sous-sulfure.
)) L'action de la chaleur est intéressante. Nous avons montré en i8q6
que la molybdénite naturelle, qui est du bisulfure prssque pur, pouvait
perdre la totalité de son soufre à la température de l'arc électrique pour
donner du métal (-).
» En reprenant l'étude de celte action, sur le bisulfure pur préparé par
les méthodes décrites dans celte Note, nous avons pu isoler un sulfure
(') Von DEN Pfordten, Réduction du sulfure de molybdène {Berichle, t. XVII,
p. 781; i885).
(-) GuiCHARD, Sur la molybdénite et la préparation du molybdène {Comptes
rendus, t. CXXII, p. 1270; 1896).
C. R., 1899, 2- Semestre. (T. CXXIX, N» 26.) l63
( 1242 )
intermédiaire, le sesquisulfure de molybdène cristallisé. Ce nouveau sul-
fure sera décrit dans une prochaine Communication. >.
CHIMIE ORGANIQUE. - Action de l'acide nitreux sur-la leucohase C*'H=' Az^
Note de M. A. ïrillat, présentée par M. H. Moissan.
« On sait que la diméthylaniline ne donne avec l'acide nitreux qu'un
dérivé en position para
AzQ/ \az(CH')S
et que toutes les tentatives faites pour obtenir une fixation du résidu
nitreux en position ortho ou meta ont donné des résultats négatifs.
» Il était donc intéressant de se rendre compte de l'action de l'acide
nitreux sur une base de la forme
CH.CH'<
dans laquelle les deux positions para des deux molécules de diméthyl-
aniline se trouvent occupées.
» Si l'on fait agir l'acide nitreux sur une dissolution acidulée de cette
base, il se produit une réaction extrêmement vive. Pour étudier convena-
blement l'action de l'acide nitreux, j'ai opéré de la manière suivante :
» On dissout lo?"' de la leucobase dans iSs'' d'acide chlorhydrique pur à 3o pour loo
additionné de SoS"' d'eau. On refroidit le liquide dans un mélange de glace et de sel
marin jusqu'à environ —8° et l'on ajoute peu à peu une dissolution de ô^' de nitrite de
■ soude dans lo''" d'eau. Il se forme bientôt un dépôt cristallin : on ne perçoit pas pen-
dant la réaction l'odeur d'aldéhyde acétique. Après deux, heures de contact, on filtre
et l'on essore le précipité à la trompe : on le fait ensuite cristalliser dans la plus petite
quantité possible d'alcool bouillant. On peut encore obtenir des cristaux en reprenant
les eaux-mères et en les additionnant à froid d'une petite quantité de uitrite de soude.
)) La combinaison résultant de l'action de l'acide nitreux sur la base se
présente sous la forme de belles aiguilles jaunes pouvant atteindre plu-
sieurs centimètres de longueur et dont le point de fusion est de i63°-i64°.
( '243 )
Elles sont soliibles à chaud dans l'acide acétique, l'acide chlorhydrique,
l'alcool, et insolubles dans l'eau.
» Analyse. — o^^, 1673 de substance ont donné 2^"'^ d'azote à 1 1° sous la
pression de 762™™, soit 17,4 pour 100. Cette quantité d'azote est théori-
quement différente de celle qui est fournie par le composé
CH.CH'[C''H'(AzO)2Az(CH^)-]-
ou d'autres corps analogues.
» D'autre part, la combinaison obtenue ne donne pas d'une manière gé-
nérale les réactions caractéristiques des dérivées nitrosés : le traitement
avec ses dérivés phénoliques appropriés n'a fourni aucune matière colo-
rante.
» Par contre, en réduisant le corps par l'acide chlorhydrique et le zinc
en poudre j'ai obtenu les caractères analytiques des diamines. J'ai donc
été amené ainsi à le comparer avec des dérivés niLrés et finalement j'ai pu
l'identifier avec la paranitrodiméthylaniline :
Az02(^ \Az(CH3)2.
» Ce dérivé nitré a été obtenu par Grall, Jaubert et divers auteurs qui
lui ont donné comme point de fusion i62"-i63'^ (trouvé : i63'^-i64°)- La
quantité théorique d'azote étant 16,87 pour 100 (trouvé: 17,4 pour 100).
» L'action de l'acide nitreux sur le dérivé dissymétrique ou tétraméthyl-
diamidodiphényléthane a donc eu pour résultat de scinder la molécule de
la combinaison :
/' ^Kz{C\\^y-
CH.CH'(
'(^ •^Az(ap)»
en donnant au moins une molécule de paranitrodiméthylaniline.
» Ces résultats confirment d'ailleurs ceux qui ont été antérieurement
obtenus en prenant comme point de départ la leucobase dérivée du mé-
thane.
» La formation de dérivés nitréspar l'action de l'acide nitreux est assez
rare pour mériter d'être signalée. Elle peut expliquer le rôle de l'acide
nitreux dans certains cas. »
( 1244 )
CHIMIE GÉNÉRALK. — Chaleur de neutralisation et acidimétrie de l'acide
cacodylique. Nolede M. Henri Imbert, présentée par JM. HenriMoissan.
» Le 24 juillet 1H99 j'ai eu l'honneur de faire déposer à l'Académie un
pli cacheté sous le n" 6131 se rapportant à la question dont je vais parler.
Ce travail a été entrepris comme suite à une étude que j'avais fait faire sur
les acides alcoylphosphoriques. Je rappellerai que les acides monoalcovl-
phosphoriques (') se conduisent comme monohasiques à l'hélianthine et
bibasiques à la phtaléine du phénol. Il semble donc que des trois fonctions
acides différentes, qui existent dans l'acide jjhosphoriqne, les deux fonc-
tions, acide fort et acide faible, persistent après éthérification. Ces deux
fonctions sont au reste accusées par des valeurs différentes des chaleurs
de neutralisation.
» Au contraire, les acides dialcoyiphosphoriques sont monobasiques
à l'hélianthine et à la phtaléine, résultats encore d'accord avec les données
tliermochimiques.
)) Il était donc intéressant de savoir comment se conduiraient les acides
phosphiniques et arsiniques, qui^diffèrent des acides phosphorique etarsé-
nique par la substitution de radicaux bydrocarbonés monov^alents à un
ou deux oxliydriles et des acides alcoylphosj)horiques par un ou deux
atomes d'oxygène en moins :
/OH
PhO-OH
\0H
/OH
AsO— 011
\0H
/OH
PhO-OH
\R
/OH
AsO-OH
\R
/OH
PhO— R
\R
/OH
AsO-R
\R
V. phospliiniquc
monosubslituc.
A. arsinique
monosubslituc.
A. phosphinique
tlisubsliLué.
A. aisinique
disubsliLué.
/OH
PhO-OH
\0R
, 011
PhO-OR
.\0R
A. uionoalcojlphosphorique. \. dialcoylphospliuiique.
» C'est pour atteindre ce but que je me suis occupé de l'acide cacody-
(') G. Rellgou, De quelques propriétés des acides alcoylpliosphoriqucs. Impri-
uierie du Midi, 1897.
( I2V' )
lique, acide diméthylarsinique, que le commerce livre aujourd'hui pour
les usages pharmaceutiques dans un état de très grande pureté. Cet
acide doit contenir théoriquement 54,34 pour loo d'arsenic.
» J'ai, par un dosage préalable, établi que l'échantillon que je possédais
était bien |)ur.
» Pour cela, j'en ai pris un poids déterminé et je l'ai calciné dans une capsule en
argent avec de la potasse et du nitrate de potasse. Le résidu, repris par l'eau et neutra-
lisé par l'addition d'acide, a servi à précipiter l'acide arsénique formé à l'état d'arséniate
ammoniaco-maguésien. Celui-ci a été recueilli avec les précautions habituelles et trans-
formé par la calcination en pyroarséniate de magnésium. Du poids de ce dernier j'ai
déduit la quantité d'arsenic. J'ai pu établir ainsi que l'acide dont je disposais con-
tenait 53,95 pour 100 d'arsenic. Si Ton efl'cctue la calcination de l'acide en présence
de potasse seulement les résultats sont un peu plus faibles, et l'on perçoit d'ailleurs
pendant l'opération une odeur alliacée, indices de pertes par volatilisation.
» Un poids déterminé de ce même acide cacodjlique pur a été alors dissous dans
l'eau. J'ai constaté que la solution était sensiblement neutre à l'hélianthine, mais
acide à la phtaléine du phénol, et de la quantité de potasse nécessaire pour la neutra-
lisation à ce dernier réactif.
» J'ai pu déduire la quantité d'arsenic que contenait pour loo mon échantillon.
J'ai ainsi trou\é 54,37 pour 100 de As, en supposant qu'une molécule dépotasse cor-
, OH
responde à une molécule de AsO— CH'. Cet acide est donc bien neutre à riiélianlhiue
\CH^
et monobasique à la phtaléine. De plus, la solution ne précipitait ni par le nitromo-
lybdate d'ammoniaque ni par la mixture ammoniaco-magnésienne.
» Inversement, une molécule de cacodylate, en solution, alcalin à l'hélianthine
deviendra neutre à ce réactif lorsqu'on aura ajouté une molécule d'acide monobasique.
Ces expériences m'ont permis d'indiquer ('), en collaboration avec M. A. Astruc, un
procédé de dosage volumétrique des cacodylates.
» J'ai déterminé ensuite les chaleurs de neutralisation de l'acide.
» Pour cela, 178s'' (i mol.) du corps ont été dissous dans 2"' d'eau. L'expérience
calorimétrique a été faite avec 200" de ce liquide auquel on a ajouté aoo"= d'une solu-
tion de soude à 4o8'' (i mol.) pour 2'".
» Dans deux expériences successives les chaleurs de neutralisation ont été trouvées
égales à 14*^"', 09 et 14*^^', 12.
» En faisant agir 200'^" de solution de soude sur le liquide provenant des opérations
précédentes, la quantité de chaleur dégagée rapportée à une molécule de sel et une
molécule de base a été de o'^''',3o.
» Ces données conHrment la monobasicité de l'acide comme les essais
(') Journal de Pharmacie et de Chimie, 6'-' série, t. X, p. 092.
( 1246 )
acidimétriques. Elles sont de plus comparables à celles que M. Belugou
d'une part et M. Cavalié d'autre part ont établies pour l'action de la soude
sur les mono-alcoyipliosphates monométalliques. Dans ce cas la chaleur de
neutralisation a varié de j4^''',i pour lemonométhylphosphate monosodique
à iS'^^'jT pour le monoglycérophosphate monosodique, tous sels neutres à
l'hélianthine, raonobasiques à la phtaléine.
)) L'acide cacodylique est donc un acide monobasique faible, et comme
il diffère en réalité de l'acide diméthylphosphorique non seulement par la
substitution de l'arsenic au phosphore, mais encore par deux atomes
d'oxygène en moins, on voit que la présence ou l'absence de l'oxygène
dans la molécule fait augmenter ou diminuer d'un degré l'énergie de la
fonction acide, puisque les acides dialcoylphosphoriques sont des acides
forts neutralisables par la même quantité de base à l'hélianthine et à la
phtaléine. »
CHIMIE. — Sur l'hydrate de hioxyde de sodium et la préparation de l'eau
oxygénée. Note de M. de Foucrand.
« J'ai indiqué précédemment (') que, d'a|)rès mes expériences, et en
prenant pour base les données de M. Joannis : Na sol. •+- Aq. = + 4-*^^'>4o,
on aurait pour la chaleur de formation des deux principaux oxydes de
sodium :
Na^-H-O =Na^O SgC-^gSS
Na^+O^^Na^O^ 117c»!, 69
soit une différence de 27^^',755 pour passer de Na-0 à Na-0*.
» Dans son étude du bioxyde de sodium, Vernon Harcourt (-) a signalé
un hydrate cristallisé Na"0-+ 8IP0, qui se formerait par évaporation
lente des solutions aqueuses de Na^O'. J'ai cru devoir reprendre l'étude
de cet hydrate.
» I. L'évaporalion lente de ces solutions ne donne que très peu de
ces cristaux, et il doit en être ainsi. En effet, elles ne constituent pas un
état stable; elles dégagent dès le début et continuellement de l'oxygène,
formant une dose croissante de NaOH dissous, laquelle accélère la décom-
position.
» On obtient des rendements bien meilleurs en faisant une solution
(') Comptes rendus, t. CXXVIII, p. lôig.
(-) Chein. Soc. Quart. Journ., t. XV, p. 276.
( 1247 )
concentrée de Na'O^ Les proportions les plus convenables sont i partie
de Na-0' pour 4 parties d'eau. Partant de o", on s'arrange de manière
que la température s'élève vers 4»° (au-dessus de 40"^, il y ain-ait décom-
position rapide avec effervescence). La liqueur est alors parfaitement lim-
pide. On la fait refroidir rapidement vers 0°. Il se forme aussitôt des cris-
taux très abondants. Ce sont de petites écailles nacrées, qui ont un peu
l'aspect de l'acide borique. On les sépare de l'eau chargée de NaOH, par
des plaques poreuses sous cloche, et, finalement, par l'action de feuilles
de papier poreux, sous pression et toujours sous cloche.
)) Néanmoins je n'ai pu arriver exactement à la composition
Na*0=' + 8H^0;
toutes les analyses que j'ai faites correspondant à des degrés d'hydratation
qui varient de 8,5 à gli'O. Il est d'ailleurs impossible de dessécher par des
déshydratants sous cloche, un hydrate inférieur pouvant alors se former.
Mais comme les échantillons que j'ai préparés formaient bien, par l'action
de H Cl dissous, la quantité d'eau oxygénée prévue par le dosage de Na, on
peut conclure qu'ils étaient formés par l'hydrate Na-O^-h 8H-0 retenant
en plus de 0,5 à I de H'O, soit de 4 à 7 pour 100 d'eau.
» A première vue, ces cristaux paraissent très stables ; du moins j'ai pu
les conserver pendant plusieurs semaines sans altération, aux températures
actuelles de l'hiver. En été (au-dessus de + 3o°) j'ai vu un échantillon
fondre dans son eau de cristallisation, avec effervescence d'oxygène.
» IL J'ai déterminé la chaleur de dissolution de cet hydrate.
» D'abord dans l'eau, directement. On trouve — 14^''', 868, vers -t- 12°,
dans 4"', pour une molécule de Na-0- + 8H-0. (Expérience I.)
» La liqueuradditionnée immédiatement de la quantité de HCl(36s'', 5 = 2'")
nécessairepour neutraliser, adonné -+- 22^"', 792 pour Na". (Expérience IL)
» Enfin, j'ai dissous les cristaux dans la quantité équivalente de HCl
étendu, ce qui a fourni -l- 7*^^', 729 pour Na-0, 8H-0. (Expérience III.)
» Voici les conséquences qui me paraissent se dégager de ces essais :
)) m. Connaissant la chaleur dégagée dans les deux réactions :
Na^O-solide + 2HCI dissous = 2 NaCl dissous -f- H^O^ dissous -h4i,8io
Na- O- , 8 H'^ O solide + 2 H Cl dissous = 2 NaCl dissous -t- H- 0== dissous -h 7 , 729
on a, par différence, la chaleur de formation de l'hydrate :
+ 34c»', 081 pour SH^O liquide
OU
+ 22<'''',64i pour 8H-0 solide,
( I2/i8 )
£oil pour chaque molécule de H-0, liquide ou solide, -4- 4*^*', 26 ou
+ 2C''',83.
)> Ces nombres sont remarquablement élevés; ils indiquent une grande
stabilité de l'hydrate. Comme combinaison analogue, on peut citer
j5aO''-{- ioH-0 qui fournirait seulement H-iS'^^'.a ou -+-3^"', g poiu'
ioH-0, soit -+-i^^',82 0u -+- o^^'.agpourH^O.
» La stabilité de cet hydrate fait qu'il est d'un emploi très commode
pour préparer l'eau oxygénée. En dissolvant 28 1^'' de cristaux de composi-
tion Na-0- + 8,5K^O dans deux molécules d'acide chlorhydrique assez
concentré (36^'', 5 = uoo<"'=), on obtient aussitôt, et sans dégagement de
gaz, de l'eau oxygénée neutre et limpide à 19'^''' ou 20™'.
» Avec de l'acide à 36°'', 5 = 100'^'= on l'aurait à 3o volumes. La tempé-
rature s'élève très peu, a cause de la grande chaleur de formation de l'hy-
drate et de la chaleur de fusion des 8 molécules d'eau. Il est vrai que
NaCl reste dissous, mais il est sans inconvénients dans presque tous les
cas (').
» IV. On sait que la neutralisation du Na^O diss. par 2HCI diss. donne
-H 28^=', 4o. Si donc la dissolution dans l'eau de l'hydrate Na^O'-t- 8H^0
devait se formuler
(Na^îO^ + 8 H- O) + Aq = Na= O diss. + H^ 0== diss. (sans combinaison),
l'expérience II aurait dû donner -|- 27^"', /jo et non pas -f- 22^"', 792.
)) La diflérence 4- 4^^', 608 représente donc l'action spéciale de H" O" diss.
surNa^O diss., laquelle donne probablement Na'O" diss. et de l'eau.
« D'ailleurs la dissolution dans l'eau de Na-0-+8H'0 fournit — i4C''',8G8,
nombre assez voisin de la. chaleur de fusion des 811- O (— 11^"', 44). Il est
donc vraisemblable que Na-0^ reste dissous à l'état de bioxvde.
» On peut encore évaluer la valeur thermique de l'action de Na^O diss.
sur H-0* diss. de deux autres manières :
>) 1" Par mesure directe, en ajoutant H-Q- diss. à Na-0 diss.; j'ai
trouvé aussi + 4^"', 727 ;
» 1° Par le raisonnement suivant :
>i La dissolution de Na=0^ anhydre dans 2 H Cl diss. dégage -+- 4iC='i,8io.
Dans l'eau elle donnerait donc -f- 4i^'",8io — 27^^1,400, soit -f- i4C--'i,4io,
si elle fournissait Na-0 diss. et H-0- diss. sans combinaison.
(•) La présence de NaCl active bien un peu la décomposition de l'eau oxvîjénée,
mais cette action est très peu sensible. D'ailleurs, la préparation est si simple que l'on
peut faire la dissolution peu de temps avant l'emploi en se servant d'une provision de
cristaux qui, eux, ne s'altèrent pas aux températures ordinaires.
( 1249 )
» D'autre part, la dissolution de Na^O", 8H^0 dans l'eau fournit
— 14*^"', 868. La différence avec -h i4^^',4ioest de + 29^^="', 274. Cependant
la chaleur dégagée par la fixation de 8H-0 liq. est 4- 34'^'''»o8i. La diffé-
rence entre +34^^', 081 et + 29^^', 274 est de 4-4'^'''.8o3 qui représente
encore la réaction
Na^Odiss. h- H=*0='diss. = Na=0'diss.
)i On peut prendre la moyenne 4- 4^"'> ;i3.
)i V. Enfin la réaction précédente peut se décomposer en deux phases :
» Décomposition de H-'O' diss. en H^Oliq. + 0 gaz., ce qui dégage
+ 21*^''', 700, et fixation de O libre sur Na'O diss. ;
» Et puisque la somme dégage +4^'''.7i3, on a, pour celte dernière
réaction, — 16'^^\987.
» Ainsi, tandis que l'état stable est, pour les corps solides, JNa-0-, un
atome d'oxygène libre fixé sur Na-0 solide dégageant + 27^''', 755, l'état
stable, pour les corps dissous, est au contraire Na^O 4- O, la fixation de O
sur Na-0 diss. absorbant 16*^"', 987. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les sesqidchlorures de rhodium et d'iridium
anhydres ( ' ). Note de M. E. Leidié, présentée par M. Troost.
« Les difficultés que l'on rencontre dans la préparation des sesqui-
chlorures anhydres de rhodium Rh-Cl" et d'iridium Ir-Cl", par l'action
directe du chlore sur le métal chauffé, ont conduit à chercher pour ces
préparations des méthodes indirectes. Celles que je viens exposer sont,
ou nouvelles, ou réalisées dans des conditions d'exactitude que n'offraient
pas les anciennes.
» L Sesquichtorure de rhodium Rh-Cl". — Les sesquichlorures doubles
hydratés Rh-Cl%6NaCl,i8H=OetRh=Cl%6RCl,3H=0, chauffés progressi-
vement dans un courant de gaz acide chlorhydrique sec, perdent leur eau de
cristallisation sans formation de sesquioxyde, et se transforment lentement
à 36o", rapidement à 440°, en chlorure alcalin qu'on peut enlever par des
lavages à l'eau, et en sesquichlorure anhydre et insoluble Rh-CI^; le chlo-
rure Rh-Cl°,6AzH'CI,3H-0 donne lieu à des réactions secondaires dues
sans doute à la formation de bases purpuréorhodiques et ne peut être
employé.
(') Travail effectué au Laboratoire de Chimie de l'École Normale supérieure.
C. R., 1899, 2» Semestre. (T. CXXIX, N» 26.) l64
( r'-'5o )
,, La préparation du chlorure Rh^Cl" est pratiquement plus facile à
réaliser si l'on chauffe à 44o° dans un courant de chlore pur et sec l'un
des trois chlorures doubles de potassium, de sodium ou d'ammonium que
l'on a préalablement desséchés à ioo°-io5°; on les laisse refroidir dans un
courant de chlore que l'on chasse ensuite par de l'anhydride carbonique
sec.
» Dans le cas des deux premiers, on sépare par des lavages à l'eau le
chlorure alcalin, et le résidu séché à io5"-i fO° représente le sesquichlorure
Rh-Cl". Mais, comme il y a toujours lieu de craindre que ce corps, qui est
très poreux, ne retienne des traces de chlorure alcalin, il est toujours pré-
férable d'avoir recours à la décomposition du sesquichlorure double
Rh^Cl",6AzH*C! qui donne directement le sesquichlorure RIkCI".
» Ces procédés nécessitent la préparation préalable des sels cristallisés; car, si un
excès de chlorure d'ammonium ne peut que rendre l'opération plus longue, un excès
de IvCl ou de NaCl peut, suivant les proportions, entraver ou empêcher complètement
cette dissociation de la molécule double. On sait, en effet, que la préparation du sel
double Rh-Cl«,6NaCl s'effeclue en faisant réagir Cl au rouge sombre sur un mélange
de Rh et de NaCl employé en excès. On peut même, en chauffant jusqu'au point de
fusion de NaCl, le sesquichlorure Rh-Cl^ avec cinq à six fois son poids de NaCl
(/40 molécules environ) obtenir la transformation complète de Rh^Cl" insoluble dans
l'eau en la combinaison Rh*CI%6NaCl soluble dans ce liquide.
» Le procédé suivant, au contraire, permet d'employer non seulement le chlorure
double isolé par des cristallisations, mais encore le produit brut de l'attaque de Rh
par le chlore en présence d'un excès de NaCl.
» L'un ou l'autre de ces produits est dissous dans deux fois son poids d'eau ; la
solution (filtrée dans le second cas pour éliminer Rh inattaqué) est additionnée de
son volume d'acide chlorhydrique (solution des laboratoires) et abandonnée pendant
vingt-quatre heures environ dans un endroit frais. On sépare les cristaux de NaCl
qui se sont déposés et, dans le liquide refroidi à 0°, on fait passer jusqu'à refus
un courant de gaz HCl. Ce liquide, enfermé dans un vase bien bouché, est maintenu
pendant cinq à six jours dans une enceinte voisine de 0° et, quand tout le chlorure
de sodium est déposé, on décante et l'on évapore doucement jusqu'à consistance siru-
peuse. La liqueur est alors exposée dans le vide au-dessus de fragments de potasse
jusqu'à ce que le produit de l'évaporation puisse être détaché du vase qui le renferme.
Cette matière, qui représente un sesquichlorure hydraté, est chauffée progressivement
dans un courant de gaz HCl sec. Vers go'-gSo, elle conserve encore de 4 à SH^O et
environ a H Cl, puis elle perd progressivement H-0 et HCl simultanément; ài75°-i8o°,
elle est complètement déshydratée, mais elle se dissout encore dans l'acide chlorhy-
drique à l'ébullition ; enfin, à partir de 36o», elle devient complètement insoluble dans
l'eau. La transformation du sesquichlorure hydraté en sesquichlorure anhydre Rh^Cl'^
insoluble est beaucoup plus facile et plus rapide à réaliser si l'on chauffe dans un
courant de chlore à 44o° le chlorure hydraté dont on a chassé tout HCl et tout H^O
( 1201 )
par un courant à gaz IICI à i-5''-i8o°; on laisse refroidir le résidu dans le chlore
qu'on chasse ensuite par un courant de CO^ sec. Je rappellerai que Berzélius opérait
cette transformation en chauffant le sesquichlorure hydraté à l'air; or, dans ces
conditions, on obtient de grandes quantités de sesquioxyde.
M Le sesquichlorure Rh-Cl" ainsi obtenu est brun noirâtre, sa poudre est
brun foncé. Il est insoluble dans l'eau et dans les acides; il est décomposé
par une solution concentrée et froide de potasse, et se comporte alors
comme la dissolution de Rh^O' dans les alcalis. Ilestsoluble à chaud dans
les tartrates alcalins de K ou de Na à réaction fortement alcaline, et dans les
solutions concentrées de cyanure de potassium, ainsi que dans les oxalates
alcalins de R ou de Na à réaction très faiblement alcaline : de ces deux der-
nières réactions, l'une donne les oxalates doubles que j'ai autrefois décrits,
l'autre donne des cyanQres doubles complexes.
» II. Sesquichlorure d'iridium : Ir-Cl". — Les sesquichlorures doubles
hydratés Ii-Cl», 6KCI, 6H=0 et Ir-Ci«, 6NaCl, 20H-O, sont beaucoup
plus stables que les composés correspondants du rhodiimi. Chauffés dans
le gaz H Cl à 44o"> i's nf donnent qu'une faible proportion de sesquichlo-
rure Ir^Cl" insoluble; il faudrait atteindre le rouge naissant pour dissocier
la combinaison, et alors il y aurait lieu de craindre une décomposition par-,
tielle. Chauffés, après dessiccation, dans un courant de chlore à 36o°
comme à 44o°» ils se transforment en tétrachlorures doubles solublesdans
l'eau. Quant au sesquichlorure double Ir- CI" ,6AzH.''Cl,3H-0 chauffé dans
H Cl, de même que le sel correspondant de rhodium et pour des raisons
analogues, il donne lieu à des réactions secondaires complexes.
» Pour obtenir le sesquichlorure Ir-Cl", on pourrait chauffer dans le
chlore à 440" le sel double Ir- Cl" ,6 AzH'' Cl desséché.
» Mais comme ce sel est lui-même obtenu à l'aide du tétrachlorure
double Ir(^l*, 2AzH''CI, lequel est anhydre, on emploiera directement
celui-ci. Ce tétrachlorure double est chauffé à 440*^ dans un courant de
chlore sec; il se décompose en chlore et en produits de destruction du
chlorure d'ammonium, et laisse comme résidu le sesquichlonu'e anhydre
Ir^Cl"; on laisse refroidir ce résidu dans le chlore qu'on chasse ensuite par
un courant de gaz CO" sec.
» Le sesquichlorure Ir-'Cl" ainsi obtenu est une matière vert noirâtre,
dont la poudre est brun olive; il est insoluble dans l'eau, dans les acides
et dans les alcalis. » "
( 1252 )
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Oxydation biochimique du propylglycol. Noie
de M. André Kling ( ' ), présentée par M. Troost.
« Dans une Communication antérieure (-), j'ai montré que, sous l'in-
fluence de la bactérie du sorbose, le propylglycol (propane diol i ,2) s'oxy-
dait avec formation d'un corps réducteur donnant, avec l'acétate de phé-
nylhydrazine, l'osazone du méthylglyoxal.
» Depuis lors, j'ai recherché quelle était exactement la nature du pro-
duit de fermentation, et je me suis assuré que c'était l'acétal
CH=CO.CH=OH.
» Pour cela, dans les produits résultant de la distillation du liquide fer-
menté, j'ai titré, avec la liqueur de Fehling, la quantité de corps réducteur
qui y était contenue (en supposant que c'était de l'acétal), puis j'y ai ajouté
du chlorhydrate d'hydroxylamine et du bicarbonate de soude en quantités
nécessaires pour former l'oxime qui a été isolée et caractérisée par son
point de fusion et la détermination de sa teneur en azote.
» La séparation de l'acétal, contenu en dissolution à 2,5 pour 100 dans
le mélange d'eau et de propylglycol non touché, est pratiquement impos-
sible à réaliser par suite de la facilité avec laquelle ce corps est entraîné
avec la vapeur d'eau et à cause de son extrême solubilité dans ce liquide
et dans les solutions salines saturées; aussi, n'ai-je pu l'extraire, même en
me conformant aux prescriptions données par J. Perkin pour retirer ce
corps des solutions beaucoup plus concentrées qu'il obtient par saponifi-
cation de ses éthers (').
» J'avais espéré pouvoir effectuer cette séparation à l'aide du réactif de
Denigès, mais, tout en prenant des précautions pour modérer l'action de
l'acétal sur le sulfate mercurique, celle-ci dépasse le terme désiré et il se
précipite des sulfates basiques et mercureux mélangés seulement à une
(') Travail commencé au Laboratoire d'Enseignement et de Recherches chimiques
de la Sorbonne, terminé à l'École de Physique et Chimie industrielles, laboratoire de
M. Hanriot.
('^) Comptes rendus, l. CXXVIII, p. 244.
(') J. PERkiN, Proceedings of the cheniical Society, l. DXCVII, p. 790; 1891.
( 1253 )
faible proportion d'une matière organique : dans cette réaction la majeure
partie de l'acétal est donc détruite (semblable fait, du reste, se produit
avec l'acétone monochlorée, mais dans ce cas la proportion de corps orga-
nique formée semble plus grande qu'avec l'acétal). Actuellement, m'adres-
sant à d'autres combinaisons des cétones, je cherche si l'une d'elles ne se
prêterait pas à la séparation de l'acétal et à sa régénération ultérieure.
» Quel que soit le temps qu'on laisse agir la bactérie du sorbose sur le
propylglycol, on n'arrive jamais à transformer plus de la moitié environ
du produit mis en réaction; cette évaluation n'est, bien entendu, qu'ap-
proximative, car elle résulte d'un titrage par la liqueur de Fehling, lequel
ne donne que des résultats approchés lorsqu'on se placé dans les conditions
de dilution indiquées par Perkin et qui, a fortiori, ne fournira que des ren-
seignements incertains dans le cas de concentrations quelconques.
» Néanmoins l'existence de cette limite de transformation, peu variable
d'une expérience à l'autre, pouvait être due : soit à l'action paralysante de
l'acétal sur la bactérie, soit à la préférence élective de cette bactérie pour
l'un des isomères optiques dont le propylglycol inactif représente le racé-
mique inactif, soit enfin à ces deux causes réunies. Dans deux des cas
énoncés ci-dessus, le résultat de la fermentation devait être l'apparition du
pouvoir rolatoire dans les résidus. C'est, en effet, ce qui s'est produit : on
a extrait le propylglycol du liquide fermenté à l'aide du carbonate de
potasse et de l'alcool et l'on a fractionné le produit sous pression réduite
(200"™) pour éviter toute décomposition, car, distillé à l'air libre, le pro-
pylglycol prend une odeur acre et une couleur jaunâtre. On a obtenu de
la sorte du propylglycol optiquement actif constitué par un mélange de
propylglycol dextrogyre et du racémique.
» Voici, pour des fermentations abandonnées pendant des temps varia-
bles (vingt-cinq jours à deux mois et demi) à la température aS^-So",
quelles ont été les valeurs du pouvoir rotatoire :
[a]i, rapporté à 1'*'^°^ d'épaisseur de liquide -{-1° j-j's +3°,3o +3°, 10
» M. Le Bel ( ' ), qui, le premier, a démontré la possibilité de séparer les
isomères actifs dont le propylglycol est un mélange, y était parvenu à
l'aide de ferments et moisissures variés; il n'avait, en général, obtenu
que des mélanges pauvres en l'un des isomères libres; le plus souvent,
(') Le Bel, B. Soc. chiin., c>' Série, t. IX, p. 67S, et Comptes rendus, t. XGII,
p. 53o.
( 1254 )
c'était l'isomère gauche qui était respecté par le ferment. Voici les résul-
tats qu'il a publiés à ce sujet : ^,^_ _^^^ ^^ ^^^
rapportées à i**"^ d'épaisseur de liquide.
O '
Ferment : Bactérie du fromage — o,58
Bacterium termo "-' i97
Bactérie non spécifiée -l-o , 20
,> On voit donc que la bactérie du sorbose présente, au point de vue du
rendement, une supériorité sur les autres ferments et moisissures qui dé-
doublent le propylglycol racémique. Quoi qu'il en soit, cette valeur maxima
r3,]j,= + i3",3o doit encore différer sensiblement de la valeur vraie du
pouvoir rotatoirede l'isomère droit. Quelle est la proportion relative des
isomères optiques contenus dans les mélanges obtenus? Pourrait-on, à
l'aide delà bactérie, obtenir des mélanges encore plus riches en isomère
dextrogyre? C'est ce que je compte rechercher. Néanmoins ce qui, dès
maintenant, paraît résulter de cette expérience, c'est que, si le rendement
ne dépasse pas 5o pour 100, cela est dû à la fois à une préférence de la
bactérie pour l'isomère gauche, et non à une inactivité complète vis-à-vis
de ce dernier, et aussi à ce que l'acétal qu'elle produit gêne son procès
physiologique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la préparation des carbazides. Action des hydra-
zines sur les carbonates phénoliqnes. Note de MM. P. Cazeneuve et
MoREAU, présentée par M. Armand Gautier.
« Il semble théoriquement que les carbo-dérivés des hydrazines
puissent se préparer avec facilité, comme les corps de constitution simi-
laire, à l'aide de l'oxychlorure de carbone réagissant sur les bases hydra-
ziniques. L'expérience montre que cette réaction trop énergique aboutit
à la formation de composés divers, dont l'un de forme cyclique de la
formule
O
/\
R-AzH-AzH-C CO
Il I
Az - Az — R
lorsqu'on fait intervenir une liydrazine primaire.
( 1255 )
» On a été plus heureux en faisant réagir telle hydrazine sur l'éther
carbonique éthylique, ou encore sur l'urée ou l'uréthane. La préparation
indiquée par Curtius et Heidenreich (') de la carbazide
^ AzH.AzH-
\AzH.AzH-
par action de l'hydrate d'hydrazine sur l'éther carbonique à ioo° en est un
exemple. La carbazide de la phénylhydrazine se prépare avec de bons
rendements, comme nous l'avons vérifié, par action de cette base sur
l'urée et l'uréthane (-).
» Nous avons reconnu que l'action des bases hydraziniques sur les car-
bonates phénoliques était encore un mode général de préparation des car-
bazides donnant d'excellents résultats. Il suffit de régler la température
d'action suivant les hydrazines intervenant ou la nature de l'éther carbo-
nique employé. Elles se forment suivant l'équation :
4(R.HAz.AzH-)+ CO'(C«H')=
= CO(AzH.AzH.R)-+ aÇCH^O. AzH=. AzH .R).
» L'emploi du carbonate de diphényle donne ainsi avec la phénylhydra-
zide la carbohydrazide avec un rendement de 70 pour 100.
» a. Action de C hydrazine su7' le carbonate diphénylique. — La solution
aqueuse d'hydrazine réagit instantanément avec élévation de température
sur le carbonate diphénylique.
» aSs"' d'hydrazine en solution dans 7.00' d'eau ont été versés sur 256"' carbonate
diphénylique. Le mélange s'échaufl'e, le carbonate se dissout. Par refroidissement, on
obtient une magnifique cristallisation en paillettes de phénate d'hjdrazine, qui fond
à 63°-64° et correspond à l'analyse à une combinaison de 4 molécules de phénol pour
1 molécule d'hydrazine.
(C«II''0)^Az^^-— AzH'-(C«H''0)'.
Azote trouvé : 6,94 pour 100. Théorie : 6,86 pour 100.
» Du liquide isolé du phénate, évaporé dans le vide et repris par l'alcool absolu, on
retire la carbazide
/AzH — AzH'
\AzH -AzH»
découverte par Curtius et Heidenreich, et fondant à i32°-i53''.
(') Z>. ch. G., t. XXVII, p. 55.
(^) S. Ski.nner et P. RicHEJiANN {D. chcm. G., t. XX, p. 3872).
( 1256 )
,) Sans doute se forme-t-il le corps
\AzH — AzH /
sorte de biuret également signalé par ces chimistes dans l'action de l'hydrazine sur le
carbonate d'élhyle. Nous n'avons pas opéré avec des quantités suffisantes de matière
pour l'isoler.
» b. Action de la phénylhydrazine sur le carbonate diphénylique. — On chauffe
à i6o''-i70° pendant une heure i molécule de carbonate diphénylique, soit aSef, au
sein de 4 molécules de phénylhydrazine, soit 5o8'' environ.
» Il se dégage des traces de CO^. Le liquide jaunit à peine. Par refroidissement, on
obtient une masse cristallisée blanc jaunâtre, qu'on reprend à chaud par 2ooS'' d'alcool
à 60°, fortement acidifié par l'acide chlorhydrique pour enlever l'excès de phénylhy-
hydrazine. L'alcool coloré en jaune enlève le phénol formé et le chlorhydrate de phényl-
drazine. Deux nouvelles cristallisations dans l'alcool à 60° donnent le produit corres-
pondant à l'analyse à
p^/AzH.AzH.G«H=
XAzH.AzH.CH^"
Azote trouvé. . 23,38 pour 100 Théorie 23,i4 pour 100
» Le corps obtenu fond à 169°- 170".
» Le point de fusion iSi" donné par Skinner et Richemann ne nous
paraît pas exact; à iSi" le corps prend une teinte rose sans fondre; il
semble subir un commencement d'altération.
» Nous avons également préparé cette carbazide par action de la phé-
nylhydrazine sur le carbonate de gaïacol. Les rendements sont bons,
quoique tm peu moins élevés.
)) c. Action de la méthylphénylhydrazine sur le carbonate diphénylique. —
Il s'agit de la méthylphénylhydrazine dissymétrique. Nous avons, en effet,
reconnu que les hydrazines secondaires symétriques n'ont plus d'action sur
les carbonates phénoliques, leur basicité ayant disparu. C'est le cas de
l'hydrazobenzol qui ne réagit pas.
» ôos'- méthylphénylhydrazine et 258'- carbonate de diphényle sont chauffés une heure
à i6o°-i70°. On agite la masse avec de l'eau acidifiée par H Cl pour enlever l'excès de
base et une partie du phénol. Deux cristallisations dans l'alcool à 60° donnent un
produit pur en cristaux blancs, ne se colorant pas à l'air, et donnant à l'analyse
Az pour 100 = 2o,5o5.
.. Laformulero/^'"-^^*^H'-C'H' •
" toi mule ^0\A,H.ÂzaP.C«H= ^^'^^ '^''^ P°"'" '««•
» Ce corps nouveau fond à i49<'-i5o<'. Il ne distille pas sans décomposN
( '^57 )
lion. Il est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool à 60" bouillant,
soluble dans l'alcool fort, l'éther, le chloroforme, la benzine et la nitro-
benzine.
» Cette carbazide de la niélhylpliénylhydrazine colore en bleu intense
les sels de cuivre par formation d'une combinaison sans doute.
» d. Action de la naphlylhydrazine P sur le carbonate diphénylique. — En fai-
sant réagir 4 molécules de naphlylhydrazine P sur le carbonate diphénylique à 100°
pendant une demi-heure, soit 28e'' de base sur Ss'' de carbonate, on obtient en petite
quantité un corps cristallisé, par cristallisation dans l'alcool à ôC d'abord acidulé par
H Cl, ensuite pur.
» Ce corps correspond a '-<^\Az1I. Azll.C'»H' p'
Azote trouvé. . . . 16,20 pour 100. Théorie 16,37 pour 100.
» Ce corps est soluble dans l'alcool fort et l'éther.
» Si l'on fait réagir 2 molécules de naphlylhydrazine p sur i molécule de carbonate
diphénylique, soit i48';^e base sur 86"' de carbonate, en chauffant trois heures à la tem-
pérature du bain-marie, on obtient une urélhane hydrazinique. Comme précédemment,
on traite la masse par l'eau acidulée avec H Cl et l'on fait cristalliser plusieurs fois
dans l'alcool à 80°, en traitant par le noir animal. On recueille des paillettes légère-
. , j . , , , ,,^/.VzIl.AzH.C"'H^
ment jaunâtres, correspondant a la tormule '-''-'X/'^pcHô
» L'analyse a donné :
Trouvé : Azr= 10,01 poui- 100. La théorie exige : 9,90 pour 100.
Trouvé : C = 73,59; 11= '1,77. Calculé : C = 73,38; H = ;j,o3.
11 (je corps ne fond pas sans décomposition.
» Sans doute, le traitement des carbonates phénoliques par les hydra-
zines en proportion calculée permettrait d'obtenir des urélhaues aroma-
tiques analogues à celle que nous signalons pour la naphtylhydrazine p.
» Ces recherches seront poursuivies. «
CHIMIE ORGANIQUE. — Combinaisons du chlorure de lithium avec V élhylamine.
Note de M. J. Bonnefoi.
« Pur et anhydre, le chlorure de lithium forme avec l'éthylamine trois
composés solides. Ces corps se produisent plus rapidement, si l'on prend
soin de faire absorber d'abord par le chlorure du gaz ammoniac, que l'on
chasse ensuite par un courant d'azote sec.
c. K., 1899, ■î' Semeslre. (T. CXXIX, N° 26.) ' t>3
( 1258 )
» 1 LiCl -f-C-H" Az. — Ce composé se forme lorsqu'on l'ail passer le gaz élhyl-
aiiiiue sur le chlorure de lithium au-dessus de H- 70", ou bien en décomposant à celte
température les combinaisons suivantes. C'est une masse blanche, poreuse, semblable
aux corps obtenus avec le gaz ammoniac ou la méthvlamine, et précédemment dé-
crits (').
» Sa chaleur de dissolution dans l'eau (6'") est de -f-7C'",5o3.
.) Connaissant la chaleur de dissolution de C- H'Â7.(-t- i9.'-''',9i) ('), on en déduit :
Li Cl sol. -+- C'^H" Az gaz = Li Cl, C^H'Az sol -4-i3'=", 834
B Ce nombre est le même que celui que fournit Li Cl -H CH'Az (+ 13^^"', 820), et
plus élevé, de deux calories, que celui donné pour LiCl 4- AzFP(+ ii«^',842).
» Les tensions de dissociation du composé LlCI,C'H''Az ont été déterminées seu-
lement à deux températures :
89°, 3.
•9'°.7'
858"
ce qui donne, en appliquant la formule de Clapeyron,
-l-i3c»i,7i7,
résultat qui concorde sensiblement avec la donnée calorimétrique directe.
» On peut dès lors calculer toute la courbe.
» IL LiCl -+- 2C^H''Az. — Ce composé se produit entre + 58" et -+- 70°, soit direc-
tement, soit en laissant la combinaison suivante se détruire. Il est blanc et poreux
comme le précédent :
Chaleur de dissolution (8''') -H 9'^"', 43
d'où l'on déduit
LiCl sol. + 2C-^H"Azgaz = LiCl, 2C'irAzsol -h 24<^'",8i7
et
(LiCl 4- C'PPAz) sol. -h aWAz gaz = LiCl, aC-IF Az .... + loC-'.gSS
» C'est un nombre inférieur à la fois à celui que donne LiCl, CH'Az fixant CH'Az
{-+- 12*^', 06) et même à celui fourni par LiCl, AzH* fixant AzH' (+ i i'^"',5i7). Cepen-
dant les trois résultats sont très voisins.
» Les tensions de dissociation de LiCl, 2C-H"Az sont
^ +69°,^ 743"""
A +72» 840"""
ce qui donnerait, en appliquant la formule de Clapeyron,
-t-i i'^^',09
pour la fixation de la seconde molécule de C^H'Az.
(') Comptes rendus, t. CXXIV, p. 771, et t. CXXVU, p. 367 et 017.
(2) M. Berthelot, T/iermoc/iimie, t. II, p. 368.
( 1259 )
» III. LiCI -H 3C^H' Az. — Ce composé se produit au-dessous de +58°. Il est
saturé, et je n'ai pu obtenir de combinaison à 4C'^H"Az, même en employant i'éthvl-
amine liquide. Il est blanc, poreux, plus volumineux, que les deux précédents.
Chaleur de dissolution (lo^'') -M i'"»',77
d'où l'on déduit
LiCI sol.-(- SC^H^Az gaz. = LiCl, SCnPAzsol +35<=--'', 887
et
(LiCl+ C^H'Az)sol. + C-H-Azgaz. — LiCl,3CMnAzsol.... -h,oC"',57
nombre inférieur aux deux résultats correspondants obtenus antérieurement :
(LiCI, 2CH=Az) +- CH^Az H-ioC^',8i
et
(LiCl,2AzH'') + AzH^ +iiCai,o97
mais encore très voisin.
» Les tensions de dissociation de LiCI', 3C'^H"Az sont
mm
mm
A +57° 696
A +61° 843
ce qui donne, en appliquant la formule de Clapejron,
+ io'^»',5o3
pour la fixation de la troisième molécule de C'-II'Az gaz., résultat qui concorde avec
la donnée directe +10,57.
» IV. En résumé, l'addition de 3 molécules de AzH\ de CH'Az ou de
C^H'Az à I molécule de LiClsol. dégage des quantités de chaleur très
voisines : -+-34,456, -1-36,690 et -1-35,387. ^'^ faillie différence constatée
tient sm-tout à la fixation de la première molécule. Enfin l'ammoniac seul
donne un composé à 4 molécules.
» Dans tous les cas, la formule de Clapevron donne des résultats qui
concordent parfaitement avec les données calorimétriques directes. »
THERMOCHIMIE. — Sur la narcéine ('). Note de M. Emile Leroy.
« L'échantillon de narcéine utilisé a fourni à l'analvse les nombres sui-
vants : C 57,37; H 6,60; Az 2,98; perte à xoo° : 7,40, ce qui correspond
à la formule C-'H^'AzO*2H-0. qui exige : C 57,38; H 6,44; Az 2,91; eau
(') Laboratoire du Collège de France.
( I26o )
(l'hvdratation 7,48. L'existence d'un hydrate de narcéine à 2H-O n'a pas
encore été signalée. Ce corps, dissous dans l'eau bouillante, donne par
refroidissement des cristaux qui renferment 3H-0; c'est l'hydrate ancien-
nement connu. Il ne m'a d'ailleurs pas été possible, en faisant varier les
conditions de cristallisation, de reproduire l'hydrate à 2H-O.
» Chaleur d'hydratation. — Elle a été déterminée en mesurant les chaleurs de
dissolution de la narcéine anhydre et de ses hydrates, dans la potasse étendue. On a
dissous I molécule de narcéine dans 2 molécules de potasse (i molécule KOH dans
25"'). Le dégagement de chaleur a été vers i4° :
Pour Né.SH^O dissous dans 2 KOH + 2,"8
» Né.aH^O » +5,8
)) Né anhydre (déshydraté à 100°) +12,0
>i On déduit de là :
Eau liquide. Eau solide.
Né+2H^0 -t-ôc^i, ou ac'",! X 3 -)-3t"i,i ou +i«^i,55x 2
Né.2tP0 + lP0 +3Ca',0 +ic=',45
)) L'addition de la troisième molécule d'eau dégage presque autant de chaleur c|iie
chacune des deux premières.
» Chaleur de combustion. — La narcéine anhydre étant très hygrométrique, on a
brûlé dans la bombe calorimétrique l'hydrate à lU^O. Il a été nécessaire d'employer
une petite quantité de camphre pour faciliter la combustion. On a trouvé, à la tempé-
rature de 1 5°, pour 1S-- de substance: 5820"=,9; 5823% 8; 5824^9; moyenne 5823^2;
d'où, pour i""'i=48i, 2790^9 à volume constant et 2792^2 à pression constante.
» Chaleur de formation. — On en déduit, pour la chaleur de formation de la nar-
céine hydratée,
C"+ H"-H Az -t-0«-i- 2H2O liq.= Né.2lI2 0 -t-3o8'^"i,4
et pour la formation du corps anhydre,
C"+H"+Az-!-0'=Né 302'^»', 2.
» Chlorhydrate de narcéine. — La narcéine ne se dissout pas dans la quantité
équivalente d'acide cldorhydrique étendu; il faut employer un excès d'acide pour que
la dissolution soit complète. On a trouvé que la dissolution de i molécule de Né. 2 11^0
dans 5 molécules d'acide (i"""HCl dans lo"') absorbe — 4c^',62. En tenant compte de
la chaleur d'hydratation, on aurait pour la base anhydre +1^»!, 58.
» Le chlorhydrate cristallisé a été obtenu en dissolvant la narcéine dans H Cl étendu
et en ajoutant un grand excès d'acide; il se sépare peu à peu des cristaux brillants
ayant pour formule C"H" AzO^HCI .3H20 (HCl trouvé : 6,77, calculé : 6, Si;
H^^O trouvé : 10,01, calculé : 10,08). Ce sel se déshydrate sans altération à t2o°. Il
ne se dissout pas complètement dans l'eau pure, maisse dissout facilement dans l'eau
( I26l )
acidulée par H Cl. Cela permet de réaliser, par dissolution du sel dans l'eau acidulée
l'état final obtenu dans les expériences de neutralisation. On a trouvé pour chaleur
de dissolution du sel hydraté, vers i5°, — g'^^'jSo, et pour le sel anhydre — 2'^''',54.
)) On en déduit d'abord la chaleur d'hydratation :
Né.HCl + SH^Oliq -1- e^SyB
Né.HCI -f-SH'Osol + 2C»i,o8
puis la chaleur de formation du chlorhydrate solide :
Né-+-HClgaz = NéHClsol +21^=', Sa
» Sel de potassium. — On a donné plus haut la chaleur de dissolution de 1 molé-
cule de narcéine dans 2 molécules de KO H. Si, à la liqueur ainsi obtenue, l'on ajoute
I molécule de HCl, le dégagement de chaleur est de i3'^"',4 vers i4°, température à
laquelle la chaleur de neutralisation de KOHpar HCl est i3'^-'',9; on en déduit que
le deuxième équivalent de potasse ajouté a dégagé 0''"', 5 et par conséquent.
Né sol. -t- KO H diss. dégage +1 icai, 5
Le sel de potassium solide a été préparé d'après les indications de Freund {Annales
de Liebig, t. CCLXXVII, p. 35). Ce sel retient i molécule d'alcool de cristallisation,
qu'il perd facilement dans le vide sur l'acide sulfurique. Il a alors pour formule
Q23jj26^20'K (K trouvé : 7,89; calculé : 8,o5); cette substance très hygrométrique
se dissout facilement dans l'eau, en dégageant par molécule -t- S'^^', 85.
» On calcule alors facilement la chaleur de formation du sel solide
C"H"AzO« soI.-hKOH so1. = C"H2«AzO'KsoI.-hH20 so1.+ lô'^^Sy.
» Il résulte de cette étude que la narcéine est une base très faible; de
tous les alcaloïdes de l'opium, c'est celui dont la fonction basique a la
moindre intensité. La chaleur de formation de son chlorhydrate, 21*^^', 52,
est voisine (un peu moindre cependant) de celle du chlorhydrate de nar-
cotine, 21^*', 72; et comme cette base, la narcéine est sans action sur le
tournesol. L'étude thermique de la narcéine montre surtout nettement
l'existence d'une fonction acide bien caractérisée. La formation du sel île
potassium dégage 16^"', 7; c'est un nombre notablement inférieur à la
chaleur de formation des sels de potassium des acides proprement dits
(acétates, benzoates, etc.), mais supérieur, d'autre part, à celle des phé-
nates. La fonction acide de la narcéine est seulement un peu affaiblie par
la coexistence d'une fonction basique dans la même molécule. »
( 1 262 )
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur V évolution de la matière minérale pendant la
sermination ( ' ). Note de M. G. Andrk.
« H m'a paru intéressant de suivre les variations de la matière minérale
depuis le moment oi^i la graine est confiée au sol, dans les conditions ordi-
naires de la germination, jusqu'à celui où la plante, après avoir diminué
constamment de poids sec, parvient à cet état de développement où elle
pèse à peu près le même poids que sa graine. La plante possède souvent à
ce moment une tige de plusieurs centimètres de hauteur, garnie de feuilles,
et la fonction chlorophyllienne s'exerce déjà depuis quelque temps.
» J'ai principalement cherché, dans mes expériences, à comparer l'évolu-
tion de la matière minérale à celle de la matière organique et à saisir la
correspondance qui existe entre les deux; on sait quelles associations intimes
présentent ces deux matières chez les êtres vivants.
» J'ai pris comme sujet d'expériences le Haricot d'Espagne (Phaseolus
multiJJorus). Sa graine est essentiellement amylacée, son poids est assez
considérable (is"' environ), et il est facile de la déraciner à tout moment
de la végétation, sans léser les racines. J'ai évité à dessein les cultures dans
l'eau, voulant n'opérer que dans les conditions naturelles de la germi-
nation.
» Les graines de cette plante ont été semées sur une parcelle de la Station de Chimie
végétale de Meudon : huit jours après le semis, j'ai prélevé avec précaution, à des
intervalles de temps assez rapprochés, un lot de 60 à 80 graines prises au hasard sur la par-
celle ensemencée, je les ai lavées extérieurement à l'eau pour enlever toute trace de
terre, pesées à l'état frais après dessiccation d'une heure à l'air, puis pesées à l'état sec
après dessiccation à 1 10°, et enfin analysées. La perle de poids sec est considérable pen-
dant la germination; on sait que les graines amylacées perdent alors plus de matière
sèche que les graines oléagineuses.
» I. Je citerai seulement ici quelques chiffres qui se rapportent à la pre-
mière et à la troisième série de mes essais, dont je publierai les détails, ainsi
que ceux des autres séries, dans un Mémoire étendu.
» 100 graines ou plantules sèches contiennent les quantités de matière
suivantes :
(') Laboratoire du Collège de France.
( 1263 )
Première scrU
Perle
Puids
[mur 100
de
du
l'oids
la matière
poids sec
des
séchée
de
cendre*
A/.
à iio°.
la graine.
totales.
total.
PO* II'.
K-0.
Si 0 '.
CuO.
10 mai
1899. 100 graine^
• 93 , I 5
»
Kl-
4.63
SI'
3,18
1,69
2 , 22
sr
o,o.'i
o,.4
1.
19 «
100 plan tules.
■ 89.30
4,23
4,94
3,07
1 ,61
2,04
0, i6
0,17
2_
23 »
100 »
■ 90,42
•'-,9'
5,86
3,27
1,76
2,4.
1 ,33
0,25
3.
26 )i
1 00 »
■ 79>26
14, 3-.
7,93
3,11
1,66
2,36
2,96
o,3S
k.
3o »
1 00 »
. 69,33
25, o3
C)
9,46
3,02
1,56
2,3l
3 ,5 1
0,57
5.
3 juin.
100 11
■ 73>i9
'9,27
10,28
3,00
.,.58
2,67
3,81
0,94
6.
9 >'
1 00 »
• "3,27
+21 ,61
1 6 , 90
4,18
1,85
4,53
4,-6
2,47
Troisième
série.
26 juin.
100 graines . .
UT
. I 16,95
»
5,29
3'i6i
1,29
2,55
o,oi
0,21
1.
3 juille
l. looplanlules.
. 98,00
10,78
4,5o
3,47
1,45
2, 12
o,38
0,28
2.
5 ,.
100 »
■ 99,71
14,75
5,32
3,64
1,47
2,10
I ,o5
0, 33
3.
8 .,
100 »
. 84,34
27,89
6,74
3,4i
.,18
2, 10
3,00
0,47
4.
1 1 1)
100 »
■ 77. S9
33, 4o
C^)
8,00
3,47
1 ,3o
2,02
4,47
0,79
5.
1.5 )i
100 )i
. io5,66
9,66
16, 38
4,56
1,47
3,44
5,69
1,80
6.
10 »
100 '
. i33,55
H-'4,i9
17,88
â,97
1,74
4,3i
4,48
3,33
w Dans les deux exemples qui jjrécèdent, entre le 3 et le 9 juin, d'une
part, le i.5 et le 19 juillet, d'autre part, la plante, à l'état sec, pesait autant
que sa graine initiale. Les cendres totales ont à peu près triplé. Cette ab-
sor[)tion de matière fixe ne porte pas, dès le début, sur tous les éléments à
la fois, comme on le voit; il semble que ceux qui sont les plus utiles à la
vie ultérieure du végétal (acide phosphorique et potasse) sont aussi ceux
que la graine eu germination absorbe les derniers. On comprend facile-
ment la cliose, si l'on réfléchit à la relation rlroite qui existe, par exemple,
entre la formation des albuminoides d'une part et la présence des phos-
phates de l'autre.
» II. En ce qui concerne l'azote, en effet, l'analyse montre que, dans
la première série, la quantité d'azote total contenu dans 100 graines sèches
était de 3''''', 18. Cet azote n'a pas varié, dans les limites d'erreur des expé-
riences, tant que la plante a pesé moins que sa graine; il a atteint, à la
{') Tiges de o"», 12 à o", i5 de hauteur portant quatre feuilles vertes.
(-) Tiges de o"", i5 à o™,20 de hauteur portant de deux à quatre feuilles vertes.
( 1264 )
sixième prise d'échantillon, le chiffre de 4^'. i8, alors que l'augmentation
de poids sec de la plaiitule, par rapport à celui de la graine initiale, était
de 2i,6i pour loo. On voit, en consultant le Tableau qui précède, que
l'acide phosphorique suit une marche à peu près parallèle à celle de l'azote,
et que le poids de cet acide ne se relève à is%85 qu'au moment où l'azote
passe de 3^"^ à f\^^ i8. Mêmes observations pour la troisième série, ainsi que
pour les autres dont je ne puis ici, faute de place, transcrire les chiffres.
» III. La potasse, dont on connaît les relations remarquables avec la
genèse de l'amidon, se comporte de la façon suivante : Tant que la plan-
tule vit sur sa graine et qu'elle perd de poids sec, le taux de cet alcali
demeure sensiblement invariable. Il commence cependant à augmenter un
peu plus tôt que celui de l'acide phosphorique, et cette augmentation
semble coïncider avec le développement de la fonction chlorophyllienne,
avec le moment où la plante récupère peu à peu par cette nouvelle fonction
de nouvelles matières organiques remplaçant celles qu'elle a perdues.
Dans les deux Tableaux ci-dessus, aux chiffres 2,67 et 3,44. notablement
plus élevés que ceux qui les précèdent immédiatement, correspondent les
époques où la plante, après avoir atteint le maximum de sa perte sèche,
commence à augmenter de poids sec et où, par conséquent, la fonction
chlorophyllienne devient active. Cette remarque confirme le rôle de la
potasse dans la formation de l'amidon, signalé autrefois par Nobbe,
Schrœder et Erdmann.
» IV. Le poids de la silice devient cent et quatre cents fois plus grand
dans le cours de l'expérience; celui de la chaux dix-sept fois plus grand
environ. Il n'y a donc pas de relation directe entre ces deux éléments,
chacun d'eux entrant dans le végétal indépendamment de l'autre. Si l'on
veut chercher une signification physiologique dans ce fait d'une absorption
de principes fixes ayant lieu dès le début même de la germination, on est
conduit à penser que l'absorption de la silice est en relation avec la
transformation des celluloses facilement saccharifiables (hémicelluloses)
en celluloses non saccharifiables par les acides étendus. I. Pierre,
M. Dehérain, MM. Berthelot et André ont déjà insisté, à différentes reprises,
sur les relations remarquables existant entre la cellulose et la silice.
» Peut-être en est-il de même pour la chaux, qui s'accumule de préfé-
rence dans les cendres de la matière dite incrustante à mesure que la plan-
tule se développe. Il est remarquable de voir la silice, colloïdale, monter
dans le végétal avec une pareille rapidité, alors que les principes cristal-
loïdes ne sont absorbés que plus tard.
( 1265 ^
» Il existe donc, d'après ce qui précède, une relation intime entre la
matière minérale et la matière organique pendant la germination. Toute-
fois, il convient de ne pas trop généraliser le rôle de la silice, encore fort
obscur, puisque la graine, comme l'on sait, peut évoluer dans des solu-
tions exemptes de cette substance.
» J'exposerai prochainement quelques remarques relatives aux trans-
formations de la matière organique pendant la germination. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage des halogènes dans les composés
organiques ('). Note de M. Amand Valeur.
« M. Berthelot a montré depuis longtemps et rappelé récemment
(Comptes rendus, t. CXXIX, p. 1002) que la combustion des corps orga-
niques dans la bombe pouvait être utilisée, non seulement pour les mesures
thermochimiques de précision, mais aussi pour le dosage de la plupart des
éléments minéraux susceptibles d'entrer dans la composition des corps
organiques. Je me propose, dans cette Note, de faire connaître les essais
que j'ai effectués dans le même ordre d'idées et les résultats que j'ai ob-
tenus, dans le cas particulier du dosage des éléments halogènes.
M J'étudierai en premier lieu le dosage du chlore et du brome, puis celui
de l'iode :
» I. Dosage du chlore et du brome. — Les travaux, de MM. Berthelot et Matignon
sur la combustion des composés chlorés, dans l'oxygène comprimé, ont montré que,
dans cette combustion, Cl est transformé partiellement en HCI et reste en partie à
l'étal libre.
» Pour ramener le chlore libre à l'état de HCI, MM. Berthelot et Matignon se sont
servis d'une solution d'acide arsénieux; et plus récemment, spécialement en vue du
dosage, M. Berthelot indique l'emploi des arsénites et des sulfites alcalins.
» Le procédé dont je me sers présente le très grand avantage de ramener le dosage
de Cl et de Br à l'emploi des méthodes volumétriques et permet d'eft'ectuer le dosage
de ces éléments dans un temps qui n'excède pas une demi-heure. Il consiste à brûler la
substance organique dans la bombe, en présence d'une solution ammoniacale concen-
trée : les produits de la combustion étant CO-, HCI, Cl, et AzO'II (en très petite
quantité), l'ammoniaque en excès fait passer Cl et HCI à l'état de Âz H* Cl et trans-
forme CO- et AzOni en sels ammoniacaux. Il suffit donc d'agiter la bombe après la
combustion et de recueillir la solution ammoniacale; celle-ci se prête avec la plus
grande facilité au dosage par voie vohimétrique.
(') Laboratoire du Collège de France.
C. R., 1899, 2« Semestre. (1. CXXIX, N° 26.) •""
( 1266 )
» Pour cela j'ai employé deux moyens : le premier consiste à évaporer la solution
ammoniacale au bain-raarie, à siccité. Dans ces conditions, il n'y a, comme on le sait,
aucune perle de AzH*Cl. 11 suffit alors de doser l'élément halogène au moyen d'une
solution titrée d'azotate d'argent, en se servant de chromate neutre de potasse comme
indicateur. La seconde méthode est plus rapide encore et tout aussi précise; elle con-
siste à rendre nettement acide par AzO^H la solution ammoniacale, y ajouter un excès
d'une solution titrée de AzO^Ag et déterminer l'excès d'argent par la méthode
Lextreit-Vôhlard, au moyen du sulfocyanure d'ammonium, en se servant de l'alun de
fer comme indicateur; ces deux modes opératoires donnent également de bons résul-
tats et sont applicables indifTéremment au cas du chlore ou du brome.
» i" Acide chloranilique. — On a employé oS"',3262 de substance, qui ont été brûlés
avec OS' 4o environ d'un combustible auxiliaire (naphtalèae) en présence de 25"^° de
AzH^ concentrée et pure; il a fallu 3i'%3 de liqueur argentique, correspondant à
oS'',oo354 de Cl par centimètre cube. Soit, trouvé, Cl pour loo : 33,96; calculé pour
C«H^0*C1^ Cl pour 100 : 33,97.
» 2" Acide parabromobenzoïque. — Deux opérations ont été faites : l'une, sur
o8''^6573, a donné, Br pour 100 : 39,44; l'autre, sur o6'',5o5i, a fourni, Br pour 100 :
89,48; calculé pour C'H^BrO% Br pour 100 : 89,80.
» 3° Dibroinoanthracèiie. — On a opéré sur o8'',7656; les liqueurs ammoniacales
ont été divisées en deux parties; l'une a été titrée au chromate, l'autre au sulfo-
cyanure; on a trouvé respectivement, Br pour 100 : 47!45 et 47ï5i; calculé pour
C'^H^Br^, Brpour 100:47,72.
» II. Dosage de l'iode. — La méthode qui précède n'est point applicable au dosage de
l'iode, en raison de la manière différente dont cet élément réagit sur AzH^. J'ai rem-
placé, dans ce cas, la solution ammoniacale par une solution de potasse concentrée.
Cette méthode demande quelques précautions spéciales ; aussi la décrirai-je avec
quelques détails. J'ai opéré sur un corps très riche en iode, le létraiodoéthylène
(diiodoforme) GH*. Ce composé étant trop dense pour qu'on puisse réduire en pas-
tille une quantité aussi faible que celle qui a été mise en œuvre, j'ai creusé une petite
cavité dans une pastille de naphtalène et y ai déposé le corps iodé, soit oS'',2942, dans
une expérience; au-dessus de la substance a été placée une seconde pastille de naph-
talène et la combustion a été faite à la manière ordinaire, dans la bombe, au fond de
laquelle on avait déposé, avant l'expérience, 5o" de KOH (i mol = o''', 5o).
» La combustion terminée, on place la bombe sur un plan parallèlement à son
grand axe et on la fait rouler pendant quelque temps sur le plan, de manière que la
solution de potasse vienne toucher successivement tous les points delà surface interne
de la bombe. Cela fait, on laisse refroidir, et alors seulement on détend lentement les
gaz; ils doivent être absolument inodores, si l'opération a été bien conduite. La bombe
ouverte est lavée avec soin et le liquide placé dans un petit ballon. On neutralise alors
partiellement la potasse au moyen deSO*H-au cinquième, puis on distille en recueil-
lant l'iode dans une solution de Kl. Quand il ne passe plus d'iode, on ajoute une nou-
velle quantité de SO*H'-, de manière à rendre la liqueur très fortement acide, puis
3o'='= à 50='= de Cr^O'K^ en solution saturée, et l'on distille de nouveau. Quand il ne
passe plus d'iode, on étend la solution iodoiodurée à 200'='=, on en prélève 20'='= et l'on
dose avec une solution d'hyposulfite étendue, exactement titrée au moyen d'iode pur.
( 1267 ^
Il a fallu 21", 9 d'hyposulfite correspondant à is^, 28 d'iode par litre. Soit :
I pour 100 ==95,28 calculé pour OP, I pour 100 = 95,48. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur quelques effets des décharges élec-
triques sur le cœur des Mammifères. Noie de MM. J.-L. Prévost et
F. Battelli, présentée par M. Ranvier.
« Dans une précédente Note (23 octobre 1899) nous avons résumé le
mécanisme de la mort par les décharges électriques, en indiquant la tech-
nique que nous avons suivie.
» Nous donnons aujourd'hui le résumé d'expériences faites dans le labo-
ratoire de Physiologie de l'Université de Genève en suivant le même dis-
positif, avec la différence qu'une des électrodes était appliquée directement
sur le cœur mis à nu. Cette électrode était constituée par un ou plusieurs
disques métalliques recouverts d'étoffe mouillée, qui étaient appliqués sur
la paroi antérieure des ventricules.
» Ces expériences ont été faites sur des Mammifères (chiens, chats,
lapins) curarisés ou anesthésiés parle chloroforme, lechloral, la morphine
ou l'élher.
» Dans une Note précédente (i3 mars 1899) nous avons montré que les
trémulations fibrillaires du cœur provoquées chez le chien, chez lequel
elles sont définitives, peuvent dans certaines conditions être arrêtées, le
cœur reprenant ses battements lorsque l'on soumet l'animal au passage
d'un courant alternatif de haute tension (de 4800 volts par exemple).
» xiu moyen de décharges électriques faites directement sur le cœur,
nous sommes arrivés à des résultats analogues, que nous résumons dans
les conclusions suivantes :
» 1. Quelle que soit la cause qui a provoqué les trémulations fibrillaires
du cœur, chez le chien ou chez le chat adultes, elles peuvent être abolies
et remplacées par de vraies contractions rythmiques du cœur, avec restau-
ration de la pression artérielle lorsqu'on applique sur le cœur une décharge
électrique appropriée (ni trop faible, ni trop forte); si toutefois on ne
laisse pas s'écouler un laps de temps supérieur à quinze secondes environ.
> 2. Quand on a laissé passer plus de quinze secondes après l'apparition
des trémulations fibrillaires, il faut recourir à un massage plus ou moins
prolongé du cœur, pour appliquer la décharge d'une manière efficace et
obtenir la cessation des trémulations et le rétablissement des battements
rythmiques du cœur.
( T268 )
» Sous l'effet fie ces décharges, les oreillettes sont, le plus souvent,
arrêtées en diastole; mais cet arrêt n'est que momentané, si les ventri-
cules réacquièrent des contractions efficaces.
M Les décharges qui nous ont paru les plus favorables à la restitution
des battements du cœur étaient, chez le chat (capacité : o,63 microfarad ;
distance explosive : 5°"") ; chez les chiens de petite ou de moyenne taille
(capacité : i,']l\; distance explosive : 5™"); chez les chiens de grande
taille (capacité : 1,74; distance explosive : 6™'").
» 3. Les courants induits appliqués sur la région du cœur, qui a reçu
une forte décharge électrique, ne provoquent plus de trémulations fdiril-
laires.
)) Ces trémulations peuvent, au contraire, être provoquées, si l'on élec-
trise un point autre que celui qui a reçu la décharge.
» 4. L'inhibition du point du cœur qui a reçu la décharge peut être plus
ou moins intense, suivant l'énergie de la décharge; ce point peut être ou
complètement inhibé et rester sans réaction, ou ses réactions peuvent être
simplement affaiblies.
» 5. L'inhibition du point qui a reçu la décharge ne provient pas d'une
lésion anatomique profonde, car elle est habituellement passagère.
» 6. En cas de décharges d'énergie modérée, le courant induit appliqué
sur le point de la décharge donne souvent lieu à une accélération du
cœur. »
ANATOMIE ANIMALE. — Considérations générales sur les organes reproducteurs
mâles des Coléoptères à testicules composés et disposés en grappes {*). Note
de M. L. Bordas, présentée par M. Edmond Perrier.
« Les glandes génitales mâles des Coléoptères, malgré leur prodigieuse
polymorphie, leur complexité apparente, les formes variées qu'affectent
les testicules, les glandes annexes, etc., peuvent néanmoins se ramener à
deux formes types fondamentales, relativement simples, autour desquelles
nous avons groupé toutes les autres, quelles que soient leur complication
et leur diversité morphologiques. Dans ces deux formes primordiales sont
compris : 1° les Coléoptères à testicules simples et tubuleux, et 2° les Coléo-
ptères à testicules composés et disposés en faisceaux ou en grappes.
{•) Travail dû-Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Marseille, dirisé
par M. le professeur Marion.
( 1269 }
» Nous allons, dans cette étude préliminaire, nous occuper des espèces
à testicules composés et disposés en grappes. Dans ce groupe se rangent
les Coléoptères appartenant aux familles suivantes : Tenehrionidœ, Sta-
phylinidœ, Hydrophilidœ, TelepJioridœ, Silphidœ, Coccinellidcc, Cantharididœ,
Cleridœ, Elateridœ, etc.
» Les TESTICULES affectent parfois la forme de grappe simple et sont
formés d'un petit nombre de lobes ou capsules testiculaires s'ouvrant
à l'extrémité antérieure du canal déférent {Tenehrionidœ^. Parfois aussi, la
grappe, également simple, simule l'apparence d'un épi et comprend un
réceptacle central tubuleux, dans lequel viennent déboucher une mul-
titude d'ampoules spermatiques coniques et sessiles {Slaphylinidœ, Hydro-
philidœ, etc.). Mais, dans la majorité des cas, la grappe est composée et
comprend un conduit médian, portant latéralement des ramifications, gé-
néralement très courtes, sur lesquelles s'ouvrent directement des capsules
ou ampoules spermatiques sessiles ou faiblement pédicellées ÇTimarc/ia,
Silphidœ, Coccinellidœ, Elateridœ, etc.). Chez les Cleridœ, ces ampoules sont
allongées, fusiformes, amincies et fdamenteuses à leur extrémité libre.
» Les CANAUX DÉFÉRENTS, tubulcux et parfois courts (^Slaphylinidœ), sont
généralement longs, sinueux et souvent pelotonnés. Chez toutes les espèces,
leur extrémité terminale s'élargit plus ou moins pour constituer les vési-
cules SÉMINALES. Ces dcmières renferment toujours, au milieu d'un li-
quide clair et gluant, de nombreux faisceaux de spermatozoïdes. Chez les
Coccinellidœ, la dilatation réceptaculaire, large et sacciforme, est tout par-
ticulièrement caractéristique. Ces canaux vont généralement déboucher à
la partie terminale des glandes annexes externes ou bien sur les côtés de
l'extrémité initiale, légèrement dilatée, du conduit éjaculaleur (^Staphyli-
nidœ). Le point d'embouchure, chez les Coccinelles, est situé à peu près au
quart inférieur de la première paire de glandes annexes.
» Le nombre des glandes annexes ou accessoires (') dépasse toujours
deux paires, contrairement à ce qui existe chez les Coléoptères à testicules
simples et tubuleux et chez ceux à testicules composés et fascicules.
1) Les Tenehrionidœ, les Slaphylinidœ, les Silphidœ, les Telephoridœ, etc.,
ont deux paires de ces glandes, tandis qu'on en compte trois chez les Coc-
cinellidœ, les Cantharididœ, les Elateridœ, etc., et quatre paires chez les
(') K. EscHERiCH (1894) et P. Blatter (1897), dans leur Étude sur l'Hydrophile,
appellent ectadénies les glandes annexes dépendant directement du conduit éjaculaleur
et mésadénies les organes annexiels dus à des évaginations des canaux déférents.
( I270 )
Cleridœ. Exceptionnellement, les Timarcha ne possèdent, comme glandes
annexes, que deux petites vésicules, considérablement atrophiées ets'ou-
vrant chacune au milieu du canal déférent correspondant.
» Parmi ces organes, lesuns (mésadénies) sont généralement en rapport
avec l'extrémité terminale des canaux déférents, tandis que les autres
(ectadénies) s'ouvrent directement à l'origine du conduit éjaculateur. Ces
glandes sont généralement tubuleuses, allongées, sinueuses et parfois
pelotonnées {Telephoridœ, Silphidœ, Coccinellidœ, etc.). Elles se présentent
cependant assez souvent sous la forme de vésicules ovoïdes (Timarcha,
Staphylins) ou de tubes larges, sacciformes, cylindriques, très variables
quant à leur conformation et à extrémité libre émoussée et recourbée en
S ou en forme de crochet (Clerus, Elater, Athous, Corymbites, etc.).
» Le produit de sécrétion glandulaire est un liquide souvent mnqueux,
gluant, hyalin et transparent; parfois, il se prend en une masse homogène
et gélatineuse ; souvent aussi, dans les glandes internes (ectadénies), ce
produit se concrète en une masse dure, résistante, cornée, élastique et
flexible, de couleur jaunâtre ou rougeâtre (Cleridœ). Dans ce dernier cas,
les coupes sont rendues très difficiles. Certaines des glandes annexes ont
sans doute pour fonction de sécréter un liquide destiné à diluer le sperme
ou d'exercer une fonction physiologique au moment de la copulation.
)) Les glandes annexes ont une structure histologique assez simple. Elles
sont pourvues extérieurement d'une membrane enveloppante assez mince,
formée de faisceaux musculaires circulaires et longitudinaux. Vient ensuite
une membrane basilaire (tunique propre), très ténue et de nature con-
jonctive, supportant l'épithélium sécréteur. Ce dernier est formé par une
assise unique de cellules allongées et cylindriques, de formes variables
suivant la nature des glandes et les régions de l'organe. Le bord interne de
l'épithélium est irrégulier, parfois sinueux, et ne présente, en aucun cas, de
membrane chitineuse recouvrante interne.
» Le CONDUIT ÉJACULATEUR cst long et sinueux chez les Tenebrionidœ, les
Staphylinidœ, les Telephoridœ, etc., large et court, au contraire, chez la
plupart des autres espèces. Il présente en général, au cours de son trajet,
un renflement vésiculeux, dû non à la dilatation de son lumen interne,
mais bien à un. accroissement considérable de l'épaisseur de ses parois. Il
traverse finalement l'axe du pénis et s'ouvre au dehors par un orifice circu-
laire.
)) Le conduit éjaculateur est entouré d'un manchon externe très puis-
sant et fort épais, constitué par des fibres musculaires circulaires et longi-
( I27I )
tudinales, disposées en un nombre variable d'assises. Sur le bord interne de
la couche musculaire, vient un très mince ruban membraneux basilaire,
de nature conjonctive, sur lequel repose Vépiihéliumchitinogène. Ce dernier
est formé par des cellules allongées et cylindriques ou parfois aplaties et
cubiques. La cavité centrale du conduit, généralement fort étroite, est
limitée par une intima chitineuse, à contour plus ou moins sinueux, parfois
lisse et souvent aussi recouvert de soies ou de piquants cornés.
» L'étude de l'épithélium chitinogène nous montre que le bord libre des
cellules disparaît parfois et que l'on peut passer, par des transitions insen-
sibles, de la structure protoplasmique de la région interne des cellules à la
couche chitineuse. Cette constatation nous permet de conclure que
l'intima chitineuse n'est pas un produit de sécrétion cellulaire, mais bien
une différentiation de la région cytoplasmique interne de l'assise chitino-
gène.
» Le conduit éjaculateur, malgré son apparence simple, a cependant une
origine double, ainsi qu'en témoignent : 1° un bourrelet médian interne
que l'on observe parfois sur les coupes, et 2° l'existence de deux conduits
allongés, sinueux et libres sur la presque totalité de leur parcours, que l'on
trouve encore chez quelques Longicornes {Lamiinœ). »
ZOOLOGIE. — ÉvoliUion sans hélérogonie d'un Angiostome de la Couleuvre
à collier. Note de M. Railliet, présentée par M. Edmond Perrier.
« Les belles recherches de Leuckart et de von Linstow ont montré que
les Angiostomes {Angiostoma Dujardin) sont le type des Nématodes hété-
rogoniques, c'est-à-dire qu'ils offrent régulièrement deux ordres successifs
de générations sexuées, savoir une forme monoïque parasite et une forme
dioïque libre.
» Or, je viens d'étudier un Angiostome du poumon du Tropidonolus
natrix dont le développement ne comporte plus de génération libre.
» Ce Ver, pour lequel je propose le nom cV Angiostoma fuscovenosum, se
présente sous l'aspect d'une femelle longue de 3""°, 4 à 5""", 6, large au
maximum de i5o [/. à 190 [j., de teinte blanchâtre avec une ligne brunâtre
correspondant à l'intestin. Le corps est cylindrique, atténué aux deux
extrémités, surtout en arrière où il se termine en pointe fine. Le tégument
est strié en travers. L'extrémité céphalique est tronquée; la bouche, munie
de six lèvres ou papilles, donne entrée dans une capsule buccale infundi-
( Ï272 )
buliforme ; l'œsophage, un peu renflé en massue dans sa région postérieure,
est Ion" de 270 [;., large de 70 |x dans la partie la plus dilatée; l'intestin, for-
tement pigmenté, est à peu près cylindrique, sauf à l'extrémité postérieure,
oîi il s'atténue pour aboutir à l'anus, situé à 1 10 p. de la pointe caudale. I.a
vulve, assez saillante, est située un peu en avant du milieu du corps. Les
deux tubes génitaux renferment 20 à 3o et jusqu'à 4o œufs non segmentés,
longs de 79 ;;. à 85 jj., larges de 48 [i. à 52 [a, pourvus d'une coque très mince.
). Les œufs sont pondus dans le poumon; ils évoluent et éclosent sur
place. Ils donnent des embryons rhabditiformes que l'on trouve en très
grand nombre, non seulement dans la cavité pulmonaire, mais aussi dans
le tube digestif, qui constitue leur voie normale d'expulsion.
» Recueillies le 10 juin et conservées dans de l'eau de rivière filtrée sur porcelaine,
ces larves rhabditiformes mesurentàce moment 33o[ji.à 35o|j. de long sur 20 (j. d'épais-
seur. Leur appareil digestif comprend une très faible dépression buccale suivie d'un
tube pharyngien assez mince; puis un œsophage à double renflement, la dilatation
postérieure étant pourvue d'un appareil dentaire; enfin, un intestin assez large,
étranglé en arrière et terminé par un rectum fort grêle.
» Le 12 juin, ces larves sont déjà longues de 53o[j. et larges de 3o|j.. Elles montrent
une capsule buccale très nette et un tube pharyngien plus large. Pour me rapprocher
autant que possible des conditions naturelles, je les dépose sur du terreau humide,
préalablement passé à l'autoclave à 120°, de manière à éliminer les Anguillulidés sus-
ceptibles de l'habiter. Un échantillon de ce terreau est du reste conservé pour servir
de milieu témoin. Le tout est placé en chambre humide, à la température du labo-
ratoire.
« Le i4 juin, les larves rhabditiformes mesurent 63o jx à 660 [x de long; le 16 juin,
la plupart ont de 690 |j. à 800 |ji.
» Mais, à partir du i4 juin, on les voit successivement changer d'aspect. Le 20 juin,
toutes ont subi une mue et se présentent à l'état de larves strongyloïdes ou filari-
formes. Elles sont plus grêles, et surtout beaucoup plus agiles, au point qu'on les
prendrait à première vue pour des larves de Rhabditis. La cuticule est nettement
striée; la capsule buccale s'ouvre directement dans l'œsophage, et celui-ci ne laisse
plus guère distinguer qu'un renflement postérieur, moins accusé que dans la larve
rhabditiforrae, étranglé dans son milieu et dépourvu d'armature dentaire. Elles me-
surent alors 610 |J. à 65o |x de long sur 24 [x à 26 [t. de large.
)) On sait que les larves strongyloïdes représentent la phase ultime de la vie libre
de l'espèce, la forme qui doit réintégrer l'organisme de l'hôte. Aussi bien, à dater du
25 juin, les voit-on périr peu à peu, de quelque façon qu'on varie les conditions de
milieu; toutes sont mortes avant la fin de juillet.
w L'évolution qui vient d'être résumée est exactement parallèle à celle
qu'ont observée, à plusieurs reprises, Grassi, Leichlenslern et Max Braun,
soit pour le Strongyloïdes intestinahs de l'Homme, soit surtout pour divers
( 1273 )
Strongyloîdes des animaux. Mais l'intérêt qu'elle présente repose précisé-
ment sur ce fait qu'on avait considéré jusqu'à présent l'alternance de
générations comme nécessaire chez les Angiostomes. On voyait dans ces
Nématodes un type de passage entre les Rhabditis, toujours libres et à
sexes séparés, et les Slrongyloides, offrant une puissante adaptation à la
vie parasitaire, révélée par une tendance fréquente à la suppression de la
génération libre et dioique.
» Les faits qui précèdent montrent cette adaptation déjà très marquée
dans les Angiostomes, puisque ces Vers peuvent aussi se développer sans
hétérogonie. Ils se rapprochent même très nettement, à cet égard, des
Strongylidés de l'appareil digestif, et, en particulier, des Sclérostominés,
ce qui confirme les affinités soupçonnées par Dujardin d'après la seule
morphologie.
» Dans des recherches ultérieures, il y aura lieu de s'assurer si, comme
le fait a pu se produire parfois pour les Slrongyloides, l'intervention d'une
température relativement élevée ne serait pas susceptible de favoriser
l'apparition d'une génération libre à sexes distincts, c'est-à-dire le réta-
blissement de riiétérogonie. »
ZOOLOGIE. — Sur le pigment des Arénicoles. Note de M. Pierre Fauvel,
présentée par M. Edmond Perrier.
« Il existe dans le tégument des Arénicoles deux pigments ordinaire-
ment regardés comme complètement distincts :
)) 1° Un lipochrome jaune, contenu dans les cellules épithéliales,
dépourvu d'éléments figurés et soluble dans l'alcool;
» 2° Un pigment noir, formé de fines granulations insolubles de méla-
nine, de i[j. à 9.]j., localisées dans le tiers supérieur des cellules épider-
miques. C'est à ce dernier pigment que certaines Arénicoles doivent leur
coloration noire.
« Ayant remarqué que des spécimens d'Arénicole, colorés en jaune
clair, et à peu près complètement dépourvus de la pigmentation noire,
noircissent fortement dans l'alcool, au pointd'égaler les spécimens les plus
foncés, surtout lorsqu'ils ont été fixés par un réactif acide, tel que le
liquide de Perenyi, tandis que d'autres conservés dans le formol, ou fixés
au sublimé, conservent une teinte claire ou se colorent à peine en brun,
j'ai été amené à me demander si la couleur noire, chez l'animal vivant,
C. R., 1899, 2' Semestre. (T. CXXIX, N" 26.) 167
( I271 )
n'est pas due à une modification chimique du lipochrome jaune, à l'inté-
rieur des cellules sous l'influence d'un milieu acide.
» 1° Le développement de la pigmentation noire suit la même marchv?
que la coloration jaune. Chez les jeunes A. marina, au stade Clymenides,
cette dernière se montre d'abord sur les deux extrémités du corps et gagne
peu à peu vers le milieu; la pigmentation noire se montre plus tard et
débute sur les mêmes régions.
» 2° La partie antérieure et la partie postérieure du tube digestif sont
précisément celles qui présentent une réaction acide et leur épilhélium est
en continuité avec celui des extrémités du corps.
» 3° La pigmentation noire augmente avec l'âge, il en est de même de
la coloration jaune;
» 4° Les espèces chez lesquelles le lipochrome est le plus abondant sont
aussi les plus fréquemment atteintes demélanisme (A. ecau^lata, A. Grubii) ;
» 5° Si l'on examine au microscope un fragment de tégument vivant,
pris dans une région bien colorée en jaune, mais dépourvue de colora-
tion noire, on y voit un grand nombre de cellules colorées en jaune
intense d'une façon uniforme et sans traces de granulations. Si l'on
ajoute alors à la préparation de l'alcool, on voit celui-ci se teinter en jaune
par dissolution partielle du lipochrome et en même temps, à mesure que
le réactif gagne les cellules, jusque-là transparenles, on voit se former dans
celles-ci une foule de granulations noires, identiques à celles que l'on ob-
serve dans les parties naturellement foncées de l'épiderme. Avec les acides,
le phénomène est encore plus frappant.
» La solution du lipochrome, obtenue en faisant macérer des A. Gruhii, pendant
quelques minutes, dans l'alcool à 90°, est fluorescente, jaune d'or par transparence,
verte par réflexion. Abandonnée à la lumière, elle brunit en donnant un fin précipité
noirâtre insoluble dans l'eau et dans l'ammoniaque. Conservée à l'obscurité, elle se
décolore et précipite beaucoup plus lentement; le précipité est soluble dans l'ammo-
niaque qu"il colore en vert. Même au bout de deux mois, ^ de cette solution décolorée
ajouté à ^0 d'eau distillée colore celle-ci en jaune vif. L'addition de quelques gouttes
d'ammoniaque à la solution alcoolique la fait virer au vert émeraude intense et empêche
la formation du précipité, même à la lumière.
» L'addition de quelques gouttes d'acide chlorliydrique, d'acide azotique, ou de li-
quide de Perenyï, à la solution alcoolique, fait virer rapidement sa couleur au brun
et il se forme bientôt un précipité d'un vert noirâtre, dont les granulations examinées
au microscope sont identiques, comme aspect et comme taille, à celles que l'on observe
sur les coupes de l'épiderme. L'acide acétique donne un précipité brun.
» Ces précipités sont insolubles dans l'eau, l'alcool et l'ammoniaque.
>' La solution du lipochrome dans la formoline à 5 pour 100 est jaunâtre, assez
( '275 )
claire et ne m'a pas paru fluorescente. L'acide acétique, l'acide clilorliydrique, l'acide
azotique y déterminent rapidement la formation d'un précipité brun clair, insoluble
dans l'eau et dans l'ammoniaque. Ce précipité; abondant, floconneux, n'a pas l'aspect
de celui des solutions alcooliques. L'addition d'ammoniaque à la solution dans la
formaline empêche la formation du précipité, mais la couleur du liquide ne vire pas
au vert.
» Si l'on fait macérer dans l'alcool à 90°, pendant quelques minutes, une certaine
quantité de tubes digestifs d'^. Grubii, on obtient un liquide à peine coloré en brun
clair (sans doute par le sang du sinus intestinal). L'ammoniaque n'y détermine pas
de coloration verte, et les acides n'y produisent que des traces d'un fin précipité
blanc, d'aspect albuminoïde.
» Cette solution ne présente donc pas les mêmes réactions que celle du lipochrome
de l'épiderme.
» Il semble donc rationnel d'altribuerla formation des granulations de
mélanine, dans les cellules épilhéliales, à une modification chimique du
lipochrome, à l'intérieur des cellules mêmes, sous l'influence de l'acidité
provenant, soit du voisinage des régions acides du tube digestif (extré-
mités du corps), soit de l'accumulation des déchets organiques (pigmen-
tation augmentant avec l'âge), soit enfin du milieu extérieur (pigmenta-
tion très variable avec l'habitat ).
» Les différentes espèces semblent présenter de légères différences
dans la composition chimique du lipochrome.
)) Il convient de remarquer que Y A. Grubii est celle qui renferme la
plus grande quantité de lipochrome et que c'est également l'espèce chez
laquelle le mélanisme est le plus fréquent et le plus intense.
)) UA. ecaudata a un lipochrome moins abondant et moins foncé, la
mélanine est aussi moins développée chez elle que chez la précédente.
» Chez VA. marina, le pigment jaune est encore plus rare, il est sou-
vent localisé seulement aux extrémités du corps, et il en est de même de
la coloration noire, qui, même chez des individus de i5'='", fait parfois
presque coinplètement défaut dans la région moyenne.
» Enfin, chez l'^l. Vincenli, le lipochrome jaune semble faire défaut,
sans doute parce qu'il est en trop petite quantité pour être facilement
observé; or c'est également l'espèce chez laquelle la mélanine est le moins
abondante. »
( 1276 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — L' assimilation chlorophyllienne dans la lumière
solaire qui a traversé des feuilles ('). Note de M. Ed. Griffon, présentée
par M. Gaston Bonnier.
« Depuis les recherches de Timirjazeff, Reinke, Engelmann, etc., on sait
que le phénomène de la décomposition de l'acide carbonique est lié à l'ab-
sorption, par la substance verte des feuilles, de certaines radiations lumi-
neuses dont les longueurs d'onde sont connues. M. Timirjazeff a montré,
en outre, que la lumière blanche est incapable, quelle que soit son intensité,
de provoquer dans des tissus verts le phénomène de l'assimilation du car-
bone, si elle a traversé auparavant une dissolution de chlorophylle. Dans
ce cas, en effet, elle est privée des radiations qui fournissent aux chloroleu-
cites l'énergie nécessaire à la décomposition de l'acide carbonique.
» Dans la nature, la lumière solaire qui frappe une feuille n'a jamais, il
est vrai, traversé une dissolution de chlorophylle; mais, par contre, elle
peut avoir traversé une ou plusieurs feuilles vertes. Il était intéressant de
Toir ce que devient, dans cette lumière transmise, la fonction assimilatrice;
autrement dit, une feuille, qui ne reçoit de radiations lumineuses que celles
qui ont traversé une ou plusieurs autres feuilles, est-elle encore capable
de décomposer l'acide carbonique?
i> En 1887, M. Nagamatz (^) a essayé de résoudre directement ce problème; il a
recouvert une feuille verte par une autre semblable et il a constaté que dans la feuille
ainsi masquée il n'y a jamais formation d'amidon. Il en a conclu qu'une feuille verte
de 200 |x d'épaisseur suffisait à arrêter l'assimilation. Mais on sait aujourd'hui, depuis
les recherches de Schimper, Saposchnikoft", Brown et Morris, et j'ai eu l'occasion de
le constater moi-même bien des fois dans un autre travail, qu'il n'y a pas proportion-
nalité entre la quantité d'amidon produit et l'énergie assimilatrice; que la non-appa-
rition de l'amidon, dans une feuille qui en contient d'ordinaire, n'implique nullement
l'arrêt complet de l'assimilation.
» L'expérience qui précède n'est donc pas concluante. Je me suis proposé de la re-
prendre et je l'ai modifiée comme il suit :
» J'ai employé des éprouvettes aplaties enduites d'un vernis noir au sommet et sur
les côtés, de façon que la lumière ne puisse arriver dans l'intérieur que par les deux
(') Travail fait au Laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, dirigé par
M. Gaston Bonnier.
{■) Arbeiten des botanischen Instituts in Wurzburg, i, III, p. 899.
( 1277 )
faces planes. J'appliquais sur ces deux faces des portions rectangulaires de feuilles
d'une espèce donnée et que je maintenais en place au moyen d'anneaux, en caoutchouc.
Dans l'intérieur des éprouvettes se trouvait de l'air ordinaire contenant 5 à lo pour
100 d'acide carbonique; une feuille de Troène {Ligustrum ovalifoliitnt) reposait dans
cet air sur le mercure. Grâce à des analyses faites avant et après l'expérience, je
voyais si cette feuille assimilait ou non derrière l'écran appliqué sur les parois des
éprouvettes. Celles-ci, descendues dans un cristallisoir plein d'eau se renouvelant
continuellement de façon à maintenir la température constante, étaient exposées soit à
la lumière directe, soit à la lumière diffuse. Des éprouvettes témoins se trouvaient à
côté des précédentes; les unes étaient dépourvues d'écran et laissaient par conséquent
pénétrer dans leur intérieur toute la lumière; les autres étaient complètement noircies,
en sorte que la feuille de Troène qu'elles contenaient se trouvait à l'obscurité.
» Je vais exposer maintenant les principales conclusions auxquelles je suis arrivé.
» I. Derrière une seule feuille, j'ai toujours observé qu'il y a décom-
position d'acide carbonique. Et il en est ainsi, non seulement avec des
feuilles comme celles d'Érable Sycomore (77;-'.), de Châtaignier (8ofj.), de
Hêtre (90[/.), de Marronnier (loojx), mais encore avec des feuilles plus
épaisses et plus vertes de Vigne vierge et de Lilas (200 [ji), de Poirier (270 (x) ,
et même de Lierre (3oo[y.) et de Laurier-Cerise (34o[;.). Toutes les expé-
riences qui m'ont fourni ces résultats ont été faites à la lumière directe du
soleil, la température variant entre 16" et 20°, l'air employé contenant,
comme il a été dit plus haut, de 5 à 10 pour 100 de gaz carbonique.
» IL Par contre, le plus souvent, derrière deux feuilles, et dans les
mêmes conditions de milieu, il y a généralement dégagement d'acide car-
bonique. La lumière qui traverse deux feuilles est cependant encore
capable, ainsi que je m'en suis assuré, de permettre la décomposition de
ce gaz; mais la respiration l'emporte sur l'assimilation et donne son signe
à la résultante de ces deux phénomènes inverses.
» IIL Le passage de la lumière à travers une seule feuille alTaiblit
néanmoins d'une manière notable la force vive des radiations qui servent
à la fonction chlorophyllienne. Aussi, derrière une feuille, l'énergie assi-
milatrice d'un tissu vert, mesurée 'par les quantités d'oxygène dégagé ou
d'acide carbonique absorbé par unité de surface dans un temps donné, se
trouve-t-elle réduite dans de fortes proportions. En comparant l'énergie
assimilalrice de la feuille de Troène dans l'éprouvette recouverte d'une
feuille et dans l'éprouvette témoin sans écran, j'ai trouvé que derrière une
feuille de Hêtre cette énergie était 7 fois plus faible qu'à la lumière
directe; elle était 8 fois plus faible derrière une feuille d'Érable Sycomore,
10 fois derrière une feuille de Haricot, 12 fois derrière une feuille de
( 1278 )
Viffne vierge, 16 fois derrière une feuille de Poirier, 20 fois derrière une
feuille de Lierre.
» IV. Mais les résultats qui précèdent varient, comme il fallait s'y
attendre, si l'on change les conditions de température et d'éclairemeht.
A la lumière diffuse, par exemple, une feuille de Vigne vierge rend l'énergie
assimilatrice 24 fois plus faible au lieu de X2 fois seulement à la lumière
directe; et une feuille de Lierre abaisse l'intensité de l'assimilation à un
degré tel que la respiration l'emporte, alors qu'à la lumière directe c'est
la fonction chlorophyllienne qui domine. D'une manière générale, derrière
une feuille à la lumière diffuse et derrière deux feuilles à la lumière
directe, l'assimilation est nulle ou elle est masquée par la respiration; en
outre, on peut admettre, sans craindre d'aller au delà de la vérité, que
derrière un tissu bien vert présentant 3oo[/. d'épaisseur, l'assimilation est
impossible.
» V. Lorsque la lumière a traversé des feuilles, son pouvoir assimila-
teur se trouve abaissé, non seulement à cause de l'absorption des radia-
tions par la chlorophylle, mais encore par suite de l'absorption due aux
parties incolores, membranes et surtout protoplasme. Le rapport des
actions exercées par des tissus verts et par des tissus identiques, mais
privés de chlorophylle, varie naturellement avec la quantité de matière
verte dans les cellules. En général, derrière une feuille décolorée par
l'alcool, l'énergie assimilatrice est de deux à deux fois et demie plus
faible qu'à la lumière directe; et, derrière une feuille albinotique, de deux
fois au plus seulement. Celte différence s'explique parfaitement si l'on
observe qu'une feuille panachée a des chromatophores moins nombreux,
plus petits, et est moins épaisse et plus aqueuse qu'une feuille normale;
que, de plus, le durcissement du protoplasme par l'alcool ne peut que
diminuer sa perméabilité pour la lumière. J'ai constaté, en outre, que
derrière une feuille verte de Tabac, l'énergie assimilatrice est 5 fois plus
faible que derrière une feuille albinotique de la même plante; et il en est
ainsi avec une feuille verte et une feuille décolorée par l'alcool de Vigne
vierge, de Chêne et de Haricot. Si donc, derrière des tissus adultes et bien
verts l'assimilation se trduve arrêtée ou ralentie dans des proportions
plus ou moins grandes, c'est surtout à l'absorption des radiations lumi-
neuses par la chlorophylle de ces tissus qu'il faut attribuer l'effet produit. »
( 1279 '
BOTANIQUE. — Sur une zooglée bactérienne de forme définie {^). Note de
M. Rabais, présentée par M. Guignard.
" La bactérie dont il s'agit a été isolée de tiges de Sorgho sucré atteint
de brûlure; elle ne joue toutefois aucun rôle dans le développement de
cette maladie parasitaire, comme j'ai pu m'en assurer par des expériences
d'inoculation semblables à celles qui m'ont amené à déterminer l'action
pathogène d'une levure chez celte plante industrielle (-).
» Il serait donc superflu d'attirer l'attention sur un simple saprophyte
si cet organisme ne présentait» d'autre part, des particularités propres à
mettre une fois de plus en lumière les liens morphologiques qui rattachent
les Bactériacées aux Algues inférieures pourvues de chlorophylle.
» La bactérie forme, à la surface des milieux nutritifs, une zooglée résistante,
coriace, chagrinée extérieurement et comme hérissée de pointes mousses. Comprimée
avec précaution sous un couvre-objet, la gelée s'étale et se montre formée d'articles
ovoïdes reliés entre eux en chaînettes toruleuses, souvent ramifiées et enchevêtrées.
Chacun des articles qui mesure, en moyenne, 8 xio \i., n'est autre chose qu'une colo-
nie ou famille de bactéries, à peine plus longues que larges (0,6 X 0,8 |a, environ,
immédiatement après la division), plongées, sans ordre apparent, dans la gelée qui
déborde au pourtour en une enveloppe incolore de faible épaisseur. Cette enveloppe
limite ainsi chaque colonie qui se montre parfaitement autonome et ne se soude aux
colonies voisines que par une portion de la gelée elle-même.
» On peut cultiver cet organisme sur la plupart des milieux usuels, mais la pré-
sence des sucres et notamment du saccharose augmente notablement le rendement.
Une réaction acide favorise également le développ^ent ; aussi le liquide de Raulin,
solidifié par la gélatine ou la gélose, constitue-t-il un excellent substratum pour la
mise en évidence des caractères morphologiques de la zooglée.
B En milieu liquide, la bactérie forme un voile d'abord réticulé, puis continu. On
V rencontre la même structure en chaînettes simples ou ramifiées de colonies massives
ovoïdes.
» L'optimum de développement se place entre 25° et 3o°.
» Les cellules pourvues d'une membrane épaisse, dont le contour externe est diffi-
cile à délimiter par rapport à la gelée ambiante, ont un contenu qui se teint énergi-
quement par toutes les couleurs basiques d'aniline; ce contenu ne se colore pas par la
méthode de Gram.
» La forme de cette zooglée bactérienne, nettement définie et constante
( ' ) Travail fait au Laboratoire de Botanique de l'École de Pharmacie de Paris.
(-) Comptes rendus, 1 3 février 1899.
( I28o )
sur tous les milieux où elle se développe, différencie l'organisme qui la
produit des bactéries jusqu'ici décrites.
» On ne saurait toutefois rattacher cette forme aux divers aspects, sou-
vent typiques, mais variables avec le substratum, que présentent un grand
nombre d'autres zooglées bactériennes {Proteus vulgaris Hauser, Micro-
coccus po!ypiJsMi§uh, etc.). De pareilles figures ne sont, en effet, que le
résultat de phénomènes physiques de confkience des diverses portions
d'une gelée amorphe plus ou moins cohérente.
» La réunion de bactéries en familles ou colonies nettement délimitées
rappelle, au contraire, les groupements cellulaires de certaines Algues
chlorophylliennes inférieures. A ce titre, l'organisme qui nous occupe doit
prendre place à côté d'un petit nombre de Baclériacées déjà décrites, et
que leur développement en colonies morphologiquement définies a permis
de rapprocher de formes analogues chez les Cyanophycées, Chlnrophycées,
Diatomées, etc. On peut citer VJscococcus Billrothii Cohn, tout ii fait com-
parable aux Mc/-oc)'5/M Kïitzing; le Leuconosloc mesenteroides Van Tieghem,
dont la morphologie est celle des Nostoc Vaucher; le Nevskia ramosa
Famintzin, ainsi que le Baclerium pediculatum Koch et Hosaeus, qu'on
rapproche du genre Gomphonema; certaines bactéries agrégées et nçtam-
ment V Ascobacteria ulvina Van Tieghem, etc.
» De même que V Ascococcus Billrothii, dont elle diffère d'ailleurs par la
forme allongée et non sphérique de ses cellules, la bactérie du Sorgho se
développe en familles globuleuses analogues à celles des Microcyslis ; mais,
de plus, ces colonies massives élémentaires se groupent à leur tour en
chaînettes toruleuses simples ou ramifiées, sortes d'arbuscules que l'on
peut comparer aux colonies composées du Godlewskia aggrcgata Janc-
zewski. Ici, toutefois, il faut se borner à un simple rapprochement d'aspect
extérieur, car cette curieuse Chamœsiphonacée présente, d'autre part,
dans son développement et dans son mode de reproduction, un degré de
complication organique que l'on chercherait sans doute vainement chez
une Bactériacée.
» Je propose de désigner sous le nom de Baclerium Trabuti ( ' ) l'espèce
ci-dessus décrite et caractérisée par son mode de végétation en chaînettes
simples ou ramifiées de familles zoogléiques massives nettement distinctes.
» Il se peut que l'étude de zooglées analogues justifie plus tard pour ces
(') Je dois à l'obligeance de M. le professeur Trabut les échantillons de Sorgho
brûlé qui ont été le point de départ de ces recherches.
{ I28e )
formes la création d'un genre nouveau chez les Bactériacées. Cette création,
pour une espèce unique, serait prématurée, car on risquerait de confondre,
dans la diagnose, les caractères génériques et spécifiques. »
MINÉRALOGIE. — Sur les éléments de symétrie limite et la mériédrie.
Note de M. Wallerant, présentée par M. Fouqué.
« Pasteur est le premier qui ait appelé l'attention sur les formes limites.
Il montra que : « dans les substances dimorphes, l'une des formes qu'elles
présentent est une forme limite, une forme en quelque sorte placée à la
séparation de deux systèmes dont l'un est le système propre de cette
forme, et l'autre le système dans lequel rentre la seconde forme de la sub-
stance ». Mallard, de son côté, montra, au moyen d'observations faites sur
un grand nombre d'espèces minérales, que des cristaux pouvaient se
grouper symétriquement autour à'axes limites de leur réseau.
» La considération des éléments de séparation limite paraît devoir être
très féconde en résultats, à la condition toutefois de les définir d'une façon
précise et de les faire intervenir autrement.
» On admet généralement qu'un élément, droite, point, plan, est un
élément de symétrie limite d'un polyèdre quand la coïncidence entre ce
polyèdre et le polyèdre symétrique au lieu d'être parfaite n'est qu'approchée.
Cette définition est toutefois insuffisante ; elle amène en effet à cette con-
clusion qu'une droite, par exemple, voisine d'un axe réel est un axe limite ;
ce qui est évidemment inexact. On doit compléter la définition en ajoutant
que dans la position symétrique la coïncidence est plus approchée que
pour toute autre position voisine.
» Ainsi définis, les éléments limites satisfont aux conditions qui régis-
sent les éléments réels, a^ec une certaine tolérance toutefois. C'est ainsi
qu'ils peuvent ne pas faire rigoureusement entre eux les angles que font
les éléments réels d'un polvèdre; dans un polyèdre centré, un axe limite
d'ordre pair peut ne pas être rigoureusement perpendiculaire sur le plan
de symétrie limite correspondant.
» Je me contenterai de montrer aujourd'hui comment la considération
des éléments limites, non du réseau, mais de la particule complexe,
permet d'expliquer les structures mériédriques. On voit facilement que
dans la cristallisation les particules complexes se disposent suivant un
réseau tel que les axes réels ou limites de la particule soient des rangées
C. R., r899, •'' Semestre. (T. C\\l\, N° 26.) '^^
( 1282 )
ot (les axes réels ou limites du réseau, tel que les pians de symétrie réels
ou limites de la particule soient des plans réticulaires et des plans de
symétrie réels ou limites de ce même réseau. Mais il est un cas particulier
à distino^uer . c'est celui où les éléments de symétrie limite font entre eux
et avec les éléments de symétrie réelle les angles que font entre eux les
éléments réels d'un polyèdre. Dans ce cas, en effet, les réseaux étant des
polyèdres tout spéciaux, leurs éléments limites deviennent des éléments
réels et la structure est mériédrique.
» Il y a, par suite, deux cas de mériédrie à distinguer :
» Celui où le réseau est déterminé par les éléments réels seuls de la
particule complexe, qui peut ou non avoir des éléments limites. C'est la
mériédrie, telle qu'on l'entend habituellement et que je désignerai sous
le nom de mériédrie à symétrie élevée.
» Dans le second cas, le réseau est déterminé par l'intervention com-
binée des éléments réels et des éléments limites. Dans ce cas, le corps
cristallisé rentre, par sa symétrie, dans un système cristallin de symétrie
inférieure à celle de son réseau. C'est la mériédrie à svmétrie restreinte. »
GÉOLOGIE. — Complément d'observations sur la structure du diluvium
de la Seine. Note de M. Stanislas Mecnier.
« Tout le monde sait que les géologues ne sont pas d'accord quant à
la manière de concevoir le processus du creusement des vallées. Tandis
que la très grande majorité d'entre eux reporte ce phénomène à une époque
déterminée et dès maintenant accomplie et y voient l'œuvre de cours d'eau
incomparablement plus rapides et plus volumineux que les fleuves con-
temporains qui n'en seraient qu'un faible résidu, d'autres se croient en
droit d'affirmer que la rivière actuelle, avec la dimension et l'allure que
nous lui voyons, a pu, à la faveur d'un temps suffisant et qui ne lui a pas
manqué, procéder à la soustraction de matière qu'il s'agit d'expliquer.
» Parmi les arguments que ceux-ci considèrent comme les plus décisifs,
il en est qui ont trait à la façon dont les débris rocheux charriés par le
cours d'eau ont été accumulés sur le fond de la vallée et qui naturellement
a dû varier beaucoup, selon que le phénomène a été violent ou tranquille.
Or, malgré le grand nombre de publications dont il a été l'objet, il semble
que le diluvium n'a pas encore été étudié dans sa structure intime avec
tout le soin qu'il mérite. Quand on s'applique, sans parti pris, à la recherche
( 1283 )
de quelque loi présidant à l'agencement des sables, des graviers et des ga-
lets diluviens, on est fort surpris d'un résultat diamétralement opposé à
celui que ferait prévoir l'épithète de torrentiels, qui leur a été si souvent
appliquée. On trouve que le diluvium est pourvu d'une structure dont la
délicatesse est extrême et dans laquelle la situation des particules est déter-
minée strictement par des conditions dynamiques définies en chaque point.
» Tout d'abord, et pour éliminer des particularités qui s'expliqueront
d'elles-mêmes tout à l'heure, il convient d'examiner spécialement la por-
tion moyenne du diluvium. Elle est formée d'espèces de lentilles ou d'a-
mandes sableuses ou caillouteuses, de dimensions très variables et de
forme plus ou moins aplatie, et qui sont enchevêtrées les unes dans les autres
d'une façon parfois fort compliquée. Dans chacune de ces lentilles, les
éléments sableux ou caillouteux sont disposés en lits parfaitement réguliers
plus ou moins obliques, parfois presque horizontaux et toujours nettement
parallèles entre eux. L'orientation en est aussi variable que le plongement
et semble tout à fait indépendante de la direction et de la pente de la vallée ;
ils se distinguent les uns des autres par les faibles variations dans la gros-
seur de leurs grains, et à cet égard ils sont immédiatement comparables
aux lits constitutifs des dunes de sable.
» Mais si la structure de chaque lentille est aisée à expliquer, il semble
en être autrement de l'enchevêtrement qu'elles présentent les unes vis-à-
vis des autres, etBelgrand, par exemple, l'a attribué (p. l'jSûe la Seine) au
tourbillonnement des eaux diluviennes. En réalité, la comparaison avec la
sédimentation fluviaire actuelle démontre que cette structure entrelacée
représente une série de remaniements successifs, prodigieusement délicats,
opérés sur une même verticale en conséquence des variations dans la vi-
tesse de l'eau, dues elles-mêmes aux fluctuations de son volume et surtout
au déplacement horizontal des méandres. Par suite de ce déplacement, un
point donné se comporte comme s'il occupait successivement des positions
diverses dansje lit du cours d'eau et il peut conserver des témoignages de
ces conditions successives, dans des lambeaux de sédiments et dans des
traces d'érosions superposés ; c'est précisément ce qui a lieu.
» Par exemple, ce point, supposé d'abord dans une anse convexe, siège
d'un alluvionnement actif, pourra être plus tard situé au milieu de la ri-
vière, et soumis alors à une dénudation qui lui reprendra tantôt la totalité,
tantôt une partie plus ou moins considérable des dépôts précédemment
accumulés. Le résultat dans le dernier cassera une entaille, dont la forme
gracieusement incurvée indique déjà qu'elle dérive d'une action fort déli-
( 1286 )
par rapport aux hypothétiques rayons de l'odorat, les matières qui em-
pêchent la propagation de la lumière se conduisent autrement.
» L'hypothèse que nous voulons soutenir peut être formulée ainsi :
L'odorat ne provient pas d'un contact direct entre les particules détachées
(les corps odoriférants et les terminaisons des nerfs olfactifs, mais d'un
rapport indirect au moyen de rayons de courte ondulation, analogues
mais non semblables à ceux que nous considérons comme la cause de la
lumière, de la chaleur et des phénomènes Rôntgen, etc. Voici les princi-
pales présomptions qui plaident, péremptoirement à notre avis, en faveur
de notre thèse :
» 1° L'histoire de la Science nous montre comme une évolution néces-
saire d'être arrivée peu à peu à reconnaître que les sensations ne provien-
nent pas directement des corps, mais plutôt du milieu ambiant ;
M 2° Les nerfs olfactifs ont la même origine cérébrale que les nerfs
optiques, et cette condition spéciale les distingue des autres nerfs senso-
riels. Embryologiquement, cette affinité d'origine étant constatée, il est
très vraisemblable que les fonctions se ressemblent également;
M 3° Des substances chimiques odoriférantes, qui appartiennent au
même groupe, possèdent la qualité de provoquer dans le spectre lumineux
des bandes d'absorption qui se l'approchent d'autant plus de l'extrémité
du spectre à mesure que leur poids spécifique augmente (Ramsay). En
même temps, on remarque que les odeurs de ces substances se rangent
également dans le même ordre de succession que les bandes d'absorption
[Ramsay ('),Haycraft (2)];
)) 4" Les odeurs possèdent la faculté d'absorber la chaleur rayonnante,
ce qui prouve qu'il y a un rapport intime entre ces odeurs et les rayons de
chaleur [Tyndall (•')];
» 5° Les substances odorantes ne perdent pas de poids ni de volume,
ou en tout cas la perte est insignifiante, à moins d'être une substance vo-
latile. Le fait parait certain depuis que Haller C*) l'a fait valoir;
» 6" Il y a bien des corps dont les particules se détachent, en d'autres
mots, qui se transforment en vapeurs et ne sentent pas; de même qu'il y a
(') On Smcll {A'aliire, l. XXVI, p. 187; 18S2).
(-) r/ie nature 0/ the objective cause of sensation. Sniell {Brain, p. 166-178;
1888-89).
(^) Radiation (tr. française), p. 39, 42, 69; 1868.
(») Elém. phys., t. V, p. 162.
( '287 )
d'autres corps qui répandent de fortes odeurs sans qu'on puisse prouver
que des particules s'en détachent. Il est bien bizarre, remarquons-le en
passant, de prouver la divisibilité infinitésimale par le fait simple de la pro-
priété odorante. Le simple procédé de mesurer aurait pu convaincre les
anciens que la vision ne saurait être due aux particules détachées;
M 7" Il existe des matières dont chacune indépendamment répand une
odeur assez forte, mais qui, mises ensemble, sans former une nouvelle
substance chimique, anéantissent mutuellement leurs odeurs. Le café et
l'iodoforme par exemple. Ce phénomène présente une analogie avec ce
qui se passe quand un corps froid et un corps chaud se trouvent l'un près
de l'autre; ils anéantissent dans un certain sens les sensations qu'ils pro-
voquent chacun s'ils agissent séparément;
)) 8° On a étudié l'influence de la couleur des étoffes sur la propriété de
fixer les soi-disant effluves odorants [Stark, d'Edimbourg ('), Duménil (-)]
et l'on a trouve que l'absorption des odeurs varie avec les couleurs des
étoffes ;
)) 9° La fatigue peut ne porter que sur une odeur, tandis que l'odorat
reste intact pour d'autres odeurs, de même que l'œil peut être fatigué par
les rayons rouges et très sensible pour les autres rayons [Aronshon ('),
Toulouse et Vaschide (''), etc.];
■>} 10° L'air n'est pas le seul véhicule de l'odorat, car il ressort des re-
cherches que l'un de nous (Vaschide) a faites avec M. Toulouse, qu'on
peut parfaitement sentir avant les narines pleines d'une solution odorifé-
rante. En outre, l'ancienne expérience de Weber(i847) est loin d'être
indiscutable, car il n'v a aucune preuve que la sensation soit disparue phy-
siologiquement, lorsque le nez est plein d'un liquide odorant; elle a pu
très bien disparaître psvchologiquement, l'excitation physiologique ne
pouvant être perçue à cause d'une sensation désagréable et nouvelle.
» Telle est notre hypothèse; nous la croyons justifiable d'autant plus
qu'elle cadre avec toutes les données scientifiques acquises. Walther, de
Landshut ('), a vaguement agité, au commencement du siècle (1808), la
possibilité d'une théorie dynamique des odeurs et inclinait à croire à une
(') The Edinb. Net,v pldlosopli. .loinnal, avril-juin i834.
(^) Des odeurs. Paris, i843.
(') Exper. Vnlersuch. z. Physiol. des Geriiches, 1886.
(') C. R. Soc. Biologie, nov. i834.
('') Physiologie des Mensclien, t. X\\ , p. 269-277; 1808.
( 1288 )
propagation analogue à celle de la lumière, de la chaleur, du son, etc.,
phénomènes dont il ignorait d'ailleurs la nature.
» Tl y a bientôt quatre années que nous poursuivons l'étude de ce pro-
blème, pendant ce temps nous avons pu réfléchir et formuler ces argu-
ments. Notre hypothèse ouvre de nouveaux horizons, et l'existence d'une
onde olfactive, que nous croyons pouvoir sous peu de temps démontrer
physiquement, fait rentrer la fonction de l'odorat dans le système de cette
ondulation et vibration universelle, forme essentielle de la vie. «
ANTHROPOMÉTRIE. — Sur un campylo gramme crânien.
Note de MM. Blin et Simon.
« L'appareil que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie est
destiné à prendre des mesures permettant de dessiner les courbes du
crâne sur le vivant.
» Pour obtenir ce résultat, il était d'abord nécessaire de pouvoir immo-
biliser facilement la tête d'une façon complète; puis, d'imaginer un dispo-
sitif, lequel, mobile autour de cette tète immobilisée, permît d'en étudier
la configuration sous ses divers aspects. Le mode de fixation de la tète est
le suivant : sur la base de sustentation de l'appareil est dressée une sorte
de barre fixe AB, que le sujet vient mordre : elle peut se déplacer vertica-
lement, et des dispositions spéciales ont été prises pour que la partie en
contact avec la bouche puisse être facilement désinfectée.
» La description que nous allons donner de l'appareil est faite d'après
la maquette en bois exécutée par nous-mêmes, maquette dont la figure est
ci-joint reproduite, et qui ne donne qu'une idée schématique de l'aspect
définitif de l'appareil.
» Ce dernier se compose d'abord de deux supports verticaux CD, munis de cré-
maillères leur donnant un double mouvement vertical et antéro-postérieur. A la partie
supérieure de ces supports est placé un axe transversal xy sur lequel, en son milieu E,
vient reposer, par un point de sa circonférence, un cercle métallique gradué 00.
Lest ce cercle métallique, animé d'un mouvement angulaire autour de l'axe xy, qui
vient encadrer la tête immobile. Les mouvements propres aux deux supports CD per-
mettent d amener le point E au niveau du point de repère crânien antérieur choisi
par l'expérimentateur (sillon naso-frontal, glabelle ou ophrion). D'autre part, les
mouvements angulaires du cercle 00 permettent, le point E restant fixe puisqu'il est
sur taxe xy, d'orienter à volonté ce cercle selon divers plans déterminés par ce
point li et un second point de repère crânien, protubérance occipitale externe, par
exemple, ou ligne biauriculaire.
( 12% )
B Enfin, perpendiculaire au plan du cercle 00 et mobile autoui-d'un axe vertical FG
passant par le centre de ce cercle, se trouve un demi-cercle métallique gradué HI, et
sur ce demi-cercle se meut un curseur porteur d'un index tel que la direction de ce
dernier soit toujours un rayon de ce cercle ou de la sphère qu'il engendre par sa rota-
lion autour de son axe FG. Les cliillVes de la graduation de l'index indiquent la
distance de sa pointe au centre du demi-cercle mobile. Nous n'insistons pas sur ce
principe, qui est celui indiqué déjà en i838 par Antelme et appliqué à son céphalo-
mètre.
» On voit donc qu'en raison des divers mouvements des deux cercles
gradués et de l'index par rapport au crâne immobile, il est facile d'amener
l'index successivement au contact de tous les points de la têle; et, par le
report sur une feuille préparée à cet effet, des diverses mensurations obte-
nues, qu'il est aisé d'établir un graphique correspondant à la courbe cher-
chée. Du reste, nous nous proposons de revenir sur ce sujet; ce mode de
mensuration crânienne, applicable à tous les plans crâniens, pourra per-
mettre par l'établissement d'une moyenne, d'obtenir un indice anthropo-
métrique, non pas arbitraire, mais en rapport direct avec le volume de la
tête, puisqu'il représenterait le rayon moyen de la calotte crânienne. »
C. R., 1S99, 2* Semestre. (T. C.XXIX. N» 26.)
169
( 1290 )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Mouvements barométriques provoqués, sur le méridien
du Soleil, par sa marche en déclinaison. Note de M. A. Poincaré, pré-
sentée par M. Mascart.
(c Nous rentrons ici dans le domaine des choses généralement incontes-
tées. Mon but est de faire ressortir, dans une même année, discutées par
les mêmes procédés, les distinctions entre les mouvements barométriques
commandés sur un méridien par la marche en déclinaison, soit de la Lune,
soit du Soleil. Sans préjudice de l'intervention de la rotation terrestre, ces
mouvements, régis par la variation du sinus de la déclinaison de l'astre,
sont dus : au cas de la Lune, exclusivement à l'action immédiate de l'at-
traction (soulèvement ou compression, appel par en bas ou par en haut);
au cas du Soleil, presque entièrement à l'action lente du réchauffement et
du refroidissement (dilatation ou contraction, mêmes appels).
» Pour éviter les longueurs, je suppose qu'on a sous les yeux ma der-
nière Communication (').
» Moyennes de l'hémisphère. — En m'efforçant de me rapprocher des
équinoxes pour le partage de l'année, je trouve pour moyenne pression
sur l'hémisphère 760°"", 07, aussi bien en Soleil boréal qu'en Soleil aus-
tral (=>).
» Il y a, en cette année i883, dans les stocks des échanges entre les
deux hémisphères, une oscillation par saison, avec, sur nous, un minimum
de la pression moyenne aux changements de saison. Celui du solstice d'été
est assez peu accentué. Les trois autres donnent un écart, sur la pression
(•) Comptes rendus, n" 14, p. 529.
La correspondance en déclinaison entre les jours tropiques 1, 2, 3, ... et les mois
(synodiques) I, II, III, . . . peut se figurer ainsi (I, équilune; IV, équinoxe, ascd) :
I 234567 8 9 10 I I 12 i3 i4 i3 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27
IV V VI vu viH IX X XI xii II m
Voir, sur lajig. 2 ci-jointe, les dates extrêmes des mois principaux.
('') Cette égalité commande une légère rectification à l'observation incidente du der-
nier alinéa de la Communication susrappelée. Les différences de chiffres sont d'ailleurs
trop faibles pour qu'on doive en tirer des conclusions absolues. Je ne raisonne ici que
sur une année et des moyennes mensuelles et sur un méridien présentant à peu près
les conditions moyennes.
( 129» )
moyenne, de — o'"'°,75 vers le mois I, — i'"'",i6 au IV, — i""",27 au X.
Le maximum du mois III atteint ■+- i°"°,i5; les autres sont moitié moindres.
Les forts échanges ont lieu aux équinoxes et en Soleil austral. Il y a six fois
compensation (').
» Le profil des moyennes de l'hémisphère dans le mois tropique rap-
])elle la forme simple de l'onde lunaire. Celui de l'année tropique répond à
l'entre-croisement de deux ondulations doubles analogues à celle de la
variation diurne solaire. Vagues adverses.
» Écarts sur la moyenne de l' hémisphère aux différentes latitudes, en l'année
et en Soleil boréal ou austral (/ig. i). — En chacun des trois profils, les
demi-sommes des écarts opposés, multipliées par les longueurs respectives
des parallèles, donneraient un total nul. Il en est, à très peu près, de même
du total des écarts de chaque côté étendus aux demi-parallèles.
» De chaque côté, le profil de l'année part de l'équateur à — i™".
Montée lente jusqu'au 1 5*, limite du champ de rencontre des alizés (-), puis
rapide et uniforme jusqu'au 35*, sommet de la ceinture des calmes, qui
atteint 4™"" côté A et 3™"" seulement côté P ('). Passage à zéro au 5o*. Des-
cente au minimum polaire — 8™™,i, sauf ressaut de o™™,37 au 70* côté A
et de o'"™, 20 au 60" côté P.
» Dans les latitudes inférieures, le profil en Soleil boréal est au-dessous
du profil moyen côté A et, sauf vers l'équateur, au-dessus côté P. C'est
l'inverse dans les hautes latitudes. Le nœud côté A est au 5o* au point où
le méridien cesse d'être continental. Le nœud côté P est au 60*, à la ren-
contre du grand axe de rapprochement des deux continents. La contre-
pente de o""",25 qu'on voit, en Soleil boréal, au 10* côté A, répond au
déplacement de l'équateur barométrique. La différence du Soleil austral
au Soleil boréal au 35*, est côté A +3'"'°,5, côté P —2°"" au-dessus du
70*, la différence inverse s'accuse plus vigoureusement encore du côté A
et amène le décentrage déjà étudié du lourbdlon polaire ('') : le grand
minimum passe en hiver du pôle au ^5*, atteignant — 10""", soit 7'°", 5 au-
dessous du palier qui s'accuse entre le 65* et le 80* sur le profil d'été (^).
(') Ces échianges se font par l'intermédiaire des ceintures des calmes et d'assez forts
écarts y correspondent.
(-) Champ moyen des courants d'E. et des rotations extraéquatoriales.
(') A, côté Atlantique et côté jour. P, côté Pacifique et côté nuit.
(*) Comptes rendus. i5 juillet 1892.
(^) Orographie du bassin de la mer Glaciale et variation diurne.
( 1292 )
)) En somme, effets annuels à peu près de même grandeur et de même
sens que les effets mensuels de la révolution tropique de la Lune, mais au-
trement distribués. Principales causes déterminantes de l'ensemble des
faits : force centrifuge; couloir équatorial entretenu par l'aspiration et par
l'opposition des masses; différences entre les échauffements et les refroi-
dissements suivant la nature des surfaces, dont l'action prédomine dans les
Fig. I.
Moyennes barométriques, annuelles et semi-annuelles sur le demi-méridien boréal du Soleil.
< Côté Greenwich Midi x. Côté Pacifique Minuit »
0° 10° 20» 30° hO" SO" 60» 70° 80° 90» 80° 70° G0° S0° <tO° 30° 20° 10° 0°
+ 20
+ 16
+ 12
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.10"'."'
Année.
Soleil boréal.
Soleil austra
latitudes inférieures; différences entre les durées du jour et de la nuit,
dont l'effet barométrique devient considérable dès avant le cercle polaire.
)) Ecarts, en chaque latitude, entre les moyennes des différents mois et les
moyennes annuelles {fig. 2). — Écarts au pôle. Zéro à l'équinoxe de prin-
temps. Plus grand écart négatif à l'équinoxe d'automne, — 11""", égal en
A'aleur absolue aux écarts ± de la révolution tropique de la Lune; mois
d'été polaire où le tourbillon polaire est à peine éteint par le lunistice
austral (').
(') Comptes rendus, i5 juillet 1892.
( '293 )
» Environ 4- 8""° au solstice d'hiver et — a""" au solstice d'été.
M Minimum secondaire : — o"",5o en février. Maxima secondaires :
-1-5""", 5o en juin, -+■ i™™ en août. De l'équinoxe d'automne au solstice
d'hiver, montée soutenue.
Fig. 2.
Écarts sur les moyennes annuelles aux mois des solstices et des equinoxes.
0» 10° 20» 30° VO" 50° 60° 70° 80° 90° 80° 70° 60° S0° "tO" 30° 20° 10° 0°
+28
^7
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+ 6
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5 juin— 3 juin
+ 23° 12'.
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"49
pt.
La ligne des abscisses correspond : sur la i" ligure, à la moyenne pression sur Ihémisphère;
sur la 2% à la ligne en Irait plein de la i".
» Écarts à l'équateur. - Décembre, moyenne + i""", plus haut côté P.
Mai : - i""», pins bas côté A. Juillet, août : + i"'",2'5, côté A, o côté P.
Octobre : +!■"■" de part et d'autre. Novembre : -o""",70 de part et
d'autre. Effet de balancement affecté par la nature des surfaces.
» Écarts intermédiaires. - Quand l'écart est positif au pôle, il y a autour
( 1294 )
de l'éminence : fossé plus ou moins profond (chapelet circumpolaire),
bourrelet, puis descente à la cote de l'équateur.
» Quand de cette situation l'écart va au négatif, c'est comme si l'on pres-
sait du doigt le sommet d'une figure élastique des écarts. La saillie polaire
est progressivement remplacée par une excavation, autour de laquelle sur-
git une saillie annulaire, entourée d'un fossé bordé du bourrelet tropical
réduit. S'approfondissant et s'élargissant l'excavation envahit de plus en
plus l'hémisphère, et, à l'équinoxe d'automne tous les écarts sont passés au
négatif. Alors arrêt, renversement du mouvement et, au solstice d'hiver,
retour à la forme première. L'effet barométrique du refroidissement serait,
sur l'hémisphère, plus de deux fois aussi rapide que l'elFet incidente de
réchauffement.
» Oscillations, plus grands écarts mensuels :
mra moi
à 70°côlé A : +6,2 mois VII; —8,4 mois XI,
à 70° côté P : +9,4 mois IV; —8,4 mois X,
à 4o°côté A : -1-6 mois III; —5 mois V,
à io" côté P : 4-4,3 mois IX ; — 7 moisi.
» De ces écarts sur les moyennes locales, se trouvent éliminées les
moyennes des différences entre midi et minuit. Restent, pour expliquer les
dissemblances entre les deux côtés de chaque profil, les variations des-
dites différences suivant la saison, les progressions en spirale, les reliefs et
la nature des surfaces. A remarquer, côté P, sur le profil du solstice d'hi-
ver, la grande excavation entretenue, sous l'arc continental, par la conser-
vation du calorique de la mer et le ralentissement de la marche des dépres-
sions, maintenues, en tout ou en partie, sur la trajectoire principale. »
M. H. Feuille adresse une Note relative à un instrument destiné à ap-
précier immédiatement les distances.
M. DE Capdeville adresse une Note relative à un allumeur automatique,
spécialement destiné à l'allumage des foyers producteurs de nuages arti-
ficiels contre les gelées.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
iVI. B.
( 1295 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 26 décembre 1899.
Annuaire pour l'An 1900, publié par le Bureau des Longitudes. Paris,
Gauthier-Villars, 1900; i vol. in-12. (Présenté par M. Poincaré.)
Annales de l'Observatoire de Paris, publiées sous la direction de M. Mau-
rice Lœwy, Directeur de l'Observatoire. Observations, 1897. Paris,
Gauthier-Villars, 1899; i vol. i[i-4°. (Présenté par M. M. Lœwy.)
Les huiles essentielles et leurs principaux constituants, par E. Charabot,
J. Dupont et L. Pillet. Préface de M. E. Grimaux, Membre de l'Institut.
Paris. Ch. Béranger, 1899; i vol. in-8. (Présenté par M. Moissan.)
Le Système nerveux central, structure et fonctions; histoire critique des
théories et des doctrines, par Jules Soury. Paris, Georges Carré et G. Naud,
1899; 1 vol. in- 8". (Présenté par M. Bouchard.)
Éléments de Physiologie, par F. Laulamé. i" fascicule, avec ii4 figures.
Considérations générales. Fonctions de nutrition. Paris, Asselin et Houzeau,
1900; I vol. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Colonie de Madagascar. La soie d'araignée, par le lieutenant J. Maroix.
3* trimestre 1899, s. 1.; i fasc. in-8°.
Calcolo grafico delr.. Ingegnere Amilcare Troncone. Maracaïbo (Vene-
zuela), 1899; I fasc. in-8''i
Congreso cientifico latino-americano. P Seccion : Ciencias exactas é ingé-
niera. IL Buenos Aires, 1898; i vol. in-8".
Publicalionen der v. Kuffner schen Sternvt'arte in Wien, herausgeg. v.
D'' Léo de Ball. V. Band. Wien, 1900; i vol. in-4°.
Atmospheric tendencies, mean velocity and probable weather (^for 1900),
by D. Dewar. Glasgow, 1899; i feuillet in-12.
Système silurien du centre de la Bohême, par Joachim Barrande. F* Partie :
Recherches paléontologiques. Continuation éditée par le Musée de Bohème,
Vol. VII. Classe des Echinodermes . Famille des Crinoides. Texte, ^o planches
et 33 figures dans le texte, par le Prof. D' W. W^aagen et le 1)'' J. Jahn.
TraduitparA. S. Oudin. Prague, 1899; i vol.in-4''. (Présenté par M. Albert
Gaudry; hommage du Musée de Bohème.)
Annales du Musée du Congo. Botanique, Série II. Contributions à la Flore
( Ï296 )
</m Co/ze^o, par E. DE WiLDEMAN et Th. Durand. T. I, fasc. I. Bruxelles, 1899;
I fasc. in-f".
Dritler Beitrag zur Granulafrage, von Max Munden. ( Séparât- Abzugaus
Archiv. fur Anatomie und Physiologie, 1897. ) Leipzig, i fasc. in-8°.
Manuel {revisé et augmentée) du 1/ Humphreys, par le D'' Frederick Hum-
PHREYs. Paris, New-York, s. d. ; i fasc. in-i8.
Statistiek van den Handelde scheepvaart en de in- en uilvoerrechten in Ncder-
landsch-Indië, overhetjaar 1898. Batavia, 1899; i vol. in-4°.
ERRA TA .
(Séances des 14 et 21 août 1899.)
Notes de M. E.-O. LovelL Sur la correspondance..., Sur un groupe
continu... :
Au lieu des mots groupe et groupe continu, lise: famille.
(Séance du 9 octobre 1899.)
Note de M. L. Cruls, Sur une modification de la méthode deBessel, etc.
Page 542, ligne 4 eu remontanl, au lieu de (i -f- x), lisez (i — a).
FIN DU TOME CENT VINGT-NEUVIÈME.
N" 26.
TABÎ.E DES ARTICLES. (Séance du 20 décembre 1899.)
REIVOUVELLEMEIVT ANNUEL
nn nuRRMi kt de la commission centrale administrative.
Pages.
M. II. MiLNE-LiiUAiiDs ol ulu \ icc-l'rchi(l(.iU
de l'Acadcmie puur l'aiiiiée uioo i ir.i
MM. D.uinoux et BonNETsonl i-ius iMeiiiliics
de ia CoiiiiiiissioM ci-nii-.dc' adminislraliv.
pAiir rannéo igoo
l'aï
MÉiVIOlRES ET COMMUNICATIONS
des MEMliltliS ET DES COliRESPONDANTS DE LACADËM1E.
.M. Il- .MiMsTIiK ui; i.'I.\si'>ii,(;ti(i\ i-uiil.Kjri:
ET i)i-:s lÎF.AUX-Aiiïs adresse l'aïuiiliation
du Décret approuvant l'élcctioiidcM. Geor-
ges Lemoine
.M. Lœwy. — Note sur les travaux contiMuis
dans le \uhime des « Annales de l'Obser-
\atoire de Paris de 181)7 "
M. IIeniu liiiCQUEREL. — Sur le rayonne-
nu'Ut di's eorps radio-aclifs
AL Gaston Bonnikr. Ciiltun-s cxpi-rinoii-
talcs sur ladaptalioii des plantes au
climat méditerranéen ..-. . i-io-j
I\LM. A. Haller et A. Guyot. — Hcchcrehes
sur la tautoméric de l'acide benzoylben-
zoïque - , >,o
M. Ai.UEitT G.iUDKY présente le résume d'un
travail de M. Erland Noidenskjolcl, sur
" La grotte du Glossotkerium (Neomylo-
daii ) en Palagooie » i >,(;
NOMINATIONS.
iM. Il- j;énéral Gali.ikm i-st nomme Toi- I et N'avigalii
respondani pour la .Seelion de Géographie I
MEMOIRES PRESENTES.
M. K. Martin suiiniel an jnjjenienl de lAea
demie un appareil destiné à l'arrêt inslan
lané des chevaux emportés
.\l. Lamiikkt-Huv.m.n adres>e une iNole rela-
tive à un principe pouvant servir à la
direel ion îles hallmis 1 m s
CORUESPO.XDANCE.
M. IL l'olNeAUU présente « l'Annuaire du
Bureau des Longitudes pour l'année u|oo ».
M. Cii. Mehay, nommé Correspondant pour
la Section de Géométrie, adresse ses
remcrciments à l'Académie
M. HosEXUUScii, nommé Correspondant pour
la Section de Minéralogie, adresse ses
remcrciments à l'Académie
M,\L hv. Ceaumoxï, J. Uecquerel, Besnoit
et CUILLE, BloNOLOÏ, BONJOI'H, Carvalho.
Caullery et Mksnil, Cestan, Colrmont
et Doyox, .Ijles Dracr, Ensei., C.iarr.
KiLiAN, LÉCAii.LON, Le Uello, E. Le Uov.
Mon.vT, N'yren, Partioi, A. Uatau, Loi i
UOL'LE , S(;ULAGDEXHAUrFEN et REEI:
Vaili.ahp, Marc|uis pe Voiii'r, ZirM\N.
iJlS
iJlS
et Weiss adressent des remcrciments à
l'Académie pour les distinctions accordées
à leurs travaux
M. MoNTANOERAND. — Uliscrvalions de
l'éclipsé de Lune du iG décembre iSijg à
l'équalorial photographique, à Toulouse .
M. P. Cuoeardet. — Observations de la
nouvelle planète EV (Charlois) faites à
l'observatoire de Besancon, avec l'équalo-
rial coudé
M. IL Deslaxdres. — Organisation de l'en-
registrement quotidien de la chromo-
sphére entière du Soleil à l'observatoire
de Meudon. Premiers résultats
M. J. Jaxs.sen. — Remarques sur la précé-
dente Communication
1 2!fi
SUITE DK 1 A 1 Ali LE HES ARTICLES.
M. IIKLEZINIER. — l>o l'cnifiloi des courants
triphasés en Radiographie ■•■ '"7
M. Paul Vikille. — Sur les discontinuités
produites par la délente brusque de gaz
comprimés ' ' '
M. GAI-Y-AoriK. ^ Sur iiuclr|ues pliéno-
ménes que présente le fer ' '
M. M. Li; CiiATELiEB. — Sur les change-
ments de volume corrélatifs du durcisse-
ment des liants hydrauliques i?'
I\l. D. Cernez. — Sur la température de
transformation des deux variétés quadia-
tique et orlhorhonibique de l'iodure mer-
curique i ^o l
i\I. .I.-R. MouRELO. — Nouvelles expé-
riences sur l'activité du manganèse par
rapport à la phosphorescence du sulfure
de strontium i ' •"
M. K. ViQOUHOUX. — Sur le siliciure de
molybdène i 'i'*
M. Marcel Guiciiard. — Sur le bisulfure
de molybdène i'.''"i
M. A. 'l'niLLAT. — Action de l'acide nitreux
sur la leucobase C" IP' Az- \>\i
M. HicNHi Imbert. — Chaleur de neutrali-
sation et acidimétrie de l'acide cacody-
lique I 'l'i
M. DE FoRciiAND. — Sur l'hydrate de bi-
oxyde de sodium et la préparation de l'eau
oxygénée i ■ V'
iM. E. Leidié. — Sur les sesqu'ichlorures Hl
rhodium et d'iridium anhydres i ■ pi
M. André Kling. — Oxydation biochi-
mique du pi-opylglycol j.J!
MM. P. Cazeneuvi; et Moreau. — Sur la
préparation des carbazides. Action des
hydrazines surlcs carbonates phénoliques. i >.i'|
M. .1. noXNEFOi. — Combinaison du chlo-
rure de lithium avec l'éthylamine \i:i-
M. Emile Leroy. — Sur la narcéine i .'i',
M. (j. André. — Sur l'évolution de la uia-
Bur.I.ETIN BIBLIOGRAPHIQUE
lÎRllATA
Pages,
tière minérale pendant la germination... i2f>>
M. ,\mand Valeur. — Sur le dosage des ha-
logènes dans les composés organiques.... i2li.')
MM. J.-L. PiiEvosT et l'. Battelli. — Sur
quelques effets des décharges électriques
sur le cœur des Mammifères \i^\-j
M. L. HouDAs. — Considérations générales
sur les organes reproducteurs mâles des
Coléoptères à testicules composés et dis-
posés CD grappes irilis
M. Raillikt. — Evolution sans hétérogonie
d'un .^ngiostome de la Couleuvre à col-
lier I •!7 c
M. Pierre Kauvel. Sur le pigment des
Arénicoles \i"^!\
M. Ed. Guiffon. ~ L'assimilation chloro-
phyllienne dans la lumière solaire qui a
traversé des feuilles.? l'^li
M. Radais. — Sur une zooglée bactérienne
de forme définie i j-(|
M. Wallerant. — Sur les éléments de symé-
trie limite et la niériédrie loSi
M. Stanislas Meunier. — Complément d'ob-
servations sur la structure du diluvium
de la Seine i .s .
.MM. VAs<;nii)E et Van Melle. — Une nou-
velle hypolhèse sur la nature des condi-
tions physiques de l'odorat i 'S.')
MM. Ri.iN et Simon. - Sur un canipylo-
grammc crânien r>KS
M. A. l'niNOARit. — Mouvements barométri-
ques provoqués, sur le méridien du So-
leil, par sa marche en déclinaison iM)r)
M. H. I''eiiii,le adresse une Note relative à
un instrument destiné à apprécier immé-
diatement les distances inq')
M. DK Gai'Devili.e adresse une Note relative
à un allumeur automatique, spccialenienl
dcstinéà l'ulluniage des foyers producteurs
de nuages aili(iciels contre U^s gelées.... \ "\\
I 2<)()
P A 11 I S .
niPKlMERIE GAUTHIER-VILLAKS,
Q'iai des r.ranr!s-\uuustins. .t.',
/.r t.erant .' '-^n i ». i : h-V i. I.AHS
-JUN iôiflou
TABLES
DES COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SECOND SEMESTRE 189Î).
TOME CXXIX
JUN 1& IfOO
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES.
JUILLET - DECEMBRE 1899.
TABLE DES MATIERES DU TOME CXXIX.
Pages.
Académie. — Allocution de M. Fan Tie-
gheni, Présiflenl, dans la séance [lu-
blique annuelle du i8 décembre 1899. '"49
— M. Alph. Miine-Edifiirds est élu Vice-
Président pour l'année 1900 1201
— MM. Darboux et Borriel sont élus
Membres de la Commission centrale
administrative pour l'année 1900. . . . 1202
Acétones. — Sur quelques propriétés de
la dioxyacétone, en relation avec le
degré d'agrégation moléculaire; par
M. Gabriel Birtnind 34 1
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 42!
Acétylène et ses dkrivés. — Recherches
sur les dérivés métalliques de l'acéty-
lène; par MM. Bcrthdnt et Dclépine. 36i
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 422
— Sur la vitesse de détonation de l'acéty-
lène; par MM. Berthelot et Le Clia-
telier 427
C. H., 1S99, ^" Semestre. (T. CXXIX )
Pages.
Acides gras. — Emploi de la tétrachlorhy-
droquinone pour la caractérisation
et l;i séparation des acides gras; par
M. L. Boiweaidt 53
Aciers. — Sur les variations temporaires
et résiduelles des aciers au nickei ré-
versibles; par M. Ch.-Ed. Giidlciumr. i55
— Sur les chan.i;ements d'élat du fer et de
l'acier; par M. H. Le Chatelier 279
— Sur la dilatation du fer et des aciers
aux températures élevées; par M. H.
Le Chatelier 3 à i
— Sur la position des points de transfor-
mation magnétique des aciers au
nickel ; par M. L. Dumas \i
Acoustique. — Contribution à la théorie
des instruments de musique à embou-
chure; par M. Firiniti Larriir/iw. . . . gS
— M. F. Larrnque adresse une Note
« Sur le mécanisme de l'audition des
sons » 493
— M. F. LarroqueAATe&Sie une Note « Sur
170
( I
Pages.
la mesure de l'intensi té des impressions
sonores » "°9
— Sur les battements des sons donnés par
les cordes; par M. C. Maltézos ^38
AÉROSTATION. — Voir Navigatinn aérienne.
Ai.BUMiNOÏDEs. — Sur la liquéfaction ré-
versible des albuminoïdes; par
M. Tsvell 55 1
Alcaloïdes. — Nouveau mode de dosage
acidimétrique des alcaloïdes; par
M. Étie Falières 1 1 o
— Sur quelques alcaloïdes de l'opium;
par M. Emile Leroy 220
Alcoolisme. — Recherches sur l'alcoo-
lisme aigu; dosage de l'alcool dans le
sang et dans les tissus; par M. iV.
Gréhant 7'î*^
Aldéhydes. — Aldéhydes salicylique et
para-oxybenzoïque et hydrosalicyla-
mique; par MM. Delépine et Rifols. 520
Alimentaires (matières ). — Sur le gluten
coagulé et les matières azotées des
farines; par M. Balland 3 12
— Sur la composition et la valeur alimen-
taire des principaux fruits ; par M. Bal-
land C22
— Le prix Montyon (Arts insalubres)
pour 1899 est décerné à M. E. Collin,
pour son « Étude microscopique des
aliments d'origine végétale » 1 147
Aluminium. — Sur les propriétés réduc-
trices du bore et de l'aluminium; par
MM. Diiboin et Gaiit/iier 2\~
Aminés. — Transformation directe de l'a-
cétamide en éihylamino par Indro-
génation; par M. Giierbft 61
— Déterminations thermochimiques; l'é-
thylène-diamine; par M. Bcrthclot. . 320
— Recherches sur les diamines. Diélliy-
lène-diamine (pipérazine) ; par M. Ber-
thelut C87
— Sur quelques caractères des diamines,
lirésdeleurneutralisalion;parM..ffe/--
thelot (jq.j
— Observations relatives aux recherches
sur les diamines; par M. Benlwlot . . 74';
— Alcalimétrie des aminés; par M. A.
^■<!truc ,021
— Combinaison du chlorure de lithium
avec l'élhylamine; par M. /. Bon-
nef ni ia5-
Ammoniums. — Sur la dissociation de l'io-
dure de mercurdiammonium; par
M. Maurice François .2q(j
298 )
Pages.
— Action du sodammonium et du potas-
sammonium surle sélénium; parM.C.
Hiignt 299
— Action du sodammonium et du potas-
sammonium sur le tellure et le soufre ;
par M. C. Hugot 388
— Action du potassammonium sur l'arse-
nic; par M. C. Hiigot 6o3
Analyse mathématique. — Les groupes
d'ordre 16 p,/» étant un nombre pre-
mier impair; par M. Le Vavasseiir. . 26
— Sur le développement d'une branche
uniforme de fonction analytique en
série de polynômes; par M. Paul
Painlevé 27
— Sur le développement des fonctions
analytiques de plusieurs variables;
par M. Paul Painlevé 92
— Sur les équations du second ordre à
points critiques fixes; par M. Paul
Painlevé 730 et 949
— Sur doux équations intégrales du se-
cond ordre; par M. E. Goiirsat 3i
— Sur une classe d'équations aux déri-
vées partielles; par M. Jvan Fred-
liolni 32
— Considérations sur les travaux de MM. S.
Lie et A. Mayer ; par M. N. Sali_y/,rin\ 34
— Sur la théorie des équations aux déri-
vées partielles; par M. N. Saltykoiv. iy5
— Sur les équations indéterminées de la
forme .E^ -H j>'^ = 02^ \ par M. Edmond
Maillet 1 98
— Sur les équations de Pfaff ; par M.^.-O.
Lovett 274
— Sur les cols des équ;i lions différen-
tielles; par M. Henri Dulac 276
— Sur un développement d'une fonction
holomorphe à l'intérieur d'un contour
en une série de polynômes; parM.iJe-
naux 47^
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 626
— Sur les fonctions fondamentales et sur
le développement d'une fonction holo-
morphe à l'intérieur d'un contour en
série de fonctions fondamentales; par
M. Rénaux 545
— Théorème sur le nombre de racines
d'une équation algébrique, comprises
à l'intérieur d'une circonférence don-
née; par M. Michel Petrovitch. 583 et 873
— Sur les fonctions hyperabéliennes; par
M. Georges Humbert 667
( «299 )
Pages.
— Sur la transformation des fonctions abé-
liennes; par M. G. Humbert 955
— Sur la généralisation des développe-
ments en fractions continues, donnés
par Gauss et par Euler, de la fonc-
tion (i-t-x)™; par M. H. Parlé 755
— Sur la généralisation des développe-
ments en fractions continues, donnés
parLagrange, de la fonction (i -t- x)'" ;
par m', h. Padê 875
— Contribution à la théorie de la fonc-
tion ^(5) de Riemann; par M. Edm.
Landau S 1 2
— Sur la théorie des ensembles; par
M. h. Baire 94(J
— Généralisalion d'une formule de Gauss;
par M. E. Biische 932
— Sur la théorie des fonctions disconti-
nues; par M. Baire 1010
— M. V. Dticla adresse une Note ayant
pour titre : « Résolution de l'équation
du troisième degré par une méthode
nouvelle » 785
— M. Jiig. Boulin adresse une Note « Sur
quelques équations de Pell et autres
équations indéterminées du second
degré » io4i
Anatomie animale. — Division du noyau
dans la spermatogénèse chez l'homme;
par M. Sappin-Trmijlfy 171
— Sur la Structure du noyau dans les myé-
locites des Gastéropodes et des Anné-
lides; par M. Joannes Chatin 5 j i
— Considérations générales sur les or-
ganes reproducteurs mâles des Coléo-
ptères à testicules composés et dis-
posés en grappes; par M. L. Bordas. 1268
Voir aussi : Embrynhgie.
AxvTOMiE PATHOLOGIQUE. — Sur Un cas
d'endothélium des os; par M. Paul
Berger 90 1
— Rapport de M. Guyou, concluant à dé-
cerner le pri.x Godard à M. Pasteau,
pour ses recherches sur le système
lymphatique dans les maladies de la
vessie et de la prostate 1 1 17
Anatomik viiGÉTALE. — Sur la structure
analomique des Vanilles aphylles; par
M. Edouard Heckel 347
— Sur la formation des canaux sécréteurs
dans les graines de quelques Gutti-
fères; par .M. Edouard Heckel ioS
— Sur les phénomènes cytologiques pré-
cédant et accompagnant la formation
Pages
de la téleutospore chez le Puccinia
Liliacearum Duby ; par M. R. Maire. 889
Voir aussi : Botanique.
Anthropométrie. — Sur un campylo-
gramrae crânien; par MM. Blin et
Simon 1288
-antimoine et ses composés. — Sur les
sulfoantimonites métalliques; par M.
Pouget io3
Antiseptiques (substances). — Leségols:
nouveaux antiseptiques généraux; par
M. E. Gautrelet 1 1 3
Argent. — Sels basiques mixtes argento-
cuivriques; par M. Paul Sahntier. . . 211
— Sur l'azotate d'argent ammoniacal; par
MM. Berllieloi et Delëpine 3'2G
— Sur l'action de l'acide chlorhydrique
sec sur l'argent et réaction inverse;
par M. Jouniaux 883
Argon. — Nouvelles recherches sur l'ar-
gon et ses combinaisons; par M. Ber-
tlielot 7 V
— Réaction de l'argon et de l'azote sur
les radicaux mercuriels; par M. Ber-
thelot 378
Arsenic et ses composés. — Sur la pré-
paration et les propriétés des arsé-
niures de strontium, de baryum et
de lithium ; par M. P. Lebeau 47
— Sur l'existence normale de l'arsenic
chez les animaux, et sa localisation
dans certains organes; par M. Armand
Gautier 9«9
— Méthode pour la recherche et le dosage
de très petitesquantités d'arsenic con-
tenues dans les organes; par M. Ar-
mand Gautier 936
Astronomie. — Sur la parallaxe du Soleil;
par M. Bouquet de la Grye 986
M. G.-B. Otivero adresse une Lettre
relative à un Mémoire d'Astronomie
communiqué par lui à l'Académie. . . i32
— Rapport de M. Zœiv/, concluant à dé-
cerner le prix Lalande à M. W.-R.
Brook'i 1079
— Rapport de M. Callandrcau, concluant
à décerner le prix Valz à M. Nirén. . 1080
Voir aussi : Bolidex, Éclipses, Étoiles,
Étoile s filante s, Nébuleuses, Comètes,
Lune, Planètes, Soleil, Cltronumètres,
Latitudes, Mécanique céleste et Ob-
servatoires.
Azote. — Sur les combinaisons du sul-
fure de carbone avec l'hydrogène
( i3oo )
Pages,
et avec l'azote ; par M. Berihelot. ... 1 33
— Remarques sur la combinaison de
l'azote avec l'oxygène; par M. Ber-
Pages.
thelot 1 37
— Sur la sléréochimie de l'azote ; par
M. J.-A. Le Bel 548
B
Balistique. — Sur la loi des pressions
dans les bouches à feu; par M. E.
rallier •■ ^^^
Baryum et ses composés. — Sur le poids
atomique du métal dans le chlorure
de baryum radifère; par M. Skludw-
shn Curie 76°
— Sur la préparation et les propriétés
des phosfjhures de strontium et de
baryum crislallisés ; par M. A. Jabnin. 762
Benzène et ses dérivés. — Action du
brome en présence du chlorure d'alu-
minium anhydre sur quelques déri-
vés chlorés du benzène; par M. A.
Mounerriit et Ch. Potiret 6o5
— Sur de nouvelles combinaisons de
l'anhydride phosphorique avec le ben-
zène ; par M. H. Giran 9C4
BenzoTque (acide) et ses dérivés. — Sur
les acides dialcoyibenzoyibenzoïques
et dialcoyihenzylbenzoïques létracblo-
rés; par U.-A. Huiler et H. Uml>-
grove yo
— Recherches sur la tautomérie do l'acide
benzoyibenzoïque; par MM. A. Hal-
ler et A. Gujol 1 2 1 3
Bolides. — Sur un bolide remarquable;
par M. Cil. Anilré 383
— Orbite du bolide du 24 août 1899; par
M . J. Comtis Sala 5 1 1
Bore. — Sur les propriéiés réductrices du
bore et de l'aluminium ; par MM. Bu-
hr.in et Gnntliier 21^
— Sur le poids atomique du bore; par
M. Henri Gauthier 395 et 67^
Botanique. — Sur les affinités des Mi-
cr().y,oruin; par MM. L. Matruchol
et Ch. Dasstiriville 123
— Le piraiiihv, liane à caoutchouc de
Madagascar; par M. Henri Jumelle. . 349
— Sur une plante à gutta-percha, suscep-
tible d'être cultivée sous un climat
tempéré; par MM. Drbowski et G
/™"-, 558
— sur lallernance de générations des
Cutleria; par M. C. Smwageau 555
— Greffe de quelques Monocolylédones
sur elles-mêmes; par M. Lucien Da-
niel 654
— Sur la fécondation hybride de l'albu-
men ; par M. Hugo de Viies 973
— Sur une nouvelle Mucorinée patho-
gène; par MM. Lucet et Costandn.. . io5i
— Sur un nouveau mode de formation de
l'œuf chez les Piptocephalis ; par
M. L. Matruchot io34
— Sur une zooglée bactérienne de forme
définie ; par M. Rntlais 1279
— Rapport de M. Gastnn Bonnier^ con-
cluant à décerner le prix Desmazières
pour 1899 à M. l'abbé Hue, pour ses
travaux sur les lichens 1099
— Rapport de M. Bornel, concluant à dé-
cerner, pour l'année 1899, deux prix
Montagne, l'un à M. Jules Cardot,
l'autre au Frère Joseph Héribaud, pour
leurs ouvrages relatifs aux mousses.. 1 100
— Rapport de M. Guignant, concluant à
partager le prix Thorepour 1899 entre
M. Paul Farmentier, pour ses travaux
sur les Fougères, et M. Bouilhac,
pour ses recherches sur la végétation
des Algues d'eau douce 1 102
Voir aussi : Analomie tie'gétale. Physio-
logie -oégétnle. Pathologie végétale.
Bulletins BiBi.ioGRAPiiiotEs, 67, 187,
246, 357, 402, 421, 440, 458, 480,
533, 563, 624, 6G0, 740, 785, 852,
982, 1046, 1295.
Bureau des LoNtaTUDES. — M. H. Poinearé
présente à l'Académie la « Connais-
sance des Temps pour l'année 1900 ». 663
— M. H. Poinearé présente « L'Annuaire
du Bureau des Longitudes pour l'an-
née 1 900 » 1218
— M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique invite l'Académie à lui présen-
ter une liste de candidats à la place
de Membre Astronome, devenue va-
cante au Bureau des Longitudes par
suite du décès de M. Tisserand 8o3
— Liste de candidats présentés à M. le
Ministre pour celte place : i" M. Ra-
dau, 2° M. Bisourdan 1008
( i3ot )
Pages.
Calendrier. — M. von Sichart adresse
une Note relative à un calendrier per-
pétuel 533
Camphres et dérivés. — Sur les amino-
campholènes; par M. E.-E. Biaise ei
G. Blanc io6
— Sur la camphénylène; par M. E.-E.
Biaise el G. Blanc 886
— Sur les réfractions moléculaires, la dis-
persion moléculaire et le pouvoir ro-
tatoire spécifique de quelques alcoyl-
camphres; par MM. ^4 . Hnllcr et P. -M.
Millier ioo5
— Action du chlorure d'aluminium sur
l'anhydride camphorique; par M. G.
Blanc 1019
Caoi'TCHOUC. — Sur le piraîahr, liane à
caoutchouc de Madagascar; par M. H.
Jumelle 34f)
— M. Deiss adresse une Note relative à
« son procédé d'extraction du caout-
chouc » 865
CÉRAMiQLE. — M. le Secrétaire perpétuel
signale un article do M. Clermont-
Ganneau, inséré dans la Revue ar-
chénlogique, et relatif à un vase de
terre cuite, du vi° siècle avant notre
ère 193
— Sur les terres cuites noires; par M. H.
Le Chntelier 386
— Sur la porcelaine égyptienne; par M. H.
Le Chatelier 387
— Sur les poteries égyptiennes; par M. H.
Le Chatelier 4/7
Chemims de fer. — M. L. Brach adresse
l'indication d'un moyen de protection
pour les trains de chemins de fer en
marche 458
— M. U. Ganna adresse un projet d'aver-
tisseur destiné à prévenir les ren-
contres des trains sur les chemins de
fer 939
Chimie. — Remarques sur l'emploi des
cryohydrales; par M. À. Ponsot.. . . 98
— Sur les combinaisons du sulfure de
carbone avec l'hydrogène et l'azote;
par M. Berthelol 1 33
— Remarques sur la combinaison de
l'azote avec l'oxygène; par M. Ber-
thelot 137
Pages.
— Sur les points fixes de transformation;
par M. H. Le Chatelier 497
— Sur la stéréochimie de l'azote; par
M. J.-J. Le Bel 548
— Sur la simultanéité des phénomènes
d'oxydation el des phénomènes d'hy-
dratation accomplis aux dépens des
principes organiques, sous les in-
Quences réunies de l'oxygène libre et
de la lumière ; par M. Berthelnt 627
— Sur les anhydrides mixtes des acides
acycliques et cycliques; par M. A.
Béhal 08 1
— Déplacement réciproque des métaux;
par M. Alb. Colsori 8îï
— Sur lés radicaux métalliques composés :
dérivés du mercure; par M. Bcr-
thelot 918
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1047
— Sur la température de transformation
des deux variétés quadratique et or-
thorhombique de l'iodure mercurique ;
par M. D. Gernez T234
— Rapport de M. Ann. Gautier, con-
cluant à décerner le prix .lecker pour
1899 à M. Maurice Hanriot 1091
— Rapport de M. Ditle, concluant à dé-
cerner le prix La Gaze (Chimie) pour
1 899 à M. Enoel 1093
— Le prix Cahours pour 1899 est accordé
à M. René Metzner 1 162
Voiraussi : Dissociation, Therniorhiniie,
et les articles spéciaux : Aciers, Alu-
minium, Antimoine, Argent, Argon,
Arsenic, Azote, Baryum, Bore,
Chrome, Cuivre, Fer, Fluor. Hydro-
gène, Iode, Iridium, Lithium, Ma-
gnésium, Mercure, Molybdène, Ozone,
Palladium, Phosplinre, Radium, Rho-
dium, Ruthénium, Silicium, Sodium.
Chimie animale. — Sur la présence, dans
l'organisme animal, d'un ferment so-
kibleréduisantles nitrates ;parMM.-£'.
Ahelous et E. Gérard 56
- Sur la présence, dans l'organisme ani-
mal, d'un ferment soluble réducteur.
Pouvoir réducteur des extraits d'or-
ganes; par MM. E. Abelous et E. Gé-
rard 1 64
( •
Pages.
— Recherches expérimentales sur une ag-
glutinine produite par la glande de
l'albumen chez \' Hélix pomatia ; par
M. L. Cnmii.i 233
— Oxydation biochimique du propylgly-
col; par M. Jndré Kling 1252
Voir aussi Glycogène.
Chimie industrielle. — M. A. Payot
adresse une Note relative à un pro-
cédé pour rendre les bois incombusti-
bles io45
Voir aussi Céramique, Ciments.
Chimie organique. — Sur une méthode
générale pour le dosage des divers
corps simples contenus dans les com-
posés organiques; par M. BiTthelnt. 1002
— Transformation directe de l'acétamide
en éthylamine par hydrogénation;
par lA.Guerbet 61
— Sur le benzoylfurfurane; par M. H.
Marquis i 1 i
— Oxydation du propylglycol par l'eau de
brome; par M. André Kling 219
— Surracidedichloro-3.4-butanoïque; par
M. f{. Lcspieiit 224
— Action du bror.ie sur le bromure d'iso-
butyle en présence du bromure d'a-
luminium anhydre et du chlorure d'a-
luminium; par M. J. Mimnejrai . . . 22G
— Sur quelques acétylacétonates; par
MM. G. Urbiicn et A. Debiernc 3o2
— Sur la liquéfaction réversible des albu-
minoïdes; par M. T.svett 55 1
— La naphlopurpurine, un produit d'oxy-
dation delà naphtazarine;parM. Geor-
ges-F. Jaubert 684
— Sur de nouveaux composés asymé-
triques de l'azote obtenus par syn-
thèse et doués du pouvoir rotatoire;
par MM. W.-J. Pnpe et S.-J. Fea-
clier ^ J67
— Action de l'oxyde nitrique sur la di-*
clilorhydrine chromique; par _M. V.
Thomas 828
— Sur un mode de synthèse de l'acide pa-
rabanique; par M. P. Cazennwe. . . 834
— Action de l'acide nitreux sur la leuco-
base Ci8H-"Az2; par M. J. Trillat. 1242
— Chaleur de neutralisation et acidimétrie
de l'acide cacodylique; par M. Henri
Imbert \-x!i'
— Sur la préparation des carbazides. Ac-
tion des hydrazines sur les carbonates
phénoliques; par MM. P. Cnzennwe
3o2 )
Pap,es.
et Moreau i a54
— Sur le dosage des halogènes dans les
composés organiques; par M. Armand
Valeur 1 265
Voir aussi : Thermochimie, et les articles
spéciaux Acétylène, Acétones, Acides
gras, Alcaloïdes, Aldéhydes, Aminés,
Ammoniums, Benzène, Benzoïque
{Acide), Camphres, Diastases, Mé-
ihyle, Phénylhydrazine , Ptnmalnes,
Quinones, Styrolène.
Chimie végétale. — Contribution à l'é-
tude chimique de l'écorce du Rham-
nus piirshiann ( Cascara sagrada ) ;
par M. Leprince 60
— Sur la composition de l'albumen de la
graine de caroubier ; production de
galactose et de mannose par hydro-
lyse; par MM. Em. Bourquclot et H.
Hérissey 228
— Sur la composition de l'albumen do la
graine de caroubier; par MM. Em.
Bourquclot et H. Hérissey ......... Sgi
— Germination de la graine de caroubier.
Production de mannose par un ferment
soluble; par MM. Em. Bourquclot et
H. Hérissey Gi4
— Sur la constitution de la matière colo-
rante des feuilles. La cliloroglobine;
par M. Twit 607
— Recherches sur le développement pro-
gressif de l'essence de bergamote;
par M. Eugène Charabot 728
— Sur la matière colorante de la digitale;
par MM. Adrian et A. Trillat 889
— Sur la présence de la mannocellulose
dans le tissu ligneux des plantes gym-
nospermes; par M. Gabriel Bertrand. \o?.i
Voir aussi Alimentaires (Matières).
Chirurgie. — Rapportde M. Guyon, con-
cluant à décerner le prix Mège pour
(899 à MM. Félix Terrier et Marcel
Baudoin, pour leur Livre " La Suture
intestinale » 436
Chrome et ses composes. — Action du
bioxyde d'azote sur les sels de pro-
toxyde de chrome; par M. G. Ches-
neau 100
— Sur l'acétate chromique; par M. A.
Recoura 1 58
— Sur les états isomériques de l'acétate
chromique. Acétate normal. Acétate
anormal violet monoacide; par M. A.
Recoura 208
( i3o3 )
— Sur les états isomériques de l'acétate
chromique : acétate anormal violet
biacide, acétate anormal vert mono-
acide, par M. A. Recoura 288
CnnoNOMÈTRES. — Enregistrement micro-
plionique de la marche des chrono-
mètres; par M. Alphonse Berge t . ... 712
C1.MENTS. — Variations de volume des mor-
tiers de ciment de Portiand, résultant
de la prise et de l'état hygrométrique ;
par M. Cnnsidère 4G7
— Sur les changements de volume corré-
latifs du durcissement des liants hy-
drauliques; par M. H. Le CliMelier. i-iSa
Comètes. — Observations de la comète
Swift (1899 a), faites à l'observatoire
de Lyon ; par M. /. Guillaume 16
— Observations de la comète périodique
Tempels = 1873 II, faites à l'Observa-
toire de Paris; par M. G. Fayet. . . . 38o
— Observations de la comète Swift (1899
a), faites à l'observatoire de Bor-
deaux, par MM. G. Rayet et A. Fa-
raud 443
— Observations de la comète Giacobini
(1899 e), faites à l'observatoire de
Besançon; par M. P. Chofardet 545
— Observations de la comète Giacobini
(27 septembre 1899), faites à l'obser-
vatoire d'Alger; parMM./{aw6rt«rf et
^y 577
— Sur la comète Giacobini; par M. Per-
rotin 664
Cristallographie. — M. le Ministre de
l'Inslruclion publique transmet un
Rapport du Consul général de Naples
sur les travaux de M. Sc/iro/i, concer-
nant la Cristallogénie 989
Cuivre. — Sels basiques mixtes argento-
cuivriques ; par M. Paul Sahatier. . . 211
— Action du phosphure d'hydrogène sur
l'oxyde, l'hydrate et le carbonate de
cuivre; par M. E. Rubéïioritch 336
— Sur l'hypophosphite de cuivre et sa dé-
composition par le palladium préci-
pité ; par M. R. Engel 5 18
D
DÉCÈS de Membres et de Correspondants
de l'Académie. — M. le Secrétaire
perpétuel annonce la mort de M. Wil-
liam Flower, Correspondant pour la
Section d'Anatomie et Zoologie
— M. le Secrétaire perpétuel annonce la
mort de M. Rieggenbach, Correspon-
dant pour la Section de Mécanique. .
— M. le Secrétaire perpétuel annonce la
mort de M. Frankland ( Ed(vards) el
de M. Bunsen (^Robert - fV ilheUn-Ebe-
rhard). Associés étrangers, et rappelle
en quelques mots leurs découvertes .
Décrets. — M. le Ministre de l'Instruc-
tion publicjue et des Beaux-Arts
adresse l'ampliation d'un Décret qui
porte de 100 à 116 le nombre des
Correspondants de l'Académie, tant
nationaux qu'étrangers
— M. le Ministre de l' Instruction publicjue
et des Beaux-Arts adresse l'amplia-
Eau oxygénée. — Surl'hydratedebioxyde
de sodium et la préparation de l'eau
i'9
i49
4o3
E
tion du Décret approuvant l'élection
de M. Georges Lemoine 1202
Diastases. — Sur la sécrétion des dia-
stases ; par M. Dienert 63
— Nouvelles observations sur l'échidnase;
par M. C. Phisalix 1 15
— Sur la coexistence d'une diastase ré-
ductrice et d'une diastase oxydante
dans les organes animaux: par MM. J .
Abelous et E. Gérard ioa3
Dissociation. — Sur la dissociation du
chlorure de cadmium hexammonia-
cal ; par MM. W.-R. Lang et A. Ri-
gaut 294
— Sur la dissociation de l'iodure de mer-
curdiammonium; par M. Maurice
François 296
— Dissociation, par l'eau, de l'iodomercu-
rate d'ammoniaque etdel'iodomercu-
rate de potasse; par M. Maurice
François 9^9
oxygénée; par M. de Forcrand 1246
Eaux naturelles. — M. Ad. Carnot fait
( i3o4 )
Pages-
hommage à l'Académie d'un nouveau
Recueil d'analyse des eaux minérales
françaises 804
Éclipses. — Lettre de M. le Directeur de
l'Instituto y Observatorio de Marina
de San Fernando, relative aux futures
expéditions pour l'observation de l'é-
clipse de Soleil du 27 mai 1900 445
— Sur la comparaison des heures obte-
nues, pour les contacts d'éclipsés
partielles de Soleil, par l'observation
directe et les mesures de longueurs
de corde commune; par M. Cit. André. 496
— Observations de l'éclipsé de Lune du
16 décembre 1899 à l'équatorial pho-
tographique, à Toulouse ; par M. Mon-
tangernnd 1219
École polytechnique. — M. le Ministre
de la Guerre invite l'Académie à lui
désigner deux de ses Membres pour
faire partie du Conseil de perfection-
nement de l'École Polytechnique. ... 5i i
— MM. Cornu et Sarrau sont désignés
comme devant être présentés à M. le
Ministre de la Guerre pour faire
partie de ce Conseil 540
Économie rirale. — Cultures dérobées
d'automne. Leur efficacité comme en-
grais vert; par M. P. -P. Dehérain.. 139
Voir aussi : Vins et Viticulture.
Élections. — M. Gcorjyes Lenwine est
élu .Membre de la Section de Chimie,
en remplacement de feu M. Brieddl gJS
— M. Méray est élu Correspondant pour
la Section de Géométrie 1008
— M. Roscnbusch est élu Correspondant
pour la Section de Minéralogie 1009
— M. le général GulUeni est élu Corres-
pondant pour la Section de Géogra-
phie et Navigation j2,o
ÉLECTRICITÉ. — Étincelle globulaire am- '
bulante ; par M. Stéphane Leduc 3;
— Sur la nature et la cause du phénomène
des cohéreurs; par M. Thomas Tom-
masina ,
— Sur les formules de Mossoti-Clausius
et de Betti relatives à la polarisation
des diélectriques; par M. F. Beau-
lard
— Lesgaz raréfiés possèdent-ils la conduc- ' ^
tivitéélectrolytique?parM.£.^„„/^ ,52
— Sur la cohésion diélectrique des ^az
raréfiés; par M. E. Bout y " 204
— Sur le champ magnétique "à l'intérieur
Pages,
d'un cylindre creux parcouru par un
courant; par M. ff^. de Nikolaieve. . 202
— Sur les déformations électriques des
diélectriques solides isotropes ; par
M. Paul Sacerdote 282
— Sur les spectres des décharges oscil-
lantes; par M. G.- A. Hemsalech 285
— Sur diverses expériences desti-^nées à
confirmer l'hypothèse d'Ampère, rela-
tive à la direction de l'action élémen-
taire électromagnétique; par M. fV.
de Nikolaieve 47^
— Sur les réactions d'induit des alterna-
teurs ; par M. A. Blondel 586
— Observation de U. A. Potier sur la
Note précédente de M. Blondel 63;
— La mort par les décharges électriques;
par MM. J.-L. Prévost et F. Battelli. 65 1
— Sur la propagation des oscillations
électriques dans les milieux diélec-
triques; par M. Albert Turpuin 670
— Transmission des ondes hertziennes à
travers les liquides; par M. Edouard
Brardy 672
— Sur l'interrupteur éleclrolytique de
Wehnelt; par M. E. Roihé. 673
— Reproduction électrique de figures de
Savart, obtenues à l'aide de lames li-
quides ; par M. P. de Heen 717
— Sur le rendement de la transmission
du son par l'électricité; par M. Dus-
saud 880
— Sur la constatation de la fluorescence
de l'aluminium et du magnésium dans
l'eau et dans l'alcool sous l'action des
courants de la bobine d'induction ; par
M. Th. Tnmniusina 957
— M. B. de Bidassny adresse une Note
relative à la décharge électrique et à
la constitution de l'étincelle 3i6
— Rapport de M. PoOer, concluant à dé-
cerner le prix La Case (Physique),
pour 1899, à M. Blondlot, pour ses
travaux d'électricité 1080
— Rapport de M. Mascart, concluant à
décerner le prix Gaston Planté, pour
1899 à M. Maurice Leblanc, pour ses
travaux relatifs à l'application des
courants alternatifs, simples ou po-
lyphasés " 1161
Voir aussi : Rayons X et Télégraphie .
E.MBRVOLOGIE. — Sur le parablasle et l'en-
doderme viiellin du blastoderme des
Poules; par M. Etienne Rabatid. ... 167
( i3o5 )
Paires.
— Rapport de M. Edm. Perrier concluant
à décerner le prix Serres pour 1899
à M. Roule, pour les travaux d'Em-
bryogénie, et des mentions honorables
à M. J. Beard, et à MM. Caidlcry et
Mesnil 1 1 1 8
— Rapport de M. Mascnrt concluant à
décerner le prix Saintour pour 1899
à M. Lecnillnn, pour ses travaux
d'Embryogénie 1 163
Errata, 188, 358, 422, 565, 626, 1047,
1296.
Étoiles. — Observations de p Lyre, faites
à l'observatoire de Lyon; par M. M.
Luizet 267
— Sur l'étoile variable du type Algol
(DM. -+- 12°, 3557); par M. Luizet... 269
Étoiles filantes. — Observations des Per-
séides de 1899 ; par M"" D. Klampke. 281
— Sur la pluie d'étoiles filantes des Per-
séides, à Lyon, et sur un bolide re-
marquable; par M. Ch. André 383
— Sur la cause des traînées lumineuses
persistantes qui accompagnent cer-
taines étoiles filantes ; par M. Ch. An-
dré 404
— Les Perséides en 1899 ; parM. C. Flam-
marion 435 et 460
— Observations des Perséides, faites à
Athènes; par M. D. Eginitis 447
— Remarques de M. Bouquet de la Grye,
sur l'utilisation possible des étoiles
filantes pour la détermination des dif-
férences de longitudes 464
Pages.
— Note sur les Léonides; par M. Lœwy. 7S7
— Note de M. /. Janssen sur les observa-
tions des Léonides, faites sous la di-
rection de l'observatoire de Meudon. 788
— Observation de l'essaim des Léonides,
faite à l'Observatoire de Paris, du
i3 au 16 novembre 1899; Pt"" M- f»-
Bioourdan 8nS
— Observation des Léonides, à l'observa-
toire de Toulouse; par M. Badlaud. 806
— Observation de l'essaim des Léonides;
par M. H. Deslamlres 807
~ Observations des Léonides, faites en
1899 à l'observatoire de Lyon; par
M. y. Guillaume 866
— Observations des Léonides faites à
l'observatoire d'Alger, les i3, 14 et
i5 novembre i8gg; par M. Ch. Tré-
pied 867
— Observation des Léonides à Alger ; par
M. Harold Tarry 869
— M. TVzrrj adresse des indications com-
plémentaires sur les nombres horaires
des Léonides observées à Alger 942
— M. H. 7Vr/-rr adresse une Note relative
à l'observation des Biélides, à Alger,
dans la nuit du 28 au 29 novembre.. loio
— Observations des Léonides et des Bié-
lides, faites à Athènes; par M. D. Egi-
nilis 94^
Explosifs (Corps). — Sur l'explosion du
chlorate de potasse; par M. Berthelot. 926
— Errata se rapportant à cette Commu-
cation io47
Fer. — Sur les changements d'état du fer
et de l'acier; par M. H. Le Chatelier. 279
— Sur les dilatations du fer et des aciers
aux températures élevées; par M. E.
Le Chatelier 33 1
— Sur les propriétés magnétiques du fer
aux basses températures; par 1\L G.
Claude 409
— Sur quelques phénomènes que présente I
le fer ; par M. Galy-Aché !23o j
Ferments. — Sur la présence, dans l'or-
ganisme animal, d'un ferment soluble
réduisant les nitrates; par MM. E. I
Abelous et E. Gérard 56 et 164
— Germination de la graine de caroubier;
production de mannose par un fer-
ment soluble; par MM. Em. Bour-
quclot et H. Hérissey. .... Sgi et 61 4
Voir aussi Diastuses.
Fluor. — Production d'ozone par la dé-
composition de l'eau au moyen du
fluor ; par M. Henri Mnissan Syo
— Action de l'acide fluorhydrique et du
fluor sur le verre; par M. Henri
Moissart 799
C. R., 1899, !• Semestre. (T. CXXIX.)
171
( i3o6 )
G
Pïges .
Gaz. — Sur les discontinuités produites
par la détente brusque de gaz com-
primés; par M. Paul Vieilte 1228
GÉOGRAPHIE. — Sur les travaux géogra-
phiques et cartographiques exécutés
à Madagascar, par ordre du général
Gallieni, de 1897 à 1899; Note de
M. Alfred Gramlidier 8/1
GÉOLOGIE." — Sur les brèches éogènes du
Briançonnais; par M. W.Kilian... 240
— Sur le bord externe du Briançonnais
entre Freyssinières et Vars ; par
MM. W. Kiliiiii et E. Haiig 35 1
— Sur les marmites des îlots granitiques
de la cataracte d'Assouftn (Haute-
Egypte) ; par M. Jean Brtinhes 354
— Complément d'observations sur le ter-
rain caillouteux des Préalpes vau-
doises; par M. Stanislas Meunier. . . 5-2 5
— Observations relatives au dépôt de cer-
tains travertins calcaires; par M. Sta-
nislas Meunier 639
— Les plaques subéreuses calcifiées du
terrain houiller d'Hardinghen (Pas-
de-Calais); parM. C.-Eg. Bertrand. 619
— Lithologie sous-marine des côtes de
France; par M. J. Thoulet CaS
— Sur l'intervention des végétaux dans la
formation des tufs calcaires ; par
M. de Lapparent G64
— Sur la période glaciaire dans les Kar-
pathes méridionales; par M. E. de
Martonne 894
— Sur l'histoire de la vallée du Jiu (Kar-
pathes méridionales); par M. E. de
Martonne g-i8
— Sur les vestiges d'une ancienne forte-
resse vitrifiée, au bourg de Saint-Sau-
veur, dans la vallée supérieure de la
Dore (Puy-de-Dôme); par M. /. Use-
'"lie gg,
— Sur la Tectonique de l'extrémité sep-
lentrionaledumassifde la Chartreuse;
par M. H. Réi'il ,035
— Les faciès et les conditions de dépôt
du Turonien de l'Aquitaine; parM./*/;.
Glangeaud ,£,39
— Sur de nouvelles recherches souter-
raines en Dévoluy (Hautes-Alpes) et
sur le plus profond puits naturel
Pages,
connu (chourun Martin, Sio"); par
M. E.-A. Martel 1041
— Évaluation approchée de la dénudation
du terrain crétacé des côtes nor-
mandes; par M. J . Thoulet 104 3
— Complément d'observations sur la struc-
ture du diluvium de la Seine; par
M. .Stanislas Meunier 1282
— M. de Lapparent présente à l'Académie
les deux premiers fascicules de la qua-
trième édition de son « Traité de Géo-
logie I) 665
— Remarque au sujet de l'Ouvrage pré-
cédent de M. de Lapparent; par
M. Foiique' 665
— Rapport de M. Marcel Bertrand, con-
cluant à décerner le prix Delesse à
M. W. Kilian, pour ses études sur
les Alpes françaises 1096
— Rapport de M. Marcel Bertrand, con-
clant à décerner le prix Tchihatchef
pour 1899 à M. Verbeck, pour ses tra-
vaux géologiques sur les îles de Java,
de Madoura, etc nSg
Voir aussi Minéralogie, Paléontologie,
Pétrographie.
GÉOMÉTRIE. — Sur les transformations des
droites; par M. E.-O. Lovett 20
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 358
— Sur les transformations des droites;
par M. E.-O. Lovett 144
— Sur les surfaces de M. Voss; par M. C.
Guichard 23
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 188
— Sur la théorie générale des congruences
de cercles et de sphères; par M. C.
Guichard 1 4 7
— Sur une correspondance entre deux
espaces réglés ; par M. A. Demoulin. 200
— Sur la correspondance entre les lignes
droites et les sphères; par M. E.-O.
Lovett 383
— Sur un groupe continu infini de trans-
formations de contact entre les droites
et les sphères; par iM. E.-O. Lovett. 4o5
— Errata se rapportant à ces deux der-
nières Communications 1296
— Sur les surfaces de quatrième degré
( i3o7 )
Pages.
qui admettent une intégrale différen
tielle totale de première espèce; par
M. Arthur Berry i49
— Sur quelques dépendances géométri-
ques entre deux systèmes de points
définis par des équations algébriques;
par M. S. Mangeot 4^4
— Quelques remarques sur les intégrales
doubles de seconde espèce dans la
théorie des surfaces algébriques; par
M. Emile Picard SSg
— Sur un problème relatif aux coii-
gruences de droites; par M. É.
Goursat 578
— Sur les congruences de normales; par
M. E. Goursat 669
— Sur la classification des groupes pro-
jectifs de l'espace à n dimensions;
par M. F. Marotte 58o
— Sur certaines surfaces remarquables
du quatrième ordre; par M. G. Hum-
bert 640
— Sur les congruences de cercles et de
sphères qui interviennent dans l'é-
tude des systèmes orthogonaux et
des systèmes cycliques; par M. C.
Guichard 748
— Sur quelques propriétés de certains
Pages.
systèmes de cercles et de sphères;
par M. C. Guichard 944
— Sur la définition de l'aire d'une sur-
face ; par M. H. Lcbetgue 870
— Rapport de M. Darbou.x sur le con-
cours du prix Bordin en 1899. Men-
tion très honorable décernée à M. /tt/e*
Drach 1064
— Rapport sur le concours du prix Fran-
cœur 1067
— Rapport sur le concours du prix Pon-
celet 1067
— Le prix Petit d'Ormoy (Sciences ma-
thématiques) est décerné à M. Mou-
tard, pour ses travaux relatifs à l'Ana-
lyse et à la Géométrie 1 1 5o
Glycérine. — Sur les variations de la pro-
duction de glycérine pendant la fer-
mentation alcoolique du sucre; par
M. /. Laborde 344
Glycogène. — Préparation et dosage du
glycogène; par M. Armand Gautier. 701
Gravitation. — Méthode pour détermi-
ner la constante ne^\tonienne; par
M. Geo-K. Burgess 4°?
— Méthode pour déterminer la densité
moyenne de la Terre et la constante
gravi tationnelle ; par M . ^1 /. Gerschun . i o 1 3
H
Hydrogène. — Sur les combinaisons du
sulfure de carbone avec l'hydrogène
et avec l'azote; par M. Berthelot. . . . i33
— M. Henri Moissan transmet à l'Aca-
démie une dépèche de M. Dewar, de
Londres, relative à la solidification de
l'hydrogène 434
— Sur la solidification de l'hydrogène; par
M. James Deuar 45i
Hydrographie. — Sur un balhymètre
fondé sur l'emploi de cylindres crus-
hers; par MM. Carbonnier et Galy-
Aché 243
Hygiène publique. — M. Eugène Four-
nier adresse un Mémoire intitulé :
« Recherches sur la désinfection par
l'aldéhyde formique : formacétone ». igS
M. Eug. Ackcrmann adresse un Mé-
moire « Sur le dessèchement futur de
l'île de Marajo (Brésil ) » 54 1
M. Apéru adresse une Note relative
à un « Moyen de destruction des rats
à bord des bateaux » 982
Une mention très honorable dans le
concours du prix Montyon (Arts insa-
salubres) est accordée à M. P- Ba-
zous, pour son Mémoire sur l'assai-
nissement des ateliers industriels... ii47
Infectieuses (maladies). — M. G. Cro-
quevieille adresse une Note « Sur cer-
taines affections d'origine cryptoga-
miques connues sous les noms de
maladies paludéennes, contagieuses,
épidémiques, etc. » 264
M. G. Croquevieille adresse une Note
« Sur les propriétés curatives du sul-
( i3o8 )
Vùpes.
fale de fer dans les maladies micro-
biennes » / *^'i°
Voir aussi : Jntise/ttiques {substances),
Physiologie jxithohiaiifue .
Iode et ses composés. — Examen de l'eau
de mer puisée à différentes profon-
deurs; variations de ses composés
iodés; par M. Armand Gautier. .... 9
— Remarques, à propos d'une Communi-
cation de M. Matieiicci, sur la pré-
sence de l'acide iodhydriqne dans les
émanations volcaniques; par M. Arm.
Gautier 66
— Présence de l'iode en proportions no-
tables dans tous les végétaux à chlo-
Pages.
rophylle de la classe des Algues et
dans les Sulfuraires; par M. Armand
Gautier ' 9 '
— Erriitum se rapportant à cette Commu-
nication 358
— Sur l'absorption de l'iode par les végé-
taux: par M. P. Bourget 7fi8
— Sur la température de transformation
des deux variétés quadratique et or-
thorhombiqiie de l'iodure mercurique ;
par M. D. Gernez ia3/l
Iridium. — Sur la puriBcation de l'iri-
dium; par M. E. Leidié 214
— Sur les sesquiclilorures de rhodium et
d'iridium anhydres; par M. E. Leidié. la^ig
Lactique (Acide). — L'acide lactique; par
MM. Berthelot et Delépine 920
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1047
Latitudes. — Sur les méthodes de
M. Lœwy pour la détermination des
latitudes; par MM. W. Ehert et /.
Perchot 270
Lithium. — Combinaison du chlorure de
liihium avec l'éthylamine; par M. J.
Bonnefoi 1 257
Locomotion. — Du rôle des organes loco-
moteurs du cheval ; par M. P. le Helto. 1 79
Longitudes. — Remarques de M. Bouquet
de la Grye, sur l'utilisation possible
des étoiles filantes pour la détermi-
nation des différences de longitudes . 464
Lune. — Considérations sur la constilu-
lion physique de la Lune ; par
MM. Lœwy et Puiseii.v 5
— M. Lœwy présente deux photographies
lunaires qui lui sont adressées par
M. Weineck i44
M
Magnésium. — Sur le carbonate de magné-
sium anhydre ; par M. R. Engel 598
— Action du magnésium sur ses solutions
salines; par M. Georges Lemoine... 291
Magnétisme. — Sur la position des points
de transformation magnétique des
aciers au nickel; par M.Z. Dumas. . 42
— Sur les propriétés magnétiques du
fer aux basses températures; par
M. Georges Claude 409
Magnétisme terrestre. — M. Emile
Renner adresse une étude sur le Ma-
gnétisme terrestre 67
Mécanique. — Sur les mou\ements de
roulement ; équations du mouvement
analogues à celles de Lagrange; par
M. AijpelL 3,7
— Sur une forme générale des équations de
la Dynamique ; par M. P. Appell 423
— Sur une forme nouvelle des équations
de la Dynamique; par M. P. Appell. 459
— Sur les positions d'équilibre d'un na-
vire avec un chargement liquide; par
M. Jppell 5()7
— Équilibre d'un flotteur avec un char-
gement liquide; par M. Appell (i36
— Sur la stabilité de l'équilibre des corps
flottants, et, en particulier d'un na-
vire qui porte un chargement liquide ;
par M. P. Dukem 879
- Remarque de M. Appell sur la Commu-
nication précédente de M. P. Duhem. S80
- Sur l'identité de solution de certains
problèmes d'élasticité et d'hydrody-
namique; par M. Georges Poisson .. . 5ij
- Sur l'équilibre élastique d'une plaque
rectangulaire; par M. Maurice Lévy. 535
- Sur les systèmes isolés simultanés; par
( i3o9 )
1016
705
1073
17
Pages.
M. Andrade 8i5
— Sur le principe de l'égalité de l'action
et de la réaction ; par M. André Bro-
ca
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur le tracé des
freins hydrauliques; par M. Valtier..
— Rapport de M. de Biissj concluant à
décerner le prix Plumey à M. Bajnur,
pour les perfectionnements apportés
par lui aux machines à vapeur
— Rapport de M. Léautê sur le concours
du prix Fourneyron (perfectionnements
à la théorie des trompes) 1077
Voir aussi BalistUiue.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur la suppression
des essais, dans le calcul des orbites
paraboliques; par M. L. Picnrt
— Sur une modification de la méthode de
Bessel pour le calcul des occultations;
par M. L. Cru h 54 1
— Errnta se rapportant à celte Communi-
cation 1296
Voir aussi Gravitation.
MÉDAILLES. — M. \q Ministre des Affaires
étrangères informe l'Académie que le
« Cercle industriel, agricole et com-
mercial » de Milan a décidé d'offrir
une médaille d'or à l'invention la plus
efficace contre les accidents du travail
des ouvriers électriciens 576
— L'Académie décerne la médaille Arago
à Sir G.-G. Stokcs 1 1/17
MÉDECINE. — Rapports sur le concours du
prix Montyon (Médecine et Chirur-
gie) : de M. Pntain concluant à dé-
cerner un prix à MM. Nocard et Le-
etfiinche, pour leur livre sur les
« Maladies microbiennes n ; et un prix
à M. Magei,\io\]iT son « Traité de dia-
gnostic médical et séméiologie »,
1108; — De M. Giiynn, concluant à
décerner un prix à M. Narjnn, pour
son « Traité de l'alimentation et de
l'allaitement des enfants du premier
âge » II 12
— Rapport de M. Lannelongue sur le con-
cours du prix Barbier 1 1 14
— Rapport de M. Bouchard sur le con-
cours du prix Bréanl : une somme de
six raille francs, prélevée sur les arré-
rages, est partagée entre les auteurs
de travaux sur la pathogénie et la
pathologie du tétanos.
— Rapport de M. Bouchard, concluant à
ii63
296
i[i5
Pages,
décerner le prix Chaussier pour 1899
à M. Charria, pour ses travaux de
Pathologie expérimentale 1 1 30
— Rapport de M. Po?«m, concluant à par-
tager le prix Bellion entre M. Cestan,
pour son livre sur la Thérapeutique
des empyèmes, et MM. Crespin et
Sergent, pour leur Mémoire sur la
fièvre typhoïde en Algérie 1 136
— Rapport de M. Bmuardel, concluant à
décerner le prix Jean-Jacques Berger
pour 1899 à l'Institut Pasteur, pour
les services qu'il a rendus à la ville de
Paris dans la cure de la diphtérie. . .
Voir aussi Hygiène publique.
Mercure et ses composés. — Sur la dis-
sociation de l'iodure de mercurdiam-
monium; par M. Maurice François. .
— Dissociation, par l'eau, de l'iodomercu-
rate d'ammoniaque et de l'iodomercu-
rate de potasse; par M. Maurice
François gSg
— Sur les radicaux métalliques composés :
dérivés du mercure; par M. Ber-
thelot 918
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1047
— Sur la température de transformation
des deux variétés de l'iodure mercu-
rique; par M. F). Gernez 1234
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les ascensions, dans
l'atmosphère, d'enregistreurs météoro-
logiques portés par des cerfs-volants;
par M. Léon Teisserenc de Bort. . . .
— Variations de la température dans l'at-
mosphère libre, d'après les observa-
tions de quatre-vingt-dix ballons-
sondes ; par M. L. Teisserenc de Bort.
— M. Ad. Richard adresse une Note rela-
tive à un arc-en-ciel présentant une
apparence anormale 357
Voir aussi Physique du globe.
MÉTHYLÈXE ET SES DÉRIVÉS. — Élude de
l'oxyméthylène-cyanacétate de mé-
thyle et de quelques-uns de ses homo-
logues; par M. È. Grégoire de Bol-
lemont 5o
— Études sur le brométhylène ; par
M. Bertliclot 483
— Sur le sulfate de méthylène ou méthylal
sulfurique; par M. Marcel Delépine.
MÉTRIQUE (système). — Sur la masse du
décimètre cube d'eau; par MM. Ch.
Fnbry, J. Macé de Lépinay &i A. Pé-
i3i
417
83 1
( i3io )
rot .
Pages.
• 709
— M. le Secrétaire perpétuel donne lec-
ture d'une dépêche adressée d'Odessa
à l'Académie, à l'occasion du Cente-
naire de l'adoption du Système mé-
trique ■ i°'o
MicnoBioLOGiE. — M. Diiclaux présente à
l'Académie le tome III de son « Traité
de Microbiologie » 'ooS
Minéralogie. — Sur l'origine de la symé-
trie dans les corps cristallisés et le
polymorphisme; par M. Fréd. Wnlle-
rant "A
— Sur les éléments de symétrie limite et
Pages,
lamériédrie; ^zvW. Fréd.fVallerant. 1281
— Les minéraux du crétacé de l'Aquitaine;
par M. Ph. Glangeaud 975
Molybdène. — Sur le bioxyde de molyb-
dène ; par M. Marcel Guichard 722
— Sur le siliciure de molybdène; par
M. E. Flgouroux 1238
— Sur le bisulfure de molybdène; par
M. Marcel Guichard 1 239
Monnaies. — M. Troosi est réélu Membre
de la Commission de contrôle de la
circulation monétaire, au Ministère
des Finances 666
N
Navigation. — M. Aug. Coret adresse
une Note relative a un appareil destiné
à mesurer l'inclinaison d'un navire,
produite par le roulis 409
— M. E. Granboulan adresse une Note
sur un système de propulsion des na-
vires à vapeur 533
— M. L.-A. Levât adresse une Note rela-
tive à un projet de « ceinture-tam-
pon » à adapter aux navires, contre
l'accostage io45
— Rapports sur le concours du prix extra-
ordinaire de six mille francs : de
M. Bussy sur les travaux de M. le
commandant Bailh, 1067; de M. Sar-
rau., sur les travaux de MM. Char-
bonnier et Galy-Aché, io6g; de M.
Guyou, sur les travaux du capitaine
de frégate E. Perrin 1071
— Rapport de M. Maurice Lévy, con-
cluant à décerner le prix Montyon
(Mécanique) à M. Partial pour ses
observations sur le régime des fleuves
maritimes 1073
Navigation aérienne. — MM. A. Breuil-
Int et Thomas adressent une Note re-
lative à un aérostat dirigeable 49^
— M. G. Gibon adresse diverses Notes
relatives à ses trois types de ballons
dirigeables 54 1
— M. Fr. Bailly adresse un Mémoire
« Sur un appareil volant » 865
— M. E. Roger adresse un Mémoire re-
latif à la Navigation aérienne gSg
— M. Lambert- Roynin adresse une Note
relative à un principe pouvant servir
à la direction des ballons 1218
Nébuleuses. — Sur la nébuleuse annulaire
de la Lyre, d'après des observations
faites à l'observatoire de Toulouse; par
MM . Bourget^ Montangerand et Bail-
laud , 265
Neige. — M. W.-A. Bentley adresse une
Note relative à des cristaux de neige. 852
o
Observatoires. — M. Lœwy présente le
tome III des « Annales de l'Observa-
toire de Toulouse » g4o
— Note sur les travaux au mont Blanc en
1 899; par M. y. Janssen 993
— Note sur les travaux contenus dans le
Volume des » Annales de l'Observa-
toire de Paris de 1897 " 1202
Optique. - Disparition instantanée du
phénomène deKerr; parMM. Abraham
et /. Lemoine 206
Action des diverses radiations lumi-
neuses sur les êtres vivants ; par M. C.
Flammarion SgS
Méthode pour la mise au point d'un
collimateur; par M. G. Lippmann. . . 569
Sur la spectrophotométrie des lumières
électriques; par M. Fernand Gaud. . 759
Sur une nouvelle loupe binoculaire;
par M. Emile Berger 821
( i3ii )
Rapport de M. Cornu, concluant à dé-
cerner le prix Wilde, pour 1899, à
M. P. Zeemann, pour sa découverte
relative à l'action d'un champ magné-
tique sur la nature et la polarisation
Pages.
Pages.
des radiations lumineuses logS
Voir aussi Physique mathématique.
Ozone. — Production d'ozone par la dé-
composition de l'eau au moyen du
fluor; par M. Henri Moissan 570
Paléontologie. — Sur le Néomylodon;
par M. Albert Gaudry 49'
— M. Albert Gaudry présente le résumé
d'un travail de M. Erland Norden-
skjold^ sur « La grotte du Ghssotlie-
rium (Néomylodon) en Patagonie ». . 1216
— Rapport de M. de Lapparent, con-
cluant à décerner le pri.x Fontane
pour 1899 à M. Emile Haug, pour
ses publications paléonlologiques . . . 1097
Palladium. — Sur la décomposition de
l'hyposulSte de cuivre par le palla-
dium précipité; par M. R. Engel 5i8
Pathologie végétale. — Cultures de Nec-
tria, parasites des chancres des arbres.
Analogies de ces cultures avec celles
du champignon parasite du cancer hu-
main; par M. i*ra iiS
— - Sur la cicatrisation du système fasci-
culaire et celle de l'appareil sécréteur,
lors de la chute des feuilles; parM.^.
Tison 125
— La Graisse, maladie bactérienne des
Haricots; par M. Delacroix 656
— Sur une maladie nouvelle des Œillets;
par M. Louis Mangin 73 1
— La maladie des CEillets à Antibes; par
MM. Prillicux et Delacroix 744
— Sur les modifications histologiques pro-
duites dans les tiges par l'action des
Phytoptus;-^^vVi. Marin-Molliard. . 841
Phéntlhydrazine. — Action de la phé-
nylhydrazine sur les bromures, chlo-
rures et iodures alcooliques ; par M. /.
Allain-Le Canu i o5
Phonographie. —M. G. F/«c<?«?i adresse
des « Études de Phonographie et de
Phonotélégraphie » 9"3
Phosphore et ses composés. — Recherche
et dosage du phosphore libre dans
les huiles et les corps gras; par M. E.
Louise 394
— Sur le dosage du phosphore dans les
composés organiques; par M. Cli.
Marie 766
— Sur la préparation et les propriétés des
phosphores de baryum et de stron-
tium cristallisés; par U.^1. Jaboin. . 762
— Décomposition du phosphate mono-
manganeux par l'eau à 0° et à 100°;
par M. G. Fiard 412
— Sur l'hypophosphite de cuivre et sa
décomposition par le palladium préci-
pité; par M. R. Engel 5i8
Photographie. — Le prix Trémont pour
1899 est décerné à M. L. Ducos du
Hauron, l'un des inventeurs de la
photographie des couleurs par images
colorées superposées ii5o
Physiologie animale. — Oscillations ner-
veuses, leur fréquence; par M. Aug.
Charpentier 38
— Sur le rôle de la chaleur dans le fonc-
tionnement des muscles; par M. Ra-
phiiël Dubois 1 1 4
— Sur l'absence de régénération des
membres postérieurs chez les Ortho-
ptères sauteursel ses causes probables;
par M . Edmond Bordage 1 20
— Régénération tarsienne et régénération
des membres des deux paires anté-
rieures chez les Orthoptères sauteurs;
par M. Edmond Bordage 169
— Sur le mode de croissance en spirale
des appendices en voie de régénéra-
tion chez les Arthropodes ; par M. Ed-
mond Bordage 455
— Sur un mode particulier de protection
des appendices en voie de régénération
après sections artificielles chez les in-
sectes ; par M. Edmond Bordage. ... 5oi
— Sur l'élimination de l'azote et du
phosphore chez les nourrissons; par
M. GEschner de Coninck 224
— Sur la respiration branchiale chez les
diplopodes ; par M. Causard 237
— Thermogénèse et dépense énergétique
chez l'homme qui élève ou abaisse son
propre poids. Le travail positif prend
de la chaleur au moteur animé qui
( l3l2 )
Pages.
exécute ce travail ; le travail négatif
lui en donne; par M. A. Chauveaa ... 249
— Sur la fécondation mérogonique et ses
résultats; par M. Yves Délace 645
— Les affinités et la propriété d'absorp-
tion de l'endothélium vasculaire; par
M. Henri Stnssano 648
— Sur l'innervation sécrétoire du pan-
créas; par MM. E. Wertheimer et L.
Lepage 7^7
— Des relations existant entre les actions
diurétiques et les propriétés osmo-
tiques des sucres; par M. E. Hédon
et /. Arrous 778
— Sur la variation négative du courant
nerveux axial ; par M. Memlelsolm. . . 844
— La variation négative n'est pas un signe
infaillibled'acti vite nerveuse; par M. v^.
Herzen 897
— Note pour servir à l'histoire de la pres-
sion intra-oculaire et, par suite, à
la connaissance du mécanisme de la
pression du sang dans les capillaires;
par M. fV. Nicati 1028
— Sur quelques effets des décharges élec-
triques sur le cœur des Mammifères ;
par MM. J.-L Prévost et F. BattelU. 1267
— Une nouvelle hypothèse sur la nature
des conditions physiques de l'odorat;
par MM. Faschide et Fan Melle. . . . i285
— Rapport de M. FUhol, concluant à dé-
cerner le prix Bordin (Sciences phy-
siques) pour 1899 à M. Viré, pour
ses travaux sur les modifications des
organes des sens chez les animaux
cavernicoles 1 106
Voir aussi Locomotion.
Physiologie expérimentale. — Rapport
de M. Marey, concluant à décerner
le prix Montyon (Physiologie expéri-
mentale), pour 1899, à M. Le Hello,
pour ses études sur le mécanisme de
la locomotion du cheval i i3g
— Rapport de M. Cliauveau, concluant à
décerner le prix La Gaze (Physiolo-
gie) pour 1899 à M. Moral, pour l'en-
semble de ses travaux de Physiologie
expérimentale , ,^£,
— Rapport de M. Marcy, concluant à dé-
cerner le prix Pourat pour 1899 à
MM. IFeiss et Carvallo, pour leur
Mémoire sur les caractères spécifiques
de la contraction musculaire dans la
série animale ^^^
Pages.
Physiologie pathologique. — Sur la pré-
vention et la guérison de l'épilepsie
toxique, par l'injection de substance
nerveuse normale; par MM. y. Babès
et Bacconcea i6i
— Expériences concernant l'état réfrac-
taire au sérum d'anguille. Immunité
cytologique ; par MM. L. Camus et E.
Gley 23 1
— Transmission intra-utérine de l'immu-
nité vaccinale et du pouvoir antiviru-
lent du sérum; par MM. Béclère,
Chainbnn, Ménard et Coulomb 235
— Action des matières minérales et des
acides organiques sur les variations
de la résistance et les modifications de
l'économie; par MM. Cftarrin, Guil-
lemonat et Levadiii 3o5
— Immunité et spécificité. Réflexions à
propos de la Note précédente; par
M. Ch. Bouchard 338
— Des qualités préventives du sérum san-
guin d'une génisse immunisée contre
la péripneumonie contagieuse des Bo-
vidés ; par MM. S. Arloing et Duprez. . 5y3
— Démonstration de la désagrégation des
leucocytes et de la dissolution de leur
contenu de leur plasma sanguin pen-
dant l'hypoleucocytose. Influence de la
leucolyse intra-vasculaire sur la coagu-
lationdusang; par M. Henri Stassano. 610
— Recherches sur l'alcoolisme aigu; par
M. N. Gréhant 748
— Sur la lipase à l'état pathologique; par
MM. Ch. Achard et A. Clerc 78 r
— Embolies cellulaires; par MM. Charria
et Levaditi 898
— Un cas d'hémiphlégie hystérique, guéri
par la suggestion hypnotique et étudié
par laChronophotographie; jiar M. G.
Marinesco 968
— M. Al. Tsimbouraky adresse une Note
relative à un traitement de la lithiase
et de l'hyperhémie hépatiques 1 86
— M. L. Laurent adresse une Note n Sur
le rôle de l'insuffisance en matières
grasses de la ration alimentaire, dans
l'étiologie du béribéri » 38o
— M. A. Guépin adresse un Mémoire
sur « L'étiologie générale des maladies
de la prostate » 804
Voir aussi Urines, Infectieuses {Ma-
ladies).
Physiologie végétale. — Sur quelques
( i3i3 )
56 1
893
1207
1262
Paijes.
phénomènes de la désorganisation cel-
lulaire; par M. V. Boulet 5oG
— Action des vapeurs anesthésiques sur la
vitalité des graines sèches et des
graines humides; par M. Henri Cou-
pin
— Sur l'hygrométricité des graines; par
M. L. Macjuenne 773
— Sur la résistance des graines aux tem-
pératures élevées; par M. fuctor Jo-
din
— Cultures expérimentales sur l'adapta-
tion des plantes au climat méditerra-
néen ; par M. Gaston Bonnier
— Sur l'évolution de la matière minérale
pendant la germination; par M. G.
Aitdré.
— L'assimilation chlorophyllienne dans la
lumière solaire qui a traversé des
feuilles; par M. E. Griffon 12-G
Voir aus^i Chimie vége'tale.
PiiYsiQLu: DU Gi.oBE. — Écarts baromé-
triques sur le méridien du Soleil aux
jours successifs de la révolution sy-
nodique; par M. A. Polnc/ué 128
— Écarts barométriques sur le méridien
du Soleil aux jours successifs de la
révolution tropique de la Lune; par
M . A. Poinrtiré
— Mouvements barométriques provoqués,
sur le méridieiidu Soleil, par sa marche
en déclinaison; par M. A. Poinccné.
— Les variations de l'horizon apparent;
par M. F.-A. Ford 272
— Dosage du gaz carbonique au mont
Blanc; par M. Maurice de Thierry.. 3i5
--- Sur la variation diurne de l'électricité
atmosphérique; par M. A.-B. Chau-
veau 5op
— Sur un voyage aérien de longue durée,
de Paris à la Méditerranée; par
M. Gustave Hermite 327
— Sur uneexpériencerelativeaux courants
sous-marins; par M. /. Thoulet 891
Voir aussi : Météorologie, .Uag/ictisme
terrestre. Tremblements de terre,
Volcaniques ( Phénomènes).
Physique mathématique. — Nouvelle ma-
nière de considérer la propagation des
vibrations lumineuses à travers la
529
1290
matière; par M.
G. Sagnac -56
— Théorie nouvelle des phénomènes op-
tiques d'entr;iînement de l'éther par
la matière ; par M. G. Sagnnc 818
— Ce que devient un système d'ondes
planes latéralement indéfinies, dans
un milieu transparent isotrope, mais
hétérogène, formé de couches planes
et parallèles; par M. /. Boussinesq. . 794
— Propagation dans un milieu transpa-
rent, hétérogène, d'un pinceau laté-
ralement limité de lumière parallèle ;
intégration des équations du mouve-
ment ; par iM. /. Boussinesq SSg
— Justification du principe de Fermât sur
l'économie du temps, dans la trans-
mission du mouvement lumineux à
travers un milieu hétérogène, d'ail-
leurs transparent et isotrope; par
M. /. Boussinesq go5
— M. Marcelin //««a/o/.ç adresse un nou-
veau Mémoire intitulé « Origine de la
tension superficielle; sa loi de forma-
tion » , 1 009
Pisciculture. — Sur le développement et
la pisciculture du Turbot; par M. A.-
Eugène 3Ialliird 181
Planètes. — Découverte d'une nouvelle
planète à l'Observatoire de Paris; par
M. Jean Mitscart 434
— Observations de la planète EP (J.
Mascart 1899, août 26) faites à l'ob-
servatoiredeBesançon; par M./*. Cho-
fardet 446
— Observations des planètes (EW) et
(ER), faites à l'observatoire d'.^lger;
par MM. Rnnéaud et Sy 809
— Observations de la nouvelle planète EY
(Charlois), faites à l'observatoire de
Besançon ; par M. P. Chofardet 1221
— M. Pourovicz adresse une Note relative
au mouvement des planètes io45
Prix décernés. — Table des prix décernés
par l'Académie, dans la séance du
18 décembre 189g 1 194
Prix proposés. — Table des prix propo-
sés par l'Académie 1198
— Table, par année, des prix proposés. . 1198
Ptomaines. — Contribution à l'étude
d'une oxyptomaïne: par M. OEschner
de Cotdnck 10g
C. U., iSycj, V Semestre. (T. CX\I\.)
172
( '3i4 )
Pages.
QuiNONES. — Sur le dosage volumétrique
des quinones dérivés du benzène; par
M. Armand Valeur 552
— Préparation des orlhoquinones létra-
chlorés et télrabromés, en partant des
gaïacols et véralrols létrah:ilogénés
correspondants; par M. H. Cousin.
Pages.
967
R
Radio-actifs (Corps). — Sur une nou-
velle matière radio-active; par M. A.
Debkrne SgS
— Sur la radio-ai^tivité provoquée parles
rayons de Beciiiierel. Noie de M. P.
Curie et de M'"" M.-l\ Curie 714
— Observations à propos de l.i Noie pré-
cédenle; par M. H. Becquerel 716
— Effets chimiques produits piir les rayons
de Becquerel. Note de M. et M™" Cu-
rie 823
— Influence d'un champ magnétique sur
le rayonnement des corps radio-actifs ;
par M. H. Bcaïucrel 996
— Sur le riiyormement des corps radio-
aclifs; par .M. //. Becquerel i2o5
Voir aussi Rndiuni.
ll.\DiocoNDucTEURS. — Sur la nature et la
cause du phénomène des cohéreurs;
par M. 'fil. Tonininsinn 4o
Kadioguapiiie. — liégénérations o.-.seuses,
suivies à l'aide de la radiographie;
par M. Abel Buj^uet 174
— Radiographie des calculs du rein; par
MAI. Atbnrran et Cnntrenwulin 175
— Radiographie du cœur et de l'aorte aux
différentes phases de la révolution
Sections de l'Académie. — Liste de can-
didats présentés pour la place lai.-sée
vacante, dans la Section de Chimie,
par le décès de M. Frudel : 1° M. É-
tnrd; 2' M. Le Bel; 3" .MM. Cr>l,on,
Uiiuriit, Juiiglleisch, Le Chutelier,
Lemoliie
Silicium. — Action du chlore sur un mé-
lange de silicium, de silice et d'alu-
mine ; par M. Emile J'i^miroux. ....
- Sur le siliciure de molybdène;
903
334
par
cardiaque; par M. H- Guillemiiwl. . . 177
— Ampoule radiographique à anlicalhode
froide; parMM. Abel Bus;uetei f'ietor
Ctiobnud 591
— De rem(iloi des courants triphasés en
Radiograi'hie; par M. Dvlézbder.... 1227
Radium. — Sur le spectre du radium; par
M. Eug. Deniiirciiy 716
-- RecherciiessurlcsphiMiomenesde plios-
phoie-cence produits par le rayonne-
ment du radium; par M. Henri Bec-
querel 912
Hayons X ou Rayons Roentgen. — Sur
l'action des rayons X ; par .M. P. Vd-
lard 882
— Inûuence de» rayons X sur la résistance
électrique du sélénium; par M. Per-
reau 956
RÊVES. — Recherches expérimentales sur
les réves. De la continuité des rêves
pendant le sommeil ; pai- M. I iischide. i83
Rhodium. — Sur les sesquichloiures de
rhodium et d'iridium anhydres; par
M . E. Leidié 1 249
KuTHÉNiuM. — Sur un azotite double de
ruthénium et de potassium; par M. L.
Briztird 216
JM. É. FigDuroux , . 1 238
Sociétés scientifiques. — L'Association
jrançdise pour l'avancement des Scien-
ces invite l'Académie à se faire repré-
senter à son vingi-huilième Cnngrès. 264
Sodium et ses co.mposés. — Sur l'hydrate
de bioxyrie de sodium et la prépara-
tion de l'eau oxygénée; par iM. de
Forera iid 1 246
Voir au>si Ammoniums.
Soleil. — Observations du Soleil, faites à
( '
Pages,
l'observatoire de Lyon (équatorial
Brunner de o", i6) |^:endanl le pre-
mier trimeslre de 1899; par M. /.
Guillaume 4g4
— Observations du Soleil, faites à l'Obser-
vatoire de Lyon (équatorial Brunner
de o", 16) pendant le deuxième tri-
mestre de 1899; par. M. /■ Guil-
laume 8 [ o
— Organisation de l'enregislrement quo-
tidien de la cliromosphère entière du
Soleil à l'observaioire de Mi'udoti. Pre-
miers résultats : par M. //. Deslamtres. 1222
— Remarques de M. J. Jarisseri sur la
précédente Commiinii-ation 1226
Solennités scientifiques. — M. le Maire
de Nuity-Siii/i'-Gearges invile l'Aca-
démie à se faire représenter à l'inau-
guration du monument élevé à la mé-
moire de Félix Tisserand 472
— M. Mascart rend compte à l'.\cadémie
de la cérémonie organisée à Côme
pour fêter le centenaire de la décou-
verte de la pile de Volta 493
— M. le Maire de Chaniilly informe l'Aca-
démie que l'inauguration de la statue
élevée au duc d'Aumale aura lieu le
dimanche i5 octobre 5i i
— h' Académie royale des Silences de Ber-
lin informe l'Académie qu'elle célé-
brera le second centenaire de sa fon-
dation les 19 et 20 mars 1900, et
l'invite à se faire représenter à cette
solennité 939
Solubilité. — Sur la détermination du
coefficient de solubilité des liquides;
par MM. A. Aignan et E. Diigas. . . 643
Souscriptions. — M. le Secrétaire j>er-
péiuel rend compte à l'Académie de
l'état de la souscription pour élever un
monument à Lavoisier 855 et 985
Statistique. — Rapport sur le concours
3i5 )
Pages.
des prix Montyon (Statistique) : de
M. deJonquières, sur les deux volumes
intiiulés : « La France charitable » et
« Paris charitable », présentés par
l'Office central des œuvres de bienfai-
sance, io83; — • De M. Brouardcl, sur
r « Enquête sur les logements, pro-
fessions, salaires et budget » ; par
MM. Dumesnil el Mangennt, 1087; —
De M. Rouelle, sur 1' « Album démo-
graphique delà France ; par M . Victor
Turt/iian, 108S. — De M. Halon de
la Goupillière, sur la n Revue de
Statistique » présentée par M. lienri
de Beaumont 1089
Styrolène. — Transformation du styro-
lène en métastyrolène sous l'influence
de la lumière; par M. Georges Le-
mninc 719
Sucres. — Composition de l'albumen de
la gx'aine de caroubier; production de
galacto.se et de mannose par hydro-
lyse; par MM. Em. Bourquelitt et
H. Hérissey 248
— Sur le dosage du mannose mélangea
d'autres sucres; par MM. Em. Bmir-
ijuelot et H. Hérissey SSg
— Germination de la graine de caroubier :
production de mannose par un ferment
soluble; par M.M. Bourquelnt ^\, Hé-
rissey 391 et 614
— Sur le rhamninose; par MM. Charles
et Georges Tanret 725
— Des relations existant entre les actions
diurétiques et les propriétés osmo-
tiques des sucres; par MM. E. Hédon
et J. Arrous 778
Sulfures. — Nouvelles expériences sur
l'activité du mang.mèse tiar rapporta
la phosphorescence du sulfurede stron-
tium ; par M. f.-R. Mourelo i236
TÉLÉGRAPHIE. — Expérienccs de télégra-
phie sans fil, exécutées entre Chamo-
nix et le sommet du mont Blanc; par
M.M. Jean et Louis Lecnrme 589
Télémètres. — M. J.-M. Nnél soumet
au jugement de l'Académie une Note
sur « Un nouveau télémètre » 640
Tératologie. — Sur un monstre double
sternopage en voie de formation, ob-
servé sur un blastoderme d'œuf de
poule; par MM. Bonmariage et Pe-
triicci ■'^
Thérapeutique. — Etfets d'une alimenta-
tion pauvre en chlorures sur le trai-
tement de l'épilepsie par le bromure
de sodium; par MM. Cli. Richet et
\
( i3i6 )
Pages.
Ed. Toulouse 85o
Thermochimie. — Déterminations thermo-
chimiques. L'éthylènediamine ; par
M. Berthdot 320
— Études sur le triméthylène ; par M . Ber-
thelot 483
— Diéthylène riiamine (pipérazine); par
M. Berthelot 687
— Caractères des diamines, tirés de leur
neutralisation; par M. Bertlwhi. 694 et 743
— Sur les radicaux métalliques composés :
dérivés du mercure ; par M. Benlwiot. 918
— Sur l'acide lactique; par MM. Btr-
tlirlot et Dfléinne 920
— Sur l'explosion du chlorate de potasse ;
par M. Berthelot giC
— Errata se rapportant à ces trois der-
nières Communications 1047
— Sur les chaleurs de neutralisation frac-
tionnée de l'acide carbonylferrocyan-
hydriqiie, comparées à celles de l'acide
ferrocyanhydrique ; par W.J.-A . Mul-
ler 962
— Sur la narcéine; par M. Emile Lrroj . iiSç)
Thermodynamique. — M. C/i. Laurans
Pages.
soumet au jugement de l'Académie
un Mémoire « Sur la théorie méca-
nique de la chaleur » 666
Tremblements de terre. — Communica-
tionfaiteparM. le M/nistredes Affaires
étrangères, d'un Rapport sur un trem-
blement de terre survenu à Smyrne
et en Anatolie, dans la nuit du 19 au
20 septembre 576
M. le Consul de France à Batavia
adresse quelques détails sur le trem-
blement de terre qui a désolé, le
3o septembre dernier, l'île de Céram
et les Moluques gSg
Tuberculose. — Rapport de M. Guynn,
concluant à décerner le prix Larrey
pour i899àMM. Arnaud et Lajeudlc,
pour leurs recherches sur la sta-
tistique, l'éliologie et la prophylaxie
de la tuberculose dans l'armée 11 38
Tungstène. — Sur deux chlorobromures
de tungstène; par M. Ed. Dejacqz. . 5i5
— Sur la chaleur d'oxydation du tungstène;
par MM. Delépine et Hallopeau 600
u
Urines. — Sur le pouvoir réducteur des
urines ; par M. Henri Hélier 58
— Des éléments de diagnostic et de pro-
nostic fournis par la cryoscopie des
urines; par MM. H. Claude et F. Bal-
thazard 847
■Vins. — M. le D' E. Fidal donne lecture
d'un Mémoire « Sur la fermentation
des vins » 195
■ViTicuLTnRE. — M. E. Sumien adresse une
Note « Sur la lutte contre le Phyl-
loxéra » 264
— M. Th. Descamps adresse un Mémoire
« Sur la maladie du Rot brun et du
Black rot » ^go
— Nouvelles expériences relatives à la dé-
sinfection antiphylloxérique des plants
de vignes ; par MM. Georges Couanon,
Joseph Michnn et E. Salomon ^83
— Expériences sur la destruction du Phyl-
loxéra ; par M. Lanfrey 865
— M. de Capdeville adresse une Note rela-
tive à un allumeur automatique, spé-
(■iale,Tie;it destiné à l'allumage des
foyers producteurs de nuages artifi-
ciels contre les gelées 1294
Volcaniques (Phénomènes). — Sur les
particularités de l'éruption du Vésuve;
par M. Matteuci 65
— Remarques de M. Ami. Gautier sur la
présence de l'acide iodhydrique dans
les émanations volcaniques 66
— Sur l'état actuel des volcans de l'Eu-
rope méridionale; par M. Matteucci . 734
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1047
Voyages scientifiques. — M. le Secré-
taire perpétuel signale le deuxième
Volume de l'Ouvrage publié en langue
russe par M. Groum-Grjimaïlo : »
Description d'un voyage dans la Chine
occidentale » 54 1
( i3.7 )
Pages.
Zinc. — Sur le dosage volumétrique du
zinc; par M. Poiiget 45
Zoologie. — Note de M. EclmornlPerricr,
accompiignant la prosenlation du cin-
quième fiiscicule de son « Traité de
Zoologie » 69
— Imprégnation hypodermique chez \'H(e-
merittiria cusCiita de Millier {Plu-
cobdclla catciiigeru de R. Blanchard) ;
par M. A. Kiwalevsky 261
— Sur la coloration des Tuniciers et la
mobilité de leurs granules pigmen-
taires ; par M. Anlninc Piznn Sgj
— Sur la persistance des contractions car-
diaques pondant les phénomènes de
régression chez les Tuniciers; par
i\I . Antoine Pizoïi 4 ' 5
— Sur les organes céphaliques latéraux des
Glomtris; par M. N. de Zograf. .... 5o i
— Sur les AplospiTidies, ordre nouveau
de la classe des Sporozoaires; par
SIM. Maurice Caullery et Félix Mes-
nil 616
— Sur la morphologie et l'évolution
sexuelle d'un Epicaride parasite des
Balanes ( Heinion'iscus balani Bucholz);
par M.M. Caullery et Félix Mesnil . . 770
— Sur une nouvelle Myxosporidie, No-
senia Stepltarii, parasite du Flesus
jDi7.Me7- Moreau ; par M. Hagenimdlcr.
• Observations biologiques sur le Pcri-
patiis cn/ic/i.Hs Gvube; far M. E.-L.
Bouvier
- Nouvelles observations sur les Péripates
américains; par M. E.-L. Bouvier . . .
■ Evolution, sans hétérogonie, d'un An-
giostome de la Couleuvre à collier ; par
M. Rnillict
- Sur le pigment des Arénicoles; par
M. Pierre Fauvel
- Rapport de M. A. Milne-Edwards,
concluant à décerner le prix Savigny
pour 1899 à M. Guillaume Grandi-
ilier, pour son voyage à Madagascar.
- Rapport de M. Edni. Perrier, concluant
à décerner le prix Gay pour 1899 à
M. Albert J^ayssières,fOVirs,6i travaux
sur les Mollusques nus de la Méditer-
ranée
- Rapport do i\l. Edm. l'crrier, con-
cluant à décerner le prix Petit d'Or-
moy (Sciences physiques) pour iSgg
à AI. Alfred Giard, pour ses travaux
de Zoologie
Voir aussi Anoiumie animale, Embryo-
logie, Paléontologie, Physiologie ani-
male.
âges.
836
971
1029
1271
1273
[i46
ii5i
I
y
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
ABEI-OUS (E.). — Sur la présence, dans
ruri;aiii.>^nie animal, d'un ferment so-
luble réihiisanl les nitrates. (En com-
mun avec M. E. Gérard.).. . ., 56
— Sur la présence, dans l'organisme ani-
nial, d'un ferment soluble réducteur.
Pouvoir réducteur des extraits d'or-
ganes. (En commun avec M. E. Gé-
rard.) 164
— Sur la coexistence d'une diastase réduc-
trice et d'une diasta.se o\ydanlo dans
les organes animaux. (En commun
avec M. E. Gérard. ) loaS
ABRAHA.M. — Disparition inslanlanée du
lihénoméne de Kerr. (En commun avec
M . J . Lenioiiic. ) '206
ACADEMIE liOYALE DES SCIENCES DE
BEliLI.N ( L' ) informe l'Aciidémie
([u'elle célébrera le second centenaire
de sa fondation les 19 et 20 mars 1900,
et l'invite à se faire re()résenter à cette
solennité 989
ACllARD (Cii.). — Sur la lipase à l'état
pathologique. (En commun avec M. .4 .
Clerc.) 781
AGKERMANN (Eue.) adresse un Mémoire
<i Sur le dessèchement futur de lile de
Rlarajo (Brésil) » 541
ADRIAN. — Sur la matière colorante de la
digitale. (En commun avec M. ^.
Ttillat.) 889
AIGNAN (A.). — Sur la détermination du
coeflicient de solubilité des liquidi'S.
(En commun avec W.E. Duga^.)... 043
ALBARRAN. — Radiographie des calculs
du rein. (En commun avec 1\1. Cou-
Ireniiiiitiii .) [.^5
ALLA1N-LE-C.\NU (J.). -Action de la
phénylhyrirazine sur les bromures,
chlorures et iodures alcooliques io5
ANDRADE. — Sur les systèmes isolés si-
miilliinés 8i5
ANDRÉ (Ch.). — Sur la pluie d'étoiles
filantes des l'ersi'ides, à Lj on, et sur
un bolide remarquable 383
— Sur la cause des traînées lumineuses
persistantes qui accompagnent cer-
taines étoiles filantes 40a
— Sur la comparaison des lieuresobtenues,
pour les contacts d'éclipsés partielles
de Soleil, par l'observation directe et
les mesures de longueurs de corde
commune 496
ANDRE (G.). — Sur l'évolution de la ma-
tière minérale pendant la germination. 1262
APPELE (P.). — Sur les mouvements de
roulement; équations du mouvement
analogues à celles de Lagrange 317
— Sur une forme générale des équations de
la Dynamique 4^3
— Sur une forme nouvelle des équations
de la Dynamique 4^9
— Sur les positions d'équilibre d'un na-
vire avec \in chargement liquide. . . . 667
— Équilibre d'un flotteur avec un char-
gement liquide 636
— Remarque sur une Communication de
M. /'. Ddlwin relative à l'équibbre
d'un navire qui porte un charg-ement
lii)uiile S8c
APÉIIU adresse une Note relative à un
« moyen de destruction des rats à
( l320 )
MM. P
bord des bateaux »
ARLOING (S.). — Des qualités préven-
tives du sérum sanguin d'une génisse
immunisée contre la péripneumonie
contagieuse des Bovidés. (En com-
mun avec M. Duprez.)
ARNAUD. — Un prix du baron Larrey
(Médecine et Chirurgie) lui est dé-
cerné
ARON. — Un prix Rivot lui est décerné. .
98'2
573
ii38
ii65
MM.
ARROUS (J.). — Des relations existant
entre les actions diurétiques et les pro-
priétés osmotiques des sucres. (En
commun avec M. E. Hidon.). ......
ASSOCIATION FRANÇAISE POUll L'AVAN-
CE.MENT DES SCIENCES (I/) invite
l'Académie à se faire représenter à
son 28' Congrès, qui se tiendra à Bnu-
loi;ne-sur-!\]cr
ASTRUC ( A . ). — Alcalimétrie des aminés.
Pages.
778
2G4
1021
B
BABÈS(V.). — Sur la prévention et la
guérison de l'épilepsie toxique, par
l'injection de substance nerveuse nor-
male. (En commun avec M. Bacou-
cca.) iGf
BACOUCEA. — Sur la prévention et lu
guérison de l'épilepsie toxique, par
l'injection de substance nerveuse nor-
male. (En commun avec M. F. Babès.) iGi
BAILLAUD. — Sur la nébuleuse annulaire
de la Lyre, d'après des observations
faites à l'observatoire de Toulouse.
(En commun avec MM. Bourgci et
Monlangenmd . ) jg j
— Observation des Léonides, à l'observa-
toire de Toulouse 806
BAILLY (Fr . ) soumet au jugement de l'Aca-
démie un Mémoire « Sur un appareil
volant » 865
BAILLS. — Un prix lui est décerné dans le
concours du prix extraordinaire de
six mille francs 1067
BAIRE(R.). — Sur la théorie des ensembles 94G
— Sur la théorie des fonctions discon-
„./'""es ,0,0
BALASSNY ( B. de ) adresse une Note rela-
tive à la décharge électrique et à la
constitution de l'étincelle 3,6
BALLAND. — Sur le gluten coagulé et les
matières azotées des farines"" 3,2
- Sur la composition et la valeur alimen-
taire des principaux fruits. . 622
BALTHAZARD(V.). _ Des éléments de
diagnostic et de pronostic fournis par
la cryoscopie des urines. (En com-
mun avec M. H. Claude.). . h î-
B.\TTELLI (F.). - La mort par les'dél
charges électriques. (En commun avec
^'^- ■f.-L. Prévost.) gjj
- Sur quelques effets des décharges élec-
triques sur le cœur des mammifères.
{V.n commun avec M. J.-L. Premsi.) 1267
BAUDOIN (Marcel). — Un prix Mège
(Médecine et Chirurgie) lui est dé-
cerné. (En commun avec M. Fclix
Terrier.) nSe
BAUDOUIN (A.) adresse, pour le concours
du prix Leconte, un Mémoire intitulé :
« L'éther; sa nature, ses vibrations
différentes; chaleur, lumière, électri-
cité » 434
BAZOUS (F.). — Une mention très hono-
rable dans le concours du prix Montyon
(Arts insalubres) lui est accordée .. . 1147
BEARD. — Une mention lui est attribuée
dans le concours du prix Serres (Mé-
decine et Chirurgie) 1 1 18
BEAU[,ARD (F.) — Sur les formules de
Mossoti-Clausiusetde Betti, relatives
à la polarisation des diélectriques . . . 149
BEAUMONT (de). — Une mention hono-
rable lui est accordée dans le concours
du prix Montyon (Statistique) 1082
— Adresse ses remercîments à l'Aca-
tlémie ,218
BECLERE. — Transmission intra-utérine
de l'immunité vaccinale et du pouvoir
antivirulent du sérum. (En commun
avec MM. Cliambon, Ménnrdei Cou-
lomb . ) .235
BECQUEREL (Henri). - Observations à
propos d'une Communication de M. et
M""' Curie 716
— Recherches sur les phénomènes de
phosphorescence produits par le rayon-
nement du radium 912
— Influence d'un champ magnétique sur
le rayonnement des corps radio-actifs. 996
— Sur le rayonnement des corps radio-
actifs I205
( '^
MM. Pages.
BECQUERKLfJ.-A.). - Un prix Rivot Uii
est décerné 1 1 05
— Adresse ses remercîments :i l'Académie. 121S
BÉ!]AL( A.). — Sur les anhydridis mixtes
des acides acycliqups et cycliques. . . G8r
BENTLEY ( W. -A. ") adresse une Note rela-
tive à des photographies do cristaux
de neige 8)7
BERGER (Èmilr). — Sur une nouvelle
loupe binoculaire 811
BERGER (Pml). — .*^ur un cas d'endo-
tliéliome des os 901
BERGET (Alphonse;. — Enregistrement
niicrnphoniquc de la marche des chro-
nomètres TIJ
BERRY (Arthur). — Sur les surfaces de
quatrième degré qui admettent une
intégrale différentielle totale de pre-
mière espèce 449
BERTHELOT (M.). — .Nouvelles recherches
sur l'argon et ses combinaisons 71
— Sur les combinaisons du sulfure de car-
bone avec l'hydrogène et l'azote .... i33
— Remarques sur la combinaison do
l'azote avec l'oxygène 1 37
- Déterminations thermochimiques. L'é-
thylènediamine 3v!o
— Sur l'azotate d'argent ammoniacal, (lin
commun avec M. Dclépuie.) 826
— Recherches sur les dérivés métalliques
de l'acétylène. (En commun avec
M . Diléplne. ) 30 1
— Réactions de l'argon et de l'azote sur
les radicaux mercuriels 378
— hrraifi se rapportant à cette Commu-
nication 4-29,
— Sur la vitesse de détonation de l'acéty-
lène. (En commun avec M. Le Chn-
ti-Uer. ) 49-
— Études sur le triméthylène 483
— Sur la simultanéité des phénomènes
d'oxydation et des phénomènes d'hy-
dratation accomplis aux dépens des
principes organi(iues, sous les in-
fluences réunies de l'oxygène libre et
de la lumière 627
— Recherches sur les diammes. Diéthy-
lène-diamine (pipérazine) 687
- Sur quelques caractères des diainines,
tirés de leur neutralisation 694
- Observations relatives aux recherches
sur les diamines 743
— Sur les radicaux métailifpies composés :
dérivés du mercure 918
C. R., iS.)9, •_"■ Semestre. (T. CX\I\.)
21 )
— L'acide lactique. (En commun ave(;
M. Delrpiri'-. ^ 090
— Sur l'explosion du chlorate de potasse. 926
— Errata se rapportant à ces trois der-
nières Communicalions io{^
— Sur une méthode générale pour le do-
sage des divers corps simples contenus
dans les composés organiques ioot,
— M. le Secrétaire perpétuel signale,
parmi les pièces imprimées de la Cor-
respondance, un article de M. Clcr-
mnnt-Ganuenu, inséré dans la Revue
<(rrhéolngiipie, et relatif à un vase de
lerro cuiie, du vi' siècle avant notre
ère, 195. — La deuxième édition du
« Traité de Physique élémentaire » de
M. Ed. Branly, 576. — Divers Ou-
vrages de M. Ernesto Pascal et de
M. Willard Giljbx, 709. — Divers
Ouvrages de M. L.-J.-B. Brreager-
Féraud et de M. André Brnca. 748.
— Un Recueil de Mémoires dédié à
M. Giardel divers Ouvrages de M. S.
de Glasenapp et de M. l'abbé Nau. . 8o5
— Rend compte à l'Académie de l'état
présent de la souscription pour élever
un monument à Lavoisier ... 855 et 985
— Annonce à l'Académie la mort de
M. [f'illiani Fln<\u'r, Correspondant
pour la Secliond'Anatomie et Zoologie. 69
— Donne leclure dune dépêche adressée
d'Odessa à l'Académie, à l'occasion du
Centenaire de l'adoption du Système
métrique loio
BERTRAND (C.-Eg.). - Les plaques su-
béreuses calcifiées du terrain houiller
d'Hardinahen (Pas-de-Calais) G19
BERTRAND (Gabriel). - Sur quelques
propriétés de la dioxyacélone, en rela-
tion avec le degré d'agrégation molé-
culaire 341
— Errata se rapportant à celie Commu-
nication 42a
— Sur la présence de la mannocellulose
dans le tissu ligneux des plantes
gymnospermes 102.5
BERTRAND (.Ioseph). -~ M. le Seereinnr
perpétuel signale, parmi les pièces
imprimées de la Correspondance, di-
vers Ouvrages de MM. Bas et Laf-
f argue, de M. Maurice d'Ocagne, de
'm. h. Z ci lier, de M. Eruest Lebnn ;
le premier numéro du « Mois scien-
tifique et industriel », i5. — Un
( l322 )
MM. P
Volume publié par l'Association fran-
çaise pour l'avancement des Sciences,
144. — Le deuxième Volume de
l'Ouvrage publié en langue russe
par M. Groum-Grjimaïlo : « Des-
cription d'un voyage dans la Chine
occidentale, » 54i. — Divers Ouvrages
de M. y. Coitantin et de M. A. Kar-
pinsky
— Annonce à l'Académie la mort de
M. Ries;s.enbach, Correspondant pour
la Section de Mécani(iiie
— Annonce à l'Académie la mort de
M. Frnnklnnd {E'Uvanls) et de
M. Bunsen (Robrri- Willielm-Ebcr-
liard). Associés étrangers, et rappelle
les découvertes faites par ces deux
chimistes
BERTRAND (Marcel). — Rapport sur le
concours du prix Delesse (Minéralogie
et Géologie)
— Rapport sur le concours du prix
Tchihatchef ,
BESNOIT (Ch.). — Une mention lui est
accordée dans le concours du prix
Bréant (Médecine et Chirurgie). (En
commun avec M. /. Cuillê.)
— Adresse ses remercîments à l'Académie.
BIGOURDAN (G.). — Observation de l'es-
saim des Léonides, faite, à l'Observa-
toire de Paris, du i3 au 16 novembre
1899
— Est présenté par l'Académie à M. le
Ministre de l'Instruction publique pour
remplacer M. Tisserand au Bureau des
Longitudes
BLAISE (E.-E.). — Sur les aminocam-
pholènes. (En commun avec M. G.
Blanc. )
— Sur la camphénylone. ( En cummiin
avec M. G. Blanc)
BLANC (G.). — Sur les aminocampho-
lènes. (En commun avec M. E.-E.
Biaise.)
— Sur la camphénylone. (En commun
avec M. E.-E. Biaise.)
— Action du chlorure d'aluminium sur
l'anhydride cam|ihorique
BLIN. — Sur un campylogramme crânien.
(En commun avec M. Simitn.). . .
BLONDEL (A.). - Sur les réactions d'in-
duit des alternateurs
BLONDLOT. - Le prix La Case (Phy-
sique) lui est décerné
âges.
666
■249
4o3
1096
II 59
I II 3
\ii8
8o5
1008
106
886
106
886
1019
1288
586
1080
'099
1207
MM. Pages.
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 1218
BOLLEMONT (E. Grégoirr de). - Étude
de l'oxyméthylène-cyanacétate de mé-
thyle et de quelques-uns de ses homo-
logues 5o
BONJOUR. — Le prix Plumey (Mécanique)
lui est décerné 1075
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 1218
BONMARIAGE. — Sur un monstre double
slernopage en voie de formation, ob-
servé sur un blastoderme d'œuf de
poule. (En commun avec M. Petrueci.) 523
BONNEFOI (J.) — Combinaison du chlo-
rure de lithium avec l'éthylamine. . . 1237
BONMER (Gaston). — Rapport sur le
concours du prix Desmazières (Bota-
nique)
— Cultures expérimentales sur l'adapta-
tion des plantes au climat méditerra-
néen
B0RD.4GE (Edmond). — Sur l'absence de
régénération des membres postérieurs
chez les Orthoptères sauteurs, et sur
ses causes probables 120
— Régénération tarsienne et régénération
des membres des deux paires anté-
rieures chez les Orthoptères sauteurs.
— Sur le mode de croissance en spirale
des appendices en voie de régénéra-
lion chez les Arthropodes 455
— Sur un mode particulier de protection
des appendices en voie de régénéra-
tion après sections artificielles chez
les Insectes 5oi
BORDAS (L.). - Considérations géné-
rales sur les organes reproducteurs
mâles des Coléoptères à testicules
composés et disposés en grappes .... 1268
BORNET. — Rapport sur le concours du
prix .Montagne (Botanique) 1 100
— Est élu membre de la Commission cen-
trale administrative pour l'année 1900 1202
BOUCHARD (Cil.). — Immunité et spécifi-
cité. Réflexions à propos d'une Note
de .MM. Cliarrin, Gtiillemonal et Lefn-
cliti
— Rapport sur le concours du prix Bréant
(Médecine et Chirurgie)
— Rapport sur le concours du prix Chaus-
sier ( Médecine et Chirurgie ) 11 3o
BOUILHAC. - Un prix Thore lui est dé-
cerné. (En commun avec M. Parmen-
tier.) 1 102
BOULET (V.). — Sur quelques phéno-
69
338
iii5
( '
MM. • Pa{;es.
mènes de la désorganisation cellulaire. 5o6
BOUQUET DE LA GRYE. — Remarques,
à propos d'une Communication de
M. Flainmtiriiin, sur l'utilisation pos-
sible des étoiles filantes pour la déter-
mination desdifférencesde longitudes. 4*'4
— Sur la paralla.xe du Soleil 986
BÛURCET (P.). — Sur l'absorption de
l'iode [lar les végétaux 768
BOURGET. — Sur la nébuleuse annulaire
de la Lyre, d'après des observations
faites à l'observatoire de Toulouse.
(En commun avec MM. Mnntangeraiid
et Baillau l.) 265
BOURQUELOT (Em.). — Sur la couipo-
silion de l'albumen de la graine de
caroubier; production de galactose et
de mannose piir hydrolyse. (En com-
mun avec M. H. Ht^rissry.) avî8
— Sur le dosage du maimose mélangé à
d'autres sucres. (En commun avec
M. H. Hèhs.sey.) 33y
— Sur la composition de la graine de ca-
roubier. (En commun avec M. Hé-
rLssey. ) Sij 1
— Germination de la graine de caroubier ;
production de mannose par un fer-
ment soluble. (En commun avec
I\L Hi'rissey.) 614
BOUSSINESQ (J.j. — Ce que devient un
système d'ondes planes latéralement
indéfinies, dans un milieu transpa-
rent isotrope, mais hétérogène, formé
de couches planes et parallèles 794
— Propagation, dans un milieu tran.-,pa-
renl, hétérogène, d'un pinceau laté-
ralement limité de lumière parallèle:
intégration des équations du mouve-
ment 8J9
— Justification du principe de Fermât sur
l'économie du temps, dans la trans-
mission du mouvement lumineux à
travers un milieu hétérogène, d'ail-
leurs transparent et isotrope goS
BOUTIN (AuG.) adresse une Note « Sur
quelques équations de Pell et autres
équations indéterminées du second
degré » I o i J
BOUTY (E.). — Les gaz raréfiés possè-
dent-ils la conductivité électrolytique? 1 5^
-- Sur la cohésion diélectrique des gaz
raréfiés -204
BOUVEAULT (L.j. — Emploi de la létra-
chlorhydroquinone pour la caraetéri-
32.3 )
MM. Pages
sation et la séparation des acides gras. 53
BOUVIER (E.-L.). - Observations biolo-
giques sur le Peripfitus capeiisisGrwhn 97 1
— Nouvelles observations sur les Péri-
pates américains 1029
BRA. — Cultures de Neclria, parasite des
chancres des arbres. Analogies de ces
cultures avec celles du champignon
parasite du cancer humain 118
BRACH (L.) soumet au jugement de l'Aca-
démie l'indication d'un moyen de pro-
tection pour les trains de chemins de
fer en marche 458
BRANLY (Edouard). — Transmission des
ondes herLziennes'àtraversIesliquides. 672
BREUILLOT (A.) adresse une Note relative
à un aérostat dirigeable. (En com-
mun avec M. Thimias.) 49^
BRIZAKD(M.-L.). — Sur un azotile double
de ruthénium et de potassium 216
BROCA (A.NDRÉ). — Sur le principe de
l'égalité de l'action et de la réaction. 1016
BROOKS. — Le prix Lalande (Astronomie)
lui est décerné 1079
BROUARDEL. - Rapport sur !'« Enquête
sur les logements, professions, salaires
et budget (loyers inférieurs à 400*^'), »
parles W DttnicsiiilcXMungtnot. . . 1087
— Rapport sur le concours du prix Jean-
Jacques Berger i i(J3
BRUN (de). — Une mention lui est attri-
buée dans le concours du prix Bréant
(Médecine et Chirurgie) i ii5
BRUiNHES (Jean). — Sur les marmites des
îlots granitiques de la cataracte d'As-
souân (Haute-Egypte) 354
BUGUET (Abel). — Régénérations os-
seuses, suivies à l'aide de la radiogra-
phie 1/4
— Ampoule radiographique à anticathode
froide. (En commun avec M. f iclor
Clitihciuil.) 591
BUNSEN (Wilhelm-Eberiiard). — Sa
mort est annoncée à l'Académie ^oi
BURGESS (Geo-K.). — Méthode pour
déterminer la constante newtonieime. 407
BDSCHE (E.). — Généralisation d'une
formule de Gauss 9^2
BUSSY(de).— Rapport sur les travauxdu
commandant Bciills, dans le concours
du prix extraordinaire de six mille
francs 1067
— Rapport sur le concours du prix Plu-
mey (Mécanique) io75
( l32/! )
MM. ''"S^*-
CAMUS (L.). — Expériences concern;inl
l'élat réfi-acUire au sérum d'anguille.
Immunité cylologique. (En commun
avec M. E. 'cicy.) ^-^i
— Uecherclies expérimentales sur une
ii.ijglutinirie produite par la glande de
l'albumen l'Iiez r/:f('//^ /•"««"""■■ ■ • ^33
CAl'DE VILLE (de) adresse une Noie rela-
tive à uii allumeur automatique, spé-
cialement destiné à l'allumage des
foyers producteurs de nuages artili-
ciels contre les gelées 1 29-1
CAUiiOT (Jules). — Le prix Montagne
( Botanique) lui est décerné 1 100
CAKNOT (Au.) fuit hommage à l'Aca-
démie d'un nouveau Recueil d'ana-
lyses des ea-ux minérales françaises. . 804
C.\RVALHO. — Un prix Poural (Physio-
logie) lui c.-l décerné. (Eii cnmmuii
avec M. IKri.v.v.) 1 144
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 1218
CAULLE!iY(iM.iURicE). — Sur les AiÀo-
sporidics, ordre nouveau de la classe
des Sporozoaires. (En commun avec
M. Fétia: Mesnil. ) G16
— Surlamorphologieetl'évolutionsexi.eile
d'un Epicaride parasite des Balanes
(Hemwniscu.s haUirii Buchhol/, ). (En
commun avec M. Félix Mesnil.). . . . 771
— Une mention lui est attribuée dans le
concours du pri.\ Serres (Médecine et
Chirurgie.) (En ronimunavecM. Mcs-
/"'/.) 1127
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 121S
CAUSARD. — Sur la respiration branchiale
chez les Diplopodes 237
C.AZENEUVE (P.). - Sur un mode, de
synthèse de l'acide parabanique 834
— Sur la préparation des carbazides. Ac-
tion des hydrazinessui les carbonates
phénoliques. (En commun avec M. Mo-
'■<-■<"<■) 1254
CESTAN. — Un prix Bellion (Médecine et
Chirurgie) lui est décerné. (En com-
mun avec MM. Cie.spi/t i;l Si-ri;efit.). ii3(i
— Aiiressesesremercimeiitsà l'Académie. 1218
CHABAUD (Victor). — Ampuule radio-
graphique à anticathode froide. (En
commua avec M. ^bei Bii^uct.) âyi
CHAMBON. — Transmission intra-utérine
Vl M . !>=
de l'immunité vaccinale et du pouvoir
antivirulent du sérum. (En commun
avec MM. Béclèir, Menard et Cou-
lomb .)
CHARABOT (Eugène). — Recherches sur
le développement progressif de l'es-
.tenco di; bergamote
CHARBUNNIER. — Sur un balhymèlre
fondé sur l'emploi de cylindres cru-
shors. ( En commun avec M. ddy-
Aclw . )
— Un prix lui est décerné (en commun
avec M. Gnly- Aché] dans le concours
du [)rix e.\traordinaire de six mille
francs
CHARPENTIE;; (Ai;g. i. — Oscillations ner-
veuses, leur fréquence
CHARRIN. — Action des matières miné-
rales et des acides organiques sur les
variations de la résistance et les mo-
difications de l'économie. (En com-
mun avec MM. GmUeinoiuil et Lwa-
' diti.)
— Embolies cellulaires. (En commun avec
M. Lnv.id'ai.)
— Le prix Chaussier (Médecine et Chi-
rurgie) lui est décerné
CHATIN (Jo.^NNiis). — Sur la structuie
du noyau dans les myélocytes des Gas-
téropodes et des Annélides
CHAUVEAU (A.). — Thermogénèse et dé-
pense énergétique chez l'homme qui
élève ou abaisse son propre poids. Le
travail positif /^/rW de la chaleur au
moteur animé qui exécute ce travail;
le travail négatif lui en donne
— r Ra[)port sur le concours du prix La-
cdze ( Physiologie )
CHAUVEAU (A.-Bj. —Sur la variation
diurne de l'électricité atmosphérique.
CUESNEAU (G.). — Action du bioxyde
d'azote sur les sels de protoxyde de
chrome
CHOFARDET (P.j. - Observations de la
comète Giacobini (1899, e) faites à
l'observatoire de Besançon, avec l'é-
quatorial coudé
— Observations de la nouvelle planète EY
(Charlùis) faites à l'observatoire de
Besançon, avec l'équatorial coudé. . .
ges.
■235
728
243
10G8
38
3o5
898
i [3o
219
1 140
545
( .3.
MM. 1'
CLAUDE (Georges). — Sur les propriétés
magnétiques du fer aux basses tempé-
ratures
CLAUDE (H.). — Des éléments de dia-
gnostic el de pronostic fournis par la
cryo.scopie des urines. ( En conmuin
avec M. Biilthazaid)
COLLIN (E.).— Le prix Montyon (Arts
insalubres) lui est décerné ,
COLSON (Alb.).— Déplacement réciproque
des métaux
— Est présenté par la Section de Chimie
comme candidat à la place laissée
vacante par le décès de M. Fricdcl. .
COMAS SOLA (J.). — Orbite du bolide du
24 août i8<j9
CONSIDÈHE. — Vciriaiions lie volume des
mortiers de ciment de Portland, ré-
sultant de la prise et de l'état hygro-
métrique
CONSUL DE FRANCE A BATAVIA (M. le)
adresse quelques détails sur le trem-
blement de terre quia désolé, le 3o sep-
tembre dernier, l'île de Céram et les
Moluques
CONTREMOULIN. - Radiographie des cal-
culs du rein. (En commun avec M. Jl-
barran .)
CORET (AuG.) adresse une Note relative
à un appareil destiné à mesurer l'in-
clinaison d'un navire, produite par le
roulis
CORNU (A.) est désigné comme devant être
présenté à M. le Ministre de la Guerre
pour faire partie du Conseil de per-
fectionnement de l'École Polytech-
nique
— Rapport sur le concours du prix Wilde
(Chimie)
— Rapport sur le concours du prix Tré-
mont _
COSSERAT (E.). — Le prix Poncelet lui
est décerné. .
COSTANTIN. — Sur une nouvelle Muco-
rinée pathogène. (En commun avec
M. Liiciil.)
COUANON (Georges).— Nouvelles expé-
riences relatives à la désinfection anti-
aj;es.
409
547
l'-i;
8-25
903
-iC;
175
540
1093
I i5o
J067
5 )
MM. Pages.
pliylloxérique des plar;ts de vignes.
( En commun avec MM . Josefih Miclion
et C. Snloinoii . ) y83
COULOMB. — Transmission intra-ulérine
de l'ininiunité vaccinale el du pouvoir
antiviruleut du sérum.-(En commun
avec MM. JBéclère. Chanib„i et Mi-
""'■(l) -235
COUPIN (Henri). — Action des vapeurs
anestliési(|uesb-ur la vitalité des graines
sèches et des grames humides 56i
COURMONT. — Un prix Bréant (Médecine
etChirurgie) lui est décerné. (En com-
mun avec M. Dojori.) me
— Adresse ses remercîments à l'Aca-
démie 12 [S
COUSIN (H.). —Préparation des ortho-
quinones tétrachlorées et tétrabro-
mées en partant des gaïacols et véra-
trols tétrahalogénés correspondants. 967
CROQUEVTELLE ( G.) soumet au jugement
de l'Académie une Note « Sur cer-
taines affections d'origine cryptoga-
mique, connues sous les noms de
niaUtdii's jmladteiincs, coiitagieii.sfs,
épidéiniques, etc. « 264
— Adresse une Note « Sur les propriétés
curatives du sulfate de fer dans les
maladies microbiennes « O40
CRULS (L.). — Sur une modification de la
méthode de Bessel pour le calcul des
occultations 541
— Errata se rapportant à cette Communi-
cation 1 290
CURIE (P.). — Sur la radio-activité pro-
voquée par les rayons de Becquerel.
(En commun avec M"" P. Curie.). . . 714
- Ellèls chimiques produits par les rayons
de Becquerel. (En commun avec iM"'"
Curie . ) 823
CURIE (M""" P.). — Sur la radio-activité
provoquée par les ra y onsde Becquerel.
(En commun avec M. P. Curie.). . . . 714
Sur le poids alomique du mêlai dans le
chlorure de baryum radifère 7(Jo
-- Effets thimii]ues produits par les
layons de Becquerel. (En commun
avec M. P. Cune.) Sv.3
D
DANIEL (Lucien). — Greffe de quelques
Monocotylédones sur elles-mêmes. . . 654
DARBOUX (Gaston). — Rapport sur le
concours du iirix Bordtn 1064
( r326 )
MM.
— Rapport sur le concours du prix Fran
cœur
-- Rapport sur le concours du prix Poii-
celet
— Rapport sur le concours du prix Petit
d'Osmoy
— Est élu membre de la Commission cen-
trale administrative pourrannée 1900.
DASSONVILLE { Cii.)- — Sur les affinités
des inicrosporiim. (En commun avec
M. L. Malruchitt.)
DEBIEItNE (A.)- — Sur quelques acétyl-
acétonaies. (En commun avec M. G.
Urbain.)
— Sur une nouvelle matière radio-active.
DEFACQZ (Er.). — Sur deux chlorobro-
mures de tungstène
DEHÉRA1N (P. -P.). — Cultures dérobées
d'automne. Leur efficacité comme en-
ijiais vert
DËISS adresse une Note relative à « soii
procédé d'extraction du caoutchouc. »
DELACUOIX. -- La Graisse, maladie bac-
térienne des Haricots
— La maladie des Œillets à Anlibes. (En
comuiun avec M. l'nlUcux.)
DELAGE (Vviîs). — Sur la fécondation
niérogonique et ses résultats
DELÉPINE.— Sur l'azotate d'argent ammo-
niacal. (En commun avec M. Ber-
ihehit )
— Recherclies sur les dérivés métalliques
de l'acétylène. ( En commun avec
M. Bcnhelnl.)
— Errata se rapporlant à cette Commu-
nication
— Aldéiiydes salicylique et para-oxyben-
zoïque et hydrosalicylamide. ( En com-
mun avec M. Rn'als.)
— Surlachaleurd'uxydaliondutungstène.
(En commun avec M. Hallnpeau .) . . .
— Sur le sulfate de méthylène ou méthylal
sulfuri(]ue
— L'acide lactique. (En commun avec
M. B<-r//ie/ol.}
DELÉZIMEli. — De l'emploi des courants
triphasés en Uadiu.i,'ra|ihie
DEMARÇAY (Eugène).'- Sur le spectre
du radium
DEMOULIN (A.). - Sur une correspon-
dance entre deux espaces réglés.
DESCAMPS (Th.) soumet au jugement de
l'Académie un Mémoire « Sur la ma-
ladie du Rot brun et du Black rot ».
Pages.
1067
1067
I I 5o
1202
123
302
593
Ji5
'39
805
65G
045
36 1
422
520
600
83i
920
1227
716
200
460
MM.
DESLANDRES(H.). — Observation de l'es
saim des Léonides
— Organisation de l'enregistrement quo-
tidien de la chromosphère entière du
Soleil à l'observatoire de Meudon.
Premiers résultats
DEWAR (James). — Sur la solidification
de l'hydrogène
DIENERT. — Sur la sécrétion des diastases.
DIRECTEUR DE L' « LXSTITUTO Y OB-
SERVATORIO DE MARINA DE SAN
FEUNANDO (M. le). — Lettre rela-
tive aux futures expéditions pour
l'observation de l'éclipsé de Soleil
du 27 mai 1900
DITTE. — Rapport sur le concours du
prix La Gaze (Chimie)
DOYON. — Un prix Bréanl (Médecine et
(Chirurgie) lui est décerné. (En com-
mun avec M. Cnunnnnt.)
— Aresse ses remercîmentsà l'Académie.
D1\AC1I (JuLiis).— Une mention très hono-
rable lui est accordée dans le concours
du prix Bordin
— Adiesseses remerciments à l'Académie.
DUBOIN. — Sur les propriétés réductrices
du bore et de l'aluminium. (En com-
mun avec M. Gautier.)
DUBOIS (Raphaël). - Sur le rôle de la
chaleur dans le fonctionnement du
muscle
DUCLA (V.) adresse une Note ayant pour
titre : « Résolution de l'équation du
troisième degré par une méthode nou-
velle »
DUCLAUX présente à l'Académie le tomelll
de son « Traité de Microbiologie ».. .
DUCOS DU HAURON (Louis).-Le prix Tré
mont lui est décerné
DUGAS (E.). — Sur la détermination du
coefficient de solubilité des liquides.
(En commun avec M. A. Aigr/an). .
DUHEM (P.). - Sur la stabilité de l'équi-
libre des corps flottants et, en particu-
lier, d'un navire qui porte un char-
gement liquide
DULAC (HuNni). — Sur les cols des équa-
tions différentielles
DUMAS ( L.). — Sur la position des points
de transformation magnétique des
aciers au nickel
DUMESNIL. — Un prix Monlyon (Statis-
tique) lui est décerné. (En commun
avec M . Ma/igenut .) 1
Pages.
807
45i
C3
445
1093
1 1 16
1218
1064
1218
217
"85
1008
I i5o
643
879
276
42
1087
MM. Pages.
DUPREZ. — Des qualités préventives du
sérum sanguin d'une génisse immu-
nisée contre la péripneumonie conta-
gieuse des Bovidés. ( En commun
avec M. 5. Arloing.) 073
DUSSAUD. — Sur le rendement de la
( l327 )
MM.
Pages.
transmission du son par l'élpctricilé. 880
DYBOWSKl. — Sur une plante à gulta-
percha, su>cepiible d'être cultivée
sous un climat lempéré. (En commun
avec M. Fron.) 558
EBERT (W.). — Sur les méthodes de
M. Lœa'j pour la détprmination des
latitudes. (En commun avec M. J.
Perrhot. ) 270
EGÎNITIS (D.). — Observations des Per-
séides, faites à Athènes 447
— Observations des Léonides et des Bié-
lides, faites à Athènes 942
ENGEL (R.). — Sur l'iiypophosphite de
cuivre et sa décomposition par le pal-
ladium précipité 5i8
— Surlecarbonatedemagnésiumanhydre. SgS
-- Le prix La Gaze (Chimie) lui est dé-
cerné 1093
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 1318
ÉTARD est présenté par la Section de
Chimie comme candidat à la place va-
cante par le décès de M. Friedel. . . . goS
FABRY (Ch.). — Sur la masse du déci-
mètre cube d'eau. (En commun avec
MM. M'icé de Lépinay et A. Pérnt ) 70g
FALIÈRES (ÉLiR). — Nouveau mode de
dosage acidimétrique des alcaloïdes. 110
FAUVEL (Pierre). — Sur le pigment des
Arénicoles \i~'i
FAYET (G.). ^ Observations de la comète
périodique Tempeli = 1873 H, faites
à l'Observatoire de Paris 38o
FÉRAUD(A.). — Observations de la co-
mète Swift (i8gS, «), faitesà l'obser-
vatoire de Bordeaux. (En commun
avec M, Rnyet) i i3
FEUILLE (H.) adresse une Note relative
à un instrument destiné à apprécier
immédiatement les distances i'2g4
FILHOL.— Rapportsurleconcours du prix-
Bordin (Sciences physiques) rio6
FLAM.\L\R10N (G.). — Action des diverses
radiations lumineuses sur les êtres
vivants 398
— Les Perséides en 1899. 435, 460
FLOWER ( William). — Sa mort est an-
noncée à l'Académie (ig
FORCRAND (dr). — Sur l'hydrate de bi-
oxyde de sodium et la préparation de
l'eau oxygénée 1246
FOREL (F. -A.). — Les variations de l'ho-
rizon apparent 27'-
FOUQUÉ(F.). - Remarque au sujet de
la nouvelle édition du « Traité de
Géologie » de M. de Liippnrent 665
FOURNIER (Eugènk) adresse un Mémoire
intitulé : « Recherches sur la désin-
fection par l'aldéhyde formique ; for-
macétone » '9^
— Une mention lui est attribuée dans le
concours du prix Montyon (Médecine
et Chirurgie) mi
FRANÇOIS (Maurice). — Sur la dissocia-
tion de l'iodure de mercurdiammo-
nium ■^Q^
— Dissociation par l'eau de l'iodomercu-
rate d'ammoniaque et de l'iodomercu-
rate de potasse 9^9
FRANKLAND (Edwards). — Sa mort est
annoncée à l'Académie 403
FREDHOLM (Iwan). — Sur une classe
d'équations aux dérivées partielles. . 32
FRON (G.). — Sur une plante à gutla-
percha , susceptible d'être cultivée
sous un climat tempéré. (En commun
avec M. Ih-l>nn:-ki.) 558
( i328 )
MM. Pages.
G.4LLIENI (le général) est nommé Corres-
pondant pour la Section de Géogra-
phie et Naviijation r'-i;
GALY-ACHÉ. — Sur un bathymèlre
fondé sur l'emploi de cylindres cru-
sliers. (En commun avec .M. Char-
b'inn/cr) 5-P
— Un prix lui est décerné dans le ron-
coiirs du prix extraordinaire de six
mille francs (En commun avec M.
Charbonnirr. ) 10G7
— Sur quelques phénomènes que présente
le fer i>'^o
GANN.^ ( U.) adresse un projet d'avertis-
seur, destiné à prévenir les rencontres
des trains sur les chemins de fer 939
GAKNIER. — Une mention lui est attri-
buée dans le conrours du prix Mon-
tyon ( Médecine et Chirurgie) i n S
GAUD (Fernand). — Sur la spectroplio-
tométrie des lumières électriques. . . 759
GAUDRY (Albert).— Sur leNéomylodon. 49'
— Présente le résumé d'un travail de
M. Erland NordenskjoU, sur « la
grotte du Glossotherium {ISeonirlo-
don ) en Patagonie 1 9, 1 fi
GAUTIER (AiiM.VND). — Examen de l'eau
de mer puisée à différentes profon-
deurs; variations de ses composés
iodés c)
— Remarques, à propos d'une Communi-
cation de M. Miitteiirci, sur la pré- .
sence de l'acide iodhydrique dans les
émanations volcaniques fie
— Présence de l'iode en proportions no-
tables dans tous les végétaux à chloro-
phylle de la classe des Algues et dans
les Sulfuraires ipn
.ffr^m/n .se rapportante cette Commu-
nication 3,^3
-- Préparaiion et dosage du giycogène.. 7or
- Sur l'existence normale de l'arsenic
chez les animaux et sa localisalion
dans certains organes 029
— Méthode pour la recherche et le dosa;,'e
des très peiites quantités d'arsen'ic
contenues dans les organes nSfi
— Rapport sur le concours du prix Jicker
(Chimie) ^^^^
GAUTIER (Hemii). — Sur le poids ato-
MM. Pages.
mique du bore SgS et 678
GAUTliELET(E.). - l.eségols: nouveaux
antiseptiques généraux 1 13
GÉRARD (E ). — Sur la présence, dans
l'organisme animal, d'un ferment so-
luble réduisant les nitrates. (En com-
mun avec M. E. JbrluKs.) 5()
- fur la présence, dans l'organisme ani-
mal, d'un ferment soluble réducteur.
Pouvoir réducteur des extraits d'or-
ganes. (En commun avec M. E. Jbe-
Inns.) 1G4
- Pur la coexistence d'une diastase réduc-
trice et d'une diastase oxydante dans
les organes animaux. (En commun
avec M. E. .Ibeloiis .) loaS
GERMAIN adresse un Mémoire intitulé :
« Théorie de la pression universelle ». 804
GERKEZ (D.). — Sur la température de
transformation des deux variétés qua-
dratique et orthorhombique de l'iodure
mercurique i îS'i
GERSCHUN (Al.). — Méthode pour dé-
terminer la densité moyenne de la
Terre et la constante gravitation-
nelle ioi3
GI.\RD (Alfred). -- Le prix Petit d'Or-
moy (Sciences naturelles) lui est dé-
cerné 1 1 5 1
— Adresse ses remercîmenis à l'Aca-
démie iii8
GIBON (G.) adresse diverses Notes rela-
tives à ses trois types de ballons di-
rigeables 51 1
GIRAN (H.). — Sur de nouvelles combi-
naisons de l'anhydride pliosphorique
avec le benzène 964
GL\NGEAUD (P. -H.). — Les minéraux
du Crétacé de l'Aquitaine 97O
— Les faciès et les conditions de dépôt du
Turonien de l'Aquitaine loSg
GLEY (E.). — Expériences concernyiit
l'état réfraclaire au sérum d'anguille.
Immunité cytologique. (En commun
avec M. L. Camus.) î.3i
GOURSAT (E.). — Sur deux équations in-
tégrables du second ordre 3i
— Sur un problème relatif aux con-
gruences de droites 578
— Sur les congruences de normales C69
( '329 )
533
64
1107
iS
MM. Pages
GRANBOULAN (E.) adresse une Noie sur
un système de propulsion des navires
à vapeur
GRANDIDIER (Alfrhd).— Sur les lia-
vaux géographi(iues et cartogra-
phiques exécutés à Madagascar, par
ordre du générai Gallieni, do 1897 à
1899
GRANDIDIER (Gdill.vume). - Le prix Sa-
vigny (Anatomie et Zoologie) lui est
décerné
GRÉANT (N.). — Rectiorches sur l'alcoo-
lisme aigu; dosage de l'alcool dans le
sang et dans les tissus
GRIFFON (Ed.). — L'assimilation chloro-
phyllienne dans la lumière solaire qui
a traversé des feuilles 1276
GRUEY (L.-J.). — Observations de la pla-
nète EP (J. Mascart, 1899, août «6)
faites à l'observatoire de Besançon
par M. P. Chofardet 446
GUÉPIN(A.) adresse un Mémoire sur
« L'ÉtIologie générale des maladies
de la prostate » 804
GUERBET. — Transformation directe de
l'acétamide en éthylamine par hydro-
génation
GDICHARD (C). — Sur les surfaces de
M. Voss
— Sur la théorie générale des congruences
de cercles et de sphères 147
— Sur les congruences de cercles et de
sphères qui interviennent dans l'étude
des systèmes orlhogonaux et des sys-
tèmes cycliques 748
— Sur quelques propriétés de certains
svstèmes de cercles et de sphères. . . 944
GUICHARD (Marcel). — Sur le bioxyde
de molybdène 722
— Sur le bisulfure de molybdène 12^9
GUIGNARD. — Rapport sur le concours
du prix Thore (Botanique) 1 loa
GUILLAUME (Ch.-Ed.). — Sur les varia-
MM.
Fa
61
23
lions temporaires et résiduelles des
aciers au nickel réversibles
GUILLAUME (J.) _ Observations à la
comète Swift (iSggw), faites à l'ob-
servatoire de Lyon
— Observations du Soleil, faites à l'obser-
vatoire de Lyon pendant le premier
trimestre de 1 899
— Observations du Soleil, faites à l'obser-
vatoire de Lyon pendant le deuxième
trimestre de 1899
— Observations des Léonides, faites en
189g à l'observatoire de Lyon
GUILLÉ. — Une mention lui est attribuée,
en commun avec M. Bcsnoie, dans le
concours du prix Bréant (Médecine et
Chirurgie)
— Adresse ses remercîments à l'Académie.
GUILLEMINOT (H.). - Radiographie du
coeur et de l'aorte aux ditïérentes
phases de la révolution cardiaque . . .
GUILLEMONAT. — Action des matières
minérales et des acides organiques
sur les variations de la résistance et
les modifications de l'économie. (En
commun avec MM. Clinrrlit et Lcva-
ditt.)
— Une citation lui est attribuée dans le
concours du prix Montyon (Médecine
et Chirurgie)
GUYON. — Rapport sur le concours du
prix Godard (Médecine et Chirurgie).
— Rapport sur le concours du prix Mège
(Médecine et Chirurgie)
— Rapport sur le concours du prix du
baron Larrey (Médecine et Chirurgie).
GUYOU. — Rapport sur les travaux du
capitaine de frégate E. Peniii, dans
le concours du prix extraordinaire de
six mille francs
GUYOT (A.). — Recherches sur la tauto-
mérie de l'acide benzoylbenzoïque.
(En commun avec M. A. Halier.). .
ges.
i55
iG
494
810
86G
1117
1218
177
3o5
1 108
1117
ii3(3
Il 38
iji3
H
HAGENMULLER. — Sur une nouvelle
Myxosporodie, Noscnui Stf/ihiiiii, pa-
rasite du Ftems pui.scr Moreau 836
HALLER (A.). — Sur les acides dialcoyl-
benzylbenzoïques et dialcoylbenzyl-
benzoïques télrachlorés. (En commun
avec M. Umbgruve.) 90
C. P.., 1899, 3' Semestre. (T. CWIX.)
Sur les réfractions moléculaires; la
dispersion moléculaire el le pouvoir
rotatoire spécifique de quelques al-
coylcamphres. (En commun avec
M. P.-T/i. Mulkr.) 100!;
Recherches sur la tautomériede l'acide
benzoylbenzoïque. (En commun avec
( i33o )
MM.
M. J. Gufot.)
HALLOPEAU. — Sur la chaleur d'oxyda-
tion du tungstène. (En commun avec
M. Dilépine.)
HANRIOT (Maurice). — Le prix Jecker
(Chimie) lui est décerné
— Est présenté, par la Section de Chimie,
comme candidat à la place vacante
par le décès de M. Friedel
HÂTON DE LA GOUPILLIÈRE. — Rap-
port sur le concours du prix Montyon
(Statistique)
— Rapport sur la « Revue de Statistique n,
présentée par M. Henri de Beiturnont.
HAUG (Emile). — Sur le bord exlerne du
Briançonnais entre Freyssiiiières et
Vars. (En commun avec M. Kilian.).
— Le prix Fontane (Minéralogie et Géo-
logie) lui est décerné
HECKÉL (Edouard). — Sur la structure
anatomique des Vanilles aphylles. . . .
— Sur la formation des canaux sécréteurs
dans les graines de quelques Gutti-
fères
HÉDON (E.). — Des relations existant
entre les actions diurétiques et les
propriétés osmotiques des sucres. (En
commun avec M. /. Arroiis.)
HEEN (P. de), — Reproduction électrique
de figures deSavart, obtenues à l'aide
de lames liquides
HELIER (Henri). — Sur le pouvoir ré-
ducteur des urines
HEMSALECH (G.-A.) - Sur les spectres
des décharges oscillantes
HÉRIBAUD (Joseph).— Un prix Montagne
(Botanique) lui est décerné
HÉRISSEY (H.). - Sur la composition de
l'albumen de la graine de caroubier;
production de galactose et de man-
nose par hydrolyse. (En commun avec
M. Bourquelot.)
I2l3
600
1091
903
1082
1089
35 1
'097
347
5o8
778
717
58
285
1100
228
MM. Pages.
— Sur le dosage du mannose mélangé à
d'autres sucres. (En commun avec
M. Bourquelot .) 889
— Sur la composition de l'albumen de la
graine de caroubier. (En commun
avec M. Bourquelot.) Sgi
— Germination de la graine de caroubier;
production de mannose par un fer-
ment soluble. (En commun avec
M . Bnurquelot.) 6 1 4
HERMITE (Gustave). — Sur un voyage
aérien, de longue durée, de Paris à la
Méditerranée, exécuté le 16-17 sep-
tembre 1 809 J27
HERRERA (A.) adresse une Note sur une
modification à introduire dans la for-
mation des noms de genres, en His-
toire naturelle 186
HERZEN (A.). — La variation négative
n'est pas un signe infaillible d'activité
nerveuse 897
HEURTEAU. — Un prix Rivot lui est dé-
cerné 1 1 fis
HOUDAS. — Un prix Barbier (Médecine
et Chirurgie) lui est décerné. (En com-
mun avec M. Jnuanin.) 11 14
HUE (L'AuBÉ). — Le prix Desmazières
(Botanique) lui est décerné 1099
HUGO DE VRIES. — Sur la fécondation
hybride de l'albumen 978
HUGOT (C). — Action du sodammonium
etdu potassammonium sur le sélénium. 299
— Action du sodammonium et du potas-
sammonium sur le tellure et le soufre. 388
— Action du potassammonium sur l'ar-
senic 6o3
HUMBERT (G.). — Sur certaines surfaces
remarquables du quatrième ordre... 640
— Sur les fonctions hyperabéliennes .... 667
— Sur la transformation des fonctions abé-
llennes 955
IMBERT (Henri). — Chaleur de neutrali-
sation et acidimétrie de l'acide caco-
dylique
1244
INSTITUT PASTEUR (L). — Le prix
Jean-Jacques Berger lui est décerné. 1 163
( i3;^. )
MM. Pages.
JABOIN (A.). — Sur la préparation et les
propriétés des phosphures de stron-
tium et de baryum cristallisés 762
JANET (Pierre). — Une mention hono-
rable lui est accordée dans le concours
du prix Lallemand 1 1 38
JANSSEN (J.). — Note sur les observa-
tions des étoiles filantes dites Léo-
nides, faites sous la direction de l'ob-
servatoire de Meudon ;88
— Note sur les travaux au mont Blanc en
'899 993
— Remarques sur une Communication de
M. U. Destandres, relative à l'or-
ganisation de l'enregistrement quoti-
dien de la chroraosphère entière du
Soleil 1 22),
lAUBERT (Georges-F. ).— Lanapluopur-
purine, un produit d'oxydation de la
naphtazarine 684
MM. Pages
JOANIN. — Un prix Barbier (Médecine et
Chirurgie^ lui est attribué (En com-
mun avec M. Hondas.) 1114
JODIN (Victor). — Sur la résistance des
graines aux températures élevées Sgî
JONQUIÈRES (DE). - Rapport sur les
deux Ouvrages intitulés : « La France
charitable » et « Paris charitable »
présentés par l'Office central des
Œuvres de bienfaisance pour le con-
cours du prix Montyoti (Statistique). io83
JOUNIAUX. — Sur l'action de l'acide
chlorhydrique sec sur l'argent et réac-
tion inverse 883
JUMELLE (Henri ). — Le piralahy, liane
à caoutchouc de Madagascar 349
JUNGFLEISCH.— Est présenté par la Sec-
tion de Chimie, comme candidat à la
place vacante par le décès de M. Frie-
del 9o3
K
KILIAN (W.). — Sur les brèches éogènes
du Briançonnais 240
— Sur le bord externe du Briançonnais
entre Freyssinières et Van^. (En com-
mun avec M. E. Hatig.) 35i
— Le prix Delesse (Minéralogie et Géolo-
gie) lui est décerné 1096
— Adresse ses remercîments à l'Acadé-
mie 121 8
KLING (André). — Oxydation du propyl-
glycol par l'eau de brome 219
— Oxydation biochimique du propylglycol. 1252
KLUMPKE (M"" D.). — Observations des
Perséides de 1899 38i
KOWALEVSKY (A.). — Imprégnation
hypodermique chez XHœmenlaria cos-
tuta de Millier (flacubdella cateni-
gera de R. Blanchard) 261
L
LABBÉ. — Une citation lui est attribuée
dans le concours du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1 ii4
LABORDE ( J.). — Sur les variations de la
production de glycérine pendant la
fermentation alcoolique du sucre. . . . 344
LAFEUILLE. — Un prix du baron Larrey
(.Médecineel Chirurgie) lui est décerné.
(En commun avec M. Arnaud.) .... 11 38
LAMBERT-ROYNLN adresse une Note re-
lative à un principe pouvant servir ii
la direction des ballons 1218
LAND.4U (Edm.). — Contribution à la
865
^94
théorie de la fonction i;(«)deRiemann. 812
LANFREY. — Expériences sur la destruc-
lion du Phylloxéra
LANG (W.-C). — Sur la dissociation du
chlorure de cadmium hexammoniacal.
(En commun avec M. A. Rigaud.) . .
LANGLOIS (Marcelin) adresse un nou-
veau Mémoire intitulé « Origine de la
tension superficielle; sa loi de forma-
tion » '009
LANNELONGUE. — Rapport sur le con-
cours du prix fearbier (Médecine et
Chirurgie) "'4
( i33
Pages.
[14
MM.
LAPICQUE (Louis). — Un prix Barbier
(Médecine et Chirurgie) lui est dé-
cerné
LAPPARENT (de). — Sur l'intervenlion
des végétaux dans la formation des
tufs calcaires 664
— Présente à l'Académie les deux premiers
fascicules de la quatrième édition de
son (I Traité de Géologie » 665
— Rapport sur le concours du prix Fon-
tane (Minéralogie et Géologie) 1097
LARROQUE (Firmim). — Contribution à la
théorie des instruments de musique à
embouchure 9^
— Adresse une Note « Sur le mécanisme
de l'audition des sons » 493
— Soumet au jugement de l'Académie une
Note « Sur la mesure de l'intensilc
des impressions sonores » 709
LAURANS (Ch.) soumet au jugement de
l'Académie un Mémoire « Sur la théo-
rie mécanique de la chaleur » 666
LAURENT ( L.) adresse une Note « Sur le
rôle de l'insuffisance en matières grasses
de la ration alimentaire dans l'étiolo-
gie du béribéri » 38o
LÉÂUTÉ. — Rapport sur le concours du
prix Fourneyron (Mécanique; 1077
LEBEAU (P.). —Sur la préparation et
les propriétés des arséniuresde stron-
tium, de baryum et de lithium 47
LEBEL (3. -A.). — Sur la stéréoehimie de
l'azote 548
— Est présenté par la Section de Chimie
comme candidat à la place vacante par
le décès de M. Friedel ç)o3
LEBESGUE (H.). - Sur la définition de
l'aire d'une surface 870
LEBLANC (Mal'ricej. — Le prix Gaston
Planté lui est décorné 1161
LECAILLON. — Le prix Saintour lui est
décerné 1162
— Adresse ses remercîmenls à l'Acadé-
mie 1-218
LECARME (Jean). — Expériences de té-
légraphie sans Ql, exécutées entre
Chamonix et le sommet du mont Blanc.
( En commun avec M. Louis Lccnrme.)
LECARME ( Louis). — Expériences de télé-
graphie sans fil, exécutées entre Cha-
monix et le sommet du mont Blanc.
( En commun avec M. Jean Lccamw.)
LE CllATELlER (H.). - Sur les change-
uionts d'état du fer et de l'acier. T. .
âSi)
589
■^79
2 )
MM. Pages.
— Sur la dilatation du fer et des aciers
aux températures élevées 33 1
— Sur les terres cuites noires 386
— Sur la porcelaine égyptienne 387
— Sur les poteries égyptiennes 477
— Sur la vitesse de détonation de l'acéty-
lène. (En commun avecM. Berihclnt.) 4'-7
— Sur les points fixes de transformation. 497
— Sur les changements de volume corré-
latifs du durcissement des liants hy-
drauliques lî'ia
— Est présenté par la Section de Chimie,
comme candidat à la place vacante
par le décès de M. trie.iUd goS
LECLAINCHE, — Un prix Montyon (Mé-
decine et Chirurgie) lui est décerné.
( En commun avec M. Nocard. ) . . . . 1 1 08
LE CORDIER (feu). — Le prix Francœur
lui est décerné 1 067
LE DOUBLE (le D'' F.) prie l'Académie de
le comprendre parmi les candidats au
prix Mège 264
LEDUC (Stéphane). — Etincelle globu-
laire ambulante >7
LEFORT (J.-L.) adresse diverses Commu-
nications relatives à la Physique, à la
Physiologie et à l'Anthropologie 4"'
LE HELLO (P.). — Du rôle des organes
locomoteurs du cheval 179
— Un prix Montyon (Physiologie expéri-
mentale) lui est décerné i iSg
LEIDIÉ ( E.). — Sur la purification de l'iri-
dium H }
— Sur les sesquichlorures de rhodium et
d'iridium anhydres 1249
LEJ.4RS. — Une mention lui est attribuée
dans le concours du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1114
LEMOINE (J.,)- — Disparition instantanée
du phénomène de Kerr. (En commun
avec M. Abrahom.) 206
LEMOINE (Georges). — Action du ma-
gnésium sur ses solutions salines. ... 291
— Transformation du styrolène en méta-
slyrolène sous lintluence de la lu-
mière 719
— Est présenté par la Section de Chimie
comme candidat à la place vacante
par le décès de M. Friedel goS
— Est élu Membre de la Section de Chi-
mie, en remplacement de M. Friedel. g38
LEPAGE (L.). — Sur l'innervation sécré-
loire du pancréas. (En commun avec
M. Werlheiiiier.) 737
( i333 )
MM. Pages.
LEPRINCE. — Contribution à l'étude chi-
mique de l'écorce du Rliamnus piir-
sliiana ( Cascara sagradn ) 60
LEROY. — Une mention très honorable lui
est accordée dans le concours du prix
Francœur 1067
— Adresse ses remercîments à l'Acadé-
mie 1218
LEROY (Emile). — Sur quelques alca-
loïdes de l'opium ifo
— Sur la narcéine 1239
LESFIEAU(R.). — Sur l'acide dichloro-3. 4-
butanoïque 224
LEUDUGER-FORTMOREL. — Une men-
tion honorable lui est accordée dans
le concours du prix Desmazières (Bo-
tanique) lOÇHJ
LEVADITL — Action des matières miné-
rales et des acides organiques sur les
variations de la résislance et les mo-
difications de l'économie. (En com-
mun avec MiM. Cliarrin et Gtdlleinn-
nat.) 3o'>
— Embolies cellulaires. ( En commun avec
M. Charri/i.) 89S
LEVAT (L.-A.) adresse une Note relative
à un projet de « ceinture-tampon » à
adapter aux navires, contre l'accos-
tage 1045
LEVAVASSEUR. — Les groupes d'ordre
j6/.<,jDétantunnombrepremier impair. 26
LÉVY (Maurice). — Sur l'équilibre élas-
tique d'une plaque rectangulaire. . . . 5'>5
— Rapport sur le concours du prix Mon-
tyon (Mécanique) 107J
LIl'PMANN (G.). — Méthode pour la mise
au point d'un collimateur 569
LCEWY. — Considérations sur la consti-
tution physique de la Lune. (En com-
MM.
Pages.
940
mun avec M. Pidseux.)
— Présente deux photographies lunaires
qui lui sont adressées par M. fFei-
"eck ,44
— Note sur les Léonides 787
— Présente à l'Académie le Tome UI des
« Annales de l'Observatoire de Tou-
louse »
— Note sur les travaux contenus dans le
Volume des « Annales de l'Observa-
toire de Paris de 1897 » 1202
— Rapport sur le concours du prix La-
lande (Astronomie) 1079
— Rapport sur le concours du prix Valz
(Astronomie)
LOUISE (E.). — Recherches et dosage du
phosphore libre, dans les huiles et les
corps gras
LOVETT (E.-O.). — Sur les transforma-
tions des droites
— Sur les transformations des droites. . .
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication
— Sur les équations de Pfaff 274
— Sur la correspondance entre les lignes
droites et les sphères 383
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1 296
— Sur un groupe continu infini de trans-
formations de contact entre les droites
et les sphères 4o5
LUCET. — Sur une nouvelle Mucorinée
pathogène. (En commun avec M. Cos-
tantin.) io3t
LUIZET (M.). — Observations de |3 Lyre,
faites à l'observatoire de Lyon 267
— Sur l'étoile variable du type Algol
(DM.-l-i2",3JJ7) 269
loïio
59'.
20
t44
358
M
MACÉ DE LÉPINAY(J.). — Sur la masse
du décimètre cube d'eau. (En com-
mun avec MM. Cli. Fabry et A. Pe-
rot.)
MAILLET (Edmond). — Sur les équations
indéterminées de la formex>-H/^=c3^.
MAIRE (R.). — Sur les phénomènes cyto-
logiques précédant et accompagnant
la formation de la téleutospore chez le
Pitcciiiia Liliacearum Duby 839
709
9«
MAIRE DE CHANTILLY(le) informe l'Aca-
démie que l'inauguration de la statue
élevée au duc d'Aumale aura lieu le
dimanche i5 octobre 5ii
IMAIRE DE NUITS-SAINT-GEORGES (le)
invite l'Académie à se faire repré-
senter à l'inauguration du monument
élevé à la mémoire de Ftli.r Tisse-
rand, qui aura lieu le i5 octobre 47''
MALARD (A. -Eugène). — Sur le déve-
( i334 )
MM. Pages,
loppement et la pisciculture du Tur-
bot i«i
MALTÉZOS (C). — Sur les battements
des sons donnés par les cordes 438
MANGEOT (S.). — Sur quelques dépen-
dances géométriques entre deux sys-
tèmes de points définis par des équa-
tions algébriques 4*^4
MANGENOf. - Un prix Montyon (Statis-
tique) lui est décerné. . , 1082
MANGIN (Louis). — Sur une maladie
nouvelle des (Eillets "Si
MAQUENiNE (L). — Sur l'hygrométricité
des graines 77^
MAREY. — Rapport sur le concours du
prix Montyon (Physiologie expérimen-
tale) iiSg
— Rapport sur le concours du prix Pou-
rat ( Physiologie ) 1 1 44
MARFAN. — Un prix Montyon (Médecine
et Chirurgie) lui est décerné 1112
MARIE (Ch.). — Sur le dosage du
phosphore dans les composés orga-
niques 766
MARINESCO(G.).-Un cas d'hémiplégie
hystérique, guéri par la suggestion
hypnotique et étudié par la Chrono-
photographie 9G8
MAROTTE (F.). — Sur la classification
des groupes projeclifs de l'espace à n
dimensions '^80
MARQUIS (R.). - Sur le benzoylfurfu-
rane m
MARTEL (E.-A.). — Sur de nouvelles re-
cherches souterraines en Dévoluy
(Hautes-Alpes) et sur le plus profond
puits naturel connu (chourun Martin,
310-") ,041
MARTIN (F.) soumet au jugement de l'Aca-
démie un appareil destiné à l'arrêt
instantané des chevaux emportés 1 2 1 8
MARTONNE (E. de). - Sur la période
glaciaire dans les Karpates méridio-
nales 894
— Sur l'histoire de la vallée du Jiu (Kar-
pates méridionales) 078
MASCART rend compte à l'Académie de
la cérémonie organisée à Côme pour
fêter le Centenaire de la découverte de
la pile par Volta ^g3
— Rapport sur le concours du prix Gegner. ii5o
— Rapport sur le concours du prix Gaston
Planté , ,(3i
— Rapport sur le concours du prix Sain-
MM. Pages,
tour 1 162
MASCART (.Iean). — Découverte d'une
nouvelle planète à l'Observatoire de
Paris 434
MATRUCHOT (L.). — Sur les affinités des
Microsporum. (En commun avec
M. Ch. Dassnm'ille.) 128
— Sur un nouveau mode de formation de
l'œuf chez les Piptocephalis io34
MATTEUCCI. — Sur les particularités de
l'éruption du Vésuve 65
— Sur l'état actuel des volcans de l'Europe
méridionale 784
MÉNARD. — Transmission intra-ulérine
de l'immunité vaccinale et du pouvoir
antivirulent du sérum. (En commun
avec MM. Béclère, Cliambon et Cou-
lomb .) 235
ME.NDELSSOHN. - Sur la variation néga-
tive du courant nerveux axial 844
MÉRAY est élu Correspondant pour la Sec-
tion de Géométrie 1008
— Adresse ses remercîments à l'Aca-
démie 1218
MESNIL (Félix). — Sur les Jplosporidies,
ordre nouveau de la classe des Spo-
rozoaires. ( En commun avec M. .M/h-
rice Caidlery.) G 1 6
— Sur la morphologie et l'évolution
sexuelle d'un Epicaride parasite des
Balanes {Heminniscus balani Buch-
holz). (En commun avec M. M.
Caullery.) 770
— Une mention honorable lui est attri-
buée, en commun avec M. Caullery,
dans le concours du piix Serres (Méde-
cine et Chirurgie) 11 18
METZNER (René). — Le prix Cahours
lui est décerné 1 1G2
MEUNIER (Stanislas). — Complément
d'observations sur le terrain caillou-
teux des Préalpes vaudoises 525
— Observations relatives au dépôt de cer-
tains travertins calcaires GSg
— Complément d'observations sur la struc-
ture du diluvium de la Seine 1282
MICHON (Joseph). — Nouvelles expé-
riences relatives à la désinfection an-
liphylloxéiique des plants de vignes.
( En commun avec MM. Georges
Couiiiiiin et E. Sidomon.) 783
MILNE-EDWARDS (Alphonse). — Rapport
sur le concours du prix Savigny(Ana-
tomie et Physiologie) 1 107
( i335 )
M M. Pages.
— Est élu Vice-Président de l'Académie
pour l'année 1900 1201
MINISTRE DE LA GUERRE (M. le) invite
l'Académie à lui désigner deux de ses
Membres pour faire partie du Conseil
de perfectionnement de l'École Poly-
technique 5 1 1
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PU-
RLIQUE ET DES REAUX-ARTS
(M. le) adresse l'ampliation d'un Dé-
cret qui porte de 100 à ii6 le nombre
des Correspondants de l'Académie,
tant nationaux qu'étrangers !>
— Invile l'Académie à lui présenter une
liste de deux candidats pour la place de
Membre Astronome devenue vacante
au Rureau des Longitudes par suite du
décès de M. Tisserand 8oj
— Transmet un Rapport du Consul gé-
néral de Naples sur les travaux de
M. Schron, concernant la Cristallo-
génie gSg
— Adresse l'ampliation du Décret approu-
vant l'élection de M. Georges Le-
moine lao?.
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
(M. le) informe l'Académie que le
« Cercle industriel, agricole et com-
mercial » de Milan a décidé d'offrir
une médaille d'or à l'invention la plus
efficace contre les accidents du travail
des ouvriers électriciens 376
— Communication d'un Rapport sur un
tremblement de terre survenu à
Smyrne et en Anatolie, dans la nuit
du 19 au 20 septembre 576
MOISSAN (Henri) transmet à l'Académie
une dépèche de M. Denar, de Lon-
dres, relative à la solidification de
l'hydrogène 434
— Production d'ozone par la décomposi-
tion de l'eau au moyen du fluor 570
— Action de l'acide lluorhydrique et du
fluor sur le verre 799
— Rapport sur le concours du prix Mon-
tyon (Arts insalubres) 1 147
MM. Pages.
— Rapport sur le concours du prix Ca-
hours 1162
MOLLIARD (Marin). — Sur les modifica-
tions histologiques produites dans les
tiges par l'action des Phytopiiis. ... 841
M0NTANGER.4ND. — Sur la nébuleuse
annulaire de la Lyre, d'après des ob-
servations faites à l'observatoire de
Toulouse 265
— Observations de l'éclipsé de Lune du
16 décembre 1899 à l'équatorial pho-
tographique, à Toulouse 1219
MORAT. — Le prix La Caze (Physiologie)
lui est décerné ii4o
— Adresse ses remercîments à l'Aca-
démie 1218
MOREAU. — Sur la préparation des car-
bazides. Action des hydrazincs sur les
carbonates phénoliques. (En commun
avec M. P. Cazeneiive.) i254
MOUNEYRAT (A.). — Action du brome
sur le bromure d'isobutyle en présence
du bromure d'aluminium anhydre et
du chlorure d'aluminium 226
— Action du brome en présence du chlo-
rure d'aluminium anhydre sur quel-
ques dérivés chlorés du benzène. (En
commun avec M. Ch. Poiuet.) 6o5
MOURELO (J.-R.). — Nouvelles expé-
riences sur l'activité du manganèse
par rapport à la phosphorescence du
sulfure de strontium i236
MOUTARD. — Le prix Petit d'Ormoy
(Sciences mathématiques) lui est dé-
cerné I I ')0
MULLER (J.-A.). — Sur les chaleurs de
neutralisation fractionnée de l'acide
carbonyl-ferrocyanhydrique , compa-
rées à celles de l'acide ferrocyanhy-
drique 9*^'^
MULLER (P. -Th.). — Sur les réfractions
moléculaires, la dispersion moléculaire
et le. pouvoir rotatoire spécifique de
quelques alcoylcamphres . (En commu n
avec M. A. Halier . ) ioo5
NICATI (W.). - Note pour servir ;\ l'his-
toire de la pression intra-ooulaire et,
par suite, à la connaissance du méca-
nisme de la pression du sang dans les
N
capillaires '^^8
NIKOLAIEVE (W. de). - Sur le champ
magnétique à l'intérieur d'un cylindre
creux parcouru par un courant 202
( i336 )
MM. . ^ P^B**-
— Sur diverses expériences destinées a
confirmer Fiiypothèse d'Ampère, re-
lative à la direction de l'action élémen-
taire électromagnétiqHe 47^
NOCARD. — Un prix Montyon (Médecine
et Chirurgie) lui est décerné. (En
communavec M. Leclainclie.) i loH
MM. Pages.
NOËL (.I.-M.) soumet au jugement de l'A-
cadémie une Note sur « Un nouveau
télémètre » 6(0
NYRÉN. — Le prix Valz (Astronomie)
lui est décerné 1080
— Adresse ses reraercîments à l'Aca-
démie 1218
o
CECHSNER DE CONINCK. — Contribution
à l'étude d'une oxyptomaïne 109
— Sur l'élimination de l'azote et du phos-
phore chez les nourrissons 224
OFFICE CENTRAL DES ŒUVRES DE
BIENFAISANCE (L'). — Un prix
Montyon (Statistique ) lui est décerné. 1 082
OLIVERO (G.-B.) adresse une Lettre rela-
tive à un Mémoire d'Astronomie com-
muniqué par lui à l'Académie i3?.
— Sur la généralisation des développe-
ments en fractions continues, donnés
par Gauss et par Euler, de la fonc-
tion (i -t-a;)'" 753
PADÉ(H.). — Sur la généralisation des
développements en fractions conti-
nues, donnés par Lagrange, de la
fonction (i -1- x)'" 875
PAINLEVÉ (Paul). — Sur le développe-
ment d'une branche uniforme de fonc-
tion analytique en série de poly-
nômes 27
— Sur le développement des fonctions
analytiques de plusieurs variables . . . 92
— Sur les équations du second ordre à
points critiques fixes 760
— Sur les équations différentielles du se-
cond ordre à points critiques fixes . . 9/19
PARMENTIER (Paul). - Un prix Thore
lui est décerné 1 102
PARTIOT. — Le prix Montyon (Méca-
nique) lui est décerné 1075
— Adresse ses reraercîments à l'Acadé-
mie i-2i8
PASTEAU. — Le prix Godard (Médecine
et Chirurgie) lui est décerné 1 1 17
PAYOT (A.). — Adresse une Note relative
à un procédé pour rendre les bois in-
combustibles ro45
PEACHEY (S.-J.). - Sur de nouveaux
composés asymétriques de l'azote ob-
tenus par synthèse et doués du pou-
voir rotatoire. (En commun avec M. /.
Pope-) 767
PERCHOT (J.). - Sur les méthodes de
M. Lœwy pour la détermination des
latitudes. (En commun avec M. W.
Ebert.) 270
PÉROKA.). — Sur la masse du déci-
mètre cube d'eau. (En commun avec
MM. Ch. Fabry et /. Macé de Lé-
pinny.) 709
PERREAU. — Influence des rayons X sur
la résistance électrique du sélénium. <)5G
PERRIER (Edmond). — Note accompa-
gnant la présentation du cinquième
fascicule de son « Traité de Zoolo-
gie » 69
— Rapport sur le concours du prix Serres
(Médecine et Chirurgie) 1 1 18
— Rapport sur le concours du prix Gay
(Géographie physique) ii4G
— Rapport sur le concours du prix Petit
d'Ormoy (Sciences physiques ) 1 1 5 1
PERRIN (E.). — Un prix lui est décerné
dans le concours du prix extraordi-
naire de six mille francs 1071
PERROTLN. — Sur la comète Giacobini. . 664
PETROVITCH (Michel).— Théorème sur
le nombre de racines d'une équation
algébrique, comprises à l'intérieur
d'une circonférence donnée 583
— Sur le nombre de racines d'une équa-
tion algébrique, comprises à l'inté-
rieur d'une circonférence donnée . . . 873
PETRUCCI. — Sur un monstre double
sternopage en voie de formation, ob-
servé sur un blastoderme d'œuf de
( >337 )
MM. Pages,
poule. (En commun avec M. Bnumn-
ria^e.) 59,3
PHISALIX (C). — Nouvelles observations
sur i'échidnase ' i â
PICARD (Emile). — Quelques remarques
sur les intégrales doubles de seconde
espèce dans la théorie des surfaces
algébriques 53g
PICART (L.). — Sur la suppression des
essais dans le calcul des orbites pa-
raboliques 17
PIZON (Antoine). — Sur la coloration
des Tuniciers et la mobilité de leurs
granules pigmentaires ^95
— Sur la persistance des contractions
cardiaques pendant les phénomènes
de régression chez les Tuniciers .... 4i5
POINCARÉ (A.). — Écarts barométriques
sur le méridien du Soleil aux jours
successifs de la révolution synodique. 128
— Écarts barométriques sur le méridien
du Soleil aux jours successifs de la
révolution tropique de la Lune 5-29
— Mouvements barométriques provoqués
sur le méridien du Soleil par sa
marche en déclinaison 1290
l'OlNCARÊ (H.). — Rapport sur le con-
cours du prix Francœur 10O7
— Présente à l'Académie la « Connais-
sance des Temps pour l'année 1902». 663
— Présente « l'Annuaire du Bureau des
Longitudes pour l'année 1900 « 1218
POISSON (Geouges). — Sur l'identité de
solution de certains problèmes d'élas-
ticité et d'hydronamique 5i3
PONSOT (A.). — Remarques sur l'emploi
des cryohydrates 98
MM. • Payes.
POPE (W.-J.). — Sur de nouveaux com-
posés asymétriques de l'azote, obtenus
par synthèse et doués du pouvoir ro-
tatoire. (En commun avec M. S.-J.
Priichey . . ) 767
POTAIN. — Rapport sur le concours du
jirix Montyon (Médecine et Chirur-
gie) 1 uiS
— Rapport sur le concours du prix Bellion
(Médecine et Chirurgie) . .j. i i3fi
POTIER (A.). — Observations sur une
Note de M. Blondel relative à la réac-
tion d'induit des alternateurs 637
— Rapport sur le concours du prix La
Gaze (Physique) 1080
POUGET. — Sur le dosage volumétriqut^
du zinc 45
— Sur les sulfoantimonites métalliques . . io3
P0URET(Ch.). — Action du brome en
présence du clilorure d'aluminium
anhydre sur quelques dérivés chlo-
rés du benzène. (En commun avec
M. A. Mntiniyrat .) 6o5
POUROVICZ. — Adresse une Note relative
au mouvement des planètes io45
PREVOST (J.-L.). — La mort par les dé-
charges électriques. (En commun
avec M. F. Batielli.) (in
— Sur quelques effets des décharges élec-
triciues sur le cœur des Msmmifères.
(Rn commun avec M. F. Bidtrlli.) . . 1267
PRILLIEUX. — La maladie des Œillets à
Antibes. (En commun avec M. Dela-
croix.) 71-1
PUISEUX (P.). — Considérations sur la
constitution physique de la Lune.
(En commun avec M. Lœivj.) 5
QUINTON. — Une mention lui est attri-
buée dans )e concours du prix Mon-
tyon (Physiologie expérimentale)
1 140
R
RABAUD (ETIENNE). — Sur le parablaste
et l'endoderme vitellin du blasto-
derme de poule / ; i^7
RADAIS. — Sur une zooglée lààctérienne
de forme définie 1279
RADAU est présenté par l'Académieà M. le
Ministre de l'Instruction publique pour
C. H., iSyy. 2- Semestre. (T. CX.VIX.;
remplacer M. 7>.siera/«Zau Bureau des
Longitudes 1008
RAILLIET. — Évolution sans hétérégonie
d'un Angiostome de la Couleuvre à
collier 1271
RA.MBAUD. — Observations de la co-
mète Giacobini {29 septembre 1899),
( i338 )
MM. ^ P^ees.
faites à l'observatoire d'Alger. (En
commun avec M. Sy.) ■ • • ^77
— Observations des nouvelles planètes
(EW) et (ER), faites à l'observatoire
d'Alger. (En commun avec M. Sj'.). 809
RATEAU (Auguste). — Le pris Fourney-
ron (Mécanique) lui est décerné 1077
RAYET (G.). — Observations de la comète
Swift (1899, a) faites au grand équa-
torial de l'observatoire de Bordeaux.
(En commun avec M. J. Féraiid.). . 443
RAZOUS (Paul). — Une mention lui est
attribuée dans le concours du prix
Montyon (Arts insalubres) 1 147
RECOUR A (A.). — Sur l'acétate chro-
mique ' ^^
— Sur les états isomériques de l'acétate
chromique. Acétate normal. Acétate
anormal violet monoacide 208
— Sur les états isomériques de l'acétate
chromique : acétate anormal violet
biacide, acétate anormal vert mono-
acide 288
REEB. — Un prix Barbier ( Médecine et
Chirurgie) lui est attribué. (En com-
mun avec M . ScMaadenhavfen .).... 1114
— Adresse ses remercîments à l'Acadé-
mie .
liU
RENAUX.— Sur un développement d'une
fonction holomorphe à l'intérieur d'un
contour en une série de polynômes.. 473
— Sur les fonctions fondamentales et sur
le développement d'une fonction ho-
lomorphe à l'intérieur d'un contour
en série de fonctions fondamentales. . 545
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 626
RENNER (Emile) adresse une étude sur
MM.
le Magnétisme terrestre
REVIL (H.). — Sur la Tectonique de l'ex-
trémité septentrionale du massif delà
Chartreuse
RICHARD (Ad.) adresse une Note relative
à un arc-en-ciel présentant une appa-
rence anormale
UICHET (Ch.).— Effets d'une alimentation
pauvre en chlorures sur le traitement
de l'épilepsie par le bromure de so-
dium. (En commun avec M. Ed. Tou-
louse.)
RIEGGENBACH. — Sa mort est annoncée
à l'Académie
RIGAUT (A.). — Sur la dissociation du
chlorure de cadmiuiti hexammonia-
cal. (En commun avec M. f-F.-R.
Long.)
RIVALS. — Aldéhydes salicylique et para-
oxybenzo'ique et hydrosalicylamide.
(En commun avec M. Delépine.)
ROGER (E.) adresse un Mémoire relatif à
la Navigation aérienne
ROSENBUSCH est élu Correspondant pour
la Section de Minéralogie
— Adresse ses remercîments à l'Acadé-
mie
ROTHÉ (E.). — Sur l'interrupteur électro-
lylique de Wehnelt
ROUCHÉ. — Rapport sur « l'Album dé-
mographique de la France »
ROULE (Louis). — Le prix Serres lui est
décerné
— Adresse ses remercîments à l'Acadé-
mie < •
RUBÉNOVITCH ( E.). — Action du phos-
phure d'hydrogène sur l'oxyde, l'hy-
drate et le carbonate de cuivre
67
io36
357
85o
249
294
520
939
1009
iai8
675
1088
(118
1218
336
SABATIER (Paul). — Sels basiques mixtes
argento-cuivriques 211
SACERDOTE (Paul). — Sur les déforma-
tions électriques des diélectriques
solides isotropes 282
SAGNAC (G.). — Nouvelle manière de
considérer la propagation des vibra-
tions lumineuses à travers la ma-
tière -50
— Théorie nouvelle des phénomènes op-
tiques d'entraînement de l'éther par
la matière 818
S.4L0M0N(E.). —Nouvelles expériences
relatives à la désinfection antiphyl-
loxérique des plants de vignes. (En
commun avec MM. Georges Couanon
et Joseph Miclion.) 783
SALTYKOW (N.). — Considérations sur
les travaux de MM. S. Lie et A.
Mayer 34
— Sur la théorie des équations aux déri-
vées partielles '95
SAPPLN'-TROUFFY. — Division du noyau
dans la sperraatogénèse chez l'homme. 1 7 1
( '
MM. Pages.
SARRAU est désigné comme devant être
présenté à M. le Ministre de la Guerre
pour faire partie du Conseil de per-
fectionnement de l'École Polytech-
nique 540
— Rapport sur les travaux de MM. Char-
bonnier et Galy-AcJié , dans le con-
cours du prix extraordinaire de six
mille francs 1068
SAUVAGEAU (C). - Sur l'alternance de
générations des Cutleria 555
SCHLAGDENHAUFEN.- Un prix Barbier
(Médecine et Chirurgie) lui est dé-
cerné. (En commun avec M. Reeb.) 11 14
— Adresse ses remercîments à l'Acadé-
mie 1218
SERGENT. — Un prix Bellion (Médecine
et Chirurgie) lui est décerné. (En
commun avec M . Crespin . ) 1 1 36
SICHART (Von) adresse une Note relative
à un calendrier perpétuel 533
SIEGLER (J.-P.). - Le prix Laplace lui
est décerné 1 165
— Un prix Rivot lui est décerné n65
19,88
610
339 )
[ MM.
I SIMON. — Sur un campylogramme crâ-
nien. (En commun avec M. Blin.). . .
STASSANO. — Démonstration de la désa-
grégation des leucocytes et de la dis-
solution de leur contenu dans le
plasma sanguin pendant l'hypoleuco-
cytose. Influence de la leucolyse in-
travasculaire sur la coagulation du
sang
— Les affinités et la propriété d'absorp-
tion de l'endothélium vasculaire 648
STORES (Sir George-Gabriel). — La
médaille Arago lui est décernée 1 147
SUMIEN (E.) adresse une Note « Sur la
lutte contre le Phylloxéra » 264
PY. — Observations de la comète Giaco-
bini (2g septembre 1899), faites à
l'observatoire d'Alger. (En commun
avec M. Rambaud .) 377
— Observations des nouvelles planètes
(EW)et (ER), faites à l'observatoire
d'Alger. (En commun avec M. Ram-
baud.) 809
TANRET (Charles).— Sur lerhamninose.
(En commun avec M. Georges Tanret.) 725
TANRET (Georges). — Sur le rhamni-
nose. (En commun avec M. Charles
Tanret.) 725
TARRY (Harold). — Observations des
Léonides à Alger 869
— Adresse des indications complémen-
taires sur les nombres horaires des
Léonides observées à Alger 942
— Adresse une Note relalive à l'observa-
tion des Biélides à Alger, dans la nuit
du 28 au 29 novembre loio
TEISSERENC DE BORT (Léon). — Sur
les ascensions dans l'atmosphère d'en-
registreurs météorologiques portés par
des cerfs-volants 1 3 1
— Sur la température et ses variations
dans l'atmosphère libre, d'après les
observations de quatre-vingt-dix bal-
lons-sondes 417
TERRIER (Félix). — Un prix Mège (Mé-
decine et Chirurgie) lui est décerné.
(En commun avec M. Marcel Bau-
doin ) 1 1 3G
THIERRY (Maurice de). — Dosage du
' gaz carbonique au mont Blanc 3i5
THOMAS adresse une Note relative à un
! aérostat dirigeable. (En commun avec
i M. Breuillot.) 493
THOMAS( V.).— Action de l'oxyde nitrique
sur la dichlorhydrine chromique 828
THOULET (J.). — Lithologie sous-marine
des côtes de France 623
— Sur une expérience relative aux cou-
rants sous-marins 891
— Évaluation approchée de la dénudation
du terrain crétacé des côtes nor-
mandes 1043
TISON (A.).— Sur la cicatrisation du sys-
tème fasciculaire et celle de l'appareil
sécréteur lors de la chute des feuilles. i25
TOMMASINA (Thomas). — Sur la nature
et la cause du phénomène des cohé-
reurs 4o
— Sur la constatation de la fluorescence
de l'aluminium et du magnésium dans
l'eau et dans l'alcool, sous l'action des
courants de la bobine d'induction 957
TOULOUSE (Ed.). — Effets d'une alimen-
tation pauvre en chlorures sur le
traitement de l'épilepsie par le bro-
( I
MM. Page»,
mure de sodium. (En commun avec
M. Ch. Richet.) S5o
TKÉPIED (Ch.). — Observations des Léo-
nides, faites, à l'observatoire d'Alger,
les i3, i4 et i5 novembre 1899 SOy
TRILLA.T (A.). — Sur la matière colorante
rie la digitale. (En commun avec
M. Àdrinn.) 889
— Action de l'acide nitreux sur la leuco-
base Ci«H"Az2 1242
TROOST (L.) est élu Membre de la Com-
mission de contrôle de la circulation
monétaire au Ministère des Finances. 666
340 )
MM. Pages.
TSIMBOURAKY (Al.) adresse une Note
relative à un traitement de la lithiase
et de l'hyperhémie héjiatiques 186
TSVETT. —Sur la liquéfaction réversible
des albuminoïdes .... 55i
— Sur la constitution de la matière colo-
rante des feuilles. La chloroglobine. . 607
TURPAIN (Albert). — Sur la propagation
des oscillations électriques dans les
milieux diélectriques 670
TURQUAN obtient un rappel de prix (Sta-
tistique) io83
u
UMBGROVE(H.). — Sur les acides dial-
coylbenzoylbenzoïques et dialcoylben-
zylbenzoïques tétrachlorés. (En com-
mun avec M. A. Huiler.') 90
URBAIN (G.). — Sur quelques acélyiacé-
tonates. (En commun avec M. À. De-
bierrie.) Sou
USELADE (J.). — Sur les vestiges d'une
ancienne forteresse vitrifiée, au bourg
de Saint-Sauveur, dans la vallée su-
périeure de la Dore (Puy-de-Dôme). 981
VAILLÂRD. — Une somme de quatre
mille francs sur le concours du prix
Bréant (Médecine et Chirurgie) lui est
accordée 1 1 1 5 '
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 121S
VALEUR (Arma.nd). — Suj- le dosage vo-
lumétrique des quinones dérivées du
benzène 55o
— Sur le dosage des halogènes dans les
cûinpo.sés organiques 1263
VALLIER (E.).— Sur la loi des pressions
dans les bouches à feu 258
— Sur le tracé des freins hydrauliques. . 706
VAN MELLE. — Une nouvelle hypothèse
sur la nature des conditions physiques
de l'odorat. (En comuuin avec M. f'a.s-
cliiitc.) ,.285
VAN TIEGHEM. - Allocution de M. Fan
Titg/it'/n, président de l'Académie,
dans la séance publique du 18 dé-
cembre 1899 1049
VASCHIDE.— Recherches expérimentales
sur les rêves. De la continuité des
rêves pendant le sommeil i83
— Une nouvelle hypoliiese sur la nature
des conditions physiques de l'odorat.
(En commun avec M. Fan Melle.).. i285
VASCHY(AiMÉ). — Le prix Gagner lui
est décerné 1 1 5o
VAYSSIÈRES(Aluert).— Le prixGay (Géo-
graphie physique) lui est décerné ... 1 146
VERBECK. — Le prix Tchiatchef lui est
décerné 1 1 âg
VIARD (Georges). — Décomposition du
phosphate monomanganeux par l'eau
à 0° et à 100° 412
VIDAL (D' E.) donne lecture d'un Mémoire
« Sur la fermentation des vins » . . . . 195
VIEILLE (Paul). — Sur les discontinuités
produites par la détente brusque de
gaz comprimés 1 228
VIGÔUKÛUX (E.MILE). — Action du chlore
sur un mélange de silicium, de silice
et d'alumine 334
— Sur le siliciure de molybdène i238
VILL.4Ri) (P.). — Sur l'action chimique
des rayons X 882
VDvCENTI (G.) adresse des « Éludes de
Phonographie ei de Plionotélégraphie» goj
VIRÉ. — Le prix Bordin (Sciences phy-
siques, Anatomie et Physiologie) lui
est décerné 1 1 06
MM.
VOGUÉ (Mauquis de) adresse des renier
ciments à l'Académie, pour le prix
( i34i
Pages .
)
MM. Pages,
déceinéà rOjî^ce central des (Xiwres
de bienfaisance . . 1218
w
WALLERANT (Fréd.). — Sur l'origine
de la symélrie dans les corps cristal-
lisés et du polymorphisme 775
— Sur les éléments de symétrie limite et
la mériédrie 1281
WEISS. — Un prix Pourat (Physiologie)
■M4
1218
lui est décerné. (En commun avec M.
Carvalho .)
— Adresse des remercîmentsà l'Académie.
WERTHEIMER (E.). — Sur linnervation
sécrétoire du pancréas. (En commun
avec M. L. Lrpa^e.) 737
ZEEMAN (P.).- Le prix Wilde (Chimie)
lui est décerné logS
— Adresse des remercîmentsà l'Académie. 121. S
ZOGRAF (N. DE). — Sur les organes cé-
phaliques latéraux des Glomeris 5o4
OAUTHIER-VILL.\RS
274i4
IMPKI.MKUR-LIBHAIBE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE l'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Paris. — Quai des Grands-.Vugustins, 55.
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