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Full text of "comptesrendusheb1291899acad"

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HARVARD    UNIVERSITY. 


LIBRARY 


MUSEUM  OF  COMPARATIVE  ZOÔLOGY. 
GIFT    OF 

ALEXANDER   AGASSIZ. 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 


PARIS.    —    rilPRlMERlE   GAUTHIER-VILLABS,    QUAI    DES   GRANDS-AUGUSTINS,    55. 


COMPTES  RENDl  S 

HEBDOMADAIRES 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

PUBLIÉS, 

CONFORMÉMIiNT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 

Oh     3ate    Du    <3    clutiîtet    <835, 

PAR   MM.    LES    SECRÉTAIRES   PERPÉTUELS. 


TOME  CENT  VIi\GT-I\EUVlE»IE. 

JUILLET  —  DÉCEMBRE  1899. 


^ 


ARIS, 


GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1899 


1899 

SECOND  SE3IESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  mil.  liES  SECRÉTAIKES  PERPÉTUEEiS' 


TOME  CXXIX. 


N^  1  (3  Juillet  1899). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 

1899 


HEliLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES   DES    2.5    JUIN    1862   ET    24    MAI    iSyS. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  l*^  —  Impressions  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  INIembre 
ou  par  unAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvles  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pag^s  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  v  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soii  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académ; 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Raj 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'au tar 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pi 

blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

f 
Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants  \ 

étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  r 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  soi 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extra' 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  fon 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 


Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  malin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  estinséré  dans  le  Compte  rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  fîénvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant et  mis  à  la  fin  du  cahier.  , 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  parti  * 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches.  i 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  aui^  • 

leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  elt 

les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement.       ( 

( 

Article  5. 

j 
Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fai/t 

un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprèk- 
l'impression  de  chaque  volume.  ^^ 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  UENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  JUILLET  1801), 

PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  DE  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
l'ampliation  d'iin  Décret  qui,  suivant  le  vœu  exprimé  par  l'Académie  des 
Sciences,  porte  de  loo  à  1 16  le  nombre  de  ses  Correspondants,  tant  natio- 
naux qu'étrangers. 


ASTRONOMIE.   —  Considérations  sur  la  constitution  physique  de  la  Lune. 
Note  de  MM.  Lœwy  et  Puiseux. 

«  Nous  avons  eu  dernièrement  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le 
quatrième  fascicule  de  l'Atlas  photographique  de  la  Lune,  publié  par  l'Ob- 
servatoire de  Paris.  Ces  feuilles,  rapprochées  des  précédentes,  nous  pa- 
raissent devoir  donner  lieu  aux  conclusions  suivantes  : 

»    1°  Il  existe,  au  point  de  vue  du  relief,  une  similitude  générale  entre 


r  6  . 

les  mers  de  la  Lune  et  les  plateaux  recouverts  aujourd'hui  par  les  océans 
terrestres. 

«  Dans  ceux-ci  les  surfaces  convexes  tiennent  plus  de  place  que  les 
bassins  concaves,  rejetés  habituellement  vers  la  limite  de  l'aire  affaissée. 
De  même  les  mers  de  la  Lune  présentent  d'ordinaire  vers  les  bords  des  dé- 
pressions assez  prononcées.  Dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  nous  obser- 
vons les  déformations  normales  d'un  globe  en  voie  de  retrait  et  dérobé  à 
l'action  érosive  des  pluies,  qui  tend  au  contraire,  dans  toutes  les  parties 
abondamment  arrosées  de  la  Terre,  à  faire  prédominer  les  surfaces  con- 
caves. L'explication  de  cette  structure,  telle  qu'elle  est  admise  aujourd'hui 
par  les  géologues,  nous  semble  également  valable  pour  la  Lune. 

»  2°  Pour  trouver  une  ressemblance  équivalente  dans  les  parties  sail- 
lantes, il  audrait  pouvoir  rétablir  sur  la  Lune  les  traits  effacés  par  les 
éruptions  volcaniques,  sur  la  Terre  ceux  qui  ont  disparu  par  le  travail  des 
eaux.  Nous  sommes  à  même  d'y  suppléer  dans  une  certaine  mesure  eu 
mettant  en  parallèle  d'une  part  les  massifs  lunaires  relativement  pauvres 
en  cirques,  d'autre  part  les  chaînes  terrestres  de  surrection  récente,  où  la 
structure  initiale  est  susceptible  d'être  reconstituée  sans  trop  d'efforts. 
Nous  observons  alors,  sur  les  chaînes  qui  entourent  les  mers  lunaires 
comme  sur  celles  qui  encadrent  les  fosses  méditerranéennes,  le. contraste 
d'un  versant  intérieur  rapide  et  d'une  pente  extérieure  doucement  inclinée. 
Cette  opposition  est  souvent  si  nette  sur  la  Lune  qu'il  est  permis  d'en  faire 
remonter  la  cause  à  une  rupture  des  couches,  sans  attendre  la  confir- 
mation stratigraphique,  jusqu'à  présent  irréalisable. 

»  3°  Le  développement  plus  considérable  acquis  par  les  mers  dans  la 
moitié  orientale  du  disque  lunaire  montre  que  les  phénomènes  d'affaisse- 
ment ont  dû  s'y  manifester  à  une  époque  plus  ancienne  que  dans  la  partie 
occidentale.  S'il  en  est  ainsi,  on  doit  prévoir  que  la  croûte  y  a  emprisonné 
les  gaz  en  quantité  relativement  plus  grande  et  opposé  une  résistance 
moins  efficace  à  leur  expansion.  C'est,  en  effet,  du  côté  de  l'est  que  les 
orifices  isolés  se  montrent  en  plus  grand  nombre  à  la  surface  des  mers,  et 
que  les  forces  volcaniques  ont  créé  des  systèmes  rayonnants  étendus  à  toutes 
les  directions. 

»  Le  développement  de  ces  phénomènes  a  nécessairement  exigé  un 
temps  considérable,  et  il  y  a  lieu  d'admettre  que  ces  plaines,  solidifiées 
avant  celles  de  la  partie  ouest  de  la  Lune,  sont  arrivées  depuis  longtemps 
à  une  configuration  peu  différente  de  celle  qu'elles  possèdent  aujourd'hui. 

»  4"  La  tormalion  des  mers  débute  par  l'effondrement  d'une  vaste  ré- 


(  1  > 

gion,  qu'isole  bientôt  une  cassure  circulaire.  Cette  cassure  ne  marque 
point,  en  général,  la  limite  future  de  la  mer.  Nous  pouvons  citer  des  cas 
où  l'aire  effondrée  échappe  tout  entière  à  la  submersion,  d'autres  où  la 
partie  centrale  est  seule  envahie,  d'autres  enfin  où  l'enceinte  primitive 
est  débordée  et  où  la  mer  s'agrandit  en  s'annexant  des  bandes  marginales. 
C'est  par  une  série  d'étapes  analogues  que  les  plus  grands  cirques  parais- 
sent être  arrivés  à  leurs  dimensions  actuelles. 

)>  5"  L'époque  de  la  solidification  d'une  mer  ne  coïncide  pas  davantage 
avec  celle  de  la  fixation  définitive  du  niveau  dans  la  partie  centrale.  Celle- 
ci  peut  s'abaisser  encore  et  déterminer  par  son  retrait  la  formation  d'une 
nouvelle  crevasse,  parallèle,  comme  la  première,  aux  limites  delà  mer. 

»  6°  Les  nouvelles  feuilles,  de  même  que  les  premières,  nous  four- 
nissent plusieurs  spécimens  de  grands  cirques  où  la  solidification,  due  au 
refroidissement  progressif,  s'est  effectuée  à  trois  ou  même  quatre  niveaux 
différents,  séparés  par  plusieurs  kilomètres  d'intervalle.  Les  effondrements 
modernes,  comparés  aux  anciens,  offrent  presque  toujours  une  étendue 
moindre,  une  pente  intérieure  plus  rapide,  une  forme  plus  régulièrement 
circulaire.  Les  plus  modernes,  tels  que  ceux  qui  s'ouvrent  sur  le  fond  déjà 
très  déprimé  de  Longomontanus,  n'ont  plus  aucune  trace  de  bourrelet 
périphérique,  c'est-à-dire  que  leur  apparition  ne  semble  pas  avoir  été  pré- 
cédée d'un  soulèvement. 

»  7°  Toutefois,  ce  phénomène  d'intumescence  de  la  croûte  lunaire, 
considéré  par  nous  comme  le  préliminaire  habituel  de  la  formation  des 
cirques,  a,  dans  certains  cas  exceptionnels,  mais  bien  constatés,  donné 
naissance  à  des  figures  convexes,  dont  la  partie  centrale  ne  s'est  pas 
effondrée. 

»  W  Nous  avons  indiqué  précédemment  comment  il  était  possible,  dans 
un  assez  grand  nombre  de  cas,  d'assigner  l'âge  relatif  des  cirques  d'après 
l'état  de  conservation  de  leur  rempart  et  la  submersion  plus  ou  moins 
complète  de  leur  cavité  intérieure.  Dans  les  parages  envahis  par  les 
traînées,  nous  pouvons  juger,  par  un  autre  caractère,  de  l'époque  plus  ou 
moins  tardive  de  la  solidification  intérieure  des  cirques.  Il  convient  de 
placer  en  première  ligne,  par  ordre  d'ancienneté,  ceux  qui  ont  reçu  et 
conservé  un  revêtement  blanc  uniforme;  ensuite  ceux  qui  n'ont  enregistré 
que  quelques  traînées  faibles  et  tardives  sous  forme  de  bandes,  enfin  ceux 
qui  sont  demeurés  complètement  indemnes  et  tranchent  aujourd'hui,  par 
leur  teinte  sombre,  sur  la  région  environnante. 

»   Ce  critérium  chronologique,  plus  net  que  celui  qui  repose  sur  l'étal 


(  8) 
de  conservation  des  bourrelets,  nous  renseigne  aussi  sur  l'ancienneté  rela- 
tive  de  la  solidification  dans  les  diverses  parties  des  mers.  Il  tombe  malheu- 
reusement en  défaut  dans  les  régions,  assez  nombreuses,  où  les  traînées  ne 
se  sont  point  étendues. 

»  9°  En  général,  les  grands  systèmes  de  traînées  recouvrent  indistinc- 
tement tous  les  accidents  du  sol  placés  sur  leur  trajet.  Cette  circonstance 
nous  a  déjà  permis  de  conclure  que  les  formidables  éruptions  volcaniques 
dont  la  Lune  a  été  le  théâtre  appartiennent  à  une  période  récente  dans 
l'histoire  de  notre  satellite.  Elles  ont  dû  être  précédées  de  la  solidification 
à  peu  près  complète  des  mers  et  du  fond  des  cirques.  Le  même  fait  nous 
semble  devoir  être  pris  en  grande  considération  dans  le  problème  si 
souvent  discuté  de  l'atmosphère  de  la  Lune.  Non  seulement,  en  effet, 
ces  éruptions  ont  mis  en  liberté  des  quantités  importantes  de  gaz  ou  de 
vapeurs,  mais  la  diffusion  des  cendres  à  de  grandes  distances  suppose  une 
enveloppe  gazeuse  d'une  certaine  densité. 

»  La  faiblesse  relative  de  la  pesanteur  aide,  il  est  vrai,  à  comprendre 
leur  ascension  initiale  à  une  altitude  considérable.  Il  faut  cependant  que 
la  résistance  de  l'atmosphère  ait  été  suffisante  pour  retarder  la  chute  de 
ces  poussières  pendant  un  trajet  pouvant  atteindre  ou  dépasser  looo*^™. 

»  Le  temps  qui  s'est  écoulé  depuis  les  grandes  éruptions  a-t-il  suffi 
pour  amener  la  disparition  totale  de  cette  enveloppe  gazeuse?  On  est 
conduit  à  en  douter  si  l'on  examine  le  mécanisme  des  deux  causes  prin- 
cipales qui  ont  pu  agir  dans  ce  sens.  L'écorce,  déjà  solidifiée  dans  son 
ensemble,  ne  devait  plus  absorber  les  gaz  qu'avec  lenteur  et  difficulté.  La 
déperdition  dans  l'espace  des  molécules  animées  de  vitesses  assez  grandes 
pour  entrer  dans  la  sphère  d'attraction  d'un  autre  corps  devenait  néces- 
sairement de  plus  en  plus  lente  à  mesure  que  la  température  devenait 
plus  basse.  Nous  trouvons  donc  dans  l'examen  du  sol  lunaire  un  sérieux 
motif  pour  croire  qu'il  subsiste  encore,  à  l'heure  actuelle,  un  résidu  d'at- 
mosphère dont  l'appréciation,  entourée  à  coup  sûr  de  grandes  difficultés, 
peut  n'être  pas  irréalisable. 

»  Cette  induction  s'ajoute  à  celle  que  fournit,  comme  nous  l'avons  vu, 
la  discussion  des  éclipses  et  des  occultations.  Le  soin  que  les  astronomes 
apportent  depuis  quelques  années  à  l'étude  de  ces  phénomènes  et  le  grand 
nombre  d'occultations  de  petites  étoiles  que  l'on  observe  maintenant  à 
chaque  éclipse  totale  donnent  lieu  d'espérer  que  cette  discussion  pourra 
bientôt  être  reprise  sur  des  bases  nouvelles  et  dégagera  des  conclusions 
plus  précises,   i 


(9) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Exartien  de  l'eau  de  mer  puisée  à  différentes  pro- 
fondeurs; variations  de  ses  composés  iodés.  Note  de  M.  Armand  Gautier. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (')  j'ai  montré  que  les  eaux 
prises  en  mer,  à  la  surface  ou  à  faible  protondeur,  ne  contiennent  pas 
trace  d'iode  à  l'état  d'iodures  ou  d'iodates  et  que  la  totalité  de  cet  élément, 
engagé  dans  des  combinaisons  complexes,  ne  devient  sensible  aux  réactifs 
qu'après  fusion  à  la  potasse  caustique  du  résidu  laissé  par  l'eau. 

»  Je  rappelle  que  j'ai  trouvé  pour  l'eau  de  l'océan  Atlantique,  prise  à 
l'entrée  de  la  Manche  à  4"  kilomètres  des  côtes  et  à  la  surface  : 

mgr 

,'  Iode  minéral 0,000 

,,,,.,,,  \  Iode  des  parties  organisées  retenues  par  le  filtre 

Iode  (par  litre  d  eau) -'        ,    ,.       .  ^  „ 

'  de  biscuit 0,520 


Iode  des  combinaisons  solubles  complexes  (-).  .      i  ,800 
Total  par  litre 2,32 

1)  Je  viens  de  faire  une  étude  parallèle  pour  l'eau  de  la  Méditerranée, 
prise  dans  le  golfe  du  Lion,  à  11  kilomètres  des  côtes  (');  elle  m'a  conduit 
à  des  résultats  tout  semblables.  J'ai  trouvé  : 

mgr 

[  Iode  minéral 0,000 

,,,,.,,        ^  1  Iode  des  parties  organisées  retenues  par  le  filtre 

Iode  (par  litre  d  eau) \        ,     ,.       .  „„ 

^^  '  i       de  biscuit 0,286 

\  Iode  des  combinaisons  solubles  complexes i  ,960 

Total  par  litre 2  ,  246 

«   Ces  résultats  établissent  que  : 

»  1°  r/eau  de  la  Méditerranée  possède,  à  la  surface,  une  teneur  en  iode 
total  sensiblement  égale  à  celle  de  l'océan  Atlantique,  l'une  et  l'autre 
étant  puisées  loin  de  toute  embouchure  de  fleuves  et  en  pleine  mer; 

»  2"  Dans  la  Méditerranée  comme  dans  l'Atlantique,  oii  ne  trouve  pas 
trace  d'iodures  ou  d'iodates  dans  l'eau  de  surface  ; 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  1069. 

(-)  Celles-ci  sont  en  partie  organiques,  mais  je  réserve  le  point  de  savoir  si  elles 
sont  mélangées  ou  faiblement  unies  à  des  composés  minéraux  iodés  peu  solubles. 
tels  que  iodosulfates  ou  iodophospliates  de  chaux,  à  peu  près  comme  les  chloro-  et 
fluorophosphates  de  chaux  sont  unis  à  l'osséine  dans  les  os. 

(■*)  Eau  puisée  le  10  mai  1899  à  la  surface,  au  droit  du  rocher  de  Monaco,  par 
beau  temps.  Très  légère  pluie  le  4  mai. 

C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  1.)  2 


r  lo  ; 

»  3"  Dans  ces  eaux  de  mer  l'iode  est  contenu,  partie  dans  les  êtres 
ori^anisés,  partie  dans  une  substance  complexe  partiellement  organique  et 
soluble,  azotée,  phosphorée  et  dialysable. 

»  Quelle  que  soit  la  nature  de  cette  substance  iodée  complexe  (et  j'y 
reviendrai),  j'ai  pensé  qu'originaire  des  profondeurs  et  contenu  primitive- 
ment dans  les  eaux  de  l'océan  sous  forme  minérale  l'iode,  lorsqu'il  arrive 
dans  les  régions  de  la  mer  riches  en  êtres  vivants  aptes  à  l'assimiler,  y  passe 
partiellement  ou  en  totalité  à  l'état  organique.  Ce  phénomène  doit  arriver 
à  son  maximum  dans  les  régions  de  la  mer  où  pénètre  la  lumière,  et  où 
peuvent  vivre  et  se  reproduire  les  algues  à  chlorophylle,  sans  que  la  trans- 
formation de  l'iode  minéral  en  matériaux  organiques  divers  doive  nécessai- 
rement cesser  dans  les  régions  plus  profondes  où  les  combinaisons  iodées 
formées  à  la  surface  peuvent  pénétrer  grâce  à  une  lente  dialyse,  et  où 
d'ailleurs  d'autres  êtres  non  chlorophylliens,  protozoaires,  bactéries,  etc. 
auxquels  la  lumière  n'est  pas  nécessaire,  peuvent  aussi  modifier  les  com- 
binaisons minérales  de  l'iode,  comme  c'est  notoirement  le  cas  pour  les 
spongiaires  qui  fixent,  on  le  sait,  cet  élément  à  l'état  organique. 

»  Si  les  choses  se  passent  bien  ainsi,  il  s'ensuit  que  les  eaux  de  mer  de 
la  région  du  plankton  peuvent  être  entièrement  privées  d'iode  minéral 
(et  nous  avons  établi  qu'il  en  est  ainsi,  en  effet),  mais  qu'au-dessous, 
c'est-à-dire  à  3oo™  ou  4oo™  de  profondeur,  on  peut  espérer,  étant  donnée 
la  pauvreté  des  eaux  puisées  à  ces  bas  niveaux  en  organismes  vivants, 
trouver  une  partie  de  l'iode  à  l'état  primitif,  c'est-à-dire  à  l'état  minéral. 
C'est  cette  déduction  que  j'ai  voulu  soumettre  au  contrôle  de  l'expérience. 

»  Pour  examiner  l'eau  de  mer  aux  diverses  profondeurs,  j'ai  pensé  qu'il  convenait 
de  s'adresser  d'abord  aux  eaux  de  la  Méditerranée,  où  la  température  est  presque  con- 
stante du  haut  en  bas  (iS")  et  où  il  n'existe,  au-dessous  de  3oo™,  aucun  courant  qui 
mélange  mécaniquement  les  couches  supérieures  et  les  couches  profondes.  Dans  ce 
but,  j'ai  eu  recours  à  S.  A.  S.  le  prince  de  Monaco,  dont  on  connaît  le  zèle  éclairé  et 
l'indiscutable  compétence  en  tout  ce  qui  louche  à  l'Océanographie.  Il  a  bien  voulu 
(et  je  lui  en  suis  très  reconnaissant)  me  faire  faire,  sous  la  surveillance  de  son  dis- 
tingué directeur  de  travaux  scientifiques,  le  D''  J.  Richard  que  je  remercie,  des  puise- 
ments  d'eau  prise  sur  une  même  verticale,  le  lo  mai  dernier,  au  droit  de  Monaco, 
à  II*'™  de  la  côle,  par  43°, 4i',  N,  et  S^iS'E.  Ces  eaux  furent  puisées  :  à  o",5o  au- 
dessous  de  la  surface;  à  780"';  à  880™;  enfin  à  980™  de  profondeur.  A  celte  dernière 
cote  on  touchait  le  fond  formé  d'un  sable  argileux  roussâtre. 

»  Il  convenait  d'abord  de  se  rendre  compte  de  la  nature  et,  jusqu'à  un  certain  point, 
de  la  masse  des  êtres  vivants  pouvant  modifier  ces  eaux  au-dessous  de  la  région  pro- 
prement dite  du  plankton.  L'échantillon  de  2'''  d'eau  puisé  à  780™  fut  sacrifié  pour 
l'examen  de  ces  êtres  et  de  leurs  dépouilles.  Dès  sa  sortie  de  la  mer,  cette  eau  fut 
additionnée  de  -^  de  son  poids  de  formol,  substance  qui  a  la  propriété  de  saisir  et 


(  I'  ) 

insolubiliser  les  proloplasnias  el  de  fixer  les  êtres  vivants  tels  qu'ils  sont  au  moment 
où  ils  subissent  cette  sorte  d'embaumement.  On  peut  alors  reconnaître  au  microscope  si 
ces  êtres  étaient  vivants,  ou  du  moins  si  leurs  organes  et  protoplasmas  étaient  inal- 
térés au  moment  du  puisement.  Les  eaux  de  780™,  ainsi  traitées,  furent  laissées  à  la 
cave  au  repos  et  dans  l'obscurité,  siphonées  douze  jours  après,  et  les  couches  inférieures 
centrifugées.  Le  dépôt  total  recueilli  sur  trois  verres  à  microscope  ne  pesait  certaine- 
ment pas,  pour  2  litres,  ^  de  milligramme,  soit  -^  de  milligramme  par  litre  d'eau  de 
mer  prise  à  780".  Encore  la  majeure  partie  de  ce  dépôt  élait-il  formé  de  débris  inertes. 

»  Il  fut  reconnu,  par  M.  Maxime  Cornu  el  M.  R.  Blanchard,  qui  ont  bien 
voulu  l'examiner  avec  soin  et  auxquels  j'adresse  l'expression  de  ma  gra- 
titude, ne  contenir  aucune  algue  vivante  au  moment  du  puisement.  On  y 
trouva  surtout  des  débris  minéraux  lamelleux,  des  carapaces  chitineuses, 
jaunes  et  brunes,  paraissant  avoir  appartenu  à  des  animaux  articulés;  des 
masses  informes  provenant  peut-être  de  protoplasmas  altérés  devenus  hui- 
leux, granuleux,  décolorés  ;  quelques  rares  spicules  d'épongés  ;  à  peine  trois 
à  quatre  carapaces  de  diatomées  dont  quelques-unes  à  l'état  de  débris,  un 
foraminifère  ;  de  petites  sphères  réfringentes  paraissant  des  kystes  d'infu- 
soires  ou  autres  protozoaires  et  quelques  bactéries;  enfin  un  très  petit 
crustacé  copépode,  visible  à  la  loupe  et  vivant  au  moment  de  la  capture. 

»  En  un  mot,  à  ce  niveau  de  780'"  au-dessous  de  la  surface  de  la  mer,  les 
algues  vivantes  ont  complètement  disparu;  on  rencontre  seulement  des 
débris  minéraux,  quelques  dépouilles  d'animaux  inférieurs,  de  rares  crus- 
tacés microscopiques,  infusoires,  protozoaireset  bactéries,  représentant  un 
poids  excessivement  faible  vis-à-vis  des  débris  qui  les  accoinpagnent  et  a 
fortiori  de  la  masse  de  l'eau  où  ils  vivent  ;  et  si  ces  derniers  assimilent  l'iode, 
ce  ne  peut-être  qu'en  quantité  minime  et  proportionnelle  à  leur  très  faible 
poids,  qui,  d'après  mes  observations,  est  inférieure,  pour  la  matière  vivante, 
à  -j-^  de  miillj<'amme  par  litre  d'eau  (  '  ).  Dans  cette  appréciation  n'est  pas 


(')  Abstraction  faite  de  poids  (o™s'', i5  environ)  du  petit  crustacé.  Le  reste  de  la 
partie  vivante  du  dépôt  de  l'eau  ne  parait  pas  supérieur  au  quinzième  de  sa  masse 
totale.  Ce  dépôt  étant  de  ^^^  de  milligramme  au  maximum  par  litre,  la  partie  vivante 
ne  représente  donc  pas  plus  de  o™s,  0022  par  litre  d'eau  puisée  à  780  mètres. 

On  est  encore  très  peu  renseigné  sur  les  organismes  microscopiques,  ou  très  petits, 
vivant  dans  la  mer  à  ces  profondeurs.  On  sait  seulement  qu'à  5  ou  10  kilomètres  des 
côtes,  et  à  la  surface,  le  nombre  des  bactéries  diminue  très  rapidement;  de  800  à  900 
par  centimètre  cube  près  du  rivage,  il  tombe  à  3o  ou  4o  au  large  (Tolomei,  1899,  •^w^'- 
Soc.  d'agric.  et  de  pêche,  t.  XI,  p.  12/i).  A  240  milles  marins  de  la  côte,  E.  Fischer 
a  encore  trouvé,  clans  la  région  du  Gulf-Stream,  645  germes;  il  n'y  avait  plus  100  bac- 
téries hors  de  ce  courant  {Planklon  Ej.pedit.,  IV.  Bd.,  1894;  A.  Fiscuer,  Vorle- 
sungea  iiber  Bactérien,  p.  62,  lena;  1897).  Sur  les  mêmes  points,  mais  entre  800™  et 


(     12    ) 

comprise  la  pelile  quantité  de  substance  gélatineuse  complexe,  très  iodée, 
de  nature  inconnue,  qu'arrête  le  fdtre  de  porcelaine  et  que  nous  avons 
trouvée  dans  l'eau  de  mer  à  toute  profondeur,  mais  moins  abondante  dans 
les  eaux  profondes. 

»  L'absence  totale  des  algues,  même  microscopiques,  et  la  très  faible 
masse  des  autres  êtres  vivants  ainsi  constatée  à  ce  niveau  de  780"",  et 
à  fortiori  au-dessous,  il  était  intéressant  de  rechercher  l'influence  de  la 
disparition  de  ces  êtres  sur  la  composition  de  l'eau  de  mer,  surtout  au  point 
de  vue  de  sa  teneur  en  iode  et  des  formes  sous  lesquelles  peut  y  être 
contenu  cet  élément.  C'est  ce  que  nous  avons  fait. 

»  Nous  avons  donc  examiné  comparativement  les  eaux  puisées  à  la  sur- 
face, à  880™  et  à  980"  où  l'on  touchait  le  fond. 

»  Ces  échantillons  d'eau  pris  sur  la  même  verticale  furent  introduits,  dès  leur  sortie 
de  la  mer,  dans  des  flacons  de  2  litres  préalablement  rincés  à  l'eau  distillée  et  bouchés 
à  l'émerl  ;  ils  furent  conservés  jusqu'au  moment  de  leur  examen  dans  une  cave  obscure 
pour  éviter  les  modifications  qu'aurait  pu  provoquer  la  lumière. 

«  On  examina  ces  eaux  au  point  de  vue  :  1°  de  leur  densité;  2°  du  poids  du  résidu 
sec;  3°  de  leur  chlore,  brome  et  iode  total;  4°  de  leur  richesse  en  iode  total  et  de  la 
nature  de  leurs  divers  composés  iodés.  Ces  eaux  paraissaient  limpides  et  toutes  les 
opérations  furent  pratiquées  sans  filtration  préalable. 

«  Densité  aux  diverses  profondeurs.  ■  Cette  densité  fut  prise  à  4°  et  sur 
25o'^'=  à  la  fois  pour  permettre  une  grande  précision.  On  trouva  : 

Densité.  Poids  du  litre  à  4°- 

Surface i,o3oi4  io3o,i4 

880"" I  ,o3io4  io3i  ,o4 

980™  I , 03076  I o3o , 76 

»  Quoique  la  densité  de  l'eau  du  fond  ne  soit  que  légèrement  inférieure  à  celle  de 
l'eau  puisée  à  100  mètres  au-dessus,  cette  petite  différence,  qui  se  traduit  par  oS'',28 
en  moins  par  litre  d'eau,  est  inattendue  et  nous  semble  intéressante.  La  plus  faible 
densité  de  l'eau  du  fond  a  été  confirmée,  comme  on  va  le  voir,  par  les  poids  des  résidus 
secs,  un  peu  plus  faibles  à  980"  qu'à  880™,  aussi  bien  que  par  les  dosages  de  chlore, 
brome  et  iode  total.  Il  nous  semble  très  probable  que  la  mer  reçoit,  sur  certains 
points,  et  en  particulier  dans  celte  partie  du  golfe  du  Lion,  des  eaux  émanant  de 
sources  profondes,  phénomène  qui  doit  se  passer  surtout  aux  environs  des  côtes  que 


iioo'"  de  profondeur,  E.  Fischer  trouva  seulement  de  huit  à  douze  germes  par  cent. 
cube  d'eau,  soit  dix  fois  moins  environ  qu'à  la  surfaoe.  Par  i5oo"  à  2400™  on  peut 
ne  rien  trouver  de  cultivable  dans  plusieurs  centimètres  cubes  d'eau  ou  de  vase  du 
fond  (température  de  l'eau  +2°  à  4-5°);  mais  il  est  possible  que  les  espèces  du  fond 
échappent  aux  conditions  de  culture  où  s'était  placé  E.  Fischer. 


bordent,  comme  dans  le  cas  présent,  de  liantes  montagnes  (').  Le  mélange  de  ces 
eaux,  douces  avec  les  eaux,  de  mer  ne  peut  ensuite  se  faire  que  très  lentement  et  par 
dialyse  dans  un  milieu  entièrement  au  repos  et  à  une  même  température  de  iS"  sur  la 
plus  grande  hauteur. 

1)  Résidu  sec.  —  Il  fut  pris  chaque  fois  sur  lo'"  d'eau  mesurés  à  4'^  et 
additionnés  de  oS'',o2  de  carbonate  de  soude  sec  (-)  pour  éviter  les  pertes 
dues  à  la  dissociation  à  chaud  du  chlorure  de  magnésium;  la  dessiccation 
fut  faite  au  bain-marie,  puis  à  io.i°,  jusqu'à  constance  de  poids.  On  trouva  : 

Rosidu  sec  par  litre  d'eau. 

Surface 43 ,  4o 

880" 44,78 

980"" 43,41 

»  Ces  poids  sont  remarquablement  élevés.  Le  résidu  sec  par  litre  d'eau  est  de  358'' 
à  388'',  5  pour  l'océan  Atlantique,  à  la  surface.  Laurent  a  trouvé  pour  l'eau  de  la  Médi- 
terranée, près  Marseille,  4o8'',7.  Mais  nos  trois  pesées  se  contrôlent.  On  remarquera 
encore  ici  que  l'eau  du  fond  est  un  peu  moins  concentrée  qu'à  100  mètres  au-dessus. 

»  Chlore-brome-iode.  —  La  totalité  du  chlore,  brome  et  iode  fut  dosée 
par  poids,  toujours  dans  un  même  volume  d'eau  à  ff.  On  obtint  : 

Calcul 
Clilorobronioiodure  d'argent  (tliéoritiue) 

par  litre.  en  sel  marin. 

er  5'' 

Surface 0,8579  34,93 

880""  de  profondeur o,8844  35,99 

980""  .>  0,8767  35,68 

»  Le  sel  marin  ainsi  calculé  est  sensiblement  sujjérieur  à  la  réalité,  tout  le  chlore 
des  chlorures  alcalino-terreux  étant  ici  transformé  arbitrairement,  par  le  calcul,  en 
chlorure  de  sodium.  Mais  on  voit  encore  une  fois  les  principaux  sels  de  l'eau  de  mer 
plus  abondants  dans  la  couche^^de  880"^  qu'au-dessous  et  au-dessus. 

»  Composés  iodés.  —  Pour  la  recherche  des  corps  iodés,  l'eau  fut  analysée 
trois  jours  après  son  puisement  :  elle  n'avait  qu'entrevu  la  lumière  au  mo- 
ment de  son  transvasement.  Il  était  important  en  effet  d'éviter  les  modifica- 
tions que,  sous  son  influence,  les  êtres  vivants  pouvaient  lui  faire  subir.  Les 


(')  Toute  celte  partie  de  la  côte  du  golfe  du  Lion  forme,  on  le  sait,  le  contrefort  des 
Alpes,  et  les  sources  d'eaux  douces  y  ont  été  signalées,  même  en  mer.  Dans  sa  Géo- 
graphie de  La  Terre  (vol.  II,  4"  édit.,  ;  1881)  Elisée  Reclus  écrit  page  7  :  "  Ainsi 
»  M.  Villeneuve-Flayosc  a  découvert  dans  le  golfe  de  Cannes  une  source  d'eau  douce 
»  jaillissant  du  fond  d'une  espèce  de  puits  dont  les  parois  ont  27  degrés  d'inclinaison.  » 

(-)  Poids  soustrait  ensuite  par  le  calcul  de  chaque  résidu. 


(  ./l 

matières  en  suspension,  vivantes  ou  non,  furent  séparées  par  le  filtre  de 
biscuit  de  Sèvres  en  pleine  obscurité.  On  dosa  ensuite  l'iode  sous  ses  trois 
formes,  comme  il  a  été  dit  dans  une  Note  antérieure  ('  ).  On  trouva  : 

Iode  par  litre. 
(  Iode  retenu  par  le  filtre  de  biscuit  (matière  glaireuse,  ^^^ 

1      parties  insolubles,  êtres  vivants^ 0,286 

^"'''^^'^® j  Iode  entièrement  ou  partiellement  organique  et  soluble.  i ,  960 

[  Iode  minéral  (iodures,  etc.) 0,000 

2,246 
[  Iode   retenu   par  le   filtre   de  biscuit    (organisé,  inso-  ^^^^ 

880"   de   pro-  I      lubie,  etc.) 0,100 

fondeur  ....  1  Iode  entièrement  ou  partiellement  organique  et  soluble.         2 , 1 3o 

Iode  minéral  (iodures,  etc.) o,  loo 

2,38o 
Iode   retenu    par   le   filtre   de  biscuit  (organisé,  inso-  ^^^ 

980™    de   pro-  '      lubie,  etc.) .  . •  o,o63 

fondeur  .  .  . .  j  Iode  entièrement  ou  partiellement  organique  et  soluble.         i ,  890 

[  Iode  minéral  (iodures,  etc.) o,3oo 

2,260 

))  L'examen  de  ces  nombres  donne  lieu  aux  constatations  suivantes  : 

))  L'iode  tolal  est,  par  litre  d'eau,  presque  constant  du  haut  en  bas  de  la 
mer,  quel  que  soit  le  point  oîi  l'on  puise  l'eau. 

»  L'eau  de  la  Méditerranée  paraît  légèrement  plus  pauvre  en  iode 
total  (2™e'-,25  par  litre)  que  celle  de  l'océan  (2"8'',4o). 

»  A  mesure  que  l'on  monte  vers  la  surface  et  que  Les  êtres  vivants  (algues 
ou  protozoaires)  s'accumulent  dans  l'eau  de  mer,  l'iode  minéral  des  pro- 
fondeurs disparaît  :  il  est  de  o^e^SoS  par  litre,  au  fond;  de  o™^,  i5o  seu- 
lement à  100  mètres  au-dessus;  il  a  totalement  disparu  à  la  surface  et  pro- 
bablement bien  avant  d'y  arriver,  dans  les  couches  du  plankton.  C'est  la 
confirmation  des  idées  a  priori  qui  nous  ont  guidé  et  que  nous  exposions 
plus  haut. 

))  Parallèlement,  l'iode  organisé,  en  tous  cas  celui  qui  est  retenu  sur  le 
filtre  de  biscuit,  augmente  à  mesure  qu'on  s'élève  à  partir  du  fond,  comme 
augmente  la  masse  des  êtres  vivants  qui  le  fixent.  De  o"'5'',oG5  par  litre 
d'eau,  dans  le  fond,  il  passe  à  o'"^'",  100  à  cent  mètres  plus  haut  et  à  0"^%  286 
dans  les  eaux  de  la  surface. 

»  Au  contraire,  l'îode  di.ssous  à  l'état  de  combinaisons  complexes  est 
maximum  à  880™,  mais  varie  peu  du  haut  en  bas.  Les  substances  auxquelles 

(')  Comptes  rendus,  séance  du  i"''  mai  1899,  t.  CXXVIII,  p.  1069. 


(    i5  > 

cet  iode  appartient  ne  semblent  donc  pas  provenir  principalement  des  êtres 
vivants,  si  nombreux  à  la  surface,  et  si  rares  à  ces  profondeurs. 

»  Quelles  que  soient  les  transformations  subies  par  l'eau  de  mer,  en 
raison  de  l'action  des  êtres  vivants  et  de  celle  de  la  lumière,  il  est  intéres- 
sant de  constater  que  le  taux  de  l'iode  reste  à  peu  près  constant  dans  une 
même  quantité  d'eau  de  mer,  quelle  que  soit  la  hauteur  où  on  la  puise, 
tandis  que  les  formes  sous  lesquelles  apparaissent  les  combinaisons  iodées 
se  modifient  très  sensiblement  de  bas  en  haut. 

»  Enfin,  il  est  tout  à  fait  remarquable  d'observer  qu'à  toute  profondeur 
existe  en  proportion  plus  ou  moins  variable,  mais  nullement  en  rapport 
avec  la  masse  des  êtres  vivants  qui  habitent  l'eau  de  mer,  celte  matière 
glaireuse  que  retient  le  filtre  de  porcelaine,  matière  extrêmement  riche 
en  iode  et  bien  digne  d'une  étude  spéciale.    > 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrêtaibe  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  volume  de  MM.  Bos  et  Laffargue,  portant  pour  titre  :  «  Distribution 
de  l'énergie  électrique  en  Allemagne  ».  (^Présenté  par  M.  Mascart.) 

2°  Un  volume  de  M.  l/a«n'ce  rf'Oca^we,  intitulé  :  'c  Traité  de  Nomogra- 
phie.  —  Théorie  des  abaques.  —  Applications  pratiques  ».  (Présenté  par 
M.  Maurice  Lévy.) 

3°  Une  (1  Étude  sur  la  Flore  fossile  du  bassin  houiller  d'Héraclée  (Asie 
Mineure),  par  M.  R.  Zeiller  ».  (Présenté  par  M.  Michel  Lévy.; 

4°  Une  «  Histoire  abrégée  de  l'Astronomie,  par  M.  Ernest  Lebon  ». 
(Présenté  par  M.  Wolf.) 

5°  Le  premier  numéro  du  «  Mois  scientifique  et  industriel  ;  Revue  inter- 
nationale d'informations  >  .  ^  Présenté  par  M.  Ad.  Carnot.) 


(    i6  ) 


ASTRONOMIE  Observations  de  la  comète  Swift  ,  1899  a),  faites  à  Vèquato- 
rial  Briinner  (o'",i6),  de  l'observatoire  de  Lyon;  par  M.  J.  Guillaumk, 
présentées  par  M.  Lœwy. 

Comparaisons  et  positions  de  la  comète. 

Temps  »<;  —  * 

Dates.  moyen  -~  ,  --  "- Nombre  Log  fact.  Log.  fact. 

1899.  de  Paris.  Ai.  A?.  de  comp.  i  app.  parall.  S  app.  parall.       * 

bmsois  .u  liius  ,,• 

Juin    8   .  11.27.27  -f-i. 80,70  +7.18,0  8.   3  16.   1.12,90  -i-9,o63  -f-46. 26.10,9  —8,786  a 

8..  11.57.87  -f-i.i6,i5  +4.59,7  2.   2  16.0.58,35  +9,284  46.28.57,6  +9,001  a 

*9..  12.86.47  +0.25,75  —6.2,8  20.20  15.49.55,88  +9,492  4442.57,4  +9,900  b 

10..  9.47-20  —0.55,98  +1.18,7  2.   2  i5.4i.25,6o  —8,843  43.17.42,4  -1-9,570  c 

10..  10.18.20  -I.  5,69  —0.38,1  2.    2  15.41.15,89  —7,691  43. i5. 00,6  +9,540  c 

12..  9.28.14  — ;.i8,77  —3.29,4  2.   2  i5.23.  8,98  —8,822  40.11.42,4  +9,928  d 

12..  9-46.  o  —1.26,02  — 4-5o,4  2.   2  i5.25.   1,68  —8,094  4o.io.2i,4  +9,914  d 

18..  12.12.57  —3.11,68  —I.  2,4  2.   2  15.17.28,74  +9,5i6  38.3i.46,6  +0,280  e 

i3..  12.41.47  —3.19,22  —2.48,6  3.    2  15.17.16,20  +9,577  38. 80.  0,4  +o,35o  e 

*i4-.  11.17.88  +o.i4,5o  — 3.i4,5  2.  2  i5. II. 26,40  +9,871  37.  8.56,3  +0,228  / 

i5..  jo.35.49  +3.   1,55  —3.26,4  2.   2  i5.  6.  o,3i  +9,217  85.48.48,7  +0,226  g 

i5..  10.59.81  +2.56,85  — 4-46,0  2.   2  i5.  5.55, 11  +9,880  85.47.24,1  +0,262  g 

*3o.  .  9.86.10  —0.10,10  —2.34,2  10.10  14.23.20,49  +9,349  21.  3.16,1  +0,598  h 

*3o.  .  9.58.12  —0.11,56  —3.11,3  10.10  14.28.24,03  +9,4i4  21.  2.89,0  +0,611  h 

*3o..  10.25.20  —0.12,97  —8.57,5  10.10  14.28.22,62  —9,477  21.   1.52,8  +0,628  /( 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  pour  1899,0. 

Réduction  Réduction 

i^  Désignation.  ï  moy.  au  jour.  5  moy.  au  jour.  Autorités. 

•  h        ni      s  s  o        >        .  . 

a DM-h46.2i42  13.59.88,92  1-8,28  +46.19.   1,7  —3,8  A. G.  Bonn,  10297. 

b.    4^-2318  15.4926,86  +8,27  44-49-  8.8  — 8,6  A.G.Bonn,  10201. 

c 48-2525  15.42.18,82  -h3,26  43.16.27,8  — 3,6  Comparée  à  c'. 

c' 48.258i  i5.46.  3,i4  »  43.  9.  9,0         »  A. G.  Bonn,  10175. 

d 40-2892  15.26.24,47  -î-8,23  4o.i5.i5,4  —3,6  A.G.  Bonn,  99S4. 

e 38.2652  i5. 20. 82, 20  +8,22  88.82.52,6  — 3,6  A.G.  Lund  Z  691. 

/ ".  .  87.2621  i5.ii.  8,70  +3,20  37.i2.i4)5  — 3,7  A.G.  Lund  Z  698. 

g 36.2574  i5.  2.55,58  +3, 18  35.52. 18,9  — 3,8  Weisse,  i4''>  1829. 

/( 21.2657  i4-23.32,58  +8,01  21.  5.56,o  —3,7  A.G.  Berlin,  5087. 

Observations  faites  par  passages,  sauf  celles  marquées  (*)  qui  ont  été  obtenues  par 
pointés  au  micromètre  à  double  fil.  Grossissement  =100.  Les  observations  des  pre- 
miers jours  ont  été  faites  près  du  zénith,  c'est-à-dire  dans  une  position  très  incom- 
mode. 


(  17  ) 

Remarques.  —  Le  9,  la  comète  est  visible  à  l'œil  nii,  comme  une  étoile  de  5,5  à 
6°  grandeur;  à  la  lunette,  elle  présente  une  nébulosité  d'environ  6'  de  diamètre,  avec 
condensation  centrale  et  noyau  stellaire  de  9". 

Le  i5,  apparence  stellaire  de  7";  nébulosité  d'environ  4'  de  diamètre,  condensée  au 
centre  avec  novan  de  9". 

Le  3o,  la  comète  s'est  beaucoup  affaiblie;  elle  présente  une  condensation  centrale 
d'apparence  stellaire  io''-ii°. 


MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  la  suppression  des  essais,  dans  le  calcul  des 
orbites  paraboliques.  Note  de  M.  L.  Ficakt,  communiquée  par  M.  Cal- 
landreau. 

«  Dans  sa  belle  préface  aux  leçons  sur  la  détermination  des  orbites  pro- 
fessées par  Tisserand,  M.  Poincaré  a  indiqué  que  le  calcul  des  éléments 
d'une  orbite  parabolique  peut  être  fait  sans  tâtonnement,  l'un  d'eux  s'ob- 
tenant  par  une  équation  du  premier  degré. 

))  On  peut  arriver  à  un  résultat  analogue  d'une  façon  très  simple,  si  l'on 
admet,  avec  Laplace,  que  les  observations  aient  fourni  les  dérivées  du  pre- 
mier et  du  second  ordre  de  la  longitude  et  de  la  latitude  géocentriques 
7.  et  !5. 

M  Soient  X  et  Y  les  coordonnées  géocentriques  du  Soleil.  Les  coordon- 
nées héliocentriques  de  la  comète  seront 

a;  =  pcosa.  — X,         j=psiny.  —  Y,  ^  =  ptangS, 

où  p  représente  la  distance  accourcie  de  l'astre  à  la  Terre,  De  ces  équa- 

lions,  on  déduit,  par  ditterentiations,   -;-,   -~,  -r->   puis   ^^>   -td   ^— • 

'  dt      dt      dt      ^  dt-       dt-       dl^ 

Egalant  ces  dernières  expressions  à ^■, ^, ^,  on  aura  un 

système  (1)  de  trois  équations  qui  donneront  p,  -j-^  -j-j-  On  aura  par  suite 

.  dx    dy    dz  .  ,     ,  .  , 

x,y,  z  ei  -^,  -j-,  -j-\  or  on  sait  que  de  la  connaissance  de  ces  six  quantités 

on  peut  déduire  les  éléments  de  l'orbite  cherchée.  L'équation  qui  donne  p 
s'écrit 

où  l'on  a  posé 

drj  d-j.     d-j.  d'-'i      /dxY  .  .      ,       d^fdzy 

j7  -j:t 77  —r^  —     -r      sino  cosn  4-2-^-7-      tango 

TT  _  dt  dt^        dt  dt^        \dt  J dt\dlj         ° 

(X  cosa  +  Y  sina)  —r-  sinB  coso  —  (  Xsina  —  YcosS')  -^ 
'  dt  ^  '  dt 

C.  R.,  1899,  =°  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  1  )  3 


(  I«  ) 

et 

u.  étaiiL  le  rapport  de  la  masse  de  la  Terre  à  celle  du  Soleil. 

»  L'équation  (2)  est  du  huitième  degré  en  p;  elle  s'abaisse  au  septième 
si  l'on  fait  |j.  =  o. 

»  Supposons  maintenant  que  l'orbite  soit  une  parabole.  Nous  aurons 
une  condition  supplémentaire 

(3)     .     (ty-riy-(ë)'=^'- 

))  A  l'aide  des  deux  premières  équations  (i),  on  peut  obtenir  ^  en  fonc- 
tion de  p.  Si,  dans  l'expression  ainsi  trouvée,  on  remplace  -^  par  sa  va- 


leur (2),  on  a  simplement 

$  = ^rH(Xsin:c  — Ycos:c)+  ^1  --=.    -  Ip. 

dt  d^x]      ^  '         dt-  J  ' 


2  -  , 
dt 


M   Substituant  dans  (3),  on  a  l'équation 

(4;  p^j+2Bp  +  v=-ii^, 

après  avoir  posé 

J.[l.-.IU„gS|-Hcos=s(*)%(;|y]^. 

,/f/X  d\     .        \  dafdX     .  d\  \ 

»  L'équation  (4)  est  du  sixième  degré  en  p,  et  les  équations  (2)  et  (4) 
doivent  avoir  une  racine  commune  que  l'on  obtiendra  jKir  la  méthode  du 
plus  grand  commun  diviseur. 

»  On  peut  simplifier  un  peu  :  on  déduit  de  l'équation  (2),  après  avoir 
multiplié  les  deux  membres  par 

r  =  — —-^  —  2p-/i  -h  R-  ( -r.  =  X  coso.  -h  Y  sina  ), 

l'équation 

»   Retranchant  membre  à  membre  de  l'équation  (4),  on  a  une  équation 


(   19  ) 
(lu  troisième  degré  en  p.  Le  problème  revient  à  chercher  la  racine  com- 
mune à  deux  équations,  l'une  du  sixième  degré,  l'autre  du  troisième.  Il 
suffit  de  deux  divisions  algébriques. 
)>   Les  équations  s'écrivent 

(4')  p'  +  Lp^  +  Mp^  +  Np'  -4-  Pp-  ^h  Qp  H-  S  =  o, 

(5)  p' + /p-  +  mp  +  «  =  o, 

où  l'on  ;i 

]j  =  -j-  —  2ri  cos-ô, 

M  =  2 ji h  (  R- j-r,  )  cos-ô, 

N=:p[BV2-^cos-î5(.]V--)-2B^)+BJR-], 

P  =  -p-  —  OVi  cos-ô— n h  2R-COS-(^ p . 

Q  =  ^^^(2BV^R^  — -/,¥''). 
S  =  ^(R-V-4K''). 

K'-                                           T 
«  =  T77TÎ  —  'i  '1  COS"  h rr  cos-  h, 

m—  R-  COS-O  —   2riïrYTr  COS-0  —  ïy  COS-Ô, 

K'^'Ncos^S  K'=       ,. 

V-— 2-s-    — rr  =  —     „  COS-Ô. 

R     '      2tl  2  H 

»   Si  l'on  pose  enfin 

/;=P-    L/+    '2/n—Mm-i-   m"  -h  2Llm  -  M' m  -    N/  <-  M/- -      Lf  +  Z', 
pq  =z  Q  —  Mn  -+-  2mn  +    Lin  —  l^n  -+-    Mlm  —  Q./m-  —  N/n  -F    Lm'-  -  L/-/n  -r-  /'«?. 
/)i  =  S  —  N/z  -h    /i-    +  Lw«  +  M/«  —  ilmn  —  Ll'-n  -h  l' n. 


on  obtient 

(6) 


H  —  Is  -h  qs 


'  «l  —  S  —  ù/  H-  7" 

»  Nous  avons  donc  l'inconnue  principale  p  en  fonction  rationnelle  des 
données. 

»  Déjà  Cauchy  avait  obtenu  (Comptes  rendus,  t.  XXV,  p.  4'o).  même 
dans  le  cas  d'une  orbite  d'excentricité  quelconque,  une  expression  de  p  ne 
contenant    qu'un   radical   cubique.   Mais   celte  expression   contenait   les 


(    20    ) 

dérivées  du  troisième  ordre  de  la  longitude  et  de  la  latitude  géocentriques, 
dérivées  qui  se  calculent  avec  moins  de  précision  que  les  dérivées  pre- 
mières et  secondes,  et  qui  sont  impossibles  à  obtenir  lorsqu'on  ne  possède 
que  trois  observations. 

»  Si  l'orbite  est  rigoureusement  une  parabole,  l'équation  (5)  sera  véri- 
fiée par  la  valeur  (6)  de  p.  Si  c'est  une  ellipse  de  grande  excentricité,  la 
valeur  de  p  ne  sera  qu'approchée,  et  le  résidu  obtenu  en  substituant  dans  le 

premier  membre  de  (5)  sera  sensiblement ^j  a  étant  le  demi  grand 

axe  ;  car  les  opérations  ci-dessus  s'appliquent  au  cas  d'une  orbite  elliptique, 

pourvu  qu'on  remplace  V-  par  ¥■  H 

))  Il  resterait  à  simplifier  autant  que  possible  le  calcul  précédent,  à 
indiquer  des  procédés  de  vérification  et  à  le  comparer  aux  méthodes  géné- 
ralement employées;  c'est  ce  que  je  me  réserve  de  faire  dans  lui  travad 
plus  développé.   » 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  transformations  des  droites. 
Note  de  M.  E.-O.  Lovett,  présentée  par  M.  Darboux. 

«   Soient  les  équations  de  la  droite 

(i)  y  -\-  kx  -^  m  =  o,         z -{- Icc -h  n  ~  o. 

»  Nous  allons  considérer  des  transformations  de  l'espace  (n-,  y,  z)  dans 
l'espace  (X,  Y,  Z),  qui  sont  déterminées  par  deux  équations 

(2)  <^(x,y,z,X,Y,Z)  =  o,         W{x,y,z,X,Y,Z)  =  o. 

)i   La  droite  (i)  sera  transformée  dans  la  surface  représentée  par  l'équa- 
tion 

(3)  £i(X,Y,XJ;/,m,n)  =  o, 

que  l'on  obtient  en  éliminant  x,y,  z  au  moyen  des  équations  (1)  et  (2). 

»   Considérons  le  cas  spécial  dans  lequel  les  équations  (2)  sont  linéaires 
en  .r,  y,  z,  à  savoir 

I  F,(X,Y,Z)ar  +  Fp(X,Y,Z)j  +  F,(X,Y,Z)=  +  F8(X,Y,Z)  =  o, 
(  Fe (X,  Y,  Z)^  +  Fç  (X,  Y,  Z)j  +  F,(X,  Y,  Z) s  +  Fo(X,  Y,  Z)  =  o, 

où  les  indices  désignent  le  degré  des  fonctions.  Dans  ce  cas,  la  droite  (i) 


(    21     ) 


sera  transformée  dans  la  surface 


(5) 


k 

I 

o 

ni 

l 

() 

I 

II 

F„ 

Fp 

Fv 

Fs 

Fe 

F^ 

F. 

Fo 

ou 


(6) 


k      l 
m     II 

-l 


Fç     F, 

Fsl 


F,~ 


F-^      Fg 


m 


iFs      F, 


—  /^ 


r 


Fs 

F» 


—  o. 


»   Si  la  surface  doit  être  une  quadriqiie,  il  faut  que  les  relations  sui- 
vantes aient  lieu 


(7) 


I   FpF,  -  F,Fç  =  F: ,  FpFe  -  F., F^  =  F; ,  F,Fo  -  FjF,  =  K, 

\  F. Fi;  -  FpF,  =  F-,  F, F,  -  F, F,  =  F;,  F,Fo  -  FgF,  =  F^', 


»   En   introduisant  les  hypothèses    suivantes    qui    n'imposent    aucune 
restriction 


(») 


(    X  -1-  *(  >  p  -I-  £,  X  -(-  Y)  >  y  -h  £,  a  4-  0  >  s  +  £, 

nous  trouvons  que,  pour  que  les  relations  (17)  subsistent,  les 
(9)  N  =i(;iia='+  3ia  +  l6) 

constantes  définissant  les  fonctions  F,  doivent  satisfaire  à 

^  '-^     1  H-3a  + 2p -+-27 +  27)4-30  — 36] 

équations  de  condition 

»  Soient  en  particulier  toutes  les  fonctions  F,  du  premier  degré,  ^^  va  se 
réduire  à  zéro  et  N  à  32,  comme,  d'ailleurs,  on  le  voit  immédiatement  en 
regardant  les  formules  (4)-  Considérons  alors  les  équations 

(11)       a;-çp, +7<f,,+  ^cp3  +  (p,=  o,  a;cp5-Hrç6-+- =97  +  ?8  =  o, 

où 

cp,-  =  «,X  -♦-  biX  +  CiZ-\-  di. 

Elles  définissent  un   groupe  de  00'"  transformations  qui  transforment  la 


(     22     ) 


droite  (i)  dans  la  quadriquc 


(12)   (^'«  —  //m) 


fcfil 


fe'fs 


/ 


f3  r*  I 


m 


n 


'■?1?3 


^=  o. 


TsTsI 


(i3) 


))  Si  l'on  veut  que  cette  quadrique  soit  une  sphère  pour  toutes  les  va- 
leurs de  k,  l,  m,  n,  il  est  nécessaire  que  cp^»  ?3>  'ffii  ?-  se  réduisent  à  des 
constantes.  Donc  nous  voyons  que  les  équations 

(a,  X+  ô,  Y  +  c,  Z  -h  rt',).r  -I-  d„y  -hd^z-h  a,, X  +  b,,  Y  -t- c,  Z  4-  r/,,  =  o. 
(«5 X -H  65  Y -i-  C5  Z  -I-  r/5) a;  -h  «/„y  +  rf,  s  4-  a,  X  +  ig  Y  +  c,  Z  4-  ^/g  =  o , 

oïl  les  constantes  sont  assujetties  aux  conditions 

a,  CTg  —  a, «5  =  è,  hg  —  il  /'s  ^=  c,  (•«  —  c,, C5 
/  aj}^  +  h,  «s  —  a..,  h^  —  b,, a,  =  o, 
(i4)  <  a,c^-\-c,a^—a,,c-  —  c.a^^o, 

{  b,Cg-hc,hi,  —  b,,c,—  c,b^  =  o, 

déterminent  co"  transformations  qui  changent  les  droites  en  des  sphères. 
))  Les  droites  se  transforment  en  des  points  si 

(t  5  )  cl,:d.r.  </,  :  d,  =  d^^ld^ld.  idf,. 

En  employant  la  méthode  de  S.  Lie,  nous  vérifions  facilement  que  les 
transformations  (i3)  sont  des  transformations  de  contact.  Nous  voyons 
ensuite  que,  en  particularisant  les  constantes  de  la  manière  suivante  : 


(.6) 


a,  =  6,  =  </,  =  r/j  =  c,  ^  c?^  =  C5  =^  c^5  r^  </j  =  «8  =  ig  =  r/s  =  o, 

f  I  =  e?.,  =^  a,,  =  a.,  ^-  «/„  =  —  Cg  =  i ,  i,  =  —  />>,  ==  i. 


nous  avons  la  célèbre  correspondance  étudiée  par  Lie 

(17)  Za- H- ;::  4- X -H  jY  =r  o,  (X-j'Y)a-+j-Z  =  o. 

»  Si  nous  recherchons  les  transformations  de  l'espace  à  n  dimensions 
qui  transforment  les  droites  en  des  sphères  et  qui  sont  déterminées  par 
deux  équations  bilinéaires,  nous  trouvons  que  ces  équations  doivent  être 
de  la  forme 


ou 


?,■  =  «i,,X-,  +  a2^,X„  4- . . .  +  a„,,X„  • 


(  2^  ) 

et  les6«  constantes  a,,y  sont  assujetties  aux  ^(n —  i)(n  —  2)  équations  de 
condition;  donc  il  n'y  a  pas  de  transformations  de  cette  espèce  dans  les 
espaces  à  un  nombre  de  dimensions  supérieur  à  onze.  Pour  /z  =  r  i ,  nous 
avons  ce'  transformations;  «  =  10,  so«  ;  /i  =  9,  co'";  n  =  8,  cc'^  ;  n  —  7,  oo''; 
«  =  6,  00' «  ;  «  =  5,  ^'o  ;  n  :=  4,  ^' '  ;  n  =  3,  00". 

»  Nous  remarquons  enfin  que  l'on  peut  obtenir  une  certaine  catégorie 
de  oo"  transformations  de  contact  en  généralisant  la  forme  donnée  par 
Darboux  (Théorie  des  surfaces,  §  157,  t.  I)  à  la  transformation  de  Lie.  En 
effet,  les  équations 

^   '  -^  (   /i  =  a^y.  +  ^oP  +  c,>y  h-  d.f,  m  --  a,,a.-h  h.,{i  -\-  r,/,'  H-  </.,  p 

établissent  une  correspondance  entre  les  droites  (X-,  /,  m,n)  et  les  sphères 
(a.,  fj,  y,  p)  de  telle  façon  que  deux  droites  se  coupant  se  transforment  en 
deux  sphères  se  touchant  si  les  équations  suivantes  sont  satisfaites  : 

a  ta2  —  a.j a .,  =  b^b.,—  b-,  b^  =  c,c.^  —  c^c,,   -  d,  d.,  —  d^ d,,  =  i , 

a,b.,-\- b,a.,— a.jb^—  bjU^^  o,  b,c.,  \-  b^c,  —  b^c.,—  b.,c.j—  o, 

(21)   1 

1  a,c.,  -h  c,a.2  —  a.jC,,  —  c^U:,  —  o,         b,d.^^  bnd,—  bjd.,—  bj,d.j^^  o, 

[    a,d.,-hd,a.,  —  a 3 <-/,,—  </;,«,,  =  o,  c^d^^  Cyd,  —  c^d,,  — d.jC,,  —  o, 

car  ces  équations  sont  nécessaires  et  suffisantes  pour  que  la  forme  qua- 
dratique 

(k  —  k'){n  —  n')  —  (/  —  l')(m  —  m  ) 

soit  changée  par  la  transformation  (19)  dans  la  forme  quadratique 

("- -  ^'X' +  ((i  -  P')' +  Cy  -  y'/ -  (p  -  ?')'• 

»  Ici  il  y  a  encore  quelques  questions  qui  se  posent  ;  par  exemple  la 
question  de  la  possibilité  de  la  transformation  des  lignes  asymptotiques 
dans  les  lignes  de  courbure  et  la  question  si  le  groupe  à  six  paramètres  est 
continu  dans  le  groupe  à  treize  paramètres.    « 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  sur/aces  de  M.  Voss.  Note  de  C  Guichard, 
présentée  par  M.  Darboux. 

«  Je  conserve  les  notations  et  les  formules  de  ma  Note  précédente 
(Sur  les  réseaux  cycliques  qui  contiennent  un  système  de  géodésiques) .  J'ai 
fait  remarquer  que  si  «  =  i  le  réseau  F  est  un  réseau  de  Voss,  c'est-à-dire 


(  24  ) 

que  toutes  les  courbes  du  réseau  sont  des  géodésiques.  La  congruence  FS 
est  donc  une  congruence  de  normales;  par  conséquent,  le  réseau  T,  qui 
lui  est  parallèle,  est  un  réseau  O;  c'est  un  résultat  que  j'ai  établi  depuis 
longtemps. 

»  On  a  alors  les  formules  suivantes  : 

a  =  sino,         w^cosç, 

è=-T^>  n  —  i,         - — ^  =  sino, 

dv  ou  <yi-  ' 

dv  '  ou  âv        "^         ^ 

))  A  ch  ique  surface  M  on  peut  faire  correspondre  une  infinité  de  sur- 
faces analogues  (M')  pour  lesquelles  : 

a'=xsino,         TO'=xcoscp,  h' -=:  xh, 

6'=~s  n'  =  -,  i=I, 

</(■  -j- 

X  étant  une  constante  arbitraire. 

»  Soient  maintenant?  un  pointdeMT  quidécritun  réseau,  PQ  et  PR  les 
deux  tangentes  à  ce  réseau  qui  rencontrent  respectivement  en  Q  et  R  les 
secondes  tangentes  des  réseaux  M  et  T.  La  congruence  PQest  harmonique 
au  réseau  M  et  la  congruence  PR  au  réseau  T;  donc  ces  deux  congruences 
sont  cycliques. 

»  Nous  obtenons  ainsi  des  réseaux  dont  les  deux  tangentes  décrivent 
des  congruences  cycliques;  les  congruences  parallèles  à  ces  réseaux  sor.t 
telles  que  leurs  deux  réseaux  focaux  sont  cycliques. 

»  Les  solutions  ainsi  obtenues  sont  les  solutions  les  plus  générales  du 
problèdae  suivant  : 

»  Trouver  toutes  les  congruences  dont  les  deux  réseaux  focaux  sont 
cycliques. 

»  Ce  problème  est,  comme  je  l'établirai  plus  tard,  un  problème  du 
sixième  ordre  (quand  on  ne  cherche  que  la  direction  des  éléments);  les 
solutions  qui  se  présentent  ici  ne  dépendent  que  de  deux  équations  du 
second  ordre. 

»  Les  cosinus  directeurs  ;,,  c^,  Çj  de  la  droite  MT  sont  solutions  de 
l'équation 

-j -  — T-  -^ — I-  mnt  —  i^cosç. 

du  oi-         n  ()u  Oi'  ' 


(  2n  ) 

»  Les  cosinus  directeurs  ^', ,  E'^,  l'^  de  la  tangente  M'T'  au  réseau  corres- 
pondant M'  satisfont  à  la  même  équation.  Il  en  résulte  que  la  coni^irnence 
Mï  est  30  d'une  infinité  de  manières.  On  pourra  donc  choisir  le  point  P 
de  façon  que  le  réseau  P  soit  2O;  si  l'on  effectue  les  calculs  on  trouve  que 
les  réseaux  Q  et  R  sont  aussi  2O;  donc  : 

))  Ces  réseaux  P  sont  'zO,  les  deux  réseaux  qui  s'en  déduisent  par  la  méthode 
de  Laplace  sont  2  O,  enfui  chaque  tangente  au  réseau  P  décrit  une  congruence 
cyclique. 

»  La  congruence  MT  est  plusieurs  fois  cyclique;  soit  [j.  un  réseau  O 
harmonique  à  MT;  les  tangentes  '\jM,  y.T  à  ce  réseau  décrivent  des  con- 
gruences  2O. 

»  On  est  amené  à  étudier  ce  .second  groupe  de  surfaces.  Pour  ces  sur- 
faces, on  a 

a  =  asmcp,  /n  =  ^Àcos<p, 

6  =  [3  sin  i|/,  n:=-<j.  cos  y. 


9  et  i|/  étant  donnés  parles  équations 


du 


Xsin(|/. 


;x  sm  cp  ; 


a,  p,  \,  ij-  étant  des  constantes  liées  par  la  relation 

aB  —  5)^   —  -ur  =  o. 

'  (3  a  ' 

)>   A  l'aide  de  ces  formules,  on  vérifie  que  les  réseaux  S  et  T  de  ce  second 
groupe  de  surfaces  sont  2O. 

»    Les  cosinus  directeurs  E,,  ^2.  i-i  'le  MT  satisfont  ici  à  l'équation 


I   On  1]^ 


ou 


à"  dv  ^'      cosij* 


»   On  vérifie  qu'elle  admet  les  deux  solutions  cosO  et  sinO,  0  étant  dé- 

C.   R.,  1899,  r  Semestre.  (T.  CXXTX,  N»  1.)  4 


(     2(i    ) 

terminé  par  les  deux  équations  compatibles 

-T-  =  lu-  COS ffl , 

au        '         ' 

-—   =  llCOSÙ. 

Elle  admet,  en  outre,  la  solution  sin}. 

»  Cela  posé,  si  l'on  considère  une  congruence  rapportée  à  ses  dévelop- 
pables  et  telle  que  la  droite  génératrice  ait  ses  cosinus  directeurs  propor- 
tionnels aux  quantités 

cos6,     sin6,     «sinij», 

on  verra  que  l'un  des  réseaux  focaux  de  cette  congruence  est  un  réseau  O 
et  que  l'autre  se  projette  sur  le  plan  des  deux  premières  coordonnées  sui- 
vant un  réseau  O  ;  donc  : 

»  La  recherche  des  sur/aces  de  Voss  est  èquivalenle  à  celle  des  congruences 
dont  l'un  des  réseaux  focaux  est  formé  par  les  lignes  de  courbure  d'une  sur- 
face et  dont  l'autre  se  projette  sur  un  plan  fixe  suivant  un  réseau  ortho- 
gonal.   » 


ALGÈBRE.   —  Les  groupes  d'ordre  i6p,  p  étant  un  nombre  premier  impair. 
ISote  de  M.  Le  Vavassecr,  présentée  par  M.  Darboux. 

«  J'omets,  dans  l'énumération,  trente-quatre  groupes  décomposables. 
Voici  les  autres  : 

(  [rt"^n;  6''=:  i,j6(7  =  ai",  a  appartient  à  l'exposant  2?  (modys)]. 

^'^"1  p  =  i,2,3,4, 

1    [0'=  6^=  C''=  I,  «i  ^  />(7,  c«  =  cfc",  ce  =  ic"' 
'"'  (  1  appartient  à  l'exposant  4  (niod/>)], 

Gf  g.,      {câ^z  b' ^  €'■  =:  i .  ab^  ba^,  ca  =^  ac-^,  cb  =  bc), 
i  [a^=  b^=z  cP^  i,  ab:=  ba^,  ca  =  ac'^,    cb=zbc 
"''  I  a  appartient  à  l'exposant  4  (mod/?)], 

^îc/'      {a^^  b^  =  cP^i,  ab^  ba',  ca  z:z  ac,    c6  =  6c-'), 
[a'  =  b^ z^  cP  =  1 ,  ab^  ba^,  ca  =  flc",  cb  =  ic"' 


""'  (  a  appartient  à  l'exposant  4  (niod/>)], 

i  (a^r=b-^^c''=:d''=i,ac=2ca,      bc^=cb,      ab=ibac- 
""'  \  da  =  ad,      db  =  bd,      de  =  cd-'), 


G" 


G\î, 


G\h 


(  27  ) 
j   {a-=z  b-^c'''^  d'' =:^i,  ac  =  i:a,       hc^^cb,       ab  ^=  bac- 
{  da  =  ad,      db  =1  bd~^ ,  de  z^  cd     ), 

(rt-^  6-— t'  =  rf/'.— I,  flc  =  frt,       bc  =^  cb,       abz^bac- 
da  =  «rf-' ,  db  =z  bd-\  de  ^=  cd-'), 
G\li,      {a'-—b''=:cP=^\,ab  =  ba^,ca^ae-Kcb—be     ), 
G\li.      {d'=:b-  —  c''—i,ab=iba^,ca  =  ae,      cb—bc-'), 
[a'^ ^=  b^  —^  eP  =:  \ ,  ab  =:  ba^,  ca  =  ac,      c6  =;  bc^ 
a  appartient  à  l'exposant  4  (mod/»)], 
pifi     j  («*=  A'  =  c2=  rf/'=  I,  rtc  =  ca,       bc=eb,      ab  =:  bac 
'  i  da^z.  ad-'^ ,  lii»  3=  6f^,      de  =r  crf  ). 

/  [rt'=  6-=  c^z=  rf/'z^:  I,  (7c  =  Crt,       bc^ricb.,      ab  z=  bac 
G  î  j ,,  ■  </a  =z  «rf»,    db  =  bd,      de  =  cd 

'  a  appartient  à  l'exposant  4  (mod/>)], 

PIS     (  {a''z^  b-z^  e-=z  dP::^  1 ,  ac  ^^  ca,       be^=cb,      ab  =  bac 

'  '  I  da  z^  ad,      db  z=  bd~^,  de  :=  cri  ], 

Gl6/,(«^=  6'=  c''=  I,  «*=  6%  «6  ■=  ba'',  ca  =  ac,  eb  =  bc'), 
G'J°^,(rt«r=  6'=  c/'=  1,  a'=  b-,  ab  =  6«",  ca  =  ac-',  cb  =^  be  ), 
G;J,,(rt8=  b'—  c''=  I,  «6  =  6rt',  t-a  =  ac,  cZ*  =  Oc-'), 
Gil,,{a^=  b-:=  cP=i,  ab=z  ba\  ca  =  ae-\  cb=  bc  ), 
Gj^,,(«'=  6^=  ePzzri,  rtô  =  6a^  ea=iac-\  cb  —  bc-'), 
GJ*,,(rt'=  6^=  c''=  (,  «6=  ia',  ca  =  «c,  cb  =  be-'), 
GJ^,,(a*=  è-=  c''=  I,  «t  =  ia'',  ca  =  «c-',  eb  ^^  bc  ), 
G\'l    {a'=z  b'^^c"  =r.  i,ab:=:  ba,    ac  =  cb,       bc:=ca^b'), 

Gl  l     |;al2,x<+x-.4-a-.+x+l,  _  ^5  _  ,  _   „^  _  ^„;ï  j^ 
G-2S     |-„(2,..«+.c3+.,«4-a.H,_  ^3_  i^   ^(T,  _  [,a^'+.^'], 

( rt-  =:  Z;'-  =  c'  =:  rf^  =3  i ,  a6  r^  iac-,  ac  =  ca,  be  =  c6 
c(^  =r  f/c,  ac?  =;  c^6,  bd.  --  '/rtZ»c  ), 
GJ°       (a'=  62—  f.)=  ,^  ^^  _  ^^3^  ac'-=  ca'',  a'c-—  cd-b,  be-—  cb). 


G? 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  dcvdoppemenl  d'une  branche  uniforme 
de  fonclion  analytique  en  série  de  polynômes.  Note  de  M.  Paul  Painlevé, 
présentée  par  M.  Appell. 

((  Dans  une  Noie  antérieure  {Comptes  rendus,  23  mai  189g),  j'ai  indiqué 
une  méthode  de  démonslration  très  simple  du  théorème  récemment  publié 
par  M.  Mittag-Leffler.  Je  voudrais  donner  ici  quelques  applications  pré- 
cises de  la  mélhode. 


(  ^8  ) 

»  Considérons,  dans  le  plan  complexe  des  'C,  l'angle  aigu  C  compris 
entre  les  deux  demi-droiles  issues  du  point  —  i  et  qui  font  avec  le  demi- 
axe  réel  positif  les  angles  -^   et jv  (N  désignant  une  quantité  donnée 


plus  grande  que  i),  et  soit 


la  fonction  qui  représente  l'aire  C  sur  un  cercle  du  plan  Z,  de  façon  qu'au 
point  -  =  o  corresponde  le  centre  Z  =  o  du  cercle,  et  au  point  'C  =  i  le 
point  Z  =  I.  Soit  maintenant  z  =  i^-^g^-(Z)  :  quand  le  point  Z  décrit  la 
circonférence  de  centre  Z  =  o  et  de  rayon  i,  le  point  z  décrit  une  courbe 
fermée  C,,,  entourant  l'origine  et  passant  par  le  point  z  =  i.  Si  N  croît 
indéfiniment,  C^  tend  à  se  réduire  au  segment  oi  de  l'axe  réel.  Soit  enfin 

a  . 

z,  =  -  :  quand  s  parcourt  C,,.,  3,  parcourt  une  courbe  fermée,  soit  C^. 

»  Ceci  posé,  considérons  la  fonction 

et  développons-la  en  série  de  Mac-Laurin  : 

,-4-(Z)  =  ^'^o(-)  +  A.  (=-)^  +  A,(..)Z=^  +  A,(z)Z-^  +  ..., 

où  les  Aoy,  Aoy,_,  sont  des  polynômes  en  :;  de  degré^(AoHsi,  A, ;^o). 
Faisons  Z  =  1 ,  et  (pour  simplifier  la  notation)  posons  6^=  A.,,  +  A.,  ^,  ; 
la  série 


'1=0 


converge  el  représente  ^  dans  toute  l'aire  intérieure  à  la  courbe  fermée  C'. 

Les  X  sont  des  fonctions  rationnelles  de  N  à  coefjîcienls  entiers,  dont  il  est  fa- 
cde  de  donner  l'expression  explicite. 

«  Plus  généralement,  soit  Y  {z)  une  branche  de  fonction  analytique 
holomorphe  a  l'origme;  soit  a  son  étoile  de  convergence.  Soit  enfin  a  un 
quelconque  des  points  singuliers  de  la  branche  Y  {z)  {a  est  un  sommet  de 
1  étoile),  et  soit  a^  l'aire  intérieure  à  toutes  les  courbes  C"^.  Quand  N  croît 
Huléfinimcnl,  a,  tend  vers   a.  Remplaçons  dans  tous  les  termes  de  (i) 


(  29  ) 
les  zJ  par  — rf^  z',  et  soit  P<,(2)  ce  que  devient  alors  Bç(zj  ;  on  a 


'/= 


7  =  0  </  =  o 

dans  toute  l'aire  a.^.  Pour  tout  point  extérieur  k  cCp,,  la  série  diverge. 

»  Précisons  un  peu  le  degré  de  convergence  de  ces  séries.  Il  nous  suffit 
de  considérer  la  série  (i).  Soit,  dans  le  plan  ^,  ABC  l'aire  de  l'angle  t  située 
à  gauche  de  la  droite  ^  =  r,  ('(  =  ^  +  ir\),  et  soit  A'B'C  l'aire  homothétique 

de  ABC  par  rapport  à  *C  =  o,   le  rapport  d'homothétie  étant  i  +  |^-  Soit 

enfin    F-y    l'aire    transformée    de  A'B'C   dans   la    transformation  z  =  yr 

Quand  N  croît  indéfiniment,  l'aire  Ty  comprend  sensiblement  tout  le  plan, 
abstraction  faite  du  segment  i,  -h  oo  de  l'axe  réel.  Ceci  posé,  soit  Sj'(z)  la 
somme  des  v  premiers  termes  de  la  série  (i);  on  a 

Il  suit  de  là  que,  si  l'on  pose  N  =  Iog(«  +  2) 

v  =  «,       q„=s,':{z),       n„  =  Q„^, -Q„,     .no=.  I, 

la  série  7  n„(s),  dont  les  termes  sont  des  polynômes  en  z  de  degré  n,  con- 

verge  et  représente ;  dans  tout  le  plan,  sauf  sur  le  segment  i.  H-  ao  de 

l'axe  réel. 

))  Dans  l'aire  r,„„^  (qui  tend  vers  a  pour  q  —  ao),  la  somme  2^  des  q  pre- 
miers termes  de  la  série  représente  ;  avec  une  erreur  moindre  que 

-t-  -   (  l  —  10g2) 

2    ^  .  Les  coefficients  des  !!„  sont  rationnels  en  \o^(^n-\-  2).    Si,   au 

lieu  de  faire  N  =  log(/i  4- 2),  v  ^  n,  on  faisait  N  =  Ai,  v  =  4«2",  on 
obtiendrait  une  î.ériebien  plus  rapidement  convergente,  où  tous  les  coeffi- 
cients seraient  des  nombres  rationnels,  mais  dont  le  «"'"*  terme  serait  un 
polynôme  en  z  de  degré  l^ni". 

»   Pour  obtenir  le  développement  de  F(z')  dans  (X,  il  suffit,   dans  une  des 

deux  séries  précédentes,  de  remplacer  partout  z'  par      .^""  (y  =:  o,  1,2,  . . .  )• 

w  Donnons  maintenant  un  exemple  d'cVo//ec«m//g-/?e.  Le  point  c  étant  un 


(  3o  ) 
point  quelconque  du  plan  complexe  i^z  =  x  +  iy),  décrivons  sur  le  seg- 
ment oz  comme  diamètre  un  demi-cercle  omz  ou  L,  qui  sera  défini  sans 
ambiguïté  par  la  condition  que  le  sens  omzo  soit  le  sens/jo^ùi/du  contour 
fermé  omzo.  Prolongeons  la  branche  de  fonction  F(:;),  holomorphe  à 
l'origine,  le  long  de  L  :  si  le  prolongement  est  possible  régulièrement  jus- 
qu'en z,  le  point  z,  par  définition,  fera  partie  de  l'étoile  curviligne  d'es- 
pèce L  attachée  à  F.  Soient  7/ cette  étoile,  Fl(:;)  la  valeur  ainsi  définie  pour 
F  en  z.  Soit,  enfin,  a  un  quelconque  des  points  singuliers  de  F  qu'on  ren- 
contre sur  les  chemins  L:  les  points  du  plan  exclus  de  l'étoile  oJ  sont  tous 
distribués  sur  des  demi-droites  issues  des  points  a  et  faisant  avec  la  direction  oa 
l'angle  4-  -•   Représentons    enfin    par    C^   la    courbe    que    parcourt    le 

point  z  =  quand  z,  parcourt  le  contour  désigné  plus  haut  par  C,,. 

En  substituant,  dans  toutes  les  définitions  du  début,  C^  à  C,,,,  on  définit, 
pour  chaque  valeur  de  N(N  ]>  i),  une  aire  ctJ^  qui  tend  vers  a'  pour  N  =;  ce. 
Ceci  posé,  toutes  les  propositions  précédentes  subsistent  sans  modification  pour 
la  branche  Fl(s)  et  les  aires  a! ,  aj,,  à  condition  de  substituer  à  la  fonction 
ç(Z),  introduite  plus  haut,  la  fonction 

o(Z)  = 


2 


où  ^(Z)  garde  le  même  sens.  Le  développement  de  la  nouvelle  fonction 
o(Z)  en  série  de  Mac-Laurin  (où  l'on  fait  Z  ^  i)  fournit  donc  le  moyen  de 

développer en  une  série  explicite  in„(3)  de  polynômes  convergente  dans 

tout  le  plan  sauf  sur  la  demi-droite  issue  du  point  z  =  i  et  parallèle  àoy.  En 

remplaçant  partout  z'  par  — q— -■'»  on  obtient  un  développement  de  Fl(5) 

convergent  dans  toute  l'étoile  a'. 

»  Observons  que  V étoile  ce'  n'est  pas  nécessairement  d'un  seul  tenant.  Soit, 
par  exemple,  F=  \J{i~z){i  —  iz-^z-)  où  F  =  +  v'â  pour  :;  =  o;  l'étoile  v.' 
relative  à  F  comprend  tout  le  plan,  à  l'exception  des  trois  demi-droites  D. 
D',  D"  issues  des  points  :;  =  i ,  =  =  i  -i-  /,  s  =  i  —  ^■  et  faisant  respective- 

ment  avec  Ox  les  angles  +  ^'  +  x'  "^  "^"  ^^^  ^^"^  premières  forment 
un  angle  aigu  E  et  les  points  intérieurs  à  E  ne  peuvent  être  reliés  à  l'ori- 
gine par  u;i  chemin  continu  sans  franchir  les  demi-droites  D  ou  D'.  La 
série  S  converge  dans  tout  le  plan  sauf  sur  D.  D',  D"  et  représente,  pour 


(  3i  ) 

nn  point  z  de  E,  la  valeur  F,  (s)  avec  laquelle  on  arrive  en  :■  sur  la  demi- 
circonférence  L.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  • —  Sur  deux  équations  intégrables  du  second  ordre. 
Note  de  M.  E.  Goubsat,  présentée  par  M.  Appell. 

«  J'ai  énuméré  dans  un  travail  récent  (^Annales  de  la  Faculté  des  Sciences 
de  Toulouse,  189g)  tous  les  types  d'équations  aux  dérivées  partielles  du 
second  ordre,  de  la  forme  s^  f(^x, y,  z, p,  g),  qui  admettent  deux  inté- 
grales intermédiaires  distinctes  du  second  ordre.  Les  formules  suivantes, 
que  j'ai  obtenues  depuis,  complètent  les  résultats  de  ce  Mémoire. 

))  L'intégrale  générale  de  l'équation 


(r)  s:.  =  \/j-^p'\ji-hc/- 

est  représentée  par  la  formule 

où  X  est  une  fonction  arbitraire  de  a;  et  Y  une  fonction  arbitraire  de  j. 
Pour  faire  disparaître  les  quadratures,  il  suffira  de  poser 

Y  ==  P,  r=^-©"(p)  -+-fio'(p)  -(p([3), 

a  et  p  désignant  deux  paramètres  auxiliaires, /"  et  tp  deux  fonctions  arbi- 
traires. 

»   L'intégrale  générale  de  l'équation 

(3)  s  slnz  =  \/i  +  p- \/\ -h  q^ 

est  représentée  par  la  formule 


(4)  cosz  =  — ^ ^ 


où  7/,  et  u.^  sont  deux  fonctions  de  x,  vérifiant  l'équation  linéaire  du  second 

ordre 

cP  II         „  du  II 

aie-  cix        4 


(  32  ) 
X  étant  une  fonction  arbitraire  de  œ;  v,  et  v.,  sont  de  même  deux  fonc- 
tions de  7  satisfaisant  à  une  équation  linéaire  de  même  forme 


Hy 


où  Y  est  une  fonction  arbitraire  de  j.  On  voit  facilement  que  u^,  u..,  (,,  ('. 
peuvent  s'exprimer  par  des  quadratures  seulement.    » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE .  —  SuT  une  classe  d' équations  aux  dérivées  partielles. 
Note  de  M.  Ivan  Fredholm,  présentée  par  M.  Poinci'.ré. 


«   Soit 


(0 


ri   d       d      d  ^ 


une  équation  différentielle  linéaire  homogène  et  à  coefficients  constants, 
et  supposons  que/(i,-/i,Q  soit  une  fonction  définie  du  degré  in. 

»   Soit,  de  plus,  '\{l,r„'(,)  une  forme  quelconque  du  degré  2/z  —  2  et 
formons  l'intégrale 


(2) 


■-fw^^'"'''-* '•'■'' ^"'^^- 


où  l'intégration  doit  être  étendue  à  tous  les  éléments  d'une  ligne  droite 

située  dans  le  plan 

x\  +yf\  +  ^^  =  0, 
et  passant  par  le  point 


l 


y  ^ 

h     c 


Z       X 

c     a 


X     y 
a      h 


»  J'ai  démontré  (')  que  la  fonction  n  est  une  intégrale  de  l'équation  (i) 
jouiss  int  des  propriétés  d'être  homogène  du  degré  —  i  et  de  n'avoir  aucun 
point  singulier  réel  sauf  l'origine. 

))  On  démontre  aussi  facilement  que  les  diverses  fonctions  qu'on  obtient, 
en  posant,  dans  la  formule  (2), 

•      4'=^°'yiP'C^  (oc-Hfi-t-  Y=2/?--  2), 

sont  les  dérivées  d'ordre  in—  2  d'une  même  fonction,  soit  P^o-,  j,  z-). 


C)  Actn  mathematica.  t.  XXIII. 


(33  ) 

»  Il  est  clair  que  P  est  aussi  une  intégrale  de  l'équation  (i)  n'admettant 
pas  d'autre  point  singulier  que  l'origine. 

»  Je  me  propose  de  montrer  que  le  rôle  de  la  fonction  P  par  rapport  à 

l'équation  (i)  est  analogue  à  celui  de  la  fonction  -  par  rapport  à  l'équation 

de  Laplace. 

))  En  effet,  l'équation  (i)  étant  identique  à  son  adjointe,  on  a  toujours, 
entre  deux  fonctions  ii  et  v  admettant  des  dérivées  continues  jusqu'à  l'ordre 
2/1,  la  relation 

(3)  I  (v/ii  —  n/v)  dS  =  I  [Lcos(«,;r) -t- M  cos(«,  j) -t- N  cos(/*,  s)]  r/T, 

où  dS  désigne  l'élément  de  volume  d'un  domaine  S  et  de  l'élément  de 
surface  de  la  frontière  c  de  S. 

»  L,  M,  N  sont  des  expressions  bilinéaires  des  fonctions  u,  v  et  leurs 
dérivées  jusqu'à  l'ordre  2rt  —  i  inclus.  Il  importe  d'observer  que  le  coeffi- 
cient d'une  dérivée  quelconque  d'ordre  f  de  u  est  une  fonction  linéaire  des 
dérivées  d'ordre  2n  —  i  —  v  de  v. 

»  Cela  posé,  supposons  que  u  soit  une  intégrale  de  l'équation  (i)  et 
posons  r  =  V(x-  ~  .t„,  y  —  y„,  z  —  ;„).  La  formule  (3)  s'applique  encore 
à  condition  d'exclure  le  point  Xg,  j„.  r„  du  domaine  S  en  l'entourant  d'une 
surface  arbitrairement  petite.  Un  raisonnement  calqué  sur  la  démonstra- 
tion classique  de  la  formule  de  Green  nous  permettra  d'écrire  la  formule 

(4)  /cu(Xg,  y„,  Zg)  =  /  [Lcos(«,a?)  H- Mcos(«,  j)  4- Ncos(rt,  =)Jr/'7, 

qui  présente  une  analogie  parfaite  avec  la  formule  bien  connue  de  Green. 

))  Désignons  maintenant  sous  le  nom  de  problème  de  Dirichlet  généralisé 
la  recherche  d'une  intégrale  de  l'équation  (i)  continue  ainsi  que  ses  déri- 
vées jusqu'à  l'ordre  in  inclus  dans  S,  prenant  à  sa  surface  t  des  valeurs 
données  ainsi  que  ses  dérivées  jusqu'à  l'ordre  n  —  i  inclus. 

»  Admettons  qu'il  soit  possible  de  résoudre  ce  problème,  et  désignons 
par  g{x,  y,  z;  x„,  >„,  ::„)  la  fonction  en  donnant  la  séparation  dans  le  cas 
où  les  valeurs  données  à  la  surface  sont  celles  de  la  fonction 

V{x-x^,y  -  yg,z-  z„) 

et  ses  dérivées.  L'application  de  la  formule  (3)  aux  fonctions  /«et  ^conduit 

G.   R.,  1899,  2'  Se>77cstre.  (T.  CXXIX,  N»  1.)  5 


(34  ) 

maintenant  au  résultat 

[I.,  cos(n,x)  +  M,  cos{/i,y)  -+-  N,  cos(rt,  z)]da  =  o, 


/l 


où  les  expressions  L, ,  M, ,  N, ,  en  ce  qui  concerne  les  termes  contenant  des 
dérivés  d'ordre  supérieur  à  /*  —  i,  sont  égales  aux  termes  correspondants 
dans  les  expressions  L,  M,  N.  Par  conséquent  la  formule 

A-u(x„,  y„,  z-a) 

[(L  —  L, )cos(/i,.r)  +  (M  —  M,)  cos(«,  y)  —  (N  —  N,)cos(/t,  =)]  rf<; 


^J) 


ne  contient  que  les  dérivées  de  u  d'ordre  inférieur  à  n. 

»  Elle  représente  par  suite  la  solution  du  problème  de  Dirichlet  géné- 
ralisé et  elle  montre  que  cette  solution  est  unique,  toutefois  en  faisant 
l'hypothèse  que  le  problème  est  toujours  soluble.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Considérations  sur  les  Travaux  de  MM.  S.  Lie 
et  A.  Mayer.  Note  de  M.  N.  Saltykow,  présentée  par  M.  C.  Jordan. 


«   Soit 


(0 


/'a+  >^k\X{i  ^2t   •  •  •>  X,i,  Z,  p,„^f,  p,n  +  i>   •  •  •'  Pn)  —  ^ 


dz 


(  k  ^  \ ,  1,  . . .,  m,         rn<Cn, 

un  système  complet,  les  variables  pi  désignant  les  dérivées  partielles 
Supposons  que  les  équations 

(   1=^1,2,...,/,  ["in  —  w, 


(3) 


Ci  étant  des  constantes  arbitraires,  sont  des  intégrales  du  système  aux  dif- 
férentielles totales 


dx„ 


lididr/^^"^ 


dH, 


(3) 


A  =  l 
'i!      /n — m 


A=l  \  /■=! 
«  =  1,2,..., 


on, 

Opm^ 


-  H*  l  dx. 


n  —  m. 


(4) 


(  35  ) 
»  Les  équations  (2)  étant  supposées  résolubles  par  rapport  aux  x,„+^, 
■Tm^-2-  •  •  •  >  '^mw.  effectuons  la  transformation  des  variables  de  M.  A.  Mayer, 
indiquée  dans  le  numéro  précédent  des  Comptes  rendus  (N.  Saltykow, 
Considérations  sur  les  Travaux  de  MAI.  S.  Lie  et  A.  Mayer^.  Les  équations  (i) 
et  (2)  deviennent 

\  Pk  +  "a  (.-^l  >  ■'^2  '    •  •  •  »  ^m'  /'m  +  i  »    •  •  •  »  Pm  i-t'  ^m+l  i-l  «   •  •  •  »   •''"«'    ~'  f  Pm  +  i  '   ■  '  •  '  P/i)  ^^  *^ 

(  k  =  ï,  9.,  ...,  m, 

/  ,  (.T, ,  X.,,   .  •  .»  .T,„,  /?,„+!  »  .  .  .,  Pm+l^  •■'^nn-l+\  >   •  •  •»  •^'n'    -^  •  /',„+|  •    •  •  <!  P m-rlj  ^^  ' '' 

«  =  I,  2,    ..  .,  /. 

Si  l'intégrale  complète  de  ce  dernier  système  est  connue,  on  obtient,  comme 
je  l'ai  démontré  ('),  rien  que  par  des  différentiations,  l'intégrale  générale 
du  système  aux  différentielles  totales,  correspondant  aux  équations  (4). 


(5) 


^''/'"->  =  i;:5Sl^^- 


dx, 


ô\\\ 


Iwt:"^^'- 


dli'i 


■*^  "/'  m  -I-  ).  ^^  '-^•'  m  +  fj 


k  =  \ 

tn       /  "  =  '" 

*  =  1    \    ;  =  1 
>^  =  I,  2 /, 


h;  )</a-A, 


17  ^  /  4-  I ,  /  +  2,  .  .  .  ,  71  —  m. 


»  Cela  posé,  tout  revient  à  démontrer  que,  par  la  transformation  in- 
verse des  variables  p\  z'  par  leurs  valeurs  en  fonction  des  x,  z,  p,  le  svs- 
tème  (5)  devient  identique  à  (3).  Il  est  aisé  de  s'en  persuader  en  vertu  des 
identités 

dW,,  d\{,,.  dW'i,  Mil, 


àp,n  +  n 

dW,, 


dPm  +  n 


àp', 


dx„ 


dz'   ~~    dz  ' 


Oz    p "•+'>'' 


les  indices  "k,  1  ayant  les  valeurs  (5).  Par  conséquent,  l'intégrale  générale 
du  système  (4)  sera  transformée  dans  celle  du  système  (2),  et  l'on  obtient 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  27/i. 


(30) 

l'intégrale  complète  des  équations  (i)  rien  que  par  une  opération   d'éli- 
mination algébrique  ('). 

»   Considérons  l'exemple  cité  dans  notre  Note  précédente 

(6)  ;,,  +  i;=0,  p.^-^j^  =  o. 

Le  système  d'équations  aux  différentielles  totales 

doc..  =  -^^  dx. .         dx,  =  -^-^  dx.,. 
Pi  '       2x2      - 

( 7 )  {d/),=  -^dx,,  dp i  =     "  i  ''  dx.  ■+■  —  dx., , 
dz  =  ^  (Ix, 

pI 
admet  deux  intégrales  en  involulion 

(8)  x,s^^,  =  C„        f  =  C,. 

))   L'intégrale  complète  des  équations  (6)  et  (8),  transformées  à  la  ma- 
nière de  M.  A.  Mayer,  est 

z'  =  —  ^'^* ! 

\^  C  --C      r  '       r- 

»       -  »^  —  U,  .7 ., çjJ-1 

»   Les  déterminants  fonctionnels 

ne  s'annulant  pas,  nous  obtiendrons  par  la  voie  indiquée  l'intégrale  géné- 
rale du  système  (7) 

;"  —  a,  b, 

2(5»—  «,i„)f'  o\  /^ 

■r,  = bf^^'  ^^'  —  a?,  )-)-«, ,         .r,  =  «,  4/  _i, 


(')  Voir  mes  Notes,  Comptes  rendus,  t.  CXXVIll,  p.  166  et  274. 


(  37  ) 
x",x"  étant  des  valeurs   données,   o,,a.,,z",lj,,h.^   des  constantes   arbi- 
traires, représentant  les  valeurs  initiales  des  variables  x.j,x.,,  z,p.^,p:^.  En 
éliminant  a.,,  h,  entre  les  trois  premières  de  ces  dernières  équations,  on 
obtient  Tinlégrale  cherchée 


3  (^.o-  b,_  y/g  .n)  Ç/^  {.r,  -  x\  )  {œ,-  «.  r- 


fl,,  s",  h.,  étant  des  constantes  arbitraires. 
))  De  même  pour  l'équation 

{z^  j\l).i)j„_         î  — ,r,.r3 


«i/'a 


=  O, 


en  partant  de  formules  de  ma  Note  précédente,  nous  avons   l'intégrale 
complète 

"  ~    ''i  L   •*"2  ■2-5— "i  J' 

a,,  :",  «.,  étant  trois  constantes  arbitraires.    » 


PHYSIQUE.   —  Étincelle  globulaire  ambulante.  Note  de  M.  Stéphane  Leduc, 

présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Lorsque  deux  pointes  métalliques  très  fines  et  bien  polies,  en  rapport 
chacune  avec  l'un  des  pôles  d'une  machine  électrostatique,  reposent  per- 
pendiculairement sur  la  fi^ce  sensible  d'une  plaque  photographique  au 
gélatinobromure  d'argent  placée  sur  une  feuille  métallique,  les  deux 
pointes  étant  à  5"^^™  ou  lo""  l'une  de  l'autre,  il  se  produit  un  effluve  autour 
de  la  j)ointe  positive,  tandis  qu'à  la  pointe  négative  il  se  forme  un  globule 
lumineux;  lorsque  ce  globule  a  atteint  une  grosseur  suffisante,  on  le  voit 
se  détacher  de  la  pointe,  «  qui  cesse  conij)lètement  d'être  lumineuse  »,  se 
mettre  en  route,  se  déplacer  lentement  sur  hi  plaque,  faire  des  détours, 
s'arrêter,  puis  repartir  vers  la  pointe  positive;  lorsqu'il  arrive  à  celle-ci, 
l'effluve  s'éteint,  tout  phénomène  lumineux  cesse,  et  la  machine  se  désa- 
morce commme  si  ses  deux  pôles  étaient  unis  par  un  conducteur. 

M  La  vitesse  avec  laquelle  le  globule  lumineux  se  déplace  est  très  faible  ; 
il  met  de  une  à  quatre  minutes  pour  parcourir  la  distance  de  5*^""  à  lo'^^"'. 
Parfois,  avant  d'atteindre  la  pointe  positive,  le  globule  éclate  en  deux  ou 


(  '58  ) 
plusieurs  globules  lumineux,  qui  continuent  individuellement  leur  route 
vers  la  pointe  positive. 

»  En  développant  la  plaque,  on  y  trouve  tracée  la  route  suivie  par  le 
globule,  le  lieu  d'éclatement,  les  routes  des  globules  résultant  de  la  divi- 
sion, l'effluve  autQur  de  la  pointe  positive;  enfin,  si  l'on  arrête  l'expérience 
avant  l'arrivée  du  globule  à  la  pointe  positive,  la  photographie  ne  donne 
la  route  que  jusqu'au  point  d'arrêt. 

»  Le  globule  semble  rendre  son  trajet  conducteur.  Si,  pendant  le  voyage 
du  globule,  on  projette  ime  poudre  sur  la  plaque,  du  soufre  par  exemple, 
le  trajet  suivi  par  le  globule  est  marqué  par  une  ligne  de  petites  aigrettes, 
présentant  l'aspect  d'un  chapelet  lumineux. 

»  L'expérience  réussit  sur  une  plaque  voilée  par  la  lumière,  laquelle  ne 
communique  pas  à  la  couche  sensible  la  conductibilité  que  le  globule  lu- 
mineux produit  sur  son  trajet. 

»  Les  étincelles  globulaires  décrites  par  G.  Planté  (')  et  A.  Righi  (-) 
sont,  par  leur  mode  de  production  et  par  leurs  caractères,  très  différentes 
de  celles  qui  sont  étudiées  dans  cette  Note. 

»  De  tous  les  phénomènes  électriques  connus,  celui-ci  semble  présenter 
le  plus  d'analogie  avec  la  foudre  globulaire.   » 


PHYSIOLOGIE.    —    Oscillations  nerveuses,    leur  fréquence.  Note 
de  M.  AcG.  Charpentier,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  La  méthode  que  j'ai  employée  pour  mesurer  la  vitesse  de  propagation 
des  oscillations  provoquées  dans  le  nerf,  par  l'excitation  unipolaire,  m'a 
permis  de  faire  un  pas  de  plus  dans  l'analyse  de  ce  phénomène. 

»  Les  faits  que  j'ai  décrits  jusqu'ici  pourraient  être  interprétés  [jhysio- 
logiquement  en  les  rattachant  à  la  grande  loi  de  l'inexcitabilité  périodique, 
posée  par  Marey  depuis  ses  belles  recherches  sur  le  cœur,  et  qui  tend 
aujourd'hui  à  se  généraliser  aux  divers  appareils  musculo-nerveux.  En 
eflet,  nous  avons  vu  une  excitation  simple  et  bien  limitée,  comme  le  cou- 
rant unipolaire  bref,  amener  dans  le  nerf  un  état  tel  que,  si  l'on  fait  agir 
.sur  lui  une  seconde  excitation  semblable  un  certain  temps  déterminé  après 
la  première,  cette  seconde  excitation  reste  inefficace. 

(')  Comptes  rendus,  19  août  1878. 
(^)  éclairage  électrique,  1896. 


(39) 

»  Mais  nous  avons  constaté  en  outre  un  fait  nouveau,  c'est  que  cet  état 
particulier  du  nerf  se  transmet  au  delà  du  point  excité,  avec  une  certaine 
vitesse  que  nous  avons  mesurée  et  qui  est  précisément  celle  de  l'influx 
nerveux  lui-même. 

»  Reste  un  dernier  phénomène  à  ajouter  aux  précédents,  c'est  que  cet 
état  du  nerf  se  renouvelle  périodiquement;  en  d'autres  termes,  que  l'exci- 
tation crée  dans  le  nerf  un  étal  oscillatoire. 

»  En  effet,  conservons  le  dispositif  expérimental  décrit  dans  ma  dernière  Note 
(26  juin  1899)  et  à  l'aide  duquel  on  peut  envoyer,  à  deux  points  différents  du  nerf, 
deux  excitations  brèves,  se  suivant  de  très  près  à  des  intervalles  variables  ;  seulement 
nous  ne  changerons  rien  à  la  position  des  électrodes  sur  le  nerf,  et  nous  nous  conten- 
terons d'augmenter  graduellement  le  temps  compris  entre  les  deux  excitations;  nous 
verrons  alors  que  l'interférence  se  produit,  non  seulement  pour  un  intervalle  de  temps 
déterminé,  mais  encore  pour  un  second  intervalle  plus  grand,  et  souvent  ainsi  pour 
plusieurs  intervalles  successifs,  séparés  les  uns  des  autres  par  des  périodes  de  reprise 
de  la  contraction.  Il  est  évident  que  la  différence  de  ces  inten,'alles  successifs  donne 
directemenL  la  valeur  de  la  durée  d'une  oscillation  nerveuse  complète. 

»  Bien  que  cette  mesure  soit  délicate,  j'ai  pu  la  faire  pour  les  deux  premiers  inter- 
valles. J'ai  trouvé  entre  eux  des  différences  comprises  entre  j^  et  j^  de  seconde.  Leur 
moyenne  est  YîS~ït  ^^  o",  001 34- 

«  Admettons  cette  valeur  encore  provisoire,  et  rapprochons-la  de  celle  qui  a  été 
trouvée  précédemment  pour  la  vitesse  de  propagation  :  le  produit  de  cette  vitesse  par 
la  durée  d'une  oscillation  nous  donnera  la  longueur  d'onde  dans  le  nerf.  On  a 

36'",  43  X      ■'    -  —  o-jOSS. 

747.5 

La  demi-longueur  d'onde  est,  d'après  cela,  de  17"™,  5  environ. 

1)  Or,  nous  avons  vu,  dans  nos  premières  expériences  sur  les  excitations  faradiques 
unipolaires  (voir  Note  du  12  juin),  que  la  demi-longueur  d'onde  appréciée  directement 
sur  le  nerf  par  une  tout  autre  méthode  était  voisine  de  2'='"  (et  j'aurais  dû  dire  un  peu 
inférieure).  11  s'agit  donc  bien,  dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  du  même  phéno- 
mène :  l'excitation  instantanée  et  limitée  d'un  nerf  détermine,  dans  ce  nerf,  des  oscil- 
lations d'une  fréquence  voisine  de  700  par  seconde. 

»  Ces  oscillations  sont  bien,  tout  nous  l'indique,  de  nature  nerveuse. 
Sont-elles  en  même  temps  de  nature  électrique?  Cela  est  rendu  bien  pro- 
bable par  la  comparaison  des  résultats  précédents  avec  les  mesures  faites 
par  Bernstein  sur  la  variation  négative  des  nerfs  :  d'après  ce  physiologiste, 
la  variation  négative  du  courant  d'action  qui  se  produit  à  la  suite  de  toute 
excitation  nerveuse  (Du  Bois-Reymond)  durerait  de  ,„  ^„„,,  à  Yiï\ôô  ^^  ^^' 
conde  et  se  propagerait  avec  une  vitesse  de  27"  à  28"". 

»  Or,  celte  diu'ée  correspond  bien  à  celle  d'une  demi-oscillation  nerveuse 


(  4o) 

(période  ncgalive  de  noire  oscillation);  la  moyenne  serait,  en  effet, 
ïTrio-  pou''  'e  phénomène  de  Bernstein  et  ^^^  de  seconde  pour  le  nôtre. 
La  vitesse  de  propagation  est  aussi  sensiblement  la  même  dans  les  deux  cas. 

»  Si  celte  identité  se  confirme,  ce  sera  le  premier  pas  décisif  vers  la  dé- 
monstration expérimentale  de  celle  idée  que  l'influx  nerveux  est  réelle- 
ment de  nature  électrique,  idée  déjà  rendue  hautement  probable  par  l'en- 
semble des  travaux  de  M.  d'Arsonval. 

»  Indépendamment  de  sa  portée  théorique,  notre  méthode  constituerait 
aussi  un  nouveau  moyen  d'étude  de  la  variation  négative,  ou  plutôt  des 
courants  d'action  des  nerfs.  Elle  aurait  l'avantage  de  ne  pas  exiger  de  lé- 
sion du  nerf  pour  déceler  les  manifestations  électriques  de  son  activité. 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  il  n'est  pas  sans  importance  de  constater  objective- 
ment dans  le  nerf  moteur  le  phénomène  que  j'ai  déjà  découvert  dans  la 
rétine,  et  qui  a  été  retrouvé  par  MM.  André  Broca  et  Richel  dans  l'écorce 
motrice  du  cerveau  :  la  production  d'oscillations  dans  un  appareil  nerveux 
à  la  suite  de  son  excitation.  Le  rythme  seul  diffère  suivant  l'appareil  en- 
visa  eré.    ') 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  nature  et  la  cause  du  phénomène  des  cohéreurs  (  '  ).  Note 
de  M.  Thomas  Tommasi.va,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

H  Des  expériences  conduites  systématiquement  dans  le  but  d'élucider  le 
phénomène  des  variations  de  conductibilité  des  limailles  métalliques  et 
en  général  des  poudres  des  corps  conducteurs  quelconques,  sous  l'action 
des  courants  induits  par  les  ondes  électriques,  me  permettent  d'établir  les 
conclusions  suivantes  : 

»  1.  L'augmentation  de  la  conductibilité  électrique  des  limailles  est  la 
conséquence  de  la  formation  de  chaînes  rendues  conductrices,  par  des 
adhérences  entre  grain  et  grain. 

»  2.  La  formation  des  chaînes  dépend  de  l'orientation  de  ces  corpuscules 
conducteurs  suivant  les  lignes  de  force  du  champ  électrique  constitué  par 
la  différence  de  potentiel  entre  les  deux  électrodes. 

»  3.  Les  adhérences  conductrices  sont  la  conséquence  de  réchauffe- 
ment des  très  petits  contacts  produit  par  l'éclatement  d'une  série  d'étin- 
celles. 

(')  Genève,  laboratoire  de  l'Université. 


(  4i  ) 

))  On  pourrait,  à  la  rigueur,  déduire  ces  conclusions  de  mes  précédentes 
Notes;  mais  je  pense  pouvoir  leur  donner  une  base  solide  par  les  faits  nou- 
veaux que  je  vais  signaler. 

»  Formation  instantanée  de  chaînes  verticales  sans  aucun  contact  préalable  entre 
les  électrodes  et  la  limaille.  —  Ces  chaînettes,  que  j'appellerai  à! auto-formation,  se 
produisent  moins  facilement  dans  l'air  que  dans  les  liquides  diélectriques.  Dans  l'air, 
il  faut  empêcher  les  fortes  décharges  disruptives,  car  dans  ces  recherches  j'opérais  avec 
le  courant  induit  d'une  bobine  de  RuhmkorfT  de  grande  dimension,  pouvant  donner 
des  étincelles  de  35™  de  long.  Il  suffit  pour  cela  d'intercaler  une  large  planchette  de 
bois  horizontale  d'une  épaisseur  suffisante  entre  les  électrodes,  et  placer  la  limaille  sur 
la  planchette,  les  électrodes  étant  maintenues  à  une  certaine  distance.  En  faisant  les 
interruptions  à  la  main,  on  voit  à  chaque  décharge  la  chaîne  se  former  immédiatement 
et  rejoindre  l'électrode  qui  se  trouve  du  même  côté. 

»  Dans  l'eau  distillée,  j'ai  pu  voir  se  produire  des  chaînettes  A' auto-formation  de 
plus  de  o™,20  de  long,  en  laissant  agir  l'interrupteur  de  la  bobine.  Dans  ce  cas,  la 
formation  n'est  pas  instantanée,  mais  la  chaîne  emploie  moins  d'une  seconde  pour 
arriver  à  adhérer  à  l'électrode  supérieure.  Si  l'on  diminue  le  courant  en  laissant  les 
électrodes  à  la  même  distance,  on  voit  se  former  et  monter  verticalement  une  quantité 
de  chaînettes  qui  semblent  concourir,  en  s'efforçant  par  des  élans  rapides,  à  rejoindre 
le  but.  En  augmentant  graduellement  l'intensité  du  courant,  l'une  des  chaînes  peut 
atteindre  l'électrode  et  y  adhérer.  L'efl'et  immédiat  est  de  faire  tomber  en  fragments 
toutes  les  autres  chaînettes  et  de  faire  cesser  tout  mouvement  dans  la  limaille.  La 
chaîne  conductrice  reste  formée  et  ne  se  détruit  pas,  même  par  des  secousses  très  vio- 
lentes; mais  si  l'on  interrompt  le  courant,  le  plus  léger  choc  suffit. 

»  Ayant  mis  un  peu  de  limaille  au  fond  d'un  tube  de  verre,  en  forme  de  V,  rempli 
d'eau  distillée,  et  ayant  disposé  les  électrodes  à  une  distance  de  o"',i.5,  dans  les  deux, 
branches  du  tube,  j'ai  pu  observer  le  même  phénomène,  mais  en  double,  c'est-à-dire 
qu'il  se  produisit,  en  partant  de  la  limaille,  dans  chaque  branche.  Les  électrodes  étant 
sorties  de  l'eau  et  des  étincelles  éclatant  sur  le  liquide,  les  chaînettes  se  forment 
comme  auparavant  et  chacune  se  prolonge  jusqu'à  peu  de  distance  des  points  frappés 
par  les  décharges. 

«  Dans  l'obscurité,  on  voit  des  séries  de  petites  étincelles  alignées  qui  forment  de 
vraies  chaînes  lumineuses,  dont  la  longueur  dépend  de  l'intensité  du  courant.  Au 
sommet  de  toutes  ces  ciiaînettes  en  formation,  on  voit  une  sorte  d'effluve  qui  produit 
un  vif  mouvement  dans  la  limaille;  mais  lorsque  la  chaîne  conductrice  réunissant  les 
électrodes  est  bien  établie,  tout  mouvement  et  toute  étincelle  cessent. 

))  Fantômes  ou  spectres  des  lignes  de  force  électriques  par  les  chaînes  de  limaille 
dans  l'eau  distillée.  —  La  production  de  chaînes  entre  deux  décharges  disruptives 
m'ayant  fait  entrevoir  la  possibilité  de  rendre  visibles  les  lignes  de  force  d'un  champ 
électrique  au  moyen  des  limailles,  j'y  suis  parvenu  de  la  façon  suivante.  Dans  un  réci- 
pient très  large  et  à  fond  plat,  j'ai  étalé  de  la  limaille  d'argent,  recouverte  d'une  couche 
d'eau  distillée  de  3°""  à  4"'™  d'épaisseur  seulement.  Deux  fils  d'aluminium,  renfermés 
dans  deux  tubes  de  verre,  étaient  placés  obliquement  et  s'écartaient  à  leur  partie  supé- 
rieure, pour  empêcher  les  décharges;  les  autres  extrémités,  sortant  à  peine  de  quelques 

C.   R.,  1S99,   -y  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  1.)  6 


(  12  ) 

millimètres  des  tubes,  étaient  recourbées  de  façon  à  être  verticales  dans  Feau  et  tou- 
chaient le  fond  du  vase.  Sous  l'action  d'un  courant  moins  intense  que  dans  les  expé- 
riences précédentes,  j'ai  vu  tout  de  suite  rayonner  des  deux  pointes  d'aluminium,  con- 
stituant les  électrodes,  une  quantité  de  chaînettes  qui  s'alignaient  selon  des  courbes 
parfaitement  identiques  à  celles  des  limailles  de  fer  des  fantômes  magnétiques.  Mais 
dès  que  la  chaîne  conductrice  entre  les  électrodes  était  formée,  il  semblait  en  résulter 
l'arrêt  de  la  formation  des  autres;  pour  obtenir,  le  spectre  complet,  j'ai  dû  rompre 
continuellement  avec  une  baguette  en  verre  la  chaîne  conductrice,  car  elle  se  reformait 
chaque  fois  immédiatement.  En  aspirant  l'eau  avec  une  pipette  et  en  faisant  évaporer 
le  reste,  j'ai  pu  conserver  le  spectre  électrique  ainsi  obtenu. 

»  Si,  pendant  cette  expérience,  on  fait  l'obscurité,  et  si,  après  avoir  augmenté  le 
courant,  on  donne  au  récipient  un  mouvement  oscillatoire,  on  observe  un  certain 
nombre  de  lignes  de  force  qui  se  dessinent  par  des  chaînes  lumineuses. 

»  Ces  expériences  font  voir  sous  une  forme  agrandie  ce  qui  doit  se  passer 
dans  le  champ  très  limité  du  cohéreur.   » 


MAGNÉTISME.  —  Sur  la  position  des  points  de  transformation  magnétique  des 
aciers  au  nickel.  Note  de  M.  L.  Dchas,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

«  Les  travaux  de  MM.  J.  Hopkinson,  H.  Le  Chatelier,  Ch.-Ed.  Guil- 
laume, Osmond,  ont  déterminé  la  position  des  points  de  transformation 
magnétique  des  alliages  de  fer  et  de  nickel.  Lorsque  la  teneur  en  nickel 
est  voisine  de  20  pour  100,  le  point  de  l'échelle  des  températures  où  com- 
mence à  apparaître  le  magnétisme,  pendant  le  refroidissement,  est  peu 
éloigné  de  0°  :  il  se  relève  rapidement,  soit  que  la  teneur  en  nickel  diminue 
(alliages  dénommés  par  M.  Guillaume  irréversibles),  soit  qu'elle  augmente 
(alliages  réversibles). 

»  Nous  avons  été  amenés  à  constater  que  les  aciers  au  nickel  ayant  la 
composition  suivante  :  C  =  o,  6  à  o,  8,  Mn  :=  o,  5,  Ni  ^  20  à  23,  Cr  =  2  à 
3  pour  100,  ne  sont  pas  magnétiques  à  la  température  ordinaire,  et  ne  se 
transforment  pas  sous  l'iniluence  du  refroidissement,  même  après  l'immer- 
sion dans  l'air  liquide  ('). 

»   Cette  constatation  a  été  le  point  de  départ  de  nos  recherches  (-). 

(')  Grâce  à  l'obligeant  intermédiaire  de  M.  Guillaume,  M.  le  professeur  J.  Dewar  a 
bien  voulu  faire  cette  expérience  en  mai  et  juin  1897  sur  trois  échantillons  :  l'un  d'eux 
a  subi  la  transformation  magnétique. 

(')  La  Société  de  Commentry-Fourchambault  nous  a  chargé  de  la  direction  de  ces 
recherches,  qui  ont  été  faites  à  l'usine  d'Imph y  par  les  soins  de  MM.  Adenot,  directeur  ; 
Girin,  ingénieur  principal;  Dauphin,  Gineste  et  Coupeaud.  ingénieurs. 


1. 


II. 


(43) 

Nous  avons  préparé  des  échantillons  dont  nous  donnons  ci-après  les  ana- 
lyses, suivies  de  l'état  magnétique  à  la  température  ordinaire  -+-  i5°,  dans 
la  neige  carbonique  —  78",  et  pour  quelques-uns  dans  l'air  liquide 
—  188"  (').Pour  plus  de  clarté,  nous  groupons  les  teneurs  en  nickel  voi- 
sines. Dans  chaque  groupe,  nous  classons  les  échantillons  par  ordre  de 
teneur  en  carbone  : 


111. 

IV. 
V. 


Corn 

ipositiou  chi 

imique  pour 

100. 

!\Iagnélisnie 

Carbone. 

Silicium. 

Manganèse, 

Nickel. 

à  +  1  j°. 

à  -  78". 

à  —  1S8". 

1,37 

0,41 

2,7' 

10,00 

très 

faible 

très  faible 

permanent 

0,07 

0,25 

1,45 

i5,48 

très  fort 

très  fort 

0,19 

0,  12 

0,73 

i4,55 

très 

fort 

très  fort 

0,73 

0,38 

o,4i 

15,92 

très 

faible 

peroiaucnl 

I  ,o3 

0,37 

1,22 

i4,44 

nul 

permanent 

.,i3 

0,38 

«,89 

i5,88 

nul 

nul 

permanent 

1,36 

0,55 

2,07 

i4,8o 

nul 

nul 

o,i5 

0,  i5 

o,3i 

24,06 

très 

faible 

très  fort 

0,34 

0,22 

o,5i 

24,04 

très  faible 

très  fort 

o,4i 

0,23 

0, 1 1 

24,  o5 

nul 

permanent 

0,64 

0,27 

0,88 

24,61 

nul 

nul 

non  permanent 

o,85 

0,47 

j,4i 

23,35 

nul 

nul 

0,39 

0,23 

0,43 

25,38 

nul 

permanent 

0,62 

o,4i 

0,80 

25,45 

nul 

non  permanent 

0,23 

0,17 

0,18 

27,12 

nul 

permanent 

0,26 

o,i4 

0,36 

27,72 

très 

faible 

non  permanent 

permanent 

»  L'examen  du  Tableau  (^)  nous  amène  aux  conclusions  qui  suivent: 
»    i"  La  position  du  point  de  transformation  magnétique  ne  dépend  pas 

exclusivement  de  la  teneur  en  nickel;  dans  chaque  groupe,  les  points  de 

transformation  sont  répartis  sur  l'échelle  des  températures  entre  des  limites 

éloignées  de  plusieurs  centaines  de  degrés. 

»   2°  Dans  chaque  groupe,  le  point  de  transformation  peut  être  abaissé 

par  des  additions  de  carbone  et  de  manganèse,  ce  qui  permet  d'obtenir 


(')  C'est  à  la  grande  obligeance  de  M.  d'Arsonval  que  nous  devons  d'avoir  pu  donner 
à  nos  expériences  l'extension  très  intéressante  dont  les  résultats  sont  consignés  dans  la 
dernière  colonne  du  Tableau,  Nous  lui  en  exprimons  notre  vive  gratitude. 

(^)  M.  Osmond,  poursuivant  ses  remarquables  travaux  sur  les  modifications  allo- 
tropiques du  fer,  a  eu  recours  au  refroidissement  dans  l'air  liquide.  Il  a  signalé  récem- 
ment {Comptes  rendus,  t.  CXXVlll,  p.  iSgS,  5  juin  1899)  deux  aciers  à  29,07  et 
3,77  pour  100  de  nickel  qui  deviennent  magnétiques  dans  l'air  liquide.  11  a,  de  plus, 
démontré  que,  dans  l'austénite,  le  carbone  seul,  sans  aucun  auxiliaire,  abaisse  le 
point  de  transformation  du  fer  bien  loin  au-dessous  de  0°.  Ces  résultats  sont  confir- 
més et  généralisés  par  nos  propres  constatations. 


(44) 

des  aciers  non  magnétiques  à  basse  température,  même  avec  des  teneurs 
en  nickel  très  faibles. 

»  3°  Certains  aciers  de  teneur  en  nickel  supérieure  à  24  pour  100  ont 
acquis,  parle  refroidissement,  un  magnétisme  non  permanent,  c'est-à-dire 
qui  ne  subsiste  pas  à  la  température  ordinaire  (réversibles  de  M.  Guillaume); 
d'autres,  faisant  partie  des  mêmes  groupes,  ont  acquis  par  le  refroidis- 
sement le  magnétisme  permanent  (irréversibles).  L'un  des  échantillons 
possède  même  cette  propriété  remarquable  d'être  successivement  non 
magnétique  à  +  i5°,  magnétique  non  permanent  à  —  78°,  magnétique 
permanent  à  — 188°. 

»  4°  L'influence  du  carbone  est  nettement  prépondérante;  quelques 
millièmes  de  cet  élément  suffisent  pour  amener  le  point  de  transformation 
dans  le  voisinage  de  —  188°,  tandis  que  celui  des  alliages  de  fer  et  de 
nickel,  qui  sont  d'ailleurs  toujours  un  peu  carbures,  ne  descend  jamais  au- 
dessous  de  0°.  Les  proportions  de  manganèse  sont  assez  faibles  pour  que 
l'influence  de  cet  élément  puisse  être  considérée  comme  négligeable,  rela- 
tivement à  celles  du  carbone  et  du  nickel.  Le  manganèse  a  été  introduit 
pour  favoriser  la  dissolution  du  carbone  et  éviter  sa  précipitation  à  l'état 
de  graphite. 

»  Le  cbrome  est  un  dissolvant  du  carbone  plus  énergique  encore  que  le 
manganèse,  il  a  une  action  très  favorable  sur  la  ductilité  à  chaud  et  à  froid, 
c'est  ainsi  que  nous  avons  été  amenés  à  préparer  un  certain  nombre  d'échan- 
tillons d'acier  au  nickel  contenant  des  proportions  variées  de  chrome  : 


Composi 

tion  chimie 
.    Chrome. 

jue  pour  1011. 

Magnétisme 

Carbone. 

Silicium 

Manganèse. 

Nickel. 

à  +  15°. 

à  —  78°. 

à  —  188». 

VI. 

o,36 

0,47 

14.4 

0,60 

o>9 

très  fori 

très  fort 

très  fort 

/  0,52 

(2,13 

0,24 

2,83 

0,59 

4,9^ 

très  fort 

très  fort 

VII. 

» 

3,12 

0,93 

5,0.5 

très  faible 

très  faible 

0,54 

3,92 

5,o5 

4,96 

nul 

nul 

Mil. 

'.77 

o,4o 

3,19 

2,78 

7,28 

nul 

nul 

nul 

[  o,3i 

0,42 

2,92 

o,46 

10,20 

liés  fort 

très  fort 

1\. 

1  0,73 

o,.58 

2,70 

0,61 

12, o4 

nul 

permanent 

(  t  ,10 

0,34 

3,55 

o,9' 

.3,34 

nul 

nul 

nul 

/  0.07 

0,23 

2,74 

0,96 

17,24 

très  fort 

très  fort 

0,19 

o,3i 

0,98 

0,26 

17, 5o 

très  fort 

très  fort 

0,29 

o,3o 

9,0.5 

0,  i3 

i5,5o 

nul 

nul 

nul 

X. 

0,33 

0,21 

2,83 

0,60 

i5,o8 

nul 

permanent 

o,4o 

0,47 

.,75 

0,63 

t6,o6 

nul 

permanent 

1  o,5o 

0,24 

'.77 

0,53 

16,68 

nul 

permanent 

f  0,53 

0,3.5 

3,02 

0,82 

i6,o5 

nul 

nul 

nul 

1  0.71 

o,58 

2,02 

'>«7 

16,16 

nul 

nul 

(  45  ) 


\I. 


Composit 

jori  ciiiiniq 

Lie  pi.iur 
Mangr 

100 

Carbone. 

Silii'iiini. 

Chrome. 

muse. 

Nickel. 

à  -4- 

15». 

0,10 

0,21 

0,43 

0,32 

21,84 

Irès 

fort 

,  0,27 

0,28 

o,56 

0,45 

22,08 

très 

fort 

'0,28 

0  ,  29 

0,59 

o,36 

23  ,  06 

nul 

1  o,3o 

0,20 

0,53 

0,27 

23,73 

mil 

1  o,3i 

0, 25 

■5,29 

0,23 

24,20 

nul 

'  0,45 

0,35 

0,28 

0,66 

24,26 

nul 

0,63 

0,94 

2,53 

o,4i 

27,16. 

très 

faible 

(0,11 

0,23 

9.87 

0,70 

fer 

(') 

1,65 

nul 

0,46 

0,  .32 

9'4o 

1,72 

fer 

1,75 

nul 

(  0,96 

0,49 

9,62 

.,45 

fer 

1 ,  45 

nul 

Maenélisnie 


à  —78°.  à  —  188". 

très  fort 
très  permanent 
permanent 
permanent 

nul  non  permanent 

nul  permanent 

non  permanent     non  permanent 
nul  non  permanent 

nul  non  permanent 

nul  non  permanent 

»  L'action  du  carbone  reste  jîrépondérante  dans  la  plupart  des  échan- 
tillons composant  ce  Tableau,  mais  elle  jnirait  nulle  lorsque  le  nickel  rem- 
place à  peu  près  complètement  le  fer.  Par  contre,  le  chrome  n'abaisse  pas 
le  point  de  transformation  des  aciers  à  très  faible  teneur  en  nickel,  mais  il 
abaisse  considérablement  celui  des  aciers  au  nickel  à  forte  teneur,  et  no- 
tamment celui  des  aciers  au  nickel  sans  fer  ou  pouvant  être  considérés 
comme  tels. 

»  Le  magnétisme  acquis  par  le  refroidissement  est  encore,  comme 
celui  des  aciers  non  chromés,  soit  permanent,  soit  non  permanent.  Quatre 
échantillons,  dont  les  teneurs  en  nickel  diffèrent  notablement,  mais  qui 
sont  très  fortement  chromés,  sont  restés  non  magnétiques,  même  dans 
l'air  liquide.  L'abaissement  le  plus  considérable  du  point  de  transforma- 
tion a  été  obtenu  par  l'action  combinée  du  carbone  et  du  chrome.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  le  dosage  volumétrique  du  zinc  (-).  Note  de 
M.  PocGET,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Plusieurs  méthodes  ont  été  proposées  pour  le  dosage  volumétrique 
du  zinc  (')  : 

»  I"  Scliaffner  précipite  le  zinc  en  solution  ammoniacale  avec  une  liqueur  titrée 
de  sulfure  de  sodium;  la  fin  de  la  réaction  est  indiquée,  soit  par  la  coloration  noire 
que  prend  le  sesquioxyde  de  fer  précipité  mis  en  suspension  dans  la  liqueur,    soit  par 


(')  La  teneur  en  nickel  s'obtient  par  difi'érence. 

(')  Laboratoire  de  Chimie  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Rennes. 

(')  ,1.  PosT,  Traité  d' Analyse  chimique,  p.  33i. 


(4G) 

des  essais  à  la  Inuche  sur  des  papiers  imprégnés  de  solutions  métalliques  donnant 
avec  le  sulfure  de  sodium  un  précipité  noir; 

»  2"  Fahlberg  précipite  le  zinc  en  solution  acide  avec  une  liqueur  titrée  de  ferro- 
cyanure  de  potassium.  La  réaction  est  terminée  lorsqu'une  goutte  du  liquide  soumis  à 
l'essai  donne  avec  une  goutte  d'azotate  d'urane  une  coloration  rouge  brun  ; 

»  3"  Sc/iH'«/'J précipite  le  zinc  en  solution  ammoniacale  par  le  sulfure  de  sodium;  le 
sulfure  de  zinc  précipité  est  lavé  et  mis  en  digestion  avec  une  solution  de  chlorure 
ferrique  qui  le  décompose  d'après  l'équation 

ZnS  +  Fe^Cl»^  ZnCl^-H  S  -H  2FeCP, 

la  quantité  de  sel  ferreux  formé  est  déterminée  avec  une  solution  titrée  de  perman- 
ganate. 

»  Dans  la  première  méthode,  qui  est  la  plus  répandue,  la  liqueur  titrée  de  sulfure 
de  sodium  est  tellement  altérable  qu'il  est  nécessaire  d'en  prendre  le  titre  chaque 
jour,  ou  avant  chaque  série  d'essais.  De  plus,  si  on  se  sert  de  sesquioxyde  de  fer  comme 
indicateur,  la  fin  de  la  réaction  est  difficile  à  saisir;  dans  le  cas  contraire,  cette  mé- 
thode présente  les  mêmes  inconvénients  que  la  seconde. 

»  Dans  celle-ci,  la  liqueur  titrée  est  très  stable,  mais  la  fin  de  la  réaction  est  in- 
diquée par  des  essais  à  la  touche  qui  rendent  l'analyse  très  longue,  lorsqu'on  n'a  au- 
cune donnée  sur  la  proportion  de  zinc  contenue  dans  la  liqaeur  à  analyser. 

»  L'inconvénient  le  plus  grave  de  la  troisième  méthode  réside  dans  le  lavage  du 
sulfure  de  zinc  :  c'est  une  opération  longue  et  difficile. 

»  De  plus,  la  décomposition  du  sulfure  de  zinc  par  le  perchlorure  de  fer  ne  se  fait 
bien  qu'en  liqueur  chlorhydrique,  ce  qui  peut  entraîner  des  pertes;  et  le  dosage  du 
fer  en  solution  chlorhydrique  par  le  permanganate  est  toujours  délicat. 

»  La  méthode  que  j'ai  utilisée  pour  le  dosage  du  zinc  est  celle  que 
MM.  Rollet  et  Campredon  emploient  pour  le  dosage  du  soufre  (  '  ). 

»  La  dissolution  de  zinc  est  précipitée  par  l'hydrogène  sulfuré;  le  sul- 
fin-e  de  zinc  est  mis  en  contact  avec  un  volume  connu  et  en  excès  d'une 
liqueur  titrée  d'iode  qui  le  décompose  d'après  l'équation 

ZnS-H2l  =  ZnI^-HS; 

la  réaction  est  complète  au  bout  de  quelques  minutes;  on  mesure  l'excès 
d'iode  avec  une  liqueur  titrée  d'hyposulfite  de  soude,  en  se  servant  d'em- 
pois d'amidon  comme  indicateur.  La  fin  de  la  réaction  se  fait  donc  avec  la 
plus  grande  netteté. 

»  Mais  la  méthode  ne  peut  être  pratique  que  si  l'on  évite  la  fdlration  et 
le  lavage  du  sulfure  de  zinc;  j'arrive  à  ce  résultat  par  le  mode  opératoire 
suivant,  c'est  celui  qui  m'a  donné  les  meilleurs  résultats  : 


(')  Campkedon,  Guide  pratique  du  chimiste  métallurgiste,  p.  55;. 


(47  ) 

»  A  la  solution  acide  de  zinc  j'ajoute  d'abord  de  l'acétate  de  sodium  (ao'""  de  solu- 
tion à  lo  pour  loo,  pour  oS'',i  de  zinc),  puis  de  l'ammoniaque  ijoutte  à  goutte  jusqu'à 
ce  qu'il  se  forme  un  précipité  persistant,  et  enfin  un  excès  d'une  solution  saturée 
d'hydrogène  sulfuré  (roo'^''  pour  oB'',i  de  zinc). 

»  La  liqueur  ainsi  préparée  est  portée  à  rébullilion  Juxqu'à  ce  que  toute  trace 
d' hydrogène  sulfuré  ait  complètement  disparu  :  ce  résultat  est  généralement  atteint 
après  trois  quarts  d'heure  d'ébullition;  il  n'3'  a  d'ailleurs  aucun  inconvénient  à  la  pro- 
longer plus  longtemps. 

»  Après  refroidissement,  j'ajoute  au  liquide  un  volume  exactement  mesuré  avec  une 
pipette  d'une  solution  titrée  d'iode,  le  sulfure  de  zinc  se  décompose  très  rapidement 
pourvu  que  la  quantité  d'iode  soit  suffisante  ;  au  bout  de  quelque  temps,  le  soufre  nage 
dans  la  liqueur  brune  mais  parfaitement  limpide.  Il  n'v  a  plus  qu'à  mesurer  l'excès 
d'iode  :  je  verse  avec  la  burette  la  solution  titrée  d'hyposulfite  jusqu'à  ce  que  la  liqueur 
ait  une  teinte  jaune  très  faible;  à  ce  moment,  je  sensibilise  par  quelques  gouttes 
d'amidon  et  je  continue  à  verser  l'hyposulfile  jusqu'à  disparition  de  la  teinte  bleue. 

»  Dans  mes  essais,  je  me  suis  servi  de  solutions  normales  d'iode  et  d'hyposulfite. 
Dans  la  plus  mauvaise  des  déterminations  l'erreur  est  encore  inférieure  à  yoo- 

»  Dans  cette  méthode,  la  filtration  et  le  lavage  du  sulfure  de  zinc  sont 
remplacés  par  une  opération  ne  nécessitant  aucune  surveillance;  les 
liqueurs  titrées  sont  de  bonne  conservation,  leur  titre  est  d'ailleurs  facile 
à  vérifier;  la  réaction  finale  est  très  nette  et  s'opère  dans  la  liqueur 
essayée.   » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  préparation  et  les  propriétés  des  arséniiires  de 
strontium,  de  baryum  et  de  lithium  (').  Note  de  M.  P.  Lebeau,  présentée 
par  M.  Henri  Moissan. 

«  Nous  avons  fait  connaître,  dans  une  précédente  Communication  (-). 
un  moyen  de  préparer  l'arséniure  de  calcium  As"Ca^  par  la  réduction  de 
l'arséniate  de  calcium  par  le  charbon  à  la  température  du  four  électrique. 
L'application  de  ce  procédé  nous  a  permis  d'obtenir  également  les  arsé- 
niures  de  strontium,  de  baryum  et  de  lithium. 

»  Arséniure  de  strontium  As-Sr'.  —  L'arséniure  de  strontium  n'avait  pas  encore 
été  préparé  jusqu'ici. 

»  On  fait  un  mélange  intime  d'arséniate  de  strontium  et  de  charbon,  que  l'on  agglo- 
mère en  petits  cylindres,  ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  pour  l'arséniure  de  calcium. 
Les  proportions  employées  sont  les  suivantes  : 

Arséniate  de  strontium 100  parties 

Coke  de  pétrole  pulvérisé 18       » 


(')  Ce  Travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  M.  Moissan,  à  l'École  de  Pharmacie. 
(')  P.  Lebeau,  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  95. 


(  'l«  ) 

»  La  durée  de  la  chauffe  est  de  trois  mimiies  pour  un  courant  de  950  ampères  sous 
45  volts.  Le  mélange  est  placé  soil  dans  un  creuset,  soit  dans  un  tube  de  charbon 
fermé  à  l'une  de  ses  extrémités.  On  obtient  une  matière  fondue,  à  cassure  cristalline, 
d'un  rouge  brun  plus  ou  moins  foncé.  Le  produit  est  introduit  aussitôt  que  possible 
dans  des  flacons  bien  boucliés  ou  mieux  dans  des  tubes  scellés. 

»  L'analyse  nous  a  montré  que  cette  matière  est  formée  d'arséniure  de  strontium 
fondu  As-Sr'  mélangé  d'un  peu  de  carljure  et  de  graphite.  Les  chiffres  ci-dessous 
expriment  le  rapport  du  strontium  à  l'arsenic,  déduction  faite  de  la  petite  quantité  de 
carbure  de  calcium  qui  s'est  formée  en  mêtne  temps  et  qu'il  est  presque  impossible 

d'éviter  : 

Théorie 
I.  II.  III.  pour  As^Sr^ 

Sr  pour  100 62,83  63,1 3  62,97  63,63 

As        )<        37,17  36,88  37,03  36,36 

»  L'aspect  de  l'arséniure  de  strontium  n'est  pas  sensiblement  différent  de  celui  de 
l'arséniure  de  calcium.  Comme  ce  dernier  il  est  transparent  sous  le  microscope  et 
présente  une  coloration  rouge  brun.  La  densité  à  15°=  3,6. 

»  Le  fluor  réagit  à  froid  avec  incandescence  et  produit  des  fumées  blanches  de 
fluorure  d'arsenic.  Le  chlore  l'attaque  avec  production  d'une  incandescence  vive 
à  160".  Dans  le  brome,  la  réaction  s'effectue  au-dessus  de  200°.  Il  brûle  également 
dans  la  vapeur  d'iode  surciiauffée. 

»  L'oxygène  et  la  vapeur  de  soufre  donnent  lieu  à  une  combustion  vive  au-dessus 
du  rouge  sombre. 

»  Le  carbone  le  décompose  à  la  température  du  four  électrique  et  le  transforme 
intégralement  en  carbure  de  strontium.  Cette  réaction  montre  combien  la  durée  de  la 
chauffe  peut  influer  sur  la  pureté  de  l'arséniure. 

»  L'eau  réagit  sur  ce  composé  comme  sur  l'arséniure  de  calcium;  il  se  produit  de 
l'hydrate  de  strontium  et  de  l'hydrogène  arsénié. 

»  L'arséniure  de  strontium  réduit  la  plupart  des  oxydes  métalliques  et  est  violemment 
détruit  par  les  oxvdants.  Ces  réactions  sont  en  tous  points  comparables  à  celles  de 
l'arséniure  de  calcium. 

»  Arséniure  de  baryum  :  As-Ba'.  —  La  préparation  de  l'arséniure  de  baryum  a  été 
tentée  seulement  par  Soubeiran  ('),  qui  a  fait  réagir  les  vapeurs  d'arsenic  et  l'hydro- 
gène arsénié  sur  la  baryte  :  «  Dans  ces  expériences,  dil-il,  la  baryte  devient  noire  et 
»  il  se  fait  de  l'arséniate  et  de  l'arséniure  de  baryum.  La  décomposition  est  toujours 
»  très  imparfaite  et  des  parcelles  d'oxyde  obéissent  seules  à  l'action  décomposante  de 
»  l'arsenic.  »  îVous  n'avons  eu  connaissance  d'aucun  travail  publié  depuis  cette  époque, 
sur  les  arséniures  alcalino-terreux. 

»  Nous  avons  utilisé,  pour  la  préparation  de  l'arséniure  de  barvum,  le  mélange 
suivant  : 

Arséniate  de  baryum 70  parties. 

Coke  de  pétrole 10        » 


(')  SoiBEiRAN,  Mcmoires  xiir  les  arséniures  d'hydrogène  {Annales  de  Chimie  ei 
de  Physique,  x'  série,  t.  XLIll,  p.  412). 


(  49  ) 

»  La  durée  de  la  chauffe  au  four  électrique  est  environ  de  trois  minutes  pour  un 
courant  de  gSo  ampères  sous  /[S  volts.  On  observe  les  mêmes  précautions  que  dans  le 
cas  des  arséniures  de  calcium  et  de  strontium.  Le  produit  fondu  que  l'on  obtient  est 
de  l'arséniure  de  baryum  sensiblement  pur  répondant  à  la  formule  As^Ba'.  Il  nous  a 
été  possible  d'obtenir  un  échantillon  à  peu  près  pur,  ne  renfermant  que  des  traces  de 
carbure,  qui  nous  a  permis  d'établir  directement  la  formule  de  ce  composé  : 

Théorie 
I.  II.         pourAs-Ba'. 

Ba  pour  100 72,63         72,80         73,27 

As  »       24,98         25,32         26,73 

i>  L'arséniure  de  baryum  présente  une  coloration  un  peu  plus  foncée  que  les  deux 
autres  arséniures  alcalino-terreux.  Au  microscope,  sa  coloration  est  sensiblement  la 
même.  Il  paraît  plus  fusible  et  donne  une  masse  plus  compacte. 

«  Sa  densité  à  i5°=:4ii-  Les  propriétés  chimiques  de  ce  composé  sont  tout  à  fait 
comparables  à  celles  des  arséniures  de  calcium  et  de  strontium,  quoique  nettement 
plus  énergiques.  Il  brûle  à  froid  dans  le  fluor,  le  chlore  et  même  le  brome.  Un  frag- 
ment d'arséniure  de  baryum,  projeté  dans  le  brome,  s'enflamme,  tournoie  à  la  surface 
du  liquide  en  donnant  une  incandescence  très  vive. 

»  Dans  l'oxygène,  il  brûle  vers  3oo°  et  dans  la  vapeur  de  soufre  au-dessous  du 
rouge  sombre.  L'eau  le  décompose  rapidement  à  froid  en  donnant  de  la  baryte  hydratée 
et  de  riijdrogène  arsénié.  D'une  façon  générale,  cet  arséniure  présente  une  activité 
chimique  plus  grande  que  les  arséniures  de  calcium  et  de  strontium. 

»  Arséniure  de  lithium  :  AsLi'.  —  Nous  avons  songé  à  utiliser  ce  mode  de  prépa- 
ration des  arséniures  à  l'obtention  des  arséniures  alcalins. 

»  Les  arséniures  de  potassium  et  de  sodium  semblent  bien  se  former  lorsque  l'on 
chauffe  le  mélange  de  l'arséniate  ou  de  l'arsénite  alcalin  avec  le  charbon,  au  four  élec- 
trique; mais  l'instabilité  des  composés  obtenus  et  aussi  l'action  désagrégeante  exercée 
par  les  composés  du  sodium  ou  du  potassium  sur  les  récipients  de  charbon,  que  l'on 
est  obligé  d'employer,  nous  ont  fait  abandonner  ce  moyen  de  les  préparer.  Il  nous  a 
été  possible  cependant  d'obtenir  l'arséniure  de  lithium. 

11  L'arséniate  de  lithium,  bien  sec,  a  été  mélangé  de  charbon  de  sucre  finement  pul- 
vérisé dans  les  proportions  suivantes  :  ^ 

Arséniate  de  lithium  sec 160  parties 

Charbon  de  sucre 4o        » 

))  Ce  mélange  a  été  aggloméré  en  petits  cylindres  et  disposé  dans  des  creusets  de 
charbon  munis  de  couvercles.  Lorsque  la  chauffe  était  d'une  durée  supérieure  à  trois 
minutes,  il  y  avait  presque  toujours  volatilisation  complète  de  la  matière.  En  dimi- 
nuant progressivement  le  temps  de  chauffe,  nons  avons  pu  réaliser  la  réduction  totale 
de  l'arséniate,  sans  volatilisation  notable.  La  durée  de  la  chauffe  était  de  deux  minutes 
à  deux  minutes  et  demie  pour  un  courant  de  gSo  ampères  sous  43  volts. 

»  On  obtient  un  produit  fondu  à  cassure  cristalline,  d'un  brun  foncé,  qui  est  un 
arséniure  de  lithium  ne  contenant  comme  impureté  que  du  carbure  de  lithium  et  du 
charbon.  Un  échantillon  ne  renfermant  qu'une  très  faible  quantité  de  carbure  nous  a 

■;   K  .  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  1.)  7 


(  5o  ) 

fourni  les  résultais  analytiques  suivants,  qui  nous  ont  permis  de  donner  pour  ce  com- 
posé la  formule  de  AsLi'  : 

Théorie 

I.  II.  III.  pour  AsLP. 

As 77,81  77,42  78,07  78,13 

Li 20,98  20,82  20,98  21,87 

Insoluble 2,01  2,56  2,12 

»  L'arséniure  de  lithium  est  un  corps  transparent  lorsqu'on  l'examine  au  micro- 
scope sous  une  faible  épaisseur.  Il  présente  alors  une  coloration  brun  rouge. 

»  Le  fluor,  le  chlore  et  le  brome  le  détruisent  à  froid  avec  incandescence.  Il  suffit 
de  le  broyer  avec  de  l'iode  dans  un  mortier  pour  qu'il  y  ait  aussi  à  froid  une  réaction 
très  vive. 

»  Sa  combustion  dans  l'oxygène  a  lieu  au-dessous  du  rouge  avec  une  vive  lumière 
violacée.  L'arséniure  de  lithium  décompose  l'eau  très  rapidement  et  donne  de  l'hydro- 
gène arsénié  en  même  temps  qu'une  petite  quantité  d'un  produit  floconneux  brun. 
Le  gaz  renferme  presque  toujours  un  peu  d'acétylène  et  d'hydrogène  libre. 

»  Les  oxydants  réagissent  très  énergiquement  sur  ce  composé,  et  il  suffit  de  le 
projeter  dans  l'acide  nitrique  fumant  pour  le  voir  brûler  avec  éclat,  la  réaction  peut 
même  être  dangereuse  et  donner  lieu  à  des  projections.  La  plupart  des  oxydes  métal- 
liques sont  facilement  réduits  à  basse  température. 

'  Conclusions.  —  En  résumé,  nous  avons  préparé,  par  la  réduction  des 
arséniales  alcalino-terreux  par  le  charbon,  à  la  température  du  four  élec- 
trique, les  arséniures  de  calcium,  de  strontium  et  de  baryum. 

"  Ces  composés  se  rattachent  bien,  par  leurs  formules  et  leurs  propriétés, 
aux  azotures  et  aux  phosphures  de  cette  série,  obtenus  à  l'état  de  pureté 
par  M.  Henri  Moissan. 

»  L'action  de  l'eau,  par  exemple,  mérite  d'être  rapprochée  : 

Az=  Ca'  -h  ÔH^'O  =  3Ca(0H)-  +  2 Az  H', 
Ph-Ca^  +  6H»0  =  3Ca(OH)-+2PhH'. 
As=Ca'  +  6H=0  =  3Ca(OH)--t-2As  H^ 

>)  Enfin,  seul  parmi  les  arséniures  alcalins,  l'arséniure  de  lithium  pré- 
sente assez  de  stabilité  pour  être  préparé  au  four  électrique.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Étude  de  l' oxymethylène-cyanacélate  de  méthyle 
et  de  quelques-uns  de  ses  homologues  ('  ).   Note   de  M.   E.   Grégoire 

DE  BOLLEMONT. 

«  M.  L.  Claisen  (-)  considère  les  dérivés  oxyméthyléniques  du  type  de 


(')  Travail  fait  à  llnstitul  de  Nancy,  au  laboratoire  de  M.  Haller. 
{■)  Lieb.  A/m.,  t.  CCXCVII;  1897. 


(  5i  ) 

/COR 
l'éther  oxymélhylène-acétylacétique  C=  CHOH       ,  comme  de  l'acide  for- 

XCOOCH^ 
mique  dans  lequel  l'oxygène  est  remplacé  par   un  carbone  uni  à  deux 
groupements  négatifs 

0  =  CHOH,         ^)C  =  CHOH. 

»  Ces  composés  se  comportent  en  effet,  sous  bien  des  rapports,  comme 
l'acide  formique;  ce  sont  de  forts  acides  monobasiques,  plus  forts  que 
l'acide  acétique.  L'action  négative  plus  ou  moins  grande  des  radicaux  X 
a  la  plus  grande  influence  sur  l'acidité  de  ces  molécules.  En  substituant  au 
radical  CO-  —Rie  radical  plus  négatif  C  Az,  nous  devions  nous  attendre 
à  obtenir  des  composés  présentant  un  caractère  acide  plus  prononcé  que 
celui  des  dérivés  oxyméthyléniques  de  M.  Claisen.  L'expérience  est  venue 
à  l'appui  de  cette  manière  de  voir  et  a  confirmé  la  théorie  de  M.  Claisen. 

»  Préparation.  —  Les  dérivés  oxymétli)'lène-cyanacétiques  s'obtiennent  facilement 
par  saponification  des  éthers  éthoxy-  et  méthoxyméthylène-cyanacéliques  décrits  dans 
ma  précédente  Note  ('  ). 

»  Propriétés  générales.  —  Ces  composés  sont  tous  légèrement  solubles  dans  l'eau, 
solubles  dans  l'alcool  et  l'étlier.  Les  premiers  ternies  cristallisent  facilement.  Ils  dis- 
tillent dans  le  vide  avec  décomposition,  et  cette  décomposition  est  plus  profonde 
à  mesure  que  l'on  s'élève  dans  la  série.  Leurs  solutions  aqueuses,  traitées  par  le  per- 
chlorure  de  fer,  donnent  une  coloration  très  intense  d'un  brun  orangé.  Celte  réaction 
présente  une  grande  sensibilité.  La  propriété  la  plus  remarquable  de  ces  dérivés  c'est 
qu'ils  constituent  de  réels  acides  monobasiques,  plus  forts  que  l'acide  acétique,  pou- 
vant se  titrer  à  l'hélianthine.  Ils  font  eflTervescence  avec  les  carbonates  el  déplacent  l'acide 
acétique  de  ses  sels.  Traités  par  l'ammoniaque,  ils  donnent  les  dérivés  amidés  corres- 
pondants; l'aniline  fournit  de  même  des  composés  anilidométhylène-cyanacétiques. 

CAz 

»   Oxyméthylène-cyanacélate  de  méthyle  :  C=CHOH     .  —  Quand  on  traite  les 

~    COO  CH' 

/'CAz 
alcoyloxyméthylène-cyanacétales  d'alcoyles  de  la  forme  R  OIIC  ^  C^   rnnni  P^*^  ^^ 

l'eau  de  baryte,  on  saponifie,  non  pas  le  groupe  — COOR*,  mais  le  complexe  alcoyl- 

/CAz 

oxyméthylénique  =  CH  OR  et  l'on  obtient  les  sels  de  baryum  des  corps  C=:CH  OH. 

\C02R' 


(')   Comptes  rendus,  l.  CXXVIII,  p.  i338;  1899. 


(  52) 

En  edet,  les  étlioxy-  et  méthoxyméthylène-cyanacélates  de  méthyle 

en  présence  d'eau  de  baryte,  fournissent  un  seul  et  unique  sel  de  baryum 


r   /CAz         T 

c=cno 

L   XCOOCH'J 


Ba; 


ce  dernier  a  été  décomposé  par  l'acide  sulfurique  étendu  qui  met  en  liberté  le  dérivé 
oxyméthylénique. 

»  C'est  un  composé  à  saveur  très  acide,  à  odeur  piquante,  volatil  et  fondant  à  iSô"- 
137°.  Des  expériences  de  conductibilité  faites  sur  cet  acide  et  son  sel  de  soude  ont 
montré  que  l'acide  est  monobasique,  qu'il  s'altère  au  contact  de  l'eau,  mais  que  son 
sel  de  sodium  est  stable.  Son  coefficient  d'affinité  K=^i,5o5  permet  de  le  classer 
parmi  les  acides  organiques  forts,  compris  entre  les  acides  mono-  et  dicldoracétiques. 

[CÂz  y 

C  =  GHO         I   Ba.    -  C'est  une  poudre  légèrement  colorée 
\coocipJ 

en  jaune,  très  peu  soluble  dans  l'alcool  et  i'éllier,  soluble  à  chaud  dans  l'eau.  De  cette 
dissolution  aqueuse  se  séparent,  suivant  les  conditions,  difierents  hydrates.  Celui  à 
une  molécule   d'eau  constitue  une  poudre  blanche  cristalline  qui,  chauflfée  durant 
quelques  heures  à  i5o°,  prend  une  teinte  légèrement  jaune  et  donne  le  sel  anhydre. 
"CAz 
»  Sel  de  cuivre  :  1  C— CHO  1    Cu-i-2H''0.  —  Ce  sel  s'obtient  par  double 


[CAz  -j- 

C-CHO 
XcoochO 


décomposition  entre  le  sel  de  baryum  et  le  sulfate  de  cuivre.  Il  cristallise  avec  deux 
molécules  d'eau.  L'hydrate,  constitué  par  de  petits  cristaux  d'un  beau  vert  tendre, 
chauffé  vers  110°,  perd  facilement  son  eau  de  cristallisation  et  donne  le  sel  anhydre 
qui  est  d'un  vert  plus  foncé. 
/CAz 
»  Sel  d'argent  :  C^CWOh.^  .  — Ce  dérivé  cristallise  de  ses  solutions  aqueuses 
\C00CH3 
en  houppes  soyeuses.  Traité  par  l'iodure  de  méthyle  il  donne  le  dérivé  méthoxyméthy- 

/CAz  /CAz 

lénique  correspondant  :  C=CHOAg  -1- CH'I  =  C  ^CHOCH^ -^- Agi. 

\COOCH'  \COOCH» 

»  Il  permet  ainsi  de  passer  de  la  série  éthoxy-  à  la  série  méthoxyméthylénique  et 
réciproquement. 

/CAz 
»   Oxyniéthylène-cyanacélale  d'éthvlc  :  C  =:CHOH       .  —  Ce  composé  prend  nais- 

XCOOC^H^ 
sance  dans  les  mêmes  circonstances  que  l'homologue  inférieur  en  partant  des  élhers 


'■  53  ) 

/GAz 
C=CHOR      .  C'est  une  poudre  blanche,  fondant  vers  67°,  et  présentant  un  caractère 

acide  plus  faible  que  le  méthyle  correspondant.  Distillé  dans  le  vide,  il  donne  en  majeure 
partie  des  produits  de  décomposition  et  un  peu  d'une  luiile  incolore  qui  cristallise 
facilement  en  longues  lames  transparentes,  fondant  vers  68°-69''  et  constituant  égale- 
ment l'oxyméthylène-cyanacétate  d'éthyle. 

/CAz 
»   Oxyméthylène-cyanacélate  d'amyle  :  Ci::-CIIOH       .  —   Ce  composé  n'a  été 

XCO^CM-I" 
déterminé  que  par  ses  sels  de  baryum  et  d'argent  précédemment  étudiés  (');  l'acide 
libre  n'a  pu  être  caractérisé.  Quand  on  cherclie  à  l'isoler,  on  obtient  une  huile  légère- 
ment colorée,  que  l'on  n'a  pas  encore  réussi  à  faire  cristalliser  et  qui,  par  rectification 
dans  le  vide,  subit  une  décomposition  presque  totale.  Cette  huile,  dont  les  analyses  ne 
sont  qu'approchées,  jouit  cependant  des  propriétés  des  dérivés  oxyméthylène-cyanacé- 
tiques.  Elle  est  acide  au  tournesol,  fait  elfervescence  avec  les  carbonates,  et  donne  la 
coloration  caractéristique  brun  orangé  avec  le  perchlorure  de  fer.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  -  Emploi  de  la  télrachlorhydroquinone  pour  la  carac- 
térisation  et  la  séparation  des  acides  gras  Ç- ) .  Note  de  M.  L.  Iîouveault, 
présentée  par  M.  E.  Grimaux. 

«  Tandis  que  les  acides  aromatiques  sont,  en  général,  cristallisés  et 
donnent  aisément  naissance  à  des  dérivés  solides  qui  peuvent  permettre 
de  les  purifier,  de  les  caractériser  et  de  les  séparer,  quand  ils  sont  à  l'état 
de  mélange,  les  acides  gras  sont,  au  contraire,  presque  toujours  liquides 
et  ne  fournissent  que  peu  de  dérivés  organiques  cristallisés  souvent  diffi- 
ciles à  obtenir.  La  plupart  des  acides  gras  ne  sont  caractérisés  que  par  des 
constantes  physiques  de  liquides,  points  d'ébullition  ou  densités,  apparte- 
nant soit  à  eux-mêmes,  soit  à  leurs  éthers,  critérium  insuffisant  pour  dis- 
tinguer des  isomères  et  même  pour  indiquer  si  l'on  a  affaire  à  une  espèce 
chimique  ou  à  un  mélange. 

»  J'ai  cherché  un  réactif  capable  de  se  combiner  à  l'acide  ou  à  l'un  de 
ses  dérivés  immédiats,  en  donnant  un  dérivé  cristallisé  facile  à  purifier, 
aisé  à  décomposer  aussi,  afin  qu'on  puisse  en  régénérer  l'acide  une  fois 
purifié. 

»  J'ai  essayé  successivement  les  amides,  les  anilides  et  paratoluides,  les 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  iSSgj;  1899. 
{''■  )  Institut  chimique  de  Lille. 


(  54  ) 
phénylliyflrazifles  :  préparés  avec  des  acides  purs,  ces  dérivés  sont  presque 
toujours  cristallisés;  il  semblait  donc  qu'ils  devaient  me  conduire  au  but 
que  je  m'étais  proposé. 

)  Les  amides  m'ont  semblé  être  les  plus  avantageux  :  on  peut  les  obtenir 
aisément  avec  des  rendements  passables,  mais  ils  sont  en  général  très 
soliibles  dans  les  divers  dissolvants,  restent  facilement  en  surfusion,  ce  qui 
rend  leur  purification  laborieuse,  souvent  impossible  quand  on  à  affaire  à 
un  mélange  de  deux  ou  trois  isomères. 

»  Les  anilides  et  ^-loluides  se  font  avec  de  bons  rendements,  mais  ils 
possèdent  à  un  degré  encore  plus  fort  les  inconvénients  des  amides;  il  est 
de  plus  très  difficile  d'en  régénérer  l'acide. 

»  Les  phényihydrazides  sont  très  aisés  à  faire  et  cristallisent  bien,  mais 
dès  que  le  poids  moléculaire  s'élève,  le  point  de  fusion  s'abaisse  et  la  solu- 
bilité augmente;  la  régénération  de  l'acide  est  encore  plus  laborieuse  que 
dans  le  cas  précédent. 

»  J'ai  trouvé  en  la  létracblorhydroquinone  le  réactif  cherché;  chauffée 
avec  un  excès  de  chlorure  d'acide  au  réfrigérant  à  reflux,  elle  s'y  combine 
en  donnant  naissance  à  la  fois  à  un  dérwé  diacide  et  à  un  dérivé  monoacide , 
suivant  les  équations 

c.a<°«-..R-cocu.aHCiH-c.a-<oco-R. 

UH  \UH 

»  Les  éthers  diacides  se  sont  trouves  cristallisés  dans  tous  les  cas  que  j'ai 
observés;  ils  sont  très  solubles  dans  l'éther,  le  benzène,  le  chloroforme; 
moins  solubles  dans  le  pétrole,  très  peu  solubles  à  froid  dans  les  alcools 
mélhylique  et  éthylique  qui  les  dissolvent  abondamment  à  chaud,  insolubles 
dans  l'eau.  Ils  sont  très  faciles  à  purifier  et  constituent  des  composés 
blancs,  très  bien  cristallisés,  très  stables,  inaltérables  à  l'air;  les  acides  et 
les  alcalis  étendus  sont  sans  action  sur  eux;  la  potasse  alcoolique  les 
dédouble  rapidement  à  chaud;  il  est  donc  très  facile  d'en  régénérer  l'acide. 

»  Tous  les  acides,  susceptibles  de  donner  naissance  à  des  chlorures  qui 
les  reproduisent  par  hydratation,  se  prêtent  à  ce  mode  de  caractérisation, 
les  acides  non  saturés  aussi  bien  que  les  acides  saturés;  je  me  propose 
d'étendre  la  méthode  aux  acides  polybasiques.  Elle  aura,  d'ailleurs,  nota- 
blement moins  d'intérêt  pour  ces  derniers  que  pour  les  acides  monoba- 
siques, car  ils  sont  actuellement  beaucoup  plus  aisés  à  caractériser. 


(  ^'^  ) 

»  J'ai  songé  à  employer  les  dérivés  diacides  de  la  télrachlorhvdroquinone, 
non  seulement  pour  caractériser  les  acides,  mais  même  pour  effectuer  la 
séparation  de  leurs  mélanges.  Le  mélange  acide  est  transformé  en  éthers 
méthyliques  ou  éthyliques  qui  sont  soigneusement  rectifiés;  chacune  des 
portions  est  ensuite  transformée  en  chlorure  diacide,  puis  en  dérivé 
diacide  de  la  tétrachlorhydroquinone,  qui  est  alors  soumis  à.  la  cristallisa- 
tion fractionnée.  Des  essais  faits  en  petit  sur  un  mélange  très  complexe, 
qui  se  trouve  dans  les  goudrons  de  bois,  m'ont  donné  des  résultats  encou- 
rageants; je  ne  doute  pas  qu'en  opérant  sur  des  quantités  suffisantes  on  ne 
parvienne  à  séparer  complètement  ces  mélanges. 

»  Quant  aux  dérivés  mono-acides,  ils  se  séparent  aisément  des  éthers 
diacides  parleur  solubilité  dans  les  alcalis  étendus;  ils  sont  également  cris- 
tallisés et  seront  très  utiles  pour  le  contrôle  dans  le  cas  de  points  de  fusion 
identiques  ou  peu  différents;  ils  sont  plus  solubles  dans  les  alcools  que 
les  dérivés  diacides,  mais  peu  solubles  dans  le  pétrole. 

»  Préparation  des  éthers  de  la  tétrachlorhydroquinone.  —  Il  est  très  important 
que  la  tétrachlorhydroquinone  employée  soit  très  pure  et  tout  à  fait  exempte  de  tri- 
chlorhydroquinone  ;  on  a  réalisé  cette  condition  en  la  faisant  cristalliser  une  ou  deux 
fois  dans  l'acide  acétique  bouillant. 

»  On  la  prépare  en  réduisant  par  l'acide  sulfureux  le  chloranile,  que  l'on  trouve  très 
pur  dans  le  commerce  ou  qu'on  peut  préparer  facilement  en  oxydant  la  phénylène- 
diamine  commerciale  par  l'acide  chlorhydrique  et  le  chlorate  de  potassium.  Le  chlor- 
anile, finement  pulvérisé,  est  mis  en  suspension  dans  l'eau  qu'on  sature  d'acide  sulfureux. 
Quand  la  saturation  est  terminée,  on  attend  vingt-quatre  heures  et  l'on  recommence, 
et  cela  deux  ou  trois  fois.  II  faut  éviter  tout  échauftement  sous  peine  de  faire,  en  même 
temps,  beaucoup  d'hydroquinones  moins  chlorées,  ce  que  l'on  n'évite  jamais  complè- 
tement. Les  cristaux  sont  essorés,  lavés,  épuisés  à  l'eau  bouillante,  qui  enlève  les 
hydroquinones  moins  chlorées,  puis,  après  dessiccation,  au  benzène  bouillant,  qui  dis- 
sout le  chloranile  inaltéré.  Il  ne  reste  plus  qu'à  faire  cristalliser  le  résidu  dans  l'acide 
acétique. 

»  Pour  obtenir  le  dérivé  diacide,  on  l'introduit,  avec  trois  molécules  de  chlorure 
d'acide,  dans  un  ballon  muni  d'un  réfrigérant  ascendant  et  l'on  fait  bouillir  au  bain 
d'huile,  tant  qu'il  se  dégage  de  l'acide  chlorhydrique.  Le  produit  se  prend  en  masse 
par  refroidissement;  on  le  reprend  par  un  mélange  d'eau  et  d'éther  qu'on  additionne 
de  soude  étendue  en  excès.  La  solution  éthérée  abandonne  le  dérivé  diacide  qui  cris- 
tallise aussitôt;  une  cristallisation  dans  l'alcool  méthylique  bouillant  l'abandonne  à 
l'état  de  pureté.  La  solution  alcaline  acidifiée  par  l'acide  chlorhydrique  abandonne  le 
dérivé  le  plus  souvent  monoacide,  à  l'étal  cristallisé. 

»  Cette  préparation  est  des  plus  aisées;  avec  deux  ou  trois  grammes  d'un  acide, 
elle  permet  d'obtenir  deux  substances  caractéristiques  et  en  quantité  suffisante  pour 
l'analyse,  à  cause  du  poids  moléculaire  élevé  de  la  tétrachlorhydroquinone. 

»  Le  dérivé  diacélique,  qui  était  déjà  connu,  fond  à  243°;  le  dérivé  dipropionique 


(  56  ) 

fonda   iGo°;  \c  dcrà'c  dibulyriqite  fond  à   187";   ie  dé/icé  diacide  de  l'acide  a-di- 

CIP 

méthylisocrotonique    i  2-diméthyl-4-buténoïque)    CH-r=  CH  —  G  —  CO'-H    fond    à 

CH' 

i3o"'-i34°;  le  dérii'é  monoacide  du  même  fond  à  iSa». 

»  Ces  recherches  sont  continuées.    » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  la  présence,  dans  l'organisme  animal,  d'un 
ferment  solnble  réduisant  les  nitrates  {'^.  Note  de  MM.  E.  Abelous  et 
E.  Gérard,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Les  travaux  de  M.  Armand  Gaulier  ont  étabh,  dès  1881,  ces  faits 
importants  :  1°  que  les  cellules  de  l'organisme  anima!  vivent  en  partie 
anaérobiquement  et  donnent  naissance  à  des  substances  réductrices; 
2°  que  le  protoplasma  de  la  plupart  des  cellules  est  réducteur  et  qu'on 
peut  facilement,  à  son  contact  durant  la  vie  ou  in  vitro,  réduire  des  solu- 
tions étendues  d'acide  sulfindigotique  et  de  sulfofuchsine,  transformer  les 
iodates  et  bromates  alcalins  en  iodures  et  bromures,  etc. 

»  D'autre  part,  Bokornv  a  démontré  que  le  principe  réducteur  fixé  dans 
le  protoplasma  est  colloïde,  non  dialysable,  alcalin  et  qu'il  est  détruit  par 
les  acides. 

»  Les  expériences  d'Ehrlich  ont  mis  en  évidence  que  les  organes  et 
tissus  animaux  jouissent  d'un  pouvoir  réducteur  inégal  Ais-à-vis  de  cer- 
taines matières  colorantes  injectées  dans  la  circulation  (bleu  d'alizarine, 
bleu  de  céruléine).  Ce  pouvoir  réducteur  augmente  après  la  mort. 

»  Enfin  Binz  a  prouvé  que  le  sang,  le  suc  intestinal  et  certains  organes, 
surtout  le  foie,  peuvent  réduire  in  vitro  l'acide  arsénique. 

»  Cette  action  réductrice  est-elle  suffisamment  énergique  pour  réduire 
les  nitrates  alcalins?  Ce  pouvoir  réducteur  peut-il  être  attribué  à  un  fer- 
ment soluble? 

»   Voici  les  faits  observés  : 

»  t"  Si  l'on  fait  une  macération  de  [\0i'  de  rein  de  clieval  pulpe  dans  loo"  d'eau 
distillée,  qu'on  ajoute  8s''  de  nitrate  de  potasse  pur  et  du  chloroforme  pour  éviter 
l'intervention  des  microrganismes,  on  constate,  après  un  séjour  de  douze  à  quinze 
heures  dans  l'étuve  à  40°,  que  le  filtrat  de  cette  macération  nitratée  présente  les  réac- 


(')  Travail  du  laboratoire  de  Physiologie  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Toulouse. 


•    (  57  ) 

lions  caractéristiques  des  nitrites  (réactions  de  Trommsdorff  en  liqueur  acétique,  de 
Griess  à  la  raétapliénylène-dianiiue,  de  Denigès  à  la  résorcine  et  à  l'acide  sulfurique). 

»  2°  Si  cette  macération  nitratée  est  faite  avec  de  la  pulpe  rénale  préalablement 
portée  à  ioo°,  le  résultat  est  négatif,  il  n'y  a  pas  trace  de  nitrite  formé. 

»  3°  Ajoutons  qu'on  ne  trouve  pas  les  réactions  de  l'acide  azoteux  dans  les  macéra- 
tions non  nitratées  de  pulpe  rénale. 

0  4°  Le  rein  de  veau  donne  les  mêmes  résultats  que  le  rein  de  cheval. 

»  5°  Si  l'on  examine,  dans  les  mêmes  conditions,  le  pouvoir  réducteur  des  divers 
organes  du  cheval,  on  constate  qu'ils  réduisent  pour  la  plupart,  mais  d'une  façon  iné- 
gale, le  nitrate  de  potasse.  D'après  les  déterminations  calorimétriques  effectuées  à 
l'aide  du  réactif  de  Griess,  on  peut  ranger  de  la  façon  suivante  les  divers  organes  au 
point  de  vue  de  leur  pouvoir  réducteur  : 

1°  Foie.  6°  Intestin.  io°  Muscle  strié. 

2°  Rein.  y°  Ovaire  et  glande  sous-       ii°   Cerveau     (substance 

3°  Capsules  surrénales.  maxillaire.  blanche  et  grise). 

4"  Poumon.  8°  Pancréas. 

5'^  Testicule.  9°.  Rate. 

»  La  recherche  et  la  détermination  des  nitrites  ayant  été  faites  non  seu- 
lement dans  des  macérations  chloroformées,  mais  aussi  dans  des  liqueurs 
additionnées  de  thymol  à  i  pour  1000,  d'essence  de  cannelle,  d'acide  sali- 
cylique,  etc.,  on  ne  saurait  attribuer  cette  réduction,  ni  à  la  présence  des 
microrganismes,  ni  à  l'action  vitale  des  cellules. 

')  Les  effets  de  diverses  températures  sur  le  pouvoir  réducteur  sont  de 
nature  à  confirmer  cette  dernière  conclusion  : 

i>  En  effet,  si  l'on  soumet  des  macérations  aqueuses  nitratées  de  pulpe 
rénale  aux  températures  suivantes  :  0°,  20",  ^0°,  60°,  72°,  100°,  on  con- 
state que  la  quantité  de  nitrite  formé,  presque  nulle  à  o",  s'accroît  au  delà 
de  cette  température;  qu'entre  20°  et  4o°  elle  semble  passer  par  un  maxi- 
mum; qu'à  60°,  elle  est  diminuée  et  enfin  qu'elle  est  nulle  à  72°. 

'>  La  courbe  qu'on  peut  ainsi  établir  est  absolument  de  même  nature  que  la  courbe 
d'activité  d'un  ferment  soluble  en  fonction  de  la  température. 

»  La  substance  réductrice  peut-elle  être  extraite  par  l'eau  de  l'organe? 

»  Si  l'on  fait  un  extrait  aqueux  du  rein,  par  exemple,  toujours  en  présence  de  chlo- 
roforme, qu'on  laisse  séjourner  cette  macération  pendant  vingt-quatre  à  quarante- 
huit  heures  à  l'étuve  à  ^0°,  on  obtient,  après  filtration,  un  liquide  limpide  jouissant 
du  pouvoir  réducteur  vis-à-vis  des  nitrates.  En  effet,  si  à  100'^'=  d'un  tel  extrait  on 
ajoute  8s''  d'azotate  de  potasse  et  qu'on  laisse  séjourner  un  certain  temps  à  4o°,  tou- 
jours en  présence  d'un  antiseptique,  on  constate  qu'il  y  a  formation  de  nitrite. 

))   Ainsi  les  extraits  aqueux  de  rein,  privés  de  tout  élément  cellulaire, 

G.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  1.)  ^ 


(  58  ) 

peuvent  réduire  les  nitrates.  Par  contre,  si  ces  extraits  ont  été,  au  préa- 
lable, soumis  à  la  température  de  loo",  ils  n'ont  plus  aucune  action. 

»  Nous  nous  sommes  assuré  que  les  réactions  obtenues  étaient  bien 
dues  aux  nitrites.  En  effet  :  i"  l'iodure  de  zinc  amidonné  ne  donne 
rien  avec  les  macérations,  si  l'on  ne  l'additionne  d'acide  acétique  mettant 
l'acide  azoteux  en  liberté;  2"  le  réactif  de  Griess  décèle  nettement  à  froid 
la  présence  des  nitrites.  Il  en  est  de  même  avec  le  réactif  de  Denigès. 

»  Conclusions.  —  Nous  avons  donc  établi  qu'il  existe,  dans  la  plupart 
des  organes,  quoique  en  proportion  inégale,  une  substance  soluble  qui  ré- 
duit les  nitrates.  Etant  donnés  les  faits  observés,  en  particulier,  sous  l'in- 
fluence de  la  température,  il  est  vraisemblable  que  cette  substance  est  de 
nature  diastasique  et  qu'on  a  affaire  à  un  ferment  soluble  réducteur. 

«  Nous  sommes  donc  naturellement  amené  à  conclure  qu'il  existe  dans 
l'organisme,  tout  au  moins  un  ferment  soluble  susceptible  de  réduire  les 
nitrates.  Nous  nous  proposons  d'exposer  dans  une  prochaine  Communica- 
tion le  mécanisme  de  ces  actions  réductrices.    » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  le pomoir  réducteur  des  urines.  Note 
de  M.  Henri  Hélier,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

«  Les  urines  sont  réductrices.  C'est  là  une  propriété  à  peine  signalée 
dans  les  meilleurs  traités.  Elle  a  cependant  une  grande  importance,  tant 
pour  le  médecin  que  pour  le  physiologiste,  car  elle  témoigne  des  oxvdations 
incomplètes  faites  dans  l'économie.  En  mesurant  ce  qui  peut  encore  brûler, 
on  a  par  cela  même  la  mesure  de  ce  qui  a  déjà  été  oxydé. 

»  Voici  la  méthode  que  j'emploie  : 

»  10'^'=  de  l'urine  à  essayer  sont  additionnés  de  lo"^"  d'acide  sulfurique  concentré.  J'y 
laisse  tomber,  jusqu'à  coloration  rose  persistante,  une  solution  contenant  G»"',  36  de  per- 
manganate de  potasse  par  litre  et  je  lis  le  nombre  n  de  centimètres  cubes  employés. 
Ce  nombre  serait  le  pouvoir  réducteur  de  l'urine  si  la  concentration  de  l'urine  était 
normale.  J'appellerai  concentration  normale  celle  d'une  urine  qui  contient  208''  d'urée 
par  litre.  L'urine  étudiée  contenant  seulement  m  grammes  d'urée  par  litre,  le  pouvoir 
réducteur  sera  donné  par  la  formule 

P  =  20  X   —  • 
m 

Ce  pouvoir  réducteur  représente  donc  un  certain  nombre  de  centimètres  cubes  de  per- 
manganate et  sa  mesure  nécessite  deux  opérations  :  1°  un  dosage  volumétrique;  2°  un 
dosage  d'urée.  Ces  deux  opérations  peuvent  être  faites  au  lit  d'un  malade. 


'-    ^9  ) 

»  Si  l'on  examine  par  cette  méthode,  au  point  de  vue  du  pouvoir  réduc- 
teur, les  urines  des  personnes  dites  bien  portantes,  on  tombe  toujours  sur 
des  nombres  compris  entre  1 2, 5  et  i5,  ce  qui  est  suffisamment  constant.  Si 
l'on  étudie,  au  même  point  de  vue,  les  urines  patholosi;iques,  on  voit 
qu'elles  peuvent  se  diviser  en  deux  groupes  :  celles  qui  sont  plus  réduc- 
trices que  la  normale  et  celles  qui  sont  moins  réductrices. 

»  Dans  le  premier  groupe  nous  trouvons  la  plupart  des  maladies  chro- 
niques. Je  ne  parlerai  pas  des  urines  des  diabétiques  toujours  très  réduc- 
trices, même  lorsqu'on  a  brûlé  tout  le  sucre  par  la  liqueur  de  Fehling. 
Dans  la  tuberculose  j'ai  trouvé  les  nombres  22,2,  20,^,  16, 3;  dans 
l'anémie  17,  i;  dans  le  cancer  du  pylore  20, G;  dans  la  maladie  de  Basedow 
i5,4,  i8,6G('). 

»  Dans  ces  maladies  consomptives,  on  pouvait  s'attendre  à  trouver  des 
urines  extrêmement  peu  réductrices,  les  recherches  d'Albert  Robin  ayant 
montré  qu'en  particulier  les  tuberculeux  font  des  oxydations  incessantes 
et  sans  trêve.  Il  semblerait  donc  que  les  combustions  doivent  être  com- 
plètes. Il  n'en  est  rien.  Ce  qui  domine  dans  la  tuberculose  c'est  une  désas- 
similation  large  et  rapide  qui  chasse  de  la  celluledes  substances  réductrices, 
aptes  ensuite  à  être  brûlées  dans  le  sang.  Mais  quelque  hâte  que  les  glo- 
bules sanguins  mettent  à  charrier  l'oxygène,  il  n'y  en  a  jamais  assez.  Les 
urines  restent  très  réductrices. 

»  Dans  le  rhumatisme  articulaire  aigu  ou  subaigu,  j'ai  trouvé  les  nombres 
i5,7,  23,4,  23,  22, 1.  C'est  un  fait  bien  connu,  les  rhumatisants  n'oxydent 
pas. 

M  Dans  le  mal  de  Bright  on  trouve  26,  26,  3/j,2  ;  dans  la  colique  néphré- 
tique 17,9;  dans  l'insuffisance  aortique  20,  21;  dans  la  cirrhose  de 
Laennec  32;  dans  les  Urines  d'hystérique,  après  la  crise,  43,5.  Chez 
l'hystérique,  tout  est  détraqué,  même  les  oxydations.  Enfui  dans  un  cas 
d'insuffisance  aortique  où,  sous  l'influence  de  la  ihéobromine,  il  s'est  pro- 
duit une  diurèse  abondante,  le  pouvoir  réducteur  est  monté  à  62,2.  Les 
produits  de  désassimilation  ont  donc  été  expulsés  avant  d'avoir  pu  être 
brûlés. 

»  Dans  certaines  maladies  aiguës,  au  contraire,  le  pouvoir  réducteur 
des  urines  semble  inférieur  à  la  normale.  Dans  deux  cas  de  pleurésie,  on 


(')  Ces  urines  proviennent  des  malades  du  service  de  M.  le  professeur  Renaut,  à 
rtlùlel-Dieu  de  Lyon,  qui  a  bien  voulu  choisir  lui-même  des  cas  types.  Qu'il  veuille 
bien  recevoir  ici  mes  reraercimenls. 


(  6o   ^ 

a  trouvé  1 1,8  el  7,5  ;  dans  un  cas  de  pneumonie  11 ,7;  dans  un  cas  de  surme- 
nage 7,3. 

»  H  ne  faudrait  pas  croire  que  pour  chaque  maladie  le  pouvoir  réduc- 
teur est  caractérisée  par  un  nombre  à  peu  près  fixe  ;  ce  pouvoir  varie  avec 
le  degré  de  la  maladie  et  il  peut  servir,  comme  le  thermomètre,  à  en 
caractériser  la  marche. 

»  Une  malade  esl  prise,  le  12  avril  dernier,  de  néphrite  aiguë.  Le  i3,  le  pouvoir 
réducteur  de  ses  urines  est  de  5,6;  le  26  avril,  la  malade  va  mieux,  le  pouvoir  réduc- 
teur est  seulement  de  7.  Le  4  mai;  la  malade  se  sent  tout  à  fait  bien  el  quitte  l'iiô- 
pital;  le  pouvoir  réducteur  était  remonté  à  12, 3. 

»  En  résumé,  la  mesure  du  pouvoir  réducteur  des  urines,  effectuée 
d'après  la  méthode  que  j'indique,  est  une  opération  facile  qui  mesure 
le  degré  des  oxydations  interstitielles  qui  se  font  dans  l'économie.   >> 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Contribution  à  l'étude  chimique  de  l'écorce  du  Rham- 
nus  purshiana  (Cascara  Sagrada),  Note  de  M.  Leprixce,  présentée  par 
M.  Arm.  Gautier. 

«  Aux  corps  étudiés  par  les  auteurs,  et  par  nous  dans  le  travail  inséré 
aux  Comptes  rendus,  t.  CXV,  p.  286,  il  faut  ajouter  :  1°  la  chrysarobine  ; 
2°  l'acide  chrysophanique  (');  3°  l'émodine. 

»  On  peut  mettre  ces  corps  en  évidence  par  plusieurs  procédés;  celui 
qui  nous  a  paru  préférable  est  le  suivant  : 

»  On  traite  l'écorce  grossièrement  pulvérisée  par  de  l'eau  distillée  contenant 
5  pour  100  de  soude  caustique  et  l'on  acidulé  la  liqueur  obtenue;  on  a  ainsi  un  préci- 
pité plus  ou  moins  abondant  el  une  liqueur  que  l'on  évapore  dans  le  vide,  ou  à  une 
faible  température,  jusqu'à  consistance  d'extrait  sec.  On  épuise  séparément  ces  deux 
extraits,  aussi  secs  que  possible,  pas  de  l'acétone  et  Ion  précipite  par  une  assez  grande 
quantité  d'eau,  en  enlevant  avec  soin  les  particules  résineuses  qui  surnagent,  puis  l'on 
filtre. 

»  On  redissout  ce  précipité  dans  une  nouvelle  quantité  d'acétone  légèrement  aci- 
dulée, on  précipite  de  nouveau  par  l'eau  ell'on  répète  ces  opérations  jusqu'à  purifica- 
tion complète. 

»  On  a  finalement  un  précipité  jaune  cristallin  qui  contient  surtout  les  corps  dési- 
gnés ci-dessus. 

»  Pour  les  séparer,  on  traite  :  1°  à  froid  le  précipité  par  une  petite  quantité  d'acide 

(')  Ce  corps  a  déjà  été  signalé  dans  cette  écorce  par  Limousin. 


(  6i  ^ 

acétique  concenlré,  on  précipite  la  liqueur  filtrée^  par  une  petite  quantité  d'eau 
distillée. 

»  Le  précipité  obtenu  est  dissous  dans  une  petite  quantité  de  benzène  bouillant, 
par  refroidissement  et  évaporation  on  obtient  des  lamelles  jaune  d'or  micacées,  so- 
lubles  dans  l'alcool  surtout  à  chaud,  solubles  en  jaune  dans  les  alcalis,  insolubles  dans 
l'eau  et  dans  l'ammoniaque,  solubles  en  jaune  dans  l'acide  sulfurique  concenlré,  elles 
fondent  à  i65°-i70°.  Ces  caractères  appartiennent  à  la  chrysarobine. 

»  2°  On  reprend  le  premier  précipité  non  attaqué  par  l'acide  acétique,  par  une  plus 
grande  quantité  de  ce  même  acide  cristallisable  et  à  chaud;  on  précipite  le  filtratum 
par  une  assez  grande  masse  d'eau. 

»  Ce  nouveau  précipité  est  purifié  par  cristallisations  dans  l'alcool  à  go°  ou  dans  le 
benzène.  On  obtient  ainsi  un  corps  plus  foncé  que  le  précédent  présentant  tous  les 
caractères  de  l'acide  chrjsophanique.  Il  est  insoluble  dans  l'eau,  soluble  en  rouge 
dans  l'ammoniaque  et  les  lessives  alcalines;  il  fond  à  i6o°-i62''.  Oxydé  par  une  solu- 
tion de  potasse  aérée,  il  donne  de  l'émodine.  L'analyse  fournit  des  nombres  qui  s'ac- 
cordent avecla  formule  C'^I'^C.  (Trouvé  :  G  =  70,87  ;  H -- 8,92  ;  O  —  25,2i.) 

»  3°  Le  résidu  de  cette  seconde  opération  est  lavé  à  l'éther,  séché,  puis  mis  à  cris- 
talliser dans  l'alcool  absolu;  il  se  présente  alors  eu  aiguilles  clinorhombiques  rouge 
orangé  sublimables,  insolubles  dans  l'eau,  très  peu  solubles  dans  l'éther,  le  benzène, 
solubles  dans  l'alcool  absolu,  l'ammoniaque,  les  lessives  alcalines  en  rouge  pourpre. 
Elles  fondent  à  245''-25o''. 

»  Avec  l'anhydride  acétique  et  un  peu  de  chlorure  de  zinc,  ce  corps  donne,  suivant 
la  température  :  1°  du  monoacétylémodine;  2°  du  triacétylémodine,  de  couleur 
jaune  fondant  à  190°. 

»  L'analyse  donne  des  nombres  qui  s'accordent  avec  la  formule  C'^H'^'O'^  qui  est 
celle  de  l'émodine.  (Trouvé  :  C  =  66,78;  II  =  8,78;  O  =  29,49-) 

»  Ces  corps  sont  presque  exclusivement  contenus  dans  la  partie  précipitée  par 
l'acide  ajouté  à  la  première  liqueur  et  leurs  quantités  respectives  varient  suivant  les 
échantillons  et  la  teneur  en  alcali  de  l'eau  qui  sert  à  l'épuisement  de  l'écorce. 

»  Il  ressort  de  celte  étude,  ainsi  que  de  celles  du  D'  Eccles,  de 
H. -F.  Meier  et  J.  Le  Roy-Webber,  que  le  corps  antérieurement  étudié  par 
nous  n'est  pas  le  seul  principe  actif  de  celte  écorce,  mais  seulement  l'un  de 
ceux  qui  peuvent  être  utilisés,  avec  avantage,  par  la  Thérapeutique.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Transformation  direcle  de  l'acétamide  en  éthylamine 
par  hydrogénation  (  '  ).  Note  de  M.  Guerbet,  présentée  par  M.  Moissan. 

»   On  sait  que  les  pyrrolidones,  traitées  par  l'hydrogène  naissant  de  la 
réaction  du  sodium  sur  l'alcool  amylique  bouillant,  fixent  cet  hydrogène 

(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  M.   Jungdeisch,   au  Conservatoire  des  Arts  et 
Métiers. 


et  se  transforment  en  pyrrolidines  avec   départ  d'une  molécule   d'eau 
(  Tafel.  Bericide  derdeulsch.  chein.  Ges.,  t.  XXII,  p.  i865  et  t.  XXIII,  p.  708) 

CH--CH\  CH=--   CH\ 

I  )AzH-f-4H=.i  AzH-t-H^O. 

CIV--CO  CH--CH-/ 


a-métliylpyrrolidone.  a-mcUiylpjrrolidine. 

)i  Or,  l'a-mélhylpyrrolidone  est  un  véritable  amide  résultant  de  la  dés- 
hydratation interne  de  l'acide  y-amidovalérique 

CH=  -  CH(  AzH^)  -  CH-  -  CW  -  CO=H, 

et  j'ai  pensé  que,  peut-être,  les  amides  traités  de  même  se  transformeraient 
en  aminés  primaires  correspondantes  suivant  l'équation 

R  --  CO  -    AzH=  +  4H  =--  R  -  CH=  -  AzIP  -:-  H-O. 

»  La  réaction  ainsi  formulée  est  analogue  à  celle  qui  donne  naissance 
aux  aminés  par  l'hydrogénation  des  nitriles,  composés  qui  diffèrent  des 
amides  par  une  molécule  d'eau  en  moins  (Mendius,  Lieb.  Ann.  derChem., 
t.  CXXI,  p.  142) 

R  -  CAz  +  4H  =  R  -  CH=  -    AzIP. 

»  Mon  hypothèse  était  rendue  vraisemblable  par  les  expériences  de 
M.  Seifert  (iffenc/i/e  der  deulsch.  Ges.,  t.  XVIII,  p.  iSSy),  démontrant  la 
formation  de  l'éthylamine  lorsqu'on  chauffe  à  i7o°-20o°  l'acétamide  avec 
un  mélange  d'alcool  et  d'alcoolate  de  sodium.  J'ai  montré,  en  effet, 
{Comptes  rendus,  17  avril  1899),  ci^^'un  tel  mélange  donne  naissance  à 
de  l'hydrogène  quand  on  le  chauiïè  au  voisinage  de  200°.  La  formation  de 
l'éthylamine  dans  l'expérience  de  M.  Seifert  peut  donc  s'expliquer  par  la 
réaction  de  l'hydrogène  sur  l'acétamide. 

»  Partant  de  ces  idées  théoriques,  j'ai  appliqué  à  l'acétamide  le  traite- 
ment qui  permet  la  transformation  delà  méthylpyrrolidone  en  méthylpyrro- 
lidine  et  l'expérience  a  pleinement  vérifié  mon  hypothèse  :  l'acétamide 
se  transforme  partiellement  en  éthylamine  suivant  l'équation 

CH'  -  CO  -  AzH-  +  4H  =  CH»  —  CH-  —  AzH-  +  H-O. 

»  Voici  comment  on  opère  pour  effectuer  la  réaction  : 

»  On  dissout  i5s''  d'acétamide  bien  sec  dans  ôooS"'  d'alcool  amylique  préalablement 
distillé  sur  la  baryte  caustique  pour  le  priver  de  toute  trace  d'eau.  On  ajoute  en  une 
seule  fois  6o6''  de  sodium  et  Ton  porte  le  mélange  à  l'ébuilitiou  que  l'on  entretient  jus- 


(  63  ) 

qu'à  dissolution  complète  du  métal.  Le  ballon  où  s'effectue  la  réaction  est  en  relation 
avec  un  réfrigérant  disposé  à  reflux,  muni  d'un  tube  adducteur  qui  permet  de  faire 
barboter  les  produits  gazeux  dans  une  solution  d'acide  clilorhydrique.  Celui-ci  s'em- 
pare de  l'ammoniaque  et  de  l'étliylamine  issues  de  la  réaction,  tandis  que  l'hydrogène, 
qui  n'a  pas  été  fixé,  se  dégage. 

>>  La  solution  clilorhydrique  doit  rester  acide  jusqu'à  la  fin  ;  elle  est  alors  évaporée 
au  bain-marie  et  l'on  constate  que  le  résidu  est  formé  de  chlorhydrate  d'ammoniaque 
et  de  chlorhydrate  d'élhylamine  facile  à  séparer  du  premier  par  l'alcool  absolu. 

>i  Le  chlorhydrate  cristallisé  résultant  de  l'évaporation  de  la  solution  alcoolique  est 
bien  du  chlorhydrate  d'élhylamine,  car  il  fond  à  yS^-Si",  est  déliquescent  et  se  dissout 
en  abondance  dans  l'alcool  absolu.  Sa  solution  aqueuse  ne  précipite  qu'au  bout  d'un 
certain  temps  par  le  chlorure  de  platine  et  surtout  en  présence  d'alcool. 

»  Mélangé  à  deux  fois  son  poids  de  chaux  vive  et  chauffé,  il  laisse  dégager  up  gaz 
d'odeur  ammoniacale,  bleuisssant  le  tournesol,  combustible  et  condensable  en  un  li- 
quide incolore  qui  bout  à  i8°.  Ce  sont  là  les  propriétés  de  l'éthylamine. 

0  Avec  les  proportions  indiquées  des  corps  réagissants,  on  a  obtenu  8,2  de  chlorhy- 
drate d'éthylamine  et  9,5  de  chlorhydrate  d'ammoniaque.  Voyons  quelles  quantités  de 
ces  composés  devraient  se  former  suivant  la  réaction  formulée  plus  haut  : 

»  Celle-ci  indique  la  formation  d'une  molécule  d'eau  qui  donnera  de  la  soude  au 
contact  de  l'amylate  de  sodium  présent  dans  le  mélange,  et  la  soude  ainsi  formée  dé- 
composera une  partie  de  l'acétamide  avec  dégagement  d'ammoniaque.  Deux  molécules 
d'acétamide  devraient  donc  donner  naissance  à  une  molécule  de  chacun  des  chlorhy- 
drates; les  iSs"'  d'acétamide  employés  devraient  produire  10, 3  de  chlorhydrate  d'éthyl- 
amine et  6,8  de  chlorhvdrate  d'ammoniaque. 

>i  Le  rendement  en  éthylamine  est  donc  les  ^  environ  de  celui  qui  est  indiqué  par 
la  théorie.  On  voit  qu'il  est  satisfaisant  et  je  pense  que  la  même  transformation  pourra 
être  effectuée  sur  d'autres  amides. 

>  Je  m'occupe  en  ce  moment  des  expériences  nécessaires  à  la  générali- 
sation de  la  réaction  et  j'espère  pouvoir  bientôt  en  communiquer  le  ré- 
sultat à  l'Académie.  » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.     -  Sur  la  se'crc'tion  des  diastases.  Note 
de  M.  DiENEUT,  présentée  par  M.  Duclaux. 

('  J'ai  démontré,  au  mois  de  février  devmer  (^Comptes  rendus,  t.  CXXVIII, 
p.  617),  que  les  levures  ne  décomposaient  le  galactose  en  alcool  et 
acide  carbonique  qu'après  s'être  acclimatées  à  ce  sucre.  La  durée  de  cette 
accliiTiatation  est  variable  suivant  les  levures.  On  la  rend  très  courte  si 
l'on  facilite  la  multiplication  des  cellules  en  présence  du  galactose,  ou  en- 
core, pour  les  levures  sécrétant  de  la  mélibiase  ou  de  la  lactase,  en  pré- 
sence de  mélibiose  ou  de  lactose. 


(64) 
»  Je  montrerai  dans  cette  Note  que  le  phénomène  d'acclimatation  s'ac- 
compagne chez  les  levures  basses  d'une  sécrétion  abondante  de  mélibiase, 
et  chez  les  levures  de  lactose  d'une  forte  sécrétion  de  lactase. 

»  J'introduis  clans  trois  ballons  une  même  quantité  d'un  liquide  nutritif  azoté.  Pour 
le  sucrer,  j'ajoute  dans  le  ballon  A  du  glucose,  dans  le  ballon  B  du  galactose,  et  dans 
le  ballon  C  du  lactose. 

»  Ces  trois  ballons  sont  ensemencés  avec  la  même  levure  de  lactose.  La  fermentation 
finie,  par  un  procédé  facile  à  imaginer,  j'enlève  la  levure  débarrassée  de  son  liquide 
nutritif  et  je  la  sèche  à  25°  dans  le  vide  en  présence  d'acide  sulfurique.  La  levure 
ainsi  séchée  est  portée  à  la  température  de  ioo°  que  l'on  maintient  constante  pendant 
six  heures  consécutives. 

»  Les  diastases  sèches  résistent  très  bien  à  ce  traitement. 

H  La  levure  est  alors  broyée  avec  de  l'eau  distillée.  On  en  extrait  une  diastase,  la 
lactase,  qui  dédouble  le  lactose  en  galactose  et  en  glucose.  Je  mets  ces  sucres  en  évi- 
dence de  la  manière  suivante.  Certaines  levures,  comme  le  5.  Ludwigii,  n'attaquent 
pas  le  galactose.  Si  j'ensemence  cette  levure  dans  un  milieu  nutritif  contenant  un  mé- 
lange de  glucose  et  de  galactose,  le  sucre  restant  que  je  constaterai  sera  du  galactose 
pur.  Pour  différencier  le  galactose  du  lactose,  je  me  sers  d'une  levure  qui  attaque  le 
premier  sucre  et  laisse  le  second  inaltaqué.  De  cette  façon,  on  arrive  très  exactement 
à  trouver  que  le  glucose  et  le  galactose  sont  en  égale  proportion  dans  le  liquide  après 
l'action  de  la  lactase. 

»  Pour  rendre  la  comparaison  facile,  je  broie  le  même  poids  de  levure  avec  le  même 
volume  d'eau. 

»  Les  levures  des  trois  ballons,  broyées  séparément,  me  donnent  trois  solutions  de 
lactase  que  je  désignerai  par  les  lettres  A,  B  et  C  des  ballons  d'où  elles  proviennent. 

»  La  solution  la  plus  active  ne  pouvait  dédoubler  au  maximum  que  6  pour  loo  de 
lactose. 

»  Si  je  désigne  par  le  chiffre  i  la  quantité  maxima  de  lactose  décomposé  par  la 
solution  A,  il  faudra  désigner  par  les  chiffres  5  et  6  les  quantités  maxima  de  lactose 
décomposé  par  les  solutions  B  et  C. 

»  Les  résultats  sont  identiques  avec  la  mélibiase  qui  dédouble  le  méli- 
biose  en  glucose  et  en  galactose. 

»  L'acclimatation  d'une  levure  au  galactose  augmente  donc  la  sécrétion 
de  certaines  diastases.  Elles  agissent  principalement  sur  le  lactose  et  le 
mélibiose,  deux  corps  qui  se  décomposent  en  galactose  et  glucose  par  l'ac- 
tion de  ces  diastases.   » 


(  65  ) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  parlicdarilés  de  V éruption  du  Vésuve. 
Note  de  M.  Matteccci,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  L'éruption  qui  se  poursuit  au  Vésuve  depuis  le  3  juillet  iSgS  m'a 
permis  de  constater  quelques  faits  d'un  assez  grand  intérêt. 

»  On  sait  que,  à  cette  date,  une  série  de  fentes  se  sont  ouvertes  dans  la 
direction  du  nord-ouest,  sur  toute  la  hauteur  du  grand  cône  et  que,  sur 
ces  fentes,  onze  bouches  d'éruption  se  sont  d'abord  échelonnées,  donnant 
issue  à  la  lave.  Mais,  le  5  juillet,  l'émission  de  cette  dernière  n'avait  plus 
lieu  qu'à  la  base  même  du  cône,  dans  l'Atrio  del  Cavallo,  donnant  lieu  à  la 
formation  d'une  coupole  de  laves,  d'altitude  progressivement  croissante, 
qui  avait  fini  par  atteindre  90™  de  hauteur.  Le  3i  janvier  1897,  la  bouche 
d'éruption  se  déplaçait  en  remontant  d'une  quarantaine  de  mètres  sur  la 
fissure.  La  laA^e,  continuant  à  sortir,  se  répandait  sur  la  coupole  et  en  por- 
tait bientôt  l'altitude  à  835""  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

»  En  se  plaçant  sur  la  plate-forme  de  la  station  inférieure  du  funicu- 
laire, on  apercevait  facilement  le  contour  très  aplati  de  la  coupole,  venant 
rencontrer  le  profil  du  grand  cône  juste  au  même  point  que  la  pente  du 
Primo  Monte  ou  escarpement  occidental  de  la  Somma. 

»  Vers  le  milieu  de  février  1898,  il  fut  aisé  de  constater  que  les  laves, 
cessant  d'arriver  au  sommet  de  la  coupole,  se  déversaient  latéralement,  le 
plus  souvent  vers  l'est,  dans  l'Atrio,  mais  p:irfois  aussi  vers  le  nord  ou  vers 
le  sud,  le  lieu  de  leur  sortie  demeurant  mirqué  par  d'abondan'es  fume- 
rolles. Cependant,  au  bout  d'un  mois,  le  contour  de  la  coupole  se  trouvait 
si  bien  bombé  que  sa  cime  avait  gagné  une  quinzaine  de  mètres  d'altitude; 
de  sorte  que  sa  silhouette,  vue  de  la  station,  s'interposait  entre  le  grand 
cône  et  l'escarpement  de  la  Somma,  atteignant  le  cône  à  une  certaine 
distance  k  l'est  du  point  où  elle  s'arrêtait  auparavant. 

»  Ce  gonflement  ne  peut  être  expliqué  que  par  la  pression  de  la  lave 
qui,  ne  réussissant  plus  à  sortir  par  le  sommet  de  la  coupole,  a  commencé 
par  la  soulever  en  masse,  avant  de  retrouver  une  issue  de  côté.  L'excès  de 
pression  se  comprend  d'autant  mieux  qu'au  moment  où  le  phénomène 
s'est  produit  le  niveau  de  la  lave  avait  remonté  de  60™  dans  le  grand  cra- 
tère, tandis  que,  quelque  temps  après,  on  voyait  ce  dernier  reprendre  la 
profondeur  de  200""  qu'il  possédait  auparavant. 

»   Il  s'agit  donc  ici  d'un  soulèvement  endogène,  produit  par  l'intrusion 

C.  R.,   1899,  2"  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  1.)  9 


(  6*3  ) 

d'un  véritable  laccolithe,  qui  a  fait  gonfler  les  couches  solidifiées  du  sommet 
de  la  coupole,  comme  les  hiccolitlies  américains  ont  soulevé  les  couches 
des  terrains  qui  faisaient  obstacle  à  leur  sortie.  C'est  la  première  fois  que 
la  naissance  d'un  accident  de  ce  genre  est  prise  sur  le  fait,  et,  s'il  n'en  ré- 
sulte pas  que  l'on  doive  revenir  à  l'ancienne  théorie  des  cratères  de  soulè- 
vement, cela  prouve  que  tout  n'était  pas  faux  dans  cette  conception. 

M  En  janvier  1897,  le  cratère  du  Vésuve  était  circulaire,  avec  un  dia- 
mètre de  136"".  En  février  1898,  le  diamètre  s'était  accru  et  avait  atteint 
160™.  Aciuellement,  je  me  suis  assuré  qu'il  a  subi  un  nouvel  élargissement, 
le  diamètre  nord-sud  étant  de  iBS"",  tandis  qu'on  trouve  180™  dans  le  sens 
est-ouest.  La  profondeur  est  de  200™. 

»  Le  système  des  fentes  qui  accidentent  le  flanc  du  cône  se  poursuit,  un 
peu  au  delà  du  pied  de  ce  dernier,  sur  1600'"  de  longueur,  embrassant  une 
largeur  de  4oo™  et  une  superficie  d'environ  5oo  ooo^i. 

»  La  hauteur  de  la  coupole  de  laves  est  aujourd'hui  de  i63™,  et  son 
volume  représente  environ  ia5  millions  de  mètres  cubes.  C'est  un  chan- 
gement considérable  qui  s'est  produit  dans  la  topographie  du  volcan,  par 
suite  de  celte  accumulation  venant  se  dresser  à  l'entrée  de  l'Atrio,  tandis 
que,  en  arrière,  se  trouve  une  autre  coupole,  édifiée  de  la  même  façon 
de  1891  à  1894. 

»  Parmi  les  produits  des  fumerolles  de  cette  éruption,  j'ai  vu  se  dégager 
l'acide  chlorhydrique,  l'anhydride  sulfureux,  l'hydrogène  sulfuré,  l'anhy- 
dride carbonique,  le  soufre,  le  gypse,  divers  sulfates  et  chlorures  de  fer  et 
de  cuivre,  l'érythrosidérite,  les  chlorures  et  sulfates  de  soude  et  de  potasse, 
le  sel  ammoniac,  la  ténorite,  le  fer  oligiste.  En  outre,  ce  qui  est  important 
pour  l'histoire  des  éruptions,  j'ai  constaté  l'abondance  du  sélénium,  et 
surtout  celle  du  gaz  acide  fluorhydrique,  en  même  temps  que  la  présence 
des  acides  iodbydrique  et  bromhydrique  et  du  bicarbonate  de  soude. 

»  Les  produits  des  fumerolles  sont  bien  distribués,  dans  l'espace,  confor- 
mément aux  lois  indiquées  par  Charles  Sainte-Glaire  Deville;  mais  leur 
distribution  dans  le  temps  me  paraît  plus  conforme  aux  vues  émises  par 
M.  Fouqué.    » 

M.  Armand  Gautier,  à  propos  de  la  Note  de  M.  Matteucoi  présentée 
par  M.  de  Lapparent,  ajoute  : 

(c  J,a  présence  du  gaz  iodbydrique  dans  les  émanations  volcaniques  con- 
corde avec  l'observation  déjà  faite  de  la  présence  de  l'iode  dans  les  efflo- 


(  «37  } 
rescences  qui  se  forment  sur  les  laves.  Elle  s'explique  d'ailleurs  par  une 
remarque  que  je  viens  de  faire  et  qui  se  rattache,  comme  je  le  montrerai, 
à  l'existence  des  iodures  dans  le  fond  des  mers;  je  veux  parler  de  la  pré- 
sence de  l'iode  dans  les  roches  éruptives,  et  en  particulier  dans  tous  les 
granits  que  j'ai  examinés.  J'en  ferai  le  sujet  d'une  Communication  pro- 
chaine à  l'Académie.  » 


M.  Emile  Renner  adresse  une  étude  sur  le  Magnétisme  terrestre. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

J.  B. 


BDLLETIIV  BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3  juillet  1899. 

Traité  de  Nomographie.  Théorie  des  abaques.  Applications  pratiques,  par 
Maurice  d'Ocagke.  Paris,  Gauthier-Yillars,  1899;  i  vol.  in-8°.  (Présenté 
par  M.  Maurice  Lévy.) 

Histoire  abrégée  de  l' Astronomie,  par  Ernest  Lebon,  avec  16  portraits. 
Paris,  Gauthier-Yillars,  1899;  i  vol.  in-S".  (Présenté  par  M.  Wolf.) 

De  la  distribution  d'énergie  électrique  en  Allemagne,  par  M.  Charles  Bos 
et  M.  J.  Laffargue.  Paris,  Masson  et  C'^,  1899.  (Présenté  par  M.  Mascart.) 

Etude  sur  la  Flore  fossile  du  bassin  houiller  d'Héraclée  (^Asie  Mineure),  par 
R.  Zeiller.  Paris,  G.  Carré  et  C.  Naud,  1899;  i  fasc.  in-4".  (Présenté  par 
M.  Michel  Lévy.  ) 

Le  Mois  scientifique  et  industriel.  Revue  internationale  d' infoimations .  N°  1 , 
juin  1899.  Paris,  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M,  Adolphe  Carnot.) 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  I™  Partie.  Mémoires  et  documents.  7^  série, 
9*  année,  1899,  i"  trimestre.  Paris,  V"^^  Ch.  Dunod  ;  i  vol.  in-8°. 

Annales  médico-psychologiques.  Journalde  i  Aliénation  mentale  et  de  la  Mé- 
decine légale  des  Aliénés,  5']"  année,  n"  1,  juillet-août  1899.  Paris,  Masson 
etC'*,  1899;  1  fasc.  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  90*  année,  6"  série,  t.  X,  n"  1 ,  i  "'  juil- 
let 1899.  Paris,  Octave  Doin;  i  fasc.  in-8°. 


(68) 

Répertoire  de  Médecine  el  de  Chirurgie  pratiques.  i''°  année,  n"  1,  juin  189g. 
Paris,  M.  A.  Desfeux:  i  fasc.  in-S". 

Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  de  Nancy.  Série  II,  t.  XVI,  fasc.  33, 
3i*  année,  1898.  Paris-Nancy,  189g;  i  vol.  in-8". 

Essai  d  un  plan  de  Métaphysique,  par  Alexis-S.  Tsimbouraki.  Athènes, 
Anestis  Constantinides,  i8g6;  i  fasc.  in-i8. 

Report  oflhe  American  Lavoisier  Committee.  Saint-Louis,  Mo,  i8gg;  i  fasc. 


in-8». 


The  danish  Ingolf-expedition .  Vol.  I,  part.  I;  Vol.  II,  part.  I;  Vol.  III, 
part.  I.  Copenhagen,  H.  Hagerup,  iKgg;  3  fasc.  in-f". 

Annual  report  of  the  Smithsonian  Institution  for  the  year  ending  JuneZo, 
i8g6.  Report  of  the  U.  S.  National  Muséum.  Washington,  i8g8;  i  vol.  in-8°. 

Bulletin  of  the  United  States  National  Muséum.  N°  47  :  The  fishes  of  North 
and  Middle  America,  by  David  Starr  Jordan  and  Barton  Warren  Evermann. 
Partit,  part  III.  Washington,  1898;  2  vol.  in-8''. 

The  canadian  patent  Office  record  and  register  of  copyrights  and  trade 
marks.  Vol.  XXVI,  i8g8.  Annual  index.  Ottava,  i8g9;  i  fasc.  in-4''. 

The  geographical  journal.  Vol.  XIV,  n"  1,  July  189g.  London,  Edward 
Stanford;  i  fasc.  in-8°. 

Anales  del  Museo  nacional  de  Montevideo,  pub.  bajo  direccion  de  J.  Are- 
chavaleta.  Tonio  II,  fasc.  11.  Montevideo,  1899;  i  fasc.  in-4°. 

Nachrichten  von  der  kôn.  Gesellschaft  der  Wissenschaften  zu  Gôttingen. 
Matematisch-physikalische  Klasse.  189g.  Heft  1.  Gôttingen,  Lùder  Horts- 
mann,  1899;  i  fasc.  in-S". 

Buletinul  Societatii de  sciinte  din  Bucuresci,  Remania.  Anul  VIII,  n°*  1  si  2. 
Bucuresci,  1899;  1  fasc.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  physico-mathématique  de  Kasan.  Deuxième  série; 
t.  VIII,  n°  4;  t.  IX,  n"»  1,  2.  Rasan,  1899;  3  fasc.  in-S". 


Un    souscrit    a    Pans,    cnez    UAUliillî.K-VlLl^AKS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

135  les  COMPTES  RENDDS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  Tolumes  in-4'.  Deui 
s  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
"  janvier. 

Le  prix  de  rabonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Dnion  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Ferr;»n  frères. 

iChaix. 
Jourdan. 
Ruff. 

Courtin-Hecquet. 
i  Germain  etGrassin. 
(  Lachèse. 
Jérôme. 
Jacquard. 
I  Feret. 
I  Laurens. 
I  Muller  (G.). 
Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
J.  Robert. 
Uzel  frères. 

Jouan. 

Perrin. 
j  Henry. 
(  Marguerie. 
(  Juliot. 
i  Ribou-Collay. 
,  Lamarche. 

Ratel. 
(Rey. 
l  Lauverjat. 
I  Degez. 
\  Drevet. 
I  Gratier  et  C". 

Foucher. 
(  Bourdignon. 
\  Dombre. 
i  Thorez. 
(  Quarré. 


Lorient. 


Lyon. 


chez  Messieurs  : 

Baumal. 

M"*  Texier. 

Bernoux  et  Cumin. 

Georg. 

Côte. 

I  Savy. 

1  Vitte. 

Marseille Ruât. 


1  Calas. 

Montpellier „ 

'  Coulet. 

\  Moulins Martial  Place. 

[  /  Jacques. 

I  Nancy (  Grosjean-Maupin. 

;  (  Sidol  frères. 

>  Loiseau. 

Nantes  .    ,,  , 

(  Veloppe. 

Barma. 

Visconli  et  C'v 

Ninies Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

Blanchier. 

Marche. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (M»"). 

)  Langlois. 

\  Lestringant. 

S'-Élienne Chevalier. 

(  PûrUeil-Burles. 

Toulon ,  ,-        ,, 

(  Rumebe. 

I  Gimet. 

I  Privât. 

,  Boisselier. 

Tours j  Péricat. 

(  Suppligeon. 

„   ,  (  Giard. 

Vatenciennes ,  , 

(  Lemaitre. 


Nice. 


Poitiers. 


Rouen. 


Toulouse. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 


Berlin. 


Bncha'  f'.it. 


chez  Messieurs  : 
Feikema   Caarelsen 
et  C". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

[  Asher  et  C'v 

1  Dames. 

i  Friedlander  et   (ils. 

f  Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

/  Lamertin. 
Bruxelles Mayolezet  Audiarte. 

I  Lebégue  et  C". 

(  Sotcheck  et  C". 

\  Stprck. 

Budapest.. Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC". 

Christiania Cammermeyer. 

Consianlino/iiu.  .     Otto  Keil. 
Copenhague... . .     Hôst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hosle. 

Gènes Beuf. 

.  Cherbuliez. 

Genève Georg. 

(  Stapelmohr. 

Bel  in  fa  nie  frères. 

Benda. 

Payot. 

Barth. 
\  Brockhaus. 

Leipzig... i  Lorentz. 

i  Max  Rube. 
[  Twietmeyer. 
(  Desoer. 
I  Gnusé. 


La    Hâte. 
Lausanne. 


LiiJiie. 


chez  Messieurs  : 

I  Dulau. 
t-ondres Hachette  et  G'«. 

'  Nutt. 
Luxembourg . ...     V.  Biick. 

/  Libr.  Gutenberg. 
Madrid |Romo  y  Fussel. 

j  Gonzalès  e  hijos. 

l  F.  Fé. 

Milan S^°'='=»  •■«"'■ 

\  Hœpli. 

Moscou Tastevln. 

Naples (Marghieri  di  Gius. 

\  Pellerano. 

l  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
A'e.v-  Vork Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C* 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaés  et  Mollit. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

I  Bocca  frères. 

I  Loescheret  C". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

^  Zinssrling. 

I  Wolir. 
Bocca  frère». 
Brero. 

i  Clausen. 
Rosenberg  et  Sellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wnill. 

Vérone Drucker. 

(  Frick. 

(  Gerold  et  C". 
ZUrich Meyer  et  Zeller. 


Rome . 


S'  Petersbourg. . 


Turin. 


Vienne . 


I  GËNÉBâLES  ses  comptes  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  ^  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4°;  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61,— (i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4'';  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (i"  Janvier  iSfi6  à  3i  Décembre  18S0.)  Volume  in-4'';.i889.  Prix 15  fr. 

MENT  ADX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

noire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Derbès  et  A.-J.-J.  Solieb.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
M.  Hanien.  —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

1.  Clàdde  Bebnabd.  Volume  in-4°,  avec  32  planches;  i856 15  fr. 

lémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
urs  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
suivant  l'ordre  de  leur  superposition .  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
s  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  régne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4'',  avec  27  planches;  1861..  .       15  fr. 


Librairie  les  Mémoirefi  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


TABLE   DES   ARTICLES.  (Séance  du  .">  juillet  1899.) 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRlsS  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M .  le  IMiNisTHE  DE  l'Instruction  puiîLiguE 
ET  DES  Ueaux-Arts  atlrcsse  rampli.ition 
d'un  Décret  qui  porte  de  luo  à  iifi  le 
iiiiriihre  des  Correspondants  de  l'Acadériiie, 
l;inl    natii>naN\  i|u'étrau^ers > 


Pages. 

MiM.  Lœwy  et  PuiSEUx.  —  Considérations 
sur  la  constitution  physique  de  la  Lune..         '> 

M.AUMAND  Gautier.—  Examen  de  l'eau  de 
mer  puisée  à  dillérentes  profondeurs;  va- 
riations de  ses  composés  iodés ij 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  SuJiKTAïKL  l'iui'ETUEI.  signale,  piiriiii 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, divers  Ouvrages  de  MM.  Bas  et 
Laffargiie.  de  M.  Maurice  fl'Ocagne,  d" 
M.  /)'.  Xeillcr,  de  M.  Ernest  Leboii;  le 
premier  numéro  du  «  Mois  scientifique  et 
industrie!  » 

M.    .1.    Guillaume.    —    Observations    de    la 
comète  Swift  (iSijç)  a),  faites  à  l'équato- 
rial  Brunner  (o'",  ifi)  de  l'observatoire  de' 
Lyon 

M.  L.  Picart.  —  Sur  la  suppression  des 
essais,  dans  le  calcul  des  orbites  parabo- 
liques   

M.  K.-O.  LovETT.  -  Sur  les  Iransforma- 
lions  des  droites 

i\l.  C.  GuiciiAUD.  —  Sur  les  surfaces  ib' 
M .  \"oss 

AI.  Le  Vavasseur.  —  Les  groupes  d'or- 
rire  1 0/7,/)  étant  un  nombre  premier  impair . 

IM.  Paul  Painleve.  Sur  le  développement 
d'une  branciic  uniforme  de  fonction  una- 
ly tique  en  série  de  polynômes 

i\I.  K.  GouRSAT.  —  Sur  deux  équations  inlé- 
Srabb's  du  second  ordre 

M.  Ivan  Fredholm.  —  Sur  une  classe 
d'équations  aux  dérivées  partielles 

M.  IN.  Saltykow.  —  Considérations  sur  les 
travaux  de  M.AL  S.  Lie  et  A.  Mayer 

RL  Stéphane  Leduc.  —  Étincelle  globulaire 
ambulante 

M.  Auo.  Charpentier.  —  Oscillations  rrcr- 
veuses,  leur  fréqueiH  e 

M.  TiiiiMAs  TojiMASiNA.  —  Sur  la  nature  et 
la  cause  du  jibéiiuinéne  des  cohéreurs.. . . 

lil'I.LETlN  niBLlOGHAPIIIQtlE 


Ifj 


V 


M.  L.  Dumas.  —  Sur  la  posilicm  des  points 
de  transformation  magnétique  dés  aciers 
au   nickel i-^ 

IM.  Pouuet.  —  Sur  le  dosage  volumétrique 
du  zinc ^1 

M.  P.  Lebe.vu.  —  Sur  la  préparation  et  les 
propriétés  des  arséniures  de  strontium, 
de  Ijaryuni  et  de  lithium '17 

M.  E.  Grégoire  iie  Bollemont.  —  Étude 
de  l'oxymétliylène-cyanacétate  de  méthyle 
et  de  quelques-uns  de  ses  homologues...       .')i) 

M.  L.  BouvEAULT.  Emploi  de  la  tétra- 
chlorhydroquinone  pour  la  caraclérisation 
et  la  séparation  des  acides  gras J3 

MM.  E.  Aeelous  et  E.  Gérard.  —  Sur  la 
présence,  dans  l'organisme  animal,  d'un 
ferment  soluble  réduisant  les  nitrates. ...        ïK 

.M.  Henri  Helier.  —  Sur  le  pouvoir  réduc- 
teur des  urines iN 

i\L  Leprince.  —  Contribution  à  l'élude  chi- 
mique de  Vécorcc  i\a  Jihamnus  purs/iiana 
(  Cascnra  sagracla  ) im 

M.  Guerbet.  —  Transformation  directe  de 
l'acélaïuidc  en  élhylaminc  par  hydrogé- 
nation         (il 

M.  DiEXERT.  -  Sur  la  sécrétion  des  dia- 
stases 5,1 

M.  Matteucci.  —  Sur  les  particularités  de 
l'éruption  du  Vésuve 65 

M.  .Vrm.  Gautier.  —  Remarques,  à  propos 
de  la  Communication  de  M.  jt/alleiicci. 
sur  la  présence  de  l'acide  iodliydri(|ue 
dans  les  émanations  volcaniques 6'i 

M.  Emile  Renner  adresse  une  étude  sur  le 
Magnétisme  terrestre 1,- 


PARIS.    — 


I M  P  lu  M  E  lU  E     G  A  U  T  H  I  E  K  -  V  l  L  L  .\  R  S  ,• 
Quai  des  Grands-Augustins,  5i. 

Le  fierait!  .*  *»*uthier-Villahs 


:\Un  1   1899  SECOIVD  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  Mtl.  liES  SBCRÉTAiaES  PBRPÉTUEKiS 


TOME  CXXIX. 


N^  2  (10  Juillet  1899). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCES   DE    L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Aii^'uslins,   55. 

1899 


lIEiiLKMEfNl   MLAllF  AUX  lUlHES  MINULS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES'  DES    23    JUIN    1862    ET    24    MAI    1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomaaaires  des  séances  de 
l'Académie  ?e  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i" .  —  Impressions  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  oarunAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  .par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  dos  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  I^rogranimes  des  prix  proposés  par  l'Acad 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savai 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perso 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  1 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'u 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requi; 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  non 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Eî 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  rei 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tar 
jeudi  à  I  o  heures  du  ma  tin  ;  faute  d'être  remis  à  te 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  1 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Cornptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  de 
teurs;  il  n'v  a  d'exception  que  pour  les  Rappoi 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrativ 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  i 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécutio»  du 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  ( 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  B*".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sui 


AUG  8  1889 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  10  JUILLET  1899, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE, 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  fVilliarn  Flower,  Correspondant  pour  la 
Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  décédé,  à  Londres,  le  i*''  juillet  1899. 

M.  Edmond  Perrier,  en  présentant  à  l'Académie  le  5*  fascicule  (p.  2137- 
2356)  de  son  Traité  de  Zoologie,  s'exprime  ainsi  : 

«  Le  nouveau  fascicule  du  Traité  de  Zoologie  que  j'ai  l'honneur  de  pré- 
senter à  l'Académie  aurait  été  considéré,  au  temps  de  Lamarck,  comme 
complétant  V Histoire  des  Animaux  sans  vertèbres  ;  c'est  en  réalité  une  sorte 
de  préface  de  {'Histoire  des  Vertébrés.  J'y  ai  exposé,  en  effet,  l'organisation 
et  le  développement  de  VAmphioxus,  l'organisation,  le  développement  et  la 
classification  des  Tuniciers.  Dans  le  Chapitre  relatif  à  VAmphioxus,  on 
verra  comment  l'organisation  des  Vertébrés  s'est  dégagée  physiologique- 
ment,  pour  ainsi  dire,  de  celles  des  Vers  annelés.  Dans  le  long  Chapitre 
relatif  aux  Tuniciers,  on  verra  comment,  le  Vertébré  étant  à  peine  ébauché, 
l'intervention  d'une  condition  nouvelle  d'existence,  la  fixation  au  sol,  a 

G.  R.,  1899,  1'  Semestre.  (T.   CXXIX,  N°  2  )  TO 


.(  70  ) 
transformé  le  type  primitif  du  Vertébré  en  un  type  nouveau,  celui  même 
des  Tuniciers. 

»  S'il  est  aujourd'hui  bien  établi  que  les  êtres  vivants  sont  dérivés  les 
uns  des  autres  par  une  série  de  transformations  ininterrompues,  il  est  non 
moins  certain  que  ces  transformations  n'ont  pas  eu  lieu  sans  causes  et  que 
ces  causes  doivent  se  trouver,  d'une  part  dans  le  fonctionnement  même  de 
l'organisme,  d'autre  part  dans  les  conditions  variées  que  les  circon- 
stances extérieures  imposent  à  ce  fonctionnement.  Ces  causes  ne  sont,  en 
général,  masquées  aux  naturalistes  que  par  les  idées  préconçues  qu'ils  se 
sont  faites  des  relations  généalogiques  des  organismes,  et  par  la  croyance 
où  sont  demeurés  beaucoup  d'entre  eux  que  toutes  les  transformations 
sont  admissibles,  alors  même  qu'on  ne  saurait  entrevoir  à  quelles  causes 
elles  peuvent  être  attribuées. 

»  C'est  pour  avoir  dédaigné  cette  intervention  des  causes  modificatrices 
et  s'être  borné  à  constater  les  gradations  morphologiques  présentées  par  les 
organismes,  qu'on  a  dressé  tant  d'arbres  généalogiques  divers  du  règne 
animal,  que  les  mêmes  formes  ont  pu  être  considérées  tantôt  comme  le 
terme  ancestral,  tantôt  comme  le  terme  le  plus  récent  d'une  même  série 
et  qu'on  en  est  arrivé  à  prendre  au  hasard,  suivant  sa  fantaisie,  un  type 
dans  une  série,  pour  tout  faire  rayonner  autour  de  lui.  Une  fois  sur  cette 
pente,  on  n'est  même  plus  arrêté  par  les  indications,  pourtant  si  vantées, 
de  l'embryogénie,  indications  d'ailleurs  si  précises  quand  on  a  pris  soin 
de  les  coordonner  elles-mêmes  méthodiquement.  L'intérêt  de  ce  fascicule 
sera  de  montrer  une  fois  de  plus  comment,  par  la  recherche  des  causes 
rationnelles  de  transformation  et  par  l'application  rigoureuse  des  lois  de 
l'embryogénie,  les  questions  les  plus  difficiles  et  les  plus  délicates 
s'éclairent. 

»  J'ai  montré,  dans  une  Communication  antérieure,  comment  l'impor- 
tance prise  par  le  système  nerveux,  la  tachygonie  intense  de  l'axe  cérébro- 
spinal et  du  mésoderrae,  avaient  déterminé,  chez  des  animaux  voisins  des 
Vers  annelés,  l'apparition,  entre  les  ébauches  de  ces  parties,  d'un  séquestre 
entodermique  devenu  la  corde  dorsale  des  Vertébrés;  comment  ces  causes 
avaient  produit  un  déplacement  latéral  de  la  bouche,  qui  avait  eu,  par 
conséquent,  une  asymétrie  momentanée,  puis  un  renversement  complet 
d'attitude  chez  les  ancêtres  des  Vertébrés.  J'ai  indiqué  que  l'histoire  de  ce 
renversement  était  écrite  tout  entière  dans  l'embryogénie  de  VAmphioxus. 
On  en  trouvera  toutes  les  preuves  dans  ce  fascicule.  Ce  renversement, 
comme  la  torsion  des  Mollusques  gastéropodes,  résulte  de  ce  que  tout  ani- 
mal qui  se  trouve  placé,  d'une  manière  permanente,  dans  des  conditions  déjà- 


(  V  ) 
vorables,   répare  autant  qu'il  le  peut  par  des  attitudes  volontaires  nouvelles 
le  tort  qu'il  éprouve  de  ces  conditions;  ces  attitudes  se  fixent  par  hérédité. 

»  J'ai  désigné  cette  proposition,  qui  n'est  qu'un  corollaire  au  principe  de 
Lamarck  relatif  aux  conséquences  de  l'usage  et  du  défaut  d'usage  des 
organes,  sous  le  nom  de  loi  de  la  fixation  des  attitudes  favorables . 

))  Comme  les  Alcyonnaires,  les  Cirripèdes,  les  Nématodes,  les  Lom- 
briciens,  les  Géphyriens,  les  Lamellibranches,  Vers  plats  etmême  à  certains 
égards  les  Echinodermes,  les  Tuniciers  sont  un  groupe  régressif.  Chez  les 
Nématodes  et  les  Vers  plats  la  régression  a  été  déterminée  par  l'inertie  due 
au  parasitisme  ;  chez  les  Lombriciens,  les  Géphyriens  et  les  Lamellibranches 
par  l'inertie  due  à  une  existence  souterraine;  chez  les  Cirripèdes  et  les 
Tuniciers  par  l'inertie  due  à  la  fixation  au  sol.  La  simplification  de  l'or- 
ganisme a  été,  chez  les  Tuniciers,  accentuée  par  la  progénèse  et  est 
arrivée  au  point  de  permettre  l'apparition  du  bourgeonnement.  Ce  dernier 
a  conduit  à  la  constitution  d'organismes  complexes  {colonies,  cormus,  etc.) 
reproduisant,  à  cause  de  la  communauté  des  conditions  d'existence,  un 
grand  nombre  des  traits  des  Phytozoaires.  Ces  organismes  nouveaux  ou 
ascidiodêmes  étant  à  leur  tour  affectés  de  tachygénèse,  il  en  est  résulté  la 
série  de  phénomènes  longtemps  considérés  comme  si  exceptionnels  que 
l'on  désignait  sous  le  nom  de  génération  alternante  che?^  les  Tuniciers.  Je  me 
suis  efforcé  de  montrer  comment  ces  phénomènes  retitraient  dans  les  lois 
les  plus  générales  de  la  Biologie.  En  un  mot,  en  étudiant  les  deux  groupes 
des  Acràniens  et  des  Tuniciers,  où  toutes  les  lois  qui  se  dégagent  de  l'his- 
toire des  Invertébrés  trouvent  de  si  fécondes  applications,  j'ai  fait  tout  ce 
qui  dépendait  de  moi  pour  substituer  partout  le  bon  sens  et  une  méthode 
rigoureuse  aux  conceptions  métaphysiques,  aux  mystères  et  aux  opinions 
aussi  gratuites  que  personnelles  par  lesquels  on  a  réussi  à  obscurcir  le 
fond  relativement  simple  de  la  morphologie  animale. 

»   Le  prochain  et  dernier  fascicule  exposera  l'histoire  des  Vertébrés.  » 

CHIMIE  GÉNÉRALp.  —  Nouvelles  recherches  sur  l'argon  et  ses  combinaisons. 

Note  de  M.  Berthrlot. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  résultats  de  nouvelles 
recherches  sur  l'arg-on.  Ces  recherches  ont  été  exécutées  avec  un  nouvel 
échantillon  de  ce  gaz,  que  M.  Ramsay  a  eu  la  grande  obligeance  de  me 
donner  :  je  dois  d'abord  lui  en  adresser  mes  remercîrnents. 

»  Cet  échantillon  était  renfermé  dans  une  bouteille  bien  close;  il  occu- 
pait 690"''  à  la  température  ordinaire;  soit  GSo*^",  réduit  à  l'état  sec,  à  o" 


(  7^ 
et  760""".  Malheureusement,  il  était  fort  loin  d'être  pur.  En  efFet,  il  conte- 
nait 3o  pour  100  d'azote  (exempt  d'oxygène);  ainsi  que  je  l'ai  reconnu 
dans  trois  essais,  l'azote  étant  absorbé  dans  les  deux  premiers  en  le  combi- 
nant avec  l'oxygène,  en  présence  de  la  potasse  concentrée,  sous  l'influence 
d'une  série  d'étincelles  électriques.  La  réaction  a  duré  une  première  fois 
quinze  heures,  en  donnant  une  absorption  de  3o  centièmes.  Une  seconde 
fois,  vingt-quatre  heures,  avec  absorption  de  3o,6.  Le  troisième  essai,  exé- 
cuté en  faisant  agir  l'effluve  sur  un  mélange  gazeux  d'argon  et  d'éther  gly- 
colique  (pseudoxyde  d'éthylène),  l'un  des  meilleurs  absorbants  de  l'azote,  a 
donné  une  absorption  de  29,5  centièmes,  j'ai  donc  disposé  de  455'='^ d'argon. 

»  La  nécessité  de  purifier  ainsi  l'argon  de  son  mélange  avec  l'azote  a 
rendu  mon  travail  très  pénible,  mon  outillage  ne  me  permettant  pas 
d'opérer  à  la  fois  sur  plus  de  100'='=  à  120'^''  du  mélange  dont  je  disposais, 
additionné  d'oxygène  dans  la  proportion  convenable  (2™'  pour  i'"'  d'azote), 
soit  en  tout  200*='^  environ  ;  chaque  opération  durant  de  quinze  à  vingt- 
quatre  heures,  avec  un  courant  continu  d'étincelles  multiples,  fournies  par 
une  bobine  d'induction,  alimentée  par  six  accumulateurs  (12'°'", 6).  En 
raison  de  ces  difficultés  je  n'ai  pas  poussé  mes  essais  aussi  loin  que  je  l'avais 
projeté.  Cependant  les  faits  que  j'ai  observés  ajoutent  un  certain  nombre 
de  points  à  nos  connaissances  sur  les  propriétés  de  l'argon  et  sur  les 
actions  de  l'effluve  :  j'ajouterai  qu'ils  ont  été  obtenus  en  dehors  de  toute 
opinion  théorique  préconçue.  Je  les  présenterai  dans  l'ordre  suivant  : 

»  Essais  relatifs  à  l'action  de  l'argon  sur  divers  composés  organiques  ; 

»   Essais  spéciaux  sur  la  benzine; 

»   Essais  sur  le  sulfure  de  carbone. 

»  Je  poursuis  ces  essais  relativement  à  l'action  de  l'argon  sur  les  métaux, 
et  spécialement  sur  les  métaux  renfermés  dans  les  minéraux  dont  M.  Ramsay 
a  réussi  à  extraire  l'argon  et  l'hélium.  Mais  cet  ordre  d'expériences  exige 
des  appareils  disposés  autrement  :  j'y  reviendrai. 

»  Donnons  d'abord  quelques  détails  sur  la  marche  et  le  dispositif  des 
expériences.  Après  avoir  soumis  à  une  nouvelle  vérification  mes  travaux 
relatifs  à  la  benzine  et  au  sulfure  de  carbone  (^Annales  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique,^ 7*  série,  t.  VH,  p.  5;  1896),  vérification  rapportée  plus  loin,  j'ai 
mis  en  œuvre  des  composés  carbonés  choisis  dans  diverses  séries.  Les 
expériences  ont  été  faites  avec  mes  tubes  à  effluve  de  différentes  dimen- 
sions, décrits  et  figurés  précédemment.  On  a  opéré,  sous  la  pression  atmo- 
sphérique et  vers  la  température  de  20°  : 

»  i"  Sur  les  mélanges  d'argon  avec  les  gaz,  ou  corps  gazéifiables  à  la 
température  ordinaire; 


(  73  ) 

«  2"  Sur  l'argon  mis  en  présence  de  liquides  offrant  une  tension  de 
vapeur  suffisante.  Quant  aux  corps  solides,  ou  doués  d'une  très  faible  ten- 
sion, leiu'  réaction  sur  l'azote  se  fait  beaucoup  moins  bien,  comme  je  l'ai 
dit  ailleurs,  et  je  n'ai  pas  cru  utile  de  les  mettre  enjeu. 

»  J'opère  sur  un  volume  d'argon  compris  entre  5'^'^  et  lo*^^',  volumes 
qu'il  n'est  pas  utile  de  dépasser  dans  les  tubes  à  effluve,  en  raison  de  la 
faible  capacité  de  l'esjjace  annulaire  où  s'opère  l'action,  entre  deux  tubes 
distants  de  o'""",  5  à  o""'",  i  au  plus.  La  rapidité  des  effets  dépend  à  la  fois  de 
cette  distance,  de  la  surface  des  tubes  à  effluve  et  de  la  tension  électrique. 
On  doit  éviter  les  tensions  trop  fortes,  les  pluies  de  feu  notables  el  les  échauf- 
fements  correspondants.  Quand  on  fait  réagir  un  liquide,  son  volume  doit 
demeurer,  en  général,  voisin  de  i  à  2  dixièmes  de  centimètre  cube,  ce 
qui  représente  d'ailleurs  un  poids  équivalent  considérable  par  rapport  à 
celui  de  l'argon  gazeux,  tout  en  maintenant  négligeable  l'action  dissol- 
vante que  ce  liquide  serait  susceptible  d'exercer  sur  l'argon,  gaz  dont  la 
solubilité  dans  les  dissolvants  est  un  peu  plus  forte  que  celle  de  l'azote, 
c'est-à-dire  faible. 

»  Ces  liquides  se  transforment  d'ailleurs,  pour  la  plupart,  en  dérivés 
solides  polymérisés  dans  le  cours  de  l'expérience,  ce  qui  annule  toute 
action  dissolvante. 

»  La  bobine  Ruhmkorff  employée  pour  développer  l'effluve,  est  celle 
de  /jo*""  de  longueur,  avec  bouteille  de  Leyde;  elle  est  alimentée  par  trois 
ou  six  accumulateurs  (6'">"%3  à  i2™"%6).  La  distance  limite  des  étincelles 
extérieures  est  fixée  à  6™"  ou  8™'". 

»  J'ajouterai  que  la  technique  de  ce  genre  d'expériences  est  délicate  et 
demande  à  être  étudiée  à  l'avance  sur  l'azote,  les  réactions  variant  avec  les 
tensions  électriques,  la  température  développée  et  diverses  autres  circon- 
stances. 

»  Les  expériences  exécutées  d'abord  avec  l'argon  purifié  par  l'action  de 
l'oxygène,  comme  il  a  été  dit,  ont  été  répétées  toutes  avec  cet  argon  purifié, 
puis  ayant  déjà  subi  ultérieurement  l'action  simultanée  de  l'effluve  et  d'un 
premier  composé  organique,  ce  qui  l'aurait  débarrassé  des  dernières  traces 
d'azote,  à  supposer  qu'il  en  restât  encore. 

I.  Essais  relatifs  a  l'action  de  l'argon  sur  divers  composés  organiques. 

»    L'expérience  conduit  à  partager  les  composés  hydrocarbonés,  avec 
lesquels  j'ai  opéré,  en  trois  groupes  : 
»   Série  grasse  ou  saturée  ; 


(  74  ) 

»   Série  benzénique; 

»  Séries  cycliques  diverses. 

»  Je  commencerai  par  la  série  grasse,  dont  les  résultats  négatifs  ne 
feront  que  mieux  ressortir  les  résultats  positifs  obtenus  avec  la  série  ben- 
zénique.  Après  la  réaction,  on  mesure  le  gaz  restant,  on  y  ajoute  de  l'oxy- 
gène et,  s'il  y  a  lieu,  un  peu  de  mélange  tonnant.  On  fait  détoner  dans 
l'eudiomètre,  puis  on  absorbe  l'acide  carbonique  et  l'excès  d'oxygène, 
avec  les  précautions  convenables,  et  l'on  mesure  le  résidu,  qui  est  consti- 
tué par  l'argon  non  combiné. 

A.  Sér'ie  grasse. 

»  1.  Éthylène,  C-H''  (loo''"')  et  argon  (io6'"'),  à  volumes  égaux, 
vingt-quatre  heures.  —  Le  mélange  a  diminué  de  volume,  tout  en  restant 
supérieur  à  celui  de  l'argon.  L'analyse  eudiométrique  a  montré  qu'il 
s'était  produit  de  l'hydrogène  (43'^°'),  mélangé  avec  une  petite  quantité  de 
formène  (4'°'),  on  d'éthane  (2^°')  équivalent.  Absorption  d'argon,  exacte- 
ment nulle.  Au  cours  de  l'expérience,  sous  la  pression  atmosphérique,  il 
n'apparaît  pas  de  luminescence  visible  en  plein  jour.  La  nuit,  lueur  jaune 
le  soir,  puis  bleuâtre,  où  le  spectroscope  à  vision  directe  ne  distingue  pas  de 
raies. 

»  2.  Ether  glycolique  (iSo""')  et  argon  (100'°'),  vingt  heures.  Il  s'est 
produit  de  l'hydrogène  (26™')  et  du  formène  (2'°', 4)-  Absorption  de 
l'argon,  nulle.  Pas  de  luminescence  diurne. 

»  Ether  glycolique  5oo™' -H  arg-o/z  100^"'.  Gaz  produit,  H^^i25™'; 
CH''  :=  g''"',  3;  CO  =  4™'.  6;  absorption  de  l'argon  nulle.  Pas  de  lumines- 
cence diurne. 

3.  Aldéhyde  gazeux.  C"H''0,  167™'  -+-  argon  100™';  vingt-trois  heures. 
Gaz  produit  :  H^  =  78;  CO  =  20;  CH^  =  7.  Absorption  de  l'argon  nulle. 
Pas  de  luminescence  diurne. 

»  4.  Acétone,  CH^O  liquide -I- aro-on  loo'^"'.  Gaz  produit  H- =  120; 
C0  =  i,5;  CH''  =  i3.  Absorption  de  l'argon  nulle.  Pas  de  luminescence 
diurne. 

»  5.  Amylène,  CH'"  liquide  avec  forte  tension  de  vapeur  -+■  argon.  Gaz 
produit  :  hydrogène  et  carbures.  Absorption  de  l'argon  nulle.  Pas  de  lumi- 
nescence diurne. 

»  6.  Éther  de  pétrole.  Carbures  C"H^"^^  très  volatils  -h  argon;  vingt- 
quatre  heures.  Absorption  de  l'argon  nulle.  Pas  de  luminescence  diurne. 

)>   Voici  maintenant  quelques  composés  azotés. 


(  75  ) 
■     »  7.  Propioniliile,  C^H*  Az  liquide  +  argon  100"°'.  Gaz  obtenus  :  H-  =  4^  ; 
C0  =  3;  CH''  =  34. 

))  Absorption  de  l'argon  nulle,  en  admettant  qu'il  n'y  ait  pas  dégagement 
d'azote.  Pas  de  luminescence  diurne. 

»  8.  Sulfocyanure  d'allyle,  G*  IPAzS  liquide  +  aro-ow.  Absorption  nulle. 
Pas  de  luminescence  diurne. 

1)  9.  Amylaminc.  C^H"Azliquide  -+-  argon  100™'.  Il  s'est  développé  une 
odeur  de  pipéridine.  Gaz  obtenus  :  H-  =  224;  CH"  =  i[\;  Az-  =  [5.  Il  y  a  eu 
dégagement  d'azote,  auquel  on  a  attribué  tout  l'accroissement  de  volume 
du  résidu  incombustible.  Pas  de  luminescence  diurne. 

B.  —  Série  benzénique. 

»  La  marche  des  expériences  et  des  analyses  est  exactement  la  même. 
Toutes  ont  donné  une  absorption  d'argon  plus  ou  moins  sensible  dans  tous 
les  cas,  la  bobine  étant  alimentée  par  des  tensions  de  6  à  12  volts.  On  voit 
apparaître  le  jour,  seulement  au  bout  de  plusieurs  heures,  c'esl-k-dïre  par  suite 
du  développement  d'une  réaction  lente  et  progressive  entre  l'argon  et  la  vapeur 
organique,  une  luminescence  continue  spéciale,  verte,  plus  ou  moins 
intense,  indépendante  de  la  pluie  de  feu,  qu'il  vaut  mieux  éviter. 

»  Cette  luminescence  se  développe  dans  les  gaz  sous  la  pression  atmo- 
sphérique. Elle  est  visible  en  plein  Jour  dans  presque  tous  les  cas.  Le  spec- 
troscope  à  vision  directe  y  distingue  les  raies  de  l'argon,  du  mercure,  du 
carbone  et  de  l'hydrogène  :  le  tout  conformément  à  mes  observations 
publiées  il  y  a  trois  ans,  sur  la  benzine,  et  que  j'ai  reproduites  sans  diffi- 
cultés. Voici  le  détail  de  ces  nouveaux  essais,  tous  exécutés  en  présence 
de  l'argon. 

»  1.  Benzine,  C*H^.  —  Le  détail  en  sera  donné  dans  la  IIP  Partie  du 
premier  Mémoire.  Bornons-nous  à  rappeler  que,  dans  les  analyses,  il  est 
nécessaire  d'éliminer  à  la  fin,  par  combustion  eudiométrique,  la  vapeur  de 
benzine  en  excès. 

»  Le  volume  d'argon  absorbé  a  été  trouvé,  en  faisant  varier  les  condi- 
tions de  durée,  de  tension,  de  masse  relative,  etc.,  dans  différents  essais, 
égal  à  8  centièmes,  ày;  à6,5;à5;à3  centièmes,  etc.,  résultats  du 
même  ordre  de  grandeur  que  mes  précédents  (^Annales  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique, 7"  série,  t.  VII,  p.  24). 

»  2.  Toluène,  G' H*.  —  Luminescence  diurne  verte  très  nette,  pareille  à 
celle  de  la  benzine,  avec  le  même  spectre;  quoique  plus  faible,  surtout  au 
début.  Absorption  de  l'argon  :  2  à  3  centièmes. 


(  76) 

M  3.  Cymol,  C'^H''.  —  Luminescence  diurne  verte,  faible.  Absorption 
de  l'argon  :  6  centièmes. 

»  4.  Jereè<?«^Ap«e  récemment  rectifié,  C'°  H' ^  —  Luminescence  d'abord 
blanchâtre,  puis  verdàlre  faible,  au  moment  du  crépuscule,  moment  où  la 
lumière  du  jour  est  assez  affaiblie  pour  rendre  plus  manifeste  la  lumines- 
cence. Spectre  correspondant.  Le  volume  de  l'hydrogène  dégagé,  faible. 
Absorption  de  l'argon  :  2  centièmes. 

M  5.  Éther  méthylphénique  (anisol),  C'H^O.  —  La  luminescence  diurne 
verte  apparaît  au  bout  d'une  heure,  très  belle,  quoique  plus  faible  qu'avec 
la  benzine.  Même  spectre.  Absorption  de  l'argon  :  5  centièmes  au  bout  de 
vingt-quatre  heures. 

»  6.  Phénol,  C°H°0  cristallisé.  —  Lueur  verte  très  faible,  visible  au 
crépuscule.  Absorption  de  l'argon  :  2  à  3  centièmes,  expérience  répétée 
deux  fois. 

»  7.  Aldéhyde  benzoïque,  C'WO.  —  Mêmes  observations.  Absorption 
d'argon  :  t  à  2  centièmes. 

»  8.  Aniline,  CH'Az.  —  Luminescence  verte,  plus  faible  qu'avec  la 
benzine.   Absorption  d'argon  :  i  centième  ('). 

»  9.  Sul/ocyanure  de  p/iényle,  CWAzS.  —  Luminescence  faible,  mais 
réelle.  Absorption  de  l'argon,  2  centièmes. 

•M  10.  Benzonitrile,  C'H^Az.  —  Très  belle  luminescence  verte,  se  pro- 
duisant rapidement.  S|)ectre  bien  accusé  avec  le  spectroscope  à  vision 
directe.  Absorption  de  l'argon  :  5,3  centièmes. 

))  On  voit  que  la  benzine  et  ses  dérivés  développent  avec  l'argon  la  lu- 
minescence diurne  caractéristique,  avec  une  intensité  d'autant  plus  grande 
que  leur  tension  de  vapeur  est  plus  considérable  ;  le  phénomène  étant 
à  peine  marqué  avec  le  phénol,  l'aldéhyde  benzoïque  etle  sulfocyanure  de 
phényle;  un  peu  plus  avec  le  cymol  et  l'aniline,  mais  surtout  éclatant  avec 
la  benzine,  le  toluène,  le  benzonitrile  et  l'anisol.  Cette  luminescence  est 
corrélative  d'une  absorption  d'argon,  surtout  nette  avec  les  corps  les  plus 
volatils. 

»  Le  contraste  de  ces  résultats  avec  ceux  que  fournit  la  série  grasse 
montre  qu'il  s'agit  d'un  composé  particulier,  propre  à  la  série  benzénique, 
c'est-à-dire  d'un  phényleniercurargon,  doué  d'une  faible  tension,  et  limité 
dans  sa  formation  à  la  fois  par  la  tension  de  vapeur,  propre  au  composé 
phénylique  qui  le  fournit,  et  par  des  conditions  complexes  de  stabilité 
propre  et  de  dissociation. 

(')  En  admetlaul  qu'il  n'y  ail  pas  d'azole  dégagé.. 


(  77  ) 
»   On  remarquera  que  les  composés  de  la  série  grasse  et  ceux  de  la 
série  benzénique  ont  été  comparés  en  deux  groupes  parallèles,  répondant 
aux  mêmes  fonctions  : 

Carbures. 


Éthylène.  Amylène. 
Hydrures  forméniques. 


Éther  glycolique. 
Sulfocyanure  d'allyle. 


Aldéhyde  éthylique. 
Acétone. 


i   Benzine.  Toluène.  Cymol. 
Térébeiilhène. 

Dérivés  alcooliques. 

I  Phénol.  Anisol. 
Sulfocyanure  de  phényle. 

Aldéhydes. 

Aldéhyde  benzoïque. 


Amylamine. 


Nitrile  propionique. 


Alcalis. 

I  Aniline. 

Nitriles. 

I  Nitrile  benzoïque. 


»  Le  contraste  entre  les  résultats  fournis  par  les  deux  séries  est  mani- 
feste, tant  comme  absorption,  laquelle  résulte  de  mesures  délicates,  que 
comme  luminescence,  caractère  qualitatif  qui  frappe  tous  les  yeux,  surtout 
avec  les  corps  suffisamment  volatils. 

»  Il  y  a  là  une  évidence,  indépendante  de  toute  mesure  et  facile  à  mon- 
trer dans  un  enseignement  public. 

»   Venons  à  la  troisième  série  d'essais. 


Série  C.  —  Composés  cycliques. 

«  1.  Furfurol,  C^H'O'.  —  Absorption  d'argon  incertaine.  Lueur  visible 
à  l'heure  du  crépuscule,  avec  un  spectre  spécial,  perceptible  au  spectro- 
scope  à  vision  directe. 

))  2.  Thiophéne,  C'H'S.  —  Absorption  d'argon  atteignant  3  centièmes  el 
2,5  (deux  essais).  Lueur  verdàlre  visible  la  nuit,  avec  spectre  spécial  per- 
ceptible au  spectroscope  à  vision  directe. 

»  IL   Pyrrol,  C^H'Az.   —  Absorption  incertaine.  Lueur  faible. 

c.  R.,  i8y9,  ?.'  Semestre.  (T.  CXXI\,  N"  2.)  TI 


(  78  ) 

»  4.  Pyridine,  CH'Az.  —  Absorption  d'argon,  2  centièmes  (2  essais). 
Luminescence  notable  au  crépuscule,  avec  spectre  spécial. 

»  Ces  résultats  paraissent  les  indices  d'une  formation,  moins  marquée 
à  la  vérité,  de  composés  analogues  au  dérivé  phénylique. 

II.  —  Essais  relatifs  a  l'action  de  l'argox  slr  la  bexzixe. 

«  Je  me  suis  proposé  de  rechercher  à  quel  moment  l'absorption  de  l'ar- 
gon avait  lien;  si  c'était  en  présence  de  la  benzine  liquide,  ou  bien  au 
moment  où  sa  polymérisation  devenait  totale,  ou  bien  en  présence  du 
polymère  déjà  formé;  j'ai  recherché  également  si  la  luminescence  per- 
sistait en  présence  d'un  grand  excès  de  benzine  et  d'une  réaction  long- 
temps continuée;  enfin  si  le  polymère  formé  avec  absorption  d'argon 
pouvait  régénérer  le  composé  lumineux,  après  que  le  système  avait  cessé 
dedevenir  lumineux  immédiatement  par  l'effluve,  celle-ci  ayant  été"  inter- 
rompue pendant  un  temps  plus  ou  moins  long,  sans  que  l'état  du  système 
ait  subi  aucun  autre  changement. 

»  Dans  tous  les  cas,  les  dosages  d'argon  ont  été  faits  en  détruisant 
d'abord  la  vapeur  de  benzine  et  autres  corps  carbonés  par  détonation 
eudiométrique,  etc. 

»  1.  Argon.  Benzine  liquide  prise  sous  un  volume  égal  au  dixième  du 
volume  de  l'argon  gazeux,  c'est-à-dire  en  excès.  La  luminescence  spéci- 
fique apparaît  au  bout  de  deux  heures,  la  benzine  liquide  subsistant 
en  quelque  dose,  quoique  en  grande  partie  détruite.  Après  destruction 
de  sa  vapeur  par  détonation,  on  a  trouvé  que  l'absorption  s'était  élevée 
à  3  centièmes. 

»  2.  On  a  ajouté  quelques  gouttes  de  benzine  et  prolongé  trente-six 
heures  l'action  de  l'effluve.  Luminescence  continue;  absorption  nouvelle, 
4  centièmes.  En  poursuivant  dix-sept  heures,  sans  aucune  addition  de 
benzine,  l'absorption  ne  s'est  accrue  que  de  i  centième.  Soit,  en  tout, 
9  centièmes. 

))  On  voit  que  l'absorption  est  devenue  manifeste,  en  même  temps  que  la 
luminescence,  et  qu'elle  s'est  arrêtée  vers  une  certaine  limite,  qui  semble 
dépendre  surtout  du  rapport  entre  l'argon  et  la  tension  de  vapeur  du  mer- 
cure et  du  phénylemercurargon,  c'est-à-dire  de  la  tension  de  dissociation 
de  ce  dernier  composé. 

»  3.  Dans  un  autre  essai,  la  luminescence  étant  déjà  nette  pour  une 
absorption  de  5  centièmes  d'argon,  la  limite  d'absorption  s'est  arrêtée  vers 


(  79  ) 
7  centièmes;  dans  un  autre,  vers  8  centièmes.  Ces  limites  paraissaient  liées 
d'ailleurs  avec  la  tension  électrique  de  l'effluve  dans  l'espace  annulaire. 

»  La  température  développée  dans  cet  espace  joue  certainement  un 
rôle.  Quand  elle  est  trop  élevée,  le  composé  se  détruit,  ou,  ce  qui  revient 
au  même,  ne  se  forme  pas;  ce  dont  je  donnerai  des  exemples  plus  nets  en 
parlant  du  sulfure  de  carbone. 

»  4.  Lorsque  toute  la  benzine  a  été  détruite,  si  l'on  prolonge  indéfini- 
ment l'action  électrique,  la  luminescence,  au  bout  d'un  temps  très  long, 
diminue  et  6nit  par  disparaître,  ainsi  que  je  l'avais  déjà  signalé  dans  mon 
précédent  Mémoire. 

»  5.  En  opérant  avec  volumes  égaux  d'argon  gazeux  et  de  benzine  li- 
quide, c'est-à-dire  avec  un  énorme  excès  de  cette  dernière,  la  luminescence 
n'a  pas  apparu  au  bout  de  vingt-deux  heures  :  peut-être  parce  que  l'excès 
de  liquide  a  retenu  le  phénylemercurargon  en  dissolution.  L'absorption 
apparente  d'argon  s'élevait  cependant  à  iZj  centièmes,  la  majeure  partie 
de  la  benzine  étant  polymérisée  et  changée  en  dérivé.  Cette  absorption 
était,  en  réalité,  la  somme  de  deux  effets,  l'absorption  chimique  et  la  dis- 
solution simple. 

»  Pour  la  contrôler,  dans  des  essais  approximatifs,  j'ai  mesuré  la  solu- 
bilité de  l'argon,  vers  19°,  sous  une  pression  de  o'",'749>  dans  le  sulfure 
de  carbone  et  dans  la  benzine. 

»  Le  sulfure  de  carbone  en  a  dissous  environ  6  centièmes  de  son  vo- 
lume; la  benzine,  environ  18  centièmes.  Ces  chiffres  sont  donnés  seule- 
ment comme  approximatifs;  ils  indiqueraient,  d'après  des  essais  compa- 
ratifs, une  solubilité  de  l'argon  égale  à  une  fois  et  demie  à  peu  près  celle 
de  1  azote  dans  les  mêmes  dissolvants.  Sans  les  garantir  d'une  façon 
absolue,  ils  montrent  que  dans  les  expériences  où  l'on  emploie  0'='=,  r  à 
0*^*^,2  de  benzine  ou  de  sulfure  de  carbone  liquides,  avec  5  à  10*'''  d'argon 
gazeux,  l'action  dissolvante  proprement  dite  est  négligeable. 

»  6.  La  luminescence  verte  du  phénylemercurargon  cesse  à  l'instant 
même  où  l'on  arrête  le  courant  électrique.  Si  l'on  opère  au  moment 
du  crépuscule,  après  l'extinction  l'œil  continue  à  percevoir  pendant  une 
fraction  de  seconde  une  lueur  violette,  qui  s'efface  à  son  tour,  en  laissant 
seulement  la  teinte  jaune  permanente  du  dérivé  polymérisé  de  la  benzine, 
adhérent  à  la  paroi  du  tube  à  effluve. 

»  Si  l'on  rétablit  alors  le  courant,  la  teinte  verte  reparaît  aussitôt.  Mais 
après  huit  heures  d'arrêt,  il  faut  quelques  minutes,  comme  si  le  phényle 
mercurargon  avait  été  réabsorbé  par  le  corps  polymère  et  exigeait  quelque 


(8o) 

temps  soit  pour  se  reformer,  soit  pour  se  redégager.  La  lueur  reparait 
tantôt  depuis  le  bas,  où  se  trouve  la  surface  du  mercure,  tantôt  au  con- 
traire depuis  la  partie  supérieure,  qui  en  est  éloignée  de  20'=™  à  aS^"*,  pour 
redescendre  peu  à  peu.  Celte  diversité  montre  que  la  réapparition  de  la 
lueur  n'est  pas  liée  avec  le  voisinage  du  mercure.  Elle  résulte  sans 
doute  de  l'inégale  épaisseur  de  la  couche  annulaire  gazeuse,  comprise 
entre  les  tubes  de  verre,  et  de  la  faculté  plus  ou  moins  grande,  qui  en 
résulte,  pour  le  passage  de  la  décharge  sur  un  point,  ou  sur  un  autre. 

»  7.  J'avais  conservé,  sur  une  cuve  à  mercure,  depuis  trois  ans,  un 
échantillon  d'argon,  régénéré  par  la  décomposition  de  la  combinaison  qu'il 
avait  formée  d'abord  avec  le  sulfure  de  carbone,  puis  rais  en  présence  de  la 
benzine  et  soumis  à  l'action  de  l'effluve,  jusqu'à  formation  du  phényle- 
mercurargon  luminescent;  la  benzine  avait  entièrement  disparu  à  cette 
époque.  Aucun  changement  n'ayant  été  fait  depuis,  dans  la  disposition  des 
appareils  et  des  matières,  tant  gazeuses  que  transformées,  il  m'a  paru  inté- 
ressant de  tenter,  à  l'époque  présente,  de  reproduire  la  luminescence 
spécifique.  Il  a  fallu  onze  heures  d'effluve  pour  la  faire  reparaître,  avec 
sa  lueur  émeraude  et  ses  raies  spécifiques.  On  a  arrêté  alors  l'action  élec- 
trique pendant  huit  heures,  puis  recommencé  :  dix  minutes  ont  suffi  cette 
fois. 

»  Il  résulte  de  celte  expérience  que  le  phénylemercurargon,  réabsorbé 
par  le  polymère  benzénique,  et  peut-être  décomposé  à  la  longue  sponta- 
nément, à  la  façon  de  l'ozone  et  de  l'eau  oxygénée,  reparaît,  lorsque  ses 
éléments  constituants  sont  soumis  à  une  action  prolongée  de  l'effluve. 

III.  —  Essais  relatifs  a  l'action  de  l'argon  sur  le  sulfure  de  carbone. 

»  1.  Argon  et  sulfure  de  carbone  liquide  (o",  i).  Tension  du  courant 
qui  agit  sur  la  bobine  :  6'"'",  3.  Vingt  heures  à  22°.  Absorption  :  7  centièmes. 
Le  composé  formé  est  solide,  d'une  couleur  fauve,  sans  mélange  charbon- 
neux. On  en  a  régénéré  par  l'action  de  la  chaleur  une  petite  quantité 
d'argon,  reproduisant  la  luminescence  verte  avec  la  benzine,  c'est-à-dire  le 
phénylemercurargon  caractéristique. 

))  2.  Un  autre  essai,  opéré  dans  les  mêmes  conditions,  au  bout  de  six 
heures,  a  donné  une  absorption  de  6  centièmes. 

»  Pour  exécuter  ces  analyses,  on  suit  la  méthode  que  j'ai  indiquée,  la- 
quelle consiste  à  absorber  la  vapeur  de  sulfure  de  carbone  avec  un  fragment 
de  potasse,  imbibé  préalablement  d'alcool,  puis  la  vapeur  d'alcool  par  l'acide 


(8i   ) 

sulfiirique  concentré.  J'ai  vérifié,  par  des  essais  synthétiques,  qu'on  retrouve 
exactement  après  ces  essais  un  volume  donne  d'argon,  saturé  de  sulfure 
de  carbone.  Dans  le  cas  où  l'on  a  ajouté  de  l'hydrogène,  ou  bien  un  com- 
posé hydrocarboné,  il  convient,  après  l'action  de  l'acide  sullurique,  de 
traiter  le  résidu  par  le  mélange  tonnant,  additionné  d'un  peu  d'oxygène, 
dans  l'eudiomètre. 

»  3.  Argon  et  sulfure  de  carbone.  Expérience  semblable,  la  tension  du 
courant  qui  agit  sur  la  bobine  étant  de  i2™"%6.  Il  se  produit  une  pluie  de 
feu  très  apparente;  vingt-quatre  heures.  Le  composé  formé  est  noirâtre  et 
charbonneux;  absorption  nulle. 

))  4.  Cette  expérience  à  forte  tension  a  été  répétée  avec  une  dose  plus 
notable  de  sulfure  de  carbone;  elle  a  également  donné  lieu  à  une  matière 
charbonneuse  et  à  une  absorption  d'argon  nulle. 

»  5.  L'argon  non  absorbé  dans  l'essai  précédent  a  été  de  nouveau  addi- 
tionné de  sulfure  de  carbone  et  soumis  à  l'action  de  l'effluve  pendant 
quelques  heures,  la  tension  du  courant  étant  seulement  de  6'""%  3.  Le  com- 
posé formé  est  jaune,  non  charbonneux;  absorption,  3  centièmes. 

»  Ces  observations  mettent  en  évidence  une  circonstance  que  je  n'avais 
pas  aperçue  dans  mes  anciens  essais,  à  savoir  la  nécessité  de  ne  pas  opérer 
avec  des  tensions  trop  fortes  et  dans  des  conditions  d'échauffement;  sur- 
tout avec  le  sulfure  de  carbone  :  ce  qui  s'explique,  le  composé  qui  en  dérive 
étant  détruit  par  une  température  inférieure  au  rouge,  comme  il  résulte 
des  expériences  de  régénération. 

»  Voici  maintenant  des  expériences  faites  avec  le  sulfure  de  carbone 
mélangé  d'hydrogène,  ou  de  corps  hydrogénés. 

))  6.  Argon  ioo^°';  H- =  175.  CS^  liquide.  Au  bout  de  vingt-quatre 
heures,  tout  l'hydrogène  a  disparu.  Absorption  de  l'argon  :  10  centièmes. 

»  J'ajouterai  que  le  sulfure  de  carbone  mêlé  d'hydrogène  seulement 
absorbe  ce  gaz,  aussi  bien  que  l'azote,  sous  l'influence  de  l'effluve.  J'y  re- 
viendrai. 

»  7.  Argon,  avec  o"',  i  d'un  mélangede  sulfure  de  carbone  etde  benzine 
liquides,  à  volumes  égaux.  —  Absorption  de  l'argon:  g  centièmes.  Le  pro- 
duit, décomposé  par  la  chaleur  au  rouge  sombre,  régénère  divers  gaz 
exempts  d'argon;  ce  que  fait  d'ailleurs  également,  comme  je  l'ai  dit, 
le  dérivé  benzénique. 

»  J'ai  cherché  à  définir  d'une  façon  plus  précise  la  relation  moléculaire 
qui  existe  entre  l'argon  fixé  et  le  sulfure  de  carbone  transformé  :  pour  y 
parvenir,  j'ai  opéré  sur  les  deux  corps  gazeux  mélangés,  et  conformément 


(«2) 

à  la  marche  que  j'ai  déjà  suivie  pour  étudier  les  fixations  d'azote.  J'ai  agi 
comparativement  avec  l'hydrogène,  l'azote,  l'argon,  tous  en  excès,  mis  en 
présence  du  sulfure  de  carbone  vaporisé  dans  une  atmosphère  de  ces  gaz, 
sous  une  pression  de  o'",75o,  et  à  une  température  voisine  de  20°  à  22"  : 
conditions  dans  lesquelles  on  vaporise,  dans  100™'  du  gaz  initial,  60^°'  à 
70™'  de  sulfure  de  carbone  gazeux. 

»  J'ai  trouvé  dans  ces  conditions  les  rapports  suivants  entre  les  volumes 
du  gaz  et  du  sulfure  de  carbone  gazeux  combinés  sous  l'influence  prolon- 
gée de  l'effluve  : 

2CS-fixeH-, 

4CS-  fixe  Az-, 
34 es-  fixe  Argon-. 

))  Avec  les  systèmes  liquides,  le  rapport  de  l'argon  fixé  à  son  volume 
total  va  plus  loin,  en  raison  de  l'excès  du  sulfure  de  carbone. 

»  Dans  tous  les  cas,  il  se  forme  un  composé  solide,  amorphe,  de  couleur 
fauve,  polymérisé.  Mais  on  ne  saurait  affirmer  que  ce  composé  ne  soit  pas 
constitué  par  un  mélange  d'un  composé  défini,  avec  un  excès  variable  de 
sulfure  polymérisé.  En  un  mot,  deux  actions  développées  par  l'effluve  se 
poursuivent  parallèlement  :  savoir  une  combinaison  d'hydrogène,  ou 
d'azote,  ou  d'argon,  et  une  polymérisation  (peut-être  avec  séparation  de 
soufre)  du  sulfure  de  carbone.  Rien  ne  prouve  que  le  second  phénomène 
soit  négligeable,  ni  même  connexe  avec  la  combinaison  :  pas  plus  que  la 
formation  de  l'ozone  ne  l'est  avec  la  formation  de  la  vapeur  nitreuse  sous 
l'influence  de  l'effluve,  aux  dépens  d'un  mélange  d'azote  et  d'oxygène,  tel 
cjue  l'air  atmosphérique.  Sans  doute,  les  deux  réactions  sont  simultanées 
avec  les  fortes  tensions  électriques;  mais  l'ozone  se  forme  seul  par  des 
tensions  plus  faibles.  Cette  observation,  que  j'avais  faite  autrefois  ('),  a 
été  utilisée,  dans  ces  derniers  temps,  par  l'industrie  pour  produire  de 
l'ozone  exempt  de  composés  nitriques. 

n  La  polymérisation,  parfois  accompagnée  par  la  séparation  partielle  de 
l'un  des  éléments,  constitue  l'effet  le  plus  général  de  l'action  de  l'effluve 
sur  les  composés  organiques.  J'en  ai  donné  de  nombreux  exemples  dans 
mes  études  sur  la  fixation  de  l'azote  et  cet  effet  apparaît  seul  pour  les  mé- 


(')  Essai  de  Mécanique  chimique,  l.  II,  p.  375.  —  Annales  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique, 5»  série,  t.  XII,  p.  44'^;  i877- 


(  83  ) 

langes  de  l'argon  avec  les  gaz  et  corps  volatils  de  la  série  grasse.  Tandis 
que  les  deux  phénomènes  se  manifestent  à  la  fois,  avec  l'argon  et  les  corps 
de  la  série  benzénique.  Dans  ce  dernier  cas,  la  limite  de  tension  gazeuse  à 
laquelle  s'arrête  la  combinaison  est  de  l'ordre  de  grandeur  qui  caractérise 
l'action  de  l'effluve  pour  des  phénomènes  analogues,  tels  que  la  formation 
de  l'ozone  aux  dépens  de  l'oxygène,  ou  la  formation  des  oxacides  nitro- 
génés  aux  dépens  de  l'azote  et  <le  l'oxygène.  Je  puis  également  citer, 
comme  exemple  de  réactions  simultanées,  l'acétylène  mélangé  d'azote; 
l'acétylène  se  polvmérise  beaucoup  plus  rapidement  qu'il  ne  fixe  l'azote, 
de  telle  sorte  que  sa  combinaison  proprement  dite,  quoique  comparable 
en  principe  à  celle  que  forme  l'éthylène,  se  produit  en  proportion  bien 
plus  faible,  ou  plus  exactement  renferme  une  dose  relative  d'azote  bien 
moins  considérable. 

»  La  résistance  que  l'argon  oppose  à  son  entrée  en  combinaison  permet 
à  la  transformation  propre  du  sulfure  de  carbone  de  se  poursuivre  plus 
rapidement.  Les  réactions  pyrogénées  et  les  réactions  d'oxydation,  dans 
les  études  de  Chimie  ordinaire,  présentent  un  grand  nombre  de  phéno- 
mènes complexes  de  cette  nature,  régis  par  les  rapports  variables  de  vi- 
tesse entre  plusieurs  réactions  simultanées. 

»  En  tous  cas,  on  remarquera  la  différence  qui  existe  entre  les  fixations 
d'azote  sur  les  composés  organiques,  sous  l'influence  de  refflu\e  électrique, 

—  fixations  qui  ont  lieu,  au  contraire,  de  préférence,  c'est-à-dire  plus 
abondamment,  sur  les  corps  de  la  série  grasse,  d'après  mes  expériences, 

—  et  les  fixations  d'argon,  qui  ont  lieu  au  contraire  de  préférence  sur  les 
composés  benzéniques. 

»  Quelque  chose  d'analogue  semble  exister  pour  les  combinaisons  com- 
parées de  l'azote  et  de  l'argon  avec  les  métaux.  Les  métaux  alcalins 
absorbent  l'azote  assez  aisément,  mais  ne  réagissent  guère  sur  l'argon. 
Tandis  que  l'existence  de  certains  minéraux,  susceptibles  de  dégager  de 
l'argon  (ou  de  l'hélium),  sous  l'influence  des  acides  ou  de  la  chaleur  seule, 
paraît  établir  l'existence  réelle  de  certains  composés,  tels  que  des  argo- 
nures,  dérivés  de  métaux  rares  et  de  catégories  spéciales. 

>)  Ces  argonures  fourniraient  seulement  tle  l'argon  libre  et  de  l'hydro- 
gène sous  l'influence  des  acides  ;  au  même  titre  que  les  antimoniures  de  zinc 
et  analogues  mettent  à  nu  de  l'hydrogène  libre  et  de  l'antimoine  précipité, 
l'antimoniure  d'hydrogène  se  décomposant  aussitôt  et  spontanément,  en 
raison  de  son  caractère  fortement  endothermique  ( —  86^"',  8),  attesté  par 
mes  mesures.  Si  cet  antimoniure  d'hydrogène  ne  laissait  pas  déposer  sur 
sa  route,  dans  le  cours  même  de  son  dégagement  à  la  température  ordi- 


(B4  ) 

naire,  un  métal  facile  à  voir  et  à  reconnaître,  son  existence  aurait  été 
méconnue.  La  même  considération  paraît  applicable  à  l'existence  de 
l'argonure  d'hydrogène.  Ajoutons  enfin  que  l'existence  de  semblables  argo- 
nures,  à  la  dose  de  quelques  millièmes  seulement,  dans  les  minéraux  qui 
dégagent  de  l'argon  concorde  avec  la  difficulté  d'obtenir  les  argonures 
hydrocarbonés,  autrement  qu'à  l'état  de  petites  quantités  relatives.  Les 
argonures  métalliques  naturels,  dont  l'existence  ne  paraît  pas  contestable, 
n'ont  dû  se  former  dans  la  nature  que  dans  des  conditions  exceptionnelles, 
et  comme  les  représentants  peu  stables  de  réactions  complexes  :  les  élé- 
ments de  cet  ordre  contractant  en  général  de  préférence  des  combinaisons 
endothermiques  et  par  voies  indirectes.  >> 


GÉOGRAPHIE.  —  Su/-  les  travaux  géographiques  et  cartographiques  exécutés 
à  Madagascar  par  ordre  du  général  Gallieni.  de  1 897  à  1 899  ;  par 
M.  Alfred  Grandidier. 

«  Le  général  Gallieni,  qui  vient  de  rentrer  en  France  après  avoir  exercé 
pendant  trente-deux  mois  les  hautes  fonctions  de  gouverneur  général 
de  Madagascar,  ne  s'est  pas  seulement  occupé  de  pacifier  et  d'organiser 
notre  nouvelle  colonie,  qu'il  a  trouvée  en  plein  état  d'anarchie  et  de  ré- 
bellion et  où,  en  peu  de  temps,  par  une  ferme  et  intelligente  administra- 
tion, il  a  obtenu  des  résultats  vraiment  extraordinaires.  Tout  le  monde 
sait  qu'au  début  de  sa  brillante  carrière  il  a  été  l'un  des  premiers  explo- 
rateurs du  Soudan  occidental  et  que  son  long  séjour  à  Ségou-Sikoro  a  été 
aussi  utile  à  la  Géographie  et  à  l'Ethnographie  qu'à  l'expansion  de  notre 
influence.  Convaincu  plus  que  jamais,  après  ses  longues  campagnes  dans 
nos  colonies  africaines  et  asiatiques  que  la  Science'  seule  peut  utilement 
ouvrir  la  voie  aux  entreprises  coloniales,  dès  son  arrivée  à  Madagascar,  il 
a  de  suite  organisé  l'exploration  méthodique  et  raisonnée  des  diverses 
provinces  de  manière  à  nous  les  faire  connaître  à  tous  les  points  de  vue  et 
à  nous  renseigner  aussi  complètement  et  aussi  vite  que  possible  sur  leurs 
ressources. 

»  Ses  efforts  ont  porté  d'abord  sur  l'établissement  d'une  Carte  de  Ma- 
dagascar, qui,  en  1896,  était  encore  à  peine  ébauchée;  une  Carte  précise  et 
détaillée  est,  en  effet,  la  base  indispensable  de  toute  étude  sérieuse  d'un 
pays,  de  toutes  recherches,  de  toute  exploration. 

»  La  province  centrale  avait  été,  avant  notre  conquête,  triangulée  et 
levée  avec  soin,  mais  le  reste  du  pays  n'était  traversé  que  par  quelques 


(  8.)  ) 

itinéaires  dont  l'exactitude  laissait  à  désirer  et  que  circonscrivaient  de 
vastes  espaces  encore  inexplorés.  Le  i"  novembre  1896,  le  général  a  réor- 
ganisé sur  de  nouvelles  bases,  avec  l'aide  de  son  chef  d'État-Major  le  lieu- 
tenant-colonel Gérard,  le  Service  géographicjiie  de  Madagascar,  qui  avait 
été  installé  à  Tananarive  quelques  mois  auparavant,  et  qui  est  devenu  l'un 
des  bureaux  de  l'Etat-Major  sous  la  dénomination  de  Bureau  topogra- 
phique. Ce  bureau  est  chargé  tout  à  la  fois  de  la  triangulation  de  la  grande 
île  et  de  l'établissement  de  sa  Carte  définitive,  ainsi  que  des  productions 
photographiques  et  des  gravures  ou  lithographies  utiles  pour  faire  con- 
naître notre  nouvelle  colonie  sous  ses  divers  aspects  ethnographique, 
botanique  et  agricole,  minier,  etc.;  il  est  dirigé  depuis  deux  ans  avec 
beaucoup  de  zèle  par  le  capitaine  Mérienne-Lucas,  de  l'infanterie  de  ma- 
rine, qui  a  dressé  les  nombreuses  Cartes  envoyées  par  le  général  Gallieni 
à  l'Institut  ('  ). 

»  Un  Mémoire  manuscrit  de  quarante  pages  in-folio,  accompagné 
d'une  Carte  à  ^^^^^^^^  également  manuscrite,  qui  donne  l'état  actuel  de  la 
triangulation  de  |)remier  ordre  à  Madagascar,  ainsi  que  les  Tableaux  où 
sont  inscrites  les  coordonnées  géographiques  des  sommets  de  tous  les 
triangles  mesurés  par  les  RR.  PP.  Roblet  et  Colin  et  par  les  officiers  géo- 
désiens.  Mémoire  et  Tableaux  que  le  général  Gallieni  m'a  chargé  de  dé- 
poser dans  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  contiennent  des  renseignements 
très  intéressants  sur  les  travaux  exécutés  jusqu'à  ce  jour  et  sur  les  résul- 
tats obtenus;  je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  les  résumer. 

»  Le  système  de  projection  adopté  pour  l'établissement  de  la  Carte  est 
le  même  que  celui  employé  au  Dépôt  de  la  Guerre,  c'est-à-dire  la  projec- 
tion de  Flamsteed  modifiée  par  le  colonel  Bonne,  qui  convient  fort  bien  à 
l'île  de  Madagascar  à  cause  de  sa  forme  allongée  dans  le  sens  du  méri- 
dien. Le  développement  se  fait  suivant  le  5o*  grade  de  longitude  est  et  le 
21"  grade  de  latitude  sud;  ces  deux  axes  passent  à  peu  près  par  le  centre 
de  figure.  A  l'inverse  des  Cartes  de  France,  la  concavité  des  parallèles  est 
naturellement  tournée  vers  le  pôle  sud.  Les  échelles  sont  différentes  sui- 
vant la  valeur  et  le  nombre  des  documents  que  possède  le  Bureau  topo- 
graphique ;  pour  la  région  centrale  et  orientale  comme  pour  la  province  de 


(')  12  feuilles  de  la  Carte  au  loo'ooo  (Tiakoderaina,  Anjozorobé,  Ambohidrabiby, 
Analabé,  lac  Itasy,  Arivonimamo,  Tananarive,  Moramanga,  Soavinandriana,  Ramai- 
nandro,  Andramasina,  Beparasy),  3  feuilles  de  la  Carie  au  j^'ôôt;  (Ankavandra,  Mo- 
rondava,  Soavinandriana)  et  \  Carte  générale  de  Madagascar  à  riô-j-u—o- 

C.  R.,  iSgg,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  2.)  12 


(86  ) 

Diego-Suarez,  on  emploie  le  75—^  î  P*^"'"  1®  reste  de  l'ile,  qui  est  encore 
très  peu  connu,  on  se  contente  d'une  Carte  provisoire  à  yj^'j^,  qui  com- 
prendra 32  feuilles  de  35"=™  sur  33"",  tandis  que  celle  à  ,„^„^„  en  aura 
5o8,  représentant  chacune  une  surface  de  48''"  sur  Bo*"". 

«  Dans  un  pays  comme  Madagascar  où,  en  raison  de  la  constitution 
géologique  du  sol,  les  variations  incessantes  de  la  déclinaison  en  des  points 
très  voisins  en  latitude,  et  même  quelquefois  en  un  même  lieu,  atteignent 
jusqu'à  quatre  grades,  l'agencement  des  levés  et  itinéraires  à  la  boussole 
des  divers  explorateurs  pour  la  construction  de  la  Carte  présentait  une  vé- 
ritable impossibilité,  et  il  était  indispensable  de  compléter  et  rectifier 
par  une  triangulation  sérieuse  la  série  des  coordonnées  déjà  connues. 

))  Pendant  la  colonne  de  1893,  les  capitaines  Bourgeois  et  Peyronel 
avaient  relié  Majunga  à  Andriba  (Co/w/?^es  re«(/H5,  24  mars  1897).  A  partir 
de  1897,  on  a  conduit  les  chaînes  géodésiques  suivant  les  deux  axes  de 
l'île,  et  la  ligne  télégraphique  Tamatave-Tananarive-Majunga  a  permis  des 
déterminations  exactes  de  longitude  et  a  facilité  le  placement  de  points 
astronomiques. 

»  Cette  même  année,  le  R.  P.  Colin  a  prolongé  la  triangulation  de  l'Ime- 
rina  jusqu'à  Andriba  (^Comptes  rendus,  7  novembre  1898)  et  l'a  étendue 
dans  l'est  pour  la  raccorder  avec  les  travaux  que  poursuivaient  les  brigades 
topographiques  entre  Ambatondrazaka-Tamatave-Anclévorante,  et  qui  s'ap- 
puyaient sur  une  base  parallèle  à  la  mer,  mesurée  trois  fois  par  deux 
groupes  d'observateurs  différents,  près  d'Ankarefo,  à  l'aide  d'un  ruban 
d'acier;  ces  trois  mesures  ont  présenté  les  écarts  suivants  autour  de  la 
moyenne,  5o82™,i3  :  première  mesure,  -î-o"',26;  deuxième  mesure, 
—  o™,  20;  troisième  mesure,  -!-o™,o8.  En  1898,  on  a  poussé  le  réseau 
d'Ambatondrazaka  jusqu'à  Tananarive;  le  côté  Tananarive-Lohavohitra, 
calculé  d'après  la  base  d'Ankarefo,  a  une  longueur  de  4i 3 1  2",  etde4i3i  i"" 
d'après  la  base  d'Ialamalaza  (du  R.  P.  Roblet).  soit  seulement  i™  d'écart, 
ce  qui  est  très  satisfaisant. 

»  Le  R.  P.  Colin  a  accompli,  en  1898,  une  mission  dans  l'ouest,  pendant 
laquelle  il  a  rectifié  de  nombreuses  positions  astronomiques  {Comptes  ren- 
dus, 20  mars  1899). 

»  Quant  aux  brigades  topographiques,  elles  ont  jeté  un  réseau  de  trian- 
gles le  long  de  la  partie  sud  du  grand  axe  de  Madagascar,  de  Fianarantsoa 
à  Fort-Dauphin,  avec  une  traverse  nord-est-sud-ouest  d'Ihosy  àTuléar  ('); 

(')  Au  delà  du  sommet  d'Andrambo,  où  l'on  a  vérifié  la  latitude  et  Fazimut,  on  n'a 
pu  déteriuiuer  que  quelques  positions  astronomiques  isolées. 


(  87) 
cette  partie  de  la  triangulation  est  appuyée  sur  deux  bases,  l'une  provisoire 
mesurée  près  de  Fort-Dauphin,  l'autre  longue  de  9537",  71  mesurée  dans 
l'Horombé,  où  l'on  a  fait  les  observations  nécessaires  de  latitude  et  d'a- 
zimut. La  valeur  du  logarithme  du  côté  Tananarive-Lohavohitra,  calculé  à 
l'aide  de  la  longueur  de  la  base  d'Horombé el  du  réseau  sud  deTananaiive, 
est  identique,  à  la  sixième  décimale  près,  à  celle  trouvée  en  partant  de  la 
base  d'Ankarefo.  A  Fort-Dauphin,  la  vérification  se  fait  }DOur  quatre  déci- 
males avec  le  logarithme  de  la  base  provisoire. 

)  Pour  1899,  le  programme  des  brigades  géodésiques  comporte  l'exécu- 
tion d'un  réseau  reliant  la  région  d'Ambatondrazaka  à  Diego-Suarez.  On 
s'occupe  aussi  de  compléter  la  triangulation  commencée,  en  1892,  par  le 
R.  P.  Colin  entre  Tananarive  et  Andévorante,  et  d'élucider  la  question  du 
raccord  à  Andriba  des  réseaux  du  P.  Colin  et  du  corps  expéditionnaire  de 
1895,  qui  présentent  en  ce  point  une  discordance  de  20'^™  en  longitude. 

')  L'ossature  de  la  triangulation  de  Madagascar  va  donc  être  tout  pro- 
chainement complète  dans  ses  grandes  lignes.  La  persévérance  et  l'habi- 
leté déployées  par  les  officiers  chargés  par  le  général  Gallieni  de  cet  impor- 
tant et  difficile  travail  ont  été  couronnées  d'un  plein  succès.  En  moins  de 
trois  années,  ils  ont  mesuré  des  chaînes  de  triangles  dont  le  développement 
dépasse  i4oo'"";  ce  sont,  d'une  part,  les  RR.  PP.  Roblet  et  Colin,  et, 
d'autre  part,  les  capitaines  Gros,  Durand,  Dumézil,  Lallemand,  Maire, 
Vallet,  Prévost,  Hellot  et  le  lieutenant  Maritz  qui  ont  mené  à  bien  ce  grand 
et  utile  travail,  dont  il  n'est  que  juste  de  les  louer. 

»  Les  rectifications  apportées  aux  anciennes  coordonnées  de  certains 
des  points  principaux  changent  1res  notablement  la  délinéation  des  côtes 
du  sud-est  et  de  l'ouest. 


Différences  entre  les  anciennes 

et  les 

nouvelles  coordonnées 


Signaux.  Latitude  S.       Longitude  E. 

oatave  (clocher,  église 

alholique) iS.   9.28,4     47-   S.Sg.i 

lévoranle  («ugle  nord- 

uesl  de  la    maison   du 

ommandani  ) 18.57.82         46.44-29,6 

_        ,  .    /  Ecart  avec  les 
t     Dauphin 


en  latitude. 

en  longitude. 

Autorités. 

-0.  7,5 

'  2-" 
—   i.3o,9 

Capitaine  Durand 

-  -0.28 

-    2.46(?) 

Capitaine  Gros 

mamelon; 
rigine  de  la  ' 
■iangulation  ( 
es      i  n  g é - 
leurs  h}'dro- 
raphes. 


coordonnées 
des     ingé- 
nieurs     hy- 
drographes..    25.    r.5i,6     44-38.26,2         — o.    8,7 
lEcart   avec 

celles  des 

.\nglais »  »  » 


11.19,5         Capitaine  Dumézil 
-18.  i4  Capitaine  Dumézil 


(  ^«  ) 


Signaux.  Latitude  S. 
Mevatanana   (mât  du  pa- 
villon du  porl) » 

Majunga  (à  3o™  au  sud  du 

pilier  méridien^ i5.43.24,2 

Tamboharano 17  .3o.   3 

Maintirano 18.   9  54 

Benjavilo 18. 09. 67 

Tsimanandrafozana i9.47-3o 

Morondava 20.17.21 


Différences  entre  les  anciennes 


et  les 

nouvelles  coordonnées 

Longitude  E. 

en  latitude. 

en  longitude. 

Autorités, 

0      /      // 

44.27.49 

)) 

0'       " 

—  3. II 

R. 

P.  Colin 

43.56.36 

)) 

—   i  .59 

R. 

P.  Colin 

41.47-46 

)> 

-:-  (  I  .3l 

R. 

P.  Colin 

41.42.45 

-i-0.44 

—  0.  5 

R. 

P.  Colin 

4 1 . 53 .  0 

-3.48 

—  0.55 

R. 

P.  Colin 

42.  4.3o 

—0.  10 

-  3.45 

R. 

P.  Colin 

41. 56. 45 

-0.54 

-t-  o.3o 

R. 

P.  Colin 

M  Fendant  que  les  officiers  géodésiens  poursuivaient  les  travaux  de 
triangulation  dont  nous  venons  de  donner  un  aperçu,  d'autres  officiers 
ont  fait  le  levé  topographique  entre  Tamatave  et  Ambatondrazaka,  d'une 
part,  et  Tamatave  et  Andévorante,  d'autre  part.  Le  Bureau  de  l'État-Major 
a  assemblé  et  condensé  les  très  nombreux  levés  à  la  planchette  du 
R.  P.  Roblet  et  les  a  complétés  à  l'aide  des  reconnaissances  exécutées  par 
les  lieutenants  Rocheron  et  de  Cointet  dans  le  district  d'Ankavandra;  par 
le  lieutenant  Maritz  entre  Andriba  et  Vohilena,  entre  l'Ikopa,  la  Betsiboka 
et  la  Mahajamba,  et  à  l'ouest  du  Cercle  de  Betafo;  par  le  lieutenant  de 
Pierrebourg  sur  la  côté  orientale,  et  surtout  par  le  lieutenant  Gaudaire,  qui  a 
exécuté  des  levés  non  seulement  dans  l'est  et  au  nord  de  Tananarive,  mais 
aussi  dans  le  pays  des  Sakalaves,  d'où  il  a  rapporté  des  documents  assez 
considérables  pour  permettre  l'établissement  d'une  Carte  sérieuse  de  ces 


Des  missions  organisées  avec  les  Officiers  du  Corps  d'occupation  ont, 
en  outre,  parcouru  le  pays  dans  toutes  les  directions.  Je  citerai  celles  du 
lieutenant  Boucabeille  de  Tananarive  à  Diego,  du  lieutenant  Duruy  de 
Tsaratanana  à  Nosy-Bé,  du  capitaine  de  Thuy  sur  le  Mangoky,  du  capitaine 
Lefort  dans  le  sud,  etc.,  qui  ont  été  fécondes  en  résultats  de  toutes  sortes, 
géographiques,  ethnographiques,  météorologiques,  zoologiques,  bota- 
niques, géologiques,  agricoles,  etc. 

»  Ces  résultats  sont  consignés  dans  une  très  utile  et  très  instructive  pu- 
blication mensuelle,  imprimée  à  Tananarive  sous  le  nom  de  Notes,  Recon- 
naissances et  Explorations,  dont  il  a  paru  deux  volumes  en  1897  et  deux  en 
1898;  ces  derniers  que  le  général  Gallieni  a  fait  déposer  dans  la  biblio- 
thèque de  l'Institut,  ne  contiennent  pas  moins  de  1600  pages  et  plus  de 


(  «9  ) 
loo  Cartes  ou  Planches,  exécutées  à  Madagascar  même  ,  '  ),  et  mettent 
promptement,  à  la  portée  de  tous,  les  documents  d'ordre  scientifique  et 
pratique  rassemblés  sur  notre  colonie. 

))  Le  Guide  de  V immigrant  à  Madagascar  (3  vol.  in-8,  avec  Atlas  de 
il\  Cartes),  qui  donne  une  description  très  détaillée  de  l'île  sous  tous  les 
rapports  (histoire,  géographie,  organisation,  industrie  et  commerce,  cul- 
ture, colonisation,  voies  de  communication,  hygiène,  législation),  jette 
aussi  une  vive  lueur  sur  les  productions  naturelles  et  les  ressources  de 
notre  colonie  et  témoigne  de  l'énorme  travail  accompli  en  deux  ans  et 
demi  dans  notre  nouvelle  colonie  sous  la  féconde  et  intelligente  direction 
du  général  Gallieni. 

»  L'œuvre  scientifique  dont  nous  venons  de  donner  un  trop  court  aperçu 
et  qui  ouvre  très  heureusement  la  voie  à  la  colonisation  de  Madagascar 
est  d'autant  plus  remarquable  que  ceux  qui  y  ont  collaboré  avec  un  zèle 
et  une  persévérance  très  dignes  d'éloges  ont  eu  à  lutter  contre  les  plus 
grandes  difficultés,  exposés  à  tous  les  hasards  de  la  guerre  et  aux  rigueurs 
d'un  climat  exceptionnellement  dur  et  malsain.  » 


(')  Voici  la  liste  des  principales  Cartes  publiées  par  le  Bureau  topographique  de 
Madagascar  en  189--1898  :  Madagascar  d'après  Lasalle  (1785-1789);  schématique  des 
immigrations  arabes  ;  de  Tananarive  à  Mantasoa  et  Beparasy  ;  établissements  Laborde  ; 
Cartes  géologiques  de  l'Ambongo  ;  de  Tananarive  à  Ambatondrazaka  ;  de  Kelimafana  à 
Mahanoro,  Vatomandry  et  Tsiazompaniry  ;  de  Moramanga  à  Tsinjoarivo;  routes  dans 
le  premier  territoire  militaire  en  1898;  district  d'ivongo;  presqu'île  de  Masoala;  pro- 
vince de  Diego;  baie  de  Diego;  district  d'Ambohimanga  ;  cercles  de  la  Mahavavy, 
d'Ankazobé,  de  Moramanga,  d'Anjozorobé,  d'Ambatondrazaka;  itinéraires  dans  l'ouest; 
pays  Mahafaly;  Carte  des  côtes;  Cartes  de  la  pacification  de  1896  à  1897  et  en  1898; 
21  Cartes  dressées  pour  accompagner  le  rapport  d'ensemble  sur  la  pacification,  l'orga- 
nisation et  la  colonisation  de  Madagascar,  d'octobre  1896  à  mars  1899,  adressé  au  Mi- 
nistre des  colonies  par  le  général  Gallieni  (esquisses  ethnographiques;  5  Cartes  mon- 
trant les  progrès  successifs  de  la  pacification; 7  Caries  donnant  la  situation  administrative 
du  Nord-Ouest,  des  deuxième  et  quatrième  territoires  militaires,  de  l'Ouest  et  du  Sud; 
Cartes  des  provinces  civiles  au  i''"' janvier  1898  et  au  i'"' janvier  1899;  Carte  des  lignes 
télégraphiques;  projet  de  chemin  de  fer;  Cartes  des  concessions  en  octobre  1896  et  en 
mars  1899;  Carte  indiquant  les  travaux  topographiques  au  i"' janvier  1899;  Carte 
forestière);  enfin  17  Cartes  montrant  les  lots  de  colonisation  levés  par  les  géomètres 
ou  les  officiers  dans  le  but  de  faire  connaître  à  l'avance  à  nos  colons  les  terrains 
propres  à  la  colonisation. 


(90  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  ks  acides  dialcoylbenzoylbenzoïqnes  et  dialcoyl- 
henzylbenzoïques  tétrachlorés.   Note    de   MM.    A.  Haller    et  H.    Umb- 

GROVE. 

«  Dans  une  série  de  Noies  publiées  par  l'un  de  nous  et  M.  A.  Guyol  ('  ), 
nous  avons  étudié  les  acides  dialcoylbeiizoyl-  et  dialcoylbenzylbenzoïques 
et  avons  montré  comment  on  peut  transformer  ces  composés  en  dialcoyla- 
midoanthraquinones. 

M  Les  dérivés  tétrachlorés  correspondants  prennent  naissance  dans  les 
mêmes  conditions,  présentent  dans  leur  ensemble  la  même  allure,  tout  en 
se  comportant  différemment  vis-à-vis  de  certains  agents  chimiques. 

»   Acide  diméthylainidobenzovlbenzoïque  tétrachloré : 

^  ^'  \GOOH 

»  A  un  mélange  de  looS''  de  chlorure  d'aluminium  pulvérisé  et  de  loos'' de  dimclhyl- 
aniline  dans  Soos''  de  sulfure  de  carbone,  on  ajoute  /Jo"''  d'anhydride  télrachlorophta- 
lique.  Quand  la  réaction  est  terminée,  on  chasse  le  sulfure  de  carbone,  et  l'on  traite 
l'huile  brune,  qui  reste,  par  de  l'acide  sulfurique  dilué  (SoS''  de  SO*H-  dans  un  litre 
d'eau).  L'acide  tétrachloré  se  sépare  sous  la  forme  d'une  masse  jaune,  qu'on  lave  à 
l'eau  et  qu'on  dissout  dans  une  solution  de  carbonate  de  soude.  On  décolore  la  liqueur 
au  charbon  animal,  on  sursature  par  de  l'acide  sulfurique,  et  l'on  fait  cristalliser  le 
précipité  dans  de  l'alcool. 

»  Ecailles  jaunes  fondant  à  211°.  Cet  acide  est  presque  insoluble  dans  l'eau  froide, 
assez  soluble  dans  l'alcool  éthylique  et  l'éther,  moins  soluble  dans  l'alcool  méthy 
lique. 

»  Traité  par  le  mélange  sulfurico-nitrique,  il  ne  fournit  pas  de  dérivés  nitrés. 

»   Anhydride  acétyl-diinélhylamidobenzoylbenzoïque  télrachloré  : 

ycocni'AziCîi'y- 

XCO.O.COCH^ 

»  Dans  le  but  de  condenser  Tacide  tétrachloré  avec  la  diméthylaniline  pour  obtenir 
la  diméthylanilinephtaléine  létrachlorée,  on  a  chauffé  un  mélange  de  l'acide  et  de  la 
base,  avec  de  l'anhydride  acétique;  mais,  au  lieu  d'obtenir  la  phtaléine  cherchée,  on  a 
isolé  de  petites  écailles  incolores,  fondant  à  196»,  peu  solubles  dans  l'alcool,  solubles 
dans  le  benzène,  et  dont  l'analyse  conduit  à  des  chiflVes  qui  font  de  ce  corps  l'anhy- 
dride mixte  indiqué  plus  haut. 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXIX,  p.  2o5;  t.  CXXVi,  p.  1248  et  i544;  etc. 


(9'  ) 

»   En  substituant,  dans  celle  opération,  la  diélli\laniline  à  la  combinaison  dimélhy- 

lée,  on  arrive  au  même  résultai.  Cet  anhydride  a  une  constitution  analogue  à  celle 

que  possède  l'anhydride  acétyl-benzoylbenzoïque  de  M.  de  Pechmann  ('  ). 

^,  .  ,    ,.  ^„^„    -COC«H'Az(CH^r         ,,  .... 

»  hlner  metliylique  :  (j'^ClV    ri\c\r\\^  '   •  —         "®  réussit  pas  a  préparer 

cet  éther  par  la  méthode  ordinaire  (saturation  par  le  gaz  chlorhydrique  d'une  solu- 
tion de  l'acide  dans  l'alcool  méthylique).  L'a^ido  télracldoré  rentre,  sans  doute,  dan^ 
la  catégorie  des  acides  difficilement  éthériliables,  étudiés  par  MAI.  V.  Meyer,  Wegscli- 
neider,  etc. 

»  Nous  sommes  arrivés  à  préparer  cet  étlier  en  traitant  l'anhydride  acétyl-dimé- 
ihylamidobenzoylbenzoïque  tétrachloré  par  la  quantité  calculée  de  méthylale  de 
sodium.  Il  se  forme,  dans  ces  conditions,  de  l'acétate  de  sodium  et  l'élher  méthylique 
cherché,  et  non  de  l'acétate  de  méthyle  et  le  sel  de  sodium  de  l'acide  tétrachloré 

.COC«Il'Az(CIP)    ,  CH'ONa-C^tPOma     c'cp/ ^^*^""'''^^'^^^^'^' 
^  ^^  \COOCOCIP  ^^^  ONa-L  H  O  Na-r  L  U  .  cqOCIF 

Cet  éther  se  présente  sous  la  forme  de  cristaux  jaunes,  fondant  à  167°  et  donnant, 

par  saponification,  l'acide  tétrachloré  fondant  à  21 1°. 

i",/       '.u   V  ^err  -COC«H'Az(CH=,  ,       .  a         x  a- 

1)  Let/ier  effiYCu/ue  :  L''Ll\  ^^^^,,,,  .prend  naissance  dans  des  condi- 

lions  semblables.  Petites  aiguilles  jaunes,  qui  se  groupent  en  mamelons  et  dont  le 

point  de  fusion  est  situé  à  i43°. 

,    .j    j.     ,,     ,       .,,  „  ,         ,,      ,  ^.^„/CIPC'H''Az(CIl-^)^ 

1)  Acide  aimelnylanuaoOenzoylbetizoïque  tétrachloré :L?L>v (^  „^^  ^ 

—  La  réduction  de  l'acide  benzojlé  a  été  faite  au  moyen  de  la  poudre  de  zinc  et  de 
l'acide  chlorhydrique.  La  liqueur,  traitée  par  du  carbonate  de  soude  et  filtrée,  donne, 
par  l'addition  d'acide  acétique,  un  précipité  qu'on  fait  cristalliser  dans  l'alcool  mé- 
thylique bouillant. 

»  Fines  aiguilles  blanches,  fondant  à  21 5°,  très  solubles  dans  l'alcool,  moins  solubles 

dans  l'eau  bouillante  et  dans  l'élher. 

.■,,■-,,-,,  „  .         ,,      -     ^,^„  .-COC«H*Az(G'-H')- 

»  Acide  dietliylatnictobenzoylbenzoïque  tctraclilore  :  C'Cr,    /-•(-\/-vtj 

—  La  préparation  de  cet  acide  s'effectue  comme  celle  de  l'acide  diméthylé.  Il  se  pré- 
sente sous  la  forme  de  cristaux  jaunes,  fondant  à  222°,  presque  insolubles  dans  l'eau 
froide,  très  solubles  dans  l'alcool  élhylique,  moins  dans  l'alcool  méthylique  et  le 
benzène. 

»  Il  ne  fournil  pas  de  dérivés  nitrés  au  sein  du  mélange  sulfurico-njtrique. 
»   \Janhydride  acétyl-diéthylamiclobenzoylbenzoïque  tétrachloré  : 

/COC^H'Az(G^Hsf 
\COOCOCIP 

prend  naissance  dans  les  mêmes  conditions  que  l'anhydride  de  l'acide  diméthylé. 
»  Ecailles  incolores,  solubles  dans  le  benzène,  et  fondant  à  170°. 


(')  Bull.  Soc.  Chiin.  de  Berlin,  ibiSi,  p.  1866. 


(  ;)2  ;^ 

^,  ,  ,    ,.         ^,^„     C0OH'A.z(CMP)-         „  ,         I  • 

»   £^<Ae/-   méthylique  C«CI'     rooCIF  '"  ^"""""^  ^°"   homologue  in- 

férieur, cet  étlier  n'a  pu  êlre  préparé  par  élhérification  directe.  Il  prend  naissance  en 
faisant  a^'ir  du  métlivlatede  sodium  sur  l'anhydride  mixte,  dissous  dans  l'alcool  mé- 
thjlique  absolu. 

»  Cristaux  jaunes,  fondant  à  i6o°  et  donnant,  par  saponification,  l'acide  tétrachloré 
fondant  à  222°. 

»  Vét/ier  élliylU/uc  se  forme  dans  des  circonstances  semblables  et  se  présente  sous 
la  forme  de  cristaux  jaunes  fondant  à  i35°. 

))    En  résumé,  l'ctude  de  ces  acides  montre  : 

»  1°  Qu'ils  prennent  naissance  dans  des  conditions  identiques  à  celles 
qni  permettent  de  préparer  les  acides  dialcoylamidobenzoylbenzoïques  non 
chlorés  ; 

1)  2°  Qu'ils  diffèrent  de  ces  derniers  en  ce  qu'ils  ne  sont  pas  susceptibles 
d'être  éthérifiés  directement,  par  la  méthode  ordinaire,  et  qu'ils  ne  four- 
nissent pasde  dialcoylanilines  phtaléines  quand  on  essaie  de  les  condenser 
avec  les  dialcoylanilines,  par  l'intermédiaire  de  l'anhydride  acétique; 

»  3°  Qu'il  se  forme,  dans  ces  conditions,  des  anhydrides  mixtes  acétyl- 
dialcoylbenzoylbenzoïques  tétrachlorés  ; 

»  4°  Que  ces  anhydrides,  traités  par  les  alcoolates  de  sodium,  donnent 
naissance  aux  éthers.    » 


CORRESPONDAIVCE. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  --  Sur  le  développement  des  fonctions  analy- 
tiques de  plusieurs  variables.  Note  de  M.  Paul  Painlevé,  présentée  par 
M.  Darboux. 

«  Soient  z  —-  x  -\-  i'i^z  /-(cosG  +  «  sin9),  w^=  y  -f-  ir,  =  p(cosw  +  isinio"), 
deux  variables  complexes,  et  soit  F(r,  w)  une  fonction  analvtique  de  ces 
deux  variables  (  '  ),  holomorphe  pour  s  =  o,  w  ~  o.  I.a  fonction  F(:;,  w) 
est  développable  en  série  de  Mac-Laurin  : 

(   1-/  \       '-V    '   i  àV  (^F      \'^' 

(1)  '=r 

=  2  (co.j^'  +  a,jzJ-'  w  -h. .  .^  ajjwJ)=  ^  Pj(z,  w). 


1=0  ;=0 


(')  Tout  ce  qui  va  sui\re  subsiste  pour  un  nombre  quelconque  de  variables. 


(  9'>  ^ 
et  l'on  sait  que  la  série 

(o)  jffo.o'  +  I  «0,1  =  1  +  !«(,.«M  +  l^o.i^"!  +■  ■  • 

est  convergente  au  moins  dans  un  certain  domaine  |  r  |  <;  A,  |  n^  j  <]  B. 
»   Inversement,  considérons  une  série 

/=«.  /=» 

(')'  2  Pji"^-'  «0^2  («0,,-^+  «,,y3(^-)(*'  +.  .  .+  ajjiV'), 

et  appelons  série  absolue  déduite  de  (i)'  la  série  (2).  Regardons  x,  ^,  y,  •/) 
comme  les  coordonnées  d'un  point  de  l'espace  à  quatre  dimensions  E4,  et 
soientD  le  domaine  de  E,,  où  la  série  (i  )'  converge,  D^  le  domaine  où  la  série 
absolue  converge.  En  général,  D  est  plus  grand  que  D„.  Si  (:■„,  (v„)  est  un 
point  de  D<j,  tous  les  points  du  domaine  D',  défini  par  les  inégalités 
I  c  I  <  I  s„  |.  I  (i-'  I  <  I  Hf„  |,  font  partie  de  D„,  et  la  somme  de  la  série  (i)'  est 
une  fonction  F(3,  w)  holomorphe  dans  D';  de  plus,  «oo»  ^ot>  ^n'  ■■•  coïn- 
cident avec  F(o,  o),  Fl(o,  o),  F'„.(o,  o),  etc. 

»   Ou  ne  connaît  aucun  moyen  de  définir  avec  précision  le  domaine  D„ 
(d'après  les  singularités  de  F).  Mais  il  est  bien  aisé  d(  définir  le  domaine  D. 

»   Posons 

=  i  =/^[cos(io  —  0)  H-  Jsin(to  —  9)], 


z 
et  soit 


pour  une  valeur  donnée  de  t,  soit 

/-.H[/,,(co-6)] 

le  module  minimum  des  points  singuliers  de  F,  (z);  le  domaine  de  con- 
vergence D  de  (  i)'  est  défini  par  l'inégalité  r<;  H  \fr,  (w  —  6)|,  et  la  surface 
limite  de  D  par  l'égalité  r  =  H  [/"d  ('»'  ~  9)j- 

■    Prenons,  par  exemple,  F  =  ^ >  et,  donnant  à  z,  w  des  va- 

leurs  réelles  x,  y,  déterminons  le  domaine  D  dans  le  plan  réel  xOy.  La 
série 

-  =  1  +  a:  ^-  (f-^x^)  +  (  j'  -  2X--J)  +. .  . 


2>' 


converge  dans  l'aire  finie  comprise  entre  les  deux  droites  a;  =  ±  i  et  les 
deux  paraboles  2)/  =  ±(i  4-  x").  L'aire  D„  est  exactement  ici  l'aire  finie 

C.  R.,  1899,  2«  Semestre.  (T.  GXXIX,  N»  2.)  l3 


(94  ) 
comprise  entre  les  deux  paraboles  2y  =  ±  (i  —  x^);  D„  est  sensiblement 
moindre  que  D  ('  ). 

»  Quand  une  série  (i)  converge  uniformément  dans  un  domaine  (à 
quatre  dimensions)  de  E  qui  comprend  l'origine  {z  =  o,  (v  =  o),  à  son  inté- 
rieur, elle  représente  une  fonction  F(z,  «)  holomorphe  à  l'origine,  et  la 
série  absolue  converge,  à  coup  sûr,  dans  un  certain  domaine  entourant 
rori£;ine.  Mais  bornons-nous  aux  valeurs  réelles  x,  y,  des  variables  z,  a\ 
Existe-l-il  des  séries  entières  (i)'  ou  lp„(x,y),  gui  convergent  uniformément 
dans  une  aire  du  plan  xOy  entourant  l'origine,  et  telles  que  la  série  ab- 
solue (2)  ne  converge  en  aucun  point  x„,ya  (en  dehors  des  axes  Ox,  Oy)Ç-); 
autrement  dit,  telles  que  la  somme  ¥(  x,  y)  de  la  série  ne  soit  pas  une  fonction 
analytique  de  x,  y,  holomorphe  à  l  origine?  C'est  là  une  question  fort  inté- 
ressante, que  je  signale  en  passant,  et  qui  ne  me  semble  pas  avoir  été 
étudiée  jusqu'ici. 

))  Revenons  à  la  fonction  analytique  F(z,  tv),  holomorphe  au  point 
0(z  =  o,  (V  =  o).  Soit  (s„,  «>„)  ou  P  un  point  quelconque  de  E,,  et  L  la 
demi-droite  qui  joint  OP;  prolongeons  F(z,  w)  analytiquement  le  long 
deOP;  si  le  prolongement  n'est  pas  possible  régulièrement  jusqu'en  P, 
soit  Q  ou  (z  =:a,  iv  =  b)  la  première  singularité  de  F  qu'on  rencontre 
sur  OP;  excluons  de  E<  la  demi-droite  issue  de  Q  et  dirigée  en  sens  inverse 
de  QO.  Les  jîoints  restants  de  E^  formeront  un  domaine  à  quatre  dimen- 
sions a,  qui  sera  dit  l'étoile  de  convergence  (relative  à  6  )  de  la  fonction 
F(s,  w).  Dans  les  exemples  les  plus  naturels,  les  singularités  de  F  seront 
données  par  une  relation  analytique  entre  z  et  w,  et  les  points  exclus 
de  E,,  seront  distribués  sur  une  surface  à  trois  dimensions,  engendrée  par 
une  demi-droite  (à  une  dimension)  qui  dépend  de  deux  paramètres. 

»  Ceci  posé,  j'introduis  un  développement  de  M.   Mittag-Leffler  qui 

représente    :  en  dehors  du  segment  de  droite  (i,  -H  00)  :  soit 

(3)  (T=:tt  =  2  P«(=)  =  2  (V« +  >.,«'-+••■  4- V„s''). 


(')  Si  l'on  donne  à  la  série  la  forme  i  ^{x^—  2y)  +  {x^~  2'))--t-  (x- —  2y)^-h..., 
la  nouvelle  série  converge  entre  les  deux,  paraboles  27  =  ^-±1;  elle  diverge  donc 
dans  une  portion  de  D. 

(-)  La  réponse  me  semble  devoir  être  négative,  mais  je  ne  l'ai  pas  démontré  rigou- 
reusement. Il  est  facile  de  former  des  séries  T.p„{x,  y)  qui  convergent  par  exemple 
sur  toutes  les  droites  issues  de  l'origine,  faisant  avec  Ox  un  angle  commensurable 
avec  T.,  et  qui  divergent  en  dehors  de  ces  droites. 


(95  ) 
Si,  dans  les  P„,  on  remplace  s-'  par 


,  .         1  fdF  dF      \(J)  ,  .  , 

p.{^Z,W-)^^j,[-^^Z+^w)  0  =  0,    1,2,...). 

la  série  2n„(z,  w)  ainsi  obtenue  converge  cl  représente  f{z,  w)  dans  toute 
l'étoile  a..  Observons  que,  si  la  fonction  F(::,  w)  vérifie  une  équation  aux 
dérivées  partielles,  linéaire,  homogène,  à  coefficients  constants  et  où  ne 
figurent  que  des  dérivées  de  même  ordre,  les  polynômes  pj,  et  par  suite 
les  n„,  vèrijient  cette  équation.  Par  exem|)le,  une  fonction  harmonique  V  des 
trois  variables  réelles  x,  y,  z,  se  trouve  ainsi  développée  en  série  de  poly- 
nômes harmoniques,  série  qui  converge  dans  l'espace  réel,  sauf  sur  les 
demi-droites  issues  des  points  singuliers  de  V  et  dirigées  en  sens  inverse 
de  l'origine. 

»  Il  est  facile  de  substituer  à  l'étoile  a  des  étoiles  curvilignes,  comme 
dans  le  cas  d'une  seule  variable  (Comptes  rendus,  mai  «899). 

»  J'indiquerai,  pour  terminer,  une  question  qui  se  pose  dans  le  cas 
d'une  seule  variable  et,  a  fortiori,  dans  le  cas  de  plusieurs  variables.  Dans 
le  développement  (3),  choisi  une  fois  pour  toutes,  remplaçons  zJ  par  OjZ^ 
(y  =  o,  I,  2,  . . .),  et  soit  S  la  série  ainsi  obtenue,  La  condition  nécessaire 
et  suffisante  pour  que  S  converge  uniformément  dans  une  aire  comprenant 
l'origine,  c'est  que  la  condition  de  Cauchy  (limy/|a^  j  <C  A)  soit  remplie  par 
les  «;;  quand  il  en  est  ainsi,  la  somme  de  S  est  une  fonction  F(= )  holo- 
niorphe  à  l'origine,  et  a^,  a,,  a^,  .  . .  coïncident  nécessairement  avec  F(o), 

— —^j  — —-,  ••••  Mais  on  sait,  d'après  un  résultat  de  M.  Borel,  que  la 

série  S  peut  converger  uniformément  dans  une  aire  B  (^n  entourant  pas  l'ori- 
gine), pour  des  valeurs  des  coefficients  a  qui  ne  satisfont  pas  à  la  condition 
de  Cauchy.  Il  serait  donc  intéressant  de  démontrer  que  deux  développe- 
ments S  qui  convergent  uniformément,  dans  une  aire  B,  vers  la  même 
fonction  F(:),  coïncident  :  s.\x\.YemQni  dit,  (\\\un  développement  S  qui  converge 
uniformément  vers  zéro,  dans  une  aire  B,  a  tous  ses  coefficients  a^,a,,  . .  .nuls.  » 


ACOUSTIQUE.  —  Contribution  à  la  théorie  des  instruments  de  musique 
à  embouchure.  Note  de  M.  Firmin  Larroque. 

«   Il  existe  deux  catégories  d'anches.  Dans  les  jeux  à  anches  de  l'orgue, 
dans  l'harmonium,  la  clarinette,  le  hautbois,  le  cor  anglais,  la  musette  et 


le  basson,  les  anches  s'ouvrent  vers  le  réservoir  à  air.  Helmholtz  les  a 
dénommées  anches  en  dedans,  pour  les  distinguer  de  celles  qui  s'ouvrent 
vers  l'extérieur  de  l'instrument,  comme  les  lèvres  dans  les  embouchures 
des  instruments  en  cuivre,  et  qu'il  appelle  anches  en  dehors.  Lorsque  leur 
souplesse  le  permet,  les  anches  en  dedans  sont  susceptibles,  si  elles  sont 
reliées  à  un  espace  d'air  limité,  de  produire  des  sons  moins  élevés  que  leur 
son  propre;  les  anches  en  dehors  sont,  au  contraire,  susceptibles  de 
donner,  dans  les  mêmes  conditions,  des  sons  plus  élevés  que  leur  son 
propre.  En  ce  qui  concerne  les  lèvres,  leur  faible  résistance  les  rend  aptes 
à  donner,  sous  la  pression  variable  des  colonnes  d'air  vibrantes,  des  sons 
plus  aigus  que  leur  son  propre;  mais  leur  forme  et  leur  tension  variable 
n'entrent  en  considération  que  parce  qu'elles  déterminent  le  son  propre 
du  tuvau  qui  doit  résonner,  sans  agir  en  rien  sur  la  hauteur  de  ce  son. 

»  Dans  une  colonne  d'air  vibrante,  le  lieu  du  maximum  de  variation  de 
pression  correspond  à  celui  du  minimum  de  la  vitesse  des  molécules  d'air. 
La  pression  des  lèvres  sur  l'anche,  leur  tension  dans  l'embouchure,  com- 
binée avec  la  pression  du  souffle  de  l'instrumentiste,  déterminent  la  for- 
mation d'un  maximum  de  variation  de  pression  de  l'air,  qui  est  l'origine  de 
la  colonne  vibrante. 

»  Un  tuyau  cylindrique  doiil  le  diamètre  n'est  guère  supérieur  à  celui  de  la  tubu- 
lure de  l'embouchure,  ou  à  la  longueur  de  l'anche  (clarinette),  rend  les  sons  d'un 
tuyau  fermé  à  l'endroit  de  l'embouchure  ou  de  l'anche,  en  fonctionnant  comme  un 
tuyau  bouché. 

»  Lorsque  le  diamètre  d'un  tuj^au  cylindrique  est  très  supérieur  à  celui  de  la  tubu- 
lure de  l'embouchure  ou  à  la  largeur  de  l'anche,  embouchure  ou  anche  s'adaptent 
alors  au  centre  d'un  disque  de  fermeture,  ce  tuyau  rend  les  sons  d'un  tuyau  fermé  à 
l'endroit  de  l'embouchure  ou  de  l'anche,  et  fonctionnant  comme  un  tuyau  ouvert. 

»  Lorsque  l'embouchure  ou  l'anche  est  adaptée  (avec  disque  de  fermeture)  à  la  base 
d'un  cône  (allongé),  et  que  le  sommet  du  cône  est  percé  d'un  orifice  de  diamètre  peu 
supérieur  à  celui  de  la  tubulure  de  l'embouchure  ou  à  la  largeur  de  l'anche,  ce  tuyau 
fonctionne  comme  un  tuyau  cylindrique  ayant  même  diamètre  que  l'orifice  du  sommet 
et  même  longueur  que  le  tuj'au  conique. 

»  Lorsque  l'embouchure  ou  l'anche  est  adaptée  au  sommet  du  cône  (allongé),  le 
tuyau  fonctionne  comme  un  tuyau  cylindrique  (large)  de  même  diamètre  que  la  base 
du  cône  et  de  même  longueur  que  le  tuyau  conique. 

))  L'identité  de  fonctionnement  entre  les  tuyaux  coniques  et  les  tuyaux 
cylfndriques  n'est  pas  rigoureuse  à  tous  les  points  de  vue.  Par  exemple,  la 
commande  du  son  par  les  lèvres  est  moins  commode  avec  le  cône  renversé 
qu'avec  le  tuyau  cylindrique  équivalent;  avec  le  tuyau  cylindrique  large 


(  97  ) 
qu'avec  le  cône  équivalent.  Les  timbres  présentent  également  des  diffé- 
rences appréciables. 

»  La  forme  conique  du  tuyau,  avec  adaptation  de  l'embouchure  au 
sommet  du  cône,  est  celle  qui  convient  le  mieux  pour  la  production  de 
vibrations  extrêmement  énergiques,  telles  que  celles  des  instruments  en 
cuivre  des  orchestres.  La  tension  des  lèvres  dans  les  embouchures,  bien 
plus  énergique  que  leur  pression  sur  les  anches,  permet  d'atteindre  une 
grande  puissance  vibratoire.  Indépendamment  du  pavillon,  dont  l'influence 
est  majeure  sur  le  son  et  dont  nous  nous  occuperons  tout  à  l'heure,  les 
tuyaux  des  instruments  en  cuivre  se  décomposent  en  deux  parties  :  une 
partie  cylindrique  étroite,  attenante  à  l'embouchure,  et  une  partie  en  cône 
allongé,  faisant  suite  à  la  précédente.  La  |)roduction  du  son  dans  de  sem- 
blables tuvaux  donne  lieu  à  un  effet  comparable  de  tous  points  à  celui  de 
la  presse  hydraulique,  qui  amplifie  la  masse  sonore  en  accroissant  la  dé- 
pense de  souffle. 

»  L'énergie  du  mouvement  vibratoire  est  favorable  à  la  production  des 
harmoniques  élevés,  qui  rendent  le  son  éclatant.  Mais  c'est  surtout  à  leur 
évasement  terminal  que  les  instruments  de  cuivre  doivent  l'éclat  et  la 
portée  de  leur  son.  Dans  le  cor  de  chasse,  le  trombone  et  la  trompette,  in- 
struments dont  les  sons,  caractérisés  par  de  puissants  harmoniques  élevés, 
sont  particulièrement  éclatants,  une  importante  partie  du  tuyau  est  cylin- 
drique, puis  vient  une  partie  régulièrement  conique,  et  enfin  un  évase- 
ment d'abord  graduel  et  finalement  plus  brusque.  On  donne  actuellement 
à  la  partie  terminale  et  complètement  renversée  de  l'évasement  le  nom  de 
pavillon;  en  réalité,  le  pavillon  comprend  aussi  une  partie  de  l'évasement 
graduel. 

«  Celte  disposition  donne  lieu  à  de  très  curieux  phénomènes  d'acoustique  : 
1)  1°  La  colonne  d'air  vibrante,  qui  a. son  origine  à  l'embouchure,  doit,  puisque 
l'inslrumenl  fonctionne  comme  un  tuyau  ouvert,  présenter,  à  l'ouverture  du  tuyau, 
un  maximum  de  la  vitesse  des  molécules  de  l'air  (ionde).  J'ai  trouvé,  avec  un  tout 
petit  tambourin  d'épreuve  de  Ilopkins,  que  la  surface  V  correspondant  à  ce  maximum 
de  vitesse  se  trouve,  dans  les  instruments  à  pavillon,  reportée  à  une  certaine  distance 
dans  l'intérieur  du  tuyau  (4°'"  environ  du  plan  terminal  du  pavillon,  dans  un  ancien 
cor  de  Raoux);  et  que  cette  surface  est  localisée  dans  la  région  axiale  du  pavillon, 
comme  si,  l'évasement  n'existant  pas,  l'instrument  était  régulièrement  conique 
jusqu'en  V. 

»  2°  On  peut  introduire  à  l'intérieur  du  pavillon  un  tuyau  tronconique,  prolongeant 
jusqu'en  V  la  partie  conique  de  l'instrument,  presque  sans  modifier  le  timbre  : 
quelques  notes  graves  seules  perdent  un   peu   de  leur  intensité.  Avec  un  instrument 


(98  ) 

ainsi  disposé,  on  constate  que  la  masse  annulaire  d'air  comprise  entre  le  tronc  de  cône 
et  le  pavillon  vibre  par  résonance  et  renforce  le  son  principal  et  les  harmoniques 
élevés  qui  l'accompagnent;  mais  il  faut,  pour  cela,  donner  assez  de  souffle  pour 
obtenir  le  son  dans  toute  sa  plénitude  et  avec  son  caractère,  sinon  l'anneau  ne  résonne 
pas  :  il  en  est  d'ailleurs  de  même  sans  tronc  de  cône.  Celte  masse  d'air  annulaire 
vibrant  par  résonance  est  divisée  en  secteurs  résonnants,  qui  peuvent  êlre  isolés  au 
moyen  de  cloisons  situées  dans  des  plans  passant  par  l'axe  de  l'instrument,  et  réduits 
un  à  un  au  silence.  Ces  secteurs  résonnants  s'incurvent  contre  le  pavillon  qu'ils 
longent;  ils  appartiennent,  que  l'instrument  soit  cloisonné  ou  normal,  à  la  classe  des 
(I  d'onde)  tuyaux  résonnants  fermés  à  un  bout.  La  forme  évasée.du  pa\  illon  se  prête  aux 
variations  de  longueur  de  ces  secteurs  ;  mais  ils  ne  peuvent  cependant  pas  atteindre  une 
longueur  suffisante  pour  renforcer  les  sons  graves;  d'où  il  résulte  que,  dans  les  instru- 
ments en  cuivre,  les  notes  les  plus  basses  sont  faibles.  Dans  les  instruments  en  cuivre 
normaux,  cor,  trombone,  trompette,  cornet,  basse-tuba,  etc.,  la  masse  d'air  vibrante 
se  décompose  donc  en  deux  parties  :  une  colonne  d'air  cylindroconique  vibrante  prin- 
cipale, ayant  son  origine  aux  lèvres  de  l'instrumentiste,  et  un  système  annulaire  de 
secteurs  d'air  résonnants,  engainant  la  partie  terminale  de  cette  colonne  principale  et 
engainé  lui-même  par  le  pavillon.  Ainsi  se  trouve  expliquée  l'influence  du  pavillon 
dans  les  instruments  de  musique  à  embouchure. 

»  La  production  du  son  dans  ces  instruments  exige  une  grande  dépense  d'air  et  de 
grands  efforts  de  pression;  car,  outre  que  la  mise  en  vibration  de  la  colonne  d'air 
principale  représente  un  travail  déjà  considérable,  une  autre  somme  de  travail  est 
absorbée  pour  la  production  des  pliénomènes  de  résonance  dans  la  région  du  pavillon.  » 


CHIMIE  PHYSIQUE.    —   Remarques  sur  l'emploi  des  cryohydratcs. 
Note  de  M.  A.  Ponsot,  présentée  par  M.  Lippmaiin  ('  ). 

«  On  connaît  la  propriété  des  mélanges  cryohydratiques  de  se  solidifier 
progressivement  par  refroidissement  à  température  constante.  A  cause  de 
cette  propriété,  ces  mélanges  peuvent  être  employés  dans  des  recherches 
de  précision,  calorimétriques,  cryoscopiques,  thermométriques,  etc.  J'en 
ai  utilisé  dans  mes  recherches  sur  la  congélation  des  solutions  salines  :  à  ce 
sujet,  il  est  peut-être  utile  que  je  fasse  connaître  quelques-iilies  de  mes 
observations. 

»  Février  1898.  —  J'ai  placé  une  solution  de  IvCl  formée  à  saturation  à  la  tempé- 
rature ordinaire,  dans  une  éprouvette,  avec  un  agitateur  et  un  thermomètre.  Cette 
éprouvette  était  plongée  dans  une  solution  saturée  de  ce  même  sel,  placée  dans  un  vase 
entouré  d'un  mélange  réfrigérant,  composé  d'une  solution   suffisamment  concentrée 


('  )  Travail  fait  au  laboratoire  de  Recherches  physiques  de  la  Sorboune. 


(  99  ) 

de  NaCl  et  de  morceaux  de  glace  ;  il  s'est  produit  sur  la  paroi  interne  de  ce  vase  une 
couche  épaisse  de  crjosel;  j'ai  noté  l'abaissement  de  température  de  la  solution  dans 
l'éprouvette.  Cet  abaissement  a  été  de  près  de  i°,6  dans  la  première  lieure  pendant 
laquelle  s'est  produite  la  congélation;  ensuite  la  température  est  restée  st-alionnaire 
pendant  plus  d'une  heure.  Pendant  ce  temps  et  à  des  intervalles  de  un  quart  d'heure, 
j'ai  effectué  quatre  prises  de  la  partie  liquide  :  l'analyse  m'a  donné  pour  5s''  de  solution  : 
3s'', 998,  4°'',oo2,  ^"''jOOi  et  4""'  d'eau.  La  lecture  du  thermomètre  était  faite  seulement 
au  yj  de  degré  :  la  composition  du  liquide  cryohydralique  me  montre  que  la  tempéra- 
ture dans  la  dernière  heure  n'a  pas  dû  varier  de  plus  de  yJ^  de  sa  valeur,  soit  de 
o°,oi  environ,  la  température  étant  de  — 10°, 86. 

»  J'ai  répété  la  même  expérience  avec  une  solution  non  saturée  :  la  température 
s'est  abaissée  jusqu'à  un  point  où  elle  est  restée  stationnaire,  et  les  deux  dernières 
prises  effectuées  dans  cette  condition  m'ont  donné  Ss',  998  d'eau. 

»  Dans  ces  deux  expériences,  j'avais  employé  du  KCl  ordinaire.  Dans  les  suivantes, 
j'ai  employé  du  chlorure  de  potassium  purifié  :  les  variations  dans  la  composition 
cryohydratique  ont  été  un  peu  plus  faibles  :  elles  n'ont  pas  dépassé  0,002  sur  Ss'  de 
solution.  J'ai  trouvé  4, 020  et  4,020;  4, 018  et  4,020,  puis  4  1O16  et  4iOi8,  avec  une 
température  stationnaire,  même  pendant  la  solidification  de  plus  du  tiers  de  la  solution. 

»  Les  résultats  que  j'ai  publiés  dans  m/>  thèse  correspondent  à  4°So2i  ;  ils  ont  été 
obtenus  dans  mon  appareil  cryoscopique  avec  du  sel  purifié  par  plusieurs  cristallisa- 
tions successives  et  dans  des  conditions  de  constance  de  température  observée  cette 
fois  au  jI^  de  degré  :  température  — 10", 64. 

»  D'autres  expériences  sur  BAGl^  pur  et  impur  m'ont  donné  une  variation  d'en- 
viron 0°, 2  du  point  cryohydratique  correspondant  à  une  variation  de  concentration 
,    0,1 

»  Ces  expériences  montrent  qu'tin  même  sel  peut  donner  un  bain  cryo- 
hydratique dont  la  composition,  comme  la  température,  dépend  du  de^ré 
d'impureté  de  ce  sel.  De  plus,  tandis  qu'on  peut  obtenir  une  constance  de 
température  remarquable  avec  le  sel  pur,  avec  le  sel  impur  on  observe, 
pendant  la  solidification,  une  variation  de  température  plus  ou  moins 
grande,  encore  en  rapport  avec  les  impuretés  du  sel. 

)>  Cette  variation  dépend  aussi  de  la  fraction  de  la  solution  solidifiée 
pendant  l'expérience,  et  par  suite  de  la  vitesse  de  refroidissement,  qu'on 
peut  régler,  d'ailleurs. 

»  La  nature  des  impuretés  doit  avoir  une  grande  influence  :  c'est  du 
moins  ce  que  je  crois  conchire  des  recherches  qui  ont  été  faites  par  divers 
savants  sur  les  cryohydrates  de  plusieurs  sels.  Il  me  paraît  non  moins 
certain  que  les  impuretés  d'un  sel,  dont  on  ne  peut  le  débarrasser  que  par 
plusieurs  cristallisations,  ont  la  moindre  influence. 

»   Dans  mes  recherches  sur  la  congélation  des  solutions,  j'ai  formé  mes 


lOO 


bains  cryohydratiques  avec  des  sels  purs  ou  plus  ou  moins  impurs;  j'ai 
utilisé  aussi  des  mélanges  cryohydratiques  de  deux  sels.  Jusque  vers  —  3°, 5 
j'ai  employé,  soit  dans  les  essais,  soit  dans  des  mesures  définitives,  environ 
trente  bains  cryohydratiques;  il  en  est  dont  j'ai  égaré  le  point  de  congéla- 
tion, tels  ceux  formés  avec  la  strontiane,  le  tannin. 

)i  En  voici  vingt-six,  rangés  à  peu  près  (à  cause  des  impuretés),  dans  l'ordre  de 
leur  congélation  : 

1)  Magnésie,  gypse,  chlorure  de  plomb,  chaux,  bioxyde  de  baryum,  sulfate  de  chaux 
saturé  d'alun  ammoniacal,  alun  de  potasse,  alun  ammoniacal,  baryte,  borax,  phos- 
phate de  soude,  bitarlrate  de  soude,  chlorate  de  potasse,  acide  borique,  ferrocyanure 
de  potassium,  sulfate  de  cuivre,  sulfate  de  potasse,  azotate  de  plomb,  bisulfate  de 
potasse,  sulfate  de  chaux  avec  sulfate  de  soude,  sulfate  de  magnésie,  azotate  de 
potasse,  sulfate  de  chaux  saturé  de  sulfate  de  potasse,  ferricyanure  de  potassium, 
sulfite  de  soude  et  hyposulfite  de  soude. 

))  Il  est  presque  inutile  d'ajouter  que  j'aurais  pu  en  trouver  encore  d'autres. 

»  Lorsqu'un  bain  cryohydratique  de  sel  pur  se  trouve  dans  un  vase  au 
contact  direct  d'un  réfrigérant,  la  température  de  la  partie  liquide  de  ce 
bain  n'est  pas  toujours  indépendante  de  celle  du  réfrigérant,  ni  même  de 
l'agitation.  Cela  est  dû  en  grande  partie  à  ce  que  la  vitesse  de  solidification 
du  sel  ne  s'accroît  pas  autant  que  celle  de  la  glace  dans  le  refroidissement; 
par  suite,  le  bain  devient  de  plus  en  plus  concentré.  Mais  cette  influence 
lombe  en  grande  partie  et  décroît  ensuite  très  vite  lorsqu'il  se  forme  une 
gaine  de  masse  cryohydratique  solide  enveloppant  le  bain,  et  que  cette 
gaine  augmente  d'épaisseur. 

»  Cette  observation  m'a  conduit  à  ma  méthode  cryoscopique.  Je  termi- 
nerai en  ajoutant  que  les  cryohydrates  solides  peuvent  être  employés  aussi 
de  la  même  manière  que  la  glace  pure.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —   Action  du  bioxyde  d'azote  sur  les  sels  de  protoxyde 
de  chrome.   Note  de  M.  G.  Cuesneau,  présentée  par  M.  Ad.  Carnot. 

«  Péligot,  et  les  Auteurs  qui,  après  lui,  ont  étudié  l'action  du  bioxyde 
d'azote  sur  les  sels  métalliques,  ont  constaté  que  la  solution  bleue  de  pro- 
toxyde de  chrome  absorbe  ce  gaz  comme  les  sels  ferreux  en  se  colorant  en 
brun,  mais  n'ont  pas,  à  ina  connaissance,  poursuivi  l'étude  du  composé 
formé,  sans  doute  à  cause  de  la  difficulté  qu'on  éprouve  à  manier  les  solu- 
tions rigoureusement  à  l'abri  du  contact  de  l'air. 


(   loi   ) 

>  Ayant  trouvé  un  procédé  simple  pour  remplir  cette  condition,  j'ai  re- 
pris cette  étude  qui  m'a  fourni  quelques  résultats,  non  sans  intérêt,  dont 
la  présente  Note  résume  les  principaux. 

I)  Le  procédé  que  j'emploie  pour  opérer  les  réactions  à  l'abri  de  l'air,  consiste  à 
produire  les  sels  chromeux  par  la  méthode  ordinaire  de  réduction  à  chaud,  par  le  zinc 
pur,  des  sels  chromiques  eu  dissolution  soit  neutre,  soit  acide,  mais  en  recouvrant 
celle-ci  d'une  couche  d'huile  lourde  de  pétrole  ((/  =  0,870)  de  o'",5  à  o™,io  d'épais- 
seur qui  suffit,  sans  bouchage  spécial  (ce  que  ne  fait  pas  le  pétrole  ordinaire),  à  pré- 
server le  liquide  pendant  plusieurs  semaines  contre  l'action  de  l'air:  c'est  ainsi  qu'une 
solution  de  protochlorure  neutre  de  chrome  obtenue  de  cette  façon,  qui  absorbait  au 
moment  de  sa  préparation  17'^'^, 4  d'oxygène  pour  10™,  absorbait  encore  17°°,!  au  bout 
d'un  mois.  I^our  transvaser  la  dissolution  à  l'abri  de  l'air,  il  suffit  d'en  prélever  au 
moyen  d'une  pipette  à  pointe  effilée,  et  recourbée  au  besoin,  en  ayant  si)in  d'aspirer 
d'abord  une  certaine  quantité  du  pétrole  surnageant,  qui  précède  et  préserve  la  so- 
lution contenue  dans  le  réservoir  de  la  pipette.  Le  même  procédé  appliqué  aux  sels 
ferreux  permet  de  constater  l'absence  totale  do  coloration  par  les  sulfocjanures.  J'ai 
pu  étudier  ainsi  l'action  de  divers  réactifs  sur  les  sels  chromeux,  et  obtenir  notamment 
avec  la  soude  un  hydrate  (ou  sel  basique?)  chromeux  d'un  beau  bleu  turquoise  dont 
je  poursuis  l'étude. 

»  Les  solutions  chromeuses  obtenues,  renfermant  forcément  des  sels  de  zinc,  j"ai 
commencé  par  vérifier,  ce  qui  est  à  prévoir,  que  leur  présence  n'influe  pas  sur  l'ab- 
sorption du  bioxyde  d'azote  :  du  sulfate  ferreux,  additionné  de  son  poids  de  sulfate  de 
zinc,  m'a  donné,  en  eflet,  à  12",  5  une  absorption  en  poids  de  i'^°',o7  d'AzO  pour  2  mo- 
lécules de  sulfate  ferreux,  c'est-à-dire  à  très  peu  près  la  proportion  indiquée  par  Pé- 
ligot. 

»  En  saturant  de  même  d'AzO  (bien  purifié  de  peroxyde  d'azote  et  desséché)  une 
solution  de  chlorure  chromeux  neutre  placé  sous  pétrole  dans  un  flacon  pouvant  être 
purgé  d'air  par  un  courant  d'hydrogène  pur  et  sec,  j'ai  obtenu  une  absorption  en 
poids  de  os'',257  d'AzO  (soit  o™°',oo86)  pour  85"="=  de  solution  contenant  o™°',0273  de 
CrCl-,  ce  qui  correspond  à  o™°',9l  d'AzO  absorbé  pour  3  molécules  de  CrCl-,  ou  à 
très  peu  près  à  la  formule  (CrCl-)^,  AzO.  L'absorption  se  faisant  avec  un  fort  dégage- 
ment de  chaleur,  l'appareil  était  maintenu  dans  un  bain  à  la  température  constante 
de  1.5°. 

»  La  solution  bleue  de  chlorure  chromeux  prend  alors  une  teinte  d'un  beau  rouge 
foncé,  couleur  vin  de  Porto,  très  distincte  de  la  teinte  brune  des  sels  de  fer  nitreux. 
Elle  est  d'autant  plus  rouge  que  la  saturation  est  obtenue  plus  vite;  mais  à  l'inverse 
des  sels  de  fer  dont  la  coloration  ne  varie  pas,  cette  couleur  rouge  devient  bientôt  brun 
verdàlre,  au  bout  d'une  heure  ou  deux  à  la  température  ordinaire,  instantanément 
à  100°.  De  plus,  tandis  que  les  sels  ferreux  dégagent  complètement  le  bioxyde  d'azote 
absorbé,  soit  en  les  chauffant,  soit  dans  le  vide,  le  chlorure  chromeux  nitreux,  fraîche- 
ment préparé  ou  conservé  depuis  quelques  jours,  n'abandonne  aucun  gaz  ni  à  l'ébulli- 
tion,  ni  dans  le  vide  barométrique;  il  constitue  d'ailleurs  bien  une  véritable  combi- 
naison, car  il  n'absorbe  plus  d'oxygène. 

G.  H.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  2.)  l4 


(     '02     ) 

»  J'ai  d'ailleurs  vérifie  que  le  bioxjde  d'azole  qui  a  traversé  une  solu- 
lion  chromeuse  froide  n'a  subi  aucune  décomposition;  il  y  a  donc  eu 
simple  absorption.  La  liqueur  rouge  de  chlorure  chromeux  nitreux  donne 
avec  la  soude  un  précipité  gris,  immédiatement  soluble  en  violet  dans  un 
excès  de  réactif,  sans  aucun  dégagement  gazeux;  la  solution  verdit  en  peu 
de  temps. 

»  Des  résultats  semblables  ont  été  obtenus  avec  des  solutions  acides 
de  chlorure  et  de  sulfate  chromeux.  J'ai  effectué,  en  outre,  de  nombreuses 
absorptions  en  volume  de  bioxyde  d'azote  dans  des  éprouvettes  graduées, 
sur  le  mercure,  qui  m'ont  donné  les  résultats  suivants  : 

»  La  proporlion  de  sel  chromeux.  contenue  dans  les  solutions  était  déterminée  avant 
chaque  expérience  par  le  volume  d'oxygène  qu'elle  pouvait  absorber.  En  efl'ectuanl 
l'absorption  d'AzO  aussi  rapidement  que  possible  (en  deux  ou  trois  minutes),  par  une 
violente  agitation  avec  une  baguette  en  verre  recourbée,  j'ai  obtenu  une  absorption 
un  peu  plus  forte  que  dans  le  cas  d'un  courant  gazeux  barbotant  dans  la  solution  :  la 
même  différence  avait  été  constatée  par  Péligot  pour  les  sels  ferreux.  La  proportion  a 
varié  seulement  de  i""'',2  à  i™°',3  d'AzO  absorbé  pour  3  molécules  de  CrCl^,  de  o° 
à  42°,  et  avec  des  concentrations  variant  du  simple  au  quintuple;  elle  a  été  de  i^^^jOS 
pour  3  molécules  de  sulfate  chromeux.  Ces  résultats  différent  notablement  de  ceux 
obtenus  avec  les  sels  ferreux  par  M.  J.  Gay  (')  qui  a  constaté  une  absorption  de  1  équi- 
valent de  bioxyde  d'azote  :  pour  3  équivalents  de  sulfate  de  fer  au-dessous  de  8°,  pour 
4  équivalents  de  8°  à  25°,  et  pour  5  équivalents  au-dessus  de  20°. 

»  Enfin  j'ai  observé  que  l'absorption  du  bioxjde  d'azote  par  les  sels  chromeux  est 
notablement  moindre  quand  elle  se  produit  lentement  :  elle  tombe  alors  d'une  façon 
régulière  à  o"°',87  pour  S'""'  de  CrCP  neutre.  Cette  particularité  me  semble  provenir 
de  l'action  du  chlorure  chromeux  restant  libre  sur  le  chlorure  nitreux.  J'ai,  en  effet, 
constaté  que  le  chlorure  neutre  saturé  très  rapidement  à  froid  d'AzO  donne  (après 
agitation  prolongée  à  l'air  pour  être  sûr  qu'il  ne  reste  plus  aucune  trace  de  CrCP  libre) 
un  abondant  précipité  rouge  d'oxvdule  de  cuivre  dans  la  liqueur  de  Fehling  bouillante 
(ce  qui  semble  caractériser  la  formation  d'hydroxylamine  AzH^O),  et  ne  donne  pas 
d'ammoniaque  avec  l'appareil  Schlœsing;  au  contraire,  le  chlorure  neutre  saturé  très 
lentement  à  froid,  ou  rapidement  à  chaud,  ne  donne  rien  avec  la  liqueur  de  Fehling 
et  dégage  de  l'ammoniaque  avec  les  alcalis  fixes;  quant  au  chlorure  acide  saturé  à 
froid,  il  donne  à  la  fois  les  deux  caractères. 

»  Ces  faits,  ainsi  que  l'altération  rapide  des  solutions  de  sels  chromeux  nitreux, 
s'expliquent  aisément  si  l'on  admet  les  deux  réactions  suivantes  : 

(!)  2[(CrCP)=,  AzO]  H-  3W0  =  3Cr-^Cl*0  -+-  2AzIP0, 

(2)  2CrCl•^-^-2[(C^Clî)^AzO]-^-31120=:4Cr2Cl*0-^2AzH^ 

(';   Comptes  rendus,  t.  LXXXLX,  p.  4 10. 


(    T03    ) 

la  réaction  (i)  se  produisant  seule  dans  le  cas  de  l'absorption  rapide  d'AzO  à 
froid,  et  la  réaction  (2)  dans  le  cas  d'absorption  lente,  enfin  les  deux  réactions  ayant 
lieu  simullanément  avec  le  sel  chromeux  acide.  La  comparaison  des  deux  équations 
montre  que,  dans  le  second  cas,  le  volume  d'AzO  absorbé  doit  être  les  |  du  volume 
absorbé  dans  le  premier,  pour  un  même  volume  de  solution  chromeuse  :  c'est  ce  que 

vérifie  sensiblement  le  rapport  observé  :  — — -  ^78  pour  100. 
'  '  1 , 20       '     ' 

»  En  résumé,  je  pense  avoir  établi  que  les  sels  chromeux  en  dissolution 
absorbent  le  bioxyde  d'azote  comme  les  sels  ferreux,  mais  en  donnant  une 
seule  combinaison  contenant  i  molécule  d'AzO  pour  3  iTiolécules  de  sel. 
Cette  combinaison  se  décompose  d'elle-même  rapidement,  surtout  à  chaud 
ou  en  présence  des  acides,  mais  sans  aucun  dégagement  gazeux,  à  l'inverse 
des  composés  similaires  du  fer,  l'azote  du  bioxyde  se  transformant  en  hy- 
droxylamine  ou  en  ammoniaque,  et  son  oxygène  se  fixant  sur  le  sel  chro- 
meux.   » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  sulfoantimoniies  métallique<;  (*). 
Note  de  M.  Pouget,  |)résentée  par  M.  Troost. 

«  Dans  une  précédente  Communication  y^),  j'ai  montré  que  l'action  de 
V azotate  d' argent  sur  les  solutions  de  sulfoantimonite  normal  de  potassium 
SbS'K'  pouvait  donner  naissance  à  deux  composés  : 

SbS'Ag% 
SbS'Ag^R. 

>i  I.  Les  sels  de  zinc,  de  manganèse,  de  plomb  donnent  des  résultats 
semblables. 

»  L'addition  d'une  solution  d'un  de  ces  sels  à  une  solution  étendue  de  sulfoantimo- 
nite (imoi  dans  10''')  y  produit  un  précipité  volumineux,  amorphe  de  sulfoantimonite 
trimélallique. 

Sb^S'Zn*,  orangé; 

Sb-S^Mn',  rose  sale; 

Sb^S^Pb',  marron. 

»   Avec  les  solutions  concentrées  de  sulfoantimonite,  c'est  le  même  composé  qui  se 


(')  Laboratoire  de  Chimie  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Rennes. 
(  -)  Comptes  rendus,  t.  CXXIV,  p.  i5i8. 


(  lo/j  ) 

forme  d'abord  ;  mais  il  se  transforme  très  rapidement,  pourvu  que  le  sulfoantimonite 

de  potassium  soit   en    excès,  en    un    précipité  cristallin   correspondant   à   l'une   des 

formules 

SbS^ZnK,  blanc; 

SbS'MnK,  rose; 

SbS',PbK,  marron. 

»  Ces  corps  sont  facilement  décomposés  par  l'eau  qui  les  transforme  en  sulfo- 
antimonites  trimélalliques,  cristallins,  el  différant  par  leur  aspect  des  sulfoantimonites 
trimétalliques  obtenus  directement  avec  les  solutions  étendues. 

i>  Avec  les  sels  de  fer  {sels  ferreux),  de  nickel,  de  cobalt,  les  composés  qui 
prennent  naissance  sont  très  oxydables,  ce  qui  en  rend  la  séparation  difficile.  En 
solution  étendue,  c'est  encore  le  sulfoantimonite  trimétallique  Sb-S'^Fe',  Sb^S^Ni^, 
Sb-S^Co',  qui  précipite;  en  solution  concentrée,  le  précipité  contient  toujours  du 
potassium. 

»  II.  Les  sels  de  cuivre  se  comportent,  avec  les  solutions  de  sulfoantimonite,  d'une 
manière  différente;  le  phénomène  de  double  décomposition  est  généralement  accom- 
pagné d'une  réduction  qui  donne  finalement  nais^nce  à  un  sulfoantimonite  cuivreux. 

»  Avec  les  solutions  étendues  d'orthosulfoantimonite  il  se  produit,  par  l'addition 
d'un  sel  de  cuivre,  un  précipité  noir  de  sulfoantimonite  cuivrique  Sb^S'Cu',  si  le  sel 
de  cuivre  est  en  excès;  mais  si,  au  contraire,  c'est  le  sulfoantimonite  de  potassium  qui 
est  en  excès,  le  précipité  déjà  formé  est  réduit  peu  à  peu  à  l'état  de  sulfoantimonite 
cuivreux  SbS^Cu'. 

»  Avec  les  solutions  concentrées  de  sulfoantimonite,  le  précipité  noir  qui  se  forme 
tout  d'abord  se  transforme  rapidement  au  contact  de  l'excès  de  sulfoantimonite  en  un 
précipité  jaune  cristallin  de  sulfoantimonite  dicuivreux  monopotassique  SbS'Gu-K. 

n  Ce  dernier  corps  est,  comme  les  composés  analogues  d'argent,  de  zinc,  de  manga- 
nèse, de  plomb,  facilement  décomposé  par  l'eau,  le  résidu  rouge  brun  cristallin  con- 
stitue encore  du  sulfoantimonite  cuivreux  SbS^Cu*. 

»  Avec  les  sels  de  mercure  (sels  mercuriques)  la  réduction  est  plus  énergique  :  le 
mercure  est  précipité  à  l'état  métallique. 

)>  Ces  phénomènes  de  réduction  s'expliquent  par  la  facilité  avec  laquelle  les  sulfoan- 
timonites  se  transforment  par  oxydation  en  sulfoantimoniates. 

;)  En  résumé,  l'action  des  sels  métalliques  sur  les  solutions  tle  sulfoanti- 
monite de  potassium  dissous  peut  donner,  par  double  décomposition  : 

»    i"  Un  sulfoantimonite  trimétallique  SbS^M^; 

.    2°  Un  sulfoantimonite  double  SbS'M'K. 

»   Dans  aucun  cas  je  n'ai  pu  préparer  le  sel  monométallique  SbS^MR-; 

!)  3°  La  double  décomposition  est  quelquefois  accompagnée  d'une 
réduction. 

»  Les  solutions  d'orthosulfoantimonite  de  sodium  et  de  lithium  four- 
nissent des  résultats  semblables.  » 


(    io5  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  la  phénylhydrazine  sur  les  bromures,  chlo- 
rures et  iodures  alcooliques.  Note  de  M.  J.  Allain-Le  Canu,  présentée 
par  M.  Troost  ('). 

»  MM.  Genvresse  et  Bourcet  ont  étudié  {Comptes  rendus,  t.  CXXVIII, 
p.  564  )  l'action  de  la  phénylhydrazine  sur  les  iodures  de  méthyle  et 
d'éthyle. 

)  Les  bromures  et  les  chlorures  alcooliques  se  conduisent  en  général 
d'une  manière  différente  des  iodures  correspondants  ;  nous  nous  sommes 
demandé  s'il  en  serait  de  même  quand  on  ferait  réagir  ces  corps  sur  la 
phénylhydrazine.  Nous  avons  voulu  également  voir  comment  se  compor- 
terait cette  dernière  avec  les  iodures  alcooliques  supérieurs. 

»  Action  du  bromure  d'éthyle  sur  la  phénylhydrazine.  —  i°Nous  avons  d'abord 
agi  eu  solution  éthérée.  Dans  une  solution  éthérée  de  phényllijdrazine,  refroidie  par 
un  mélange  de  glace  et  de  sel,  nous  avons  versé  peu  à  peu  et  en  agitant  avec  une 
baguette  du  bromure  d'éthyle  exempt  d'acide  bronihjdrique  (demi-molécule  de  bro- 
mure d'élliyle  pour  une  de  jîliényllivdrazine). 

»  Au  bout  de  vingl-qualre  heures,  le  liquide  s'est  pris  en  une  masse  d'aiguilles  bril- 
lantes, que  nous  avons  essorées  à  la  trompe,  lavées  à  l'éther  et  dissoutes  dans  l'alcool 
absolu.  La  solution  alcoolique,  refroidie  vers  — 15°,  a  cristallisé  en  partie  en  donnant 
de  belles  aiguilles,  que  nous  avons  lavées  avec  un  peu  d'élher  et  séchées  sur  l'acide 
sulfurique.  L'analyse  complète  de  ce  corps  montre  que  nous  nous  trouvions  en  pré- 
sence d'un  bronihydrate  basique  de  phénylhydrazine,  contenant  deux  molécules  de 
phénylhydrazine  pour  une  molécule  d'acide  bromhydrique. 

»  A  ce  sujet,  nous  ferons  remarquer  que  M.  Moitessier  a  trouvé  récemment  des 
combinaisons  des  chlorures,  bromures,  iodures  et  sulfates  métalliques  avec  plusieurs 
molécules  de  phénylhvdrazine. 

»  Nous  considérons  le  corps  précédent  comme  une  combinaison  de  bromhydrate  de 
phénylhydrazine  avec  une  molécule  de  phénylhydrazine.  En  effet,  ce  corps  se  dissocie 
en  présence  de  l'alcool.  Chauffé  longtemps  à  l'étuve  à  100°,  il  perd  une  molécule  de 
phénylhydrazine.  La  perte  est,  en  effet,  de  06,10  pour  100  et  la  théorie  exigerait  36, 61. 

»  Ce  corps  est  peu  soluble  dans  l'éther,  soluble  dans  l'alcool,  très  soluble  dans  l'eau. 
La  solution  aqueuse  est  acide  au  tournesol,  elle  donne,  avec  le  nitrate  d'argent,  un 
précipité  blanchâtre  noircissant  très  rapidement.  La  potasse  met  la  phénylhydrazine 
en  liberté.  Ce  corps  fond  vers  igS"  en  se  décomposant. 

»  2°  En  solution  alcoolique,  on  obtient  un  corps  différent  qui  n'est  autre  chose  que 
du  bromhydrate  de  phénylhydrazine.  Nous  avons,  du  reste,  vu  que  le  corps  précédent 
se  dissociait  en  présence  de  l'alcool. 

»  Nous  avons  reconnu  le  bromhydrate  de  phénylhydrazine  à  son  point  de  fusion  et 


(  '  )  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Besançon. 


(   'o6) 

à  sa  teneur  en  brome,  ainsi  qn'à  son  aspect.  Ce  corps  cristallise,  en  effet,  en  belles 
lamelles  nacrées. 

»  Action  du  chlorure  d'éthyle  sur  la  phénylhydrazine.  —  Le  chlorure  d'élliyle 
se  comporte  vis-à-vis  de  la  phénylhydrazine  comme  le  bromure  d'éthyle. 

»  Nous  avons  opéré  exactement  dans  les  mêmes  conditions  et  obtenu  suivant  le  cas 
un  chlorhydrate  basique  de  phénylhydrazine  et  du  chJorludrate  de  phénylhydrazine. 
Seulement  la  combinaison  de  deux  molécules  de  phénylhydrazine  avec  une  d'acide 
chlorhydrique  est  moins  stable  que  la  combinaison  correspondante  avec  l'acide  brom- 
hydrique,  une  molécule  de  phénylhydrazine  s'en  allant  beaucoup  plus  facilement  que 
précédemment. 

»  La  combinaison  basique  fond  vers  226°  en  se  décomposant.  Elle  a  les  mêmes  pro- 
priétés que  la  combinaison  bromhydrique  correspondante. 

»  Action  des  iodures  propylique  et  butylirjae  normaux  sur  la  phénylhydrazine. — 
Nous  avons  opéré  encore  comme  précédemment  et  nous  avons  trouvé  que  les  iodures 
de  propyle  et  de  butyle  ne  se  comportent  pas  tout  à  fait  de  la  même  manière  que  les 
iodures  de  méthyle  et  d'éthyle  avec  la  phénylhydrazine.  En  elTet,  si  nous  avons  bien 
obtenu  des  composés  analogues  à  l'un  de  ceux  de  MM.  Genvresse  et  Bourcet  et  ayant 
pour  formule  (G«H=AzH. Azn2)2C'H- 1  et  (C^H^AzH.  AzH'-)"-C*H='l,  nous  n'avons  pu 
obtenir  les  composés  G6H»Az=I^^(C'H')M  et  C«H^  Az^H^(C»H')^L 

»  Le  composé  (C^H^AzH. AzH^)-G^H"I  cristallise  de  l'alcool  en  un  feutrage  d'ai- 
guilles brillantes;  elles  sont  solubles  dans  l'alcool  et  l'eau,  peu  solubles  dans  i'éther. 
Elles  fondent  vers  122°. 

1)  La  combinaison  correspondante  obtenue  avec  l'iodure  de  butyle  normal  fond  à 
126°  et  a  les  mêmes  propriétés  que  le  composé  précédent. 

))  Conclusion.  —  Comme  nous  le  prévoyons,  les  chlorures  et  bromures 
alcooliques  ne  se  comportent  pas  de  la  même  manière  avec  la  phénylhydra- 
zine que  les  iodures  correspondants;  les  iodures  alcooliques  supérieurs 
se  conduisent  aussi  d'une  manière  m\  peu  différente  des  iodures  de  mé- 
thyle et  d'éthyle  vis-à-vis  du  même  réactif.    » 


CHLMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  aminocampholénes .  Note 
de  MM.  E.-E.  Blaise  et  G.  Blanc,  présentée  par  M.  Henri  Moissan  (*). 

«   La  formule  de  constitution  du  camphre  proposée  par  M.  Bouveault 

établit  entre   les  acides  isolauronolique  et  [i-campholénique  la   relation 

suivante 

CH'  CH'  GH3  CH' 


CH' ^'c  -  CO'' H  CH"' — lie  —  CH«  -  CO'' H. 

(')  Laboratoire  de  Chimie  organique  de  la  Sorbonne. 


(  I07  ) 

Comme,  d'ailleurs,  la  constitution  de  l'acide  isolauronolique  semble  établie 
avec  certitude,  alors  que  celle  de  l'acide  fl-cam|)holénique  est  encore  dou- 
teuse, il  était  intéressant  de  chercher  à  vérifier  la  relation  précédente. 

»   En  réduisant  le  nitrile  isolauronolique,  l'un  de  nous  a  obtenu  un 
aminodihydrocampholène  (  '  )  : 

CH=  CIP  CH'  Cil' 

'"        XII^      ,  9,  GIF 


GH^/  ^.C-^  ^Cm  ^^CH 


CH^— C-   CAz      CIP 


'CH-  CH^  — AzH2 


Si  la  relation  que  prévoit  la  théorie  est  exacte,  l'aminocampholène  cor- 
respondant à  ce  dérivé  dihydrogénédoit  résulter  de  l'action  de  l'hypobro- 
mite  de  potassium  sur  la  fl-carnpholénamide 

CH'  CH»  CH'  Cil' 


,CH'  CH' 

M_0-=CO-^  + 
CH°- ^C  -  CH2  —  CO  -  Az  112  CFP ' — C  —  CH^  -  Az  H^ 

et  se  transformer,  par  hydrogénation,  en  une  base  identique  à  celle  qui 
dérive  du  nitrile  isolauronolique. 

»  Lorsqu'on  traite  la  |3-canipliolénamide  par  rhypobromite  de  potassium,  dans  des 
conditions  déterminées,  on  obtient  en  eflfet  le  p-aminocampholène.  Celte  base  con- 
stitue un  liquide  incolore,  mobile,  à  odeur  ammoniacale,  bouillant  à  iSS"  sous  la 
pression  atmosphérique.  Sa  densité  à  t5°  est  de  0,8778  et  son  indice  de  réfraction  a 
pour  valeur  «1,^1,4770;  on  en  déduit,  pour  sa  réfraction  moléculaire,  Ni,  =  44.83,  la 
valeur  calculée  étant  45,23. 

»  Le  p-aminocampholène  donne  un  chlorhydrate  cristallisant  en  longues  aiguilles 
qui  fondent  à  i94°-i95°  sans  se  décomposer  et  un  chloroplatinate  qui  se  décompose 
au-dessus  de  200°.  Le  picrate  correspondant,  C'II" Az.CII'Az'O',  fond  à  228''-229°. 
linfin,  en  traitant  le  p-aminocampholène  par  l'éther  oxalique,  on  obtient  une  oxa- 
mide  fusible  à  iii»-ii2'';  le  cyanate  de  potassium  réagissant  sur  le  chlorhydrate  de 
la  base  donne  de  même  une  urée  fusible  à  io8°-io9". 

»  Nous  avons  traité  de  même  l'a-campholénamide  par  l'hypobromile  de 
potassium,  et  nous  avons  ainsi  obtenu  une  nouvelle  base,  isomère  de  la 


(')  G.  Blanc,  Bull.  Soc.  chim.,  Z'  série,  t.  XXI,  p.  822. 


(   io8  } 
précédente  :  IV-aminocampholène 

CIP       CH» 

CH^^ — CH  ~  CH'-  AzlP 


j)  Ce  corps  bout  également  à  i85°.  Sa  densité  à  i5»  et  son  indice  de  réfraction  ont 
respectivement  pour  valeur  :  0,879.5  et  1,4797;  °"  ^"  déduit,  pour  la  réfraction  mo- 
léculaire, la  valeur  Nj,  =  44)88- 

»  Le  chlorhydrate  cristallise  en  petits  prismes  et  fond  à  253°.  Le  picrate  fond  à  219° 
et  l'oxamide  correspondante  cristallise  en  aiguilles  fusibles  à  iSi".  En  traitant  le 
chlorhydrate  de  la  base  par  le  cyanate  de  potassium,  on  obtient  enfin  une  urée  cris- 
tallisant en  lamelles  nacrées  et  fondant  à  ii9°-i20''. 

»  Il  est  à  remarquer  que  les  dérivés  de  l'a-aminocampholène  fondent 
sensiblement  aux  mêmes  températures  que  les  dérivés  correspondants  du 
dihydro-aminocampholène,  exception  faite  pour  l'urée. 

»  L'action  de  l'acide  iodhydrique  bouillant  à  127°  sur  ry.-aminocampho- 
lène  est  également  intéressante;  en  effet,  si  l'on  fait  bouillir  l'iodhydrate 
de  cette  base  avec  de  l'acide  iodhydrique,  on  constate  une  décomposition 
rapide  en  iodure  d'ammonium  et  un  carbure  probablement  identique  au 
campholène. 

»  Nous  n'avons  pas  réussi  jusqu'ici  à  réaliser  l'hydrogénation  des  amino- 
campholènes;  la  réduction  au  moyen  du  zinc  et  des  acides  iodhydrique  ou 
chlorhydrique  étendus,  du  sodium  et  des  alcools  éthylique  ou  amyUque 
bouillants,  conduit  en  effet,  non  pas  à  l'aminodiliydrocampholène,  mais  à 
une  base  à  point  d'ébullition  beaucoup  plus  élevé  et  qui  résulte  du  dou- 
blement de  la  molécule  primitive.  D'autre  part,  la  réduction,  au  moyen  de 
l'acide  iodhydrique  à  chaud,  ne  peut  être  utilisée  puisqu'il  détermine  une 
décomposition;  nous  avons  reconnu  d'ailleurs  que  cet  acide  est  sans  ac- 
tion sur  la  base  dihydrogénée. 

>)  Nous  poursuivons  nos  recherches  sur  ce  sujet  dont  nous  nous  réser- 
vons l'étude.    » 


(      lOf)    ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Contrihution  à  V étude  d'une  oxyptomaîne. 
Note  de  M.  OEchsner  de  Coninck  (  '  ). 

«  J'ai  fait  connaître  l'année  dernière  (Comptes  rendus,  séance  du  28  fé- 
vrier i8q8)  une  oxyptomaîne  qui  prend  naissance  dans  l'action  de  l'eau 
oxygénée  sur  une  ptomaïne  pyridique 

C«H"Az-|-0  =C«H"AzO. 

))  J'ai  décrit  en  même  temps  son  chlorhydrate  et  son  chloroplatinate  que 
j'avais  obtenu  à  l'état  de  précipité;  je  reviendrai  aujourd'hui  sur  ce  dernier 
sel. 

»  Pour  le  préparer  à  l'état  cristallisé,  j'ai  ajouté,  à  une  solution  étendue  du  chlorhy- 
drate C'H"AzOHCl,  une  solution  aqueuse  renfermant  iS"-  de  chlorure  platinique  pour 
aSs''  d'eau  distillée.  La  liqueur  est  concentrée,  à  basse  température,  sous  une  cloche  en 
relation  avec  une  trompe  à  eau;  la  concentration  doit  être  conduite  lentement.  Peu  à 
peu  le  chloroplatinate  se  dépose  sous  forme  d'assez  larges  paillettes,  à  bords  nets, 
paraissant  cristalliser  dans  le  système  orthorhombique;  il  renferme  alors  i  molécule 
d'eau  de  cristallisation 

[(C»H"AzO.HCl)^  PtCl*]^IPO. 

.  Ce  sel  n'est  pas  décomposé  par  l'eau  froide,  à  peine  par  l'eau  tiède,  complètement 
par  l'eau  bouillante. 

»  Bromhydrate  C«H"AzO.HBr.  —  Ce  sel,  préparé  avec  une  solution  étendue  de 
l'hydracide,  ressemble  beaucoup,  par  son  aspect  extérieur,  au  chlorhydrate.  Il  se  pré- 
sente en  lames  allongées,  blanches  et  douées  d'éclat  nacré.  Légèrement  déliquescent, 
il  se  dissout  avec  facilité  dans  l'eau  froide;  l'eau  tiède  ne  le  décompose  pas,  mais  l'eau 
bouillante  le  détruit  rapidement. 

»  C/i/orai</ffie  C'H"AzO.IICl -f- AuCl".  —  Précipité  jaune  clair,  obtenu  en  mé- 
langeant des  solutions  étendues  de  chlorure  d'or  et  du  chlorhydrate,  et  concentrant 
sous  pression  réduite  et  à  la  température  ordinaire.  Ce  sel  n'est  pas  déliquescent:  il  est 
assez  soluble  dans  l'eau,  mais  si  l'on  évapore  cette  solution  au  bain-marie,  il  y  a 
décomposition  totale.  J'ai  fixé  sa  composition  en  dosant  successivement  le  chlore, 
l'azote  et  l'or. 

»  Cliloromercurate  [C«II"  AzO,  HCl]''',  3HgCl- ;  précipité  blanc,  très  dense,  qui 
se  dépose  lorsque  l'on  mélange  des  solutions  concentrées  des  deux  sels.  Ce  cliloromer- 
curate qui,  d'après  les  dosages  de  mercure  et  de  chlore,  est  un  sesquisel,  est  insoluble 


(')  Ce  travail  a  été  fait  dans  mon  laboratoire,  à  l'Institut  de  Chimie  de  la  Faculté 
des  Sciences  de  Montpellier. 

G.  R.,  1899,  2-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  2.)  l5 


(  IIO  ) 

dans  l'eau  frnide,  un  peu  soluble  dans  l'eau  tiède,  décomposable  à  la  longue  par  l'eau 
bouillante. 

»  En  résumé,  l'oxvptoraaïne  on  collidone,  C*H"AzO,  fournit  des  sels 
simples  et  doubles  qui  se  rapprochent  des  sels  similaires  des  ptomaïnes 
pyridiques  que  j'ai  découvertes,  en  ce  qu'ils  sont  stables  en  présence  de 
l'eau  froide,  et  qui  en  diffèrent  en  ce  qu'ils  sont,  non  pas  modifies,  mais 
décomposés  par  i'eau  tiède  ou  par  l'eau  bouillante.    " 


CHIMIE  ORGANIQUE.        Nouveau  mode,  de  dosage acidimètrique  des  alcaloïdes. 

Note  de  M.  Eue  Falières. 

«  La  méthode  acidimètrique,  qui  tend  de  plus  en  plus  à  remplacer  la 
pesée  pour  le  dosage  des  alcalo'ides,  ne  présente  pas,  on  le  sait,  la  préci- 
sion rigoureuse  qu'il  est  possible  d'obtenir  avec  les  alcalis  minéraux. 

»  Tout  d'abord,  la  nature  basique  des  alcaloïdes,  moins  accusée  que 
celle  des  alcalis  minéraux,  ne  leur  permet  pas  d'agir  avecla  même  énergie 
sur  les  indicateurs  colorés.  Il  en  résulte,  dans  la  plupart  des  cas,  des 
virages  progressifs,  des  teintes  de  passage,  et.  pour  chaque  opérateur,  un 
choix  arbitraire  de  la  nuance  qu'il  considère  comme  le  terme  de  la 
réaction .  Dans  son  Étude  sur  les  indicateurs  employés  pour  le  dosage  acidimè- 
trique des  alcaloïdes,  Lyman  Kléber  signale  «  ce  facteur  personnel  d'erreur  » 
comme  un  réel  défaut  de  la  méthode. 

M  En  second  lieu,  un  même  indicateur  ne  peut  pas  être  utilisé  pour 
tous  les  alcaloïdes.  La  présence,  par  exemple,  d'atropine  dans  une  solu- 
tion exclut  l'emploi  du  tournesol.  En  outre,  avec  les  alcaloïdes  bruts  et 
les  liquides  d'extraction,  le  virage  est,  le  plus  souvent,  masqué  par  la  pré- 
sence de  matières  colorantes  étrangères. 

»  J'ai  recherché,  en  dehors  des  indicateurs  colorés,  une  réaction  finale 
nette,  non  influencée  par  la  coloration  des  solutions,  et  capable  de  se  pro- 
duire également  avec  tous  les  alcaloïdes. 

»  Je  me  suis  adressé,  dans  ce  but,  à  la  solution  d'oxvde  de  cuivre 
ammoniacal,  déjà  utilisée  pour  doser  l'acidité  libre  dans  certaines  solutions 
salines.  Avec  cette  liqueur,  on  obtient,  au  terme  de  la  réaction,  non  plus 
un  phénomène  de  coloration,  mais  un  précipité  d'oxyde  de  cuivre  qui 
trouble,  de  la  façon  la  plus  apparente,  le  liquide  en  expérience.  La  forma- 
tion de  ce  précipité  n'est  pas  modifiée  par  la  présence  d'un  sel  d'alcaloïde. 


(  ".  ) 

»  La  solution  d'oxyde  de  cuivre  ammoniacal  se  prépare  en  dissolvant  iqb'  de  sulfate 
de  cuivre  dans  un  demi-litre  d'eau  environ;  on  ajoute  de  l'ammoniaque,  en  agitant 
jusqu'à  ce  que  le  précipité  qui  se  forme  d'abord  soit  presque  complètement  dissous; 
on  complète  avec  de  l'eau  le  volume  de  looo'^'^;  on  filtre,  et  l'on  titre  par  rapport  à  de 
l'acide  sulfurique  déci-normal. 

»  Dans  un  vase  cylindrique  étroit,  on  introduit  io''S'  d'alcaloïde  avec  20'^'^  d'acide 

N  . 

sulfurique  — ;  on  dispose  le  vase  sur  fond  noir  et,  après  dissolution,  on  verse  la  liqueur 

d'épreuve  jusqu'à  formation  d'un  louche  persistant.  Le  volume  de  solution  d'oxyde 

de  cuivre  ammoniacal  qui  est  consommée  représente  seulement  l'acide  libre.  Ce  nombre 

soustrait  de  20"  exprime  l'acide  combiné  à  l'alcaloïde  et,  par  suite,  le  poids  même  de 

l'alcaloïde. 

»  Une  solution  de  spartéine,  préparée  comme  il  vient  d'être  dit,  a  consommé  8", 3 

de  solution  d'oxyde  de  cuivre  ammoniacal,  correspondant  à  i5"^'^,63  d'acide  sulfurique 

N    . 
—  libre,  soit  à  l^'''',3^]  d'acide  combiné  : 

0,0234  X  4)37  =  o™B'',  102  de  spartéine  (théorie  ;zr  o™?'',  100). 

»  Des  dosages  faits  dans  les  mêmes  conditions  avec  les  alcaloïdes  suivants  :  morphine, 
codéine,  cinchonine,  cinchonidine,  quinidine,  strychnine,  cicutine,  atropine,  vératrine, 
brucine,  ont  fourni  des  résultats  aussi  satisfaisants. 

»  En  appliquant  ce  procédé  au  titrage  des  quinquinas,  j'ai  constaté  qu'il 
permet  d'effectuer  le  dosage  des  alcaloïdes  totaux  dans  le  premier  liquide 
d'extraction;  les  matières  étrangères  qui  le  souillent  sont  sans  inQuence 
sur  l'apparition  du  précipité  d'oxyde  de  cuivre. 

»  Il  devient  alors  inutile  de  recourir  aux  purifications  successives, 
recommandées  par  les  auteurs,  précisément  dans  le  but  d'éliminer  ces 
impuretés  et  d'obtenir  des  liquides  se  prêtant  à  l'emploi  d'un  indicateur 
coloré. 

»  Des  essais  variés  montrent  que  le  procédé  peut  être  appliqué  au 
titrage  rapide  de  tous  les  produits  végétaux  alcaloïdiques.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  benzoylfurfurane.  ■ 
Note  de  M.  R.  Marqdis.  (Extrait.) 

«  Au  cours  de  recherches  que  je  poursuis  actuellement  dans  la  série  du 
fulfurane,  j'ai  été  amené  à  préparer  le  benzoylfurfurane.  Cette  cétone  s'ob- 
tient facdement  en  faisant  réagir  le  chlorure  de  pyromucyle  sur  le  benzène 
en  présence  du  chlorure  d'aluminium  .... 


(  'I^  ) 

»  Le  benzoylfurfurane  est  un  liquide  incolore,  passablement  visqueux,  non  solidi- 
fiable  à  —  iS",  d'une  faible  odeur  agréable. 

»  Il  brunit  fortemenl  quand  on  le  conserve,  même  à  l'obscurité.  Les  résultats  de 
l'analyse  s'accordent  avec  la  formule  C'H'O  —  CO  —  C*H=. 

»  Il  bout  à  185°  sous  43""°;  à  186°  sous  46°"°;  à  164°  sous  ig-""". 

»  Sa  densité  est  de  i,i83  à  19°. 

»  L'oxydation  par  le  permanganate  de  potasse  donne  de  l'acide  benzoïque  et  un 
autre  acide  :  F  =:  52°  environ,  non  encore  étudié. 

))  Oxinie.  —  L'oxinie  se  dépose  en  fines  aiguilles  colorées  en  jaune.  Rendement 
85  pour  100. 

»  On  la  purifie,  quoique  difficilement,  par  dissolution  dans  le  benzène  et  précipita- 
tion par  l'éther  de  pétrole. 

»  Elle  est  extrêmement  soluble  dans  les  solvants  organiques. 

»   Elle  fond  à  182"  et  se  décompose  un  peu  au-dessus. 

»  L'anhydride  acétique  donne  deux  dérivés  acélylés,  dont  l'un  fond  à  68°  et  l'autre 
à  109°. 

»  Base  C*1P0  —  CH  —  C*H'.   —    La  réduction   de  l'oxime  du  benzoylfurfurane 

AzH^ 
conduit  à  une  base  nouvelle,  la  phénylfurfurylamine. 

>i  Dans  un  ballon,  cliaulfé  au  bain-marie,  on  dissout  à  l'ébullition  5s''  d'oxime  dans 
100"^  d'alcool  absolu;  on  ajoute  du  sodium  en  morceaux  assez  gros;  quand  la  masse 
devient  trop  visqueuse,  on  rajoute  un  peu  d'alcool,  puis  de  temps  en  temps  un  mor- 
ceau de  sodium  jusqu'à  concurrence  de  20='  environ  .... 

»  La  base  passe  à  i67"-i68°  sous  43"'™-44""",  ou  à  i44°-i45°  sous  17™™.  On  obtient 
un  peu  plus  de  Sb"'  de  base,  soit  un  rendement  de  67-68  pour  100.  Cette  base  est  un 
liquide  parfaitement  incolore,  d'une  très  faible  odeur;  elle  brunit  légèrement,  même  à 
l'obscurité,  et  perd  spontanément  de  l'ammoniaque  au  bout  de  quelques  semaines. 

»  Le  chlorhydrate  est  en  petits  prismes  extrêmement  solubles. 

»  Le  chloroplatinate  se  forme  en  dissolvant  la  base  dans  HCl  et  ajoutant  du  chlo- 
rure de  platine.  Le  tout  se  prend  en  une  masse  de  petites  lamelles  dorées,  facilement 
solubles  dans  l'eau  chaude,  peu  solubles  dans  l'eau  froide.  Il  se  décompose  à  100". 
Cristallisé,  il  possède  la  formule 

[C^H»- (CH  -  ÂzH)  -  C*H'O.HCl]nnCl*.2H20. 

»  L'anhydride  acétique  donne  avec  la  base  un  dérivé  acétylé  F  =  127'',  facilement 
cristallisable  dans  l'alcool  très  étendu  bouillant. 

»  Les  recherches  que  je  poursuis  ont  pour  but  la  préparation  de  la  fur- 

furane-amine 

CH  — CH 
il  II 

CH      C  — AzH^ 

\/ 
O 


(  'i^  ; 

Il  est  possible,  en  effet,  que  par  la  transposition  moléculaire  de  l'oxime  du 
benzoylfurfurane  suivant  le  processus  de  Beckmann,  on  obtienne  la  ben- 
zoylfurfurane-amine,  qu'il  sera  facile  de  dédoubler.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Les  éguls,  nouveaux  antiseptiques  généraux. 
Note  de  M.  E.  Gactrelet.  f  Extrail.  ) 

«   Lorsqu'on  nitrose  les  dérivés  parasulfonés  des  phénols  en  général,  on 

(  phénol  \ 
arrive  à  faire  assez  facilement  absorber  aux  acides  orlhonitro  <   crésol   } 


thymol  ) 

parasulfoniques   une   quantité  de  mercure  égale  à   un  demi-alome   par 
atome  du  phénol  primitif  employé  dans  la  réaction. 

[  phénol  j 

>)   On  obtient  ainsi  les  homologues  orlhonitro  (    crésol   '  parasulfonates 

(  thymol  ) 
de  mercure  et  de  potassium,  auxquels  nous  avons  donné  le  nom  générique 
d'ÉGOLS,  les  différenciant  par  les  dénominations  particulières  de  phénégol, 
créségol,  thymégol,  d'après  le  phénol  radical. 

»  ....  Les  égols  sont  des  composés  très  stables  ;  le  mercure  ne  peut  y 
être  décelé  que  par  la  calcination  avec  la  chaux  sodée,  ou  par  attaque  à 
chaud  du  produit  par  le  chlorate  de  potasse  et  l'acide  chlorhydrique,  et 
encore  très  difficilement;  c'est  la  dernière  méthode  qui  a  été  employée 
pour  l'analyse  élémentaire. 

»  Par  calcination,  il  y  a  décomposition  des  égols,  formation  tout  d'abord 
de  sulfocyanure  de  mercure  se  manifestant  sous  forme  de  serpent  de  Pha- 
raon, et  finalement  de  sulfure  de  mercure. 

»  L'ébullition  avec  le  sulfate  ferreux  réduit  les  égols  à  l'état  de  sels 
amidés  incolores. 

»  Les  égols  se  combinent  avec  l'iode  comme  avec  l'arsenic,  atome  par 
atome  du  phénol  radical. 

«  Propriétés  générales.  —  Les  égols  se  présentent  sous  forme  de  poudre 
rouge  brun;  ils  sont  difficilement  cristallisables,  par  évaporation  des 
solutions  hydro-alcooliques  diluées,  dans  le  système  rhomboédrique. 

"  Ils  sont  solubles  dans  l'eau  en  toute  proportion  et  à  froid;  ils  sont 
insolubles  dans  l'alcool  concentré. 

»   Les  solutions  aqueuses  des  égols  sont  sans  odeur  ni  saveur  particu- 


lières  :  elles  sont  neutres  et  ne  sont  ni  caustiques,  ni  irritantes;  elles  ne 
coagulent  pas  les  albumines,  ne  sont  pas  décomposées  par  les  matières 
organiques  et  précipitent  les  toxines. 

»   Les  égols  ne  sont  ni  volatils,  ni  inflammables,  ni  explosifs. 

M  Ils  ne  sont  pas  toxiques,  puisqu'il  en  faut  au  moins  26'  par  kilogramme 
(le  poids  d'animal  pour  déterminer  la  mort,  quand  on  les  introduit  par 
la  voie  hypodermique.  Par  la  voie  stomacale,  ils  sont  émétiques. 

»  L'élimination  des  égols  est  rapide,  car  les  animaux  qui  reçoivent  deux 
fois  la  dose  toxique  répartie  en  vingt  jours  consécutifs,  n'éprouvent  aucune 
altération  de  la  santé  et  même  engraissent  fortement. 

»  Les  égols  sont  des  bactéricides  forts  (3°  classe  de  Miquel)  puisque,  à 
la  dose  de  4^"^  pour  1000,  ils  entravent  dans  les  milieux  de  culture  toute 
prolifération  bactérienne,  et  qu'ajoutés  à  la  même  dose  à  des  bouillons  sté- 
riles ils  en  maintiennent  la  stérilisation.    » 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.    -    Sur  le  rôle  de  la  chaleur  dans  le  fonctionnement 
du  muscle.  Note  de  M.  Raphaël  Dubois. 

«  Les  recherches  expérimentales  que  j'ai  poursuivies  pendant  plusieurs 
années  sur  les  Marmottes,  au  point  de  vue  de  la  biothermogenèse,  m'avaient 
conduit  à  admettre  depuis  longtemps  que  la  chaleur  produite  par  les  orga- 
nismes, en  particulier  dans  le  système  musculaire,  ne  devait  pas  être  con- 
sidérée comme  un  simple  déchet  du  travail  physiologique,  destiné  à  être 
éliminé  à  la  manière  des  excréta,  mais  bien  au  contraire  comme  une  con- 
dition de  perfectionnement  utile  et  m.ême  nécessaire  au  fonctionnement 
physiologique  ('). 

»  Cette  opinion  a  été  adoptée  par  quelques  auteurs,  mais  il  m'a  semblé 
que,  pour  en  fournir  une  démonstration  expérimentale,  les  faits  connus 
n'étaient  pas  suffisants.  J'ai  pensé  qu'il  était  nécessaire  de  comparer,  chez 
un  même  individu  d'une  même  espèce,  le  fonctionnement  d'un  muscle 
normalement  et  physiologiquement  reft-oidi  avec  celui  de  ce  même  muscle 
normalement  et  physiologiquement  réchauffé. 

»  La  Marmotte  se  prête  admirablement  à  ce  genre  de  recherches  :  elle  nous  a  fourni 


(')  Etude  sur  le  mccanisme  de  la  Ihermogenèse  et  du  sor)iineil  chez  les  Mammi- 
fères {Annales  de  l'Université  de  Lyon;  1896). 


(  "5) 

des  renseignements  plus  précis  et  plus  complets  que  ceux  qui  avaient  été  obtenus 
autrefois  par  Valentin  parla  comparaison  du  fonctionnement  musculaire  chez  la  Mar- 
motte froide  et  chaude.  Nous  ne  pouvons  donner  ici  que  les  conclusions  principales 

de  notre  travail  (')  : 

»   1°  Le  temps  perdu  de  la  contraction  musculaire  est  un  tiers  plus  court  chez  la 

Marmotte  chaude  que  chez  la  Marmotte  froide; 

»  2°  La  durée  de  la  période  d'activité  croissante  est,  ainsi  que  la  période  d'activité 
décroissante,  moitié  plus  courte  chez  la  Marmotte  chaude; 

»  3°  La  tétanisation  s'obtient  avec  un  nombre  d'excitations  trois  fois  moindre  pour 
la  Marmotte  chaude; 

»  4°  La  puissance  de  travail  est  très  augmentée  chez  la  Marmotte  chaude,  qui  peut 
non  seulement  soulever  des  poids  plus  lourds,  mais  encore  les  élever  à  une  plus  grande 
hauteur,  et  cela  dans  un  temps  plus  court.  L'optimum  des  poids  soulevés  est  dix  fois 
plus  fort  chez  la  bête  chaude; 

»  5°  Le  muscle  de  la  bête  froide  dégage  moins  de  chaleur  pour  une  même  excita- 
tion et  un  même  poids  soulevé; 

»  6°  La  fatigue  musculaire  se  montre  beaucoup  plus  vite  dans  le  muscle  de  la  Mar- 
motte chaude  que  dans  celui  de  la  Marmotte  froide.  Le  même  elTet  se  produit  avec  le 
muscle  cardiaque  isolé  de  l'animal. 

1)  Dans  les  conditions  expérimentales  où  nous  nons  sommes  placé,  on 
ne  peut  attribuer  les  différences  observées  ni  à  l'insuffisance  de  l'oxygène, 
ni  à  celle  des  aliments  hydrocarbonés  chez  la  Marmotte  froide,  mais  à  la 
plus  ou  moins  grande  quantité  de  chaleur  mise  à  la  disposition  du  muscle. 

»  Dans  les  limites  normales,  la  chaleur  constitue  une  condition  phy- 
sique de  milieu  favorable  au  développement  de  la  puissance  de  travail  du 
mu.scle.  " 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUI::.  —  Nouvelles  observations  sur  l'échidnase. 
Note  de  M.  C.  Phisalix,  présentée  par  M.  A.  Chauveau. 

c  L'existence  dans  le  venin  de  vipère  d'un  principe  phlogogène  qui  se 
rapproche  des  ferments  diastasiques  est  aujourd'hui  bien  démontrée  :  j'en 
ai  donné  une  preuve  directe  en  l'isolant  des  autres  principes  du  venin  par 
des  précipitations  alcooliques  successives.  La  présente  Note  a  pour  but 
d'apporter  de  nouveaux  documents  relatifs  au  mode  de  sécrétion  et  aux 


(')  La  série  de  recherches  concernant  la  Marmotte  froide  a  été  faite  sur  un  sujet 
dont  la  température  rectale  était  voisine  de  celle  du  laboratoire,  c'est-à-dire  de  16° 
à  17°  en  état  de  réveil,  et  la  série  relative  à  la  Marmotte  chaude  sur  le  même  sujet,  au 
moment  où  sa  température  rectale  était  de  82"  à  34°. 


(  I'«  ) 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Cultures  du  ^ectria,  parasite  des  chancTts 
des  arbres.  Analogies  de  ces  cultures  avec  celles  du  champignon  parasite  du 
cancer  humain.  Note  de  M.  Bra,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Nos  premiers  essais  ont  consisté  à  ensemencer  dans  un  bouillon  de 
raisins  secs  peptonisc  à  i5  pour  looo  des  fragments  de  chancres  du  chêne, 
du  sapin,  du  pommier,  du  frêne.  Ces  fragments,  prélevés  le  i)Ius  asepti- 
quement  possible  dans  la  profondeur,  étaient  rapidement  flambés,  puis 
introduits  dans  le  milieu  de  culture.  Nous  avons  aussi  ensemencé  les  péri- 
thèces  rouges  qui  existent  à  la  surface  des  mêmes  chancres.  A  la  suite 
d'objections  qui  nous  ont  été  récemment  présentées,  nous  sommes  enfin 
parti  pour  nos  ensemencements  de  la  conidie  cylindrique  typique  du  Nectria 
ditissima  du  chancre  du  pommier  préalablement  et  parfaitement  isolée. 

»  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  indépendamment  des  conidies  septées,  incurvées  et  de 
toutes  dimensions  du  Nectria  ditissima  et  de  ses  tubes  de  germination,  apparaissent 
dès  les  premiers  jours,  dans  les  cultures,  des  spores  rondes  mesurant  il^  environ  et 
agitées  d'un  mouvement  brownien,  puis  des  éléments  globuleux  de  forme  de  levures, 
analogues  aux.  sphérules  du  champignon  que  nous  avons  isolé  des  tumeurs  cancéreuses 
humaines  et  qui  ont  fait  l'objet  d'une  Note  présentée  à  la  Société  de  Biologie,  le  1 2  no- 
vembre 1898  et  d'un  article  publié  par  la  Presse  médicale,  le  22  février  dernier. 

»  Ces  sphérules  sont  réfringentes,  de  couleur  vert  clair.  Elles  sont  arrondies, 
ovoïdes  ou  polyédriques.  Leur  diamètre  va  de  3!^  à  i5H-.  Elles  possèdent  une  masse 
plasmique  centrale  homogène  ou  plus  ou  moins  irrégulièrement  granuleuse;  une  cap- 
sule achromatique  à  simple  ou  double  contour.  Elles  ont  une  grande  tendance  à  s'agglo- 
mérer. Elles  se  reproduisent  le  plus  souvent  par  voie  endogène  et,  dans  quelques  cas, 
par  bourgeonnement.  Il  résulte  de  nos  observations  les  plus  récentes  que,  dans  quelques 
cultures  et  dans  certaines  tumeurs,  les  sphérules  du  champignon  humain  peuvent 
aussi  bourgeonner  à  la  façon  des  levures. 

»  Spores,  sphérules,  conidies,  hyphes  présentent  mêmes  réactions  colorantes  et 
mêmes  caractères  biologiques  que  ceux  du  parasite  humain. 

»  Les  ressemblances  morphologiques  s'accentuent  jusqu'à  l'identilé,  lorsqu'on 
transporte  dans  le  bouillon  de  mamelle  les  cultures  obtenues  dans  le  bouillon  végétal; 
les  dimensions  et  les  formes  des  conidies  du  Nectria  se  rapprochent  ainsi  de  plus  en 
plus  de  celles  du  champignon  du  cancer  humain. 

»  Le  champignon  sous  sa  forme  globuleuse  existe,  d'ailleurs,  non  seulement  dans 
les  cultures,  mais  dans  les  coupes  de  cancers  des  arbres  où  il  est  facile  de  le  mettre 
en  évidence  par  le  procédé  de  Gram,  comme  nous  l'avons  démontré  pour  les  tumeurs 
cancéreuses  humaines. 


(   "9  ) 

»  Ces  sphérules  ont  été  vaguement  décrites  par  Harlig  ('). 

»  Les  inoculations  que  nous  avons  pratiquées  avec  M.  H.  Chaussé  con- 
tribuent à  rendre  plus  saisissante  la  parenté  des  deux  parasites. 

»  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Daubrée,  directeur  des  Forêts  au  Ministère  de  l'Agri- 
culture, nous  avons  inoculé  dans  la  forêt  de  Meudon,  avec  des  cultures  de  parasite 
humain,  des  arbres  éloignés  de  toute  tache  chancreuse.  Six  mois  après,  des  chancres 
apparaissent  sur  le  frêne,  le  merisier,  l'érable  sycomore.  Un  orme  est  atteint  de  can- 
cérose  généralisée;  une  vingtaine  de  chancres  crèvent  l'écorce.  Les  ensemencements 
de  ces  tumeurs  donnent  des  cultures. 

»  Inversement  nous  avons  soumis  des  lapins  à  l'ingestion  de  cultures  du  parasite  des 
arbres  et  nous  avons  obtenu,  au  bout  de  trois  mois  environ,  des  ulcères  ronds  de 
l'estomac,  comme  chez  les  lapins  soumis  à  l'ingestion  des  cultures  d'origine  humaine. 

»  Les  toxicités  immédiates  des  produits  solubles  des  deux  champignons 
offrent  aussi  de  remarquables  analogies. 

»  La  culture  du  champignon  du  cancer  humain,  filtrée  à  la  bougie,  tue  à  raison  de 
lâs''  à  20S'  par  kilogramme  d'animal  en  injections  intra-veineuses.  Filtrée  sur  porcelaine 
et  chauffée,  elle  tue  à  raison  de  SoS'  à  SS?'  par  kilogramme  La  toxine  du  champignon 
des  arbres  tue  à  des  doses  un  peu  plus  élevées.  Elles  déterminent  toutes  deux  des 
phénomènes  vaso-constricteurs,  une  accélération  des  mouvements  respiratoires  et  car- 
diaques, le  rétrécissement  pupillaire,  de  l'opisthotonos,  des  contractures,  des  secousses 
dans  les  membres  postérieurs  et  la  mort  brusque,  probablement  par  arrêt  delà  respi- 
ration dû  à  l'action  prédominante  du  poison  sur  les  centres  nerveux. 

»  Les  toxines  atténuées  par  la  chaleur  élèvent  toutes  deux  la  tempéra- 
ture des  cancéreux  et  sont,  dans  la  majorité  des  cas,  sans  action  sur  la 
température  des  animaux  sains.  Nous  recherchons  actuellement  si  la  toxine 
atténuée  du  Nectria  donne,  au  point  de  vue  thérapeutique,  les  résultats 
produits  sur  les  cancéreux  par  la  toxine  atténuée  du  champignon  humain  : 
polyurie,  légère  diarrhée,  diminution  des  douleurs,  tendance  des  plaies  à 
la  cicatrisation,  atténuation  des  troubles  fonctionnels,  etc.,  résultats  con- 
trôlés dans  les  hôpitaux. 

»  Le  but  de  cette  Note  est,  non  de  tenter  une  identification,  que  des 
différences  de  coloration  dans  les  cultures  observées  sur  quelques  milieux 
solides  végétaux  suffiraient  à  nous  interdire,  mais  uniquement  de  démon- 
trer que  les  deux  formes  typiques  existant  dans  les  tumeurs  et  cultures 
du  champignon  parasite  du  cancer  humain  se  rencontrent  dans  une  affection 


(')  Hartig,    Vnterauchungen   ans  dem  forstbotanischen   Institut  zii  Miinchcn, 
p.  ii-jj/ig.  i6;  Berlin,  1880. 


(    I20    ) 

du  règne  végétal  qui  présente  un  grand  nombre  des  caractères  assignés 
aux  tumeurs  malignes  des  Vertébrés. 

»  Ces  faits  semblent  dès  maintenant  apporter  un  appui  aux  observa- 
tions de  P^iessinger,  Mathieu,  Léon  Noël,  etc.  relatives  à  l'origine  végétale 
du  cancer  humain.  Mais  il  importe,  avant  toute  conclusion,  de  procéder 
systématiquement  à  des  cultures  régulières  sur  un  même  milieu,  des 
diverses  variétés  de  Nectries  décrites  par  les  auteurs.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  l'absence  de  régénération  des  membres  postérieurs  chez 
les  Orthoptères  sauteurs  et  ses  causes  probables.  Note  de  M.  Edmond  Bok- 
DAGE,  présentée  par  M.  A.  Milne-Edwards. 

«  Jusqu'à  ce  jour,  les  avis  ont  été  partagés  au  sujet  de  la  régénération 
des  membres  postérieurs  des  Orthoptères  sauteurs.  Au  nombre  des  natu- 
ralistes niant  la  possibilité  de  cette  régénération,  je  nommerai  Heineken, 
Graber,  Durieu,  Frédéricq,  Contejean,  Werner  et  Peyerimhoff.  Parmi  ceux 
qui  l'admettent,  je  citerai  le  professeur  Griffini  (de  Turin). 

))  Afin  d'essayer  de  résoudre  cette  question  controversée,  j'ai  entrepris 
un  très  grand  nombre  d'expériences  sur  des  représentants  des  trois  familles 
d'Orthoptères  sauteurs,  en  choisissant  comme  sujets  d'étude  :  Phylloptera 
laurifolia  et  Conocephalus  differens,  chez  les  Lociistides;  Acridiurn  rubellum. 
chez  les  Acridides,  et  Grvllus  capensis,  chez  les  Gryllides.  Ces  expériences 
m'ont  amené  à  conclure  à  l'absence  de  régénération  des  pattes  sauteuses. 
Je  n'ai  pu,  en  effet,  obtenir  la  moindre  trace  de  faculté  régénératrice. 

»  Il  y  a  là  un  fait  qui,  au  premier  abord,  semble  aller  à  l'encontrede  la 
loi  de  Lessona,  puisque  ces  pattes  sauteuses  sont  les  plus  exposées  aux 
morsures  des  ennemis,  et  qu'elles  peuvent  être  détachées  du  corps  par 
autotomie  évasive  et  par  autotomie  exuviale.  Nous  allons  voir  cependant 
que  ce  cas  ne  constitue  nullement  une  exception  à  la  loi  du  célèbre  biolo- 
giste italien. 

»  J'ai  pu  constater,  en  efl'et,  sur  les  larves  gardées  en  captivité,  combien 
les  mues  étaient  difficiles  après  la  perte  des  pattes  sauteuses.  Les  difficultés 
se  présentent  surtout  pour  la  dernière  mue,  lorsque  l'Orlhoptère  doit 
dégager  ses  ailes  de  leur  fourreau.  Ses  grandes  pattes  postérieures  lui 
auraient  permis  de  s'accrocher  plus  solidement  à  quelque  objet,  lui 
donnant  un  précieux  point  d'appui  au  moment  où  il  doit  faire  de  pénibles 
efforts  pour  se  débarrasser  de  son  enveloppe  chitineuse. 


(  121  ) 

»  Presque  tous  périssent  avant  d'avoir  pu  se  défaire  de  cette  enveloppe. 
Parmi  les  rares  survivants,  à  une  ou  deux  exceptions  près,  je  n'ai  vu  que 
des  insectes  complètement  estropiés,  aux  ailes  toutes  chiffonnées  et  quel- 
quefois même  atrophiées,  se  traînant  avec  peine.  Ces  détails  étaient  sur- 
tout frappants  chez  Phylloptera  laurifolia. 

»  Supposons  maintenant  qu'au  lieu  d'être  en  sécurité  contre  leurs  nom- 
breux ennemis,  comme  ils  l'étaient  dans  les  cages  oi!i  je  les  élevais,  ces 
Orthoptères  mutilés  aient  été  abandonnés  à  eux-mêmes.  Il  est  alors  évident 
que  les  rares  spécimens  qui  auraient  pu  surmonter  les  dangers  présentés 
par  le  phénomène  de  la  mue  auraient  eu,  malgré  cela,  peu  de  chances 
d'arriver  à  leur  état  parfait.  Admettons  même  que  quelques-uns  d'entre 
eux,  ayant  échappé  à  tous  leurs  ennemis,  soient  parvenus  à  leur  complet 
développement,  après  avoir  subi  la  dernière  mue,  la  plus  redoutable.  Il 
me  semble  alors  impossible  que  ces  insectes  puissent  s'accoupler.  Tout 
d'abord,  quel  que  soit  leur  sexe,  l'absence  de  leurs  grandes  pattes  doit  les 
en  empêcher  complètement.  En  second  lieu,  en  supposant  encore  qu'il  n'y 
eût  pas  là  un  cas  d'impossibilité  insurmontable,  on  est  en  droit  d'admettre 
que  ces  insectes  mutilés  seront  laissés  de  côté,  en  vertu  de  la  sélection 
sexuelle  qui  semble  avoir  été  nettement  constatée  chez  les  Orthoptères 
sauteurs  (').  Enfin  chez  certains  de  ces  Orthoptères  à  instincts  belliqueux, 
tels  que  les  Grillons,  qui  se  disputeraient  non  seulement  les  femelles,  mais 
se  livreraient  quelquefois  des  célibats  mortels  pour  la  possession  du  trou 
qui  leur  sert  de  demeure,  l'absence  des  pattes  postérieures  constituerait 
aussi  une  bien  grande  infériorité. 

»   Il  y  a  donc  tout  lieu  d'admettre  que  ces  différentes  causes  empêchent 


(  '  )  Voir  Ch.  Darwin,  l^a  descendance  de  l' Homme  et  la  sélection  sexuelle.  Édition 
française,  1B91,  p.  3ii-3i8.  Parmi  les  exemples  les  plus  intéressants  qui  sont  cités 
dans  cet  Ouvrage,  figure  le  cas  du  Pachytylus  niigratorius.  Korte  a  constaté  le  choix 
exercé  par  la  femelle  au  profit  d'un  mâle.  Le  mâle  de  cette  espèce,  accouplé  avec  une 
femelle,  témoigne  de  sa  colère  par  des  stridulations,  lorsqu'un  autre  mâle  s'approche. 
Si  l'appareil  musical  joue  un  rôle  dans  la  sélection  sexuelle,  les  Orthoptères  sauteurs 
privés  de  leurs  pattes  sauteuses,  et  qui  sont  malgré  cela  parvenus  à  l'état  parfait, 
doivent  être  dans  de  bien  grandes  conditions  d'infériorité  par  rapport  à  leurs  rivaux; 
car  j'ai  remarqué  que,  leurs  ailes  étant  toutes  froissées  et  quelquefois  même  atrophiées, 
leur  appareil  musical  est  incapable  de  fonctionner.  Chez  les  Acridides  surtout, 
l'émission  de  sons  musicaux  est  rendue  tout  à  fait  impossible,  puisque  les  fémurs  des 
pattes  sauteuses  contribuent  à  la  production  de  ces  sons. 


(    122    ) 

les  Orthoptères  sauteurs  mutilés  de  concourir  à  la  reproduction  de  l'espèce. 
Ce  serait  évidemment  ce  qui  expliquerait  l'absence  de  la  faculté  régénéra- 
trice. 

»  Chez  quelques  espèces  d'Orthoptères  sauteurs,  le  trochanfer  des 
membres  postérieurs  est  complètement  enfoncé  {télescopé,  selon  la  pitto- 
resque expression  de  MM.  Sharp  et  Brindley)  à  l'intérieur  de  la  hanche. 
J'avais  d'abord  pensé  que  cette  disposition  pouvait  peut-être  empêcher  la 
régénération.  J'ai  constaté  ensuite  qu'il  n'en  était  rien,  puisqu'il  v  avait 
également  absence  de  régénération  chez  des  insectes  qui  ne  la  présentaient 
point. 

«  Les  cas  d'inégalité  dans  les  dimensions  des  pattes  sauteuses  observés 
par  Griffini,  chez  Pristes  tuherosus  et  chez  des  espèces  des  genres  OEclipoda 
et  Gomphoceriis,  me  paraissent  alors  être  dus  à  l'atrophie  et  non  pas  à  la 
régénération  (').  J'ai  pu  constater  des  particularités  analogues  chez  Phyl- 
loptera  laurifolia.  Il  arrive  parfois,  immédiatement  après  une  mue,  un  arrêt 
de  croissance  pour  l'une  des  deux  pattes  sauteuses  qui,  jusqu'à  ce  moment, 
avaient  été  parfaitement  égales.  J'ai  même  observé  des  faits  semblables 
pour  les  ailes,  chez  la  même  espèce  de  Locustide.  Lorsque  l'insecte  subis- 
sait sa  dernière  mue.  sur  un  côté  du  corps,  les  ailes  se  développaient 
complètement,  tandis  que  celles  du  côté  opposé  restaient  rudimentaires; 
leurs  dimensions  ne  dépassant  pas  celles  du  fourreau  des  ailes  chez  la 
Nymphe. 

»  Mais  je  m'empresse  d'ajouter  que  c'est  avec  raison  que  le  professeur 
Griffini  croit  qu'il  peut  y  avoir  régénération  des  membres  des  deux  paires 
antérieures  chez  les  Orthoptères  sauteurs,  d'après  une  observation  faite 
sur  Platyphyllum  Regimbarti. 

»  Dans  une  prochaine  Communication,  je  me  propose  de  montrer  l'exac- 
titude de  l'hypothèse  de  Griffini  et  prouver  la  possibilité  de  la  régénération 
des  membres  en  question,  ainsi  que  celle  de  la  régénération  des  tarses  des 
trois  paires  de  membres  chez  les  Orthoptères  sauteurs. 

»  La  constatation  du  phénomène  de  l'autotomie  exuviale  fournit 
l'explication  de  ces  faits  parfaitement  en  accord  avec  la  loi  de  Lessona.    » 

(')  Griffini  déclare  d'ailleurs  n'avoir  jamais  obtenu  de  traces  de  régénération  chez 
les  insectes  qu'il  élevait  en  captivité. 


(     «23    ) 


PATHOLOGIE  ANIMALE.  —  Sur  les  affinités  des  Microsporum.  Note  de 
MM.  L.  Matruchot  et  Cii.  Dassonville,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  Grûby  a,  le  premier,  su  différencier,  soit  par  les  caractères  cliniques, 
soit  par  l'étude  microscopique  des  parasites,  la  teigne  spéciale  causée  parle 
Microsporum  Audouini,  des  teignes  trichophy tiques  dont  les  agents  sont  les 
Trichophyton . 

»  Les  idées  de  Grùby  étaient  depuis  longtemps  tombées  dans  l'oubli 
quand,  en  1892-94,  M.  Sabouraud  ('),  conduit  par  ses  recherches  aux 
mêmes  conclusions,  remit  en  honneur  la  manière  de  voir  de  Grïiby  et  la 
fit  adopter  par  la  majeure  partie  des  dermatologistes.  Il  est  généralement 
admis  aujourd'hui  que  les  teignes  trichophytiques  et  la  teigne  spéciale 
de  Grûby-Sabouraud  constituent  deux  types  cliniques  bien  distincts,  et  que 
les  parasites  correspondants  sont  essentiellement  différents. 

»  L'étude  morphologique  des  Microsporum  doit  beaucoup  à  M.  Sabou- 
raud et  à  M.  Bodin;  mais  il  nous  semble  que  jusqu'à  ce  jour  les  affmités 
véritables  de  ces  Champignons  ont  été  méconnues. 

»  M.  Sabouraud,  qui,  le  premier,  en  a  fait  l'étiide  botanique,  s'attache  à  préciser 
leurs  dissemblances  avec  les  Trichophyton.  Il  décrit,  pour  la  première  fois  chez  les 
Microsporum,  un  élément  bien  caractéristique,  qu'il  dénomme  hyphe  pectinée  spo- 
rifère  et  qu'il  considère  comme  une  forme  reproductrice  conidienne  du  Champignon. 
Mais  il  ne  rattache  les  Microsporum  à  aucun  groupe  déterminé  de  Champignons. 

»  M.  Vuillemin  considère  les  conidiophores  pectines  décrits  par  M.  Sabouraud 
comme  rapprochant  les  Microsporum  des  Marlensella ,  Champignons  vivant  en 
parasite  sur  diverses  Mucorinées;  mais  c'est  là  une  ressemblance  toute  superficielle,  et 
ce  rapprochement  doit  être  abandonné. 

1)  MM.  Delacroix  et  Bodin  (^),  étudiant  le  Microsporum.  Audouini  au  cheval,  se 
contentent  de  signaler  l'analogie  de  certaines  formes  de  souffrance  du  Champignon 
avec  le  genre  E ndocoiiidium,  mais  n'émettent  aucune  hypothèse  sur  les  affinités  du 
Microsporum  avec  les  autres  Champignons. 

»  Plus  récemment,  M.  Bodin  {')  a  apporté  une  importante  contribution  à  l'étude 


(')  Sabouraud,  Les  Trichophy  lies  humaines;  1894. 

(-)  Momu^  Les  teignes  tondantesdu  chevalet  leurs  inoculations  humaines  (thèse), 
p.  4i;  1896. 

(')  BoDi.N  et  Almy,  Le  Microsporum  du  chien  (Recueil  de  Médecine  vétérinaire, 
p.  161;  1897). 


(    126    ) 

ceaux  subissent  fréquemment  dans  cette  région  une  réduction  de  volume 
plus  ou  moins  accentuée. 

»  La  couche  séparatrice  et  la  surface  de  déhiscence  se  forment  à  travers 
le  tissu  mou  des  faisceaux  par  le  même  procédé  que  dans  le  tissu  fonda- 
mental, quoique  fréquemment  à  des  niveaux  très  différents.  Les  tubes  cri- 
blés et  les  vaisseaux  seuls  sont  brisés  lors  de  la  chute  de  la  (euille. 

î>  La  cicatrisation  se  fait  par  une  modification  scléro-subéreuse  des  cel- 
lules existantes  semblable  à  celle  du  tissu  fondamental.  Cette  dernière 
modification  n'intéresse  ni  les  tubes  criblés,  qui  sont  le  plus  souvent  écrasés 
sous  la  pression  des  cellules  voisines,  ni  les  vaisseaux.  Ces  derniers  se 
bouchent  soit  par  de  la  gomme  de  blessure,  soit  par  des  thylles,  le  pbis  sou- 
vent par  les  deux  à  la  fois. 

»  Le  dépôt  de  la  gomme  de  blessure  dans  les  vaisseaux  ne  se  produit,  à 
de  rares  exceptions  près  (Cladrastris,  Gleditschia,  etc.),  qu'après  la  chute 
de  la  feuille.  Les  thylles  au  contraire,  quand  ils  existent,  se  développent 
toujours  auparavant  dans  toute  la  base  du  pétiole  et  dans  le  coussinet, 
c'est-à-dire  au-dessus  et  au-dessous  de  la  surface  de  déhiscence  ('  );  au  ni- 
veau de  cicatrisation,  ils  se  scléro-subérisent  comme  le  parenchyme  fasci- 
culaire  dont  ils  sont  une  dépendance. 

»  Si,  au  moment  de  la  chute,  le  tissu  fondamental  renferme  un  péri- 
derme  cicatriciel,  ce  dernier  ne  traverse  alors  jamais  les  faisceaux;  il  est 
même  rare  qu'il  le  fasse  avant  l'hiver  (^Negundo,  Sorhus,  Pynis,  etc.);  mais, 
dans  tous  les  cas,  les  faisceaux  sont  traversés  pendant  la  seconde  année. 
La  zone  génératrice  de  ce  périderme  s'établit  aux  dépens  des  éléments  pa- 
renchymateux  des  faisceaux;  à  ce  niveau  les  tubes  criblés  s'écrasent  et  se 
brisent  de  même  qu'à  celui  de  la  couche  séparatrice  ;  les  vaisseaux  se  brisent 
également,  mais  leurs  thylles,  quand  il  en  existe,  entrent  presque  toujours  en 
recloisonnement  et  interviennent  dans  la  formation  du  périderme. 

•»  Appareil  sécréteur.  —  Les  cellules  cristallifères,  qu'elles  se  trouvent 
ou  non  au  milieu  d'un  tissu  en  voie  de  division,  ne  se  recloisonnent 
jamais.  A  l'intérieur  des  couches  de  cicatrisation,  leurs  membranes 
subissent  une  modification  scléro-subéreuse  de  même  que  le  parenchyme 
ambiant  ou  simplement  une  modification  scléreuse,  les  deux  cas  pouvant 
exister  dans  une  même  cicatrice.  Lorsque  ces  cellules  se  scléro-subérisent, 


(')  11  en  est  de  même  de  la  gomme  dans  les  cas  assez  rares  où  elle  apparaît  avant  la 
chute  de  la  feuille. 


(    127    ) 

la  mince  couche  subéreuse  interne  ne  s'étend  pas  seulement  sur  leur  mem- 
brane extérieure,  mais  aussi  sur  la  mince  enveloppe  pecto-cellulosique 
qui  épouse  le  contour  du  cristal  et  sur  les  ponts  de  même  nature  qui  relient 
souvent  cette  dernière  aux  parois  de  la  cellule. 

»  Les  autres  cellules  sécrétrices  isolées  ne  subissent  aucune  modifica- 
tion dans  le  coussinet  {Benzoin,  Magnolia,  etc.). 

»  Les  laticifères  rameux  (Ficus,  Morus,  Broussonelia,  Maclara,  Cudrama, 
Periploca,  etc.)  se  bouchent,  avant  la  chute  de  la  feuille,  par  deux  cloisons  : 
l'une  au-dessus  de  la  couche  séparatrice  dans  le  pétiole,  l'autre  au-dessus 
d'elle  dans  le  coussinet.  Ces  cloisons  sont  allongées  en  doigt  de  gant  l'une 
vers  l'autre  dans  la  direction  de  la  surface  de  déhiscence,  puis  le  laticifère 
se  brise  entre  les  deux  au  niveau  de  la  couche  séparatrice.  Ces  laticifères 
ne  subissent  aucune  modification  de  leurs  parois  dans  la  traversée  des 
couches  scléro-subéreuses,  ni  aucun  recloisonnement  au  niveau  du  péri- 
derme  vis-à-vis  duquel  ils  se  brisent  de  nouveau. 

))  Les  laticifères  articulés  de  V Amorpha  s'obstruent  par  concrétion  de 
leur  contenu  ;  ils  ne  sont  pas  modifiés  au  niveau  des  couches  de  cicatri- 
sation et  se  brisent  vis-à-vis  de  la  couche  séparatrice  et  du  périderme  cica- 
triciel. Mais,  le  plus  souvent,  les  laticifères  articulés  se  recloisonnent 
transversalement  avant  la  chute  de  la  feuille  au  niveau  de  la  lame  de  cica- 
trisation et  prennent,  comme  les  cellules  parenchymateuses  de  cette  der- 
nière, la  caractérisation  scléro-subéreuse  {Acer,  Negundo,  jEsculus,  etc.). 
Ces  mêmes  laticifères  se  recloisonnent  également  au  niveau  du  périderme 
cicatriciel  et  contribuent  à  la  formation  de  ce  tissu. 

»  Les  canaux  sécréteurs  des  Rhusae  bouchent  par  prolifération  de  leurs 
cellules  épithéliales  sur  une  certaine  longueur  de  la  base  du  pétiole  et  dans 
le  coussinet.  Cette  obstruction  se  produit  avant  la  chute  de  la  feuille  et  le 
tissu  de  remplissage  ainsi  formé  prend  la  même  caractérisation  que  les 
couches  scléro-subéreuses  à  leur  niveau  ;  il  contribue,  par  ses  recloisonne- 
ments, à  former  le  périderme.  Chez  certains  ^ra/j'a,  ces  canaux  s'obstruent 
par  un  dépôt  de  gomme  de  blessure. 

»  Dans  les  poches  sécrétrices  des  Tilia  et  des  Ptelea,  les  cellules  épithé- 
liales ne  subissent  aucune  prolifération  au  niveau  des  couches  de  cicatri- 
sation, mais  leurs  membranes  se  scléro-subérisent.  » 


(  '  --i»  ) 


PHYSIQUE  l)V  GLOBE.  —  Ecarts  harornéltiqiies  sur  le  méridien  du  Soleil  aux 
jours  successifs  de  la  révolution  synodique.  Note  de  M.  A.  Poixcaké,  pré- 
sentée par  M.  Mascart. 

«  Dans  la  dernière  Communication  présentée  à  l'Académie  ('),  j'ai 
donné  le  profil,  sur  le  méridien  de  Greenwich,  méridien  du  Soleil  au 
moment  des  observations  simultanées,  des  hauteurs  barométriques 
moyennes  en  Soleil  austral,  avec  indication  des  écarts  qui  correspondent, 
d'une  part  à  la  nouvelle  Lune  et  à  la  pleine  Lune,  de  l'autre  à  la  décli- 
naison boréale  ou  australe  de  la  Lune.  Cette  indication  était  déduite  de  la 
combinaison  des  deux  mois  synodiques  IV  et  XI  (mars  et  octobre  i883), 
où  les  révolutions  synodique  et  tropique  s'entrecroisent  symétriquement 
et  que,  pour  ce  motif,  j'appelle  mois  en  pendant. 

»  Le  travail  étant  aujourd'hui  terminé  pour  l'année  entière,  je  puis 
établir  des  moyennes,  beaucoup  plus  rapprochées  de  la  réalité,  par  jour 
synodique  et  par  jour  tropique. 

»  Je  ne  fais  entrer  ici  dans  les  groupements  que  les  dix  mois  en  pen- 
dant deux  à  deux  :  I,  II,  III,  IV,  V  (lo  novembre  1882-G  mai  i883)  et 
VIII,  IX,  X,  XI,  XII  (4  juillet-28  novembre).  Le  maintien  dans  les  calculs 
des  deux  mois  sans  pendant  VI  et  VII  changerait  assez  peu  les  résultats, 
mais  les  rendrait  moins  logiques  et  moins  réguliers. 

»  La  double  figure  ci-après  représente  les  principaux  de  ces  résultats 
en  ce  qui  concerne  la  révolution  synodique.  Elle  donne,  aux  latitudes  de 
10"  en  10"  du  demi-cercle  méridien  de  Greenwich,  les  écarts  baromé- 
triques, à  midi  icJ""  Paris,  des  jours  synodiques  i,  4,  8,  12,  i5,  i8,  22  et  26, 
c'est-à-dire  les  dilférences  moyennes  entre  les  cotes  réelles  et  les  cotes 
dites  normales,  ou  moyennes  des  mois  synodiques  auxquels  elles  appar- 
tiennent respectivement  (-). 


(')  Comptes  rendus,  n"  17,  24  mai  1899  {Errata  au  n"  18). 

{-)  Je  conserve  les  numéros  des  jours  dits  de  la  Lune,  de  1  à  29.  Quand  NL  est 
avant  le  premier  minuit  du  jour  i,  je  prends,  pour  cole  du  midi  dudit  jour,  la 
moyenne  des  cotes  des  jours  o  et  i. 

Dans  la  figure  page  1062  de  la  Communication  sus-rappelée,  les  difiérences  sont 
portées  de  part  et  d'autre  du  profd  normal  moyen  en  Soleil  austral.  Ici  elles  sont 
comptées  à  partir  de  la  ligne  des  abscisses. 


Écarts  baroinélriijuus  produits,  sur  le  méridien  du  Soleil,  par  la  résolution  synodir/uc. 


^ Midi i(. Minuit ^ 

Latituâ330°    10°  20°  30°   faO"  50°   60°  70°    80°    90°   80»    70°  60°    50°   1.0°  30°    20°   10°     0° 


1?  aux  jours    synodiques    l,*»,  8  et  12 


^„. Hauteurs  au  jour     i  (  i'°  ligure)  et  i5  (2'  figure). 

»  4  »  i8  » 

»  S  »  22  » 

)>  12  »  26  » 


(   '30  ) 

»  Dislribué  sur  l'hémisphère,  l'ensemble  des  profils  moyens  des  vingt- 
neuf  jours  dessinerait  une  surface  qui  ne  suffirait  pas  à  déterminer  la  seule 
reproduction,  par  la  révolution  lunaire,  de  l'onde  moyenne  aux  différentes 
latitudes,  la  Lune  restant  à  l'équateur  et  à  la  distance  moyenne.  A  cette 
reproduction  s'ajoutent  les  effets  consécutifs,  localisés  ou  marchant  en 
spirale,  de  la  rotation  terrestre  et  du  déplacement  de  l'onde,  sans  compter 
ceux  des  reliefs. 

»  La  figure  montre  que  les  écarts  néi^atifs  tendent  à  se  porter  du  côté 
de  la  Lune  et  les  positifs  du  côté  opposé. 

»  De  NL  à  PL,  les  surpressions  sont  réduites  et  repoussées  dans  le  sens 
minuit  vers  midi  et  inversement  de  PL  à  NL. 

))  Nonobstant  cette  marche  d'ensemble,  les  variations  du  profil,  de  NL 
à  PL,  ont  une  analogie  frappante. 

»  Pour  les  analyser  succinctement,  au  lieu  de  prendre  les  cotes  aux 
latitudes  de  io°en  lo",  comme  dans  la  figure,  il  vaut  mieux  les  prendre 
aux  points  saillants  des  profils.  On  a  le  Tableau  suivant: 


Equateur 

10< 
midi. 

minuit. 

45 
midi. 

minuit. 

midi. 

minuil. 

rôle 

midi 

el 

minuil. 

Jours. 

midi. 

minuit. 

I  .  .  . 

Dim 
— 0,25 

moi 
+  1  ,     0 

ni  m 
-1,25 

mm 
+  I,5o 

mm 

-4,25 

mui 

—3,   0 

(Il  m 

+6,   0 

mm 

—2,  0 

mm 
+  4,25 

4... 

-hO,25 

H-0,25 

+  0,25 

—  0,25 

—  2,25 

—  I,    0 

+0,60 

—0,60 

—  0,20 

8... 

0 

—0,35 

—0,25 

—0,75 

—  I  ,60 

— 0,60 

—4,  0 

—  1,70 

-i,5o 

12  .  .  . 

0 

—  0,25 

—0,25 

+o,25 

+  0,60 

—  I,    0 

+2,80 

—  I,  0 

— o,5o 

i5... 

-t-I,     0 

—  1,  0 

+ 1 ,  5o 

—  1 ,5o 

+4,  0 

+o,5o 

+3,10 

— 3,70 

—  0,25 

i8... 

— o,5o 

— o,5o 

0 

0 

0 

+2,5o 

-4,  0 

+o,5o 

—3,25 

22  .  .  . 

0 

—0,12 

+o,5o 

+o,5o 

+  2,5o 

+  1,90 

—4,  0 

+3,   5 

—  1,10 

26... 

-HO, 25 

0 

0 

— 0,25 

+o,3o 

— o,5o 

—  2,     0 

— o,5o 

+2,10 

»  Equateur.  —  Quelque  indécision  dans  les  cotes,  non  seulement  à 
cause  de  la  difficulté  d'apprécier  la  cote  de  chaque  jour  sur  une  ligne  oii 
les  observations  manquent,  mais  surtout  parce  que  l'étroite  bande  équa- 
toriale  à  renversement  d'écart  est  en  transition  à  l'E^rLC). 

»  Aux  jours  I  et  i5,  1"""  au-dessous  de  la  normale  sous  la  Lune,  i'"*"  au- 
dessus  du  côté  opposé.  Écarts  faibles  aux  autres  jours.  C'est,  on  devait  s'y 
attendre,  la  représentation  atténuée  de  l'onde  lunaire  ramenée  dans  les 
limites  du  jour. 

(')  Voir  Comptes  rendus,  7  novembre  1898,  p.  743. 


(   '3.   ) 

»  Parallèle  10".  —  Aux  jours  i  et  i5.  —  i'"",5o  côté  Lune,  +i'"™,5o 
côté  opposé.  L'oscillation  diurne  due  à  la  Lune  est  de  3™™  en  NL,  comme 
en  PL,  avec  simple  déplacement  du  jour  à  la  nuit.  D'une  façon  générale, 
dans  les  basses  latitudes,  les  différences  d'action  à  NLet  à  PL  ne  semblent 
pouvoir  se  rattacher  qu'à  ce  déplacement  et  aux  cas  de  coïncidence  des 
excavations  du  profd  dues  au  .Soleil  et  à  la  Lune.  En  Soleil  austral,  cette 
coïncidence  ne  se  rencontre  guère  qu'au  mois  III  et  pour  PL  comme 
pour  NL.  En  Soleil  boréal,  on  la  trouve  à  toutes  les  NL,  sauf  à  celle  du 
mois  VI. 

»  En  dehors  des  jours  voisins  de  NL  et  de  PL,  les  écarts  restent  faibles 
sur  le  méridien  du  Soleil. 

))  Parallèle  45°.  —  Les  écarts  sont  à  peu  près  tous  de  même  signe  à 
midi  et  à  minuit;  l'onde  proprement  dite  est  noyée  dans  les  effets  des 
refoulements.  Ils  sont  positifs  du  jour  i3  au  jour  26,  négatifs  du  27  au  12. 
Plus  forts  écarts  dépassant  4™"  en  moins  à  NL.  en  plus  à  PL. 

)>  Parallèle  65°.  —  Le  mouvement  diurne  réapparaît.  Faibles  aux  jours  /j 
et  27,  les  différences  entre  midi  et  minuit  atteignent  7"""  à  8™'"  aux  jours  i , 
7,  i5,  22  et  29,  les  +  étant  souvent  ici  côté  Lune  et  les  —  côté  opposé. 
Mais  il  y  a,  plus  encore  qu'à  45°,  à  tenir  compte  des  effets  des  reliefs  et 
des  effets  accumulés  des  refoulements  et  des  reflux,  et  ces  différences  ne 
tournent  pas  entières,  à  beaucoup  près  sans  doute. 

))  Pôle.  —  L'effet  des  retombées  d'air  est  à  son  maximum  au  jour  i ,  où 
l'écart  positif  atteint  4""".  25.  La  vidange  s'activant,  la  cote  d'écart  devient 
nulle  du  3  au  4,  est  à  —  i™'",5o  au  8,  remonte  à  — o™™,25  au  PL,  redescend 
brusquement  jusqu'à  —3""",  23  au  18.  De  là,  elle  remonte  rapidement 
jusqu'au  maximum  du  NL,  en  passant  par  o  du  23  au  24. 

»  Ne  pas  perdre  de  vue  que  tous  ces  chiffres  ne  correspondent  qu'à 
l'action  de  la  Lune,  supposée  maintenue  dans  le  plan  de  l'équateur  ter- 
restre.   M 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  ascensions  dans  V atmosphère  cV enregistreurs 
météorologiques  portés  par  des  cerfs-volants.  Note  de  M.  Léo\  Teisserenc 
DE  BoRT,  présentée  par  M.  E.  Mascart. 

«  L'emploi  des  cerfs-volants  pour  porter  des  instruments  enregistreurs 
au  sein  de  l'atmosphère  tout  à  fait  libre  a  été  depuis  quelques  années  pré- 
conisé avec  succès  par  les  savants  des  Etats-Unis.  A  l'observatoire  de  Blue 


(    l32    ) 

Hill,  près  Boston,  M.  L.  Rotch  a  pu  ainsi  recueillir  depuis  quatre  ans  des 
documents  très  intéressants. 

»  Depuis  l'automne  de  l'année  iSq'j  nous  avons  commencé  des 
recherches  analogues  à  l'observatoire  de  météorologie  dynamique  de 
Trappes  et,  dans  le  courant  de  l'année  1898,  nos  enregistreurs  ont  atteint 
plusieurs  fois  l'altitude  de  2000™. 

»  Cette  année,  grâce  à  une  perfection  plus  grande  dans  la  construction 
de  nos  cerfs-volants  du  modèle  cellulaire  Hargrave  (emplové  aussi  en  Amé- 
rique), nous  avons  pu  élever  les  instruments  à  Sg^o™  le  i/|  juin,  à  SSpo" 
le  lendemain  et,  le  3  juillet,  nous  avons  encore  dépassé  33oo™. 

M  Nos  sondages,  exécutés  à  Trappes  pendant  plus  de  cent  journées, 
mettent  bien  en  évidence  le  caractère  différent  de  la  décroissance  de  tem- 
pérature dans  les  zones  de  hautes  pressions  et  dans  les  aires  de  basses 
pressions.  Dans  les  premières,  dès  qu'on  s'est  élevé  à  quelques  centaines 
de  mètres  du  sol,  on  volt  la  décroissance  de  la  température  se  ralentir  et 
souvent  on  constate  des  inversions  de  température;  dans  les  secondes,  au 
contraire,  la  décroissance  est  rapide  et  atteint  la  valeur  indiquée  par  la 
détente  adiabatique  de  l'air  plus  ou  moins  humide  suivant  les  cas. 

»   Par  rapport  au  régime  des  vents,  nos  ascensions  montrent  : 

»  1°  Que,  par  temps  clair  el  fortes  pressions,  la  vitesse  du  vent  décroît 
généralement  à  mesure  qu'on  s'élève  au-dessus  du  sol  jusqu'à  une  altitude 
qui  varie  entre 'tSoo™  et  3000"; 

»  2°  Au  contraire,  par  temps  couvert  et  basses  pressions,  le  vent  aug- 
mente sensiblement  avec  la  hauteur,  particulièrement  au  voisinage  de  la 
couche  de  nuaees  inférieurs.    » 

M.  G.-B.  Oi.ivERo  adresse,  de  Moncalieri,  une  Lettre  relative  à  un  Mé- 
moire d'Astronomie  précédemment  communiqué  par  lui  à  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Astronomie.  ) 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

M.   P. 


Ou    soiiscril    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augusiins,  n°  ril. 

,ni    1835  les  COMPTES  RENDDS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,   deux  Tolumes  ln-4°.   Deui 

,1  une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.    L'abonnemeni  est  annuel 

rt  a  i"  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  ;  34  fr.  —  Autres  pays  :   les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


chez  Messieurs  : 
Ferryn  frères. 

iChaix. 
Jourdan. 
Ruir. 

Courtin-Hecquet. 
i  Germain  etGrassin. 
\  Lachése. 
Jérôme. 
Jacquard. 
,  Feret. 


Lorient. 


chez  Messieurs  : 
)  Bauiiial. 


t^. ,  Laurens. 

'  Muller  (G.). 

Renaud. 

Derrieit. 

I  F.  Robert. 
j  J.  Robert. 

'  Uzel  frères. 

Jouan. 

V Perrin. 

\  Henry. 

)  Marguerie. 


■g 


t-Ferr      >  ''"'''"• 

"'■  I  Ribou-Collaj. 

,  Lamarche. 

Ratel. 
'  Key. 

I  Lauverjat. 
'  Degez. 
(  Drevel. 
(  Gratier  et  G". 
Foucher. 


elle.. 


\  Bourdignon. 
(  Uombre. 
)  Thorez. 
(  Quarré. 


\  M""  Texier. 

Bernoux  et  Cumin. 

\  Georg. 

Lyon ^  Côte. 

Savy. 

Vitte. 

Marseille . .     Ruât. 

^  Calas. 

(  Goulet. 

Martial  Place. 

;  Jacques. 

Nancy Grosjean-Maupin. 

'  Sidot  frères. 

i  Loiseau. 

(  Veloppé. 

J  Barrïia. 

(  Visconti  et  G" 

J\imes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

t  Blanchier. 

Poitiers ,  ,,       , 

(  Marche. 

Rennes Plihon  et  ]lervé. 

Rochefort Girard  (M"") 

)  Langlois. 

\  Lestringant. 
.  \Chevalier. 

(  l'oiileil-Burles.    . 

\  Runiébe. 

\  Ginict. 

(  Privât. 
Boisselier. 
Tours Pèricat. 

'  Suppligeon. 

(  Giard. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam  . 


Athènes. . . 
Barcelone.. 


Montpellier . 
Moulins..    .. 


Kaiites  . 
I\tce 


Rouen 

S'-Étienne 
Toulon. . .  ■ 

Toulouse... 


Valenciennes. 


I  Lemaitre. 


Berlin. 


Berne  . . . 
Bologne. 


Bruxelles.. 


Bûcha' est . . 

Budapest 

Cambridge 

Christiania 

Constantinople. 
Copenhague... . 

Florence 

Gand 

Gènes .  . 


Genève.. 

La  Haye. 
Lausanne. 

Leipzig... 


Liège. 


chez  Messieurs  : 

)  Feikenia    Caarelsen 

/      et  G". 

Beck. 

Verdaguer. 
I  Asher  et  G'-. 
\  Dames. 

,  Friediander   et    lils. 
f  Mayer  et  Muller. 

Sciiniid  et  Francke. 

Zanichelli. 
(  Lamertin. 

Mayolezet  Audiarte. 
(  Lebégue  et  G". 
(  Sotcheck  et  C°. 
'  Slorck. 

Killan. 

Deighton,  BellelG". 

Canimernieyer. 

OlLo  Keil. 

Hôst  et  fils. 

Seeber. 

Hoste. 

Beuf. 

Gherbuliez. 

Georg. 

Slapelmohr. 

Belinfante  frères. 
,  Benda. 
(  Payot. 
/  Barth. 
l  Brockhaus. 

Loreniz. 

Max  Riibe. 

Twielmeyer. 
(  Desoer. 
(  Gnusé. 


chez  Messieurs  ; 

;  Dulau. 

:  Londres Hachette  et  G". 

:  'Nutl. 

!  Luxembourg .    ..     V.  Btick. 

ILibr.  Gutenberg. 
..„ ^■^"-"o  y  p-ssei. 

I  Gonzalés  e  hijos. 

'  F.  Fé. 

.Milan !  ^'"'^^   '■•«■•«• 

'  Hcepli. 

.Moscou Tastcvin. 

^aples jMarghieri  di  Giu, 

'  Pellerano. 

/  Dyrsen  et  Pfeiffer. 

A'eiv-  rork Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  G" 

Palerme Glausen. 

Porto Magalhaés  ei  Mdiiiz. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro ...     Garnier. 


_  i  Bocca  frères. 

Rome , 

'  Loescher  et  G". 

Rotterdam Krainers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin 

^  Zinserling. 

I  Wolff. 

Bocca  frères. 

Brero. 

Clausen. 

Rosen berg  et  Sel  I  ici 

Varsovie. Gebethiier  et  Wolll 

Vérone Drucker. 

I  Frick. 

Vienne 

'  Gerold  et  G". 

Ziirich Meyer  et  Zeller. 


S'  l'etersbourg. . 


Turin  . 


1BLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  10-4°;  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.— (i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870    Prix 15  fr 

Tomes  62  à  91.  —  ( i"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  18K0.)  Volume  iu-4";  1889.  Prix 15  fr. 

PLEMENT  AUX  COMPTES  RENDDS  DES  SEANCES  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  : 
n  :  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Derbés  cl  .V.-J.-J.  Solieb. —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
it  par  M.Haniem. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

eioar  M.  Glàdde  Bernard.  Volume  in-^",  avec  Sa   planches;  i856 15  fr. 

H II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
1  concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i85fi,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
J»  ires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition .  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
I   pports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  •,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4°,  avec  27  planches;  1861..  .       15  fr. 


iaième  Librairie  les  Hémolres  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  dds  Sciences. 


N"  2. 

TABLE   DES   ARTICLES.   (Séance  du  lO  juillet  1899.) 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBKI'S  ET   DES  CORRESPONDANTS   DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  !<•  Stx.miT.viHE  PERPKTUELannoncc  à  l'Aca- 
dtiiiif  la  mort  rie  M.  William  Flon>er,C.or- 
nspoiiiianl  pour  la  Section  d'.Vnatoiiiie 
et  Zoologie •"] 

-M.  ÉD.MDXD  Periiikr.  -Mole  accompagnaril 
la  présentation  du  cinquième  fascicule  de 
son  «  Traité  de  Zooloiiie  > 6g 

M.  Hi  KTiiri  i>T.    —  \onvçlli's  recliirrlics  sur 


Pages, 
l'argon  et  ses  combinaisons 71 

M.  ALFRKn  liR.\NUii)lER.  Sur  les  travaux 
géograpliiques  et  cartographiques  exécutés 
à  Madagascar,  par  ordre  du  général  Gal- 
lieni.  de  rSçi^  à  iSyg S\ 

MiM.  A.  IlAi.i.tR  et  11.  Uhbgrove.  —  Sur  les 
acides  dialcoylbenzoylbenzoïques  et  dial- 
coylbenzylbcnzoïques   tétrachlorés <)o 


CORRESPOND  AIVCE. 


M.  l'ALi,  P.viNLivi:.  -  Sur  le  développement 
des  fonctions  analytiques  de  plusieurs  va- 
riables         92. 

M.  l'iRMiN  L.\RR0QUE.  -  Contribution  à  la 
théorie  des  instruments  de  musique  à 
euiboucliure IJJ 

M.  .\.  PoNSOT.  Remarques  sur  l'emploi 
des  eryohydralcs 9** 

M.  G.  Chesxe.\u.  —  Action  du  bioxyde 
d'azote,  sur  les  sels  de  protoxyde  de 
clirome 100 

M.  PouGET.  —  Sur  les  sulfoantimonitcs  mé- 
talliques,        lOJ 

,\1.  J.  All.vix-Le  Canu.  —  Action  de  la  phé- 
ii\lhydrazine  sur  les  brtoraures,  chlorures 
cl  iodures  alcooliques io5 

MM.  i:.-i:.  Blaise  et  <'..  Bi..vi«c.  —  Sur  les 
aminocampholènes lofi 

M.  OEchsxer  dk  Coxixck.  —  Contribution 
à  l'étude  d'une  oxyptomaïne lof) 

M.  Élie  Faliéres.  —  iNouveau  mode  de 
dosage  acidiniéirique  des  alcaloïdes 1 10 

M.  K.  Marquis.  —  Sur  le  benzoylfurfurane.     ji  1 

M.  K.  ('■AUTBELET.  —  Lcs  égols  :  nouveaux 
antiseptiques  généraux 1 10 

M.   Kaphael   Dl.ROls.   —    Sur   le    rôle    de   la 


chaleurdans  le  fonctionnement  ilu  muscle.     1 1  '1 

M.  C.  Prisalix.  —  Nouvelles  observations 
sur  l'échidnase ■  >5 

M.  BuA.  —  Cultures  de  Nectria.  parasite 
des  chancres  des  arbres,  .\nalogies  de  ces 
cultures  avec  celles  du  champignon  para- 
site du  cancer  humain 1  if^ 

.M.  EcMoxD  BordaGe.  —  Sur  l'absence  de 
régénération  des  membres  postérieurs 
chez  les  Orthoptères  sauteurs  et  ses 
causes  probables 1  ■  ■ 

MM.  L.  Matruchot  et  Cu.  Dassonville. 

Sur  les  affinités  des  Microsporum 1  ■  i 

M.  K.  Tisox.  —  Sur  la  cicatrisation  du  sys- 
tème fasriculaire  et  celle  de  l'appareil  sé- 
créteur lors  de  la  chute  des  feuilles 131 

M.  A.  PûixciRE.  —  Écarts  barométriques 
sur  le  méridien  du  Soleil  aux  jours  suc- 
cessifs de  la  révolution  synodique 128 

M.  LÉON  Teisserexi;  de  Bort.  —  Sur    les 
ascensions    dans    l'atmosphère   d'enregis- "^ 
treurs    météorologiques    portes    par    des 
cerfs-volants lili 

M.  G. -H.  Oi.iVERo  adresse  une  Lettre  rela- 
tive à  un  Mémoire  d'-\slronomie  com- 
muniqué par  lui  il  l'Académie i32 


PARIS.   —    IMPIUMIÎKIE     G.VUT  H  l  E  R-V  (  L  I.  \  KS  , 
Quai  des  Grands-Augustins,  5S. 

1^    f.ét-anl  .*  tiAUTUIEB'VlLLARS 


AUG  8  1899  ^"^"^ 


Je 


SECOND  SEMESTRE. 

la 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  SITE.  IiBS  SECRÉrAIRES  PBRPÉTVEIjS 


TOME  CXXIX. 


N^5  (17  Juillet  1899). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES   RENDUS   DES    SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-AugusUns,  55. 

* 

1899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDl! 


ADOPTÉ  DANS  LES  SÉANCES";  DES  23  JUIN  1862  ET  24  MAI  iSyS. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  C Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  oar  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprenrenl 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  (aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionûées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les. 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  j-'rogrammes  des  prix  proposés  par  l'Aïdi 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  maisîsl 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  q'aui 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séajce 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Stm 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  pefoi 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  c  l'i 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoii  i 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  re(  is, 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  i 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cel  v. 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  il  e 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  corresponda 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  iq 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  i  I 
le  titre  seul  du  Mémoire  estinséré  dans  le  Comp.  \ 
actuel,  et  l'f^xtrail  est  renvoyé  au  Compte  rer  ui 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapf  l 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernemej 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrât! 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendu.l 
l'impression  de  chaque  volume.  \[ 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  <j 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Acadéinie  qui  désireut  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  prié! 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Saïuedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  S) 


AUG  G  1889  ■ 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI   17  JUILLET  1899, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE, 

CHIMIE   GÉNÉRALE.  —  Sur  les  combinaisons  du  sulfure  de  carbone 
avec  l'hydrogène  et  i azote;  par  M.  Berthelot. 

«  Voici  quelques  expériences  relatives  aux  combinaisons  du  sulfure  de 
carbone  effectuées  sous  l'inliuence  de  l'effluve  électrique,  combinaisons 
d'un  caractère  tout  spécial,  expériences  qui  concourent  à  préciser  les 
conditions  des  réactions  effectuées  par  celte  méthode. 

Hydrogène. 

n  1.  Hydrogène  loo^"'  +  sulfure  de  carbone  gazeux  70™'.  Courant  agis- 
sant sur  la  bobine  i2™"%6.  21".  Pression  barométrique  voisine  de  75o""". 

G.  R.,  1899,  2- 5emsi<re.  (T.  CXXIX,  N"  3.)  l8 


(  i34  ) 
Cinq  heures  d'action.  Le  sulfure  de  carbone  a  disparu  entièrement,  soit 
70™';  le  volume  de  l'hydrogène  absorbé  étant  3G™'.  Rapport  1  \  i,o3. 

)>  2.  Hydrogène  100™'+  sulfure  de  carbone  gazeux  68^°'.  2.5''°'".  24". 
Une  heure.  Tout  le  sulfure  de  carbone  a  flisparu.  Le  volume  de  l'hydrogène 
absorbé  était  34"""',  3,  soit  2  :  i  ,01 . 

»  3.  Le  même  rapport  sensiblement  a  été  observé  avec  un  mélange  de 
100™'  H=+8i'"'  argon -+- i33  CS=  gaz.  i2™"%6.  21".  Gaz  disparus  : 
CS'-'  =  77^°'  ;  H^  =  38^"'  ;  Arg^  =  2™'. 

»  4.  Si  l'on  abaisse  la  tension  du  courant  jusqu'au  terme  voisin  de 
celui  où  il  cesserait  d'actionner  la  bobine  d'induction,  l'hydrogène  est  éga- 
lement  absorbé;  mais  la  proportion  de  sulfure  de  carbone  condensé  aug- 
mente : 

,00"°'  H=+  73^°'  es-  gaz  à  24°.  4''<'"%2.  16  heures. 

Gaz  dispar Js  :  CS'  =  28"°'  ;  H'  =  6. 

»  On  remarquera  qu'il  subsiste  un  peu  plus  de  moitié  de  CS^  gazeux. 
Dans  les  conditions  des  expériences  précédentes  il  se  forme  un  produit 
résineux  solide,  jaune,  doué  d'une  odeur  analogue  au  mercaptan.  Ce  pro- 
duit est  insoluble  dans  l'éther^  Le  sulfure  de  carbone  le  dissout  en  petite 
quantité.  La  potasse  concentrée  l'attaciue  à  froid,  sans  le  dissoudre  entière- 
ment; la  liqueur  obtenue  noircit  faiblement  le  papier  d'acétate  de  plomb 
et  donne  naissance,  par  addition  d'acide  chlorhydrique  en  excès,  à  un  léger 
dégagement  d'hydrogène  sulfuré. 

»  D'après  ces  observations,  la  réaction  de  l'effluve  sur  un  mélange  d'hy- 
drogène et  de  sulfure  de  carbone  produit  un  composé  répondant  à  la  for- 
mule C^H-  S^;  ce  qui  représenterait  soit  un  acide  oxalique  persulfuré,  soit 
plutôt  un  persulfuré  dérivé  de  l'aldéhyde  glycollique  (glyoxal) 

C=H'0-, 

C=H=S-;     C=H=S-  +  S-. 

Pour  une  tension  électrique  suffisante,  ce  composé  se  forme  seul.  Mais,  si 
la  tension  est  trop  faible,  la  polymérisation  du  sulfure  de  carbone  se  pour- 
suit plus  rapidement  que  sa  combinaison  avec  l'hydrogène. 

Azole. 

»  1.  Azote  ioo^°'-f-CS'gazeux69''"';  à  22°.  H  =  754""".  12''''"'.  6.  Tout 
CS=    a    disparu   après    dix     heures.    Azote   absorbé    :    iG""'.    Rapport    • 

4CS^:Az^ 


(   i35  ) 

»  2.  Dans  une  autre  expérience,  faite  avec  les  mêmes  volumes  relatifs, 
sous  une  tension  de  25™"%  mais  qui  a  duré  seulement  trois  heures,  la 
moitié  seulement  du  sulfure  de  carbone  avait  disparu,  le  rapport  entre 
les  gaz  condensés  étant '7CS'':  Az'. 

>>  Il  semble  que  la  condensation  du  sulfure  de  carbone  aurait  marché 
plus  vite  que  sa  combinaison  avec  l'azote  dans  les  dernières  conditions, 
comme  si,  en  accroissant  la  tension  du  courant  qui  alimente  la  bobine,  on 
diminuait  la  tendance  de  l'azote  à  se  combiner  avec  le  sulfiu'e  de  carbone. 
Mais  ceci  réclame  une  étude  plus  approfondie. 

A  ri;  on. 

»  (i)  Argon,  )  00^"'  +  es- gaz,  70™'.  —  23".  6™"^, 3.  Trois  heures.  Le  sul- 
fure de  carbone  a  entièrement  disparu,  en  même  temps  que  2  volumes 
d'argon.  Rapport  34 CS"  :  Arg^. 

»  (2)  Argon.  100"'+  CS'^  73™'.  —  21",  5.  6"°"%  3.  Vingt  heures.  —  Le 
sulfure  a  disparu,  avec  2^°',  5  d'argon. 

»  (3)  Argon,  100™'+ CS-,  68™'.  i2™"%6.  Cinq  heures.  Pluie  de  feu 
violente.  Tout  le  sulfure  a  disparu.  Absorption  de  l'argon,  nulle. 

»  (4)  Argon,  100™'  (provenant  de  l'expérience  précédente) +  GS-,  72™'. 
—  23".  4™"%2.  Six  heiu'es.  Tout  le  sulfure  a  disparu,  en  même  temps 
que  3  volumes  d'argon.  Rapport  24 CS-  :  Arg-. 

»  Ces  résultats  indiquent  que  la  combinaison  cesse  de  s'effectuer,  ou 
devient  insignifiante,  sous  des  tensions  trop  fortes,  la  condensation  du  sul- 
fure se  poursuivant  seule. 

»   Avec  l'azote  on  paraît  observer  quelque  chose  d'analogue. 

»  Je  rappellerai  que  la  transformation  de  l'oxygène  en  ozone  par  l'élec- 
tricité est,  à  la  température  orJinaii'e,  de  même  ordre  de  petitesse  que  les 
combinaisons  de  l'argon,  soit  avec  la  benzine,  soit  avec  le  sulfure  de 
carbone.  Elle  diminue  également  quand  la  tension  devient  trop  forte. 
Elle  est  moindre  avec  une  série  d'étincelles  électriques  qu'avec  l'effluve  : 
ce  qui  s'explique  parce  que  l'élévation  de  température  détruit  l'ozone  déjà 
formé.  La  formation  de  l'ozone  est  également  moindre,  quoique  réelle, 
avec  des  tensions  excessivement  faibles  :  ce  qui  s'explique  aussi  parce  que 
l'on  observe  seulement  celle  qui  répond  au  rapport  entre  la  vitesse  de  for- 
mation de  l'ozone,  pour  une  tension  électrique  donnée,  et  sa  vitesse  de 
décomposition  spontanée  dont  j'ai  indique  la  mesure. 


(  i36  ) 

»  Au  conlraire,  la  combinaison  de  l'azote  avec  Towe-ène  suit  une  naarche 
inverse,  n'avant  ])as  lieu  sous  les  fnibles  tensions  de  l'effluve,  apparaissant 
au  delà  d'un  certain  terme  et  devenant  de  plus  en  plus  active,  sous  l'in- 
fluence d'étincelles  de  plus  en  plus  fortes. 

Oxyde  de  carbone. 

n  J'ai  également  examiné  l'influence  de  l'effluve  sur  un  mélange  d'oxyde 
de  carbone  et  de  sulfure  de  carbone. 

»  Oxyde  de  carbone,  ioo^°'-l-|CS%  68''"'.  23".  6™'", 3.  Dix  heures.  -  Il 
reste  seulement  3,5  de  CO,  exempt  d'acide  carbonique.  La  matière  jaune 
condensée  est  un  mélange  des  produits  propres  de  condensation  du  sulfure 
de  carbone  et  de  l'oxyde  de  carbone,  composés  condensables  séparément 
par  l'effluve.  Cependant  l'oxydeide  carbone,  traité  séparément,  fournit 
une  certaine  dose  d'acide  carbonique  (Essai  de  Mécanique  chimique,  t.  11, 
p.  379),  lequel  n'apparaît  pas  ici. 

M  Le  mélange  obtenu,  traité  [lar  l'eau,  se  dissout  en  partie.  La  liqueur 
filtrée  olfre  une  réaction  acide  et  elle  contient  un  acide  oxysulfuré,  que 
l'acide  azotique  oxyde  à  l'ébullition,  en  produisant  de  l'acide  sulfurique. 
11  résulte  de  ce  fait  que,  sous  l'influence  de  l'effluve,  l'oxyde  de  carbone  et 
le  sulfure  ont  exercé  une  certaine  action  réciproque. 


»  On  voit  par  là  de  nouvelles  preuves  de  la  grande  efficacité  de  l'effluve 
pour  provoquer  des  combinaisons  entre  les  corps  soumis  à  son  action  :  ces 
corps,  ainsi  que  j'ai  eu  occasion  de  le  dire,  en  parlant  des  réactions  de 
l'azote,  tendent  à  former  ainsi  des  composés  condensés  et  polymérisés,  de 
l'ordre  de  ceux  que  produit  la  chaleur  rouge  sur  les  composés  organiques (  '  ) 
et  sur  les  oxydes  métalliques  (^),  de  l'ordre  également  de  ceux  qui  sont 
engendrés  sous  l'influence  de  la  lumière,  ou  bien  formés  dans  les  tissus 
des  êtres  vivants  végétaux,  ou  animaux.    » 


(')  Essai  de  Mécanique  chimique,  t.  II,  p.  (\h. 

O   Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4"  série,  t.  I\,  p.  478  et  479;  1866. 


(  '37) 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Remarques  S ui  la  combinaison  de  l'azote 
ai-ec  l'oxygène;  par  M.  Berthelot. 

«  En  purifiant  l'argon  de  l'azole,  qui  formait  le  mélange  que  j'avais  à  ma 
disposition  dans  la  proportion  de  3o  centièmes,  j'ai  mesuré  le  rapport 
entre  l'azote  et  l'oxygène,  combinés  lentement  sous  l'influence  de  l'étin- 
celle électrique,  et  absorbés  à  mesure  par  la  potasse  :  ce  rapport  mérite 
quelque  attention,  au  point  de  vue  de  la  formation  successive  et  graduelle 
des  différents  oxydes  de  l'azote. 

»  J'opérais  avec  de  grosses  éprouvettes,  de  aSo*^*^  à  3oo'^'',  sur  le  mercure. 
Les  étincelles  jaillissaient  entre  deux  longs  fils  de  platine,  introduits  chacun 
à  travers  un  tube  de  verre  à  double  courbure,  ouvert  des  deux  côtés  et 
rempli  de  mercure,  conformément  au  dessin  que  j'ai  donné  dans  mon 
Essai  de  Mécanique  chimique,  t.  II,  p.  34o  (voir  aussi  Ann.  de  Chim.  et  de 
Phys.,  5*  série,  t.  XII,  p.  4^8;  1877).  Cette  disposition  permet  d'opérer 
sans  fils  soudés  dans  le  verre,  et  en  faisant  varier  à  volonté  la  distance 
explosive.  Les  fils  de  platine  sortent  de  part  et  d'autre  librement  des  tubes 
de  verre. 

»  On  a  mélangé  l'argon  impur  avec  une  proportion  d'oxygène  un  peu 
supérieure  au  double  du  volume  de  l'azote,  dans  la  pensée  que  la  réaction 
devait  former  du  peroxyde  d'azote  :  Az  4-  O^  =  AzO\ 

»  Après  introduction  du  mélange  gazeux  dans  l'éprouvette,  on  y  glisse 
les  deux  tubes  de  verre,  puis  les  fils  de  platine  dans  ces  derniers;  enfin, 
à  l'aide  d'une  pipette  courbe,  on  fait  arriver  dans  l'éprouvette  20'^'^  à  30"*= 
d'une  solution  presque  saturée  de  potasse.  La  tension  de  la  vapeur  d'eau 
contenue  dans  les  gaz,  dans  ces  conditions,  est  extrêmement  faible.  La 
distance  située  entre  la  couche  liquide  de  potasse  dans  l'éprouvette  et  la 
région  supérieure  où  jaillissent  les  étincelles  est  de  iS*^"  environ.  Cela  fait, 
on  met  les  fils  de  platine  en  rapport  avec  les  pôles  d'une  bobine  d'induc- 
tion, alimentée  par  un  courant  d'une  tension  de  12™"=*,  G. 

))  En  arrêtant  les  fils  parallèlement  à  une  distance  convenable,  et  en 
réglant  l'interrupteur  vibrant,  il  jaillit,  entre  les  deux  fils,  un  flux  continu 
d'étincelles,  sur  une  longueur  de  10°""  à  iS""",  formant  une  sorte  de  ruban 
violet  très  brillant.  —  Pour  une  certaine  période  de  l'interrupteur,  le  flux 
d'électricité  devient  si  actif  que  les  fils  rougissent  et  que  le  ruban  lumi- 


(  I^«  ) 

neux  violet  se  transforme  en  une  flamme  ronge  continue.  —  Il  convient 
(le  prévenir  ce  phénomène.  Il  est  également  indispensable  d'éviter  que  les 
étincelles  viennent  à  toucher  le  veire  de  l'éprouvette,  dont  elles  pour- 
raient déterminer  réchauffement,  la  décomposition  et  la  rupture. 

»  Étant  données  les  conditions  que  je  viens  de  décrire,  on  voit  apparaître 
dans  les  gaz  une  teinte  à  peine  sensible  de  vapeur  nitreuse,  qui  se  diffuse 
rapidement,  sous  l'influence  de  l'agitation  violente  des  gaz  par  le  flux 
d'étincelles,  et  se  dissout  à  mesure  au  sein  de  la  potasse  située  au-dessous, 
en  formant  un  mélange  d'azotite  et  d'azotate. 

»  C'est  ici  que  j'ai  constaté  une  circonstance  intéressante.  Quand  l'ab- 
sorption a  cessé,  par  suite  de  l'absorption  totale  de  l'azote,  en  mesurant  la 
proportion  d'oxygène  restait  mélangé  à  l'argon,  j'ai  reconnu  que  cette 
proportion  était  fort  inférieijre  à  celle  qui  répond  au  peroxyde  d'azote. 
Dans  une  première  expérienoe,  le  rapport  entre  l'azote  et  l'oxygène  com- 
binés a  été  trouvé  le  suivant  | 

I  Az  :  O  ^  1,65  ; 
dans  une  seconde  expérience  : 

'  Az  :  0  =  1 ,  84 

au  lieu  de  2,0. 

»  Or,  d'après  ce  dernier  rapport,  les  acides  azoteux  et  azotique,  ou. 
plus  exactement,  l'azotite  et  l'azotate  de  potasse  auraient  dû  prendre  nais- 
sance à  équivalents  égaux  : 

aAzO»  +  2ROH  ^  AzO-K  -h  AzO'R  -h  H^O, 

tandis  que  l'expérience  a  indiqué,  dans  les  deux  cas,  un  excédent 
d'acide  azoteux.  l 

»  Il  paraît  résulter  de  cette  circonstance  que  l'acide  azoteux  gazeux  se 
forme  tout  d'abord,  même  en  présence  d'un  excès  d'oxygène,  et  qu'il  ne  se 
change  en  peroxyde  d'azote  que  par  une  action  plus  lente,  assez  lente 
même  pour  que  le  gaz  azoteux  à  très  faible  tension  ait  le  temps  de  se  dif- 
fuser à  travers  une  colonne  gazeuse  longue  de  o™,io  à  o'",  iS  et  d'atteindre 
la  potasse,  qui  le  fixe  sous  forme  d'azotite,  avant  que  l'oxygène  en  excès 
contenu  dans  cette  colonne  l'ait  changé  en  peroxyde  d'azote. 

»  En  un  mot,  le  bioxyde  d'azote,  formé  dans  l'action  de  l'étincelle  sur  le 
mélange  d'azote  (d'argon)  et  d'oxygène,  se  combine  d'abord  à  un  premier 


(  i39  ) 
atome  d'oxvgène,  pour  former  l'acide  azoteux 

2AzO-f-0  =  Âz'-'0» 

avant  de  s'unir  avec  un  second  atome  d'oxygène  pour  former  le  peroxyde 
d'azote 

Az=0'^-0=:'^AzO^ 

»  J'ai  déjà  signalé  cette  circonstance,  en  étudiant  directement  l'action 
du  bioxyde  d'azote  sur  l'oxygène.  Lorsqu'on  fait  ariver  bulle  à  bulle  le 
bioxvde  dlazote  dans  une  atmosphère  d'oxygène,  en  présence  d'une  disso- 
lution concentrée  de  potasse  (ou  même  de  baryte),  sous  une  large  surface 
et  en  agitant  continuellement,  il  ne  se  forme  guère  que  de  l'azotite  de  po- 
tasse, par  exemple  96  à  98  pour  100  de  la  dose  équivalente  au  bioxyde 
d'azote  (Ann.  de  Ch.  et  de  Phys.,  5"  série,  t.  VI,  p.  193).  Les  expériences 
actuelles  fournissent  une  nouvelle  confirmation  de  la  succession  des  deux 
formations,  aussi  bien  à  partir  de  l'azote  libre  que  du  bioxyde  d'azote.  » 


ÉCONOMIE  RURALE.   —   Cultures  dérobées  d'automne.  Leur  efficacité  comme 
engrais  vert;  par  M.  P. -P.  Dehéraix. 

«  J'ai  déjà  entretenu  l'Académie  (')  des  avantages  que  trouvent  les  cul- 
tivateurs à  semer  sur  les  chaumes  de  blé,  immédiatement  après  la  moisson, 
une  plante  à  végétation  rapide,  telle  que  la  vesce  d'hiver. 

M  Rejetant  dans  l'atmosphère,  par  sa  transpiration,  la  plus  grande  partie 
de  l'eau  tombée,  elle  restreint,  dans  le  sol  qu'elle  dessèche,  la  formation 
des  nitrates  et  leur  entraînement  dans  les  couches  profondes,  fort  à  craindre 
quand  les  terres  sont  découvertes.  Ces  cultures  dérobées,  enfouies  comme 
engrais  vert,  exercent,  en  outre,  une  action  marquée  sur  la  récolte  sui- 
vante. Je  suis  en  mesure  d'en  fournir  aujourd'hui  à  l'Académie  un  exemple 
frappant. 

«  La  réussite  des  cultures  dérobées  est  étroitement  liée  à  l'abondance 
de  la  pluie  pendant  les  mois  d'août  et  de  septembre;  s'ils  sont  absolument 
secs,  ainsi  qu'il  est  arrivé  en  1895,  la  culture  avorte;  mais,  depuis  huit  ans 
que  j'ensemence  régulièrement  mes  chaumes  de  blé,  c'est  le  seul  échec 
que  j'ai  eu  à  enregistrer  ;  les  autres  années,  on  a  toujours  obtenu  des  poids 


(')  Comptes  rendus,  t.  C\X,  p.  Sg  ;  1895. 


(  '4o  ) 

d'engrais  vert  d'une  valeur  supérieure  à  la  dépense  qu'occasionne  l'achat 
de  la  semence;  en  1897,  notamment,  le  succès  a  été  complet. 

»  Cette  année-là,  on  a  recueilli  au  pluviomètre  de  la  Station  agrono- 
mique de  Grignon  :  72™™  d'eau  de  pluie  en  août,  53™™  en  septembre  et 
7""", 8  en  octobre,  ou  en  tout  i33™".  Les  cultures  dérobées  ont  profité 
de  cette  humidité;  en  général,  elles  ont  été  excellentes,  non  cependant 
sans  présenter  quelques  irrégularités;  au  milieu  de  parcelles  donnant  14 
ou  i5  tonnes  d'engrais  vert,  il  s'en  trouve  qui  en  donnent  18  tonnes;  dans 
une  autre  partie  du  champ  d'expérience,  la  moyenne  de  quatre  parcelles 
tombe  à  13070''^,  dans  une  autre  à  81  io'*s. 

»  Si  grandes  que  soient  ces  différences,  elles  ne  correspondent  pas  ce- 
pendant à  une  qualité  particulière  du  sol,  supérieure  sur  certains  points  à 
ce  qu'elle  serait  sur  d'autres,  car  ces  différences  ne  se  produisent  pas 
toujours  dans  le  même  sens,  et  l'on  trouve,  dans  les  registres  de  la  station, 
que  le  blé,  les  betteraves  ou  lès  pommes  de  terre  ont  donné  souvent,  sur 
les  parcelles  à  faible  rendement  de  vesce  de  1897,  des  récoltes  égales  ou 
même  supérieures  à  celles  qu'on  a  recueillies  sur  les  terres  où  la  vesce  a 
si  bien  réussi  il  y  a  deux  ans. 

«  La  vesce  analysée  au  moment  où  on  allait  l'enfouir  à  la  fin  d'octobre 
était  déjà  partiellement  desséchée;  on  y  a  trouvé  de  28,6  à  3(3,9  centièmes 
(le  matière  sèche,  et,  dans  100  de  celle-ci,  une  quantité  d'azote  à  peu  près 
constante  de  3,55.  On  a  eu  le  soin  de  peser  toute  la  partie  aérienne  de  la 
vesce  avant  l'enfouissage,  et  l'on  a  pu  calculer  la  quantité  d'azote  contenue 
dans  la  récolte  d'un  hectare  et  le  poids  de  fumier  de  ferme  auquel  elle 
équivaut;  en  1897  la  vesce  enfouie  sur  22  parcelles  du  champ  d'expé- 
riences a  correspondu  en  moyenne  à  28  tonnes  de  fumier  de  ferme  à  5  '"K 
d'azote  par  tonne;  les  écarts  ont  été  considérables:  sur  deux  parcelles 
la  vesce  équivalait  à  plus  de  ^o  tonnes  de  fumier,  et  sur  trois  elle  était 
au-dessous  de  vingt;  les  autres  nombres  sont  intermédiaires  entre  ces 
extrêmes. 

»  Au  printemps  de  1898,  je  résolus  de  profiter  de  ces  différences  dans 
les  quantités  d'engrais  vert  enfoui  pour  préciser  sa  valeur,  et  j'ordonnai  de 
planter  des  pommesde  terre  appartenantà  la  même  variété,  alternativement 
sur  une  parcelle  où  l'engrais  vert  était  abondani,  puis  sur  une  autre  où,  au 
contraire,  il  ne  s'était  que  médiocrement  développé;  toutes  les  parcelles 
reçurent  uniformément  la  valeur  de  3o  tonnes  de  fumier  par  hectare;  la 
fumure  ne  présentait  donc  d'autre  variable  que  le  poids  de  vesce  enfoui  au 
mois  d'octobi-e  précédent. 


(  •4>  ) 

»  Les  pommes  de  terre  |>Iantéesapparlenaient  à  plusieurs  variétés  diffé- 
rentes :  nous  continuons  à  cnlliver  avec  succès,  au  champ  d'expériences  de 
Grignon,  la  Richtcr  s-Imperalar.  préconisée  par  notre  regrette  confrère 
Aimé  Girard;  toutefois,  comme  ses  rendements  avaient  faibli  en  1897,  nous 
avons  planté,  comparativement  avec  les  seraenceaux  provenant  de  nos 
propres  cultures,  d'autres  acquis  en  dehors.  Plusieurs  cultivateurs  repro- 
chent à  la  Ricliter  de  se  mal  conserver  dans  les  silos  pendant  l'hiver,  et 
nous  avons  introduit,  dès  1897,  deux  nouvelles  variétés  qui  viennent  de  Bo- 
hème; elles  portent  les  noms  de  Professeur- Mœrcker  et  de  Bocleur-Locius ; 
elles  paraissent  présenter  de  remarquables  qualités;  nous  avons  planté 
encore  la  Géante-Bleue,  variété  nouvelle  dont  les  rendements  ont  rapidement 
baissé;  enfin,  j'ai  essayé  une  variété  qui  m'a  été  adressée  du  département 
de  l'Oise  par  M.  Poulet. 

»  Les  résultats  obtenus  sont  réunis  dans  le  Tableau  suivant  : 


Culture  des  pommes  de  terre  au  champ  d'expériences  de  Grignon  en  1898. 
Tous  les  nombres  sont  rapportés  à  l'hectare.  Fumure  uniforme  :  3o  tonnes 
de  fumier. 


Poids 


des 

de 

du 

tutiercules 

l'azote 

l'uiiiier 

recueillis 

de 

conteni^ 

de 

en 

vesce 

dans  I 

ferme 

quintaux 

Variétés  plantées. 

enfouie. 

la  Vfscej 

correspondant. 

métriques, 

Frofesseur-Mœrciver. 

\         I I 5oo 
\           8200 

i34 

100 

ke 
26800 

20000 

302 
263 

Docteur-Lucius. 

i.5ooo 
9100 

i63 
108 

32600 
21600 

3i8 
25o 

Ricliter. 

(          i^ioo 

143 

28600 

288 

Semenceau  Grignon. 

i          83oo 

93 

19000 

221 

Rictiter. 

1           8200 

100 

20000 

3o8 

Semenceau  Vilmorin. 

1           19200 

28 

5760 

aSo 

Variété  Poulet. 

\          i38oo 
i           S600 

i5o 
100 

3oooo 
20000 

208 
i63 

Géante-Bleue. 

(           6900  C^) 
1           9600 

79.8 
1 10 

15960 
22000 

74 
.73 

(')  On  a  cultivé,  eu  culture  dérobée,  des  pois  au  lieu  de  vesce. 
(^)  Cette  parcelle  ne  reçoit  que  les  engrais  verts  que  lui  fournissent  les  cultures 
dérobées. 


<:.  R.,  iSyg,  !•  Hemeslre.  (T.  GXXIX,  ^^  3.) 


ï9 


(  "4^-  ) 

»  On  voit  quel  supplément  considérable  de  fumure  apportent  les  cul- 
tures dérobées  :  la  fumure  de  3o  tonnes  de  fumier  distribuée  partout  est 
parfois  doublée  (  '  );  on  voit  en  outre  que  toujours  les  poids  des  tubercules 
récoltés  s'élèvent  ou  s'abaissent  avec  ceux  de  la  vesce  enfouie. 

»  Quand  la  variété  Mœrcker  a  reçu  i38oo'"*''  de  vesce,  elle  a  donné 
3o20o''K  de  tubercules,  et  seulement  26 Soc'''»'  quand  le  poids  de  vesce 
enfouie  est  tombé  à  820o''*''.  La  variété  Lucius  fournit  3i8oo'''''  de  tubercules 
avec  i5  tonnes  de  vesce,  et  23 000''^'  avec  gioo'^s  de  fumure  verte.  On 
trouve  des  différences  analogues  pour  la  Richler,  semenceauxde  Grignon, 
et  pour  la  variété  Poulet.  Les,autres  comparaisons  ne  sont  plus  aussi  régu- 
lières, car  une  des  parcelles  plantées  en  Richter  (semenceaux  Vilmorin) 
avait  porté  une  culture  dérobée  de  pois  qui  avait  mal  réussi.  Une  des  par- 
celles plantée  en  Géante-Bleue  reste  toujours  sans  engrais;  la  vesce  y  a  été, 
par  suite,  beaucoup  moins  abondante  que  sur  les  autres  carrés. 

»  En  restreignant  la  comparaison  aux  variétés  pour  lesquelles  elle  est 
légitime,  on  trouve  qu'un  surcroît  d'une  tonne  de  vesce  enfouie  détermine 
une  augmentation  de  tnben  ules  à  l'hectare  de  : 

lontic 

1,18  poui'  Mœrel\er 

I  ,  lo   poLir  Lucius 

1  ,  i5  pour  Richler,  semenceau  de  Grignon 

0,86  pour  l'oulel 

ou,  en  moyenne,  d'une  tonne. 

))  Si,  de  plus,  on  se  rappelle  qu'une  tonne  de  pommes  de  terre  renferme 
3^^  d'azote,  tandis  qu'en  1897  ""'^  tonne  de  vesce,  prise  au  moment  de 
l'enfouissage,  en  renfermait  10,  on  reconnaîtra  que  l'action  fertilisante  de 
l'engrais  vert  n'est  pas  épuisée  par  cette  première  récolte,  et  qu'au  con- 
traire le  sol  se  trouve  enrichi  d'une  quantité  notable  d'azote  prélevé  sur 
l'atmosphère. 

))  l>es  cultures  de  betteraves  de  1898  conduisent  encore  aux  mêmes 
conclusions;  il  n'a  pas  été  possible  de  les  disposer  de  façon  à  mettre  en  lu- 
mière, par  des  différences  de  rendement,  l'influence  des  cultures  dérobées, 
comme  on  l'a  fait  pour  les  pommes  de  terre,  car  toutes  les  parcelles  ense- 
mencées en  betteraves  avaient  porté  de  très  bonnes  cultures  de  vesce; 


(')  11  ne  liuil  pas  stlonner  de  voir,  dans  le  Tableau  précédent,  des  poids  égaux  de 
vesce  enfouie  correspondre  à  des  quanlilés  variables  d'azote  :  ces  irrégularités  tiennent 
à  l'inégale  dessiccation  des  lots  au  moment  de  l'enfouissaue. 


(   'i3  ) 
mais  on  réussit  à  montrer  leur  utilité  en  comparant  les  quantités  d'azote 
prélevées  sur  le  sol  par  la  betterave  à  celles  qu'ont  introduites  le  tuiiiier 
et  l'engrais  vert. 

»   On  a  ohtemi,  au  champ  d'expériences  de  Gri^non,  en  1898  : 


Betleraves  (demi-sucrières), 
à  l'hectare.  • 

Hlaiiclie  lîlanche 

il  collet  vert.  à  collet  rose. 

Rncines 55  900  07  700 

contenant  : 

Sucre ()ç)5(>  7  1 3o 

Matières  azotées 89^*  879 

Nitrate  de  potasse i5a  149 

»   Les  matières  azotées  et  le  nitrate  renfermaient  les  quantités  d'azote 

suivantes  : 

\7.0te 

Organique.       iNitrique,  Total. 

Collets  roses i4o''S,8         10^',-         i6i''S,5 

Collets  verts '42''^,9         •^.i''",3  i64''",2 

«  En  movenne  la  récolte  d'un  hectare  a  donc  enlevé  162''^,  8. 

»  Il  n'v  a  pas  lieu  de  tenir  compte  de  l'azote  des  feuilles  et  des  collets, 
car  ces  résidus  sont  enterrés  dans  le  sol  qui  lésa  fournis;  en  outre  les  eaux 
de  drainage  qui  s'écoulent  au-dessous  des  cultures  de  betteraves  sont  très 
peu  chargées,  ce  qui  est  bien  naturel,  puisque  les  racines  absorbent  ces 
nitrates  aussitôt  qu'ils  sont  formés;  on  peut  donc  estimer  au  plus  de  i65''s 
à  170'*!  les  prélèvements  d'azote  des  betteraves  eu  1898. 

»  On  avait  distribué  3o  tonnes  de  fumier  par  hectare,  qui  ne  renfer- 
maient que  iSo'^K  d'azote  :  la  terre  se  serait  donc  trouvée  appauvrie,  si  elle 
n'avait  pas  reçu  le  supplément  de  i'umure  des  engrais  verts;  pour  les  par- 
celles cultivées  en  betteraves,  il  a  été  en  moyenne  de  159'"*''  d'azote  par 
hectare  et  a  sans  doute  contribué  à  pousser  la  récolte  de  betleraves  jusqu'au 
chiffre  élevé  que  nous  venons  de  signaler. 

»  A  mesure  que,  d'années  en  années,  les  observations  s'accumulent, 
l'utilité  des  cultures  dérobées  d'automne  devient  de  plus  en  plus  évidente. 
Il  est  bien  à  remarquer  toutefois  qu'on  n'en  tire  bon  parti  qu'en  les 
enterrant  à  l'automne;  si  l'on  relarde  leur  i^nfouissage  jusqu'au  printemps, 
les  nitrates,  provenant  de  la  transformation  de  leur  matière  organique 


(  i41  ) 

azotée,  apparaissent  trop  lard  pour  que  la  récolte    qui  suit  IVngrais  vert 
puisse  en  profiler  (').  " 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  nouveau  Volume  publié  par  VAssociatiun  française 
pour  l'avancement  des  Sciences,  «  27*  session,  tenue  à  Nantes  en  1898, 
II*  Partie  :  Notes  et  Mémoires.  » 

I 
M.  LœwY  présente  à  rAca<lémie  deux  photographies  lunaires  qui  lui 
sont  adressées  par  M.  Weineck,  directeur  de  l'observatoire  de  Prague;  ces 
photographies  très  intéressantes  sont  des  agrandissements  faits  sur  les  cli- 
chés de  l'Observatoire  de  Parisl 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  transformations  des  droites.  Note  de  M.  E.-O.  Lovett, 

présentée  par  M.  Darboux. 


«   Considérons  les  transformations  de  l'espace  (x,  y,  z)  dans  l'espace 
(X,  Y,  Z)qui  sont  déterminées  par  deux  œquationes  directrices  de  la  forme 

^  x^^  +  y^'^+ z^':^  -^<^l  =0, 


(0 


où  les  <!),,  I",  sont  fonctions  de  X,  Y,  Z  et  les  indices  désignent  le  degré  des 
fonctions. 
»  La  droite 

(2)  j  +  X-,r  +  m  =  o,  z  +  Ix  -}-  n  =  o 

sera  transformée  dans  la  surface 


(3) 


*a  t-p  ^'y  •I>5 

w,  w'r  w:^  w; 

k  i  o  m 

/  o  I  /( 


=  o. 


(•)  Annales  agronomif/ues.  t.  XIX,  p.  3o5  ;  1898. 


(  '^5  ) 
))   Si  la  surface  doit  être  une  quadriqiie,  il  faut  que  tous  les  détermi- 


nants du  second  ordre 

(4) 


<!>„  'l'p  'l'y  ^i 

w,    wi    w;    i-ii 


se  réduisent  à  des  fonctions  du  deuxième  degré  au  plus.  Soient,  en  parti- 
culier, toutes  les  fonctions  <î>,,  W,  du  premier  degré.  Les  équations 


ou 


o,-  =  a,- X  +  Z>,- Y  -h  CiZ  -h  di. 


définissent  un  groupe  de  tc^"  transformations  qui  transforment  la  droite  (2) 
dans  la  quadrique 


(6) 


kl 

<?2?3 

k 

?2?1 

-/ 

'fs'fi 

—  m 

?r?2 

—  n 

'fl?:l 

_ 

'frfi 

mil 

?6?7 

<?6?S 

? 7  '■?« 

■fô^G 

?5<?7 

'■?5?8 

o. 


»  Si  l'on  veut  que  cette  quadrique  soit  une  sphère  pour  toutes  les  va- 
leurs de  A:,  /,  m,  n,  il  est  nécessaire  que  92,  03,  Çn,  9,  se  réduisent  à  des 
constantes.  Donc,  nous  voyons  que  les  équations 

1   (a,  X  -+-  /^  Y  +  c,  Z  -^-  r/,  )x  -{-  (l,y  +  d.,  z  H-  a,  X  -+-  è,  Y  +  r,,  Z  +  r/,  r=  o, 
^'^'     (   (fl^X  +  i, Y  -+-  r^Z  +  f/5) ^-  +  <-/« V  -^  d-,z  -^  rtjX  -f-  6^ Y  +  r^Z  +  d^  =  o, 

où  les  constantes  sont  assujetties  aux  conditions 

/  a^a^  —  a„a,,  =  b.  l\  —  h-, h^  =  c,c^  —  c,, c-~ 

\  a.b<,  -\' 
(8) 


«I^S    -+-   ^l«S     —    <-l-J^'<    —    ^4  «5 


O, 


a,i\  -t-  r.a. 


a.,c-^  —  c,,a.^  =  o, 


/>,r,  +  r,/;,  -  h,r,  —  c.,b^  =  o, 

déterminent  cc'^  transformations  qui  changent  les  droites  en  des  sphères. 
»   En  employant  la  méthode  de  Sophus  Lie  nous  vérifions  facilement 
que  les  transformations  définies  par  les  équations  (7)  sont  des  transforma- 
tions de  contact.  Les  droites  se  transforment  en  des  points,  si 

(9)  d^  -.d^-.d^:  d,,  =  r/,,  :  /,;  :  d^  :  d^. 

»  Nous  voyons  ensuite  que,  en  particularisant  les  constantes  de  la  ma- 


(    '46  ) 
nicro  snivanle 

!</,    zrzz  a^   =  A,    =  h^  r=z  Ci,=^  r-   =  (l^    =   (■/._,    — r  r/-   —  :  .■/-    ^=  c/^   7=  O, 

(t  i  =  f/.  —  r.'|  =  —  ("g  =  rf.,  —  r/„  =  I  ,            /y,  =  —  A .,  =  y/ —  l , 

nous  avons  la  corresjiondance  célèbre  étudiée  par  Lie. 

»  Si  nous  recherchons  les  transformHtions  de  l'espace  à  n  dimensions 
qui  transforment  les  droites  en  des  sphères  et  qui  sont  déterminées  par 
deux  équations  bilinéaires,  nous  trouvons  que  ces  équations  doivent  être 
de  la  forme 


"  2  «H-  1 

OÙ  les  6«  constantes  sont  assujetties  aux  .^(/i  —  i)  («  +  2)  équations;  donc 
iln'v  a  pas  de  groupes  de  transformations  de  cette  espèce  dans  les  espaces 
à  un  nombre  de  dimensions  supérieur  à  onze  (').  Pour  «  =  ii,  nous 
avons 00'  transformations;  n  =  10,  oc";  n  =  9,  oc"';  n  =  8,cc'^;  n  -—  7,3c'''; 
n  ixze.oo'»;  n  =  S,  ce";  /z  =  /|,cc";  n  =  3,  ce". 

»  INous  remarquons  enfin  que  l'on  peut  obtenir  une  catégorie  de  ce'' 
transformations  de  contact  en  emplovant  la  forme  (■)  de  la  transformation 
de  Lie  donnée  par  M.  Darboux. 

»  En  effet  les  équations 

(',0)  ^,,=:/-.„4-7..«^_  ^..-^_v^p  (/  =  I,2,3.'i) 

établissent  une  correspondance  entre  les  droites  («,,  r/o,  «.,,  ff ,  )  et  les 
r~phères(a,fl,Y,  p),  de  telle  façon  que  deux  droites  se  coupant  se  Irausforment 
on  deux  sphères  se  touchant,  si  les  dix  équations  suivantes 

,,  I    ^\  ^'-  -  ^J-:  =  .     .  =  v,v^  —  v,v.         I  . 

'   / •  I  A  .  1-  A,/c.,  —  ^"3  At  —  ^-i^'/,  =  ■  '> 

•.ont  satisfaites,  car  ces  équations  sont  nécessaires  et  suffisantes  |)our  que  la 


(')  I^e  maximum   pour  n,  savoir  4,  donné  dans  ma  Note  Sur  la  correspondance 
entre  les  lignes  droites  et  les  sphères  {Comptes  rendus  du  9  janvier  1899),  est  inexact. 
(-)  Darboux,  Théorie  des  surfaces.  I.  I,  11°  157. 


(  '47  ) 
forme  quadratique 

(a,  —  i'\  )  (a.  —  «',,)  (rto  —  ti..)(a.,  —  «'.,) 
soit  changée  par  la  transformation  (12)  dans  la  forme  quadratique 

(y. -  ^'Y  +  ( P  -  :^'y  +  (t  -  y')' -  (p  -  P')'-  » 

GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  la  /// cône  générale  des  congriiciices  de 
cercles  et  de  sphères.  Note  de  M.  C.  Gciciiaud,  présentée  par  M.  Darboux. 

«  Les  systèmes  de  points,  plans,  droites,  cercles,  sphères  que  je  vais 
considérer  dépendent  de  deux  paramètres  que  j'appelle  u  et  v.  Afin  de 
rendre  les  énoncés  plus  concis,  je  ferai  les  conventions  suivantes  : 

))  Un  point  M  décrit  un  réseau  si,  sur  les  surfaces  lieu  de  M,  les  courbes 
/;  z^  const.,  c  =:  const.  sont  conjuguées. 

»  Un  plan  P  enveloppe  un  réseau  si,  sur  la  surface  enveloppe  de  P,  les 
courbes  u  =  const.,  c  --  const.  sont  conjugnées. 

»  Une  droite  U  décrit  une  congruence  si  les  surfaces  réglées  u  =  const. , 
('  =  const.  sont  des  développables. 

»  Une  sphère  S  décrit  une  congruence  si  «  et  v  sont  les  paramètres  des 
lignes  principales  de  l'enveloppe  de  la  sphère  (Darboux,  Leçons,  IP  Partie, 
p.  322). 

»  Un  cercle  C  décrit  une  congruence  si,  dans  chaque  série  de  cercles 
u  =  const.,  c  =  consl.,  un  cercle  quelconque  est  rencontré  en  deux  points 
par  le  cercle  infiniment  voisin  (Darboux,  Leçons,  IP  Partie,  p.  Si^). 

»  Si  une  sphère  S  décrit  une  congruence,  son  centre  M  décrit  un  réseau  ; 
quand  u  ou  c  varient  seuls,  la  sphère  S  touche  son  enveloppe  suivant  deux 
cercles  C,  ou  C^  qui  décrivent  des  congruences;  ces  cercles  sont  les  cercles 
focaux  de  la  congruence  de  sphère.  Les  deux  cercles  focaux  se  coupent 
en  deux  points  A  et  B  qui  sont  les  points  de  contact  de  la  sphère  et  de  son 
enveloppe.  La  droite  AB  décrit  une  congruence  parallèle  au  réseau  M.  La 
droite  AB  sera  la  corde  focale  de  la  congruence  de  sphères. 

»  Si  un  cercle  C  décrit  une  congruence,  il  en  est  de  même  de  son  axe  D. 
Soient  5,  et  s^  les  foyers  de  la  congruence  D  ;  (S,  ),  (Sj)  les  sj)lières  qui  ont 
pour  centres  5,  ou  s.^  et  qui  passent  par  le  cercle  C  décrivent  des  con- 
gruences. Ces  sphères  (S,),  (  S,)  sont  les  sphères  focales  de  la  congruence  de 
cercles.  Le  plan  P  du  cercle  enveloppe  un  réseau  M  qui  est  le  rc  seau  focal 
de  la  congruence  de  cercles  ;  soient  MA  et  Al  13  les  fangenles  à  ce  réseau  ;  les 


(  i48  ) 

cercles  focaux  des  congriiences  (s,  )  et  (.v^),  ;uilres  que  le  cercle  C,  passent 
respectivement  par  les  droites  MA  et  MB. 

»  Ces  propriétés  bien  connues  étant  rappelées,  je  vais  introduire  les 
coordonnées  penlasphériques  de  M.  Darboux.  J'écrirai  l'équation  d'une 
sphère  S,  sous  la  forme 

—  2X,X  —  '2XnY  —  2X3Z  -+-  .r^{X-  -h  Y--1-  Z-—  1) 


^'-^         I  -{-ix,(X'-\-Y-  +  Z'-h<.)--=-o, 

où  X,  Y,  Z  sont  les  coordonnées  courantes;  x,,  a:,,  . .  .,oc.  les  coordonnées 
de  la  sphère.  Pour  que  la  sphère  S  décrive  une  congruence,  il  faut  et  il 
suffit  que  les  quantités  a-, ,  .  .  .  ,\x^  soient  solutions  d'une  même  équation  de 
Laplace  : 

^    ■'  ou  oc        h  âv  au        l  au  or 

)>  Il  en  résulte  que  x,,..  .,x^  sont  les  paramètres  directeurs  d'une  droite 
de  l'espace  à  cinq  dimensions  qui  décrit  une  congruence;  donc  : 

»  A  chaque  congruence  de  droites  dans  l'espace  à  cinq  dimensions  on  peut 
faire  correspondre  une  congruence  de  sphères. 

»  Deux  congruences  parallèles  dans  l'espace  à  cinq  dimensions  donnent 
la  même  congruence  de  sphères. 

»  Je  prends  maintenant  un  cercle  C  qui  décrit  une  congruence; 
soient  ^,,  ...,(5  les  coordonnées  de  la  sphère  focale  S,;  r,,,  ...,r,-^  celles 
de  la  sphère  focale  Sm.  Quand  v  varie  seul,  la  sphère  focale  S,  doit  toucher 
son  enveloppe  suivant  le  cercle  C;  de  même  quand  u  varie,  la  sphère  S^  la 
touche  suivant  le  cercle  C.  On  doit  donc  avoir  des  relations  de  la  forme 

,,,  (§  =  «.+«'•.,     . 

(-')  1      ,  /  1—1,-2., 


[^=ci.^^,^ 


A,  B,  C,  D  étant  des  fonctions  de  u  et  v.  On  sait  qu'on  peut  multiplier  les 
quantités  ^  par  un  facteur,  les  quantités  r,  par  un  autre  facteur,  de  façon 
à  ramener  le  système  (3)  à  la  forme 

/  /  \  d^i  drii  y  ^ 

(4)  ^=rtr,„  ^=mç,  i==l,2 D. 

»   On  fait  ainsi  correspondre  les  congruences  de  cercles  et  les'réseaux  de 
l'espace  à  cinq  dimensions.  Les  quantités  ç,  r,  sont  respectivement  les  para- 


(   i49  ) 
mètres  directeurs  des  tangentes  aux  courbes  du  réseau.  A  deux  réseaux 
parallèles  correspond  la  même  congruence  de  cercles. 

»  Une  congruence  de  sphères  et  une  congruence  de  cercles  sont  dites 
harmoniques  lorsque  le  réseau  et  la  congruence  qui  leur  correspondent 
sont  harmoniques.  On  a  les  propriétés  suivantes  : 

»  Pour  que  les  congruences  décrites  par  une  sphère  S  et  un  cercle  C  soient 
harmoniques,  il  faut  et  il  suffit  que  la  sphère  S  passe  constamment  par  le 
cercle  C. 

»  Le  réseau  focal  de  la  congruence  C  est  conjugué  à  la  congruence  décrite 
par  la  corde  focale  de  S. 

»  Une  congruence  de  sphères  et  une  congruence  de  cercles  sont  dites 
conjuguées  si  la  congruence  et  le  réseau  qui  leur  correspondent  sont  con- 
jugués. On  établit  facilement  les  propriétés  suivantes  : 

»  Pour  que  les  congruences  décrites  par  une  sphère  S  et  un  cercle  C  soient 
conjuguées,  il  faut  et  il  suffit  que  le  cercle  C  passe  par  les  deux  points  où  la 
sphère  S  touche  son  enveloppe. 

»  La  congruence  D  décrite  par  l'axe  du  cercle  C  est  harmonique  au  ré- 
seau M  décrit  par  le  centre  de  la  sphère  S. 

»  A  tout*  propriété  des  réseaux  et  congruences  de  l'espace  à  cinq  di- 
mensions correspondent  des  propriétés  des  congruences  de  cercles  et  de 
sphères.  Je  signale  seulement  les  suivantes  : 

»  Si  les  congruences  décrites  par  les  cercles  C,  et  C,  sont  conjuguées  à  la 
congruence  décrite  par  une  sphère  S,  la  sphère  qui  contient  les  cercles  0,  et  C. 
décrit  une  congruence. 

»  Si  deux  sphères  S,  et  S.,  décrivent  des  congruences  harmoniques  à  une 
même  congruence  de  cercles,  les  points  A,,  B,,  k.,,  Bo  où  ces  sphères  touchent 
respectivement  leur  enveloppe  sont  sur  un  même  cercle  que  décrit  une  con- 
gruence.  » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  formules  de  Mossotti-laiisius  et  de 
Belti  relatives  à  la  polarisation  des  diélectriques.  Note  de  M.  F.  Beaulakd, 
présentée  par  M.  Lippmann. 

«  1.  La  théorie  mathématique  de  l'induction  magnétique  a  été  établie 
pour  la  première  fois  par  Poisson  ('  ),  en  considérant  un  milieu  magnétique 

(')  Poisson,  Mémoire  sur  le  Magnétisme,  lu  à  rinstitiit  le  2  février  1824,  et  Mé- 
moires de  l'Académie  des  Sciences,  t.  V,  p.  247;  1821-1822. 

C.  H.,  1899,  2"  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  3.)  20 


(   i5o  ) 

comme  constitué  pur  l'assemblage  d'un  grand  nombre  de  corpuscules  sphé- 
riques,  de  perméabililé  infiniment  grande,  disséminés  dans  un  milieu  non 
magnétique.  Cette  conception  permet  d'établir  entre  le  coefficient  d'aiman- 
tation k,  le  rapport  g  de  l'espace  occupé  réellement  par  les  corpuscules 
magnétiques  au  volume  total  de  la  substance,  et  la  perméabilité  magné- 
tique [j.  de  celle-ci,  les  relations 

(,)  k  = 


!i^{^  —  g)' 
(2)  ;j.  =  I -f- /,7:/f. 


d'où  l'on  tire 

(3) 


»   Or  il  est  facile  de  voir  que,  dans  le  cas  du  fer,  en  adoptant  la  valeur 
;y.  =  5oo,  on  obtient  pour  le  remplissage  relatif  g,  déduit  de  (3),  une  valeur 

supérieure  au  rapport  maximum  — —  que  puisse  atteindre  g  lorsque  les 

corpuscules  sphériques  égaux  entre  eux  sont  en  contact  immédiat  (  '  ).  Cette 
difficulté  a  élé  signalée  par  Maxwell  (');  Betti  (°)  l'a  fait  disparaître,  en 
modifiant  la  relation  (i)  de  Poisson  et  la  remplaçant  par  la  suivante 

(4)  k 

d'où  la  valeur  de  [/. 

(5) 


4t:  4t(i  —  S^-) 


1-3, 


on  vérifie  facilement  que,  pour  ji.  =  5oo,  la  valeur  de  g  déduite  de  (5)  est 
en  effet  inférieure  au  rapport  maximum  — —• 

3^/2 

')  2.  Adoptant  les  vues  de  Faraday,  à  savoir  que  les  diélectriques  sont 
formés  d'un  très  grand  nombre  de  corpuscules  sphériques  conducteurs, 
distribués  dans  un  isolant  parfait,  Mossotti  (')  a  transporté  les  idées  de 
Poisson  dans  la  théorie  de  la  polarisation  des  diélectriques,  la  constante 

(')  Mascart,  Eleclricité  et  Magnétisme,  2"  édilion,  p.  2o5,  et  Maxwell,  Traité 
d'Électricité  et  de  Magnétisme,  §  430.* 

(^)  Betti,  Leçons  sur  le  potentiel,  p.  377. 

(')  F.-O.  Mossotti,  Arcli.  desSc.  phys.  et  nat.  de  Genève,  t.  VI,  p.  igS;  18^7,  et 
VTem.  di.  Mat.  et  di.  Fis.  dalla  Soc.  ital.  Modena.  2'^  série,  t.  XIV,  p.  49;  i85o. 


(  '^n 

diélectrique  K  correspondant  à  la  perméabilité  magnétique  j;..  Plus  lard,  et 
indépendamment  de  Mossotti,  le  physicien  Clausius('),  développant  les 
hypothèses  que  Poisson  et  Green  ont  prises  pour  base  de  leur  théorie  sur 
le  Magnétisme,  et  admettant  que  les  corpuscules  sont  un  peu  conducteurs, 
et  très  petits  par  rapport  aux  intervalles  séparatifs,  a  donné  une  relation 
identique  à  celle  de  Poisson,  R  remplaçant  [i.. 

»  D'une  façon  plus  générale,  si  l'on  désigne  par  K^  la  constante  diélec- 
trique des  corpuscules  sphériques  distribués  dans  un  milieu  de  constante 
diélectrique  K,,  on  a,  en  représentant  par  K  la  constante  diélectrique  du 
milieu  supposé  homogène,  la  formule  (-) 

,^  K^  _  K,H-2K,4-2g'(K3— Kl) 

^^  K,  K,-H2K,  — ^(K,— K,)  ■ 

Si  l'on  admet  que  le  pouvoir  inducteur  spécifique  des  conducteurs  est  infini, 
il  vient  pour  R,  =  co 

qui  est  la  relation  de  Poisson  ;  de  même,  dans  les  mêmes  conditions,  la  re- 
lation de  Betti  prend  la  forme 

K  I 


(H) 


K,  ~  .  -  3 


.^ 


M  Afin  de  soumettre  les  formules  I  et  II  à  un  contrôle  expérimental,  j'ai 
déterminé,  par  une  méthode  précédemment  décrite  (^Comptes  rendus, 
23  juillet  1894),  la  constante  diélectrique  de  deux  lames  constituées  par 
un  mélange,  aussi  homogène  que  possible,  de  limaille  de  cuivre  et  de  pa- 
raffine. La  lame  L,  est  formée  par  iao"^'  (34"'^, 09)  de  cuivre  et  400^' 
(459'^'^, 7)  de  paraffine  :  d'où  g^=  0,06904;  la  lame  Lo  par  4oS''(4'^'^,  545)  de 
cuivre  et  242^"^  (278*^"^,  2)  de  paraffine  :  d'oii  g^=  0,01607.  Pour  une  durée 
de  charge  de  o%o8  et  des  potentiels  de  charge  de  5o,  100,  i5o  éléments 
Gouy,  on  a  obtenu,  pour  L,,  la  valeur  R=2, 443;  pour  Lo,  la  valeur  R= 2,06 
et  pour  la  paraffine  pure,  R,^i,95.  On  a  ainsi  tous  les  éléments  delavéri- 


(')  Clalsils,   Tkéor.  méc.  de  la  Chaleur.  2"  Partie  :  AddUion   au  Mémoire  X, 
p.  92-94.  Traduction  Folie. 

(^)  Mascart,  lue.  cit..  p.  2o4,  et  Maxwell,  loc.  cit.,  §  4.30. 


(   i52  ) 


ficalion 


K 


1  +ig 
'-g 

I 

,-3g- 

=  i,'î7o 

I  ,222 

I,26t 

= I ,o56 

i,o4q 

I  ,o5o 

2i^ 
' ~',95 

?-,o6 

" '.95 

»  On  voit  que  les  formules  de  Poisson  et  de  Betli  conduisent  à  peu  près 
aux  mêmes  nombres  el  concordent  également  bien  avec  les  résultats  expé- 
rimentaux. 

»  3.  Il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  remarquer  que  K  pour  L,  (42  pour 
100  de  Cu)  est  plus  grand  que  pour  1^0(14  pour  100  de  Cu).  Le  pouvoir 
inducteur  augmente  avec  la  teneur  en  cuivre  et  doit  tendre  vers  l'infini 
pour  une  lame  entièrement  conductrice;  or  ceci  est  contraire  aux  idées 
de  Maxwell  :  ce  physicien,  écrivant  que,  pour  un  corps  imparfaitement  iso- 
lant, le  courant  électrique  vrai  est  la  somme  du  courant  de  conduction  et 
du  courant  de  déplacement,  obtient  les  formules  coimues  (*) 

M  =  CP  +  ^-   -77  '  •  ■  •  > 

qui,  pour  le  cas  d'un  conducteur,  exigent  K  =  o,  contrairement  à  la  réa- 
lité expérimentale.  M.  Potier  a  adopté  un  autre  point  de  vue  :  en  écrivant 
que  la  force  électromotrice  en  un  point  est  égale  à  la  somme  des  forces 
électromotrices  qui  engendrent  les  courants  de  conduction  et  de  déplace- 
ment, on  obtient  les  relations 

qui,  dans  le  cas  d'un  conducteur,  entraînent  la  valeur  R  =  oc  et  sont, 
par  suite,  plus  rationnelles  que  les  relations  de  Maxwell.  » 

ÉLECTRICITÉ.  —  Les  gaz  raréfiés  possédenl-ils  la  conduclivilé  électrolytique? 
Note  de  M.  E.  Bouty,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Depuis  quelques  années,  il  y  a,  parmi  les  physiciens,  une  tendance  à 
considérer  les  gaz  raréfiés  comme  naturellement  doués  d'une  véritable 


(')  PoiNCARÉ,  Éleclr.  et  Optique,  p.  189-190. 


(  '53) 

conductivité  électrolytique.  M.  J.-J.  Thomson  ('),  étudiant  les  décharges 
induites  dans  des  tubes  à  gaz  raréfié  dépourvus  d'électrodes,  a  même  pu 
fournir  une  évaluation  de  cette  conductivité  qu'il  a  trouvée  du  même  ordre 
que  celle  de  l'eau  acidulée  à  25  pour  roo  d'acide  sulfurique. 

»  Pour  savoir  si  les  gaz  raréfiés  se  comportent,  en  toute  circonstance, 
comme  des  électrolytes,  j'ai  employé  la  disposition  suivante  : 

»  Entre  les  armatures  d'un  condensateur  en  relation  avec  une  source  à 
la  différence  de  potentiel  V,  introduisons  un  conducteur  isolé.  Nous  pro- 
duirons un  accroissement  de  capacité  que  l'on  mesure  par  des  méthodes 
faciles  à  imaginer.  Cet  accroissement  de  capacité,  Sopourioo  par  exemple, 
est  parfaitement  indépendant  de  la  nature  du  conducteur  employé,  métal- 
lique ou  électrolytique.  Un  ballon  plein  d'une  dissolution  saline  se  comporte 
comme  un  ballon  plein  de  mercure.  On  peut  même  remplacer  la  dissolu- 
tion saline  par  de  l'eau  distdlée,  de  l'alcool,  voire  de  l'essence  de  térében- 
thine rectifiée.  Pourvu  que  la  durée  de  charge  ne  soit  pas  trop  courte, 
tous  ces  diélectriques  se  comportent,  dans  mon  expérience,  comme  des 
conducteurs  parfaits.  Il  en  est  encore  de  même  d'un  ballon  dont  l'une  des 
surfaces,  externe  ou  interne,  conserve  une  faible  trace  d'humidité  adhé- 
rente. 

»  Il  convient  d'insister  sur  ce  fait,  que  V accroissement  de  capacité  mesuré 
se  montre  parfaitement  indépendant  de  la  différence  de  potentiel  V  employée, 
quelque  faible  que  soit  celle-ci.  Cette  indépendance  constitue  un  caractère 
essentiel  àe  la  conductivité,  soit  métallique,  soit  électrolytique. 

»  Au  contraire,  si  entre  les  armatures  d'un  condensateur  on  introduit  un 
ballon  plein  d'air,  à  la  pression  atmosphérique,  soigneusement  paraffiné  à 
l'intérieur  et  à  l'extérieur  pour  supprimer  toute  trace  de  conduction  par 
les  parois,  le  verre  du  ballon  ne  produit  qu'un  accroissement  de  capacité 
insignifiant  du  condensateur,  2  ou  3  pour  100  par  exemple,  quelque 
grande  que  soit  la  différence  de  potentiel  employée.  Il  est  donc  très  facile 
de  décider  si  le  contenu  du  ballon  est,  ou  non,  un  corps  conducteur. 

»  Premier  cas  :  Tubes  de  Croolces.  —  Cela  posé,  j'ai  d'abord  introduit 
entre  les  armatures  de  mon  condensateur  tous  les  tubes  à  gaz  très  raréfiés 
que  j'ai  pu  me  procurer  :  des  lampes  à  incandescence,  des  tubes  de  Crookes 
de  diverses  formes,  un  radiomètre,  enfin  des  tubes  sans  électrodes  spé- 
cialement préparés  pour  cet  usage  et  dans  lesquels  on  avait  fait  le  vide  de 
Crookes. 


(')  J.-J.  THOMSOiv,  Récent  researchcs  in  Etectricily  and  Magnetism.  p.  92;  1893. 


(  ï54  ) 

»  Tous  ces  tubes  étaient  soigneusement  paraffines  à  l'extérieur.  Bien 
que  quelques-uns  d'entre  eux  continssent  de  petites  portions  métalliques 
isolées  (armatures  et  fils  des  lampes,  électrodes  des  tubes  de  Crookes, 
ailettes  du  radiomètre),  ils  se  sont  comportés  très  sensiblement  comme  le 
ballon  plein  d'air  à  la  pression  atmosphérique.  Ainsi  une  certaine  lampe 
à  incandescence  placée  entre  les  plateaux  du  condensateur  produisait 
uniformément  un  accroissement  de  capacité  de  3  pour  loo.  On  l'a  ouverte 
en  brisant  la  pointe  et  on  a  laissé  rentrer  sans  précaution  de  l'air  humide  : 
la  paroi  est  devenue  assez  conductrice  pour  faire  monter  brusquement  à 
3o  pour  loo  l'accroissement  de  capacité.  On  a  pu  alors  introduire  dans  la 
lampe  de  l'eau  de  rivière  ou  même  une  dissolution  saline  ;  l'accroissement 
de  capacité  est  demeuré  égal  à  3o  pour  loo. 

»  Le  vide  de  Crookes,  tel  qu'on  le  produit  dans  les  appareils  précités,  se 
montre  donc  absolument  dénué  de  conductH'ùé,  même  quand  les  armatures 
du  condensateur  ne  sont  distantes  que  de  3*^™  et  que  l'on  introduit  entre 
elles  une  différence  de  potentiel  de  2000  volts. 

»  Deuxième  cas  :  Tubes  de  Geissler.  —  Dans  les  tubes  de  Crookes,  la 
pression  du  gaz  est  généralement  comprise  entre  o'"™,oi  et  o™™,ooi.  Si 
l'on  emploie  des  tubes  de  Geissler  (dans  lesquels  la  pression  est  de  l'ordre 
de  i"""  à  5"""),  on  trouve  encore  que,  pour  des  valeurs  médiocres  du 
champ  électrostatique,  les  tubes  se  comportent  comme  des  ballons  pleins 
d'air  à  la  pression  atmosphérique,  ce  qui  exclut  toute  idée  d'une  conduc- 
tivilé  électroly tique  du  guz-. 

»  Toutefois,  pour  un  voltage  suffisant,  le  tube  paraît  être  devenu  con- 
ducteur, c'est-à-dire  que  désormais  il  accroît  uniformément,  de  5o  pour  1 00 
par  exemple,  la  capacité  du  condensateur.  Observé  dans  une  obscurité 
complète;  le  tube  en  expérience  se  remplit  d'une  lueur  instantanée,  aussi 
bien  au  moment  de  la  charge  qu'au  moment  de  la  décharge.  La  production 
de  cette  lueur  paraît  inséparable  de  la  conductivité  apparente. 

»  Pour  une  certaine  valeur  critique  du  champ,  il  arrive  indifféremment 
que  l'accroissement  de  capacité  se  produit  ou  ne  se  produit  pas  :  c'est- 
à-dire  que,  dans  plusieurs  expériences  consécutives,  on  observe  un  accrois- 
sement de  capacité,  tantôt  de  2  pour  100,  tantôt  de  5o  pour  100,  suivant 
des  circonstances  accessoires  analogues  à  celles  qui  agissent  sur  les  dé- 
charges entre  des  conducteurs  dans  l'air  à  la  pression  atmosphérique. 

»  J'ai  soumis  les  phénomènes  de  conduction  apparente  par  les  gaz  raré- 
fiés à  une  élude  systématique,  dont  je  publierai  prochainement  les  ré- 
sultats. 


(  i55  ) 

»  Je  me  bornerai  à  irisitiler  aujourd'hui  sur  lévidenle  discontinuité  que 
J3rcsenle,  dans  ces  exjjériences,  la  manière  d'être  du  gaz.  Pour  inie  pres- 
sion donnée  yo,  tant  que  le  champ  demreue  au-dessous  d'une  certaine 
valeur  critique  f,  le  tube  reste  obscur  et  il  n'y  a  pas  d'accroissement 
sensible  de  capacité  dû  au  gaz  :  le  gaz  raréfié  est  un  parfait  diélectrique. 
Pour  des  champs  supérieurs  -a/,  il  se  produit  dans  la  masse  du  gaz  comme 
une  rupture,  manifestée  par  la  luminescence  du  tube.  Tout  se  passe  comme 
si  l'on  avait  dépassé  une  limite  d'élasticité  électrique  au  delà  de  laquelle  le 
gaz  est  capable  de  fournir  aux  parois  du  tube  les  charges  électriques  posi- 
tives et  négatives  qui  annuleront  le  champ  dans  son  intérieur. 

»  D'après  toutes  les  analogies  il  convient,  ce  me  semble,  de  réserver  le 
nom  de  décharge  au  phénomène  qui  nous  occupe. 

»  Tout  au  moins  ne  saurait-on  parler  à' ions  libres  dans  un  gaz  raréfié  à 
une  pression  quelconque  et  dans  les  conditions  normales  (').  On  ne  saurait 
davantage  assimiler  les  propriétés  électriques  d'un  gaz  à  celles  d'aucun 
électrolyte  connu.  C'est  la  seule  conclusion  que  je  veuille  tirer  des  faits 
rapportés  dans  celte  INote.    » 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  variations  lemporaues  et  résiduelles  des  aciers 
au  nickel  réversibles.  Note  de  M.  Ch.-Ed.  Guillaume,  présentée  par 
M.  A.  Cornu. 

«  La  facilité  qui  résulterait,  pour  un  grand  nombre  de  mesures,  de 
l'emploi  d'alliages  très  peu  dilatables,  et,  d'autre  part,  le  danger  qu'il 
y  aurait  à  se  servir  d'étalons  éprouvant  avec  le  temps  des  variations  sen- 
sibles, m'ont  conduit  à  étudier  en  détail  les  changements  temporaires  ou 
permanents  des  aciers  au  nickel. 

»  Je  rappellerai  d'abord  (^)  qu'une  barre  d'un  alliage  présentant  l'ano- 
malie négative  de  dilatation,  étant  amenée  de  la  température  de  la  forge 
à  une  température  inférieure,  ioo°  par  exemple,  augmente  graduellement 
de  longueur,  à  température  constante,  et  finit  par  se  fixer  à  des  dimensions 
invariables.  Si  l'on  abaisse  encore  la  température,  elle  recommence  à  s'al- 
longer, jusqu'à  ce  qu'elle  ait  atteint  un  nouvel  état  stationnaire.  Les  chan- 

(')  Bien  entendu,  je  ne  parle  pas  des  gaz  modifiés  par  les  rayons  X,  les  rayons  ura- 
niques,  etc. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXIV,  p.  754;  1897- 


(  i56  ) 

gements  inverses  se  produisent  au  réchaufFement,  et  l'on  peut  dire  que  la 
barre  tend,  à  toute  température,  vers  un  état  définitif,  auquel  elle  arrive 
par  un  allongement  ou  une  contraction,  suivant  que  la  température  est 
atteinte  en  descendant  ou  en  montant.  Toutefois,  l'état  définitif  à  une  tem- 
pérature déterminée  n'est  toujours  le  même  que  si  les  changements  de  la 
température  procèdent  par  étapes  suffisamment  rapprochées.  Ainsi,  une 
barre  amenée  directement  de  la  température  de  la  forge  à  celle  du  labora- 
toire n'arrive  jamais  à  l'état  où  l'amène  une  série  de  recuits  complets  éche- 
lonnés, par  exemple,  de  20  en  20  degrés  depuis  100°. 

»  La  vitesse  initiale  de  transformation  est  d'autant  plus  grande  que  la 
température  est  plus  élevée,  et  l'écart  entre  l'état  actuel  et  celui  vers  le- 
quel on  tend  plus  considérable.  Elle  est  beaucoup  plus  forte  à  tempéra- 
ture ascendante  qu'à  température  descendante.  Ainsi,  à  la  température 
de  100",  la  vitesse  d'allongement  d'une  règle  de  i™  forgée  est  de  4"^  par 
heure;  après  une  exposition  prolongée  aux  températures  ordinaires,  sa 
vitesse  de  contraction  est  de  01^,8  à  01^,9  par  minute.  A  i5°,  l'allongement 
est  de  o'^.o';  à  o'^,o8  par  jour  après  le  forgeage,*et  de  01^,03  par  jour  après 
un  recuit  à  4o°. 

))  Ces  variations,  très  lentes  aux  températures  basses,  permettent  d'étu- 
dier les  changements,  à  toute  température,  sans  erreur  appréciable,  en 
amenant  toujours  la  règle  à  étudier  à  iS"  par  exemple,  et  en  la  comparant, 
à  cette  température,  à  une  longueur  étalon.  Cette  comparaison  pouvant 
toujours  être  faite  en  moins  d'une  heure,  on  déterminera,  par  ce  procédé, 
l'état  de  la  règle  à  la  température  qu'elle  vient  de  quitter. 

»  Je  me  suis  attaché  particulièrement  à  déterminer  les  changements  d'une  barre 
ayant  subi  la  série  rationnelle  des  recuits  entre  100°  et  4o°.  Les  résultats  de  ces  me- 
sures, qui  embrassent  une  période  de  plus  de  deux  ans,  sont  représentés  dans  le 
diagramme  y<^.  i.  On  voit  que,  dans  la  première  année,  la  barre  s'est  allongée  de  6H-,5 
par  mètre  environ,  tandis  que,  dans  la  seconde  année,  la  variation  a  été  réduite  à  il'-, 5. 
Si  la  variation  est  exponentielle,  la  longueur  de  la  barre,  à  une  température  déter- 
minée, doit  être  maintenant  fixée, à  oH-, 5  près.  Cependant  les  points  obtenus  par  l'ob- 
servation ne  se  rangent  pas  tous  sur  la  courbe;  ils  s'en  écartent  systématiquement  à 
certaines  époques,  et  l'on  voit  que  les  écarts  sont  corrélatifs  des  variations  de  la  tem- 
pérature ambiante  représentées  par  la  courbe  pointillée.  Ces  variations,  conformes 
aux  lois  générales  précédemment  énoncées,  atteignent  il'-, 5  environ  pour  les  variations 
extrêmes  annuelles  de  la  températiu-e. 

»  Pour  étudier  de  prés  ces  variations,  j'ai  soumis  une  règle,  primitivement  recuite 
complètement  jusqu'à  4o°  et  abandonnée  ensuite  pendant  une  année  aux  variations 
de  la  température  ambiante,  à  une  série  de  chauffes  progressives  jusqu'à  100°.  A 
chaque  température,  la  règle  était  ramenée  fréquemment  à  i5",   et  la  chauffe  était 


(   '-'•7  ) 

poursuivie  jusqu'à  ce  que  plusieurs  mesures  successives  conduisissent  au  même  résul- 
tat. Le  diagramme  {fig.  2)  montre  les  variations  successi\es  de  la  règle  et  la  courbe 

représentant  la  fonction 

r  =;  —  o,oo325.  io""^0'^ 

Fia.  I. 


ï,s 


qui  les  résume  sensiblement.  Le  calcul  direct  d'une  t'ouclion  à  deux  termes  avait  donné 
un  premier  terme  positif  très  petit  et  d'ailleurs  tout  à  fait  incertain.  Le  signe  de  ce 
terme  paraissant  très  improbable  d'après  l'allure  du  phénomène,  il  a  paru  préférable 

Fig.  3. 

Te  mpc:  a  liJi'eS 


1f> 

^^-^ 

\ 

30P 

\ 

\ 

de  l'annuler  et  de  recalculer  le  second  de  manière  à  satisfaire  le  mieux  possible  aux 
observations. 

»  La  dernière  formule  donne  les  différences  qui  existent  entre  les  longueurs  d'une 

C.  n.,  iSçig,  3*  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  3.)  ^I 


I 


(  i58) 

barre  passant  avec  une  vitesse  très  grande  ou  avec  une  vitesse  très  faible  à  une  série 
de  tempéralures  comprises  entrée"  et  ioo°.  Les  formules  de  dilatation,  trouvées  par 
des  variations  de  la  température  qui,  au  point  de  vue  de  ce  phénomène,  peuvent  être 
considérées  comme  très  raj)ides,  doivent  être  corrigées  de  la  quanti  té /donnée  ci-dessus, 
si  les  variations  de  la  température  sont  très  lentes.  Ainsi,  un  étalon  géodésique  employé 
à  la  température  ambiante  en  chaque  saison,  une  tige  de  pendule,  etc.,  se  dilateront 
suivant  la  formule  corrigée,  et  c'est  par  celte  formule  que  Ton  devra  calculer  les  com- 
pensations. 

»  Les  barres  étirées  se  comportent  d'une  façon  particulière.  Le  premier  recuit  à  ioo° 
les  allonge  pendant  quelques  heures  et  les  raccourcit  ensuite.  A  toute  température 
inférieure,  elles  ne  subissent  plus  que  des  variations  identiques  à  celles  des  barres 
forgées,  même  si  la  contraction  à  loo"  avait  à  peine  commencé.  Une  barre  étirée,  con- 
servée d'abord  pendant  longtemps  à  la  température  du  laboratoire,  puis  amenée  à  ioo°, 
se  raccourcit  pendant  un  temps  qui  peut  dépasser  une  demi-heure,  puis  s'allonge  pen- 
dant quelques  heures  et  se  raccourcit  enfin  pendant  plus  de  cent  heures.  On  peut  ainsi 
observer  successivement,  dans  la  mêime  barre,  trois  variations  distinctes,  d'amplitudes 
et  de  durées  différentes,  dont  les  deux  premières  sont  semblables  à  celles  que  l'on  con- 
state dans  les  barres  forgées,  mais  dont  la  troisième  est  propre  aux  barres  étirées. 

»  Celte  dernière  variation  a  été  observée  aussi  dans  des  barres  de  nickel 
pur  et  dans  des  aciers  au  nickel  qui  ne  subissent  les  autres  variations  que 
d'une  façon  inappréciable.  La  propriété  caractéristique  de  cette  variation 
est  d'être  annulée  à  toute  température  par  un  recuit  à  une  température 
supérieure,  tandis  qu'il  n'en  est  pas  de  même  des  changements  propres 
aux  aciers  au  nickel,  de  la  catégorie  peu  dilatable.  Ces  deux  ordres  de  varia- 
tion ont  donc  une  orieine  distincte.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  l'cicélale  chromique.  Note  de  M.  A.  Recocra. 

«  Dans  des  Mémoires  publiés  antérieurement,  je  nie  suis  attaché  à  l'étude 
des  états  isomériques  des  selschromiques.  J'ai  fait  voir,  en  particulier,  que 
le  chlorure,  le  bromure  et  le  sulfate  chromiques  peuvent  exister  chacun 
sous  deux  formes  isomères,  isolables  à  l'étal  solide,  la  forme  violette  et  la 
forme  verte.  L'un  des  deux  isomères,  le  violet,  est  un  sel  métallique  ordi- 
naire; l'autre,  le  vert,  n'est  pas  un  sel;  c'est  un  composé  anormal,  en  ce  sens 
que,  soit  la  totalité,  soit  une  partie  de  l'acide  du  composé  est  dissimulée  à 
ses  réactifs  ordinaires,  c'est-à-dire  n'est  pas  susceptible  de  faire  la  double 
décomposition  avec  eux. 

»  Je  me  propose  de  décrire,  dans  ce  Mémoire,  les  états  isomériques  de 
l'acétate  chromique.   Ce   sel   offre  un  intérêt    particulier,    à    un    double 


(  i59  ) 

point  de  vue.  En  premier  lieu,  V  acétate  chromiq  ne  présente  quatre  formes  iso- 
mères, au  lieu  de  deux  que  j'ai  trouvées  pour  les  autres  sels.  En  second  lieu, 
tandis  que,  pour  les  sels  précédents,  la  forme  stable  en  dissolution  est  le 
sel  normal,  pour  l'acétate  les  formes  stables  sont  celles  qui  ne  sont  pas  de 
véritables  sels  et,  par  suite,  l'étude  de  l'action  des  réactifs  sur  ces  com- 
posés peut  se  faire  dans  des  conditions  beaucoup  plus  favorables.  Potir 
mettre  l'exposition  en  harmonie  avec  les  faits,  je  représenterai  l'acétate 
chromique  par  la  formule  Cr(C-  H^  O^)',  correspondant  à  la  formule  admise 
aujoinxl'hui  pour  le  chlorure  CtCP. 

»  Disxolitlion  d'acélale  chromique.  Acétate  normal.  —  Le  moyen  le  plus  commode 
pour  préparer  une  solution  d'acétale  normal,  c'est  de  l'obtenir  par  double  décom- 
position entre  des  quantités  équivalentes  de  sulfate  violet  de  chrome  et  d'acétate  de 
baryum.  On  obtient  ainsi  une  dissolution  verte.  On  serait  donc  tenté  de  croire,  par 
analogie  avec  ce  qui  a  lieu  pour  les  autres  sels  de  clirome,que  l'on  se  trouve  en  pré- 
sence d'une  variété  anormale  ou  d'un  sel  basique.  Il  n'en  est  rien  :  ce  n'est  pas  un  sel 
basique.  Je  l'ai  isolé  à  l'état  solide  par  des  procédés  que  j'indiquerai  plus  tard.  Il  a 
pour  composition  Cr(C^H'O-)',  511-0. 

11  C'est  l'acétate  normal,  car  ce  sel  fait  la  double  décomposition  complète,  soit 
avec  les  alcalis,  soit  ai'ec  les  acides  forts,  ce  que  ne  font  pas,  comme  on  le  verra,  les 
autres  variétés  d'acétate.  Ainsi,  si  à  une  solution  renfermant  une  molécule  du  com- 
posé et  additionnée  de  plitaléine  du  phénol,  on  ajoute  progressivement  de  la  soude, 
on  précipite  l'hydrate  chromique  et  le  virage  de  la  phtaléine  au  rouge  se  produit, 
quand  on  a  versé  exactement  trois  molécules  de  soude.  La  totalité  de  l'acide  est  donc 
déplaçable  par  la  soude,  ce  qui  n'a  pas  lieu  avec  les  autres  variétés.  La  solution  verte 
d'acétate  fait  également  la  double  décomposition  avec  les  acides  forts.  Ainsi,  si  à  une 
solution  renfermant  une  molécule  d'acétate,  on  ajoute  une  quantité  équivalente 
d'acide  sulfurique  étendu,  on  constate  au  calorimètre  un  dégagement  de  chaleur  de 
13.''^',  17  qui  correspond  exactement  au  déplacement  total  de  l'acide  acétique  par 
l'acide  sulfurique.  On  verra  que  l'acide  sulfurique  ne  se  comporte  pas  ainsi  avec  les 
autres  variétés. 

»  Ainsi  donc,  dans  l'acétate  vert,  la  totalité  de  l'acide  acétique  est  déplacée  instan- 
tanément et  complètement,  soit  par  les  alcalis,  soit  par  les  acides  forts.  Ses  trois  radi- 
caux acides  fonctionnent  comme  ions  électropositifs.  C'est  donc  l'acétate  normal. 

»  On  obtient  le  même  composé  en  dissolvant  l'hydrate  chromique,  récemment 
précipité,  dans  une  quantité  équivalente  d'acide  acétique. 

»  Transformation  spontanée  de  la  solution  d'acétate  normal,  en  acétate  anor- 
mal. —  La  solution  verte  d'acétate  normal,  olUenue  par  les  procédés  que  je  viens 
de  décrire,  est  extrêmement  instal)le.  Cette  instabilité  se  manifeste  d'abord  par  les 
changements  de  couleur  de  la  solution,  i[ui,  du  vert,  vire  peu  à  peu  au  violet.  Ce 
changement  de  couleur  est  déjà  sensible  au  bout  d'une  demi-heure.  Au  bout  de 
quelques  heures,  la  liqueur  est  complèlemenl  violette.  Mais  ce  n'est  là  qu'une  première 
phase  de  la  transformation,  phase  rapide.  Une  deu,xième  phase  de  transformation, 
beaucoup  plus  lente,  s'établit  à  son  tour;  elle  se  manifeste  par  un  changement  de  la 


(   i6o  ) 

teinte  violette;  celte  deuxième  phase  dure  environ  une  dizaine  de  jours.  Une  troisième 
phase  de  transformation,  encore  beaucoup  plus  lente,  s'établit  alors  et  la  liqueur 
violette  se  change  très  lentement  en  une  liqueur  verte;  celte  dernière  phase  dure  en- 
viron un  an.  Je  vais  montrer  que  ces  changements  de  teinte  correspondent  à  la  pro- 
duction spontanée,  successive,  de  trois  variétés  d'acétate  isomères,  très  différentes, 
que  j'ai  pu  isoler. 

«  Mais  je  dois  dire  d'abord  que,  dès  que  la  liqueur  est  devenue  violette,  c'est-à-dire 
au  bout  de  quelques  lieures,  elle  se  différencie  profondément  de  la  liqueur  verte 
primitive,  par  ce  fait  que  les  alcalis  n'en  précipitent  pas  l' hydrate  chromique.  Que 
l'on  ajoute,  en  eflfet,  une  quantité  de  soude  équivalente  ou  même  supérieure  à  la  quan- 
tité correspondante  d'acide  que  renferme  l'acétate  violet,  il  ne  se  produit  aucun  préci- 
pité d'hydrate  chromique.  Ce  précipité  ne  se  produit  qu'au  bout  de  vingt-quatre  heures, 
ou  bien  à  l'ébullilion.  Ainsi  donc,  dans  la  liqueur  devenue  violette,  l'hydrate  chromique 
est  dissimulé  aux  alcalis.  Le  chronit  est  donc  engagé  dans  un  radical  très  stable. 

»  On  peut  se  demander  s'il  en  est  de  même  de  l'acide  acétique,  c'est-à-dire  si,  dans 
cet  acétate  violet,  la  lolalilé  de  l'acide  acétique,  les  trois  radicaux  acides  sont  dissi- 
mulés et  refusent  de  se  combiner  à  la  soude,  ou  bien  si  un  ou  deux  des  radicaux  acides 
peuvent  se  combiner  avec  la  soude,  le  reste  refusant  de  faire  la  double  décomposition, 
et  restant  uni  avec  la  totalité  de  l'hydrate  chromique  à  l'état  de  composé  basique 
soluble.  C'est  la  seconde  hypothèse  qui  est  la  vraie.  Si,  en  effet,  on  ajoute  à  la  solu- 
tion en  voie  de  transformation,  renfermant  une  molécule  du  composé  Cr(C-H'0*)', 
c'est-à-dire  trois  molécules  d'acide  acétique,  quelques  gouttes  de  phtaléine  du  pliénol, 
puis,  si  l'on  y  verse  progressivement  une  solution  titrée  de  soude,  on  constate  que  les 
premières  portions  de  cette  base  se  combinent  avec  l'acide  acétique,  car  la  phtaléine 
ne  vire  pas  au  rouge.  La  liqueur  reste  d'ailleurs  limpide;  il  ne  se  produit  aucun  pré- 
cipité. Puis,  tout  à  coup,  quand  on  a  versé  une  quantité  de  soude  comprise  entre  une  et 
deux  molécules  et  variable  avec  l'âge  de  la  liqueur,  le  virage  au  rouge  de  la  phtaléine 
se  produit,  sans  qu'il  y  ail  aucun  précipité;  à  partir  de  ce  moment,  la  soude  que  l'on 
continue  à  ajouter  ne  se  combine  évidemment  plus  avec  l'acide  acétique;  celui-ci  reste 
uni  avec  l'hydrate  chromique  et  refuse  de  faire  la  double  décomposition.  Ainsi  donc, 
dajis  l'acétate  transformé,  une  portion  de  l'acide  peut  faire  la  double  décomposi- 
tion, c'est-à-dire  fonctionne  comme  ion,  tandis  que  l'autre  portion  est  dissimulée  et 
engagée  dans  un  radical. 

»  Le  phénomène  de  virage  est  assez  net  pour  se  prêler  à  une  me.sure 
qnantitalive  de  la  portion  d'acide  non  dissimulée,  et  il  constitue  un  moyen 
très  commode  de  suivre  pas  à  pas  les  transformations  qu'éprouve  la  solu- 
tion avec  le  temps.  J'ai  fait  cette  étude  :  elle  m'a  conduit  aux  conclu- 
sions suivantes  : 

»  Les  changements  de  couleur  de  la  liqueur  correspondent  à  la  trans- 
formation successive  de  l'acétate  normal  en  trois  acétates  anormaux,  qui 
lui  sont  isomères.  Dans  tous  les  trois,  l'iiydrate  chromique  est  imprécipi- 
table  par  la  soude.  Dans  le  premier,  qui  correspond  à  la  terminaison  de  la 
première   phase  de  transformations  (quelques    heures),   deux   radicaux 


(  K'^'  ) 

acides  peuvent  faire  la  double  décomposition  avec  la  soude,  c'est-à-dire 
existent  à  l'état  d'ions  électropositils;  le  troisième  est  engagé  dans  un 
radical  très  stable  avec  le  chrome.  Dans  le  deuxième  isomère,  qui  est  éga- 
lement violet  et  qui  correspond  à  la  terminaison  de  la  deuxième  phase  de 
transformation  (une  dizaine  de  jours),  un  seul  radical  existe  à  l'état  d'ion, 
les  deux  autres  sont  engagés  dans  le  radical  chromique.  Il  en  est  de  même 
dans  le  troisième  isomère,  qui  est  vert  et  qui  correspond  à  la  terminaison 
de  la  troisième  phase  de  transformation  (une  année). 

»  Dans  une  prochaine  Note,  je  me  propose  d'indiquer  comment  j'ai 
isolé  ces  quatre  acétates  isomères  et  comment,  par  leur  étude  calorimé- 
trique et  cryoscopique,  j'ai  établi  leur  constitution  et  leur  fonction.    » 

V 

PHYSIOLOGIE  PATHOI^piQUE.  —  Sur  la  prévention  et  la  guèrison  de  l  épi- 
lepsie  toxique,  par  Vinjection  de  substance  nerveuse  normale.  Note  de 
MM.  V.  B.4BES  et  Bacoucea,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Dans  le  n°  1  de  1898  de  la  Deutsche  mediz  Wochenschrift,  l'un  de  nous 
(Babes)  avait  communiqué  une  série  de  cas  d'épilepsie  dite  essentielle, 
guéris  ou  beaucoup  améliorés  par  des  injections  répétées  de  substance  ner- 
veuse normale.  Tandis  que,  dans  certains  cas,  l'effet  du  traitement  a  été 
très  prononcé,  dans,  d'antres  le  résultat  a  été  douteux.  Depuis,  nous 
avons  souvent  répété  ce  traitement,  toujours  avec  le  même  résultat  variable. 

»  La  théorie  d'une  auto-intoxication  comme  cause  déterminante  de 
l'épilepsie,  à  laquelle  il  faut  sans  doute  ajouter  une  prédisposition  hérédi- 
taire ou  acquise,  de  même  que  la  constatation  d'accès  caractéristiques  d'épi- 
lepsie expérimentale  à  la  suite  d'injections  de  certaines  substances 
toxiques,  nous  ont  permis  d'expliquer  le  succès  inégal  et  peu  stable  des 
injections  de  substance  nerveuse,  en  nous  indiquant  en  même  temps  le 
mécanisme  de  l'action  de  la  substance  nerveuse  sur  les  épileptiques. 

»  Il  n'est  pas  douteux  qu'il  y  ait  des  poisons  qui  s'adressent  plus  ou 
moins  exclusivement  aux  centres  nerveux,  dont  l'irritation  provoque  des 
accès  épileptiques  ;  quand  on  inocule  de  la  substance  nerveuse  sous  la  peau 
des  épileptiques,  ces  poisons  qui  s'accumulent  dans  l'organisme  pour 
s'adresser,  à  un  moment  donné,  aux  parties  épileptogènes  du  système  ner- 
veux, pour  lesquelles  elles  possèdent  une  certaine  affinité,  en  déterminent 
l'accès;  s'ils  sont  mis  en  contact  avec  la  substance  nerveuse  injectée,  au 
lieu  d'entrer  dans  les  centres  nerveux,  ces  poisons  entrent  dans  la  con- 


(  i62  ) 

stitution  (le  celle  siibslance  injectée.  Il  n'est  pas  douteux  que  la  même 
quantité  de  poison  qui,  chez  des  individus  dégénérés,  avQc  des  centres 
faibles,  produit  des  accès  d'épilepsie,  peut  être  sans  effet  chez  des  indi- 
vidus solides.  Les  accès  seront  plus  ou  moins  rapprochés,  selon  l'état 
d'excitabilité  maladive  des  centres;  si  les  centres  sont  tellement  déséqui- 
librés par  des  processus  pathologiques  grossiers,  que  la  moindre  irritation 
provoque  l'épilepsie,  l'effet  des  injeclions  doit  rester  peu  appréciable,  et  il 
est  probable  que  l'effet  de  la  substance  nerveuse  injectée  variera  d'après  le 
lieu  où  elle  sera  injectée  et  d'après  la  partie  du  système  nerveux  choisie 
pour  l'inoculation. 

))  Il  est  donc  très  difficile  d'arriver  à  une  conviction  en  appliquant  les 
injections  chez  l'homme,  tandis  qu'en  agissant  sur  des  animaux  sains,  chez 
lesquels  on  peut  produire  des  accès  d'épilepsie  par  des  quantités  déter- 
minées de  poison,  on  peut  espérer  trouver  la  preuve  de  l'action  réelle  des 
injections  de  substance  nerveuse  sur  les  accès  épileptiqnes,  et  préciser  les 
conditions  dans  lesquelles  ces  injections  peuvent  être  efficaces. 

»   Voici  le  résultat  de  quelques-unes  de  nos  recherches  préliminaires  : 

»  Nous  savons  que  l'essence  d'absinthe  provoque  des  accès  épileptiques  chez  le 
lapin.  Les  animaux  de  ioooS''-i2oo8''  ne  présentent  ordinairement  pas  d'accès  épilepti- 
formes  quand  on  leur  injecte  un  ou  deux  jours  consécutifs  iS''  d'essence,  tandis  qu'en 
injectant  3s''  d'essence,  à  la  fois  ou  bien  à  des  doses  fractionnées,  dans  l'intervalle  de 
vingt-quatre  heures,  les  animaux  présentent  des  accès  épilepliformes,  ou  succombent 
peu  de  temps  après. 

)>  Quand  on  inocule  3''''  d'essence  à  la  fois  ou  dans  l'intervalle  d'une  demi-heure, 
l'accès  se  déclare  au  bout  d'un  temps  variant  de  quelques  minutes  jusqu'à  une  demi- 
heure  après  l'injection,  et  les  animaux  meurent  une  à  trois  heures  après. 

»  Après  l'injection  de  ■2'''', 5,  les  animaux  meurent  parfois  après  plusieurs  jours,  sans 
présenter  de  symptômes  épileptiques  caractéristiques  ;  d'autres  résistent,  sans  présenter 
de  convulsions. 

»  On  obtient  donc  des  résultats  assez  précis,  avec  des  essences  d'ab- 
sinthe de  provenances  différentes;  les  expériences  faites  parallèlement  sur 
des  animaux  traités  par  des  injections  de  substance  nerveuse  donnent  des 
résultats  tout  à  fait  différents. 

»  2.  Nous  avons  injecté,  chez  trois  lapins  de  loooS'  à  laooS'',  lo'"'  d'émulsion  à 
lo  pour  îoo  de  bulbe  frais  de  mouton.  Une  heure  après,  les  trois  lapins,  de  même  qu'un 
lapin  de  contrôle,  reçoivent  une  injection  de  i'^<^  d'essence  et  le  lendemain  encore  2". 
Le  lapin  de  contrôle  présente,  une  demi-heure  après  la  dernière  injection,  des  accès 
typiques  et  meurt  après  deux  heures,  tandis  qu'aucun  des  trois  lapins  traités  aupara- 
vant par  la  substance  nerveuse  ne  présente  de  convulsions;  l'un  meurt  après  six  jours, 
les  autres  restent  bien  portants. 


(   i63  ) 

»  3.  Deu\  lapins  reçoivent  lo™  d'émulsion  de  bulbe  et  immédiatement  après  3'='= 
d'essence;  en  même  temps,  on  injecte  la  même  quantité  d'essence  à  un  animal  neuf. 
Tous  les  trois  prennent  des  accès  et  meurent;  seulement  les  lapins  traités  ont  des  accès 
retardés  et  meurent  seulement  après  douze  à  treize  heures,  tandis  que  le  lapin  de  con- 
trôle meurt  après  deu\  heures. 

»  Pour  établir  combien  de  temps,  avant  l'empoisonnement  et  avant 
l'accès,  l'injection  de  substance  nerveuse  peut  avoir  de  l'effet,  nous  avons 
fait  les  expériences  suivantes  : 

»  k.  Quatre  lapins  reçoivent  chacun  lo'^"  d'émulsion  nerveuse.  Vingt-quatre  heures 
après,  tous  reçoivent  3"=  d'absinthe,  en  même  temps  qu'un  animal  de  contrôle.  L'animal 
de  contrôle  présente  de  violentes  convulsions,  vingt  minutes  après  l'injection,  et  meurt 
une  heure  après,  tandis  que,  parmi  les  quatre  lapins  traités,  l'un  gagne  des  convulsions 
tardives  et  meurt  après  six  heures;  l'autre  reste  bien  portant  pendant  un  jour  et  demi, 
après  quoi  il  est  pris  de  convulsions  et  meurt  cinq  lieures  après;  les  deux  autres  lajjins 
n'ont  pas  eu  de  convulsions  et  restent  bien  portants. 

1)  Un  autre  lapin  reçoit  5™  de  la  même  émulsion  nerveuse  et,  vingt-quatre  heures 
après,  S"^"  d'absinthe;  il  est  pris  d'épilepsie  dix  minutes  après  et  succombe  après  six 
heures. 

1)  5.  Un  lapin  reçoit  iC'^  d'émulsion  et,  après  quarante-huit  heures,  3"^*^  d'essence 
d'absinthe;  il  ne  présente  pas  d'épilepsie  et  reste  bien  portant,  tandis  que  l'animal  de 
contrôle  est  pris  de  convulsions  et  meurt  deux  heures  après  l'injection  d'absinthe. 

»  Un  autre  lapin,  traité  de  la  même  manière,  gagne  des  convulsions  tardives  et 
meurt  après  dix  heures. 

»  Un  autre  lapin,  qui  ne  reçoit  que  5™  d'émulsion  nerveuse  deux  jours  avant  l'em- 
poisonnement, est  pris  d'épilepsie  quinze  minutes  et  meurt  en  six  heures. 

»  La  dose  de  5*^*^  d'émulsion  nerveuse  n'est  donc  pas  suffisante  pour 
sauver  le  lapin;  cette  dose  peut,  en  plus,  retarder  l'accès  et  la  mort. 

»  Une  autre  série  d'expériences  porte  sur  des  mélanges  d'essence  d'ab- 
sinthe avec  la  substance  nerveuse. 

11  6.  Quatre  lapins  reçoivent  chacun  une  injection  de  3"='  d'émulsion  de  substance 
nerveuse  mêlée  à  3""  d'essence,  un  autre  lapin  reçoit  une  dilution  de  3'^'=  d'essence 
d'absinthe  dans  lo""  d'eau,  et  un  autre  3'^^'=  d'essence  pure. 

»  Trois  des  lapins  injectés  avec  ce  mélange  n'ont  aucune  manifestation  morbide, 
tandis  qu'un  des  lapins  gagne  des  convulsions  seulement  vingt-trois  heures  après  l'in- 
jection et  meurt  trois  heures  après.  Les  deux  animaux  de  contrôle  sont  pris  de  con- 
vulsions dix  et  quinze  minutes  après  l'injection  d'essence  et  meurent  deux  et  trois 
heures  après. 

»  Pour  comparer  l'effet  des  injections  nerveuses  sur  des  substances 
épileptigènes  avec  d'autres  toxiques  spécifiques,  nous  avons  traité  de  la 
même  manière  des  lapins  auxquels  on  injectait  ensuite  la  dose  mortelle 


(   '64  ) 

de  la  toxine  diphtérique,  ce  qui  nous  permettait  de  constater  que  les  injec- 
tions nerveuses  ne  possèdent  aucun  effet  sur  cette  toxine,  qui  ne  s'adresse 
pas  particulièrement  aux  centres  nerveux. 

»  Ces  expériences  sont  des  plus  nettes  et  montrent,  d'une  manière 
indiscutable,  que  les  injections  de  substance  nerveuse,  en  quantité  suffi- 
sante, faites  même  deux  jours  avant  l'introduction  de  l'agent  épileptigéne, 
empêchent  l'accès  et  la  mort. 

»  Les  résultats  cliniques  de  l'un  de  nous  se  trouvent  donc  confirmés 
par  l'expérience;  il  ne  reste  qu'à  approfondir  les  conditions  dans  lesquelles 
ou  pourra  compter  sur  l'effet  salutaire  de  ce  procédé  dans  le  traitement 
de  certains  épileptiques. 

»  En  même  temps  se  trouve  confirmée  l'affirmation  publiée  par  l'un  de 
nous,  dans  une  Communication  faite  à  l'Académie,  que  ce  même  procédé, 
trouvé  par  Babès  en  1889  et  qui  peut  sauver  des  chiens  contre  l'infection 
rabique,  de  même  qu'il  est  efficace  contre  l'infection  tétanique,  doit  trouver 
encore  une  application  plus  générale  dans  une  série  de  maladies  produites 
par  des  substances  qui  s'adressent  aux  centres  nerveux.  » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  la  présence,  dans  l' organisme  animal,  d'un 
ferment  soluble  réducteur.  Pouvoir  réducteur  des  extraits  d'organes  ('). 
Note  de  MM.  E.  Abelous  et  E.  Gérari»,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

«  Comme  développement  des  faits  que  nous  avons  indiqués  dans  une 
Note  précédente,  relativement  à  l'existence  dans  l'organisme  animal  d'un 
ferment  soluble  réduisant  les  nitrates,  nous  signalerons  les  expériences 
suivantes  : 

»  I"  On  fait  niacéiei-,  pendanl  vingl-qiialre  heures,  à  42°,  aSo"''  de  rein  de  cheval 
pulpe  dans  Soo''''  d'eau  distillée  en  présence  de  chloroforme.  On  filtre   ; 

»  A.  100''"'  du  liltrat  limpide  sont  additionnés  de  S?''  de  nitrate  de  potasse  el  de 
!"■=  de  chloroforme. 

»  B.  loo'^''  du  filtrat  sont  soumis  à  l'ébullilion,  puis  additionnés  de  nitrate  8  pour 
100  el  de  chloroforme,  V. 

»  Les  deux  flacons  sont  placés,  à  dix  heures  du  matin,  dans  l'étuve  à  42°.  Le  soir,  à 
quatre  heures,  on  recherche  les  iiitriles  avec  Tiodure  de  zinc  amidonné  en  présence 
d'acide  acétique. 

»  B.  Pas  de  réaction. 

»  A.  Réaction  nette  (présence  de  nitrite). 


(')  Travail  du  laboratoire  de  f'hvsiologie  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Toulouse. 


(  i65  ) 

»  Ces  mélanges  sont  laissés  toute  la  nuit  à  la  température  du  laboratoire  (ao").  Le 
lendemain  matin,  pas  de  nitrite  dans  le  flacon  B;  au  contraire,  réaction  très  nette 
avec  le  liquide  A  :  la  quantité  de  nitrite  paraît  augmentée. 

»  Par  conséquent  une  macération  aqueuse  filtrée  de  rein  de  cheval  est  capable  de 
réduire  les  nitrates.  La  température  de  loo"  supprime  cette  propriété. 

»  Les  mêmes  expériences  répétées  à  la  température  de  55''-6o<'  ont  donné  des  résul- 
tats analogues. 

I)  Une  macération  moins  concentrée  de  pulpe  rénale  ('|0  pour  loo),  placée  dans  les 
mêmes  conditions,  est  aussi  susceptible  de  réduire  le  nitrate  de  potasse. 

»  2°  Extrait  glycérine.  —  On  sait  c(ue  la  glycérine  peut  extraire  les  ferments  so- 
lubles  des  organes  qui  les  renferment  (voir  W-ittich).  Nous  avons  préparé  un  extrait 
glycérine  de  rein  de  cheval  en  faisant  macérer  aSos"'  de  pulpe  répale  dans  aSc^de  gly- 
cérine neutre  pendant  vingt-quatre  heures  à  la  température  de  40°.  La  macération 
fdtrée  a  donné  un  liquide  limpide. 

»  De  ce  liquide,  loc^"  ont  été  prélevés  et  soumis,  au  préalable,  à  l'ébullition,  puis 
additionnés  de  Ss''  d'azotate  de  potasse  et  de  i'^"^  de  chloroforme,  lot  (A). 

»  100  autres  centimètres  cubes  non  bouillis  ont  été  additionnés  de  nitrate  et  de 
chloroforme  dans  les  mêmes  proportions,  lot  (B). 

»  Les  deux  lots  A  et  B  ont  été  laissés  à  l'étuve  à  42°  pendant  dix-huit  heures.  Au 
bout  de  ce  temps,  on  procède  à  la  recherche  des  nitrites. 

»  A.  Liquide  bouilli  ne  donne  rien. 

»  B.  Liquide  non  bouilli  bleuit  nettement  au  bout  de  quelques  instants  par  le  réactif 
de  Trommsdorff. 

))  Ces  liquides,  additionnés  de  noir  animal  pur,  sont  soumis  à  l'ébullition,  puis 
filtrés.  Les  filtrats  incolores  et  débarrassés  d'albumine  coagulable  sont  essayés  par 
l'iodure  de  zinc  amidonné  et  le  réactif  de  Griess.  Le  liquide  A,  préalablement  bouilli, 
ne  donne  aucune  réaction.  On  obtient,  au  contraire,  une  réaction  intense  avec  le 
liquide  non  bouilli  B. 

»   Par  suite,  la  glycérine  peut  extraire  le  ferment  soluble  réducteur  des  nitrates. 

»  Ajoutons  qu'on  ne  trouve  pas  la  réaction  de  l'acide  azoteux  dans  les  extraits  non 
nitrates  et  que  nous  nous  sommes  assurés  que  le  charbon  employé  ne  renfermait  pas 
de  nitrites. 

»  3°  Influence  des  antiseptiques.  —  Nous  avons  étudié,  à  ce  point  de  vue,  l'action 
du  chloroforme,  du  thymol  (i  pour  1000)  de  l'essence  de  cannelle,  du  fluorure  de 
sodium  (i  à  2  pour  100).  Nous  avons  constaté  que  l'addition  de  ces  antiseptiques 
n'empêchait  pas  la  réduction  du  nitrate.  Pour  le  bichlorure  de  mercure,  à  la  dose  de 
I  pour  2000,  la  réduction  est  empêchée,  à  la  dose  de  1  pour  5ooo  l'action  du  ferment 
réducteur  est  encore  perceptible. 

»  4°  Influence  des  dii'erses  températures. —  Les  extraits  aqueux  de  rein  possèdent, 
comme  les  macérations  de  pulpe  rénale,  une  activité  qui  est  fonction  de  la  tempéra- 
ture. On  constate  que  la  quantité  de  nitrite  formé  croît  avec  la  température,  qu'elle 
passe  par  un  maximum,  entre  40°  et  45°,  pour  décroître  manifestement  à  60°  et  deve- 
nir nulle  à  7i''-72°.  On  voit  que  ces  résultats  sont  absolument  parallèles  à  ceux  que 
nous  avons  observés  avec  la  pulpe  d'organe. 

)i  5°  Influence  du  milieu  gazeux.  —  Nous  nous  sommes  demandé  si  l'acliN  ilé  du 
C.  R.,  1899,  a"  Semestre.  (T.  CXXIX,  N-  3.)  22 


(  i6G  ) 

ferment  réducteur  ne  serait  pas  plus  grande  à  l'abri  de  l'oxygène  et  en  présence,  par 
exemple,  d'hydrogène  ou  d'acide  carbonique. 

»  Nous  avons  pris  trois  lots,  A,  B  et  C  de  loo"  d'extrait  rénal  filtré;  on  a  ajouté  dans 
chacun  d'eux  8s''  de  nitrate  de  potasse  et  i"  de  chloroforme.  Mais,  au  préalable,  on  a 
fait  passer  dans  le  flacon  B  un  courant  d'hydrogène  pur,  et,  dans  le  flacon  C,  un  cou- 
rant d'acide  carbonique. 

»  Les  deux  flacons  remplis  d'hydrogène  et  d'acide  carbonique  ont  été  maintenus 
soigneusement  bouchés  et  renversés  sous  l'eau.  Après  un  séjour  des  trois  flacons,  pen- 
dant vingt-quatre  heures,  à  la  température  de  42°,  on  procède  à  la  recherche  et  au 
dosage  colorimétrique  des  nitrites.  On  constate  la  présence  de  nitrite  dans  les  trois 
flacons.  Mais  la  quantité  de  ce  sel  formé  est  au  maximum  dans  le  milieu  hydrogéné, 
plus  faible  dans  le  milieu  aéré  et,  enfin,  beaucoup  plus  faible  dans  le  flacon  contenant 
de  l'acide  carbonique. 

»  Il  semble,  par  conséquent,  qu'en  présence  de  l'hydrogène,  l'action  réductrice  soit 
plus  intense  qu'en  présence  de  l'air,  et  que  l'acide  carbonique,  par  un  mécanisme 
non  encore  élucidé,  diminue  l'activité  du  ferment.  On  sait  d'ailleurs  que  cette  action 
paralysante  de  l'acide  carbonique  a  été  observée  pour  d'autres  diastases  animales. 

»  6°  Influence  de  Valcalinité.  —  Une  alcalinisation  légère  par  le  carbonate  de 
soude  parait  favoriser  l'action  réductrice;  on  obtient,  dans  ce  cas,  des  quantités  de 
nitrite  un  peu  supérieures  à  celles  que  l'on  observe  sans  addition  de  carbonate 
de  soude.  Nous  nous  proposons,  du  reste,  d'étudier  d'un  façon  plus  complète  cette 
action. 

»  7°  Influence  de  la  filt  ration  xui  porcelaine  dégourdie.  —Les  extraits  filtrés  à 
la  bougie  de  biscuit  perdent  presque  complètement  leur  activité.  La  substance  active 
est  retenue  par  le  filtre,  particularité  commune  à  beaucoup  d'autre  diastases. 

»  8°  Enfin,  dans  des  essais  de  séparation  du  ferment  par  l'alcool,  nous  avons  obtenu 
un  précipité  qui,  essoré  et  mis  à  macérer  dans  une  solution  chloroformique  de  nitrate 
de  potasse,  a  donné  lieu  à  la  formation  d'une  faible  quantité  de  nitrite.  Mais  l'action 
de  l'alcool,  pour  si  peu  prolongée  qu'elle  soit,  diminue  l'activité  du  ferment. 

»  l^e  ferment  que  nou.s  avons  ainsi  étudié  réduit  non  seulement  le 
nitrate  de  potasse,  mais  aussi  le  nitrate  d'ammoniaque;  il  décolore  le  bleu 
de  méthylène  et  paraît  donner  de  l'aldéhyde  butyrique  aux  dépens  de 
l'acide  butyrique.  Nous  avons  essayé  d'hydrogéner  le  glycose  avec  ce  fer- 
ment, mais  nous  n'avons  pu  observer  la  formation  de  la  uiannite. 

»  Ces  faits  viennent  à  l'appui  des  conclusions  formulées  dans  notre 
première  Note  relative  à  l'existence  d'un  ferment  soluble  réducteur  dans 
l'organisme  animal. 

»  Ce  nouveau  ferment,  jusqu'ici  simplement  désoxygénant,  peut-il  être 
aussi  hydrogénant?  c'est  là  ce  que  de  nouvelles  expériences  pourront  nous 
apprendre.    » 


(  1^7  ) 


TÉRATOLOGIE.  —  Sur  le  parablaste  et  l' endoderme  vitellin  du  blastoderme 
de  Poule.  Noie  de  M.  Etienne  Rabaud. 

«  L'étude  des  anomalies  du  développement  met  parfois  en  présence  des 
faits  qui  ont  la  valeur  de  véritables  expériences.  J'ai  déjà  eu,  après  d'autres, 
l'occasion  d'insister  sur  ce  point  (');  j'apporte  aujourd'hui  un  exemple 
nouveau.  Les  enseignements  qu'il  nous  donne  ne  sont  peut-être  pas  déci- 
sifs à  tous  égards;  dans  tous  les  cas,  ils  viennent  en  concordance  d'obser- 
vations d'embrvologie  normale  ou  vérifient  des  hypothèses  nécessaires  : 
c'est  là  leur  principal  intérêt. 

»  Mes  recherches  ont  porté  sur  des  blastodermes  de  l'ouïe  qui  se  sont  dévelopjsés 
en  surface  sans  donner  lieu  à  aucune  formation  embryonnaire.  Ces  blastodermes, 
essentiellement  caractérisés  par  l'abondance  des  vaisseaux,  sanguins,  ont  été  assimilés 
par  Dareste  aux  Anidiens.  Sans  entrer  dans  les  détails  de  structure  qui  feront  l'objet 
d'un  Mémoire  spécial,  je  vais  indiquer  seulement,  et  d'une  façon  sommaire,  les  parti- 
cularités de  l'anatomie  de  ces  monstres,  qui  ont  un  rapport  immédiat  avec  l'embryo- 
génie normale. 

»  Les  Anidiens  examinés  proviennent  d'œufs  ayant  subi  quatre  et  huit  jours  d'in- 
cubation (-).  Ils  sont  constitués  par  les  trois  feuillets  externe,  moyen,  interne,  et  par 
une  grande  abondance  de  vaisseaux  sanguins  réduits  à  l'endothélium. 

»   Au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  l'ectodernie  ne  présente  rien  de  particulier. 

»  Du  mésoderme,  il  n'existe  qu'une  seule  lame,  la  somatopleure;  sa  situation  et  des 
considérations  d'un  autre  ordre  permettent  de  lui  assigner  cette  dénomination.  Il 
n'existe  aucune  trace  de  la  masse  intermédiaire. 

»  L'endoderme  présente,  chez  les  sujets  de  quatre  jours,  un  aspect  tout  particulier. 
Les  cellules  qui  le  constituent  sont  voJumineuses,  munies  d'un  petit  noyau  et  envahies 
de  granulations  vitellines.  Elles  sont  en  tout  semblables  aux  cellules  du  panblaster 
avec  lesquelles  elles  se  trouvent  en  continuité  directe.  Leur  forme,  leur  constitution 
ne  sont  en  aucune  façon  comparables  aux  éléments  aplatis  et  larges  de  l'endoderme  des 
embryons  des  premiers  jours.  Vers  la  région  centrale  de  l'un  des  blastodermes,  et  sur 
une  étendue  peu  considérable,  ces  cellules  deviennent  plus  petites,  leur  protoplasma 
plus  homogène,  elles  se  disposent  sur  une  seule  assise.  Le  passage  de  cette  forme 
franchement  parablaslique  à  la  forme  qui  se  rapproche  de  l'aspect  endodermique  ordi- 
naire est  très  ménagé  ;  il  n'y  a,  en  aucun  point,  de  solution  de  continuité.  Ajoutons  que, 
chez  le  blastoderme  de  huit  jours,  l'endoderme  est  fait  de  cellules  aplaties  et  larges. 

(')  Voir  Bulletin  de  la  Société  de  Biologie,  28  novembre  1896  et  Journal  de 
l'Anatoniie  et  de  la  Physiologie  :  embryologie  des  Poulets  omphalocéphales,  n"'*  2, 
3,  4.  et  6;  1898. 

(')  Les  circonstances  ne  m'ont  pas  permis,  jusqu'ici,  d'en  avoir  de  plus  jeunes. 


(  ''i»  ) 

))  Au-dessus  du  leuillet  interne,  e\islenl  de  très  nombreuv  vaisseaux  sanguins, 
dilatés  au  point  qu'ils  occupent  en  hauteur  à  peu  près  tout  l'espace  qui  sépare  l'endo- 
derme de  l'ectoderme.  Cependant  ils  sont,  selon  toute  évidence,  indépendants  de  la 
soiiiatopleure,  tandis  que  l'endoderme  les  reçoit  chacun  dans  une  dépression  ou  gout- 
tière moulée  sur  leur  surface. 

»  Il  n'existe  aucun  rudiment  ni  aucune  indication  de  la  corde  dorsale. 

»  Ces  divers  faits  :  aspect  parablastique  du  feuillet  interne,  formation 
incomplète  du  mésoderme,  développement  excessif  des  vaisseaux,  absence 
de  la  corde  d'orsale,  me  paraissent  avoir,  avec  l'embryologie  normale,  les 
rapports  suivants  : 

»  a.  Chez  les  Sauropsidés,  l'origine  parablastique  du  feuillet  interne  a  été  admise 
par  un  certain  nombre  d'auteurs  (HofiTraann,  Kuppfer,  Ruhl,  etc.  )  et  niée  par  d'autres. 
L'évolution  des  blastodermes  sans  embryons  permet  de  surprendre  le  processus.  Elle 
nous  montre  l'endoderme  possédant  ses  caractères  parablastiques  dans  toute  son 
étendue  chez  les  uns.  Elle  nous  montre,  chez  d'autres,  des  formes  de  passage  non 
douteuses  de  la  transformation  surplace  qui  va  s'effectuer,  et,  enfin,  l'aspect  ordinaire 
de  ce  feuillet  chez  les  blastodermes  de  huit  jours. 

»  b.  Les  rapports  des  vaisseaux  avec  l'endoderme  d'une  part,  la  diminution  quan- 
titative du  mésoderme  d'autre  part,  sembleraient  indiquer  que  le  système  vasculaire 
possède  une  origine  endodermo-parablastique.  C'est  là  un  point  fort  controversé. 
J'inclinerais  à  penser  qu'il  n'y  a  pas  opposition  entre  l'origine  parablastique  vraie  et 
l'origine  endodermique  vraie,  toutes  deux  également  soutenues;  il  faudrait  admettre 
que  les  éléments  du  parablaste,  différenciés  ou  non,  sont  capables  de  fournir  les 
vaisseaux. 

»  c.  L'absence  de  la  corde  dorsale,  quelle  que  soit  la  cause  qui  ait  provoqué  cet 
arrêt  de  développement,  ainsi  que  la  présence  d'une  seule  lame  mésodermique,  sont 
deux  faits  qui  viennent  à  l'appui  des  observations  d'après  lesquelles  la  corde  dorsal 
dériverait,  non  pas  de  l'endoderme  d'invagination  ou  gastruléen,  mais  de  l'endoderme 
de  différenciation  ou  vilellin.  Dans  un  développement  normal,  la  plaque  axiale,  qui 
représente  l'endoderme  gastruléen,  vient  au  contact  de  l'endoderme  vitellin;  elle 
reçoit  sans  nul  doute  de  ce  dernier  un  certain  nombre  d'éléments  embryonnaires, 
l'uis,  dans  le  sein  de  celte  plaque  axiale,  se  développe  la  corde  dorsale.  Celle-ci  affecte, 
avec  l'endoderme,  des  rapports  internes  de  continuité  :  \>2ly  soudure  secondaire,  disent 
les  uns;  par  dérivation  primitive,  disent  les  autres.  Le  processus  tératogène  qui  nous 
occupe  a  eu  pour  résultats,  en  retardant  l'évolution  de  l'endoderme  vitellin,  de  sup- 
primer le  concours  que  celui-ci  prête  à  la  formation  de  la  plaque  axiale;  l'absence  de 
la  corde  dorsale  et  d'une  partie  du  mésoderme  semblerait  indiquer  de  quelle  nature 
est  ce  concours  :  des  éléments  de  l'endoderme  vitellin,  qui  se  joignent  à  ceux  de  l'en- 
doderme gastruléen,  les  uns  fournissent  la  corde;  les  rapports  de  cette  dernière  et  de 
l'endoderme  vitellin  seraient  donc  primitifs  (>);  les  autres  contribuent  à  former  le 
mésoderme  proprement  dit.  » 


e 


(•)  Dans  mon  Mémoire  sur  l'Embryologie  des   Omphalocéphales.   j'ai  décrit  et 


(    rG;,  ) 


ZOOLOGIE.  —  Régénération  tarsienne  et  régénération  des  membres  des  deux 
paires  antérieures  chez  les  Orthoptères  sauteurs.  Note  de  M.  Edmond  Bor- 
OAGE,  présentée  par  M.  A.  Milne-Edwards. 

«  I.  Ce  serait  en  vain  que  l'on  essayerait  de  provoquer  l'autotomie  sur 
les  membres  des  deux  premières  paires  chez  les  Orthoptères  sauteurs. 
Mais,  en  opérant  une  forte  traction  sur  les  membres,  on  arrive  à  les  sé- 
parer du  corps.  La  séparation  s'opère  rarement  à  l'articulation  du  fémur 
et  du  trochanler  ('),  mais,  le  plus  souvent,  à  l'articulation  de  ce  dernier 
article  avec  la  hanche.  La  mutilation  imposée  est  assez  souvent  mortelle 
pour  l'insecte  ;  les  muscles  se  décliirant  irrégulièrement  en  formant  une 
houppe  frangée,  et  l'hémorragie  étant  abondante.  Lorsque  l'Orthoptère 
survit,  s'il  est  encore  à  l'état  de  larve,  la  régénération  peut  se  produire  et 
donner  un  membre  parfait,  lorsque  la  séparation  a  eu  lieu  à  l'articulation 
du  fémur  avec  le  trochanter,  ou  d'un  moignon  plus  ou  moins  rudimentaire, 
lorsque  la  séparation  s'est  opérée  à  l'articulation  du  trochanter  avec  la 
hanche. 

»  Il  y  a  donc  là  un  fait  qui  semblerait  devoir  doublement  infirmer  la  loi 
de  Lessona  :  i"  parce  qu'il  y  a  régénération  en  des  points  où  des  mutila- 
lions  ne  paraissent  pas  devoir  se  produire  normalement;  i°  p;irce  que  ces 
régénérations  se  constatent  plus  souvent  pour  celle  des  deux  régions  où 
la  traction  amène  le  plus  rarement  la  rupture  du  membre  et  qu'elles  sont 
incomparablement  plus  complètes  pour  celte  région. 

»  Si  nous  observons  ce  qui  se  passe  pendant  les  mues,  nous  verrons 
que  ce  double  paradoxe  ne  résiste  pas  à  l'examen  des  faits  normaux. 

»  En  effet,  il  n'est  pas  rare  que,  pendant  la  mue,  l'un  des  membres  con- 
sidérés soit  détaché  du  corps  par  autolomie  exuviale.  Contrairement  à  ce 
que  nous  avons  dit  précédemment,  la  séparation  s'opère  presque  toujours 
suivant  l'articulation  du  fémur  et  du  trochanter  et  très  rarement  suivant 
l'articulation  du  trochanter  et  de  la  hanche.  Dans  le  premier  cas,  l'hémor- 


figuré    un   exemple  très  net  de   cette   manière   de  voir.  De    son  côté,  Mitropiianow 
relate  un  c^i  samh\A\)\e  {Teratogenetische  Studien,  iSgS). 

(')  Il  est  même  impossible  quelquefois  de  la  déterminer  par  traction  en  cet  endroit. 
Chez  Gryllus  capensis,  par  exemple,  je  devais  me  servir  de  ciseaux  pour  opérer  cette 
séparation. 


(  170  ) 

nigie  est  relativement  insignifiante;  tandis  que,  dans  le  second,  elle  peut 
être  mortelle.  De  tonte  façon,  la  mutilation  est  bien  moins  cruelle  et  bien 
moins  souvent  suivie  de  mort  que  si  elle  avait  été  produite  expérimentale- 
ment. La  faculté  régénératrice  se  constate  souvent  dans  le  premier  cas  et 
donne  quelquefois  un  membre  parfait  (' );  quand  il  v  a  régénération  dans 
le  second  cas,  il  se  foi'me  un  moignon  sans  articulation,  long  de  2"™  ou 
3°""  à  peine.  Les  faits  signalés  s'expliquent  donc  complètement. 

»  Mais,  d'un  autre  côté,  il  peut  sembler  inexplicable  que  l'autotomie 
exuviale  se  manifeste  pour  des  membres  dont  la  sortie  de  l'ancienne  enve- 
loppe chitineuse  semble,  a  priori,  ne  devoir  souffrir  aucune  difficulté;  ces 
membres  étant  de  dimensions  assez  restreintes.  Je  ferai  alors  remarquer 
que,  chez  les  Arthropodes  subissant  des  mues,  il  n'est  pas  un  appendice 
(patte,  antenne,  palpe),  tant  modestes  soient  ses  dimensions,  pour  lequel 
H  ne  puisse  se  présenter,  à  un  moment  donné,  des  adhérences  acciden- 
telles de  la  nouvelle  enveloppe  chitineuse  avec  l'ancienne.  L'Arthropode 
qui,  pendant  une  mue,  ne  peut  surmonter  ces  difficultés,  est  infailliblement 
condamné»  périr.  C'est  là  ce  qui  explique  pourquoi,  chez  les  Arthropodes 
à  mues,  il  ne  doit  probablement  exister  que  bien  peu  d'appendices  sur 
lesquels  on  ne  puisse  constater  des  traces  plus  ou  moins  marquées  d'auto- 
tomie  exuviale  (-)  complète  ou  partielle,  en  même  temps  que  la  faculté 
régénératrice.  On  peut  même  constater  quelquefois  la  régénération  de 
certaines  parties  appartenant  à  des  membres  adaptés  cependant  à  des 
fonctions  toutes  spéciales.  C'est  le  cas  des  tarses  des  pattes  ravisseuses  des 
Mantes  et  de  ceux  des  pattes  fouisseuses  des  Courtilières.  Mais  une  muti- 
lation plus  complète  de  ces  membres  entrahierait  évidemment  la  mort, 
soit  indirectement,  soit  à  bref  délai  et  par  hémorragie. 

»  IL  Chez  les  Orthoptères  sauteurs,  la  régénération  des  tarses  des  trois 
paires  de  membres  s'opère  facilement  :  ce  qui  est  naturel,  puisque  ces 
tarses  sont  fréquemment  mutilés  par  suite  des  efforts  que  fait  l'insecte  pour 
\ 

(')  Chez  les  Orthoptères  sauteurs,  les  parties  en  voie  de  régénération  croissent  len- 
tement, de  sorte  que  l'expérimentateur  serait  d'abord  tenté  de  croire  que  cette  régé- 
nération n'existe  pas.  Aussi  un  membre  régénéré  n'arrive-t-il  jamais  à  égaler  en  lon- 
gueur le  membre  opposé,  demeuré  en  place,  et  est-il  souvent  incapable  de  rendre  de 
réels  services.  C'est  cette  lenteur  de  croissance  qui  aura  probablement  amené  Graber 
à  conclure  trop  hâtivement  à  l'absence  de  régénération  des  tarses. 

(^)  Mais  la  perfection  de  cette  autotomie  exuviale  est  en  raison  directe  des  diffi- 
cultés qu'éprouvent  les  appendices,  par  leur  forme  et  leurs  dimensions,  à  se  dégager 
de  leur  ancien  étui  chitineux. 


(  17^  ) 
les  désjager  pendant  la  mue.  Elle  est  surtout  marquée  pour  les  longs  tarses 
des  pattes  sauteuses.  Celte  régénération  se  constate  encore  après  des  sec- 
tions artificielles  enlevant  le  tarse  et  même  une  petite  portion  de  la  région 
terminale  du  tibia  qui  est  régénérée  aussi.  La  présence  de  la  faculté  régé- 
nératrice dans  celte  dernière  région  s'explique  aisément  quand  l'on  a 
constaté  que  ses  fibres  musculaires  sont  souvent  lésées  lorsque  le  tarse 
est  arraché,  soit  pendant  la  mue,  soit  plus  rarement,  par  le  fait  de  l'at- 
taque suivie  d'insuccès  d'un  ennemi  naturel. 

»  III.  Chez  Phylloptera  laurifolia  et  Conoccphalus  differens,  les  régéné- 
rations donnent  un  tarse  tétramère  (la  télramérie  est  la  règle  chez  les 
Locustides).  Chez  Gryllus  capensis,  les  tarses  régénérés  présentent  encore 
trois  articles;  mais  ce  nouveau  tarse  est,  en  quelque  sorte,  plus  massif  que 
le  tarse  normal.  Le  troisième  article  est  à  peu  près  égal  au  premier,  tandis 
que,  pour  le  tarse  normal,  il  est  sensiblement  plus  long  que  le  premier. 
Enfin,  le  deuxième  article  qui,  dans  le  tarse  ordinaire,  est  très  petit  et 
presque  entièrement  caché,  est  bien  visible  dans  le  tarse  régénéré.  La  diffé- 
rence est  surtout  appréciable  pour  les  membres  postérieurs  ('  ). 

»  En  ce  qui  concerne  la  nature  des  régénérations  tarsiennes  chez  Acri- 
dium  ruhellum,  je  ne  puis  pas  encore  me  prononcer;  mes  expériences  sur 
cette  espèce  n'étant  pas  encore  terminées  (^).   » 


ANATOMIE  ANIMALE.  —  Division  du  noyau  dans  la  spermato genèse  chez 
VHomme  (').  Note  de  M.  Sappin-Trouffy,  présentée  par  M.  Edm. 
Perrier. 

«  Le  développement  des  spermatozoïdes,  dans  la  série  animale,  est 
d'ordinaire  accompagné  de  la  division  indirecte  ou  karyokinèse.  Il  n'y  a 
d'exception  que  pour  quelques  Vertébrés  où,  d'après  M.  Moore  (*),  la 
division  directe  supplée,  dans  certains  cas,  la  division  indirecte.  Chez 
l'Homme  les  deux  modes  réunis  paraissent  être  la  règle  :  il  y  a  d'abord 


(')  On  dirait  que  ce  tarse  régénéré  représente  une  des  positions  de  stabilité  orga- 
nique intermédiaires  entre  la  forme  normale  actuelle  et  une  forme  ancestrale. 

(^)  Chez  les  Locustides  et  les  Gryllides,  le  tibia  des  membres  antérieurs  régénérés 
ne  possède  plus  Y  appareil  tympanique  qui  existait  sur  le  membre  primitif. 

(')  Ces  recherches  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  (>ornil. 

(')  Consulter  Drlage,  Année  biologique,  p.  112;  1897. 


(    172    ) 

division  indirecte,  puis  division  directe  du  noyau.  Cette  dernière  se  pré- 
sente, ici,  avec  des  caractères  si  particuliers  que  nous  la  désignerons  sous 
le  nom  de  fragmentation  directe  du  noyau.  Elle  rappelle  de  près  ce  que 
M.  Dangeard  a  décrit  dans  le  Sappinia  pédala  (Acrasiées)  ('  ). 

»  Nos  observations  ont  porté  sur  un  testicule  tuberculeux  extirpé, 
l'année  dernière,  par  M.  Tuffier,  sur  un  homme  de  3i  ans.  Les  cellules 
testiculaires  étaient  en  voie  de  multiplication  active  et  les  spermatozoïdes 
se  formaient  en  grand  nombre. 

»  Nous  ne  pouvons  passer  en  revue,  dans  cette  Note,  toutes  les  modi- 
fications que  présente  le  noyau  en  vue  de  la  formation  des  spermatozoïdes; 
nous  nous  bornerons  à  décrire  les  deux  principales,  qui  sont  :  la  karyoki- 
nèse  et  \a/ragmentation  directe. 

y,  Karyokinèse.  —  La  karyokinèse  suit  la  marche  ordinaire  :  nous  ne  ferons  qu'in- 
diquer les  principaux  caractères  qu'elle  présente  dans  le  cas  particulier  que  nous 
étudions. 

»  Les  cellules  qui  se  divisent  par  karyokinèse  ne  renferment  qu'un  seul  noyau,  par 
opposition  à  celles  où  la  fragmentation  directe  se  produit,  qui  renferment  plusieurs 
noyaux.  Elles  sont  disposées  sur  trois  ou  quatre  rangées  à  la  surface  interne  du  tube 
séminifère.  Les  noyaux  sont  sphériques  et  ne  renferment  qu'un  seul  nucléole.  Le  pro- 
toplasme qui  les  entoure  est  tantôt  clair,  homogène;  tantôt  granuleux  ou  disposé  en 
réseau.  Un  grand  nombre  de  noyaux  sont  à  l'état  de  prophase. 

»  A  ce  stade  les  anses  chromatiques  apparaissent  avec  netteté;  elles  sont  formées 
d'une  série  de  petits  grains  ou  nucléomicrosomes  réunis  par  une  substance  transpa- 
rente, la  linine. 

»  Au  fur  et  à  mesure  que  la  division  progresse,  les  granules  se  rapprochent  et  ar- 
rivent bientôt  à  se  confondre.  La  charpente  chromatique  s'épaissit  et  devient  plus  sen- 
sible aux  réactifs.  Le  nucléole  qui,  jusqu'ici,  occupait  le  centre  du  noyau,  vient  se 
loger  à  la  périphérie  où  il  ne  tarde  pas  à  disparaître.  En  même  temps,  la  substance 
chromatique  se  rassemble  sous  forme  d'anneau  irrégulier  pour  former  la  plaque  équa- 
toriale, 

»  A  ce  moment  la  membrane  nucléaire  se  résout  et  l'on  voit  quelquefois  apparaître, 
à  chacun  des  pôles,  deux  corpuscules  qui  paraissent  être  des  centrosomes.  Ces  corps 
sont  constitués  par  un  globule  de  substance  homogène  qui  ne  se  colore  que  très  peu  par 
les  réactifs.  Leur  apparition  semble  coïncider  avec  la  formation  de  la  plaque  équato- 
riale;  après  ce  stade  il  est  rare  de  les  apercevoir.  Cependant  M.  ÎMeves  les  a  vus  dans 
les  cellules  à  l'état  de  repos  (^);  d'après  cet  auteur  ils  joueraient  un  rôle  important 
dans  la  formation  de  la  queue  du  spermatozoïde.  Mais  celte  observation  ne  peut  être 
admise  que  sous  certaine  réserve;  car  on  sait  que  les  opinions  des  auteurs,  en  ce  qui 
concerne  les  animaux,  sont  très  partagées  sur  ce  point. 

(')  Hma^KKï),  Le  Botaniste,  5^  série,  i"'' fascicule;  1896. 
(^)  Meves,  Anat.  aitg.,  t.  XIV,  n"  6;  1897. 


(   173  ) 

»  Dans  nos  préparations,  ces  corps  ne  deviennent  très  nets  qu'an  stade  de  plaque 
équaloriale. 

»  L'anneau  équatorial  se  colore  plus  en  certains  points  qu'en  d'autres  ce  qui  semble 
indiquer  un  commencement  d'individualisation  des  chromosomes;  mais  ces  derniers 
sont  si  petits  et  si  rapprochés  qu'ils  échappent  à  toute  numération. 

»  Bientôt  la  plaque  équatoriale  se  sépare  en  deux  moitiés  qui  se  portent  en  sens 
opposé  vers  les  pôles.  Le  fuseau  apparaît  sous  forme  de  substance  transparente  fine- 
ment striée  dans  le  sens  de  la  longueur.  Le  protaplasme  suit  enfin  le  mouvement  du 
noyau  et  se  divise,  perpendiculairement  à  la  figure  karyokinétique,  en  deux  cellules 
filles  contenant  chacune  un  des  nouveaux  noyaux. 

»  Les  figures  karyokinétiques  ont  sensiblement  le  même  aspect  elle  même  volume. 
On  n'en  trouve  qu'une  seule  par  cellule.  A  aucun  moment  nous  n'avons  vu  de  divi- 
sions indirectes  se  succéder  sans  intervalle  de  repos. 

»  Les  noyaux  se  divisent  ainsi  un  certain  nombre  de  fois  avant  de  se  fragmenter. 

»  Fragmentation  directe.  —  Les  cellules  dont  le  noyau  s'est  fragmenté  sont  poly- 
nucléées  ;  elles  sont  disposées  sans  ordre  au  milieu  des  autres  éléments.  On  en  distingue 
deux  sortes  :  les  unes  à  noyaux  petits  et  contractés  fournissent  les  spermatozoïdes; 
les  autres  à  noyaux  plus  gros  et  granuleux  paraissent  se  désagréger.  Néanmoins  elles 
dérivent  toutes  du  même  processus  de  fragmentation. 

»  Voici  en  quoi  consiste  la  fragmentation  directe  du  noyau  ;  un  exemple  fera  mieux 
comprendre  que  toute  description.  Supposons  une  pomme  de  terre  coupée  en  quatre 
par  deux  plans  perpendiculaires  et  dont  chaque  quartier  s'éloigne  ensuite  peu  à  peu 
du  centre;  nous  aurons  ainsi  le  mécanisme  de  cette  division. 

»  Les  plans  ne  sont  pas  toujours  perpendiculaires  entre  eux;  ils  peuvent  se  com- 
biner de  manière  à  former  un  Y  ou  un  H,  etc.,  ce  qui  paraît,  d'ailleurs,  ne  changer  en 
rien  le  résultat. 

»  Au  début,  les  lignes  de  séparation  se  présentent  sous  la  forme  de  traits  transpa- 
rents qui  sont  très  vraisemblablement  formés  par  une  invagination  de  la  membrane 
nucléaire.  Le  dédoublement  des  membranes  commence  au  centre  pour  s'étendre  de  là 
à  la  périphérie.  Les  fragments  en  forme  de  coins  s'écartent  peu  à  peu,  laissant  au 
centre  du  noyau  un  espace  clair  irrégulier.  Lorsque  le  dédoublement  est  terminé,  les. 
quatre  noyaux-filles  s'arrondissent  et  deviennent  libres  à  l'intérieur  de  la  cellule. 
Quelquefois,  il  n'y  a  qu'un  seul  plan  de  scission,  mais  chaque  moitié  devenue  libre  se 
divise  aussitôt  en  deux  autres. 

»  Les  quatre  noyaux  qui  résultent  de  la  fragmentation  sont  égaux  et  plus  petits  que 
le  noyau  générateur. 

»  11  y  a  évidemment  là  un  phénomène  de  réduction  de  la  substance  chromatique 
dans  les  cellules-mères  des  spermatozoïdes. 

»  En  eflel,  les  quatre  noyaux  résultant  de  la  fragmentation  sont  comparables  à  ceux 
qu'on  obtient  par  deux  bipartitions  successives  chez  V Ascaris  megalocephala  et  le 
Liliuin  martagon,  lors  delà  formation  des  spermatozoïdes  et  des  grains  de  pollen. 
Dans  l'un  comme  dans  l'autre  processus,  les  noyaux-filles  sont  réduits  de  moitié  par 
rapport  au  noyau  générateur. 

»   Nous  sommes  donc  autorisé  à  considérer  la  fragmentation  directe  du   noyau   en 

C.  R.,  1899,  2«  Semestre.  (T.  CXXI\,  N°  3.1  33 


(  174  ) 
quatre  comme  un  processus  particulier  de  réduction  de  la  substance  chromatique,  en 
rapport  avec  le  développement  des  spermatozoïdes  chez  l'Homme. 

»  En  résumé,  les  deux  modes  de  division  que  nous  venons  d'étudier 
fournissent  : 

)i    i"  Des  cellules  de  multiplication  à  un  seul  noyau; 

M  2"  Des  cellules  de  réduction  polynucléées  ou  cellules-mères  des  sper- 
matozoïdes. 

»   Dans  un  autre  Travail,  nous  compléterons  cette  étude.   » 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Régénérations  osseuses,  suivies  à  l'aide  de  la 
radiographie  (').  Note  de  M.  Abel  Buguet,  présentée  par  M.  Edm. 
Perrier. 

«  La  Radiographie  permet  de  suivre  les  phases  successives  d'un  phéno- 
mène biologique  sur  un  même  individu,  en  pleine  vie,  sans  compromettre 
son  intégrité.  Elle  a  déjà  permis  de  saisir  sur  le  vif  les  actes  de  la  diges- 
tion, le  mécanisme  des  mouvements  du  squelette,  etc.  Je  me  propose 
de  montrer  le  parti  qu'on  en  peut  tirer  pour  étudier  les  phases  de  la 
régénération  osseuse,  chez  les  animaux  oîi  celle-ci  est  particulièrement 
aisée. 

»  J'ai  gardé  plusieurs  années  vivants  des  animaux  amputés  (reptiles, 
batraciens  urodèles)  en  les  soumettant  souvent  à  l'examen  radiogra- 
phique  (-). 

»   Les  épreuves  jointes  à  cette  Note  montrent  les  faits  suivants  : 

»  Un  triton  à  crête  femelle  a  été  amputé  au  tiers  supérieur  de  la  jambe.  On  voit, 
au  bout  de  deux  mois  et  demi,  le  membre  régénéré  avec  ses  cinq  orteils,  mais  pas  de 
calcification.  Au  cinquième  mois,  péroné,  tibia  et  phalanges  sont  calcifiés;  rien  au 
tarse.  Au  dixième  mois,  apparaissent  deux  os  du  tarse  :  os  péronéen  et  cinquième  tar- 
sien. Au  douzième  mois,  on  voit  huit  os  au  même  tarse  qui,  enfin,  porte  ses  neuf  os, 
encore  un  peu  légers,  quatorze  mois  et  demi  après  l'amputation. 

»  Un  triton  à  crête  mâle  a  donné  le  même  processus  de  régénération,  mais  plus 
lent,  puisqu'au  treizième  mois  il  est  moins  avancé  que  chez  le  précédent  animal  au 
dixième. 


{')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Physique  de  l'École  des  Sciences  de  Houen. 
(-)  Les  animaux  ont  été  radiographiés  éveillés,  par  des  poses  instantanées  qui  dis- 
pensent de  toute  anesthésie. 


(   '75  ) 

M  Un  jeune  axolotl  montre  ses  cinq  doigts  régénérés  au  bout  de  sept  mois  et  demi, 
mais  sans  calcification.  Celle-ci  commence  un  mois  plus  tard  ('). 

»  Tritons  alpestres  et  tritons  palmés  m'ont  donné  les  mêmes  phénomènes. 

»  Ces  résultats,  connus  depuis  Spallanzani,  ne  m'ont  paru  bons  à  signaler 
qu'en  raison  de  l'intérêt  d'une  méthode  permettant  de  suivre,  siu'  le  même 
animal,  toutes  les  phases  d'un  phénomène  qui  montre  mieux  ainsi  le  pa- 
rallélisme des  processus  de  la  régénération  et  de  l'évolution  normale. 

»  Le  même  examen,  appliqué  à  la  régénération  de  la  queue  du  lézard, 
montre,  plus  aisément  que  les  autres  méthodes,  l'apparition  de  l'étui 
neural  qui  remplace  la  colonne  vertébrale  amputée  ;  sa  calcification  pro- 
gressive, lesvariélés  de  structure  qu'elle  présente  souvent,  le  mécanisme 
de  curieuses  bifurcations  qui  sont  assez  communes,  tandis  que  les  lézards 
intacts  sont  plutôt  rares.    » 


RADIOGRAPHIE.  —  Radiographie  des  calculs  du  rein.  Note  de  MM.  Albarkan 
et  CoNTREMOULiN,  présentée  par  M.  Guyon. 

«  Nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  radiographies 
obtenues  chez  un  malade  atteint  de  calculs  du  rein. 

»  Un  jeune  homme  de  vingt-six  ans  est  entré,  le  9  juin  1899,  dans  le 
service  de  M.  le  professeur  Guyon,  à  l'hôpital  Necker,  se  plaignant  d'acci- 
dents de  cystite  rebelle  remontant  à  plus  de  deux  ans.  Depuis  dix  ans  déjà 
ce  malade  avait  des  urines  purulentes;  à  plusieurs  reprises,  il  s'était 
plaint  d'hématuries  et  de  quelques  douleurs  du  côté  du  rein  gauche.  Nous 
soupçonnâmes  l'existence  d'un  calcul  rénal  et  nous  pratiquâmes  l'examen 
radiographique. 

))  Comme  on  peut  le  voir  sur  les  épreuves,  on  constate  au  niveau  du  rein  gauche, 
tout  entier  caché  sur  les  côtes,  et  à  9<^"  de  la  ligne  médiane,  une  ombre  très  nette  en 
partie  cachée  par  celle  de  la  onzième  côte  :  sa  forme  est  irrégulière  et  rappelle  un  peu 
le  dessin  d'un  L  renversé  (t)  dont  le  sinus  regarderait  en  dehors.  Les  plus  grandes 
dimensions  longitudinales  et  transversales  sont  de  5™.  Affleurant  en  haut  à  la  dixième 
côte,  en  bas  à  la  douzième,  cette  ombre  est  située  tout  entière  dans  la  zone  costale. 
Au-dessous  d'elle,  vers  le  pôle  inférieur  du  rein,  on  voit  moins  distinctement  une 
autre  ombre  plus  petite  n'ayant  guère  que  i""  dans  son  plus  grand  diamètre.  Du  côté 


(')  Entre  les  deux  derniers  examens  radiograjiliiques,  deux  doigts  supplémenlaires 
ont  émergé  normalement  à  la  face  dorsale  de  l'un  des  carpes  de  cet  animal. 


C  176) 

droit  on  voil  aussi  une  tache  dans  la  région  rénale;  elle  présente  les  dimensions  d'une 
noisette. 

»  Nous  avons  pratiqué  chez  ce  malade  la  néphrolithotomie  du  côté 
gauche  :  nous  avons  trouvé,  dans  le  bassinet  dilaté  du  rein,  caché  com- 
plètement sous  les  côtes,  les  calculs  que  l'examen  radiographique  avait 
décelés.  Ces  calculs,  dont  nous  avons  pratiqué  l'examen  chimique,  sont 
formés  par  du  phosphate  de  chaux. 

))  Notre  malade  est  le  premier  chez  qui  on  ait,  en  France,  trouvé  des 
calculs  rénaux  par  la  radiographie.  A  l'étranger  on  en  a  publié  dix  cas, 
tous,  sauf  un,  concernant  des  calculs  oxaliques  ou  phosphatiques.  Lester 
Léonard  seul  a  pu,  jusqu'à  présent,  constater  l'existence  de  calculs 
uriques  qui  sont,  on  le  sait,  bien  plus  perméables  aux  rayons  X. 

»  Pour  obtenir  la  radiographie  d'un  calcul  du  rein,  la  première  condition  à  remplir 
concerne  la  position  occupée  par  le  malade  pendant  cette  recherche.  Il  est  indispen- 
sable que  le  malade  soit  en  contact  aussi  complet  que  possible  avec  la  plaque  sensible, 
sur  toute  la  région  dorsale.  A  cet  effet,  les  jambes  seront  repliées  et  maintenues  dans 
cette  position  par  un  dispositif  spécial. 

»  En  second  lieu,  il  importe  de  protéger  la  plaque  des  rayons  X  extérieurs;  on 
évite  ainsi  toute  impression  parasite  due  à  la  diffusion  des  rayons  dans  l'air  et  au 
halo,  que  donnent  toujours  les  parties  fortement  impressionnées. 

»  Enfin,  l'état  de  vide  du  tube  de  Crookes  doit  être  celui  qu'on  peut  caractériser  en 
disant  que  l'ampoule  est  à  l'état  de  tube  mou.  On  dit  qu'un  tube  est  mou  à  partir  du 
moment  où  il  commence  à  émettre  des  rayons  X,  jusqu'au  moment  où,  sur  l'écran 
fluorescent,  il  commence  à  donner  une  image  grise  de  tous  les  objets  qu'on  examine 
avec  cet  écran.  Quand  les  images  sont  devenues  grises,  le  tube  est  dit  dur,  ce  qui 
exprime  que  son  état  de  vide  a  augmenté.  Alors  les  phénomènes  qui  se  produisent 
sont  différents. 

»  Un  tube  dur  traverse  facilement  les  corps  organiques,  mais  il  ne  donne  pas  de 
contrastes,  et  les  nuances  délicates  disparaissent  complètement.  Au  contraire,  si  le 
tube  est  mou.  il  donnera  toutes  les  nuances  désirées  et  permettra  d'obtenir  des  détails 
tels  que  certains  calculs  du  rein  deviendront  visibles. 

»  Pour  traverser  des  épaisseurs  telles  que  l'abdomen  de  l'adulte  sans  porter  le  temps 
de  pose  au  delà  des  limites  pratiques  (dix  minutes  environ),  il  est  nécessaire  que  le 
tube  soit  amené  à  l'étal  de  vide  particulier  où  il  va  cesser  d'être  mou  pour  devenir 
dur,  sans  dépasser  ce  point  précis,  H  donne  alors  toutes  les  nuances  nécessaires,  quoique 
ayant  déjà  assez  de  pénétration  et  d'intensité  dans  la  production  des  rayons  X,  pour 
que  le  temps  de  pose  soit  réduit. 

»  On  s'assure  que  le  tube  est  à  cet  état  précis  de  vide,  en  plaçant  la  main  devant 
l'écran  à  bonnettes  à  ao"^"»  environ  du  tube.  L'image  formée  doit  alors  être  noire  pour 
les  os,  la  structure  de  ceux-ci  restant  presque  indistincte,  les  chairs  s'accuseront,  au 
contraire,  en  demi-teintes  bien  franches,  tandis  que  le  fond  de  l'écran  sera  très  lumi- 
neux. Cet  étal  de  vide  doit  être  constamment  maintenu,  car,  si  le  tube  devenait  dur 


(   177  ) 

pendant  l'opération,  la  recherche  serait  compromise.  Dans  ces  conditions,  six  à  huit 
minutes  de  pose  suffisent  pour  un  adulte  ayant  de  25="  à  Se"""  d'épaisseur  (le  tube 
étant  placé  à  20""  de  la  plaque).  » 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.—  Radiographie  du cœur  el  de  l'aorte  aux  différentes 
phases  de  la  révolution  cardiaque.  Note  de  M.  H.  Gcilleminot,  présentée 
par  M.  Bouchard. 

«  Dans  certains  cas  pathologiques,  M.  le  professeur  Bouchard  nous  a 
souvent  fait  observer  les  battements  de  l'aorte  à  l'examen  radioscopique. 
Parmi  les  assistants,  les  uns  voyaient  ces  mouvements,  les  autres  ne  les 
voyaient  pas;  quelques-uns  même  ont  peine  à  voir  les  mouvements  du 
cœur.  La  radiographie  dissociée  des  phases  de  la  révolution  cardiaque 
s'imposait;  elle  est  réalisée  par  un  appareil  que  j'ai  l'honneur  de  présenter 
à  l'Académie.  Son  principe  est  celui  qui  m'a  servi  pour  obtenir  la  radiogra- 
phie du  thorax  aux  différentes  phases  du  mouvement  respiratoire  (^Comptes 
rendus,  8  août  1898).  Il  permet  de  dissocier  la  révolution  cardiaque  en 
autant  de  phases  qu'on  le  juge  à  propos,  et  de  prendre  pendant  une  série 
de  révolutions  la  photographie  de  la  phase  choisie  à  l'exclusion  de  toutes 
les  autres. 

»  Il  se  compose  de  plusieurs  parties  : 

»  1.  Générateur  de  mouvement  uniforme.  —  Une  petite  dynamo,  marchant  sous 
10  volts  environ,  est  actionnée  par  cinq  accumulateurs.  Dans  son  circuit  se  trouvent 
deux  rhéostats,  l'un  que  l'on  règle  avant  l'expérience  et  l'autre  qui  constitue  un  régu- 
lateur automatique  spécial  assurant  l'uniformité  du  mouvement  pendant  toute  la 
durée  de  la  séance.  Ce  régulateur  se  compose  de  deux  spirales  de  fil  en  ferro-nickel, 
enroulées  autour  de  deux  tubes  de  verre.  Chacun  de  ces  tubes  plonge  dans  une  éprou- 
vette  de  mercure.  Ils  sont  réunis  par  un  corps  d'ébonite  le  long  duquel  se  réunissent 
également  les  deux  fils  de  ferro-nickel.  On  comprend  que,  à  mesure  que  cet  U  ren- 
versé sort  du  mercure,  la  résistance  augmente.  Or,  cet  appareil  est  supporté  par  un 
régulateur  à  boules,  de  sorte  que  plus  le  mouvement  devient  rapide,  plus  la  résis- 
tance devient  grande.  Quel  que  soit  l'obstacle  rencontré  du  côte  de  l'appareil  déclan- 
cheur  variable,  comme  nous  le  verrons,  la  régularité  du  système  se  trouve  ainsi 
assurée. 

»  Cet  appareil  anime  d'un  mouvement  uniforme  un  axe  que  nous  appellerons  ABet 
lui  imprime  environ  60  tours  à  la  minute. 

»  2.  Régulateur  facultatif  de  vitesse.  —  Cette  deuxième  partie  a  pour  but  de  trans- 
mettre le  mouvement  de  l'axe  AB  tournant  uniformément  à  60  tours  à  un  deuxième 
axe  A'B'  avec  un  rapport  de  vitesse  angulaire  de  '^  à  3.  On  peut  ainsi  animer  l'axe  A'B' 
d'une  vitesse  de  20  à  180  tours  à  la  minute,  établie  une  fois  pour  toute  avant  l'expé- 


(   '7«  ) 
rience.  A  cet  effet,  chacun  de  ces  axes  parallèles  supporte  un  cône  de  transmission 
tourné  en  sens  inverse,  et  la  poulie  de  transmission  qui  les  unit  peut  glisser  d'un  bout 
à  l'autre,  grâce  à  un  châssis  qui  l'entraîne  et  qui  lui-même  se  déplace  sur  une  vis  de 
réglage. 

»  3.  Appareil. déclencheur.  —  Le  deuxième  axe  A'B'  supporte  à  l'une  de  ses  extré- 
mités un  cylindre  concentrique  qu'il  entraîne  à  frottement  doux  dans  son  mouvement, 
de  telle  sorte  que,  si  Ton  arrête  le  cylindre,  l'axe  continue  son  mouvement  uniforme. 
Malgré  la  résistance  plus  grande,  l'uniformité  du  mouvement  est  assurée  par  le  régu- 
lateur automatique. 

»  Ce  cylindre  porte  un  arrêt  qui  vient  buter  contre  un  clenchet  relié  au  pulsomètre. 
■  »  Le  clenchet  se  soulève,  grâce  à  un  électro-airaaiu  qui  devient  actif  lors  de  la 
pulsation  radiale. 

»  k.  Ferme-circuit  de  l'inducteur  des  rayons  X.  —  D'autre  part,  le  cylindre  du 
déclencheur  porte  un  ferme-circuit,  U  renversé,  qui  plonge  dans  deux  cupules  de  mer- 
cure. En  unissant  ces  deux  cupules,  on  ferme  le  circuit  de  l'inducteur  des  rayons  X. 
Ce  ferme-circuit  peut  se  fixer  à  tel  degré  de  la  circonférence  du  cylindre  qu'on  le  juge 
à  propos  de  i  à  36o  à  partir  de  la  position  d'arrêt  du  clenchet. 

»  Ce  dispositif  permet  ainsi  de  fermer  le  circuit  des  rayons  X  à  un  moment  quel- 
conque de  la  révolution  cardiaque  et  pendant  un  temps  quelconque,  le  temps  que  l'U 
ferme-circuit  plonge  dans  le  mercure. 

»  5.  Pulsomètre.  —  Il  se  compose  du  sphygmographe  de  Marey  dont  on  a  enlevé 
le  mouvement  et  le  levier. 

»  A  la  place  du  mouvement  se  trouve  une  cupule  de  mercure  en  relation  avec  le 
pôle  4-  d'un  accumulateur. 

»  A  la  place  du  levier  j'ai  mis  une  tige  légère  d'aluminium  à  l'extrémité  de  laquelle 
est  soudé  un  fil  de  platine  qui  vient  plonger  dans  le  mercure.  Cette  tige  est  en  rela- 
tion électrique  par  les  pivots  avec  la  masse  du  pulsomètre  qui  est  relié  à  l'électro- 
aimant  de  l'appareil  déclencheur. 

»  L'autre  fil  de  l'éleclro-aimant  du  déclencheur  communique  avec  le  pôle  négatif  de 
Taccumulaleur,  de  sorte  que  le  circuit  est  fermé  quand  le  fil  de  platine  plonge  dans  le 
mercure;  il  est  ouvert  quand  la  pulsation  radiale  l'en  fait  sortir. 

»  Le  pulsomètre  étant  mis  au  point  une  fois  pour  toutes  avant  l'expérience,  on 
corrige  l'état  de  tension  plus  ou  moins  grande  des  tendons  du  poignet  en  tenant  la 
main  du  sujet  dans  la  main  droite,  la  main  gauche  supportant  le  poignet.  L'opérateur 
n'a  d'ailleurs  qu'à  surveiller  le  pulsomètre,  le  reste  de  l'appareil  ne  demande  aucun 
soin  au  cours  de  l'expérience. 

»  Le  fonctionnement  de  l'appareil  est  facile  à  comprendre.  On  règle  la  vitesse  de 
l'axe  A'B'  de  telle  sorte  qu'elle  soit  un  peu  supérieure  à  celle  de  la  révolution  car- 
diaque, 8o  tours  pour  70  pulsations.  Il  y  a  ainsi  un  contact  du  clenchet  contre  l'arrêt 
du  cylindre  de  ,'„-  de  seconde  environ,  ce  qui  suffit  pour  établir  le  synchronisme  du  o 
de  la  révolution  du  cylindre  avec  le  moment  de  la  pulsation  radiale. 

»  Les  résultats  obtenus  dans  deux  séries  de  radiographies  nous  montrent 
le  cœur  à  la  période  (-+-  10°  à  -h  100°)  après  le  déclenchement  et  à  la  pé- 
riode (-(-  230°  à  -h  340°)  après  ce  même  déclenchement. 


(  '79  ; 

»  Dans  les  deux  cas,  la  ligne  ventriculaire  gauche  diffère  d'une  phase  à 
l'autre  d'un  maximum  de  o'='",6à  o'"',']  au  niveau  du  tiers  moyen  du  ven- 
tricule. Le  ventricule  est  plus  gros  à  la  deuxième  phase. 

»  L'oreillette  varie  peu  d'aspect.  Elle  parait  écrasée  légèrement  en  haut 
et  à  droite  à  la  première  phase. 

»  L'aorte  ne  varie  pas,  mais  nous  ne  la  voyons  que  dans  un  seul  cas.   » 


PHYSIOLOGIE    ANIMALE.    —     Du   rôle  des  organes   locomoteurs   du  cheval. 
Note  de  M.  P.  Le  Hello,  présentée  par  M.  Marey. 

«  Dans  cette  Note,  je  me  propose  d'exposer  les  faits  auxquels  m'a  con- 
duit l'étude  des  documents  chronophotographiques  publiés  par  M.  Marey 
en  1898. 

»  Les  rapports  existant  entre  les  axes  généraux  des  membres  et  les  axes 
des  rayons  osseux  qui  les  constituent  montrent  que  l'ensemble  de  ces 
colonnes  squelettiques  se  dispose,  pendant  l'impulsion,  de  façon  à  con- 
stituer, d'une  manière  d'autant  plus  accentuée  que  les  efforts  sont  plus 
intenses,  un  arc  ouvert  en  arrière.  La  convexité  de  cet  arc  sert  par  suite 
de  point  d'insertion  à  l'une  des  extrémités  des  muscles  ischio-tibiaux-fémo- 
raux  et  pectoraux-grand-dorsal,  qui  limitent  l'ampleur  des  courbes  ainsi 
réalisées. 

).  Du  reste,  ces  dispositions  sont  indispensables  pour  expliquer  le  rôle 
des  muscles  extenseurs  de  l'avant-bras  aux  membres  antérieurs.  Autre- 
ment ces  puissances  rétractiles  ne  pourraient  ouvrir  l'articulation  huméro- 
radio-cubitale,  sans  fermer  l'articulation  scapulo-humérale;  et,  avec  une 
organisation  plus  complexe,  des  subordinations  analogues  se  perçoivent 
pour  les  muscles  qui  vont  de  l'ischium  au  tibia. 

.)  Ces  observations  conduisent  à  penser  que  la  rigidité  des  membres  est 
surtout  en  rapport  avec  l'utilisation  des  forces  nées  de  la  contraction  des 
muscles  de  la  région  crurale  postérieure  (partie  postérieure  du  fessier 
moyen,  biceps  fémoral,  demi-tendineux,  etc.)  et  de  la  région  axillaire 
(pectoral  profond,  etc.).  L'exactitude  de  cette  interprétation  peut  être 
mise  en  évidence  à  l'aide  de  la  représentation  artificielle  des  mouvements, 
suivant  le  procédé  décrit  dans  mes  travaux  antérieurs. 

»  L'appareil  dessiné  dans  la  figure  ci-conlre  correspond  à  la  conception  des  or- 
ganes locomoteurs  du  cheval,  qui  découle  de  ces  nouvelles  recherches.  L'axe  du  tronc, 
joint  au  coxal,  se  retrouve  dans  GDCL,  la  rigidité  du  thorax,  dans  DX  et  les  membres 


(    i8o  ) 

dans  GM  el  CN.  Les  ressorts  LZ  et  XY  correspondent  aux  ischio-tibiaux-fémoraux  et 
aux  pectoraux-grand-dorsal. 

»  Il  suffit  de  rendre  les  tiges  représentant  les  membres  obliques  en  avant,  en  ten- 


dant par  là  même  les  liens  rétractiles,  pour  qu'un  effort  de  translation  soit  perceptible 
et  puisse  devenir  extrêmement  accentué.  On  obtient  un  effet  déjà  fort  accusé  avec 
chacune  de  ces  puissances  prises  isolément. 

»  Dans  l'appareil  privé  de  ses  ressorts,  le  tronc  se  reporte  en  avant  quand  les  tiges 
imitant  les  membres  ont  dépassé  la  verticale  en  ce  sens,  et  réciproquement. 

»  Ce  dernier  état  de  choses  correspond  évidemment  au  recul,  où,  en  l'absence  de 
muscles  spécialement  destinés  à  cet  effet,  la  raideur  des  membres  peut  seule  intervenir, 
en  combinant  son  action  avec  celle  du  poids  du  corps.  Or,  il  est  reconnu  que  ce  mode 
de  translation  occasionne  une  telle  fatigue  des  muscles  actifs,  forcément  surmenés, 
qu'il  ne  peut  être  demandé  que  pour  des  efforts  d'une  intensité  et  d'une  durée  très 
limitée. 

M  D'après  ce  qui  précède,  il  paraît  absolument  rationnel  d'admettre  que,  dans  les 
mouvements  progressifs  ordinaires,  les  agents  qui  déterminent  la  détente  suivant  l'axe 
des  membres  utilisent  largement  les  facultés  dont  ils  disposent,  rien  qu'en  y  détermi- 
nant la  raideur  grâce  à  laquelle  les  muscles  du  poitrail  et  de  la  région  crurale  posté- 
rieure peuvent  produire  les  forces  dirigées  dans  le  sens  du  déplacement  de  la  masse 
générale. 

))  En  somme,  voici,  encore  plus  précisée,  la  conception  des  phénomènes 
de  la  locomotion  du  cheval  que  j'ai  émise,  et  qui  peut  désormais  se  résumer 
dans  les  données  générales  suivantes  : 

»  1°  Les  muscles  ischio-tibiaux-fémoraux  et  pectoraux-grand-dorsal 
sont  les  agents  essentiels  de  la  progression. 

»  2°  Les  forces  opérant  suivant  l'axe  général  des  membres,  qui  sont  les 
intermédiaires  nécessaires  dans  la  mise  en  œuvre  des  actions  précédentes, 
n'ont  qu'une  participation  directe  difficilement  admissible,  dans  la  création 
des  forces  dirigées  pour  produire  les  déplacements  en  ce  sens. 

»  3"  D'après  les  faits  constatés  dans  le  fonctionnement  des  appareils 
réalisant  la  représentation  artificielle  des  mouvements  locomoteurs,  aussi 


(   i8,   ) 

bien  que  par  l'étude  des  caraclères  anatoniiques,  les  muscles  importants 
de  la  partie  antérieure  de  la  croupe  doivent  surtout  être  considérés  comme 
des  abducteurs  du  membre  tout  entier  et  des  continuateurs  de  l'action  de 
l'ilio-spinal  en  arrière.  L'anatomie  comparée  appuie  cette  induction  en 
montrant  que  ces  muscles  sont  d'autant  plus  volumineux  que  les  membres 
agissent  plus  isolément  pendant  les  actes  locomoteurs  :  les  chevaux  de  trait 
les  ont  plus  volumineux  que  les  chevaux  de  galop;  on  les  voit  diminuer  de 
volume  chez  le  lièvre,  le  lapin,  la  grenouille,  à  mesure  que  les  modes  de 
translation  se  rapprochent  du  saut.    » 


PISCICULTURE.  —  Sur  te  f/éveloppement  et  ta  pisciculture  du  Turbot.  Note  de 
M.  A. -Eugène  Malaiîd,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  .Suivant  les  désirs  et  les  conseils  de  M.  le  professeur  Edmond  Perrier 
qui  a  organisé  l'étude  de  la  piscifacture  au  laboratoire  maritime  du  Muséum, 
fondé  par  lui  à  l'île  Talihou,  et  à  la  demande  de  M.  le  Ministre  de  la  Ma- 
rine, j'ai  entrepris  cette  année,  à  ce  laboratoire,  des  expériences  sur  le 
développement  et  la  pisciculture  du  Turbot.  La  réussite  de  ces  premières 
expériences,  et  les  résultats  importants  pour  l'avenir  qu'elles  font  prévoir 
m'engagent  à  en  informer  dès  à  présent  l'Académie. 

»  Les  Turbots,  acclimatés  (et  je  puis  dire  presque  apprivoisés)  dans  un 
grand  bassin  où  ils  sont  nourris  au  moyen  d'équilles  ou  lançons  (Ammo- 
dites  tobianus),  n'ont  nullement  souffert  de  leur  stabulation  préventive  à 
la  ponte.  C'est  donc  naturellement  que  nous  avons  obtenu  la  ponte  et  la 
fécondation  des  œufs,  ce  qui  n'avait  jamais  pu  être  obtenu  jusqu'ici  à  ma 
connaissance. 

Il  Les  femelles  se  tiennent  au  fond  du  bassin;  les  mâles,  au  contraire,  sont  généra- 
lement plus  actifs  et  montent  plus  fréquemment  vers  la  surface.  Les  femelles  gravides 
aident  la  ponte  en  se  frottant  l'abdomen  sur  l'arête  vive  d'une  muraille  imitant  un 
rocher  sortant  du  sable  d'à  peu  près  So"'"  de  liauteur;  durant  la  ponte,  la  femelle  est 
suivie  par  le  mâle  qui  paraît  féconder  les  œufs  au  fur  et  à  mesure  de  la  ponte;  lorsque 
la  femelle  s'arrête,  le  mâle  tourne  autour  d'elle,  puis  s'arrête  également,  il  appuie  le 
tiers  antérieur  de  son  corps  sur  la  portion  antérieure  du  ventre  de  la  femelle  et,  par 
des  mouvements  saccadés  et  répétés,  quoique  assez  lents,  semble  comprimer  l'abdomen 
de  la  femelle  dans  le  sens  antéro-postérieur  ;  l'un  et  l'autre  reprennent  ensuite  leur 
course,  le  mâle  à  la  suite  de  la  femelle;  comme  celle-ci,  il  comprime  son  abdomen 
dans  l'élan  qu'il  se  donne  pour  franchir  le  rocher.  On  voit  alors  les  produits  sexuels 
formant  comme  un  nuage,  monter  à  la  surface. 

G.  R.,  1899,  i'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  3.)  24 


(  i8a  ) 

»  Je  dois  ajouler  que,  jusqu'ici,  je  n'ai  observé  aucune  lésion  organique, 
ni  aucun  ulcère,  sur  mes  animaux;  les  premiers  moments  de  captivité 
passés,  les  Turbots  ont  évité  avec  le  plus  grand  soin  le  contact  des  murailles; 
sauf  le  cas  particulier  que  je  signale  lors  de  la  ponte,  ils  semblent  avoir  le 
plus  grand  soin  d'éviter  tout  frottement. 

»  Je  ne  décrirai  pas  ici  les  œufs  actuellement  connus  des  Turbots,  et  je 
me  contente  d'en  mettre  quelques-uns  sous  les  yeux  de  l'Académie,  au 
stade  où  ils  présentent  déjà  des  caractères  bien  nets,  l'embryon  déjà  formé 
et  le  globule  buileux  si  caractéristique;  tous  les  œufs  recueillis  à  la  surface 
des  bassins  sont  fécondés,  et  je  n'en  ai  peut-être  pas  observé  un  sur  mille 
non  fertile;  leur  nombre  est  de  plusieurs  millions  et  je  ne  puis  l'évaluer, 
même  approximativement. 

»  Buckland  l'estime  à  i4oooooo  dans  une  seule  femelle  de  25  livres  anglaises, 
et  Collett,  dans  une  de  775""",  en  a  calculé  environ  io56ooo.  Six  femelles  au  moins 
ont  pondu  jusqu'à  ce  jour;  l'œuf,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  est  pélagique,  et  sa 
densité  au  moment  de  la  ponte  est  de  i  ,02^7  environ  en  moyenne.  L'œuf  mort  devient 
bientôt  opaque;  il  devient  rapidement  plus  lourd  et  tombe  au  fond,  ce  qui  a  pu 
induire  en  erreur  la  plus  grande  partie  des  auteurs  qui  ont  observé  en  mer  des  œufs 
de  Turbots  et  les  ont  considérés  comme  devant  achever  leur  développement  au  fond. 
L'augmentation  de  poids  parait  être  due  à  une  perte  de  la  substance  grasse;  contrai- 
rement à  l'opinion  reçue,  le  développement  de  l'œuf  après  l'apparition  de  l'embryon 
se  continue  à  la  surface  pour  l'œuf  bien  portant  ;  et  il  v  aura  lieu  d'étudier  d'une  façon 
exacte  la  densité  de  l'eau  de  mer  dans  les  localités  de  ponte  des  Turbots.  J'ai  obtenu, 
en  effet,  le  développement  de  l'œuf  jusqu'à  éclosion  dans  l'eau  de  mer  d'une  densité 
de  1,026  environ,  mais  j'ai  pu  l'obtenir  dans  diverses  eaux  de  mer  titrées,  de  den- 
sités variant  entre  1,024  et  1,028.  D'après  les  résultats  obtenus  dans  ces  essais,  j'ai 
tout  lieu  de  croire  qu'il  existe,  dans  la  ponte  normale  du  Turbot,  des  séries  d'œufs 
aptes,  par  leur  plus  ou  moins  grande  proportion  de  substance  grasse,  à  flotter  et 
éclore  dans  des  eaux  de  mer  de  densités  comprises  entre  i  ,024  et  1  ,028  par  exemple, 
avec  un  optimum  vers  1 ,026. 

•    »  La  larve,  libre  tout  le  temps  que  le  sac  vitellin  n'est  pas  résorbé,  nage  en  conser- 
vant la  forme  courbée  qu'elle  avait  dans  l'œuf.  Sitôt   la  vésicule  résorbée,  et  même 
avant  sa  disparition  complète,  le  jeune  Turbot,  fortement  pigmenté  et  ayant  déjà  le 
yeux  très  développés,  commence  à  chercher  sa  nourriture. 

»  J'ai  essayé  successivement  diverses  nourritures  naturelles  et  artifi- 
cielles (viande  pulvérisée,  farine  de  crevettes,  de  poisson,  fromage,  lait 
caillé,  séché  et  pulvérisé,  jaune  d'œufs,  cervelle  de  veau,  copépodes  et 
ostracodes,  larves  pélagiques,  diatomées,  infusoires). 

»  Les  derniers  dont  j'avais  entrepris  la  culture,  sur  les  conseils  de 
M.  Fabre-Domergue,  ont  donné  lieu  à  une  curieuse  observation  :  mis  en 
contact  avec  des  œufs  de  Turbot  encore  enfermés  dans  leur  coque,  les 


(  i83  ) 

iiifusoires  s'attaquent  à  la  coque  du  côté  de  la  lèle  de  l'enibryoïi  et  per- 
mettent ainsi  une  délivrance  plus  facile  de  celui-ci.  Semblable  fait,  déjà 
observé  pour  les  oeufs  de  Saumon  et  d'Axolotls,  n'avait  jamais  encore  été 
signalé  chez  les  poissons  de  mer,  à  ma  connaissance. 

»  Comme  conclusion  préliminaire  pratique  de  cette  Note,  je  crois  pou- 
voir affirmer  que  la  pisciculture  du  Turbot  sera  possible  et  relativement 
même  facile  si  l'on  possède  des  bassins  d'élevage  d'une  capacité  suffisante; 
car,  tandis  que  les  jeunes  conservés  dans  de  petites  cuvettes  finissent  tou- 
jours par  s'anémier  et  périr  par  excès  de  chaleur  même  en  se  nourrissant  et 
ayant  complètement  résorbé  leur  vés.ciile  ombilicale,  ceux  qui,  au  con- 
traire, vivent  dans  nos  bassins  ont  jusqu'à  présent  toute  l'apparence  de  la 
santé (').   » 

PHYSIOLOGIE.    —    Recherches  expérimentales  sur  les  rêves.   De  la  continuité 
des  rêves  pendant  le  sommeil  (-).  Note  de  M.  Vaschide.  (Extrait.) 

«  A  notre  connaissance,  aucune  recherche  expérimentale  méthodique 
n'a  été  faite  sur  la  continuité  des  rêves  pendant  le  sommeil  {'^).  Les  auteurs 
inclinent  généralement  à  croire  que  ce  serait  seulement  à  l'époque  prémor- 
phéique  du  sommeil,  de  même  qu'au  moment  du  réveil,  que  les  rêves  au- 
raient lieu  (').  A.  Maury  (^)  et  Dechambre  ("),  tout  en  faisant  des 
restrictions,  inclinent  à  croire  à  la  continuité;  le  marquis  d'Hervey  ('), 
Lelut  C),  Serguyeff  C)  en  sont  partisans  plus  catégoriques. 


(')  Je  dois  ici  remercier  M.  le  professeur  Edmond  Perrier  et  M.  Georges  Roclié, 
Inspecteur  général  honoraire  des  pêches,  qui  n'onl  cessé  de  m'aider  de  leurs  conseils 
et  de  me  fournir  les  moyens  d'entreprendre  ces  recherches. 

(^)  Travail  du  laboratoire  de  Physiologie  expérimentale  de  la  Salpètrière,  dirigé  par 
M.  le  Prof.  Pierre  Janet. 

(•')  Dernièrement  M.  Bourdon,  répondant  à  une  question  que  j'avais  posée  dans  IV/i- 
termédiaire  des  Biologistes  (t.  I),  m'a  fait  connaître  un  travail  américain  de  M.  Wliiton 
Colkins  :  Statistics  of  dreanis  {The  americ.  Joiirn.  of.  Psych.,  t.  1.  p.  3ii).  Ne 
connaissant  pas  ce  travail  je  me  contente  de  le  signaler. 

(*)  Landois,  Physiologie  humaine.  Trad.  franc,  d'après  le  7"=  album,  p.  706;  1898. 
Serguyeff,  Le  sommeil  et  le  système  nerveux  ;  physiologie  de  la  veille  et  du  som- 
meil (3  vol.,  1890),  t.  II,  p.  890. 

(')  Le  sommeilet  les  rêves,  4°  éd.,  p.  49,  •^2  ;  1878.  Paris,  Didier. 

(')  Dictionnaire  des  Sciences  médicales  :  art.  Songe;  3°  série,  vol.  X,  p.  45. 

(')  Les  rêi-es  et  les  moyens  de  les  diriger,  p.  336  et  passim  ;  Paris,  1867. 

(')  Physiologie  de  la  pensée,  t.  II,  p.  45o,  453;  1862. 

(')  Ouvrage  cité,  t.  I,  p.  891. 


(  i84  ) 
»  Depuis  plus  (le  cinq  ans,  mes  recherches  sur  cette  question  ont  porté 
sur  trente-six  sujets,  âgés  de  i  an  à  80  ans,  et  sur  moi-même. 

»  Dans  rextrème  majorité  des  cas,  les  sujets  n'ont  jamais  été  au  courant  de  mes 
recherches.  En  plus,  nos  observations  ont  été  contrôlées  par  quarante-six.  autres  per- 
sonnes, recueillant  toujours  proprio  visu  les  faits.  Notre  méthode  consistait  à  sur- 
veiller les  sujets  toute  la  nuit,  ou  au  moins  une  partie  de  la  nuit,  et  à  les  observer  de 
tout  près,  recueillant  avec  soin  les  changements  de  physionomie,  les  gestes,  les  mou- 
vements, de  même  que  les  rêves  faits  à  haute  voix  et  les  rêves  communiqués  par  les 
sujets,  n'oubliant  jamais  de  déterminer  la  profondeur  du  sommeil  par  des  expériences 
préalables,  notamment  celles  de  Kolschutter,  Spitta  ('  )  et  Michelson  (^).De  temps  en 
temps,  dans  certains  cas,  nous  réveillions  le  sujet,  en  lui  cachant  toujours  que  son 
réveil  avait  été  provoqué  par  nous,  et  soit  laissant  le  sujet  à  lui-même,  soit  lui  posant 
des  questions,  nous  étions  renseigné  suffisamment  sur  son  état  d'esprit  et  ses  rêves. 
Des  réveils  spontanés  facilitaient  parfois  notre  tâche. 

»   Voici  les  principales  conclusions  auxquelles  nous  sommes  arrivé. 

»  i"  On  rêve  pendant  tout  le  sommeil  et  même  pendant  \&  sommeil  le 
plus  profond,  le  sommeil  qui  rappelle  la  syncope.  La  vraie  vie  psychique  du 
sommeil,  comme  la  vraie  vie  des  rêves,  ne  se  révèle  que  lorsque  le  sommeil 
commence  à  devenir  profond  ;  c'est  alors  qu'entre  en  action  l'inconscient. 
Les  rêves  recueilhs  pendant  le  sommeil  profond  révèlent  les  étapes  et 
l'existence  de  ce  travail  cérébral  inconscient,  auquel  nous  devons,  à  notre 
grand  étonnement,  la  solution  des  problèmes  qui  nous  occupent  depuis 
longtemps  et  qui  ressortent  brusquement,  comme  par  miracle  (^). 

»  2«  On  a  étudié,  sons  le  nom  de  rêve  et  songe,  deux  expressions  dont 
le  contenu  est  loin  d'être  bien  délimité,  plutôt  les  hallucinations  hypna- 
gogiques  de  l'époque  prémorphéique  et  celle  voisine  du  réveil  normal.  Les 
songes  du  sommeil  profond  ont  un  tout  autre  caractère  que  les  autres  rêves; 
le  chaos  du  râ\>e,  pour  employer  l'expression  de  Gruthuisen,  de  même  que 
les  clichés  souvenirs,  expression  dont  le  marquis  d'Hervey  caractérise  si 
bien  les  rêvés,  sont  presque  absents  dans  les  vrais  songes,  qui  paraissent 
être  dirigés  par  une  certaine  logique  inconsciente,  par  l'attention  et  la  vo- 
lonté, et  encore  par  ce  quelque  chose  qui  nous  échappe  et  qui  nous  fait 
penser  au  delà  des  images  du  rêve,  dont  parlait  Aristote.  On  pourrait  com- 


{^)  Die  Schlaf  iiiid  Tiaumzustànde  der  menscidichen  Seele,   p.  24;   1878.  Tu- 


bingen 


(2)    Vntersuchiingen    ïibcr  die    Tiefe   des   Scidafes  {Psycltol.  Arbeiten.  11.  Bd, 
p.  84-118). 

(')  CH.tRME  a  esquissé,  il  y  a  longtemps,  une  hypothèse  semblable:  Mémoires  de 
l' Académie  des  Sciences,  Ails  el  Belles-Lellres  de  Caen;  p.  429;  i85i. 


(   x85  ) 

parer  l'état  mental  de  ces  rêves  avec  le  travail  inconscient  de  la  veille. 

»  3"  Il  y  a  une  relation  étroite  entre  la  qualité,  la  nature  des  rêves,  et  la 
profondeur  du  sommeil.  Plus  le  sommeil  est  profond,  plus  les  rêves  con- 
cernent une  partie  antérieure  de  notre  existence  et  sont  loin  de  la  réalité; 
au  contraire,  plus  le  sommeil  est  superficiel,  plus  les  sensations  journalières 
apparaissent  et  plus  les  rêves  reflètent  les  préoccupations  et  les  émotions  de 
la  veille.  Le  D''  Pilez  ('),  un  remarquable  observateur,  est  récemment 
arrivé  à  des  conclusions  semblables. 

»  4°  L'existence  des  rêves  dans  le  sommeil  profond,  comateux,  n'im- 
plique pas  la  possibilité  de  certains  cas  de  sommeil  très  profond  sans  rêve. 
Il  y  a,  comme  dans  tout  phénomène,  une  question  de  relativité.  L'état 
comateux  ou  de  syncope  est  loin  de  répondre,  comme  on  le  prétend,  au 
sommeil  profond,  quoique  nous  soyons  loin  de  connaître  l'état  mental  dans 
ces  conditions  pathologiques.  En  somme,  comme  il  y  a  une  probable  inertie 
mentale  pour  la  veille,  il  y  en  a  une  pareille  pour  le  sommeil. 

»  5°  Les  personnes  qui  ne  rêvent  pas,  ou  plutôt  qui  prétendent  n'avoir 
jamais  rêvé,  sont  victimes  d'une  illusion  d'analyse  psychique  trèsciuieuse. 
Comme  habituellement  on  ne  fait  attention  qu'au  moment  du  réveil  ou 
pendant  l'époque  prémorphéique,  le  réveil  étant  brusque  de  même  que 
la  transition  entre  l'assoupissement  du  coucher  et  le  sommeil  comateux, 
les  étapes  hypnagogiques  et  du  réveil  n'ont  lieu  que  sous  une  forme  verti- 
gineuse et  il  y  a  impossibilité  d'attirer  l'attention  du  sujet.  Il  se  peut  bien 
que  l'illusion  persiste  pendant  plusieurs  années  (mon  cas,  par  exemple) 
et  qu'elle  se  révèle  dans  une  nuit  de  fatigue. 

»  6°  Les  rêves  d'une  intensité  moyenne  persistent  plus  dans  la  mémoire 
et  ils  sont  plus  continus,  tandis  que  les  rêves  énergiques,  actionnels,  dispa- 
raissent rapidement.  Pilez  a  observé  ce  même  fait.  Les  rêves  plus  intenses 
caractérisent  le  réveil  et  l'époque  prémorphéique  du  sommeil. 

»  7"  Les  enfants  en  bas  âge  et  qui  ont  toujours  un  sommeil  comateux 
commencent  à  rêver  à  haute  voix;  il  y  a  concordance  des  rêves  faits  à  haute 
voix  avec  ceux  du  réveil  spontané  ou  provoqué. 

»  8°  Les  vrais  rêves  sont  plus  lucides,  et  la  lucidité  est  en  rapport  avec 
la  profondeur  du  sommeil;  dans  le  sommeil  d'une  profondeur  moyenne, 
les  rêves  sont  plus  stables,  plus  précis  et  moins  fugitifs  que  dans  le  som- 
meil superficiel.  Le  marquis  d'Hervey  a  d'ailleurs  très  bien  deviné  ce  fait. 

(')  Quelques  contributions  à  la  psychologie  du  sommeil  chez  les  sains  d'esprit  et 
chez  les  aliénés  {Ann.  médico-psychol.,  99,  n°  1,  p.  66-75). 


(  i«6) 

»  9"  En  recueillant  les  rêves  de  toute  une  nuit,  on  est  induit  à  croire 
qu'il  y  a  toute  une  continuité  qui  se  suit  dans  les  conceptions  même  les 
plus  hallucinatoires.  Ce  caractère  est  plus  net  pour  le  vrai  rêve.  Pour  une 
personne  réveillée  plusieurs  fois  dans  une  nuit  et  d'une  façon  méthodique, 
on  peut  remarquer  un  certain  ordre  d'idées  dans  ses  rêves  :  une  asso- 
ciation étrange,  mais  nette,  et  généralement  difficile  à  expliquer  par  les 
opinions  courantes  sur  l'association  des  idées,  reliait  tous  les  rêves  en 
apparence  très  disparates.  Cette  association  rappelle  parfois  ce  genre  d'as- 
sociation de  la  veille,  dans  laquelle  un  mot  n'agit  que  pour  provoquer  une 
réaction  quelconque,  ou  encore  ces  associations  immédiates  où  il  s'agit 
d'une  coexistence  dans  le  temps  ou  dans  l'espace  (Aschatïenburg)  ('). 

»  En  résumé,  nous  pensons,  à  la  suite  de  nos  recherches,  que  le  pro- 
blème de  la  continuité  des  rêves  pendant  le  sommeil  est  en  partie  résolu, 
et  qu'on  doit  reconnaître,  avec  Descaries,  Leibnitz  et  Lélut,  qu'il  n'v  a  pas 
de  sommeil  sans  rêve  (").  Le  sommeil  ne  serait  pas,  d'après  nous,  un 
frère  de  la  mort ,  comme  le  désignait  Homère,  mais,  au  contraire,  un  frère 
de  la  vie  (^).  » 

M.  A.  Herrera  adresse,  de  Mexico,  utie  Noie  sur  une  modification  à 
introduire  dans  la  formation  des  noms  de  genres,  en  Histoire  naturelle. 

M.  Al.  Tsimbodraky  adresse  une  Note  relative  à  un  trailement  de  la 
lithiase  et  de  l'hyperhémie  hépatiques. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

J.  B. 


(')  Ejcperîmenlelle  Sludien  iiber  Associationen  {Psychol.  Arbeiten,  t.  I,  p.  209- 
3oo;  t.  II,  p.  1-84). 

('-)  Dans  un  travail  publié  dans  la  RivisLa  sperimentale  di  Frevialrla,  j'ai  dé- 
montré l'existence  de  l'attention  comme  facteur  qui  agit  et  se  poursuit  pendant  le 
sommeil:  N.  Vaschide,  Influcnza  deW  attenzionc  durante  il  sonno;  1898,  fasc.  I, 
vol.  XXIV,  p.  20-42. 

(')  Nos  recherches  seront  exposées  dans  plusieurs  Mémoires  qui  paraîtront  dans  la 
Revue  philosophique. 


(   18?  ) 


BCf.LETIN   HIBLIOGRAPHIQCE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   io  juillet   1899. 

Traité  de  Zoologie,  par  M.  Edmond  Perrier,  Membre  de  l'Iastitut.  Fasci- 
cule 5  :  Arnphioxiis-Tuniciers,  avec  97  figures.  Paris,  Masson  et  C'^.  1899; 
I  fasc.  in-8".  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Ponts  et  Chaussées.  Service  hydrométrique  du  Bassin  de  U  Adour.  Observations 
sur  les  cours  d'eau  et  la  pluie,  centralisées  pendant  Vannée  1896,  par  MM.  Bel- 
LEviLLE  et  Massenet,  SOUS  la  direction  de  M.  Eyriaud-Desvkrgnes.  Paris, 
imp.  A.  Dencède,  s.  d.;  i  fasc.  in-f". 

Notes,  reconnaissances  et  explorations .  Revue  mensuelle.  Livraisons  13-23 
(janv.-nov.  1898).  Tananarive,  Imprimerie  officielle,  1898;  11  fasc.  10-8". 

Une  série  de  Documents  sur  Madagascar  :  Mémoires,  Cartes,  Photographies. 
(Présenté  par  M.  A.  Grandidier,  au  nom  tlu  général  Gallieni,  gouver- 
neur général  de  Madagascar.) 

Le  Volta.  Annuaire  de  renseignements  sur  l' Électricité  et  les  Industries  an- 
nexes. Paris,  Société  fermière  des  Annuaires,  1899;  i  vol.  in-8".  (Hom- 
mage des  Editeurs.) 

Archives  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Lyon.  T.  VII.  Lyon,  Henri 
Georg,  1899;  I  vol.  in-f". 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées.  Mémoires  et  Documents.  Personnel.  Paris, 
V^^Ch.  Dunod,  1899;  i  vol.  iu-8". 

Revue  générale  de  Botanique,  dirigée  par  M.  Gaston  Bonnier,  Membre  de 
l'Institut.  T.  XI,  n"  126.  Paris,  Paul  Dupont.  1899;  i  fasc.  in-8°. 

Wissenschaftliche  Ergebnisse  der  Reisen  in  Madagaskar  und  Ostafrica  in 
dén  Jahren  1889-95,  von  D'  A.  Vœi^tzkow.  Band  I,  Heft  IV.  Echinodermen 
des  Sansibargebietes,  bearbeitet  von  Prof.  D''  Hubert  Ludwig,  in  Bonn. 
Frankfurt  a.  M.,  Morilz  Diesterweg,  1899;  i  fasc.  10-4".  (Présenté  par 
M.  Alfred  Grandidier.) 

Rejlesiuni  la  opurile  D  lui  membru  académie  M.  Paye  din  Paris,  Dlui  Lappa- 
rent,  profesor  la  Universitatea  catolica  si  Dlui  Darvin.  J.  Bontila.  Tip.  Weisz 
si  Srikiai,  in  Lugos,  1899;  i  lasc.  in-i6. 

Substilucion  de  nombres  genericos.  III,  j>or  Carlos  Berg.  (Communi- 
caciones  del  Museo  nacional  de  Buenos  Aires.  T.  I,  n°  3,  p.  -jj  à  80,  24  de 
mayo  de  1899.)  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 


(  i88  ) 

Coleopleros  de  la  Tierra  del  Fuego,  coleccionados  por  el  senor  Carlos  Back- 
hausen,  por  Carlos  Berg.  (Communicaciones  del  Museo  nacional  de  Bue- 
nos Aires.  T.  I,  n"  3,  p.  Sy  à  65,  24  de  mayo  de  1899.)  i  fasc.  in-8°. 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

Neue  Redukdon  dervon  Wilhelm  Olbersim  Zeitraum  von  1793  bis  i83i  auf 
seiner  Sternwarte  in  Bremen  angestelllen  Beohachtungen  von  Kometen  iind 
kleinen  Planeten.  Nach  den  Originalmanuskripten  berechnet  von  Wilhelm 
ScHUR  und  Albert  Stichtenoth,  in  Guttingen.  Berlin,  Julius  Springer, 
1899.  (Hommage  de  M.  Scliur.) 

Neuheiten  1899  auf  dem  Gebiete  der  Rônlgenstrahlen.  Par  Max  Rohl. 
Chemnitz;  i  fasc.  in-/|".     . 

Les  appareils  de  rerherches  par  les  rayons  X  (Catalogue  et  supplément), 
par  Max  Kohl.  Chemnitz  ;  2  fasc.  in-4°. 

Magnetische  undmeteorologische  Beobachtungen  an  der  k.  k.  Slernwarte  zu 
Pragim  Jahre  1898.  Herausgeg.  v.  D^'L.  Weinek.  59.  Jahrgang.  Prag,  1899; 

I  fasc.  in-4". 

Vn.  Sulla  funzione  fisiologica  délia  Solalina.  Recerche  del  D""  G.  Albo. 
(Estr.  da  A.  Borri,  Contrib.  Biolog.  veget.;  vol.  TT,  fasc.  3,  1899.)  i  fasc. 
in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 


ERRATA. 


(Séance  du  3  juillet   1899.) 

Note  de  M.  C.  Guichard,  Sur  les  surfaces  de  M.  Voss  : 

Page  24,  ligne  22,  au  lieu  de  sont  les  solutions  les  plus  générales,  lisez  ne  sont  pas 
les  solutions  les  plus  générales. 

(C'est  ce  qui  résulte  d'ailleurs  des  explications  données  deux,  lignes  plus  bas.  ) 


Oa    souscrit    à    Pans,    chez    GAUTHIER-VILLARS. 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

du  "janvier.  j,  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chei  Messieurs 
Ferrun  frères. 


iChaix. 
Jourdan. 
Ruff. 

Courtin-Hecquel. 
Germain  et  Grassin. 


Lorient. 


Lyon. 


•  (  Lachèse. 
.    Jérôme. 
.     Jacquard. 

iFeret. 
Laurens. 
Muller  (G.) 
..     Renaud. 

IDerrien. 
F.  Robert. 
J.  Robert. 
Vze\  frères. 

. .     Jouan. 

nie, P'rrin. 

j  Henry. 


■J/ïC 

fan 


ges 


chez  Messieurs  : 
(  Baumal. 
j  M°"  Texier. 
/Bernouxcl  Cumin 
\  Georg. 
]  Côte, 
jsavy. 
'  Vitte. 

Marseille Ruât. 

1  Calas. 
I  Coulet. 
Martial  Place. 

i  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Montpellie 
Moulins . . 


chez  Messieurs  : 
j  Feikema    Caarelsen 
Amsterdam !      g^  c'*. 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

(  Asher  et  C". 

]  Dames. 
Berlin '  Friedlander   et   fils 

(  Mayer  et  Muller. 

gerne Schmid  et  Francke. 

Bologne 


chez  Messieurs  : 
Dulau. 

Londres \  Hachette  et  C". 

Nutt. 


Luxembourg . 


Madrid  . 


Zaoichelli. 
]  Lamertin. 
Bruxelles }  MayolezetAudiarte. 


1  Nantes 


I 


■boi{ 


Nice. 


\  Sidot  frères. 
Loi  seau. 
Veloppé. 
Barnia. 

Visconti  et  G" 
Thibaud. 


Ferr.. 


nob' 
Hoc 
tav 


Marguerie. 

Juliot. 
Ribou-Collay. 

iLamarche. 
Ratel. 
Rey. 
i  Lauverjat. 

I  Degez. 

j  Drevet. 

i  Gratier  et  C'V 

(le Foucher. 

i  BourdignoD. 

(  Dombre. 

j  Thorez. 
i  Quarré. 


Aimes, 

Orléans    Luzeray. 

Blanchier. 
Poitiers 


Milan. 


Naples. 


Bacharest . 


Lebègue  et  C". 
Sotcheck  et  C». 
SlorcU. 
Kilian. 


(  Marche. 
Plihon  et  Hervé. 


Budapest 

Cambridge Deighton,  BellelG». 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  ■  Otto  Keil. 

Copenhague Hôst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste 

Gènes 


Rennes 

Rochefort Girard  (M»") 

(  Langlois. 
Rouen j  Leslringant. 

Etienne Chevalier. 


S' 
Toulon 


(  Ponteil-Burles. 
"i  Rumèbe. 


Genève. 


La  Haye. 


Lausanne. 


Toulouse. 


Tours. 


Valenciennes 


J  Gimel. 
i  Privât. 

iBoisselier. 
Péricat. 
Suppligeon 
(  Giard. 
Lemaltre. 


Leipzig- 


Beuf. 
Cherbuliez. 
Georg. 
(  Stapelmohr. 

Belinfante  frères. 

j  Benda. 
(  Payot. 
Barlh. 
1  Brockhaus. 
,  Lorentz. 
i  Max  Rube. 
',  Twielmeyer. 

^  Desoer. 
Gnusé. 


V.  Buck. 
'  Libr.  Gutenberg. 
I  Romo  y  Fussel. 
I  Gonzalès  e  hijos. 
'  F.  Fé. 
(  Bocca  frères. 
(  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

(  Marghieri  di  Gius. 

(  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 

Nciv-  York j  Slechert. 

(  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaès  el  Moniz. 

Prague ,.•     Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

I  (  Bocca  frères. 

•«<""« JLoescheretC". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

(  Zinserling. 

I  WollT. 

!  Bocca  frères. 
Brero. 
Clausen. 
RosenbergetSellier. 

,  Varsovie Gebelhner  et  Wollf 

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■«mil  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  ^"r      .  ^  ^^^^^-^^  delà  distribution  des  corps  organises  fossiles  dans  U  nature 

„  1  concours  de  ,853,  et  puis  remise  pour  celui  de  .856,  7-'-  '  "  f  "'^'^^^^^^^^  15  fr. 

.enires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  -  Discuter  la  que  t.on  dleuappr  ^   ^^  ^^^^^^^^^^  ^^^^^    j^_^.^  ^,,,  ,,  planche., 

..   ppons  qu.  existent  entre  l'étatactuel  du  règne  organique  et  ses^tatsai^ ^  ^^^^^^^^^ 

.U..e  UbraiHelesMé.o.e.de  VAcadé^ie  des  Sciences,  et  les  M..o.es  présentes  par  ..ers  Sa,anu 


Om.  :  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues  P"J^-J^;f  ^^        , 
aèl^  par  M.Han««.-  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique 
CLAtDE  Bee«abd.  Volume  in-4%  avec  3^  planches  ;  i8o6 


,rle  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  le» 
èrement  dans  la  digestion  des  matières 


W  3. 

TABLE   DES   ARTICLES.  (Séance  du  17  juillet  1899.) 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  Ukiithelot.  Sur  les  combinaisons  du 
sulfure  de  carbone  avec  l'hydrogène  et 
l'azote '33' 

\I.  Bl-RTHELOT.  —  Ucniarques  sur   la  com- 


Fages. 

hinaison  de  l'azote  avec  l'oxygène ^(7 

M.  P.-P.  Deiiérain.  —  Cultures  dérobées 
d'automne.  Leur  efficacité  comme  engrais 
vert t'iii 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Skcretaiiik  pekpetuki.  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, le  nouveau  Volume  'public  par 
l'Association  française  pour  l'avancement 
des  Sciences  :  «  27"  session,  tenue  à  Nantes 
en  i8r)S,  ir  Partie  :  Notes  et  Mémoires  >>. 

IM.  LœwY  présente  deux  photographies  lu- 
naires qui  lui  sont  adressées  par  M.  IVei- 
neck 

M.  E.-O.  LovETT.  —  Sur  les  transformations 
des  droites 

M.  C.  GuiCHAHD.  —  Sur  la  tlicorie  générale 
des  congruences  de  cercles  et  de  sphères. 

M.  F.  Beaulard.  —  Sur  les  formules  de 
Mossotti-Clausius  et  de  Betti  relatives  à 
la  polarisation  des  diélectriques 

M.    E.    BouTY.  Les    gaz    raréfiés   possè- 

dent-ils la  conductivité  éleclrolytique  "?  .. 

M.  On. -Ed.  Guillaume.  —  Sur  les  variations 
temporaires  et  résiduelles  des  aciers  au 
nickel  réversibles 

M.  A.Recoura.  —  Sur  l'acétate  chromique. 

M.  V.  Babès  et  Bacoucea.  —  Sur  la  pré- 
vention et  la  guérison  de  l'épilepsie 
toxique,  par  l'injection  de  substance  ner- 
veuse normale 

MM.  E.   Abelous  et  E.  Gérard.  —  Sur  la 
présence,  dans    l'organisme  animal,  d'un  , 
ferment    .soluble   réducteur.  Pouvoir  ré- 
ducteur des  extraits  d'organes 

Bulletin  bibliographique 

Errata 


•^7 

/ 

■49 
l'is 


I  13 

i')8 


.H  I 


M.  Etienne  IUdaud.  —  Sur  le  parablasle 
et  l'endoderme  vitcllin  du  blastoderme  de 
Poule 

M.  Edmond  Bordage.  -  Régénération  tar- 
sienne et  régénération  des  membres  des 
deux  paires  antérieures  cliez  les  Ortho- 
ptères sauteurs 

M.  Sappin-Trouffy.  —  Division  du  noyau 
dans  la  spermatogénèse  chez  l'homme.... 

M.  Abel  Buouet.  —  Régénérations  osseuses 
suivies  à  l'aide  de  la  radiographie 

MM.  .Vlbarran  et  Contremoulin.  —  Radio- 
graphie des  calculs  du  rein 

M.  H.  (juiLLEMiNOT.  -  Radiographie  du 
cœur  et  de  l'aorte  auj.  différentes  phases 
de  la  révolution  cardiaque , 

AL  P.  Le  Hello.  —  Du  rôle  des  organes  lo- 
comoteurs du  cheval. .  ; 

M.  A.-Euûèxe  !\Lalard.  ~  Sur  le  développe- 
ment et  la  pisciculture  du  Turbot 

M.  Vaschide.  —  Recherches  expérimentales 
sur  les  rêves.  De  la  continuité  des  rêves 
pendant  le  sommeil 

M.  A.  Heurera  adresse  une  Note  sur  une 
modification  à  introduire  dans  la  forma- 
tion des  noms  de  genres,  en  Histoire  na- 
turelle   

M.  .\.l.  Tsimbourakv  adresse  une  Note  rela- 
tive à  un  traitement  de  la  lithiase  et  de 
l'hyperhémie  hépatiques 


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18S 


P\RIS.   —    IMPKIMERIE     G  A  UTH  [E  R -Vt  L  L  \  RS  , 

Quai  des  Grands-Augustins,   Sa. 

/-«•  f.erant  .' t>*L-ruiEB-ViLLARS. 


1899 

AUiS  15  im  ■  SECOND  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

i  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAK  un.  IiES  SECRÉTAIKES  PEKPËTUEEiS 


TOME  CXXIX. 


N^  4  (24  Juillet  1899). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCES   DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

yuai  des  Grands-Augustins,  55. 

"189'J 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    DES    23    JUIN    1862   ET    2/»    MAI    1875. 


J.es  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  C Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parunAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent' au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Acadéi  • 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  maislesR. 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aut 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  > 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savant 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'A 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  î 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  ExI 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  lei  1 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance!  • 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  ren 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tare 
jeudi  à  I  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  ter 
le  titre seulduMémoireestinsérédansleCow/)/erf 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapport 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  a\ 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du| 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  di« 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avants*'.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sniî  > 


UG  15  1889 


COMPTES  RENDUS 

DES   SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  24  JUILLET  1899, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  que  le  Tome  CXXVII 
des  Comptes  rendus  (i^  semestre  1898)  est  en  distribution  au  Secrétariat. 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Présence  de  l'iode  en  proportions  notables  dans 
tous  les  végétaux  à  chlorophylle  de  la  classe  des  Algues  et  dans  les  Sulfu- 
raires,  par  M.  Armand  Gautier. 

«  L'air  de  la  mer  étant  particulièrement  riche  en  iode,  exclusivement 
localisé  dans  les  particules  en  suspension  et  de  nature  organique,  j'ai 
pensé  que  cet  élément  était  entraîné  dans  l'atmosphère  à  l'état  d'Algues 
microscopiques  ou  de  spores  iodées  issues  des  eaux  de  mer  où  l'on  sait 
que  foisonnent  les  Algues  microscopiques  très  riches  en  cet  élément.  Mais 

C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  4.)  .  2.^ 


(  '9"  ' 
l'air  des  conlinenls  contenant  aussi  de  l'iode  sous  la  même  forme,  quoique 
en  bien  moindre  proportion,  je  me  suis  demandé  s'il  est  vrai,  comme  on 
le  croit  généralement,  que  l'iode  n'existe  que  dans  les  Algues  marines,  et 
s'il  ne  pourrait  se  faire  qu'il  fût  indispensable  à  la  constitution  de  tous  les 
végétaux  de  cette  grande  classe.  On  sait  qu'elle  se  sépare  de  celle  des 
Champignons  par  son  mode  de  végétation  et  de  reproduction,  ainsi  que 
par  la  présence  de  la  chlorophylle,  ou  d'un  pigment  analogue,  chez 
presque  tous  ses  représentants.  De  là  des  caractères  différenciels  impor- 
tants :  grâce  à  leur  pigment,  les  Algues  peuvent  décomposer  l'acide  carbo- 
nique et  se  développer  sans  l'aide  d'aucune  matière  organique  préexistante: 
en  revanche,  elles  ont  besoin  de  l'excitation  lumineuse.  Les  Champignons, 
au  contraire,  ne  peuvent  se  nourrir  que  d'une  matière  organique  toute 
formée  qu'ils  détruisent  pour  fonctionner,  mais  la  lumière  ne  leur  est 
pas  nécessaire.  A  la  limite  de  ces  deux  classes,  tantôt  unies  aux  Algues  par 
les  botanistes,  tantôt  séparées  d'elles  (de  Bary,  Nœgeli),  se  rencontrent  les 
Bactériacées,  Algues  par  leur  développement  et  leur  mode  de  reproduc- 
tion. Champignons  par  leur  mode  de  nutrition,  dénuées  de  chlorophylle 
comme  ceux-ci,  et  comme  eux,  par  conséquent,  se  développant  grâce  à  la 
décomposition  corrélative  d'une  matière  organique  préexistante.  Au  cas 
où  l'iode  se  rencontrerait  dans  toutes  les  Algues,  marines  ou  d'eau  douce, 
et  n'existerait  pas  dans  les  Champignons  (et  nous  allons  montrer  qu'il 
en  est  à  peu  près  ainsi),  comment,  à  ce  point  de  vue,  la  présence  ou 
l'absence  d'iode  permettrait-elle  de  classer  les  Bactériacées? 

»  L'existence  de  l'iode  dans  les  Algues  d'eaux  salées  est  établie  depuis 
longtemps.  Toutefois,  quoiqu'il  y  soit  constant,  cet  élément  s'v  rencontre 
en  proportions  très  différentes  suivant  les  espèces,  comme  le  montrent  les 
quelques  nombres  suivants  (  '  )  : 

Iode  en  loo»' 
de  plante  fraiclie. 
gr 
Laminaria  digitala  slenoloba o,o6i 

»  saccharina o ,  o44 

Fucus  vesiculosus. .  .  . 


serrai  us ,      _,  .         ,, 

j  >  (Goémons  noirs).  Moyenne 0,012 

nodosus 1    ^  '         -^  ' 


»       siliq  uosus 

Laminaria  bulbosa 0,0077 

»  Ainsi,  les  Algues  d'eau  de  mer  contiennent  de  y^^r  à  6o™e'"  et  plus 


(')  Je  les  emprunte  à  E.  Allauy,  Bull.  Soc.  chiin.,  t,  XXXV,  p.  11;   1881 


(  igi  ) 

d'iode  jDOur  loo^''  de  plantes  fraîches,  soit  en  moyenne  12"'''',  nombre 
qu'il  faut  multiplier  par  5  environ  si  on  le  rapporte  à  la  plante  dessé- 
chée :  [ooS"^  d'Algues  sèches  d'eau  salée  contiennent  donc,  en  moyenne, 
Go-^s'- d'iode. 

))  Toujours  présent  dans  les  Algues  d'eau  de  mer,  où  on  le  trouve  sur- 
tout à  l'état  d'iodonucléines,  j'ai  pensé  que  l'iode  devait  y  jouer  un  rôle 
pour  ainsi  dire  spécifique,  en  rapport  avec  le  fonctionnement  des  espèces 
de  cette  grande  classe  de  végétaux,  et  que,  par  conséquent,  cet  élément 
existait  dans  toutes  les  Algues,  au  moins  dans  celles  à  chlorophylle, 
quoique  peut-être,  dans  ce  dernier  cas,  en  moindre  quantité.  C'est  ce 
que  l'expérience  a  confirmé. 

»  J'ai  examiné  les  Algues  d'eaux  douces,  courantes  et  stagnantes,  celles 
qui  poussent  simplement  sur  la  terre  humide,  celles  qui  s'introduisent 
dans  les  Champignons  et  donnent  ainsi  les  Lichens,  celles  qui  vivent  dans 
les  eaux  sulfureuses  froides  ou  chaudes  et  qui  sont  déjà  presque  des  Bac- 
tériacées.  Les  Algues  étudiées  appartenaient  aux  divers  ordres  des  Cyano- 
phycées,  Chlorophycées,  Floridées,  etc.  Dans  tous  les  cas,  j'ai  trouvé  et 
j'ai  pu  doser  l'iode  dans  ces  plantes.  Voici  mes  observations  abrégées  : 

'  Ulothrix  dissecla  (ordre  des  Chlorophycées,  famille  des  Confervacées). 
—  Espèce  très  pure  récoltée  à  la  campagne,  à  la  fin  du  printemps,  dans  un 
grand  baquet  de  bois  rempli  d'eau  de  source  issue  de  la  couche  des  sables 
de  Fontainebleau  et  abandonnée  l'hiver  dans  une  serre  tempérée.  Après 
essorage  à  la  trompe,  5^', 58  de  cette  algue  fraîche  ont  laissé  2»', 77  de 
matière  sèche  contenant  o™8',  066  d'iode,  soit  : 

Iode 2"'s'', 4o  pour  100  d'algue  sèche. 

«  Cladophora/racta  {même  ordre,  même  famille).  —  Plante  développée 
dans  les  bassins  de  l'École  de  Pharmacie  de  Paris,  récoltée  en  juin.  Elle 
contenait  88,4  pour  100  d'eau.  Dans  250^""  de  cette  algue  fraîche,  j'ai 
trouvé  o'"'''%433  d'iode,  soit  : 

Iode o"s'',9S4  pour  100  d'algue  sèche. 

»  A'oi/ocy)-rt^i/«  (ordre  des  Cyanophycces,  famille  des  Nostocacées).  — 
Cette  plante  contenait GiS", 8  d'eau  pour  100,  à  l'état  frais,  après  essorage; 
3i^^  d'algue  humide  ont  donné  o"^'',  o5  d'iode,  soit  : 

Iode o™si,493  pour  100  d'algue  sèche. 

»   Algue  cyanophycèe  du  groupe  des  finulariées  (mélangée  d'un  peu  de 


(   '92  ) 
Desmidiées) .  —   Elle  avait  été  recueillie,  en  mai,  dans  un  ruisseau  près 
Mantes.  On  y  a  trouvé  : 

Iode o™s'',  262  pour  100  d'algue  sèche. 

»  Protococcus pluçialis  (ordre  des  Chlorophycées,  famille  des  Protococ- 
cacées).  —Elle  m'avait  été  fournie  par  M.  Maxime  Cornu  qui  l'avait  récoltée 
dans  un  bassin  du  Muséum  de  Paris.  Elle  était  mélangée  d'un  peu  de  Pan- 
dorina  morum,  de  Gonium  pectorale  et  d'Euglena  viridis.  Cette  algue  verte 
contenait  après  essorage  98,24  d'eau.  Elle  a  donné  : 

Iode 2"e'',o6  pour  100  d'algue  sèche. 

»  Batrachospermum  (ordre  des  Floridées,  famille  des  Némaliées),  ré- 
coltée en  Seine,  en  amont  de  Paris.  Elle  contenait,  après  centrifugation, 
93,16  pour  100  d'eau.  On  y  a  trouvé  : 

Iode i™s'",i9  pour  100  d'algue  sèche. 

))  Beggialoa  (Glairine  et  barégine).  —  Elle  était  mélangée  de  quelques 
autres  Sulfuraires  formées  de  cellules  arrondies,  vraisemblablement  des 
Thiocystis.  Mais  la  masse  principale  était  de  la  glairine  de  consistance 
muqueuse  épaisse,  surmontée  de  pellicules  d'un  gris  verdàtre  quelquefois 
noirâtre,  où  se  voyaient  d'innombrables  cristaux  de  soufre  octaédrique 
(L.  Guignard).  Cette  Algue  venait  des  sources  sulfureuses  thermales  de 
Luchon.  Elle  était  toute  fraîche  au  moment  de  l'analyse.  La  matière  totale 
contenait  alors  98,  Sa  pour  100  d'eau.  On  y  trouva  : 

Iode Sô^sr  pour  100  de  matière  sèche. 

»  Si,  au  lieu  de  prendre  les  Algues  libres,  on  s'adresse  aux  Lichens  qui 
résultent,  comme  on  le  sait,  de  la  symbiose  d'une  Algue  et  d'un  Cham- 
pignon (généralement  ascomycète),  association  où  le  plus  souvent  le 
Champignon  prédomine  beaucoup,  on  retrouve  encore  dans  le  Lichen 
l'iode  qu'y  apporte  l'Algue.  En  voici  deux  exemples  : 

»  Parrnelia,  récoltée  en  avril  sur  des  micaschistes  du  Tyrol  à  800  mètres 
d'altitude.  On  en  a  traité  2^''  à  l'état  frais  : 

Iode Trace.  Trop  faible  quantité  pour  un  dosage. 

»  Pehigera,  récoltée  à  la  même  époque  à  i5oo  mètres  d'altitude  sur  les 
micaschistes  du  Tyrol,  au-dessus  de  Levico.  On  en  a  traité  i^', 37  à  l'état 

frais  : 

Iode o"'S'',  298  pour  100  de  lichen  sec. 


(  '93) 

»  Ainsi  les  Lichens  où  l'Algue  n'existe  qu'en  proportion  minime,  à  peine 
I  pour  100  du  poids  total,  contiennent  aussi  de  l'iode  en  quantité  le  plus 
souvent  dosable. 

))  Il  n'en  est  plus  de  même  des  végétaux  de  la  grande  famille  des  Bacté- 
riacées.  Les  essais  que  nous  avons  faits  pour  savoir  si  leur  teneur  en  iode 
les  sépare  nettement  des  autres  Algues  dont  elles  diffèrent  aussi  par  leur 
mode  de  nulrilion  et  par  l'absence  de  chlorophylle,  ont  confirmé,  au  moins 
partiellement,  notre  sentiment  qu'aux  points  de  vue  cliimique  et  phy- 
siologique, ces  plantes  doivent  être  classées  à  côté  des  Champignons.  Mais, 
à  cause  de  la  difficulté  qu'on  rencontre  de  se  procurer  des  bactéries  homo- 
gènes en  quantité  suffisante  pour  ces  études,  nous  avons  borné  nos  re- 
cherches à  deux  espèces  :  l'une  aérobie,  le  bacille  de  la  diphtérie,  l'autre 
anaérobie,  celui  du  tétanos.  Ils  venaient  l'un  et  l'autre  du  laboratoire  de 
notre  confrère,  M.  Roux,  de  l'Institut  Pasteur. 

»  Bacille  de  la  diphtérie  (Variété  américaine).  —  C'est  un  microbe  essen- 
tiellement aérobie.  On  l'a  recueilli  en  filtrant  sur  papier  i3  litres  de  cul- 
tures pures.  Après  lavage  très  modéré  à  l'eau  et  essorage,  les  corps  des 
bacilles  occupaient  un  volume  d'environ  120".  Ces  bactéries  séchées  pe- 
sèrent S^"^,  3  seulement.  On  y  trouva  : 

Iode Absence  complète. 

»  Bacille  du  tétanos.  —  On  sait  que  c'est  un  microbe  anaérobie.  Nous  en 

avions  20  cent,  cubes  à  l'état  de  purée  très  épaisse  qui,  séchée,  n'a  laissé 

que  637  centigrammes.  Ils  provenaient  de  3'",  5  de  cultures.  On  y  a 

trouvé  : 

Iode C"?', 00016  environ  (') 

»  Quant  aux  Champignons,  l'iode  a  été  cherché  dans  trois  espèces, 
V Agaricus  campestris,  le  Boletus  edulis  et  le  Cantharellus  cibarius,  par  mon 
préparateur,  M.  Bourcet,  qui  publiera  plus  tard  ses  résultats  en  détail.  Il 
a  trouvé  : 

Iode  pour  loos' 

de  parties  fraîches.        à  l'état  sec. 
Mgr  mgr 

Agaricus  campestris  {Champignon  découche)...  0,028  0,270 

"                                        »                       . . .  o ,  o  1 3  » 

Boletus  edulis  (Cèpe  comestible) 0,0172  » 

Cantharellus  cibarius  (Girolle) 0,0019  » 

(')  Nous  faisons  quelques  réserves  sur  ce  cas.  Les  20'=  de  corps  de  bacille  n'ayant 


(.  194  ) 

»  Des  observalions  ci-dessus,  on  doit  conclure  que  l'iode  est  un  élément 
constant  du  protoplasma  des  Algues  à  chlorophylle,  aussi  bien  de  celles 
qui  habitent  la  mer  que  de  celles  qui  croissent  dans  les  eaux  douces,  mais 
celles-ci  en  sont  moins  abondamment  pourvues  :  tandis  qu'on  trouve 
en  moyenne  6o"«'  d'iode  dans  loo  parties  sèches  d'Algues  marines,  celles 
d'eaux  douces  n'en  contiennent,  pour  la  même  quantité,  que  0'"^%  25  à 
2'"fi'',4o.  Les  Algues  bactériacées  d'eaux  sulfureuses,  dénuées  comme  on 
sait  de  chlorophylle,  mais  dont  le  mode  de  fonctionnement  est  si  différent 
de  celui  des  autres  Algues,  tiennent  le  milieu  entre  les  Algues  d'eaux 
douces  et  celles  d'eaux  de  mer,  avec  leurs  36™»'^  d'iode  pour  loos""  de 
parties  sèches. 

»  Les  Aigu  es  microscopiques,  surtout  celles  d'eau  de  mer,  et  celles  qui 
habitent  les  Lichens  paraissent  particulièrement  riches  en  iode. 

»  A  la  façon  des  Champignons,  les  Algues  dénuées  de  chlorophylle 
(si  l'on  en  excepte  les  Sulfuraires)  semblent  ne  pas  contenir  nécessaire- 
ment de  l'iode,  ou  du  moins  n'en  contenir  le  plus  souvent  qu'en  quantité 
très  minime. 

»  Dans  les  Champignons,  l'iode  augmente  ou  diminue,  paraît  même 
pouvoir  disparaître,  suivant  le  milieu  où  ils  se  nourrissent;  en  un  mot, 
l'iode  ne  paraît  pas  être  un  des  éléments  indispensables  de  leur  proto- 
plasma. Toujours  présent,  au  contraire,  dans  les  Algues  chlorophylliennes, 
souvent  absent  quand  elles  sont  incolores  et  ne  décomposent  pas  l'acide 
carbonique,  l'iode  semble  entrer,  sinon  dans  la  constitution  même  du  pig- 
ment chlorophyllien  spécial  de  ces  Algues,  du  moins  dans  celle  du  support 
protoplasmique  chargé  de  l'assimilation  et  s'y  trouver  sous  forme  d'une 
combinaison  nucléinique  à  la  fois  richement  phosphorée  et  iodée. 

»  Il  n'en  est  plus  de  même  des  faibles  quantités  d'iode  des  Champignons 
et  des  traces  qu'on  peut  rencontrer  dans  quelques  végétaux  supérieurs, 
tels  que  le  Tabac  ou  le  Cresson,  végétaux  où  l'iode  peut  beaucoup  varier  et 
disparaître  même  entièrement,  constituant  ainsi  un  élément  surnuméraire, 
pouvant  passer  ou  non  dans  le  végétal,  suivant  la  composition  du  sol  et 
des  eaux  où  la  plante  s'est  développée.    » 


laissé  que  05^,056  de  résidu  sec,  le  bacille  tétanique  donnerait,  pour  loos"'  à  l'état  sec, 
o"'S'',  32  d'iode.  Mais,  vu  la  faible  quantité  sur  laquelle  on  a  été  obligé  d'opérer,  on  ne 
peut  répondre  entièrement  de  ce  nombre. 


(  igs  ) 


MEMOIRES  LUS. 

M.  le  D"^  E.  Vidal  donne  lecture  d'un  Mémoire  «  Sur  la  fermentation 
des  vins  ". 

(Commissaires  :  MM.  Arm.  Gautier,  Duclaux,  Bouchard.) 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Eugène  Foubnier  adresse  un  Mémoire  intitulé  :  «  Recherches  sur  la 
désinfection  par  l'aldéhyde  formique  :  formacétone  ». 

(^Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Duclaux,  Roux.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  article  de  M.  Clennont-G anneau,  inséré  dans  la  Revue 
archéologique,  et  relatif  à  un  vase  de  terre  cuite,  du  vi"'  siècle  avant  notre 
ère,  destiné  à  laisser  tomber  en  pluie  le  liquide  qu'il  contient,  à  la  façon 
de  l'éponge  américaine. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  théorie  des  équations  aux  dérivées 
partielles.  Note  de  M.  N.  Saltykow,  présentée  par  M.  C.  Jordan. 

«  Les  résultats  de  mes  recherches,  présentés  à  l'Académie  au  mois  de 
janvier  de  l'année  courante,  ne  concernent  que  les  équations  résolues  par 
rapport  aux  dérivées  partielles.  Mais  au  point  de  vue  des  applications  pra- 
tiques, la  résolution  d'équations  peut  offrir  des  difficultés  considérables. 
Je  me  propose  donc  d'étendre  la  théorie  développée  aux  équations  quel- 
conques en  involution,  d'autant  plus  que  cette  étude,  liée  intimement  aux 
travaux  de  S.  Lie,  présente  de  même  un  intérêt  théorique. 


(0 


(  '96  ) 
»  Considérons  le  système  d'équations  difFérentielles 

Fa(^i  >  ^2'   •  •  •  '  -^nf  Pk  P2'  •  •  •  '  Pn)  ^^  O' 

X:  ^  I,  2,  . . . ,  m, 


les  variables  pi  désignant  les  dérivées  partielles  -j^  et  le  déterminant  fonc- 
lionnel 

r  1,  rg*  *  •  •  »  '^ A-î  •  •  ■  '  ^ „ 


Pi 


,  ^2,     .   .   .  ,  ^4-, 


^*, 


ne  s'annulant  pas.  Le  système  (i)  étant  en  involution,  on  en  conclut  que 
les  équations 


{^) 


F, 

,F„.. 

. ,  F,, 

. .  . ,  F„, 

Pv 

,P^,  ■■ 

•  •  î  Pm-^tj 

•  •  •  ,  Pm 

'F, 

,F„. 

. . ,  F,,  . . . 

,F„,\ 

f/a;t. 


j  =  I,  2,  ...,«  —  m, 


1,2,  ...,n 


sont  aux  différentielles  totales.  Il  est  aisé  d'établir  le  théorème  suivant  : 
>)   I.  Soit 

z  =  \(x,,Xi ,x„,b,,b„,    ..,6„_„,  )  -i-  b 

une  intégrale  complète  du  système  (i),  b,h^,  .  . .,  b„_„  étant  des  constantes 
arbitraires.  Le  déterminant  fonctionnel 


D 


dN 


d\ 


dx 


dXn 


'  b„ 


ne  s'annulant  pas,  les  équations 


i  Fi,(x,,  x.^,  .. .,  x„,  p,,p.,    . . .,  pn)~  a/,. 


(3) 


d\ 


dx„ 


--=Pn 


^  m-i-i 

r,  2,  ...,m. 


d\  _ 

db,  " 

/=  I,  2, 


n-m 


donnent    l'intégrale    générale    du   système  (2),    les  a^  étant    de    nouvelles 
constantes  arbitraires. 


(   '.i)7  ) 
»  La  démonstralion  du  théorème  inverse  du  précédent  se  base  sur  la 
considération  de  la  fonction  suivante  : 

«  Cette  dernière  jouit  de  la  propriété  remarquable  de  devenir  une  diffé- 
rentielle exacte,  que  nous  nommerons  àM,  en  vertu  d'une  intégrale  géné- 
rale ou  particulière  du  système  (2).  Nous  avons,  en  particulier,  si  les  équa- 
tions (i)  sont  résolues  par  rapport  aux  dérivées  /?,,  p.^,  . . .,  />„,,  que  clM  est 
identique  à  la  différentielle (/U,  étudiée  dans  ma  Note  :  Généralisation  delà 
première  méthode  de  Jacobi  sur  l'intégration  d' une  équation  aux  dérivées  par- 
tielles (^Comptes  rendus  du  23  janvier  1899).  Je  veux  ici  mentionner  à  son 
sujet  que  M.  A.  Mayer  a  bien  voulu  attirer  mon  attention  par  sa  lettre  du 
22  juin  sur  son  Mémoire  :  Zur  Intégration  der  partietlen  Differenlialglei- 
chungen  erster  Ordnung  (^Nachrichten  von  der  k.  Gesellschaft  der  Wissen- 
schaJtenundderGeorg-Augiists-Universitàt,  Gotlingen,  1873,  p.  299),  qui 
m'était  inconnu  à  l'époijue,  quand  j'ai  [jubiié  mon  Travail  cité  plus  haut. 
Cet  éminent  i;éoinètre,  tout  en  conservant  les  notions  de  1  illustre  Lagrange 
sur  les  équations  aux  dérivées  partielles  et  leurs  intégrales,  y  a  esquissé  une 
démonstralion  de  la  méthode  de  Cauchy,  généralisée  par  S.  Lie,  sur  l'inté- 
gration des  équations  correspondant  à  la  différentielle  d\] ,  et  cela  en  pro- 
fitant des  propriétés  de  cette  dernière.  Le  théorème  suivant  donne  une 
extension  de  la  théorie  en  question  aux  équations  (i)  : 

»   IL   Considérons  l'intégrale  particulière  du  système  (2) 

1  '^irn-i ^-~y  i \,"^( '  "^ 2>  •  •  •  5  ■^iii'  a^,  a.y^  •  ■  •  %  a,i_,„,  w, ,  o.,,  . .  . ,  o,i_,„j, 

[      Ps--'h{^\^'^-2^  ■■  ■'  ^m^  a^,  a.., a„^,„,b,,b.,,.    .,  6„_„;), 

i  =  1 ,  2,  . . .,  n  —  m,         A  =  r ,  2,  . . ..  «, 

que  l'on  obtient  en  prenant  les  équations  (i)  comme  m  intégrales  distinctes,  les 
constantes  arbitraires  «,,  6,  étant  les  valeurs  initiales  des  variables  j:',„-h,,  Pmi^i- 
La  quadrature  de  la  différentielle  exacte  f/M  effectuée,  considérons  la  fonction 


OÙ  M  est  la  valeur  initiale  de  la  fonction  M.  En  éliminant  les  a,,  donnés  en 

C.  R.,  1899,  2*  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  4.)  2() 


(  '^8  ^ 

fondions  des  x„  b^par  (es  équations  (4  ),  l' égalité 

Z  =  \(Xt,x.;,,  ..  .,  x,„h,,h.^.  . .  .,^„_,„  )   î-  l^ 

représente  une  intégrale  complète  du  système  (i  ),  h  étant  une  nouvelle 
constante  arbitraire. 

»  Le  problème  de  l'intégration  des  équations  (2)  est  équivalent  à  celui 
du  système  d'équations  simultanées  linéaires  aux  dérivées  partielles  d'une 
seule  fonction  inconnue  F 

(j)  ('Fa,F;)  =  o  {k=i,2,     ..,7U). 

Donc  le  théorème  bien  connu  de  S.  Lie  (Math.  An.,  Bd.  XI,  p.  469  )  est 
une  conséquence  des  formules  (3),  et  il  s'ensuit  immédiatement  : 

M  Si  l'on  connaît  n  ~  m  intégrales  distinctes  en  involution  du  système  (  5). 
son  intégrale  générale  s  obtient  par  une  quadrature. 

))  On  en  conclut  de  même  qae  le  problème  d'intégration  du  système  (5) 
n'exige  que  n~-m  opérations  d  intégration  d 'ordre  in  —  inijin-mi  —  i,.... 
4,  2  et  une  quadrature.  Le  nombre  et  l'ordre  de  ces  dernières  opérations  s'abais- 
sent de  il  unités,  chaque  fois  que  l'on  connaît  l{l<^n—m)  intégrales 
distinctes  en  involution  du  système  (5).  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —  Sur  les  équations  indéterminées  de  la  forme 

a'  +y  -^^cz^ . 

Note  de  M.  Edmond  Maillet,  présentée  par  M.  C.  Jordiin. 

((  En  nous  appuyant,  d'une  part  sur  les  méthodes  de  Kummer  ('), 
d'autre  part  sur  certains  résultats  obtenus  par  nous  antérieurement  (-), 
nous  avons  obtenu  les  théorèmes  suivants  : 

))   L   Soit  >^  un  nombre  premier  non  exceptionnel  (^'').  L'équation  indé- 


(1)  Jourii.  de  Lioia'ille,  l.  XVI,  i85i  et  Abh.  dcr  Akad.  d.  W.,  Berlin,  1807  et 
suiv. 

(')  Mémoires  de  V  Association  françcdse  pour  l 'avancement  des  Sciences  :  Congrès 
de  Saint-Etienne,  p.  loôetsuiv.;  1897. 

(')  Nous  appelons,  d'après  Klmmbr  {loc.  cil.)  et  Smith  {Report  on  ihe  Tlieory  of 
Numbers,  §  52;  Reports  on  thc  British  Assoc,  1809  et  suiv.),  nombre  premier  non 

exceptionnel  tout  nombre  ),  p  qui  ne  divise  le  numérateur  d'aucun  des  pre- 
miers nombres  de  Bernoulli.  Tout  nombre  premier  2p  et  \!  100  autre  que  37,  Sg  ou  67, 
est  non  exceptionnel. 


(  199  ) 
terminée 

(kl  -+-  fi- 1 ,  p  =^  o  ou  1  est  impossible  en  nombres  entiers  réels  x,  y,  ;  pre- 
miers entre  eux  deux  à  deux  et  à  À,  quand  A  est  réel  et  égal  à  i  ou 
/•';■. .  ./■','',  r,,  . . .,  r,  étant  des  nombres  premiers  différents,  différents  de  1,  et 
appartenant  (  mod  1)  à  des  exposants/,,  . . .,/  tels  que 

i 

m  —  < 


1 


f. 


C'est  en  particulier  le  cas  quand  A  =  /-''^i  (  mod>.). 
))   II.   L'équation  indéterminée 

.r' 4- ,}''  =  /■'■'-' 

(X  premier  non  exceptionnel,  r,  premier,  è,<  >.)  est  impossible  en  nombres 
entiers  réels  : 

>;  i"  Quand  r'i'^  -'i-i-c,!  (modX-),  quel  que  soit  1,  c,  étant  un,  au 
moins,  des  nombres  i,  2,  ...,  X  —  i  qui  dépend  de>.; 

»   2°  Quand  1  =  5,  7  ou  17  et  r^'H;a4  (modl*); 

))   3°  Quand  1  =  1 1  et  r*'^5  ou  47  (mod  11); 

»   4°  Quand  X  =  i3  et  r^'^Ei7  (^mod  i3   ). 
»  III.   L'équation  indéterminée  (') 

x'  -^  y''  -^  c;' 

est  impossible  eu  nombres  entiers  réels  quand  c  est  premier  et  d'une  des 
formes 

49Â-±:3,       dr  4,       ±5,      +6,       —8,      rh  9,      zh  lo,       —  l5, 

±16,        —22,        dz  23        ou        ±24. 

u  IV.  L'équation  indéterminée  x^'-h y^=lz''  (1  premier  non  excep- 
tionnel) est  impossible  en  nombres  entiers. 

»  Les  méthodes  qui  nous  ont  conduit  à  ces  résultats  permettraient 
d'ailleurs  d'obtenir  une  foule  de  résultats  analogues  pour  les  équations  de 
la  forme  OL^  -i-j' =^  cz^\  c  ayant  d'autres  valeurs  que  celles  indiquées  ci- 
dessus.  » 


(')  Le  cas  où  X  ;=  5  a  été  étudié  par  Diiichlel  (OEuvres  complètes)  et  Lebesgue 
(Journal  de  Lioiiville;  i843). 


(   9.on   ) 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  une  correspondance  entre  deux  espaces  réglés. 
Note  de  M.  A.  Democliiv,  présentée  par  M.  Darboux. 

«  Soit  (^{oc,  y,  i)  =  C  l'équation  d'une  série  simplement  infinie  de  sur- 
faces. Co  et  C,',  étant  deux  valeurs  particulières  données  à  C,  insérons  entre 
ces  nombres  n  moyens  C,,  Co,  . . . ,  C„  et  posons 

AQ  =  C,^,-C,,         AC„  =  C,;-C„. 

Soient  Sq,  S„,  S,.  . . ,  S„  les  surfaces  de  la  famille  qui  répondent  aux  va- 
leurs Cj,  C„,  C,,  ....  C„  de  C.  Attribuons  à  chacune  de  ces  surfaces  un 
indice  de  réfraction  :  à  la  surface  S;^  l'indice  i  — /(Q)  AC^,/(a)  désignant 
une  fonction  continue  de  a;  à  la  surface  S',  l'indice  un.  Cela  posé,  à  tout 
rayon  lumineux  d  nous  ferons  correspondre  un  rayon  lumineux  d'  de  la 
manière  suivante  :  le  rayon  d  étant  assujetti  à  rencontrer  d'abord  la  sur- 
face So  en  A(,  se  réfractera  en  ce  point  en  obéissant  à  la  loi  de  Descartes  et 
donnera  lieu  à  un  rayon  réfracté  AoA,  ;  celui-ci  se  réfractera  à  son  tour  à 
sa  rencontre  en  A,  avec  la  surface  S,  et  ainsi  de  suite;  le  rayon  A„_, A„  se 
réfractera  en  A„  à  sa  rencontre  avec  la  surface  S„  et  donnera  lieu  au 
rayon  d' .  Il  suit  immédiatement  du  théorème  de  Dupin  que  si  le  rayon  d 
engendre  une  congruence  de  normales,  il  en  sera  de  même  du  rayon  d' . 
Faisons  maintenant  croître  n  indéfiniment,  lesAC/;  tendant  vers  o.  A  tout 
rayon  d  correspondra  une  courbe  F,  limite  du  polygone  A,, A,  ...  A„_, A„  et 
tangente  en  Ap  au  rayon  d.  La  limite  d"  du  rayon  d  sera  évidemment  tan- 
gente à  la  courbe  T  au  point  où  celle-ci  rencontre  la  surface  SJ,. 

»  Pour  traduire  en  formules  la  correspondance  entre  les  droites  d  et  r/", 
il  faudra  déterminer  les  courbes  T  dont  le  nombre  est  quadruplement  infini. 
Ces  courbes  ne  dépendent  que  de  la  famille  '^(x,  y,  ^)  =  C  et  de  la  fonc- 
tion y(a)  et  non  des  surfaces  Sq,  S|,. 

»  Soient  u,  v,  w-  les  cosinus  directeurs  de  la  tangente  à  l'une  quelconque 
des  courbes  r  et  5  l'arc  de  cette  courbe.  On  a 


1  Is  =/(9)l?.--»'(«?x 
»   De  ces  équations  on  déduit  aisément  le  théorème  suivant  :  Celles  des 


^?r 

•+"  '*'?; 

)|. 

rcp;. 

-+-  (PÇj 

)l 

t^?; 

-t-  tï-'çp; 

:)]■ 

(    20I     ) 

courbes  Y  qui  passent  en  un  point  M  de  V espace  ont  leurs  centres  de  courbure 
en  ce  point  distribués  dans  un  plan,  mais  cette  propriété  n'est  pas  caracté- 
ristique :  les  courbes  les  plus  générales  qui  la  possèdent  sont  définies  par 
les  équations  (A)  où  l'on  remplacera  les  fonctions /(o),  9'^,,  ©',.,  cpl  par 
quatre  fonctions  arbitraires  de  x,  dey  et  de  ^. 

»   Les  courbes  Y  ont  pour  équations  différentielles 

»  Ces  courbes,  gauches  en  général,  ne  sont  planes  que  lorsque  les  sur- 
faces 'i^{x, y,  z)  =  C  sont  des  sphères  concentriques  ou  des  plans  pa- 
rallèles. Nous  avons  intégré  les  équations  (B)  dans  ces  deux  cas  ainsi  que 
dans  le  cas  d'une  famille  de  paraboloïdes  égaux  et  de  révolution  autour  du 
même  axe. 

«  L'étude  de  la  correspondance  des  droites  d  et  d"  se  justifie  par  le 
théorème  suivant  : 

»  Si  une  droite  d  engendre  une  congruence  de  normales,  la  droite  d"  en 
engendre  une  autre. 

»  Ce  théorème,  très  vraisemblable  d'après  ce  qui  précède,  peut  être 
établi  en  toute  rigueur;  il  permet  de  déduire  d'une  congruence  de  nor- 
males une  congruence  de  normales  el  constitue  une  réponse  partielle  à 
une  question  intéressante  qui  nous  a  été  proposée  par  M.  Bricard  et  que 
nous  soumettons  à  notre  tour  aux  géomètres  :  Etablir  entre  deux  droites  la 
correspondance  la  plus  générale  telle  que  si  l'une  d'elles  engendre  une  con- 
gruence de  normales,  il  en  soit  de  même  de  l'autre.  Les  transformations 
demandées  forment  évidemment  un  groupe. 

»   Dans  le  même  ordre  d'idées,  nous  indiquerons  une  généralisation  du 

théorème  de  Dupin  qui  nous  semble  nouvelle.  Soient  :  i,  1, i„,  n  -h  i 

surfaces  fixes.  A  une  droite  d  rencontrant  la  surface  21  en  M  faisons  corres- 
pondre ainsi  qu'il  suit  une  droite  d'  passant  par  M.  Appelons  p,,  . . .,  p„  les 
longueurs  des  normales  MP,,  ...,  MP„  menées  du  point  M  aux  surfaces 
i,,  . . .,  i,,,  et  a,,  . . .,  a„,  n  vecteurs  unitaires  dirigés  suivant  ces  normales. 
Soient,  déplus,  a,  %'  et  pdes  vecteurs  unitaires  dirigés  suivant  les  droites  </, 
d'  et  la  normale  en  M  à  2.  Le  vecteur  a'  sera  défini  par  l'égalité 


«a.'=_2;^--a,  ^-a-hAp, 


(    202    ) 

dans  laquelle  n  est  une  constante  et  /(p,,  ...,p„)  une  fonction  quel- 
conque de  p p„.  Quant  au  nombre  h,  il  est  déterminé  par  la  con- 
dition que  a'  soit  unitaire.  Cela  posé,  les  droites  d  et  d'  engendreront  en 
même  temps  des  congrnences  de  normales.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  le  champ  magnétique  à  V intérieur  d'un  cylindre  creux 
parcouru  par  un  courant  C^.  Note  de  M.  W.  de  JVikolaieve,  présentée 
par  M.  H.  Poincaré. 

»  Il  est  facile  de  voir  qu'il  ne  doit  pas  y  avoir  de  force  magnétique  à  l'in- 
térieur d'un  tube  cylindrique  creux  indéfini,  parcouru  par  un  courant  sui- 
vant les  eénératrices  du  cylindre;  l'action  est  encore  très  faible  à  l'inté- 
rieur  d'un  tel  cylindre  (courant  tabulaire)  de  longueur  finie,  mais  grande 
par  rapport  au  diamètre  du  cylindre.  Mais  l'expérience  a  montré  qu'un 
pôle  magnétique  placé  à  l'intérieur  d'un  courant  tubulaire  subit  un  couple 
magnétique. 

»  L'appareil  se  compose  essentiellement  de  deux  tubes  métalliques  aa,  bb  {fig.  i) 
formant  deux  courants  tubulaires  de  même  axe,  et  d'un  électro-aimant  NS  (tige  de  fer 
entouré  d'un  courant  hélicoïdal  montant  de  n  en  1\,  puis  descendant  de  N  en  S  le  long 
de  la  tige).  Chacune  de  ces  trois  parties  :  tube  aa,  tube  bb  et  électro  NS,  peut  tourner, 
indépendamment  des  deux  autres,  autour  de  l'axe  commun.  Le  tube  extérieur  bb  porte 
trois  tiges  d  réunies  par  un  plateau  T,  qui  est  muni  d'un  fil  de  suspension  OT  et  porte, 
en  dessous,  les  crochets  permettant  de  suspendre  les  tubes  aa  et  bb.  L'électro  peut 
tourner  librement  autour  du  fd  de  suspension  m,  ou  bien  il  est  lié  avec  le  tube  aa  et 
peut  alors  tourner  autour  du  fd  supérieur  n.  Quatre  godets  K,  L,  E,  P,  remplis  de 
mercure,  constituent  quatre  contacts  liquides  qui  permettent  aux  tubes  et  à  l'électro 
de  tourner  jusqu'à  ce  que  les  couples  de  torsion  des  fils  équilibrent  les  couples  magné- 
tiques. 

))  On  envoie  d'abord  le  courant  électrique  dans  le  circuit  AQDCRBA,  les  tubes  a 
et  b  étant  exclus  du  circuit  électrique.  On  constate  que,  dans  ces  conditions,  l'électro 
reste  immobile  comme  les  tubes.  En  second  lieu,  on  envoie  le  courant  dans  les  tubes  a 
et  Ij  suivant  le  circuit  AiMKnQA,  après  ai'oir  relié  invariablement  l'électro  NS 
avec  le  tube  aa.  Dans  ces  conditions,  on  observe  que  l'électro  lié  à  a  entre  en  rotation 
en  même  temps  que  le  tube  b  tourne  dans  le  sens  opposé.  Comme  le  courant  tubu- 
laire aa  est  invariablement  lié  à  l'électro  NS,  il  faut  admettre  qu'il  ne  peut  agir  sur  NS 


I 


(  '  )  Travail  fait  au  laboratoire  du  prince  Boris  Galitzine,  de  l'Académie  impériale 


des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg. 


(  2o3  ) 
et  que  la  rotation  du  pôle  N  est  due  à  un  couple  magnétique  produit  par  le  courant 


tubulaire  bb  ('). 


Fis 


»  Tout  se  passe  comme  si  les  champs  magnétiques  des  courants  linéaires 
longeant  les  génératrices  des  tubes  aa  et  bb  subsistaient  indépendamment 
les  uns  des  autres,  bien  qu'il  n'y  ait  pas  de  force  magnétique  à  l'intérieur 
des  tubes.  En  tous  cas,  l'expérience  montre  qa  il  règne  un  couple  magné- 
tique à  l'intérieur  d'un  courant  tubulaire.  d 


(')  Ce  couple  est  égal  et  opposé  au  couple  que  peut  exercer  le  courant  tabulaire  aa. 
Ces  deux  couples  ont  même  moment  que  le  couple  fourni  par  un  courant-tige  de 
même  intensité.  Cela  résulte  de  l'expérience  suivante  :  lélectro  reste  immobile  quand 
le  fil  CD  est  démonté  et  quand  l'extrémité  u  du  courant  de  l'électro  est  reliée  avec  le 
godet  D.  Or,  dans  les  mêmes  conditions,  l'électro  reste  encore  immobile  si  l'on  rem- 
place les  courants  tubulaires  par  deux  courants-tiges. 


(    20',    ) 


ÉLECTRICITÉ.    —   Sur  la  cohésion  diélectrique  des  gaz  raréfiés.   Note 
de  M.  E.  BouTY,  présentée  jiar  M.  Lippmann. 

«  Dans  une  Note  antérieure  (').  j'ai  annoncé  que,  quand  on  place  un 
tube  à  gaz  raréfié  dans  un  champ  électrostatique  uniforme,  il  v  a  une  in- 
tensité critique/ du  champ  telle  que,  pour  toute  intensité  inférieure  à  f, 
le  gaz  est  un  diélectrique  parfait,  tandis  que,  pour  toute  intensité  supé- 
rieure, le  gaz  livre  passage  à  une  décharge. 

»  L'intensité  /"du  champ  mesure  {'obstacle  que  le  gaz  oppose àla  rupture 
de  Véqudibre  diélectrique,  ou  ce  qu'on  peut  appeler,  à  bon  droit,  la  cohésion 
diélectrique  du  gaz.  Cette  cohésion  est  fonction  de  la  pression  p.  Je  me  suis 
proposé  de  chercher  la  relation  qui  lie  f  'à  p. 

»  1°  Mesure  de  p.  —  A  cet  effet,  j'ai  monté  à  demeure  mes  tubes  à  gaz 
sur  une  machine  pneumatique  à  mercure  en  relation  avec  un  double  baro- 
mètre de  M.  Leduc  (-).  J'ai  pu  ainsi  évaluer  à  moins  de  ~  de  millimètre 
près  les  pressions  p  comprises  entre  1"=™  et  o™™,  25,  que  j'ai  le  plus  habi- 
tuellement employées. 

»  Le  condensateur,  porté  par  un  chariot,  pouvait  être  écarté  à  volonté 
ou  venir  encadrer  le  tube  qui  n'occupait  que  la  région  centrale  du  champ 
et  ne  touchait  pas  les  plateaux. 

»  Je  chargeais  le  condensateur  à  l'aide  d'une  batterie  de  petits  accumu- 
lateurs pouvant  donner  jusqu'à  2000  volts  et  je  comparais  les  charges  qu'il 
reçoit,  avec  ou  sans  le  tube  à  gaz,  en  le  déchargeant  sur  un  électromètre 
capillaire  convenablement  étalonné. 

«  2°  Mesure  de  f.  —  En  faisant  varier  la  différence  de  potentiel  employée 
pour  la  charge,  on  trouve,  par  tâtonnements,  la  différence  de  potentiel 
critique.  Soit  V,  —  Vo  sa  valeur. 

»  Imaginons,  pour  simplifier,  que  les  plateaux,  situés  à  une  distance  e, 
soient  assez  larges  par  rapport  à  leur  surface,  pour  que  le  champ  soit  con- 
stant dans  tout  l'intervalle.  Il  a  pour  valeur 


(0  f 


\\  -\, 


(')  Voir  Séance  du  17  juillet,  p.  iSa  de  ce  Volume. 

{')  M.  Leduc  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition  son  installation  pour  la  mesure 
des  pressions.  Je  le  prie  d'agréer  mes  remercîments. 


(   2o5   ) 

»  Supposons,  de  plus,  le  tube  à  gaz  de  forme  sphérique  et  ses  parois 
d'épaisseur  uniforme  et  très  petite.  Le  champ  à  l'intérieur  du  tube  est 
constant  et  se  confond  avec  le  champ  extérieur,  à  un  facteur  près,  très 
sensiblement  égal  à  i.  Le  champ  intérieur,  qui  seul  nous  intéresse,  se 
calculera  donc  par  la  formule  (i). 

»  Pratiquement,  la  distance  des  plateaux  est  toujours  trop  grande  pour 
que  l'emploi  de  la  formule  (i)  soit  parfaitement  légitime  et  que  le  champ 
extérieur  soit  rigoureusement  constant.  De  plus,  les  tubes  n'étant  ni  sphé- 
riques,  ni  d'épaisseur  uniforme,  le  champ  intérieur  ne  peut  être  confondu 
avec  le  champ  extérieur  qu'à  un  degré  moindre  d'approximation. 

»  Enfin,  la  valeur  critique  de  V,  —  Y.,  et,  par  conséquent,  de  /ne  peut 
être  fixée  sans  quelque  hésitation,  eu  égard  aux  circonstances  accessoires 
qui  font  varier  /  indépendamment  de  p,  dans  des  limites  d'ailleurs  assez 
étroites. 

»  Cependant  toutes  les  causes  perturbatrices  ne  peuvent  altérer  la  valeur 
de  /que  par  un  facteur  constant  pour  un  même  tube  et  une  distance  donnée 
des  plateaux  et,  en  général,  assez  voisin  de  i. 

»  L'expérience  montre  en  effet  que,  dans  des  limites  pratiques,  les 
valeurs  de  /  trouvées  pour  une  série  de  valeurs  de  p  avec  des  tubes  de 
forme  différente  et  diverses  distances  des  plateaux  sont  proportionnelles. 

»  3"  Relation  de/et  de  p.  —  Ainsi  la  même  forme  de  fonction  se  prête  à 
relier  les  valeurs  de/calculées  par  la  formule  (i)  et  les  valeurs  de  p,  indé- 
pendamment de  la  forme  des  tubes  et  de  la  distance  des  plateaux.  Cette 
fonction  demeurerait  donc  la  même,  à  un  coefficient  numérique  près,  si 
l'on  pouvait  réaliser  rigoureusement  les  conditions  théoriques. 

M   Dans  les  limites  où  j'ai  opéré,  on  a 

(.)  /=a(i  +  B/,  +  ^). 

Cette  équation  représente  une  hyperbole  asymptote  à  l'axe  des /et  à  la 
droite /=  A(i  -h  B/?).  La  cohésion  électrique,  très  grande  dans  le  vide  de 
Crookes,  décroît  d'abord  quand  la  pression  augmente,  passe  par  un  mi- 
nimum et  redevient  très  grande  pour  des  pressions  comparables  à  la  pres- 
sion atmosphérique. 

»  Il  est  vraisemblable  que  les  molécules  de  gaz  agissent  de  deux  ma- 
nières distinctes  pour  modifier  la  cohésion  diélectrique  de  l'éther,  qui  est 
indéfinie.  Quand  les  molécules  gazeuses  sont  très  écartées,  pour  ainsi  dire 
isolées,  elles  n'agissent  que  pour  rompre  la  continuité  de  l'éther  oh  elles 

G.  R.,  1899,  V  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  4.)  27 


(     206    ) 

introduisent  autant  de  points  faibles;  d'oîi  le  terme  en  -  prépondérant  aux 

très  basses  pressions. 

»  Quand  les  molécules  sont  assez  rapprochées  pour  réagir  les  unes  sur 
les  autres,  leur  action  réciproque  paraît  s'exercer  dans  un  sens  tel  que  la 
cohésion  résultante  est  renforcée  proportionnellement  à  leur  nombre;  d'où 
le  terme  en  p  prépondérant  aux  pressions  élevées. 

»  4°  Influence  de  la  nature  du  gaz.  —  J'ai  opéré  avec  l'air,  le  gaz  d'éclai- 
rage, l'acide  carbonique  et  l'hydrogène. 

»  Le  coefficient  B,  le  mieux  déterminé  par  les  expériences,  se  montre 
indépendant  de  la  nature  du  gaz.  Il  semble  en  être  de  même  du  coeffi- 
cient C  plus  mal  déterminé,  puisque  mon  installation  ne  permettait  pas  de 
mesurer  avec  précision  les  pressions  très  basses. 

»  Seul  le  coefficient  A  croît  avec  le  poids  moléculaire.  En  prenant  pour 
unité  le  coefficient  relatif  à  l'hydrogène,  j'ai  trouvé  les  nombres  suivants 
que  je  donne  seulement  à  titre  de  première  indication  : 

Hj'di'Ogène i  ,00 

Gaz  d'éclairage i ,  16 

Air I  ,  4o 

Acide  carbonique i  ,55 

»   Si  l'on  évalue^  en  millimètres  de  mercure,  on  a  sensiblement 

c  =  4,4. 

»  La  fixation  plus  exacte  des  rapports  de  ces  divers  coefficients  et  de 
leur  valeur  absolue  dans  le  système  C.G.S.  fera  l'objet  d'un  travail  ulté- 
rieur. » 


PHYSIQUE.  —  Disparition  instantanée  du  phénomène  de  Kerr  (  '  ). 
Note  de  MM.  H.  Abraham  et  J.  Lemoine,  présentée  par  M.  J.  Yioile. 

«  1.  Un  milieu  isotrope  devient  biréfringent  sous  l'action  d'un  champ 
électrique  :  c'est  le  phénomène  de  Rerr.  Est-ce  une  action  instantanée  ? 
Ou  bien,  au  contraire,  la  biréfringence  n'apparaît-elle  et  ne  disparaît-elle 
qu'avec  un  certain  retard  par  rapport  à  l'établissement  ou  à  la  suppression 
du  champ  électrique? 

(')  Travail  fait  «11  laboratoire  de  Physique  de  l'Ecole  iXormale  supérieure. 


(   --^o;    ) 

»  M.  Blondiot  (  '  )  a  établi,  en  employant  une  méthode  de  miroir  tour- 
nant, que  ce  retard,  s'il  existe,  ne  peut  dépasser  j^  de  seconde. 

»  Une  méthode  différente  nous  a  montré  que  cette  limite  pouvait  être 
beaucoup  reculée. 

»  Dans  cette  première  Communication  nous  nous  occupons  seulement 
de  ce  qui  se  passe  lors  de  la  suppression  du  champ  électrique. 

»  2.  Un  condensateur  K,  formé  de  deux  lames  de  laiton  parallèles  (longueur,  iS"^""; 
largeur,  3""),  distantes  de  3™",  est  immergé  dans  une  cuve  de  sulfure  de  carbone  (-). 
Ses  électrodes  sont  réunies  aux  pôles  P  d'un  transformateur  à  haut  voltage. 


n,  i  - 


M 


l— A'V-/ ' 


»  Deux  liges  de  laiton  E  constituent  un  déflagrateur  en  relation  avec  les  armatures 
du  condensateur  K  par  Tintermédiaire  d'un  circuit  aussi  court  que  possible  (124™) 
comprenant  un  rhéostat  à  sulfate  de  cuivre  K.  L'étincelle  du  déflagrateur  est  énergi- 
quement  soufflée  de  manière  à  transformer  le  courant  à  haut  voltage  du  transforma- 
teur en  une  série  de  décharges  disruptives  du  condensateur  K  (  '). 

»  C'est  l'étincelle  même  de  décharge  du  condensateur  qui  sert  de  source  à  la  lu- 
mière :  on  ne  pourrait  faire  aucune  mesure  en  employant  les  sources  de  lumière 
usuelles. 

»  La  lentille  convergente  Li  rend  le  faisceau  lumineux  cylindrique  pour  lui  faire 
traverser  l'intervalle  des  lames  du  condensateur  (miroir  Mi  enlevé).  D'autre  part,  en 
mettant  en  place  le  miroir  M„  le  système  des  deux  lentilles  convergentes  Lj,  L3  et  des 
quatre  miroirs  plans  Mj,  M.,  Mj,  M,  ramènera  au  condensateur  la  lumière  de  l'étin- 
celle. 

»  En  déplaçant  l'ensemble  des  deux  miroirs  AL,  M3,  on  pourra  faire  varier  la  lon- 
gueur du  chemin  EM2M3M4M1  que  parcourt  la  lumière  de  l'étincelle  avant  d'arriver 
au  condensateur  K. 

»  3.  On  mesure  la  biréfringence  du  diélectrique  par  la  méthode  photométrique 
d'analyse  de  la  lumière  elliptique  (').  Le  condensateur  est  placé  entre  un  polariseurN, 
à  45"  sur  le  plan  des  lames,  et  un  analyseur  formé  d'un  biréfringent  B   parallèle  au 


(')  Blondlot,  Journal  de  Physique,  t.  VII,  p.  91  ;  1888. 
(  =  )  J.  Lemoine,  Comptes  rendus,  t.  CXXII,  p.  835;  1896. 
(')  H.  Adraiiam,  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  991;  1899. 
(')  Mascakt,  Optique,  t.  II,  p.  66. 


(   ?.o.S   ) 

polariseur,  suivi  d'un  nicol  Nj.  On  observe  avec  un  viseur  \  les  deux,  images  fournies 
par  ce  sj'stème.  Par  une  rotation  convenable  du  nicol  Nj,  on  peut  amener  ces  images 
à  avoir  même  intensité  :  cette  rotation  mesure  la  difTérence  déphasé  moyenne  due  au 
phénomène  de  Kerr  pendant  la  durée  du  passage  du  flux  lumineux  dans  le  condensa- 
teur K. 

»  4.  Ce  dispositif  permet  de  mesurer  l'intensité  (lu  phénomène  de  Rerr 
à  des  époques  différentes,  La  première  mesure,  faite  en  enlevant  le  mi- 
roir M,,  donne  la  valeur  du  phénomène  à  l'instant  même  où  éclate  l'étin- 
celle E,  ou,  du  moins,  au  bout  du  temps  qu'il  faut  à  la  lumière  pour  par- 
courir le  chemin  EK,  qui  est  de  20'''°. 

»  Dans  les  mesures  suivantes,  M,  étant  en  place,  on  peut  faire  croître  à 
volonté  le  temps  qui  s'écoule  entre  la  production  de  l'étincelle  et  l'instant 
où  la  lumière  traverse  K  :  il  n'y  a  qu'à  reculer  progressivement  les  miroirs 
Mj,  M3.  De  cette  manière  on  arrive,  en  quelque  sorte,  à  construire  la 
courbe  du  phénomène  en  fonction  du  temps;  un  retard  de  i™  correspon- 
dant à  un  trois  cent  millionième  de  seconde. 

»   5.   Voici  les  résultats  d'une  expérience  : 

Chemin  parcouru.  Rotation  du  nicol. 


cm 


20  17,3 

100  8,7 

400     et  au  delà  non  mesurable 

»  La  comparaison  de  ces  mesures  montre  que,  pour  trouver  le  phéno- 
mène électro-optique  réduit  de  moitié,  il  suffit  que  la  lumière  arrive  avec 
un  retard  de  80''",  c'est-à-dire  de  un  quatre  cent  millionième  de  seconde.  Ce 
temps  est  dix  mille  fois  plus  faible  que  la  limite  trouvée  autrefois  par 
M.  Blondlot.  » 


CBIMIE.  —  Sur  les  états  isomèriques  de  l'acétate  chromique. 
Acétate  normal.  Acétate  anormal  violet  monoacide.  Note  de  M.  A.  Recoura. 

«  Dans  un  Mémoire  précédent  {Comptes  rendus,  17  juillet  1899),  j'ai 
établi  l'existence  de  quatre  formes  isomères  de  l'acétate  chromique 
Cr(C=H='0-)'  qui  se  produisent  par  les  transformations  spontanées  succes- 
sives de  sa  dissolution.  De  ces  quatre  isomères,  le  premier,  l'acétate  nor- 
mal, est  un  sel  métallique  ordinaire;  les  trois  autres  ne  sont  pas  des  sels  de 
chrome,  car  les  alcalis  n'y  produisent  pas  de  précipité;  le  chrome  y  est 


(    209    ) 

engagé  clans  un  radical.  Dans  l'un,  l' acétate  anormal  violet  biacide,  une  des 
trois  molécules  d'acide  acétique  est  dissimulée  et  engagée  dans  le  radical 
avec  le  chrome;  les  deux  autres  molécules  font  la  double  décomposition 
avec  les  réactifs.  Dans  les  deux  autres  isomères,  l'acétate  anormal  violet 
monoacide  et  l'acétate  anormal  vert  monoacide,  deux  des  trois  molécules 
d'acide  acétique  sont  dissimulées.  Je  vais  montrermaintenant  comment  j'ai 
isolé  ces  corps  et  comment  j'ai  établi  leurs  fonctions. 

»  Acétate  normal.  —  La  dissolution  d'acétate  normal,  préparée  comme  je  l'ai 
indiqué,  se  transforme  avec  une  rapidité  telle  qu'on  ne  peut  songer  à  en  extraire  le  sel 
par  évaporation.  Voici  comment  je  prépare  l'acétate  solide.  L'hydrate  chromique, 
précipité  du  chlorure  par  l'ammoniaque,  est  essoré  à  la  trompe,  de  façon  à  en  retirer  la 
presque  totalité  de  l'eau  qui  l'imprègne;  puis  on  le  mélange  avec  la  quantité  équiva- 
lente d'acide  acétique  cristallisable.  La  combinaison  se  produit  avec  dégagement  de 
chaleur.  On  obtient  ainsi  une  bouillie  cristalline,  qu'on  essore  aussitôt  à  la  trompe  pour 
en  séparer  l'eau-mère.  On  étend  la  substance  solide  sur  des  plaques  de  porcelaine  po- 
reuse, qu'on  abandonne  dans  une  cloche  sèche. 

»  L'acétate  ainsi  obtenu  est  une  poudre  gris  filas,  qui  se  dissout  dans  l'eau  en  don- 
nant une  dissolution  vert  Jaunâtre,  identique  à  la  dissolution  obtenue  par  double 
décomposition  entre  le  sulfate  violet  de  chrome  et  l'acétate  de  baryum.  Elle  se  trans- 
forme avec  une  très  grande  rapidité  en  la  dissolution  violette  d'acétate  anormal.  L'ana- 
lyse de  cette  substance  conduit  à  la  formule  Cr{C-H^O^)',  H-0. 

Cr  dosé  à  l'état  de  Cr-0' i  atome 

C^H*0^  dosé  alcalimétriquement 2™°',g9^ 

H^O  par  diflerence 4"°', 963 

»  L'acétate  normal  est  insoluble  dans  l'acide  acétique.  Dans  le  Mémoire  précédent, 
j'ai  fait  l'étude  de  sa  dissolution  et  montré  qu'il  se  comporte  comme  un  sel  métallique 
ordinaire. 

»  Acétate  violet  anormal  monoacide.  —  Avant  d'étudier  l'acétate  anormal  biacide, 
qui  dans  l'ordre  des  transformations  succède  à  l'acétate  normal,  j'étudierai  d'abord  le 
troisième  isomère,  l'acétate  anormal  violet  monoacide,  dont  l'histoire  est  plus  simple. 
Pour  obtenir  ce  corps  à  l'étal  solide,  il  suffit  d'abandonner  la  dissolution  violette 
d'acétate  chromique  à  l'évaporation  spontanée  sous  une  cloche,  en  présence  d'acide 
sulfurique  et  d'acide  acétique  cristallisable.  On  obtient  comme  résidu  de  l'évaporation 
une  substance  constituée  par  des  lamelles  minces,  brillantes,  vitreuses,  violettes.  La 
substance  conservée  dans  ces  conditions,  jusqu'à  ce  qu'elle  ne  change  plus  de  poids,  a 
pour  composition  Cr(C^H^O-)',  H^O. 

Cr  dosé  à  l'état  de  Cr-0^ i  atome 

Q2j^4Q2  dosé  alcalimétriquement 3™°' 

H^O  par  différence o™°',  gS 

1)  Ce  composé  solide,  quand  on  l'abandonne  à  l'air,  perd  lentement  de 
l'acide  acétique.  Cette  perte  peut  aller  jusqu'à  une  molécule.  C'est  pour  cette 


(    2IO    ) 

raison  qu'il  faut  évaporer  sa  dissolution  clans  une  atmosphère  saturée  de 
vapeurs  d'acide  acétique.  Il  est  très  soluble  dans  l'eau.  Sa  dissolution  est 

violette. 

»  Ce  composé  nest  pas  un  sel  de  chrome;  car  les  alcalis  ne  produisent  dans 
sa  dissolution  aucun  précipité,  à  froid.  Le  chron\e  est  donc  engagé  dans  un 
radical  très  stable.  Des  trois  radicaux  acides  qu'U  renferme,  deux  ne  peuvent 
être  déplacés,  ni  par  les  alcalis,  rnpar  les  acides  forts,  et  sont  par  conséquent 
en^aeés  dans  le  radical  chroraique;  le  troisième,  au  contraire,  peut  se  cora- 
biner  avec  les  alcalis  :  si,  en  effet,  à  la  dissolution  renfermant  une  molé- 
cule du  composé  et  additionnée  de  phtaléinedu  phénol,  on  ajoute  progres- 
sivement de  la  soude,  la  liqueur,  qui  reste  limpide,  vire  au  rouge  quand  on 
a  versé  une  molécule  de  soude,  comme  le  ferait  un  acide  monobasique;  la 
soude  que  l'on  ajoute  ensuite  ne  produit  aucune  modification.  J'ai  constaté 
également,  par  des  mesures  calorimétriques,  que  je  ne  puis  exposer  ici, 
que  le  radical  chromique  n'est  pas  attaqué  par  l'acide  sulfurique. 

))  L'étude  calorimétrique  donne  des  renseignements  intéressants  sur  la 
fonction  de  ce  composé.  Si  à  la  dissolution  renfermant  une  molécule  du 
composé  on  ajoute  une  molécule  de  soude,  on  observe  un  dégagement  de 
chaleur  de  iS^^'.aS.  Or  une  molécule  d'acide  acétique  libre,  neutralisée 
par  la  soude  dans  les  mêmes  conditions,  donne  un  dégagement  de  chaleur 
très  voisin,  i3^^S4o.  Je  me  suis  assuré,  par  des  mesures  variées,  que  cette 
petite  différence  n'est  pas  due  à  des  erreurs  d'expérience,  qu'elle  est  réelle 
et  que,  par  conséquent,  la  troisième  molécule  d'acide  acétique  du  composé 
n'est  pas  mise  en  liberté  par  le  fait  de  la  dissolution,  comme  on  serait  tenté 
de  le  croire  au  premier  abord  en  présence  de  ces  deux  résultats  très  voi- 
sins. Ainsi  donc  la  troisième  molécule  d'acide  acétique  du  composé  dissous 
est  bien  combinée,  comme  elle  l'est  dans  le  composé  solide  ;  mais,  quand  on 
la  neutralise  par  la  soude,  il  se  produit  un  dégagement  de  chaleur  presque 
égal  à  la  chaleur  de  neutralisation  de  l'acide  acétique  libre  (les  acides 
chromosulfuriques  se  comportent  d'une  façon  analogue  ). 

»  On  est  par  là  immédiatement  conduit  à  penser,  eu  rapprochant  ce  fait 
des  autres  propriétés,  que,  dans  ce  composé  chromique,  ce  troisième 
radical  acide,  quoique  susceptible  de  faire  la  double  décomposition,  n'est 
pas  uni  au  chrome  comme  un  radical  acide  est  uni  au  métal  dans  un  sel 
ordinaire,  mais  que  ce  composé  Cr(C- H' O")'  est  plutôt  un  acide  monoba- 
sique à  radical  complexe  Cr(C-H'0-)'-C=H''0%  dont  la  chaleur  de  neutra- 
lisation par  la  soude  est  presque  égale  à  celle  d'une  molécule  d'acide 
acétique. 


(     2M     ) 

»  Cette  hypothèse  est  pleinement  vérifiée  par  la  cryoscopie.  En  effet,  si 
ce  composé  est  un  acide  monobasique,  quand  à  une  molécule  on  ajoute 
une  molécule  de  soude,  on  obtient  une  molécule  du  sel 

Cr(Cn^'0-)-C=H'NaO^ 

Si,  au  contraire,  l'hvpothèse  n'est  pas  exacte,  on  a,  après  la  neutralisation, 
deux  molécules  séparées  C^H'NaO^  et  Cr(CMi'0=)-.  Or,  d'après  les  mesures 
cryoscopiques  que  j'ai  faites,  en  prenant  comme  dissolvant  l'eau,  on  obtient 
les  abaissements  moléculaires  suivants  : 

Acide  acétique    .9,2)  différence  :  .7,4 

Acétate  de  soude •  .  .  .      6b, b  ) 

Cr(C^H'O^)^ 22,1    i 

„        „           „   ^T.  o     f.   î  différence  :  17,4 

Cr(C''H3  0°-)'-l-NaOII 39,5  j  "^ 

On  voit  immédiatement,  en  comparant  ces  nombres,  que  la  liqueur  chro- 
mique  neutralisée  par  la  soude  ne  peut  pas  renfermer  deux  molécules 
distinctes,  dont  une  d'acétate  de  soude,  puisque  celle-ci  à  elle  seule  pro- 
duirait un  abaissement  moléculaire  de  36,6.  On  remarquera,  en  outre, 
qu'il  y  a  exactement  la  même  différence  17,4  entre  l'abaissement  molécu- 
laire de  l'acétate  de  soude  et  celui  de  l'acide  acétique,  qu'entre  l'abaisse- 
ment moléculaire  du  composé  chromique  neutralisé  par  la  soude  et  celui  du 
même  composé  non  neutralisé.  On  est  donc  bien  en  droit  de  conclure  que, 
comme  le  faisaient  prévoir  les  mesures  thermochimiques  et  les  autres  pro- 
priétés, l'acétate  anormal  violet  monoacide  se  comporte  comme  un  acide  mono- 
hasique  à  radical  complexe. 

»  Si  l'on  rapproche  ceci  du  fait  que  j'ai  signalé,  que  le  composé  solide 
exposé  à  l'air  perd  peu  à  peu  une  molécule  d'acide  acétique,  on  doit  en 
conclure  que  cet  acide  complexe  doit  être  représenté  par  la  formule 
[Cr(C'H'0-)-]C-H"0%2H'0,  c'est-à-dire  qu'il  résulte  de  l'union  du 
radical  Cr(C-H'O-)-  avec  une  molécule  d'acide  acétique.  Je  l'appelle 
acide  chromo-mono-acétique. 

n  Dans  une  prochaine  Communication,  j'étudierai  les  deux  autres 
isomères  de  l'acétate  chromique.  " 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sels  basiques  mixtes  argento-cuivriques. 
Note  de  M.  Paul  Sabatier. 

«   I.  Nitrates.  —  Dans  une  Communicalion  Anlèr'iQure  (^Comptes  rendus, 
p.  175,  t.  CXXV;  1897),  j'ai  indiqué  que  l'hydrate  cuivrique,  mis  au  con- 


(    212    ) 

tact  d'une  solution  moyennement  concentrée  de  nitrate  d'argent,  se  trans- 
forme peu  à  peu  en  un  sel  basique  mixte  3Cu(0H)*,  2AgAzO',  bleu 
violacé,  bien  cristallisé  en  beaux  prismes  allongés. 

»  Ce  même  composé  se  produit  quand  on  oppose  à  molécules  égales 
l'oxyde  d'argent  et  une  solution  de  nitrate  cuivrique. 

»  En  faisant  varier  les  conditions  de  la  première  réaction,  j'ai  trouvé 
que  le  sel  précédent  n'est  pas  le  seul  qui  puisse  prendre  naissance. 

»  Dans  des  solutions  très  diluées  de  nitrate  d'argent  (ayant  moins  de  7?''  d'argent 
par  litre),  l'hydrate  cuivrique  demeure  à  peu  près  inaltéré. 

»  Dans  des  solutions  moyennes  de  nitrate  (telles  que  les  liqueurs  normales  ou  demi- 
normales),  l'hvdrate  cuivrique  bleu,  sous  ses  diverses  formes,  se  transforme  lentement 
dans  le  sel  cristallisé  déjà  décrit  3Gu(01I)S  2AgAzO'. 

»  Mais  l'hydrate  brun  Cu'H'^O*  (')  ne  se  transforme  qu'avec  une  extrême  lenteur. 

»  Dans  les  solutions  très  concentrées  de  nitrate  d'argent,  les  hydrates  cuivriques 
bleus  se  transforment  très  vite,  et  l'hydrate  brun  lui-même  ne  tarde  pas  à  se  changer 
en  cristaux  aciculaires  très  fins,  de  couleur  bleu  clair. 

»  L'eau  les  dissocie  facilement,  avec  séparation  de  nitrate  d'argent.  Lavés  rapide- 
ment et  séchés  à  l'air,  ils  répondent  à  la  formule  2Cu(0H)"-,  2  AgAzO'. 

)>  Ce  sel  se  forme  plus  vite  à  chaud  qu'à  froid  dans  les  liqueurs  saturées  d'azotate 
d'argent,  et  alors  quelques  heures  suffisent  pour  obtenir  avec  l'hydrate  noir  une  trans- 
formation très  avancée. 

»  II.  Chlorate.  —  Les  hydrates  cuivriques  bleus,  mis  au  contact  d'une 
solution  concentrée  de  chlorate  d'argent,  se  changent  assez  rapidement 
en  une  poudre  lourde  d'un  beau  bleu,  qui  apparaît  au  microscope  consti- 
tuée par  de  belles  lames  prismatiques  légèrement  obliques.  Ces  cristaux, 
essorés  rapidement,  correspondent  à  la  formule  2Cu(0H)-,2AgCl0'. 

u  Je  suis  arrivé  au  même  composé,  en  abandonnant  une  solution  de  chlorate  cui- 
vrique au  contact  d'une  molécule  d'oxyde  d'argent  : 

2Cu(G10^)^  4-  2Ag^0  4-  2H2O  =  2Cu(OH)-,2AgC103+  2 AgClO^ 

«  En  employant  une  faible  dose  d'oxyde  d'argent,  on  n'obtient  pas  de  sel  mixte,  mais, 
de  même  que  dans  le  cas  du  nitrate,  tout  l'oxyde  d'argent  se  dissout  en  déplaçant 
l'hydrate  cuivrique  qui  passe  à  l'état  de  chlorate  basique  cristallisé  bleu  verdàlre  : 

4Cu(C10')--+-3Ag20-i-3H20  =  3Cu(OH)"-,Gu(C10^)24-6AgC10'. 

»  Pour  une  dose  d'oxyde  d'argent  comprise  entre  |  de  molécule  et  i  molécule, 
les  deux  réactions  précédentes  se  produisent  à  la  fois. 

I)   Pour  une  dose  supérieure  à  une  molécule,  une  partie  de  l'oxyde  d'argent  demeure 

(')  Voir  à  ce  sujet  ma  Communication  {Comptes  rendus,  t.  CXXV,  p.  ici). 


(    2l3    ) 
ii)allérée  et    mêlée   an    sel    ini\le.    Le   phénomène  est  donc  analogue  à  celui  qu'avait 
donné  le  nitrate  {loc.  cit.) 

»  III.  Sulfates.  —  L'hydrate  cuivrique  bleu  stable,  récemment  préparé 
selon  les  indications  de  Péligot,  étant  mis  au  contact  d'une  solution  saturée 
de  sulfate  d'argent,  se  change  lentement  en  une  poudre  cristalline  bleue, 
qui  apparaît  au  microscope  formée  de  beaux;  prismes  courts,  épais,  et  très 
inclinés.  Ils  correspondent  à  la  formule 

3Cu(0H)-,      SO'Ag^ 

)>  L'hj-diale  cuivrique  bleu,  récemment  précipité  par  la  potasse  diluée,  étant 
placé  dans  une  solution  maintenue  saturée  de  sulfate  d'argent,  s'y  transforme  promp- 
tement  en  une  masse  volumineuse  bleu  pâle,  constituée  par  des  aiguilles  très  allongées; 
c'est  un  autre  hydrate  du  même  sel,  savoir  : 

3Cu(0H)S     SO*Ag=,     SH^O. 

»  L'hvdrate  cuivrique  noir  n'avait,  après  plusieurs  mois,  subi  dans  le  sulfate  d'argent 
aucune  transformation  appréciable. 

»  IV.  Hvposid/ate.  —  L'hydrate  cuivrique  bleu,  placé  dans  une  solu- 
tion d'hyposulfate  d'argent,  se  change  assez  rapidement  en  une  matière 
floconneuse  violacée,  très  volumineuse,  d'hyposulfate  basique  mixte,  qui, 
séparée  aussi  parfaitement  que  possible  de  son  eau-mère,  et  séchée  à  l'air, 

ré|)ond  à  la  formule 

•..Cu(OH)-Ag-S^O». 

1)   Le  sel  est  souillé  d'un  léger  excès  d'hyposulfate  d'argent. 

»  Le  même  composé  peut  être  réalisé  par  la  marche  inverse  à  partir  de  l'hyposul- 
fate  cuivrique.  Une  petite  quantité  d'oxyde  d'argent  précipite  seulement  de  l'hyposul- 
fate  basique  vert  de  cuivre  3Cu(0H)^CuS-0^  En  ajoutant  peu  à  peu  de  très  petites 
doses  d'oxyde  d'argent,  on  voit  à  un  certain  moment,  le  précipité  changer  d'aspect  : 
il  devient  floconneux  et  violacé.  C'est  le  sel  basique  mixte. 

»  V.  En  résumé,  parle  contact  direct  de  l'hydrate  cuivrique  |avec  des 
solutions  argentiques,  on  arrive  à  des  sels  basiques  mixtes,  qui  dérivent  de 
deux  types  distincts  : 

»   Tricuivrique  (nitrate,  sulfate); 

»   Bicuivrique  (nitrate,  chlorate,  hyposulfate). 

»  Sauf  pour  le  sulfate,  où  la  très  faible  solubilité  du  sel  d'argent  oppose 
un  obstacle,  ces  sels  peuvent  être  également  obtenus,  dans  certaines  con- 
ditions, par  l'action  de  l'oxyde  d'argent  sur  les  sels  cuivriques.  » 

C.  R.,   1899,  3'  Semestre.  (T.  C.\XI\,  N°  4.)  ^<^ 


(  --^'i  ) 


CHIMIE  MINERALE.  —  Sur  la  purijlcalion  de  l'iridium  (  '  ). 
Note  de  M.  E.  Leidië,  présentée  par  ]M.  Troost. 

«  Lorsqu'on  purifie  l'iridium  industriel  par  la  méthode  de  Sainte-Claire 
Deville  et  Debray  (fusion  du  métal  avec  le  plomb)  on  arrive,  en  épuisant 
méthodiquement  par  divers  acides  le  produit  de  cette  fusion,  à  lui  enlever 
facilement  et  complètement  le  platine,  le  palladium,  l'argent,  le  cuivre 
et  le  plomb;  l'iridium  résiduel  retient,  ainsi  que  l'ont  fait  couslater  les 
auteurs  de  la  méthode,  le  ruthénium  et  le  fer  de  l'alliage,  ainsi  que  du 
rhodium  et  de  l'osmium  suivant  la  provenance  du  métal  à  purifier. 

»  C'est  à  ce  cas  particulier  que  s'adresse  la  méthode  dont  je  vais  exposer 
le  résumé;  elle  est  moins  longue  et  moins  délicate  à  effectuer  que  la 
méthode  par  voie  sèche;  bien  qu'elle  soit  basée  sur  la  transformation 
préalable  des  métaux  en  chlorures  et  sur  l'emploi  systématique  de  l'azo- 
tite  de  sodium,  elle  n'a  rien  de  commun  avec  l'ancienne  méthode  de 
Gibbs  (-),  dont  j'ai  démontré  l'inexactitude  à  propos  des  azofites  doubles 
du  rhodium  (").  Voici  en  quoi  consiste  cette  méthode. 

«  L'iridium  finement  pulvérisé  et  mélangé  avec  deux  fois  son  poids  de  clilorure  de 
sodium  fondu  est  cliauiTé  dans  un  courant  de  chlore  sec,  à  la  tempéiature  du  rouge 
naissant.  Le  produit  de  la  réaction  étant  refroidi,  on  le  traite  par  un  poids  d'eau 
distillée,  légèrement  acidulée  par  l'acide  chlorhydrique  qui  doit  être  égal  à  vingt-cinq- 
ou  trente  fois  le  poids  de  l'iridium  employé.  La  dissolution  filtrée  est  portée  à  la 
température  de  5o°  à  60°,  et  additionnée  peu  à  peu  d'azotite  de  sodium  jusqu'à  ce 
qu'elle  cesse  de  dégager  des  vapeurs  nitreuses  et  qu'elle  soit  devenue  neutre  au  tour- 
nesol; à  ce  moment,  on  y  ajoute  avec  précautions  (à  cause  du  dégagement  gazeux  qui 
se  produit  quand  il  y  a  de  l'osmium)  assez  de  carbonate  de  sodium  pour  qu'elle  ait 
une  réaction  franchement  alcaline  au  tournesol;  enfin,  on  ajoute  à  nouveau  un  léger 
excès  d'azotite  de  sodium  et  l'on  porte  quelques  instants  à  l'ébullition  ;  on  laisse 
refroidir  et  l'on  liltre. 

«  Dans  ces  conditions,  on  a  précipité  complètement  le  fe^-  de  l'idliage  avec  le  plomli 
qui  peut  résulter  d'une  fusion  défectueuse  sous  forme  d'oxydes,  et  l'or  à  l'état  métal- 
lique. La  dissolution  renferme  le  ruthénium,  le  rhodium,  l'iridium  à  Tétai  d'uzolites 
doubles 

Ru^(AzO')S  4AzO=i\a  —  Rh^(AzO=)S  6A/.0^\a  —  Ir-^AzU-)'',  6AzU*  .\a, 

ainsi  que  l'osmium  à  l'étal  d'osmiate  :  OsO*Xa-. 


(')  Travail  effeclué  au  laboratoire  de  Chimie  de  l'École  Normale  supérieure. 
C^)  GiiiBs  (W),  Journ.  fiir  pr.  Cliem.,  t.  XCI,  p.  176  et  t.  XGIV,  p.  10. 
(')  Leioié  (E.),  Comptes  rendus,  t.  CXI,  p.  106. 


(  ■^^->  ) 

u  l'oui- éliminer  le  rulliéniiim  et  l'osmium,  on  les  transforme  en  peroxydes  KuO* 
et  OsO'  volatils.  Four  cela,  on  additionne  le  liquide  d'un  excès  de  soude,  on  le  place 
dans  un  appareil  distillatoire  semblable  à  celui  qui  sert  à  la  volatilisation  du  peroxyde 
lie  ruthénium,  et  Ton  y  fait  passer  un  courant  de  chlore  en  refroidissant;  il  se  fait  un 
iivpochlorite  alcalin  et,  par  suite,  les  peroxydes  Ru  O*  et  OsO'  prennent  naissance. 
On  laisse  le  liquide  se  réchauffer,  puis  on  élève  légèrement  sa  température  en  y  faisant 
passer  un  courant  de  chlore  assez  rapide  :  les  peroxydes  RuO*  et  OsO'  sont  complè- 
tement éliminés;  ils  sont  condensés  d'abord  dans  un  récipient  refroidi,  puis  dans  un 
flacon  laveur  renfermant  de  la  potasse. 

»  Les  azotiles  de  rhodium  et  d'iridium  qui  restent  dans  la  liqueur  sont  détruits, 
ainsi  que  le  chlorate  et  l'azotate  alcalins  qui  les  accompagnent,  par  des  évaporations 
h  siccité,  effectuées  en  présence  d'un  excès  d'acide  chlorhydrique  et  répétées  plusieurs 
fois;  ils  se  transforment  ainsi  en  chlorures  doubles  Rh^CI',  6i\aCI,  et  IrCl',  aNaCl. 
On  dissout  la  masse  saline  dans  de  l'eau  froide  chargée  de  chlore  et  l'on  fait  cristal- 
liser pour  séparer  la  plus  grande  partie  du  chlorure  de  sodium  formé  dans  le  cours 
des  opérations  et  qui  se  sépare  le  premier.  Les  cristaux  qui  se  forment  les  derniers 
sont  un  mélange  de  ces  deux  chlorures  doubles;  on  les  essore  et  on  les  dessèche 
complètement  à  io5".  On  les  chauffe  alors,  pendant  trois  à  quatre  heures,  au  milieii 
d'un  courant  de  chlore  sec  à  la  température  de' 440°  (éluve  à  vapeur  de  soufre).  La 
matière  refroidie  est  alors  traitée  par  de  l'eau  froide  chargée  de  chlore  :  le  chlorure 
double  de  rhodium  s'est  dédoublé  en  chlorure  de  sodium  et  en  sesquichlorure  Rh'CK' 
insoluble  dans  l'eau,  comme  celui  qui  est  préparé  par  voie  sèche  à  haute  température. 
On  sépare  celui-ci  par  filtration  ('). 

))  Quant  au  sel  d'iridium,  il  est  resté  inaltéré  et  se  trouve  dans  la  liqueur  sous  forme 
de  chloroiridale  IrCI',  aNaCI,  accompagné  de,  l'excès  de  chlorure  de  sodium;  au 
moyen  d'un  excès  de  chlorure  d'ammonium,  on  le  précipite  à  l'état  de  chlorolridate 
IrCI',  2  AzII'Cl  insoluble  dans  ces  conditions;  on  lave  celui-ci  avec  une  solution  con- 
centrée de  sel  ammoniac,  on  le  sèche,  on  le  décompose  au  rouge  dans  un  courant 
d'hydrogène,  et  on  le  laisse  refroidir  dans  un  courant  de  gaz  acide  carbonique;  on 
obtient  ain>i  l'iridium  pur. 

»  Je  me  propose  de  généraliser  celte  méthode,  et  de  l'employer  à  la 
séparation  des  métaux  du  platine  par  voie  humide.    » 


(')  Pour  réussir  dans  cette  opération,  il  faut  absolument  :  i"  éviter  la  présence, 
d'un  excès  de  chlorure  de  sodium;  celui-ci  donne,  en  effet,  de  la  stabilité  au  chlorure 
liouble  de  rhodium  qui  se  décompose  dlfficilement'au  milieu  d'une  masse  de  chlorure 
de  sodium  fondue,  et  qui  passerait  en  dissolution  avec  le  chloroiridale;  2"  opérer  sur 
un  sel  parfaitement  desséché  et  avec  du  chlore  absolument  sec;  en  effet,  le  chlore,  en 
présence  de  la  vapeur  d'eau,  donne  de  l'acide  chlorhydrique  :  or,  le  chlorolridate 
IrCI*,  2NaCl,  chauffé  à  44o°  dans  du  gaz  acide  chlorhydrique,  se  décompose  el 
donne  Ir-CI'',  6-\aCI  soluhle  et  Ir-Cl"  in«oliiliie  qui  resterait  avec  le  sesquichlorun» 
de  rhodium  Rh-CI'. 


(    2l6    ) 


CHIMIE  MINERALE.  —  Sur  un  azotite  double  de  ruthénuim  et  de  potassium  ('). 
Noie  de  M.  L.  Brizard,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Deux  azolites  doubles  de  rulhénium  et  de  potassium  ont  été  décrits 
jusqu'ici,  d'abord  par  MM.  Joly  et  Vèzes  (^),  puis  par  MM.  Jolv  et 
f>eidié  (').  Ces  deux  sels,  qui  ont  respectivement  pour  formules 
Ru='(AzO-)*.  4AzO=K  et  Ru^O(AzO-)\  8AzO-R,  sont  liés  très  étroi- 
tement au  chlorure  double  nitrosé  RuAzOCl',  2KCI;  en  effet,  d'une  part, 
on  peut  les  obtenir-  tous  deux  par  l'action  de  l'azotite  de  potassium  sur  ce 
chlorure  double  nitrosé,  et,  d'autre  part,  tous  deux  sont  ramenés  par 
l'acide  chlorhydrique  à  l'état  de  chlorure  double  nitrosé. 

M  J'ai  obtenu  un  nouvel  azotiledouble  de  rulhénium  etdepotassium,  tout 
différent  des  précédents,  et  dont  l'étude  m'a  paru  offrir  quelque  intérêt 
en  raison  des  relations  qu'il  présente  avec  un  chlorure  double  complexe 
Ru-.H-.AzO.CP,  3KC1,  2  H  Cl  que  j'ai  décrit  antérieurement  (');  ces  rela- 
tions sont  analogues  aux  précédentes,  c'est-à-dire  que,  d'une,  part,  le 
nouvel  azotite  double  peut  s'obtenir  par  l'action  de  l'azotite  de  potassium 
sur  ce  chlorure  double  complexe,  et,  d'autre  part,  par  l'action  de  l'acide 
chlorhvdrique  sur  l'azotite  double,  on  obtient  de  nouveau  le  chlorure 
complexe. 

»  Pour  préparer  cet  azotile,  011  traite  une  solution  étendue  et  liéde  du  chlorure 
double  coniplexe,  légèrement  acidulé  à  l'acide  chlorhydrique,  par  de  l'azotite  de 
potassium  que  l'on  ajoute  par  petites  portions  jusqu'à  ce  que  tout  déi^.-îgCTrient  de 
vapeurs  nitreuses  ait  cessé  de  se  produire;  la  liqueur,  priniitivemeni  rouge,  est 
devenue  jaune  orangé;  concentrée  à  l'éluve,  elle  laisse  déposer  par  refroidissement  des 
cristaux  de  même  couleur,  dont  la  longueur  peut  atteindre  un  demi-centimètre. 

»  L'analyse  montre  que  la  composition  de  ces  cristaux,  sécliés  à  froid  sur  du  papiei- 
à  filtre,  peut  être  représentée  par  la  formule  : 

HuMI^(AzO^)»,     SAzO^K,     /JH^O. 
»   Ils  sont  très  solubles  dans  l'eau,  presque  insolubles  dans  une  solution  concentrée 


(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  de  l'École  Normale  supérieure. 
(-)    Comptes  rendus,  t.  CIX,  p.  667. 
{■')   Ibid..  t.  CXVIII,  p.  468. 
(')   Ihid..  t.  CWIl,  p.  780. 


(  2'7  ) 

de  chlorure  de  potassium;  ils  cristallisent  mieux  dans  une  solution  de  ce  dernier  que 
dans  l'eau  pure;  leur  solution  aqueuse,  très  stable  à  la  température  ordinaire,  ne  com- 
mence à  subir  une  faible  décomposition  qu'après  une  longue  ébullilion. 

»  Sous  l'action  de  la  chaleur,  ces  cristaux  perdent  4  molécules  d'eau  à  ioo°,  sans 
subir,  d'ailleurs,  la  moindre  trace  de  décomposition;  ce  n'est  qu'à  une  température 
peu  inférieure  à  36o°  qu'ils  commencent  à  noircir  et  à  se  décomposer;  à  36o°,  dans  le 
vide,  la  décomposition  est  complète;  il  se  produit  un  dégagement  de  vapeur  d'eau, 
d'azote  et  de  bloxyde  d'azote,  et  il  reste  un  résidu  solide  qui  est  un  mélange  d'a/.olile 
de  potassium  et  d'une  matière  noire  insoluble  dans  l'eau  bouillante  contenant  tout  le 
ruthénium;  cette  matière,  qui  contient  un  peu  de  potassium,  paraît  être  un  mélange; 
je  me  propose  de  l'étudier  ultérieurement. 

»  L'action  de  l'acide  chlorhydrique  reproduit',  comme  il  a  élé  dit  plus 
haut,  le  chlorure  double  complexe  qui  a  servi  de  point  de  départ  pour  la 
préparation  de  l'azotite.  Cette  réaction,  très  lente  à  froid,  devient  plus 
rapide  à  l'ébullition;  elle  peut  être  formulée  : 

Ru^H-(AzO-)',  3AzO-K  +  8HCI 

=  Ru^H-.  AzO.Cl%  3lvCI,  2IICI  +  aAzO  +  4AzO-  +  3H^O. 

»  Si  la  liqueur  a  été  maintenue  quelque  temps  à  l'ébullition,  le  chlorure 
complexe  ainsi  obtenu  n'est  pas  pur;  il  est  mélangé  d'un  peu  de  sesqui- 
chlorure  double  Ru-Cl°,  4K.CI  dont  la  formation  s'explique  facilement  par 
l'action  des  vapeurs  nitreuses  sur  l'hydrogène  lié  au  ruthénium;  cette 
explication  est,  d'ailleurs,  confirmée  par  le  fait  que,  si  l'on  effectue  la 
réaction  précédente  en  présence  d'une  assez  forte  pro|)orlion  de  chlorure 
d'ammonium  qui  détruit  les  vapeurs  nitreuses,  on  obtient  le  chlorure  com- 
plexe absolument  pur.  » 


CHIMIE  MINKRALE.  —  Sur  les  propriétés  réiluclnais  du  bore  el  de  l'aluminium. 
Note  de  MM.  Dcboin  et  Gauthier,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Les  expériences  récentes  de  M.  Gokischmidl  ont  appelé  l'attention 
sur  la  facilité  avec  laquelle  on  peut  obtenir  les  métaux  [)ar  réduction  de 
leurs  oxydes  au  moyen  de  l'aluminiimi  en  poudre.  Dans  ces  expériences  le 
métal  se  trouve  ordinairement  mélangé  d'un  excès  d'alumine  qui  a  été 
portée  à  une  température  très  élevée. 

»  Comme  cette  alumine  est  très  réfractaire  à  l'influence  des  réactifs  nous 
avons  pensé  qu'il  y  avait  intérêt  à  signaler  le  résultat  de  l'action  du  chlore, 
du  brome,  de  l'iode  sur  le  mélange  qui  résulte  de  la  préparation  du  bore 
et  du  silicium  par  ce^orocédé. 


(   .iH   ) 

»  l/aliinni)iiiin  réagit  énergiquement  sur  l'acide  bori(|iie  fondu  el  piiUérisé.  l  w 
mélange  de  54  parties  d'aluminium  et  de  70  parties  d'acide  borique  fondu  et  pulvérisé 
que  l'on  allume  en  un  point  au  moyen  du  dard  du  chalumeau  à  gaz  d'éclairage  et 
d'oxygène  continue  à  brûler  rapidement  avec  un  éclat  très  vif.  On  peut  d'ailleurs 
allumer  le  mélange  au  moyen  d'un  fil  de  magnésium,  mais  l'expérience  demande  alors 
quelques  tâtonnements.  Il  en  est  de  même  quand  l'on  emploie  du  magnésium  en 
poudre,  comme  l'a  indiqué  M.  Vigouroux  pour  la  préparation  du  silicium.  On  peut 
ertcore  employer  un  mélange  d'aluminium  et  d'un  oxyde  dégageant  beaucoup  de 
chaleur,  comme  l'a  indiqué  M.  Goldschmidt.  Il  est  tel  de  ces  mélanges,  celui  de 
bioxyde  de  baryum  el  d'aluminium  par  exemple,  qui  s'allume  simplement  avec  une 
allumette.  Mais  ce  dernier  mélange,  pour  le  cas  qui  nous  occupe,  brûle  trop  vite. 

»  On  peut  faire  l'expérience  sous  une  forme  curieuse  en  donnant  au  mélange  une 
forme  conique  et  en  l'allumant  par  côtés;  le  phénomène  présente  alors  beaucoup 
d'analogies  avec  ce  qui  se  passe  dans  une  éruption  volcanique:  on  voit  apparaître  une 
véritable  coulée  de  lave,  et  comme  la  masse  se  boursoufle  pendant  la  réaction,  loi-sque 
l'expérience  est  terminée  il  s'est  formé  une  véritable  mer  de  lave  comme  celles  qu'on 
aperçoit  aux  environs  des  cratères  d'Auvergne.  C'est  une  très  belle  expérience  de 
cours. 

»  Avec  un  mélange  de  silice  et  d'aluminium,  l'expérience  est  moins  brillante;  hi 
masse  ne  continue  à  réagir  d'elle-même  que  lor-quelle  a  été  bien  allumée  à  l'aide  du 
chalumeau. 

»  C'est  le  résidu  brut  de  ces  expériences  que  nous  avons  soumis  à  l'inlluence  des 
principaux  réactifs. 

»  Sur  le  mélange  intime  d'alumine  et  de  bore  placé  dans  un  tube  de  porcelaine 
chauffé  au  rouge  sombre,  nous  avons  fait  passer  un  courant  prolongé  de  chlore  :  il 
s'est  formé  du  chlorure  d'aluminium  et  il  restait  dans  le  tube  de  l'acide  borique 

»   Dans  les  mêmes  conditions,  le  brome  a  donné  un  résultat  identique. 

M  Avec  l'iode  entraîné  par  un  couranfd'hvdrogène,  nous  avons  obtenu  de  l'iodure 
d'aluminium. 

"  L'acide  sulfhydrique  adonné  les  sulfures  de  bore;  nous  avons  pu  condenser,  dans 
un  matras  entouré  d'un  mélange  réfrigérant,  beaucoup  de  sulfure  B'S',  qu'on  a 
d'ailleurs,  à  l'état  cristallisé,  dans  les  parties  froides  du  tube. 

»  Le  mélange  de  silicium  et  d'alumine  s'est  comporté  de  la  même  façon;  nous  avons 
dé  plus  constaté  que  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  le  mélange  chauflfé  au  rouge 
vif  donne  surtout  du  chlorure  d'aluminium  et  ne  peut  nullement  être  utilisée  pour  pré- 
parer le  chlorure  de  silicium  et  le  silico-chloroforme. 

»  En  résumé,  le  bore  etle  silicium  mélangés  inlimementavecralimiine 
se  comportent  comme  le  carbone  dans  les  circonstances  décrites  ici,  où 
raluininea  été  portée  à  une  température  très  élevée.  Étant  données,  d'une 
part,  l'action  directe  du  chlore  et  du  brome  sur  le  bore  et  le  silicium, 
d'autre  part,  la  résistance  des  réactifs  vis-à-vis  de  l'alumine  fortement  cal- 
cinée, ces  résultais  nous  ont  paru  intéressants  à  signaler.    » 


I 


(  ■^>\)  ) 


CHIMIE    ORGANIQUE.  —    Oxydation   du  propylglycol  par  l'eau   de    brome. 
Note  de  M.  André  Klkvg  ('  ),  présentée  par  M.  Troost. 

«  Dans  une  Note  précédente  (^)  j'ai  indiqué  que,  sous  l'influence  de  la 
bactérie  du  sorbose,  le  proiiylgiycol  était  oxydé  et  transformé  en  un  pro- 
duit réducteur.  De  nouvelles  expériences  m'ont  prouvé  que  c'était  la  fonc- 
tion alcool  secondaire  qui  s'oxydait  et  que,  dans  ces  conditions,  il  se  for- 
mait de  l'acétol  :  l'étude  complète  de  cette  transformation  fera,  du  reste, 
l'objet  d'une  Communication  ultérieure. 

»  J'ai  voulu  rechercher  si  le  procédé  qui  avait  permis  à  JM.  de  Ptch- 
mann  (  )  d'obtenir  des  dicétones  avec  les  glycols  bisecondaires  ne  me 
conduirait  pas,  dans  le  cas  du  propylglycol  (propane  diol.  1.2),  au  même 
résultat  que  la  bactérie  du  sorbose. 

)i  Dans  ce  but,  un  mélange  de  1  molécule  de  propylglycol  el  de  2  atomes  de  Bi',  à 
l'état  deau  de  brome,  a  été  ex.posé  aux  rayons  solaires. 

))  Au  l)out  de  quelque  temps  le  mélange  se  décolore  ;  lorsqu'il  a  complètement  perdu 
sa  teinte  rouge  on  achève  sa  décoloration  avec  quelques  gouttes  de  solution  de  bisul- 
fite de  soude;  puis,  l'acide  bromhydrique  formé  dans  la  réaction  est  saturé  par  le  car- 
bonate de  soude  et  l'on  distille  sous  pression  réduite. 

»  Le  liquide  passé  à  la  distillation  réduit  énergiquenient  la  liqueur  de  Feliliug, 
surtout  à  ciiaud,  et  donne  avec  l'acétate  de  phénylliydrazine  un  précipité  jaune  :  c'est 
l-'osazone  du  mélliylglyoxal,  fondant  à  i45°.  Ce  liquide  distillé  est  alors  traité  par  le 
chlorhydrate  d'Iiydroxylamine  et  le  bicarbonate  de  soude,  en  quantités  exactement 
nécessaires,  puis  évaporé  sous  pression  réduite  vers  70".  En  reprenant  par  l'éther  le 
résidu  de  cette  évaporation,  on  obtient  une  solution  qui,  abandonnée  dans  le  vide  en 
|)résence  de  SO'H-,  fournit  un  sirop  épais  constitué  par  l'oxime  de  l'acélol  en 
surfusion.  En  ellet,  ce  sirop,  ayant  été  longuement  trituré  en  prés&nce  d'un  cristal  de 
loxime  île  lacétol  obtenue  svnthétiquement,  s'est  pris  en  masse;  après  essorage  du 
magma  sur  plaque  poreuse  et  purification  du  produit  par  deux  cristallisations  dans  le 
ciiloroforme  bouillant,  les  cristaux  obtenus  ont  été  séchés  dans  le  vide.  Ils  fondent  à 
-iy'-']\'',  ce  qui  les  identifie  avec  l'oxime  de  l'acélol. 

»   L'eau  de  brome  a  donc  agi  comme  oxydant  vis-à-.vis  du  propylgycol  et  l'oxydation 


(')  Travail  fait  au  laboratoire  d'Enseignement   et   de   Recherches  chimiques  de  la 
Sorbonne. 

(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  244- 
(^)  Pechman.v,  D.  cil.  G.,  t.  XXVm,  p.  2527. 


(     2  20    ) 
:i  porté  sur  la  fonction  alcool  secondaire.  La  réaction  peut  Se  formuler  : 

I  I 

CH.OH  +  0=:CO         -hH-0. 

I  I 

Cil- OH  CIPOH 

»  C'est  bien,  en  elfel,  l'eau  de  brome  et  non  le  brome  dilué  qui  a  agi,  car  des  expé- 
riences tentées  avec  du  propylglycol  et  du  brome  m'ont  fourni  des  résultats  d'un  autre 
ordre  et  sur  lesquels  j'aiirai  l'occasion  de  revenir. 

»  Je  vais  rechercher  les  meilleures  conditions  de  rendement  en  vue 
d'étendre  ce  procédé  à  la  préparation  générale  des  cétones-alcools  pri- 
maires. » 


THERMOCHIMIE.  —  Sur  quelques  alcaloïdes  de  ï opium. 
Note  de  M.  Emile  Leroy. 

«  Dans  une  Note  précédente  (' ),  j'ai  présenté  quelques  données  ther- 
miques relatives  à  la  morphine,  je  donne  aujourd'hui  les  résultats  de 
déterminations  thermochimiques  qui  ont  porté  sur  la  codéine,  la  théhaïne, 
la  papavérine  et  la  narcotine,  c'est-à-dire  sur  les  principaux    alcalis   de 

l'opium. 

1.  Codéine  :  CH^'AzO'+H^Or^  317. 

»    I"  Chaleur  de  combuslion  : 

A  volume  constant  .  .  2325'''',8 

A  pression  constante 2327'"'',- 

»  2°  C/ialeiir  d'hydralatiun.  —  La  codéine  déshydratée  dans  l'étuve  à  100"  a  élc 
dissoute  dans  i  équivalent  de  H  Cl 

ce  qui  a  dégagé : ' -h  g"',  27 

la  codéine  hydratée  dissoute  de  même 

a  dégagé -i-  n^'^o^ 

d'où 

Cod+ H- 01iq.=  Cod  hydratée m-3'-«',23 

Cod-t-  H*Osol.=;  Cod  hydratée -t-   o'=',67 

»  3°  Chaleur  de  formalion  : 

C"  -+-  H^'  H-  Az  -(-  O'  -I-  H^  O  liq.  =  Co  J  cristallisée ....      -f-94'-'',4 
C"-4-Ii='+ Az-t-03  =  Cod  anhydre -+-92"',  2 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXVIH,  p.  1107. 


(     22  1     ) 

»  4°  Chaleur  de  dissolution.  —  La  cotléine  hydratée  a  été  dissoute  dans  l'eau 
vers  15°  (i  molécule  dans  5o'''  environ),  mesure  directe  : 

GodH'O  H-  eau -   o<:»',68 

»  5°  Chaleur  de  neutralisation.  —  La  codéine  anhydre  a  été  dissoute  dans  i  équi- 
valent de  HCl  dilué  dans  lo'"  d'eau  vers  16° 

CodsoL   -i-HCldiss.  =  CodHadiss -t-  9C'",27 

d'où 

Coddiss. +  HCldiss.=  CodHGldiss -H  7'^".72 

Un  second  équivdent  n'a  dégagé  que  -t-o<^"',o8. 

»  Une  solution  étendue  de  chlorhydrate  de  codéine,  traitée  par  la  potasse  en  quan- 
tité équivalente,  a  dégagé  -t-  5c-'',8o;  le  déplacement  de  la  codéine  par  la  potasse  est 
complet.  Il  n'en  est  pas  de  même  avec  l'ammoniaque  :  le  dégagement  de  chaleur  n'a  été 
que  de  4'^''',o6;  il  y  a  donc  partage  de  l'acide  entre  les  deux  bases. 

»  6°  Chlorhydrate  de  codéine  :  CodIlCl.  aH^O. 

Chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  vers  17° —  7*^"'» 79 

»  J'ai  pu  obtenir  le  sel  anhydre  parfaitement  blanc  et  sans  réaction  alcaline,  par 
dessiccation  dans  le  vide  à  100°  : 

Chaleur  de  dissolution  du  sel  anhydre —  3'^"',07 

»   On  en  déduit  pour  la  chaleur  d'hydratation 

CodHCl-f-  aH^O  liq +  /l'^"',72 

CodHCl  -h  aH^O  sol -h  i''«i,6o 

et  pour  la  chaleur  de  formation  du  sel  anhydre 

Cod  anhydre  +  HCl  gaz.  =  CodHClsol ~h  ig^-'^-^li 

»  On  sait  que  la  codéine  est  un  éther  méthylique  de  la  morphine.  Les  deux  corps 
étant  pris  dans  l'état  anhydre,  on  trouve  pour  difTérence  des  clialeurs  de  combustion 
179'-''', 5,  valeur  voisine  de  celles  que  présentent  les  éthers  méthyliques  dérivés  des 
phénols. 

»  Au  point  de  vue  de  l'intensité  de  la  fonction  basique,  on  doit  remarquer  que  la 
codéine  est  une  base  plus  forte  que  la  morphine  (29*-^', 74  pour  la  formation  du  chlor- 
hydrate solide,  au  lieu  de  27*^"', 97);  la  disparition  de  la  fonction  phénolique  par  éthé- 
rification  a  donc  pour  effet,  comme  c'était  du  reste  à  prévoir,  d'augmenter  la  force  de 
la  base. 

II.  -  THÉBAiMi  :  C''ir^'AzO'=3ii. 

»   1°  Chaleur  de  combustion  : 

A  volume  constant 2489'»',  9 

A  pression  constante 244i"''>8 

d'où  pour  la  chaleur  de  formation 

Qii_i^  FP'-H  Az-i-0^  =  thébaïne -h  74'^'', 6 

C.  R.,  iSgy,   2-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N'  4.)  29 


(     222    ) 

n  2°  Chaleur  de  netilralisation.  —  Ln  tlu'-l)nïiie  a  été  dissoute  dans  mi  équivaloMl 
(le  HCI  dilué  dans  lo'''  d'eau  vers  20°: 

Tb  sol.  +  HCI  diss.  =:  TbHCI  diss +-  Gi^-'.qS. 

»   Deuxième  équivalent  de  HCI,  phénomène  thermique  insensible. 

»   On  a  vérifié  ce  nombre  en  précipitant  la  lliébaïne  par  Az  IP. 

»  3°  Chlorhydrate  de  thébaïne  :  TblICl.H'-O. 

Chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  vers  ao"  (une  molécule  dans  10''').      —   5''"',2i. 

Déshydraté  dans  le  vide  à  100",  le  sel  se  dissout  en  dégageant +  o'^'',02. 

»  On  déduit  de  là  la  chaleur  d'hydratation 

TbHCI  -h  H'O  liq 4-  .i'"-',  ■?.?, 

TbHCI  H-  H-0  sol :-  3'^'',67 

et  enfin  la  chaleur  de  formation  du  chlorhydrate  solide 

Tb  sol.  -H  HCI  gaz.  =  Tb  HCI  sol.  +  a/jc^',  3  r . 

111.   I'apavérine:  C=' 11^' AzO«  r=  SSg. 
1°  Chaleur  de  combustion  : 

A  volume  constant 2477''''',  2 

A  pression  constante 2478'''',8 

d'où  la  chaleur  de  formation 

C'»+  H'-i  -f-  Az  -H  O'  —  papavèrine -t-  i3i'''',9. 

»  Chaleur  de  neutralisation.  —  La  papavèrine  cristallisée  a  été  dissoute  dans 
un  équivalent  de  HCI  dilué  dans  10'''  d'eau  vers  18"  : 

Pa -h  HCI  diss.  =Pa  MCI  diss -h  4'-»',i.5 

»   Deuxième  équivalent  de  HCI,  phénomène  tliermique  insensible. 

»  Si  l'on  ajoute  de  l'ammoniaque  à  une  solution  de  PaHCI,  l'alcaloïde  se  précipite  sous 
forme  d'un  liquide  huileux,  qui  ne  se  transforme  en  cristaux  qu'au  bout  d'un  temps 
très  long;  celte  précipitation  par  AzH'  a  dégagé  -I-  7'^''',o4.  On  en  déduit 

Pa  huileux  =:=  Pa  cristallisé +    i'»',26 

»   3"   Chlorhydrate  de  papavèrine.  — Ce  sel  cristallise  anhvdre;  sa  chaleur  de  dis- 
solution dans  i5'''  d'eau  environ  vers  18°  est  de  ■ —  4'^^'j93. 
»  La  chaleur  de  formation  du  sel  solide  est,  par  suite: 

Pa  crist.  -H  HCI  gaz.  =  PaHCI  crist -(-  26' ="',48 

IV.  —  Narcotine  :  C-='H-^\zO'=4i3. 

))    1°  Chaleur  de  combustion  : 

A  volume  constant 2643'''',  S 

A  pression  conslanle 3644'"'; 8 


(     -22  3     ) 

il'uii  la  cluilciii'  du  l'uiiiiaLioii 

C--'-t- H-'-f- Az-t- 0'=  Narcoliiio -+- aaSC"',,! 

»  3"  Chaleur  de  neutralisation.  —  On  a  trouvé  : 

No  +  11  Cl  dissous  (io'i')  =  No  H  Cl  dissous...  .      +  2C»i,33  vers  16" 
Deuxième  équivalent  de  H  Cl +  o'^''',o3 

)i  3"  Chlorhydrale  de  narcoline.  —  La  dissolution  de  narcoline  dans  HCI  dilué 
fournit  par  évaporation  une  masse  gélatineuse;  en  reprenant  par  l'alcool  chaud,  on  a 
obtenu  de  petits  cristaux  blancs,  de  formule  No  HCI  .■.!  J IPO.  Le  sel  a  été  déshydraté 
dans  le  vide  à  100°  et  dissous  dans  l'eau  vers  18°: 

NoIlCl  +  eau  (i5'") —    i«^°',99 

d'où 

No -I- H  Cl  gaz.  =NoHCI -V2i<:''',72 

»  Le  Tableau  suivant  rapproche  les  nombres  qui  mesurent  l'intensité 
de  la  fonction  basique  des  alcaloïdes  de  l'opium  que  j'ai  étudiés  : 

Base  solide. 

HCI  dissous,  HCI  gazeux, 

sel  dissous.  sel  solide. 

Cal  Cal 

Codéine 9,27  2917^ 

Morphine 7, 18  37i97 

Thébaïne 6,93  2.'|,3i 

Papavérine 4i'5  26,48 

Narcotine 3,33  21,72 

M  Jj'ordre  dans  lequel  ces  bases  se  trotivent  rangées  est  d'ailleurs  con- 
forme à  leur  action  sur  les  réactifs  colorés.  La  codéine,  comme  les  bases 
fortes,  agit  sur  la  phtaléine  du  phénol  et  le  tournesol;  les  alcaloïdes  sui- 
vants n'agissent  que  sur  le  tournesol  et,  enfin,  la  narcotine  est  sans  action 
sur  ce  réactif.    » 


CHIMIE  BIOLOUiQUli:.   —  Sur  l' élimination  de  l'azote  el  du  phosphore 
chez  les  nourrissons.  Note  de  M.  OEciisner  de  Go\i\ck  ('). 

«  J'ai  étudié  cette  question  en  1892  et  rSpS.  Il  s'agit  ici  d'enfants  nourris 
à  la  mamelle;  je  n'avais  pas  cru  devoir  publier  les  résultats  de  mes  ana- 
lyses, mais  je  trouve,  dans  le  Zeitschrift  fiir  klinische  Medicin,  un  Mémoire 


(')  Institut  de  Chimie  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier. 


(     224    ) 

sur  le  même  sujet  de  M.  le  D'  A.  Keller.  Cet  auteur  a  obtenu  des  nombres 
presque  identiques  aux  miens;  je  me  décide  donc  à  faire  connaître  ceux-ci. 

»  L'acide  phosphorique  a  été  dosé,  dans  mes  recherches,  d'après  le 
procédé  classique  de  Neubauer  ;  l'azote  total  a  été  dosé,  soit  par  la  méthode 
de  Kjeldahl,  légèrement  modifiée,  soit  par  le  procédé  au  plâtre  sec  et  à 
l'acide  oxalique  ;  dans  ce  dernier  cas,  la  combustion  était  menée  très  len- 
tement. 

)i   Voici  les  nombres  trouvés  dans  douze  expériences  : 

Quantités  d'urine 

des  Azote  total.  Acide  pliospliorique  A* 

vingt-quatre  heures.  (Az).  (P-0').  PHp' 

ce  nit;r  nigr 

1 24o  348  66,5  J^ 

II 228  3i8  38  À" 

m 3oo  633  90  1 

1\ '46  660  107  ^^ 

V 228  680  65  j-j-r 

M ^2,")  61 3  102,5  i 


VII 428  452  4i 

viii i^e  324  43 

IX 352  847  120 

X 211  422  64 

XI 524  64o  82 

XII 298  428  68 


I 
1 1 

_i_ 
7,5 


',8 

1 
G, 3 


>'  Je  vais  maintenant  indiquer  quelques-uns  des  rapports  p^  que  M.  le 
D''  Keller  a  inscrits  dans  son  Mémoire  :  ~,  '^.  -,  -^,  J-.  — .  —    etr 

;>,;i'  s, s'  7'   10.8*  G.;:'    7.-^'  7,8'   '^>'^. 

»  On  le  voit,  c'esl  l'identité  ou  la  presque  identité  entre  les  résultats 
de  deux  observateurs  qui  ont  opéré  à  l'insu  l'un  de  l'autre  ,  à  des  époques 
très  différentes,  et  sur  des  enfants  de  races  différentes.  » 


CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Sur  l'acide  dichloro-3,  Ix-bulanoïqne.  Note 
de  M.  R.  Lespieau,  présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«  Dans  une  Note  précédente  {Comptes  rendus,  t.  CXXVII,  p.  gôS),  après 
avoir  décrit  le  nitrile  résultant  de  l'action  de  l'acide  prussique  sur  l'épi- 
chlorhydrine,  j'indiquais  comme  formule  probable  de  ce  nouveau  composé 
le  symbole  CH^Cl  -  CHOH  CW  -  CAz.  D'après  le  mode  de  formation  de 
ce  nitrile,  cette  hypothèse  était  très  vraisemblable;  on  pouvait  cependant 
imaginer  un  autre  mode  de  fixation  de  l'acide  prussique  représenté  parla 


(    225    ) 

formule  CH^Cl  — CH  —  CH^OH.  Or,  j'ai  pu.   eu  procédant  comme  il  va 

CÂz 
être  dit,  passer  du  nitrile  eu  question  à  l'acide  crotonique  fondant  à  72°  ; 
c'est  là  un  bon  argument  en  faveur  de  la  formule  linéaire,  car  dans  l'autre 
manière  de  voir  on  devrait  arriver  à  l'acide  métacrylique,  isomère  de  l'acide 
crotonique,  mais  qui,  fondant  à  iG°,  ne  sauraitêtre  confondu  avec  lui. 

»  Nitrile  dichlorobiUanoïque.  —  Kn  faisant  léasii"  le  pentachloruie  de  phosphore 
sur  le  nitrile  en  solution  élhérée  maintenue  froide,  on  obtient  un  nouveau  nitrile  qu'on 
purifie  par  des  distillations  fractionnées  et  des  lavages  au  carbonate  de  soude.  C'est 
un  liquide  incolore  ayant  pour  densité,  à  o"  i  ,3i4  ;  bouillant  à  i  i3°-ii4''  sous  une  pres- 
sion de  25™""  de  mercure.  Les  mesures  cryoscopiques  et  les  dosages  de  chlore  et  d'azote 
efiectuées  sur  ce  corps  s'accordent  bien  de  la  formule  CH-CI.CHCl.CH^C Az. 

»  Acide  dichlorobutanoîque .  —  Ce  nitrile  additionné  d'acide  chlorhydrique  saturé 
à  froid  est  chauffé  au  bain-marie  vers  80°.  On  évapore  ensuite  le  tout  à  la  même  tem- 
pérature sous  pression  réduite.  Il  reste  dans  le  ballon  des  cristaux  de  chlorure  d'am- 
monium imprégnés  du  pioduit  de  la  saponification  du  nitrile.  On  isole  ce  dernier  en 
le  dissolvant  dans  l'éther  qui,  par  évaporation,  abandonne  un  liquide  cristallisant  peu 
après.  Les  cristaux,  essorés  sur  une  plaque  poreuse,  ou  jjurifiés  par  distillation  dans 
le  vide,  fondent  à  49°-5o°.  Us  constituent  un  acide  CH^Cl  —  CHCl.CH-.CO^'H  (cryosco- 
pie  169;  analyse  :  C,  3o,48;  H,  3,98;  Cl,  44)82);  on  obtient  le  même  acide  en 
chaullant  avec  de  l'acide  chlorhydrique  le  nitrile  CH'CICI1=:CH  —  CAz  qui  sera 
décrit  ultérieurement. 

»  L'éther  éthylique  de  cet  acide  dichloié  bout  à  acô^-sog"  sous  une  pression  de 
y5omm  et  à  92°  sous  i4'"'". 

»  Passage  à  l'acide  ciolonique.  —  En  chauffant  pendant  quatre  heures  le  nitrile 
CH-CI.CHCl.CH^.CAz  au  réfrigérant  ascendant  avec  cinq  molécules  d'acide  iodhy- 
drique  saturé  à  froid  et  un  peu  de  phosphore  rouge,  on  obtient  un  liquide  très  coloré 
et  très  acide,  en  même  temps  que  des  cristaux  d'iodure  d'ammonium. 

»  On  neutralise  par  addition  de  carbonate  de  potasse  et,  pour  se  débarrasser  de 
l'iode  en  excès,  on  chauffe  quelque  temps  en  présence  d'amalgame  de  sodium.  Puis  on 
évapore  presque  à  sec  dans  le  vide  sulfurique.  Le  magma  solide  obtenu  est  additionné 
d'alcool  absolu,  le  tout  est  porté  à  l'ébuUition  puis  filtré.  La  portion  qu'abandonne 
l'alcool  par  évaporation  est  dissoute  dans  l'eau,  additionnée  d'acide  chlorhydrique  et 
soumise  à  des  extractions  à  l'éther.  Par  évaporation  de  ce  dissolvant  on  obtient  un 
liquide  fortement  coloré  ;  on  le  reprend  avec  de  la  ligroïne  qui  dissout  la  majeure  partie 
mais  laisse  un  résidu  visqueux.  La  ligroïne  étant  chassée,  on  obtient  des  cristaux  faciles 
à  purifier.  On  les  identifie  avec  l'acide  crotonique.  La  cryoscopie  indique  86  comme 
poids  moléculaire,  ce  qui  est  le  nombre  théorique;  la  combustion  a  donné  :  H  7,4'i 
C  55,48  au  lieu  de  6,97  et  55,  81.  La  formule  est  donc  C*  H*  O^  et  l'on  n'a  pas  affaire  à 
un  isomère  de  l'acide  crotonique,  car  le  point  de  fusion  du  corps  est  bien  72"  ;  en  outre, 
en  fixant  deux  atomes  de  brome  on  obtient  un  corps  fondant  à  83-87°.  *-^''  l'acide 
CH^  CHBr  CHBr  CO^  H  fond  à  8-".  » 


(     V526    ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  brome  sur  te  hroinure  d'isobulyle  en 
présence  du  biomure  d'aluminium  anhydre  et  du  chlorure  d'aluminium. 
Noie  de  M.  A.  Mouxetrat,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

((  Dans  deux  Notes  antérieures,  communiquées  à  l'Académie,  j'ai  montré 
que  le  bromure  d'aluminiimi  ;inliydre  (AlBi^)  était  un  agent  debromura- 
lion  énergique  dans  les  séries  de  i'éthène  et  du  propane.  J'ai  été  ainsi  na- 
turellement conduit  à  étudier  l'action  broniurante  de  ce  composé  dans  la 
série  du  butane. 

«  Je  suis  parti  du  dérivé  brome  le  plus  simple  de  cette  série,  c'est-à-dire 
du  mélhyl  (2  )  -bromopropane  (1)   CH'  —  CH  -  CH^Br. 

»  Dans  un  ballon  parfaitemenl  sec,  de  700"  de  capacité,  surmonté  d'un  réfiigéraiiL 
ascendant,  on  place  200e''  de  bromure  d'isobutyle  que  l'on  porte  à  5o°-55''.  A  l'aide 
d'un  entonnoir  à  brome,  on  ajoute,  en  mince  filet,  60»''  d'une  solution  bromée  au  tiers 
de  bromure  d'aluminium  anhydre  (Br  =  4o6'',  AlBr^=  208''),  puis,  de  la  même  façon 
et  en  agitant  constamment  le  ballon,  3205"'  de  brome  bien  sec.  On  obtient  dans  ces 
conditions  un  dégagement  rapide  et  continu  de  gaz  bromliydri(|iie  que  l'on  recueille 
dans  de  l'eau  distillée.  L'opération  est  terminée  en  moins  de  ileux  heures;  ce  terme 
est,  du  reste,  facile  à  reconnaître  par  la  disparition  complète  de  l'atmosphère  brune  du 
ballon.  A  ce  moment,  on  laisse  refroidir  et  l'on  verse  par  petites  portions  les  produitn 
de  la  réaction  dans  de  l'eau  additionnée  de  glace  et  d'un  peu  d'acide  bromliydrique  ; 
au  fond  de  l'eau  tombe  une  huile  brunâtre  lourde  qu'on  lave  successivement  à  l'eau 
distillée  et  à  la  potasse  faible.  On  la  sèche  sur  du  chlorure  de  calcium  fondu,  puis  on 
la  soumet  à  la  distillation  fractionnée  dans  le  vide. 

»  On  recueille  ainsi  tout  d'abord  du  bromure  d'isobutyle  qui  n'est  pas 
entré  en  réaction,  puis,  sous  i'",5  de  pression  : 

»    1°  Une  faible  quantité  de  bromure  d'isobutylène  passant  entre  75°-7(S". 

»  2"  La  plus  grande  partie  du  résultat  de  cette  bromuration  passe  sous 
cette  pression  entre  iio^-ii/j".  C'est  un  liquide  incolore,  très  lourd, 
dont  la  densité  à  i6°=  2,188  et  auquel  l'analyse  assigne  la  formule  d'un 
Iribromoisobutane  (CH'Ër^).  Le  rendement  est  de  5o  à  60  pour  1 00  du  ren- 
dement théorique  par  rapport  à  C'E^Br. 

•■>   Quelle  est  la  constitution  de  ce  dérivé  Iribromé? 

.1  Traité  au  léfrigérant  ascendant  et  à  l'ébullilion  du  buin-marle,  par  un  excès  de 
potasse  alcoolique  jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  précipite  plus  de  K  Br,  il  donne  par  addition 


(    227    ) 

d'eau  une  liuileqni  passe  à  i55°,  sous  la  pression  normale,  el  n'ponfl  à  un  dihi-onioiso- 
butène  C'II"Bi^  Ce  dernier  composé,  additionné  d'un  excès  de  brome  el  exposé  au 
soleil,  iiKe  deu\  atomes  de  cet,  halogène  pour  donner  un  létrabromoisobulane  C*  IFBr' 
parfaitement  cristallisé  et  fondant  à  205°  en  perdant  du  brome. 

»  Or,  Caventou  {'),  d'une  part,  Norton  el  Williams  {-),  d'autre  part,  ont  montré 
que,  par  addition  de  brome  au  bromure  d'isocrotonyle  CH'— C  =  CHBr,  on  obtenait 

GIT' 
le  méllivl  (?.)  -tribromopropanefi  .  i)  (t)  CH^~-  CBr-  ClIBr-;  puis  ce  dernier  corps, 

6m 

traité  par  la  pctasse  alcoolique,  fournit  le  méllivl  (2  )-dibrûmopropène  (i.i) 
CIP— C:=CBr-    bouillant    à    r55°  sous    76'™,  lequel   fixe   encore,    en  présence  d'un 

6h' 

excès  de  brome  et  au  soleil,  deux  atomes  de  cet  lialogène  pour  donner  le  méthyl  (2) 
-télrabroiuopropane   (i.i.i)   (2)  CH'— CBr    -  CBr'  fondant,    avec  perte  de    brome, 

à  2o5". 

x  Une  telle  concordance  montre  que  le  dérivé  tribromé  que  j'ai  obtenu  dans  celte 
bromuralion  est  le  méllivl  (  2)-tribromopropane  (i  .  1)  (2)  CH-'— CBr  —  CUBr-. 

»  3"  Entre  128"-] 35°  sous  2'="', 6  de  pression  on  recueille  une  faible 
quantité  d'un  tribromoisobutane  isomère  du  précédent   : 

«  4"  Au-dessus  de  iSo",  sous  cette  même  pression,  on  sépare  une 
faible  quantité  d'un  tétrabromoisobutane  qui  va  être  étudié  plus  loin. 

»  Remarque.  -—  J'ai  essayé,  dans  cette  réaction,  en  employant,  avec  le  bromure 
d'aluminium,  les  proportions  théoriques  de  brome  el  de  bromure  d'isobutyle 
(C'H'Br -4- Br-)  de  préparer  avec  de  bons  rendements  le  bromure  d'isobutylèue 
CU'—  CBr  —  CH-Br.  Je  n'ai  pu  y  arriver,  dans  lotîtes  les  expériences  que  j'ai  tentées 

GIF 
soit  en  abaissant  la  température,  soit  en  faisant  varier  les  proportions  de  bromure 
d'aluminium  :  dans  tous  les  cas  je  suis  arrivé  au  méthyl  (2)  tribromopropane  (r.  i){2) 
CH'-CBr-GUBr^ 

11  J'ai  aloi-s  songé  à  me  servir  du  chlorure  d'aluminium  anhydre  AICT';  cet  agenl 
est  dans  ce  cas  un  bromuiant  énergique  et,  grâce  à  son  emploi  en  faillie  quantité,  j'ai 
pu  préparer  facilement,   avec  .5o-55  pour   100   du   rendement   théorique,  le  bromure 


(')  Caventou,  Arut.  Liehig.  t.  CXW'II,  p.  gS. 

{-)   Norton-  et  Williams.    \nn.  f.ichii;.  I.  IX,  p.  S9. 


(     .28    ) 
d'isolmU  lène  Cll^ — CBr —  (]flH>r   lioiiillanl,  en  perdant  de  l'acide  bronilivdrique,  i\ 

CIP 
1 48°- 149°  sous  la  pression  normale. 

»   Le  métliyi  (2)-lribromopropane  CIl^ —  CBr  —  CHBr*  brome  à  son  tour,  en  pré- 

sence  du  bromure  ou  du   chlorure  d'aluminium  anhvdre,  donne  avec  des  rendements 
de  65  à  70  pour   100,  du    méthvl   (  2)-téliabromopropane    CH^Br  —  CBr  — CHBr' 

CH^ 
bouillant  à  i59°-i63°,  sous  r"™,2  de  pression,  et  ayant  pour  densité  2,55-  à  16°.   u 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  composition  de  l'albumen  de  la  graine  de 
caroubier;  production  de  galactose  et  de  mannose par  hydrolyse.  Note  de 
MM.  Em.  Bodrquelot  et  H.  Hérissey. 

«  La  graine  de  caroubier  se  compose  d'un  embryon  jaunâtre,  à  cotylé- 
dons aplatis,  recouvert  sur  chaque  face  par  une  calotte  d'albumen  corné 
et  presque  transparent;  le  tout  renfermé  dans  un  épispernie  épais  de  cou- 
leur rouge  marron. 

»  Lorsqu'on  fait  tremper  cette  graine  dans  l'eau,  elle  augmente  beau- 
coup de  volume,  mais  les  parties  qui  la  composent  ne  se  gonflent  pas 
uniformément;  aussi  peuvent-elles  être  alors  séparées  les  unes  des  autres. 

»  1/albumen,  en  particulier,  se  sépare  aisément;  il  a  été  étudié,  il  y  a 
deux  ans,  par  M.  Etfront  (  '  )  et  par  M.  H.  Marlière  (-).  M.  Effront  l'a 
trouvé  composé,  pour  les  quatre  cinquièmes  environ,  par  un  hydrate  de 
carbone  mucilagineux  qu'il  a  désigné  sous  le  nom  de  caroubine.  La  caroii- 
bine,  traitée  à  chaud  par  l'acide  sulfurique  étendu,  lui  a  donné  un  produit 
sucré,  qu'il  a  considéré  comme  constitué  par  une  nouvelle  espèce  de  glu- 
cose, bien  qu'il  n'eut  pas  réussi  à  l'obtenir  cristallisé,  et  qu'il  a  appelé 
caroubinose.  M.  Marlière,  de  son  côlé,  a  conclu  de  ses  recherches  sur  le 
produit  d'hydrolyse  du  même  principe  mucilagineux,  et  sans  avoir,  lui  non 
plus,  séparé  de  corps  cristallisé,  que  ce  produit  est  constitué  par  un  mé- 
lange de  dextrose,  de  lévulose  et  de  galactose.  Il  dit  d'ailleurs,  dans  son 
Mémoire,  qu'il  n'a  pu  obtenir,  en  traitant  ce  produit  par  la  phénylhydra- 
zine,   d'hydrazone   insoluble  à   froid  :   ce  qui   exclut  toute  idée  que  du 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXV,  p.  38,  116  et  809;  1897. 
(=)   Art  Cellule,  t.  Mil,  p.  7;  ,897. 


(    2  29     ) 

mannose  puisse  exister  à  côté  des  sucres  précédents.  Et  cependant, 
quelques  mois  plus  tard,  M.  Alb.  van  Ekenstein  (')  retirait,  du  produit 
d'hydrolvse  de  la  caroubine,  du  mannose  cristallisé. 

))  En  présence  de  ces  données  contradictoires,  nous  avons  repris  l'étude 
de  la  question.  De  nos  recherches  il  ressort  que  le  produit  sucré  que  l'on 
obtient  par  une  hydrolyse  ménagée  de  l'albumen  des  graines  de  caroubier 
n'est  pas  constitué  par  un  sucre  nouveau,  mais  par  un  mélange  de  ^a/ac/ose 
et  de  mannose.  Ces  deux  sucres  ont  d'ailleurs  été  isolés  à  l'état  pur  et 
cristallisé. 

»  1.  Hydrolyse  de  Valbiimen.  •  Cette  liydrolyse  se  fait  à  l'autoclave  à  no",  à 
l'aide  d'acide  sulfurif[ite  à  4  pour  loo.  On  la  réussit  très  bien  en  employant  i'"' d'acide 
dilué  pour  235s''  environ  d'albumen  gonllé,  correspondant  à  ioo8''-io5s'  d'albumen 
sec,  et  en  chauffant  pendant  une  heure  et  demie.  La  partie  non  dissoute,  lavée  et  dessé- 
chée, atteint  à  peine  •  à  i  du  produit  sec;  le  liquide  sucré  accuse,  à  la  liqueur  de 
l'ehling,  une  réduction  correspondant  à  60-70  de  dextrose  pour  100  d'albumen  sec. 

»  On  neutralise  le  liquide  filtré  avec  du  carbonate  de  chaux  et,  après  filtralion 
nouvelle,  on  concentre  au  bain-marie  jusqu'à  \  du  liquide  primitif.  On  laisse  refroidir, 
on  nilre  pour  séparer  le  sulfate  de  chaux  qui  s'est  déposé  et  l'on  ajoute  3  volumes 
d'alcool  à  95°,  ce  qui  amène  la  séparation  d'un  précipité  peu  abondant  et  foncé.  On 
filtre,  on  évapore  de  nouveau  jusqu'à  consistance  demi-sirupeuse,  et  l'on  reprend  à 
l'ébullition  par  3  à  4  parties  d'alcool  absolu.  Il  se  fait  un  deuxième  précipité,  qu'on 
laisse  déposer  pendant  douze  heures.  On  décante  et,  au  liquide  décanté,  on  ajoute  de 
l'éther  dans  la  proportion  de  20"  pour  100"  de  liquide  alcoolique.  On  obtient  un 
troisième  précipité,  qui  n'est  déposé  complètement  qu'au  bout  de  deux  jours.  Ce 
troisième  précipité,  peu  coloré,  est  jnesque  entièrement  composé  de  galactose,  tandis 
que  le  liquide  élhéro-alcoolique  renferme  surtout  du  mannose.  Qu'il  y  ait  beaucoup 
de  mannose  dans  ce  dernier  liquide,  on  peut  s'en  assurer  immédiatement  en  l'évapo- 
rant, en  le  reprenant  par  l'eau  et  en  traitant  à  froid  la  solution  aqueuse  par  l'acétate 
de  phényihydrazine  :  on  voit  se  faire,  en  quelques  minutes,  le  précipité  caractéristique 
de  rnannose-hydrazone.  Le  poids  de  cette  hydrazone  (lavée  et  desséchée)  atteint 
jusqu'à  70  pour  100  de  l'albumen  sec  traité. 

)i  IL  Séparalion  et  caraclérisation  du  galactose.  —  On  traite  simplement  le  der- 
nier précipité  obtenu  par  de  l'alcool  à  go"  bouillant;  le  galactose  se  dépose  en  quelques 
jours.  On  le  purifie  par  cristallisation  dans  l'alcool  à  80°.  Voici  les  données  qui  prou- 
vent que  le  sucre  ainsi  obtenu  est  bien  du  galactose  pur  : 

»  1.  Détermination  de  au  pour  le  sucre  desséché  à  100°  {p  =  o,3i39  ;  i'  =  i5,02  ; 
l—i\t  —  25")  ; 

Rotation  au  bout  de  trois  minutes «  =  4-  5°56 

Rotation  au  bout  de  huit  heures a  =-1-  3''3o 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXV,  p.  719;  1897. 

G.  R.,  1899,  2«  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  4.)  ^O 


(   :i3o    ) 

»  A  partir  de  huit  heures,  la  rotation  reste  constante;  d'où  il  suit  que  ce  sucre  pos- 
sède la  multirotalion  et  ([ue,  lorsque  la  rotation  est  constante, 

3,3o  X  i5,o2  o„ 

2  X  OjSiSg 

»  La  formule  de  Meissl  pour  le  galactose,  a^  =- 83,883  —  0,0785?  0,209;, 
donne  -r  78,82  pour  une  température  de  25°. 

»  Si  l'on  fait  le  calcul  de  au  pour  la  première  observation  ai^  -  j^àô',  on  trouve 
i33"  et  Meissl  a  trouvé,  en  observant  sitôt  après  la  dissolution,  des  chiffres  compris 
entre  130°  et  i4o°. 

»  2.  Point  de  fusion  du  produit  sec  :  160°,  5  (corrigé  :  i66°,3).  -  L'un  de  nous  ('  ) 
a  trouvé,  pour  le  point  de  fusion  du  galactose  retiré  du  sucre  de  lait,  i63°,5  (non  cor- 

i-'gé)- 

>)  3.  Pioduclion  d'acide  inucique.  -  -  Deux  essais  ont  été  faits  simultanément,  l'un 
sur  le  sucre  à  examiner,  l'autre  sur  du  galactose  pur.  On  a  obtenu  15^,^5  d'acide  mu- 
cique  dans  le  premier  essai  et  \^',!\!\  dans  le  second. 

)i  111.  Séparation  cl  caractérisation  du  mannose.  —  l^our  obtenir  lo  maimose,  on 
part  de  l'hydrazone.  Celle-ci  doit  être  lavée,  d'abord  avec  un  peu  d'eau  glacée,  puis 
avec  de  l'alcool  à  çj.y,  ensuite  avec  de  l'alcool  absolu  et  finalement  avec  de  Téther; 
a|)rès  quoi,  on  la  fait  sécher  dans  le  \ide  sulfurique. 

»  Le  mieux  est  de  suivre  le  procédé  Herzfeld  (décomposition  de  l'hydrazone  par  l;i 
beuzrtldélnde).  C'est  ainsi,  d'ailleurs,  qu'a  fait  M.  Alb.  vanEUenstein  qui,  le  premier, 
a  obtenu  le  mannose  à  l'état  cristallisé. 

»  Dans  une  de  nos  expériences,  nous  avons  opéré  sur  47s'  d'Ii^'drazone  sèche,  i|uc 
nous  avons  délajés  dans  940S''  d'eau  distillée  et  traités  par  igs''  d'aldéhyde  ben- 
zoïque  (-).  Le  liquide  sucré  que  Ion  obtient  est  évaporé  en  consistance  sirupeuse;  le 
sirop  est  lavé  à  l'éther,  amorcé  avec  une  parcelle  de  mannose  cristallisé  et  placé  dans 
une  cloche  à  dessiccation  après  avoir  été  recouvert  d'une  légère  couche  d'alcool  mé- 
thylique. 

»  La  cristallisation  commence  le  jour  même;  au  bout  de  trois  jours  le  sirop  est  pris 
en  masse.  On  délaie  dans  un  peu  d'alcool  raéthylique;  on  essore  rapidement  et  on  lave 
à  l'alcool  absolu.  Voici  les  données  qui  prouvent  que  le  sucre  ainsi  obtenu  est  du  man- 
nos  . 

»  Délerminalion  de  a^,  pour  le  produit  anhydre  (y.i=;o,4o5;  c  r-  10,02;  1--  2; 
t  ^-  25°)  : 

Rotation  au  bout  de  trois  à  quatre  minutes -jl  —  —  36'     ou     —  0,60 

Rotation  au  bout  de  une  heure  quarante  minutes  .  .      a  1= -j- 46'     ou      -0,766 


(')  Em.  BouRQUELOT,  Sur  la  préparation  du  galactose  {Journal  de  Pharmacie  et 
de  Chimie,  ^^  série,  t.  XIII,  p.  53;  1886). 

(-)  Les  détails  relatifs  à  ces  opérations,  ainsi  que  d'autres  sur  lesquels  nous  ne  pou- 
vons insister  ici,  trouveront  leur  place  dans  un  .Mémoire  plus  étendu  qui  sera  publié 
(iuiis  lo  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie. 


(    23,     ) 

»  A  partir  de  une  heure  quarante  minutes,  la  rotation  reste  constante,  d'où  il  suit 
que  ce  sucre  possède  la  multirolation  et  que,  quand  la  rotation  est  devenue  constante, 

0,766  X  i5,02  , 

2  X  o,4oj 

»  Or,  d'après  Van  Ekenstein,  la  solution  aqueuse  de  mannose  est  d'abord  lévogyre 
(a„z=— 13''6  au  bout  de  trois  minutes),  puis  devient  bientôt  dextrogyre  et,  lorsque  la 
dévialiou  a  atteint  son  maximum,  on  a  «n  =;  h  i4''25'. 

»  En  résumé,  le  produit  d'hydrolyse  ménagée  de  l'albumen  de  la  graiae 
de  caroubier  renferme  dn  galactose  et  du  mannose.  Il  semble,  d'ailleurs, 
étant  données  la  facilité  avec  laquelle  ces  sucres  sont  préparés  à  l'état  de 
pureté  et  les  quantités  que  l'on  en  peut  obtenir,  qu'ils  ne  sont  accompagnés 
d'aucun  autre  sucre.  Reste  à  savoir  quelle  est  la  nature  de  la  partie  qui 
reste  après  hydrolyse  dans  les  conditions  ci-dessus  indiquées,  partie  qui 
est  vraisemblablement  im  hydrate  de  carbone  plus  résistant  que  ceux  qui 
ont  fourni  les  sucres  précédents.    " 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  Expéiicnces  cnncemunl  l'étal  vèfraclairc. 
au  sérum  d'anguille.  Immunité  cylologique.  Note  de  MM.  L.  Camus  et 
E.  Gley,  présentée  par  M.  Bouchard. 

(c  Nous  avons  précédemment  montré  ( ')  que  le  hérisson  résiste  natu- 
rellement à  d'assez  fortes  doses  de  sérum  d'anguille;  nous  avons  en  même 
temps  donné  la  preuve,  du  moins  en  ce  qui  concerne  une  des  propriétés 
les  plus  importantes  de  ce  sérum  toxique,  sa  propriété  globulicide,  que 
cette  immunité  naturelle  ne  tient  nullement  à  la  présence,  dans  le  sang  de 
cet  animal,  d'une  substance  antitoxique  (antiglobulicide),  mais  bien  à  la 
résistance  spécifique  des  globules  rouges,  c'est-à-dire  à  une  organisation 
cellulaire  spéciale.  Nous  avons  qualifié  cette  immunité  iXa  cylologique,  par 
opposition  à  l'immunité  acquise,  qui  est  d'ordre  humoral,  résultant  de  la 
production  d'antitoxine  dans  l'organisme  de  l'animal  immunisé. 

«  Nous  avons  eu,  depuis,  l'occasion  de  constater  que  d'autres  animaux 
sont  également  pourvus  de  cette  immunité  cytologique  pour  le  sérum 
d'anguille.  Nous  avons  expérimenté  sur  des  Batraciens,  la  grenouille  (iîana 


('  )  Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  p.  28,  3i  janvier  1898;  t.  CXXVII,  p.  33o,  8  août 
1898  et  Arc/i.  inlern.  de  Phaimacodynamie,  t.  V,  p.  247-3o5;  1898. 


(    232     ) 

temporaria)  et  le  crapaud  {Bufo  vulgarls);  sur  des  Oiseaux,  poule  et  pi- 
geon (');  sur  des  Chéiroptères,  Vespertilio  murinus.  Chez  tous  ces  ani- 
maux les  globules  rouges,  préalablement  séparés  du  plasma  par  la  force 
centrifuge,  et  éprouvés  par  le  procédé  que  nous  avons  indiqué  (méthode 
de  l'isotonie,  procédé  de  Mosso-Viola),  se  sont  montrés  très  résistants  à 
l'action  du  sérum  d'anguille;  celui-ci,  même  à  la  dose  de  y^,  ne  fait  pas 
diffuser  l'hémoglobine  de  ces  globules.  D'autre  part,  dans  aucune  de  ces 
espèces,  le  sérum  sanguin  n'est  pourvu  de  propriété  antiglobulicide.  C'est 
donc  bien  par  eux-mêmes,  en  vertu  de  leur  organisation  ou  constitution 
propre,  que  les  hématies  de  tous  ces  animaux,  comme  celles  du  hérisson, 
résistent  à  l'action  dissolvante  de  l'ichtyotoxine. 

»  Cette  immunité  naturelle,  d'ordre  cytologique,  existe,  bien  entendu, 
durant  la  vie  entière  de  l'animal  qui  en  est  pourvu. 

»  Mais  il  est  des  animaux  qui  ne  possèdent  cette  même  immunité  que 
pendant  une  phase  de  leur  existence.  Il  faudrait  donc  distinguer  une  immu- 
nité natnreWe permanente  et  une  immunité  naturelle  transitoire  o\i passagère . 

»  Dans  nos  recherches  antérieures  nous  avons  vu  que  le  lapin  est  un 
animal  particulièrement  sensible  à  l'action  du  sérum  d'anguille,  puisque 
ses  globules  laissent  encore  diffuser  leur  matière  colorante  dans  des  dilu- 
tions de  ce  sérum  à  j~,  j^  et  même  quelquefois  j^.  Or,  c'est  une 
chose  remarquable  que  la  résistance  des  globules  des  lapins  nouveau-nés  (^) 
à  ce  pouvoir  dissolvant.  Nous  avons  étudié  sur  de  petits  lapins  de  la  même 
portée  les  variations  de  cette  résistance.  Très  marquée  dans  les  premiers 
jours  qui  suivent  la  naissance,  elle  s'atténue  à  partir  du  moment  où  les 
petits  ouvrent  les  yeux,  c'est-à-dire  du  quinzième  au  vingtième  jour,  pour 
disparaître  ensuite  définitivement.  Mais,  à  aucun  moment,  nous  n'avons 
constaté  que  le  sérum  de  ces  animaux  fût  antiglobulicide.  Ici,  encore, 
nous  retrouvons  donc  la  distinction  profonde  qu'il  v  a  lieu,  croyons-nous, 
d'établir  entre  l'immunité  naturelle  et  l'immunité  acquise. 

»  Incidemment,  nous  avons  eu  une  autre  preuve  de  cette  distinction.  Au 
cours  de  nos  recherches,  une  lapine,  qui  avait  été  immunisée  pendant 
quelque  temps,  mit  bas;  sur  plusieurs  de  ses  petits  nous  répétâmes  les 
expériences  dont  nous  venons  de  parler;  les  hématies  de  ces  animaux  pré- 


(  '  )  On  peut,  à  ce  propos,  se  demander  si  tous  les  animaux  pourvus  de  globules  rouges 
à  noyau  n'ont  pas  une  résistance  plus  grande  au  sérum  de  l'anguille. 
(-)  Ces  globules  n'ont  pas  de  noyau. 


(  233  ) 

sentaient  bien  la  résistance  habituelle,  mais  en  même  temps  leur  sérum 
sanguin  contenait  une  petite  quantité  de  substance  antiglobulicide,  suscep- 
tible de  neutraliser  ^^^  de  sérum  toxique.  Les  deux  sortes  d'immunité 
peuvent  donc  coexister  chez  le  même  animal.    » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Recherches  expérimentâtes  sur  une  agglu- 
linine  produite  par  la  glande  de  l'albumen  chez  /'Hélix  pomatia  (  ').  Note 
de  M.  L.  Camus,  présentée  par  M.  Ch.  Bouchard. 

«  Les  expériences  rapportées  ici  sont  réalisables  avec  une  solution  de 
glande  de  l'albumen  de  l'Hélix  dans  l'eau  salée  physiologique,  ou  même 
dans  l'eau  distillée;  mais,  pour  me  placer  dans  des  conditions  toujours  com- 
parables, je  me  suis  servi,  de  préférence,  de  l'extrait  aqueux  sec  de  cette 
glande  en  solution  au  ^  dans  l'eau  distillée.  Cet  extrait  a  été  obtenu  en 
broyant  28'  de  poudre  de  glande  dans  loo^^^''  d'eau  distillée,  et  desséchant 
dans  le  vide,  à  la  température  de  laboratoire,  le  liquide  décanté  après  cen- 
trifugation  pendant  quelques  heures. 

»  La  solution  de  cet  extrait  est  blanchàtie  et  de  réaction  acide  au  tournesol;  elle 
agglutine  très  rapidement,  en  général,  les  globules  du  sang  et  du  lait.  L'alcalinisation 
par  la  soude  n'empêche  pas  l'action  de  cette  agglutinine.  L'alcool  précipite  la  solution 
aqueuse;  le  précipité,  rapidement  séché  et  repris  par  l'eau,  donne  des  solutions  dont 
la  propriété  agglutinante  est  encore  très  marquée.  Cette  propriété  agglutinante  de  la 
solution  au  dixième  résiste  très  bien  à  l'action  de  la  température  de  80°  pendant  un 
quart  d'heure;  la  température  de  85",  pendant  le  même  temps,  l'aflFaiblit  sensiblemeiil 
et  les  températures  supérieures  d'une  façon  de  plus  en  plus  marquée. 

»  Cette  solution  d'extrait  de  glande  détermine,  à  la  température  du  laboratoire, 
l'agglutination  des  globules  du  sang  de  l'homme  et  de  différents  animaux,  ciiien,  chat, 
lapin,  cobaye,  souris,  chauve-souris,  hérisson,  pigeon,  poule.  L'expérience  peut  être 
fiite  soit  sur  le  sang  en  tolalité,  soit  sur  les  globules  isolés,  lavés  et  mis  en  suspen- 
sion dans  une  solution  de  chlorure  de  sodium  légèrement  hjperisotonique. 

«  Quand  on  reçoit  du  sang  dans  un  tube  contenant  une  solution  de  substance  agglu- 
tinante, les  globules  peuvent  se  tasser  rapidement  à  la  partie  inférieure  du  tube  et  le 
plasma  ne  se  coaguler  que  plus  tardivement,  si  la  proportion  de  substance  active  est 
assez  considérable.  Les  expériences  sur  les  globules  ont  été  faites  avec  des  solutions 
composées  de  une  goutte  de  globules  lavés  pour  5™  d'eau  salée.  Sur  ces  solutions  j'ai 


(')  Travail  du  laboratoire  des  Travaux  pratiques  de  Physiologie  de  la  Faculté  de 
Médecine. 


(  234  ) 

fail  a'fir  des  quantités  voriables  de  solution  de  glande  au  dixième.  Une  proportion  de 
-i-  de  celte  dernière  solution  agglutine  très  rapidement  les  globules  du  sang  :  en  trois 
ou  quatre  minutes  le  phénomène  est  visible  au  microscope  et  en  cinq  ou  six  minutes 
à  l'observation  directe.  Les  globules  des  diilérentes  espèces  animales  ne  sont  pas  tous 
a"olutinés  avec  la  même  rapidité.  Il  faut,  de  plus,  tenir  compte  de  ce  fait  qu'une  agita- 
tion lé"-èie  du  mélange  favorise  la  production  du  phénomène. 

»  Les  globules  du  lait  sont  agglutinés  très  rapidement  au  dixième  ou  au  vingtième 
avec  la  solution  d'agglutinine  :  le  phénomène  est  visible  en  une  ou  deux  minutes  au 
microscope  et  en  deux  ou  trois  minutes  macroscopiquement.  Avec  des  dilutions  plus 
grandes,  l'ao-glutination  se  fail  plus  tardivement.  Ici  encore  l'agitation  favorise  l'ag- 
o-lutination.  Les  laits  de  vache,  de  chienne,  de  lapine,  de  cobaye  s'agglutinent  très 
facilement;  le  lait  de  femme  s'agglutine  plus  difficilement,  il  nécessite  souvent  une 
assez  forte  proportion  de  substance  active.  Une  femme  accouchée  depuis  trois  jours 
m'a  fourni  un  échantillon  de  lait  jaune  qui  s'agglutinait  particulièrement  facilement. 
L'ac'glulination  se  prodviil  aussi  bien  avec  un  lait  acide  (acide  lactique)  qu'avec  un 
lait  alcalin  (soude),  avec  un  lait  frais  qu'avec  un  lait  bouilli.  Le  lait  dicalcifié  s'agglu- 
tine comme  le  lait  naturel.  Les  globules  du  lait,  isolés  par  centrifugalion,  lavés  avec  la 
solution  physiologique  et  remis  en  suspension  dans  cette  même  solution,  sont  rapide- 
ment agglutinés  par  la  solution  d'agglutinine.  L'agglutinine,  d'autre  part,  ne  donne 
pas  cette  agglutination  avec  le  lacloplasma.  Après  agglutination  des  globules  du  lait, 
le  lacloplasma  est  coagulé  par  la  présure. 

))  Le  fiiit  de  l'agglutinalion  des  globules  dn  lait  par  une  agglutinine  est, 
je  crois,  bien  établi  par  ces  expériences;  c'est  un  phénomène  analogue  à 
celui  de  l'agglutination  des  globules  du  sang  et  tout  à  fait  indépendant  de 
la  coagulation  des  substances  du  milieu  ambiant.  Le  fait  très  intéressant 
rapporté  par  M.  Yiordel  (Annales  de  l Institut  de  Pasteur,  t.  XTH,  p.  2/40; 
numéro  du  25  mars  1899)  relève  d'uu  tout  autre  mécanisme;  dans  ce  cas, 
en  effet,  l'agglutination  des  globules  du  lait  n'a  lieu  que  secondairement 
par  englobement  et  n'est  pas  indispensable  à  la  production  du  phéno- 
mène. 

»  Dès  maintenant  et  sans  préjuger  de  son  rôle  spécifique  possible  comme 
agglutinine  dans  la  fonction  de  reproduction,  nous  devons  admettre,  d'après 
les  quelques  expériences  rapportées  ici,  que  cette  substance  est  capable 
d'agglutiner  des  corps  de  nature  très  différente.   » 


(  ^35  ) 


MÉDECINE  EXPÉRIMENTALE.  —  Transmission  intra-utérine  de  l' immunité 
vaccinale  et  du  pouvoir  antivirulent  du  sérum.  Note  de  MM.  Béclèke, 
Chambon,  Ménaei)  et  Coulomb;  présentée  par  M.  Chauveau. 

«  M.  Chauveau  a  présenté  à  l'Académie,  dans  la  séance  du  26  dé- 
cembre 1898,  au  nom  de  trois  d'entre  nous  et  de  M.  Jousset,  une  Note 
«  Sur  le  pouvoir  anti virulent  du  sérum  de  l'homme  et  des  animaux  immu- 
nisés contre  l'infection  vaccinale  ou  variolique  ».  Une  des  conclusions  de 
ce  travail  était  ainsi  formulée  :  «  La  substance  antivirulente  peut  traverser 
»  le  placenta  et  passer  du  sang  maternel  dans  le  sang  du  fœtus  :  ce  pas- 
»  sage  est  la  condition  essentielle  de  l'immunité  congénitale.  » 

»  Nous  avons  entrepris  de  nouvelles  recherches  dans  cette  voie,  à  la 
Maternité  de  l'Hôpital  Saint-Antoine  qui  nous  a  été  libéralement  ouverte 
par  le  Chef  de  service,  M.  le  D"'  Bar.  Nous  avons  cherché  dans  le  sang  des 
femmes  vaccinées  la  présence  ou  l'absence  de  la  substance  antivirulente. 
Nous  avons  vérifié  le  passage  de  cette  substance,  à  travers  le  placenta,  du 
sang  maternel  dans  le  sang  fœtal  et  nous  nous  sommes  efforcés  de  déter- 
miner les  rapports  de  ce  passage  avec  la  transmission  de  l'immunité  vacci- 
nale de  la  mère  au  nouveau-né. 

»  Nos  recherches  ont  porté  sur  soixante-ciiiq  femmes  et  soixante-cinq  nouveau-nés, 
dans  les  conditions  suivantes  : 

»  A  la  naissance  de  chaque  enfant,  on  recueillii,  aussi  aseptiquemenl  que  possible, 
d'une  part  le  sang  qui  provenait  de  l'utérus  maternel,  d'autre  part  le  sang  qui,  après 
la  ligature  et  la  section  du  cordon  ombilical,  s'écoulait  du  bout  placentaire.  Dans  les 
deux  sérums  obtenus  après  la  formation  du  caillot  on  lit  baigner  pendant  quarante- 
huit  heures  deux  portions  d'un  vaccin  de  virulence  éprouvée.  Puis  les  deux  échantil- 
lons de  vaccin  ainsi  traités  furent  inoculés  à  une  génisse,  par  de  multiples  incisions, 
sur  des  régions  symétriques  de  la  surface  cutanée,  en  même  temps  qu'une  troisième 
portion  du  même  vaccin  ayant  baigné  dans  la  solution  saline  physiologique.  Après 
sept  jours  écoulés,  l'observation  des  trois  groupes  éruptifs  produits  par  ces  inocula- 
lions  fit  constater,  dans  les  sérums  en  question,  l'existence  ou  l'absence  d'une  action 
antivirulente  sur  le  vaccin  et,  quand  cette  action  était  manifeste,  permit  de  comparer 
et  de  mesurer  le  pouvoir  antivirulent  des  deux  sérums.  Soixante-cinq  génisses  furent 
employées  à  cette  élude. 

»  Chaque  enfant,  le  jour  de  sa  naissance  ou  au  plus  tard  le  lendemain,  fut  inoculé 
au  bras  avec  du  vaccin  de  virulence  éprouvée.  Chaque  mère  fui  inoculée  en  même 
lcnlp^^que  sonenfanl  et  avec  le  même  vaccin.  Après  sept  jours  écoulés,  les  résultats  de 


(   -^36  ) 

rinoculalion  vaccinale  chez  la  mère  et  chez  l'enfant  furent  noiés,  comparés  entre  eux 
et  rapprochés  des  résultats  fournis  par  la  recherche  du  pouvoir  antivirulent  de  leurs 
deux  sérums. 

»  Aucune  des  mères,  inoculées  ainsi  le  jour  ou  le  lendemain  de  la  délivrance,  ne 
l'était  pour  la  première  fois.  Toutes  avaient  été  vaccinées  antérieurement  ;  elles  se  par- 
tageaient en  deux  catégories,  de  nombre  à  peu  près  égal,  suivant  que  leur  dernière  vac- 
cination remontait  à  une  date  plus  ou  moins  éloignée,  antérieure  au  début  de  la  gros- 
sesse, ou  suivant  que,  par  nos  soins,  elles  avaient  été  revaccinées,  depuis  un  plus  ou 
moins  grand  nombre  de  jours,  au  cours  même  de  la  grossesse. 

»   Ces  nouvelles  recherches  nous  ont  amenés  aux  conclusions  suivantes  : 

»  i"  L'immunité  à  l'égard  de  l'inoculation  vaccinale  s'observe,  chez  les 
enfants  nouveau-nés,  exclusivement  parmi  ceux  dont  la  mère  possède 
elle-même  cette  immunité. 

»  2°  La  transmission  intra-utérine  de  l'immunité  vaccinale  ne  s'observe 
pas  chez  toutes  les  femmes  en  possession  de  cette  immunité  au  moment  de 
l'accouchement,  mais  seulement  chez  un  petit  nombre  d'entre  elles. 

»  3°  La  transmission  inlra-utérine  de  l'immunité  vaccinale  s'observe 
exclusivement  parmi  les  femmes  don!  le  sang,  antivirulent  à  l'égard  du 
vaccin,  a  transmis,  à  travers  le  placenta,  ses  propriétés  antivirulentes  au 
sang  du  fœtus. 

«  4°  L'i  transmission  intra-utérine  de  l'immunité  vaccinale  peut  s'ob- 
server parmi  les  femmes  dont  le  sérum  est  antivirulent,  qu'elles  aient  été 
vaccinées  pendant  ou  avant  la  grossesse,  et  si  éloignée  que  soit  la  date  de 
leur  dernière  vaccination,  alors  même  que  celle-ci  remonte  à  la  première 
enfance. 

»  5°  Par  contre,  la  transmission  intra-utérine  de  l'immunité  vaccinale 
ne  s'observe  pas  chez  les  femmes  dont  le  sérum  n'est  pas  antivirulent, 
qu'elles  aient  été  vaccinées  avant  ou  pendant  la  grossesse,  et  si  rapprochée 
que  soit  la  date  de  leur  dernière  vaccination,  alors  même  que  celle-ci  ne 
remonte  pas  en  deçà  des  dernières  semaines  de  la  grossesse. 

))  6°  Le  passage  de  la  substance  antivirulente,  du  sang  maternel  dans  le 
sang  fœtal,  à  travers  le  placenta,  est  donc  la  condition  nécessaire  de  l'im- 
munité congénitale. 

»  7°  Cette  condition  nécessaire  n'est  cependant  pas  suffisante  :  parmi 
les  nouveau-nés  dont  le  sérum  se  montre  antivirulent,  il  en  est  qu'on  peut 
inoculer  avec  succès. 

))  8°  Chez  les  nouveau-nés  dont  le  sérum  se  montre  antivirulent, 
l'énergie  plus  ou  moins  grande  du  pouvoir  antivirulent  du  sérum  est  un 


(  237) 
facteur  important  du  succès  ou  de  l'insuccès  des  inoculations  vaccinales. 
Toutefois  il  n'existe  pas  entre  les  deux  phénomènes  des  rapports  constants. 
On  peut  dire  seulement  que,  plus  le  sérum  se  montre  antivirulent,  plus 
grandes  sont  les  présomptions  d'insuccès  pour  l'inoculation  vaccinale.   » 


ZOOLOGIE.     -  Sur  la  respiration  branchiale  chez  les  Diplopodes.  Note 
de  M.  M.  Causard,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier.    . 

M  Au  mois  de  mai  1897,  je  rencontrai,  dans  un  ruisseau  des  environs 
d'Aix-en-Provence,  sous  des  pierres  submergées,  des  Myriapodes  apparte- 
nant à  la  famille  des  Polydesmidw .  Rentré  chez  moi,  je  déposai  ces  Myria- 
podes dans  l'eau.  Je  fus  surpris  de  les  voir,  au  bout  de  peu  de  temps, 
dévaginer  la  partie  terminale  de  leur  tube  digestif,  qui  faisait  alors  saillie 
sous  forme  de  deux  ampoules  transparentes  et  contiguës  l'une  à  l'autre. 
Cette  espèce,  qui  vit  ordinairement  hors  de|  l'eau,  a  été,  ainsi  que  celles 
qui  m'ont  servi  plus  tard,  déterminée  par  M.  Brolemann  :  c'est  le  Brachy- 
desmus  siiperus  Latzel. 

»  Un  changement  de  résidence  me  força  à  interrompre  mes  recherches, 
que  je  pus  reprendre  l'année  suivante  aux  environs  de  Laval.  L'espèce 
que  j'ai  surtout  rencontrée  ici  est  le  Polydesmus  gallicus  I^atzei.  Je  n'en  ai 
trouvé  aucun  exemplaire  dans  l'eau;  mais  j'en  ai  maintenu  plusieurs  sub- 
mergés, et  j'ai  toujours  vu  les  mêmes  phénomènes  se  produire.  Mes  obser- 
vations seront  exposées  avec  détails  dans  un  travail  qui  sera  publié  ulté- 
rieurement. 

»  Chez  les  Polydesmidœ,  le  dernier  anneau  du  corps  (anneau  préanal  ou  périanal) 
se  prolonge  postérieurement  en  une  pointe  à  sa  partie  supérieure  et  circonscrit  une 
ouverture  ovale,  oblique  par  rapport  à  l'axe  du  corps.  Cette  ouverture  est  fermée  par 
trois  pièces  chitineuses,  dont  deux  (valves  anales),  placées  symétriquement  à  droite 
et  à  gauche,  occupent  presque  tout  l'espace,  en  laissant  entre  elles  une  fente  longitu- 
dinale, l'anus;  la  troisième,  impaire,  recouvre  la  partie  antérieure  des  précédentes; 
c'est  l'écaillé  anale.  Lorsque  la  dévagination  se  produit,  les  valves  anales  s'écartent 
l'une  de  l'autre;  leur  plus  grande  dimension,  longitudinale  au  repos,  devient  transver- 
sale; avec  l'écaillé  anale,  elles  forment  alors  une  sorte  d'anneau  supplémentaire  inter- 
rompu, dont  la  région  dorsale  manquerait.  Quand  on  examine  au  microscope  un  indi- 
vidu vivant  avec  son  intestin  dévaginé,  on  remarque,  à  l'intérieur  de  la  double  poche 
ainsi  formée,  de  nombreuses  bandelettes  musculaires,  régulièrement  disposées,  qui  en 
relient  les  parois  au  bord  antérieur  de  l'anneau  périanal. 

C.  R.,  1899,  2«  Semestre.  (T,  CXXIX,  N"  4  )  •JÏ 


(  238  ) 

»  L'étude  anatornique  du  tube  digestif,  dévaginé  ou  non,  fournit  des  résultats  très 
intéressants.  L'intestin  terminal  se  divise  nettement  en  deux  parties  :  l'antérieure,  la 
plus  grande,  a  une  paroi  épaisse,  riclie  en  fibres  musculaires  et  formant  de  nombreux 
replis  :  on  peut  la  nommer  rectum;  la  postérieure,  beaucoup  plus  courte,  vient  se 
terminer  en  se  fixant  seulement  aux  bords  des  valves  et  de  l'écaillé  anales  :  elle 
constitue  une  sorte  de  poche,  que  l'on  peut  nommer  la  poche  rectale,  et  qui  remplit 
l'espèce  de  boîte  formée  par  l'anneau  périanal  et  les  valves.  Cette  poche  a  une  paroi 
mince,  translucide,  dépourvue  de  fibres  musculaires,  et  qui  est  recouverte  intérieure- 
ment par  une  cuticule,  comme  tout  l'intestin  terminal.  Ces  deux  régions  de  l'intestin 
communiquent  entre  elles  par  un  orifice  étroit,  que  l'on  peut  nommer  Yanus  interne. 
Tandis  que  le  rectum  n'est  relié  aux  parois  du  corps  que  par  un  réseau  lâche  de  fines 
trachées,  la  région  antérieure  de  la  paroi  de  la  poche  rectale  est  reliée  par  de  nom- 
breuses bandelettes  musculaires  striées,  au  bord  de  l'anneau  périanal;  ce  sont  elles  qui 
sont  visibles  par  transparence  dans  l'organe  dévaginé. 

»  Cette  disposition  spéciale  des  Polydesmidœ  n'a,  à  ma  connaissance,  jamais  été 
signalée;  elle  permet  de  comprendre  comment  se  faitia  dévagination.  Sous  la  pression 
du  sang,  la  paroi  de  la  poche  rectale  est  refoulée  à  l'extérieur,  en  déplaçant  les  valves 
anales;  ses  bandelettes  musculaires  s'étendent;  en  même  temps,  le  rectum  se  déplisse 
et  devient  rectiligne.  Une  coupe  longitudinale  d'un  individu  à  l'état  de  dévagination 
le  montre  nettement.  Lors  de  la  défécation,  pendant  laquelle  la  dévagination  se 
produit  aussi,  l'anus  interne  se  trouvant  au  fond  du  sillon  qui  sépare  les  deux  am- 
poules, les  excréments  peuvent  sortir  directement  du  rectum  au  dehors  ;  cela  nous 
explique  que  la  poche  rectale  ne  renferme  jamais  d'excréments.  Quand  la  pression 
sanguine  diminue,  les  muscles  de  la  poche  se  contractent:  celle-ci  rentre,  en  ramenant 
les  valves  dans  leur  situation  primitive. 

)>  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  E.-L.  Bouvier,  j'ai  pu  étudier  de  grandes 
formes  de  Polydesmidœ  ers.o\\(\x^e.'i,  non  encore  déterminées,  et  j'y  ai  retrouvé  la  dispo- 
sition signalée  ci-dessus. 

»  Quel  est  donc  le  rôle  de  la  poche  rectale?  Quand  on  examine  an 
microscope  un  individu  vivant,  à  rectum  dévaginé,  on  aperçoit  à  travers  la 
mince  membrane  de  cet  organe  des  trachées  très  fines,  abondantes  au  voi- 
sinage de  l'extrémité  postérieure  du  rectum,  sans  avoir  une  importance 
extraordinaire.  Mais  on  y  voit  nettement  un  courant  dorsal  de  globules  san- 
guins qui  semble  sortir  de  sous  la  pointe  anale,  se  dirige  vers  l'arrière,  puis  se 
partage  en  deux  courants  dont  chacun  parcourt  l'une  des  ampoules  dèvaginées, 
en  gagnant  la  face  ventrale. 

»  L'organe  en  question  pourrait  peut-êlre,  au  premier  abord,  être  com- 
paré, au  point  de  vue  fonctionnel,  aux  branches  trachéennes  des  Epheme- 
ridce,  des  Perlidœ,  etc.  ;  mais  les  trachées  y  sont  vraiment  trop  peu  abon- 
dantes et  ne  sont  pas  appliquées  contre  la  paroi.  Les  courants  sanguins 
qu'on  y  observe  conduisent,  au  contraire,  à  le  considérer  comme  jouant  le 


(  --^^î»  ) 

rôle  d'une  véritable  hranchic ;  des  échanges  gazeux  plus  ou  moins  impor- 
tants peuvent  s'y  produire  entre  le  sang  et  le  milieu  extérieur. 

»  De  nombreuses  expériences  m'ont  permis  de  conclure  au  rôle  respiratoire  de  la 
poche  rectale.  Les  Brachydesntus  trouvés  sous  l'eau  l'ont  toujours  été  dans  des 
endroits  où  le  courant  était  très  rapide,  et  par  suite,  l'eau  très  aérée.  J'ai  pu  garder 
sous  l'eau  pendant  longtemps  des  Brachydesmus  et  des  Polydesmus,  qui,  de  temps  en 
temps,  dévaginaient  leur  poche  rectale;  leur  résistance  à  l'asphyxie  était  d'autant  plus 
longue  que  l'eau  était  plus  aérée.  De  plus,  j'ai  conservé  pendant  plusieurs  mois  des 
P.  gallicus  dans  de  la  mousse  humide;  j'ai  pu  les  voir  plusieurs  fois  rester  longtemps 
avec  leur  poche  rectale  sortie;  cette  attitude  ne  me  paraît  pouvoir  s'expliquer  qu'à  la 
condition  que  ces  animaux  l'aient  utilisée  pour  leur  respiration. 

»  Quelques  Géophilides  sont  déjà  connus  pour  vivre  sous  les  pierres  littorales  qui 
sont  submergées  à  chaque  marée.  Plateau  ('),  qui  a  résumé  et  discuté  les  observations 
faites  avant  lui  sur  ce  sujet,  s'est  livré  à  des  expériences  sur  la  submersion  des 
Géophiles;  mais  ses  animaux  s'engourdissaient,  bien  que  pouvant  rester  longtemps 
vivants.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  Polydesmidœ  submergés,  qui  conservent  presque 
intégralement  leur  agilité,  et  pendant  longtemps.  La  dilTérence  ne  peut  tenir  qu'à  ce 
que  les  derniers  trouvent  à  oxvgéner  leur  sang  aux  dépens  de  l'air  dissous  dans  l'eau, 
grâce  à  la  fonction  spéciale  de  leur  poche  rectale,  tandis  que  les  premiers  sont  réduits 
à  vivre  aux  dépens  de  l'air  renfermé  dans  leur  s\stème  trachéen. 

»  J'ai  étendu  mes  recherches  aux  familles  voisines  des  lulidœ  et  des 
Glomeridœ.  La  disposition  anatomique  du  tube  digestif  y  est  exactement  la 
même  que  chez  les  Polydesmidœ.  On  y  observe  une  poche  rectale,  à  paroi 
mince,  plus  large,  et  non,  commeledit  Plateau  (-),  «  très  courte,  beaucoup 
»  plus  étroite  »  que  le  reste  de  l'intestin.  Je  n'ai  pu  saisir  sur  le  fait  la 
dévaginalion  chez  les  Glomeris ;  mais  j'ai  vu  des  lulus,  conservés  dans  la 
mousse  humide,  dévaginer  à  maintes  reprises  leur  tube  digestif,  et  rester 
en  cet  état  pendant  plus  ou  moins  longtemps. 

»  La  poche  rectale  des  Diplopodes,  qui  n'avait  jamais  été  décrite  jus- 
qu'alors, doit  donc  servir  à  la  respiration  branchiale,  soit  sous  l'eau,  soit 
dans  l'air  humide.  On  pourrait  la  regarder  comme  une  disposition  ances- 
trale,  rappelant  l'origine  aquatique  des  Myriapodes,  et  l'invoquer  pour 
considérer  les  Diplopodes  comme  plus  primitifs  que  les  Chilopodes.  » 


(')  V.  Plateau,  Acv  Myriapodes  marins  et  la  résistance  des  Arthropodes  à  respi- 
ration aérienne  à  la  submersion  {Journal  d'Anaiomie  et  de  Physiologie,  t.  XXVI, 
1890). 

(-)  F.  Plateau,  Recherches  sur  les  phénomènes  de  la  digestion  et  la  structure  de 
l'appareil  digestif  chez  les  Myriapodes  de  Belgique  {Mémoires  de  i  Académie  royale 
de  Belgique,  t.  XLII;  1876). 


(.    ^lo   ) 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  brèches  éogènes  du  Briançonnais. 
Noie  de  M.  W.  Kilian,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

(1  J'ai  signalé,  il  y  a  quelques  mois  (  '  ),  dans  le  vallon  de  l'Alpet  près  du 
mont  Genèvre  (Hautes-Alpes)  et  dans  le  voisinage  immédiat  d'un  affleu- 
rement de  micaschistes  d'origine  éruptive  (-),  l'existence  d'une  brèche 
polygénique,  contenant  les  fragments  de  dolomie  mêlés  à  de  nombreux 
débris  de  ces  mêmes  micaschistes.  Cette  brèche  est  identique  par  sa  com- 
positLon  à  celle  que  M.  Termier  a  fait  connaître  dès  iSpS  (^)  dans  le  massif 
de  Prorel-Eychauda,  oîi  elle  est  associée  également  à  des  micaschistes  et  à 
des  roches  gneissiformes  qui  se  retrouvent  parmi  ses  éléments.  La  brèche 
ou  conglomérat  de  l'Eychauda  a  été  magistralement  décrite  par  M.  Termier, 
dans  un  travail  récent  où  cet  auteur  reconnaît,  lui  aussi,  son  identité  avec 
la  brèche  de  l'Alpet  ('). 

»  Quoique  la  présence  de  galets  basiques  et  jurassiques  supérieurs  à 
faciès  briançonnais  C)  parmi  les  matériaux  constitutifs  de  cette  curieuse 


(')  Comptes  rendus,  7  novembre  1898.  Voir  aussi  Bull.  Sert'.  Carie  géol.  de 
France,  n°  69,  t.  X  (1898-99),  avril  1899. 

(-)  Comptes  rendus,  7  novembre  1898.  Le  voisinage  des  masses  éruptives  du  monl 
Genèvre  et  l'analogie  de  ces  micaschistes  avec  les  schistes  qui,  dans  le  Haut-Queyras 
et  en  Piémont,  dérivent  de  la  série  des  Piètre  verdi,  ainsi  que  l'apparence  de  cer- 
taines inlercalations  plus  massives,  m'ont  conduit  à  considérer  ces  schistes  cristallins 
comme  résultant  du  laminage  de  petites  masses  éruptives.  M.  Termier  a  bien  voulu 
procéder  à  l'examen  microscopique  de  ces  roches  :  les  résultats  qu'il  a  obtenus  con- 
firment pleinement  l'induence  qu'ont  eue,  sur  la  genèse  de  ces  schistes  cristallins,  les 
phénomènes  éruptifs. 

(^)  Comptes  rendus.  11  novembre  iSgà;  Bull.  Soc.  géol.  de  France,  3"  série, 
l.  XXIII,  p.  572;  1895. 

(*)  Les  nappes  de  recouvrement  du  Briançonnais  {Bull.  Soc.  géol.  de  France, 
3=  série,  t.  XXVII,  p.  62;  1899).  Dans  ce  même  travail,  M.  Termier,  après  avoir  visité 
avec  moi  le  gisement  de  l'Alpet,  déclare  adopter  également,  pour  les  schistes  cristallins 
Prorel-Eychauda,  l'origine  éruptive  que  j'avais  proposée  d'admettre  pour  les  mi. 
caschistes  de  l'Alpet,  et  atteste  la  liaison  intime  de  ces  micaschistes  avec  les  roches 
vertes  des  schistes  lustrés. 

(=)  KiLiAN  et  Terjiier,  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  Z'  série, 
l.  XXVIl,  p.  63.  --  KiiiAN,  Compte  rendu  sommaire  des  séances  de  la  Société 
géologique  de  France,  p.  76;  ig  juin  1899. 


I 


('   :j/(  I     I 

formalion  nous  ait  concliiils,  M.  Termier  et  moi  (  '  ),  à  la  considérer  comme 
tertiaire,  la  position  qu'elle  occupe  clans  les  deux  gisements  susmenlionnés 
ne  donnait  aucun  renseignement  sur  son  âge  précis.  La  localisa'ion  à 
l'Eychauda  et  à  l'Alpet  avait  en  outre  été  utilisée  par  M.  Termier  (-),  avec 
d'autres  arguments,  pour  établir  l'existence,  dans  le  Brianronnais,  d'une 
masse  charriée  d'origine  lointaine  (quatrième  écaille),  solidaire  de  la  zone 
des  schistes  lustrés  et  provenant,  comme  celle-ci,  de  l'est. 

»  J'ai  découvert  récemment,  près  de  Montdauphin  (Hautes-Alpes),  un 
nouveau  gisement  de  cette  même  brèche,  à  fragments  de  dolomie  et  de 
micaschistes,  dans  des  conditions  qui  permettent  à  la  fois  de  fixer,  d'une 
façon  précise,  son  âge  éogène  et  d'affirmer  quelle  ne  peuL  être  considérée 
comme  uniqaemenl  localisée  dans  le  massif  de  Prorel-Eychauda  ou  dans  le  voi- 
sinage immédiat  de  la  zone  des  schistes  lustrés  {l'Alpet). 

»  I^'affleurement  nouvellement  découvert  est  situé  sur  la  route  straté- 
gi(pie  qui  relie  Montdauphin  à  la  batterie  de  Gros,  sur  la  rive  droite  du 
Guil,  et  le  long  de  laquelle  on  relève,  à  partir  d'Eygliers,  la  succession 
suivante  : 

»  A.  Fl\scli  argilo-schisteux  d'un  noir  lirunâlre,  légèrement  gréseux.  —  Recouvert 
jiartiellement  par  du  Glaciaire. 

»  B.  Calcaire  gris  moiré,  schisteux,  avec  petites  taches  foncées  (Priabonien  ). 

»  C.  Calcaire  rose  amygdalaire  (marbre  de  Guillestre),  en  gros  bancs  {Jurassique 
supérieur). 

))  D.  Calcaire  gris  subcristallin,  du  type  ordinaire  des  calcaires  triasiques. 

)>  E.  Cargneules  englobant  des  fragments  de  calcaires  et  de  schistes,  avec  banc  de 
calcaires  dolomitiques. 

»  F.  Flysch  argilo-schisleux,  d'un  noir  brunâtre,  avec  bancs  gréseux,  identique  à 
la  couche  A,  mais  renfermant  de  petits  bancs  discontinus  d'une  brèche  polygénique 
formée  de  fragments  de  micaschistes  et  de  débris  de  dolomie  brunâtre;  cette  brèche 
paraît  identique  à  celle  de  l'Alpet. 

»  La  couche  F,  malgré  sa  position  dans  la  coupe,  possède  incontestable- 
ment tous  les  caractères  du  flysch  de  la  région;  elle  appartient  à  la  por- 
tion inférieure  de  ce  terrain  qui,  dans  toute  la  région,  est  recouverte  par 


(')  Termier,  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  3°  série,  t.  XX'Vll, 
p.  56.  —  KiLiAN,  Comptes  rendus  des  Collaborateurs  du  Service  de  la  Carte  géolo- 
gique de  France,  n°  69,  t.  X,  p.  7;  avril  1899,  et  Bulletin  de  la  Société  géologique 
de  France,  3"  série,  t.  XXVU,  p.  127  ;  1899. 

{-)  Termier,  Les  nappes  de  recouvrement  du  B/iançonnais,  p.  68. 


(    242     ) 

les  "rès  d'Annot  et  doit  être  considérée  comme  un  faciès  latéral  du  Pria- 
bonien  supérieur  à  petites  nummulites,  et  peut-être  du  Sannoisien  infé- 
rieur. En  continuant  à  suivre  la  série  offerte  par  la  route  de  Gros  et  en  des- 
cendant vers  le  Gui!  par  les  sentiers,  on  voit,  en  effet,  celte  assise  reposer 
sur  la  série  suivante  : 

»  7.  Schistes  calcaires  gaufrés,  avec  inlercalations  de  brèches  calcaires  {/S'iimmu- 

l  il  il]  lie)  ; 

n  ().  Schistes  et  calcaires  rouges  du  Jurassique  supérieur; 

»  5.  Brèche  calcaire  du  type  de  la  Brèche  du  Télés^raphe  {Lias); 

»  4.   Calcaires  Iriasiques; 

I)  3.  Cargneules; 

»  2.  Quartzites  du  Trias  inférieur; 

n  1.  Porphyrile  en  grandes  masses. 

H  La  couche  F  fait  donc  partie  d'une  série  normale  d'assises,  constituant 
le  substratum  sur  lequel  est  venu  se  déverser  le  pli  anticlinal  localement 
étiré  que  représentent  les  assises  A,  B,  C,  D,  E  et  qui  a  été  ensuite  ployé  en 
roule  avec  ce  même  substratum  (  '  )  ;  elle  appartient  donc  à  un  pli  situé  bien 
à  l'ouest  de  celui  qui  a  fourni  les  nappes  de  recouvrement  de  lEychauda 
dont  M.  Termier  fait  sa  quatrième  écaille,  et  se  trouve  très  probablement 
en  continuité  souterraine  avec  le  flysch  de  Guillestre  el  de  l'Embrunais. 

)i  En  résumé,  les  brèches  et  congloméiats  polygéniques  à  galets  cristal- 
lins de  l'Alpet,  de  l'Eychauda  et  des  environs  de  Montdauphin  appartien- 
nent à  l'éogène  (Priubonien  ou  Sannoisien);  elles  forment,  dans  les  assises 
inférieures  du  flysch,  des  amas  lenticulaires  provenant  sans  doute  du  dé- 
mantèleiTient  de  reliefs  préexistant  à  la  transgression  priabonienne  et  dans 
lesquels  affleuraient  des  micaschistes  d'origine  éruplive,  comme  ceux  de 
l'Alpet,  de  Villargaudin  et  du  col  Tronchet.  près  de  Cliàleau-Queyras.  Elles 
sont  du  même  âge  et  du  même  ordre  que  les  brèches  polygéniques  qui  se 
formaient  alors  en  Maurienne  el  en  Tarentaise  (-),  dans  le  voisinage  des 
massifs  cristallins  de  la  première  zone  alpine,  et  qui  atteignent  au  sommet 
de  Crève-Tête,  près  de  Moutiers,  un  si  beau  développement;  elles  rap- 
pellent aussi  les  formations  analogues  du  flysch  des  Alpes  suisses.    » 


(')  Cette  disposition  tectonique  a  été  reconnue  par  M.  iiaug  et  par  moi  et  fera 
l'objet  d'une  description  ultérieure;  elle  se  voit  nettement  près  de  Guillestre. 

("■)  KiUAN  et  Bévil,  Une  excursion  géologique  en  Tarentaise,  Chambéry;  iSgS, 
et  Compte  rendu  des  Collab.  du  Sen-.  Carte  géogr.  du  France;  iSgS-g^. 


(  2f^  > 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  un  bathymè Ire  fondé  sur  l'emploi  de  cylindres 
crushers.  Note  de  MM.  Charbonnier  et  Galy-Aché,  présentée  par 
M.  Bouquet  de  la  Grye. 

«  Crushers.  —  On  sait  que  l'artillerie  emploie,  pour  la  détermination  des 
pressions  qui  se  développent  dans  l'Ame  des  bouches  à  feu  sous  l'action 
des  gaz  de  la  poudre,  de  petits  cvlindres  en  cuivre,  appelés  crushers,  me- 
surant i3"""  de  hauteur  sur  8™™  de  diamètre  et  sur  lesquels  la  pression  des 
gaz  s'exerce  par  l'intermédiaire  d'un  piston  en  acier  de  section  connue. 

»  Pour  passer  de  l'écrasement  final  du  crusher,  mesuré  avec  un  palmer 
donnant  le  centième  de  millimètre,  à  la  pression  maximum  développée, 
il  est  nécessaire  d'avoir  une  T^ible  de  tarage.  La  Table  de  tarage  actuelle- 
ment réglementaire  dans  l'artillerie  de  la  marine  est  la  Table  dite  manomé- 
triquc  dressée  en  1892  par  M.  Vieille  au  moyen  d'un  manomètre  à  piston 
libre  imité  de  celui  de  M.  Amagat. 

»  La  méthode  suivie  pour  le  tarage  consiste  à  appliquer  lentement  et 
progressivement  une  pression  croissante  au  cylindre  crusher.  Dans  ces 
conditions,  il  y  a  constamment  équilibre  entre  la  résistance  du  crusher  et 
la  pression  qui  lui  est  appliquée;  on  dit  alors  que  l'écrasement  est  sta- 
tique. 

»  Le  cylindre  crusher  peut  servir  à  mesurer  non  seulement  la  pression 
des  gaz  de  la  poudre,  mais  encore  toutes  les  hautes  pressions  se  dévelop- 
pant statiquement.  Ainsi  on  peut  en  faire  l'application  à  la  mesure  de  la 
profondeur  des  océans. 

»  Description  du  hathymètre.  —  L'appareil  qu'on  peut  imaginer  dans  ce 
but  comprend  un  corps  creux  en  acier  RB,  alésé  intérieurement,  fermd  à 
l'une  de  ses  extrémités  par  un  bouchon  fileté  E,  sur  lequel  repose  le 
crusher  C  centré  dans  l'évidement  au  moyen  d'une  rondelle  de  caout- 
chouc r.  Le  piston  cannelé  A  est  ajusté  au  -^^  de  millimètre.  Un  cylindre  de 
garde  DD,  n'appuyant  sur  le  corps  que  par  des  anneaux  obturateurs  en 
cuivre  rouge  GG,  évite  l'action  des  pressions  latérales.  L'anneau  de  ser- 
rage FF  permet  le  montage  de  l'appareil.  L'obturation  est  assurée  par  une 
couche  de  mastic  de  vitrier  QQ. 

))  Ce  bathymètre  est  analogue  à  un  appareil  employé  dans  l'artillerie 
de  la  marine  pour  la  mesure  des  pressions  de  la  poudre. 


»  Pour  pratiquer  un  sondage  au  moyen  du  lîathymètre  à  crushers,  il 
suffit  de  l'immerger  après  l'avoir  fixé  à  l'exlrémité  d'une  ligne  de  sonde 
ordinaire. 


W-- 


-  -  9° 


»  La  descente  de  l'appareil  étant  relativement  lente,  l'écrasement  du 
crusher  sous  la  pression  de  l'eau  est  évidemment  statique;  donc,  la  Table 
manométrique  permettra  de  connaître  la  pression  maximum  supportée  par 
le  crusher  et,  par  suite,  la  profondeur  atteinte. 

»  Calcul  et  précision  de  l'appareil.  —  MM.  Sarrau  et  Vieille  ont  remarqué 
que,  lorsque  le  fonctionnement  est  statique,  l'écrasement  et  la  pression 
sont,  dans  des  limites  très  étendues,  liésapproximativement  par  la  formule 

dans  laquelle  les  unités  sont  le  kilogramme  et  le  millimètre,  R„  et  R  deux 
constantes  voisines  de  5oo. 

»  Les  cylindres  crushers  de  fabrication  courante,  employés  par  l'artil- 
lerie de  la  marine,  sont  d'une  très  grande  homogénéité.  Le  manomètre  à 
piston  libre  permet  leur  tarage  pour  des  pressions  variant  de  200  à  4000'^'-' 
par 'centimètre  carré.  Grâce  à  l'emploi  d'une  méthode  de  retournement 
indiquée  par  M.  Vieille,  l'écrasement  correspondant  à  une  pression  déter- 
minée est  connu  avec  une  approximation  de  o'"'",02. 

»  Ces  données  nous  permettent  de  calculer  les  dimensions  à  donner  à 
l'appareil,  sa  précision  et  sa  sensibilité. 


(  245  ) 

»  Pour  une  profondeur  déterminée,  l'appareil  le  plus  sensible  sera  celui 
qui  utilisera  toute  l'étendue  de  la  Table  de  tarage.  On  aura  donc,  en  appe- 
lant S  la  section  du  piston  en  décimètres  carrés,  H  la  profondeur  en  déci- 
mètres, S  le  poids  en  kilogrammes  du  litre  d'eau  de  mer, 

SHo==4ooo'<g. 

»  La  plus  grande  profondeur  connue  des  mers  ne  dépasse  pas  loooo"; 
en  admettant,  pour  plus  de  simplicité,  que  S  est  constant  et  égal  à  i''s,  on 

trouve 

S  =  o'''"i,o4. 


»  D'après  la  formule  linéaire  citée  plus  haut,  on 


»   Faisant  R  =  5oo,  S  =  o''""i,o4,  r/s  =  o""'.o2,  il  vient 

dR  =  25"». 

))  Une  profondeur  quelconque  comprise  entre  les  profondeurs  de  5oo™ 
et  loooo",  qui  correspondent  à  l'étendue  de  la  Table  de  tarage,  sera  donc 
obtenue  à  aS™  près. 

»  Cette  précision  est,  pour  des  valeurs  de  H  voisines  de  loooo",  au 
moins  équivalente  à  celle  qu'on  peut  obtenir  dans  la  mesure  des  hautes 
montagnes. 

»  Dans  le  cas  où  les  profondeurs  à  évaluer  sont  beaucoup  plus  faibles, 
on  peut  évidemment  augmenter  la  précision  de  l'appareil  en  faisant  varier 
convenablement  la  section  du  piston. 

»  Par  exemple,  si  la  profondeur  hmite  est  de  /iooo'",  la  section  du  piston 
sera  égale  à  o''°"i,  lo,  et  l'approximation  obtenue  dans  la  mesure  de  la 
profondeur  sera  de  1  G™. 

»  On  peut  d'ailleurs  donner  aux  indications  de  l'appareil,  dont  nous 
avons  seulement  indiqué  le  principe,  la  précision  que  l'on  désire,  puisqu'on 
dispose  des  trois  variables  dont  elle  dépend,  c'est-à-dire  de  la  section  du 
piston,  des  dimensions  du  crusher  et  de  la  nature  du  métal  de  ce  crusher.  » 


La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

M.   B. 


C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  4.)  32 


(   246  ) 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 


OljniAGES   KEÇDS    DANS   LA    SÉANCE   DU    I7    JUILLET    1899. 

Association  française  pour  l' Avancement  des  Sciences.  Compte  rendu  de 
la  27'  session.  Nantes,  1898.  Seconde  Partie  :  Notes  cl  Mémoires.  Paris, 
G.  Masson  et  C'^,  1899;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  parM.  Griraaux.) 

Projet  d'établissement  d'un  système  mètre-gramme-jour  pour  V  unification 
des  mesures  physiologiques,  par  M.  J.  de  Rey-Pailhade.  Toulouse,  imp.  La- 
garde  et  Sebille,  1899;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Société  de  Géogiaphie  de  Toulouse.  Congrès  des  Sociétés  savantes,  tenu  à 
Toulouse  du  4  a«  8  avril  1 899.  Rapport  sommaire  sur  l' Exposition  des  appareils 
de  mesure  du  temps  et  des  angles  gradues  suivant  le  système  décimal,  par 
M.  J.  DE  Eey-Pailhade.  Toulouse,  imp.  Lsgarde  et  Sebille;  i  fasc.  in-8". 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

Centenaire  de  la  Société  académique  de  Nantes  et  de  la  Loire-Inférieure, 
I  798-1898.  Nantes,  Mellinet  et  C'%  1899;  i  fasc.  in-8°. 

Annales  de  la  Société  académique  de  Nantes  et  du  département  de  la  Loire- 
Inférieure.  Vol.  IX  de  la  7'  série,  1898.  Nantes,  L.  Mellinet  et  G'*,  s.  d.; 
I  vol.  in-8''. 

Lie  technischen  Hochschulen  und  ihre  wissenschaftlichen  Bestrehungen. 
Rede von  A.  Riedler.  Berlin,  H. -S.  Hermann,  189g;  i  fasc.  in-4°. 

The  Yeikcs  Observaloiy  of  the  University  of  Chicago.  Bul.  7-11.  George  E. 
Hale.  Chicago,  1899;  5  opuscules  in-8°. 

Planation  and  dissection  of  the  Vrai  mountains,  par  F. -P.  Gulliver.  Ro- 
chester,  1899;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Shoreline  topography,  by  F. -P.  Gulliver.  (^Proceedings  of  the  American 
Acad.  of  Arts  and  Sciences. Yo\.  XXXIV,  n°8,  January  1899.)  i  fasc.  in-8°. 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

Concorsi  a  premio  del  R.  Istituto  Veneto  diScienze,  Lettere  ed  Arti,  procla- 
mati  neW  adunanza  solenne  del  21  maggio  189g,  s.  1.  n.  d.;  i  fasc.  in-8°. 

Cambridge  University  library.  Report  of  the  library  syndicale ,  for  the  year 
ending  December  3i,  1898.  (From  the  University  Reporter,  1898-99.) 
Cambridge,  jSgg;  i  fasc.  in-4°. 

Magnetical  and  meteorvlogical  observations  made  at  the  Government  obser- 


(  247  ) 
K-atory,   Bombay,  1897.    With  an  appendix.  Bombay,  1898;    i  fasc.  in-4''. 
(Présentée!,  by  order  of  the  right  honourable  the  Governor  gênerai  in 
Council,  India.) 

General  perturbations  oj  Minerva  (93),  by  Jupiter,  including  terms  onfy  of 
thefirst  order  witli  respect  to  the  mass,  together  wilh  a  correction  of  éléments, 
by  W.-S.  EiCHELBERGER.  (Mcmoirs  of  the  national  Academy  of  Sciences, 
vol.  VIII,  third  Memoir.)  Washington,  i8gg;  i  fasc.  in-4°. 

United  States  Commission  of  fish  and fîsheries .  Commissioner's  report,  1898. 
Washington,  1899;  i  vol.  in-8°. 

Proceedings  of  the  United  States  national  Muséum.  Vol.  XVIII,  1895. 
Vol.  XX.  Washington,  1896-98;  2  vol.  in-8°. 

Annales  of  the  astronomical  Observatory  of  Harvard  Collège.  Vol.  XXXIX, 
Part  I.  Peruvian  meteorology,  1888- 1890;  compiled  and  prepared  for  publi- 
cation by  SoLON  J.  Bailey  under  the  direction  of  Ed\vard-C.  Pickering. 
Cambridge,  1899;  i  fasc.  in-4°. 

Anales  de  la  Associacion  de  ingénieras  y  arquitectos  de  Mexico.  Tomo  VII. 
Mexico,  1899;  I  vol.  in-8°. 

Universidad  central  de  Espana.  Memoria  delcurso  de  1897  a  98,^  anuario 
dèl  de  1898  a  99,  de  su  dis/rito  universilario.  Madrid,  189g;  i  fasc.  in-4°. 

La  energia  electrica.  Revista  gênerai  de  electricidad y  sus  aplicaciones.  Di- 
rector  :  Gumersindo  Villegas  Ortega.  Ano  I,  num.  1.  Madrid,  1899; 
I  fasc.  in-4''. 

Republica  de  el  Salvador,  America  Central.  Diario  officiai.  T.  XLVI, 
num.  110-112,  116,  124.  San  Salvador,  1899;  5  feuilles  piiées  in-f". 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  2/4  juillet  1899. 

Annèlides polychètes  de  la  rade  de  Brest  et  de  Paimpol,  par  le  baron  de  Saint- 
Joseph.  Paris.  Masson  et  C'*,  1899;  i  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Milne- 
Edwards.) 

Le  port  de  marée  de  Gris-Nez  et  les  côtes  basses  et  sablonneuses  du  littoral 
français,  par  C.-J.  Tackels.  Paris,  la  Ligue  maritime  française,  1899; 
I  vol.  in-8".  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Transmission  de  l'énergie  électrique  par  un  fil  et  sans  fil  {par  l'éther),  par 
Em.  Guarini-Foresio.  Liège,  Henri  Poncelet,  1899;  2  br.  in-8°. 

Operiren  oder  Nichtoperiren  bei  Krebs-Erkrankungen  und  andere  Zeitge- 
mdsse,  insbesondere  therapeutische  Fragen,  von  D'Severin  Robinski.  Berlin, 
1898;   I  vol.  in-8°. 


(  248  ) 


Recherches  sur  Vemplo^  de  la  Photographie  stellaire  à  la  déterrr^^nmon  des 
parallaxes  des  étoiles  fixes,  par  Oesten  Bergsthand.  Upsala,  1899,  i  vol. 

"1  •;  deatsche  Karl-FerdinandsM.ersUdt,  in  Prag  unter  der  Regierung  sei- 
ner  Mafestâl  des  Kaisers  Franz-Josefl.  Prag.  Josef  Roch.  1899  ;  i  a  ol.  m-8  . 

Baudet    afdelning  I,  II,  HI  et  IV.  Stockholm,  1899;  4  vol.  m-8 

p7Lrusflor:bata.ce.  Vol.  II,  part.es  I  et  II.  N.jmegen,  F.-L.  Macdo- 

"t-llS  ^Itedl'elinger.  der  nederlandsche   hotanische    Vereeruging. 
t-  deel  %  et  3«  stuk.  Nijmegen,  H.-C-.A.  Thieme,  1897  ;  2  vol.  in-8  . 

Flor^  bata.a.  Afbeelding  en  Deschnj.lr^g   der  nederlandsche   ge.nssen. 
Haarlem,  de  Ervea  Loosjes,  1898;  1 1  fasc.  in-4'' avec  planches. 

mrerdurch  die  gesammte  Calciurncarbid- ur.d  Acetylen-Literatur^m^^^^^^^ 
oraphie,  von  D«  A.  L.nwm;  herausgegeben  von  S.  Calvary  und  C  .  Be.- 
îin,  Verlag  von  S.  Calvary  und  C'\  1899;  i  br.  in-8°. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands- A ugustins,  n"  55. 

)epD  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de.  l'année,  deux  relûmes  in-4'.   Deui 
lies    ine  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.    L'abonnement  est  annuel 

)art  (  i"  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Dnion  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


1 

mbe  

•6014 

moh  ''err. 


•I. . 

obll 
oc  h 


chez  Messieurs  : 
Ferryn  frères. 

(  Chaix. 

Jourdan. 
JRufr. 

Courtin-Hecquet. 
(  Germain  etGrassin. 
I  Lachèse. 

Jérôme. 

Jacquard. 
'  Feret. 

Laurens. 

Muller  (G.). 

Renaud. 

Derrien. 

F.  Robert. 

J.  Robert. 

Uzel  frères. 

Jouan. 

Perrin. 

Henry. 
'  Marguerie. 
I  Juliot. 

Ribou-Collay. 
I  Lamarche. 

Ratel. 

'Rey. 

(  Lauverjal. 

(  Degez. 

(  Drevet. 

I  Gralier  et  C'v 

e Fouclier. 

If  Bourdignon. 
(  Doinbre. 
j  Thorez. 
I  Quarré. 


chez  Messieurs  : 
I  Baunial. 
'  M""  Texier. 

Bernoux  et  Cumin 
\  Georg. 
,  Côte. 

Sav-y. 

Ville. 

Marseille Ruai. 

^  Calas. 

'  Coulet.       , 
Martial  Place. 

/  Jacques. 
Nancy Grosjean-Maupin. 

'  Sidol  frères. 

f  Loiseau. 

\  Veloppè. 

j  Barma. 

'  Visconli  et  G'*. 

Nimes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

1  Blanchier. 

'^°'"*" j  Marche. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Bochefort Girard  (  M""  ) 

(  Langlois. 

(  Leslringant. 
S'-Élienne Chevalier. 

(  Ponleil-Burles. 

)  Rumébe. 

1  Gimcl. 

(  Privai. 

,  Boisselier. 
Tours j  Péricat. 

'  Suppligeon, 

î  Giard. 

(  Lemaitre. 


Lorient. 


Lyon. 


Montpellier . 
Moulins..    .. 


Nantes 


Nice. 


Bouen. 


Toulon . 


Toulouse.. 


Valenciennes.. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 


chez  Messieurs  : 

1  Feikema    Caarelsen 

i      et  C'v 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

i  Asher  et  C". 


Berlin. 


1  Dames. 
'  "  '  ,  Friedlander   et   (ils. 

'  Mayer  et  Millier. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

)  Laniertin. 
Bruxelles Mayolezet  Audiarle. 

f  Lebégue  et  G'*. 


Buc/iarest. 


j  Solcheck  et  C°. 

I  Slovck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighlon,  BelletC» 

Christiania Cammermeyer. 

Conslantinople.  .     Otlo  Keil. 

Copenhague Hôsl  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hosle. 

Gêneé Beuf. 

,  Cherbuliez. 
Genève Georg. 

(  Slapelmohr. 


La  Haye. 
Lausanne. 


Leipzig- 


Liège 


Beliafanle  frères. 
I  Benda. 
'  Payol. 

Barth. 
\  Brockhaus. 
.  Lorentz. 
I  Max  Rube. 

Twietmeyer. 
1  Desoer. 
I  Gnusé. 


chez  Messieurs  : 

i  Dulau. 
i-ondres Hachette  et  C'v 

'Nutt. 
Luxembourg. ...     V.  Biick. 

ÎLibr.  Gutenberg. 
Romo  y  Fussel. 
Gonzalès  e  hijos. 
,  F.  Fé. 


Milan . 


Naples . 


(  Bocra  frères. 

\  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

Marghieri  di  Gius. 
Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
Neiv-rork Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  G'" 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaés  et  Moniz. 

Prague Rivnac. 

Bio-Janeiro Garnier. 

„  i  Bocca  frères. 

Bome ,         , 

(  Loescheret  C". 

Botterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

)  Zinserling. 

)  WolfT. 

Bocca  frères. 

Brero. 

Clausen. 

RosenbergetSellior. 

Varsovie Gebelhner  et  WollV 

Vérone Drucker. 

1  Frick. 

Vienne «  . . . .  j  -       ,  .     .  „, 

(  Gerold  et  C". 

ZUrick Meyer  et  Zeller. 


S'-Petersbourg. 


Turin. 


lk\  ES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  l"    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4'';  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.-  (i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (i"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  iSSo.)  Volume  iu-4'';  1889.  Prix 15  fr. 

IDP.ÉMENT  AUX  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

jel.lémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DERBÉset  .\.-J.-J.  Solier.—  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbation»  qu'éprouveotles 

tts,  r  M.HiNtEN.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phéQomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

»!  P   M.  Claude  Bernabd.  Volume  in-4°,  avec  32  planches;  i856 15  fr. 

>e  I  ;  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  V*n  Beneden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Acadéiuie  des  Sciences 
le  c  cours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
itai  i,  suivantl'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.—  Rechercher  la  nature 
rap.rts  qui  existent  entre  l'étatactuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  .,  par  M.  le  Professeur  Bbonn.  ln-4%  avec  27  planches;  1861..  .       15  fr. 


1  m  16  Librairie  les  Mémoires  de  PAcadémie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


W  4. 

TABLE   DES   ARTICLES.   (Séance  du  24  juillet  1899.) 


MÉMOIRES  ET  COMMUiMCATIOXS 

DES  MEMBlUiS  ET   DES  CORRESPONDANTS   DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M.  le  SiîunÉ'iAuiE  PEKPKiUKLannonce  à  l'Aca- 
démie que  le  Tome  CXXVII  des  Comptes 
rendus  (2'  semestre   i8()8)  est  en  ilistii- 
biilion  au  Secrétariat "1  ■ 


Pages. 
M.  Armand  Gautikr.  —  Présence  de  l'iode 
en  proportions  notables  dans  tous  les  vé- 
gétaux  à   chloropliyllc   de   la   <lasse  des 
AIl'Ucs  et  dans  les  Sulfuraires i'M 


!»IEMOIRES  LUS. 

M.  le  l>'    V..   \  lUAL  donne  lecture  d'un  Mémoire  «  Sur  la  fcrirrerilalion  des  vins 


MEMOIRES  PRESSATES. 


M.  Eugène  Fournier  adresse  un  Mémoire 
intitulé:  "  Ri-i-lierrlips  sur  \,\  rléxinfi-'-t  ion 


par  l'aldéhyde  forniiqui-  :  formacétonc 


CORRESPOND  AIVCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Corrr^pon- 
dance,  un  article  de  M.  Clennoiil- 
Ganneau,  inséré  dans  la  fievue  archéolo- 
gique, et  relatif  à  un  vase  de  terre  cuite, 
du  VI'  siècle  avant  notre  ère 

M.  N.  Saltykow.  —  Sur  la  théorie  des 
équations  au\  dérivées   partielles 

M.  Kdmomi  Maillet.  —  Sur  les  équations 
indéterminées  de  la  forme  x'- -\-  y'-  =  ce"'. 

M.  A.  Demollix.  —  Sur  une  correspon- 
dance entre  deux  espaces  réglés . . .- 

M.  \V.  DE  .Nikolaieve.  —  Sur  le  champ  ma- 
gnétique à  l'intérieur  d'un  cylindre  creux 
paicouru  par  un  courant 

M.  K.  BoUTY.  —  Sur  la  cohésion  diélec- 
trique des  gaz  raréfiés 

M. M.  Arraiiam  et  J.  Lemoine.  —  Disparition 
instantanée  du  phénomène  de  Kcrr 

M.  A.  HEColinA.  —  Sui  les  étals  isomé- 
riques  de  l'acétate  chromiquc.  Acétate 
normal.  .\cétale  anormal  violet  mono- 
acide   

M.  Paul  Sahatier.  —  Sels  basiques  mixtes 
argcnto-i  uivriques 

M.  M.  LLiDtE.  —  Sur  la  purification  de  l'iri- 
dium..   

M.  L.  Brizard.  —  Sur  un  azotite  double  de 
ruthénium  cl  de  potassium 

MM.  KuDoix  et  Oalthiku.  —  Sur  les  pro- 
priétés réductrices  du  bore  et  de  l'alumi- 
nium  

M.  .\nurê  Klixo.  —   Oxydation  du   propyb 

BULLEri.N  BlDUIUOTAPHIOUi: 


H,,-) 

■Ç)8 

500 


20a 
204 
206 


■.!08 


!l6 


glycol  par  l'eau  de  brome 

M.  Emile  Leroy.  —  Sur  quelques  alcaloïdes 
de  l'opium 

M.  OECHSNER  DE  CoNiNCK.  —  Sur  l'éliminà- 
lion  de  l'azote  et  du  phosphore  chez  les 
nourrissons 

M.  lî.  Lespieau.  —  Sur  l'acide  dichloro-3.:'|- 
butanoique ■  — 

M.  A.  Mouneykat.  —  Action  du  brome  sur 
le  bromure  d'isobutyle  en  présence  du 
bi'omurc  d'aluminium  anhydre  et  du 
chlorure  d'aluminium • 

iMM.  Em.  BourqleloT  et  H.  IIÉRLSSEY.  — 
Sur  la  composition  de  l'albumen  de  la 
graine  de  raroubier;  production  de  galac- 
tose et  de  manuose  par  hydrolyse 

MM.  L.  Camls  et  E.  (Iley.  —  Expériences 
concernant  l'état  réfractaire  au  sérum 
d'anguille.  Iiiiiuunilé  cytologique 

M.  L.  Camus.  —  Recherches  expérimentales 
sur  une  agglutinine  produite  par  la 
glande  de  l'albumen  chez  Vlielia: pomatia. 

M.M.  BÉcLÉRE.  CiiAMUûN,  Menaud  et  Cou- 
lomb. —  Transmission  intra-utérine  de 
l'immunité  vaccinale  et  du  pouvoir  anti- 
virulent du  sérum 

MM.  Causard.  —  Sur  la  respiration  bran- 
chiale chez  les   Uiplopodcs 

M.  W.  KiLL\N.  —  Sur  les  brèches  éogènes 
du  Briançounais 

MM.  Charbonnier  et  Galy-Aché.  —  Sur 
un  bathymélre  fondé  <nr  l'oToploi  .1, 
cylindres  crushers 


"9 


22^ 


•I' 


P\RIS.    -     IMPIUMËKIE     OAUTHIKU-VtLI.AKS. 
Quai  des  Grands-.\ugustins,    :':■ 


Î.ÈÎLl 


1899 

SECOIVD  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  ITI.U.  liES  SECRÉTAIRES  PBRPÉTUEEiS' 


TOME  CXXIX. 


N"5  (31  Juillet  1899). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIM  KUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES   RENDUS   DES   SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslins,   55. 

1899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    DES    23    JUIN    1862   ET    l!\    MAI    1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

ïl  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  l•^  —  Impressions  des  travaux  de  l^ Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  oarunAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  /j  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impre^ion  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu  c^nt  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  (ks  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion, \ 

Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  MéKoires  par  KM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  procède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  s' 


Lés  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Aca 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  le 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu' 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séan< 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savi 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  per; 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d' 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages.  \ 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoire 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  reqi 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  m 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet! 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondani 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  r 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  l 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  '■ 
le  titre  seul  du  Mémoire  estinséré  dans  le  Comptt 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rem 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  à 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappc 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernemei 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrât! 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  d 
sent  Règlement. 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  31  JUILLET  1899, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TlEGHExM. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE, 

M.  le  Secrétaire  perpétui'X  annonce  à  l'Académie  la  perle  qu'elle  vient 
lie  faire  dans  la  personne  de  M.  Rieggenbach,  Correspondant  pour  la 
Section  de  Mécanique,  décédé  à  Olten  (Suisse),  le  25  juillet  189g. 


THERMODYNAMIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Thermogénèsc  et  dépense  énergétique 
chez  l'homme  qui  élève  ou  abaisse  son  propre  poids.  Le  travail  positif  prend 
de  la  chaleur  au  moteur  animé  qui  exécute  ce  travail;  le  travail  négatif  lui 
en  donne;  par  M.  A.  Cuauveau. 

«   Ceci  est  la  réalisation  du  programme  que  je  m'étais  tracé,  il  y  a  deux 
ans  et  demi,  dans  mon  Étude  critique  des  expériences  de  Hirn  sur  la  Thermo- 

C.  K.,  1899,  2-  Semestre.  (T.  GXXL\,  N"  5.)  33 


(  25o  ) 

dynainicjue  dans  les  êtres  vivants  (').  Hirn,  de  son  propre  aveu,  n'avait  pu 
établir  que,  en  conformité  des  lois  de  la  Thermodynamique  générale,  le 
travail  positif  des  êtres  vivants  leur  prend  de  la  chaleur  et  que  le  travail  né- 
gatif exécuté  par  eux  leur  en  donne.  L'échec  de  la  très  importante  tenta- 
tive de  Hirn  tenait  en  partie  à  son  ignorance  des  choses  de  la  Physiologie, 
mais  surtout  à  ce  que  les  lois  du  travail  physiologique  des  muscles  et  de  la 
dépense  énergétique  qu'entraîne  ce  travail  étaient  alors  entièrement 
inconnues.  Les  déterminations  auxquelles  je  suis  arrivé  en  ce  qui  concerne 
ces  lois  contiennent  virtuellement  la  solution  vainement  cherchée  par 
Hirn.  Mais  elle  ne  se  dégage  pas  avec  une  netteté  qui  permette  de  se  dis- 
penser d'une  démonstration  directe.  Je  me  suis  appliqué  à  obtenir  cette 
démonstration  avec  une  ténacité  que  les  difficultés  de  l'entreprise  n'ont  pas 
réussi  à  décourager. 

»  Ces  difficultés  n'ont  pu  être  écartées  toutes.  Néanmoins,  les  expé- 
riences déjà  faites  se  sont  prononcées  unanimement  dans  le  sens  des  lois 
de  la  Thermodynamique  et  de  la  dépense  énergétique  entraînée  par  le  tra- 
vail physiologique  des  muscles.  L'accord  de  ces  lois  avec  les  résultats 
obtenus  atteint  une  très  satisfaisante  approximation.  Quand  les  conditions 
expérimentales  seront  suffisamment  améliorées,  cet  accord  ne  laissera 
certainement  plus  rien  à  désirer.  En  attendant,  il  y  a  lieu  de  soumettre 
aux  mécaniciens  et  aux  physiologistes  les  excellents  résultats  constatés 
dans  les  premières  expériences  (^). 

»  Le  but  à  atteindre  et  les  moyens  d'y  arriver.  —  On  veut,  à  l'exemple  de  Hirn, 
savoir  si  le  travail  poûl'ii  prend  de  la  chaleur  à  l'homme  qui  élève  son  propre  poids 
el  si  le  travail  inverse,  c'est-à-dire  le  travail  négatif  accompli  par  le  sujet  dans  la 
descente,  lui  donne  au  contraire  de  la  chaleur.  Pour  se  renseigner,  il  faut  déterminer 
et  comparer  :  i°  la  production  de  chaleur  et  la  dépense  énergétique  qu'entraîne  le 
tra\ail  d'ascension,  suivant  que  l'énergie  représentée  par  le  travail  mécanique  est  ou 
n'est  pas  détournée  de  l'enceinte  où  s'accomplit  ce  travail;  2° la  production  de  chaleur 
et  la  dépense  énergétique  inhérentes  au  travail  de  descente. 

»  Dispositif  pour  l'exécution  du  travail  d'ascension  ou  de  desc'knte.  —  Le  prin- 
cipe en  a  été  indiqué  ailleurs  (^).  Ce  dispositif  se  compose  de  deux  roues  de  Hirn,  de 
3™  de  diamètre,  exactement  semblables  et  fixées  sur  le  même  axe,  qui  les  maintient 
étroitement  conjuguées.  L'une  est  dans  un  grand  calorimètre  à  rayonnement;  l'autre, 


(  ')   Archives  de  Physiologie  normale  et  pathologique;  janvier  et  mars  1897. 
(")  Ces  expériences  ont  été  faites  avec  le  concours  de  M.  Tissol. 
(")  Loc.  cit. 


(  25i   ) 

en  dehors  des  enceintes  de  ce  calorimètre.  Le  travail  d'ascension  peni  se  faire  à 
volonté  sur  celle-ci  ou  celle-là.  Quant  au  travail  de  descente,  il  est  toujours  exécuté 
sur  la  roue  intérieure,  pendant  qu'un  autre  sujet,  un  peu  plus  lourd,  fait  du  travail 
positif  sur  la  roue  extérieure.  Une  sonnerie  électrique,  actionnée  par  un  bon  métro- 
nome, permet  de  régler  le  rythme  des  mouvements  et  de  les  harmoniser. 

»  Si  un  sujet  se  meut  seul  sur  une  roue,  en  faisant  du  travail  positif,  son  équilibre, 
sur  cette  roue  en  mouvement  uniforme,  est  obtenu  grâce  au  serrage  d'un  frein,  qui  est 
un  des  organes  les  plus  importants  du  système.  Il  se  compose  d'une  bande  d'acier, 
doublée  d'une  bande  de  cuir,  enveloppant  complètement  la  circonférence  de  la  roue. 
La  résistance  qu'il  oppose  au  mouvement  de  celle-ci  crée  delà  chaleur  qui  représente 
le  travail  mécanique  détruit.  Comme  ce  frein  peut  être  placé  à  volonté  soit  sur  la 
roue  extérieure,  soit  sur  la  roue  intérieure,  la  chaleur  qu'il  développe,  c'est-à-dire  la 
valeur  même  du  travail  mécanique,  peut  être  à  volonté  comprise  ou  non  dans  le 
bilan  thermique  du  sujet. 

»  Mesure  directe  de  la  chaleur  produite.  Calorimètre.  —  L'appareil  employé  à 
cette  mesure  est  un  calorimètre  à  rayonnement,  à  air  confiné,  avec  parois  métalliques 
et  dont  l'intérieur  est  éclairé  par  deux  vitres. 

»  La  capacité  de  l'appareil  permet  à  un  homme  de  5o''6  d'y  travailler  sans  gêne  pen 
dant  deux  ou  trois  heures.  Il  se  compose  de  deux  parties  :  i°  une  partie  principale  où 
l'homme  se  tient  debout  sur  la  roue,  à  l'une  des  extrémités  de  son  diamètre  horizontal  ; 
2°  un  diverticule  étroit,  en  partie  creusé  dans  le  sol  et  occupé  par  la  roue.  Il  y  a  là 
des  conditions  défectueuses;  mais  le  local  dont  je  pouvais  disposer  ne  permettait  pas 
de  les  écarter. 

»  Ce  calorimètre  est  placé  dans  une  première  enceinte,  à  parois  en  bois  et  verre,  de 
82""=  environ  de  capacité,  occupant  le  centre  d'une  vaste  pièce,  en  demi-sous-sol,  qui  a 
été  aménagée  dans  l'une  des  régions  du  laboratoire  où  la  température  varie  le  moins 
et  où  sont  rassemblés  mes  divers  calorimètres. 

»  Un  bon  ventilateur  électrique,  placé  en  haut  de  la  partie  principale  du  calori- 
mètre, à  proximité  du  point  où  elle  s'abouche  avec  la  partie  annexe,  entretient  l'air  en 
mouvement  perpétuel,  en  sorte  que  la  température  du  calorimètre  tend  à  s'y  égaliser, 
quoiqu'elle  reste  toujours  un  peu  moins  élevée  dans  les  parties  basses. 

»  Ce  ventilateur  introduit  une  cause  de  perturbation  dans  les  mesures  thermiques. 
En  effet,  le  courant  qui  le  met  en  marche  produit  environ  6  ou  7  calories  à  l'heure. 
Ces  calories  s'ajoutent  nécessairement  à  celles  qu'engendre  le  système  de  chauffage 
consacré  à  l'étalonnage  ou  le  sujet  qui  travaille. 

»  Enfin  j'indiquerai  l'existence  de  deux  ouvertures,  à  fermeture  hermétique  :  l'une 
au  bas  de  l'une  des  faces  de  la  partie  principale,  pour  l'introduction  du  sujet  dans  l'ap- 
pareil; l'autre,  à  l'opposé,  sur  le  plafond  de  la  partie  annexe.  Cette  dernière  ouverture 
peut  être  mise  en  communication  avec  un  large  conduit  de  tôle,  qui  introduit  dans  la 
caisse  du  calorimètre  l'air  extérieur  poussé  par  un  ventilateur  spécial,  pour  renouveler 
la  masse  gazeuse  de  l'intérieur  de  l'appareil,  après  chaque  expérience. 

»  L'étalonnage  du  calorimètre  et  ses  difficultés.  —  Un  tel  calorimètre  ne  peut 
être  étalonné  qu'à  l'aide  du  chauffage  électrique,  et  encore  y  renconlre-t-on  certaines 
difficultés.  La  roue  à  échelons  est  en  bois  un  peu  massif,  ainsi  que  la   carcasse  |de  la 


(    232    ) 

caisse.  Aussi,  quoique  la  tôle  des  parois  de  celle-ci  soil  extrêmement  mince,  l'appareil 
présente-t-il,  en  raison  de  ses  dimensions,  une  certaine  inertie,  qui  ne  permet  pas  la 
mesure  exacte  des  petites  quantités  de  chaleur.  De  plus,  la  partie  des  parois  qui  est 
formée  par  le  sol  prend  de  la  chaleur  qui  est  perdue  pour  le  rayonnement  dans  l'en- 
ceinte extérieure.  Ce  serait  sans  inconvénient  si  la  température  du  sol  était  toujours 
la  même  et  surtout  s'il  existait  toujours  le  même  rapport  entre  cette  température  et  celle 
de  l'air  ambiant.  Mais  il  n'en  est  rien.  On  évite  les  perturbations  qui  en  résulteraient 
pour  les  mesures  calorimétriques  en  répétant  l'étalonnage  à  chaque  expérience  et  en 
intercalant  celle-ci  entre  deux  des  chauffages  électriques  destinés  à  cet  étalonnage.  Ce 
n'est  pas  une  grosse  complication,  car  on  serait  obligé  de  toute  façon  au  chauffage 
préalable  de  l'appareil  pour  amorcer  l'expérience  et  en  raccourcir  la  durée  le  plus 
possible.  En  entrant  dans  l'appareil,  le  sujet  déplace  les  spires  chauffantes  (au  nombre 
de  deux)  et  se  substitue  à  elles.  Il  les  replace,  avant  de  sortir,  pour  un  nouvel  éta- 
lonnage de  valeur  plus  élevée. 

»  Mesure  de  la  dépense  énergétique  entraînée  par  les  travaux  physiologiques  du 
sujet,  d'après  l'oxygène  absorbé  dans  les  échanges  respiratoires.  —  Cette  opération 
aurait  pu  être  faite  dans  les  expériences  consacrées  à  la  mesure  de  la  chaleur  produite. 
Mais  diverses  considérations  ont  poussé  à  déterminer  les  échanges  respiratoires  dans 
des  expériences  spéciales,  où  l'on  recueillait  l'air  expiré  avec  l'appareil  Tissot.  La  pré- 
cision de  son  fonctionnement  permet,  du  reste,  de  compter  sur  l'exactitude  absolue 
des  déterminations  tirées  de  l'analyse  des  échantillons  d'air  obtenus  avec  cet  appareil. 
La  récolte  en  était  faite  trois  fois,  pendant  deux  minutes,  au  début,  au  milieu  et  sur- 
tout à  la  fin  de  l'expérience.  Avec  le  calorimètre  à  rayonnement,  en  effet,  les  indica- 
tions thermogénétiques  sont  celles  de  la  dernière  partie  du  travail  :  il  est  indispen- 
sable de  les  comparer  exclusivement  avec  les  indications  de  dépense  énergétique 
répondant  à  cette  même  dernière  partie  du  travail. 

»  Conformément  aux  principes  établis,  l'évaluation  de  la  dépense  énergétique  a  été 
faite  d'après  le  taux  de  l'oxygène  absorbé  et  le  nombre  de  calories  qui  correspond  à 
celte  absorption.  Dans  les  conditions  où  se  trouvait  le  sujet  d'expérience,  le  glycogène 
consommé  par  le  travail  musculaire  provenait  surtout  de  la  transformation  des 
réserves  graisseuses,  en  sorte  que  celles-ci  pouvaient  être  considérées  comme  se  brû- 
lant directement  pour  alimenter  le  travail  musculaire  en  énergie.  D'où  l'adoption  du 
chiffre  de  4':'",6  par  litre  de  O^  absorbé.  C'est  un  chiffre  sûrement  un  peu  faible.  Mais 
on  ne  risque  rien  à  s'en  servir,  étant  donné  que  les  expériences  ont  pour  but  d'obtenir 
des  valeurs  comparatives,  plutôt  que  des  déterminations  absolues. 

»  Le  sujet  d'expérience  et  son  travail.  —  Ce  sujet  est  âgé  de  22  ans,  maigre,  de 
petite  taille,  du  poids  moyen  de  Soi's.  H  était  parfaitement  dressé  au  travail  qu'on  lui 
demandait  d'exécuter  sur  la  roue.  Surtout  il  savait  y  accomplir  ses  mouvements  d'une 
manière  absolument  symétrique  pendant  la  montée  et  pendant  la  descente,  en  sorte 
que  le  poids  de  son  corps  était  continuellement  soutenu  de  la  même  manière  par  les 
muscles  dans  les  deux  cas. 

..  Toutes  les  expériences  ont  été  faites  le  sujet  étant  à  jeun  depuis  seize  heures  au 
moins.  Les  mouvements  étaient  réglés  de  manière  que  la  roue  faisait  uniformément 
80  tours  a  1  heure.  Cette  roue  ayant  3"  de  diamètre,  si  le  sujet  avait  pu  faire  passer 


(  253  ) 

son  centre  de  gravité  exactement  par  la  tangente  perpendiculaire  au  rayon  horizontal, 
il  aurait  accompli  en  une  heure  :  (3,  i4  X  3  x  80  X  5o)  =  3768o''e'",  équivalant 
à  SBC"', 8. 

»  Mais  les  marches  latérales  sur  lesquelles  se  faisait  l'appui  du  sujet  ne  recevaient  son 
centre  de  gravité  qu'à  126™™  de  la  circonférence,  ce  qui  diminuait  le  parcours  et  ré- 
duisait le  travail  à  3454o''S"',  soit  81'^='',  27.  Évidemment,  il  ne  se  produit,  dans  l'expé- 
rience,   que  la  dépense  énergétique    nécessaire  à  l'exécution  de   ces  SSgia''^™. 

»  D'autre  part,  ces  3391 2''8"  ne  peuvent  pas  reparaître  intégralement  en  chaleur, 
quand  on  les  exporte  hors  du  calorimètre.  En  effet,  le  serrage  du  frein,  qui  permet 
de  les  recueillir  sous  cette  forme  à  l'extérieur  de  l'appareil,  ne  doit  pas  être  poussé 
jusqu'à  l'équilibre  exact  des  5o''s  que  pèse  le  sujet.  Une  partie  de  ce  poids  est  em- 
ployée à  mettre  le  sjstème  en  mouvement.  On  l'a  déterminée  empiriquement.  Elle  est, 
au  minimum,  de  S''?,  55o  quand  le  système  est  chargé.  Tenons-nous  à  ce  chiffre  :  il 
en  résulte  une  réduction  à  75*^^',  56  de  la  chaleur  exportée  hors  du  calorimètre. 

»  Enfin,  une  autre  cause  de  réduction  est  encore  à  signaler.  La  résistance  du  frein 
sur  la  roue  s'exerce  partout  à  l'extrémité  des  rayons  de  celle-ci.  Il  n'en  est  pas  de 
même  de  la  puissance  qui  équilibre  cette  résistance  dans  le  mouvement  uniforme  im- 
primé à  la  roue.  Ce  n'est  plus  à  l'extrémité  d'un  rayon  de  i",5o  que  le  poids  du  sujet 
est  appliqué.  Ce  rayon  est  diminué,  d'une  part,  de  i25™™;  d'autre  part,  le  corps  du 
sujet  restant  toujours  plus  ou  moins  au-dessus  de  la  ligne  horizontale  qui  passe  par 
l'axe  du  système,  le  moment  de  la  force  qui  équilibre  la  résistance  périphérique  s'en 
trouve  encore  diminué.  En  définitive,  on  ne  saurait  évaluer  à  moins  de  -^  la  réduction 
du  bras  de  levier  de  la  puissance  par  rapport  à  celui  de  la  résistance  et  l'amoindrisse- 
ment qui  en  résulte  pour  la  valeur  de  cette  résistance  représentée  par  le  frottement 
du  frein.  Ceci  fait  que  le  maximum  de  chaleur  que  peut  produire  l'exportation,  hors 
du  calorimètre,  du  travail  mécanique  exécuté  dans  cet  appareil  par  le  sujet  ne  s'élève 
guère  qu'à  68^^^'. 

»  Déterminations  calorimétriques.  —  Elles  ont  été  faites  dans  les  con- 
ditions suivantes  :  1°  travail  positif  dans  le  calorimètre  et  frein  serré  sur  la 
roue  intérieure;  2°  travail  positif  dans  le  calorimètre  et  frein  serré  sur 
la  roue  extérieure;  3°  travail  négatif  dans  le  calorimètre;  4°  enfin,  travail 
positif  sur  la  roue  extérieure  et  frein  serré  sur  la  roue  intérieure. 

»  Expériences  de  la  série  1.  —  Traçait  positif  dans  le  calorimètre.  Frein  serré 
sur  la  roue  intérieure.  —  Ces  expériences  sont  au  nombre  de  quatre  : 

Résultats  bruts  :  n"  1 261  calories  à  l'heure 

n"  2 266  » 

n°  3 263  » 

n"  4 263  » 

Moyenne 263  « 


(  254  ) 

»  L'uniformité  de  ces  résultats  est  extrêmement  remarquable.  Elle  lient  sans  doute, 
au  moins  pour  une  bonne  part,  à  ce  que  le  sujet  peut  régler  lui-même  à  la  main  le  ser- 
rage du  frein,  quand  il  est  averti,  par  l'accélération  qu'il  est  obligé  d'imprimer  au 
rythme  de  ses  mouvements,  que  le  frein  a  été  détendu. 

»  Expériences  de  la  série  II.  —  Travail  positif  dans  le  calorimclre.  Frein  serré 
sur  la  roue  extérieure.  —  Ces  expériences  sont  au  nombre  de  cinq  : 

Résultats  bruts  :  n°  1 196  calories  à  l'heure 

n°  2 201,6  » 

n"  3 192,6  » 

n"  4 196  » 

n°  5 210  » 

Moyenne. ...      199  » 

»  Ces  résultats  sont  moins  uniformes  que  les  premiers.  Ceci  tient  sans  doute  à  ce 
que  l'entretien  de  la  tension  du  frein  ne  pouvant  se  faire  que  sur  les  indications  du 
sujet  renfermé  dans  le  calorimètre,  elles  ne  sont  pas  toujours  rigoureusement  suivies. 
En  tous  cas,  les  résultats,  malgré  leurs  écarts,  n'en  sont  pas  moins  tous  concordants. 
Comparés  aux  précédents,  ils  montrent  que  le  travail  positif,  exporté  hors  du  calori- 
mètre, enlève  à  celui-ci  : 

263t-^'— i99'-^it=64P>'. 

»  Le  chiffre  théorique  du  déficit,  indiqué  par  nos  calculs  ci-dessus, 
est  de  ôS*^"'.  Et  encore  doit-on  le  considérer  comme  un  peu  forcé.  Tous 
ceux  qui  connaissent  ou  soupçonnent  les  difficultés  de  pareilles  expé- 
riences conviendront  du  soin  qui  a  dit  être  apporté  à  la  construction  de 
l'outillage  et  à  l'exécution  des  expériences,  pour  qu'une  telle  approxima- 
tion ait  pu  être  obtenue.  D'après  ce  résultat,  non  seulement  le  travail  positif 
exécuté  par  un  moteur  animé  lui  prend  de  la  chaleur,  mais  cette  chaleur  est, 
de  plus,  équivalente  au  travail  mécanique  produit. 

»  Expériences  de  ia  série  IFI.  —  Tra^'ail  négatif  dans  le  calorimètre  par  un  sujet, 
pendant  qu'un  autre  sujet  fait  du  travail  positif  sur  la  roue  extérieure.  —  Ces 
expériences  sont  au  nombre  de  quatre  : 

Résultais  bruts  :  n»  1 i65  calories  à  l'heure 

n"  2 162  )) 

n"  3 i65,6  » 

n"  4 187,2  (?)        » 

Moyenne 170  » 


(  255  ) 

»  Ainsi,  dans  ces  expériences  sur  le  travail  négatif,  la  thermogénèse  est 
toujours  inférieure  à  celle  qui  résulte  du  travail  positif  (expériences  de  la 
série  II)  dans  la  proportion  de  170  :  i99  =  o,85'|.  Or,  celte  même  infé- 
riorité s'est  montrée  constamment  dans  les  expériences  thermométriques 
que  j'ai  faites  en  nombre  si  considérable  sur  le  biceps  brachial  ou  le  triceps 
crural,  pour  comparer  réchauffement  excité  par  les  travaux  positif  et 
négatif,  symétriques,  exécutés  exactement  dans  les  mêmes  conditions.  On 
ne  saurait  donc  douter  que  la  différence  constatée  dans  les  expériences 
therraogénétiques  actuelles  ne  représente  un  fait  physiologique  parfaite- 
ment normal.  Il  n'y  a  pas  à  insister  autrement  sur  cette  question  de  fait. 
On  n'en  peut  tirer  directement  aucune  indication  sur  le  point  de  savoir  si 
le  travail  négatif  donne  de  la  chaleur  au  moteur  animé  qui  l'exécute.  La 
solution  n'apparaîtra  que  quand  on  aura  pu  mettre  en  présence  la  chaleur 
constatée  dans  le  calorimètre  et  la  chaleur  calculée  d'après  la  dépense 
énergétique  indiquée  par  les  échanges  respiratoires. 

»  Expériences  de  la  série  IV.  —  Travail  positif  sur  la  roue  extérieure,  avec  frein 
sur  la  roue  intérieure.  —  Ces  expériences  avaient  pour  but  d'évaluer  directement  en 
calories  la  valeur  du  travail  mécanique  exporté.  Théoriquement  cette  valeur  aurait 
dû  approcher  de  68*^"'.  Jamais  ce  chiflTre  n'a  été  atteint,  ni  même  celui  de  64*^"'.  La 
chaleur  engendrée  dans  ce  cas  par  le  frein  à  l'intérieur  du  calorimètre  a  toujours  oscillé 
entre  Sô*^"'  et  ôi*^"'.  Le  déficit  tient  aux  causes  ci-devant  indiquées.  On  ne  peut  guère 
compter,  en  effet,  sur  l'exactitude  du  rendement  thermique  de  l'appareil  qu'à  partir  de 
loo'-*'.  Le  renseignement  demandé  à  ces  expériences  n'est,  du  reste,  pas  indispensable 
aux  solutions  cherchées  ici. 

»  Déterminations  de  dépense  énergétique.  —  Les  mesures  thermogé- 
nétiques dans  le  cas  des  expériences  I  et  II  suffisent  à  démontrer  que  le 
travail  positif  prend  de  la  chaleur  au  moteur  animé  qui  l'exécute.  On  ne 
saurait  se  passer  de  la  détermination  de  la  dépense  énergétique  et  de  la 
chaleur  déterminée  par  cette  dépense,  pour  démontrer  que  le  sujet  pro- 
ducteur de  cette  chaleur  y  ajoute  celle  qui  est  en  provenance  du  travail 
mécanique  détruit  par  ce  sujet  dans  son  mouvement  de  descente.  Les  dé- 
monstrations relatives  au  travail  positif  lui-même  n'ont,  du  reste,  qu'à 
gagner  à  cette  détermination  de  la  dépense  énergétique. 

»  11  s'agit  là  d'expériences  faciles,  qui  peuvent  être  répétées  très  souvent.  Je  n'en 
ai  que  trois  à  présenter  pour  le  moment,  car  je  me  réserve  de  les  multiplier  plus  tard, 
en  y  introduisant  des  conditions  nouvelles,  en  vue  d'étudier  un  certain  nombre  de 
points  particuliers.  Mais  les  résultats  de  ces  trois  expériences  peuvent  être  donnés  ici 


(  256  ) 

comme  représentant  à  peu  près  les  faits  habituels  de  l'état  normal.  On  les  a  traduits 
dans  le  Tableau  suivant  : 

Travail  positif.  Travail  négatif. 

C. 
A.  B.  C.  A.  B.  Consommation 

0-,  consommé      O-,  consommé  Consommation  de      0%  consommé      0%  consommé  de 

en  en  0%  transformée  en  en  O^  transformée 

Expériences,   deux  minutes.         uneheure.  en  calories.  deux  minutes.        une  heure.         en  calories, 

lii  lil  Cal  m  lii  Cal 

1 i,8i3  54,390  250,194  0,910  27,300  125, 58o 

2 1,753  53,590  241,914  0,879  26,370  121, 3o2 

3 2,020  60,600  278,760  0,941  28,230  129,858 

Mo}  .  .        1,862  55,860  256,956  0,910  37,800  125, 58o 

»  Ainsi  les  colonnes  C  nous  montrent  que  les  consommations  de  poten- 
tiel, sous  l'influence  des  travaux  physiologiques  de  l'économie  animale, 
chez  l'homme  qui  élève  son  poids  ou  qui  l'abaisse,  sont  entre  elles  dans  le 
rapport  de  259  :  i25  =  2,o56.  Le  travail  positif,  dans  ce  cas  particulier,  a 
donc  exigé  une  dépense  énergétique  qui  dépasse  de  plus  du  double  celle 
du  travail  négatif.  C'est  la  confirmation  des  principes  exposés  dans  mes 
publications  antérieures,  sur  la  grosse  épargne  de  dépense  que  peut  impli- 
quer l'exécution  du  travail  négatif  comparé  au  travail  positif  correspon- 
dant. On  ne  saurait,  il  est  vrai,  faire  avec  les  éléments  de  ces  expé- 
riences des  comparaisons  bien  fructueuses  entre  la  dépense  théorique  et  la 
dépense  réellement  effectuée.  Mais  c'est  une  question  qui  n'est  pas  en  jeu 
actuellement.  Il  s'agit  de  savoir  purement  et  simplement  si  la  chaleur  de 
combustion  du  potentiel  équivaut  ou  non  à  la  chaleur  réellement  consta- 
tatée  dans  les  expériences  de  thermogénèse  II  et  III.  Les  rapprochements 
établis  dans  le  paragraphe  suivant  renseignent  sur  ce  point  avec  une  pré- 
cision qui  ne  laisse  rien  à  désirer. 

»  Rapport  de  la  thermogénèse  avec  la  consommation  du  potentiel  dans  les 
cas  de  travail  positif  et  de  travail  négatif  correspondants.  —  Mettons  en  pré- 
sence la  chaleur  réellement  constatée  et  celle  qui  répond  à  l'o.xygène 
absorbé  dans  la  combustion  du  potentiel.  Pour  faire  cette  comparaison 
avec  le  plus  d'exactitude  possible,  il  est  nécessaire  de  défalquer  de  la 
chaleur  constatée  dans  les  expériences  celle  qui  a  été  produite  par  le  cou- 
rant moteur  du  ventilateur  et  qui  a  eu,  dans  tous  les  cas,  sans  exception, 


(    237    ) 

la  même  valeur,  soit  environ  6^"'.  Le  Tableau  suivant  résume  1res  simple- 
ment les  résultats  de  la  comparaison  : 


1. 

H. 

ai. 

Travail  positif 

Travail  positif 

Travail  négatif 

avec  frein  dans  le 

avec  frein  hors  du 

dans  le 

calorimètre. 

calorimètre. 

caloriinèlre. 

,257C^" 

iç,^'^-'' 

l64Cal 

A.  Nombre  moyen  de  Calories  ] 
représentant  la  mesure  réelle 
de  la  thermogénèse ' 

B.  Potentiel  mojen  consommé,  i 

Evaluation  en  Calories  d'après  >     257*^-''  257'^"'  laS'-'' 

l'oxygène  absorbé ) 

„    „  .  t  .  D  2.57  iq3  .  164  , 

C.  napporl  A  :  B —^  =;  i  ,000  —5—  ^  0,7.^  1  — ;r  =  1,012 

•^  2.57  207  120 

»  Ainsi,  clans  le  cas  du  travail  positif  avec  frein  dans  le  calorimètre,  le 
rapport  A  :  B  peut  être  égal  à  l'unité.  Il  lui  est  inférieur  dans  le  même  cas 
de  travail  positif,  si  le  frein  exerce  son  action  sur  la  roue  extérieure.  Enfin 
ce  rapport  est  supérieur  à  l'unité  quand  il  y  a  travail  négatif.  Les  ensei- 
gnements cpii  résultent  de  ces  constatations  sont  tellement  nets  qu'ils  se 
dégagent  d'eux-mêmes.  Néanmoins,  je  crois  devoir  les  formuler  dans  les 
conclusions  suivantes  : 

M  Conclusions.  —  i"  Quand  un  calorimètre  recueille  toute  la  cha- 
leur créée  pendant  le  travail  d'un  sujet  qui  élève  son  propre  poids,  cette 
chaleur  possède  la  valeur  théorique  de  celle  qui  résulte  de  la  consommation 
du  potentiel  employé  à  l'exécution  des  travaux  physiologiques  intérieurs; 

»  2°  Quand  le  travail  mécanique  du  sujet  qui  s'élève  est  exporté  au 
dehors,  la  chaleur  constatée  au  calorimètre  est  inférieure  à  celle  qui  y  est 
réellement  produite  par  le  sujet.  Le  travail  positif  extériorisé  a  donc  em- 
prunté à  ce  dernier  la  chaleur  qui  lui  manque; 

»  3°  Quand  le  sujet  accomplit  du  travail  négatif  dans  le  calorimètre,  la 
production  calorique  est  très  supérieure  à  celle  que  comporte  les  com- 
bustions intérieures  qui  alimentent  en  énergie  les  travaux  physiologiques 
de  l'organisme.  Donc  le  travail  mécanique  qui  est  détruit  dans  la  descente 
du  sujet  ajoute  la  chaleur  qu'il  représente  à  celle  qu'engendre  le  sujet 
lui-même; 

»  4°  En  résumé,  on  ne  saurait  douter  que  le  travail  positif  ne  prenne 
de  la  chaleur  aux  moteurs  animés  qui  l'exécutent  et  que  le  travail  négatif 

C.  R.,  189.).  -i'  Semestre.  (T.  C\.\I\,  N"  5.)  34 


(  258  ) 

ne  leur  en  donne.  On  ne  saurait  guère  douter  davantage,  malgré  les 
écarts  qui  se  sont  manifestés  dans  les  expériences  entre  les  valeurs  prévues 
et  les  valeurs  constatées,  que  la  chaleur  prue  ou  rendue  ne  soit  équiva- 
lente au  travail  mécanique  produit  ou  détruit.  » 


BALISTIQUE.  —  Sur  la  loi  des  pressions  dans  les  bouches  à  feu. 
Note  de  M.  E.  Vallier. 

«  La  formule  que  j'ai  communiquée  à  l'Académie  (séance  du  29  mai 
dernier)  sur  la  loi  des  pressions  dans  les  bouches  à  feu,  lorsque  l'on  con- 
naît seulement  la  vitesse  initiale  du  projectile  et  la  pression  maximum 
enregistrée  à  la  culasse,  ne  peut,  comme  je  l'indiquais  d'ailleurs,  être 
considérée  que  comme  une  approximation  :  les  données  du  problème  sont, 
du  reste,  en  trop  petit  nombre  pour  que  l'on  puisse  espérer  davantage. 

»  Il  est  à  prévoir  que  la  durée  0  du  développement  de  la  pression  sera 
toujours  ainsi  évaluée  à  une  trop  faible  valeur.  Mais,  quoi  qu'il  en  soit, 
cette  expression  conduit  à  des  résultats  suffisamment  approchés  pour  être 
utilisés  :  aussi  ai-je  cru  devoir  étudier  à  nouveau  le  moyen  d'en  tirer  parti 
rapidement. 

»   Je  rappelle  que  la  formule  fondamentale  est 

(l)  P=.a>P„-^e"^=coP„P(,.), 

OÙ  P  désigne  la  pression,  évaluée  en  kilogrammes  par  centimètre  carré,  à 
l'instant  /,  P„  la  pression  maximum  enregistrée  à  la  culasse,  0  l'instant  de 
cette  pression,  l'origine  des  temps  étant  fixée  au  moment  où  le  projectile 

commence  son  mouvement;  enfin,  z  le  rapport-- 

»  Soient  m  la  masse  du  projectile,  u'  sa  vitesse  en  mètres  et  u  l'espace 
parcouru,  en  mètres  également,  à  l'instant  /;  o  la  section  droite  de  l'àme 
en  centimètres  carrés.  Soient,  en  outre,  u^  et  «„  la  vitesse  et  l'espace  à 
l'instant  du  maximum  de  pression  pour  lequel  s  :=  i,  et  enfin  U',  U  et  Z 
les  vitesse,  espace  et  valeur  de  s  à  la  bouche  de  la  pièce. 

»   Désignons  enfin  par  a  le  rapport 

(a)  a=:2coP„U  :/nU'- 


(  259  ) 
de  la  pression  maxitiiuin  a  la  pression  constante  qui,  dans  le  même  par- 
cours, communiqvzerait  au  projectile  la  vitesse  U'.  Ce  facteur  a  peut  s'ap- 
peler le  coefficient  de  fatigue  dans  le  tir  considéré. 

»  L'application  des  formules  données  dans  la  Note  précédente  conduit 
aux  diverses  expressions  énoncées  ci-dessous,  lesquelles  permettent  de 
tracer  suffisamment  les  courbes  des  divers  éléments,  soit  en  fonction  des 
temps,  soit  en  fonction  des  espaces  : 

(3)  6  =  :^X0(a), 

(4)  M„=Ux<l>(a),  <l.(x)=^, 

(5)  «„=U'xF(a).  F(«)=^. 

»  Ayant  ainsi  calculé  les  éléments  du  point  du  maximum  de  pression,  le 
Tableau  ci-dessous  donne  ceux  d'un  nombre  de  points  suffisants  pour  le 
tracé  des  courbes  en  question  : 


"■"  9' 

0. 

I. 

1,35. 

I  ,DO. 

1,  Ô93J  (',). 

2,00  (=). 

3,011, 

Z(^). 

u 

0 

"o 

2  ,  I  «/„ 

2,7  Mo 

3,i3«o 

5,22M(| 

I 2 , 08  «0 

U 

u' 

o 

"i, 

1  ,!\hu'„ 

i,685i/; 

1,81  «;, 

2,25«; 

3,07  «'„ 

U' 

P{z) 

o 

1 

0,95 

0,91 

0,88 

0,736 

0,/406 

P(a) 

d?{z) 

dl 

2,7i83 

e 

o 

0,2/47 

6 

o,3o3 

6 

0,3275 

6 

0,368 

e 

0,271 

6 

I  — Z  P(a) 
Z           6 

d¥(z) 
du 

+  00 

o 

0,067 
"0 

0,0709 
"0 

0,0712 
"0 

0,064 

«0 

o,o35 

"0 

1  — Z  P(a) 
Z       U0(a) 

»  Il  est  généralement  admis  de  prendre  pour  le  coefficient  a  la  valeur 
définie  par  l'équation  (2).  Mais  il  est  plus  conforme  à  la  théorie  comme  à 
l'expérience  de  remplacer  dans  cette  formule  la  masse  m  du  projectile  par 

w  -4-  -,  p.  étant  la  masse  de  la  charge  de  poudre. 

»  A  titre  d'exemple,  je  donne  ci-dessous  une  application  de  la  méthode 
à  des  expériences  ex-écutées  en  Russie  par  M.  Zaboudski,  sur  un  canon  de 


(')  Point  d'inflexion  de  la  courbe  des  pressions  en  fonction  des  espaces. 
(^)   Point  d'inflexion  de  la  courbe  des  pressions  en  fonction  des  temps. 
(^)  A  la  bouche  de  la  pièce. 


(  26o  ) 

l\i  lignes  (io'"',5),  avec  des  j)rojectiles  de  divers  poids  et  des  poudres  de 
diverses  natures. 

Poids  de  la  charge i''*,S95       i''i=,(i57       ■''^,417       l'B.Sgj       l's.SgS       a'^.SSo       2'b,65o       2''P,i86       i^'-.-o'^ 

Poids  des  projectiles iSi^eiBoo     i6''8,3oo     iG'k.Soo     i4''B,35o     iî'SjSoo     i6''8,3oo     le'ejSoo     i6''«,6oo     i6''S,3oo 

Vitesse  initiale 

Pression  à  la  cuhissr 

o 


Pression  à  la  bouche  (calculée).. . . 
Id.  (observée)  . . . 

Id.  et  compensée . 


547° 

5o5" 

456- 

568" 

597" 

598" 

598° 

562" 

562" 

I722''B 

i39o''« 

io45''« 

lôseï-» 

i389'^B 

■794'^ 

i7i6i'« 

1731'^! 

i764''5 

1 ,853 

i,8o5 

1,715 

r  ,761 

T,7i5 

1,66 

1,54 

i,8i5 

1,84 

00244 

0',  00274 

0", 00326 

D'jOOîSg     0%  002  5g     0',  00260 

0', 00289     o',oo2'|5     0", 0023g 

3i4 

3i8 

272 

372 

36i 

5o5 

566 

365 

378 

.333 

343 

3ii 

3i3 

3i8 

» 

» 

.33 1 

328 

3o9 

274 

261 

3i5 

336 

5o4 

570 

36', 

363 

»  Dans  ces  exemples,  le  paramètre  a  a  été  calculé  en  tenant  compte  de 
la  demi-masse  de  la  charge,  comme  il  est  dit  plus  haut. 

»  Ainsi  simplifiée,  la  méthode  me  semble  susceptible  d'applications  pra- 
tiques ;  pour  les  faciliter,  je  donne  ci-dessous  des  Tables  sommaires  des 
différentes  fonctions  du  paramètre  a  entrant  dans  les  formules  et  Tableaux 
qui  précèdent  :  elles  sont  suffisantes  pour  traiter  tous  les  cas  oîi  le  phéno- 
mène se  produit  dans  des  conditions  normales. 


a. 

z. 

P(;)  ou  P(a). 

H  (a). 

•l-(I)- 

>    (Vi). 

1  ,3 

2,3o 

0,627 

0,915 

0,  i4 1 

0,394 

>,3 

2 ,  63 

0 ,  .5 1 .5 

0,766 

0, 108 

0,357 

l..', 

2,9''- 

0,427 

0 ,  667 

0,087 

0,333 

1  ,.5 

3,, 8 

o,36o 

0,593 

0 ,  074 

0,319 

1,6 

3,4o 

0 , 3  08 

0,540 

0 ,  o65 

o,3ii 

1  ,7 

3 ,  62 

0,264 

0,497 

o,o58 

o,3o3 

1,8 

3,83 

0,227 

0  ,  460 

0 ,  o53 

0,296 

'-9 

4,o3 

0,19.5 

0,427 

o,o48 

0,290 

■2,0 

4,23 

0,168 

0,398 

o,o44 

0,285 

■.î,i 

4,42 

0, 145 

0,374 

o,o4i 

0,281 

2,2 

4,60 

0, 126 

0,353 

0,039 

0,278 

2,3 

4,78 

0,109 

0,335 

0,037 

0,276 

2,4 

4,95 

0,095 

o,3i9 

o,o35 

0,275 

3,5 

5,11 

0,084 

o,3o6 

o,o33 

0,274 

■^,6 

5,27 

0,074 

0,293 

0,001 

0,270 

•■^.7 

5,43 

o,o65 

0,281 

o,o3o 

0,272 

2,8 

5,59 

0,057 

0,270 

o,o«9 

0,271 

'-.9 

5,7.5 

o,o5o 

0,259 

0,027 

0,270 

3,0 

5,80 

0,044 

o,25o 

0,026 

8,269 

(  2^1  ) 


PHYSIOLOGIE  AMMALE.  —  Imprégiialion  hypodermique  chez  /'Ha^menlaria 
coslala   de  Muller  (Placobdella   calentgera  de  R.  Blanchard).  Note  de 

M.  A.   KOWALEVSKY. 

«  Dans  la  séance  du  8  mai  1899,  j'ai  fait  à  l'Académie  une  Communica- 
tion sur  y Hœmentaria  costala  de  Muller,  dans  laquelle  je  décrivais  la  ma- 
nière étrange  dont  se  fait  la  copulation  ou  imprégnation  de  ces  Hirudinées  ; 
mais  alors,  je  ne  connaissais  de  ce  processus  que  les  phénomènes  exté- 
rieurs, sans  aucun  détail  interne.  En  rentrant  en  Russie,  au  mois  de  juin, 
j'ai  reçu  de  M.  le  professeur  P.  Melikoft  plus  de  4oo  Hœmentaria,  qu'il  a 
recueillies  à  mon  intention,  et  j'ai  eu  ainsi  l'occasion  d'étudier  de  plus 
près  cette  forme  curieuse.  Je  prie  M.  P.  Melikoff  d'accepter  mes  renaercî- 
ments  les  plus  cordiaux. 

»  Comme  je  l'ai  dit  dans  ma  première  Note  «  les  individus  qui  copulent 
collent  les  spermatophores  aux  orifices  génitaux  mâles  ».  En  faisant  des 
coupes  longitudinales  et  transversales  de  la  région  oij  est  attaché  le  sper- 
matophore,  j'ai  remarqué  que  son  extrémité  antérieure  traverse  les  parois 
du  corps  ol  pénètre  dans  la  cavité  cœlomique  de  la  région  clitellienne, 
immédiatement  en  arrière  an  sac  à  sperma/ophure,  c'est-à-dire  de  l'organe 
de  formation  de  ces  éléments.  Le  sperme  qui  s'échappe  du  spermatophore 
pénètre  ainsi  dans  la  cavité  cœlomique  et  se  présente  sous  forme  d'une 
niasse  floconneuse  blanche,  qui  remplit  tout  l'espace  entre  le  sac  à  sperma- 
tophore et  la  matrice. 

«  A  mesure  que  la  quantité  de  sperme  dans  le  spermatophore  diminue, 
elle  augmente  dans  l'intérieur  du  corps,  jusqu'à  ce  que  tout  le  sperme  y 
passe.  Le  spermatophore  est  alors  vide  et  se  détache.  Il  y  a  donc  transport 
et  emmagasinement  de  tout  le  sperme  du  spermatophore  dans  le  cœlome 
de  la  région  clitellienne. 

«  Cela  établi,  nous  avons  cherché  à  déterminer  avec  précision  :  i"  le 
point  par  où  le  spermatophore  pénètre  dans  la  cavité  du  corps;  2°  le  sort 
du  sperme  qui  s'accumule  dans  cette  région. 

u  Avant  de  répondre  à  la  première  question,  il  est  nécessaire  de  dire  quelques  mots 
de  la  disposition  de  l'orifice  génital  mâle.  D'après  Ch.  Robin  ('),  le  sac  à  spermato- 


(')  Charles  Robin,   Mémoires   sur    les  spermatophores  de  rjuelf/ites  Hirudinées, 

p.  .6,  pi.n,fig.<s. 


(    262    ) 

phore  des  Clepsines  s'ouvre  directement  à  l'intérieur.  En  réalité,  ce  sac  débouche  dans 
une  petite  poche  qui  le  fait  communiquer  indirectement avecYey.lérieur.  Celte  poche 
possède  donc  deux  ouvertures  :  une  interne,  placée  sur  un  petit  mamelon  (c'est  l'orifice 
du  sac  à  sperraatophore  de  Robin);  l'autre  externe  (c'est  l'orifice  génital  mâle).  Pen- 
dant que  les  spermatophores  sont  échangés,  leurs  extrémités  antérieures  sont  intro- 
duites dans  cette  poche  et,  de  là,  en  un  point  situé  en  arrière  du  mamelon  sur  lequel 
se  trouve  l'ouverture  du  sac  à  spermatophore,  pénétrent  dans  l'intérieur  du  corps. 

»  Exisle-t-il  une  ouverture  permanente,  ou  la  paroi  du  sac,  représentée  ici  par  une 
membrane  extrêmement  mince,  est-elle  perforée  au  moment  de  l'imprégnalion?  Je 
n'ai  pas  réussi  à  résoudre  cette  question,  mais  je  penche  plutôt  vers  la  seconde  hypo- 
thèse, qui  est  en  accord  avec  des  observations  de  Whitman  (')  sur  la  Clepsine  plana  ; 
notre  Hirudinée  présentait  une  autre  forme  du  même  type.  A  l'appui  de  cette  manière 
de  voir,  notons  que  nous  avons  observé  quelques  cas,  très  rares  pourtant,  où  les  sper- 
matophores étaient  attachés  directement  à  l'hypoderme. 

»  Ainsi,  nous  aurions  ici  un  type  de  hypodermic  imprégnation,  comme  le  décrit 
Whitman,  avec  cette  particularité  que  l'endroit  où  l'hypoderme  donne  passage  au 
sperme  se  trouve  à  l'intérieur  de  la  poche  génitale  mâle. 

»  11  nous  reste  maintenant  à  parler  du  sort  des  spermatozoïdes  qui  sont  parvenus 
dans  le  cœlome.  Dès  que  le  spermatophore  est  attaché,  le  sperme  commence  à  s'écouler 
en  un  double  courant  et  il  s'accumule  dans  le  cœlome  en  formant  une  niasse  blanche, 
limitée  en  avant  par  le  sac  à  spermatophore,  et  en  arrière  par  la  matrice;  le  tronc  ner- 
veux avec  le  sixième  ganglion  de  la  chaîne  nerveuse,  ainsi  que  la  portion  subjacente 
du  vaisseau  ventral,  sont  entourés  par  les  spermatozoïdes  qui,  n'étant  plus  comprimés 
comme  dans  le  spermatophore  et  ayant  perdu  ainsi  leur  disposition  régulière  en 
paquets,  occupent  maintenant  un  espace  beaucoup  plus  grand.  Presque  tous  les  com- 
partiments de  la  cavité  cœlomique  de  la  région  clitellienne  sont  remplis  par  les  sper- 
matozoïdes et  aussi  d'autres  éléments  provenant  également  du  spermatophore  ;  ce  sont 
des  cellules,  pour  la  plupart  binucléaires,  qui  semblent  phagocyter  les  spermatozoïdes, 
car  elles  en  contiennent  plusieurs  à  leur  intérieur.  Ces  deux  sortes  d'éléments  du 
spermatophore  passent  donc  dans  le  cœlome  et,  au  début  du  moins,  se  trouvent  les 
uns  à  côté  des  autres. 

»  Dès  que  le  sperme  commence  à  pénétrer  dans  le  cœlome,  les  spermatozoïdes  se 
dégagent  de  leurs  associations  en  fuseaux  et  deviennent  libres;  il  y  a,  par  suite,  aug- 
mentation considérable  du  volume  occupé  par  eux  dans  le  spermatophore.  Libres,  ils 
se  dispersent  dans  le  cœlome,  circulent  dans  les  canaux  cœlomiques  et  vont  se  concen- 
trer et  s'agglomérer  dans  deux  sortes  d'organes  :  les  organes  phagocytaires,  ou  capsules 
néphridiennes,  et  la  matrice.  Les  premiers  absorbent  les  spermatozoïdes,  de  la  façon 
dont  nous  avons  montré  qu'ils  se  comportent  vis-à-vis  de  tous  les  corps  étrangers 
qui  pénètrent  dans  le  cœlome  (bactéries,  poudres  inertes).  Peu  de  temps  après  l'im- 
prégnation, on  trouve  les  spermatozoïdes  dans  les  canaux  des  appendices  vibratiles, 
puis  dans  l'intérieur  des  capsules,  et  plus  tard  dans  les  cellules  des  capsules  néphri- 


(  '  )  C.  O.  Whitman,  Spermatophores  as  a  means  of  hypodermal  imprégnation 
{Journal  nf  Morphology,  t.  IV,  p.  878  et  suiv.;  Boston). 


(263) 

diennes;  an  bout  de  trois  jours,  il  sont  digérés  et  l'on  ne  retrouve  plus  que  des  débris. 
Les  quinze  paires  de  capsules  néphridiennes  absorbent  toutes  les  spermatozoïdes; 
mais  j'en  ai  toujours  trouvé  un  plus  grand  nombre  dans  les  capsules  néphridiennes 
antérieures.  Mais,  malgré  le  grand  nombre  (trente)  de  ces  capsules,  ce  n'est  pas  là 
que  se  trouveiit  la  majorité  des  spermatozoïdes;  ils  sont  dans  la  matrice. 

»  L'aspect  des  coupes  transversales  et  longitudinales  de  la  matrice  et  du  flocon  cœ- 
lomique  de  sperme  est  des  plus  curieux.  De  l'amas  sperraatique  se  détachent  des 
traînées  de  spermatozoïdes,  qui  s'insinuent  peu  à  peu  à  travers  les  parois  épaisses  de  la 
matrice  et  cherchent  â  pénétrer  à  l'intérieur;  ces  cordons  de  spermatozoïdes,  qui 
viennent  de  la  périphérie,  convergent  et  se  rencontrent  en  diff'érents  points  des 
parois  de  la  matrice,  où  ils  forment  des  pelotons  qui  vont  grossissant  de  plus  en  plus, 
de  sorte  que,  à  un  moment  donné  (douze  à  quatorze  heures  après  l'imprégnation),  ces 
parois  de  la  matrice  sont  parsemées  d'amas  blancs,  arrondis,  composés  uniquement  de 
spermatozoïdes.  A  mesure  que  ces  amas  grossissent,  ils  déterminent  un  amincissement 
des  parois  qui  les  entourent,  qui,  finalement,  se  perforent,  et  ils  tombent  dans  la 
matrice.  Elle  reçoit  ainsi  des  masses  de  spermatozoïdes  qui,  pour  la  plupart,  restent 
contournés  en  pelotons;  un  petit  nombre  seulement  se  disperse  sous  forme  de  fila- 
ments libres.  Les  pelotons  de  spermatozoïdes  et  les  filaments  libres  de  la  cavité  de  la 
matrice  pénètrent  dans  les  ovaires,  où  ils  circulent,  et  sont  charriés  entre  les  ovules 
ou  œufs  mûrs.  Les  œufs,  qui  se  trouvent  dans  les  canaux,  ovariens,  ne  sont  pas  tout 
à  fait  libres;  ils  sont  entourés,  outre  leur  enveloppe  propre,  d'une  couche  de  cellules 
qui  présente  sans  doute  une  certaine  résistance  à  la  pénétration  des  spermatozoïdes. 
J'ai  observé  des  Hœmentaria,  avec  des  œufs  presque  complètement  mûrs,  qui  étaient 
charriés  d'un  bout  de  l'ovaire  à  l'autre,  comme  des  noix  roulées  dans  un  sac  ;  au  milieu 
d'eux,  je  trouvais  des  pelotons  encore  tout  à  fait  complets  de  spermatozoïdes,  des  sper- 
matozoïdes libres,  ainsi  que  des  traînées  dans  les  parois  de  la  matrice. 

»  En  terminant  cette  Communication  préliminaire,  je  crois  utile  d'ajouter 
que  le  mode  d'imprégnation  que  je  décris  chez  V Hœmentaria  costata  peut 
être  regardé  comme  un  cas  particulier  du  type  de  «  hypodermical  impré- 
gnation »  de  Whitman;  on  ne  peut  guère  douter  que  chez  la  Clepsine  plana. 
et  sans  doute  aussi  chez  beaucoup  d'autres  Hirudinées,  les  spermatozoïdes 
ne  pénètrent  dans  le  cœlome  et  soient  en  plus  ou  moins  grande  quantité 
absorbés  par  les  organes  phagocytaires  et  digérés  comme  nous  l'avons  vu 
chez  V Hœmentaria  costata. 

»  Tl  serait  peut-être  à  mentionner  ici  que  l'imprégnation  est  souvent 
suivie  de  stérilité  et  qu'un  nombre  comparativement  minime  d'individus 
imprégnés  arrivent  au  développement  complet  des  ovaires  et  au  dépôt  des 
œufs  ;  au  contraire,  chez  la  majorité,  les  ovaires  ne  se  développent  pas  du 
tout,  ou,  après  avoir  atteint  une  certaine  maturité,  tombent  en  dégéné- 
rescence et  ne  sont  pas  fécondés.  Je  crois  avoir  observé  aussi  que  les  pelo- 
tons de   spermatozoïdes,  arrivés  dans  la  matrice,  sont  souvent  rejetés  au 


(  264  ) 

dehors.  Le  passage  des  spermatozoïdes  du  cœlome  dans  les  capsules  né- 
phridiennes  et  la  matrice  est  complet  en  vingt-quatre  à  trente-six  heures; 
plus  tard,  on  ne  trouve,  dans  la  région  où  était  le  sperme,  que  les  cellules 
polynucléaires  (provenant  également  des  spermatophores)  qui  disparaissent 
bientôt.   « 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  G.  Croquevielle  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  «  Sur 
certaines  affections  d'origine  cryptogamique,  connues  sous  les  noms  de 
maladies  paludéennes,  contagieuses,  épidémiques,  etc.  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie.) 


M.   E.   SuMiEN  adresse  une  Note  «  Sur  la  lutte  contre  le  PhvUoxera  ». 
(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

CORRESPONDANCE. 

L'Association'  française  pour  l'avancement  des  Sciences  invite  l'Aca- 
démie à  se  faire  représenter  à  son  28^  Congrès  qui  se  tiendra,  à  Boulogne- 
sur-Mer,  du  i4  au  21  septembre  prochain. 

L'Association  française,  répondant  à  l'invitation  de  l'Association  bri- 
tannique, se  propose  de  lui  rendre  visite  à  Douvres,  et  elle  recevra  elle- 
même,  quelques  jours  plus  tard,  les  savants  anglais.  Enfin  l'inauguration 
de  la  statue  de  Duchenne  de  Boulogne  est  fixée  au  21  septembre. 


M.   le  D"^  F.  Le  Double  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre 
parmi  les  candidats  au  prix  Mège. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 


(  265  ) 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  nébuleuse  annulaire  de  la  Lyre,  d  après  des  observa- 
tions faites  à  l' observatoire  de  Toulouse.  Note  de  MM.  Bourget,  Montan- 
GERAND  et  Baillatd.  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  Pendant  une  soirée  consacrée  à  une  visite  publique  de  l'observatoire 
de  Toulouse,  le  samedi  8  juillet,  M.  Baillaud  ayant  pointé  le  grand  téles- 
cope (o"",  83  d'ouverture  et  5""  environ  de  distance  focale)  sur  la  nébuleuse 
annulaire  de  la  Lyre,  qu'il  avait  examinée  au  même  instrument,  plusieurs 
fois  chaque  année  (sauf  peut-être  en  1898),  depuis  20  ans,  remarqua 
immédiatement  que  l'étoile  centrale  qu'il  n'avait  jamais  réussi  à  voir  étaif 
nettement  visible.  La  surprise  lui  fit  oublier  qu'il  avait  à  côté  de  lui  le 
mécanicien  de  l'observatoire,  M.  Carrère,  doué  d'une  vue  excellente,  de 
sorte  que  M.  Carrère  était  averti  quand  il  examina  à  son  tour  la  nébuleuse. 
M.  Carrère  déclara  voir  l'éloile  de  la  façon  la  plus  nette  et  d'une  manière 
continue.  L'astre  fut  examiné  successivement  par  diverses  personnes, 
notamment  par  M.  Rossard,  assistant  à  l'observatoire,  et  finalement  par 
M.  Rayet,  directeur  de  l'observatoire  de  Bordeaux,  qui  se  trouvait  à  cette 
date  à  l'observatoire  de  Toulouse.  Les  divers  observateurs  s'accordèrent 
pour  constater,  à  des  degrés  divers,  la  visibilité  de  l'étoile  centrale,  et, 
sans  conteste,  le  changement  de  la  teinte  de  la  partie  centiale  de  la  nébu- 
leuse, laquelle,  pendant  de  longues  années  depuis  18'^g,  s'était  montrée  au 
grand  télescope  de  Toulouse  aussi  obscure,  en  quelque  sorte,  que  le  fond 
du  ciel  autour  de  l'anneau,  et  olîrait  aujourd'hui  une  teinte  grisâtre,  ma- 
nifestant une  diffusion  de  la  matière  nébuleuse  dans  l'intérieur  de  l'anneau 
ou,  tout  au  moins,  pour  ne  faire  aucune  hypothèse,  une  augmentation 
sensible  de  la  visibilité  de  cette  région. 

»  Sur  l'invitation  de  M.  Baillaud,  MM.  H.  Bourget,  chargé  du  grand  té- 
lescope, Montangerand,  chargé  de  l'équatorial  photographique,  obtinrent 
dans  la  première  belle  nuit,  le  10  juillet  1899,  des  clichés  à  poses  longues 
dont  l'objet  était  la  comparaison  aux  clichés  obtenus  à  Toulouse  en  1890 
par  M.  Montangerand. 

»  Nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  L'Académie  des  positifs  agrandis 
de  ces  clichés.  Les  plus  petits  sont  agrandis  8  fois  i;  pour  les  plus  grands, 
on  aurait  voulu  un  agrandissement  de  8,5-,  de  même  format  que  l'épreuve 
du  cliché  à  pose  de  neuf  heures  présentée  à  l'Académie  en  1890.  Les  res- 

C.  K.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  5.)  35 


(  266  ) 

sources  dont  dispose  le  photographe,  M.  Lassalle,  qui  a  bien  voulu  nous 
prêter  son  concours,  et  le  peu  de  temps  qui  lui  a  été  départi,  cet  artiste 
ayant  été  absent  de  Toulouse  du  lo  au  19  juillet,  ne  lui  ont  pas  permis 
d'obtenir  de  bonnes  épreuves  avec  un  grossissement  aussi  fort.  M.  Bail- 
laud  a  pu  profiter,  le  18  juillet,  vers  minuit,  au  moment  du  coucher  de  la 
Lune,  de  conditions  atmosphériques  exceptionnelles  pour  examiner  de 
nouveau  la  nébuleuse,  avec  M.  Eourget  et  son  assistant  M.  Caubet.  La  vi- 
sibilité de  l'étoile  centrale  a  été  confirmée  par  une  estimation  géométrique 
de  sa  position  légèrement  excentrique  dans  l'intérieur  de  l'anneau,  esti- 
mation qui,  le  lendemain,  a  été  confirmée  d'une  manière  absolue  par 
l'examen  des  clichés  photographiques.  Tous  les  oculaires  du  micromètre 
à  étoiles  doubles  du  grand  télescope  ont  été  essayés;  tous  ont  donné  de 
bonnes  images;  en  définitive,  la  visibilité  de  l'étoile  a  été  la  même  avec 
tous  ces  oculaires,  un  léger  avantage  paraissant  rester  au  plus  fort  des  ocu- 
laires h  deux  lentilles. 

»  M.  MontangeranH  a  bien  voulu  comparer  avec  le  plus  grand  soin, 
M.  Bourget  étant  empêché,  les  épreuves  de  M.  Lassalle,  les  clichés  eux- 
mêmes,  les  divers  clichés  de  i8go.  Il  a  constaté  : 

»  1°  Que  quelques  étoiles  faibles  existent  incontestablement  dans  le 
vide  central  de  l'anneau  ; 

)i   2°  Il  existe  quelques  points  brillants  sur  l'anneau  même  ; 

>)  3"  L'étoile  centrale  apparaît  plus  nette  sur  les  clichés  et  les  épreuves 
(jLi'en  1890;  sur  les  clichés  nouveaux,  elle  a  très  sensiblement  l'aspect 
d'une  étoile  proprement  dite; 

»  4"  I-"i  partie  vide  centrale  de  la  nébuleuse  parait  plus  brillante 
qu'en  1890; 

))  5°  La  forme  du  bord  extérieur  sud  de  l'anneau  n'est  plus  continûment 
courbée  comme  en  1890;  ce  bord  parait  formé  de  deux  tronçons  presque 
rectilignes,  se  coupant  sous  un  angle  voisin  de  120".  A  l'extrémité  ouest  du 
tronçon  austral  se  distingue  une  éminence,  bien  plus  visible  qu'en  1890, 
comme  un  jet  de  matière  qui  s'échapperait  de  l'anneau. 

»  Un  dessin  schématique  joint  aux  six  épreuves  annexées  à  la  présente 
Communication  montre  la  position  des  étoiles  dont  l'examen  des  clichés 
permet  de  constater  l'existence. 

»  Cette  étude  sera  poursuivie  dès  que  les  circonstances  le  permettront. 
Il  s'est  produit  incontestablement  des  changements  d'éclat  très  sensibles 
dans  la  nébuleuse  depuis  vingt  ans.  Il  serait  sans  doute  intéressant  de  com- 


(  267  ) 

parer  nos  épreuves  à  celles  communiquées,  il  y  a  dix-huit  mois,  à  l'Aca- 
démie, par  l'observatoire  de  Meudon,  avec  un  télescope  de  plus  grande 
ouverture  que  le  nôtre  et  de  plus  court  fover.   » 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  p  Lyre,  faites  à  l'observatoire  de  Lyon. 
Note  de  M.  M.  Luizet,  présentée  par  M.  Lœwv. 

«  Cette  étoile  a  été  observée  à  l'œil  nu  par  la  méthode  des  degrés.  Les 
étoiles  auxquelles  elle  a  été  comparée  sont  : 


ileg 


•;  Lyre 

\>.  Hercule 1 1 . 4 

\  Hercule 7,9 


Potsdain. 

3  ,56 
3.64 
3,96 


L. 

des 

0  Hercule 5,5 

Ç  Lyre 2,5 

X  Lyre 0,0 


Potsdam. 

4,08 

» 
4.53 


»  L  est  la  valeur  moyenne  en  degrés  obtenue  pour  chaque  étoile  de 
comparaison  ;  en  regard  de  cetle  valeur,  on  a  mis  la  grandeur  donnée  par 
le  catalogue  photométrique  de  Potsdam. 

»  104  observations  ont  été  faites  entre  le  7  avril  et  le  26  décembre  1898. 
Elles  sont  toutes  contenues  dans  le  Tableau  suivant  (')  : 


Mois,  jour  et  bcnre. 
T.  M.  Taris. 


Mois,  jour  et  beure. 
T.  M.  Paris. 


Mois,  jour  et  beure. 
T.  M.  Paris. 


IV. 


V[. 


6 
■>.-i 


i5 


h      lu 

I  1 .  ."io 

10.55 
II.   8 

I  o .  .3o 
II.   9 

II  .10 
10.20 

9-   S 
9-   5 


liée 

13,  j 

7.4 

10,.^ 

8.6 

7i 

8,7 

8,9 

10.  ■> 


9.') 
0.0  11,4 
9 . 5o  6,4 
9. 10     12,2 


VI. 


\  U. 


Il 
9- 


due 
8,9 


18 
19 


2,5 

4,9 


9.10 

9.i5 
9.   5 

9.25  10,9 

9.  5  11,7 

9.35  10.2 

9.0  5 .  - 


I  I   .  .13 

9-45 
9-24 
9.3o 
9.   5 


6,7 
10,4 
10,2 

8.3 


Vil. 


Il      m 
9  ■  -55 


S 

9      9-   ■' 

I  '1     1 0 . 1 5 

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'  11.35 

16      9.10 

18       9.10 

21       9.  S 

12       g.iô 

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lies 
6,0 

7,^ 
3,5 

3,2 

1      ~ 

8,9 
12.2 
7.0 
6,5 
9,9 
9.4 
9-9 
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Vll. 


VlII. 


jour 

et  heure. 

M. 

Paris. 

I..       Il 

il      m 

lies 

- 

9.10 

12,2 

',,.40 

10,2 

afi 

9-  7 

9.4          I 

■>-, 

9.3o 

4,5       I 

28 

TO,  '|5 

^,5       I 

3o 

1    9-''' 

io,6       I 

'  1 1 .  10 

11,7       I 

1 

9.15 

1 1  ,a       1 

4 

9.3o 

'    11.25 

s, 4    >, 

9,4        ■ 

5 

II .  10 

9.4   . 

6 

I2.3o 

13,5          1 

10 

10.47 

4,2 

(')   Dans  la  colonne  R  (  Remarques),  i  signifie  lune:  ?.,  nuages;  3,  douteux,  brumes 


(  368  ) 


Mois,  Jour  el 

heure. 

Mois, 

jour  el 

heure. 

Mois. 

Jour  et  heure. 

Mois, 

Jour 

et  heure. 

T.  m.  1> 

aris. 

T 

M.  Paris. 

T. 

M.  Paris. 

T 

.  M. 

Paris. 

^ 

■ 

1,       11. 

-^ 

• 

!..        R. 

--- 



1.. 

11. 

— 

—— 

!.. 

II 

VIII.    11 

h     m 
10. 4i 

10.55 

<leB 
12,3 

VIII. 

29 

3o 

Il      m 

8.5, 

9.20 

«loi: 

6.5  I 

9.6  I 

IX. 

'9 
20 

h      m 

8.37 

8.   2 

*lee 
8.7 

>o,9 

XII. 

5 

h      m 
5.25 

5.55 

deK 
4,7 
5,0 

,aj 

11.45 

12,2 

3i 

9. ,5 

10,7     1 

21 

8.i5 

9,6 

6 

5.20 

9,2 

i3 

i6 

10.38 

10.25 

10,7 

5,2 

IN. 

^1 

9-45 
.1,45 

4,3 

5,5 

28 
29 

10.   3 

8.35 

11,8 
8,4 

.,3 

1 

8 

10 

5.i5 
5.3o 

.3,4 

7,6 

i-^ 

10.52 

6,7 

'1 

8.  5 

7,9 

X. 

10 

8.41 

10,2 

1 1 

0.3o 

7-9 

iS 

10.45 

9-9 

II.  5o 

9,4 

12 

8.3o 

5,0 

■ 

16 

5.25 

4.5 

'9 

9.40 

9,9 

J 

8.i5 

l3,2 

20 

8.3o 

6,2 

'7 

5.20 

1,8 

2 

20 

10.28 

9,4 

'\ 

12.22 

12,5 

26 

8.35 

3,5 

20 

5.28 

12,4 

.j 

8,5, 
11.35 

•,7 
2,0 

9 
12 

10.  8 
9-   4 

■0,9 

7-4 

XI. 

2 
3 

8.i5 
5.58 

6,7 
8,4 

22 

23 

5.23 
5.35 

9,7 

7,5 

3 

3 

23 

9.32 

2,8 

i3 

S.5o 

9,3 

10 

6.  5 

9,-^ 

3 

4 

5.25 

8,7 

26 

ic.iS 

l3,2       I 

.4 

8.35 

9,2 

■4 

8.10 

6,0 

3 

)B 

5.35 

10,5 

3 

»  On  a  tiré  de  ces  observations  l'époque  normale  suivante  se  rapportant 
h  un  minimum  principal  : 

1898     Aofit  22     •îoi'46°'±oi'49"'- 

»   Ce  minimum  a  eu  lieu  environ  i3''34"'  après  le  moment  indiqué  par 
l'éphéméride  publiée  dans  l'Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes  pour  1898. 
»   Les  éléments  de  Schur  : 

i855  Janv.  6,63i  (T. M.  Paris)4-  i2,9079i3E  -+-  o, 000 oo3 6.57  E- —  0,000000000  i^E', 

qui  ont  servi  à  calculer  cette  épbéméride,  ne  satisfont  donc  pas  aux  obser- 
S^ations  actuelles. 

»  [J  n'en  est  pas  de  même  de  ceux  qui  ont  été  donnés  par  M.  Pan- 
nekœk  (')  : 

i85.')  Janv.  6, 6 10 (T. M.  Paris) h-  i2,9o8oo9E  +  o,ooooo3855E' —  0,000 000 000 047 E^. 

»  En  eftét,  d'après  ces  éléments,  le  minimum  du  22  août  1898,  qui  cor- 
respond à  l'époque  E  =  i234,  doit  avoir  lieu  à  2i''o"et  celle  heure  ne 
diffère  de  celle  déduile  de  mes  observations  que  d'une  quantité  bien  infé- 
rieure à  l'erreur  probable  dont  elle  est  affectée. 

»   D'autre  part,  la  courbe  de  lumière  tracée  à  l'aide  des  io4  observa- 


(')  Pannkk»:k,  Untersuclian^en  iiber  den  Lic/itivpc/isel  voit  ^Lyrœ. 


(   269  ) 

lions  contenues  dans  le  Tableau  ci-dessus,  en  prenant  pour  orig;ine  les 
niinima  calculés  d'après  les  éléments  de  M.  Pannekœk.  montre  que  : 

))    1°  L'intervalle  en  temps  entre  le  minimum  principal  /n,  et  le  i"""  maxi- 
mum M,  est  : 

M,—  w,=  3J6'>i4'"; 

entre  m,  et  le  minimum  secondaire  m^  : 

m^~  /«,==  6J 1 1''46"'. 
et  entre  m,  et  le  2*  maximum  M^  : 

Mj — /w,  =  9J2o'' lo™. 

ileg 

»   2°              L'éclat  au        minimum  /«,  correspond  à L  =    2,20 

»          I""' maximum  M,              »            L=:  11,71 

»          1'  minimum  in^             n            ....  L=    6,2.5 

»          2"  maximum  M^             »            L  :r=  1 1 ,07 


ASTRONOMIE.   —  Sur  l'étoile  variable  du  type  Algol  (DM.  +12",  3557). 
Note  de  M.  Luizet,  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  La  variabilité  de  cette  étoile  a  été  annoncée  par  M.  Sawyer,  en  1898, 
dans  The  Astronomical  Journal,  n"  447,  et  dans  le  n"  450,  il  donne  les  élé- 
ments provisoires  suivants  : 

Minimum  189S  octobre  3,  54  (T.  M.  Gr.  )-»- 01,89  E, 

»   Depuis  le  i"  mai  1899,  je  l'observe  régulièrement  à  l'observatoire  de 
Lvon  à  l'aide  d'une  jumelle  de  grossissement  5. 
»  Les  étoiles  auxquelles  elle  est  comparée  sont 


L. 

Sawj'er, 

Potsdam 

(i855,o)  DM. +10*3532 

h         Ijl        s 

a  =  l8.23.    7,1 

o  =  -t-io.23i3 

11,1 

7,12 

-t-i3,3658 

18.22.48,1 

4-i3.46,o 

7>9 

7.27 

7,12 

-1-13,3677 

i8.25.3o,3 

+  13.37,8 

6,2 

7.47 

7,36 

-1-12,3598 

18.29.54,8 

+  12.52,8 

5,3 

7,58 

7,48 

-(-12,3546 

18.22.47,6 

+  12.21,8 

0,0 

)> 

>J 

»  Cette  étoile  variable  est  du  tvpe  Algol,  et,  d'après  les  1 1 7  mesures  que 
j'ai  pu  faire  jusqu'à  ce  jour  (19  juillet),  son  éclat  est  constant  pendant 
i7*'28™;  il  diminue  pendant  i''58'"  et  augmente  pendant  i''55";  la  durée 
de  sa  variation  est  donc  de  3''53"  environ. 


(   270  ) 

»  Le  maximum  d'éclat  correspond  à  L  =  8'^"^,^  de  l'échelle  de  lumière 
ci-dessus,  et  le  minimum  à  L  ^  2''*^,  2. 

»  Enfin,  la  durée  de  la  période  indiquée  provisoirement  par  M.  Sawyer 
est  un  peu  forte  :  je  la  trouve  égale  à  0^,8893,  au  lieu  de  0^,89. 

»   D'après  ces  observations,  les  éléments  de  cette  étoile  variable  seraient 

donc  : 

Minimum  1898  octobre  3,  iS'Mo™  (T.  M.  Paris')  -H  2i''r>o'",5  E. 

))  La  courbe  de  lumière  sera  donnée  ultérieurement  lorsque  l'on  dis- 
posera de  toutes  les  observations  correspondant  à  la  période  actuelle  de 
sa  visibilité.  » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  les  méthodes  de  M.  Lœwy  pour  la  dèlermination 
des  latitude?).  INote  de  MM.  W.  Ebert  et  J.  Perchot,  présentée  par 
M.  Lœwy. 

«  M.  Lœwy  a  appelé  précédemment  l'attention  des  astronomes  sur  l'im- 
portance des  observations  d'étoiles  voisines  du  pôle  pour  la  mesure  des 
latitudes.  Il  a  indiqué  plusieurs  méthodes  à  cet  effet.  Nous  avons  déjà  ap- 
pliqué, en  collaboration  avec  M.  Renan,  celle  qui  consiste  à  observer  une 
même  étoile  dans  deux  positions  symétriques  par  rapport  au  premier  cercle 
horaire  (^Comptes  rendus  du  5  décembre  1898). 

»  Les  difficultés  que  nous  avons  rencontrées  dans  ce  travail  provenaient 
principalement  des  variations  de  l'état  du  ciel  et  du  petit  nombre  des  étoiles 
qui,  au  commencement  de  la  soirée,  se  trouvaient  à  une  distance  du  pre- 
mier cercle  horaire  égale  à  la  moitié  de  l'intervalle  choisi  entre  les  deux 
observations.  En  cherchant  à  nous  affranchir  de  ces  deux  inconvénients, 
nous  avons  été  conduits  à  reprendre  une  idée  très  ingénieuse  de  M.  Lœwy. 
Nous  avons  retrouvé,  par  des  calculs  différents,  une  formule  déjà  obtenue 
i)ar  lui  et  avec  laquelle  on  peut,  en  introduisant  les  données  de  la  pendule, 
déduire  la  collimation  polaire  des  deux  observations  d'une  étoile  très  voi- 
sine du  pôle,  sans  s'astreindre  à  la  symétrie  par  rapport  au  premier  cercle 
horaire.  C'est  l'objet  de  la  présente  Note. 

»  Nous  employons  les  mêmes  notations  que  dans  nos  précédentes  Com- 
munications sur  les  méthodes  de  M.  Lœwy,  le  même  système  de  coordon- 
nées, et  nous  désignons,  en  outre,  par  t'  et  t"  les  angles  horaires  ài^ 
l'étoile  aux  moments  des  deux  observations. 


(  271  ) 
11   Nous  avons  ainsi  : 
Pour  la  première  observation. .  .     A'  =  «'  -f-  o'  sinx'.  P'  =  1'  +  p'  cost' 

Pour  la  seconde  observation  ...     A":=:  n"w-  p"  sin-r' ,  P"=:  V  H-  p"cost' 

Nous  en  tirons  | 

A"—  à'  =  n"  --  «'+p(sinT"  -  siiiT'), 

P"-HP'  =  rH   V  +  p(cost"+cost'). 
El  en  posant 


„/ 


2 

nous  trouvons 


=  S, =  c/,         Il  —  Il  =  an,         :=  >., 


A  —  A'^=  dn  H-  2p  sinr/  cos*, 

P" -I-  P'=  2  A  -T-   :!p  C0SC/C0S5. 

»    Nous  éliminons  2pcosj  et  nous  a\nns  : 


P"+P'  A"_i'  dn       ,    , 

coX(l  -\ cola. 


»  Ees  coordonnées  P',  P",  A',  A"  sont  données  directement  |)ar  les  deux 
observations;  dn,  variation  de  Vn  de  Bessel  pendant  l'intervalle,  est  déter- 
minée par  les  mires  et  le  nadir;  r/,  demi-différence  des  heures  sidérales, 
est  indiquée  par  la  pendule. 

>i  La  formule  précédente  fait  donc  connaître  \,  coUimation  polaire  cor- 
respondant au  nadir  moyen. 

)i  Cherchons  successivement  l'influence,  sur  \,  des  erreurs  commises 
sur  d  et  sur  les  coordonnées  A',  A",  P',  P". 

»   Nous  avons,  en  ne  considérant  que  les  termes  principaux, 

^   .  A"- A'        I       .   , 

2  Slll^fl 

)i  En  supposant  la  distance  polaire  de  l'étoile  inférieure  à  20',  l'inter- 
valle de  deux  observations  au  moins  égal  à  quatre  heures,  et  une  erreur 
de  cinq  secondes  sur  la  différence  des  temps  sidéraux,  la  valeur  de  S,X  est 
encore  moindre  qu'une  seconde. 

«  D'autre  part,  à  une  erreur  probable  s  sur  chacun  des  P  et  des  A,  cor- 
respond sur  \  l'erreur 

§.,>.  ^  -Ji  +■  2coi-d  = 


y/2  sinrf 

Pour  un  intervalle  de  quatre  heures ojX  =  Ey/2 

Pour  un  intervalle  de  siv  heures o.,X  ■=:  s 


(    272    ) 

»  L'erreur  provenant  du  terme  en  dn,  qui  résulte  des  variations  instru- 
mentales est,  elle  aussi,  sensiblement  atténuée  quand  on  observe  à  six 
heures  d'intervalle. 

»  Enfin,  pour  diminuer  l'importance  des  erreurs  commises  sur  les  pas  de 
vis  micrométriqiies  en  ascension  droite  et  en  déclinaison,  on  doit  faire  en 
sorte  que  les  moyennes  des  P  et  des  A  pour  les  premières  observations  et 
pour  les  secondes  soient  aussi  petites  que  possible.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Les  variations  de  l'horizon  apparent. 
Note  de  M.  F. -A.  Forel. 

«  Dans  le  cours  d'études  sur  les  réfractions  et  mirages  à  la  surface  du 
Léman  (voir  Comptes  rendus,  20  juillet  1896)  j'ai  recueilli  un  bon  nombre 
d'observations  sur  le  déplacement  de  l'horizon  apparent  par  rapport  à 
l'horizon  vrai.  Vu  l'intérêt  pratique  de  mes  résultats  qui  complètent  heu- 
reusement ceux  du  professeur  E.  Kayser,  de  Dantzig,  et  du  lieutenant  R. 
Ross,  de  la  Pola,  je  crois  devoir  communiquer  les  conclusions  auxquelles  je 
suis  arrivé. 

»  Mes  observations  ont  été  faites  à  Morges,  dans  un  laboratoire  au  bord  du  lac,  où  je 
dispose  d'une  vue  libre  sur  un  horizon  de  16''™  de  longueur;  une  bonne  lunette  astro- 
nomique, établie  sur  un  pilier  de  maçonnerie,  est  à  2™  ou  3""  au-dessus  de  la  nappe  du 
lac,  suivant  la  saison  ;  le  cercle  de  l'horizon  normal  est  donc  distant  de  S*"™  à  6'""  de  ma 
station.  Je  détermine  la  position  de  Vhorizon  vz-ae  (  tangente  géométrique)  par  des  vi- 
sées d'une  cime  de  montagne  (visée  directe  et  visée  sur  un  horizon  artificiel)  ;  je  n'ai  à 
y  apporter  que  la  correction  de  la  dépression  de  l'horizon  résultant  de  la  hauteur  de 
mon  œil  au-dessus  du  lac,  pour  apprécier  la  différence  angulaire  entre  rAo/7;o«  appa- 
rent de  chaque  observation  et  l'horizon  vrai.  L'horizon  apparent,  lia,  est  tantôt  plus 
élevé,  tantôt  moins  élevé  que  l'horizon  vrai, /ii'.  Les  607  observations  valables  dont  je 
dispose,  du  25  octobre  1898  au  3o  juin  1899,  m'ont  donné  pour  ha — h\-  les  valeurs  ex- 
trêmes -hôoi  "  et  — 272",  représentant  une  variation  totale  de  770",  soit  de  prés  de  i3' 
de  degré. 

»  Les  différents  facteurs  qui  font  varier  la  position  relative  de  l'horizon 
apparent  sont:  la  température  de  l'air,  celle  de  l'eau,  l'humidité  de  l'air, 
l'agitation  de  l'air,  la  direction  et  la  qualité  du  vent,  la  pression  atmosphé- 
rique. Le  plus  important  est  certainement  la  température  entre  l'air  et  l'eau  ; 
je  mesure  la  première,  ta,  dans  la  couche  d'air  qui  baigne  ma  lunette,  la 
seconde,  te,  dans  le  lac  au  rivage,  à  quelques  mètres  de  mon  laboratoire. 


(  273  ) 
))   J'ordonne  en    fonction  de  ta  —  te  mes  observations  et  j'en    tire   les 
moyennes  du  Tableau  suivant  : 


V.ilcurs  de  ha  —  le 


ta  - 

-  te. 

Nombre 
d'observations. 

extrêmes. 

moNoiine 

—9,0   ? 

-S".  1 

7 

— 262   à    - 

-ii5 

—  207 

—8,0 

—7-' 

5 

—  261 

-   i3 

—  io4 

— 7'0 

-6,1 

8 

—  217 

-  93 

-.64 

—6.0 

— 5.0 

-5,1 
—4,  ' 

■  4 

32 

—  204 

-■47      - 

pii3 
-   i3 

—  1 53 

-  94 

-4.0 

—  3,1 

20 

-145    - 

-    25 

-  7« 

—  3,0 

— 2, 1 

37 

-175    - 

-.54 

—  59 

—  2,0 

—  I ,  • 

36 

-.34    - 

-  74 

—  35 

—  I  ,0 

0,0 

48 

—290     - 

-,43 

-h     3 

0,0 

+  1 ,0 

54 

-i33       - 

-2,5 

-h  56 

-hi,  I 

-H2,0 

56 

—  82 

t-283 

H-  79 

+2,1 

+  3,0 

56 

^   i5 

1-486 

-M2I 

+3,. 

-1-4, 0 

3o 

—     5 

h463 

-H  162 

+4,1 

-(-5,o 

'7 

-     6 

f-36o 

-h.  46 

-1-5,1 

-t-6,0 

'  / 

—    10 

+-4o2 

-J-iSg 

+6,1 

+7," 

1 1 

-1-162 

h5oi 

-h2.56 

^7'' 

A     -1-8,0 

I' 

-+- 1 85  à 

^489 

4-3.30 

»  Les  écarts  considérables,  en  dehors  des  m(^yennes,  montrent  que  les 
facteurs  autres  que  la  différence  de  températurp  entre  l'air  et  l'eau  inter- 
viennent pour  causer  ces  réfractions  de  rayon  tangent.  Je  ne  suis  pas 
encore  arrivé  à  les  démêler  d'une  manière  pratique.  Mais,  en  attendant,  je 
crois  devoir  indiquer  la  correction  moyenne  à  apporter  aux  lectures  angu- 
laires qui  prennent  pour  base  l'horizon  marin  apparent;  ces  corrections 
diminueront  de  moitié  au  moins  l'erreur  possible  de  ces  observations  : 


hrl  —   h\- 


—6,5 

—3 

-1-0,5 

-1-0.5 

— 5,5 

-2,5 

+  1,5 

+  1 

-4,5 

—1 

+  2,5 

+  1,5 

-3,5 

-1,5 

^-3,5 

+2 

-2,, 5 

—  I 

+  4,5 

+  2,5 

— 1,5 

— 0,5 

-  5 , 5 

+3 

—0,5 

— 0 ,  25 

»   Je  puis,  en  outre,  donner  quelques  règles  pratiques  sur  l'incertitude 
de  telles  observations  : 

»    T°  L'erreur  possible  sur  la  position  de  l'horizon  vrai,  déduite  de  l'ob- 

C.   R.,  i.'Jcii,.  2-  S.mestrt.  (T.  CXMX,  N"  5.)  36 


(  274  ) 
servation  de  l'horizon  apparent,  esl  plus  grande  quand  l'air  est  calme  que 
quand  il  est  agité  ; 

»  0."  L'erreur  possible  est  plus  forte  quand  la  valeur  ta  —  ^eest  positive 
(quand  l'air  est  plus  chaud  que  l'eau)  que  quand  elle  est  négative; 

»  3"  Les  observations  sont  le  plus  incertaines  quand  le  temps  est  caïme 
et  l'air  plus  chaud  que  l'eau.  Par  conséquent,  les  observations  de  la  ma- 
tinée sont  meilleures  que  celles  de  l'après-midi.   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  de  P/aff.  Note  de  \L  E.-O. 
LovETT,  présentée  par  M.  Darbonx. 

u  A  propos  de  la  Note  de  M.  Guldberg,  Sur  les  équations  aux  différen- 
tielles totales  linéaires,  présentée  par  M.  Picard  à  l'Académie  le  26  décembro 
1898,  on  trouve  que  la  proposition  de  M.  Guldberg,  concernant  les  solu- 
tions singulières  des  équations  de  Pfaff  non  intégrables,  peut  être  rem- 
placée par  le  théorème  plus  général  suivant  : 

»  Une  équation  aux  différentielles  totales  linéaires  {équation  de  Pfaff,  in- 
fégrable  ou  non  intégrable) 

(1)  '^Vi{x^,Xi,  ...,x„)dXi—o 

1  =  1 

peut  admettre  des  intégrales  singulières  <p(.r, ,  a% a  „)  =  o,  dont  la  déter- 
mination se  fait  sans  intégration. 
»   En  efFet,  soit 

(•2)  U/=2  ^'(-^i-  ■^:; '"^5^.  /(^"  ^"^ ^«)' 

une  transformation  ponctuelle  infinitésimale  que  l'éqnalion  (1)  admet  ;  les 
conditions  pour  que  cette  invariance  ait  lieu  sont  exprimées  p;u'  les  équa- 
tions 

(3)       '"^     ^'         ^""^      R      ~^-- 


(    2,5    ) 

1)  Donc,  par  une  extension  simple  aux  équations  de  Pfalîde  la  méthode 
de  Sophus  Lie  (  '  )  pour  l'intégration  des  équations  différentielles  ordinaires 
(lu  premier  ordre,  on  voit  que 


(4) 


2;p,-^,=o 


est  une  intégrale  singulière  de  l'équation  (i),  car  les  trajectoires  de  la 
transformation  infinitésimale  (2)  se  déterminent  par  l'intégration  du 
sj'stème  simultané 


(5) 


17 


djc. 


dx„ 


dt. 


»  Ce  résultat  fournit,  en  même  temps,  la  généralisation  pour  une 
équation  de  Pfaff  quelconque,  intégrable  ou  non  intégrable,  d'un  théorème 
donné  par  M.  Page  (-)  pour  les  équations  différentielles  ordinaires  du 
premier  ordre. 

»  Pour  faciliter  les  calculs  dans  l'application  de  cette  méthode,  il  est 
quelquefois  préférable  de  se  servir  du  système  des  équations  aux  dérivées 
partielles  : 

Pi    '        /'•-  '"  Pn 


(6) 


équivalent  à  l'équation  (1),  et,  au  lieu  du  critérium  (3),  du  critérium  de 
Lie  pour  l'invariance  d'un  système  (complet  ou  incomplet)  : 


r. 


1=1 
relativement  à  la  transformation  infinitésimale  (2),  savoir 

(8)  (u,v,.)^y2p>(^"^^ ^")^>/- 

»   Exemples.  —  Les  équations  de  Pfaff 

(9)  {y  '^ y^^'  ~ y^)  ^^^  -f-  (a-  +  x^y  —  xz)  dy  —  dz  =  o. 


(10) 


{y  ~~  J'^  ^~.)'^)  ^'"^  -h  (x  -h  x-y  —  xz)  dy  ~  dz  z=o, 


(')    Vorlesungeii  uber  Differentialgleichungcit ,  Leipzig,  1891. 
(-)  American  Journal  of  Matheinatics,  1896. 


(  276  ) 
admettent  l'une  et  l'aulrc  la  transformation  infinitésimale 

comme  on  le  vérifie  facilement  au  moyen  des  critériums  (3)  ou  (8)  ;  |)ar  con- 
séquent, toutes  les  deux  ont  l'intégrale  singulière 

z  —  xy  =  o. 

»   L'équation  (9)  est  intégrable;  la  méthode  de  M.  Guldberg  n'est  donc 
jjas  applicable  à  cet  exemple;  d'après  la  théorie  de  Lie  la  fonction 

{z-œyr 
osL  lin  miilliplicaLenr  de  l'équation;   on    trouve  ainsi  l'intégrale  générale 

XY  -+-  log(.zr)'  —  s).   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  cols  des  équations  différentielles.  Nolo 
de  M.  Henri  Dui.ac,  présentée  par  M.  Appell. 

«  On  sait  qu'une  équation  différentielle  du  premier  ordre  peut,  en  gé- 
néral, dans  le  voisinage  d'un  point  singulier,  se  mettre  sous  la  forme 

(i)  {x  ^  ..  .)dy  =  dx{—\y -\- . . .). 

')  Les  coefficients  de  dy  et  de  dx  sont  des  fonctions  holomorphes  de  x 
<t  <le  y  dans  le  voisinage  de  a;  =  i-  =  o;  les  termes  non  écrits  sont  de 
degré  supérieur  au  premier. 

»  Dans  le  cas  où  \  n'est  pas  un  nombre  réel  positif,  M.  Poincaré  a  donné 
la  forme  de  l'intégrale  générale  de  cette  équation.  Il  résulte  de  cette  forme 
que  l'équation  admet  une  infinité  d'intégrales  pour  lesquelles  a;  et  y  ten- 
dent simultanément  vers  zéro.  Ce  résultata  été  obtenu  d'une  autre  façon 
par  M.  Picard.  Le  cas  oi!i  >.  est /w.«/{/ échappe  à  ces  recherches.  On  peut 
se  demander  si,  dans  ce  cas,  lorsque  x  et  y  varient  dans  le  champ  com- 
plexe, il  existe  une  infinité  d'intégrales  allant  passer  par  l'origine.  La  plu- 
part des  auteurs  penchaient  vers  la  négative  (').  J'ai  pu  montrer,  au  moins 


(')  Voir  PiCAHi),   Traité  d'Analyse,  l.  III,  p.  3o.   Plus  loin,   M.   Picard  démontre 
que  dans  le  champ  réel  il  n'y  a  que  deux  intégrales  j>assanl  par  l'origine. 


(  ^77  ) 
pour  le    cas    on    a  est  cornmensurahle,   qu'il  y  a   n-'^c   infinité  ci  intégrales 
allant  passer  par  l'origine. 

»    Supposons  >.  positif.  Il  est  toujours  possible  et  il  sera  commode  pour 
certains  raisonnements  de  mettre  l'équation  sous  la  forme 

(2)  xdy  +  K(^/.r  l'A  -f-  Jîy(i  +  . . .)]  =  o. 

))   En  clifrchanl  l'intégrale  générale  de  celte  équation  on  obtient 


(3) 


y£f'(i  +  V'f,  +7-©2  + v^'fa-l-.. .)  =  const., 


où  les  ff)  sont  di's  fonctions  de  x.  L'argument  dp  x  étant  0  et  son  module  p, 
cette  série  sera  convergente,  si 


Op  |<  /?■  et 


valeur  de  /■. 


le  peut  être  pris  arbitrairement;  i  dépend  de  h 

»  Ce  développement  permet  de  montrer  que  l'intégrale  dont  les  valeurs 
initiales  sont  a;„,  r„,  prend,  pour  une  valeur  dp  x,  une  valeur  y  très  petite, 
si  j-ji  est  suffisamment  petit. 

»  On  peut  aussi  montrer  que,  si  .r  ne  tend  pas  vers  zéro,  suivant  un 
chemin  tel  que  |  pO  |  croisse  indéfiniment,  il  n'y  a  pas  d'intégrales  pour 
lesquelles  a;  et  y  tendent  simultanément  verS|zéro.  Cette  conclusion  peut 
encore  se  déduire  de  la  remarque  faite  par  M.  Picard  que,  si  x  tend  vers 
l'origine  suivant  un  chemin  de  longueur  finie,  il  n'y  a  pas  d'autre  intégrale 
que  y  =  o.  | 

»  Il  suit  de  là  que,  pour  toute  intégrale  différente  de  j  ==  o  et  passant  par 
l'origine,  le  produit  du  module  par  l'argument  de  chacune  des  variables  x 
et  y  devra  croître  indéfiniment.  De  pareilles  intégrales  existent.  Foijr  le 
voir,  il  suffit  de  considérer  l'équation 

.rrfy(2  —  xy)  -i- ydxi^i  +  xy)  =  o, 

dont  l'intégrale  générale  est  donnée  par 


X  ■■ 


\/Ti 


fi 


»  On  doit  remarquer  que  la  condition  donnée  est  relative  au  cas  oii  les 
variables  ont  été  choisies  de  telle  façon  que  l'équation  prenne  la  forme  (2). 
Si  les  variables  n'étaient  pas  telles  que  ,r  =  o  et  j'  =  o  soient  deux  courbes 


(  278  ) 
intégrales,  elles  pourraient,  dans  certains  cas,  tendre  toutes  les  deux  vers 
zéro,  sans  que  leur  argument  augmentât  indéfiniment. 

1)   On  peut,  dans  l'é.tude  de  l'équation  (2),  distinguer  trois  cas  : 

»  i"  \  est  commensurable,  mais  des  conditions,  en  nombre  infini,  per- 
mettant de  mettre  les  <p  de  l'intégrale  (3)  sous  la  forme  de  polynômes  en  a; 
ne  sont  pas  remplies.  Les  o  sont  des  polynômes  en  x  et  logo;.  La  série 
formée  par  les  ternies  qui  ne  contiennent  pas  log.r  peut  être  divergente.  Si 
elle  est  convergente,  on  peut  donner  une  forme  de  l'intégrale  générale  de 
l'équation,  valable  quels  que  soient  a;  et  y,  supposés  suffisamment  petits. 
Dans  tous  les  cas,  on  peut  démontrer  qu'il  existe  toujours  une  infinité  d'in- 
tégrales passant  par  l'origine.  Si  w  et  6  sont  les  arguments  de  y  et  de  x,  la 
somme  cd  -f- ).0  tend,  pour  ces  intégrales,  vers  une  limite  finie. 

»  L'étude  faite  par  M.  Poincaré  (Journal  de  Mathématiques  ;  i885)  d'un 
foyer  d'une  espèce  particulière  montrait  que,  si  >.  est  égal  à  un,  il  peut  y 
avoir,  dans  certains  cas,  une  infinité  d'intégrales  passant  par  l'origine. 

»  2°  X  est  commensurable  et  les  conditions  dont  il  a  été  parlé  sont  rem- 
plies. Les  «p  sont  alors  des  polynômes  en  a?  et,  en  partant  de  la  condition  de 
convergence  donnée,  on  montre  que  la  série  (3)  converge  pour  cr  et  j  suf- 
fisamment petits.  Il  ne  passe  par  l'origine  que  les  intégrales  x=^o,  j  =  o. 

»  3°  >.  est  incommensurable.  Les  cp  sont  des  polynômes  en  x  eta-^.  On 
peut  trouver  un  développement  de  la  forme  (3)  satisfaisant  formellement 
à  l'équation,  les  tp  étant  des  polynômes  en  r  seulement;  mais  ce  dévelop- 
pement peut  être  divergent.  Dans  les  cas  où  il  est  convergent,  il  est  bien 
évident  qu'il  n'y  a  que  deux  courbes  intégrales  a;  =  o  e\.y=^o,  passant 
par  l'origine.  Il  paraît  vraisemblable  qu'il  en  est  toujours  de  même. 

«  Considérons  maintenant  le  cas  oii  1.  est  ««/dans  l'équation  (i). 

n  Cette  équation  peut  alors  toujours  se  mettre  sous  la  forme 

{x  +  . .  .)dy  -)-j'"+' dx  =  o. 

■)   Si  l'on  cherche  à  y  satisfaire  par  un  développement 

x  —  ay-  -t-  by'^  4-  . .  • 

on  obtient  une  série  qui  peut  être  convergente.  Dans  ce  cas,  l'équation 
admet,  outre  y  =  o,  une  seconde  intégrale  pour  laquelle  l'origine  n'est 
pas  un  point  transcendant. 

M  En  posant  y  =  tx,  on  met  facilement  en  évidence  une  infinité  d'inté- 
grales passant  par  l'origine.  Pour  ces  intégrales,  si  ip  est  l'argument  de  r, 


(  279  ) 
coswcp  lend  vers  o.  Par  une  méthode  différente,  on  peut  démontrer  qu'on 
obtient  une  infinité  d'intégrales  transcendantes  x  =^  f{y)  tendant  vers  o, 
en  fiiisant  tendre  y  vers  l'origine  de  telle  manière  que  coswcp  soit  positif. 
Ce  résultat  avait  été  mis  en  évidence  par  Briol  et  Bouquet,  dans  le  cas  par- 
ticulier où  l'équation  admet  la  seconde  intégrale  algébroïde,  dont  il  a  été 
parlé.  Le  cas  général  n'est  pas  réductible  à  ce  cas  particulier  par  les  pro- 
cédés qu'ont  donnés  Briot  et  Bouquet.    » 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  changements  d' è;m  du  fer  e1  de  l'acier. 
Note  de  M.  H.  Le  CnATELiEn. 

«  I^a  découverte  par  Gorre  et  Barrett  de  la  récalescence  de  l'acier,  la 
découverte  par  M.  Osmond  des  deux  transfoifmations  du  fer  ont  été  le 
point  de  départ  d'nn  nombre  considérable  de  travaux.  Mais  bien  des  obscu- 
rités subsistent  encore;  l'emploi  systématique  (réchauffements  ou  de  re- 
froidissements très  rapides  a  eu  pour  effet  dexagérer  l'importance  des 
retards  aux  transformations.  Il  est  fort  difficile  alors  de  distinguer  ce  qui 
appartient,  soit  au  phénomène  réversible  lui-uiême,  soit  aux  résistances 
passives  antagonistes. 

»  Je  me  suis  proposé  d'étudier  ces  transformations  au  moyen  de  mesures 
de  dilatation,  faites  à  température,  sinon  tout  à  fait  stationnaire,  au  moins 
ne  variant  que  très  lentement. 

»  1,  Point  de  récalescence  de  l'acier.  —  Cette  transformation,  la  mieux 
connue  des  trois,  correspond  à  un  point  eutectique  tout  à  fait  semblable  au 
point  de  solidification  minimum  des  mélanges  de  glace  et  de  sel;  il  se 
forme,  par  refroidissement,  des  lamelles  alternantes  de  cémentite  et  de  fer- 
rite, c'est-à-dire  du  carbure  FeHJ  et  du  fer  pur,  aux  dépens  d'une  solution 
solide  de  ces  deux  corps  (martensite).  On  pouvait  penser  qu'il  se  produi- 
rait à  ce  point  un  simple  changement  de  volume,  comme  dans  la  fusion  ou 
la  dissolution  de  tous  les  corps  et  que,  de  part  et  d'autre  de  ce  point,  la 
dilatation  suivrait  une  loi  régulière.  Il  n'en  est  rien  ;  il  se  produit  successi- 
vement deux  changements  de  dimensions,  de  sens  inverse,  qui  se  com- 
pensent à  peu  prés  exactement  dans  l'acier  normal  à  0,9  pour  100  de 
carbone. 

))  Le  Tableau  suivant  donne,  à  température  montante,  les  dilatations  d'un  semblable 
ncier,  exprimées  en  millimètres  et  rapportées  ;i  une  longueur  de  100™".  La  lii;ne  inli- 


(     2.So    ) 

tulée  différence  exprime  la  différence  entre  la  dilatation  observée  et  le  prolongement 
des  dilatations  correspondant  au\  températures  inférieures  an  point  de  transformation. 

Première  expérience. 

Température 600»        760»  775°  800°  SSo»  860°  gSo" 

Dilatation 0,82        i,o5  0,96  1,00  1,12  i,ao  i,34 

Différence »  »  — 0,11        — 0,11        — 0,06  »  » 

Seconde  expérience. 

Température SiS"       Soc"  690°  775°  800"  85o°  900" 

Dilatation o,35       o.63  0,98  i,o6  0,98  i,i4  ',25 

Différence »  "  »  »  — o,i3       — o,o4        —0,01 

»  Le  changement  total  maximum  atteint  donc  o""",  1 15,  nombre  double 
de  celui  qui  a  été  trouvé  par  M.  Svedelius  (  '  ).  Dans  les  expériences  de 
ce  savant,  réchauffement  très  rapide  ne  durait  en  tout  que  deux  minutes; 
dans  les  miennes,  il  a  duré  plusieurs  heures.  La  coïncidence  de  la  courbe 
de  dilatation  au-dessus  du  point  de  transformation  avec  le  prolongement 
de  la  courbe  inférieure  résulte  de  la  succession  immédiate  de  deux  chan- 
gements égaux  et  de  sens  contraire.  Un  semblable  fait  est  aujourd'hui  sans 
aucune  analogie  connue. 

»  2"  Transformai  ion  magnétique  du  fer.  —  Celte  transformation, 
d'après  les  observations  de  M.  Curie  et  de  M.  Osmond  sur  le  magnétisme 
du  fer,  ne  serait  pas  brusque,  comme  cela  a  lieu  dans  tous  les  phénomènes 
similaires.  En  réalité,  les  expériences  faites  ne  sont  pas  décisives  et  cela 
pour  deux  molifs  :  on  n'a  pas  réussi  à  séparer  le  phénomène  réversible 
des  retards  à  la  transformation;  d'autre  part,  le  magnétisme  doit,  comme 
la  chaleur,  le  travail  mécanique,  être  une  des  conditions  déterminantes  des 
transformations,  et  alors  la  continuité  ou  la  discontinuité  dans  la  transfor- 
mation dépendra  des  circonstances  de  l'expérience.  C'est  ainsi  qu'à  pres- 
sion constante  un  liquide  présente  un  point  d'ébuUition  défini,  tandis  qu'il 
n'en  présente  pas  à  volume  constant. 

»  Les  tentatives  que  j'ai  faites  pour  étudier  le  changement  de  dimensions 
correspondant  à  cette  transformation  ont  échoué;  ce  changement  doit, 
par  suite,  être  très  faible,  mférieur  à  o™'",i  sur  100""°,  ce  qui  correspond 
à  la  limite  de  précision  de  mes  observations. 

(')   Phil.  Mag..  t.  XCVI,  août  1898. 


(  s8i   ) 

»  Des  recherches  semblables  faites'  sur  le  nickel  m'ont  montré  que  la 
transformation  correspondant  à  la  perte  des  pro[)riétés  magnétiques  se  fait 
certainement  d'une  façon  continue,  dans  un  intervalle  notable  de  tempé- 
rature, de  35o°  à  380°. 

»  On  est  donc  en  droit  d'admettre  par  raison  d'analogie  que,  dans  le  fer 
comme  dans  fe  nickel,  la  transformation  en  question  se  fait  d'une  façon 
progressive,  même  en  dehors  de  tout  champ  magnétique.  C'est  là  un  fait 
très  important,  car  il  constitue  un  exemple  unique  parmi  toutes  les  trans- 
formations connues  des  corps  définis. 

)i  Solides.  —  Il  n'y  a  que  les  liquides  et  les  vapeurs  qui  présentent  de 
semblables  phénomènes  :  telles  la  transformation  dû  soufre  fondu,  celle 
des  vapeurs  de  peroxyde  d'azote.  La  transformation  diinorphique  dans 
l'état  cristallisé  est  toujours  discontinue,  la  continuité  dans  les  transforma- 
tions semble  être  la  caractéristique  de  l'état  amorphe. 

»  Transformation  supérieure  du  fer.  —  Cette  transformation  très  nette 
dans  le  cas  du  fer  électrohtique  présente  des  anomalies  inexplicables  qui 
ont  fait  parfois  attribuer  son  existence  à  la  présence  de  l'hydrogène  ou  du 
soufre.  J'ai  retrouvé,  dans  mes  expériences,  dep  anomalies  semblables.  La 
température  de  cette  transformation  et  le  changement  de  dimensions  qui 
l'accompagne  varient  sans  raisons  actuellementdéfinissables.  Les  mesures 
ont  porté  sur  un  échantillon  de  fer  fondu  renfermant  o,o5  de  carbone. 


Naliire  Température 

de  l'atmosphère.  de  la  transformation. 

Première  expérience. 

mm 

Air 0,2.5 

Hydrogène  pin- 0,26 

Deuxième  expérience. 


Changement 
de    longueur. 


de  8^0  à  gSo 
de  900  à  970 


Hydrogène  ordinaire 0,26 

»                   » 0,25 

Air 0,20 

Hydrogène  ordinaire o,  l'i 


de' 8/40  à  860 
de  goo  à  1000 
de  950  à  (025 
de  925  à  975 


1)  La  variabilité  de  cette  transformation  en  fait  donc  un  phénomène  au 
moins-aussi  anormal  que  les  deux  transformations  précédentes. 

»  La  conclusion  de  ces  recherches  est  que,  si  l'application  des  lois  du 
polymorphisme  et  de  la  dissolution  à  l'étude  des  propriétés  du  fer  a  été 
C.  R.,  1899,  1'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N«  5.)  ^7 


(  28p.  ) 

souvent  un  guide  précieux,  il  ne  faut  pas  oublier  cependant  que  ce  métal 
présente  des  particularités  remarquables,  qui  rendent  impossible  une  assi- 
milation complète  de  ses  propriétés  à  celles  des  autres  corps.  Il  faudra  en- 
core de  longues  recherches,  avant  de  pouvoir  énoncer  à  son  endroit  des 
conclusions  définitives. 

»  Il  ne  serait  pas  impossible  que  quelques-unes  de  ces  particularités 
s'expliquent  par  l'existence  d'une  double  fusibilité,  semblable  à  celle  qui  a 
été  découverte  dans  le  sélénium  par  Lehmann  et  Taramam.  Ce  corps  n'est 
stable  à  l'état  cristallisé  qu'au-dessus  de  60"  et  au-dessous  de  214°.  En 
dehors  de  ces  deux  limites  extrêmes  de  température,  c'est  la  variété 
amorphe  (vitreuse,  liquide)  qui  est  seule  stable.  » 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  $ur  les  déformations  électriques  des  diélec- 
triques solides  isotropes.  Note  de  M.  Paul  Sacerdote,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

K  On  sait  depuis  longtemps  que,  lorsqu'un  diélectrique  solide  devient  le 
siège  d'un  champ  électrique,  il  se  déforme.  Exemple  :  par  la  charge,  la 
capacité  interne  et  le  volume  extérieur  d'une  bouteille  de  Leyde  aug- 
mentent, un  condensateur  cylindrique  s'allonge. 

»  Ces  phénomènes  ont  été  étudiés  expérimentalement  par  divers  physi- 
ciens :  Fontana,  Volpicelli,  Govi,  Duter,  Righi,  Quincke,  Korteweg  et 
JuliuS,  Cantone.  D'autres  ont  essayé  de  prévoir  les  lois  par  la  théorie  : 
Moutier,  Korteweg,  Lorberg,  Kirchhofï,  Rôntgen,  Vaschv,  Curie,  Duhem. 
Mais  les  résultats  expérimentaux  étaient  en  contradiction  les  uns  avec 
les  autres  sur  certains  points;  il  en  était  de  même  des  résultats  théoriques 
et,  en  outre,  ceux-ci  ne  s'accordaient  pas  complètement  avec  les  premiers. 

»  Dans  un  Mémoire  assez  étendu,  qui  paraîtra  prochainement,  je  me 
suis  proposé  : 

»  1°  T>' établir  les  formules  des  déformations  électriques  des  diélectriques 
des  condensateurs  en  me  basant  sur  les  principes  fondamentaux  de  la  con- 
servation de  l'énergie  et  de  l'électricité;  d'en  dégager  les /ow  et  d'en  dé- 
duire les  causes  de  ces  phénomènes  ; 

»  2°  De  montrer  que  toutes  les  divergences  que  l'on  rencontre  dans  les 
travaux  expérimentaux  et  dans  les  essais  de  théorie  précédemment  faits  ne 
sont  dues  qu'à  des  erreurs  et  qu'une  fois  celles-ci  rectifiées  on  retombe  tou- 
jours sur  des  résultats  en  accord  avec  ma  théorie. 


(   283  ) 

B  Dans  celte  théorie,  j'introduis,  comme  cela  est  absolument  nécessaire,  et  on  l'a 
trop  souvent  oublié,  les  variations  qu'éprouve  la  constante  diélectrique  d'un  solide 
priniilivement  isotrope  lorsqu'on  le  déforme  mécaniquement;  je  définis  deux  coeffi- 
cients A'i,  ^2  :  coefficients  de  variation  de  la  constante  diélectrique  par  traction  per- 
pendiculaire ou  parallèle  aux  lignes  de  force,  et  aussi  A—  aA,  +  A,  coefficient  de 
variation  de  la  constante  diélectrique  par  traction  superficielle  uniforme  (M. 

»  Les  coefficients  élastiques  de  la  matière  diélectrique  interviennent 
également  : 

a  désignera  le  coefficient  d'allongement  longitudinal  (inverse  du  module  d'élasticité); 
a  le  coefficient  de  Poisson  ;  | 

Y  :=  3«(i  —  2t)  le  coefficient  de  compressibilité  cubiqu|e. 

»   Voici  les  principaux  résultats  auxquels  j'arrive  : 

i>  i"  Pour  les  condensateurs  infiniment  minces  (au  moins  pour  ceux  des 
formes  sphérique  ou  cylindrique)  et  pour  le  condensateur  plan,  on  a  : 

(I)  ^  =  (a  +  X,)i^H=,: 
ou 

(I') 

(II)  ^^ 
^     ^  e 

ou 

(ir)  ^e 

L  désignant  la  longueur  d'une  ligne  quelconque  normale  aux.  lignes  de  force; 
e  l'épaisseur  du  diélectrique  dans  la  direction  de  ces  lignes  de  force; 
AL,  àe  les  variations  de  L,  e,  qui  se  produisent  quand  on  charge  le  condensateur  au 
potentiel  V; 

V  .  . 

H  ^  —  est  l'intensité  du  champ  électriciue  créé  dans  le  diélectrique. 
e 

»  Et  maintenant  qu'il  est  établi  (formule  I)  que  la  dilatation  est  la  même 
dans  toutes  les  directions  perpendiculaires  aux  lignes  de  force  (exemple  :  {)Our 
les  lignes  circulaires  et  les  génératrices  d'un  cylindre),  et  la  même  quelles 
que  soient  la  forme  et  la  grandeur  du  condensateur,  il  devient  évident 
qu'en  désignant  par  : 

(  '  )  Voir  à  ce  sujet  :  Sacerdote,  Sur  les  déformations  qu'éprouve  un  diélec- 
trique solide  lorsqu'il  devient  le  siège  d'un  champ  électrique  {Comptes  rendus, 
4  avril  1898). 


(   284  ) 

U,  le  volume  de  la  cavité  du  condensateur; 
U  le  volume  de  la  matière  diélectrique,  on  a 

(III)  (^.)=.3(^)=3(«-..5,)Jin^ 

d'où  . 

(III')  AU,  =  3(«  +  /5-,)J^U,^'; 

d'où 

formules  que  j'établis,  du  reste,  directement. 

»   Ces  formules  se  tradiùraient  facilement  sous  forme  de  lois  simples. 

»  2°  Pour  les  co/zr/e/îiato/r*  fjoa/V  le  calcul,  qui  est  beaucoup  plus  diffi- 
cile, conduit  à  des  formules  complexes  :  aucune  des  lois  simples  ne  subsiste, 
sauf  celle  de  la  proportionnalité  des  déformations  au  carré  du  potentiel. 

»  3°  Dans  ce  qui  précède,  on  supposait  que  les  armatures  du  conden- 
sateur subissaient  les  mêmes  déformations  que  les  surfaces  diélectriques 
en  contact;  c'est  ce  <jui  arrive,  par  exemple,  lorsque  les  armatures  sont 
formées  par  la  métallisation  de  la  surface  même  du  diélectrique  (argen- 
tures, feuilles  d'étain  collées,  etc.),  ou  par  des  liquides. 

»  Si  les  armatures  sont  indépendantes  du  diélectrique,  dans  les  formules 
que  l'on  obtient,  les  termes  qui  contiennent  les  coefficients  élastiques  (a,  a,  y) 
sont  complètement  différents  de  ceux  obtenus  dans  le  cas  où  il  v  a  contact 
entre  les  armatures  elle  diélectrique;  au  contraire,  les  termes  en  k^k.,k 
restent  toujours  les  mêmes;  cela  m'amène  plus  loin  à  une  conclusion  impor- 
tante. 

»  4°  Je  montre  ensuite  que  les  causes  des  déformations  électriques  des 
diélectriques  solides  sont  de  deux  sortes  : 

»  1.  Les  déformations  correspondant  aucc  termes  gui  contiennent  les  coef- 
ficients élastiques  sont  simplement  des  déformations  élastiques  dues  aux  forces 
connues  qui  agissent  sur  le  diélectrique,  à  savoir  :  \es  pressions  électrostatiques 
(pour  les  |)ortions  de  surface  où  le  diélectrique  est  en  contact  avec  les 
armatures),  auxquelles  s'ajoutent  les/orces  agissant  sur  un  diélectrique  non 
éleclnsé  placé  dans  un  champ  [mises  en  évidence  par  les  expériences  de 
M.  Pellat  (  '  yj. 


(')  Pellat,  Annales  de  Plirsique  et  de  Chimie.  -'  série,  t.  IN  ;  iSgô. 


(  285  ) 

»  2.  Les  Jèjormadons  correspondant  aux  termes  en  kik.,k  doivent  au  con- 
traire être  attribuées  à  un  changement  d' état  moléculaire  de  la  matière  diélec- 
trique, corrélatif  (le  la  perturbation  de  l'éther  qui  constitue  la  création  du 
champ  électrique. 

»  Je  signale  en  passant  que,  pour  les  gaz,  cette  seconde  cause  subsiste 
seule  et  produit  la  contraction  électrique  des  gaz. 

»   5"  Enfin,  si  nous  nous  reportons  à  notre  formule 


tous  les  éléments,  sauf  ^,,  en  ont  été  déterminés  expérimentalement;  on 
pourra  donc  en  déduire  ce  coefficient  /,,. 

n  En  utilisant  les  données  de  M.  Cantone.j  arrive  à  cette  conclusion  que 
/c,  doit  être  de  l'ordre  de  -\-  i  x  i o~' -  C.  G.  S. 

»  Des  expériences  toutes  récentes  dé  M.  Er; 
qu'en  effet  k,   est  positif,  mais  elles  n'indiquent  pas  son  ordre  de  gran- 
deur.   » 


olini  sont  venues  confirmer 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  spectres  des  décfiarges  oscillantes. 
Note  de  M.  G. -A.  Hemsalech,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Dans  une  Note,  présentée  à  la  Société  Royale  de  Londres  ('  ),  nous 
avons  montré,  M.  Schuster  et  moi,  qu'en  insérant  une  bobine  de  self- 
induction  dans  le  circuit  extérieur  d'une  bouteille  de  Leyde,  on  peut 
éliminer  dans  le  spectre  de  l'étincelle  presque  toutes  les  raies  provenant 
de  l'air,  de  telle  façon  qu'on  obtient,  d'une  manière  très  nette,  les  raies 
dues  seulement  au  métal,  qui  constitue  les  électrodes  entre  lesquelles 
éclate  l'étincelle.  Des  expériences  préliminaires,  faites  au  laboratoire  de 
M.  Schuster,  à  Manchester,  m'ont  montre,  tie  plus,  qu'on  peut,  en  choi- 
sissant convenablement  la  self-induction,  obtenir  une  augmentation  d'in- 
tensité pour  certaines  raies,  pendant  que  d'autres  s'affaiblissent  sensible- 
ment ou  même  disparaissent  complètement. 

»  C'est  cet  ordre  d'idées  que  nous  avons  poursuivi  depuis,  en  étudiant 
un  certain  nombre  de  spectres  provenant  de  différents  métaux  et  de  gaz, 

(')  A.    ScBUSTER,   F.   R.   S.   et    G.   Hemsalech,    The   Constitution  of  Ihe  Electric 
Spark  {Proceedings  Roy.  Soc,  vol.  LXIV,  p.  33i). 


(  286  ) 

et  c'est  un  résumé  très  bref  de  ces  recherches,  faites  au  laboratoire  de 
Recherches  physiques  de  M.  Lippmann,  que  je  me  propose  d'esquisser 
dans  la  présente  Note. 

»  D'abord,  comme  méthode  d'identification  des  raies,  nous  avons  em- 
ployé la  méthode  photographique  :  moyen  certain  et  très  commode  pour 
pouvoir  contrôler  à  chaque  instant  les  résultats.  Les  radiations  extrêmes 
que  nous  avons  pu  obtenir  sur  la  plaque  photographique  sont  comprises 
entre  1  =  Sgoo  et  À  =  34oo.  L'étincelle  oscillante  était  produite  par  la 
décharge  de  trois  bouteille  deLeyde  en  dérivation  sur  le  secondaire  d'une 
bobine  de  Ruhmkorffde  25'™  de  distance  explosive  et  par  l'insertion  d'une 
self-induction  variant  entre  0,00012  et  o,oo38  henrys.  Enfin,  le  procédé 
pour  comparer  les  spectres  était  le  procédé  direct  de  M.  Lockyer  :  on 
obtenait  sur  la  même  plaque  photographique  les  deux  spectres  avec  et 
sans  self-induction  et  on  les  plaçait  l'un  au-dessus  de  l'autre  à  l'aide  de 
l'écran  de  M.  Lockyer;  il  était  alors  très  facile  de  mesurer  les  distances 
entre  les  raies  en  employant  une  machine  à  diviser,  et  l'on  convertissait  ces 
distances  en  longueurs  d'onde  à  l'aide  d'une  courbe  fondée  sur  la  fréquence 
des  oscillations. 

»  En  examinant  sur  une  de  ces  plaques  photographiques  le  couple  de 
spectres  obtenu  comme  nous  venons  de  le  dire,  on  est  frappé  de  l'absence 
complète  des  raies  de  l'air  dans  le  spectre  de  l'étincelle  oscillante,  et  de  la 
netteté  des  raies  caractéristiques  du  métal  employé  comme  électrodes.  On 
peut  cependant,  en  exagérant  beaucoup  le  temps  de  pose  (de  une  à  deux 
heures)  et  en  employant  une  self-induction  de  o,oo38  henrys  environ, 
faire  apparaître  dans  le  spectre  de  la  décharge  oscillante  les  bandes  canne- 
lées de  l'azote  (qui  proviennent  de  l'air). 

»  Ce  fait  pourrait  s'expliquer  par  l'abaissement  de  la  température  de 
l'étincelle,  abaissement  dû  à  l'insertion  de  la  self-induction.  Dans  les 
mêmes  conditions,  les  raies  de  l'oxygène  ne  sont  pas  visibles.  En  exami- 
nant attentivement  les  raies  qui  sont  influencées  par  l'insertion  de  la  self- 
induction,  on  remarque,  en  effet,  que  les  raies  appelées  courtes,  ou  de 
haute  température,  sont  celles  qui  s'affaiblissent  ou  même  disparaissent, 
tandis  que  les  raies  appelées  longues,  ou  de  basse  température  (qui  appa- 
raissent surtout  dans  le  spectre  de  l'arc),  ou  bien  ne  changent  pas  d'aspect 
ou  bien  deviennent  plus  vives  et  plus  nettes  en  même  temps.  Un  autre  fait, 
qui  confirme  l'hypothèse  qui  précède,  est  l'apparition,  dans  le  spectre,  de 
l'étincelle  oscillante,  des  raies  qui  n'étaient  pas  visibles  en  employant 
l'étincelle  ordinaire  et  qui  ne  sont  visibles  que  dans  l'arc.  Il  nous  semble 


(  287  ) 

doue  avoir  là  un  moyeu  couvenabic  pour  étudier  les  spectres  à  des  tempé- 
ratures intermédiaires  entre  celles  produites  par  l'arc  et  pur  l'étincelle 
ordinaire  (en  faisant  varier  la  self-induction).  Un  autre  fait  assez  remar- 
quable, dû  toujours  au  caractère  oscillatoire  de  l'étincelle,  est  l'apparition 
des  raies  provenant  des  impuretés  qui  se  trouvent  dans  le  métal  employé 
comme  électrodes,  raies  invisibles  si  l'on  emploie  l'étincelle  ordinaire. 

»  Pour  bien  mettre  en  évidence  l'influence  de  la  décharge  oscillante  sur 
les  raies  de  haute  et  de  basse  température,  je  choisirai  comme  type  le 
spectre  du  bismuth  (').  Voici  le  Tableau  donnant  les  intensités  relatives 
des  lignes  les  plus  caractéristiques  de  ce  métal. 


Intensités  relatives. 


Etincelle 


avec  une  self  1  avec  une  self 

ordinaii'e            de  o,ooo48  henWs  de  o,oo38  henrys 

>i                ,                 (temps  de  pose  :      (temps  de  posef  (  temps  de  pose  : 

Rowland.                                  5  minutes).               5  minutes).   '  2  Ijeures).  Arc. 

5553,4 2                          7  8  8 

5271 ,1 7                          o  o  o 

5209,2 10  c                       3  f/  2d  o   " 

5 1 44  )  5 9  c                         1  d  1  d  o 

4722,7 8  c                      12  c       '  i5c  10 

4493, o o                          3  3  2 

43o8 ,7 o                          8          '  9  4 

43o2,6 10/4                      "]  Il  id  o 

4259,8 I2/J                                 9  II  d  o 

4i2i,8.... 8                        13  12  6 

4o85,2 8«                       5  2d  o 

3864 )4 7  n                      3«  o  o 

38i6,5 3 /i                        in  o  o 

3793 ,3 7  rtc                      5  «c  1  d  o 

3596,3 1                         4  5  4 

»  Dans  ce  Tableau,  les  lettres  qui  accompagnent  les  cliifTres  exprimant  les  intensités 
des  raies  ont  la  signification  suivante  : 

c  =  continu, 
c?=  discontinu, 
n  =r  nébuleux. 

Les  intensités  marquées  o  indiquent  l'absence  des  lignes  correspondantes. 


(')  Un  résumé  plus  complet  de  ce  travail  sera  publié  dans  le.  Journal  de  Physir/t. 


(  288  ) 

).  En  ce  qui  concerne  les  gaz,  le  spectre  le  plus  caractéristique  est  celui 
de  l'hydrogène.  Pour  ce  gaz  (sous  la  pression  atmosphérique)  les  raies  du 
spectre  delà  décharge  oscillante  deviennent  nettes  et  la  distance  explosive 
n'influe  pas  sur  la  netteté  des  raies.  En  exagérant  la  pose  (environ  deux 
heures)  et  enemployant  une  self-induction  de  o,oo38  henrys  j'ai  pu  obtenir 
sur  la  plaque  photographique  des  raies  qui  n'apparaissent  qu'en  employant 
les  tubes  de  Geissler  (où  le  gaz  est  raréfié).  Voici  du  reste  deux  Tableaux 
comparatifs  entre  les  raies  que  j'ai  obtenues  et  celles  obtenues  par  M.  Ames 
en  employant  un  tube  de  Geissler. 

Ktinccllc  oscillaiilo.  Tube  de  Geissler  (Ames). 

).  (Rowlandj.        liilcnsiLé.  >,  (  Howland  ).  Intensité.  • 

4633        3  /i63/4,i5        6 

4583        2  4.580, 1        4 


4535 
42.3 
4200 
4174 
3896 


4534,8  2 

42  12,65  7 

42o5,2  8 

4177,25  8 

3889,. 5  7 


»  Nous  nous  proposons  de  continuer  ces  recherches  pour  pouvoir  pré- 
ciser davantage  cette  influence  de  la  décharge  oscillante  sur  les  spectres 
des  différents  métaux  que  nous  avons  eu  l'occasion  d'examiner.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  états  isomériques  de  i acétate  chromique  :  acétate 
anormal  violet  biacide,  acétate  anormal  vert  monoacide.  Note  de  M.  A. 
Recoura. 

«  Dans  une  Communication  frécédenle  (Comptes  rendus,  i[\  juillet  1899), 
j'ai  étudié  deux  des  quatre  formes  isomères  de  l'acétate  chroniiqne  :  l'acé- 
tate normal  Cr(C-H^O-)-,  5H^0,  qui  est  un  sel  ordinaire,  et  l'acide  chro- 
mo-monoacétique violet  [Cr(C-H'O-)- |C'-H*0^,  qui  n'est  pas  un  sel  de 
chrome,  mais  un  acide  monobasique  à  radical  complexe.  Je  vais  décrire 
aujourd'hui  les  deux  autres  isomères  : 

»  Acélate  anormal  violet  biacide  ou  acide  chromo-diacélique.  —  J'ai  montré 
qu'une  solution  d'acétate  normal  verte  se  transforme,  en  quelques  heures,  en  une 
solution  violette,  qui  en  diffère  profondément  par  le  fait  que  les  alcalis  n'y  pro- 
duisent pas  de  précipité.  Je  vais  faire  voir  que,  pour  des  raisons  toutes  semblables  à 
celles  que  j'ai  exposées  pour  l'acide  chromo-monoacétique,  on  doit  considérer  cette 


(  289  ) 

solution  violette  comme  renfermant,  non  pas  un  sel  de  clinome,  mais  un  acide  blba- 
sique  à  radical  complexe  [  Cr(C- HM_12)]^C-H'0'- )S  l'acide  cluomo-diacélique. 

))  1°  Les  alcalis  ne  produisent  pas  de  précipité  dans  la  solution  à  froid.  Ae  chrome 
est  donc  engagé  dans  un  radical. 

»  2°  Si,  dans  la  solution  renfermant  une  molécule  du  composé  et  additionnée  de 
phtaléine  du  phénol,  on  verse  progressivement  de  la  soude  titrée,  la  liqueur,  qui  reste 
limpide,  vire  au  rouge  quand  on  a  versé  deux  molécules  de  soude,  comme  le  ferait  un 
acide  bibasique;  si  l'on  continue  à  ajouter  de  la  soude,  il  ne  se  produit  aucune  modi- 
fication. Une  des  trois  molécules  d'acide  acétique  du  composé  est  donc  engagée 
dans  le  radical  avec  le  chrome.  Les  deux  autres  peuvent  être  neutralisées  par  la 
soude. 

1)  3°  La  chaleur  de  neutralisation  du  composé  par  la  soude  est  la'^^'jS  pour  la  pre- 
mière molécule  de  soude  et  9'^'',7  pour  la  seconde. 

»  4°  Des  mesures  cryoscopiques,  semblables  à  celles  que  j'ai  décrites,  montrent  que, 
lorsqu'on  a  ajouté  à  la  solution  chromique  2  molécules  de  soude,  cette  solution 
renferme  une  seule  molécule  [CrCG^H'O^)]  (G'H'NaO^)S  qui  est  le  sel  de  soude  de 
l'acide  bibasique,  et  non  pas  trois  molécules  séparées  Çr(C^H'O-)  et  2C^fPNaO-. 

»  On  peut  conclure  de  ces  faits,  en  raisonnant  comrjie  je  l'ai  fait  dans  la  Note  pré- 
cédente, que  l'acétate  normal  vert  s'est  transformé  isomériquement,  en  quelques  heures, 
en  un  composé  qui  n'est  plus  un  sel  de  chrome,  mais  un  acide  bibasique,  acide  chromo- 
diacétique.  Je  rappelle  que  cette  solution  se  transforme  à  son  tour,  en  une  dizaine  de 
jours  environ,  en  acide  chromo-monoacétique  [Cr (C"-H'0-)-]C^H'0-,  c'est-à-dire 
qu'une  des  deux  molécules  d'acide  acétique  rentre  dans  le  radical  chromique. 

»  Je  n'ai  pas  pu  isoler  à  l'état  de  pureté  l'acide  chroofo-diacétique  solide.  On  ne  peut 
pas  le  retirer  par  évaporation  de  sa  solution,  parce  que  celle-ci,  lorsqu'elle  se  con- 
centre, se  transforme  très  rapidement  en  acide  monoacétique.  J'ai  alors  cherché  à  le 
précipiter  de  sa  solution  par  des  réactifs  organiques.  Je  l'ai  obtenu  sous  la  forme 
d'une  masse  visqueuse,  qu'on  ne  peut  purifier. 

i>  Acétate  vert  anormal  monoacide  ou  acide  chromo-monoacétique  vert.  —  J'ai 
dit  que  la  solution  d'acétate  chromique,  âgée  d'environ  une  dizaine  de  jours,  et  qui 
renferme  alors  l'acide  chromo-monoacétique  violet  [Cr(C^H'0'')'-]C'MI*0^  continue 
à  se  transformer  très  lentement  et  qu'au  bout  d'un  an  environ  on  a  une  liqueur  verte. 
Celte  liqueur  renferme  un  isomère  vert  de  l'acide  chromo-monoacétique  violet.  On 
peut  obtenir  cet  isomère  vert  beaucoup  plus  rapidement,  en  portant  à  l'ébulliiion  une 
solution  quelconque  d'acétate  chromique,  additionnée  d'acide  acétique  (au  minimum 
3  molécules  d'acide  pour  i  molécule  d'acétate).  On  obtient  une  liqueur  d'un  beau  vert 
franc  qui,  abandonnée  à  l'évaporation  spontanée  sous  une  cloche  en  présence  d'acide 
sulfurique  et  d'acide  acétique,  donne  une  matière  solide  verte,  qui,  conservée  dans  ces 
conditions  jusqu'à  ce  qu'elle  ne  change  plus  de  poids,  a  pour  composition  : 

Cr(C^H'O^),  ^H^O. 

Cr  dosé  à  l'état  de  Gr^  O' i  atome 

C^H'O*  dosé  alcalimétriquement 3  molécules 

H'  O  par  différence o""",  57 

C.  R.,  1899,  a-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  5.)  38 


(    290    ) 

»  Ce  composé  vert  possède  sensiblement  les  mêmes  propriétés  que  l'acide  chromo- 
monoacétique  violet,  que  j'ai  décrit  dans  la  Communication  précédente.  Je  ne  les 
reproduirai  donc  pas  à  nouveau.  On  doit  le  considérer,  pour  les  mêmes  raisons,  comme 
un  acide  monobasique  [Cr(C-H'0-)2]C'H*0',  l'acide  chromo-monoacétique  vert. 
Les  seuls  points  par  lesquels  il  diffère  de  son  isomère  violet  sont  les  suivants  :  \°  sa 
chaleur  de  neutralisation  par  la  soude  est  12^^"',  54  au  lieu  de  i3'^''',25  pour  l'acide  vio- 
let; 2°  la  formule  brute  de  l'acide  violet  est  Cr(C^H302)',H20  et  celle  de  l'acide  vert 
Cr(C- 1P0^)',|IP0  ;  celle-ci  doit  donc  être  doublée;  l'acide  vert  serait  un  polymère; 
3°  rii3'drale  chromique,  que  lus  alcalis  précipitent  à  l'ébuUilion  des  deux  acides,  n'a 
pas  les  mêmes  caractères. 

»  Conclusions.  — En  résumé,  l'acélale  chromique  peut  se  présenter  sous 
quatre  formes  isomères  : 

»  i"  L'acétate  normal Cr (C^R* O" y ,  5H-0;  violet  à  l'état  solide,  vert  à 
l'état  dissous.  C'est  un  sel  métallique  ordinaire,  faisant  la  double  décompo- 
sition avec  les  alcalis  et  les  acides.  On  l'obtient  par  double  décomposition 
entre  le  sulfate  violet  de  chrome  et  l'acétate  de  baryum,  ou  bien  en  dissol- 
vant l'hydrate  chromique  dans  l'acide  acétique; 

»  2°  L'acide  chromo-diacétique  dont  la  formule  brute  est  Cr(C- H' 0°)'  Aq. 
Violet  à  l'état  solide  et  à  l'état  dissous.  Ce  n'est  pas  un  sel  de  chrome, 
puisque  les  alcalis  n'en  précipitent  pas  d'hydrate  chromique.  Il  se  com- 
porte comme  un  acide  bibasique  à  radical  complexe.  Il  se  produit  par  la 
transformation  spontanée,  en  quelques  heures,  de  la  solution  d'acétate 
normal  qui,  de  verte,  devient  violette.  Cette  transformation  moléculaire 
doit  être  vraisemblablement  exprimée  ainsi  : 

Cr(C=H'Ov)%-2H-0  =  [Cr(OH)^(C-H'0-)|(  C='H*0-;-; 

»  3°  L'acide  chromo-monoacétique  violet,  dont  la  formule  brute  est 
Cl  (C^H^0^)',I1^0.  Violet  à  l'état  solide  et  à  l'état  dissous.  Ce  n'est  pas 
non  plus  un  sel  de  chrome,  mais  un  acide  monobasique.  Il  se  produit  par 
la  transformation  spontanée,  en  une  dizaine  de  jours,  de  la  solution  de 
l'acide  précédent.  Cette  transformation  moléculaire  doit  vraisemblable- 
ment être  exprimée  ainsi  : 

[Cr(0H)-^(G2H'0=)](CMI*0=)-^^  H=0  H- [Cr(01I  j(  CMPO^)2]C2H*0'. 
La  molécule  d'eau  que  renferme  la  formule  brute  serait  donc  de  l'eau  de  constitution. 

»   4°  L'acide  chromo-monoacétique  vert  dont  la  formule  brute  est 

Cr(C=H'0=')',^H=0, 

formule  qui  doit  être  doublée  par  conséquent.  Vert  à   l'état  solide  et  à 


(    291     ) 

l'état  dissous.  Il  possède  des  propriétés  très  voisines  de  celles  de  l'acide 
violet.  Il  se  produit  par  la  transformation  spontanée  très  lente  (une  année) 
de  l'acide  violet  dissous;  ou  bien,  très  rapidement  par  l'ébuUition  de  la 
solution  d'acide  violet  additionnée  d'acide  acétique.  Cette  transformation 
moléculaire  est  vraisemblablement  une  déshydratation  interne  avec  poly- 
mérisation : 

2  molécules  [Cr(OH)  (  C'H'0=)-]C-H■'0- 
=  H^O  +  I  molécule  [Cr=0(G2H'0v)M('C=H*0=)=.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.   —  Action  du  magnésium  sur  ses  solutions  salines. 
Note  de  M.  Georges  Lemoine. 

«  Les  actions  de  présence,  où  un  corps  détermine  une  transformation 
sans  s'altérer  lui-même,  intéressent  toujours  les  chimistes.  J'ai  observé  un 
phénomène  de  ce  genre  en  introduisant  du  magnésium  dans  les  solutions 
de  ses  sels  (chlorure,  acétate,  sulfate,  azotate  j.  Il  se  dégage  de  l'hydrogène. 
Avec  les  solutions  concentrées  (ç)C\  =:  i  litre)  et  avec  le  magnésium  en 
poudre,  l'action  est  extrêmement  vive  :  on  pourrait  en  faire  une  expérience 
de  cours.  La  quantité  de  gaz  produit  est  beaucoup  plus  grande  que  celle 
qui  correspondrait  au  poids  de  métal  primitivement  en  dissolution. 

»  Ou  sait  que  le  magnésium  décompose  l'eau,  même  à  froid,  mais  avec 
une  extrême  lenteur.  Grâce  à  la  présence  d'une  solution  saline,  la  décom- 
position est  donc  beaucoup  plus  rapide  :  il  se  forme  presque  uniquement 
de  l'oxyde  hydraté  : 

MgCl=  +  mMg  +  mH=0  =MgCl=  +  mW  ^mMgO. 

w  Limite  de  la  réaction.  —  Le  dégagement  de  gaz  s'arrête  au  bout  d'un 
temps  plus  ou  moins  long.  Mais  cette  limite  est  factice  :  elle  est  due  sim- 
plement à  ce  que  le  produit  de  la  réaction  (oxyde  hydraté  ou  sous-sel) 
empêche  les  contacts  :  en  effet,  le  liquide  fdtré,  remis  avec  de  nouvelles 
quantités  de  métal,  donne  une  réaction  semblable. 

»  Dégagement  de  gaz  avec  diverses  quantités  de  métal  :  par  exemple, 
avec  I  •'''',  28'',  G*-'',  18^''  et  5*^"^  de  solution.  Mesurons  l'hydrogène  dégagé 
jusqu'à  ce  que  la  réaction  s'arrête  : 

^rtMg  +  (^MgCl'  pour  i''' )  =  irH  +  .... 


(    292    ) 

»  ]Jans  i'"  tl'eau,  il  y  a  ^looo  ou  1 1 1^'"^  d'hydrogène;  le  magnésium  équi- 
valent est,  en  atomes,  ^  1 1 1  ou  55,5  atomes  ou,  en  poids,  :1^  24  X  1 1 1  ou 
i332'".  Il  ne  peut  donc  pas,  avec  i''*,  se  dégager  plus  de  11 1^"^  d'hydrogène, 
ni  y  avoir  plus  de  55,5  atomes  de  magnésium  consommés.  En  fait,  d'après 
l'expérience,  il  ne  se  dégage  guère  plus  de  47**''  d'hvdrogène  pour  i'''  de 
solution,  à  cause  du  dépôt  insoluble  produit;  jusqu'à  ce  maximum  pra- 
tique, le  gaz  dégagé  est  à  peu  près  proportionnel  au  métal  introduit  {fig.  i). 


Fis. 


»  Dé gagerne.nl  de  gaz  pour  diverses  dilutions  avec  un  grand  excès  de  métal  : 
par  exemple,  ô^''  et  5'^^''  d'une  solution  saline  de  diverses  dilutions.  La 
réaction  s'arrête  au  bout  d'un  temps  très  variable  suivant  la  dilution  :  deux 
ou  trois  jours,  pour  les  solutions  concentrées  (Cl  =  ^  litre);  plusieurs  mois, 
pour  les  solutions  très  étendues  (Cl  =  5o''M,  et  alors  la  limite  est  difficile 
à  préciser. 


..f ■^^.^f'^^ 

^-^-'""^               1 

1^- — T j 

1                  ■                                                ■               -     1  -,  : 

1 
1                                                                                      1 
1                                                                                      1 
1                                                                                      1 
1                                                                                      1 
1                                                                                      1 
1 1 

1                                            5                                                      JO                                                                                                           20                             1 

VaUurs  fff  L- 

^«Mg  +  (iMgCPpourV")  =  a-H  +  .... 

)'  Comme  un  litre  d'eau  renferme  iii^'  d'hydrogène,  on  ne  pourra  pas, 
avec  v'"  de  solution,  recueillir  plus  de  (m  X  v)  grammes  d'hydrogène. 
L'expérience   montre  que,  pour  les  dilutions    usuelles   (de    Cl  =  i'''  à 


(  293  ) 

Cl  =  20'"),  les  variations  de  x  sont  à  peu   près  proportionnelles  à  celles 

(le  V  (fi g.  2)  : 

Valeurs  de  v J-            |             i              5              10             30  5o 

Valeurs  de  (i  1 1 X  v) 12         Sy         iii         555         iiio         2320  555o 

I  Chlorure 2          12            47          225            890           790  i36o 

X  observé  '  Acétate «         12           48        242          477           864  >> 

\  Sulfate »  i3  48         172  353 

»  Dégagement  de  gaz  par  l'action  d'un  acide  sur  un  grand  excès  de  métal. 
—  Corrélativement  à  ces  faits,  on  a,  en  faisant  agir  un  acide  sur  un  excès 
de  métal,  beaucoup  plus  de  gaz  que  d'après  l'équation  classique 

Mg  H    ■>.  H  Cl  --^  Mg  Cl-  -i-:2H. 

I.  . 
En  effet,  ce  premier  dégagement,  rapide,  est  suivi  d'un  autre,  de  plus  en 

plus  lent,  dû  à  l'action  de  présence  du  sel  formé. 

»  Analyses  des  solutions  après  V action  d'un  grand  excès  de  métal.  —  On 

filtre  à  la  trompe  le  liquide  restant  après  la  réaction;  on  dose  le  métal  et  le 

radical  halogène  : 

MgCl^                j  Chlore  par  litre avant     17,7           après  16, 4 

Cl  =  2'"  environ       j  Rapport  (Mg  :  CI-) avant       1,0           après  1,08? 

er  gr 

MgCP                  I   Chlore  par  litre avant       6,7            après  6,2 

Cl  =:  5''' environ        \  Rapport  (Mg  ;  Cl^) avant       1,0           après  1,1 

er  gr 

(C-H^O^)-Mg          (  Magnésium  par  litre. ..  .      avant       2,16         après  1,9 

C-ll'0-=  5'"  environ   j   Rapport  (Mg  :  CMl'O-).      avant        1,1            après  1,2 

sr  SI' 

SO*Mg               i   SO^  par  lilre a\iint     10,  i            après  4>7 

|SO'*ir-— 4'"e"viron   (   Rapport  (Mg  :  SQ-')  ...  .      avant       1,0           après  1,0 

gr  gr 

SO'Mg                 (   SO'  par  litre avant       7,3            après  2,5 


2 


SO>H^^^  5'"  environ   (' Rapport  (Mg  :  SO-*; ...  .      avant       i,o  après       1,0 


))  On  voit  que,  avec  le  chlorure  et  l'acétate,  la  modification  chimique  de 
la  solution  est  insignifiante,  ce  qui  rend  l'aclion  de  présence  très  nette. 
Avec  le  sulfate,  il  y  a  précipitation  d'une  partie  de  l'acide  sulfurique  à 
l'état  de  sous-sel. 

)i  Essai  d' étude  thermochimique,  d'après  les  méthodes  de  M.  Berthelot, 
comme  pour  déterminer  la  chaleur  de  dissolution  d'un  sel;  on  projette, 
par  exemple,  0^,266  de  magnésium  en  poudre  dans  sSo"  d'une  solution 
concentrée  (9CI  =  i'")  :  on  agite  :  on  a  la  température  maximum  après 
trois  quarts  d'heure. 


(  '-^1)4  ) 

»  La  différence  des  chaleurs  de  formation  de  MgO  et  H^O  est 
(i/j3Cai_  5pCai-)-- ^/^cai  j'.,i  obtenu  environ  70^»'.  Mais  il  faut  observer 
que  la  magnésie  reste  d'abord  dissoute  dans  le  chlorure  (peut-être  à  l'état 
d'oxychlorure)  :  le  liquide  ne  donne  de  dépôt  que  le  lendemain. 

»  Inlerprélalwn  de  l'action  de  présence.  —  Elle  doit  avoir  pour  origine 
une  décomposition  partielle,  si  faible  qu'elle  soit,  des  solutions  salines,  en 
magnésie  libre  et  acide  libre,  qui  détermine  l'attaque  du  métal  intro- 
duit. S'il  s'agit  du  chlorure  de  magnésium,  il  doit  se  former  d'abord  un 
oxychlorure  qui,  au  premier  moment,  reste  en  dissolution,  mais  qui  se 
détruit  bientôt  en  donnant  de  la  magnésie  qui  se  précipite.  Le  chlorure  de 
magnésium  ainsi  formé  agit  comme  le  chlorure  primitif,  et  l'on  a  une  réac- 
tion cyclique. 

))  Avec  l'aluminium,  j'ai  observé  des  résultats  semblables  qui  ramènent 
aux  faits  constatés  par  M.  Ditte.  Le  zinc  et  le  cobalt,  en  présence  de  leurs 
chlorures  concentrés,  n'ont  rien  donné  (^  '  ).  » 


CHIMIE.   —   Sur  la  dissociation  du  chlorure  de  cadmium  hex ammoniacal. 
Note  de  MM.  W.-R.  Lang  et  A.  Rigact,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Isambert  ('■)  a  montré  que  l'on  peut  caractériser  les  composés  chi- 
miques définis,  dissociables  dans  un  système  hétérogène,  par  la  constance 
de  leurs  tensions  de  dissociation.  L'étude  qu'il  a  faite  des  combinaisons  de 
l'ammoniaque  avec  les  sels  est  restée  classique. 

»  Nous  avons  étudié,  à  ce  point  de  vue,  les  combinaisons  de  l'ammo- 
niaque avec  le  chlorure  de  cadmium,  en  employant  l'ammoniaque  à  l'état 
gazeux,  liquéfié  ou  dissous. 

»  A  la  température  ordinaire,  par  un  courant  prolongé  de  gaz  ammo- 
niac sur  le  chlorure  de  cadmium  anhydre,  il  y  a  fixation  de  6  molécules  de 
AzH'  avec  gonflement  de  la  masse  ('  ).  Nous  avons  préféré  faire  réagir 
l'ammoniac  liquéfié  sur  le  chlorure  de  cadmium  fondu  et  concassé. 

»  Le  gaz  ammoniac  sec  est  dirigé  sur  un  poids  connu  de  sel,  refroidi  à  —  80°  jus- 
qu'à ce  qu'il  y  ait  un  notable  excès  d'ammoniac  liquide,  baignant  la  masse  blanche  et 
gonflée  qui  s'est  formée. 

(')  M.  Caffin  m'a  beaucoup  aidé  dans  ces  recherches;  Ije  le  prie  de  recevoir  tous 
mes  remercîmenls. 

(^)  \f,KiA6V.^j,  A/inales  de  l'École  Normale.  1868. 

(')  Craft,  l'hilosophkal  Mag.,  vol.  XXI,  3"  série,  p.  355. 


(  295  ) 

»  Le  tube  scellé  à  la  lampe  est  abandonné  pendant  dix-huit  heures;  au  bout  de  ce 
temps,  on  ouvre  le  tube  préalablement  refroidi  à  — 80°,  et  on  le  réchauffe  jusqu'à 
—  3o"  par  addition  de  chlorure  de  méthyle.  L'ammoniac  liquide  s'évapore.  Dans  cer- 
taines de  nos  expériences,  on  a  laissé  réchauffer  jusqu'à  0°,  après  quoi  on  ferme  le 
tube  à  la  lampe.  L'augmentation  de  poids  correspond  à  la  formule  CdCl-6AzlI^. 

»  En  présence  d'un  excès  d'ammouiac  liquide,  et  au  bout  de  plusieurs  jours,  le 
produit,  d'abord  amorphe,  devient  nettement  cristallin. 

»  Chauffé  à  100°,  le  chlorure  hexammoniacal  perd  4  molécules  d'AzH^  et  se  trans- 
forme en  chlorure  diammoniacal  inodore  qui,  comme  le  composé  correspondant  de 
zinc,  ne  commence  à  se  décomposer  que  vers  210°,  et  à  Sôo"  la  décomposition  n'est 
pas  encore  complète. 

»  Dans  cette  décomposition  du  chlorure  diammoniacal  jusqu'à  4oo",  température 
de  fusion  du  {MCl^,  il  ne  se  produit  qu'une  trace  d'oxychlorure  et  de  chlorhydrate 
d'ammoniaque. 

»  Pour  déterminer  les  tensions  de  dissociation  du  chlorure  de  cadmium 
hexammoniacal,  nous  avons  employé  la  disposition  de  M.  Jarry  (')  qui 
permet  d'éviter  le  contact  des  graisses  des  robinets  avec  le  gaz  ammoniac  : 


o  C.  cm 

o 4,6 

i3 6,8 

22 i3,5 

25 l5,2 

Si 18,1 

39 23,5 

44 29,0 

48 4i,î 


T.  P. 

o  c.  cm 

5o 45,5 

62 5i ,  I 

59 63 , 1 

60 69.6 

61 71,1 

63 77,6 

65 83,1 

69 93,1 


»  On  voit  que,  au  delà  de  62°,  le  composé  CdCl-6AzH'  ne  peut  exister. 
Comme,  d'autre  part,  à  100",  c'est  le  composé  Cd  Cl- 2  AzH'  qui  est  stable, 
ce  sera  entre  62°  et  100°  qu'il  faudra  préparer  les  composés  intermé- 
diaires. 

»  Par  voie  humide,  on  obtient  très  facilement  le  composé  diammoniacal  anhydre. 
En  arrosant  le  chlorure  de  cadmium  hydraté  avec  la  solution  ammoniacale  à  20  pour 
100,  de  façon  à  la  mouiller  complètement,  on  a  une  combinaison  avec  dégagement  de 
chaleur,  augmentation  de  volume.  Les  cristaux  deviennent  opaques;  sèches  à  froid 
sur  la  chaux  ou  à  l'étuve  à  100",  ils  répondent  à  la  formule  CdCl',  2  AzH'.  C'est  encore 
le  même  produit  qu'on  obtient  en  évaporant  la  solution  de  chlorure  de  cadmium  dans 
l'ammoniaque  sur  la  chaux,  ou  en  recueillant  le  précipité  qui  se  forme  lorsqu'on  chauffe 
à  5o°  la  même  solution. 


(')  Jarry,  Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,   1899. 


(  296  ) 

»  Pour  obtenir  un  produit  contenant  plus  de  2  molécules  de  AzH'  avec  la  solution 
ammoniacale,  il  faut  faire  passer  un  courant  de  gaz  ammoniac  dans  une  solution  claire 
de  chlorure  de  cadmium  dans  l'ammoniaque  à  ao  pour  100  maintenue  à  0°;  il  se  fait 
un  abondant  précipité  de  petits  cristaux  transparents  qui,  sécliés  au  papier  et  à  la 
presse,  deviennent  opaques  en  perdant  Azl-P.  Ces  cristaux  avaient  été  obtenus  une 
fois  par  M.  André  ('  )  qui  leur  avait  donné  la  formule  CdCP,5  AzH'.  D'après  nos  ana- 
Ijses,  nous  serions  conduits  à  admettre  la  formule  de  Craft,  CdCl-,6AzH^,  ce  qui 
confirmerait  le  fait  établi  par  M.  Jarrj'  (^)  pour  les  chlorures  d'argent  ammoniacaux 
obtenus  avec  la  dissolution  ammoniacale;  à  savoir  que  la  formation  et  la  décompo- 
sition de  ces  chlorures  s'arrêtent  quand  l'eau  est  saturée  sous  une  pression  égale  à  leur 
tension  de  dissociation. 

»  Nous  avons  d'ailleurs  déterminé  les  tensions  de  dissociation  de  ce  composé.  A  22°, 
nous  avons  trouvé  une  tension  de  i4'"",7  a"  lieu  de  iS^jS..  L'excès  de  tension  obtenu 
avec  ce  produit  tient  à  la  petite  quantité  d'eau  interposée  qu'il  contenait  encore. 

»  Il  nous  paraît  dès  lors  possible  d'obtenir  les  mêmes  combinaisons 
ammoniacales,  soit  a^ec  le  gaz  ammoniac,  soit  avec  une  dissolution  conve- 
nablement concentrée.  » 


CHIMIE  MINERALE.  —  Sur  la  dissociation  deViodare  de  mercurdiammonium. 
Note  de  M.  Maurice  François,  présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«  On  sait  que  l'iodure  mercurique  absorbe  le  gaz  ammoniac  sec  en  le 
convertissant  en  un  composé  blanc,  nommé  iodure  de  mercurdiammonium, 
HgP,  aAzH'.  Ce  composé,  exposé  à  l'air,  perd  facilement  son  gaz  ammoniac 
en  repassant  au  rouge.  C'est  là  un  cas  d'action  réversible,  depuis  longtemps 
connu  et  des  mieux  caractérisés.  Il  nous  a  paru  intéressant  de  rechercher 
si  la  décomposition  de  HgP.aAzH*  obéit  aux  lois  de  la  dissociation  et  nous 
avons  étudié  ce  corps  à  ce  point  de  vue.  Nous  espérions  aussi  que  cette 
étude  nous  indiquerait  si  la  perte  de  gaz  ammoniac  produit  directement  de 
l'iodure  mercurique,  ou  s'il  se  forme  des  produits  définis  intermédiaires. 

»  On  trouve  bien  la  mention  d'un  composé  Hgl- AzH'  ;  mais  l'existence 
de  ce  composé  est  tout  à  fait  douteuse.  En  effet,  ce  composé  a  été  obtenu 
par  voie  humide  au  sein  de  liquides  ammoniacaux  et,  comme  il  perd  très 
facilement  du  gaz  ammoniac,  il  est  impossible  de  le  dessécher  pour  l'ana- 
lyser, sans  qu'il  éprouve  des  modifications  notables  dans  sa  composition. 
En  un  mot,  il  est  intéressant  d'en  reprendre  l'étude. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CIV,  p.  908. 

(-')  Jarry,  Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  1899. 


(  297  ) 
»  Nous  avons  commencé  par  vérifier  la  composition  de  HgP,  2AzH'; 
nous  avons  trouvé  que 

ôs'  HgP  absorbent os'joya  gaz  ammoniac  sec. 

Théorie  pour  HgI',2AzH' ofjiy^  » 

»  Dissociation.  —  Nous  l'avons  pratiquée  sur  536''  environ  d'iodure  de  mercurdiam- 
monium,  obtenu  en  saturant  de  gaz  ammoniac  sec  So»"'  d'iodure  mercurique  pur  et  sec 
et  en  employant  la  pompe  à  mercure  d'Alvergniat  suivant  le  mode  opératoire 
classique.  On  peut  distinguer  pendant  cette  dissociation  deux  périodes  distinctes. 

»  Première  phase.  —  Pendant  la  première  partie  de  la  dissociation,  on  observe 
que  l'enlèvement  du  gaz  ammoniac  par  la  pompe  à  mercure  ne  produit  pas  l'appari- 
tion d'iodure  mercurique  rouge;  la  masse  reste  blanche.  La  tension  de  dissociation 
est  constante,  pour  une  température  donnée;  elle  augmente  avec  la  température.  Si 
l'on  élève  la  température,  puis  qu'on  l'abaisse,  celte  tension  prend,  pour  chaque  tem- 
pérature observée,  les  mêmes  valeurs,  le  corps  dissocié  absorbant  le  gaz  ammoniac 
pendant  le  refroidissement.  Enfin,  les  valeurs  de  la  tension  de  dissociation  se  main- 
tiennent après  l'extraction  d'une  quantité  importante  de  gaz  ammoniac. 

»   J'ai  trouvé,  pour  cette  première  phase  de  la  dissociation,  les  chiffres  suivants  : 

Tensions 
Températures.  en  millimètres  de  mercure. 


o ooS 

i5 I oi8 

25 j 087 

35 072 

45 i3o 

55 219 

65 362 

75 601 

80 732 

»  Cependant,  si  l'on  continue  l'enlèvement  du  gaz  ammoniac  par  la  pompe,  il  vient 
un  moment  où  la  tension  baisse  très  rapidement,  le  corps  restant  toujours  blanc. 
Nous  avons  extrait  du  gaz  ammoniac  à  froid,  jusqu'à  ce  que  la  tension  se  fixe  à  2°°™ 
de  mercure  pour  la  température  de  i5°.  A  ce  moment,  la  perte  de  gaz  ammoniac  est 
de  16'', 226,  soit  très  sensiblement  le  tiers  de  l'ammoniaque  fixée  sur  Hgl*. 

»  En  effet,  bo^'  fixent  3g'', 740  AzfP  pour  donner  HgP,  2  AzH*. 

3,740  ,^ 

— f—  r=  1,246. 

»  Ainsi,  pendant  cette  première  phase,  l'iodure  de  mercurdiammonium  se  dé- 
compose en  gaz  ammoniac  et  un  composé  3HgP,  4AzH'  : 

(HgP,2A.zH')^=2AzH5-l-3HgP,4AzH'. 

»  Deuxième  phase.   —  On  a  porté  à  95°  le   tube  ayant  servi  aux  déterminations 
C.  R.,   1899,  2-  .'ivmestre.  (T.  CXXIX,  iN°  5.)  ^9 


(  29«  ) 

précédente»;  ou  ;i  enlevé,  par  quelques  coups  de  pompe,  du  gaz  ammoniac,  de  façon  à 
détruire  complètement  les  dernières  portions  du  composé  Hgl'^,  2  AzH^  ;  puis  on  a  laissé 
refroidir  et  l'on  a  étudié  la  dissociation  du  composé  3Hgl"-,4A.zH'.  Dès  le  début,  on  ob- 
serve que  la  matière  devient  rouge  par  places  ;  il  y  a  production  d'iodure  mercurique. 
On  constate  que,  pendant  celte  seconde  phase  de  la  décomposition,  il  se  produit  une 
nouvelle  série  de  valeurs  de  la  tension  de  dissociation.  Celle-ci  est,  comme  dans  la 
première  phase,  constante  pour  une  température  donnée;  elle  augmente  avec  la  tem- 
pérature et  reprend  les  mêmes  valeurs  après  enlèvement  de  gaz  ammoniac. 
»  Les  tensions  de  dissociation  correspondant  à  celte  nouvelle  phase  sont  : 

Tensions 
Températures.  en  millimètres  de  mercure. 

1 5 00 1 

26 002 

35 oo3 

45 006 

53 012 

65 023 

75 o3g 

85 o65 

93 "07 

»  Ces  valeurs  de  la  tension  de  dissociation  sont  très  fixes,  et  nous  avons  pu  con- 
stater encore,  pour  90°,  la  tension  107°"",  après  enlèvement  total  de  26'',i5o  de  gaz 
ammoniac. 

»  Dans  cette  seconde  phase,  la  proportion  de  HgP  libre  augmente  à  mesure  que 
l'on  enlève  du  gaz  ammoniac;  le  composé  3HgP,  4AzH'  se  dissocie  donc  en  iodure 
mercurique  et  gaz  ammoniac. 

M  Conclusions.  —  L'iodure  raercurique  ammoniacal  se  comporte  comme 
le  chlorure  d'argent  ammoniacal,  si  bien  étudié  par  M.  Isambert.  Sa  disso- 
ciation démontre  l'existence  d'un  composé  blanc  intermédiaire. 

»  Pendant  la  première  période,  Hgl-,  2  AzH^  se  décompose  en  gaz  ammo- 
niac et  en  son  composé  SHgP,  4AzH',  sans  production  d'iodure  mercu- 
rique. Cette  décomposition  est  caractérisée  par  une  forte  tension  de  disso- 
ciation. 

»  Pendant  la  seconde  période,  le  composé  3 HgP,  4AzH'  est  décomposé 
à  son  tour  en  iodure  mercurique  et  ammoniaque.  Cette  décomposition  est 
caractérisée  par  une  faible  tension  de  dissociation. 

»  En  reprenant,  pour  l'iodure  de  mercurdiammonium,  les  expériences 
faites  par  M.  Jarry  (')  sur  les  chlorures  d'argent  ammoniacaux,  j'ai  pu 

(')  Jakry,  Comptes  rendus,  1"  semestre,  1897,  p.  288. 


(  299  ) 
constater,  en  opérant  à  la  température  de  25°,  que  les  deux  composés 
HgI-,2AzH'  et  3HgI^,4AzH'  possèdent  dans  Teau  la  même  tension  de 
dissociation  que  dans  le  vide.   » 


CHIMIE    MINÉRALE.    —    Action   (lu   sodammomum  et  du  polassammonium 
sur  le  sélénium  (').  Note  de  M.  C.  Hugot,  présentée  par  M.  Ditte. 

«  L'appareil  en  verre,  qui  a  servi  dans  cette  étude,  a  été  décrit  dans  des 
Communications  antérieures  (*).  Il  est  formé  de  deux  tubes  larges  A  et  B 
réunis  par  un  tube  étroit  T,  dans  lequel  on  a  introduit  un  tampon  de  coton 
de  verre  sec.  La  marche  d'une  expérience  est  identique  à  celle  qui  a  été 
suivie  dans  l'étude  des  actions  du  phosphore  sur  les  ammoniums  alcalins. 

»  Le  sélénium  employé  dans  les  expériences  suivantes  a  été  préparé  en 
purifiant  le  sélénium  du  commerce.  Ce  dernier  a  été  traité  par  l'acide  azo- 
tique pur.  La  liqueur  obtenue  a  été  évaporée  plusieurs  fois  à  sec.  L'acide 
sélénieux  provenant  de  la  sublimation  de  ce  résidu  est  dissous  dans  l'eau. 
On  précipite  le  sélénium  de  cette  dissolution  par  un  courant  de  gaz  sulfu- 
reux. Il  est  ensuite  lavé,  séché  et  fondu  à  l'abri  de  l'air. 

»   Deux  cas  à  considérer  : 

»  I.  L'ammonium  alcalin  est  en  excès.  —  Le  sélénium  et  le  métal  alcalin  sont 
introduits  dans  la  même  branche  A  de  l'appareil  rempli  de  gaz  ammoniac  sec.  Les 
deux  branches  sont  fermées  à  la  lampe  et  mises  en  communication  avec  un  réservoir 
contenant  du  s:az  ammoniac  liquéfié,  pur  et  anhydre,  que  l'on  fait  condenser  dans  la 
branche  A.  L'ammonium  alcalin  se  dissout  dans  l'excès  de  gaz  ammoniac  liquide  en 
donnant  une  liqueur  mordorée  qui  baigne  complètement  les  morceaux  de  sélénium. 
Dès  le  début  de  l'expérience  la  réaction  se  manifeste  par  la  formation  d'un  corps  blanc 
en  poudre  insoluble  dans  la  liqueur. 

»  Lorsque  tout  le  sélénium  est  entré  en  combinaison,  on  décante  de  A  en  B  la  dis- 
solution de  l'ammonium  alcalin  en  excès.  Par  des  lavages  répétés  à  l'aide  d'ammoniac 
liquéfié,  on  entraine  tout  le  métal  resté  en  A. 

»  On  obtient  ainsi  un  corps  amorphe  blanc  mat,  complètement  insoluble  dans  le  gaz 
ammoniac  liquide,  soluble  dans  l'eau  privée  d'air  en  donnant  une  dissolution  incolore. 
Sous  l'action  de  l'air,  cette  dissolution  rougit  fortement  et  laisse  déposer  du  sélénium 
en  poudre  rouge. 

»  Les  séléniures  de  sodium  et  de  potassium  ainsi  obtenus  correspondent  aux  for- 

(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  industrielle  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Bordeaux. 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  p.  1719. 


(   3oo  ) 

mules  ISa'Se  et  K^Se.  Ils  ont  été  analysés  en  les  attaquant  par  Teau  de  brome  :  le  sé- 
lénium a  été  dosé  à  l'état  de  sélénium  et  le  métal  alcalin  à  l'état  de  sulfate  ('). 

n  II.  Le  sélénium  est  en  excès.  —  Le  sélénium  est  introduit  en  petits  morceaux 
dans  la  branche  A  et  le  métal  alcalin  dans  la  branche  B  de  l'appareil  ATB.  Après  les 
pesées,  les  deux  branches  A  et  B  sont  fermées  à  la  lampe.  L'appareil,  mis  en  commu- 
nication avec  la  source  de  gaz  ammoniac,  est  plongé  dans  un  mélange  réfrigérant.  La 
dissolution  d'ammonium  alcalin  qui  s'efTeclue  dans  la  branche  B  est  décantée  par  petites 
portions  dans  la  branche  A  qui  contient  le  sélénium.  Ce  mode  opératoire  permet 
d'être  toujours  en  présence  d'un  excès  de  sélénium. 

»  Le  monosélénium  blanc  se  forme  d'abord,  puis  il  disparaît.  La  liqueur  mordorée 
devient  brune  et  très  limpide.  Lorsque  tout  l'ammonium  alcalin  est  entré  en  combi- 
naison, on  fait  passer  la  liqueur  brune  dans  la  blanche  qui  contenait  primitivement  le 
métal  alcalin.  Le  sélénium  non  attaqué  reste  à  découvert.  On  le  lave  au  gaz  ammoniac 
liquéfié  jusqu'à  ce  que  le  liquide  condensé  soit  incolore. 

»  La  liqueur  brune  qui  est  réunie  entièrement  dans  la  branche  B  est  évaporée  lente- 
tement.  Pendant  toute  la  durée  du  dégagement  du  gaz  ammoniac,  Tappareil  est  main- 
tenu à  une  température  voisine  de  — 23°.  On  laisse  partir  ainsi  tout  le  gaz  qui  peut 
se  dégager.  Lorsqu'au  bout  de  plusieurs  heures  aucune  bulle  ne  s'échappe  plus,  on 
constate  l'existence  d'un  liquide  brun  épais  qui  dégage  du  gaz  ammoniac  quand  on 
élève  la  température. 

>)  L'appareil  est  mis  en  communication  avec  un  manomètre  à  air  libre.  La  tension 
diminue  lentement  au  fur  et  à  mesure  qu'on  enlève  du  gaz  ammoniac.  Le  liquide, 
considéré  au  moment  où,  maintenu  pendant  plusieurs  heures  à  —  25°,  il  ne  dégage  plus 
de  gaz,  se  prend  en  masse  quand  on  refroidit  jusqu'à  —  55°.  A  une  température  plus 
élevée,  au  contraire,  il  reste  liquide,  tan.dis  que  la  pression  augmente  rapidement.  A 
la  température  ordinaire,  il  perd  tout  le  gaz  ammoniac  qu'il  contient.  Si  l'évaporalion 
est  lente,  la  combinaison  se  présente  sous  la  forme  d'une  masse  cristalline  brune 
soluble  dans  l'eau  en  donnant  une  liqueur  violette.  Introduit  dans  une  atmosphère  de 
gaz  ammoniac  sous  pression,  ce  corps  l'absorbe  rapidement  en  redevenant  liquide.  Sa 
dissolution  dans  l'eau  exposée  à  l'air  laisse  déposer  du  sélénium.  Traitée  par  un  acide, 
elle  dégage  de  l'hydrogène  sélénié,  tandis  que  du  sélénium  en  poudre  rouge  est  mis 
en  liberté. 

»  Les  séléniures  de  sodium  et  de  potassium  ainsi  obtenus  présentent  le 
même  aspect.  Dissous  dans  l'eau  de  brome;  ils  donnent  une  liqueur  dont 
l'analyse  s'effectue  comme  plus  haut. 

»   Ces  deux  corps  correspondent  aux  formules  Na'-Se*  et  R^Se*  (*  ). 


(')  On  a  trouvé,  par  exemple  :  sodium  36, 10  et  sélénium  63, 80,  au  lieu  des 
nombres  théoriques  36, 80  et  63,20.  De  même,  potassium  5o,i8  et  sélénium  49,75, 
au  lieu  de  49>68  et  5o,32. 

(^)  Sodium  12,  5o  et  sélénium  87,49,  au  lieu  des  nombres  théoriques  12,70  et  87  ,29; 
de  même  :  potassium  19,35  et  sélénium  80, 48,  au  lieu  des  quantités  calculées  19,80 
et  80,20. 


(  3oi  ) 

»  L'analyse  précédente  peut  être  contrôlée  par  la  pesée  du  sélénium  en 
excès  resté  dans  la  branche  A.  Mais  cette  vérification,  ainsi  que  le  mode 
de  préparation  et  de  lavages  décrits  plus  haut,  ne  sont  acceptables  que  si  le 
sélénium  ne  se  dissout  pas  dans  le  gaz  ammoniac  liquide,  ce  que  j'ai  expres- 
sément reconnu  dans  une  étude  (')  dont  les  principaux  résultats  ont  été 
publiés  avec  ceux  qui  sont  relatifs  au  soufre  et  au  tellure  (^). 

»  Cette  méthode  de  préparation  de  séléniures  alcalins  anhydres  permet 
d'avoir  des  composés  purs. 

»  Berzélius  (').  par  l'action  directe  du  métal  alcalin  sur  le  sélénium, 
Wohler  et  Dean  (*),  par  l'action  directe  du  charbon  sur  les  sélénites  ou 
les  séléniates  alcalins,  n'ont  obtenu  que  des  composés  mal  définis,  conte-^ 
nant  toujours  un  peu  de  sélénium  libre.  En  chauffant  les  produits  cristal- 
lisés Na-Se,  4.5H^O  et  R-Se,  9H-O  dans  un  tube  traversé  par  un  courant 
lent  d'azote,  M.  Fabre  C)  a  obtenu  des  monoséléniures  alcalins  qui  ren- 
ferment toujours  des  silicates  ou  des  aluminates  provenant  de  l'attaque  du 

(')  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux,  séance  du  25  no- 
vembre 1898. 

(^)  MM.  Franklin  et  Krauss  ont  publié  un  Mémoire  dans  lequel  ils  étudient  le  gaz 
ammoniac  liquide  en  tant  que  dissolvant  {American  chem.  Journal,  vol.  XX,  n"  10, 
décembre  1898;  p.  820).  Ils  ont  déterminé  approximativement  la  solubilité  de  cinq 
cents  substances  qu'ils  classent  en  corps  extrêmement  solubles,  très  solubles,  assez 
solubles,  peu  solubles,  très  peu  solubles  et  insolubles.  Ils  ont  opéré  à  —  38",  sous  la 
pression  atmosphérique  avec  du  gaz  ammoniac  liquide  employé  dans  le  commerce 
pour  la  fabrication  de  la  glace. 

MM.  Franklin  et  Krauss  placent  le  sélénium  parmi  les  corps  solubles. 

Ils  ont  étudié  également  la  solubilité  de  ce  corps  à  une  température  plus  élevée.  Le 
sélénium  était  placé  avec  le  gaz  ammoniac  liquide  dans  un  tube  qu'on  fermait  à  la 
lampe  pendant  qu'il  était  plongé  dans  un  bain  à  —  38°.  MM.  Franklin  et  Krauss  lais- 
saient ensuite  la  température  remonter  à  -t-  25°.  Ils  ont  trouvé  qu'à  cette  température 
le  sélénium  se  dissolvait  lentement  en  donnant  une  liqueur  dont  la  couleur  rappelait 
celle  obtenue  avec  le  soufre. 

Il  résulte,  au  contraire,  d'expériences  exécutées  au  laboratoire  depuis  plus  d'un  an 
que  le  sélénium  pur  ne  se  dissout  pas  dans  le  gaz  ammoniac  liquide  pur. 

Ce  désaccord  entre  ces  résultats  et  ceux  de  MM.  Franklin  et  Krauss  provient 
peut-être  de  ce  qu'ils  n'ont  pas  opéré  avec  du  sélénium  pur  et  du  gaz  absolument 
anhj'dre.  Il  n'est  pas  étonnant  en  eflet  qu'avec  du  sélénium  du  commerce  on  obtienne 
une  dissolution  dont  la  couleur  rappelle  la  dissolution  du  soufre  dans  le  gaz  ammoniac 
liquide. 

(')  Berzélius,  Traité  de  Chimie,  t.  11;  p.  247. 

(')  WôHLER  et  Dean,  Ann.  Pharm.,  t.  XCVII;  p.  5. 

(')  Fabre,  Ann.  de  Chini.  et  Phys.,  &'  série,  t.  X  ;  p.  490. 


(   3o2   ) 

verre  ou  des  nacelles  de  porcelaine  qui  avaient  seni  dans  cette  opération. 
Dans  une  prochaine  Note  je  me  propose  de  présenter  à  l'Académie  les 
résultats  obtenus  en  remplaçant  le  sélénium  par  le  soufre  ou  par  le 
tellure  ». 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  quelques  acélylacétonates  (').  Note  de  MM.  G. 
Urbain  et  A.  Oebierne,  présentée  par  M.  Grimaux. 

«  Alphonse  Combes  (')  et  l'un  de  nous  ont  déjà  signalé  les  propriétés 
curieuses  de  quelques  acétylacétonates. 

»  Depuis,  l'un  de  nous  a  décrit  l'acétylacétonate  de  thorium  et  celui 
d'uranyle  (ce  dernier  en  collaboration  avec  Alphonse  Combes),  et  a  pu 
observer  les  mêmes  particularités  de  solubilité  et  de  volatilité. 

»  Nous  avons  pensé  qu'il  était  intéressant  de  faire  une  étude  d'ensemble 
tle  ces  composés  :  c'est  le  commencement  de  cette  étude  que  nous  publions 
aujourd'hui. 

»  Les  acélylacétonates  s'obtiennent  généralement  par  l'action  directe  de  Tacétyl- 
acétone  sur  les  hydrates  ou  les  carbonates  en  suspension  dans  l'eau,  ou  par  double 
décomposition  entre  un  acétylacétonate  alcalin  et  la  dissolution  d'un  sel  neutre.  Cer- 
tains d'entre  eux  se  produisent  également  par  l'action  de  l'acétylacétone  sur  les  acé- 
tates. Dans  ce  cas,  l'acétylacétone  agit  donc  comme  un  acide  plus  énergique  que 
l'acide  acétique.  Nous  avons  observé,  de  plus,  qu'elle  peut  aussi  décomposer  des  chlo- 
rures; c'est  ainsi  qu'une  réaction  très  vive  se  produit  lorsqu'on  verse  de  l'acétylacétone 
sur  du  chlorure  d'aluminium  anhydre  en  présence  de  chloroforme.  Il  se  dégage  du 
gaz  chlorhydrique  et  il  se  forme  de  l'acétylacétonate  d'aluminium.  Une  réaction  se 
produit  également  avec  les  chlorures  anhydres  de  thorium,  de  fer,  etc.;  elle  devient 
même  d'une  extrême  violence  avec  le  tétrachlorure  de  titane. 

»  Au  cours  de  ce  travail,  nous  avons  constaté  que  certains  oxydes,  dont 
les  sels  normaux  sont  instables  et  n'ont  pu  être  isolés,  donnent  avec  l'acé- 
tylacétone des  corps  magnifiquement  cristallisés  et  d'une  remarquable 
stabilité.  Par  exemple,  nous  décrirons,  dans  cette  Note  qui  traite  des  acétyl- 
acétonates de  sesquioxydes,  les  sels  obtenus  par  l'action  de  l'acétylacétone 
sur  les  sesquioxydes  de  manganèse  et  de  cobalt. 

»  Bien  que  les  acétylacétonates  de  sesquioxydes  soient  d'une  grande  stabilité,  cer- 
tains d'entre  eux  se  décomposent  partiellement  quand  on  cherche  à  les  volatiliser.  Nous 

(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie-Physique  à  la  Sorbonne. 
C)  A.  Combes,  Comptes  j-eruliis.  t.  CV,  p.  868. 


(  3o3  ) 

ne   pouvions  donc    mesurer  leurs  densités  de  vapeur  pour  la  détermination  de  leurs 
poids  moléculaires. 

»  Toutefois,  la  grande  solubilité  de  ces  composés  dans  le  benzène  nous  a  permis 
d'effectuer  dans  ce  dissolvant  des  mesures  cryoscopiques  qui  n'ont  laissé  aucun  doute 
sur  la  grandeur  moléculaire  de  ces  dérivés. 

»  Il  résulte  de  ces  mesures  que  les  acétylacétonates  de  sesquioxydes 
que  nous  avons  étudiés  sont  du  type 

„.,/GOCH^ 

\      /COCH^ 

et  que  par  conséquent  les  sels  de  sesquioxydes  sont  de  la  forme  MR'  el 
non^PR^ 

»  Acétylacétonate  ferrique.  —  Ce  sel  se  prépare  le  plus  aisément  en  traitant  l'hy- 
drate ferrique  en  suspension  dans  l'eau  par  un  léger  excès  d'acétylacétone.  Au  bout  de 
vingt-quatre  heures,  la  transformation  est  complète.  Le  précipité  cristallin,  d'un 
rouge  vif,  est  séparé  par  fîltration,  séché  à  l'air  et  dissous  dans  le  benzène.  Après  deux 
cristallisations  dans  ce  dissolvant,  on  obtient  le  corps  absolument  pur. 

»  L'acétylacétonate  ferrique  est  très  soluble  dans  le  chloroforme,  le  benzène, 
l'alcool,  l'acétate  d'éthyle,  l'acétone;  moins  soluble  dans  l'éther,  l'essence  de  térében- 
thine; à  peine  soluble  dans  l'eau. 

»  Il  fond  à  184°  et  se  décompose  lorsqu'on  le  chauffe  au-dessus  de  cette  tempé- 
rature. 

Analyse, —  Trouvé  :  Carbone.     30,91  "/o 
Calculé  :  Carbone.     60,99  "/<> 

Matière  Poids  Aljaissemenl  du  point  Poids  moléculaire 

Cryoscopie.  employée,  du  dissolvant.  décongélation.  trouvé, 

f' expérience.  .  .        2,3o3  43, 02  o",75o  343 

2=   expérience...        2,584  42,85  o°,885  34 1 

))  Poids  moléculaire  calculé  pour  Fe(  Ac)'  :  353  ;  pour  Fe-(Ac)'^  :  706. 

»  Acétylacétonate  manganique.  —  Il  se  prépare  comme  le  sel  de  fer,  en  partant 
du  sesquioxyde  de  manganèse  provenant  de  la  réduction  du  permanganate  de  potasse 
par  la  glycérine  à  froid  et  en  liqueur  étendue.  La  dissolution  brune  obtenue  après  l'ac- 
tion de  l'acétylacétone  doit  être  épuisée  par  le  chloroforme,  pour  en  extraire  l'acétyl- 
acétonate  notablement  soluble  dans  l'eau.  Ce  sel  se  purifie  le  mieux  par  des  cristalli- 
sations dans  l'éther.  Il  se  présente  alors  en  cristaux  isolés  noirs  et  brillants,  dont  la 
poudre  est  brun  verdàtre.  Il  se  dissout  dans  les  mêmes  liquides  que  le  sel  ferrique, 
mais  y  est,  en  général,  plus  soluble. 


Hydrogène. 

6,01  % 

Fer. 

i5,6  V„ 

Hydrogène. 

5,95  Vo 

Fer. 

i5,8  o/„ 

Mail 

ganèse 

i5,45 

7o 

Man 

ganèse 

i5,6 

7o 

Poidï 

molécul 
trouvé. 

342 

aire 

(  3o4  ) 

»  Il  fond  à  172°,  puis  se  décompose. 

Analyse. —  Trouvé:  Carbone     51,07"/,,       Hydrogène     6,07  "/„ 
Calculé  :  Carbone     5i,i3°/o       Hydrogène     6,98  "/o 

Matière  Poids 

Cryoscopie.  employée,     du  dissolvant.      Abaissement. 

i''"  expérience  ...  .        3,786  4i>97  i,285 

■2"   expérience....        i,3624  43,25  0,460 

»   Poids  moléculaire  calculé  pour  Mn(Ac)^:  352. 

»  Acétylacélonate  cobaltique.  —  Il  se  prépare  au  moyen  du  sesquioxyde  de  cobalt 
provenanl  de  l'action  de  l'hypochlorite  de  potasse  sur  l'azotate  de  cobalt.  Moins  alté- 
rable que  le  sel  de  manganèse,  on  l'obtient  avec  un  rendement  théorique.  Les  cristaux 
sont  noirs  et  leur  poudre  est  vert  clair.  11  se  dissout  comme  les  précédents  dans  les 
dissolvants  organiques  et  les  dissolutions  sont  d'un  vert  intense. 

»  II  fond  à  240°  et  est  plus  stable  que  les  sels  de  manganèse  et  de  fer. 

Analyse. —  Trouvé  :  Carbone.     5o,7    "/„       Hydrogène.     5,92  "/„       Cobalt.      16,8    "/„ 
Calculé  :  Carbone.     SojSô"/,,       Hydrogène.     5,89  "/„       Cobalt.      16,57  "/„ 

Matière  Poids  .\baissement  du  point     Poids  mol. 

Cryoscopie.  employée.  du  dissolvant.         de  rongélation.  trouvé. 

1"'*  expérience 2,5o3  42,96  0,835  343 

2^  expérience 1,881  43,26  o,63o  345 

)i   Poids  moléculaire  calculé  pour  Co(Ac)'  :  356. 

»  Acétylacélonate  chromique.  —  Il  s'obtieçit  avec  l'hydrate  précipité  à  froid 
des  dissolutions  des  sels  violets.  Sa  stabilité  est  comparable  à  celle  du  sel  d'alumi- 
nium. C'est  un  sel  rouge  violacé,  également  très  soluble  dans  les  dissolvants  orga- 
niques. 

»  Il  fond  à  2i4°,  bout  à  34o°  sans  décomposition.  Sa  vapeur  est  verte. 

Analyse. — Trouvé  :  Carbone.     5\,3''l„         Hydrogène.     6,06  "/(,        Chrome.      14,770 
Calculé  :  Carbone.     5i,5"'/o         Hydrogène.     6,01%       Chrome.      i4,9''/o 

Cryoscopie.  Matière  employée.     Poids  du  dissolv. 

Inexpérience' 2,9712  42,56 

2'  expérience 2 ,  335  43 ,  08 

»   Poids  moléculaire  calculé  pour  Cr(Ac)'  :  349. 

»  Acétylacétonatc  d'aluminium.  —  Nous  n'avons  que  peu  de  chose  à  ajouter  à  ce 
qu'a  publié  Alphonse  Combes  sur  ce  sujet.  L'acétylacétonate  d'aluminium  se  prépare 
difficilement  avec  l'hydrate  d'alumine.  On  l'obtient,  au  contraire,  très  aisément  par 
l'action  de  l'acétjlacélone  sur  !e  chlorure  d'aluminium  anhydre. 

Cryoscopie.        Matière.        Poids  du  dissolvant.        Abaissement.        Poids  moléculaire  trouvé. 
1,928  43,75  0,700  3i5 

»  Poids  moléculaire  calculé  pour  Al(Ac)'  :  324- 

M  Acétylacétonatc  nickelique.  ^-  Ce  sel  n'a  pu  être  isolé.  Lorsque  l'on  traite  le 


Poids  mol 

aissement. 

trouvé. 

I  ,o3o 

337 

o,8o5 

337 

(  3o5  ) 

sesquioxyde  de  nickel  par  l'acétylacétone,  on  obtient  une  dissolution  brune  très  foncée, 
qui  se  décompose  rapidement  sans  qu'on  puisse  arriver  à  extraire  le  sel  nickelique. 

»  L'ensemble  de  ces  résultats  montre  bien  l'analogie  que  présentent  les 
sesquioxydes  de  cobalt  et  de  manganèse  avec  ceux  d'aluminium,  de  fer  et 
de  chrome.  Non  seulement  dans  tous  les  acétylacétonates  de  ces  ses- 
quioxydes, le  métal  fonctionne  comme  tnvalent,  mais  encore  leurs  proprié- 
tés physiques  et  chimiques  sont  presque  identiques.  Leurs  formes  cristal- 
lines sont  analogues.  Ils  fondent  sans  décomposition  et  sont  tous  plus  ou 
moins  volatils.  Enfin,  ils  peuvent  tous  se  combiner  avec  i  molécules  de 
chloroforme  lorsqu'on  les  fait  cristalliser  dans  ce  dissolvant.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Action  des  matières  minérales  el  des  acides 
organiques  sur  les  variations  de  la  résistance  el  les  modifications  de  l'éco- 
nomie (').  Note  de  MM.  Charrin,  Gdillemonat  et  Levaditi,  présentée 
par  M.  Ch.  Bouchard. 

«  En  présence  de  l'importance  croissante,  en  Pathologie  générale,  de 
la  notion  de  terrain,  il  nous  a  paru  intéressant  de  rechercher,  d'une  part, 
dans  quelle  mesure  on  peut  créer  des  différenees  entre  les  milieux  or- 
ganiques, d'autre  part,  quelles  sont  les  modifications  qui,  réalisées  par  ces 
différences,  font  varier  la  résistance  aux  maladies. 

»  Pendant  cinq  à  dix  semaines,  tous  les  deux  ou  trois  jours,  on  injecte,  sous  la 
peau  de  plusieurs  séries  de  lapins,  des  quantités  croissajites  de  1°'=  à  4""^  d'une  solution 
comprenant  loo?"'  de  sulfate  de  soude,  aS?"'  de  phosphate  de  soude,  aSs'  de  phosphate  de 
potasse,  loi'  de  chlorure  de  sodium  pour  i'"  deau.  Parallèlement,  d'autres  séries  d'ani- 
maux, de  poids  sensiblement  égaux,  soumis  à  une  semblable  alimentation,  reçoivent 
de  la  même  façon  des  proportions  oscillant  de  o"^,  lo  à  i""  d'un  mélange  constitué 
par  200"  d'eau  et  renfermant  iS''  de  chacun  des  trois  acides  lactique,  oxalique,  citrique. 

»  Il  convient  d'agir  avec  prudence,  de  ne  pas  altérer,  du  moins  en  apparence,  la 
santé  générale,  de  ne  pas  déterminer  d'amaigrissement;  des  doses  trop  considérables 
peuvent,  en  effet,  provoquer  des  accidents  toxiques  au  sens  pratique  des  mots;  or, 
chacun  sait  qu'un  empoisonnement  affaiblit  l'économie  :  une  nouvelle  démonstration 
n'est  nullement  nécessaire. 

»  Ces  longues  préparations  terminées,  on  inocule  dans  le  sang  de  ces  divers  animaux 
un  égal  volume  d'une  culture  pyocyanique. 

n  Dans  ces  conditions  les  lapins  traités  par  les  acides  succombent  les  premiers  en 
dix-huit  ou  cinquante-quatre  heures;  des  témoins  qui  n'ont  reçu  ni  acides,  ni  sels  ré- 

(')  Travail  du  laboratoire  de  Médecine  expérimentale  des  Hautes  Etudes. 
C.  R.,  1899,  2'  Semeslre.  (T.  CXXIX,  N-  5.)  4^ 


(  3o6  ) 

sislenl  duraal  une  à  trois  journées;  quatre  fois  sur  six.  les  sujets  modifiés  par  la  péné- 
tration des  principes  minéraux  vivent  plus  longtemps,  quelquefois  pendant  une  à 
trois  semaines  ('). 

))  Ainsi  la  résistance  diminue  chez  les  uns,  tandis  que  le  plus  fréquem- 
ment elle  s'accroît  chez  les  autres.  Dès  lors,  il  est  intéressant  de  savoir  si 
ces  variations  se  rattachent  à  des  modifications  organiques  saisissables. 

»  Les  lapins  minéralisés  ont  les  poils  plus  lisses,  les  mouvements  plus  agiles;  ils 
émettent  habituellement  plus  d'urine  que  ceux  qui  reçoivent  des  acides,  un  tiers,  un 
quart  en  plus  par  jour;  ils  fabriquent  ordinairement  par  kilogramme  un  peu  plus  d'urée  : 
o,4o  ou  0,21  au  lieu  de  o,34  ou  o,  i5,  proportions  émises  par  les  animaux  traités  par 
ces  acides  ;  chez  eux,  le  rapport  de  l'azote  de  l'urée  à  l'azote  total  oscille  autour  de  o ,  98  ; 
chez  ceux  qui  sont  soumis  à  ces  injections  d'acide,  ce  rapport  s'abaisse  parfois  à  0,88. 
Par  contre,  ces  derniers  animaux  émettent  des  urines  plus  riches  en  acide  phospho- 
rique  d'environ  |  que  les  urines  des  sujets  auxquels  on  administre  des  sels;  toutefois, 
si  l'on  calcule  par  rapport  aux  volumes  urinaires  quotidiens,  au  lieu  de  calculer  par 
litre,  les  phosphates,  en  raison  des  oscillations  de  ces  volumes,  sont,  comme  l'urée, 
plus  abondants  tantôt  chez  les  uns,  tantôt  chez  les  autres;  ces  urines,  surtout  chez 
les  cobayes  qui  reçoivent  ces  acides,  sont  souvent  très  louches. 

»  Le  sang  des  animaux  soumis  à  ces  injections  d'acides  est  ordinaire- 
ment légèrement  plus  alcalin  que  celui  des  lapins  minéralisés  ;  il  se  coagule 
beaucoup  plus  vite,  peut-être  à  cause  des  bases,  de  la  chaux  en  particu- 
lier, mises  en  liberté.  Ces  faits,  aussi  bien  que  d'autres  détails  placés  en 
évidence  par  nos  recherches,  sont  du  reste  connus  dans  l'histoire  de  la 
dyscrasie  acide  (-'). 

»  Le  bacille  pyocyanique  semé  dans  le  sérum  des  animaux  qui  ont  reçu 
des  sels  pullule  moins  vite  et  sécrète,  à  un  moment  donné,  moins  de  pig- 
ment que  ce  bacille  évoluant  dans  le  sérum  des  lapins  soumis  aux  injec- 
tions d'acides;  les  cultures  faites  dans  ce  sérum  des  sujets  minéralisés  sont 
moins  virulentes;  les  lapins  inoculés,  à  doses  égales,  survivent  pendant 
trois  à  huit  jours,  tandis  que  ceux  qui  reçoivent  les  microbes  en  évolution 
dans  le  liquide,  tant  des  témoins  que  des  sujets  acidifiés,  périssent  en 
soixante-douze,  en  quarante-huit  heures,  même  en  une  journée  :  ces  résul- 
tats, comme  les  autres,  se  dégagent  de  l'ensemble  des  faits,  sans  échapper 
évidemment  aux  exceptions. 

»  Au  point  de  vue  de  l'agglutination,  on  n'observe,  au  premier  abord, 
rien  de  spécial;  cependant,  si  l'on  vaccine  en  injectant,  d'une  part,  des 


(')  Ces  cultures  sont  très  virulentes. 

(')  Voir  Ch.  BoncHARD,  Leçons  sur  le  ralentissement  de  la  nutrition,  p.  67  a  gâ. 


(  3o7  ) 

toxines  du  germe  du  pus  bleu,  d'autre  part,  ces  toxines  mélangées  à  des 
matières  minérales,  on  voit  que  l'emploi  de  ce  mélange  hâte  notablement 
l'apparition  du  précipité  agglutinatif;  celte  rapidité  d'apparition  s'obtient 
aussi  en  ajoutant  quelques  gouttes  d'une  solution  de  phosphate  de  chaux  (  '  ) 
à  du  sérum  associé  à  un  peu  de  culture  pyocyanique;  toutefois,  à  eux  seuls, 
les  sels  n'engendrent  pas  nettement  chez  l'animal  cette  agglutination. 

»  A  l'autopsie,  les  modifications  les  plus  intéressantes  portent  sur  la 
moelle  des  os  qui,  chez  les  animaux  traités  par  ces  sels,  prolifère,  tend  à 
perdre  une  partie  de  sa  graisse  (  ■). 

w  Ainsi,  à  l'aide  de  ces  matières  minérales  et  de  ces  acides,  on  parvient 
à  créer,  entre  les  milieux  organiques,  des  différences  qui  correspondent  à 
des  variations  dans  la  résistance  aux  maladies.  Parallèlement  à  ces  chan- 
gements on  enregistre  des  mutations  nutritives  plus  perfectionnées,  des 
attributs  humoraux  plus  développés.  L'état  bactéricide  devient  manifeste; 
on  réalise  de  la  sorte,  assurément  dans  une  plus  faible  mesure,  avec  des 
substances  banales,  des  modifications  qui,  pour  certains  auteurs,  ne 
peuvent  apparaître  que  sous  l'influence  de  la  pénétration  des  produits 
bactériens;  ces  principes  de  défense,  suivant  quelques  chercheurs,  ne 
seraient  même  autre  chose  que  ces  produits  bactériens  plus  ou  moins 
transformés. 

»  De  tels  résultats  sont  de  nature  à  mettre  nettement  en  évidence  la 
part  de  l'organisme  si  souvent  proclamée  par  le  professeur  Bouchard,  dans 
la  genèse  de  ces  éléments  de  protection  ;  de  pareils  éléments  se  déve- 
loppent sous  l'influence  des  réactions  de  l'économie  mises  en  jeu  dans 
notre  cas  par  des  matières  minérales,  dans  d'autres  circonstances  par 
d'autres  composés  le  plus  souvent,  mais  non  fatalement,  d'origine  micro- 
bienne. Nos  expériences  permettent  même  d'aller  plus  loin,  de  localiser, 
pour  une  part,  ces  réactions  dans  le  sang,  plus  encore  dans  la  moelle 
osseuse.   » 


(')  Voir  E)A1NYSZ,  Soc.  6jo/..  juin  1899. 

C)  Ces  modifications,  comme  tous  nos  résultats  (survie,  chiffres  d'analjse,  etc.) 
varient  naturellement  suivant  les  réactions  animales,  les  doses  introduites,  la  durée 
des  préparations,  la  virulence  des  cultures,  etc. 


(  3o8  ) 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Immunité  et  spécificité.  Réflexions  à  propos  de. 
la  Note  précédente  de  MM.  Charrin,  Guillemonat  et  Levaditi;  par  M.  Ch. 
Bouchard. 

«  La  Note  de  MM.  Charrin,  Guillemonat  et  Levaditi  ('),  que  je  viens  de 
présenter  à  l'Académie,  a  une  très  haute  importance  à  ne  la  considérer 
qu'au  point  de  vue  des  faits  concrets  qu'elle  expose.  Son  importance  n'est 
pas  moindre,  je  crois,  par  l'interprétation  que  ces  faits  permettent  de  don- 
ner à  des  questions  posées  depuis  longtemps,  tranchées  arbitrairement  ou 
écartées  comme  actuellement  impénétrables.  Cette  Note  prend  rang  après 
un  ensemble  de  travaux  qui  préparaient  l'intelligence  de  quelques-uns  des 
modes  de  production  de  l'immunilé.  Elle  me  suggère  quelques  réflexions 
que  l'Académie  me  permettra  de  lui  soumettre. 

»  Au  nombre  des  moyens  qu'utilise  l'organisme  pour  se  défendre  contre 
les  microbes  pathogènes,  il  y  a  certaines  propriétés  humorales,  qui  existent 
avant  toute  atteinte  morbide  ou  qui  se  développent  au  cours  de  la  maladie 
pour  persister  plus  ou  moins  longtemps  après  elle,  durant  parfois  pendant 
toute  la  vie.  Parmi  ces  propriétés  humorales  il  en  est  qui  sont  défavorables 
s  la  vie  ou  à  la  pullulation  ou  à  l'activité  sécrétoire  des  microbes,  je  les 
réunis  sous  le  nom  de  propriétés  ou  iV étals  bactéricides.  La  réalité  de  l'état 
bactéricide  est  démontrée  pour  le  sérum  sanguin  normal.  L'exaltation 
de  cet  état  bactéricide  a  été  établie  pour  vingt  maladies  microbiennes  en- 
viron. 

»  Un  autre  état  du  sérum  sanguin  qui  est  sans  action  contre  les  microbes 
mais  qui  aide,  au  moins,  l'organisme  animal  à  se  défendre  contre  leurs 
poisons,  c'est  l'état  aniitoxique  qui  a  été  nettement  établi  au  moins  pour 
deux  microbes.  Il  doit  être  plus  trécpient,  à  n'en  juger  que  d'après  ce  que 
nous  savons  de  l'immunilé  que  confère  l'intoxication  jiar  un  venin  et 
d'après  l'efficacité  que  possède  le  sérum  des  animaux  ainsi  immunisés 
pour  prévenir  ou  pour  guérir  l'intoxication  par  le  même  venin  ou  par 
quelques  autres. 

»  J'ai  fait  valoir,  à  partir  de  1879,  les  raisons  qui  obligent  à  admettre 
que  l'immunité,  au  moins  l'immunité  acquise,  est  l'efTet  d'une  modification 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  3o5. 


(  3o9  ) 

plus  ou  moins  durable  de  la  nutrition,  survenue  au  cours  de  la  maladie 
microbienne. 

»  J'ai  démontré  en  1891  que,  pour  l'état  bactéricide  au  moins,  le  chan- 
gement humoral  est  dû,  non  à  la  persistance  de  matières  déposées  dans 
l'économie  par  le  microbe  lors  de  la  maladie  qu'il  a  provoquée,  mais  qu'il 
résulte  d'un  changement  survenu  dans  l'élaboration  de  la  matière.  J'ai 
prouvé,  en  effet,  que  cette  matière  protectrice  se  détruit  constamment 
dans  l'économie.  Comme  elle  y  est  toujours  présente  et  toujours  efficace, 
il  faut  admettre  cpi'elie  s'y  forme  incessamment,  qu'elle  n'est  donc  pas  le 
reliquat  des  cellules  microbiennes,  mais  qu'elle  est  le  produit  incessam- 
ment formé  par  les  cellules  animales  dont  la  nutrition  a  été  modifiée  d'une 
façon  durable.  Ce  qui  est  vrai  pour  les  matières  bactéricides  paraît  vrai 
également  pour  les  matières  antitoxiques. 

»  On  a  pensé  d'abord  que  ce  changement  de  la  nutrition,  d'où  résulte 
un  état  des  humeurs  qui  aide  à  la  guérison  de  la  maladie  ou  à  la  résistance 
contre  une  nouvelle  invasion,  ne  pouvait  être  que  la  conséquence  de  la 
lutte  de  l'économie  aux  prises  avec  l'agent  spécifique  de  cette  maladie.  Il  a 
fallu  reconnaître  que  le  virus  vaccin  donne  l'immunité  contre  la  vaccine  et 
contre  la  variole.  Il  a  fallu  reconnaître  ensuite  que  l'agent  infectieux  n'est 
pas  indispensable,  que  ses  produits  suffisent  et  qu'une  immunité  durable 
peut  être  produite  si  l'on  a  introduit  seulement  les  toxines.  On  a  prouvé 
ensuite  ([ue  la  résistance  par  changement  de  l'activité  nutritive  produi- 
sant une  modification  humorale  s'observe  quand  l'économie  a  été  aux 
prises  avec  des  ]3oisons  autres  que  les  |)oisons  microbiens,  avec  certains 
poisons  fournis  par  de  grands  végétaux,  abrine,  etc.,  avec  certains  poisons 
fournis  par  les  animaux,  venins,  etc.  M.  Phisalix,  auquel  on  est  redevable  de 
si  remarquables  découvertes  dans  cette  voie,  a  montré  que  des  poisons  ani- 
maux incomparablement  moins  toxiques  vaccinent  contre  eux-mêmes  et, 
chose  bien  plus  précieuse,  vaccinent  contre  les  venins,  contre  les  toxines  : 
tels  sont,  par  exemple,  les  sels  biliaires.  Même  des  corps  organiques  que 
l'on  croyait  presque  inertes,  la  cholestérine  entre  autres,  confèrent  de  telles 
immunités.  Aujourd'hui  ce  ne  sont  plus  seulement  les  microbes,  les  toxines, 
les  venins,  les  substances  organiques,  ce  sont  les  solutions  salines  miné- 
rales, même  neutres,  même  à  dose  non  toxique,  qui  confèrent  l'immu- 
nité. 

»  La  longue  et  fréquente  introduction  de  ces  sels  produit  l'immunité 
en  modifiant  l'état  humoral,  puisque  l'état  bactéricide  du  sérum  augmente. 


(  3io  ) 

Et  ce  changement  de  l'état  humoral  marche  parallèlement  à  un  change- 
ment delà  nutrition  générale,  quiest  reconnaissableà  la  vivacité  plus  grande 
de  l'animal,  au  lustre  de  son  poil,  à  l'abondance  et  à  la  richesse  plus  grande 
des  urines,  à  l'activité  formative  plus  grande  des  cellules,  au  moins  des 
cellules  de  la  moelle  osseuse. 

M  Ainsi  des  substances  très  toxiques,  ou  des  substances  inoffensives  et 
qui  passent  pour  être  inertes,  peuvent  modifier  l'activiié  nutritive  et  la 
modifier  de  façon  plus  ou  moins  durable.  Comme  conséquence  de  ce  chan- 
gement dans  l'activité  des  cellules  survient  un  changement  dans  la  compo- 
sition des  humeurs  qui  en  fait,  pour  certains  microbes,  un  milieu  de  cul- 
ture plus  nuisible  ou  plus  favorable.  La  résistance  à  la  maladie  infectieuse 
marche  parallèlement  à  ces  variations  de  l'état  bactéricide.  Quelques  sels 
neutres  en  dissolution  dans  l'eau,  du  sulfate  de  soude,  du  phosphate  de 
soude  ou  de  potasse,  du  chlorure  de  sodium  peuvent  produire  cela  comme 
la  toxine  du  bacille  pyocyanique.  Ces  faits  tendent  à  faire  sortir  la  notion 
de  l'immunité  du  domaine  de  la  spécificité.  Elles  ajoutent  un  argument 
puissant  aux  raisons  que  je  faisais  valoir  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir 
dans  mon  enseignement  de  ces  dernières  années. 

»  Je  formulais  ainsi  ma  conception  :  Tout  ce  qui  impressionne,  surtout 
d'une  façon  durable,  l'activité  nutritive  des  cellules  peut  modifier  la  com- 
position chimique  des  humeurs.  L'état  antitoxique  et,  surtout,  l'état  bacté- 
ricide des  humeurs  étant  liés  à  leur  composition  chimique,  le  changement 
de  l'activité  nutritive  des  cellules  pourra  exercer  une  influence  sur  la  récep- 
tivité ou  la  résistance  aux  maladies  infectieuses  comme  aussi  sur  la  gravité 
ou  la  durée  de  ces  maladies. 

»  Le  changeuient  humoral  que  produisent  les  modificateurs  de  la  nutri- 
tion peut  :  i"  favoriser  l'animal  dans  sa  résistance  à  la  maladie /a;  2°  lui  être 
nuisible  na\  3°  lui  être  indifférent  ia.  Ce  même  changement  humoral,  envi- 
sagé dans  son  action  sur  le  microbe,  peut  :  1°  favoriser  l'activité  morbifique 
du  microbeym;  2"  nuire  au  microbe  «m;  3°  lui  être  indifférent  ini. 

»  Cette  double  action  des  humeurs  sur  l'homme  et  sur  le  microbe  prête 
aux  combinaisons  suivantes  : 

»  J'a -^  fin,  favorable  à  l'animal  et  favorable  au  microbe,  aclion  incerlainc.  utile, 
nuisible  ou  nulle. 

»  fa  -+■  nm,  favorable  à  l'animal  el  nuisible  au  microbe,  action  atténuante  sur  la 
maladie. 

i>  fa  -H  ù?t,  favorable  à  l'animal  et  inditiéreute  au  microbe,  action  atténuante  légère. 


» 

na 

» 

ia 

légère. 

» 

ia 

» 

ia 

(  3n    ^ 

»  na  +fm,  nuisible  à  l'animal  et  favorable  au  microbe,  action  aggravante  sur  la 
maladie. 

»  na  -f-  nm,  nuisible  à  l'animal  et  nuisible  au  microbe,  action  incertaine. 

\-  im,  nuisible  à  l'animal  et  indifférente  au  microbe,  action  aggravante  légère. 

-fni,   indifférente  à  l'animal  et  favorable  au  microbe,   action  aggravante 

-  nm,  indifférente  à  l'animal  et  nuisible  au  microbe,  action  atténuante  légère. 

-  im,  indifférente  à  l'animal  et  indifférente  au  microbe,  action  nulle. 

»  De  ces  neuf  combinaisons,  seules  possibles,  il  v  en  a 

1  dont  l'action  est  nulle; 

2  »  indifférente; 

3  »  aggravante; 
3                  »  atténuante. 

»  Il  ne  serait  pas  difficile  de  trouver  dans  la  clinique  ou  dans  l'expéri- 
mentation des  exemples  de  ces  quatre  catégories. 

»  On  ne  considère  que  l'action  que  les  produits  microbiens  exercent 
sur  la  nutrition,  et,  en  laissant  de  côté  les  influences  tout  aussi  clairement 
démontrées  que  ces  poisons  exercent  sur  le  système  nerveux  et  par  son 
intermédiaire  sur  les  circulations  locales  et  sur  les  migrations  cellulaires,  ou 
ces  autres  influences  non  moins  certaines  que,  par  des  procédés  encore 
obscurs,  ils  mettent  en  jeu  dans  certains  organes  pour  activer  la  proliféra- 
tion des  cellules  migratrices,  on  peut  dire  que,  pour  une  part,  l'immunité 
peut  résulter  de  changements  chimiques  survenus  dans  les  humeurs,  chan- 
gements produits  par  une  modification  de  l'activité  cellulaire  :  car,  comme 
je  m'obstine  à  le  répéter,  les  humeurs  ne  sont  que  ce  que  tes  cellules  les  font. 
Les  cellules  les  font  bactéricides  ou  antiloxiques  quand  elles  ont  été  impré- 
gnées, même  d'une  façon  passagère,  par  les  produits  microbiens  ou  par 
un  grand  nombre  d'autres  modificateurs  de  la  nutrition.  Les  immunités  de 
cet  ordre,  quand  elles  ont  été  produites  par  la  toxine  microbienne  ou  par 
le  sulfate  de  soude,  sont  amenées  par  des  procédés  de  même  nature  diffé- 
rant peut-être  par  l'intensité  et  par  la  durée  de  leur  action.  Les  décou- 
vertes de  MM.  Charrin,  Guillemonat  et  Levaditi  ont,  entre  autres  mérites, 
celui  de  rendre  plus  vraisemblables  les  vues  que  je  viens  d'exposer  et 
d'aider  à  faire  sortir  de  la  spécificité  et  du  mystère  l'une  des  questions 
relatives  à  la  doctrine  de  l'immunité.    » 


(   3.2  ) 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  le  gluten  coagulé  et  les  matières  azotées 
des  farines.  Note  de  M.  Balland. 

«  Le  gluten  que  l'on  vient  d'extraire  des  farines,  jeté  dans  une  capsule 
contenant  de  l'eau  bouillante,  va  au  fond,  puis  surnage,  après  quelques 
minutes,  en  prenant  la  forme  spongieuse.  Il  ne  colle  plus  aux  mains;  il  a 
perdu  son  élasticité  et,  contrairement  à  ce  qui  se  passe  pour  le  gluten 
desséché  à  l'air  libre  et  même  à  l'étuve,  il  ne  la  reprend  pas  lorsqu'on  le 
remet  dans  l'eau  ordinaire.  Celte  particularité,  signalée  par  Parmentier 
en  1773  (Examen  chimique  des  pommes  de  terre),  a  été  mise  à  profit  par 
Aimé  Girard  pour  le  dosage  du  ^XnlenkY  (i\.a\.!>ec  {Comptes  rendus,  t.  CXXIV, 
p.  880).  En  coagulant  le  gluten,  on  facilite  en  effet  sa  dessiccation  et  l'on 
évite  l'adhérence  aux  parois  des  capsules  ou  des  lames  de  verre  sur  les- 
quelles on  l'étend  avant  de  le  porter  à  l'étuve. 

»  J'ai  entrepris,  sur  le  gluten  coagulé,  une  série  d'expériences  ana- 
logues à  celles  que  j'ai  faites  autrefois  sur  le  gluten  humide  (Comptes  rendus, 
t.  CXIX,  p.  566).  Le  gluten,  fortement  exprimé  à  la  main,  a  été  pesé, 
maintenu  dans  l'eau  bouillante  pendant  dix  minutes,  essoré  dans  un  linge, 
pesé,  séché  pendant  vingt-quatre  heures  à  100°,  puis  pesé  à  nouveau. 

»  Il  résulte  de  nos  observations  que  les  glutens,  tels  qu'on  les  retire  des 
farines,  plongés  dans  l'eau  bouillante,  acquièrent  une  hydratation  assez 
uniforme  en  perdant  plus  ou  moins  d'eau.  Dans  les  farines  de  bonne 
conservation,  à  acidité  normale,  la  perte  est  de  10  à  26  pour  100;  mais  dans 
les  vielles  farines,  dont  l'acidité  est  élevée  (o  ,i3o  à  o,  280  pour  100),  elle 
n'atteint  que  rarement  10  pour  100.  Le  gluten  des  premières,  qui,  avant  sa 
coagulation,  retient  le  plus  souvent  66  à  71  pour  100  d'eau,  n'en  retient 
que  60  à  63  pour  100  à  l'état  coagulé;  pour  les  farines  anciennes,  l'hydra- 
tation avant  et  après  coagulation  présente  moins  d'écarts  (60  à  64  avant  et 
57  à  61  après). 

»  Le  dosage  du  gluten  à  l'état  coagulé  offrirait  donc  plus  de  garanties 
que  le  dosage  à  l'état  humide  qui  se  fait  habituellement.  Le  dosage  à  l'état 
sec,  en  écartant  toutes  les  causes  d'erreurs  dues  à  l'hydratation,  donne, 
assurément,  des  résultats  comparables,  mais  il  n'est  pas  à  l'abri  de  la  cri- 
tique. Le  gluten  sec,  en  effet,  présente  une  composition  très  variable;  il 
retient  toujours,  suivant  les  lavages  auxquels  on  l'a  soumis  et  suivant  le 


(3i3) 

taux  d'extraction  des  farines  ou  leur  ancienneté,  plus  ou  moins  d'amidon, 
de  cellulose,  de  graisse  et  de  matières  minérales.  Dans  les  glutens  longue- 
ment lavés,  la  matière  azotée,  représentée  par  16  pour  100  d'azote,  dépose 
à  peine  go  pour  100;  si  les  lavages  sont  plus  restreints,  ce  qui  arrive 
fréquemment,  elle  tombe  au-dessous  de  80  pour  100.  La  composition  des 
glutens  ayant  passé  par  l'eau  bouillante  ne  diffère  pas  sensiblement  de 
celles  des  mêmes  glutens  qui  n'ont  pas  subi  ce  traitement. 

»  De  deux  farines  fraîches  blutées  l'une  à  3o  pour  100  et  l'autre  à  20  pour  100,  on 

a  retiré  des  glutens  qui  contenaient,  à  l'état  sec  : 

Matière  azotée, 
pour  100. 

/  Gluten  ordinaire  très  lavé 90, Sa 

Farine  blutée  à  3o  pour  100.  <  Le  même  après  coagulation 891  'o 

(  Gluten  ordinaire  moyennement  lavé.  80, 35 

/  Gluten  ordinaire  très  lavé 86, 10 

Farine  blutée  à  20  pour  100.   ?  Le  même  après  congélation 85,48 

(  Gluten  ordinaire  moyennement  lavé. .  74, 3o 

»  Ainsi,  le  gluten  sec  n'est  pas  de  la  matière  azotée  pure.  D'autre  part, 
il  ne  représente  pas  toutes  les  matières  azotées  insolubles  contenues  dans 
les  farines;  il  y  a  toujours  une  partie  de  ces  matières  qui  est  entraînée  avec 
l'amidon,  pendant  l'extraction  du  gluten,  et  qui  ne  saurait  être  confondue 
avec  les  matières  azotées  solubles.  Les  exemples  suivants  le  prouvent  : 

»  I.  D'une  farine  déchois,  de  mouture  récente,  on  a  extrait  le  gluten  en  recueillant 
avec  soin  les  eaux  de  lavage,  qui  ont  été  ultérieurement  jetées  sur  un  filtre,  après 
repos  et  décantation.  On  a  examiné  séparément  le  gluten,  les  parties  restées  sur  le  filtre 
et  le  liquide  ayant  traversé  le  fdlre.  On  a  trouvé  pour  100  de  farine  : 

Eau i3,8o 

Gluten  sec 8,64  do"l  7-66  pour  la  matière  azotée; 

Résidu  sec  laissé  sur  filtre 71  ,28      »     0,43  » 

Extrait  sec  de  la  liqueur  filtrée.  .  4j05      »     0,86  » 

Pertes 2,23 


»  Le  gluten  sec  dosé  comme  précédemment  par  le  procédé  Kjeldahl  (coefficient  6,25) 
contenait  88,88  pour  100  de  matière  azotée,  le  résidu  sec  laissé  sur  le  filtre  0,61  pour  100, 
l'extrait  sec  21,48  pour  100  et  la  farine  9,18  pour  100. 

»  Le  résidu  laissé  sur  le  filtre  avait  52  pour  100  d'eau  au  moment  où  il  a  été  mis  à 
l'étuve,  alors  que  la  farine  non  déjjourvue  de  son  gluten  en  retient,  dans  des  conditions 
analogues,  57  pour  100. 

»  La  matière  azotée  est  très  inégalement  répartie  dans  ce  résidu  :  c'est  au  centre 
C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  5.)  4l 


(  3i4  ) 

qu'il  j-  en  a  le  plus.  Avant  de  procéder  au  dosage  de  l'azote,  on  a  mélangé  soigneusement 
la  masse  au  mortier. 

»  II.  Une  farine  très  ordinaire,  de  mouture  récente,  a  donné  : 

Eau i3,  3o 

Gluten  sec 8,'j5  dont  7,55  pour  la  matière  azotée; 

Résidu  sec  laissé  sur  filtre 70i95      »      0,86  » 

Extrait  sec  de  la  liqueur  filtrée. .  4iSo      »      1,10  » 

Pertes 2,20 

100,00 

«  Le  gluten  sec  contenait  86,34  pour  100  de  matière  azotée,  le  résidu  1,22  pour  loo, 
l'extrait  23,02  et  la  farine  9,82. 

»  III.  Une  farine  première  marque  du  commerce,  conservée  pendant  trois  ans, 
a  donné  : 

Eau i3,oo 

Gluten  sec 8,55  dont  7 ,  92  pour  la  matière  azotée  ; 

Résidu  sec  laissé  sur  filtre 7 '170      "      0,60  » 

Extrait  sec  de  la  liqueur  filtrée..         ^,9^      »      0,98  » 

Pertes i  ,So 

100,00 

»  Le  gluten  sec  contenait  92,7  pour  100  de  matière  azotée, le  résiduo,85  pour  100, 
l'extrait  19,94  c*  '''  farine  9,5i  pour  100. 

»  IV.  Une  farine  de  blé  dur  des  manutentions  militaires,  conservée  pendant  deux 
ans,  a  donné  : 

Eau 12,10 

Gluten  sec 12, 85         dont  11 ,28  pour  la  matière  azotée. 

Résidu  sec  laissé  sur  filtre..  .  .  64,25  »       2,4i  » 

Extrait  sec  de  la  liqueur  filtrée.         7,95  »        1,91  » 

Pertes 2,85 

100,00 

»  Le  gluten  sec  contenait  87,80  pour  100  de  matière  azotée;  le  résidu,  3,76  pour 
100;  l'extrait,  24,10,  et  la  farine,  15,96. 

»  On  voit,  par  ces  exemples,  que  le  gluten,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  signalé, 
se  modifie  pendant  le  vieillissement  des  farines  :  il  perd  la  faculté  de  se 
rassembler,  et  il  est  entraîné  en  plus  grande  quantité  par  les  lavages.  On 
remarquera  aussi,  d'après  ce  qui  a  été  dit  plus  haut,  que  les  glutens  des 
farines  bien  blutées,  c'est-à-dire  relativement  dépourvues  de  graisse,  de 
matières  minérales  et  de  cellulose,  contiennent  la  plus  forte  proportion 
d'azote  et  que  cette  proportion  va  en  s'élevant  dans  les  vieilles  farines, 
chez  lesquelles  la  matière  grasse  s'est  plus  ou  moins  transformée.   » 


(  3i5  ) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Dosage  du  gaz  carbonique  au  mont  Blanc. 
Note  de  M.  Maurice  de  Thierry,  présentée  par  M.  Janssen. 

(<  Dans  une  précédente  Note,  que  j'ai  en  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie ('),  j'ai  donné  le  résultat  des  recherches  que  j'ai  effectuées  au 
mont  Blanc  pendant  les  campagnes  de  1894,  iSgS  et  189G,  sur  l'ozone 
atmosphérique,  l'eau  oxygénée  et  l'ammoniac. 

»  M.  Janssen  m'ayant  honoré  de  son  bienveillant  appui,  j'ai  pu,  tout 
en  continuant  le  dosage  méthodique  de  l'ozone  atmosphérique  dont  la 
quantité  croît  toujours  avec  l'altitude,  commencer  le  dosage  de  V anhydride 
carbonique,  dans  l'air  des  hautes  régions. 

»  Comme  pour  l'ozone,  j'ai  donné  la  jDréférence  à  la  méthode  suivie  chaque  jour 
par  MM.  Albert  Lévy  et  Marboutin  C),  à  l'observatoire  municipal  de  Montsouris. 
Cette  méthode  consiste  à  faire  passer  une  grande  quantité  d'air  (de  100  à  i5o  litres), 
dans  une  série  de  tubes  de  Pettenkofer  contenant  une  solution  alcaline.  L'opération 
terminée,  la  liqueur  est  recueillie  et  titrée  à  l'aide  de  la  phénolphtaléine. 

»  Pour  éviter  les  causes  d'erreur  Inliérenles  aux  agglomérations,  aux  produits  de  la 
combustion  des  foyers,  à  la  présence  des  matières  organiques,  etc.,  je  me  suis  installé 
sur  le  toit  d'un  chalet  situé  à  2*""  de  Charaonix  et  à  1080™  d'altitude.  Sous  un  abri 
improvisé,  ouvert  à  tous  les  vents,  j'ai  placé  trois  tubes  de  Pettenkofer.  Ces  tubes 
de  I"  de  longueur  sont  recourbés  à  angle  droit  à  l'une  de  leurs  extrémités  sur  laquelle 
est  soufflée  une  boule  pour  empêcher  les  projections  du  liquide  par  le  barbotage  de 
l'air.  L'autre  extrémité  élargie  sur  une  longueur  de  20'™  environ,  fait  un  angle  obtus 
avec  le  corps  du  tube  et  reçoit  à  l'intérieur  un  petit  tube  effilé  en  verre  maintenu  par 
un  bouchon  de  caoutchouc  et  par  lequel  l'air  aspiré  pénètre  bulle  à  bulle.  Les  tubes 
de  Pettenkofer  étaient  inclinés  légèrement  sur  l'horizontale,  de  façon  que  l'air  en 
arrivant  produisît  une  série  de  bulles  qui  s'élevaient  lentement  sans  cependant  se  réunir. 
Ils  communiquaient  avec  un  aspirateur  exactement  jaugé,  permettant  de  faire  passer 
un  volume  d'air  déterminé. 

>)  Après  avoir  lavé  les  tubes  et  les  dilTérentes  parties  de  l'appareil  avec  de  l'eau 
préalablement  bouillie  pendant  deux  heures,  pour  éviter  toute  introduction  de  gaz 
carbonique,  les  tubes  ont  été  garnis  d'une  solution  titrée  d'hydrate  de  potassium  et 
l'on  a  fait  passer  bulle  à  bulle  i5o''',  5oo  d'air.  L'ouverture  du  tube  servant  à  la  prise 


(')  Séance  du  1=''  mars  1897. 

(  2)  Je  me  fais  un  devoir  de  remercier  ici  M.  Albert  Lévy,  chef  du  Service  chimique 
de  l'observatoire  municipal  de  Montsouris,  et  M.  Marboutin,  sous-chef  de  ce  Ser- 
vice, pour  leurs  précieux  conseils  et  pour  les  appareils  nécessaires  à  ces  dosages  qu'ils 
ont  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition. 


100  mètres  cubes 

Température 

Volume 

d'air 

Dates. 

centigrade. 

Pression. 

d'air  aspiré. 

contiennent. 

20  août  1898 

-^  8",  5 

542"™, 75 

i5o''S5oo 

26'*',  9 

5  sept.  1898 

-1-20°,  5 

682°"°,  25 

i5o''',5oo 

26'",  2 

(  3i6  ) 

d'air  regardait  le  mont  Blanc,  c'est-à-dire  le  sud.  La  température  moyenne  était 
de  20°, 5;  le  vent  ouest-sud-ouest;  là  pression  barométrique  moyenne  de  682""",  25;  le 
ciel  très  pur,  le  temps  très  beau. 

»  Les  mêmes  appareils  ont  été  transportés  et  installés  à  l'observatoire  des  Grands- 
Mulets,  situé  à  3o5o™  d'altitude.  La  prise  d'air  était  établie  à  une  très  grande  hauteur 
du  glacier  et  des  rochers  pour  éviter  les  divergences  qu'une  agitation  continuelle 
entretient  au  niveau  du  sol.  L'ouverture  du  tube  aspirateur  regardait  le  mont  Blanc, 
c'est-à-dire  le  sud-est.  Le  vent  était  du  sud-ouest  et  très  faible;  le  ciel  très  pur,  pas 
un  nuage  à  l'horizon.  La  pression  barométrique  mo3"enne  de  542™™,  70  et  la  tempéra- 
ture moyenne  de  -I-  8°,  5. 

»  I.,es  quantités  d'anhydride  carbonique  trouvées  à  Chamonix  et  aux 
Grands-Mulets  sont  indiquées  dans  les  Tableaux  ci-dessous  : 


Localités.  Altitudes. 

Grands-Mulets 3o5o™ 

Chamonix-les-Pratz.      1080™ 

Comparaisons  avec  Montsouris. 
Dates.  Chamonix-les-Pratz.   Grands-Mulets.  Montsouris  (nombre  moyen). 

20  août  1898 -n  26"',  9  Sa''',!  pour  100  mètres  cubes  d'air 

3  septembre  1898 26"',  2  »  32''Si  »  " 

»  Comme  on  peut  le  voira  l'examen  de  ces  Tableaux,  la  quantité  d'anhy- 
dride carbonique  diminue  très  peu  avec  l'altitude,  ainsi  que  de  Saussure 
l'avait  remarqué,  du  reste,  en  1828.  100™'=  d'air  pris  à  SoSo"  en  con- 
tiennent 25"*, 9,  au  lieu  de  32"',  i  à  Montsouris. 

»  J'ajouterai,  en  terminant  cette  Note,  que  les  neiges  fraîches  et 
anciennes  (névé),  ainsi  que  l'eau  de  fusion  de  couches  glacières,  même 
très  profondes  (crevasses,  moulins,  etc.),  prises  soit  au  sommet  du  mont 
Blanc  (4810"),  soit  aux  Grands-Mulets,  soit  sur  les  glaciers  de  Talèfre 
et  du  Géant,  ne  m'ont  jamais  donné,  comme  je  l'avais  publié  l'année  der- 
nière, aucune  des  réactions  de  l'eau  oxygénée.  » 

M.  B.  DE  Bal.\ss.\y  adresse  une  Note  relative  à  la  décharge  électrique 
et  à  la  constitution  de  l'étincelle. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

J.  B. 


Ou    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLA RS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

Depuis  1835  les  COHPTES  RENDDS  hebdomadaires  paraissent  régulièreraent  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  Tolumes  ln-4°.  Deuj 
Tables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
et  part  du  i"  janvier. 

Le  prix  de  Pdbnnnement  est  fixé  ainsi  qiiUl  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Dnion  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Agen Ferran  frères. 

I  Chaix. 
Alger (  Jourdan. 

I  Ruff. 

Amiens Courtin-Hecquel. 

•  (  Germain  et  Grassin. 

°       (  Lachèse. 

Bayonne Jérôme. 

Besançon Jacquard. 

I  Feret. 
Bordeaux !  Laurens. 

'  Muller  (G.). 
Bourges Renaud. 

/  Derrien. 

\  F.  Robert. 

Brest (  .    „    , 

1  J.  Robert. 

(  Uzel  frères. 

Caen Jouan. 

Chamberv Perrin. 

Henry. 

Marguerie. 

Juliot. 

Ribou-Collay. 

.  Lamarche. 

Dijon Ratel. 

'  Rey. 


Cherbourg 

Cler  mont-Fer  r. . 


_  1  Lauverjat. 

Douai ' 

\  Degez. 

1  Drevel. 

(  Gratier  et  G'*. 

La  Rochelle Foucher. 

\  Bourdignon. 

(  Dombre. 

)  Thorez. 

\  Quarré. 


Grenoble. 


Le  Havre. 


LUle.. 


chez  Messieurs  : 

Lorient 

(  Baumal. 
■  ■  (  M"'  Texier. 

/  Bernoux  et  Cumin 

l  Georg. 

Lyon 

. .  <  Côte. 

1  Savy. 

'  Vitte. 

Marseille 

..     Ruât. 

Montpellier. . . 

\  Calas. 
■  ■  (  Coulet. 

Moulins 

. .     Martial  Place. 

/  Jacques. 

Nancy 

Grosjean-Maupin. 

(  Sidot  frères. 

Nantes 

i  Loiseau. 
)  Veloppé. 

Nice 

(  Barma. 

"  /  Visconti  et  C". 

A  ifnes    

..     Thibaud. 

Orléans    

. .     Luzeray. 

Poitiers 

(  Blanchier. 
■  •  i  Marche. 

Hennés 

Plihon  et  Hervé. 

Rochefort 

..     Girard  (M""). 

Rouen 

1  Langlois. 
\  Leslringanl. 

S'-Etienne  . ... . 

..     Chevalier. 

Toulon 

(  Ponteil-Burles. 
(  Rumèbe. 

Toulouse 

)  Gimel. 
■  '  Privât. 

Boisseiier. 

Tours 

. .     Pérical. 

'  Siippligeon. 

Valenciennes.. . 

S  Giard. 
/  Lemaître. 

On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


chez  Messieurs  : 
Feikema    Caarelsen 
et  C". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

,  .\sher  et  C**. 
Dames. 

Friedlander   et   (ils. 
'  Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

ILamertin. 
Mayolez  et  Audiarle. 
Lebégue  et  C'*. 
)  Solclieck  et  C". 


Bucharest i  „        , 

'  Slorck. 

Budapest Kilian. 


Cambridge 

Christiania 

Constantinople. 

Copenhague 

Florence 

Gand 

Gènes 


Genève . 


La  Haye. 


Lausanne- 


Leipzig.. 


Liège. 


Deighlon,  BelletC». 
Cammeruieyer. 
Otto  Keil. 
Hosl  et  fils. 
Seebei'. 
Hosle. 
.     Beuf. 

Cherbuliez. 

Georg. 
I  Slapelmohr. 

Bel  in  fa  nie  frères. 
j  Benda. 
'  Payot. 

Barlh. 
\  Brockhaus. 
■  Lorentz. 
I  Max  Riibe. 

Twielmeyer. 
,  Desoer. 
(  Gnusé. 


chez  Messieurs  : 

,  Dulau. 
^°'"^'  " Hachette  et  C". 

'Nuit. 
Luxembourg.    . .     V.  Biick. 

ÎLibr.  Gulenberg. 
Romo  y  Fussel. 
Gonzalès  e  bijos. 
.  F.  Fé. 

.Mtlan [^"""^  f"-""- 

'  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

Naples (Marghieri  di  G,  us. 

(  Pellerano. 

i  Dyrsen  et  Pfeiffer. 

New- York Stechert. 

LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  G'- 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaès  el  Monit. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

_  1  Bocca  frères. 

Rome . 

'  Loescheret  G". 

Rotterdam  Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin 

)  Zinserllng. 

;  Wolir. 

I  Bocca  frères. 
Brero. 
j  Ciausen. 
[  RosenbergelSellii;!-. 

Varsovie Gebethner  et  M dlll 

Vérone Drucker. 

1  Frick. 

Vienne ,  „       ,  ,    .   _, 

!  Gerold  et  C". 

ZUrich Meyer  et  Zeller. 


S'-Petersbourg. . 


Turin. 


TABLES  GËNËRALES  DES  COUPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  m-4°;  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  — (i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i86d.)  Volume  in-4°;  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  a  91.—  (i"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  in-4';  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  ADX  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tome  I:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  .\.  Debbés  et  A. -J.-J.  Solie».— Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvenllej 
Comètes,  par  M.Hankn.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  el  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 
grasses,  par  M.  Claode  Bernard.  Volume  in-4°,  avec  32  planches  ;  i856 15  fr. 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sclence^ 
pour  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  o  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
«  mentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
«  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  el  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4°,  avec  37  planches;  1861..  .       15  fr. 


4  la  même  Librairie  les  Hématres  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savant»  à  l'Académie  des  Sciences. 


N"  5. 

TABLE   DES   ARTICLES.   (Séance  du  r,i  juillet  1899.) 


MÉMOIRES  ET  COMMUIVICATIOXS 

DES  MEMBUES   ET   DES  C0RUE3P0ND.\NTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  le  Secbetaihe  perpetuf.l  annonce  à 
l'Aciidémie  la  mort  tie  M.  liicggenbacli. 
Corics|)ondaiit  pour  la  Secûon  de  Méca- 
nique  ■ 

M.  A.  CiiALVEAt.  —  Thcrmogénése  et 
dépense  énergétique  chez  l'homme  qui 
élevé  ou  abaisse  son  propre  poids.  Le 
travail    positif  prend   de    la    chaleur   au 


249 


Pages, 
moteur  animé  qui   exécute  ce   travail;  le 

travail  négatif  lui  en  donne '■\'.\ 

M.  E.  Vali-ier.     -  Sur  la  loi  des  pressions 

.  dans  les  bouches  à  feu J  "* 

M.  A.  KOWALEVSKY.  —  Imprégnation  hypo- 
dermique chez  VUœnicntaria  costata  de 
MuUer  (Placobdella  catenigera  de  I!. 
Blanchard) '  ' 


MÉMOIRES  PRESENTES. 


M.  G.  CuoQii.viEi.i,E  soumet  au  jugement  de 
r.Vcadémie  une  Note  «  Sur  certaines  affec- 
tions d'orijjine  cryptosamique,  connues 
sous  les  noms  de   maladies  paludéennes. 


contagieuses,  épidëniiques,  etc. 

M.  E.  Su.MiEX  adresse   une  Note  <• 

lutte  contre  le  Phylloxéra 


Sur    la 


■}.n'A 


CORRESPOiXDANCE. 


L'Association  française  pour  l'avance- 
.MENT  DES  Sciences  invite  l'.Vcadémie  à  se 
faire  représenter  à   son    >S"  Congrès,   qui 

se  tiendra  à  Uoulogne-sur-Mcr 2G.'| 

M.  le  \y  F.  Le  Double  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  le  comprendre  parmi  les 
candidats  au  prix  IMége ^li^ 

.MM.  BouuGET,  Montangerand  et  Haill.vud. 
—  Sur  la  nébuleuse  annulaire  de  la  Lyre, 
d'après  des  ol)ser\ations  faites  à  l'observa- 
toire de  Toulouse 260 

^L  M.  LuiZET.  -  Observations  de  fl  Lyre, 
faites  il  l'observatoire  de  Lyon 267 

.\L  LmzET.  —  Sur  l'éloile  variable  du  type 
Algol  (DM.-r-i3",35.'i7) 269 

MM.  \V.  Ebeut  et  J.  Perchot.  —  Sur  les 
méthodes  de  -M.  Lceny  pour  la  détermi- 
nation des  latitudes 270 

M.  F. -A.  l'OREL.  —  Les  variations  de  l'hori- 
zon apparent 272 

M.  E.-O.  Lovett.  Sur  les  équations  de 
Pfaff 27:1 

M.  Henri  Dulac.  —  Sur  les  cols  des  équa- 
tions dillérenlielles 370 

M.  H.  Le  CiiATELiKR.  -  Sur  les  change- 
ments d'état  du  fer  et  de  l'acier 270 

M.  Paul  Sacehdote.  ' —  Sur  les  déforma- 
lions  électriques  des  diélectriques  solides 
isotropes    2S_' 

M.  G.-.V.  IIemsalech.  --  Sur  les  spectres 
des  décharges  osciUanties : js  , 


M.  A.  Recouua.  —  Sur  les  états  isome- 
riques  de  l'acétate  chromique  :  acétate 
anormal  violet  biacide,  acétate  anormal 
vert  monoacide 

M.  Georges  Lemoine.  —  Action  du  magné- 
sium sur  ses  solutions  salines 

MM.  W.-H.  Lang  et  A.  Kigaut.  —  Sur  la 
dissociation  du  chlorure  de  cadmium 
hcxammoniacal 

M.  Maurice  François.  -  Sur  la  dissocia- 
tion de  l'iodure  de  mercurdiammonium. . 

M.  C.  Hugot.  —  .\ction  du  sodammonium 
et  du  potassammonium  sur  le  sélénium.. 

MM.   G.    Urbain   et- -\.    Uebierne.   —   Sur 

■  quelques  acétyl  acétonates 

MM.  Chaiuun,  Guillemonat  et  Levaditi.  — 
Action  des  matières  minérales  et  des 
acides  organiques  sur  les  variations  de 
la  résistance  et  les  modifications  de  l'éco- 
nomie  

M.  Ch.  Bouchard.  —  Immunité  et  spécifi- 
cité. Réflexions  à  propos  d'une  Noie  de 
MM.  Cliarrin.  Guillemonat  et  Levaditi. 

M.  Balland.  —  Sur  le  gluten  coagulé  et 
les  matières  azotées  des  farines 

M.  Maurice  de  Thierry.  —  Dosage  du  gaz 

carbonique  au  muni  Blanc 

M.  B.  DE  Balassnv  adresse  une  Note  rela- 
tive à  la  décharge  électrique  et  à-  la  con- 
stitution de  rétincelle 


291 

-'i/l 
..,1. 

29!l 


P\R[S.    —     IMPIUMERIE     G  A  UT  H  [  IC  R- V  [  L  L  A  K  S  , 
Quai  des  Grands-Augustins.   ai. 

t.e  ^.eranl  .•  *»ArtHieR-ViLLAlis. 


1899 


SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  nm.  liES  SECRÉTAIRES  PBRPÉTUEEiS 


TOME  CXXIX. 


N^  6  (7  Août  1899). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES   SÉANCES  DE    L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,   55. 

"■1899 


REGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS! 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    pES    23    JUIN    1862   ET    24    MAI    iSyS. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  l^ Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  oar  unAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier.  _ 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par"' 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent,  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  dos  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Irogranimes  des  prix  proposés  par  l'Acai 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai  1 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savon 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perso 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  deV 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'aï 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nom 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ex 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 


Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membse  doit  être  rem  1 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard  1 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  ten 
le  litre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  re, 
actuel,  et  l'txtrail  est  renvoyé  au  Compte  rendui 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des; 
leurs  ;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  f 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  apr 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  dupr 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivin 


COMPTES  RENDUS 

DES   SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  7  AOUT  1899, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  Maurice  LÉVY. 


3IÉM0IRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE, 

MÉCANIQUE.  —  Sur  les  mouvements  de  roulement;  équations  du  mouvement 
analogues  à  celles  de  Lagrange.  Note  de  M.  Appell. 

«  On  sait  que  les  équations  de  Lagrange  ne  peuvent  pas  être  appliquées, 
sans  modifications,  aux  problèmes  de  Dynamique  dans  lesquels  certaines 
liaisons  consistent  en  ce  que  des  corps  solides  sont  assujettis  à  rouler  et 
pivoter  les  uns  sur  les  autres.  Cette  difficulté  a  été  signalée  par  M.  Vier- 
kandt  et  a  fait  depuis  l'objet  des  recherches  de  MM.  Hadamard,  Carvallo, 
Rorleweg. 

»  .Te  me  propose  d'indiquer  ici  une  forme  simple  des  équations  du  mou- 
vement, analogue  à  celle  de  Lagrange  et  s'appliquant  en  particulier  à  ce 
genre  de  liaisons. 

C,  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N-  6  j  42 


(3i8) 

»  Soit,  pour  fixer  les  idées,  un  système  à  trois  paramètres  indépendants 
Q\>  fjïi  ?3>  soumis  à  des  forces  X,  Y,  Z.  Supposons  les  liaisons  de  telle 
nature  que,  les  paramètres  subissant  des  variations  infiniment  petites  arbi- 
traires Sy, ,  tq^,  ^q^,  on  ait,  pour  un  point  quelconque  {x,  y,  z)  du  système, 
le  déplacement  virtuel 

(  hx —  a^tq^  + a^tq.^-r- a^^q.^, 
(i)  \ly=b,lq,^b^q,^b,^,, 

où  a,,  a.,,  «3,  b,,  b^,  b,,  c,,  c.,,  c,  sont  des  fonctions  de  q,,  q.^,  q^,  les 
deuxièmes  membres  des  relations  (i)  nèlanl  pas  des  différentidles  totales 
exactes. 

))   Dans  ces  conditions  les  équations  de  Lagrange  ne  s'appliquent  pas. 

»  L'équation  générale  de  la  Dynamique  déduite  du  principe  de  d'Alem- 
bert  est 

(2 )  lm{x"  Ix  +y"  ly  +  z"  lz)=-S.{-^lx -^Yly -^  z  Iz), 

où  af,  y",  z"  sont  les  dérivées  deuxièmes  des  coordonnées  par  rapport  au 
temps, 

»  Cette  équation  doit  avoir  lieu  pour  tous  les  déplacements  (i)  compa- 
tibles avec  les  liaisons  :  elle  se  décompose  donc  dans  les  trois  équations 
suivantes  : 

j  lm{x"a,  -i-y"b,  4-  z"c,  )  =  i(X«,  -  Yb,  -+-  Zc,  ), 

(3)  lm{x"a.-i-y"b.,-hz"c,)=^l(Xa^-hYb,-hZc,), 
{  lm(x"a.,  -hy"b^  -f-  z"c3)=-l(Xa.,  +  Yèj  -h  Zc^ ). 

M  Pour  transformer  ces  équations,  remarquons  que  le  déplacement  réel 
du  point  X,  y,  z  pendant  le  temps  dt  est  donné  par 

dx  =  a,  dq^  -t-  a,  dq.,  +  «3  dq^,      . . . , 

ou,  en  divisant  par  dt  et  désignant  par  x' ,  y',  z',  q\,  q'„,  q\  les  dérivées 

dx  dqt 

dt'  '"'  'dt'  '"' 

(4)  \y  =  f>,q\-hb,q'.,-\-b,q'^, 

z'  =  c,q\  -i- Cj  yl  -H  c,  9;  ; 


(  ^'9  ) 
on  en  déduit,  en  prenant  les  dérivées  totales  par  rapport  au  temps, 

!x"—  a,q",  ■+-  a^ql  -h  a^ql-h. . ., 
z"=c,q",-^c,q:-hc,ql  +  ..., 

où  les  termes  non  écrits  ne  contiennent  pas  9'^,  ql,  q\.  Cela  posé,  on  a 

évidemment 

_  dx"  ,   _  dy"  _  d^ 


la  première  des  équations  (3)  s'écrit  alors 
•en  posant 


^      /     „dx"  „dy"  „àz"\       ^ 


si  donc  on  désigne  par  S  la  fonction 

où  J  est  l'accélération  du  point  m,  l'équation  du  mouvement  est 


on  a  de  même 


dq:~^'' 


àq",-^'- 

»  La  mise  en  équations  du  problème  est  donc  ramenée  au  calcul  de  la 
fonction  S.  Les  deuxièmes  membres  Q,,  Q^,  Q3  des  équations  se  calculent 
comme  dans  les  équations  de  Lagrange. 

»  On  a  ainsi  une  forme  des  équations  du  mouvement  qui  convient  à 
tous  les  genres  de  liaisons  et  qui  exige  le  calcul  de  la  seule  fonction 
^ImP,  composée  avec  les  accélérations  comme  la  demi-force  vive  l'est 
avec  les  vitesses. 

»  Pour  calculer  celte  fonction  S  relative  à  un  corps  solide,  on  se  servira 
des  formules  classiques  donnant  la  vitesse  et  l'accélération  des  divers 
points  d'un  solide  en  mouvement.  Il  est  d'ailleurs  évident  qu'il  suffit  de 


(    320    ) 

calculer,  dans  S,  les  termes  contenant  q\,  q".,,  q\,  puisque  les  autres  termes 
ne  donnent  rien  quand  on  prend  les  dérivées  partielles  par  rapport 
aux  q".   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —    Déterminations  thermochimiques. 
L' éthylênediamine ;  par  M.   Berthelot. 

«  Voici  quelques  déterminations  fiùsant  suite  à  celles  que  j'ai  publiées 
sur  les  principes  qui  interviennent  dans  la  production  de  la  chaleur  ani- 
male et  dans  les  synthèses  chimicobiologiques.  Elles  ont  porté  sur  les 
acides  de  la  bile,  sur  Tamygdaline,  glucoside  extrêmement  répandu  dans 
les  fruits  végétaux  et  qui  produit  l'acide  cvanhydrique  et  l'essence 
d'amandes  amères;  sur  la  conicine,  alcali  de  la  ciguë;  enfin  et  surtout,  sur 
un  alcali  fort  important,  l'éthylènediamine,  type  le  plus  simple  de  ces 
alcaloïdes  polyazotés,  bivalents,  qui  jouent  un  si  grand  rôle  parmi  les 
alcalis  thérapeutiques. 

I.  —Acide  cholalique  :  C^H^'OSH^O  =  426. 

»  L'échantillon  que  j'ai  étudié  provenait  de  la  fabrique  de  Merck  :  il 
était  cristallisé,  répondant  à  la  formule  C-*H^°0\  2iH-0.  Il  perdait  dans 
le  vide  à  froid  i.;H-0,  et  la  même  dose  sensiblement  à  100°;  pourvu  que 
l'on  ne  prolongeât  pas  indéfiniment  la  dessiccation.  Voici  l'analyse  du  corps 
séché  à  100°  (o,i  de  cendres  déduites)  : 

Trouvé.  Calculé. 

C 67 ,  66  67,6 

H 9,95  9,85 

»  chaleur  de  combustion  dans  la  bombe  (corps  précédent  séché  à  100°) 
i^'  :  7g86'^*',4;  79^8'^*',  7;  7980"^^',  o  à  volume  constant.  D'où  : 

»  Chaleur  de  combustion  moléculaire  :  34oi^^',7  à  volume  constant; 
3406^^*',!  à  pression  constante.  Soit  pour  i^''  de  carbone  :  1 1827^'''. 

))  Chaleur  de  formation  par  les  éléments  :  pour  C'^  +  H^^  +  O''  : 
-l-3o6C«',35;  pour  C^*-t- H^»  +  O»  +  H=0  liquide  :  +237^»', 35. 

»  L'acide  cholalique  peut  être  privé  de  H* O  par  une  température  plus 
élevée;  mais  il  n'est  pas  prouvé  qu'il  ne  soit  pas  altéré  par  là  dans  sa  con- 
stitution, le  départ  de  l'eau  pouvant  même  être  poussé  plus  loin  et  par 
degrés  (acide  choloïdinique,  dyslysine,  etc.).  J'ai  étudié  plusieurs  de  ces 


(    32  1     ) 

produits,  de  l'ordre  des  lactones  ou  anhydrides  dérivés  des  acides  mono- 
basiques qui  renferment  plus  de  deux  atomes  d'oxygène.  Mais  les  résultats 
observés  ne  m'ont  pas  paru  suffisamment  définis  pour  les  rapporter. 

»  L'acide  cholalique  peut  être,  en  théorie  seulement  jusqu'ici,  regardé 
comme  dérivé  de  la  choleslérine 

C-»H"0  -+-  50=  =^  C-'-H^oQ^  -f-  2CO'  +  2H=0; 

cette  réaction  dégagerait  -+-  442^"',!;  soit  +  44'^*'»  2  par  atome  d'oxygène 
fixé,  valeur  notamment  plus  faible  que  celle  de  la  première  oxydation  qui 
change  un  alcool  en  acide  monobasique  : 

C^tP0  4-0^=C2H»02+H2  0dégage +58,ix3 

mais  comparable  à  la  chaleur  d'oxydation  d'un  acide  monobasique  à  deux 
atomes  d'oxygène  fixant  ultérieurement  un  ou  plusieurs  atomes  addition- 
nels [+40,6  pour  CMl'O';  +  37,9  pourCH-'O'  (ortho),  etc.]  (  '  ). 

»  On  pourrait  admettre  aussi  30=  fixés  sur  la  cholestérine  avec  forma- 
tion d'acide  acétique  C-'H^^O'*  +  C-H^O^  :  ce  qui  dégagerait  -t-226,7 
ou  37,8  X  6,  la  combustion  étant  moins  avancée. 

11.  -  Amygdaline  :  C"H"AzO"  =  457. 

»  L'amygdaline  cristallisée  a  été  séchée  à  120°,  analysée,  puis  brûlée 
dans  la  bombe  calorimétrique.  Deux  combustions.  Pour  i^'  :  5i37''''',3  et 
5i4 1'^*',9  à  volume  constant. 

»  Chaleur  de  combustion  rapportée  au  poids  moléculaire  :  2348^"',  7  à 
volume  constant  et  2349^^',  2  à  pression  constante. 

»  Formation  par  les  éléments  :  -+-  468,5. 

»   Fermentation  (rapportée  aux  corps  séparés  par  l'eau). 
C^'H"  AzO"  cr.  -H  2H2O  liq.  =  aC»  H«0»  cr.  +  C'H«0  liq.  +  CH  Az  liq.  .  .      -o^^'.y 
c'est-à-dire  chaleur  sensiblement  nulle  dans  les  limites  d'erreur. 

III.   —    CONICINE  :  G'lI'''Az  =;  127. 

»  Desséchée  par  KOH  fondue,  rectifiée  dans  un  courant  d'hydrogène  et 
analysée. 


G. 
H. 


Trouvé. 

Calculé 

75,81 

75,59 

l3,2 

i3,3 

»   Deux  combustions.  Pour  1^%  10007*=*',  8  ®'-  10047'=''',  6. 


(')   Thennochimie  :  Données  et  lois  niunérujiies,  t.  1,  p.  G^a. 


(    322    ) 

»  Chaleur  de  combustion  rapportée  au  poids  moléculaire  :  1273"^*',  5  à 
volume  constant  et  1275^*', 5  à  pression  constante. 

»  Formation  par  les  éléments  :  +  65^"',  4  liquide. 

»  Dissolution  (i  partie  -+■  i5o  parties  eau)  à  26°  :  -f-o*^*',!. 

»  Neutralisation  :  H  Cl  dilué  4-  C'H"Az  dissoute  -t-  ii*^^',4- 

»   Ce  chiffre  la  rapproche  des  bases  tertiaires  de  la  série  grasse. 

»  Chlorhydrate  de  conicine  :  C*H"Az,HCl.  —  La  chaleur  de  dissolution 
a  été  trouvée  différente  sur  deux  échantillons  d'origine  distincte. 

»  1.  Avec  un  chlorhydrate  blanc  cristallisé,  acheté  chez  Kahlbaum,  et 
vérifié  par  analyse  ; 

C*H>'Az,HCl  (i  p.  4- 80  p.  eau)  à  20° —  o'^^'jSg 

M  2.  Avec  un  échantillon  préparé  dans  mon  laboratoire  au  moyen  de  la 
conicine  de  Merck  purifiée  : 

C«H'"Az,HCl  (i  p. +  120  p.  eau)  à  24» --iC«',49 

»  Ces  chlorhydrates  doivent  dériver  de  conicines  isomères.  En  tous  cas 
la  chaleur  de  formation  du  chlorhydrate  solide,  même  la  plus  forte,  est 
inférieure  à  celle  du  chlorhydrate  d'ammoniaque  pour  des  états  compa- 
rables, ainsi  qu'à  celle  de  la  pipéridine,  mais  supérieure  à  celle  du  chlor- 
hydrate d'aniline.  En  effet  : 

(  KzW  liquide +  HC1  gaz  =  AzH3,HCl  solide +38,2 

I  C^H^Azliq.  -hHCl  gazrrC5H"Az,HCl  solide +38,2 

Ic^H'Azliq.    +HC1  gaz  =  C'=H^\z,HCl  solide +27,3 

C'H^Az  liq. +  HC1  gaz  =  C»H"Az,HCl  solide +35,4 

»  On  sait  que  la  svnthèse  de  la  conicine  et  de  plusieurs  de  ses  isomères 
conduit  à  les  envisager  comme  des  propylpipéridines.  Or,  la  chaleur  de 
formation  de  la  pipéridine  par  ses  éléments,  déterminée  par  M.  Delépine, 
est  égale  à  +24,5.  Ce  nombre  diffère  de  4o^^',9  de  la  chaleur  de  formation 
de  la  conicine  :  ce  qui  montre  qu'il  ne  s'agit  pas  d'un  homologue  régulier, 
pour  lequel  la  différence  C'H"  répondrait  seulement  à  17*^^'.  Mais  la 
discussion  de  ces  différences  nous  conduirait  trop  loin. 

IV.   —  Éthylènediamixe  :   r,2H'Az-=6o. 

»  L'étude  de  l'éthylènediamine,  type  des  bases  dérivées  de  2  molécules 
d'ammoniaque,  est  très  intéressante.  J'ai  déterminé  la  chaleur  de  formation 
de  l'éthylènediamine  anhydre,  C-H*Az°;  de  son  hydrate,  C^H'^Az-O,  et 
de  son  dichlorhvdrate,  C.-H'"  Az*CI". 


(  32;î  ) 

»  J'ai  pris  comme  base  de  mes  mesures  la  chaleur  de  combustion  de 
l'hydrate,  ce  corps  étant  moins  promptement  altérable  au  contact  de  l'air 
humide  que  la  base  anhydre.  Les  produits  que  j'ai  mis  en  œuvre  viennent 
de  Kahlbaum  :  j'en  ai  vérifié  d'abord  les  propriétés  et  la  composition. 

»  Hydrate.  —  Ce  corps  ne  répondait  pas  exactement  à  la  formule 
C^H'^Az^O;  car  l'analyse  a  donné  : 

Trouvé.  Calculé. 

C 32,3  3o,8 

H 12,8  12,8 

Az 37,4  35,9 

0 17,6  30,5 

»  Cet  écart  résulte  de  la  dissociation  partielle  que  l'hydrate  éprouve 
pendant  sa  préparation  ;  il  répond  à  l'existence  d'un  sixième  de  base 
anhydre  dans  la  substance.  On  a  tenu  compte  de  cette  circonstance  dans 
les  calculs  qui  suivent. 

»  En  définitive,  pour  la  molécule  C-H'^Az^O  =  785'',  la  chaleur  de 
combustion  moléculaire  a  été  trouvée  égale  à  452*^^',  4  'i  volume  constant; 
453^*'  à  pression  constante. 

»  La  formation  par  les  éléments 

0^4-  H'»  -H  Az^*  -H  O  =  C»H'»Az=0  liq.  +  ^o^-^\&; 

à  l'état  dissous  :  +85*^"',  i. 

))  La  chaleur  de  dissolution  de  la  matière  (  1  partie  +  65  parties  d'eau  )  à 
25°,  a  été  trouvée  sans  correction  :  4-5, 08;  en  la  corrigeant  d'un  sixième 
d'anhydride,  on  trouve,  pour  C-H'"  Az-0,  4-4,68. 

»  La  chaleur  de  neutralisation  du  corps  dissous  par  aAzO'H  étendu, 
à  26°  :  4-23,2;  valeur  concordante  avec  le  chiffre  trouvé  par  MM.  Colson 
etDarzens,  pour  HCl  élendu  vers  i5°,  soit  4-23^"', 5  (').  Le  faible  écart 
-t-o,3  répond  à  l'inégalité  des  températures. 

»  Base  anhydre.  —  J'en  ai  déterminé  la  chaleur  de  dissolution  dans  l'eau. 

C' H' Âz^  eau  (i  partie  4- 65  parties  eau),  à  25» 4-7'^''',  45 

))  MM.  Colson  et  Darzens  ont  donné  -H7,6  à  i5°. 

M  J'ai  vérifié  la  pureté  du  produit,  en  en  mesurant  la  chaleur  de  neutra- 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXVIII,  p.  25o;  1894. 


(  324  ) 
lisation  par  l'acide  azotique  étendu.  Soit  +23^*',  25  :  ce  qui  concorde  avec 
la  mesure  effectuée  sur  l'hydrale  soumis  à  une  analyse  directe. 

»  Il  résulte  de  ces  chiffres  que  la  combinaison  de  la  base  anhydre  avec 
une  molécule  d'eau 

C^H'AzMiq. -H  H^Oliq.,  dégage  à  25° +7,45 —4,68  =  iC»', 77 

»  Ce  chiffre  est  comparable  avec  la  chaleur  dégagée  dans  la  formation 
de  l'hydrate  d'ammonium,  d'après  mes  anciennes  mesures  : 

AzH' liquide  +HîO  liq.  ^AzH^O  liquide -+-3C''',ii 

»  Les  composés  ainsi  formés  dérivent  de  l'azote  pentavalent,  comme  le 
chlorure  d'ammonium  AzH*Cl,  et  le  dichlorhydrate  C^H'^Az-CP.  Rap- 
pelons que  l'hydrate  d'éthylènediamine  éprouve,  lorsqu'on  le  distille,  une 
certaine  dissociation. 

»   La  chaleur  de  formation  de  i anhydride  par  les  éléments  est  facile  à  cal- 
culer; car  elle  est  égale  à  celle  de  l'hydrate,  diminuée  de  celle  de  l'eau  et 
de  la  chaleur  de  combinaison  de  l'eau  avec  l'anhydride 
x  =  +  80,6  -  69,0  -  2,8  =  +  8^=",  8  pour  C*  -H  H«  +  Az^  =  C^  H"  Az=  liq. 

»  Dichlorhydrate  :  C-H"  Az^Cl".  —  C'est  un  beau  corps,  bien  cristallisé. 
J'ai  vérifié  la  composition  de  mon  échantillon. 

»  Chaleur  de  dissolution  (i  p.  +  70  p.  eau)  à  24°,  8  :  —  6^*',  65.  MM.  Col- 
son  et  Darzens  ont  donné,  à  i5",  —  7,55.  La  différence  résulte  de  l'inéga- 
lité des  températures. 

»  Neutralisation.  —  J'ai  cherché  quelle  était  l'action  des  alcalis  minéraux 
sur  ce  dichlorhydrate,  en  ajoutant  à  sa  dissolution,  d'abord  i  éq.,  puis  2 
de  NaOH  (i  mol.  =  2'''  à  25°).  La  première  addition  a  dégagé  +2*^^',  57; 
la  seconde  addition,  +  2^*',  28;  en  tout,  +4^*',  85. 

»  En  admettant  que  la  première  addition  réponde  au  déplacement  total 
de  la  seconde  molécule  de  H  Cl  saturée  par  l'élhylènediamine,  la  chaleur  de 
neutralisation  de  cette  seconde  molécule  serait  égale,  à  25°,  à 

i3,45  —  2,57  =  +  10,88, 

valeur  qui  répond  à  la  mesure  directe  de  MM.  Colson  et  Darzens  :  +11,0 
à  i5°.  La  réaction  de  la  première  molécule  HCl  dégage  +  12, 3  ;  à  peu  près 
autant  que  AzH'.  Cependant,  l'action  réunie  de  2NaOH  a  dégagé,  en  fait, 
+4<85,  au  lieu  de  +26,9 — 23,2  =+6,7  valeur  résultant  des  précédentes 
mesures  relatives  à  la  saturation  totale  de  2  H  Cl  par  l'éthylènediamine. 


(    32.5    ) 

»  L'écart  entre  ces  nombres  indique  que  le  déplacement  de  cet  alcali 
par  la  soude  n'est  pas  total.  Il  y  a  un  partage,  lequel  répond  surtout  à  la 
i'*  capacité  de  saturation,  les  2  molécules  d'acide  successives  exerçant  une 
action  inégale,  conformément  aux  indications  des  savants  que  je  viens  de 
citer  ;  c'est-à-dire  que  : 

C^H'oAz^O  dissous -4- i^HCl  dissous  à  25°,  dégage +12, 4 

n  -)-  2'=  H  Cl  »  »  -1-10,8 

Total -t-23,2 

»  Chaleur  de  Joj-malion  par  les  éléments.  —  Elle  se  calcule  d'après  les 
données  précédentes,  conformément  à  l'équation 

C»H'°  Az^O  dissous  +  2HCI  dissous  =  C-H'»  Az-Cl=  crist.  -h  H'Oliq. 

(-H  85,1  -f-  78,4  +  23,2  4-  6,60  =  193,5)  —  69  =  -I-  124,5 

pour 

C^  +  H'"  +  Az- -h  Cl'' =  C=H"*  Az-Cl- solide. 

))  J'ai  essayé  de  contrôler  cette  valeur  en  brûlant  le  chlorhydrate  dans 
la  bombe,  en  présence  d'une  solution  de  Az-0'.  Mais  la  combustion  se  fait 
mal,  même  avec  addition  de  camphre.  Il  reste  plusieurs  centièmes  d'une 
matière  charbonneuse  et  l'on  retrouve  dans  la  solution  une  dose  notable 
de  chlorhydrate  d'ammoniaque.  Malgré  ces  causes  d'erreur,  l'écart  sur  la 
chaleur  de  combustion  calculée  ne  dépassait  pas  un  centième.  Mais  une 
telle  valeur  ne  mérite  pas  la  même  confiance,  à  cause  des  corrections. 

»  On  peut  se  rendre  compte  de  la  facilité  avec  laquelle  le  dichlorhy- 
drate  d'éthylènediamine  régénère  du  chlorhydrate  d'ammoniaque,  sous 
l'influence  de  la  chaleur  notamment,  si  l'on  se  reporte  à  la  chaleur  de 
formation  de  ce  dernier  composé  par  les  éléments,  soit  -1-76,8;  laquelle 
répond  presque  aux  deux  tiers  de  la  chaleur  de  formation  du  dichlorhy- 
drate.  Il  devrait  rester  ainsi  un  monochlorhydrale 

C=H»AzCl     ou     C^H^Az,HCl. 

On  sait  que  par  l'action  brusque  de  la  chaleur  les  éléments  de  ce  dernier 
se  polymérisent  en  formant  le  composé  (C-H'')-Az-,  2HCI,  et  consécuti- 
vement des  goudrons,  qui  se  rencontrent  en  fait  lors  de  la  combustion 
dans  la  bombe  calorimétrique. 

»   Chaleur  de  jormation  par  l'acide  et  la  base 

C»H«AzMiq.-H  2HCI  gaz.  =  C=  H'"  Az^Cl^  solide +70,9 

C.   K.,  1S99,  2«  Semestre.  (T.  CXXIX,  ;N'  6.)  4* 


(  326  ) 

^^  =  35,45  est  plus  faible  que    +  38,2,    qui  répond  à  la   formation 

AzH^Cl  depuis  AzH'  liquide.  Cette  relation  correspond  avec  la  moindre 
chaleur  de  neutralisation  moyenne  ^23,2  =  11,6  <  12,4  observée  avec 
AzH'. 

»  Le  chiffre  35,45  est  d'ailleurs  comparable  à  la  chaleur  de  formation 
du  chlorhydrate  de  conicine,  calculée  pour  les  mêmes  états  (+35,4),  mais 
supérieur  à  la  chaleur  de  formation  du  chlorhydrate  d'aniline,  calculée  de 
même:  -t-27,3.0n  voit  comment  ces  données  rendent  compte  de  la  force 
relative  des  bases  amidées,  même  en  l'absence  de  l'eau  et  de  toute  con- 
sidération empruntée  aux  conckictibilités  électrolytiques  des  dissolutions. 

»  On  peut  encore  comparer  l'hydrate  d'étbylènediamine  avec  l'hydrate 
d'ammonium  et  avec  l'hydrate  de  potasse  : 

Cal 

AzHSH^O  liq.  +  HClgaz.  =  AzH*  Cl  sol.  -t-  H^O  liq +  35,  i 

KOHsol. +  HClgaz.  =  KGlsol.  4-H201iq +37,5 

C»H>»Az=0  liq.+  H^O  liq.  +  2HCI  gaz 

=  G'H'«Az'Cl«sol.+  3H2  01iq +  68,  i  ou  +  34,o5  x -? 

»  La  formation  du  chlorure  de  potassium  l'emporte  sur  les  autres  et 
l'écart  serait  pkis  grand  encore  si  l'on  retranchait  de  ces  derniers,  pour 
rendre  les  états  comparables,  comme  il  convient,  la  chaleur  de  solidifica- 
tion de  la  base.  En  outre,  la  moitié  de  la  chaleur  de  formation  du  dichlor- 
hydrate  d'élhylènediamine  est  inférieure  à  la  chaleur  de  formation  du 
chlorhydrate  d'ammoniaque;  mais  il  est  probable  que  celle-ci  serait  sur- 
passée par  la  formation  du  premier  chlorhydrate  d'étbylènediamine. 

»  Tous  ces  résultats  et  rapprochements  montrent  l'importance  des 
données  thermochimiques  pour  la  statique  chimique  et  l'étude  de  la  con- 
stitution des  corps.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.    —   Sur  l'azotate  d'argent  ammoniacal, 
par  MM.  Berthelot  et  Delëpine. 

«  L'emploi  de  l'azotate  d'argent  ammoniacal,  comme  intermédiaire  dans 
certaines  mesures  calorimétriques,  nous  a  conduits  à  une  étude  plus  com- 
plète de  ce  composé,  qui  représente  en  réalité  l'azotate  d'une  base  ammo- 
niée  complexe  stable  et  formant  deux  sels  stables  dans  leurs  dissolutions, 
base  aussi  puissante  que  les  alcalis  minéraux  dissous.  Elle  est  comparable 


(  327  ) 

sons  ce  rapport  à  la  platosamine  et  à  la  base  animoniaco-magnésienne, 
définie  au  point  de  vue  ihermochimique  par  l'un  de  nous  (^Ann.  de  Ph.  et 
deCh.,  6*  série,  t.  XI,  p.  3ii;  1887.  —  Thermochimie  :  Données  et  lois  nu- 
mériques, t.  II,  p.  264). 

»  Cet  ordre  d'alcalis  complexes  peut  être  comparé  avec  les  composés 
doués  d'affinités  inverses,  c'est-à-dire  avec  les  acides  complexes  dérivés 
des  cyanures  et  des  chlorures  métalliques,  lesquels  constituent  des  acides 
puissants  de  l'ordre  des  hydracides  les  plus  forts. 

»  Voici  les  faits  que  nous  avons  observés  relativement  à  l'azotate  d'ar- 
gent ammoniacal  : 

AzO^Ag(i  mol.  =  2'")  +  2AzH3(i  mol.  =  i'") 

=  AzO'Ag,  2ÂzH»(i  mol.  =4'") +1 3^=1, 33 

»  L'addition  d'un  excès  d'ammoniaque,  aAzH'  diss.,  produit  des  effets  à 
peine  sensibles  :  +  0,067  '■>  ^®  ^"^  montre  que  le  sel  dissous  n'est  pas  sensi- 
blement dissocié. 

»   Réciproquement,  on  a  trouvé,  à  i5°  : 

AzO'Ag,  2AzrP(i  mol.  =:2'")  +  2Az03H(i  mol.  =  2'^') 4-12^"', 20 

ce  qui  conduit  à  -+-  i3,i5  pour  la  réaction  directe.  Moyenne,  -t-  i'i,-2o. 

»  Le  mélange  des  dissolutions  d'azotate  d'argent  et  d'azotate  d'ammo- 
niaque produit  d'ailleurs  des  effets  thermiques  insensibles,  ce  qui  exclut 
la  formation  d'un  sel  double,  je  dis  stable  en  dissolution. 

»  Si  l'on  admet  que  le  premier  équivalent  d'ammoniaque  déplacerait 
simplement  i  équivalent  d'oxyde  d'argent  (^  Ag^O),  en  formant  i  molécule 
d'azotate  d'ammoniaque  (N  =  i2,45),  le  phénomène  thermique  résultant 
serait  un  dégagement  de  1 2,4.5  —  5,2  =^  4-  7^"',  25.  Le  second  équivalent 
d'ammoniaque  dégagerait  alors  -f-  6,0,  en  provoquant  la  formation  d'un 
oxyde  ammoniargentique 

AzH^Ag 


AzH'Ag 


O, 


lequel  s'unit  aussitôt  à  l'ammoniaque  de  l'azotate  d'ammoniaque  pour  for- 
mer l'oxyde  d'une  base  plus  complexe,  dans  laquelle  l'argent  est  substitué 
|)ar  l'argentammonium 

AzH'(AzH^\g)  ( 

AzH'(AzH^Ag)  \      ' 


(  328  ) 

»  Cet  oxyde  complexe  forme  toute  une  série  régulière  de  sels  cristallisés 
et  solubles,  tels  que  l'azotate  décrit  dans  cette  Note  : 

AzO'[AzH'(AzH'Ag)]; 

un  hyposulfate(Rammelsberg)  ; 

S-0=[AzH'(AzH'Ag)]'; 

un  sulfate  (Mitscherlich  )  : 

SO*[AzH='(AzH='Ag)]^; 
un  chlorate  (Wachter)  : 

ClO'[AzH'(AzHUg)J-. 

»  L'oxyde  ainsi  formé  répond  à  la  formule  brute  Ag-'O,  /j  AzH',  dnns  la 
dissolution.  L'absence  de  réaction  d'un  excès  d'ammoniaque,  sur  le  sel 
formé  et  dissous,  montre  qu'il  n'existe  pas  dans  les  liqueurs  un  oxyde  sali- 
fiable,  stable,  plus  riche  eu  ammoniaque. 

))  L'oxyde  dissous,  que  nous  signalons  en  ce  moment,  répond  à  un 
composé  solide,  dit  argent  fulminant  (Berthollet)  et  qui  peut  être  obtenu 
cristallisé  par  simple  évaporation  (Higgins).  On  n'a  pas  vérifié  si  les  cris- 
taux se  redissolvent  dans  l'eau  pure  ou  ammoniacale,  ni  quelle  en  est  la 
composition  réelle;  en  raison  de  leur  caractère  explosif  extrêmement  sen- 
sible, lequel  a  déterminé,  à  plusieurs  reprises,  de  graves  accidents.  Nous 
nous  sommes  donc  bornés  à  expérimenter  sur  l'oxyde  dissous. 

»  Pour  analyser  de  plus  près  les  phénomènes  et  distinguer  entre  la  cha- 
leur propre  de  formation  de  cet  oxyde  et  sa  chaleur  de  neutralisation,  nous 
avons  mesuré  la  chaleur  dégagée  lorsqu'on  dissout  l'oxyde  d'argent  pur, 
récemment  précipité  et  bien  lavé,  dans  un  excès  d'ammoniaque  étendue. 
La  dissolution  est  facile  et  complète  avec  un  oxyde  frais. 

Ag^O  +  «Azii'  étendu,  dégage -|-io'^"',/|o 


»  Ce  chiffre  mérite  d'être  noté;  il  montre  que  l'oxyde  d'argent  dégage  à 
peu  près  la  même  quantité  de  chaleur  en  s'unissant,  pour  former  un  com- 
posé, soit  à  l'acide  azotique  étendu,  soit  à  l'ammoniaque  étendue  :  rappro- 
chement sans  doute  fortuit,  mais  cependant  digne  de  remarque. 

»  Si  l'on  observe  que  la  réaction  de  l'ammoniaque  sur  l'azotate  d'argent 
exige  seulement  4  Az  H^  pour  Ag^  O  combiné,  le  surplus  n'ayant  pas  d'action 
thermique  sensible,  on  est  autorisé  à  regarder   la  valeur  io,45  comme 


(  ;^29  ) 
applicable  à  la  formation  de  l'oxyde  Ag^0,4AzH' dissous.  On  a  alors 

2  AzO' H  étendu -t- Ag=  précipité -(-io,4  ) 

Additionné  de  /JAzH*  dissous -(-26,5  )  '^' 

»  Si  l'on  retranche  les  io^*',45  répondant  à  la  formation  de  l'oxyde  com- 
plexe, et  si  l'on  appelle  N  la  chaleur  de  neutralisation  d'un  équivalent 
d'acide  azotique  étendu  par  cet  oxyde, 

2N  =  36,9  "  iOî45  =  -I-  26,45, 

N  =  4-  l3,22. 

»  Or,  cette  valeur  est  fort  voisine  de  la  chaleur  de  neutralisation  de 
l'acide  azotique  étendu  par  les  alcalis  minéraux  dissous.  L'oxyde  d' argent- 
ammonium  est  donc  un  alcali,  de  force  comparable  à  celle  des  alcalis  miné- 
raux les  plus  énergiques. 

»  lies  données  précédentes  permettent  d'examiner  de  plus  près  la  suite 
des  phénomènes  accomplis  dans  la  réaction  de  l'ammoniaque  sur  l'azotate 
d'argent. 

»  Nous  avons  vu  que  l'on  pouvait  envisager,  au  moins  en  principe,  une 
première  action  de  déplacement  simple  de  l'oxyde  d'argent  par  l'ammo- 
niaque, laquelle  dégagerait  : 

2AzO^Agdiss.-t-  2AzH='diss.=  2  AzO'AzH' diss. -H  Ag=0. . .      -l-  24,9  —  io,4  =  i4,5 

»  Cet  oxyde  d'argent,  en  formant  ensuite  l'oxyde  x\g- 0,4  AzH' dissous, 
dégage  en  fait  -i-  10,4. 

»  D'autre  part,  la  séparation  de  l'azotate  d'ammoniaque  dissous 
en  acide  azotique  dissous  et  ammoniaque  dissoute  absorberait,  pour 
2AzO'AzH':  -  24,9. 

»  Enfin,  l'union  de  cet  acide  azotique  avec  l'oxyde  d'argentammonium 
précédent  dégagerait,  d'après  ce  qui  vient  d'être  établi  :  -h  26,5. 

»  La  somme  des  effets  accomplis  postérieurement  au  déplacement  de 
l'oxyde  d'argent  par  l'alcali  représente 

-+-  10,4  —  24,9  +  26,5  =  +-  12,0  ou  6,0  X  2, 

c'est-à-dire  le  même  chiffre  indiqué  plus  haut. 

»  Cette  concordance  constitue  une  vérification  exacte  de  la  chaleur  dé- 
gagée par  la  dissolution  de  l'oxyde  d'argent  dans  une  dissolution  ammo- 


(  33o  ) 

niacale;  elle  démontre  que  cette  chaleur  est  la  même,  soit  avec  l'oxyde 
d'argent  pur  et  libre  et  l'ammoniaque  en  excès,  soit  avec  l'azotate  d'argent 
et  l'ammoniaque,  employée  dans  la  proportion  exacte  de^AzH^  par  Ag-0 
dégagé  immédiatement  de  sa  combinaison.  C'est  une  vérification  utile  et 
même  indispensable  pour  établir  l'existence  d'un  seul  et  même  oxyde 
ammoniacal  dans  les  deux  systèmes,  identité  qui  n'était  pas  évidente  a 
priori,  en  raison  de  la  présence  d'un  excès  d'ammoniaque  dans  l'un  d'eux. 

»  Examinons  maintenant  le  sel  qui  renferme  cet  oxyde  complexe,  ou  si 
l'on  aime  mieux  le  radical  ammouiargenlique. 

))  L'azotate  d'argentaranionium  peut  être  obtenu,  comme  on  sait,  par 
évaporation  en  beaux  cristaux  prismatiques,  étudiés  par  Mitscherlich,  Welt- 
zar  et  Marignac. 

»  Nous  en  avons  vérifié  la  formule  par  une  analyse  nouvelle. 

»  Ce  sel  desséché  dans  le  vide  ne  perd  pas  d'ammoniaque  sensiblement  : 
nous  avons  trouvé  i6, 4;  calculé  i6,6. 

»  Nous  avons  trouvé  que  la  dissolution  dans  l'eau,  rapportée  à  la  formule 

AzO='[AzH'(AzH3Ag]  +4'i'  eau,  à  iS",  absorbe — Sc^'.gô 

dans  2ii'  ).        _8C»',58 

))  Il  en  résulte 

Az^-H  0="+ II^+ Ag  =  sel  solide.  .  .      +87,1.5;     sel  dissous.  .  .      -+-78*^=', 45 


/.Cal 


AzO'Ag  solide  +  2AzH'  gaz -nSij 

»  Le  caractère  explosif  de  l'azotate  résulte  immédiatement  de  ces  va- 
leurs, car  la  réaction 

AzO^Ag,2  AzH'  sol.  =r  SH^O  liq.  -+-  3Az  +  Ag,  dégage. . . .      -t-i  igi^^^Sô 
l'eau  supposée  gazeuse H-  87*^^',  i5 

valeur  égale  en  fait  à  la  chaleur  initiale  de  formation  du  sel 

»  Cette  étude  peut  être  regardée  comme  le  type  de  l'étude  thermochi- 
mique de  celle  des  sels  et  autres  composés  dérivés  des  aramoniures  mé- 
talliques.   » 


(  33i  ) 


CORRESPONDANCE. 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  dilatation  du  fer  et  des  aciers  aux  températures  élevées. 
Note  de  M.  H.  Le  Chatelier. 

«  La  dilatation  de  l'acier  aux  températures  élevées  n'a  été  étudiée 
jusqu'ici  d'une  façon  un  peu  précise  que  parle  professeur  Svedelius  (') 
de  l'Université  d'Upsal;  mais,  dans  les  expériences  de  ce  savant,  les  varia- 
tions de  température  ont  été  tellement  rapides  qu'il  peut  subsister  quelques 
doutes  sur  l'exactitude  des  nombres  obtenus.  J'ai  repris  l'étude  de  cette 
question  avec  la  collaboration  de  M.  Chantepic,  aide  préparateur  de  Chimie 
à  l'École  des  Mines.  Nous  nous  sommes  servis  du  procédé  de  mesure  em- 
ployé par  M.  Coiipeau  (-)  dans  ses  recherches  sur  la  dilatation  des  pâtes 
céramiques.  Un  miroir  en  silice  fontlue  s'incline  plus  ou  moins,  suivant  la 
différence  de  dilatation  entre  un  support  en  porcelaine  de  Sèvres  et  le 
corps  étudié;  il  réfléchit  un  rayon  lumineux,  dont  on  mesure  le  déplace- 
ment angulaire. 

»  Dans  la  dilatation  des  fers  et  aciers,  il  faut  distinguer  trois  périodes  : 
la  première  correspond  aux  températures  plus  basses  que  celle  du  début 
des  transformations  moléculaires;  la  dernière,  aux  températures  supé- 
rieures à  la  fin  de  ces  transformations;  entre  les  deux,  la  période  de  ces 
transformations  elles-mêmes. 

»  Dilatation  aux  basses  températures.  —  Le  fer  que  j'ai  employé  est  un 
métal  fondu,  de  composition  : 

G.  Mn.  Si. 

0,067  0,1 3  o,o5 

)i  Le  Tableau  suivant  est  relevé  sur  la  courbe  moyenne  déduite  d'un 
grand  nombre  d'expériences.  Les  dilatations  sont  exprimées  en  prenant 
le  -^  de  la  longueur  initiale  de  la  tige,  c'est-à-dire  le  millimètre  pour  une 


')  Phil.  Mag.,  t.  XLVl,  août  1898. 
(^)  Bulletin  de  la  Société  d'encouragement,  oclobre  1898. 


(  l^.  ) 

tige  de   loo"'".  La  dernière  ligne  du  Tableau  donne  le  coefficient  vrai  de 
dilatation  pour  chaque  intervalle  de  température  de  loo". 

Température....      o°        ioo°  200°         Soo"  400°         5oo°  600°  700°  800° 

Dilatation »         0,11         0,28         o,36         o,5o         o,65         0,81  0,976  i,i25 

^  Xîo« II  12  i3  i4  i5  ]6  16,5  i5 

»  Les  expériences  faites  avec  des  aciers  proprement  dits,  c'est-à-dire 
un  métal  pltis  riche  en  carbone,  donnent  des  nombres  sensiblement  iden- 
tiques. Voici  d'abord  la  composition  des  aciers  étudiés  : 

1.  2.  3.  4.  5.  6. 

G o,2o5  0,49  0,84  1,21  0,80  0,75 

Mn o,i5  0,24  0,24  0,24  o,i5  o,i5 

Si 0,08  o,o5  0,1 4  0,1 4  0,06  0,06 

))  On  a  rapproché,  dans  le  Tableau  des  dilatations,  les  résultats  relatifs 
au  fer,  déjà  donnés  plus  haut  : 

Température 0°  100°  200°  Soo"  400"  5oo°  600°  700° 

Fer  doux ,.  0,11  0,28  o,36  o,5o  o.65  0,81  0,975 

Aciers  1,  2,  3,  5,  6 »  0,11  0,22  o,35  0,49^  0,64  0,81  0,976 

Acier  4 »  o,io5  0,22  o,35  o,5o  o,64  0,80  0,96 

»  Les  différences  entre  les  dilatations  de  ces  divers  métaux  ne  dépassent 
pas  o™™,oi,  ce  qui  correspond  à  la  limite  de  précision  des  expériences.  On 
peut  donc  admettre  que  les  fers  et  les  aciers  ont  des  coefficients  de  dila- 
tation sensiblement  identiques,  voisins  de  0,000011  à  la  température 
ordinaire  et  croissant  régulièrement  jusque  vers  708",  où  le  coefficient 
vrai  est  de  0,000017.  Le  coefficient  moyen,  entre  o"  et  750°,  est  alors 
égal  à  0,000014. 

»  Cette  identité  approchée  des  coefficients  de  dilatation  s'explique  très 
bien  par  ce  que  l'on  sait  de  la  constitution  des  aciers.  Ils  sont  constitués  par 
une  masse  prépondérante  de  fer  pur,  au  milieu  de  laquelle  sont  distribués 
une  petite  quantité  de  cristaux  du  carbure  Fe'C.  Les  quatre  cinquièmes  du 
fer  au  moins  subsistent  à  l'état  non  combiné;  il  est  donc  assez  naturel  que 
les  aciers  conservent,  à  très  peu  de  chose  près,  la  dilatation  du  métal  pur. 

»  Dilatation  aux  températures  élevées.  —  Au-dessus  des  températures  de 
transformation  moléculaire,  la  dilatation  des  différents  aciers  varie,  au  con- 


(  333   ) 

traire,  très  rapidement  avec  leur  teneur  en  carbone,  comme  le  montre  le 
Tableau  suivant  : 

Teneur  en  carbone o ,  o5        0,2        0,8         1,2 

^-Xio'^...    i5  17  22  29 

dt  ' 

n  Ce  résultat  est  encore  parfaitement  conforme  aux  notions  que  nous 
possédons  sur  la  constitution  des  aciers.  Au-dessus  de  la  transformation 
moléculaire,  le  carbure  de  fer  et  le  fer  constituent  ensemble  une  véritable 
solution  solide;  dans  les  cas  semblables,  comme  je  l'ai  montré  anté- 
rieurement ('),  la  dilatation  n'a  aucune  relation  nécessaire  avec  celles  des 
constituants;  elle  peut  leur  être  très  supérieure. 

»  Période  de  transformation.  —  Il  m'a  été  impossible  de  réaliser  les  trans- 
formations moléculaires  dans  des  conditions  rigoureusement  réversibles; 
sur  ce  point,  mes  expériences  ne  sont  pas  plus  satisfaisantes  que  celles  du 
professeur  Svedelius.  Je  n'en  donne  les  résultats  qu'à  titre  provisoire,  me 
réservant  de  revenir  ultérieurement  sur  cette  question. 

Teneur  en  carbone o,o5  0,20  o,5  0,8  1,21 

Température  moyenne  de  la  Irans- 

formation 840°  76S"  728"  780"  725° 

Grandeur  de  la  contraction o™"',26  o"'",23  o'""',2i  o"",o8  o""",io 

»  La  contraction  est  exprimée  en  fractions  de  millimètre  et  rapportée 
à  une  longueur  de  100™™. 

»  Ces  contractions  sont  très  irrégulières,  d'une  expérience  à  l'autre,  et 
souvent  suivies  de  dilatations  qui  les  compensent  partiellement.  Un  grffid 
nombre  de  ces  anomalies  s'expliqueraient  en  admettant  que  ce  change- 
ment est  la  résultante  de  deux  phénomènes  qui  peuvent  être  plus  ou 
moins  en  retard  l'un  sur  l'autre  :  la  transformation  moléculaire  du  fer,  qui 
est  accompagnée  d'une  contraclion  de  0,26,  et  la  dissolution  du  carbure  de 
fer  dans  ce  métal  transformé,  qui  serait  accompagnée  d'une  dilatation 
dont  la  grandeur  serait  aussi  de  0,26,  pour  une  teneur  en  carbone  voisine 
de  0,9.   » 


(')  Comptes  rendus,  12  juin  1899. 

C.  R.,  1899,  3'  Semestre    il.  CXXIX,  N'  6.)  41 


(  334  ) 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  du  chlore  sur  un  mélange  de  silicium,  de  silice 
et  d'alumine.  Note  de  M.  Emile  Vigocroux. 

«  Une  Note  très  intéressante  de  MM.  Duboin  et  Gauthier  ('),  dont  je  prends 
connaissance  à  l'instant,  m'amène  à  communiquer  des  expériences  encore 
incomplètes  que  j'ai  commencées  cet  hiver,  dans  le  but  de  préparer  en 
çrand  le  chlorure  de  silicium.  Deux  procédés  ont  été  mis  en  œuvre  : 
i"  action  directe  du  chlore  sur  certains  siliciures,  le  siliciure  de  cuivre 
industriel  en  particulier;  2°  attaque  par  le  chlore  d'un  mélange  de  silicium, 
de  silice  et  d'alumine.  Dans  le  premier  cas,  le  chlorure  de  silicium  était 
coloré  par  du  chlorure  de  fer,  dû  à  la  présence  d'un  siliciure  du  même 
métal  dans  la  plupart  de  ces  produits  industriels.  De  plus,  la  matière  fon- 
dait dans  le  tube  d'attaque  et,  à  partir  de  ce  moment,  la  quantité  de  chlo- 
rure de  silicium  devenait  faible.  l'^s  de  siliciure  fournissait  une  moyenne 
de  2oo6''  de  chlorure  de  silicium  brut. 

»  Pour  réaliser  le  second  procédé,  on  a  réduit  la  poudre  de  silice  par  l'aluminium 
pulvérisé,  dans  un  creuset  qui  était  vivement  porté  à  la  température  du  rouge.  La 
réaction  effectuée,  on  isolait  rapidement  le  tout  dans  un  récipient  où  le  refroidissement 
s'effectuait  à  l'abri  de  l'air,  afin  d'empêclier  la  combustion  de  la  masse  incandescente. 
Le  mélange  froid,  vraisemblablement  constitué  par  du  silicium  et  de  l'alumine,  pro- 
duits de  la  réduction,  par  de  la  silice  et  de  l'aluminium,  échappés  à  la  réaction,  était 
traité  par  l'acide  chlorhydrique,  qui  dégageait  de  l'hydrogène,  puis  par  l'eau  régale, 
qui  dissolvait  un  peu  de  fer  et  d'alumine.  Après  lavage  et  dessiccation,  on  obtenait  une 
poudre  marron  clair,  que  l'on  utilisait,  comme  matière  première,  pour  la  préparation 
du  chlorure  de  silicium.  Le  chlore  l'attaquait,  vers  le  rouge,  en  formant  du  chlorure 
de  siliciuai  exempt  de  chlorure  de  fer;  l'acide  chlorhydrique,  avant  le  rouge,  fournis- 
sait également  du  chlorure,  en  même  temps  que  du  silicichloroforme. 

»  Cette  méthode  est  expéditive,  peu  coûteuse  et  permet  l'épuisement  complet  du 
silicium,  la  masse  restant  infusible;  de  plus,  elle  utilise  la  source  naturelle  du  silicium, 
c'est-à-dire  la  silice,  comme  l'ancien  procédé  d'OErstedt  (-).  Elle  peut  lui  être  substi- 
tuée, toutes  les  fois  qu'on  hésite  à  recourir  à  l'action  directe  des  deux  éléments. 

»  Si,  dans  mes  expériences,  la  matière  brute  tirée  du  creuset  n'a  pas  été  traitée  par 
le  chlore  directement,  c'est  qu'elle  retient  toujours  de  l'aluminium,  de  sorte  que  l'ac- 
tion du  chlore  se  porte  d'abord  sur  ce  métal,  qu'une  très  faible  chaleur  transforme  en 


(')  DuBoiN  et  Gauthier,  Comptes  rendus,  l.  CXXIX,  p.  217. 
('-)  OErstedt,  Jaliresberichte,  t.  VI,  p.  119. 


(  3:Vy  ) 

clilurure  ('),  tandis  que  l'attaque  du  silicium  ne  commence  que  vers  4">o".  H  est  vrai 
que  la  grande  quantité  de  chaleur  dégagée  par  la  combustion  de  Taluminium  amène 
une  température  suffisante  pour  que  le  silicium  prenne  feu;  mais  le  chlorure  d'alumi- 
nium, dont  la  condensation  se  fait  à  l'état  solide,  en  masquant  la  présence  du  chlorure 
de  silicium,  peut  faire  croire  à  la  non-ex.istence  de  ce  dernier.  Dans  mes  expériences, 
le  silicium,  qui,  après  attaque  du  produit  brut  par  les  acides,  reste  intimement  mé- 
langé à  l'alumine,  ne  s'est  donc  pas  comporté  comme  le  carbone.  Le  rôle  des  deux 
métalloïdes  paraît  peu  comparable  ;  le  carbone,  résistant  au  chlore  à  toute  température, 
se  trouve  encore  en  présence  de  l'alumine  lorsque  son  action  devient  efficace  (le  sili- 
cium aurait  disparu);  en  s'emparant  de  l'oxygène  pour  former  un  produit  gazeux  (CO), 
il  s'élimine  constamment  et  permet  au  chlore  de  poursuivre  son  attaque.  Le  silicium, 
au  contraire,  se  conserverait-il  en  présence  du  chlore  et  deviendrait-il  susceptible,  au 
moment  de  la  formation  du  chlorure  d'aluminium,  de  prendre  à  l'alumine  son  oxygène, 
que  la  réaction  serait  entravée  par  l'apparition  de  la  silice  qui,  s'interposant  entre  le 
chlore  et  l'alumine,  empêcherait  tout  contact. 

»   Des  mélanges  de  silice  et  d'aluminium,  après  réaction  et  attaque  par 
les  acides,  ont  fourni  les  résultats  suivants  : 


N°  1.  Silice 23o 

Al 75 

»   2.  Silice 220 

Al 75 

u   3.  Silice 200 

Al 100 

1)   4..  Silice 200 

Al 100 


j     Silicium  libre  :  9  "/o 

!     Silicium  libre  :  i4  "/o 

Silicium  libre  :  i4  "/o 

(     Silicium  libre  :  22  "/(, 


))  La  quantité  de  silicium  libre  dépend  donc  :  i"  des  proportions  de  silice 
et  d'aluminium  réagissantes;  2°  des  conditions  de  refroidissement;  c'est 
le  n"  4  qui  avait  été  refroidi  avec  le  plus  de  soin. 

»  Conclusions.  —  Un  mélange  de  silice  et  d'aluminium  peut  servir  à  la 
préparation  du  chlorure  de  silicium.  Cette  préparation  se  fait  en  deux 
temps  :  1°  réduction,  au  rouge,  de  la  silice  par  l'aluminium,  et  épuisement 
par  les  acides  de  la  poudre  obtenue;  2"  attaque  par  le  chlore  du  résidu  aban- 
donné par  les  acides.   » 

(')  L'aluminium,  en  poudre  fine,  prend  feu  dans  le  chlore  vers  ioo°;  s'il  est  en 
fragments,  les  angles  s'attaquent  d'abord,  puis  la  masse  fond  et  prend  la  forme  d'une 
boule  très  incandescente  que  l'on  peut  faire  rouler  dans  le  tube. 


(  336  ) 


cniMlE  MINÉRALE.  -  Action  du  phosphure  iV hydrogène  sur  V oxyde,  V hy- 
drate et  le  carbonate  de  cuivre  (*  ).  Note  de  M.  E.  Rubénovitch,  présentée 
par  M.  A.  Ditte.     . 

«  Oxyde  de  cuivre,  —  L'oxyde  préparé  par  calcination  de  l'azotate  de 
cuivre  contenait  79,14  pour  100  de  cuivre  (au  lieu  de  79,82  pour  100 
théorique).  Mis  en  présence  du  phosphure  d'hydrogène,  dans  les  condi- 
tions décrites  dans  nos  Notes  précédentes  {Comptes  rendus,  t.  CXXVII, 
p.  270;  t.  CXXVII,  p.  1398),  l'oxyde  de  cuivre  est  immédiatement  attaqué, 
d'abord  lentement,  puis  énergiquement,  avec  un  dégagement  de  chaleur 
considérable. 

»  La  matière  noire  devient  grise;  lorsqu'on  lave  le  produit  de  la  réaction  par  de 
l'eau  fraîchement  bouillie  et  à  l'abri  absolu  de  l'air,  on  trouve  dans  les  eaux  de 
lavage  de  l'acide  phosphorique;  on  ne  trouve  pas  d'hydrogène  dans  le  résidu  gazeux. 

!    Nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

:,   1°  Pour  deux  molécules  d'oxyde  de  cuivre  il  faut  une  molécule  de  phosphure 

d'hydrogène  happorl  trouvé  -^^  z_  2,06  et  1,93 


»   2"  La   composition  du  précipité  obtenu,  séché  à  l'abri  de  l'air  vers  So",  répond  à 
la  formule  P-Cu=,  comme  le  montrent  les  analyses  suivantes  : 


Calculé. 


Phosphore i6,4 

Cuivre 83,6 


100,0  99,90 

»  3"  Il  se  forme  simultanément  de  l'acide  phosphorique;  c'est  un  cinquième,  à  très 
peu  près,  du  pliosphore  introduit  à  l'état  de  phosphure  d'hydrogène  qui  se  retrouve  à 
l'étal  d'acide  phosphorique. 

»  La  réaction  peut  donc  être  représentée  par  la  formule  suivante  : 

(')  5PIPH-ioCuO  =  2P2Cu'+PO*H'-f-6H-0. 

»  Hydrate  de  cuivre.  —  La  matière  préparée  en  précipitant  le  sulfate  de 
cuivre  par  la  potasse  et  en  lavant  le  précipité  jusqu'à  l'enlèvement  complet 


(')  Ce  Travail  a  été  fait  an  laboratoire  de  M.  Joannis,   à  la  Faculté  des  Sciences  de 
Paris. 


(  337 
de  la  potasse  contenait  54, a^  pour  loo  de  cuivre,  3o,2  pour  loo  d'eau   et 
des  traces  d'acide  sulfurique;   elle  correspondait  assez  exactement  à  la 
formule  Cu  ( OH )--l-H^O. 

»  L'action  du  pliosphure  d'hydrogène  sur  ce  corps  est  extrêmement 
énergicpie  et  le  dégagement  de  chaleur  est  tel  que  la  matière  devient 
incandescente.  Pour  modérer  la  réaction,  il  faut  introduire  le  gaz  peu  à  peu, 
par  petites  quantités,  et  agir  à  basse  température,  ou  bien  tenir  la  matière 
en  suspension  dans  l'eau. 

»  On  a  trouvé  dans  le  résidu  gazeux  des  quantités  variables  d'hydrogène,  d'autant 
plus  grandes  que  la  réaction  était  plus  énergique.  Les  quantités  d'acide  phosphorique, 
que  l'on  dose  dans  les  eaux,  de  lavage,  effectué  à  l'abri  de  l'air,  sont  aussi  variables.  Ce 
qui  reste  invariable,  c'est  la  composition  du  précipité  gris  obtenu  qui  répond  toujours 
à  la  formule  P-Cu^.  Voilà  les  détails  de  deux  expériences,  dont  la  première  (a)  a  été 
edectuée  en  tenant  la  matière  en  suspension  dans  l'eau,  et  la  seconde  (b),  en  laissant 
le  gaz  agir  énergiquement  sur  l'hydrate  de  cuivre. 

»  (a).  oS'',  5i32  de  matière  contenant  os'',2783  ou  4, 38o  millimolécules  de  cuivre  ont 
absorbé  45",36  ou  2,082  millimolécules  de  phosphure  d'hydrogène  avec  mise  en 
liberté  de4'^S62  ou  0,207  millimolécules  d'hydrogène.  Dans  les  eaux  de  lavage,  on  a 
trouvé  OB', 01^5  ou  o,/4o3  millimolécules  de  phosphore  à  l'état  d'acide  phosphorique. 
Enfin,  dans  le  phosphure  de  cuivre  il  y  avait  os^joSSa  ou  1,716  millimolécules  de 
phosphore  sur  oS'',274  ou  4!328  millimolécules  de  cuivre.  D'après  ces  données,  les 

Cu(OHr-  POMp  „     H^  Cu     5,04 

rapports       ^^^       =z2,i;    —jj^=  0,198;    j^  _  o,  lOi;   -j^  _  -  — • 

»  (b).  oS'',  1618  de  matière  contenant  oS'', 0877  ou  i  ,385  millimolécules  de  cuivre  ont 
absorbé  ig-^^ôa  ou  0,879  millimolécules  de  phosphure  d'hydrogène  avec  mise  en 
liberté  de  i4™,86  ou  o,665  millimolécules  d'hydrogène.  Dans  les  eaux  de  lavage,  on  a 
trouvé  o5'-,oo94  ou  o,3o3  millimolécules  de  phosphore  à  l'état  d'acide  phosphorique, 
et  le  phosphure  de  cuivre  contenait  o8'-,o877  ou  i,385  millimolécules  de  cuivre, 
OB', 0171  ou  o,55i  millimolécules  de  phosphore.  D'après  ces  données, 

Cu(OHr-  ^^  PO*H'         „    „,  H2  Cu_5,o2 

»  Il  résulte  d'une  série  d'expériences  concordantes  que  la  réaction,  si 
elle  est  modérée,  tend  à  se  rapprocher  de  celle  qui  est  représentée  par  la 
formule  (î). 

»  Carbonate  basique  de  cuivre.  ~  Le  carbonate  de  cuivre  obtenu  en  pré- 
cipitant le  sulfate  de  cuivre  par  le  carbonate  de  sodium  contenait  55, 2j 
pour  100  de  cuivre,  19,99  pour  100  d'anhydride  carbonique  et  10,8 
pour  100  d'eau,  ce  qui  correspond  assez  exactement  à  la  formule  du  car- 
bonate basique  CO'Cu,  Cu(  OH  )So,  5 IPO. 

»  L'anhydride  carbonique  a  été  soigneusement  dosé  :  i"  par  l'appareil  de  Schrotter  ; 


(  338  ) 

2°  volumétriquement,  à  Ja  trompe  à  mercure,  au  uioyeii  d'un  petit  appareil  que  nous 
avons  construit  :  les  deux  analyses  étaient  concordantes. 

»  L'action  du  phosphure  d'hydrogène  sur  le  carbonate  de  cuivre  est  immédiate  et 
très  énergique;  la  réaction  est  accompagnée  d'un  dégagement  de  clialeur  considérable, 
sans  donner  toutefois  lieu  à  une  incandescence.  La  matière  bleue  devient  bientôt  d'un 
gris  noir;  on  trouve  dans  les  eaux  de  lavage  de  l'acide  pliosphorique  et,  dans  le  résidu 
gazeux,  de  l'anhjdride  carbonique  avec  absence  complète  d'hydrogène. 

»  Voici  les  résultats  obtenus  : 

»    1°  Pour  a  atomes  de  cuivre  (c'est-à-dire  i  molécule  de  carbonate  basique),  il  faut 

I    molécule  de  phosphure  d'hydrogène    /rapport  trouvé  ; "^    "^ :-  =i,oi 


et  o,g5 

»   '>"  La  composition  du  précipité  obtenu  répond  à  la  formule 

r>,„    ,  [Cu  ,       5,02\ 

P-CuM  _-;  trouve  :  -  —  j- 

»  3°  Il  se  forme  simultanément  de  l'acide  phosphorique;  un  cinquième,  à  très  peu 
près,  du  phosphore  introduit  à  l'état  de  phosphure  d'hydrogène  se  retrouve  dans  les 
eaux  de  lavage  à  l'état  d'acide  phosphorique. 

).  :\°  On  retrouve  dans  le  résidu  gazeux  tout  l'anhydride  carbonique  du  carbonate 
de  cuivre. 

»   On  peut  donc  représenter  la  réaction  par  la  formule  suivante  : 

(2)         5PH3h-5[C03Cu.Cu(OH)2]  =  2P2Cu^+PO'H3  4-5CO^-miH20. 

»  Les  résultats  obtenus  sont  donc  semblables  à  ceux  que  nous  avons 
trouvés  avec  la  solution  aqueuse  du  sulfate  de  cuivre. 

M  Le  phosphure  obtenu  est  gris  noir,  amorphe,  très  soluble  dans  l'acide 
azotique  et  l'eau  bromée.  Il  réduit  le  permanganate  de  potassium;  l'acide 
sulfurique  concentré  l'attaque  à  chaud  avec  production  de  soufre  et 
d'anhydride  sulfureux. 

»  Nous  avons  obtenu  le  corps  P-Cu%  ainsi  que  le  corps  PCu%  décrit 
dans  une  Note  précédente (Cow/jZe*  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  iSgS),  en  assez 
grandes  quantités  en  faisant  passer  un  courant  de  phosphure  d'hydrogène 
mélangé  d'anhydride  carbonique  sur  du  carbonate  de  cuivre  pour  le  pre- 
mier, et  sur  l'oxydule  de  cuivre  pour  le  second,  puis  en  lavant  et  séchant 
le  produit  obtenu  à  l'abri  absolu  de  l'air.     > 


(  339  ) 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  dosage  du  mannose  mélangé  à  d'autres  sucres. 
Note  de  MM.  Em.  Bouuquelot  et  H.  Hérissey. 

tt  Au  cours  de  nos  recherches  sur  la  composition  de  l'albumen  de  la 
graine  de  Caroubier,  nous  avons  été  amenés  à  étudier  la  question  de  savoir 
dans  quelle  mesure  la  propriété  que  possède  le  mannose  de  donner  une 
hydrazone  insoluble  à  froid,  pouvait  servir  de  base  à  un  procédé  de  do- 
sage de  ce  sucre. 

»  Pour  cela,  nous  avons  fait  une  série  d'essais  sur  des  solutions  connues 
de  mannose  pur  ou  mélangé  à  d'autres  sucres,  essais  dans  lesquels  la  quan- 
tité de  mannose-hydrazone  précipitée  était  déterminée  et  comparée  à  la 
quantité  que  la  théorie  indiquait  comme  devant  s'être  formée.  Déjà,  sans 
doute,  quelques  expériences  ont  été  faites  dans  cet  ordre  d'idées,  mais 
non  pas,  que  nous  sachions,  en  partant  du  mannose  cristallisé  et  pur. 

»  I.  Solutions  dkerses  de  mannose  pur.   —   1.  On  mélange  les  deux   solutions 
suivantes  (  '  )  : 

i  Mannose  cristallisé Ss'  I  Phénylhydrazine S^",  6 

j   Eau  distillée oo'"'^  \  Acide  acétique  cristallisable. .        3™, 6 


Eau  distillée,  quant,  suf.  pour 


I? 


»  On  abandonne  le  mélange  à  la  température  du  laboratoire  (24")  pendant  huit 
heures;  on  essore  l'hydrazone  à  la  trompe  sur  un  petit  entonnoir;  on  lave  successive- 
ment avec  i5™  d'eau  glacée,  lo'^'^  d'alcool  et  iC'^  d'étlier.  On  fait  ensuite  sécher  dans 
le  vide  sulfurique. 
1)   Résultats  : 

Poids  de  l'hydrazone 4"') 45 

Quantité  tliéorique 4^''>  5o 

1)  La  difTérence  a  donc  été  de  5'^s''  pour  environ  75'^'=  d'eau   employés,  ou  de    r,i 
pour  ICO,  si  on  la  rapporte  à  la  quantité  théorique  d'hydrazone. 
»  2.  On  mélange  les  deux  solutions  suivantes  : 

l  Mannose  cristallisé is'  i  Phénylhydrazine i'^%2 

j  Eau  distillée i6'",6         <  Acide  acétique  cristallisable  . .  .      i",  2 

(  Eau  distillée,  quantité  suf.  pour     6=" 

»  On  opère  comme  ci-dessus  ;  mais  on  essore  sur  un  double  filtre,  de  façon  à  peser 
l'hydrazone  par  différence,  ce  qui  évite  toute  perte  de  ce  produit.  Mêmes  proportions 

(')  Les  flacons  dans  lesquels  on  fait  ces  mélanges  doivent  être  pleins. 


(  34o  ) 

de  liquides  de  lavage.  L'hydrazone,  desséchée  d'abord  dans  le  vide  sulfurique,  est 
placée  ensuite  une  demi-heure  dans  l'étuve  à  100°.  Pas  de  perte  nouvelle  de  poids. 
»  Résultats  : 

Poids  de  l'hydrazone i^'i^Q 

Quantité  théorique iS'jOo 

»  La  différence  a  donc  été  de  i"^?'  pour  environ  26"  d'eau  enoployés,  ou  de  0,66 
pour  100,  si  on  la  rapporte  à  la  quantité  lliéorique  d'hydrazone. 
3.  On  mélange  les  deux  solutions  suivantes  : 

(  Mannose  cristallisé OB'",  5o       i  Phénylhydrazine i",2 

I  Eau  distillée 100"  <  Acide  acétique  cristallisablo. .  .      ii^"^,  2 

f   Eau,  quantité  suffisante  pour         6" 

n  Le  mélange  est  abandonné  à  la  température  de   10°  pendant  douze  heures.   On 
opère  comme  ci-dessus,  sauf  qu'on  lave  le  produit  essoré,  successivement  avec  10" 
d'eau  glacée,  10"  d'alcool  à  gS"  et  10"^  d'éther. 
»  Résultats  : 

Poids  de  l'hydrazone os^ôgS 

Quantité  théorique o?'',  700 

»  La  différence  a  donc  été  de  55"S''  pour  environ  1  iS"^"^  d'eau  employés,  ou  de  7,0 
pour  100,  si  on  la  rapporte  à  la  quantité  théorique  d'hydrazone. 

»  II.  Solution  de  mannose  et  de  galactose.  —  On  mélange  les  deux  solutions  sui- 
vantes : 

!  Mannose os^So  /  Phénylhjdrazine 2"^', .'1 
Galactose iS"", 20  l  Acide  acétique  cristallisable. .  2'', 4 
Eau  distillée 33", 2           (  Eau,  quantité  suffisante  pour.      12" 

»  On  abandonne  à  la  température  de  10"  pendant  huit  heures,  et,  pour  le  reste,  on 
opère  comme  ci-dessus. 
»   Résultats  ; 

Poids  de  l'hydrazone 1?'',  igS 

Quantité  théorique is"'^20o 

»  Soit  une  différence  de  ^^i'  pour  environ  5o"^'=  d'eau  employés,  ou  de  o,5o  pour  100, 
si  on  la  rapporte  à  la  quantité  théorique  d'hydrazone. 

i>  111.  Solution  de  mannose  et  d'arabinose.  —  Même  mode  opératoire  que  ci-dessus, 
le  galactose  étant  remplacé  par  de  l'arabinose.  Résultats  identiques. 

»  IV.  Solution  de  mannose,  de  maltose  et  de  dextrine-  —  On  a  mélangé,  dans  cet 
essai,  au  mannose  du  maltose  cristallisé  brut,  renfermant  par  conséquent  de  petites 
quantités  de  dextrine.  Une  solution  de  ce  maltose  brut  ne  précipitait  pas,  d'ailleurs, 
par  la  phénylhydrazine. 

i  Mannose iS''  /  Phénylhydrazine 2'='=,  4 
Maltose  brut iR'         <   Acide  acétique  cristallisable.  2", 4 

Eau  distillée 5o'''^         (   Eau,  quantité  suffisante  pour  .  .      i2'''= 


(  34-  ) 

»  Même  mode  opératoire  que  ci-dessus.  Liquides  employés  au  lavage  :  eau  glacée, 
i5'=<^;  alcool,  i5'=";  éther  i5'='=. 

»  Résultats  : 

Poids  de  l'hydrazone i^%44 

Quantité  théorique is', 5o 

»  Soit  une  différence  de  S'^'  pour  environ  yS""^  d'eau  employés,  ou  de  4  pour  loo,  si 
on  la  rapporte  à  la  quantité  théorique  d'hydrazone. 

»  Il  ressort,  de  ces  divers  essais,  que  la  phénylhydrazine  peut  servir  à 
doser  le  mannose  dans  les  recherches  de  Chimie  végétale,  et  que  la  pré- 
sence d'autres  sucres  ne  modifie  pas  sensiblement  les  résultats.  Ceux-ci 
seront  suffisamment  précis,  si  l'on  opère  à  une  température  aussi  basse 
que  possible  et  sur  des  solutions  renfermant  de  3  à  6  pour  loode  mannose. 
Dans  le  cas  oh  les  solutions  seraient  plus  diluées,  le  poids  d'hydrazone 
trouvé  devrait  être  augmenté  de  4"^'"  pour  loo""  de  solution.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  quelques  propriétés  de  la  dioxyacélone,  en  relation 
avec  le  degré  d'agrégation  moléculaire  (').  Note  de  M.  Gabriel  Ber- 
trand, présentée  par  M.  Duclaux. 

«  L'oxydation  de  la  glycérine  par  la  bactérie  du  sorbose  conduit,  comme 
on  l'a  vu  antérieurement  (-),  à  la  production  d'un  sucre  particulier,  auquel 
convient  le  nom  de  dioxyacélone. 

»  Ce  sucre  cristallise  facilement  quand  on  évapore  sa  solution  aqueuse 
dans  le  vide  sec,  à  la  température  ordinaire.  Il  est  alors  en  petits  prismes 
plus  ou  moins  nets  et  brillants,  tout  à  fait  inaltérables  en  vase  clos.  A 
l'air,  ils  résistent  d'abord,  plusieurs  jours,  si  le  temps  est  sec,  piu's  finissent 
par  condenser  une  trace  d'eau  qui  accentue  d'une  manière  remarquable  la 
liquéfaction  de  la  masse. 

»  La  dioxyacétone  cristallisée  est  sensiblement  insoluble,  à  la  température  ordinaire, 
dans  l'alcool  absolu,  l'éther  et  l'acétone  :  on  peut  la  triturer  et  la  laisser  longtemps  en 
contact  avec  ces  liquides,  sans  qu'il  s'en  dissolve  une  proportion  appréciable.  Au  con- 
traire, à  la  température  de  l'ébullition,  les  cristaux  disparaissent  peu  à  peu  dans  le 
liquide;  si  l'on  en  ajoute  de  nouvelles  quantités,  elles  se  dissolvent  à  leur  tour,  et 
ainsi   de  suite,  presque  indéfiniment,  mais,  chose  curieuse,  aucune  partie  du  corps 

(')  Travail  du  laboratoire  de  Chimie  du  Muséum. 

(2)  G.  Bertrand,  Comptes  rendus,  t.  CXXVl,  p.  84^  et  984;  1898. 

G.  R.,  1899,  3°  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  6.)  4^ 


(  342  ) 

dissous  ne  se  dépose  ensuite  par  refroidissement.  J'ai  de  ces  solutions  préparées  depuis 
plus  d'un  an;  elles  sont  aussi  complètes  que  le  premier  jour  ('). 

>i  La  dioxyacétone  cristallisée  fond  lentement  au  voisinage  de  70°  en  un  liquide  qui, 
devenu  limpide,  peut  être  refroidi  et  conservé  plusieurs  semaines  dans  des  tubes  capil- 
laires, sans  trace  de  cristallisation.  En  masse,  le  phénomène  de  surfusion  est  beaucoup 
moins  durable,  mais,  dans  les  deux  cas,  on  peut  s'assurer  que,  à  l'inverse  du  corps 
cristallisé,  la  diox.yacétone  surfondue,  c'est-à-dire  amorphe,  est  extrêmement  et  instan- 
tanément soluble  à  froid  dans  l'alcool  absolu,  l'éther  et  l'acétone. 

»  Ces  propriétés  singulières  trouvent  leur  explication  dans  l'existence 
de  plusieurs  états  d'agrégation  moléculaire  de  la  dioxyacétone,  et  le  passage 
de  l'un  à  l'autre  de  ces  états  sous  l'influence  de  la  dissolution  et  de  la 
fusion. 

»  A  l'état  solide  et  cristallisée,  la  molécule  de  dioxyacétone  n'est  pas 
C'H°0%  comme  on  pourrait  le  supposer  d'après  son  analyse  et  ses  princi- 
pales réactions.  Elle  est  formée  de  deux  molécules  chimiques  associées; 
elle  répond,  par  conséquent,  à  la  formule  2(^C'H*0^^  et  pèse  180  au  lieu 
de  f)o. 

»  Dans  cet  état,  elle  est  insoluble  ou  presque  insoluble  à  froid  dans 
l'alcool,  l'éther  et  l'acétone;  mais,  sous  l'influence  de  la  chaleur,  seule  ou 
en  présence  des  dissolvants  énumérés,  elle  passe  peu  à  peu  à  l'état  de 
molécules  simples  qui  sont  extrêmement  solubles. 

On  peut  se  convaincre  qu'il  en  est  bien  ainsi,  en  déterminant  le  poids 
moléculaire  de  la  dioxyacétone  cristallisée  et  de  la  dioxyacétone  amorphe 
(ou  surfondue )  par  la  méthode  cryoscopique.  Mais  ici,  il  y  a  lieu  de  faire 
de  nouvelles  observations  si  l'on  veut  interpréter  exactement  les  résultats 
de  l'expérience. 

»  L'eau  agit,  en  effet,  sur  les  molécules  associées  de  dioxyacétone;  elle 
les  sépare,  d'abord  très  rapidement,  puis  de  moins  en  moins  vite,  en  molé- 
cules simples  (  '  );  de  sorte  que,  malgré  la  célérité  de  l'expérience,  le  poids 
moléculaire  moyen  du  corps  dissous  est  toujours  plus  faible  au  moment  de 
la  congélation  qu'au  début  de  l'expérience.  En  réchauffant  le  liquide, 
déterminant  à  nouveau  son  point  de  congélation,  et  cela  un  certain  nombre 
de  fois,  on  peut  suivre  la  marche  du  phénomène  et  arriver,  après  un  temps 
convenable,  à  n'avoir  plus  ou  presque  plus  en  dissolution  que  des  molécules 
simples. 

(')  Il  faut  évaporer  jusqu'à  consistance  sirupeuse  pour  qu'elles  se  prennent  lente- 
ment en  cristaux. 

(^)  Une  action  analogue  a  été  observée  par  ToUens  et  Mayer  au  sujet  de  la  parafor- 
maldéhyde  {Berichte,  t.  XXI,  p.  35o3;  1888). 


(  343  ) 

»  Dans  une  expérience,  on  a  pris  2S',  5o5  de  dioxyacétone  cristallisée  et  48?'',  SyS  d'eau 
refroidie  vers  +  5°.  La  dissolution  s'est  faite  très  rapidement  et  l'on  a  pu  procéder  à 
la  détermination  du  point  de  congélation  en  une  demi-heure  environ.  L'éprouvette 
cryoscopique  fut  alors  abandonnée  dans  l'air  à  un  réchauffement  spontané,  puis  sou- 
mise à  une  nouvelle  congélation,  et  ainsi  de  suite  un  certain  nombre  de  fois.  On  a 

trouvé  : 

Temps  écoulé  Abaissement  Poids  moléculaire 

depuis  le  commencement  du  point                      correspondant 

de  la  dissolution.  de  congélation.  (constante  =  i8,5). 

h      m  0 

Première  détermination o.3o  o,6i8  ]55,o 

Deuxième  détermination o.45  o,636  i5o,6 

Troisième  détermination i  o,686  129,7 

Quatrième  détermination 3.4o  1,006  95,3 

Cinquième  détermination 6.25  1,026  93,3 

»  Dans  une  autre  expérience,  où  le  réchauffement  de  l'éprouvette  cryoscopique 
était  un  peu  plus  lent,  on  a  eu  : 

Temps  écoulé.  Abaissement.  Poids  moléculaire, 

h       m  o 

Première  détermination o.3o  o,582  161,8 

Deuxième  détermination ^.20  0,882  106,7 

Troisième  détermination y.So  0,978  96,5 

Quatrième  détermination 4o  i,o34  9i,2 

»  Ces  résultats  montrent  bien  que  la  dioxyacétone  cristallisée  est  formée 
de  deux  molécules  chimiques  associées  au  moment  où  elle  entre  en  disso- 
lution. Le  suivant,  mis  en  comparaison,  suffira  à  établir  que  la  dioxyacé- 
tone amorphe  est  composée  de  molécules  simples. 

»  2?'', 507  de  produit  cristallisé  ont  été  fondus  dans  un  matras  plongeant  dans  l'eau 
bouillante.  Aussitôt  la  liquéfaction  complète,  le  matras  fut  refroidi,  rempli  d'eau  et 
pesé  (eau  ajoutée  :  48?'",  198).  Par  agitation,  le  corps  surfondu  entra  immédiatement 
en  dissolution  et  le  liquide  fut  versé  dans  l'éprouvette  cryoscopique.  Vingt-cinq  minutes 
suffirent  pour  amener  la  congélation.  On  a  obtenu  : 

Abaissement.  Poids  moléculaire. 

o°,9o6  io5 

»  Le  poids  moléculaire  trouvé  dans  cette  expérience  est  notablement 
plus  fort  que  celui  prévu  par  la  théorie;  cependant  la  différence  est  peu 
importante,  si  l'on  tient  compte  de  la  grande  tendance  qu'ont  les  molécules 
siinples  du  corps  fondu  à  reprendre  la  forme  cristalline,  c'est-à-dire  la 
forme  de  molécules  doubles.  Un  tel  retour  à  l'état  associé  s'observe 
même  jusque  dans  les  solutions  aqueuses.   On  voit,   en  effet,  pour  une 


(  344  ) 
concentration  et  «ne  température  données,  s'établir  dans  ces  solutions 
un  certain  équilibre  entre  les  molécules  de  chaque  sorte.  Quand  la  tem- 
pérature augmente,  le  nombre  de  molécules  associées  diminue  et  l'on 
trouve  un  poids  moléculaire  plus  petit;  c'est  l'inverse  qui  a  lieu  quand  la 
température  s'abaisse.  Le  phénomène  est  tout  à  fait  comparable  à  celui 
que  présentent  certaines  vapeurs,  celle  de  l'acide  acétique,  par  exemple; 
seulement,  peut-être  à  cause  de  la  viscosité  du  milieu,  il  faut  un  temps 
beaucoup  plus  long  pour  atteindre  l'état  d'équilibre  qui  correspond  à 
chaque  température.  C'est  d'ailleurs  ce  qui  permet  d'en  saisir  les  phases 
à  l'aide  du  cryoscope. 

»  Ainsi,  à  la  température  moyenne  de  io°  à  20°,  le  poids  moléculaire  de 
la  dioxyacétone  en  solution  aqueuse  à  5  pour  100  s'écarte  peu  de  91-98; 
c'est  le  nombre  stationnaire  qu'on  trouve  quelques  heures  après  la  disso- 
lution. Vient-on  maintenant  à  chauffer  le  liquide  vers  100°,  on  ne  trouve 
plus,  par  un  refroidissement  rapide  et  la  prise  du  point  de  congélation, 
qu'un  chiffre  voisin  de  88-89.  Abandonnée  à  elle-même,  à  la  température 
du  laboratoire,  cette  solution  donne  de  nouveau  les  chiffres  91-98  indi- 
qués plus  haut;  conservée  plusieurs  heures  dans  la  glace,  ils  s'élèvent 
même  à  96-97,  pour  revenir  encore,  à  la  température  de  io°-2o°,  au 
chiffre  91-93  dont  on  était  parti. 

»  En  résumé,  la  dioxyacétone  peut  exister  sous  deux  formes  ayant  cha- 
cune des  propriétés  et  un  état  d'agrégation  moléculaire  différents.  La 
connaissance  de  ces  formes  et  des  conditions  qui  font  passer  de  l'une  à 
l'autre  permettent  de  donner  de  certaines  anomalies  physiques  de  la 
dioxyacétone,  telles  que  la  surfusion  et  la  sursaturation,  une  explication 
qui  pourra  sans  doute  être  étendue  à  d'autres  substances,  à  certains  corps 
gras,  par  exemple.   » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  -  Sur  les  variations  de  la  production  de  glycérine 
pendant  la /et mentation  alcoolique  du  sucre.  Note  de  M.  J.  Laborde,  pré- 
sentée par  M.  Duclaux. 

«  Le  poids  de  glycérine  produite  pendant  la  fermentation  d'un  poids 
déterminé  de  sucre  n'est  pas,  comme  on  sait,  une  quantité  constante. 
Pasteur  a  signalé,  le  premier,  des  causes  de  variation  ;  d'autres  savants  se 
sont  occupés  ensuite  de  la  question,  mais  elle  est  encore  peu  connue.  J'ai 
entrepris  à  mon  tour  des  recherches,  à  l'aide  d'une  méthode  nouvelle  de 


(345) 

dosage  de  la  glycérine   que   j'ai    indiquée  en    iSgS  (');   j'ai  obtenu  les 
résultats  suivants  : 

»  En  faisant  fermenter  avec  diverses  variétés  de  levures  un  moût  de  raisin  blanc  à 
iSoS"'  de  sucre  par  litre,  la  quantité  de  glycérine  produite  par  loos'  de  sucre  décomposé 
a  varié  depuis  aS',  5o  jusqu'à  7S'',  76.  La  majorité  des  levures  a  donné  une  moyenne  voi- 
sine de  3  pour  100;  celles  dont  les  taux  étaient  les  plus  forts  avaient,  en  général,  un 
pouvoir  alcoogène  plus  faible.  Des  chiffres  très  élevés,  tels  que  5, 60  pour  100  et 
7,7.5  pour  100,  ont  été  obtenus  avec  une  levure  de  Sauternes  et  une  levure  de  la  Mar- 
tinique prise  dans  une  fermentation  de  vesou. 

»  Une  même  variété  de  levure,  vivant  dans  des  milieux  différents  de  même  richesse 
saccharine,  peut  donner  des  proportions  très  différentes  de  glycérine;  il  y  a  augmen- 
tation lorsque  le  milieu  est  moins  bien  approprié  à  l'existence  de  la  levure,  lorsque  la 
fermentation  est  pénible;  la  production  de  glycérine  paraît  être,  en  effet,  en  raison 
inverse  de  ï  activité  dela.levuve.  Les  chiffres  extrêmes  constatés  ont  été  de  2,5o  pour  100 
pour  l'eau  de  levure  sucre,  et  de  5,46  pour  100  pour  un  milieu  minéral  contenant  du 
tartrate  d'ammoniaque  comme  aliment  azoté;  la  levure  employée  était  une  levure  de 
Médoc  très  active  dans  le  moût  de  raisin. 

»  Si  l'on  modifie  un  milieu  très  bien  approprié  à  la  vie  de  la  levure,  par  l'addition  de 
matières  nutritives  étrangères  surtout  azotées,  comme  l'extrait  Liebig,  l'extrait  de 
levure,  la  peptone,  la  production  de  glycérine  augmente  un  peu,  mais  cela  paraît  être 
dû  à  l'atténuation  de  l'activité  de  la  levure  par  la  rupture  d'équilibre  des  matériaux 
nutritifs  du  milieu  primitif.  Au  contraire,  certaines  de  ces  matières  organiques, 
ajoutées  à  un  milieu  minéral,  font  diminuer  la  glycérine,  en  même  temps  que  la  fer- 
mentation devient  plus  rapide. 

La  quantité  de  glycérine  formée  augmente  avec  la  concentration  du  sucre;  elle 
passe,  par  exemple,  de  2,90  pour  100  à  4)93  pour  100  et  à  6,10  pour  100,  pour  des 
proportions  de  iSos',  Soos''  et  4ooë''  de  sucre  par  litre.  Une  part  de  l'explication  de  ce 
fait  peut  être  attribuée  à  la  diminution  de  l'activité  de  la  levure  par  l'excès  de  sucre; 
car,  pour  la  levure  indiquée  ci-dessus,  habituée  à  vivre  dans  les  moûts  concentrés  de 
Sauternes,  le  taux  de  glycérine  a  été  beaucoup  plus  constant,  quoique  très  élevé. 

»  Quand  on  augmente,  par  une  addition  d'acide  lartrique,  l'acidité  naturelle,  égale 
à  0,5  pour  100,  d'un  moût  de  raisin,  on  voit  augmenter  la  glycérine;  le  moût  naturel 
ayant  donné  2,90  pour  100,  on  a  eu  4)52  pour  100  lorsque  l'acidité  totale  était  de  i 
pour  100,  et  7,33  pour  100  pour  une  acidité  de  2  pour  100  exprimée  en  acide  sulfu- 
rique.  Les  diverses  races  de  levure  sont  plus  ou  moins  sensibles  à  l'acidité.  Après  qu'on 
a  eu  neutralisé  le  moût,  la  production  de  glj'cérine  a  augmenté  un  peu  et  n'a  pas  varié 
sensiblement  pour  une  légère  alcalinité,  soit  avec  une  levure  de  bière,  soit  avec  une 
levure  de  vin.  La  nature  de  l'acide  libre  dans  un  milieu  a  beaucoup  d'influence;  car, 
si  l'on  sature  partiellement  l'acidité  naturelle,  supérieure  à  i  pour  100,  d'un  moût 
de  raisin,  on  ne  voit  pas  de  variations  bien  accusées  dans  la  production  de  glycérine. 

»  La  glycérine  augmente  généralement  avec  la  température,  qui  influe  plus  ou  moins 


(  '  )  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux, 
1895,  et  Annales  de  Chimie  analytique,  1899. 


(  346  ;; 

avec  les  diverses  levures  ;  pour  certaines,  on  a  constaté  des  variations  allant  presque  du 
simple  au  double  pour  des  fermentations  faites  à  iS"  et  à  35°. 

«  Parmi  les  divers  sucres  que  peut  faire  fermenter  une  même  levure, 
on  en  trouve  qui  lui  font  produire  des  quantités  différentes  de  glycérine; 
ainsi,  le  galactose  et  le  lactose  interverti  ont  donné,  avec  une  levure  devin, 
3,1 5  pour  loo,  tandis  que  le  glucose,  le  lévulose,  le  saccharose,  lemaltose 
ont  fourni  le  chiffre  constant  de  2,45  pour  loo.  Pour  d'autres,  levures, 
parmi  lesquelles  une  levure  de  bière,  le  maltose  s'est  trouvé  inférieur  au 
glucose,  au  lévulose  ou  au  saccharose;  la  différence  a  été  de  2,27  pour  100  à 
2,84  pour  100.  Avec  une  levure  de  lactose  faisant  fermenter  très  activement 
ce  sucre,  on  a  obtenu  3, 16  pour  100  avec  le  sucre  interverti,  et  1,7$  pour 
100  seulement  avec  le  lactose. 

»  Comme  M.  Effront,  j'ai  trouvé  que  le  rapport  de  la  glycérine  au  sucre 
fermenté  varie  constamment  au  cours  de  la  fermentation;  c'est  ainsi  que 
trois  stades  successifs  du  phénomène  ont  donné  les  proportions  suivantes  : 
5,46  pour  100  après  la  perte  de  606'' de  sucre  par  litre  ;  4,42  pour  100  après 
la  disparition  de  i2oS'^  et  3,35  pour  100  après  la  fermentation  complète 
des  180S''  de  sucre  contenus  dans  un  litre  de  moût  de  raisin. 

»  Plusieurs  influences  peuvent  être  invoquées  pour  expliquer  ce  résultat  : 
»   1°  La  production  de  glycérine  est  plus  faible  dans  un  liquide  déjà  alcoolisé  que 
dans  un  milieu  non  alcoolisé;  j'ai  trouvé  une  différence  de  8,78  pour   100  à  8,07 
pour  lOo  entre  un  moût  naturel  et  le  même  moût  alcoolisé  à  8  pour  100  et  fermentant 
avec  la  même  levure; 

»  2»  La  glycérine  étant  probablement  surtout  un  résidu  du  sucre  employé  à  la  con- 
struction de  la  cellule,  ce  résidu  doit  être  d'autant  plus  considérable  que  la  dépense 
de  construction  est  plus  grande;  c'est  en  effet  dans  les  premiers  temps  d'une  fermen- 
tation vigoureuse  que  se  produit  la  majeure  partie  de  la  levure  qui  doit  se  retrouver 
à  la  fin,  et  l'on  constate  toujours  une  élévation  du  taux  de  glycérine  quand  l'on  fait 
augmenter  dans  un  milieu  donné  la  quantité  de  levure  formée,  soit  en  augmentant  la 
quantité  d'oxygène  qui  est  à  la  disposition  de  la  levure,  soit  en  arrêtant  la  fermentation 
en  cours  de  route,  pour  la  faire  repartir  ensuite  par  de  nouvelles  générations  de  la 
même  levure. 

»  Les  faits  qui  précèdent  peuvent  expliquer  les  variations  relativement 
faibles  de  la  production  de  glycérine  que  l'on  observe  habituellement  dans 
les  liquides  fermentes  et  notamment  dans  les  vins  ordinaires  ;  mais  dans 
les  vins  spéciaux  qui  proviennent  de  raisins  atteints  de  pourriture  noble, 
tels  que  ceux  de  Sauternes,  j'ai  montré  (')  ([u'il  n'est  pas  rare  de  constater 


(')  De  la  glycérine  dans  les  vins  provenant  de  raisins  atteints  de  pourriture 
noble  (Mecue  de  Viticulture.  1897). 


(  347  ) 
des  productions  qui  atteignent  près  de  i5  pour  loo  du  sucre  fermenté  et 
qui  s'expliquent  d'abord  par  certaines  des  influences  indiquées  ci-dessus, 
et  ensuite  par  l'existence,  dans  le  moût  de  raisin,  avant  fermentation,  d'une 
proportion  importante  de  glycérine  (souvent  plus  de  lo^"'  par  litre)  qui 
provient  de  l'action  du  Botrytis  cinerea  sur  le  sucre  du  jus  de  raisin.    « 


BOTANIQUE.   —  Sur  la  structure  anatomique  des  Vanilles  aphylles.  Note  ' 
de  M.  Edouard  Heckel,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

(c  II  existe,  on  le  sait,  deux  formes  bien  dissemblables  de  Vanilles  :  les 
unes,  pourvues  de  feuilles  très  charnues  et  souvent  très  développées;  les 
autres,  entièrement  sans  feuilles.  Parmi  ces  dernières,  j'ai  reçu  :  i°  de 
Nossi-Bé,  où  elle  est  cultivée  couramment,  jiaraît-il,  la  Vanilla  Phalœnopsis 
Reicli.,  originaire  des  Seychelles;  2"  du  Jardin  royal  de  Rew,  la  Vanilla 
aphylla  BInme,  espèce  asiatique  qui  a  les  plus  grandes  ressemblances  avec 
sa  congénère  africaine  et  semble  être  la  miniature  de  la  première.  Dans 
les  deux  formes,  la  tige  sarmenteuse  est  deux  fois  sillonnée  et  de  jeunes 
feuilles  très  petites,  roulées  en  cornet,  se  détachent  de  bonne  heure,  lais- 
sant sur  la  tige  une  cicatrice  très  apparente  en  face  de  laquelle  naît  une 
racine  adventive  aérienne. 

»  Ce  qui  paraît  distinguer  ces  deux  espèces,  en  dehors  des  organes 
reproducteurs,  c'est  le  fait  suivant  qui  a  été  le  point  de  départ  de  mes 
recherches  anatomiques.  Quand  on  coupe  transversalement  la  tige  de  V. 
Phalœnopsis,  on  voit  immédiatement  sourdre  sur  les  plaies  une  substance 
ayant  l'apparence  d'un  latex,  abondante,  blanche,  gluante,  poissant  aux 
doigts  et  qui  ne  tarde  pas  à  se  solidifier.  Cette  émission  de  gomme  laiteuse 
se  fait  par  des  points  spéciaux  de  la  périphérie  de  la  coupe.  Des  faits  sem- 
blables s'observent  dans  la  Vanilla  aphylla  et  dans  la  V.  planifoUa  Andr., 
mais  le  liquide  qui  s'échappe  des  coupes  de  la  tige  y  est  incolore,  quoique 
abondant  et  gluant  comme  dans  la  V.  Phalœnopsis. 

»  Les  recherches  que  j'ai  entreprises,  en  vue  de  connaître  les  causes  et 
la  nature  de  cette  émission  abondante  de  pseudolatex,  m'ont  conduit  à 
constater,  dans  ces  plantes,  des  organes  et  des  éléments  cellulaires,  d'une 
nature  spéciale,  qui  n'ont  pas  été  signalés  jusqu'ici,  à  ma  connaissance, 
dans  les  Orchidées. 

»  Dans  les  F.  Phalœnopsis  et  aphylla,  la  tige  présente  au-dessous  d'un  épiderme 
non  cristalligène  (il  l'est  dans  la  V.  planifoUa)  un  parenchyme  chlorophyllien  formé 


(  348  ) 

de  cellules  ovoïdes  assez  grosses  disposées  en  files  longitudinales  régulières  et  pour- 
vues aux  deux  extrémités,  supérieure  et  inférieure,  de  deux  petites  proéminences  qui 
se  soudent  à  des  proéminences  semblables  appartenant  aux  cellules  placées  au-dessous 
et  en  dessus  d'elles  dans  la  file  à  laquelle  elles  appartiennent  :  c'est  ce  qui  apparaît 
nettement  dans  une  coupe  longitudinale.  Elles  sont  en  outre  soudées  avec  les  autres 
cellules  des  files  voisines  qui  les  entourent,  non  par  tous  les  points  de  leur  surface, 
mais  par  des  parties  limitées  qui  sont  séparées  par  de  larges  espaces  intercellulaires. 
Il  résulte  de  cette  disposition  qu'une  coupe  transversale  ou  longitudinale  de  ce  tissu 
présente,  au  microscope,  des  cellules  dont  les  parois  semblent  perforées  comme  celles 
des  Leucobryiim  ou  des  Sphagnum. 

»  Ce  n'est  là  qu'une  apparence.  Les  lignes  circonférencielles  ou  elliptiques,  qui  se 
dessinent  nettement  sur  les  parois  cellulaires,  limitent  seulement  les  surfaces  par  les- 
quelles ces  parois  sont  accolées  à  celles  des  cellules  voisines.  En  somme,  c'est  une 
forme  du  tissu  lacuneux  :  il  remplace,  dans  la  tige  dépourvue  de  feuilles,  le  même 
tissu  qui  existe,  sous  la  même  forme,  dans  la  presque  totalité  du  parenchyme  foliaire 
des  Vanilles  à  feuilles  et  notamment  dans  la  V.  planifolia. 

»  Au  milieu  de  ce  même  tissu  lacuneux,  on  trouve  dans  les  Vanilles  aphylles  comme 
dans  les  Vanilles  feuillées,  de  véritables  canaux  sécréteurs  mais  d'une  forme  variable 
et  d'une  origine  spéciale. 

»  Toujours  en  grand  nombre  dans  ce  tissu,  tantôt  ils  sont  bordés  de  cellules  plates 
{V.  Phalœnopsis),  tantôt  ils  ne  le  sont  pas  (  V.  aphylla,  planifolia).  Mais  dans  tous 
les  cas  ils  reconnaissent  toujours  (ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  l'examen  des  tissus 
jeunes)  une  même  origine.  Ce  sont  d'abord  des  files  longitudinales  de  cellules  à 
raphides,  bien  nettement  séparées  les  unes  des  autres  par  des  cloisons  transversales  et 
remplies  de  petits  cristaux  aiguillés  d'oxalate  de  chaux.  Ceux-ci  s'accroissant  considé- 
rablement, les  cloisons  transversales  disparaissent,  puis  les  cellules  voisines  du  canal 
ainsi  formé  s'aplatissent,  et,  quoique  empruntées  au  tissu  lacuneux  ambiant  que  je 
viens  de  décrire,  ne  présentent  aucune  des  lignes  circonférencielles  ou  elliptiques  qui 
caractérisent  les  cellules  voisines.  Dans  toute  l'étendue  du  canal,  les  raphides  accrus 
se  disposent  par  groupes  compacts  et  se  recouvrent  d'une  matière  mucilagineuse  abon- 
dante, tantôt  colorée  en  blanc,  tantôt  incolore.  Si  l'on  examine  au  microscope  cette 
substance  quand  elle  vient  fraîchement  de  s'échapper  des  canaux  sécréteurs,  on  con- 
state qu'elle  est  uniquement  formée  de  raphides  et  de  mucilage. 

>i  C'est  à  la  limite  même  de  ce  tissu  lacuneux  que  commencent,  dans  les  Va/iilla 
Phalœnopsis  et  aphylla,  à  apparaître  les  faisceaux  libéroligneux  épars  dans  la  moelle 
entière.  Mais  la  moelle  est  constituée  par  un  tissu  incolore  spécial  qui  ne  se  retrouve 
pas  dans  la  V.  planifolia.  Il  est  formé  de  grandes  cellules  portant  des  bandes  cellu- 
losiques transversales  et  parallèles  entre  elles.  Ce  tissu  rappelle  morphologique- 
ment celui  de  même  nature  qui  caractérise  les  feuilles  de  Pleurothallis.  Dans  V. 
aphylla,  ce  tissu  est  proportionnellement  plus  réduit  que  dans  V.  Phalcenopsis;  mais, 
dans  ces  deux  espèces,  il  est  plus  rapproché  de  l'épiderme  dans  les  points  qui  corres- 
pondent aux  sillons  de  la  tige,  où  le  tissu  lacuneux  est  à  peine  représenté  par  une  ou 
deux  couches  de  cellules.  Là,  le  tissu  à  bandes  cellulosiques  commence  presque  de 
suite.  Dans  la  Vanilla  planifolia,  et  probablement  dans  toutes  les  Vanilles  à  feuilles, 
immédiatement  au-dessous  de  l'écorce  formée  par  .un    parenchyme   chlorophyllien 


(  349  ) 

normal  non  laciineux.  avec  canaux  à  raphides,  on  voit  un  endoderme  sclérifié  qui 
n'existe  pas  dans  les  Vanilles  aphylles.  De  plus,  la  moelle  ne  présente  pas  de  cellules 
à  bandes;  enfin,  les  faisceaux  sont  peu  espacés  en  dedans  de  l'endoderme  :  leur  con- 
stitution est  du  reste  la  même  dans  les  deux  cas. 

»  Dans  la  jeune  feuille  caduque  des  Vanilles  aphylles,  on  ne  trouve,  avec  les  fais- 
ceaux libéroligneux,  pas  antre  chose  qu'un  parenchyme  qui  n'est  pas  différencié;  c'est 
un  tissu  homogène  sans  caractéristique.  Pas  de  différences  pour  ce  qui  touche  à  la 
constitution  histologique  des  racines  entre  les  Vanilles  à  feuilles  et  sans  feuilles. 

»  Il  résulte  de  tous  ces  faits  :  i°  que  la  simple  consultation  des  carac- 
tères anatomiques  dans  la  tige  des  Vanilles  aphylles  ne  permettrait  pas,  en 
raison  de  la  dissemblance  absolue  qu'ils  présentent  avec  ceux  des  Vanilles 
feuillées,  de  les  rapprocher  de  ces  dernières  dans  un  même  genre,  ce  qui 
démontre  bien  à  quel  point  ces  caractères,  s'ils  étaient  invoqués  isolément, 
resteraient  parfois  insuffisants  au  point  de  vue  taxonomique;  2°  que  la 
théorie  du  thalle,  adoptée  par  Herbert  Spencer  (Principes  de  Biologie)  pour 
expliquer  la  formation  de  la  tige  des  Monocotylées,  semble  être  fortement 
appuyée  par  le  fait  de  la  présence  simultanée,  dans  la  tige  des  Vanilles 
aphylles  et  dans  les  feuilles  des  Vanilles  feuillées,  des  mêmes  éléments 
cellulaires  constituant  l'écorce.    » 


BOTANIQUE.  —    Le  piralahy,  liane  à  caoutchouc  de  Madagascar. 
Note  de  M.  Henri  Jumelle,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  'Le  piralahy ,  ou  vahealahy,  pousse  à  Madagascar  dans  la  même  région 
occidentale  que  le  guidroa  ( Mascarenhasia  velutina).  que  nous  avons  décrit 
dans  une  Note  précédente;  mais  c'est  une  liane,  alors  que  le  guidroa  est 
un  arbre. 

u  Le  tronc  de  cepiialahy,  d'après  M.  Périer  de  la  Bathie,  ne  dépasse  pas  un  diamètre 
de  iS"^".  Les  rameaux  que  nous  avons  pu  examiner  étaient  bruns,  parsemés  de  très  petites 
lenticelles  blanc  jaunâtre.  Les  feuilles  sont  ovales,  aiguës  au  sommet  et  à  la  base,  avec 
10  à  i3  paires  de  nervures  secondaires,  obliques  par  rapport  à  la  nervure  principale, 
et  formant  sur  le  bord  à  la  face  inférieure  un  ourlet  assez  net;  sur  la  face  supérieure, 
la  nervure  principale  est  en  gouttière.  Dans  les  plus  grandes  que  nous  ayons  vues,  le 
limbe  avait  6'^", 5  de  longueur  sur  3""  de  largeur,  et  le  pétiole  i"";  plus  souvent,  le 
limbe  a  S*^"  à  6"""  de  longueur  sur  i"",5  à  2™, 5  de  largeur,  et  le  pétiole  5"""  à  8"'". 
A  l'état  frais,  ce  pétiole  est  ordinairement  jaunâtre,  et  le  limbe  vert  clair. 

»  Les  fleurs  sont  groupées,  par  3  à  8,  en  cymes  bipai-es,  latérales  ou  terminales; 
chacune  est  portée  par  un  pédicelle  de  5"""  à  7™",  placé  à  l'aisselle  d'une  bractée  ovale- 

C.  R.,  1899,  2-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  6.)  4'' 


(  35o  ) 

aiguë,  et  muni  latéralement  de  deux,  autres  bractées  semblables.  Ces  3  bractées,  noires 
à  l'état  sec,  sont  bordées  de  cils  bruns. 

»  Le  calice  est  en  préfloraison  quinconciale;  les  sépales,  coriaces,  chagrinés,  bordés 
de  cils  bruns  et  ovales-aigus,  comme  les  bractées,  ont,  en  moyenne  3"°™  de  longueur. 

»  Le  tube  de  la  corolle  a  lo"™  à  i5™°>  et  est  surmonté  de  lobes  à  peu  près  de  même 
longueur,  sur  S"™  de  largeur.  Les  étamines  sont  insérées  dans  la  partie  renflée  du  tube 
immédiatement  au-dessus  du  calice. 

»  La  floraison  a  lieu  en  novembre  et  décembre;  la  corolle  est  extérieurement  lavée 
de  jaune  pâle  et  blanche  à  Tinlérieur. 

»  Les  fruits  mûrissent  de  juin  à  octobre.  Nous  ne  les  avons  pas  eus  entre  les  mains, 
mais  M.  Périer  de  la  Bathie  nous  dit  qu'ils  sont  ovoïdes,  de  iS""™  sur  lo"",  jaunes  à 
la  maturité,  et  qu'ils  contiennent  une  pulpe  acidulé,  comestible,  dans  laquelle  sont 
logées  les  graines. 

»  Notre  planle  est  donc  un  Landolphia;  mais  nous  la  croyons  une  espèce 
nouvelle,  et  telle  est  aussi  l'opinion  de  M.  R.  Schumann,  qui  a  si  bien 
étudié  ce  genre  et  à  qui  nous  avons  montré  des  échantillons  de  piralahy. 

»  Bien  distincte  du  Landolphia  madagascariensis,  elle  se  rapproche  plutôt 
du  Landolphia  crassipes,  récolté  en  1879  à  Semberano  par  Hildebrandt; 
mais  elle  en  est  aussi  différente,  ne  fût-ce  que  par  l'absence  de  renfle- 
ment du  pétiole.  Nous  l'appellerons  Landolphia  Perieri. 

»  On  la  trouve  dans  toutes  les  forêts  du  Bouènî,  à  Majunga,  à  Andriba, 
dans  les  vallées  de  l'Ikopa,  du  Betsiboka  et  du  Menavava. 

»  Son  c'ioutchouc  est  excellent  et  ne  contient  qu'une  infime  proportion 
de  résine  (5,5  pour  100).  Les  Sakalaves,  pour  le  recueillir,  coupent  la 
liane  par  tronçons,  qu'ils  mettent  à  égoutter  au-dessus  d'un  récipient;  ils 
coagulent  par  le  jus  de  citron  ou  les  fruits  pilés  de  tamarinier. 

»  Pendant  la  saison  sèche,  la  plante  donne  très  peu  de  lait,  mais  qui 
coagule  spontanément.  Pendant  la  saison  des  pluies,  le  lait  est  beaucoup 
plus  clair,  mais  ne  donne  alors  que  très  peu  de  gomme  :  60^"^  environ  par 
litre. 

»  Le  latex  que  nous  avons  examiné  et  que  M.  Périer  de  la  Bathie  nous  a  fait  par- 
venir en  très  bon  état,  grâce  à  l'addition  d'ammoniaque,  a  été  recueilli  à  cette  dernière 
époque.  Très  fluide,  il  traverse  tel  quel  le  papier  à  filtrer,  alors  que,  pour  la  plupart 
des  autres  laits  à  caoutchouc,  les  globules  restent  sur  le  filtre.  Ces  globules  sont,  du 
reste,  de  très  faibles' dimensions  :  ils  mesurent  de  o™"',oo20  à  o™'",oo22  de  diamètre, 
alors  que  ceux  d'//ei'ea  (caoutchouc  de  Para),  ont,  en  moyenne,  o"'"',oo35.- Nous 
n'avons  pu  réussir  à  les  séparer  de  l'eau-mère  par  centrifugation  au  moyen  d'un 
appareil  mû  par  l'eau. 

1)  La  densité  du  lait,  après  qu'on  a  fait  évaporer  l'ammoniaque  par  une  légère 
ébuUition,  est  de  0,996. 


(  35i  ) 

»  De  celte  faible  densité,  inférieure  à  celle  de  la  plupart  des  autres  laits  à  caout- 
chouc, qui  est  supérieure  à  l'unité,  on  serait  alors  tenté  de  conclure,  «  priori,  à  une 
grande  richesse  en  substance  élastique,  puisqu'il  est  admis,  en  règle  générale,  que 
plus  un  suc  gummifère  contient  de  caoutchouc,  plus  son  poids  spécifique  est  faible. 

»  Nous  avons  vu  pourtant  plus  haut  qu'il  n'en  est  rien  :  i'''  du  lait  reçu  ne  conte- 
nait environ  que  ôSs*'  de  gomme. 

»  Cette  intéressante  particularité,  qui  démontre  quelle  circonspection  il  faut  apporter 
dans  l'énoncé  de  ces  prétendues  règles  générales,  s'explique  par  la  densité  exception- 
nellement faible  des  globules  et  par  la  faible  proportion,  dans  le  lait,  des  substances 
étrangères.  La  densité  du  caoutchouc  de  piratahy  est  de  0,910  (celle  du  caoutchouc 
de  Para  étant  de  0,920);  et  ;ooS"'  du  produit  obtenu  par  dessiccation  du  lait  ne  con- 
tiennent que  S'i'  à  loS"'  de  matières  diverses.  On  conçoit  comment  ces  deux  faits  réunis 
contribuent  à  diminuer  la  densité  totale  du  liquide,  malgré  la  petite  proportion  de 
globules. 

»  Au  sujet  des  substances  étrangères,  ajoutons  que  la  liqueur  de  Fehling  'ne  décèle 
pas  la  moindre  trace  de  glucose;  il  n'y  a  pas  davantage  d'amidon. 

»  Une  autre  particularité  que  nous  a  présentée  le  lait  de  piralahy  et  que  nous  ne 
pouvons  que  mentionner  ici,  nous  réservant  de  donner  plus  de  détails  dans  un  travail 
plus  complet,  c'est  la  difficulté  avec  laquelle  on  obtient  la  coagulation  soit  par  l'ébul- 
lition,  soit  par  l'alcool  ou  l'éther. 

»  Lorsqu'on  fait  bouillir  le  liquide,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour  la  plupart  des 
bons  laits  à  caoutchouc,  la  coagulation  ne  se  produit  qu'au  fur  et  à  mesure  de  l'évapo- 
ration,  et  la  gomme  n'est  obtenue  en  totalité  que  lorsque  l'évaporation  est  complète. 
Il  faut,  d'autre  part,  ajouter  au  latex  trois  ou  quatre  fois  son  volume  d'alcool  absolu 
pour  recueillir  le  caoutchouc.  L'alcool  est  cependant  considéré  d'ordinaire  comme  un 
des  coagulants  les  plus  énergiques  et  les  plus  constants. 

»  Par  contre,  on  provoque  aisément  la  coagulation,  même  dans  le  liquide  resté  for- 
tement alcalin,  avec  un  grand  nombre  de  réactifs,  dont  plusieurs  sont  souvent  sans 
action  sur  les  autres  laits  :  acides  sulfurique,  chlorhydrique,  acétique  et  citrique  ;  po- 
tasse caustique,  alun,  sulfates  de  magnésie  et  de  soude,  chlorure  de  sodium,  azotate  et 
sulfate  de  chaux,  oxalates  de  potasse  et  d'ammoniaque,  etc. 

»  On  voit  ainsi,  une  fois  de  plus,  à  propos  de  cette  nouvelle  espèce  de 
Landolphia  que  nous  venons  de  décrire,  combien  sont  variables  les  carac- 
tères des  latex  à  caoutchouc;  et  le  lait  de  notre  piralahy  présente  réunies 
quelques  particularités  qu'il  importe,  croyons-nous,  de  retenir  comme 
contribution  à  l'étude  générale,  encore  si  incomplète,  de  ces  latex.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sut  le  bord  externe  du  Bnançonnais  entre  Freyssinières  et  Vars. 
Note  de  MM.  W.  Kilian  et  E.  Hadg,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  On  sait,  depuis  les  travaux  de  Ch.  Lory,  que  la  zone  du  Briançonnais 
présente,  par  la  nature  de  ses  sédiments,  un  contraste  assez  marqué  avec 


(  352  ) 
les  contrées  voisines.  M.  Termier,  qui  a  récemment  étudié  en  détails  une 
partie  de  cette  zone,  a  été  tellement  frappé  de  ce  contraste  qu'il  y  a  vu  la 
confirmation  d'une  hypothèse  fort  ingénieuse  sur  la  structure  générale  du 
Briançonnais,  présentée  ici-même,  il  y  a  quelques  mois  (  '  ).  Cet  auteur  a 
insisté  particulièrement  sur  l'indépendance  absolue  de  ce  qu'il  a  appelé  la 
zone  du  Flysch  (pays  des  grés  de  l'Embrunais  de  Ch.  Lory),  qui  limiterait 
à  l'ouest  la  région  charriée  du  Briançonnais  et  qu'il  envisage  comme  étant 
en  place  et  comme  formant  le  substratum  de  cette  région  charriée. 

»  Nos  observations  des  années  précédentes  et  celles  que  nous  avons 
faites  récemment  dans  une  course  commune  nous  ont  montré  que  cette 
indépendance  est  loin  d'être  aussi  absolue  qu'il  semblerait  à  première  vue. 
Le  faciès  dit  briançonnais  se  rencontre  déjà,  en  effet,  avec  son  développe- 
ment typique,  au  cœur  même  de  la  zone  de  Flvsch. 

»  Nous  rappellerons  qu'il  existe  à  Jausiers  des  anticlinaux  à  charnière  conservée, 
qui  pointent  au  milieu  du  Flysch  et  font  affleurer  non  seulement  la  succession  bien 
connue  des  calcaires  du  Briançonnais,  des  calcaires  et  marbres  phylliteux  et  des 
quartzites,  mais  aussi  des  anagénites  du  Permien,  identiques  à  celles  de  l'Ârgentière. 

»  Dans  le  nord  de  l'Embrunais,  à  Dourmillouse,  nous  avons  constaté  récemment  un 
fait  plus  concluant  encore.  Bien  à  l'ouest  des  plis  les  plus  occidentaux  du  Briançon- 
nais, la  profonde  coupure  de  la  Byaisse  fait  apparaître,  sur  tout  le  pourtour  d'un 
vaste  cirque  de  rochers,  une  lame  de  mélaphyre  du  type  bien  connu  de  Champoléon, 
comprise  entre  deux  lames  moins  épaisses  de  calcaire  de  Guillestre,  le  tout  étant 
intercalé  dans  une  masse  puissante  de  dépôts  nummulitiques  et  représentant  par  con- 
séquent un  vaste  anticlinal  fortement  élire  et  couché  vers  l'ouest.  Ici  donc  les  calcaires 
rouges  de  Guillestre,  c'est-à-dire  l'un  des  éléments  les  plus  typiques  de  la  série  brîan- 
çonnaise,  se  trouvent  associés,  dans  un  même  pli,  avec  des  mélaphyres  du  type  du 
Haut-Drac.  Cette  association  rappelle  la  coexistence,  au  Plan  de  Phazy,  d'un  granité 
laminé  du  type  Pelvoux  avec  une  succession  à  faciès  briançonnais  (Permien  rouge, 
quartzites,  gypses  et  calcaires  triasiques.  Brèche  du  Télégraphe). 

»  Au  point  de  vue  tectonique,  la  solidarité  de  la  zone  du  Flysch  et  des 
plis  du  Briançonnais  (  -)  est  non  moins  évidente.  Tandis  que  dans  l'hypo- 
thèse de  M.  Termier,  les  massifs  qui  continuent  au  sud  les  nappes  du  Brian- 
çonnais devraient  reposer  sans  racines  sur  un  substratum  de  Flysch,  c'est 
précisément  l'mverse  qui  a  lieu. 

(')  Sur  la  structure  du  Briançonnais  {Comptes  rendus,  li  février  1899).  —  Les 
nappes  de  recouvrement  du  Briançonnais  {Bull.  Soc.  géol.  de  France,  3<^  série, 
l.  XXVII,  p.  47-84,  pi-  1;  1899). 

(-)  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  3=  série,  t.  XXVII,  p.  84  et  126. 


(  353  ) 

»  Dans  les  environs  de  Réotier,  sur  les  deux  rives  de  la  Durance,  on  constate'  très 
nettement  l'existence  de  deux  anticlinaux,  séparés  par  un  étroit  synclinal  de  Lias  et 
de  Fljscli,  dont  le  plus  oriental  fait  apparaître  le  granité  du  Plan  de  Phazy,  et  dont  le 
plus  occidental  comprend  un  noyau  houiller  (église  de  Réotier).  Si  l'on  suit  ces  plis 
vers  le  sud,  on  ne  tarde  pas  à  les  voir  disparaître  sous  leFlysch.  Le  pli  occidental  fait 
voir,  un  peu  à  l'est  du  hameau  de  Doussarelle,  une  terminaison  périelinale,  tandis  que 
le  pli  oriental  s'écrase  contre  le  précédent,  pour  reparaître  à  très  peu  de  distance,  sous 
la  forme  d'un  brachyanticlinai  de  calcaires  triasiques,  mis  à  nu,  par  l'érosion,  au 
milieu  du  Flysch. 

»  Ces  deux  anticlinaux  ne  sont  autre  chose  que  la  continuation  méridionale  de  la 
première  et  de  la  deuxième  écaille  de  M.  Termier,  suivie  par  cet  auteur  jusqu'au  sud 
de  Frej'ssinières.  En  effet,  le  pli  occidental  de  Réotier  se  poursuit  nettement  vers 
Freyssinières,  par  le  bois  de  Roche-Charsière  et  passe  à  l'est  du  col  de  Val-Haute;  le 
pli  oriental,  séparé  sur  toute  sa  longueur  du  précédent  par  une  bande  synclinale  de 
Flysch,  longe  d'abord  la  Durance,  comprend  le  Houiller  de  Chanteloube,  se  couche 
graduellement  vers  l'ouest  et  va  former  le  sommet  de  la  Tète  de  Gaulent,  pour  tra- 
verser ensuite  la  vallée  de  Freyssinières. 

»  A  partir  de  Chanteloube,  la  continuation  de  ces  plis  vers  le  nord  est  en  partie 
masquée  par  une  masse  triasique  très  étendue  qui  leur  est  superposée.  La  surface 
inférieure  de  cette  nappe,  jalonnée  par  des  lambeaux  d'Eocène,  de  calcaire  de 
Guillestre  et  de  Lias,  montre  clairement  que  l'on  est  en  présence  du  flanc  inverse  d'un 
pli  anticlinal  couché,  dont  la  racine  doit  être  cherchée  vers  l'est,  sur  la  rive  gauche 
de  la  Durance.  Or,  ce  flanc  inverse  est  la  troisième  écaille  de  M.  Termier  et  se  con- 
tinue certainement  vers  le  nord  jusqu'à  la  vallée  du  Fournel. 

»  Ce  témoin,  épargné  par  l'érosion  sur  la  rive  droite,  fait  d'ailleurs 
partie  de  tout  un  système  de  plis,  qui  sont  couchés  vers  l'ouest  et  le  sud- 
ouest  et  dont  les  empilements,  signalés  déjà  plus  au  nord  par  M.  Lugeon 
et  par  l'un  de  nous  (  '  )  sur  le  flanc  occidental  du  grand  éventail  intra-alpin, 
constituent  les  massifs  de  l'Alpavin  et  de  Moussière,  sur  la  rive  gauche 
de  la  Durance.  Certains  de  ces  plis,  reployés  en  voûte  (gorge  du  Guil  ), 
dépassent  même  l'horizontale  et  leurs  charnières  anticlinales  sont  en- 
foncées dans  le  Flysch  du  synclinal  de  Guillestre.  Entre  Guillestre  et  Vars, 
une  de  ces  charnières,  mise  à  nu  et  isolée  par  l'érosion,  apparaît  avec  la 
plus  grande  netteté. 

»  Ainsi,  la  disposition  symétrique  des  couches  de  part  et  d'autre  d'une 
bande  centrale  de  Flysch  n'est  qu'apparente;  car  le  plongement  vers  le 

(')  KiLiAN  et  LuGEOX,  Une  coupe  transi'ersale  des  Alpes  briançonnaises,  de  la 
Gy ronde  à  la  frontière  italienne  {Comptes  rendus,  2  janvier  1899).  —  Bull.  Hen-. 
Carte  géoL,  n°  69,  p.  107  et  116. 


î  354  ., 

sud-ouest  des  couches  triasiques  et  jurassiques  qui  constitueraient  le  flanc 
nord-est  de  ce  grand  svnclinal  résulte  en  réalité  du  déversement  exagéré 
des  plis  les  plus  occidentaux  de  l'éventail  briançonnais. 

»  Nous  croyons  pouvoir  ajouter  que  d'autres  plis,  plus  intérieurs,  appar- 
tenant également  au  flanc  sud-ouest  de  ce  même  éventail,  ont  vraisem- 
blablement donné  naissance  à  la  nappe  supérieure  de  recouvrement  de 
l'Ubaye. 

))  Si  l'on  considère  maintenant  que  la  partie  du  Briançonnais  étudiée 
par  M.  Termier  est  reliée  intimement  à  celle  qui  fait  l'objet  de  cette  Note 
par  une  continuité  évidente  des  éléments  stratigraphiques  et  tectoniques, 
on  est  conduit  logiquement  à  penser  que  l'existence  d'une  série  de  plis 
couchés  empilés  ('),  en  partie  laminés,  puis  replissés,  expliquerait  suffi- 
samment les  particularités  si  curieuses  signalées  par  notre  confrère.  » 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  marmites  des  îlots  granitiques  de  là.  cata- 
racte d'Assouân  (Haute-Egypte).  Note  de  M.  Jean  Brc.nhes,  présentée 
par  M.  de  Lapparent. 

«  Dans  une  Communication  précédente  (-),  à  la  suite  d'observations 
faites  au  barrage  de  la  Maigrauge,  près  de  Fribourg  (Suisse),  sur  des  mar- 
mites torrentielles  formées  récemment  dans  la  mollasse  marine,  j'avais 
émis  l'opinion  que  les  deux  types  principaux  de  marmites  observés  jusqu'ici, 
les  marmites  à  fond  concave  et  les  marmites  à  fond  conique  avec  dépres- 
sion annulaire,  représentaient  un  même  type  à  deux  moments  de  la  forma- 
tion. Les  observations  que  j'ai  faites,  au  mois  de  mars  1899,  sur  les  îlots 
granitiques  qui  parsèment  le  rapide,  d'il  première  cataracte  du  Nil,  de  Philé 
à  Assouàn,  confirment  absolument  cette  manière  de  voir. 

»  Les  conditions  de  ce  rapide  sont  assez  exceptionnelles  :  une  différence 
de  près  de  8™  en  moyenne  entre  le  niveau  des  basses  eaux  et  le  niveau  de 


(  '  )  L'examen  des  coupes  publiées  par  M.  Termier  permet,  en  effet,  de  reconstituer, 
dans  beaucoup  de  cas.  le  flanc  inverse  de  ses  «  nappes  »,  qui  doivent,  par  conséquent, 
être  considérées  comme  de  véritables  plis  couches,  et  non  comme  des  «  écailles  » 
aj-ant  préexisté  au  principal  plissement. 

(  -  )  Sur  quelques  phénomènes  d'érosion  et  de  corrosion  fluviales  {^Comptes  rendus, 
séauce  du  i4  février  1898,  p.  557). 


(  355  ) 

la  grande  crue  annuelle  du  Nil  fait  que,  durant  trois  ou  quatre  mois  par 
an,  ces  rochers,  qui  émergent  aux  basses  eaux,  sont  recouverts  par  le  flot 
montant. 

»  Surtout  dans  la  zone  d'aval  du  rapide,  un  grand  nombre  de  courants 
contraires  se  heurtent,  et  il  se  produit  d'actifs  et  très  nombreux  tourbillons. 
Ces  tourbillons  sont  à  la  fois  très  variables  et  éphémères;  ils  se  déplacent 
et  ils  changent  sans  cesse  d'intensité,  puisque  le  flot  qui  les  détermine  est 
sans  cesse  modifié. 

»  a.  Tandis  que,  dans  les  pays  glaciaires,  une  certaine  permanence  des 
tourbillons  sur  les  mêmes  points  a  eu  pour  effet  d'agrandir  jusqu'à  des 
proportions  grandioses  les  marmites  d'abord  ébauchées  (  '  )  ;  on  est  frappé, 
sur  les  îlots  d'Assouàn,  de  la  multiplicité  des  petites  marmites  et  de  la 
rareté  des  grandes  (des  marmites  de  2™  de  diamètre  au  plus  sont  excep- 
tionnelles); les  tourbillons,  en  effet,  naissent  et  renaissent,  indépendants 
de  ceux  qui  les  ont  précédés,  et  les  résultats  de  leur  action,  les  marmites, 
se  multiplient,  se  juxtaposent  ou  se  croisent  même,  jusqu'à  faire  de  ces 
massifs  de  granité  des  masses  criblées  de  trous;  le  type  le  plus  curieux  que 
j'aie  observé  est  un  petit  îlot,  voisin  d'Assouàn,  un  peu  en  amont  de  l'île 
d'Eléphantine,  et  qui  mériterait  vraiment  le  nom  à'Ilot  des  Marmites,  il  a 
3o™  de  longueur  et  18"  de  largeur;  les  marmites  ou  lambeaux  de  marmites 
y  sont,  à  la  lettre,  innombrables;  vu  de  haut,  l'îlot  semble  avoir  été  per- 
foré comme  à  remporte-|3ièce. 

»  h.  Tandis  que,  dans  les  pays  glaciaires,  la  succession  de  tourbillons 
de  différente  intensité  et  de  différents  diamètres  sur  un  même  emplacement 
a  fini  le  plus  souvent  :  1°  par  oblitérer  les  formes  intérieures  des  marmites 
et  détruire  les  saillies  ou  les  sillons  spiraliformes  des  parois;  2°  par  ter- 
miner les  marmites,  c'est-à-dire  par  les  faire  aboutir  à  la  forme  de  sac  ou 
de  trou  à  fond  concave,  sur  les  îlots  d'Assouàn  :  i''  presque  toutes  les 
marmites  présentent  des  traces  fraîches  de  pas  de  vis  sur  leurs  parois; 
2°  le  plus  grand  nombre  présentent  la  forme  inachevée,  c'est-à-dire  à  fond 
conique  avec  dépression  annulaire;  dans  les  conditions  normales  d'As- 
souàn, il  y  a,  en  effet,  plus  de  chances  que  partout  ailleurs  pour  que  les 
tourbillons  durent  peu   de   temps  et  soient  brusquement  interrompus; 


(  "  )  Le  plus  grand  des  Moulins  de  glaciers  qu'a  fait  déblayer  M.  le  professeur  Heim 
au  Gletschergarten  de  Lucerne  ag", 5o  de  profondeur  et  8""  de  diamètre;  le  plus 
grand  de  ceux  qu'a  découverts  M.  le  professeur  SteflFens,  au  col  de  Maloja,  et  que  j'ai 
moi-même  étudiés  en  juillet  1898,  a  plus  de  1 1""  de  profondeur  et  6""  de  diamètre. 


(  356  ) 

d'autre  part,  ces  îlots  sont  si  bien  percés  à  jour  en  tous  points  et  en  sens 
divers,  qu'il  arrive  fréquemment  que  la  paroi  d'une  marmite  est  usée 
jusqu'à  devenir  trop  mince  pour  supporter  la  pression  intérieure  et  tout  à 
coup  cède;  j'ai  observé  au  moins  cinquante  marmites  de  cette  espèce, 
ainsi  brisées,  éventrées,  en  pleine  formation.  Or  toutes  présentent  la  forme 
à  fond  conique,  c'est-à-dire  celle  que  j'appelle  Xa  forme  normale  de  mar- 
mite interrompue.  Un  cas  analogue  et  peut-être  plus  curieux  se  rencontre 
à  la  première  cataracte  du  Nil  :  la  marmite  une  fois  amorcée  et  en  partie 
formée  par  un  tourbillon  de  crue,  pour  une  cause  quelconque,  le  courant 
a  emporté  toute  la  partie  supérieure  du  mamelon  de  granité  dans  lequel 
le  tourbillon  avait  travaillé;  il  n'est  resté  que  la  portion  inférieure  de  la 
marmite  :  c'est  encore  là  un  cas  d'interruption  bien  nettement  caractérisé; 
or  j'ai  observé  et  déblayé  plusieurs  types  de  cet  ordre,  et  tous  étaient  à 
fond  conique. 

»  Un  spécimen  de  cette  dernière  catégorie  mérite  une  mention  spéciale  : 
la  surface  d'arrachement  de  la  roche  correspondait  à  peu  prés  au  niveau 
du  fond  momentané  d'une  marmite  qui  avait  environ  i™,8o  de  diamètre  ; 
et,  au-dessus  de  la  plate-forme  de  roche  rugueuse,  est  restée  seule  en 
saillie,  comme  témoin  de  la  marmite  disparue,  la  partie  intérieure,  ce 
qu'on  pourrait  appeler  le  culot  :  c'est  une  protubérance  de  forme  approxi- 
mativement conique,  entourée  d'une  dépression  nettement  spiraliforme, 
dont  la  ligne  de  fond  ne  correspond  point  à  un  plan  horizontal;  aussi  bien 
le  courant  tourbillonnaire,  en  se  heurtant  à  une  roche  peu  homogène 
comme  le  granité  à  gros  grains,  s'est  décomposé  en  une  série  de  mouve- 
ments secondaires  dont  les  irrégularités  de  la  surface  polie  sont  la  preuve 
très  visible. 

»   J'ajouterai  deux  brèves  considérations  : 

»  J'ai  examiné  de  près  environ  4oo  marmites;  j'en  ai  vidé  une  cinquan- 
taine :  dans  le  fond  de  2  ou  3  à  peine  j'ai  trouvé  un  ou  deux  galets  de  4*"" 
ou  5*""  de  diamètre;  dans  presque  toutes  je  n'ai  trouvé  que  du  sable,  un 
sable  étonnamment  fin;  c'est  avec  le  sable  seul  que  les  tourbillons  ont 
creusé  le  granité  d'Assouàn  ;  l'idée  de  la  meule  unique,  formant  la  marmite, 
telle  que  la  suggère  l'expérience  instituée  au  Gletsc/iergarten  de  liUcerne, 
me  semble  de  plus  en  plus  une  idée  discutable;  à  Assouàn,  en  tout  cas,  il 
n'y  a  pas  de  meule.  Le  procédé  du  travail  tourbillonnaire  ressemble  à  l'usure 
à  l'émeri,  au  travail  du  lapidaire  qui  use  de  la  pierre  très  dure  avec  de  la 
poussière  de  pierre. 

»   Nulle  part,  peut-être,  autant  qu'aux  rapides  du  Nil,  on  ne  saurait  être 


(  357 
frappé  du  rôle  joué  par  le  tourbillon  comme  facteur  actif  d'attaque  et  de 
destruction  par  l'eau  :  la  marmite  tourbillonnaire  semble  l'effet  le  plus 
énercfique  de  la  tactique  victorieuse  des  courants  en  vue  de  la  destruction 
progressive  des  seuils.  Les  masses  compactes,  ainsi  percées  de  part  en  part, 
s'effondrent  tout  à  coup;  certains  îlots  d'Assouân  montrent  ainsi  les  amas 
chaotiques  de  portions  récemment  effondrées.    » 

M.  Ad.  Richard  adresse  une  Note  relative  à  un  arc-en-ciel  présentant 
une  apparence  anormale. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 

M.  B. 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3i  juillet  1899. 

Z'Hydrodiclyon  utriculatumrfe  Rolh  et  /'Hydrodictyon  fémorale  d' Arrou- 
deau,  par  J.  Comère.  Toulouse,  Lagarde  et  Sebille,  1899;  i  br.  in-S". 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

Berichte  der  deutschen  chemischen  Gesellschaft.  N°  12.  Berlin,  R.  Fried- 
liinder  und  Sohn,  1899;  i  vol.  in-8°. 

Astronomical  and  meteorological  observations,  made  at  thc  Raddiffe  obser- 
i'alory.  Oxford,  James  Paiker  and  C°,  189g;  i  vol.  in-8°. 

Mémorial  hisiorico  espanol  :  coleccion  de  documentos,  opiisculos  y  antigùe- 
dades  que publica  la  Real  Academia  de  la  Historia.  Tome  XXXIX.  Madrid, 
de  la  Viuda  é  Hijos  de  M.  Tello,  1899;  i  vol.  in-S". 

Annals  of  the  New  York  Academy  of  Sciences.  Vol.  XL  part  IIL  New  York 
City,   1898;  I  vol.  in-8°. 

Anales  del  Museo  nacional  de  Buenos  Aires,  parle  prof.  D""  Carlos  Berg. 
Tome  VI  (2'  série,  t.  III).  Buenos  Aires,  Juan  A.  Alsina,  1899. 

Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  de  Bucarest.  N"  3.  Bucuresci,  Institutul 
de  Arte  grafice,  Carol  Gobi,  1899;  i  br.  in-8''  (Hommage  de  la  Société.) 

Proceedings  of  ihe.  lowa  Academy  of  Sciences  for  1898.  Vol.  VI.  Des 
Moines,  lowa,  F.  B.  Conaway,  state  printer,  1899;  i  br.  in-8". 

G.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  6.)  47 


(  358  ) 

Nachrichten  von  der  kûnigl.  Gesellschaft  des  Wissenschaften  zu  Gôtlingen. 
1899.  Heft  1.  Gottingen,  Liider  Horstmann,  1899;  r  br.  in-8°. 

Journal  of  the  Academy  of  natural  Sciences  of  Philadelphia.  Vol.  XI, 
part  2.  Philadelphia,  Academy  of  natural  Sciences,  1899;  i  vol.  in-4°- 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  7  août  1899. 

Congrès  horticole  de  1899  :  Séance  du  26  mai.  Paris,  siège  de  la  Société, 
1899;  broch.  in-8°. 

The  résistance  of  hacteria  tocold,  by  Mazyck  P.  Ravenel,  M.  D.,  of  Phila- 
delphia. From  The  médical  News,  1899;  i  broch.  in-8°. 

Actas  de  la  Sociedad  espanola  de  Histoiia  natural.  Madrid,  Don  I.  Bolivar, 
Tesorero,  1899;  2  broch.  in-8°. 

Itad j'ugoslavenske  akademije  Zuanosti  i  Umjetnosti.  U.  Zagrebu,  1899; 
r  broch.  in-8''. 

Quelques  recherches  sur  les  centres  d'action  de  l' atmosphère  :  II.  La  pluie, 
par  H.  HiLDEBRAND-IIiLDEBRANDssoN.  Slockholm,  P. -A.  Norstcdt  et  Sôner, 
1899;  I  fasc.  in-Zi". 


ERRATA. 


(Séance  du  ?>  juillet   1899.) 

Note  de  M.  E.-O.  Lovett,  Sur  les  transformations  des  droites  : 

Les  expressions  pour  n  et  r,  qui  n'afFectenl  pas  les  résultais  de  la  Note,  ont  été 
écrites  en  employant  accidentellement  : /o/ie<io«5  rfe  c^ewx-  variables,  au  lieu  de  fonc- 
tions de  trois  variables. 

(Séance  du  24  juillet  1899.) 

Note  de  M.  Armand  Gautier,  Présence  de  l'iode,  etc.  : 

Page  191 ,  ligne  9,  à  la  suite  des  mots  :  au  moins  dans  celles  à  clilorophylle,  ajoute: 
même  dans  celles  d'eaux  douces. 


(  359  ) 


(Séance  du  3i  juillet    1899.) 

Note  de  M.  E.  Vallier,  Sur  la  loi  des  pressions  dans  les  bouches  à  feu 

Page  258,  formule  (i),  supprimez  w. 

Page  269,  formules  (4)  et  (5),  au  lieu  de  z,  lisez  Z. 


Note  de  M.  A.  Recouru,  Sur  les  états  isomériques  de  l'acétate  chromique 
acétate  anormal  violet  biacide,  acétate  anormal  vert  morioacide  : 

Page  288,  ligne  27,  au  lieu  de  Cr(G2H30^')S  5H-0,  lisez  Cr(G2H30^)',  ÔH^O. 
Page  289,  ligne  4o,  au  lieu  de  CrCC^H^O-),  ^  II^O,  lisez  Cv{OR^0-y,  ^H^O. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLA RS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n"  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le.  Dimanche,  lis  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  Yolumes  in-4r  Deui 
fables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
9t  part  du  i"  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  ;  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  fie  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


Igen. . . 

Uger . . 

imiens. 
Ingers.. 


layonne.. 
Besançon. 


iordeaux . 
tourges 


Irest. 


aen 

'hamberv.. 


'•kerbourg 

'lermonl-Ferr... 


:jon. 


'Ouai. 


'tenoble j 

a  Rocketle 

»  Havre ! 


aie.. 


chez  Messieurs  : 
Ferryn  frères. 
Chaix. 
Jourdan. 
Ruff. 

Courtin-Hecquet. 
Germain  et  Grassin. 
Lachèse. 
Jérôme. 
Jacquard. 
Feret. 
Laurens. 
Muller  (G.). 
Renaud. 
Derrien. 
\  F.  Robert. 
J.  Robert. 
Uzel  frères. 
Jouan. 
Perrin. 
Henry. 
Marguerie. 
Juliot. 

Ribou-Collay. 
Laniarche. 
Ratel. 
Rey. 

Lauverjat. 

Degez. 

Drevet. 

Gratier  et  C". 

Foucher. 

Bourdignon. 

Dombre. 

Thorez. 

Quarré. 


Lorient. 


I 


chez  Messieurs  : 
Baumal. 
M"'  Texier. 
Bernoux  et  Cumjn. 
Georg. 

Lyon {  Côte. 

Savy. 
Vitte. 

Marseille Ruât. 

\  Calas. 
}  Coulet. 

Martial  Place. 
[  Jacques. 

Nancy ]  Grosjean-Maupin. 

(  Sidot  frères. 
Loiseau. 
Veloppé. 
Barma. 
Visconli  et  C'V 

.'\  inies Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

Blanchier. 
Marche. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Hochefort Girard  (M""). 

l  Langlois. 
Rouen 

S'-Étienne  . 

Toulon 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Montpellier 
Moulins..    . 


Nari  tes 


J\'ice . 


Poitiers.. 


Amsterdam. 


Berlin. 


Bucharest. 


Toulouse.. 


\  Lestringant. 

Chevalier. 
(  PoiUeil-Durle 
f  Rumèbe. 
^  Ginict. 
[  Privât. 
.  Boisselier. 

Tours j  Péricat. 

'  Suppligeon. 
(  Giard. 
)  Lemaitre. 


Valenciennes.. 


chez  Messieurs  : 
Feikenia    Caarelsen 
et  C". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C'v 
Dames. 

Friediander  et  fils. 
Mayer  et  Miiller. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

Lamerlin. 
Bruxelles [  Mayolezet Audiarte. 

(  Lebègue  et  C'*. 

\  Sotcheck  et  C». 

'  Stoixk. 

Budapest KIlian. 

Cambridge Deighton,  Bell  et  C". 

Christiania Cauimermeyer. 

Constantinopie.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

;  Cherbuliez. 

Genève Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frères. 

)  Benda.  ; 

(  Payot. 
Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig (  Lorentz. 

Max  Rube. 
Twietmeyer. 
(  Desoer. 
I  Gnusé. 


Lausanne.. 


Liège. 


chez  Messieurs  : 

,  Oulau. 

Londres 

'  «t     t              rti 

'Nutt. 

Luxembourg . . 

.     V.  BUck. 

/  Libr.  Gutenberg. 
)  Romo  y  Fusse!. 

.Madrid 

Gonzalés  e  bijos. 

F.  Fé. 

Milan 

(  Bocca  frères. 

l  Hoepli. 

Naples 

Marghieri  di  Giu». 

Pellerano. 

1  Dyrsen  et  PfeifTer. 

/Veiv-  York 

.  j  Stechert. 

'  Lemckeet  Buechner 

Odessa 

Rousseau. 

Oxford 

.     Parker  et  C" 

Palerme 

.     Clausen. 

Porto 

Prague 

.     Rivnac. 

Rio-Janeiro 

.     Garnier. 

Rome 

Bocca  frères. 

Loescheret  C'. 

Rotterdam 

.     Kramers  et  fils. 

Stockholm 

Samson  et  VVallin. 

S'-Petersbourg. 

i  Zinserling. 

/  Wolff. 

;  Bocca  frères. 

)  Brew. 

Turin 

i  Clausen. 

(  RosenbergetSeM.  ]■. 

Varsovie 

.     Gebethner  et  Wnlll 

Vérone       

Drucker. 

(  Frick. 

Vienne 

)  Gerold  et  C'-. 

Ziirich 

MeyerelZeller. 

TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4'';  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.—  (i"  Janvier  i85i  a  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.  —  (  1"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  in-4'';  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 
Tomel:  Mémoire  sur  quelques  points  delà  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DERBÈset  A.-J.-J.  Solies.—  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
>métes,  par  M.Hansen. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènesdigestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

■asses,  par  M.  Claude  Beknard.  Volume  in-4'',  avec  32  planches;  i856 15  fr. 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Benedes.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
lur  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  leslois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
mentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.—  Rechercher  la  nature 
des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  jrganique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bromn.  In-4°,  avec  27  planches;  1861..  .       15  fr. 


A  la  rnSme  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Sarant»  à  l'Académie  des  Sciences. 


N"  6. 

TABLE   DES   ARTICLES.    (Séance  du   7  -.una  1899.} 


'  MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


M.  Appell.  —  Sur  les  mouvemeals  de  rou- 
lemenl;  équalions  du  mouvement  analo- 
gues à  celles  de  Lagrange 

M.    Beistiielot.    -      Déterminations    tlier- 


Pages.    I 


Pages. 

mocliimiques.  L'étliylcnedianiine Sao 

MM.  Berthelot  et  Delépixe.  —  Sur  l'azo- 
tate d'arïênt   ammoniacal -5  -'6 


CORRESPOND  ANCE. 


M.  H.  Le  Chatelieh.  —  Sur  la  dilatation 
du  fer  et  des  aciers  aux  tempéiatures 
élevées  

M.  Emile  Vigouroux.  —  Action  du  chlon- 
sur  un  mélange  de  silicium,  de  silice  il 
d'alumine 

M.  E.  RuBÉNOviTCH.  —  Action  -du  j)lios- 
phure  d'hydrogène  sur  l'oxyde,  l'hydrate 
et  le  carbonate  de  cuivre 

MM.  Eh.  Bourqueeot  et  H.  Herissey.  — 
Sur  le  dosage  du  mannose  mélange  à 
d'autres  sucres 

M.  Gabriel  Bertrand.  —  Sur  quelques 
propriétés  de  la  dioxyacélone,  en  relation 
avec  le  degré  d'agrégation  moléculaire... 

M.  .J.  Laborde.  —  Sur  les  variations  de   la 

Bulletin  bibliographique 

Errata 


33i 


Jo4 


■539 


production  de  glycérine  pendant  la  fer- 
mentation alcoolique  du  sucre 

M.  Edouard  Heckel.  —  Sur  la  structure 
anatomique  des  Vanilles  aphylles 

M.  Henri  Jumelle.  —  Le piralaky,  liane  à 
caoutchouc  de  Madagascar 

MM.  W.  KiLiAN  et  E.  Haug.  —  Sur  le  bord 
externe  du  Briançonnais  entre  Freyssi- 
niéres  et  Vars 

M.  Jean  Brunhes.  —  Sur  les  marmites  des 
ilôts  granitiques  de  la  cataracte  d'Assouân 
(  Haute-Egypte  ) 

M.  Ad.  Richard  adresse  une  Note  relative 
à  un  arc-en-ciel  présentant  une  apppa- 
Ecnce  anormale 


34: 

3^9 
35 1 
354 
357 

358 


PARIS.   —    IMPRIMERIE     GAUTHIE  R-VILL  ARS  , 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


/.e  f.érant  .■(iAiTTaiBR-ViLi.Aiis. 


NÛV  IG 

1899 

'  SECOIVD  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  M.TI.  IiES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUEEiS 


TOME  CXXIX. 


N^7  (14  Août  1899 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES   DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslins,   55. 

^899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 


ADOPTE    DANS    LES    SÉANCES   DES    2.3   JUIN    1862    ET    24    MAI    1875. 


Les  Lomptts  rendus  hebdomaaaues  des  séances  de 
l'Acadtmie  se  composent  tles  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  leuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

(I  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  i^ Académie. 

LesexlraitsdesMémoiresprésentés  par  un  Membre 
ou  oarun  Associéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'AciuIcmie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  fias  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  pari  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Noies  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposes  par  l'Acadén; 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Ra 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'auta 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  p 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personn 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'unr 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  se 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  I 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extra 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  foi 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  ofl 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 
jeudi  à  I  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temp 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rem 
actuel,  et  l'exlrail  est  renvoyé  au  Compte  rendu  su 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  ai 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  ( 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 


Article  5. 


\ 


Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fa 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprè 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrai.yers  â  lAcadticie  qui  désirent  laire  pi  ôsenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  li 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  lard  le  Saicedi  qui  précède  la  séance,  avant  5'.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivant 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


>»aa'  I 


SÉANCE  DU  LUNDI  14  AOUT  1899, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  Maurice  LÉVY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATïOIVS 

DES    MEMBRES    ET     DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  dérivés  métalliques  de  l'acétylène; 
j3ar  MM.  Berthelot  et  Delépine. 

»  Depuis  les  étude  de  l'un  de  nous  sur  les  acétylures  métalliques  et 
leurs  dérivés,  faites  '.  l  y  a  un  tiers  de  siècle,  à  une  époque  où  l'acétylène 
était  rare  et  coûteux,  ces  composés  ont  été  l'objet  de  nombreuses 
recherches,  tant  de  la  part  de  MM.  Matignon,  Guntz,  Maquenne,  de  For- 
crand,Moissan,  pour  les  acétylures  alcalins,  que  de  MM.  Keiser,  MiasnikotT, 
Blochmann,  Lossen,  Plimpton  et  Travers,  Sœderbauni,  Arlh,  Biginelli, 
Chavastelon,  Erdmann  et  Kôthner,  et  autres  savants,  pour  les  acétylures 
d'argent,  de  cuivre,  de  mercure  et  leurs  dérivés.  Ces  recherches  en  ont 
multiplié  le  nombre  et  fixé  certaines  formules.  Le  moment  nous  a  paru 

C.  11.,  1899,  2'  Semestre.  (T,  CXXIX,  N°  7.)  4" 


(362  ) 

venu  d'établir  la  théorie  thermochimique  de  ces  composés  et  d'en  com- 
parer les  formules  définitives  avec  la  théorie  proposée  par  M.  Berthelot, 
théorie  qui  assimilait  d'une  part  l'acétylène  et  les  acétvlures  C-H-,C-M*, 
avec  l'ammoniaque  AzH'  et  les  azotiires  correspondants  AzM',  et  d'autre 
part  les  dérivés  des  acétylures  à  ceux  de  l'ammonium  :  (C-M')R  corres- 
pondant à  (AzH*)R,  R  étant  un  radical  négatif  simple  ou  composé. 

»  Nous  avons  choisi  pour  cette  recherche  l'examen  des  composés  acé- 
tyliques  dérivés  d'un  métal  monovalent,  l'argent,  parce  qu'un  tel  métal 
fournit  des  dérivés  plus  simples  que  les  métaux  polyvalents.  Les  composés 
argenliques  d'ailleurs  ne  forment  guère  de  sels  basiques,  comme  le  font  au 
contraire  les  composés  des  métaux  polyvalents,  et  ils  ne  sont  pas  suroxy- 
dables au  contact  de  l'air,  à  la  façon  des  sels  cuivreux  :  ces  circonstances, 
propres  aux  sels  d'argent,  donnent  plus  de  netteté  aux  déductions  tirées  de 
leur  étude. 

AcÉTÏLlRE  d'argent,  C'^Ag". 

»  Nous  avons  formé  ce  composé  dans  le  calorimètre,  en  faisant  réagir 
l'acétylène  dissous  sur  l'azotate  d'argent  ammoniacal  dissous.  Nous  avons 
trouvé,  vers  i^'*, 

C-H-  diss.  -1-  2(AzO'Ag.  2AzIP)diss. 

=  C-Ag^  préc.  -I-  2(AzO^II.  AzU^)  diss.  -i-  aAzIP  diss.,  dégage r-io'^^',  55 

»  D'où  résulte 

C^ -i-  A.g-:r=  C-Ag-  précipité — 87'^"',i5 

»  L'acétylure  précipité,  desséché  à  90°,  a  fourni  dans  deux  analyses  : 
Ag  =  90,05  et  8g, 83.  La  formule  exige  90,0. 

»  Le  composé  desséché  à  l'air  libre,  après  soixante  heures,  renfermait 
88,5  d'argent;  après  cinq  jours  :  89,6,  chiffres  qui  indiquent  que  l'eau 
retenue  d'abord  se  dissipe  à  la  température  ordinaire. 

»  A  la  rigueur,  on  pourrait  supposer  que  celte  eau  ne  préexiste  pas 
dans  le  précipité,  celui-ci  pouvant  être  envisagé  comme  un  oxyde  d'argent- 
acétyle(C-HAg-)-0.  Mais  la  facilité  avec  laquelle  l'eau  s'élimine  à  froid  est 
]ilus  favorable  à  l'opinion  qui  la  regarde  comme  simplement  juxtaposée 
avec  l'acétylure  d'argent  :  l'oxyde  ci-dessus,  s'il  existe,  ne  se  produit  pas 
dans  les  conditions  précédentes. 


(  363  ) 
»   La  réaction  de  l'acétylène  sur  l'oxyde  d'argent 

C^IP  gaz  -+-  Ag'O  sol.  =1:  C^Âg^  sol.  -(-  H-0  gaz.,  dégagerait +22,2,5 

»  »  liquide -1-32,95 

C-H-  dissous  »  • +27,65 

»  Ces  chiffres  l'emportent  sur  la  chaleur  dégagée  avec  l'azotate  d'argent 
ammoniacal,  cette  dernière  comprenant  en  moins  l'excès  de  la  chaleur  de 
neutralisation  de  l'oxyde  d'argent  ammoniacal,  sur  celle  de  l'ammoniaque. 

»  Nous  reviendrons  sur  ces  valeurs. 

H  L'acétylure  d'argent  sec  a  été  placé  dans  un  tube  où  l'on  a  fait  le  vide, 
puison  l'a  chauffé  avec  précaution.  Il  détone  avec  un  bruitsecetuneflamme 
rougeàtre;  du  carbone  se  dépose  aussitôt  dans  toutes  les  parties  du  tube. 
On  a  obtenu  quelques  traces  de  gaz  dans  cette  opération,  soit  pour  0^%  100 
d'acétylène  :  CO  =  o'"',32;  Az  =  o'^'^,  iG.  Ce  qui  montre  que  le  précipité 
retient  toujours  une  trace  d'argentacétyle;  mais  cette  trace  est  insuffisante 
pour  expliquer  la  détonation.  En  tous  cas,  il  n'y  a  pas  d'hydrogène, 
conclusion  à  laquelle  Keiser  était  déjà  arrivé,  en  faisant  la  même  expé- 
rience. 

»  Le  caractère  explosif  d'un  composé  semblable,  qui  se  détruit  açec 
flamme,  bien  qu'il  forme  à  peu  près  exclusivement  des  éléments  solides  à 
la  température  ordinaire,  mérite  quelque  attention.  En  réalité,  le  phéno- 
mène paraît  la  l'ésultante  de  plusieurs  actions,  qui  se  succèdent  durant  un 
intervalle  de  temps  presque  inappréciable,  savoir  : 

»  i°  La  séparation  du  carbone  et  de  l'argent  provoquée  par  le  travail 
préalable  de  réchauffement  à  une  température  relativement  peu  élevée; 

»  2"  Un  dégagement  de  chaleur  de  -f-  87^"',  i5,  rapporté  au  carbone  dia- 
mant, ou  plus  exactement  -f-  8o'^''',47.  rapporté  au  carbone  amorphe; 

>)  3'  Ce  dégagement  de  chaleur  est  assez  considérable  pour  réduire 
le  carbone  en  gaz  normal,  comme  en  témoigne  sa  condensation  sur  toutes 
les  parois  du  tube  :  réduction  qui  exigerait  pour  C'  =  24^''  (diamant) 
-f-  84^''',  2  H-  5  ('),  d'après  les  inductions  développées  par  M.  Berthelot  à 
différentes  reprises  depuis  i865  (voir  en  dernier  lieu  Thei-mochimie,  don- 
nées et  lois  numériques,  t.  I,  p.  207);  les  produits  atteindraient  ainsi  une 
température  voisine  de  4ooo°,  d'après  le  calcul  des  chaleurs  spécifiques  ; 

»   4°  Le  refroidis.sement  immédiat  de  ces  produits  serait  accompagné 


(')   C  aiiKirplie  :  "- ,'i -\- : 


(  364  ^ 

parla  combinaison  réciproque  d'un  certain  nombre  d'atomes  de  carbone 
gazeux,  de  fiiçon  à  reconstituer  le  carbone  à  l'état  polymérisé,  seul  connu 
jusqu'ici  à  la  température  ordinaire  (').  C'est  cette  combinaison  qui  dé- 
gage la  chaleur,  manifestée  par  le  phénomène  explosif  définitif. 

»  Ces  considérations  sont  analogues  à  celles  développées  par  l'un  de 
nous  dans  ses  études  sur  l'explosion  de  l'acétylène;  elles  sont  plus  nettes 
pour  l'acétylure  d'argent,  parce  qu'il  se  produit  ici  un  élément  solide  à  la 
température  ordinaire,  l'argent,  au  lieu  d'un  élément  gazeux  tel  que 
l'hydrogène. 

»  L'acétylure  d'argent  humide  détone  également,  lorsqu'on  le  chauffe; 
mais  l'explosion  est  plus  violente  dans  ce  cas,  parce  qu'elle  a  lieu  au  sein, 
ou  plutôt  au  contact  d'une  atmosphère  de  gaz  aqueux,  qui  transmet  aussitôt 
les  pressions  aux  parois  du  tube  et  en  détermine  la  rupture  générale;  au 
lieu  d'être  amortie  en  partie,  en  raison  de  l'existence  d'un  espace  vide.  On 
connaît  l'influence  de  ce  dernier  pour  empêcher  l'explosion  de  la  poudre 
noire;  et  plus  généralement  on  sait  l'influence  inverse  du  bourrage  pour 
augmenter  l'intensité  du  choc  explosif  dans  les  mines  et  dans  les  armes. 

M  C'est  ici  le  lieu  de  remarquer  que,  étant  donnée  la  chaleurde  formation 
de  l'acétylure  d'argent,  ce  corps  doit  régénérer  l'acétylène,  non  seulement 
par  l'action  du  gaz  chlorhydrique,  ou  d'une  dissolution  concentrée  pro- 
duisant aisément  ce  gaz,  mais  même  par  l'action  de  l'acide  chlorhydrique 
étendu 

C«Ag'-+-  2HClgaz  =r2AgCl  +  C''H2gaz +43,25 

C2Ag''+2HCldilué  =  2AgCl  +  G^H2  gaz -h  8,4         dissous -H-iB,; 

»  A.U  contraire,  l'acide  azotique  étendu  ne  saurait  transformer  simple- 
ment en  acétylène  l'acétylure  d'argent;  attendu  que 

C=Ag''-H2AzO'H  étendu  =  2  AzO'Ag  dissous -i-C^H^  gaz,  absorberait...      —22^"', 6 

))   Même  en  supposant  l'acétylène  dissous,  on  aurait  —  17,3. 

.)  L'acide  azotique  gazeux  attaquerait,  au  contraire,  l'acétylure  d'argent, 
mais  en  le  détruisant  avec  dégagement  de  chaleur  et  même  explosion.  Avec 
l'acide  liquide  pur,  il  y  a  aussi  dégagement  de  chaleur;  mais  l'acétylène  est 
en  même  temps  oxydé.  On  y  reviendra. 

»   De  même  l'acide  sulfurique  étendu  ne  régénère  pas  d'acétylène  avec 


(•)  Voir  enUe  autres  ^rt/i.ofe  Phys.  et  de  C/i.,  4°s.,  l.  IX,  p.  475;  t.  XVIIT.p.  176,610. 


(  365  ) 

l'acétylure  d'argent,  circonstance  qui  paraît  surprenante  à  première  vue, 
mais  que  la  Thermochimie  explique.  En  effet 

C=Ag2-i-  SO'H- étendu  =;SO'Ag- dissous +  C-H2  gaz 28,45 

1)  Même  en  supposant  le  sulfate  d'argent  solide  (-f-'']»  J  )  et  l'acétylène 
dissous  (+5,3)  on  aurait  encore       18, G5. 

1)  On  voit  par  là  que  la  condition  d'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur 
l'acétykire  d'argent  est  attribuable  au  faible  écart  qui  existe  entre  la  cha- 
leur de  formation  des  chlorures  d'argent  et  d'hydrogène,  opposé  à  un  écart 
plus  considérable  entre  les  acétylures  d'argent  et  d'hydrogène. 

))  Comparons  la  chaleur  de  formation  de  l'acétylure  d'argent  à  celle  de 
l'acétylène  et  des  acétylures  alcalins,  déterminés  par  MM.  Matignon, 
Guntz  et  de  Forcrand  : 

C-^-!-H':-:C2H2gaz,  absorbe -S8,\ 

C^-rNa^ -  8,8 

C-  ~l-  Li- -11,5 

C^  hCa -1-  6,25  (') 

C^+Ag^ -87,15 

»  Les  acétylures  d'hydrogène,  d'argent,  de  sodium  et  probablement  de 
potassium,  sont  endothermiques;  ceux  de  lithium  et  de  calcium  étaient 
exothermiques. 

»  Il  existe  des  acétylures  monopotassé,  C^HR,  et  monosodé,  C'HNa, 
auxquels  correspondrait  un  acétylure  monoargentique,  C^HAg,  qu'une 
étude  plus  approfondie  permettra  sans  doute  d'isoler. 

))  Toutefois,  si  l'on  s'en  rapporte  aux  analogies  tirées  des  deux  acéty- 
lures sodiques,  l'acétylure  bimétallique  serait  moins  instable  que  l'autre. 
En  effet  : 

C^-HNa==C2Na°-,  absorbe —  8':^.>,8 

C^-(-H-|-Na  =  QHNa,  absorbe — 29^-1,2 

»  La  décomposition  exothermique  inverse 

CNa^z^C'+Na' -:-  8,8  (G  diamant)  ou  -+-   2,1  (C  amorphe) 

C2HNa=:C'^-|-H  +  Na:C-+H-hNa.      +29,2  ou  --22,5 


(')  D'après   la    rectification   faite   par   M.   Moissan   au    nombre   inexact   donné   par 
Tiiomsen  pour  la  chaleur  d'oxydation  du  calcium. 


(  366  ) 

c'est-à-dire  que  la  seconde  offrirait  un  caractère  explosif  bien  plus  pro- 
noncé que  la  première. 

»  Ces  deux  décompositions  ont  été  observées  en  fait  par  M.  Moissan 
(Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7*  série,  t.  XVI,  p.  i49).  sous  l'influence 
d'une  température  de  plus  en  plus  élevée.  Il  a  reconnu  également  que 
l'acétylène  monosodé,  chauffé  avec  ménagement,  éprouve  une  première 
transformation,  avec  régénération  d'une  certaine  dose  d'acétylène,  accom- 
pagné par  des  carbures  liquides  (et  probablement  par  les  dérivés  sodés 
de  ces  derniers).  Le  dédoublement  simple 

2  C2  H  Nar=C2Na=+C-+H2,  dégagerait..  .     +42,7  (C^  amorplie) 

1)   Au  contraire,  la  réaction  simple 

aC^HNa  zmC^Na^ -H  C2H^  absorberait — S':-''',; 

)i  Mais  cette  dernière  perle  d'énergie  est  compensée  par  la  formation  des 
carbures  polymérisés  et  de  leurs  dérivés  sodés,  dans  la  réaction  effectuée. 

»  Observons  encore  le  dégagement  de  chaleur  accompli  lors  de  la  réac- 
tion de  l'acétylène  sur  les  métaux  alcalins,  dégagement  qui  va  jusqu'à 
l'incandescence  avec  le  potassium 

G^H^-t-  Na^^  C^Na^H-  H%  dégage +49,3 

C^H^+Na  — C=HNa  +  H,  dégage 4-28,9 

et,  par  conséquent, 

G-HNa-h  Na  =  C2Na2-(-  FI -:-20,4 

)i  Les  deux  composés  successivement  formés  répondent  à  un  dégage- 
ment de  chaleur  décroissant,  comme  il  arrive  dans  la  plupart  des  cas  des 
réactions  réitérées.  A  la  vérité,  les  deux  valeurs  28,9  et  20,4  se  rappro- 
cheraient beaucoup,  si  l'on  rapportait  l'acétylène  à  l'état  solide,  pour  le 
rendre  plus  comparable  à  l'acétylène  monosodé;  c'est-à-dire  que  les  deux 
dégagements  de  chaleur  tendraient  à  se  conformer  à  la  loi  des  proportions 
multiples  (voir  Thermochimie ,  données  et  lois  numériques,  t.  I,  p.  2o5  et 
suiv.). 

»  Voici  maintenant  quelques  comparaisons  dignes  d'intérêt.  L'acétylène, 
ainsi  que  M.  Berlhelot  l'a  signalé,  est  un  composé  formé  par  l'hydrogène 
uni  à  un  élément  électronégatif,  le  carbone,  composé  susceptible  de  sub- 
stitutions métalliques  et  comparable    sous   ce   rapport  aux  hydracides, 


(  367  ) 
spécialement  à  l'hydrogène  sulfuré,  et  même  aux  oxacides,  en  tant  que 
dérivés  de  certains  radicaux  complexes,  jouant  le  rôle  du  soutre  et  des  élé- 
ments halogènes.  Envisageons  ces  divers  corps  dans  leur  réaction  sur  les 
oxydes  et  spécialement  sur  l'oxyde  d'argent,  d'après  la  formule  suivante, 
où  les  états  des  corps  correspondants  sont  comparables  : 

Acide  gazeux  -i-  Âg^O  solide  r-  sel  solide  -h  II-O  gazeux. 

Acide  dissous. 
Se!  solide. 

2  H  Cl  aAgCl +65,3  -!-/ii,2 

2HBr  oAgBr 1-80,9  4-5i,6 

2HI  2  Agi -f-92,5  H-64 

2HCy  aAgCy -4-44,3  -t-42,8 

FPS  Ag^S +49,9  +55,8 

2(Az03)II  2(AzO')A.g -h4o,o  -+-21,8 

SO'H^  SO'Ag^ »  +19,0 

H^C-  Ag-^C- +22,5  H-27,6 

»  On  voit  par  ces  chiffres  que  la  chaleur  de  formation  des  sels  d'argent, 
pour  les  acides  gazeux  et  l'eau  gazeuse,  place  l'acélyUire  au  dernier  rang 
des  corps  envisagés;  mais  qu'il  en  est  autrement  pour  les  acides  dissous,  le 
sel  foi-mé  étant  ramené  pour  tous  au  même  état  solide.  Dans  ces  condi- 
tions, l'acétylène  l'emporte  en  effet  sur  les  acides  azotique,  sulfurique, 
tout  en  étant  surpassé  par  les  autres  liydracides.  L'expérience  est  con- 
forme à  ces  prévisions  et  elle  vérifie,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  les  réac- 
tions antagonistes,  et  de  signe  inverse,  dans  lesquelles  on  oppose  l'acéty- 
lène, d'une  part  aux  hydracides  ordinaires,  d'autre  part  aux  acides  azo- 
tique et  sulfurique. 

)i  Les  acétylures  alcalins  (potassium,  sodium,  calcium)  sont  au  con- 
traire décomposés  par  tous  les  acides,  d'après  leurs  valeurs  thermiques  : 
l'eau  seule  suffit  à  cette  décomposition.  Il  nous  paraît  inutile  de  reproduire 
ces  chiffres,  faciles  à  calculer  d'après  les  données  qui  précèdent. 

Il  Nous  pouvons  cependant  tirer  de  là  d'autres  rapprochements  entre  les 
acétylures  et  les  sels,  c'est-à-dire  entre  les  composés  de  l'hydrogène,  du 
sodium  et  de  l'argent. 

Substitutions  dans  les  composés  hydiogénés  : 
Etat  gazeux  du  composé  hydrogéné;  état  solide  du  composé  métallique. 

H'-'  par  Na-  11-  par  Ag-. 

2HCI -f-i5i,8  -m4>o 

2HBr -(-i55,o  -1-29,6 


(  368  ) 

H=  par  Na=  H-  par  \g-. 

2  m ^i5o  +-4ï'-2 

2HF -(-i44.4  — 20,6 

2HCy -f-106,2'  ■ —  7,0 

H'-S/. 4-  84,5  +   1,2 

2(AzO')H +i52,6  —11,4 

C^H2 -^    49,3  —29,05 

))  Voici  quelles  conséquences  se  manifestent  à  la  lecture  de  ces  chiffres. 
La  substitution  de  l'hydrogène  gazeux  par  le  sodium  solide  dégage  des 
quantités  de  chaleur  comprises  entre  i55  et  i44)  c'est-à-dire  voisines  pour 
les  quatre  hydracides  monovalents,  et  pour  l'acide  azotique,  acide  dont  les 
chaleurs  de  neutralisation  sont,  en  général,  voisines  de  celles  de  ces  hy- 
dracides. La  même  similitude  est  applicable,  d'ailleurs,  aux  comparaisons 
entre  l'hydrogène  et  le  sodium  solide,  la  chaleur  de  solidification  de  l'hy- 
drogène étant  une  constante. 

»  Les  sels  qui  répondent  à  ces  fortes  valeurs  ne  sont  pas  dissociés  (hy- 
drolyses) sensiblement  par  l'eau  qui  les  dissout. 

n  Au  contraire  les  cyanures  et  sulfures  alcalins,  qui  répondent  à  des 
valeurs  de  substitution  beaucoup  plus  faibles,  d'un  tiers  et  de  près  de 
moitié,  quoique  considérables,  sont  dissociés  d'une  façon  notable  par 
l'eau  qui  les  dissout. 

»  Enfin  les  acétylures  alcalins,  dont  la  valeur  de  substitution  n'est  que 
le  tiers  de  celle  des  sels  haloïdes  et  des  azotates  correspondants,  —  ce  qui 
rend  exothermique  leur  décomposition  par  l'eau  avec  régénération  d'hy- 
drate de  soude  dissous  ou  analogue,  —  sont  entièrement  décomposés 
par  l'action  du  dissolvant. 

»  La  substitution  de  l'hydrogène  par  l'argent  donne  lieu  à  des  résultats 
beaucoup  plus  divergents,  la  chaleur  correspondante  variant  pour  chacun 
des  acides  envisagés.  Celte  valeur  est  même  négative  pour  les  acides 
fluorhydrique,  acétique,  cyanhydrique,  et  surtout  pour  l'acétylène.  Cepen- 
dant l'eau  n'exerce  pas  d'action  décomposante  à  froid  sur  les  sels  corres- 
pondants, parce  que  leur  chaleur  de  formation  serait  considérable  depuis 
l'oxyde  d'argent  qui  en  serait  séparé  si  la  décomposition  avait  lieu. 

))  L'étude  des  chaleurs  de  substitution  de  l'hydrogène  par  les  métaux 
conduit  à  examiner  de  plus  près  les  réactions  entre  l'eau  et  les  acétylures, 
réactions  dans  lesquelles  se  manifestent  deux  phénomènes  opposés,  savoir 
la  décomposition  de  certaiins  acétylures  par  l'eau,  avec  formation  d'oxydes 
(anhydres  et  hydratés)  et  d'acétylène,  et  la  décomposition  inverse  de  cer- 


(  369  ) 

tains  oxydes  hydratés  par  l'acétylène,  avec  formation  d'acétylures.  Cette 
opposition  est,  comme  d'ordinaire,  corrélative  du  signe  contraire  du  phé- 
nomène thermique.  En  effet 

C-Na'-+  2H'0  -{-  eau  =;C-H-  gaz  -i-  aNaOH  dissous,  dégage...     +37,6 
cm  Na  -h  ir-0  +  eau— cm-  gaz  ~h  NaOH  dissous -m4,6 

tandis  que  la  réaction  opposée 

C-II- gaz -1- Ag-0   h  eau  =:  C-Ag^-i- II'-O,  dégage -1-32,95 

»  En  général,  étant  données  :  A  la  chaleur  de  formation  d'un  acéty- 
lure,  C^M-,  par  les  éléments,  et  2Q  la  chaleur  de  formation  d'un  hy- 
ilroxyde,  2ROH  (ou  du  système  R^O  -1-  H^O,  si  l'oxyde  n'est  pas  hydraté), 
le  sens  de  la  réaction  devrait  être  déterminé  par  celui  de  l'inégalité 

A  +  i38>2Q  -58,1 

si  l'on  envisage  uniquement  la  formation  de  l'acétylène  par  la  réaction  de 
l'eau  sur  l'acétylure  métallique. 

»  Les  choses  se  passent  ici  comme  pour  les  sulfures  et  les  cyanures  qui 
donnent  lieu  aune  opposition  analogue,  explicable  de  même  par  les  valeurs 
thermochimiques  relatives  aux  sulfures  et  cyanures  alcalins  d'une  part, 
métalliques  de  l'autre, 

»  Cependant  des  phénomènes  intermédiaires  sont  possibles  et  ont  été 
observés,  en  effet,  par  M.  Moissan,  tels  que  la  formation  de  carbures  plus 
hydrogénés  et  surtout  plus  condensés  que  l'acétylène;  formène,  éthane, 
éthylène  et  polymères,  etc.,  dans  les  cas  où  le  carbure  métallique  ne  cor- 
respond pas  par  sa  composition  à  un  acétylure;  ou  bien  dans  les  cas  où 
il  renferme  quelque  dose  de  métal  libre;  ou  bien  encore  s'il  forme  par 
réaction  un  protoxyde  capable  de  décomposer  l'eau;  ou  bien  enfin  s'il 
donne  lieu,  par  suite  d'une  attaque  locale  trop  vive,  soit  à  quelque  con- 
densation polymérique  de  l'acétylène,  soit  à  quelque  séparation  de  carbone 
libre.  L'étude  de  ces  diverses  conditions,  jointe  à  celle  de  la  chaleur  de 
formation  du  carbure  métallique,  sera  fort  intéressante  pour  éclaircir  la 
genèse  naturelle  des  pétroles,  genèse  synthétique  rapportée  autrefois,  par 
l'un  de  nous,  à  celle  des  acétylures  ('). 

«   Ces  résultats  étant  acquis  par  l'étude  de  l'acétylène  et  des  acétylures, 


(')   Annales  de  Physique  et  de  Chimie,  4°  série,  t.  IX,  p.  482;  1S66. 

C.  K.,  iSyg,  3'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  7.)  49 


(370) 

composés  comparables  à  l'ammoniaque  et  aux  azotures,  nous  allons  passer 
à  l'étude  des  dérivés  salins  proprement  dits,  formés  par  les  radicaux  argent- 
acétylés,  comparables  à  l'ammonium. 

Sels  d'argentacéttle. 

»  Nous  avons  étudié  l'azotate,  les  sulfates,  les  chlorures,  l'iodure.  Ces 
divers  composés  sont  dérivés  d'un  radical  commun,  l'argentacétyle,  C-Ag\ 
jouant  le  rôle  de  radical  simple,  dérivé  de  l'acétylure  d'argent  et  assimi- 
lable à  l'argent  lui-même. 

»  Divers  faits  indiquent  aussi  l'existence  d'un  radical  intermédiaire, 
C^HAg-,  dérivé  d'un  acétylure,  C^HAg,  comparable  à  l'acétylure  monoso- 
dique;  mais  nous  n'en  avons  pas  poursuivi  l'étude,  qui  est  fort  délicate. 

»  Azotate  d' argentacéty le  :  (C- As,"  )AzO^.  —  Ce  composé,  signalé  par 
Keiser  et  Plimpton,  a  été  particulièrement  étudié  par  M.  Chavastelon. 
Nous  l'avons  préparé  en  faisant  agir  l'acétylène  sur  une  dissolution  d'azo- 
tate d'argent  et  nous  en  avons  vérifié  la  formule  de  diverses  manières,  tant 
en  analysant  les  produits  qu'en  pesant  le  gaz  employé.  Le  composé  est  fort 
explosif. 

»  Dans  le  calorimètre,  nous  avons  trouvé  (4  essais)  : 

C'H^  gaz  -+-  3  AzO'Ag  étendu 

=  (C''Ag3)Az05précip.  +  2  AzO'H  étendu -^32^»!, 4 

C'H'  dissous  -)-  3  AzO' Ag  étendu -+-  27^»',  i 

»  D'où  résulte  pour  la  chaleur  de  dissolution  de  C^H-  :  4-  5,3;  valeur 
concordante  avec  celle  de  M.  Villard, 

»  En  opérant  avec  l'acétylène  dissous  et  avec  une  liqueur  diluée,  on  a 
observé  deux  phases  successives,  la  réaction  ne  dégageant  immédiate- 
ment que  les  f  du  chiffre  total. 

»  On  déduit  des  résultats  précédents  : 

C2  +  Ag'  -f-  Az  -t-  O  =  C  Ag3  AzO' -  54'^=',  3 

»  Il  en  résulte  pour  l'union  de  l'acétylure  d'argent  avec  l'azotate  d'ar- 
gent : 

C2Ag'--HAzO'Agsolide 4-4C"',  i5 

AzO' Ag  dissous -t-  gCai^  §5 

»  L'oxyde  d'argentacélyle,  base  correspondant  à  l'azotate,  répondrait 


(  371  ) 
à  la  formule 

»  Comparons  la  puissance  basique  de  ce  radical  à  celle  de  l'argent, 
vis-à-vis  de  l'acide  azotique.  A  cet  effet,  admettons  que  l'union  de  l'oxyde 
d'argent  avec  l'acétylure  d'argent  (C-Ag-)- -h  Ag^O  dégage  une  quantité 
de  chaleur  y,  quantité  probablement  petite,  en  tout  cas  inférieure  à  la  cha- 
leur dégagée  par  l'union  de  l'ammoniaque  avec  l'oxyde  d'argent;  attendu 
que  l'ammoniaque  ne  laisse  subsister  que  l'acétylureet  non  l'oxyde  dérivé. 
Soil  N,,  la  chaleur  de  neutralisation  d'un  équivalent  d'acide  azotique  par 
cet  oxyde. 

»  Un  calcul  facile  (  '  )  donne 

c'est-à-dire 

N=  4-i5,o5  -^■ 

3 

»  L'azotate  d'argentacétyle  doit  être  décomposé  et  l'est,  en  effet,  soit 
par  l'acide  chlorhydrique,  en  raison  de  la  chaleur  due  à  la  formation  de 
trois  molécules  de  chlorure  d'argent, 

(C^\g^)AzO^+3HGl(;-lendu  =  3AgCl-i-AzOniélendu   iC^IPgaz....      H-24C"',/!; 

soit  par  l'ammoniaque  en  excès,  avec  formation  d'azotate  d'argentammo- 
nium  et  d'acétylure  d'argent, 

(C2Ag3)Az03+2AztPdiss. -^C=Ag'+ AzO^AzH3[AzH3Ag]diss +3,6. 

))  Au  lieu  de  décomposer  l'azotate  d'argentacétyle  par  l'acide  chlorhy- 
drique, on  peut  l'attaquer  par  l'acide  azotique. 

(')  ■  C^+Ag=:  -87,i5x2 -i74,3 

Ag^  +  O +       7,0 

Union  des  corps  précédents , . .  .  y 

2  (  Az  +  0'+ H)  =  acide  étendu -i-     97,6 

Neutralisation 2N 

-  69,7+/+2N 

2(C^Ag'AzO') —  108,6 

H-O -H    69 

—  39,6 
/ -I- 2N +     3o,t 


(  372  ) 

«  Le  précipité  humide  se  dissout  en  eflét  rapidement  dans  son  volume 
d'acide  azotique  ordinaire  bouillant,  le  dégagement  de  vapeur  nitreuse 
continuant  même  après  dissolution  totale  :  ce  qui  implique  la  suroxydation 
des  éléments  de  l'acétylène.  En  effet,  si  on  laisse  refroidir  la  liqueur 
claire,  il  s'y  dépose  de  belles  aiguilles  constituées  par  du  cyanure  d'argent 
pur.  Ceci  est  conforme  à  la  formation  connue  de  l'acide  cyanhydrique  dans 
les  oxydations  de  matières  hydrocarbonées  par  l'acide  azotique. 

»  On  remarquera  que  l'acétylène  précipite  l'argent  de  ses'sels  dissous, 
notamment  de  l'azotate,  comme  pourraient  le  faire  les  hydracides,  chlorhy- 
drique,  iodhydrique,  sulfhydrique,  etc. 

»  Nous  l'avons  en  effet  comparé  plus  haut  avec  les  hydracides,  au  point 
de  vue  thermochimique. 

»   La  précipitation  simple  de  l'acétylure  d'argent,  à  la  façon  du  sulfure, 

C'H^  gaz  -+-  2  AzO'Ag  dissous  ^  C^Ag'-i-  2  AzO^H  étendu,  dégagerait. . .  .     -i-22, 55 

»  Mais  l'acétylure  s'associe  à  mesure,  à  la  façon  de  l'ammoniaque,  avec 
I  molécide  supplémentaire  d'azotate  en  dégageant  +  9'^''',  85;  dégagement 
qui  répond  à  un  travail  plus  grand,  lequel  détermine  la  réaction  totale. 

Sulfates  d'argentacétyle. 

1)  Nous  avons  obtenu  plusieurs  composés  de  cet  ordre  : 

«    1.  Sulfate  double  d'argent  et  d'argentacétyle:         ^      SO".  —  C'est  le 

produit  direct  de  l'action  de  l'acétylène  gazeux  sur  une  dissolution  de  sul- 
fate d'argent  employée  en  excès.  Précipité  blanc  séché  à  90°.  Trouvé  : 
Ag  =  78,23. 

»  Sa  détonation  dans  le  vide  est  faible.  Elle  fournit  de  l'argent  et  un 
mélange  d'acide  sulfureux,  d'acide  carbonique  et  d'oxyde  de  carbone.  La 
mesure  du  volume  des  gaz  et  leur  analyse  montrent  que  la  moitié  de  l'oxy- 
gène est  changée  en  acide  sulfureux,  l'autre  moitié  en  acide  carbonique  et 
oxyde  de  carbone,  ces  derniers  à  volumes  presque  égaux.  En  poids,  le 
soufre  de  l'acide  sulfureux  trouvé  pèse  5,7  centièmes;  l'oxygène  changé 
en  gaz  sulfureux  et  oxycarboné,  11, 4- 

»   L'analyse  donne  donc  : 

Calculé. 

Ag 78,23  78,25 

S 5,7  5,7 

0 11,4  11,4 

C »  4  )  65 


(  ^7^^  ^ 

»  Dans  la  détonation,  les  deux  tiers  du  carbone  environ  sont  brûlés  à 
l'état  d'acide  carbonique  et  d'oxyde  de  carbone,  un  tiers  étant  mis  on 
liberté. 

»   L'équation  de  l'explosion,  d'après  la  pesée  de  ses  produits,  est  donc 

c^Ag^  so'  =  Ag''  +  so=  +  -;;(co-  +  co)  h-  f  c. 

))  Nous  avons  mesuré  directement  la  chaleur  de  formation  de  ce  com- 
posé dans  le  calorimètre, 

C-H^  dissous  -+-  aSO'Ag  dissous  (en  excès) 
=  C^Ag*SO*  précip.  +  SO'H^diss.,  dégage.  .      +21'^''', 2    { 2  déterminations). 


d'où 

C^Ag^-h  S0*Ag2 +  3,3.5 


C^-4-Ag'-HS+  0*=G^Ag'>SO» -î-83,3 


»  2.  Si  l'on  continue  le  courant  d'acétylène,  le  précipité  jaunit  légère- 
ment et  l'argent  se  précipite  en  totalité,  en  formant  un  composé  nouveau 

(C=Ag'^;-SO''  H-C=Ag\Ag.SO\ 
»  Analyse  : 

Trouvé.  Calculé. 

Ag 80,25  80)29 

Sc> 4,4  4,7 

O(^) 9,0  9,5 

C »  5,5 

»  3.  Le  composé  ultime  est  (C"  Ag')-SO'',  composé  dont  la  formation 
est  empêchée  par  la  précipitation  totale  du  précédent  :  M.  Plimpton  l'a 
signalé;  mais  dans  les  conditions  qu'il  a  indiquées,  il  semble  avoir  obtenu 
plutôt  le  précédent,  dont  ce  corps  diffère  très  peu  au  point  de  vue  des 
dosages. 

)'  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  avons  réussi  à  obtenir  ce  sulfate  normal  en 
laissant  une  solution  aqueuse  d'acétylène  en  contact  prolongé  avec  le  sul- 
fate précédent. 

»   Après  vingt-quatre  heures  nous  avons  trouvé  : 

CalcnlO. 

Ag 80,95  81,81 

S /i,ï4  4,o4 


(')  D'après  SO-  obtenu  par  détonation  dans  le  vide. 

(-)  D'après  O  changé  en  SO'.  CO-  en  CO,  par  détonation  dans  le  vide. 


(  374  ) 
»  Le  but  n'étant  pas  encore  atteint,  on  enlève  alors  le  liquide  acide  et 
on  le  remplace  par  de  l'eau  nouvelle  saturée  d'acétylène.  Au  bout  de  deux 
autres  jours  de  contact,  nous  avons  trouvé  : 

Ag 82,0.5  Calculé. 

C^IP  (regénéré  par  II  Cl)  ...  .       9,48     c'est-à-dire     6, 47  pour  100  6,56 

»  Dans  le  calorimètre,  ce  corps  a  été  détruit  par  l'acide  chlorhydrique 
étendu  : 

SO'(G^\g3)2-+-6IICldiss. 

=  6Aga  soI.-+-2G'-H2diss.  -t- SO^H^  diss.  à  2i°,8...      +3q'^'",Z 

»   D'où 

S  +  0*-h3C2-H6Ag -t-  2<^»i,8 

SO*Ag2sol. -H2C2Ag-sol -hio»:-' 

»  Entre  la  chaleur  de  formation  d'une  molécule  de  ce  sulfate  et  celle  de 
deux  molécules  d'azotate,  la  différence  est 

+  2,8  -  (-  I08,(5):^H-II1,4. 

))  Elle  est  presque  la  même  qu'entre  le  sulfate  et  l'azotate  d'argent  : 

SO*Ag-—  2  AzO^Ag  solides 167,  1  —  37,4  =-1-109,7 

C'est  là  un  rapprochement  très  frappant. 

Chlorures  d'argenlacétyle. 

»   Il  existe  plusieurs  composés.  Voici  nos  résultats  : 

»  1.  (C-Ag')Cl.  —  On  prend  du  chlorure  d'argent  récemment  préci- 
pité, on  le  dissout  dans  l'ammoniaque  concentrée,  et  l'on  fiiit  agir  le  gaz 
acétylèue,  en  quantité  relativement  faible,  en  agitant  jusqu'à  ce  que  les  \ 
au  plus  du  chlorure  d'argent  soient  précipités,  terme  indiqué  par  l'appari- 
tion d'un  voile  jaunâtre.  On  s'arrête  aussitôt.  On  lave  le  précipité  blanc 
par  décantation,  puis  on  le  sèche  à  90°. 

»   Analyse  : 

Ag 84,26  Calculé 84,48 

C^HM') 6,6i  »      5,77 

Ce  corps  détone  faiblement. 

(')  Dégagé  par  II Cl  étendu  de  son  volume  d'eau.  On  a  tenu  compte  de  la  quantité 
C^H^  dissoute. 


(  375  ) 
»   Dans  le  calorimètre,  on  a  obtenu  : 

CÂg^Cl  +  IICl  diss.  =:3HG1  +  C-H3diss 4-  ii,8 

d'où 

C2+Ag3  4-a  =  (C^Ag')Cl —  56,4 

C^Ag^  +  AgCl -i-     t,75 

))  2.  C-Ag'C],C=Ag- ou  C=Ag^(C'Ag=')Cl.  -  On  prend  une  dissolution 
de  AgCl  dans  l'ammoniaque,  amenée  par  l'addition  d'un  peu  d'acide  chlo- 
rhydrique  vers  la  limite  de  solubilité  :  on  y  t'ait  passer  l'acétylène  gazeux 
à  refus,  ce  qui  fournit  un  précipité  jaune  citron. 

1)   Analyse  : 

Ag 86,57  Calculé 86,59 

G^H^C) 8,19  »        8,32 

Ce  corps  détone  mieux  que  le  précédent. 
»  Dans  le  calorimètre  : 

C2Ag»CI,C2Ag-2-t-4HCldiss.  =  5AgCI  +  C^H2diss.  ...     +  23,3 
d'où 

2G3  4-Ag5+Cl  =  C^AgCl,C2Ag2 -   i4i,5 

2C2Ag2+AgCI.  ..     +3,8  C^Ag^+G^Ag'CI...     +     2,o5 

»  Les  deux  combinaisons  successives  d'acétylure  d'argent  dégagent  à 
peu  près  la  même  quantité  de  chaleur. 

»  3.  En  prolongeant  l'action  de  l'acétylène,  on  obtient  des  précipités 
de  plus  en  plus  jaunes,  tels  que  l'un  d'eux  contenait,  par  exemple,  8^,5  Ag, 
répondant  à  C-Ag'Cl,  aC^Ag-.  Le  calcul  indique  pour  une  transformation 
complète  du  précipité  en  acétylure  d'argent,  en  présence  d'un  excès 
deAzH% 

C^Ag'Gl,  G2Ag2+  C^H-+  2AzH^=  3C-^Ag2-+-  2AzH'*Cldiss +7,75 

On  voit  par  là  pourquoi  le  chlorure  normal  s'obtient  seulement  au  début 
et  en  présence  d'un  excès  d'argent. 

»  La  chaleur  de  formation  du  chlorure  d'argentacétyle  par  les  éléments, 
—  56,4,  s'écarte  à  peine  de  celle  de  l'azotate  —54,3;  ce  qui  est  précisément 
la  relation  entre  le  chlorure  d'argent  (+29,0)  et  l'azotate  d'argent  solides 
(  +  28,7). 

(')  Dégagé  par  II  Cl  étendu  de  son  volume  d'eau.  On  a  tenu  compte  de  la  quantité 
G^H^  dissoute. 


(   376  ) 

»  Ces  rapprochements  entre  le  chlorure,  l'azotate  et  le  sulfate,  sont, 
on  le  voit,  précisément  parallèles  à  ceux  qui  caractérisent  les  sels  d'un 
métal  ou  radical  simple. 

lodure  d'argentacétyle. 

»  Il  existe  plusieurs  composés  : 

»  1.  fodure  double.  -  L'iodure  d'argent,  dissous  dans  l'iodure  de  potas- 
sium seul  ou  additionné  d'ammoniaque,  ne  précipite  pas  par  l'acétylène; 
mais  si  l'on  ajoute  un  peu  de  potasse,  il  se  forme  peu  à  peu  un  précipité 
jaune,  lourd  et  ténu,  surtout  par  agitation  en  vase  clos.  On  sépare  ce 
précipité  par  le  filtre;  on  ajoute  une  nouvelle  dose  de  potasse  et  l'on  fait 
de  nouveau  passer  l'acétylène:  il  se  forme  un  nouveau  précipité,  dont  la 
composition  est  identique  à  celle  du  premier.  Ces  précipités  doivent  être 
lavés  d'abord  avec  des  solutions  d'iodure  de  potassium  concentrées,  pour 
ne  pas  décomposer  la  solution  initiale,  (Agi  4-  nKl),  puis  diluées,  enfin, 
avec  de  l'eau  pure. 

»   Analyses: 

Calculé 
Premier  Deuxième  pour 

précipité.  précipité.  C-Ag'I -(- Ag  [. 

Ag 60,88  6i,55  60,84 

C^H"-(,') 3,7.  «  3,66 

Par  détonation  dans  le  vide,  osi-,  2,56 o«,  i5  CO  -1-0,1  Azote 

La  détonation  est  faible,  accompagnée  de  flamme. 
»  Dans  le  calorimètre 

C^\g^I,AgI  -4^2HCI  dissous  =  OH* dissous  +  aAgCl  h- aAgI .  .       .-12, 65 

doù 

C  -t-  Ag'  -f-  r-  solide —5^ ,  85 

C'Ag2-l-2AgI  (état  final) +0,90 

»  Nous  avons  préparé  un  iodure  double  de  cuprosacétyle  vermillon  : 
CCu^LCuI,  correspondant  au  sel  d'argent  précédent. 

»  2.  Nous  avons  essayé  de  préparer  un  iodure  d'argentacétyle  par 
double  décomposition,  en  versant  une  dissolution  d'iodure  de  potassium 
sur  l'azotate  d'argentacétyle.  Il  se  produit  aussitôt  une  réaction,  avec  mise 


(')  Pour  II Cl. 


.      (  ^77  ) 
en  liberté  d'alcali  et  dégagement  d'acétylène,  lorsqu'on  emploie  un  excès 
d'iodure  de  potassium.  Mais  si  l'on  s'arrête  au  moment  où  l'alcalinité  a|  - 
paraît,  on  obtient  un  précipité  vert,  présentant  la  composition 

C-AgM  AgIouC-Ag'I, 

Ce  composé  est  fort  détonant. 

»    Pour  eu  évaluer  la  chaleur  de  formation,  on  l'a  traité,  tout  humide, 
dans  le  calorimètre  par  l'acide  chlorhydrique  étendu 

C-Ag=,AgT+  oHCldiss.  =  2 AgCl  +  Agi -t-  C-H-diss...    +  i3C«',8o. 
»  D'après  ce  résultat 

C-  H-  Ag'  H-  I  =.  C- Ag^  Agi,  absorbe -  73,  2 

nombre  qui  s'écarte  à  peine  de  la  somme  —  87,1  -I  i4,2  -~  -  72,9  des 
chaleurs  de  formation  séparées  de  l'acétylure  d'argent  et  de  l'iodure  d'ar- 
gent. 

»  La  différence  entre  la  chaleur  de  formation  de  cet  iodure  complexe  et 
celle  de  l'azotate  d'argentacétjle  est  +  18,9  :  la  différence  entre  l'iodure 
et  l'azotate  d'argent  étant 


2i 


S,  7  —    8,6  =  +  20,1 


ou 


28,7  — i4,2  = -I- i4,5, 

selon  que  l'on  envisage  l'état  initial  ou  l'élat  final  de  l'iodure  d'argent. 
Pour  conclure  avec  certitude,  il  faudrait  obtenir  l'iodure  d'argentacétyle 
cristallisé. 

»  Les  données  précédentes  montrent  que  l'acétylure  d'argent  doit  décom- 
poser l'iodure  de  potassium  avec  régénération  d'acétylène  et  de  potasse 
libre;  car,  d'après  le  calcul, 

C=Ag=+2RIdiss.  =  2AgI  +  C^H='  diss. -î- 2ROH  diss -1  8,95 

»  C'est  ce  que  vérifie  l'expérience,  comme  il  a  été  dit  plus  haut;  mais 
sans  doute,  avec  quelque  formation  intermédiaire.  En  effet  le  déplacement 
est  partiel,  sauf  à  se  renouveler  chaque  fois  que  l'on  ajoute  une  petite  quan- 
tité d'un  acide  dilué,  de  façon  à  neutraliser  à  mesure  la  potasse. 

»  En  réstmié,  les  faits  précédents  établissent  l'assimilation  annoncée  au 
début  de  ce  Mémoire  entre  les  acétylures  et  l'ammoniaque.  De  même  que 

c.  R.,  1899,  2"  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  7.)  ^O 


l'ammoniaque,  AzH%  peut  s'unir  aux  acides  et  former  des  sels,  dans  les- 
quels on  admel  l'existence  de  l'ammonium,  en  faisant  passer  l'hydrogène 
acide  du  côté  de  l'ammoniaque;  de  même  l'acélylure  ou  carbure  d'argent, 
C-Ag^,  peut  s'unir  aux  sels  d'argent  et  former  des  sels,  dans  lesquels  on 
est  autorisé  à  admettre  l'existence  de  l'argentacétyle,  C-Ag',  en  faisanl 
passer  l'argent  du  côté  de  l'acctylure. 

Série  acétyléniquc  Série  ammoniacale 

C^Ag'  AzH' 

C^Ag^CI  AzH'CI 

C2Ag'-(G^\g')C!  AzrP(AzH'Âg)AzO^ 

C^Ag'I  AzIl'I 

C^\g=l.KI  Agi.  Kl 


C-Ag=(AzO^)  AzIl''(Az03 

C^Vg'.  Ag.SO*  Sulfates  dou 

(C^Ag')^SO'  (AzH'-SO- 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Réactions  de  l'argon  et  de  l'azote 
sur  les  radicaux  mercurieh;  par  M.  Bertuglot. 

«  Les  expériences  que  j'ai  présentées  récemment  à  l'Académie  sur 
l'union  de  l'argon  et  de  l'azote  avec  divers  composés  organiques,  soumis 
à  l'action  de  l'effluve  électrique,  et  spécialement  la  formation  iV\.\n  com- 
posé complexe,  doué  d'une  tension  de  vapeur  sensible,  et  renfermant  le 
gi'oupement  phénylé,  associé  au  mercure  et  à  l'argon,  m'ont  coaduit  à 
examiner  directement  les  réactions  etiire  ce  gaz  et  les  radicaux  dimélhyl- 
mercure  et  diphénylmercure. 

»  1.  Le  dimèthylmercur c ,  (CH')-Hg  (6  volts  alimentantla  bobine  —  y''), 
en  présence  de  l'argon,  s'est  décomposé  en  formant  de  l'hydrogène,  du 
formène  (ou  de  l'éthane  C^H*)  et  du  mercure.  Mais  il  n'a  donné  aucune 
luminescence  spéciale,  visible  en  plein  jour,  ou  au  jour  tombant;  seule- 
ment une  faible  lueur  nocturne,  qui  se  manifeste  dans  tous  les  cas  de  ce 
genre. 

«  L'analyse  a  constaté  qu'aucune  trace  d'argon  n'avait  été  absorbée 
dans  ces  conditions. 

»  2.  Le  diméihylmercure  a  absorbe,  au  contraire,  razote(Gvolts  —  22''^. 
On  a  opéré  sur  o^'",  aS^ô  de  diphénylmercure,  contenu  dans  une  très  petite 


(  379  ■ 
ampoule,  à  peu  près  entièrement  remplie,  et  que  l'on  a  écrasée  aussitôt 
entre  les  deux  tubes  concentriques.  A  la  fin  de  l'expérience  : 

»  C-H''Hg  a  fourni  une  portion  gazeuse  :  H^  +  :JCH\  avec  absorption 
de  0,22  Az". 

"   La  composition  de  la  matière  condensée  était,  dès  lors,  la  suivante  : 

i^C  +  H'  -I-  0,4^4  Az,         c'est-à-dire         C^l'-^'Az"^». 

»  Ces  rapports  sont  voisins  de  ceux  que  j'ai  observés  avec  l'éthane  C^H^, 
qui  a  fourni  C-H'  '"'' Az''^'\  soit  un  atome  d'azote  fixé  pour  deux  de  carbone. 
Le  diméthylmercure  se  comporte  donc  comme  tout  autre  composé  orga- 
nique et  fixe  pareillement  l'azote  sous  l'influence  électrique. 

»  3.  Le  diphénylmercure  ne  se  prête  que  difficilement  aux  expériences, 
en  raison  de  son  état  solide  et  surtout  de  son  absence  de  tension  appré- 
ciable de  vapeur  à  la  température  ordinaire;  car  il  bout,  paraît-il,  au- 
dessus  de  3oo"  sous  la  pression  normale.  Cependant  j'ai  essayé  de  le  faire 
réagir  sur  l'argon.  A  cet  effet,  j'ai  introduit  quelques  décigrammes  du  com- 
posé mercuriel  cristallisé  dans  le  fond  du  tube  à  effluve;  je  l'ai  fondu 
et  promené  sur  la  surface  du  tube  pendant  le  refroidissement,  de  façon 
que  la  matière  solide  constituât  une  couche  mince  sur  une  surface  aussi 
étendue  que  possible. 

»  L'argon,  soumis  à  l'action  de  l'effluve  (6  volts)  dans  ce  tube,  com- 
mence à  manifester,  au  bout  de  deux  heures,  la  luminescence  verte.  Elle 
est  très  manifeste  au  bout  de  trois  heures;  sans  acquérir  une  grande 
intensité,  sauf  la  nuit,  en  raison  de  la  petitesse  de  quantité  de  matière  vola- 
tilisée par  l'effluve  et  de  l'action  absorbante  exercée  sur  la  lumière  par 
la  couche  blanche  de  diphénylmercure  interposée  sur  la  surface  intérieure 
du  tube.  Au  bout  de  vingt-trois  heures,  j'ai  trouvé  5,i  centièmes  du  vo- 
lume de  l'argon  absorbé.  J'ai  répété  l'expérience  sur  le  résidu  gazeux; 
avec  un  nouvel  échantillon  de  diphénylmercure;  après  dix-huit  heures, 
j'ai  trouvé  une  nouvelle  absorption  de  3,8  centièmes. 

))  Ces  résultats  sont  d'autant  plus  frappants  que  la  réaction  déterminée 
par  l'effluve  s'exerce  entre  le  gaz  et  une  matière  solide  dont  la  surface  de 
contact  est  extrêmement  restreinte.  Ils  concordent  avec  tous  ceux  que  j'ai 
observés  précédemment.  Ils  montrent,  de  même,  que  la  luminescence 
verte  ne  se  produit  pas  avec  les  dérivés  méthyliques,  étant  attribuable  au 
concours  du  phényle,  du  mercure  et  de  l'argon  tenus  dans  un  certain  équi- 
libre de  combinaison  et  de  dissociation,  sous  l'influence  de  l'effluve  élec- 
trique.   » 


(  38o  ) 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  L.  Laurent  adresse,  comme  complément  à  son  Mémoire  sur  l'étio- 
logie  (lu  béribéri,  une  Note  «  Sur  le  rôle  de  l'insuffisance  en  matières 
grasses  de  la  ration  alimentaire  dans  Tctiologie  du  béribéri  » . 

(Renvoi  au  Concours  du  prix  Barbier.) 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  périodique  Tempel.,^^i8'j3U, 
faites  à  l' Observatoire  de  Paris  {équatorial  de  la  tour  de  l'Ouest  de  o™,  3oj 
d'ouverture);  par  M.  G.  Fayet,  communiquées  par  M.  Loewy. 


Dates. 

1899.  Étoiles. 

Juillet   3i a 

Août       9 b 

10 c 


»<1.  - 

*. 

Nombre 

'- 

de 

AiR. 

AtO. 

comparaisons 

m       s 

+  O . I I , o6 

-  8'.  42",  7 

4:4 

4-    o.    4,57 

—  10.54,6 

4:4 

—  0.  9,87 

-  6.5o,6 

4:4 

Étoiles. 


Grandeur. 


a 9,0 

b 8,8 

c 9>o 


Asc.  droite 

moyenne 

1899,0. 

Il        m        s 
20. 52. 21 ,01 

21.     3.17,93 

21.     4-45,25 


Positions  des  étoiles  de  comparaison 
Déclinaison 


Réduction 

au 

jour. 

+4,75 
+4,95 
+  4,98 


moyenne 

1899,0. 

-23.58.  2,3 
-28.30.57,0 
-29.   2.20,4 


Réduction 
au 
jour. 


Autorités. 


-i-i3,2     i65i7  Arg.-OE,  Weiss 
-1-19,7     29001  Cal.  Arg. 
-1-19,7     Cord.  Zones  XX^, n°  io5 


Positions  apparentes  de  la  comète. 


Temps 

Ascension 

Dates. 

moyen 

droite 

Log.  fact. 

Déclinaison 

Lo;;.  fact, 

1899. 

de  Paris. 

apparente. 

parallaxe. 

apparente. 

parallaxe, 

Juillet  3i.. 

10.46.53 

20 

h      m     s 

.52.36,82 

T,2o5„ 

—24.°  6'.26"  I 

0.9I7 

Août       9.. 

12.32.20 

21 

.  3.27,45 

2,907 

—  28.41.01,9 

0,933 

10.  . 

12.38.   5 

21 

.   4-4o,36 

2,988 

— 29.   8. 5 1,3 

0,933 

(  38i   ) 

Remarques.  —  Le  3r  juillet,  la  comète,  bien  que  déjà  très  basse,  s'aperçoit  comme 
une  nébulosité  assez  brillante,  avec  noyau  slellaire  de  grandeur  lo  environ  et  de  i5" 
d'étendue.  Ce  noyau  ressort  vivement  sur  la  nébulosité  environnante.  A  cette  hauteur, 
la  comète  paraît  avoir  à  peu  près  4'  d'étendue.  Ciel  très  pur. 

Le  9  et  le  lo  août,  la  comète  a  semblé  beaucoup  plus  faible,  mais  cela  tenait 
presque  certainement  à  l'état  médiocre  du  ciel  au  voisinage  de  l'horizon,  et  sans  doute 
la  comète  est  encore  1res  aisément  observable  dans  les  lieux  dont  la  latitude  est  plus 
favorable. 


ASTRONOMIE.  —  Observations  des  Perséides  de  1899,  Note  deM"''D.  Klumpke, 

présentée  par  M.  Lœwy. 

«  Les  observations  données  ci-dessous  s'étendent  du  9  au  i3  auût.  Elles 
ont  été  faites  à  l'Observatoire  de  Paris,  à  l'aide  d'une  alidade  montée  azi- 
mutalement;  les  coordonnées,  azimuts  et  hauteurs,  ont  été  converties 
ensuite  en  ascensions  droites  et  déclinaisons. 

))   La  série  a  été  faite  par  un  ciel  pur  et  sans  lune. 

»  Les  Perséides,  moins  nombreuses  que  l'année  précédente,  présen- 
taient le  caractère  suivant  :  elles  étaient  blanches,  très  rapides,  à  traînée 
courte  et  peu  lumineuse  en  général.  D'autres  étoiles  fdantes  différant  des 
Perséides  par  leur  couleur  et  leur  éclat  ont  sillonné  le  ciel,  émanant  de 
radiants  divers  et  traversant  les  constellations  d'Andromède,  la  Petite- 
Ourse,  la  Grande-Ourse,  le  Dragon,  Céphée,  la  Girafe,  Cassiopée,  le  Dau- 
phin, la  Baleine,  le  Taureau,  le  Verseau. 

))  Dans  le  Tableau  ci-après  nous  avons  compté  toutes  celles  que  nous 
avons  vues  sans  pouvoir  les  observer  toutes  quant  à  leur  position. 

Étoiles 

filantes.    A  l'heure. 

h        m  h        m 

Le  9  août,  de    9. 35  à  10. 36 7  7 

9  »  dei3.i6  ài4.27 i5  i3 

.10  »  de    9.40  àii.o 17  i3 

10  »  de  1 3.1 4  à  14.26 21  18 

•  1 1  »  de  10.25  à  i:? .  19 4^  23 

12  »  de    9.5o  à  II.  17 19  i3 

12  I)  dei5.   4  ài5.24 5  i5 

i3  1)  de  10.   6  à  II.   6 10  10 


(  382  ) 
Voici  les  étoiles  filantes  dont  nous  avons  pu  déterminer  la  position  : 


Dates. 
9  aoùl. 


10  août. 


1 1  août . 


12  août. 


Temps 

moyen 
de  Paris. 

Il        m 
10.19,3 

13.26,7 


14 


i3  août. 


1,3 

14.    1,5 

i4.i3,7 

9.5i,6 

9.57,5 

0.52,6 
3.3o,8 
3.43,8 
3.49,1 
3.53, 1 

4.  1,7 
4.  5,3 
4.19,3 

o.3o,3 
0.47,2 
o.5i  ,5 

1.  3,7 

I-   7>7 

1 .22,0 
1.27,3 

I .3i ,6 

i47,9 

2.  1,5 
o. 16,6 
0.20,3 
0.25,2 
0.41,4 
0.48,7 
0.56, 1 
1 .  2,1 

0.19,4 
0.22,5 
o.5o,o 


Apparition, 
sjo..    ,^ — __^ 

1  359,8     28°,  5 

2  280,0    69,2 


3 
4 
3 
1 
2 

3 

5 
6 
7 
8 
9 

10 
1 
2 
3 
h 
'6 
6 
7 
8 
9 

10 
1 
2 
3 
4. 
3 
6 
7 

1 
9 


276,8 
266.9 

22. 1 

91.8 
124,3 

35. 2 

4<=)  4 
29,6 
70,8 
78,1 

96,7 
74,0 

358, o 
262,4 
339,9 

60,8 
145,1 
224,8 

i3,4 
202,7 
3i3,o 
269,9 
346,1 

24,9 

i5,6 

114,4 

i63,3 

207,5 

25,9 

26,. 

117,3 

193,1 

i3,3 


46,2 

5i,o 
62,4 
71,2 
64,6 

67,5 
5o,4 
21,2 
63,4 
48,9 
75,2 
5o,  1 
28,6 
81,5 
85,2 
66,6 
70,0 
4i,o 

72,4 
55,3 
88,8 
81,1 
3o,8 
68,9 
55,3 
60,6 

76.9 
24,2 

53,2 

65,3 

65, 1 

43,5 

27>9 


Disparition. 

4,3  22,2 

272,7  36,8 

278,1  35,8 

260,3  4';8 

349>'  67,9 

107,0  73,2 

i38,i  57,1 


28,9 
38,6 
27,1 

87.9 
85,5 


81,5 
356,3 
241,1 
266,8 

69,8 

i54,4 

225,  I 

358,6 

2o4,6 

23o,9 

254,9 

339,1 

19-6 

12,1 

123,3 

180,5 

210,6 

22, 1 

19,4 
124,8 
195,1 

10,5 


71,5 
42,4 
17,8 
66,6 
46,3 
76,6 
46,6 

24.9 

72,1 

81,5 
69,6 

64,2 

29,0 
75,0 

48,3 
74,2 
76,3 
26,7 

7o>9 
54.5 
57,1 

69-9 
.8,7 
5i,3 
66,2 

61,4 
39,3 


Remarques. 

courte,  faible. 

brillante,    persistant   en\'iron 

deux  secondes, 
blanche,  courte,  gr.  4- 
blanche,  gr.  4- 

faible,  courte,  blanche,  gr.  5. 
jaune,    sans    traînée    persis- 
tante, gr.  3. 
faible,  courte,  rapide,  gr.  6. 
rapide,  courte,  gr.  6. 
rapide,  très  courte,  gr.  3. 
rapide. 

rapide,  à  traînée,  gr.  3. 
rapide,  courte,  gr.  4. 
rapide,  courte,  gr.  4- 
rapide,  gr.  4. 
g'--  3. 

brillante,  rapide,  gr.  3. 
courte,  gr.  3. 
faible,  courte,  gr.  5. 
blanche,  gr.  4- 
courte,  rapide, 
bleuâtre,  gr.  2. 
traînée  une  seconde,  gr.  1. 
raj)ide,  gr.  2. 
traînée,  gr.  3. 
courte,  à  traînée,  gr.  4- 

bleue,  gr.  2,  explosion, 
gr.  4,  blanche,  à  traînée, 
gr.  2,  bleuâtre,  brillante, 
gr.  4,  courte,  blanche, 
gr.  4,  blanche, 
gr.  2,  explosion, 
gr.  3,  rapide, 
gr.  5,  courte,  rapide. 


,'  383 


ASTRONOMIE.  Sur  la  pluie  d'étoiles  /liantes  des  Perséides,  à  Lyon, 
et  sur  un  bolide  remarquable.  Note  de  M.  Ch.  Akdrë,  présentée  par 
M.  Lœwy. 

«  La  chute  d'étoiles  filantes  du  commencement  d'août  a  été  relativement 
faible  ici  cette  année;  le  nombre  horaire  maximum  que  nous  ayons 
observé  du  9  au  12  a  été  de  45.  Mais  la  soirée  du  11  a  été  marquée  par  la 
chute  (l'un  bolide  excessivement  lumineux,  au  point  d'éteindre  en  son  voi- 
sinage les  étoiles,  même  les  plus  brillantes.  Aperçu  d'abord  dans  la  constel- 
lation d'Hercule  à  io''43"3o%  il  a  disparu  vers  l'Écu  de  Sobieski;  blanc 
bleuâtre  au  début,  il  a  bientôt  pris  brusquement  une  teinte  rouge  orani^é, 
qu'il  a  conservée  jusqu'à  sa  disparition  à  Io'"^3™34^  Il  paraissait  d'ailleurs 
laisser  derrière  lui,  dans  son  parcours,  une  traînée  lumineuse  vite  éteinte. 

»  Environ  deux  minutes  quarante-cinq  secondes  après  la  disparition  de 
ce  bolide,  nous  avons  entendu  au  sud  un  roulement  assez  intense,  que  nous, 
avons  attribué  à  sa  rupture,  à  5o'>™  ou  55'^™  au  sud  de  nous.  J'ai  commencé 
à  ce  sujet  une  enquête  de  vérification.  » 


GÉOMÉTRIE.    —  Sur  la  correspondance  entre  les  lignes  droites  el  les  sphères. 
Note  de  M.  E.-O.  Lovett,  présentée  par  M.  Darboux. 

■A  Les  transformations  de  l'espace  (x,y,~-)  en  l'espace  iX,  Y,  Zjqui 
sont  déterminées  par  deux  équations  bilinéaires 


où 


X'D 


Î5^rcp6  +  z9,-!-98=  O, 


cp,  =  «,X  +  /;,•  Y  H-  c,Z  +  di, 
changent  la  ligne  droite 
(2)  y  -\~  kx  -{  m  =^  o,         z 


Ix    t-   n  --:  o, 


dans  la  surface  du  second  degré 


(3) 


/> 

m 

9-2 

?3 

~k 

92 

?•. 

-/'■ 

?*     1 

1 

/ 

Il    1 

1    'fe 

?7     î 

?6 

¥8 

■?■> 

?8     1 

'fi 

?» 

'fl 

■h 

—  rn 

—  n 

î    fs 

?6 

<f5 

?7 

'f5        ?8 


(   384  ) 
»   Celte  quadrique  peut  se  réduire  à  une  splière,  pour  toutes  les  valeurs 
de  k,  l,  m,  n,  dans  les  deux  cas  suivants  : 

"    1°  Quand  tous  les  six  déterminants  de  la  matrice 


(4) 
où 

se  réduisent  à  la  forme 

(5) 


i, 


*3 
^7 


4,,==a.X  +  ^,,Y  +  c,Z, 


const.(X=  + Y='+Z-); 


»  2°  Quand  un  déterminant  quelconque  de  la  matrice  (4)  se  réduit  à 
la  forme  (5),  et  les  fonctions  <p,  correspondant  aux  fonctions  J/,  restant 
dans  la  matrice  se  réduisent  à  des  constantes;  par  exemple,  soient  les 
fonctions  «p^,  Ça,  cpoi  Çv  constantes  et  le  déterminant  i/i^»  —  ^i,'\-^  de  la 
forme  (5). 

»  Le  deuxième  cas  donne  les  transformations  des  droites  en  sphères 
étudiées  dans  une  Noie  présentée  par  M.  Darhoux  du  17  juillet  1899; 
mais  le  premier  cas,  bien  que  ses  conditions  soient  apparemment  plus 
nombreuses,  donne  une  famille  plus  remarquable  et  plus  étendue  de  trans- 
tormations  de  contact,  savoir  un  groupe  de  oo'^  transformations. 

»   En  effet  les  équations 

I  a,«5  —  a^aj  =  bib„  —  b^bj  =  CiC„  —  c^Cj, 

/(js  )  (iib^  +  b^a^—  a^bj  —  b^Uj  ■=  o, 

i  />,c,  -I-  Cib^  ~  bpCj  —  c^bj  =  o, 

1  c^a^  +  UiC^  —  c^Uj  —  a^cj  =  o, 

qui  sont  nécessaires  el  suffisantes  pour  que  le  déterminant 

(7)  h'^'^-^9^J' 

soit  changé  dans  la  forme  (5),  possèdent  la  solution  symétrique 

'Q\  [bi=iai,         b^  =  —  ia^,         b;  = 


a,, 


la 


.1' 
a,, 


br. 


Ula- 


ainsi,  on  trouve  que 

(9) 


I  ■\ij     =  aj  X  +  iaj  Y  +  cj  Z , 


j  =  1,2,3,4, 


I 


(  385  ) 
et  aussi  que  les  deux  équations  bilinéaires 

(lo)       ,rto, -i-yto, -+- ^03  +  co.,  =  o,  ajojj  +  )'ù)|; -f- SCO,  +  cog  =  o, 

où 

cj,- =  i,- -t- «,-,  J  =  l,2,  ...,8, 

définissent  une  famille  de  ce"  transformations  qui  changent  les  lignes 
droites  en  sphères.  Que  ces  transformations-ci  sont  transformations  de 
contact  et  que  la  famille  est  un  groupe,  on  le  vérifie  facilement  de  la 
manière  suivante  : 

»   On  combine  la  transformation  de  contact  de  Lie,  déterminée  par  les 
deux  équations  bilinéaires 

(i[)         (X  —  jYj.r, -4- V,  —  Z  =  o,  Z.r, +  -, -hX-f- iY  =  o, 

avec  toutes  les  transformations  du  groupe  projectif  général 


^., 

pî,  =  a,a;  n 

-P3J  +  T:.--i-<\. 

(),, 

p      =  a ,  X  n 

'-p4j'  +  r.,  =  +  s.v; 

les  ao'^  transformations  résultantes  forment  un  groupe  de  droite-sphère 
transformations  de  contact  déterminées  par  deux  équations  bilinéaires 


(i3) 


(x,X-i'x,Y-a,,Z  +  y.2)j?+(|ï,X-tp,Y  — p,Z+p,)j  +  ...  =  o, 
(y., X  +  «a,  Y  -t-  a,  Z  f-  x,^x  -1-  ((3, X  +  ffî,  Y  -4-  .8 ,  Z  +  Pa)^^ , . .  =  o. 


de  la  forme  (10), 

»  Donc,  on  a  un  groupe  de  quinze  paramètres  de  transformations  de 
contact  (2)  qui  se  déduisent  de  la  transformation  (i  1)  de  Lie  (A)  et  des 
transformations  (H)  du  groupe  projectif  général,  au  moyen  de  l'équation 
symbolique 

(i4)  i=:nA. 

»  On  peut  employer  aussi  le  groupe  i  et  les  transformations  de  contact 
qui  changent  les  lignes  droites  en  lignes  droites  pour  la  construction  des 
transformations  enlre  les  droites  et  les  sphères;  celles-ci  ne  sont  pas 
définies  par  deux  équations  directrices  bilinéaires;  d'ailleurs,  les  groupes 
continus  correspondants  ont  une  infinité  de  paramètres.  Je  demande  la 
permission  de  présenter  ces  résultats  dans  une  prochaine  Note.   » 

G.  R.,  1899,  2-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N-  7.)  5l 


(  386  ) 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  les  terres  cuites  noires.   Noie 
de  M.  H.  Le  Giiatelier. 

«  On  a  fabriqué,  en  tous  temps  et  en  tous  lieux,  des  poteries  noires  dont 
la  coloration  est  due  à  une  imprégnation  de  carbone.  Cette  fabrication  est 
aujourd'hui  assez  développée  en  Allemagne  pour  les  produits  industriels 
et  en  Danemark  pour  la  Céramique  d'art.  Les  objets  sont  cuits  dans  des 
atmosphères  confinées,  chargées  de  vapeurs  goudronneuses;  la  pâle  se  co- 
lore en  noir,  en  même  temps  qu'il  se  forme  à  la  surface  une  couche  mince 
et  adhérente  de  graphite.  Cette  croûte  superficielle,  avantageuse  pour  les 
produits  industriels  dont  elle  augmente  l'imperméabilité,  est  au  contraire 
très  nuisible  dans  la  fabrication  des  objets  artistiques,  son  enlèvement 
indispensable  entraînant  une  main-d'œuvre  très  coûteuse. 

»  Je  me  suis  proposé  d'étudier  le  mécanisme  par  lequel  se  fait  cette  im- 
prégnation de  carbone  et  de  chercher  s'il  ne  serait  pas  possible  d'éviter  la 
formation  de  la  couche  de  graphite.  D'après  mes  essais,  le  dépôt  du  carbone 
à  l'intérieur  de  la  pâte  est  intiment  lié  à  la  présence  du  fer  ;  en  son  absence, 
il  se  produit  à  peine  une  coloration  grise,  presque  tout  le  carbone  reste 
dans  la  croûte  extérieure.  L'oxyde  de  fer  jouit,  en  effet,  de  la  propriété  bien 
connue  de  faciliter  la  dissociation  de  l'oxyde  de  carbone  et  des  carbures 
d'hydrogène,  en  abaissant  la  température  à  laquelle  commence  le  dépôt  du 
carbone  ou  des  carbures  condensés. 

»  Les  résultats  les  plus  satisfaisants  ont  été  obtenus  avec  l'acétylène 
agissant  sur  des  terres  renfermant  environ  2  pour  100  d'oxyde  de  fer,  par 
exemple  sur  des  terres  à  grès  ferrugineuses,  comme  celles  de  Rambervilliers, 
ou  sur  des  argiles  plus  pures  additionnées  d'une  quantité  convenable  de 
colcothar  et  mieux  encore  de  glauconie.  L'action  de  l'acétylène  doit  être 
prolongée  pendant  un  quart  d'heure,  à  une  température  rigoureusement 
déterminée,  entre  45o°  et  480°.  Plus  bas,  la  décomposition  est  trop  lente; 
plus  haut,  le  dépôt  de  charbon  ne  se  fait  plus  seulement  à  l'intérieur  des 
pâtes,  il  produit  encore  à  l'extérieur  des  croûtes  mamelonnées.  Les 
objets,  après  cette  imprégnation,  sont  soumis  à  la  cuisson  définitive  dans  des 
creusets  remplis  de  poussier  de  charbon  de  bois  ou  de  coke.  Avec  les  terres 
à  grès  et  une  cuisson  à  1200",  la  dureté  obtenue  est  comparable  à  celle  de 
la  porcelaine.  » 


(387  ) 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.    —   Sur  la  porcelaine  égyptienne. 
Note  de  M.   H.  Le  Ciiatelier. 

«  On  a  souvent  discuté  la  question  de  savoir  si  les  anciens  Égyptiens 
avaient  fabriqué  de  véritable  porcelaine,  c'est-à-dire  des  produits  à  pâte 
compacte  et  translucide.  Brongniart  (')  conclut  pour  la  négative  :  tous  les 
échantillons  de  porcelaine  trouvés  en  Egypte  seraient  de  fabrication  chi- 
noise. Dans  une  série  d'échantillons  qui  m'ont  été  remis  par  M.  de  Morgan, 
j'ai  rencontré  un  fragment  de  statuette  funéraire,  provenant  de  Saggarah 
(Mempliis),  qui  est  certainement  en  porcelaine.  Il  porte  des  inscriptions 
hiéroglyphiques  qui  ne  peuvent  laisser  aucun  doute  sur  son  origine  égyp- 
tienne. La  pâte,  dure  et  translucide,  est  colorée  en  bleu  pâle;  sa  composi- 
tion, absolument  différente  de  celle  de  la  porcelaine  de  Chine,  est  la  sui- 
vante : 

Soude 5,8 

Oxyde  de  cuivre 1,7 

Chaux 2,1 

Alumine i  ,4 

Oxyde  de  fer o ,  4 

Silice  (diss.  ) 88,6 

100,0 

»  C'est,  par  sa  composition,  une  véritable  porcelaine  tendre,  colorée  en 
bleu  par  un  peu  de  cuivre.  On  peut  reproduire  une  matière  toute  semblable 
en  composant  une  pâte  avec 

Verre  bleu 4o 

Sable  broyé 55 

Argile  blanche 5 

le  verre  bleu  de  cette  composition  étant  préparé  de  façon  à  répondre  à  la 

formule 

3,3  SiO%  0,23  CaO,o,i3CuO,o,64Na^O. 

«  La  cuisson  à  loSo"  donne  une  masse  bleu  pâle,  qui  tourne  au  vert 
quand  la  température  de  cuisson  est  élevée  jusque  vers  1200°.  En  raison 
de  la  faible  teneur  en  argile,  la  pâte  humide  est  peu  plastique  et  ne  peut 


(')   Traité  de  Céramique,    t.   I,  p.   5o5. 


(  388  ) 

convenir  que  pour  le  moulage  d'objets  de  forme  très  ramassée,  comme 
l'étaient  les  statuettes  égyptiennes..  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  du  sodammonium  et  du  potass ammonium 
sur  le  tellure  et  le  soufre  (').  Note  de  M.  C.  Hugot,  présentée 
par  M.  A.  Ditle. 

u  Dans  une  récente  Communication  j'ai  communiqué  à  l'Académie  les 
résultats  de  l'action  du  sélénium  sur  les  ammoniums  alcalins.  J'ai  complété 
cette  étude  en  remplaçant  le  sélénium  par  le  tellure  et  le  soufre. 

»  Le  tellure  était  préparé  en  purifiant  le  tellure  du  commerce.  Ce  der- 
nier était  attaqué  par  l'acide  nitrique  pur,  et  le  résidu  de  cette  liqueur  éva- 
porée plusieurs  fois  à  sec  était  dissous  dans  l'acide  chlorhydrique  étendu. 
Le  tellure,  précipité  de  cette  solution  par  un  courant  de  gaz  sulfureux, 
était,  après  plusieurs  lavages,  dissous  dans  de  l'acide  sulfurique  chaud 
additionné  d'acide  azotique.  On  transformait  ainsi  le  tellure  en  sulfate  de 
tellure  aTeO'-,  SO'  (^),  duquel  il  était  précipité  de  nouveau,  puis  distillé 
dans  un  tube  traversé  par  un  courant  d'hydrogène. 

»  On  s'est  également  procuré  du  tellure  cristallisé  par  la  décomposition 
de  l'hydrogène  tellure  (^).  Cette  méthode  donne  du  tellure  très  pur;  elle 
a  été  employée  dans  quelques  cas  seulement. 

»  Le  soufre  dont  on  s'est  servi  a  été  pris  parmi  les  cristaux  obtenus  en 
évaporant  lentement  une  solution  de  ce  dernier  corps  dans  du  sulfure  de 
carbone  pur. 

»  L  Tellure  .  —  i"  Excès  de  métal  alcalin.  —  En  suivant  le  mode  opé- 
ratoire que  j'ai  indiqué  à  propos  du  sélénium,  j'ai  obtenu  les  deux  tellu- 
rures  amorphes  Na- Te  et  K^Te,  blancs,  insolubles  dans  le  gaz  ammoniac 
liquide.  Cette  dernière  propriété  permet  de  les  séparer  facilement  de  l'excès 
de  l'ammonium  alcalin.  Ils  sont  solubles  dans  l'eau.  L'analvse  a  été  faite, 
en  les  attaquant  par  l'eau  de  brome  et  le  brome.  Le  tellure  est  dosé  à  l'état 
de  2TeO-,  SO'  (');  le  métal  alcalin  à  l'état  de  sulfate. 


(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  industrielle  de  la  Facuhé  des  Sciences  de 
Bordeaux. 

(■-)  Metz.ner,  Ann.  de  Cliim.  et  de  Phys.,  7"^  série,  t.  XV,  p.  265. 

(')  DiTTE,  Ann.  de  l'Ecole  Normale  supérieure,  7."  série,  t.  1,  p.  298. 

(*)  M.  Metzner,  loc.  cit. 


(  389 

»  2"  Excès  de  tellure.  —  On  fait  agir  par  petites  portions  l'ammonium 
alcalin  sur  le  tellure,  de  façon  à  être  toujours  en  présence  d'un  excès  du 
métalloïde.  Il  se  forme  d'abord  du  monotellurure  blanc  en  suspension 
dans  la  liqueur  mordorée,  puis  il  disparaît  ensuite,  tandis  que  la  li- 
queur reprend  sa  limpidité  et  devient  violette.  Lorsque  tout  l'ammonium 
alcalin  est  entré  en  combinaison,  on  sépare  le  liquide  du  tellure  non 
attaqué;  on  le  lave  au  gaz  ammoniac  liquide,  dans  lequel  ce  métalloïde  est 
insoluble  (  '  ),  puis  on  laisse  dégager  le  gaz  ammoniac  en  maintenant  l'appa- 
reil à  une  température  voisine  de  —  aS".  I.e  liquide,  d'abord  violet,  de- 
vient brun  et  épais.  Soumis  à  l'agitation,  il  se  prend  en  masse  à  cette  tem- 
pérature; et  il  reste  solide  jusque  vers  —  1 5°;  puis,  à  ce  moment,  il  redevient 
liquide  et  présente  une  tension  bien  supérieure  à  la  pression  atmosphé- 
rique; cette  tension  diminue  lentement  au  fur  et  à  mesure  qu'on  enlève 
du  gaz  ammoniac.  Si  l'évaporation  a  été  lente,  il  reste  un  corps  cristallisé, 
brun  foncé,  exempt  de  gaz  ammoniac. 

»  Les  deux  tellurures  alcalins  présentent  le  même  aspect.  Placés  dans 
une  atmosphère  de  gaz  ammoniac  sous  pression,  ils  absorbent  ce  gaz  en  se 
liquéfiant. 

»  La  méthode  d'analyse  donnée  plus  haut  conduit  aux  formules  :  Na=  Te' 
et  K^Te'. 

»  H.  Soufre  :  x"  Excès  de  mêlai  alcalin.  —  En  opérant  de  la  même 
manière,  on  obtient  les  deux  monosulfures  Na-SetR-S,  blancs,  amorphes, 
insolubles  dans  le  gaz  ammoniac  liquide.  Ces  corps  n'absorbent  pas  le  gaz 
ammoniac,  comme  Weyl  l'indique  à  tort  (-);  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de 
signaler  cette  erreur  (^). 

»  Après  avoir  traité  les  solutions  de  ces  corps  par  un  oxydant,  on  a  pu 
doser  les  éléments  par  les  méthodes  ordinaires. 

»  2"  Excès  de  soufre.  —  On  fait  agir  par  petites  portions  la  solution 
mordorée  de  l'ammonium  alcalin  sur  la  solution  rouge  violet  de  soufre. 
On  se  place  dans  des  conditions  telles  que  le  soufre  soit  eu  grand  excès; 
la  réaction  est  terminée  quand  la  liqueur  est  devenue  rouge. 

»  Ici  se  présente  une  difficulté  que  l'on  n'avait  pjs  rencontrée  dans  les 
cas  précédents. 

»   Le  soufre  est  aussi  soluble  que  le  sulfure  formé  dans  le  gaz  ammoniac 


(')  Soc.  des  Se.  phys.  et  nat.  de  Bordeaux,  séance  du  25  novembre  1898. 

{■')  Weyl,  Pogg.  Ann.,  l.  CXXIII,  p.  363. 

(^)  Soc.  des  Se.  phys.  et  nat.  de  Bordeaux,  séance  du  12  janvier  1890. 


(  390) 
liquide;  on  ne  peut  donc  séparer  les  deux  corps  par  fillration  et  lavages, 
comme  on  l'a  fait  dans  le  cas  des  séléniures  et  des  tellurures.  Pour  y 
arriver,  on  maintient  l'appareil  à  une  température  voisine  de  —  23°,  tout  en 
permettant  au  gaz  ammoniac  de  se  dégager  lentement;  la  liqueur  reste 
rouge.  On  laisse  alors  la  température  remonter  jusqu'à  -H  3°;  à  ce  moment, 
le  liquide  est  encore  rouge  et  stable  sous  la  pression  atmosphérique,  et  il 
ne  se  prend  pas  en  masse,  même  quand  on  abaisse  la  température  à  —  79". 
L'évaporation  lente  de  ce  liquide  laisse  déposer  un  sulfure  jaune,  qui  parait 
cristallisé,  et  dont  les  cristaux  peuvent  se  distinguer  de  ceux  du  soufre  qui 
sont  d'un  jaune  plus  clair. 

»  Pour  séparer  le  soufre  du  sulfure,  on  a  eu  recours  au  moyen  suivant  : 
Dans  le  tube  à  robinet  qui  termine  la  branche  renfermant  le  mélange  des 
deux  corps,  on  introduit  un  tampon  de  coton  de  verre,  puis  on  soude  un 
réservoir  en  verre  muni  d'un  robinet;  dans  l'appareil  ainsi  constitué,  on 
fait  complètement  le  vide,  enfin  on  y  laisse  pénétrer  une  petite  quantité 
d'eau  privée  d'air. 

»  En  inclinant  l'appareil  de  telle  façon  que  le  sulfure  soit  à  la  partie 
supérieure  et  plongeant  le  réservoir  dans  un  bain-marie,  on  provoque 
l'ébullition  de  l'eau.  Celle-ci  se  condense  dans  la  branche  où  se  trouve  le 
sulfure,  l'entraîne  en  retombant  et  abandonne  les  cristaux  de  soufre  en 
excès  retenus  par  le  tampon  de  coton. 

»  L'analyse  de  ces  sulfures  a  indiqué  pour  formules  Na-S"  et  R-S\ 

»  En  résumé,  les  résultats  de  l'étude  de  l'action  des  ammoniums  alcalins 
sur  le  soufre,  le  sélénium  et  le  tellure  peuvent  être  réunis  dans  le  Tableau 
suivant  : 

»  Excès  de  métal  alcalin  : 


Na^S 

K^S 

Na^Se 

K^Se 

Na^Te 

K^Te 

i 


Amorphes,  blancs,  solubles  dans  l'eau,  insolubles  dans 
le  gaz  ammoniac  liquide,  n'absorbant  pas  le  gaz 
ammoniac. 


»  Excès  du  métalloïde  : 

N  ««;  *         K2<î  •>      \     Cristallisés,  solubles  dans  l'eau,  solubles  dans  le  gaz 
i\T  o'r  ■>         TOT  ,      (         ammoniac  liquide,  absorbant  le  saz  ammoniac. 


(  391  ) 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  composition  de  l'albumen  de  la  graine 
de  Caroubier,  Note  de  MM.  Em.  Bourquelot  et  H.  Hërissey. 

«  Dans  une  première  Noie  (')  nous  avons  montré  que  l'on  peut  faci- 
lement, des  produits  d'hydrolyse  ménagée  de  l'alhumen  de  la  graine  de 
Caroubier,  isoler  du  galactose  et  du  mannose  à  l'état  pur  et  cristallisé. 
Nous  entendons  par  hydrolyse  ménagée  le  traitement,  à  iio",  de  l'al- 
bumen par  de  l'acide  sulfiirique  étendu  à  3  ou  4  pour  loo.  Dans  ce  trai- 
tement, il  y  a  un  résidu  non  attaqué  qui  atteint,  comme  nous  l'avons  dit, 
5  à  {  de  l'albumen  sec. 

»  On  voit  ainsi  qu'à  nos  recherches  se  rattachent  encore  les  questions 
suivantes  : 

»  i"  Le  produit  sucré  obtenu  est-il  composé  uniquement  de  galactose 
et  de  mannose,  et  dans  quelles  proportions  se  trouvent  respectivement 
ces  deux  sucres? 

»  2°  Quelle  est  la  nature  du  résidu  non  attaqué  par  l'acide  sulfurique 
étendu,  dans  les  conditions  indiquées  ci-dessus? 

»  Ces  questions  ont  été  étudiées  dans  de  nouvelles  recherches  que  nous 
résumons  ci-après  ("V 

»  I.  L'albumen  provenant  de  25o5''  île  graines  est  traité  par  looo"^'^  d'acide  sulfu- 
rique à  3  pour  100,  à  110°,  pendant  une  heure  et  demie.  Après  refroidissement,  on 
recueille  par  filtration  io3o"  de  liquide  dans  lequel  la  liqueur  de  Fehling  accuse  la 
présence  de  628'', 6  de  sucre  réducteur  (calculé  en  dextrose).  Après  neutralisation  par 
le  carbonate  de  chaux,  on  filtre  et,  du  liquide  filtré,  on  prélève  deux  portions  de 
25o'^''  renfermant,  par  conséquent,  chacune  environ  iSs'", 2  de  sucre  réducteur. 

»  Dans  l'une  on  ajoute,  pour  y  doser  le  mannose  (''),  un  mélange  de  : 

ce 

I-'hénylhydrazine 18 

Acide  acétique  cristallisable 18 

Eau,  9,5  pour go 

On  laisse  l'hydrazone  se  déposer  et  on  l'essore  à  la  trompe.  On  la  lave  successive- 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  228;  1899, 

(-)  Ces  recherches  seront  exposées  avec  plus  de  détails  dans  le  Journal  de  Phar- 
macie et  de  Chimie. 

{^)  Sur  le  dosage  du  mannose  mélangé  à  d'autres  sucres  {Comptes  rendus, 
séance  du  7  août  189g). 


(  392  ) 

ment  par  yS"  d'eau  glacée,  So*^"^  d'alcool  à  q5"  et  5o'='  d'éther.  Après  dessiccation 
complète  dans  le  vide  sulfurique,  on  pèse.  On  a  trouvé  iGs^jac  d'hydrazone,  poids  qui 
doit  être  porté  à  i6s"',4o  en  raison  de  la  solubilité  de  ce  composé  dans  l'eau.  Ce  poids 
correspond  à  io8',go  de  mannose. 

»  La  seconde  portion  est  d'abord  évaporée  à  loo"",  puis  additionnée  de  loo''''  d'al- 
cool à  95°  de  façon  à  éliminer  le  sulfate  de  cliaux  resté  en  solution.  Après  filtration, 
on  évapore  en  consistance  d'extrait  et  l'on  traite  par  l'acide  nitrique  ((3?=ii ,  i5)  con- 
formément aux  indications  de  Kent  et  ToUens,  pour  l'obtention  d'acide  mucique.  Le 
poids  de  celui-ci  a  été  trouvé  égal  à  2B'', 3o;  il  correspond,  dans  les  conditions  de 
l'opération,  à  36'', 06  de  galactose. 

»  Le  poids  total  du  mannose  et  du  galactose  contenus  dans  l'essai  était 
donc  de  iS^'',  96.  On  a  vu  plus  haut  que  la  liqueur  de  Fehiing  avait  accusé 
un  chiffre  plus  fort  (158%  2);  mais  il  s'agissait  du  sucre  exprimé  en  dex- 
trose. Or,  nous  savons  que,  si  le  galactose  possède  un  pouvoir  réducteur 
un  peti  moindre  que  celui  du  dextrose,  le  mannose,  par  contre,  possède 
un  pouvoir  réducteur  notablement  plus  élevé  (4™^,  Soy  de  mannose  équi- 
valant, à  cet  égard,  à  4™^,  753  de  dextrose);  et  l'on  peut  s'assurer,  par  le 
calcul,  que  le  poids  de  dextrose  dont  la  puissance  réductrice  équivaudrait 
à  celle  des  deux  sucres  trouvés  se  confond  presque  avec  iS^',  2.  On  doit 
donc  conclure  de  là  que  le  liquide  d'hydrolyse  ne  renferme  que  deux 
sucres  :  mannose  et  galactose.  Cette  conclusion  ressort  encore  de  l'essai 
suivant  : 

t 
»  2.  L'albumen  provenant  de  25o8''  de  graines  est  traité  pendant  une  heure,  à  110°, 

par  looo'^''  d'acide  sulfurique  à  4  pour  100.  On  jette  sur  un  filtre;  on  recueille  ggo'^'^  de 
liquide  que  l'on  reporte  à  l'autoclave  pendant  une  demi-heure.  Le  liquide  filtré  est 
évaporé  à  200'^''.  On  l'additionne  de  600"  d'alcool  à  95°;  on  filtre,  on  évapore  à  ioo8'' 
et  l'on  traite  à  l'ébullilion  par  400"^'  d'alcool  absolu.  Après  douze  heures,  on 
décante  le  liquide  alcoolique,  on  l'additionne  de  f  de  son  volume  d'éther  et  on 
laisse  reposer.  Le  liquide  élhéro-alcoolique  est  évaporé  jusqu'à  consistance  sirupeuse; 
on  amorce  le  sirop  refroidi  avec  un  peu  de  mannose  cristallisé  et  on  le  place  dans  la 
cloche  sulfurique.  En  trois  ou  quatre  jours,  le  sirop  se  prend  en  masse.  On  délaie  les 
cristaux  formés  dans  un  peu  d'alcool  méthjlique  et  l'on  essore  rapidement.  On  purifie 
par  cristallisation  dans  l'alcool  à  92°.  Voici  les  propriétés  et  la  composition  du  produit 
obtenu  : 

»  11  est  dextrogyre;  la  dé\iation  augmente  d'abord  rapidement,  atteint  un  maximum, 
puis  diminue  jusqu'à  être  constante,  le  pouvoir  rotatoire  étant  alors  de  +24°,  4.  Ce  pro- 
duit renferme  du  mannose  et  du  galactose,  car  il  donne  de  l'hydrazone  avec  la  phényl- 
hydrazine  et  de  l'acide  mucique  avec  l'acide  nitrique.  La  proportion  de  mannose 
déterminée  par  le  procédé  à  la  phénylhydrazine  est  de  83,5  pour  100;  reste  donc 
16,5  pour  100  pour  le  galactose  et  autres  sucres,  s'il  y  en  a.  Mais  il  est  fasile  de  voir, 
par  un  calcul  très  simple,  qu'un  mélange  de  mannose  et  de  galactose  qui  renfermerait 


(  393  ^ 

83,5  pour  100  du  premier  el  i6,5  pour  loo  du  second  aurait  précisément  le  pouvoir 
rotatoire  trouvé  (en  réalité  +24°, 8). 

»  Donc  ce  produit  ne  peut  être  composé  que  de  mannose  et  degalaclosc. 
Les  variations  observées  dans  la  rotation  de  la  solution  s'expliquent  d'ail- 
leurs par  ce  fait  que  les  deux  sucres  sont  à  multirotation  inverse  :  le  galac- 
tose, dont  le  pouvoir  rotatoire  est  plus  élevé  d'abord,  mettant  un  temps 
très  long  à  atteindre  sa  valeur  minimum. 

)!  II.  On  a  rassemblé  les  résidus  provenant  de  plusieurs  hydrolyses  par  l'acide 
sulfurique  à  4  pour  loo.  Ces  résidus,  après  un  nouveau  traitement  par  ce  même  acide, 
traitement  qui  n'a  donné  que  fort  peu  de  sucre  réducteur,  ont  été  lavés  el  séchés. 
aôs'  du  produit  sec  ont  été  hydrolyses  par  le  procédé  Braconnot-Flechsig  (  traitement 
à  froid  par  un  mélange  de  i25s''  d'acide  sulfurique  concentré  et  de  ^iS'  d'eau,  dilution 
dans  5'"  d'eau,  iiltration  el  ébullition  de  deuv  heures).  On  a  obtenu  ainsi  un  liquide 
renfermant  I7S'',85  de  sucre  réducteur  dont  14^'',  85  de  mannose  (dosé  à  l'état  d'hy- 
drazone). 

u  II  suit  de  là  que  la  presque  totalité  du  sucre  formé  est  du  mannose.  Au 
surplus,  un  essai  à  l'acide  nitrique  a  été  effectué  sur  le  liquide  d'hydrolyse 
convenablement  concentré,  dans  le  but  de  rechercher  le  galactose;  il  a 
abouti  à  un  résultat  négatif. 

»  Conclusions.  En  résumé,  les  hydrates  de  carbone  de  l'albiunen  de 
la  graine  de  Caroubier,  qui  représentent,  d'après  M.  Effront,  les  i  de  cet 
albumen,  sont  constitués  par  un  mélange  d'anhydrides  du  mannose  (man- 
nanes)  et  d'anhydrides  du  galactose  (galactanes),  à  des  états  moléculaires 
plus  ou  moins  condensés.  Une  grande  partie  des  premiers  et  la  totalité  des 
seconds  sont  à  l'état  d'hémicellulose  (partie  hydrolysable  par  l'acide  sulfu- 
rique étendu);  le  reste  des  premiers  étant  à  l'état  de  mannocellulose. 
Peut-être  y  a-t-il,  en  outre,  une  très  faible  proportion  de  dextrocellulose, 
constituant,  par  exemple,  la  trame  cellulaire,  ce  qui  expliquerait,  dans  la 
dernière  opération  (traitement  Braconnot-Flechsig),  le  petit  excès  de  sucre 
réducteur  par  rapport  à  la  quantité  de  mannose  révélée  par  l'analyse; 
mais  cela,  nous  ne  pouvons  l'affirmer,  n'ayant  pu  déceler  la  présence  de 
dextrose  dans  les  produits  d'hydrolyse. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  l'albumen  de  la  graine  de  Caroubier  pourrait  être 
utilisée  avec  avantage  pour  la  préparation  du  mannose  cristallisé,  puisque 
la  partie  facilement  hydrolysable  de  cet  albumen  en  donne  de  40  à  5o 
pour  roo.    » 

C.   R.,  iSçio-  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  7.)  52 


(  394  ) 


CHIMIE  ANALYTIQUE .  —  Recherche  et  dosage  du  phosphore  libre,  dans  les  huiles 
et  les  corps  gras.  Note  d-e  M.  E.  Locïse,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Les  méthodes  employées  ea  Toxicologie  pour  déceler  et  doser  le 
phosphore,  dans  lesquelles  on  commence  par  l'entraîner  au  moyen  d'un 
courant  de  gaz  inerte,  ne  peuvent  convenir  lorsque  ce  corps  se  trouve  en 
très  petite  quantité,  réparti  dans  une  masse  d'huile  considérable.  Le  cou- 
rant sjazcux,  en  effet,  devant  être  prolongé  pendant  fort  longtemps,  le 
phosphore  se  trouve  alors  exposé  plus  ou  moins  à  l'oxydation,  et  une 
partie  reste  dans  la  liqueur  sans  pouvoir  être  entraînée,  en  sorte  que  les 
dosases  effectués  sur  le  phosphore  isolé  de  cette  façon  conduisent  néces- 
sairement à  des  résultais  erronés. 

»  Quant  aux  méthodes  de  dosage  pratiquées  en  Chimie  organique,  mé- 
thodes dont  le  principe  consisterait  à  oxyder  le  phosphore  et  la  masse 
d'huile  dans  laquelle  il  est  disséminé,  leur  application  est  presque  impos- 
sible. D'autre  part,  elles  ne  feraient  pas  connaître  la  dose  de  phosphore 
libre  :  or,  c'est  précisément  cette  dernière  qui  présente  tout  l'intérêt  au 
point  de  vue  toxicologique. 

))  La  méthode  que  nous  proposons  pour  doser  le  phosphore,  même  sous 
forme  de  traces,  dans  l'huile,  huile  d'amandes  douces  ou  huile  de  foie  de 
morue,  ne  suppose  aucune  manipulation  exposant  le  phosphore  à  l'oxyda- 
tion; elle  permet  d'aller  le  doser  très  exactement  dans  le  milieu  même  où 
il  est  dissous.  En  voici  l'exposé  sommaire  : 

»  Si  l'on  ajoute  de  l'azotate  d'argent  en  solution  concentrée  à  de  l'huile  phospliorée 
étendue  d'environ  vingt  fois  son  volume  d'acétone  ordinaire,  on  obtient  un  précipité 
noir  très  ténu,  qui  se  répand  dans  toute  la  liqueur  en  lui  communiquant  la  couleur 
noire.  La  quantité  de  précipité  obtenue  est,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  propor- 
tionnelle au  poids  de  phosphore  en  dissolution  dans  la  liqueur.  Lacétone  possédant  la 
propriété  de  dissoudre  à  la  fois  l'huile  et  l'eau,  les  quelques  gouttes  de  solution  aqueuse 
nécessaires  pour  précipiter  le  phosphore  ne  se  séparent  pas.  Le  mélange  des  trois  pro- 
duits, huile,  acétone,  eau,  reste  donc  parfaitement  homogène.  Dans  de  pareilles  condi- 
tions, on  sépare  très  aisément  par  filtration  le  précipité  noir  formé.  La  liqueur  limpide 
qui  est  recueillie  ne  noircira  plus  par  l'addition  d'une  nouvelle  goutte  d'azotate  d'ar- 
gent, si  elle  ne  renferme  plus  de  phosphore  libre.  Dans  le  cas  contraire,  elle  donnera 
de  nouveau  une  coloration  brune. 

»  La  réaction,  dans  les  conditions  que  j'indique,  est  extrêmement  sensible  et  per- 
met de  déceler  les  plus  petites  traces  de  phosphore  en  dissolution  dans  l'huile. 

»   Four  etïectuer  le  dosage  du  phosphore,  nous  faisons  deux  liqueurs  d'azotate  d'ar- 


(  395  ) 

gent,  l'une  à  lO  pour  loo,  l'autre  à  i  pour  loo,  et  nous  cherchons  expérimentalement 
le  poids  de  phosphore  en  dissolution  dans  une  huile  type,  réduisant  l'azotate  d'argent 
contenu  dans  une  goutte  de  chacune  de  ces  liqueurs.  Pour  obtenir  des  gouttes  de  gros- 
seur identique,  nous  nous  servons  du  compte-gouttes  de  Duclaux,  donnant  exactement 
à  i5"  loo  gouttes  d'eau  distillée  pour  5"^". 

»  Le  titrage  de  ces  gouttes  a  été  obtenu,  comme  nous  allons  l'exposer,  avec  divers 
échantillons  d'huile  d'amandes  douces  ou  d'huile  de  foie  de  morue,  cette  dernière  étant 
sans  effet  sur  l'azotate  d'argent.  Dans  chacun  de  ces  échantillons,  nous  avions  dissous 
respectivement  des  poids  de  phosphore  connus. 

»  En  prenant  un  poids  d'huile  exactement  pesé,  5s''  par  exemple,  dans  une  fiole 
graduée  de  loo"  et  complétant  à  loo  avec  de  l'acétone,  nous  avons,  sous  un  volume 
connu,  un  poids  connu  de  phosphore. 

i>  Ce  liquide  étant  réparti  dans  dix  tubes  à  essai,  soit  lo""^  par  tube,  nous  ajoutons 
dans  le  premier  i  goutte  de  solution  d'azotate  d'argent  à  lo  pour  loo,  et  nous  filtrons. 
Si  la  liqueur  filtrée,  additionnée  d'une  nouvelle  goutte  d'azotate  d'argent,  donne 
encore  une  coloration  brune  ou  noire,  c'est  qu'une  goutte  d'azotate  d'argent  est 
insuffisante  pour  la  quantité  de  phosphore  contenue  dans  un  tube  à  essai;  ajoutons 
alors  2  gouttes  au  deuxième    tube  à  essai,   filtrons,  etc.,    on  arrivera   à  savoir  que 

2  gouttes,  par  exemple,  de  la  solution  à   lo  pour  loo  sont  insuffisantes,   mais  que 

3  gouttes  représentent  un  excès. 

»  D'après  cela,  on  ajoutera  à  l'un  des  tubes  à  essai  2  gouttes  de  la  solution  à 
lo  pour  100,  puis  on  cherchera,  au  moyen  de  la  solution  à  i  pour  loo,  le  nombre  de 
gouttes  nécessaires  pour  effectuer  la  transformation  complète  du  phosphore.  On  aura 
ainsi  titré  les  solutions  d'azotate  d'argent  en  phosphore. 

»  En  opérant  exactement  de  la  même  façon  avec  une  solution  de  phosphore  dans 
l'huile  ayant  un  titre  inconnu,  on  arrivera  à  fixer  aisément  et  très  rapidement  ce 
titre.  Il  suffira  de  chercher  le  nombre  de  gouttes  de  solutions  titrées  d'azotate  d'argent 
qui  sera  nécessaire  pour  ne  plus  obtenir  de  coloration  brune.    » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  coloration  des  Tuniciers  et  la  mobilité  de  leurs  granules 
pigmenlaires.  Note  de  M.  Antoine  Pizon,  présentée  par  M.  Edmond 
Perrier. 

«  On  sait  qu'un  grand  nombre  de  Tuniciers,  en  particulier  certaines 
Ascidies  composées,  présentent  des  colorations  très  vives  qui  ont  été  uti- 
lisées quelquefois  pour  la  spécification  {Bolrylles,  Claveliiies,  etc.).  Cer- 
taines espèces  possèdent  en  outre,  autour  des  oscules,  des  taches  pig- 
menlaires (^Morchellium  argus,  Parascidium,  Circinalium,  etc.);  d'autres 
présentent  des  lignes  laiteuses,  jaunâtres  ou  verdâtres,  dans  certaines 
régions  du  corps,  principalement  le  long  du  sillon  péricoronal  et  de 
l'endostj'le  {Clavelines,  etc.);  enfin,  dans  la  cavité  péribranchiale  des  Cyn- 


{  39(3   . 
ihiad'ées,  il  proémine  de  petites  vésicules  laiteuses  qui   tranchent  forte- 
ment sur  le  fond  rose  de  la  branchie  et  des  organes  génitaux  qu'elles  avoi- 
sinent  {vésicules  der/mqiies  de  Roule). 

)i  J'ai  trouvé  que  la  plupart  de  ces  taches  ou  de  ces  lignes  colorées  sont 
dues  à  des  granulations  pigmentaires,  généralement  de  très  faible  taille 
(i|j.  environ),  et  que  ces  granulations  sont  animées,  sur  le  vivant,  de 
mouvements  très  rapides  dans  l'intérieur  des  globules  qui  les  renferment. 

»  (f-onsidérons  comme  exemple  les  Bolryllus  smaragdus,  dont  le  corps  est  généra- 
lement d'un  vert  bleuâtre,  avec  des  lignes  radiales  jaunes  qui  s'étendent,  avec  une 
largeur  et  des  nuances  très  variables,  sur  la  face  supérieure  de  la  branchie;  ces  varia- 
tions ont  permis  à  Giard  d'établir  cinq  variétés  de  cette  espèce.  Le  liquide  sanguin  de 
la  variété  a  de  cet  auteur  renferme,  outre  ses  globules  propres,  à  peu  près  incolores, 
trois  sortes  principales  de  globules  colorés  ou  chromocyles  : 

»  1°  Des  chromocjtes  simples  ou  associés  en  morula,  remplis  de  granulations  qui 
n'ont  pas  plus  de  i  [x  environ  et  dont  la  couleur  varie  du  gris  blanc  au  bleu  ardoisé; 
ces  granulations  se  suivent  avec  une  extrême  rapidité  dans  l'intérieur  de  leurs  globules 
qui,  de  leur  côté,  se  déforment  et  s'étirent  avec  la  plus  grande  facilité,  surtout  quand 
ils  franchissent  les  espaces  interstigmatiques  de  la  branchie. 

»  ■2"  D'autres  cliromocvles  sont  bourrés  de  granules  Jaune  paille,  (jui  sont  égale- 
ment doués  d'une  très  grande  mobilité;  en  se  mélangeant  avec  ceux  de  la  catégorie 
précédente,  ils  donnent  aux  individus  de  B.  sniaragdus]e\M-  coioraùon  générale  verte. 

1)  3°  Enfin,  d'autres  chromocjtes  sont  d'une  belle  couleur  jaune  soufre  ou  jaune 
orangé;  les  uns  sont  uniformément  teintés  et  dépourvus  de  granulations;  les  autres 
renferment  un  petit  nombre  de  sphérules  mobiles  d'un  jaune  plus  foncé  et  a^ant  tout 
à  fait  l'aspect  de  microcoques;  leur  taille  variable  atteint  jusqu'à  3  ]j.;  mélangés  avec 
les  chroniocytes  jaune  paille  de  la  catégorie  précédente,  ils  jsroduisent  les  bandes 
jaunes  de  la  face  dorsale  du  corps. 

»  Quant  au  point  rouge  ou  rouge  orangé  qui  existe  au  niveau  du  ganglion  nerveux, 
il  est  également  dû  à  une  accu)nulation  de  globules  de  cette  couleur,  les  uns  uniformé- 
ment teintés,  les  autres  renfermant  des  granules  pigmentaires  mobiles.  Parfois  le 
nombre  de  ces  chroniocytes  augmente  dans  cette  région  et  ils  déterminent  alors,  non 
plus  un  point,  mais  une  tache  plus  ou  moins  allongée  sur  la  ligne  médiane  du  corps. 

)i  Ajoutons  enfin  que  beaucoup  de  granules  pigmentaires  ne  sont  pas  inclus  dans  des 
globules  et  se  trouvent  absolument  libres  au  sein  du  liquide  sanguin,  dans  lequel  ils 
se  meuvent  très  rapidement  et  où  ils  forment  quelquefois  de  longues  traînées. 

»  Les  différents  chromocysles  que  je  viens  d'énumérer  étant  entraînés  par  le  sang 
dans  les  diflerentes  lacunes,  les  vaisseaux  coloniaux  et  leurs  ampoules  terminales  se 
mélangent,  dans  chaque  région  du  corps,  en  proportions  à  chaque  instant  fort  variables, 
et  l'ascidiozoïde  change,  par  suite,  très  fréquemment  de  nuance  dans  le  cours  de  son 
évolution.  C'est  ainsi  que  les  bandes  radiales  jaunes  peuvent  être  plus  ou  moins  vives, 
plus  ou  moins  larges  et  qu'elles  deviennent  quelquefois  presque  nulles  lorsque  les 
chroniocytes  gris  ou  bleus  deviennent  j)lus  nombreux,  etc.  Il  est  facile  de  constater 
ces  vaiialions  en  conservant  des  Cormus  en  aquarium  pendant  quelques  semaines. 


Cerlains  fadeurs,  en  particulier  Tobscurilé  el  les  régressions,  font  d'autre  part  varier 
la  quantité  des  différentes  sortes  de  granules  pigmentaires. 

»  Les  considérations  qui  précèdent  s'appliquent  à  toutes  les  autres 
espèces  de  Botrylles  et  de  Botrylloïdes,  dans  le  détail  desquelles  je  me  dis- 
penserai d'entrer  ici.  Je  signalerai  seulement  cette  particularité  intéres- 
sante, que  certains  Botryllidés  que  l'on  regarde  comme  très  distincts  spéci- 
fiquement renferment  cependant  des  chromocytes  identiques.  C'est  ainsi 
que  chez  les  B.  violaceus  on  trouve  les  trois  mêmes  espèces  de  chromocytes 
que  chez  les  B.  smaragdus,  des  gris,  des  bleus  ardoisés  et  des  jaunes,  mais 
leurs  proportions  sont  différentes  :  chez  les  B.  iHolaceus,  ce  sont  les  bleus 
ardoisés  qui  l'emportent  de  beaucoup  el  qui  donnent  aux  ascidiozoïdes  leur 
coloration  générale.  Toutefois  dans  certaines  circonstances,  par  exemple  a 
une  faible  lumière,  lorsque  les  Cormus  sont  situés  à  la  face  inférieure  des 
rochers,  les  granules  gris  et  les  jaunes  augmentent  considérablement  et 
donnent  aux  ascidiozoïdes  une  couleur  fauve,  très  différente  de  la  coulejn- 
bleuâtre  ordinaire  des  B.  violaceus. 

»  Le  mécanisme  de  la  pigmentation,  chez  les  Botryllidés,  explique  donc 
les  nombreuses  variations  que  les  ascidiozoïdes  présentent  dans  leur  colo- 
ration et  il  enlève  toute  valeur  à  de  nombreuses  variétés  que  des  ascidio- 
logues  ont  cru  devoir  étiiblir  en  se  basant  sur  ces  variations,  qui  se  trouvent 
être  essentiellement  fugaces.  Il  y  aurait  lieu  de  reviser  spécifiquement  ce 
groupe,  en  tenant  compte  des  nouvelles  données  que  je  viens  d'exposer 
sommairement. 

»  Beaucoup  d'autres  familles  de  Tuniciers  possèdent  des  granules  pigmentaires 
mobiles. 

»  La  coloration  des  Distaplia  rosea  est  due  à  des  globules  laiteux,  roses  ou  rouge 
vineux,  qui  circulent  dans  les  cavités  sanguines  ou  sont  englobés  dans  la  tunique;  ils 
sont  remplis  de  granulations  de  I|ji.  environ,  qui  sont  douées  d'une  extrême  mobilité. 

»  Les  bandes  el  les  taches  laiteuses  ou  jaunâtres  des  Clavelines  et  des  différentes 
Ascidies  composées,  les  vésicules  dermiques  des  Cynthiadécs,  les  traînées  laiteuses 
qui  longent  l'endostjle  des  Asciclia  elà^i  Ascidiella,  la  vésicule  oculaire  des  larves  de 
Distaplia  et  de  Diplosoma  renferment  de  même  des  granules  pigmentaires  animés, 
sur  le  vivant,  de  mouvements  très  rapides.  Par  contre,  les-taches  rouges  ou  orangées 
qui  existent  sur  les  oscules  des  âJorchellium  argus,  des  Cioaa  et  des  Parascidiam  ne 
sont  pas  constituées  sur  le  vivant  par  des  granules  mobiles;  ce  sont  de  petites  masses 
uniformément  colorées  que,  par  une  forte  compression  sur  le  couvre-objet,  on  arrive  à 
faire  résoudre  en  sphérules  de  dimensions  variables,  el  dont  quelques-unes  se  montrent 
alors  animées  de  mouvements  browniens. 

»    La  motilité  des  granules  pigmentaires  paraît  être  un  fait  général  dans 


(  398  ) 

la  série  animale.  P.  Carnot  l'a  récemment  observé  chez  les  pigments  mé- 
laniques  de  plusieurs  espèces  de  Vertébrés;  avant  lui,  Girod  avait  signalé 
les  mouvements  browniens  des  granules  en  suspension  dans  le  liquide  de 
la  poche  du  noir  de  la  Seiche.  J'ai  pu  constater,  de  mon  côté,  que  cette 
motilité  appartient  non  seulement  au  pigment  visuel  des  Vertébrés,  mais 
aussi  à  celui  des  Invertébrés,  quel  que  soit  le  degré  de  complication  ana- 
tomique  de  l'organe  visuel  :  Insectes  (^Hydrophile,  Mouche,  Chenilles  di- 
verses). Mollusques  (Pecten,  Escargot),  Ecrevisse,  diverses  Annélides, 
pigment  des  chromoblastes  des  Sépioles. 

»  Il  est  manifeste,  d'autre  part,  qu'il  y  a  des  rapports  étroits  entre  le 
pigment  rétinien  et  le  pigm.enl  mélanique  des  autres  parties  du  corps, 
quand  il  existe.  Un  exemple  intéressant  en  est  fourni  par  certains  Poissons  : 
les  bandes  argentées  du  corps  du  Maquereau,  par  exemple,  sont  dues  à 
de  petits  bâtonnets  brillants  (considérés  comme  des  cristaux  de  guanine 
associés  à  du  calcaire),  de  lo^^  à  20!^  de  longueur,  formant  un  feutrage  serré, 
et  animés  de  mouvements  oscillatoires  permanents  ;  or  ces  mêmes  éléments, 
animés  des  mêmes  mouvements,  se  retrouvent  dans  la  membrane  argentine 
de  l'œil,  qui  en  est  tout  entière  constituée. 

»  Enfui  j'ai  également  observé,  sur  des  fragments  de  peau  de  nègre 
fraîchement  détachés,  que  les  granulations  pigmentaires  de  la  couche 
muqueuse  se  déplacent  régulièrement,  et  c'est  là,  sans  doute,  l'explication 
de  la  réussite  des  greffes  noires  sur  peau  blanche,  que  P.  Carnot  a  prati- 
quées avec  succès. 

);  Quant  à  la  nature  des  mouvements  des  granules  pigmentaires,  ce  der- 
nier auteur  a  conclu  qu'il  ne  s'agit  jamais  que  de  mouvements  browniens; 
les  recherches  auxquelles  je  me  suis  déjà  livré  dans  cet  ordre  d'idées,  sur 
les  chromocytes  des  Tuniciers,  me  font  penser  que  cette  conclusion  est 
peut-être  trop  absolue,  et  qu'elle  ne  s'applique  peut-être  pas  à  tous  les 
pigments.  Je  continue  mes  recherches  sur  la  question.    » 


PHYSIQUE.  —  Action  des  diverses  radiations  lumineuses  sur  les  êtres  vivants. 
Note  de  M.  C.  Flammarion,  présentée  par  ]M.  Bouquet  de  la  Grve. 

((  Il  y  a  quelques  années,  nous  avons  eu  l'honneur  de  faire  connaître 
à  l'Académie  les  résultats  obtenus  à  Juvisy  sur  des  plantes  soumises  à  l'ac- 
tion des  diverses  radiations  du  spectre  solaire.  En  choisissant  certains 
ravons,  en  éliminant  certains  autres,  nous   transformons  les  dimensions. 


(  399  ) 
la  forme  et  la  couleur  des  végétaux.  Nous  avons  essayé  la  même  applica- 
tion sur  le  rè2;ne  animal,  et  nous  avons  obtenu  d'assez  curieux  résultats. 

»  Un  premier  essai,  fait  en  1898,  dans  le  but  d'étudier  l'action  des  diverses  radia- 
tions lumineuses  sur  le  développement  du  ver  à  soie  {Bombyx  mori),  a  fourni  de 
nombreux  œufs  qui  ont  donné  de  jeunes  chenilles  du  20  au  28  mai  1899. 

»  Du  26  au  29  mai,  720  vers,  âgés  de  six  jours,  ont  été  placés  dans  douze  casiers 
recouverts  d'un  verre  de  couleur  spécial  et  différent.  Un  examen  soigneux  des  verres 
de  couleur  au  spectroscope  a  permis  d'établir  pour  chacun  d'eux  leur  spectre  d'ab- 
sorption : 

Couleur  des  verres.  Partie  du  spectre  visible  au  spectroscope. 

Incolore le  spectre  entier. 

Rouge  foncé de  l'extrémité  rouge  jusqu'à  la  raie  D. 

Rouge  clair rouge  et  un  peu  d'orangé  au  delà  de  D. 

Orangé rouge,  orangé,  jaune,  et  vert  jusqu'à  la  raie  b. 

Vert  clair une  partie  du  rouge,  orangé,  jaune,  vert,  bleu,  très  peu 

de  violet. 

Vert  foncé très  peu  d'orangé,  jaune  atténué,  vert. 

Bleu  clair peu  de  rouge,  très  peu  de  jaune  et  vert,  tout  le  bleu  et 

le  violet. 
Bleu  foncé quelques  traces  de  jaune  et  de  vert,  tout  le  bleu  et  le 

violet. 
Violet  pourpre  clair  ....  le  spectre  entier,  sauf  une  bande  d'absorption  voisine  de  F. 

Feuille  d'étain  à  0™°',  i .  .  infra-rouge. 

Air  libre  (sans  verre).  .  .  le  spectre  entier. 

»  L'obscurité  a  été  obtenue  avec  un  couvercle  de  carton  de  i'"",5  d'épaisseur. 

»  Sous  chaque  verre  on  a  placé  soixante  larves  de  Bombyx,  qui  ont  été  nourries 
abondamment  avec  des  feuilles  de  mûrier. 

»  La  série  des  douze  casiers  a  été  placée  pendant  toute  la  durée  de  l'expérience  à  la 
lumière  diffuse,  dans  une  salle  vitrée,  très  éclairée.  Nous  avons  éliminé  avec  soin 
l'action  de  la  température,  dont  les  variations  modifient  notablement  le  développe- 
ment du  ver  à  soie. 

»  Tous  les  vers  étaient  exposés  à  la  même  température,  qui  a  varié  de  18°  à  22°  dans 
le  cours  de  l'expérience.  La  montée  des  vers  a  commencé  le  29  juin  dans  tous  les 
casiers  recouverts  de  verres  de  couleur,  c'est-à-dire  quarante  jours  après  l'éclosion. 
Nous  avons  observé  un  relard  de  cinq  jours  pour  les  vers  élevés  à  l'obscurité  et  de  sept 
jours  pour  ceux  placés  en  plein  air. 

»  Au  moment  de  la  montée,  les  soixante  vers  de  chaque  casier  ont  été  pesés  simul- 
tanément et  placés  dans  de  grands  casiers  également  recouverts  des  mêmes  verres  de 
couleur  et  remplis  de  brindilles.  Huit  jours  après  l'achèvement  des  cocons,  nous  les 
avons  pesés  pour  chaque  couleur. 

»  Les  papillons  sortis,  les  cocons  ont  été  ouverts  et  desséchés  et  la  soie  pesée.  Enfin, 
nous  avons  compté  pour  chaque  casier  le  nombre  des  papillons  mâles  et  femelles,  et 
comme  la  production  de  la  graine  intéresse  au  plus  haut  point  la  sériciculture,  nous 


(  4oo  ) 

les  avons  placés  pour  l'accouplement  dans  des  casiers  vitrés  correspondant  aux  cou- 
leurs de  leur  berceau. 

»  Après  la  ponte,  les  œufs  ont  été  posés  pour  chaque  casier,  et  d'après  le  nombre 
des  femelles,  nous  en  avons  déduit  le  poids  moyen  des  œufs  pondus  par  chaque  femelle. 

»  Tous  les  résultats  des  pesées  sont  consignés  dans  le  Tableau  ci-joint  : 


Vers 
à  la  montée. 

Poids 

de 

chaque  ver 


Cocons. 

Poids 

de 

chaque  cocon 


Soie  brute. 

Poids 

de  la  soie 

de 

chaque  cocon 


Coloralion  des  verres. 


3  ,o52 


Incolore 

Violet  pourpre  clair.  .  .  .  2,goo 

Orangé 3, 020 

Rouge  foncé. 2 ,  990 

Obscurité 2,890 

Vert  clair 2,763 

Vert  foncé 2  ,  766 

Rouge  clair 2 , 755 

Air  libre 2,683 

Feuille  d'étain 2,65o 

Bleu  clair 2  ,534 

Bleu  foncé 2, 5 10 


relatif {' 


0,9.1 
0.99 
0.97 
0,94 
0,91 
0,90 
0,90 

0,88 
0,86 
0,83 
0,82 


moyen . 

gr 
,695 

,657 
,56i 
,56o 
,640 
,574 
>493 
,559 

,547 
,542 
,422 
,373 


iclalif. 


0.97 
0,92 
0,92 
0,96 
0,93 
0.88 
0,92 

0,9' 
0,90 

o,84 
0,81 


moyen.       relatif. 


0,227 
0,209 
0,207 
0,200 
0,207 
0,205 

0.199 

o,2or 

0,201 

0,193 
0,190 
0,172 


I 

0,92 
0,91 
0,88 

0,91 
0,90 
0,87 
0,88 
0,88 

o,85 
o,83 
0,75 


Di.slribulion  des  sexe 


Production  des  œufs  (.3.5  vers). 


Coloralion  des  verres. 

Incolore 

Violet  pourpre  clair. 

Obscurité 

Vert  clair.  . 

Air  libre 

Rouge  clair 

Orangé 

Rouge  foncé 

Feuille  d'étain 

Vert  foncé 

Bleu  clair 

Bleu  foncé 


Nombre 
des  femelles 

sur 
icio  individus. 

56 
54 
54 
53 
5o 
5o 
47 

44 
42 
4o 

37 
39 


Poids 


lolal. 

jr 

10,823 

10.560 

10, 000 
9,  i56 

7,290 

8,586 

8,45o 
7,450 
6,463 
6,336 
5,820 
5,800 


relatif. 

I 

I  ,02 
I  ,01 

0,88 
0,71 
o,83 
0,82 
0,72 
0,62 
0,61 
o,56 
0,57 


Poids 

pour 

chaque 

femelle 

moyen. 

relatif 

0,333 

I 

0,352 

1  ,o5 

o,35o 

I  ,o5 

0,327 

0,98 

0,270 

0,81 

o,3i8 

0,95 

0, 325 

0.97 

o,3io 

0,93 

0,281 

o,84 

0,288 

0,86 

0,291 

0,87 

0,274 

0,82 

(')   Les  résultats  obtenus  avec  le  verre  incolore  ont  été  pris  pour  unité. 


(  4oi  ) 

»  L'observation  comparative  des  résultats  et  des  spectres  d'absorption 
des  verres  de  couleur  montre  que  la  production  maximum  de  la  soie  a  lieu 
sous  le  verre  incolore,  puis  sous  le  verre  violet  pourpre  clair,  et  le  mi- 
nimum sous  le  bleu  foncé  où  elle  est  les  0,73  de  celle  du  verre  incolore. 

')  La  production  est  maximum  sous  le  verre  incolore  traversé  par  le 
spectre  solaire  font  entier  et  sous  le  violet  pourpre  clnir  où  il  y  a  seulement 
une  bande  d'absorption  dans  le  bleu. 

»  Les  verres  coloriés  les  plus  favorables  au  développement  du  ver  à  soie 
sont  donc  ceux  qui  laissent  passer  la  région  voisine  de  la  raie  D,  et  qui 
éteignent  la  partie  la  plus  réfrangible  du  spectre. 

»  Au  contraire,  les  verres  de  production  minimum  sont  ceux  qui  ab- 
sorbent la  région  du  spectre  comprise  entre  A  et  E. 

»  On  voit  également  que  les  diverses  radiations  paraissent  influencer  la 
distribution  des  sexes  et  que  cette  variation  est  à  peu  près  dans  le  même 
sens  que  celle  de  la  quantité  de  soie  produite;  le  nombre  des  femelles  est 
de  5G  pour  100  sous  le  verre  incolore  et  de  87  pour  100  seulement  sous  le 
verre  bleu  foncé. 

»  Enfin,  les  résultats  indiquent  que  les  femelles  des  verres  violet 
pourpre,  orangé  et  incolore  sont  plus  fécondes  que  celles  du  bleu. 

»  La  distribution  des  sexes  est  particulièrement  intéressante  à  constater. 
Elle  peut  être  due  à  l'influence  des  radiations  sur  la  quantité  d'alimenta- 
tion, les  plus  gros  cocons  donnant  de  préférence  des  femelles.  A  l'air  libre 
et  dans  le  rouge  clair,  la  proportion  est  de  5o  pour  100.  Sous  le  verre  inco- 
lore et  le  violet  pourpre,  elle  s'élève  à  54  et  56  pour  le  nombre  des  fe- 
melles, lequel  descend  jusqu'à  3g  et  3^  dans  le  bleu  ;  le  bleu  donne  beau- 
coup plus  de  mâles  :  63  pour  100. 

')  La  différence  est  bien  plus  considérable  encore  si  l'on  examine  le 
nombre  des  œufs,  qui  varie  presque  du  simple  au  double,  du  bleu  au 
pourpre  (').  » 


M.  J.-L.  Lefort  adresse  diverses  Comnuuiications  relatives  à  la  Phy- 
sique, à  la  Physiologie  et  à  l'Anthropologie. 


(')  Ces  expériences  ont  été  faites  avec  le  concours  de  M.  Georges  Mathieu,  ingé- 
nieur-agronome, préparateur  à  la  station  climatoiogique  annexée  à  l'observatoire  de 
Juvisy. 

C.  R.,  1899,  2-  Semestre.  (T.  CXXI\,  N»  7.)  53 


(     402    ) 

A  3  heures  et  demie,  l'Académie  se  torme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 


J.  B. 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 


OdTRAGES    reçus    DA^S    LA    SÉANCE   DU    l4    AOUT    1899. 

Laréforme  scienùjique  définitive  du  Calendrier  grégorien,  par  L.  Liebich, 
Alger,  impr.  administrative  Gojosso,  i8gg;  i  fasc.  in-12. 

Les  mystères  de  la  sorcellerie,  de  François  Dulom.  Agen,  impr.  moderne, 
1899;  I  fasc.  in-S". 

Die  Entwicklung  der  Wahrscheinlichkeitstheorie  und  ihrer  Anwendungen. 
Bericht,  erslallet  der  deutschen  Mathematiker-Vereinigung,  von  Emakuel 
CzuBER.  Leipzig,  B. -G.  Teubner,   1899;  i  vol.  in-8". 

Del  analisis  de  la  orina  en  laclinica,  por  D.  Alejandro  Fortuny  Duran. 
Prologo  del  D''  D.-S.  Ramon  y  Cajal.  Barcelona,  1H99;  r  vol.  in-i6. 

Annuaire  géologique  et  minéralogique  de  la  Russie,  rédigé  par  N.  Rrichta- 
KoviTCH.  Yol.  III,  liv.  7-8.  Novo-Alexandria,  Institut  agronomique  et  fores- 
tier, 1899;  1  fasc.  in-4°. 

The  american  Ephemeris  and  naulical  Almanac,  for  the  year  1901 .  Firsl 
édition.  Washington,  1899;  r  vol.  in-4°. 

Unii'ersity  of  Cincinnati.  Publications  0/ the  Cincinnati  Obsen'utory.  N°  14  . 
Catalogue  o/-2o3q  stars/or  the  epoch  1890,  by  Jermain-G.  Porter,  director. 
Cincinnati,  1898;  i  f;isc.  in-4°. 

Astronomical  papers  prepared  for  the  use  of  the  american  Ephemeris  and 
nautical  Almanac,  published  by  authorily  of  Congress.  Vol.  VIII,  part  II. 
Catalogue  of  fundamental  stars  for  l'è'jD  and  1900  reduced  to  an  absolute 
System.  Washington,  1898;  i  vol.  in-f\°. 

Mitlheilungen  der  hamburger  Sternvcarte.  N°  1-5.  Hamburg,  Lucas  Griife 
und  Sillem,  1895-99;  5  fasc.  in-8". 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

epuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  Tolume»  ln-4*.  Deui 

es,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.   L'abonnement  est  annuel 

art  du  i"  janvier. 

Le  prix  de  U abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
I  »j Ferryn  irères. 

1  Cbaix. 

I  îr <  Jourdan. 

(  Rufr. 

1  (m Courtin-Hecquet. 

(  Germain  elGrassin. 

'  *" i  Lachése. 

i  mne Jérôme. 

\  nçon Jacquard. 

/  Feret. 

'eaux <  Laurens. 

(  Muller  (G.). 

■gei Renaud. 

/  Derrien. 
j  F.  Robert. 

]  J.  Robert. 

'  Uzel  frères. 

Jouan. 

nbery Perrin. 

.  I  Henry. 

'tioure ( 

°  {  Marguerie. 

.  „  I  Juliot. 

mont-Ferr...  !     .,        „  ,, 

(  Ribou-Collay. 

iLamarcbe. 
Ratel. 
Rey. 
(  Lauverjat. 
\  Degez. 

,,  1  Drevet. 

loble ' 

(  Gralier  et  C'V 

tochelle Foucher. 

i  Bourdienoo. 

i  avre ^ 

(  Dombre. 

I  Thorez. 
(  Quarré. 


chez  Messieurs  : 

(  Baumal. 

Lorient .. 

(  M°°*  lexier. 

Bernoux  et  Cumin, 
l  Georg. 
Lyon i  Côte. 

Savy. 

Vitle. 

Marseille Ruât. 

(Calas. 
«ontpelher  |  ^^^^^^ 

Moulins Martial  Place. 

j  Jacques. 
Nancy !  Grosjean-Maupin. 

(  Sidot  frères. 

(  Loiseau. 

Nantes       !  ,,  , 

(  Veloppe. 

i  Barma. 

Nice 1  ...  ..     .   „,. 

(  Visconti  el  C". 

Nimes Tbibaud. 

Orléans    Luzeray. 

.  .  (  Blanchier. 

Poitiers ,,       , 

(  Marcbe. 

Rennes Plibon  et  Hervé. 

Roche/on Girard  (M""). 

(  Langlois. 

Rouen ,      .  . 

(  Lestringant. 

S'-Étienne Chevalier. 

_     ,  1  Ponteil-Burles. 

Toulon „        .. 

(  Rumebe. 

i  Gimet. 

Toulouse _  . 

(  Privât. 

,  Boisselier. 

Tours Péricat. 

(  Suppligeon. 

,,  ,        .  {  Giard. 

Valenciennes , 

(  Lemaitre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 

,       .     J  i  Fcikema    Caarelsen 

Amsterdam 

'      et  C". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

I  Asher  et  C''. 

„     ,.  '  Dames. 

Berlin .    ,,       , 

.  Friediander   et   fils. 

'  Mayer  el  Muller. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

I  Lamertin. 
Bruxelles Mayolezet  Audiarte. 

I  Lebégue  et  C'°. 

i  Sotcheck  et  C°. 

Bucharest i  „.        , 

(  Slorck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  et  C°. 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinopie.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Hijst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gênes Beuf. 

Cherbuliez. 

Genève Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye .     Bel  in  fan  te  frères. 

>  Benda. 

Lausanne ,  „ 

(  Payot. 

,  Barth. 

l  Brockbaus. 

Leipzig 1  Lorentz. 

i  Max  Kijbe. 

;  Twietmeyer. 

(  Desoer. 
^'^Se (Gnusé. 


chez  Messieurs  : 

i  Dulau. 
Londres Hachette  et  C". 

'Nutt. 
Luxembourg     ..     V.  Buck. 

.'  Libr.  Gutenberg. 
mdnd )  Romo  y  Fussel. 

I  Gonzalès  e  hijos. 

l  F.  Fé. 

Milan 1^°"''  f''""- 

I  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

Naples (Marghieri  di  Giu,. 

(  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
New-York Slechert. 

'  LenickeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C- 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaés  elMoniz. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

_  i  Bocca  frères. 

Rome î, 

(  Loescheret  C'*. 

Rotterdam Kramers  et  fîls. 

Stockholm Samson  et  Wallin 

cr,  n  .       L.  \  Zinserling. 

S'-Petersbourg. .  J  ^^,^ 

j  Bocca  frères. 

_  I  Brero. 

Turin '     . 

j  Clausen. 

'  RosenbergetSellioi. 

Varsovie. Gebethner  et  Wollf 

Vérone Drucker. 

1  Frick. 

Vienne ,....,„       ,  . 

(  Gerold  et  C. 

Zurich Meycr  el  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DÉS  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DÉS  SCIENCES  : 

Tomes  l"    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4'';  1 853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.-   (  i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.-^  (  i"  Janvier  1866  à  3i  Décenibie  i8«o.)  Volume  iD-4";  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

me  I  :  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DerbÈs  et  A.-J.-J.  Soliee.  -  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  le» 

ites,  par  M.Hanien.-  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phéoomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

es,  par  M.  Claude  Beraard.  Volume  in-4°,  avec  32  planches;  i8ô6 '  ' 

me  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Benede>.  -  b.»^i  a  une  repui.»c  a  la  queMion  de  Prix  proj»osée  en  i8do  par  l'Acadeui.e  des  Sciences 
le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i856,  savoir  :  .  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sedi- 
:ntaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  -  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  -  Rechercher  la  nature 
i  rapports  qui  existent  entre  l'étatactuel  du  régne  organique  et  ses  états  antérieurs  .,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4=,  avec  37  planches;  1861..  r. 

la  même  Ubraine  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoire»  présentés  par  divers  Savant»  a  l'Académie  das  Sciences. 


W  7. 

TABLE   DES   ARTICLES.     (Séance  du  14  août  1899.) 


MEMOIRES  ET  COMMUXIC.VnO\S 

DES  MEMBUKS  ET   DES  CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 

Pages.    !                                                                                  Pages. 
M.\I.  lÎERTiiELOT  el  Deli-I'INE.  —  Rfclierclies                 .M.    Bkrthelot.    —   Koactions  de  l'argon  et 
sur  les  dérivés  métalliques  de  l'acétylène.     Sfii  de  l'azole  sur  les  radicaux  mercuriels ■378 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 


M.  L.  L.viREXT  adresse  une  Note  «  Sur  le 
rnle  de  l'insuflisance  en  matières  grasses 


de  la   ration   alimentaire  dans    l'étiologie 

du  béribéri  » 3So 


CORRESPONDANCE. 


M.  G.  F.uET.  —  Observations  de  la  comète 
périodique  Tempe!,  -=  187:1  II.  faites  à 
l'Observatoire  de  Paris  (  équatorial  de  la 
tour  de  l'Ouest  de  o^jio')  d'ouverture   ...     oSo 

M'"'  D.  KniMPKE.  —  Observations  des  Per- 
séides  de  t8y() 281 

M.  Cn.  André.  Sur  la  pluie  d'étoiles 
filantes  des  Perséides,  à  Lyon,  el  sur  un 
bolide  remarquable.    383 

.M.  E.-O.  LovETT.  —  Sur  la  correspondance 
entre  les  lignes  droites  et  les  sphères 383 

M.  H.  Le  Chatelier.  —  Sur  les  terres  cuites 
noires 386 

M.  H.  Le  Chatelier.  —  Sur  la  porcelaine 
égyptienne 3S7 

M.  C.  HuGOT.   —   .\rtion  du  sodanimonium 

BOLLETIX  BlBt.lOGItAPHIQUE 


ot  du  potassammonium  sur  le  tellure  et 

le  soufre 388 

MM.  Em.  Bourqielot  et  H.  Herissey.  — 
Sur  la  composition  de  l'albumen  de  la 
graine  de  Caroubier 3t|i 

M.  E.  Louise.  -  Recherche  et  dosage  du 
phosphore  libre,  dans  les  huiles  et  les 
corps  gras Jg^ 

M.  Antoine  Pizon.  —  Sur  la  coloration  des 
Tuniciers  et  la  mobilité  de  leurs  granules 
pigmentaires *. . .     3c)5 

M.  C.  Flam.mabio.n.  —  Action  des  diverses 
radiations  lumineuses  sur  les  êtres  vivants.     Sgs 

M.  J.-L.  Lefort  adresse  diverses  Commu- 
nications relatives  à  la  Physique,  à  la 
Physiologie  et  à  l'.Vnthropologie 4"' 

io> 


PARIS.    -     IMPRIMERIE     GAUT  H  I  E  R-VI  L  L  A  K  S  , 

Quai  des  Grands-Augustins,  53. 


/.«  Gérant  .'Oautbier-Villars. 


m- 

1899 

SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  iriM.  KiES  SBCBÉTAIKES  PERPÉTVEIiS. 


TOME  CXXIX. 


N^  8  (21  Août  1899). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES   RENDUS   DES   SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Âugustins,  55. 

.1899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    DES    23    JUIN    1862    ET    24    MAI    1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  l' Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  oarunAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  péges  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comotes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  i 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 
ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Articles.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé: 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  I  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  estinséré  dans  le  CoTwp/f  rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'v  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  6^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante. 


NOVlô  ' 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

* 

DE   L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES 


■ — tî~-  9  a  il  f 


SÉANCE  DU  LUNDI  21    AOUT  1899, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  Malrice  LÉVY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétcel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle 
vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  Frankland  (^Edwards),  Associé  étran- 
ger depuis  le  27  mai  1895,  décédé  en  Norvège  le  9  août  1899. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  également  à  l'Académie  la  perte 
qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  Bunsen  (Roberl-Wilhelm- 
Eberhard),  Associé  étranger  depuis  le  2G  décembre  1882,  décédé  à  Heidel- 
berg  le  1  5  août  1899. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  rappelle,  en  quelques  mots,  les  décou- 
vertes capitales  qui  ont  été  faites  par  ces  deux  illustres  chimistes,  et  les 
services  qu'ds  ont  rendus  à  la  Science. 

C.  R.,  1899,  a"  Semestre.   (T.   CXXIX,  N"  8.)  54 


(  4o4  ) 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  cause  des  traînées  lumineuses  persistantes  qui 
accompagnent  certaines  étoiles  filantes.  Note  de  M.  Ch.  André, 
transmise  par  M.  Lœwy. 

«  Dans  la  nuit  du  12  au  i3  août,  la  dernière  pendant  laquelle  nous 
nous  sommes  occupés  des  Perséides,  MM.  Lagrula  et  Luizet  ont  fait  l'ob- 
servation curieuse  qui  suit  : 

»  A  i2''53'"  (T. M. P.)  leur  attention  fut  brusquement  mise  en  éveil  par  un  éclaire- 
ment  assez  intense  pour  faire  apparaître  distinctement  à  leurs  yeux  les  objets  envi- 
ronnants; ils  l'attribuèrent  à  la  seule  traînée  lumineuse  alors  visible  dans  le  ciel  et, 
vu  sa  persistance,  purent  en  suivre  les  développements. 

)i  Rectiligne  à  l'œil  nu,  cette  trace  lumineuse  avait  alors,  dans  une  jumelle  de  gros- 
sissement 5,  une  forme  nettement  sinueuse  et  spiraliforme  ;  à  i2''55™  l'aspect  avait 
changé,  la  lumière  s'était  étalée  en  prenant  à  peu  près  la  forme  d'une  ellipse  très 
allongée  dans  le  sens  vertical  (.îl  =  iSo"  avec  un  grand  axe  allant  de  Décl.  74°  à  76°)  ; 
à  i2''.56°'  cette  ellipse  avait  déjà  tourné,  son  extrémité  supérieure  avait  incliné  vers 
l'ouest  et  son  grand  axe  était  devenu  horizontal;  en  même  temps,  l'ensemble  s'était 
déplacé  notablement  (A=  i38°,  Décl.  =r  76°);  à  partir  de  lai-SS",  la  lumière  conti- 
nuait à  s'étaler  de  plus  en  plus,  en  même  temps  qu'elle  se  déplaçait  vers  l'ouest  et  se 
rapprochait  de  l'horizon,  si  bien  qu'à  i3'^  1 1"  sa  position  correspondait  à  .1\  =i43°  et 
Décl. ^72°;  pendant  cette  dernière  période,  l'objet  observé  avait  à  l'œil  nu  l'appa- 
rence d'un  petit  nuage  blanc,  semblable  d'aspect  à  une  portion  de  la  voie  lactée,  et 
dans  la  jumelle  celle  d'une  grosse  nébulosité  de  3o'  à  !\o'  de  diamètre  apparent. 

»  A  iS""  iS™  toute  trace  de  lueur  avait  disparu,  même  dans  la  jumelle. 

»  Cette  observation  offre,  me  semble-t-il,  un  certain  intérêt  :  d'abord 
par  la  longue  durée,  vingt  minutes,  pendant  laquelle  on  a  pu  suivre  le  mé- 
téore; mais  surtout  parce  que  les  changements  de  forme  successifs  et  le 
déplacement  continu  de  l'image  lumineuse  paraissent  démontrer  nette- 
ment que  les  traînées  lumineuses  persistantes,  observées  déjà  pour  un 
certain  nombre  de  ces  météores,  sont  uniquement  dues  à  la  propagation 
successive  des  fragments  dans  lesquels  ils  se  partagent  lors  de  leur  rup- 
ture.   )) 


(0 


(  /4o5  ) 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  un  groupe  continu  infini  de  transformations  de  contact 
entre  les  droites  et  les  sphères.  Noie  de  M.  E.-O.  Loveïï,  présentée  par 
M.  Darboux. 

i<  Dans  une  Note  précédente  on  a  trouvé  le  groupe  continu  le  plus 
général  de  droite-sphère  transformations  de  contact  qui  sont  déterminées 
par  deux  équations  bilinéaires  entre  les  coordonnées  ponctuelles  des  deux 
espaces  correspondants.  Ce  groupe  (2)  est  un  groupe  à  quinze  paramètres 
et  ses  transformations  sont  équivalentes  aux  produits  des  3o"  transforma- 
tions du  groupe  projectif  général  (II)  par  la  droite-sphère  transformation 
de  Lie  (A)  donnée  par  les  équations  {' )  : 

(  X  +  «Y  =  —  z  —  x{i)œ  +  qy)\iq  —  x),         X  —  iY  =  (p  -hy)\{q  —  x\, 

\   Z—{px-^qy)\(q_  —  x),  V  =  {qx— \)\{q  +  x),  ()  =  — i{i +qx)\{x+q). 

»  Une  Note  du  3  octobre  1898  donne  les  transformations  de  contact 
les  plus  générales  qui  changent  une  surface  développable  quelconque  en 
une  autre  surface  aussi  développable  dans  un  espace  à  un  nombre  quel- 
conque de  dimensions;  pour  l'espace  à  trois  dimensions,  ces  transforma- 
tions (A)  sont  définies  par  les  équations  (  -) 


(^) 


ou 


(3)  R  =  (7}),j;+(çi)3j-(<p.i.),,         r=p'x-^qy-z, 

et  les  fonctions  ç,  6,  /  sont  tout  à  fait  arbitraires;  d'ailleurs  on  a  l'équation 

(5)  A  =  LPL, 

où  L  est  la  transformation  de  contact  de  Legendre, 

(6)  \=p,  Y  =  r/,  Z=px  -h  qy  —  z,  V—x,  Q  —  V, 
et  P  est  une  transformation  ponctuelle  arbitraire. 


(')   Noir  Darbolx,  Théorie  des  surfaces,  l.  I,  §  108. 

(-)   Voir  aussi  le  Mémoire  de  Vivanti,  Rend.  Cir.  Mateni.  di  Palcnno.  t.  V;  1891. 


(  /»o6  ) 

»  Ces  transformations  ci-dessus  (A)  transforment  plan  en  plan  et  ainsi 
chaneent  droite  en  droite;  donc,  en  combinant  les  transformations  de 
contact  du  groupe  (A)  avec  les  transformations  de  contact  du  groupe  (i), 
on  obtient  un  groupe  de  transformations  de  contact  contenant  trois  fonc- 
tions arbitraires,  c'est-à-dire  un  groupe  à  une  infinité  de  paramètres  qui 
transforme  les  droites  en  sphères;  les  transformations  de  ce  groupe  (S) 
sont  équivalentes  aux  transformations  données  par  tous  les  produits 

(7)  S  =  LPLnA. 

«  D'après  leur  définition  les  transformations  de  contact  établissent  une 
correspondance  entre  les  éléments  de  surface  de  telle  façon  qu'une  multi- 
plicité des  éléments  de  surface  est  transformée  en  une  multiplicité  des  élé- 
ments de  surface;  donc  il  est  clair,  géométriquement,  que  les  transforma- 
tions de  contact,  qui  transforment  les  plans  en  plans,  changent  aussi  les 
droites  en  droites  et,  réciproquement,  que  les  transformations  de  contact 
qui  changent  les  droites  en  droites  transforment  aussi  les  plans  en  plans. 
Ainsi  en  recherchant  les  transformations  de  contact  les  plus  générales  (D) 
entre  les  plans,  on  peut  construire  au  moyen  du  groupe  (1)  un  groupe 
continu  infini  de  droite-sphère  transformations  (T)  plus  étendues  que  le 
groupe  (S);  le  groupe  (S)  est  évidemment  un  sous-groupe  du  groupe  (ï). 

))   On  trouve  les  transformations  (D)   de  la  manière  suivante   :  soient 

(8)  cc,=  X,         J,  =  Y,         ^,  =  Z,         p,  =  P,  y,  =  Q, 

où  X,  Y,  Z,  P,  Q  sont  fonctions  de  x-,y,  z,p,  q,  les  équations  définissant  les 
transformations  (D). 
»   Soient  aussi 


(9) 

?1  =  ?x +  /'?.'               ?2  =?,  +  '??=. 

(,o) 

(p"'=?^  +  /y<p,  +  /v^^+59y,           çp->=ç^,H- ^9,-f-,vo^4-  /cp,^; 

('0 

(cpi),,=  cp,'^,-ç,^,,           (cp^)./,=  ?.^p-  ?/ ■' 

(.2) 

un  =  ?P^.  -  ?.<]^.+  ?.'^.  -  ?.<]^..           -(?.  f~)  =  ?"'^''"  -  ?"'^" 

»  En  développant  la  forme  o>(cp,  <^)  on  a 

et  en  employant  les  formules  de  Lie  ('),  on  trouve 

^,f\       lî-lliZlI)  ^        o,(X,  P)  _(o(Q,Y)  ^_  'o(X,Q) 


(')  Noir  Lie-Engel,  Théorie  der  Transfonnationsgiuppen,  t.  Il,  p.  38o. 


(  4o7  ) 

où  R,  S,  T  sont  les  dérivées  partielles  du  second  ordre  de  Z  pnr  rapport 
à  X  et  Y. 

»  Donc  les  fonctions  X,  Y,  Z,  P,  Q  se  déterminent  par  les  conditions 
suivantes  : 

»  1°  Pour  que  les  transformations  (8)  soient  transformations  de  contact 
il  faut  que  les  équations  (') 

j  [PQ]=[PYJ=[QX]     :=|XYJ     =[XZ]=^[YZj  =  o, 

^"^       (  [PX]  =  [QY]=j;[PZj.-.  ^[QZ]  =  p^o 

aient  lieu  ; 

'))  2"  Pour  que  la  famille  de  tous  les  oo'  plans  de  l'espace  ordinaire 
reste  invariante  sous  toutes  les  transformations  (8),  il  est  nécessaire  et 
suffisant  que  les  équations 

(iG)  R  =  o,  S  =  o,         T  =  o 

soient  une  conséquence  des  équations  (8)  et  des  équations 

r  =  o,         i'  =  o,         t  =  o; 

ainsi  on  trouve  des  équations  (i3)  et  (i4)  les  conditions  restantes  sui- 
vantes : 

(17)  0'Y),.  =  o,  (^XP),,  =  o,         (X,Q),,=  o; 

en  observant  que  coi^P.Q)  est  aussi  égal  à  zéro,  on  peut  adjoindre  les 
équations 

(OY)„=o,  (PQ)..  =  o, 

mais  celles-ci  ne  sont  pas  indépendantes  des  équations  (  17  ).  " 


PHYSIQUE. .  —    Méthode  pour  déterminer  la  constante  newtonienne. 
Note  de  M.  Geo.  K.  Burgess,  présentée  par  M.  Lippmann. 

»  Parmi  les  constantes  physiques  il  en  est  ime,  la  constante  newtonienne 
ou  constante  de  la  gravitation  universelle,  que  l'on  n'a  pas  pu,  jusqu'ici, 
déterminer  avec  la   précision   que  mérite  une  constante   physique.  Les 

(')  Lie,  loc.  cil.,  p.  i/p. 


(  4o8  ) 

diverses  méthodes  employées  par  d'habiles  expérimentateurs  ont  donné 
des  résultats  qui  présentent  entre  eux  des  écarts  très  supérieurs  à  l'erreur 
probable  des  mesures  de  chaque  physicien.  Toutes  les  méthodes  jusqu'ici 
employées  se  ramènent,  en  définitive,  à  la  mesure  d'une  longueur  très  petite 
ou  d'un  angle  très  petit.  Il  serait  bien  préiérable  de  réaliser  une  méthode 
qui  ne  nécessiterait  pas,  comme  les  méthodes  classiques,  la  mesure  des 
quantités  extrêmement  petites.  Par  exemple,  en  employant  la  balance 
chimique,  il  s'agit  de  mesurer  un  poids  de  l'ordre  du  milligramme  ;  dans  la 
balance  de  torsion,  c'est  un  angle  de  trente  minutes  qu'on  devra  mesurer 
avec  toute  l'exactitude  possible. 

»  En  considérant  les  expériences  faites  avec  la  balance  de  torsion,  nous 
voyons  que  l'on  a  cherché  à  rendre  cette  méthode  plus  sensible  en  rédui- 
sant les  distances  linéaires  de  l'appareil  tout  en  conservant  les  poids  sus- 
pendus aussi  lourds  que  possible.  Evidemment  ces  deux  conditions  se  con- 
trarient, et  l'on  est  aussi  limité  par  le  poids  que  peut  supporter  un  fd  très 
fin.  Si,  tout  en  employant  un  fil  très  fin  et  conservant  les  distances  très 
petites,  on  pouvait  faire  agir  deux  lourdes  masses  sur  deux  autres  lourdes 
masses,  on  augmenterait  beaucoup  la  sensibilité  de  la  méthode  de  Caven- 
dish.  En  d'autres  termes,  le  problème  se  réduit  à  ceci  :  supprimer  la  ten- 
sion d'un  grand  poids  sur  un  fil  très  fin,  en  conservant  l'attraction  de  cette 
masse  suspendue  sur  une  autre  masse  fixe. 

))  On  réalisera  cela  par  l'emploi  d'un  support  auxiliaire  pour  la  masse  sus- 
pendue au  fil.  Ce  sera,  par  exemple,  un  flotteur  cylindrique  métallique  creux, 
plongé  dans  un  bain  de  mercure  et  supportant  un  bras  de  levier  qui  sup- 
porte les  masses  employées.  La  grandeur  du  cylindre  creux  sera  telle  que 
le  poids  du  mercure  déplacé  soit  à  peu  près  celui  des  masses  suspendues. 
Ainsi  le  ])oids  que  supportera  le  fil  sera  aussi  petit  que  l'on  voudra,  et  si  le 
fil  est  fin,  on  aura  un  couple  de  torsion  très  petit,  tandis  que  l'attraction 
des  masses  fixes  sur  les  masses  suspendues  aura  une  valeur  relativement 
très  grande. 

»  Uu  tel  appareil  a  été  construit  au  laboratoire  de  M.  Lippmann.  Les 
deux  masses  suspendues  aux  extrémités  d'un  leyier  horizontal  sont  en 
plomb,  de  2.^^  chacune,  tandis  que  le  fil  de  suspension  est  en  platine  ou  en 
bronze,  d'un  diamètre  moindre  que  o'"'",oj.  Les  deux  grandes  boules  de 
plomb  pèsent  lo'^s  chacune.  La  distance  entre  les  centres  des  petites  boules 
est  de  o"',i2,  qui  est  aussi  la  longueur  d'un  fléau;  la  distance  entre  les 
grandes  masses  est  de  o'",37.  Si  l'on  tourne  les  grandes  boules  d'un  angle 
de  40"  d'un   côté  à  l'autre  côté  de  la  position  d'équilibre  du  système 


(  4o9  ) 
suspendu,  celui-ci  tourne  à  peu  près  de  12°.  effet  incomparablement  plus 
grand  que  par  toute  autre  méthode. 

»  Il  s'agit  de  savoir  s'il  y  a  peut-être  des  causes  secondaires  ou  des 
corrections  mal  déterminées,  qui  pourraient  retirer  à  la  méthode  sa  sensi- 
bilité apparente.  L'appareil  a  subi  une  série  d'essais  dans  ce  but  d'abord, 
et  dans  le  but  aussi  d'en  tirer  une  valeur  de  la  constante  newtonienne.  Les 
expériences  faites  jusqu'ici  semblent  montrer  que  le  principe  de  la  méthode 
mérite  d'être  publié.  La  difficulté  la  plus  grande,  c'est  d'éviter  les  change- 
ments de  température  dans  le  bain  de  mercure;  et  il  y  a  aussi  la  question 
de  l'action  capillaire  sur  la  tige  qui  passe  parla  surface  du  mercure  et  qui 
supporte  le  fléau  de  balance,  ainsi  que  certaines  attractions  secondaires  et 
leur  élimination.  Nous  croyons  avoir  évité  la  première  difficulté,  en  enfer- 
mant très  soigneusement  l'appareil  qui  est  placé  dans  une  cave  à  tempéra- 
ture à  peu  près  constante.  La  perturbation  capillaire  semble  éliminée  par 
l'emploi  d'une  couche  d'acide  sulfurique  étendu,  versé  sur  la  surface  du 
mercure  qui  est  scrupuleusement  propre.  Notre  dispositif  permet  aussi  de 
modifier  les  positions  des  masses  suspendues,  afin  de  faire  disparaître  des 
termes  correctifs  dans  le  calcul  de  l'attraction.  L'appareil  fonctionne  très 
bien,  en  donnant  des  déviations  concordantes,  quand  on  a  pris  tous  les 
soins  nécessaires  pour  avoir  une  température  constante.    < 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  propriétés  magnétiques  du  fer  aux  basses  températures. 
Note  de  M.  Georges  Claude,  présentée  par  M.  A.  Potier. 

«  Les  expériences  relatées  ci-après  ont  eu  pour  but  de  suivre  les  varia- 
tions de  la  perméabilité  magnétique  et  de  la  rémanence  du  fer  en  fonction 
de  la  température,  en  poussant  celle-ci  jusqu'à  la  limite  fournie  par  l'éva- 
poration  de  l'air  liquide. 

»  Les  essais,  etrectués  par  la  métliode  du  galvanomètre  balistique,  ont  porté  sur  un 
échantillon  de  fer  forgé,  en  forme  de  cylindre  creux  à  section  rectangulaire,  sur  lequel 
étaient  enroulés  les  circuits  inducteur  et  induit.  Les  dimensions  de  ce  cylindre  étaient 
les  suivantes  :  diamètre  extérieur,  89™™,  2  ;  diamètre  intérieur,  25™™,  5;  épaisseur, 
23""", 6.  Il  était  placé  dans  un  récipient  Dewar  et  d'Arsonval,  à  double  paroi  argentée 
et  vide  intermédiaire;  la  température  désirée  était  obtenue  très  commodément,  d'abord 
à  l'aide  d'un  liquide  difficilement  congelable  (étlier  de  pétrole  léger),  refroidi  au  degré 
voulu  par  révaporation  rapide  d'air  liquide  contenu  dans  un  tube  à  essai  de  grand  dia- 
mètre agité  dans  le  liquide,  et  ensuite  par  de  l'air  liquide  seul.  Pour  la  pratique  de 
ces  essais  à  basse  température,  il  peut  être  intéressant  de  noter  que  les  thermomètres 
à  toluène  dont  je  me  servais,  gradués  jusqu'à  —  100°  par  M.  Baudin  en  extrapolant  les 
résultats  des  expériences  de  M.  Villard,  pouvaient  mesurer  facilement  les  tempéra- 


tiires  jusqu'à  ■ —  i3o°,  la  congélation  du  toluène  se  produisant  brusquement  entre  — i^o" 
et  — loo"  de  l'échelle,  avec  augmentation  de  volume. 

1)  Les  résultats  des  essais  n'ayant  presque  pas  varié  avec  la  température,  les  cliifTres 
relatifs  aux  températures  extrêmes  -+-  25°  et  —  i8o°  seront  seuls  indiqués. 

»  En  soumettant  le  circuit,  inducteur  à  l'intensité  maxima  choisie,  puis  inversant 
brusquement,  on  obtient  au  balistique  une  élongation  proportionnelle  à  la  perméabi- 
lité dans  les  conditions  de  température  choisies;  ensuite,  faisant  varier  le  courant  par 
sauts  successifs  de  -+-  Imax  à  o,  puis  à  —  Imni>  revenant  de  même  à  o,  puis  à  -  1^,^^.  et 
notant  les  élongations  partielles  successives,  on  réunit  les  éléments  nécessaires  pour 
la  construction  de  la  courbe  d'hystérésis  dans  ces  mêmes  conditions. 

Température  :  -i-iï'';         (jhamp  inducteur  max.  :  35, î>  C.G.S.; 
Induction  max.  :   lôoooC.G.S.  environ. 


.K  - 

in/ 

' 

totale. 

de 
à 

!  -1-  35,: 
-  35,' 

î  C.G. 

2             » 

S. 

l32 

de 

; 

part 

ielles 

at. 

4- 

ttCiiiax  i'  ' 

0.      tic  n 

1  à  — 

X, 

iia\. 

de  - 

-  «Jv-niax  i 

i  0.     de 

o  à   ~  jCniax 

35,2 

1 

» 

8 

l- 

» 

8,o 

20,  I 

■r 

2,5 

9- 

5 

2,0 

8,5 

17-4 

2,5 

12 

2,2 

II 

"'7 

3,o 

36 

3,o 

36 

5,9 

5,5 

34 

6,0 

35,5 

2,0 

6,5 

t 

8 

6,5 

t 

7,5 

o 

5,o 

» 

6,o 

» 

Température  :  —  i85°;         Champ  inducteur  max.  :  35,2  C.G. S.; 
Induction  max.  :  i5ooo  C.G. S.  environ. 


10/ 

de 
à 

H-  35, 
—  35, 

,2 
2 

C.G. s.     ) 

par 

oiax- 

tielles 

129 

3C. 

de 

-h 

"^nia\  ^ 

0. 

de  0  à  —  .ICi 

de- 

Xma\  à  0. 

de 

0  à  H-  3vmax> 

35,2 

25,  I 

i 

» 
2,0 

8,5 

9,5 

1 

» 
2,2 

8,5 

9,5 

17-4 

2,5 

i3 

2,6 

12,5 

11,7 

3,o 

36 

2,8 

36 

5,9 

5,5 

3i 

6,0 

3i  ,5 

2,0 

o 

6,o 
b,o 

A          7     . 
a 

6,5 
5,5 

t 

7 
» 

(      |M      ^ 

n    Les  deiiN.  Tableaux  ci-conire  indiquent  les  résullals,  que  traduisent  les  courbes  I 
et  II. 

B 


Hystérésis  (l"nn  cylinflre  ik-  fer  floux. 

Courbe  I.  —  Essai  à  +  2J°;  x  points  d'expérience. 
Courbe  II.  —  Essai  à  —  iSS";  o  points  d'expérience. 

»  On  voit  que,  pour  rindiictioii  maxima  employée,  soit  environ 
i5ooo  C.G.  S.,  la  perméabilité  à  —  i85°  diffère  de  moins  de  2,5  pour  loo 
de  ce  qu'elle  était  à  +  20°.  L'hystérésis  est  également  très  sensiblement 
constant,  comme  le  montre  la  superposition  presque  parfaite  des  deux 
courbes. 

»  Un  autre  essai,  pour  une  induction  voisine  de  loooo  C.G. S.,  a  montré 
une  diminution  plus  accentuée  de  la  perméabilité  aux  basses  températures, 
soit  5  pour  100,  mais  le  manque  d'air  liquide  ne  m'a  pas  permis  d'appro- 
fondir le  fait. 

»  En  résumé,  ces  expériences  confirment  jusqu'à  —  i85°  les  conclusions 
que  M.  Thiesseu  ('  )  a  tirées  d'essais  poussés  à  —  80°  seulement,  à  savoir 
que,  pour  des  inductions  considérables,  la  perméabilité  et  la  perte  hystéré- 
tique  du  fer  resteraient  constantes,  sauf  une  légère  tendance  à  la  dimi- 
nution. 

»   D  après  ce  qui  précède,  mes  essais  vérifient  également,  autant  que 


(')   P/iysical  flauet^;  févi'ier  iSyg. 

G.  K.,   1899,  3»  Semestre.  (T.  C.\\l\,  N"  8. 


JJ 


(  1'2  ) 

j'ai  pu  m'en  rendre  compte,  cette  autre  conclusion  du  même  auteur,  en 
contradiction  avec  les  résultats  antérieurs  de  Dewar  et  Fleming,  que,  pour 
de  faibles  inductions,  la  perméabilité  et  l'hystérésis  diminuent  au  contraire 
d'une  manière  très  notable  avec  la  température  (  '  ).  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Décomposition  du  phosphate  monomanganeux  par  l' eau 
ào° età  ioo°(-).  Note  deM.  Georges  Yiard,  présentée  parM.  Troost. 

('   La  décomposition  du  phosphate   monomanganeux 

(PO')=MnIl^  +  2IPO 

par  l'eau  soit  froide,  soit  chaude,  est  connue  depuis  le  travail  d'Erlen- 
meyer  et  Heinrich  (Lieb.  Ann.  Ch.,  18^7)  qui  en  ont  fait  connaître  les 
points  les  plus  essentiels,  à  savoir  que  l'eau  froide  fournit  un  précipité 
cristallisé  de  phosphate  dimanganenx  (PO')-Mii- 11- +  6H-0,  et  l'eau 
chaude  un  précipité  cristallisé  (PO')HIn-H-  +  (PO')-Mn^+  4H='0,  in- 
termédiaire entre  le  di  et  le  trimanganeux  et  appelé  par  les  auteurs  phos- 
phate ditrimanganeux . 

«  Le  phénomène  était  ainsi  bien  connu  qualitativement;  il  l'était  beau- 
coup moins  au  point  de  vue  quantitatif,  les  auteurs  n'ayant  effectué  que 
trois  déterminations  numériques,  ce  qui  est,  nous  le  verrons,  tout  à  fait  in- 
suffisant pour  suivre  la  marche  de  la  réaction  à  100". 

»  Aussi  ai-je  cru  devoir  reprendre  d'une  manière  plus  approfondie 
l'étude  numérique  de  cette  réaction,  en  faisant  deux  séries  d'opérations 
aux  températures  fixes  de  0°  et  100°. 

))  Les  dosages  ont  été -faits  par  la  méthode  de  Gibbs  dont  l'emploi  est 
ici  particulièrement  commode  puisque  le  liquide  contient  toujours  plus  du 
double  de  la  quantité  d'acide  phosphorique  nécessaire  pour  la  formation 
du  phosphate  ammoniaco-manganeux. 

»  Décomposilion  par  l'eau  à  0°. —  Différents  poids  de  phosphate  monomanganeux 

(')  Ces  recherches  ont  pu  ùire  eflecluées  au  Laboratoire  central  d'Electricité  grâce 
à  re\lrêine  obligeance  de  MM.  Laporte  et  David,  chefs  des  travaux  pratiques. 

J'ai  à  adresser  mes  sincères  remercîmenls  à  M.  le  professeur  Linde,  de  l'École 
Polytechnique  de  Municii,  qui  a  bien  voulu,  pour  ces  expériences  et  d'autres  d'un 
ordre  diflerent,  faire  mettre  à  ma  disposition,  à  Stoiberg,  près  Aix-la-Chapelle,  l'air 
liquide  fourni  par  la  belle  machine  des  usines  de  la  Rhénania. 

(■-)  Travail  fait  au  laboratoire  de  M.  Lemoine,  à  rÉcoie  Polytechnique. 


(  4i3  ) 

ont  élé  mis  en  digestion  avec  un  poids  donni!'  d'eau  dans  des  flacons  placés  dans  une 
glacière  et  agités  plusieurs  fois  par  jour.  Au  bout  de  plusieurs  jours  (une  douzaine  el 
davantage),  le  précipité  était  recueilli  sur  un  filtre  et  le  liquide  filtré  analysé.  Si  l'on 
suppose  que  le  manganèse  resté  dissous  est  k  l'état  de  phosphate  monomanganeux,  on 
peut  diviser  par  la  pensée  l'acide  phosphorique  total  e\istant  dans  la  dissolution  en 
acide  combiné  et  en  acide  libre,  et  le  rapport  11  de  l'acide  total  à  l'acide  combiné 
pourra  servir  de  mesure  à  la  décomposition  plus  ou  moins  considérable  effectuée  par 
l'eau.  En  appelant  /)  el  p'  les  poids  de  P-O'  et  de  MnO  contenus  dans  une  quantité 
donnée  de  liqueur,  R  est  donné  par 


R-4x 


IL  —  l.E 

i^ii        a  p' 


n  Les   résultats   sont    donnés  par  le  Tableau  suivant,   dans  lequel  P  représente  le 

nombre  de   grammes  de  phosphnte  monobasique  réagissant  sur  loos'' d'eau,  MnO  et 

P-0^  les  poids  en  milligrammes  de  ces  corps  contenus  dans  is''  de  liquide  et  enfin  D 
la  densité  de  ce  liquide. 


P. 

10 

20 

100 


R. 

I  ,o6 
i,:4 
1,19 


Mn  O. 

19.75 
33,39 

97  -  42 


P=0''. 

41,90 
76,04 

9.32  ,o5 


,06 

,11 
,39 


)>  On  voit  que  la  décomposition  est  d'autant  plu-  accentuée  que  la  proportion  d'eau 
est  moindre.  C'est  bien  ce  qu'avaient  observé  Erlenme^er  et  Heinrich  et  ensuite 
M.  Jolj-.  Aussi,  avec  un  excès  d'eau  suffisant,  le  sel  monobasique  peut  se  dissoudre 
sans  décomposition  appréciable;  c'est  ce  qui  a  lien  avec  jS''  de  sel  pour  igob''  d'eau. 

)i  Décomposithn  par  l'eau  à  100°.  —  Pour  faire  réagir  à  100°  des  poids  donnés 
d'eau  et  de  phosphate  monomanganeux  je  les  ai  enfermés  dans  des  tubes  scellés  placés 
horizontalement  au  fond  d'un  bain-marie  maintenu  en  ébullition  pendant  une  huitaine 
d'heures;  les  secousses  produites  par  cette  ébullition  avaient  l'avantage  d'agiter  con- 
linuellemenlle  contenu  du  tube  scellé.  Celui-ci  une  fois  ouvert,  on  filtrait  son  contenu 
dans  un  entonnoir  cliaufie,  et  cela  le  plus  rapidement  possible,  car  si  la  liqueur-acide 
se  refroidissait  au  contact  du  précipité,  elle  le  redissoud.rait  peu  à  peu. 


P. 

o,.5 


2 

5 

10 

20 

3o 

5o 

100 

i5o 

200 

25o 

3oo 

4oo 


R. 

,24 
,38 
,56 

.75 
,85 

,88 
,83 

>75 
,65 
,55 
,55 
,54 
,54 

,52 


MnO. 
0,926 

1,56 
2,65 
5,43 

9.87 
18,00 

26,39 

4i  ,53 

70,53 

93,52 

io6,o4 

I i5,42 

122,70 

•33,77 


P=0=. 

2,29 

4,3o 

8,25 

19,06 

36,55 

67,80 

96,73 
145,27 
232,59 
290,08 
33o, 12 
354,25 
377,87 
405,95 


D. 

» 

I  ,oo5 
1 ,010 
1 ,025 
I  ,o4 
1,08 
1,11 
1,18 

1,32 

1 ,42 
i,5o 
1 ,56 


(  4i.1  ) 

»  On  voit  que,  pour  des  valeurs  de  P  croissanl  à  partir  de  o,  K  croit  d'abord  rapi- 
dement, atteint  un  maximum  vers  P  =  20  et  décroît  ensuite  lentement  pour  devenir, 
à  partir  de  Pi=i5o,  presque  constant  et  égal  à  |.  Le  graphique  ci-dessous,  où  l'on  a 
porté  P  en  abscisse  et  R  —  1  en  ordonnée,  met  bien  en  évidence  ces  variations. 


»  Ainsi,  tant  que  la  proportion  de  sel  monobasique  ne  dépasse  pas  20  de 
sel  pour  100  d'eau,  la  décomposition  par  l'eau  à  100"  est  tout  à  fait  ana- 
logue à  celles  que  M.  Joly  {Comptes  rendus,  i883  et  1884)  a  observées  pour 
les  phosphates  de  Ba  et  de  Ca,  à  celles  que  j'ai  observées  pour  les  mêmes 
phosphates  à  100°  {Comptes  rendus,  1898)  et  aussi  à  celle  du  phosphate  de 
Mn  à  froid  étudiée  dans  la  présente  Note  :  elle  va  en  s'accentuant  à  me- 
sure que  la  proportion  de  sel  augmente.  Pour  une  concentration  plus  forte 
(au  delà  de  P  =  20)  les  choses  se  passent  d'une  façon  tout  opposée,  et  la 
décomposition  devient  de  moins  en  moins  accentuée  à  mesure  que  la  pro- 
portion de  sel  augmente,  rappelant  ainsi,  dans  une  certaine  mesure,  les 
sels  de  Hg,  Sb,  Bi  étudiés  par  M.  Ditte. 

»  Les  trois  déterminations  effectuées  jadis  par  Erlenmeyer  et  Heinrich 
ayant  porté  seulement  sur  trois  concentrations  voisines  (P  =  1,  P  =  2  et 
P  =4)  l'existence  du  maximum  de  R  devait  forcément  leur  échapper. 

»  Quant  au  sel  insoluble  qui  prend  naissance  dans  l'action  de  l'eau  à 
100°,  l'analyse  montre  qu'il  est  toujours  formé  de  phosphate  ditriman- 
ganeux.  » 


(  4.5  ) 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Sur  la  persistance  des  conlraclions  cardiaques 
pendant  les  phénomènes  de  régression  chez  les  Tunicicrs.  Note  de  M.  Antoine 
PizoN,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  J'ai  fait  connaître  récemment  la  vitalité  particulière  du  cœur  de  cer- 
tains Tuniciers  bourgeonnants  (Botrylloïdes  rubrum)  pendant  les  phéno- 
mènes de  régression  tlont  ils  sont  le  siège  (').  J'ai  montré  qu'après  la 
mort  de  l'ascidiozoïde,  le  cœur,  au  lieu  de  se  désagréger  comme  les  autres 
organes,  reste  absolument  intact  pendant  les  trois  ou  quatre  premiers 
jours  de  la  dégénérescence  et  qu'il  continue  à  fonctionner,  (;omme  pendant 
le  vivant,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  reste  plus  de  l'individu  primitif  qu'une  toute 
petite  masse  granuleuse  de  quelques  dixièmes  de  millimètre. 

»  Cette  persistance  des  contractions  cardiaques  après  la  mort  de  l'asci- 
diozoïde n'est  pas  spéciale  au  Botrylloïdes  rubrum,  chez  lequel  je  l'ai  con- 
statée en  premier  lieu;  elle  paraît  générale  chez  les  Ascidies  composées, 
car,  dans  de  nouvelles  recherches,  je  l'ai  observée  chez  la  famille  des 
Distomidés  (Distaplia  rosea)  et  chez  d'autres  représentants  de  la  famille 
des  Botryllidés  (oozoïdes  de  Botrylloïdes  rubrum,  oozoïdes  et  blastozoïdes  de 
Botryllus  Schlosseri  et  de  B.  violaceus). 

»    Voici  ce  que  l'on  observe  sur  les  oozoïdes  de  B.  Schlosseri  : 

»  Au  bout  de  trois  à  quatre  jours  de  fixation,  l'ouzoïde  entre  en  régression;  ses 
orifices  se  ferment,  la  brancliie  se  contracte  et  ses  éléments  se  dissocient;  les  autres 
organes,  intestin,  ganglion  nerveux,  etc.,  ne  lardent  pas  à  subir  la  même  désagréga- 
tion et  le  tout  se  résout  en  un  amas  de  globules  isolés  ou  réunis  par  petits  paquets. 

»  Mais  le  cœur  reste  intact  au  milieu  de  cette  dégénérescence  générale  et  con- 
serve son  activité  fonctionnelle  ;  on  l'aperçoit,  au  sein  de  la  masse  granuleuse,  se  con- 
tractant régulièrement  comme  sur  le  vivant,  tantôt  dans  un  sens,  tantôt  dans  l'autre. 
Les  éléments  sanguins  et  les  globules  provenant  de  la  destruction  des  organes  larvaires 
sont  chassés,  par  ses  contractions,  dans  l'appareil  circulatoire  colonial;  ils  s'accu- 
mulent dans  les  cavités  du  jeune  bourgeon  en  voie  de  développement  et  surtout  dans 
les  huit  ampoules  ectodermiques  de  la  périphérie,  autour  desquelles  la  production  de 
la  substance  tunicière  est  extrèment  active. 

»  C'est  ainsi  que  la  masse  de  l'oozoïde  va  en  diminuant  progressivement,  tandis 
que  le  bourgeon  s'accroît  de  son  côté.  Au  bout  du  troisième  jour,  la  régression  est 
déjà  considérablement  avancée  et  il  ne  reste  guère  de  l'ancien  ascidiozoïde  qu'un 


(')  A.  PizoN,  Éludes  biologiques  sur  les  Tuniciers  coloniaujc  Jixés  {Bull,  des  Se. 
nat.  de  l'Ouest,  3i  mars  1899). 


(  4i6  ) 

petit  amas  granuleux,  dont  le  volume  dépasse  à  peine  celui  d'une  des  ampoules  san- 
guines de  la  périphérie. 

»  Le  cœur,  qui  avait  continué  à  battre  j'égtillèrement  jusque-là.  commence 
seulement  à  se  ralentir  lorsque  l'oozoïde  a  atteint  une  telle  réduction  ;  ses  mouvements 
s'espacent  de  plus  en  plus;  c'est  ordinairement  vers  la  fin  de  ce  troisième  jour  qu'il 
finit  par  s'arrêter  complètement  et  qu'il  se  désagrège  à  son  tour. 

»  D'autre  part,  le  cœur  est  aussi  le  premier  organe  qui  entre  en  fonc- 
tion :  au  moment  où  l'oozoïde  entre  en  régression,  son  bourgeon  est  encore 
très  rudimentaire  et  atteint  à  peine  le  cinquième  de  la  taille  adulte;  il 
n'en  est  pas  moins  vrai  que  très  peu  de  temps  après  (vingt-quatre  heures 
environ)  son  cœur  se  met  à  battre,  associant  ses  contractions  rythmiques  à 
celles  de  l'oozoïde;  ce  n'est  que  deux  ou  trois  jours  plus  tard  qu'il 
ouvre  ses  orifices  à  l'extérieur  et  que  ses  autres  organes  commencent  à 
fonctionner. 

»  La  durée  de  la  phase  adulte  de  ce  second  individu  est  à  peu  près 
celle  de  l'oozoïde  et  n'excède  pas  de  quatre  à  cinq  jours,  après  quoi  il 
éprouve  une  régression  aussi  rapide;  seul,  le  cœur  persiste  encore  pendant 
trois  ou  quatre  jours,  jusqu'à  ce  que  la  plus  grande  partie  des  globules 
d'oriffine  régressive  soient  chassés  dans  le  svstème  vasculaire  colonial. 

»  Chez  tous  les  individus  qui  vont  se  développer  ultérieurement  dans  la 
colonie,  par  voie  de  bourgeonnement  continu,  on  retrouve  la  même  pré- 
cocité des  contractions  cardiaques  et  leur  persistance  après  la  mort. 

»  J'ai  observé  les  mêmes  faits  chez  les  larves  de  Botrylloides  ruhrnm 
ainsi  que  chez  les  larves  et  les  colonies  âgées  de  Bolryllus  riolaceus. 

»  On  pourrait  croire  que  la  vitalité  particulière  du  cœur  chez  les  Botryl- 
lidés  est  liée  à  l'existence,  chez  ces  animaux,  d'un  réseau  vasculaire  colo- 
nial, par  lequel  les  cléments  en  dégénérescence  sont  distribués  chez  les 
individus  survivants.  Mais  je  l'ai  observée  aussi  chez  les  Lislaplia  rosea,  qui 
appartiennent  à  une  famille  très  différente  d'Ascidies  composées  (famille 
des  Distomidés)  et  dont  les  individus  vivent  associés  en  petites  cœnobies, 
sans  jamais  être  en  relation  les  uns  avec  les  autres  par  des  tubes  vascu- 
laires.  Après  la  mort,  alors  que  les  différents  organes  sont  dissociés  et  ré- 
duits à  une  masse  de  globules,  on  voit  encore,  au  sein  de  cette  dernière,  le 
cœur  continuer  à  battre  jusqu'au  moment  oii  tous  ces  éléments  dissociés 
émigrent  dans  la  tunique,  isolément  ou  par  petits  paquets  semblables  à  des 
morulas. 

»  Par  les  exemples  que  je  viens  de  citer  et  qui  sont  fournis  par  deux  fa- 
milles très  différentes  d'Ascidies  composées,  on  peut  penser  que  la  persi- 


(4i7) 
slance  des  conlractions  cardiaques  pendant  les  phénomènes  régressifs  est 
un  fait  général  chez  les  Tuniciers  bourgeonnants,  rappelant  celle  que 
présentent  les  Insectes  pendant  leurs  niétanicirphoses;  il  est  très  vrai- 
semblable, ainsi  que  je  l'ai  déjà  fait  remarquer  ('),  qu'une  telle  vitalité 
n'est  pas  autre  chose  qu'un  réflexe  provoqué  par  les  globules  eux-mêmes, 
et  comparable  à  celui  que  les  physiologistes  déterminent  sur  un  cœur  isolé 
de  grenouille,  en  y  faisant  passer  un  courant  sanguin.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  température  et  ses  variations  dans  l'atmo- 
sphère libre,  d'après  les  observations  de  quatre-vingt-dix  ballons-sondes. 
Note  de  IM.  L.  Teisserenc  de  Bort,  présentée  par  M.  E.  Mascart. 

«  La  connaissance  de  la  distribution  de  la  température  dans  la  ver- 
ticale aux  diverses  époques  de  l'année  et  suivant  les  circonstances  mé- 
téorologiques différentes  est  un  élément  capital  pour  la  Piiysique  du 
globe  et  la  Météorologie. 

»  Jusqu'ici  les  données  que  nous  possédons  sur  la  température  dans 
l'atmosphère  libre  sont  très  limitées,  à  cause  du  petit  nombre  d'ascensions 
scientifiques  de  ballons  montés  qui  aient  été  fuites  à  grande  hauteur,  et 
aussi  parce  que  ces  ascensions  ne  peuvent  guère  avoir  lieu  par  mauvais 
temps,  en  sorte  que  tout  un  ordre  de  situations  atmospliériques  inté- 
ressantes échappe  à  nos  investigations. 

»  L'emploi  de  ballous-somles,  inauguré  en  iSg^  par  les  aéronautes 
français,  permet,  au  contraire,  de  procéder  à  des  explorations  répétées  de 
l'air  en  toute  circonstance. 

1)  A  l'étude  des  couches  basses  de  l'atmosphère  par  les  cerfs-volants, 
poursuivie  déj;i,  depuis  deux  ans,  à  l'observatoire  de  Météorologie  dyna- 
mique, nous  avons  joint  des  explorations  méthodiques  par  ballons-sondes 
pour  les  hautes  régions. 

»  Après  quelques  essais  préliminaires,  nos  lancés  utiles  ont  commencé 
à  Trappes  en  avril  1898  et  ont  été  exécutés  à  diverses  reprises  chaque 
mois  depuis  cette  époque,  les  ascensions  étant  1res  rapprochées  à  certains 
moments,  pour  suivre  les  modifications  qui  se  produisent  dans  l'atmo* 
sphère.  Nous  avons  pu  ainsi  recueillir  un  ensemble  de  documents  scienti- 
fiques qui  est,  sans  doute,  de  beaucoup  le  plus  important  de  ceux  que 

(  '  )  Loc.  cit. 


(  4iH  ) 

l'on  possède  sur  ces  questions,  car  il  repose  sur  plus  de  cent  ascensions 
de  ballons-sondes,  dont  sept  ont  dépassé  i4ooo™,  vingt-quatre  i3ooo™, 
cinquante-trois  ont  atteint  la  hauteur  de  9000™. 

»  La  valeur  des  documents  rapportés  par  les  enregistreurs  dépendant 
avant  tout  des  précautions  prises  pour  en  assurer  l'exactitude,  nous  avons 
mis  tous  nos  soins,  ainsi  que  je  l'ai  indiqué  à  l'Académie  dans  ma  Note  du 
II  juillet  1898,  à  bien  protéger  le  thermomètre  de  toutes  les  causes  d'er- 
reur. Diverses  améliorations  ont  été  apportées  à  notre  matériel,  mais  les 
instruments  qui  nous  ont  servi  dans  nos  premières  ascensions  ont  été 
tout  récemment  encore  utilisés  concurremment  avec  ceux  qui  ont  été  con- 
struits depuis  et  donnent  des  résultats  comparables.  La  série  des  observa- 
lions  est  donc  homogène  dans  son  ensemble. 

»  Le  dépouillement  des  courbes  rapportées  par  les  ballons-sondes  per- 
met de  dresser  le  graphique  ci-après  qui,  pour  la  première  fois,  donne  une 
idée  de  la  température  et  de  ses  variations  au  cours  d'une  année  dans 
l'atmosphère  libre  jusqu'à  l'altitude  de  1 1  000™.  Afin  de  ne  pas  compliquer 
ce  graphique,  nous  nous  sommes  bornés  à  y  figurer  l'altitude  à  laquelle 
les  ballons  ont  rencontré  quelques  températures  caractéristiques  :  0°, 
—  25°,  —40°,  — So". 

»  Il  se  dégage,  de  la  discussion  de  l'ensemble  des  documents,  les  faits 
généraux  suivants  : 

»  ï°  La  température  à  diverses  hauteurs  présente,  dans  le  cours  de  l'année, 
des  variations  importantes  et  bien  plus  considérables  qu'on  ne  l'a  admis  d'après 
les  anciennes  observations  faites  en  ballon. 

))  La  température  0°  se  trouve  à  des  hauteurs  très  différentes,  ce  qu'ex- 
pliquent bien  les  variations  de  température  du  sol  qui  lui-même  atteint 
souvent  celte  température  en  hiver,  tandis  qu'il  s'échauffe  fortement  en  été. 
Ainsi  l'isotherme  de  o"  qui  à  certains  moments  est  au  sol,  ou  n'existe  pas 
du  tout  dans  l'atmosphère  (dans  le  cas  de  températures  négatives  en  bas) 
s'en  éloigne  à  d'autres  et  dans  la  saison  chaude  peut  être  rencontré  au- 
dessus  de  4000"'. 

))  L'isotherme  de  —  aS",  qui  reste  ordinairement  éloigné  du  sol,  est  sujet 
aussi  îi  de  grandes  variations  de  hauteur.  On  le  Irouve  vers  3ooo'"  en  hiver 
et  au-dessus  de  7000™  en  été.  En  septembre  nous  l'avons  même  rencontré 
à  plus  de  8000™;  soit  une  variation  d'altitude  dans  le  cours  de  seize  mois 
d'observations  de  5ooo™  (et  vraisemblablement  nous  n'avons  pas  observé 
les  extrêmes). 

»  L'isotherme  de   —  40"  s'est  abaissé  plusieurs  fois   vers  Gooo™  et  se 


(  4'9  ) 
Irouve  ordinairement  vers  9000™,  dépassant  même  cette  altitude,  surtout 
vers  la  fin  de  l'été. 

»  La  température  de  —  So"  n'a  jamais  été  rencontrée  bien  au-dessous 
de  8000™;  sa  plus  grande  hauteur  a  été  constatée  en  septembre  1898  et 
en  juillet  1899,  à  12000™.  Elle  varie  donc  au  moins  de  4000"". 

»  On  voit  que,  même  à  cette  altitude  où  l'on  a  dépassé  les  deux  tiers  de 
la  masse  de  l'atmosphère,  les  variations  dans  la  température  sont  encore 
très  étendues. 

"  1°  Il  semble  d'après  ces  observations  quil  y  ait,  même  jusque  vers 
10000"",  une  tendance  assez  marquée  à  une  variation  annuelle  de  la  tem- 
pérature, le  maximum  thermique  ayant  lieu  vers  la  fin  de  Celé,  le  mini- 
mum à  la  fin  de  l'hiver;  mais  ce  phénomène  est  troublé  par  les  variations 
d'un  jour  à  l'autre  se  rapportant  aux  changements  de  situation  atmosphé- 
rique, variations  qui  sont  très  marquées.  C'est  ainsi  que,  dans  une  même 
saison,  on  trouve  par  exemple  l'isotherme  —  f\o°  à  Sooo""  le  i4  mars  1899 
et  à  6600™  le  24. 


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1    Cl    <\)  lo    g    t 


Diagramme  représentant  la  hauteur  à  laquelle  on  a  rencontré  à  diverses  dates  les  isotliormes  de  o, 
—  25,  —40,  —  5o.  En  bas  sont  indiquées  les  températures  prises  au  sol  au  départ  du  ballon.  Les 
isothermes  de  — 4o  et  — 5o  manquent  dans  certaines  ascensions,  les  ballons  ne  s'étant  pas  élevés 
assez  haut  pour  les  rencontrer. 

56 


G.  R.,   iS 


Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  8.) 


(    420    ) 

»  Si  l'on  calcule  la  variabilité  delà  température  à  diverses  hauteurs,  en 
déterminant  les  écarts  positifs  ou  négatifs  des  températures  de  chaque 
ascension  à  la  moyenne  générale  pour  cette  altitude,  on  voit  que,  dès 
qu'on  s'est  un  peu  éloigné  du  sol,  les  écarts  ne  diffèrent  pas  beaucouj) 
avec  l'altitude  jusqu'à  gooo"". 

»  Le  Tableau  ci-dessous  donne  les  écartsmoyens  de  deux  groupes  de  tem- 
pératures à  peu  près  d'égale  importance,  comprenant  en  tout  les  résultats 
de  80  ascensions;  il  montre  (contrairement  à  ce  qu'on  a  admis  jusqu'ici) 
qu'il  n'y  a  pas  d'atténuation  rapide  de  la  variabilité  thermique  avec  la 
hauteur.  Il  est  d'ailleurs  probable  que  la  répartition  des  écarts  dans  la 
verticale  varie  avec  le  type  du  temps 


Allitude 
au  sol. 

m 
171 

1000 

2000 

3ooo 
/Jooo 
5ooo 
6000 
7000 
8000 
9000 


Écarts  moyens. 

(a). 

(6). 

5,36 

5,75 

5,48 

5, .4 

5,54 

5,74 

5>97 

6,3o 

6,17 

6,56 

5,91 

6,82 

6,53 

6,63 

6,81 

6,  i5 

6,45 

5,76 

6,61 

4,81 

Moyenne  des  deux  séries 
en  tenant  compte  des  poids. 

5,53 
5,20 
5,63 
6,  n 
6,36 
6,34 
6,59 
6,45 
6,o5 
5,55 


(a)  Ballons  lancés  d'avril  1898  au  milieu  de  février  1899. 
{b)  Ballons  de  février  à  juillet  1899. 

))  La  décroissance  de  température  dans  la  verticale  varie  sensiblement 
d'un  jour  à  l'autre,  et  ces  variations,  comme  celles  des  températures  elles- 
mêmes,  sont  liées  aux  diverses  situations  atmosphériques. 

»  Nous  nous  proposons  d'examiner  ces  relations  dans  une  autre  Note.  » 


La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 


M.   B. 


(    421     ) 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  21  août  1899. 

Comité  international  des  Poids  et  Mesures.  Procès-Verhaux  des  séances 
de  1899.  P;iris,  Gauthier-Villars,  1899;  i  vol.  in-B". 

Recherches  sur  la  Météorologie  et  les  Météorologistes  à  Montpellier,  du 
xviu*  siècle  jusqu  à  nos  jours,  par  Edouard  Roche,  retrouvées  dans  ses  pa- 
piers et  publiées  par  son  frère.  {^Académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Mont- 
pellier. Mémoires  delà  Section  des  Sciences,  1^  série,  t.  II,  n°  5.^  Montpellier, 
Delord-Boehm  et  Martial,  1898;  i  vo\.  in-8°. 

Plantes  médicinales  et  toxiques  du  département  de  l' Hérault,  par  le  D*"  Louis 
Planchon.  {Académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Montpellier.  Mémoires  de  In 
Section  de  Médecine,  2*  série,  t.  I,  n°  3.)  Montpellier,  Delord-Boehm  et 
Martial,  1899;  i  vol.  in-8°. 

Paralysie  générale  :  Étiologie,  pathogénie,  traitement,  par  le  D'  Mairet 
et  le  D''  Vires.  (Académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Montpellier.  Mémoires  de 
la  Section  de  Médecine,  2°  série,  t.  I,  n"  2.)  Montpellier,  Delord-Boehm  et 
Martial,  1898;  i  vol.  in-8°. 

Vie  physique  de  notre  planète  devant  les  lumières  de  la  Science  contempo- 
raine, par  A.  Klossovsky.  Odessa,  1899;  i  fasc.  in-8°. 

Ueber  die  Zeitbestimmung  im  Verticale  des  Polsternes,  von  Paul  Harzer. 
(Publication  der  Stermvarte  in  Kiel,  t.  X,  herausgeg.  von  P.  Harzer,  Direc- 
tor  àer  Sternwarte.)  Leipzig,  Breitkopf  u.  Hàrtel,  1899;  i  fasc.  in-4°- 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

Astronomische  Mittheilungen,  gegrundet  von  D*'  Rudolf  Wolf,  n"  XC, 
herausgeg.  von  A.  Wolfer.  {Separatahd.  aus  der  Vierteljahrsschrift  der  na- 
turforschenden  Gesellschaft  in  Zurich,  Jahrgang  XLIV,   1899.)   i  fasc.  in-8°. 

Methods  of  determining  the  frequency  of  alternating  carrent  s,  by  Carl 
KiNSLEY.  (Jàe}pr[n\ei\  irom  The  electrician,  Jnne  16,  1899.)  i  fasc.  in-12. 

The  anatomy  and  physiology  oj  the  mouthparts  of  the  Collemholan,  Orche- 
sella  Cincta  L.,  by  Justus  Watson  Folsom.  (Bul.  of  the  Muséum  of  com- 
parative zoôlogy  at  Earward  Collège,  vol.  XXXV,  n°  2.)  i  fasc.  in-8°. 
(With  the  com[)liraents  of  Alexander  Agassiz.) 

Estudio  sobre  San  Salvador  desde  et  punlo  de  vista  medico,  por  Isidor  B. 
Juarez.  San  Salvador,  1899;  i  fasc.  in-8'\ 


(    422    ) 

Keine  Hungerkalastrophen ,  keine  Eungerlyphus.  .  .  .  auf  dem  Erdball 
mehrl ....  Ein  Appellan  aile  Staalsgewalten  der  gesammlen  cwilisirlen  Welt, 
die  beim  Welt-Friedenscongress  verlrelen  sein  verden,  von  Coelestin  Zydli- 
KiEwicz.  Kolomea,  M.  Biloiis,  1899;  i  fasc.  in-12. 

Money's  worlh  orthe  anthmetic  ofthe  mechanism  ofthe  world's  présent  in- 
terchanges ofsevenmonctary  and  currencyintermediaries bv  John  Henry 

Norman.  G.-P.  Putnam's  sons,  New  York,  1899;   '  f^^c.  in-12. 

Geological  Survey  of  Canada.  Contributions  to  Canadian  palœontology. 
Vol.  I,  by  J.-F.  Whiteayes,  part.  Y,  7  :  On  some  additional or  imperfectly 
understood fossils  from  the  Hamilton  formation  of  Ontario,  with  a  revised  list 
of  the  species  therefrorn.  Ottawa,  S.-E.  Dawson,  1885-98;  i  fasc.  in-8°. 


ERRATA. 


»  (Séance  du  7  août   1899. i 

Note  de  M.  Gabriel  Bertrand,  Sur  quelques  propriétés  de  la  dioxv- 
acétone,  etc.  : 

Page  3:j2,  ligne  3,  ou  lieu  de  70°,  lisez  80°. 
Page  344.  ligne  19,  du  lieu  de  96-97,  lisez  108. 

i 

(Séance  du  \\   août  1899.) 

Note  de  MM.  Rerthelot  et  Delépine,  Recherches  sur  les  dérivés  métalliques 
de  l'acétylène  : 

Page  363,  ligne  i4,  au  lieu  de  une  trace  d'argentacétyle,  lisez  une  trace  d'azotate 
d'argentacétjle. 

Page  374,  ligne-4  en  remontant,  au  lieu  de  calculé  5,77,  lisez  calculé  6,77. 

Page  379,  ligne  8,  au  lieu  de  un  atome  d'azote  fixé,  lisez  un  demi-atome  d'azote 
fixé. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n"  55. 

Jepuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  Toluraes  in-i-  Deux 
les,  lune  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
lart  du  I    janvier. 

Le  prix  de  Vabonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
■  Paris  :  JO  fr.  -  Départements  :  30  fr.  -  Union  postale  :  3i  fr.  -  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


chez  Messieurs  : 
i Ferryn  frères. 

I  Chaix. 
r ' Jourdaa. 

(  Ruff. 
<ns Courtin-Hecquet. 

(  Germain  et  Grassin 

(  Lachèse. 

nne ...     Jérôme. 

içon Jacquard.  _ 

,  Feret. 
!aux Laurens. 

I  Muller  (G.). 
fes Renaud. 

Derrien. 

F.  Robert, 
i  J.  Robert. 
'  Uzel  frères. 

Jouan. 

àerr Perrin. 

)  Henry. 

f  Marguerie. 

(  Juliot. 

(  Ribou-Collay. 

.  Lamarche. 

Rate). 

'  Rey. 

I  Lauverjat. 
(  Degez. 

bU jDrevet. 

'  Gratier  et  G'*. 
chelle Foucher. 

(  Bourdignon. 
(  Dombre. 
)  Tliorez. 
(  Quarré. 


Lorient. 


Lyon. 


ourg. . . 
.ont-Ferr. . . 


chez  Messieurs  : 
1  Baumal. 
'  M"'  Texier. 

Bernoux  et  Cumin 

Georg. 

Côte. 

Savy. 

Vitte. 
Marseille Ruât. 

Ht     .     !?■  t  Calas. 

Montpellier ' 

^  '  Coulet. 

Moulins Martial  Place. 

I  Jacques. 
Nancy Grosjean-Maupin. 

(  Sidot  frères. 

(  Loiseau. 

!  Veloppé. 

)  Barma. 

/  Visconti  et  G'*. 

IS'imes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

„   ., .  1  Blanchier. 

Poitiers !    . 

(  Marche. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Bocheforl Girard  (  M""  ). 

_  ,  Langlois. 

Houen ". 

[  Lestringant. 

S'-Etienne Chevalier. 

\  Ponleil-Burles. 

(  Kumébe. 

1  Gimet. 

I  Privât. 

iBoisselier. 
Péricat. 
Suppligeon. 

Valenciennes * 

(  Lemaitre. 


Nantes 

Nice. . .  . 


Toulon . 


Toulouse. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


Buckarest. 


chez  Messieurs  : 

j  Feikema    Caarelsen 

'      et  Ci". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C". 
Dames. 
Friedlander   et   fils. 

1  Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

I  Lamertin. 
Bruxelles !  MayolezetAudiarte. 

(  Lebègue  et  C'". 

(  Sotcheck  et  C°. 

I  Stovck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gênes Beuf. 

iCherbuliez. 
Georg. 
Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frères. 

I  Benda. 
■  I  Payot. 
,'  Barth. 
I  Brockhaus. 

Leipzig <  Lorentz. 

Max  Riibe. 
Twietmeyer. 
\  Desoer. 
I  Gnusé. 


Londres 

Luxembourg . 
Madrid 


Milan .... 
Moscou. . . . 
Naples . . . . 

New- York. 


Lausanne. 


Liège. 


Odessa 

Oxford 

Palerme 

Porto 

Prague 

Bio-Janeiro . 


Borne . 


Botterdam . 
Stockholm.. 


S'-Petersbourg . . 


Turin. 


Varsovie. 
Vérone . . . 


Vienne . 
ZUrich . 


chez  .Messieurs  : 
I  Dulau. 

1  Hachette  et  C'v 
'Nutt. 

V.  Buck. 

Libr.  Gutenberg. 

Romo  y  Fusse). 
I  Gonzalès  e  hijos. 
(  F.  Fé. 

(  Bocca  frères. 
(  Hœpfi. 

Tastevin. 
(  Marghieri  di  Gius. 
(  Pellerano. 
(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
j  Stechert. 

'  LenickeelBuechner 
Rousseau. 
Parker  et  C" 
Clausen. 

Magalhaès  et  Moiiiz. 
Rivnac. 
Garnier. 
Bocca  frères. 
Loescheret  C". 
Kramers  et  fils. 
Samson  et  Wallin 
Zinserling. 
WolIT. 

Bocca  frères. 
Brero. 
Clausen. 

RosenbergetSelilir. 
Gebethner  et  Wolll 
Drucker. 
Frick. 

Gerold  et  C". 
Meyer  et  Zeller. 


âBLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4'';  1853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  —  (  i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.  )  Volume  ia-4°;  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (1"  Janvier  1866  à3i  Décembre  iSSu.)  Volume  in-4";  1889.  P'ix 15  fr. 

IPPLÉMENT  A0X  COMPTES  RENDUS  DES  SÈi^gp,?  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

I:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  OerbES  et  A.-J.-J.  Solier.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
î,par  M.Han»en.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénoménesdigeslifs,  particulièrement  daos  la  digestion  des  matières 

par  M.  Claude  Bermard.  Volume  in-4'',  avec  32  planches;  i856 15  fr. 

II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Vas  Bekeden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
Jires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée. —  Rechercher  la  nature 
ipports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  régne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronk.  10-4°,  avec  27  planches;  1861..  .■       15  fr. 


Bâme  Librairie  les  Hémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


K  8. 

TABLE  DES   ARTICLES.     (Séance  du  21  août  1899.) 


aiÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBKES  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE  LACADËMIE. 


Pages. 
M     le    Secrétaire    perpétuel   anoonce    à 
l'Académie    la    mort  de    M.   Franhlaïul 
(Edwards)   el    de   M.  Bunsen    (RoOert- 


Pages. 
iri7/îe/nî-£"''e'-/iarrf),Associésétrangers,et 
rappelle  en  quelque?  mots  les  découvertes 
faites  par  ces  deux  illustres  cliimistes ioj 


CORRESPONDANCE 


M.  Cu.  André.  —  Sur  la  cause  des  trainces 
lumioeuses  persistantes  qui  accompagnent 
certaines  étoiles  filantes 

M.  E.-O.  LoVETT.  -  Sur  un  groupe  conlinu 
infini  de  transformations  de  contact  entre 
les  droites  et  les  sphères 

M.  Geo-K.  Burgess.  —  Méthode  pour  dé- 
terminer la  constante  newtonienne 

M.  Georges  Claude.  —  Sur  les  propriétés 
magnétiques  du  fer  aux  basses  tempéra- 


tures   

bclletis  bibliographique 
Errata 


!^o.. 


4o5 


^0% 


•  I 


409 


M.  Georges  Viard.  —  Décomposition  du 
phosphate  ninnomanganeux  par  l'eau  à  o" 
et  à  loo" •  •  • 

M.  Antoine  Pizon.  —  Sur  la  persistance  des 
contractions  cardiaques  pendant  les  phé- 
nomènes de  régression  chez  les  Tuniciers. 

M.  L.  Teisserexc  de  Bort.  —  Sur  la  tem- 
pérature et  ses  variations  dans  l'atmo- 
sphère libre,  d'après  les  observations  de 
quatre-vingt-dix  ballons  sondes 


\ii 


'|i.i 


4'ii 


PARIS.   -     IMPKIMEKIE     G  AUTHIER-Vl  LL  A  RS  , 
Quai  des  Graods-Augustins,  55 


Le  Gérant  ;  («althibr-Villabs. 


SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  mn.  IaKS  secrétaires  perpétijeiiS. 


TOME  CXXIX. 


N°  9(28  Août  1899). 


»-€M&€)^ 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES   RENDUS   DES    SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES   DES   2.5   JUIN    1862   ET  p4   MAI    1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  oar  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  pu  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  i'rogrnmmes  des  prix  proposés  par  l'Acadc 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  ] 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'au 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savan 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persoi 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'i 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nom 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ex 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  ren 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tan 
jeudi  à  I  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  ten 
le  titre  seul  du  Mémoire  estinséré  dans  le  Compte  re 
actuel,  et  l'extrait  est  renvové  au  Compte  rendu 
vant  et  mis  à  la  fm  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapport 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  ap 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  duf 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mcnioires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avar.tS''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suiva 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  28   AOUT  1899, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  Michel  LÉVV. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET]   DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE.  —  Sur  une  forme  générale  des  équations  delà  Dynamique. 

Note  de  M.  P.  Appell. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  revenir  sur  la  forme  nou- 
velle des  équations  de  la  Dynamique  que  j'ai  exposée,  sur  un  cas  simple, 
dans  la  séance  du  7  août  dernier.  L'avantage  de  cette  forme  est  de  per- 
mettre d'employer  des  paramètres  qui  ne  sont  pas  de  véritables  coor- 
données, mais  qui  sont  liés  aux  coordonnées  par  des  relations  différen- 
tielles non  intégrables. 

»  Imaginons  un  système  de  points  matériels,  assujetti  à  des  liaisons  telles 
que  le  déplacement  virtuel  le  plus  général,  compatiljle  avec  les  liaisons,- 
soit  défini  comme  il  suit.  Désignons  par  ,r,  y,  z  les  coordonnées  absoUies 

C    R.,    189(1     ■!•  Semestre    (T.   CXXIX,   N»  9.)  ^1 


(  424  ) 

d'un  point  quelconque  du  système  :  le  déplacement  virtuel  lie  ce  pointa 
pour  projections 

I  Zx  =  rtfSy,  +  a.^^q^  -4-  .  .  .  -t-  a,itq„, 

(i)  Zy  =-  h^tq,  -,-  b.^lq,    ;   ...  -  h^hj,,. 

\  Iz  ^  r,  09,  +  c.,lci.^  -\-  ...  -r-  c,^lq,„ 

où  Zq^,  tq.,,  . .  .,  ^qn  sont  arbitraires  :  dans  ces  formules,  les  coefficients  «,, 
«o,  ...,c„  peuvent  dépendre  du  temps  /,  des  paramètres  ^,,  r/j,  ...,q„  et 
d'autres  paramètres  qn+i<  </n+.i>  ■  ■  ■>  ^n+p  do"'^  l^s  variations  sont  liées  à 
celles  de  y,,  q.,,  .  • .,  y„  par  des  rélalions  de  la  forme 

[    §?«+)  =  «i  Sy.  -1-  «2  S^,  -H  .  .  .  +  «„  Sy„. 

j ; ' 

les  coefficients  a,,  a.,  ...,  ),„  dépendant  également  de  t  et  de  l'ensemble 
des  paramètres  q^,  q.,  .  ■  -,  y„,  q„+,,  ■  ■  -,  qa+p-  Dans  ces  conditions,  le  dé- 
placement réel  du  système  pendant  le  temps  dt  est  défini  par  des  relations 
de  la  forme 

:   dx  =  fl,  f/(/,  +  a.,  dq.,  -(-...    H  a„  f/^^  +  a  (/f, 

(  o)  -    f/v  =  6,  dq^  +  />.  dq.^+    .  .  —  b„  dq„  +  è  c/^, 

(    dz  =  f,  Jy,  4-  f.j  ^/^.j  -1-  .    ■  -I-  c„  f/y„  +  c  dt. 


avec 


(4) 


dq„^^  =  ot,  </^,  -I-  0,2  dq.,  -1-   .  . .  +  a„  (/y„  4-  oc.  dt, 
dcjn^i  =  Pi  «^9,  +  Pj  (i(l2  +  ■■■^  P«  f^/«  -i-  P  dt, 

1 

dqn^P  =  ■^M  f''?!  +  >^o  f/^o  -I-  . .  .  -h  \i  c/y„  -^Idi, 


où  les  coefficients  a,  6,c,  a,  p,  ...,\  peuvent  dépendre  de  t,q,,  q.,  ...,  q„^p. 
»   On  peut  alors  obtenir  les  équations  du  mouvement   comme  il   suit 
Prenons,  d'une  part,  la  somme  des  travaux  virtuels  des  forces  appliquées 
et  mettons-la  sous  la  forme 

2(X  8a;  -+-  Y  ly  4-  Z  Sr-)  =  Q,  %,  -^  Q.^^r.,  + . . .  4-  Q„^,. 

Formons,  d'autre  part,  la  fonction 

S  =  \,lmi- 


(  4'-i5  ) 

égale  à  la  demi-somme  des  produits  de  la  masse  de  chaque  point  par  le 
carré  de  son  accélération;  cette  fonction  contient  les  paramètres  q^, 
</.,,  ....  Çn^py  leurs  dérivées  premières  q\,  q'.,,  ...,  q'„^p  et  leurs  dérivées 
deuxièmes  q\,  q'.,,  ....  q"„+py  les  relations  ( 'i  )  divisées  par  dl  donnent 
9«.P  y„+2'  •  •  •>  '7«+/,  en  fonction  linéaire  de  q\.  ^l q'„,  et,  en  les  déri- 
vant par  rapport  au  temps,  on  obtient  de  même  q,,^,,  q,n... 7,,+/,  en 

fonction  linéaire  de  q\,  q", q"„;  on  peut  donc  toujours  laire  en  sorte 

que  la  fonction  S  ne  contienne  plus  d'autres  dérivées  deuxièmes  que  q\, 

n\ 7«- 

»    Ola  posé,  les  équations  du  mouvement  sont 

c'est  ce  qu'on  démontre  comme  dans  la  Note  précédente. 

»  Exemple.  —  Cette  méthode  s'applique  aisément  aux  problèmes  de 
roulement;  je  me  bornerai  à  en  donner  aujourd'hui  un  exemple  tout  à 
fait  élémentaire,  en  montrant  comment  elle  permet  de  retrouver,  d'une 
façon  symétrique,  les  équations  d'Euler  pour  le  mouvement  d'un  solide 
autour  d'un  point  fixe.  Imaginons  un  solide  mobile  autour  d'un  point 
fixe  O,  et  soient  Oac,  Oy,  Oz  trois  axes  rectangulaires  entraînés  parle 
corps  et  coïncidant  avec  les  axes  principaux  d'inertie  relatifs  au  point  O. 
I^a  position  du  corps  est  définie  par  les  trois  angles  d'Euler  9,  o,  'i/  que 
font  les  axes  O.r,  y,  z  avec  des  axes  fixes;  les  composantes  de  la  rotation 
instantanée  /;,  </,  r  suivant  les  axes  mobiles  sont 

rfi    .    ,^    .  f/f) 

p  =  -^  smiJ  sMif  -h  -7-  coso, 

d'b    .     ,  d')    . 

(I  z=  —^  sinf)cos«  —  -r  smo, 

'        Ht  '        dl 

,.=  _cosO  4--. 

»  Pour  obtenir  un  déplacement  virtuel  compatible  avec  les  liaisons,  il 
suffit  de  faire  varier  0,  <p,  i^  de  Î59,  Sep,  %^.  Introduisons  alors  trois  para- 
mètres \,  ;j.,  V  dont  les  variations  sont  liées  à  celles  de  9,  o,  i]/  par  les  rela- 
tions 

.§>  :=  sin9  sinç  Vj  -(-  cos(pS9, 

Sa  =  sin9coS(p  S'J;  —  sinçSG, 
Sv   =  cos9  Si  H-  t"J. 


f 


(  426  ) 

»  On  pourrait  inversement  résoudre  ces  équations  par  rapport  à  SO,  So, 
8({i  et  regarder  ^1,  Bjj.,  !5v  comme  arbitraires.  C'est  ce  que  nous  allons  faire  : 
alors  >.,  y-,  V  joueront  le  rôle  de  q,,  q.^,  .  .  .,  (j„  et  H,  o,  i  celui  de^„+,, 
q„+2,  ....  Çn-^p.  Avec  ce  choix  de  paramètres,  on  a 


dl 

P-=  Tt-'-' 

dix 

,          dq 
'l    =    di 

'"^dt 

dr 


»   Si  Ion  imprime  au  système  un  déplacement  virtuel  compatible  avec 
les  liaisons,  on  a,  pour  la  somme  des  travaux  des  forces  appliquées, 

où  L,  M,  N  sont  les  sommes  des  moments  des  forces  par  rapport  aux 
axes  0.r,  Ov,  Oz;  cela  tient  à  ce  que  S>.,  Sy.,  Sv  sont  les  rotations  élémen- 
taires autour  des  trois  axes. 

»   D'autre  part,  la  vitesse  V  d'une  molécule  r.  v,  z  a  pour  [)rojections 


et  son  accélération 


Y,,  r^qz  -^  ry. 


•'•^=^+y^^^-'%--    • 


dt 
d'oii 

J.r  -='  '■(/   ~y'  +  (j(.Pr  -  gjp)  -  r(r.r  —pz),  . . . 
»   La  fonction 

S-i:Sm(J^  +  J;  +  J;) 

est  alors  donnée  par  la  formule 

2S  —  A/y-  -4-  Br/'-  —  Cl-  -^-  2(C  —  V,)qrf)  ~  i>(A  —  C)rpq' 
-2(B-A>.//--... 

où  A,  B,  C  sont  les  moments  principaux  d'inertie  et  où  nous  n'écrivons  pas 
les  termes  ne  contenant  pasp',  q' ,  r  .  Il  faudrait  maintenant  remplacer^,  q,  r 
par  leurs  expressions  en  0,  o,  i,  0',  9',  i'  ou  (i,  ç,  ^,  V,  ;/,  v'  et  p' ,  q' ,  /■' 
par  V,  tj.",  v".  Les  équations  du  mouvement  sont  alors 

^  -  f  ^   ~  M  -^^  -  \ 


(  4^7  ) 
ou  encore,  puisque  1"  —■  p' ,  <j-"  =  7'.  v"  =  r  , 

dp-  -'^'         dq'       '^''         d/-' 

Ce  sont  les  équations  d'Euler. 

»  Les  applications  à  d'autres  problèmes  du  même  genre  se  trouvent 
facilitées  par  ce  fait  que  la  fonction  S  est  calculée,  une  fois  |)our  toutes, 
pour  un  corps  solide  mobile  autour  d'un  point  fixe. 

»  Pour  un  corps  solide  libre  et,  en  général ,  pour  un  système  quelconque, 
le  calcul  de  S  se  simplifie,  si  l'on  remarque  que  l'on  peut  appliquer  à  cette 
fonction  un  théorème  analogue  à  celui  de  Rœnig  pour  la  force  vive  totale 
d'un  système. 

»  Je  me  propose  de  développer  prochainement  cette  méthode  dans  un 
Mémoire  détadlé.  » 


MÉCANIQUE  CHIMIQUE.  —  Sur  la  vitesse  (le  détonation  de  l' acétylène  ; 
par  MM.  Bekthelot  et  Le  Chatelier. 

«  Nous  avons  étudié  la  vitesse  de  propagation  de  la  détonation  de  l'acé- 
tylène pur  sous  difi'érentes  pressions,  et  dans  des  conditions  diverses  : 
cette  étude  est  intéressante,  à  la  fois  au  point  de  vue  de  la  théorie  de  la 
propagation  des  réactions  physico-chimiques  dans  les  gaz,  et  au  point  de 
vue  des  règles  de  l'emploi  de  ce  gaz  pour  l'éclairage.  Les  expériences  ont 
été  exécutées  au  printemps  1898.  Indiquons  d'abord  les  procédés  expéri- 
mentaux. 

»  L'acétylène  était  contenu  dans  des  tubes  de  verre  horizontaux,  longs 
(le  i"",  d'un  diamètre  intérieur  compris  entre  2"""  et  G"'",  et  d'une  épais- 
seur comparable  à  ce  diamètre.  L'une  des  extrémités  est  close,  l'autre 
rodée  et  ajustée»  l'aide  d'un  joint  en  caoutchouc  comprimé  avec  une  pièce 
de  fer,  permettant  l'introduction  du  gaz  au  sein  du  tube  vidé  à  l'avance  par 
un  jeu  de  trompe.  Le  gaz  était  introduit  sous  diverses  pressions,  qui  ont 
varié  de  5'^s  à  36''«  (ou  atmosphères)  :  le  g;iz  contenait,  d'après  analyse, 
98  pour  100  d'acétylène. 

»  L'allumage  se  faisait  électriquement  dans  la  pièce  de  fer,  à  l'aide  d'une 
amorce  de  fulminate,  ou  de  poudre  chloralée  (sulfure  d'antimoine  et  gra- 
phite), pesant  en  général  de  i  à  4  centigrammes.  Les  amorces  plus  fortes 


(  4--8  ) 

doivent  être  évitées,  parce  qu'elles  sont  susceptibles  de  donner  lieu  à  des 
mouvements  ondulatoires  violents,  attribuables  à  l'action  impulsive  de 
l'amorce  et  non  à  la  détonation  même,  mouvements  dont  la  vitesse  est 
souvent  beaucoup  plus  considérable  que  celle  de  la  propagation  de  la  dé- 
tonation véritable. 

»  Dans  un  certain  nombre  d'expériences,  afin  d'éliminer  l'influence  de 
la  période  initiale  de  propagation,  on  a  faitprécéder  le  tube  de  verre  d'un 
tube  de  fer  long  de  i™,5o,  à  l'entrée  duquel  on  déterminait  Tallumage. 

»  L'enregistrement  des  phénomènes  avait  lieu  par  la  méthode  photo- 
graphique, qui  permet  d'en  suivre  exactement  toutes  les  phases,  du  moins 
tant  que  les  gaz  enflammés  demeurent  lumineux. 

»  Vis-à-vis  du  tube  de  verre  horizontal,  à  une  distance  de  8'°  environ, 
était  disposé  un  appareil  photographique.  La  plaque  et  sa  lentille  étaient 
fixées  sur  un  cadre  vertical  à  coulisses,  le  long  duquel  elle  tombait,  à  l'in- 
stant même  de  l'allumage  électrique  de  l'amorce,  La  vitesse  de  chute  était 
de  8™,3o  par  seconde,  enregistrée  sur  la  plaque  même.  L'image  de  la 
flamme  qui  parcourt  le  tube  s'enregistre  ainsi  sur  la  plaque,  sous  la  forme 
d'une  ligne  plus  ou  moins  courbe.  L'inclinaison  de  la  tangente  (empirique) 
à  cette  courbe,  en  un  point  donné,  permet  de  calculer  la  vitesse  de  propa- 
gation de  l'explosion  en  ce  point.  Dans  le  cas  d'une  vitesse  uniforme,  on 
obtient  une  ligne  droite,  plus  ou  moins  inclinée  sur  l'axe  horizontal.  Les 
clichés  ont  été  agrandis,  dans  la  proportion  de  i  à  3,  de  telle  sorte  que 
l'échelle  des  temps  était  de  aS""™  pour  un  millième  de  seconde. 

»  Ce  procédé  enregistre  non  seulement  la  propagation  de  la  flamme, 
mais  aussi  certains  mouvements  ondulatoires  de  retour,  à  partir  de  l'extré- 
mité opposée  à  celle  où  a  lieu  l'inflammation  :  du  moins  toutes  les  fois  que 
le  tube  n'est  pas  brisé  et  jusqu'à  l'instant  où  les  gaz  refroidis  cessent  d'être 
lumineux. 

»  Dans  tous  les  cas  où  le  tube  est  brisé  au  cours  de  l'explosion,  sa  frac- 
ture, ou  plutôt  sa  pulvérisation,  explosive  se  propage  en  sens  inverse  et 
revient  à  l'origine  du  tube  de  verre,  le  phénomène  étant  enregistré  fidèle- 
ment ainsi  que  sa  vitesse  relative. 

»  A  ce  moment,  d'ailleurs,  le  carbone  préalablement  mis  à  nu  dans  le 
tube  brûle  au  contact  de  l'air,  en  donnant  lieu  à  des  colonnes  incandes- 
centes qui  parlent  du  tube  éclaté. 

»  La  combustion  de  ce  carbone  est  beaucoup  plus  lumineuse  que  la 
détonation  de  l'acétvlène,  celle-ci  fournissant  bien  moins  de  lumière  que 


(  t^l)  ) 

la  combustion  d'au  mélange  gazeux  qui  ne  dégage  pas  plus  de  chaleur  :  ce 
qui  s'explique,  si  l'on  observe  que  le  carbone  précipité,  lors  de  la  détona- 
lion  de  l'acétylène,  arrête  la  lumière  provenant  des  couches  centrales.  La 
couche  refroidie  au  contact  des  parois  du  tube  concourt  seule  à  la  lumière 
aperçue  du  dehors. 

))  Comme  contre-épreuve,  nous  avons  cru  utile  d'exécuter  d'abord 
quelques  essais  avec  des  mélanges  d'acétylène  et  d'oxygène,  afin  de  véri- 
fier les  caractères  de  l'image  produite  par  l'onde  explosive.  Cette  onde, 
comme  on  le  sait,  ne  s'établit  régulièrement  qu'à  partir  d'une  certaine 
distance  de  l'origine  de  l'inflammation.  Au  delà  on  doit  obtenir,  et  l'on 
obtient,  en  effet,  comme  nous  l'avons  vérifié,  une  droite  régulière,  c'est- 
à-dire  une  vitesse  de  propagation  uniforme. 

»  Ce  point  une  fois  bien  vérifié,  nous  avons  étudié  la  détonation  de  l'acé- 
tylène pur  sous  différentes  pressions.  Dans  tous  les  cas,  nous  avons  observé 
une  vitesse  croissant  au  fur  et  à  mesure  de  la  propagation  de  la  flamme. 
La  rupture  du  tube  survient  en  général  avant  que  l'on  ait  obtenu  une 
période  de  vitesse  tout  à  fait  uniforme.  Toutefois,  la  progression  des 
vitesses  suit  des  marches  bien  différentes,  même  avec  un  gaz  également 
comprimé  et  un  mode  d'inflammation  en  apparence  semblable  ;  cette 
diversité  paraît  dépendre  de  ce  qui  se  passe'au  voisinage  de  la  région  ini- 
tiale d'inflammation,  c'est-à-dire  de  la  mise  en  train  de  la  détonation. 
Elle  est  comprise  entre  deux  limites,  que  nous  allons  d'abord  décrire. 

»  Dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  la  courbe  prend  presque  aussitôt 
une  marche  asymptotique  ou,  plus  exactement,  sa  tangente,  au  bout  d'un 
trajet  fort  court,  diffère  peu  de  la  valeur  qu'elle  a  acquise  vers  la  fin  du 
trajet;  en  somme,  celui-ci  tend  à  être  presque  rectiligne.  Ce  sont  évidem- 
ment les  meilleures  déterminations.  Seulement,  au  point  final,  au  moment 
de  la  rupture  des  tubes,  la  valeur  de  la  tangente  devient  parfois  beau- 
coup plus  forte.  Mais  la  valeur  obtenue  à  ce  moment  ne  peut  plus  être 
regardée  comme  régulière. 

»  En  effet,  la  vitesse  du  gaz  comprimé,  qui  s'échappe  alors,  sous  la 
pression  atmosphérique,  du  tube  brisé,  s'ajoute  dans  une  certaine  mesure 
à  celle  de  la  propagation  de  la  flamme  enregistrée  ;  en  même  temps,  la 
combustion  immédiate  de  ce  gaz  au  contact  de  l'air  développe  une  lumière 
plus  éclatante,  qui  masque  en  partie  la  fin  du  premier  phénomène. 

»   Citons,  par  exemple,  l'expérience  (N)  : 

»   Diamètre  intérieur  du  tube,  3""";  épaisseur,  3""™,  5;  pression  initiale 


(  4jc)  ) 

(le  l'acétylène  dans  ce  lube,  2V^«;  détonation  provoquée  par  une  amorce 
de  poudre  chloratée  pesant  o^', 04.  La  vitesse  de  la  lumière  de  détonation 
a  varié  assez  rapidement  pendant  le  premier  cinquième  du  parcours.  Au 
delà,  entre  ce  point  et  le  voisinage  de  la  rupture,  la  vitesse  a  présenté 
une  valeur  movenne  de  i^jo"  par  seconde.  Mais,  dans  les  derniers  cen- 
timètres qui  précèdent  immédiatement  la  rupture,  la  tangente  à  la  courbe 
enregistrée  semblait  répondre  à  2160'",  la  flamme  extérieure  résultant  de 
l'écbappement  du  gaz  au  lieu  d'éclatement  masquant  en  partie  la  lumière 
intérieure;  il  est  clair  que  cette  dernière  valeur  est  incertaine. 

»  Dans  des  cas  assez  multiples  les  variations  ont  été  beaucoup  plus 
prononcées  pendant  tout  le  cours  de  la  détonation.  Ainsi  dans  l'expé- 
rience (II),  exécutée  dans  un  tube  de  diamètre  intérieur  égal  à  4™". 
rempli  d'acétylène  sous  une  pression  de  i5'"«,  la  courbe  s'élève  d'abord 
presque  verticament,  puis  un  peu  inclinée  :  de  telle  sorte  qu'entre  les  lon- 
gueurs o™,io  et  o'",4o  la  vitesse  moyenne  est  seulement  de  64"  ;  elle  croit 
rapidement.  Entre  o™,8o  et  i",  la  vitesse  moyenne  atteint  1320™.  Le  tube 
a  éclaté  seulement  après  qu'il  avait  été  entièrement  parcouru  par  la 
flamme.  Son  cclalement  s'est  propagé  en  arrière  avec  une  vitesse  à  peu 
près  uniforme  de  1200'"  par  seconde. 

)i  Citons  encore  l'expérience  suivante,  exécutée  avec  un  tube  de  dia- 
mètre égal  à  4'"™»  rempli  d'acétylène  sous  une  pression  initiale  de  21^^. 
Pendant  les  trois  premiers  quarts  du  trajet,  la  vitesse  moyenne  estimée  à 
o^.aS  de  l'origine  était  182".  A  o",5o,  elle  a  atteint  lôgS".  Mais  le  tube  a 
éclaté  vers  ce  point.  La  détonation  ne  s'est  pas  propagée  en  avant  dans  le 
tube  au  delà  de  l'éclatement;  tandis  que  l'explosion  du  tube  s'est  propagée 
en  arriére  avec  une  vitesse  de  i5oo™  par  seconde. 

»  L'expérience  suivante  (C)  a  donné  une  variation  plus  lente  (ao''^) 

De  0,10  à  0,20 .    .        587 

O  ,  20    à    o ,  5o I  02  I 

o,5oào,65 i5i8 

»  Au  delà  l'image  de  la  flamme  est  en  partie  masquée  par  l'éclatement 
du  tube. 

»  Voici  la  liste  des  expériences  réalisées.  Ou  donnera  seulement  la 
Taleur  de  la  vitesse  à  peu  près  régulière  de  détonation  dans  la  dernière 
région,  à  quelque  distance  du  point  de  rupture  : 


(  43i  ) 


Pression 
initiale. 

(L) 

(P) 'o 

(M) 10 

(1) lo 

(K) >o 

(U)..  ..  10 

(G) .2 

(H).  ...  ,4 

(II)....  .5 

(A,)....  .7 

(T) .8 

(C) 20 

(O)....  2, 

(A)....  2. 

(>) 21 

(N)....  24 

(E) 24 

Vers. ...  3o 


Vitesse. 

m 

io5o 

lOIO 
I  lOO 


io8o 
io3o 

iigo 
1280 
1210 

l320 

1  280 

I2I0 

i5oo 
i4oo 
1265 

.693? 

i45o 
1260' 

1600  env. 


Observations. 

La  variation  de  la  courbe  est  lente. 

Courbe  presque  rectiligne. 

Tracé  à  peu  près  régulier,  presque  rectiligne.  L'allu- 
mage a  eu  lieu  à  l'extrémité  d'un  tube  de  fer  de 
i™,5o,  précédant  le  tube  de  verre;  le  tube  de  fer  a 
crevé  à  son  raccord  avec  le  verre. 

Tracé  peu  régulier,  sans  variation  trop  rapide.  Rup- 
ture à  o'",5o  de  l'origine. 
Tracé  sensiblement  rectiligne.  Tube  de  fer  de  l'^jSo. 
Tracé  irrégulier,  sans  variation  trop  rapide. 
Tracé  à  peu  près  rectiligne.  Tube  de  fer  de  i'",.5o. 
Variation  de  la  courbe  extrêmement  rapide. 


Tracé  presque  rectiligne. 

Tracé  à  peu  prés  régulier. 

Variation  de  la  courbe  extrêmement  rapide.  Eclate- 
ment à  o"',5o. 

Même  observation.  Même  éclatement. 

Tracé  régidier  et  asymptotiqiie. 

Variation  de  la  courbe  extrêmement  rapide.  Eclate- 
ment à  o"',5o. 


»  Nous  avons  reproduit  Ions  les  résultats  observés  avec  exactitude.  Mais 
il  semble  que  l'on  doive  en  écarter  ceux  où  la  variation  de  la  courbe  a  été 
très  rapide  et  s'est  prolongée  jusque  vers  la  fin  ;  quoique,  à  ce  moment,  les 
écarts  avec  des  courbes  plus  régulières  ne  soient  pas  extrêmement  grands. 
En  raison  de  ces  variations  et  de  la  brièveté  de  l'espace  parcouru,  ce 
genre  d'expériences  ne  comporte  pas  la  même  précision  que  les  mesures 
faites  sur  la  vitesse  de  l'onde  explosive  dans  les  mélanges  de  gaz  combus- 
tibles et  d'oxygène,  par  d'autres  méthodes  et  dans  des  tubes  quatre-vingts 
fois  aussi  longs. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  d'après  le  Tableau  précédent,  la  propagation  de  la 
détonation  de  l'acétylène  s'effectue  avec  ime  vitesse  qui  croît  avec  la  pres- 
sion, soit  de  1000™  à  1600™  par  seconde,  lorsque  la  pression  passe  de  S''^ 
à  So^s. 

M   La  propagation  de  la  détonation   s'est  toujours  effectuée  avec  une 

c.   u  ,  1X99,  2-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  9.)  58 


(  432  ) 

vitesse  croissante,  sans  être  encore  réduite  cependant  à  cette  uniformité 
observée  dans  les  systèmes  gazeux  formés  de  corps  combustibles  et  d'oxy- 
eène. 

»  Sans  doute,  la  longueur  des  tubes  était  trop  petite  pour  assurer 
une  semblable  uniformité.  Mais  i!  v  a  aussi  d'autres  différences  essen- 
tielles. 

))  C'est  ici  le  lieu  d'insister  sur  les  caractères  fondamentaux  de  l'onde 
explosive,  lesquels  la  distinguent  de  l'onde  sonore  et  plus  généralement 
des  ondes  provoquées  au  sein  d'un  fluide  par  une  impulsion  originelle 
unique  et  non  renouvelée.  La  vitesse  de  ces  dernières  ondes  est  fonction 
de  l'énergie  de  l'impulsion  |iremière  :  l'onde  qui  se  propage  possède 
une  force  vive  limitée,  déunie  p;ir  cette  vitesse  et  la  masse  de  la  matière 
en  mouvement  comprise  dans  la  longueur  d'une  onde.  Cette  force  vive 
initiale  de  la  masse  fluide  ne  peut  aller  qu'en  diminuant,  par  suite  de  la 
communication  du  mouvement  aux  corps  environnants.  Elle  est,  en 
général,  trop  petite  pour  élever  par  compression  la  température  du  fluide 
vibrant  jusqu'au  degré  où  il  cleAiendrait  lumineux. 

»  I/onde  explosive  répond  à  des  phénomènes  tout  différents.  L'impul- 
sion originelle  détermine  dans  le  fluide  qui  la  subit  une  transformation  chi- 
mique, développant  une  force  vive  incomparablement  plus  grande  et  qui 
croît  continuellement  à  mesure  que  l'onde  se  propage,  car  le  nombre  des 
molécules  qui  en  sont  animées  simiillanément  va  sans  cesse  en  augmentant. 
Une  portion  de  la  force  vive  emmagasinée  p^r  la  matière  comprise  dans 
une  longueur  d'onde  est  employée  à  reproduire,  sur  la  tranche  de  matière 
suivante,  les  conditions  mécaniques  et,  spécialement,  la  compression  qui 
provoquent  la  transformation  chimique  de  cette  tranche.  Une  autre  por- 
tion de  la  force  vive  se  manifeste  sous  forme  de  chaleur,  qui  rend  lumineux 
les  gaz  résultant  de  la  transformation.  Par  suite,  l'énergie  totale,  évaluée 
à  la  fois  sous  forme  de  mouvements  mécaniques  et  de  chaleur,  croît  conti- 
nuellement à  mesure  que  l'onde  se  propage,  et  cela  proportionnellement 
à  la  masse  chimiquement  transformée.  Celle-ci  conserve  son  éclat  lumineux 
jusqu'au  moment  où  la  chaleur  qu'elle  renferme  a  été  en  partie  dissipée, 
en  se  répartissant  dans  les  corps  environnants,  par  conductibilité,  rayon- 
nement, convectioif  ;  dans  le  cas  d'explosion,  on  doit  ajouter  :  par  détente 
subite  des  gaz  comj)rimés. 

»  En  ce  qui  louche  la  détonation  de  l'acétylène,  comparée  à  celle  des 
mélanges  combustibles,   il  convient  d'expliquer  comment  les  conditions 


(  43:i  ) 

de  répartition  de  la  chaleur  entre  les  produits,  ainsi  que  les  conditions  de 
propagation  de  l'onde  elle-même  ne  sont  pas  exactement  comparables  avec 
celles  d'un  mélange  gazeux  fournissant  uniquement  des  produits  gazeux. 
En  effet,  au  sein  d'un  mélange  gazeux  homogène,  l'onde  explosive  se  pro- 
duit dans  un  système  dont  toutes  les  molécules  tendent  à  être  animées 
d'une  même  force  vive,  incessamment  régénérée  par  le  fait  même  de  la 
transformation  chimique.  Les  réactions  de  compression  et  de  dilatation, 
tant  au  point  de  vue  calorifique  qu'au  point  de  vue  dynamique,  s'effectuent 
sur  tous  les  corps  mis  en  présence  suivant  les  mêmes  procédés,  en  raison 
de  l'état  gazeux  qui  leur  est  commun.  Or,  il  en  est  autrement  de  la  déto- 
nation de  l'acétylène,  car  elle  produit  un  mélange  de  deux  éléments  dont 
l'état  physique  est  dissemblable  :  l'un  gazeux,  l'hydrogène,  qui  obéit  aux 
lois  thermodynamiques  des  fluides  élastiques;  l'autre  solide,  le  carbone, 
presque  incompressible  et  fonctionnant  à  peu  près  à  la  façon  d'un  gaz 
supposé  réduit  à  son  covolume  :  par  conséquent  le  carbone  est  incapable 
d'emmagasiner  la  force  vive,  comme  le  ferait  un  gaz  dans  son  état  de 
fluide  élastique. 

M  Ce  n'est  pas  tout  :  un  semblable  système,  de  constitution  essentiel- 
lement hétérogène,  ne  saurait  conserver  son  homogénéité;  les  communi- 
cations de  chaleur  et  de  force  vive  s'v  font  suivant  de  tout  autres  lois 
que  dans  un  système  entièrement  gazeux. 

»  En  raison  de  ces  circonstances,  l'onde  explosive  de  l'acétylène  ne 
saurait  présenter  exactement  les  mêmes  caractères  que  celle  d'un  mélange 
d'hydrogène  et  d'oxygène,  ou  de  tout  autre  mélange  gazeux  combustible. 
On  trouve  à  cet  égard  une  indication  remarquable  dans  le  caractère  émi- 
nemment brisant  de  l'explosion  de  l'acétylène,  aucun  tube  de  verre  n'y 
ayant  résisté  au  delà  d'un  mètre  et  le  plus  ordinairement  d'un  demi-mètre 
de  longueur,  lors  de  nos  ex|)ériences.  Au  delà  ils  ont  été  constamment  pul- 
vérisés; tandis  que  nous  avons  pu  faire  détoner  les  mélanges  d'oxygène 
et  d'acétylène,  pris  à  diverses  pressions,  sous  les  mêmes  longueurs,  les 
tubes  de  verre  ayant  d'ordinaire  résisté.  Il  en  était  de  même  pour  le  mé- 
lange tonnant  d'hydrogène  et  d'oxygène  sous  une  longueur  de  43",  dans 
les  expériences  de  MM.  Berthelot  et  Vieille. 

»  Cette  différence  s'explique  si  l'on  remarque  que  les  combustions 
d'hydrogène  et  de  gaz  hydro-carbonés,  mêlés  d'oxygène,  produisent  de 
l'eau  et  de  l'acide  carbonique,  en  partie  dissociés  au  moment  et  à  la 
température  de  l'explosion,  et  complétant  progressivement  leur  combi- 
naison et  les  phénomènes  thermodynamiques  dont  elle  est  accompagnée, 


(  434  ) 
pendant  les  premiers  instants  chi  refroidissement,  ce  qui  tempère  la  vio- 
lence du  choc  initial  ;  tandis  que  la  détonation  de  l'acétylène  le  résout 
brusquement  et  du  premier  coup  en  carbone  et  hydrogène  libres. 

»  En  définitive,  on  voit,  par  ces  développements,  que  la  propagation  de 
l'explosion  dans  un  gaz  composé  endolhermique,  tel  que  l'acétylène, 
réduit  par  là  en  ses  éléments,  peut  avoir  lieu  avec  une  vitesse  de  looo™ 
à  1600""  par  seconde,  en  vertu  des  mêmes  transformations  thermodyna- 
miques et  chimiques  qui  provoquent  la  production  de  l'onde  explosive  : 
elle  présente  des  caractères  du  plus  haut  intérêt  pour  les  théories  géné- 
rales de  la  Mécanique  chimique.  » 

M.  Henri  Moissan  est  heureux  de  transmettre  à  l'Académie  une  dépêche 
qu'il  vient  de  recevoir  de  M.  Dewar,  de  Londres.  Cette  dépêche  est  ainsi 
conçue  : 

i(  L'hydrogène  se  solidifie  en  écume  blanche  ou  en  une  masse  semblable  à  un  verre 
transparent.  L'hydrogène  solide  fond  à  environ  16°  au-dessus  du  zéro  absolu.  L'hélium 
pur  change  d'état  lorsqu'il  est  refroidi  au  moyen  de  l'hydrogène  solide  et  sous  une 
pression  de  8  atmosphères.  Des  graines  refroidies  dans  de  l'hydrogène  liquide  con- 
servent toutes  la  propriété  de  germer.  » 


MÉMOIRES  PRESENTES. 

M.  A.  Baudouin  adresse,  pour  le  concours  du  prix  Leconte,  un  Mé- 
moire intitulé  :  «  L'éther,  sa  nature,  ses  vibrations  différentes;  chaleur, 
lumière,  électricité  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Leconte.) 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  d' une  nouvelle  planète  à  r Observatoii e  de  Pans. 
Lettre  de  M.  Jean  Mascart  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  j'ai  pu,  dans  la  nuit  du  26  au 
■27  août,  observer  une  nouvelle  planète  EP  à  l'Observatoire  de  Paris,  équa- 
lorial  de  la  tour  de  l'Ouest. 


(  .435  ) 

M  J'ai  pu  faire  quatre  observations  complètes  de  cette  planète,  de  gran- 
deur 11-11,5;  n'ayant  pas  eu  le  temps  d'achever  les  calculs  de  réduction 
de  toutes  ces  observations,  résultats  que  je  publierai  ultérieurement,  je 
me  permets  de  vous  adresser  les  positions  de  cet  astéroïde  dans  les  deux 
observations  extrêmes. 

Le  26  août  à  io''33°'3=  (  Ascension  droite  apparente. ..  .      21'' 29"  18*, 55 
temps  moyen  de  Paris.    (  Distance  polaire  apparente.  ..  .     96''4'44")5 

Le  26  août  à  i4''24'°8'  1  Ascension  droite  apparente..  .  .      2i''29™  io',8i 
temps  moyen  de  Paris.    (  Distance  polaire  apparente  ...  .      g6°5'35",4 


ASTRONOMIE.  —  Les  Perséides  en  1899.  Note  de  M.  C.  Flammarion, 
présentée  par  M.  Bouquet  de  la  Grye. 

«  L'observation  des  Perséides  a  été  faite  cette  année,  à  l'observatoire  de 
.luvisy,  par  MM.  E.  Antoniadi  et  G.  Mathieu,  qui,  du  10  au  i3  août,  ont 
enregistré  SSg  météores.  J'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Aca- 
démie les  observations  du  10  août. 

»  Le  Tableau  suivant,  qu'accompagne  la  figure  ci-jointe,  donne  la  liste 
de  toutes  les  étoiles  filantes  dont  les  trajectoires  ont  pu  être  déterminées 
cette  nuit-là. 


Lieu 

Lieu 

Lieu 

LiL-u 

Heure, 

Icmps  moyen 

do  l'aris. 

d'apparition. 

(le  disparition. 

Ilouro, 

temps  moyen 

de  l'aris. 

d'apparition. 

de  dhparitloo. 

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A 

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M 

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10. 19 

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A 

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+63 

M 

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A 

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+44 

22.49 

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A 

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20.23 

+52 

21.  6    +48 

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19.23 

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10.25 

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19.30 

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18. 38    +10 

A 

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9-44 

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A 

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+44 

19.53     +47 

A 

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+37 

20. 14 

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A 

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10.37. 10 

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21. 5i     +42 

A  M 

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9-54 

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20.28 

+  3 

A  M 

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10.43.15 

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8.42 

+79 

12.17     +S3 

A 

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21 .22 

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A 

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19.40     +27 

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18.53 

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A 

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10.    9 

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A 

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10. 5i 

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9.    0 

+80 

1 1 .  5o    +62 

M 

(  436) 


Lieu 

Li 

iU 

Lieu 

Lieu 

Heure. 

temps  moyeu 

de  Paris. 

d'appariliOQ. 

'le  disparition. 

Ueure. 

temps  moyen 

de  Pari». 

d  apparition. 

de  disparition. 

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71.... 

12.42 

4; 

33.    0 

-i-5o 

22.19 

-42 

A 

US... 

i4.i4''5 

3' 

22. 5o 

y 

23.41 

-.4 

72.... 

12.48 

2 

1 .3o 

-:-63 

0.27 

-65 

AM 

119... 

.    14.16 

5 

2.40 

^66 

2.40 

-74 

73.... 

12. ôo 

4i 

22. ',5 

+34 

23.10 

-i4 

A 

120... 

.    14. .7 

■? 

2.3o 

^58 

2.10 

--63 

74... 

1 2.53.00 

■  ; 

0.  0 

+3o 

23.  9 

-4 

AM 

121... 

•     >4.'9 

3 

5.40 

-!-5l 

6.53 

"39 

75 — 

13.   I 

23.16 

-43 

22. 12 

+18 

AM 

122... 

.     14.20 

4 

i3.4o 

-r-8o 

14.   3 

-+-68 

76... 

i3.   I 

2} 

I.  0 

-37 

0. 19 

-18 

AM 

123... 

14.22 

4i 

6.17 

-42 

6.3o 

— 3i 

77.... 

i3.  j. 1 j 

4 

8.5o 

-62 

11.26 

-82 

A 

124... 

.  .4.23 

3i 

.4. .9 

-67 

1 4 .  34 

-59 

78.... 

i3.  8 

0  * 

20. 19 

-48 

19. II 

-7-22 

A.M 

125... 

14.25 

31 

3.33 

-f-43 

3.54 

-26 

79. . . . 

i3.ii 

■^-i 

1S.17 

-4. 

17.4s 

-  -A 

A 

12c... 

.  14.36 

31 

4.53 

+37 

5.  9 

-1-24 

80.... 

i3. 12 

•> 

0.  0 

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23.lt) 

-  -  - 

M 

127... 

•     i4-^7 

4i 

5.19 

--48 

5.49 

-t-43 

81.... 

I3..2 

•} 

23.14 

-,4 

33.    0 

-  8 

.M 

128... 

.     14.28. i5 

44 

7-  2 

-1-67 

9.  3 

^60 

82.... 

i3.i4 

3 

3.43 

-t-34 

3.49 

-^23 

.VM 

129... 

.     14. 3i 

4è 

.8.27 

-76 

7.10 

-t-88 

83. . . . 

i3.if) 

-,  1 
- 1 

23.37 

—  3 

33.10 

-23 

A 

130... 

.     .4.43 

0} 

2.5} 

-rJj 

3.58 

-36 

Obs. 

M 

A 

A 

M 

A 

M 

A 

A 

A 

.M 

.M 

A 

A 

AM 
A.M 

M 

A 
AM 

A 

.M 

A 

y\ 

A 

A 

A 

M 

A 
A.M 

M 

A 

M 

A 

A 
A.M 

A 

A 

JI 

A 

A 

A 

A 

A 

A 

A 

A 

A 

A 


»   Le  n*  G6  esi  un  bolide,  d'un  éclat  bien   supérieur  à  Vénus,  et  qui'a  éclaté  dans 


(437  ) 

Céphée.  Son  mouvement  était  assez  rapide,  et  il  venait  de  Persée.  Il  était  d'un  blanc 
bleuâtre,  laissant  derrière  lui  une  traînée  qui  a  duré  3o'. 


»  La  moyenne  horaire  du  nombre  d'étoiles  filantes  a  été,  le  lo  août, 
de  18,9,  avec  un  maximtim  de  25,  de  i3''  i5™  à  i4''  i^™-  Il  y  a  eu  110  Per- 
séides  et  20  météores  provenant  d'aulres  radiants,  les  n"'  6,  15,  24,  26, 
27,  30,  32,  33,  35,  38,  44,  49,  52,  54,  70,  73,  77,  85,  92,  114  et  129. 

))  Je  présenterai  prochainement  les  observations  des  11.  12  et  i3.  » 


(  438  ) 


ACOUSTIQUE.  —  Sf/r  les  baltements  des  sons  donnés  par  les  cordes. 
Note  de  M.  C.  Maltêzos,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

((  On  sait  que  les  cordes  exécutent  des  vibrations  transversales  donnant 
des  battements.  Si  l'on  considère  une  corde  très  mince  et  sans  rigidité, 
l'équation  différentielle  des  vibrations  transversales  est 


(')  T 


d-x  d'à- 


=  07 


d^-^'-HF' 


en  désignant  par  p  la  densité,  T  la  tension  de  la  corde,  c  sa  section  ;  d'où 
l'on  tire,  pour  le  nombre  des  vibrations  par  seconde, 

aL 

L  étant  la  longueur  de  la  corde.  Cette  équation  n'explique  pas  les  batte- 
ments. 

»  J'ai  voulu  voir  si,  en  faisant  entrer  dans  le  calcul  la  rigidité  de  la 
corde,  on  aurait  l'explication  de  ce  phénomène.  Alors,  en  prenant  pour 
axes  des  x  et  des  j  les  deux  axes  principaux  d'inertie  de  la  section,  l'équa- 
tion différentielle  devient 

d-iic        „,      d'.v  d^x 


(2)  T^-EI,^ 


dz'-  ^''       dz'     ~   !"    dt- 


où  I,  désigne  le  moment  d'inertie  de  la  section  droite  de  la  corde  par  rap- 
port à  l'axe  des  x,  et  E  le  coefficient  d'élasticité.  On  en  tire,  pour  le  nombre 
des  vibrations  par  seconde. 


N 


I  /T      ,      TT^EI,  „ 


--El,  g 
'TÏX' 


comme  le  second  terme  du  binôme  sous  le  radical  est  très  petit  par  rapport 
à  l'unité,  on  peut  prendre 


N.  =  N(i  +  3j|l^ 


f,  =  N(i 


Supposons  maintenant  que  la  section  de  la  corde  n'est  pas  un  cercle  ou 
lin  carré,  ce  qui  est  tout  naturel  à  cause  des  déformations;  alors  le  moment 


(  439  ,') 
d'inertie  par  rapport  à  l'axe  des  y  est  I2,  différent  de  I, ,  et  l'on  aurait,  dans 
le  plan  des  yz, 

d'où  _ 

_.^E(I,-I,)     /, 

Donc,  le  nombre  des  battements  est  :  1°  proportionnel  à  la  racine  carrée  de 
la  section;  2°  inversement  proportionnel  au  cube  de  la  longueur  de  la 
corde;  3°  inversement  proportionnel  à  la  racine  carrée  de  la  tension; 
enfin,  il  dépend  de  la  nature  et  de  l'élasticité  de  la  corde. 

I)  En  faisant  l'expérience,  j'ai  vérifié  la  troisième  loi,  mais  la  loi  des 
longueurs  est  d'autre  nature,  comme  on  peut  en  juger  par  les  nombres 

suivants  : 

L  =:  looo™™         900"""        800™'"        5oo°"" 
N,— N,  =  f  I  I  1,8 

»  Ce  Tableau  nous  montre  que  le  nombre  des  battements  par  seconde 
n'est  pas  inversement  proportionnel  au  cube  de  la  longueur  de  la  corde, 
mais  qu'il  est  presque  (')  inverse  à  la  longueur. 

»  Nous  en  concluons  qu'on  ne  peut  pas,  jiar  la  rigidité  seule,  expliquer 
le  phénomène  des  battements  des  sons  des  cordes.  Il  ne  reste  donc  qu'à 
chercher  la  cause  principale  de  ce  phénomène  dans  l'élaslicité  différente 
suivant  deux  directions  perpendiculaires  de  la  section  droite  de  la  corde. 
J'espère  que  j'aurai  l'occasion  de  revenir  une  autre  fois  sur  le  mode 
d'action  de  cette  cause.  » 

Lia  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

J.  B. 


(')  Pour  ces  expériences,  la  loi  empirique  est  donnée  par  la  formule 
avec  A  =  0,00195,  B  z^~  0,000002578,  C  =  0,00000000182. 


C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  9.)  5g 


(  44o  ) 


BCLLETIN    BIBI.inr.RAPIlIQL'E. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  2i  août  1899. 

(Suite.) 

Société  industrielle  de  Mulhouse.  Programme  des  prix  pr-op osés  en  assemblée 
générale  le  3 1  mai  1 899,  à  décerner  en  1 900.  Mulhouse,  impr.  V*  Bader  et  C'*, 
1899;  '  fasc.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse.  Bul.  de  mai-juin,  juillet  189g. 
Mulhouse-Paris,  1899;  i  vol.  in-8°. 

Direccion  gênerai  de  estadistica,  a  cargo  del  D'  Antonio  Penafiel.  Censo 
gênerai  de  la  Republica  Mexicana  verifîcado  el  20  octobre  de  1 895 .  Censo  del 
estado  de  Oaxaca.  Censo  del  estado  Michoacan.  Censo  del  eslado  de  Mexico . 
Mexico,  1899;  3  fasc.  in-/;".  (Hommage  de  M.  Antonio  Penafiel.) 

Informaciones  y  memorias  de  .la  Sociedad  de  Ingenieros  del  Peru.  Vol.  I, 
n"""  1  y  2.  Lima,  1899;  i  fasc.  in-12. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  28  août  1899. 

Dictionnaire  de  l'ancienne  langue  française  et  de  tous  ses  dialectes,  du  ix* 
au^y^  siècle,  par  Frédéric  Godefroy.  Fasc.  94  (orfraie-perméable).  Paris, 
Emile  Bouillon,  1899;  i  fasc.  in-4°. 

Vie  physique  de  notre  planète  devant  les  lumières  de  la  Science  contempo- 
raine, par  A.  Rlossovsky.  Odessa,   189g;  i  fasc.  in-8'>. 

Température  di  Catania  e  dell'  Etna  ottenute  col  metodo  délie  differenze. 
Notadi  F.  Eredia.  Catania,  1899;  i  opuscule  in-S". 

Principali  fenomeni  eruttivi  avvenuti  in  Sicilia  e  nelle  isole  adiacenti,  nel 
semestre  luglio-dicembre  1898.  Nota  di  S.  Arcidiacono.  In  Modena,  189g; 
I  fasc.  in-8°. 

Riassunto  délia  sismografia  del  terremoto  Calabro-Siculo  del  16  novembre 
1894.  Note  del  socio  Annibale  Ricco.  Roma,  1899;  i  fasc.  in-8°. 

Calcolo  preliminare  délia  differenza  di  longitudine  tra  Catania  e  Palermo  e 
determinazione  délie  anomalie  di  gravita  in  Catania.  Nota  di  A.  Ricco,  T. 
Zona  e  G.  Saua.  Catania,  tip.  Galatola,  1899;  i  fasc.  in-4°. 

Sullafrequenza  e  distribuzione  in  latitudine  délie  macchie  solari,  osservate 


(  44i  ) 

al R.  Osservatorio  astrofisico  di  Catania  nel  1898.  Nota  di  A.  Mascari;  i  fasc. 
in-4°. 

Sulle  proluberanze  solari  osservate  al  R.  Osservatorio  di  Catania  nel  1898. 
Nota  di  A.  Mascari.  Catania,  1899;  i  fasc.  {11-4°. 

Roscoe-Schorlernmer' s  ausfiihrliches  Lehrbiich  der  Chimie,  von  Jul.-Wilh. 
Bruhl.  VII  Bd.  Die  Kohlenwasserstoffe  und  ihre  Derivate  oder  organisch,- 
Chimie.  V.  Theil,  bearbeitet  in  gemeinschaft  mit  Edv.vrd  Hjelt  und  Ossian 
AscHAN,  Braunschweig,  Friedrich  Vieweg  und  Sohn,  1899;  1  vol.  in-8°. 
(Hommage  des  Auteurs.) 

Sitzungsberichte  der  kôniglich-preussischen  Akademie  der  Wissenschaften 
zu  Berlin.  XXIII-XXXVIII,  Mai-Juli,  1899.  Berlin,  1899;  i»  fasc.  in-8°. 

Philosoplùcal  transactions  of  the  Royal  Society  of  London.  Vol.  187  (A) 
(B),  1896;  Vol.  188  (A),  1896;  Vol.  188  (B),  1897;  Vol.  189  (A)  (B), 
1897;  Vol.  190  (A),  1897;  Vol.  190  (B),  1898;  Vol.  191  (A),  1898.  Lon- 
don ;  9  vol.  in-4°. 

United  States  geological.Survey.  Charles-D.  Walcott,  director  :  Eigh- 
teenth  annual  report  1896-97;  Part  I,  III,  IV.  Nineleenth  annual  report 
1897-98;  Part  [,  IV,  VI  and  VI  continued.  G  vol.  in-4°. 

The  quarterly  journal  of  the  geological  Society .  Vol.  LV,  part  III,  n°  219. 
London,  Longmans,  Green  and  C",  1899;  i  vol.  in-8°. 

Comptes  rendus  des  travaux  spéciaux  de  l'Institut  vétérinaire  à  Kharkoff, 
1896-1898.  Tome  V.  Kharkoff,  1898;  i  vol.  in-8°. 

Anales  de  la  Sociedad  cientifica  aigenlina.  Julio  1899,  enlrega  I, 
tomo  XLVIII.  Buenos  Aires,  1899;  i  fasc.  in-8°. 

Linguo  internacia,  gazeto  por  la  linguo  espéranto.  N°  1.  Upsala,  1899; 
I  fasc.  in-8°. 


On    souscrit    à    Pari.,    chez    GAUTHIER-VILLA RS, 
Quai  des  Grands-Augusiins,  n°  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RINDDS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  rolumes  In-i*  Deux 
fables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
et  part  du  i"  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  20  fr.  -  Départements  :  30  fr.  -  Dnion  postale  :  34  fr.  -  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


igen. . . 
llger.. 

\miens. 

\ngers. . 


ayonne.. 
etançon . 


ordeaux . 
ourges 


œn 

iambery.. 

ierbourg. 


ermont-Ferr. 


ion.. 


•enoble ] 

Rochelle 

Havre 


It.. 


chez  Messieurs  : 

Ferran  frères. 

Chaix. 

Jourdan. 

Ruff. 

Courtin-Hecquet. 
i  Germain  etGrassin 
I  Lachése. 

Jérôme. 

Jacquard. 
[  Feret. 

Laurens. 

Muller  (G.). 

Renaud. 

Derrien. 
I  F.  Robert. 
I  J.  Robert. 

Uzel  frères. 

Jouan. 

Perrin. 

Henry. 

Marguerie. 

Juliot. 

Ribou-Collay. 

Laniarche. 

Ratel. 

Rey. 

Lauverjat. 

Degez. 

Drevet. 

Gralier  et  C'V 

Foucher. 

Bourdignon. 

Dombre. 

Thorez. 

Quarré. 


Lorient. 


Lyon. 


Marseille. . . . 
Montpellier . 
Moulins . .    .. 

Nancy 


Nantes 


Nice. 


Nimes 

Orléans    

Poitiers 

Bennes 

Bochefort 


Bouen. 


S'-Étienne  . 


Toulon . 


Toulouse. . 


Tours.. 


Valenciennes. 


chez  Messieurs  : 
Baumal. 
M""  Texier. 

(Bernoux  et  Cumin 
Georg. 
Côte. 
Savy. 
Vilte. 
Ruât. 
Calas. 
Coulet. 
Martial  Place. 
Jacques. 

Grosjean-Maupin. 
Sidot  frères. 
Loiseau. 
Veloppé. 
Barnia. 

Visconti  et  C". 
Thibaud. 
Luzeray. 
Blanchier. 
Marche. 

Plihon  et  Hervé 
Girard  (M»"). 
Langlois. 
Lestringant. 
Chevalier. 
Ponleil-Burlcs, 
Rumèbe. 
Gimet. 
Privât. 
Boisselier. 
Péricat. 
Suppligeon. 
Giard. 
Lemaitre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


A  thènes . . . 
Barcelone. . 


Berlin. 


Berne  . . . 
Bologne. 


Bruxelles. 


Bucharest. 


Budapest 

Cambridge 

Christiania 

Constantinople. 
Copenhague.. . . 

Florence 

Gand 

Gênes 


Genève . . 

La  Haye. 
Lausanne- 


Leipzig. 


Liège. 


chez  Messieurs  : 

Feikema   Caarelsen 
et  O: 

Beck. 

Verdaguer. 

Asher  et  C'V 

Dames. 
I  Friediander  et   fils. 
I  Mayer  et  Muller.  ' 

Schmid  et  Francke. 

Zanichelli. 

ILamertin. 
Mayolezet  Audiarte. 
Lebégue  et  C'*. 
(  Sotcheck  et  C°. 
(  Stoi'ck. 
Kilian. 
,     Deighton,  BelletC". 

Cammermeyer. 
.     Otto  Keil. 
Hôst  et  fils. 
Seeber. 
Hoste. 
.     Beuf. 

,  Cherbuliez. 

Georg. 
(  Stapelmohr. 

Bel  in  fan  te  frères. 
I  Benda. 
}  Payot. 

Barth. 
^  Brockhaus. 

Lorentz. 

Max  Riibe. 

Twielraeyer. 
(  Desoer. 
I  Gnusé. 


chez  Messieurs  : 

I  Dulau. 
Londres Hachette  et  C". 

'Nutt. 
Luxembourg . ...     V.  Buck. 

ÎLibr.  Gutenberg. 
Homo  y  Fussel. 
Gonzalès  e  hijo». 
F.  Fé. 

Milan.  (  ^°'=<^a  frères. 


j  Bocca  f 
(  Hoepli. 


Moscou Tastevin. 

Naples S  Marghieri  di  Giu». 

j  (  Pellerano. 

l  Dyrsen  et  PfelÈfer. 

New-Vork Stechert. 

(  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C- 

Palerme Clausen. 

Porto.    Magalhaés  elMoiiiz. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

)  Bocca  frères. 

(  Loescheret  C*. 

Botterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

(  Zinserling. 

(  Woinr. 

Bocca  frères. 
Brero. 


Rome . 


S'-Petersbourg . 


Tur.m . 


\  Clausen. 
(  Rosenbei 


ibergelSellicr. 

Varsovie Gebethner  et  Wolll 

Vérone Drucker. 

Vienne „      ,  ■. 

(  Gerold  et  C". 

Zurich Meyer  et  Zeller. 


riBLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  —  (3  Août  i835  à  3t  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4'';  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.— (i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.  —  (  1"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  18S0.)  Volume  iu-4''.;  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  ADX  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

orne  I:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DebeéscI  A.-J.-J.  Solier.  — Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbation!)  qu'éprouvent  le; 
«tes,  par  M.Hanien.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matiérci 

ises,  par  M.  Clacde  Bebnabd.  Volume  ia-l^',  avec  Sa   planches;  i8û6 15  fr. 

orne  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Vas  BENEDK^.  —  Essai  d'une  réponse  a  la  question  de  Prix  proposée  en  i83o  par  l'Académie  des  Science; 
r  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i856,  savoir  ;  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organises  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
lentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition .  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée  —  Rechercher  la  nature 
!»  rapports  qui  existent  entre  l'étal  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  .,  par  M.  le  Professeur  Bkonn.  In-4"',  avec  27  planches;  1861..  .        15  fr 


la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires   présentés  par  divers  SavanU  à  l'Académie  das  Sciences. 


W  9. 

TABLE  J)ES   ARTICLES.     (Séance  du  28  août  1899.) 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDMTS  DE  L'ACADÉMIE. 

Pages.  ;  .    ,.^     ^.     .P^?*^' 

p    APPELL    ^   Slu-  la  forme  Kénérale  des  i  M.  Henri  Mûiss.vn  transmet  a  1  .\cadem,e 

■■       t         h;  In  nvnamiaue                  .        .     ^23  1  une  dépèche  de    M.  £»e.var,    de  Londres, 

'r']!TJ'l\?r"r?rt;.n:  ::  S^V  la  I  relative  à  la  solidification  de  l'hydrogène.    P4 


M.  P.  Appell. 


MM.  Bebthiîlot  et  Le  Chatelier.  —  Sur  la     ^ 
vitesse  de  détonation  de  l'acétylène 


MÉMOIRES  PRESENTES. 

,  A.  Ba^ou.n  adresse,  pour  le  concours  du  ther,  sa  l^rt^'l^^!^!".!^'""'"''"  '' 

pris 


M    \.BWD0UIN  adresse,  pour  le  concours  ou  uier,  sa  .-tu  c,  =-.... ...c...^- 

■4x  Leconte,  un  Mémoire  intitulé  :  .,  Lé-  chaleur,  lumière,  électricité  » ^3^ 


CORRESPONDANCE 

M.  Jean  Mascart.  —  Découverte  d'une  nou 


M.  C.  Maltézos.  —  Sur  les  battements  des 
sons  donn'és  par  les  cordes M-'*^ 


velle  planète  à  l'Observatoire  de  Paris...     434 

M    C    Flammarion.  —  Les  Perséides  en  iSçig.     435 

^4o 

Bulletin  bibliographique 


PARIS.   -    IMPRIMERIE    GAUT  HIER-VI  LL  ARS  , 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


U  Gérant  ;  G»uTair«-ViLL*«». 


i89!! 

,5  0  Q.^  SECOND  SE3ÎESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  nm.  IiKS  SECRÉXAIKES  PERPETVEIiS. 


TOME  CXXIX. 


NMO  (4  Septembre  1899) 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES   SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

yuai  des  Grands-Ausustins,  55. 

i89y 


REGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉA^XES   DES   2.3   JUIN    1862   ET    24   MAI    1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  t^ Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parun  Associéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les   Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au. 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires  sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Acadéii 
sonl   imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  : 
ports  relatifs  pux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aut 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  ti.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres   qui   présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  no: 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  E: 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  tomme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remisa 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  k 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  estinséré  dans  le  Compte  rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  j5ai  t  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  el 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission administiativefai 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  apli 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrélaiies  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré-" 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désireut  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  4   SEPTEMBRE    1899, 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  Maihice  LÉVY. 


MEMOIRES  ET  C03IMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  Swift  (1899,  a),  faites,  au  grand 
èquatorial  de  l' observatoire  de  Bordeaux,  par  MM.  G.  Rayet  et  A.  Féraud. 
Note  de  M.  G.  Rayet. 

Comète  Swift  (1899,  a). 

Temps  sidéral 
Dates.  de 

1899.  Etoiles.  Bordeaux.  Aa  conicle.  Aif  comète.  Observateurs. 

Il        m        s  m       »  .  ^ 

Mai        18 I  15.27.23,57  —  i.3o,3i  +  7.    1,26  G.  Rayet 

3o 2  14.19-10,52  -1-2.12,64  —11.23,60  A.  Féraud 

3i...    .  3  13.57.49,88  —3.59,77  +   '-59,40  A.  Féraud 

Juin         2 4  i4- 31.57,47  —2-    5,1 4  —6.59,63  G-  Rayet 

3 5  14-43-52,90  — 0-52, i3  — 12.   5,28  G.  Rayet 

5 ■    6  14. 3o.   9,22  -1-0.46,38  -^14.16,37  _        G.  Rayet 

6 7  17.    2.23,20  -1-1.10,79  —   3.59,61  A.  Féraud 

C.  K-,  i§9fj,   i'  Semestre.  (T.  CXXI\,  N»  10.)  6o 


(  Wi  ) 


Dales. 

1899.  Étoiles. 

i3 8 

i4 9 

i6 lo 

25 II 

26 12 

27 i3 

Juillet  A i4 

5 i5 

7 '6 

8 17 

9 18 

i3 19 

i4 20 

i5 21 


Temps  sidéral 

de 

Bordeaux. 

h        ni       s 
16.     9.19,64 

16.     2.18,78 

i5.23. 36,94 
16.37. I 5, 20 
16.33.33,56 
16.59.17,01 
17.33.21,52 
16.45.26,66 
16.47.23,68 

17.18    2t ,02 

17.25.   2,o3 

17.42 .21 ,o5 

18.  7.16,92 

18.25. i4,5o 


Aa  comète. 

m      s 
-2.49,10 

4  3.  3,77 
— 2. 12,95 
-+-1.32,53 

—  2 . 1 o , 66 
I  2.49,23 

—  I .35, T2 

-+  1 .47,22 

H-1 .21 , l3 
— 2.  0,o4 
-^  2  .  23  ,  46 

-ho. 53, 69 

—  1 .30,67 
-T-2.   8,56 


aÇ  comète. 

—  3.56,42 
-\-  1.21,16 

—  6.52,24 

—  1.29,71 

—  0.19,75 
-i-  3.  1,64 
4-r5.45,54 
-1--  5.  5,33 

—  0.40,82 
+  9.58,54 

—  0.32, 16 

—  o. i3,og 
I     1.44,22 


19,23 


Observateurs. 

G.  Rayet 
G.  Rayet 
A.  Féraud 
G.  Rayet 
G.  Rayet 
G.  Rayet  ■ 
G.  Rayet 
A.  Féraud 
A.  Féraud 
A.  Féraud 
G.  Rayet 
G.  Rayet 
G.  Rayet 
G.  Rayet 


Positions  moyennes  des  étoiles  de 


Étoiles.  Catalogue  et  autorité. 

1 .  .  .     Ballermann  1895,  i54i 

2. . .  I  [A.O.  18722.  —  A. G.  Hels.  Gotha  10020].. 

3...  ï[Groom'b.  2609.  —  A.O.  18397-8.  -  Rad.  | 

3978.  —  A. G.  Hels.  Gotlia  9856] ( 

4...     A. G.  Hels.  Gotha  9436 

5...     A. G.  Camb.  U.S.  5289 

6.  .  .      A. G.  Cambridge  U  .S.  5072 

7...      .l[A.O.  16245.  —  A.G.Bonn  io554] 

8. . .  {  [ParisHI  19126.— A.G.  Lund.  Z.  6,26,  28].. 

9. . .  l  [B.B.YI+37'',26i7.  — A.G.  Lund.Z.  19,  21] 

10.  ..  i  [Paris  11  18709.-  A.G.LeydeZ.  42,  178]. 

11...  -j  [Paris  ni  17936. -A.  G.  Camb.  Eng.  6892.  j 

-  A.G.  Berlin  5io4] j 

12...  H  Paris  ni  1 7980.  —  A.G.  Berlin  B.  5 1 1  2  ] . 

i3...     B.D.+ 23°,27oo 

14...  I  [Paris  m  17709.  — A.G.  Berlin  A.  52 10]. 

i5. .  .     A.G.  Berlin  A.  Sigo 

16...  J[Pulki2ii7.—Pulk2  32o3-A. G.  Berlin  A.  ) 

5187] ( 

17...      Observation  méridienne  Bordeaux 

18.  .  .  I  [Paris  III  17528.  —  A.G.  Berlin  A.  5i74]. 

19. . .     Weisse,  H.  XIV  172 

20..  J  [Pulk,  21 15. — Yarna  6022.— Glasg.  3549]. 

21...     Weisse,  H.  XIV  i32 


comparaison 

Ascension 

droite 
moyenne, 
h       m       s 

22.36.  5,06 
8.49.   8,36 


pour  1899,0. 

Réduction        Dislance 
polaire 
moyenne. 


au 

jour. 

s 

4  1,54 

-r2,90 


46°.  1 5 .  4)0 
32.53.46,9 


Réduction 
au 

jour. 

H-    3",  69 
7,06 


8.3o.5o,o4     -.3,00       33.    1.54,0     -t-  6,69 


7.42.     1,25 

7.19.54,35 
6.42.28,98 
6.25.49,72 
5.20.31, 97 
5.  8.27,97 
5.  3.  2,o4 


-J-3,19 
-i  3,24 
^  3,29 
-1-3, 3 1 

-j-  3,22 
-1-3,19 
4   3,18 


34.48.  3,2 
36.  3.i4,5 
38.24.14,2 
40.21 .48,5 
5i .27.  6,2 
52.47-30,2 
55.38.44,9 


-t-  5,82 
-h  5,26 

+  4,48 

H-  4,54 
4-3,61 
-r-    3,69 

-h  3,88 


4.30.14,95     -+-3, 06       65.   7.   8,9     -t-  5,16 


4.31.59,07 
4.25. 10 
4.20.21,29 
4.16.   6,41 

4.14.58,77 

4.16.38,54 
4.12.38,73 
4.12.18,78 

4.l4-22,82 
4. 10.26,03 


-i   3,06 

-:  3,o3 
4-2,98 
4-2,96 


65.56. 16.7 
66.44 

71.17. 16.8 
72.    1.4^,5 


5,18 
5,46 
6,09 

6,4i 


2,90      73.i3.5i,6     4-  6,57 


+  2,94 

4-2,93 

H  ■2,89- 
4-2,90 

4-2,87 


73.35.17,9 
74. 16.10,1 

76.  7.42,4 

76.31.44,9 

77.  1.12,8 


4-  6,5i 
+  6,77 

4-    7,07 

4-  7,o3 

4-    7,27 


(  4^.5  ) 


Positions  apparentes  de  la  comète  Swift  {ii<j^,  a). 


Temps  moyen 

Ascension 

Distance 

Dates. 

de 

droite 

Log.  fact. 

polaire 

Log.  fact. 

1899. 

Bordeaux. 

apparente. 

parall. 

apparente. 

parall. 

Mai      i8.    . 

h       m       8 
11.41.39,16 

h        m      s 
22.34.36,29 

-■1,748 

46°.  2  2'.    9",0 

-0,762 

3o... 

9.46.26,34 

i8.5i .23,90 

^7,864 

32.42.3o,4 

-0,l36 

3i... 

9.21. i3,3o 

18.26.53,27 

-7,859 

33.    4.   0,1 

-  0, 128 

Juin      2... 

9.47.23,48 

17.39.59,30 

—  1,735 

34.41.   9,4 

-2,079 

3... 

9.5.5.21,10 

17.19.  5,46 

-7, -65  3 

35.5i.i4,5 

+  i,5oo 

5... 

.       9.33.47,80 

16.43.18,65 

—7,575 

38.38.35,1 

+7,290 

6... 

12.    1.40,93 

16.27.   3,82 

+7,000 

40.17.53,4 

+7,856 

i3... 

.      10.40.57,49 

I 5. 17.46,09 

+7,075 

5i.23.i3,4 

—0,011 

.4... 

10. 3o. 19,05 

15.11.34,93 

+  7,068 

52.48.55,1 

—0,093 

i6... 

9.43.51,73 

i5.  0.52,27 

+2,708 

55.31.56,5 

-0,195 

25... 

10.21.54,71 

14. 3i .5o,54 

+7,382 

65.   5.44,4 

— o,53o 

26... 

.      10.14.17,76 

14.29. 5i, 47 

+7,377 

65.56.   2,1 

—0,544 

27... 

10.36.    1,08 

14.28.   2 

-î- 1,449 

66.47.     " 

—0,577 

Juillet  4-  ■  ■ 

10.42.28,65 

i4. 18.49, i5 

+  1,524 

71.33.  8,4 

— 0,664 

5... 

9.50.45,71 

14.17.56,59 

+7,428 

72.   6.56,2 

—0,642 

7... 

9.44.50,59 

14.16.22,85 

+  i,43i 

73.13.17,4 

—  0 , 660 

S... 

.  •  10. I I .46,94 

i4.i4-4j,44 

+7,498 

73.45.23,0 

—0,665 

9-- 

.      10. 14. 3o, 94 

14. i5.  5,12 

+7,5i6 

74.15.44,7 

—0,688 

i3... 

10.16.   3,49 

i4. i3. i5,36 

+7,539 

76.  7.36,4 

—0,711 

14... 

10.36.59,37 

14. i2.55,o5 

+7,568 

76.33.36,2 

—0,725 

i5... 

10. 5o. 58, 10 

i4- 12.37,46 

+7,592 

76.59.  0,8 

-0,739 

»  Dans  le!),dej:niers  jours  Je  mai,  la  partie  brillante  de  la  comète  a  la  forme  d'un  ^' 
dont  la  pointe,  formant  un  noyau  de  8"  grandeur,  est  dirigée  vers  le  Soleil.  La  nébu- 
losité totale  est  ronde,  avec  diamètre  d'environ  8'. 

»  En  juin  et  juillet,  la  comète  a  progressivement  faibli  sans  changer  notablement 
de  forme.  Le  i5  juillet,  elle  présentait  une  nébulosité  ronde,  d'environ  3'  de  diamètre, 
avec  noyau  dilTus  excentré. 

»  Les  observations  actuelles  font  suite  à  celles  qui  ont  été  publiées  dans  les 
Comptes  rendus  du  27  mars.  » 


C  ORRE  SPOIVD  ANGE . 


M.  le  Directeur  de  l"'  Institut©  y  observatorio  de  Marixa  de  San  Fer- 
nando »  adresse  à  l'Académie  la  Lettre  suivante  : 

11  Septembre  1899. 
»  L'éclipsé  totale  du  Soleil  du  27  mai  1900  étant  visible  en  Espagne,  le  Ministre  de 
la  Marine  s'est  adressé  au  Ministre  des  Finances  en  vue  d'obtenir  l'admission,  en  fran- 


(  446  ) 

chise  de  tous  droits,  des  instruments  des  astronomes  étrangers  qui  pourraient  venir 
dans  notre  pays  pour  l'observation  du  phénomène. 

))  Je  serai  très  heureux  d'être  informé  des  noms  des  personnes  ou  des  missions  qui 
projettent  une  expédition,  de  la  date  probable  de  leur  arrivée,  et  de  la  douane  où  ils 
comptent  délivrer  leurs  instruments,  afin  de  pouvoir  rendre  tous  les  services  en  mon 
pouvoir  et  faire  accorder  toutes  les  facilités  pour  la  prompte  délivrance  des  appareils 
et  des  instruments.  » 

Cette  Lettre  est  renvoyée  à  la  Section  d'Astronomie. 


ASTRONOMIE.   —   Observations  de  la  planète  EP  (7.  Mascart,   iSggrtowi  26) 
faites  à  l' observatoire  de  Besançon,  avec  V équatorial  coudé,  par  M.   Cho- 
fardet.  Note  de  M.  L.-J.  Gruey,  transmise  jjar  M.  Lœwy. 


Planète. 


■  Etoiliî 


Etoiles 
Dates.  de 

1899.                       Comparaison.  Grandeur. 

Août  29 a  9,7 

29 «  9,7 

3o b  10 

3o a  9,7 

3i b  10 

3i a  9,7 

Sept.    I c  9 

I b  10 


Ascension 

Distance 

Nombre 
de 

droite. 

polaire. 

comparaisons 

m        s 
—0.57,98 

— 

4.    i',6 

6:6 

—0.59,18 

— 

3.52,4 

12:9 

-+-I.     2,54 

— 

t. 18,1 

6:6 

—  1 . 4o , 47 

+ 

'•  9>4 

6:6 

-t-o.22,76 

+ 

3.33,9 

6:6 

—2.20, 19 

+ 

6.    1,4 

6:6 

—  1 .55,5i 

— 

'•  9,1 

12:9 

—0.29,43 

+  10.   5,7 

12:9 

Positions  des  étoiles  de  comparaison.' 


Ascension 

Étoiles 

droite 

Réduction 

Distance  polaire 

Réduction 

de 

moyenne 

an 

moyenne 

au 

compar. 

1899,0. 

jour. 

1899,0. 

jour. 

Autorités. 

a 

h        m        s 
21.27.49,70 

s 

-1-4,47 

96.25.45, 1 

—23,2 

II 735  Munich, 

a 

21.27.49,70 

+4,47 

96.25.45, I 

—  23,2 

» 

b 

21.25.     6,74 

+4,47 

96.28.12,7 

—  23,0 

Anon.  rapp.  à  *  « 

a 

21.27.49,70 

+4,47 

96.25.45, I 

—  23,2 

11-35   Munich, 

b 

21.25.     6,74 

+4,47 

96.28.12,7 

— -23,  I 

Anonyme 

a 

21.27.49,70 

+4,47 

96 . 25 . 45 ,  I 

— 23,3 

1 1735  Munich, 

c 

21 .26.40,89 

4-4,48 

96.38.3i ,0 

—  23,2 

558  Weisseï 

b 

21 .25.    6,74 

-1-4,47 

96.28. 12,7 

-23,1 

Anonyme 

1 


(  447 


Positions  apparentes  de  la  planète. 


Dates. 

Temps  moyen 
de 

Ascension 
droite 

Log.  fact. 

Distance 

Log.  fact 

1899. 

Besançon. 

apparente. 

parallaxe. 

polaire. 

parallaxe 

Aoiit  29. 

h        m        s 

...     11.44.38 

h       m       s 
21 .26.56,24 

2,937 

96°.  2  I  .  20 , 3 

o,85o„ 

29. 

12.24.47 

21.26.54,99 

7,187 

96.21 . 29,5 

o,848„ 

3o. 

10.20.   8 

21.26.13,75 

2,729» 

96 . 26 . 3 I , 6 

o,85o„ 

3o. 

10.20.   8 

21 .26.13,70 

2,729,, 

96.26.31,3 

o,85o„ 

3i. 

••       7-49-Ï2 

21 .25.33,97 

7,45o„ 

96.31 .23,5 

0,842,, 

3i. 

••       7-49-12 

21 .25.33,98 

T,45o,, 

96.31 .23,2 

0,842„ 

Sept.   I . 

8.14.20 

21 .24.49,86 

T,383„ 

96.36.58,7 

o,845„ 

1 . 

i2.35.3o 

21. 24.4», 78 

1,288 

96.37 .55,3 

0,847,, 

La  première  série  du  29  et  celles  des  3o  et  3i  août  ont  été  un  peu  contrariées   par 
des  nuages. 


ASTRONOMIE.  —  Observations  des  Persëides  faites  à  Athènes.  Note  de 
M.  D.  Eginitls,  transmise  par  M.  Lœwy. 


«  Les  observations  des  Perséides  ont  été  favorisées,  cette  année,  par  un 
temps  très  beau  et  l'absence  de  la  Lune;  elles  ont  duré  pendant  quatorze 
jours.  Trois  observateurs,  MM.  Terzakis,  Maris  et  Tsapekos  ont  tracé  les 
trajectoires  des  météores  observés,  sur  des  Cartes  préparées  exprès. 

»   Voici  les  résultats  de  ces  observations  : 


Jour.  Heure. 

h        u 

1  août 10.   o 

2  «      10.   o 

3  »      10.0 

4  "      9  •  "  5 

5  »     9  •  '  3 


Il  DJ 

I  3.40 


i3.5o 
[3.3o 

r  I  .45 

i3.3o 


Nombre 

de 

météores. 

12 


42 


Nombre 
horaire. 


Hadianis. 


:43°,    18° 

■  47°,  55'J 


a  =  35»,  34" 
3  =  57°,  38° 
a  —  20°,  43° 
3  =  68°,  64° 

a  =  i5°,  4o°,  43° 

S  —  36°,  35°,  5o° 


(  44H  ) 


Nombre 

de 

Nombre 

Jour. 

Heure. 

météores. 

horaire. 

Radiants 

6     >'     ... 

h        m             h        m 

9.20       i3.3o 

18 

4 

«  =3  44», 

43" 

0  —  36°,  42° 

■j     .1      9-20       i3.io  3i  8  a  =:  42° 

3  z=  57° 

8  >)      9.   o       16.   o  102  i5  5!  "  56°,  33",  .54°,  38°,  42°. 

3o°,  35°,  20°,  40»,  50° 

0=48°,  60°,  67°,  47»,  60", 

58°,  56°,  59°,  52°,  52° 

9  »     9.10       t6.to  166  19  a  =z  45°,  46°,  36°,  40°,  43° 

S  =z  55»,  56°,  55»,  56°,  5o° 

10  )>      9.20        16.10  272  39  a  =:  45°,  56°,  4o°,  37° 

0  =57°,  57°,  57°,  58° 

11  ,.     9.i5       16.10  1900      28  a  =  42°,  33°,  55°,  5o°,  32° 

2  =  58°,  58°,  53»,  45°,  56» 

12  »     g.iD       i4-20  99  20  a  =  43»,  45°,  37°,  5o»,  65° 

0  =  58°,  57°,  57°,  52°,  46° 

i3     »      Ciel  couvert. 

i4     »     9.oi3.3o  53  12  a=r4i° 

0  =  07° 

))  Les  Perséides  ont  été  plus  nombreuses  cette  année  que  l'année  pré- 
cédente; le  maximum  de  leur  chute  a  eu  lieu,  ainsi  que  l'année  précédente, 
le  10  aotit  de  12''  à  i4''-  La  couleur  de  ces  météores  était,  la  plupart  du 
temps,  jaune,  quelques-uns  seulement  étaient  jaune  rougeàtre;  presque 
tous  étaient  faibles  (5*  grandeur)  et  rapides.  Très  souvent  on  les  voyait 
apparaître  par  couples  et  le  jour  du  maximum  en  essaiins  de  5  à  G;  en 
général,  d'après  nos  observations,  le  mode  d'apparition  de  cet  essaim 
présente  des  périodes  de  calme  et  des  flux  d'activité.  Quelques-uns  des 
météores  observés  appartiennent  à  d'autres  essaims.  Le  plus  grand  nombre 
d'étoiles  fdantes  a  été  observé  entre  minuit  et  le  matin,  comme  d'ordinaire. 

»  Nos  observations  des  Perséides  des  trois  dernières  années  confirment 
ce  qu'on  avait  déjà  remarqué,  que  cet  essaim  possède  un  grand  nombre 
de  points  radiants;  la  position  de  son  centre  principal  d'émanation,  d'où 


(')  Pendant  celle  soirée,  le  ciel  a  été  nébuleux. 


(  449  ) 

est  sorti  le  plus  grand  nombre  des  météores  le  jour  du  maximum,  a  été 
cette  année  «  —  45",  S  =  Sj".  » 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  surfaces  de  qualricine  degré  qui  admet Icnl  une  inlé- 
grale  de  différentielle  totale  de  première  espèce.  Note  de  M.  Arthur  Berry, 
présentée  par  M.  E.  Picard. 

»  D.ms  la  Théorie  des  fonctions  algébriques  de  deux  variables  indépen- 
dantes (\e  MM.  Picard  el  Simart,  il  y  a  (p.  i34-i36)  une  brève  discussion 
des  surfaces  du  quatrième  degré  qui  admettent  une  intégrale  de  différen- 
tielle totale  de  première  espèce.  Ayant  trouvé  deux  surfaces,  les  auteurs 
ajoutent  qu'il  n'y  a  pas  d'autres  surfaces  en  deliors  des  cônes  et  des  trans- 
formations houiographiques  de  ces  deux  surfaces.  Ce  résultat  a  étéénoncé 
sans  démonstration  par  M.  Poincaré  (Comptes  rendus,  t.-  XCIX,  29  dé- 
cembre 1884). 

»   J'ai  trouvé  encore  trois  surfaces  ayant  la  propriété  dont  il  s'agit. 

)>  M.  Picard  a  réduit  le  problème  à  l'intégration  des  équations  différen- 
tielles 

^  '  (jx  -  dr         ■'  dz  '  ot 

,•    N  t)0|         06.,         tJO,         o9,, 

^  o.v        ôy         dz-         de 

dans  lesquelles  y  est  une  fonction  homogène  du  quatrième  degré  des 
quatre  variables  .t,  y,  z,  l,  et  les  fonctions  0  sont  linéaires. 

>j  On  sait  que  l'équation  (1)  peut  être  réduite,  en  générai,  par  une 
transformation  homographique,  à  l'équation  plus  simple 

(3)  «,4+«,.|+c=^-.rf4  =  o, 

OÙ  les  quantités  a,  b,  c,  d  sont  racines  d'une  équation  algébrique  auxiliaire. 
Mais  si  ces  racines  ne  sont  pas  toutes  distinctes,  la  réduction  n'est  pas  tou- 
jours possible  et  l'intégrale  générale  de  l'équation  (i  )  a  ordinairement  une 
partie  logarithmique. 

»  En  étudiant  un  peu  minutieusement  ces  cas  d'exception,  j'ai  trouvé 
qu'il  faudrait  avoir  égard  à  cinq  équations  différentielles,  à  savoir  :  les 


(  45o  ) 

Irois  équations 

/  -  \  àf  ôf 

^    ■'  d-r       "   ay 

/AN  df    '        df  df         df 

/    N  -y      Of     ,    o      df  àf  df 

^'■'  ax         -^  dv  dz         di 

qui  sont  des  cas  spéciaux  de  (3),  et  les  deux  équations 

/8\  àf     ,     ,(>f 

-     \  àf  df 

V9)  ^^-■-^^.  =  "' 

qui  ne  le  sont  pas.  En  faisant  celte  réduction,  j'ai  mis  de  côté  quelques 
équations  qui  conduisent  ou  aux  cônes,  ou  aux  surfaces  rationnelles  (uni- 
cursales),  qui  ne  peuvent  avoir  aucune  intégrale  de  première  espèce. 

»  Voici  les  surfaces  auxquelles  conduit  l'intégration  de  ces  équations 
différentielles  : 

(I)  x-y--h  2XY{z,ty+{z,iy=^o, 

(II)  z-{x,yy-^izt{x,Yy  +  t\x,YY  =  o, 

(III)  {xy,zty-^-axl^+byz''^o, 

(IV)  {xt-Yzy  +  i{xt  -Yz){z,ty-\-{z,  ty  =  o, 

(V)  (ixi-Y"-y-^2(2xt-y^-){z,ty^(z,ty  =  o, 

où  j'emploie  la  notation  (a?, y)'"  pour  un  polynôme  homogène  arbitraire 
du  degré  m. 

»  Les  surfaces  (I),  (II)  sont  celles  qui  ont  été  signalées  par  M.  Poin- 
caré.  La  surface  (IV)  a  une  droite  double  (5  =  ^  =  0)  d'une  espèce  supé- 
rieure, que  l'on  peut  appeler  une  ligne  tacnodale  (^ac/ior/a/  Une),  parce 
qu'une  section  plane  générale  y  a  un  point  tacnodal  (tac-node).  C'est  un  cas 
limite  de  la  surface  (II)  qu'op  trouve  quand  les  deux  droites  doubles 
(x  ^=  y  =  o,  z  =  t  =  o)  s'approchent  l'une  de  l'autre  sans  se  rencontrer; 
mais  l'équation  (IV)  n'est  pas  un  cas  spécial  de  l'équation  (II).  La  sur- 
face (III)  a  deux  points  uniplanaires,  à  savoir  :  x  =  z  —  t^o,y  =  z  —  t:=o; 
d'ailleurs  les  droites  a:  =  ;=:o,  ^  =  ^  =  0  sont  lignes  simples,  chacune 
avec  le  plan  tangent  fixe.  La  surface (V) a  un  point  tacnodal  j  =  -  =  /  =  o. 


(  45i  ) 

»  Au  moven  d'iino  transformation  biralionnelle,  on  peut  transformer 
chacune  des  cinq  surfaces  en  un  cône  du  troisième  degré.  On  vérifie  ainsi 
l'existence  effective  d'une  intégrale  de  première  espèce.  Ponr  la  troisième 
surface,  j'emploie  la  transformation  cnhicpio 

■t'  :  y'  ::■''.  t'  =  z^  t  '.  .r  f-  ]  .ryz  :  xyt. 

Poin-  les  autres  surfaces,  j'arrive  au  bout  par  une  transformation  bira- 
lionnelle quadrique,  qu'il  ne  vaut  pas  la  peine  d'indiquer  ici. 

'  On  voit  ainsi  que  les  cinq  surfaces  ont  le  genre  numérique  (/j„)  égal 
à  —  T.  En  ayant  égard  aussi  aux  cônes,  on  voit  que  toute  surface  du  qua- 
trième degré  admettant  une  intégrale  de  différentielle  totale  de  première  espèce 
a  le  genre  numérique  négatif.    •> 


PHYSIQUE  GÉNÉRALE.  —  Sur  la  solidi/ication  de  l'hydrogène. 
Note   de   M.    James    Dewar,    présentée  par  M.   Henri   Moissan. 

«  Aussitôt  que  nous  eûmes  produit  l'hydrogène  liquide  par  200*^'=  ou 
ooo'^^',  à  la  fin  de  l'année  1898,  nous  avons  essayé  de  le  solidifier  par  ébul- 
lition  sons  pression  réduite.  Dès  cette  époque,  pour  rendre  plus  lent 
l'échauffement  extérieur,  nous  avons  disposé  notre  appareil  (^g.  i)  de  la 
façon  suivante  ;  De  l'hydrogène  liquide  fut  placé  dans  une  petite  éprouvette 
à  double  paroi,  qui  était  entourée  elle-même  d'un  bain  d'hydrogène  liquide 
renfermé  dans  une  de  nos  grandes  éprouvettes  à  double  paroi  et  à  vide  de 
Crookes.  Celle  éprouvette  était  fermée  et  mise  en  communication,  par  un 
tube  recourbé,  avec  une  pompe  qui  permettait  de  faire  le  vide  très  rapide- 
ment. De  cette  façon,  l'évaporalion  se  faisait  principalement  dans  l'espace 
annulaire  et  la  surface  extérieure  du  plus  petit  tube  était  maintenue  à  la 
même  température  que  celle  de  l'hydrogène  liquide  de  l'espace  annulaire. 
Nous  étions  ainsi  bien  préservé  de  tout  échauffement  extérieur  et,  grâce  à 
cette  disposition,  l'hydrogène  liquide  fut  évaporé  sous  10'"™  environ  de 
pression,  mais  aucune  solidification  ne  se  proilnisit.  Reconnaissant  que  des 
expériences  de  ce  genre  exigeaient  de  grandes  quantités  de  liquide,  d'autres 
questions  furent  abordées  et  nous  abandonnâmes  momentanément  nos 
expériences  sur  la  solidification  de  l'hydrogène.  Dès  le  début  de  cette 
année,  nous  avons  déterminé  les  constantes  d'un  grand  nombre  de  ther- 
momètres à  résistance  électrique  et,  avec  ceux-ci,  l'abaissement  progressif 

C.  R.,  1S99,  a«  Semeslre.  (T    CX\I\,  N°  10  •»' 


(  452  ) 

des  températures  réalisées  par  l'ébullition  rapide  de  l'hydrogène  iiqiié6é. 
»  Dans  le  courant  de  ces  expériences,  on  nota  que,  presque  toujours,  il 
y  avait  un  petit  suintement  d'air,  qui  devenait  apparent  par  le  fait  qu'il  se 
congelait  sous  forme  de  neige  dans  l'intérieur  du  récipient,  au  point  où  il 
rencontrait  la  vapeur  froide  de  l'hydrogène  qui  sortait.  Lorsque  des  fils 
conducteurs  couverts  de  soie  doivent  passer  à  travers  des  bouchons  en 
caoutchouc,  il  est,  en  effet,  très  difficile,  à  ces  températures  extrêmement 
basses,  d'empêcher  des  suintements,  car  les  bouchons  deviennent  durs 
comme  de  la  pierre  et  les  ciments  craquent  et  se  fendillent  dans  tous  les 

sens. 

))  L'effet  de  ce  léger  suintement  d'air  sur  l'hydrogène  liquide,  lorsque  la 
pression  fut  réduite  au-dessous  de  6o°"°,  fut  très  remarquable,  car  il  se  soli- 
difia soudain  en  une  masse  mousseuse  ressemblant  à  de  l'écume  gelée.  Ma 
première  impression  fut  que  ce  corps  était  une  éponge  d'air  solide  conte- 
nant de  l'hydrogène  liquide,  de  même  que  l'air  ordinaire  peut  être,  dans 
certaines  conditions,  un  magma  d'azote  solide  contenant  de  l'oxygène 
liquide.  Cependant  le  fait  que  cette  écume  blanche  s'évaporait  complète- 
ment à  cette  basse  pression,  sans  laisser  aucune  quantité  appréciable  d'air 
solide,  m'amena  à  conclure  que  le  corps  pouvait  bien  être  de  l'hydrogène 
solide.  Cette  hypothèse  fut  confirmée  par  l'observation  de  ce  fait,  que,  si 
l'on  augmente  la  pression  et,  par  conséquent,  la  température  de  l'hydro- 
gène, le  solide  fond  lorsque  la  pression  atteint  environ  55°"".  L'échec  de 
la  première  expérience  doit  être  attribué  au  surrefroidissement  du  liquide, 
qui  est  évité  dans  ce  cas  grâce  à  son  contact  avec  les  fils  métalliques  et  à 
des  traces  d'air  solide.  Pour  trancher  définitivement  la  question,  nous 
fîmes  l'expérience  suivante  : 

»  Un  ballon  C  d'environ  un  litre  de  capacité  {fig.  i),  portant  soudés 
sur  son  col  un  petit  manomètre  à  mercure  D  et  un  long  tube  de  verre 
recourbé,  fut  rempli  d'hydrogène  pur  et  sec,  puis  scellé  à  la  lampe. 

»  La  portion  inférieure  AB  du  long  tube  fat  calibrée.  Elle  fut  entourée 
d'hydrogène  liquide,  placé  dans  un  récipient  où  l'on  avait  fait  le  vide  et  dis- 
posé pour  l'épuisement.  Dès  que  la  pression  fut  abaissée  notablement  au- 
dessous  de  la  pression  atmosphérique,  de  l'hydrogène  liquide  parfaitement 
clair  commença  à  se  réunir  dans  le  tube  AB;  celui-ci  put  être  observé 
s'accumulant  jusqu'au  moment  où  l'hydrogène  liquide,  entourant  l'exté- 
rieur du  tube,  se  transforma  soudain,  sous  une  pression  de  So™"  à  4o°"°, 
en  une  masse  blanche  ressemblant  à   de  l'écume  solide,   et  remplissant 


(  /j53  ) 

presque  tout  l'espace  annulaire.  Comme  il  n'était  pas  possible  d'observer 
l'état  de  l'hydrogène  dans  l'intérieur  du  tube  AB  recouvert  d'une  grande 
quantité  de  ce   solide,  l'appareil   tout  entier  fut  renversé,  sens   dessus 


Fig.  i. 


Fig.  2. 


SîÀa: 


r^ 


dessous,  afin  de  voir  si  un  liquide  quelconque  coulerait  le  long  de  AB 
dans  le  ballon  C.  On  n'observa  aucun  liquide  le  long  du  tube,  de  sorte 
que  l'hydrogène  devait  être  considéré  comme  solidifié. 

»  En  plaçant  une  forte  lumière  sur  le  côté  de  l'éprouvette  où  l'on  avait 
faille  vide,  en  face  de  l'œil,  et  en  maintenant  l'épuisement  à  environ  25"""', 
le  solide  devint  graduellement  moins  opaque,  et  l'on  vit  que  la  matière 
dans  AB  était  une  glace  transparente  à  la  partie  inférieure,  mais  que  la 
surface  avait  un  aspect  mousseux.  Ce  fait  nous  empêcha  de  déterminer  la 
densité  à  l'état  solide,  mais  on  avait  pu  prendre  la  densité  fluide  maximum. 
Elle  fut  trouvée  être  de  0,086,  le  liquide  à  son  point  d'ébuUition  ayant  la 
densité  de  0,07. 

»  L'hydrogène  solide  fond  lorsque  la  pression  de  la  vapeur  saturée 
atteint  environ  55"™.  Afin  de  déterminer  la  température  de  fusion,  deux 
thermomètres  à  hydrogène  à  volume  constant  furent  employés.  Ils  conte- 
naient de  l'hydrogène  à  o",  l'un  sous  une  pression  de  269™",  8  et  l'autre 
sous  une  pression  de   127™'".  Lu  température  moyenne  de  ce  solide   fut 


(  434  . 
trouvée  êLre  16"  absolus,  sous  une  pression  de  35"'".  Toutes  les  tentatives 
faites  pour  obtenir  un  thermomètre  de  résistance  électrique  exact  pour 
des  observations  à  température  aussi  basse  n'ont  abouti  qu'à  des  échecs  ('  ). 
»  Pour  le  moment,  le  point  d'ébuUition,  qui  est  21"  absolus  à  760°"" 
taudis  qu'il  est  de  16°  absolus  à  SS™"",  permet  d'en  faire  dériver  la  formule 
approchée  donnant  la  tension  de  vapeur  saturée  de  l'hydrogène  liquide 
au-dessous  de  la  pression  atmosphérique 

]                  r       r>  f             83 ,28 
\ogp=  b,7J4i rj.-' 

formule  dans  laquelle  T  représente  la  température  absolue  et  où  la  pres- 
sion est  exprimée  en  millimètres.  Celte  formule  donne  pour  55"""  une 
température  de  16",  7  absolus.  Le  point  de  fusion  de  l'hyiirogène  doit  être, 
par  conséquent,  voisin  de  16°  317°  absolus. 

))  La  limite  pratique  de  température  que  nous  pousous  produire  par 
l'évaporation  de  l'iiydrogèue  solide  est  de  i4°  à  i5°  absolus. 

>.  La  détermination  exacte  des  points  d'ébuUition  de  l'hydrogène  liquide 
sous  pressions  réduites  fera  l'objet  de  nouvelles  recherches. 

»  En  passant,  on  peut  noter  que  la  température  critique  de  l'hydrogène 
étant  30"  à  32"  absolus,  le  point  de  fusion  est  représenté  par  un  nombre 
qui  est  moitié  environ  de  celui  qui  correspond  à  sa  température  critique. 
Une  observation  semblable  peut  être  faite  pour  le  point  de  fusion  et  la 
température  critique  de  l'azote.  L'apparence  écumeuse  du  solide,  lorsqu'il 
est  produit  dans  un  récipient  vide  ordinaire,  est  due  à  la  faible  densité  du 
liquide  et  au  fait  qu'une  ébullilion  rapide  a  lieu  dans  la  masse  entière  du 
liquide. 

')  Ces  expériences  sur  la  solidification  de  l'hydrogène  nous  semblent 
détruire  l'hypothèse  que  l'hydrogène  puisse  être  un  métal;  on  doit,  à 
l'avenir,  le  classer  parmi  les  éléments  non  métalliques.   » 


(')  Maintenant  qu'il  est  définilivenieiU  prouvé  que  l'iiélium  est  plus  volatil  que 
l'hydrogène,  ce  corps,  après  avoir  passé  à  travers  un  tube  de  verre  en  spirale  plongé 
dans  de  l'iiydrogène  liquide  pour  séparer  tous  les  autres  gaz,  pourra  être  comparé 
avec  le  tlieruiomètre  à  livdrocèiie. 


(45^  ) 


ZOOLOGIE.  —  Sur  le  mode  de  croissance  en  spirale  des  appendices  en  voie  de 
régénération  chez  les  Arthropodes.  Note  de  M.  Edmoxd  Bordage,  présentée 
par  M.  Milne-Edwards. 

«  1.  Dans  une  précédente  Communication  à  l'Académie,  j'ai  signalé  le 
mode  de  croissance  en  spirale  dçs  membres  en  voie  de  régénération  chez 
les  Manlides;  j'ai  rappelé  que  ce  mode  s|)écial  de  croissance  se  constate 
également  chez  les  Phasmides  et  chez  les  Blattides  (').  J'ajoutais  que  cette 
particularité  devait  probablement  se  rencontrer  chez  les  quatre  familles 
d'Arthropodes,  et  cela  pour  les  différents  appendices  (^). 

«  En  ce  qui  concerne  les  Insectes,  le  lait  est  maintenant  prouvé  pour  les  membres. 
En  outre,  j'ai  pu  m'assurer  que,  après  amputation,  les  antennes  des  larves  de  l^hasmides 
{Monandroplera  el  liapkidertis)  croissent  en  spirale  jusqu'après  la  première  mue 
qui  suit  la  mutilation. 

»  Chez  les  Crustacés,  le  mode  de  croissance  en  spirale  a  été  constaté  chez  Cancer 
paguriis.  Carcinus  mœnas,  Pagurus  Bernhardus,  par  H.  Goodsir  (Anatomical  nnd 
pallwlogical  obsen,ations;  Edimbourg,  i845). 

Parmi  les  Arachnides,  les  Aranéides  le  présentent  nettement. 

«  Chez  les  Myriapodes,  il  n'a  pas  encore  été  signalé.  Cela  provient  vraisemblable- 
ment de  ce  que  peu  de  recherches  ont  été  faites  sur  la  régénération  des  membres  chez 
ces  Arthropodes.  Mais  il  est  très  probable  qu'il  doit  s'observer  tout  au  moins  cliez  les 
Myriapodes  à  membres  très  développés,  tels  que  les  Scutigères  (Scutigera).  Ces  der- 
niers présentent  une  particularité  très  remarquable.  Quand  ils  n'ont  pas  encore  atteint 
leur  complet  développement,  on  aperçoit,  par  transparence,  dans  le  segment  terminal 
du  corps,  des  membres  enroulés  sous  les  téguments,  membres  qui  ne  deviendront  libres 
et  rectilignes  qu'à  la  mue  suivante.  Après  chaque  mue,  le  corps  du  Scutigére  com|)tera 
un  segment  de  plus. 

!■  II.  Mais  je  dois  faire  remarquer  que  le  mode  de  croissance  en  spirale  ne 
se  rencontre  pas  chez  tous  les  Arthropodes.  Chez  le  Hoinard,  par  exemple, 
les  membres  thoraciques  en  voie  de  régénération  croissent  d'une  façon  rec- 
tiligne.  Ce  fiit  est  d'autant  plus  remarquable  que,  cbez  le  même  Crustacé, 


(')  Je  viens  de  constater  que  M.  H.  Brindley  avait  signalé  ce  mode  de  croissance 
chez  les  lilattides  (  Brindley,  On  certain  characters  of  reprodiiccd  appendages  in 
Arthropoda,  p.  9;  i8g8). 

(^)  Mais  des  recherches,  tant  expérimentales  que  bibliographiques,  m'ont  appris 
que  ce  mode  de  croissance  ne  se  rencontre  pas  chez  tous  les  Arthropodes,  contraire- 
ment à  ce  que  l'on  serait  tenté  de  supposer  d'aijord. 


(  45(i  ) 

les  antennes  mutilées  croissent  en  spirale  jusqu'à  la  première  mue  qui  se 
produit  après  la  mutilation. 

))  La  différence  entre  ces  deux  modes  de  croissance  n'est  pas  aussi  grande  qu'on 
pourrait  le  croire  tout  d'abord.  Voyons  en  quoi  elle  consiste.  Chez  les  Arthropodes 
présentant  le  mode  de  croissance  en  spirale,  comme  chez  ceux  qui  offrent  le  mode  de 
croissance  rectiligne,  la  surface  suivant  laquelle  se  fait  la  séparation,  entre  deux 
articles  consécutifs  d'un  membre,  se  recouvre  d'une  mince  cuticule  non  chitinisée. 
Dans  l'un  et  l'autre  cas  également,  le  travail  de  régénération  ne  se  fait  pas,  dès  le  dé- 
but, sur  toute  la  surface  de  section,  mais  il  commence  vers  la  partie  centrale,  et,  la 
rapidité  de  croissance  en  longueur  étant  ordinairement  de  beaucoup  supérieure  à  la 
rapidité  de  croissance  en  diamètre,  il  en  résulte  que  le  rudiment  de  membre  en  voie 
de  développement  a  d'abord  un  diamètre  de  beaucoup  inférieur  à  celui  du  moignon 
demeuré  en  place. 

»  Si  la  croissance  s'opère  rapidemenl,  ce  qui  a  lieu  le  plus  souvent,  et  si  aucune 
turgescence  ne  se  manifeste  dans  le  rudiment  de  membre,  ce  dernier,  par  suite  de  sa 
flaccidité,  est  incapable  de  repousser  fortement  devant  lui  la  mince  cuticule  qui  re- 
couvre la  surface  de  section.  Il  ne  peut  que  la  distendre  légèrement,  de  façon  à  trouver 
la  place  qui  lui  est  nécessaire.  Dans  ces  conditions,  il  est  obligé  de  s'enrouler  sur  lui- 
même,  tout  en  restant  couvert  par  la  cuticule  qui  forme  une  sorte  de  petite  poche 
protectrice. 

1)  Si,  au  contraire,  la  turgescence  se  manifeste  dès  le  début  de  la  croissance,  le  rudi- 
ment du  membre  en  voie  de  formation,  au  lieu  d'être  obligé  de  se  replier  sur  lui- 
même,  est  capable  de  refouler  devant  lui  la  mince  cuticule  douée  d'une  assez  grande 
élasticité.  Dans  ce  cas,  rien  ne  l'empêche  de  croître  d'une  façon  rectiligne.  Cette  cuti- 
cule peut  même  se  mouler  d'une  façon  jjlus  ou  moins  parfaite  sur  le  membre  en  voie 
de  croissance  et  résister  jusqu'au  moment  de  la  plus  prochaine  mue.  Elle  est  alors 
rejetée  avec  l'ancienne  enveloppe  chitineuse  du  corps  à  laquelle  elle  est  intimement 
liée. 

»  En  résumé,  le  développement  d'un  membre  se  ferait  suivant  le  mode  spirale,  ou 
suivant  le  mode  rectiligne,  selon  qu'il  y  aurait  eu  flaccidité  ou  turgescence  du  rudi- 
ment de  ce  membre  de  remplacement,  dès  le  début  de  sa  formation. 

»  III.  En  ce  qui  concerne  leg  Insectes  [Mantides,  Blattides  ('),  Ortho- 
ptères sauteurs],  la  régénération  d'une  portion  de  membre,  après  section 
artificielle,  se  produit  le  plus  souvent  suivant  le  lîiode  de  croissance  en 
spirale.  J'ai  cependant  constaté  quelques  exceptions,  que  l'on  peut  expli- 
quer assez  facilement  d'ailleurs  et  considérer  comme  un  cas  particulier  du 
processus  le  plus  général. 

»  Ainsi,  chez  les  Phasmides,  tandis  qu'un  membre  amputé  par  autotomie 


(')  Cf.  H. -II.  Urikdley,  Ou  certain  characlers  of  reproduced  appendages  in  Ar- 
thropoda,  p.  9;   1898. 


(  457  ) 
se  régénère  en  suivant  le  mode  de  croissance  en  spirale,  la  régénération 
d'une  portion  d'un  membre  amputé  par  section  artificielle  a  lieu  suivant  le 
mode  de  croissance  rectiligne  [voir  Bord  âge,  Régénéra/ ion  des  membres 
chez  les  Phasmides  après  des  sections  artificielles  {Ann.  Soc.  Entom.  de  France, 
p.  87;  1898)]. 

»  Dans  le  Travail  en  question,  après  avoir  indiqué  que  la  croissance  des  membres 
autotoniisés  en  voie  de  régénération  s'opère  avec  une  rapidité  relativement  remar- 
quable, j'ajoutais  que  celle  des  portions  de  membres  mutilés  par  des  sections  artifi- 
cielles se  fait,  au  contraire,  avec  la  plus  grande  lenteur.  Mais  la  partie  en  voie  de 
régénération,  après  section  artificielle,  devant  avoir,  immédiatement  après  la  mue  la 
plus  proche,  le  même  diamètre  que  la  partie  terminale  du  moignon  plus  ou  moins  long 
demeuré  en  place,  il  s'ensuit  que  la  croissance  en  diamètre  doit  être  tout  aussi  rapide 
que  chez  les  Mantides  et  les  Blattides.  Elle  est  même  quelquefois  aussi  rapide  que  la 
croissance  en  longueur  ('),  et  cela  précisément  au  début  du  processus  de  régénération, 
mais  à  cette  période  seulement.  Ensuite,  elle  se  ralentit  considérablement  et  obéit  à  la 
vitesse  de  croissance  en  diamètre  du  membre  tout  entier,  avec  laquelle  elle  se  confond. 

»  De  cette  façon,  le  travail  de  régénération  de  la  portion  de  membre  qui  a  débuté, 
comme  cela  est  la  règle,  vers  la  partie  centrale  de  la  section,  a  déjà  gagné  toute  la 
surface  de  cette  section,  avant  que  le  rudiment  de  membre  ait  acquis  une  longueur 
appréciable.  Ce  rudiment  possède  donc  le  diamètre  de  la  partie  dont  il  est  le  prolon- 
gement et  sa  longueur  insignifiante  ne  le  contraint  pas  à  s'enrouler  sur  lui-même  sous 
la  cuticule  protectrice,  ce  qui  arriverait  certainement  si  sa  croissance  en  longueur 
était  rapide  et  si  son  diamètre  demeurait  en  même  temps  de  beaucoup  inférieur  à 
celui  du  moignon  qu'il  doit  compléter.  Il  peut  alors  distendre  devant  lui  la  mince 
cuticule  sur  toute  son  étendue  et  croître  d'une  façon  rectiligne. 

»  J'ai  pu  constater  que  le  même  fait  se  produit  quelquefois  pour  les  Orthoptères 
sauteurs,  à  la  suite  de  sections  artificielles  pratiquées  soit  sur  les  membres  des  deux 
paires  antérieures,  soit  sur  la  partie  inférieure  du  tibia  et  sur  les  premiers  articles  du 
tarse  des  pattes  sauteuses.  Mais  ici,  le  fait  n'est  pas  constant  comme  chez  les 
Phasmides.  Il  ne  se  produit  que  dans  le  cas  où,  pour  une  cause  quelconque,  la  régé- 
nération se  fait  avec  une  grande  lenteur.  Autrement,  la  croissance  se  fait  en  spirale. 

»  Nous  avons  donc  là  une  seconde  cause  amenant  la  croissance  recti- 
ligne du  membre  en  voie  de  régénération.  Il  convient  d'ajouter  que,  dans 
ce  cas,  la  turgescence  semble  aussi  jouer  un  certain  rôle.   » 


(')  Ainsi,  j'ai  pu  constater,  chez  une  larve  de  Monandroplera  inuncans,  qu'après 
la  mue  qui  se  produisit  en  premier  lieu,  quelque  temps  après  la  section  artificielle 
d'un  membre  mesurant  2""  de  diamètre  au  point  où  la  section  avait  été  pratiquée,  la 
saillie  terminale  formée  par  la  partie  en  voie  de  régénération  atteignait  elle-même  à 
peine  2™'"  de  longueur. 


(   /,5H    ) 

M.  L.  Brach  soumet  au  jugement  de  l'Académie  l'indication  d'un  moyen 
de  protection  pour  les  trains  de  chemins  de  fer  en  marche. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique). 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

J.  B. 


BULLETIN    BIBLinr.RAPIlIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  4  septembre  1899. 

Description  des  machines  el  procédés  pour  lesquels  des  brci'els  d'imention  ont 
été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  i8.'î4,  publiée  par  les  ordres  de 
M.  le  Ministre  du  Commerce  et  de  l'Industrie.  ï.  XCI,  i"-3'  parties,  nou- 
velle série.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1899;  3  vol.  in-8°. 

Influence  des  changements  de  température  sur  la  respiration  des  plantes. 
par  M.  W.  Palladine.  (Extr.  de  la  Revue  générale  de  Botanique,  dirigée  par 
M.  Gaston  Bonnier,  Membre  del'Institut,  t.  XI,  p.  241  ;  1899.)  Paris,  Paul 
Dupont,  1899;  I  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Mémoires  de  l'Académie  de  Stanislas,  1898.  CXLIX*année,  5'  série,  t.  XVI. 
Nancy,  Berger-Levrault  et  C'",  1899;  i  vol.  in-8°. 

Œuvres  complètes  de  Christian  Euygens,  publiées  par  la  Société  hollan- 
daise des  Sciences.  T.  VIII,  Correspondance,  1676-1684.  La  Haye,  Martinus 
Nijhoff,  1899;  I  vol.  in-4".  (Hommage  des  Directeurs  de  la  Société  hollan- 
daise des  Sciences.) 

AstrologY  vindicated  :  The  zodiac  of  the  human  face,  by  J.-B.  Schmalz. 
Etowah,  P.  O.,  1898;  2  fasc.  in-24.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Die  Unitâl  des  absoluten  Maass^Systems  in  Bezug  auf  magnetische  und  eleh 
trische  Grôssen,  von  FRA^•z  Herntlee.  Budapest,  1899;  i  fasc.  in-8°. 

A  new  theory  of  the  stahility  ofships,  by  Alfred-J.  (Iooper.  2"''  édition,  re- 
vised  and  enlarged.  London,  J.-D.  Potter.  (Hommage  de  l'Éditeur.  ) 

Money's  worth,  by  John-Henry  Norman.  London,  Sampson  Low,  Martson 
and  C",  1899;  I  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

Jepnis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  lû-4*.  Deui 
•lies,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
oart  du  i"  janvier. 

Le  prix  de  Pabonnemenl  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


sn.. 


chez  Messieurs  : 
Ferriin  frères. 

iChaix. 
Jourdan. 
Ruff. 

Uns Courtin-Hecquet. 

j  Germain  etGrassin. 

'     I  Lachése. 

■onne Jérôme. 

inçon Jacquard. 

./  Feret. 
ieaux !  Laurens. 

!  Muller  (G.). 
rgea Renaud. 

Derrien. 

F.  Robert. 

J.  Robert. 

Uzel  frères. 

I Jouan. 

mberv Perrin. 

Henry.   . 

Marguerie. 

Juliot. 

Ribou-Collay. 

I  Lamarche. 

(1. Ratel. 

'  Rey. 

(  Lauverjat. 

(  Degez. 

\  Drevet. 

\  Gratier  et  C". 

\tochelle Foucher. 

(  Bourdignon. 
I  Dombre. 
)  Thorez. 
(  Quarré. 


•bourg.. 


mont-Ferr. . 


mbU. 


'(are. 


chez  Messieurs  : 

,      .  (  Baumal. 

Lorient J  ..      ., 

(  M»'  Texier. 

(Bernoux  et  Cumin 
Georg. 

Lyon {  Côte. 

I  Savy. 
'  Vitte. 

Marseille Ruât. 

)  Calas. 


Montpellier . 
Moulins..    .. 


\  Coulet. 
Martial  Place. 
/  Jacques. 


Nancy ...      Grosjean-Maupin. 

'  Sidot  frères. 

I  Loiseau. 

'  ■  ■  '  /  Veloppé. 

i  Barma. 

■     I  Visconti  et  C". 

Nimes Thibaud. 

Orléans Luzeray. 

„    .  .  \  Blanchier. 

Poitiers ,  ,,      , 

(  Marche. 

Hennés Plihon  et  Hervé. 

Rochefon Girard  (M""). 

„  i  Langlois. 

Rouen !        ' . 

(  Lestnngant. 

S'-Étienne Chevalier. 

(  Ponteil-Burles. 


Mantes 


Nice. 


Toulon. 


Toulouse.. 


{  Rumèbe. 
j  Gimet. 


!  Privât. 

iBoisselier. 
Péricat. 
Suppligeon. 
(  Giard. 
(  Lemaître. 


Valenciennes . 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


Bttcharest . 


chez  Messieurs  : 

(  Feikema    Caarelsen 

'      et  C-. 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C*. 
Dames. 

Friediander  et  fils. 
'  f  Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

[  Lamertin. 

Bruxelles Mayolezet  Audiarte. 

I  Lebégue  et  C*. 
\  Sotcheck  et  C°. 
(  Storck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BellelC". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

iCherbuliez. 
Georg. 
Stapelmohr. 
Bel  infante  frères. 
i  Benda. 
(  Payot. 
■  Barth. 
l  Brockhaus. 

Leipzig (  Lorenlz. 

Max  Riibe. 
Twietmeyer. 
(  Desoer. 
\  Gnusé. 


Londres 

Luxembourg 

chez  Messieurs  : 
1  Dulau. 
Hachette  et  C'. 

'Nutt. 
.    ..     V.  Buck. 

Naples . 


Genève 

La  Haye. .. . 
Lausanne — 


Liège. 


I  Libr.  Gutenberg. 

Madrid '  ^°"'°  y  Fussel. 

)  Gonzalès  e  hijos. 
l  F.  Fé. 

Milan !^°«'»  f''""- 

>  Hœpli. 

i^oscou Tastevin. 

Marghieri  di  Giu». 
Pellerano. 

j  Dyrsen  et  Pfeiefer. 
New-York Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaés  et  Mouiz. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Rome j  Bocca  frères. 

)  Loescheret  G". 

Rotterdam  Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallid. 

c.,  „  .      .  \  Zinserling. 

S'-Petersbourg..^^^^^^ 

1  Bocca  frères. 
Brero. 
I  Clausen. 
(  RosenbergelSellier. 

Varsovie Gebelhner  et  WollV 

Vérone Drucker. 

i  Frick. 

Vienne !„      ,, 

I  Gerold  et  C". 

ZUrich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  SES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  —  (3  Août  i835  à  Si  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4»;  i853.  Prix 16  fr. 

Tomes  32  à  61.-    (  i"  Janvier  i85t  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4"';  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (i"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  iSSo.)  Volume  in-4'';  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  : 

sel:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Dbrbès  et  A.-J.-J.  Solier.—  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbation»  qu'éprouTcnlles 

:tes,  par  M.HisfEN.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

65,  par  M.  Clicde  Behnard.  Volume  in-4'',  avec  32  planches;  i856   15  fr. 

ne  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Benede>.  —  Essai  d'une  réponse  a  iaqucauoude  Prii  proposée  en  iSôo  par  l'Académie  des  Sciences 
le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
maires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition .  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Kechercher  la  nature 
rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bbonîi.  In-4°,  avec  37  planches;  1861..  .        15  fr. 


a  même  Librairie  les  Hémou-es  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  dsi  Sciences. 


N"  10. 

TABLE   DES   ARTICLES.   (Séance  du 4  septembic  1899.) 


MEMOIRES  ET  COMMUi\ICATIO-\S 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M.  G.  liAYKT.     -  Observntions  de  la  comète 
Swift  (1899,  a),  faites  au  grand  équalo- 


Pages. 

rial    de    l'observatoire   de   Bordeaux,   par 
MM.   G.  Rayet  cl  A.  Féraud 4^3 


CORRESPO.\DAIVCE. 


M.  le  Directeur  del'..  Institlto  y  Obser- 
VATORio  DE  Marina  de  San  Fernando.  — 
Lettre  relative  aux  futures  expéditions 
pour  l'observation  de  l'éclipsé  de  Soleil 
du  37  mai  1900 

M.  L.-J.  Gruey.  —  Observations  de  la  pla- 
nète EP  J.  Masrart.  1899  août  26)  faites 
à  l'observatoire  de  Besançon,  avec  l'équa- 
torial  coudé,  par  .M.  P.   Chofardet 

M.  D.  EoiNiTis.  —  Observations  des  Per- 
séides,  faites  à   Athènes 

SL  Arthur  Berhy.  -    Sur  les  surfaces  de 

Bulletin  bibliographique .    - . 


4^6 
447 


quatrième  degré  qui  admettent  une  inté- 
grale différentielle  totale  de  première 
espèce 

M.  James  Dewar.  —  Sur  la  solidilication  de 
l'hydrogène 

M.  Edmond  Boudaoe.  —  Sur  le  mode  de 
croissance  en  spirale  des  appendices  en 
voie  de  régénération  chez  les  Arthropodes. 

M.  L.  Brach  soumet  au  jugement  de  l'Aca- 
démie l'indication  duu  moyen  de  protec- 
tion pour  les  trains  de  chemins  de  fer  en 
marche 


44o 


4a  1 


^^J 


45s 
458 


I 


PAKIS.    -     IMPKIMIÎRIE    G  A  UT  H I  E  R-V I  L  L  A  RS  , 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


Le  CéranI  ."  GADiaiER-ViLLA»». 


iôM  1899 

SECOND  SE3IESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  ITIRI.  KiES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUEEiS. 


T031E  CXXIX. 


NMl  (11  Septembre  1899). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPltlMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES   RENDUS   DES   SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Àugastins,  55. 

1899 


RÈGLEMENT  RELATIF  ALX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS   LES   SÉANCES   DES   23   JUIN    1862   ET   24   MAI    iSyS. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parunAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

I^es  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 


Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou-     jeudi  à  10  heures  du  matin;  faute  d'être  remis  à  temf 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académ. 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Ra 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'auta: 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pt 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persono' 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  t> 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  soi 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  1 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomm 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extr; 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  fo 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  ol 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis. 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 


vernement  sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  reiu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sï 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  a 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative^ 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  apr 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  dupr 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  rAcadémie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  P"és  de 
inocer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  a  la  séance  smv 


déposer  au  Secrétariat  au  pi 


I 


COMPTES  RENDl  S 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI   11    SEPTEMBRE    1899, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  Maurice  LÉVY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE.  —  Sur  une  forme  nouvelle  des  équations  de  la  Dynamique. 

Noie  de  M.  P.  Appell. 

«  IjH  forme  nouvelle  des  équations  de  la  Dynamique,  indiquée  dans  les 
Comptes  rendus  des  7  et  28  août  1899,  peut  être  résumée  par  le  théorème 
suivant,  qui  se  rattache  au  principe  de  la  moindre  contrainte  de  Gauss  : 

»  Soit  un  système  à  liaisons  données,  soumis  à  des  forces  pouvant  dépendre 
des  positions,  des  vitesses  et  du  tem.ps ;  désignons  par  J  l' accélération  d'un 
point  quelconque  du  système,  par  m  sa  masse  et  par  F  la  force  donnée  qui  lui 
est  appliquée;  puis  formons  la  fonction 


R  =  U/nJ-~iFJcosF,J; 

C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N*  11.) 


62 


à  un  instant  quelconque,  la  posilioti  du  système  et  l'état  des  vitesses  étant 
regardés  comme  déterminés,  les  accélérations  ont  des  valeurs  rendant  la  fonc- 
tion R  minimum. 

»  Dans  cel  énoncé,  on  peut  évidemment  remplacer  la  fonction  R  par  la 
fonction 

^li(SJ-J^    F)V, 

((mJ  —  F))  étant  la  différence  géométrique  des  vecteurs  mJ  et  F,  ou  par 
toute  autre  fonction  qui  diffère  seulement  de  R  par  des  termes  indépen- 
dants des  accélérations. 

»   Les  équations  précédemment  indiquées  s'obtiennent  en  égalant  à  zéro 
les  dérivées  partielles  de  la  fonction  R  par  rapport  à  q[,  ql'  •  •  •  >  lu-    " 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Th.  Descamps  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  «  Sur 
la  maladie  du  Rot-brun  et  du  Black-rot  ». 

(Renvoi  à  la  Section  d'Économie  rurale.) 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.    -  Les  Perséides  en  189g.  Note  de  M.  G.  Flammarion, 
présentée  par  M.  Bouquet  de  la  Grye. 

((  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  observations  des  Perséides, 
faites  à  l'observatoire  de  Juvjsy  par  MM.  Antoniadi  et  Mathieu,  les  11, 
12  et  i3  août.  Elles  font  suite  à  celles  que  j'ai  adressées  récemment  pour 
la  nuit  du  10  août. 

))  La  figure  ci-après  représente  toutes  les  trajectoires  des  météores 
observés  le  11. 


(  46i   ) 


1 1  aotU. 

Lieu 

I.ieu 

Lie 

U 

Lieu 

IluiirL*. 

il";ippar 

lion. 

(le  disparition. 

IICUI'C, 

U'apiiar 

lion. 

lie  illâpa 

mon. 

ttmps  moyen 

— -      ^ 

_^ — . 

.,-—  ^ 

temps  ntoyoïi 

1^»^^ 

^0— 

—       -^ 

— ^ — 

.-• 

.le  Paris. 

Cf. 

Ci. 

0. 

a. 

6. 

01)S. 

.\=>. 

ili-  Paris. 

r.r. 

a. 

a. 

a. 

ô. 

Oba. 

Il      m    B 

h      m 

0 

h      m 

0 

Il      m     s 

Il      m 

0 

h      11 

0 

1..  . 

9- '9 

3 

18.12 

+45 

■  7-44 

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A  M 

49.. 

11.2S.45 

5 

..40 

+07 

23.40 

'^7-i 

A 

2. .  ■ . 

ij    3  1  .  3o 

j 

10.28 

+42 

lO.   8 

-n2I 

A 

50... 

II .3i .3o 

2  1 

0.2G 

+33 

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A  M 

3.... 

9.  .il  .3o 

p 

.  3.3o 

+75 

14. 3o 

+82 

M 

51... 

1 1 .32.3o 

41 

22.33 

+33 

22. 10 

+24 

A 

4  ... 

9.21 .3u 

3 

i5.i:l 

4-37 

i5.  5 

+  1 1 

A 

52... 

11.36 

5^ 

23.40 

+52 

0.12 

+5o 

A 

5..   . 

9.3.', 

5 

iS.i5 

+70;- 

19.30 

+7' 

A 

53.. 

11.37 

2 

20.  10 

+2', 

19.50 

+  10 

A 

(i.     . 

9-39 

4; 

21.   0 

+63 

22.28 

+64  . 

A 

54... 

11.40 

3 

I.   S 

+35 

1.23 

+  ■9 

A 

7.. . . 

9.30 

V 

19.33 

+36 

20.23 

+5i 

M 

55... 

11.43 

3| 

,.47 

+58 

0.   0 

+62 

A 

8..    . 

9.33.  IJ 

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0.   0 

+83 

i5.38 

+57 

A  M 

5G... 

11.44 

2 

5.26 

+O0 

8.i5 

+48 

A 

9.... 

9.35 

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0.26 

+78 

18.10 

+80 

M 

57... 

11.46 

4 

0.38 

+5o 

I.    I 

+4o 

S. 

lU  .    . 

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23.52 

+60 

0.5s 

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A 

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1 1 .47.30 

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2.12 

+87 

16.25 

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A 

11..,. 

'.)4' 

■> 

20.18 

+5i 

18.48 

+43 

M 

59... 

ii.5o.3o 

I 

2 1 .  20 

+53 

19.40 

+3i 

A 

VI. . . 

9.42.30 

1  5- 

2.     5 

+68 

19.  20 

+73 

A 

60... 

...54 

4 

5. 10 

+O7 

7-49 

+67 

A 

13.. 

y.45.3ij 

5 

23.32 

+O2 

o.3o 

+69 

A 

01... 

11.57 

2 

0.21 

+22 

23.47 

+  8 

A 

U  .. 

y-'lH 

4^ 

22.    8 

+52 

21  .3o 

+45 

A 

62... 

I I .57.30 

3  '. 

6.   0 

+8.', 

13.28 

+75 

A 

15... 

9.5i 

4 

18.48 

+66 

17.  .m 

--5o 

AM 

G3... 

I!.     0.l5 

4 

23. 3o 

+83 

17.  0 

+68 

A 

Ui.... 

9.53 

V 

23.22 

+62 

2  I  .  J  2 

+56 

M 

64... 

1  i.   2.3o 

■? 

1 .21 

+  68 

21.36 

+71 

A 

17... 

y . 53 . 3u 

5 

20.     S 

+55 

20.     8 

+72 

A 

65... 

12.  7 

2ï 

21.21 

+36 

19.42 

+47 

A 

18.. 

9.54.30 

i 

9.    0 

+89 

i5.  8 

+52 

AM 

06... 

I  .! .   7.1 5 

o 

.7.48 

+38 

,7.25 

+  23 

A 

19... 

9.J7.30 

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20.40 

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22.  l5 

+72 

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07... 

'■•  9 

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2.. 36 

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I..38 

+62 

A 

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1 0 ,   2 

5 

18.     0 

+77 

14.18 

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A 

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1  J.  i5 

I 

1.27 

+30 

0.32 

+  1O 

A 

21.   . 

10.    2 

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lO.  4 

+85 

15.24 

+69 

A 

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10.19 

3 

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+70 

,9.45 

+64 

AM 

71... 

.       12.23 

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7.3© 

+G7 

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A 

24... 

10.20 

■y 

1 .  0 

+87 

18.35 

+85 

M 

72... 

.       12.25 

4 

3.47 

+2  3 

3.47 

+  i5 

A 

25... 

10.24 

2 

10.32 

+82 

13.42 

+.')5 

AM 

73... 

I  2 .  26 

3 

9-27 

+52 

10.   S 

+4o 

A 

2e... 

10. 3o 

3 

(i.    0 

+88 

14. 3o 

+73 

A 

74... 

12.27.30 

31 

2.39 

+3o 

2.18 

+  11 

A 

27.   . 

10.32 

2 

0.59 

+  32 

0.16 

+.2  : 

A 

75... 

I2.30 

5| 

4.16 

+44 

4.37 

+40 

A 

28... 

10.34.4^ 

I  ; 

20.14 

+38 

ly.33 

-l-i3 

A 

76... 

i2.3i.3o 

5 

3.3o 

+53 

3.52 

+5o 

A 

29... 

10.3^.45 

5 

I  .     0 

-)-4' 

0.  i4 

+3i 

A 

77. . . 

i2.3f37 

5 

2.40 

+56 

2.  6 

+53- 

A 

3U. . . 

10.39 

5 

0.33 

+3o 

0.10 

+20 

A 

78... 

.     .2.33 

2i 

5.  9 

+45 

5.22 

+3i 

A 

31... 

10.40 

5 

23. 3o 

+81 

4.25 

+83 

A 

79... 

.     I.. 34.30 

2 

i5. 10 

+79 

i5.i8 

+63 

A 

32.. 

10.42 

4 

i.3o 

+55 

23.50 

+5o 

A 

80... 

i2.35.3o 

li 

I.  8 

+57 

23.2?i 

+48 

A 

33... 

10.44 

2, 

0.49 

+3i 

0.12 

+  18 

A 

81... 

.     12.36.45 

2 

3.54 

+  25 

5. 10 

+28 

A 

34... 

10.46.30 

3 

20.22 

+73 

17 .25 

+48 

A 

82... 

.      13.39.30 

51 

3.45 

+6r 

4.17 

+64 

A 

35... 

10  47- '5 

4 

18. 3o 

+68 

17.  i5 

+53 

A 

83.. 

is.4j.3o 

5 

3.   I 

+32 

3.   1 

+27 

A 

36... 

10.52 

3 

4.  3 

+62 

7.22 

+66 

A  M 

84... 

.     12.43.30 

5 

3.10 

+05 

3.20 

+70 

A 

37... 

.     10.54 

3J 

23.28 

+46 

22.10 

+  25 

AM 

85... 

.     12.46 

41 

4.20 

+59 

5.12 

+62 

A 

38... 

10.55 

4i 

1.23 

+65 

23. 3o 

+68 

A.M 

86... 

.      12.47.30 

4 

4.32 

+04 

G.   1 

+68 

A 

39... 

10. 50 

4 

20.53 

+22 

20.39 

+  8 

A  M 

87... 

.     12.47.45 

H 

5.i5 

+77 

II. 10 

+70 

A 

40... 

10.57.30 

4 

16.40 

+61 

15.57 

+33 

A 

88... 

.      12.54 

4 

3.  0 

+65 

6.10 

+84 

A 

41... 

10.57.30 

5^ 

0.20 

+78 

3.3o 

+82 

A 

89... 

.     12.59 

5 

4.36 

+56 

5.43 

+58 

A 

42... 

.       I  1  .    u 

? 

23.     0 

-i-5i 

21.48 

+4' 

M 

90... 

i3.io 

4 

3.17 

+52 

3.32 

+45 

A 

43... 

II.  2 

2 

9.     2 

+67 

11.     0 

+48 

A 

91... 

l3.I2 

3 

5.23 

+60 

9.23 

+56 

A 

44... 

.     11.  3 

31 

0.     0 

+70 

19.30 

+66 

AM 

92... 

.       l3.l2 

4 

5.12 

+53 

6.18 

+43 

A 

45... 

1 1 .2o.3o 

3 

2.10 

+53 

1 .40 

+34 

A  M 

93... 

.      i3.i4 

41 

3.32 

+4- 

3.40 

+3o 

A 

40... 

1 1 .  24 

4; 

3.  0 

+56 

2.20 

+  52 

A 

94. . . 

.      1J.16 

4 

4-47 

+4- 

5.18 

+29 

A 

47... 

11.25 

2I- 

o.3o 

+37 

23.43 

-h20 

A  M 

95... 

.      i3.i6 

4 

23.. 56 

+.53 

0. 16 

+34 

A 

48... 

.      ii.2S.3o 

3  1 

i.iO 

+63 

23. ',2 

+G2 

.V.M 

90.. 

.       li.20 

■  } 

1.35 

+35 

0.32 

+  7 

A 

(  462  ) 


Ll 

u 

Lien 

Lieu 

Lieu 

Heure. 

temps  moyen 
lie  Pans. 

Gr 

d  apparition. 

de  disparition. 

Obs. 

.>•»•. 

Ueure. 

temps  moyen 

de  Paris. 

Gr 

dappar 
a. 

ilîOD. 
0. 

de  disparition 

No.. 

a. 

5 

CL. 

5. 

Obs 

h     m    a 

h      m 

0 

h      m          0 

b     m     s 

b     m 

0 

b     m 

0 

97... 

.     i3.î5 

D 

I  .    0 

—62 

23.49 

-r6l 

A 

122... 

.      .4.    X 

4 

i3.44 

+55 

i3.58 

+38 

A 

98... 

.     j3.26.3o 

4 

17.    0 

-45 

16.40 

4-27 

A 

123... 

•    i4-  9 

5^ 

11.58 

+65 

12. 3o 

-T-58 

A 

99... 

i3. 27.30 

4 

4.28 

-24 

4.26 

-f-i8 

A 

124.   . 

.    14.10 

3 

4.20 

-4 

4.29 

—  9 

A 

100... 

.     18.39 

4 

5.  0 

-+-72 

9.28 

ri-70 

A 

125... 

14. 12 

I 

7-49 

+58 

8.46 

+  52 

A 

101.   . 

i3. 29.30 

3; 

4.53 

-42 

5.  2 

+5i 

A 

126.. 

■    ■4>4 

0^ 

19-  4 

+67 

17.20 

-t-4' 

A 

102... 

.      i3.32 

4^ 

3.55 

-H27 

3.54 

-t-20 

A 

127... 

14.16 

1 

i3.23 

+02 

i3.38 

-t-42 

A 

103... 

.     i3.34 

5 

7.20 

^58 

8.14 

-h52 

A 

128... 

■  4.20 

4i 

9.58 

+83 

9.48 

+64 

A 

104.. 

.     i3.36 

4 

23.20 

^81 

.7.5 

+70 

A 

129... 

14.2. 

li 

1.  0 

+  10 

o.3o 

— 10 

A 

105... 

.     i3.36 

3 

19.58 

-53 

21.8 

-i-6i 

A 

130... 

14.25 

I 

5.  0 

+55 

7.    I 

-:-3o 

A 

106... 

.     i3.4o 

oï 

3.40 

+70 

5.  0 

+77 

A 

131.. 

14.26 

4i 

3.52 

+  18 

3.53 

—  12 

A 

107.. 

.     i3. 40.45 

3 

17.53 

--',5 

17.21 

+29 

A 

132... 

14.27 

'', 

2.42 

+26 

2.47 

--4 

A 

108.., 

.3.4. 

4 

17.   0 

-+- J5 

16.29 

+38 

A 

133... 

■  4.27 

'  i 

23.29 

+38 

22.35 

-^22 

A 

109... 

.     .3.44 

o  J 

-  2 

17.  0 

-40 

.6.44 

-!-23 

A 

134.. 

■4.27.15 

'  '1 

19.36 

+35 

18.55 

+16 

A 

110... 

.     13.47 

2 

20.58 

-4-48 

20.  8 

+3o 

A 

135.. 

.4.30 

2 

20.  5 

-^  8 

19.02 

—  6 

A 

111... 

.     .3.47 

4 

22.10 

--37 

21 .24 

4-12 

A 

136... 

i4.32.i5 

3 

18.14 

+36 

17.12 

+20 

A 

112... 

i3. 47.30 

4-5 

19-44 

-h  8 

19.37 

+  I 

A 

137... 

.4.34 

i'i 

1.28 

+40 

0.40 

-:-54 

A 

113... 

13.49 

5 

10.28 

-1-72 

12.21 

4-69 

A 

138... 

■  4.36 

2 

7  >4 

+46 

8.20 

+29 

A 

114... 

i3.5o 

1 

6.4G 

-35 

8.  5 

4-33 

A 

139... 

14.37.30 

3 

20.28 

--4 

[9.50 

-^  9 

A 

115.. 

i3.52 

i 

20.40 

-^81 

17.40 

4-68 

A     ! 

140... 

'4.39 

3 

5.  0 

+3i 

5.22 

—22 

A 

116... 

i3.54 

3 

4.  2 

^20 

4.  2 

4-.8 

A     1 

141.. 

14.39.30 

4 

16.32 

+38 

16.28 

-   25 

A 

117... 

i3.55.3o 

3 

■4.44 

-58 

14.50 

4-43 

A 

142... 

.4-4>    ■ 

31 

17.25 

+60 

16.47 

-44 

A 

lis... 

13.57 

2 .; 

12.37 

-r64 

l3.22 

+49 

A 

143.. 

,4.4>.45 

4 

13.42 

--48 

i3.56 

-38 

A 

119... 

13.09 

3 

3.26 

-4> 

3.39 

4-27 

A 

144... 

14.43.30 

44 

12.32 

-70 

i3.  8 

-^62 

A 

120... 

14.  0. i5 

3i 

i3.38 

-  81 

14.   7 

4-70 

A 

145..   . 

14.43.30 

4i 

12.10' 

-58 

12.36 

+  00 

A 

121... 

■  4.    I 

2 

,7.53 

-1-^4 

17.30 

-1.  - 

A 

146..    . 

14. '|5 

4 

17.43 

-58 

■7-  9 

+48 

A 

12  août. 


1 9.17.30 

2 9.22.30 

3 9.23.30 

4 9.26.30 

1 9-46 

2 9.5. 

3 9.52 

4 9-54 

5.   ...  9.55 

6 10.  0 

7 10.10 

8 10.24 

9 10.27 

10 10.35 

U 10.40 


3i 
3i 


4 
5 

5{ 


2.20 

3.12 

23.43 

2i.5o 


21  .  O 
20.20 

2.  O 
23.40 
23.    8 

I.I9 
23.  o 
l3.20 
22.  |5 
23.26 


h85 

r62 
^62 

-5o 


-73 
--43 
-43 

+54 

-32 
-|.;52 

+67 

32 

82 


.3.  7 
3.5o 
0.38 

20.52 


16. 3o 
20.43 

19.36 

o.  0 
23.  7 
22.   o 

22.56 
23.24 

9-3o 
22. 3o 
22.48 


+75 
+68 

+52 

+33 


+5i 
+48 
+3o 

+44 

+•7 

+43 
+60 

+27 

+80 


A 
A 
A 

A 


5 9-32 

6 9.33 

7 10.   2 


i3  août. 


A 
A 
A 
A 
A 
A 
A 
A 
A 
A 
A 


12 10.42 

13 10.58 

14 II.  2 

15 II.  5 

16 II .  II 

17 II  .3i 

18 11.32 

19 11.34 

20 1 1 .  07 

21 11.40 

22 11.40.45 


2  o.3o     -i-32 

5         20.   6     +72 
2I       16.20     —76 


4 
3 

4 


6.32 
22.  O 
12.12 
18. l4 

16. 5o 
o.5o 

22.  o 
2.17 
3.5o 

23.  8 
22.   o 


-64 
-64 

-"77 

+23 

-"79 

+48 
+73 

+44 

+58 


o.  3 
18.  7 
i5.52 


7.40 

23.12 

13.49 
16.42 
12.21 

0.57 
18.22 

i.5o 
19.48 
23.16 
21.16 


-21 

-56 

r-52 


-^65 

--49 
--59 
-49 

+7' 
-37 
-46 
+35 
-40 
+28 
-3i 


»   Un  nombre  considérable  des  météores  enregistrés  ici  n'appartenaient 
pas  à  l'essaim  des  Perséides.  Tels  sont,  dans  la  nuit  du  1 1 ,  les  numéros  5, 


A 
A 
A 
A 
A 
A 
A 
A 
A 
A 
A 


(  463  ) 

6,  7,  10,  13,  17,  19,  20,  31,  41,  52,  54,  57,  65,  81,  95,  101,   105,  113. 
114,  128,  137  et  139.  Le  numéro  3  de  la  nuit  du  la  provenait  également 


d'un  autre  radiant;   il  en  a  été  de  même  des  numéros  2,  8,  9,  10,  13,  17 
et  21  le  i3  août. 

»  Enfin  les  résultats  généraux  des  observations  sont  donnés  dans  le 
Tableau  suivant  : 


Dates 

Observation 

iNombre 

de 

météores 

Moyenne 
horaire. 

Antres 
météores. 

Proportion 

de 
Perséides. 

Radtan 

1899. 

commencée 

à 

terminée  à 

Durée. 

observés. 

er 

registres. 

Persétdes. 

a.          3. 

h      m 

h      m 

h      lïi 

h     m 

10  août  . 

. ..     9.i5 

14.45 

5.3o 

i53 

i3o 

ï8,9 

109 

21 

0,84 

3.   0     +56 

11       .)    . 

...     9-15 

14.45 

5.3o 

157 

i46 

■^»  5 , 1 

123 

23 

0,84 

3.  5    +56 

12         »      . 

. . .     g. 10 

10.  5 

o.3o 

7 

7 

i4± 

6 

1 

0,86 

3.  4    +57 

i3       »    . 

...     9. 45 

11.45 

2.  0 

22 

22 

ii;± 

i5 

7 

0,68 

3.12     +55 

(  464  ) 

»  Ainsi  qu'on  le  voit,  le  maximum  de  l'averse  a  eu  lieu  dans  la  seconde 
moitié  de  la  nuit  du  1 1,  vers  2''  du  malin,  lorsque  la  moyenne  horaire  s'est 
élevée  à  36.  La  comparaison  de  la  position  du  radiant  dans  les  quatre  nuits 
accuse  un  léger  déplacement  vers  l'est.    1 

M.  BouQDET  DE  LA  Grye  fait  remarquer  que  les  Perséides  constituent 
des  signaux  presque  instantanés,  se  passant  à  des  hauteurs  telles  qu'elles 
sont  visibles  d'un  horizon  d'un  millier  de  kilomètres.  Dans  ces  conditions, 
il  pense  qu'elles  pourraient  servir  aux  géodésiens  à  déterminer  des  diffé- 
rences de  longitudes,  dans  des  régions  dépourvues  de  télégraphe.  Cette 
solution  n'est  d'ailleurs  possible  qu'en  utilisant  des  étoiles  filantes  partant 
d'un  même  radiant,  pour  que  l'attention  de  l'observateur  soit  limitée  à 
une  petite  surface  du  ciel. 

Chaque  station  serait  munie  d'un  chronographe  électrique. 

Il  priera  M.  Flammarion  de  poursuivre  des  essais  dans  ce  sens. 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  quelques  dépendances  géométriques  entre  deux  systèmes 
de  points  définis  par  des  équations  algébriques.  Note  de  M.  S.  Mangeot, 
présentée  par  M.  Appel!. 

«   Je  considère  trois  variables  x,y,z,  regardées  comme  des  coordon- 
nées rectangulaires. 

"   Si,  A  étant  une  fonction  de  ces  variables,  l'on  pose 

,    ,  .  ^       d^k        d-k        à-k 

avec  ' 

A^(A)  =  A,[A^_,(A)],  Ao(A)  =  A, 

la  fonction  Ur,,r,,...[^p('j'i,)>  ^pi^n)'  ■  •  -J»  représentée  par  l'expression 

r. 


11 


«,!  6,!c,!  «,!  b.lc^l 


{a,  -hi,  +c,  =  r,,  a., -h  è„ -+- c.  =  r.,,  . . .), 


où  '1,,  <],.„ 


désignent  des  fonctions  de  x,  y,  z  en  nombre  quelconque, 
«gai  à  celui  des  nombres  r,,  r.,,  . . .,  est  un  covariant  de  <]/,,  «J/o,  ...  pour 
toute  transformation  de  coordonnées  rectangulaires,  quelles  que   soient 


(  4fi.^  ) 

les  valeurs,  posilives  ou  nulles,  attribuées  aux  nombres/?,  r,,  r.,,  . . .  pourvu 

que  l'on  convienne  de  remplacer  ^^^^  par  i  et  ^J^^Ti  par  A  quand  r 
est  nul. 

»  Je  pose  exceptionnellement 

U„(A)  =  A. 

))  J'envisage  l'ensemble  F  des  points  dont  chacun  appartient  à  v  surfaces 
algébriques  S„  représentées  par  les  équations  entières  et  à  coefficients  réels 

f„{x,y,z)  =--  o  («  =  I ,v); 

et,  d'autre  part,  l'ensemble  $  des  points  dont  chacun  vérifie  v  autres  équa- 
tions entières  à  coefficients  réels 

<sf„(x,y,z)  =  o         (n=  I,  .,  .,v), 

V  étant  l'un  des  trois  nombres  i,  2,  3  ('  ).  Pour  l'objet  que  j'ai  en  vue,  je 
dois  su|)poser  que  les  degrés  des  polynômes  9»  sont  les  mêmes  que  ceux  des 
polynômes  /„.  Soient/,,  ..  .,  f^,  cp,,  ...,  <pp  ceux  des  polynômes  /„  et  9,, 
dont  le  degré  est  égal  au  plus  faible  de  ces  degrés. 

).  Les  fonctions/"',/'^',/'",  . . .  que  définissent  successivement  les  for- 
mules 

/"  =^  U,. ,,[A,(  /•,),...,  A,(/p)],        /(=)  =  U^A,  (/<))|. 

/•')  =  u,4A,.r/<»))], 

doivent  être  des  covarianls  de/,, /p,  pour  toutes  les  valeurs,  positives 

et  nulles,  des  indices  r^,  ...,  r^,  p,  r',  //,  r",  p", Je  dénomme  9'",  <f'-\ 

9<'',  ...  les  fonctions  définies  par  les  mêmes  formules  où  l'on  remplace  la 
lettre  /  par  la  lettre  ç,  en  gardant  aux  indices  les  mêmes  valeurs.  Parmi 
tous  les  couples  de  fonctions  correspondantes/"^',  «p""',  il  y  en  a  une  infi- 
nité qui  comprennent  chacun  deux  fonctions  du  second  degré  P,  Q.  Je 
désigne  par  M,  N  les  centres  respectifs  des  deux  quadriques  (P),  (Q)  cor- 
respondant aux  équations  P  =  o,  Q  =  o. 

»  Cela  étant,  je  suppose  que  les  deux  figures  F  et  <I>  aient  entre  elles  une 
relation  de  similitude.  Il  en  sera  ainsi  des  deux  figures  définies,  l'une  par 
les  équations/,  =  o,  ...,/=  o,  l'autre  par  les  relations 

(p,  =  O,  ..  .,Çp=  0. 

Il  devra  en  être  de  même,  également,  des  deux  surfaces  qui  ont  pour  équa- 


(')  Si  V  est  égal  à  3,  je  suppose  que  les  équations /„=  o,  d'une  part,  et  les  équations 
•f„=  o,  d'autre  pari,  sont  toutes  nécessaires  pour  définir  les  deux  figures  F  et  *. 


(  466  ) 

tions 

/«^  =  o,  9"^  =  o. 

De  plus,  la  loi  même  qui  transforme  F  en  $  devra  faire  correspondre  la 
première  de  ces  deux  surfaces  à  la  seconde,  et,  en  particulier,  la  qua- 
drique  (P)  à  la  quadrique  (Q);  par  suite  aussi  le  point  M  au  point  N,  et, 
conséquemment  encore,  le  triangle  T  formé  par  trois  des  points  M  au 
triangle  T'  formé  des  trois  points  N  qui  leur  sont  associés.  Je  suis  ainsi 
conduit  à  ce  théorème  : 

»  Pour  que  les  deux  figures  F,  $  soient  semblables,  homothétiques ,  égales, 
superposables par  translation,  ou  par  rotation,  ou  encore  symétriques  l'une  de 
l'autre  par  rapport  à  un  point,  à  une  droite,  à  un  plan,  il  faut  que  les  deux 
quadriques  (P),  (Q)  aient  entre  elles  cette  même  dépendance,  comme  aussi  les 
deux  triangles  T,  T'  ;  et  les  deux  figures  (P),  (Q),  om  T,  T',  doivent  se  trans- 
former l'une  dans  l'autre  d'après  la  loi  même  qui  permet  de  passer  de¥  à  ^. 

»  Par  exemple,  pour  que  les  deux  figures  F,  $  soient  égales,  il  est 
nécessaire  que  les  deux  triangles  T,  T' soient  égaux  et  que,  en  transportant 
T  sur  T',  ou  les  axes  de  (P)  sur  ceux  de  (Q),  la  figure  formée  par  les  points 
appartenant  à  chacune  des  nouvelles  positions  des  surfaces  S„,  supposées 
entraînées  dans  le  mouvement,  soit  confondue  avec  $. 

1)  Ainsi  encore,  les  deux  figures  F,  $  ne  peuvent  être  symétriques  l'une 
de  l'autre  par  rapport  à  un  élément  :  point,  droite  ou  plan,  que  si  les  deux 
figures  (P),  (Q),  ou  T,  T',  sont  elles-mêmes  symétriques  l'une  de  l'autre 
par  rapport  à  un  élément  e,  confondu  avec  le  précédent.  Pour  que  la  symé- 
trie ait  lieu  entre  F  et  $  il  sera  nécessaire  et  suffisant  que  la  figure  formée 
des  points  a  oartenant  à  chacune  des  surfaces  respectivement  symétriques 
des  siyfav.es  S„  par  rapport  à  s  coïncide  avec  la  figure  $. 

»  Si  l'on  suppose  que  les  fonctions  (p„  sont  les  mêmes  que  les  fonctions 
/„,  on  voit  que  la  recherche  des  centres,  axes,  plans  de  svmélrie  d'une  sur- 
face S,,  ou  de  la  courbe  d'intersection  de  deux  surfaces  S,,  S^,  ou  du  sys- 
tème des  points  communs  à  trois  surfaces  S,,  S^,  S,,  peut  être  générale- 
ment ramenée  à  la  détermination  des  centres,  axes  ou  plans  principaux  de 
l'une  quelconque  des  quadriques  (P).  » 

La  séance  est  levée  à  3  heures  un  quart. 

J.  B. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RINDDS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Us  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  Tolumes  ln-4*.  Deux 
"jles,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
I  part  du  i"  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Dnion  postale  :  3i  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 
en Ferran  (rères. 

iChaix. 
Jourdan. 
Ruff. 

lient Courtin-Hecquet. 

(  Germain  etGrassin 

°     (  Lachése. 

yonne Jérôme. 

ançon Jacquard. 

/  Feret. 

deaux J  Laurens. 

(  Muller  (G.). 

rges Renaud. 

(  Derrien. 
F.  Robert. 
J.  Robert. 
Uzel  frères. 

ffl Jouan. 

•Mbery Perrin. 

.  (  Henry. 

rbourg ■'     . 

(  Marguene. 

j  Juliot. 

(  Ribou-Collay. 

/  Lamarche. 

>« Ratel. 

'Rey. 

.  (  Lauverjat. 

(  Degez. 

_.,  1  Drevet. 

noble ' 

(  Gratier  et  C'V 

i  Hockelle Foucher . 

Havre |  Bourdignon. 

(  Dombre. 


•mont-Fer  r.. 


Thorez. 
Quarré. 


Lorient. 


\  Lyon. 


Montpellier . 


chez  Messieurs  : 
l  Baumai. 
I  «"•  Texier. 

!  Bernoux  et  Cumin 
i  Georg. 
(  Côte. 
J  Sary. 
I  Vitle. 

Marseille Ruât. 

Calas. 
Coulet. 
Moulins Martial  Place. 

i  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frères. 
Loiseau. 
Veloppé. 
Barma. 
Visconli  et  C". 

Nimes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

(  Blanchier. 
l  Marche. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Rocheforl Girard  (M""). 

I  Langlols. 
I  Lestringant. 
S'-Étienne Chevalier. 

„     ,  (  Ponteil-Burles. 

Toulon 

Toulouse 


Nantes 


Nice. 


Poitiers.. 


Rouen. 


{  Rumèbe. 
Gimet. 
Privât. 

iBoisselier. 
Pérical. 
Suppligeon. 
(  Giard. 
(  Lemaître. 


Valenciennes.. 


Amsterdam . 


Berlin. 


Bucharest. 


chez  Messieurs  : 
Feikema   Caarelsen 
et  Or 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

(  Asher  et  C". 
Dames. 

Friediander   et  fils. 
(  Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

iLamertin. 
Mayolezet  Audiarte. 
Lebègue  et  C'*. 
Sotcheck  et  C". 
Storck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC». 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhc^gue Hbst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

j  rherbuliez. 

Genève j     oorg. 

(      apelmohr. 

La  Haye Belinfan'e  frères. 

(  Benda. 
I  Payot. 
Barth. 
Brockbaus. 

Leipzig l  Lorentz. 

Max  Riibe. 
Twietmeyer. 

Desoer. 
^'^Se JGnusé. 


Naples. 


Lausanne. 


chez  Messieurs  : 

(  Dulau. 
l'O'id'-es Hachette  et  C". 

'  Nutt. 
Luxembourg . ...     V.  Back. 

/  Libr.  Gutenberg. 

Madrid |  '^°'"°  ^  ''"5'«'- 

I  Gonzalès  e  hijos. 
'  F.  Fé. 

Milan j  Bocca  frères. 

(  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

Marghieri  di  Gius. 
Pellerano. 

/  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
New-Vork Stechert. 

'  LemckeetBuecbner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C- 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaès  et  Mouiz. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Bocca  frères. 

Loescheret  C". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

i  Bocca  frères. 
Brero. 
Clausen. 


Rome . 


RosenbergetSellicr. 

Varsovie Gebelhner  et  WollV 

Vérone Drucker. 

1  Frick. 

Vienne _      ,  ,    ^  „. 

(  Gerold  et  C". 

Ziirich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GËNËRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1«    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4°;  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.—  (i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870    Prix 15  fr 

Tomes  62  à  91.—  (i"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  10-4";  1889-  l'ii^ *^  f""- 

SOPPLËHENT  ADS  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

me  I  :  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Deebês  et  A.-J.-J.  Solieb.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
Cl  êtes,  par  M.  HAMiEti.  —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréa  tique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

Jlies,  par  M.  Claude  Beknakd.  Volume  in-4°,  avec  32  planches;  i856 

■    me  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Benedkn.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i8do  par  l'Académie  des  Sciences 
f«  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  ;  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 

•  intaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 

•  i  rapports  qui  existent  entre  l'étatactuel  du  régne  organique  et  ses  états  antérieurs  .,  par  M.  le  Professeur  Bron».  In-4»,  avec  27  planches;  1861..  .        .5   t. 

la  même  Ubraine  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savant»  à  l'Académie  des  Sciences. 


IV"  n. 

TABLE   DES    ARTICLES.   (Séance  du  H  septembre  1899.) 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


M.  P.  Appeli..  —  Sur  une  forme  nouvelle  de»  équalions  rie  la  Dynamique. 


Pages. 

•  •     459 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  Th.  DE.SCAMPS  soumet   au  jugement   de 
l'Académie  un  Mémoire   ■<  Sur  la  maladie 


du  Rot  brun  et  du  Black  rot  ■• 4''" 


CORRESPOND  AIVCE. 


M.  C.  Flammarion.  —  Les  Perséides  en  1S99.    46" 
M.  Bouquet  de  la  Grye.  —  Remari]ues  à 
propos  de  la  Communication  de  M.  Flam- 
marion,    sur    l'utilisation     possible     des 
étoiles  filantes  pour  la  détermination  des 


différences  de  longitudes 4^4 

M.  S.  Maxgeot. —  Sur  quelques  dépendances 
géométriques  entredeux  systèmes  de  points 
définis  par  des  équations  algébriques 4^4 


PARIS.   —    IMPRIMERIE    G  AUX  H I E  R-VI  L  L  A  RS  , 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

Le  Gérant  :  <«jidti]1Bb-Vii.lars. 


iô'^ 


1899 

SECOAD  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 


IIEBDO.MADAIHES 


DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAK    TITI.    liES  SECUÉrAIIlES   PHUP^rUËE.». 


TOME  CXXIX. 


NM^2  (18  Sep(embrc  I899). 


m-^)-^^Q^^^S^^^ 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES   SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

yuai  des  Grafids-Au^usliiis,   55. 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 


ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES   DES    23   JUIN    1862   ET   24    MAI    1875. 


Les  Coniptfs  rendus  hebdomaaaiies  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  patres  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  nrméros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  |)ar  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  l^ Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  oarunAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  commiinicalions  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Noies  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académ 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Ra 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'auta 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  p 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savanu 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personm 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  i- 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  se 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  ! 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomm 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Exfr; 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  te 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  0: 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remi 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  tem 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rer, 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  s 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports»! 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 


Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administra tivefi 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  api 
l'impression  de  chaque  volume.  I 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  dup 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  &\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suIt» 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  18   SEPTEMBRE    1899, 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  Maurice  LÉVY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

MATÉRIAUX  DE  CONSTRUCTION.  —  Variations  de  iJolume  des  mortiers  de 
ciment  de  Portland,  rèsuhant  de  la  prise  et  de  l'état  hygrométrique. 
Note  de  M.  Considèrk. 

«  De  1886  à  i88g,  les  variations  de  volume  des  mortiers  ont  été  l'objet 
d'expériences  précises,  faites  à  l'École  des  Ponts  et  Chaussées  et  prolon- 
gées pendant  trois  ans.  D'autre  part,  dans  leur  Traité  qui  vient  de  paraître 
en  x4llemagne,  MM.  F.-W.  Busing  et  C.  Schuman  ont  fait  connaître  les 
résultats  des  recherches  de  MM.  Meier  et  Schuman  à  ce  sujet.  Mais  on 
n'a  pas,  à  ma  connaissance,  étudié  les  effets  que  produisent  ces  variations 
de  volume  dans  les  maçonneries  armées,  oii  elles  sont  contrariées  par  des 
pièces  métalliques  et  où  elles  développent  des  forces  intérieures. 

»   Pour  étudier  cette  question,  à  laquelle  les  progrès  des  constructions 

c.  R.,  1899,  2»  Seniezirc.  ("T.  CXXIX,  N«  12.)  t)3 


(  468  ) 

en  maçonnerie  armée  donnent  de  l'intérêt,  j'ai  fait  simultanément,  avec 
les  mêmes  mortiers,  des  prismes  armés  et  des  prismes  non  armés,  dont  les 
variations  de  longueur  ont  été  observées  au  moven  de  vis  micrométriques 
donnant  le  centième  de  millimètre.  Les  uns  ont  été  conservés  dans  l'eau 
douce,  les  autres  ont  été  laissés  à  l'air. 

»  Prismes  conservés  dans  l'eau.  —  On  a  fabriqué  et  immergé  quatre 
prismes  ayant  une  section  de  6oX25™™et  une  longueur  île  Goo™™.  Deux 
de  ces  prismes  étaient  en  pâte  de  ciment  pur;  les  deux  autres,  en  mortier 
dosé  à  6oo''s  de  ciment  par  mètre  cube  de  sable  siliceux.  Un  prisme  de 
chaque  nature  était  armé,  suivant  son  axe,  d'un  fer  rond  de  lo™",  2ode 
diamètre;  l'autre  n'était  pas  armé. 

»  Ces  prismes  se  sont  allongés  suivant  une  loi  très  régulière,  avec  une 
vitesse  qui  diminuait  chaque  jour.  Le  Tableau  ci-après  donne,  dans  les 
quatre  premières  lignes,  les  allongements  exprimés  en  centièmes  de 
millimètre  par  mètre  de  longueur. 

Numéros  Nature  Milieu 

jes                      de                                     ou  le  prisme           Allongements  (  en  ciiilTre?  era?  i  ou  racroiircissemertls  ol)=erTês  pendant  C3  jours, 
c-spcriences.  la  paie.  Armalure.       elait  placé. — — ^ -^ _^ 


.Nombre  de  jours  après  fabrication i  a  3  4  5  (i  7  li  21  5S  35  .^;>  ^9  5(5  fi3 

I    néant   \                  ;  7  15  21  27  32  37  41  59  69  73  75  77  78  78  79 
ciment  pur     •  arme    J                     l 

(  au  iTTj'       ^„  ,       ]  2  3  4  5  6  8  9  13  16  18  20  21  22  22  22 


66.. 

63 \ 


67 )      mortier 

65 )       à  Goo'-e 


c: 


néant  1        "^^'^        1    3    10    13    15    17    18    19    20      22      24      26      27      27      27      28 


arme 

au  7772  '  \22233344445555 

néant   \  [Go     .'iM     07     58     60     G4     70     y5     no     118     i23     12S     i3o     i3i 


■  ciment  pur  j  arme 

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a.") 


6      9     12     l'i     iG     17     20    22      23      2'|      2j      25      13 
22     31     20     21     22     2G     29     38       !\i       .'1',       43       47      47       4(,      5o 

4      G      7      8      t)      9      9      9       10       10      10      10       10       10      10 


»  Ces  observations,  qui  seront  poursuivies,  n'ont  encore  duré  que  sept 
semaines;  mais,  en  les  complétant  au  moyen  de  celles  qui  ont  été  faites  à 
l'École  des  Ponts  et  Chaussées  et  en  Allemagne,  on  peut  dire  que,  en 
moyenne,  l'allongement  du  mortier  de  ciment  pur  non  armé,  conservé 
dans  l'eau  douce,  atteint  o™'",»  en  moins  d'un  mois,  i"""  en  moins  d'un  an, 
et  paraît  tendre  vers  la  valeur  de  i™™,5  à  2'"™,  qu'il  atteint  au  bout  de 
deux  ou  trois  ans.  Les  dilatations  des  mortiers  dosés  à  600''^  paraissent 
être  environ  trois  fois  moindres  que  celles  du  ciment  pur. 

»  Au  sujet  des  prismes  armés  on  peut  observer  que  leurs  armatures 


(  469  ) 

étaient  de  véritables  dynamomèlres,  dont  les  allongements  donnaient  la 
mesure  des  forces  qui  tendaient  à  les  allonger. 

»  Ainsi,  pour  le  prisme  62,  âgé  de  soixanle-lrois  jours,  rallongement  moyen  de  l'arma- 
ture étant  de  o""°,  22  par  mètre  et  le  coefficient  d'élasticité  du  métal  étant  de  20  x  10',  la 
tension  moyenne  de  l'armature  était  de  4''°, 4  pa'' millimètre  carré,  c'est-à-dire  de  36 ii*; 
pour  la  section  totale  de  l'armature  qui  était  de  82'"™'!.  Cet  effort  de  36i''s,  nécessaire 
))our  imposer  à  l'armature  l'allongement  observé,  ne  pouvait  être  produit  que  par  la 
poussée  du  ciment  adhérent  au  métal  qui  tendait  à  se  dilater.  Le  ciment  produisait 
donc  forcément  une  poussée  totale  de  SGi'^s  et  comme  sa  section  était  égale    à  i4''"i,2 

sa  pression  par  centimètre  carré  était,  en  moyenne,  de—, —  =  25''?,4- 

1 4 ,  a 

»  Ce  calcul,  étant  basé  sur  la  valeur  moyenne  de  l'allongement  de  l'ainiature,  c'est- 
à-dire  sur  le  quotient  de  son  allongement  total  par  sa  longueur,  ne  peut  donner  que 
les  valeurs  moyennes  de  la  tension  de  l'armature  et  de  la  pression  du  mortier.  Il  est 
donc  évident  que  l'allongement  et  les  efforts,  qui  forcément  sont  nuls  aux  extrémités 
du  prisme,  atteignaient  vers  son  milieu  des  valeurs  bien  supérieures  encore  aux 
moyennes  calculées  ci-dessus.  Des  considérations  trop  longues  pour  trouver  place  ici 
conduisent  à  penser  que  les  maxima  dépassaient  les  moyennes  d'au  moins  25  pour  100 
et  atteignaient  5''?,  5  pour  la  tension  du  fer  et  32''s  pour  la  pression  du  ciment. 

»  En  rapprochant  les  chiffres  des  deux  premières  lignes  du  Tableau,  ou  voit  que,  au 
bout  de  soixante-trois  jours,  les  allongements  ont  été  deo"'™,79  pour  le  prisme  non 
armé  et  de  o™'",22  pour  le  prisme  armé.  L'armature  a  donc  réduit  de  0,79— 0,22=0,57 
la  dilatation  du  ciment;  en  d'autres  termes,  elle  a  imposé  au  ciment  un  raccourcis- 
sement de  o™",  57. 

»  La  pression  du  ciment  pur  qui  correspond,  en  général,  à  un  tel  raccourcissement, 
étant  voisine  de  ioo''s,  on  doit  rechercher  pourquoi,  dans  le  cas  actuel,  la  pression 
n'a  atteint  que  la  valeur  de  25''s,4,  en  moyenne,  et  probablement  de  32''s  au  milieu 
du  prisme.  On  le  comprendra  en  remarquant  que  ce  n'est  point  sur  du  ciment  arrivé 
à  sa  résistance  finale  que  l'armature  a  agi,  mais  sur  du  ciment  d'abord  très  mou,  qui 
a  durci  peu  à  peu.  Au  début  de  la  prise,  il  avait  d'abord  une  limite  d'élasticité  très 
basse  et,  comme  la  dilatation  qu'il  tendait  à  prendre  dépassait  le  raccourcissement 
élastique  dont  il  était  capable,  la  résistance  de  l'armature  lui  imposait,  à  chaque 
phase  de  la  prise,  des  raccourcissements  permanents  qui  se  cumulaient. 

»   La  déformation  des  sections  planes  contribue  aussi  à  expliquer  cette   anomalie. 

«  Il  y  a  lien  de  rechercher  comment  se  comporterait  le  prisme  armé 
n°  62  dans  l'état  où  il  était  après  soixante-trois  jours  de  prise,  s'il  faisait 
partie  d'une  construction  soumise  à  des  efforts  de  traction. 

»  On  a  vu  que,  lorsque  ce  prisme  n'était  soumis  à  aucune  force  extérieure,  le  ciment 
y  subissait  une  pression  intérieure  voisine  de  Sa"*?  par  centimètre  carré.  Pour  que  le 
ciment,  dont  le  coefficient  d'élasticité  était  2  x  10%  fût  délivré  de  cet  effort  intérieur, 

il  faudrait  qu'il  pût  s'allonger  de  -,  soit  de  o"'",i6  par  mètre  et,  par  suite,  que 

2x10'  *  '  '  '    ' 


(  47"  ) 
le  fer,  qui  en  est  solidaire,  prît  un  supplément  de  tension  de  o,i6  x  20  X  10',  soit  de 
S''?,  2  par  millimètre  carré.  La  tension  totale  du  fer  atteindrait  donc  le  chiffre  élevé  de 
5,5  -+-  3,2  :=  8''s,  7  par  millimètre  carré,  au  moment  où  le  ciment,  rendu  à  l'état  parfait 
d'équilibre,  ne  supporterait  ni  tension,  ni  pression.  Le  prisme  02  armé  d'un  fer  de  82™'" 
de  section  peut  donc  supporter  une  traction  totale  de  8''s,7  x  82"'""=:  718''?  avant  que 
le  ciment  commence  à  subir  la  moindre  tension. 

»  Oo  voit,  par  cet  exemple,  que  les  armatures  métalliques  prennent,  dans 
les  maçonneries  immergées,  une  part  des  tensions  beaucoup  plus  grande 
qu'on  ne  le  sup[)osait,  faute  de  tenir  compte  de  la  dilatation  du  ciment.  On 
trouverait  saus  doute  des  différences  plus  grandes  encore  si,  au  lieu  de 
ciment  âgé  de  .soixante-trois  jours,  on  considérait  du  ciment  de  deux  ou 
trois  ans,  dont  l'allongement  serait  presque  deux  fois  plus  fort. 

»  Un  calcul  identique,  fait  pour  le  prisme  armé  64,  qui,  au  lieu  du  ciment  pur. 
était  formé  de  mortier  dosé  à  6oo''8,  fait  reconnaître  qu'au  bout  de  soixante-trois  jours 
de  prise,  l'armature  en  fer  supportait  une  tension  moyenne  de  i''5,2  par  millimètre 
carré  et  de  gS''?  pour  la  section  totale  de  82™""!,  et  que  le  mortier  subissait  une  pression 
moyenne  de  'j^i  par  centimètre  carré  et,  sans  doute,  une  pression  maximum  de  g''?  au 
milieu  du  prisme. 

»  Les  expériences  dont  il  vient  d'être  rendu  compte  sont  les  seules  dans 
lesquelles  les  allongements  aient  été  mesurés  chaque  jour;  inais  j'ai  en 
outre  observé,  à  des  intervalles  plus  éloignés,  des  prismes  ayant  une  section 
carrée  de  46™"  de  côté  et  armés  de  quatre  fds  de  4™'",  4  de  diamètre.  Le 
rapport  des  sections  du  métal  et  du  mortier  y  était  de  ^^  tandis  qu'il  était 
de  ~-z  dans  la  série  précédente.  Comme  on  devait  s'y  attendre,  l'allonge- 
ment des  armatures  a  augmenté  quand  leur  section  relative  diminuait. 
Dans  le  prisme  54,  formé  de  mortier  dosé  à  6oo'~i^,  il  a  été  de  o""",  12,  tandis 
qu'il  n'était  que  de  o™'-',o6  dans  le  prisme  n°  64  de  la  première  série. 

»  Il  semblerait  que  la  dilatation,  qui  met  les  armatures  en  tension  i)réa- 
lable,  ne  peut  avoir  que  des  avantages  et  qu'elle  donne  au  ciment  pur  la 
supériorité  sur  les  mortiers  plus  ou  moins  riches,  pour  les  maçonneries  ar- 
mées et  immergées,  parce  que  sa  dilatation  est  bien  plus  grande  que  celle 
des  bétons  ou  mortiers.  En  fait,  d'importantes  réserves  à  cette  déduction 
sont  commandées  par  les  expériences  qui  viennent  d'êlre  faites,  sur  ma 
demande,  au  Laboratoire  de  l'École  des  Ponts  et  Chaussées,  et  dont  je  me 
propose  de  rendre  compte  dans  une  prochaine  Communication. 

»  Prismes  conservés  à  l'air.  —  Au  lieu  de  se  dilater  comme  dans  l'eau, 
les  ciments  et  mortiers  se  contractent  dans  l'air,  mais  en  suivant  une  loi 
moins  régulière. 


(  47Ï  ) 

))  Pendant  les  six  à  dix  premières  heures,  ceux  que  j'ai  faits  au  moj'en  de  ciment 
supportant  après  douze  heures  l'aiguille  de  ^'icat  ont  éprouvé  des  raccourcissements 
considérables,  atteignant  o°"",6o;  puis  le  retrait  s'est  arrêté  pendant  trois  jours  et  a 
même  été  remplacé  par  une  très  légère  dilatation,  puis  il  a  repris  avec  une  vitesse 
décroissante  et  beaucoup  moindre  que  pendant  les  premières  heures  de  la  prise.  La 
durée  de  l'arrêt  de  la  contraction  a  coïncidé  avec  la  période  pendant  laquelle  le  prisme 
se  desséchait  et  la  température  du  mortier,  maintenue  d'abord  inférieure  à  celle  de 
l'air  ambiant,  par  l'évaporation  de  l'eau,  s'en  rapprochait  peu  à  peu.  La  dilatation  due 
aux  variations  de  température  a  pu  jouer  alors  un  rôle  prédominant  et  masquer  la 
contraction  produite  par  la  prise  du  ciment. 

»  En  somme,  si  l'on  complète  les  résultats  de  mes  essais  au  moyen  des 
expériences  de  longtie  din-ée  exécutées  à  l'Ecoîe  des  Ponts  et  Chaussées  et 
par  M.  Meier  et  Schimian,  on  peut  dire  que  le  ciment  pur  et  non  armé 
qu'on  conserve  dans  l'air  subit,  en  quelques  heures,  une  contraction  voi- 
sine de  o^'^.S  par  mètre,  que  cette  contraction  atteint  i°""  en  quinze  jours 
à  un  mois,  et  qu'en  deux  ou  trois  ans  elle  arrive  au  maximum  de  i'"°,5  à 

»  Les  chiffres  relatifs  au  prisme  n°  61  prouvent  que  les  ciments  armés 
se  contractent  suivant  une  loi  continue  et  régulière  et  qu'ils  diffèrent,  par 
suite,  à  cet  égard,  des  ciments  non  armés.  On  l'expliquera  plus  loin. 

»  Pour  calculer  la  pression  que  subit  l'armature  d'un  prisme  conservé  à  l'air  dont 
on  a  mesuré  le  raccourcissement,  et  en  déduire  les  valeurs  des  eflTorts  qui  se  déve- 
loppent dans  le  métal  et  le  mortier,  on  fait  un  calcul  identique  à  celui  qui  a  été 
indiqué  ci-dessus  en  détail  pour  le  prisme  62  conservé  dans  l'eau.  On  trouve  les 
chiffres  suivants  : 

»  Dans  le  prisme  armé  en  ciment  pur  n°  01,  l'armature  supportait  une  pression 
moyenne  de  5''s  par  millimètre  carré  et  le  ciment  une  tension  moyenne  de  28''S,7  par 
centimètre  carré.  Au  milieu  de  la  longueur  du  prisme,  les  maxima  devaient  être 
voisins  de  6''?, 23  pour  la  pression  du  fer  et  de  36'^5  pour  la  tension  du  ciment. 

»  Dans  le  prisme  n"  G3  de  mortier  à  6oo''8,  l'armature  supportait  une  pression 
moyenne  de  2''8  par  millimètre  carré  et  le  ciment  une  tension  moyenne  de  i  l'espar 
centimètre  carré. 

»  De  ces  chiffres  et  d'autres,  obtenus  au  moyen  de  prismes  constitués 
comme  le  n°  54  cité  plus  haut,  il  semble  résulter  cjuc  la  tension  intérieure 
développée,  dans  un  prisme  de  mortier,  par  l'action  d'armatures  métal- 
liques de  section  suffisante,  est,  à  chaque  phase  de  la  prise,  voisine  de  la 

(')  Ces  résultats  ont  été,  en  ce  qui  concerne  les  vingt  premiers  jours  de  prise,  con- 
firmés par  quatre  autres  expériences  dont  il  est  inutile  de  rendre  comj)te  et  où  j'ai 
mesuré  les  allongements  au  moyen  de  miroirs  tournants. 


(472  ) 

résistance  à  la  rupture  par  traction  que  possède,  au  même  âge,  un  mortier 
identique  essayé  sans  armatures.  Cela  explique  que  le  raccourcissement 
des  prismes  armes  augmente  régulièrement,  comme  on  l'a  vu  plus  haut. 

))  Ce  fait  pouvait  être  prévu,  car  la  diminution  que  la  solidarité  avec 
l'armature  impose  au  retrait  que  le  ciment  ou  le  mortier  tend  à  prendre 
est,  dès  le  début  de  la  prise,  très  supérieure  à  l'allongement  élastique  dont 
il  est  capable.  Le  'ciment  ou  mortier  armé  qu'on  conserve  à  l'air  est  donc, 
pendant  toute  la  durée  de  sa  prise,  étiré  au  delà  de  sa  limite  d'élasticité  et 
il  doit,  par  suite,  avoir  une  tension  égale  à  sa  résistance  maximum  au 
même  âge,  puisque  cette  résistance  reste  sensiblement  constante  au  delà 
de  la  limite  d'élasticité,  comme  je  l'ai  démontré  dans  la  Communication 
faite  le  12  décembre  i8f)8  à  l'Académie. 

))  On  remarquera  que  la  contraction  du  fer  et,  par  suite,  la  tension  du 
ciment  qui  l'a  produite  n'ont  progressé  notablement  que  pendant  vingt- 
huit  jours.  L'arrêt  de  la  progression  a  coïncidé  avec  l'apparition  de  fissures 
transversales  dans  le  prisme  formé  de  mortier  de  ciment  pur. 

»  On  doit  rapprocher  de  ce  fait  les  fissures  observées  souvent  dans  les 
massifs  en  mortier  de  ciment  pur  exposés  à  l'air  sec,  que  des  armatures 
intérieures  ou  des  liaisons  extérieures  empêchent  de  prendre  librement 
leur  retrait.  Il  y  a  là  un  défaut  grave  qui,  si  l'on  ne  réussissait  pas  à  le  cor- 
riger, ferait  écarter  remjjloi  hors  de  l'eau  du  ciment  pur  et  des  mortiers 
très  riches,  dans  tous  les  cas  où  le  retrait  n'est  pas  absolument  libre,  et  il 
semble  que  celte  condition  n'est  presque  jamais  réalisée,  car  le  retrait  de 
toute  maçonnerie  est  gêné  par  l'invariabilité  du  sol  de  fondation  ou  des 
assises  inférieures  qui  se  sont  déjà  contractées. 

Il  A  l'œil,  on  ne  voit  pas  de  fissures  dans  les  mortiers  renfermant,  au 
plus,  Goo'^s  de  ciment  par  mètre  cube  de  sable,  qui  sont  conservés  à  l'air 
sec,  mais  je  ne  saurais  encore  dire  s'il  ne  s'y  produit  pas  de  fissures  capil- 
laires.  » 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Maire  de  IVcits-Saint-Georges  invite  l'Académie  à  se  faire 
représenter  à  l'inauguration  du  monument  élevé  à  la  mémoire  de  Félix 
Tisserand,  qui  aura  lieu  à  Nuits-Saint-Georges  le  i5  octobre  prochain. 


(  473  ) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Surun  développement  d'une  Jonction  holoinorphe 
à  l'intérieur  d'un  contour  en  une  série  de  polynômes.  Note  de  M.  Rexaux, 
présentée  par  M.  Picard. 

«  M.  Picard  a  donné  (^Comptes  rendus,  année  1879;  tours  d'Analyse. 
\.  II,  p.  288)  un  élégant  «léveloppement  pour  une  fonction  holomor|)Vie  à 
l'intérieur  de  l'aire  limitée  par  une  ellipse.  On  peut  facilement  généraliser 
ce  développement.  Soient  un  contour  simple  S,  et:;,  =/(:)  la  fonction  cpii 
représente  d'une  manière  conforme  l'aire  extérieure  à  S  sur  l'aire  exté- 
rieure à  un  cercle  C  du  plan  des  s,  ayant  l'origine  pour  centre,  les  points  à 
l'infini  se  correspondant.  On  aura 


z,  =  kz[  I 
et,  en  posant  z^  =  ku. 


-  =  ?(")  =  «!+  -7, 


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.  "Le 

+  . 

- 

?!+•■ 

-> 

..-{- 

S+- 

'Il 

u 

u- 

-+-.. 

.-+- 

les  coefficients  b  étant  convenablement  choisis.  Soit  R(,  le  module  de  u 
pour  lequel  le  développement  de  z  cesse  d'être  convergent.  Si  u  par- 
court le  cercle  C„  de  rayon  R^,  ;:  décrira  une  courbe  So  qui  sera  comprise 
à  l'intérieur  du  contour  S,  si  ce  contour  est  formé  tout  entier  d'un  seul 
arc  régulier  de  courbe  analytique,  et  qui  coïncidera  avec  S  dans  le  cas 
contraire.  Aux  différents  cercles  concentriques  à  Co  et  extérieurs  corres- 
|)ondront  des  courbes  de  niveau  extérieures  à  S^  et  si  u  parcourt  la  couronne 
limitée  par  deux  cercles  C,  et  C^  concentriques  à  Cp  et  de  rayons  R,  et  R^, 
(Ri  >Ro]>Ro),  z  décrira  l'aire  limitée  par  deux  courbes  de  niveau  S, 
et  So  (S,  extérieure  à  S^). 

»  Soient  x  un  point  quelconque  de  cette  aire  et  z  un  point  quelconque 
extérieur  à  S,.  Soient  u  et  U  les  valeurs  correspondantes,  u  situé  entre  les 
cercles  C,  et  C,,  U  extérieur  à  C,.  On  aura 

Log(U-,^)  =  LogU-2j;(g)''- 

1 

Or,  si  l'on  con!^idère  le  développement  de  uP  suivant  les  puissances  dé- 


(  hlk  ) 
croissantes  de  x,  on  obtiendra,  en  s'arrêtant  au  terme  en  ->  un  polynôme 
de  degré /?  et  l'on  pourra  écrire 

Q,(.%)  étant  une  fonction  holomorplie  à  l'intérieur  de  So  et  s'annulant  à 
l'infini.  Si  l'on  exprime  la  fonction  Q/,(^)  par  rapport  à  u,  on  obtiendra 
une  nouvelle  fonction  R/,(")=  QpC^)'  pi'océdant  suivant  les  puissances 
positives  de  -  à  l'extérieur  du  cercle  C;,. 
»   Or,  on  peut  écrire 


et  il  est  facile  de  démontrer  que  l'on  a 

(,)  Log(=-a;)  =  LogU-2-^  ^j7^' 


/'■ 


Rp(") 


^  '  /•  =  ' 

»  Le  premier  développement  est  absolument  et  uniformément  con- 
vergent pour  les  valeurs  de  rr  comprises  à  l'intérieur  du  contour  S,,  z  étant 
extérieur  à  S,  ou  sur  ce  contour.  La  série  (i)  peut  être  dérivée  soit  par 
rapport  à  z,  soit  par  rapport  -ax,  et  toute  fonction  holomorplie  à  l'intérieur 
d'une  courbe  de  niveau  S,  (S,  pouvant  se  réduire  à  S»)  est  développable 
en  série  procédant  suivant  les  polynômes  P^(.a?),  (P»  =  i)  ou  bien  les  poly- 
nômes dérivés  P^(^).  Ce  développement  exige  qu'on  connaisse  les  valeurs 
de  la  fonclion  sur  le  contour  S,.  Les  polynômes  P;,(^)  restent  les  mêmes 
pour  les  différentes  courbes  de  niveau.  Enfin,  le  développement  (2)  est 
valable  pour  tous  les  points  ^  et  a;  extérieurs  à  Sj  ou,  ce  qui  revient  au 
même,  pour  les  points  U  et  u  extérieurs  au  cercle  Cp. 

»   Si  l'on  pose 

a7  =  &-{-r/,,         z  =  ^  +  iX,         /•^  =  (X-ç)=^-(Y-•0^ 
U  =  R(cosii  +  ïsinP.),         V ,,{x)  =  G^(ç,r)  -I-  i  Hp(ç,  r,), 
on  aura  pour  Logr  le  développement  suivant  : 

(3)       Logr  =  LogR  -  ;21  ^  [^z-^'-  ''^  """"^P"  -^  "''^^'  '''^  ''"^"^' 

;'  =  ' 


(  'rp  ) 

et  toute  fonction  harmonique  à  l'intérieur  d'une  courbe  de  niveau  S,  (!sl 
développable  en  série  absolument  et  uniformément  convergente  à  l'inté- 
rieur de  S,  et  procédant  suivant  les  polynômes  Gp(ç,-/-,)  et  Hp(ç,o) 
(  H„  =  o,  G„  =  i). 

>i  Les  développements  (i),  (  2  )  et  (3)  permettent  de  déterminer  d'une 
façon  simple  les  fonctions  fondamentales  pour  le  plan,  analogues  aux 
fonctions  fondamentales  trouvées  ]3ar  M.  Poincaré  dans  le  cas  de  l'espace. 
Je  me  réserve  de  revenir  ultérieurement  sur  celte  question.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  dwcrses  expériences  destinées  à  confirmer  ihypolhésc 
d'Ampère,  relative  à  la  direction  de  l'action  élémentaire  électroniagné- 
liijuc  (').  Note  de  M.  W.  de  iXikolaiève,  présentée  par  M.  Poincaré. 

«  Un  électro-aimant  tubulaire  NS  (yfig.  i)  peut  tourner  autour  d'un  fd 
de  suspension.  Une  extrémité  Z  du  circuit  de  l'éleclro  plonge  dans  le  mer- 
cure du  godet  A;  l'autre  extrémité  M  est  reliée  par  un  fd  ML  au  mercure 
du  godet  annulaire  LE  invariablement  lié  à  i'électro.  Le  fait  que  le  fd  ML 
est  lié  invariablement  à  I'électro  permet  au  reste  du  circuit  ABCDELMZA 
de  manifester  son  couple  magnétique  lorsque  ce  circuit  est  parcouru  par 
un  courant;  on  observe  en   effet  une  rotation  énergique  de  I'électro  NS. 

»  Si,  maintenant,  le  fil  ML  de  \'<\Jig-  i  est  supprimé  et  que  l'extrémité 
M  du  circuit  de  I'électro  communique  non  plus  avec  le  godet  L,  mais  avec 
le  godet  annulaire  PQ  qui  communique  lui-même  par  le  conducteur  TR 
avec  le  gotlet  LE,  l'électro-aimant  reste  au  repos.  Mais  la  rotation  de 
I'électro  reprend  avec  la  même  énergie  que  dans  le  premier  cas,  si  l'on 
place  le  fil  DE  dans  l'intérieur  de  I'électro  creux  et  si  l'on  immerge  l'extré- 
mité de  ce  fil  dans  le  mercure  R  relié  avec  celui  du  godet  T^.  On  observe 
la  même  rotation  si  l'on  solidarise  le  conducteur  FK  avec  I'électro  et  qu'on 
dispose  en  F  un  godet  à  mercure  pour  permettre  un  contact  liquide. 

))  Pour  comparer  entre  eux  les  couples  moteurs,  on  démonte  le  conduc- 
teur RT  et  l'on  rétablit  la  communication  ML;  alors  I'électro  redevient  im- 
mobile. Les  deux  modes  de  disposition  du  conducteur  FK.  à  l'intérieur  de 
I'électro  sont  donc  équivalents;  mais,  comme  dans  le  second  cas  le  cou- 
rant FK  était  inactif',  il  doit  l'être  aussi  dans  le  premier,  quand  il  était  fixe 

(')  Travail  fait  au  laboratoire  (le  Pliysique  du  piince  Boris  Galitzine,  meiiibre  de 
l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saiiil-Péter^ljouig. 

C    li.,  iSgcj,  2'  Semestre.  (T.   CXXIX,  N"  12.)  (>4 


(  47G  ) 
et  indépendant  de  l'élcclro.  Comme,  d'autre  part,  les  pôles  élémentaires 
sont  symétriques  autour  du  courant,  il  faut  admettre  que  les  réactions  élé- 
mentaires passent  par  le  courant  et  que  le  couple  total  autour  de  l'axe  est 
])ar  suite  égal  à  zéro. 

»  Ordinairement  on  dit  que,  quand  le  courant  FK.est  fixe,  son  action 
est  prépondérante  et  détermine  la  direction  de  la  rotation  ;  en  réalité,  cela 
ne  serait  vrai  que  pour  un  aimant  libre  non  lié  à  l'axe  fixe.  Dans  le  cas  du 
courant  solidaire  avec  l'électro,  on  dit  que  c'est  la  solidarité  qui  permet  la 
rotation  ;  en  réalité,  dans  les  deux  cas,  les  courants  sont  inactifs  et  la  |)lus 
grande  partie  du  couple  moteur  est  formée  des  couples  magnétiques  déve- 
loppés par  la  partie  CB  du  courant. 


Fig.  I. 


Kis.  5. 


rA 


))  On  place  entre  les  deux  armatures  d'un  électro-aimant  de  Faraday  le 
système  suivant  :  un  tube  creux  T  (./%'.  ^)  parcouru  de  bas  en  haut  par  un 
courant  qui  peut  redescendre  par  une  tige  It  de  laiton,  placée  à  l'intérieur 
du  tube  T. 


(  ^177  ) 
»   Ce  syslème  possède  un  champ  inléricur,  comme  un  cuuranl  solénoïdal, 
mais  n'admet  pas  de  champ  extérieur. 

»  Premirre  e.cpérience.  —  Si  le  courant  parcoiiil  le  Uibe  T  sans  redescendre  par 
la  Lige  II,  on  observe  un  mouvement  énergique  de  T  dans  le  champ  magnétique;  de 
même,  on  observe  un  mouvement  éneigique  de  It  parcouru  par  le  courant  à  re\olu- 
sion  de  T. 

»  Deuxième  expérience.  —  On  lie  invariablement  la  tige  tt  avec  le  tube  Teton  les 
fait  paicouiir  par  le  courant  comme  il  est  indiqué  sur  Xajig.  2.  On  ne  constate  plus 
alors  <\u\\n(i  faible  rotation  du  syslème,  altribuable  à  un  défaut  d'uniformité  dans  la 
répartition  du  courant  dans  le  tube  T. 

1)  Troisième  expérience.  —  Dans  le  dispositif  précédent  {Jig.  2),  on  laisse  le  tube  T 
et  la  tige  tt  indépendants  l'un  de  l'autre  dans  leurs  mouvements.  On  observe  alors, 
comme  dans  la  première  expérience,  que  la  tige  tt  et  le  tube  T  se  déplacent  énergicpie- 
nient  à  travers  les  lignes  de  force'du  champ  magnétique  extérieur;  la  tige  tt  se  déplace 
en  sens  inverse  du  tube  T.  Cela  démontre  que  l'équilibre  approché  de  la  deuxième 
expérience  résultait  de  l'opposition  des  actions  mécaniques  exercées  sur  le  tube  T  et 
sur  la  lige  tt. 

»  En  d'autres  termes  :  le  champ  magnétique  extérieur  <\n  système  (T,  tl) 
est  nul,  comme  pour  un  courant  solénoïdal;  mais  le  champ  extérieur  de 
l'électro-aimant  de  Faraday  agit  séparément  sur  le  tube  T  et  sur  la  tige  tt, 
bien  qu'il  n'agisse  pas  sur  leur  ensemble  supposé  rigide;  même  dans  ce 
dernier  cas,  le  champ  de  l'électro-aimant  agit  encore  par  les  tensions  et 
pressions  élastiques  qu'il  provoque  dans  le  conducteur. 

»  Donc  toujours  les  phénomènes  se  produisent  comme  si  les  champs 
magnétiques  de  tous  les  courants  linéaires  d'un  système  solénoïdal  subsis- 
taient indépendamment  les  uns  des  autres,  malgré  l'absence  de  force 
magnétique  à  l'extérieur  du  solénoïde.  « 


CHIMIE  IJNDUSTRIELLE.   —  Sur  les  poteries  égyptiennes. 
Note  de  M.  H.  Le  Ciiatei.ier. 

«  Les  statuettes  funéraires  de  l'ancienne  Egypte,  avec  leur  pâte  sableuse, 
souvent  très  friable,  et  leur  éclalaute  couverte  bleue,  ont  depuis  longtemps 
attiré  l'attention  des  céramistes.  De  nombreuses  tentatives  ont  été  faites, 
le  plus  souvent  sans  grand  succès,  pour  arriver  à  leur  reconstitution  syn- 
thétique. Parmi  ces  recheix;hes,  les  plus  connues  sont  celles  deSalvétat, 
eiïectuées  à  la  manufacture  de  Sèvres;  elles  sont  résumées  dans  une  Note 


(47«  ) 
de  la  dernière  édition  du  Traité  de  Brongniart  (t.  It,  p.  772).  Voici  la  con- 
clusion de  ce  travail   : 

»  Il  esl  vraisemblable  que  ces  figurines  élaienl  iailes  en  les  »culplaul  dans  des  grès 
naturels,  encore  tendres  par  suite  de  la  conservation  de  leur  eau  de  carrière. 

>i  La  composition  indiquée  pour  la  couverte  serait  un  verre  bleu  corres- 
|)ondant  à  la  formule 

2 ,3 Si 0-(o  , 58Na^O  .0 , 1 5CaO . o ,  27 CuO). 

»  J'ai  pu  reprendre  l'étude  de  cette  question,  grâce  à  l'obligeance  de 
M.  de  Morgan  qui  a  mis  à  ma  disposition  un  grand  nombre  d'échantillons 
de  statuettes  recueillies  dans  les  fouilles  faites  sous  sa  direction  en  Egypte. 
La  conclusion  de  ces  recherches  a  été,  sur  tous  les  points,  dilVérenle  de 
celle  de  Salvétat. 

»  Pâles.  —  \  oici  d'abord  Tanaljse  d'un  certain  nombre  de  pâtes,  choisies  de  façon 
à  représenter  les  différents  types  de  fabrication  ;  on  y  a  joint  l'analyse  d'un  grès  natu- 
rel d'Éevpte  : 

'^"'^  1.  -2.  3.  i.  Grùs. 

Silice  (diir.) 94,4  92.3  93,9  9.j,3  98,8 

Alumine 2,4  1,1  '  '-6  '  ,<-> 

Oxyde  de  fer.  ..  .  0,2  o,3  0,1 3  o,4  o,ih 

Chaux 1,3  0,6  1,7  1,(3.")  0,07 

Magnésie »  »  >'                  »  '-^ij 

Manganèse «  2,4  "                  "  " 

Oxyde  de  cuivre. .  o,5  0,8  0,84  o,4  " 

Soude 1,2  2,5  2,4  0,64  » 

Eau »  »  »                 »  '  -J 

»  1.  Saqqarah  (Memphis).  Saïte.  —  Pâte  blanche,  sableuse,  à  grain  grossier;  assez 
tendre.  Couverte  épaisse,  bleue,  de  ton  uniforme.  C'est  un  des  types  les  plus  fréqueiit». 

»  -2.  Gournah  (Thèbes).  XX''  dyn.  —  Pâle  grossière,  colorée  en  brun  par  le  man- 
ganèse, agglomérée  par  la  soude,  assez  dure.  Couverte  violacée. 

«  3.  Saqqarali.  Saïle.  —  Paie  dure  assez  fine,  agglomérée  par  la  soude,  colorée 
par  le  cuivre.  Couverte  bleu  foncé. 

»  k.  Saijqarah.  Plotémaïqiie.  —  Pâte  très  fine  et  assez  tendre,  moulages  délicats; 
i^laçure  verte,  très  mince. 

»  La  présence,  dans  ces  pâtes,  de  bulles  d'air  à  peu  près  sphériques, 
suffirait  pour  prouver  qu'elles  ont  été  primitivement  gâchées  avec  de  l'eau. 
On  a  d'ailleurs  trouvé  en  Egypte  quelques  restes  des  moules  en  terre  cuite 
qui  avaient  servi  à  les  façonner.  Mais  on  peut  donner  une   preuve  plus 


^ 


(  479  ) 
directe  de  la  différence  absolue  qui  existe  entre  les  grès  naturels  et  les 
|)àtes  de  ces  statuettes,  en  en  faisant  au  microscope  polarisant  un  examen 
comparatif  sin''plaques  minces.  Les  deux  photogra|)hies  ci-dessous  l'epro- 
duisent,  à  un  grossissement  de  35  diamètres,  les  coupes  du  grès  naturel  et 
de  la  statuette  n"  I ,  |)lacées  entre  deux  niçois  croisés  à  /|5°. 


»  J.a  pâte  de  la  statuette  est  composée  de  grains  de  sable,  anguleux  et 
très  fins,  tlouble  caractère  que  ne  possède  jamais  le  quartz  des  sables  et  grès 
naturels.  Le  sable  employé  avait  donc  subi  un  broyage  très  avancé,  qui 
contribuait;!  augmenter  la  plasticité  de  pâtes  très  pauvres  en  argile,  comme 
l'indique  leur  fadîle  teneur  en  alumine. 

»  Couverte.  —  La  composition  indiquée  par  Salvétat  donne  une  couverte 
vitreuse  qui,  suivant  l'épaisseur,  varie  du  bleu  très  pâle  au  bleu  presque 
noir.  La  caractéristique  des  couvertes  égyptiennes  est,  au  contraire,  de 
présenter,  malgré  des  variations  inévitables  d'épaisseur,  une  uniformité 
absolue  de  ton;  les  couvertes  ne  sont  pas  transparentes,  mais  seulement 
translucides;  ce  sont  des  pâles  colorées,  analogues  à  celles  de  |)orcelaine, 
employées  comme  engallée,  et  avant  reçu  seulement  un  glaçage  superficiel. 
L'examen  microscopique  d'une  coupe  transversale  montre  immédiatement 
la  composition  de  ces  couvertes  ;  elles  sont  composées  de  grains  de  sable 
quartzeux  dont  les  intervalles  sont  remplis  par  un  verre  bleu  au  cuivre. 
On  le  voit  très  nettement,  à  la  reproduction  près  des  couleurs,  sur  la  pho- 
tographie donnée  plus  haut  qui  comprend  pâte  et  couverte  juxtaposées.  La 


(  48o  ) 

coiiverle  correspond  à  la  bande  plus  claire  de  largeur  variable  (10™'°  à 
20'""')  qui  limile  la  coupe  sur  un  des  côtés.  Si  l'on  ne  pouvait  à  la  vue 
directe  observer  le  verre  bleu,  on  serait  tenté  de  croire  que  la  totalité  de 
la  coupe  se  rapporte  à  une  pâte  sableuse  de  constitution  uniforme. 

H  On  obtient  une  couverte  semblable  avec  un  mélange  à  poids  égaux 
de  sable  quartzeux  et  d'un  verre  bleu,  broyés  très  fins  tous  les  deux.  Le 
verre  ayant  la  composition 

4SiO^  o,33Cu  O  .o.67]N[a'0, 

cette  couverte  cuite  à  1000°  est  complètement  mate.  On  la  glace  en  la  ba- 
digeonnant avec  une  solution  de  carbonate  de  soude  et  chauffant  quelques 
instants  au  point  de  fusion  de  ce  sel,  soit  800°.  Un  chauffage  trop  pro- 
longé, ou  à  température  trop  élevée,  fait  de  nouveau  disparaître  le  glaçage, 
aussi  bien  sur  les  statuettes  égyptiennes  que  sur  leurs  reproductions. 

»  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  une  petite  sta- 
tuette obtenue  par  les  procédés  indiqués  ci-dessus.  La  pâte  est  composée 
de  5  parties  d'argile  et  93  de  sable  broyé;  la  couverte,  de  20  parties  de 
sable  broyé  et  80  de  verre  bleu  ;  la  proportion  du  sable  est  trop  faible  pour 
donner  l'uniformité  absolue  de  nuance;  elle  a  été  adoptée  pour  faciliter 
le  glaçage  (').    >. 

I^a  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

J.   B. 


BULLETLV    BIBLIOGRAPUIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  4  septembre  1899. 
(Suite.) 

De  la  persistance  du  trou  de  Bolal  et  de  sa  valeur  fonctionnelle,  par  le 
D''  Louis  Vervaeck.  (jMémoires  couronnés  et  autres  Mémoires  publiés  par 
l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique.  Collection  in-8",  t.  XV, 
fasc.  4.)  Bruxelles,  1899;  1  f^^*^-  i"-8°- 

(')  Tous  ces  essais  de  rejiroduction  de  pâles  el  couveiles  égApliennes  ont  élé  faits 
aux  ateliers  de  Glatigny. 


(48i   ) 

An  account  of  the  Cruslacea  of  Norway,  fviih  short  descriptions  and  figures 
ofall  the  specie,  by  G.-O.  Sars.  Vol.  II  :  Isopoda.  Parts  Xld,  XIV.  Cryplo- 
niscida-,  appendix.  Bergen,  1899;  i  fasc.  '\n-'\°. 

Ohservacioncs  meteorologicas  de  provincias.  iSqj-iSqG.  Observacioncs  ine- 
leorologicas  de  Madrid,  1896-1897.  Madrid,  1899;  2  vol.  in-8''. 

Observations  and  researches  made  at  the  Hongkong  observatory,  in  the 
year  1898,  by  W.  Doberck.  Hongkong,  1899;  i  fasc.  pelit  in-f". 

Bolelin  delà  Sociedad geografica  de  Madrid.  T.  XLI,  segundo  trimeslre 
de  1899.  Madrid,  1899;  i  vol.  in-8". 

The  Journal  of  electricily  power  and  gas.  Vol.  VIII,  n"  l.  San  Francisco, 
1899;  I  fasc.  in-4*'. 

Archives  des  Sciences  biologiques,  pubb'ées  par  l'Inslitnt  impérial  de  iMc- 
decine  expérimentale  à  Saint-Pétersbourg.  T.  VII,  n"  3.  Saint-Pétersbourg, 
J899.  (Edition  française.) 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  ii  septembre  1899. 

Elude  sur  les  moyens  de  prèf,'enir  les  collisions  en  mer,  étal  actuel  de  la 
question  (août  1899),  par  Léon  et  Cosme  dç  Somzée.  Paris,  impr.  E.  Kap[), 
1899;  1  fasc.  in-8°. 

Sur  un  Trichophylon  du  cheval,  à  cultures  lichénoides  (Tricliophyton  mini- 
mum), par  Le  Clavé  et  le  D''  H.  Malherbe.  Paris,  Carré  et  C.  Nuud,  1899  ; 
I  fasc.  in-8". 

Actes  de  la  Société  linnéenne  de  Bordeaux,  vol.  LUI,  6*  série,  t.  III.  Bur- 
deaux,  1898;  i  vol.  in-8". 

Revue  générale  de  Botanique,  dirigée  par  M.  Gaston  Bonmer,  Membre 
de  l'Institut;  t.  XI,  n°  128.  Paris,  Paul  Dupont,  1899;  i  fasc.  in-8". 

Institut  des  Actuaires  français.  Bulletin  trimestriel.  X®  année,  n"  37.  Paris, 
L.  Dulac,  1899;  I  fasc.  in-8". 

Systems  of  circles  analogous  to  Tucker  circles,  by  J.-A.  Third.  (Extr.  froni 
ihe  Proceedings  of  the  Edinbwgh  matheninlical  Society,  vol.  XVII,  ses- 
sion 1898-99.)  (With  compliments  from  M'' J.-A.  Third.) 

Sludies  in  the  gold-bearing  slates  of  Nova  Scotia,  by  J.-Edmund  Woodman. 
Boston,  1899;  I  fasc.  in-8°. 

Monilopoiidœ,  a  nevi> family  of  palaeozoic  corals ,  by  Amadeus-W.  Grabau. 
Boston,  1899;  I  fasc.  in-8". 

Some  hydroids  from  Puget  Sound,  by  Gary-N.  Calkixs.  Boston,  1899; 
I  fasc.  in-8". 


(  /|8^  ) 

Norlh  american  wood  frngs,  bv  REciNALD-HEincn  Home.  Boston,  iHrjf); 
I  fasc    in-8". 

Revision  of  the  Jumping  Mice  ofthe  genits  Zapus,  bv  Er)\v\i!n-\.  PisEnr.E. 
Washington,  1899;  i  fasc.  in-8". 

Voha  Bureau.  Marriages  of  the  deaf  in  America,  bv  Edward- \li,en  I"\y. 
Washington,  1898;  1  vol.  in-8'\  (Wilh  ttie  compliments  of  the  VoLaliu- 
reau.) 

Cunsideracioncs  sobre  la  voz  huniana,  por  el  D'  Amonio  de  Gordon  v  de 
AcosTA.  Habana,  1899;  i  fiisc.  in-8". 

Détermination  relative  de  la  pesanteur  à  Helsingfors,  précédée  d'un  aperçu 
sur  les  formules  de  réduction,  par  Otto.Savander.  Helsingfors,  1898;  1  fasc. 
in-8". 

Sur  les  phénomènes  de  lumière,  naturels  et  artificiels,  de  la  nature  de  l'au- 
rore boréale  :  Observations  faites  aux  stations  de  Sodankyla  et  de  Ktdtala. 
Helsingfors,  1898;  i  fasc.  in-4". 

Ueber  die  gcologiiche  Enl^vicklung  der  halbinsel  Kola  in  der  Quartârzeit . 
von  WiLHELM  Rasisay.  Hclsi iiofors,  18(18;  i  fasc.  in-8". 

Sy nies af fur  ochfurylbernslenssyra.  af  S.-S.  Sandelin.  Helsingfors,  1899; 
I  fasc.  in-8". 

Sludien  iibcr  die  Marktmilch  in  Helsingfors  mit  besonderer  Hinsicht  aufden 
Bakteriengehalt  derselben,  von  Oskar  yon  Heli.ens.  Helsingfors,  1899. 

Experimenlelle  Unlersuchungen  uberperiloneate  Infection  mit  Streptococcus. 
von  Axel  Wallgren.  Helsingfors,  1899;   i  fasc.  in-8". 

Die  NierensyphUis.  Erste  Hiilfte,  von  J.-J.  Karvonen.  Helsingfors,  1899; 
I  fasc.  in-8". 

Patologisk-anatomiska  och  kliniska  studier  ùfver  ovariallumôrer,  af  Axel-R. 
Limnell.  Helsingfors,  1898;  i  fasc.  in-/|". 

Sverigcs  offentliga  bibliotek,  Stockliolm,  Upsala,  Liind,  Gôteborg,  Accessions- 
kalalog.  13,  1898.  Utgifveti  af  kongl.  Biblioteket  genom  Eyiil  Havf.iîman. 
Stockholm,  1899;  i  vol.  ia-8". 

Memoirs  of  the  Boston  Society  of  natural  History;  vol.  V,  nuniber  4,  .5. 
Boston,  1899;  2  fasc.  in-'j". 

Rendiconto  de.ll'  Accademia  délie  Sc'ienze  fisiche  e  matematiche;  série  3", 
vol.  V,  fasc.  6"  e  7°.  Napoli,  1899;  i  fasc.  ia-8". 

Kongliga  svenska  velenskaps-Akademiens  handlingar.  Bd.  31.  Stockholm, 
1898-99;  1  vol.  in-/i". 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands- A ngusMns,  n"  55. 

)epoi»  1835  Ifp  COMPTES  RENDDS  hebdomadaires  paraissent  résulièreraenl  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  Qn  de  l'année,  deux  Tolume»  in-4*.  Deui 

fies   l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  rolume.    L'abonnement  est  annuel 

oarl  du  r"  janvier. 

Le  prix  dé  Pabonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
,  în Ferrsn  frères. 

iChaix. 
Jourdaa. 
Rufr. 

,  ient Courtin-Hecquet. 

I  Germain  elGrassin. 

'  '      \  Lachése. 

,  onne Jérôme. 

inçon Jacquard. 

,  Feret. 

1  deaux Laurcns. 

'  Muller  (G. y. 
I  rget Renaud. 

iDerrien. 
K.  Robert. 
J.  Robert. 
Uzel  frères. 

I  n Jouan. 

\  tmberv Perrin. 

I  Henry. 
'  Marguerie. 
;  Juliot. 
Ribou-Collay. 

1  Lamarche. 

in Ratel. 

'  Uey. 

1  Lauveriat. 

M ,,  ' 

I  Degez. 

.,  1  Drevet. 

noble ^ 

(  Gratier  et  G". 

Rochelle Foucber. 

.  „  l  Bourdignon. 

[Havre !  " 

(  Dorabre. 

Tborez. 
Quarré. 


rbourg. . 


'mont-Ferr... 


Lorient. 


Lyon. 


(: 


chez  Messieurs  : 

Baumal. 

M"'  Texier. 
/  Bernoux  et  Cumin 
\ Georg. 

Côte. 

Savy. 

Vitte. 

Marseille Ruât. 

l  Calas. 
fontpell.er J  ^^^,^^ 

Moulins Martial  Place. 

I  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frères. 
Loi  seau. 
Veloppé. 


Nantes 


Poitiers. 


)  Barma. 

^'" I  Visconti  et  C'v 

Kimes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

Blanchier. 

Marche. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (  M""  ). 

1  Langlois. 

Rouen , 

(  Lestringant. 

S'-Êtienne Chevalier. 

1  Ponteil-Burles. 

Toulon ,  „        ,, 

(  Rumebe. 

i  Gimct. 

Toulouse 1  „  .     . 

(  Privât. 

iBoisselier. 
Péricat. 
Suppligeon. 

.  \  Giard. 

Valenciennes , 

(  Lemaitre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


Bucharest . 


chez  Messieurs  : 
Feikema    Caarelsen 
et  C". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

[  Asher  et  C''. 
Dames. 

Friediander  et   fils. 
Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

iLainertin. 
MayolezetAudiarte. 
Lebégue  et  C". 
(  Sotcheck  et  C». 
}  Storck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC". 

Christiania Canimermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

iCherbuliez. 
Georg. 
Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frères. 

L  Benda. 
i  Fayot. 
/  Barth. 
\  Brockhaus. 
Leipzig \  Lorentz. 

Max  Rube. 

Twietmeyer. 
^  Desoer. 
\  Gnusé. 


Lausanne- 


Liège. 


chez  Messieurs  : 
I  Dulau. 

t-ondres Hachette  et  C". 

'Nutt. 


Luxembourg . ...     V.  Buck. 

1  Libr.  Gulenberg. 
Madrid Romoy  Fussel. 

I  Gonzalés  e  hijos. 

'  F.  Fé. 

Milan !''°='=»  ''^^"'■ 

I  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

JVaples (Marghieri  di  Giu,. 

(  Pellerano. 

I  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
New-York Siechert. 

'  Lemckeet  Buechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaés  ei  Moiiiz. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Bocca  frères. 

Loesclieret  C'. 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

„  .  i  Zinserling. 

S'-Petersbourg..^^^^^^ 

I  Bocca  frères. 

Brero. 

Clausen. 

RosenbergelSelii'  I-. 

Varsovie Gebelhner  el  W  olll 

Vérone Drucker. 

(  Frick. 

Vienne ,  „       .  .    ,  „,. 

(  Gerold  et  G". 

ZUrich Meycr  et  Zeller. 


Rome. 


Turin. 


ÎABLES  GtNÉBALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  !•'    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4'';  i853.  P"'' ^'^  ^■'■ 
Tomes  32  à  61.— (  i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4'';  1870    P'"''' *^  ^'■• 

Tomes  62  à  91.—  (1"  Janvier  1S66  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  ii)-4';  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLEMENT  ADI  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DÉS  SCIENCES  : 

ome  1  :  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Dbrbés  et  A.-J.-J.  Solieb.—  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbation»  qu'éprou  venllea 
:iète8,par  M.HirnEN.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  de»  matières 
; ises,  par  M.  Cliodb  Bernard.  Volume  in-4'',  svec  82  planches;  i856 ■         '.■■.■"■"  , 

ome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Bïnedik.  -  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  .85o  par  l'Académie  des  Sciences 
'T  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i856,  savoir  :  .  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sedi- 

lentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  -  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  -  Rechercher  la   nature 

!S  rapports  qui  existent  entre  l'étal  actuel  du  régne  organique  et  ses  étals  antérieurs  .,  par  M.  le  Professeur  Brosm.  In-4°,  avec  37  planches; 


1861 


15  fr. 


I»  même  Ubrairie  les  Mémoirei  do  l'Académie  des  Science»,  et  les  Mémoires  présenté»  par  diTers  SaTanl»  à  l'Académie  ds»  Sciences. 


I 


K  12. 

TABLE   DES   ARTICLES.  (Séance  du  18  septembre  1899.)/ 


MEMOIRES  ET  COMMUi\ICATIO.\S 

DES  MEMBKES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  Considère.  —  Variations  de  volunip  des 
mortiers  de  ciment  de  Portiand,  résultant 


l'ages. 
de  la  prise  et  de  l'état  hygrométrique 4''7 


COUHESPOVDAIVCE. 


M.  le  Maire  de  NniTS-SAiNT-GEoRGEs  invile 
l'Académie  à  se  faire  représenter  à  l'inau- 
guration du  monument  élevé  à  la  mé- 
moire de  Félix  Tisserand,  qui  aura  lieu 
le  i3  octobre  prochain 47^ 

M.  Rénaux.  —  Sur  u'n  développement  d'une 
fonction    holomorphe    à    l'intérieur   d'un 


contour  en  une  série  de  polynômes 47' 

.M.W.  DE  NicoLAiÈVE.  —  Sur  diverses  expé- 
riences destinées  à  confirmer  l'hypothèse 
d'.\mpcre,  relative  à  la  direction  de  l'ac- 
tion élémentaire  électromagnétique 47' 

M.  H.  Le  CiiATELiER.  —  Sur  les  poteries 
égyptiennes 477 


Bulletin  bibliographiqu 48» 


PARIS.   —    IMPRIMERIE    G.\UT  H  I  ER-VI  LL  A  RS  , 
Quai  des  Grands-Augùstios,  56. 

Le  Gérant  .'GAUrHisk-ViLtAiii. 


3  5  9."]  1899 

SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAK  ITIIfl.  IiES  SBCRÉTAIKES  PEUPÉTUELS. 


TOME  CXXIX. 


r  13  (25  Septembre  1899). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCES   DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augualins,  55. 

i8uy 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    DES    23    JUIN    1862    ET    24    MAI    iHyS. 


/.es  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
4H  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  àçwx.  volumes  par  année. 

ARTiCi-E  1".  —  Impressions  des  travaux  de  l' Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  oarun  Associéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  j)ages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

l,es communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les"5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  j)eut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  ]iart  désirent  qu'il  en  soir  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Rureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


■  Les  J'rogrammes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 
ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aea- 
démie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sor 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomméf 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extraill 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  loatj 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  oll( 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  malin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rendu 
actuel,  et  l'txtrail  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant et  mis  à  la  fin  du  cahier.  j^  1 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

J.es  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches.  , , 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  am 

teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  ei 

les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  falj 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprèl 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  dupré| 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Méttoires  par  KM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  le 
déposer  au  Secrétariat  aii  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivanti 

\ 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES  x 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  25  SEPTEMBRE  1899, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  Waibice  LÉVY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Éludes  sur  le  trimélhyléne;  par  M.  Îjeejtiki-cï. 

«  Le  trimélhyléne  et  le  propvlène  fournissent  l'exemple  rare  de 
deux  isomères  gazeux  à  la  température  ordinaire  :  leur  condensation  et 
leurs  réactions  chimiques  sont  semblables;  mais  la  chaleur  de  formation 
paries  éléments,  fort  inégale  (  —  9^^', 4  |jour  le  propylène;  —  i^*^"',!  pour 
le  triméthylène),  ainsi  que  la  chaleur  dégagée  par  la  combinaison  de  ces 
deux  gaz,  tant  avec  le  brome  (+29*^"',!  pour  le  proj^ylène;  +38*^"', 5  pour 
le  trimélhyléne)  qu'avec  l'acide  sulfurique  (+16,7  pour  i^SO''H^  avec 
le  propylène;  H-25,5  avec  le  trimélhyléne),  et  avec  l'eau  (+16, 5  alcool 
du  propylène;  +26,3  alcool  du  trimélhyléne);  ces  trois  dernières  inéga- 
lités, de  signe  contraire  avec  la  première,  ayant  pour  effet  de  ramener  les 

G.  II.,  1899,  a'Semeiire.  (T.  CXXIX,  À' 13.)  ^'J 


(  484  ) 

dérivés  isoraériques  de  même  fonction  à  des  chaleurs  de  formation  par 
les  éléments  presque  identiques.  J'ai  traduit  ces  phénomènes  et  caracté- 
risé la  relation  thermique  qui  existe  entre  le  propylène  et  le  triméthylène, 
en  les  regardant  comme  représentant  un  genre  nouveau  d'isomérie,  Viso- 
mérie  dynamique.  On  voit  par  là  quel  intérêt  présente  l'étude  de  ces  deux 
carbures  d'hydrogène  ;  leur  différence  apparente,  la  plus  saillante  à  pre- 
mière vue,  est  celle  de  la  vitesse  avec  laquelle  ils  entrent  en  combinaison, 
cette  vitesse  étant  notablement  moindre  pour  le  triméthylène  que  pour  le 
propylène,  malgré  la  relation  contraire  entre  les  quantités  de  chaleurs 
dégagées  :  mais,  en  général,  il  n'existe  aucun  rapport  nécessaire  entre 
la  chaleur  dégagée  et  la  vitesse  de  combinaison. 

»  Au  contraire,  on  peut  dire  que  la  transformation  du  triméthylène  en 
propylène,  devant  être  accomplie  avec  dégagement  de  chaleur  (+7*^*'.  7)> 
est  possible  directement;  tandis  que  la  transformation  inverse  ne  le  sera 
que  par  quelque  cycle  de  réactions  comportant  une  absorption  d'énergie. 

»  En  raison  de  l'intérêt  qui  s'attache  à  ces  problèmes,  il  m'a  semblé 
utile  de  soumettre  à  un  nouvel  examen  les  questions  suivantes  : 

»  Pureté  du  triméthylène  et  réaction  comparée  du  brome  sur  ce  carbure 
et  sur  le  propylène;  action  du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool  propylique 
normal  et  sur  le  triméthylène;  action  de  l'acide  sulfurique  sur  les  alcools 
propyliques;  réactions  comparées  du  zinc  sur  les  deux  bromures  iso- 
mères; action  d'une  température  voisine  de  5oo°  sur  le  propylène  et  sur 
le  triméthylène.  —  Plusieurs  de  ces  questions  ont  donné  lieu,  dans  ces 
derniers  temps,  à  une  discussion  entre  des  chimistes  distingués,  MM.  Ta- 
natar  d'un  côté  (  '  ),  Wolkoff  et  Menschutkine  (-  )  d'un  autre  côté  :  les  faits 
mêmes  observés  de  part  et  d'autre  ne  me  paraissent  pas  inconciliables, 
quoique  les  conclusions  soient  différentes.  Je  me  bornerai  à  exposer  mes 
propres  observations.  j 

1. 

1.  La  première  question  qui  se  présente  est  relative  à  la  pureté  du  triméthylène, 
c'est-à-dire  à  son  mélange  avec  une  certaine  proportion  de  propylène,  dans  le  cours  de 
sa  préparation. 

»   Ce  fait,  signalé  en  passant  par  M.  Wagner  ('),  a  été  établi  d'une  façon  plus  com- 

(')  Berliner  Berichte,  t.  XXIX,  p.  1297;  1896;  t.  XXXII,  p.  702;  1899. 
Ç-)  Ibid.,  t.  XXXI,  p.  3067;  1898. 
(')  Ibicl.,  t.  XXI,  p.  ij36;  1888. 


(  485  ) 

plète  par  MM.  Wolkoff  et  Menschulkine,  d'après  lesquels  la  dose  de  propjlène  dans  le 
Qiélange  varierait  de  i3  à  39,5  pour  loo  :  en  moyenne  20  à  26.  Je  l'ai  également 
observé;  mais  ayant  pris  soin  de  récolter  dans  des  vases  successifs,  sur  le  mercure,  la 
totalité  des  gaz  dégagés,  j'ai  reconnu  que  le  propylène  était  surtout  concentré  dans 
les  premiers  produits  de  l'opération  (').  Il  s'y  trouve  presque  pur,  tandis  que  sa  dose 
dans  les  produits  moj'ens  et  finaux,  devient  faible,  et  même  presque  nulle  :  le  trimé- 
thylène  y  devient,  au  contraire,  de  plus  en  plus  pur. 

»  2.  Cette  observation  s'applique  à  mes  expériences  thermocliimiques,  ainsi  que 
je  m'en  suis  assuré  expressément,  en  étudiant  les  ilacons,  datés  et  numérotés  chacun 
suivant  l'ordre  du  dégagement  des  gaz,  qui  renfermaient  les  portions  de  Iriméthylène 
non  utilisées  dans  mes  expériences  antérieures,  Ilacons  que  j'avais  conservés  depuis  1894. 

»  En  effet,  sur  seize  flacons  de  250"^=  chacun,  j'avais  mis  de  côté  les  huit  premiers 
et  utilisé  seulement  les  suivants.  Or,  à  partir  du  n"  5  de  ces  flacons  eux-mêmes,  j'ai 
vérifié  récemment  qu'il  n'y  avait  pour  ainsi  dire  plus  de  propylène.  Toute  dose  de  ce 
dernier  augmenterait  d'ailleurs  les  écarts  thermiques  signalés  plus  haut,  un  dixième 
répondant  à  i*^"'  environ.  Les  conséquences  thermochimiques  de  mes  expériences 
subsistent  donc  intégralement. 

»  3,  On  sait  que  c'est  par  la  réaction  immédiate  du  brome  que  l'on  peut  constater 
la  présence  d'une  proportion  notable  de  propylène  dans  le  triméthylène. 

»  Celte  réaction  a  même  été  proposée,  mais  à  tort  à  mon  avis,  pour  séparer  les  deux 
gaz;  le  brome  étant  réputé  absorber  seulement  le  propylène,  tandis  que  le  triméthy- 
lène serait  respecté.  En  réalité,  il  n'y  a  là  qu'une  différence  de  vitesse  dans  les  réac- 
tions, laquelle  ne  permet  guère  que  des  conclusions  qualitatives.  Avant  d'entrer  dans 
plus  de  détails  sur  ce  point,  rappelons  que  le  propylène  forme  un  bromure  qui  bout 
à  142°  et  le  triméthylène  un  bromure  isomère,  qui  bout  à  lôS".  Il  est  clair  que  la  dis- 
tillation fractionnée  d'un  mélange  de  ces  deux  bromures,  à  moins  d'opérer  sur  des 
poids  considérables,  ne  fournit,  elle  aussi,  que  des  indications  qualitatives.  Quant  au 
produit  obtenu  en  faisant  agir  le  mélange  des  deux  gaz  sur  le  brome,  sa  composition 
par  rapport  aux  deux  bromures  dépendra  de  la  durée  et  des  conditions  du  contact  : 
le  propylène  ayant  été  beaucoup  plus  vite  absorbé. 

»  k.  Avant  de  fournir  quelques  données  nouvelles  à  cet  égard,  je  rappellerai  que 
j'emploie,  pour  absorber  quantitativement  les  carbures  d'hydrogène  gazeux  au  sein 
d'un  mélange,  le  brome  liquide  en  présence  de  l'eau,  depuis  1857,  et  cela  dans  des 
conditions  dont  le  détail  précis  est  donné  aux  Annales  de  Chimie  et  de  Pliysique, 
5""  série,  tome  XII,  page  297;  1877.  C'est  à  ces  conditions  que  se  rapportent  les 
indications  suivantes. 

»  J'ajouterai  que  j'opère  sur  iS"^"^  à  20'''^  de  gaz;  le  volume  du  brome  liquide  employé 
est  voisin  de  o'''',i5  à  o"",  20  au  plus,  c'est-à-dire  capable  d'absorber  26'''=  à  Zo""  d'éthy- 
lène  pur,  35"^=  à  ^o''"  de  propylène  pur,  etc. 

»  L'emploi  du  brome  liquide  est  indispensable  pour  une  absorption  immédiate  de 
ces  gaz.  L'eau  bromée  ne  donne  une  action  complète,  sur  le  propylène  notamment,  que 


(')  SoS''  bromure  de  triméthylène  rectifié  expressément  à  point  fixe,  pour  65s''  de 
zinc  en  poudre;  100™  alcool  à  75  degrés  :  le  tout  chauffé  au  bain-marie  entre  60°  et  70". 


(  486   ) 

par  uue  action  prolongée  el  en  présence  d'un  volume  d'eau  considérable,  laquelle 
eau  exerce  une  action  dissolvante  propre  très  marquée  elcède  en  sens  inverse  aux  gaz 
une  partie  de  l'air  qu'elle  renfermait. 

5.  Par  exemple  iS^^jO  de  propjlène  pur,  agités  pendant  quelques  minutes  avec 
25'^'^  d'eau  bromée  saturée,  ne  lui  ont  cédé  que  i",  5,  et  cela  sans  la  décolorer; 
200"^  d'eau  bromée  n'ont  absorbé  de  même  que  5'="  de  propylène.  Une  dissolution  de 
brome  dans  le  bromure  de  potassium  n'a  pas  été  plus  efficace. 

»  Si  l'on  opère  avec  le  brome  liquide,  sous  une  couche  d'eau,  le  tout  contenu  dans 
un  petit  tube  que  l'on  introduit  au  sein  du  tube  à  analyse,  l'absorption  du  propylène 
est  au  contraire  assurée  et  rapide.  Les  vapeurs  de  brome  qui  arrivent  tout  d'abord 
au  contact  du  gaz  disparaissent  et  le  mélange  se  décolore  aussitôt.  Ce  caractère, 
jointe  l'absorption  immédiate,  sous  l'influence  de  deux  ou  trois  secousses  énergiques, 
permet  de  constater  à  l'instant  l'existence  du  propylène  dans  le  tiùméthylène. 

»  6.  Le  triméthjlène,  au  contraire,  laisse  d'abord  subsister  un  excès  de  brome 
gazeux,  le  mélange  ne  se  décolorant  qu'après  un  certain  temps.  D'après  ces  signes,  on 
peut  aisément  constater  la  présence  d'une  dose  voisine  d'un  dixième,  ou  plus,  de 
propylène  dans  le  triméthylène.  Cette  constatation  étant  faite  en  une  fraction  de 
minute,  on  laisse  retomber  le  petit  tube  à  brome  hors  de  l'éprouvette  graduée,  et  l'on 
absorbe  avec  une  pastille  de  potasse  l'excès  de  brome,  contenu  tant  dans  l'eau  que 
dans  l'atmosphère  gazeuse  de  l'éprouvette  graduée.  Le  résidu  gazeux  peut  être  regardé 
comme  du  trimétiiylène  privé  de  propylène. 

»  Cependant,  il  faut  se  garder  d'attribuer  au  propylène  seul  la  mesure  du  volume 
absorbé  par  le  brome.  En  effet, ce  dernier  absorbe  toujours  une  certaine  dose  de  tri- 
méthylène,  en  partie  par  réaction  chimique  (formation  du  bromure),  en  partie  aussi 
par  une  action  chiinicophysique  de  dissolution,  le  brome  exerçant  une  telle  action 
dissolvante  (el  même  considérable)  sur  une  multitude  de  composés  organiques. 

»  Le  triméthylène  ainsi  dissous  d'abord  entre  ensuite  peu  à  peu  en  combinaisons. 

»  7.  Voici  quelques  données  numériques,  relatives  à  ces  actions  dissolvantes  com- 
plexes du  brome  sur  le  triméthylène. 

»  iS'^jQ  de  triméthylène,  obtenu  à  la  fin  d'une  préparation,  c'est-à-dire  pur  ou  sen- 
siblement, ont  été  agiles  une  seule  fois  avec  o'^'^,i5  de  brome  liquide,  en  présence  de 
l'eau.  Aussitôt,  on  a  séparé  le  tube  à  brome,  éliminé  l'excès  de  sa  vapeur  par  la  potasse, 
el  mesuré  l'absorption,  soil  i'^'^,9.  Toutes  ces  opérations  n'ont  pas  duré  une  minute. 

B  La  dose  de  brome  employée  aurait  dû  en  absorber  vingt  fois  autant,  si  elle  avait 
été  changée  en  bromure  de  triméthylène. 

»  Une  seconde  opération,  faite  sur  les  i2'"'',o  restants,  avec  0"^'=, i5  de  brome  liquide, 
a  laissé  10=°,  o  :  soit  2"^"^,  o  absorbés. 

»  10'^", o  du  résidu  ont  été  mis  de  nouveau  en  présence  d'un  volume  de  brome 
liquide  beaucoup  plus  petit,  soit  o"^'=,o5.  Celte  fois,  en  opérant  de  même,  l'absorption 
a  été  o-^^S. 

»  Les  9=%  2  restants  ont  été  mis,  une  quatrième  fois,  en  présence  de  o",  i5  de  brome 
liquide.  On  a  secoué  deux  fois,  au  lieu  d'une.  L'absorption  finale  a  été  de  2'^'^, 2. 

»  A  aucun  moment  de  ces  opérations  successives,  l'atmosphère  gazeuse  ne  s'est 
désolorée,  si  ce  n'est  par  l'addition  de  potasse,  qui  précède  chaque  mesure.  On  voit 
qu«  l'absorption  est  progressive. 


(  487  ) 

»  Si  l'on  agite  230'='  de  trimélhylène  dans  un  flacon  avec  quelques  grammes  de 
brome  liquide,  en  enlr'ouvrant  le  flacon  sur  l'eau  de  temps  en  temps,  on  constiile  éga- 
lement cette  absorption  progressive,  et,  au  bout  d'un  temps  considérable  d'agitation 
continue,  elle  devient  totale,  comme  je  l'ai  vérifié  expressément  sur  quatre  échantil- 
lons distincts. 

»  Ceci  rappelle  les  conditions  efficaces  de  l'absorption  de  l'éthvlène  par  l'acide 
sulfurique  concentré;  conditions  qui  contrastent  pareillement  avec  l'absorption  immé- 
diate du  propjlène  par  Je  même  acide  :  la  chaleur  lolale  dégagée  dans  les  deux,  cas 
est  d'ailleurs  à  peu  près  la  même.  Malgré  cette  diversité  d'action  de  l'acide  sulfurique, 
la  constitution  du  propjlène  et  celle  de  l'éthjlène  sont  réputées  semblables. 

»  Ces  détails  peuvent  sembler  minutieux  ;  mais  ils  m'ont  paru  nécessaires  pour  bien 
établir  la  caractéristique  du  trimélhylène  obtenu  vers  la  fin  de  la  préparation.  En 
résumé,  ce  gaz  semble  à  peu  près  pur,  en  raison  du  caractère  lent  des  réactions  et 
surtout  en  raison  de  la  similitude  des  absorptions  successives. 

»  Le  flacon  qui  avait  fourni  l'échantillon  sur  lequel  ont  été  faites  les  analyses  précé- 
dentes est  celui  que  j'ai  mis  en  œuvre  dans  les  expériences  qui  vont  suivre. 

II. 

»  Action  du  chlorure  de  zinc  sut  l'alcool  propylique  normal.  —  Le  chlo- 
rure de  zinc  anhydre  étant  placé  dans  une  cornue  tubiilée  et  chauffé,  j'ai 
fait  tomber  sur  lui  peu  à  peu  de  l'alcool  propylique  norinal,  iG»''  de  ce 
liquide  ont  fourni  : 

Carbures  gazeux,  3'"',  25;  soit,  en  les  calculant  comme  G'H^ .  .  5°  i 

Carbures  liquides  et  corps  analogues 3,o 

Alcool  inaltéré 2,9 

Eau 4,1 

i5,i 
Perte 0,9 

»  Les  gaz  étaient  constitués  en  majeure  partie  par  du  propylène,  exempt 
de  trimélhylène,  mais  mélangés  avec  une  certaine  proportion  d'hydrogène 
et  d'hydrure  de  propyle,  proportion  qui  a  varié  entre  4o  et  17  centièmes. 

»   Vers  la  fin,  les  gaz  renfermaient  en  oulre  4  centièmes  d'élhylène. 

»  Ils  ont  foiu-ni  du  bromure  de  propylène  bouillant  à  142°  et  non  plus 
haut.  J'ai  fait  les  mêmes  observations  en  décomposant  l'alcool  isopropy- 
lique  par  le  chlorure  de  zinc;  ce  qui  a  fourni  du  propylène  exempt  de 
triméthylène,  et  le  bromure  correspondant. 

»  L'analyse  des  mélanges  contenant  du  propylène,  du  trimélhylène  et 
même  de  l'éthylène  s'exécute  de  la  manière  suivante  : 

»  D'une  part,  on  traite  les  gaz  (desséchés  avec  RHO  solide),  sur  le 


(  488  ) 

mercure,  par  l'acide  sulfurique  concentré,  qui  absorbe  le  propy'ène  (el 
le  triméthylène,  s'il  y  en  avait).  Le  résidu  est  transporté  sur  l'eau,  avec 
les  précautions  que  j'ai  décrites  dans  le  Mémoire  précité  (Annales ,  5*  série, 
t.  XII,  p.  299)  et  traité  par  le  brome,  qui  absorbe  l'éthylène,  s'il  y  a  lieu. 
Le  second  résidu  est  ramené  sur  le  mercure,  desséché,  et  soumis  à  l'analyse 
eudiométrique  par  détonation  avec  l'oxygène  :  ce  qui  indique  les  carbures 
forméniques  et  l'hydrogène. 

))  D'autre  part,  le  même  gaz  est  traité  rapidement  sur  l'eau  par  le 
brome,  qui  absorbe  le  propylène  et,  s'il  y  a  lieu,  l'éthylène  (ainsi  qu'un 
peu  de  triméthylène).  Le  résidu  est  ramené  sur  le  mercure  et  traité  par 
l'acide  sulfurique  concentré,  qui  absorbe  le  triméthylène  (ou,  du  moins, 
la  portion  non  absorbée  par  le  brome).  Puis  on  fait  sur  le  mercure  l'ana- 
lyse eudiométrique  du  résidu,  laquelle  doit  fournir  le  même  résultat  que 
plus  haut. 

))  Je  me  suis  assuré  par  des  essais  synthétiques  que  cette  marche  permet 
de  reconnaître  avec  certitude  la  présence  du  triméthylène,  mélangé  à  la 
dose  de  quelques  centièmes  avec  le  propylène.  A  la  vérité,  le  dosage 
même  du  premier  gaz  n'est  qu'approximatif,  étant  subordonné  à  la  durée 
du  contact  avec  le  brome,  comme  je  l'ai  montré  phis  haut. 

j 

IIL 

»  Action  de  l'acide  sulfurique  sur  les  alcools  propyliques.  —  L'alcool  pro- 
pylique  normal,  mélangé  avec  deux  fois  et  demie  son  poids  d'acide  sulfu- 
rique concentré,  ne  tarde  pas  à  s'échauffer  et  à  donner  lieu  à  une  action 
très  vive.  Parfois  il  est  nécessaire  de  la  provoquer  par  un  léger  échauffement 
initial.  Le  volume  des  gaz  dégagés  (après  séparation  de  SO")  est  peu  con- 
sidérable :  10'='^  par  gramme  d'alcool  environ  dans  mes  essais.  —  En  opé- 
rant avec  le  concours  de  CO',  j'ai  recueilli  séparément  les  premières 
parties  et  les  dernières,  ainsi  que  la  portion  principale.  —  Dans  les  trois 
fractions,  après  absorption  de  CO^  et  de  SO",  j'ai  trouvé  du  propylène 
exempt  de  triméthylène.  Les  gaz  renferment  en  outre,  surtout  à  la  fin,  un 
peu  d'oxyde  de  carbone  et  d'hydrure  de  propyle. 

»  L'alcool  isopropylique,  dans  les  mêmes  conditions,  a  fourni  également 
du  propylène  exempt  de  triméthylène,  comme  on  pouvait  s'y  attendre. 

»  Ainsi,  l'alcool  propylique  normal,  engendré,  d'après  les  auteurs,  par 
le  triméthylène,  ne  le  régénère  pas  sous  les  influences  déshydratantes  du 
chlorure  de  zinc  ou  de  l'acide  sulfurique. 


(  489  ) 


IV. 


»  Action  du  chlorure  de  zinc  sur  le  triméthylène .  —  Dans  une  cloche 
courbe,  dont  la  partie  supérieure  renfermait  du  chlorure  de  zinc  préala- 
blement fondu,  puis  solidifié,  on  a  introduit,  sur  le  mercure,  i6™,5  de 
triméthylène  sec,  aussi  pur  et  exempt  de  propylène  que  possible.  On  a 
chauffé  le  chlorure  de  zinc  doucement,  de  façon  à  le  fondre,  mais  sans  en 
élever  la  température  jusqu'au  point  de  distillation. 

M  Au  bout  d'une  demi-heure,  on  a  fait  l'analyse.  Le  volume  du  gaz 
n'avait  pas  changé.  Il  renfermait  l\o  centièmes  de  propylène,  immédiatement 
absorbable  par  le  brome,  avec  décoloration  de  la  vapeur  (dosage  approxi- 
matif). 60  centièmes  de  triméthylène  (absorbable  par  SO*H")  subsistaient; 
sans  doute  parce  que  la  réaction  n'avait  pas  été  assez  prolongée. 

»  On  voit  que  le  chlorure  de  zinc  transforme  lentement  le  triméthylène 
en  propylène  à  une  température  élevée.  M.  Gustavson  a  constaté  une 
action  semblable  du  bromure  d'aluminium  à  froid  sur  le  bromure  de  tri- 
méthylène :  mais,  dans  cette  circonstance,  la  transformation  parait  pré- 
cédée par  la  combinaison  du  bromure  d'aluminium  avec  le  bromure  du 
carbure  mis  en  oeuvre. 

»  On  conçoit,  d'après  mon  expérience,  pourquoi  on  n'obtient  pas  de 
triméthylène  dans  l'action  exercée  à  chaud  par  le  chlorure  de  zinc  sur 
l'alcool  propylique  normal. 


»  Réactions  comparées  du  zinc  sur  les  bromures  de  triméthylène  et  de  propy- 
lène. —  Cette  réaction,  opérée  en  présence  de  l'alcool,  régénère,  comme 
on  sait,  les  carbures  précédents,  le  propylène  à  l'état  pur,  le  triméthylène 
étant  changé  en  partie  en  propylène.  J'ai  vérifié  que  la  réaction  s'effectue 
avec  une  facilité  très  inégale  sur  les  deux  bromures,  le  triméthylène  se 
dégageant  régulièrement  vers  6o''-7o",  tandis  que  le  bromure  de  propylène 
est  attaqué  dès  la  température  ordinaire  (20°)  :  l'attaque  est  si  rapide,  en 
opérant  sur  So^^  de  bromure,  que  la  masse  s'échauffe  de  plus  en  plus  et 
donne  lieu  à  une  évolution  presque  explosive. 

»  Une  semblable  résistance,  plus  marquée  pour  le  bromure  de  trimé- 
thylène, surprend  à  première  vue,  surtout  si  l'on  attribue  au  triméthylène 
une   formule  cyclique,  hypothèse  qui  semblerait  impliquer  une  stabilité 


(  490  ) 
relative  moindre  dans  les  combinaisons  du  carbure  avec  le  brome  et  avec 
les  autres  corps  qui  s'y  unissent  au  delà  des  limites  de  la  saturation  sup- 
posée. 

»  On  s'en  rend  compte,  au  contraire,  si  l'on  observe  que  la  séparation 
entre  le  brome  et  le  carbure  exige  9^*',  4  de  plus  pour  le  triméLhy lène  que 
pour  le  propylène.  L'énergie  nécessaire  est  empruntée  à  la  chaleur  de 
formation  du  bromure  de  zinc.  En  effet,  la  réaction  définitive  : 

C'H'^Br-  +  Zn  H-  eau  =  C'Ii''  -+-  ZnBr-  dissous,  dégage  +62^=1,3   pour  le   propylène; 

4-52'^''',  9  pour  le  triniélhylène. 

VI. 

»  Action  de  la  chaleur  sur  le  Irimélhylène  et  sur  le  propylène.  —  Dans 
une  cloche  courbe  en  verre  dur,  on  a  introduit  sur  le  mercure  19'''=, o  de 
triméthylène,  aussi  pur  que  possible.  La  partie  supérieure  de  la  cloche 
représentait  la  moitié  environ  de  la  capacité  remplie  de  gaz.  Elle  a  éLé 
entourée  de  clinquant,  puis  d'une  toile  métallique  et  chauffée  sur  un  bec 
de  gaz  avec  précaution,  à  une  température  qui  peut  être  regardée  comme 
voisine  de  550°  ('  ),  pendant  vingt  minutes.  Après  l'expérience,  le  volume 
du  gaz  a  été  trouvé  égal  à  19'^'',  2,  et  l'on  en  a  fait  l'analyse  par  les  actions 
successives  :  1°  de  l'acide  sulfurique  et  du  brome;  2°  du  brome  et  de 
l'acide  sulfurique. 

»   On  a  trouvé  ainsi  : 

100  Volumes  gaz  initial. 

ICI  Gaz  après  échauflement,  c'esl-à-dire  : 

4  Trimétlijlène  inaltéré  (  approximatif). 
76  Propylène. 

7  Elhylène. 
i4  Ilydnu-es  C"H"+-  et  hydrogène. 

»  On  voit  que  le  triméthylène  a  été  changé  presque  entièrement  en 
propylène  :  une  petite  quantité  subsistant  encore  après  vingt  minutes  et 
une  autre  ayant  été  décomposée. 

»  D'autre  part  :  i6'^'^,7  de  propylène  (préparé  avec  son  bromure,  le 
zinc  et  l'alcool)  ont  été  chauffés  en  cloche  courbe,  dans  des  conditions  aussi 


(')  D'après  les  expériences  siniilaipes  (]ue  j'ai  eu  occasion  de  taire  avec  le  concours 
d'un  thermomètre  à  gaz. 


(  491  ) 
semblables  que  possible.  Le  volume  n'a  pas  changé  sensiblement  et  le  pro- 
pyjène  est  demeuré  complètement  et  immédiatement  absorbable  par  le 
brome  :  ce  qui  exclut  sa  transformation  en  triméthylène  et  indique  une 
stabilité  plus  grande. 

»  Ces  résultats  confirment  la  transformation  du  triméthylène  en  propy- 
lène  par  la  chaleur,  annoncée  par  M.  Tanatar,  qui  a  opéré,  d'ailleurs,  en 
faisant  passer  les  gaz  dans  un  tube  rouge  sombre,  c'est-à-dire  dans  des 
conditions  différentes  de  temps  et  de  température.  Il  est  clair  qu'en  opé- 
rant plus  vite  et  à  une  température  moindre,  le  triméthylène  pourrait 
rester  inaltéré.  Au  contraire,  à  une  température  rouge  vif  et  prolongée,  il 
se  détruit,  comme  le  fait  d'ailleurs  également  le  propylène. 

»  A  cet  égard  les  conditions  de  mon  expérience,  à  une  température 
déterminée,  sont  fort  différentes  et  plus  sures  que  celles  qui  présidente  la 
simple  traversée  d'un  gaz,  dont  les  bulles  successives  passent  chacune  en 
quelques  secondes  par  un  tube  de  verre  chauffé  à  la  même  température; 
attendu  que  la  plupart  des  réactions  pyrogénées  et  notamment  les  trans- 
formations isomériques  ne  sont  pas  instantanées. 

»  En  résumé,  le  triméthylène  est  moins  stable  que  le  propylène  et  il  se 
transforme  en  son  isomère,  soit  par  la  chaleur,  soit  par  les  agents  dits  de 
contact,  soit  même  (plus  ou  moins  partiellement)  par  l'influence  des  réac- 
tifs employés  pour  le  régénérer  de  son  bromure.  Ce  sont  là  des  résultats 
que  les  données  therraochimiques  permettaient  de  prévoir.  » 


PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  le  Néomylodon.  Note  de  M.  Albert  Gaudry. 

«  Je  peux  donner  à  l'Académie  des  nouvelles  de  la  découverte  du  Néo- 
mylodon, qui  attire  si  vivement  l'attention  des  naturalistes,  car  je  viens  de 
voir  les  restes  qui  ont  été  envoyés  à  Upsal  par  M.  Otto  Nordenskjold,  et 
ceux  qui  ont  été  apportés  à  Stockholm  par  M.  Erland  Nordenskjold,  le  fds 
de  notre  illustre  Associé. 

M  Assurément,  le  Mylodon  devait  passer  pour  un  des  animaux  fossiles 
les  plus  différents  des  espèces  actuelles;  parmi  ses  particularités,  on 
remarque  la  disposition  de  sa  peau,  où  sont  accumulés  des  ossicules  der- 
miques qui  la  rendent  impénétrable.  Cependant,  ce  type  étrange  s'est  con- 
servé jusqu'à  nos  jours. 

»  Lors  du  voyage  exécuté  par  la  mission  suédoise  à  la  Terre  de  Feu,  le 

C.  R.,  1S99,  ^"  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  13.)  66 


(492) 
docteur  Otto  Nordenskjôld,  un  des  membres  de  la  mission,  apprit  que  des 
fermiers  avaient  découvert  une  grotte,  la  Cueva  Eberhardl,  à  oi^SS'  de 
latitude  sud,  près  d'Ultima  Esperanza,  sur  la  Terre  de  Magellan.  Cette 
grotte  était  remplie  d'ossements;  on  en  avait  tiré  une  peau  d'un  grand 
animal,  qui  était,  comme  celle  du  Mylodon,  consolidée  par  de  nombreux 
ossicules  et  couverte  en  dessus  de  poils  bruns  de  4*""  à  5'='"  de  long.  Un 
morceau  de  cette  peau  a  été  remis  à  M.  Ameghino.  l'habile  explorateur  de 
la  Patagonie;  il  la  signala  sous  le  nom  de  Néomylodon.  Les  pièces  du  Néo- 
mylodon  recueillies  par  le  docteur  Otto  Nordeuskjôld  ont  été  adressées  à 
l'Université  d'Upsal,  où  il  esXjjrivat  docent;  un  awire privât  docent  d'Upsal, 
le  docteur  Einar  Lonnberg,  vient  de  les  décrire  et  de  les  figurer  dans  un 
beau  Mémoire  que  je  présente  à  l'Académie.  M.  Erland  Nordenskjold, 
voyant  l'intérêt  des  découvertes  de  son  cousin  à  la  Cueva  Eberhardt,  est 
parti  pour  explorer  cette  caverne.  Il  vient  de  revenir  avec  une  quantité 
d'ossements  et  de  mâchoires  mêlés  à  des  crottins  et  à  de  la  paille  hachée 
menue  qui  formait  le  sol  dans  la  place  où  se  trouvent  les  restes  de  Néomy- 
lodon ;  j'en  ai  vu  une  partie  à  Stockholm,  dans  le  laboratoire  du  Musée  de 
l'Académie,  dirigé  par  le  professeur  Nordenskjold,  et  une  autre  partie  à 
Copenhague,  où  M.  Erland  Nordenskjold  l'a  portée  pour  ses  comparaisons, 
Copenhague  avant  d'admirables  collections  paléontologiques  de  l'Amé- 
rique du  Sud.  Le  directeur  du  musée  de  la  Plata,  M.  ^loreno,  a  envoyé  son 
assistant,  M.  Hauthal,  à  la  Cueva  Eberhardt;  il  y  a  fouillé  après  les  savants 
suédois  et  a  trouvé  encore  debplles  pièces.  Pour  M.  Hauthal,  l'animal  de  la 
Cueva  Eberhardt  n'est  pas  un  genre  inconnu,  c'est  le  Glossotlierium,  sous- 
genre  de  Mylodon  représenté  j)ar  plusieurs  espèces  fossiles  dans  le  terrain 
pampéen. 

»  Les  peaux  que  M.  Lonnberg  m'a  montrées  à  Upsal  avec  leurs  poils  bien 
adhérents,  un  os  encore  garni  de  muscles  desséchés,  des  os  qui  ne  happent 
point  à  la  langue,  comme  je  m'en  suis  assuré,  des  crottins,  de  la  paille 
hachée  menu  à  l'état  frais,  des  cornes  d'ongles  intactes  sont  inexplicables, 
si  le  Néomylodon  n'a  pas  été  enfoui  à  la  Cueva  Eberhardt  à  une  époque  peu 
reculée.  Il  n'y  a  pas  de  motifs  pour  rejeter  la  croyance  de  M.  Ameghino 
qu'on  pourra  le  trouver  à  l'état  vivant.    » 


(493) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

f  TM.  A.  Rkeuillot  et  Thomas  adressent  une  Note  relative  à  un  aérostat 
(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.  ) 


dirigeable 


M.  F.  Lakroque  adresse  une  Note  «  Sur  le  mécanisme  de  l'audition  des 
sons  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

M.  AuG.  CoRET  adresse  une  Note  relative  à  un  appareil  destiné  à  mesu- 
rer l'inclinaison  d'un. navire,  produite  parle  roulis. 

(Commissaires  :  MM.  Guyou,  Cornu,  Mascart.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  Mascart  rend  compte  à  l'Académie  de  la  cérémonie  organisée  à 
Côme  pour  fêter  le  centenaire  de  la  découverte  de  la  pile  par  Volta. 

A  cette  occasion,  M.  Mascart  a  donné  lecture  des  procès-verbaux  de 
la  Classe  des  Sciences  mathématiques  et  physiques  de  l'Institut,  en  1802, 
dans  lesquels  il  est  question  du  passage  de  Volta  à  Paris,  des  expériences 
qu'il  a  répétées  devant  la  Classe  et  de  la  médaille  d'or  qui  lui  a  été  décer- 
née. C'est  à  la  suite  des  expériences  de  Volta  que  la  Classe,  sur  la  propo- 
sition de  Bonaparte,  a  fondé  un  prix  annuel  de  Sooo''' pour  les  travaux 
relatifs  à  l'électricité. 

Le  Premier  Consul  fit  remettre  en  outre  au  savant  italien  une  somme 
de  6000''''.  Le  26  prairial  an  X,  il  écrivit  d'Italie  au  Ministre  de  l'Intérieur  : 
((  Je  désire  donner  un  encouragement  de  60000'^''  à  celui  qui,  par  des 
»  expériences  et  des  découvertes,  fera  faire  un  pas  à  l'Électricité  compa- 
»  rable  à  celui  qu'ont  fait  faire  à  cette  Science  Franklia  et  Volta.  «  Le 
prix  de  Sooo'^'^  fut  décerné  successivement  à  Erman,  de  Berlin,  à  Sir  Hura- 
phry  Davy,  puis  à  Gay-Lussac  et  Thenard. 


(  494  ) 
Le  prix  extraordinaire  n'a  pas  été  décerné  sous  le  Premier  Empire. 
Napoléon  III  l'a  rétabli  et  la  République  a  continué  cette  tradition.  Sous  le 
nom  de  prix  Volta,  il  a  été  attribué  à  R.ihmkorff,  à  Graham  Bell  et  à 
Gramme.  Ces  souvenirs  étaient  de  nature  à  montrer  que  la  Science  fran- 
çaise avait  accueilli  avec  une  grande  faveur  la  découverte  de  Voila. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'observatoire  de 
Lyon  {équatorial Briïnner  de  o™,  \Ç))  pendant  le  premier  trimestre  de  1899. 
Note  de  IM.  J.  Glillaume,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Ces  observations  sont  résumées  dans  les  Tableaux  suivants  : 


Tableau  I. 


Taches. 


Pâtes 

Nombre      Pass. 

Laliladcs 

moyennes    Snrfaces 

Dates 

Nombre 

Pass. 

Latitudes 

Doyennes 

Surfaces 

extrêmes 
d'obserr. 

d'obser-   au  mér 
Talions,    central 

S. 

N.          r 

oyennes 
éduites. 

extrêmes 
d'obserT. 

dubser- 
Talions. 

au  mér. 
central. 

S. 

N. 

moyennes 
réduites. 

Janvier  i 

899.   —  0 

,i3 

FévTier  1899. 

-0,44 

(suite) 

5-9 

3         5,7 

—  6 

84 

21-22 

2 

22,1 

—  9 

6 

3i-  6 

4         6,6 

-  9 

100 

20-21 

2 

24,7 

-  S 

7 

6 

I       10,4 
I       11,5 

+  10           28 
-f-12         ,     32 

27-  4 

5 

26,9 

—  5 

121 

9 

"~ 

5-17 

6      11,0 

-i5 

223 

16  j. 

—  6',8 

» 

11-19 
>7-i9 

4       13,7 
■1      21,4 

—  16 

—  1 1 

66 

4 

Mars  1S99. —  0, 

6 

24-27 

4      29,9 

— 12 

109 

4 
i3-i5 

1 

5,4 
16  6 

— 15 

-'4 

-1-  7 

3 

14 
6 

i5j. 

-ii",5 

-rll",0 

21-24 

4 

19,2 

Février  1899.  —  0 

«. 

15-27 

20-27 

If 

7 

20,9 
25,8 

—  8 

—  4 

4o5 
47 

4 

I      .3,8 

—   I 

.  72 

4-10 

3        6,6 

—  Il 

58 

19  j- 

-  9°,o 

-h  10°, 

5 

18P9. 

Janvier . .  . 
Février. .  . 
Mars 

Totaux  . 


Distribution  des  taches  en  latitude 

Nord. 
Somme.  0".       10'.       20".     30'.       40". 


Totaux 
90",    mensuels. 

H 
5 
5 


Surfaces 
moyennes 
réduites. 

646 
264 
475 

i385 


V  I 


(  495  ) 

Tableau  III.   —  Distribution  des  facules  en  latitude. 

Su<i.  Nord.  Surfaces 

— w^ -^ ■■!  I ^--^.^ -^  Totaux  moyennes 

U:39.  50".    40".     30".    2<i\      10".     0".    Soomie.  .Snniuie.        0".    10".      -0".     ::0".    ^0  .    CO'.  mensuels.  rèiluiles. 

Janvier »      »        i        G       3  lo  G  {       v-  »  iG  i5,4 

Février »      i        »       G       7  i/|  ■>.  i        1        »       »     >i  iG  r>.  ,5 

Mars »     ■'       »       J       ■)  8  Ci       j       »       »     »  i.}  i3.i 

Totaux...        »      I        1      17      ij  3'',  Il  9       5       «11     »  46  4'>o 

»  Le  premier  donne,  à  droite  de  l'indication  du  mois,  le  nombre  proportionnel  des 
jours  sans  taches  ;  les  colonnes  successives  renferment  les  dates  extrêmes  d'obser- 
vation, le  nombre  d'observations  de  chaque  groupe,  le  moment  du  passage  au  méri- 
dien central  du  disque  solaire  (en  jour  et  fraction  de  jour,  temps  moyen  de  Paris),  les 
latitudes  moyennes  des  groupes  de  taches  exprimées  en  millionièmes  de  l'aire  d'un 
hémisphère  et  réduites  au  centre  du  disque;  à  la  fin  de  chaque  mois,  on  a  indiqué  le 
nombre  de  jours  d'observations  et  la  latitude  moyenne  de  l'ensemble  des  groupes 
observés  dans  chaque  hémisphère. 

«  Le  deuxième  Tableau  donne  les  nombres  mensuels  de  groupes  de  taches  contenus 
dans  des  zones  consécutives  de  10"  de  largeur  et  les  surfaces  mensuelles  des  taches 
(en  millionièmes  de  l'hémisphère). 

»  Le  troisième,  enfin,  renferme  des  données  analogues  pour  les  régions  d'activité  du 
Soleil,  c'est-à-dire  pour  les  groupes  de  facules  contenant  ou  non  des  taches;  dans  ce 
dernier  Tableau,  les  surfaces  mensuelles  des  facules,  toujours  réduites  au  centre  du 
disque,  sont  exprimées  en  millièmes  de  l'hémisphère. 

»  Les  principaux  faits  qui  en  résultent  sont  les  suivants;  il  y  a  eu  cin- 
quante jours  d'observation  dans  ce  trimestre. 

»  Taches.  —  Les  taches  ont  beaucoup  diminué  :  on  a,  en  effet,  18  groupes 
avec  une  surface  totale  de  i38j  millionièmes  au  lieu  de  29  groupes  et 
2535  millionièmes  notés  le  précédent  trimestre.  La  répartition  des  groupes 
entre  les  deux  hémisphères  est  de  i4  groupes  au  sud  au  lieu  de  16,  et  de  4 
au  nord  au  lieu  de  i3;  on  voit  que  cette  diminution  s'est  fait  sentir  surtout 
dans  l'hémisphère  boréal  où  d'ailleurs  nous  n'avons  vu  aucune  tache  en 
février,  particularité  qui  ne  s'était  pas  présentée  durant  tout  un  mois,  depuis 
\e  à^rnxer  minimum ,  en  novembre  1889. 

»  Le  nombre  des  jours  sans  taches  augmente  :  il  est  de  12  au  lieu  de  3 
notés  précédeiument  (2  en  janvier,  7  en  février,  3  en  mars);  néanmoins  il 
y  a  eu  encore  une  assez  belle  tache  qui  a  atteint  la  limite  de  visibilité  à 
l'oeil  nu,  en  mars;  elle  a  traversé  le  méridien  central  le  20,9  a  —  8°  de 
latitude. 


(  496  } 
))  Régions  d'activité.  —  Le  nombre  des  groupes  de  facules  a  un  peu 
augmenté  au  sud  de  l'équateur  (32  au  lieu  de  28)  et  diminué  au  nord 
(i4  au  lieu  de  20);  enfin,  au  total  on  a  46  groupes  au  lieu  de  48,  soit  un 
nombre  peu  différent;  mais  la  diminution  en  surface  est  beaucoup  plus 
marquée  :  on  a,  effectivement,  4 1,0  millièmes  au  lieu  de  60,9  millièmes.  » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  comparaison  des  heures  obtenues,  pour  les  contacts 
d'éclipsés  partielles  de  Soleil,  par  l'observation  directe  et  les  mesures  de 
longueurs  de  corde  commune.  Note  de  xM.  Ch.  André,  présentée  par 
M.  Mascart. 


«  Lors  de  l'éclipsé  partielle  de  Soleil  du  7  mai  1899,  mon  but  principal 
était  la  comparaison  des  heures  de  contact  données  par  l'observation 
directe  à  celles  que  l'on  déduit  d'une  série  de  mesures  de  longueurs  de  la 
corde  commune  faites  au  voisinage  de  chacun  d'eux.  En  effet,  les  heures 
obtenues  directement  en  un  même  lieu  par  différents  observateurs  pré- 
sentent souvent  des  écarts  assez  grands,  et  il  y  aurait  intérêt  à  pouvoir 
déterminer  quelle  y  est  la  part  réellement  imputable  à  l'observateur. 

»  L'observation  du  phénomène,  confiée  à  M.  Guillaume  (équatorial 
Brunner  de  o™,i7),  devait  donc  comprendre,  outre  les  heures  directes  des 
contacts,  deux  séries  de  mesures  de  la  corde  commune;  en  voici  les 
résultats. 

»  Au  commencement  de  l'éolipse,  l'observation  directe  donne,  pour 
heure  du  contact,  lô^^SS^SS',  tandis  que  le  calcul,  basé  sur  les  cordes 
communes  mesurées,  conduit  à  la  valeur  i6''53",9;  il  y  a  concordance 
presque  absolue  entre  les  deux  nombres. 

»  A  la  fin  de  l'éclipsé,  les  deux  époques  sont  I7''38'°i4*  et  17'' 37"",  8, 
dont  l'accord  est  moins  satisfaisant.  Il  semble  que  l'observateur  ait  été  un 
peu  gêné  par  la  préoccupation  de  l'observation  directe  prochaine  du 
contact  de  sortie;  et,  en  effet,  la  discussion  des  nombres  obtenus  alors 
met  en  évidence  une  sûreté  moindre  de  mesures  dans  cette  portion  de 
l'observation.  Pour  cette  phase  du  phénomène,  il  y  a  lieu  de  reprendre 
la  comparaison. 

»  Mais  l'accord  entre  les  deux  nombres  obtenus  à  l'entrée  semble,  à  lui 
seul,  permettre  de  conclure  que,  dans  les  observations  d'éclipsés  partielles 
de  Soleil  et  en  vue  de  la  détermination  des  heures  des  contacts,  les  mesures 


(  497  ) 
de  la  corde  commune  ont  une  importance  réelle  et  ne  doivent  pas  être 
négligées.  » 


STATIQUE  CHIMIQUE.   —   Sur  Ics  points  fixes  de  transformaùon ; 
Note  de  M.  H.  Le  Ciiatelier. 

«  Un  certain  nombre  de  transformations  réversibles  des  corps  :  dissocia- 
tion, vaporisation,  fusion,  changements  allotropiques,  peuvent  s'effectuer 
intégralement  à  pression  et  température  invariables.  On  s'est  laissé  aller 
parfois  à  généraliser  outre  mesure  ces  fiuts,  intéressants  par  leur  simpli- 
cité, et  à  les  ériger  en  lois  très  contestables  :  telles  la  loi  des  tensions  fixes 
de  dissociation,  la  loi  des  points  fixes  de  transformation  allotropique. 

»  A  l'occasion  de  mes  recherches  sur  l'hydrate  de  chlore,  sur  la  décom- 
position par  l'eau  d'un  sulfate  de  mercure,  j'ai  déjà  montré  qu'il  ne  peut 
être  question  de  tensions  fixes  quand  un  corps  liquide  intervient  dans  la 
réaction.  Les  expériences  sur  les  zéolites  et  sur  différents  hydrates  salins, 
les  expériences  sur  l'hydrure  de  palladium,  faites  par  différents  savants, 
ont  montré  que,  dans  bien  des  cas,  même  en  l'absence  de  tout  liquide,  la 
loi  des  tensions  fixes  se  trouve  en  défaut.  Il  n'y  a  peut-être  pas  aujourd'hui 
un  seul  cas  dans  lequel  on  ait  rigoureusement  établi  l'existence  d'une  ten- 
sion fixe  de  dissociation. 

»  Les  transformations  allotropiques  se  font  souvent  à  des  températures 
rigoureusement  déterminées;  mais,  là  encore,  il  n'y  a  pas  de  loi  absolue  : 
la  transformation  magnétique  du  nickel  se  fait  certainement  d'une  façon 
progressive,  dans  un  intervalle  d'une  vingtaine  de  degrés;  probablement 
aussi  celle  du  fer, 

»  La  fusion  des  corps,  plus  souvent  encore,  se  fait  à  température  abso- 
lument fixe;  les  corps  vitreux  font  cependant  exception,  et  certains  com- 
posés chimiques  cristallisés,  comme  l'antimoniure  de  cuivre  SbCu". 

»  On  doit  donc,  en  s'en  tenant  au  point  de  vue  expérimental,  reconnaître 
l'existence  fréquente  de  points  fixes  de  transformation,  mais  refuser  à  l'en- 
semble de  ces  phénomènes  le  caractère  d'une  loi  physique  nécessaire. 

»  La  théorie  des  équilibres  chimiques  de  J.-W.  Gibbs  permet,  à  ce  sujet, 
de  préciser  certains  points.  La  condition  d'équilibre  d'un  système  hétéro- 
gène composé  de  plusieurs  parties  homogènes  (phases),  en  relations  avec 
un  milieu  indéfini,  est  donnée  par  l'équation 

e  — T'/i-f-Pt'  — M.m,  -...— M,/n„=  o 


(498  ) 

qui  doit  se  vérifier  séparément  pour  chacune  des  parties  homogènes  : 
£,  u,  «',  rn^,  ...,  m,j  représentent  l'énergie,  l'entropie,  le  volume,  la 
masse  des  différents  comjjosants  dans  la  jiartie  homogène  considérée; 
T,  P,  »2,,  .  .  .,  jM„,  la  lempérature,  la  pression,  les  potentiels  dans  le  milieu 
indéfini.  Le  premier  membre  de  l'équation  exprime  la  puissance  disponible 
dans  la  production  de  la  partie  homogène  considérée,  aux  dépens  du 
milieu. 

»  Il  résulte  de  cette  équation  que  la  transformation  chimique  des  diffé- 
rentes parties  du  système  entre  elles  pourra  s'effectuer  à  pression  et  tem- 
pérature constantes  dans  tous  les  cas  où  : 

»  1°  La  transformation  considérée  peut  s'effectuer  sans  modifier  la 
composition  d'aucune  des  parties  en  présence,  condition  remplie  dans  les 
faits  expérimentaux  passés  plus  haut  en  revue; 

»  2°  Les  changements  de  grandeur  des  parties  homogènes  amènent  des 
variations  proportionnelles  de  leur  énergie,  leur  entropie,  leur  volume,  etc. 

»  Cette  seconde  condition  est  satisfaite  toutes  les  fois  que  les  parties 
envisagées  ont  des  dimensions  finies.  Mais  il  n'en  est  plus  ainsi,  comme 
J.-W.Gibbs  l'a  fait  remarquer,  lorsque  quelques-unes  de  ces  parties  devien- 
nent infiniment  petites.  Une  petite  goutte  d'eau  n'a  pas  la  même  tension 
de  vapeur  qu'une  masse  d'eau  d|e  dimensions  finies;  la  différence  est  facile 
à  calculer.  ; 

»  Convenons  d'indiquer  parjle  symbole  D  les  grandeurs  relatives  à  une 
partie  semblable  infiniment  petite.  En  même  temps  que  l'équation  ci-dessus 
se  vérifie  pour  une  partie  finie,  on  pourra  avoir,  pour  une  partie  infini- 
ment petite  de  même  composition,  l'inégalité 

D,— TDvi  +  PDc-W.D/;?,      ...-M„Dto„>o. 

»  Prenons  d'abord  le  cas  o^  cette  expression  a  une  valeur  >  o.  Il  ne 
pourra  se  former  spontanément  aucune  partie  semblable,  ou,  s'il  en  existe 
quelques-unes,  elles  tendront  à  se  réunir  ensemble  ;  ce  sera  le  cas  de  petites 
gouttelettes  d'eau  en  suspension  dans  la  vapeur,  de  petites  bulles  de  vapeur 
au  sein  d'une  masse  liquide.  La  résultante  des  forces  capillaires  à  la  surface 
de  séparation  sera  alors  une  tension.  Les  masses  finies  en  présence  seront 
en  équilibre  stable  et  les  conséquences  de  l'équation  qui  les  concerne  s'ap- 
pliqueront; la  trausl'ormation  pourra  s'eifectuer  sous  tensions  fixes  dans 
toute  l'étendue  oii  aucune  des  masses  homogènes  ne  sera  encore  devenue 
infiniment  petite.  La  loi  des  tensions  des  points  fixes  se  vérifiera  dans  ce  cas, 
et  seulement  dans  ce  cas. 


i 


(  499  ) 

»  Si  l'expression  relative  aux  parties  infiniment  petites  a,  au  contraire, 
une  valeur  <[o,  ce  qui  correspondrait  au  cas  où  la  résultante  des  forces 
capillaires  serait  une  compression  superficielle,  le  système  composé  des 
parties  finies  ne  sera  plus  en  équilibre.  La  division  de  ces  parties  homo- 
gènes en  parties  plus  petites,  s'entremèlant  les  unes  dans  les  autres,  corres- 
pondra au  développement  d'une  quantité  positive  de  travail;  cette  division 
pourra  donc  se  faire  spontanément  et  se  continuera  jusqu'à  donner  un 
mélange  homogène  ou  semi-homogène,  qui  constituera  une  véritable  disso- 
lution, ou  tout  au  moins  présentera  tous  les  caractères  extérieurs  d'une 
dissolution.  Le  mélange  semblable,  stable  à  chaque  pression  et  à  chaque 
température,  aura  une  composition  différente;  la  transformation  chimique 
ne  pourra  pas  s'effectuer  dans  son  intégralité  à  pression  et  à  température 
constantes. 

')  A  priori,  il  n'y  a  aucune  espèce  de  raison  pour  que  l'un  ou  l'autre  de 
ces  deux  cas  se  rencontre  plus  fréquemment  que  l'autre.  Tandis  que  l'on 
a  presque  toujours  affaire  à  des  tensions  fixes  de  vaporisation,  il  se  pour- 
rait que  les  tensions  de  dissociation  fussent  presque  toujours  variables. 
Dans  le  cas  des  phénomènes  de  fusion,  les  cristaux  liquides  de  Tammam 
sont  peut-être  un  exemple  de  corps  cristallisés  à  fusion  progressive.  Il  est 
enfin  probable  que,  dans  les  transformations  allotropiques,  on  trouvera 
d'autres  cas  semblables  à  ceux  du  nickel  et  du  fer. 

»  Mais  la  réalisation  expérimentale  et,  par  suite,  l'étude  de  ces  change- 
ments d'état  sous  tensions  variables  seront  le  plus  souvent  très  difficiles,  au 
moins  dans  le  cas  des  corps  solides,  l'absence  de  diffusion  dans  la  plu- 
part de  ces  corps  étant  un  obstacle  à  l'établissement  d'un  état  d'équilibre 
réversible.  Il  arrivera,  en  général,  que  les  différentes  couches  concen- 
triques d'un  corps  s'arrêteront  à  des  degrés  de  transformation  différents, 
l'importance  et  la  répartition  de  chacune  de  ces  couches  variant  d'une 
expérience  à  l'autre,  variant  surtout  avec  le  sens  des  changements  de  tem- 
pérature. Il  sera  impossible  alors  d'étudier  le  phénomène  dans  son  état  de 
réversibilité,  le  seul  envisagé  ici.  Mais  si  la  dilfusibilité  est  rare  dans  les 
corps  solides,  elle  n'est  pas  cependant  absolument  impossible.  On  sait  que 
le  carbone  se  diffuse  dans  le  fer  au-dessus  de  85o°,  presque  aussi  vile  que 
les  sels  solubles  dans  l'eau;  les  zéolites  et  cristaux  semblables  laissent  dif- 
fuser l'eau  lentement,  mais  à  la  longue  d'une  façon  assez  complète  pour 
permettre  l'établissement  d'un  véritable  régime  d'équilibre.  » 


C.  R.,  1899,  'i'  Semestre.  (T.  CXM\,  N»  13.)  67 


(  5oo  ) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  variation  diurne  de  l'électricité  atmosphérique. 
Note  de  M.  A.-B.  Chauveau,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  A  la  fin  de  l'année  1893,  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  à  l'Aca- 
démie les  premiers  résultats  des  observations  sur  l'électricité  atmosphé- 
rique faites  au  Bureau  central  et  au  sommet  de  la  tour  Eiffel  (').  Ces 
observations,  poursuivies  pendant  huit  ans,  forment  aujourd'hui  une  série 
assez  étendue  pour  que  les  données  qui  s'en  déduisent  présentent  un 
caractère  suffisant  d'exactitude.  J'indique  ici  les  résultats  de  ces  recherches, 
relatifs  à  la  variation  diurne  du  potentiel  en  un  point  déterminé  de  l'atmo- 
sphère. 

»  I.  Il  existe,  dans  nos  régions  tempérées,  deux  types  très  différents  de 
la  variation  diurne  au  voisinage  du  sol;  l'un  correspond  à  la  saison  chaude, 
l'autre  à  la  saison  froide. 

»  Pendant  l'été,  un  minimum  très  accusé  se  produit  au  heures  chaudes 
du  jour  et  constitue  le  minimum  principal  toutes  les  fois  que  le  point 
exploré  n'est  pas  suffisamment  dégagé  de  l'influence  du  sol,  des  arbres  ou 
des  bâtiments  vojsins.  L'oscillation  diurne  est  double;  c'est  la  loi  généra- 
lement admise  pour  cette  variation. 

»  Pendant  l'hiver,  le  minimum  de  l'après-midi  s'atténue  ou  disparaît, 
tandis  que  le  minimum  de  nuit  s'accentue  davantage.  Considérée  dans  son 
ensemble,  l'oscillation  parait  simple,  avec  un  maximum  de  jour  et  un 
minimum  vers  4  heures  du  matin.  Ce  caractère  est  d'autant  plus  net  que  le 
lieu  d'observation  est  plus  dégagé. 

))  II.  Cette  distinction  des  deux  régimes  d'hiver  et  d'été  au  voisinage  du 
sol  est  confirmée  par  l'examen  des  résultats  obtenus,  d'une  part  à  Sodan- 
kylà  (Finlande)  par  la  mission  dirigée  par  M.  LemstriSm  (i883-i884).  de 
l'autre  à  l'observatoire  de  Batavia  (1887-1895).  Chacune  de  ces  stations 
donne,  pour  ainsi  dire,  le  type  exagéré  de  la  variation  constatée  dans  nos 
climats,  soit  pendant  la  saison  froide,  soit  pendant  la  saison  chaude. 

»  III.  La  variation  diurne  au  sommet  de  la  tour  EiJ/'et,  pendant  l'été, 
entièrement  différente  de  la  variation  correspondante  au  Bureau  central,  offre 
la  plus  frappante  analogie  avec  la  variation  d'hiver. 

{')  Sur  la  variation  diurne  de  l'électricité  atmosphérique  observée  au  voisinage 
du  sommet  de  la  tour  Eiffel  {Comptes  rendus,  l.  CXMl,  |).  1069). 


(  5oi  ) 

M  Ce  même  type  d'hiver  se  retrouve,  moins  accentué,  mais  parfaitement 
net,  dans  la  moyenne  fournie  par  trois  mois  d'observations,  pendant  l'été 
de  1898,  sur  le  pylône  de  l'observatoire  de  Trappes  (altitude  20"').  Il  appa- 
raît donc  comme  caractérisant  la  forme  constante  de  la  variation  diurne 
en  dehors  de  toute  influence  du  sol. 

M  IV.  Au  contraire,  dans  les  stations  où  le  collecteur  est  dominé  par 
des  constructions  ou  des  arbres  voisins,  le  type  correspondant  au  régime 
d'été  s'exagère;  le  minimum  de  l'après-midi  se  creuse  au  détriment  du 
minimum  de  nuit  qui  parfois  disparait.  L'oscillation  peut  être  simple,  mais 
en  sens  inverse  de  l'oscillation  d'hiver,  c'est-à-dire  avec  un  minimum  de 
jour  et  un  maximum  de  nuit.  Cette  forme  anormale  de  la  variation  diurne, 
constatée  autrefois  par  M.  Mascart  ('),  résulte  en  effet  des  observations 
du  Collège  de  France,  mais  pour  la  saison  d'été  seulement.  On  la  retrouve 
encore,  presque  identique,  à  Greenwich,  où  le  collecteur  est  placé  dans 
des  conditions  aussi  défavorables. 

»   On  peut  conclure  de  ce  qui  précède  : 

»  1°  Qu'une  influence  du  sol,  maximum  pendant  l'été,  et  dont  le  facteur 
principal,  suivant  les  idées  de  Peitier,  est  peut-être  la  vapeur  d'eau, 
intervient  comme 'cause  perturbatrice  dans  l'allure  de  la  variation  diurne. 

a  1°  Que  la  loi  véritable  de  cette  variation,  celle  dont  toute  théorie, 
pour  être  acceptable,  doit  rendre  compte,  se  traduit  par  une  oscillation 
simple,  avec  un  maximum  de  jour  et  un  minimum  (d'ailleurs  remarqua- 
blement constant)  entre  4''  et  S*"  du  matin.    » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  un  mode  particulier  de^protection  des  appendices  en  voie  de 
régénération  après  sections  artificielles  chez  les  Insectes.  Note  de  M.  Edmond 
BoRDAGE,  présentée  par  M.  Milne-Edwai'ds. 

'(  Lorsqu'un  membre  est  détaché  par  autotomie  du  corps  d'un  Arthro- 
pode, d'un  Crabe  ou  d'un  Phasmide,  par  exemple,  la  régénération  a  pour 
point  de  départ  la  surface  même  de  la  section  produite.  Il  en  est  rarement 
de  même  quand  la  régénération  a  lieu  à  la  suite  d'une  section  artificielle 
pratiquée  sur  le  membre.  Chez  les  Mantides,  les  Blattides  (-),  les  Orlho- 

(')  Sur  l'électricité  atmosphérique  {Comptes  rendus,  t.  XCI,  p.  108). 
(-)  H. -H.  Brindley,  On  certain  characters  of  reproduced  appendages  inArlltro- 
poda,  1898. 


(    5o2    ) 

ptères  sauteurs,  par  exemple,  les  sections  artificielles  sont  suivies  d'une 
contraction,  d'un  déplacement  plus  ou  moins  accentué  des  muscles  sec- 
tionnés, qui  remontent  à  l'intérieur  du  fourreau  chitineux  du  membre; 
de  sorte  que,  s'il  y  a  ensuite  régénération,  la  partie  en  voie  de  croissance 
peut  demeurer  entièrement  cachée  jusqu'à  la  plus  prochaine  mue.  L'étui 
chiLineux  remplit  donc,  dans  ce  cas,  un  rôle  protecteur. 

»  11  peut  même  arrivei-  que,  chez  les  Manlides,  qui  possèdent,  développée  à  un  haut 
degré,  la  faculté  d'autotomie,  et  chez  les  Blatlides,  où  elle  est  bien  moins  marquée,  la 
contraction  des  muscles  à  l'intérieur  du  troclianter  ou  même  à  l'intérieur  de  l'article 
si  développé  qui  constitue  la  hanche  (coxa),  se  produise  après  autotomie  suivant  la 
soudure  fémoro-trochanlérique.  Dans  ce  cas,  s'il  y  a  régénération,  la  partie  en  voie  de 
croissance  restera  cachée  jusqu'à  la  prochaine  mue. 

»  Mais  le  plus  souvent,  chez  les  Manlides,  et  plus  rarement  chez  les  Blaltides,  cette 
contraction  des  muscles  n'a  pas  lieu  après  l'autotomie. 

»  Dans  ce  cas,  on  peut  voir  bientôt  s'il  j  aura  régénération,  sans  qu'il  soit  néces- 
saire d'attendre  la  prochaine  mue.  Il  est  vrai  qu'on  n'aperçoit  pas  les  difTérentes 
parties  qui  composent  le  rudiment  en  voie  de  croissance,  car  il  est  enroulé  s-ur  lui- 
même  et,  de  plus,  recouvert  par  la  cuticule  non  chilinisée  qui  le  protège  comme  une 
sorte  de  poche.  Celle  cuticule  est  dépourvue  de  transparence,  à  cause  de  sa  coloration 
brunâtre.  Mais,  la  saillie  très  peu  marquée  que  forme  celte  poche  protectrice  à  l'extré- 
mité du  trochanler  indique  cependant  que  le  travail  de  régénération  s'opère. 

»  Chez  les  Phasmides,  le  rudiment  en  voie  de  croissance,  destiné  à  remplacer  un 
membre  détaché  par  autotomie,  peut  quelquefois  se  voir,  mais  d'une  façon  peu 
distincte,  enroulé  sous  la  cuticule  protectrice  qui  possède,  chez  quelques  espèces,  une 
certaine  transparence. 

»  En  ce  qui  concerne  les  Mantides|et  les  Blatlides,  j'ai  remarqué  que  la  contraction, 
à  l'intérieur  de  l'étui  chitineux,  des  muscles  sectionnés  par  autotomie  était  d'autant 
plus  marquée  que  les  elTorts  faits  par  les  insectes  pour  se  débarrasser  du  membre 
avaient  été  eux-mêmes  plus  violents.  Quand  l'autotomie  s'opérait  facilement,  cette 
contraction  était  réellement  insignifiante. 

»  Il  nous  reste  maintenant  à  examiner  le  cas  particulier  offert  par  les 
Phasmides.  i 

)i  Lorsqu'on  opère  des  sections  artificielles  dans  la  région  comprenant  le  fémur  et 
les  deux  tiers  supérieurs  du  tibia,  la  contraction  des  muscles  sectionnés  est  très 
marquée.  Lorsqu'on  opère  ensuite  ces  sections  dans  le  haut  de  la  région  formée  par  le 
tiers  inférieur  du  tibia,  la  contraction  se  produit  encore,  et  comme  c'est  précisément 
là  que  la  faculté  régénératrice  commence  à  se  manifester,  la  partie  en  voie  de  crois- 
sance demeure  cachée  jusqu'à  la  mue  suivante.  Puis,  au  fur  et  à  mesure  que  les  sec- 
lions  se  rapprochent  du  tarse,  la  contraction  est  de  moins  en  moins  sensible,  et,  dans 
le  voisinage  de  l'articulation  du  tibia  et  du  tarse,  les  muscles  sectionnés  demeurent 
sensiblement  en  place;  de  sorte  que  la  partie  en  voie  de  régénération  pourra  être 


(  5o3  ) 

visible  avant  qu'une  mue  se  soit  produite.  Il  en  est  de  même  lorsque  les  sections  sont 
pratiquées  dans  les  trois  premiers  articles  du  tarse. 

»  En  étudiant  la  structure  interne  du  membre,  nous  voyons  que  c'est  précisément 
dans  la  région  qui  nous  occupe  que  s'insèrent,  sur  la  partie  inférieure  du  tibia  et  sur 
les  premiers  articles  du  tarse,  les  muscles  destinés  à  mouvoir  ce  tarse  tout  entier  et 
ses  différentes  parties.  Les  sections  piatiquées  dans  cette  région  passent  par  les  sur- 
faces où  ces  muscles  s'attachent  sur  l'étui  chitineux  et  d'où  ils  se  dirigent  vers  des 
articles  situés  au-dessous,  qu'ils  doivent  mouvoir.  Dans  ces  conditions,  ou  comprend 
que  la  contraction  soit  insignifiante,  ou  ne  se  ])roduise  pas  du  tout.  Elle  ne  peut  se 
produire  que  lorsque  la  section  est  plus  ou  moins  éloignée  de  la  surface  supérieure 
d'attache  des  muscles  sectionnés,  ce  qui  n'est  pas  le  cas.  Chez  d'autres  Insectes,  il  y  a 
un  retrait  complet  des  muscles  sectionnés  lorsque  la  section  passe  par  la  région  tar- 
sienne. Il  est  évident  que  ces  particularités  proviennent  de  difi'érences  dans  le  nombre 
et  la  position  des  surfaces  d'attache  de  ces  muscles,  différences  que  révèlent  des  dis- 
sections fines. 

»  Il  arrive  donc  que,  chez  les  Phasiiiides,  les  parties  en  voie  de  régéné- 
ration, dans  la  région  qui  nous  occupe,  sont  plus  ou  moins  apparentes 
dès  le  début  de  leur  formation.  Mais,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  la  croissance 
se  fait  avec  la  plus  grande  lenteur  ;  il  en  résulte  que,  pendant  le  temps  qui 
s'écoule  avant  la  mue  la  plus  proche,  la  partie  en  voie  de  croissance  arrive 
à  peine  à  former  une  minuscule  saillie,  de  i™"*  à  2™""  de  longueur.  Elle  est 
recouverte  par  la  mince  cuticule  protectrice  de  couleur  brune,  se  moulant 
exactement  sur  le  rudiment  de  membre,  lequel  ne  présente  encore  aucune 
séparation  en  articles.  Ce  n'est  qu'après  la  mue  la  plus  proche,  que  le 
rudiment,  commençant  à  avoir  ime  certaine  longueur,  montrera  des  traces 
assez  netles  de  division  en  articles  tarsiens.  La  lenteur  de  la  croissance 
est  telle  que  ce  n'est  qu'après  deux  et  même  trois  mues  que  io  membre 
mutilé  se  trouve  complété  et  capable  de  rendre  des  services  à  l'infecte  ('). 


(')  Les  régénérations  les  plus  parfaites  donnent  un  tarse  télramère.  J'ai  cependant 
obtenu,  après  des  sections  pratiquées  dans  le  troisième  article  du  tarse  :  i°  un  tarse 
pentamère  à  articles  incomplètement  séparés;  2°  un  tarse  pentamère  aussi  parfait 
qu'un  tarse  normal;  3°  un  tarse  monstrueux  et  coudé  de  six  articles  incomplètement 
séparés;  mais  ce  sont  là  de  rares  exceptions  à  la  règle.  La  tétramérie  après  régénéra- 
tion a  été  constatée,  pour  les  Phasmides,  non  seidement  chez  les  quatre  genres  que 
j'ai  cités  dans  des  Communications  précédentes,  mais  encore  chez  Anchiale.  Acan- 
ihoderas,  Lopaphus,  Diaphei ornera  et  vraisemblablement  chez  Cyphocrania,  Diiirn 
et  Bacleria  mexicana,  ce  qui  porterait  à  a5  le  nombre  des  espèces  d'Orthoptères 
coureuis  chez  lesquelles  la  tétramérie  a  été  constatée. 


(  5o4  ) 

»  Il  est  intéressant  de  comparer  la  lenteur  de  la  croissance  des  parties 
envoie  de  régénération  après  sections  artificielles,  aussi  bien  que  la  lenteur 
de  la  croissance,  bien  moins  marquée  cependant,  des  membres  destinés  à 
remplacer  ceux  qui  ont  été  détachés  par  autolomie,  chez  les  Phasmides,  à 
la  merveilleuse  rapidité  de  croissance  que  l'on  constate  chez  les  Mantides 
et  chez  les  Blattides.  Tandis  que,  chez  ces  derniers,  les  membres  régénérés 
après  autotomie  ou  section  artificielle  peuvent  commencer  à  rendre  des 
services  à  l'insecte  immédiatement  après  la  mue  la  plus  proche,  chez  les 
Phasmides,  les  membres  en  voie  de  régénération  ne  peuvent  être  utiles  à 
l'insecte  qu'après  la  deuxième  ou  même  la  troisième  mue.  J'ai  remarqué 
que  le  même  fait  se  produit  chez  les  Orthoptères  sauteurs.   » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  organes  céphaliqiies  latéraux  des  Glomeris.  Note  de 
M.  IV.  DE  ZoGRAF,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Le  célèbre  anatomiste  allemand  François  Leydig  a  dessiné,  sur  une 
des  Planches  accompagnant  son  travail  inachevé  Ueber  den  Bau  des  thie- 
rischen  Kôrpers  en  1864,  une  tête  de  Glonieris,  ayant  sur  ses  parois  latérales 
deux  organes  en  forme  de  fer  à  cheval,  présentant  à  leur  intérieur  une 
assez  grande  cavité  qui  communique  avec  l'extérieur  par  une  fente  longi- 
tudinale très  étroite.  Leydig  a  démontré  que  la  paroi  intérieure  de  ces 
organes  est  très  épaisse  ;  qu'elle  est  innervée  par  un  nerf  sortant  du  cerveau 
dans  le  voisinage  du  nerf  optique;  enfin,  que  ces  organes  doivent  être  con- 
sidérés comme  des  organes  de  sensibilité. 

»  Après  Levdig,  le  zoologiste  hongrois  Cômôsvary  a  décrit  ces  organes 
chez  plusieurs  Myriapodes,  sans  en  donner  davantage  une  description  dé- 
taillée :  c'est  par  le  nom  de  Cômôsvary  (\\i  on  les  désigne  aujourd'hui.  C'est 
ainsi  que  les  appellent  le  zoologiste  français  Saint-Rémy  et  l'entomologiste 
allemand  Curt  Hennings;  ce  dernier  en  a  donné  une  description  histolo- 
gique  dans  le  n°  3  des  Sitzungshericlile  der  Gesellschaft  nalurforschenden 
Freunde  zu  Berlin  de  l'année  1899. 

))  Dans  mon  article  sur  la  parenté  des  Arthropodes,  publié  en  1892 
dans  les  Comptes  rendus  du  Congrès  international  de  Zoologie,  j'ai  montré  le 
grand  intérêt  morphologique  que  présentent  ces  organes,  surtout  si  on  les 
compare  aux  fosses  céphaliques  embryonnaires  des  autres  Myriapodes,  de 
quelques  Insectes  et  Crustacés,  et  aux  organes  céphaliques  de  quelques 


(  5o5  ) 

Annélides,  par  exemple  des  Capitellides.  Malheureusement  les  Glomeris 
sont  très  rares  en  Russie  et  ne  se  rencontrent  que  dans  la  partie  sud-ouest 
de  l'Empire  :  je  n'ai  pu  me  procurer  des  matériaux  suffisants  pour  mes 
recherches  que  dans  l'été  de  l'année  1898,  grâce  à  l'obligeance  de 
M.  E.  Bouvier,  professeur  au  Jardin  des  Plantes;  je  reçus  alors  des  Glo- 
meris marginata  que  M.  Bouvier  a  recueillis  dans  les  forêts  des  environs  de 
Dieppe.  Tous  les  animaux  composant  deux  envois  successifs  ont  péri  pen- 
dant le  long  trajet  de  Dieppe  à  Moscou;  mais  un  dernier  envoi,  fait  après 
les  grandes  chaleurs  de  l'été,  est  arrivé  à  Moscou  sain  et  sauf  et  m'a  servi 
pour  mes  recherches. 

»  Les  organes  latéraux  céphaliques  des  Glomeris  ont  une  structure  très 
curieuse  et  originale.  M.  Hennings  nous  fait  connaître  que  l'épaississement 
de  la  paroi  interne  des  organes  consiste  en  cellules  d'épithélium  sensitif, 
dont  les  noyaux  se  trouvent  dans  les  parties  proximales,  tandis  que  les 
couches  plus  superficielles  contiennent  quelques  petites  granulations  dans 
le  plasma  des  cellules.  M.  Hennings  considère,  avec  raison,  les  cellules 
de  la  paroi  épaisse  des  organes  comme  étant  de  nature  nerveuse;  celles 
qu'il  dessine  dans  sa  Jig.  1  et  qu'il  nomme  les  cellules  de  l'épithélium  sen- 
sitif, sont  des  cellules  glandulaires.  Lu  structure  de  cette  paroi  interne  de 
l'organe  latéral  est  plus  compliquée  : 

»  La  paroi  consiste  en  cellules  glandulaires  qui  sont  très  abondantes,  qui  s'ouvrent 
par  des  canaux  très  minces  dans  le  fond  de  la  cavité  de  l'organe;  sur  la  surface  chiti- 
neuse  de  ce  fond,  on  peut  même  remarquer  des  trous  minuscules,  par  lesquels  la  sécré- 
tion des  cellules  se  déverse  dans  la  cavité  de  l'organe. 

»  Outre  les  cellules  glanduleuses,  on  remarque  dans  les  couches  encore  plus  proxi- 
males, dans  le  voisinage  des  cellules  du  tissu  adipeux,  de  grandes  cellules  ganglion- 
naires qui  se  prolongent  sur  leurs  bouts  proxiiiiaux  dans  les  nerfs  qui  sortent  du 
grand  nerf  de  l'organe,  tandis  que  leurs  bouts  distaux  se  prolongent  en  de  longs 
filaments  nerveux  terminaux;  ces  filaments,  que  l'on  voit  très  bien  en  étudiant  l'or- 
gane à  l'aide  de  la  méthode  de  Ramon  y  Cajal,  atteignent  la  couche  chitineuse  du 
fond  et  quelquefois  la  relèvent  en  formant  de  petits  bourrelets.  Si  l'on  prépare  une 
coupe  parallèle  à  la  surface  du  fond,  on  peut  voii  nettement  que  chaque  filament  ter- 
minal, qui  a  ici  une  structure  rappelant  les  rhabdomes  des  organes  des  sens  des  Ar- 
thropodes, est  entouré  par  les  canaux  des  cellules  glandulaires;  ces  derniers  forment 
des  figures  polygonales,  rappelant  les  mailles  d'un  réseau  de  tulle;  et,  au  centre  des 
mailles,  se  termine  un  filament  nerveux. 

»  Entre  les  canaux  des  cellules  glandulaires  se  trouvent  des  concrétions  très  abon- 
dantes; ces  concrétions  se  colorent  avec  tous  les  réactifs  colorants  et  se  conservent 
après  l'ébullition  dans  la  potasse  caustique. 

»  La  combinaison  des  cellules  glanduleuses  et  sensitives  et  la  structure 


(  5o6  ) 

des  cellules  rappellent  beaucoup  les  organes  olfactifs,  et  je  pense  que  l'on 
doit  attribuer  cette  fonction  à  ces  organes. 

M  Cette  structure,  ainsi  que  cette  fonction  apparente  des  organes  cépha- 
liques  latéraux  des  Glomeris,  les  rapprochent  des  organes  céphaliques  des 
Vers  annelés.  Si  nous  nous  rappelons  que  les  Péripates  conservent  jusqu'à 
l'état  adulte  les  traces  des  organes  céphaliques,  bien  développés  chez 
leurs  embryons  et  chez  leurs  jeunes,  et  que  beaucoup  d'autres  Arthro- 
podes présentent,  dans  leur  vie  embryonnaire,  des  traces  de  curieux  organes 
céphaliques;  si  nous  nous  souvenons,  d'autre  part,  que  la  parenté  entre  les 
Vers  annelés  et  les  Arthropodes  par  l'intermédiaire  des  Péripates  devient 
de  plus  en  plus  évidente,  nous  pouvons  émettre  l'hypothèse  que  les  or- 
ganes céphaliques  latéraux  des  Glomeris  sont  homologues  et  même  peut- 
être  analogues  aux  organes  céphaliques  des  Annélides.  » 


fiJmipç    nnpnnmPTipç      rJp    In    /7^'cn,  „^ 


BIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  quelques  phénomènes  de  la  désorganisation 
cellulaire  (').  Note  de  M.  Tital  Boulet,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  Les  premiers  phénomènes  que  l'on  observe  dans  la  désorganisation 
spontanée  des  cellules  d'une  feuille  d'Elodée,  détachée  de  sa  tige  à  l'état 
de  vie  manifeste,  et  abandonnée  dans  l'eau  même  où  vivait  la  plante,  con- 
sistent en  un  accroissement  considérable  de  la  tension  osmotique  accom- 
pagné de  modifications  importantes  dans  le  contenu  de  l'hydroleucite  et  la 
structure  du  protoplasme. 

»  1.  La  tonicité  des  cellules  intactes,  déterminée  à  l'aide  de  solutions 
titrées  d'azotate  de  potassium,  jvarie  de  2,  i  à  2,3  suivant  les  cellules.  La 
tension  osmotique  se  relève  ensuite  avec  le  temps  et  l'hydroleucite  se  seg- 
mente souvent  en  un  certain  nombre  de  parties.  J'ai  pu  déterminer  les 
nombres  suivants  qui  ne  sauraient  d'ailleurs  être  considérés  que  comme 
des  moyennes. 

l'juiir  Tension  osmotique 2,1  à  2,3 

2"  »  ;     »  3 , 2  à  3 , 5 

3"  »  '     »  3 ,7  à  4  >  1 

7"  »  »  3 , 9  à  4  <  2 

1 0=  »  >)  4 , 5  à  4  j  7 

15"  »  »  3, 2  à  5,7 

22=  »  »  6      à  6,3 

(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Botanique  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris. 


(  5o7  ) 

»  Finalement,  la  cellule  ne  plasmolyse  plus  même  dans  les  solutions  à 
i8  pour  loo,  el,âce  stade,  l'hydroleucite,  ou  les  parties  qui  en  proviennent 
ne  sont  plus  visibles,  soit  qu'ils  remplissent  entièrement  la  cellule,  ou  que, 
plus  vraisemblablement,  la  membrane  qui  les  limitait  ait  été  détruite. 

))   2.  En  même  temps,  et  parallèlement  à  l'accroissement  de  la  tension 
osmotique,  il  apparaît  dans  l'hydroleucite  de  nombreux  éléments  bacilli- 
formes.  Existant  déjà  dans  quelques  cellules  intactes,  mais  rares,  ténus  et 
animés  de  mouvements  browniens  très  rapides,   ils  augmentent  graduel- 
lement en  nombre  et  leur  motililé  apparente  décroît.   Parmi  les  cellules 
qni  ne  plasmolysent  plus,  j'ai  pu  en  observer  quelques-unes,  très  rares  il 
est  vrai,  mais  qui  étaient  entièrement  remplies  par  une  sorte  de  feutrage 
de  ces   éléments   désormais    immobiles.    Leurs   dimensions   s'accroissent 
d'ailleurs,  et  leur  forme  devient  définissable.  Quelques-uns,  très   peu  fré- 
quents, sont  des  octaèdres  quadratiques,  mais,  en  très  grande  majorité,  ils 
se  présentent  en  lames  prismatiques  terminées  par  des  pointements  en  bi- 
seau, et  mesurant  environ  6i^  de  long  sur  it^,3  de  large.  Insolubles  dans 
l'acide  acétique  concentré,  ils  se  dissolvent  rapidement  dans  les  acides 
chlorhydrique  et  sulfurique  très  étendus  et  présentent  ainsi  les  caractères 
des  cristaux  d'oxalate  de  calcium. 

»  3.  Le  protoplasme  subit  corrélativement  des  modifications  importantes. 
Formant  d'abord  une  masse  assez  homogène  autour  de  l'hydroleucite,  il  se 
vacuolise  abondamment  à  mesure  que  la  tension  osmotique  croît.  Observé 
aux  plus  forts  grossissements  il  apparaît,  dans  les  cellules  intactes,  formé 
d'une  partie  fluide  et  hyaline  dans  laquelle  se  meuvent  rapidement  et  en 
tous  sens  des  granules  très  nets,  mais  de  dimensions  non  mesurables.  Le 
volume  de  ces  granules  augmente  graduellement;  le  phénomène  est  parti- 
culièrement visible  dans  les  tractus  protoplasmiques  déliés,  décrits  par 
quelques  auteurs,  et  qui  rattachent  le  protoplasme  à  la  membrane  cellulo- 
sique lors  de  la  plasmolyse.  Ces  tractus  prennent  alors  une  structure  gra- 
nulaire très  nette.  Le  protoplasme  lui-même,  et  en  particulier  sa  couche 
externe,  paraît  subir  la  môme  dégénérescence,  si  bien  que,  dès  les  tonicités 
moyennes,  l'hydroleucite,  isolé  par  plasmolyse,  n'est  plus  étroitement 
enserré  par  la  masse  protoplasmique  qui  remplit  le  reste  de  la  cellule  et  qui 
ne  subit  que  peu  ou  pas  de  contraction  sous  l'action  des  solutions  plasmo- 
lysantes. 

M  Mais,  à  partir  de  ce  moment,  la  désorganisation  paraît  entrer  dans  une 
nouvelle  phase,  car  les  chloroleucites  eux-mêmes  subissent  une  altération 
profonde,  dont  je  me  propose  de  foire  l'objet  d'une  autre  Communication.  » 

C.  R.,  1899,  2-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  13.)  "" 


(   5o8  ) 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  formaUon  des  canaux  sécréteurs  dans  les  graines  de 
quelques  Gulliféres.  Note  de  M.  Edodard  Ueckei.,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  On  sait  que,  d'une  façon  générale,  l'embryon  des  Clusiacées,  quelle 
que  soit  sa  constitution,  est  richement  pourvu  de  canaux  sécréteurs.  Tou- 
tefois, comme  l'a  indiqué  M.  Van  Tieghem  (Canaux  sécréteurs  des  plantes, 
deuxième  Mémoire,  Annales  des  Sciences  naturelles,  7*  série,  p.  42  ;  i885), 
«  l'embryon  di\  Pentadesma  butyracea  Dorr.  fait  exception  à  cette  règle.  Il 
»  ne  présente  de  canaux  sécréteurs  ni  dans  le  parenchyme  cortical,  ni  dans 
»  le  parenchyme  médullaire,  et  cependant,  bien  qu'elle  manque  d'organes 
»  spéciaux,  la  fonction  sécrétrice  ne  s'accomj)lit  pas  moins  ».  Je  viens 
ajouter  quelques  autres  exceptions  à  celles  que  constitue  le  Pentadesma 
butyracea.  Dans  l'une  de  ces  excjeptions,  la  germination  s'accompagne  de 
faits  tellement  spéciaux  et  inconnus  jusqu'ici  en  ce  qui  touche  à  la  genèse 
des  canaux  sécréteurs,  que  j'ai  cru  nécessaire  de  les  signaler  à  l'attention 
des  botanistes. 

»  Les  embryons  des  Garcinia,  au  moins  pour  ce  qui  concerne  G.  indica 
Choisy,  Cochinchinensis  Choisy  Qlpictoria  Roxb.,  n'ont  pas  de  cnnaux  sé- 
créteurs et  n'en  forment  pas  pendant  la  période  germinative.  Là,  aussi, 
comme  dans  Pentadesma  butyracea,  la  fonction  sécrétrice  diffuse  s'accom- 
plit, ou  dans  chaque  cellule  du  parenchyme  dont  les  parois  sont  tapissées 
de  résine  verdàtre,  ou  au  moym  de  cellules  spéciales.  Ces  dernières,  ne 
renfermant  ni  corps  gras  ni  amidon,  sont  plus  grandes  que  les  autres, 
disposées  en  séries,  remplies  de  résine  et  colorées  d'une  façon  différente 
de  leurs  voisines  à  contenu  gras  et  amylacé.  L'embryon  exalbuminé  de 
Lophira  alata  Banks,  espèce  que  M.  Van  Tieghem  a  séparée  des  Diptéro- 
carpées  à  cause  de  l'absence  desjcanaux  sécréteurs  et  de  quelques  autres 
caractères  analomiques  et  morphologiques,  pour  la  placer  dans  les  Tern- 
strœmiacées,  présente,  d'après  mes  recherches,  les  mêmes  dispositions 
anatomiques  que  les  Garcinia  et  les  conserve  pendant  la  germination. 
C'est  une  véritable  transition  vers  l'état  particulier  qui  se  révèle  dans 
V embryon  à' Allcinblackia  Jloribunda  Oliver.  Ici  les  faits  sont  plus  intéres- 
sants et  plus  imprévus.  J'ai  donné  la  description  morphologique  et  histo- 
logique  de  celte  graine  dans  mon  étude  sur  les  Graines  grasses  des  colonies 
françaises  (^Annales  de  l'Institut  colonial,  2^  fascicule,  p.  80,  année  1898), 
mais  il  convient  de  la  rappeler  sommairement  ici. 


(  5o9  ) 

»  L'embryon  est  constitué  par  une  tigelle  tuberculeuse,  surtout  par 
l'écorce.  A  la  coupe,  on  trouve  une  zone  périphérique  corticale  très 
épaisse,  puis  au  centre  une  autre  plus  petite  de  beaucoup,  c'est  la  moelle. 
Ces  deux  zones,  de  couleur  chocolat  clair,  sont  séparées  par  une  ligne 
brune.  Les  deux  parenchymes  de  l'écorce  et  de  la  moelle  sont  formés  de 
cellules  à  parois  peu  épaisses,  de  couleur  jaune  clair,  contenant  contre  les 
parois  des  corpuscules  huileux,  liquides,  disposés  en  une  couche  légère, 
.  tout  le  reste  de  la  cellule  étant  rempli  par  une  masse  solide,  blanchâtre, 
formant  un  seul  bloc  de  matière  grasse  cristallisée.  Dans  ces  parenchymes 
uniformes,  je  n'ai  pu  discerner  aucune  cellule  différente  de  ses  voisines; 
il  n'y  existe  qu'une  épaisse  zone  endodermique,  séparant  l'écorce  de  la 
moelle. 

)>  J'ai  pu  avoir,  par  M.  Vilmorin,  une  de  ces  graines  en  germinalion,  elle  provenait 
de  Libreville  (Congo  français),  d'où  elle  était  arrivée  en  cet  état  sans  apparition  tou- 
tefois de  radicelle  ni  de  tigelle. 

»  J'ai  essayé  vainement,  à  plusieurs  reprises,  de  faire  germer  en  serre  chaude  ces 
graines  que  j'ai  reçues  très  fraîches  du  Congo;  elles  perdent  en  route  leur  faculté  ger- 
minative.  Tout  d'abord  j'ai  constaté  dans  la  graine  de  M.  Vilmorin  une  déformation 
très  accusée  :  durant  l'acte  germinatif,  la  zone  médullaire  s'était  considérablement 
accrue  et  de  dactyliforme  la  graine  était  devenue  sphérique.  Mais  à  la  coupe  transver- 
sale je  constatai  ce  fait  inattendu  et  significatif  qu'un  liquide  jaune,  résineux.,  pois- 
sant aux  doigts  s'écoulait  surtout  de  certains  points  profonds  de  l'écorce  qui  avait 
pris  elle-même  une  couleur  d'un  beau  rouge.  Des  canaux  sécréteurs,  d'où  s'écoulait  ce 
liquide  résineux,  s'étaient  formés  sillonnant  l'écorce  de  toutes  parts. 

»  Malheureusement,  bien  que  la  germination  ne  fût  pas  encore  très  avancée,  elle 
l'était  cependant  assez  pour  que  je  n'aie  pas  pu  saisir  les  premières  phases  de  la  for- 
mation des  canaux  sécréteurs,  si  bien  que  j'ignore  aux  dépens  de  quelles  cellules  ini- 
tiales ils  se  produisent  et  comment  se  divisent  ces  cellules  initiales.  Mais  on  aperçoit 
encore,  dans  le  parenchyme  accru  et  coloré  en  rouge,  des  îlots  de  cellules  très  petites 
à  parois  très  ténues,  situées  auprès  de  l'endoderme. 

1)  Dans  leur  développement,  ces  groupes  d'éléments  cellulaires,  au  nombre  de  huit 
à  dix,  compriment  en  les  aplatissant  les  cellules  voisines  du  parenchyme  primordial 
qui  les  entoure,  et  ces  dernières  deviendront  les  cellules  bordantes  du  canal  sécré- 
teur. Puis,  très  rapidement,  ces  cellules  de  nouvelle  formation  se  gélifient  en  com- 
mençant par  celles  du  centre  et  disparaissent  peu  à  peu,  en  laissant  des  lambeaux  de 
parois  révélatrices  de  l'origine  des  canaux  sécréleurs.  Toutefois  la  couche  de  cellules 
à  minces  parois  qui  est  en  contact  direct  avec  celles  du  parenchyme  primordial  per- 
siste intacte  assez  longtemps,  portant  sur  sa  face  interne  les  lambeaux  cellulaires 
dont  je  viens  de  parler.  Il  semble  dès  lors  qu'il  y  a  une  double  rangée  de  cellules 
sécrétantes,  les  unes  petites,  de  nouvelle  formation,  et  les  autres,  grosses,  propres  au 
parenchyme  primitif.  La  rangée  la  plus  interne  disparaît  enfin  et  les  canaux  sécré- 
teurs sont  définitivement  constitués.  A  cause  des  lambeaux  cellulosiques  qu'ils  pré- 


(  5io  ) 

sentent   souvent,   ces   canaux  revêtent   un  peu   l'apparence  des   lacunes   gommeuses 
propres  à  un  grand  nombre  de  plantes  et  notamment  aux  Mali-acées. 

))  Je  n'ai  pas  constaté  de  canaux  résineux  dans  la  moelle  de  la  graine 
à' Allanhlackia  Jlorihunda,  mais  je  ne  puis  dire  s'il  ne  s'en  forme  pas  dans 
une  période  plus  avancée  de  la  germination.  J'ai  même  lieu  de  croire  qu'il 
s'en  forme,  si  je  tiens  compte  de  ce  fait  que  j'ai  constaté  leur  présence  dans 
les  feuilles,  dans  l'ccorce  des  rameaux  et  même  dans  la  moelle,  où  ils  sont 
plus  grands  et  plus  nombreux  encore. 

))  Le  processus  de  formation  des  canaux  sécréteurs  que  je  viens  de  dé- 
crire se  retrouve  dans  l'embryon  d' Ochrocarpus  Siamensis  Anderson,  mais 
avec  cette  différence  que,  dans  cette  graine,  les  canaux  sécréteurs  très 
nombreux  se  forment  tous  pendant  le  développement  de  l'embryon  et  ne 
s'y  développent  pas  pendant  la  germination.  Il  serait  intéressant  de  savoir 
si  Pentadesma  butyracea,  qui  a  dqfe  canaux  sécréteurs  dans  ses  tiges  et  dans 
ses  feuilles  ('),  en  forme  dans  sa  graine  pendant  qu'elle  germe.  Je  cher- 
cherai à  m'en  assurer. 

»  Il  résulte  de  mes  observations  qu'il  existe,  dans  les  Guttifères,  deux 
catégories  de  graines  dépourvues  de  canaux  sécréteurs;  les  unes  (Gam««"a) 
n'en  forment  jamais  pendant  la  période  germinalive,  les  autres  (^Allan- 
blackia^  en  forment  de  nombreux  et  par  un  j^rocessus  tout  différent  de 
celui  qui  est  admis  comme  unique  jusqu'ici.  Ce  processus  se  retrouve  dans 
Ochrocarpus.  , 

»  J'ai  déjà,  dans  une  précédante  Communication,  démontré  que,  chez 
les  Orchidées,  ces  organes  ont  iin  mode  de  formation  spécial,  du  moins 
dans  la  section  aphylle  du  genre  Vanilla  c[ui  seul,  dans  les  Orchidées,  pa- 
raît juscpi'ici  en  posséder;  nous  en  voyons  un  nouveau  aujourd'hui  dans 
les  Allanhlackia  et  les  Ochrocarpus. 

M  II  faut  donc  renoncer  à  c^lte  notion  classique  que  les  canaux  sécré. 
leurs  se  produisent  toujours  par  formation  schizogène.  » 


La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts 


M.  B. 


(')  \'oir  mon  étude  détaillée  sur  celte  graine  et  sur  le  végétal  qui  la  produit,  dans 
les  Annales  de  Vfnslilut  colonial  de  Marseille  (t.  I,  1898),  où  j'ai  décrit  et  dessiné 
ces  canaux. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

(lis  1835  les  COMPTES  RINDDS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  6n  de  l'année,  deux  volumes  ln-4'.  Deux 
■  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.    L'abonnement  est  annuel 


1  du  i"  janvier. 

Paris  :  30  fr. 


Le  prix  de  Pabonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sua. 


chez  Messieurs  : 
Ferryn  frères. 

I  Chaix. 

j  Jourdan. 

(  Ruff. 

Courtin-Hecquet. 

1  Germain  etGrassin 

(  Lachèse. 

■ Jérôme. 

i Jacquard. 

I  Ferel. 
X (  Laurens. 

I  Muller  (G.). 
Renaud. 

;  Derrieti. 

]  F.  Robeil. 
j  J.  Robert. 

I  Uzel  frères. 

Joiian. 

Pernn. 

(  Henry. 

(  Marguerie. 

I  Juliot. 

i  Ribou-Collay. 

f  Lamarche. 
Ratel. 

(  Rey. 

(  Lauverjal. 

I  Degez. 

\  Drevet. 

(  Gralier  et  C". 
"e Foucher. 

\  Bourdignon. 

(  Dombre. 

j  Thorez. 

(  Quarré. 


Lorient. 


'Y 

-g 

t-Ferr 


Lyon. 


\  Vilte. 
Marseille Ruât. 


chez  Messieurs  : 
i  Baumal. 
(  M"'  Texier. 

Bernoux  et  Cumin. 
^  Georg. 

,  Côte. 
j  Savy. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


Montpellier . 
Moulins ..    .. 


Calas. 


Nantes 


Nice. 


I  Coulet. 
Martial  Place. 

I  Jacques. 
Nançy^ '  Grosjean-Maupin. 

(  Sidot  frères. 

I  Loiseau. 

(  Veloppé. 

I  Barma. 

(  Visconti  et  C". 

l'aimes Thibaud. 

Orléans Luzeray. 

„   .  .  i  Blanchier. 

Poitiers . , 

(  Marche.   " 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Fochefort.. Girard  (M""). 

\  Langlois. 

/  Lestringant. 

S'-Étienne Chevalier. 

_     ,  (  Ponteil-Burles. 

Toulon 

(  Rumebe. 

_     ,  1  Gimet. 

Toulouse „  . 

j  Privât. 

,  Boisselier. 

Tours j  Péricat. 

•  (  Suppligeon. 

\  Giard. 

(  Lemaître. 


Rouen. 


Valenciennes. 


chez  Messieurs  : 

(  Feikema    Caarelsen 

(      et  C: 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C'*. 

Dames. 

Friedlander   et   tils. 

Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

!Lamertin. 
Mayolez  et  Audiarte. 
Lebégue  et  C'". 

„     ,  I  Sotcheck  et  C". 

Bucnarest „ 

'  Storck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BellelC". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .  Otto  Keil. 

Copenhague Hôst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Cand Hoste. 

Gènes Beuf. 

,  Cherbuliez. 
Genève Georg. 

(  Stapeiraohr. 
La  Haye Belinfante  frères. 

f  Benda. 

(  Payot. 

'  Barth. 

\  Brockhaus. 

Leipzig !  Lorentz. 

Max  Rube. 
Twietmeyer. 

I  Desoer. 

Liège ,  „ 

"  /  Gnuse. 


Lausanne. 


chez  Messieurs  : 

i  Dulau. 
^'"''''"" Hachette  et  C'-. 

'Nutt. 
Luxembourg....     V.  Buck. 

(Libr.  Gutcnberg. 
rto'no  .V  Fussel. 

1  Gonzalés  e  hijos. 
'  F.  Fé. 

Milan....  *  ^'"^"^  (riTts.. 

"  \  Hoepli. 
Moscou Tastevin. 

Naples i  Marghieri  di  Giu,. 

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New-Vork Stecherl. 

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Oxford. Parker  et  C" 

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Porto Magalhaés  el  Monii. 

Prague Rivnac. 

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„  l  Bocca  frère». 

Rome ,' 

(  Loescheret  C". 

Rotterdam Krauiers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 


S'-Petersbourg . 


If  Zinserling. 

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Turin. 


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Brero. 

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Varsovie Gebethner  et  Wollt 

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LES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  !•'     31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4'';  1 853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.—  (  i"  Janvier  i85i  a  3i  Décembre  i865.)  Volume  \n-i°;  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  a  91.  —  (  r"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  t8fio.)  Volume  in-4^  1889.  Prix 15  fr. 

:PL£MENT  ADX  COMPTES  RENDDS  DES  SEANCES  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  : 

■  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DerbÉs  et  A.-J.-J.  Solikr. —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'épromeiitlc» 
>ar  M.  H*N«EN. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

■"■  M.  CncDB  Bernabd.  Volume  in-^",  avec  Sa  planches;  i8ô6 '• 13  fr. 

:  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Bknedïn.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  iSôo  par  l'Académie  des  Sciences 
ncours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  1856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
es,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée  —  Rechercher  la   nature 

'lorts  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  an.urieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bkosn.  In-4*,  avec  27  planches;  1861..  .       15  fi. 


'me  Librairie  les  Mémaues  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  dlTers  SaTanis  à  l'Académie  das  Sciences. 


N"  13. 

TABLE   DES   ARTICLES.  (Séance  du  2d  septembre  1899.) 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


Pages.    I  Pages. 

M.  Berthelot. —  Éludes  sur  le  triniéthylène.     48'  I  -M.  .\lbert  G.wdry.  —  Sur  le  Néomylodon.    4'J' 


MEMOIRES  PRESENTES. 


.M.M.  .\.  Breuillot  et  Thom.\s  adressent  une 
Note  relative  à  un  aérostat  dirigeable. . . .     ^9^ 

M.  F.  L.\RROQL"E  adresse  une  Note  <•  Sur  le 
mécanisme  de  l'audition  des  sons  » 49*  i 


.M.  Alg.  Goret  adresse  une  Note  relative  a 
un  appareil  destiné  à  mesurer  l'inclinaison 
d'un  navire,  produite  par  le  roulis 'l'i 


CORRESPONDANCE . 


M.  MASCARTrend  compte  àl'.^cadémie  delà 
cérémonie  organisée  à  Corne  pour  fêter  le 
i-entenaire  de  la  découverte  de  la  pile  par 
Volta 493 

M.  J.  Guillaume.  —  Observations  du  Soleil, 
laites  à  l'observatoire  de  Lyon  (équatorial 
Brtinner  de  o",i6)  pendant  le  premier  tri-         | 
mestre  de  1899 49 

M.  Cn.  André.  —  Sur  la  comparaison  des 
heures  obtenues,  pour  les  contacts  d'é- 
olipses  partielles  de  Soleil,  par  l'obser- 
vation directe  et  les  mesures  de  longueurs 
de  corde  commune 49^ 

M.  11.  Le  CH.iTELlER.  —  Sur  les  points  fixes 


de  transformation '197 

M.  A.-B.  Chauveal".  —  Sur  la  variation  diurne 
de  l'électricité  atmosphérique bon 

M.  Ed.v.  Bordaoe.  —  Sur  un  mode  particu- 
lier de  protection  des  appendices  en  voie 
de  régénération  après  sections  artificielles 
chez  les  Insectes 5oi 

M.  N.  DE  Zograf.  —  Sur  les  organes  cépha- 
llques  latéraux  des  Glomeris 5o4 

M.  V.  Boulet.  —  Sur  quelques  phéno- 
mènes de  la  désorganisation  cellulaire.. . .     5ofi 

M.  Edouard  Heckel.  —  Sur  la  formation 
des  canaux  sécréteurs  dans  les  graines  de 
quelques  Gultifères ')o8 


PARIS.   —    IMPRIMERIE     G  AUT  H  l  E  R-VI  LL  A  RS  , 
Quai  des  Grands-Augustins,  5S. 

Le  Gérant  .'GAOTBiBb-ViLLAiS. 


1899 


SECOIVD  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  IVIltl.  liK»  SECRÉTAIRES  PBRPÉTUEEiS. 


TOME  CXXIX. 


N^  14  (2  Octobre  1899) 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IM  PlilMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES   RENDUS   DES.  SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Au^ustiDS,  55. 

1899 


/ 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    DES    23    JUIN    1862   ET    24    MAI    1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i" .  —  Impressions  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parunAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  aii 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  rejjroduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soii  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


ires 
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etH 
ilsT 


Les  J^rogranimes  des  prix  proposés  par  l'Acadi 
sont   imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Sava. 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perse 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  del 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'u 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres   qui   présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  reqi 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  il 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondanc 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 


Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  rr 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tai 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  t 
le  titre  seul  du  Mémoire  estinséré  dans  le  Compt)e\ 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rentt> 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches,  jf 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  hais  d 

leurs;  il  n'y  a  d'excepliou  que  pour  les  Rappc 

les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernemei 

t. 
Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrât! 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  à 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priéi 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  s 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  2  OCTOBRE   1899, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Maire  de  Chantilly  informe  l'Académie  que  rinangiiration  de  la 
statue  élevée  auduc  d'Aumale  aura  lieu  Icdimanche  i5  octobre,  à  aheures 
et  demie. 


M.  le  Ministre  de  la  Guerre  invite  l'Académie  à  lui  désigner  deuK  de 
ses  Membres  pour  faire  partie  du  Conseil  de  perfectionnement  de  l'École. 
Polytechnique. 


ASTRONOMIE.  —  Orbite  du  bolide  du  24  aoixt  189g. 
Note  de  M.  J.  Comas  Sola,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

«  Observatoire  Català,  27  septembre  1H99. 

»   Le  24  août  1899,  à  ti''io"  (temps  moyen  local),  j'observai  un  bolide 
d'un  éclat  supérieur  à  dix  fois  au  moins  celui  de  Vénus  et  suivi  d'une 

C.  R.,  1899,  3»  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  14.)  l>9 


(  5i2  ) 
longue  traînée.  Il  fit  son  apparition  dans  le  Serpentaire  et,  après  dix  se- 
condes environ,  il  disparut  près  de  l'étoile  a.  du  Capricorne. 

»  Sa  lumière  était  très  blanclie,  avec  de  léf,'ères  recrudescences  pendant  sa  course. 
Trois  secondes  avant  de  disparaître,  le  bolide  se  subdivisa  en  deux  fragments,  qui  ont 
continué  la  trajectoire  à  une  faible  distance  l'un  de  l'autre.  A  partir  de  la  fragmenta- 
tion, la  couleur  devint  rouge  et  son  intensité  lumineuse  s'affaiblit  rapidement.  De  mon 
lieu  d'observation,  on  n'a  pu  enteudre  aucun  roulement  ni  explosion,  mais  ces  bruits 
ont  été  perceptibles  de  Barcelone  et  ses  environs. 

»  Ce  même  météore  a  été  vu  par  d'autres  observateurs  (').  En  combinant  leurs 
observations  avec  les  miennes,  j'ai  pu  calculer  d'une  manière  assez  approchée  sûrement 
les  éléments  de  l'orbite  suivie  par  le  bolide. 

»  La  direction  relative  de  ce  corps  n'a  pas  été  très  différente  d'ouest  à  est.  Au 
moment  de  l'apparition,  vue  de  ce  littoral  méditerranéen,  le  bolide  était  à  l'altitude 
de  98''",  et,  au  moment  de  l'extinction,  à  45''°'.  Le  météore  est  tombé  sans  doute  dans 
la  mer.  De  Barcelone,  on  l'a  vu  avec  un  diamètre  apparent  presque  aussi  gros  que 
celui  de  la  Lune.  La  projection  verticale  de  la  trajectoire  passait  à  quelques  kilomètres 
au  sud  de  Barcelone  et  elle  avait  une  longueur,  entre  les  deux  points  mentionnés, 
de  280'"°. 

»  J'ai  déterminé  la  direction  de  la  vitesse  relative  et  les  direction  et  valeur 
de  la  vitesse  absolue  au  nioven  des  procédés  graphiques  de  la  Géométrie 
descriptive.  J'ai  négligé  la  sphéricité  et  l'attraction  de  la  Terre  et  la  résis- 
tance de  l'air.  Par  la  formule 

Kcos>|.  ~  ^'' 

j'ai  calculé  R,  ravon  de  courbure,  et  par  des  constructions  géométriques, 
j'ai  déduit  les  autres  éléments  de  l'orbite.  La  vitesse  relative  était  de  24''" 
par  seconde,  et  la  vitesse  absolue,  de  oo'"'".  Voici  les  éléments  de  cette 
orbite,  fortement  hyjierbolique  : 


i^=  16°,  5, 
^  =0,99, 
e=i,74. 

»   J'ajouterai  que  le  28  aoiît,  à  7''45'",  j'observai  un  autre  bolide,  rouge. 


(')  Parmi  ceux  auxquels  je  suis  redevable  de  précieux  renseignements,  je  dois 
signaler  MM.  Estival  Rosell,  de  Premià  de  Mar  (près  de  Barcelone),  Julio  de  las 
Cuevas,  qui  se  trouvait  à  Molins  de  Rey  (près  de  Barcelone),  R.  Duràn  et  le  D'' Es- 
trany,  habitants  de  cette  dernière  ville. 


(  -'ÏI^  ) 

de  l'éclat  de  Mars  et  qui  suivit,  dans  la  voùto  céleste,  un  chemin  font  à  fait 
semblable  à  celui  du  bolide  du  24.    " 

MÉCANIQUE.   —  Sur  l'identité  de  solution  de  certains  problèmes  d'élasticité 
et  d' hydrodynamique.  Note  de  M.  Georc.es  Poisso\. 

«  Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie  le  2  mai  1898,  M.  Maurice 
Lévy  a  fait  remarquer  que,  dans  les  problèmes  d'élasticité  à  deux  dimen- 
sions, la  répartition  des  pressions  est  indépendante  de  la  valeur  des 
coefficients  d'élasticité.  La  présente  Note  a  pour  objet  d'établir  que,  dans 
ce  cas,  la  recherche  des  pressions  peut  souvent  se  ramener  à  l'étude  du 
mouvement  permanent  d'un  liquide. 

»  Considérons  la  section  droite  d'un  corps  cylindrique  de  longueur 
infinie,  soumise  à  une  déformation  élastique  plane,  et  traçons-y  les 
courbes  orthopiéziques.  Deux  courbes  infiniment  voisines  limitent  un  filet 
solide,  qui  se  trouve  dans  les  conditions  d'un  fil  infiniment  flexible  soumis 
à  son  poids  et  à  des  pressions  moléculaires  appliquées  normalement  sur 
ses  deux  faces. 

))  Soient,  en  un  point  quelconque  du  filet,  P,  la  pression  totale  du  filet 
suivant  sa  longueur,  V^ds  la  résultante  des  forces  extérieures  qui  agissent 
sur  l'élément  ds.  Les  équations  d'équihbre  du  filet  seront 

1  rfP,  =  P,  rt'^cos(P,,(/^), 

(0  F 

^=P,  cos(P,,r). 

»  Soient  e  l'épaisseur  du  filet  au  point  considéré,  et  /;,  la  pression  par 
unité  de  section;  on  aura  P,  =p,t.  Soit,  en  outre,  p.^ds  la  pression  nor- 
male au   filet  sur  l'une  de   ses   faces.  La  pression  sur   l'autre   face   sera 

ds  ;-  £       ."    '    ^  dn  étant  l'élément  de  normale.  La  résultante  de  ces  deux 


P 


dn 


dx 
pressions  sera,  en  projection  sur  la  tangente,  p^t~ds,  x  étant  l'angle  du 

filet  avec  l'axe  des  x.  Mais  on  voit  facilement  que  i-r-  ds  =  di.  La  première 

des  équations  (i)  devient  donc,  en  appelant  II  le  poids  spécifique  du  corps, 

dÇp,z^  =  —  Uislnxds -{-p^di 
ou 

(2)  _f(^,_^,)e]+nesina    ;-£^^=o. 


(    5l4    ; 
»   Eu  projection  sur  la  normale,  la  résultante  des  pressions  transversales 


sera  —  £^ Comme  on 

an 


d{ds) 


a  —-j — ;  ds,  la  deuxième   des  équa- 


tions (i)  devient 


ou 


(3) 


r 

=  - 

-  11  e  COS  a  —  £ 

dp, 
dn 

-+- 

r 

El 

-Pi 

r 

+  ncosa  -(- 

dpi 
dn 

= 

o. 

»  Soit,  d'autre  part,  un  liquide  parfait  et  incompressible,  en  mouve- 
ment permanent  dans  le  plan.  Considérons  un  des  fdets  liquides,  et 
prenons  les  mêmes  notations  que  ci-dessus.  De  l'équation  de  Bernoulli, 

\^  p  .1 

^  -f-  ^  =  H,  on  tu'e  | 


2^ 

(4) 


\_d\_ 

sds 


sma 


I   dp 

n  Is 


—  o. 


»   On  obtient,  en  outre,  par  la  combinaison  des  équations  du  mouve 
ment  permanent,  y  compris  l'équation  de  continuité,  la  relation 


(5) 


COS  a 


i  dp 
ndn 


M  Posons  maintenant 


■Pï  J. 


—         et 


»  En  faisant  ces  substitutions  dans  les  équations  (  :\)  et  (5),  et  en  tenant 
compte  de  l'équation  de  continuité  eV  =  const.,  on  retombe  sur  les  équa- 
tions (2)  et  (3).  Par  suite,  le  même  réseau  de  courbes  satisfaisant  à  ces 
équations  pourra  représenter  ron  seulement  les  fdets  d'un  liquide  en  mou- 
vement permanent,  mais  au^si  les  courbes  orthopiéziques  d'un  solide 
élastique. 

«  Pour  que  ce  réseau  représente  effectivement  la  déformation  élastique 
d'un  corps,  il  faut  que  l'on  ait 

et,  comme  on  a 

p,-hp,  =  Tl{B.  -  2j), 

la  condition  pour  qu'un  problème  de  mouvement  permanent  puisse  se 
transformer  en  problème   d'élasticité   est  A;,  II  =  o.    Celte   condition   est 


(  5i5  . 

remplie  lorsque  H  est  constant,  c'est-à-dire  lorsqu'il  y  a  un  potentiel  des 
vitesses. 

■  L'assimilation  qui  vient  d'être  établie  entre  les  deux  genres  de  phéno- 
mènes physiques  considérés  donne  lieu  à  de  nombreuses  applications.  J'en 
citerai  brièvement  une  seule. 

»  Le  mouvement  périodique  des  ondes  liquides  cylindriques  dont  on 
sait  calculer  la  forme,  exactement  pour  une  mer  de  profondeur  infinie  et 
approximativement  dans  les  autres  cas,  peut  se  transformer  en  un  mou- 
vement permanent,  si  Ton  imprime  à  l'ensemble  du  liquide  une  translation 
égale  et  contraire  à  celle  des  vagues.  On  peut  partir  de  là  pour  obtenir, 
par  la  transformation  indiquée  ci-dessus,  un  état  de  plissement  d'un  sol 
élastique  dont  toutes  les  conditions  seraient  faciles  à  déterminer.  Cet  état 
paraît  être  celui  qui  se  réalise  naturellement  lorsqu'un  sol  élastique  se 
plisse  sous  l'action  d'une  compression  horizontale.  On  serait  conduit  ainsi 
à  reconnaître  que  la  forme  normale  des  plissements  du  sol  terrestre  est 
identique  à  celle  des  vagues  de  la  mer.  » 


CHIMIE.  — Sur  deux  chlorobromures  de  tungstène. 
Note  de  M.  Ed.  Defacqz,  présentée  par  M.  H.  Moissan  ('). 

<(  Nous  avons  montré,  dans  une  précédente  Communication  (-),  que  le 
gaz  bromhydrique  sec,  en  réagissant  vers  35o"  sur  l'hexachlorure  de 
tungstène,  ne  donnait  pas  le  composé  brome  correspondant,  mais  un 
bromure  iniérieur  :  le  pentabromure;  c'est  aussi  ce  dernier  corps  que 
MM.  Riche  ('),  Blomstrand  {"),  Roscoe  (^)  ont  obtenu  en  faisant  agir 
directement  le  brome  sur  le  métal. 

))  Nous  avons  alors  pensé  qu'il  serait  possible  de  préparer  l'hexabro- 
mure  en  traitant  l'hexachlorure  par  l'acide  bromhydrique  liquide;  il  n'en 
est,  malheureusement,  pas  ainsi,  et  les  composés  formés  sont  des  chloro- 
bromures de  formules  ditîérentes  suivant  les  conditions  de  température 


(')  Travail  fait  au  laboratoire  des  hautes  études  de  M.  Moissan  à  l'École  de  Phar- 

acie. 

(-)  Ed.  Defacqz,  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  i232. 

1,^)  A.  Riche,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3"  série,  t.  L,  p.  5. 

(  ')  Blomstrand,  Journal f tir prakt.  Chemie,  t.  LXXII,  p.  4o8. 

("')  Roscoe,  Chemical  News,  t.  XXV,  p.  6i. 


(  5i6) 

auxquelles  on  opère.  Nous  avons  pu  en  isoler  deux  :  l'un  a  pour  formule 
TuCl",3TuBr«;  l'autre,  TuCl'.TuBr"  ;  le  plus  stable  est  le  premier,  c'est 
de  lui  que  nous  nous  occuperons  principalement. 

I.  -  TuClSSTuBr". 

»  Préparation.  —  On  liquéfie  dans  un  tube  de  verre  à  paroi  épaisse,  contenant  Ss' 
environ  d'hexachlorure  de  tungstène  pur,  de  l'acide  bromhjdrique  jusqu'à  ce  que  l'on 
ait  lo""  à  iS''"' de  liquide;  on  scelle  le  tube  et  on  le  porte  pendant  trois  ou  quatre 
heures  à  la  température  de  60"  à  70°;  après  refroidissement  le  tube  est  ouvert,  les  gaz 
se  dégagent  au  travers  des  sécheurs  et  sont  recueillis. 

•«  Si  l'on  répète  sur  le  produit  obtenu  et  correspondant  à  la  formule  TuCl%  STuRr^ 
la  même  expérience,  la  matière  solide  isolée  de  nouveau  n'a  pas  changé  de  com- 
position. 

»  Propriétés.  —  C'est  une  substance  vert  olive,  formée  d'amas  de  petits  cristaux, 
s'altérant  très  rapidement  au  contact  de  l'air  et  devenant  brune. 

»  Elle  fond  à  232°. 

»  Elle  est  soUible  dans  un  grand  nombre  de  liquides  :  dans  l'alcool  absolu,  sa  solution 
est  rouge  ponceau  ;  dans  l'éther  anhydre,  dans  le  sulfure  de  carbone,  dans  la  benzine, 
la  glycérine;  elle  n'est  soluble  qu'à  chaud  dans  le  tétrachlorure  de  carbone,  et  presque 
insoluble  dans  l'essence  de  térébenthine. 

»  Exposé  à  l'air,  ce  chlorobromure  attire  l'humidité,  qui  forme  autour  de  la  sub- 
stance de  fines  gouttelettes  qui  hâtent  sa  décomposition;  finalement,  on  obtient  une 
pâte  épaisse,  jaune  verdâtre,  d'acide  (ungstique  incomplètement  oxvdé;  comme  tous 
les  corps  très  hj'groscopiques,  quand  (in  le  met  en  contact  avec  l'eau,  il  v  produit  un 
bruissement;  il  est  immédiatement  décomposé  :  il  se  forme  un  précipité  jaune  ver- 
dâtre d'acide  lungstique  et  une  solution  d'acide  chlorhydrique  et  d'acide  bromhy- 
drique.  La  vapeur  d'eau  réagit  vers  boo"  avec  très  grande  énergie  pour  donner  de 
l'acide  tungstique. 

»  Les  corps  simples  attaquent  ce  chlorobromure  à  une  température  peu  élevée  : 
l'action  réductrice  de  l'hydrogène  commence  vers  200°;  près  de  son  point  de  fusion, 
le  chlore  le  transforme  en  hexachlorure  avec  départ  de  brome  ;  l'oxygène  donne  d'abord 
des  oxychlorures  et  oxybromures,  puis,  vers  3oo°,  de  l'acide  tungstique;  le  soufre  et 
le  phosphore  forment  sans  incandesceice  des  sulfure  et  phosphure. 

»  Les  hydracides  employés  en  solution,  gazeux  ou  liquéfiés,  donnent  des  actions 
différentes  :  l'acide  fluorhydrique  à  4o  pour  100  dissout  complètement  le  chlorobro- 
mure; l'acide  chlorhydrique  à  22''B.  j^rovoque  un  léger  précipité  d'acide  tungstique; 
les  acides  bromhydrique  et  iodhydrique  gazeux  réagissent,  le  premier  vers  200°,  il  se 
forme  du  pentabromure,  le  second  donne  du  biiodure  vers  350°;  nous  avons  déjà  vu 
qu'à  la  température  de  60°,  l'acide  jjromhydrique  liquide  n'avait  aucune  action; 
l'acide  sulfhydrique  gazeux  transforme  le  chlorobromure  en  bisulfure  vers  300°. 

>)  Les  acides  azotique  et  sulfurique  le  décomposent  :  il  se  précipite  de  l'acide 
lungstique. 

»  Les  alcalis  en  solution  ou  fondus,  les  mélanges  oxydants  et  le  bisulfate  de  potas- 
sium l'attaquent  vivement. 


(  5i7  ) 

»   Analyse.  —  La  méthode  que  nous  avons  employée  est  la  même  que  celle  que  nous 
avons  indiquée  pour  le  pentabromure  (');  elle  est  basée  sur  la  facile  décomposition 
du  chlorobromure  par  l'eau   en  acide  tungstique  précipité  d'une  part  et  en  une  solu- 
tion d'acide  chlorh^drique  et  d'acide  bromhydrique  d'autre  part. 
»   Nous  avons  trouvé  les  nombres  suivants  : 

Calculé 
pour 
Trouvé.  Tu  CI",  3  Tu  Br». 

Tu 30,69  (moyenne  de  8  analyses)  (^)  3o,8o 

Br 60,  16  (moyenne  de  5  analyses)  60,27 

Cl 8,36  (moyenne  de  6  analyses)  8,93 

II.  —  TuCl«,TuBr«. 

»  Préparation.  —  La  préparation  est  la  même  que  précédemment  :  nous  mettons 
en  contact,  en  tube  scellé,  environ  Se"'  d'hexachlorure  de  tungstène  avec  10"  à  i5'^'' 
d'acide  bromhydrique  liquéfié,  mais  cette  fois  nous  abandonnons  le  tube  pendant 
deux  ou  trois  jours  à  la  température  du  laboratoire. 

»  Propriétés.  Analyse.  —  La  substance  isolée  a  un  aspect  cristallin  et  une  couleur 
vert  olive  ressemblant  beaucoup  à  celle  du  corps  précédent;  ses  propriétés  sont  du 
reste  très  voisines. 

»  L'analyse  conduite  de  la  même  manière  nous  a  donné  les  chiffres  suivants  : 

Calculé 
pour 
Trouvé.  Tu  Cl«,  Tu  Br^ 

Tu 34,46  34,68 

Br 46,06  45,24 

Cl 19,86  20,08 

»  En  résumé,  il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  préparer  l'hexabromure 
de  tungstène  par  l'action  de  l'acide  bromhydrique  liquide  sur  l'hexacldo- 
rure  en  tube  scellé  vers  70'',  mais  nous  avons  obtenu  deux  chlorobromures, 
l'un,  le  plus  stable,  qui  se  forme  vers  70'  :  c'est  l'hexachlorolrihexnbromure 
TuCl",  3TuBr^  l'autre  s'obtient  vers  1 5-^,  il  a  pour  formule  Tu  Cl%  TuBr": 
c'est  l'hexachlorobromure;  ces  deux  cnm;^osés  sont  les  premiers  chloro- 
bromures de  tungstène  connus.  » 


(')  Ed.  Defacqz,  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  i232. 
(^)  Nous  avons  trouvé  : 

PourTu  :  3o,35;   29,94  —  29,90;   29,96  —  31,52;   3i,8-3i,o8;   3o,84; 
»     Br  :  60,76;    59,90  —  59,60;    60,00  —  60,55; 
>'     Cl:    8,11;      7,90-9,19;     8,73-8-8,37. 


(  5i8 


CHIMIE.   —  Sur  r hypophosphùe  de  cuivre  et  sa  décomposition  par  le 
palladium  précipité.  Note  de  M.  R.  Engel. 


«  La  facilité  avec  laquelle  l'acide  hypophosplioreux  réduit  les  sels  de 
cuivre  est  sans  doute  la  cause  pour  laquelle  on  n'a  pas  encore  pu  obtenir, 
d'une  manière  certaine,  l'hypophosphite  de  enivre,  malgré  quelques  tenta- 
tives de  H.  Rose. 

»  J'ai  été  conduit  à  préparer  ce  composé,  qui  possède  une  stabilité  rela- 
tÏAement  assez  grande. 

.   ! 

I)  Pour  l'obtenir,  il  suffit  de  précipiter  une  solution  de  sulfate  de  cuivre  par  une  so- 
lution d'hypophosphile  de  baryum,  molécule  à  molécule.  Les  deux  solutions  peuvent 
être  saturées  à  35°  ou  4o°,  sans  que,  par  leur  mélange,  il  se  produise  une  réduction  du 
sulfate  de  cuivre.  Il  est  essentiel  de  i^e  laisser  dans  la  liqueur  aucun  excès  d'hjpophos- 
phite  de  baryum,  mais  plutôt  une  trace  de  sulfate  de  cuivre.  Dans  ces  conditions  seu- 
lement, le  sulfate  de  baryum  formé  ^e  dépose  rapidement  et  peut  même  être  séparé 
par  filtration  à  froid  sur  papier  durc^.  La  stabilité  de  la  solution  et  du  sel  solide  est 
aussi  plus  grande. 

»  La  solution  d'hypophosphile  cuivrique  peut  ainsi  être  amenée  à  renfermer  environ 
lo  pour  100  de  sel.  On  ajoute  à  cette  solution  un  grand  excès  d'alcool  fort,  qui  pro- 
voque la  formation  d'un  précipité  cristallin  d'hypophosphile  cuivrique.  On  dessèche 
ce  précipité  à  l'air  ou  sous  cloche  en  présence  d'acide  sulfurique. 

I)  L'hypophosphite  de  cuivre  ainsi' obtenu  est  d'un  blanc  éclatant.  Il  est  anhydre  et 
répond  à  la  formule  (PhO-H2)-Cu.  (Cu  trouvé  :  82,7  pour  100;  théorie  82,84.) 

»  Il  peut  être  conservé  pendant  plusieurs  jours  sans  s'altérer.  Sa  solution  étendue 
peut  être  portée  à  l'ébullition  sans  se  décomposer.  Ce  n'est  que  lorsque  la  concentra- 
tion se  rapproche  de  7  pour  100  que  la  décomposition  a  lieu  vers  60°.  A  l'état  sec, 
l'hypophosphite  de  cuivre  fait  brusduemenl  explosion  vers  90°,  en  dégageant  de  l'hy- 
drogène phosphore. 

))  J'ai  signalé  précédemment  que  le  palladium  précipité  par  l'acide 
hypophosplioreux  de  la  solution  de  .son  chlorure  a  la  propriété  d'oxyder 
une  quantité  illimitée  d'hypophosphite  de  baryum,  en  le  transformant  en 
pbosphite  avec  dégagement  d'hydrogène.  C'est  là  une  expérience  de  cours, 
très  propre  à  montrer  l'actionides  agents  dits  de  contact;  la  réaction  est 
théorique.  Ce  palladium  décompose  également  à  froid  l'hvpophosphite 
de  cuivre;  il  se  précipité  du  cuivre  métallique  (et  non  de  l'hvdrure),  il  se 
dégage  de  l'hydrogène  et  il  se  produit  de  l'acide  phosphoreux.  Lé  palla- 
dium précipité  provoque  donc  simultanément  une  oxydation  et  une  réduc- 


(  ^519  ^ 
tion.  La  réaction  a  lieu  d'après  l'équation 

(PhO^H')='Cu  -t-  aH^O  =  Cii  +  2PhO'H^  -i-  H'. 

»  J'ai  vérifié  que  la  décomposition  formulée  ci-dessus  est  tout  à  fait 
théorique,  en  provoquant,  par  le  palladium,  la  décomposition  de  7B'',63o 
d'hypophospliite  de  cuivre  et  en  dosant  les  produits  indiqués  dans  le 
second  membre  de  l'équation. 

1   J'ai  trouvé  : 

Hypophosphite 
de  cuivre. 

D'après  le  poids  du  cuivre 7  ,619 

D'après  le  volume  d'hydrogèue  recueilli  et  ramené  à  o"  et  à  760"'".  7)640 
D'après  l'acide  titré  par  acidimétrie  en  présence  du  méthylorange 

comme  indicateur 7,628 

»  I.a  non  formation  d'hvdrnre  de  cuivre,  à  froid  et  malg^ré  un  excès 
d'hydrogène  qui  se  dégage,  me  paraît  très  remarquable.  J'ai  vérifié,  d'autre 
part,  que  le  cuivre  précipité  ne  renfermait  aucune  dose  appréciable  de 
phosphore. 

»  La  décomposition  d'une  solution  d'hvpophosphite  de  cuivre  par  la 
chaleur  ne  se  fait  pas  de  la  même  manière.  Il  se  forme  d'abord  le  précipité 
brun  d'hydrure  cuivreux,  (jui  se  décompose  rapidement  en  cuivre  et  en 
hydrogène.  Le  dégagement  d'hydrogène,  d'abord  très  rapide,  se  continue 
ensuite  très  lentement,  pendant  un  temps  tort  long,  et  seulement  vers  100°. 
Il  est  facile  de  séparer  les  deux  phases  de  la  réaction. 

■)  Dans  la  première,  le  cuivre  est  précipité  et  il  se  dégage  exactement  la 
moitié  de  l'hydrogène  que  dégage  le  palladium  d'un  égal  poids  d'hypo- 
phosphite  de  cuivre.  La  décomposition  de  ce  sel  est  donc  représentée 
exactement  par  la  formule 

(PhO^H-)=Cu  -h  H^O  =.  Gu  ^  H=0  4-  PhO'H' +  PhO-H'. 

»  Tl  subsiste  donc,  dans  la  liqueur,  après  la  précipitation  du  cuivre 
(dont  il  reste  quelques  traces  en  solution,  environ  0,4  pour  100),  de 
l'acide  hypophosphoreux  qu'il  est  facile  de  reconnaître  par  la  réduction 
qu'il  fait  subir  au  sulfate  de  cuivre.  L'exactitude  de  la  formule  ci-de.ssus 
a  été  vérifiée  comme  celle  de  la  décomposition  de  l'hypophosphite  de 
cuivre  par  le  palladium. 

»  Diuis  la  seconde  phase,  le  cuivre  précipité  détermine  lentement, 
vers  100°,  l'oxydation  de  l'acide  hypophosphoreux  restant,  comme  le  pal- 

C.   K.,  1899,  j-  Semestre.   (T.  C\\I\,  ^■14.)  70 


(    520    ) 

ladium  le  fait  à  froid  et  plus  rapidement.  Cette  propriété  du  cuivre  pré- 
cipité, que  j'ai  déjà  signalée,  a  été  reconnue  depuis  par  MM.  Bartlett 
et  Walter  H.  Merril. 

»  Le  palladium  précipité  additionné  d'acide  hypophosphoreux  réduit 
à  froid,  avec  dégagement  d'hydrogène,  non  seulement  les  sels  de  cuivre, 
mais  aussi  ceux  de  bismuth  et  d'antimoine.  La  précipitation  est  totale.  Le 
métal  précipité  sur  le  palladium  ne  lui  enlève  pas  son  activité. 

»  Avec  le  chlorure  stanneux  et  les  sels  de  plomb,  il  y  a  précipitation 
partielle  de  l'étain  et  du  plomb,  sans  dégagement  d'hydrogène,  et  le  métal 
précipité  sur  le  palladium  lui  enlève  son  activité.  » 


CHIMIE    ORGANIQUE.    —    Aldéhydes  salicyhque   et  para-oxybenzoîque 
et  salicylhydramide .  Note  de  MM.  Delépiîhe  et  Rivals. 

«  Ayant  entrepris,  à  des  points  de  vue  différents,  l'étude  thermochi- 
mique des  dérivés  de  l'aldéhyde  salicylique,  nous  avions  obtenu,  chacun 
de  notre  côté,  des  résultats  incompatibles  avec  certaines  déterminations 
antérieures. 

)i  Nous  avons  cru  devoir  mesurer  à  nouveau  les  chaleurs  de  formation 
de  l'acide  et  de  l'aldéhyde  saHcvliques;  nous  y  avons  joint  celles  de  l'aldé- 
hyde /9.-oxybenzoïque,  du  salicylhydramide  et  quelques  expériences  de 
contrôle. 


»  1°  Acide  salicylique  C'H^O'.  ' —  Chaleur  de  combustion  moléculaire  à  volume 
constant  et  à  pression  constante  ;  728*^^',  2;  Slohmann  a  trouvé,  de  son  côté, 
d'abord  729^»', 5,  puis  plus  récemment  727*^^', i.  Adoptons  la  moyenne  de  ces  trois 
nombres,  soit  728^^',  3;  on  en  déduit  pour  la  chaleur  de  formation  par  les  éléments 
de  l'acide  solide  4-i38c=',8. 

»  Si  d'autre  part  on  adopte,  pour  la  chaleur  de  formation  du  phénol  solide,  +  36*^"', 8 
(Berthelot  et  Louguinine)  ('),  on  a  pour  la  réaction 

C'H^O  S0I.  +  CO2  gaz  =C\¥0^  sol 4- 7*^"', 7 

»  MM.  Berthelot  et  Werner  C"^)  oat  trouvé  directement  +6'^^', 3. 

»  2°  Aldéhyde  salicylique  G'H^O-.  —  Pour  débarrasser  rigoureusement  l'aldéhjde 
commercial  de  toute  trace  de  phénol  qui  élèverait  la  chaleur  de  combustion,  nous 
l'avons  précipité  par  l'ammoniaque  à  l'état  de  salicylhydramide.  Celui-ci  a  été  lavé  à 


(')  Ann.de  Chim.  et  Phys..  Ç>'  série,  t.  XIII.  p.  328;  1888. 
(-}  Ann.  de  Chim.  et  Phys.,  6=  série,  t.  VII,  p.  i46;  1886. 


(     521     ) 

l'eau  et  à  l'alcool  froids,  puis  décomposé  par  l'acide  chlorhydri/jue  étendu.  Après 
vingt-qualre  heures,  l'huile  déposée  est  séchée  et  distillée  :  c'est  de  l'aldéhyde  salicy- 
lique  pur  qui  passe  à  point  fixe  à  i95°,5  sous  760"""  de  pression  et  qui  ^e  io//f///?e 


Chaleur  de  combustion  pour  is'' 


cal 

(  6526,5 

(  6528,3 

Moyenne 6527 , 4 


/^,    ,         ,  ,      ^.  ,.     1  •      (  à  volume  constant.  ..  .         7q6'^'',34 

Chaleur  de  combustion  moléculaire  <  ,  .  „r.  1  /- 

(  a  pression  constante  .  .         796''*',  o 


Cal 


Chaleur  de  formation  par  les  éléments +70,5 

M   On  a  alors  pour  l'aldéhyde  transformé  en  acide  : 

C'HsOliq.  +  O^C'tPO^sol +68c-',3 

»  3°  Aldéhyde  para-oxybenzoïque  CIPO-.  —  Cristaux  fondant  à  116°. 


cal 


i  65o6,6 
Chaleur  de  combustion  pour  js"" }  6499,9 

\  6495,4 
Moyenne 65oo,6 

^,    ,         ,  ,        .  1,     .  •      l  à  volume  constant.  .,  .         7q3'^''',07 

Chaleur  de  combustion  moléculaire  {  .  r,    ,  J 

{  a  pression  constante  .  .         793*^^',  3 

Cal 

Chaleur  de  formation  par  les  éléments +73,8 

Chaleur  d'oxydation  de  l'aldéhyde  solide  transformé  en  acide 

para-oxybenzoïque  solide  (Stohmann) -t-67,4 

»  On  obtient,  en  résumé,  pour  la  chaleur  d'oxydation  des  deux  aldéhydes,  des 
valeurs  très  voisines  de  celles  que  fournissent  les  aldéhydes  benzoïque  (+ 68'^''',8), 
anisique  (4-  72<^'^',  1)  et  cinnamique  (+  70^"',  i). 

»  4"  Salicylhydramide  (C'IPO)^ Az-.  —  Ce  corps,  résultat  de  la  combinaison 
de  3  molécules  d'aldéhyde  et  de  2  molécules  d'ammoniaque  avec  élimination  de  3  mo- 
lécules d'eau, /o«(j?  toujours  à  167°,  quel  que  soit  le  mode  de  préparation.  Ce  point 
de  fusion  s'éloigne  beaucoup  de  ceux  qui  sont  indiqués  par  les  auteurs  :  Herzfeld 
(145°),  Lôwig  (ii6°).  L'analyse  ne  laisse  d'ailleurs  aucun  doute  sur  sa  composition 
(on  a  trouvé  :  0  =  72,73  pour  100,  H  —  5,37;  calculé  :  0=172,83,  H  =  5,2i). 

»  Notons  encore,  en  contradiction  avec  Ettling,  que  cet  hydramide  est  décomposé 
à  froid  rapidement  par  les  acides  et  les  alcalis  étendus.  L'aldéhyde  formique  eu  chasse 


(    5-22    ) 


égalemenl  l'aldéhyde  salicyliqiie. 


cai 
7802.9 

7299-2 

Chaleur  de  combustion  pour  i^' ''  7810,2 

i  73ii-9 
'  7808,8 

Moyenne 7806,6 

„,    ,  ,  ,        .  1.     1  •       i  à  volume  constant 2327,78 

Chaleur  de  combustion  moléculaire   '   ,  .  -  o 

i   a  pression  constante.  .  .       2026,9 

Cal 

Chaleur  de  formation  par  les  éléments -1-72,4 

»  D'où  l'équation  génératrice  : 
(I)     3C'H«OMiq.4-2AzIiMiss.=  (C"H«0)^\z2sol.^8H201iq.-h2  x  i2<:=^ 


90. 


M   A  titre  de  vérification,  nous  avons  pu  réaliser,  dans  le  calorimètre,  les 
réactions  suivantes  qui  s'achèvent  en  quelques  minutes  : 


(II) 
(III) 


(  (C'H«0)^Az^sol.-H8K0H(ir''i=i''') 

I       =3C"H»0-Kdiss.  +  2AzB3diss —  6'^'\ô 

8C"H=0=Kdiss. -H2  AzH^diss.+  SHCIdiss. 


3  K  Cl  diss.  H-  2  Az  H'  Cl  diss.  h-  8  C  WO'  liq. 


-45^=',  9 


))  On  en  déduit,  pour  la  réaction  (1),  2  x  iS^^^S.  La  concordance  ne 
laisse  rien  à  désirer. 

»  La  réaction  (II)  se  passe  en  deux  temps:  on  observe  d'abord  un 
dégagement  de  chaleur  d'au  moins  S*""', i,  dû  selon  nous  à  la  saturation 
par  la  potasse  de  la  troisième  fonction  phénolique  du  salicylbydramide, 
les  deux  autres  étant  déjà  saturées  dans  la  molécule  même,  ce  que  nous 
exprimons  par  le  schéma  suivanf.  : 


CH  — C^H^-OH 


C'>H--CH  = 

Az 

\    0^ 

A\ 

0 

y      \ 

C«H*— CH  = 

Az 

qui  représente  la  formule  d'un  hydramide  dans  lequel  les  deux  atomes 
d'azote  satiu-eiaient  deux  fonctions  phénoliques  en  devenant  penlavalents 
comme  dans  un  phénate  d'ammonium. 

»   Un  s'explique   alors  <jne   le  salicylhydrauiide   soit  Jaune    comme  un 


(  523  , 

salicylure,  au  lieu  d'êlre  blanc  comme  les  hydramides.  La  vraisemblance  de 
celle  hypothèse  est  encore  renforcée  par  ce  fait  que  cette  sorte  de  satura- 
tion interne  a  augmenté  légèrement  la  chaleur  de  formation  du  salicylhy- 
dramide  comparé  aux   autres  hydramides  (')  et  que   la   couleur  jaune 

/OCH'* 
n'existe  plus  dans  les  hydramides  dérivés  des  éthers  ortho  C H''  \  pi,  n     ^^ 

CH^x    ^.,  ^     ,  lesquels,  d'après  Perkin,  sont  blancs. 
\L>HO  '  ' 

»  L'aldéhyde  /;.-oxybenzoïque  contraste  singulièrement  avec  l'isomère 
ortho.  Pas  plus  qu'Herzfeld,  nous  n'avons  pu  en  préparer  aucune  combi- 
naison ammoniacale  stable  dans  les  conditions  ordinaires  ;  c'est  là  un 
curieux  résultat,  qu'une  fonction  phénolique  éloignée  paralyse  ainsi  les 
réactions  de  la  fonclion  aldéhyde,  d'habitude  si  aciive  vis-à-vis  des  com- 
posés azotés.    .' 


TÉRATOLOGIE.  --  Sur  un  monstre  double  slemopage  en  voie  de  formation, 
observé  sur  un  blastoderme  d'œuf  de  poule  (-).  Note  de  MM.  Bonmariage 
et  Petrucci,  présentée  par  M.  Marey. 

«  Il  n'y  avait  jusqu'à  présent  qu'une  observation  unique  d'un  fait  de  ce 
genre  chez  l'oiseau.  Elle  est  due  à  Allen  Thomson  (')  qui  a  vu  et  figuré  un 
sternopage  en  voie  de  formation  sur  le  blastoderme  d'un  œuf  d'oie.  La 
figure  d'Allen  Thomson  a  été  reproduite  par  M.  Dareste  dans  ses  Recherches 
sur  la  production  artificielle  des  monstruosités,  page  324,  édition  de  i8r)i .  Ce 
tyj)e  monstrueux  n'avait  jamais  été  observé  chez  la  poule. 

»  La  pièce  que  nous  avons  étudiée  est  malheureusement  en  fort  mauvais  état.  Elle 
provient  d'une  série  d'œufs  de  poule  que  nous  avions  mis  à  incuber  dans  une  atmo- 
sphère d'oxygène  au  cours  d'une  étude  sur  l'influence  des  milieux.  L'œuf  a  été  ouvert 
assez  tardivement,  au  septième  jour;  les  embryons  étaient  morts,  et,  en  partie, 
macérés;  d'après  leur  aspect  général,  on  peut  leur  attribuer  un  âge  qui  ne  dépasse 
guère  le  quatrième  jour.  Nous  n'aurions  point  figuré  cette  pièce  et  attiré  l'attention 
sur  ce  fait  si  l'exlrènie  rareté  de  ce  type  monstrueux  chez  l'oiseau  ne  lui  avait  donné 
une  importance  exceptionnelle. 

(')  Delépine,  Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  p.  3'|3;  i8g8. 

(-)  Ces  études  ont  été  faites  à  l'Institut  d'IIygiéue  de  Bruxelles,  dirigé  par 
M.  Bonmariage. 

{')  Voir  Re?narks  on  ihe  early  condition  and  probable  origin  of  doubla  mon- 
sters  {The  London  and  Edinburgk  nionthly  journal  of  médical  Science;  i844)- 


(  524  ) 

»  La  pièce  est  constituée  par  deux  embryons  enfermés  dans  un  amnios  unique;  les 
deux  corps  embryonnaires  sont  complètement  distincts  dans  la  partie  supérieure  et 
ils  étaient  également  distincts  dans  la  partie  inférieure,  ainsi  qu'on  en  peut  juger  par 
leur  direction  générale  et  par  ce  qui  subsiste  des  corps  embryonnaires  dans  cette 
région,  presque  complètement  détruite.  Ce  qui  reste  des  bourgeons  des  membres  infé- 
rieurs et  la  position  respective  sur  deux  plans  distincts  des  deux  embryons,  permet  de 
rejeter  toute  idée  d'union  future  par  les  colonnes  vertébrales,  les  bassins  ou  les 
membres  inférieurs.  On  voyait  des  îles  du  sang,  éparses  dans  l'aire  vasculaire. 

»  Les  deux  embryons  sont  retourné^  sur  le  jaune  et  se  font  vis-à-vis;  l'embryon  de 
gauche  est  dans  la  position  normale,  c'est-à-dire  retourné  sur  le  côté  gauche,  tandis 
que  l'embryon  de  droite  est  atteint  d'hétérotaxie  et  retourné  sur  le  côté  droit.  Au- 
dessous  des  têtes,  dans  la  région  qui  sépare  les  deux  corps  embryonnaires,  on  voit  un 
cœur  unique.  On  se  trouve  donc  bien  en  présence  d'un  sternopage  en  voie  de  for- 
mation. 


»  Cette  pièce,  qui  répèle  pour'le  poulet  les  conditions  de  l'observation 
d'Allen  Thompson  pour  l'oie,  vient  à  l'appui  de  la  théorie  que  Dareste  a 
émise  sur  la  formation  des  trois  types  de  monstruosité  sternopage,  thoraco- 
page,  ectopage,  formation  dont  le  fait  initial  est  constitué  par  l'inversion 
de  l'un  des  deux  sujets  et  l'unidn,  médiate  ou  immédiate,  des  deux  anses 
cardiaques  dans  l'inLervalle  qui  sépare  la  léte  des  deux  ennbryons.  L'anse 
cardiaque  du  sujet  de  droite,  sortie  à  gauche,  conduit  l'embryon  à  se  cou- 
cher sur  le  côté  droit  et  détermine  l'hétérotaxie;  venant  se  conjuguer  avec 
l'anse  cardiaque,  sortie  à  droite  du  sujet  de  gauche,  elle  forme  le  cœur 
unique  du  monstre  sternopage.  Plus  tard,  les  somatopleures,  amenées  au 
contact  par  suite  de  la  positiorl  des  deux  embryons,  donnent  les  parois 
costo-sternales  et  la  double  poitfine  de  ces  monstres. 

»  Nous  nous  expliquons  la  production  de  ce  monstre  sternopage  par 
l'influence  de  l'atmosphère  d'o^jygène  dans  laquelle  l'œuf  a  poursuivi  son 
développement.  Il  est,  en  effet;  inexplicable  qu'un  type  de  ce  genre  ait 
échappé  à  des  observateurs  aussi  sagaces  que  ceux  qui  se  sont  occupés  de 
la  tératologie  du  poulet  et  qui  ont  manipulé  un  nombre  considérable 
d'œufs.  Même  rare,  ce  type  monstrueux  eût  dû  se  présenter  au  moins  une 
fois  au  cours  de  ces  observations.  D'autre  part,  c'est  un  fait  d'observation 
—  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire  l'a  depuis  longtemps  signalé  —  que  cer- 
taines espèces  animales  sont  prédisposées  plus  que  d'autres  à  la  production 
de  certaines  monstruosités.  Celaexpliquerait  l'observation  unique  d'Allen 
Thompson,  celle-ci  portant  sur  uti  œuf  d'oie,  tandis  que  la  presque  totalité 
des  monstres  doubles  ornithologiques  a  été  observée  chez  la  poule. 

»   Cette  prédisposition  de  certaines  espèces  ii  produire  certains  types 


(  525  ) 

monstrueux  doit  être  considérée  comme  dépendant  de  l'individualité  du 
germe.  Le  fait  que  nous  avons  obtenu,  avec  l'incubation  dans  une  atmo- 
sphère artificielle  d'oxygène,  et  dès  les  premiers  débuts  de  notre  travail, 
un  monstre  double,  d'un  type  non  encore  observé  chez  la  poule,  conduit  à 
penser  que  certaines  conditions  extérieures  peuvent  retentir  sur  les  pro- 
priétés du  germe  inhérentes  à  l'espèce  et  qui  font  son  individualité  spéci- 
fique, de  telle  sorte  que  des  monstruosités  qui  ne  se  produisent  que  rare- 
ment, ou  peut-être  jamais  dans  une  espèce  déterminée,  lorsque  le  germe  se 
développe  dans  des  conditions  à  peu  près  normales,  peuvent  être  déter- 
minées de  façon  plus  ou  moins  fréquente  par  l'influence  de  conditions 
extérieures  entièrement  anormales.  Le  petit  nombre  d'œufs,  une  vingtaine 
environ,  que  nous  avons  soumis  à  l'action  de  l'oxygène,  tend,  du  reste,  à 
justifier  cette  opinion.  » 


GÉOLOGIE.  —  Complément  d' observations  sur  le  terrain  caillouteux  des  Préalpes 
vaudoises.  Note  de  M.  Stanislas  3Ie(j\ier. 

«  J'ai  eu  l'occasion  de  développer  les  raisons  tirées  de  l'observation 
sur  le  terrain,  comme  de  l'expérience  dans  le  laboratoire,  qui  me  font 
croire  qu'on  a  méconnu  la  signification  des  placages  de  terrain  caillouteux 
généralement  considéré  comme  glaciaire  dans  les  Préalpes  vaudoises  et 
dans  les  régions  de  constitution  analogue.  Les  stries  que  présentent  en 
abondance  les  galets  de  calcaire  polis  renfermés  dans  ce  terrain  se  ratta- 
chent, suivant  moi,  au  mécanisme  de  la  dénudation  souterraine  et  non  pas 
aux  conditions,  d'ailleurs  exceptionn<-lle>,  même  dans  les  moraines,  qui 
seules  ont  paru,  d'après  le  sentiment  môme  d'Agassiz,  avoir  pu  leur  donner 
naissance. 

»  C'est  comme  complément  à  ces  considérations,  confirmées  pour  moi 
d'une  manière  définitive  parles  études  de  cotte  année,  que  je  viens  signaler 
aujourd'hui,  en  quelques  mots,  les  particularités  qui  m'ont  été  offertes  par 
une  coupe  inopinément  rencontrée. 

»  On  peut  l'étudier  sur  la  rive  droite  du  torrent  appelé  la  Baie  de  Cla- 
rens,  qui  descend  du  pied  sud  du  mont  Folly  pour  se  jeter  dans  le  lac 
Léman.  Les  travaux  de  la  nouvelle  route  qui  doit  joindre  Blonay  à  Charnex 
ont  nécessité  l'exploitation  d'un  énorme  placage  de  terrain  caillouteux  au- 
quel on  emprunte  des  blocs  pour  les  niuraillements,  des  éclats  pour  le 
macadam  et  du  sable  pour  le  mortier.  Ce  placage  a  été  recoupé,  en  face  de 


(  n-îe  ) 

Brenf,  par  une  tranchée  de  200™  de  longnenr,  dans  laquelle  est  disposé 
nn  petit  chemin  de  fer  et  (font  les  parois  sont  très  instructives. 

»  Il  se  trouve,  en  effet,  qu'au  lieu  d'intéresser  ce  terrain,  comme  dans 
les  autres  localités,  langentiellement  au  flanc  des  montagnes  où  l'on  ouvre 
des  routes  avec  une  déclivité  aussi  faible  que  possible,  on  l'a  recoupé  celte 
fois  presque  suivant  la  ligne  de  plus  grande  pente  ;  il  en  est  résulté,  à  mon 
point  de  vue,  des  enseignements  tout  nouveaux. 

1)  Cette  ligne  de  plus  grande  pente  est  très  diversement  inclinée  suivant 
les  points  :  sur  le  flanc  du  coteau  elle  plonge  rapidement,  mais  plus  haut 
elle  tend  vers  l'horizontalité.  Et  la  consécpience  c'est  que  les  eaux  d  in- 
filtration ruissellent  dans  la  masse  avec  inie  activité  très  inégale,  ici  et  là, 
et  que  le  travail  de  la  dénudation  souterraine  est  très  loin  d'être  uniforme. 

1)  Tandis  que  sur  le  flanc  du  cpteau  la  soustraction  des  poussées  souter- 
raines est  très  rapide  et  que  les  tassements  correctifs  producteurs  des 
stries  sont  continus  et  étendus,  plus  haut,  au  contraire,  ce  travail  est  très 
modéré  et  peu  sensible.  Aussi,  <|ans  le  premier  cas  et  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  voil-on  la  boue  beaijcoup  moins  abondante  pendant  que  les 
galets  calcaires  sont  très  richement  striés,  tandis  que,  dans  l'autre  cas,  on 
observe  des  intercalations  de  lits  limoneux  et  un  excès  de  boue  qui,  bien 
loin  de  présenter  la  structure  'ides  moraines,  permet  de  retrouver  des 
formes  de  deltas  superposés.  En|même  temps,  on  reconnaît  que  les  stries 
font  défaut  à  peu  près  complèteii|ent. 

i>  Sans  entrer  dans  le  détail  de  cette  coupe,  que  j'ai  relevée  d'une  ma- 
nière complète  et  que  je  donnettai  ailleurs,  il  importe  de  faire  remarquer 
comment  ces  faits,  qui  sont  iicompalibles  avec  l'hvpothèse  glaciaire, 
peuvent  confirmer  au  contraire  k  manière  de  voir  que  je  piopose. 

)>  Il  n'y  aurait,  en  effet,  aucune  raison  pour  que  le  nombre  des  blocs 
striés  par  le  glacier  variât  avec  la  distance  au  thalweg  actuel  :  au  contraire, 
si  l'on  rattache  les  stries  à  l'intensité  de  la  dénudation  souterraine,  on  peut 
prévoir  les  faits  observés.  Cette  Intensité  varie  en  effet,  sans  aucun  doute, 
quant  au  cube  de  matière  dont  elle  détermine  la  soustraction  et  quant  à  la 
puissance  des  tassements  qui  en  résultent,  avec  la  forme  môme  du  terrain. 

))  En  terminant,  je  constaterai  que  mes  publications  sur  cette  question 
ont  amené  des  géologues  à  modifier  leur  première  opinion.  M.  Schardt, 
par  exemple,  sans  renoncer  à  l'idée  que  les  placages  de  terrains  caillou- 
teux sont  glaciaires,  admet  que  les  stries  ne  sont  pas  dues  au  mécanisme 
ordinaire  (friction  entre  le  glacier  en  mouvement  et  la  roche  sous-jacente), 
mais  que  le  glacier,  montant  sur  la  moraine  déjà  constituée,  aurait  par  son 


(  527) 
poids  déterminé  les  tassements  générateurs  de  stries.  Ce  changement  de 
point  de  vue  est  pour  moi  très  précieux  :  je  le  regarde  comme  un  premier 
terme  dans  une  évolution  qui  ne  s'arrêtera  pas  là.   » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  Un  voyage  aérien  de  longue  durée,  de  Pans  à  la 
Méditerranée,  exécuté  le  16-17  septembre  dernier.  Note  de  M.  Gcstave 
Hermite. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  le  résumé  de  l'ascension 
que  nous  venons  d'exécuter,  M.  Maurice  Farman  et  moi,  à  l'usine  à  gaz 
du  Landy  (Saint-Denis),  le  16  septembre  dernier. 

»  Partis  à  6'^  25""  s.,  nous  avons  atteint  l'altitude  barométrique  de  4700™, 
d'après  nos  enregistreurs  Richard,  qui  ont  parfaitement  fonctionné  et  qui 
ont  été  spécialement  contrôlés  avant  et  après  notre  voyage  par  les  soins  de 
M.  J.  Jaubert,  directeur  du  Service  météorologique  de  la  ville  de  Paris. 

))  Notre  descente  s'est  effectuée  sans  accident,  par  un  très  violent  mis- 
tral, au  sud  de  Vergière,  sur  les  bords  de  la  Méditerranée,  près  du  golfe  de 
Fos  (embouchure  du  Rhône),  après  avoir  séjourné  quinze  heures  huit 
minutes  dans  l'atmosphère  (dislance  parcourue  655''™). 

»   Notre  aérostat  cubait  igSo"".  Comme  instruments,  nous  avions  à  bord  : 

»  i"  Un  triple  enregistreur  (bar.  therm.  hygr.)  disposé  dans  le  panier 
parasoleil  et  suspendu  suivant  notre  coutume; 

»   2°  Un  baromètre  enregistreur; 

»  3**  Un  indicateur  de  route,  appareil  fondé  sur  l'utilisation  du  vent  rela- 
tif et  expérimenté  pour  la  première  fois.  Je  l'avais  conçu  dans  le  but  de 
déterminer  la  direction  de  l'aérostat  lorsqu'on  a  perdu  tout  point  de  repère 
dans  les  nuages.  Je  me  propose  de  donner,  dans  une  prochaine  Communi- 
cation, la  description  de  cet  appareil  et  les  résultats  obtenus  au  cours  de 
cette  ascension. 

»  Nous  emportions  aussi  divers  instruments,  boussoles,  appareils  pho- 
tographiques, lampes  électriques,  etc. 

»  Enfin,  une  partie  de  notre  lest  était  constituée  par  dix  mille  feuilles 
questionnaires,  classées  et  numérotées  d'une  façon  spéciale,  et  que  nous 
avons  semées  pendant  toute  la  durée  de  notre  voyage,  à  des  heures  déter- 
minées. Beaucoup  de  ces  feuilles  nous  ont  été  renvoyées  par  la  poste. 
Grâce  au  précieux  concours  des  habitants  qui  avaient  rempli  nos  question- 
naires, nous  avons  pu  reconstituer  avec  précision,  non  seulement  toute 

C.  R.,  1899,  2*  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  14.)  7  ' 


(  528  ) 

notre  trajectoire,  mais  aussi  toutes  les  variations  tic  notre  vitesse  horizon- 
tale. 

»  Notre  départ  s'est  efîecliié  par  un  temps  à  grains  et  un  vent  de  nord-ouest  assez 
fort,  qui  nous  a  fait  parcourir  60'^'"  dans  la  première  heure.  Notre  direction  vers  le 
sud-est  n'a  pas  varié  pendant  la  nuit,  mais  la  vitesse  a  diminué  graduellement  jus- 
qu'au malin  (16'''"  à  l'heure  au  sud  de  Chalon-sur-Saône).  Nous  avons  été  constam- 
ment entourés  d'énormes  nuages,  sans  recevoir  de  pluie.  Nous  avons  entrevu  la  Terre 
à  travers  de  rares  éclaircies  et  la  Lune  nous  a  permis  d'observer  plusieurs  phénomènes 
d'optique  : 

»  1°  Un  arc-en-ciel  absolument  incblore,  qui  apparut  quelques  instants  à  notre 
gauche,  peu  en  dessous  de  nous  vers  Si^ldu  soir; 

)>  2°  Plusieurs  apparitions  de  l'ombré  du  ballon,  projetée  sur  les  nuages  et  entourée 
d'une  petite  auréole  également  incolore. 

»  L'humidité,  contrairement  à  la  loi  générale,  augmentait  avec  l'altitude  et  attei- 
gnait (à  quelques  centièmes  près)  le  pojint  de  saturation  à  2800™,  maximum  de  hau- 
teur nocturne  atteinte  peu  avant  l'aurore  (therm.  —  5°C.) 

»  Au  petit  jour,  nous  nous  sommes  (jirigés  directement  vers  le  sud,  et  notre  vitesse, 
faible  au  début  de  ce  nouveau  courant^rien,  a  été  constamment  en  augmentant,  au 
point  de  se  transformer  en  un  mistral  terrible  à  quelques  centaines  de  kilomètres 
plus  au  sud.  C'est  en  ce  point  de  biflircation  (sud  de  Chalon-sur-Saône),  par  2500" 
(H.::;  36;  T. =3  — 4°)  d'altitude,  que  noas  avons  aperçu  un  nuage  enferme  de  trombe 
qui  nous  a  enveloppés  en  tournant  autiur  de  nous.  L'équilibre  de  l'aérostat  fut,  en  cet 
instant,  très  compromis.  Je  suppose  cjiie  nous  devions  être  entraînés  en  ce  moment 
dans  une  sorte  de  tourbillon,  formé  au  i)oint  de  rencontre  des  deux  courants  aériens, 
que  nous  avons  suivi.  , 

»  Etant  redescendus,  à  5''52°^  du  rajatin,  jusqu'à  900'",  nous  reconnaissons  le  pays 


des  Dombes  (45'^'"  au  nord  de  Lyon) 
pluie.  Notre  aérostat  commença  alors 


et  nous  recevons  quelques  grosses  gouttes  de 
à  remonter  vers  les  hautes  régions.  A  3  800°', 
nous  dépassons  les  nuées  et  nous  assiitons  au  spectacle  merveilleux  de  la  mer  des 
nuages,  ondulée,  d'où  émergeaient  au  bin  les  principales  sommités  des  Alpes. 

»  Le  mont  Blanc  nous  servit  longtemps  ainsi  de  guide.  A  4ioo™,  nous  avons  tra- 
versé un  nuage  de  glace  diaphane  et  (Composé  de  cristaux  microscopiques  qui  se  dé- 
posaient sur  nous  avec  un  crépitement  particulier  (therm.  :  — 7°;  hygrom.  :  4o). 
Au-dessous,  pluie  légère.  Nous  avons'  vu  aussi,  phénomène  rare,  Viniage  du  Soleil 
réfléchie  par  la  mer  des  nuages  faisint  l'oflice  d'un  miroir.  Nous  suivons  la  rive 
gauche  du  Rhône,  les  nuages  se  dissolvent  peu  à  peu  sur  le  fleuve  et,  balayés  parle 
mistral,  se  rejettent  sur  les  montagnes.  Au-dessous  de  nous,  s'ouvre  alors  un  abîme 
transparent,  au  fond  duquel  nous  voyonsidéfder,  avec  une  rapidité  foudroyante.  Valence 
Montélimar,  Orange A  9'^i2",  au  zénith  d'.\vignon,  nous  apercevons  la  mer  (baro- 
mètre, altitude  :  4700™;  therm.:  —10°;  hygrom.:  26).  Nous  laissons  descendre  l'aérostat 
et  ressentons  un  vent  relatif  violent.  A  iSoo'",  le  vent  siffle  avec  un  bruit  strident. 
A  9''33'",  nous  atterrissons  dans  la  Crau,  après  quelques  terribles  secousses.  Nous 
venions  défaire  iSo"^'"  à  l'heure  depuis  Avignon,  et,  à  terre,  la  vitesse  du  mistral  est 
bien  j)lus  grande  encore,  mais  je  n'ose  l'estimer. 


(  529  ) 

))  iNons  altribimiis  le  succès  de  cet  atterrissage,  effectué  dans  des  cir- 
constantes  aussi  périlleuses,  à  l'excellent  fonctionnement  des  organes 
spéciaux  conçus  par  M.  Besançon  en  vue  de  notre  ascension. 

»  Nos  diagrammes  sont  très  nets  et  établissent  une  décroissance  de 
température  de  i°  par  i85".  La  marche  de  l'hygromètre  a  été  normale 
pendant  le  jour.  Nous  avons  pris  aussi  quelques  bonnes  photographies 
dans  les  hautes  régions. 

»  En  terminanf,  je  me  permettrai  de  faire  remarquer  que  nous  avons 
suivi  exactement  la  direction  qui  nous  avait  été  indiquée,  le  matin  même 
de  notre  départ,  par  le  Bureau  central  météorologique.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Ecarts  barométriques  sur  le  méridien  du  Soleil  aux 
jours  successifs  de  la  révolution  tropique  de  la  Lune.  Note  de  M.  A.  Poin- 
GARÊ,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Préliminaires.  —  Voir  plus  parliculièremenl  les  Coinniiinications  des  2^  avril 
et  10  juillet  1899,  n°'  17  et  2.  L'année  étudiée,  le  mode  de  procéder  et  les  notations 
restent  les  mêmes  (8  déclinaison  de  la  Lune,  X  latitude  du  point  considéré,  E^L  équi- 
lune,  LB,  I^A  lunistice  boréal,  austral,  etc.). 

»  Je  numérote  les  jours  tropiques  de  i  à  27,  le  jour  1  étant  celui  où  la  Lune,  en 
ascension,  a  dépassé  l'équaleur  avant  midi-Paris.  Quand  l'E^L  est  avant  le  premier 
minuit  du  jour  i,  je  prends  encore  pour  cote  du  midi  dudit  jour  la  moyenne  des  cotes 
des  jours  o  et  i.  J'appelle  : 

»  Jours  antithétiques,  deux  jours  où  la  Lune  est  en  déclinaisons  contraires,  les 
plus  voisines  de  l'égalité  en  valeur  absolue  et  en  môme  marche,  rappi-ochement  ou 
éloignement,  par  rapport  à  l'équaleur^  i  et  i5,  2  et  16,  .  .  .,  i3  et  27,  dilTérence  i4; 

»  Jours  symétriques,  déclinaisons  contraires  et  marche  inverse  par  rapport  à  l'équa- 
leur, 1  et  27,  .  .  .  ,  i3  et  i5,  somme  28  ; 

»  Jours  opposés,  mêmes  déclinaisons,  et  marche  inverse,  i  et  i3,  ...,  6  et  8,  i5 
et  2-,  ...  ,  19  et  28,  somme  i4  ou  42. 

»  Les  jours  7  et  21,  jours  du  LB  et  du  LA,  sont  à  la  fois  antithétiques  et  symé- 
triques, chacun  d'eux  est  son  propre  opposé. 

»  Cette  nomenclature  n'a  d'autre  prétention  que  de  s'adapter  à  l'objet  de  mon  étude 
et  à  l'utilisation  des  documents  compulsés. 

»  Les  valeurs  des  déclinaisons  ne  sauraient  que  par  exception  être  exactement  les 
mêmes  aux  deux  midi-Paris  de  jours  antithétiques,  symétriques  ou  opposés.  La  dif- 
férence qui,  dans  les  moyennes  de  l'année,  n'ei-t  f[ue  de  o'',5  aux  antithétiques  7  et  21 , 
atteint  i°59'  aux  11  et  26  et  3°i6'  aux  1  et  i5. 

»  Généralités  sur  les  effets  de  la  révolution  tropique  et  leur  représentation.  — 
Restant  sur  le  méridien  de  Greenwicli,  je  prends,  dans  les  dix  mois  en 
pendant  deux  à  deux,  les  écarts  barométriques  moyens  aux  jours  succès- 


(  53o  ) 

sifs  de  la  révolution  tropique.  Les  effets  de  la  rotation  terrestre  et  de  la 
révolution  de  la  Lune  autour  de  la  Terre  sont  éliminés.  Je  continue  à  faire 
provisoirement  abstraction  de  ceux  de  la  révolution  anomalistique. 

»  Subsistent  les  effets  qui  se  produisent  uniformément  suivant  le  méri- 
dien sur  tout  l'hémisphère  et  qui  résultent,  pendant  le  temps  donné,  de 
l'action  en  soulèvement  ou  en  compression  proportionnelle  à  sin>,  sinS  et 
de  la  traction  proportionnelle  à  cosl  sinS  (sens  S.-N.  pour  S  positive;  for- 
mules, p.  io54,  Comptes  rendus,  4  avril  i8g8).  Restent,  en  outre,  ceux  des 
refoulements  et  reflux,  soit  des  retombées  et  des  appels  d'air,  conséquence 
du  mouvement  méridien  et  de  la  variation  des  parallèles. 

»  Il  faut  aussi  compter  avec  le  mouvement  de  bascule  que  provoque  la 
marche  en  spirale  de  la  trace  de|la  Lune.  Il  disparaît  d'ailleurs  dans  les 
demi-sommes  des  écarts  de  part  ef.  d'autre  d'un  parallèle. 

))  Il  en  est  de  même  des  effets, |plus  considérables,  produits  par  la  diffé- 
rence entre  les  reliefs  des  deux  (Quarts  de  méridien  et  de  leurs  prolonge- 
ments sur  l'hémisphère  austral  :  lès  situations  aux  côtés  opposés  sont  géné- 
ralement contraires. 

»  De  plus,  les  conditions  moyennes  des  reliefs  étant  à  peu  près  les  mêmes 
sur  l'hémisphère  que  sur  le  mé^-idien  considéré,  les  demi-sommes  ainsi 
établies  sur  chaque  parallèle  peuvent,  sans  grande  erreur,  être,  dans  les 
moyennes,  appliquées  à  tout  le  parallèle.  La  somme  des  écarts  sur  le  paral- 
lèle est  donc  proportionnelle  au  produit  de  cette  demi-somme  par  le  cosinus 
de  la  latitude.  1 

»  Je  choisis,  pour  les  représenter  sur  la  double  figure  ci-après,  oîi  les 
lignes  d'abscisses  correspondent  Çncore  aux  cotes  normales  dues  au  Soleil, 
les  écarts  moyens  de  l'année  dans  les  quatre  jours  tropiques  i,  3,  7  et  ii. 
Lune  boréale,  et  dans  les  quatre  jours  respectivement  antithétiques,  i5, 
17,  21  et  25,  Lune  australe.  J'utiljse  au  besoin,  dans  la  présente  Note,  les 
chiffres  trouvés  pour  les  jours  intermédiaires. 

»  Comme  nous  considérons  les  moyennes  d'une  année,  si  les  valeurs 
absolues  des  déclinaisons,  aux  mjdis  de  deux  jours  antithétiques,  étaient 
exactement  égales,  les  écarts  actjuis  à  ces  deux  midis  seraient  inverses, 
leurs  profils  suivant  le  méridien  seraient  symétriques.  Les  courbes  antithé- 
tiques qui,  sur  la  double  figure,  s'écartent  le  plus  de  la  parfaite  svmétrie, 
sont,  en  effet,  celles  des  jours  où  les  valeurs  des  déclinaisons  diffèrent  le  plus. 

»  L'opposé  est  l'antithétique  du  symétrique.  Il  y  a,  entre  opposés  et 
entre  symétriques,  des  relations  plus  complexes,  reliées  à  la  somme  des 
actions  en  la  demi-révolution. 


Écarts  barométriques  produits,   sur  le  méridien  du  Soleil  par  la  révolution  tropique. 


70 

Di'     10?    20»    30?    M)°    50?    EO?    70?    8 

û"    90»    80?    70?    60?    se-  M?    30?  20?    10»     0 

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Jours  I  et  i5  Jours  3  et  17 

Jours  7  et  31    — Jours  11  et  aS 

Moyenne  boréale  et  australe 


(  532  ) 

^,  ,         _    -.    ascendante 

,,   Ecarts  au  fole.   -    Aux  E9L  jg,,,„,i,„je 


±  7""™,  5.   K   l±  8°,    nuls. 


A  LB  et  à  LA:  ±9""".  Vers  ^±10"  a.eendante  '  ^P'"^^  J°"'''   "   ''^  "   ' 
»   Moyenne  des  écarts  en  Lune  boréale   ou  australe  :   pour  les  jours 


rp/j'^^jf);  pour  l'ensemble  des  jours, 


%;>. 


représentes, 

»  Écarts  à  t'équateur.  —  Vont  de  o  aux  Eg^L  à  qio'"'",/i5  à  LB  ou  LA. 
De  LB  ou  LA  à  EyL,  retour  à  o.  Ressaut  oscillant. 

»  Écarts  intermédiaires.  —  AJjstraction  faite  des  petites  irrégularités 
cpi'on  trouve  surtout  du  côté  atlantique,  les  deux  profds  moyens,  Lune  bo- 
réale et  australe,  atteignent  à  la  atitude  /[0°d=o'°'°,  75,  puis  se  rapprochent 
et  touchent  à  la  ligne  des  abscissîs  à  70",  pour  de  là  s'élancer  vers  le  mini- 
mum ou  le  maximum  polaire. 

»  Aux  jours  I  et  i5,  les  écarts  restent  de  même  sens  qu'en  la  demi- 
révolution  antérieure,  au-dessus  du  parallèle  45°.  et  passent  à  l'autre  sens 
au-dessous.  Aux  3  et  17,  écarts  du  nouveau  sens  fortement  accusés  entre 
10°  et  5o°,  court  renversement  -sers  60"  ou  70°  ;  pointes  polaires  retournées 
et  rapidement  développées.  Au;:  7  et  21,  grande  progression  des  pointes 
polaires  et  élargissement  de  leu^  base;  de  l'autre  côté  de  la  ligne  des  abs- 
cisses, il  ne  reste  plus  que  les  saillies  du  parallèle  70°.  Aux  1 1  et  iS,  plus 
grand  développement  des  écart!  au-dessus  de  60°;  des  mouvements  con- 
traires s'accentuent  au-dessous. 

»  De  Yq\j  ascd.  k  LB.  la  sajllie  positive  des  latitudes  intermédiaires 
remonte  de  10°  ou  20"  à  70°.  De  LB  à  Eqh  ascd.,  elle  disparaît  d'abord 
dans  l'élargissement  du  trou  polaire,  puis  reparaît  à  70°.  De  EyL  à  LA, 

îile  et  la  pointe  polaire  une  excavation  qui 
5  le  mouvement,  autrefois  étudié,  des  lignes 
de  maxima;  c'est  la  substitutioh  du   chapelet  circompolaire  de  la  Lune 
australe  à  la  grande  dépression  polaire  de  la  Lune  boréale. 

»  Ne  pas  perdre  de  vue  quepes  effets  se  superposent,  en  chaque  mois 
tropique,  à  une  situation  créée  par  la  marche  similaire  et  treize  fois  plus 
lenle  des  saisons. 

»  Variation  de  la  pression  moyenne  sur  l'hémisphère.  —  On  a,  à  un  jour 
donné,  l'écart  moyen  de  l'hémisphère  en  divisant  par  la  somme  des  cosinus 
la  somme  des  écarts  movens  sur  les  parallèles  5°,  i5°,  . .  . ,  85°. 

»  La  moyenne  des  écarts  en  Lune  boréale  et  australe  n'est  que  de 
_  o""",5o.  Les  plus  grands  sont  de  i'"'"  «4  se  présentent  aux  jours  9  et  23, 
deux  jours  après  LB  et  LA. 


elle  recule  à  40°.  laissant  entre 
s'approfondit  de  LA  à  Eç'L.  Ces 


(  53:-i  ) 

))  Le  passage  des  —  aux  -f-  s'opère  un  peu  après  l'EyL  asccl.,  vers 
la  déclinaison  —  3°,  par  un  relèvement  barométrique  rapide  de  i™"  dans 
les  jours  l/^  et  i5.  Le  passage  des  -l-  aux  —  se  fait,  au  contraire,  par  des 
oscillations  aux  27,  i  et  2.  On  trouve  à  faire  des  distinctions  analogues 
entre  les  deux  équinoxes. 

»  La  comparaison  de  six  mois  synodiques  aux  six  autres  me  donne,  de 
la  même  façon,  une  moyenne  barométrique  sur  l'hémisphère  de  759""",  74 
en  Soleil  austral  et  de  769""", 68  en  Soleil  boréal.  Si  l'on  coupait  l'année 
exactement  aux  équinoxes,  les  différences  avec  la  moyenne  759'"™, 7 
seraient  plus  sensibles.  Quoi  qu'il  en  soit,  pour  la  révolution  tropique  de  la 
Lune  et  pour  la  marche  des  saisons,  ce  qu'il  y  a  de  plus  caractéristique 
dans  les  mouvements  barométriques  d'ensemble,  ce  sont  les  différences  par 
zones  terrestres  et  celles  entre  les  jours  tropiques  lunaires,  ou  les  demi- 
mois  solaires.    » 

M.  VON  SiciiART  adresse  une  Note  relative  à  un  calendrier  perpétuel. 

M.  E.  Graxboulan  adresse  une  Note  su"  un  système  de  propulsion  des 
navires  à  vapeur. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  18  septembre  1899. 

Comment  on  défend  son  bétail.  Moyens  de  prévenir  et  de  combattre  la  fièvre 
aphteuse  (^cocote^,  par  G.  Fabius  de  Champyille.  Paris,  s.  d.;  i  fasc.  in-i8. 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

Statistique  sanitaire  des  villes  de  France  et  d' Algérie,  pendant  l'année  1897, 
et  Tableaux  récapitulatifs  des  années  1 886  à  1 897 .  (  1 2*  a  nnée .  )  Mel un,  1 899  ; 
I  vol.  petit  in-4°. 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  i"  Partie,  1899,  2*  trimestre.  Paris, 
V^<^Ch.  Dunod;  i  vol.  iii-8". 


(  534  ) 

Mémoires  de  la  Soeiélé  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Marne.  2*  série, 
t.  I,  i"et  2*  Parties,  1898-1899.  Chàlons-sur-Marne,  Martin  frères,  1899; 
2  vol.  in-8°. 

Koninkrijk  der  Nederlanden.  Slalistiek  van  den  in-,  uit-  en  doorvoer,  over 
hetjaanSgS,  uitgegeven  doorhet  deparlment  vanfinanciën;  eerste  gedeelte. 
1899;  I  vol.  in-f°. 

List  of  members  of  ihe  British  Astronomical  Association.  Septeniber  1899. 
London  ;  i  fasc.  in-S".  / 

The  record  of  the  Royal  Societ^ .  1897,  n"  1.  London,  Harrison  and  Sons, 
1897  ;  I  vol.  in-8°. 

The  Chicago  Academy  ofScien\^es.  Fortieth  annual  Report  for  the  year  1897. 
Chicago,  U.  S.  A.,  1898;  i  fascl  in-8°. 

The  Pleistocene  features  and  4epositis  of  the  Chicago  Area,  by  Frank  Le- 
VERETT.  (The  Chicago  Academy  of  Sciences,  Bull.  n°  11  of  the  geological 
and  natural  history  Survey,  issued  May  1897.)  i  fasc.  in-8". 

American  chemical  Journal,  edited  by  Ira  Remsen.  Vol.  XX,  n"*  8-10 
(1898);  Vol.  XXI,  n°'  1-5  (18L).  Baltimore,  1898-99;  8  fasc.  in-8°. 

The  institution  of  mechanical  mgineers.  Proceedings.  1 899,  n"  1 .  London  ; 
I  vol.  in-8°. 

American  Journal  of  Mathemàlics.  Edited  by  Thomas  Craig,  with  the  co- 
opération of  Simon  Newcomb,  published  under  the  auspices  of  the  Johns 
Hopkins  University.  Vol  XX,  n>  4  (1898);  Vol.  XXI,  n°*  1-2  (  1899).  Balti- 
more, 1898-99;  3  fasc.  in-4°. 

Memoirs  and  proceedings  of  ihe  Manchester  luerary  and  philosophical  So- 
ciety. 1898-1899.  Vol.  XLIII,  part  4.  Manchester,  1  fasc.  iu-8°. 

Nova acta  regiœ  Societatis scieJitiarum  upsaliensis.  Seriei  tertiie,  Vol.  XVIIJ, 
fasc.  1.  1899.  Upsalise,  Ed.  Berling,   1899;  i  vol.  in-4''. 

Annalien  der  k.  k.  Universitats-Sternwarte  in  Wien,  herausgegeben  von 
Edmund  Weiss.  XIII.  Band.  Wien,  1898;  i  vol.  in-4". 

Memorias y  revista  delà  Sociedad cientifica  Antonio  Alzate,  publicadasbajo 
la  direccion  de  Rafaël  Aguilar  y  Santillan.  T.  XII  (1898-99),  n°»  4,  5  y  G. 
Mexico,  1899;  I  fasc.  in-8". 


Il ■  MOO- 


On    souscrit    à    Fans,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

•epuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  rolume»  ln-4* 
les,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.    L'abonnement  est 
art  du  i"  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  20  fr.  -  Départements  :  30  fr.  -  Dnion  postale  :  34  fr.  -  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


ers. 


chez  Messieurs  : 
1 Ferryn  irères. 

ÎChaix. 
Jourdan. 
Ruir. 

ens Courtin-Hecquet. 

Germain  etGrassin. 
Lachèse. 

tnne Jérôme. 

nçon Jacquard. 

j  Feret. 

leaux j  Laurens. 

(  Muller  (G.). 

'ges Renaud. 

/  Derrien. 
j  F.  Robert. 

j  J.  Robert. 

(  Uzet  frères. 

1 Jouan. 

nbery Perrin. 

Henry. 
Marguerie. 
Juliot. 
Ribou-CoUay. 

iLamarche. 
Ratel. 
Rey. 

(  Lauverjal. 
I  Degez. 
(  Drevet. 
\  Gralier  et  C'.v 
\otheUe Foucher. 

Rourdignon. 
Dombre. 
Thorez. 
Quarré. 


'bourg. . 


mont-Ferr... 


\oble. 


Lorient 

Lyon 

Marseille. .  ■ 
Montpellier . 
Moulins..    .. 


Nantes 


chez  Messieurs  : 
Raumal. 
M"*  Texier. 

Rernoux  et  Cumin 
Georg. 
i  C6te. 
Sa\'y. 
Vitte. 
Ruât. 
Calas. 
Goulet. 
Martial  Place 

!  Jacques. 
Grosjean-Maupio. 
Sidot  frères. 
Loi  seau. 
Veloppé. 
Barnia. 
Visconti  et  C*. 

Nîmes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

Blanchier. 
Marche. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Rocheforl Girard  (M""). 

\  Langlois. 
(  Lestringant. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Nice. 


Poitiers. . 


Rouen 

S'-É tienne  . . 
Toulon 

Toulouse...    . 
Tours — 
Valenciennes. 


Chevalier. 
(  Ponteil-Burle^. 
(  Humèbe. 

Gimet. 

Privât. 

Boisselier. 

Péricat. 

Suppligeon. 

Giard. 

Lemaître. 


Amsterdam. 


Berlin. 


/As 
JDa 


Bucharest. 


chez  Messieurs  ; 
Feikema   Caarelsen 
et  Cl*. 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C'*. 
âmes. 
,  Friedlander  et   fils. 

Mayer  et  Millier. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanicbelli. 

Lamertin. 
Bruxelles l  Mayolezet Audiarte. 

Lebégue  et  C'". 

Sotcheck  et  C°. 

Storck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deigbton,  BelletC". 

Christiania Camraermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Hôst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gênes Beuf. 

I'  Cherbuliez. 
Georg. 
Stapelrnohr. 
Belinfante  frères. 
(  Benda. 
(  Payot. 
Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig /  Lorentz. 

Max  Rube. 
Twietmeyer. 
Desoer. 
^'^S« iGnusé. 


Genève. . 

La  Haye. 
Lausanne 


Londres    

Luxembourg. 

Madrid  ...... 


Milan 

Moscou. . . . 
Naples. . . . 

Netv-ïork. 


Odessa 

Oxford 

Palerme 

Porto 

Prague 

Rio-Janeiro . 

Rome ....... 

Rotterdam. 
Stockholm.. . 


S'-Petersbourg . 


Turin . 


Varsovie. 
Vérone . . . 


Vienne . 
ZUrich. 


chez  Messieurs 

iDulau. 
Hachette  et  C'« 
Nutt. 
V.  Bùck. 

!Libr.  Gutenbei 
Romo  y  Fussel 
Gonzalès  e  hijc 
F.  Fé. 

1  Bocca  frères. 
(  Hœpli. 

Tastevin. 

Marghieri  di  G 

Pellerano. 
'  Dyrsen  et  Pfeii 

Stechert. 

Lemckéet  Buec 

Rousseau. 

Parker  et  G" 

Clausen. 

Magalhaès  et  M 

Rivnac. 

Garnier. 

Bocca  frères. 

Loescher  et  C". 

Kramers  et  fils, 

Samson  et  Wal 

Zinserling. 

Wolir. 

Bocca  frères. 

Brero. 

Clausen. 

RosenbergetSeï 

Gebethner  et  W 

Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C". 

Meyer  et  Zeller. 


UBLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  —  (3  Aoflt  i835  à  Si  Décembre  i85o.)  Volume  in-4'';  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.— (i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à   91.—  (i"  Janvier  1866  à  3i  Décembie  1880.)  Volume  in-4'';  1889.  Prix 15  fr. 

SDPPLÉMENT  ADX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

nel:  Mémoire  sur  quelques  points  delà  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DebbÉs  et  A.-J.-J.  Soliek.—  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturba  lions  qu'épruuvei 
;teB,  par  M.  Hanjen. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  niati 

es,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4°,  avec  32  planches  ;  i856 Il 

Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Benedes.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Scie 


ne  II  : 

le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  descorpsorganisés  fossiles  dans  lesdifférents  terrains  s 

ntaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la   na 

rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  régne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4°,  avec  27  planches;  1861..  .       IS 


a  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savant»  à  l'Académie  des  Sciences. 


K  14. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance    du  2  octobre   1899.) 


CORRESPONDANCE . 


Pages. 

M.  le  Maire  de  Chantilly  informe  l'Aca- 
démie que  l'inauguration  de  la  statue 
élevée  au  duc  d'Auniale  aura  lieu  le 
dimanche  i5  octobre 5ii 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  invite  l'Aca- 
démie à  lui  désigner  deux  de  ses  Membres 
pour  faire  partie  du  Conseil  de  perfec- 
tionnement de  l'Ecole  Polytechnique 5ii 

M.  J.  Comas  Sola.  —  Orbite  du  bolide  du 
24  août  1899 5i  I 

M.  Georges  Poisson.  —  Sur  l'identité  de 
solution  de  certains  problèmes  d'élasticité 
et  d'hydronamique 5i3 

M.  Ed.  Defacqz.  —  Sur  deux  chlorobromures 
de  tungstène 5i.'> 

M.  R.  Engel.  —  Sur  l'hypophosphite  de 
cuivre  et  sa  décomposition  par  le  palla- 
dium précipité .5i8 

MM.  Delépine  et  Rivals.  — Aldéhydes  sali- 
cylique  et  para-oxybenzoïque  et  hydrosa- 

BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE 


M. 


M 


M 


Pages. 

Ifcylamide 52o 

MiV|.  BoNMARiAGE  et  Petrucci.  —  Sur  un 
onstre  double  sternopage  en  voie  de  for- 
ation,  observé  sur  un  blastoderme  d'œuf 

dî  poule 023 

M.  ÎTANISLAS  Meunier.  —  Complément  d'ob- 
irvations  sur  le  terrain  caillouteux  des 

réalpes  vaudoises 525 

Gustave  Hermite.  —  Sur  un  voyage 
lérien  de  longue  durée,  de  Paris  à  la  Mé- 
literranée,   exécuté   le    16-17    septembre 

lernier 527 

A.   PoiNOARÉ.  —  Écarts    barométriques 
ut  le  méridien  du  Soleil  aux  jours  suc- 
cssifs  de  la  révolution  tropique  de  la  Lune.     329 
VON  SiCHART  adresse  une  Note  relative  à 

n  calendrier  perpétuel 533 

M.\E.  Granbodlan  adresse  une  Note  sur  un 

stème  de  propulsion  des  navires  à  vapeur.    533 


533 


II 


PARIS.   —    IMPRIMEKIE     GAUTH  l  E  K-VI  LL  A  RS 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


Le  Ocrant  .*  Gaotuibr-Villabs. 


^'^1       1899 

SECOND  SEMESTRE.    . 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  lUIfl.  liES  SECRÉXAIKES  PBRPÉTUEIiS. 


T03IE  CXXIX. 


N^  15  (9  Octobre  1899 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES   DES    23    JUIN    1862    ET    24    MAI    1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuiiles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  C Académie, 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  oar  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  j)ages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aui 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année.  j 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnée.^ 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports    ordinaires  sont  soumis  à   la  mêm 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com-^ 
pris  dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou; 
vernement  sont  imprimés  en  entier.  | 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro.  | 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année.  j 

Dans  les  Comptes  rendus,  on   ne  reproduit  pas  les  | 
discussions    verbales    qui  s'élèvent    dans  le  sein  de 
l'Académie;    cependant,   si  les  Membres  qui   y   ont  | 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi-  | 
vent  rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  l 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression   de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


I  Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Acadé 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  ] 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'au 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savan 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persor 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  W 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nom 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Exi 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  ren 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tan 
jeudi  à  10  heures  du  malin  ;  faute  d'être  remis  à  tec 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rt 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  Irais  des 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapport 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  af 
l'impression  de  chaque  volume. 

•Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  j; 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  dei 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sçra  remise  à  la  séance  suival 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  9  OCTOBRE    1899, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  PERPÉTUEL  annonce  à  l'Académie  que  le  Tome  XLV, 
2*  série,  des  Mémoires  de  l'Académie  est  en  distribution  au  Secrétariat. 


MÉCANIQUE.   —   Sur   l'équilibre  élastique  d'une  plaque    rectangulaire. 
Note  de  M.   Maurice  Lévy. 

«  Navier  a  résolu  le  problème  de  l'équilibre  élastique  d'une  plaque  rec- 
tangulaire appuyée  sans  encastrement  sur  tout  son  pourtour.  On  peut  le 
résoudre  aussi  lorsque  deux  bords  opposés  sont  ainsi  appuyés,  chacun 
des  autres  bords  pouvant  être  ou  libre  ou  appuyé  avec  ou  sans  encastre- 
ment. 

»  Rapportons  le  plan  moyen  de  la  plaque,  dans  son  état  naturel,  à  deux 

C.   K.,  1899.  .!•  Semestre.  (T.  CXMX,  N"  15.)  72 


(  536  ) 

des  côtés  du  rectangle  qui  lui  sert  de  pourtour,  et  soient  a  et  h  les  lon- 
gueurs des  côtés  de  ce  rectangle  respectivement  suivant  les  axes  des  x  et 
des  y.  Soit />  la  pression  par  unité  de  surface  exercée  normalement  à  la 
plaque  en  l'un  de  ses  points,  en  sorte  quep  est  une  fonction  donnée  de  x 
et  de  y,  fonction  uniforme  pouvant  être  continue  ou  discontinue.  Soit  w  le 
déplacement  élastique  de  ce  même  point,  compté  positivement  dans  le 
sens  où  agissent  les  pressions  p.  La  fonction  inconnue  w  doit  satisfaire  à 
l'équation  à  dérivées  partielles  du  quatrième  ordre 

(i)  ff  ErA2A2(v=/?. 

à-  à"- 

en  posant  '^2  =  ^j;^  +  j^- 

»  Dans  cette  équation,  qui  suppose  que  les  coefficients  d'élasticité  XetjA 
de  Lamé  sont  égaux,  E  représente  le  coefficient  d'élasticité  de  la  matière 
constitutive  de  la  plaque  et  I  est  le  moment  d'inertie  de  la  matière  ren- 
contrée par  une  perpendiculaire  au  plan  moyen  de  la  plaque,  relativement 
au  centre  de  gravité  de  cette  ligne.  Si  la  plaque  est  pleine  et  d'épaisseur  e, 

on  a  :  I  =  —  C'est  ce  que  l'on  suppose  habituellement.  Mais  on  peut  aussi 

supposer,  comme  cela  peut  se  présenter  dans  les  portes  d'écluse,  une 
plaque  formée  de  deux  bordages  invariablement  liés  l'un  à  l'autre  et  cal- 
culer ainsi  la  valeur  de  L 

))   Sur  le  pourtour,  la  fonction  w  doit  satisfaire  aux  conditions  suivantes  : 

»    1°  Le  long  d'un  bord  simplement  appuyé  :  iv  =  o  et  -r— r  =  o  ou  ->— , 

suivant  que  le  bord  est  parallèle  à  l'axe  des  y  ou  à  l'axe  des  x; 

»   1°  Le  lone  d'un  bord  encastré  :  ir  =  o  et  -r-  =  o  ou  -;—  suivant  les 

°  dx  ôy 

mêmes  hypothèses  ; 

»   3°  Si  le  bord  est  libre,  d'après  la  théorie  de  Kirchhof, 

si  le  bord  est  parallèle  à  l'axe  des  x;  s'il  est  parallèle  à  l'axe  des  y,  il  faut, 
dans  ces  équations,  permuter  les  lettres  x  et  y. 

»  Supposons  que  les  deux  bords  simplement  appuyés  soient  ceux  qui 
sont  parallèles  à  l'axe  des  j.  On  devra,  pour  a;  =  o  et  a;  =  a,  avoir 


(  53:  ) 

')   On  satisfait  à  ces  conditions  en  posant 

(3)  ir  =  2Y,sin^, 

i 

i  étant  un  nombre  eritier  et  les  Y,  des  fonctions  dey  seulement.  En  portant 
cette  expression  dans  l'équation  (i),  on  obtient 

lÈEiy  (yY-  '-^  y;  +  ^'  Y,)  sin  ^  =/,. 

i 

»   La  formule  de  Fourier  donne 

(4)  Yr-^^Y,  +  ^Y,=  gï^J    ^s.n  — rfa.=y;.(j), 

fi{y)  étant  ainsi  une  fonction  connue. 
»  On  tire  de  là 

(5)  Y,=  ?,(v)  +  A,Sin^  +B,Cos^  +y(c,Sin^+D,Cos^), 

oîi  Sin  et  Cos  désignent  des  sinus  et  cosinus  hyperboliques;  A,,  B,,  C,,  D, 
les  quatre  constantes  d'intégration  et  <p,(j')  une  solution  particulière 
quelconque  de  l'équation  différentielle  (4)- Dans  les  applications  usuelles 
où  p  est  une  constante  ou  une  fonction  linéaire  de  }',  on  a  cette  solution 
immédiatement;  elle  est  elle-même  une  constante  ou  une  fonction 
linéaire.  Dans  le  cas  général,  on  l'obtiendra  par  la  méthode  de  la  variation 
des  constantes. 

»  Il  reste  à  satisfaire  aux  conditions  relatives  aux  deux  bords  parallèles 
à  l'axe  des  x.  Si  l'un  d'eux  est  simplement  appuyé,  on  devra  avoir,  ou 
pour  y  =  G  ou  pour  y  =  b,  suivant  le  bord  considéré, 

Y,  =  o,       y;  =  o. 

»  Si  l'un  d'eux  est  encastré,  la  seconde  condition  est  remplacée  par 
Y'-  =  o.  S'il  est  libre,  les  deux  conditions  sont 

Y, ^^,=  o         et         4  Y, -\=o. 

»  Dans  tous  les  cas,  les  quatre  conditions  à  remplir  sur  les  deux  bords 
détermineront  les  quatre  séries  de  constantes  A,,  B,-,  C,,  D,. 

»   En  supposant  ime  porte  décluse  dont  trois  bords  sont  appuyés  et  le 


(  538  ) 

quatrième  libre,  l'axe  des  x  étant  supposé  pris  suivant  l'arête  inférieure,  la 
pression  p  sera 

p=Jl{b-y), 

n  étant  le  poids  spécifique  de  -l'eau.  On  aura,  en  posant  pour  abréger 

a  =  ^'  :  fi{y)  =  o  et  9,(7)  =  o  pour  i  pair 


fi{y) 


{b-y)] 


i5n 

4EIat 

i5n 


pour  1  impair. 


»  Pour  j  =  o,  on  doit  avoir  Y,=  o,  YJ=  o,  ce  qui  donne 

i5n6  ^  i5n6 


B, 


4EIaa5 


Q=- 


SEIaa' 


))  Comme  on  n'a  à  prendre  que  les  valeurs  ^  =  i ,  3,  5,  7,  . . .,  on  voit 
que  ces  coefficients,  qui  contiennent  ;'  et  i*  en  dénominateurs,  diminueront 
très  rapidement  et  qu'en  général  il  suffira  de  conserver  le  premier  terme 
ou,  pour  des  portes  très  larges,  tout  au  plus  les  deux  premiers  termes  de 
la  série. 

»  Sur  le  bord  supérieur,  soit  pour  j-  ^  b,  on  devra  avoir 

4Y;-a=Y,=  o,  4Y:'-a^Y;=o, 

ce  qui  donne,  pour  déterminer  les  deux  séries  de  coefficients  A.,  et  D,,  les 
deux  équations 

3a,SinaiA,+(3a/7  Cosotè  — 2  Sinaè)D,=:  -^ — ^  (  Cosaèn — a.b  Sinaèj» 
3«CosaiA,  +  (5Cos3cè  +  3aèsina.è)D,-^  ,,^,      ,  ( -Sina6 


4EIaa'  ^2 


aèCos 


aèV 


qu'il  suffit  de  résoudre  pour  achever  la  solution  du  problème.  On  voit  que 
A,  et  B,  contiennent  oc^  en  dénominateurs  et  diminueront  aussi  très  rapi- 
dement comme  Q  et  D,,  pour  i  =  i,  3,  5. . . ,  de  sorte  que  le  plus  souvent 
un  ou  deux  termes  de  la  série  donnent  une  approximation  suffisante. 

»  Observations .  —  Dans  le  cas  où  la  plaque  est  simplement  appuyée  sur 
ses  quatre  bords,  on  peut  mettre  l'expression  de  w  indifféremment  sous  la 
forme  ci-dessus  indiquée  ou  sous  la  forme 


w 


Ex, 


■y 

sinnjiy-j 
U 


(539) 
X,  étant  des  fonctions  de  x.  Navier  a  pris  une  forme  symétrique  en  adop- 


tant la  série  double 

V^  'V  4  citx     .     mi  Y 


où  i   et  j  sont  des  entiers  et  A,y  des  constantes  que  l'on  détermine  par 
la  formule  de  Fourier  à  l'aide  de  l'équation  (i).    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Quelques  remarques  sur  les  intégrales  doubles 
de  seconde  espèce  dans  la  théorie  des  surfaces  algébriques.  Note  de 
M.  Emile  Picard. 

«  Dans  la  recherche  précise  du  nombre  des  intégrales  doubles  distinctes 
de  seconde  espèce  relatives  à  une  surface  algébrique  se  présentent  quelques 
complications  qui  tiennent  au  fait  suivant.  Considérons  une  fonction  algé- 
brique ;  des  deux  variables  indépendantes  x  ely  définie  par  l'équation 

/(x,Y,z)=  o, 

et  soit  R(,r,  j,  z)  une  fonction  rationnelle  de  x,  y,  z  susceptible  de  se 
mettre  sous  la  forme 

où  A  et  B  sont  des  fonctions  rationnelles  de  x,  y  et  z  (en  faisant  les  diffé- 
rentiations  indiquées,  ;:  est  regardée  comme  fonction  de  x  et  y).  Cette 
représentation  de  R  peut  évidemment,  quand  elle  est  possible,  être  faite 
d'une  infinité  de  manières.  Or  il  peut  arriver  que,  pour  tontes  ces  repré- 
sentations, A  et  B  deviennent  infinies  pour  des  systèmes  de  valeurs  de  x, 
y  el  z  laissant  R  fini  ;  ce  fait  a  été,  dans  mes  dernières  recherches  sur  la 
Théorie  des  surfaces,  l'origine  de  difficultés  que  je  crois  avoir  réussi  à  sur- 
monter et  sur  lesquelles  je  reviendrai  bientôt.  Je  veux  seulement  aujour- 
d'hui donner  un  exemple  explicite,  qui  appelle  de  plus  l'attention  sur  une 
circonstance  intéressante. 

»  Partons  à  cet  effet,  en  désignant  par  P{x)  un  polynôme  arbitraire 
en  X,  de  l'identité  fondamentale  dans  la  théorie  des  intégrales  hyperellip- 
tiques  d'après  Weierstrass, 


/      v/P(^)      \  _  ±  (      v/P(y)      \ 


U(^,J) 


<i-^'\(y-œ)^/¥lj);        ()f\(^_.y)^/pl^)/        V/P(^)v/P(7) 


(  54o  ) 
où  U  représente  un  polynôme  en  x  ely.  Envisageons  alors  la  surface 

(i)  z^-  =  V{x)^{y), 

on  aura  évidemment 

U(x.,r)  ^   d  f    P(x)     \         ô  f     P(7)     Y 
z  dx\{y—w)z.)        ()y\{x—y)z)' 

et  l'on  a  ainsi  un  exemple  de  la  circonstance  indiquée. 

»  Cet  exemple  va  nous  montrer  encore  un  fait  intéressant.  On  pourrait 
être  tenté,  au  premier  abord,  de  penser  que  toutes  les  périodes  cycliques 
d'une  intégrale  double  de  la  forme 

sont  nulles.  Il  n'en  est  rien,  comme  le  montre  l'intégrale  double 

»  Soient,  en  effet,  a,,  Co,  ...,«„  les  racines  du  polynôme  P(a^)-  Nous 
considérons,  pour  la  surface  (i),  le  cycle  à  deux  dimensions  formé  par  un 
contour  du  plan  des  .r,  comprenant  à  son  intérieur  deux  des  points  «,  et 
par  un  contour  analogue  dans  le  plan  des  y.  La  période  correspondante 
sera  nulle,  si  ces  deux  contours  peuvent  être  tracés  de  telle  sorte  que  l'on 
n'ait,  pour  aucun  de  leurs  points,  .57  =  v.  Mais  il  y  a  des  contours  pour 
lesquels  il  ne  peut  en  être  ainsi;  il  suffira  de  prendre  dans  le  plan  des  x 
un  contour  enveloppant  «,  et  a,,  et  dans  le  plan  des  j'  un  contour  enve- 
loppant flo  et  «3.  La  période  correspondante  est  alors  égale  à  '\~i.  Toutes 
les  périodes  cycliques  de  l'intégrale  (2)  ne  sont  donc  pas  nulles.    » 

IVOMINATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  désignation  de  deux  de 
ses  Membres  qui  devront  être  présentés  à  AL  le  Ministre  delà  Guerre  pour 
faire  partie  du  Conseil  de  perfectionnement  de  l'École  Polvtechnique. 

MM.  Cornu  et  Sarrau  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 


(  54i  ) 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  Eue.   AcKERMANN  soumct  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire 
«   Sur  le  dessèchement  futur  de  l'île  de  Marajo  (Brésil)  ». 

(Commissaires  :  MM.  Schlœsing,  Grandidier,  Dehérain.) 


M.  G.  GiBON  adresse  diverses  Notes  relatives  à  ses  trois  types  de  ballons 

dirigeables. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

CORRESPOIXDAIVCE. 

M.  le  Seckétaire  perpétcel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  le  deuxième  Volume  de  l'Ouvrage  publié  en  langue  russe 
par  M.  Groum-Grjimailo  :  «  Description  d'un  voyage  dans  la  Chine  occi- 
dentale ». 


ASTRONOMIE.  —  Sur  une  modification  de  la  méthode  de  Bessel pour  le  calcul 
des  occultations .  Note  de  M.  L.  Cruls,  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  La  méthode  de  Bessel,  adoptée  dans  la  Connaissance  des  Temps  et  dans 
le  Nautical  Jlmanac,  pour  le  calcul  des  occultations,  est  susceptible  d'une 
modification  qui  nous  semble  devoir  présenter  certains  avantages,  du  mo- 
ment qu'on  connaît  avec  une  précision  suffisante  l'heure  de  la  conjonction 
apparente  des  deux  astres. 

»  En  conservant  les  mêmes  notations  que  dans  la  Connaissance  des  Temps, 
nous  avons  obtenu  l'équation  suivante  : 

/s  ,,         iSrcoso'         sin/i  •     //         f,\ 

(')  ^=  1-^    ■    ,,    s rSm(A+6), 

^   ^  p'  sin  (/î  -f-  o))         ^  ' 

laquelle  donne  l'intervalle  de  temps  moyen  9  (exprimé   en   arc),    qu 
s'écoule  entre  les  conjonctions  vraie  et  apparente,  en  fonction  de  l'angle 


(  542  ) 
horaire  local  h  de  la  Lune,  de  sa  parallaxe  en  ascension  droite  i»,  du  rayon 

111-1-  •  /  1        /         Aacoso 

terrestre  r,  de  la  latitude  geocentrique  ç  et  de  /j  = 

»   Cette  équation,  au  terme  près   .     , ->  est,  au  fond,  identique  à 

celle  qu'a  obtenue  M.  Stechert  (^Tafeln  fur  die  Vorausberechnung  der 
Sternbedeckungen).  Nous  l'avons  toutefois  déduite  en  suivant  une  marche 
entièrement  distincte  de  celle  qui  se  trouve  exposée  dans  cette  publication, 
dont  nous  n'avons  eu  connaissance  que  tout  récemment.  La  modification 
que  nous  proposons  dans  la  présente  Note  fera  d'ailleurs  l'objet  d'une 
publication  actuellement  sous  presse. 

»  Le  terme   .     , ->  négligeable,  à  la  rigueur,  lorsqu'il  ne  s'agit  que 

d'une  simple  prédiction,  peut,  sans  erreur  sensible  sur  le  résultat,  se  mettre 

sous  la  forme 

sin/i         siniT  cos/i  cos<p' 

sin(/i  -\-  tu)  coso 

»  Dans  le  cas  particulier  de  la  Lune,  et  en  adoptant  pour::  et  ^  leurs 
valeurs  moyennes,  on  pourra  écrire  plus  simplement 

sin/i  or, 

^-—j ;    =  1  —  O,  O  I  0  COS«  COScp  . 

sin(«  -^  w)  ' 

»  En  posant,  pour  simplifier, 

,         i5/'cos!p' 

"'  ^^  'i 

P 

et 

X  =  o,oi8cosAcoscp', 

l'équation  (i)  deviendra 

(2)  6  =  /t(i  — ^)sin(A  +  6). 

»  Trois  tables  à  double  entrée  permettront  de  résoudre  aisément  cette 
équation;  la  première,  ayant  pour  arguments  p'  et  «p',  fournira  les  valeurs 
de  A-;  la  deuxième,  avec  h  et  cp'  pour  arguments,  donnera  le  terme  x  ou 
(i  +  a;);  la  troisième,  dont  les  arguments  seront  k  ou  X(i  H-  x)  et  h,  don- 
nera les  valeurs  de  0;  0  étant  connu, 

sera  l'heure  de  la  conjonction  apparente  T'„. 


(  543) 
»   En  tenant  compte  de  la  variation  horaire  p.'  de  l'angle  horaire  de  la 
Lune,  on  obtiendra  l'angle  horaire,  à  l'heure  T„,  par  la  formule 

II,  =  lh>  +  75  î'-  • 

»    Ceci  posé,  on  procède,  comme  dans  la  inéthode  de  Bessel,  au  calcul 
des  termes  (%  u' ,  c'.  Quant  k  q  —  v,  on  l'obtieildra  par  la  relation 


(3) 


5^  -  »'  =  9«  +  y'  7^  -^  t'- 


13 


»  La  valeur  de  l'angle  N  sera  fournie  par  lu  formule 

(4)  l«n§N  =  ^-j' 

»   Remarquons  ici  que,  si 

y—  (•>/.:  (/•=:0|2725), 

l'occultation,  quoique  possible,  devient  cepertdant  incertaine;  pour  qu'elle 
soit  impossible,  on  devra  avoir 

(9-(')sinN>^-! 

»  Au  lieu  de  l'angle  ij^,  qui  figure  dans  la  Connaissance  des  Temps,  il  vaut 
mieux  ici  faire  usage  de  l'angle  compris  entre  l'orbite  apparente  de  la  Lune 
et  les  rayons  menés  de  l'étoile,  considérée  comme  centre,  et  aboutissant 
aux  points  d'immersion  et  d'émersion,  angle  jue  nous  désignerons  par  i. 
Sa  valeur  sera  donnée  par  la  formule 


(5) 


smt  =  ■^—, —  smN 


)>   On  calculera  ensuite  les  angles  de  position  : 

P,-  =  N  +  i, 

P,=  i8o''  +  N-«. 


Les  valeurs  de  T,  et  T^,  en  fraction  d'heure,  qu'il  faudra  retrancher  deT„, 
pour  avoir  les  heures  d'immersion  et  d'émersion,  seront  données  par 

7  sinP,,! 


p  —  u 
k 


p  —  u 
C.  R.,  1899,  2-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N-  15.) 


jsinP^,' 


73 


(  544  ) 

et  finalement 

e  =  T'  —  T 

^/       ^11       •/' 

^e  =  T;,  —  T^ 

seront  les  heures  d'immersion  et  d'émersion. 

»  En  ce  qui  regarde  les  signes,  comme  dans  la  pratique  p'  —  a'  est  tou- 
jours positif,  on  considérera  la  valeur  de  l'angle  N,  donnée  par  la  for- 
mule (4),  comme  étant  comprise  entre  o°  et  +i8o°,  comptée  autour  de 
l'étoile,  comme  centre,  à  partir  de  N,  et  dans  le  sens  NES.  Le  signe  de  t, 
dans  la  formule  (5),  dépendra  de  celui  de  q  —  v  fourni  par  (3),  et  suivant 
que  celui-ci  sera  positif  ou  négatif,  cela  indiquera  que  le  centre  de  la  Lune, 
dans  son  mouvement  apparent,  coupe  le  cercle  de  déclinaison  de  l'étoile, 
au  nord  ou  au  sud,  et  à  une  distance  égale  k  q  —  ^?  de  celle-ci.  La  valeur 
de  l'angle  i  sera  d'ailleurs  toujours  plus  petite  que  90°,  sauf  dans  le  cas 
d'un  appulse,  où  l'on  devra  trouver  sint^i. 

»  Afin  de  nous  rendre  compte  du  degré  de  précision  que  l'on  obtient  à 
l'aide  des  formules  ci-dessus,  nous  avons  pris,  au  hasard,  dix  occultations 
observées  à  Greenwich,  en  iSpS,  et  avons  comparé  les  heures  calculées 
avec  les  heures  observées.  Dans  le  Tableau  ci-dessous,  on  trouvera  les  dif- 
férences observation-calcul  exprimées  en  secondes  de  temps  : 

I      Observation — calcul. 

1895.         '   Immersion.         Émersion. 

s  , 

/I9  Auriga' 6  fév.  H-  2  «  Eni.  non  observée. 

T  Leonis 10  mars  — 11  +2* 

■z  Leonis 4  mai  —  6  »  » 

Tt  Scorpii 9  mai  -+-4  »  » 

y'  Sagittarii 11  mai  —  4  »  " 

Regulns 26  juin  —  4  — 24 

42  Aqiiarii 6  aoùl  —  5  —  6 

81  Aqiiarii 7  août  — 16  — 10 

6  Capricorni 29  sept.  —  i6  — 20 

19  Tauri 3  nov.  +4  4-ii 

)i   La  moyenne  des  ditférences  n'est  environ  que  de  neuf  secondes. 

»  L'avantage  qui  semble  résulter  de  l'introduction  de  l'heure  de  la  con- 
jonction apparente,  dans  le  calcul  des  occultations,  est  non  seulement  de 
fournir  par  un  seul  calcul  la  précision  que  l'on  n'obtient  généralement 
qu'à  l'aide  d'une  deuxième  approximation,  mais,  en  outre,  de  se  prêter 
aisément  à  une  construction  graphique  et  à  une  interprétation  géométrique 


l 


(  545  ) 
plus  simple  des  différents  éléments  dont  dépendent  les  conditions  du  phé- 


nomène. » 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  Giacobini  (1899,  e)  faites  à 
l'observatoire  de  Besançon,  avec  Véquatorial  coudé,  par  M.  P.  Chofaudet. 
Note  communiquée  par  M.  L.-J.  Gruey  et  présentée  par  M.  Loewy. 


Astj'e.  —  Étoile. 


Dates. 
1899. 

Octobre  3. 

4- 


Étoiles 
de 
Comparaison.  Grandeur. 


Ascensioii 
droite 


a 
b 


8 

8,7 


2.  lO.Sli         —  1 .2.5, 2 


-0.53,35 


Positions  moyennes  des  étoiles  te  comparaison 


Ascension 
Étoiles  droite 

de  moyenne 

compar.         1899,0. 
h       m       s 

a       i6.36.   2,80 


Réduction      Distance  polaire 
au  moyenne 

jour.  1899,0. 


Distance 
polaire. 


-i5.22,4 


iNombrc 

de 

comparaisons. 

9:6 
12:9 


{éduction 

au 

jour. 


Autorités. 


-2,76         94.    1.12,6      \y  0,6  12900  Munich,. 


16.34.23,95       +2,73         93,25.13,4 


H-  o, 
H-  o, 


5893  Schjelleriip. 


Positions  apparentes  de  la  comète  Çiacobini  (1899,  e). 


Temps  moyen 

Ascension 

Distance 

Dates. 

de 

droite 

Log.  fa( 

t.                    polaire 

Log.  fact. 

1899. 

Besançon. 

moyenne. 

paralla 

e.               moyenne. 

parallaxe. 

Octobre  3. . 

h        m        s 

.     8.  7. II 

h        m        s 
16.33.55,25 

7,564 

93°.  59. 48",  0 

0,821,. 

4.. 

.     8.   0.42 

16. 35. 20, o3 

1 ,56o 

93.40.36,4 

0,820,, 

La  comète  a   l'aspect  d'une   nébulosité  ronde,  deji'  de  diamètre,  ayant,  au  centre, 
une  légère  condensation  de  13°  grandeur. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  foncliom 
loppement  d'une  fonction  holomorphe  à  l'in 


fondamentales  et  sur  le  déve- 
éneur  d'un  contour  en  série  de 


fondions  fondamentales .  Note  de  M.  Rénaux,  présentée  par  M.  Picard. 


«   Une  fonction  harmonique,  à  l'intérieur  d 
pour  l'intérieur  de  ce  contour  si  l'intégrale 


W 


-U 


oflogr 
dn 


Yd'7^ 


in  contour,  sera  fondamentale 


(  546  ) 
reproduit  la  fonclion  harmonique  V  multipliée  par  un  facteur  constant  i  —  - 

(r  étant  la  distance  d'un  point  du  contour  à  un  point  intérieur).  Mais  l'in- 
tégrale précédente  définira  pour  les  points  à  l'extérieur  du  contour  une 

fonction  W^  telle  que  —  z  (  ^"  W^  (/t  reproduise  la  fonction  W^  mul- 
tipliée par  un  facteur  constant  —  f  i  -4-  -  j  •  La  fonction  W^  sera  fondamen- 
tale pour  l'extérieur  du  contour.  Supposons  le  contour  S,  faisant  partie 
d'une  série  de  courbes  de  niveau  (')  et  auquel  correspondront  le  rayon  R, 
d'un  cercle  (R,  >  R(,)  et  un  développement  de  la  forme 


p- 


^0  V=2ï;^[A,G,(E,r,)-l-B,H,ar.)]. 


p  =  i 


»  Si  l'on  exprime  que  le  développement  (i)  représente  une  fonction 
fondamentale  pour  l'intérieur  du  contour,  les  coefficients  A,,  B,,  . . .,  A^, 
Bp,  ...  devront  être  solutions  d'équations  linéaires  en  nombre  infini.  Le 
déterminant  de  ces  coefficients  est  sous  forme  normale  [les  éléments  de  ce 
déterminant  dépendent  des  coefficients  des  développements  des  fonctions 
R^(m)  définies  dans  la  Note  antérieure  citée].  Ce  déterminant  est  absolu- 
ment convergent  pour  toutes  lès  valeurs  réelles  ou  imaginaires  de  0,  ainsi 
que  les  valeurs  de  R,  ]>  R„.  Il  détermine  une  fonction  entière  de  0,  qui  est 
paire  et  admet  une  infinité  de  racines  toutes  réelles,  croissantes  en  valeur 
absolue  avec  R,.  En  se  plaçant  dans  le  cas  des  racines  simples  pour  plus  de 
simplicité,  à  deux  racines  0  et  —  6  on  peut  faire  correspondre  deux  déve- 
loppements de  la  forme  (i) 

V         1  "y  rApG;,(^,T,)  +  B,,lI^(^,-01 


r 
p 

w 


à^[ 


A„  H„  (  ^,r,)-B^G^(^,r,)  - 


^    ,.=1 


/' 


^^^pi'^'p+n)^ 


(')  Voir  une  Note  anlérieure  Sur  un  déi'eloppement  d'une  fonction  Iwlomorplie 
à  l'intérieur  d'un  contour  donné  en  série  de  /;o/jrtome5  (septembre  1899).  Lire  dans 
celle  Note  :  «  Soil  Rq  le  module  de  u  pour  laquelle  Z  =  c5(U)  cesse  d'être  con- 
vergent, ou  pour  laquelle  -jp-  =3  »  (celle  dernière  partie  avait  été  omise). 


(  547  ) 
représentant  des  fonctions  fondamentales  intérieures  et  telles  que  (V  +  iW) 
représente  une  fonction  analytique  de  la  variable  complexe  x  =  1  -h-  ir\  pour 
l'intérieur  du  contour.  Enfin  à  ces  deux  développements  correspondront 
deux  fonctions  fondamentales  extérieures  V<-  et  W-. 


^^-7^ïi^^)'\K<^-^P^ 


BpSin/?i2), 


W'  =  ;7î2  (^)"(A^sin^i2lB^cos/,£2), 

telles  que  V^— fW^  soit  fonction  analytiqie  d'une  variable  complexe 
Z  =  X  +  /Y  à  l'extérieur  du  contour  S, . 

»   On  peut  alors  énoncer  les  théorèmes  suivants  : 

»  Théorème  I.   —   Les  fonctions 

Log(Z-ic)     et     Logr,  ,•- =(V -If  ^  {Y  -  r,y 

peuvent  se  représenter  par  les  séries  suivantes  absolument  et  uniformément  con- 
vergentes pour  X  compris  à  l'intérieur  du  contour  S,,  Z  étant  extérieur  ou  sur 
le  contour  1 


(^) 


Log(Z  -x)^  LogU  -  2  (  V.^  ^■W,)(V,,,-  .-W,,^), 

p=i  1 

Log/-=LogR-2(V,V„ 


Théorème  II.  —    Toute  /onction  holomorphe  à  l'intérieur  de  S,  est  déve- 


loppable  en  série  procédant  suivant  les  fonctions 


W   W 

'     p         e.p 


)• 


Jj,+  iWp(Y„  =  i,W„  =  o), 


et  toute  fonction  holomorphe  à  l'extérieur  du  contour  S,  est  développable  en 
série  procédant  suivant  les  fonctions  Y^p  —  «  W^., ,. 

»  Les  coefficients  se  déterminent  par  des  intigrales  analogues  à  celles  qui 
définissent  les  cofficients  de  la  série  de  Taylor. 

»  Des  propriétés  analogues  existent  soit  pou:  les  fonctions  harmoniques  à 
l'intérieur,  soit  pour  les  fonctions  harmoniques  a  l'extérieur  du  contour  S, .  Les 
coefficients  se  déterminent  par  des  intégrales  ariçtlogues  à  celles  qui  définissent 
les  coefficients  de  la  série  de  Fourier. 

»  Théorème  III.  —  Si  l'on  considère  la  fidure  inverse  du  contour  S,,  /e 
pôle  d'inversion  étant  quelconque  à  l'intérieur  de  S,,  on  obtient  un  nouveau 
contour  S■^  auquel  correspondent  les  mêmes  racines  6  que  pourS^. 


(  54«  ) 

»  La  connaissance  des  fonctions  fondamentales  de  S ,  entraîne  celle  des  fonc- 
tions fondamentales  de  So. 

»  Ces  résultats  s'étendenl  encore  au  cas  où  les  racines  0  ne  sont  pas 
simples.  Dans  le  cas  où  R,  coïncide  avec  Rq,  le  déterminant  n'est  plus  absolu- 
ment convergent  et  il  y  a  lieu  de  voir  si  les  fonctions  fondamentales  existent 
encore  et  dans  quelles  circonstances  les  développements  précédents  sub- 
sistent. Enfin,  les  fonctions  fondamentales  sont  définies  lorsque  l'on  con- 
naît la  représentation  conforme  de  l'aire  extérieure  à  S,  sur  l'aire  extérieure 
au  cercle  de  rayon  R,.  La  fonction  Z  =  ?(U)  étant  inconnue  lorsque  l'on 
se  donne  le  contour,  il  v  a  lieu  de  déterminer  les  racines  0  et  les  fonctions 
fondamentales  par  rapport  aux  éléments  du  contour  donné  seul  connu. 

»  Je  me  réserve  de  traiter  tes  points  dans  un  Mémoire  étendu  qui  pa- 
raîtra ultérieurement.  »  . 


CHIMIE.  —  Sut- la  stéréoc/iimie  de  l'azote.  Note  de  M.  J.-A.  Le  Bel, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  J'ai  annoncé  à  l'Académie,  en  1891,  que  j'étais  parvenu,  le  premier, 
à  créer  le  pouvoir  rotatoire  an  tour  de  l'azote  dans  un  dérivé  ilu  chlorure 
d'ammonium  renfermant  quîjtre  radicaux  différents  et  d'ailleurs  inactifs 
par  eux-mêmes  (isobutyle,  p^opyle,  éthyle  et  méthyle).  Depuis.  M.  Van 
t'  Hoff  (Zeitschr.  f  d.  Phys.Und  Chem.  Unterricht  XI)  a  affirmé  que  ce 
pouvoir  rotatoire  ne  se  conserve  pas  et  qu'on  n'a  pu  reproduire  ces  faits. 
Ces  assertions  n'étant  pas  appuyées  d'expériences  personnelles,  je  n'avais 
pas  répondu;  mais  récemment  M.  Markwald  {Berichte,  p.  36o;  189g)  ayant 
publié  qu'il  avait  essayé  en  vain  d'obtenir  par  les  moisissures  le  corps  actif 
que  j'avais  décrit,  je  crois  devoir  donner  quelques  explications  qui  dis- 
siperont ces  doutes. 

»  J'observerai  d'abord  que  le  dernier  auteur  aurait  dû,  pour  contrôler 
mes  expériences,  introduire  les  radicaux  dans  le  même  ordre  que  moi;  or 
il  prend  en  dernier  lieu  le  propyle,  alors  que  je  termine  par  le  méthyle. 
Dans  des  recherches  aussi  délicates,  on  ne  saurait  intervertir  l'ordre  des 
substitutions  sans  s'exposera  créer  des  isoméries.  Nos  expériences  ne  sont 
donc  pas  comparables. 

»  J'avais  repris  ces  recherches  depuis  plusieurs  années,  avant  la  publi- 
cation de  M.  Markwald,  et  je  puis  répondre  dès  à  présent  que  j'ai  de  nou- 
veau reproduit  quatre  fois  le  corps  actif  lévogyre  en  question,  ce  qui  fait 


(  549  ) 
présentement  six  expériences  probantes.  J'ai  encore  une  fois  constaté  que 
l'acide  chlorydrique  racémise  à  froid  le  corps  lévogyre   qui  constitue  le 
premier  isomère  chimique  a,,  et  j'ai  aussi  retnarqué   qu'il  reste,  dans   la 
liqueur,  un  isomère  p  dextrogyre. 

»  Je  puis  donc  maintenir  intégralement  tous  les  faits  annoncés  en  1891; 
mais,  à  cette  époque,  j'ignorais  que  l'isomère  j3  était  toxique  et  qu'il  pou- 
vait quelquefois  prédominer  dans  les  préparai  ons;  c'est  là  ce  qui  a  proba- 
blement empêché  M.  Markwald  de  réussir.  J'aijfinalement  réalisé  la  culture 
sur  l'isomère  toxique  ^  à  l'état  d'acétate,  mdis  six  mois  ont  été,  dans  ce 
cas,  nécessaires.  Sur  le  chlorure,  la  culture  est  impossible.  Enfin  le  chlo- 
rure de  même  que  l'acétate  préparés  en  1891  sont  restés  actifs. 

»  Je  suis  à  même  d'annoncer  encore  aujourd'hui  que  j'ai  obtenu  le 
pouvoir  rotatoire  avec  un  nouveau  dérivé  ainmonique  renfermant  qua- 
torze atomes  de  carbone  et  différant  du  premier  en  ce  que  le  méLhyle  est 
remplacé  par  le  radical  de  l'alcool  amylique  ïnactif  de  Pasteur.  Le  corps 
ainsi  préparé  est  lévogyre. 

»  Je  donnerai  maintenant  les  détails  indispensables  à  la  réussite  de  ces 
préparations  et  expériences  de  culture  très  déjicates. 

»  Préparation  de  la  base  à  cultwer.  —  1°  ïsmutylepropyleéthy lamine.  —  Je 
pars  de  l'isobutylaniine  commerciale,  provenant  ds  jl'alcool  de  fermentation,  que  je 
fais  réagir  sur  un  demi-équivalent  d'iodure  de  piopyle.  Les  bases  volatiles,  séchées 
sur  la  potasse  fondue,  sont  fractionnées  et  l'on  isole  facilement  risobutylpropylamine 
bouillant  à  laS".  Cette  base,  traitée  de  même  par  l'iolure  d'éthyle,  fournit  la  triamine 
cherchée;  elle  bout  à  i46°  et  doit  être  rigoureusement  fractionnée.  J'ai  vérifié  par 
le  nitrite  de  soude  que  mon  produit  était  convenable nent  pur,  mais  je  ne  puis  con- 
seiller ce  nitrite  comme  procédé  de  purification,  ca  il  fournit  des  traces  de  corps 
oxygénés  qui  gênent  la  culture.  Pour  le  même  moti',  on  doit  s'interdire  l'usage  des 
sels  de  mercure  et  d'argent,  sauf  le  chlorure  d'argen;,  et,  en  général,  toute  manipu- 
lation pouvant  donner  lieu  à  des  traces  de  corps  oxycjs. 

))  2°  IntroducLion  du  méthyle.  —  Je  conseille  de  f  ire  réagir  un  fort  excès  d'iodure 
de  méthyle  sur  la  triamine  ci-dessus;  la  réaction  est  volente;  néanmoins  il  ne  faut  pas 
refroidir,  car  le  rendement  en  isomère  (3  augmenterai.  On  fait  le  mélange  par  frac- 
tions de  25s''  de  triamine  dans  une  cornue;  on  recueil  e  les  produits  projetés  et  on  les 
ramasse  avec  l'iodure  de  méthyle.  On  termine  par  une  chauffe  à  120°;  on  sépare  par 
l'eau  un  excès  d'iodure  qui  paraît  combiné,  et  l'oiil  traite  alors  par  le  chlorure  de 
plomb,  que  l'on  produit  avec  de  la  litharge  et  de  lucide  chlorhydrique.  Ce  dernier 
traitement  avait  pour  but  de  remplacer  l'iode  par  le  chlore,  mais  j'ai  constaté  ulté- 
rieurement qu'il  était  encore  d'une  autre  efficacité,  et  ce  que  l'isomère  toxique  p  s'éli- 
mine alors  en  grande  partie  à  l'état  de  sel  double  )lombique  moins  soluble  :  deux 
traitements  suffisent  en  général.  On  fait  ensuite  agif  rapidement  un  peu  de  chlorure 
d'argent,  pour   enlever   le   restant  de  l'iode;    on   enlève  les   métaux  par  l'hydrogène 


(  55o  ) 

sulfuré  et  l'on  évapore  plusieurs  fois  après  addition  d'eau  pour  chasser  l'excès  d'acide 
chlorhj'drique  autant  que  possible. 

Détails  pour  les  cultures.  —  On  emploie  2  pour  100  de  sirop  concentré  au  bain- 
marie,  en  ajoutant  un  peu  d'extrait  Liebig  et  les  sels  habituels,  puis  on  fait  un  ense- 
mencement massif  avec  du  pénicillium.  Il  vaut  mieux  cultiver  en  vase  ouvert,  car  il  est 
nécessaire,  dès  que  la  moisissure  s'est  développée,  d'examiner  le  liquide  au  polari- 
mètre  et  au  tournesol  pour  maintenir  le  milieu  acide.  Il  m'est  arrivé  quelquefois  que 
la  moisissure  primitive  périsse  et  que  l'air  ait  ramené  des  germes  qui  ont  conduit 
l'expérience  à  bien.  J'ai  toujours  observé  un  pouvoir  rotatoire  lorsque  la  moisissure 
était  épaisse  et  bien  verte;  lorsqu'elle  est  trop  mince  ou  blanche,  on  n'observe  rien  et 
il  faut  faire  un  nouveau  traitement  au  PbCl-.  Si  l'on  produit  un  précipité  par  l'acé- 
tate ou  le  sous-acétate  de  plomb  on  obtient,  après  l'emploi  de  H-  S,  une  liqueur  avec 
excès  d'acide  acétique,  sur  laquelle  la  culture  est  infiniment  plus  facile  (il  faut  main- 
tenir cet  excès  d'acide,  sous  peine  de  voir  le  pouvoir  rotatoire  disparaître).  C'est  ainsi 
que  j'ai  réussi  mes  cultures  sur  la  base  à  i4  atomes  de  carbone  et  sur  l'isomère  p; 
encore  a-t-il  fallu  diluer  au  double  et  cultiver  pendant  un  temps  très  long.  Je  dois 
signaler  encore  que  l'observateur  qui  n'a  pas  suivi  l'expérience  exactement  au  polari- 
mètre  tombera  presque  fatalement  sur  le  moment  où  le  pouvoir  des  deux  isomères  se 
compense  à  peu  près  :  époque  à  laquelle  la  moisissure  a  une  tendance  à  rester  station- 
naire;  néanmoins,  on  peut  mettre  en  évidence  l'existence  du  csrps  dextrogyre,  soit  en 
traitant  par  HCl  dans  le  vide,  soit'ten  continuant  la  culture  dan-s  le  liquide  dilué. 

»  Conclusions.  —  Il  n'y  a  aucun  doute  que  l'isomérie  optique  ainsi  que 
l'isomérie  chimique  existent  dans  les  dérivés  du  chlorure  d'ammonium 
renfermant  autour  de  l'atome  d'azote  quatre  radicaux  différents  et  conte- 
nant dix  atomes  de  carbone  au  moins. 

»  Il  est  également  établi  que  ces  deux  sortes  d'isoméries  sont  peu  stables 
dans  les  dérivés  moins  riches  en  carbone.  Ceci  confirme  les  vues  que  j'ai 
déjà  exposées  (^w//.  Soc.  chim.,  uSgo),  à  savoir,  que  les  radicaux  permutent 
entre  eux  quand  leur  volume  n'est  plus  suffisant  pour  qu'ils  se  calent  réci- 
proquement. Dans  ce  cas,  les  corps  à  petits  radicaux  se  racémisent  déjà 
à  la  température  à  laquelle  on  fait  ordinairement  ces  cultures. 

»  S'il  est  bien  établi  par  nos  expériences  et  celles  de  Wedeldnd  que  les 
corps  ayant  au  moins  dix  atomes  de  carbone  ont  une  forme  géométrique 
stable,  nous  ignorons  si  celte  forme  est  une  pyramide  à  base  carrée  ou  un 
double  tétraèdre  ;  la  première  hypothèse  conduirait  à  trois  isomères  chi- 
miques, la  seconde  à  quatre;  or  nous  n'en  connaissons  encore  que  deux. 
Toute  discussion  sur  ce  sujet  serait  donc  encore  prématurée.  >> 


(  55i  ) 


CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Sur  la  liquéfaction  réversible  des  alburninoïdes . 
Note  He  M.  Tsvett,  présentée  par  M.  Armand  Gantier. 

a  On  sait  qne  les  albnminoïdes,  insolubles  pour  la  plupart  dans  l'eau 
pure,  s'v  dissolvent  ordinairement  à  la  faveur'des  acides,  des  alcalis  et  des 
sels.  Ces  substances  favorisent  le  gonflement  ides  albuminoïdes  et  celui-ci 
peut  être  envisagé,  inversement,  comme  déterminé  par  la  dissolution  de 
l'eau  dans  la  matière  protéirpie. 

»  Nous  avons  trouvé  que  diverses  substances  organiques  telles  que  les 
dioxybenzols  (résorcine,  pyrocatécbine),  le  phénol,  l'hydratedechloral,  etc. 
sont  susceptibles  d'exalter  le  gonflement  etjla  dissolution  dans  l'eau  de 
beaucoup  de  principes  albuminoïdes.  Dans  certaines  conditions  de  con- 
centration, la  matière  alburninoide  passe  après  ^onjlement  ci  l'état  d'un  véri- 
table liquide. 

))  C'est  ainsi  que  la  glutine  ou  gélatine,  presque  insoluble  dans  l'eau  à 
la  température  ordinaire,  mais  susceptible  de  s'y  gonfler  fortement,  se 
dissout  dans  la  résorcine  aqueuse  (80  pour  100)  dans  la  proportion  de  3  à 
4  parties  pour  100.  Si  dans  le  liquide  ainsi  saturé  on  ajoute  un  surplus  de 
gélatine,  celle-ci  gonfle  et  se  transforme  en  qne  masse  homogène  parfai- 
tement fluide.  On  obtient  ainsi  dans  le  récipient  deux  couches  liquides 
nettement  délimitées  :  la  couche  supérieure  est  une  solution  de  gélatine 
dans  la  résorcine  aqueuse;  l'inférieure,  utie  dissolution  de  résorcine 
aqueuse  dans  la  gélatine.  Les  coefficients  d*  solubilité  réciproques  K  et 
K'  varient  avec  la  concentration  de  la  résorcine  et  avec  la  température. 

M  Dans  certaines  conditions,  on  a  K  =  ï^,-  C'est  Vètat  critique. 

»  La  dissolution  et  la  liquéfaction  dans  la  résorcine  aqueuse  ne  sont  pas 
liées  à  une  modification  chimique.  L'albumirloïde  peut  être  récupéré  à 
l'état  intact  au  moyen  de  la  dialyse  ou  en  le  précipitant  par  l'eau.  Le  phé- 
nomène est  donc  réversible  ('). 

»  La  caséine,  l'hémoglobine,  les  peptones,ies  albuminoïdes  protoplas- 
miques  (plastine,  chloroplastine)  sont  également  susceptibles  de  liquéfac- 
tion   par  le  liquide   résorcinique.   Ont  fourni   les  résultats  négatifs  :   la 


(')  Par  contre,  les  cas  de  liquéfaction  étudiés  par  MM.  Dastre  et  Floresco 
{Comptes  rendus,  t.  CXXI,  p.  6i5  ;  1893)  sont  déterminés  par  une  modification  chi- 
mique; ils  sont  irréversibles.  / 

C.  K.,  1S99,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  15.)  74 


(  552  ) 

myosine,  l'ovalbiimine,  la  légumine.  Nous  donnons  ailleurs  le  détail  de  nos 
expériences  et  la  théorie  de  la  liquéfaction.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  dosage  volumétrique  des  quinones  dérivées 
du  benzène.  Note  de  M.  Amand  Valeur. 

«  La  méthode  de  dosage  que  je  propose  est  fondée  sur  la  réduction 
des  quinones  par  l'acide  iodhydrique.  Je  remplace  cet  acide  étendu  par 
un  mélange  équivalent  d'acide  chlorhydrique  et  d'iodure  de  potassium. 
Les  essais  que  j'ai  effectués  ont  montré  que  l'action  de  ce  mélange  sur  les 
quinones  est  instantanée  et  s'effectue  d'après  l'équation  suivante  : 

C«H*0-+2HC1  +  2KI  =  C''H'^0-+2KC1  +  V. 

L'iode  mis  en  liberté  reste  dissous  dans  l'iodure  de  potassium  non  ilécom- 
posé;  il  peut  être  titré,  avec  beaucoup  d'exactitude,  au  moyen  de  l'hypo- 
sulfite  de  sodium. 

»  Dans  les  essais  qui  suivent,  on  a  opéré  de  la  manière  suivante.  On  prélève  de  la 
quinone  pure  et  sèche,  une  quantité  telle  quelle  détermine  la  mise  en  liberté  de 
osi^iSO  à  o§'',5o  d'iode,  correspondant  à  un  nombre  de  divisions  de  la  burette  contenant 
rh3'posulfite,  compris  entre  200  el4oo.  On  dissout  cette  quinone  dans  un  peu  d'alcool 
à  95°.  D'autre  part,  on  mélange  rjpidement  20"  d'une  solution  d'iodure  de  potas- 
sium au  Jj  avec  20"=  d'acide  chlorhydrique  concentré,  préalablement  additionné  d'un 
égal  volume  d'alcool  à  gS"  et  refroidi;  ce  mélange  étant  fait,  on  le  verse  dans  la  solu- 
tion alcoolique  de  quinone,  et  l'on  litre  l'iode  mis  en  liberté  en  laissant  tomber  Thypo- 
sulfite  (solution  correspondant  à  11^','  d'iode  par  litre). 

»  Il  importe  d'opérer  préalablement  le  mélange  d'iodure  et  d  acide  chlorhydrique, 
et  non  d'ajouter  successivement  chacun  de  ces  produits  à  la  quinone;  car,  l'acide, 
d'une  part,  réagirait  immédiatement  sur  la  quinone,  et,  d'autre  part,  l'iodure,  qui  est 
souvent  légèrement  alcalin,  pourrait  déterminer  une  oxydation  partielle  de  ce  com- 
posé, ou  même  exercer  une  réaction  propre.  Enfin,  il  v  a  intérêt  à  effectuer  ce  mé- 
lange au  moment  du  besoin,  de  manière  à  n'avoir  pas  à  tenir  compte  de  l'iode  mis  en 
liberté  par  la  décomposition  spontanée  de  l'acide  iodhydrique. 

)>  Cette  méthode  paraît  applicable  à  la  plupart  des  quinones  vraies. 
Voici  les  résultats  obtenus  avec  quelques-unes  d'entre  elles  : 

Quinone  ordinaire  :  C'H*0'. 

Poids  de  substance 

Iode  mis  en  liberté 

I  pour  1 00  (  théorie  235 ,1) .  ... 


I. 

II. 

III. 

0,25lO 

0,25l I 

0,2008 

o,.5888 

o,5888 

0,4/43 

34,5 

234,4 

236,2 

(  553  ) 


3,5  Dichloroqiiinone  :  (i'IPCl-O-. 

X. 

Poids  de  substance ;  o,  2092 

Iode  mis  en  liberté 0,2994 

I  pour  100  (théorie  i43,5) ^      i43,  i 

Toluquinone  :  G«H3(Œ»)0». 

1. 

Substance 0,2067 

Iode  libre .j         0,4290 

1  pour   100  (théorie  208,3) I     208, 5 

I 
Thymoquinone  :  C'-n^{CY{')\CHV)OK 

I. 

Substance J         o,2i3o 

Iode  libre J         o,33i  i 

I  pour  100  (théorie  i54,8) '      i55,4 


II. 

0,2020 
o , 2905 


143,8 


II. 

0,2707 
0,5629 
207,9 


II. 

o,  i663 
o, 2674 
i54,7 


»  Ce  procédé  de  dosage  est  commode  et  d'un  maniement  rapide.  Il  permet 
d'opérer  sur  des  quantités  très  faibles  de  matière;  c'est  ainsi  qu'on  a  pu 
efFectuer  des  déterminations  exactes  sur  des  poids  dequinone  ordinaire  ne 
dépassant  pas  i'^s>'. 

»  Cette  méthode  paraît  susceptible  de  plusieurs  applications;  elle  per- 
mettra notamment  de  déterminer  la  solubilité  des  quinones  dans  divers 


cool,  données  qu'il  est  très 
la  volatilité  des  quinones  et 


solvants  et  principalement  dans  l'eau  et  l'a 
délicat  d'établir  par  d'autres  voies,  à  cause  d€ 
de  la  difficulté  qu'il  y  a  de  les  sécher  sans  en  perdre  une  certaine  quantité. 
De  plus,  elle  pourra  être  utilisée  chaque  f'^is  qu'il  s'agira  d'étudier  la 
marche  de  l'oxydation  de  l'hydroquinone  pai^  un  ferment  oxydant.  Enfin, 
elle  se  prête  également  au  titrage  des  quinones  quand  celles-ci  sont  enga- 
gées dans  des  combinaisons  peu  stables,  telles  que  les  phénoquinones  et 
les  quinhydrones.  Appliquée  à  la  quinhydrone  ordinaire,  elle  a  fourni  les 
résidtals  suivants  : 


Trouvé  ;  I  pour  100 .'    1 16,6 

Calculépour  C«H'0SOH«0^  :  1  pour  100....      116, 5 


116,3 

» 


1 16, 1 


»   Ce  composé  résulte  donc  bien  de  l'union  à  molécules  égales  de  qui- 
none  et  d'hydroquinone,  contrairement  aux  vhes  de  Wichelhaus.    » 


(  55/i  ) 


ANATOMIE  ANIMALE.  —  Sur  la  slruclure  du  noyau  dans  les  myélocyles  des 
Gastéropodes  et  des  Annclides.  Noie  de  M.  Joaxnes  Ciiativ,  présentée 
par  M.  Filhol. 

«  Dans  une  série  de  recherches,  publiées  de  1888  à  1890,  j'ai  montré 
que  l'élément  nerveux,  décrit  sous  le  nom  de  myèlocyle.  ne  constituait  pas 
une  espèce  hislique  particulière.  Loin  de  se  résumer  en  un  noyau  libre, 
ainsi  qu'on  l'avait  admis  jusque-là,  le  mvélocvte  se  présentait,  chez  les 
animaux  les  plus  différents,  comme  une  véritable  cellule  nerveuse.  Celte 
cellule  était  caractérisée  par  un  novau  volumineux,  mais  aulour  du  noyau 
se  trouvait  une  zone  de  plasma  somatique. 

»  La  présence  d'un  cytoplasme  modifiait  totalement  la  notion  classique 
du  mvélocvte;  cependant  le  noyau  réclamait  une  attention  spéciale,  ne 
fut-ce  qu'en  raison  de  la  remarquable  karvomégalie  offerte  par  l'élément. 
Les  movens  dont  on  disposait  alors  ne  permettant  pas  d'en  poursuivre 
complètement  l'étude,  je  dus  différer  celle-ci  jusqu'au  moment  où  les 
progrès  de  la  technique  l'ont  rendue  possible. 

»  C'est  donc  au  point  de  vue  de  leur  appareil  nucléaire  que  j'ai  repris 
l'examen  des  invelocytes  chez  divers  Gastéropodes  et  Annélides.  J'ai  sur- 
tout fait  usage  de  la  méthode  de  Nissl,  guidé  dans  ce  choix  par  des  considé- 
rations faciles  à  apprécier  :  cette  méthode  ayant  été  presque  exclusivement 
appliquée  aux  récentes  recherches  sur  l'histologie  des  cellules  nerveuses 
chez  les  Tnverlébrés,  je  me  suis  placé  dans  des  conditions  identiques  à 
celles  des  autres  observateurs  et  nos  conclusions  respectives  seront  ainsi 
très  comparables. 

»  Gastéropodes.  —  Comme  je  l'ai  établi  précédemment,  les  myélocytes  sont  aisés  à 
découvrir  dans  le  lobule  de  la  sensibilité  spéciale,  si  bien  décrit  par  M.  de  Lacaze- 
Duthiers. 

)i  La  membrane  nucléaire  est  presque  toujours  assez  visible,  contrairement  à  ce  qui 
s'observe  pour  beaucoup  de  cellules  ganglionnaires.  Toutefois,  et  ceci  ne  saurait  sur- 
prendre en  des  reclierches  aussi  délicates,  on  peut  éprouver  quelque  difficulté  à  isoler 
celte  membrane  de  la  formation  nucléinienne  arrivant  souvent  à  son  contact;  celui-ci 
s'établit  généralement  par  des  points  chromatiques  assez  rapprochés  pour  faire  admettre 
une  suppléance  de  la  membrane  par  certaines  portions  de  la  formation   nucléinienne. 

»  Cette  dernière  est  toujours  très  développée,  riche  en  chromatine,  qui  est  disposée 
le  plus  fréquemment  en  réseau. 

»  (^)uant  au  karyoplasrae,  il  est  fort  réduit  chez  les  Mélicides;  il  est  jjIus  appré- 
ciable chez  les  Limnées  et  les  Planorbes,  sans  être  jamais  fort  abondant. 


(  555  ) 

»  Il  en  résulte  que,  lorsque  des  nucléoles  appaiaitronl,  ils  seront  de  nature  nucléi- 
nienne;  mais  doit-on  même  mentionner  ici  des  nucléoles?  Les  seules  parties  aux- 
quelles ce  terme  puisse  s'appliquer  se  réduisent  à  de  simples  grumeaux  chromatiques, 
disposés  aux  nœuds  du  réseau  nucléinien.  Peu  fréquents,  pouvant  douteusement  être 
assimilés  à  des  nucléoles,  ces  amas  chromatiques  serbnt  plus  constants  dans  le  groupe 
suivant.  ] 

»  Annélides.  —  Considéré  au  point  de  vue  dé  son  noyau,  le  myélocyte  offre 
de  notables  difTérences,  suivant  qu'on  l'examine  chek  tel  ou  tel  type:  les  Sabelles  et 
les  Térébelles  offrent  des  dispositions  assez  analogbes  à  celles  que  présentaient  les 
Gastéropodes;  au  contraire,  chez  la  Pontobdelle,  dhez  l'Arénicole,  etc.,  on  constate 
des  difTérences  importantes  et  c'est  alors  surtout  qii'dn  peut  être  conduit  à  décrire  des 
nucléoles. 

)>  Non  seulement  la  chromatine  tend  à  se  grouper  sous  forme  de  grains  répartis  sur 
le  réseau  nucléinien  ets'accentuant  vers  ses  nœuds,  mais  elle  constitue  un,  deux  ou 
trois  amas  plus  volumineux,  comparables  à  des  nucléoles.  Il  est  à  remarquer  que,  lors 
même  qu'il  existe  deux  ou  trois  de  ces  corpuscules]  l'un  d'eux  demeure  prééminent 
par  son  volume  et  sa  faculté  chromatique,  pouvant  ainsi  faire  croire  à  l'existence  d'un 
seul  nucléole.  Les  corpuscules  niicléolaires  sont  d'ailleurs  toujours  de  faibles  dimen- 
sions, caractère  important  à  relever  pour  l'ensemble  ies  conclusions  qui  se  déduisent 
des  faits  précédents. 

»   Le.s  conclusions  sont  les  suivantes  :  , 

»  1°  Contrairement  à  certaines  assertions,  les  myélocytes  d'Inverlé- 
brés  peuvent  offrir  une  membrane  nucléaire  très  nette; 

»  2°  Dans  ces  mêmes  myélocytes,  la  formation  nucléinienne  se  montre 
comparable  à  ce  qu'elle  est  dans  les  «  petites  Cellules  nerveuses  pauvres  en 
»    protoplasma  des  Vertébrés  »,  étudiées  par  îlamon  y  Cajal; 


iser,  elle  se  répartit  surtout 


»   3°  Lorsque  la  chromatine  tend  à  se  loca 
en  grains  disposés  sur  les  nœuds  du  réseau  nucléinien;  parfois  elle  y  figure 
des  nucléoles.    » 


BOTANIQUE.  —  Sur  l' alternmice  de  générations  des  Cutleria 


Note  de  M.  C.  SAuv.iGE:t#,  présentée 


par  M.  Guignard. 

hitlena,  le  C.  mullifida  et  le 


«  On  connaît,  en  Eiu-ope,  deux  espèces  de 
C.  adspersa,  et  l'on  admet  que  ces  plantes  sexuées  sont  les  gamétophytes 
de  deux  plantes  asexuées,  ou  sporophytes,  V A^glaozunia parvula  et  1'^.  chi- 
losa,  qui  sont  les  deux  espèces  connues  du  genre.  Actuellement,  le  rappro- 
chement entre  le  C.  muUijida  et  \A.  parvula  paraît  démontré;  celui  entre 
le  C.  adspersa  et  1'^.  chilosa,  seulement  supposé  par  analogie  avec  le  précé. 
dent,   et  à  cause  de   la  répartition  de  ces  deux  espèces  dans  le  golfe  de 


(  556  ) 

Naples,  ne  me  paraît  pas  exact.  En  effet,  j'ai  trouvé  à  Guéthary  (Basses- 
Pyrénées)  une  nouvelle  espèce  d'/4o'/ao:o«2a,  r.4.  melanoidea;  il  y  vit  au 
voisinage  du  C.  adspersa  sur  des  rochers  découvrant  à  basse-mer,  faciles  à 
explorer  et  où  ne  se  trouve  pas  l'^l.  chilosa,  d'ailleurs  inconnu  dans 
l'océan.  Je  l'ai  suivi  sur  toute  la  côte  nord  de  l'Espagne  (SanVicente  de 
la  Barquera,  Gijon,  Rivadeo),  et  je  l'ai  identifié  avec  le  Zonaria  melanoidea 
récolté  par  Schousboe  au  Maroc. 

»  \j'A.  melanoidea  forme  des  lames  noires  ou  d'un  brun  noir  sur  les 
pierres  ou  les  Lithothammion,  à  festons  arrondis,  fortement  appliquées  sur 
le  substratum  ;  les  plus  grandes  sont  de  la  dimension  de  la  main:  l'aspect 
est  tout  à  fait  celui  d'un  Ralfsia  de  grande  taille.  La  structure  de  la  lame 
rampante  des  plantules  falkenbergiennes  que  j'ai  trouvées  sur  le  C.  ad- 
spersa (  '  )  correspond  avec  celle  de  1'^.  melanoidea.  Ce  dernier  existe  sans 
doute  aussi  dans  la  Méditerranée,  où  sa  ressemblance  avec  un  Ralfsia  a  dû 
le  faire  méconnaître. 

»  Nous  ignorons  donc  le  gamétophyte  de  VA.  chilosa.  Or  VA.parvula 
se  reproduit  nécessairement  sans  alternance  de  génération  dans  l'Europe 
septentrionale,  puisque  le  C.  multifida  n'y  existe  pas.  JJA.  chilosa  se  com- 
porte probablement  de  même  dans  la  Méditerranée;  son  gamétophyte  a 
complètement  disparu  ou  bien  est  représenté  par  des  espèces  exotiques 
(C  compressa,  C.  paci/ica)  encore  fort  mal  connues. 

))  Sur  des  C.  multifida  que  j'ai  reçus  de  la  station  zoologique  de  Ply- 
moulh,  j'ai  trouvé  des  plantules  falkenbergiennes  épiphytes  provenant  de 
la  germination  d'oosphères  parlhénogénétiques.  Elles  diffèrent  beaucoup 
moins  de  celles  du  C.  adspersa  que  j'ai  étudiées  à  Guéthary,  que  les  dessins 
publiés  par  les  auteurs  le  laissaient  supposer.  Elles  ont  une  colonnette 
(Keimfuss)  aussi  longue  ou  même  plus  longue  que  celle  des  jeunes  A.  me- 
lanoidea; elles  portent,  au  sommet  plusieurs  poils,  et  la  touffe  latérale  de 
poils  est  fréquente,  mais  je  n'ai  pas  vu  de  touffe  basilaire  sur  la  lame  ram- 
pante; son  absence  est  sans  doute  une  différence  spécifique.  On  sait  que 
les  plantules  obtenues  en  culture  par  M.  Falkenberg  et  par  M.  Church 
étaient  courtes  et  privées  de  poils;  leur  aspect  en  était  donc  complètement 
changé.  C'est  qu'en  effet  si  les  Bactéries  et  les  Champignons  se  déve- 
loppent facilement  dans  des  vases  de  dimensions  restreintes,  il  n'en  va  pas 
de  même  des  Algues  marines  à  chromatophores,  et  il  est  nécessaire  de 

(' )  C.  Sauvageau,  Sur  l'origine  du  thalle  des  Cutlériacées  {Comptes  rendus, 
16  mai  1898). 


(  557  ) 
contrôler  les  cultures  de  laboratoire  avec  les  plantules  qu'une  recherche 
entendue  permet  de  rencontrer  dans  la  nature. 

>)  Parmi  plusieurs  centaines  de  plantules  falkenbergiennes  et  thurétiennes 
épiphytes  que  j'ai  isolées  sur  le  C.  adspersa,  j'en  ai  trouvé  quelques-unes 
fort  instructives  que  je  nommerai  churchiennes,  pour  rappeler  leur  ressem- 
blance avec  celles  que  M.  Church  a  décrites.  Je  les  considère  comme  des 
anomalies.  La  colonnetle  continue  à  donner  àsa  base  une  lame  rampante, 
mais  elle  porte  à  son  sommet  un  ou  plusieurs  filaments  cutlériens  ;  suivant 
que  cette  modification  a  lieu  plus  tôt  ou  plus  tard,  la  colonnette  est  plus 
ou  moins  développée  et,  par  suite,  plus  ou  moins  reconnaissable.  J'apprécie 
les  plantules  que  M.  Church  a  obtenues  avec  les  zoospores  de  VA.  pan'ula, 
non  comme  des  Cutleria  confervoïdes  capables  de  produire  une  lame  ram- 
pante, mais  comme  des  colonnettes  churchiennes.  Les  zoospores  de  ce 
même  Aglaozonia  ont  donné  à  M.  Ruckuck  t^eux  sortes  de  germinations; 
les  unes  sont  de  vrais  Cutleria  confervoïdes  de  la  forme  thurétienne,  et  les 
autres  ont  produit  une  lame  basilaire  d' Aglaozonia,  mais  l'examen  des 
dessins  de  l'auteur  me  laisse  croire  qu'il  s'agit  ici  d'une  forme  churchienne 
dans  laquelle  la  colonnette  est  extrêmement  réduite.  Par  suite,  les  zoo- 
spores d' Aglaozonia  aiiraienl  donné  àHelgoland,  simultanément,  la  forme 
thurétienne  et  la  forme  falkenbergienne  modifiée. 

))  Or,  la  germmation  des  oosphères  fécondées  du  C.  multifida  à  Naples, 
et  du  C.  adspersa  à  Antibes,  celle  des  oosphères  parthénogénétiques  du 
C.  multifida  à  Plymouth  et  du  C.  adspersa  à  Guéthary  ont  donné  en  culture 
une  forme  falkenbergienne,  autrement  dit  un  jeune  Aglaozonia.  Au  con- 
traire, la  germination  des  oosphères  parthénogénétiques  du  C.  multifida  à 
Saint-Vaast-la-Hougue  a  donné  une  forme  thurétienne,  autrement  dit  un 
jeune  Cutleria,  et.  bien  que  je  n'aie  point  obteinu  de  fécondation  dans  mes 
cultures  à  Guéthary,  il  serait  possible  d'attribuer  les  plantules  épiphytes 
thurétiennes  trouvées  sur  le  C.  adspersa  à  la  germination  d'oosphères 
fécondées,  car  les  individus  mâles  de  cette  espèce  y  sont  plus  abondants 
que  les  individus  femelles.  Par  conséquent,  les  oosphères  de  Cutleria, 
qu'elles  soient  fécondées  ou  parthénogénétiques,  de  même  que  les  zoo- 
spores d'j4g/ao3o«j'a,  peuvent  donner  ou  bien  un  Cutleria  ou  bien  un  Aglao- 
zonia. L'alternance  de  générations  n'est  pas  nécessaire,  mais  variable,  sui- 
vant, sins  doute,  qu'agissent  des  conditions  que  nous  ne  savons  point 
préciser,  mais  qu'il  y  aurait  peut-être  lieu  de  rechercher  dans  la  variation 
du  nombre  des  chromosomes,  si  la  théorie  de  M.  Strasburger  sur  la  réduc- 
tion chromatique  est  exacte. 


(  558  ) 

»  La  colonnette  qui  paraît  être  l'origine  nécessaire  d'un  Aglaozonia  peut 
donc  produire  aussi  un  Cutlena.  On  a  vu  des  Zanardinia  et  des  C  multifida 
donner  de  nouveaux  individus  par  prolifération  superficielle,  et  le  mode  de 
végétation  des  Aglaozonia  est  très  favorable  à  la  multiplication  par  bou- 
tures. Mais  on  n'a  jamais  signalé  qu'un  thalle  de  Cutlena  put  naître  par 
prolifération  sur  un  thalle  d' Aglaozonia  et,  réciproquement,  qu'une 
colonnette  fût  portée  par  l'un  ou  par  l'autre  thalle.  Il  y  a  opposition  com- 
plète, à  tous  les  points  de  vue,  entre  un  Cutleria  et  un  Aglaozonia  et  la 
colonnette  est  un  lien  entre  eux,  bien  que  sa  structure  diffère  nettement 
de  l'un  et  de  l'autre.  La  colonnette  nous  apparaît  donc  comme  un  organe 
essentiel  et  primordial  dont  l'importance  phjlogénique  est  sans  doute  con- 
sidérable, mais  impossible  à  préciser  actuellement.  Nous  ne  connaissons 
point  de  Phéosporée  actuelle  qui  lui  soit  absolument  comparable,  mais  elle 
paraît  se  rapprocher  surtout  des  Mjriotrichia  et  Litosiphon  qui,  comme  elle, 
restent  pleins  et  portent  des  poils  exogènes;  mais  ceux-ci  sont  diffus  au 
lieu  d'être  localisés.  Jusqu'à  ce  que  j'aie  fait  l'étude  des  germinations  fal- 
kenbergiennes  épiphytes,  on  ne  soupçonnait  point  que  la  colonnette  put 
acquérir  une  aussi  grande  différenciation.  Les  plantules  churchiennes  nous 
éclairent  sur  le  rôle  de  la  colonnette;  peut-être  trouvera-t-on  d'autres  plan- 
tules analogues  où  elle  portera  des  organes  reproducteurs  lui  appartenant 
en  propre,  et  qui  nous  éclaireront  sur  ses  affinités  réelles.  Quoi  qu'il  en 
soit,  un  Cutleria  me  paraît  être  la  synthèse  de  trois  genres  :  le  Cutleria  pro- 
prement dit,  V Aglaozonia,  et  la  colonnette  de  genre  inconnu.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  une  plante  à  gutta-percha,  susceptible  d'être  cultwée  sous 
un  climat  tempéré.  Note  de  MM.  Dybowski  et  G.  Fnox,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«  La  gutta-percha  est,  comme  on  le  sait,  produite  principalement,  à 
l'heure  actuelle,  par  des  arbres  appartenant  à  la  famille  des  Sapotacées,  et 
croissant  dans  les  régions  intertropicales. 

»  Il  n'est  donc  pas  sans  intérêt  de  constater  qu'une  plante,  appartenant 
à  un  tout  autre  groupe  botanique  et  croissant  dans  des  régions  à  climat 
tempéré,  peut  également  produire  de  la  gutla. 

»  Il  s'agit  d'une  espèce  étudiée  par  MM.  Oliver  et  Weiss,  et  décrite 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres,  en  1 892,  sous  le  nom  de 
Eucomia  ulmoides   Oliver.  N'ayant  à  sa  disposition  que  des  échantillons 


(  559  ) 
incomplets,  ce  botaniste  n'a  pu  faire  de  la  plante  une  étude  définitive. 
Cependant  il  range  le  genre  Eucomia  dans  les  Euphorbiacées,  au  voisinage 
des  Crotonoidées,  et  signale  déjà,  dans  les  divers  organes  de  la  plante,  la 
présence  de  vaisseaux  laticif'éres  dont  le  contenu  devient  particulièrement 
visible  quand,  ayant  brisé  une  portion  de  tige  ou  de  feuille,  on  écarte  avec 
précaution  les  deux  parties. 

»  M.  Weiss  entreprit  l'étude  anatomique  dé  la  tige  et  des  feuilles  et  plus 
particulièrement  celle  du  développement  des  laticifères.  Il  constata  leur 
présence  en  grande  abondance  dans  le  [larenchyme  cortical  de  la  tige  et 
leur  ressemblance  avec  les  vaisseaux  à  latex  des  Euphorbiacées.  Il  a  dosé 
la  proportion  d'éléments  soUibles  au  chloroforme  dans  la  région  corticale, 
le  rendement  qu'il  a  obtenu  est  de  3  pour  loo. 

»  Ayant  remarqué  l'analogie  qui  existe  entre  les  feuilles  de  Palaquium  et 
celles  de  Y  Eucomia  quand,  brisant  avec  précaution  les  feuilles,  on  laisse 
apparaître  le  contenu  des  laticifères,  nous  avons  été  conduits  à  essayer 
d'appliquer  aux  différents  organes  de  la  plante  le  procédé  de  traitement 
recommandé  par  M.  Jungfleisch  pour  l'extraction  de  la  gutta-percha  des 
feuilles  de  Palaquium  ('  ). 

«  Le  traitement  a  porté  d'abord  sur  des  feuilles  fraîches  provenant  d'un  pied 
A^Eucomia  ulmoïdes  qui  existe  au  Jardin  colonial.  L'échantillon  a  été  misa  la  dispo- 
sition de  cet  établissement  par  M.  Maurice  Vilmorin,  lequel  avait  reçu  des  graines  du 
nord  de  la  Chine. 

»  Les  feuilles  de  V Eucomia  ulmoïdes  ont  8"'"  à  9""  de  longueur  sur  4"'"  à  5""  de 
largeur.  Elles  sont  ovales,  acuminées,  finement  dentées,  courtement  pétiolées  et  pré- 
sentent une  certaine  analogie  d'aspect  avec  celles  de  notre  Orme  commun,  d'où  le  nom 
d'espèce  donné  par  M.  Oliver. 

»  Opérant  sur  206''  de  feuilles  sèches,  nous  avons  obtenu  os'',/i5  de  produit  soluble 
au  toluène,  ce  qui  correspond  à  un  rendement  de  28',  35  pour  100.  Ce  rendement  est 
faible  si  l'on  considère  que  les  feuilles  fraîches  renferment  70  pour  100  d'eau. 

»  L'écorce  est  largement  parcourue  par  des  laticifères.  Mais  la  plante  que  nous 
possédons  étant  très  jeune  encore,  nous  n'avons  pu  en  distraire  des  rameaux  pour  les 
soumettre  au  traitement.  Cette  expérience  ne  pourra  être  faite  qu'ultérieurement. 

»  Une  seconde  série  d'observations  a  porté  sur  les  fruits.  Le  fruit  est  une  samare 
dont  la  longueur  est  de  3™  à  3™,  5  sur  une  largeur  de  i'='°.  Un  lot  de  200  fruits  pèse 
environ  i3e''  à  i^"''. 

»  Le  dosage  de  la  matière  soluble  au  toluène,  après  épuisement  à   l'alcool,   nous  a 

(')  Jungfleisch,  La  production  de  la  gutta-percha  {Bulletin  de  ta  Société  d'en- 
couragement à  l'Industrie  nationale,  jo  juin  1892). 

C.  R.,  1899,  2"  Senestre.  (T.  CXXIX,  N"  15.)  yS 


(  56o  ) 


fduini  les  reiidemenls  suivants  : 


2°. 


Produit  soluble 

Prise  d'essai. 

au  toluène. 

■  OB'- 

4«S09 

iSe'' 

/isSia 

»  Soit  une  proportion  de  Ss'',  20  de  produit  soliiblo  au  toluène  sur  SoS"'  de  matière; 
ce  qui  correspond  à  un  rendement  égal  à  27,34  pour  100. 

»  Nous  avons  opéré  sur  des  fruits  non  desséchés.  La  proportion  d'eau  contenue  dans 
le  fruit  est  d'ailleurs  faible  et  égale  37,4  pour  100. 

»  Le  produit  obtenu  est  de  couleur  brune  avec  des  reflets  métalliques. 
Plongé  dans  l'eau  chaude  il  se  ramollit,  s'élire  en  feuilles  minces  analogues 
à  de  la  baudruche  et  prend  bien  sous  la  compression  l'empreinte  d'une 
médaille.  En  se  refroidissant  il  perd  de  la  souplesse  et  devient  résistant. 

»  Nous  n'avons  pas  manqué  de  soumettre  les  échantillons  obtenus  à 
M.  Léauté  dont  l'opinion  en  pareille  matière  fait  autorité.  Il  a  bien  voulu 
nous  déclarer  et  nous  autoriser  à  dire  qu'il  considérait  cette  gutta  comme 
étant  de  «  bonne  qualité  ». 

»  Culture.  —  Le  Jardin  colonial  où  la  plante  a  été  étudiée  possédait  un  pied 
cVEucomia  ulmoides.  Des  expériences  ont  été  entreprises  en  vue  de  déterminer  le 
mode  de  multiplication  auquel  la  plante  pourrait  être  soumise.  En  effet,  étant  pour 
l'instant  connue  seulement  dans  le  nord  de  la  Chine,  il  ne  sera  sans  doute  pas  aisé 
d'obtenir  rapidement  toute  la  quantité  de  graines  désirable.  D'autre  part  la  germination 
de  ces  graines  s'est  montrée  difficile  et  capricieuse.  Un  semis  a  donné  des  levées  dont 
la  première  a  eu  lieu  après  six  semaines,  la  deuxième  après  cinq  mois  et  d'autres  plus 
tard  encore. 

»  Fort  heureusement  le  procédé  du  bouturage  a  fourni  les  résultats  les  plus  favo- 
rables. En  toute  saison,  les  rameaux  peuvent  s'enraciner  et  donner  des  plantes  se  dé- 
veloppant vigoureusement.  Cependant  le  printemps  semble  la  période  la  plus  favorable 
à  la  reprise  des  boutures.  Celles-ci  devront  être  faites  avec  des  rameaux  ligneux  pris 
sur  la  plante  alors  qu'étant  à  l'état  de  repos  elle  est  dépourvue  de  feuilles. 

»  L'origine  de  la  plante  permettait  de  prévoir  qu'elle  offrirait  une 
certaine  rusticité.  En  effet,  elle  a  bien  résisté  au  froid  de  l'hiver  sous  le 
climat  de  Paris,  étant  exposée  à  l'air  libre.  On  peut  donc  espérer  que  la 
culture  de  cette  plante  à  gutta  pourra  être  faite  d'une  manière  pratique 
dans  les  régions  tempérées  et  présenter  de  réels  avantages.  Le  Jardin 
colonial  en  fait  expérimenter  la  culture  en  Annam,  au  Tonkin  et  dans  le 
nord  de  l'Afrique.  » 


h 


(  56.   ) 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Action  des  vapeurs  anesthésiques  sur  la  vitalité 
des  graines  sèches  et  des  graines  humides  (').  Noie  de  M.  Hexki  Coupiv, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  On  sait  que  les  anesthésiques,  et  notamment  le  chloroforme  et  l'éther 
que  j'ai  seulement  en  vue  dans  cette  Note,  amènent  la  mort  des  êtres 
vivants,  lentement  lorsqu'ils  agissent  pendant  trop  longtemps,  rapidement 
quand  ils  sont  employés  à  une  dose  élevée.  Ceci  est  vrai  aussi  bien  pour 
les  animaux  que  pour  les  végétaux,  considérés  à  l'état  de  vie  active.  Je  me 
suis  demandé  si  l'action  était  la  même  avec  des  organismes  à  l'état  de  vie 
ralentie,  et,  pour  le  savoir,  je  me  suis  adressé  à  des  graines,  matériaux 
d'études  très  favorables,  car,  chez  elles,  le  protoplasma  a  une  vitalité 
extrêmement  ralentie. 

»  J'ai  mis  un  certain  nombre  de  grains  de  Blé  de  Bordeaux  dans  une  atmosphère 
saturée  de  vapeurs  de  chloroforme  et  des  grains  de  Trèfle  violet  dans  une  atraosplière 
saturée  d'élher  sulfurique.  Toutes  les  vingt-quatre  heures,  je  prélevais  quelques 
graines,  je  les  faisais  gonfler  dans  l'eau  et  je  les  mettais  au  germoir.  Il  semble  a  priori 
que  les  graines  ne  devaient  pas  tarder  à  périr  dans  une  atmosphère  aussi  asphyxiante  : 
contrairement  à  ces  prévisions,  il  n'en  a  rien  été.  Les  graines  sont  restées  au  contact 
des  vapeurs  saturées  d'anesthésiques  pendant  plus  de  six  cent  quatre-vingts  heures 
sans  subir  le  moindre  trouble  dans  leur  pouvoir  germinatif.  Bien  plus,  ces  graines, 
mises  au  germoir  en  même  temps  que  des  graines  témoins,  germèrent  tout  aussi  vite 
que  ces  dernières. 

I 

»  Je  crois  donc  pouvoir  conclure  de  ces  (expériences  que  les  vapeurs 
anesthésiques  mêmes  saturées  sont  sans  action  sur  le  protoplasma  à  l'état  de  vie 
ralentie. 

»  On  pourrait  tirer  de  ce  fait  une  conclusion  pratique  pour  la  destruc- 
tion des  insectes  qui  attaquent  les  graines  conservées  par  les  cultivateurs. 
[1  suffirait  de  répandre  un  peu  de  chloroforme  dans  l'endroit  où  elles  se 
trouvent  pour  tuer  les  insectes  nuisibles,  sans  nuire  aux  graines  intactes. 
Le  sulture  de  carbone  que  l'on  a  proposé  d'employer  dans  les  mêmes 
conditions,  et  qui  est  très  efficace  pour  les  insectes,  a,  en  etfet,  l'inconvé- 
nient de  nuire  à  certaines  semences,  le  Blé  par  exemple. 

(')  Travail  du  laboratoire  de  Botanique  de  la  Sorbonne,  dirigé  par  M.  Gaston  Bonnier. 


(  562  ) 
»   Il  était  intéressant  de  savoir  comment  se  comporteraient  des  graines 
humides  placées  dans  les  mêmes  conditions  que  les  graines  sèches. 

»  J'ai  semé  des  graines  humides  dans  des  verres  renfermant  de  la  sciure  de  bois 
humeclée  et  j'ai  placé  les  pots  dans  des  cloches  de  lo'"'  de  capacité,  cloches  herméti- 
quement closes,  dans  lesquelles  je  versais  par  un  tube  une  dose  plus  ou  moins  forte 
d'anesthésique.  Les  graines  sur  lesquelles  ont  porté  mes  expériences  sont  les  suivantes  : 

»  Lupin  blanc,  Trèfle  violet,  Vesce  velue  de  printemps.  Sarrasin,  Blé,  Orge,  Maïs, 

Chanvre. 

»  Un  pot  témoin  placé  à  l'extérieur  permettait  de  comparer  la  vitesse  de  la  germi- 
nation ('). 

»  Avec  une  dose  de  j"  d'éther,  la  germination  s'est  faite  comme  à  l'air  libre. 

»  Avec  une  dose  de  i'"  d'éther,  la  germination  a  été  un  peu  ralentie.  Par  exemple, 
au  bout  de  dix  jours,  la  gemmule  de  l'Orge  avait  ;">  à  l'air  libre  et  5'"»  dans  l'air 
chargé  de  vapeurs  anesthésiques. 

>)  Avec  une  dose  de  3"  d'éther,  la  germination  a  été  très  ralentie.  Ainsi,  au  bout 
de  douze  jours,  les  Lupins  aneslhésiés  sortaient  à  peine  de  terre,  tandis  que  ceux  pla- 
cés à  l'air  libre  avaient  un  axe  hypocotylé  de  6'^'"  de  longueur. 

>)  Avec  une  dose  de  3'•^  5  d'éther,  les  graines  de  Trèfle  violet  ont  seules  subi  un 
commencement  de  germination. 

»  Avec  une  dose  de  3",  7  d'éther,  aucune  graine  n'a  germé.  Les  graines  retirées  de 
dessous  la  cloche  au  bout  de  quinze  jours,  lavées  à  grande  eau  et  mises  au  germoir, 
n'ont  pas  germé  :  elles  n'étaient  donc  pas  seulement  endormies  mais  bien   mortes. 

»  Il  est  à  noter  que  cette  dose  de  3",  7  d'éther  pour  loooo':'^  d'air  est  considérablement 
éloignée  de  l'état  de  saturation. 

»  Ainsi,  les  graines  dont  la  vitalité  a  été  ranimée  par  l'humidité  sont  très 
sensibles  aux  vapeurs  anesthésiques  qui  ralentissent  leur  germination  ou  les 
tuent  à  une  dose  très  faible  (environ  ,/„^„  j.  Cette  deuxième  conclusion 
rend  la  première  encore  plus  frappante.   » 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

J.  B. 


(')  Plusieurs  expérimentateurs  ont  déjà  étudié  l'action  des  anesthésiques  sur  les 
graines,  mais  en  les  faisant  gonfler  pendant  vingt-quatre  heures  dans  une  solution 
plus  ou  moins  concentrée  d'anesthésique  et  en  les  semant  ensuite  à  l'air  libre.  Il  est 
bien  évident  que  ce  mode  opératoire  n'est  pas  comparable  au  nôtre,  dans  lequel  nous 
ne  considérons  que  les  vapeurs  d'anesthésique  agissant  d'une  manière  continue. 


(563  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  nu  2.5  septembre  1899. 

Rapport  sur  les  travaux  du  Conseil  central  de  salubrité  et  des  Conseils  d'ar- 
rondissement du  département  du  Nord  pendant  l'année  1898,  présenté  par  le 
D'"Thiba.ut.  N°  57.  Lille,  impr.  L.  Danei,  1899;  i  vol.  in-8°. 

Annales  de  la  Société d' émulation  du  département  des  Vosges.  LXXV  année, 
1899.  Paris,  Aiig.  Goin,  1899;  i  vol.  ia-8". 

Bulletin  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale,  publié  sous  la  direction  du 
Conseil  d'administration.  3*  série,  t.  XIII,  2*  livraison,  189g.  Saint-Etienne; 
I  vol.  in-8". 

Mémoires  de  la  Société  d' Agriculture,  Sciences.  Belles-Lettres  et  Arts  d'Orléans. 
2*^  série,  t.  XXXVI,  n°'  5  et  6.  Orléans,  impr.  G.Michau  et  C'^;  i  fasc.  in-8''. 

Revue  bryologique .  Bulletin  bimestriel  consacré  à  V étude  des  Mousses  et  des  Hé- 
patiques. 26^  année,  1899,  n°  5.  Athis  (Orne),  T.  Hiisnot.  1899;  1  fasc. 
in-8". 

Hypothèses,  par  James  Pochon.  Cortaillod  (Suisse),  chez  l'Auteur,  1899; 
I  fasc.  in- 12. 

Sul diametro  solare,  Memoria  di  A.  di  Legge  et  A.  Prosperi.  Ronia,  tipo- 
grafia  délia  R.  Accademia  dei  Lincei,  1899;  i  fasc.  in-Zj". 

The  Cenlenary  of  the  electric  carrent,  1799- 1899  :  A  lecture  delivered during 
the  meeting  of  the  British  Association  for  the  advancement  of  Science,  1899, 
by  D""  J.-A.  Fleming.  London,  1899;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.  ) 

Precession  Tables  adapted  to  Newcomb  's  value  of  the  precessional  constant 
andreduced  to  the  epoch  1910,0,  by  A.-M.-W.  Downing.  Edinburgh,  Neill 
and  C,  1899;  I  fasc.  in-4°. 

U.  S.  Department  of  Agriculture.  Weather  bureau.  Report  of  the  chief  of  the 
weather  bureau,  1897-98.  Washington,  1899;  i  vol.  in-4°. 

Meteorological  observations  made  at  the  Adélaïde  observatorv  and  other 
places  in  the  South  Australia  and  the  northern  territoiy,  during  the  year  i8g6, 
under  the  direction  of  Charles  Todd.  Adélaïde,  printed  bv  C.-E.  Bristow, 
1899;  I  fasc.  petit  in-f°. 

Annalen  der  kaiserlichen  Universitàts-Sternwarte  in  Strassburg.  herausgeg. 
V.  E.  Becker.  ZweiterBand.  Rarlsruhe,  1899;  1  vol.  in-4°. 


On    souscrit    à    Paris,    (  hez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Granùs-Augustins,  n°  55. 

îpni»  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'ann/ 
138,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volu  : 
l'irt  du  i"  janvier. 
>  Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  quHl  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Dnion  postale  ;  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extra' 


IX  Tolumes  in-4*-  Deux 
abonnement  est  annuel 


'es  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


/  rj. 


chez  Messieurs  : 
|[ Ferryn  frères. 

\  i  Chaix. 

Jj  r J  Jourdan. 

'  I  Ruff. 

i  m Courtin-Hecquet. 

i  Germain  etGrassin. 
'  ■  '  I  Lachése. 

'c  nne Jérôme. 

e  çon Jacquard. 

,  Feret. 
'0  taux Laurens. 

'  Muller  (G.). 
lo  ^es Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
J.  Robert. 
,  Uzel  frères. 

'a    Jouan. 

h  berv Perrin. 

.  (  Henry. 

A  ourg ,.      •' 

(  Marguerie. 


It  ont-Ferr.. 


Juliot. 
Ribou-Collay. 

La  m  arche. 

Ratel. 

Rey. 

l  Lauverjat. 
\  Degez. 

,,  , ,  i  Drevet. 

H  Ole „ 

(  Gratier  et  C". 

a^  chelle Foucher. 

,l,re  (Bourdignon. 

(  Dombre. 
m.  t  Thorez. 

(  Quarré. 


Lorient. 


Lyon. 


Marseille. .    . 
Montpellier . 


chez  Messieurs  : 
Baumal. 
M"'  Texier. 
Bernoux  et  Cumin 
Georg. 
Côte. 
Savy. 
Ville. 
Ruai. 

\  Calas. 
i  Coulet. 


Nantes 


Nice. 


Moulins Martial  Place. 

i  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidol  frères. 
Loiseau. 
Veloppé. 
Barma. 
Visconti  et  C'v 

Nimes Thibaud. 

Orléans    Luzeray.   \ 

„   .  .  l  Blanchier. 

Poitiers ,,       , 

(  Marche. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Roche/ort Girard  (M""). 

I  Langlois. 

\  Leslringanl. 
Chevalier. 

(  Poiiteil-Burles. 

(  Rumèbe. 

1  Gimct. 

)  Privai. 

,  Boisselier. 
Tours !  Péricat. 

'  Suppligeon. 

(  Giard. 

(  Lemaîlre. 


Rouen 

S'-Étienne 
Toulon. . .  ■ 


Toulouse. 


Valenciennes . 


On  souscrit,  à 


-nger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


chez  Messieurs  : 
Feikema    Caarelsen 
et  G". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  O'. 

Dames. 

Friediander   et   ' 
f  Mayer  et  Mullei 

Berne .     Schmid  et  Fran 

Bologne Zanichelli. 

iLamertin. 
MayolezetAud 
Lebègue  et  C" 
(  Sotcheck  et  C 
)  Slorck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighlon,  Bell clC 

Christiania Cammermej  i:r. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Hosl  et  fils 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 


Bucharest . 


Gênes .    . 

Genève . .    . 

La  Haye .  ■ 
Lausanne.. 


Beuf. 

Cherbul 

Georg 

Stap'  ■iixi-r. 

Bc!   !'3i'.U'  frères. 

Be.i.la 


l 

Ban  11. 
\  Brockhaus. 

Leipzig Liiienlz. 

I  .Max  Rube. 
Iwielmeyer. 

I  Desoer. 
^^Se (Gnusé. 


chez  .Messieurs  : 
l  Dulau. 

" Hachette  et  C''. 

'  Nuit. 
ixenibourg.    .  .     V.  Buck. 

Libr.  Gutenberg. 

•.',idrid iRomoy  Fussel. 

I  Gonzalès  e  hijos. 
'  F.  Fé. 

Milan !^°<=«a  frères. 

'  Hœpli. 
Moscou Tastevin. 

Naples S  Marghieri  di  G.u». 

)  Pellerano. 

i  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
Ne^v-Vork Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  el  C- 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaès  el  Moniz. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Rome j  Bocoa  frères. 

!  Loescheret  C". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Sarason  et  Wallin. 

^  Zinserling. 
(  WolBf. 
Bocca  frères. 
Brero. 


S'-Petersbourg . 


Turin . 


1  Clausen.  ' 

'  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolll 

Vérone Drucker. 

Vienne '  ,j 

'  Gerold  et  C*. 

I  Ziirich Meyer  et  Zeller. 


ABUS  GÉNÉRALES  DES  COUFTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉKIE  DES  SC'ENCES  : 

Tomes  !•'     31.  —  (  3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-  i»;  it3.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61,  —  (  i"  Janvier  i85i  à  3r  Décembre  i865.  >  Voliirne  'wH°;  lo^A    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (.i"  Janvier  i866  à  3i  Décembre  uf.so.)  \o.«jie  in-4';  1889.  Prix 15  fr. 

:PPLÉMENT  ADX  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  : 

Tci  )  I  :  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A,  DeebÉs  et  A,-J.-J.  Solieb.  —  Mémoire  su 
""■s,  par  M.HiNiEN. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  pbénomèues  digestifs      i 

'*' .  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4'',  avec  32  planches  ;  i856 

"  I  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  réponse  a  la  question  de  Pri. 
lOT:  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  ■.  Étudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  orga 
■"I  aires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition .  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  dispariuon  succès 
Miapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn 


ic     ulcul  des  Perturbations  qu'éprouTCollct 
.'icdlièremenl  dans  la  digestion  des  matières 

15  fr, 

>sée  en  i85o  par  l'Académie  des  Science» 
.a 'ossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
,  '  simultanée. —  Rechercher  la  nature 
avec  37  planches;  1861..  .        15  fr 


A  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Sarants  a    'Académie  des  Sciences. 


K  15. 

TABLE   DES    ARTICLES.    (Séance    du   î>  octobre    1899.) 


MÉMOIRES  ET  COMMUi\IGiVTIO\S 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'AGADËMIE. 


Pages. 

M.  le  SECRiiTAïuE  l'EnrÉTiiKL  aiiiionce  à  i'Aca- 
flcmic  que  le  Tome  \LV,  r  série,  des  Mé- 
moires de  l'Académie  est  en  distribution 
au  .Secrétariat 535 

M.   MAiiaiir.  Lévy.    —  Sur  l'équilibre  élas- 


Pages. 

ïf     tiçiue  d'une  plaque  rectangulaire 53. i 

;itf.  Émilk  Picard.  —  Quelques  remarques  sur 
les  intégrales  doubles  de  seconde  espèce 
dans  la  Uiéorie  des  surfaces  algébriques. .     53.) 


NO.MmATIONS. 


VI  M.  CiiiiNi-  et  Si.viuiAU  .-lonl  dcïigués  i  uniniu 
de\anl  l'iue  présentés  à  M.  le  .Ministre  de 


la  (.'■ucrre  pour  faire  partie  du   Conseil  de 
perfectionnement  de  l'École  Polytechnique    54'i 


MÉMOIRES   PRESENTES. 


.M.  Eue.  Ac!<.EUM.vx.\  soumet  au  jugement  de 
l'Académii  un  Mémoire  <■  Sur  le  dessèche- 
ment futui  de  l'ile  de  Alarajo  (  Brésil;   »..     .3.'|i 


,M.  G.  GiBO.N  adresse  diverses  Notes  relatives 

I    à  ses  trois  types  de  ballons  dirigeables.. .     ")4i 


CORRESPO.\D  AIVCE . 


\1.  le  Seorétaipe  perpétuel  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspondance, 
le  deuxième  Voluue  de  l'i^uvrage  public 
en  langue  russe  par  M.Grouin-Crjimaïlo 
«  Description  d'un  \nvage  dans  la  Chine 
occidentale  ■■ >4' 

M.  L.  CiWLS.  —  Sur  une  niodilicalion  de  la 
méthode  de  Bessel  pour  le  calcul  des  nrcul- 
lations 54  ' 

M.  P.  Chofardkt.  —  Observaiions  de  la  co- 
mète (îiacobini  (  iSyg,  e)  faiies  à  l'obser- 
vatoire de  Besançon,  avec  Véquatorial 
coudé 545 

M.  Rénaux.  —  Sur  les  fonctions  f'^ndamen- 
tales  et  sur  le  développement  d' me  fonc- 
tion liolomorplic  à  l'intérieur  d'un  contour 
en  série  de  fondions  fondament.iles '  54.5 

M.  J.-A.  Le  Bel.   —  Sur  la  stéréo;himie  de 

Bulletin  BiBLiofiiiAPHiQur: 

Errata 


l'azote 

\l.  TsvETT.  -  Sur  la  liquéfaction  réversible 
des  albuminoïdes 

M.  .\uMAMi  Valeur.  —  Sur  le  dosage  volu- 
métrique  des  quinones  dérivées  du  ben- 
zène  , 

M.  JoANMis  Gratin.  -  Sur  la  structure  du 
noyau  dans  les  myélocytcs  des  Gastéro- 
podes et  des  Annélides 

M.  C.  Sauvageau.  —  Sur  l'alternance  de 
généralions  des  Cutleria..    

.MM.  Dyuowski  et  G.  Fron.  —  Sur  une 
plante  à  gutla-percha,  susceptible  d'être 
cultivée  sous  un  climat  tempéré 

M.  Henri  CouriN.  —  .\ction  des  vapeurs 
^  anesthésiques  sur  la  vitalité  des  graines 
sèches  et  des  graines  humides 


54N 
55 1 

55.' 

554 
555 

55s 

56i 

563 
J65 


PARIS     - 


l  M  P  R  t  .M  E  R  [  li     G  A  U  T  H  I  E  R  -  V  l  L  L  A  R  S 
Quai  des  Grands-Augustins,  55 

/.«  Ijérant  ;  tiAOrBlEh-VlLLAHS. 


1891) 

SECOND  SEaiE;  :  RE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  n.TI.  liES  SECRÉTAIRES   PERPÉTlIEIiS 


TOME  CXXIX. 


NM6  (16  Octobre  1899) 


PARIS, 

tîAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES   RENDUS   DES   SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustias,   55. 

1899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUJI 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES   DES    23    JUIN    1861   ET    24    MAI    1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  C Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  oarunAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Ac  p  ' 
sonl  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  1 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qii 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séai 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Sa\ 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  pei 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  d^ 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  o 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoir; 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  reqi 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours! 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  ceU 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ila 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  corresponde 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  et 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  pli]&| 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  II 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compm 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  re)\ 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier.  •  \ 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais 
leurs;  il  n'v  a  d'exception  que  pour  les  Rapd 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernepil 

Article  5. 

Tous.les  six  mois,  la  Commission  administrai 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendit 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrélaires  sonl  chargés  de  l'exécution  | 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MW.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  prij 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5* .  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  [ 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI   16  OCTOBRE   1899, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MEMOIRES  ET  COMMUMCATIOIVS 

DES    MEMBRES  ;ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE.  —  Sur  les  positions  d'équilibre  d'un  navire 
avec  un  chargement  liquide.  Note  de  M.  Appell. 

«  Le  problème  de  l'équilibre  d'un  navire  avec  un  chargement  liquide  a 
fait  l'objet  d'importantes  recherches  de  M.  Guyou,  résumées  dans  la 
Théorie  du  Navire  ('). 

»  En  me  plaçant  à  un  point  de  vue  géométrique,  je  me  propose  d'étendre 
à  ce  problème  la  belle  méthode  suivie  par  M.  Guyou  pour  l'équilibre  d'un 
flotteur  sans  liquides  intérieurs,  en  donnant  le  moyen  de  trouver  les  posi- 
tions d'équilibre  et  de  discuter  leur  stabilité. 

(')  Consulter  également  un  travail  de  iM.  Duhem  {Journal  de  Mathématiques, i^^Q). 
C.  R.,  X899,  1'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  16.)  76 


(  568  ) 

»  Soit  un  flotteur  que  je  suppose  fermé,  renfermant  dans  son  intérieur 
des  surfaces  fermées  S,,  S. S„  invariablement  liées  au  flotteur  et  par- 
tiellement remplies  de  liquides  homogènes  de  densités  quelconques. 
Appelons-/;  le  poids  du  flotteur  sans  liquides,  p,,  p-^t  •  •  ■ .  Pn  1^^  poids  des 
liquides  contenus  respectivement  dans  les  surfaces  S,,  S^,  . .  .,  S„  ;  le  poids 
total  du  flotteur  est  dès  lors 

»  Soient  nr  le  poids  de  l'unité  de  volume  du  liquide  dans  lequel  le  flot- 
teur est  immergé  et  V  le  volume  immergé.  Il  est  évident  que  les  conditions 
d'équilibre  sont  les  suivantes  : 

»    1°  Les  surfaces  de  tous  les  liquides  doivent  être  horizontales; 

»   2"  On  doit  avoir 

»  3°  Le  centre  C  de  la  carène  immergée  et  le  centre  de  gravité  G  de 
tout  le  flotteur  doivent  être  sur  une  même  verticale. 

»  Laissons  de  côté  seulement  la  dernière  condition,  et  supposons  qu'on 
donne  au  flotteur  toutes  les  orientations  possibles  sous  la  condition  vsV  =;  P, 
les  surfaces  des  liquides  étant  constamment  horizontales.  Cherchons,  dans 
ces  conditions,  le  lieu  du  point  C  et  celui  du  point  G  par  rapport  au  flotteur. 
D'après  les  théorèmes  de  Dupin,  le  lieu  du  point  C  est  la  surface  (C)  des 
centres  de  carène  :  dans  chaque  position  du  flotteur,  le  plan  tangent  à 
cette  surface  au  point  C  est  horizontal.  De  même  le  lieu  du  centre  de  gra- 
vité C,  d'un  quelconque  des  liquides /o,  est  une  surface  (C,)  dont  le  plan 
tangent,  dans  chaque  position  du  flotteur,  est  horizontal  :  toutes  ces  sur- 
faces sont  convexes.  Dans  ces  conditions  le  lieu  du  centre  de  gravité  total  G 
du  système  formé  par  le  flotteur  et  les  liquides  est  une  surface  (G),  et  il  est 
facile  de  voir  que  le  plan  tangent  a  celte  surface  au  point  G  correspondant 
à  une  position  quelconque  du  flotteur  est  horizontal.  Cette  surface  (G)  est 
convexe  comme  (C,),  (Co)  ...  (C„),  Les  deux  surfaces  (C)  et  (G)  étant 
supposées  construites,  pour  qu'il  y  ait  équilibre  dans  une  position  ilonnée, 
il  faut  et  il  suffit  que  la  droite  GC  soit  verticale,  et,  comme  les  plans  tan- 
gents en  G  et  C  sont  horizontaux,  il  faut  et  U  suflît  que  GC  soit  une  nor- 
male commune  aux  deux  surfaces. 

»  Slabilué.  —  Pour  discutej-  la  stabilité,  appliquons  le  mode  de  raison- 
nement de  M.  Guyou. 


f    56q    ) 

«  Les  positions  stables  sont  celles  dans  lesquelles  le  centre  de  gravité  de 
lont  le  système,  flotteur,  liquides  intérieurs,  liquide  extérieur,  est  le  plus 
bas  possible. 

)>  i"  Quelle  que  soit  l'orientation  du  flotteur,  on  fait  descendre  le  centre 
de  gravité  en  rendant  les  surfaces  libres  de  tous  les  liquides  horizontales. 

»  3."  La  condition  précédente  étant  remplie,  si  l'on  descend  le  flotteur 
parallèlement  à  lui-même,  le  centre  de  gravité  descend  jusqu'au  moment 
où  rô  V  ^  P,  pour  remonter  ensuite. 

»  3"  Les  conditions  précédentes  étant  remplies,  inclinons  le  flotteur  : 
le  minimum  de  la  hauteur  du  centre  de  gravité  total  a  lieu  en  même  temps 
que  le  minimum  de  la  distance  du  point  G  au  plan  tangent  à  la  surfnce  C. 

»  On  est  donc  ramené  à  ce  problème  de  Géométrie  :  Etant  données  deux 
surfaces  ((1)  et  (G),  trouver  la  plus  courte  distance  d'un  point  de  (G)  au  plan 
tangent  à  (C). 

»  Supposons  que  l'on  réalise  matériellement  ces  deux  surfaces  (C)  et  (G), 
invariablement  liées  l'une  à  l'autre,  avec  une  substance  sans  poids  :  pla- 
çons stu"  la  surface  (G)  un  point  matériel  assujetti  à  glisser  sans  frottement 
sur  cette  surface.  Les  orientations  du  flottein-,  dans  l'équilibre,  sont  les 
mêmes  que  les  orientations  du  système  pesant  ainsi  formé  reposant  par  la 
surface  (C)  sur  un  plan  horizontal  fixe. 

M  S'il  n'y  a  pas  de  liquides  intérieurs,  la  siu'face  (G)  est  un  point  et  Ton 
retrouve  les  résultats  de  M.  Gtiyou. 

»  Remarque.  —  Si,  au  lieu  de  supposer  toutes  les  surlaces  des  liquides 
/?,,  p.,,  ...,  p„  planes  et  parallèles,  on  leur  donnait  des  formes  quel- 
concjues,  le  centre  de  gravité  G  se  déplacerait  d'une  manière  continue  de 
façon  à  occuper  successivement  les  diverses  positions  de  l'intérieur  de  la 
surface  (G). 

»  On  pourrait  donc  dire  aussi  qu'il  s'agit  de  trouver  la  plus  courte 
dislance  d'un  point  G  de  ce  volume  au  plan  tangent  à  la  surface  (C).  Il  est 
évident,  en  eflet,  que  le  minimum  ne  peut  avoir  lieu  que  si  le  point  G  est 
sur  la  surface  (G)  et  les  plans  tangents  en  G  et  C  parallèles.  » 


OPTIQUE.  —  Méthode  pour  la  mise  au  point  d'un  collimateur. 
Noie  de  M.  G.  Lippmann. 

ic   Mettre  au  point  un  collimateur,  c'est  amener  la  fente  dans  le  plan 
local  de  l'objectif,  afin  que  l'image  de  cette  fente  soit  rejetée  à  l'infini.  On 


(  '''70  ) 
opère  ce  réglage  par  la  méthode  suivante,  qui  m'a  paru  précise.  On  éclaire 
la  fente  et  l'on  observe  son  image  dans  nne  lunette  auxiliaire.  Entre  le  col- 
limateur et  la  lunette  on  intercale  un  hilame,  c'est-à-dire  le  système  de 
deux  lames  de  verre  à  faces  planes  et  parallèles,  inclinées  l'une  et  l'autre 
sur  le  faisceau  lumineux  d'environ  4j"»  ^^  î>  P^u  près  perpendiculaires 
entre  elles.  L'intersection  des  deux  lames  est  parallèle  à  la  fente. 

))  Le  bilame  dédouble  par  réfrartion  l'image  de  la  fente,  et  donne  deux 
images  écartées  l'une  à  droite,  l'autre  à  gauche  de  l'image  primitive.  L'in- 
tervalle linéaire  entre  les  demi-images  est  constant  et  proportionnel  à 
l'épaisseur  du  bilame;  il  demeure  le  même  quel  que  soit  le  tirage.  Donc, 
tant  que  le  réglage  n'est  pas  parfait,  on  voit  deux  images  de  la  fente.  Lorsque 
le  réglage  devient  parfait,  les  deux  images  paraissent  se  rapprocher  jus- 
qu'à se  confondre;  l'intervalle  linéaire  qui  les  sépare  est  demeuré  con- 
stant; mais  il  est  vu  sous  un  angle  nul  lorsque  le  système  des  deux  images 
est  rejeté  à  l'infini.  L'opération  consiste  donc  à  faire  varier  le  tirage  jusqu'à 
ce  que  les  deux  images  ])araissent  se  confondre. 

»  Si  l'on  savait  tailler  des  lames  de  verre  à  faces  planes  et  exactement 
parallèles,  ime  lame  unique  pourrait  remplacer  le  bilame,  à  condition  seu- 
lement de  l'intercaler  sur  le  passage  de  la  moitié  des  faisceaux  lumineux. 
Mais  on  ne  peut  pas  compter  sur  un  parallélisme  parfait  :  une  lame  de 
verre  à  faces  planes  est  en  réalité  uu  prisme  d'angle  très  petit.  C'est  pour 
cette  raison  qu'il  convient  d'employer  un  bilame  fait  de  deux  lames  décou- 
pées dans  un  même  disque  de  glace.  L'intersection  du  plan  des  deux  lames 
doit  être  perpendiculaire  à  l'arête  du  prisme  primitif.  Le  plan  de  section 
devient  dès  lors  un  plan  de  symétrie  du  bilame,  et  l'effet  de  la  déviation 
prismatique  se  trouve  éliminé. 

»  La  précision  obtenue  n'est  limitée  que  par  le  pouvoir  séparateur  de 
l'instrument.  C'est  d'ailleurs  une  limite  qu'il  serait  inutile  de  dépasser.  » 


CHIMIE   MINÉRALE.  —  Production  d' ozone par  la  décomposition  de  l' eau 
au  moyen  du  fluor.  Note  de  M.  Henri  Moissax. 

«  Lorsque,  dans  une  réaction,  l'oxygène  est  mis  en  liberté  à  basse  tem- 
pérature, on  peut  remarquer  que  ce  corps  simple  se  polymérise  avec  la 
plus  grande  facilité  et  qu'il  se  forme  de  l'ozone.  Nous  citerons  comme 
exemple  l'action  de  l'acide  sulfurique  sur  le  bioxyde  de  baryum  ou  sur  le 


(  ^7^  > 
permanganate  de  potassium.  Il  est  vrai  que  si  la  réaction  produit  quelque 
dégagement  de  chaleur,  l'ozone  se  détruit,  et  nous  n'en  retrouvons  plus 
que  des  traces.  A  cause  même  de  l'instabilité  de  l'ozone  à  la  température 
ordinaire  sa  destruction  peut  être  totale. 

»  L'action  du  fluor  sur  l'eau  vient  apporter  une  nouvelle  preuve  de  cette 
facile  polymérisation  de  l'oxygène  à  basse  température. 

»  Nous  avons  démontré,  en  1891,  que  le  fluor  en  présence  de  l'eau  à  la 
température  ordinaire  décomposait  ce  liquide,  avec  formation  d'acide 
fluorhvdrique  et  d'ozone.  Nous  avons  même  fait  remarquer  qu'en  laissant 
tomber  quelques  gouttes  d'eau  au  milieu  d'une  atmosphère  de  fluor,  l'ozone 
qui  se  produisait  était  assez  concentré  pour  apparaître  avec  la  belle 
couleur  bleue  indiquée  par  MM.  Hautefeuilie  et  Chappuis. 

»  Nous  avons  répété  ces  expériences  au  moyen  d'un  courant  de  fluor 
plus  abondant,  préparé  dans  un  appareil  en  cuivre.  Nous  avons  pu  ainsi 
faire  passer  un  grand  volume  de  fluor  dans  une  petite  quantité  d'eau. 

»  Le  fluor  est  amené,  par  un  petit  tube  de  platine,  dans  un  barboteur 
à  eau  maintenu  à  la  température  constante  de  0°.  Il  passe  ensuite  dans  un 
ballon  de  Chancel  à  fond  rond,  tel  que  ceux  qui  sont  utilisés  pour  prendre 
la  densité  des  gaz. 

»  Lorsque  l'appareil  de  Chancel  est  rempli  par  déplacement  d'oxygène 
ozonisé,  on  titre  ce  dernier  au  moyen  d'une  solution  d'iodure  de  po- 
tassium, en  présence  d'un  excès  d'acide  sulfurique,  pour  éviter  la  for- 
mation d'iodate.  L'iode  mis  en  liberté  est  enfin  dosé  par  l'hyposulfite  de 
sodium. 

»  Pour  introduire  la  solution  d'iode  dans  le  ballon,  sans  perdre  d'ozone, 
on  dispose  sur  la  tubulure  centrale  un  entonnoir  effilé  dans  lequel  on  verse 
le  liquide,  additionné  d'acide  sulfurique.  On  refroidit  ensuite  assez  for- 
tement le  ballon,  au  moyen  d'acide  carbonique  solide  et  d'acétone.  Le 
gaz  se  contracte,  et  en  ouvrant  le  robinet  le  liquide  pénètre  dans  l'in- 
térieur. 

»  La  solution  d'iodure  de  potassium  dans  l'acide  sulfurique  est  intro- 
duite ainsi  en  plusieurs  fois,  jusqu'au  moment  où  le  gaz  ne  colore  plus 
l'iodure  de  potassium.  On  reconnaît  la  fin  de  la  réaction  en  portant  le 
ballon  à  la  température  du  laboratoire  et  en  laissant  passer,  grâce  au  ro- 
binet, une  bulle  de  gaz  dans  la  solution  d'iodure  qui  se  trouve  dans  l'en- 
tonnoir. Cette  bnlle  ne  doit  produire  aucune  coloration.  Après  agitation, 
on  débouche  le  ballon  et  l'iode  libre  est  dosé  par  l'hyposulfite. 


(  ''7^  ) 
»   Nons  citerons,  comme  exemple,  les  expériences  suivantes,  qui  ont 
été  conduites  avec  beaucoup  de  régularité  : 

Ozone  par  litre. 

Durée  -^^^^—^ .^ ^, 

de  l'expérience.  En  volume.  En  poids. 

1"       Cinq  minules 56,3  0,19.07 

2°       Dix  minules 90,7  0,1945 

3°       Trente  minutes '43,9  o,3q85 

En  ramenant  à  loo""  nous  avons: 

i"       Cinq  minutes,  en  volume 5,63 

2"        Dix  »  Il        9)07 

3"       Trente      )■  «       i4,39 

«  D'après  cette  expérience,  la  teneur  en  ozone  du  gaz  produit  était  en 
volume  de  i4>39  pour  100.  A  partir  de  ce  moment  la  quantité  d'ozone 
reste  à  peu  prés  constante.  Ainsi  que  ces  chiffres  l'indiquent,  c'est  une 
proportion  assez  élevée.  En  réalité,  la  concentration  de  l'ozone  produit 
par  le  fluor  au  contact  de  l'eau  est  plus  grande  que  celle  qui  est  fournie 
par  les  analvses  précédentes.  En  effet,  le  déplacement  de  l'air  du  ballon 
])ar  l'ozone  exige  un  temps  assez  long,  pendant  lequel  l'ozone  concentré 
se  décompose. 

»  D'autre  part,  l'influence  de  la  vitesse  du  courant  est  très  grande.  Dans 
nos  expériences,  cette  vitesse  était  de  3'"  à  l'heure.  Plus  le  courant  de 
fluor  sera  rapide,  en  ayant  bien  soin  toutefois  de  refroidir  l'eau  à  la  tem- 
pérature de  0°,  et  plus  la  concentration  de  l'ozone  sera  forte. 

»   Il  se  fait  ici  un  équilibre  entre  les  deux  réactions  suivantes  : 

»  1"  Formation  d'ozone  bleu  par  décomposition  de  l'eau  par  un  excès 
de  fluor; 

»    2"  Destruction  de  l'ozone  par  l'élévation  de  la  température  ambiante. 

»  Dans  plusieurs  séries  d'expériences,  lorsque  la  vitesse  du  courant  de 
fluor  est  inférieure  à  3'"  par  heure,  la  teneur  de  l'oxygène  en  ozone  variait 
de  10  à  12  pour  100.  Dans  d'autres  expériences,  où  l'on  ne  refroidissait 
pas  l'ampoule  qui  contient  l'eau  à  la  température  de  o",  la  teneur  en  ozone 
était  beaucoup  moins  élevée. 

«  Cette  formation  si  facile  de  l'ozone  concentré  par  l'action  du  fluor  sur 
l'eau,  à  la  température  de  o",  pourrait  peut-être  devenir  le  point  de  départ 
de  quelques  applications. 

»   La  préparation  du  fluor  par  voie  éleclrolytique  est  encore  délicate. 


(  5?^  ) 
mais  elle  n'est  point  coûteuse.  De  plus,  l'ozone  ainsi  obtenu  ne  renferme 
pas  trace  de  composés  oxygénés  de  l'azote.  Nous  évitons  dans  cette  forma- 
tion de  l'ozone  toute  réaction  secondaire,  et  si  cette  nouvelle  préparation 
devenait  industrielle,  elle  mettrait  en  évidence  la  grande  activité  chimique 
du  gaz  fluor.    » 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Des  qualités  piéventives  du  sérum  sanguin 
d'une  génisse  immunisée  contre  la  péripneumonie  contagieuse  des  Bondes. 
Note  de  MM.  S.  Arloisg  et  Dcpuez. 

«  I.  M.  Willemsa  montré  depuis  longtemps  que  l'on  pouvait  immuniser 
les  Bovidés  contre  la  péripneumonie  contagieuse  en  inoculant  la  sérosité 
des  lésions  pulmonaires,  par  scarifications,  au  voisinage  de  l'extrémité 
libre  de  la  région  coccygienne.  L'opération,  simple  par  elle-même,  déter- 
mine parfois  des  tuméfactions  spécifiques  souvent  mortelles,  toujours 
mutilantes. 

»  En  outre,  la  pratique  a  démontré  que  l'inoculation  willemsienne  de- 
mande un  certain  temps  pour  développer  ses  effets  préventifs,  pendant 
lequel  les  sujets  restent  exposés  à  la  contagion. 

»  Il  y  a  donc  lieu  de  chercher  un  procédé  d'immunisation  comparable, 
dans  ses  résultats,  à  celui  de  Willems,  mais  plus  prompt  dans  ses  effets  et 
sans  danger.  I/un  de  nous  a  déjà  fait,  dans  cette  voie,  des  tentatives  in- 
fructueuses. En  attendant  que  l'on  trouve  ce  moyen  idéal  pour  conférer 
une  immunilc  durable,  peut-être  serait-il  |)ossible  de  communiquer  rapi- 
dement et  sans  danger  une  immunité  passagère  qui  mettrait  les  Bovidés 
à  l'abri  :  i"  de  l'infection  naturelle  pendant  le  développement  des  effets 
bienfaisants  de  l'inoculation  v/illemsienne;  2"  des  accidents  graves  qui, 
parfois,  suivent  cette  inoculation. 

»  Le  sérum  sanguin  d'une  génisse  ou  d'un  bœuf  fortement  immunisé 
nous  semblait,  a  priori,  devoir  posséder  les  qualités  nécessaires  à  l'obten- 
tion de  ce  double  résultat. 

»   II.  Il  s'agissait  donc  d'abord  de  préparer  un  sujet  producteur  de  sérum. 
»   Nous  avons  entrepris  cette  préparation  depuis  le  mois  de  juillet  1896, 
sur  une  génisse  de  race  charoUaise. 

n  L'iiimiunisalioii  de  cette  bêle  a  été  commencée  par  i'inoculalion  de  Willems  vers 
l'exlrémilé  de  la  région  coccygieu'ie.  Après  le  délai  réclamé  par  l'évolution  de  raction 


(  '574  ) 
préventive,  on  a  fait  une  série  d'injections  de  très  faibles  doses  de  sérosité  pulmo- 
naire dans  le  tissu  conjonctif  sous-cutané  de  la  queue.  L'état  de  l'animal  continuant 
à  se  maintenir  très  satisfaisant  à  la  suite  de  ces  inoculations,  on  se  risque  à  en  faire 
de  nouvelles,  à  doses  plus  fortes,  dans  des  régions  où  le  tissu  conjonctif  sous-cutané 
est  lâche  et  abondant,  telles  que  l'encolure,  la  face  latérale  du  thorax,  et  de  l'abdomen. 
La  quantité  de  sérum  injectée  en  un  seul  point  s'est  élevée,  dans  les  derniers  temps,  à 
So'^S  4o"  et  So'^'^. 

»  Les  injections  ont  toujours  été  rapprochées  par  groupes.  Entre  chaque  groupe,  on 
laissait  reposer  le  sujet.  Les  groupes  d'injections  produisaient  une  oscillation  de  la 
température  centrale  :  celle-ci  s'élevait  peu  à  peu  jusqu'à  i"  au-dessus  de  la  normale 
au  fur  et  à  mesure  que  les  injections  se  multipliaient,  puis  elle  revenait  à  l'initiale, 
en  dépit  de  l'introduction  de  nouvelles  doses  de  sérosité.  La  plupart  des  injections  ne 
causaient  pas  de  réaction  locale;  mais  quelques-unes  déterminaient  un  gonflement 
chaud,  oedémateux,  douloureux,  qui,  d'ordinaire,  disparaissait  entièrement  au  bout  de 
quelques  jours,  d'autres  fois  était  suivi  d'une  induration  lente  à  se  résorber;  jamais 
elles  n'ont  produit  de  nécrose  ou  de  séquestre. 

»  Somme  toute,  nous  possédotis  acluellement  un  animal  de  l'esjîèce 
bovine  qui  tolère,  dans  son  tissu  conjonctif,  des  doses  de  sérosité  viru- 
lente cent  fois  et  même  cinq  cents  fois  plus  fortes  que  la  dose  capable  d'en- 
traîner des  tumeurs  mortelles  sur  un  sujet  vierge. 

»  C'est  de  ce  sujet  que  nous  avons  retiré  le  sérum  qui  fut  essayé  dans 
les  circonstances  suivantes. 

»  III.  Une  première  expérience  devait  nous  renseigner  sur  la  valeur 
préventive  du  sérum  de  la  génisse  contre  l'infection  naturelle.  A  l'époque 
où  ce  sérum  a  été  retiré,  l'immunisation  de  la  génisse  était  moins  forte 
qu'elle  ne  l'est  aujourd'hui. 

»  Dans  ce  but,  six  vaches  bretonnes  sont  aciietées  dans  le  département  du  Mor- 
bihan et  dans  une  région  exemple  de  péripneumonie.  Elles  sont  transportées  aux  en- 
virons de  Paris,  dans  une  étable  où  la  péripneumonie  n'a  jamais  été  constatée.  Ces 
bêtes  sont  destinées  à  être  introduites  le  lendemain  dans  un  foyer  de  contagion.  Mais, 
auparavant,  elles  sont  divisées  en  trois  lots  :  les  vaches  1  et  2  recevront  une  seule 
injection  sous-cutanée  de  sérum  à  la  dose  de  ao"^"^;  les  vaches  3  et  4  recevront  aussi 
une  injection  avant  leur  introduction  dans  l'élable  contaminée  et,  déplus,  des  injec- 
tions successives  pendant  toute  la  durée  du  séjour  dans  le  milieu  infectieux  ;  les 
vaches  5  et  6  seront  exposées  intactes  à  la  contagion. 

)i  L'expérience  a  duré  quatre  mois.  Au  bout  d'un  mois  et  demi,  la  vache  témoin 
n°  6  contracta  la  péripneumonie.  Au  bout  de  deux  mois  et  demi,  la  vache  n°  1  ayant 
reçu  une  seule  injection  de  sérum  devint  malade  à  son  tour.  Malheureusement,  l'in- 
fection naturelle  borna  là  ses  ravages  ;  aucune  des  autres  vaches  n'a  été  contaminée, 


(  57'!  ) 

ainsi  que  l'examen  nécropsique  ultérieur  l'a  démontré.  Si  la  majorité  des  animaux 
soumis  à  l'action  du  sérum  a  échappé  à  la  contagion,  on  trouve  également  une  bêle 
indemne  pyrnii  les  deux  témoins. 

»  L'expérience  n'est  donc  pas  concluante,  et,  depuis  qu'elle  a  été  faite, 
nous  n'avons  pas  rencontré  d'occasion  propice  pour  la  répéter.  Par  consé- 
quent, sur  la  question  de  l'immunisation  temporaire  contre  l'infection 
naturelle  par  le  sérum  d'une  génisse  vaccinée,  nous  sommes  tenus  à  une 
grande  réserve. 

»  IV.  La  seconde  expérience  devait  nous  renseigner  sur  la  valeur  pré- 
ventive du  sérum  contre  les  effets  mortels  de  la  sérosité  pulmonaire  viru- 
lente, injectée  dans  les  madles  du  tissu  conjonctif.  Par  la  manière  dont  elle 
a  été  conduite,  elle  peut  aussi  nous  renseigner,  dans  une  certaine  mesure, 
sur  la  valeur  curative  du  sérum  immunisé. 

»  Cette  expérience  a  porté  sur  six  vaches  bretonnes,  qui  toutes  ont  reçu  une  forte 
dose  de  sérosité  péripneumonique  (2""!,)  sous  la  peau  de  l'encolure.  Mais  il  avait  été 
convenu  que  les  vaches  1  et  2  recevraient  préalablement  une  injection  de  10""  de 
sérum,  que  les  vaches  3  et  4  recevraient  préalablement  quatre  injections  semblables, 
et  que  les  n"*  5  et  6  recevraient  une  injection  avant  l'inoculation  virulente  et  trois  au 
cours  de  la  période  silencieuse  qui  s'écoule  habituellement  entre  cette  dernière  et 
l'apparition  de  la  tumeur  spécifique. 

>'  Vingt  jours  francs  ont  séparé  la  première  injection  de  sérum  de  l'inoculation  de 
la  sérosité  virulente.  Comme  la  dose  de  sérosité  employée  à  l'inoculation  était  relati- 
vement très  forte,  la  tuméfaction  locale  s'est  montrée  presque  immédiatement,  mais 
son  évolution  a  été  différente  suivant  les  animaux. 

»  Sur  les  sujets  1  et  2,  elle  prit  rapidement  une  grande  extension,  si  bien  que, 
douze  jours  après  l'inoculation,  pour  l'un,  et  quatorze  jours,  pour  l'autre,  on  se 
décida  à  sacrifier  les  malades  dont  la  vie  était  sérieusement  menacée.  Chez  la  vache 
n°  2,  la  tumeur  locale  s'accompagnait  d'un  gonflement  mou  et  douloureux  de  l'articu- 
lation fémoro-tibiale  droite. 

»  Sur  les  sujets  3  e*- 4,  les  suites  de  l'inoculation  virulente  n'eurent  pas  les  mêmes 
conséquences.  On  crut  devoir  abattre  le  n"  A,  dont  la  tumeur  était  très  étendue  et  dont 
l'état  général  était  devenu  très  grave.  Quant  au  n"  3,  après  avoir  donné  de  vives 
inquiétudes,  il  finit  par  se  rétablir.  La  tumeur  se  circonscrivit  et  se  transforma  en  un 
abcès. 

»  Les  sujets  5  et  G  surmontèrent  tous  les  deux  des  accidents  locaux  très  sérieux. 
Après  avoir  manifesté  des  tendances  envahissantes,  les  tumeurs  se  délimitèrent  à  leur 
pourtour,  :  'ouvrirent  dans  quelques  points  de  leur  surface,  d'où  elles  laissèrent  échap- 
per des  fragments  de  tissus  nécrosés.  Seulement,  malgré  ces  bruyantes  réactions 
locales,  l'étal  général  des  sujets  o  et  6  ne  cessa  jamais  d'être  satisfaisant. 

C.  R.,  1899,  2»  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  16.)  77 


(576) 

»  Il  n'est  pas  douteux  que,  dans  cette  expérience,  nous  ayons  obtenu 
des  effets  préventifs  et  même  curatifs,  mais  au  prix  de  plusieurs  injections 
et  surtout  d'injections  faites  pendant  la  période  latente  et  l'évolution  des 
tumeurs  spécifiques.  Si  faible  que  soit  la  manifestation  de  ces  effets,  elle 
permet  de  compter  sur  un  résultat  meilleur,  lorsque  nous  pourrons 
employer  un  sérum  plus  immunisant. 

»  V.  Disons  donc,  en  terminant,  que  si  nous  ne  pouvons  pas  affirmer 
aujourd'hui  la  possibilité  de  créer  une  immunité  passive  capable  de  prévenir 
temporairement  l'infection  naturelle  dans  un  milieu  où  sévit  la  péripneu- 
monie  contagieuse,  nous  nous  croyons  en  mesure  d'avancer  que  le  sérum 
sanguin  d'un  sujet  immunisé  contre  la  péripneumonie  nous  est  un  moyen 
préventif  ou  curatif  d'atténuer  les  inconvénients  de  l'inoculation  willem- 
sienne. 

»  Les  expériences  relatées  dans  cette  Note  ont  été  faites  avec  le  concours 
de  M.  Galibert  et  de  M.  Mestre,  vétérinaires  sanitaires  du  département  de 
la  Seine,  à  qui  nous  adressons  nos  vifs  remercîments.  » 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  la  deuxième  édition  du  «  Traité  de  Phvsique  élémen- 
taire »,  de  M.  Ed.  Branly.  (Présenté  par  M.  de  Lapparent.) 

M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères  informe  l'Académie,  par  l'en- 
tremise de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  que  le  «  Cercle  indus- 
triel agricole  et  commercial  »  de  Milan  a  décidé  d'offrir  une  médaille  d'or 
à  l'inventeur  du  meilleur  appareil,  ou  à  la  personne  qui  fera  connaître  la 
mesure  la  plus  efficace,  contre  les  accidents  du  travail  des  ouvriers  électri- 
ciens. Le  concours  ouvert  à  cet  effet  est  international. 

M.  le  3ii\isTRE  DES  Affaires  étrangères  communique  le  Rapport  sui- 
vant du  Consul  général  de  France  à  Smyrne,  sur  un  tremblement  de  terre 
survenu  dans  cette  ville  et  en  Anatolie,  dans  la  nuit  du  19  au  20  sep- 
tembre dernier  : 


»  Une  violente  secousse  de  tremblemen',  de  terre  a  été  ressentie  à  Smvrne  et 


en 


(    '77  ) 

Analolie,  celte  nuit,  à  4''  •  'e  mouvement  a  eu  une  durée  de  quarante-cinq  secondes, 
et  il  était  accompagné  de  bruits  souterrains. 

»  Ainsi  que  l'indique  le  graphique  que  Votre  Excellence  trouvera  ci-joint  et  dont  je 
dois  la  communication  aux.  RR.  PP.  Lazaristes,  les  lignes  de  plus  longue  amplitude  du 
trouble  sismique  s'inscrivent  dans  le  sens  nord-est-sud-ouest,  alors  que  de  nombreux 
enregistrements  suivent  une  direction  plus  voisine  de  nord-sud.  Au  commencement  du 
phénomène,  des  secousses,  qui  correspondraient  à  un  mouvement  vertical,  ont  été 
remarquées  par  un  certain  nombre  de  personnes. 

»  Les  dégâts,  pour  Smyrne,  se  bornent  à  la  chute  de  quelques  pans  de  mur  dans 
les  quartiers  de  Mortakia  :  aucun  accident  de  personne  n'est  à  déplorer. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même,  malheureusement,  en  ce  qui  concerne  beaucoup  de  loca- 
lités de  l'intérieur.  Si  le  tremblement  de  terre  a  été  ressenti  sans  accident  sur  la  côte 
d'Anatolie  et  dans  les  îles,  ses  conséquences  ont  été  désastreuses  dans  la  vallée 
du  Méandre.  D'après  les  renseignements  parvenus  à  la  direction  du  chenain  de  fer 
d'Aïdin,  renseignements  confirmés  en  grande  partie  par  des  informations  de  source 
officielle,  le  tremblement  de  terre  de  septembre  1S99  aura  été  un  des  plus  violents  que 
l'on  ait  eu  à  enregistrer  dans  ce  pays  :  à  Aïdin  même,  les  maisons  écroulées  ne 
se  comptent  pas.  Une  partie  de  la  ville  est  détruite,  le  nombre  des  cadavres  trouvés  sous 
les  décombres  est  de  plus  de  vingt-cinq,  alors  que  les  recherches  ne  font  que  com- 
mencer. En  remontant  le  cours  du  Méandre,  on  signale  à  Nazli  vingt  morts  et  quantité 
d'immeubles  endommagés;  à  Ortakché,  la  ville  est  complètement  ruinée;  le  nombre 
des  victimes  serait  de  cent  personnes.  Seraïkeny,  Denizli  ont  également  souffert,  sans 
que  l'on  puisse,  jusqu'à  présent,  se  rendre  compte  du  nombre  d'individus  qui  ont 
perdu  la  vie  dans  la  catastrophe.  L'incendie  est  venu  généralement  lendre  celle-ci  plus 
terrible  :  ses  conséquences  se  feront  vivement  sentir,  à  une  époque  où  toute  la  popu- 
lation valide  doit  consacrer  son  activité  à  la  rentrée  des  récoltes  dans  la  région  qui 
vient  d'être  si  cruellement  éprouvée,    n 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  Giacobini  (29  septembre  1899), 
faites  à  r obseri'atoire  d'Alger,  à  l' équatorial  coudé  de  o",  3i6  d'ouverture, 
par  MM.  R.4.mbaud  et  Sv,  présentées  par  M.  Lœwy. 

Comète.  —  Étoile. 


Dates. 

Ascension 

Nombre 
de 

1899. 

Étoiles. 

droite. 

Déclinaison. 

compar. 

Obseiv. 

Octobre  2.  . 

a 

m       s 
—    0.42,07 

-f-   3.37,4 

12:12 

S 

2 .  . 

a 

— -    0.41,08 

-h  3.5o,5 

12:12 

R 

4.. 

..      b 

--  2.36,84 

-Hi6.37,2 

12:   8 

R 

4.. 

..      b 

—  2.35,73 

H-i6.54,6 

12:   8 

S 

(  578  ) 


Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Ascens.  droite  Déclinaison 

Dates.                     moyenne  Réduction  moyenne          Réduction 

1899.        •           1899,0.  au  jour.  1899,0.             au  jour, 

h        m       s  s  0         .         ., 

Oct.  2..      a     i6.33.   6,56  4-  2,77  —  4-23. 22,0     —  0,9 


Autorités. 

j    ^[Manich,,    n»    12824  +  Radcliffe,, 

j        n°432i. 

,         ,        ^   5     t  /•  2  te     o  ri  ifSchi.,  Il"  5c)i8 -|-Munichi,n"' 12048 

4..      /.     .6.37.52,97     +^,1^     -3.57.00,7     -0,4     p'^.F[adcliffe3,no4346] 


Positions  apparentes  de  la  comète. 


Dates. 

1899. 

Oct.   2 

2. .  .  . 
4.... 
4.... 


Temps 

moyen 

d'Alger. 

h       m       s 

7. 16.28 

7.32.49 
7.27.28 
7.49.     2 


Ascension 

droite 
apparente, 
h      m      s 
16.82.27, 26 

16.82.28,25 
16. 85. 18,89 
16.35.20,00 


Log.    fa  et. 
parallaxe. 

7,574 

1,596 
7,628 


Déclinaison 

apparente. 

—  4.19.45,5 

—  4.19.82,4 

—  3.40. 58, 9 

—  3.40.86,5 


Log.  fact. 
pai'allaxe. 

0,747 
0,745 
0,742 
0,788 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  un  problème  relatif  aux  congruences  de  droites. 
Note  de  M.  E.  Gouhsat,  présentée  par  M.  Darboux. 

«  Dans  une  Note  récente  {Comptes  rendus,  24  juillet  1899;  p.  201), 
M.  Demoulin  a  proposé  la  question  suivante,  due  à  M.  Bricard  :  Établir 
entre  deux  droites  la  correspondance  la  plus  générale  telle  que,  si  l'une  d'elles 
engendre  une  congruence  de  normales,  il  en  soit  de  même  de  l'autre.  La  solu- 
tion de  ce  problème,  que  je  vais  indiquer  succinctement,  offre  une  appli- 
cation intéressante  de  la  théorie  des  transformations  de  contact. 

»  Soient  (m,,  «2,  j/,,  m,, )  les  coordonnées  d'une  droite;  si  ces  coor- 
données sont  fonctions  de  deux  paramètres  variables  p,  p,,  la  droite  décrira 
une  congruence.  En  choisissant  convenablement  les  coordonnées  u^,  u^, 
«3,  u^,  la  condition  pour  qu'une  droite  engendre  une  congruence  de  nor- 
males est  la  suivante  :  a,  c^w,  +  u.idu^  doit  être  une  différentielle  exacte.  Par 
exemple,  si  l'on  écrit  les  équations  d'une  droite 


a;  =  a  -t- 


X  =  è  -f 


y/i  — «»— P« 


(  579  ) 
cette  droite  engendrera  une  congnience  de  nornaales,  pourvu  que 

(x.da  -^  <^db 

soit  une  différentielle  exacte.  Cette  condition  ne  changeant  pas  quand  on 
permute  a  et  «,  Z>  et  [3,  on  en  déduit  immédiatement  une  tiansformation 
particulière  répondant  à  la  question. 

»  Le  problème  proposé  par  M.  Bricard  conduit  donc  au  problème  sui- 
vant d'Analyse  :  Trouver  loules  les  transformations 


(0 


P=  o,{x,y,p,q),  V.,=:^.^{x,y,p,q), 


telles  que  1V/X-|-Q6?Y  soit  une  différentielle  exacte  toutes  les  fois  que 
p dx  -[-  q dy  est  une  différentielle  exacte  (on  suppose,  bien  entendu,  que  x, 
r./7, 7  sont  remplacées  par  des  fonctions  de  deux  paramètres  A^ariables  p,  p,). 
»  Un  calcul  élémentaire  montre  que  les  conditions  nécessaires  et  suffi- 
santes pour  qu'il  en  soit  ainsi  sont  exprimées  par  les  cinq  relations 

D(X.P)        D(Y,Q)  ^  D(X,P)        D(Y,  Q)  _ 

D(x,r)   ^  D(x,j)  '  T>{x,q)  '^   D{œ,q)   " '^• 

(.\  I  D(^'P)    I    D(Y>Q)_o  D(X,P)         D(Y,Q) 

^-^  \   D{y,p)   ^  B{y,p)         "'  B{p,q)    ^  B{p,q)    ^  °' 

D(X,P)  _  D(Y,Q)  ^  D(X,P)  ^  D(Y,Q) 
D(^,/))     '     D(^,/>)         D(j,,/)     ■     D(y,q)' 

on  déduit  aisément  des  formules  (2)  que  l'on  a  une  identité  de  la  forme 

(3)  \'dX-hQdY  =  A(pdx-hqdy)^df, 

A  étant  une  constante,  et  f(x,y,p,  q)  une  fonction  quelconque  de  x,y, 
p,  q.  Si  l'on  pose  maintenant 

(4)  Z  =  Az^f(x,y,p,q), 
l'identité  (3) devient 

(5)  dZ-PdX:-qdY  =  A(ds  ~pdx^~qdy), 

et  par  conséquent  les  formules  0)  et  (4)  définissent  une  transformation  de 
contact  en  (x,p).  Lu  réciproque  est  évidente. 

»   On  voit  donc  qu'à  toute  transformation  de  contact  en  (a?,  />)  de  l'espace 
à  trois  dimensions  correspond  un  mode  de  correspondance  entre  deux  droites  qui 


(   58o  ) 

change  toute  congruence  de  normales  en  une  nouvelle  congruence  de  normales, 
et  réciproquement . 

»  Comme  on  connaît  toutes  les  transformations  de  contact  en  (a-,  p),  on 
a  par  là  même  la  solution  analytique  complète  de  la  question  proposée  par 
M.  Bricard.  En  supposant  A  =  —  i,  ce  qui  revient  à  changer  X  en  —  AX, 
et  Y  en  —  AY,  les  formules  qui  donnent  X,  Y,  P,  Q  en  fonction  de  x,  y, 
p,  q  ont  l'une  des  trois  formes  suivantes  : 

»  Première  forme  : 

,.,  dY  d¥  ॠ      ^  <^F       n 

(^)  Tx=P'         Ty  =  'i'         ^=^'         ^Y=Q' 

F  (a;,  y,  X,  Y)  étant  une  fonction  arbitraire  des  quatre  variables  x,y,  X,  Y; 
»   Deuxième  forme  : 

dY  dF  àY       ^        dY       ^ 

(7)  l      dY,  ôYj^  dV^  dY^      ' 

'       â.v  dy  dX  dY 

F,(x-,y,  X,  Y)  =  o, 

F{x,  y,  X,  Y)  et  F,  (x,  y,  X,  X )  étant  deux  fonctions  arbitraires; 
»   Troisième  forme  : 

1X=/,(..,J),         Y==Mx,y). 

/,(x,y),/.,(x,y),  /six,  y)  étant  trois  fonctions  arbitraires  des  deux  va- 
riables X  et  y.  » 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  la  classification  des  groupes  projecti/s  de  l'espace 
à  n  dimensions.  Note  de  M.  F.  Marotte,  présentée  par  M.  Dar- 
boux. 

«  I.  Dans  ma  Thèse  de  doctorat  (Annales  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Toulouse,  1898),  j'ai  montré  comment  on  pouvait  trouver  delà  façon  la 
plus  simple  le  groupe  de  rationalité  d'une  équation  différentielle  linéaire, 
d'ordre  inférieur  ou  égal  à  quatre. 


(  58i  ) 

»  Ma  méthode  était  basée,  pour  les  équations  du  quatrième  ordre,  sur 
le  théorème  suivant  : 

))  Les  groupes  projectif s  rie.  l'espace  à  trois  dimensions  se  partagent  en  deux 
catégories  : 

»  La  première  comprend  les  groupes  qui  laissent  invariable  une  multiplicité 
ponctuelle.  Dans  ce  cas,  ils  laissent  aussi  invariable  ou  un  point,  ou  une 
droite,  ou  un  plan,  ou  une  cubique  gauche,  ou  une  quadrique  non  dégénérée. 

»  La  deuxième  comprend  seulement  le  groupe  d'un  complexe  linéaire  et  le 
groupe  projectif  général. 

»  Cet  énoncé,  que  j'avais  déduit  des  résultats  obtenus  par  M.  Lie,  fait 
connaître  les  plus  grands  sous-groupes  de  l'espace  à  trois  dimensions.  J'ai 
montré  (/oc.  cit.)  comment  la  simplicité  des  invariants  différentiels  carac- 
téristiques de  chacun  de  ces  groupes  permettait  l'étude  des  cas  de  réduction 
d'une  équation  linéaire  donnée. 

))  II.  On  ne  pouvait  songer,  pour  étendre  ces  recherches  à  l'espace  à 
n  dimensions,  à  employer  la  méthode  de  M.  Lie.  Il  fallait  trouver  un  pro- 
cédé direct,  basé  sur  un  caraclère  simple  et  essentiel. 

M  Je  le  trouvai  dans  le  fait  que  les  figures  géométriques  énumérées  plus 
haut  :  point,  droite,  plan,  cubique  gauche,  quadrique  non  dégénérée, 
complexe  linéaire,  noni,  au  point  de  vue  projectif,  aucune  singularité.  D'une 
façon  générale,  je  puis  énoncer  le  principe  suivant  : 

»  Si  une  figure  géométrique  M, ,  ponctuelle  ou  non,  reste  invariable  par  un 
groupe  projectif  G ,  l'ensemble  de  ses  éléments  singuliers  forme  une  multiplicité 
Ma,  invariable  par  le  groupe  G.  Ainsi,  lorsqu'une  courbe  reste  invariable 
par  un  groupe  projectif,  l'ensemble  de  ses  points  doubles,  de  ses  points 
d'inflexion  reste  aussi  invariable  par  ce  groupe. 

»  Appliquons  la  même  remarque  à  la  multiplicité  Mo,  au  cas  où  elle 
existe,  et  ainsi  de  suite.  Nous  arriverons  nécessairement  à  une  multiplicité 
M^,  sans  éléments  singuliers,  qui  reste  invariable  par  le  groupe  G. 

»  Nous  sommes  donc  ramenés  à  chercher  les  multiplicités,  ponctuelles  ou 
non,  sans  éléments  singuliers. 

»  Il  est  curieux  de  constater  que  cette  simple  restriction  limite  étroite- 
ment, et  d'une  façon  définitive,  le  champ  des  recherches.  Par  exemple, 
les  seules  multiplicités  ponctuelles  sans  singularités  projectives  de  l'espace 
à  trois  dimensions  sont  le  point,  la  droite,  le  plan,  la  cubique  gauche,  la 
quadrique  non  dégénérée;  ce  sont  précisément  les  multiplicités  que  nous 
avons  rencontrées  plus  haut. 

»   IIL  L'application  systématique  du  principe  énoncé  permet  d'obtenir 


(  58:?  ) 

une  classification  des  groupes  projectifs  de  l'espace  à  n  dimensions  R„.  Je  me 
bornerai  ici  à  l'élude  des  groupes  continus  qui  laissent  invariable  une  mul- 
tiplicité ponctuelle,  réservant  pour  une  prochaine  Communication  l'étude 
des  autres  groupes. 

))  a.  Tout  groupe  projectif,  qui  laisse  invariable  une  multiplicité  ponctuelle, 
laisse  aussi  invariable  une  multiplicité  ponctuelle  algébrique. 

»  b.  Toute  multiplicité  ponctuelle  algébrique,  invariable  par  un  groupe  pro- 
jectif, est  unicursale,  ou  bien  est  décomposable  en  multiplicités  umcursales,  sé- 
parément invariables  par  le  même  groupe. 

»  c.  Les  multiplicités  unicursales  de  R„  qui  n'ont  pas  de  singularités  pro- 
jectives  sont  : 

»  Les  multiplicités  planes  à  o,  i,  2,  ...,  n  —  i  dimensions; 

))  Les  multiplicités  unicursales  de  degré  minimum  M,^^,^^^  de  degré  p  et  à 
n  -h  i  —  p  dimensions.  (Certaines  de  ces  multiplicités  peuvent  avoir  des  singu- 
larités projectives.) 

»  d.  Tout  groupe  projectif  de  R„ ,  qui  laisse  invariable  une  multiphcité 
ponctuelle,  laisse  cmssi  invariable  une  au  moins  des  multiplicités  énumérées 
en  c. 

»  e.   Ces  multiplicités  admettent  effectivement  un  groupe  projectif. 

))  IV .  Pour  mieux  préciser  le  sens  de  ces  énoncés,  cherchons  ce  qu'ils 
deviennent  pour  l'espace  à  quatre  dimensions  R,. 

))  Tout  groupe  projectif  de  R.,,  qui  laisse  invariable  une  multiplicité 
ponctuelle,  laisse  aussi  invariable  ou  une  uudtiplicité  plane,  ou  l'une  des 
multiplicités  M3,  M^,  M],  à  trois,  deux  et  une  dimensions,  et  respective- 
ment de  degrés  deux,  trois  et  quatre. 

))  Ces  trois  dernières  multiplicités  admettent  respectivement  des  groupes 
projectifs  à  10,  6  et  3  paramètres. 

»  Ajoutons  que  la  multiplicité  M!!,  à  deux  dimensions  et  de  degrés  trois, 
est  une  multiplicité  réglée,  dont  toutes  les  génératrices  présentent  une 
droite  singulière  qui,  par  suite,  reste  invariable  par  le  groupe  qu'ad- 
met Mj.  Notre  énoncé  devient  donc  : 

))  Tout  groupe  projectif  de  R,,  (]ui  laisse  invariable  une  multiplicité  ponc- 
tuelle, laisse  aussi  invariable  ou  une  multiplicité  plane,  ou  l'une  des  multipli- 
cités M; ,  M'; . 

»  Ce  résultat  a  déjà  été  obtenu  par  M.  G.  Kowalewski  (Leipziger 
Berichte,  p.  1 13;  1899),  qui  ajoute  que  le  seul  groupe  projectif  de  R„,  qui 
ne  laisse  invariable  aucune  multiplicité  ponctuelle,  est  le  groupe  projectif 
général. 


(  583  ) 

»  Ce  dernier  résultat  peul  aussi  être  obtenu  par  la  uiéthode  que  j'iti- 
dique  ici;  je  le  montrerai  en  m' occupant  en  général  des  groupes  projectits 
de  l'espace  à  n  dimensions  qui  ne  laissent  invariable  aucune  multiplicité 
ponctuelle.   » 

GÉOMÉTRIE.  —  Théorème  sur  le  nombre  de  racines  d'une  équation  algébrique, 
comprises  à  l'intérieur  d'une  circonférence  donnée.  Note  de  M.  Michel 
Petuovitcu,  présentée  par  M.  Hermite. 

«  Soit  F  (a?)  =  o  une  équation  algébrique  de  degré  m,  à  racines  réelles 
ou  imaginaires,  égales  ou  inégales.  Soit  ensuite  C  une  circonférence  donnée 
de  rayon  /■,  ayant  l'origine  pour  centre.  Décrivons  de  part  et  d'autre 
de  C  deux  circonférences  C.  et  C,,  ayant  l'origine  pour  centre,  de  rayons 
respectifs  r,  et  ^3  (avec  '',  ■<^<!^2).  et  telles  que  la  couronne  qu'elles 
limitent  ne  contienne  aucune  racine  de  F(r)  =;  o. 

»  Remarquons  que  la  détermination  de  r,  et  r^  pour  /•  donné  revient,  par 
exemple,  à  la  détermination  d'une  limite  supérieure  des  racines  négatives 
et  d'une  limite  inférieure  des  racines  positives  d'une  certaine  équation 
algébrique. 

»   Soit  n  le  plus  petit  nombre  entier  supérieur  à  la  quantité  toujours 
positive 
(i)  I       log(4w  +  i)  ^ 

^  ^  2  ■      /        /■,  —  '•  ■- 

log    I  + 


I  ' 


'■2  4-  '"i 

»  Formons  la  transformée  de  F  (a;)  =  0  en  x  =  t\/y  et  soit 

(2)  $(j,0  =  o 

cette  transformée.  Formons  ensuite  la  transformée  de  (2)  en  y  =  y^ 
puis  la  transformée  de  celle-ci  en  z-,  =  s/:-.,,  ensuite  la  transformée  de  cette 
dernière  en  z-.^=  \z^  et  répétons  cette  opération  jusqu'à  la  transformée 
d'ordre  n,  que  nous  désignerons  par 

(3)  W(z„t)  =  o, 

W  étant  un  polynôme  en  :;„  et  t,  de  degré  7n  en  z„. 

»  Désignons  par  >.„  le  nombre  qu'on  obtient  en  posant 

dans  la  dérivée  logarithmique  de  T  par  rapport  à  :;„. 

c.  R.,  1899,  2«  Semestre.  (T.  CXXl.X,  N°  16.)  78 


•    '->R 


(  584  ) 

»   On  aura  alors  le  théorème  suivant  : 

»  Le  nombre  de  racines  de  F(op)  =  o,  comprises  à  l'intérieur  de  la  circon- 
férence C,  est  égal  à  la  partie  entière  du  nombre  !„-{-  .'. 

))   En  effet,  l'équation  (3)  n'est  autre  que  la  transformée  de  F(^)  =  o 

en  œ  :=  ^z^'""^";  par  suite,  en  désignant  par  a,  les  racines  de  F{x')  =  o, 
on  aura 

m 

d  ou 

m 

où  l'on  a  posé  pour  abréger 

»  Soient  1,2,  ...,  p  les  indices  des  racines  intérieures, />  +  i,  p-h  2,  ...,  m 
celles  des  racines  extérieures  à  la  circonférence  C.  Le  nombre/;  de  racines 
intérieures  àCest  égal  au  nombre  de  racines  intérieures  à  la  circonférence 
de  rayon  R. 

»   Soit  d'abord  a,  une  racine  réelle  intérieure.  On  aura 

R  ^  R  ^'' 
d'où 

^"(r)  "-(h)  '-(h) 

»  Si  a,  et  7..,  étaient  deux  racines  intérieures  imaginaires  conjuguées,  en 
désignant  par  p  et  ±  6  leur  module  et  argument,  on  aurait 

(,)  ,  .  _  4'-(âyco^3(.-.,)0] 


d'oii  l'on  conclut  facilement  que 


I  .  2 


\^)  /p\2(tt-Hi)    <^  /aA^I^+'J  /a»\-(''+')    ^ 


»   D'autre  part,  on  a 


'-•-'hj  '-(Ît)  '-UJ  '      VR 


R  ^  R  ^  *  ' 


(  585  ) 
et,  par  suite,  (8)  devient 

^      s  2  ^  I  I  2 


»   Les  inégalités  (G)  et  (^i  i)  montrent  que 


'  +  li^)  i-lw  )  1-1  i^)  I      ,  fj 


(lo)  ^ <y î ^ l- 


d'oî 


)>   Envisageons  maintenant  les  racines  extérieures.  Pour  une  telle  racine 

R  -^  R  -^  '' 


réelle  oc^  on  a 


ou 


\         /  /f.\Hn+l)'^  /(j^\2(n+I)    <C  *^ 


'-'r  '-   r 


»    Pour  deux  racines  extérieures,  imaginaires  conjuguées  a^  et  a^^,  on  a, 
en  désignant  par  p  leur  module 


'~U;  '"U^  '~l"irj  '  +  (rJ 

et,  par  suite,  d'après  (11)  et  (12), 

m 

(\3)  m-/?  y  I 


\  -iCI  +  l) 


»  De  (5),  (10)  et  (i3)  on  tire 

'>^~P         ^  ^    ^  P L  m—p 


ïï 


ou  encore 

(i4)  /)  — £<>.„<p  +  r„ 


avec 


(i5) 


>    \  2(H+1) 

^>r)        ^      — . 


■^'ïï 


;.     \2(«+l) 

R/ 

,•    \  2(n+l) 


,^-^ilZ ^_^P 


■,.   \2{n  +  l)      '       /,.   XSd  +  l) 
j  .      ,      >    \  /      2  \ 


\Ry  VR 


(  586  ) 

»  Or  on  s'assure  facilement  que,  n  étant  choisi  comme  il  est  dit,  chaque 
terme  des  seconds  membres  de(i5)est  positif  et  plus  petit  que|;  par  suite 
on  aura 

ou  bien,  d'après  (i4). 

P  -'^<\<P  +5, 
ou  encore 

ce  qui  démontre  le  théorème  énoncé. 

)>  Si  >.„  était  exactement  égal  à  ^  -4-  i,  où  k  est  un  entier,  le  nombre  p 
sera  ée^al  à  k  ou  bien  à  k-[-i;  on  le  décidera  en  prenant  l„-i  au  lieu 
de  >.„.   » 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  les  réactions  cV induit  des  alternateurs. 
Note  de  M.  A.  1îi,ondel,  présentée  par  M.  Potier. 

«  On  considérera,  pour  préciser,  le  cas  des  alternateurs  polyphasés, 
également  chargés  dans  leurs  différents  circuits,  et  l'on  supposera,  comme 
d'habitude,  les  forces  électromotrices  et  les  courants  comme  suivant  sensi- 
siblement  la  loi  harmonique.  Si  l'on  néglige  les  petites  pulsations  du  flux 
de  réaction  de  l'induit,  le  flux  est  sensiblement  constant  et  fixe  dans  l'es- 
pace. Une  partie  se  ferme  à  travers  les  inducteurs  et  le  reste  par  les  pièces 
polaires;  j'appellerai  la  première y7M,r  direct  et  la  seconde yZwj;  transversal. 

»  Quand  le  circuit  parcouru  par  le  courant  de  l'alternateur  ne  présente 
aucune  self-induction  (cas  qu'on  peut  réaliser  pratiquement  en  le  faisant 
débiter  sur  des  résistances  sans  induction,  mais  avec  un  peu  de  capacité 
qui  compense  la  self-induction  intérieure),  le  courant  est  en  phase  avec  la 
force  élecCromotrice,  la  polarité  de  l'induit  se  trouve  la  même  que  dans 
une  dynamo  à  courant  continu  dont  les  balais  ne  sont  pas  décalés  et,  par 
conséquent,  tout  le  flux  se  ferme  ti'ansversalement  le  long  de  l'entrefer  sans 
pénétrer  dans  les  noyaux  inducteurs.  Au  contraire,  lorsque  le  circuit  est 
fermé   sur  des   self-inductions  très  grandes,  de  façon  que  les  courants 

soient  décalés  de  -  par  rapport  aux  forces  électromotrices  induites,  tout  se 

passe  comme  dans  une  machine  à  courant  continu  dans  laquelle  on  aurait 
décalé  le  diamètre  de  commutation  de  i  du  pas  (longueur  d'un  double 
champ  inducteur);  il  n'y  a  donc  plus  du  tout  de  réaction  transversale 
(sauf  les  fuites  dont  on  parlera  tout  à  l'heure)  et  tout  le^flux  tend  à  se 
fermer  par  les  inducteurs;  la  réaction  est  directe. 


^ 


ï>: 


(  587  ) 

))  Le  fondement  très  sim[)le  de  ma  théorie  est  la  proposition  suivante  : 
Pour  tout  décalage  intermédiaire  (|/,  la  réaction  de  l' induit  peut  être  considérée 
comme  la  résultante  d'une  réaction  directe  due  au  courant  déwatté  et  d'une 
reaction  transversale  due  au  courant  watté.  Cela  résulte  immédiatement  de 
notre  hypothèse  de  la  loi  harmonique,  car,  d'après  celle-ci,  tout  courant 
efficace  I  décalé  de  t^  par  rapport  à  la  force  électromolrice  est  égal  à  la  ré- 
sultante d'un  courant  IcosiJ/  en  phase  avec  la  force  électromotrice  (ou 
watté)  et  d'un  courant  Isin^j/  en  quadrature  (ou  déwatté).  D'après  les 
remarques  précédentes,  le  premier  donne  un  flux  transverse  et  le  second 
un  flux  opposé. 

»  Il  y  a  en  outre  à  tenir  compte  des  fuites  magnétiques,  c'est-à-dire  des 
lignes  de  force  qui  se  ferment  directement  dans  l'air  sans  traverser  ni  les 
pièces  polaires,  ni  les  inducteurs.  Elles  sont  sensiblement  indépendantes 
du  décalage  des  courants,  car  leur  intensité  est  très  faible  dès  qu'on 
s'éloigne  de  la  surface  de  l'induit  et  de  l'entrefer.  On  peut  donc,  sans 
erreur  sensible,  admettre  qu'elles  produisent  un  champ  proportionnel  aux 
courants  et  en  phase  avec  eux;  l'axe  de  ce  champ  se  confond  avec  celui  de 
la  réaction  transversale  quand  le  décalage  est  nul  et  il  se  déplace  propor- 
tionnellement au  décalage. 

»  Ces  réactions  étant  définies  qualitativement,  il  y  a  encore  deux  façons 
de  les  exprimer  numériquement  :  par  des  coefficients  de  self-induction  ou 
par  des  forces  magnétomotrices. 

»  Le  premier  système  peut  être  appliqué  tant  que  les  inducteurs  et  l'in- 
duit sont  loin  de  la  saturation,  car  alors  retrancher  le  flux  induit  du  flux 
inducteur  équivaut  à  retrancher  les  ampères-tours. 

»  On  appellera  donc 

X  un  coefficient  de  self-induclion  transversale  correspondant  au  cas  des  courants  watlés; 
),'  un  coefficient  de  self-induction  directe  analogue,  mais  différent  numériquement, 

correspondant  au  cas  de  courants  déwatlés; 
s  un  coefficient  de  self-induction  de  fuites,  représentant  l'effet  de  l'ensemble  des  fuites 

magnétiques. 

»  L'équation  différentielle  du  courant  «dans  l'induit  en  fonction  de  la  force  élec- 
tromolrice e  et  de  la  tension  aux  bornes  (/  (lui,  dans  la  théorie  de  M.  Joubert,  s'écrit 


.       ,  di 
e  —  Il  =z  ri-\-  l  -7-) 
dt 

deviendra  plus  i 

■igoureusement 

^  di         ,        ..di.,          di 

C  'ï««  ) 

OU,  en  notntions  vectorielles,  en  posant -7=^  z-r  to 

[E   -  /•!  +  (uXI  oosi)/  -I-  ojX'  1  sin'l'  -!-  10 .çl  |. 

»  Les  vecteurs  <o>Icos'|,  toX'Isio»];  et  wsl  étant  respectivement  décalés  de  —  par 
rapport  aux  courants  1  cos'|,  I  sin^  et  I.  Cette  formule  contient  donc  un  terme 

(jA'IcosiJ; 

qu'a  oublié  l'école  de  Kapp. 

»  On  peut  écrire  plus  simplement,  en  décomposant  le  dernier  terme  en  ses  deuv 
composantes  et  les  ajoutant  respectivement  aux  deux  réactions  principales,  c'est-à-dire 
en  posant 

^  =  X  -f-  .?, 

\Ez:z  rl-h  (xill  cos'\i  +  ton'sinij']. 

»  Aiilrement  dit,  la  réaction  d'induit  d'un  alternateur  doit  être  définie,  en 
général,  par  deux  coefficients  de  self-indue  lion,  ou  par  trois  si  l'on  l'eut  mettre 
les  fuites  à  part. 

»  Dans  bien  des  alternateurs  /et  /'sont  pen  différents,  et  l'on  peut  alors 
se  contenter  de  la  première  approximation  de  M.  Joubert;  dans  beaucoup 
d'autres  la  différence  est  notable  par  suite  des  conditions  de  la  construc- 
tion telles  que  :  étroitesse  de  pôles,  entrefer  supplémentaire  dans  le  circuit 
inducteur,  etc.;  dans  tous,  la  saturation  des  inducteurs  amène  une  inéga- 
lité croissante  de  /  et  /'  parce  que  la  perméabilité  diminue  dans  les  novaux 
et  par  suite  aussi  V  et  /'  décroissent,  tandis  que,  la  réluctance  du  circuit 
transversal  se  réduisant  dans  un  alternateur  sensiblement  à  celle  de  l'en- 
trefer qui  est  constante  ('),  ^  Pt  /  sont  constants  (j  ne  varie  pas). 

))  Cette  variation  de  /'  nous  conduit  pour  les  machines  saturées  à  consi- 
dérer pour  la  réaction  directe  dans  le  circuit  inducteur  iXes,  forces  magnéto- 
motrices  au  lieu  d'employer  un  coefficient  de  self-induction.  On  caractéri- 
sera dans  ce  but  l'induit  par  un  nombre  d'ampères-tours  équivalent  à  la  force 
magnétomolrice  que  produisent  les  courants  déwattés.  Si  l'on  appelle  N 
le  nombre  de  lîls  périphériques  sur  rinduit  dans  la  largeur  d'un  champ 
double,  I  l'intensité  efficace  des  courants  polyphasés,  le  nombre  d'ampères- 


(')  Vu  les  faibles  inductions  employées  dans  les  induits  de  machines  à  courants 
alternatifs,  pour  éviter  de  trop  grands  échauftements,  on  peut  considérer  que  les  in- 
ducteurs seuls  peuvent  arriver  à  la  saturation. 


(  589  ) 
tours  équivalent  a  pour  expression 

R-Iv^2, 

2         ' 

R  étant  un  coefficient  convenable,  dont  j'ai  donné  ailleurs  des  valeurs,  ou 
mieux  un  coefficient  calculé  d'après  les  enroulements,  en  plaçant  l'induit 
dans  sa  position  de  courant  déwatté. 

M  Quant  aux  coefficients  /  et  s,  ils  se  déduisent  eux-mêmes  d'un  calcul 
des  forces  magnétomotrices  le  long  de  l'induit,  placé,  soit  dans  l'air  seul, 
(  pour  s),  soit  dans  la  position  du  courant  watté  (pour  /)(').    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Expériences  de  télégraphie  sans  fil,  exécutées  entre 
Chamonix  et  le  sommet  du  mont  Blanc.  Note  de  MM.  Jean  et  Louis 
Lecarme,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Aucune  démonstration  satisfaisante  n'avant  encore  établi  que  la  télé- 
graphie sans  fil  fût  possible  entre  deux  points  d'altitude  différente  et  dans 
les  hautes  régions  atmosphériques,  nous  avons  procédé,  du  i5  au 
23  août  1899,  à  dès  expériences  entre  Chamonix  et  le  mont  Blanc. 

»  Le  poste  transmetteur  (observatoire  Vallot,  station  de  Chamonix, 
altitude  looo"")  et  le  poste  récepteur  (observatoire  Vallot,  station  des 
Bosses,  altitude  435o™)  sont  distants  de  12''™  environ  à  vol  d'oiseau  :  la 
différence  de  niveau  est  de  3'35o™.  Quant  à  la  nature  du  sol  entre  ces  deux 
points,  on  ne  trouve  que  des  micaschistes,  dont  la  partie  supérieure  est 
enlièrement  recouverte  de  glace,  sauf  à  l'emplacement  de  l'observatoire, 
et  la  partie  inférieure  de  moraines  et  d'alluvions. 

»  Le  but  des  expériences  était  de  savoir  :  1°  si  la  télégraphie  sans  fil  est 
pratiquement  possible  en  montagne;  2"  si  l'électricité  atmosphérique  ne 
nuirail  pas  aux  communications;  3"  si  le  l'ôle  du  fil  de  terre  persiste  malgré 
l'absence  d'eau  à  l'état  liquide  sur  le  sol;  4°  nous  avions  également  l'inten- 
tion d'étudier  des  orages  situés  à  de  grandes  distances,  mais  le  temps  ne 
nous  a  pas  été  favorable. 

»  Poste  Iransinelleur.  Station  de  Chamonix.  —  Le  poste  transmetteur  se  corapo- 


(')  Ces  diverses  questions  seroiil  étudiées   avec  plus  de  détails  dans  un  piocliain 
Mémoire  publié  dans  V Industrie  électritjue. 


(  Sgo) 

sait  d'un  Iransformaleur  à  haute  tension  (  '),  actionné  directement  par  le  courant  con- 
tinu d'une  dynamo  de  5o  volts,  interrompu  par  un  Irembleur  de  Neef.  Un  manipula- 
teur à  contacts  de  platine  permettait  d'envoyer  à  volonté  le  courant  dans  le  primaire 
du  transformateur,  qui  donnait  dans  ces  conditions  des  étincelles  de  iS"^™  entre  deux 
pointes.  Celte  longueur  d'étincelle  se  trouvait  réduite  à  2'""  lorsque  les  pôles  du  trans- 
formateur étaient  réunis,  l'un  au  sol  et  l'autre  au  mât  :  celui-ci  se  composait  d'un  fil 
de  cuivre  de  2"",  5  de  diamètre,  tendu  obliquement  à  3o°  environ  sur  une  longueur 
de  25".  Nous  avons  employé  un  oscillateur  à  boules  de  2""  de  diamètre,  fonctionnant 
dans  l'air. 

»  Poste  récepleur.  Station  des  Bosses  (435o™).  —  Le  poste  récepteur  (-)  compre- 
nait un  radioconducteur  à  limaille  d'or  très  sensible  (^),  une  pile  sèche  (E  =  p^i'jô) 
et  un  relai  télégraphique.  Celui-ci  commandait  une  sonnerie  à  un  coup,  un  frappeur 
et  un  galvanomètre.  Le  frappeur  était  disposé  de  façon  à  interrompre  automatiquement 
le  courant  traversant  le  radioconducteur,  avant  le  choc;  celui-ci  se  produisait  de  bas 
en  haut  sur  le  support  du  tube.  Grâce  à  cette  disposition,  un  faible  choc  suffisait  pour 
décohérer  la  limaille  et  la  sensibilité  du  radioconducteur  demeurait  identique  pendant 
toute  la  durée  des  expériences.  L'appareil  ainsi  disposé  est  sensible,  sans  mât  ni  fil 
de  terre,  à  une  étincelle  de  i™™  de  longueur  (*)  éclatant  à  une  distance  de  100™.  Le 
poste  était  placé  à  l'intérieur  de  l'observatoire  et  préservé  de  toute  perturbation  exté- 
rieure (^)  par  l'enveloppe  de  cuivre  dont  est  revêtu  le  bâtiment.  La  mise  au  sol  était 
établie  par  la  communication  avec  les  paratonnerres  :  le  mât  se  composait  d'un  fil  de 
fer  isolé  placé  parallèlement  à  celui  de  Chamonix  et  tendu  entre  le  refuge  Yallot  et  un 
poteau  planté  dans  la  neige  sur  la  paroi  nord  de  la  Grande-Bosse;  ce  fil  était  relié  à 
l'observatoire  par  un  conducteur  isolé  de  5o™  de  longueur.  Les  deux  postes  étaient 
visibles  l'un  de  l'autre  et  des  signaux  optiques  permettaient  la  vérification  des  expé- 
riences par  le  beau  temps  (^). 

»  Résultats.  —  1°  Les  expériences  ont  eu  lieu  tous  les  jours  à  11'' du 
matin  jusqu'au  aS  aoiit  (^).  Les  signaux  n'ont  été  bien  nets  que  pour  un 

(')  Ce  transformateur  provenait  de  la  maison  Séguy  et  était  d'un  fonctionnement 
parfait. 

(^)  Nous  avons  construit  nous-mêmes  ce  poste,  de  façon  à  le  rendre  portatif  et  aussi 
léger  que  possible. 

(')  Ce  radioconducteur,  que  M.  Braniy  avait  eu  l'obligeance  de  nous  prêter,  avait 
été  parfaitement  réglé  par  M.  Gendron,  son  préparateur. 

(')  Cette  étincelle  était,  bien  entendu,  produite  par  une  petite  bobine  donnant  son 
maximum. 

(^)  Nous  avons  vérifié,  pendant  un  violent  orage  au  milieu  duquel  nous  nous  trou- 
vions, que  l'action  de  la  foudre  était  nulle  â  l'intérieur  de  l'observatoire  malgré  les 
ouvertures  dues  aux  fenêtres. 

(^)  Une  tempête  de  neige  nous  ayant  assaillis  aussitôt  notre  arrivée  à  l'observatoire, 
nous  n'avons  pas  pu  placer  le  mât  avant  le  19  août. 

C)  M™"  et  M""  Vallol  avaient  bien  voulu  se  charger  d'exécuter  les  expériences  à 
Chamonix  pendant  notre  séjour  au  mont  Blanc. 


(  -'yi  ) 

êcartement  des  boules  de  roscillaleiir  égala  -i"". 

»   2"  L'absence  d'eau  à  l'état  liquide  n'a  pas  empêché  lescnmmunicalions. 

»  3°  Des  nuages  interposés  entre  les  deux  postes  n'ont  pas  empêché  les 
signaux. 

»  4°  L'électricité  atmosphérique,  bien  qu'ayant  fait  fonctionner  l'appa- 
reil à  plusieurs  reprises,  n'a  pas  produit  une  action  capable  de  nuire  à  la 
télégraphie  pratique. 

»  5°  Nous  avons  observé  également  que  le  fonctionnement  de  l'éclairage 
électrique  à  Chamonix  agissait  avec  intensité  sur  l'appareil  et  que,  |)en(lant 
toute  la  durée  de  l'éclairage,  il  était  impossible  de  communiquer.  La  lumière 
électrique  est  fournie  par  une  dynamo  à  courants  triphasés  (  E  =  2  'ioo^""''); 
le  circuit  primaire  étant  fermé  sur  lui-même  sans  production  d'étincelles,  il 
nous  semble  possible  d'opérer  avec  un  autre  dispositif  que  celui  qui  a  été 
adopté  par  M.  Marconi  (  '  ).  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Ampoule  radiographujue  à  anticalkode froide. 
Note  de  MM.  Abei.  Buguet  et  Victor  Chabal'D,  présentée  par  M.  Marey. 

«  On  sait  que  les  ampoules  radiographicpies  s'échauffent  vile  au  focus 
cathodique.  La  durée  d'activité  s'en  trouve  limitée  de  façon  particulière- 
ment regrettable  lorsqu'on  doit  dépenser  dans  l'appareil  une  puissance 
considérable. 

M  ]j'un  de  nous  a  publié  {Journal  de  Physique  élèinenlaire,  octobre  1896), 
le  |)i  incipe  d'après  lequel  nous  avons  cherché  à  refroidir  Tanlicathode  des 
tubes  du  type  focus  par  une  circulation  de  liquide  froid.  M.  J.  Lebreton, 
dans  Rayons  cathodiques  et  Rayons  X,  année  1896,  publication  1897,  décrit 
deux  projets  de  tubes  reposant  sur  le  même  principe.  Ces  tubes  ne  res- 
semblent en  rien  à  celui  qui  est  présenté  aujourd'hui  ;  ils  sont  de  construc- 
tion plus  difficile  et  ne  paraissent  pas  avoir  été  exécutés  jusqu'ici. 

»  Le  lube  i(ue  nous  avons  Thonneur  de  présenter  à  rAcadémie  porte  une  anlica- 
lliode  faite  d'un  gros  tube  de  plaline  soudé  direclemenl  au  verie  de  Tampoule.  Ce 
lube  est  entouré,  jusqu'au  centre  de  l'ampoule,  d'un  manchon  de  verre  évitant  l'aclion 
de  l'induit  inverse  de  la  bobine  sur  le  lube  métallique. 


(')  Nous  devons  remercier  ici  M.  Vallot  d'avoir  bien  voulu  mettre  à  notre  disposition 
son  observatoire  pendant  plus  de  quinze  jours  el  de  nous  avoir  permis,  par  là  même, 
d'exécuter  ces  expériences. 

G.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N-  16.)  79 


(    >!)2  ) 

»  Le  lubu  (le  platine  est,  à  son  exln'nillé  interne,  taillé  en  sifllet.  Une  lame  de  pla- 
tine, souciée  sur  celte  extrémité,  la  ferme  hermétiquement. 

»  Une  collerette  métallique  entoure  le  tube  de  platine  à  celte  exlréraité  interne, 
arrêtant  les  rayons  cathodiques  étrangers  au  faisceau  utile,  qui  pourraient  atteindre 
le  verre  à  l'ariiére  de  la  ola£:e  anticatliodi(|ue. 


Tube 

buguei-chabaud 


»  Enfin,  un  petit  réservoir  à  eau  est  relié  à  l'exlrémité  extérieure  du  tube  de  pla- 
tine. 

»  Dans  le  cas  oii  l'on  préférerait  faire  usage  de  circulation  d'eau  ou  de  mercure,  il 
suffirait  de  remplacer  le  réservoir  à  eau  par  un  dispositif  de  deux  tubes  concentriques, 
qu'on  relierait  à  l'extrénoité  libre  du  tul>e  de  platine  au  moyen  d'un  caoutchouc,  ou  plus 
simplement  par  un  bouchon  muni  de  deux  tubes  dont  l'un  s'arrêterait  à  une  faible 
distance  du  fond  du  tube  de  platine. 

»  En  marche,  les  rayons  cathodiques  tombent  sur  la  lame  de  platine  obturatrice. 
Cette  lame  étant,  par  sa  face  postérieure,  au  contact  immédiat  de  l'eau,  ne  saurait 
atteindre  une  température  supérieure  à  celle  de  Tébullition  libre  du  liquide. 

»  L'appareil  peut  recevoir,  sans  que  l'anticalhode  rougisse,  les  décharges  des 
bobines  les  plus  puissantes,  actionnées  par  les  interrupteurs  les  plus  rapides,  lors 
même  qu'elles  seraient  capables  de  foniire  en  fpielques  secondes  les  anticathodes 
ordinaires. 

»   L'état  de  vacuité  du  tube  ne  subit  aucune  modification  pendant  le  fonctionnement. 

»  On  peut  obtenir  et  maintenir  la  plus  haute  puissance  de  la  source  de  rayons  X  en 
conservant  au  faisceau  de  radiations  la  composition  (|ui  convient  èi  chaque  application 
j)ai'liculière  de  la  radiographie  ou  de  la  radioscoj)ie.  Les  tubes  ordinaires  ne  peuvent 
su])porter  les  grands  débits  que  durant  un  temps  souvent  insuffisant  pour  les  appli- 
cations actuelles  ;  et  encore  n'est-ce  pas  sans  courir  les  plus  grands  dangers,  et  sans  que 
la  composilioii  tlu  faisceau  de  rayons  X  éprouve  des  changements  souvent  énormes, 
toujours  fâcheux. 

»  M.  le  ly  Walter  (Forlsc/irUlc  aiif  dtm.  Gebiele  der  liônlgrn  Strahlen, 


(  %3  ) 

t.  Il,  fascicule  6;  août  1899)  décrit  un  luhc  à  anticathode  refroidie,  mais 
difTérant  du  notre  par  les  caractères  suivants  :  i"  La  soudure  du  platine 
au  verre  est  à  l'intérieur  de  l'ampoule  de  Crookes;  1°  Le  tube  de  platine 
est  de  faible  section  à  l'endi'oit  de  sa  soudure  au  verre  (on  sait  que  les  sou- 
dures verre-métal  présentent  des  difficultés  qui  croissent  rapidement  avec 
la  section).  L'anticalhode  n'est  pas  protégée  et  peut  rayonner  librement 
sous  l'action  de  l'induit  inverse.  La  connexion  anodique  est  faite  par  un 
fîl  métallique  qui  traverse  l'eau  de  réfrigération.  Le  tube  du  D'  Walter  est 
du  type  bianodique.    » 


PHYSIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  matière  radw-active .  Note  de  M.  A.  Debiek\e, 
présentée  par  M.  J.  Violle  ('). 

))  M.  et  M'"*  Curie  (-)  ont  démontré  que  l'émission  des  rayons  constatée 
dans  la  pechblende  ne  provenait  pas  seulement  de  l'uranium  contenu  dans 
ce  minéral;  et  en  examinant  les  dilFérents  corps  qui  y  étaient  contenus,  ils 
ont  conclu  à  la  présence  de  deux  nouveaux  éléments  radiants,  le  polonium 
et  le  radium  beaucoup  plus  actifs  que  l'uranium. 

»  Le  polonium  se  comporte  comme  un  élément  très  voisin  du  bismuth, 
l'accompagnant  dans  toutes  ses  réactions  chimiques,  mais  dont  il  se  sépare 
lentement  par  des  fractionnements  répétés.  Le  radium  a  toutes  les  réac- 
tions chimiques  du  baryum  et  c'est  seulement  aussi  par  des  fractionne- 
ments ré|5étés  qu'on  peut  observer  une  séparation. 

»  L'individualité  de  ces  nouveaux  éléments,  d'abord  seulement  révélée 
par  la  radio-activité,  a  été  confirmée,  pour  l'un  d'eux,  par  l'observation 
d'un  spectre  distinct  faite  par  M.  Demarçay  (')  avec  du  radium  préparé 
par  M.  et  M"*  Curie.  Il  semble  donc  que  la  propriété  d'émettre  de  telles 
radiations  peut  servir  à  rechercher  et  à  caractériser  des  éléments  chi- 
miques. 

»  Sur  les  conseils  de  M.  et  M'"''  Curie,  j'ai  examiné  s'il  n'existait  pas 
d'autres  portions  radiantes  dans  la  pechblende,  et  mes  recherches  ont 
principalement  porté  sin-  les  corps  dont  les  solutions  acides  ne  précipitent 


(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie-Physique  à  la  Sorhoiine. 
(■-)  Comptes  rendus,  juillet  1898  et  décembre  1S98. 
(')   Comptes  rendus,  décembre  1898. 


l  594  ) 

pas  par  l'hvdrogène  sulfuré,  et   précipitent   complètement   par  l'ammo- 
niaque ou  le  sulfhydrate  d'ammoniaque. 

»  La  matière  qui  m'a  servi  provenait  d'une  usine  de  traitement  de  minerais  d'urane 
et  était  déjà  presque  complètement  débarrassée  d'urane.  La  quantité  de  pioduits 
radiants  contenus  dans  cette  matière  paraissant  être  extrêmement  faible,  un  premier 
travail  a  consisté  à  organiser  le  traitement  d'une  très  grande  quantité  de  matière,  plu- 
sieurs centaines  de  kilogrammes,  et  à  éliminer,  aussi  complètement  que  possible,  les 
matières  radiantes  déjà  connues  (poloniuni  et  radium). 

»  La  majeure  partie  du  produit  précipitant  par  l'ammoniaque  était  composée  doxyde 
de  (èr  et  d'alumine;  mais,  à  côlé  de  ces  cor])s,  j'ai  reconnu  la  présence  d'un  assez  grand 
nombre  d'autres  qui  s'y  troirvaient  en  pioporlions  très  faibles.  C'est  ainsi  que  j'ai  pu 
séparer  de  petites  quantités  de  zinc,  de  manganèse,  de  chrome,  de  vanadium,  d'ura- 
nium, de  titane,  de  niobium,  de  tantale;  les  terres  rares  étaient  également  représen- 
tées, et  j'ai  pu  caractériser  le  lanthane,  le  didyme,  le  cérium  et  les  terres  yttriques. 

»  La  radio-activité,  qui  existait  à  un  faible  degré  dans  la  masse  brute  du  groupe  pré- 
cipitable  par  l'ammoniaque,  se  concentrait  en  certains  points  à  mesure  que  l'on  elTec- 
tuait  les  séparations. 

»  J'ai  ainsi  constaté  que  la  portion  renfermant  le  titane  et  les  corps 
analogues  montrait  la  radio-activité  à  un  degré  très  intense,  et  après  un 
traitement  assez  com|)liqiié,  sur  la  nature  duquel  je  reviendrai  plus  tard, 
j'ai  obtenu  une  matière  dont  les  solutions  présentaient  les  principales  pro- 
priétés analytiques  du  titane,  mais  qui  émettait  des  rayons  extrêmement 
actifs. 

»  La  radio-activité  d'une  fraction  de  cette  matière  a  pu  être  déterminée 
grossièrement  comme  cent  mille  fois  plus  grande  que  celle  de  l'uranium. 
De  plus,  celle  malière  a  des  propriétés  chimiques  tout  à  fait  différentes  de 
celles  du  radium  et  du  polonium. 

»  Les  radiations  émises  par  celte  matière  sont  tout  à  fait  comparabli^s 
à  celles  qui  ont  été  déjà  observées  par  M.  et  M""^  Curie  pour  le  polonium 
et  le  radium. 

»  Elles  rendent  les  gaz  capables  de  décharger  les  corps  électrisés,  elles 
excitent  la  phosphorescence  du  platinocyanure  de  baryum  el  impres- 
sionnent les  plaques  photographiques. 

»  La  nouvelle  matière  se  distingue  cependant  du  radium  en  ce  qu'elle 
n'est  pas  spontanément  lumineuse  :  M.  et  M'"'^  Curie  (')  ont  en  effet  con- 

{')  Société  de  T'Iiysiiiuc,  mars  1899.  —  Res'ue  de  Chimie  pure  et  appliquée, 
juillet  1899. 


(  h^  ) 

staté  que  les  composés  (lu  radium  émettaient,  dans  l'obscurité,  une  lueur 
parfaitement  distincte. 

»  Je  me  réserve  de  revenir  prochainement  sur  cette  matière  radio- 
active.  » 

CHIMIE    GÉNÉRALE.    —   Su?-  le  poids   atomique  du   bore. 
Note  de  M.  He\ri  Gactier,  présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«  Le  bore  est  de  tous  les  métalloïdes  celui  dont  le  poids  atomique  est 
connu  avec  le  moins  de  certitude,  car  peu  de  composés  de  cet  élément  se 
prêtent  facilement  à  une  détermination  de  ce  genre. 

»  Les  premières  déterminations  de  ce  poids  atomique  dues  à  Berzélius 
et  à  Laurent,  de  même  que  celle  déduite  par  Dumas  d'expériences  anté- 
rieures de  Wohler  et  Deville,  ne  peuvent  guère  inspirer  une  confiance 
absolue  en  raison  de  la  présence  reconnue  de  petites  quantités  d'impuretés 
dans  les  produits  qui  ont  servi  à  ces  déterminations. 

»  Ce  n'est  que  dans  ces  dernières  années  que  la  question  fut  reprise,  en 
Angleterre,  par  Abrahall  (')tout  d'abord.  La  méthode  suivie  par  ce  savant 
consistait  à  évaluer  le  poids  d'argent  nécessaire  pour  précipiter  le  brome 
dans  un  poids  donné  de  bromure  de  bore.  Mais  le  bromure  dont  il  est 
parti  renfermait  certainement  de  l'acide  bromliydrique  d'après  son  mode 
de  préparation  (action  du  brome  sur  le  bore  amorphe  de  Wohler  et 
Deville);  les  recherches  de  M.  Moissan  ont,  en  effet,  démontré  que  ce 
bore  contenait  toujours  une  certaine  quantité  d'hydrogène.  Il  en  résulte 
que  la  valeur  (io,H4)  donnée  par  Abrahall  (-)  doit  être  un  peu  faible. 

»  Nous  devons  enfin  signaler,  sur  cette  question,  un  très  important  Mé- 
moire de  William  Ramsay  et  Mrs.  Aston  (^).  Ces  savants  ont  employé  deux 
méthodes  consistant  l'une  à  déterminer  l'eau  de  cristallisation  dans  le 
borax,  l'autre  à  transformer  un  poids  connu  de  borax  déshydraté  en  chlo- 
rure de  sodium  par  distillation  de  ce  borax  avec  de  l'acide  chlorhydrique 
et  de  l'alcool  méthylique.  Ils  sont  ainsi  arrivés  au  nombre  10,9g. 


(')  Journal  of  Ihe  Chemical  Society,  t.  LXI,  |i.  65o. 

(-)  La  valeur  (10,820)  indiquée  dans  le  Mémoire  original  a  été  recalculée  par  nous, 
d'après  les  poids  atomiques  de  la  Table  publiée,  en  1898,  par  Landolt,  Oslwald  et 
Seubert.  Il  en   a  été  de  même  pour  les  poids  atomiques  suivants. 

(^)  Journal  of  ihe  Chemical  Society,  t.  LXIIl,  p.  270. 


(  h(^  ) 

»  Or  lit  clé  terminal  ion  exactedu  rapportdu  poids  d'une  certaine  quantité 
de  borax  cristallisé  an  poids  de  son  eau  de  cristallisation  nous  paraît  pré- 
senter de  très  grosses  difficultés  pratiques.  Il  n'est  pas  facile  d'obtenir  du 
borax  à  lo  molécules  d'eau  qui  n'ait  pas  subi  la  moindre  cfflorescence  ou 
ne  retienne  un  peu  d'eau  d'interposition,  et  sa  déshydratation  totale  pour 
arriver  à  un  produit  de  composition  constante  n'est  pas  non  plus  commode 
à  réaliser.  Il  en  résulte  que,  a  priori,  le  borax  ne  semble  pas  le  composé 
le  mieux  désigné  pour  conduire  à  une  détermination  exacte  du  poids  ato- 
mique du  bore. 

»  Nous  avons  donc  [)ensé  que  cette  question  méritait  d'être  reprise,  au- 
jourd'luii  surtout  que  les  importantes  recherches  de  M.|Moissansurla  réduc- 
tion de  l'anhydride  borique  l'ont  conduit  à  un  procédé  de  préparation  du 
bore  amorphe  pur.  C'était  là  une  matière  première  tout  indiquée  pour  la 
préparation  de  quelques-uns  de  ses  composés  susceptibles  d'être  utilisés 
pour  la  détermination  de  son  poids  atomique. 

»  Si  tous  les  composés  d'un  élément  étaient  susceptibles  d'être  obtenus 
dans  un  état  de  pureté  comparable  et  si,  pour  chacun  d'eux,  la  détermina- 
tion de  sa  composition  pouvait  être  effectuée  avec  le  même  degré  de  pré- 
cision, il  est  bien  évident  que  les  combinaisons  les  plus  avantageuses  à 
employer  pour  une  détermination  de  poids  atomique  seraient  celles  dont  le 
poids  moléculaire,  rapporté  à  l'atome  de  l'élément  considéré,  serait  le  plus 
faible.  Dans  le  cas  du  bore,  les  composés  à  poids  moléculaire  peu  élevé 
sont  ceux  dont  la  préparation  ou  l'analyse  présente  le  plus  de  difficultés, 
de  sorte  qu'il  est  difficile  de  décider,  a  priori,  quelle  combinaison  doit  être 
préférée. 

))  La  présente  Note  est  relative  à  l'emploi  de  deux  composés  à  faible 
poids  moléculaire,  le  sulfure  de  bore  et  le  borure  de  carbone. 

»  Le  sulfure  de  bore  a  été  préparé  par  l'action  de  l'acide  sulfliydrique  sec  sur  le 
bore  amorphe  également  desséché  et,  pour  éviter  la  Tormation  du  pentasulfure  de  bore 
indiqué  par  M.  Moissan,  nous  avons  opéré,  non  pas  avec  de  l'acide  sulfhydrique  pur, 
mais  avec  un  mélange  d'acide  sulfhydrique  et  d'hjdrogène;  la  présence  de  ce  dernier 
gaz  retardait  la  dissociation  de  l'acide  sulfl.ydriqug  sous  l'influence  de  la  chaleur;  on 
empêchait  d'ailleurs  complètement  la  formation  de  pentasulfure  en  ayant  le  soin  d'em- 
ployer toujours  le  bore  en  grand  excès.  La  vapeur  d'eau  devait  être  absolument  évitée 
aussi  bien  pendant  la  préparation  du  sulfure  que  dans  toute  manipulation  de  ce  com- 
posé, antérieure  à  sa  pesée;  les  gaz  étaient  soigneusement  desséchés  et  l'on  avait 
donné  à  l'appareil  ( /?o-.  i)  une  disposition  qui  permît  de  recueillir  le  sulfure  directe- 
ment dans  le   tulje  où   il  de\ait  être  pesé.  Ce  tube  l  était  sus|)endu  à  l'intérieur  du 


(    ^!»7  ) 

flacon  F  au-dessous  de  la  tuliulure  par  laquelle  aiiivail  le  sulfure,  et  le  flacon  F  clalt 
relié  à  une  éprouveUe  desséchante  pour  le  préserver  de  l'humidité  atmosphérique. 

»  Le  sulfure  de  bore,  pesé  dans  le  tube  t  préalablement  taré,  était  décomposé  par 
une  solution  étendue  de  soude;  la  réaction   terminée,  on  oxydait  ensuite  par  l'eau  de 


brome  et  l'on  précipitait  par  le  chlorure  de  baryum.  Les  résultats  que  nous  axons 
ainsi  obtenus  sont  consii^nés  dans  le  Tableau  suivant  : 


B-S 


B-S' 


3S0'Ba 

0 

2754 

1 ,63i2 

0,1 6883 

0 

338o 

3,ooo4 

0, 16897 

0 

3o88 

i,83oo 

0,16874 

0 

263- 

Moyen 
Frreui' 

i.56i4 

le 

o,i688S 

])robable. . 

Poids  atomique  du  bore. 

I I ,o32 
t I , 08 ( 
1 I ,000 
1 I ,o5o 

I  I  , o4 I 


»  Le  borure  de  carbone  a  été  préparé  au  four  électrique  par  la  méthode  de 
Al.  iMoissan,  en  chauflant  du  bore  amorphe  et  du  charbon  de  sucre  en  présence  du 
cuivre.  Après  attaque  du  cuivre  par  l'acide  azotique  et  élimination  du  bore  et  du  car- 
bone non  combinés  par  une  digestion  prolongée  avec  un  mélange  d'acide  azotique  et 
de  chlorate  de  potassium,  il  se  présentait  sous  forme  de  cristaux  noirs  brillants  de  i""" 
à  2'"'"  de  longueur. 

>'  Pour  analyser  ce  borure,  nous  l'avons  décomposé  par  le  chlore,  et  le  carbone 
résidu  a  été  pesé  d'abord  à  l'état  libre,  puis  ensuite  à  l'état  d'acide  carbonique.  La 
grosse  difficulté  de  cette  analyse  consistait  à  éviter  soigneusement  le  contact  du  borure 
chauflé  au  rouge  a\ec  la  moindre  trace  d'oxygène  ou  de  vapeur  d'eau.  Nousy  sommes 


(  "igs  ^ 

parvenu  en  ernployanl  ilii  chlore  liquide,  desséclié  au  préalable  par  un  contact  pro- 
longé avec  du  chlorure  de  calcium  récenimenl  fondu.  Le  borure  était  chauffé  dans  une 
nacelle  en  porcelaine  de  Saxe  placée  dans  un  tube  en  porcelaine  vernissée;  les  diffé- 
rentes parties  de  l'appareil  étaient  réunies  par  des  soudures  ou  des  joints  au  mastic 
Golaz  et  le  tube  n'était  chauffé  au  rouge  qu'après  avoir  été  rempli  de  chlore  sec  par  la 
méthode  de  Rudberg. 

»  Nous  avons  fait,  de  ce  borure  de  carbone,  deu\  analyses  qui  nous  ont  donné  les 
résultats  suivants  : 

B'C.  C0-.  i=7v'  Poids  atumique  du  bore. 

0,2686  o,i5i5  1,77293  11,001 

0,8268  0,1844  1.77224  10,994 

Moyenne 10,997 

»  Dans  une  prochaine  Communication  nous  disculeron.s  ces  résultats  en 
même  temps  que  nous  les  comparerons  avec  les  déterminations  relatives 
aux  composés  à  poids  moléculaire  plus  élevé.    » 


CHIMIE.    —   Sur  le  carbonate  de  magnésium  anhydre. 
Note  de  M.  R.  Engel, 

«  Dans  une  étude  antérieure  sur  les  carbonates  de  magnésium,  j'ai 
observé  que,  en  chauffant  le  sesquicarbonate  double  de  magnésium  et  de 
potassium  dans  des  conditions  convenables,  ce  composé  laisse  un  mélange 
de  carbonate  neutre  de  potassium  et  de  carbonate  de  magnésium  anhydre. 
Ce  dernier  corps  se  distingue  nettement  du  carbonate  de  magnésium 
anhydre  naturel  et  du  carbonate  obtenu  artificiellement  par  de  Sénar- 
mont,  par  sa  solubilité  dans  l'eau  et  la  facilité  avec  laquelle  il  se  combine 
à  l'eau  pour  donner,  suivant  la  température,  l'un  des  hydrates  à  3  ou 
à  5  molécules  d'eau.  Mais  la  présence  du  carbonate  de  potassium,  qu'il 
faut  enlever  au  mélange  par  des  lavages  à  l'eau,  ne  permet  pas  d'obtenir, 
dans  ces  conditions,  le  carbonate  anhydre  à  l'état  de  siccité. 

»  On  y  arrive,  au  contraire,  en  décomposant  par  la  chaleur  le  carbo- 
nate double  de  magnésium  et  d'ammonium  dans  des  conditions  qui  seront 
précisées  plus  loin. 

»  Il  se  dégage  de  Tuau  et  du  earbonali'  d'ammonium,  ou  les  produits  de  sa  décom- 
position,  et   il   reste  du    carbonate   neutre   de   magnésium.    Le    carbonate   double   de 


(  599  ) 

magnésium  et  d'ammonium  CO'Mg,  C0^(Ara2),  411^0  renferme  théoriquement 
33,33  pour  100  de  carbonate  de  magnésium;  trouvé  :  33, 4i,  33,39,  33,4  (')• 

»  Le  carbonate  de  magnésium  anhydre  ainsi  obtenu  garde  la  forme  cristalline  du 
carbonate  ammoniaco-magnésien.  Il  est  très  avide  d'eau.  Exposé  à  l'air,  il  s'hydrate, 
au  début,  aussi  rapidement  que  la  cliaux  vive  dans  les  mêmes  conditions.  La  quantité 
totale  d'eau  fixée  est  de  3o  à  3i  pour  loo  du  poids  du  carbonate,  correspondant  à  un 
peu  plus  de  1,5  molécule  d'eau  par  molécule  de  carbonate  de  magnésium. 

»  i'"  d'eau  dissout  environ  2S"'  de  ce  carbonate  de  magnésium,  alors  que  la  même 
quantité  d'eau  ne  dissout  que  is"-  de  carbonate  hydraté,  calculé  à  l'état  anhydre.  Aussi 
la  solution  de  carbonate  de  magnésium  anhydre  ne  tarde-t-elle  pas  à  déposer  des 
cristaux  de  carbonate  hydraté.  Le  carbonate  naturel,  ainsi  que  celui  obtenu  par  de 
Senarmont,  sont  insolubles  dans  l'eau  et  ne  s'hydratent  pas  à  l'air. 

»  Mis  en  contact  avec  un  peu  d'e;iu,  le  carbonate  anhydre  fait  prise  à  la  manière  du 
plâtre. 

»  Mis  en  suspension  dans  une  quantité  d'eau  un  peu  plus  grande,  il  ne  tarde  pas  à 
se  transformer  en  cristaux  de  carbonate  de  magnésium  à  3  molécules  d'eau.  La 
transformation  est  complète  après  quatre  ou  cinq  heures;  elle  est  facile  à  suivre  au 
microscope. 

»  Ayant  remarqué  que  ce  carbonate,  après  avoir  été  chaufTé  à  i3o",  retenait  avec 
force  de  petites  doses  d'ammoniaque,  j'ai  fait  passer  un  peu  de  ce  composé  dans  une 
éprouvette  remplie  d'ammoniaque  et  j'ai  constaté  qu'il  absorbe  presque  instantané- 
ment une  centaine  de  fois  son  volume  d'ammoniaque,  puis  l'absorption  se  continue 
plus  lentement  pendant  plusieurs  heures.  La  quantité  d'ammoniaque  ainsi  fixée  cor- 
respond à  un  peu  plus  de  i  molécule  d'ammoniaque  pour  2  molécules  de  carbonate  à 
la  pression  atmosphérique.  Exposé  à  l'air,  le  carbonate  ainsi  chargé  d'ammoniaque 
diminue  d'abord  un  peu  de  poids,  par  perte  d'ammoniaque,  puis  augmente  de  poids 
par  fixation  d'eau. 

»  Toutes  ces  propriétés  font  de  ce  carbonate  de  magnésium  iin  composé 
bien  distinct  du  carbonate  naturel;  il  ne  paraît  pas  possible  d'attribuer 
des  différences  de  propriétés  si  tranchées  à  la  différence  d'état  physique. 

»  La  préparation  du  carbonate  neutre  de  magnésium  demande  quelques 
précautions.  En  effet,  si  l'on  porte  rapidement  le  carbonate  ammoniaco- 
magnésien  à  i6o°  ou  i8o°,  le  cai^bonate  de  magnésium  perd  de  l'anhydride 
carbonique,  quoique  le  carbonate  de  magnésium  naturel  ne  se  décompose 
que  vers  le  rouge  sombre.  D'autre  part,  si  l'on  chauffe  le  carbonate  am- 
moniaco-magnésien en  couche  un  peu  épaisse  et  à  température  plus  basse, 
le  carbonate  de  magnésium  formé  se  trouve  en  présence  de  vapeur  d'eau 
et  s'hydrate  en  perdant  encore  de  l'anhydride  carbonique.  Il  faut  donc 


(')  Le  léger  excès  trouvé  tient  à  ce  que  le  carbonate  ammoniaco-magnésien  perd 
toujours  un  peu  de  carbonate  d'ammoniaque  pendant  la  dessiccation. 

G    1'...  iSyy,  3'  Semestre.  (1.   CXXIX,  N"  16.)  Ho 


(  6oo  ) 
chauffer  le  carbonate  ammoniaco-magnésien  dans  un  courant  d'air  sec  et 
porter  progressivement  la  température  jusqu'à  i3o°-i4o''-  On  obtient  ainsi 
du  carbonate  de  magnésium,  bien  anhydre,  ne  retenant  qu'une  faible 
trace  d'ammoniaque  et  se  transformant  intégralement,  en  présence  de 
l'eau,  en  carbonate  trihydraté. 

»  Ajoutons  à  ces  faits  l'observation  suivante  :  divers  auteurs  (Wirtz, 
Dictionnaire,  t.  Il,  p.  277,  par  exemjjle)  signalent  un  sesquicarbonate 
de  magnésium  et  d'ammonium  de  formule  :  CO^Mg,  CCHAm,  4H-0, 
dont  ils  attribuent  la  découverte  à  Favre.  Or  ce  savant  n'a  jamais  signalé 
l'existence  de  ce  corps.  En  mélangeant  deux  solutions,  l'une  de  bicarbo- 
nate d'ammonium,  l'autre  de  bicarbonate  de  magnésium,  saturées  toutes 
deux  d'anhydride  carbonique  et  abandonnant  à  l'air,  je  n'ai  obtenu  que  le 
carbonate  ammoniaco-magnésien  neutre  CO'Mg,  CO'Am-,  4Il-'0.  Le 
sesquicarbonate  correspondant  au  sesquicarbonate  de  magnésium  et  de 
.potassium  n'existe  donc  pas;  il  n'a  du  reste  été  décrit,  à  ma  connaissance, 
par  aucun  expérimentateur.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  chaleur  d' oxydation  du  tungstène. 
Note  (le  MM.  Delépine  et  Hallopeau. 

«  Nous  nous  sommes  proposé  de  mesurer  les  chaleurs  de  combustion 
du  tungstène  et  de  son  oxyde  inférieur  TuO",  afin  de  les  couiparer  à  celles 
des  autres  métaux,  et  d'assigner  sous  ce  rapport  une  place  au  tungstène 
dans  la  série  des  éléments;  les  résultats  obtenus  nous  ont  conduits  à  réa- 
liser certaines  expériences  propres  à  justifier  cette  place. 

»  Tungstène  Tu.  —  Ce  n'esl  qu'après  plusieurs  échecs  que  nous  sommes  arrivés  à 
obtenir  des  résultats  satisfaisants.  La  combustion  dans  l'oxygène  à  la  pression  ordi- 
naire, la  combinaison  avec  un  élément  halogène,  l'attaque  par  l'eau  ou  par  un  acide, 
le  déplacement  par  un  autre  élément  dont  la  chaleur  d'oxjdation  est  connue,  etc. . .  , 
employés  généralement  pour  déterminer  la  chaleur  de  formation  d'un  oxyde,  ne  sont 
pas  applicables  au  tungstène  ni  à  son  oxyde  TuO-,  car  le  tungstène  ne  brûle  dans 
l'oxygène  et  dans  le  chlore  que  si  on  le  chauflFe  continûment,  et  aucune  des  autres 
réactions  où  il  entre  en  jeu  n'est  rapide,  toutes  conditions  incompatibles  avec  l'usage 
du  calorimètre.  Nous  avons  alors  pensé  à  l'emploi  de  la  bombe  calorimétrique  de 
M.  Berthelot. 

»  Il  faut  allumer  le  tungstène  en  poudre  fine  (oS'',8  à  is'')  au  moyen  d'un  peu  de 
camphre  (os'',oi  à  os'',o3),  le  camphre  étant  onllanimé  par  quelques  brins  de  colon- 


(  (^Ol  ) 

poudre  (o"'',oi  au  plus)  auquel  on  niel,  le  feu  au  moyen  d'un  fil  de  platine  porté  à 
l'incandescence  par  un  courant  électrique.  Grâce  à  celle  série  d'allumages  successifs, 
on  supprime  la  spirale  de  fer,  qui  pourrait  introduire  dans  le  calcul  la  formation  d'une 
dose  de  lungstale  de  fer  impossible  à  évaluer.  Il  faut  également  bannir  l'eraploi  de  la 
coupelle  de  platine;  dans  notre  première  expérience,  le  tungstène,  en  brûlant  dans 
l'oxygène  comprimé  (aS  atmosphères),  a  percé  la  coupelle  sur  une  surface  de  plusieurs 
centimètres  carrés,  tant  est  élevée  la  température  produite;  peut-être  se  formc-t-il  un 
alliage.  Heureusement,  nous  avions  ])Iacé  au  fond  de  la  boml)e  une  couche  d'eau 
recouverte  d'une  lame  de  platine;  cette  lame  fui  également  percée,  mais  la  bombe  ne 
fut  point  détériorée.  Nous  eûmes  soin  de  prendre  toujours  ces  mêmes  précautions 
dans  toutes  nos  expériences  ultérieures.  La  porcelaine  ne  peut  pas  être  employée  non 
plus  ;  elle  fond  toujours  quelque  peu  et  se  perce  môme  quelquefois.  Nous  nous  sommes 
arrêtés  finalement  à  l'emploi  de  fonds  de  creusets  en  biscuit  d'épaisseur  bien  uniforme, 
de  6"'"  à  7"""  de  haut  et  de  lo™"  à  if)"""  de  diamètre.  Le  succès  n'esl  pas  encore  tou- 
jours le  résultat  des  opérations,  mais  nous  avons  pu  obtenir,  dans  trois  expériences 
faites  avec  du  tungstène  pur,  des  nombres  assez  rapprochés,  soit,  par  gramme  : 

to49'"'';     io44'^'^'  et  logS"^"';     en  moyenne  :  1062"'. 

I)  Le  premier  de  ces  nombres  a  comporté  une  petite  correction,  que  nous  avons  éta- 
blie en  déterminant  dans  le  produit  de  la  combustion  la  dose  d'oxygène  de  nouveau 
fixable  (o8'-,oo27),  ce  qui  a  porté  le  chifTre  initinl  de  io36<^»'  à  io49"';  dans  les  deux 
autres  expériences,  on  n'avait  pu  fixer  de  nouvel  oxygène. 

n  Bio.vyde  TnO-.  —  Nolve  bioxyde  était  un  corps  magnifiquement  cristallisé.  La 
combustion  n'offre  pas  les  difficultés  de  la  précédente;  on  peut  se  servir  de  la  coupelle 
de  platine  et,  au  lieu  d'opérer  à  aa  atmosphères  sur  iS'',  nous  avons  opéré  à  i5  atmo- 
sphères el  même  moins,  sur  'is'  de  bioxyde  à  la  fois.  La  combustion  de  chaque  gramme 
a  dégagé  : 

392C"',8     3o4':°',2     2931''!, I      3o6':'^i,6;     en  moyenne  :  299c»', 2. 

»   Il  résulte  de  ces  chiffres  et  des  précédents  que  : 

Tu  H-0'>  =  TuO^  .  .      -(- i95'""'',4i  à  vol.  const.  ;         -h  i96c='',3  à  près,  const. 
TuO'^-l-O  =TuO^..     -I-    64''"-'',63  .>  -^   64<^'",9  » 

ïu-hO-^TuO' +  i3ic>',4  =  2  x63C'",7 

))  La  fixation  de  chaque  atome  d'oxygène  dégage  donc  à  peu  près  la 
même  quantité  de  chaleur  en  portant  sur  le  métal  ou  sur  l'oxyde  déjà 
formé;  mais,  si  nous  sommes  autorisés  à  regarder  la  chaleur  d'oxydation  de 
Tu  O-  comme  exacte  ù  i*^^'  près,  nous  sommes  portés  à  croire  un  peu  trop 
faible  la  chaleur  d'oxydation  de  Tu  en  TuO'. 

»  Néanmoins,  ces  résultats  permettent  de  faire  une  première  comparai- 
son avec  la  chaleur  d'oxydation  de  quelques  corps,  rapportée  à  la  fixation 


(    602     ) 

d'un  atome  d'oxygène.  Le  Tableau  suivanl,  lequel  entraîne  avec  lui  toutes 
les  conséquences  rapportées  ci-après,  donne  ces  chaleurs  d'oxydation. 

Cal  Cal 

Mg i43,4             FeenFeO 65,4 

Al i3i,o             Fe^enFe^O' 65,2x3 

Métaux  alcalins  et  alca-                            Fe'enFe'O' 67,7x4 

lino-terreux >90,o              SK--(-0' 60,2  x  4 

Si 89,8              Il(II-Ogaz) 58,3 

Zn 84,8  Sb-^en  Sb^O^)....  55,6x3 

Sn 70,7              Pb 5o,8 

H(H201iq) 69,0              Cu^enCu^O 43,8 

Tu 65,4             Hg,A.g,Au,Pt <25 

»  On  sait  que  la  vapeur  d'eau  à  température  relativement  basse  oxyde 
le  tungstène,  mais  qu'inversement  l'hydrogène  à  haute  température  réduit 
complètement  l'anhydride  tungstique  :  résultat  comparable  à  l'action 
qu'exercent  H"  O  et  H  sur  le  fer  et  ses  oxydes,  dont  le  tungstène  se  rapproche 
par  sa  chaleur  de  formation  et  par  l'égalité  des  dégagements  de  chaleur 
successifs  dans  ses  divers  degrés  d'oxydation.  L'eau  liquide  n'oxyde  pas 
(ou  presque  pas)  le  tungstène,  mais  Tu  et  Tu  O^  la  décomposent  facilement 
en  présence  des  alcalis,  sans  qu'il  y  ait  réversibilité,  par  suite  de  la  forma- 
tion d'un  tungstate  dissous  : 

-,<;a.,9)(l) 
+  4Cal,7) 

»  On  sait  aussi  que  le  tungstène  ne  décompose  pas  la  silice,  ni  l'alumine, 
ni  la  magnésie;  il  ne  décompose  pas  non  plus  les  oxydes  anhydres  des 
métaux  alcalins  ou  alcalino-terreax  :  témoin  sa  préparation  par  l'électro- 
lyse  des  tungstates  où  il  peut  rester  à  un  moment  donné  en  contact  avec  le 
bain  devenu  alcalin.  Au  contraire,  le  magnésium  nous  a  donné  avecTuO' 
une  réaction  d'une  extrême  violence;  nous  avons  jugé  inutile  d'essayer 
l'action  des  métaux  alcalins  sur  cet  oxyde,  mais  le  zinc  nous  a  fourni  une 
réaction  précieuse,  parfaitement  régulière. 

L'action  de  l'étain  sur  les  oxydes  eux-mêmes  n'a  pas  été  étudiée  par  nous, 
mais  nous  avons  trouvé  que,  conformément  à  sa  plus  grande  chaleur 
d'oxydation,  il  ramène  les  tungstates  alcalins  à  l'état  de  bronzes  et  en  sépare 
même  le  métal  tungstène. 

(')  j;  =  chaleur  d'hydratation  de 4Tu(J'cliaugésen  acide  métalaiigstiiiiie{TuO')''H^O. 


Tu  +  aKOHdiss.  +2H=0  liq.  r=  Tu  O'K^  diss.  ^SH^gaz.. 

+  (x 

TuO=+2lvOridiss.                      r=TuO*K=diss.  +     IPgaz.. 

-4-  (x 

(  6o3  ) 

»  Inversement,  nous  avons  constaté  que  le  tungstène  décompose  facile- 
ment et  régulièrement  les  oxydes  d'antimoine,  de  plomb  et  de  cuivre,  en 
mettant  le  métal  de  ces  oxydes  en  liberté,  à  la  température  d'une  simple 
lampe  à  gaz.  Il  était,  par  conséquent,  inutile  d'examiner  la  réduction  des 
oxydes  dont  la  formation  dégage  encore  moins  de  chaleur. 

»  Le  tungstène  change  les  sulfates  en  sulfures,  résultat  conforme  aux 
chiffres  du  Tableau. 

»  Enfin,  sa  tendance  à  passer  à  l'état  d'oxyde  tungstique  peut  s'exercer 
sur  les  solutions  des  derniers  oxydes  du  Tableau  :  les  liqueurs  bleues 
(Tu-0')  ou  rouges  (TuO^)  contenant  des  oxydes  inférieurs  de  Tu  ra- 
mènent à  l'état  d'oxydation  inférieur  les  sels  cuivrique,  mercurique,  pla- 
tinique,  et  précipitent  du  métal  dans  les  solutions  auriques  et  argentiques; 
en  même  temps,  la  couleur  bleue  ou  rouge  disparaît  par  suite  de  la  trans- 
formation en  TuO^ 

»  La  place  assignée  au  tungstène  d'après  sa  chaleur  d'oxydation, 
3  X  65^"'  environ,  nous  semble  justifiée  amplement  par  les  expériences 
précédentes.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  du potassammonium  sur  V arsenic  (').  Note 
de  M.  C.  HcGOT,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

«   On  considère  deux  cas  : 

»  L  L'ammonium  alcalin  est  en  excès.  —  L'arsenic  et  le  potassium  sont 
introduits  dans  une  des  branches  de  l'appareil  ATB,  décrit  dans  des  Notes 
précédentes. 

»  Dans  ce  récipient,  fermé  à  la  lampe,  on  fait  condenser  le  gaz  ammo- 
niac. La  réaction  se  manifeste  bientôt.  A  une  température  et  sous  une 
pression  convenables,  on  constate  la  formation  d'un  corps  jaune  amorphe, 
un  peu  soluble  dans  le  gaz  ammoniac  liquide  auquel  il  communique  une 
coloration  jaunâtre. 

»  Lorsque  tout  l'arsenic  est  entré  en  combinaison,  le  potassammonium  en  excès  est 
entraîné  dans  la  seconde  branche  par  des  lavages  au  gaz  ammoniac  liquéfié.  On  laisse 
ensuite  le  liquide  s'évaporer.  Quand  l'appareil,  ramené  à  la  température  ordinaire, 
ne  laisse  plus  dégager  de  bulles  de   gaz  ammoniac,  on  sépare  à  la  lampe  les  deux 


(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Cliimie  industrielle  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Bordeaux. 


(  6o4  ) 

branches.  L'une  contient  l'arséniure  alcalin  pur,  l'autre  le  potassium  eu  excès  souillé 
de  traces  d'arséniure  entraîné. 

«  On  a  dit  plus  haut  que  le  produit  obtenu  paraissait  jaune  au  sein  de  la  liqueur. 
Il  conserve  cette  coloration  tant  qu'il  est  recouvert  par  le  gaz  liquéfié  ou  que  la  pres- 
sion du  gaz  ammoniac  est  notablement  supérieure  à  la  pression  normale.  Sous  la 
pression  et  à  la  température  ordinaires,  il  est  rouge  brique,  d'un  rouge  plus  foncé  que 
le  composé  correspondant  du  sodium. 

»  L'expérience  étant  terminée,  aucune  trace  d'ammoniac  ne  se  dégageant  plus,  on 
constate  que  l'appareil  a  augmenté  de  poids.  Ce  corps,  chauffé  dans  le  vide  à  3oo", 
dégage  du  gaz  ammoniac.  Le  poids  du  gaz  recueilli  est  précisément  égal  à  l'aug- 
mentation de  poids  qu'avait  éprouvée  l'appareil  ;  il  correspond  à  une  aïoléeule  de  gaz 
ammoniac  pour  un  atome  d'arsenic  employé. 

»  Après  cette  perle  d'ammoniac,  le  corps  est  alors  noir  mat  et  sa  formule  corres- 
pond à  AsK^. 

»  A  l'état  rouge  brique,  c'est-à-dire  tout  d'abord,  sa  formule  est  AsK',  Azil'. 

»  L'analyse  de  l'arséniure  AsK'  se  fait  en  le  traitant  par  un  acide.  Il  se  dégage  de 

l'hydrogène  et  de  l'arséniure  d'hydrogène.  Le  volume  de  ce  dernier  gaz  est  déterminé 

en  l'absorbant  par  une  dissolution  concentrée  de  sulfate  de  cuivre.  Le  résidu  repris 

par  l'acide  azotique  étendu  fournit  une  liqueur  où  le  métal  alcalin  est  dosé  à  l'état  de 

sulfate  et  l'arsenic  à  l'état  de  sulfure  : 

Trouvé. 

Calculé.  I. 

As 39,06  38,07 

K 60,93  59,95 

99>99  ■    98,52  99,56 

»  Le  potassium  peut  aussi  être  déterminé  par  différence  entre  le  poids  du  métal 
employé  et  le  poids  du  potassium  en  excès.  Ce  dernier  peut  être  calculé  d'après  le 
volume  d'hydrogène  obtenu  par  l'action  ménagée  de  l'eau  sur  ce  métal. 

»  On  avait  obtenu  {')  avec  le  sodamnionium,  en  se  plaçant  dans  les  mêmes  condi- 
tions, le  corps  rouge  brique  AsNa',  AzH',  qui  perdait  également,  à  une  température 
peu  élevée,  sa  molécule  de  gaz  ammoniac. 

»  II.  L'arsenic  est  en  excès.  —  L'arsenic  était  placé  dans  la  Ijranche 
qne  l'on  peut  désigner  par  A,  pour  rendre  plus  claires  les  explications  qui 
suivent,  et  le  potassium  dans  la  branche  B. 

»  Lorsqu'une  quantité  suffisante  de  gaz  ammoniac  a  été  liquéfiée  dans  les  deux 
branches,  on  fait  passer  de  B  en  A  un  peu  de  potassammonium.  Ou  agite  le  liquide 
en  en  provoquant  l'ébullition.  Dès  que  le  potassammonium  ainsi  introduit  a  disparu, 
on  fait  arriver  sur  l'arsenic,  par  décantation,  i'^'^  ou  p/^  de  la  dissolution  d'ammonium 
alcalin  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  qu'il  soit  tout  entier  entré  en  combinaison.  On  pro- 
voque de  temps  en  temps  l'ébullition  du  liquide  de  la  branche  A  pour  que  les  mor- 

(')  Comptes  rendus,  i.  CXXVII,  p.  553. 


* 


(  6o5  ) 

ceau\  d'arsenic  ne  soient  pas  toujours  eu  contact  avec  les  mêmes  couches  de  la 
liqueur. 

»  Le  corps  obtenu  se  dissout  dans  le  gaz  ammoniac  liquéfié  en  donnant  une  liqueur 
rouge.  Il  est  très  rare  qu'on  puisse  empêcher  le  dépôt  sur  les  parois  du  corps  AsK^, 
AzH'. 

«  On  fait  ensuite  repasser  de  A  en  B,  à  travers  un  tampon  de  coton  de  verre  filé,  la 
liqueur  rouge  obtenue.  Il  reste  donc  en  A  l'arsenic  en  excès  et  un  peu  du  corps  AsK', 
AzH'  dont  on  ne  peut  empêcher  la  formation. 

»  La  liqueur  rouge,  ainsi  filtrée  à  travers  le  coton  de  verre,  laisse  déposer  par  éva- 
poration  une  masse  orangée. 

>)  Ce  résidu  chauffé  dégage,  un  peu  au-dessous  de  3oo°,  une  certaine  quantité  de 
gaz  ammoniac  et  éprouve  une  perle  de  poids  sensiblement  égale  à  l'augmentation  de 
poids  de  l'appareil,  constatée  à  la  fin  de  l'expérience  avant  de  chauffer  à  3oo°; 

«   Le  corps  orangé  correspond  à  la  formule 

As'KS  AzfP. 

I)  En  perdant  la  molécule  de  gaz  ammoniac  un  peu  au-dessous  de  3oo°,  il  devient 
rouge.  Sa  couleur  rappelle  un  peu  celle  du  cinabre. 

»  L'analyse  de  ce  corps  s'effectue  d'après  la  mélliode  indiquée  plus  haut. 
u   Voici  quelques-uns  des  résultats  : 


As 
K. 


Tr 

ouvé. 

I. 

II. 

79.65 

78,20 

ao,55 

19,12 

99,99  iOO,20  y/'^^ 

»  On  est  averti  de  la  présence  de  AsK^,  AzfP  parce  que  ce  dernier  devient  noir 
sous  l'action  de  la  clialeur  tandis  que  As*K°  est  rouge. 

»  Il  est  intéressant  de  rappeler  que  ces  mêmes  essais  (')  n'avaient  pas 
donné  dans  le  cas  du  sodammoniiim  de  composé  différent  suivant  que  le 
métal  ou  le  métalloïde  était  en  excès.  La  réaction  avec  le  sodammonium 
est  probablement  beaucoup  plus  lente  et,  par  suite,  matériellement  im- 
possible dans  les  conditions  assez  pénibles  où  doivent  se  faire  les  expé- 
riences de  ce  genre.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  brome  en  présence  du  chlorure  d'aluminium 
sur  quelques  dérivés  chlorés  du  benzène.  Note  de  MM.  A.  Mou\eyrat  et 
Ch.  Pouret,  présentée  par  M.  Anu.  Gautier. 

«   Les  dérivés  chlorobromés  des  carbures  aromatiques  sont  très   mal 
connus.  La  plupart  de  ceux  actuellement  décrits  ont  été  préparés  à  l'aide 

(^')  Comptes  rendus,  t.  CXXVII,  p.  553. 


(  6o6  ) 

des  aminés  clilorobromées  correspondantes,  dans  lesquelles  on  a  remplacé, 
en  passant  par  les  dérivés  diazoïques,  le  groupe  AzII"  par  H  (').  Ce  pro- 
cédé, comme  on  le  voit,  n'est  pas  direct  et  ne  permet,  du  reste,  d'obtenir 
que  quelques  dérivés  chlorobromés. 

»  M.  Gustavson  (")  ayant  préparé  l'hexabromobenzène  par  l'action, 
sur  cet  hydrocarbure,  du  brome  en  présence  du  chlorure  d'aluminium 
anhydre,  et  l'un  de  nous  ayant  montré  (^),  d'autre  part,  qu'on  peut  obtenir 
facilement,  à  l'aide  de  ce  puissant  agent  de  synthèse,  en  partant  du  brome 
et  des  dérivés  chlorés  des  carbures  de  la  série  grasse,  un  certain  nombre 
de  dérivés  chlorobromés  de  cette  série,  il  était  rationnel  de  se  demander 
si,  en  opérant  d'une  façon  analogue  dans  la  série  aromatique,  on  n'aurait 
pas  là  un  procédé  général  de  préparation  des  dérivés  chlorobroniés  des  carbures 
cycliques.  En  un  mot,  nous  nous  sommes  proposé  de  vérifier  si,  dans  la  série 
aromatique,  la  réaction  générale  suivante  aurait  lieu 

C«n"'Cl"+  Br''==  C°H  ■"""'-■  Cl" -h  (IIBr)^. 

»  L'expérience  est  venue  vérifier  cette  hypothèse.  Nous  nous  sommes 
tout  d'abord  adressés  au  monochlorobenzène  (CH^Cl). 

»  Dans  un  ballon  de  5oo'^'^  de  capacité,  parfailemenl  sec,  on  place  aSoS''  de  C^H'CI 
et  320S"'  de  brome  anhydre.  Le  ballon  plongeant  dans  un  bain-marie,  à  eau  glacée,  est 
fermé  par  un  bouchon  à  deu\  trous  dont  l'un  reçoit  un  réfrigérant  ascendant,  l'autre 
un  tube  de  gros  diamètre  en  relation,  par  l'intermédiaire  d'un  raccord  de  caoutchouc, 
avec  un  petit  ballon  sec  contenant  26'' de  chlorure  d'aluminium  anhydre.  Dans  les  con- 
ditions ordinaires  le  mélange  (C^H^Cl-t-  Br)  ne  donne  pas  trace  de  dégagementde  HBr; 
au  contraire  dès  qu'en  relevant  le  petit  ballon  on  fait  tomber  dans  le  mélange  refroidi 
une  parcelle  de  AlCl^,  une  réaction  très  vive  se  déclare  aussitôt  et  des  torrents  de  HBr 
se  dégagent.  Il  est  nécessaire  de  ne  pas  laisser  tomber  plus  de  os'',  i5à  oS'',  20  de  Al  CI' 
à  la  fois  et  cela  environ  tous  tes  quarts  d'heure,  sans  quoi  la  réaction  est  si  vive  qu'on 
pourrait  perdre  la  plus  grande  partie  du  produit.  Pour  ces  doses  de  matière,  i8'',5o  à 
aS'  de  Al  Cl'  suffisent  amplement. 

»  Lorsque  la  réaction  est  terminée,  c'est-à-dire  au  bout  de  deux  à  trois  heures,  le 
gaz  bromhydrique  cesse  de  se  dégager  et  la  masse  devient  complètement  solide.  On  la 
projette  alors  par  petites  portions  dans  de  l'eau  distillée  additionnée  d'acide  chlorhy- 
drique,  on  lave  les  cristaux  successivement  à  la  soude  faible  et  à  l'eau  distillée,  puis 
l'on  essore  à  la  trompe. 

»  On  obtient  ainsi  370^"'  d'un  produit  cristallisé  blanc,  peu  soluble  dans  l'alcool 
froid,  beaucoup  plus  soluble  dans  l'alcool  bouillant,  dans  l'éther,  dans  le  benzène,  le 


(')  Voir  Langer,  Ann.  Chcin.,  t.  CCXV,  p.  n3. 

(-)  Derichle,  t.  X,  p.  iioi. 

(')  Bull.  Soc.  chim.,  3"  série,  t.  XIX-W,  p.  i8o-3oo. 


(  6o7  ) 

chloroforme,  et  dont  l'odeur  rappelle  celle  du  benzène  monocliloré.  Par  cristallisation 
dans  un  mélange  d'alcool  et  d'étlier,  il  donne  de  longues  lames  parfaitement  incolores 
et  transparentes  fondant  à  67°, 4,  entrant  en  ébullilion  à  196°, 3.  L'analyse  assigne  à  ce 
corps  la  formule  C^H'ClBr.  Il  donne  avec  l'acide  nitrique  fumant,  et  à  chaud,  un 
dérivé  mononitré  CHI^( AzO^)CIRr  fondant  à  68°, 2.  Ce  sont  là  les  propriétés  du 
parabromochlorobenzène 

\Br(t, 
Il  s'est  formé  d'après  l'équation 

C'H^Cl  -I-  Br2=  OH'CIBr  H-  HBr. 

C'est  là  un  excellent  moven  de  préparation  de  ce  composé;  les  rendements  sont  au 
moins  de  gS  pour  100  du  rendement  théorique. 

»  En  opérant  comme  précédemment  et  en  prenant  pour  point  de  départ 
les  dérivés  chlorés  suivants  CH'Cl  -  CH*  Cl(„Cl(,,,  -  C^H' Cl(o)Cl(„, 
C''H^Cl(,)Cl(o)Cl(,.,)CI(5),  nous  avons  obtenu,  avec  de  bons  rendements,  en 
employant  un  excès  de  brome  sec  et  en  terminant  la  réaction  au  bain- 
marie,  des  dérivés  clilorobromés  dans  lesquels  tous  les  atomes  d'hydrogène 
sont  remplacés  par  du  brome. 

M  Ces  dérivés  purifiés  par  sublimation  se  présentent  sous  forme  de 
belles  aiguilles  ;  ce  sont  : 

O  0 

C'Br'Cl  fondant  à  299-800 

C«Br*Cl(„Cl(n  «  278-278,5 

CBr'CldjGlfîjClti,  »  260-261 

C«Br2CI(,,Cl(2)CI(oCli5)  246-2^6,5 

C«Br*/J"'^"  «  258-259 

\C1(4) 

»  Nous  poursuivons  l'application  de  ce  procédé  aux  autres  carbures  aro- 
matiques.  » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  constitution  de  la  matière  colorante  des  feuilles. 
La  chloroglobine.  Note  de  M.  Tsvett,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

«  La  chlorophylle  et  la  xantophylle  (cnrotine),  telles  que  nous  les  ont 
fait  connaître  les  travaux  de  MM.  Gautier,  feu  Hoppe-Seyler,  Schunk, 
Arnaud  et  les  recherches  encore  inachevées  de  M.  Montéverde,  se  trou- 
vent-elles dans  la  cellule  végétale  sous  la  forme  d'agrégats  microscopiques, 
juxtaposés,  pour  ainsi  dire,  aux  agrégats  élémentaires  de  protoplasma, 
C.  R.,  1899,  a'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  16.)  81 


(  f)o8  ) 

immédiatement  ou  à  l'état  de  solution  dans  une  matière  huileuse  ou  cireuse; 
ou  bien  sont-elles  engagées  dans  des  combinaisons  complexes,  faisant 
parties  intégrantes  de  certaines  molécules  albuminoïdes  proloplasmiques? 
Nous  nous  sommes  efforcé  de  résoudre  cette  question  très  importante  de 
Physiologie  végétale. 

»  Si  l'on  se  propose,  ainsi  que  l'a  fait  M.  Étard,  de  rechercher  les  sub- 
stances satellites  de  la  chlorophylle  en  les  extrayant  au  moyen  de  l'alcool 
ou  du  sulfure  de  carbone,  on  risque  de  réunir  dans  ces  menstrues  des  sub- 
stances d'origines  diverses.  Il  fallait  donc  créer  d'abord  une  méthode  qui 
permît  d'isoler  m  situ  la  substance  complexe  présumée.  Nous  en  avons 
trouvé  plusieurs;  nous  ne  parlerons  ici  que  de  la  plus  parfaite.  C'est  une 
application  de  la  propriété  liquéfiante  et  dissolvante  de  la  résorcine  aqueuse 
à  l'égard  des  albuminoïdes  ('). 

»  La  solution  concentrée  de  résorcine,  agissant  sur  le  protoplasma  de  la  cellule 
végétale,  dissout  certaines  parties,  en  liquéfie  d'autres  et  permet  la  séparation  de 
substances  qui  ne  sont  associées  que  mécaniquement.  A  la  concentration  de  120:100 
et  rendue  légèrement  alcaline  au  moyen  de  carbonate  d'ammonium,  la  résorcine,  dans 
une  cellule  chlorophyllée,  agit  comme  il  suit  :  les  chloroplastes  se  gonflent,  s'agrègent, 
se  décolorent  par  séparation  d'une  matière  verte  sous  forme  de  petits  globules  et 
finissent  par  se  dissoudre  ainsi  que  le  cjtoplasma.  Les  petits  globules  verts  confluent 
peu  à  peu  en  grandes  gouttelettes  sphériques  d'apparence  oléagineuse.  On  n'aperçoit 
finalement  dans  le  lumen  cellulaire  que  le  noyau  et  une  ou  plusieurs  gouttelettes 
réfringentes,  d'un  beau  vert. 

»  La  matière  colorante  ainsi  isolée  et  que  nous  proposons  de  nommer  chloroglobine, 
n'est  pas  liquide  par  elle-même;  elle  ne  l'est  que  par  le  fait  de  là  résorcine.  Un  lavage 
énergique  à  Feau  ou  à  la  glycérine  la  fait  coaguler  instantanément,  chaque  globule 
passant  à  l'état  de  grumeau  plus  ou  moins  opaque,  inclus  dans  une  logette  arrondie  au 
sein  du  protoplasma  incolore  reprécijiité. 

»  Telle  est  la  réaction  fondamentale  que  nous  avons  pu  constater  chez 
toutes  les  plantes  011  nous  l'avons  essayée  (Algues,  Mousses,  Fougères, 
Gymnospermes,  Mono-  et  Dicotylédones). 

»  Grâce  à  leurs  fortes  dimensions,  les  amas  de  chloroglobine,  isolés  par 
la  résorcine,  se  prêtent  on  ne  peut  mieux  à  une  étude  microchimique. 
Nous  avons  exécuté  cette  élude  sur  les  feuilles  de  Vallisneria  et  d'Ehdea. 

»  Isolée,  ainsi  qu'il  a  été  dit,  et  débarrassée  de  toute  trace  de  résorcine  par  un  la- 
vage de  vingt-quatre  à  quarante-huit  heures  dans  l'eau  courante,  la  chloroglobine  jouit 
des  propriétés  suivantes  : 

(')  Voir  notre  Note,  même  Volume,  p.  55i. 


(6o9) 
»  Elle  est  insoluble  dans  l'eau  et  les  solutions  salines 

(NaCl,   MgSO*,    K^HPOS   K*CO'). 

Elle  gonfle  dans  les  solutions  de  K^HPO'et  dans  celles  de  K-CO%  dans  ces  dernières 
avec  altération.  Elle  gonfle  dans  les  solutions  de  salicylate  de  soude  et  dans  les  solu- 
tions diluées  de  résorcine,  de  pjrocatéchine  et  d'hydrate  de  chloral. 

»  Les  solutions  concentrées  de  ces  dernières  substances  liquéfient  la  chloroglobine; 
l'hydrate  de  chloral  produit,  en  outre,  une  rapide  dissolution  avec  décomposition. 

»  La  chloroglobine  gonfle  également,  mais  en  s'altérant,  dans  les  solutions  diluées 
de  potasse  caustique. 

»  Les  acides  dilués  (HCI,  C^H^O-)  décomposent  lentement  la  chloroglobine  en 
abandonnant  un  résidu  insoluble  d'une  matière  vert  brunâtre  (chlorophyllane  impure). 
Les  acides  concentrés  la  dissolvent  entièrement  et  la  décomposent. 

»  La  chloroglobine  se  dissout  entièrement  dans  l'alcool  fort  ainsi  que  dans  l'éther, 
le  benzol,  le  sulfure  de  carbone  et  le  chloroforme. 

»  Comme  les  albuminoïdes,  la  chloroglobine  est  coagulée  par  les  réactifs  suivants: 
bichlorure  de  mercure,  chlorure  de  platine,  ferrocyanure  de  potassium,  acide  phos- 
phomolybdique,  acide  osmique,  tanin,  aldéhyde  formique.  Les  grumeaux  de  chloro- 
globine, fixés  au  moyen  de  ces  réactifs,  ou  encore  par  une  ébullition  prolongée  dans 
l'eau,  ne  se  liquéfient  plus  dans  la  résorcine  ou  l'hvdrate  de  chloral  et  ne  se  dissolvent 
plus  dans  l'alcool. 

»  A  l'exemple  des  albuminoïdes,  la  chloroglobine  condense  énergiquement  certaines 
matières  colorantes:  fuchsine,  cyanine,  chrysoïdine,  bleu  de  méthylène,  vert  à  l'iode. 
»  La  chloroglobine  gonfle  fortement  dans  l'eau  de  Javel  et  s'y  décolore.  Nous  en 
avons  profilé  pour  essayer  sur  la  matière  ainsi  blanchie  certaines  réactions  de  colora- 
tion (réaction  de  Milion,  de  Raspail,  xanthoprotéique,  du  biuret).  Nous  n'avons  ob- 
tenu que  des  résultais  incertains.  Par  contre,  les  grumeaux  décolorés  fixent  énergi- 
quement les  matières  colorantes  susdites  et  se  colorent  en  jaune  dans  la  teinture 
d'iode.  Ils  ne  prennent  pas  du  tout  la  teinture  d'alkanna. 

»  La  chloroglobine  liquéfiée  par  la  résorcine  neutre,  et  qui  se  jjrésente  alors  sous 
l'aspect  d'une  masse  verte  diffuse,  répandue  dans  toute  la  cellule,  se  décompose  au 
bout  de  quelques  heures,  en  fournissant  un  dépôt  de  matière  vert  foncé,  en  petits 
granules,  et  d'abondantes  cristallisations  de  Caroline  (xanthophylle),  sous  forme  d'ar- 
buscules  ou  de  sphérocristaux. 

»  La  chloroglobine  étant  soluble  dans  l'alcool  fort,  nous  devons  la  retrouver  dans 
l'extrait  alcoolique  de  la  plante  fraîche.  De  fait,  le  résidu  de  cette  alcoolature  pré- 
parée soit  à  froid,  soit  à  chaud,  présente  les  diverses  réactions  énumérées  plus  haut. 
»  Si  l'on  agite  une  teinture  alcoolique  de  chlorophylle  avec  de  la  benzine  (procédé 
de  Kraus),  celle-ci  se  colore  généralement  en  vert,  tandis  que  la  couche  alcoolique 
prend  une  teinte  jaune.  Le  résidu  benzénique,  ([ui  représente  essentiellement  la 
chlorophylle  de  M.  Gautier,  ne  réagit  pas  avec  la  résorcine,  tandis  que  le  résidu  alcoo- 
lique se  liquéfie  dans  cette  dernière. 

»  Dans  un  extrait  alcoolique  de  feuilles  vertes  qu'on  ramène  par  dilution  à  20°  cen- 
tésimaux, la  chloroglobine  passe  à  l'état  d'un  précipité  d'une  extrême  ténuité,  révélé 
seulement  par  l'ojjalescence  vague  du  liquide.  Néanmoins  ce  précipité  peut  être 
recueilli  par  filtration  sur  une  bougie  de  porcelaine. 


(  6io  ) 

»  Ainsi  qu'il  ressort  des  expériences  que  nous  venons  de  résumer, 
la  chloroglobine  est  une  substance  complexe  où  la  chlorophylle  et  la  caro- 
tine  sont  faiblement  unies  à  un  radical  de  nature  apparemment  protéique. 
Par  la  pln|jart  de  ses  propriétés  physico-chimiques,  la  chloroglobine 
semble,  en  effet,  appartenir  au  groupe  de  ces  substances. 

)>  Sa  solubilité  dans  l'élher,  le  sulfure  de  carbone  et  autres  liquides 
organiques  paraît  être  due  aux  noyaux  chromophores  de  la  molécule;  on 
connaît  d'ailleurs  des  hémoglobines  solubles  dans  l'élher  et  le  chloro- 
forme. La  chlorophylle  et  la  carotine  semblent  avoir  avec  le  radical 
protéique  des  liaisons  assez  lâches,  du  même  ordre  que  celle  qui,  d'après 
les  expériences  de  MM.  Bertin-Sans  et  Moitessier,  réunit  dans  l'hémoglo- 
bine l'hématine  à  la  matière  albuminoïde.  Ceci  ressort  de  l'expérience  de 
Rraus  et  des  procédés  appliqués  par  M.  Armand  Gautier  et  feu  Hoppe- 
Seyler  à  l'extraction  de  la  chlorophylle  cristallisée. 

»  Il  appartiendra  à  l'analyse  chimique,  analyse  que  nous  ne  nous 
réservons  pas,  d'élucider  entièrement  la  constitution  de  la  chloroglobine. 
En  partant  d'un  matériel  convenablement  choisi,  que  l'on  épuisera  par  de 
l'alcool  rectifié,  et  en  recueillant  ensuite  sur  un  filtre  de  porcelaine  la  chlo- 
roglobine précipitée  par  l'eau,  on  obtiendra  une  matière  d'une  grande 
pureté  et  aussi  peu  modifiée  que  possible. 

»  Quoi  qu'il  en  soit  de  sa  nature  chimique,  la  chloroglobine  participe  de 
la  constitution  phvsique  des  albuminoïdes.  Comme  elles,  susceptible  d'im- 
bibition  par  les  solutions  aqueuses,  comme  elles  jouissant  d'un  j^ouvoirde 
condensation  qui,  sans  doute,  s'exerce  aussi  sur  les  gaz,  la  chloroglobine 
réalise  l'adduction  la  plus  rapide  des  matériaux  premiers  de  la  synthèse 
organique  et  leur  contact  le  plus  intime  avec  les  groupes  d'atomes  récep- 
teurs et  transformateurs  de  l'énergie  lumineuse.  » 


CHIMIE  ANIMALE.  —  Démonstration  de  la  désagrégation  des  leucocytes  et  de 
la  dissolution  de  leur  contenu  dans  le  plasma  sanguin  pendant  l'hypoleu- 
cocytose.  Influence  de  la  leucolyse  intravasculaire  sur  la  coagulation  du 
sang  (').  Note  de  Henri  Stassano,  jirésentée  par  Armand  Gautier. 

«   Les  injections  de  sels  solubles  de  mercure  provoquent  immédiate- 
ment dans  la  circulation  un  abaissement  très  sensible  du  nombre  des  leu- 


(')   Travail  du  laboratoire  de  Toxicologie  de  la  I^réfecture  de  Police  et  du   labora- 
toire de  Physioloeie  de  la  Sorbonne. 


(6,1  ) 

cocyles,  abaissement  d'autant  plus  marqué,  et  de  durée  d'autant  plus 
lone^ue,  que  la  quantité  injectée  est  |)lus  considérable.  C'est  d'ailleurs 
la  règle  pour  l'introduction  dans  le  sang  de  n'importe  quelle  substance 
étrangère  à  l'économie  animale,  quel  qu'en  soit  le  degré  de  toxicité. 

»  Les  savants  qui  ont  étudié  ce  i^hénomène  en  ont  envisagé  différem- 
ment le  processus  intime  :  pour  les  uns,  les  leucocytes  se  désagrègent  à 
l'arrivée  dans  le  sang  de  la  substance  étrangère;  pour  les  autres,  ils  s'ar- 
rêtent simplemetit  dans  les  vaisseaux  capillaires  ou  émigrent  dans  les 
tissus.  La  première  hypothèse,  soutenue  principalement  par  Loëwit  et 
Wright,  repose  sans  doutesur  des  observations  assez  concluantes.  Au  cours 
de  mes  recherches  sur  l'action  du  mercure  dans  l'organisme,  j'ai  fait  à  mon 
tour  des  constatations  qui  s'accordent  avec  cette  manière  de  voir,  mais  qui 
n'en  donnent  pas  plus  la  preuve  décisive,  irréfutable,  que  les  observations 
déjà  acquises  à  la  littérature  scientifique. 

»  Pour  parvenir  à  un  meilleur  résultat,  j'ai  posé  la  question  comme  il  suit  : 
s'il  y  a  efleclivement  destruction  de  leucocytes  pendant  l'hypoleucocytose, 
ilfautquelecontenu  leucocytaire  passe  à  ce  moment  dans  le  plasma  sanguin. 
Constater  d'une  façon  indéniable  cette  présence  du  contenu  leucocytaire 
par  l'analyse  chimique  et  par  des  réactions  physiologiques  appropriées, 
tel  est  le  but  que  je  me  suis  proposé. 

»  Je  me  suis  contenté  d'abord  de  comparer,  à  simple  vue,  la  marcbe 
et  l'importance  de  la  précipitation  de  la  nucléine  —  élément  essentiel  du 
leucocyte  —  dans  le  plasma  d'un  lapin  saigné  en  pleine  hypoleucocytose 
mercurielle,  et  dans  le  plasma  d'un  lapin  normal. 

»  La  comparaison,  nalurellemenl,  a  été  faite  entre  volumes  égaux  de  plasmas  (20"="), 
étendus  chacun  de  quatre  volumes  d'eau  distillée  et  placés  dans  des  éprouvettes  iden- 
tiques. Pour  empêcher  la  désagrégation  des  leucocytes  après  leur  sortie  des  vaisseaux, 
ce  qui  aurait  rendu  nulle  la  comparaison,  le  sang  a  été  retiré  des  deux  lapins  après 
une  injection  intraveineuse  d'extrait  de  sangsues;  les  saignées  ont  été  faites  de  suite 
l'une  après  l'autre,  et  les  deux  échantillons  de  sang  ont  été  centrifugés  simultanément. 

»  Dès  le  début  jusqu'à  la  fin  de  la  réaclum,  le  plasma  du  lapin  en  hy- 
poleucocytose a  présenté  une  teneur  nettement  supérieure  en  nucléine  : 
dans  ce  plasm;i,  en  effet,  le  trouble  a  commencé  à  la  quatrième  ou  à  la  cin- 
quième goutte  d'acide  acétique,  tandis  que,  dans  le  plasma  du  lapin 
témoin,  la  formation  des  premiers  flocons  de  nucléine  ne  s'est  produite 
qu'à  la  huitième  ou  à  la  neuvième  goutte.  Bientôt  une  couche  blanche, 
ouatée,  bien  définie,  s'est  établie  dans  l'éprouvette  du  premier  mélange  et 
en  a  atteint  presque  le  fond;  dans  le  plastiia  normal,  au  contraire,  les 


(    «12    ) 

flocons  blancs  de  nucléine  n'ont  formé  qu'une  couche  beaucoup  moins 
épaisse,  qui  s'est  arrêtée  aux  deux  tiers  de  la  hauteur  du  liquide. 

»  Ne  pouvant  donner  plus  de  précision  à  cette  évaluation,  faute  d'un 
procédé  de  dosage  de  la  nucléine,  j'ai  cherché,  comme  terme  de  compa- 
raison, à  déterminer  la  teneur  en  acide  phosphorique,  composant  inorga- 
nique principal  de  la  nucléine;  et  pour  donner  plus  d'exactitude  aux  ré- 
sultats des  dosages  comparatifs,  j'ai  effectué  la  comparaison  entre  plasmas 
provenant  de  deux  saignées  successives  chez  un  même  sujet. 

»  Pour  obtenir  un  échantillon  de  plasma  qui  se  rapproche  le  plus  de  l'état  normal, 
il  faut  pouvoir  recueillir  le  sang  qui  doit  le  donner  avec  un  nombre  de  leucocytes 
qui  s'écarte  le  moins  de  la  moyenne  physiologique.  On  sait  que  la  contention  d'un 
animal  fait  baisser  le  nombre  de  ses  leucocytes;  que  la  saignée  réduit,  de  même,  le 
chiffre  de  ces  cellules  en  raison  de  l'importance  de  la  perte  de  sang;  que  les  aneslhé- 
siques  provoquent  également  l'hypoleucocytose;  il  faut  donc,  pour  ces  trois  différentes 
raisons  :  i"  opérer  très  rapidement,  2°  se  servir  d'uu  chien  de  forte  taille,  et  3°  n'avoir 
point  recours  à  Tanesthésie. 

»  La  préparation  du  plasma  de  l'hypoleucocytose  ne  réclame  qu'une  précaution  :  il 
faut  éviter  que  l'injeclion  de  sublimé,  qui  provoque  la  disparition  des  leucocytes, 
atteigne  les  hématies.  Si  ces  éléments  figurés  du  sang  venaient  à  être  attaqués  on 
aurait  dans  le  plasma  un  excès  de  phosphore  provenant  de  la  lécithine  des  hématies 
détruites.  On  parvient  à  protéger  les  globules  rouges  par  une  injection  intraveineuse 
d'extrait  de  sangsues.  Cet  extrait,  employé  habiluelleraenl  pour  exalter  la  vitalité  des 
leucocytes,  exerce  la  même  influence  sur  les  hématies.  J'ai  noté,  en  effet,  que  la  solu- 
tion physiologique  additionnée  d'acide  acétique  à  o,5  pour  100,  dont  on  se  sert  pour 
détruire  les  globules  rouges  dans  les  numérations  des  leucocytes,  est  presque  inofl'en- 
sive  pour  les  hématies,  lorsque  ces  cellules  ont  été  stimulées  par  l'extrait  de  sangsues. 

»  Les  précautions  communes  à  prendre  dans  la  préparation  des  deux  plasmas  sont  : 
d'opérer  asepliquement  et  de  rendre  le  sang  incoagulable  par  une  abondante  injection 
intraveineuse  d'extrait  de  sangsues  (i  tête  par  kilogramme  d'animal). 

»  Aussitôt  après  avoir  recueilli,  par  l'artère  crurale,  le  premier  échantillon  de  sang 
de  300""^  environ,  j'injecte  au  chien  en  expérience,  dans  la  veine  saphène,  une  solution 
étendue  de  sublimé  dans  de  l'eau  physiologique  (3'"S'"  par  kilogramme  d'animal).  Cinq 
minutes  après  je  fais  une  deuxième  saignée  d'un  même  volume.  Les  deux  échantillons 
sont  centrifugés  sans  perle  de  [temps  :  au  deuxième  échantillon  il  convient  d'ajouter 
quelques  centimètres  cubes  d'extrait  de  sangsues  pour  compenser  ce  que  le  premier 
extrait  injecté  a  perdu  d'activité  anticoagulante  entre  les  deux  saignées. 

»  Au  moyen  d'un  siphon  on  retire  de  ciiacun  de  ces  échantillons,  après  deux  heures 
de  centrifugation,  iSo"'  de  plasma  très  pur  et  très  transparent.  Les  deux  plasmas  sont 
desséchés  et  calcinés  pour  le  dosage  de  l'acide  phosphorique. 

»  Les  chiffres  trouves  sont  les  suivants  :  les  180"  de  plasma  normal  (ou 
à  peu  près  normal,  si  l'on  tient  compte  de  l'hypoleucocytose  causée  par  la 
simple   immobilisation  de  l'animal)  contiennent  o*»', 0164  d'acide  phospho- 


(  (n.^  ) 

riqiie;  le  vokime  égal  du  plasma  de  l'hypoleucocvtose  franche,  provoquée 
par  le  mercure,  en  contient  o*'"',  o4o8  :  soit  environ  le  triple.  Ce  résultat 
confirme  et  précise  le  précédent,  basé  sur  la  simple  appréciation  visuelle 
de  la  teneur  en  nucléine.  Ces  deux  ordres  de  données  mettent  hors  de 
doute  la  désagrégation  des  leucocytes  pendant  l'hypoieucocytose. 

«  La  dissolution  du  contenu  leucocytaire  dans  le  plasma  peut  être  dé- 
montrée par  plusieurs  réactions  physiologiques;  j'étudierai  ici  l'une  d'elles, 
à  savoir  :  l'action  accélératrice  que  l'hypoieucocytose,  quelle  qu'en  soit  la 
cause,  exerce  sur  la  coagulation  du  sang. 

M  Dès  les  premières  saignées  que  j'ai  pratiquées  à  des  animaux  (chiens, 
lapins,  cobayes)  qui  venaient  de  recevoir  une  injection  de  sublimé,  j'avais 
remarqué  une  accélération  delà  coagulation  du  sang;  j'étais  enclin,  d'abord, 
à  attribuer  cette  accélération  à  une  diminution  de  l'alcalinité  du  sang,  ayant 
à  l'esprit  la  modification  analogue,  mais  de  sens  contraire,  notée  chez  le 
chien  par  M.  Dastre,  pendant  l'action  anticoagulante  de  la  peptone.  Ce 
n'est  que  dans  ces  derniers  temps  que  j'ai  pu  rattacher  cette  accélération 
à  sa  véritable  cause  en  établissant  :  i°  qu'elle  est  indépendante  de  la  com- 
position chimique  de  la  substance  qui  provoque  l'hypoieucocytose;  2°  que 
la  disparition  des  leucocytes  liétermiiiée  par  l'action  du  froid  et  par  l'immo- 
bilisation accélère  la  coagulation  tout  aussi  bien  qu'une  injection  de  mer- 
cure ou  de  peplone;  3"  que  cette  accélération  est  en  rapport  direct  de 
l'intensité  de  l'iiypoleucocytose  et  en  raison  inverse  du  temps  qui  s'écoule 
entre  le  début  de  l'hypoieucocytose  et  la  saignée. 

»  L'hypoieucocytose  agit  sur  le  sang,  en  en  accélérant  la  coagulation, 
parla  dissolution,  à  l'intérieur  des  vaisseaux,  d'une  masse  de  (ibrin-ferment. 
Tout  ce  ferment,  ne  pouvant  être  retenu  de  suite  par  le  foie  et  les  autres 
organes  d'arrêt,  sort  avec  le  flot  sanguin  par  la  blessure  vasculaire  et  accé- 
lère ainsi  la  formalioa  du  caillot  qui,  dans  le  sang  normal,  se  produit  seule- 
ment après  l'éclatement  des  leucocytes  en  dehors  de  la  circulation. 

»  Pourtant,  l'accélération  de  la  coagulation  du  sang  peut  être  consi- 
dérée comme  la  réaction  physiologique  de  la  désagrégation  des  leucocytes 
pendant  l'hypoieucocytose,  désagi'égation  et  dissolution  du  contenu  leuco- 
cytaire dont  j'ai  donné  j)liis  haut  la  démonstration  expérimentale,  par 
l'analvse  chimique.   » 


(  6i4  ) 


CBIMIE  VÉGÉTALE.  -  Germmanon  de  la  graine  de  Caroubier;  production 
de  mannosepar  un  ferment  soluble.  Note  de  MM.  Em.  Bourquelot  el  H. 
Hérissev. 

«  Dans  un  premier  travail  présenté  à  l'Académie  ('  ).  nous  avons  établi 
que  l'albumen  de  la  graine  de  Caroubier,  traité  à  chaud  par  l'acide  sulfu- 
riqueétendu,fournit"duma.inoseetdugalactose.Ultérieuremente).nous 

avons  étudié  de  plus  près  la  réaction,  et  nous  avons  constate  que  les  deux 
sucres,  lorsque  le  traitement  est  ménagé  (emploi  d'acide  sulfurique  a 
3  pour  loo),  se  forment  dans  la  proportion  de  |  du  premier  pour  {  du  se- 
cond (exactement  10,9  de  mannose  pour  3,  06  de  galactose). 

«  Il  y  a  donc  une  différence  essentielle,  an  pouit  de  vue  de  la  constitu- 
tion chimique,  entre  l'albumen  de  la  graine  de  Caroubier  {albumen  corne^ 
et  celui  du  blé  par  exemple  {albumen  amylacé),  qui,  traite  a  chaud  par 
l'acide  sulfurique  étendu,  donne  du  dextrose.  Cette  même  différence  se 
retrouverait-elle  encore  dans  la  germination  des  deux  graines?  En  d  autres 
termes,  alors  que,  pendant  la  germination  et  sous  l'influence  de  ferments 
solubles  qu'élabore  l'embrvon,  l'amidon  de  l'albumen  de  blé  éprouve  les 
mêmes  transformations  que  sous  l'influence  de  l'acide  sulfurique  étendu, 
c'est-à-dire  se  transforme  en  dextrose,  i'hydrate  de  carbone  qui  constitue 
la  presque  totalité  des  matières  de  réserve  de  l'albumen  corné  de  la  graine 
de  Caroubier  serait-il  transformé  en  mannose  et  en  galactose?  C  est  la  la 
question  que  nous  avons  cherché  à  résoudre. 

>,  On  voit  que,  pour  cela,  il  fallait  chercher  si,  pendant  la  germination, 
l'embrvon  de  la  graine  de  Caroubier  sécrète  un  ferment  soluble  capable 
d'agir  sur  son  albumen  et,  le  cas  échéant,  étudier  les  produits  provenant 
de  la  réaction  déterminée  par  ce  ferment. 

«  I.  Production,  par  V  embryon  de  la  graine  de  Caroubier  envoie  de  ger- 
mination, d'un  ferment  soluble  agissant  sur  l'albumen  de  cette  graine.  -  Les 
embryons  de  graines  de  Caroubier  germent  facilement.  Quand  les  graines 
ont  été  gonflées  par  un  séjour  suffisant  dans  l'eau,  on  peut  séparer  les 
embryons  et  les  placer,  à  une  douce  chaleur  (20"  à  So"),  sur  du  coton 
mouillé,  ou  bien   placer  dans  les  mêmes  conditions  les  graines  entières; 


(1)  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  228;  24  juillet  1899. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  i4  août  1899. 


(  <h5  ) 

dans  les  deux  cas,  la  germination  commence  bientôt  et  se  continue  régu- 
lièrement. 

»  Nos  reclierclies  ont  été  faites  avec  des  embryons  Jonl  la  radicule  avait  alteint 
3""  et  même  4*""  de  long. 

»  Dans  une  première  série  d'essais,  on  a  cherché  à  séparer  un  ferment  soluble  en 
suivant  les  procédés  ordinaires.  Pour  cela,  on  a  trituré  les  embryons  avec  du  sable  et 
de  l'eau;  on  a  jeté  sur  un  filtre,  précipité  le  liquide  filtré  avec  de  l'alcool,  recueilli  et 
lavé  le  précipité,  qui  a  été  ensuite  desséché  dans  le  vide  sulfurique.  C'est  ce  précipité 
qu'on  a  fait  agir  sur  l'albumen. 

»  Dans  une  seconde  série,  on  a  employé  simplement  la  pâte  obtenue  en  triturant  les 
embryons  avec  du  sable. 

»  Pour  reconnaître  plus  facilement  l'action  ferraentaire,  l'albumen  pulvérisé  gros- 
sièrement était  ajouté  à  de  l'eau  dans  la  proportion  de  5  pour  loo,  et  le  tout  porté  à 
ioo°  pendant  quelques  minutes.  On  a  ainsi  un  produit  semi-iluide,  qui  se  prend  en  gelée 
par  refroidissement;  mais,  en  y  mettant  quelque  attention,  on  peut  introduire  dans  la 
masse  et  mélanger  le  précipité  ou  la  pâte  d'embryons  avant  la  prise  en  gelée,  et  alors 
que  le  refroidissement  est  suffisant  (4o"  à  4'^°)  pour  qu'il  n'y  ait  pas  à  craindre  de 
destruction  des  ferments  par  la  chaleur.  Dans  tous  les  cas  les  essais  étaient  saturés 
de  chloroforme,  et  les  flacons  contenant  ces  essais  placés  dans  une  étuve  chauffée  à 
Soo-SS"  (»). 

»  On  a  constaté  :  i°  que  la  gelée  était  peu  à  peu  liquéfiée  par  le  précipité  et  par  la 
pâte  d'embryons,  plus  rapidement  toutefois  et  plus  complètement  par  la  pâte  que  par 
le  précipité;  2°  que  le  liquide  ainsi  obtenu  renfermait  une  petite  quantité  de  sucre 
réducteur. 

1)  Il  y  a  donc  production,  dans  l'embryon,  pendant  la  germination,  d'un 
ferment  soluble,  agissant  sur  l'albumen  et  donnant  naissance  à  du  sucre  (-). 
Restait  à  connaître  la  nature  d6  ce  sucre. 

»  II.  Production  de  mannose  et  de  galactose  dans  l'action  du  ferment 
soluble  de  l'embryon  germé  de  la  graine  de  Caroubier  sur  l'albumen  de  celte 
graine.  —  Nous  avions  jiu  constater  dans  nos  dernières  recherches  que 
le  sucre  se  formait  très  lentement.  Aussi  nous  sommes-nous  résolus  à  faire 
un  essai  de  longue  durée  et  portant  sur  une  assez  forte  proportion  d'al- 
bumen. 

1)   On  a  opéré  sur  l'albumen  de  aSoS''  de  graines  (lOO"'  environ).  Gel  albumen,  gonflé 

(')  Ces  essais  seront  exposés  avec  plus  de  détails  dans  le  Journal  de  Pliannacie  et 
de  Chimie. 

(-)  Piappelons  que  ce  fait  a  déjà  été  observé  par  M.  Eliront  {Comptes  rendus, 
t.  CX.W,  p.  ii6;  1897). 

C,   K.,  18(19,  2*  Semest.e.  (T.  C.V-\l\,  N»  16.)  ^2 


(6i6) 

dans  l'eau,  a  été  additionné  de  i'''  d'eau  distillée  et  le  tout  a  été  porté  à  iio°  à  l'auto- 
clave, pendant  quelques  instants,  de  façon  à  pouvoir  obtenir  un  mélange  homogène. 
A  ce  mélange,  refroidi  à  40°,  on  a  ajouté  10"'' dcpoudre  d'embryons  germes,  desséchés 
à  l'air.  Ces  embr^'ons  avaient  été  mis  à  germer  en  dehors  de  la  graine  et,  comme 
nous  l'avons  constaté  depuis,  de  tels  embryons  sont  moins  actifs  que  ceux  qui  germent 
dans  la  graine  même.  On  a  saturé  de  cliloroforme  et  abandonné  le  tout  à  la  tempéra- 
ture du  laboratoire  pendant  sept  semaines,  du  10  août  au  28  septembre,  après  avoir 
eu  soin  d'agiter  dans  les  premiers  temps. 

»  A  part  quelques  grumeaux,  le  mélange  s'était  liquéfié.  On  en  a  filtré  800";  le 
liquide  obtenu,  très  limpide  et  à  peine  teinté  de  jaune,  a  été  additionné  de  2  volumes 
d'alcool  à  gS".  Il  s'est  fait  un  précipité  blanc,  volumineux,  dont  on  a  séparé  le 
liquide  par  fillration.  On  a  distillé  pour  retirer  l'alcool  et  évaporé  ce  qui  restait 
à  50'".  Ces  5o™  renfermaient  6s'',9o  de  sucre  réducteur  (dosé  comme  dextrose).  Les 
essais  auxquels  nous  avons  soumis  ce  liquide  ont  montré  qu'il  renfermait  du  mannose 
(ce  sucre  a  été  séparé  à  l'état  cristallisé)  et  du  galactose.  Ces  sucres  ont  été  dosés  en 
suivant  les  procédés  déjà  utilisés  par  nous  antérieurement;  nous  avons  trouvé  '|S'',67 
pour  le  mannose  et  iS', 24  pour  le  galactose.  On  voit  que  la  quantité  du  premier  est  à 
celle  du  second  comme  4  est  à  i  environ.  Ce  rapport  est  sensiblement  le  même  que 
celui  que  nous  avons  observé  dans  l'action  de  l'acide  sulfurique. 

»  Ainsi  donc,  pendant  la  germination  de  la  graine  de  Caroubier,  il  se 
produit  un  ferment  soluble,  agissant  sur  l'albumen  corné  de  celte  graine  à 
la  façon  de  la  diastase  siu' les  albumens  amylacés,  mais  donnant  naissance 
à  du  mannose  et  à  du  galactose.  Si  nous  faisons  remarquer,  en  outre,  que 
la  salive,  comme  des  expériences  directes  nous  l'ont  montré,  n'agit  pas 
sur  cet  albumen,  il  apparaîtra  bien  qu'il  s'agit  là  d'un  ferment  spécial, 
distinct  de  la  diastase.  En  tout  cas,  la  proiliiction  de  mauuose  par  un  fer- 
ment soluble  se  trouve  démontrée,  dans  ces  recherches,  pour  la  première 
fois.    » 


ZOOLOGIE.  —  Sur-  les  Aplosporidies,  ordre  nouveau  de  la  classe  des  Sporo- 
zoaires.  Note  de  MM.  IUIaurice  Caulleby  et  Félix  Mgs.ml,  présentée 
par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Les  Sporozoaires  constituent  un  ensemble  très  vaste  de  Protozoaires 
parasites  sur  lesquels  nos  connaissances  se  sont  beaucoup  précisées  au 
cours  de  ces  dernières  années.  On  a  pu  reconstituer  d'une  façon  complète 
le  cycle  é\olutif  complique  de  beaucoup  d'entre  eux;  la  structure  de  leurs 
éléments  reproducteurs  a  été  plus  minutieusement  étudiée  ;  on  a  été  ainsi 
conduit  à  mieux  caractériser  les  ordres  de  cette  grande  classe.  Mais,  à  côté 
des  formes  qui  rentrent  sans  difficulté  dans  ses  diverses  subdivisions,  il  en 


(6r7  ) 

est  quelques-unes  isolées  acluellement.  Nous  avons  eu  nous-mêmes 
occasion,  au  cours  de  recherches  sur  divers  Invertébrés,  d'en  signaler 
plusieurs  {Cœlosporidium  Mesn.  et  March.;  Bcrlramia,  Siedleckia  Caull.  et 
Mesn.).  Parmi  ces  types  aberrants,  il  en  est  unesérie  qui  nous  semblent  pou- 
voir avantageusement  être  groupés  en  vui  nouvel  ensemble  que  nous  nous 
proposons  de  définir  ici.  Nous  lui  donnons  le  nom  d'ApLospoRiDiES  ('),en 
raison  de  la  simplicité  qu'offrent  leur  cycle  évolutif  et  la  structure  de  leurs 
spores. 

»  Nous  prenons  comme  types  du  nouvel  ordre  le  genre  Berlramia,  créé 
par  nous  en  1897  (")  pour  deux  parasites,  l'un  d'une  Annélide,  Capitella 
capitala,  l'autre  de  divers  Rotifères  (Bertram)  et  le  genre  Aplosporidium 
que  nous  créons  (^)  pour  des  parasites  de  Aqwx.  knné\k\e%,  Scoloplos  Mûllen 
et  Heterocirriis  viridis.  Ij'ordre  des  Aplosporidies  comprendra  en  outre  le 
genre  Cœlosporidium  Mesnil  et  Marchoux  (^)  et  les  parasites  décrits  par 
Schew'iakoff  comme  enloparasitische  Schtaiiche  der  Cjclopiden(^). 

»  Les  deux  genres  Berlramia  et  Aplosporidium  ont  une  évolution  très 
analogue.  Le  point  de  départ  est  une  petite  masse  uninuciéée,  à  membrane 
très  mince.  Elle  croît  peu  à  peu  et,  en  même  temps,  le  nombre  des  noyaux 
augmente  par  une  série  de  karyokinèses  qui  se  produisent  simultanément 
dans  toute  l'étendue  de  l'organisme.  On  a  ainsi  une  sorte  de  plasmode. 
Lorsque  la  croissance  est  très  avancée  ou  même  achevée,  autour  de  chaque 
noyau  s'individualise  une  certaine  quantité  de  protoplasme  et  des  cellules 
se  trouvent  ainsi  constituées.  Ces  cellules  deviennent  directement  des 
spores  (Berlramia)  ou  bien  se  divisent  encore  en  quatre  pour  donner 
quatre  spores  (Aplosporidium).  A  maturité,  les  spores  s'échappent  de  la 
masse  commune.  Chacune  est  entourée  d'une  membrane  résistante 
et  sa  forme  varie  suivant  le  genre.  Celles  des  Berlramia  sont  sphériques 
avec  un  noyau  central  et  un  protoplasme  homogène.  Celles  des  Aplospori- 
dium ont  à  peu  près  la  forme  d'un  fruit  de  pavot;  le  couvercle  se  soulève 
en  clapet  chez  A.  scolopli  àw  contact  de  l'eau  de  mer  et  laisse  échapper  une 
petite  masse  plasmique  nue,  formée  d'un  |)rotoplasme  homogène  et  d'un 


(')   De  aTTÀo-j;,  simple. 

(^)  Comptes  rendus  Soc.  Biologie,  20  novembre  1897. 

(')   Comptes  rendus  Soc.  Biologie,  i4  octobre  1899. 

(')   Comptes  rendus,  1  août  1897. 

{j')  Bull.  Soc.  Imp.  des  J\'aluialisles  de  Moscou,  n°  1  ;  iSgS. 


(6i8) 
noyau  facilement  colorable.  La  spore  d'A.  helerocirri  est  toujours  entourée 
d'un  fin  chevelu. 

»  L'évolution  du  genre  Cœlospondiiim  présente  quelques  différences. 
Dès  les  stades  jeunes,  le  parasite,  toujours  de  forme  définie  qui  se  modifie 
peu  à  peu,  est  entouré  d'une  membrane  dont  l'épaisseur  va  en  augmentant 
à  mesure  de  la  croissance.  La  production  des  spores  est  successive  et  non 
simultanée  et  elle  se  fait  de  la  périphérie  à  l'axe  du  tube.  Dans  les  états 
observés,  elles  n'étaient  jamais  entourées  d'une  membrane  résistante. 

M  Le  parasite  étudié  par  Schewiakoff  a  une  phase  amibe  (avec  vacuole 
contractile)  assez  longue.  Il  y  a  multiplication  des  noyaux  et  enkystement; 
le  kyste  a  une  forme  ellipsoïdale.  A  l'intérieur,  se  différencient  des  spores 
ovoïdes  à  noyau  unique  et  facilement  colorable.  Chaque  cellule  qui  s'isole 
de  la  masse  plasmique  se  divise  encore  une  fois  pour  donner  deux  spores. 

))  Ces  divers  organismes  ont  un  grand  nombre  de  caractères  communs. 
L'évolution  se  fait  de  la  même  façon.  La  spore  est  monozoïque;  son 
noyau  est  grand  et  facile  à  colorer.  Elle  ne  porte  trace  ni  de  capsule  po- 
laire, ni  de  filament  siiiral,  ni  de  différenciation  d'aucune  sorte  à  son  inté- 
rieur (')•  Il  y  a  donc  là  une  différence  avec  la  spore  des  Microsporidies 
chez  laquelle,  de  plus,  le  noyau  est,  contrairement  au  cas  actuel,  très 
difficile  à  colorer. 

»  C'est  en  effet  au  voisinage  des  Microsporidies  que  doivent  se  ranger 
nos  Aplosporidies.  L'évolution  d'une  Bertramia,  par  exemple,  est  paral- 
lèle à  celle  d'une  PUstophora]\isç\ui\  la  différenciation  des  spores.  Mais  la 
structure  des  éléments  reproducteurs  n'est  pas  la  même  dans  les  deux 
ordres  et  l'exemple  de  tous  les  groupes  inférieurs  d'êtres  vivants  montre 
que  c'est  dans  cette  structure  qu'il  faut  chercher  la  base  des  classifica- 
tions. 

»  Les  Aplosporidies  se  rencontrent  dans  diverses  classes  d'Invertébrés  : 
Crustacés,  Annéhdes,  Rotifères.  On  en  trouvera  sans  doute  d'autres  types. 
Peut-être,  comme  nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  le  faire  remarquer,  le 
Chytridiopsis  A.  Schneider,  trouvé  dans  les  cellules  intestinales  des  Blaps, 
est-il  voisin  de  Bertramia.  Peut-être  aussi  la  Myxocysds  ciliata  de  Mràzek  (-) 


(')  En  ce  qui  regarde  le  parasite  étudié  par  SchewiakolT,  nous  émettons  cette  affir- 
mation d'après  l'Auteur.  Ainsi  qu'il  l'indique  lui-même,  il  serait  intéressant  d'en  faire 
une  vérification  nouvelle  en  faisant  agir  les  acides  sur  les  spores 

(-)  Silznngsber.  d.  Bolini.  Gesellscfi.,  n°  8,  1897. 


(  6i9  ) 
est-elle  une  Aplosporidie.  Mais  il  faudrait,  pour  l'affirmer,  réétudier  ces 
deux  formes. 

»  Au  point  de  vue  du  parasitisme,  toutes  les  Aplosporidies  bien  carac- 
térisées se  trouvent,  au  moins  à  un  certain  stade,  dans  les  cavités  inté- 
rieures de  l'hôte  (cavité  sanguine  des  Cyclops  et  des  Chydonis,  cœlome  de 
Scoloplos  et  de  Capitella,  sinus  périintestinai  à'Heterocirrus).  A  leurs  états 
jeunes,  certaines,  au  moins,  sont  parasites  intracellulaires;  chez  les  deux 
formes  étudiées  par  nous  (^Aplosporidium  heterocirri,  CœlosporuUum)  où 
cette  recherche  a  été  possible,  nous  avons  trouvé  des  stades  jeunes  dans 
les  cellules  de  l'epithélium  intestinal,  ce  qui  semble  bien  indiquer  que 
l'invasion  de  l'hôte  se  fait  par  la  voie  digestive.   » 

BOTANIQUE  FOSSILE.  —  Les  plaques  subéreuses  calcifiées  du  terrain  houiller 
d'Hardinghen  {Pas-de-Calais).  Note  de  M.  C.-Eg.  Bertrand. 

«  1.  Parmi  les  nodules  du  terrain  houiller  d'Hardinghen,  il  en  est 
une  première  catégorie  très  spéciale  qui  n'a  été  rencontrée  que  dans  cette 
localité.  Il  s'agit  de  plaques  d'un  calcaire  brun  foncé,  cristallin,  revêtues 
d'une  croûte  de  houille.  Ces  nodules  ont  été  observés  au  puits  La  Provi- 
dence et  ultérieurement  à  la  fosse  La  Glaneuse.  Dans  ce  dernier  gisement, 
l'exploitation  de  M.  Ludovic  Breton  les  a  rencontrés  dans  la  veine  Marquise. 

»  2.  Ces  nodules  sont  des  plaques  de  liège.  Vu  l'uniformité  de  leur 
structure,  toutes  ces  plaques  me  paraissent  provenir  d'une  même  espèce 
végétale  qui  est  très  probablement  le  Lepidodendron  acnlealum.  Le  tissu 
subéreux  gonflé  a  été  amené  à  l'état  d'une  gelée  molle,  dont  la  consistance 
rappelle  celle  d'une  solution  aqueuse  de  gélose  à  0,004.  Cette  consistance 
gélatineuse  est  montrée  par  l'attitude  affaissée  des  plaques  et  par  les  déchi- 
rures qui  coupent  leur  masse  aussi  bien  dans  les  parties  centrales  de  la 
plaque  que  sur  ses  bords.  Ces  coupures  spontanées,  dues  au  reirait, 
reproduisent  tous  les  accidents  de  la  gelée  humique  du  brownoilshale  de 
Broxburn  et  ceux  de  la  masse  gélosique  du  boghead  de  Resiutta. 

»  3.  L'absence  d'effondrement  dans  des  masses  aussi  molles  indique 
qu'elles  ont  été  enfouies  et  soutenues  dans  une  gelée  de  consistance  peu 
différente.  On  trouve,  en  effet,  entre  ces  plaques,  une  gelée  brune  qui  a 
fait  prise.  Tous  les  corps  qui  y  sont  plongés,  pollen,  spores,  menus  débris, 
plaques  subéreuses,  se  présentent  soutenus  par  cette  gelée.  Cette  gelée 
brune  se  continue  directement  avec  la  croûte  de  houilles  des  nodules  cal- 


(    620    ) 

caires.  Dans  les  régions  où,  par  suite  d'dne  minéralisation  partielle,  elle  a 
subi  un  retrait  moindre,  elle  permet  de  lire  quelques-uns  des  caractères 
de  la  matière  génératrice  de  la  houille. 

»  4.  Malgré  leur  mollesse,  les  plaques  subéreuses  d'Hardinghen  n'ont 
pas  été  taraudées  par  les  organes  radiciformes.  Ces  organes  ne  se  sont  pas 
non  plus  introduits  entre  les  plaques.  L'empilement  de  matières  végéto- 
humiques  qui  a  produit  la  veine  Marquise  diffère  donc  profondément  de 
ceux  que  présentent  les  nodules  carbonates  de  Westphalie  et  du  Lanca- 
shire. 

»  5.  Les  plaques  subéreuses  amollies  ne  participent  pas  immédiatement 
à  la  formation  de  la  gelée  brune  fondamentale  du  dépôt.  Tandis  que  la 
gelée  brune  montre  dans,  toutes  ses  parties,  des  grains  de  pollen,  des  spores 
et  de  menus  débris,  ces  organites  ne  se  rencontrent  pas  dans  les  lames 
subéreuses,  quel  que  soit  leur  état  d'altération  et  d'effondrement  ou  d'af- 
faissement. 

»  6.  La  structure  du  tissu  subéreux  gonflé  et  amolli  n'est  reconnais- 
sable  que  dans  certaines  plages.  Ailleurs,  cette  structure  a  été  effacée  par 
des  phénomènes  secondaires,  dont  les  principaux  sont  le  retrait,  la  disso- 
lution partielle  des  plaques  et  la  recristallisation. 

»  7.  Dans  les  parties  des  nodules  calcaires  où  la  structure  est  le  mieux 
conservée,  les  éléments  subéreux  sont  indiqués  :  i"  ))ar  une  mince  lame 
mitoyenne  humifiée  et  imbibée  de  bitume  ;  2°  par  des  épaississements  gonflés 
au  point  de  rompre  leur  continuité;  la  matière  de  l'épaississement  a  faible- 
ment retenu  le  bitume;  elle  est  peu  colorée;  ses  fissures,  lames  ou  fdets, 
sont  injectés  de  bitume;  3"  par  une  masse  de  bitume  qui  emplit  totalement 
ou  partiellement  la  cavité  cellulaire.  Les  noyaux  et  les  protoplastes  des 
cellules  subéreuses  ont  complètement  disparu, 

))  8.  Le  recensement  des  plaques  subéreuses  de  la  veine  Marquise  a 
donné  les  pourcentages  ci-après  : 

Plaques  formées  d'une  seule  lame  de  liège 14,62 

Plaques  formées  de  deux  lames  collées  parallèlement  l'une  à  l'autre, 

l'une  des  deux  pouvant  dépasser  l'autre 41 ,28 

Plaques  formées  de  deux  lames  de  liège  croisées 6,02 

Plaques  formées  de  trois  lames  de  liège  parallèles 10, 82 

Plaques  formées  de  trois  lames  de  liège  croisées 0,86 

Plaques  formées  de  plus  de  trois  lames  subéreuses  toutes  parallèles..  i2,o4 
Plaques  formées  de  plus  de  trois  lames  dont  certaines  croisent  les 

autres 14,62 


(    G2I     ) 

»  63,64  de  ces  plaques  portent  ilonc  sur  elles-mêmes  la  trace  d'un  aligne- 
ment, mais  cet  alignement  s'efface  dès  que  le  nombre  des  lames  superposées 
s'élève  au-dessus  de  trois. 

»  9.  Je  n'ai  pas  trouvé  de  parcelles  minérales  élastiques  entre  ces  lames 
subéreuses. 

»  10.  Ces  plaques  subéreuses  présentent  un  remarquable  exemple  de 
localisation  élective  d'une  espèce  minérale  sur  un  substratum  organique 
déterminé.  Tandis  que  toutes  les  plaques  subéreuses  sont  minéralisées  par 
le  carbonate  de  chaux,  les  stigmarias  mêlés  à  ces  plaques  ont  localisé  la 
sidérose  sous  la  forme  de  sidérose  compacte.  Cette  minéralisation  s'est 
opérée  de  bonne  heure,  les  objets  qui  sont  enfermés  dans  ces  nodules 
n'étant  que  faiblement  rétractés. 

1)  11.  Même  dans  les  plages  les  mieux  conservées,  je  n'ai  pu  démontrer 
d'une  façon  suffisamment  rigoureuse  que  les  corps  bactériformes  qui 
chargent  la  matière  des  nodules  sont  les  restes  d'organismes  bactériens. 
Dans  un  grand  nombre  de  ces  corps  bactériformes,  j'ai  reconnu  des  micro- 
cristaux, des  inclusions  bullaires  accidentelles  et  de  très  petits  grains  de 
pyrite. 

»  12.  La  structure  du  tissu  subéreux  a  été  effacée  par  des  phénomènes 
secondaires,  dont  les  principaux  sont  le  retrait  et  la  cristallisation.  Les 
membranes  végétales  bituminisées  et  les  lames  de  bitume  injectées  se  sont 
brisées  en  une  très  fine  poussière  dont  les  fragments  sont  tous  à  angles  vifs. 
Le  remplissage  central  des  cellules  s'est  brisé  le  premier.  Les  lames  mi- 
toyennes et  les  épaississements  se  sont  rompus  ensuite.  Une  dissolution 
partielle,  accompagnée  d'une  recristaUisation,  a  permis  un  très  léger  dépla- 
cement de  ces  menues  parcelles  fragmentaires.  Elles  ont  perdu  leurs  ali- 
gnements. La  structure  a  cessé  d'être  reconnaissable.  La  plaque  subéreuse 
calcifiée  ne  présente  plus  alors  qu'une  fine  poussière  disséminée  par  zones 
dans  le  calcaire.  L'origine  organique  de  ces  plaques  n'est  plus  immédia- 
tement reconnaissable.  Les  plaques  subéreuses  d'Hardinghen  fournissent 
ainsi  à  la  fois  un  exemple  très  remarquable  de  fossilisation,  sous  son  volume 
initial,  d'une  gelée  organique  d'origine  bien  définie,  et  un  très  beau  spé- 
cimen d'effacement  d'une  structure  figurée  par  des  modifications  tardives 
de  la  roche,  qui  ont  changé  son  agencement  intérieur  sans  altérer  sa  forme 
d'ensemble.   » 


(    622    ) 


CHIMIE  VÉGÉTALF.  —  Sur  la  coinposilion  el  la  valeur  alimentaire 
des  principaux  fruits.  Note  de  M.  Ballaxd  (Extrait.) 

«  Notre  examen  a  porté  sur  les  fruits  suivants,  classés  d'après  leurs 
familles  botaniques  : 

»  Ampélidces,  Raisins;  Aurantiacées,  Oranges;  Corylacées,  Noisettes; 
Granatées,  Grenades;  Gros  salariées,  Groseilles;  Juglaiidées,  Noix;  Morées, 
Figues;  Musacées,  Bananes;  Oléinées,  Olives;  Palmiers,  Dattes;  Rosacées, 
Abricots,  Amandes,  Cerises,  Coings,  Fraises,  Framboises,  Nèfles,  Pèches, 
Poires,  Pommes  et  Prunes. 

»  Tous  les  fruits,  à  leur  maturité,  contiennent  de  72  à  92  pour  100  d'eau;  dans  les 
fruits  plus  ou  moins  desséchés  du  commerce  (raisins  secs,  pruneaux,  noix,  noisettes, 
figues,  amandes),  celte  proportion  dépasse  rarement  33  pour  100;  elle  est  souvent 
au-dessous  de  10  pour  100  dans  les  amandes,  les  noix  et  les  noisettes. 

»  Dans  les  fruits  à  pulpe,  la  matière  azotée  représentant  l'albumine  végétale  passe 
de  0,25  pour  100  dans  la  poire  à  1  ,[\0  pour  100  dans  la  banane;  dans  les  fruits-graines 
(amandes,  noix  et  noisettes),  elle  est  plus  élevée  :  i5  à  20  pour  100  à  l'état  sec. 

»  Les  matières  grasses,  avec  tous  les  produits  solubles  dans  l'éiiier  (huile  essen- 
tielle, matières  résineuses  et  colorantes),  sont  généralement  en  plus  faible  proportion 
que  les  matières  azotées;  il  n'y  a  d'exception  (jue  pour  les  olives,  les  amandes,  les  noix 
et  les  noisettes,  chez  lesquelles  l'huile  domine  (58  à  68  pour  100  à  l'état  sec). 

»  Les  cendres,  dont  quelques-unes  renferment  des  traces  de  manganèse  (figues, 
poires,  pruneaux),  sont  en  faible  quantité,  de  même  que  la  cellulose  inerte:  celle-ci 
n'est  en  proportion  notable  que  dans  les  coings  et  les  nèfles. 

»  L'acidité  atteint  son  maximum  dans  les  framboises  et  les  groseilles  (1,20  pour  100). 

»  Le  sucre  et  les  matières  Ailes,  extractives  (amidon,  dextrines,  pectines,  gommes, 
cellulose  saccharifiable,  acides  organiques)  représentent,  avec  l'eau,  la  majeure 
partie  des  éléments  contenus  dans  les  fruits  à  pulpe.  Le  sucre,  qui  est  enlière- 
:nent  assimilé,  a  son  rôle  dans  l'alimentation  :  les  fruits  qui  en  contiennent  le  plus, 
comme  les  bananes,  les  dattes  et  les  figues,  constituent  de  véritables  aliments  hydro- 
carbonés.  Les  matières  extractives  agissent  aussi  à  la  façon  du  sucre,  mais  à  un 
moindre  degré,  leur  coefficient  de  digestibilité  étant  moins  élevé. 

»  A  part  de  rares  exceptions,  les  fruits  sont  peu  nutritifs  et  ne  peuvent 
être  considérés  comme  des  aliments  :  leurs  sucs,  qui  flattent  plus  ou  moins 
nosgoîits  par  leur  odeur,  leur  saveur  ou  leur  acidité,  joisent  plutôt  le  rôle 
de  condiments.  » 


(  623  ) 


GÉOLOGIE.  —  Lithologie  sous-marine  dcn  côtes  de  France. 
Note  de  M.  J.  Tiioulet.  (Extrait.) 

((  Une  Carte  montrant  d'une  façon  claire  le  reliet  du  sol  sous-marin  et 
indiquant  avec  netteté  les  diverses  natures  de  ce  sol  présente  un  véritable 
intérêt  scientifique,  et  l'on  pourrait  presque  dire  qu'elle  constitue  un  docu- 
ment indispensable  à  la  navigation,  à  la  pose  des  câbles  télégraphiques  et 
surtout  à  l'industrie  des  pêches.  C'est  pourquoi  la  plupart  des  nations  ma- 
ritimes, l'Angleterre,  l'Allemagne,  la  Norvège,  la  Suède,  les  États-Unis  et 
d'autres  encore,  ont  dressé  à  grands  frais  de  ces  sortes  de  Cartes.  Partout 
on  a  figuré  le  relief  par  des  courbes  d'égal  niveau,  ou  isobathes,  et  la 
nature  du  sol  immergé  par  des  teintes  et  des  signes  conventionnels. 

»  Si  l'on  fait  alistraction  d'une  Carte  à  très  petite  échelle,  publiée  par 
Delesse  en  1867,  Ouvrage  qui  eut  au  moins  le  mérite  d'indiquer  la  voie  à 
suivre,  la  France  est  à  peu  près  la  seide  nation  maritime  ne  possédant  point- 
ces  documents.  Je  me  suis  efforcé  de  combler  cette  lacune  et,  depuis  en- 
viron cinq  ans,  je  m'occupe  de  la  construction  d'une  Carte  de  la  lithologie 
sous-marine  des  côtes  de  France,  en  vingt-deux  feuilles  grand-aigle.  Ces 
feuilles  sont  toutes  actuellement  terminées  en  manuscrit;  j'ai  l'honneur  de 
soumettre  à  l'Académie  la  première,  qui  vient  d'être  publiée. 

»  J'ai  pris  pour  base  de  mon  travail  un  report  sur  pierre,  dont  j'ai  été 
autorisé  à  me  servir,  des  vingt-deux  Cartes  de  la  Marine  qui  représentent, 
sans  laisser  d'intervalle,  les  côtes  françaises  depuis  la  frontière  belge  jus- 
qu'à celle  d'Espagne,  sur  l'Atlantique,  et  des  Pyrénées  à  la  frontière  ita- 
lienne, sur  la  Méditerranée.  Sur  ces  feuilles,  on  a  tracé,  d'après  les  sondes 
des  ingénieurs-hvdrographes  de  la  Marine,  les  lignes  isobathes  de  10™ 
en  [o™,  jusqu'à  100™,  et  même  au  delà  en  Méditerranée,  où  la  pente  est 
très  abrupte  au  voisinage  de  la  terre. 

»  Les  divers  fonds  représentés  par  des  teintes  ou  des  signes  conven- 
tionnels sont  la  roche,  le  sable,  la  vase  sableuse  et  le  sable  vaseux,  la  vase, 
le  gravier  gros  et  fin,  les  galets,  les  pierres,  les  coquilles  vivantes  ou 
entières,  les  coquilles  brisées,  les  coquilles  moulues,  les  madrépores  et  les 
herbiers.  J'ai  indiqué  avec  détail,  dans  plusieurs  Mémoires,  les  données 
précises  sur  lesquelles  j'ai  appuyé  ma  classification  des  sols,  la  définition 
exacte  de  chacun  d'eux,  les  procédés  employés  pour  les  récolter  en  mer  et 
pour  les  analyser   dans  le  laboratoire.  Grâce  à  la  bienveillance  de  diverses 

G.  K.,   1899,  2    Semestre.  (T.  CXXIX,  N'  16  )  8.i 


(  ^-^h  ) 

personnes,  à  plusieurs  expéditions  faites  par  moi-même,  j'ai  pu  entrer  en 
possession  d'échantillons  et  exécuter  bon  nombre  d'analyses  mécaniques, 
minéralogiques  et  chimiques.  Quand  les  documents  m'ont  manqué,  j'ai 

pris  des  indications  partout  où  j'en  ai  trouvé 

»  Telles  qu'elles  sont,  les  feuilles  de  l'Atlas  représentent,  avec  un  pre- 
mier degré  d'approximation,  ce  que  l'on  sait  aujourd'hui  sur  le  sol  du 
socle  continental  sous-marin  français.  Il  sera  d'ailleurs  toujours  facile  de 
les  tenir  progressivement  au  courant  de  ce  qui  sera  connu  relativement 
au  relief  et  à  la  nature  du  sol  immergé,  dans  le  voisinage  immédiat  des 
côtes  françaises  ». 

La  séance  est  levée  à  \  heures. 

IVl.  B. 


BCLLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   i6  octobre  1899. 

Allas  de  Lithologie  sous-manne  des  cèles  de  France,  par  J.  Thoulet,  1899, 
s.  1.  (Réductions  photographiques  réunies  sur  une  feuille  gr.  in-f°.)  (Pré- 
senté par  M.  Berthelot.) 

Carte  lilhologique  des  côles  de  France,  par  M.  Thoulet,  feuille  7,  du  cap 
Fréhelau  havre  de  Carteret.  Paris,  A.  Challamei,   s.  d.;   i   feuille  gr.  aigle. 

Traité  élémentaire  de  Physique,  rédigé  conformèmenl  aux  plus  récents  pro- 
grammes des  baccalauréats  es  sciences  (^Classique  et  Moderne),  par  Edouard 
Branly.  Deuxième  édition.  Paris,  Ch.  Poussielgue,  1900;  i  vol.  ia-8°. 
(Présen*^  é  par  M.  de  Lapparent.  Hommage  de  l'Auteur.) 

Électricité  médicale,  traité  théorique  et  pratique,  par  Félix  Lucas  et  le 
D'"  André  Lucas.  124  figures  intercalées  dans  le  texte.  Paris,  Ch.  Déranger, 
1900;  I  vol.  in-i2.  (Présenté  par  M.  Marey.) 

Description  sommaire  du  mécanisme  physiologique  au  service  de  l'âme  hu- 
maine, par  leD'  H.  Védie.  Pau,  impr.  Garet,  1899;  1  fasc.  in-8".  (Hom- 
mage de  l'Auteur.) 

Classification  des  formes  de  l'Aliénation  mentale,  par  le  D''  H.  Védie. 
Pau,  impr.  Garet;  i  feuille  in-4°. 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d'invention 


(  6-25  ) 

ont  été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  >  juillet  i844.  publiée  par  les  ordres 
de  M.  le  Ministre  du  Commerce  et  de  l'Industrie.  T.  XCII,  T*  et  2*  Parties. 
Paris,  Imprimerie  nationale,  1899;  2  vol.  in-B". 

On  the  morphology  of  certain  of  tlie  hones  of  the  cheek  and  snout  0/  Amia 
calva,  by  Edwahd-Phelps  Allis.  Boston,  Ginn  and  C°,  1898;  i  fasc.  in-8°. 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

Étude  monographique  des  Pleurotomaires  actuels,  par  E.-L.  Bouvier  et 
H.  Fischer.  {Bull,  of  the  Muséum  of  comparative  zoôlogy  at  Harvard  Collège, 
Vol.  XXXII,  n-^  10.)  Cambridge,  Mass.,  U.  S.  A.,  1899;  1  fasc.  in-8". 
(With  the  compliments  of  A.  Agassiz.) 

Annales  du  Musée  du  Congo.  Série  II  :  Zoologie,  t.  I,  fasc.  3;  Série  III  : 
Ethnographie  et  Anthropologie,  t.  I,  fasc.  1.  Bruxelles,  Charles  Vande 
Weghe,  1899;  2  fasc.  in-^". 

Comptes  rendus  des  séances  de  la  douzième  Conférence  générale  de  l'Associa- 
tion géodésique  internationale,  réunie  à  Stuttgart  du  3  au  \  2  octobre  1898, 
rédigés  par  A.  Hirsch,  publiés  en  même  temps  que  les  Rapports  spéciaux 
sur  les  progrés  de  la  Mesure  de  la  Terre  et  les  Rapports  des  Délégués  sur  les  tra- 
vaux géodésiques  accomplis  dans  leurs  pays .  T.  I,  II.  Berlin,  Florence,  189g; 
2  vol.  in- 4°. 

Zehnter  Jahreshericht  der physikalischen  Gesellschaft  in  Zurich,  1898.  Uster- 
Zurich,  Gcbr.  Frey,  1899;  1  fasc.  in-8°. 

Jaliresbericht  des  Direktors  des  kônigl.  geoddtischen  Instituts,  fur  die  Zeit 
von  April  1898  bis  April  1899.  Potsdam,  1899;  i  fasc.  in-8°. 

Annual  report  of  the  assistant  in  charge  of  the  Muséum  of  comparative  zoô- 
logy at  Harvard  Collège,  for  1898-99.  Cambridge,  U.  S.  A.;  i  fasc.  in-8°. 

Yearbook  of  the  Royal  Society  of  London,  1899.  London,  Harrison  and 
Sons,  1899;  I  vol.  in-8°. 


(  626  ) 


ERRA  TA . 


(Séance  du  i8  septembre    1899.) 

Noie  de  M.  Renauœ,  Sur  un  développement  d'une  fonction  holomorphe 

à  l'intérieur  d'un  contour  en  une  série  de  polynômes  : 

Page  474,  ligne  4,  au  Ueu  de  Q,{x)  étant  une  fonction  holomorphe  à  l'intérieur 
de  S„,  lises  Qp{x)  étant  une  fonction  holomorphe  à  l'extérieur  de  S». 


i 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n"  55. 


lepnis  H3B  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fln  de  l'année,  deux  Tolumes  ln-4*.  Deui 
[les,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
,  ,art  du  i"  janvier. 

Le  prix  de  Pabonnemt::!  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  3i  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 
■  71 Ferran  frères. 

I  Chaix. 
I  tr <  Jourdan. 

(RufT. 

lient Courtin-Hecquet. 

(  Germain  etGrassin 
'  ■'" I  Lachèse. 

!  onne Jérôme. 

'.  inçon Jacquard. 

(  Feret. 
I  ieaux j  Laurens. 

(  Muller  (G.). 
rga Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
J.  Robert. 
Uzel  frères. 

I  n Jouan. 

j  mierv Perrin. 

Henry. 
Marguerie. 
Juliot. 
Ribou-Collay. 

iLamarche. 
Ratel. 
Rey. 

l  Lauverjat. 
(  Degez. 

Drevet. 

Gratier  et  C'v 
Rochelle Foucher. 

.  (  Bourdignon. 

(  Dombre. 

1  Thorez. 

î ? 

(  Quarré. 


rbourg 

■mont-Ferr. . 


noble. 


Lorient. 


Lyon. 


chez  Messieurs  : 

Baumal. 

M°"  Texier. 

Bernoux  et  Cumin 

Georg. 

Côte. 

Savy. 

Vitte. 

Marseille Ruât. 

i  Calas. 

Montpellier „     , 

(  Coulet. 

Moulins Martial  Place. 

/  Jacques. 

Nancy !  Grosjean -Maupin. 


Nantes 


Nice. 


\  Sidot  frères. 

(  Loiseau. 

\  Veloppé. 

(  Barma. 

)  Visconti  et  C'V 


Poitiers.. 


Bouen. 


Nîmes Thibaud. 

Orléans   Luzeray. 

Blanchler. 

Marche. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Boche/or t Girard  (  M""  ). 

Langlois. 

Lestringant. 

S'-Étienne Chevalier. 

i  Ponleil-Burles. 


Toulon. 


(  Rumébe. 
J  Gimet. 
\  Privât. 
(  Boisselier. 

Tours...      j  Péricat. 

(  Suppligeon. 
\  Giard. 
(  Lemattre. 


Toulouse.. 


Valenciennes. , 


chez  Messieurs  : 

(  Feikema    Caarelsen 

'      et  C'V 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C''. 
Dames. 

Friedlander   et   fils. 
Mayer  et  Millier. 
Schmid  et  Francke. 


Amsterdam . 


Berlin. 


Bucharest. 


Berne  

Bologne Zanichelli. 

Lamertin. 
Bruxelles !  Mayoiezet  Audiarte. 

(  Lebégue  et  G'". 

j  Sotcheck  et  C". 

i  Storck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighlon,  Bell elC°. 

Christiania Cammermeyer. 

ConstantinopLe.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Hbst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes  . .  .• Beuf. 

/  Cherbuliez. 

Genève (  Georg. 

Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frères. 

j  Benda. 
(  Payot. 
Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig (  Lorentz. 

Max  Riibe. 
Twietmeyer. 

Desoer. 
'-'^Se iGnusé. 


Lausanne.. 


Naples. 


chez  Messieurs  : 

I  Dulau. 
l-ondres Hachette  et  C'«. 

'  Nutt. 
Luxembourg . ...     V.  Biick. 

/  Libr.  Gutenberg. 
Madrid Romoy  Fussel. 

j  Gonzalès  e  hijos. 

\  F.  Fé. 

Milan i^'^'^"  f""'- 

(  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

Marghieri  di  Gius. 

Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
New-York Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaès  et  Mouii. 

Prague Rivnac. 

Bio- Janeiro Garni  er. 

(  Bocca  frères. 

(  Loescheret  G'". 

Botterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

(  Zinserling. 

(  Wolff. 

I  Bocca  frères. 
Brero. 
Clausen. 
RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  qt  WoKt' 

Vérone Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C*. 
Zurich Meyer  et  Zeller. 


Borne . 


S'-Petersbourg . 


Turin. 


Vienne . 


UBLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i8Jo.)  Volume  in-^;  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.— (  1"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4'';  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (  i"  Janvier  i866  à  3i  DécembiL  i88o.)  Volume  in-^";  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

)inel:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Dbebès  et  .A.-J.-J.  Soliee.—  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
•  lètes,  par  M.Hanikn.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 
;  ises,  par  M.  CLiuDE  Bebnird.  Volume  in-4'',  avec  32  planches;  i856 15  fr. 

oine  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Benedks.  —  lissai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
ic  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i85fi,  savoir  :  «  Éiurlier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
'  lentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
■  !S  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  régne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4%  avec  37  planches;  1861..  .       15  fr. 


la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  ei  les  Mémoires  présentés  par  divers  SaTanis  à  l'Académie  des  Sciences. 


N"  16. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance  Hu    16  octobre  1899.) 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIO.XS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS'  DE  L'ACADËMIE. 


Pages. 
M.  Appell.   —  Sur  1rs  positions  d'équilibre 

d'un  navire  avec  un  chaigcnienl  liquide..  5(17 
M.  G.  LiPP.M.\NN.   --   Mclliode   poui'  la  mise 

au  point  d'un  collimaleur Sl'ig 

M.   Henui   Moissan.  —   Production  d'ozone 

par  la  décomposition   de   l'eau  au  moyen 


Pages. 

du  fluor 570 

MM.  S.  ARLorNG  et  Duprez.  —  Des  qualités 
préventives  du  sérum  sanguin  d'une  gé- 
nisse immunisée  contre  la  péripneumonle 
contagieuse  des  lîovidés S-3 


CORRESPONDANCE. 


iM.  le  Si-.i:ki-.i.\ire  peupetiet.  >ignale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspondance, 
la  deuxième  édition  du  «Traité  do  Physique 
élémentaire  »  de  M.  Ed.  /Iranly 

M.  le  Ministre  des-  AEE.iiiiEs  étrangères 
informe  l'.\cadémie  que  le  .<  Cercle  indus- 
triel, agricole  et  commercial  »  de  Milan  a 
décidé  d'offrir  une  médaille  d'or  à  l'inven- 
tion la  plus  efficace  contre  les  accidents 
du  travail  des  ouvriers  électriciens 

M.  le  MiNisTRï  DES  Affaires  ÉTRANOÉnEs. 
—  Communication  d'un  Rapport  sur  un 
tremblement  de  terre  survenu  à  Smyrne 
et  en  Anatolie.  dans  la  nuit  du  kj  au 
20  septembre 

MM.  Ha.mbaud  cl  Sy.  —  Observations  de  la 
comète  Giacobini  (v)  septembre  1899), 
faites  à  l'observatoire  d'Alger 

M.  E.  GoinsAT.  —  Sur  un  problème  relatif 
aux  congruences  de  tlroiles 

M.  F.  Marotte.  —  Sur  la  classification  des 
groupes  projectifs  de  l'espace  à  n  dimen- 
sions   

M.  Michel  Petrovitch.  —  Tliéoréme  sur  le 
nombre  de  racines  d'une  équation  algé- 
brique, comprises  à  rintérieur  d'une  cir- 
conférence donnée  

M.  A.  Bi.oNDEL.  —  Sur  les  réactions  d'in- 
duit des  alternateurs 

MM.  Jean  et  Louis  Lecarme.  "—  Expériences 
de  télégraphie  sans  fil.  exécutées  entre  Cha- 
monix  et  le  sommet  du  mont  Blanc 

MM.  AiîEL  BuGL'ET  et  Victor  Charaud.  — 
Ampoule  radiographique  à  anticalhode 
froide 

M.  A.  Debierne.  —  Sur   une   nouvelle  ina- 

BULLËTIN  BlBLtOGRAPHIOL'E 

Errata 


576 


.57O 

5,7 
578 

58o 

583 
586 

589 

591 


tiére  railio-active 

M.  Henri  Gautier.  —  Sur  le  poids  atomique 
d  u  bore 

M.  K.  Engel.  —  Sur  le  carbonate  de  ma- 
gnésium anhydre 

MM.  Delepine  et  Hai.lopkau.  —  Sur  la  cha- 
leur d'oxydation  du  tungstène 

M.  C.  HuGOT.  —  Action  du  potassammo- 
nium  sur  l'arsenic 

MM.  A.  MouNEYiiAT  et  Cii.  Pouhet.  —  Ac- 
tion du  brome  en  présence  du  chlorure 
d'aluminium  anhyrlre  sur  quelques  dérivés 
chlorés  du  benzène 

M.  Tsvett.  —  Sur  la  constitution  de  la  ma- 
tière colorante  des  feuilles.  La  chloroglo- 
biiie 

M.  Henri  Stassano.  —  Démonstration  de 
la  désagrégation  des  leucocytes  et  de 
la  dissolution  de  leur  contenu  dans  le 
plasma  sanguin  pendant  l'hypoleuco- 
cytose.  Inlluence  de  la  leucolyse  inlra- 
vasculaire  sur  la  coagulation  du  sang. . . . 

MM.  E-M.  BoURQUELOT  et  H.  Herissey.  — 
Germination  île  la  graine  de  Caroubier; 
production  de  mannosc  par  un  ferment 
soluble 

MM.  Maurice  Cauli.ery  et  Félix  Mesml. 
—  Sur  les  Aplosporiclies,  ordre  nouveau 
de  la  classe  des  Sporozoaires 

id.  C.-Eo.  Bertrand.  —  Les  plaques  subé- 
reuses calcifiées  du  terrain  houiller  d'Har- 
dinghen  (  Pas-de-Calais) 

M.  Ballaxd.  —  Sur  la  composition  et  la 
valeur  alimentaire  des  principaux  fruits. 

M.  J.  Thoulet.  —  Lithologie  sous-marine 
des  côtes  de  France 


_59:; 
595 
59S 

Coo 
6o3 

6o5 
607 


6io 


6ir. 

619 

622 

fe.'5 
62  i 

r)26 


PARIS.   —     [MPRIMBKIE     G  A  UT  H  I  B  R-VI  L  L  .\  K  S 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


Le  aérant  .*(iAaTBlBa-ViLLAR&. 


30^1  18H9 

SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAK  Mn.  liES  SBCRÉTAIRES  PERPÉTUEIiS. 

/ 


TOME  CXXIX. 


N^  17  (23  Octobre  1899) 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES   RENDUS   DES   SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

Quai  des  Graiuls-Aiitïustins,   55. 

1899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDIS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    DES    sS    JUIN    1862    ET    ll\    MAI    1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  C Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  car  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  J  rogran  mes  des  prix  proposés  par  l'Acadé 
sonl  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  lesp 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aul 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

I^es  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savaru 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'a 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  s 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ext 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le! 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance ( 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  rem 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard 
jeudi  à  10  heures  du  malin  ;  faute  d'être  remis  à  tem 
le  litre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rei 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendui 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  ; 
leurs;  il  n'v  a  d'exception  que  pour  les  Rapports 
les  Inslruclions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative! 
un  Rapport  sur  la  situation  àes  Comptes  rendus  a'pi 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pi 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  piécéde  la  séarce,  a\ant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivai 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  25  OCTOBRE   1899, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    GORRESPONO.VNTS     DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  simultanéité  des  phénomènes  d'oxydation  et 
des  phénomènes  d' hydratation  accomplis  aux  dépens  des  principes  orga- 
niques, sons  les  influences  réunies  de  l'oxygène  libre  et  de  la  lumière;  par 
M.  Berthelot. 

«  Les  principaux  phénomènes  chimiques  accomplis  au  sein  des  animauv 
sont  des  phénomènes  d'oxydation  et  d'hydratation  on  hydrolyse,  comme 
on  dit  aujourd'hui  :  ce  sont  là  les  phénomènes  les  plus  importants  qui 
président  soit  à  la  nutrition,  soit  à  la  production  de  la  chaleur  animale.  On 
les  envisage  en  général  comme  tout  à  lait  séparés  et  réalisés  sous  l'in- 
fluence d'agents  essentiellement  distincts,  agents  qui  auraient  seulement 
ceci  de   commun  de  différer,   en   général,    des  agents  ordinaires   de   la 

G.   K.,1899,  3"  Semenre.  (T.  CXXLN,  N"  17.)  i^  J 


(628  ) 

Chimie  minérale.  Ces  derniers,  en  effet,  opèrent  pour  la  plupart  d'une 
façon  brusque,  violente  et  avec  le  concours  de  températures  plus  ou  moins 
élevées.  Tel  est  le  cas  des  acides  et  des  alcalis  concentrés,  lorsqu'ils  déter- 
minent des  hydratations  ou  des  déshydratations;  tel  est  également  le  cas 
des  acides  et  autres  composés  oxydants  :  l'acide  azotique,  l'acide  permanga- 
nique,  les  peroxydes  métalliques,  le  chlore  avec  le  concours  de  l'eau,  etc., 
lorsqu'ils  déterminent  des  oxydations.  Or  ces  conditions  sont  incompatibles 
avec  le  maintien  de  la  vie.  Mais  alors  interviennent  les  actions  lentes, 
dont  on  ne  tenait  guère  compte  en  Chimie  organique  avant  l'époque  où 
elles  m'ont  conduit  à  réaliser  la  synthèse  des  corps  gras  naturels,  exposée 
en  i854  devant  l'Académie,  et  avant  mes  longues  recherches  sur  la  forma- 
tion des  éthers  (1860),  point  de  départ  de  la  plupart  des  travaux  et  consi- 
dérations relatifs  aux  équilibres,  qui  ont  pris  aujourd'hui  un  si  grand 
développement  dans  la  Mécanique  chimique. 

»  Depuis  lors  j'ai  exécuté  plusieurs  études  sur  les  principes  oxydables, 
doués  de  propriétés  oxydantes,  et  j'ai  essayé  d'en  établir  la  théorie,  assi- 
milant leurs  actions  à  celles  que  j'avais  déjà  constatées  pour  l'eau  oxygénée, 
le  peroxyde  d'argent,  le  chlorure  manganeux,  l'essence  de  térében- 
thine, etc. 

»  J'ai  réuni  ces  faits  et  ces  explications  dans  mon  dernier  Ouvrage 
(^Chimie  végétale  et  agricole,  t.  III,  livre  IV  :  Propriétés  oxydantes  de  divers 
principes  oxydables,  p.  470-5 10).  J'ai  également  relié  certaines  de  ces 
réactions  oxydantes  à  des  réactions  hydratantes,  corrélatives  et  simul- 
tanées. Je  me  propose,  dans  le  présent  travail,  de  poursuivre  ce  sujet,  en 
exposant  quelques  expériences  nouvelles.  Il  s'agit  d'oxydations  accomplies 
sous  les  influences  simultanées  de  l'oxygène  et  de  la  lumière.  J'ai  recherché 
si  ces  influences,  agissant  sur  l'élher  étiiylique,  l'un  des  types  les  plus 
simples  des  composés  dédoublables  par  hydratation,  sont  susceptibles  à  la 
fois  de  l'hydrater,  c'est-à-dire  d'en  changer  une  portion  en  alcool,  en 
même  temps  qu'elles  en  oxydent  une  autre  portion. 

»  Voici  les  faits  que  j'ai  observés.  Us  sont  groupés  en  trois  séries  : 

»  La  première  série  est  relative  à  l'action  comparée  de  l'éther,  d'une 
part,  sur  l'eau  et  l'air;  d'autre  part,  sur  l'eau,  l'air  et  l'eau  oxygénée,  chaque 
expérience  étant  poursuivie  à  la  fois  dans  l'obscurité  et  avec  le  concours  de 
la  lumière  solaire  directe,  pendant  cinq  mois; 

»  La  deuxième  série  est  relative  à  l'action  comparée  de  la  lumière 
solaire  et  de  l'obscurité  sur  l'éther,  l'eau  et  l'eau  oxygénée,  pendant  un 
temps  beaucoup  plus  court; 


(  629  ) 
»  La  troisième  série,  au  contraire,  expose  les  résultats  obtenus  par  l'al- 
tération lente  de  l'éther  pur,  sous  l'influence  de  l'air  et  de  la  lumière  dif- 
fuse, au  bout  de  dix-sept  ans. 

PREMIÈRE    SÉRIE. 

»  J'ai  pris  quatre  matras  à  long  col,  d'une  capacité  voisine  de  ■î^o""  chacun  et 
j'ai  d'abord  introduit  dans  chacun  d'eux,  75', o  environ  (10")  d'éther  ordinaire, 
purifié  aussi  rigoureusement  que  possible  et  contenu  dans  un  tube  de  verre  mince 
complètement  rempli,  ou  sensiblement  et  scellé  à  la  lampe.  Cela  fait,  le  col  du  ma- 
tras a  été  étranglé  sur  un  point,  en  forme  d'entonnoir.  Dans  deux  des  matras,  j'ai 
versé  10"  d'eau  pure,  dans  les  deux  autres  10"  d'une  solution  d'eau  oxygénée  pure, 
non  acide,  susceptible  de  fournir  lit"", S  d'oxygène  par  centimètre  cube  aux  corps 
oxydables,  ou  de  dégager  cet  oxygène  à  l'état  libre  (oxygène  disponible).  Cela  fait,  la 
partie  étranglée  de  chaque  matras  a  été  scellée  d'un  trait  de  chalumeau;  chacun 
d'entre  eux  contenait  ainsi  un  volume  d'air  exactement  connu  sous  une  pression  et  à 
une  température  déterminées.  Il  ne  reste  plus  qu'à  briser  le  tube  de  verre  rempli 
d'éther,  par  quelques  secousses,  pour  le  mettre  en  présence  de  l'eau  pure,  ou  de  la  dis- 
solution d'eau  oxygénée,  ainsi  que  de  l'air  contenu  dans  le  matras;  les  proportions 
relatives  de  ces  divers  corps  étant  connues.  Deux  de  ces  matras  ont  été  conservés  dans 
l'obscurité;  deux  autres,  placés  sur  une  table,  sur  une  terrasse  exposée  à  l'action 
directe  de  la  lumière  solaire,  pendant  cinq  mois  (février  à  août  1899). 

»  Avant  de  décrire  les  résultats  obtenus,  il  convient  de  fixer  les  pro- 
portions relatives  des  corps  mis  en  présence  et  de  les  comparer  avec  celles 
qui  répondraient  aux  transformations  définies  les  plus  simples  que  l'éther 
est  susceptible  d'éprouver,  par  les  réactions  de  l'oxygène  libre,  ou  de  l'eau 
oxygénée.  Par  exemple,  on  déduit  des  données  relatives  à  un  matras  (I), 
contenant  de  l'eau  pure,  que  l'oxygène  de  l'air  qui  s'y  trouvait  pesait 
o^', 060  au  début  de  l'expérience.  Dans  un  autre  matras  (II),  contenant 
une  dissolution  d'eau  oxygénée,  l'oxvgène  de  l'air  pesait  o^'',o65  et  l'oxy- 
gène disponible  dans  l'eau  oxygénée,  o^'^igS;  total  o^',  260. 

))   Comparons  ces  données  avec  les  réactions  de  l'éther  oxydé  :  une  mo- 

lécule  d'éther  p,„5  ^O  =  74*^'  exigerait,  pour  fixer  deux  atomes  d'oxy- 
gène,  O-,  Sa'»''  de  cet  élément,  en  formant  de  l'aldéhyde  C^H^O  : 
(C=H=)='0  4-  0=  =  2C-H'0  +  H-0. 
»  La  formation  de  l'acide  acétique  répondrait  à  64^''  d'oxygèue 
(C=H'>)=0  +  20="=  2C=H*0=  +  H=0; 


(  63o  ) 
la  combustion  lotale,  à  192^'"  d'oxygène 

(C=H^)-0  +  60-  =  4C0=  4-  5H='0, 

»   Au  contraire,  la  formation  de  peroxyde  d'éthyle,  composé  qui  prend 

naissance  immédiatement   avec  l'éther  anhydre  soumis  à  l'influence   de 

l'ozone,  d'après  mes  recherches  antérieures  ('),  mais  plus  lentement,  sous 

l'influence  de  l'oxygène  libre,  cette  formation,  dis-je,  répond  seulement  à 

la  fixation  d'un  atome  d'oxygène  pour  deux  molécules  d'éther  (protoxyde 

d'éthyle) 

2(C^H^)»0  +  0  =  (C=H')'0' 


\3 


soit  8^''  d'oxygène  pour  i  molécule  d'éther. 

»  Si  nous  rapportons  ces  nombres  au  poids  de  l'éther  employé  dans  les 
expériences  ci-dessus,  c'est-à-dire  à  ']^',o,  on  arrive  aux  chiffres  suivants  : 

*■''■ 
La  combustion  totale  exigerait.  . 18,00  d'oxygène. 

La  formation  de  l'acide  acétique 6,00 

La  formation  de  l'aldéhyde 3 ,  00 

La  formation  du  peroxyde  d'éthyle 0,76 

»  Or,  le  matras  (I)  renferme  seulement  0^^060  d'oxygène  libre  et  le 
matras  (II)  renferme  seulement  0,260  d'oxygène  disponible. 

))  On  voit  que  dans  tous  les  cas  une  fraction  seulement,  et  même  une 
fraction  minime  de  l'éther,  est  susceptible  d'être  attaquée  par  la  dose 
d'oxygène  mise  en  présence.  Cette  circonstance  a  été  maintenue  à  dessein, 
afin  de  prévenir  autant  que  possible  des  transformations  trop  profondes, 
et  de  se  placer  dans  des  conditions  comparables  à  celles  que  l'on  observe 
au  sein  des  êtres  vivants,  où  l'oxygène  intervient  peu  à  peu,  sa  dose  rela- 
tive demeurant  faible  à  chaque  instant,  par  rapport  à  la  masse  des  prin- 
cipes immédiats  oxydables  mis  en  présence. 

»  Ceci  posé,  voici  les  résultats  obtenus  : 

»  Obscurité.  —  Un  matras  renfermant  de  l'éther,  de  l'air  et  de  l'eau,  a 
été  conservé  pendant  deux  mois  dans  l'obscurité,  au  fond  d'une  armoire 
de  laboratoire.  Puis  on  l'a  examiné  :  il  ne  s'y  était  pas  formé  d'alcool  et 
les  phénomènes  d'oxydation  étaient  très  peu  prononcés. 

»   Même  résultat  à  peu  près  négatif,  avec  un  matras    renfermant  de 


(')  Ann.  de  Chini.  cl  de  Pliys.,  5"  série,  t.  XXVII,  p.  229;  1882. 


(  63i  ) 

l'éther  et  une  tlissolution  aqueuse  d'eau  oxygénée  :  pas  d'alcool.  La  décom- 
position même  de  l'eau  oxygénée  était  loin  d'être  terminée. 

»  Lumière  solaire  directe.  —  Au  bout  de  cinq  mois,  j'ai  examiné  les  deux 
matras  similaires  qui  avaient  été  exposés  au  soleil.  J'ai  déterminé  la  compo- 
sition exacte  de  l'atmosphère  gazeuse  qui  y  subsistait.  Elle  ne  contenait  plus 
trace  d'oxvgène  libre  et  était  constituée  par  un  mélange  d'azote,  de  vapeur 
d'éther  (absorbable  par  SO^H-),  et  de  formène,  sans  acide  carbonique. 
Quanta  la  liqueur,  j'y  ai  constaté  la  présence  de  l'aldéhyde  et  de  ses  déri- 
vés, celle  de  l'acide  acétique  et  celle  de  l'alcool.  Il  n'y  avait  pas  d'éther 
acétique,  du  moins  en  dose  notable.  L'eau  oxygénée  avait  entièrement 
disparu. 

»  J'ai  dosé  l'alcool  et  l'acide  acétique  :  le  premier,  par  essai  alcalimé- 
trique,  le  second  en  nature,  par  distillation  et  emploi  de  CO^K-  cristallisé, 
suivant  ma  méthode  ordinaire. 

))  Réunissons  les  chiffres  obtenus  par  l'analyse  des  deux  matras  exposés 
au  soleil  pendant  cinq  mois.  Ces  chitlres  indiquent,  d'une  part,  l'oxygène 
consommé;  d'autre  part,  le  formène,  l'acide  acétique  et  l'alcool  produits  : 

I.  Élher,  II.  Éther,  air,  eau 

air  et  eau.  et  eau  oxygénée, 

gr  srr  S'      „  ^'    , 

O  consommé 0,060  0,065  +  0,195^0,260 

CH*  trouvé o,oo5  0,006 

Acide  acétique,  C- II' 0-.  o,o53  0,200 

Alcool,   C^H«0 0,08  0,26 

Ces  données  établissent  la  formation  de  trois  ordres  de  composés  distincts, 
aux  dépens  de  l'éther  soumis  à  l'influence  de  la  lumière  en  présence  de 
l'oxygène  et  de  l'eau. 

»  La  formation  de  l'acide  acétique  est  normale,  résultant  d'une  oxy- 
dation. 

»  La  formation  de  l'alcool  résulte  d'une  hydratation;  enfin,  la  formation 
du  formène  atteste  un  dédoublement  com|)lexe,  qui  se  rattache  peut-être 
à  l'instabilité  du  peroxyde  d'acétyle,  supposé  produit  tout  d'abord.  Mais 
cette  dernière  formation  est  accessoire. 

M  Examinons  de  plus  près  les  deux  réactions  fondamentales.  La  forma- 
tion de  l'acide  acétique  est  quatre  fois  aussi  forte  en  présence  de  l'eau 
oxygénée  qu'en  présence  de  l'oxygène  libre.  Pour  o^"",  200  d'acide  acétique, 
formé  aux  dépens  de  l'éther,  il  a  fallu  consommer  qS"',  107  d'oxygène,  dose 


(63.  ) 

supérieure  aux  oS'^,o65  libres  dans  l'atmosphère  initiale  du  matras  :  l'eau 
oxygénée  est  donc  intervenue  d'une  manière  nécessaire  dans  la  formation 
de  l'acide  acétique  du  matras  (II).  Quant  au  matras  (I),  les  o^,o53  d'acide 
acétique  formés  répondraient  à  oS'',o28  d'oxvgène,  c'est-à-dire  à  la  moitié 
environ  de  celui  de  l'air  du  matras. 

»  Le  surplus  de  l'oxygène  disparu  (soit  o,o32  pour  le  matras  eau 
+  éther;  ou  o,i53  pour  le  matras  eau -H  éther -i- eau  oxygénée)  a  con- 
couru à  changer  une  certaineKlose  d'éther  en  aldéhyde  et  en  produits  divers. 

»  A  première  vue,  l'alcool  semble  résulter  d'une  hydratation,  sans 
oxydation  apparente.  Mais  cette  explication  paraît  insuffisante,  l'élher  et 
l'eau  ne  se  combinant  directement  sous  aucune  influence  connue,  et  sur- 
tout n'étant  pas  entrés  en  combinaison  dans  les  essais  similaires  relatés 
plus  haut,  pendant  le  même  temps.  On  doit  dès  lors  faire  intervenir  une 
réaction  hydratante,  corrélative  de  l'oxydation.  L'hypothèse  de  l'éther 
acétique  se  présente  tout  d'abord.  Cependant,  la  formation  de  cet  éther 
n'a  pas  lieu  en  fait,  lorsqu'on  met  en  présence  l'acide  acétique,  même 
exempt  d'eau,  et  l'éther  anhydre  à  la  température  ordinaire.  Ce  n'est 
que  vers  la  température  de  3oo*' que  la  combinaison  a  lieu,  d'après  mes 
anciennes  expériences.  En  tous  cas,  elle  ne  se  développe  pas  en  présence 
d'un  grand  excès  d'eau.  Il  faut  donc  admettre  ici  quelque  mécanisme  par- 
ticulier. Ce  mécanisme  est  d'ailleurs  spécialement  efficace  en  présence  de 
l'eau  oxygénée,  la  dose  d'alcool  formé  étant  alors  triple  de  celle  que  l'on 
observe  sans  eau  oxygénée. 

))  Celui  qui  se  présente  dès  lors  à  l'esprit,  comme  conforme  aux  faits 
observés,  est  la  production  du  peroxyde  d'éthyle,  corps  susceptible  d'être 
obtenu  en  effet  par  l'action  immédiate  de  l'ozone  sur  l'éther  et  même  par 
l'action  lente  de  l'oxygène  ordinaire.  Entre  ce  peroxyde  et  l'eau  oxvgénée 
se  développent  des  équilibres,  qui  en  font  varier  les  proportions  relatives: 
soit  avec  l'eau  oxygénée  préexistante,  soit  même  avec  l'oxygène  ordinaire. 
Le  peroxyde  d'éthvle  se  dédouble  en  effet,  sous  l'influence  d'un  excès 
d'eau,  en  alcool  et  eau  oxygénée 

(C=H^)*0^-h3H=0  =  4C=Ii''0  +  H='0-, 

l'oxygène  de  cette  dernière  pouvant  être  employé  à  oxyder  une  autre  por- 
tion d'éther. 

»  L'oxygène  disponible  de  l'eau  oxygénée  se  porterait  alors  soit  sur  l'al- 
cool ainsi  formé,  soit  sur  l'éther,  lequel  se  trouve  présent  en  dose  beaucoup 


(  63H   ) 

plus  forte,  pour  former  d'abord  de  l'aldéhyde,  puis  de  l'acide  acétique.  A 
cet  égard,  l'eau  oxygénée  agit  en  fournissant  de  l'oxygène,  et  non  en  se  sub- 
stituant dans  la  molécule,  à  la  façon  du  radical  hypothétique  hydroxyl,  HO, 
dont  l'eau  oxygénée  possède  la  composition.  En  tous  cas,  la  dose  d'acide 
acétique  ainsi  formée  représenterait  seulement,  en  théorie,  i  molécule  de 
cet  acide  pour  8  molécules  d'alcool  formé;  tandis  qu'en  fait  le  rapport  est 
inverse,  soit  3  i  molécules  d'acide  pour  i  molécule  d'alcool  avec  l'eau 
oxygénée,  ou  3  molécules  d'acide  pour  i  molécule  d'alcool,  avec  l'eau 
pure  et  l'oxygène  libre. 

«  On  pourrait  supposer  une  corrélation  plus  directe  entre  l'acide  et  l'al- 
cool, en  admettant  que  l'éther  ordinaire  se  transforme  d'abord  dans  l'éther 
acétique,  produit  normal  de  la  combinaison  entre  l'alcool  et  l'acide  acé- 
tique :  j'en  ai  déjà  parlé  plus  haut, 

(C-FP)-O -^  0-==.  C-H\C-H'0-+ H^O. 

M  En  admettant  que  ce  produit  se  dédouble  à  mesure,  au  contact  d'un 
excès  d'eau,  en  acide  acétique  et  alcool,  il  n'interviendrait  qu'à  l'état  nais- 
sant, comme  on  disait  autrefois.  Mais,  dans  ce  cas,  l'acide  et  l'alcool  de- 
vraient prendre  naissance  à  molécules  égales:  ce  qui  ne  répond  pas  davan- 
tage aux  rapports  observés,  non  plus  qu'au  fait  d'après  lequel  l'oxygène 
consommé,  soit  avec  l'air  seul,  soit  avec  le  concours  de  l'eau  oxygénée, 
est  double  environ  de  celui  qui  concourt  à  former  de  l'acide  acétique. 

»  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  interprétations,  il  n'en  demeure  pas  moins 
établi  par  les  expériences  précédentes  que  sous  l'influence  de  l'oxygène 
libre,  ou  fourni  par  l'eau  oxygénée,  influence  activée  par  la  lumière  et 
lentement  exercée  dès  la  température  ordinaire,  l'éther  subit  à  la  fois  une 
double  réaction  :  l'une  oxydante,  qui  fournit  l'aldéhyde  et  l'acide  acétique, 
et  l'autre  hydratante,  qui  fournit  l'alcool. 

SEUXIËUE    SËRIE. 

»  J'ai  pris  de  l'éther  anhydre  et  pur  et  je  l'ai  réparti  entre  cinq  vases, 
savoir  : 

1)  Un  tube  scellé  rempli  presque  exactement  10'='^  éther  anhydre;  un  tube 
scellé  5*="  éther,  io<^'=  eau.  Ces  deux  tubes  ont  été  exposés  à  la  lumière 
solaire  directe  l'après-midi;  un  troisième  tube,  semblable  au  second,  étant 
conservé  dans  l'obscurité. 

»  Un  ballon  de  i"'  plein   d'air,  avec  10*^'^^  eau  et  3'='^  éther  dans  un  tube 


(  634  ) 

scellé,  qui  a  été  introtluit  d'avance;  le  ballon  une' fois  scellé,  on  a  brisé  le 
tube  intérieur.  Ce  ballon  a  été  conservé  dans  l'obscurité. 

»  Un  ballon  de  i'",  5io  plein  d'oxygène;  avec  ô^"",  7  d'éther  anhydre  et 
lo^""  d'eau,  a  été  disposé  de  même,  mais  exposé  à  la  lumière  solaire  directe 
les  après-midi. 

»   Ces  expériences  ont  duré  du  3i  août  au  19  octobre  1899. 

))  L'analyse  a  montré  que  l'éther  des  trois  tubes  scellés  et  à  peu  près 
privés  d'air  était  demeuré  inaltéré. 

»  Dans  le  ballon  conservé  dans  l'obscurité  il  n'y  avait  eu  aucune  absor- 
ption d'oxygène,  ni  formation  d'acide  acétique  ou  d'alcool.  La  lumière 
paraît  donc  nécessaire  pour  déterminer  l'altération  de  l'éther. 

»  Dans  le  ballon  exposé  à  la  lumière  solaire  (sept  semaines,  l'après- 
midi),  il  y  avait  eu,  au  contraire,  absorption  de  quelques  centimètres 
cubes  d'oxygène  et  production  de  o^',  10  d'alcool  et  de  oS'',oo4  d'acide 
acétique,  c'est-à-dire  réaction  déterminée  par  la  lumière;  réaction  plus 
faible  d'ailleurs  que  dans  la  première  série,  à  cause  d'une  durée  moindre 
et  d'une  température  maxima  plus  faible.  L'hydratation  a  été,  comme  dans 
la  première  série,  bien  plus  marquée  que  l'oxydation. 

»  Dans  la  série  suivante,  la  durée  a  été,  au  contraire,  bien  plus  grande. 

TROISIÈME    SÉRIE. 

»  En  1882  j'avais  préparé,  en  vue  d'expériences  thermochimiques,  une 
quantité  notable  d'éther  anhydre,  aussi  pur  que  possible,  que  j'avais 
réparti  dans  un  certain  nombre  de  ballons  de  aSo'^'^,  presque  entièrement 
remplis  et  scellés  à  la  lampe,  et  dans  des  flacons  à  l'émeri,  oii  la  comniu- 
nicati(m  avec  l'atmosphère  était  inévitable,  quoique  lente,  par  l'espace 
annulaire  compris  entre  le  col  et  le  bouchon.  J'avais  conservé  plusieurs 
de  ces  ballons  et  flacons,  soigneusement  étiquetés  et  datés. 

»  Ballons  scellés.  —  En  août  1899  l'éther  de  l'un  de  ces  ballons  a 
redistilié  entièrement,  inaltéré  et  à  point  fixe.  Les  dernières  gouttes  ont 
seules  offert  une  réaction  acide,  équivalente,  d'après  titrage,  à  un  quart  de 
milligramme  et  attribuable  au  petit  volume  d'air  laissé  à  l'origine.  liC  temps 
et  la   lumière  diffuse  n'ont  donc  pas  modifié  l'éther  en  dix-sept  années. 

»  Flacons.  —  Dans  la  plupart  des  flacons,  tout  l'éther  avait  disparu  par 
évaporalion;  cependant,  dans  quelques-uns  où  la  clôture  était  excellente, 
l'oxydation  lente  de  l'éther  a  donné  naissance  à  des  composés  moins  vo- 
latils, qui  y  subsistaient  après  le  même  intervalle. 


(  635  ) 

»  Un  flacon  de  aS'*",  renfermant,  en  1882,  lyS'' d'élher  anhydre,  conte- 
naitencore,  en  1899,  7'^''  environ  d'un  liquide,  dontl'analysejjar distillation 
pllitrai^es  alcalirnél.rifjiies  a  donné  : 


gr 

Etlier  LHIiylique. .  . 

nul 

Ellier  acétique  .  . 

1,9 

Alcool 

2,6 

Acide  acétique  .  .  . 

0,6 

Eau 

0,9 

6,0 

Oxjgène 

fixé. 

Ether 
détruit. 

Eau 
formée. 

0,73 

iIg 

+  o,4i 

nul 

2,1 

—  o,5o 

0,32 

0,37 

+  0,09 

» 

)> 

+  0,90 

»   Il  n'y  avait  pa.s  d'autres  composés,  du  moins  à  dose  notable. 
»   Le  Tableau  suivant  indique  les  poids  d'oxytjène  fixé,  d'éther  détruit, 
d'eau  formée,  répondant  à  chacun  de  ces  corps: 


Élher  acétique 0,73 

Alcool nul 

Acide  acétique o,32 

Eau  de  diverse  origine.  . 

»  Le  poids  de  ces  composés  subsistant  dans  le  flacon  représente  4^'<07 
d'éther,  sur  ï'j^''  contenus  à  l'origine. 

»  Le  poids  de  l'alcool  libre,  soit  2S'',6,  surpasse  de  28'',  14  le  poids  équi- 
valent à  l'acide  acétique  libre;  c'est-à-dire  que  le  poids  total  de  cet  alcool 
est  six  fois  aussi  considérable  que  celui  qui  correspondrait  à  une  formation 
supposée  d'éther  acétique  avec  l'acide  libre  actuel;  il  est  triple  du  poids  de 
l'alcool  équivalent  à  l'éther  acétique  l'éellement  observé. 

»  Ces  valeurs  conduisent  aux  mêmes  conclusions  que  la  première  et  la 
deuxième  série,  dont  la  durée  a  été  plus  courte.  En  effet,  on  a  retrouvé, 
sous  forme  d'alcool,  les  12  centièmes  du  poids  du  carbone  contenu  dans 
l'éther  primitif,  et  seulement  2  centièmes  de  ce  carbone  .sous  forme  d'acide 
acétique.  L'oxydation  de  l'éther  est  donc  accompagnée  pur  une  hydrata- 
tion beaucoup  plus  considérable. 

»  Les  phénomènes  spontanés  observés  sur  l'éther  sont  applicables  en 
principe,  et  probablement  en  fait,  à  une  multitude  de  composés  végétaux 
et  animaux,  tels  que  le  sucre  de  cannes,  les  saccharoses,  les  hydrates  de 
carbone  naturels,  lesglucosides,  les  glycérides,  les  nitriles,  uréides  et  corps 
azotés,  tous  composés  susceptibles  d'hydratation  et  d'oxydation.  Elle  est 
même  plus  complète,  dans  certains  cas  où  les  produits  oxydés  fixent,  pour 

C.  R.,  i»t)9,  i"  S.^'.icstre.  (T.  CXXIX,  N»  17.)  85 


(  636  ) 

leur  propre  comple,  les  éléments  de  l'eau,  et  dans  d'autres  où  produits 
oxydés  et  produits  hydratés  entrent  en  combinaison  réciproque,  ce  qui 
arrive  pour  l'éther  acétique,  engendré  par  la  combinaison  de  l'acide  acé- 
tique et  de  l'alcool.  La  connexitéde  ces  deux  actions,  ainsi  constatée  par  des 
expériences  purement  chimiques,  doit  exister  également  dans  l'ordre  des 
réactions  dites  physiologiques,  accomplies  au  sein  des  êtres  vivants  par  le 
concours  des  oxydants  et  des  composés  à  double  rôle,  oxydables  par  l'oxy- 
gène libre,  et  susceptibles  de  transmettre  cet  oxvgène,  c'est-à-dire  de 
jouer  le  rôle  d'agents  oxydants  vis-à-vis  des  autres  principes  contenus  dans 
l'économie.   » 


MÉCANIQUE.  —  Équilibre  d'un  flotteur  avec  un  chargement  liquide. 

Note  de  M.  Appell. 

«  Nous  avons  montré,  dans  la  dernière  séance,  que  la  détermination 
des  positions  d'équilibre  d'un  flotteur,  contenant  des  liquides  intérieurs, 
peut  être  ramenée  à  la  détermination  delà  plus  petite  valeur  delà  distance  (5 
de  deux  plans  parallèles  Q  et  Q'  respectivement  tangents  à  deux  surfaces 
(C)  et  (G).  Si  l'on  considère  une  troisième  surface  enveloppée  par  un 
plan  Q"  assujetti  à  être  parallèle  à  Qet  Q'  et  à  rester  à  une  distance  <»  d'un 
point  fixe,  il  est  évident  qu'on  sera  ramené  à  rechercher  la  plus  courte  dis- 
tance d'un  point  fixe  au  plan  tangent  à  une  surface.  Nous  allons,  dans  ce 
qui  suit,  ramener  directement  la  question  à  ce  dernier  problème. 

»  Appelons,  comme  précédemment,  p  le  poids  du  flotteur  sans  les 
liquides  iniérieurs,  />,,  /j,,  . . .,  p»  les  poids  de  ces  liquides. 

»  Supposons  toutes  les  surfaces  libres  horizontales  et  le  flotteur  immergé 
de  façon  que  la  poussée  appliquée  au  centre  de  carène  C  soit  égale  au 
poids  total  du  flottteur  p  +/),  -{-fo  ■+-■  ■  •  +  /'«• 

»  Soit  B  le  centre  du  système  des  forces  parallèles  constitué  i"  par  les 
poids  /?,,  fi.,,  . . .,  pn  appliqués  aux  centres  C,,  Co.  . . .,  C„  des  liquides  inté- 
rieurs, 2"  par  la  poussée />  -hp,  -{-/Jo +  ..  .-h />„  appliquée  au  point  C.  Quand 
on  oriente  le  flotteur  de  toutes  les  manières  possibles,  le  point  B  décrit 
une  surface  (B)  et,  à  chaque  instant,  le  plan  tangent  à  cette  surface  au 
point  B  est  horizontal. 

»  Pour  que  le  flotteur  soit  dans  une  position  d'équilibre  stable,  il  faut  et 
il  suffit  que  la  distance  du  centre  de  gravité  du  flotteur  seul  (sans  les 
liquides)  au  plan  tangent  à  la  surface  (B)  au  point  B  soit  un  minimum. 


(  637  ) 

»  On  est  ainsi  ramené  à  une  condition  identique  à  celle  que  donne  la 
méthode  de  M.  Guyou  pour  les  flotteurs  sans  liquides  intérieurs;  la  seule 
différence  est  que  la  surface  des  centres  de  carène  est  remplacée  parla  sur- 
face (B). 

«  Les  rayons  de  courbure  de  cette  surface  (B)  en  un  point  B  s'ex- 
priment à  l'aide  des  moments  d'inertie  des  surfaces  libres  des  liquides  et 
de  la  flottaison,  par  rapport  à  des  droites  analogues  à  l'axe  d'inclinaison 
dans  la  théorie  ordinaire  des  flotteurs. 

»  Dans  cette  théorie  nous  avons  supposé  qu'à  une  orientation  du  flot- 
teur correspond  un  seul  plan  de  flottaison  et  un  seul  système  de  surfaces 
libres  des  liquides  intérieurs.  Pour  des  flotteurs  dont  la  surface  extérieure, 
tout  en  étant  sans  trous,  contiendrait  des  creux  suffisamment  profonds 
pour  embarquer  de  l'eau  à  une  certaine  inclinaison,  cette  condition  ne 
serait  pas  remplie;  il  en  serait  de  même  si  les  surfaces  contenant  les  li- 
quides présentaient  des  saillies  intérieures  trop  prononcées.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Observation  sur  une  Note  de  M.  Blondel,  relative 
à  la  réaction  d'induit  des  alternateurs  ;  par  M.  A.  Potier. 

"  En  attribuant  deux  coefficients  de  self-induction  différents,  l'un  aux 
courants  wattés,  l'autre  aux  courants  dcNvattés,  M.  Blondel  a  sans  doute 
voulu  faire  allusion  à  ce  fait  que  le  coefficient  de  self-induction  de  l'induit 
est  variable  avec  sa  position  par  rapport  aux  inducteurs,  et  est  une  fonc- 
tion du  temps,  de  fréquence  double  de  celle  du  courant.  Admettant  que  la 
force  électromolrice  extérieure  est  Esinco/,  l'équation  du  courant  est 

(i)  Rj+^il^Esmco^ 

»  Avant  de  résoudre  cette  équation  dans  toute  sa  généralité,  il  peut  être 
utile  de  la  résoudre  dans  un  cas  particulier,  ce  qui  permettra  de  présumer 
l'influence  de  la  variation  de  L  dans  les  cas  que  le  calcul  ne  peut  aborder. 
On  supposera  que  L  varie  en  raison  inverse  du  binôme  i  —  2a.cosu^,  la 
valeur  maximum  étant  V,  la  valeur  minimum  \,  on  aura 

-"'^X^'  i=^(i-2a.cosco/),         ^  =  |  +  J^, 

L,  est  un  coefficient,  moyenne  harmonique  entre  \  ei  \' . 


(  638  ) 

))   Si  l'on  désigne  par  Z,,  Z.,,  ...  les  impédances,  et  par  (5,,  H.., 
retards  correspondant  aux  divers  harmoniques 


.  .  les 


Z^.  =  R-+K^L;or 


langSA=  -R- 


la  solution  périodique  de  l'équation  (i)  se  développe  en  série  convergente 
suivant  les  puissances  de  a, 


[sin  (coi  —  â,  )] 


sinS,  cosoit 

sinïîj  cos(3o)i  —  S, 


S,,) 


—  sinS,  (coso,  cos((o^  —  ^(  )  +  cosS.,  cos(oj/  —  S,  —  (\) 
f-sinSj  cosS,  cos(3coi  —  ^3) 

-  sin 85   cosSg  cos  (5  (lit  —  ^,  —  ^i.^  —  S,). 

«   La  formule  s'applique  quel  que  soit  S,,  même  en  court-circuit  absolu 
(R  =  o);  elle  se  réduit  alors  à 


i  =  —z-  sm  (  0)/ 

M  Lu 


(i  —  2y.CQSo)t)  =  — j—  [ —  cos(o^(l  —  7.)  4-  acos3w;J, 


.L, 


qui  est  bien  la  solution  de  l'équation  (i)  dans  ce  cas. 

»  Dans  la  plupart  des  machines,  a.  est  inférieur  à  o,o5;  il  est  donc  suf- 
fisant d'examiner  les  termes  en  a;  on  voit  alors  que  lorsque  S,  est  faible, 
ou  lorsque  le  circuit  extérieur  est  peu  inductif,  tout  se  passe  comme  si  L, 
était  le  coefficient  de  self-induction  i-cel.  Lorsque  â,  est  notable,  deux  cas 
sont  à  distinguer  :  ou  bien,  comme  dans  la  pratique,  cela  lient  à  l'induc- 
tance du  circuit  extérieur,  la  valeur  x  est  alors  négligeable,  parce  que 
1,  V  se  rapportent  au  circuit  complet;  ou  bien,  comme  dans  les  essais 
ea  court  circuit,  a  peut  atteindre  la  valeur  donnée  plus  haut;  l'intensité 
du  courant  en  court  circuit  est  déterminée  par  un  coefficient  d'induction 

L,     ^  J^_ 
I  —  a  3X  -i-  X' 

compris  entre  L,  et  V  ;  mais  l'écart  entre  ces  deux  coefficients,  l'un  corres- 
pondant à  la  marche  normale,  l'autre  à  la  marche  en  court  circuit,  n'est 
que  le  quart  de  la  différence  (V —  1). 

»  Lorsque  la  force  électromotrice  contient  des  termes  en  alukoit,  Thy- 
pothèse  faite  sur  la  variation  de  L  conduit  à  l'introduction  dans  la  valeur 
du  courant  d'un  terme  principal  en  Auii,  et  de  deux  autres  termes  propor- 


(  639) 

tioiHiels  à  a,  en  (/i  —  2)  coi  et  (/•  +  2  )Mt  ;  la  force électroniotrice  E/,s,\nko>l 
produil  le  courant 

i  =  J~  î  sin(>(-t)/  —  (\)  —  c.  rsin()^_^  cos(^-  —  2)oj/  —  <\ —  ^k--i) 

»   Si  Y  ^'^^  représenté  par  une  série 

j-  ([  —  2  7. COS20J/ —  2[icos4a^.  •  •), 

un  calcul  analogue  aux  précédents  fournit  la  valeur  de  i  en  séries  ordon- 
nées suivant  les  puissances  de  a,  fi. 

»  Le  courant  est  ainsi  calculé,  quelles  que  soient  les  variations  de  L  et 
de  E((Hi  de  l'induction  mutuelle)  en  fonction  de  l'angle  de  position  des 
bobines. 

»  Enfin,  à  la  force  éleclroinotiice  E,  sinco^ -1- E3  sinSu/ +. . .,  et  au 
coefficient  de  self-induclion  L  tel  que 

j-  =  j— ^i  —  2  7.  COS2C0/ —  2[icos4wf  —  2Ysin6cof  —  . , .), 


17 


I  _   I    ça 
correspond  le  courant  de  court-cireuit  i^  tel  que 


L|  coi||  =        COS     iùt 


cos  ô  co  l 


=c(£,  +  ^ 


^   —  -.[V. 


3 


j-j-PC^'  +  T 


E,\  /E. 

Ht 

/E3 
Ht 


E, 


1     -1 


j 
9 

En 
1  I 


■J" 


»  Si  le  court-circuit   n'est  pas  absolu,  mais  que  R  >  o    .   it  une  petite 
fraction  de  L,  to,  en  posant  ~  =  ii  =  i  ^ —  2a  cos  2to;  — . .  •  , 

l  =  /„  4-  [-'    /  hi^  (Il  -)-  p   /  A  /  A4  Jl  -\-  .  .  . , 

dévelojjpement  qui,  pour  R  très  petit,  peut  être  plus  commode  que  les  pré- 
cédents. 

)»   Ces  procédés  de  calcul  ne  s'appliquent  qu'autant  que  le  fer  est  loin 


(  ^4o  ) 

de  la  saturation.  Ils  sont  loin  de  satisfaire  aux  desiderata  de  la  pratique; 
mais  les  procédés  plus  ou  moins  empiriques  que  l'on  emploiera  pour  tenir 
compte  de  la  saturation  et  des  fuites  devront  toujours  donner  des  résultats 
conformes  à  ceux  des  calculs  ci-dessus  quand  on  négligera  la  saturation 
seulement;  en  particulier,  il  y  a  incohérence  entre  les  hypothèses  L  va- 
riable, E  et  i  sinusoïdaux.  » 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  J.-M.  ]\oEL  soumet  au  jugement  de  IMcadémie  une  Note  sur  «  Un 
nouveau  télémètre  ». 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Lévy,  Cornu,  Becquerel.) 


M.  G.  Ckoquevielle  adresse  une  Note  «  Sur  les  propriétés  curatives  du 
sulfate  de  fer  dans  les  maladies  microbiennes  ». 

(Renvoi  à  la  Section  d'Économie  rurale.) 


CORRESPONDANCE. 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  certaines  surf  aces  remarquables  du  quatrième  ordre. 
Note  de  M.  G.  Hcmbert,  présentée  par  M.  Jordan. 

«  Les  fonctions  intermédiaires  normales,  dont  j'ai  donné  ailleurs  la 
définition,  conduisent  à  de  curieuses  surfaces  d'ordre  quatre. 

»  Supposons  que,  entre  les  périodes  i,o;  o,i;  g,h;  h, g'  d'une  fonction 
abélienne  à  deux  variables,  u  et  v,  existe  la  relation 

D  étant  un  entier  positif,  supérieur  à  l'unité,  et  tel  que  la  forme  x-  —  Dy* 
puisse  représenter  le  nombre  trois;  on  a  ainsi,  pour  deux  valeurs  entières 
/et  k, 

(i)  /^-Dr-=3. 

Les  fonctions  intermédiaires  normales,  d'indices  2/,  2A,  et  de  caractéris- 


(64.  ) 

tique  nulle,  sont  fonctions  linéaires  et  homogènes  de  douze  d'entre  elles, 
parmi  lesquelles  huit  :  Y^(u,v),  V.,{u,v),  ...,  F8(«,  <>),  sont  paires,  et 
quatre  :  'l\(u,p),  ...,  $,,(?/,  ç'),  sont  impaires.  Les  huit  fonctions  F  ne 
s'annulent  simultanément  pour  aucun  syslème  de  valeurs  de  u,  i>;  les 
quatre  fonctions  $  s'annulent  simplement  pour  chacune  des  seize  demi- 
périodes. 

»  Cela  posé,  considérons  d'abord  les  fonctions  paires  F  :  quatre  d'entre 
elles,  linéairement  distinctes,  s'annulent  pour  la  demi-période  u=o,  c'=o, 
ai'cc  l'ordre  quatre,  c'est-à-dire  que  leur  développement  en  série  de  Ma- 
claurin  commence  par  des  termes  du  quatrième  ordre  en  i/,  c. 

»  Désignons  par  F|(//,  c) F,,(j<,  c)  ces  quatre  fonctions,  et  soit  1  la 

surface,  évidemment  algébrique  et  hyperelliptique,  pour  laquelle  les 
coordonnées  homogènes  a-,,  a?,,  x^,  œ„  d'un  point  sont  proportionnelles  à 
F,(k,  v),  . ..,  F.,(m,  c):  si  l'on  observe  que  le  nombre  des  zéros  communs  à 
deux  fonctions  intermédiaires  d'indices  >>,  v  est  aX^—  aDv*,  et  si  l'on  se 
souvient  que  les  quatre  fonctions  F  sont  paires,  on  voit  que  le  degré  1  est 

1(8/2- 8DP-16) 

c'est-à-dire  quatre,  d'après  (i). 

»  D'ailleurs  la  surface  3  a  évidemment  quinze  points  doubles,  dont  les 
arguments  sont  les  quinze  demi-périodes  autres  que  u  =  o,  v  =  o,  et  l'on 
établit  qu'elle  n'admet  pas  d'autre  point  double. 

»  On  obtient  ainsi,  en  faisant  varier  l'entier  D,  une  infinité  de  surfaces 
du  quatrième  ordre  à  quinze  points  doubles,  pour  chacune  desquelles  les 
coordonnées  d'un  point  sont  des  fonctions  abéliennesde  deux  paramètres  : 
ce  résultat  est  d'autant  plus  intéressant  que,  si  l'on  applique  la  même 
méthode,  ou  une  des  méthodes  plus  générales  dont  il  sera  question  tout  à 
l'heure,  en  employant  des  fonctions  intermédiaires  non  singulières,  c'est- 
à-dire  des  fonctions  thêta,  la  surface  obtenue  a  toujours  un  seizième  point 
double  et  se  réduit,  par  suite,  à  une  surface  de  Rummer. 

»  Les  surfaces  1  dépendent  des  deux  modules  arbitraires  des  fonctions 
abéliennes  correspondantes  et  de  l'entier  D,  tandis  que  la  surface  générale 
d'ordre  quatre,  à  quinze  points  doubles,  dépend  de  quatre  modules;  elles 
possèdent  toutes  une  même  propriété  géométrique,  indépendante  de  l'en- 
tier D,  et  qui  peut  s'énoncer  ainsi  : 

»  Le  contour  apparent  sur  un  plan  d'une  surface  d'ordre  quatre,  à  quinze 
points  doubles,  à  partir  d'un  de  ces  points,  se  compose  de  quatre  droites 
d^,  d.,,  d^,  d,,  et  d'une  conique  C;  ces  cléments  n'ont  à  satisfaire  qu'à  une 


(  6.'|2   ) 

seule  condition,  c'est  qu'il  existe  une  combe  du  second  ordre  bitangente 
à  C  et  tangente  aux  quatre  droites  d.  Pour  les  surfaces  1,  une  autre  rela- 
tion lie  les  droites  et  la  conique  :  il  existe  une  courbe  du  second  ordre,  C, 
circonscrite  au  triangle  des  droites  </, ,  d.^ ,  d^ ,  passant  par  les  deux  points  où  la 
droite  r/,  coupe  la  conique  C,  et  touchant  en  outre  celle-ci. 

)>  D'ailleurs,  si  cette  condition  est  satisfaite,  il  existe  trois  autres  courbes 
du  second  ordre  analogues  à  C  et  qu'on  obtient  en  permutant  les  quatre 
droites  dans  l'énoncé  ;  de  là  un  théorème  de  Géométrie  élémentaire  qu'il 
serait  intéressant  d'établir  directement. 

»  D'autres  surfaces  à  quinze  points  doubles  se  définissent  d'une  manière 
semblable,  à  l'aide  des  fonctions  abéliennes  singulières,  dont  les  périodes 
vérifient  la  relation 

g'+h  =  \yg, 

D  étant  un  entier  positif,  tel  que  la  forme  x'-  -\-  xy  —  Dj^  puisse  repré- 
senter le  nombre  trois;  ces  surfaces  possèdent  la  propriété  spéciale  qu'on 
vient  d'indiquer. 

»  De  même,  en  supposant  g'  =  D^  et  P  —  Dk-  =  2/>-  4-  i ,  ou  g'  +  h  =  Dg 
et  /-  -I-  l/c  —  DA-  =  2/?^  +  I,  on  arrive  à  de  nouvelles  surfaces  du  quatrième 
ordre  à  quinze  points  doubles,  pour  lesquelles  la  propriété  spéciale  com- 
mune a  une  forme  plus  compliquée. 

»  Soit  enfin  S  la  surface  pour  laquelle  les  coordonnées  d'un  point  sont 
proportionnelles  aux  quatre  fonctions  impaires  ^i{^u,v),  définies  précé- 
demment; son  degré  est 

7,(8/- —  8D/:- —  i6),  c'est-à-dire         quatre; 

elle  n'a  pas  de  point  double  et  possède  deux  groupes  de  seize  droites,  qui 
forment  une  configuration  remarquable,  en  quelque  sorte  complémentaire 
de  la  configuration  ordinaire  de  Rummer  :  chaque  droite  d'un  groupe  ren- 
contre en  effet  dix  droites  de  l'autre  groupe. 

»  L'emploi  des  fonctions  normales  singulières  conduit  de  même  à  des 
surfiices  du  quatrième  ordre,  à  quatorze,  treize,  douze,  etc.  points  doubles, 
qui  mériteraient  une  étude  spéciale.   » 


(  643  ) 


CHIMIE.  —  Sur  la  détermiiialion  du  cocfficiciii  de  sobilnliiè  des  liquides. 
Note  de  MM.  A.  Aignan  et  E.  Dcgas. 

«  Nous  avons  montre  ;intéritniremeiit  (  '  )  que  l'on  pont  dcterminer  avec 
facilité  les  coefficients  de  solubilité  réciproque  «  et  p  de  deux  liquides  A  etB, 
qui  ne  sont  pas  miscibles  en  toute  proportion,  en  agitant  dans  deux  tubes 
gradués  des  volumes  V„,  V^  et  V^^,  V^  de  ces  deux  liquides,  puis  notant, 
après  un  instant  de  repos,  les  volumes  des  deux  couches  liquides  V,,  V^ 
et  V, ,  V'^    dans  chaque  tube.   Les  valeurs  o.  et  p  sont  données  par  les 

formules 

V  V  _  V  \"  V  V. V,  v 


en  admettant  que  l'on  ait 

v„  +  V,  =  V ,  +  V ,      et      v;,  +  v;  =  v,  +  v,. 

Il  en  est  ainsi  quand  on  opère  à  température  constante  et  que  les  deux 
liquides  ne  réagissent  pas  l'un  sur  l'autre.  C'est  \e premier  cas  à  considérer. 
»  Quand  les  deux  liquides  sont  susceptibles  de  se  combiner,  il  y  a  con- 
traction du  volume  après  agitation.  Les  conditions  initiales  du  problème 
sont  alors  changées  :  l'un  des  liquides  se  dissout  dans  la  combinaison,  et 
l'excès  de  ce  liquide  lui-même  non  combiné  dissout  à  saturation  la  combi- 
naison formée.  C'est  le  deuxième  cas.  Pour  avoir  les  coefficients  de  solu- 
bilité réciproque,  il  convient  de  remplacer,  dans  les  formules  ci-dessus,  V,, 
Va,  V, ,  y'^  respectivement  par  V,  (  1+  c,),  V,  (j  +  £,),  ¥0(1  +  s.),  V'^  (i  -1- 1._), 
avec 


et 

A  w  V'j  —  A  (v'  Vj 

^'-   v,v,-v,v;  ' 

Aif-V,  -  A.f'V, 

"'^  v,v;-v,v; 

Aiï' 

=  (V„+V,)-(V.  +  V,), 

à..v.'  =  (v>v;,)- 

(v;  +  v;). 

»  Il  faut  remarquer  que  a  et  p  ne  sont  alors  que  des  coefficients  de  solu- 
bilité apparente,  a,  par  exemple,  représente  le  volume  de  liquide  A  qui 
sature,  par  dissolution  et  combinaison,  l'unité  de  volume  du  liquide  B. 

»  Mais,  en  outre,  au  moment  oîi  l'on  mélange  les  deux  liquides  pour 
les  saturer  réciproquement,  il  peut  se  produire  des  phénomènes  acces- 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXIV. 

C.  K.,  1899,  2"  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  17.)  ^6 


(  644  ) 
soires,  qui  modifient  la  composition  de  l'un  au  moins  des  liquides,  consi- 
déré comme  dissolvant.  On  ne  peut  alors  songer  à  déterminer  des  coeffi- 
cients de  solubilité,  parce  que  le  volume  de  liquide  A  dissous  dans  l'unité 
de  volume  du  liquide  B  dépend,  à  une  même  température,  du  rapport  des 
quantités  des  deux  liquides  A  et  B  mis  en  présence.  C'est  le  troisième  cas. 

»  En  opérant  comme  il  suit,  notre  procédé  expérimental  fait  connaître 
quel  est  de  ces  trois  cas  celui  qui  se  présente  quand  on  mélange  les  deux 
liquides  A  et  B. 

»  Les  deux  liquides  à  étudier  sont  introduits  en  proportions  différentes 
dans  trois  ou  quatre  tubes  gradués  et  l'on  note  les  volumes  ¥„,  V^,  V,,  Vj 
fournis  par  chaque  tube  avant  et  après  agitation.  Pour  calculer  x  et  fi,  il 
suffit  de  combiner  les  nombres  lus  sur  deux  quelconques  des  tubes. 

»  Si  les  diverses  données  fournies  par  les  tubes  i  et  2,  2  et  3,  1  et  3,  etc. 
permettent  de  calculer  pour  a  et  ji  des  valeurs  qui  ne  changent  pas  d'un 
groupe  de  deux  tubes  à  l'autre,  on  se  trouve  dans  le  premier  ou  dans  le 
second  cas,  suivant  qu'à  température  constante  le  mélange  s'effectue  sans 
contraction  ou  avec  contraction.  Si,  au  contraire,  les  diverses  valeurs 
de  a  et  p  ainsi  calculées  sont  différentes,  on  est  en  présence  du  troisième 
cas;  il  se  produit  dans  le  mélange  un  phénomène  accessoire,  qui  masque 
le  phénomène  de  solubilité  proprement  dit. 

))  Afin  de  préciser,  nous  allons  donner  un  exemple  da  premier  cas  et  un 
du  troisième  cas. 

»  i"  Aniline  et  eau.  —  Les  observations  ont  été  faites  à  la  température  de  -+-11" 
avec  quatre  tubes  divisés  en  dixièmes  de  centimètre  cube.  On  a  obtenu  : 

V„  V,                           V,                              V, 

Tubes.                            (aniline).  (eau).  (couclie  infér.).  (couche  super. ). 

ce  ce                                ce                                      ce 

1 2  18                                 1,4                              18,6 

2 5  i5  4i7  i5,3 

3 i5  5  i5,5  4)5 

% 18  2  18,7  1,3 

d'où  : 

Tubes....     (leti)  (lel3)  (2  et  4)  (2  et  3) 

a o,o36  0,087  o,o33  o,o34 

P 0,042  o,o44  o,o4i  0,043 

»  Ces  résultats  concordent  d'une  manière  satisfaisante  et  donnent  en  moyenne 
pour  i  =  -t-  1 1° 

a^o,o35,  p^o,o42. 

»  En  chauffant  progressivement  les  tubes,  on  peut  constater  que  ces  deux  coeffi- 
cients de  solubilité  croissent  à  mesure  que  la  température  sélève. 


(  6/,5  ) 

»  2°  Alcool  amyliqiie  et  eau.  —  Les  expériences  ont  été  effectuées  dans  les  mêmes 
conditions,  à  la  température  de  -hiS",  mais  elles  ont  fourni  des  résultats  tout  autres. 
Les  données  expérimentales  sont  résumées  dans  le  Tableau  suivant  : 

Tube.      V„  (eau).  -  V,,  (alcool).  V,.  V,.  ^ 

ce  ce  ce  ce  ce 

1 17  3  i8,3i  1 ,60  0,09 

2 i3  7  i4,3o  5,61  0,09 

3 7  i3  7,61  12,35  o,o4 

4 3  17  2,90  17,08  0,02 

»  La  contraction  très  sensible  nous  indique  qu'il  doit  y  avoir  combinaison  entre  les 
deux  liquides;  et  comme  le  calcul  donne 

E,=io,oo5,         =2=o, 

on  doit  admettre  que  l'alcool  amylique  se  combine  avec  l'eau  dans  la  couclie 
inférieure  sSule  où  l'eau  est  en  grand  excès.  A  l'appui  de  cette  conclusion,  il  faut 
noter  que  la  couche  inférieure  seule  se  trouble  dès  qu'on  l'échauffé  légèrement  en 
touchant  le  tube  avec  la  main,  l'alcool  amylique  se  séparant  en  fines  gouttelettes  de 
l'hydrate  partiellement  dissocié. 

»  Si  pour  calculer  a,  coefficient  de  solubilité  de  l'eau  dans  l'alcool  amylique,  et  p, 
coefficient  de  solubilité  de  l'alcool  amylique  dans  l'eau,  nous  groupons  nos  expériences 
deux  à  deux,  on  obtient  : 

Tubes (letV)  (3  et  4)  (2et4)  (let3) 

y. 0,019  0,027  o,023  — 0,006 

p 0,084  0,1 46  0,118  0,082 

»  La  variabilité  de  a  et  de  (3  démontre  que  l'on  a  affaire  à  un  phénomène  plus  com- 
plexe que  la  solubilité  réciproque  de  deux  liquides. 

)>  Ces  particularités  peuvent  s'expliquer  si  l'on  remarque  que  Valcool  amylique 
pur  de  fermei^tation  est  un  mélange  en  proportions  variables  d'alcool  isopropylacé- 
tique  et  àWcooiméthyléthyléthylique,  et  si  l'on  admet,  comme  nous  croyons  l'avoir 
expérimentalement  établi,  que  l'alcool  méthyléthvlélhylique,  susceptible  de  se  com- 
biner avec  l'eau,  possède  un  coefficient  de  solubilité  indépendant  de  sa  proportion 
dans  le  mélange  amylique,  tandis  que  le  coefficient  de  solubilité  de  l'alcool  isopropyl- 
acétique,  qui  se  dissout  sans  se  combiner,  varie  notablement  suivant  la  proportion 
des  deux  alcools  isomères.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  la  fécondation  mèrogonique  et  ses  résultats. 
Note  de  M.  Yves  Delage,  présentée  par  M.  H.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  Dans  une  Note  présentée  l'année  dernière  à  l'Académie  (séance  du 
10  octobre),  j'ai  montré  que,  chez  l'Oursin,  une  moitié  d'œuf  ne  contenant 
pas  de  noyau  pouvait  être  fécondée  et  se  développer  en  un  embryon.  Deux 
mois  d'études  faites  cette  année  sur  le  même  sujet,  au   laboratoire  de 


(  646  ) 
Roscoff,  m'ont  permis  d'étendre,  de  généraliser  et  d'approfondir  ces  ré- 
sultats. 

»  La  fécondation  de  cytoplasma  ovulaire  non  nucléé  ne  se  limite  pas  aux 
Échinodermes.  J'ai  pu  l'étendre  aux  Mollusques  (Dentale)  et  aux  Vers 
(l'Annélide  polychète  Lanice  conchylega).  Ce  n'est  plus  désormais  une 
curiosité  biologique,  c'est  un  processus  qui  peut  être  généralisé  et  qui 
mérite  de  recevoir  un  nom  :  je  propose  de  l'appeler  mérogonie. 

»  Je  n'avais  l'année  dernière  obtenu  que  des  masses  morulaires  repré- 
sentant des  embryons  plus  ou  moins  déformés.  J'ai  réussi  cette  année  à 
obtenir  des  larves  typiques  et  normales  des  trois  formes  étudiées,  le  Pluteus 
chez  l'Oursin,  le  Veliger  chez  le  Dentale  et  la  Trochophore  chez  l'Annélide, 
toutes  larves  parfaitement  agiles,  ne  différant  que  par  leur  taille  et  par 
quelques  détails  d'importance  secondaire  des  larves  provenant  d'oeufs 
entiers.  Fréquemment,  et  pour  les  trois  types  étudiés,  j'ai  obtenu  deux 
larves  identiques,  parfaites,  d'un  même  œuf  coupé  en  deux  avant  la  fécon- 
dation. 

y>  Pour  déterminer  les  limites  de  la  mérogonie,  j'ai  coupé  des  œufs  en 
plusieurs  parties  égales  ou  en  deux  parties  très  inégales.  J'ai  pu  obtenir, 
chez  l'Oursin,  trois  larves  d'un  même  œuf  et,  chez  les  trois  types,  des  larves 
provenant  de  fragments  représentant  seulement  le  tiers,  le  quart,  le 
dixième  de  l'œuf  total.  Chez  l'Oursin,  j'ai  même  obtenu  une  larve  blastula 
ciliée,  parfaitement  normale  et  agile,  aux  dépens  d'un  fragment  anucléé 
représentant  ^  de  l'œuf.  Un  seul  œuf  pourrait  donc,  s'il  était  idéalement 
sectionné,  donner  une  quarantaine  de  larves,  toutes,  moins  une  peut-être, 
dépourvues  de  noyau  maternel. 

»  J'ai  réussi  des  hybridations  mérogoniques  entre  trois  Oursins  :  un 
Echinus,  un  Strongylocenlrotus  et  un  Sphœrechmus. 

»  Soumis  à  la  fécondation,  les  fragments,  anucléés  ou  non,  d'œufs 
encore  pourvus  de  leur  vésicule  germinative  restent  toujours  stériles,  tandis 
que  les  fragments  d'œufs  ayant  émis  leurs  globules  polaires,  identiques  en 
apparence  aux  précédents  sous  tous  les  autres  rapports,  sont  fécondés  et 
entrent  en  évolution.  Il  y  a  donc  dans  l'ovule,  contrairement  à  ce  qui  est 
admis  d'après  les  idées  régnantes,  une  maturation  cytoplasmique,  corré- 
lative peut-être  de  la  maturation  nucléaire,  mais  distincte  de  celle-ci.  Si, 
en  effet,  l'œuf  achevé,  n'ayant  plus  qu'à  émettre  ses  globules  polaires, 
avait  déjà  un  cytoplasme  identique  à  celui  de  l'œuf  ayant  émis  ces  glo- 
bule», on  ne  comprendrait  pas  pourquoi  les  fragments  anucléés  de  ce  cyto- 
plasme se  refuseraient  à  la  fécondation,  quand  les  fragments  similaires  des 
œufs  à  novau  réduit  se  laissent  féconder. 


(  647  ) 

»  D'après  certaines  théories  actuellement  en  cours,  les  chromosomes 
auraient  une  individualité,  une  personnalité  permanentes  au  milieu  des 
multiples  avatars  de  leur  évolution.  Les  expériences  de  mérogonie  m'ont 
permis  de  soumettre  cette  idée  au  contrôle  de  l'expérience,  quand  on 
aurait  pu  croire  qu'elle  était  condamnée  à  rester  dans  le  domaine  de  la 
spéculation.  Les  cellules  somatiques  de  VEchinus  ont  1 8  chromosomes; 
les  cellules  sexuelles  mûres  en  ont  donc  9.  Les  œufs  normaux  en  ont  9 
maternels  et  en  reçoivent  9  du  spermatozoïde,  ce  qui  rétablit  le  nombre 
normal  18.  Dans  la  niérogonie,  le  fragment  ovulaire  a  o  chromosome,  le 
spermatozoïde  lui  eu  apporte  9;  il  devrait  donc  y  en  avoir  9  seulement 
dans  les  cellules  de  la  larve.  Or,  il  y  en  a  18,  voilà  le  fait!  J'ai  pu  ,  sur- 
montant des  difficultés  très  grandes,  que  comprendront  sans  explication 
tous  ceux  à  qui  ces  sortes  d'études  sont  familières,  les  colorer  et  les  mettre 
en  évidence  chez  les  deux  larves  sœurs  jumelles  issues  d'un  même  œuf 
et  constater  qu'elles  avaient,  l'une  comme  l'autre,  18  chromosomes, 
comme  les  larves  provenant  d'œufs  intacts. 

»  Que  s'est-il  donc  passé? 

»  Il  s'est  passé  ceci,  que  la  cellule  de  l'embryon  mérogonique  qui,  à  un 
moment  donné,  a  reçu  9  chromosomes  seulement,  a  néanmoins,  en  sortant 
de  l'état  de  repos,  sectionné  son  filament  chromatique  en  18  morceaux. 

»  La  conclusion  est  que  les  chromosomes  n'ont  pas  d'individualité 
propre,  qu'ils  ne  sont  que  des  segments  quelconques  du  filament  chroma- 
tique. La  fixité  du  nombre  des  chromosomes  dans  les  cellules  d'un  nnim.il 
donné  ne  résulte  pas  de  la  permanence  d'un  objet  qui  se  reproduit  toujours 
identique  à  lui-même  :  elle  est  une  simple  propriété  de  la  cellule  comme 
la  forme  ou  les  autres  détails  de  la  structure;  une  cellule  donnée,  détermi- 
née par  la  constitution  physico-chimique  de  son  protoplasma,  a  la  propriété 
de  couper  son  filament  chromatique  en  n  segments  comme  elle  a  celle  de 
sécréter  telle  ou  telle  substance,  de  se  contracter  ou  de  produire  de  l'influx 
nerveux. 

»  En  faisant  la  statistique  des  réussites  de  fécondation  chez  les  œufs 
coupés  et  les  œufs  intacts,  placés  pour  le  reste  dans  des  conditions  abso- 
lument identiques,  l'on  arrive  à  cette  constatation  surprenante  que,  dans 
les  expériences  bien  faites,  la  proportion  des  réussites  est  au  moins  aussi 
grande  pour  les  œufs  coupés  que  pour  les  intacts  ;  fréquemment  elle  est 
plus  élevée. 

»  Si  l'on  tient  compte  de  ce  fait  que  le  traumatisme  opératoire  ne  peut 
que  nuire  aux  œufs  sectionnés,  on  est  conduit  à  cette  conclusion,  qui  s'im- 
pose malgré  son  apparence  paradoxale,  que  la  mérogonie  favorise  la  fécon- 


(  ^48  ) 

dation.  Je  ne  puis  affirmer,  mais  tout  porte  à  croire,  que  c'est  à  l'absence 
du  noyau  qu'est  dû  cet  avantage.  On  a  longtemps  cru  que  l'ovule  entier 
était  fécondé.  Il  a  fallu  reconnaître  qu'il  ne  peut  l'être  qu'après  avoir  éli- 
miné les  trois  quarts  de  son  novau.  On  a  longtemps  cru  que  son  centro- 
some  était  indispensable  à  son  évolution  ;  il  a  fallu  reconnaître  que  le  plus 
souvent  il  disparaît  avant  la  fécondation.  On  est  maintenant  forcé  d'ad- 
mettre, d'après  les  expériences  de  mérogonie,  que  seul  le  cytoplasnia  ovu- 
laire  est  nécessaire  à  la  fécondation;  et  l'on  est  conduit  enfin  à  se  demander 
si  ce  quart  restant  du  noyau  n'est  pas  au  moins  inutile  à  la  fécondation  de 
l'œuf  et  peut-être  à  la  formation  des  organes  de  l'embryon,  si  (en  mettant 
à  part  les  avantages  qui  peuvent  résulter  pour  l'espèce  du  fait  de  l'amphi- 
mixie  nucléaire)  un  œuf  qui  éliminerait  tout  son  noyau,  sans  traumatisme, 
par  un  processus  naturel  analogue  à  l'émission  des  globules  polaires,  ne 
serait  pas  en  meilleure  condition  pour  être  fécondé  et  en  aussi  bonne  con- 
dition pour  se  développer  que  l'œuf  normal  intact. 

»  Les  faits  exposés  ici  viennent  à  l'appui  des  conclusions  formulées  dans 
mon  travail  de  l'année  dernière  et  dont  je  rappellerai  la  principale,  en  la 
complétant  d'après  les  résultats  actuels  :  les  faits  de  mérogonie  condamnent 
les  théories  de  la  fécondation  qui  font  intervenir  une  polarité  nucléaire,  ou 
la  nécessité  de  rétablir  le  nombre  de  chromosomes  réduit  par  la  matura- 
tion, ou  toute  autre  particularité  ayant  son  siège  dans  le  noyau  femelle; 
elles  conduisent  à  admettre  que,  dans  la  fécondation,  le  phénomène  essen- 
tiel est,  non  pas,  comme  ou  le  croyait,  la  fusion  d'un  noyau  femelle  et  d'un 
noyau  mâle  dans  le  cytoplasma  ovulaire,  mais  l'union  d'un  noyau  sperma- 
tique  à  une  masse  donnée  de  cytoplasme  ovulaire  et  le  transfert  à  ce  cyto- 
plasme ovulaire  d'un  plasma  énergétique  spécial  contenu  dans  le  spermo- 
centre.    « 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Les  affinités  et  la  propriété  d'absorption 
ou  d'arrêt  de  l'endothéliunivasculaire  {^).'^ot.e,  AeM.  Hexri  Stassano, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Dans  les  différentes  formes  expérimentales  d'empoisonnement  par  le 
mercure,  j'avais  noté  que  les  organes  et  tissus  où  ce  toxique  s'accumule 
sont  les  plus  vascularisés  :  la  rate,  les  reins,  le  foie,  les  poumons,  la  moelle 
des  os,  la  peau,  les  muscles.  Ils  retiennent  tous  le  mercure  bien  après  que 


(')   Travail  du  Laboratoire  de  Toxicologie  de  la  Préfecture  de  Police  et  du  Labora- 
toire de  Physiologie  de  la  Sorboiine. 


i 


(  H^  ) 

celui-ci  a  disparu  cki  sang.  Ce  n'est  donc  pas  au  sang  lui-même  qu'on  peut 
rapporter  sa  prédominance  dans  ces  organes,  mais,  comme  on  va  le  voir, 
aux  parois  elles-mêmes  qui  auraient  une  véritable  affinité  pour  le  métal. 

»  Celte  interprétation  trouve  un  appui  dans  la  commune  origine  em- 
bryogénique  des  cellules  endothéliales  et  des  leucocytes  que  j'ai  déjà 
démontrée  s'emparer  du  sublimé  (').  Elle  cadre  avec  la  propriété  de 
fixer  les  selsdefer  et  d'argent,  l'encre  de  Chine,  le  carmin  ammoniacal,  etc., 
reconnue  à  l'endothélium  vasculaire  par  Kobert  et  ses  élèves  et  Kowa- 
lewsky. 

))  Faute  d'un  réactif  microchimique  pour  déceler  le  mercure  dans  les 
cellules  endothéliales,  j'ai  dû  recourir  à  l'analyse  chimique  ordinaire.  Le 
principe  de  la  méthode  est  le  suivant  :  S'il  y  a  fixation  du  mercure  par 
les  parois  vasculaires,  l'apport  tle  ce  métal  à  un  organe  déterminé  doit 
varier  suivant  la  longueur  et  l'étendue  du  réseau  vasculaire  parcouru  par 
la  solution  mercurielle  avant  d'arriver  à  cet  organe. 

«  J'ai  choisi  deux  bouledogues,  de  même  poids  et  de  même  Age,  et  je  leur  ai  injecté 
la  même  dose  de  sublimé  (3™8"'  par  kilogramme)  dissous  dans  la  solution  physiolo- 
gique. A  l'un  d'eux,  l'injection  fut  faite,  vers  le  cœur,  dans  la  jugulaire,  tandis  qu'à 
l'autre,  elle  fut  pratiquée  dans  l'artère  crurale,  au  pli  de  l'aine.  On  compara  :  i°  les 
quantités  de  mercure  fixées  dans  le  poumon  et  le  cœur,  dans  l'un  et  l'autre  cas;  2°  le 
mercure  retenu  séparément  dans  la  peau,  les  muscles  et  les  os  de  la  jambe  injectée 
directement,  avec  le  mercure  fixé,  chez  le  même  chien,  dans  chacun  des  tissus  corres- 
pondants de  l'autre  jambe  j)ostérieure,  qui  ne  recevaient  la  solution  mercurielle 
qu'après  qu'elle  avait  franchi  les  capillaires  de  la  jambe  injectée,  les  vaisseaux  de  la 
petite  circulation  et  enfin  les  voles  artérielles  de  la  grande. 

M  Le  résultat  de  ces  comparaisons  fut  démonstratif.  L'anneau  de  mercure  donné  par 
le  poumon  du  chien  injecté  dans  la  jugulaire  fut  presque  triple  de  celui  du  poumon  du 
chien  injecté  dans  la  crurale.  De  même,  la  trace  de  mercure  arrêtée  par  le  cœur  du 
premier  chien  est  bien  plus  marquée  que  celle  localisée  dans  le  cœur  du  second.  A 
leur  tour,  les  trois  anneaux  de  mercure  provenant  de  la  peau,  des  muscles  et  des  os 
de  la  jambe  injectée  furent  quatre  à  cinq  fois  plus  étendus  que  les  anneaux  correspon- 
dants de  la  jambe  opposée. 

»  Il  est  démontré  assez  clairement,  par  cette  expérience,  qu'une  grande 
partie  du  mercure  injecté  dans  les  vaisseaux  se  fixe  presque  instantané- 
ment sur  place.  Il  reste  à  savoir  dans  quels  éléments  cellulaires  le  mercure 
s'arrête  :  est-ce  dans  l'endothélium,  est-ce  dans  les  tuniques  vasculaires 
sous-jacentes? 

»  Pour  en  décider,  j'ai  recherché  si  les  modificateurs  de  l'endothélium 
faisaient  varier  l'absorption  du  mercure.  Le  violet  de  méthyle,  d'après 


(  '  )  Comptes  rendus,  3 1  octobre  1  ' 


(  65o  ) 

Cavazzani,  Ferrari  et  Finzi,  a  une  affinité  considérable  pour  les  cellules 
endothéliales  et,  en  s'y  fixant,  en  entrave  les  manifestations  vitales.  Si 
l'arrêt  du  mercure  se  fait  dans  les  cellules  endothéliales,  il  est  clair  que 
l'injection  intraveineuse  préalable  de  violet  de  raéthyle  modifiera  l'absor- 
ption du  mercure  par  les  parois  vasculaires.  Or,  j'ai  trouvé  qu'effective- 
ment une  injection  de  So^e"-  de  sublimé  n'a  presque  pas  laissé  de  traces  de 
son  passage  à  travers  les  organes  les  plus  vasculaires  (foie,  rate,  reins, 
poumons,  etc.)  chez  deux  chiens  de  lo'-s  à  12''^,  quand  je  leur  injectais  au 
préalable  3o"  à  4o"  d'une  solution  saturée  de  violet  de  méthyle,  chez  l'un 
par  la  jugulaire,  chez  l'autre  par  la  saphène. 

»  Pour  démontrer  encore  plus  solidement  cette  action  du  violet  de 
méthyle  sur  la  capacité  d'absorption  de  l'endothélium  vasculaire,  j'ai  rem- 
placé ensuite  le  sublimé  par  la  strychnine,  A  un  bouledogue  de  Si^s,  j'in- 
jecle  dans  la  carotide  So'^'^  d'une  solution  saturée  de  violet  de  méthyle  à 
38°  et,  quelques  minutes  après,  par  la  même  artère,  de  très  petites  doses 
de  strychnine.  La  même  solution  de  toxique  est  employée  simultanément 
chez  un  autre  bouledogue  qui  sert  de  témoin.  Je  commence  par  1'^'=  d'une 
solution  à  0,20  pour  1000;  dix  minutes  après,  j'injecte  un  deuxième  cen- 
timètre cube  :  à  la  suite  de  cette  seconde  injection,  le  chien  normal  se 
raidit  à  chaque  coup  qu'on  frappe  sur  la  table  à  vivisection;  le  chien  au 
violet  de  méthyle,  au  contraire,  ne  bouge  pas;  lorsqu'en  augmentant  la 
dose,  ce  dernier  commence  à  ressentir  l'action  de  la  strychnine,  le  témoin 
est,  déjà  depuis  longtemps,  en  plein  tétanos. 

»  Une  objection  se  présente  cependant.  L'examen  histologique  montre  que  les  cel- 
lules endothéliales  sont  les  premières  et  presque  les  seules  attaquées  par  le  violet  de 
méthyle;  mais  on  pourrait  penser  que  ce  corps,  agissant  encore  sur  les  centres  céré- 
braux, peut  émousser  leur  sensibilité  à  l'égard  de  la  strychnine.  Pour  lever  ce  doute, 
j'ai  examiné  le  degré  d'excitabilité  électrique  d'un  hémisphère  cérébral  qui  venait  de 
recevoir  une  injection  de  violet  de  méthyle  par  la  carotide  correspondante,  vis-à-vis 
de  l'excitabilité  de  l'hémisphère  opposé  chez  le  même  chien,  et  j'ai  noté  du  côté  de 
l'injection  une  surexcitation  bien  marquée  (7°  du  chariot)  à  la  place  de  l'affaiblis- 
sement qu'on  pouvait  craindre. 

»  Ces  expériences  confirment  la  relation  qui  existe  entre  la  fixation  du 
poison  par  l'endothéliiuTi  et  l'apparition  des  phénomènes  toxiques.  I^es 
expériences  suivantes  font  connaître,  en  outre,  comment  cette  môme  pro- 
priété de  fixation  par  les  cellules  endothéliales,  dangereuse  pour  l'orga- 
nisme dans  le  cas  précédent,  se  transforme  en  un  mécanisme  protecteur 
lorsque  l'injection  toxique  se  produit  loin  des  centres  nerveux. 

»  A  deux  chiens  de  io''e  à  12''?,  du  même  âge  et  de  la  même  race,  on  injecte,  par  pe- 
tites doses  de  i'^'^  chacune,  une  solution  à  0,20  pour  1000  de  strychnine;  à  l'un  par  la 


(  65,   ) 

carotide,  à  Faiitre  par  l'artère  crurale.  Dès  les  premières  doses,  le  chien  injecté  par  la 
carotide  a  des  secousses  tétaniques  qui  deviennent  plus  fréquentes  à  mesure  qu'on 
répète  les  injections,  tandis  qu'il  faut  le  double  de  strychnine  pour  que  le  cliien 
injecté  par  la  crurale  présente  les  mêmes  symptômes;  en  poussant  plus  loin  l'empoi- 
sonnement, cette  différence  s'accentue  jusqu'à  ce  (|u'une  nouvelle  injection,  de  4'"°'' 
à  5"S'',  soit  nécessaire  pour  faire  entrer  ce  chien  en  tétanos,  tandis  que  le  premier  est 
mis  dans  cet  état  dès  que  l'on  atteint  la  dose  de  S""»''  à  4°'°'- 

»  Eli  rem[)laçanL  la  strychnine  par  le  cuiare,  qui  n'exerce  son  aclion 
que  sur  les  terminaisons  des  nerfs,  on  lait  ressortir,  d'une  façon  encore 
plus  frappante,  par  une  sorte  de  contre-épreuve,  le  rôle  que  l'endothéliuni 
vasculaire  joue,  tour  à  tour,  dans  la  production  des  phénomènes  toxiques, 
ou  contre  ces  mêmes  manifestations,  selon  que  l'arrêt  du  poison  se  fait 
près  ou  loin  des  éléments  cellulaires,  sur  lesquels  se  porte  son  action. 

»  A  un  chien  auquel  on  a  mis  à  nu  les  bouts  supérieurs  des  nerfs  cruraux,  on 
injecte  une  dose  modérée  de  curare  (o"^,5  par  kilo,  d'une  solution  à  i  pour  loo)  dans 
une  des  artères  crurales,  près  du  pli  de  l'aine,  et  de  suite,  on  mesure  l'excitabilité 
des  deux  nerfs  découverts  au  moyen  du  chariot  inducteur.  On  note  d'abord  que  la 
surexcitabilité  nerveuse  motrice,  par  laquelle  débute  l'action  du  curare,  est  bien  plus 
prononcée  dans  la  jambe  qui  a  reçu  directement  l'injection  que  dans  la  jambe 
opposée.  Cette  différence  a  pu  atteindre  dans  une  de  mes  expériences  jusqu'à  i8".  Dans 
la  phase  de  paralysie,  c'est  encore  du  côté  de  l'injection  que  le  curare  agit  avec  le  plus 
d'intensité,  les  écarts  d'excitabilité  des  nerfs  respectifs  variant  de  i"  ou  2°  à  7°  ou  8°. 
A  mesure  que  le  curare  s'élimine,  on  voit  apparaître  les  mouvements  spontanés  dans  les 
doigts  et  la  patte  de  la  jambe  de  l'autre  côté  de  l'injection,  tandis  que  du  côté  injecté 
persiste  la  plus  complète  immobilité. 

»  En  résumé,  ces  expériences  démontrent  que  l'affinité  de  l'endothéliuni 
vasculaire  pour  le  mercure  est  la  cause  de  la  prédominance  de  ce  toxique 
dans  les  organes  les  plus  sanguins.  En  établissant  que  cet  endothélium  agit 
de  même  vis-à-vis  d'autres  poisons,  tels  que  la  strychnine  et  le  curare,  ces 
mêmes  expériences  élargissent  le  cadre  de  nos  connaissances  sur  les  alfi- 
uités  multiples  des  cellules  endothéliales  et  donnent  une  portée  générale 
au  rôle  de  ces  cellules,  qui  fonctionnent  dans  l'économie  tantôt  comme 
organes  d'absorption,  tantôt  comme  organes  d'arrêt.    » 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  La  mort  par  ks  déc/targes  électriques. 
Note  de  MM.  J.-L.  Prévost  et  F.  Battelli. 

«  Nous  avons  fait,  dans  le  laboratoire  de  Physiologie  de  l'Université  de 
Genève,  une  série  de  recherches  sur  des  chiens,  des  lapins  et  des  cochons 
d'Inde,  dont  nous  résumons  les  principaux  résultats  dans  cette  Note. 

C.   R.,  1899,  1!"  Semeslie.  (T.  CXXIX,  N°  17.)  ^^ 


(  652  ) 

»  Nous  nous  sommes  servis  d'une  batterie  fie  condensateurs,  constitiiés  par  de 
grandes  plaques  de  verre,  recouvertes  sur  une  partie  de  leurs  deux  faces  de  papier 
d'étain.  La  capacité  de  ces  condensateurs,  mesurée  au  moyen  d'un  galvanomètre  ba- 
listique, était  pour  chaque  plaque  d'environ  o,i6  microfarad.  Elles  étaient  chargées 
au  moyen  d'une  grosse  bobine  de  RuhmkorfT.  La  dislance  explosive  était  mesurée  en 
faisant  éclater  l'étincelle  entre  les  deux  sphères  d'un  spinthéromètre  ;  chaque  sphère 
étant  reliée  par  un  conducteur  métallique  à  une  armature  du  condensateur.  L'animal 
soumis  à  l'expérience  était  inséré  dans  le  circuit  de  l'un  des  conducteurs.  Les  élec- 
trodes étaient  habituellement  placées,  l'une  dans  la  bouche,  l'autre  dans  le  rectum. 

»  Les  physiciens  ont,  on  le  sait,  mesuré  le  potentiel  correspondant  aux  distances 
explosives.  Nous  connaissions  donc  :  la  capacité  C  du  condensateur,  et  le  potentiel  c 
de  la  distance  explosive.  Dans  ces  conditions,  nous  pouvions  calculer  facilement  soit 
la  quantité  d'électricité 

Q  =  £•<•, 

qui  traverse  l'animal  à  chaque  décharge,  soit  l'énergie  électrique 

)>  Dans  un  grand  nombre  d'expériences,  nous  avons  inscrit  la  jjression  artérielle  sur 
un  kymographion. 

»  Les  résultats  de  nos  nombreuses  expériences  (270)  peuvent  se  résu- 
mer comme  suit  : 

))  1.  Les  effets  mortels  (le  la  décharge  électrique  ne  sont  pas  propor- 
tionnels à  la  quantité  Q. 

»  2.  Les  effets  mortels  de  la  décharge  électrique  sont  proportionnels, 
dans  la  limite  de  nos  expériences,  à  l'énergie  W.  En  d'autres  termes,  les 
effets  mortels  de  la  décharge  sont  proportionnels  à  la  capacité  et  au  carré 
du  potentiel. 

»  3.  Au-dessus  d'une  certaine  limite  (i  5°""  environ),  les  augmentations 
de  la  distance  explosive  ne  sont  pas  suivies  d'augmentations  correspon- 
dantes dans  les  effets  mortels. 

»  En  employant  une  capacité  égale  à  i  et  une  étincelle  de  4"™,  on  obtient 
approximativement  les  mêmes  effets  qu'avec  une  capacité  égale  à  4  et  une 
étincelle  de  i"". 

»  Il  en  résulte  que,  pour  obtenir  des  effets  mortels,  il  est  d'abord  plus 
avantageux  d'augmenter  la  distance  explosive;  mais  au  delà  d'une  certaine 
limite  (i5'"™  environ)  il  est  plutôt  avantageux  d'augmenter  la  capacité  du 
condensateur. 

»  4.  L'inversion  des  pôles  n'a  pas  d'influence  appréciable  sur  les  effets 
mortels  des  décharges  électriques. 

»   5.  La  plus  grande  énergie  électrique  W  dont  nous  disposions,  savoir 


(  H53  ) 

environ  looo  joules,  n'est  pas  suflisanle  pour  tuer  un  chien  de  G'*'»' à  'j^^; 
même  en  soumettant  l'animal  à  deux  décharges  consécutives. 

»  Une  décharge  électrique  doit  avoir  une  énergie  de  900  à  1000  joules 
environ,  pour  arrêter  d'une  manière  certaine  la  respiration  d'un  lapin  de 
2000S'',  les  électrodes  étant  placées  dans  la  bouche  et  le  rectum. 

»  Dans  les  mêmes  conditions,  chez  un  jeune  lapin  de  i2oof5'',  la  respi- 
ration est  complètement  arrêtée,  lorsque  l'énergie  de  la  décharge  atteint 
35o  joules  environ. 

»  Dans  les  mêmes  conditions,  la  respiration  thoracique  est  complète- 
ment arrêtée  par  une  décharge  d'une  énergie  de  4oo  joules  environ,  chez 
un  cochon  d'Inde  de  Soo^' ,  par  une  énergie  de  25o  joules  chez  un  cochon 
d'Inde  de  35of^'',  et  par  i3o  joules  chez  un  cochon  d'Inde  de  aSo^''. 

M  En  comparant  ces  chiffres,  on  voit  que,  d'une  manière  générale, 
l'énergie  de  la  décharge  nécessaire  pour  tuer  un  animal  augmente  avec  son 
poids.  Toutefois,  l'âge  joue  un  certain  rôle,  les  jeunes  animaux  étant  plus 
sensibles  aux  effets  de  la  décharge  électrique  que  les  adultes. 

))  6.  Chez  le  chien  et  le  lapin,  nous  avons  pu,  en  répétant  les  décharges 
à  quelques  secondes  d'intervalle,  observer  une  sommation  des  effets  pro- 
duits et  réaliser  les  symptômes  que  pourrait  produire  une  seule  décharge 
d'une  plus  forte  énergie.  Cependant  l'énergie  dépensée  dans  plusieurs 
décharges  à  quelques  secondes  d'intervalle  produit  des  effets  moins  dan- 
gereux que  lorsque  celte  énergie  est  dépensée  en  une  seule  décharge. 

»  7.  D'une  manière  générale,  on  peut  diviser  les  effets  de  la  décharge 
en  cinq  phases,  proportionnelles  à  l'énergie  employée,  qui  varie  selon  les 
espèces  animales  et  le  poiils  des  animaux. 

»  Première  phase.  —  Contraction  musculaire  généralisée  unique,  sans 
autre  effet  appréciable  (cochons  d'Inde,  49  à  69  joules;  lapins,  69  joules; 
chiens,  1000  joules). 

»  Deuxième  phase.  —  Convulsions  cloniques;  le  centre  respiratoire  n'est 
pas  encore  fortement  attemt  et  l'animal  se  remet  rapidement  (cochons 
d'Inde,  69  joules;  lapins,  170  joules).  Chez  les  jeunes  cochons  d'Inde  sou- 
vent la  mort  est  produite,  dans  cette  phase,  par  la  perte  de  l'élasticité  pul- 
monaire; ce  qui  empêche  même  la  respiration  artificielle  de  se  faire  d'une 
façon  efficace. 

M  Troisième  phase.  —  Convulsions  toniques;  arrêt  habituellement  mo- 
mentané de  la  respiration  thoracique  (cochons  d'Inde,  i38  joules;  lapins, 
25o  à  55o  joules). 

M   Quatrième  phase.  —  Inhibition  générale  du  système  nerveux.  Pas  de 


(  654  ) 

convulsions;  perle  des  réflexes;  arrêt  absolu  de  la  respiration  tliora- 
cique.  Les  muscles  lisses  sont  encore  excitables.  Les  oreillettes  du  cœur 
sont  fréquemment  arrêtées  (cochons  d'Inde,  34 1  joules;  lapins,  770 
à  1000  joules  \ 

»  Cinquième  phase.  —  Arrêt  complet  du  cœur;  perte  de  l'excitabilité 
des  muscles  lisses  de  Tintestin,  avec  conservation  de  l'excitabilité  des 
muscles  striés  et  des  nerfs  moteurs  (jeunes  cochons  d'Inde  seulement, 
de  75o  à  1000  joules). 

■>■>  8.  La  pression  artérielle  offre  des  modifications  variables.  Dans  la  pre- 
mière phase,  la  pression  monte,  après  une  descente  momentanée  préa- 
lable. Dans  les  deuxième,  troisième,  quatrième  phases,  elle  monte,  en 
général,  brusquement  et  reste  élevée. 

»  Cette  ascension  de  la  pression  montre  que  le  centre  vaso-moteur  n'est 
pas  paralysé  à  un  moment  où  le  centre  respiratoire  est  déjà  inhibé. 

))  Aux  troisième  et  quatrième  phases,  on  observe  quelquefois,  chez  le 
cochon  d'Inde,  une  chute  de  la  pression  due  aux  trémulations  fibrillaires 
des  ventricules.  Ces  trémulations  sont  passagères  et  les  battements  des 
ventricules  se  rélablissenl;  mais  ces  battements  sont  alors  le  plus  souvent 
sans  énergie  et  !a  pression  reste  à  l'abscisse. 

»  Chez  le  chien  l'ascension  de  la  pression  due  aux  premières  décharges 
peut  cire  suivie  d'une  chute  ;i  l'abscisse,  suite  des  trémulations  ventricu- 
hîires,  lorsque  des  décharges  d'une  certaine  énergie  ont  été  répétées  un 
certain  nombre  de  fois. 

»  9.  Les  lésions  anatomiques  macroscopiques  observées  ont  été  :  la 
perte  d'élasticité  pulmonaire,  grave  surtout  chez  les  jeunes  cochons 
d'Inde;  des  phénomènes  congeslifs,  avec  œdème  pulmonaire;  des  ecchy- 
moses sous-pleurales  surtout  dans  les  cas  où  la  respiration  est  devenue 
dyspnéique,  sans  être  supprimée  totalement. 

»   T-a  rigidité  cadavérique  est  habituellement  rapide  et  énergique.    » 


BOTANIQUE.    —    GreJ/'c  de  quelques  Monocolylédones  sur  elles-mêmes. 
Note  de  M.  Liciex  Daxiei-,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  On  sait  que  la  greffe  des  Monocolylédones  a  été  essayée  sans  succès 
depuis  les  temps  les  plus  reculés. 

»  Le  procédé  que  Théophraste  désignait  par  le  verbe  i-\a-d^v.'i ,  etqu'au 
moyen  Age  on  a  appelé  la  greffe  des  gramens,  n'est  autre  chose  qu'un  semis 


(  655  ) 

sans  rapport  avec  la  greffe.  En  effet,  si  l'on  place  un  grain  de  blé  dans  un 
tubercule,  une  racine,  ou  tout  autre  organe  de  plante  préalablement  fendu, 
et  si  riiumidilé  est  suffisante,  la  germination  s'effectuera,  mais  à  aucun 
moment  il  n'y  aura  trace  de  soudure  et  par  conséquent  pas  de  greffe. 

»  Je  ne  puis  considérer  comme  plus  sérieuse  l'affirmation  d'Ysabeau  (  '  ) 
quand  il  prétend  que  l'on  pratique  avec  succès  la  greffe  du  riz  en  Italie,  ce 
qui,  dit-il,  ouvre  toute  une  série  nouvelle  de  greffes  que  le  temps  peut 
rendre  fécondes. 

»  Les  greffes  exécutées  à  l'instigation  du  botaniste  de  Candolle,  sur  des 
Monocotylédones  à  couches  génératrices  du  genre  Dracœna,  n'ont  point 
donné  de  résultats  positifs.  Ces  greffes  se  sont  maintenues  un  an  environ, 
puis  se  sont  desséchées  sans  cause  apparente  et  sans  avoir  poussé  (-). 

»  On  peut  donc  dire  que  l'on  n'a  jamais  jusqu'ici  obtenu  le  développe- 
ment d'un  greffon  après  l'opération  de  la  greffe  dans  les  Monocotylédones. 

))  Depuis  plusieurs  années,  j'ai  pratiqué  des  essais  nombreux  et  de  na- 
ture variée  sur  la  cicatrisation  et  la  greffe  des  Monocotylédones  (''  ). 

»  J'ai  obtenu  bien  des  fois  la  reprise  complète  des  deux  lèvres  d'une 
longue  fente  longitudinale  pratiquée  dans  les  tiges  du  Lis  blanc,  du  Glaïeul , 
du  Funkia  cordala,  du  Canna,  dans  les  pseudobulbes  des  Orchidées  du 
genre  Lœlia,  etc.,  et  même  dans  la  tige  très  jeune  d'une  Cryptogame,  le 
Selaginella  arborea. 

»  La  réussite  facile  de  ces  cicatrisations  m'avait  engagé  à  essayer  la  greffe 
en  fente  de  quelques  Monocotylédones  (Lis  blanc,  etc.).  Malgré  une  sou- 
dure bien  nette,  mais  peu  étendue,  ces  greffes  ne  poussèrent  [)as  et  se 
maintinrent  six  semaines  environ.  En  opérant  par  le  procédé  de  la  greffe 
anglaise  en  approche  sur  différents  Caladiums,  j'obtins  encore  une  soudure 
imparfaite.  Le  greffon  s'est  maintenu  bien  vert,  mais  ses  feuilles  sont  tom- 
bées. L'expérience  a  été  commencée  il  y  a  quatre  mois,  et  son  succès 
paraît  aujourd'hui  compromis.  J'ai  conclu  de  là  que  les  greffes  en  fente  et 
en  approche  donnaient  des  résultats  mauvais  à  cause  de  l'insuffisance  des 
communications  séveuses  entre  le  sujet  et  le  greffon  après  une  cicatrisation 
insuffisamment  étendue. 

))   Dans  le  but  d'augmenter  l'étendue  des  surfaces  en  contact,  j'ai  eu 


(')  YsABEAU,  Le  Jardinier  de  tout  le  inonde,  p.  78;  Paris,  s.  d. 
(^)  De  Candolle,  Physiologie  végétale,  p.  780;  Paris,  iSSa. 

(  ^  )  L.  Daniel,  Recherches  anatoniiques  sur  les  greffes  herbacées  et  ligneuses,  p.  38  ; 
Rennes,  1896. 


(  656  ) 

recours  à  la  greffe  anglaise  simple  ou  greffe  par  copulation.  Pour  être  aussi 
certain  que  possible  de  la  reprise,  j'ai  opéré  sur  une  même  plante  :  j'en  ai 
sectionné  très  obliquement  la  tige  à  peu  de  distance  du  sommet  végétatif 
(un  décimètre  environ)  et  j'ai  replacé  ce  greffon  au  même  endroiten  liga- 
turant fortement.  L'opération  a  été  faite  en  mai  dernier  sur  la  Vanille 
(Orchidées)  et  sur  le  Philodendron  (Aroïdées).  La  reprise  de  ces  végétaux 
ainsi  greffés  sur  eux-mêmes  est  aujourd'hui  complète;  les  entre-nœuds  du 
greffon  se  sont  allongés,  deux  feuilles  nouvelles  se  sont  développées  ainsi 
qu'une  racine  aérienne.  Le  greffon  est  aussi  vigoureux  que  les  parties  cor- 
respondantes non  greffées. 

»  La  présence  sur  le  greffon  de  racines  aériennes  n'a  rien  de  surprenant. 
On  sait  en  effet  que  les  Monocotylédones  en  question  possèdent  deux  caté- 
gories de  racines  :  les  unes,  terrestres,  puisent  la  nourriture  dans  le  sol;  les 
autres,  aériennes,  pompent  l'humidité  de  l'air.  Or  ces  dernières  ne  peuvent 
à  elles  seules  assurer  le  développement  de  la  plante,  ainsi  qu'il  est  facile  de 
s'en  assurer  par  l'expérience.  Elles  y  contribuent  seulement. 

"  Les  greffes  de  Vanille  et  de  Philodendron  réalisent  donc  une  sorte  de 
greffe-mixte  ('),  très  utile  à  la  reprise;  comme  il  y  a  soudure  et  aussi 
transport  des  sèves  entre  la  partie  sujet  et  la  partie  greffon,  c'est  bien  d'une 
véritable  greffe  et  non  d'une  greffe-bouture  aérienne  qu'il  s'agit  ici. 

»  En  résumé,  la  réussite  de  la  greffe  anglaise  simple  de  la  Vanille  et  du 
Philodendron  sur  eux-mêmes  montre  que  la  greffe  des  Monocotylédones, 
même  dépourvues  de  couches  génératrices,  ne  doit  plus  être  considérée  comme 
impossible.  Cette  réussite  fait  voir  aussi  que  la  reprise  dépend  de  l'étendue 
des  surfaces  en  contact,  du  procédé  de  greffage  et  de  la  nature  des  plantes  que 
l'on  veut  associer.    « 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  La  Graisse,  maladie  bactérienne  des  Haricots. 
Note  de  M.  Delacroix,  présentée  par  M.  Prillieux. 

«  Dans  la  région  du  sud-ouest  des  environs  de  Paris,  la  culture  en  grand 
des  Haricots,  très  répandue,  fait  d'ordinaire  partie  de  l'assolement  triennal 
des  terres,  et  l'on  utilise  à  cet  effet,  le  plus  souvent,  la  variété  Flageolet 
Chevrier  dont  la  graine  à  tégument  vert  clair  est  très  estimée  pour  la  con- 
sommation à  l'état  sec. 

(')  L.  Daniel,  La  greffe-mixte  {Comptes  rendus,  -i  no\embre  189-). 


(  657  ) 

»  Dnns  tonte  cette  région,  les  Haricots  sont  envahis  par  nne  maladie  de 
nature  bactérienne  que  les  cultivateurs  appellent  communément  la  Graisse. 

))  Le  mal  se  rencontre  tous  les  ans  plus  ou  moins  abondant;  il  sévit  sur- 
tout dans  les  années  humides  et  orageuses,  et  il  devient  bien  apparent 
lorsque  les  premières  gousses  formées  atteignent  S*^""  à  ^o""  de  longueur. 
C'est  sur  la  gousse  que  la  maladie  est  immédiatement  visible;  elle  y  forme 
des  taches  d'étendue  variable  à  coloration  verte  plus  intense  au  début  que 
sur  le  restant  de  la  surface  de  la  gousse.  Ces  .taches  ne  peuvent  être  mieux 
comparées  qu'à  une  tache  de  graisse  ou  d'huile  :  d'où  la  dénomination 
appliquée  à  la  maladie.  Celte  teinte  offre  encore  une  grande  similitude  avec 
celle  que  la  gelée  imprime  aujc  gousses.  Les  tiges,  les  pétioles,  les  feuilles 
sont  souvent  aussi  envahis,  mais  le  caractère  de  la  tache  y  est  moins  net  et 
snrtout  plus  fugace. 

»  L'apparence  de  la  maladie  revêt  des  caractères  un  peu  dissemblables 
selon  la  variété  de  Haricot.  Sur  certains  Flageolets,  sur  le  Haricot  Petit 
Suisse,  la  tache  reste  souvent  sèche,  un  peu  grisâtre  et,  dès  le  début,  co- 
lorée sur  les  bords  d'un  ton  rouge  brique,  tandis  que,  sur  le  Haricot  de 
Bagnolet  et  surtout  le  Flageolet  Chevrier,  la  tache  se  ramollit  et  laisse  ex- 
suder, surtout  si  la  saison  est  pluvieuse,  un  liquide  visqueux  qui  renferme 
des  quantités  innombrables  de  bactéries;  la  coloration  marginale  rou- 
geàtre  est  moins  marquée  et  son  apparition  est  plus  tardive. 

»  La  dimension  des  taches  est  variable,  leur  forme  irrégulière,  elles  sont 
assez  souvent  confluentes.  La  lésion,  d'abord  localisée  aux  couches  super- 
ficielles de  la  gousse,  s'étend  bien  vite  en  profondeur.  A  ce  moment,  le 
centre  de  la  tache  est  souvent  un  peu  nacré;  cette  apparence  tient  au  dé- 
collement qui  s'est  opéré  entre  l'épiderme  et  le  parenchyme  sous-jacent; 
entre  eux  s'interpose  une  mince  couche  d'air. 

»  La  partie  profonde  de  la  gousse  comme  la  face  externe  exsude  le  li- 
quide visqueux  chargé  de  bactéries.  Les  graines  peuvent  alors  être  en- 
vahies à  leur  tour  et  le  liquide  en  question  se  concrète  autour  d'elles  en 
petites  masses  jaunâtres  qui  sont  de  véritables  cultures  bactériennes. 
Quand  les  gousses  sont  attaquées  jeunes  et  que  les  conditions  extérieures 
favorisent  l'extension  rapide  de  l'infection,  beaucoup  de  graines  se  déve- 
loppent mal  et  il  en  est  qui  se  désorganisent  de  la  même  manière  que  les 
gousses.  D'autres,  quoique  infectées,  peuvent  mûrir  et  germer  ultérieure- 
ment; mais  un  très  petit  nombre  des  plantes  qui  en  proviennent  arrivent  à 
un  développement  complet. 

»  Les  portions  atteintes  des  gousses  finissent  par  se  ramollir  entièrement 
et  former  un  putrilage  verdàtre  qu'envahissent  divers  saprophytes. 


(  658  ) 

»  L'examen  niicroscopiqne  montre,  dès  le  début,  des  quantités  consi- 
dérables de  bactéries  à  l'intérieur  des  cellules  correspondant  à  une  tache; 
ces  bactéries  sont  assez  peu  mobiles,  allongées,  faiblement  arrondies  aux 
deux  bouts,  en  général  isolées,  bien  plus  rarement  associées  bout  à  bout 
par  deux  ou  trois;  leur  dimension  moyenne  est  de  1,2  [j-k  i,5;j.,  de  o,3jy. 
à  o,4"--  Cette  bactérie  n'est  peut-être  pas  différente  du  Bacillus  Phaseoli 
décrit  récemment  par  M.  E.-F.  Smith  et  qui  cause  sur  les  Haricots  aux 
États-Unis  une  maladie  dont  la  description  se  rapporte  un  peu  à  celle  de  la 
«  graisse  »  (  '  ). 

»  Quand  l'infection  date  d'un  certain  temps,  les  parois  cellulaires  sont 
en  partie  détruites;  le  contenu  s'épanche  dans  des  lacunes  où  les  bactéries 
pullulent  abondamment  et  qui  sont  le  point  de  départ  de  ce  flux  de  liquide 
visqueux  apparaissant  sur  les  parties  tachées  des  gousses. 

»  Les  bactéries  se  cultivent  facilement  sur  les  milieux  artificiels,  bouillon 
peptonisé,  bouillon  de  Haricots  neutralisés,  etc.  Elles  reproduisent  l'infec- 
tion quand  on  les  introduit  dans  les  tissus  sains  de  la  gousse;  on  y  peut 
employer  soit  la  pulpe  d'une  gousse  infectée,  soit  des  cultures  artificielles. 
Ces  dernières  semblent  perdre  leur  virulence  rapidement.  Nous  n'avons 
pu  réaliser  aucune  infection  à  partir  de  la  troisième  culture. 

»  Les  gousses  s'infectent  parfaitement  par  contact.  Il  sulfit  de  ligaturer 
une  tache  de  façon  à  établir  la  coaptation  de  sa  surface  avec  celle  d'une 
gousse  saine  pour  que  celle-ci  soit. envahie  à  son  tour;  la  tache  apparaît 
dès  le  sixième  jour.  C'est  par  ce  moyen  d'ailleurs  que  la  graisse  s'infecte 
dans  la  gousse. 

»  Nos  expériences  poursuivies  depuis  la  fin  de  l'été  de  1896  à  la  station 
de  Pathologie  végétale  nous  ont  permis  d'établir  que  l'infection  se  fait  au 
début  sur  un  nombre  restreint  de  gousses  par  l'intermédiaire  du  sol  et  que 
par  le  contact  elle  se  répand  de  proche  en  proche. 

»  Les  premières  taches  sur  les  gousses,  dans  les  variétés  sans  rames, 
qui  sont  celles  que  la  graisse  attaque  le  plus  souvent,  siègent  généralement 
vers  la  pointe  du  fruit  qui  touche  le  sol,  partie  qui  correspond  au  style  de 
la  fleur  accru  et  transformé.  On  la  voit  dès  le  début  tachée  de  petites  par- 
celles de  terre  à  l'endroit  où  débutent  les  taches. 

»  Nos  expériences  poursuivies  depuis  l'année  1896,  variées  de  diffé- 
rentes manières,  nous  ont  prouvé  que  c'est  le  sol  qui  est  le  véhicule  de  la 
maladie  à  son  début.  Les  Haricots  de  semis  tachés  par  la  graisse  ne  se 


(')  E.-F.  SiiUTU,  Description  of  Bacillus  Phaseoli  {Proceedings  of  Americ.  Assoc. 
for  cah'anc.  of  Se,  l.  XLVl,  p.  288;  1897). 


(  659  , 
développent  qu'incomplètement,  et  la  grande  majorité  présentent  des 
taches,  virulentes  pour  les  gousses  dès  la  période  cotylédonaire;  ils  pour- 
rissent sur  le  sol,  les  bactéries  s'y  répandent  et  infectent  les  organes  des 
plantes  voisines,  les  gousses  particulièrement,  lorsqu'elles  arrivent  au  con- 
tact de  sol  contaminé.  Puis,  la  maladie  se  répand  de  proche  en  proche, 
sans  doute  par  simple  contact. 

);  Un  traitement  curatif  ou  préventif  sur  la  plante  vivante  n'est  pas 
réalisable.  Il  faut  seulement  se  mettre  à  l'abri  de  la  contamination.  Four 
cela,  on  veillera  rigoureusement  en  grande  culture  à  observer  l'assolement 
triennal  et  l'on  ne  sèmera  que  des  graines  soigneusement  choisies,  dé- 
pourvues de  toute  tache  et  provenant  de  préférence  d'une  région  oîi  ne 
sévit  pas  la  maladie.  » 


GÉOLOGIE.    -  Observations  relatives  au  dcpùt  de  certains  travertins  calcaires; 
Note  de  M.  Stanislas  Meunier. 

«  De  récentes  excursions  dans  les  gorges  des  Préalpes  vaudoises  m'ont 
procuré  des  observations  précises  sur  le  mode  de  génération  de  quelques- 
uns  des  amas  de  tuf  calcaire  qui  sont  si  fréquents  et  si  volumineux  dans 
cette  région.  Il  en  résulte,  en  effet,  que  dans  bien  des  cas,  le  dépôt  du 
carbonate  de  chaux  résulte  de  circonstances  dans  lesquelles  un  phénomène 
de  pure  physiologie  végétale  joue  le  rôle  prépondérant. 

»  Les  eaux  qui  suintent  le  long  des  escarpements  et  qui  ont  circulé 
dans  des  couches  calcaires  épaisses  et  crevassées  renferment  du  bicarbo- 
nate de  chaux  dont  le  dépôt  pourrait  théoriquement  être  déterminé  par  le 
simple  dégagement  de  l'acide  carbonique  surabondant,  mais  qui,  en  réalité, 
comme  il  est  facile  de  le  constater,  tient  à  une  autre  disposition  ;  de  telle 
sorte  que  le  gaz  qui  se  dégage  n'est  pas  de  l'acide  carbonique. 

»  En  choisissant,  au  moment  où  le  soleil  darde  ses  rayons  sur  le  point 
de  production  du  tuf,  des  localités  convenables,  comme  j'en  ai  rencontré 
plusieurs  sur  la  rive  droite  des  torrents  appelés  la  Baie  de  Clarens  et  le 
Chauderon  (ou  Baie  de  Montreux),  on  reconnaît  aisément  que  les  bulles 
très  fines  qui  se  dégagent  du  liquide  sont  de  l'oxygène.  Du  même  coup, 
on  s'aperçoit  que  le  tuf  déposé  est  associé  à  une  véritable  gelée  organique 
présentant  par  place  une  nuance  verdàtre  très  sensible. 

»  Au  microscope  j'y  ai  déterminé  d'innombrables  individus  de  Prolo- 
coccus  viridis  et  d'autres  Algues  dont  les  plus  fréquentes  sont  des  Nostocs, 

C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  17.)  88 


(  66o  ) 

des  Oscillaires  et  des  Diatomées  variées.  Après  dessiccation,  la  masse  pro- 
duite, légère  et  spongieuse,  est  grossièrement  feuilletée  au  moins  dans  cer- 
tains points  où  elle  peut  se  défaire  par  petits  lits  superposés,  et  l'on  constate 
que  chacun  des  lits  dont  il  s'agit  correspond  à  une  période  d'activité  plus 
grande  de  la  concrétion  résultant  de  l'intervention  du  soleil.  Il  va  sans  dire 
que  la  matière  est  très  facilement  soluble  dans  les  acides  étendus  ;  cepen- 
dant elle  laisse  un  résidu  insoluble  dont  la  proportion  (environ  2  à  3 
pour  100  j  a  de  quoi  surprendre.  On  y  trouve  des  débris  végétaux^t  jusqu'à 
des  débris  de  mousse,  des  flocons  d'argile  et  de  très  fins  grains  de  quartz 
peut-être  apportés  par  le  vent,  et  des  carapaces  de  Diatomées. 

»  Le  mécanisme  de  la  précipitation  minérale  paraît  facile  à  reconstituer  : 
il  faut  admettre  que  le  résultat  de  la  fonction  chlorophyllienne,  réalisée 
dans  la  substance  des  végétaux  qui  ont  été  énumérés,  est  de  décomposer 
précisément  cet  acide  carbonique  grâce  auquel  le  carbonate  calcique 
était  tenu  en  dissolution. 

»  Dans  cette  manière  devoir,  le  dépôt  du  tuf  s'accompagne  du  déver- 
sement dans  l'atmosphère  d'une  quantité  correspondante  d'oxygène,  et 
c'est  un  fait  digne  d'attention  au  point  de  vue  du  régime  chimique  de 
l'océan  aérien. 

»  Déjà  des  observateurs  américains  ont  insisté  sur  le  rôle  des  plantes 
inférieures  dans  le  dépôt  des  travertins  siliceux;  il  est  intéressant  de 
reconnaître  que  la  Physiologie  végétale  peut  intervenir  aussi  dans  la  con- 
stitution des  travertins  calcaires  )'. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


OdVRAGES   reçus   dans    la    séance   du    9.3    OCTOBRE    1899. 

Icônes  Fitngorum,  ad  iisum  Sylloges  Saccardianœ  adcommodalœ,  auctore 
Â.-N.  Berlese.  Vol.  n,  fasc.  IV  :  Sphœriaceœ  Dictyosporœ (conùn .  et  finis), 
pag.  I  i3-2i6,  tab.  CXLV-CLXXVIII  et  LX  gênera.  Patavii  typis  serainarii, 
1899;  I  fasc.  pet.  in-ff.  (Présenté  par  M.  Bornet.  Hommage  de  l'Auteur.) 

Toxicologie  africaine  :  étude  botanique,  historique,  ethnographique,  rir  .... 


(  66i  ) 

sur  les  végétaux  toxiques  et  suspects  propres  au  Continent  africain  et  aux  îles 
adjacentes,  par  A. -T.  de  Rochebrune,  précédée  d'une  préface  de  M.  le  pro- 
fesseur Brouardel,  Membre  de  rinstitiit.  T.  Il,  fasc.  1  et  2.  Paris,  Octave 
Doin,  1898-99;  2  vol.  in-8°. 

Ministère  de  la  Guerre,  État-Major  de  l'Armée,  Service  géographique 
(trente  feuilles  de  diverses  Caries  nouvellement  publiées). 

Société  nationale  d' Agriculture  de  France.  Séance  publique  solennelle  du 
S  juillet  1 899.  Discours  de  M.  Jean  Dupuy,  Ministre  de  l'Agriculture.  Discours  de 
M.  Levasseur,  Président  de  la  Société.  Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société, 
par  M.  Louis  Passy.  Paris,  Chamerot  et  Renouard,  1899;  i  fasc.  in-8°. 

Ministère  de  l'Agriculture.  Bulletin.  XVIII*  année,  n"'  1  et  3.  Paris,  Im- 
primerie nationale,  1899;  2  fasc.  in-8°. 

Position  of  nova  Sagitlarii,  by  Edv^'ard-C.  Pickering.  (Harvard  Collège 
observatory.  Circular  n°  46.)  September  1899;  i  feuille  in-4°. 

I  convogli-ospedali-fluviali  délia  Croce  Rossa  e  l'esperimenlo  fondamentale 
del  1891  ;  riposta  ad  un  articolo  délia  Rivista  mililare ,  del  capitano  Giuseppe 
»Olivari.  Genova,  Fratelli  Waser,  1899;  1  fasc.  in-12.  (Hommage  de  l'Au- 
teur. ) 

Almanaque  nautico para  elano  1901,  calculado  de  orden  delà  superioridad 
en  el  instituto  y  observatorio  de  Marina  de  San  Fernando.  San  Fernando, 
1899;   r  vol.  in-8°. 

Revue  des  questions  scientifiques,  publiée  par  la  Société  scientifique  de 
Bruxelles.  T.  XVI  (2*  série).  Louvain,  1899;  i  vol.  in-8°. 

Journal  and  proceedings  of  the  Royal  Society  of  New  South  Wales. 
Vol.  XXXII,  1898.  Sydney,  1899;  i  vol.  in-8°. 

Memorie  délia  Regia  Accademia  di  Scienze,  Lettere  ed  Arti  in  Modena. 
Série  m.  Vol.  I,  tavole  XVI.  In  Modena,  1898;  i  vol.  in-4°. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLA RS, 
Quai  des  Grancls-Auguslins,  n"  55. 

)ai8  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  Tolumes  ln-4'.  Deui 
;,  l'une  par  ordre  alphabéticpie  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annue' 
t  du  i"  janvier. 

Le  prix  de  P abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Dnion  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  exiraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 
Ferran  frères. 

iChaix. 
Jourdan. 
Ruff. 

il Courtin-Hecquet. 

(  Germain  etGrassin. 

(  Lachése. 

te Jérôme. 

>n Jacquard. 

I  Feret. 

ux I  Laurens. 

I  Muller  (G.). 
I  i Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
J.  Robert. 
Uzel  frères. 

l  Jouan. 

j|  erv Perrin. 

(  Henry. 

(  Marguerie. 

l  Juliot. 

j  Ribou-Collay. 

1  Lamarche. 

Ratel. 
(Rey. 

\  Lauverjat. 
I  Degez. 
(  Drevet. 
j  Gratier  et  C". 
Huile Foucher. 

:/,  J  t  Bourdignon. 

I  Dombre. 

e.  j  Thorez. 

(  Quarré. 


!•'"•? 

I  nt-Ferr.. 


't. 


chez  Messieurs  : 

,  I  Baumal. 

Lorient 

(  M*"*  Texier. 

/  Bernoux  el  Cumin 

\  Georg. 
Lyon ,  Côte. 

i  Savy. 

1  Vilte. 

Marseille.. Ruât. 

,,     .      ...  (  Calas. 

Montpellier .    ■ . .  l  „ 

'^  \  Coulet. 

Moulins Maniai  Place. 

/  Jacques. 
Nancy j  Grosjean-Maupin 

(  Sidol  frères. 

j  Loiseau. 

Nantes ,,  , 

(  Veloppe. 

(  Barma. 

Nice 

(  Visconti  el  C". 

Nimes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

„   .  .  (  Blanchier. 

Poitiers ,,       , 

(  Marche. 

Rennes Plihon  et  Hervé 

Bochefort Girard  (  M""  ) 

„  1  Langlois. 

Rouen ,     ," . 

(  Lestnngant. 

S'-É tienne  .  .    .  .       Chevalier. 

„     ,  1  Ponteil-Burlcs. 

Toulon . 

(  Rumebe. 

_     ,  i  Gimet. 

Toulouse „  . 

(  Privât. 

.  Boisselier. 

Tours... .    J  Péricat. 

(  Suppligeon. 

„  ,        ■  \  Giard. 

Valenciennes ,  . 

Lemaitre. 


chez  Messieurs  : 

.  (  Feikeina    Caarelsen 

Amsterdam t 

(      et  C". 

.ithènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

/  Asher  et  C'v 

„     ,.  1  Dames. 

Berlin ,       .    ,, 

,  Friedlander  el   fils 

f  Mayer  et  MUller. 

Cerne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

iLamertin. 
MayolezelAudiarte. 
Lebègue  el  C'*. 

„     ,  I  Sotcheck  el  C°. 

Bucharest ,  _        , 

'  Slorck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighlon,  BeilelG". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .  Otto  Keil. 

Copenhague Host  el  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hosle. 

Gènes Beuf. 

,  Cherbuliez. 

Genève Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye Bel  in  fan  te  frères. 

1  Benda. 

Lausanne i  „ 

(  Payol. 

Barth. 

Brockhaus. 

Leipzig (  I-orentz. 

1  Max  Riibe. 
\  Twielmeyer. 

1  Desoer. 
^'"Se |G„u,é. 


chez  Messieurs  : 

[  Dulau. 
Londres    Hachette  el  C'v 

'  Nuit. 
Luxembourg.    ..     V.  Biick. 

;  Libr.  Gutenberg 

Madrid 1  '^<""°  y  ''"»^«'- 

1  Gonzalès  e  hijos. 
'  F.  Fé. 

Milan !^°'='=»  f'"""- 

\  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

Naples (Marghieri  di  Giu, 

(  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 

New-York Stechert. 

(  LemckeelBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C* 

Palerme Ciausen. 

Porto  .    Magalhaés  el  Moiiiz 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

„  (  Bocca  frères. 

Rome , 

(  Loescheret  C". 

Rotterdam   Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin 

£.,„,.  1  Zinserling. 

S^-Petersbourg. .  j  ^^,^ 

/  Bocca  frères. 

„  I  Brero. 

Turin '     , 

j  Ciausen. 

I  RosenbergelSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolflf 

Vérone Drucker. 

„.  (  Frick. 

Vienne , 

I  Gerold  et  C'v 

Ziirich Meyer  et  Zeller. 


JUS  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4'';  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61,-   (i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4'';  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91  —  (1"  Janvier  1866  é  3i  Décembre  i«8o.)  Volume  in-4'';  1889.  Prix 15  fr. 

iPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Ml:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Derbès  et  A.-J.-J.  Solieb.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  le; 
>"i  par  M.Hànien.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  el  sur  le  rôle  du  suc  pancrëalique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matière; 

'•'  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4",  avec  32   pjanches  ;  i8ô6 15  fr. 

"•  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Efsai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
f  honcours  de  i853,  el  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
'"ires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  :  pparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
'■>  pports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  régne  organique  el  ses  états  antérieurs  .,  par  M.  le  Professeur  Bhonn.  In-4°,  avec  27  planches;  1861..  .       15  fr. 

I>>ème  Librairie  les  MémolTes  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Hàmoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


W  17. 

TABLE   DES    ARTICLES.    (Séance  du    23  octobre   1899.) 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBKES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M.  Bertiielot.  —  Sur  la  simultanéité  des 
phénomènes  d'oxydation  et  des  phéno- 
mènes d'hydratation  accomplis  aux  dépens 
des  principes  organiques,  sous  les  in- 
fluences réunies  de  l'oxygène  libre  et  de 
la  lumière *^27 


Pages. 


M.  Appell.  ~  Équilibre  d'un  flotteur  avec 
un   chargement  liquide 

M.  A.  Potier.  —  Observation  sur  une  Note 
de  M.  Blondel,  relative  à  la  réaction 
d'induit  dos  alternateurs 


M.  G.  HUMBERT.  —  Sur  certaines  surfaces 
remarquables  du  quatrième  ordre 64o 

MM.  A.  AiaNAN  et  E.  Dugas.  —  Sur  la  dé- 
termination du  coefllcicnt  de  solubilité 
des  liquides 

M.  ^VES  Delage.  —Sur  la  fécondation  mé- 
rogonique  et  ses  résultats 

M.  Henbi  SikssANO.  —  Les  afiinités  et  la 
propriété  d'absorption  do  l'endolhélium 
vasculaire  

Bulletin  bibliographique 


(J',3 
G45 

f)48 


r,:;- 


MÉMOIRES   PRESENTES. 

M.  J.-M.  NoKL  soumet  au  jugement  de  l'Aca-  i  M.  G.  Ciuiqui:vielle  adresse  une  Note  «  Sur 
demie  une  Note  sur  «  Un  nouveau  télé-  les  propriétés  curatives  du  sulfate  de  fer 
,„i\|Pe  „  64o   I       dans  les  maladies  microbiennes  ). i'|ii 

CORRESPO\l>ArVCE. 


MM.  J.-L.  Prévost  et  !■'.  Iîattelli.  —  La 
mort  par  les  décharges  électriques 

M.  Lucien  Daniel.—  Greffe  de  quelques  Mo- 
nocotylédones  sur  elles-mêmes 

M.  Delacuoix.  -  La  Graisse,  maladie  bac-, 
térienne  des  Haricots 

M.  Stanislas  Meunier.  —  Observations 
relatives  au  dépôt  de  certains  travertins 
calcaires 


Cvti 

i;.')ii 

(3,-,., 
CCio 


PARIS.    -    tMPKlMERIE     G  AUT  H  IK  R-Vl  LL  A  RS 
Quai  des  Grands-Augustins,   5S 


Le  (iernni  .*<iAiiri4iKa-ViLL*Rft 


DEC   8   1899 

1899 


^0^1 


SECOIVD  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAU  Iflitl.  liES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUEEiS. 


T03IE  CXXIX. 


N^  18  (30  Octobre  1899), 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCKS   DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

(Juai  des  Grands-Augustins,   55. 

■    1899 


REGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    DES    23    JUIN    1862    ET    24    MAI    iS'jS. 


i,es  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Âcadcmie  se  composenl  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composenl  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  C Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
!>u  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

I>es  Bapporls  et  Instructions  demandés  par  ie  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  re])roduil  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  pari  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  J'rogrammes  des  prix  proposés  par  l'Aradémii 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  lesRap 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autan 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savann 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par.  des  personpe? 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

I  es  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  son 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Exfrai 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  Ion 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  i 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  It 
jeudi  à  10  heures  du  malin  ;  faute  d'être  remis  à  temps 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rendi 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sut- 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part.  I 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  irais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  ei 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  f:iii 
un  Rapport  sur  la  situation  (\es  Comptes  rendus  wj>rh 
l'impression  de  chaque  volume. 

],es  Secrélaiies  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MB!,  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  le 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  cpii  précède  !a  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivaiit» 


■icx>   (j    iijJ9 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  50  OCTOBRE    1899, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  PoiNCARÉ,  Président  du  Bureau  des  Longitudes,  présente  à  l'Aca- 
démie \a  Connaissance  des  Temps  pour  l'année  1902.  Ce  Volume  contient 
une  amélioration  importante.  A  la  suite  d'une  Conférence  qui  eut  lieu 
en  1896  entre  les  directeurs  des  quatre  grandes  Ephémérides,  anglaise,  alle- 
mande, américaine  et  française,  il  fut  convenu  que  ces  quatre  publications 
s'entendraient  pour  fournir  aux  astronomes  les  positions  apparentes  de 
plusieurs  centaines  de  fondamentales. 

La  Connaissance  des  Temps  de  cette  année  donne,  en  outre,  les  posi- 
tions moyennes  de  toutes  les  étoiles  du  Catalogue  de  M.  Newcomb  dont 
les  positions  apparentes  ne  figurent  dans  aucune  des  quatre  Ephémérides. 

A  côté  de  ces  positions  moyennes,  la  Connaissance  des  Temps  donne  les 
logarithmes  des  coefficients  a,  h,  c,  cl,  a' ,  b' ,  c' ,  d' ,  d'où  l'on  peut  déduire 
pour  chaque  jour  les  positions  apparentes  par  un  calcul  facile. 

c.   H.     1S99,  2'  Semestre.  (T.   CXXI.X,  N»  18.)  89 


(  664  ) 

Grâce  à  celte  heureuse  innovation,   les  astronomes  auront  désormais 
à  leur  disposition  les  1600  fondamentales  du  Catalogue  de  M.  Newcomb. 


GÉOLOGIE.  -  -  Sur  l'intervention  des  végétaux  dans  la  formation  des  tufs 
calcaires;  par  M.  de  Lapparent. 

«  A  propos  de  la  récente  Communication  de  M.  Stanislas  Meunier  (') 
sur  la  part  des  végétaux  inférieurs  dans  la  précipitation  du  calcaire  des 
tufs,  je  crois  opportun  de  rappeler  que,  dès  1862,  M.  Cohn  a  nettement 
signalé  le  rôle  que  jouent  les  mousses  et  les  algues  microscopiques,  tant  à 
Carlsbad  qu'à  Tivoli,  où  leur  avidité  povn-  l'acide  carbonique  serait  la 
cause  déterminante  du  dépôt  calcaire.  Les  observations  de  M.  Cohn  n'ont 
d'ailleurs  point  passé  inaperçues  et,  depuis  1881,  elles  n'ont  cessé  d'être 
mentionnées  dans  les  diverses  éditions  de  mon  Traité  de  Géologie,  à  pro- 
pos des  sources  thermales  et  des  sources  incrustantes  non  thermales.  ' 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  comète  Giacobini;  par  M.  Perrotin. 

«  Les  éléments  de  la  comète  découverte  le  29  septembre,  à  l'observa- 
toire de  Nice,  avec  l'équatorial  coudé  et  dont  j'ai  l'honneur  de  demander 
l'insertion  dans  les  Comptes  rendus  de  r Académie,  ont  été  calculés  par 
M.  Giacobini,  à  l'aide  de  trois  lieux  normaux  basés  sur  les  observations, 
au  nombre  de  vingt,  faites  dans  divers  observatoires,  dans  celui  de  Nice 
en  particulier,  par  M.  Javelle,  du  3o  septembre  au  24  octobre. 

Éléments. 

T=i  1899,  septembre  i4)4446;  temps  moyen  de  Paris. 

tu  =    10. 3o.  10,4  ) 
Q  —-272.14.27,2  (   1899,0. 
« =    76.59.31,7  ) 

logy  =:  0,25l54o 

»  L'observation  du  milieu  se  trouve  représentée  comme  il  suit  : 
0-C,        Aacos8  =  -4",4,        A8  =  -h3",3. 


(')  Comptes  rendus,  aS  octobre  1899. 


(  66.«;  ) 

»  La  forme  de  l'orbite  est  sensiblement  celle  d'nne  parabole,  pour  le 
moment,  du  moins. 

»  De  ces  éléments  on  a  déduit,  pour  les  coordonnées  héliocentriques 
équatoriales,  les  expressions  ci-dessous  : 


a;  =:[  1 ,610019]  sin(('+    20.21 .54,5)  séc^  J 
y  =[0,248  1/40]  sin(c  -i-  258.   0.11,2)  séc^  j 


3  =[0,243443]  sin(t'+ 346.36.   [^,l)  séc-  ^v, 

qui  ont  servi  à  calculer  l'éphéméride  suivante  donnant  les  lieux  vrais  rap- 
portés à  I 899,0. 

Éphéméride. 

Temps  moyen  de  Paris.  a.  S.  log 'i' 


h 


1899.  Novembre 20, 5  17.47-39,1  -^  9.29.34  o,4i46 

22,5  17.50.56,5  -110.  2. II  0,4170 

24,5  17.54.15,0  +10.34.58  0,4194 

26,5  17.57.34,7  -f-ii.  7.59  0,4217 

28,5  18.  0.55,4  -j-ii.4i.i4  0,4239 

Novembre 3o,5  18.   4- '7.2  -}-i2.i4-44  0,4261 

Décembre 2,5  18.   7.40,2  -i-i2.48.3o  0,4281 

»  La  comète  qui  avait  une  nébulosité  d'une  minute  et  demie  d'arc  envi- 
ron, au  moment  de  la  découverte,  n'a  plus  maintenant  qu'une  minute.  Par 
contre,  le  noyau  semble  avoir  augmenté  d'éclat.  11  était  de  1 1"  à  12"  gran- 
deur le  24  octobre.  » 


M.  DE  Lapparent,  en  présentant  à  l'Académie  les  deux  premiers  fasci- 
cules de  la  quatrième  édition  de  son  Traite  de  Géologie,  signale  les  modifi- 
cations qu'il  a  introduites  dans  cet  Ouvrage,  spécialement  en  ce  qui 
concerne  le  mode  de  description  des  terrains  sédimentaires. 


M.  FouQCÊ  appelle  l'attention  de  l'Académie  sur  une  innovation  impor- 
tante introduite  par  M.  deLapparent  dans  la  nouvelle  édition  de  son  Traité 
de  Géologie.  Il  s'agit,  à  la  suite  de  la  description  de  chacune  des  périodes 
géologiques,  du  tracé  de  la  distribution  correspondante  des  continents  et 
des  mers.  Des  tentatives  analogues  ont  été  déjà  faites  avec  succès  par  plu- 
sieurs savants,  m;iis  c'est  la  première  fois  que  d'une  façon  méthodique  un 
travail  général  de  ce  genre  est  effectué  dans  un  Ouvrage  classique  de 


(  666  ) 

Géologie.  La  Géographie  du  globe  est  ainsi  exposée  et  suivie  pendant 
la  longue  série  du  dépôt  des  terrains  sédimentaires.  Les  premières 
esquisses  offrent  nécessairement  de  nombreuses  incertitudes,  mais  à  me- 
sure que  l'on  a  affaire  à  des  périodes  de  plus  en  plus  rapprochées  des 
temps  modernes,  les  données  utilisées  se  précisent.  Durant  la  période  ter- 
tiaire, par  exemple,  les  tracés  deviennent  suffisamment  exacts  pour  que 
l'on  puisse  aisément  saisir  le  lien  qui  les  rattache  à  la  Géographie  de 
l'époque  actuelle. 

NOanNATIONS. 

L'Académie  procède,  y)ar  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  de  ses 
Membres,  qui  devra  faire  partie  delà  Commission  de  contrôle  de  la  circu- 
lation monétaire,  au  Ministère  des  Finances. 

M.  TROosTest  réélu  à  l'unanimité. 


3IEM0IRES  PRESENTES. 

M.  Ch.  Lacrans  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  «  Sur 
la  théorie  mécanique  de  la  chaleur  ». 


(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  de  M.  ./.  Coslandn  avant  pour  titre  :  «  La  Nature  tropi- 
cale ».  (Présenté  par  M.  Bonnier.) 

2°  Un  Ouvrage  de  M.  A.  KarpinsJiy  sur  l'Hclicoprion.  (Présenté  par 
M.  Gaudry.) 


(  ^^67  ) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  hyperahèUennes. 
Note  de  M.  Georges  Humbert,  présentée  par  M.  Jordan. 

"  M.  Picard  appelle  surfaces  /lyperabeliennes  ceWes  poiir  lesquelles  les 
coordonnées  cartésiennes  d'un  point  sont  des  fonctions  hyperabéliennes 
de  deux  paramètres,  ^  et  vi,  c'est-à-dire  des  fonctions  qui  ne  changent  pas 
quand  on  opère  sur  ^  et  vi  les  substitutions  d'un  groupe  hyperabélien. 

»  Il  résulte  des  travaux  de  M.  Picard  qu'on  obtient  une  telle  surface  de 
la  manière  suivante  : 

»  Soient  i,o;  o,i;  g, h;  h, g'  les  périodes  normales  d'un  système  de 
fonctions  abéliennes  à  deux  variables,  ii  cXv;  admettons  que  ces  quantités 
soient  liées  par  la  relation 

h^^gg'=B, 

où  D  désigne  un  entier  positif,  non  carré  parfait,  et  posons 


si  v/'(ï  — 'OC'  —  x-t){i  —  y-<)(i  —  s^/)  est  le  radical,  du  cinquième  ordre 
en  t,  dont  dépendent  les  fonctions  abéliennes  considérées,  les  trois  mo- 
dules X,  y,  z  sont  des  fonctions  uniformes  de  ^,  n,  qui  demeurent  inaltérées 
pour  les  substitutions  d'un  groupe  hyperabélien  G.  Ces  substitutions  cor- 
respondent à  des  transformations  du  premier  ordre  effectuées  sur  les 
périodes  g-,  h,  g'  ;  elles  ont  été  étudiées  avec  détail  par  M.  Bourget  dans  son 
excellente  thèse. 

»  J'ajoute  à  ces  résultats  que,  dans  le  cas  où  la  forme  X-  —  DY-  peut 
représenter  le  nombre  —  i ,  le  groupe  G  contient  une  substitution  spéciale, 
qui  correspond  à  ce  que  j'ai  appelé  une  transformalion  singulière  du  premier 
ordre. 

»  On  conçoit  qu'il  y  aurait  intérêt  à  obtenir  explicitement  des  surfaces 
hyperabéliennes  particulières  et  à  étudier  les  irrationnalités  qui  s'y  ratta- 
chent :  aucun  exemple  de  ce  genre  n'a  été  donné  jusqu'ici  à  notre  connais- 
sance; nous  allons  en  indiquer  un,  qui  se  rapporte  au  cas  où  D  =  2,  c'est- 
à-dire  où  la  relation  entre  les  périodes  est 

h'-gg  =  2. 


(') 


(  668  ) 

»   La  relation  correspondante  entre  les  modules  x,  y,  z  est  alors 

xy  +  z  scz  -\-  y 

xy  —  z        X  —  v; 


Elle  représente  une  surface  du  quatrième  ordre,  qui  est  hyperabélienne, 
d'après  ce  qui  précède. 

»  D'ailleurs  x,  y,  z  s'expriment,  comme  on  sait,  en  fonction  des  dix  S 
d'arguments  nuls  (notations  de  Weierstrass), 


23    -'01  , 


(^-)  ^^i^Fî    y 


-'»     ~'3i 


et  l'on  a  des  expressions  semblables,  rationnelles  et  homogènes  de  degré 
zéro  par  rapport  aux  dix  S',  pour  les  quantités 


(3)    v^'s,  v"i-^'.  v^'-J'%  v'i-^%  v/^'"J%  V^--%  s^-'--^- 

»   Posons  maintenant 

( f\  Jl.  —  ^^±1  ^  +  1 .        L  —  '^  ~ ' . 

Y  et  z  seront,  d'après   cela,   des  fonctions  hyperabéliennes  de  E   et  y], 

comme  a?,  j  et  z;   la  relation  (i)  s'écrit,  en  éliminant  /et   ;  entre  (i) 

et  (4), 

tr\  •>  _  '-'  Y—'  i  +  Z  Z_-Y 

\^)  ^    ~  i  +  j  Y  +  j  i-Z  Z  + Y* 

»  En  portant  cette  valeur  de  x-  et  les  valeurs  correspondantes  de  y  et 
de  s,  déduites  de  (4),  dans  les  radicaux  (3),  on  voit  qu'on  peut  exprimer, 
en  fonction  rationnelle  et  homogène  (de  degré  zéro)  des  dix  &  d'arguments 
nuls,  les  quantités 

(6)       Y,      Z.      sx-\^,     v'-2;%      yï^^^Z^,      ^/^^^'      sj\^' 
auxquelles  on  peut  ajouter 


v(Y-iXz-0(Y  +  zo(v  +  z)(Y-0(z~0- 

»  Ces  quantités  sont  dès  lors  des  fonctions  hyperabéliennes  de  ?,  yi, 
n'ayant  d'ailleurs  pas  toutes  le  même  2;roupe  :  les  groupes  correspondants 
admettent  seulement  un  même  sous-groupe. 

-    On  arrive  ainsi  à  cette  proposition  intéressante  qu'en  désignant  par  Y 


(   669  ) 

el  Z  deux  variables  indépendantes  ou  peut  exprimer  les  quantités  (6)  en 
fonction  uniforme  de  deux  paramètres,  les  fonctions  de  la  représentation 
étant  hyperabéliennes.  Sous  une  autre  forme,  toute  surface  pour  laquelle 
les  coordonnées  d'un  point  sont  des  fonctions  rationnelles  des  quantités  (6) 
est  hyperabélienne  et  répond  au  cas  où  D  =  2;  comme  exemple  simple, 
on  peut,  outre  la  surface  (i).  citer  la  surface 


Y'-   -  (V--i)(Z— I) 

Y-^+Z"- 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  congruences  de  normales. 
Note  de  M.  E.  Goursat,  présentée  par  M.  Darboux. 

«  Les  formules  que  j'ai  données  (p.  58o  de  ce  Volume)  pour  défuiir  la 
correspondance  la  plus  générale  entre  deux  droites,  cjui  change  toute 
congruence  de  normales  en  une  autre  congruence  de  normales,  conduisent 
à  la  construction  géométrique  suivante  : 

»  J'appelle,  pour  abréger,  axe  d'un  élément  (a;,  jk, -,/>,  ^)  la  droite 
perpendiculaire  au  plan  de  cet  élément,  menée  par  le  point  (^x,  y,  3),  eijile 
d'éléments  l'ensemble  des  éléments  qui  ont  le  même  axe.  Gela  posé,  à 
chaque  plan  P  faisons  correspondre  une  surface  S,  de  telle  façon  qu'à 
deux  plans  parallèles  quelconques  P,  P,,  situés  à  une  distance  h,  corres- 
pondent deux  surfaces  parallèles  S,  S,,  dont  l'une  s'obtient  en  portant  une 
longueur  nih  sur  les  normales  à  l'autre,  m  étant  un  facteur  constant.  Pour 
obtenir  la  correspondance  la  plus  générale  de  cette  espèce,  on  pourra,  par 
exemple,  se  donner  arbitrairement  les  surfaces  S  qui  correspondent  aux 
différents  plans  passant  par  un  jjoint  donné  O,  et  l'on  en  déduira  les  sur- 
faces qui  correspondent  aux  plans  ae  passant  pas  par  le  point  O  en  tenant 
compte  de  la  condition  précédente.  Cette  correspondance  étant  établie, 
lorsque  le  plan  P  reste  tangent  à  une  surface  non  développable  1,  la  sur- 
face S  a  une  enveloppe  i',  qui  correspond  élément  par  élément  à  la  sur- 
face S.  O.n  obtient  ainsi,  il  est  aisé  de  le  voir,  une  transformation  de  con- 
tact qui  change  deux  surfaces  parallèles  en  deux  surfaces  parallèles,  et 
remplace  les  éléments  d'une  file  par  les  éléments  d'une  autre  file.  Une 
droite  quelconque  pouvant  être  regardée  comme  l'axe  d'une  file  d'éléments, 
la  transformation  précédente  définit  aiasi  une  correspondance  entre  deux 
droites.  Lorsqu'une  droite  A  reste  normale  à  une  surface  2,  il  est  évident 
que  la  droite  correspondante  A'  reste  normale  à  la  suiface  i'.  Lu  corres- 


(  (^70) 
poiidance  ainsi  définie  jouit  donc  de  la  propriété  en  question,  et  c'est  la 
plus  générale  qui  possède  cette  propriété.    « 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  propagation  des  oscillations  électriques  dans  les  mi- 
lieux diélectriques  (').  Note  de  M.  Albert  Turpaix,  présentée  par 
M.  Mascart. 

«  Deux  théories  prévoient  les  lois  de  la  propagation  des  oscillations 
électriques,  celle  de  Maxwell  et  celle  de  Helmholtz,  modifiée  par  M.  Duhem. 
»  Maxwell  suppose  la  propagation  dans  les  diélectriques  de  flux  de  dé- 
placement exclusivement  transversaux.  Cette  hypothèse  lui  est  suggérée 
par  le  désir  de  soumettre  au  même  mécanisme  les  phénomènes  lumineux 
et  les  phénomènes  électriques. 

»  Helmholtz  suppose  la  propagation  de  flux  de  déplacement  transver- 
saux et  celle  de  flux  de  déplacement  longitudinaux. 

»   Si  l'on  désigne  : 
par  U,  la  vitesse  de  la  lumière  dans  le  vide; 

par  t'o,  la  vitesse  de  propagation  des  flux  transversaux  dans  le  vide  (pra- 
tiquement dans  l'air); 
par  i>,  v' ,  celles  des  mêmes  flux  dans  deux  diélectriques  différents  de  pou- 
voirs inducteurs  spécifiques  k,  k'  ; 
par  Vo,  V,  V'  les  mêmes  vitesses  relatives  aux  flux  longitudinaux, 
les  lois  théoriques  qui  se  déduisent  des  hypothèses  précédentes  sont  résu- 
mées dans  le  Tableau  suivant  : 

..  ,  1°  v  =  v„  =  u, 

Maxwell..   J         ,,  m  Helmholtz-Duhem.  .  !  -"  ''0  =  ^ 


0' 


2"    -T  = 


»  Les  lois  expérimentales  immédiates  qui  expriment  les  résultats  des  ex- 
périences de  MM.  L.  AronsetH.  Rubens,  de  MM.  Cohn  et  Zeemann,  de 
M.  Blondlot,  sont  les  suivantes  : 

(Arons  et  Rubens,  Cohn  et  Zeemann)  -p  =  1/7:'         (Blondlot)  /—  /', 


(')  Comptes  rendus,    6  juin   1898,  5  décembre    1898.   —  Procès-verbaux  de  la 
Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux,  i""' juin  1899. 


(  ^7'   ^ 
i,  /' (lésii^nant  les  longtieurs  d'onde  des  oscillations  qui  excitent  nn  même 
résonateur  disposé  successivement  dans  deux  diélectriques  différents,  sans 
présumer  si  ces  longueurs  d'onde  se  rapportent  à  des  flux  transversaux  ou 
à  des  flux  longitudinaux. 

»  Ces  lois  expérimentales  peuvent  être  indifféremment  invoquées  en  fa- 
veur de  la  théorie  de  Maxwell  ou  de  celle  de  Helmholtz  suivant  les  hypo- 
thèses que  l'on  admet:  i°  relativement  à  l'espèce  de  flux  que  décèle  le 
résonateur  dans  chaque  expérience;  2°  relativement  à  la  période  du  réso- 
nateur. Si  )^  et  ^  désignent  la  longueur  d'onde  et  la  période  des  oscillations 
transversales,  A  et  T  celles  des  longitudinales,  on  a  pour  deux  diélectriques 
différents  :  ).  =  vt.  et  a'  =  v' t' ,  ou  A  ==  VT  el  A'  =  V'T'. 

»   Suivant  que  l'on  fera  les  hypothèses  : 

l~\         et  t  =t'  /  =  A         et  T  =  T', 

i  11?        f>ii  T  IT' 

/  =  ^  et  ^  =  t  A  /  =  A  et  ^   -  ^  / ^ 


\T  '  =  ^      «^      T'=\-ir 


les  expériences  do  MM.  Arons  et  Rubens,  Cohn  et  Zeemaini  d'une  part, 
celles  de  M.  Blondlot  d'autre  part,  confirment  ou  infirment  l'une  des  deux 
théories  en  piésence.  Les  premières  semblent  de  plus  en  contradiction 
avec  les  secondes,  elles  vérifient  l'une  des  théories  quand  les  secondes 
l'infirment  et  inversement. 

»  Nous  avons  entrepris  récemment  ('  )  des  expériences  dont  l'interpré- 
tation ne  prête  pas  à  une  semblable  ambiguïté.  Le  dispositif  que  nous 
employons  est  le  suivant  : 

»  Deux  fils  tendus  à  l'intérieur  d'un  réservoir  (4™)  se  prolongent  à  l'ex- 
térieur sur  une  longueur  de  3""  avant  d'arriver  au  voisinage  de  l'excitateur. 
Un  résonateur  placé  successivement  dans  les  positions  i  et  2  (-')  (positions 
qui  ont  été  définies  précédemment)  est  disposé  dans  l'air,  dans  une  région 
située  entre  le  réservoir  et  l'excitateur,  à  une  distance  de  la  paroi  exté- 
rieure du  réservoir  égale  au  quart  de  la  longueur  d'onde  des  oscillations 
qui  excitent  le  résonateur  dans  l'air.  On  constate,  en  déplaçant  un  pont 
mobile  dans  le  réservoir,  que,  lorsque  le  résonateur  est  dans  la  position  i, 
dans  la  longueur  qu'occupe  une  concamération,  quand  le  réservoir  est 
vide,  s'étagent,   dès  qu'il  est  plein  d'eau,  sept  à  huit  concamérations.  La 


(')  Recherches  expérimentales  sur  les  oscillations  électriques,  Paris,  A.  Mermann. 
(■-  )  Comptes  rendus,  3i  janvier  1898.  —  Procès-oerbaux  de  la  Société  des  Sciences 
physi(jues  el  naturelles  de  Bordeaux,  20  janvier  1898. 

C.  K.,  iSgg,  1'  Semestre.  (I.   CXXIX,  M"  18.)  QO 


(672  ) 

grandeur  des  concamérations  décelées  est  la  même,  que  le  réservoir  soit 
vide  ou  qu'il  soit  rempli  de  liquide,  quand  le  résonateur  est  dans  la  posi- 
tion 2. 

>'  Ce  dispositif,  et  c'est  là  son  avantage  sur  ceux  de  MM.  Cohn  et  Zeemann 
et  Blondlot,  nous  oblige  à  considérer  la  période  du  résonateur  comme 
indépendante  de  la  nature  du  milieu  qui  le  baigne.  Le  résonateur  demeure 
constamment  placé  dans  l'air,  que  le  pont  mobile  soit  déplacé  dans  l'air 
ou  qu'il  soit  déplacé  dans  le  milieu  étudié. 

»  Les  loi-s  expérimentales  immédiates  que  notis  trouvons  sont  les  sui- 
vantes (/,,  4  longueurs  d'ondes  relatives  aux  positions  i,  -i)  : 


1°  /,  =  L  (dans  l'air);  i"  L=^  l.^;  "^^  J  =  V 


'k' 


»    Puisque  le  dispositif  employé  nous  oblige  à  admettre  /  =  /'  ou  T  =  T', 


nos  expériences  nous  conduisent  alors  à  écrire 


v„  =  .„,    v=v',    ;^,=\/j' 


conclusions  en  com[)let  accord  avec  les  lois  de  Helmholtz-Duhem,  en 
admettant  les  seules  hypothèses  : 

»  i"  Le  résonateur  dans  la  position  i  est  sensible  aux  seuls  flux  trans- 
versaux; 

»  2"  Le  résonateur  dans  la  position  2  est  sensible  aux  seuls  flux  longi- 
dinaux.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —   Transmission  des  ondes  hertziennes  à  travers  les  liquides. 

Note  de  M.  Edouard  Braxlv. 

«  On  sait  <pie  le  rayonnement  électrique  traverse  un  grand  nond)re  de 
substances  opaques  pour  la  lumière;  la  facilité  avec  laquelle  le  bois,  les 
étoffes  et  même  des  murs  ont  souvent  permis  la  transmission,  faisait  croire 
que  la  plupart  des  substances  laisseraient  passer  les  ondes  hertziennes. 
Cependant,  il  a  été  démontré  que  les  métaux  opposent  un  obstacle  absolu 
s'ils  n'offrent  pas  de  fentes;  une  feuille  métallique  extrêmement  mince  (') 
suffit  et  même  un  grillage  à  mailles   serrées.  Si  des  murs  en  pierre  sèche 


(')    Comptes  rendus,  séance  du  4  juillet  1898. 


(  ^7'^  "^ 
sont  extrêmement  transparents,  certains  ciments  (')  se  sont  présentes 
comme  complètement  opaques  sous  une  épaisseur  de  /[o"".  Aucun  essai 
n'ayant  encore  été  réalisé  avec  les  liquides,  j'ai  pensé  qu'il  y  avait  quelque 
intérêt  à  faire  connaître  les  expériences  que  j'ai  effectuées  récemment  sur 
ce  sujet.  Ces  ex|)ériences  se  rapportent  à  l'absorption  exercée  par  des 
couches  liquides  de  o",20  d'épaisseur. 

»  Le  liquide  exposé  au  rayonnemenl  était  contenu  dans  une  caisse  cubique  de  60'^™ 
de  côté  dont  la  face  supérieure  restait  ouverte;  les  |)arois  du  fond  et  de  trois  des  faces 
latérales  étaient  en  verre  épais  encastré  dans  une  carcasse  de  zinc  (peinte  à  l'intérieur 
et  à  l'extérieur);  la  quatrième  face  latérale  consistait  en  une  épaisse  plaque  de  zinc  M 
offrant  en  son  centre  une  ouverture  carrée  à  rebords,  de  20™  de  côté,  par  laquelle  on 
pénétrait  dans  une  boîte  en  bois  B  qui  contenait  le  récepteur.   Par  le  liquide  versé 


dans  la  cu\e  (i85''')  la  boîte  centrale  en  biii>  était  entourée  d'une  couche  de  20'^'" 
d'épaisseur,  sauf  sur  la  face  d'entrée  qui  était  hcruiétiqueraent  close  par  un  couvercle 
métallique  C  assujetti  par  huit  écrous  e. 

»  Le  producteur  d'ondes  était  une  bobine  d'induction  dont  les  étincelles  éclataient 
entre  les  deux  boules  d'un  excitateur.  Les  dirilcullés  matérielles  m'ayant  obligé 
à  opérer  dans  un  laboratoire  restreint,  j'ai  dû  faire  usage  de  deux  radialeuis  :  l'un 
faible.  A,  pour  la  comparaison  de  la  tiansparence  de  l'air,  de  l'huile  et  de  l'eau, 
l'autre,  B,  beaucou])  plus  actif  pour  la  comparaison  de  la  transparence  de  l'eau  et  des 
solutions  salines  : 

1)  A  :  bobine  d'induction  de  2""  d'étincelle;  excitateur  à  intervalle  d'air,  boules  dis- 
tantes de  I™™, 2  ; 

»   B  :  bobine  d'induction  de  20'"'  d'étincelle;  excitateur  île  Higlii  à  intervalle  d'huile. 

)i  Le  radiateur  était  disposé  en  face  de  la  pami  de  verre  A  opposée  à  la  face  métal- 
lique M. 


(')   Comptes  rendus,  séance  du  4  avril  1  Sg<j. 


V  <^74  ) 

rt  Le  récepteur  intriHliiil  ilaiis  le  réduit  central  B  était  un  ladioconducteur  intercalé 
dans  le  circuit  d'un  élément  Leclanché  et  d'un  relais;  le  circuit  secondaire  du  relais 
comprenait  une  sonnerie  qui  se  faisait  entendre  lorsque  le  rayonnement  électrique 
déterminait  l'accroissement  de  coiiductiliililé  du  radioconducteur.  Au  bruit  de  la 
sonnerie  on  ouvrait  la  poile  métallique  C  et  par  un  ciioc  on  rétablissait  la  résistance 
du  tube  à  limaille. 

)i  Les  nombres  que  je  vais  ciler  désignent  en  mèlres  les  dislances 
limites  auxquelles  le  radialeur  cessait  d'agir  siu'  le  tube  à  limaille  dans 
les  diverses  expériences;  les  distances  sont  comptées  du  radiateur  à  la 
paroi  A.  Les  expériences  ont  été  faites  avec  le  même  tube  à  limaille,  mais 
à  des  jours  différents  dans  l'inlervalle  d'un  mois. 

»  Aux  distances  limites  une  seule  étincelle  ne  suffisait  pas  pour  faire 
fonctionner  la  sonnerie,  il  en  fallait  quelquefois  de  lo  à  i5,  et  à  une 
dislance  un  peu  supérieure  tout  etfel  cessait.  En  général.  Terreur  probable 
n'atteignait  |ias  lo"'"  dans  chaque  groupe  d'essais. 

))   Je  me  bornerai  aux  résultats  que  je  crois  les  plus  intéressants  : 

Jiadiateur  A. 

m 

Air  (cuve  vide) io,3o 

Eau  de  la  Vanne 2,20 

Air 9  )  5o 

Huile  minérale  (valvoline) 10, 5o 

Eau  distillée 3 

Eau  de  la  Vanne 2,60 

Radiateur  B. 
Eau  de  la  Vanne 9™,  20 

»  La  même  eau,  soit  colorée  avec  de  la  teinture  de  tournesol  bleue  ou  rouge,  soit 
amidonnée  à  froid  (i''s  d'amidon  délayé  dans  l'eau),  soit  amidonnée  à  chaud  (empois 
d'amidon  avec  a''?  d'amidon),  a  fourni  sensiblement  la  même  distance  limite  9"— 9™, 5o. 

m 

Eau  de  la  Vanne Qj-^o 

Eau  salée  (contenant  i''s  de  sel  marin  dans  i8,")'") o,3o 

Eau  salée  (  2^s  de  sel  marin) o 

Le  nombre  o  indique  que  le  radiateur  appliqué  contre  la  paroi  de  verre  de  la  cuve  ne 
produisait  aucun  elïet. 

)>   L'eau  dislillcc  et  l'eau  de  source  exercent  une  absorption  bien  supé- 


(     ()-j3     ) 

rieiire  à  celle  de  l'air  et  de  l'huile.  Quant  à  l'eau  de  nier  qui  contiendrait, 
pour  la  capacité  de  la  cuve,  un  poids  de  sel  marin  voisin  de  5'^''',  elle  pro- 
duirait, d'après  les  nombres  ci-dessus  relatifs  à  )''»et2''«,  une  absorption 
complète  sous  une  épaisseur  notablement  inférieure  à  20^'°. 

))  L'eau  de  mer  doit  donc  arrêter  les  radiations  hertziennes,  au  moins 
celles  que  j'ai  employées  ici  ('),  beaucoup  mieux  que  ne  le  ferait  un  mur 
de  ciment  de  même  épaisseur. 

»  Le  sulfate  de  zinc,  le  sulfate  de  soude,  le  sulfate  de  cuivre  m'ont 
présenté  des  absorptions  moindres,  mais  comparables  encore  à  celle  du 
chlorure  de  sodium. 

»  Mes  essais  ont  été  limités  par  les  grandes  dimensions  de  ma  cuve  qui 
avait  été  établie  avec  l'idée  préconçue  que  les  liquides  et,  en  particulier, 
les  solutions  salines  exerçaient  une  absoiplion  bien  inférieure  à  celle 
qu'ils  exercent  réellement. 

»  Lorsque  la  cuve  contenait  des  solutions  exerçant  ime  absorption 
complète,  j'ai  eu  soin  de  m'assurer  que  la  fermeture  de  la  porte  métallique 
était  hermétique,  en  plaçant  le  radiateur  B  en  face  de  la  porte  C  et  à  une 
très  faible  dislance.  Pour  celte  position  du  radiateur,  j'ai  dû  garnir  les 
bords  de  la  porte  de  feuilles  de  plomb  qu'on  écrasait  par  la  pression  des 
écrous,  ce  qui  montre  une  fois  de  plus  la  facilité  avec  laquelle  les  radia- 
tions hertziennes  traversent  les  fentes  les  uhis  fines.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  i interrupteur  éU'cl/ofytique  de  Wehnelt  (-). 
Note  de  M.  E.  Rotiié,  présentée  par  M.  G.  Lippmann. 

«  J'ai  l'honneur  de  signaler  à  l'Académie  un  phénomène  curieux  pré- 
senté par  l'interrupteur  de  Wehnelt  lorsque,  pour  une  force  électromotrice 
constante,  on  fait  varier  la  résistance  du  circuit.  Ce  phénomène  peut  s'ob- 
server très  facilement  en  opérant  de  la  façon  suivante  : 

1)  Les  deux  éleclrodes  de  la  cuve  électroh  lique  sont  mises  en  communicalion  avec 
les  deux  pôles  du  secteur  de  la  Sorbonne  (1 13  volts)  par  l'intermédiaire  d'une  résis- 
tance liquide  variable,  formée  simplement  d'une  dissolution  très  étendue  de  sulfate 
de  cuivre  (1°  à  2°  Baume),  dans  laquelle  plongent  deux  lames  de  cuivre.  Une  des 


(')  11  y  auia  lieu  de  rechercher  par  l'absorption  les  phénomènes  à^électroclirose, 
si  une  même  substance  laisse  passer  en  proportions  diverses  des  rayonnements  élec- 
triques de  ionguenis  d'ondulation  dilTérenles. 

(■-)   Ces  observations  ont  été  faites  à  la  Sorbonne,  au  laboiatuire  de  M.  Pellat. 


(  676  ) 

lames  peut  se  déplacer  le  long  d'une  vis  sans  fin,  à  l'aide  d'une  manivelle.  Un  ampère- 
mètre placé  dans  le  circuit  indique  l'intensité  du  courant.  L'anode  de  l'interrupteur 
est  constituée  par  un  fil  de  platine  de  o""",  55  de  diamètre  et  de  2"^  de  long.  Le  liquide 
est  de  l'eau  acidulée  par  l'acide  sulfurique  (5"  Baume). 

))  Dans  ces  coniiilions,  si  l'on  commence  pardonnera  la  résistance  sa 
plus  grande  valeur,  on  constale  que  l'intensité  du  courant  est  faible 
(4  ampères  environ),  mais  l'aiguille  de  l'ampèremètre  pour  une  valeur 
donnée  de  la  résistance  reste  fixe.  Le  courant  est  alors  continu  et  sensible- 
ment constant.  C'est  le  régime  le  plus  sim|)le,  pendant  lequel  l'électrolyse 
a  lieu.  I/appareil  ne  |)eut  dans  ces  conditions  fonctionner  comme  inter- 
rupteur. Si  l'on  introduit  dans  le  circuit  une  bobine  d'induction  sans  trem- 
bleur,  on  ne  constate  aux  bornes  de  l'induit  aucune  étincelle  si  petite 
qu'elle  soit. 

»  Si  l'on  diminue  la  résistance,  on  voit  que  l'intensité  croît  conformé- 
ment à  la  loi  d'Ohm  ;  dans  les  conditions  de  l'expérience  elle  va  ainsi  en 
croissant  jusqu'à  ii^^p,  5,  puis  subitement  tombe  à  a'""'', 5.  Il  existe  donc 
une  valeur  limite  de  la  résistance  extérieure,  pour  laquelle  subitement  le 
régime  change  :  ce  nouveau  régime,  à  faible  intensité,  est  variable;  l'ai- 
guille de  l'ampèremètre  indique  des  variations  d'intensité,  mais,  ce  qui  est 
surtout  remarquable,  c'est  que,  une  fois  ce  régime  atteint,  on  peut  aug- 
menter ou  diminuer  considérablement  la  résistance  sans  qu'il  soit  modifié. 

))  On  peut  donc  dire  qu'il  existe  pour  chaque  interrupteur,  et  pour  {me 
force  éleclromotrice  donnée,  une  résistance  litnite  telle  que,  pour  toute 
résistance  inférieure,  le  régime  variable  est  seul  possible.  Pour  toutes  les 
résistances  supérieures,  on  pe.ut  avoir,  soit  le  régime  variable,  soit  le 
régime  continu,  et  cela  suivant  la  façon  dont  on  a  établi  le  courant. 

1)  Il  n'est  donc  pas  indifférent  de  fermer  le  circuit  directement  sur  une 
grande  résistance,  ou  de  le  fermer  sur  une  résistance  très  faible,  que  l'on 
auginente  ensuite  pendant  que  le  courant  circule. 

»  On  peut  vérifier,  en  faisant  varier  la  force  électromoirice,  qu'à  chaque 
valeur  de  la  force  électromotrice  correspond  une  résistance  litnite,  et  l'in- 
tensité du  courant,  au  moment  du  changeiuent  de  réginie,  a  toujours  la 
même  valeur,  i  i'""'',  j,  dans  le  cas  de  l'expérience  précédente. 

'1  Le  régime  variable  ne  diffère  pas  seulement  du  précédent  par  l'inten- 
sité :  le  dégageinenl  des  gaz  n'est  pas  le  même  dans  chacun  de  ces  deux 
cas.  Il  n'y  a  plus  sous  le  régime  variable,  comme  dans  l'électrolvse,  de 
nombreuses  bulles  de  gaz  partant  du  fil  de  platine.  Les  bulles  ne  se 
dégagent  plus  qu'une  à  une  et  d'une  façon  très  régulière. 


(  677  ) 

»  Le  fil  de  platine  étant  vertical,  c'est  ;iii  point  où  le  fil  est  soudé  dans 
le  verre  que  se  forme  une  bulle  unique,  assez  volumineuse,  qui  finalement 
éclate  :  les  gaz  qui  s'en  échappent  sont  très  chauds  et  fument  à  l'air. 

')  On  peut  donc  dire  que  c'est  au  moment  où  le  changement  de  régime 
a  lieu  que  se  forme  autour  de  l'anode  la  gaine  de  gaz  protectrice,  qui  per- 
met d'expliquer  le  fonctionnement  de  l'interrupteur.  C'est  la  partie  supé- 
rieure de  cette  gaine  qui  s'enfle  sous  forme  de  bulle.  Chaque  fois  que  la 
bulle  se  forme,  la  gaine  se  rétrécit;  elle  s'enfle,  au  contraire,  chaque  fois 
que  la  bulle  éclate.  Le  phénomène  est  surtout  très  net  quand  on  l'observe 
au  microscope  :  on  peut  suivre  les  mouvements  de  la  gaine  gazeuse  et 
constater  que  la  période  correspond  bien  au  dégagement  des  bulles. 

))  Si  l'on  place  en  dérivation,  sur  les  bornes  de  l'interrupteur,  une 
lampe  de  i  lo  volts,  on  constate  qu'elle  ne  brille  pas  tant  que  le  régime  est 
continu.  Elle  ne  commence  à  briller  qu'au  moment  du  changement  de 
régime,  c'est-à-dire  quand,  la  gaine  de  gaz  se  formant,  une  résistance  sup- 
plémentaire s'introduit  autour  de  l'anode. 

»  Ce  sont  les  variations  de  la  gaine  de  gaz  qui  produisent  les  variations 
de  l'intensité  du  courant,  mais  elles  sont  trop  faibles  et  trop  lentes  pour 
que  sous  ce  régime  l'anode  de  platine  puisse  constituer  un  interrupteur  de 
courant  :  grâce  à  la  stabilité  de  ce  régime  on  peut  sans  le  modifier  intro- 
duire une  self-induction  dans  le  circuit,  par  exemple  le  primaire  d'une 
bobine  d'induction.  On  ne  constate  dans  ces  conditions  aux  bornes  de  l'in- 
duit aucune  étincelle  appréciable,  comme  l'a  montré  M.  Pellat  (Comptes 
rendus,  t.  CXXIX,  p.  8i5). 

»  Si,  au  contraire,  la  self-induction  est  placée  dans  le  circuit  avant  la  fer- 
meture, on  sait  que  l'intensité  moyenne  peut  atteindre  une  très  grande 
valeur  (3o  ampères  environ)  (M.  Pellat,  Comptes  rendus,  t.  CXXVIIL 
p.  732).  Ce  troisième  régime,  interrompu  et  à  grande  intensité  moyenne,  a 
de  nombreuses  propriétés  intéressantes. 

»  Ce  qui  est  particulièrement  remarquable,  c'est  l'influence  qu'a  dans 
ces  conditions  l'interrupteur  sur  l'éclairage  fourni  par  les  lampes  du  secteur. 
Non  seulement  au  laboratoire  de  Physique  où  est  placé  l'interrupteur, 
mais  encore  à  la  Sorbonne,  dans  les  laboratoires  voisins,  les  lampes  bril- 
lent d'un  éclat  beaucoup  plus  grand  pendant  le  fonctionnement  de  l'inter- 
rupteur. L'effet  est  surtout  remarquable  le  soir,  où  la  lumière  devient 
éblouissante,  et  peut  s'observer  même  sur  un  assez  grand  nombre  de  lampes 
brillant  à  la  fois. 

»  J'ai  entrepris  quelques  expériences  pour  étudier  cette  influence  sur 
l'éclairage  et  aussi  l'extrême  stabilité  du  régime  variable  à  faible  intensité.  » 


(  68o  ) 

explosions  qui  amènenl  la  rupture  des  vases  dans  lesquels  elle  s'effectue, 
nous  avons  dû  la  réaliser  lentement  dans  un  flacon  fermé,  en  opérant  de 
telle  sorte  que  la  réaction  se  produisît  seulement  entre  les  vapeurs  du  bro- 
mure et  de  l'eau  ;  nous  avons  opéré  de  même  pour  le  chlorure.  Ensuite,  le 
produit  de  la  réaction  a  été  additionné  d'eau  distillée,  de  façon  à  en  faire 
un  volume  de  i'"  dans  lequel  le  brome  ou  le  chlore  a  été  dosé  sur^^,  soit 
sur  So*^*^. 

»   Le  Tableau  suivant  contient  les  résultats  obtenus  sur  des  ampoules 
remplies  de  bromure  de  bore  provenant  d'un  même  matras  : 

Poids 


BBr'. 

AgBr 

AgBr 
total. 

BBr3 

SAgBr 

atomique 

20 

(lu  bore. 

3,ii3o 

0,3497 

6,994 

0, 44510 

11,009 

3,3334 

0,3745 

7,490 

o,445o5 

10,981 

3,7456 

0,4207 

8,4i4 

o,445i6 

II ,043 

3,2-80 

0,3682 

7,364 

o,445i4 

1 I ,o32 

4,2074 

0. 4726 

9,452 

o,445i3 

1 1 ,026 

Mojen 
Erreur 

ne 

1 1 

,018 

probable. 

— 

0 

,011 

Tableau  suivant  est 

relatif  à  un 

second  matras 

Poids 

B  Br'. 

AgBr 

AgBr 

BBr' 

atomique 

20 

total. 

3  Ag  Br 

du  bore. 

3,3956 

o,38i4 

7,628 

0, 445x5 

I 1 ,o37 

4,0295 

0,4526 

9,o52 

o,445i4 

I I ,o32 

3,7886 

0,4256 

8,5r2 

0,44509 

I 1 ,oo3 

3,1711 

0,3562 

7, '24 

o,445i3 

I I ,026 

Moyenne 

1 1 

025 

Erreur 

probable. 

i:^ 

0 

007 

»   En  combinant  ces  deux  séries  de  résultais  tout  à  fait  concordants,  on 
trouve  une  moyenne  de  i  i,02r,  avec  une  erreur  probable  de  ±  o.ooG. 
»   Quant  au  chlorure  de  bore  il  nous  a  fourni  les  résultats  suivants  : 


BCI^ 

AgCl 

AgCl 

BCP 

Poids 

20 

total. 

3.\gCl 

atomique  du  bore. 

2,6412 

o,484i 

9,682 

0,27279 

10,987 

2,7920 

0,0117 

10,234 

0,27282 

I I , 000 

2,4634 

o,45i3 

9,026 

0,27292 

,i,o43 

3,4489 

o,632o 

I2,64o 

0, 27285 

II, 0x3 

2,20l5 

o,4o35 

8,070 

0,27280 

10,992 

2,6957 

0,4939 

9,878 

0,27289 

II ,o3o 

Moveimt 

11,01 

i 

Erreur  probable zh  0,008 


(  <;«■  ) 

»  Conclii<:inns.  —  En  résumé,  nous  avons  entrepris,  sur  le  poids  ato- 
mique du  bore,  quatre  séries  de  déterminations  qui  nous  ont  fourni,  pour 

ce  nombre,  les  moyennes  suivantes  : 
j 

Matière  première.  Poids  atomique.  Erreur  probable. 

Sulfure  de  bore 1 1  ,o4i  ±0,017 

Borure  de  carbone 10,997  " 

Bromure  de  bore 11,021  ±0,006 

Chlorure  de  bore 1 1 ,01 1  ±0,008 

»  Les  déterminations  effectuées  sur  le  sulfure  de  bore  et  le  borure  de 
carbone,  composés  très  différents  l'un  de  l'autre,  sont  venues  nous  dé- 
. montrer  que  le  poids  atomique  du  bore  était  bien  voisin  de  1 1 .  Mais,  malgré 
les  avantages  résultant  de  la  faiblesse  de  leur  poids  moléculaire,  nous 
ne  pensons  que  ces  coiiiposés  puissent,  dans  l'état  actuel  de  la  Science, 
être  préférés  au  chlorure  et  au  bromure  de  bore  qui  sont  susceptibles 
d'être  obtenus  dans  un  état  de  pureté  absolue,  si  l'on  en  pré|iare  de  grandes 
quantités,  avec  les  précautions  que  nous  avons  indiquées. 

»  I.a  moyenne  des  valeurs  trouvées  en  partant  du  chlorure  et  du  bro- 
mure conduit,  pour  le  poids  atomique  du  bore,  au  nombre  ii,oi6.  C'est 
celui  que  nous  proposons  d'adopter;  il  est  très  voisin  de  1 1  et  un  peu  plus 
élevé  que  ceux  donnés  précédemment  soit  par  Abrahall,  soit  |)ar  William 
Ramsay  et  Mrs.  Aston.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  anhydrides  mixtes  des  acides  acycliques  et 
cycliques.  Note  de  M.  A.  Béhal,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  Les  anhydrides  mixtes  des  acides  ont  été  découveris  par  Gerhardt 
i^Ann.  Chim.  et  Phys.,  3'  série,  t.  XXX VH,  p.  3o8;  i853)  qui  les  obtint  en 
faisant  réagir  les  chlorures  d'acides  sur  les  sels  de  sodium  d'acides  orga- 
niques différents.  Chiozza  (Liebigs  Ann.,  t.  XCL  p.  102),  Loir  (liull.  Soc. 
chim.,  2"  série,  t.  XXXH,  p.  169),  Tassinuri  (D.chem.  G.,  t.  XI,  p.  2o3i)et 
Autenrieth  (/).  chcm.  G.,  t.  XX,  p.  3189)  préparèrent  ou  étudièrent  ces 
anhydrides.  Enfin,  le  dernier  travail  sur  le  sujet  est  dû  à  Rousset  qui  ne 
croit  pas  à  l'existence  des  anhydrides  mixtes  des  acides,  puisque  par  simple 
distillation  on  en  sépare  deux  molécules  d'anhydrides  symétriques  (^Bull. 
Soc.  chim.,  3*  série,  t.  XIH,  p.  33o). 

»  Je  me  suis  demandé,  après  avoir  découvert  les  anhydrides  mixtes  de 
l'acide  formique  (Comptes  rendus,  t.  CXXVIH,  p.  1460),  si  l'assertion  de 
Rousset  était  fondée. 


(  682  ) 

»  Gerhardt  ne  signale  comme  propriétés  des  anhydrides  mixtes  que  leur 
scission  par  distillation  en  deux  molécules  d'anhydrides  symétriques  et 
leur  dédoublement  sous  1  influence  de  l'eau  en  deux  molécules  d'acides  : 

2  CH*  -  CO  -  O  -  CO  -  C«  H.^  =  (CH  '  -  CO)-  O  4-  (C  H=  -  CO)-  O 

Anhydride  mixte  l>enziiï(|ue.  Anhydride  aeéllque.         Anhydride  benzoïque. 

CH  '  -  CO  -  O  -  CO  -  C«  H^  -4-  H-  O  =  CH^  -  CO-  H  +  C'-W  -  CO-  H. 

»  Or,  il  est  évident  que,  si  l'on  nie  l'existence  d'un  anhydride  mixte  et 
si  on  le  considère  comme  un  mélange  de  deux  molécules  d'anhydrides  sy- 
métriques, ce  mélange  devra  se  comporter  comme  l'anhydride  mixte  de 
Gerhartit,  puisque,  d'après  les  travaux  de  ce  savant,  les  anhydrides  mixtes 
se  dédoublent  précisément,  sous  l'influence  de  la  chaleur,  en  deux  molé- 
cules d'anhydrides  symétriques. 

»  M.  Autenrieth  étudie  l'action  de  l'ammoniaque  et  de  la  phénylhydra- 
zine,  et  annonce  que  c'est  le  résidu  le  plus  carboné  qui  se  combine  au  com- 
posé basique;  l'anhydride  acétobenzoïque  donne  de  la  benzamide  et  de  la 
benzoylphénylhydrazine. 

»  Je  me  suis  proposé  tout  d'abord  de  vérifier  si  les  anhydrides  mixtes  des 
acides  n'existaient  pas.  J'ai  étudié  particulièrement  les  anhydrides  mixtes 
acéto-isovalérique  et  acétobenzoïque. 

»  Si  l'on  prépare  l'anhvdride  acéto-isovalérique  par  les  procédés  de  Ger- 
hardt ou  d' Autenrieth,  on  constate  que  les  produits  obtenus  dans  des  pré- 
parations différentes,  par  l'un  ou  l'autre  procédé,  ne  présentent  pas  une 
composition  constante.  On  trouve  plus  de  carbone  que  n'en  indique  la 
formule  de  l'anhydride  mixte.  Parmi  les  nombreuses  opérations  ayant 
porté  sur  l'anhydride  acéto-isovalérique,  l'analyse  cadrant  le  mieux  avec 
la  formule  est  la  suivante  :  C  =  Sg.So,  11  =  9,01;  la  théorie  demande 
C  =  58,33,  H  =  8,33. 

»  Si  l'on  prolonge  les  lavages,  on  constate  que  l'huile  surnageante 
diminue,  que  sa  teneur  en  carbone  s'accroit  et  finalement  le  composé  se 
trouve  être  de  l'anhydride  isovalérique. 

1)  La  présence  de  cet  anhydride  ne  peut  s'expliquer  que  de  trois 
façons  : 

»  1°  Le  produit  qui  l'a  fourni  est  un  mélange  d'anhydride  acétique  et 
d'anhvdride  isovalérique  et  le  premier  est  plus  rapidement  détruit  que  le 
second  par  la  liqueur  alcaline; 

»  2°  Le  produit  est  l'anhjdride  mixte  et  sous  l'influence  du  réactif  il  se 
dédouble  en  acétate  alcalin  et  en  anhydride    isovalérique: 


(  683  ) 

»  3"  Le  produit  est  un  mélange  d'anhydride  mixte  et  d'anhydride  iso- 
valérique.  Le  premier  est  pins  facilement  détruit  que  le  second  dans  les 
conditions  où  l'on  opère. 

»  Pour  tranclier  la  question,  j'ai  étudié  l'aidivdrideacétobenzoïque.  J'ai 
d'abord  préparé  une  dissolution  d'une  molécule  d'anhydride  benzoïqne 
dans  une  molécule  d'anhydride  acétique,  et  j'ai  examiné  comparativement 
l'action  de  la  solution  aqueuse  de  carbonate  de  soude  sur  ce  |)roduit  et  sur 
l'anhydride  mixte  obtenu  par  les  procédés  de  Gerhardt.  Or,  tandis  que 
le  premier  se  décompose  très  rapidement  à  froid,  en  donnant  la  ([uanlité 
à  peu  près  théorique  d'anhydride  benzoïque,  le  second,  au  contraire,  n'est 
attaqué  que  très  lentement.  L'anhydride  mixte  acétobenzoïque  existe  donc 
bien.  Refroidi  dans  le  chlorure  de  méthyle,  il  cristallise  entièrement  et 
fond  vers  -+-  io°;  mais  il  n'est  pas  pur;  quel  que  soit  le  procédé  employé, 
il  renferme  de  l'anhydride  benzoïque  comme  l'indiquent  son  analyse  et 
aussi  sa  décomposition  par  les  alcalis.  On  obtient  toujours,  en  effet, 
dans  ce  traitement,  un  peu  d'anhydride  benzoïque,  si  l'on  se  met  à  l'abri 
d'une  trop  grande  élévation  de  température.  En  opérant  sur  17S'  d'anhy- 
dride acétobenzoïque,  j'ai  obtenu  dans  une  opération  3^''  d'anhyilride 
benzoïque. 

»  Comme  Autenrieth  prépare  cet  anhydride  mixte  en  chauffant  à 
l'ébidlition  un  excès  d'anhydride  acétique  avec  del'acide  benzoïque,  comme 
Rousset  a  trouvé  que  dans  le  vide  cet  anhydride  se  scinde  entre  35°  et  5o° 
en  anhydride  acétique  et  acide  benzoïque,  j'ai  pensé  qu'il  devait  y  avoir 
combinaison  possible  de  l'anhvdride  benzoïcpie  et.  lie  l'anhydride  acétique 
sous  l'influence  de  la  chaleur,  et  l'expérience  a  répondu  à  cette  prévision. 
En  effet,  en  mélangeant  molécules  égales  des  deux  anhydrides,  j'ai  trouvé 
qu'au  bout  de  trois  heures,  en  chauffant  à  l'ébullition,  environ  3o  pour  100 
du  mélange  sont  entrés  en  combinaison,  mais  au  bout  de  six  heures  cette 
quantité,  au  lieu  de  croître,  a  diminué.  Cela  nous  explique  la  présence  de 
l'anhydride  benzoïque  dans  l'anhydride  mixte  acétobenzoïque  et  nous 
serons  obligés  d'en  tenir  compte  dans  les  réactions  que  nous  allons  étudier. 

»  Action  de  l'ammoniaque  {^).  —  D'après  Autenrieth,  c'est  l'amide  du 
résidu  le  plus  carboné  qui  se  forme.  On  trouve  précisément  l'inverse,  en 
conformité  de  ce  qui  se  passe  avec  les  anhydrides  mixtes  de  l'acide  for- 
niique.  S'il  se  forme  un  peu  de  benzamide  avec  l'anhydride  acéto- 
benzoïque, cela  est  dû  à  la  présence  d'anhydride  benzoïque  dans  le  mé- 

(')   I>.i  pallie  expériineiilnle  île  ce  travail  sera  publiée  clans  un  autre  Recueil. 


(  686  ) 

est  d'un  brun  j;iunàLre,  elle  est  décolorée  par  la  poudre  de  zinc,  avec  for- 
mation très  probablement  de  pentaoxynaphtalène  que  je  n'ai  pu  isoler  mais 
qui  répond  sûrement  à  la  constitution  suivante  : 

OH  OH 

/\/\  OH 
III 

i  I  ! 

\/\/ 

OH  OH 

»  La  naphtopurpurine  se  dissout  facilement  dans  l'alcool  et  l'acide  acé- 
tique; sa  solution  est  ronge  cerise.  Les  alcalis  et  l'ammoniaque  donnent 
une  solution  rouge  fuchsine  et  une  solution  d'alun  de  potasse  une  couleur 
carmin. 

»  De  même  que  la  purpurine  la  naphtopurpurine  est  un  colorant  éner- 
gique, teignant  les  mordants  grâce  à  sesgroupes  liydroxyles  situés  en  ortho. 
Le  coton  mordancé  en  alumine  est  teint  en  rouge  carmin  et  la  laine  chro- 
mée, teinte  en  bain  acide  (acétique),  se  colore  en  brun  soutenu. 

»  Le  Tableau  ci-dessous  résume  les  propriétés  de  la  naphtazarine  com- 
parées à  celles  de  la  naphtopurpurine  : 

Couleur  de  la  solulioii.  iVaphtopurpurine.  Naplilazarinc. 

Dans  l'acide  sulfurique  concentré.  .  .  .        Rouge  cerise.  Pourpre. 

»     l'ammoniaque Rouge  fuchsine.  Bleu  pur. 

»     l'eau  froide Rouge  jaunâtre.  Insoluble. 

))     l'alun  de  potasse Rouge  carmin.  Violet. 

»     l'acide  acétique  crislallisable.  .  .  .Jaune  rougeàlre.  Rouge  fuchsine. 

Couleur  de  la  laque  d'alumine Rouge  carmin.  Violet. 

»  La  naphtopurj)urine  donne  un  dérivé  acétylé  ainsi  qu'un  dérivé  ben- 
zovlé,  qui  sont  encore  à  l'étude. 

))  La  naphtopurpurine  est  bien  une  trioxy-y.-naplitoquinone,  ainsi  qu'il 
résulte  de  l'analyse  élémentaire  suivante  : 

Calcule 

pour 
CMIH6  0S.  Trouve. 

G 58,25  58,42 

H 2,92  3,  CD 


La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 


M.   B. 


I 


On    souscrit    à    Fans,    chez    GAUTHIER-VILLA RS, 
Quai  des  Grancis-Augusiins,  n°  55. 


pni»  1836  l«s  COMPTES  RENDDS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  ileux  roiniuM  in-r  Ueui 
faiis,  l'une  par  iprdre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'aboanement  est  annuel 
k  n  do  i"  janvier. 

Le  prix  de  ^abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

ris  :  20  fr.  —   Départements  :  30  fr.  —  Dnion  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


pn  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Ferran  Irères. 
Chaix. 
Jourdan. 
Ruff. 

7j Courtin-Hecquet. 

Germain  et  Grassin. 
Lachèse. 

la  me Jérôme. 

kl  çon Jacquard. 

1  I  Feret. 

■I  aux I  Laurens. 

F  (  Muller  (G.). 

toi  es Renaud. 

jr  I  Derrien. 

1  ]  F.  Robert. 

V j  J.  Robert. 

»  \  Uzel  frères. 

"ai  Jouan. 

fberv Perrin. 


mrg.. 


ont-Fer  r.. 


Marguerie. 
(  Juliot. 
I  Ribou-Collay. 

iLamarche. 
Ratel. 
Rey. 

(  Lauverjai. 
(  Degez. 
\  Drevet. 
j  Gratier  et  C". 
"kelle Foucher. 

f,re (Bourdignon. 

(  Dombre. 
(  Thorez. 
i  Quarré. 


Loricnt 

l-yon ... 

Marseille.. 

Montpellier 
Moulins..    . 


chez  Messieurs  : 
I  Baumal. 
(  M"'  Texier. 

Bernoux  el  Cumin 

Georg. 
<  Côte. 

Sa\'y. 

Vitte. 

Ruât. 
\  Calas. 
)  Coulai. 


Martial  Place. 

j  Jacques. 
Nancy j  Grosjean-Maupin 

'  Sidot  frères. 

\  Loiseau. 

/  Veloppé. 

I  Barma. 

(  Visconti  el  C'v 

Nimes Thibaud. 

Orléans    . .    Luzeray. 

(  Blanchier. 
'  '  '     (  Marche. 

Bennes Plihon  et  Hervé 

Rochefort Girard  (M""). 

I  Langlois. 


Aaiilef 


Nice. 


Poitiers.. 


Me 


fiouen 

S'-Étienne 
Toulon . . . . 


(  Lestringanl. 

Chevalier. 
(  Ponteil-Burles. 
(  Rumèbe. 
(  Gimel. 
i  Privât. 
.  Boisselier. 

Tours i  Péricat. 

(  Suppligeon. 
(  Giard. 
\  Lemaltre. 


Toulouse.. 


Valenciennes. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


.Amsterdam  . 

.4  thènes 

Barcelone... 


Berlin. 


Berne  . . . 
Bologne . 

Brwrelles . 


Buchar*>.st .    . . 


Budapest 

Cambridge.    . 

Christiania 

Constantino/jle. 
Copenhague ... . 

Florence 

Gand 

Gênes 


Genève . .    . 

La  Haye. . 
Lausanne.. 


Leipzig. 


Liège. 


chez  Messieurs  : 

j  Feikema    Caarelsen 

!      et  C". 

Beck. 

Verdaguer. 

Asher  el  C". 

Dames. 
,  Friedlander   et   fils 
f  Mayer  el  Muller. 

Schmid  et  Francke 

Zaoichelli. 
I  Lamerlin. 

Mayolezet  Audiarte. 
I  Lebègue  et  C'*. 
(  Sotcheck  el  C". 
I  Slorck. 

Kilian. 

Deighton,  BellelC». 

Cammermeyer. 

Otto  Keil. 

Hôst  et  fils. 

Seeber. 

Hoste. 

Beuf. 

Cherbuliez. 

Georg. 
(  Stapelmohr. 

Belinfante  frères. 
I  Benda. 
I  Payot. 

Barlh. 

Brockhaus. 

Lorentz. 

Max  Riibe. 

Twietmeyer. 
(  Desoer. 
I  Gnusé. 


Londre.^ 


Luxembourg . 


chez  Messieurs  : 
I  Dulau. 

,  Hachette  et  C'. 
'  Nuit. 

V.  Bûck. 
;  Libr.  Gutenberg 

.l/adrld    \^°"'°  y  Fussel. 

\  Gonzalès  e  hijos 
l  F.  Fé. 

A/ilan j^°'=<=*  f""* 

(  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

(  Marghieri  di  Giu» 

(  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
Neyv-  York i  Stechert. 

!  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C- 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaès  et  Moiiiz 

Prague — Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

„  1  Bocea  frères. 

Rome , 

y  Loescheret  C". 

Rotterdam    Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin 


Naples . 


S^-Petersbourg 


Turin . 


\  Zinserling. 

;  Woiff. 

;  Bocca  frères. 

)  Brero. 

j  Clausen. 

[  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebelhner  et  WolIT 

Vérone Drucker. 

,  Frick. 

Vienne „       ,  . 

I  Gerold  et  C'. 

Zurich Meyer  et  Zeller. 


ABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  iS'^o  i  Volume  in-4°;  i853.  Prix 16  fr. 

Tomes  32  à  61.—  (i"  Janvier  i85i  à  3i  DécemL.u  i865.)  Volume  in-4'';  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  a  91.  —  (i"  Janvier  1866  a  3i  Décembre  1880.)  Volume  in-4';  1889.  Prix 15  fr. 

I     DPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDDS  DES  SEANCES  DE  L'ACADKMIE  DES  SCIENCES  : 

ÏTcil:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  \  liERaÈsel  A.-J.-J.  Solieb. —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturba  lion»  qu'épruuvem  les 
"D  ;s,  par  M.HiNiBN. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matière^ 
•s  >  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4°>  avec  3j  planches;  iS56 15  Ir. 
•  '9  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Bemedks.  —  l'.^^ai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Science; 
nr!  concours  de  i853,  el  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  «  Élu  li  ■  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédl- 
t  intaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
|<le 'apports  qui  existent  entre  l'étatacluel  du  régne  organique  el  ses  états  ^nlérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bron».  In-4°,  avec  27  planches;  1861..  .       15  fr. 


i  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  'ie<  .Mémoires  présentés  par  dlrers  Sarants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N"  18. 

TABLE    DES   ARTICLES.    (Séance  du   50  octobre  1899.) 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  COKRESPONDA.NTS  DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.PoixcARÉ  présente  à  r\cadéniie  la  «  Con- 
naissance des  Temps  pnur  l'année  igoj  >•.     663 

M.  DE  Lapparent.  —  Sur  l'intervention  clos 
végétaux  dans  la  formation  des  tufs  c;il- 
caires 664 

M.  Perrotin.  —  Sur  la  comète  Giacobini  .     664 


Pages. 

M.  DE  Lapparext  présente  à  l'Académie  les 
deux  premiers  fascicules  de  la  quatrième 
édition  de  son  «  Traité  de  Géologie  «...     'iliS 

M.  FouQUÉ.  —  Remarque  au  sujet  de  l'Ou- 
vrage précédent  de  M.  de  Lapparent.. . .     W>:> 


NOMINATIONS. 


M.  Troost  est  réélu  Membre  de  la  Commis- 
sion de  contrôle  de  la  circulation  ninné- 


taire.  au  Ministère  des  Finances 


(i(l(i 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.   Ch.   Lal'Rans    soumet   au   jugement   de 
l'Académie   un   Mémoire   «  Sur  la  théorie 


mécanique  de  la  chaleur 


<ir/i 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspondanc, 
divers  Ouvrafjes  de  M.  /.  Costantin  et  de 
-M .  A.  Karpinshy 066 

M.  Georges  Hu.mbert.  —  Sur  les  fonctions 
hyperabéliennes 667 

M.  E.  GouRs.iT.  —  Sur  les  congruences  de 
normales 669 

M.  .\lbert  Turpaix.  —  Sur  la  propagation 
desoscillations  électriques  dansles  milieux 
diélectriques. ...    li'jo 


AI.  ÉdoL'aru  Bkam.v.  —  Transmission  des 
ondes   hertziennes  à  travers  les  liquides. .     O-2 

M.  E.  RoTHE.  —  Sur  l'interrupteur  électro- 
lytique  de  \Vehnelt 117) 

M.  Henri  Gautier.  —  Sur  le  poids  ato- 
mique du  bo,rc <)7Îi 

M.  A.  BÉiiAL.  —  Sur  les  anhydrides  mixtes 
des  acides  acycliques  et  cycliques OSi 

M.  Georges-F.  Jaibert.  —  La  uaphtopur- 
purine.  un  produit  d'oxydation  de  la 
naphtazarine (iS'i 


PARIS.—     IMPKIMERIE    G  \  UTH  lE  R-VI  LL  A  RS 
Quai  des  Grands-AUi.'ustins,  55. 

/.e  titrant  .*  tiAltruiEB-VlLLARS 


DEC  8  189»  1899 

SECOND  SEMESTRE. 


^6^^ 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  jnn.  IiES  SBCnéXAIRES   PERPÉTIIBBEiS. 


T03IE  CXXIX. 


W  19(6  Novembre  1899) 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES   SÉANCES  DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55, 

1899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDU 

ADOPTÉ    DANS   LES    SÉANCES   DES    2.3   JUIN    1862   ET   24   MAI    iS^S. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
r Académie  se  composenl  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composenl  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  C Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parunAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions    verbales    qui  s'élèvent    dans  le  sein  de 
l'Académie;    cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soii  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  I 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  | 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne  j 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de  1 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'A 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  q 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séa 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Si 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  pf 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  ( 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoii 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  rei 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  ce 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  il 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspon(îa« 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus 
jeudi  à  10  heures  du  matin;  faute  d'être  remis  : 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Cowp 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  fei 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  àp^t 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planche^. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  R>p| 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernim» 


Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrai 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendi\ 
l'impression  de  chaque  volume.  L 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  " 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  pri' 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  San  edi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance 


DEC   8  1S99 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  6  NOVEMBRE   1899, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  S  ni  les  diarnines.  Dléthylène  diamine 
{pipérazine)\  par  M.  Berthelot. 

DiÉTHYLÈNE    DIAMINE    (PIPÉRAZINE)    f   C*  H'»  Az' =:  86. 

«  La  diélhylène  diamine  est  une  base  intéressanle,  en  pratique  comme 
en  théorie.  En  pratique,  elle  a  été  employée  en  Thérapeutique,  sous  les 
noms  de  spermine  et  de  pipérazine,  emploi  qui  a  conduit  à  la  fabriquer  sur 
une  certaine  échelle.  En  théorie,  elle  a  été  d'abord  confondue  avec  une 
base  à  poids  moléculaire  moitié  moindre,  la  vinylamine  ou  acétylamine, 
C^H°Az;  son  poids  moléculaire  et  ses  relations  avec  l'éthylène  diamine 
ayant  été  établis  plus  tard  par  Hofmanu  (Berliner  Berichte,  t.  XXIO, 
p.  329'^;  1890),  et  l'identification  avec  la  spermine  et  la  pipérazine  par 
MM.  Majert  et  Schmidt  (même  Recueil,  p.  3718).  Enfin  elle  .se  rattache, 

C.  R.,  1R99,  3     Semestre.  (T.   CXXIX,  N'   19  i  92 


(  688  ) 


d'après  MM .  T..  Wolfi  et  Franz  Scholl  (Berl.  Berichte,  t.  ^^J^'f  '  ^^"^"^  '• 

8^3  et  l'ense.nble  de  recherches  résurnées  dans  le  F«W.«c.  ^r^^aj^- 
Ch  de  Beilslezn,  3«  édUion,  t.  IV,  p.  8i6  (.898),  a  la  pyrazine  G  H  Az  , 
houe  if  change  en  diéthylène  domine  par  fiKation  de  3H^  ;  rec.proque- 
Z  la  di^thyllne  diamini  produit  de  la  pyrazine  par  perte  d'hydrogène  : 
delà  ésultent  des  relations  très  intéressantes,  tant  avec  les  bases  pyn- 
dqùes  qu'avec  l'acide  lévuUque,  le  sucre  de  lait,  etc.  ;  bref,  avec  la  constt- 
uln  de  d.vers  principes  immédiats  contenus  dans  les  êtres  -vants 

En  raison  de  ces  Circonstances,  il  m'a  paru  opportun  de  ta  1  étude 
th:rlchu..que  de  la  pipérazine,  comme  suite  à  celle  de  l'éthylene  d.a- 

mine  (ce  Recueil,  t.  CXXIX,  p.  322).  " 

:  le  composé  que  i'ai  pris  comme  pomt  de  départ  est  un  corps  b.en 

cristallisé,  fourn.  par  M.  Billault,  fabricant  de  produits  ch.m.ques.  Son 

analyse  répond  à  un  hydrate  C"H-AzS6H^O. 

Trouvé.  Calculé. 

^  25,2  24,7 

1 1    5  11,3 

H  1 1 ,  j  ' 

Az:::::^; -^-s        -4,4 

„  3'exposerai  mes  observations  relativement  à  l'action  de  la  chaleur  sur 
ce  composé,  laquelle  m'a  fourni  directement  le  base  anhydre;  sur  es  cha- 
eursde  dis  olutiondela  base  et  de  l'hydrate  précédent;  sur  seschaleur.s  de 
formation  par  les  éléments  et  de  combustion;  sur  sa  formation  par  1  ethy- 
ènrdiamine  et  le  caractère  cyclique  de  la  pipérazine  ;  sur  la  saturation  gra- 
duelle de  cette  dernière  base  par  l'acide  chlorhydnque;  sur  son  d.chlorhy- 
drate  et  sur  les  relations  pyrogénées  des  deux  éthylènes  diammes 

„  AcTio.  UK  ..  CHM.E.R.  -  L'hydrate  de  p.pérazme  fond  vers  44  •  J  en 
ai  cbaulîé  loo^-  dans  une  cornue  traversée  par  un  courant  lent  d  hydrogène 
et  plongée  dans  un  bain  d'huile,  dont  la  température  n'a  pas  dépasse  oo. 

\  Il  distille  d'abord  de  l'eau  presque  pure,  renfermant  3  centièmes  de 
bise  anhydre,  puis  un  liquide  de  plus  en  plus  riche  en  alcali  Celui  qui 
pasie  vers  i.oo^ température  du  liquide  de  la  cornue)  cristallise  dans  le 
récipient  :  c'est  une  solution  saturée  de  l'hydrate  précèdent 

«Entre   i25'>-i3o°  passe  en  abondance   l'hydrate  lui-même,    sous    la 
forme  d'un  liquide  huileux  qui  cristallise  dans  le  récipient.  Il  passe  sans 
aoute  à  l'état  de  vapeur  dissociée,  laquelle  reconstitue  le  compose  pendan 
L  condensation.  La  composition  réelle  du  produit  condense  repond. 
.-.  5iH^0,  c'est-à-dire  un  peu  moins  de  6H'^0,  en  raison  d  une  certaine 


(  (389  ) 
dissociation  ;  le  composé  originel  en  manifeste  déjà  quelques  traces,  accu- 
sées par  un  excès  de  o,5  centième  de  carbone  dans  son  analyse. 

»  De  i3o°  à  135",  a  distillé  la  base  anhydre,  mêlée  à  quelque  dose 
d'hydrate;  ce  qui  donnait  la  composition  brute  :  CMl"'Az-,  3H-O. 

»  Au  delà  on  obtient,  en  quantité  faible  d'ailleurs,  la  base  anhydre, 
fusible  à  104"  et  pure,  comme  je  l'ai  vérifié  en  outre  par  les  essais  alca- 
limétriques  et  par  les  mesures  thermochimiques  (chaleur  de  neutralisa- 
tion); j'y  reviens  plus  loin  :  il  ne  reste  pour  ainsi  dire  rien  dans  la  cornue. 

»  Celte  base  anhydre  a  été  isolée  par  Hofmann  au  moyen  des  agents 
déshydratants.  Je  l'ai  obtenue  directement  sous  la  forme  d'une  matière 
cristallisée,  de  consistance  cireuse  et  tenace,  qui  se  dissout  très  lentement 
et  difficilement,  mais  en  totalité,  dans  l'eau.  Cependant  elle  attire  l'humi- 
dité atmosphérique  avec  une  grande  promptitude  et  avidité,  chaque  grain 
de  base  se  recouvrant  d'eau  presque  aussitôt,  au  contact  de  l'air  libre. 

»  Chaleurs  de  dissolution.  —  J'ai  d'abord  déterminé  la  chaleur  de 
dissolution  de  ces  divers  produits,  détermination  qui  tend  à  établir  l'exis- 
tence d'un  seul  hydrate  défini,  ainsi  qu'il  va  être  dit,  hydrate  peu  stable 
d'ailleurs. 

»  Hydrate  cristallisé  :  CH'^Az-,  GHH^.  —  Quatre  déterminations.  Vers 
16",  une  partie  d'hydrate  en  poids  a  été  dissoute  dans  des  poids  d'eau 
qui  ont  varié  de  20  à  5o  fois  celui  du  corps.  Pour  le  poids  moléculaire,  on 
a  trouvé  :  ~9<^''',i6;  —9*^*', 28;  -9*^"',o/i;  —  9*^''',  io5.  Moyenne  géné- 
rale :  —  9*^="',  i5. 

»  Base  anhydre.  —  C'H'"Az^, 


I  partie  +  190  p.  eau,  à  i4" -l-  5'^'',i6 

Il  résulte  de  ces  nombres  que  la  formation  de  l'hydrate 

Ori'»Az^crist.  +6ir-01iq.,  dégage +i4cai^3i 

»  Si  l'on  suppose  l'eau  solide,  le  calcul  donnerait  vers  lo":  4- 4*^"', 9.  Celte 
chaleur  de  combinaison  est  considérable. 

»  Les  données  précédentes  peuvent  servir  à  rechercher  s'il  existe 
quelque  autre  hydrate  de  pipérazine,  défini  par  une  chaleur  de  formation 
propre. 

»  En  fait,  la  masse  cristallisée  obtenue  à  120"  répondait  (encore  imbibée 
d'eau-mère)  à  loH^O.  Mais  sa  chaleur  de  dissolution  a  été  trouvée  sensi- 
blement la  même  (pour  une  molécule  C''Il"'Az-)  que  celle  de  l'hydrate 
6H-0;   ce  qui  s'accorde  avec  un  simple  mélange  île  ce  corps  et  d'eau. 


(  (Jgo  ) 

»  D'autre  part,  le  corps  obtenu  vers  i35",  avec  la  composition  brute, 
C^H'^Az-,  ^H-O,  a  fourni  une  chaleur  de  dissolution  égale  à  +4^*', 3.  Ce 
chiffre  répond  sensiblement  à  un  simple  mélange  d'une  molécule  de  la 
base  anhydre,  C'H'°Az-,  avec  j!j(C' H'"  Az",  6H-'0),  soit  +4^^',i.  On  voit 
que  ces  résultats  sont  peu  favorables  à  l'hvpothèse  d'un  hydrate  intermé- 
diaire réputé  normal,  tel  que  C'H'"Az-,  H-O.  En  tout  cas,  cet  hydrate, 
s'il  existe,  n'aurait  point  de  stabilité. 

M  Chaleur  DE  formation  par  les  éléments  et  chaleur  de  combustion.  — 
La  chaleur  de  combustion  de  la  pipérazine  a  été  mesurée  en  opérant  sur 
l'hydrate  cristallisé,  la  base  anhydre  absorbarit  trop  vite  l'humidité.  Le 
composé  pur  brûle  mal  dans  la  bombe,  et  l'on  a  dû  y  ajouter  une  certaine 
dose  de  camphre,  purifié  expressément  pour  ce  genre  d'opérations  et  dont 
la  chaleur  de  combustion,  très  bien  connue  par  des  expériences  directes 
sur  le  même  échantillon,  a  été  déduite. 

»  3  opérations  ont  fourni  pour  i^'  d'hydrate  de  pipérazine  3627,0; 
3634,5;  3022,4;  moyenne  SBaS*^^'  à  volume  constant. 

»  Le  corps  brûlé  renfermant  un  léger  excès  de  carbone,  ainsi  qu'il  a  été 
dit  plus  haut,  je  rapporterai  d'abord  sa  chaleur  de  combustion  à  un  poids 
de  matière  contenant  exactement  i^'  de  carbone  :  soit  14398"',  8,  ce  qui 
fait  pour  48^"^  àe  cet  élément,  c'est-à-dire  pour  le  poids  moléculaire, 

CH'^Az-  renfermé  dans  I'ti\clrale  :  691"^=',  14  à  v.  c;  691*^^', 3  à  p.  c. 

d'où  la  chaleur  de  formation  par  les  éléments 

C*+  11'°+ Az-^+GH^O  iquide 4-3oC»',9 

Mais  6H-0  liquide -H  C*li'»Az2solide  dégage -{-  i^f^'^B 

»   Donc  en  définitive  la  diéthylène  diamine  solide  pure 

C'-H  H'» +Az-=C* H'»  Az^  cristallisé -i-  i6«^',6 

»  La  chaleur  de  combustion  sera  dès  lors  '^o 5^'',  6. 

))  Relations  de  la  pipérazine  avec  l'éthylène  diamine.  —  La  chaleur  de 
formation  de  la  pipérazine  est  à  peu  près  double  de  la  chaleur  de  formation 
de  l'éthylène  diamine,  C'H^iz^'  :  -h  8,  8. 

))  Cet  excès  mérite  attention,  au  point  de  vue  du  mode  de  génération 
de  la  pipérazine  et  de  sa  constitution  véritable,  qui  n'est  peut-être  pas 
exactement  celle  d'une  diéthylène  diamine,  c'est-à-dire  d'un  alcali  secon- 
daire, dérivé  du  glycol,  alcool  divaleut,  dont  l'élhylène-diamine  représente 
l'alcali  primaire.  C'est  ce  qui  va  être  examiné.  A  première  vue,  et  sans 


(  691  ) 

discuter  de  plus  près  leur  constitution,  les  deux  diamines  diffèrent  par  une 
addition  de  C-H-,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  par  une  substitution  de  C^H' 
à  H-,  laquelle  dégage  dans  le  cas  actuel  ■+-  7^-'', 8;  la  fonction  générale  des 
deux  corps  demeurant  la  même,  quoique  avec  une  certaine  différence  dans 
la  valence  du  composé,  comparée  à  celle  de  ses  éléments.  En  effet,  il  semble 
que  la  diétliylène  diamine,  envisagée  comme  dérivée  de  C-H\  composé 
incomplet,  par  substitution  à  H-  d'un  corps  saturé,  C^H*AzS  c'est-à-dire 
C-H-(C-H'Az-),  devrait  être  apte  à  fixer  encore  H-,  comme  son  généra- 
teur. 

»  Or  le  dégagement  de  -1-7^''',  8  par  une  addition  de  C-H^  à  l'étliy- 
lène  diamine,  dans  le  cas  précédent,  contraste  avec  les  valeurs  thermiques 
observées,  lors  des  additions  de  C-IP  à  une  molécule,  dans  les  exemples 
suivants,  où  la  fonction  générale  demeure  la  même,  et  eu  outre  la  varia- 
tion de  valence  semblable  dans  le  système.  Tels  sont  le  cliangement  du 
formène  en  propylène,  tous  deux  gazeux  : 

CH^+C^H^rrC^ H"  absorbe —  28Cai,3 

le  changement  de  la  benzine  en  styrolène,  tous  deux  liquides,  changement 
qui  représente  une  réaction  réelle  et  même  facile  à  effectuer  : 

C'=H'=+G'-H-  =  C»1P —  laC'-i.o 

le  changement  de  l'alcool  méthylique  en  alcool  allylique,  tous  deux  li- 
quides : 

CH'O  4-G^H-=:C'H''0 ;....     —  i4cai,5 

le  changement  de  l'aldéhyde  éthylique  en  aldéhyde  crotonique,  tous  deux 

liquides  : 

C^H'0-4-C2H-  =  C'H'0 —  i5c»',2 

de  même  l'aldéhyde  benzoïque  changé  en  cinnamique  :  —  i3^*',6. 

»  L'acide  acétique,  C-H^O-,  changé  en  acide  crotonique,  C*H°0-,  tous 
deux  solides  :  —  i4^^',o,  etc. 

»  Les  fonctions  carbure  d'hydrogène,  alcool,  aldéhyde,  acide,  etc.,  de- 
meurent d'ailleurs  les  mêmes,  dans  ces  divers  cas,  comme  dans  celui  des 
deux  éthylènes  diamines.  Dans  tous  les  premiers  cas  également  l'intro- 
duction de  C-H"  a  pour  effet,  en  théorie,  de  communiquer  au  composé 
nouveau  2  valences  de  plus  que  celles  du  corps  primitif  :  le  formène 
étant  saturé  et  le  propylène  apte  à  fixer  H",  Br-,  H  Cl,  etc. 


(  692  ) 

»  De  même  la  benzine  est  saturée  au  sens  cyclique,  le  styrolène  deve- 
nant apte  à  fixer  H^,  Br^,  etc. 

»  L'alcool  méthylique  est  saturé,  l'alcool  allylique  fixant  H^,  Br-, 
IICI,  etc. 

»  Or  c'est  là  le  point  qui  paraît  constituer  une  dififérence  pour  la  pipé- 
razine. 

»  En  effet,  l'introduction  de  l'azote  modifie  beaucoup  les  relations  de 
saturation  des  éléments  et,  par  suite,  les  relations  thermochimiques. 
Dans  le  cas  présent,  le  contraste  entre  la  formation  thermique  de  la  pipé- 
razine  et  celle  des  carbures  et  composés  oxygénés  précédents  apparaît, 
d'après  les  faits  et  relations  suivantes. 

»   La  transformation  pyrogénée  de  l'éthylène  diamine  en  diéthylène  dia- 

mine 

2C^H»Az-  =  C'H"'Az^  -f-2AzH' 

dégagerait,  les  corps  supposés  pris  à  la  température  actuelle  et  l'ammo- 
niaque gazeuse, 

—  i7,G-i-(t6,6-H24,/4  =  41,0;  =  -f-23c^',4, 

l'ammoniaque  liquide,  +  32*^"', 3. 

»  On  sait  qu'en  fait  cette  transformation  s'accomplit  aisément  sous  la 
forme  de  chlorhydrates, 

2(CM1*  Az=,2HCl)  =  (C''H"',2HCI)  +  2(AzH\HCl) 

en  donnant  lieu  à  un  dégagement  de  4-  26^"',  9  ;  la  chaleur  de  formation  des 
chlorhydrates  se  compensant  à  peu  près  d'après  les  déterminations  que  je 
vais  exposer. 

»  Un  semblable  dégagement  thermique  contraste  avec  les  absorptions 
de  chaleur,  constatées  d'ordinaire  dans  les  compositions  pyrogénées 
simples,  c'est-à-dire  dans  celles  où  il  y  a,  comme  ici,  accroissement  du 
nombre  des  molécules.  La  différence  est  due  évidemment  à  la  conden- 
sation du  carbone,  survenue  lors  de  la  transformation  de  l'éthylène  diamine 
en  pipérazine. 

»  Cette  condensation  paraît  donner  lieu  à  une  saturation  interne,  com- 
parable à  celle  des  corps  cycliques  et  qui  aurait  pour  résultat  de  faire 
disparaître  le  caractère  incomplet  du  composé,  c'est-à-dire  son  aptitude 
théorique  à  s'unir  avec  2  atomes  d'hydrogène  :  elle  équivaut,  au  point  de 


(693) 

vue  thermochimique,  à  une  combinaison  véritable,  accomplie  avec  dégage- 
ment fie  chaleur,  ainsi  que  je  l'ai  établi  par  tle  nombreux  exemples, 
empruntés  à  l'histoire  des  composés  cycliques  ( ').  Or  la  pipérazine  semble 
présenter  un  tel  caractère  :  on  peut  l'induire  tout  d'abord  de  l'absence 
d'un  hydrate  stable,  tel  que  CH'^Az-,  H-O,  comparable  à  l'hydrate 
d'éthyléne  diamine,  absence  constatée  par  mes  mesures  thermiques  sur  les 
produits  de  distillation  de  l'hydrate  commercial.  Mais  l'induction  princi- 
pale à  cet  égard  résulte  des  transformations  réciproques  de  la  pyrazine, 
C'H*Az-,  en  pipérazine,  et  de  la  pipérazine  en  pyrazine,  composé  auquel 
on  s'accorde  à  attribuer  une  formule  cyclique  véritable. 

»  Chlorhydrates  de  pipérazine.  —  La  pipérazine  se  combine  avec 
2  équivalents  d'acide  chlorhydrique,  en  formant  un  diclilorbydrate  cristal- 
lisé. Mais  la  combinaison  passe  par  deux  phases  successives,  conformément 
à  la  loi  des  proportions  multiples.  C'est  ce  que  montrent  les  déterminations 
thermiques  exécutées  sur  les  dissolutions.  En  effet,  à  l'état  dissous,  j'ai 
trouvé,  vers  16°,  avec  une  dissolution  de  l'hydrate  cristallisé  : 

C* H'» Az- étendu  -h  HCI  étendu +10, 36 

C*Ft"'Az'^  étendu  -1-  2"  11  Cl  étendu +  7,o5 

Soit  pour  -i-aHCI -1-17,41 

Avec  la  base  anhydre,  j'ai  obtenu  :  -t-io,5  et  -f-'y,o. 

))  Observons  d'abord  que  ces  valeurs  sont  plus  faibles  que  les  deux 
données  correspondantes,  observées  avec  l'éthylène  diamine  (-l-i2,52 
et  +11,0)  :  la  pipérazine  est  donc  une  base  plus  faible. 

»  En  outre,  la  saturation  de  la  seconde  valence  donne  pour  les  deux 
bases  une  valeur  moindre  que  celle  de  la  première.  Je  reviendrai  sur  ce 
point  dans  une  Note  spéciale. 

»  La  soude  et  la  potasse  déplacent  à  peu  près  entièrement  la  pipérazine 
dans  son  chlorhydrate  dissous.  En  fait  j'ai  observé,  lors  de  l'action  de 
aNaOH  dissoute  :  -1- 1 o*^"' ,  o  ;  ce  qui  répond  sensiblement  à  l'écart  calculé  : 
27,4—10,0. 

»  Le  dichiorhydrate  de  pipérazine  renferme,  d'après  les  auteurs,  une 
molécule  d'eau.  Le  corps  que  j'ai  préparé  répondait,  en  effet,  d'après  son 
analyse,  à 

C'H'"Az=,2HCl.H=0. 

(')    Tltermocltimie.  Données  cl  luis  n  11  nicri'/ lies.  t.  I,  j).  5o4. 


(  694  ) 
Sa  dissolution  à  16",  dans  60  fois  son  poids  d'eau,  a  absorbé  pour  i  molé- 
cule :   +6^''',o. 

»  En  desséchant  ce  composé  à  l'étuve,  vers  un",  pendant  plusieurs 
heures,  il  perd  son  eau,  en  même  temps  que  le  sel  anhydre  commence  à 
se  sublimer.  Le  chlorhydrate  de  pipérazine  se  volatilise  d'ailleurs  également 
en  quantité  sensible,  pendant  l'évaporation  de  ses  dissolutions  chauffées 
sur  un  bain-marie,  sans  doute  à  l'état  dissocié.  En  tout  cas,  lorsqu'on 
chauffe  le  sel  cristallisé  dans  une  étuve,  il  reste  un  composé  effleuri,  ré- 
pondant à  la  formule 

OH'»Az2,2H  Cl...      Cl  trouvé  =  44, 35         calculé  =;  44,65. 

»  J'en  ai  déterminé  la  chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  à  16"  (i  partie 
de  sel  +  35  parties  d'eau),  soit  pour  une  molécule  :  —  4^'',  09;  ce  qui  fait 
pour  la  fixation  de  H- O  liquide  :  +1,91  ;  H-0  solide  :  -Ho,3. 

»  On  conclut  de  ces  nombres  la  chaleur  de  formation  du  sel  anhydre 
par  l'acide  gazeux  et  la  base  solide  : 

C*Hi°.\z--f  2H  Cl  =  C*H'»Az%2HCI.  ..     +6ic»',4. 

»  Pour  I  molécule  d'acide  gazeux,  cela  fait  +  80,7  pour  la  base  solide; 
01,  4-  3o,  7  +  ip  pour  la  base  liquide,  F  étant  sa  chaleur  de  fusion. 

»  La  formule  de  cette  formation  étant  comparée  à  celle  du  chlorhy- 
drate d'ammoniaque  (+38,2  depuis  une  seule  molécule  de  HCl  et  AzH^ 
liquide),  elle  répond  pour  la  pipérazine  à  un  nombre  sensiblement  infé- 
rieur. Il  en  est  de  même,  si  on  la  compare  aux  chlorhydrates  de  méthyl- 
amine,  éthylamine,  etc.,  équivalents;  tandis  qu'elle  l'emporte  sur  la 
chaleur  de  formation  des  sels  d'alcalis  plus  faibles,  tels  que  l'aniline 
(  +  27c=«',4). 

»  J'ai  montré  plus  haut  l'importance  de  ces  données  pour  rendre 
compte  de  la  formation  pyrogénée,  de  la  pipérazine,  au  moyen  de  l'éthylène 
diamine,  et  pour  en  discuter  le  caractère  cyclique.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  quelques  caractères  des  diamines, 
tirés  de  leur  neutralisation.  ;  par  M.  Berthelot. 

«   Dans  le  cours  de  mes  études  sur  les  éthylènes  diamines,  j'ai  eu  occa- 
sion de  constater  certains  caractères  tirés  de  leur  neutralisation,  soit  par 


(  695  ) 
voie  thermochimique,  soit  par  voie  alcallmétrique  en  présence  des  colo- 
rants; caractères  qui  peuvent  être  employés  tant  pour  distinguer  unepolya- 
mine  d'une  monamine,  que  pour  déterminer,  dans  une  dissolution,  la  pro- 
portion de  la  polvamine  et  même  la  dose  d'acide  fort,  qui  lui  serait  déjà 
combinée  sans  la  saturer  entièrement. 

»  Commençons  par  établir  comment  ces  diverses  données  peuvent  être 
obtenues  en  partant  des  mesures  tliermochimiques.  La  chaleur  dégagée 
pendant  la  neutralisation!  d'un  acide  fort  monovalent  par  les  monoamines 
proprement  dites,  telles  que  réthylamine,  l'aniline,  la  pipéridine,  la  pyri- 
dine  dissoutes,  est  à  peu  près  proportionnelle  à  la  dose  progressive  de  cet 
acide;  tel  est  l'acide  chlorhydrique  étendu,  que  Ton  fait  réagir  jusqu'à 
équivalence  sur  une  dissolution  étendue  renfermant  une  molécule  de  la 
base.  Les  variations  observées  pendant  les  additions  successives  d'une 
même  fraction  d'acide,  quoique  sensibles  dans  des  mesures  très  précises 
et  susceptibles  d'accuser  l'état  de  dissociation  partielle  des  sels  des  bases 
faibles,  sont  cependant  assez  restreintes  pour  laisser  apparaître  une  pro- 
portionnalité approximative. 

»  Il  en  est  autrement  des  diamines  et  des  bases  polyvalentes  étudiées 
jusqu'ici.  D'après  les  expériences  de  MM.  Colson  et  Darzens,  Vignon  et 
les  miennes  propres,  les  valences  successives  répondent  à  des  chaleurs  de 
neutralisation  très  inégales,  ces  bases  se  rapprochent  à  cet  égard  de  l'acide 
phosphorique  et  des  acides  oxvbenzoïques  et  analogues  :  on  ne  connaît 
même  aucune  base  polyvalente  dont  les  valences  successives  soient  à  peu 
près  égales,  comme  le  sont  celles  des  acides  bibasiques  ou  tribasiques  à 
fonction  simple  (oxalique,  succinique,  aconitique,  mellitique,  etc.).  On 
pourrait  même  douter  a  prioii  que  cette  égalité  approximative  soit  réali- 
sable. Sans  m'étendre  autrement  sur  ce  sujet,  je  me  bornerai  à  observer 
que  l'on  peut  profiter  de  ce  caractère  pour  déterminer  le  poids  moléculaire 
d'une  base,  susceptible  d'être  représentée  par  deux  formules  multiples 
l'une  de  l'autre.  J'ai  rappelé,  par  exemple  que  la  diéthylène  diamine, 
C'H'"Az-,  avait  été  d'abord  représentée  par  une  formule  à  coefficients 
moitié  moindres,  C-H^Vz.  Or  son  jjoids  moléculaire  réel  aurait  pu  être 
déterminé,  dans  les  dissolutions  et  indépendamment  de  toute  autre  réac- 
tion, si  l'on  avait  connu  à  cette  époque  les  méthodes  thermochimiques, 
je  veux  dire  l'action  thermique  jjrogressive  de  l'acide  chlorhydrique. 

»   Le  fait  de  l'existence  de  deux  valences  successives  et  inégales  peut 
être  constaté  d'ailleurs  aisément,  même  si  l'on  ne  connaît  ni  la  formule 

C.  R.,  1899,  2-  Semestre.  (T.  CXXIX.  N'  19)  9^ 


(  696 } 

d'un  alcali,  ni  le  poids  de  ce  corps  contenu  dans  une  dissolution.  C'est 
donc  un  caractère  précieux  pour  résoudre  les  problèmes  de  poly- 
valence. 

»  Réciproquement,  étant  connues  les  chaleurs  dégagées  par  la  réaction 
successive  de  2  équivalents  d'acide  clilorhydrique  sur  une  diamine  déter- 
minée, on  pourrait  déterminer  le  poids  inconnu  de  cette  base  ren- 
fermé dans  une  liqueur,  si  elle  était  entièrement  libre.  On  pourrait  aussi, 
dans  le  cas  oii  le  poids  total  de  la  base  dissoute  serait  connu,  mais  en  partie 
combiné  avec  une  dose  insuffisante  d'acide  clilorhydrique,  déterminer, 
d'après  la  dilférence  thermique,  le  poids  de  cet  acide  déjà  contenu 
dans  la  liqueur.  Enfin,  on  pourrait  même,  —  en  principe  du  moins,  car 
l'expérience  est  fort  délicate,  —  déduire  à  la  fois  le  poids  total  de  la  base 
et  le  poids  de  l'acide  déjà  combiné  (supposé  en  dose  inférieure  à  celle 
de  la  neutralisation)  à  l'aide  de  deux  mesures  thermiques,  effectuées  avec 
deux  proportions  successives  d'acide  additionnel. 

»  Telle  est  l'étendue  des  résultats  fournis  par  la  méthode  thermochi- 
mique pour  un  corps  polyvalent,  acide  ou  base,  dont  les  valences  sont 
inégales.  Ce  ne  sont  pas  là  d'ailleurs  de  simples  conceptions;  car  j'ai  eu 
occasion  d'employer  ces  méthodes  dans  l'étude  de  la  distillation  de  la 
diélhylène  diamine. 

»  Je  me  propose  maintenant  de  montrer  que  les  mêmes  problèmes 
peuvent  être  résolus  d'une  façon  plus  prompte,  plus  facile  et,  dans  la  plu- 
part des  cas,  susceptible  d'une  précision  plus  grande  par  l'emploi  de  car- 
bures colorants  usités  en  alcalimétrie,  tels  que  le  méthylorange  et  la  phta- 
léine.  Ils  peuvent  l'être,  eu  neutralisant  directement  la  base  dissoute  par  un 
acide  fort;  ou  bien,  eu  sens  inverse,  en  ajoutant  à  la  dissolution  un  excès 
connu  d'un  tel  acide  et  en  revenant  à  la  neutralité  |)ar  la  potasse.  Eu  em- 
ployant deux  colorants,  on  peut  tirer  de  chacune  de  ces  épreuves  trois 
déterminations  numériques  du  poids  de  la  diamine,  c'est-à-dire  plusieurs 
contrôles  de  ce  poids. 

M  La  méthode  repose  au  fond  sur  les  mêmes  principes  que  ceux  em- 
ployés dans  l'étude  des  acides  à  valences  multiples  et  inégales;  mais  il 
n'est  pas  à  ma  connaissance  qu'on  l'ait  appliquée  aux  polyamines. 

M  Pour  bien  faire  comprendre  cette  méthoiie,  il  parait  utile  de  rappeler 
d'abord  que  le  méthylorange  fournit,  en  présence  d'un  acide  fort,  une 
liqueur  rose,  qui  vire  au  jaune  lorsque  la  liqueur  devient  alcaline,  par  suite 
de  l'addition  d'une  liqueur  titrée  de  potasse.  Au  contraire,  le  virage  a  lieu 


(  ^91  ) 
du  jaune  au  rose,  dans  une  liqueur  alcaline  additionnée  d'acide  chlorhy- 
driqtie. 

»  Les  propriétés  du  méthvlorange  sont  comparables  à  celles  du  bichro- 
mate de  potasse,  qui  joue  exactement  le  même  rôle,  ainsi  que  je  l'ai  dé- 
montré par  mes  études  spéciales,  en  donnant  la  théorie  thermochimique 
des  phénomènes. 

1)  Les  acides  faibles  ne  font  pas  virer. 

»  La  phtaléine,  au  contraire,  demeure  incolore  dans  une  liqueur  acide, 
même  avec  les  acides  faibles;  elle  se  colore  en  rose,  au  moment  où  l'on 
atteint  la  limite  de  neutralisation  par  l'addition  progressive  d'une  liqueur 
de  potasse  titrée.  Inversement,  la  liqueur  rose,  obtenue  en  présence  d'un 
alcali,  se  décolore  à  la  limite  de  neutralisation  par  un  acide  même  faible. 

«  Le  regretté  Joly  a  montré  qu'en  comparant  les  résultats  observés 
avec  le  méthvlorange  et  la  phtaléine  on  peut,  soit  établir  l'existence  de 
deux  basicités  inégales  d'un  même  acide,  et  le  doser  ainsi,  s'il  est  isolé; 
soit  doser  un  mélange  d'un  acide  fort  et  d'un  acide  faible,  chacun  à  fonc- 
tion unique;  soit  doser  un  mélange  d'un  acide  fort,  à  fonction  unique,  avec 
un  acide  à  double  fonction  d'acide  fort  et  d'acide  faible. 

»  Ce  sont  ces  réactions  bien  connues  qui  peuvent  être  appliquées  à  la 
reconnaissance  et  au  dosage  des  polyamines,  dans  des  conditions  conve- 
nables qui  vont  être  déHnies,  ainsi  qu'il  résulte  des  faits  que  j'ai  observés 
sur  l'éthylènediamine  et  sur  la  pipérazine. 

»   Indiquons  d'abord  les  résultats  généraux  des  observations. 

TiTRAGK    ALCALIMÉTRIQUE    DE    I.'ÉTHYLÈNE-DIAMTNE. 

»  I.  Par  l'acide  :  i°  On  prend  une  dissolution  chlorhydrique  (HC1  =  2''*), 
on  la  verse  goutte  à  goutte  dans  lo"  d'une  dissolution  renfermant  la  base, 
teintée  par  la  phtaléine  rose,  jusqu'à  décoloration  (laquelle  est  progressive 
vers  la  limite).  Dans  un  essai  déterminé,  il  a  fallu  .tS''""  d'acide; 

»  2°  Même  opération,  avec  une  dissolution  teintée  en  jaune  clair  par 
le  méthylorange,  jusqu'à  apparition  de  la  teinte'rose,  virage  plus  net  que 
le  précédent.  Avec  la  même  liqueur  que  ci-dessus,  il  a  fallu  99'''^  d'acide, 
c'est-à-dire  sensiblement  le  double. 

»  II.  Par  la  potasse  :  1°  On  prend  lo'''  d'une  dissolution  renfermant  la 
base  organique,  en  dose  approximativement  connue;  on  y  verse  d'un  coup 
une  dose  d'acide  chlorhydrique  supérieure  à  2  équivalents  par  molécule 


(  698  ) 

de  base  :  dose  d'acide  équivalente  à  22'^'=,  ^S  (niéthylorange),  ou  22'^'^.  8 
(phtaléine)  d'après  des  essais  antérieurs. 

»  Dans  la  liqueur  qui  renferme  la  base  organique  et  qui  a  été  acidulée, 
on  ajoute  de  la  phtaléine  (incolore),  puis  on  verse  goutte  à  goutte  une 
solution  titrée  de  potasse,  jusqu'à  apparition  de  la  couleur  rose  (plus  nette 
que  la  précédente,  quoique  encore  un  peu  progressiA  e)  :  soit  17",  25, 
c'est-à-dire  que  la  base  représente  dans  cette  liqueur  :  22,8—  17, 25=^5''", 55; 
»  2"  On  opère  avec  la  même  solution  rendue  acide,  mais  additionnée 
de  méthylorange  rose;  on  y  verse  la  potasse  goutte  à  goutte  jusqu'à  virage 
jaune  clair,  qui  est  net;  ceci  a  exigé  11", 6. 

»  La  base  représente  dès  lors  22,73  —  11,6=  1 1'''' ,  1 5,  c'est-à-dire  sen- 
siblement le  double  du   résultat  précédent. 

»  Les  deux  résultats,  soit  par  l'acide,  soit  par  la  potasse,  fournissent 
donc  des  résultats  sensiblement  concordants. 

»  Je  les  ai  contrôlés,  en  recherchant  si  l'emploi  du  méthylorange  peut 
être  remplacé,  au  moins  approximativement,  par  celui  du  bichromate  de 
potasse,  conformément  à  mes  anciennes  expériences  relatives  au  dosage 
des  acides. 

»  A  cet  effet,  on  a  pris  lo*^"^  d'une  dissolution  de  la  base  organique, 
on  y  a  versé  20'^^'=  d'acide  chlorhydrique  titré,  c'est-à-dire  un  excès, 
puis  deux  gouttes  de  bichromate  de  potasse  rouge,  et  l'on  a  ajouté  de  la 
potasse  titrée  jusqu'à  virage  au  jaune  :  ce  qui  a  exigé  12''^,  6. 

»  Le  titrage  direct  par  la  potasse  de  l'acide  chlorhvdrique  emplové  au 
moyen  du  bichromate  ayant  exigé  23*^*^,  5,  le  titre  de  la  base  organique  est 
dès  lors  23,5  —  12,6  =  10^,9,  ce  qui  répond  sensiblement  au  chiffre  observé 
avec  le  méthylorange. 

»  Il  en  résulte  que  la  théorie  de  l'action  exercée  sur  ce  dernier  dans  le 
cas  des  diamines  est  la  même  que  celle  que  j'ai  développée  pour  le  titrage 
des  acides  de  force  inégale  ;  les  principes  et  la  pratique  de  ces  dosages 
étant  ainsi  fixés. 

»  Voici  maintenant  quelques  données  plus  précises.  J'ai  opéré  sur  un 
poids  connu  d'hydrate  liquide,  C-H*  Az-.  H-0,  et  mis  eu  œuvre  20"^^  de 
l'acide  chlorhydrique  titrant  comme  il  a  été  dit,  22*^"^,  75  avec  le  méthyl- 
orange, 22'^'^,  8  avec  la  potasse. 

»  On  a  pris  lo*^*^  d'une  solution,  renfermant  o^»',  187  d'hydrate  d'éthylène 
diamine. 

»   On  les  a  mêlés  avec  20"  de  l'acide  précédent  et  l'on  est  revenu  à  la 


(  699) 
neiilralilé  avec  la  potasse.  Les  résultnts  numériques  ont  été  donnés  plus 
luiiit;  Fliu  des  colorants  répondant  à  une  ([iiantité  de  potasse  double  de 
l'autre,  et  permettant  de  calculer  le  poids  dt-  la  base. 

»  En  outre  la  diOérence  entre  les  deux  titres,  soit  :  i  i,i5  —  5,55  =:  5,6, 
est  directement  proportionnelle  au  poids  de  la  pipérazine  et  permet  de  la 
calculer,  d'après  une  valeur  où  les  erreurs  dues  à  l'inégalité  de  valeur  des 
deux  dosages  se  compensent  :  ce  qui  m'a  engagé  à  faire  entrer  cette  valeur 
comme  troisième  donnée  dans  le  calcul  des  moyennes.  Elle  constitue 
d'ailleurs  une  détermination  directe  du  poids  de  la  base,  dans  les  cas  où 
une  partie  de  cette  base  a  été  déjà  en  partie  combinée  avec  un  acide  fort. 
Dès  lors  nous  pouvons  calculer  le  poids  de  l'éthylène  diamine  de  trois 
manières  dilierentes  : 

D'après  le   métliylorange o,  179  1 

D'après  la  phtaléine o,  178  |  Moyenne.  .  .      0,181 

D'après  leur  différence o,  186  ) 

Valeur  réelle 0,187 

»  Ces  chiffres,  reproduits  sans  aucune  correction,  donnent  une  idée  de 
la  méthode  et  de  son  degré  de  précision.  Ils  montrent  en  même  temps  très 
nettement  la  caractéristique  d'une  diamine,  à  l'aide  des  colorants, 

»  Soit  maintenant  la  diéthylène  diamine.  Eu  opérant  sur  une  dissolution 
titrée  de  cette  base  (hydrate),  additionnée  avec  un  excès  connu  d'acide 
chlorhydrique,  et  en  revenant  à  la  neutralité  parla  potasse,  on  a  obtenu 
par  voie  de  différence,  comme  plus  haut  : 

Mélhylorange Gc^",  5 

Ph  taléine 29",  4 

»  Le  premier  litre  est  sensiblement  double  du  second.  La  différence  de 
ces  valeurs,  soit  3i,  1 ,  est  proportionnelle  au  poids  de  la  base.  On  calcule 
d'ailleurs  les  poids  suivants  : 

D  après  le  méthylorange '  >77  ) 

D'après  la  plilaléine 1,72  l  Moyenne...      IS^77 

D'après  la  différence 1,81    ) 

Valeur  réelle 1,766 

»  Sur  un  poids  d'hydrate  renfermant  o'''',483  de  base  anhydre,  l'essai 
suivant  a  été  fait  au  moyen  de  l'acide  sulfurique  : 

Le  méthylorange  indiquait g^c^  2 

La  phtaléine 4", 5   * 

Le  tournesol  (par  un  virage  spécial,  délicat  à  saisir) 9",  i 

D'après  le  métliylorange,  le  poids  de  la  base  anhydre  calculé  était.  .  .  ,  osi',48o 


(   joo  ) 
»   Une  autre  expérience  faite  avec  un  poids  connu  <le  la  base  anhydre 
préalablement  isolée  et  l'acide  chlorhydrique  : 

D'après  le  méthylorange i  ,55  1 

D'après  la  phtaléine i  .ijg  >  Moyenne.  .  .      i«%55 

D'après  la  clifTérence i  ,62  ) 

Valeur  réelle 1,09 

))  Les  virages  sont  un  peu  moins  sensibles  avec  la  pipérazine  qu'avec 
l'éthylène  diamine;  ce  qui  semble  tenir  aux  valeurs  moindres  des  chaleurs 
de  neutralisation.  Il  me  paraît  probable,  d'ailleurs,  que  les  dianiines  jouis- 
sant de  deux  chaleurs  de  neutralisation,  toutes  deux  notamment  plus 
faibles  que  les  précédentes,  ne  manifesteront  plus  les  mêmes  différences 
à  l'égard  des  colorants  :  il  y  faut,  comme  pour  les  acides  polyvalents,  le 
contraste  entre  une  basicité  forte  et  une  basicité  faible. 

))  Les  méthodes  qui  viennent  d'être  décrites  permettent  de  déterminer 
non  seulement  le  poids  d'une  diamine  renfermée  dans  une  dissolution, 
mais  même  celui  de  l'acide  chlorhydrique  qui  pourrait  y  avoir  été  introduit 
à  l'avance,  sans  autre  secours  que  la  connaissance  du  titre  de  l'acide  et  de 
la  potasse  que  l'on  y  ajoute,  et  des  limites  de  neutralisation  définies  par  la 
phtaléine  et  le  méthylorange,  comme  il  serait  facile  de  le  démontrer  par 
un  petit  calcul.  Mais  cette  détermination  manque  de  sensibilité.  La  dif- 
férence des  deux  limites  indiquées  par  ces  réactifs  est  d'ailleurs,  dans  tous 
les  cas,  proportionnelle  au  poids  de  la  base. 

»  Si  l'on  cherche  maintenant  à  se  rendre  compte  de  ces  résultats  et  du 
rôle  des  deux  colorants  pour  accuser  :  le  méthylorange,  la  double  basicité; 
la  phtaléine,  une  basicité  simple  des  diamines  mises  en  expérience.  On  ne 
saurait  contester  que  cette  différence  est  corrélative  de  la  grandeur  diffé- 
rente des  deux  chaleurs  de  neutralisation,  caractéristiques  de  ces  deux 
basicités. 

»  La  théorie  de  ces  phénomènes  me  paraît  dériver  de  considérations 
thermochimiqiies  semblables  à  celles  que  j'ai  invoquées  précédemment 
pour  expliquer  les  faits  observés  dans  l'étude  des  acides  polyvalents,  jouant 
à  la  fois  le  rôle  d'acides  forts  et  d'acides  faibles.  La  similitude  des  effets 
observés  en  substituant  le  bichromate  de  potasse  au  méthylorange  est 
décisive  à  cet  égard  ('  ).    « 


(')   Thermochimie.  Données  et  lois  numérir/iirs.  l.  I,  p.  356. 


(   701  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Préparation  et  dosage  du  glycogcne; 
par  M.  Armand  Gautier. 

«  Divers  procédés  ont  été  donnés  pour  préparer  le  glycogène.  Ils  four- 
nissent généralement  un  produit  mélangé  de  corps  azotés,  même  après  pu- 
rification par  ébidlition  avec  la  lessive  de  potasse  ou  l'acide  acétique  ('). 
Les  méthodes  que  l'on  a  voulu  appliquer  au  dosage  du  glycogène  sont 
particulièrement  insuffisantes  ou  douteuses  (-). 

))  J'ai  observé  que  lorsqu'à  un  extrait  d'origine  végétale  ou  animale  on 
ajoute  de  l'acétate  mercurique  en  léger  excès,  en  ayant  soin  de  maintenir 
les  liqueurs  neutres  par  du  carbonate  de  potasse  étendu,  ou  précipite  la 
presque  totalité  des  corps  azotés,  ce  qui  permet  de  retrouver  ensuite  plus 
facilement  dans  le  filtratum  les  matières  ternaires  que  l'acétate  mercurique 
ne  précipite  pas  le  plus  ordinairement  dans  ces  conditions.  J'ai  profité  de 
cette  observation  pour  en  dériver  une  méthode  de  préparation  et  de  dosage 
du  glycogène  (^). 

»  La  matière  brute  où  l'on  cherche  le  glycogène  est  grossièrement  di- 
visée, lorsqu'elle  n'est  pas  liquide,  et  jetée  dans  une  fois  et  demie  son  poids 
d'eau  bouillante.  Après  quinze  minutes,  on  l'en  retire  et  on  la  broie  fine- 


(')  Le  procédé  de  Brûcke  [précipitation  préalable  des  corps  azotés  en  liqueur 
chlorhydri(jue,  par  l'iodomercurate  de  potassium  {Sitzungsbar.  d.  Wien.  Akad., 
t.  LXIII,  II,  p.  2i4;  1871)]  donne  un  glycogène  impur,  mêlé  de  corps  azotés,  et  sou- 
vent altéré  ou  souillé  de  mercure  réduit.  J'en  dirai  autant  du  procédé  analogue  de 
Kisliakowsky  [Bull.  Soc.  chirn.  (3),  t.  XII,  p.  8^0].  La  méthode  consistant  à  précipiter 
le  glycogène  par  le  perchlorure  de  fer  en  présence  des  acétates  n'est  pas  un  procédé  de 
dosage,  pas  plus  que  le  procédé  de  Ciaulrian  qui  précipite  le  glycogène  par  l'iodure 
de  potassium  ioduré  en  présence  d'un  excès  de  sel  marin  et  de  sulfate  d'ammoniaque, 
et  sépare  ensuite  l'iode  du  glycogène  iodé  par  l'acide  snlfureux. 

(-)  En  particulier,  celle  qui  consiste  à  doser,  grâce  au  réactif  cupropotassique,  le 
pouvoir  réducteur  pouvant  préexister  dans  la  liqueur  à  aciduler  alors  de  5  à  6  pour  100 
de  SO'*H-  à  porter  à  1 10"- 120°  et  à  reprendre  le  pouvoir  réducteur  nouveau  ;  la  différence 
est  attribuée  à  la  transformation  du  glycogène  en  glycose.  Cette  méthode  donne  tou- 
jours des  résultats  trop  élevés. 

(^)  C'est  aussi,  on  le  comprend,  une  méthode  plus  générale  permettant  de  séparer 
des  corps  azotés,  définis  ou  extraelifs,  les  principes  ternaires  non  azotés.  C'est  là  une 
étude  qui  se  fait  en  ce  moment  dans  mon  laboratoire. 


(  702  ) 
ment.  La  pulpe  est  remise  à  bouillir  dans  la  même  eau  durant  trente  à 
quarante  minutes.  On  jette  le  tout  sur  une  toile,  on  exprime  et  l'on  épuise 
la  partie  solide  avec  de  nouvelle  eau  jusqu'à  ce  que  la  liqueur  qui  filtre  ne 
se  colore  plus  en  brun  ou  violet  par  l'eau  iodée.  L'épuisement,  souvent 
recommandé,  du  foie  ou  des  tissus  par  de  l'eau  alcalinisée  de  2  à  3  pour  100 
de  carbonate  sodique  n'augmente  pas  les  rendements  et  rend  les  filtra- 
tions  très  pénibles.  J'en  dirai  autant  de  l'acidulalion  des  liqueurs. 

»  Deux  à  trois  litres  d'eau  suffisent  pour  épuiser  5oo^  de  foie  ou  de 
muscle. 

»  La  liqueur  neutralisée  et  grossièrement  filtrée  est  concentrée  rapide- 
ment de  près  de  moitié  à  l'ébullition  (').  On  en  sépare  alors  la  dixième 
partie  environ,  qu'on  refroidit  et  triture  avec  de  l'acétate  de  mercure 
neutre  mêlé  d'un  |)eu  d'acétate  de  potasse.  On  ajoute,  en  agitant,  le 
magma  ainsi  obtenu  au  reste  de  la  liqueur  et  l'on  s'assure,  sur  une  petite 
portion  qu'on  filtre,  si  une  solution  d'acétate  de  mercure  ne  précipite 
plus  nettement,  même  après  dix  à  quinze  minutes,  ou  s'il  est  nécessaire 
d'ajouter  encore  un  peu  de  ce  réactif.  En  général,  208""  à  25^''  d'acétate  de 
mercure  suffisent  par  litre  de  bouillon  de  foie.  On  laisse  douze  heures  au 
moins  au  contact  à  18°  ou  20°,  en  agitant  souvent,  puis  on  filtre,  ou  mieux 
on  centrifuge  (-).  Le  précipité  est  épuisé  avec  un  peu  d'une  solution 
d'acétate  mercurique  à  i  pour  100.  Je  me  suis  assuré  qu'ainsi  lavé  il  n'en- 
traînait pas  de  glycogène  ('). 

M  La  solution  filtrée  contenant  outre  le  glycogène  une  faible  proportion 
de  composés  mercuriels  est  acidulée  franchement  avec  de  l'acide  acétique 
et  versée,  en  agitant,  dans  son  volume  «l'alcool  à  85°  de  l'alcoomètre 
centésimal.  On  lave  longuement  le  précipité  qui  se  forme  avec  de  l'alcool 
à  33"  centésimaux  acidulé  d'acide  acétique  pour  dissoudre  un  peu  d'oxyde 
de  mercure  entraîné,  ou  faiblement  combiné,  en  même  temps  qu'un  corps 
spécial  qu'on  distingue  sous  le  microscope  en  ce  qu'il  ne  se  colore  pas  par 
l'eau  iodée.  Pour  plus  de  sûreté  encore,  le  glycogène  brut  précipité  est 
redissous  dans  de  l'eau  à  yo^-So"  et  la  solution,  filtrée  ou  centrifugée, 
acidulée  à   5  pour  100  d'acide  acétique  et  mêlée  de  2  pour  1000  de  sel 


('  )  Même  en  liqueur  acidulée  d'acides  faibles,  le  glycogène  n'est  pas  altéré  à  l'ébul- 
ilion. 
(-)   Filtration  difficile  et  qui  peut  retenir  du  glycogène. 
(')  On  en  précipiterait  un  peu  si  la  liqueur  mère  avait  été  préalablement  alcalisée. 


(  7oi  ) 

m;irin,  est  portée  à  rébullilion  presque  neutralisée  après  refroidissement 
et  reprécipitée  rie  nouveau  par  de  l'alcool.  Dès  que  la  liqueur  arrive  à 
contenir  3b  volumes  d'alcool  réel  pour  loo  il  ne  se  dissout  plus  de  glyco- 
gène,  s'il  y  a  en  présence  une  trace  de  sel.  Après  cette  seconde  précipita- 
tion on  lave  le  glycogène  à  l'alcool  à  ;'jO'\  tant  qu'il  contient  une  trace  de 
mercure,  puisa  90°  centésimaux,  enfin  à  l'alcool  mêlé  de  son  demi-volume 
d'éther.  Finalement  on  le  met  à  sécher  à  l'air  sec  ou  dans  le  vide. 

»  Ainsi  préparé  le  glycogène  ne  doit  ni  brunir  ni  jaunir  par  l'hydrogène 
sulfuré  (trace  de  mercure).  Il  ne  doit  pas  donner  d'ammoniaque  par  fusion 
avec  la  potasse  caustique. 

))  Ce  procédé  de  préparation,  à  la  condition  qu'on  substitue  la  cenlri- 
fugence  au  filtre,  est  aussi  une  méthode  de  dosage,  car  je  me  suis  assuré 
i"  que  le  glycogène  ainsi  précipité  est  pur,  homogène  au  microscope,  et 
qu'il  répond,  après  dessiccation  à  1  io°-i2o°,  à  la  formule  (C''H'"0^)"; 
2°  que  le  précipité  que  forme  l'acétale  mercurique  dans  les  extraits  d'or- 
ganes n'en  entraîne  pas,  après  lavages  complets  à  l'eau  acétique,  si  la 
liqueur  où  on  le  précipite  est  seulement  légèrement  acidulée  d'acide 
acétique;  3°  que  la  liqueur  alcoolique  où  l'on  précipite  le  glycogène  n'en 
contient  plus,  dès  qu'elle  arrive,  en  présence  d'une  trace  de  sels,  à  conte- 
nir 36  à  40  volumes  d'alcool  réel  pour  100. 

»   Par  cette  méthode,  j'ai  trouvé  dans  looo"''  de  foie  à  l'état  frais  : 

Glycogène. 

Foie  humain  sain 20ô'',5   (') 

Foie  frais  de  lapin i4^'',o 

>)  Je  donnerai  ici  quelques-uns  des  caractères  du  glycogène  pur,  que 
j'ai  observés  au  cours  de  ce  travail. 

»  Après  lavage  à  l'alcool  éthéré,  exciccation  à  l'air  du  laboratoire  et 
séjour  de  douze  heures  sous  la  cloche  à  acide  sulfurique,  sans  faire  de  vide, 
le  glycogène  contenait  les  quantités  d'eau  suivantes  : 

Eau 
pour  looK'. 

S'' 
Glycogène  de  foie  de  lapin 4i8 

»  de  foie  humain 2,45 

»  de  foie  de  poulet i  ,35 

»  de  muscle  de  cheval '  1 93 

(')  Foie  de  l'assassin  Carrara  traité  cinq  heures  après  l'exécution. 

C.  a.,  1899,   2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  19.)  94 


(  70'.  ) 

))  La  formule  (C"ir"0'')",H^  O.  attribuée  au  glycogèno  de  foie  par 
Boehm  et  (^lautrian,  demande  i, 85  pour  loo d'eau;  la  formule  C H' °0',H-0 
de  Pelouze  exigerait  :  eau  =  10,00. 

»  Le  glycogène  n'est  qu'en  apparence  soluble  dans  l'eau.  J'ai  trouvé 
qu'il  est  arrêté  en  partie  par  les  filtres  de  papier.  Avec  une  solution  un 
peu  concentrée  qui  a  déjà  traversé  le  papier,  le  filtre  de  porcelaine 
d'amiante  laisse  d'abord  passer,  par  aspiration  à  la  trompe,  une  liqueur 
légèrement  opalescente,  puis  ses  pores  se  bouchent,  la  liqueur  qui  filtre 
s'éclaircit  et  bientôt  on  constate  qu'elle  ne  louchit  plus  qu'à  peine  par 
l'alcool.  Le  glycogène,  en  apparence  dissous,  reste  alors  entièrement  sur 
le  filtre  d'amianle  que  l'eau  seule  traverse. 

))  Ce  corps  est  entièrement  précipité  de  ses  pseudo-solutions  aqueuses 
par  l'alcool  dès  que  la  liqueur  marque  36°  centésimaux  en  présence  des 
traces  de  sels. 

»  Il  ne  précipite  pas  par  l'acétate  de  mercure,  il  louchit  faiblement  et 
peu  à  peu  par  l'acétate  de  mercure  ammoniacal,  qui  enlève  aux  liquides 
organiques  l'a  peu  près  totalité  des  corps  azotés.  Mais  il  précipite  plus  ou 
moins  lentement  par  l'acétate  de  plomb  légèrement  ammoniacal.  Chauffé 
au  bain-marie  durant  trois  heures,  avec  une  lessive  de  potasse  à  3  pour  100, 
le  glycogène  ne  donne  pas  de  corps  réduisant  le  réactif  cupropotassique. 
Il  perd  ainsi  son  opalescence,  mais  elle  reparaît  par  neutralisation  de  la  li- 
queur dont  on  reprécipite  le  glycogène  par  l'alcool. 

»  Le  glycogène,  chauffé  à  l'autoclave  à  100°  avec  de  l'acide  acétique  à 
5  pour  joo,  durant  trois  heures  ne  subit  aucune  hydrolyse. 

»  Il  se  transforme  lentement  en  un  mélange  de  sucres  réducteurs  lors- 
qu'on chauffe  ses  solutions  acidulées  de  5  à6  pour  100  d'un  acide  minéral, 
à  la  température  de  ii5°  à  120",  durant  cinq  à  six  heures.  Dans  ces  con- 
ditions j'ai  trouvé  qu'il  fallait,  pour  réduire  lo"^^*^  de  liqueur  de  Fehling  nor- 
male : 

0,000  de  saccharose. 

o,o526  de  glycose  anhydre. 

o,o5i8  de  glycogène  sec  de  lapin  hydrolyse  à  11 5°. 

o , o5o8  »  » 

»  En  somme  et  en  moyenne  97,8  de  glycogène  .sec  de  foie  de  lapin 
agissent,  sur  la  liqueur  cupropotassique  après  hydrolyse,  comme  100  de 
glycose  anhydre. 


(   7o')  ) 

»  Ce  pouvoir  réducteur,  ajirès  rintorvenlion  de  l'eau  acidulée  à  chaud, 
est  loin  d'être  le  même  pour  les  divers  glycogènes  :  le  glycogène  de  foie 
humain  est  plus  réducteur  que  celui  de  lapin  et  beaucoup  plus  que  la  gly- 
cose.  Je  me  propose  de  montrer,  dans  un  travail  ultérieur,  qu'en  effet  les 
substances  confondues  sous  le  nom  de  glycogène  diffèrent,  non  seulement 
quand  on  les  extrait  d'organes  différents  (foie,  muscles,  etc.),  fait  déjà  en 
partie  reconnu  depuis  les  recherches  de  Boehm  et  Hoffmann  (  '  ),  mais  aussi 
quand  on  les  retire  d'un  même  organe  dans  les  diverses  espèces  animales; 
ces  glycogènes  peuvent  différer,  on  effet,  pnr  plusieurs  caractères  :  solu- 
bilité, coloration  par  l'iode,  pouvoirs  réducteurs  et  rotatoires,  et,  dans 
certains  cas,  par  les  sucres  qui  en  dérivent  lorsqu'on  soumet  ces  divers 
glycogènes  au  dédoublement  hydrolytique.  » 

MÉCANIQUE.  —  Sur  le  tracé  des  freins  hydraidiques . 
Note  de  M.  Vallier. 

«  Les  formules  que  j'ai  communiquées  à  l'Académie  (séances  des  29  mai 
et  3i  juillet  derniers),  sur  la  loi  des  pressions  dans  les  bouches  à  feu,  per- 
mettent d'établir  le  tracé  des  freins  hydrauliques  dans  des  conditions  de 
précision  supérieures  à  celles  actuellement  réalisées. 

«  On  sait  que  la  théorie  de  ces  freins,  que  l'on  s'efforce  de  faire  tra- 
vailler à  pression  constante,  est  basée  sur  le  principe  du  travail  à  dépenser 
pour  fournir  au  liquide  contenu  dans  le  cylindre  du  frein  l'énergie  néces- 
saire à  son  passage  à  travers  les  orifices  ménagés  à  cet  effet,  avec  la  grande 
vitesse  que  nécessite  la  faible  section  de  ces  orifices  par  rapport  à  celle  du 
cylindre. 

»  Ce  travail  s'évaluait  primitivement  en  l'égalant  à  la  force  vive  de  recul 
que  possédait  le  système,  supposé  actionné  instantanément  lors  du  départ 
du  projectile.  La  méthode  a  été  rectifiée  par  Hugoniot,  qui  a  montré  qu'il 
fallait  tenir  compte  du  fonctionnement  du  frein  pendant  le  trajet  du  projec- 
tile dans  l'àme. 

»  On  peut  faire  aujourd'hui  un  pas  de  plus  en  avant  en  traitant  la  ques- 
tion comme  il  suit  : 

(')  Ils  ont  comparé  ces  variétés  aux  diverses  dextrines  et  amidons  solubles  obtenus 
aux  cours  de  l'hydratation  de  l'amidon;  mais  les  dillérences  entre  les  givcogènes  sont 
en  réalité  plus  profondes. 


(  7o6) 

»  Le  travail  <lu  frein  s'opère  en  trois  périodes,  correspondant  la  pre- 
mière au  trajet  du  projectile  dans  l'âme,  la  deuxième  à  la  détente  des  gaz 
de  la  poudre  après  la  sortie  du  projectile,  tandis  que,  dans  la  troisième, 
la  résistance  du  frein  agit  sans  force  antagoniste  pour  annuler  l'énergie 
possédée  par  le  système  à  la  fm  de  la  deuxième  période. 

»  Le  régime  de  la  deuxième  période  n'a  pas  été  mis  en  formules  jusqu'à 
ce  jour,  à  notre  connaissance  du  moins,  parce  que  l'on  ne  possédait  pas  de 
données  suffisantes  sur  les  conditions  dans  lesquelles  elle  s'exerce.  Mais  si 
l'on  évalue  la  pression  à  l'instant  du  départ  du  projectile,  par  les  formules 
que  j'ai  communiquées,  et  dont  j'ai  montré,  dans  la  Note  du  3i  juillet,  la 
concordance  avec  l'expérience,  et  si  l'on  remarque  d'autre  part  que  l'exa- 
men des  tracés  de  pression  après  ce  départ  du  projectile  permet  de  les  figurer 
par  une  ligne  droite,  on  possède  les  éléments  nécessaires  à  la  mise  en 
équation  de  la  deuxième  période,  et  par  suite  au  tracé  complet  de  la  courbe 
directrice. 

M  Conservant  les  mêmes  notations  que  dans  la  Note  précitée,  désignons 
en  outre  par  P'  la  pression  à  la  bouche,  par  t„  la  durée  du  trajet  dans 
l'âme,  pjir  t,  celle  de  l'action  gnzeuse,  et  par  M  la  masse  du  système  soumis 
au  recul,  enfin  par  x  et  ç  les  coordonnées  relatives  au  déplacement  du 
frein.  Soit  enfin  R  la  résistance  du  frein  travaillant  seul,  et  à  effort  con- 
stant; les  formules  de  balistique,  d'une  part,  et  le  principe  de  la  conserva- 
tion du  mouvement  du  centre  de  gravité,  d'autre  part,  donnent  immédia- 
tement, les  premières  la  valeur  de  P'  et  de  ^„,  et  le  deuxième  les  éléments 
relatifs  au  frein  à  l'instant  /„  par  les  formules 

M('„  =  (^m  -+-  ^)  U'  ~  R/„ 


2 


A  ce  moment  commence  la  deuxième  période.  On  sait  par  expérience  que 
la  quantité  du  mouvement  de  recul  libre  n'est  pas  Mv^,  mais  cette  dernière 
accrue  d'une  quantité  que  l'on  évalue  soit  en  fonction  du  poids  de  la 
charge  à  l'aide  d'un  paramètre  spécial  à  chaque  poudre,  soit  par  la  rela- 
tion suffisamment  approchée  |[7.U'.  Dès  lors  l'équation  différentielle 


dt  \         /, 


(  707  ^ 

intégrée  de  o  à  /,,  définit  /,  par  la  relation 


;j;..U'  =  ^'^  ou  /,  =  3[/.U'  :coP', 

et  lorsque  l'on  porte  cette  v.deur  dans  les  éqnations  de  recnl  avec  frein 

dv  =^  i>dt, 

intégrées  de  zéro  à  i,,  on  trouve,  pour  le  point  terminus  de  I;i   deuxième 
période,  les  expressions 

Me,  =  Rh'„  -  R^,  +  ^ojP7,  =  (m  +  2y.jU'-  R(/o-h^), 

M.-r,  ^  Ma-„  H-  M    f  'vdt  =  (m  +  '^\\]  +  (m  +  ^)  U7,  -  ^  R(/„    h  /,)-. 

»   Dès  lors,  appelant  L  la  course  totale  du  frein  et,  par  snite,  \j  —  ,ï-,  la 
course  réduite,  l'équation  du  travail  donne  immédiatement 

Mr;— '2R(L-.r,)  =  o, 

c'est-à-dire,  en  résolvant  par  rapport  à  R, 

R  =  {m  +  2[^.)^U'-  :  2ML  —  (2m  +  [;.)U 

—  {■îm-\-  Z[j.)\j't^  +  '2{m  +  2a)U'(^o-l-  ^)' 

ce  qui  détermine  la  résistance  R  à  développer  tout  le  long  du  purcours. 

»   Dès  lors,  appelant  P,  la  pression  dans  le  frein,  A  la  surface  de  pres- 
sion correspondante,  on  écrira 

A=.R:  P,, 

ce  qui  donne  l'aire  effective  du  cylindre,  et  l'aire  de  l'orifice  au  point  œ^l ^ 
s'en  déduira  par  la  formule 

A  /^^tp; 

a,  :=   —  t/  — .r— ) 

f'i  V      ^ 

S  étant  le  poids  du  mètre  cube  de  liquide  employé. 

»   Pour  tout  autre  point  de  la  directrice,  on  aura  couramment 

a,.  =  a,  —  > 


(  7"8  ) 
et  en  particulier  pour  tons  les  points  correspondant  à  la  troisième  période. 


on  retomljcra  sur  la  relation 


«I        /  X  —  X, 


qui  ne  diffère  de  la  formule  élémentaire  que  par  la  substitution  du  pointa, 
à  l'origine  dans  le  cas  ordinaire,  et  au  point  a'„  dans  la  méthode  plus 
approchée  d'Hugoniot. 

»  Il  ne  reste  plus  qu'à  tracer  la  portion  de  la  courbe  comprise  entre 
l'origine  du  mouvement  et  le  pointa-,,  et,  pour  cela,  l'on  déterminera  les 
éléments  de  trois  points  de  cette  courbe. 

»  Le  premier  correspond  au  maximimi  de  pression  dans  l'àme;  il 
pourra,  pour  le  tracé  des  orifices,  se  placer  à  l'origine  du  mouvement, 
dont  il  n'est  distant,  en  réalité,  que  de  i"""  ou  2""".  La  vitesse  y  est  donnée 
par  la  relation 

en  vertu  des  formules  et  du  principe  cités  plus  haut. 

»  Le  deuxième  point  correspond  à  l'instant  de  la  sortie  du  projectile  : 
ses  éléments  ont  été  calculés  prccéJ.emment. 

»  Le  troisième  point  correspond  à  l'instant  t'  du  maximum  de  vitesse  de 
recul,  instant  donné  par  la  relation 


exprimant   cpi'il    v  a  équilibre  entre   la  pression  gazeuse  et  l'effort  du 
frein. 

>)   Ses  éléments  x'  et  c'    l'it  pour  valeur 

zMx'  =  (2«i  H-  ^.){\]  +  U'/')  —  R{t„  4-  t'y  +  Ç  (20. P'  -1-  R), 

et,  en  ce  point,  la  tangente  à  la  courbe  des  vitesses  en  fonction  des  espaces 
est  horizontale. 

»  La  courbe  des  vitesses  ainsi  tracée,  on  en  déduit  celle   des  orifices 

par  la  relatioii-^  =  -'>  et  l'on  repasse  de  ces  orifices  théoriques  à  ceux 


(  709  ) 

réels  il  l'aide  des  coefficients  d'écoulement  convenables  selon  la  forme  de 
l'ajutage. 

»  Cette  méthode  permet  de  tenir  compte,  dans  les  tracés,  de  la  pres- 
sion maximum,  alors  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  avec  les  formules  habi- 
tuelles.   » 

flIÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  FiRMix  Larroque  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  «  Sur 
la  mesure  de  l'intensité  des  impressions  sonores  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  de  M.  Erneslo  Pascal,  a)ant  pour  titre  :  «  Repertorio  di 
Matematiche  snperiori  «.  (Présenté  par  M.  Hermite.) 

2"  Un  Ouvrage  de  M.  Willard  Gihbs,  intitidé  :  «  Equilibre  des  systèmes 
chimiques  »,  traduit  par  M.  Le  Chatelier.  (Présenté  par  M.  Picard.) 


PHYSIQUE.  — Sur  la  masse  du  décimètre  cube  d'eau.  Note  de  MM.  Cii.  Farry, 
J,  Macé  de  Lépinay  et  A.  Pérot,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

«  Nous  avons  exposé,  dans  une  précédente  Communication,  la  méthode 
suivie  pour  mesurer  en  longueurs  d'onde  les  dimensions  d'un  parallélépi- 
pède de  quartz  (  '  )  de  o",  04  environ  de  côté.  Notre  but  était  de  déterminer 
le  volume  de  ce  solide,  en  vue  d'une  nouvelle  détermination  delà  masse  du 
décimètre  cube  d'eau.  Les  faces  du  solide  n'étant  ni  parfaitement  planes  ni 
parallèles  deux  à  deux,  il  est  nécessaire  d'étudier  comment  varie  l'épaisseur 
tl'un  point  à  l'autre  de  chaque  couple  de  laces.  Ces  mesures  différentielles 
doivent  conduire  au  tracé  des  courbes  d'égales  épaisseurs  pour  les  trois 


(')  Taillé  par  M.  Werlein. 


(  7if>  ) 
couples  de  faces.  La  méthode  suivante  nous  a  permis  de  le  faire  d'une  façon 
à  la  fois  rapide  et  précise. 

»  Soit  à  étudier  le  couple  de  faces  A,  A'.  Ces  surfaces  sont  faiblement 
argentées,  et  placées  respectivement  à  une  très  petite  distance  des  surfaces 
planes  B,  B'  de  deux  disques  de  verre  de  o™,o6  de  diamètre;  les  surfaces  B 
sont  également  argentées.  Le  système  est  susceptible  de  tous  les  réglages 
convenables,  permettant  de  faire  varier  soit  rorientalion,  soit  la  distance 
des  plans  B,  B'  par  rapport  aux  faces  adjacentes  du  cube;  chacun  de  ces 
réglages  se  fait  par  double  mouvement,  mouvement  rapide  par  vis  calantes 
pour  le  réglage  approché,  puis  mouvement  très  lent  par  flexion  d'une  pièce 
d'acier  au  moyen  de  soufflets  de  caoutchouc  pleins  d'eau. 

»  Cela  posé,  imaginons  que  les  surfaces  B,  B'  aient  été  amenées  au 
parallélisme  (on  verra  plus  loin  comment  celte  condition  essentielle  est 
obtenue).  En  AB  et  A'B'  restent  de  petites  épaisseurs  d'air;  si  l'on  fait  tra- 
verser normalement  le  système  par  un  faisceau  parallèle  de  lumière  mono- 
chromatique, on  obtiendra  les  deux  systèmes  corresjwndants  de  franges  de 
lames  minces,  que  l'on  pourra  l'eprésenter  sur  une  même  épure. 

»  Il  suffit  alors  de  joindre  d'une  façon  convenable  les  points  d'inter- 
section des  deux  systèmes  de  courbes  pour  avoir  les  lignes  d'égales  épais- 
seurs du  cube  de  quartz.  A  cause  des  propriétés  des  lames  argentées,  les 
franges  se  présentent  sous  forme  de  lignes  très  fines,  et  leurs  points  d'in- 
tersection sont  très  bien  déterminés.  Il  est  nécessaire  que  le  dessin  des 
franges  soit  obtenu  assez  rapidement  pour  que  rien  dans  l'appareil  n'ait  le 
temps  de  se  modifier;  cela  nous  a  conduits  à  photographier  les  franges,  en 
utilisant  la  radiation  violette  de  l'arc  au  mercure  dans  le  vide  (Arons)  ('). 
Le  faisceau  incident  étant  à  très  peu  près  parallèle,  on  peut  mettre  au 
point  à  la  fois,  sur  le  verre  dépoli,  les  deux  systèmes  de  franges,  et  obtenir 
leurs  images  sur  la  même  plaque.  On  agrandit  l'épreuve  par  projection, 
et  les  courbes  d'égales  épaisseurs  se  tracent  pour  ainsi  dire  d'elles- 
mêmes  (-).  Ayant  ces  courbes,  ainsi  que  l'épaisseur  absolue  en  un  point. 


(')  Voir  Fabrï  et  Perot,  Comptes  rendus.  8  mai  1899.  La  radiation  violette  est  si 
intense  qu'une  pose  de  trente  secondes  suffit,  malgré  les  quatre  argentures  que  la 
lumière  doit  traverser. 

(-)  Les  courbes  ainsi  tracées  sont  presque  identiques  à  celles  que  M.  Macé  de  Lé- 
pinay  avait  obtenues  par  une  méthode  toute  dilFérenle  {Annales  de  Chc/nie  et  de 
Physique,  mai  1897). 


{  7'i  / 
il  est  facile  d'en  déduire,  en  se  servant  du  planimètre,  l'épaisseur  moyenne 
correspondant  au  couple  de  faces  considéré. 

»  Reste  à  indiquer  comment  est  obtenu  le  parallélisme  des  faces  B,  B'. 
Ces  disques  ayant  G*^""  de  diamètre  débordent  lo  cube,  qui  laisse  à  décou- 
vert quatre  segments.  En  faisant  traverser  l'un  d'eux  par  le  faisceau  issu 
d'un  tube  à  cadmium  et  observant  avec  une  lunette  visant  à  l'infuii,  nn 
pourra  observer  un  système  d'anneaux,  produitpar  la  lame  d'air  de  4^""  en- 
viron comprise  entre  B  et  B'.  L'observation  de  ces  anneaux  permet  déjà 
un  réglage  extrêmement  approché,  en  les  amenant  à  présenter  une  symé- 
trie parfaite.  Pour  achever  ce  réglage,  on  éclaire  successivement  les  quatre 
secteurs,  et  l'on  examine  les  quatre  systèmes  d'anneaux  obtenus;  s'il  sub- 
siste une  petite  inclinaison  des  surfaces,  les  quatre  épaisseurs  ne  sont  pas 
identiques,  et  l'aspect  des  anneaux  n'est  pas  le  même  dans  les  quatre  sys- 
tèmes. Le  parallélisme  sera  parfait  si,  en  éclairant  successivement  les 
quatre  secteurs,  on  n'observe  aucune  modificatiou  dans  le  système  d'an- 
neaux; on  arrive  facilement  à  ce  résultat  par  un  tâtonnement  méthodique. 
L'éclairement  successif  des  divers  secteurs  est  obtenu  d'une  façon  pour 
ainsi  dire  instantanée  par  rotation  d'une  lame  épaisse  de  verre  oblique- 
ment interposée  sur  le  faisceau  incident.  La  lumière  employée  est  celle 
d'un  tube  à  cadmium;  grâce  aux  coïncidences  des  raies  verte  et  rouge,  il 
est  impossible  de  commettre  dans  le  réglage  une  erreur  d'un  anneau  entier. 

»  Aussitôt  ce  réglage  fait,  on  substitue  par  i]n  jeu  de  miroir  la  lumière 
de  l'arc  au  mercure  à  celle  du  cadmium  et  l'on  photographie  les  franges 
de  lames  minces;  enfin,  on  vérifie  que  le  parallélisme  s'est  maintenu. 
L'ensemble  de  ces  opérations  ne  dure  pas  plus  d'une  minute. 

»  On  a  raisonné  comme  si  les  surfaces  B,  B'  étaient  rigoureusement 
planes.  [1  suffit  en  réafité  que,  par  un  déplacement  parallèle,  elles  soient 
applicables  l'une  sur  l'autre.  Il  est  facile  de  s'assurer  que  cette  condition 
est  satisfaite  en  amenant  les  deux  surfaces  presque  au  contact  et  photogra- 
phiant les  franges  de  la  lame  mince  ainsi  produite.  On  a  trouvé  que  la 
correction  nécessaire  pour  tenir  compte  de  la  courbure  était  bien  infé- 
rieure aux  erreurs  d'observation;  en  d'autres  termes,  les  surfaces,  taillées 
par  M.  Sabin,  peuvent  être  considérées  comme  parfaites. 

))  De  ces  mesures  différentielles  et  des  mesures  absolues  précédemment 
décrites,  nous  avons  déduit  le  volume  du  cube  de  quartz('),  61^,70136. 


(')  En   tenant  compte  d'une  correction  de   iC^Scooiii,  due  à  ce  que  les  dièdres  ne 
sont  pas  exactement  droits  (voir  Macé  de  Lépinay,  loc.  cil.). 

G.  R.,  1899,  2«  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  19.  gS 


(   7'^  ) 

»  D'autre  pari,  la  masse  d'eau  à  4°  déplacée  par  ce  solide  était  exacte- 
ment connue,  grâce  à  la  détermination  de  sa  masse  faite  au  Bureau  inter- 
national des  Poids  et  Mesures,  et  à  la  détermination  de  sa  densité  faite  par 
M.  Macé  de  Lépinay.  Cette  masse  d'eau  est  61 2%  7  lo 04. 

»   On  en  conclut  : 

Masse  de  1000*^  à  /j"  :  999S%978G  =  i'<s  -  21  ""S  4. 

»  Ce  résultat  paraît  devoir  être  exact  à  quelques  milligramiiies  près.  Il 
présente  un  accord  remarquable  avec  le  nombre  que  M.  Chappuis  a  bien 
voulu  nous  communiquer  comme  résultat  provisoire  de  mesures,  encore 
inédites,  effectuées  sur  des  c^ubes  de  verre  parla  méthode  de  M.  Michelson  : 

»  Nous  ferons  remarque^  que,  grâce  à  la  méthode  employée,  nos  me- 
sures ont  été  possibles,  malgré  des  imperfections  sensibles  dans  la  taille 
du  cube;  deux  des  faces  (apposées  font  un  angle  de  12".  En  employant 
un  cube  plus  parfait,  on  ^îeut  espérer  réduire  encore  l'incertitude  du 
résultat.    » 


PHYSIQUE .     -  Enregistrement  microphonique  de  la  marche  des  chronomètres  (  '  ) . 
Note  de  M.  Alphonse  Berget,  présentée  par  M.  Lippmann. 

((  On  sait  quelle  est,  pour  les  astronomes,  les  géodésiens  et  les  marins, 
l'importance  des  chronomètres,  qui,  dans  des  mesures  faites  loin  des  ob- 
servatoires, constituent  la  '^eule  possibilité  d'avoir  l'heure  du  premier 
méridien. 

))  Aussi  l'étode  de  ces  inslnimeuts  est-elle  faite  avec  les  plus  grands  soins, 
et  leur  marche  est-elle  déterminée  par  des  observations  nombreuses  et 
variées  quant  aux  conditions  de  température. 

))  J'ai  cru  qu'il  serait  utile  de  pouvoir  enregistrer  graphiquement  la 
marche  de  ces  appareils  garde-temps  sans  les  ouvrir  et  sans  les  munir  d'un 
organe  quelconque  surchargeant  une  de  leurs  pièces.  J'ai  pensé,  pour  cela, 
à  la  transmission  microphoniqiie  des  battements  de  l'échappement. 

»  A  cet  effet,  j'ai  construit  un  microphone  de  Hughes,  à  charbon  vertical 
et  à  support  très  léger;  le  crayon  mobile  ne  présente  qu'une  inertie  très 

(')  Ce  travail  a  élr  fait  au  laboratoire  des  Ueclierches  physiques  de  la  Sorbonne, 


faible.  Ce  microphone  A,  simplement  posé  sur  le  chronomètre  à  étudier, 
est  monté  en  série  avec  une  pile-bloc  de  huit  éléments  et  un  téléphone, 
sur  la  plaque  vibrante  duquel  est  monté  un  transmetteur  microphonique  B 
à  quatre  charbons.  Ce  transmetteur  B  est  lui-même  monté  en  série  avec  un 
récepteur  téléphonique  dont  la  membrane  exécute,  dans  ces  conditions,  et 
grâce  au  courant  fourni  par  quatre  éléments  de  pile  secs,  des  vibrations 
d'une  amplitude  suffisante  pour  rompre  à  chaque  vibration  un  contact 
établi  entre  une  pointe  de  charbon  et  une  lame  de  platine  fixée  à  la  mem- 
brane. La  rupture  et  le  rétablissement  de  ce  contact  sont  utilisés  pour 
produire,  sur  un  cylindre  noirci  à  la  fumée  et  mis  en  mouvement  par  un 
mécanisme  à  régulateur  Yvon-Villarceau,  l'inscription  de  chaque  battement 
produit  par  l'échappement  du  chronomètre.  Les  courbes  sont  très  nettes 
et  d'une  lecture  très  aisée. 

»  Les  avantages  de  cette  méthode  sont  les  suivants  : 

»  1°  Suppression  de  l'erreur  personnelle  dans  l'observation  du  chrono- 
mèlrc; 

»  2"  Possibilité  d'employer,  avec  une  précision  aussi  grande  qu'on  veut, 
la  méthode  des  coïncidences  à  la  comparaison  du  chronomètre  avec  un 
pendule,  puisqu'on  peut  inscrire  la  marche  de  celui-ci-ci  à  côté  de  celle  du 
chronomètre,  sur  le  même  cylindre,  et  qu'on  est  maître  de  la  vitesse  de 
rotation; 

«  3°  Possibilité  de  suivre  et  d'enregistrer  la  marche  d'un  chronomètre 
pendant  qu'il  est  à  l'éluve  ou  à  la  glacière,  sans  ouvrir  les  enceintes  où  on 
l'a  placé; 

))  4°  Chaque  chronomètre  peut  être  rendu  émetteur  de  signaux  quel- 
conques et  régler  plusieurs  horloges,  puisque  le  contact  rompu  et 
rétabli  périodiquement  peut  être  employé  à  commander  un  relais  ordi- 
naire; 

))  5°  La  méthode  s'applique  également  à  l'inscription  de  la  marche  d'une 
horloge  astronomique  à  balancier,  sans  qu'il  sojt  besoin  de  munir  celui-ci 
du  moindre  organe  additionnel  dont  la  niasse  troublerait  le  mouvement  ou 
nécessiterait  un  réglage  nouveau  :  il  suffit  de  poser  le  microphone  A  sur 
une  pièce  fixée  à  la  caisse  de  la  pendule.  » 


(  7i4 


PHYSIQUE.  -  Sur  la  radioactmlé provoquée  par  les  rayons  de  Becquerel  (  '  ). 
Note  lie  M.  P.  CuniE  et  de  M"*"  31. -P.  Curie,  i)résentée  par  M.  Bec- 
querel. 

«  En  étudiant  les  propriétés  des  matières  fortement  radioactives,  pré- 
parées par  nous  (le  polonium  et  le  radium),  nous  avons  constaté  que  les 
rayons  émis  ])ar  ces  matières,  en  agissant  sur  des  substances  inactives, 
peuvent  leur  communiquer  la  radioactivité,  et  que  celte  radioactivité  in- 
duite persiste  pendant  un  tepps  assez  long. 

»  Voici  comment  les  expériences  sont  disposées.  La  matière  radio- 
active en  poudre  se  trouve  ^ur  un  plateau  horizontal;  au-dessus  de  cette 
matière  l'on  place,  à  quelquies  millimètres  de  distance,  la  plaque  que  l'on 
étudie,  soutenue  par  des  cales.  De  temps  en  temps,  l'on  enlève  la  plaque 
supérieure,  on  la  porte  iminédialement  dans  l'appareil  de  mesures  élec- 
triques et  l'on  détermine  sa  radioactivité  par  la  conductibilité  qu'elle  com- 
munique à  l'air  (-). 

))  On  constate  ainsi  que  la  plaque  exposée  a  acquis  une  radioactivité 
qui  augmente  avec  le  temps  de  l'exposition;  au  bout  de  quelques  heures, 
toutefois,  cette  augmentation  ne  se  fait  plus  que  très  lentement,  et  la  radio- 
activité induite  semble  tendre  vers  une  limite. 

»  Si  l'on  soustrait  la  plaque  activée  à  l'influence  de  la  substance  radio- 
active, elle  reste  radioactive  pendant  plusieurs  jours.  Toutefois,  cette 
radioactivité  induite  va  en  décroissant,  d'abord  très  rapidement,  ensuite 
de  moins  en  moins  vite  et  tend  à  disparaître  suivant  une  loi  asymptotique. 

»  Pour  observer  le  phénomène,  il  est  nécessaire  de  faire  agir  des  sub- 
stances fortement  radioactives.  Nous  avons  fait  nos  expériences  avec  des 
substances  de  5ooo  à  5oooo  fois  plus  actives  que  l'uranium;  les  activités 
induites  observées  immédiatement  après  l'exposition  variaient  alors  entre 
1  et  5o  fois  celle  de  l'uranium  ('  ).  Ces  activités  étaient  réduites  au  dixième 

(  '  )  Ce  travail  a  été  fait  à  l'Ecole  municipale  de  Physique  et  de  Chimie  indus- 
trielles. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXVl,  p.  iioi;  Revue  générale  des  Sciences,  3o  jan- 
vier 1899. 

(')  Certains  échantillons  de  chlorure  de  baryum  radifère  ont  donné  lieu  à  des  acti- 
vités induites  d'intensité  très  variable,  bien  que,  au  courant  des  expériences,  l'activité 
propre  de  ces  échantillons  n'ait  pas  varié  sensiblement.  Ces  irrégularités  semblent  être 


(  7i'>) 
de  leur  valeur  primitive  deux  à  trois  heures  ajirès  le  moment  où  la  sub- 
stance impressionnante  a  cessé  d'agir. 

))  Nous  avons  examiné  ainsi  l'effet  des  ravons  de  Becquerel  sur  diverses 
substances  :  le  zinc,  l'aluminium,  le  laiton,  le  plomb,  le  platine,  le  bis- 
muth, le  nickel,  le  papier,  le  carbonate  de  baryum,  le  sulfure  de  bismuth. 
Nous  avons  été  très  surpris  de  ne  point  trouver  des  différences  d'ordre 
de  grandeur  dans  les  radioactivités  induites  dans  ces  différentes  substances 
qui  se  comportent  toutes  d'une  manière  analogue. 

»  Le  but  du  présent  travail  a  été  surtout  de  rechercher  si  la  radioactivité 
induite  n'était  pas  due  à  des  traces  de  matière  radioactive  qui  se  seraient 
transportées  sous  forme  de  vapeur  ou  de  poussière  sur  la  lame  exposée.  La 
façon  analogue  dont  se  comportent  les  diverses  substances  impressionnées 
semble  favorable  à  une  pareille  supposition.  Cependant,  nous  croyons 
pouvoir  affirmer  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  et  qu  il  existe  une  radioactwilé 
induite. 

»  La  disparition  graduelle  et  régulière  de  l'activité  induite,  quand  la 
plaque  impressionnée  est  au  repos,  semble  exclure  l'hypothèse  des  pous- 
sières non  volatils,  et  il  est  bien  difficile  d'admettre  que  les  sels  de  baryum 
radifères  soient  volatils.  En  lavant  à  l'eau  les  plaques  impressionnées  par 
le  chlorure  de  baryum  radifère,  on  ne  fait  pas  [disparaître  leur  activité, 
quoique  ce  sel  soit  soluble.  j 

»  Enfin  nous  avons  organisé  avec  le  plus  de  soiii  possible  une  expérience 
qui  nous  semble  décisive.  Nous  avons  enfermé  une  substance  très  forte- 
ment radioactive  (Soooo  fois  plus  active  que  l'uranium)  dans  une  boîte 
métallique  complètement  close,  dont  le  fond  est  formé  par  de  l'aluminium 
très  mince.  Les  plaques  en  contact  avec  le  fond  de  la  boîte  sont  rendues 
radioactives;  l'activité  provoquée  était  de  lo  fois  à  17  fois  plus  grande  que 
celle  de  l'uranium. 

»  On  obtient  des  effets  de  radioactivité  induite  très  intenses  en  posant 
la  substance  impressionnante  directement  sur  la  plaque  à  impressionner. 
On  peut  employer  comme  substance  impressionnante  le  chlorure  de  baryum 
radifère,  dont  on  peut  retirer  les  dernières  traces  par  un  lavage  à  l'eau. 
On  arrive  ainsi  à  avoir  des  radioactivités  induites  plusieurs  centaines  de 
fois  plus  grandes  que  celles  de  l'uranium. 

»  Le  phénomène  de  la  radioactivité  induite  est  une  sorte  de  rayonne- 
-  i—  . 

en  relation  avec  les  variations  de  ia  température  ambiante  et  de  l'état  hygrométrique 
de  l'air;  ce  point  n'est  pas  encore  élucidé. 


(  7i6  ) 

ment  secondaire  dû  aux  rayons  de  Becquerel.  Cependant  ce  phénomène 
est  différent  de  celui  que  l'on  connaît  pour  les  rayons  de  Rontgen.  En  effet 
les  rayons  secondaires  des  rayons  de  Rontgen  étudiés  jusqu'ici  prennent 
naissance  brusquement  au  moment  où  le  corps  qui  les  émet  est  frappé  par 
les  rayons  de  Rontgen  et  cessent  brusquement  avec  la  suppression  de  ces 
derniers. 

»  Devant  les  faits  dont  nous  venons  de  parler,  on  peut  se  demander  si  la 
radioactivité,  en  apparence  spontanée,  n'est  pas  pour  certaines  substances 
un  effet  induit.  » 

M.  H.  Becquerel,  à  la  suite  de  la  Communication  de  M.  et  M"""  Curie, 
présente  les  observations  suivantes  : 

«  Le  nouveau  fait  très  remarquable  observé  par  M.  et  M™^  Curie  me 
semble  devoir  être  rap|)roché  de  celui  que  j'ai  signalé  il  y  a  plusieurs 
mois  (' )  et  qui  apparaissait  comme  une  fluorescence  invisible  sans  qu'on 
ait  aucun  renseignement  sur  sa  durée,  tandis  que  M.  et  M™"  Curie  montrent 
qu'il  existe  une  action  persistante  de  l'ordre  d'une  phosphorescence. 

»  Cette  observation  n'a  pu  être  faite  que  grâce  à  l'activité  radiante  prodi- 
gieuse des  matières  découvertes  par  M.  et  M""*  Curie,  alors  que  dans  mes 
premières  études  (-)  la  recherche  de  ce  même  phénomène,  sous  l'influence 
du  très  fiùble  rayonnement  des  sels  d'uranium,  n'avait  pas  donné  de 
résultat.  » 


PHYSIQUE.   —  Sur  le  spectre  du  radium.  Note  de  M.  Eue.  Demarçay, 
présentée  par  M.  Becquerel. 

'c  J'ai  reçu  de  M.  et  M""^  Curie,  dans  le  courant  de  la  présente  année, 
divers  échantillons  de  chlorure  de  baryum  contenant  du  radium  en  pro- 
portion croissante.  Corrélativement  à  l'accroissement  de  pouvoir  radiant, 
la  raie  nouvelle,  dont  j'ai  signalé,  l'an  passé,  la  présence  dans  le  chlorure 
de  baryum  radifère  (^),  s'est  montrée  de  plus  en  plus  forte  et  de  nouvelles 
raies  ont  fait  leur  apparition,  confirmant  ainsi  la  supposition  que  ce 
spectre  est  bien  dû  à  la  substance  radiante. 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXWIII,  p.  771;  mars  1899. 
(^)   Comptes  rendus,  t.  CAXll,  p.  762;  mars  1896. 
(')   Comptes  rendus,  26  décembre  1898. 


(  7'7  ) 

»  Dans  le  dernier  échantillon  qui  m'a  été  remis,  le  pouvoir  radiant 
était  environ  7  :  :  to'  fois  celui  de  l'uranium.  Le  s|)ectre  photographié 
contenait  les  raies  comprises  entre  1  ;5ooo,o  et  >,  — 35oo,o.  Dans  ce 
spectre  on  remarque  : 

»    1°  Le  spectre  du  haryum  très  intense  et  très  complet; 

»  2"  Celui  des  électrodes  (platiiic)  et  d'impuretés  banales  (calcium, 
traces  de  ploml  )  très  faibles  et  réduits  aux  raies  principales; 

')  La  série  des  raies  nouvelles  parmi  lesquelles  plusieurs  sont  aussi 
fortes  que  les  plus  fortes  du  baryum.  Ces  raies  sont  les  suivantes.  Leur 
plus  grande  force  est  marquée  i(),  la  plus  faible  i. 

1.  Force.  >>.  F'orce. 


4826,3 

10 

4726,9 

5 

4699,8 

3 

4692,1 

7 

4683, 0 

i4 

464i,9 

4 

4627,4  env. 

4 

4600 , 3 

3 

4533,5 

9 

4458,0  cnv. 

3 

4436,1 

8 

4364,2 

3 

4340,6 

I  2 

38i4,7 

16 

3649 ) 6 

12 

M  Sous  1  4tJ27,4  est  désigné  le  centre  d'une  bande  nébuleuse  symétrique 
très  notable.  Il  en  est  de  même  de  >i4â58,o.  Celle-ci  est  plus  faible. 

»  Toutes  les  raies  sont  nettes  et  étroites  et  rappellent  par  leur  aspect 
celles  du  baryum.  1. 

»  Il  conviendrait  peut-être  de  joindre  à  cette  liste  une  dizaine  de  raies 
moins  fortes,  faibles  ou  très  ftiibles.  Leur  faiblesse  rend  leur  attribution 
incertaine.  J'ai  cru  préférable  d'attendre  d'avoir  du  radium  à  un  plus  grand 
état  de  pureté. 

))  H  faut  soigneusement  remarquer  enfin  que,  dans  la  liste  précédente 
des  raies  du  radium,  pourraient  manquer  celles  qui  sur  le  cliché  seraient 
confondues  avec  les  raies  éliminées  du  baryum. 

»  J'examine  actuellement  la  portion  moins  réfrangible  de  ce  spectre  et 
espère  pouvoir  sous  peu  exposer  les  résultats  de  cette  étude.  ■■> 

ÉLECTRICITÉ.   --  Reproduction  électrique  de  figures  de  Savart,  obtenues 
à  l'aide  de  lames  liquides.  Note  de  M.  P.  de  Heen. 

«  Si  l'on  vient  à  électriser  un  plateau  de  résine  et  si  on  le  saupoudre 
ensuite  avec   de  la  poudre  de  soufre,  l'on  se  rend  compte  de   la  place 


(  7i8  ) 
occupée  par  l'électricité,  en  un  mot  l'on  réalise  les  figures  de  Lichtenberg. 
Cela  étant,  si  l'on  dispose,  autour  d'un  de  ces  plateaux  éleclrisés,  des 
foyers  d'ébranlement  del'éther,  tels  que  des  flammes  ou  des  aigrettes  élec- 
triques émanant  de  pointes  mises  en  communication  avec  une  bobine,  l'on 
remarque  que  les  choses  se  passent  exactement  comme  si  l'énergie  élec- 
trique était  refoulée  par  chacune  de  ces  sources,  comme  si  elles  émettaient 
un  souffle  particulier.  Aussi  l'électricité  ne  tarde  pas  à  se  disposer  suivant 
les  figures  géométriques  que  l'on  réaUserait  en  projetant  sur  un  plan  des 
jets  Hquides,  lesquels,  en  s'étendant  en  lames,  produisent  les  figures  bien 
connues. 

»  Si  l'on  se  sert  de  deux  loyers  de  projection,  on  obtient  une  droite; 
trois  foyers  produiront  trois  droites  se  réunissant  en  un  point;  des  jets, 
disposés  en  carré,  produiront  des  carrés;  la  disposition  en  quinconce,  des 
hexagones  et  la  disposition  en  hexagone,  des  triangles.  D'une  manière 
tout  à  f;iit  générale,  la  figure  obtenue  peut  se  définir  comme  suit  :  le  lieu 
géométrique  est  formé  des  points  à  égale  distance  de  deux  foyers,  la  distance 
commune  étant  inférieure  à  tout  autre  foyer. 

»  Les  figures  se  réahsenten  quelques  instants  en  plaçant  au-dessus  d'un 
plateau  électrisé  une  série  de  becs  de  gaz  très  petits  et  disposés  comme  les 
jets  d'eau  dont  nous  venons  de  parler. 

))  On  peut  donc  dire  que  les  choses  se  passent  comme  si  ces  sources 
émettaient  un  souffle  éthéré,  lequel  en  venant  rencontrer  la  lame  de  résine 
emporterait  l'énergie  électrique  comme  le  souffle  du  vent  entraîne  la 
poussière. 

»  Les  rayons  X  se  comportent  d'une  manière  analogue,  mais,  si  nous 
l'assimilons  à  un  souffle  édiéré,  sa  violence  est  telle  qu'il  traverse  la  lame 
de  résine  et  ne  s'étend  pas  comme  la  lame  liquide.  Il  importe  pour  obtenir 
le  même  résultat  de  se  servir  de  rayons  transformés,  tels  que  ceux  qui  sont 
émis  par  de  l'air  soumis  à  l'action  de  ces  rayons. 

»  Afin  de  réaliser  l'expérience,  il  suffit  de  produire  deux  faisceaux 
jiarallèles  de  rayons  X  lesquels  se  comportent  comme  deux  tubes  paral- 
lèles, fendus  longitudinalement  et  lançant  de  l'eau  sous  pression  sur  un 
plan.  La  rencontre  des  deux  lames  liquides  déterminera  encore  une  droite. 
Le  même  résultat  est  encore  réalisé  si  l'on  place  en  dessous  de  ces  faisceaux 
la  lame  électrisée  dont  nous  avons  parlé. 

»  Ces  faits  paraissent  établir  la  plus  étroite  analogie  entre  les  rayons  X 
et  les  rayons  cathodiques.  Ces  derniers  correspondraient  à  une  projection 
d'éther  entraînant  de  la  matière  radiante,  les  rayons  X  seraient  simple- 


(  719  ) 
ment  des  projections  d'éther.  Tous  les  foyers  d'ébranlement  de  l'éther 
détermineraient  de  plus  des  projections  de  même  nature,  mais  avec  une 
force  de  projection  incomparablement  plus  faible. 

»  Ceci  nous  porte  à  croire  que  l'émission  de  l'éther  est  un  phénomène 
tout  à  fait  général.  L'hypothèse  de  Newton  serait  donc  exacte,  mais  se  rap- 
porterait à  des  phénomènes  tout  à  fait  différents  de  ceux  de  la  lumière  et 
de  la  chaleur. 

M  Nota.  —  Il  sérail  intéressant  de  rechercher  si  des  fragments  d'uranium 
disposés  suivant  ces  figures  géométriques  déterminent  les  mêmes  résul- 
tats.  » 


CHIMIE  GÉNÉRALE.   —  Transformation  du  styrolène  en  métastyroléne  sous 
l'influence  de  la  lumière.  Note  de  M.  Georges  Lemoine. 

(c  Le  styrolène  ou  cinnamène  C*H'  se  change  par  la  chaleur  dans  l'obs- 
curité en  un  polvmère,  le  métastyroléne  :  les  lois  de  cette  transformation 
rappellent  celle  du  phosphore  (^Comptes  rendus,  t.  CXXV,  p.  53o).  Cette 
même  polymérisation  se  produit  aux  températures  ordinaires  parla  lumière 
solaire,  mais  lentement  (en  une  heure,  de  i  à3  pour  loo)  :  le  mélange  reste 
homogène,  car  le  métastyroléne  se  dissout  dans  (a  styrolène  en  excès. 

»  J'ai  profité  des  plus  belles  journées  de  ces  dernières  années  pour  faire 
sur  cette  transformation  des  déterminations  méthodiques,  semblables  à 
celles  des  mêla  nges  de  chlorureferrique  et  d'acide  oxalique  (Com/?ie^rp/i</Hf, 
t.  CXn,  CXX,  CXXT).  On  a  ici  un  liquide  sensiblement  transparent,  au 
lieu  d'un  liquide  coloré.  J'employais  un  produit  de  synthèse  de  la  maison 
Léser,  purifié  au  laboratoire  par  deux  rectifications  dans  le  vide  et  contrôlé 
par  l'analyse.  Ce  styrolène  était  exposé  au  soleil  cinq  ou  six  heures,  per- 
pendiculairement aux  rayons  lumineux,  dans  des  cuves  en  verre  à  faces 
parallèles  de  i°"",  4™"'  lo™™;  on  déterminait  la  proportion  de  métastyro- 
léne en  distillant  dans  le  vide  lo'^'^ou  20"^*^  de  liquide  dans  des  ballons  tarés. 

»  Rapports  entre  les  transformations  sous  différentes  épaisseurs.  —  Ils  ont 
été  déterminés  par  des  dosages  comparatifs  avec  des  cuves  de  i'""",  4'"'". 

Rapports /■  entre  les  Iransfor-        (  Cuve  de     i™™  :  cuve  de  4"™- •  •  •      1,28;   i,3;   1,1 
mations  p.  100  de  styrolène.  .    \  Cuve  de  10™'"  :  cuve  de  4""'.  ...     o,55 

»   Une  substance  est  impressionnée  par  les  radiations  lumineuses  qu'elle 

c.  R.,   iSçig,  2-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  19.)  96 


(  720  ) 
absorbe.  Si  la  transformation  s'arrêtait  après  un  trajet  de  4"'°.  '«^  rapport 
entre  les  cuves  de  lo"™  et  4™'"  serait  (4:  ro),  o,4o.  On  voit  que  les  radia- 
tions actives  dépassent  peu  4""'- 

»  Transmissions.  —  Pour  apprécier  l'absorption  sous  différentes  épais- 
seurs, j'ai  pris  comme  témoin  de  l'intensité  lumineuse  le  styrolène  lui- 
même.  Soient  deux  cuves  semblables  de  4°""  contenant  ce  liquide  et  rece- 


± 


t  '  -    "^ 


vant  les  rayons  solaires:  l'une  directement,  l'autre  à  travers  une  cuve  de 
styrolène  de  i™"",  4"",  io""°.  Le  rapport  des  quantités  transformées  dans 
les  deux  cuves  de  4"""  indiquera  l'absorption  (il  la  mesurerait  exactement 
si  les  cuves,  au  lieu  d'avoir  4°"°,  étaient  infiniment  minces).  D'ailleurs,  la 
transformation  n'étant  que  de  quelques  centièmes,  la  modification  de 
transparence  résultant  du  changement  chimique  du  liquide  n'a  pas  d'in- 
fluence sensible. 

Épaisseurs 
(ie  styrolène.  Transmissions  apparentes. 

r" o,8o;  o,94;  0,8:^;  0,85 

4 o,43;  o,5o 


10. 


o,23 


»  Comparaison  entre  les  différenles  radiations.  —  Des  expériences  prolon- 
gées plusieurs  semaines  m'avaient  montré  déjà  que  les  radiations  bleues 
agissent  sur  le  styrolène  beaucoup  plus  rapidement  que  les  jaunes  (  Comptes 
rendus,  t.  XCllI,  p.  5i6).  Dans  les  mesures  actuelles,  en  une  seule 
journée,  par  de  très  beaux  temps,  j'ai  constaté  la  grande  activité  des  radia- 
tions ullra-violetles  par  des  insolations  comparatives  avec  deux  cuves 
de4™'",  l'une  en  verre  ordinaire,  l'autre  ayant  sa  face  antérieure  en  spath 
d'Islande  (rapports  observés  :  i,6;  i,8). 

»  Action  continuatrice.  —  J'ai  fait  de  nombreuses  déterminations  compa- 
ratives sur  le  liquide  insolé,  immédiatement  et  au  bout  d'un  certain  temps 
(une  et  deux  heures,  un  et  trente  jours  ...  ).  Presque  toujours  Vaction 
continuatrice  a  été  trouvée  nulle  ou  très  faible. 

»  Représentation  algébrique  des  résultats  numériques.  —  Ils  peuvent  être 
coordonnés,  comme  ceux  de  mes  expériences  sur  les  mélanges  d'acide  oxa- 
lique et  de  chlorure  ferrique  {Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  936).  Il  faut  ex- 
primer que  l'action  chimique  résulte  ici  :  d'une  part,  de  radiations  très 
actives,  mais  très   rapidement  absorbées  (ultra-violettes,  violettes,  etc.. 


(  721  ) 
comme    pour   le  chlorure  d'argent);  d'autre   part,  de  radiations   moins 
actives,  mais  plus  lentement  absorbées  parle  styrolène. 

»  BoiDons  ici  le  calcul  à  un  ensemble  de  deux  radiations  prises  dans  les  rapports  /( 
et  c.  L'intensité  lumineuse,  appréciée  par  la  transformation  chimique,  sera  respecti- 
vement après  les  trajets  o  el  l, 

I   =:  rt  -1-  (', 
«  =^  na'  +  ra'. 
»  La    quantité    de    matière    transformée   sous   l'épaisseur  /   sera    proportionnelle 

à   f    i  dl,  d'où  les  rapports  77  entre  les  transformations  sous  les  épaisseurs  4°""  et  /. 

La  transmission  apparente  J/  à  travers  l'épaisseur  /,  appréciée  dans  nos  expériences 
par  les  transformations  effectuées  dans  des  cuves  de  4°"",  sera 


a'  I     na'  dl  -+-  a'  j     ra' 
J,—    —     .- 


Il 


(    na'  dl+   f    s-:L'dl 


»  Les  résultats  des  expériences  décrites  plus  luuil  sont  représentés  d'une  manière  à 
peu  près  suffisante  par 

Calculé /■,=  :, 35         /■,o=:o,65         J,  — 0,82         J4=o,48         J,.j=o,i7 

Observé /•,  =  !,  3  /■,o=o,55         Ji:=o,|86        ,li:i=:o,47         Jio  =  o,23 

»  Influence  de  la  température  sur  la  vitesse  de  la  transformation  au  soleil.  — 
Le  styrolène  est  soumis  à  l'insolation  comparativement  dans  deux  cuves 
de  4"""  :  l'une,  libre  de  s'échauffer  par  les  rayons  solaires;  l'autre,  appuyée 
sur  une  caisse  en  cuivre  rouge  contenant  un  mélange  déglace  pilée  et  de  sel. 
Les  températures  des  deux  liquides  différaient  ainsi  de  32*^  (35°  et  3").  En 
cinq  heures,  aS"^*^  ont  donné  respectiveinent  o^''',  io3  etoS'',o4odemétastyro- 
lène,  soit  le  rapport  2,6.  Si  donc  on  voulait  essayer  d'apprécier  l'intensité 
lumineuse  par  la  transformation  du  styrolène,  il  faudrait  le  maintenir  à 
une  température  constante. 

»  Ce  résultat  contraste  avec  ceux  des  mélanges  d'acide  oxalique  et  de 
chlorure  ferrique  où  une  variation  de  température  de  32°  n'a  que  très  peu 
d'influence.  Cette  différence  est  corrélative  des  observations  suivantes. 

»  Comparaison  entre  les  vitesses  de  transformation  au  soleil  et  dans  l'obscu- 
rité pour  une  même  température.  —  Dans  l'obscurité,  en  maintenant  long- 


(    722    ) 

temps  du  styrolène  en  vase  clos  à  une  température  constante,  on   peut 
admettre  comme  vitesse  initiale  : 

Température 100°         60°  42°  i5°(enunan) 

Métastyrolène  pour  100  produit  en  une  heure.       4  o,o3       0,001  io~'x5 

»  Au  soleil,  en  plein  été,  la  transformation  est  de  2  à  3  pour  100  par 
heure  et  le  liquide  arrive  par  l'insolation  à  une  température  de  40°  à  60°. 
On  voit  que,  pour  une  même  vitesse  de  transformation  au  soleil  et  dans 
l'obscurité,  l'abaissement  de  température  réalisé  par  la  lumière  avec  le  sty- 
rolène est  de  So"  seulement.  Avec  les  mélanges  d'acide  oxalique  et  de 
chlorure  ferrique,  il  atteint  100°  environ. 

»  Conclusion.  —  Malgré  les  différences  signalées  avec  le  mélange  d'acide 
oxalique  et  de  chlorure  ferrique,  les  expériences  sur  le  styrolène  montrent 
que,  dans  les  deux  cas,  le  rôle  principal  delà  lumière  est  d'acce/ere/"  une 
transformation  exothermique  qui  se  serait  produite  dans  l'obscurité  à  la 
même  température,  mais  beaucoup  plus  lentement.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  le  bioxyde  de  molybdène  (  '  ). 
Note  de  M.  Marcel  Guichard,  présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«  Nous  avons  montré  (^)  que,  lorsqu'on  réduit  graduellement  par  l'hy- 
drogène le  trioxyde  de  molybdène  ou  anhydride  molybdique,  on  n'obtient 
pas  d'autre  oxyde  que  le  bioxyde  brun  anhydre.  En  particulier,  la  réduc- 
tion ne  conduit,  à  aucune  température,  à  des  oxydes  définis  tels  que 
Mo*0'^Mo-O^Mo'0^ou3MoO-  2M0OMVI0O-M0O',  MoO'  2MoO\ 
Plusieurs  auteurs  ayant  décrit  des  combinaisons  de  bioxyde  et  de 
trioxyde,  c'est-à-dire  des  oxydes  intermédiaires  entre  MoO^  et  MoO', 
nous  avons  repris  l'étude  de  leur  préparation. 

))  I.  Action  de  l'anhydride  molybdique  sur  le  molybdale  d'ammoniaque.  — 
Lorsqu'on  chauffe  quelques  minutes,  au  chalumeau,  dans  un  creuset  de 
platine  couvert,  un  mélange  bien  pulvérisé  d'une  partie  de  molyb- 
date  d'ammoniaque  et  de  deux  parties  d'anhydride  molybdique  pur, 
jusqu'à  fusion  de  la  masse,  on  obtient  un  culot  brun  violet  avec  irisations 


(  '  )  Ce  travail  a  été  poursuivi  au  laboratoire  de  M.  Moissan. 
(-)  M.  Guichard,  Comptes  rendus,  t.  CXXV,  p.  26  et  io5. 


(   723  ) 

rouges,  violettes  et  jaune  cuivre.  La  surface  du  culot  est  recouverte, 
lorsque  la  chauffe  n'a  pas  été  trop  prolongée,  d'une  couche  gris  métallique 
et  de  paillettes  d'anhydride  molybdique  sublimé;  sur  le  couvercle  se  trouve 
également  un  léger  sublimé. 

»  L'expérience,  reproduite  un  grand  nombre  de  fois,  conduit  toujours 
au  même  résultat. 

»  Berlin  (')  pensait  qu'il  se  produit  ainsi  un  molybdate  d'oxyde  molyb- 
dique. Pour  le  débarrasser  de  l'excès  d'anhydride  molybdique  qui  l'entoure, 
il  le  traitait  par  l'ammoniaque.  Il  fut  ainsi  conduit  à  la  composition  Mo'  O*. 

M  Uhrlaub  (")  ayant  montré  que  cet  oxyde  renferme  de  l'azote,  Muth- 
mann  (^  )  fit  suivre  le  irailement  par  l'ammoniaque  d'une  ébuUition  pro- 
longée avec  de  l'acide  chlorhydrique  pour  tiétruire  la  combinaison  azotée. 
Il  arriva  ainsi  à  un  oxyde  de  composition  Mo'^O'-,  inattaquable  par  les 
solutions  alcalines  et  les  acides  sulfurique  étemlu  et  chlorhydrique. 

»  Lorsque  nous  avons  cherché,  suivant  cette  méthode,  à  dissoudre  l'an- 
hydride molybdique  dans  l'ammoniaque,  nous  avons  constaté  que  ce  trai- 
tement est  très  long.  Dans  une  expérience,  le  corps  résultant  de  l'action 
de  l'anhydride  molybdique  sur  le  molybdate  d'ammoniaque,  lavé  plusieurs 
fois  à  l'ammoniaque  par  décantation,  puis  séché  à  i  io°,  renfermait  72,59 
pour  loo  de  métal.  Après  plusieurs  jours  de  traitement  par  l'ammoniaque, 
il  renfermait  74. ^9  de  molybdène  et  n'était  pas  encore  complètement 
débarrassé  d'anhydride  molybdique  libre.  Il  est  donc  fort  difficile  d'arriver 
à  une  purification  complète  au  moyen  de  l'ammoniaque.  Ceci  tient  à  ce 
que  l'anhydride  molybdique,  qui  se  dissout  très  rapidement  dans  l'ammo- 
niaque, lorsqu'il  a  été  porté  au  rouge  sombre,  est  très  long  à  ilissoudre 
lorsqu'il  a  été  fondu  ou  sublimé.  Une  solution  de  soude,  au  contraire,  dis- 
sout l'anhydride  molybdique  calciné,  fondu  ou  sublimé,  avec  une  très 
grande  rapidité. 

»  Nous  nous  sommes  alors  arrêtés  au  traitement  suivant  :  l'oxyde  à 
purifier  est  traité  alternativement  par  une  solution  de  soude  à  10  pour  100 
et  par  l'acide  chlorhydrique  pur  étendu  de  son  volume  d'eau,  jusqu'à  ce 
que  l'acide  chlorhydrique  cesse  de  se  colorer  en  rouge  et  que  la  soude, 
saturée  d'acide  acétique,  ne  précipite  plus  par  l'acétate  de  plomb. 

»   L'oxyde  obtenu,  séché  à   110°,  est  brun  violacé,  cristallin,  les  irisa- 


(')  Berlin,  Journ.  filr  prakl.  C hernie,  t.  XLIX,  p.  444- 

(^)  Uhrlaub,  Po^^e/ic?.  Ann.,  t.  Ct,  p.  6o5. 

(')  MUTBMANN,  Liebig's  Ann.,  t.  CGXXXVIII,  p.  117. 


(    72  1     ) 

lions  qu'il  présentait  au  début  de  la  purification  ont  disparu;  elles  étaient 
dues  à  une  mince  couche  d'anhydride  molybdiqne  fondu  entourant  chaque 
particule  d'oxyde.  Au  microscope,  il  est  formé  de  petits  cristaux  à  nom- 
breuses facettes  brillantes.  Il  ne  renferme  pas  d'azote.  Son  analyse  donne  : 

Calculé 
pour  MoO^. 

Molybdène  pour  joo 74)90         73, oi  70,00 

»   C^et  oxvde  est  donc  du  bioxyde  pur  et  cristallisé. 

■u  Le  bioxyde  préparé  par  la  méthode  de  Bucholz,  en  chauffant  le  molyb- 
date  d'ammoniaque  seul  et  souniis  au  même  traitement  que  le  précédent, 
a  la  même  forme,  la  même  couleur  et  la  même  composition.  Son  analyse 

a  donné  : 

MolybdèDe  jiour  100 7^)05 

»  II.  Électrolyse  de  l'anhydride  molybdique  fondu.  —  Buif  ('),  en  i85g, 
électrolysa  l'anhydride  molybdique  fondu  dans  un  tube  en  Uavec  des  élec- 
trodes de  platine.  L'oxyde  inférieur  produit,  lavé  à  l'ammoniaque,  analysé 
par  Wohier,  présenta  la  composition  Mo^O". 

M  Suivant  Muthmann,  ce  corps  ne  se  forme  pas  par  l'électrolyse  de 
l'oxyde  MoO'  pur  et  celui  de  Bu(f  devait  renfermer  de  l'azote. 

»  Nous  avons  repris  l'électrolyse  de  l'anhydride  molybdique  de  la  façon 
suivante  : 

»  L'oxyde  Mo O^  pur  est  fondu  dans  un  creuset  de  porcelaine  couvert 
d'une  plaque  de  carton  d'amiante;  deux  électrodes  de  graphite  de  8"""  de 
diamètre  traversent  ce  couvercle  et  font  passer  dans  le  bain  fondu  le  cou- 
rant produit  par  5  éléments  Bunsen.  L'électrolyse  est  prolongée  trente 
minutes  avec  une  intensité  de  10  ampèies.  Le  creuset,  après  refroidisse- 
ment, renferme,  sous  une  couche  d'oxyde  RIoO'  sublimé,  un  culot  brillant 
gris  et  brun  avec  irisations.  Les  électrodes  ne  présentent  pas  trace  dal- 
té  rai  ion. 

»  Pour  éviter  l'abondante  sublimation  d'anhydride  molybdique,  il  est 
prélérable  de  constituer  le  bain  par  un  molybdate  de  potassium  qui  donne 
le  même  résultat  que  l'anhydride  molybdique  seul. 

»  Le  bain  qui  convient  le  mieux  s'obtient  par  fusion  de  i5*^''  d'oxyde 
Mo O' pur  avec  2S''  de  carbonate  de  potassium;  le  molybilate  formé  cor- 
respontl  à  peu  prèsauquinLimolybdate  5MoO'K-0  et  émet  peu  de  vapeur 


(')   liuFF,  Liebig's  Anit.,  t.  CX,  p.  270. 


Électrolyse 

de 

du 

l'anhydride 

molybdate 

molybdique. 

de  potassium 

Molybdène  pour  loo.  .  .  . 

...        74,95 

74,83 

(  7.5  ) 

d'anhvdn'de  molvbrliqiie  lorsqu'il  est  fondu  au  rouge.  Dans  ces  conditions, 
nous  avons  pu  prolonger  l'électrolyse  une  heure  trente  minules  avec  un 
courant  de  3,5  ampères.  Le  rendement  est  toujours  faible,  parce  que 
l'oxyde  formé  étant  bon  conducteur  de  l'électricité,  il  arrive  un  instant 
où  le  courant  passe  sans  jirodnire  d'électrolvse  sensible;  le  di'gagement 
d'oxygène  à  l'électrode  positive  devient  alors  à  peu  près  nul. 

»  L'oxvde  inférieur  formé,  mélangé  d'un  grand  excès  d'oxvde  MoO'  ou 
de  molybdate  de  potassium  fondu,  est  traité  par  la  soude  à  ro  pour  100 
jusqu'à  ce  qu'il  ne  lui  cède  plus  rien,  puis  lavé  à  l'acide  clilorhydrique,  à 
l'eau,  enfin  séché  à  1 10°.  Il  reste  alors  un  corps  brun  violet  brillant,  formé 
de  petits  cristaux  agglomérés  en  grand  nombre.  L'analyse  donne  : 


Calculé 

pour 

MoO'. 

75,00 

»   Cet  oxvde  est  donc  du  hioxyde  pur  cristallisé  ('). 

»  Il  résulte  de  ce  travail  qu'on  ne  connaît  pas  d'autre  oxyde  de  molyb- 
dène anhydre,  intermédiaire  entre  les  oxydes  MoO^  et  MoO',  que  celui  qui 
provient  de  la  déshydratation  de  l'oxyde  bleu  hydraté,  si  toutefois  cette 
déshydratation  peut  être  effectuée  sans  peroxydation.  Nous  nous  propo- 
sons d'examiner  ce  fait.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —Surlfirhamninosf. 
Note  de  MM.   Gh.\rles  et  Georges  Taxret. 

«  La  xanthorhamnine,  glucoside  des  fruits  du  Rhamnus  infectoria 
(graines  de  Perse,  graines  d'Avignon),  ne  se  dédouble  pas  uniquement 
sous  l'influence  des  acides  étendus  en  rhamnétine  et  rhamnose,  comme  on 
l'a  cru  jusqu'ici,  mais  en  rhamnétine,  ihamnose  et  galactose  (-).  Il  résulte 
encore  de  nos  observations  que  le  rhamnose  et  le  galactose  ainsi  formés 
proviennent  eux-mêmes  du  dédoublement  d'un  saccharose  qui  se  produit 


(')  Nous  donnerons  dans  une  autre  Note  les  résultats  obtenus  dans  l'électrolyse 
d'autres  composés  du  molybdène. 

(-)  Société  chimique,  séance  du  28  juillet  1S99.  Le  détail  de  nos  expériences  sera 
donné  dans  son  Bulletin. 


(  726  ) 

au  début  de  l'hydrolyse  de  la  xanthorhamnine.  L'étude  de  ce  sucre  que 
nous  proposons  d'appeler  rhamninose  fait  l'objet  de  celte  Note. 

»  Préparation.  —  Pour  le  préparer  nous  avons  d'abord  essayé  l'hydro- 
lyse ménagée  de  la  xanthorhamnine  par  l'acide  sulfurique  très  étendu,  soit 
à  o,5o  pour  loo;  mais  nous  n'avons  ainsi  obtenu  qu'un  mélange  de  rham- 
nose,  de  galactose  et  de  rhamninose  d'où  ce  dernier  n'a  pu  être  séparé.  Ce 
mélange  avait  pour  pouvoir  rotatoire  «0^=  —  i5°. 

»  Nous  avons  été  plus  heureux  en  nous  adressant  au  ferment  que  Lie- 
bermann  et  Horraann,  Marshall  Ward  et  J.  Dunlop  ont  signalé  dans  les 
graines  de  Perse  et  qu'on  obtient  en  en  précipitant  par  l'alcool  une  macé- 
ration concentrée.  C'est  ce  ferment  auquel  on  a  donné  depuis  le  nom  de 
rhamnase,  en  admettant,  sans  l'avoir  isolé  toutefois,  que  le  sucre  qu'il  pro- 
duit était  du  rhamnose.  Comme  ou  va  voir  qu'il  ne  pousse  pas  le  dédou- 
blement de  la  xanthorhamnine  jusqu'au  rhamnose,  mais  qu'il  s'arrête  au 
rhamninose,  nous  le  désignerons  dans  la  suite  de  ce  travail  sous  le  nom  de 
rhamninase . 

»  A  une  dissolution  aqueuse  de  xanlliorhamoine  à  -jij  on  ajoute  i  partie  de  rham- 
ninase pour  ICO  parties  de  glucoside  et  l'on  chauffe  à  45''-70°.  Au  bout  de  très  peu  de 
temps,  un  précipité  jaune  verdàtre  commence  à  se  former.  Quand  il  cesse  d'augmenter, 
ce  qui  a  lieu  en  moins  de  quarante-huit  heures  à  la  température  de  45°  et  de  vingt- 
quatre  heures  à  celle  de  70°,  que  nous  avons  trouvée  être  la  température  optima  de  la 
rhamninase,  la  liqueur  est  filtrée,  évaporée  en  consistance  de  sirop  et  épuisée  par 
l'éther  acétique  bouillant  jusqu'à  ce  que  celui-ci  en  ait  enlevé  avec  la  xanthorhamnine 
inattaquée  ses  produits  de  dédoublement  solubles  et  ne  se  colore  plus  sensiblement  eu 
noir  par  Fe^Cl*.  La  solution  est  alors  traitée  par  le  noir  animal  jusqu'à  décoloration 
complète,  évaporée  et  reprise  par  l'alcool  à  çf>°  bouillant.  Après  refroidissement  on  filtre 
de  nouveau  et  l'on  évapore  à  siccilé.  Le  résidu  ainsi  obtenu  constitue  le  rhamninose. 

»  looS''  de  xanthorhamnine  anhydre  ne  donnent  guère  que  4o"''  de  sucre  au  lieu 
de  578^  qu'exigerait  la  théorie.  Cette  différence  de  rendement  est  due  à  l'aclioii 
incomplète  du  ferment.  En  effet,  un  dixième  environ  du  glucoside  y  échappe  el 
le  dédoublement  du  reste  ne  donne  pas  uniquement,  comme  avec  les  acides,  de 
la  rhamnétine,  principe  phénolique  désormais  incapable  de  redonner  du  sucre,  mais 
un  mélange  de  cette  rhamnétine  et  de  produits  de  dégradation  intermédiaires,  gluco- 
sides  nouveaux  sur  lesquels  nous  espérons  revenir  un  jour. 

»  Composition.  —  L'analyse  du  rhamninose  et  l'étude  de  ses  principales 
réactions  conduisent  à  lui  assigner  la  formule 

C"H'-0''. 
»   Sous  l'influence  des  acides  étendus,  il  s'hydrate  en  donnant  exac- 


(  7^-7  ) 
temcnt  deux  molécules  do  rhamnosc  et  une  molécule  de  galaclosc  : 

c'est  donc  Tine  siicchnrofriose. 

»  Propriétés  physiques.  —  Le  rhamninose  est  soluble  dans  l'eau  en  toutes 
proportions  :  il  est  aussi  très  soluble  dans  l'alcool  fort,  mais  bien  moins 
soluble  dans  l'acide  acétique  crislallisable  (i  partie  pour  35).  Il  est  inso- 
luble dans  l'acétone  et  l'éther  acétique.  Sa  saveur  est  légèrement  sucrée. 
Ce  sucre  est  lévogyre  :  [a]o:=  —  4i"-  U  se  ramollit  à  135°  et  fond  à  i/[o" 
en  se  décomposant  lentement.  Nous  n'avons  pas  encore  réussi  à  le  faire 
cristalliser. 

»  Propriétés  chimiques.  —  Le  rhamninose  réduit  la  liqueur  de  Fehiing 
comme  le  ferait  |  de  son  poids  de  glucose.  Il  ne  fermente  pas  sous  l'in- 
fluence de  la  levure  de  bière  et,  si  l'on  additionne  sa  solution  de  glucose, 
celui-ci  fermente  seul.  Il  est  également  insensible  à  la  levure  qui  a  produit 
la  fermentation  d'un  mélange  de  glucose  et  de  galactose.  L'invertine, 
l'émulsine  et  les  diastases  de  V aspergillus  sont  sans  action  sur  lui. 

»  Il  ne  donne  pas  d'osazone  ou  d'hydrazone  insolubles  avec  l'acétate 
de  pliényihydrazine  ou  la  phénylliydrazinc  libre. 

»  Le  dédoublement  du  rhamninose  en  rhamnose  et  galactose  par  les 
acides  étendus  est  assez  lent.  Avec  l'acide  sulfurique  à  2,5  pour  loo,  la 
réaction  exige  trois  heures  et  demie  pour  être  complète.  Elle  est  beaucoup 
plus  lente  avec  l'acide  acétique  et  le  pouvoir  rotatoire  gauche  du  sucre  ne 
baisse  que  de  quelques  degrés  dans  le  même  temps. 

»  Action  de  l'hydrogène.  —  Quand  on  traite  sa  solution  concentrée  par 
l'amalgame  de  sodium  à  4  pour  loo  en  maintenant  le  mélange  dans  la 
glace,  le  rhamninose  fixe  IP  et  se  transforme  en  un  nouveau  sucre  non 
réducteur,  plus  lévogyre  (o-d  =  —  57°),  la  rhamninite  C'^H"0"'.  Ce  sucre 
chauffé  avec  l'acide  sulfurique  étendu  s'hydrolyse  en  donnant  de  la  didcite 
et  du  rhamnose  : 

C'«H^''0''  +  2H=0  =  2C''H'H)=-hC«H'H)^ 

Mais,  en  fait,  à  cause  de  l'attaque  partielle  par  l'alcali  de  la  partie  aldéhy- 
dique  du  rhamninose  qui  par  hydratation  donne  du  galactose,  le  rendement 
en  dulcite  ne  dépasse  guère  5o  pour  100,  alors  que  celui  du  rhamnose  est 
presque  théorique. 

»   Action  de  l'oxygène.  —  L'oxydation  du  rhamninose  par  l'acide  azo- 

C.   R.,  1899,  1'  Semestre.  (T.  GXXIX,  N»  19)  97 


(   728  ) 
tique  donne  notamment  de  l'acide  muciqiie,  et  si  elle  est  très  modérée, 
celui-ci  se  trouve  accompagné  d'acide  galactonique. 

»  L'oxydation  par  le  brome  confirme  la  formule  du  rhamninose  en  C". 
Elle  produit  en  effet  de  l'acide  rhamninotrionique  C'*H"0'^  qui  est  au 
rhamninose  ce  que  l'acide  lactobionique  est  au  lactose.  Cet  acide  est  lévo- 
gyre  :  a^  =  —  94°.  Il  est  amorphe  comme  ses  sels. 

»  L'acide  rhamninotrionique  est  monobasique  comme  l'a  montré  l'ana- 
lyse de  ses  sels  de  calcium  (C'^H'' 0'=)^Ca  et  de  baryum  (C'^H"  0'=}^Ba. 
Il  ne  précipite  ni  l'acétate  neutre,  ni  l'aci-tate  basique  de  plomb,  mais  seu- 
lement l'acétate  de  plomb  ammoniacal.  Il  ne  réduit  pas  la  liqueur  de 
Fehling. 

»  La  réaction  capitale  de  l'acide  rhamninotrionique  est  son  hydrolyse  j)ar 
les  acides  étendus.  Chauffé,  en  effet,  pendant  trois  heures  av^ec  de  l'acide 
sulfurique  à  2,5  pour  100,  il  fixe  de  l'eau  et  donne  2  molécules  de  rham- 
nose  et  i  molécule  d'acide  galactonique  : 

CH^O^'  +  aH^O^^aCH'-O'+CH'-O".    » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Re.cherches  sur  le  développement  progressif  de  l'essence 
de  bergamote.  Note  de  M.  Eugène  Charabot,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  Les  essences  renferment,  d'une  manière  générale,  un  ensemble  de 
composés  que  l'on  peut  facilement  transformer  les  uns  en  les  autres.  Il 
était  intéressant  de  pouvoir  saisir  le  mécanisme  à  l'aide  duquel  ces  consti- 
tuants se  forment  aux  dépens  les  uns  des  autres  dans  la  plante,  ce  qui  né- 
cessitait l'étude  du  développement  progressif  des  essences. 

M   Je  traiterai,  dans  cette  Note,  le  cas  de  l'essence  de  bergamote. 

»  Deux  essences  extraites,  l'une  de  fruits  com])lètement  développés 
mais  verts,  l'autre  de  fruits  mûrs  cueillis  sur  les  mêmes  arbres,  possédaient 
les  constantes  physiques  suivantes  : 

»  Essence  de  fruits  verts.  —  Densité  à  i4"  :  0,882.  Pouvoir  rotatoire 
(/=  100™"')  :  H-  i4"38'. 

»  Essence  de  fruits  mûrs.  —  Densité  à  i4"  :  o,883.  Pouvoir  rotatoire 
(/=  loo™™):  +  20°  3o'. 

))  Acides  libres.  —  L'essence  de  fruits  verts  renfermait  0,289  po'^"'  ^^^ 
et  l'essence  de  fruits  mûrs  o,283  pour  100  d'acides  libres  calculés  en 
acide  acétique. 


(  7^9  ) 

»  On  voit  que  la  proportion  des  acides  libres  diminue  légèrement  pendant  la 
maturation. 

»  Acétate  de  linaly le.  —  L'essence  de  fruits  verts  contenait  33,8  pour  loo 
et  l'essence  de  fruits  murs  37,3  pour  loo  d'acétate  de  linalyle. 

»  Donc,  pendant  la  maturation  la  proportion  d'éther  a  augmenté  de  3,5 
pour  ICO,  c'est-à-dire  d'une  façon  très  sensible. 

»  Linalol  libre  et  linalol  total.  —  On  sait  que  le  dosage  du  linalol  ne 
s'effectue  pas  d'une  façon  rigoureuse  par  acétylation  et  saponification  suc- 
cessives, cet  alcool  se  déshydratant  partiellement  sous  l'influence  de 
l'anhydride  acétique.  En  outre,  les  nombres  que  l'on  obtient  dépendent  à 
la  fois  du  volume  de  l'anhydride  mis  en  jeu  et  du  temps  pendant  lequel  on 
chauffe  le  produit.  Les  meilleurs  résultats  s'obtiennent  en  employant 
des  volumes  égaux  d'essence  et  d'anhydride  acétique  et  chauffant  pendant 
trois  heures.  Ainsi  que  me  l'a  montré  une  série  d'expériences  que  j'ai 
laites  à  ce  sujet,  lorsqu'on  dose  de  cette  façon  le  linalol  dans  un  pro- 
duit ne  renfermant  pas  d'acétate  de  linalyle,  l'erreur  commise  atteint 
i8  pour  loo  de  la  teneur  exacte  en  linalol.  Si  la  teneur  en  acétate  de 
linalyle  du  produit  dans  lequel  on  veut  doser  le  linalol  total  est  de  n 
pour  loo,  l'erreur   dans  le  dosage   du   linalol   total   se  trouve  réduite  à 

lo pour  loo. 

lO   ' 

»  Toutefois,  au  point  de  vue  des  recherches  que  je  poursuis,  la  méthode 
de  dosage  du  linalol  par  acétylation  et  saponification  successives  peut  être 
considérée  comme  suffisante,  puisqu'il  s'agit  simplement  d'obtenir  des 
résultats  comparatifs  et  qu'il  suffit  pour  cela  d'opérer  exactement  dans  les 
mêmes  conditions. 

»  Voici,  corrigés  d'une  erreur  de  i5  pour  loo,  les  résultats  obtenus 
dans  ce  dosage  : 

Essence  de  ti'uits 
verU.  liiûis. 

Ethers  dans  le  produit  acétylé 5o,9  pour  loo         44)7  pour  loo 

Elhers  provenant  du  linalol  libre 17,1  »  7,4  » 

Linalol  libre  dans  l'essence  primitive i3,9  »  5,9  » 

Linalol  total 4°) 5         »  35,5  » 

»  Ainsi,  la  richesse  totale  de  l'essence  en  linalol  diminue  pendant  la  matu- 
ration. 

»  Terpénes  {limonéne  et  dipenténe).  —  Il  était  particulièrement  intéres- 
sant d'étudier  comparativement  les  portions  terpéniques  des  deux  essences 


;   73o  )  . 

et  de  rapprocher  les  résiiltuts  de  celle  élude  de  ceux  obLcmis  plus  haut. 

))  \  cet  eiïel,  200^''  de  chacun  des  deux  produits  o.il  été  saponifiés  par 
ébuHilion  avec  une  solution  alcoolique  de  potasse.  Les  huiles  obtenues 
avaient  les  caractères  yjhysiques  suivants  : 

Essence  saponifiée  de  fruits 
verts.  uiùij. 

.Densité  à  1  G" o,S625  o,86i5 

Pouvoir  rotatoiie  (/==  100""") -i- i3°5-2'  -+-20°io' 

»  J'ai  soumis,  exactement  dans  les  mèiues  conditions,  les  deux  produits 
saponifiés  à  la  distillation  fractionnée;  eu  opérant  sur  lôo*^*^  de  chacune 
des  deux  essences,  j'ai  obtenu  les  résultats  suivants  après  deux  fi'action- 
nements  : 

I.  EssL-nce  de  fruits  verts.  II.  Essence  cle  fruits  mûrs. 

Volume  Volume 

du  liquide       Pouvoir  Densité  du  liquide       Pouvoir  Densité 

Teuipéritures.  recucjUi.       rotatoire.  à  iS".  recueilli.       rotutoire.  à  iS». 

i77°-i83° gS'-"        +3o"  lo'         0,807  'oS'''  +34°  o,8.53 

1 83°-2ou'' .    .  .  .     36'='--         H-  2°i4'  »  'io"=  -+-  4°  » 

Résidu »  »  1)  »  »  >) 

»  La  densité  de  la  fraction  177"-!  83"  du  produit  I  correspond  à  une  sub- 
stance plus  riche  en  linalol  que  celle  tle  la  fraction  correspondante  du  pro- 
duit IL  La  fraction  i77"-i83°  de  ce  dernier  produit  étant,  malgré  cela, 
plus  abondante  que  la  même  fraction  du  produit  I,  il  en  résulte  nécessai- 
rement que  la  proportion  des  terpènes  augmente  pendant  la  maturation 
des  fruits. 

»  Je  me  suis  demandé  si  les  proportions  relatives  de  limonène  et  de  di- 
jjenlène  restaient  ou  lion  constantes.  Pour  résoudre  la  question,  j'ai  éliminé 
le  linalol  dans  la  fraction  terpénique  de  chacune  des  deux  essences  à  l'aide 
de  rectifications  sur  du  sodium.  En  réj)étant  l'opération  jusqu'à  pouvoir 
rotatoire  invariable,  j'ai  recueilli,  bouillant  à  i73"-i76"  sous  767'"'"  : 

i)    1"  Les  terpènes  de  fruits  verts  avec  le  pouvoir  rotatoire  :  -+- /^']° 2.0' ; 

»   2°  Les  terpènes  de  fruits  mûrs  avec  le  pouvoir  rotatoire  :  +47°  12'. 

«  Les  pouvoirs  rotatoires  des  deux  portions  terpéniques  restant  sensi- 
blement égaux,  les  proportions  relatives  de  limonène,  qui  est  dextrogyre, 
et  tie  dipeiilèiie,  qui  est  iiiactif,  sont  les  mêmes  dans  les  deux  cas. 

»  En  résumé,  pendant  la  maluralion  des  fruits  du  citrus  bergamia,  /(/ 
yoitioii  terpénique  (lugnicnte,  les  proportions  relatives  de  ses  constituants, 
limonène  et  dipenthie,  restant  constantes. 


(  7^^'   ) 

»  ISergaplène.  —  Co  principe,  qu'on  dose  par  évaporation  au  bain- 
niarie  de  l'essence  de  bergamote,  se  trouve  dans  l'essence  de  fruits  verts, 
à  la  dose  de  0,9  pour  100  et  dans  celle  de  fruits  mûrs,  à  la  dose  de  5,5 
poiu'  100.  Il  en  résulte  que  sa  proportion  diminue  pendant  la  maturation. 

»  Conclusions .  —  Quelles  conclusions  peut-on  tirer  de  ces  observations 
relativement  à  la  formation  des  composés  terpéniques  dans  la  bergamote? 
Le  fait  que  la  proportion  du  linalol  total  diminue  pendant  que  la  propor- 
tion d'acétate  de  linalyle  augmente  montre  bien  que  le  linalol  doit  faire 
son  apparition  avant  son  éther  acétique.  L'acide  acétique  libre  agissant 
alors  sur  le  linalol,  élliérifie  une  partie  de  cet  alcool  et  en  déshydrate  une 
autre  partie  en  produisant  du  limonène  et  du  dipentène  qui  constituent, 
en  présence  de  certains  agents  déshydratants,  le  cortège  habituel  du  lina- 
lol. Cette  manière  de  voir  est  corroborée  par  le  fait  que  la  masse  du  mé- 
lange terpénique  augmente  pendant  l'élhérification  sans  qu'on  observe  la 
moindre  variation  dans  la  proportion  relative  des  deux  terpènes,  ce  qui 
montre  bien  que  leur  formation  intervient  au  cours  d'une  même  réaction. 

»  En  somme,  la  ])ériode  active  de  formation  du  linalol  est  celle  qui 
correspond  au  développement  du  fruit,  l'éthérification  accompagnée  do 
déshydratation  de  cej.  alcool  terpénique  s'effectuant  surtout  pentlant  la 
maturation.  » 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  une  maladie  nouvelle  des  Œillets. 
Note  de  M.  Louis  Maivgi\-,  présentée  par  M.  Guignard. 

«  Les  plantations  d'OEillets  sont  envahies,  cette  année,  dans  la  Pro- 
vence, à  Cannes,  Nice  et  Antibes,  par  une  maladie  grave  quia  déjà  dévasté 
de  nombreux  champs  et  menace  de  ruiner  l'une  des  cultures  importantes 
de  la  région.  Mon  attention  ayant  été  attirée,  au  mois  de  septembre  der- 
nier, sur  cette  maladie,  par  M.  Grec,  professeur  à  l'Ecole  d'Horticulture 
d'Autibes,  qui  a  bien  voulu  m'en  fournir  une  description  précise  et  me 
faire  adresser  des  échantillons,  j'ai  pu  commencer  une  étude  dont  la  pré- 
sente Note  résume  les  premiers  résultats. 

»  Les  plantes  malades  se  reconnaissent  à  la  teinte  jaune  et  au  flctrisse- 
ment  des  feuUles;  si  on  les  arrache,  on  constate  que  les  racines  sont  saines, 
mais  la  base  de  la  tige  est  dans  un  état  de  décomposition  plus  ou  moins 
avancé;  souvent,  au  moment  de  l'arrachage,  la  plante  se  brise  au  niveau 
du  sol  par  suite  de  la  pourriture  qui  a  cnvatii  le  collet. 


(  732  ) 

»  Daas  les  tissus  décomposés  et  brunis,  j'ai  rencontré  un  grand  nombre 
d'organismes  :  des  Champignons  variés,  les  uns  à  mycélium  noir  remplis- 
sant le  bois  mais  non  fructifies  et,  par  suite,  indéterminables;  d'autres  à 
mycélium  incolore,  qui  ont  fourni  les  fructifications  de  diverses  Mucé- 
dinées  :  Pénicillium,  Vcrticillium,  etc.  A  ces  Champignons  étaient  associés 
des  bactéries  et,  enfin,  des  anguillules,  les  unes,  assez  rares,  voisines  du 
genre  Tylenchus,  les  antres,  très  nombreuses,  constituées  par  des  Rhabditis 
ou  des  Diplogaster. 

))  Il  était  difficile  de  discerner,  dans  ce  mélange  d'organismes,  celui  qui 
cause  la  maladie;  mais  l'analyse  des  tissus  de  la  tige,  sur  des  échantillons 
encore  verts  et  en  des  points  successivement  rapprochés  des  parties  saines, 
nous  fait  assister  à  l'élimination  progressive  des  saprophvtes.  On  voit  seu- 
lement persister  un  mycélium  incolore  extrêmement  développé  dans  le 
bois  et  dans  la  zone  génératrice;  puis,  çà  et  là,  au  milieu  du  bois  désorga- 
nisé, on  aperçoit  des  Rhabditis  à  tous  les  états  de  développement.  Enfin, 
dans  les  échantillons  où  la  maladie  commence  à  se  manifester  et  dans  les 
tissus  des  pousses  qui  paraissent  entièrement  saines,  les  anguillules  ont 
disparu;  on  ne  rencontre  plus  que  le  mycélium  incolore;  sa  présence  est 
à  peine  indiquée  par  une  légère  teinte  jaunâtre  et,  sur  les  coupes  trans- 
versales, il  est  assez  difficile  à  voir,  mais  on  l'observe  avec  la  plus  grande 
netteté  sur  de  minces  coupes  longitudinales.  A  défaut  de  la  preuve  expé- 
rimentale qui  sera  prochainement  donnée  par  les  expériences  d'inocula- 
tion établies  depuis  quelque  temps,  nous  avons,  dans  les  résultats  de 
l'analyse  microscopique,  une  présomption  que  le  mycélium  dispersé  dans 
les  tissus  les  plus  éloignés  du  collet  représente  le  parasite  destructeur  des 
plantations  d'OEillets. 

»  Ce  parasite  ne  correspond  à  aucune  des  espèces  décrites  dans  les  ma- 
ladies étudiées  jusqu'ici.  Il  est  essentiellement  polymorphe  et  possède  au 
moins  deux  formes  conidiennes,  peut-être  davantage.  En  effet,  des  frag- 
ments de  branches  contaminées,  placés  dans  un  milieu  humide,  se 
couvrent  par  places  d'un  duvet  blanc  de  neige  et  l'on  voit  apparaître  des 
conidies  de  forme  et  de  grandeur  variables.  Les  unes  se  développent  à 
l'extrémité  de  bouquets  de  filaments  ramifiés  qui  s'échappent  à  travers 
l'écorce;  les  rameaux  portant  les  conidies,  souvent  opposés,  se  redressent 
de  manière  à  se  diriger  presque  parallèlement  à  leur  support  commun  ;  les 
conidies  sont  fusiformes,  arquées,  souvent  mucronées,  et  sont  divisées  par 
des  cloisons  transversales,  d'une  à  cinq,  ordinairement  trois;  leurs  dimen- 
sions oscillent  entre  20^^  et  "io^  de  longueur  sur  i^-,3  à  4"^  de  largeur.  Ces 


(  7^'^  ) 
fructifications  sont  voisines  par  leurs  spores  du  groupe  des  Ramulariées, 
notamment  des  Cercosporella  ;  mais,  par  l'aspect  des  filaments  conidifères, 
elles  rappellent  les  Verticillium. 

»  Sur  d'autres  points  des  branches  malades,  notamment  au  niveau  des 
déchirures  et  des  sections  de  la  tige,  l'appareil  fructifère  est  constitué  par 
des  flocons  de  filaments  très  allongés  portant,  sur  leur  longueur,  un  grand 
nombre  de  rameaux  courts,  insérés  à  angle  droit,  simples  ou  bifurques, 
terminés  chacun  par  une  conidie  ;  les  conidies  sont  presque  cylindriques, 
un  peu  arquées,  arrondies  aux  extrémités,  parfois  mucronées;  elles  ont  de 
5"^  à  la*^  de  longueur  sur  i^  à  3^^  de  largeur  et  ne  sont  pas  cloisonnées; 
ces  fructifications  appartiennent  à  la  forme  Cylindrophora ;  on  peut  d'ail- 
leurs trouver  toutes  les  transitions  entre  la  forme  Cercosporella  et  la  forme 
Cylindrophora;  ces  deux  formes  constituent,  dans  le  cas  particulier,  une 
seule  et  même  espèce  nouvelle  dont  la  diagnose  sera  donnée  plus  tard, 
à  la  suite  des  essais  de  culture  que  j'ai  entrepris. 

»  L'analyse  que  je  viens  de  résumer  permet  déjà  d'élucider  un  point 
important  de  l'évolution  du  parasite.  Des  observations  transmises  par  mon 
correspondant,  M.  Grec,  il  résulte  que  la  maladie  n'a  pas  un  caractère 
•  infectieux,  car  les  pieds  malades  sont  souvent  isolés  au  milieu  des  pieds 
sains;  elle  ne  se  propage  pas  non  plus  par  le  sol,  car  elle  s'est  déclarée,  et 
parfois  avec  un  caractère  grave,  sur  des  sols  neufs.  Il  semble  qu'elle  soit 
transmise  par  le  bouturage  qui,  dans  la  région  provençale,  est  le  seul 
mode  de  multiplication  des  OEillets;  ce  serait  une  maladie  conslitutionnelle; 
certains  horticulteurs  de  la  région  expriment  cette  impression  en  disant 
que  leurs  OEillets  sont  «  poitrinaires  ». 

»  J'ai  pu  vérifier  la  justesse  de  ces  observations  en  examinant  des  plants 
où  la  maladie  débute  à  peine,  car  j'ai  retrouvé,  dans  les  tiges  absolument 
saines  d'apparence  et  sur  une  assez  grande  longueur,  le  mycélium  aux 
formes  conidiennes  multiples. 

»  On  comprend  alors  que  les  plants  constitués  au  moven  de  boutures  à 
peine  contaminées,  que  l'œil  le  plus  exercé  ne  distingue  pas  des  boutures 
rigoureusement  saines,  soient  condamnes;  leur  végétation  est  d'abord 
vigoureuse,  car  le  parasite  se  développe  lentement  dans  les  tissus,  puis,  au 
moment  où  le  plant  va  fleurir,  la  maladie  éclate  brusquement. 

))  On  devra  donc,  dès  à  présent  et  j)Our  éviter  la  propagation  de  la  ma- 
ladie, s'astreindre  à  ne  bouturer  que  des  branches  bien  saines. 

»  Pour  reconnaître  celles-ci,  je  conseille  le  procédé  suivant  :  on  dispose 
les  boutures  préparées  pour  la  plantation  côte  à  côte  et  fichées  dans  les 


(  734  ) 
trous  d'nnR  mince  plnnchctte  on  d'une  feuille  de  zinc,  que  l'on  dispose  au- 
dessus  d'un  vnse  plnt  renfermant  un  peu  d'eau,  de  manière  que  la  section 
des  boutures  soit  à  2'™  ou  3'''"  au-dessus  de  la  surface  de  l'eau.  Au  bout 
de  vingt-quatre  heures,  à  la  température  de  i5°,  les  sections  des  branches 
malades  sont  couvertes  d'un  duvet  blanc  sortant  de  tout  ou  partie  de  la 
surface  du  bois,  tandis  que  les  surfaces  des  branches  saines  sont  intactes. 
On  jette  toutes  les  plantes  malades  ou  mieux  on  les  brûle.  Quant  aux 
branches  saines,  on  les  plonge  aussitôt  après  le  triage,  par  leur  extrémité 
coupée  ou  avivée,  soit  dans  une  solution  de  sidfate  de  cuivre  à  i^^'ou  2^^ 
par  litre,  soit  dans  une  solution  contenant  par  litre  iS^''  de  napthol  p  et  45^'' 
de  savon;  cette  opération  ayant  pour  but  de  tuer  les  spores  qui  auraient 
été  accidentellement  transportées  sur  les  parties  saines. 

»  J'examinerai  dans  une  autre  Communication  les  autres  voies  d'intro- 
duction du  parasite.    » 


GiîiOLOGIE.  —  Sur  l'état  actuel  des  volcans  de  l'Europe  méridionale. 
Note  dé  M.  Matteucci,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Chargé  par  le  Ministère  de  l'Instruction  publique  de  visiter  les  vol- 
cans actifs  de  l'Italie  et  de  la  Grèce,  j'ai  eu  l'occasion,  depuis  l'automne 
de  1898,  d'y  faire,  principalement  sur  les  prndiiits  gazeux  des  fumerolles, 
des  observations  dont  je  désire  communiquer  à  l'Académie  les  résultats  les 
plus  importants. 

»  Vésuve.  —  Il  n'y  a  plus,  parmi  les  fentes  élevées,  que  celles  des 
années  1872,  1889,  1891  et  1895  qui  offrent  encore  une  activité  solfata- 
rienne.  Les  fentes  nord-nord-ouest  de  1872,  par  où  se  sont  produites  des 
émissions  de  laves  si  violentes  et  si  abondantes,  sont  complètement  refer- 
mées et  inactives.  Seules  les  fentes  secondaires  sud-ouest,  en  communica- 
tion indirecte  avec  le  bassin  magmatique,  exhalaient,  en  automne  1898,  de 
la  vapeur  d'eau,  des  traces  des  acides  chlorhvdrique  et  sulfureux,  beau- 
coup d'acide  carbonique  et  des  hydrocarbures,  à  une  température  variable 
de  4o°  à  5o°. 

»  La  haute  fente  orientale  de  1889  dégage  beaucoup  de  vapeur  d'eau, 
d'acides  sulfureux  et  chlorhvdrique,  avec  une  quantité  sensible  d'acide 
carbonique  et  d'hydrocarbures. 

»  La  fente  septentrionale,  par  où  la  lave  s'est  épanchée  sans  disconti- 
nuer du  7  juin  au  3  février  189/1.  et  qui  h   cette  époque  donnait  de  la 


(  73'>  ) 
vapeur  d'eau,  peu  d'ncide  chlorhydrique,  des  acides  sulfureux  el  rnrbo- 
niqiip,  a  cessé,  une  fois  la  sortie  do  la  lave  termiiu'e,  d'émetire  des  ^■,17, 
et  des  vapeurs.  Peu  de  temps  après,  les  laves  elles-mêmes  cessaient  de 
donner  les  fortes  émanations  gazeuses  qui  s'étaient  traduites  auparavant 
par  la  production  de  sulfates  et  de  chlorures  de  fer  et  de  cuivre,  de  fer 
oligiste  et  de  tcnorite.  En  automne  i8()8,  un  petit  nombre  des  fentes  de 
cette  coulée  dégageaient  un  peu  d'acide  chlorhvdrique  sec  par  une  tem- 
péraltu-e  comprise  entre  5o"  et  80°.  Quant  aux  nouvelles  fentes  qui  se 
produisirent  le  3  juillet  189),  et  du  pied  desquelles  sortait  encore,  en 
automne  dernier,  une  véritable  profusion  de  lave,  j'ai  déjà  fait  connaître 
à  l'Académie  (')  la  série  intéressante  des  abondantes  émanations  gazeuses 
qu'elles  émettaient.  Je  rappelle  que  l'on  y  reconnaissait  les  acides  chlorhv- 
drique, sulfureux,  sulfurique,  carbonique,  iodhydrique,  bromhvdrique, 
fluorhydrique;  le  soufre,  le  sélénium,  l'iode,  divers  sulfates  et  chlorures 
de  fer  et  de  cuivre;  l'érythrosidérite,  le  fer  oligiste,  les  chlorures  et  les 
sulfates  de  potassium  et  de  sodium.  Sur  les  laves  mêmes  se  condensaient 
le  sel  marin,  le  sel  ammoniac,  la  ténorite  et  le  bicarbonate  de  soude. 
D'autre  part,  durant  cette  période,  le  cratère  central  manifestait  une  acti- 
vité strombolienne  bien  caractérisée. 

))  Etna.  —  Le  cratère  mesurait  Sog"  dans  le  sens  ouest-nord-ouest  est- 
sud-est,  et4oo"  dans  le  sens  perpendiculaire,  avec  plus  de  200"  de  pro- 
fondeur. A  l'intérieur  de  cette  vaste  chaudière  se  trouvaient  des  plages  de 
blocs  incandescents,  d'où  se  dégageaient  des  flammes  bleuâtres,  de  i" 
à  2™  de  hauteur,  produites  par  la  combustion  du  soufre  et,  peut-être 
aussi,  de  l'oxyde  de  carbone.  Sur  le  bord  du  cratère,  j'ai  trouvé  les  acides 
sulfureux,  sulfhydrique,  carbonique,  chlorhydrique,  fluorhydrique,  du 
soufre,  des  sulfates  et  chlorures  de  potassium,  sodium,  magnésium,  alu- 
minium, fer,  cuivre.  Les  cratères  d'explosion  les  plus  hauts  des  éruptions 
de  1879  et  de  1892  émettaient  beaucoup  de  vapeurs  acides,  parmi  lesquelles 
l'acide  fluorhydrique  en  petite  quantité.  D'autres  bouches,  situées  plus  bas, 
de  1892,  et  celles  de  i883  m'ont  donné  du  sulfate  et  du  bicarbonate  de 
soude.  J'ai  rencontré  ce  dernier  sel  dans  les  moraines  latérales  des  coulées 
de  1892. 

»  Vulcano.  —  Surcevolcan  persiste  la  phase  solfatarienne  de  1888-1890. 
Les  parois  et  le  fond  du  vaste  cratère  dégageaient  de  la  vapeur  d'eau  et  des 
gaz  abondants,  entre  autres  les   acides  carbonique,    sulfurique,   sulfliy- 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  65. 

G.   R.,i8()9,  1' Semestre.  (T.  CXM.N,  N"19.)  98 


(  7^''  ) 
drique,  chlorhydrique.  Les  vapeurs  de  soufre  et  l'acide  borique  se  conden- 
saient un  peu  partout,  sauf  autour  des  fumerolles  les  plus  chaudes.  Une 
seule  fois,  la  nuit,  j'ai  constaté  la  présence  de  l'acide  fluorhydrique.  Dans 
les  parties  les  plus  éloignées  de  l'axe  volcanique,  ainsi  qu'au  Faraglioni  du 
i'orto  di  Levante  et  à  l'extérieur  de  l'enceinte  cratérique  la  plus  récente, 
j'ai  remarqué  des  hydrocarbures  et  de  l'acide  carbonique  avec  de  légères 
quantités  d'acides  chlorhydrique  et  sulfurique. 

»  Stromboli.  —  En  automne  1 898,  les  manifestations  de  ce  volcan  étaient, 
comme  toujours,  du  genre  strombolien  bien  caractérisé.  L'appareil  éruptif 
était  formé  de  sept  cratères,  dont  un  émettait,  tantôt  des  scories  et  des 
vapeurs,  tantôt  des  fumées  chargées  de  sable,  tantôt  de  petites  coulées. 
Parmi  les  gaz,  j'ai  reconnu  l'acide  fluorhydrique.  Les  explosions  étaient 
fréquentes.  Observées  de  près  et  la  nuit,  elles  laissaient  voir  des  flammes 
bleuâtres  à  couronne. 

M  Santorin.  —  Le  terrain  qui  formait  la  baie  au  sud-ouest  de  Mikra- 
Kaiméni,  lors  de  l'éruption  de  i866-i8;7o,  s'est  notablement  affaissé.  Les 
eaux  ferrugineuses  qui  affluent  dans  le  canal  entre  Néa  et  Mdvra-Raiméni 
ont  une  température  de  45"  à  60°  et  contiennent  des  hydrocarbures  ainsi 
que  de  l'acide  carbonique.  Par  suite  d'un  abaissement  considérable  du  sol, 
le  port  Saint-Georges,  à  l'ouest  de  Néa,  s'est  élargi  de  plusieurs  mètres. 
Les  îles  de  Mai,  entre  ce  port  et  Paléa-Raiméni,  ont  presque  entièrement 
disparu  sous  le  niveau  de  la  mer.  Lors  de  ma  visite,  le  cratère  George  P' 
était  tapissé  de  chlorure  de  fer,  chlorure  double  de  fer  et  potassium,  gvpse, 
sulfates  et  chlorures  de  cuivre,  soufre.  Parmi  les  vapeurs  j'ai  observé  l'eau, 
les  acides  chlorhydrique,  carbonique,  sulfureux,  fluorhydrique.  Sur  les 
laves  d'Aphroessa,  il  y  avait  un  peu  de  bicarbonate  sodique. 

))  En  résumé,  pendant  qu'au  Vésuve  l'activité  strombolienne  du  cratère 
terminal  marchait  de  pair  avec  un  épanchement  latéral  de  laves,  \Elna 
était  en  repos  depuis  1892,  et  semblait  se  préparer  à  un  afflux  lavique, 
peut-être  vers  le  sud  ou  le  sud-ouest.  Vulcano  traversait  une  de  ses  phases 
solfatariennes  habituelles;  Stromboli  coasQYMx'il  sans  changement  son  acti- 
vité explosive  wormiÛQ.  ai  Santorin,  après  trente  années  d'émissions  gazeuses, 
semblait  se  préparer  à  reproduire  l'imposant  spectacle  de  flammes  et  d'ex- 
plosions qu'il  a  déjà  donné  dans  la  mer  Egée. 

M  En  ce  qui  concerne  les  fumerolles,  je  pense  que  si,  dans  les  régions  de 
forte  activité,  on  ne  réussit  pas  toujours  à  découvrir  certains  gaz,  cela  tient 
à  ce  que  leurs  caractères  sont  nsasqués  par  la  présence  des  acides  plus 
puissants. 


à 


(7^7  ) 

»  Aujourd'hui  (i  i  oclobre),  de  retour  d'une  nouvelle  visite  ;i  tous  les 
volcans  italiens,  je  suis  en  mesure  d'ajouter  ce  qui  suit  : 

»  Au  Vésuve,  la  sortie  latérale  des  laves  a  cessé  dans  la  nuit  du  i^'au 
1  septembre,  toute  l'activité  se  concentrant  au  cratère  terminal:  cependant 
il  ne  paraît  pas  impossible  que  de  nouvelles  laves  viennent  sortir  par  les 
mêmes  fentes  ouest-nord-ouesl.  Le  cratère  de  VEtna,  à  la  suite  de  fortes 
explosions,  qui  ont  commencé  le  jour  du  tremblement  de  terre  de  Rome 
(19  juillet)  et  ont  duré  peu  de  jours,  a  subi  un  léger  élargissement,  avec  un 
exhaussciisent  très  marqué  au  fond.  Au  Stromholi,  un  accroissement  d'acti- 
vité, survenu  le  7  mars  1899,  a  entraîné  la  fusion  de  deux  des  sept  cratères 
en  un  seul,  et  la  bouche  éruptive  de  l'automne  précédent  s'est  déplacée  en 
s'élari^issant  beaucoup.  A  Vufcano  comme  à  Santorin,  rien  de  nouveau  ne 
s'est  produit.   » 


PHYSIOLOGIE.  —  Siif  l'innervation  sècrèloirc  du  pancréas. 
Kote  de  MJM.  E.  Wertheimer  et  L.  Lepage  ('),  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Claude  Bernard  a,  comme  on  sait,  attribué  au  ganglion  sous-maxil- 
laire le  rôle  de  centre  réflexe  pour  la  sécrétion  salivaire.  Cette  opinion 
a  suscité  des  controverses  qui  durent  encore.  Nous  pouvons  apporter  de 
nouvelles  preuves  à  l'appui  de  la  notion  générale  établie  par  Clauile  Ber- 
nard. La  participation  du  système  ganglionnaire  périphérique  aux  actes 
réflexes  qui  règlent  les  sécrétions  digestives  ressort,  en  effet,  avec  évidence, 
d'expériences  que  nous  avons  faites  sur  la  sécrétion  pancréatique  :  celle-ci 
s'v  est  montrée  remarquablement  indépendante  de  l'action  du  système 
nerveux  central. 

»  Les  recherches  de  Pawlow  et  de  ses  élèves,  celles  de  Morat  ont  prouvé 
l'existence  de  fibres  excito-sécrétoires  pour  le  pancréas  dans  les  pneumo- 
gastriques et  dans  les  nerfs  splancbniques.  D'autre  part,  on  a,  dans  l'emploi 
des  solutions  acides,  un  moyen,  en  quelque  sorte  spécifique,  de  provoquer 
l'activité  de  la  sécrétion  pancréatique  (Doleaski).  Un  agent  dont  nous 
nous  sommes  aussi  servis  avec  avantage,  c'est  l'éther  dont  l'ach'ou  exci- 
iante  sur  le  pancréas  a  été  signalée  par  Claude  Bernard  et  Kiihno. 

»   Ceci  posé,  si  l'on  sectionne  les  deux  pueumo^jastriques  au  cou  et  les 


(')  Travail  du  Laboratoire  de  Physiologie  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Lille. 


(  7^«  ) 
deux  cordons  (in  sympathique  dans  le  thorax,  l'injection  d'une  solution 
d'acide  chlorhydrique  à  5  pour  looo  dans  le  duodénum  produit  une  au''- 
mentation  tout  aussi  marquée  de  la  sécrétion  pancréatique  que  si  les  prin- 
cipaux nerfs  sécréteurs  étaient  resiés  intacts.  Cletle  expérience  a  déjà  été 
faite  par  Po|jieLslu  et  nous  ne  pouvons  que  confirmer  les  résultats  qu'il  a 
obtenus.  Mais  cet  expérimentateur  ajoute  que,  si  l'on  sépare  le  duodénum 
du  pylore,  la  sécrétion  réflexe  ne  se  produit  plus,  et  il  en  conclut  que  le 
pylore  renferme  très  vraisemblablement  le  centre  sécrétoire  du  pancréas. 
Sur  ce  point,  nos  observations  sont  en  désaccord  avec  celles  de  Popielski. 
Nous  avons  toujours  vu,  quand  le  duodénum  avait  été  sectionné  à  quelque 
dislance  au-dessous  du  pylore,  l'injection  d'acide  ou  d'élher  amener  ses 
efléls  habituels. 

»  Il  fidlait  donc  chercher  ailleurs  que  dans  la  région  pvlorique  le  centre 
de  sécrétion  et  l'on  pouvait  supposer  qu'il  se  trouverait  dans  les  gros 
ganglions  abdominaux  du  sympathique.  Pour  résoudre  cette  question,  nous 
avons  extirpé,  à  des  chiens  curarisés,  le  ganglion  cœliaque  et  le  ganglion 
mesenlérique  sui)érieur  et,  en  même  temps,  nous  avons  énervé  soigneuse- 
ment l'origine  de  toutes  les  artères  qui  peuvent  fournir  des  branches  au 
pancréas,  c'est-à-dire  l'origine  du  trou  cœliaque  et  celle  de  l'artère  mésen- 
térique  supérieure.  Ces  animaux  avaient  subi,  en  outre,  la  section  des 
pneumogastriques,  des  cordons  thoraciques  du  sympathique  et  celle  du 
pylore. 

»  Un  premier  fait  digne  d'intérêt  s'observe  après  ces  opérations  :  le 
pancréas,  ainsi  privé  de  ses  relations  avec  tous  les  appareils  nerveux  exté- 
rieurs à  l'organe,  continue  à  sécréter.  Mais  le  résultat  le  plus  im[)ortant 
c'est  que,  si  l'on  introduit  une  solution  acide  ou  de  l'éther  dans  le  duo- 
dénum, l'écoulement  du  suc  pancréatique  s'accélère.  L'exemple  suivant 
est  très  caractéristique. 

»  Chez  lin  chien  de  6''k,5oo,  en  digestion  et  curarisé,  on  pratique  toutes  les  opéra- 
tions indiquées  ci-dessus,  et  l'on  teroiine  par  rintroduction  d'une  canule  dans  le  con- 
duit excréteur  du  pancréas.  Le  suc  apparaît  rapidement  à  l'orifice  de  la  canule,  et  une 
première  goutte  tombe  au  bout  de  deux  minutes  quinze  secondes  ;  l'écoulement  se 
ralentit  alors  progressivement,  et  la  cinquième  goutte  met  onze  minutes  vingt-cinq 
secondes  à  se  former.  A  ce  moment,  on  injecte  dans  le  duodénum  8'='^  d'une  solution 
d'acide  chlorhydrique  à  5  pour  looo.  La  première  goutte  qui  se  produit  après  l'in- 
jection tombe  au  bout  de  quatre  minutes  vingt  secondes,  et  dans  les  huit  minutes 
quarante  secondes  qui  suivent,  on  recueille  12  gouttes;  puis  la  quatorzième  gouUe  ne 
tombe  plus  qu'au  bout  de  trois  minutes  quarante  secondes,  et  la  suivante  au  bout  de 


(  7^9) 

treize  minutes  seulement,  La  sécrétion  qui  s'était  accélérée  pendant  dix-sept  minutes 
environ,  sous  l'influence  de  l'injection  acide,  reprend  donc,  au  bout  de  ce  temps,  sa 
marche  très  ralentie  du  début. 

»  Nous  [)ourrio!is  lapporler  plusieurs  exemples  dti  même  genre.  Parfois 
quand  l'ellet  de  la  soluLion  acide  était  épuisé,  nous  avons,  par  une  injec- 
tion d'éther,  réveillé  à  nouveau,  quoique  à  un  degré  moindre,  l'activité 
de  la  glande.  Il  est  à  noter  aussi  que  l'épreuve  réussit  à  un  moment  où 
l'insufflation  pulmonaire,  le  traumatisme  pratiqué  sur  l'abdomen  ont  lait 
baisser  la  température  rectale  à  34°  ou  33". 

»  Ce  n'est  pas  sans  surprise  qu'on  \oit  le  pancréas  isolé  de  toute  con- 
nexion, non  seulement  avec  le  système  nerveux  cérébro-spinal,  mais  aussi 
aACC  les  centres  abdominaux  du  sympathique,  obéir  encore  à  une  excita- 
tion dont  le  caractère  réflexe  n'est  pas  douteux,  puisque  l'acide  introduit 
dans  le  duodénum  ne  peut  agir  qu'à  distance  sur  la  cellule  glandulaire.  11 
faut  donc  que  les  centres  sécrétoires  aient  leur  siège,  soit  dans  leduodénuu), 
soit  dans  le  pancréas  lui-même  :  c'est  très  vraisemblablement  dans  l'inti- 
mité de  sa  propre  substance  que  la  glande  trouve  tous  les  éléments  néces- 
saires à  la  manifestation  de  son  activité  réflexe.  La  persistance  de  cette 
dernière  dans  un  organe  énervé  implique  aussi  que  les  ganglions  minus- 
cules disséminés  à  la  périjjhérie  réunissent  en  eux  toutes  les  parties  con- 
stituantes de  l'arc  diastaltique. 

»  Ajoutons  enfin  que  la  pilocarpine  conserve  son  action  excito-sécrétoire 
sur  la  glande  isolée  de  son  appareil  nerveux  extrinsèque  :  ce  qui  permet 
de  recueillir  une  quantité  assez  forte  de  suc  pancréatique.  Nousrevieuilrons 
sur  Jes  propriétés  du  liquide  obtenu  dans  ces  conditions.  » 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

I^a  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

Al.  B. 


(  74o  ) 


BUI.LKTI.N     RIBUOGnAPIUQUr;. 


Ouvrages  reçus  daks  r.4  séance  du  3o  octobre  1899. 

Connaissance  des  Temps  ou  des  moincwents  célestes  pour  le  Méridien  de 
Paris,  à  l'usage  des  astronomes  et  des  navigateurs,  pour  l'an  1902,  publiée 
par  le  Bureau  des  IjOngitiides.  Paris,  Gauthier-Villars,  1899;  i  vol.  in-8°. 
(Présente  par  M.  Poincaré.) 

Traité  de  Géologie,  par  A.  de  Lapparent,  Membre  de  l'Institut  :  I  (fasci- 
cule 1),  Phénomènes  actuels;  II  (fascicule  2),  Géologie  proprement  dite. 
Paris,  Masson  et  C'",  1900;  2  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

La  nature  tropicale,  par  J.  Costantin.  Paris,  Félix  Alcan,  1899.  (Pré- 
sentée par  M.  Gaston  Bonnier.  Hommage  de  l'Auteur.) 

Cinq  Opuscules  de  M.  Bordage,  sur  des  questions  de  Biologie  et  d'En- 
tomologie (1898).  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Uebereinealgebraische  Reihe,  von  Georg  Sidler.  Bern,  K.-J.  Wyss,  1899. 

Ueher  die  Reste  von  Edestidcn  und  neue  Galtung  Helicoprion,  von  A.  Raf- 
PINSKY,  mit  4  Tafeln  und  72  Textfiguren.  Saint-Pétersbourg,  C.  Birkcnfeld, 
1H99;  I  fasc.  in-8°  et  i  tasc.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Gaudry.  Hommage  de 
l'Auteur.) 

Mémoires  de  la  Section  topographique  de  l'Etat-Major  général  (russey 
T.  I^VI.  Saint-Pétersbourg,  1899;  i  vol.  in-4°.  (Offert  par  M.  Venukoli', 
présenté  par  M.  Bouquet  de  la  Grye.) 

Sitzungsherichte  der  kônigl.  buhmischen  Gesellschafl  der  Wissenschaften. 
Mathematisch-natuiwissenschaftliche  Classe.  Jahrgang  1898.  Prag,  1899: 
I  vol.  in-8°. 

Jahresbericht  der  kônigl.  bôhmischen  Gesellschafl  der  Wissenschaften,  fïw 
das  Jahr  1898.  Prag.  11899;  '  ^^^<^-  in-8". 

Husitske  va/ecnicti'i  za  doby  Zizkovy  a  Prokopovy.  sepsal  Judr.  Hugo 
ToMAN.  Y  Praze,  1898;  1  vol.  in-'6°. 

0  dcterminantech  mocninnych  a  sestavych,  napsal  D""  F.-J.  Stlu>ic;va. 
"V  Praze,  1897;  i  fasc.  in-8". 


(  7^'i'    ^ 
Aiialele    inslitutului   rnetcuiolugic  al  lioinànui,    puljlicale    de   SiiiiAN-C.. 
Hepites;  t.  XIII,  anul  1897.  Biicuresci,  F.  Gobi;  Paris,  Gautliier-Villars, 
1899;  1  vol.  iii-4°.  (Oferit  (le  Institutul  météorologie.) 


Ouvrages  reçus  dans  la  séanck  uu  6  novejibke  1S99. 

Équilibre  des  systèmes  chimiques,  par  J.  Willard  Gibbs,  traduit  par  Henry 
Le  Chatelier.  Paris,  Georges  Carré  et  C.  Nand,  1899;  i  vol.  in-8'\  (Pré- 
senté par  M.  Picard.  ) 

La  tuberculose  pulmonaire,  son  traitement  par  une  nouvelle  tubercuhne, 
par  le  D''  Ponzio,  Paris,  J.-B.  Bailliere  et  fds,  1900;  i  fasc.  in-12.  (Hom- 
mage de  l'Auteur.) 

Le  potager  d'un  curieux  :  histoire,  culture  et  usage  de  aSo  plantes  comes- 
tibles peu  connues  ou  inconnues,  par  A.  Paillieux  et  D.  Bois,  'i*  édition. 
Paris,  Ldjrairie  agricole  de  la  Maison  rustique,  1899;  i  vol.  in-8°.  (Hommage 
des  Auteurs.) 

Notice  sur  les  travaux  scientifiques  de  M.  A.  Etard.  Paris,  Gauthier-Viilars, 
189g;  I  fasc.  in-4°. 

Manuali  Hoepli.  Repertorio  di  Malemutiche  superiori,  per  Ernesto  Pascal. 
II.  Georaetria.  Milano,  Ulrico  Hoepli,  1900;  i  vol.  ia-18.  (Présenté  par 
M.  Hermite;  hommage  de  l'Auteur.) 

Chronik  derkônigl.  technischen  Hochschule  zu  Berlin,  1799- 1899.  Berlin, 
Wilhehn  Ernst  und  Sohi>,  1899;  1  vol.  'n\-lf. 

Die  reine  Mathematik  in  den  Jahren  1 884-1899,  nebst  Actenstùcken  zum 
Leben  von  Siegfried  Aronhold,  von  D''  E.  Lampe.  Berlin,  Wdhelm  Ernst  und 
Sohn,  1899;  I  fasc.  in-8°. 

Neue physikatische  Apparale.  7  Mittheilung.  Ptlax  Kohi,  Chemnitz,  s.  d.; 
I  fasc.  in-4°. 

Catalogue  des  appareils  pour  les  expériences  avec  les  courants  à  grande 
fréquence  et  haute  tension  d'après  Tesla.  Max  Rohl,  Chemnitz,  s.  d.  ;  i  fasc. 
in-4°. 

Statistiek  van  het  koninkrijk  der  Nederlanden.  Bescheiden  betreffende  de 
geldmiddelen.  Vier  en  twintigste  sluk.  Ecrste  gedeelte.  1898.  'Sgravenhage, 
Martinus  Nijhoff,   1899;  i  fasc.  in-4''. 


(  742  ) 
Bericht  der  senckenbergischen  Nalurforschen  der  Gesellschafl  in  Frankfurt 
amMain,  1899  :  vom  Jiini  1898  bis  Juni  1899.  Frankfurt  a.  M.,  Gebrûrler 
ICnaiier,  1899;  i  vol.  in-8°. 

Transactions  oflhe  Conneclicut  Academy  of  Aris  and  Sciences.  Vol .  X,  part  I. 
Newhaven,  1899;  i  vol.  in-8°. 

Annuaire  géologique  et  minèralogique  de  la  Russie,  rédigé  par  N.  Rrichta- 
lOViTCH.  Yol.  III,  livr.  9.  Novo  Alexandria,  s.  d.  ;  i  fasc.  in-4°. 

Jahrhitch  (les  Kônigl.  scichsischen  meteorologischen  Inslitutes.  1896,  Jahr- 
gang  X[V,  3  Abt.;  1897,  Jahrgang  XV,  1-2  Abt.  Cheinnitz,  1898-99; 
3  fasc.  in-4°. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n"  55. 

ui8  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièroment  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  Tolumes  ln-4''.  Deui 
l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.   L'abonnement  est  annuel 

Uda  i"  janvier. 

1  Le  prix  de  ^abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Dnion  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Ferrsin  frères. 

iChaix. 
Jourdan. 
Ru6f. 

,j Courtin-Hecquet. 

(  Germain  etGrassin. 

i  ' \  Lachése. 

.  ne Jérôme. 

I  on Jacquard. 

(  Fera  t. 

■  zux ]  Laurens. 

(  Muller  (G.). 

I  es Renaud. 

[  Derrien. 
j  F.  Robert. 

j  J.  Robert. 

[  Uzel  frères. 

!  Jouan. 

:  ierv Perrin. 

(  Henry. 

I  mrg ,,      ■' 

(  Marguerie. 

.„  (Juliot. 

,  ont-Ferr...  J  „.,        „  ,, 

(  Ribou-Collay.  , 

iLamarche. 
Ratel. 
Rey. 
j  Lauverjat. 
(  Degez. 

, ,  i  Drevel. 

i  oLt „ 

(  Gratier  et  C'V 

chelle Foucher. 

l„f (Bourdignon. 

j  Dombre. 
.  1  Thorez. 

'  (  Quarré. 


chez  Messieurs  ; 

(  Baumal. 

Lorient ..      ^ 

{  M"*  Texier. 

Bernoux  et  Cumin 

Georg. 
Lyon /  Côte. 

Savy. 

Vitte. 

Marseille Ruât. 

(  Calas. 
MontpeUie,      .    .]  ^^^^^^ 

Moulins Martial  Place. 

/  Jacques. 
Nancy !  Grosjean-Maupin, 

(  Sidot  frères. 

(  Loiseau. 

Nantes      ,,  , 

(  Veloppe. 

i  Barma. 

Nice ,,■         .■     .  ^,. 

(  Visconli  et  C". 

Nîmes Thibaud. 

Orléam    Luzeray. 

.  ,  (  Blanchier. 

Poitiers  •  1  ,,      , 

(  Marche. 

Hennés Plihon  et  Hervé. 

Rocheforl Girard  (  M»"  ). 

(  Langlois. 

Bouen ,     .  . 

(  Lestnngant. 

S'-Étienne Chevalier. 

(  Poiitcil-Bur!e5. 

Toulon „   _^.. 

(  Bumebe. 

i  Gimet. 
Toulouse jp^.^^^ 

:  Boisselier. 

Tours j  Péricat. 

(  Suppligeon. 

.  j  Giard. 

Valenciennea , 

(  Lemaltre. 


A  msterdam 


Berlin. 


chez  Messieurs  : 

Feikema    Caarelsen 
et  C'-. 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C'V 

Dames. 

Friedlander   et   fils. 

Mayer  et  Muller. 

Schmid  et  Francke. 


Bucharest . 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Berne  

Bologne Zanichelli. 

Lamertin. 
Bruxelles MayolezetAudiarte. 

Lebègue  et  C", 

Sotcheck  et  C°. 

Slorck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge..     . .     Deighton,  BelletC». 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

iCherbuliez. 
Georg. 
Stapelmohr. 

Belinfante  frères. 
(  Benda. 
(  Payot. 
Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig i  Lorentz. 

I  Max  Riibe. 
V  Twielmeyer. 
(  Desoer. 
\  Gnusé. 


Genève . . 

La  Haye. 
Lausanne 


Liège. 


chez  Messieurs  ; 

iDulau. 
Hachette  et  C. 
Nutt. 
Luxembourg . ...     V.  Buck. 

/  Libr.  Gutenberg. 

Madrid )  Romo  y  Fussel. 

I  Gonzalès  e  hijos. 
'  F.  Fé. 

Milan i^°"«  f'""- 

(  Hœpli. 

Moscou Tastevin. 

Naples S  Marghieri  di  Gius. 

(  Pellerano. 

IDyrsen  et  Pfeiffer. 
Stechert. 
LemckeetBuechnei 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaés  et  Mouiz. 

Prague Rivnac. 

Bio-Janeiro Garnier. 

„  (  Bocca  frères. 

Rome , 

(  Loescheret  C*. 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin 

_    „  ,  i  Zinserling. 

S'-Petersbourg..)^^^^^ 

I  Bocca  frères. 
Brero. 
j  Clausen. 
[  RosenbergetSelliLi. 

Varsovie Gebethner  et  WollV 

Vérone Drucker. 

l  Frick. 

Vienne i  „       ,  .    .  _,. 

(  Gerold  et  C". 

Ziirich Meyer  et  Zeller. 


ABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1«    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4°;  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  -  d"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4'';  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.  —  (  i"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  in-4';  1889.  Prix 15  fr. 

DPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 
fi  0 1  :  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DerbÉs  et  Â.-J.-J.  Solier.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  le» 
nés,  par  M.Han»en.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancreaiique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

'S s,  par  M.  Claolk  Beemâbd.  Volume  in-4°,  avec  32   planches;  i856 ■  ■    •       *"    ^' 

f'ie  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Benedb».  -  bs^ai  d'une  réponse  â  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
me  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  ;  .  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
m  taires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition .  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
1«  rapports  qui  existent  entre  l'étatactuel  du  régne  organique  et  ses  états  antérieurs  .,  par  M.  le  Professeur  Bronm.  In-4°,  avec  27  planches;  1861..  .       15  fi, 

il  même  Librairie  les  Méntolres  da  l'Académie  des  Sciences,  v.        Kémoires  présentés  par  divers  Savant»  à  l'Académie  des  Sciences. 


K  19. 

TABLE  DES   ARTICLES.  (Séance  du  6  novembre  1899;) 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES  MEMBKES  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M.  Beiîthelot.   —   Recherches  sur  les  dia- 

miiirs.  DiélhylL-ne-clianiine  (pipéraziiie  )..  687 
M.  Beiîthelot.  —  Sur  queh-|ues  caracti'ies 

des  diamines,  lires  de  leur  neutralisation.     69^ 


Pages. 
M.   Arm.\nd    Gautier.    —    Préparation    et 

dosage  du  glycogéne 701 

M.    Vallieh.    —    Sur    le    tracé   des  freins 

hydrauliques 700 


MEMOIRES    PRESENTES. 


M.  KiRMiN  Larroque  siiumet  au  jugement 
de   P.Vcadéinie   une  Note   1.  Sur  la  mesure 


de  l'intensité  des  impressions  sonores 


709 


CORRESPO^  D ANGE . 


M.  le  Secrét.ure  perpétuel  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, divers  Ouvrages  de  M.  Ernesto 
Pascal  et  de  IM.  Willaid  Gibbs. 709 

MM.  Ch.  Fabry,  J.  Mare  de  Lepinay  et  A. 
Perot.  —  Sur  la  niasse  du  décimètre 
cube  d'eau 709 

M.  Alphonse  Ueuget.  —  Enregistrement 
microphonique  de  la  marche  des  chrono- 
mètres       712 

M.  P.  Curie  et  1M"°  M. -P.  Curie.  —  Sur  la 
radio-activité  provoquée  par  les  t'ayons 
de  Becquerel 714 

M.  H.  Becquerel.  —  Observations  à  pro- 
pos de  la  Communication  de  M.  et 
M""  Curie 716 

M.  EUG.  Demarçay.  —  Sur  le  spectre  du 
radium .■ 716 

M.  P.  DE  Heen. 


Reproduction  électrique 
Bulletin  bibliographique 


de  figures  de  Savart,  obtenues  à  l'aide  de 
lames  liquides 

M.  Georges  Lemoixe.  —  Transformation  du 
styrolène  en  métastyrolène  sous  l'influence 
de  la  lumière 

M.  Marcel  Guichard.  —  Sur  le  bioxyde 
de  mobybdène 

MM.  Charles  et  Georges  Tanret.  —  Sur 
le  rhamninose 

M.  Eugène  Charabot.  —  Recherches  sur 
le  développement  progressif  de  l'essence 
de  bergamote • 

M.  Louis  MA^•G1N.  —  Sur  une  maladie  nou- 
velle des  OEillets 

.M.  Matieucci.  —  Sur  l'état  actueldes  volcans 
de  l'Europe  méridionale 

MM.  E.  Wertueimer  et  L.  Lepage.  —  Sur 
l'innervation  sécrétoire  du  pancréas 


7'9 
722 
725 

72S 
73. 
73'. 
7^7 
740 


PAKIS.      -     IMPKI\U-;RIE     (>\U  TIIIKK-Vl  LI.AKS 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


1^    fiertinl   .*<>iI1THIBR-VlLLAni 


DEO   8  1899 

SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAU  nn.  EiEs  SEcnérAiKEs  perpétuei^s. 


T03IE  CXXIX. 


N^20  (i3  Novembre  1899 


\ 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCES   DE    1,'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

(Jiiai  des  Grands-Au5;uslms,   55. 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUl 

ADOPTÉ    DANS    LES    SEANCES    DES    23    JUIN    1862   ET    2^    MAI    iHyS. 


Les  Comptes  rendus  hebdomaaaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1*'.  —  Impressions  des  travaux  de  L'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,'  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  pari  désirent  qu'il  en  soii  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préiudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  l'rogrammes  des  prix  proposés  par  l'Acadén 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  lesR 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autj 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  p 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savanu 
étrangers  à  l' Académie.  m 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persom 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ai 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'uni 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  s< 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  loujours  nomn 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Exir 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ilslef( 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 0 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remi 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 
jeudi  à  10  heures  du  matm  ;  faute  d'être  remis  à  l«in' 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rei 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  s 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

4 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  i 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative) 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  ap 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  dup 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qni  désirent  ta>re  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  p^^^^^^^^^ 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  6".  Autrement  la  présenUtion  sera  remise  a  la  seau 


DEC    f?   1GS9 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  15  NOVEMBRE   1899, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


R!EMOIRES  ET  COMMUl\ICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Observation  relative  aux  recherches  sur  les  diammes ; 

par  M.  Berthelot. 

((  Dans  mon  Mémoire  publié  au  dernier  numéro  des  Comptes  rendus, 
une  rédaction  trop  elliptique  est  susceptible  de  produire  quelque  confu- 
sion qu'il  est  utile  de  prévenir. 

»  Après  avoir  indiqué  que  l'addition  des  éléments  C^H"  (c'est-à-dire 
C^H-H-)à  l'élhylène  diamine  la  change  en  diéthylène  diamine  avec  dé- 
gagement de  +7^"', 8;  il  convient,  dans  les  exemples  suivants  :  formène 
changé  en  propylène;  benzine  en  styrolène;  alcool  méthylique  en  alcool 
allylique;  acide  acétique  en  acide  crotonique,  etc.,  de  remplacer  la  for- 
mule C-H^  par  C--j-H°,  afin  d'éviter  toute  confusion  entre  l'addition  de. 
cette   somme  d'éléments   et  celle   de   l'acéfeylène   qui  en    différerait  par 

G.  R.,  1^99,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  20.)  99 


(  744  ) 

—  58*^"', I,  c'est-à-dire  que  toutes  les  additions  signalées  seraient  exother- 
miques. Tous  les  raisonnements  exposés  sont  applicables   à   la   somme 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  La  maladie  des  OEilleis  à  Antibes ; 
par  MM.  Prillieux  et  Delacroix. 

«  L'Académie  a  reçu,  dans  sa  dernière  séance,  une  Communication  de 
M.  Mangin  sur  une  maladie  qui  fait  un  ravage  considérable  dans  les  cul- 
tures d'OEillets  des  environs  d'Antibes.  Sur  la  demande  pressante  du  Syn- 
dicat agricole  de  cette  localité,  le  Ministre  de  l'Agriculture  nous  a  chargés, 
à  la  fin  de  septembre  dernier,  de  l'étude  de  cette  maladie,  et  depuis  lors 
plusieurs  envois  d'OEillets  atteints,  ainsi  que  diverses  notes  et  renseigne- 
ments, ont  été  transmis  d'Antibes  à  la  Station  de  Pathologie  végétale.  Les 
études  que  nous  avons  entreprises  sur  ce  sujet  feront  l'objet  d'un  rapport 
au  Ministre  de  l'Agriculture. 

))  Nos  propres  observations  confirment  celles  de  M.  Mangin,  en  ce  qui 
touche  l'anatomie  des  tiges  malades  et  la  présence  dans  les  tissus  de  divers 
mycéliums  de  Champignons. 

»  Parmi  eux,  plusieurs  évidemment  saprophytes  ne  se  rencontrent  que 
dans  les  parties  tout  à  fait  mortes.  Les  uns  ont  donné  dans  nos  cultures  un 
Macrosporium;  d'autres,  le  Torula  herharum,  tous  deux  à  filaments  noirs. 
Dans  les  mêmes  conditions,  un  mycélium  hyalin  a  produit  les  conidies  de 
Trichothecium  roseum. 

»  C'est  à  une  forme  mycélienne  différente  des  précédentes  et  signalée 
par  M.  Mangin  que  doit  être  rapportée  la  cause  réelle  de  la  maladie.  C'est 
elle  que  nous  avons  rencontrée  d'une  façon  constante  dans  les  régions 
récemment  envahies  et  qui  pénètre  peu  à  peu  les  parties  vivantes  des  tiges. 
Ce  mycélium  hyalin  progresse  ainsi  par  l'intermédiaire  des  vaisseaux.  On 
le  trouve  seul  fructifié  sur  les  portions  de  tige  simplement  un  peu  bru- 
nâtres, quand  on  les  fait  séjourner  quelque  temps  dans  un  milieu  maintenu 
humide;  à  la  surface  de  son  support,  la  Mucédinée  se  développe  et  végète 
en  une  masse  floconneuse,  d'un  blanc  pur. 

»  Ce  Champignon  est  doué  d'un  polymorphisme  très  marqué,  comme 
l'a  constaté  M.  Mangin;  nous  y  avons  rencontré  trois  formes  de  fructifi- 
cations conidiennes  ; 

»    i"  Un  FusariLiin,  à  conidies  hyalines,  le  plus  souvent  arquées,  aiguës 


(  745  ) 

aux  deux  bouts,  parfois  droites,  en  gênerai  triseptées,  avec  des  dimensions 
moyennes  de  -iB^  x  3^,5.  Les  filaments  fructifères  iiortenl  un  ou  doux 
verticilles  de  3  à  5  slcrigmates  aigus  terminés  chacun  par  une  conidie 
unique.  C'est  cette  forme  Fusarium  que  M.  Mangin  rapproche  des  Cerco- 
sporella. 

w  1°  Des  conidies  hyalines,  avec  extrémités  arrondies,  continues  au 
moins  au  début,  de  dimensions  variables  et  pouvant  atteindre  xo^  à  lai^'  de 
long  sur  3i^à  4'^de  large.  Ces  conidies  sont  isolées  au  sommet  d'assez  courts 
stérigmates  insérés  sur  les  filaments  jeunes,  irrégulièrement  et  à  angle 
droit. 

»  3°  Des  chlamydospores  globuleuses,  hyalines,  à  membrane  relative- 
ment épaisse,  de  ii^  h  iS^^de  diamètre.  Leur  contenu,  formé  d'abord  de 
sphérules  réfringentes,  se  modifie  bientôt,  et  les  sphérules  confluent  en 
une  grosse  gouttelette  brillante.  Ces  chlamydospores  apparaissent  soit  au 
sommet  de  rameaux  grêles,  soit  sur  le  trajet  des  filaments  du  mycélium; 
parfois  elles  sont  géminées. 

»  L'examen  du  Champignon  fructifié  sur  les  OEillets  malades  nous  a 
montré  ces  trois  formes  conidiennes  associées,  produites  par  le  même  m^^- 
célium.  Nous  avons  pu  les  obtenir  aussi  bien  en  culture  artificielle  sur  des 
fragments  de  pommes  de  terre  stérilisés  en  tubes.  Des  cultures  en  chambre 
humide  flambée,  faites  sur  goutte  suspendue  d'un  liquide  nutritif,  nous  ont 
permis  de  suivre  leur  développement.  En  semant  de  cette  manière  des 
conidies  de  la  forme  Fusarium,  nous  les  avons  vues  germer  en  moins  de 
vingt-quatre  heures  à  la  température  de  20°  C.  Un  filament  germinatif 
part  de  l'une  ou  des  deux  extrémités,  et  souvent  en  même  temps  d'un  ou 
deux  des  compartiments  intermédiaires.  Dès  le  second  jour,  les  conidies 
cylindroïdes  se  montrent  vers  les  parties  extrêmes  du  mycélium  hyalin, 
grêle,  à  peine  cloisonné,  chargé  de  très  fines  gouttelettes.  Ces  conidies 
sont  éparses  le  long  des  filaments;  un  bon  nombre  s'allongent,  se  cloi- 
sonnent, s'incurvent  parfois  pour  évoluer  vers  la  forme  Fusarium,  de  telle 
sorte  qu'on  peut  rencontrer  tous  les  intermédiaires  entre  les  deux  formes. 
Enfin,  à  partir  de  la  cinquantième  heure  environ,  apparaissent  les  chlamy- 
dospores, dont  nous  n'avons  pu  encore  suivre  la  destinée  ultérieure. 

»  A  ces  formes  conidiennes  corres])OMd  sans  doute  une  forme  ascospore 
encore  inconnue.  Nous  qualifierons  provisoirement  l'espèce  qui  fait  l'objet 
de  cette  Note  du  nom  de  Fusarium  Dianthi  nov.  sp.   » 


(  74'"  ^ 


MEMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Recherches  sur  l' alcoolisme  aigu;  dosage  de 
l'alcool  dans  le  sang  et  dans  les  tissus  (  '  ).  Note  de  M.  IV.  Gréuant. 

«  Les  recherches  que  j'ai  entreprises  sur  l'alcoolisme  aigu  ont  consisté 
à  faire  pénétrer  clans  l'estomac  des  animaux,  à  l'aide  d'une  sonde  œsopha- 
gienne et  d'une  burette  graduée,  un  volume  mesuré  d'alcool  à  lo  pour  loo, 
puis  à  faire  successivement  plusieurs  prises  de  lo'"'  de  sang  dans  une  artère; 
chaque  échantillon  a  été  injecté  dans  un  ballon-récipient  uni  par  un  tube 
réfrigérant  avec  une  pompe  à  mercure  :  deux  appareils  semblables  ont  été 
montés  et  ont  permis  d'obtenir  rapidement  la  distillation  et  la  dessiccation 
du  sang. 

M  J'ai  fait  le  dosage  de  l'alcool  par  le  procédé  volumétrique  au  bichro- 
mate de  potasse  dû  à  mon  élève  et  préparateur  M.  Nicloux,  qui  donne  des 
résultats  exacts  comme  on  peut  le  reconnaître  par  l'épreuve  suivante  :  j'ai 
composé  à  part  deux  mélanges  très  étendus  d'alcool  et  d'eau  distillée  à 
proportions  bien  mesurées,  l'un  à  -^,  l'autre  à  ^„.  Or  ces  mélanges, 
avant  été  soumis  au  procédé  de  dosage,  ont  donné  pour  l'alcool  les  nombres 
— V-  et  -V  ;  l'erreur  relative  est  comprise  entre-^et:f„  :  elle  est  négligeable 
et  les  résultats  obtenus  dans  mes  recherches  comparatives  ne  peuvent  pas 
être  contestés. 


» 


Expérience  I.  —  Chez  un  chien  dogue  du  poids  de  ii''s,7,  à  jeun  depuis  vingl- 
quatre  heures,  on  injecte  dans  l'estomac  en  vingt  minutes  5'='^^  d'alcool  absolu  par  kilo- 
gramme, ce  qui  fait  585"  d'alcool  à  lo  pour  loo. 

»  Une  demi-heure  après  rinjection,  on  fait  une  première  prise  de  10"==  de  sang  qui 
est  soumis  à  la  distillation  et  l'on  a  fait  dix  jM-ises  de  sang  de  demi-heure  en  demi-heure; 
il  a  fallu  travailler  avec  beaucoup  d'activité  pour  obtenir  par  la  distillation   et   par  le 

dosage  les  résultats  suivants  : 

Alcool  absorbé 

daos  loo"  de  sang. 

ce 

Une  demi-heure o,4 

Une  heure o ,  5 

Une  heure  trente  minutes 0,5^ 


(')  Travail  du  laboratoire  de   Physiologie   générale  du   Muséum   d'Histoire   natu- 
relle. 


(  7  17  ) 


Alcool  absorbé 
dans  100"  de  sang. 


Deux  heures 0,57 

Deux  heures  trente  minutes 0,6 

Trois  heures 0,57 

Trois  heures  trente  minutes 0,67 

Quatre  heures 0,66 

Quatre  heures  trente  minutes o,53 

Cinq  heures o,Di 

»  C;e  Tableau  est  très  instrtictiF:  il  montre  qu'à  partir  d'une  heure  et 
demie  après  l'injection  dans  l'eslomac,  jusqu'à  quatre  heures  après,  la 
pro[)ortion  d'alcool  dans  le  sang  est  constante,  égale  ào'^'=,57;  la  courbe 
qui  représente  les  résultats  offre  un  long  plateau  parallèle  à  la  ligne  des 
abscisses;  c'est  la  période  d'ivresse  profonde.  Aussitôt  que  la  proportion 
d'alcool  baisse  dans  le  sang,  quatre  heures  et  demie  et  cinq  heures  après 
l'injection,  l'animal  fait  des  efforts  continuels  pour  se  relever,  mais  il 
retombe  sur  le  sol  et  ce  n'est  qu'au  bout  d'un  certain  nombre  d'heures 
qu'il  est  complètement  rétabli. 

»  L'alcool  ne  se  trouve  pas  seulement  dans  le  sang,  mais  on  peut  le 
retirer  des  tissus  qui  en  sont  tous  imprégnés. 

»  Expérience  II.  —  Chez  un  chien  du  poids  de  ii''s,6,  on  injecte  dans  l'estomac 
5So"  d'alcool  à  10  pour  100  ou  58™  d'alcool  absolu,  5"°  par  kilogramme;  trois  heures 
après  l'injection,  qui  a  duré  un  quart  d'heure,  on  sacrifie  l'animal  par  hémorragie  de 
l'artère  carotide;"  on  a  obtenu  5o5"  de  sang;  l'animal  n'a  point  présenté  les  convul- 
sions  de  l'anémie;  100"  de  sang  renfermaient  0"^=, 02  d'alcool  absolu. 

»  L'estomac  contenait  3835"'  de  liquide  que  l'on  a  distillé  et  le  dosage  de  l'alcool  a 
donné  2",  3  d'alcool  absolu  tandis  que  le  contenu  de  l'intestin  grêle  a  donné  seulement 
o«S 8  d'alcool,  de  sorte  que  58  — 3, 1  c'est-à-dire  54"'S9  d'alcool  absolu  ont  été  ab- 
sorbés en  trois  heures  un  quart. 

»  Le  cerveau  qui  pesait  70s''  a  été  haché  et  introduit  dans  un  ballon-récipient;  le 
dosage  de  l'alcool  calculé  pour  loos"'  de  cerveau  et  de  différents  tissus  a  donné  : 

Alcool  absolu. 

ce 

Cerveau o,4i 

Muscles 0,33 

Foie o,325 

Reins 0,39 

»  On  a  pu  détacher  de  l'animal  la  plus  grande  partie  des  muscles  dont  le  poids  a  été 
trouvé  égal  à  3''°, 6;  looS''  de  muscles  renfermaient  o"'-, 33  d'alcool  absolu;  3''"', 6  con- 
tenaient H'^jQ  d'alcool. 


(  748  ) 
»  Les  données  numériques  que  j'ai  obtenues  et  que  j'ai  l'honneur  de 
pj'ésenler  à  l'Académie  des  Sciences  serviront  de  base  à  mes  recherches 
ultérieures  sur  l'alcoolisme.   »  ». 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  de  M.  L.-J.-B.  Bérenger-Féraud  ayant  pour  titre  :  «  Le 
baron  Hippolyte  Larrey  ».  (Présenté  par  M.  Guyon.) 

2°  Un  Ouvrage  de  M.  André Broca  :  «  Sur  la  télégraphie  sans  fils  ».  (Pré- 
senté par  M.  Cornu.) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  congruences  de  cercles  et  de  sphères  qui 
interviennent  dans  l'étude  des  systèmes  orthogonaux  et  des  systèmes  cy- 
cliques. Note  de  M.  C.  Guichard,  présentée  par  M.  Darboux. 

«  J'appelle,  selon  l'usage,  joofe  d'un  cercle,  les  centres  des  sphères  de 
rayon  nul  passant  par  le  cercle.  Ou  peut  alors,  par  des  considérations  tout 
à  fait  élémentaires,  établir  le  théorème  suivant  : 

»  Théorème.  —  Si  une  sphère  S  décrit  une  congruence,  le  cercle  C,  quia 
pour  pôles  les  points  A  et  A'  oit  la  sphère  S  touche  son  enveloppe,  décrit  aussi 
une  congruence. 

))   Réciproquement  : 

M  Si  un  cercle  C  décrit  une  congruence,  la  sphère  S,  quia  pour  centre  le  point 
où  le  plan  du  cercle  C  touche  son  enveloppe  et  qui  passe  par  les  pôles  A  et  k'  du 
cercle  C,  décrit  aussi  une  congruence.  La  sphère  S  touche  son  enveloppe  aux 
points  k  et  k' . 

»   Ces  congruences  de  sphères  (S)  et  de  cercles  (C)  sont  dites  adjointes. 

»   Ces  systèmes  possèdent  les  propriétés  suivantes  : 

»  Si  une  sphère  S  et  un  cercle  C  décrivent  des  congruences  adjointes,  les  con- 
gruences décrites  par  les  deux  cercles  focaux  de  S  sont  adjointes  aux  con- 
gruences décrites  par  les  sphères  focales  de  C. 

»  Si  une  sphère  S  et  un  cercle  C  décrivent  des  congruences  adjointes,  toute 
congruence  de  cercles  harmonique  ou  conjuguée  à  (S)  a  pour  adjointe  une 
congruence  de  sphères  harmonique  ou  conjuguée  à  C  et  inversement. 


(  749  ) 

»  Ces  théorèmes  jouent  un  rôle  important  dans  cette  théorie,  ils  per- 
mettent (le  ramener  tout  problème  sur  les  congruences  fie  sphères  à  un 
problème  sur  les  congruences  de  cercles  et  inversement.  Ils  sont  analogues 
aux  théorèmes  qui  constituent  la  loi  de  parallélisme  des  réseaux  et  des 
congruences. 

»  Cela  posé,  soit  S  une  sphère  qui  décrit  une  congruence,  x,,x.j.,  .  .  .,0;^ 
les  coordonnées  de  la  sphère  qui  satisfont  à  l'équation 

\   ''  dudv        Ti  ai'   du         l  Ou  dv 

»   Je  dirai  que  la  congruence  S  est  I  si 

.t;  +  xi -^'-  ...-.-  XI  ^-^  o, 

d'une  manière  générale  la  congruence  S  sera/jl  si  l'on  peut  trouver  (p  —  i) 
solutions 7,  ,j.,  ..    .  Vp-,  de  l'équation  (i)  telles  que 

x\  +  ...  +  xi-^rSyi'^=o; 


on  suppose  de  plus  que  l'expression 


p-\ 


dx\+...  +djc\\-y,(fyl 

1 

n'est  pas  identiquement  nulle. 

»  La  congruence  S  sera  une  congruence  O  si  l'équation  (i)  admet  trois 
solutions  y,  ,j2,73  telles  que 

x\  -\-xl  +  ...  +  xl  ==/;  +  yl  +yl , 
dx]  -\-  dxl-^  . . .  ^  dx'l  —  dy]  -f-  dy\  +  dyi ; 

d'une   manière   générale,    la    congruence    S    est  /jO    si    l'équation  (1) 
admet /7  +  2  solutions  j,  ,7.,  . .   ,7^+0  telles  que 

x]  +  xl-^  ...^  x\=y]  +  y:  +  . . .  +  j;^,, 
d.v]  +  dxl-^  ...-^dx\=^dy\  V  dy\-h...-\-  dy^^.,. 

»  Enfin  la  congruence  S  sera  C  si 

oc]-^xl-^...+xl  =  li"  {}■'  +  /^  V-, 

U  et  V  étant  respectivement  des  fonctions  de  u  et  de  v. 

»  D'une   façon  générale,   la   congruence  S  sera  pC,  si  l'équation  (1) 


(  7'">  ) 
admet  (/)  —  i)  solutions  j,,)'2.  .  .    .  J^-,  telles  que 


r 


-1 


x',  4-  xl-l-...  +  x:  +  Syl  =~  h-V'  --  l'  V 


I 


»  Une  congruence  de  cercles,  adjointe  d'une  congruence  de  sphères, 
sera  désignée  par  la  même  notation  que  cette  congruence. 

»  Un  cercle  I  corrt^spond  à  un  réseau  de  l'espace  à  cinq  dimensions 
applicable  sur  un  réseau  à  une  seule  dimension;  un  cercle /jI  correspond 
à  un  réseau  île  l'espace  à  cinq  dimensions  applicable  sur  un  réseau  à  p  di- 
mensions. 

»  Un  cercle  O  correspond  à  un  réseau  orthogonal  dans  l'espace  à  cinq 
dimensions;  un  cercle/?0  à  un  réseau  de  l'espace  à  cinq  dimensions  que 
j'ai  désigné  par  la  notation  pO  dans  mon  Mémoire  Sur  tes  systèmes  cycliques 
et  sur  les  systèmes  orlhogonaux  {Annales  de  F  École  Normale,  1897  et  1898). 

))  Dans  ma  prochaine  Note,  j'indiquerai  les  propriétés  principales  des 
systèmes  que  je  viens  de  définir.    » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  du  second  ordre  à  points 
critiques  fixes.  Note  de  M.  Paul  Painlevé,  présentée  par  M.  Poincaré. 

«  Dans  des  Notes  antérieures  {Comptes  rendus,  1898),  j'ai  formé  expli- 
citement toutes  les  équations 

(où  R  est  rationnel  en  t^'  ^t  Y,  analytique  en  X),  dont  l'intégrale  génc- 


raie  a  ses  points  critiques  fixes  ('). 

»   Je  me  propose  de  traiter  ici  la  question  inverse  : 

>i  Étant  donnée  une  équation  (1),  reconnaître  si  elle  a  ses  points  critiques 
fixes  et  {quand  il  en  est  ainsi)  l'intégrer  ou  la  ramènera  un  type  canonique 
irréductible. 

))  Je  représenterai,  dans  ce  qui  suit,  par /c,  /  des  constantes  arbitraires, 
par  a,  p,  ...  des  constantes  numériques,  par  a,  b,  ...  des  fonctions  delà 
variable  indépendante  et  par  a',  b',  ...,  a",  h",  . . .  leurs  dérivées. 

(')  Les  points  critiques  soiil  les  points  autour  descjiiels  plusieurs  branches  de  l'in- 
tégrale r(a:)  se  permutent;  r{x)  peut  présenter  des  pôles  mobiles  et  des  singularités 
essentielles  mobiles. 


(  7^1  ) 
»   Premières  conditions.  —  Il  l;uit  d'abord  que  K  soit  de  la  forme 

A(Y,X)(;^;y+B(Y,X)^+C(V,^), 
et  que  A  coïncide  a\ec  une  des  /«ew/ expressions  suivantes  : 


îrt 


2VaYH 


— ^^ ~, ^ V  ,   ,1      \  "  entier  >  J 

('  I  ,        a  b 

e\+/        ■2\a\ -h  b 


c 
c\  -h  d 


e 


c\ 


2 

3\«Y 


a 


b 


eY 


2  aY  +  4 


eY-+-^ 
c 


+ 


\  -\-d 

3 

+  4VcY4-«/ 

I         e 


«"■Y. 


eY 


6  flY  +  /^    '    3  c-Y  +  ^    '    2  eY  + /' 
Il  est  loisible   d'effectuer   sur  Y   la    transfoiniation    homographique    qui 

change  les  valeurs '  "~  ^7'  ~  -7  en  x,  o  et   i;    cela  fail,  si,  pour  les 

expressions  précédentes  de  rang  3,  5,   7,  iS,  9,  ou  pose  respectivement 

:;^Y",  -^  =  Y^  .^=[Y(Y-i)]%  ;  =  [Y(Y-i)f,  =  =  Y%  on  ramène 
les  expressions  3  à  2,  5  a  4-  7.  8  et  9  à  G  et  l'on  montre  que  la  nouvelle 
fonction  :■  a  ses  points  critiques  fixes  en  même  temps  que  Y.  Moyennant 
ces  transformations  algébriques  préalables,  A  coïncide  donc  avec  une  des 
trois  expressions. 

o,     Y' 


Y- 


oii  A  est,  suit  une  constante  numérique  a,  soiL  une  (oucLiuu  de  X.,  que  la 
transformation  X,  ;=  A(X)  fait  coïncider  avec  X. 

M  Deuxièmes  conditions.  —  Cette  première  réduction  effectuée,  l'équa- 
tion (si  elle  a  ses  points  critiques  fixes)  coïiiciile  avec  une  des  équations  du 
Tableau  suivant,  ou  s'y  ramène  par  une  transformation  y=l(X)Y-t-a(X), 
x  —  <!^(X),  où  X,  [/.,  '\i  s'expriment  atgèbrif/uement  à  l'aide  des  coefficients 
de  (i)  et  de  leurs  dérivées. 

i)    y"  =  ay' -h  Ijy -h  i'         (équation  linéaire  du  deuxième  ordre), 


ou  y 


.bz 


2.)     y"  =  —  'iyy'  —  .y'  -h  ay  -\-  b 

3)     y"  —  —  lyy' -+- a(y' +y-)+ b  [ouy' +  y- =^  u,  u' =  au -h  b\, 

4  )     y"—y'^-ha[i  y.y'-'  -f-  G  [iy-  -h  yv  -t-  '^  |      [  ou     y'' =  a  yy  '  +  _',  [iy-'  -  ;  -  --y 

C.  U.,  iSgy,    !'  .Semescie.  ('1.  CXXI\,   N'  20.) 


■2^y+-{i]. 


iOO 


(     7^2    ) 

(^)    y'—~'àay-h-2y-'—Y(a'-h2a'^)       ou     (/  + ay)'- =  j*  +  m,  —  =  —  4a] 

(6)  /'=— ;«r'-i- ^.7"  — 7  («'+ -7-)       ""     (.v'-t-«j)^=.v'  + (/,  ^  r=  —  3al 

(7)  7"=  — xr'+ y'- a(3j'-l-  v')— (a'-h  2flM  V     fou     >'=-.-^=£=. 

if  .'  z'  v'cl 

1  ou    r= — — ,    -,  — ' —  =  -^   , 


=  M,  —  = 


-4 


(8) 


12Z  -h  k 

-4 


-  jy  +  J'  -  « ( 3/'  +  y  )  +  by  -  ^^      «^'ec     ^/  =  ^-^ : 


a  +  2rt- 


12 


(9)  ■ 


[ 


ou      K  — -, — ^  >     z=p{l-Jrl^  o,  X-),      «  =  e-f"''^,      l  =  ~ 


] 


(10; 


[ 


ou       Y 


\'P(-r)\' 


(II)     yj"=: y='H ry  +  «(a'J*  +  [^j'  +  YV+^)    [ou  y'^  =  a(x)\xy''-+-'2^y^  —  ■2yy—o- 

l  .xr'  =  j '  +  «(i  -  '-)yy  +  [a'-f- a^ (^i  —  i j] /-■  +  [i -  ^)y 

(  12)  /  (1  =  0,  I,  3  ou  4) 

f  [ou     (y +«7)'-/  =  "7'.     ^  =  (2-0« 

1  y' 

(  13)  yy"  —  y  -+-  ayy'  -+-  by-       ou    —  =  w,     a  =  au 

yy'=y-+y  \y{Yc  -«)  +  «]  +rO'  ^  v) 

jou      [y  +a(/+ i)]''  =  cy[(j+ I  )--«],     ^=-2a 

jy  —  j'^+ y'[a(y-H-  1)  +  by]  +  (a—  ^«)  7(7- —  i)-+-cj- 
[ou     y  =  <2(y  —  i)  +  uy,      u'  =  bu  -t-  cj, 


-^r]. 


(-4) 


(.5) 


y'c4 —a  —  n- 


(16) 


iYy"=y'-+-y{i^ay)-^by'  +  cy'-  +  ay,      avec     c  =  (^j  -  a\ï-2(a -h  a')  -  j -^ -jj:^ 

'6)'  ?  n. 

jou     y+i+.y(7 «)      =  y-by''^  -h  uy-,   u'—-2au — 2b  ^y 

(17)     yy'  =  y--{- y{ay -i- by- ) -i-y\b' —  ba)  + cy-        [ou    y— 6y-=M>',      «— c///4-eJ, 


(  75:^  ) 
■'  •       ■     L  2r(.r-i)(7-«)  J       -        L        ;//(/- ')(/-«)  "        J 

[i'  — a' 
OU     J  =  -^~~ —  )  s"  =  ()S^  +  .r 

2i)  y"  =  2  y^  +  £ry  +  0., 

22)  Yy"—Y"-  —   ^   —  «r*  —  ?  —   H-  y  -   -f-  ^  (y  ou   S  :/:  o). 


23)  Yy"=  —(-H — '- — I — ^ — )  +  y'(— ' — 


X  x)  2X(.»  —  "){y  —  oc) 


I)   Les  cinq  dernières  équations  sont  seules  irréductibles.    La  question 
posée  est  ainsi  entièrement  résolue.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  généralisation  des  développements  en 
fractions  continues,  donnés  par  Gauss  et  parEuler,  de  la/onction  (i  -+-  x)'" . 
Note  de  M.  H.  1*adé,  présentée  par  M.  Appell. 

«   1.   Dans  ses  Diquisitiones  générales  circa  seriem  infinitam 

I  H -X  + 

'■T 

Gauss  donne  (n"  14,  formule  3 1)  le  développement  suivant,  en  fraction 
continue,  de  la  fonction  (r  +  .ce)"  : 

(i+.r)""=:  ^- 


m  + 1 
X 


m  —  1 

■  X 


2.3 


2(TO  -4-  2  ) 
^^ X 


l.k 


ni  m  —  2  ) 

X 


.--A± 


>i    Si  l'on  fait  correspondre  à  chaque  réduite  de  cette  fraction  le  point 
qui  a  pour  abscisse  le  degré  du  dénominateur,  et  pour  ordonnée  le  degré 


(  ^A  ) 
An  numérateur,  on  ol)tientle  schéma  suivant 


J/J 


•j: 


o:_r 


où  A,  B,  C,  . . .  sont,  les  points  représentatifs  des  réduites  successives  de  l;i 
fraction. 

))   Celte  fraclion  sp  çénéralise;  on  a,  en  pfTet. 


(i  4-  .r)'": 


m 

-    .r 
I 


m  [m  -+- 1) 


■(-I) 


, )V.  '^'(W  +■)•••(»'  +  1^-  "  .pji 


M-! 


"^       '  (:^  +  i)! 


.y* 


.      G. — 


A(u,'J)     B 


(  JA  +  I  )  (  |J.  +  1  +  »?  ) 


(tX+l)(tX+2) 

i(i  — m) 


(jX  +  2)(iJ.  +  3) 


{;x+2)(,a-)-  2  -(-/m) 


2(a  —  m) 


»  Le  schéma  relatif  à  ce  développement  de  (r  +.r)'"  est  analogue  à 
celui  de  la  fraction  de  Ganss,  mais  au  lieu  que  la  première  réduite  A  soif 
figurée  par  l'origine,  elle  l'est  par  le  point  d'abscisse  <j.  de  l'axe  des  x. 

»  La  loi  des  numérateurs  partiels  de  P  est  la  suivante  :  si  l'on  repré- 
sente ces  numérateurs  successifs  par  r,  r^x,  r.x,  r,,.!" on  a 


r.,,= 


i{  i  —  m) 


(|J.  +  2 /l(l-^  -(-''''  +  ') 


r-ii+K  = 


(lJ.H-/  +  i)(F^-t-i +  I-H  m) 

(  [A  +  2  J  H-  l  )  (  |J.  -t-  2  «  +    2) 


On  peut  aussi    terminer   la   fraction   en   prenant   pour  quotient   complet 
I  +  r„x  X  -^y.  et  alors,  F(a,  3,  y,  x)  désignant  la   fonction  hypergéomé- 

fn 

trique  de  Gauss, 

J\.—  F(a  4-  /  -t-  I  -H  W.  /.  [)■  4-  2?'  -h  I  ,  —  x). 
/„+,  =  F([^.  4-  ?■+  I  4-W.  i-+-  I.  i^-l-  2«'-(-  2,  —  X). 


(  755  ) 

))  Il  suffit  de  faire,  dans  ce  développement,  y.  -=  o  pour  retrouver  la  fraction 
de  Gauss. 

»  2.  L'application  de  la  formule  générale  donnée  par  Enler  dans  son 
Introductio  pour  le  développement  en  fonction  continue  d'une  série  quel- 
conque donne,  quand  on  l'applique  à  la  série  du  binôme,  la  fraction  sui- 
vante : 


^1 
oi 

J 


(T  +  .r)" 


m  —  2 
I  — = — X 


près  de  laquelle  nous  avons  placé  sa  représentation  schématique. 

»   Sa  généralisation  s'oblient  en  prenant  pour  la  quantité  désignée  par  P 
ce  développement 


D. 

cl 
ei 


A(fL,o) 


i  ( I  —  m) 

(|X-+-l)(|J.-|-2)' 


a  -+- 1 


!  (  2  —  m) 


I  -f-  ~ X 


((I.+  3,)(|X-t-3) 

|j.  —  2  -(-  m 


»  Si  l'on  désigne  par  i.  r,  .r.  r.^x,  r,,r.  ...  les  numérateurs  partiels,  et 
par  I  +- .*■„  r,  i-l-.v,x,  i-i-v^r-  ■••  ^*"^  dénominateurs  partiels  de  la  frac- 
tion P,  on  a  généralement 


i(i  —  m) 

T:  =    ^^ '- 

(  a  H-  :  )  (  [A  -I-  « 


(A  —  l  -'r  ni 


I) 


En  la  terminant  par  le  quotient  complet  t  -f-  s„_^t  -t-  r„x^-^,  on  a 


/-. 


/■  =  F(a  -f-  I  H-  m,  i,  fy.  -f-  f  -I-  I .  —  .r ). 


La  fraction  d'Euler  correspond  au  cas  où  a  ;=  o. 

»   3.  Les  réduites  des  deux  fractions  continues  générales  ici  données 
sont  toutes  des  fractions  rationnelles  approchées  ou  réduites,  au  sens  précis 


(  756  ) 

que  j'ai  donné  ;i  cette  locution  dans  des  Communications  antérieures,  de 
la  fond  ion  développée. 

»  J'aurai  l'honneur,  dans  une  prochaine  Communication,  de  faire  con- 
naître à  l'Académie  les  fractions  continues  qui  généralisent  les  trois  déve- 
loppements donnés  par  Lngrange,  différents  de  ceux  de  Gaiiss  et  d'Euler, 
de  la  même  fonction  (i  ■+■  œ)"',  ainsi  que  des  fractions  continues  entièrement 
nouvelles,  relatives  à  cette  même  fonction.   » 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —Nouvelle  manière  de  considérer  la  propagation 
des  vibrations  lumineuses  à  travers  la  matière.  Note  de  M.  G.  Sagsac, 
présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Je  considère  les  vibrations  lumineuses  à  l'intérieur  d'un  corps  comme 
s'y  propageant  par  l'intermédiaire  d'un  milieu  identique  à  l'éther  du  vide. 
Ce  milieu  vibrant  n'est  donc  pas  regardé  comme  autrement  dense  ni  autre- 
ment élastique  que  l'éther  du  vide.  Je  ne  considère  pas  non  plus  de  réac- 
tions mécaniques  entre  l'éther  et  la  matière.  Je  fais  intervenir  directement 
la  discontinuité  de  ta  matière  suivant  le  mécanisme  principalement  cinéma- 
tique que  je  vais  brièvement  décrire  : 

»  Chaque  particule  ou  atome  du  milieu  matériel  renvoie  en  tous  sens 
une  |">roportion  bien  définie  des  vibrations  qui  l'abordent.  Cette  réflexion- 
diffraction  des  vibrations  lumineuses  par  une  particule  matérielle  peut  être 
comparée  à  l;i  réflexion-diffraction  de  vibrations  électriques  de  Hertz  par  un 
petit  corps  conducteur  plongé  dans  le  vide,  de  dimensions  très  petites  vis- 
à-vis  des  longueurs  donde  des  A'ibrations  électriques  incidentes. 

»  Soit  le  cas  fondamental  d'une  série  d'ondes  lumineuses  planes  de 
période  simple  arrivant  dans  le  ville  parallèlement  à  la  surface  plane  P 
d'un  milieu  isotrope  très  transparent.  Chaque  couche  de  particules  du  milieu 
sépare  les  vibrations  qui  l'abordenten  vibrations  transmises  et  en  vibrations 
réfléchies.  La  même  subdivision  se  poursuit  par  transmission  et  réflexion  sur 
les  diverses  couches  de  particules.  Il  se  produit  ainsi  un  nombre  théorique- 
ment infini  de  systèmes  de  vibrations  élémentaires  ayant  subi  des  transmis- 
sions et  réflexions  plus  ou  moins  nombreuses. 

»  Toutes  les  vibrations  élémentaires  qui  ont  subi  un  nombre  pair  de  ré- 
flexions sur  les  particules  se  pro|)agent  vers  l'intérieur  du  milieu  matériel. 
Sur  un  même  plan  S  parallèle  à  la  surlace  P  du  milieu,  ces  vibrations  ar- 
rivent avec  des  phases  diverses  en  raison  des  chemins  diversement  repliés 


(  757  ) 
qu'elles  ont  parcourus  dans  le  vide  d'une  particule  réfléchissante  à  une 
autre.  La  résultante  de  ces  vibrations  élémentaires  d'ordre  pair  définit,  en 
chaque  point  libre  du  plan  S,  la  vibration  périodique  transmise  à  l'intérieur 
du  milieu.  De  même,  les  vibrations  élémentaires  qui  ont  subi  un  nombreim- 
pair de  réflexions  reviennent  traverser  la  surface  P  du  milieu;  leur  résul- 
tante définit,  en  chaque  point  libre  de  P,  la  vibration  réfléchie  à  la  surface 
du  milieu. 

»  Quand  le  plan  S  s'éloigne  dans  le  milieu  à  une  distance  de  la  surface  I' 
supérieure  à  une  certaine  valeur  e,  les  vibrations  d'ordre  impair  qui  tra- 
versent le  plan  S  dans  la  direction  de  P  sont  renvoyées  par  les  couches  de 
particules  comprises  entre  S  et  P  sensiblement  comme  si  la  distance  e  de  S 
à  P  était  infinie  (  '  ).  A  partir  de  ce  moment,  un  même  accroissement  Ae  de 
l'épaisseur  e  de  matière  comprise  entre  S  et  P  produit  toujours  un  même 
accroissement  Ar  du  retard  r  de  la  vibration  réfractée. 

»  Le  retard  r  est  considéré  comme  la  moyenne  définie  par  la  règle  de 
Fresnel  entre  les  retards  divers  S  que  les  diverses  vibrations  élémentaires 
d'ordre  pair  ont  éprouvés  en  se  propageant  par  allées  et  venues  dans  le 
vide  entre  les  particules  réfléchissantes  (").  Les  retards  élémentaires  ?î 
croissent  par  degrés  successifs  comparables  au  double  de  la  distance 
moyenne  des  particules,  donc,  en  général,  par  degrés  extrêmement  petits 
vis-à-vis  de  la  longueur  d'onde.  Tous  ces  retards  S  surpassent  l'épaisseur  e 

du  milieu  traversé;  le  rapport  désormais  constant  —  est  supérieur  à  l'unité; 

c'est  l'indice  n  de  réfraction  du  milieu. 

«  D'après  ce  mécanisme,  Xa  vitesse  de  propagation  de  la  vibration  trans- 
mise prend  une  valeur  constante  V  égale  à  — ^  (la  vitesse  d'une  onde  plane 

dans  le  vide  étant  Vo  )  seulement  au  delà  de  la  couche  optique  de  passage 
définie   par    l'épaisseur   s    du    milieu    supposé    parfaitement   homogène. 


(')  L'épaisseur  z  renferme  un  nombre  N  de  couches  de  particules  suffisant  pour  que 
l'on  puisse,  dans  le  calcul  delà  vibration  transmise  par  le  milieu,  négliger  la  vibration 
élémentaire,  seule  de  son  espèce,  qui  est  transmise  sans  aucune  réflexion  successive- 
ment à  travers  les  N  couches  de  particules  de  l'épaisseur  e.  Il  en  résulte  que  la  trans- 
mission de  la  lumière  ne  peut  se  faire  au-dessous  de  la  couche  de  passage  que  par  le 
mécanisme  de  réjlexions  plus  ou  moins  nombreuses  des  vibrations  élémentaires. 

(-)  Pour  les  corps  doués  d'une  absorption  élective  notable,  la  résonance  des  par- 
ticules (Stokes)  introduit  en  outre  dans  chaque  réllexion  un  changement  de  phase  qui 
ne  s'élimine  pas  de  lui-même  et  qui  devient  rapidement  très  important  à  mesure  que 
la  résonance  devient  très  intense.  Je  reviendrai  sur  cette  importante  question. 


(758) 

L'expérience  conduit  à  admettre  que  la  réflexion  de  la  lumière  par  un 
milieu  tel  que  le  verre,  l'eau,  a  lieu  sur  une  épaisseur  comparable  à  une 
assez  médiocre  fraction  de  longueur  d'onde  de  la  même  manière  que  si 
cette  épaisseur  était  infinie.  Cette  épaisseur  de  la  couche  optique  de  pas- 
sage pour  la  réflexion  de  la  lumière  est  comparable  à  s.  Donc  quand  l'épais- 
seur c  du  milieu  traversé  par  les  vibrations  n'est  pas  trop  petite,  on  ne 
commet  pas  d'erreur  sensible  en  admettant  que  la  propagation  des  vibra- 
tions transmises  se  fait  dans  toute  l'épaisseur  e  avec  la  vitesse  constante 

—  1  bien  que  cela  soit  certainement  inexact. 
n  ^ 

»   La  valeur  —  de  la  vitesse  de  propagation  s'étend  au  cas  d'une  onde 

sphérique  de  grand  rayon  en  appliquant  le  principe  d'Huygens  à  la  propa- 
gation du  ^/a«  d'onde  S  dans  l'étendue  duquel  les  vibrations  transmises  sont 
en  moyenne  svnchrones  pour  l'incidence  normale.  Le  principe  d'Huygens 
permet  alors  de  démontrer,  pour  une  incidence  quelconque,  l'existence 
d'une  onde  plane  discontinue  réfractée  à  travers  la  face  plane  P  du  milieu, 
aussi  bien  que  d'une  onde  plane  continue  réfléchie  par  la  surface  plane  P. 
Ces  deux  ondes  se  pro|)ag<int  suivant  les  lois  géométriques  connues. 

»  Si  l'on  se  borne  au  cas  d'un  milieu  suffisHuiment  dense  et  de  vibra- 
tions de  longueur  d'onde  suffisamment  grandes,  de  manière  que  la  longueur 
d'onde  soit  égale  à  un  assez  grand  nombre  de  fois  la  distance  moyenne  des 
particules,  le  principe  d'Huygens-Fresiiel  montre  assez  facilement  ceci  : 
bien  que  chaque  particule  réfléchisse  et  diffracte  en  tous  sens  les  vibrations 
lumineuses,  Y  ensemble  des  particules  du  milieu  ne  diffracte  pas  sensiblement 
la  lumière  en  dehors  des  directions  de  rayons  correspondant  aux  ondes 
réfléchies  et  réfractées  déjà  définies. 

»  Le  mécanisme  précédent  est  surtout  cinémalique.  Il  m'a  paru  utile  de 
n'introduire  les  considérations  soit  dynamiques,  soit  électromagnétiques, 
qu'au  moment  où  la  nature  du  problème  l'exige  absolument,  de  manière  à 
.  rendre  les  raisonnements  théoriques  aptes  à  guider  tacilement  les 
recherches.  Je  me  propose  de  montrer  que  déjà  à  eux  seuls  les  principes 
cinématiques  présentés  rapidement  dans  cette  Note  permettent  de  traiter 
avec  précision  et  simplicité  certains  problèmes  liés  actuellement  à  des  con- 
sidérations dynamiques  complexes,  et  de  conduire  parfois  à  des  consé- 
quences nouvelles.   » 


(  759  ) 


OPTIQUE.  —  Sur  la  spectrophotométne  des  lumières  électriques. 
Note  de  M.  Feuxand  Gaud. 

«  Nous  avons  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  les  résultats  obtenus 
dans  l'étude  speclrophotométrique  des  lumières  électriques  à  incandescence 
et  à  arc  comparées  à  la  lumière  solaire. 

))  Ces  données  ont  été  obtenues  en  décomposant  chacune  de  ces 
lumières  par  des  écrans  de  couleurs  homogènes  et  appréciant  l'intensité 
des  faisceaux  transmis,  au  moyen  d'un  simple  appareil  photométrique 
Foucault  ou  Bunsen. 

M  Avec  ce  mode  opératoire,  les  procédés  sont  considérablement  simpli- 
fiés, et  à  condition  d'être  sûr  de  l'homogénéité  parfaite  des  rayons  transmis 
par  l'écran,  on  peut  compter  sur  des  résultats  peut-être  plus  exacts  que 
par  les  specirophotomètres. 

))  Nous  nous  sommes  servi  d'écrans  en  verres  de  couleur  ;  leur  examen 
a  été  fait  suivant  le  procédé  de  Frauenhofer:  observation  à  travers  un 
réseau  de  la  lumière  transmise  par  l'écran  et  mesure  des  angles  de  dévia- 
tion des  images.  On  a  trouvé  ainsi  très  exactement  la  longueur  d'onde  de 
la  radiation  de  chaque  écran. 

)i  Ensuite  on  a  disposé  sur  le  photomètre  les  sources  à  comparer  munies 
chacune  de  l'écran  jaune  et  de  manière  à  obtenir  l'égalité  d'éclairement 
pour  la  raie  D.  En  substituant  à  l'écran  jaune  toute  la  série  des  écrans 
colorés,  on  était  obligé  chaque  fois,  pour  assurer  l'égalité  d'éclairement, 
de  modifier  la  distance  de  l'une  des  sources,  distance  qui,  de  L,  devenait 
L,,  L„,  . . .. 

»  Les  nombres  ( -r  )  '  (-p  )  '  •  •  •  mesurent  le  rapport  photométrique  des 

deux  lumières  pour  chaque  couleur  considérée.  Il  a  suffi  de  porter  ces 
nombres  en  ordonnées  avec,  comme  abscisses,  les  longueurs  d'onde  des 
couleurs  correspondantes  pour  réaliser  une  courbe  qui  a  donné  la  mesure 
exacte  des  rapports  pour  les  raies  principales  du  spectre.  Ce  sont  ces  rap- 
ports qui  forment  le  Tableau  ci-après  : 

Incandescence  électrique  Arc  électrique 
Longueur  d'onde.                                          Suleil  Soleil 

800  [x II  ,86  I  ,67 

Raie  A 4,88  1,87 

»     B 2,68  1,28 

G.  R.,  1899,  2"  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  20.)  lOI 


(  1^-  ) 

Incandescence  clectiidue 

Arc 

électrique 

Soleil 

Soleil 

i,25 

0,97 

I  ,00 

I  ,00 

0,38 

0,77 

0,1- 

0,56 

0, 10 

0,83 

o.o5 

1,21 

Longueur  d'onde. 

...  c... 

»  D... 

«  E. .  . 

»  F. .  . 

«  G. . . 

,.  H. . . 


CHIMIE.  —  Sur  le  poids  atomique  du  métal  dans  le  chlorure  de  baryum 
radifère  (').  Noie  de  M""'  Skliidowsk.v  Cuuje,  présentée  par  M,  Bec- 
querel. 

((  Nous  avons  publié  anlérieuremenl,  M.  Curie,  M.  Bémontet  moi,  un 
travail  dans  lequel  nous  avons  montré  que  les  composés  de  baryum  ex- 
traits des  minerais  d'urane  étaient  doués  d'une  très  grande  radioactivité. 
En  nous  basant  sur  ce  caractère  de  radioactivité  nous  avons  émis  l'opinion 
que  le  baryum  actif  contenait  un  élément  nouveau,  le  radium  ("). 

»  l^es  sels  de  barvum  directement  extraits  des  minerais  d'urane  ne  se 
distinguent  des  sels  de  baryum  extraits  d'autres  minerais  que  par  leur 
radioactivité;  ils  ne  donnent  au  spectroscope  que  les  raies  du  baryum,  et 
l'on  trouve  le  poids  atomique  du  baryum  pour  le  métal. 

»  Par  des  méthodes  de  fractionnement  convenables  on  peut  concentrer 
la  radioactivité  de  manière  à  obtenir  des  produits  de  plus  en  plus  actifs. 

»  M.  Demarçay  a  bien  voulu  étudier  au  spectroscope  ces  produits  suc- 
cessifs. 1!  a  pu  ainsi  découvrir  et  suivre  l'apparition  d'un  spectre  nouveau 
qui,  dans  les  derniers  produits  examinés,  a  atteint  la  même  intensité  que 
celui  du  baryum. 

))  De  mou  côté  j'ai  déterminé  le  poids  atomique  du  métal  dans  ces  pro- 
duits successifs.  J'ai  trouvé  que  le  poids  atomique  du  baryum  fortement 
radioactif  est  plus  fort  que  celui  du  baryum  ordinaire  et  que  cette  diflé- 
rence  croît  en  même  temps  que  l'activité  du  produit. 

»  J'ai  soumis  à  une  cristallisation  fractionnée  2^^  de  chlorure  de  baryum 
radifère  purifié  qui  ont  été  extraits  d'une  demi-tonne  de  résidus  déminerai 
d'urane  (').  Ce  traitement  a  pour  eiïet  de  concentrer  la  radioactivité  dans 

(')  Ce  travail  a  élé  fait  à  l'Ecole  municipale  de  Plnsique  el  de  Cliimie  iuduslrielles. 

(-)  Comptes  rendus,  décembre  1898. 

(')  Une  tonne  de  ces  réiidui  a  élé  gracieusenent  ofTcrli;  pour  nos  recherches  par 


(  7^'   ) 
les  pnrties  les  moins  solubles.  J'ai  ensuite  effecliié  sur  le  rlilorure  très  actif 
obtenu  quelques  précipitations  fractionnées  par  l'alcool;  l'activité  se  con- 
centre dans  les  parties  précipitées. 

»  T-e  chlorure  de  baryum  radifère  ainsi  obtenu  est  traité  par  l'hydrogène 
sulfuré  pour  éliminer  la  petite  quantité  de  plomb  qui  s'y  trouve;  après  cela 
il  ne  contient  plus  aucune  impureté  connue  en  quantité  appréciable. 

»  J'ai  déterminé  le  poids  atomique  du  métal  en  dosant  le  chlore  dans  le 
chlorure  anhydre  par  Tazotate  d'argent.  Le  poids  de  chlorure  employé 
était  de  os^  5  environ. 

»  Chaque  détermination  du  poids  atomique  du  métal  dans  le  chlorure 
actif  était  accompagnée,  comme  contrôle,  d'une  mesure  analogue  effectuée 
sur  le  chlorure  de  baryum  inactif. 

»  L'activité  du  chlorure  de  barvum  actif  avant  fractionnement  était  en- 
viron soixante  fois  plus  grande  que  celle  de  l'uranium;  mais  pour  obtenir 
une  différence  de  poids  atomique,  il  faut  atteindre  une  activité  plusieurs 
milliers  de  fois  plus  grande  que  celle  de  l'uranium. 

»  Dans  le  Tableau  ci-après  i  désigne  le  courant  électrique  que  produit  le  chlorure 
de  baryum  actif  quand  il  occupe  une  surface  circulaire  de  2'^'"  de  diamètre  au  centre 
d'un  des  plateaux  d'un  condensateur  de  dimensions  suivantes  :  diamètre  des  plateaux, 
S™;  distance  des  plateaux,  3"".  La  différence  de  potentiel  entre  les  plateaux  était  de 
100  volts.  Le  courant  que  donne,  dans  ces  conditions,  Turanium  métallique  est  égal  à 
0,25  X  io~"  ampères. 

»  J'ai  désigné  par  a  la  radioactivité  du  chlorure  actif,  celle  de  l'uranium  étant  prise 
comme  unité.  C'est  le  'rapport  du  courant  électrique  produit  par  le  chlorure  actif  à 
celui  que  donnerait  l'uranium  dans  les  mêmes  conditions. 

»  J'ai  désigné  par  m  le  poids  atomique  du  métal  dans  le  chlorure  radioactif  et  par 
Ba  le  poids  atomique  trouvé  pour  le  baryum  dans  l'expérience  de  contrôle  faite  dans 
les  mêmes  conditions  avec  le  chlorure  de  baryum  inactif. 

m.  Ba. 

i4o,o  i38,i 

i4o,9  i37,6 

i45,8  187,8 

»   Ou  voit  qu'il  v  a  une  différence  très  notable  entre  le  poids  atomique 


('.  10+"  ampères. 

0. 

7.50 

3ooo 

1170 

4700 

1870 

7D00 

le  Gouvernement  autrichien.  Nous  remercions  à  ce  sujet  M.  Suess,  Président  de  l'Aca- 
démie des  Sciences  de  Vienne,  Correspondant  de  l'Institut  de  France,  qui  nous  a 
prêté  dans  cette  circonstance  son  bienveillant  appui.  Le  traitement  de  ce  minerai  a 
été  organisé  par  M.  Debierne. 


(  762  ) 

du  baryum  et  celui  du  métal  du  dernier  chlorure  de  baryum  radifère 
soumis  à  l'expérience. 

»  Il  est  nécessaire  de  remarquer  que  les  activités  radiantes  des  chlorures 
de  baryum  radifèresont  été  mesurées  pour  chacun  d'eux  à  l'état  sec  aussitôt 
après  la  préparation.  En  effet,  la  radioactivité  de  tous  les  composés  de 
baryum  radifères  augmente  encore  très  fortement  pendant  plusieurs  jours 
après  le  passage  de  Tétat  de  dissolution  à  l'état  solide,  soit  par  cristallisa- 
tion (chlorure)  soit  par  précipitation  (sulfate,  carbonate).  Cette  activité 
semble  atteindre,  au  bout  de  quelques  semaines,  une  valeur  limite  qui, 
pour  les  composés  très  actifs,  peut  être  cinq  ou  six  fois  plus  grande  que  la 
valeur  initiale.  Ce  fait  que  nous  connaissions,  M.  Curie  et  moi,  mais  que 
nous  n'avions  pas  encore  publié,  a  été  décrit  par  M.  Giesel  pour  les  sels 
solubles  ('). 

»  Le  chlorure  de  baryum  radifère  dont  le  spectre  vient  d'être  décrit  par 
M.  Demarçay  (-)  avait  à  l'origine  une  activité  a  =■  17000  (').  Je  n'ai  pas 
encore  eu  assez  de  ce  produit  pour  faire  une  mesure  de  poids  atomique. 

))  L'étude  spectrale  de  M.  Demarçay  et  les  expériences  que  je  viens 
d'exposer  semblent  prouver  que  l'élément  hvpothétique  que  nous  avons 
appelé  radium  existe  effectivement  et  qu'il  possède  un  poids  atomique  plus 
élevé  que  celui  du  baryum.   » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  préparation  et  les  propriclés  des  phosphures  de 
strontium  et  de  baryum  cristallisés.  Note  de  M.  A.  Jaboix,  présentée 
par  M.  Henri  Moissan. 

«  Les  composés  binaires  définis  du  strontium  et  du  baryum  avec  le  phos- 
phore n'ont  pas  encore  été  préparés  jusqu'ici. 

»  On  connaît,  sous  les  noms  de  phosphure  de  strontiane  et  de  phosphure 
de  baryte,  des  corps  de  nature  assez  complexe  obtenus  par  Dulong  (")  et 
Dumas  ('),  par  l'action  de  la  vapeur  de  phosphore  sur  la  strontiane  ou  la 
baryte  caustique  chauffée  au  rouge. 


(»)    Wied.  Ann.,  t.  LXIX,  p.  91. 

(')  Comptes  rendus,  6  novembre  1899. 

(')  C'est  par  erreur  que  nous  avons  indiqué  à  M.  Demarçay  le  nombre  70000 
comme  valeur  de  l'activité  initiale  de  ce  produit. 

(')  DcLONG,  Mémoires  de  Physique  et  de  Chimie  de  la  Société  d'Arcueil,  t.  III, 
p.  408. 

(^)  Dumas,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  2"  série,  t.  XXXIII,  p.  363. 


(763  ) 

»  En  utilisant  le  procédé  indiqué  par  M.  Moissan  dans  la  préparation  du 
phosphure  de  calcium  au  four  électrique  (  '  )  nous  avons  pu  réaliser  la  pré- 
paration des  phosphures  de  strontium  et  de  baryum  cristallisés. 

»  Phosphure  de  stroîntium  :  Préparation.  —  Nous  avons  préparé  le 
phosphure  de  strontium  cristallisé  en  réduisant  par  le  charbon,  au  four 
électrique,  le  phosphate  de  strontium  pur.  Ou  prend  :  phosphate  de  stron- 
tium, loo  parties;  noir  de  fumée,  22  [jarties. 

»  On  mélange  intimement  et  l'on  fait  des  agglomérés,  au  moyen  de 
l'essence  de  térébenthine.  On  chauffe  ce  mélange  au  four  Ferrot,  puis  on 
l'enferme  ensuite  dans  un  flacon  bien  sec. 

»  Ces  agglomérés  sont  chauffés  au  four  électrique,  dans  des  creusets 
de  charbon,  pendant  trois  à  quatre  minutes,  avec  un  courant  de  930  am- 
pères, sous  45  volts.  La  durée  de  la  chauffe  doit  être  bien  observée,  car 
une  chauffe  insuffisante  fournirait  un  produit  incomplètement  réduit,  et 
une  chauffe  trop  prolongée  donnerait  \\n  produit  mélangé  de  carbure. 

»  On  relire  le  creuset  du  four  et  on  le  recouvre  immédiatement  avec 
un  disque  de  charbon  pour  éviter  toute  oxydation;  on  brise  le  creuset 
pour  recueillir  la  substance,  dès  que  la  température  le  permet,  et  l'on 
conserve  le  produit  dans  des  flacons  à  l'émeri  bien  bouchés,  ou,  mieux, 
dans  des  tubes  scellés. 

»  M.  Moissan,  dans  son  étude  sur  le  phosphure  de  calcium  cristallisé, 
avait  préparé  ce  corps  en  soumettant  à  l'action  du  four  électrique  le  phos- 
phure de  chaux  de  F.  Thénard  placé  dans  un  creuset  de  charbon.  Par 
analogie,  nous  avons  répété  cette  opération  avec  du  phosphure  de  stron- 
tiane;  nous  avons  obtenu  un  résultat  identique. 

»  Propriétés.  —  Le  phosphure  de  strontium  se  présente  en  fragments 
noirâtres  à  cassure  cristalline  brillante  d'un  rouge  brun,  qui  s'altère  assez 
rapidement  à  l'air  humide.  Il  est  presque  toujours  souillé  de  graphite  et 
de  carbure  de  strontium.  Au  microscope,  le  corps  pulvérisé  a  l'aspect  d'une 
poussière  cristalline  de  coideur  foncée  exagérée  par  la  présence  de  carbone 
disséminé  dans  la  masse.  Il  est  peu  fusible,  nous  n'avons  pu  le  fondre  qu'au 
four  électrique.  Sa  densité  est  de  2,68. 

M  L'hydrogène  est  sans  action  à  la  température  du  ramollissement  du 
verre.  Le  phosphure  de  strontium  brûle  dans  le  chlore  vers  3o°  :  il  se  forme 
du  chlorure  de  phosphore  et  du  chlorure  de  strontium.  Le  fluor  a  une 


(>)  H.  Moissan,  Comptes  rendus,  t.  GXXVIII,  p.  787  al  Ami.  de  CIdm.  et  dePliys., 
7'=  série,  t.  XVIII,  p.  827. 


(  764  ) 

action  analogue  à  la  température  ordinaire;  le  brome  réagit  également  à 
une  température  de  170"-!  75°  et  l'iode  à  une  température  voisine  du  rouge. 

»  Il  brûle  dans  l'oxygène  à  une  température  supérieure  à  3oo°;  avec  le 
soufre  il  se  produit  également  une  incandescence,  mais  il  faut  fournir  une 
quantité  de  clialeur  plus  considérable. 

»  Le  carbone  déplace  le  phosphore  à  haute  température  pour  donner  du 
carbure  de  strontium  ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  dans  la  préparation  du 
phosphurc. 

»  Au  rouge,  le  sodium  n'a  pas  d'action  sur  le  phosphure  de  strontium. 

»  L'acide  chlorhydrique  gazeux  l'attaque  avec  incandescence  à  une 
température  inférieure  au  rouge;  l'hydrogène  sulfuré  et  l'ammoniac  sont 
sans  action  dans  les  mêmes  conditions. 

»  L'eau  décompose  à  froid  le  phosphiu'e  de  strontium  pour  donner  un 
hydrate  de  strontiane  et  de  l'hydrogène  phosphore  gazeux. 

»  Quand  la  chauffe  a  été  faible,  le  gaz  dégagé  est  souvent  spontanément 
inflammable  et  est  quelquefois  accompagné  d'hydrogène;  au  contraire,  il 
ne  s'enflamme  pas  quand  la  chauffe  a  été  poussée  un  peu  loin,  mais  dans 
ce  cas  il  y  a  dégagement  d'acétylène.  Ces  réactions  s'opèrent  parfois  vio- 
lemment si  le  phosphure  est  en  poudre. 

»  Les  acides  concentrés  sont  sans  action.  Avec  l'acide  azotique  fumant, 
l'attaque  est  faible  à  froid,  mais  elle  se  produit  lentement  au  bain-marie,  avec 
dégagement  de  vapeurs  nitreuses  et  de  gaz  souvent  spontanément  inflam- 
mable. L'acide  snlfurique  ne  l'attaque  que  lorsqu'il  est  dilué. 

»  La  benzine,  l'essence  de  térébenthine,  l'alcool  absolu,  l'éther 
n'agissent  pas  sur  ce  corps  à  la  température  ordinaire. 

»  Avec  les  oxydants  il  se  produit  souvent  des  attaques  violentes  ;  avec  le 
chlorate  de  potasse,  il  y  a  une  vive  incandescence  ;  le  phosphure  brûle 
dans  le  protoxyde  et  le  bioxyde  d'azote  avec  production  de  traces  d'azoture. 

»  Analyse. — Le  phosphure  de  strontium  a  été  attaqué  au.  bain-marie 
au  moyen  de  l'acide  azotique  fumant  :  le  strontium  a  été  dosé  à  l'état  de 
sulfate,  en  liqueur  alcoolique,  et  le  phosphore  à  l'état  de  phosphate- 
am  nioniaco-ma  gnésien . 

11  D'autre  part,  nous  avons  dosé  le  carbone  par  deux  procédés  :  d'abord 
par  la  combustion  de  l'acétylène,  qui  s'était  formé  au  contact  de  l'eau,  au 
moyen  de  l'oxyde  de  cuivre  chauffé  au  rouge;  ensuite,  par  le  procédé 
eudiométrique  en  décomposant  le  phosphure  par  l'eau,  opérant  la  com- 
bustion du  gaz  dégagé  par  l'oxygène  au  moyen  de  l'étincelle  électrique  et 
absorbant,  par  la  potasse,  l'acide  carbonique  formé. 


(  76f;  ) 

»  Nous  av'ons  j3li  élablir  les  rapports  suivants,  déduction  faite  des  impu- 
retés : 

TUéoi'ic 
1.  -i.  3.  pour  P^Sr'. 

Sr 81,240  81,894  82,670  80,893 

P 81,759  i8,io5  i7>329  i9>io6 

»  Phosphure  de  baryum  :  Préparation.  —  Le  phosphure  de  baryum  cris- 
tallisé se  prépare  exactement  comme  celtii  de  strontium  en  cbauITant,  pen- 
dant trois  minutes,  au  four  électrique,  avec  un  courant  de  gSo  ami)ères 
sous  45  volts;  on  emploie  dans  ce  cas  :  phosphate  de  baryum,  100  parties; 
noir  de  fumée,  16  parties,  préalablement  mélangés  et  réduits  en  agglo- 
mérés, comme  il  a  été  indiqué  précédemment. 

»  Propriétés.  —  I/s  propriétés  du  phosphure  de  baryum  sont  analogues 
à  celles  du  phosphure  de  strontium.  Il  se  présente  sous  forme  de  fragments 
noirâtres  à  cassure  cristalline  brillante.  L'examen  microscopique  nous  a 
Uiontréque  ce  produit  est  d'un  aspect  identique  au  composé  du  strontium. 
Sa  densité  est  de  3,  [83. 

»  Il  ne  brûle  dans  le  chlore  qu'à  une  température  de  go°,  et  dans  le 
brome  que  vers  26o°-3oo°. 

»  Analyse.  —  L'attaque  a  été  faite  comme  pour  le  phosphure  de  stron- 
tium, au  moyen  de  l'acide  azotique  fumant  :  le  baryum  est  dosé  à  l'état  de 
sulfate  dans  la  solution  bouillante  et  le  phosphore  à  l'état  de  ])hosphate 
ammoniaco-magnésien.  Le  c:<.rbone  est  dosé  comme  précédeinment. 

M  Les  proportions  de  bjryum  et  de  [)liosphore  sont  les  suivantes, 
déduction  faite  des  impuretés  : 


Ba 
P. 


Théorie 

1. 

2. 

3. 

4. 

pour  P-Ba'. 

86,409 

86,5o2 

87,686 

87,636 

86,892 

18,590 

i3,497 

i2,3i3 

12,363 

13,107 

«  Conclusions.  —  Nous  avons  donc  préparé  au  four  électrique,  en  rédui- 
sant par  le  charbon  les  phosphates  correspondants,  les  phosphures  de 
strontium  et  de  bary.un  cristallisés,  dont  la  formule  est  respectivement 
P-Sr'  etP='Ba\ 

»  Ces  corps  très  stables,  qui  jouissent  d'une  grande  activité  chimique, 
ont  ia  propriété  de  décomposer  l'eau  à  la  température  ordinaire  en  don- 
nant de  l'hytlrogène  phosjihorc  et  de  l'hydrate  de  slrontiaae  ou  de  baryte.  » 


(  76G   ) 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  dosage  du  phosphore  dans  les  composés  orga- 
niques (').  Noie  de  M.  Ch.  Marie,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Au  cours  de  recherches  que  je  poursuis  depuis  quelque  temps  sur  des 
composés  organiques  phosphores,  j'ai  eu  à  effectuer  un  grand  nombre  de 
dosages  de  phosphore,  et  j'ai  cherché  à  éviter  l'emploi  toujours  désa- 
gréable du  tube  scellé.  Pour  cela  il  fallait  trouver  un  procédé  de  destruc- 
tion de  la  matière  organique  suffisamment  énergique,  procédé  qui  permît 
ensuite  le  dosage  du  phosphore  par  les  méthodes  ordinaires.  Après  diffé- 
rents essais  je  me  suis  arrêté  à  l'emploi  du  permanganate  de  potasse  en  so- 
lution nitrique.  L'oxydation  doit  être  conduite  de  la  manière  suivante  : 

»  La  substance  à  analyser  est  dissoute  d'abord  dans  l'acide  azotique  concentré  em- 
ployé en  excès  :  i5'='^  à  20'^'=,  par  exemple,  pour  une  prise  d'essai  de  i^.  Puis  on 
cliaufie  au  bain-marie  et  Ion  projette  une  petite  quantité  de  permanganate  finement 
pulvérisé. 

»  Le  permanganate  se  dissout,  puis  la  solution  rouge  se  décolore  progressivement 
en  même  temps  qu'il  se  précipite  de  l'oxyde  de  manganèse.  On  ajoute  de  nouveau  du 
permanganate,  on  attend  la  décoloration,  puis  on  continue  ainsi  jusqu'à  ce  que  la 
solution  reste  franchement  rouge  pendant  quelques  minutes.  Il  est  nécessaire  que  le 
permanganate  ainsi  ajouté  représente  au  moins  cinq  à  six  fois  le  poids  (2)  de  la  matière 
organique.  On  laisse  alors  refroidir,  puis  goutte  à  goutte  on  verse  une  solution  d'azotitede 
soude  ou  de  potasse  au  dixième.  L'oxyde  de  manganèse  se  dissout,  puis  brusquement  la 
solution  redevient  limpide.  On  chaufl'e  quelque  temps  à  l'ébullition  pour  chasser  les 
vapeurs  nitreuses  et  l'excès  dacide  azoti(]ue,  puis  on  ajoute  la  solution  molvbdique 
en  quantité  calculée  pour  la  quantité  de  phosphore  supposée  présente,  soit  environ 
4""^  par  milligramme  de  phosphore.  A  partir  de  ce  moment  le  dosage  rentre  dans  la 
méthode  ordinaire  à  laquelle  toutefois  il  convient  d'ajouter  les  précautions  suivantes  : 

»  1°  Le  phosphomolybdate  précipité  doit  être  lavé  avec  soin  jusqu'à  disparition 
totale  du  manganèse.  On  suit  d'ailleurs  facilement  le  lavage  en  chauflant  un  peu  du 
liquide  filtré  avec  du  bioxyde  de  plomb  qui  transforme  le  manganèse  en  permanga- 
nate, (^elte  élimination  du  manganèse  est  importante,  sans  cela  le  phosphate  amrao- 
niaco-magnésien  que  l'on  obtient  par  la  suite  jiouirait  l'entraîner  avec  lui,  surtout  si 
la  solution  ammoniacale  restait  longterajis  à  l'air. 

»  2°  Le  précipité  ammoniaco-magnésien  doit  être  lavé  soigneusement  pour  enlever 
tout  le  molybdène.  Ce  métal  se  recherche  le  plus  facilement  par  la  réaction  suivante  : 


(')  Faculté  des  Sciences  (laboratoire  de  Chimie  appliquée). 

{})  La  quantité  de  permanganate  employé  doit  être  d'autant  plus  grande  que  la 
matière  organique  est  plus  difficile  à  oxyder,  ce  qui  est  le  cas  par  exemple  des  composés 
cycliques. 


(  7^7  ) 

au  liquide  ammoniacal  qui  passe  on  ajoute  un  excès  d'acide  chlorhj'drique,  quelques 
gouUes  d'une  solulioii  de  sulfocyainire  d'ammonium  et  une  grenaille  de  zinc.  Le  mo- 
lybdène, dans  ces  conditions,  donne  une  coloration  rose  très  sensible,  quoique  dispa- 
raissant par  le  temps. 

»  Pour  éprouver  cette  méthode,  je  l'ai  comparée  à  la  méthode  ordinaire 
(l'oxydation  en  tube  scellé,  et  j'ai  toujours  obtenu  d'excellents  résultats, 
même  dans  le  cas  de  composés  extrêmement  (litficiles  à  oxyder,  tels  que 
l'acéto-diphosphite  ammoniaco-calcique  (  '  )  qui  exige,  pour  sa  destruction, 
huit  heures  de  chaufTe  à  200°  avec  de  l'acide  azotique  fumant.  Ce  procédé 
s'applique,  ainsi  que  je  l'ai  vérifié,  aux  giycérophosphates  et  simplifiera 
l'analyse  de  ces  com|)osés  si  répandus  actuellement.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Su7'  de  nouveaux  composés  asymétrique?,  de  l'azote 
obtenus  par  synthèse  et  doués  du  pouvoir  rotatoire.  Note  de  MM.  W-J. 
Pope  et  S.-J.  Peachey,  présentée  par  M.  Arm.  Gantier. 

«  On  cluiuOe  l'iodure  de  ra-benzvlphénvlaliylméthylammonium,  déjà 
préparé  antérieurement  par  M.  Wedekind  (/?enc^Ze,  t.  XXXII,  p.  Si^; 
1899),  avec  une  quantité  équivalente  de  dextrocamphorosulfonate  d'ar- 
gent en  suspension  dans  un  mélange  d'acétate  d'éthyle  et  d'acétone.  Après 
avoir  enlevé  par  le  filtre  l'iodure  d'argent  qui  se  forme,  on  obtient  par 
évaporation  un  résidu  cristallin  qui  peut  être  séparé  par  des  cristallisations 
fractionnées,  dans  le  même  dissolvant,  en  un  dextrocamphorosulfonate 
peu  solnble  Az(C'I]'.  CFP,  C'H\CH')C'»H'^OSO'  et  un  second  sel  plus 
soluble  formé  par  l'inverse  optique  du  précédent. 

')  Le  premier  de  ces  sels  possède,  en  solution  dans  l'eau,  le  pouvoir 
rotatoire  M„  =  -h  208°;  le  second,  Mi,=:  —  87°. 

»  En  ajoutant  de  l'iodure  ou  du  bromure  de  potassium  aux  sels  pré- 
cédents, on  obtient  les  solutions  aqueuses  de  l'iodure  ou  du  bromure  des 
deux  bases  que  l'on  purifie  par  des  cristallisations  dans  l'alcool. 

»   Les  pouvoirs  rotatoires  observés  pour  ces  quatre  sels  sont  les  suivants  : 


lodure  dextrogyre [2]o  =  -f- 52''4 

lodure  lévogyre 1:=  —  5i°4 

Bromure  dextrogyre =4-  68°6 

Bromure  lévogyre. r;:  —  67°3 


(')  B^YER  et  A.  HoKMANN,  D.  ch.  G.,  t.  XXX,  p.  1978. 

C.  R.,  1899,  2»  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  20  )  I02 


(  768  ) 
»  L'existence  fie  ces  deux  composés  actifs  formés  simultanément,  et 
isolés  grâce  à  leurs  simples  différences  de  solubilité,  prouve  surabondam- 
ment que,  dans  les  composés  ainsi  formés  par  l'association  autour  de 
l'azote  de  quatre  radicaux  inactifs  différents,  le  pouvoir  rotatoire  est  bien 
dû  à  la  disposition  asymétrique  des  radicaux  unis  à  cet  élément.  Cette 
extension  de  la  théorie  stéréochimique,  à  savoir  la  production  du  pouvoir 
rotatoire  grâce  à  l'asymétrie  créée  autour  de  l'atome  d'azote,  est  entière- 
ment de  M.  Le  ^eX  (Comptes  rendus ,  t.  CXVII,  p.  724;  1891)  qui  a  dû  récem- 
ment défendre  ses  conclusions  (Co/?i^/e.y  rendus,  t.  CXXIX,  p.  548;  189^) 
contre  les  objections  de  MM.  Markwald  et  von  Drosle-Hiielschoff  (Z?en'cAie, 
t.  XXXn,  p.  56o).  ). 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  l'absorption  de  l'iode  par  les  végetau.v.  Note 
de  M.  P.  BouRCET,  présentée  par  M.  Armand  Gautier  ('  ). 

«  Les  plantes  diverses  cultivées  sur  un  même  sol  absorbent  en  propor- 
tions différentes  les  diverses  substances  minérales  que  ce  sol  peut  contenir. 
Bunsen  observait  il  y  a  longtemps  que  certaines  espèces  végétales  peuvent 
enlever  du  rubidium  à  des  terrains  dans  lesquels  ce  métal  est  tellement 
disséminé  que  l'analyse  spectrale  ne  permet  pas  de  le  reconnaître.  Gran- 
deau  a  fait  une  remarque  analogue  pour  le  lithium  et  le  césium.  J'ai  pensé 
que  certains  végétaux  devaient  absorber,  dans  le  sol  ou  dans  les  eaux, 
l'iode  nécessaire  à  la  structure  de  leurs  protoplasmas  et  peut-être  à  l'ac- 
complissement de  fonctions  spéciales.  Mais,  comme  des  expériences  portant 
sur  un  nombre  considérable  d'espèces  et  de  genres  m'auraient  entraîné  trop 
loin,  j'ai  limité  ces  premières  recherches  à  un  certain  nombre  de  plantes 
comestibles,  mon  intention  étant  d'étudier  en  même  temps  comment  l'iode 
s'introduit,  par  l'alimentation,  dans  l'économie  animale. 

»  Plusieurs  mètres  cubes  de  terre  furent  bien  pelletés,  et  ce  mélange 
rendu  homogène  par  des  tamisages  snccessifs.  Cinq  échantillons,  pris  au 
hasard  dans  la  masse  parfaitement  brassée,  firent  trouver  une  teneur 
moyenne  en  iode  de  o™b''^83  par  joo  kilogrammes.  Cette  terre  fut  disposée 
en  plates-bandes  sur  lesquelles  on  sema  un  certain  nombre  de  graines.  Les 
végétaux  furent  récoltés  au  fur  et  à  mesure  de  leur  maturité  et  l'iode  y  fut 

(')  Travail  du  laboratoire  de  M.  le  professeur  Armand  Gautier  à  l'Ecole  de  Méde- 
cine. 


(  769  ) 

dosé  par 'la  méthode  que  j'ai  déjà  décrite  {Comptes  rendus,  t.  CXXVIII, 
p.  1 120). 

»   Voici  les  résultats  auxquels  je  suis  arrivé  : 


Salariées . 


Cucurbitacées . 


Crucifères    . 


Chénopodées 


Légumineuses. 


Liliacées. 


Polygonées  .  .  . 
Ombellifères  . 


Synanthérées. . 


Solanum  tuberosum  (Pomme  de  terre). 
Lycopersicum  escuientum  (Tomate)  .  .  . 

Solanum  melongena  (Aubergine) 

Cucumis  sativus  (Concombre) 

Cuciirais  sativus  (Cornichon) 

Cucumis  melo  (Melon) 

Cucurbita  maxima  (Potiron). 

Raphanus  sativus  (Petite  rave) 

Brassica  napus  (Navet) 

Brassica      ?       (Raves) 

Raphanus    ?       (Radis  noir) 

Bêla  râpa  (Belle  rouge) 

Beta  cj'cla  (Côtes  de  bette) 

Spinacia  oleracea  (Epinard) 

Faba  vulgaris  (Fève) 

Phaseolus?  (  Haricots  verts) 

Phaseohis?  (Haricots  de  Soissons)  . 

Pisum  sativum  (Pois  verts) 

Âllium  sativum  (Ai!) 

Allium  cepa  (Oignon) 

Allium  porrum  (Poireau) 

Rumex  acetosa  (Oseille) 

Scandix  cerfolium  (Cerfeuil) 

Petroselinum  sativum  (Persil) 

Daucus  carotta  (Carotte) 

Lactuca  sativa(Laitue) 

Cichorium  nitybus  (Ciiicorée) 

Gichorium  augustifolium  (Escarole).. 


Milligrammes 
par  kilogramme. 

0,000 

0,07 

0,01 

0,012 

0,00 

0,06 

0,017 

0,18 

0,24 

o,  16 

0,00 

o,i4 

o,38 

0,021 

0,14 

0,82 

o,oi3 

0,084 

0,94 

0,28 

o,  12 

o,o47 

o,i4 

0,00 

0,00 

0,096 

0,000 
0,000 


»  Ce  Tableau  (iéiuontre  que,  dans  des  conditions  ieientiques  de  terrain, 
d'humidité,  d'exposition,  certaines  plantes  absorbent  beaucoup  plus  d'iode 
que  d'autres,  et  que  quelques-unes  même  n'en  absorbent  pas  trace.  Mallieu- 
rcusement  mes  expériences  ont  porté  sur  un  nombre  trop  restreint  de 
végétaux  pour  pouvoir  définir  les  conditions  multiples  qui  président  à 
cette  absorption.  Elles  ont  pourtant  été  suffisantes  pour  montrer  que  cer- 
taines familles,  les  Liliacées  et  les  Chénopodées  par  exemple,  accumulent 
beaucoup  plus  d'iode  que  certaines  autres,  les  Solanées  ou  les  Ombelli- 
fères. On  voit  aussi  que  dans  un  même  genre  végétal  l'absorption  de  ce 


(  77^  ) 
mélalloïfle  varie  avec  chaque  variété  :  les  Synanthérées  et  les  Crucifères  en 
offrent  des  exemples  bien  expressifs. 

»  Dans  une  prochaine  Note,  je  me  propose  de  montrer  que  ce  phéno- 
mène de  sélection  spécifique  de  l'iode  se  produit  aussi  dans  les  divers 
organes  d'une  même  espèce  animale.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  nwrphologie  et  révolution  sexuelle  d'un  Epicari de  para- 
site des  lialancs  (Hemioniscus  balaui  Buchholz).  Note  de  MM.  Macrice 
Caullery  et  Félix  Mesnil,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Les  Epicarides  constituent  un  ensemble  d'îsopodes  parasites  sur 
d'aulres  Crustacés.  Si,  grâce  à  divers  travaux,  et  surtout  à  ceux  de 
MM.  Giard  et  J.  Bonnier,  leur  morphologie,  modifiée  d'une  façon  pro- 
fonde et  variée  par  le  parasitisme,  commence  à  être  bien  connue  pour 
quelques  familles,  celles  en  particulier  que  l'on  rencontre  chez  les  Podo- 
l)hlhalmes  (Z?o/jj/-iWff,  Entoniscidœ,  Dajidœ),  elle  reste  encore  assez  obscure 
pour  les  Epicai-ides  des  Edi  i.)phlhaliiies  et  des  Enlomostracés,  tantôt  réunis 
en  un  seul  groupe,  les  Crvptoniscidœ,  tantôt  subdivisés  en  plusieurs  familles 
(Podasconidœ,  Cabiiopsiliœ ,  Cyproniscidœ,  Cryptoniscidœ). 

»  Nous  avons  rencontré  en  très  grande  abondance,  à  la  Hague  (Manche), 
un  de  ces  derniers  types,  parasite  des  Balanes  (Balanus  balanoides),  décrit 
et  soigneusement  étudié  autrefois  par  Buchholz  (')  sous  le  nom  d'Hemio- 
niscus  balani  et  que  Rossmann  (-)  a  revu  depuis  (^). 

»  Le  mâle  a  la  forme  typique  chez  les  Cryptoniscidœ  et  que  l'on  retrouve  d'ail- 
leurs transiloirement  (larve  dite  cryptonicienne)  dans  révolution  des  autres  Epica- 
rides. C'est  un  petit  Isopode  à  faciès  libre,  h^  femelle  provient  d'une  larve  semblable 
dont  la  partie  antérieure  (la  tête  et  les  quatre  premiers  anneaux  thoraciques)  ne 
subit  pas  de  modifications,  et  dont  le  reste  du  corps  perd  ses  appendices  pour  devenir 
un  énorme  sac  résultant  surtout  de  l'hypertrophie  des  trois  derniers  somiles  thora- 
ciques et  se  prolongeant  par  sept  lobes  (six  lobes  thoraciques  latéraux  eL  l'abdomen 


(')  Zeitschr.  fiir  tviss.  ZooL,  t.  X\  I,  p.  3o3-327. 

(2)  Sitzungsber.  d.  k.  preuss.  Ak.  d.  Miss.  Berlin,  t.  XXII,  p.  457-473;  1884. 

{^)  Nous  conservons  à  cet  animal  le  nom  générique  d'//emtortWCMS  pour  des  raisons 
que  nous  exposerons  ailleurs.  On  l'a  souvent  fait  rentrer  dans  le  genre  Cryplothir, 
créé  par  Dana  {U.  S.  E.rplor.  Exped.,  Crustacea,  t.  Il,  p.  Soi)  pour  un  parasite  d'un 
autre  Balanide  {Creusia)  des  îles  Fiji  dont  il  n'a  vu  que  le  mâle,  qu'il  a  très  sommai- 
rement décrit. 


postérieur).  A  Tétat  adulte,  ce  sac  est  rempli  par  les  embryons  en  voie  de  développe- 
ment. Les  diverses  étapes  de  la  mélaniorphosc  ont  été  bien  décrites  par  Bucbholz. 
Kossmann,  ensuite,  a  conclu  de  ses  observations  que  les  mâles  et  les  femelles  ne  con- 
stituaient pas  deux  séries  d'individus  distincts,  mais  que  les  femelles  résultaient  de  la 
transformation  des  mâles  eux-mêmes.  Les  Cryplonisciens  seraient,  d'après  lui,  berma- 
phrodites  protandriques. 

»  Nous  avons  pu  préciser  sur  bien  des  points  les  faits  établis  par  nos 
prédécesseurs  et  combler  les  lacunes  laissées  j)nr  eux.  Nous  nous  bor- 
nons ici  à  résumer  ceux  de  nos  résultats  qui  ont  une  portée  morphologique 
générale. 

»  Nous  avons  d'abord  rectifié  une  erreur  d'interprétation  assez  impor- 
tante par  les  déductions  qui  en  ont  été  tirées,  soit  chez  les  Crvptonisciens, 
soit  chez  les  autres  Epicarides.  Elle  concerne  les  glandes  que  Buchholz 
(^loc.  cit.,  fig.  3)  appelle  kiudrilsen  et  qu'il  considère  comme  un  appareil 
annexe  de  l'organe  génital.  Kossmann  y  avait  vu  le  reste  des  testicules 
chez  les  femelles.  C'était  pour  lui  la  preuve  positive  de  l'hermaphrodisme 
des  Cryplonisciens.  Or,  c'est  là  un  système  glandulaire  formé  de  grandes 
cellules,  à  noyaux  énormes  et  riches  en  granules  chromatiques  (que  Koss- 
mann a  cru  être  des  spermatozoïdes),  mais  qui  n'a  aucun  rapport  avec 
l'appareil  génital.  Il  est  bien  développé  chez  le  mâle,  oîi  il  forme  à  l'in- 
testin un  revêlement  latéral  presque  continu  et  où  il  est  complètement  in- 
dépendant des  testicules.  On  ne  peut  rien  inférer  de  cet  organe  relative- 
ment à  l'hermaphrodisme;  il  est  très  probablement  lié  à  la  fonction 
digestive. 

»  L'hermaphrodisme  successif  protandrique  n'en  est  pas  moins  réel  chez 
Hemioniscus  (et  très  probablement  général  chez  les  Cryplonisciens),  mais 
nous  sommes  les  premiers  à  en  apporter  une  preuve  positive  indiscutable. 
Nous  avons,  en  eOet,  étudié  une  .série  complète  des  stades  de  transforma- 
tion de  V Hemioniscus  depuis  le  mâle  jusqu'à  la  femelle  adulte.  Or,  dès  le 
moment  où  les  glandes  génitales  mâles  se  vident,  leur  paroi  antéro-interne 
prolifère  et  donne  ainsi  naissance  à  l'ovaire  que  l'on  voit  se  développer 
graduellement  aux  stades  suivants.  Les  ovaires  et  les  oviductes  (qui  se 
forment  indépendamment  par  des  invaginations  ectodermiques)  sont  déjà 
lietlcment  reconaaissables  sin-  des  individus  que  rien  ne  distingue  exté- 
rieurement des  mâles  et  qui,  d'ailleurs,  possèdent  encore,  en  place,  les 
testicules  et  leurs  orifices  externes.  La  dégénérescence  du  testicule  paraît 
s'elfectuer  sous  forme  pigmentaire  et  avec  le  concours  de  processus  pha- 
gocytaires.  Cet  hermaphrodisme  est  de  même  nature  que  celui  découvert 
par  Bullar  et  par  P.  Mayer  chez  d'autres  Isoj)odes  (Cymothoadiens). 


(  772  ) 

»  Le  développement  de  la  chnmbre  incnbatrice  nous  a  fourni  des  résul- 
tats intéressants  au  point  de  vue  général.  Les  auteurs  antérieurs  n'avaient 
pu  le  suivre  ou  l'avaient  faussement  interprété.  La  chambre  incubatrice 
joue  un  rôle  capital  dans  la  morphologie  des  Épicarides.  Elle  est  extérieure 
à  l'animal  et  constituée  soit  par  un  système  de  lamelles  dépendant  des 
appendices  thoraciques,  soit  par  des  replis  latéraux  du  corps.  Il  y  circule 
un  actif  courant  d'eau  assurant  la  respiration  des  embryons.  Chez  /'Hemio- 
niscus,  au  contraire,  elle  est  toujours  complètement  close,  ce  qui  constitue  une 
différence  physiologique  de  première  importance.  D'autre  part,  son  mode 
de  formation  est  jusqu'ici  sans  analogue.  Vers  la  fin  de  l'ovogénèse,  on  voit 
se  différencier,  à  la  face  ventrale,  à  hauteur  du  cinquième  anneau  ihora- 
cique,  à  partir  de  la  ligne  médiane,  une  zone  cordiforme  suivant  laquelle 
l'ectoderme  s'épaissit  énormément  par  bourgeons  pleins,  vers  l'intérieur. 
Ce  plastron  s'étend  latéralement  jusqu'aux  orifices  externes  des  oviductes 
qu'il  englobe.  Il  s'y  creuse  ensuite,  par  délamination,  une  cavité  qui 
n'est  autre  que  la  future  cavité  incubatrice,  et  dans  laquelle  débouchent 
maintenant  les  oviduttes  (où  sont  accumulés  les  spermatozoïdes  déposés 
par  le  mâle).  A  la  ponte,  les  œufs  sont  fécondés  lors  de  leur  passage  dans 
les  oviductes  et  arrivent  directement  dans  la  chambre  incubatrice  sans 
avoir  été  en  contact  avec  l'extérieur.  A  mesure  de  la  croissance  des  em- 
bryons, cette  chambre  prend  un  développement  de  plus  en  plus  grand  en 
refoulant  le  cœlome  auquel  elle  arrive  à  se  substituer. 

»  La  structure  des  ovules  et  leur  mode  de  développement  sont  influen- 
cés, corrélativement  aux  dispositions  précédentes,  d'une  façon  considé- 
rable. 

»  Alors  que  les  divers  Isopodes,  et  en  particulier  les  divers  Epicarides, 
ont  des  œufs  riches  en  vitellus  pigmenté,  ceux  à' Hemioniscus  sont  petits 
(5oi^  à  6oi^  de  diamètre),  peu  pigmentés,  presque  entièrement  alécithes. 
Leur  segmentation  aboutit  à  une  blastula  pleine  qui  se  gonfle  pour  devenir 
un  embryon  sphérique  creux  au  lieu  de  la  gastrula  à  masse  endodermique 
vivement  colorée.  U œi\ï ^ï Hemioniscus  oiïve  donc,  comparativement  à  celui 
des  autres  Epicarides,  des  rapports  analogues  à  celui  des  Mammifères  par 
rapport  à  celui  des  Sauropsidés  et,  pour  une  raison  analogue,  la  vivi- 
parité. 

»  Dans  la  suite  de  l'embryogénie,  l'embryon  acquiert  assez  vite,  sauf  en 
ce  qui  regarde  la  masse  endodermique,  l'apparence  caractéristique  de 
ceux  des  autres  Epicarides;  mais  il  ne  se  pigmente  que  très  tardivement.  Il 
éclôt  sous  la  forme  habituelle,  rappelant  un  petit  sphérome.  Notons  que 
cette  première  larve  d'Heinioniscus  est  aveugle  et  qu'elle  rappelle  dans  ses 


(  773  ) 
détnils  très  étroitement  celle  des  Podasconidœ  (existence  d'un  long  tube 
anal,  similitude  des  six  paires  de  |)érciopodes,  soies  en  éventail  du  propo- 
dite  de  ces  derniers,  etc.).  Au  contraire,  elle  s'écarte  par  ces  diverses  par- 
ticularités de  celle  des  Cryploniscus . 

))  Nous  nous  bornons  à  ces  indications  que  nous  développerons  ail- 
leurs. Elles  suffisent  à  montrer  que  V Hemiunisciis esl  une  forme  très  intéres- 
sante dans  les  Épicarides,  plus  spécialisée  qu'aucune  autre  à  certains 
égards,  comme  par  exemple  en  ce  qui  concerne  sa  cavité  incubatrice  et 
son  embryogénie.  » 


PHYSIOLOGIE   VÉGÉTALE.    —    Sur   l' hy gromélricilé  des  graines.    Note   de 
M.  L.  Maquenne,  présentée  par  M.  Dehérain. 

«  A  l'état  normal  toutes  les  graines  renferment  une  certaine  quantité 
d'eau,  libre  ou  faiblement  combinée,  qui  varie  considérablement  avec  les 
espèces,  mais  reste  à  peu  près  constante  pour  chacune  d'elles,  dans  les 
mêmes  conditions. 

»  Lorsque  le  milieu  dans  lequel  elles  séjournent  vient  à  se  modifier,  la 
proportion  d'eau,  déterminée  par  la  perte  de  poids  à  l'étuve,  peut  subir 
des  variations  sensibles;  elle  augmente  lorsque  l'atmosphère  devient  plus 
humide  ou  que  la  température  s'abaisse,  et  c'est  ainsi,  par  exemple,  que 
les  blés  d'Afrique  s'alourdissent  à  la  suite  de  leur  importation  en  France. 

»  Ces  faits,  qui  sont  connus  depuis  longtemps,  montrent  que  la  faculté 
(le  retenir  l'eau,  chez  les  graines,  est  en  rapport  avec  l'état  hygrométrique 
de  l'air,  comme  chez  les  corps  inertes,  mais  on  ne  sait  encore  rien  de 
précis  sur  la  nature  intime  de  cette  relation,  surtout  en  ce  qui  concerne  la 
vitalité  des  semences. 

»  C'est  en  vue  de  jeter  quelque  lumière  sur  cette  question  intéressante 
que  j'ai  essayé  d'abord  de  soumettre  certaines  espèces  de  graines  à  l'action 
de  hauts  vides,  en  présence  ou  non  de  matières  desséchantes. 

I)  On  s'est  servi,  dans  ces  recherches,  d'une  trompe  spéciale  à  deux  chutes  conju- 
guées, l'une  de  I"™,  l'autre  de  2'"™,  7  de  diamètre  intérieur;  la  première  extrait  direc- 
tement les  gaz  du  récipient  à  vider  et  les  envoie  à  la  seconde,  qui  les  chasse  défini- 
tivement au  dehors.  Par  suite  de  celte  disposition,  sur  laquelle  l'étendue  de  celle 
Note  ne  me  permet  pas  de  m'étendre  davantage,  l'appareil  entraîne  la  vapeur  d'eau 
aussi  facilement  que  l'air  et  donne  le  vide  isolant  dans  des  vases  humides  aussi  bien 
que  dans  des  vases  secs;  on  peut  d'ailleurs  y  adjoindre,  sans  inconvénient,  un  tube  à 


baryte  anlivdre,  si  l'on  désire  que  la  dessiccalion  se  poursuive  pendant  les  arrêts  et 
notamment  pendant  la  nuit. 

»  Les  graines  mises  en  expérience  étaient  contenues  dans  des  ampoules  soudées  sur 
la  trompe,  sans  raccords  ni  robinets  d'aucune  sorte,  et  maintenues  par  un  bain  d'eau 
à  température  constante. 

»  On  a  reconnu  ainsi  que,  puiir  les  espèces  faciles  à  dessécher  comme 
les  graines  oléagineuses,  la  perle  de  poids  à  45°,  sous  un  vide  voisin  du 
centième  de  millimèlre,  est  sensiblement  égale  à  celle  que  l'on  observe 
dans  l'étuve,  à  iio". 

))  A  une  température  plus  élevée,  la  perte  peut  devenir  plus  grande  : 
égale  à  6,o5  pour  loo  en  moyenne  pour  le  ricin,  séché  à  /p"  dans  le  vide 
ou  à  I  lo"  sous  la  pression  ordinaire,  elle  a  atteint  6,57  pour  100  pour  des 
graines  semblables,  maintenues  pendant  trois  heures  à  80"  et  encore  pen- 
dant deux  heures  à  90°  dans  le  vide  sec. 

»  Il  est  vrai  que  dans  ce  dernier  cas  les  graines  paraissent  avoir  subi  un 
commencement  d'altération,  car  elles  n'ont  plus  germé  qu'avec  lenleuret 
n'ont  fourni  que  des  plantes  chélives,  incapables  d'utiliser  la  totalité  de 
leurs  réserves. 

»  On  peut  conclure  de  là,  au  moins  pour  l'espèce  précitée,  que  l'eau 
qui  se  sépare  d'une  graine  lorsqu'on  la  dessèche  à  l'étuve  y  préexistait  bien 
sons  cette  forme  et  ne  résulte  pas,  comme  on  aurait  pu  le  supposer,  de 
quelque  réaction  chimique  intéressant  ses  principes  essentiels. 

»  Lorsqu'on  répète  l'expcrience  dans  le  vide  simple,  sans  desséchant, 
le  départ  de  l'air  précède  nécessairement  celui  de  l'eau  et  il  airive  un 
iTioment,  facile  à  reconnaître  d'après  la  maiclie  de  la  trompe,  où  la  pres- 
sion résiduelle  est  uniquement  due  à  la  vapeur  émise  par  les  graines  qui 
commencent  à  se  dessécher;  en  mesurant  celte  tension  au  cathélomètre  j'ai 
reconnu  qu'elle  est  constante  pour  toutes  les  espèces  étudiées,  à  la  seule 
condition  que  les  graines  aient  été  conservées  au  préalable  dans  la  même 
atmosphère  et  à  la  même  température. 

Tension 
Eau  pour  loo.         de  vapeur  à  20°. 


mm 


Ricin 5  )  97  '  •  >  04 

Colza 7,04  10,96 

Pois 10,56  11,10 

Lentilles '0,84  11,10 

Blé  de  printemps 11  ,69  11,16 

»   Les  graines  se  mettent  donc,  comme  les  corps  inertes,  en  équilibre 


(  77'J  ) 
d'humidité  avec  le  milieu  duns  lequel  elles  se  trouvent;  d'où  cette  consé- 
quence déjà  signalée  qu'elles  doivent  varier  de  poids  lorsque  l'état  hygro- 
métrique de  l'air  change  et  aussi  que  leur  dessiccation  doit  devenir  totale 
dans  un  vide  suffisamnifnl  avancé.  C'est  en  effet  ce  que  l'on  observe,  bien 
qu'en  général  il  soit  diflicile  d'arriver  jusqu'à  la  limite,  à  cause  du  temps 
considérable  que  nécessite  l'expérience:  au  moins  quatre  jours  pour  les 
graines  oléagineuses  et  environ  trois  semaines  pour  les  céréales,  à  la  tem- 
pérature de  45". 

»  La  dessiccation  dans  le  vide  s'effectue  d'ailleurs  d'une  manière  pro- 
gressive et  sous  une  tension  régulièrement  décroissante;  ce  fait  ressort 
nettement  d'une  expérience  faite  avec  5  graines  de  ricin,  que  l'on  a  sou- 
mises au  vide  sans  desséchant,  à  la  température  ordinaire,  qui  était  voisine 
de  i5".  En  dix  jours,  la  trompe  ayant  fonctionné  pendant  trente-quatre 
heures,  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  s'est  abaissée  de  S™'",  2  à  o""",7  sans 
qu'on  ait  pu  saisir  aucun  temps  d'arrêt  comparable  à  ceux  qui  caractéri- 
sent les  phénomènes  de  dissociation;  à  la  fin  de  l'expérience,  les  graines 
avaient  perdu  3,84  pour  100  de  leur  poids,  soit  les  deux  tiers  environ  de 
la  perte  correspondant  à  une  dessiccation  totale. 

»  En  présence  de  ces  résultats,  qui  conduisent  à  envisager  les  graines 
comme  de  simples  corps  hygroscopiques,  on  peut  se  demander  si  l'eau 
qu'elles  renferment  intervient  d'uiie  manière  quelconque  dans  la  conser- 
vation de  leur  énergie  vitale  et  en  particulier  dans  les  échanges  gazeux 
qui  s'accomplissent  encore  dans  la  vie  ralentie;  c'est  une  question  sur 
laquelle  je  me  propose  de  revenir  prochainement,  si  l'Académie  veut  bien 
me  le  permettre.  » 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  l'origine  de  la  symétrie  dans  les  curps  cristallisés 
et  du  polymorphisme.  Note  de  M.  Fuéd.  Wallekant,  présentée  par 
M.  Fouqué. 

«  On  explique  facilement  la  symétrie  des  corps  cristallisés  en  partant 
lie  la  particule  complexe  et  en  montrant  que  les  éléments  de  symétrie  de 
cette  dernière  doivent  se  retrouver  dans  le  réseau,  autant  que  cela  est 
possible,  et,  par  suite,  dans  le  corps  cristallisé.  En  ni'appuyant  sur  une 
théorie  des  groupements  cristallins,  que  j'ai  publiée  récemment,  je  crois 
pouvoir  expliquer  l'origine  de  la  symétrie  de  cette  particule  complexe, 
et,  par  suite,  l'origine  du  polymorphisme.  La  théorie  du  polymorphisme 

C,   R.,  iSyy,  2»  Semestre.  (T.   CXMX,  ^•  20.;  '  I  oJ 


(  77'^  ) 
repose,  en  elfet,  sur  deux  faits  d'observations  :  la  constance  du  réseau  et 
de  la  densité.  On  l'explique  en  admettant  que  les  particules  fondamentales 
sont  susceptibles  de  prendre  deux  ou  plusieurs  orientations  différentes  cor- 
respondant à  autant  de  positions  d'équilibre.  Mais  il  n'est  pas  possible  de 
montrer  pourquoi  le  réseau  reste  le  même,  pourquoi  les  éléments  de  symé- 
trie d'une  forme  faisant  défaut  dans  une  autre  sont  des  éléments  de  symé- 
trie des  groupements  de  cette  dernière. 

»  J'ai  montré  que,  si  les  cristaux  possédaient  la  symétrie  de  leur  parti- 
cule complexe,  en  outre  ils  se  groupaient  symétriquement  par  rapport  aux 
éléments  limites  de  celte  particule  et  j'ai  été  amené  à  distinguer  deux 
sortes  de  groupements  :  les  groupements  parfaits  se  produisant  lorsque  les 
éléments  limiies  font  rigoureusement  entre  eux  et  avec  les  éléments  réels 
les  angles  que  font  les  éléments  de  symétrie  d'un  polyèdre.  Dans  ce  cas,  en 
effet,  si  l'on  prend  les  symétriques  d'un  cristal  par  rapport  aux  différents 
éléments  limites  on  retombe  forcément  sur  l'orientation  primitive;  le 
nombre  des  cristaux  est  limité  et  leur  orientation  est  indépendante  de 
l'ordre  dans  lequel  on  fait  intervenir  les  éléments  de  symétrie.  Dans  les 
groiiijements  imparfaits,  au  contraire,  les  éléments  limiies  ne  forment 
pas  entre  eux  les  angles  des  éléments  d'un  polyèdre,  on  ne  retombe  pas 
sur  l'orientation  primitive,  le  nombre  des  cristaux  est  indéterminé,  et  leur 
orientation  dépend  de  l'ordre  dans  lequel  on  fait  intervenir  les  éléments 
limites.  Mais  dans  la  nature  il  y  a  passage  graduel  entre  ces  deux  modes 
de  groupements  :  si  les  angles  des  éléments  limites  différent  peu  de  ce 
qu'ils  sont  dans  un  polyèdre,  le  groupement  comprend  le  même  nombre 
de  cristaux  que  le  groupement  parfait  correspondant.  Mais  alors  il  peut  se 
produire  plusieurs  groupements  très  voisins,  en  ce  qu'ils  ont  la  même 
symétrie  totale,  c'est-à-dire  le  même  ensemble  d'éléments  réels  et  limites. 
Mais  les  éléments  réels  de  l'un  peuvent  être  des  éléments  limites  de  l'autre 
et  inversement.  Ainsi  la  particule  complexe  de  la  chabasie  possède  un  axe 
ternaire  limite  et  trois  plans  de  symétrie  limites  faisant  entre  eux  des 
angles  légèrement  différents  de  120".  Ces  trois  plans  ne  sont  pas  identi- 
ques et  l'on  peut  les  distinguer  par  leur  position  relative  à  Fellipsoïde 
d'élasticité  optique.  Or  les  cristaux  de  cbabasie  se  groupent  généralement 
par  six  et  donnent  des  groupements  qui  n'ont  pour  plan  de  symétrie  réel 
que  l'un  des  plans  précédents  et,  par  suite,  un  axe  binaire  perpendiculaire. 
Mais  tantôt  c'est  l'un,  tantôt  c'est  l'autre  des  plans  limites  de  la  particule 
complexe  qui  devient  un  plan  réel  du  groupement.  Il  y  a  donc  trois  grou- 
pements, qui  ne  sont  pas  identiques,  mais  qui  ont  tous  un  axe  ternaire 


1 


(  777  ) 
limite,  un  plan  réel,  deux  plans  limites,  un  axe  binaire  réel  et  deux  axes 
binaires  limites. 

»  Ceci  posé,  la  particule  complexe  est  formée  de  particules  fondamen- 
tales, dépourvues  de  symétrie,  mais  on  conçoit  très  bien  qu'au  point  de  vue 
mécanique  elles  puissent  avoir  des  éléments  de  symétrie  approchés.  Si 
l'on  réfléchit  que  les  actions  s'exercent  à  distance,  on  comprend  qu'elles 
puissent  agir  à  peu  près  de  même  sur  deux  points  diamétralement  opposés 
par  rapport  à  leur  centre  de  gravité,  autrement  dit  qu'elles  aient  un  centre 
limite.  De  môme,  elles  auront  un  axe  limite,  un  plan  limite,  si  elles 
exercent  des  actions  à  peu  près  identiques  sur  les  points  symétriquement 
placés  par  rapport  à  une  droite,  à  un  plan.  Or  si  la  symétrie  approchée  au 
point  de  vue  géométrique  entraîne  le  groupement  des  cristaux,  cela  tient 
simplement  à  ce  qu'elle  a  pour  conséquence  une  symétrie  approchée  au 
point  de  vue  mécanique.  Par  conséquent  cette  symétrie  approchée  des  par- 
ticules fondamentales  suffira  pour  les  amener  à  se  grouper  symétriquement 
par  rap|)ort  aux  éléments  hmites  et  ainsi  se  produira  la  particule  complexe 
possédant  une  svmétrie  réelle. 

»  Or  deux  cas  peuvent  se  présenter.  Ou  bien  les  éléments  limites  de  la 
particule  fondamentale  font  entre  eux  les  angles  des  éléments  d'un  po- 
lyèdre et  il  se  produira  alors  un  groupement  parfait,  complètement  déter- 
mmé  et  unique.  Il  n'y  aura  donc  pas  de  polymorphisme,  tant  que  les  con- 
ditions extérieures  restent  les  mêmes,  tant  que  la  particule  fondamentale 
n'est  pas  modifiée.  Au  contraire  les  éléments  limites  de  la  particule  fonda- 
mentale peuvent  faire  entre  eux  des  angles  différant  de  ceux  des  éléments 
d'un  polyèdre,  et  alors  la  particule  complexe,  tout  en  comprenant  le  même 
nombre  de  particules  fondamentales,  pourra  avoir  des  symétries  réelles 
différentes.  Les  particules  complexes  résultantes  différeront  cependant  peu 
les  unes  des  autres  et  surtout  elles  aui'ont  la  même  symétrie  totale,  c'est- 
à-dire  que  les  éléments  l'éels  de  l'une  faisant  défaut  dans  l'autre  s'y  retrou- 
verontà  l'état  d'éléments  limites.  lien  résidlera  donc  que  les  réseaux  seront 
identiques,  ou  tout  au  moins  différeront  fort  peu,  et  en  outre  les  éléments 
réels  d'une  forme  faisant  défaut  dans  une  autre  seront  les  éléments  réels 
des  groupements  de  cristaux  de  cette  dernière. 

))  Nous  n'avons  pas  recherché  l'origine  dans  la  particule  fondamentale, 
d'éléments  limites  au  point  de  vue  mécanique.  Or  il  est  tout  naturel  d'ad- 
mettre qu'elle  est  due  à  l'existence  d\me  symétrie  limite  au  point  de  vue 
géométrique  et  alors  on  peut  reporter  à  la  molécule  chimique  elle-même 
le  raisonnement  proposé  au  sujet  du  groupement  des  particules  fondamen- 


(  77«  ) ' 
taies.  La  svmélrie  des  corps  cristallisés  ser;iil  ainsi  le  résultat  d'étapes 
successives  transformant  progressivement  les  éléments  limites  en  éléments 
réels  :  les  molécules  chimiques,  exerçant  sur  les  points  extérieurs  des 
actions  se  répartissant  à  peu  près  symétriquement  par  rapport  à  certains 
cléments,  se  groupent  en  particules  fondamentales  ayant  des  éléments 
limites  au  point  de  vue  géométrique,  et  celles-ci  se  groupent  à  leur  tour 
en  particules  complexes  ayant  une  svmétrie  réelle.  Enfin  les  éléments 
limites  subsistant  dans  les  particules  complexes  sont  les  éléments  des 
groupements  des  cristaux. 

»  A  pro|)os  du  polymorphisme,  j'ai  supposé  que  les  particules  fonda- 
mentales étaient  identiques  dans  les  différentes  formes  d'une  même  espèce 
minérale;  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que.  si  les  conditions  extérieures 
viennent  à  varier,  si,  par  exemple,  la  température  change,  les  particules 
fondamentales  se  modifient  :  les  angles  de  leurs  éléments  limites  changent, 
ainsi  que  leur  degré  d'approximation.  Il  en  résulte  que  la  symétrie  de  ia 
particule  complexe  j)eut  varier  par  la  transformation  d'éléments  limites 
en  éléments  réels,  cl  inversement.  « 


PHYSIOLOGIE.  —  Dzs  relations  existant  entre  les  actions  diurétiques  et  les 
propriétés  osmotiques  des  sucres  (').  Note  de  MM.  E.  Hédo.v  et  J. 
Arroits. 

«  On  sait  par  It's  expériences  de  Moutard-Martin  et  Ch.  Richet(^rcA. 
de  Physio!.  i88i)que  les  sucres  possèdent  en  injection  intraveineuse  des 
propriétés  diurétiques  extrêmement  énergiques. 

»  L'un  de  nous  a  repris  ces  expériences  pour  déterminer  dans  tous  leurs  détails  les 
conditions  de  celle  diurèse.  Il  ressort  de  celle  élude  :  i°  que  les  sucres  ne  sonl 
toxiques  qu'à  des  doses  e\lrèmenient  élevées  et  qu'on  peut  impunément  en  injecter 
de  grandes  quantités  dans  les  vaisseaux  sans  amener  d'accidents  ni  immédiats,  ni 
consécutifs  ;  2"  qu'il  eviste  une  dose  et  une  concentration  optima  à  laquelle  la  poljurie 
provoquée  est  maximum  (pour  le  glycose  los'  par  kilogramme  d'animal,  en  solution  à 
25  pour  100);  3°  qu'il  3  a  un  rapport  relativement  fixe  entre  la  quantité  de  liquide 
injectée  et  la  quantité  de  liquide  éliminée  (rapport  que  nous  désignons  sous  le  nom 
de  coefficient  diurclirjiie) ;  4"  que  pour  une  même  dose  cl  une  même  dilution  les 
diverses  sortes  de  sucres  ont  une  activité  diurétique  dill'érenle. 


(')   Travail   du   laboratoire   de   Physiologie   de   la   Faculté  de  Médecine  de  Mont- 
pellier. 


(  779  / 

»  Celte  dernière  notion,  qui  jusqu'ici  ne  paraît  avoir  été  envisagée  par 
.uicun  expérimentateur,  se  dégage  très  nettement  des  expériences  compa- 
ratives que  nous  avons  faites  d'abord  avec  les  sucres  les  i)liis  usuels  et  que 
nous  avons  étendues  ensuite  à  toute  la  série  des  alcools  polybasiques. 
Pour  comparer  les  sucres  entre  eux  au  point  de  vue  de  leur  action  diuré- 
tique, nous  pouvons  nous  appuyer  sur  la  donnée  du  coefficient  diuré- 
tique. En  effet,  ce  coefficient,  que  nous  désignerons  désormais,  pour 
abj-éger,  par  la  lettre  D,  est,  entre  certaines  limites,  indépendant  de  la 
quantité  de  sucre  injectée  et  relève  uniquement  de  la  nature  du  sucre  et 
du  titre  de  la  solution  employée.  Aiiisi  pour  le  glycose,  ou  solution  à 
25  pour  loo,  D  =  2,8  en  moyenne  pour  toutes  les  doses  comprises  entre 
le  seuil  de  l'action  diurélique  jusqu'à  des  doses  de  lo^''  par  kilogramme  et 
mèmeau-dessus.  Il  est  doncfacilede  calculera /?nm  la  quaniitéd'urinc  que 
doit  rendre  un  animal  auquel  on  injecle  un  volume  déterminé  de  la  solu- 
tion sucrée  à  25  pour  loo.  Mais  ce  coefficient  varie  avec  la  dilution.  Ainsi, 
])our  le  glycose,  il  devient  4>f'  pour  loo  à  5o  pour  loo,  et  i  pour  loo  à 
lo  pour  loo,  c'est-à-dire  qu'il  s'élève  et  s'abaisse  avec  les  concentrations. 
Pour  appliquer  la  notion  du  coefficient  diurélique  à  une  étude  compara- 
tive de  la  diurèse  produite  par  les  difiérents  sucres,  il  faut  donc  comparer 
les  effets  de  solutions  de  même  concenlration.  Or,  en  employant  la  solu- 
tion à  25  pour  loo,  D  =  2,8  pour  le  glycose,  2,4  pour  le  lévulose  et  le  ga- 
lactose, 2  pour  le  saccharose,  2,2  p.our  le  lactose  et  le  maltose.  Il  y  a  donc 
une  diflérencc  très  notable  entre  les  différents  sucres  :  ainsi,  4o"  d'une 
solution  de  glycose  à  23  j)our  100  amène  l'élimination  de  4o  X  2,8  :=  1 12™; 
un  volume  égal  de  la  solution  de  sucre  de  canne  à  25  pour  100  donne 
seulement  40  X  2  ^  So*^*^. 

»  Si  maintenant  Ion  remarque  que  pour  les  sucres  qui  viennent  d'êlre 
énumérés  les  coefficients  les  plus  forts  appartiennent  à  des  hexoses  et  les 
plus  faibles  à  des  saccharoses,  il  est  naturel  de  penser  que  les  différences 
d'activité  diurétique  de  ces  sucres  sont  en  ra]>port  avec  les  différences  de 
leurs  poids  moléculaires  et  de  leur  pression  osmotique,  relation  déjà 
signalée  d'ailleurs  par  Limbeck  pour  différents  sels.  Effectivement,  en 
déterminant,  par  la  méthotle  de  Hamburger,  les  concentrations  isotoniques 
de  ces  sucres,  nous  avons  trouvé  5  pour  loo  pour  le  sucre  de  canne,  le  lac- 
tose, le  tnallose,„et  2,6  pour  100  pour  le  glycose,  le  lévulose,  le  galactose. 
La  relation  entre  les  effets  diurétiques  et  la  tension  osmotique  des  sucres 
ressort  avec  encore  plus  d'évidence,  si  l'on  compare  aux  sucres  précédents 
d'autres  sucres  de  poids  moléculaire  plus  fort  ou  plus  faible;  on  voit  leur 


(  780  ) 

activité  diiirélique  suivre  exactement  l'ordre  de  leur  classement.  Ainsi  le 
raffinose  (trihexose)  est  peu  diurétique  (D  —  0,9)  et  possède  une  tension 
osmotique  faible  (coeff.  isotonique  =  7,5),  et  pour  des  hydrocarbonés 
plus  condensés  (dextrine)  la  diurèse  est  à  peu  près  nulle.  Par  contre,  pour 
unpentose,  l'arabinose,  D  s'élève  à  3,4»  le  coefficient  isotonique  étant  2,2; 
et  avec  l'érythrite,  alcool  tétrabasique,  dont  le  coefficient  isotonique 
est  1,8,  D  atteint  /\.  Mais  l'érythrite  marque  la  limite  supérieure  de  la 
série,  car  l'alcool  trihasique  qui  le  précède  immédiatement,  la  glycérine, 
a  une  activité  diurétique  bien  plus  faible  et,  de  plus,  délruit  les  globules 
rouges  à  n'importe  quelle  concentration.  Il  en  est  de  même  du  glycol, 
alcool  bibasique. 

»  On  remarquera  qu'en  multipliant  les  poids  moléculaires  des  divers  sucres  par  le 
même  coefficient  ^i^,  on  arrive  exactement,  ou  à  très  peu  près,  aux  valeurs  des  coef- 
ficients isolonicjues  obtenues  expérimentalement. 

»  D'autre  part,  en  étudiant  les  divers  sucres  au  point  de  vue  de  leur 
équivalent  endosmotique  dans  des  conditions  rendant  les  observations 
comparables,  nous  avons  trouvé  encore,  à  ce  point  de  vue,  de  notables 
différences,  également  en  rapport  avec  les  différences  d'action  diurétique. 
Ces  équivalents  élaienl  :  saccharose  8,:j;  raffinose  11,2;  glycose  5,3; 
érythrite  3,8. 

»  On  voit  donc'que  l'activité  diurétique  des  sucres  croît  en  raison  directe  de 
leur  tension  osmotique  et  en  raison  inverse  de  leurs  poids  moléculaires. 

»  Si  des  sucres  ayant  le  même  poids  moléculaire  et  la  même  pression 
osmotique  ne  possèdent  pas  cependant  exactement  le  même  coefficient 
diurétique,  cela  tient  vraisemblablement,  entre  autres  facteurs,  à  ce  qu'il 
'  existe  entre  eux  des  différences  dans  les  quantités  consommées  par  l'orga- 
nisme pendant  le  temps  de  la  diurèse.  On  peut  penser  aussi  à  d'autres 
causes  se  rattachant  à  la  structure  moléculaire  des  sucres;  ainsi  la  mannite 
dont  le  poids  moléculaire  (182)  est  très  voisin  de  celui  du  glycose  (180), 
a  cependant  un  coefficient  diurétique  plus  élevé  (3,2);  or,  de  ces  deux 
sucres,  le  premier  possède  une  fonction  alcool,  le  second  une  fonction 
aldéhyde.  Pour  ces  mêmes  motifs  on  ne  saurait  parvenir  à  égaliser  tous  les 
coefficients  diurétiques  en  injectant  les  divers  sucres  en  concentration  iso- 
tonique, c'est-à-dire  en  variant  les  solutions  de  façon  que  chacune  d'elles 
renferme  le  même  nombre  de  molécules,  bien  que  dans  ces  conditions  ces 
coefficients  se  rapprochent.  Ainsi,  pour  une  solution  de  saccharose  à  5o 
jjour  100,  D  s'élève  à  /j,  mais  il  s'en  faut  de  beaucoup  qu'on  atteigne  ce 
chiffre  avec  une  solution  de  glycose  à  27  j)our  100. 


(  7»!  ) 
»  La  toxicité  clos  sucres  paraît  aussi  d'une  manière  générale  en  rapport 
avec  leurs  poids  moléculaires,  de  telle  sorte  que  les  plus  diurétiques  sont 
aussi  les  plus  toxiqnes.  Car  si  l'éqnivalent  toxique  du  sucre  de  canne  s'élève 
jusqu'à  3o'^''-35k'' par  kilogramme  d'animal  (toxicité  immédiate),  celui  du 
glycose  chimiquement  pur  est  2oS''-25s'';  et  avec  l'arabinose  et  l'érythrite, 
la  dose  de  5^''  par  kilogramme  tue  généralement  les  animaux  dans  les 
vingt-quatre  heures.  L'absence  certaine  de  tout  accident  après  injection 
intraveineuse  de  doses  modérées  (S^^'-ioS'^  par  kilogramme)  de  glycose, 
saccharose,  lactose  ou  solution  à  2.5  pour  loo,  nous  a  enhardis  à  pratiquer 
de  telles  injections  chez  l'homme  dans  le  but  de  provoquer  une  diurèse 
intense  et  immédiate.  I^es  résultats  en  ont  été  entièrement  satisfaisants,  et 
il  n'est  pas  douteux  pour  nous  que  ces  injections  intravasculaires  de  sucres 
ne  soient  appelées  à  rendre  de  grands  services  en  Thérapeutique  dans  cer- 
tains cas.  » 


PHYSIOLOGIE   PATHOLOGIQUE.  —  Sur  la  lipcise  à  l'état  pathologique.  Note 
de  MM.  Ch.  Achard  et  A.  Clerc,  présentée  par  M.  Lannelongue. 

n  Parmi  les  ferments  du  sang,  le  ferment  saponifiant  des  graisses  ou 
lipase,  étudié  par  M.  Hanriot,  est  celui  qui  se  prêle  le  mieux  aux  recherches 
cliniques.  Son  activité,  en  effet,  se  laisse  facilement  mesurer,  avec  une 
précision  suffisante  et  au  moyen  d'une  petite  quantité  de  sérum.  En  suivant 
le  procédé  indiqué  par  M.  Hagriot,  c'est-à-dire  en  faisant  agir  le  sérum  sur 
la  monobulyrine  en  solution  exactement  neutralisée,  et  en  opérant  à  '5']°, 
nous  avons  trouvé  qu'à  l'état  normal  la  moyenne  de  l'activité  lipasique 
du  sérum  humain  est  de  i8,  d'après  les  chiffres  variant  de  i6  à  20, 
obtenus  chez  six  sujets  qu'on  pouvait  considérer  comme  étant  en  bon  état 
de  santé. 

»  En  étendant  nos  recherches  à  divers  malades,  nous  avons  pu  constater 
de  grandes  variations  en  plus  ou  en  moins.  Pour  fixer  les  idées,  nous  dirons 
que  le  sérum  est  ortholipasique  quand  le  taux  de  son  activité  se  trouve 
compris  entre  i5  et  20,  hyperUpasique  quand  ce  taux  s'élève  au-dessus 
de  20,  hypolipasique  quand  il  est  inférieur  à  i5. 

»  Le  groupe  de  l'hyperlipasie,  dans  lequel  le  taux  varie  de  20  à  3o, 
compte,  sur  9  sujets,  7  diabétiques,  i  obèse  et  i  myxœdémateux.  L'exagé- 
ration de  l'activité  lipasique  paraît  donc  fréquente  dans  le  diabète;  elle 
n'est  pas  liée  cependant  à  l'insuffisance  glycolytique,  c'est-à-dire  à  l'inca- 


(  7»-^-  ) 
p;;cilé  où  se  trouvent  les  tissus  de  fixer  et  d'utiliser  le  glycose,  car  nous 
avons  constaté  cette  insulfisance  glycolytique  chez  des  sujets  n'ayant  pas 
d'hyperlipasie,  et  tous  les  diabétiques  ne  sont  pas  non  plus  hyperlipasiques. 
D'ailleurs,  dans  le  diabète,  le  pouvoir  lipasique  s'abaisse  quand  la  cachexie 
progresse. 

»  Dans  le  groupe  de  l'orlholipasie  se  rangent  desadections  fort  diverses, 
aiguës  et  chroniques  (fièvre  typhoïde,  pneumonie,  congestion  pulmonaire, 
ici  ère  catarrhal,  affections  cardiaques,  mal  de  Bright,  tuberculose,  tabès, 
elc).  Sur  les  20  cas  de  cette  catégorie,  les  affections  aiguës  ne  comptent 
que  2  cas  mortels,  et  les  affections  chroniques  étaient  compatibles  avec 
une  assez  longue  survie. 

»   Dans  l'hypolipasie,  on  peut  distinguer  deux  degrés  : 

»  Le  premier,  dans  lequel  le  pouvoir  lipasique  est  compris  entre  i5  et 
10,  montre  déjà  une  tendance  plus  grande  à  la  gravité  des  maladies.  Sur 
i4  cas,  en  efiét,  nous  relevons:  i  pneumonie  mortelle,  1  autre  grave,  avec 
ictère,  i  cancer,  i  ostéosarcome,  2  tuberculoses  avancées,  i  ulcère  gas- 
trique terminé  par  perforation. 

»  Au  deuxième  degré,  dans  lequel  le  pouvoir  lipasique  peut  descendre 
jusqu'à  5,  nous  ne  trouvons  plus  guère  que  des  cas  mortels  à  brève 
échéance.  Les  affections  aiguës,  au  nombre  de  six  (pneumonie,  rhuma- 
tisme avec  cardiopathie,  septicémie  avec  abcès  pulmonaires,  phtisie  aiguë), 
se  sont  terminées  par  la  mort,  sauf  une  fièvre  typhoïde  grave,  complicjuée 
d'albuminurie,  de  troubles  cardiaques,  d'hémorragies  intestinales  et  de 
phlegmon  sireptococcique.  Et  parmi  les  malades  atteints  d'affections 
chroniques,  au  nombre  de  seize,  la  plupart  ont  succombé  à  l'hôpital  :  il 
s'agissait  de  phtisie  avancée,  de  cancer,  de  dégénérescence  amyloïde 
consécutive  à  un  abcès  du  foie,  de  péricardile  brightique.  Un  seul  sujet, 
urémique,  a  quitté  vivant  l'hôpital,  mais  presque  mourant.  Un  autre, 
atteint  d'abcès  tuberculeux  multiples,  se  trouve  encore  à  l'hôpital,  mais 
se  cachectise  progressivement, 

»  La  diminution  extrême  du  pouvoir  lipasique  présente  donc  une  cer- 
taine valeur  pronostique  et  peut  être  tenue  j)our  un  signe  de  fâcheux  augure. 

»  Nous  ne  connaissons  pas  bien  encoie  le  mécanisme  de  ces  variations 
do  l'activité  lipasique.  L'inanition  ne  semble  pas  être  le  seul  facteur  de 
l'hvpolipasie  constatée  chez  nos  malades,  dont  plusieurs  continuaient  de 
s'alimenter  assez  bien. 

»  Le  taux  de  l'excrétion  d'urée  paraît  être  tout  à  fait  indépendant  de 
celui  du  pouvoir  lipasique. 


(  783  ) 

»  L'ingestion  répétée  âe  corps  thyroïde,  chez  deux  sujets,  l'iiii  obèse, 
l'autre  myxœdémateux,  a  été  suivie  d'un  abaissenfient  de  l'activité 
lipasique. 

»  La  lipase  agissant  ïn  riiro  sur  les  graisses,  on  pouvait  se  demander  si 
l'aufïmentation  de  son  activité  jouait  un  rôle  dans  l'amaigrissement,  et  sa 
diminution  dans  l'engraissement.  Or,  d'une  façon  générale,  ce  sont  les 
sujets  obèses,  bien  nourris,  florissants,  qui  ont,  au  contraire,  un  taux  assez 
élevé,  alors  que  les  malades  cachectiques,  amaigris,  ont  un  taux  peu  élevé. 
Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  l'obésité  et  la  maigreur  ne  dépendent  pas 
seulement  de  la  destruction  des  graisses,  mais  aussi  de  leur  production; 
que,  de  plus,  la  lipase  ne  fait  que  dédoubler  les  graisses  en  acides  gras  et 
glycérine,  sans  les  brûler  complètement:  enfin,  si  nous  connaissons  la 
lipase  dans  le  sang  mort,  en  dehors  de  l'organisme,  nous  ignorons  com- 
ment elle  agit,  et  même  si  elle  agit,  au  sein  des  tissus  vivants.   » 


VITICULTURE.  —  Nouvelles  expériences  relatives  à  la  désinfection  antiphyl- 
loxérique  des  plants  de  vignes.  Note  de  MM.  Georges  Couaxox, 
Joseph  Micho.v  et  E.  Salomon. 

«  Ce  sont,  on  le  sait,  les  apports  de  boutons  de  vigne  qui  ont  grande- 
ment contribué  à  la  dissémination  du  fléau  phylloxérique. 

»  Déjà,  au  début  de  l'invasion  du  vignoble  français,  il  y  a  plus  de  trente 
ans,  il  avait  été  reconnu  que,  partout  oi'i  l'on  avait  constaté  les  foyers  phyl- 
loxériques,  à  l'étranger  de  même  que  chez  nous,  des  introductions  de 
plants  d'Amérique  avaient  été  faites. 

»  Plus  récemment,  en  Algérie  (rSS")).  en  Champagne  (1890),  en  Lor- 
raine (1894).  de  constatations  faites  et  vérifiées  il  est  toujours  résulté  que 
les  nouveaux  foyers  n'avaient  pas  d'autre  origine  que  des  importations 
malheureuses  de  plants  provenant  de  pays  antérieurement  envahis. 

»  A  diverses  reprises  les  vignerons  ont  réclamé  un  procédé  certain  pour 
désinfecter  les  plants  tant  français  qu'américains  racines  ou  non  racines. 
Cette  question  est  de  nouveau  agitée  au  moment  des  tentatives  de  recon- 
stitution en  Algérie  et  en  Champagne. 

»  En  1887,  l'un  de  nous,  M.  G.  Couanon,  communiquait  précisément  à 
l'Académie  des  Sciences  ('),  en  collaboration  avec  MM.  F.  Henneguy  et 


(')  Comptes  rendus,  séances  des  7  février  et  'îi  novembi-e  1SS7. 

C.   R.,  1899,  ■>.'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  20  )  lO'l 


(  784  ) 
E.  Salomon,  le  résultai  d'expériences  qui.  s'appuvant  sur  les  remarquables 
travaux  de  M.  Balbiani,  relatifs  à  la  résistance  des  œufs  du  PhvUoxera  ('), 
établissaient  que  par  une  immersion  dans  l'eau  chaude  de  45°  à  oo"  C. 
pendant  une  durée  de  dix  minutes,  on  pouvait  traiter  préventivement  les 
boutures  non  racinées. 

»  Nous  avons  repris  ensemble  cette  année  ces  expériences  en  les  éten- 
dant aux  plants  racines,  qui  sont  le  plus  fréquemment  employés  dans  la 
reconstitution,  et  aussi  les  plus  souvent  contaminés,  partant  les  plus  in- 
fectieux. 

>)  C'est  de  nouveau  à  Thomerv,  chez  M.  E.  Salomon.  que  nous  avons  fait 
nos  expériences. 

»  Ive  3i  janvier,  nous  soumettions  des  plants  de  Noah  racines  d'un  an 
d'âge  à  l'immersion  dans  l'eau  chaude  : 

»  i"  Pendant  cinq  minutes,  un  paquet  de  dix  plants.  Température  à 
l'entrée  :  53"  C.  ;  à  la  sortie  :  5i°  C.  ; 

))  2°  Pendant  quatre  minutes,  un  autre  paquet  de  dix  plants.  Tempéra- 
ture à  l'entrée  :  53"  C.  ;  à  la  sortie  :  5i"  C.  ; 

»  3°  Pendant  trois  minutes,  un  autre  paquet  de  dix  plants.  Tempéra- 
ture à  l'entrée  :  53"  C.  :  à  la  sortie  :  5i°  C. 

>i  A  la  fin  des  opérations,  l'examen  des  racines  semblait  bien  montrer 
que  les  plants  n'avaient  nullement  souffert. 

»   Les  paquets  furent  partagés  par  moitié. 

))  Quinze  plants  (cinq,  quatre,  trois  minutes),  auxquels  il  fut  ajouté 
cinq  plants  témoins  n'avant  pas  été  trempés  dans  l'eau  chaude,  furent 
immédiatement  j)lantés  en  serre  et  forcés  à  la  manière  des  vignes  desti- 
nées à  la  production  des  raisins  de  primeur. 

»  Les  quinze  autres  plants  (cinq,  quatre,  trois  minutes)  furent  mis  en 
stratification  pour  être  plantés,  aussi  avec  témoins,  à  l'époque  ordinaire 
des  plantations  à  l'air  libre.  La  plantation  a  eu  lieu  le  .')  mai. 

»  Aussi  bien  dans  la  serre  qu'à  l'air  libre  le  succès  a  été  complet.  La 
reprise  a  été  parfaite.  Les  vignes  sont  aujourd'hui  très  belles  et  très  bien 
constituées. 

»  On  peut  donc  affirmer  qu'une  immersion  dans  l'eau  chaude  à  53"  C. 
pendant  cinq  minutes,  est  un  moyen  pratique  et  économique  pour  désin- 
fecter des  plants  de  vignes  quelconques,  racines  ou  non  racines.  Insectes  et 
œufs  sont  tués  et  les  plants  vivent  et  végètent  normalement.    » 


(')  Comptes  rendus,  séance  du  ai  décembre  1876. 


(  7«5  ) 
M.  V.  DucLA  adresse  une  Note  avant  pour  litre  :  «  Résolution  de  l'équa- 
tion du  troisième  degré  par  une  méthode  nouvelle  ». 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOr.RAPHIQVR. 


OOVRAGF.S    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU    l3    NOVEMBRE    1899. 

Le  baron  Eippnlyle  Larrey ,  par  L.-J.-B.  Bérenger  Féraud.  Paris,  Fayard 
frères,  1899:  i  vol,  in-8".  (Présenté  par  M.  Giiyon.) 

Actualités  scientifiques  :  La  Télégraphie  sans  fils,  par  André  Broca.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1899;  t  vol.  in-12.  (Présenté  par  M.  Cornu.) 

Supplément  de  Notice  (  1 899)  de  M.  J.-A.  Le  Bel  :  Stéréoclumie  du  carbone. 
Paris,  tvp.  Clinmerot  et  Renouard;  i  fasc.  in-4°. 

Société  industrielle  d^ Amiens.  Programme  des  questions  mises  au  concours 
pour  l'année  1899-1900.  Amiens,  impr.  T.  Jeunet;  i  fasc.  in-S". 

Tne  islands  and  coral  reefs  of  Fiji,  by  Alexander  Agassiz  ;  with  112  plates. 
Cambridge,  Mass..  U.  S.  A.,  1899;  r  vol.  in-8'\  (With  the  compliments  of 
Alexander  Agassiz.) 

■Electrical  instruments  for  determining  tlie  moisture ,  température  and soluble 
sait  content  of  soils,  by  Lyman-J.  Briggs.   Washin;.ton,  1899;  i  tasc.  in-8". 

Soil  moisture  :  a  record  of  the  amoiint  ofwater  contained  in  soils  during  the 
crop  season  of  i^çi%,  hv  Milton  Whitney  and  Ralph-S.  Hosmer.  Washing- 
ton, 1899;  I  fasc.  in-8". 

Température  changes  in  fermenting piles  of  cigar-leaf  tobacco,  bv  Milton 
Whitney  and  Thos.-H.  Means.  Washington,  1899;  i  fasc.  in-8". 

Cinq  Opuscules  sur  diverses  questions  à^Histoire  naturelle,  par  Carlos 
Berg.  Buenos  Aires,  1899;  5  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Royal  Institution  of  Great  Britain.  List  of  the  members  officers  and  profes- 
sors,  1899.  London,  189g;  i  f.isc.  in-8°. 

List  of  the  geological  Society  of  London.  November  i"  1899.  Burlington 
House;  i  fasc.  in-8". 


(  786) 

Atlas  geologirzny  Galicyi,  z.  9  (bez  tekstii);  z.  10,  cz.  l.  Krakow,  1897- 
1899;  2  vol.  in-S"  (texte)  et  t3  (Partes,  gr. -aigle.  (Don  de  l'Académie  des 
Sciences  deCracovie.) 

Censo  gênerai  de  la  Bepublica  Mexicana,  verificado  et  10  de  octubre  de  1895. 
Estado  de  Durango.  Estado  de  San  Luis  Potosi.  Mexico,  1899;  2  fasc.  in-4°. 

Missouri  hotanical  garden.  Tenlh  annual  report.  Saint-Louis,  Mo.,  1899; 
j  vol.  in-S"^. 

U.  S.  Department  of  Agriculture.  Fi ft  cent  h  annual  report  ofthe  Bureau  0/ 
animal  industry,  for  the  year  iSgS.  Washington,  1899;  i  vol.  10-8". 

Royal  Institution  proceedings.  Vol.  XV,  part  3.  London,  1899;  i  vol. 
in-8^ 

Annals  ofthe  New  York  Academy  of  Sciences.  Vol.  XII,  part  1.  Lancasler, 
Pa.,  1899;  I  fasc.  in-8". 

Proceedings  of  the  Academy  of  natural  Sciences  of  Philadelphia,  1899. 
Part  1.  Januarv,  february,  mardi.  Philadelphia,   1899;  i  vol.  in-8°. 

Natuurkundig  Tijdschrift  voor  Nederlandsche-Indië.  Deel  LVIII.  (Tiende 
série,  dl.  II.)  Batavia,  G.  KolfF  and  C",  1898. 

A/v/m'es  du  Musée  Teyler.  Série  2,  Vol.  VI,  3*  partie.  Haarlem,  Loosjes; 
Paris,  Gauthier-Villars,  1899;  r  fasc.  in-8°. 

Rozprawy  Akademii  Umiejetnosci.  Wydzial  matematyczno-przyrodniczy . 
Serya  2,  t.  XVI.  W  Rrakowie,  1899;  i  vol.  in-8°. 


On    souscrit    à    Paris,    <  hr      OAUTHIEB-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n"  55. 

Siis  1836  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  résulièroineni  le  Dimanche.  Ils  funneiil,  à  la  fln  de  l'aiinôe,  deux  *olumes  lii-j".  Deux 
>  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétiqiip  lie  noms  d'Aulours,  lerminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
I  du  t"  janvier. 

Le  prix  lie  Pobimnement  est  fixé  ainsi  <tu'il  suit  : 

Paris  :   20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr     -  Antres  pays  :  les  (r;iis  de  poste  «xtraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Ferriin  frères. 

>  Chaix. 
(  Jourdan. 

)  Ru  (T. 
Courtin-Hecquet. 

(  Germain  etGrassin. 

\  Lachése. 

; Jérôme. 

1   Jacquard. 

,  Feret. 
u, Laurens. 


Lorient. 


Muller  (G.). 


rg 

■t-Fen. 


Renaud. 

Derrien. 

\  F.  Robert. 

I  J.  Robert. 

'  Uzel  frères. 

Jouan. 

rv Perrin. 

^  Henry. 

(  Marguerie. 

I  Juliot. 

i  Ribou-Coliay. 

,  Lamarclie. 
!  Ratel. 

'  Key. 

1  Lauverjat. 

'  Degez. 

\  Drevel. 

I  Gratter  et  G".  , 
6"e Fouclier. 

(  Bourdignon. 

!  Dombre. 

I  Thorez. 

(  Quarré. 


chez  Messieurs  : 
i  Baumal. 
■  ■  ■  ■  /  M—   lexier. 

/  Bernoux  et  Cutnjn 

\  Georg. 
<  Côte. 

J  Savy. 

'  Vitte. 
Marseille Ruât. 

1  Calas. 
^°"'/'^"'«' /Co.,lel. 

Moulins Martial  Place. 

j  Jacques. 

Nancy j  Grosjean-Maupin. 

Sidot  frères. 


Lyon. 


\  Loiseau. 

*    '  "  '  Veloppè. 

I  Barnia. 

'       '  Visconli  et  C". 

Aimes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

„    .  .  i  Blanchier. 

Poitiers ,,       , 

'  Marche. 

Hennés Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (M""'). 

L  Langlois. 

Rouen ,       ". 

I  Lestringant. 

S'-É  tienne Chevalier. 

(  Ponteil-Burles. 


Nantes 


Nice. 


Toulon. 


I  Rumèbe. 


Toulouse.. 


Valenciennes. 


1  ' 


Gimet. 
(  Privât. 
J  Boisseiier. 

Tours 1  Pèricat. 

'  Suppligeon. 
\  Giard. 
(  Lemailre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 


chez  Messieurs  : 

j  Feikema    Caarelsen 

(      et  Ci*. 

Athènes Beck. 

Rarcelone Verdaguer. 

I  Asher  et  C". 


Berlin. . 


Dames. 

Friedlander   et   fils. 
Mayer  et  Muller. 
Schmid  et  Francke. 


Rerne  

Sologne Zaniclielli. 

I  Lamertia. 
Brujcelles ,  Mayolezet Audiarte 

I  Lebègue  et  C". 

I  Sotcheck  et  C°. 
•  I  Storck. 


liucharest. 


Budapest Kilian. 

Cambridge Ueighton,  BelletC". 

C/iristiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence...    ..    .     Seebei-. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

Cherbuliez. 

Georg. 
'  .Stapeluiohr. 
a   Haye Beiinfante   frères. 

Benda. 

Payot. 

Barth. 

Brockhaus. 
Leipzig Lorentz. 

Max  Kube. 

Twietineyer. 
I  Desoer. 
'  Gnusè. 


Genève. 


Lausanne.. 


Naples. 


Liège.. 


chez  Messieurs  : 

i  Dulau. 
^"'"^'■^ Hachette  et  C". 

'Nutt. 
Luxembourg....     V.  Biick. 

/  Libr.  Gutenberg. 
.Madrid )Romoy  Fussel. 

)  Gonzalés  e  hijos. 

'  F.  Fé. 

Milan (  Bocca  frères. 

(  Hœpli. 
Moscou Tastevin. 

(  Marghieri  di  Giu». 

(  Pelierano. 

I  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
rVetv-rork Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaés  et  Mouiz. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

„  i  Bocca  frères. 

Rome , 

(  Loescheret  C". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin 

J  Zinserling. 

I  Wolff. 

Bocca  frères. 

Brero. 

Clausen. 

'  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wollf 

Vérone Drucker. 

i  Krick. 

Vienne 

(  Gerold  et  G". 

Ziirich Meyer  et  Zeller. 


S'-Pelersbourg . 


Turin . 


I  iUS  G£NLf,AL£S  fi£S  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  l"    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4»;  t853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.— d"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.  )  Volume  in-4'';  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  â  91.—  (i"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  lijKo.)  Volume  iu-4'';  (889.  Prix 15  fr. 

SI  PLÉHENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES  DE  L'ACADÉMIE  SES  SCIENCES  : 

m  :  Mémoire  sur  quelques  points  delà  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Debbés  et  A.-J.-J.  Soueb. —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
'e  par  M.HiNjE».—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  cfans  la  digestioa  des  matières 
ss  ar  M.  CucDK  Bernard.  Volume  in-4°,  avec  Sa   planches;  iS56 15  fr. 

II  I  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beheden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
leoncours  de  i8d3,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
Bt  res,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition .  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 

r  ports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4°,  avec  37  planches;  1861..  .       15  fr. 


>  ime  Librairie  les  Xémclres  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  SaTanU  à  l'Académie  des  Sciences. 


iT  20. 

TABLE   DES    ARTICLES,  (Séance  du  15  novembre  1899.) 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOXS 

DES  MEMBIIKS  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉilIE. 

!'       -                                                                                 Pages. 
.M.    BEnTiiEi.oT.      -     01)>(>rv;ilii>ns    reliili\i                   M.M .  PiiiLLiEUX  et  Delackoix.  —  La  maladie 
aux  rcclicrchrs  sur  les  (liniiiiiirs 7  JJ  îles  OEilleN  h  .\rilil>os ~\'^ 


I 


MEMOIRES  LUS. 


M.  N.  GiiÊiiANr.  —  Recherches  sur  l'aicoo- 
lisme    ai!;u  ;    dosage   de    l'alcool    dans    li- 


sauf;  el  dans  les  tissus. 


CORRESPOA D ANGE . 


M.  le  Secrétaire  rEurÉTCEL  signale,  parm 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspon 
daucc,  divers  Ouvrages  de  M.  /..-././ 
Bérenger-Féraud  cl  île  M.  André  Broc<i 

M.  C.  Guif.iiAiîn.  —  Sur  les  congruences  il' 
cercles  el  de  sphères  qui  inlervieunei-i 
dans  l'élude  des  syslémes  orllingonaux  et 
des  syslémes  cycliques 

M.  Paul  Painlevê.  --  Sur  les  équations  du 
second  ordre  à  points  critiques  fixes... 

M.  H.  PADiJ.  —  Sur  la  généralisation  Ar^ 
développements  en  fractions  continue^, 
donnés  par  Gauss  el  par  Euler.  de  lu 
fonclion  (  1  -+-  x)'" 

M.  G.  Sagnac.  —  Nouvelle  manière  de  con- 
sidérer la  jiropagation  des  ^■il^rations  lu- 
mineuses à  travers  la  matière 

M.  Feuxaxd  Gaud.  -  Sur  la  speclropliol  ■ 
métrie  des  lumières  électriques 

M'""  Ski.odowsiva  Cl'Uie.  —  Sur  le  poids 
atomique  du  métal  dans  le  chlorure  iV 
baryum   radifére 

M.  \.  Jaboix.  —  Sur  la  préparatiou  et  !•  - 
propriétés  des  jihospliures  de  stronliui/i 
el  de  baiyum  cristallisés 

M.  Ch.  Marie.  —  Sur  le  dosage  du  ph..- 
phore  dans  les  composés  organiques. . 

BULLKTIN  HIBI.IOGIlAPlllQtTÎ 


I    MM.  W.-J.  PorE  et  S.-J.  Peachey.  —  Sur  de 

'       nouveaux  composés  asymétriques  de  l'a- 

zotc    obtenus    par   synthèse   et    doués  du 

^  pouvoir  rolaloire 767 

M.    P.    BouRCET.    —    Sur    l'absorption    de 

l'iode  par  les  végétaux 76S 

j   MM.  Caullery  et  Félix  Mesxil.  —  Sur  la 

•^8   !       morphologie  et  l'évolution   sexuelle  d'un 

Epicaride  parasite  des   Balanes   (Hemio- 

■    1  nisciis     balani    Buchholz) 770 

M.  L.  Maquenne.  —   Sur   l'hygrométricité 

des  graines 77'J 

,.    I   M.   Fred.   AVallerant.   —  Sur  l'origine  de 
■^ÔS  la  symétrie  dans  les   corps  cristallisés  cl 

1       du  pcdymorphisme ~~S 

!MM.  E.  IIÉnox  et  .1.  Anndas.  —  Des  rcla- 
tiiins  existant  entre  les  actions  diurétiques 
el  les  propriétés  osmoliqucs  des  sucres.  ..     77S 
7")       MM.   Ch.  .\ciiARD   et    \.  Clerc.  —  Sur  la 

;       lipase  à  l'état  pathologique 7S1 

MM.  Georges  Couanox,  Joseph  Micuon  cl 
E.  .Salomon.  —  Nouvelles  expériences  re- 
latives   à    la    désinfection     anliphylloxé- 

rique  des  plants  de  vignes 788 

M.  V.  Ducla  adresse  une  Note  ayant  pour 
titre  ;  «  Résolution  de  l'équation  du  troi- 
sième des;ré  par  une  méthode  nouvelle  ».      7^5 

.     .■ -S'y 


PKKIS.—    IMPKtMEP.IE     G\UrHrEK-VlLI..VRS 
Quai  des  Grands-Aucuslins.   .i.S. 


189i] 


SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  Ifira.  IiES  SBCRÉTAIRES  PBRPÉTUEIiS. 


TOME  CXXIX. 


r  21  (20  Novembre  1899) 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES    RENDUS   DES   SÉANCES  DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auj;ustins,   55. 

189<) 


REGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    DES    23    JUIN    1862    ET    2/»    MAI    1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  car  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  J  rogranimes  des  prix  proposés  par  l'Acad» 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savah 
étrangers  à  l'Académie, 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persa 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  1 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'u 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requi: 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nor  t 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  E:  a 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  h  1 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondancf  ï 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  rei  ii 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tai  It 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  te 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Co7??p/f  / 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendi 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  de:  u- 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappor  t\ 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administratif  ail 
un  Rapport  sur  ]&  s\tual'\on  àes  Comptes  rendus  s-ii 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du'é- 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  MéiEoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  1  '•* 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5*^^.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sni  '"1 


DEC  12  1899 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  20  NOVEMBRE    1899, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES,  CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Note  sur  les  Lconides ;  par  M.  L«kwy. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  les  résultats  obtenus 
dans  divers  observatoires  français  par  l'exploration  du  ciel  relativement  à 
la  visibilité  présumée  d'une  des  parties  de  l'essaim  des  Léonides. 

»  A  l'Observatoire  de  Paris,  trois  groupes  d'astronomes  étaient  chargés 
de  l'observation  de  ce  phénomène.  Le  premier  avait  pour  tâche  de  compter 
les  étoiles;  le  second,  de  tracer  leurs  trajectoires  sur  des  cartes,  et  le  troi- 
sième groupe  était  affecté  aux  opérations  photographiques. 

»  Comme  l'Académie  l'a  peut-être  déjà  appris,  ces  efforts  n'ont  pas  été 
couronnés  de  succès.  Il  n'y  a  en  effet  qu'un  petit  nombre  de  ces  corpuscules 
qui  ont  traversé  l'espace  dans  la  période  du   12  au   17  novembre. 

»   A  Paris,  trois  nuits  seulement  ont  été  favorables  :  celle  du  12  au  i3,  où 

^  G.   K.,  1899,  2' .Semestre.  (T.  CXXIX,  N-21.)  I  o5 


(  788  ) 
M"''D.  Klumpke  a  observé  i/j  étoiles,  et  celles  du  i5  au  i6  et  du  i6  au  17 
pendant  lesquelles  on  n'a  pu  en  noter  que  19;  soit  au  total  33  étoiles. 

»  M.  Trépied,  directeur  de  l'observatoire  d'Alger,  nous  a  fait  savoir 
télégrapliiquement  qu'il  a  pu  constater,  dans  les  deux  nuits  du  i4  et  du 
i5  novembre,  le  passage  de  65  météores.  L'état  du  ciel  a  rendu  les  obser- 
vations impossibles  dans  les  autres  nuits. 

»  M.  André,  directeur  de  l'observatoire  de  Lyon,  nous  indique  le  passage 
d'une  quarantaine  de  ces  corpuscules  dans  les  nuits  des  i3,  i4  et  17. 

»  M.  Stéphan  nous  adresse  de  Marseille  les  renseignements  suivants  : 

Nuil  du  i3  au  i4 20  étoiles  visibles 

)5         1/4  au  1 5. j]  i> 

»         1 5  au  16 43  » 

»  Comme  M.  Baillaud  l'indique  dans  une  Note  insérée  plus  loin  ('), 
on  n'a  pu  apercevoir,  à  l'observatoire  de  Toulouse,  dans  les  nuits  du  i3  au 
16  novembre,  que  le  passage  de  43  étoiles  filantes. 

»  La  probabilité  a  priori,  pour  un  important  flux  d'étoiles  filantes,  n'était 
d'ailleurs  pas  bien  grande.  Nous  savions  en  effet  que  la  partie  de  l'essaim, 
qui  a  donné  naissance  en  i  866  à  une  averse  abondante  de  météores,  ne 
pouvait  pas  passer  celte  fois  à  proximité  de  la  Terre  par  suite  des  pertur- 
bations notables  provenant  des  grosses  niasses  planétaires  de  Jupiter  et  de 
Saturne.  Il  était  toutefois  permis  d'espérer  que  d'autres  portions  du  même 
essaim,  trop  éloignées  autrefois  de  nous,  deviendraient  visibles  cette 
année  :  espoir  qui  ne  s'est  pas  réalisé. 

»  Cette  constatation  présente  néanmoins  un  intérêt  réel  :  elle  nous 
fournit  la  preuve  que  le  développement,  particulièrement  en  largeur,  de 
l'essaim  des  Léonides  n'est  pas  considérable.  « 


ASTRONOMIE.  —  Note  sur  les  observations  des  étoiles  filantes  dites  Léonides, 
faites  sous  la  direction  de  l' observatoire  de  Meudon;  par  M.  J.  Janssen. 

«  J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  l'Académie  des  observations  faites 
à  l'observatoire  de  Meudon  ou  sous  sa  direction  à  l'occasion  de  l'appari- 
tion des  étoiles  filantes  de  novembre,  dont  le  maximum  était  attendu  pour 
cette  année. 


(')  A'oir  plus  loin,  page  806. 


(  7^9  ) 

1)  En  i-aison  de  cette  circonstance  que  ce  phénomène  ne  se  reproduit 
comme  on  sait  que  tous  les  tiers  de  siècle,  l'observation  de  cette  année 
avait  une  importance  et  un  intérêt  tout  particuliers. 

»  Il  s'agissait,  en  effet,  de  bien  constater  que  la  pluie  météorique  si 
extraordinaire  de  1799,  celle  de  i833  et  celle  de  1866  reviendrait  encore 
en  1899  et  quels  seraient  son  abondance  et  son  point  d'émanation  :  ces 
diverses  circonstances  étant  indispensables  pour  se  rendre  compte  des 
modifications  que  les  masses  planétaires  ont  pu  apporter  dans  la  distribu- 
tion des  petites  masses  météoriques  sur  l'oibite  des  essaims  et  jusqu'à  un 
certain  point  sur  la  forme  même  de  cette  orbite  et  la  position  de  ses  nœuds 
avec  l'orbite  terrestre. 

M  Ces  questions  intéressent  la  constitution  de  notre  système  solaire  et 
présentent  en  outre  un  grand  intérêt  au  point  de  vue  de  la  Physique 
céleste. 

»  La  partie  la  plus  importante  de  ces  observations  réside  donc  dans  la 
constatation  de  l'époque  de  l'apparition  du  maximum,  suivant  l'expression 
consacrée,  et  de  l'importance  de  ce  maximum  comparée  à  ceux  des 
époques  antérieures. 

»  Mais  cette  constatation  exige  évidemment  pour  être  certaine  que  le 
phénomène  soit  suivi  sans  lacunes  pendant  toute  la  durée  de  son  apparition 
probable. 

»  Cette  condition,  dont  l'importance  est  évidente,  nous  conduit  à  re- 
chercher les  moyens  d'empêcher  que  des  stations  placées  sur  la  ligne  d'ob- 
servation ne  fassent  défaut  par  suite  de  circonstances  atmosphériques. 

»  C'est  ainsi  qu'on  est  conduit,  pour  éviter  des  lacunes  qui  vicieraient 
toute  conclusion  sur  l'apparition  du  maximum  en  question,  à  l'emploi  de 
ballons  permettant  aux  observateurs  de  s'élever  au-dessus  des  brumes,  des 
brouillards  et  même  des  nuages.  On  voit  de  suite  combien  un  pareil 
emploi  peut  être  intéressant. 

»  Cette  nouvelle  application  de  cet  art  si  français  de  l'aérostalion  m'a 
paru  pleine  d'avenir,  même  à  l'égard  d'autres  objets  astronomiques,  et  j'ai 
conseillé  d'en  tenter  l'emploi  depuis  bien  des  années  déjà,  mais  d'une  ma- 
nière plus  effective  l'année  dernière  et  cette  année  même,  à  l'occasion  des 
observations  des  Léonides. 

»  On  sait  que  l'année  dernière,  M.  Hansky,  alors  élève  de  l'observa- 
toire de  Meudon,  s'élevait  en  ballon  et  qu'à  une  hauteur  très  modérée  il 
jouissait  d'un  ciel  qui  lui  permit  une  observation  complète  tandis  qu'à  terre 
un  brouillard  épais  s'opposait  à  toute  vision  du  ciel. 


(  79'!  ) 

M  Ce  succès  nous  a  engagés  à  reprendre  ces  observations  à  l'occasion  du 
passage  si  important  de  cette  année. 

»   Deux  ballons  ont  été  mis  à  notre  disposition. 

»  Le  premier,  propriété  de  l'Aéro-Club,  monté  par  MM.  les  comtes  de 
Lavaulx  et  Castillon  de  Saint-Victor  qui  m'avaient  gracieusement  offert 
deux  places  dans  leur  nacelle,  ce  dont  je  les  remercie  ici. 

))  Ces  deux  places  ont  été  occupées  par  M.  Tdihoff,  élève  de  l'observa- 
toire de  Meudon,  et  M.  Lespieau,  professeur  de  Chimie  au  collège  Chaptal. 
Ces  Messieurs  s'étaient  entendus  avec  moi  avant  le  départ  sur  le  programme 
des  observations. 

»  Le  deuxième  ballon,  propriété  de  M.  Mallet,  constructeur  et  aéronaute 
bien  connu  par  de  nombreuses  et  très  belles  ascensions,  était  conduit  par 
lui-même.  Il  avait  à  bord  comme  observateur  M"^  Rlumpke,  attachée 
à  l'Observatoire  de  Paris,  que  mon  éminent  confrère  M.  Lœwy,  son  direc- 
teur, avait  bien  voulu,  sur  ma  demande,  autoriser  à  faire  l'ascension. 
M.  WilfriddeFonvielle,  si  versé  dans  l'histoire  et  la  littérature  scientifiques 
et  spécialement  dans  l'aérostation,  voulait  bien  l'accompagner  pour  enre- 
gistrer les  observations. 

»  Ces  ballons  partirent  de  l'usine  du  Landy,  près  Saint-Denis,  usine 
appartenant  à  la  Compagnie  parisienne  du  Gaz,  qui  donna  tous  ses  soins  à 
ces  ascensions. 

»  M.  le  prince  Roland  Bonaparte  voulut  très  aimablement  faire  les  frais 
du  gaz  du  ballon  Y Aèro-Cluh.  nous  nous  chargeâmes  de  l'autre. 

»   Résumons  maintenant  les  observations  : 

»  Première  ascension  :  nuit  du  i4-i5  novembre.  Ballon  VAéro-Club 
monté  par  MM.  les  comtes  Henri  de  Lavaulx  et  Castillon  de  Saint-Victor. 
Observateurs  :  MM.  Tikhoff  et  Lespieau.  Départ  le  it  à  i''  du  matin. 

»   A  200",  le  ballon  est  au-dessus  du  brouillard. 

»   i''45  commencement  des  observations. 

h  h 

De  I   45  à  2  on  compte    2  Léonides 
De  2        à  3  B  i3  » 

De  3        à  4  "         'o         » 

De  4        à  5  »         26         » 

De  5        à  6  »         4o         » 

en  plus  9  étoiles  de  [f  grandeur  qui  furent  visibles  quand  la  Lune  s'abaissa 
à  l'horizon. 

»  Parmi  les  étoiles  observées  M.  Tikhoff  estime  qu'il  y  en  eut  19  de 


(  7:!i  ^ 

i'"  grandeur,  /(3  de  2*^,  29  de  3"  et  9  de  ^^  orandenr  comme  il  vient  d'être 
dit;  il  est  évident  que  sans  la  présence  de  la  Lune  le  nombre  des  étoiles 
(le  faible  éclat  eût  été  beaucoup  plus  considérable. 

1)  En  outre,  il  faut  remarquer  que  quand  le  radiant  s'éleva  vers  /|5°  le 
ballon  cacha  une  grande  partie  du  ciel  où  le  phénomène  devait  se  produire. 
M.  Tikhoff  estime  que,  sans  cette  circonstance,  le  nombre  des  Léonides 
observées  eût  été  certainement  doublé.  Il  faut  donc  estimer  à  200  en- 
viron le  nombre  des  apparitions  d'étoiles  de  la  i''®  à  la  4^  grandeur  qui 
sillonnèrent  le  ciel  dans  les  régions  du  radiant  pendant  la  nuit  du  i4  au 
i5  novembre. 

»  A  l'égard  des  couleurs  manifestées  par  ces  météores  M.  Tikhoff  estime 
qu'elles  se  sont  partagées  en  parties  à  peu  près  égales  entre  le  jaune  foncé 
très  brillant  et  le  blanc  bleuâtre,  les  météores  de  i'*  grandeur  laissant  des 
traces  qui  ont  persisté  pendant  quatre  et  cinq  secondes. 

»  Du  reste,  le  détail  de  ces  intéressantes  observations  sera  donné  par 
M.  Tikhoff  dans  une  Note  ultérieure  qu'il  aura  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie. 

»  L'atterrissage  du  ballon  eut  lieu  dans  les  meilleures  conditions  dans 
le  département  de  l'Eure,  au  village  de  Plessis-Sainte-Opportune,  arron- 
dissement de  Berna v,  à  iSo'""  de  Paris. 


Seconde  ascension.  Ballon  le  Centaure,  monté  par  M.  Mallet,  M"'  Klumpke 

et  M.    DE    FONVIELLE. 

»  Parti  de  l'usine  du  Landy  le  i5  à  i3'',  c'esl-à-dire  le  i6  à  i*"  du  matin.  Ciel  très 
pur  : 

»    i''?,o'".  —  Commencement  des  observations  :  une  Léonide. 

»    i''4i".  —  Une  sporadique. 

»  i^V.  —  Une  Léonide  très  brillante  supérieure  à  la  i"  grandeur;  belle  traînée 
irisée  de  2'  de  durée. 

»   2''i5'".  —  Une  seconde  près  de  a  Lion;  traînée  blanchâtre. 

»  a'^So"".  —  Une  Léonide  blanche  inférieure  à  la  i"  grandeur. 

1)  2''52'".  —  Une  Léonide  partant  de  î  du  Lion  vers  la  Grande-Ourse;  traînée  i'. 

»  2''55'".  —  Sporadique  de  i''"  grandeur. 

»   3''34"-3''35".  —  Sporadiques. 

»   4"^  16™.  —  Léonide  passant  près  de  Ç  Lion. 

i>  4''38™.  ^  Sporadique  partant  de  l'Hydre. 

»  4'''46™-4''48™-  —  Deux  Léonides,  dont  une  avec  traînée  de  2^ 

I)   4*' 37™.  —  Une  sporadique  traversant  Hercule. 

»  5™  10".  —  Une  Léonide  vers  la  Vierge. 

»  SI» 21  "-5'' 39™.  —  Cinq  sporadiques. 


(  792  ) 

»  G*".  —  Coucher  de  la  Lune.  Ciel  très  pur  du  côté  du  radiant;  magnifique  halo 
lunaire. 

»  Atterrissage  à  Saint-Germain-sur-Ay,  canton  de  Lassay,  arrondissement  de  Cou- 
tances  (Manche). 

»  Telle  est  en  substance  le  résumé  de  ces  observations. 

»  Il  faut  remarquer  que  la  nacelle  de  V Aéro-Club  était  beaucoup  trop 
près  du  ballon,  ce  qui  a  nui  beaucoup  aux  observations. 

»  A  ma  demande,  la  nacelle  du  deuxième  ballon  (/e  Centaure)  avait  été 
plus  éloignée  par  allongement  des  câbles  d'attache,  et  les  observations  ont 
été  beaucoup  moins  gênées. 

»  Je  pense  que,  pour  un  ballon  de  i4"'  à  iS™  de  diamètre,  une  distance 
d'environ  lo™  entre  la  nacelle  et  le  ballon  serait  suffisante. 

»  Cet  éloignement  de  la  nacelle  aurait  encore  pour  avantage  de  dimi- 
nuer beaucoup  les  chances  d'inflammation  du  gaz  par  les  lampes  placées 
à  bord. 

)>  Ou  pourrait  également  employer  des  ballons  et  des  nacelles  de  forme 
allongée.  Dans  ce  cas,  si  le  grand  axe  de  la  nacelle  était  placé  perpendi- 
culairement à  celui  du  ballon,  on  pourrait  avoir  la  vision  du  zénith. 

»  J'ajoute  ici  que  des  cartes  postales  affranchies  avaient  été  préparées 
à  Meudon.  Elles  portaient  l'adresse  de  l'observatoire,  avec  l'invitation  aux 
personnes  qui  les  trouveraient  d'y  inscrire  très  exactement  l'indication  du 
lieu  où  elles  auraient  été  trouvées.  Avant  de  les  laisser  tomber,  l'observa- 
teur y  inscrivait  l'heure  exacte  de  l'observation.  Un  certain  nombre  de  ces 
cartes  nous  ont  été  retournées.  Les  indications  qu'elles  contenaient  ont 
])ermis  de  reconstituer  l'itinéraire  suivi  par  les  ballons  et  de  connaître  les 
coordonnées  des  points  d'observation  et  les  temps  correspondants. 

»  Je  suis  persuadé  que  cette  méthode  si  simple  permettra  de  donner 
ime  grande  précision  aux  observations  faites  en  ballon. 

»  L'Académie  comprendra  que  j'aie  désiré  connaître  quels  résultats  on 
avait  obtenus  sur  la  ligne  des  observations,  afin  d'avoir  une  idée  générale 
du  phénomène  en  1899. 

»  Dans  ce  but,  j'ai  envoyé  des  télégrammes  à  la  plupart  de  nos  col- 
lègues des  observatoires  étrangers  ou  nationaux  où  le  phénomène  pouvait 
être  observé. 

»  Avec  un  empressement  dont  je  suis  reconnaissant,  on  m'a  fait  par- 
venir des  nouvelles  qui  embrassent  la  région  partant  de  Delhi,  dans  l'Inde, 
où  M.  Auwers  allait  si  courageusement  observer,  jusqu'à  San  Francisco, 
c'est-à-dire  sur  une  zone  embrassant  plus  de  la  moitié  de  la  Terre. 


(  793  ) 

»   Le  i6,  à  Delhi,  les  Léonides  ne  sont  pas  apparues. 

»  A  Pulkowo,  M.  Hansky,  ancien  élève  de  l'observatoire  de  Meudon, 
s'est  élevé  en  ballon  jusqu'à  2  500™  et  n'a  rien  vu,  me  télégraphie 
M.  Backlund. 

»  A  Odessa,  on  a  observé  les  Léonides  pendant  quatre  jours,  mais  l'es- 
saim a  été  faible. 

»  De  Vienne,  M.  Palisa,  mon  si  distingué  compagnon  de  i883  pour 
l'observation  de  récli|)se  totale  visible  dans  le  Pacifique,  m'écrit  que,  le  i4. 
le  ciel  a  été  découvert,  mais  qu'on  n'a  rien  observé  de  l'emarquable  ;  le  1 5 
et  le  i6,  le  ciel  a  été  couvert. 

»  De  Potsdam,  M.  Vogel  me  télégraphie  qu'aucune  Léonide  n'a  été 
observée. 

»  Strasbourg.  Du  î4  au  i5,  maximum  vers  6'',  6o  météores  par  heure; 
du  i5  au  i6,  en  ballon  :  étoiles  filantes  isolées. 

»  Madrid.  Je  n'ai  pas  encore  reçu  de  nouvelles. 

»  De  Cambridge  (États-Unis).  M.  Pickering  me  télégraphie  qu'on  n'a 
pas  observé  de  brillants  météores,  mais  environ  200  Léonides. 

»  De  Chicago,  à  l'observatoire  Yerkcs,  on  n'a  pas  observé  de  météores, 
me  télégraphie  M.  Haie. 

»  San  Francisco.  Une  dizaine  de  météores  par  heure  dans  la  nuit  du 
mardi.  Le  jeudi,  temps  couvert. 

»   Voici  quelques  observations  françaises  : 

»  D'Alger,  M.  Trépied.  Le  14,  35  Léonides;  le  i5,  16  Léonides;  le  iG, 
temps  couvert;  durée  des  observations  :  chaque  jour,  six  heures, 

»  De  Nice,  M.  Perrotin.  Ciel  très  défavorable,  estime  néanmoins  cjue  le 
passage  a  dû  être  très  médiocre. 

))  De  Bordeaux,  M.  Rayel.  Ciel  parfaitement  beau,  observations  pour- 
suivies jusqu'au  matin.  Du  12  au  i3,  étoiles  filantes  inférieures  à  la 
moyenne.  Du  i3  au  i4,  2  à3  étoiles  par  heure.  Probablement  pas  Léo- 
nides. Du  i4  au  i5,  25  j^éonidesde  2''3o'"à  3''3o°;  ensuite  3  ou  4  par  heure. 
A  l'égard  de  l'Observatoire  de  Paris,  son  Directeur  a  fait,  à  cet  égard, 
à  l'Académie,  une  Communication  très  complète. 

»  Il  résulte  de  cette  large  information,  qui  n'a  laissé  en  dehors  d'elle  que 
les  parties  maritimes  du  globe,  que  le  maximum  attendu  a  été  considéra- 
blement réduit  d'importance  sans  doute  par  suite  de  l'action  des  planètes, 
notamment  Jupiter  et  Saturne,  ainsi  que  Le  Verrier  l'avait  prévu  et 
annoncé  à  l'occasion  de  l'apparition  de  1866  :  conclusion  à  laquelle  ont 
été  conduits  les  astronomes  qui  se  sont  depuis  occupés  de  la  question. 


(  794  ) 

)i  Ces  éludes,  dont  plusieurs  sont  dues  à  des  hommes  très  éminenls,  ont 
conduit  à  des  discussions  et  des  conclusions  dans  le  détail  desquelles  nous 
ne  pouvons  entrer  ici,  notre  but  étant  pour  le  moment  de  rendre  compte 
seulement  des  observations  faites  à  propos  du  passage  de  1899. 

»  Disons  maintenant  que,  pour  préciser  davantage  les  observations  et 
obtenir  des  conclusions  théoriques  plus  certaines,  on  devra  observer  avec 
grand  soin  l'année  prochaine;  aussi  voudrais-je  appeler  l'attention  des  as- 
tronomes et  des  observateurs  sur  l'intérêt  qu'il  y  aurait,  pour  l'année  pro- 
chaine, à  développer  encore  ce  mode  d'observation  en  ballon  qui,  permet- 
tant de  s'affranchir  des  chances  de  mauvais  temps,  conduira  à  tirer  des 
observations  des  conclusions  absolument  certaines.  » 


OPTIQUE  PHYSIQUE.  —  Ce  que  devienl  un  système  d'ondes  planes  latéralement 
indéfinies,  dans  un  milieu  transparent  isotrope,  mais  hétérogène,  formé  de 
couches  planes  et  parallèles;  par  M.  J.  Boussinesq. 


«  I.  Le  fait  de  la  réfraction  atmosphérique  pose,  aux  géomètres,  le  pro- 
blème de  la  transmission  des  ondes  lumineuses  dans  un  milieu  transparent 
et  isotrope  où  la  vitesse  oj  de  propagation  de  la  lumière  varie  d'un  point  à 
l'autre,  mais  assez  graduellement  pour  pouvoir  être  supposée  constante 
dans  des  étendues  comprenant  en  tous  sens  plusieurs  longueurs  d'onde,  où 
le  mouvement  vibratoire  a  lieu  très  sensiblement  comme  dans  un  milieu 
homogène.  Les  astronomes  résolvent  ce  problème  par  une  décomposition 
fictive  du  milieu  en  minces  couches  homogènes,  comprises  entre  surfaces 
voisines  équiréfringentcs,  c'est-à-dire  de  la  famille  qui  a  pour  équation 
(o  =  const.;  ce  qui  leur  permet  d'appliquer  aux  rayons  les  lois  usuelles  de 
la  réfraction,  sur  chaque  surface  séparative  des  couches.  Or,  la  démons- 
tration théorique  de  ces  lois  delà  réfraction  (et  de  la  réflexion  concomitante) 
attribue  essentiellement  à  la  couche  de  transition  comprise  entre  les  deux 
milieux  homogènes  une  épaisseur  totale  beaucoup  plus  petite  que  la  lon- 
gueur d'onde;  et  l'on  peut  se  demander  si  les  résultats  resteraient  bien  les 
mêmes,  en  restituant  leur  continuité  effective  aux  lentes  variations  de  la 
réfringence  ou  de  to.  Il  y  a  donc  lieu  d'intégrer  directement,  dans  l'hypo- 
thèse de  oj  lentement  variable  avec  x,  y,  z,  les  trois  équations  des  petits 
déplacements  vibratoires  ^,  vi,  ^  de  l'éther,  savoir 


(') 


(xi-         dl- 


-   A,(E,  r;,  ^) 


cH) 


d{j;,j,5) 


ou 


d'i     ,    dr, 
dx 


dy 


d^ 
di' 


(  795  ) 

»  Bornons-nous  d'abord  au  cas  où  les  surfaces  équiréfringentesw=:const. 
sont  des  plans  parallèles,  normalement  auxquels  on  prendra  l'axe  des  a;. 
Nous  supposerons  homogène  le  milieu,  du  côté  des  a;  négatifs  d'où  vien- 
dront les  ondes  étudiées,  et  c'est  à  partir  du  plan  des  yz  que  w  sera,  pour 
a?  >  o,  une  fonction  donnée,  lentement  variable,  de  x. 

»  II.  Demandons-nous  d'abord  ce  que  deviendra  un  système  d'ondes 
planes  latéralement  illimitées,  arrivant  de  la  région  des  x  négatifs  et  définies 
en  direction  par  l'angle  if,  de  leur  normale  avec  les  x  positifs.  Prenons  le 
plan  d'incidence  pour  plan  des  xy,  c'est-à-dire  l'axe  des  j  suivant  la  pro- 
jection de  cette  normale  (issue  de  l'origine)  sur  la  dernière  couche  homo- 
gène .a;-  =  o,  où  w  a  une  certaine  valeur  Wo.  Si  l'on  pose 


m- 


^    ^  cu(,  y  (O-  V  "•'ô 

I,  Y,,  *C  seront,  comme  on  sait,  dans  ces  ondes  planes,  les  trois  projections, 
sur  les  axes,  d'un  déplacement  purement  transversal,  d'orientation  uni- 
forme, et  fonction  de  la  variable  unique  t  —  my  —  l„x.  Les  ébranlements 
qu'il  produira  sur  la  face  d'entrée  j;  =  o  du  milieu  hétérogène  dépendront 
donc  de  /  —  my.  Ils  se  produiront,  en  tous  les  points,  de  la  même  manière 
que  sur  l'axe  des  z,  mais  affectés  du  retard  my,  uniformément  croissant 
avec  la  distance  y  à  l'axe  des:;.  On  observera  donc  ultérieurement,  par 
raison  de  parité  et  en  conséquence  de  ces  ébranlements,  les  mêmes  phé- 
nomènes sur  toute  l'étendue  d'une  couche  quelconque  a;  =  const.,  mais 
avec  des  retards  relatifs  pareils.  Ainsi,  quel  que  soit  x,  les  déplacements 
E,  r,,  C  seront  indépendants  de  z,  et  ils  ne  dépendront  de  t  et  de  j'  que  par 
la  variable  unique  t  —  my  :  ce  seront  des  fonctions  de  x  et  de  t  —  my.  On 
pourra,  en  prenant  l'intégrale  fldx  à  partir  de  a;  =  o,  remplacer  t  —  my 
par  la  variable 

(3)  X  =  t  —  my  —  fldx, 

fonction  connue  de  x  et  de  t  —  my,  qui  varie,  dans  toute  région  d'étendue  mo- 
dérée, comme  l'expression  linéaire  ;  —  my  —  Ix  dont  y  dépendrait  unique- 
ment, sans  les  changements  subséquents  de  l,  notre  système  d'ondes  planes, 
supposé  parvenu  dans  cette  région  en  gardant  sensiblement  sa  nature. 

»  III.  En  résumé,  E,  Y],  Z,  seront  des  fonctions  déterminées  de  deux  va- 
riables seulement,  t  et  x.  De  plus,  la  lenteur  de  variation  de  o)  ou  de  l 
avec  X  permettant  au  milieu  de  se  comporter  sensiblement,  en  chaque  en- 
droit, comme  un  milieu  homogène,  les  ondes  y  différeront  vraisemblable- 

C.  l:.,  iSgy,  :!•  Semestre.  (T.  C.\.\l\,  N»  21.)  1  otj 


(  79^^  ) 
ment  peu  d'oades  planes;  et  l,  n,  ^  varieront  lentement  avec  x  quand  -v  ne 
changera  pas  (ou  qu'on  suivra  une  même  onde),  mais  en  comparaison, 
très  rapidement  avec  la  variable  principale  t.  Nous  désignerons  par  des  ac- 
cents, à  la  manière  de  I.agrange  (^',  l",  ...,  r,',  r,",  etc.),  les  dérivées  rela- 
tives à  cette  variable  t,  et  à  la  manière  de  Leibnitz  (sauf  pour  /  fonction 
uniquement  de  x) ,  mais  avec  des  ô  de  ronde,  les  autres  dérivées  partielles, 
toutes  très  petites,  obtenues  en  restant  sur  une  même  onde  suivie  au 
besoin  dans  sa  propagation. 

»  Celles-ci,  -^>  ••■>  ne  modifiant  leurs  faibles  valeurs  que  sur  de  grands 
espaces  (par  rapport  à  la  longueur  d'ondulation)  quand  t  ne  change  pas, 
n'auront  de  sensibles  que  leurs  dérivées  principales  i-^>  etc.j;  et  elles- 
mêmes  se  trouveront  négliijeables,  quand  ce  seront  des  dérivées  (en  ix,  . . .  ) 
non  pas  de  déplacements  transversaux  ou  sensibles,  mais,  par  exemple,  de 
petits  déplacements  longitudinaux  correctifs  (de  l'ordre  de  /'). 

)>  Cela  posé,  comme  E,  r,,  C  ne  dépendront  pas  ici  de  z-,  et  vu  d'ailleurs 
que  l'inverse  de  co-  égale  /-  +  m'-,  les  équations  (i)  du  mouvement  devien- 
dront 

»  Les  inconnues  E,  r,,  t  y  sont  séparées  en  deux  groupes.  La  première 
équation  (4)  contient  le  déplacement  "C  seul;  elle  concerne  les  vibrations 
pt'rpeudicidaires  au  plan  d'incidence.  Quant  aux  deux  autres  équations,  en 
l  et  Y],  elles  régissent  les  vibrations  parallèles  au  plan  d'incidence. 

»  IV.  Occupons-nous  d'abord  de  la  première,  où  "C  est  fonction  rapide- 
ment variable  de  t  et  lentement  variable  de  x.  Les  dérivées  de  t  en  /,  x  et 
jetant  I,  — /,  —rn,  il  viendra,  en  tenant  compte  des  remarques  précé- 
dentes, 

|  =  --c.       p=-^"-       A,?:  =  (/^+.^^)^"-./§-/r'; 

ce  qui  réduit  la  première  équation  (4)  à 


(  797  ) 
»  Le  produit  /"('-,  esseiiliellemenL  positif  (tant  que /gardera  le  signe 
de  /„),  ne  dépend  ainsi  que  de  la  variable  principale  t.  En  appelant  (9")' 
une  fonction  positive,  d'ailleurs  arbitraire,  de?  seul,  l'équation  (5)  aura 
donc  pour  intégrale  "(^ \jl  =  o".  Multiplions  celle-ci  par  dt  et  intégrons  sur 
place  soit  à  partir  de  l'époque  où  le  mouvement  aura  commencé  à  atteindre 
la  région  (x,y,z^,  et  en  prenant  alors  nulle  la  valeur  initiale  de  f'fd-z  =  cp', 
soit,  dans  le  cas  contraire  d'un  mouvement  vibratoire  périodique  (autour 
de  situations  moyennes),  en  déterminant  la  constante  de  J\"d^  =  ?',  t^e 
manière  à  annuler  cp'  en  moyenne.  Il  viendra 

»  Une  onde  plane  à  mo'.îviinents  normaux  au  plan  d'incidence  se  pro- 
page donc,  à  travers  toutes  les  couches,  en  gardant  ses  caractères,  qu'ex- 
prime la  fonction  arbitraire  cp',  mais  en  prenant  des  amplitudes  sensiblement 

inverses,  partout,  de  yj l. 

»  V.  La  fonction  arbitraire  de  t  introduite  a  été  appelée  cp',  ou  consi- 
dérée comme  dérivée  d'une  autre  /'ç  </t  =  ç,  par  analogie  avec  ce  qu'il 
y  aura  lieu  de  faire  dans  le  cas  de  mouvements  parallèles  au  plan  d'inci- 
dence. 

M  Dans  ce  cas,  les  déplacements  ont  une  composante  transversale 
sensible  <»,  qui  serait  seule  sans  les  lentes  variations  de  /  avec  x,  et  une 
petite  composante  longitudinale  s,  due  à  ces  variations.  D'ailleurs,  l'ex- 
pression (6)  de  ^  nous  faisant  pressentir  que  8  pourrait  bien  être,  aussi, 
inverse  de  y^,  attribuons-lui  la  forme  (6),  mais  avec  tp'  susceptible  de 
varier  lentement  avec  œ,  jusqu'à  preuve  du  contraire. 

»  Alors,  si  l'on  appelle  R  la  racine  carrée  positive  de  l'expression  (len- 
tement variable  avec  x) 

(7)  R"-  =  l(P^mn,         d'où  W=^Jl±J!!ll', 
on  aura  évidemment 

(8)  c;  =  —  -^-0+    , i,         '^1  =  R?  •+■  -7^=5, 

^    ^  R  ^        ^/2  _,_  ,„2  R  ^        ^/^  +  ni- 

formules  où  les  petits  termes  (en  s)  n'auront  de  sensibles  que  leurs  déri- 
vées (accentuées)  par  rapport  à  la  variable  principale  t. 

M   En  dilFérentiant  ces  expressions  de  E,  n  exactement  comme  on  a  fait 


(  798  ) 
pour  K  et  tenant,  au  besoin,  compte  des  valeurs  (7)  de  R'  et  de  R',  il 
vient 


«?e 


/  7   \  r  '"  <^?  " 


m(3r-+  m-)l' 


■9 


^l'-hmU"\; 


et  les  deux  dernières  équations  (4),  changées  de  signe,  se  réduisent  à 

,     V        (—  ml,  2l--\-  m")  (?!p"    ,     .,        ■,/      „l^—m-    „   ,      /tj— ;,    ,A 

(9)     ^^ -^ ^  jJ-  +  (^.'»)("î^-7Rr-?  +V^'  +  '«'^  j  =  o- 

»  Respectivement  multipliées   par  —  m,  /et  ajoutées,  elles  donnent 

-2-  ^o;  ce  qui  signifie  que,  conformément  à  nos  prévisions,  cp"  dépend 

uniquement  de  la  variable  principale  t.  Après  quoi,  une  intégration  par 
rapport  au  temps,  effectuée  sur  place,  donne,  comme  pour  Z,  l'expression 
suivante  du  déplacement  transversale. 


(10) 


,f'{t-my-fld.r) 

7i         ' 


où  (p'  désigne  une  fonction  arbitraire  de  la  variable  unique  t.  L'amplitude 
des  vibrations,  à  la  traversée  des  diverses  couches,  est  donc  encore  inverse 

de  \jl. 

»  VI.  Enfin,  les  équations  (9)  deviennent 


(") 


ml'{l^~m^)    „ 


»  Deux  intégrations  successives  en  /,  effectuées  sur  place  et  de  ma- 
nière, finalement,  que  l'intégrale  /çp'f/T  =  9  soit,  comme  le  déplacement  £, 
ou  initialement  nulle,  ou  à  valeur  moyenne  nulle,  en  déduisent 


(12) 


ml'{l-—i>r-)  m(l^—m^)      v/7     ,  ni    \ 

0  =    , ,;  .    „.,^/  -rr- ? (^  —  f^y  —  J  Idx). 


îRV 


(l^-+-m^y     (Ir 


»   On  voit   que  le  petit  déplacement  longitudinal   s   rend   légèrement 
courbes  les  trajectoires  de   l'éther  vibrant.   11    s'annule   quand  l-  =  m-. 


(  799  ) 
c'est-à-dire  quand  les  ondes  sont  inclinées  à  45°  sur  le  plan  des  couches 
équiréfringentes  du  corps. 

»  VIT.   Supposons  maintenant  que,    dans  la  première   couche  a:  =  o, 

^  et  S  soient  les  deux  projections  du  déplacement  total,  —<h\t  —  wv), 

V 'o 

imprimé  à  cette  couche  par  un  système  donné  d'ondes  incidentes.  Si  V 
désigne  l'angle  de  ce  déplacement  avec  le  plan  des  xy,  la  fonction 
(p'(z  —  my)  sera  évidemment,  dans  X,,  le  produit  de  i/'{t  —  my)  par  sinV, 
et,  dans  S,  le  produit  de  i^' {t  —  my)  par  cosV  :  C  et  S  garderont,  dans 
toutes  les  couches  parallèles,  le  même  rapport  tangV.  Donc  le  plan  de 
polarisation  fera  un  angle  constant  avec  le  plan  d'incidence.   » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  de  V acide  fluorhydrique  el  du  fluor  sur  le  verre. 

Note  de  M.  Henri  Moissan. 

«  Depuis  longtemps  déjà,  différents  expérimentateurs  ont  insisté  sur 
l'action  que  peut  exercer  une  impureté  sur  la  mise  en  train  d'une  réaction. 
On  a  discuté  pour  savoir  si  tel  corps,  par  exemple,  qui  se  combine  avec 
facilité  à  l'oxygène,  ne  deviendrait  pas  inerte  ou  si  sa  température  de 
réaction  ne  serait  pas  reculée  par  suite  de  la  présence  d'une  trace  d'eau. 
Ces  expériences  touchent  à  des  questions  théoriques  intéressantes  ;  mais,  à 
cause  des  difficultés  qu'elles  présentent,  on  comprend  fort  bien"  qu'elles 
aient  été  souvent  contredites.  Il  nous  suffira  de  rappeler  sur  ce  sujet  les 
travaux  de  Dubrunfaut  et  ceux  de  Dumas,  ainsi  que  les  expériences  plus 
récentes  sur  le  même  sujet  de  Brereton  Baker,  de  Dixon,  de  Gutmann  et 
de  Lang. 

»  D'autre  part,  nous  rappellerons  aussi  que,  dans  ses  études  de  Ther- 
mochimie, M.  Berthelot  a  insisté  maintes  fois  sur  le  rôle  important,  au 
point  de  vue  de  la  combinaison,  que  peut  jouer  une  trace  d'un  composé 
intermédiaire  qui  se  forme,  se  dédouble,  puis  se  reproduit  ainsi  sans  cesse, 
entraînant  enfin  l'union  totale  des  deux  corps  mis  en  réaction. 

»  Nous  avons  pensé  que  cette  étude  de  l'influence  d'une  trace  d'im- 
pureté pouvait  être  reprise  au  moyen  du  fluor;  ce  corps  simple  étant  le 
plus  actif  de  tous  ceux  que  nous  connaissons. 

»  On  sait  que,  dans  des  expériences  déjà  anciennes,  Louyet  avait  indi- 
qué que  l'acide  fluorhydrique  sec  n'attaquait  pas  le  verre.  On  s'est  servi 
quelquefois,  pour  constater  l'attaque  du  verre  par  l'acide  fluorhydrique 


(  8oo  ) 

et  les  fluorures,  de  l'aspect  que  prenait  le  verre  mis  au  contact  de  ces 
corps.  Le  verre  était  dépoli.  Mais  il  peut  arriver,  quand  l'acide  fluorhy- 
drique  liquide  réagit  sur  le  verre  dans  des  conditions  de  concentration 
déterminée,  que  le  verre  sorte  de  cp  liquide  avec  un  poli  parfait,  bien  que, 
par  la  balance,  on  constate  nettement  une  diminution  de  poids.  Le  phé- 
nomène est  analogue  au  polissage  de  certains  calcaires  durs  par  l'action 
de  l'acide  chlorhydrique  étendu. 

»  Nous  avons  déjà  fait  remarquer  (')  que  les  expériences  de  Louyet 
comportaient  une  autre  cause  d'erreur.  Ce  savant  avait  desséché  son  acide 
fluorhydrique  au  moyen  d'anhydride  phosphorique,  et  il  pensait  ainsi 
obtenir  des  vapeurs  d'acide  fluorhydrique  absolument  privées  d'eau.  Or, 
l'anhydride  fluorhydrique  réagit  à  la  température  ordinaire  sur  l'anhydride 
phosphorique  pour  donner  naissance  à  un  gaz  que  nous  avons  découvert 
en  1886  :  l'oxyfluorure  de  phosphore  PFl'  O.  Ce  gaz  sec  n'attaque  pas  le 
verre. 

»  Action  de  l' acide  Jluo /hydrique  sur  le  verre.  —  Pour  étudier  l'action  de 
l'acide  fluorhydrique  sur  le  verre,  nous  avons  décomposé  d'abord  des 
fluorures  exactement  privés  d'eau  par  l'acide  sulfurique  monohydraté  bouilli 
dans  un  tube  de  verre  retourné  sur  du  mercure  bien  sec.  Dans  ces  condi- 
tions, il  se  produit  rapidement  de  l'acide  fluorhydrique  qui  reste  gazeux 
pour  peu  que  la  température  soit  supérieure  à  -f-  20°,  et  le  verre  est  de 
suite  attaqué.  Mais  on  peut  objecter  à  ces  expériences  que  l'acide  sulfu- 
rique m'onohydraté  contient  de  l'eau  et  que  l'acide  fluorhydrique  formé 
n'est  pas  absolument  sec.  Si  l'on  remplace  l'acide  sulfurique  monohydraté 
par  l'acide  de  Nordhausen  riche  en  anhydride  sulfurique,  on  voit  se  dé- 
gager un  corps  gazeux  qui  ne  larde  pas  à  se  condenser  dans  l'excès  de  li- 
quide acide  et  qui  est  formé  en  grande  partie  d'acide  fluosulfonique  étudié 
par  Thorpe  et  Walter  Rirman. 

»  Dans  ces  expériences,  le  verre  est  encore  attaqué. 

))  Pour  éviter  les  objections  dues  à  l'emploi  de  l'acide  sulfurique  qui 
dissout  l'acide  fluorhydrique,  nous  avons  fait  réagir  l'anhydride  fluorhy- 
drique sur  le  verre  absolument  sec. 

»  L'expérience  était  disposée  de  la  façon  suivante  :  Une  nacelle  de  pla- 
tine, remplie  de  fluorhydrate  de  fluorure  de  potassium  fondu  dans  un  cou- 
rant de  gaz  sec,  était  introduite,  encore  chaude  et  à  l'abri  de  l'humidité 


(')  Action  de  l'anhydride  fluorhydrique  sur  /'anhydride  phosphorique  (Riill. 
Soc.  chim.,  3=  série,  t.  V,  p.  458). 


(  8oi  ) 

de  l'air,  dans  un  tube  de  platine  parfaitement  desséché.  Ce  tube  de  pla- 
tine était  fermé  par  des  ajutages  à  vis  de  même  métal.  Il  était  traversé  par 
un  courant  de  gaz  carbonique  pur,  séché  par  de  la  ponce  phosphorique  et 
de  la  tournure  brillante  de  sodium.  Il  n'entrait  pas  naturellement  dans 
tout  l'appareil  de  liège  ou  de  caoutchouc.  Les  joints  étaient  formés  de 
tubes  à  frottement  doux,  recouverts  de  paraffine,  corps  qui  n'est  pas 
attaqué  par  l'acide  fluorhydrique. 

))  L'extrémité  de  l'ajutage  de  platine,  qui  était  disposé  après  la  nacelle 
renfermant  le  fluorure,  venait  déboucher  dans  un  tube  de  verre  z'ecourbé 
en  forme  d'U  et  qui  avait  été  séché  au  préalable  avec  le  plus  grand  soin. 
L'autre  branche  du  tube  en  U  laissait  passer  un  tube  abducteur  dont  l'ex- 
trémité trempait  dans  du  mercure  recouvert  d'acide  sulfnrique.  Cette 
expérience  étant  ainsi  préparée,  on  laissHit  passer  le  courant  d'iicide  carbo- 
nique absolument  sec,  pendant  deux  heures  à  la  température  ordinaire. 
On  interceptait  ensuite  le  courant  de  gaz  et  l'on  chauffait  lenlement  la  na- 
celle contenant  le  fluorure.  De  l'acide  fluorhydrique  gazeux  se  produisait 
aussitôt  en  abondance  et,  dès  qu'il  arrivait  au  contact  du  verre,  ce  dernier 
était  d'abord  dépoli,  puis  rapidement  corrodé.  Après  une  expérience  de 
quinze  minutes,  le  tube  avait  perdu  de  son  poids  une  quantité  de  oS'',532. 

»  Cette  expérience,  répétée  plusieurs  fois,  nous  a  toujours  donné  les 
mêmes  résultats. 

»  La  conclusion  que  nous  en  tirons  est  la  suivante  :  l'acide  fluorhy- 
drique gazeux  attaque  le  verre  à  la  température  ordinaire. 

1)  Action  du  fluor  sur  le  verre.  —  Nous  devons  rappeler  tout  d'abord  que 
le  fluor  liquide  obtenu  vers  —187''  par  M.  Dewar  et  l'auteur  de  cette  Note 
n'agissait  pas  sur  le  verre  à  cette  basse  température.  Mais,  dans  toutes  les 
expériences  sur  le  fluor  gazeux  que  nous  avons  décrites  jusqu'ici,  ce  gaz 
attaquait  toujours  le  verre.  Nous  rappellerons  que  ce  fluor  était  préparé 
par  électrolyse  du  fluorure  de  potassium  en  solution  dans  l'acide  fluorhy- 
drique. Par  suite  d'une  action  secondaire  du  métal  alcalin  mis  en  liberté 
au  pôle  négatif,  l'hydrogène  se  dégageait  à  ce  pôle,  tandis  qu'au  pôle  po- 
sitif on  recueillait  le  fluor.  Ce  corps  simple  était  purifié  des  vapeurs  d'acide 
fluorhydrique  qu'il  entraînait  forcément,  par  son  passage  dans  un  petit  ser- 
pentin de  cuivre  maintenu  à  —23",  enfin,  par  son  contact  avec  du  fluorure 
de  sodium  bien  sec.  Le  fluor,  ainsi  préparé,  ne  fumait  plus  à  l'air;  mais, 
comme  nous  le  faisions  remarquer  plus  haut,  il  attaquait  toujours  le  verre. 
Après  avoir  varié  l'expérience  que  nous  avons  décrite  précédemment,  et 


(     802     ) 

nous  être  assuré  qu'une  très  petite  quantité  d'acide  fluorhydrique  répandue 
dans  un  gaz  inerte  suffisait  pour  dépolir  le  verre,  nous  avons  cherché  à  re- 
tenir avec  plus  de  soin  les  dernières  traces  d'acide  fluorhydrique,  et  pour 
cela  nous  nous  sommes  adressé  à  un  procédé  physique. 

»  L'acide  fluorhydrique  bout  à  -+- 1 9°,  5  ;  il  se  solidifie  d'après  Wroblesky 
à  la  température  de  —  92°.  Nous  avons  pensé  que,  étant  donné  le  point  de 
liquéfaction  du  fluor,  —  187°  (Moissan  et  Dewar),  et  celui  de  l'acide  fluor- 
hydrique, il  nous  serait  facile  de  débarrasser  le  gaz  fluor  des  dernières 
traces  d'acide  en  portant  le  mélange  gazeux  à  une  température  un  peu 
supérieure  au  point  de  liquéfaction  du  gaz  fluor  (  '  ). 

»  Le  fluor,  préparé  dans  un  appareil  de  cuivre  et  purifié  ainsi  que  nous 
l'avons  indiqué  précédemment,  passait  ensuite  dans  un  petit  tube  de  verre 
plongé  dans  l'air  liquide  (-).  L'extrémité  de  ce  tube  en  U  était  terminée  par 
une  série  d'ampoules  séparées  les  unes  des  autres  par  des  parties  étranglées. 
L'extrémité  du  tube  à  ampoules  était  mise  en  communication  avec  une 
atmosphère  d'air  absolument  desséché.  On  produit  ensuite  un  dégage- 
ment régulier  de  gaz  fluor  et  bientôt  tout  l'air  de  l'appareil  est  chassé  par 
déplacement.  Le  tube  de  verre  s'emplit  de  gaz  fluor,  on  scelle  les  ampoules 
dans  la  partie  étranglée  au  moyen  de  la  flamme  du  chalumeau.  Le  fluor 
réagissant  sur  le  verre  sec,  dans  la  partie  étranglée  même  chaude,  ne  peut 
pas  produire  la  plus  petite  quantité  d'acide  fluorhydrique,  puisqu'il  n'y  a 
pas  d'hydrogène  en  présence. 

)'  Après  l'expérience,  on  reconnaît  que  le  verre  n'a  pas  été  dépoli  et  j'ai 
l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  plusieurs  de  ces  ampoules 
remplies  de  fluor,  préparées  depuis  deux  semaines  et  dont  la  surface  a  con- 
servé le  brillant  du  pi'emier  jour. 

»  Une  de  ces  ampoules  est-elle  portée  sur  la  cuve  à  mercure?  On  voit, 
en  brisant  la  pointe,  que  le  mercure  monte,  dans  le  tube  de  verre,  d'une 
petite  quantité;  qu'il  se  forme,  à  la  surface  du  métal,  une  petite  couche  de 
crasse  de  fluorure  de  mercure  et  que  l'attaque  s'arrête.  Nous  avons  pu 
conserver  ainsi  pendant  plusieurs  jours  du  fluor  pur  dans  des  appareils 
de  verre  sur  la  cuve  à  mercure.  Si  l'on  agite  le  tube,  la  pellicule  de  fluorure 


(')  Nous  ajouterons  que  celte  méthode  peut  être  employée  pour  séparer  des  traces 
d'eau  dans  les  gaz,  et  que  nous  l'utilisons  dans  l'étude  de  quelques  réactions. 

{'')  Nous  donnerons  le  détail  de  ces  expériences  dans  le  Mémoire  que  nous  publierons 
dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique. 


(  8o3  ) 

se  brise,  et  l'absorption  se  produit  avec  facilité.  L'ampoule  s'emplit  alors 
complètement  de  mercure  et,  si  ce  métal  est  bien  privé  d'humidité,  l'attaque 
du  verre  n'a  pas  lieu. 

»  Nous  avons  reconnu  ensuite  que  ces  expériences  pouvaient  réussir  en 
refroidissant  l'acide  fluorhydrique  à  une  température  moins  basse  que  celle 
fournie  par  l'air  liquide,  à  condition  que  le  fluorure  de  sodium  qui  sert  à 
purifier  le  fluor  soit  bien  sec.  Nous  avons  condensé  les  vapeurs  d'acide 
fluorhydrique  entraînées,  grâce  à  un  mélange  d'acide  carbonique  et  d'acé- 
tone, qui  donne  avec  facilité  —  85°.  Nous  avons  pu  alors  préparer,  avec 
du  verre  sec,  un  certain  nombre  de  ces  ampoules  et  nous  avons  reconnu 
que  le  fluor  bien  exempt  de  vapeurs  d'acide  fluorhydrique  n'attaquait  pas 
à  la  température  ordinaire  le  cristal,  le  verre  blanc,  le  verre  vert  et  le  verre 
de  Bohême.  Bien  plus,  des  ampoules  de  ces  différents  verres,  remplies  de 
fluor  et  maintenues  deux  heures  à  une  température  de  loo"  dans  l'eau 
bouillante,  n'ont  pas  été  attaquées.  Il  va  de  soi  que  ces  expériences^ne 
réussissent  qu'avec  des  verres  absolument  secs  et  propres.  La  plus  petite 
trace  de  matière  organique  adhérant  au  verre  étant  brûlée  par  le  fluor 
à  la  température  ordinaire  et  fournissant  de  l'acide  fluorhydrique,  ce  der- 
nier intervient  plus  ou  moins  rapidement  et  l'attaque  se  produit. 

»  Je  considère  cette  dernière  expérience  comme  importante,  car  elle 
semble  bien  démontrer  l'action  exercée  sur  le  verre  par  une  très  petite 
quantité  d'acide  fluorhydrique  noyée  dans  un  grand  excès  de  gaz  fluor.  Si 
l'une  de  nos  ampoules  de  verre,  remplies  de  fluor,  contient  une  impureté 
organique  imperceptible,  adhérente  à  la  paroi,  on  ne  voit  aucune  attaque 
se  produire  tout  d'abord.  Mais  plusieurs  jours  après,  la  surface  du  verre 
devient  irisée,  puis  un  léger  voile  se  forme  autour  du  point  où  se  trouvait 
la  matière  organique,  et  finalement  tout  l'intérieur  de  l'ampoule  ne  tarde 
pas  à  se  dépolir. 

»  Dans  une  autre  expérience,  nous  avions  du  fluor  placé  dans  un  tube 
de  verre  sur  le  mercure  sec  depuis  trois  jours  et  le  tube  avait  conservé 
toute  sa  transparence.  Nous  avons  alors  fait  passer  dans  ce  tube  un  petit 
fragment  de  fluorure  de  potassium  fondu,  corps  très  hygroscopique  qui 
avait  fixé  pendant  deux  minutes  de  contact  avec  l'air  atmosphérique  une 
petite  quantité  d'humidité.  Dès  que  ce  fluorure  eut  pénétré  dans  l'atmo- 
sphère gazeuse  de  fluor,  on  vit  en  quelques  minutes  le  tube  s'iriser  à  sa 
partie  intérieure  et  cette  irisation  ne  tarda  pas  à  s'élever  dans  tout  le  tube. 

»  Nous  ajouterons  que,  pour  nettoyer  complètement  nos  ampoules  de 
verre  de  toute  trace  de  matière  organique,  nous  avons  liquéfié  le  fluor 

C.  K.,  1899,  2"  Semestre.  {T.  CXXIX,  N'  21.)  IO7 


(  8o',  ) 

dans  lin  petit  serpentin  fie  verre,  puis  en  laissant  ce  serpentin  reprendre 
une  température  pins  élevée,  nous  avons  halavé  ainsi  tout  le  tube  à 
ampoules  par  du  giz  fluor  qui  ne  laisse  subsister  aucune  matière  orga- 
nique. Les  ampoules  sont  ensuite  scellées  et  le  verre  n'est  plus  attaqué. 

»  Ces  expériences  nouvelles,  en  nous  permettant  de  manier  le  fluor  pur 
sur  la  cuve  à  mercure  dans  des  appareils  en  verre,  nous  ont  permis  de 
donner  une  forme  nouvelle  k  la  combustion  du  soufre,  de  l'iode,  du 
brome,  du  silicium  et  du  carbone. 

»  Les  corps  gazeux  qui  se  produisent  dans  ces  réactions  peuvent,  dès 
lors,  être  étudiés  avec  plus  de  facilité  et  l'on  peut  se  rendre  compte  de 
suite  des  variations  de  volume.  Nous  aurons  bientôt  l'honneur  de  présenter 
à  l'Académie  les  résultats  de  ces  nouvelles  recherches.  « 


M.  x\d.  Carxot  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  nouveau  Recueil 
de  122  analyses  exécutées  sous  sa  direction,  au  Bureau  d'essai  de  l'Ecole 
des  Mines,  sur  des  eaux  minérales  françaises,  pendant  les  cinq  dernières 
années  (1894-1899).  Ce  travail  fait  suite  à  deux  autres  .séries  qu'il  avait 
déjà  publiées  dans  les  Annales  des  Mines,  en  1884  et  en  1894,  et  qui  com- 
prenaient ensemble  462  analyses  exécutées  dans  la  période  de  t845  à  1894 
(  5o  années). 

L'auteur  lait  remarquer  que  la  progression  continuelle  des  demandes 
d'analyses  de  ce  genre  témoigne  à  la  fois  de  la  richesse  du  sol  français  en 
sources  minérales  et  de  l'intérêt  croissant  qui  s'attache  à  leur  recherche 
et  à  leur  analyse  scrupuleusement  exacte. 


MEMOIRES  PRESEIVTES. 

M.  A.  GuÉPiN  adresse  un  Mémoire  sur  k  L'Etiologie  générale  des  mala- 
dies de  la  prostate  ». 

(Commissaires:  MM.  Bouchard,  Guyon,  Brouardel.  j 

M.  Germaik  adresse,  de  Mesle-sur-Sarthe,  un  Mémoire  intitulé  :  «  Théorie 
de  la  pression  universelle  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.  ) 


I 


(  So3  ) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  MiNisTiîE  DE  i/I.\STi!iicTiox  l'UBLiQi  K  iiivitc  l'Acailémie  à  lui  dési- 
gner deux  candidats  à  la  place  de  Membre  Astronome  devenue  vacanle  au 
Bureau  des  Longitudes  par  suite  du  décès  de  M.  Tisserand. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Astronomie.) 

M.  le  f^ECRÉTAiRE  PERPÉTUEi.  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Miscellanées  biologif|ues  »,  dédiées 
au  professeur  Alfred  Giard  ii  l'occasion  du  25"  anniversaire  de  la  fondation 
(le  la  station  zoologique  de  Wimereux,  1874-1899.  (Présenté  par  M.  Dar- 
bonx.) 

2°  Une  brochure  de  M.  S.  de  Glasenapp,  intitulée  :  «  Mesures  micrnmé- 
Iriques  d'étoiles  doubles  faites  à  Doinkino  et  à  Saint-Pétersbourg  ».  (Pré- 
sentée par  M.  Lœwy.) 

3"  Le  Traité  sur  l'astrolabe  plan  de  Sévère  Sabokt,  écrit  au  vu''  siècle, 
d'après  des  sources  grecques,  texte  syriaque  et  traduction  française,  par 
M.  l'abbé  Nau.  (Présenté  par  M.  Wolf.) 


ASTRONOMIE.  —  Observation  de  l'essaim  des  Léonides,  faite  à  l'Observatoire 
de  Paris,  du  i3  au  16  novembre  1899.  Note  de  M.  G.  Bigourdaiv,  com- 
muniquée par  M.  Lœwy. 

«  On  pouvait  attendre,  cette  aimée,  une  chute  abondante  de  Léonides, 
analogue  à  celles  du  même  essaim  qui  ont  été  observées  en  1766,  1799, 
i833  et  18G6.  M.  Ijcewy,  directeur  de  l'Observatoire,  m'ayant  chargé  de 
celte  observation,  les  préparatifs  nécessaires  avaient  été  faits,  tant  poui- 
l'observation  directe  que  pour  l'inscription  j^holographique. 

»  Outre  M"^  Klutnpke,  l'observation  directe  a  été  faite  avec  le  concours 
de  MM.  J.  Mascart,  Boiiiot,  Fayet,  Le  Morvan,  Pourteau,  A.  Chatelu  et 
R.  Coniel.  Pour  la  jihoto£^ra|:)liie,  organisée  avec  l'aide  de  M.  Guénaire, 
nous  avons  installé  six  objectifs  et  une  lunette  viseiu'  sur  une  monture 
équatoriale  provisoire,   entraînée  par  un   mouvement  d'horlogerie.  Les 


(  8o6  ) 

objectifs  photographiques  couvraient,  autour  du  radiant,  un  espace  utile 
d'environ  25°  de  rayon. 

»  La  Lune,  presque  pleine,  n'a  permis  de  voir  que  les  météores  les  plus 
brillants.  Le  ciel  n'a  été  découvert  que  dans  les  nuits  du  i5  au  i6  et  du  i6 
au  17  novembre;  dans  celle  du  i3  au  i4  un  épais  brouillard  a  régné  con- 
stamment, et  il  est  revenu  vers  2^  du  malin  dans  la  nuit  du  i4  au  i5.  D'ail- 
leurs, le  Lion  se  levant  assez  tard,  les  observations  ne  pouvaient  être  com- 
mencées utilement  que  vers  minuit. 

»  Dans  l'intervalle  des  observations,  on  n'a  jamais  aperçu  que  de  rares 
météores,  soit  i5  dans  la  nuit  du  i5  au  iG  et  4  dans  celle  du  16  au  17. 
Aussi  on  n'a  pu  photographier  aucune  trace.  Mais  l'installation  laite  dans 
ce  but  pourra  être  utilisée  à  l'avenir,  aux  époques  de  l'année  où  les  étoiles 
filantes  sont  le  plus  nombreuses.  » 


ASTRONOMIE.  —  Observation  des  Léonides,  à  l'observatoire  de  Toulouse. 
Note  de  M.  Baillaud,  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  Les  Léonides  ont  été  surveillées  à  l'observatoire  par  tous  les  astro- 
nomes successivement,  du  i3  novembre  au  16  inclusivement.  Dans  la  nuit 
du  i3,  MM.  Besson  et  Saint-Blancal;  danscelledu  i4,MM.  Monlangerand 
et  Rossard  n'ont  aperçu  que  quelques  astéroïdes.  Le  16,  de  iS*"  à  i^'^ao", 
M.  Baillaud  n'en  a  aperçu  aucun. 

»  L'apparition  a  eu  lieu  dans  la  nuit  du  i5.  Les  observations  ont  été 
faites  de  minuit  jusqu'au  jour  par  MM.  Rossard  et  Bourget.  Les  trajectoires 
des  quarante-trois  étoiles  vues  ont  été  inscrites  par  M.  Rossard  sur  une 
carte  que  nous  avait  envoyée  la  Société  astronomique  de  France.  Les  étodes 
étaient  généralement  faibles  et  la  longueur  des  trajectoires  visibles  ne 
dépassait  généralement  pas  dix  degrés.  Trente-cinq  de  ces  trajectoires, 
prolongées,  passent  plus  ou  moins  grossièrement  dans  le  voisinage  de 
'C  Lion.  On  a  observé  : 

Aslcroïdes. 
h  II 

de   i3  à   i4 4 

de   i4  à   i5 6 

de   i5  à   16 3 

de   16  à   17 16 

de   17   à   18 14 

))   Au  début  les  étoiles  ont  été  vues  entre  le  point  radiant  et  le  pôle,  par 


(  8o7  ) 
des  ascensions  droites  plus  fortes  que  celles  de  ^  Lion;  ensuite  dans  la 
région  opposée  par  rapport  à  "(  Lion. 

»  Des  clichés  photographiques  faits  par  M.  Montangerand  à  la  lunette 
photographique  d'un  mètre  montée  sur  l'équatorial  Briuiner,  et  par 
M.  Bourget  au  moyen  d'un  objectif  de  photographe,  n'ont  rien  donné.  » 


ASTRONOMIE .    —    Observation   de   l'essaim    des   Léoaides . 
Note  de  M.  H.  Deslaxdkes,  présentée  par  M.  Janssen. 

«  J'ai  pris  des  dispositions  spéciales  à  l'observatoire  de  Meudon  pour 
l'observation  de  l'essaim  des  météores  de  novembre,  appelé  essaim  des 
Léonides,  qui  devait  présenter  cette  année  un  maximum  analogue  aux 
maxima  constatés  en  1799,  i833  et  1866. 

»  Le  calcul  des  perturbations  exercées  par  les  planètes  Jupiter  et  Saturne 
avait  permis  de  prévoir  un  déplacement  du  gros  de  l'essaim,  et  il  convenait 
de  reconnaître  avec  un  soin  particulier  les  trajectoires  des  météores  et  le 
point  radiant. 

»  Aussi  je  me  suis  proposé  d'essayer  l'enregistrement  photographique 
des  météores  qui  est  assurément  difficile,  mais  est  seul  capable  de  fournir 
leur  trajectoire  exacte. 

»  Le  principal  obstacle  à  la  photographie  des  météores  est,  comme  on 
sait,  l'insuffisance  de  la  plaque  photographique,  qui,  pour  les  phénomènes 
lumineux  très  courts,  est  de-if^auconp  inférieur  à  l'œil  humain  (').  Les 
essais  faits  récemment  en  Amérique  ont  montré  que,  même  avec  un 
objectif  de  o",2o,  on  ne  pouvait  photographier  les  météores  d'un  éclat 
inférieur  à  la  2''  grandeur. 

»  D'autre  part  l'observatoire  de  Meudon  ne  possède  pas  encore  les  mon- 
tures équatoriales  spéciales  et  les  nombreux  objectifs  spéciaux  qui  con- 
viennent pour  cette  étude. 

»  J'ai  utilisé  des  objectifs  quelconques,  appartenant  à  l'observatoire,  ou 
prêtés  par  des  particuliers  ('-),  h  savoir  deux  objectifs  de  Darlot  de  o",i5 


(')  Si  l'on  admet  que  les  étoiles  qui,  avec  un  objeclif,  sont  à  la  linaite  de  visibilité, 
exigent  une  pose  d'une  heure  pour  être  photographiées,  avec  un  objectif  de  même 
ouverture,  le  rapport  entre  les  sensibilités  de  l'œil  et  de  la  plaque  photographique 
serait  le  rapport  entre  yj  de  seconde  et  une  heure,  soit  â^J-j^. 

(-)  Je  remercie  vivement  M.  Lesage,  qui  m'a  prêté  aimablement  deux  objectifs. 


.(  8o8  ) 

elo",20,  un  objectif  de  o^.ia  de  Voigtlander,  un  objectif  de  o"',o7  de 
Suter,  un  de  o",o5  de  Dallmeyer,  et  deux  objectifs  de  Zeiss  de  o'",o7  et 
o"',o4;  en  tOTit  sept  objectifs  qui  ont  été  répartis  sur  l'équalorial  de  huit 
pouces,  sur  la  monture  équatoriale  des  observations  solaires,  et  sur  le  si- 
dérostat  polaire  nouvellement  monté  à  l'observatoire. 

»  Dans  la  photographie  des  météores,  qui  diffère  de  la  photographie 
des  étoiles,  la  quantité  de  lumière  concentrée  |)ar  un  objectif  en  un  point 

de  l'image  du  météore  est  proportionnelle  à  y,  a  étant  l'ouverture  et  /la 

distance  focale.  Il  faut  donc  employer  des  objectifs  aussi  larges  que  pos- 
sible, avec  une  distance  focale  aussi  faible  que  possible,  et  j'ajouterai  avec 
un  champ  de  netteté  aussi  étendu  que  possible.  Cette  dernière  condition, 
très  importante,  n'était  réalisée  que  par  les  deux  objectifs  de  Zeiss  qui, 
par  contre,  avaient  une  faible  ouverlure. 

»  Le  champ  total  des  sept  objectifs  pouvait  être  représenté  par  un  rec- 
tangle de  5o°  sur  40°.  Mais  la  région  parcourue  par  les  météores  est  beau- 
coup plus  étendue. 

»  L'observation  a  été  poursuivie  dans  l'intervalle  de  temps  indiqué  pour 
le  passage  du  gros  de  l'essaim,  c'est-à-dire  dans  la  deuxième  partie  de  la 
nuit  du  j4  au  i5,  et  pendant  la  nuit  entière  du  i5  au  i(i;  les  observateurs 
étant  MM.  Deslandres,  Millochau,  Corroyer,  Burson  et  d'Azambuja.  Trois 
observateurs  étaient  employés  aux  appareils  photographiques  et  les  deux 
autres  alternativement  à  l'observation  oculaire. 

»  Les  résultats  sont  les  suivants  : 

»  Dans  la  nuit  du  i4  au  i5,  l'observation  a  été  arrêtée  par  un  brouillard 
qui,  à  partir  de  i^ao"",  a  été  opaque.  Deux  .séries  de  plaques  ont  été  ex- 
posées sans  résultat.  A  l'œil,  de 9''  à  l'-So",  on  a  compté  10  météores. 

»  Dans  la  nuit  du  i5  au  16,  l'observation  a  été  poursuivie  de  ^  du  soir 
à  6'»3o'°  du  matin;  elle  a  été  gênée  par  la  Lune  et  par  une  brume  assez 
légère,  mais  persistante. 

»  A  l'œil,  on  a  relevé  4o  météores,  dont  36  Léonides,  quatre  étant  de 
1'^  grandeur  et  neuf  de  2-=  grandeur,  !a  plupart  étant  d'ailleurs  éloignées 
du  point  radiant.  Deux  météores  de  2*  grandeur  se  sont  trouvés  sûrement 
dans  le  champ  des  appareils  photographiques  (lesquels  ont  reçu  huit  séries 
do.  plaques),  mais  aucune  trace  nette  n'a  pu  être  relevée  sur  les  épreuves. 
Cet  msuccès  est  attribuable  à  la  Lune  qui  voilait  les  plaques,  à  la  faible 
transparence  de  l'air  et  aussi  à  l'insuffisance  des  objectifs. 

»  Les  heures  de  passage  des  40  météores  et  les  trajectoires  approchées 


(  8o9  ) 

(le  3o  météores  relevées  sur  nos  Cartes  seront  publiées  dans  un  Mémoire 
ultérieur. 

))  En  résumé,  malgré  les  conditions  défavorables  de  l'observation,  on 
peut  affirmei'  que,  dans  la  nuit  du  i5  au  rG,  la  Terre  n'a  pas  été  traversée 
par  l'essaim  très  dense  des  passages  de  i833  et  de  i8()6.    » 


ASïRONOMIIl.  —  Observations  f/es  nouvel 'es  planètes  (EW)  et  (KK^,  faites  à 
r observatoire  d'Alger,  à  l'équatorial  coudé  de  o'",3i6  d' ouverture,  par 
MM.  Rambaud  et  Sv,  présentées  par  M.  Lœwy. 


Dates. 
1899. 


Étoiles. 


Planète.  —  Ktoile. 


Ascension 
droite. 


Déclinaison. 


Nombre 

de 
compar.     Observ. 


EW. 


Novembre    7 

8 

9 
10 
10 
i3 
i3 


a 
a 
a 
b 
b 
b 


8... 

.      c 

9  ••• 

c 

10.  . . 

.      d 

10.  .  . 

.     d 

4 

7,o5 

—  II.   9,0 

4 

57,30 

-12.47,6 

5 

5i  ,08 

— i4 .3o,6 

1 

9,5o 

—  6.29,6 

I 

9>3i 

—   6.3o,i 

1 

8,21 

— 10.10,9 

I 

9,08 

— 10. 10,9 

ER. 

0 

24,53 

11.22,7 

I . 

1 2 , 1 5 

-10. 38, 4 

0 

7,81 

— io.i4,i 

0 

7,43 

—  10.  i5,6 

10: 

10 

R 

12: 

8 

R 

20: 

■  4 

R 

12: 

8 

R 

12: 

S 

S 

9: 

6 

R 

12: 

8 

S 

2 

10 

U 

I 

■  4 

R 

2 

12 

S 

2 

12 

R 

Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Asc.  droite 

Kéductioii 

DL-ohriaison 

Réduction 

Dates. 

znoyenne 

au 

moyenne 

au 

1899. 

■k 

1899,0. 

jour. 

1890,0. 

jour. 

Autorités. 

ov.  7 

a 

h        m        s 
1.08.45,93 

s 

+4,96 

-+- 

8. 10.24,6 

+  26,2 

Leipzigll,  ii''783 

8 

a 

» 

+4,96 

H 

-1-26,2 

» 

9 

a 

» 

+4,97 

), 

-1-26,  I 

» 

10 

.      b 

1 . 5 I .   2 , 59 

+4,94 

-H 

8.    1.   4,5 

+  26,6 

Leipzii;  11,  n°  737 

i3 

.      b 

» 

-t-4,9-5 

» 

-1-26,6 

» 

8 

c 

1 .25.34, 72 

+4,82 

-+- 

5.27. 10,6 

-1-27,8 

Leipzigll,  n"  56o 

9 

c 

)) 

+4,82 

,) 

4-27,9 

« 

10 

.    d 

1.23.36,26 

4-4,8. 

-H 

5.27 . 28,7 

+27,8 

Leipzig  II,  ii°545 

/ 


(  8io  ) 


Positions  apparentes  des  planètes. 


Temps 

Ascension 

Dates. 

moyen 

droite 

Log.   fact. 

Déclinaison 

Log.  fact 

1899. 

d'Alger. 

apparente. 

parallaxe. 

apparente. 

parallaxe 

Nov.  7 8.35.   2 

8 8.58.27 

9 1 1 .27.34 

ro 9.35.36 

10 9.47 .20 

i3 10. i4-43 

i3 10.35.36 

Nov.  8 10.   7.46 

9 12. 16.57 

10 10.26.52 

10 10. 36. 16 


EW. 


1.54.44,84 

T  ,  4 1 6„ 

-f- 

7.59.41,8 

0,627 

1 .53.54,59 

7,32i„ 

-1- 

7.58.    3,2 

0,637 

1.53.  0,82 

T,oi8 

+ 

7.56.20, I 

o,63o 

I .52. 17,03 

7,073,, 

+ 

7.55.    1,5 

o,63i 

I .52.16,84 

2,976/- 

+ 

7.55.    1,0 

o,63o 

1.49-59,33 

2,025„ 

+ 

7.51.20,2 

0,629 

1.49-58,46 

2,545 

+ 

7.5j .20,2 

0,629 

ER. 

1 .25. 10,01 

2,097,, 

+ 

5. 16. i5,7 

o,663 

1.24.27,39 

T,4o2 

-t- 

5.17.  0,1 

0,672 

1.23.48,88 

2,667 

-t- 

5.17.42,4 

0,663 

1.23. 48, 5o 

T. 8)9 

+ 

5.17.40,9 

o,663 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'observatoire  de 
Lyon  ièquatorial  Brunner  de  o™,  16)  pendant  le  deuxième  trimestre  de  1 899. 
Note  de  M.  J.  Guillaume,  présentée  par  M.  Mascarl. 

«  Ces  observations  .sont  résumées  dans  les  Tableaux  suivants  dont  l'ex- 
plication est  donnée  page  94  du  Tome  CXXIX  des  Comptes  rendus. 

))  Voici  les  principaux  faits  qui  en  résultent  : 

»  Il  y  a  eu  69  jours  d'observation  dans  ce  trimestre  (  '  ). 

y  Taches.  —  On  a  noté  dans  ce  trimestre  16  groupes  de  taches  et  une 
surface  totale  de  1096  millionièmes  au  lieu  de  18  groupes  et  i385  millio- 
nièmes ;  on  voit  qu'il  y  a  une  diminution  peu  sensible  quant  au  nombre  de 
groupes,  mais  assez  forte  en  ce  qui  concerne  les  surlaces.  La  répartition 
des  groupes  entre  les  deux  hémisphères  est  de  10  au  lieu  de  i4  au  sud,  et 
de  6  au  lieu  de  4  au  nord. 

»  L'activité  des  phénomènes  solaires  présente  des  fluctuations  rapides 
bien  remarquables;  ainsi,  après  un  minimum  accentué  en  mai,  on  a  pu 


('  )  Il  y  a  eu  une  interruption  de  i3  jours  entre  le  26  mars  et  le  10  avril. 


II 


(  8ri  ) 
voir  h  l'œil  iiii,  en  jnii!,  une  belle  tnche  qui  a  traversé  le  méridien  centrnl 
le  2f)  à  +  G°  de  hilitinle;  la  présence  de  cette  tache  est  extraordinaire  si 
l'on  considère  que  nous  sommes  au  voisinaije  de  V époque  (\\\iy  minimum 
de  ces  phénomènes. 

»  Enfin  on  a  noté  ti  jours  sans  taches  (5  en  mai.  et  i  en  juin);  ce 
nombre  était  [)récédemment  de  12. 

»  Régions  d'aclivilé.  —  Les  faciiles  continual?N^liminuer,  on  a  au  total 
27  groupes  avec  une  surface  de  3o,9  millièmes  au  lieu  de  4^  groupes 
et4i,o  millièmes.  Cotte  diminution  s'est  produite  presque  entièrement  au 
sud  de.  l'équateiir  où  l'on  a  ij  groupes  au  lieu  de  32;  suit  17  groupes  en 
moins,  tandis  ((u'au  nord  on  comjile  12  groupes  au  lieu  de  \l\,  soit  2  groupes 
en  moins  seulement. 


Tableau  1. 


1  aches. 


Dates       .NiiHibre      l'as.-i.      Lntilndcs  muyeanes    Surfaces      |  ïlales      Nombre      Pass.      Latitudes  moyennes     Surfaios 

extrêmes    d'obser-    au  mér. -^^ — ^ — — ■ moyennes      |        extrêmes   d'obser-  au  tuer. *-. ■     '*■ moyennes 

(l'obscrv.    rations,    central.  S.  N.  réduites.  d'observ.    rations,  centrai.  S.  .N.  réduites. 


Avril  1S99.    -  0,00 

27 

1 

1.9         -" 

10-17 

") 

.5,3          -7 

10-19. 

2 

16,6 

ia-i5 

j 

r6,8            10 

17-M. 

■1 

■22,7        -  6 

■20-27 

- 

20,2 

24-  J 

1 1 

29,2       —12 

-^  4 


i4j- 


-  9  ,3 


r-.à 


83 
22 

'9 

i3 

28 

1 1 1 


Mai   i»99 

—    0,21. 

1 2-20 

f, 

'7,7 

.-^  8 

21 

20 

1 

2J,2 

6 

5 

20-  I 

10 

24  j 

26,4 

— 12 

—  I0",O    -'r     6",0 

47 

Juin  16 


—   0,0J 


5-12 

4 

7,0 

^    6 

20 

3-10 

7 

9,4 

6 

44 

8-17 

7 

l3,2 

—  9 

22 

12-1 9 

7 

17,5 

-i3 

80 

10-19 

3 

■i',9 

—  10 

27 

24-  4 

'7 

29,4 

-:       6 

3S2 



.  _ 

-.. 

21  J. 


G°.o 


Tableau  II.     -   Distribution  des  taches  en  latitude. 


1909. 

Avril 

Mai 

Juiti 

Totaux 


2  . 
6 


Somme.  0' 


C.  R.,  1899,  2*  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  21.) 


Totaux 
40".       90".    uiensuels. 


16 
108 


Surfaces 
Diojennee 
réduiles, 

448 

73 

575 

1096 


(  8ia  ) 


Tableau  III 

Sud. 

• 

Distri 

billion  d 

es  facules 

.Nord. 

en   i 

'at 

itude. 

Totaaii 
mensaels, 

II 

/ 

9 

27 

Sarfaces 
moyennes 

1859. 

90" 

.     40'.      30'. 

20».       10° 

.       0". 

Somme, 

6 

4 
5 

i5 

Somme. 

5 
3 

4 

12 

0%     10 

•.      20- 

:     30', 

.    iO".    90". 

réduites. 

Avril   

»        1)           " 
»        »           » 
11        1)           l> 

»        »           » 

3 

2 

4 
9 

3 

2 

6 

3 

3 

7 

2 
2 

I 

5 

» 

» 
» 

0 
)) 

» 

» 

9,6 

Mai 

6,1 

l5,2 

Totaux. 

3o,9 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Contribution  à  la  théorie  de  la  fonction  t(s) 
de  Riemann.  Note  de  M.  Edm.  Landau,  présentée  par  M.  Jordan. 

«   On  sait  que,  pour  tous  les  s  dont  la  partie  réelle  est  supérieure  à  1 , 
on  a 


et 


A  =  l 


où  [^-(A)  =  I  pour  ^  =  I,  =  o  si  ^  est  divisible  par  un  carré  supérieur  à  r,et, 
dans  les  autres  cas,  =  (—  i)P,  p  désignant  le  nombre  des  facteurs  premiers 
de  k.  Il  en  résulte  facilement  que,  si  les  deux  séries  formant  les  seconds 
membres  de  ces  deux  équations  sont  convergentes  pour  s  =  i,  les  valeurs 
de  leurs  sommes  sont  respectivement  o  et  —  i,  et  la  difficulté  ne  consiste 
qu'à  prouver  leur  convergence.  Le  premier  de  ces  deux  théorèmes 


a  été  énoncé  déjà  en  1 748  par  Euler  (  '  )  ;  il  a  été  démontré  pour  la  première 
fois  par  M.  von  Mangoldt  (-),  ensuite  par  moi  (')  et  enfin  par  M.  de  la 


(')  Inlroduclio  in  analysin  injinitorum,  l.  I,  Cli.  XV,  n°  277,  Lausanne,  1748. 

{■)  Beweis  der  Gleichung    /^      ,      —  o   {Comptes   rendus  de   l'Académie  des 

*  =1 
Sciences  de  Berlin,  p.  835-852  ;  1897). 

(  ')  Neiier  Baveis  der  Gleichung  2.  ■"( —  ~  °  (  Thèse,  Berlin  ;  1899). 


(8i3) 
Vallée-Poussin  ('),  qui  a   même  démontré  que  le  produit  de  log a?  par  la 

somme   '^—r—    reste    fini,    soit  *"{?,    pour   x  -- x.    Quant  au  deuxième 

théorème 

2é      /~~  ~  —  I . 

il  a  été  énoncé  déjà  en  i832  par  Mobius  (-);  mais  on  n'a  pas  encore  réussi 
jusqu'ici  à  le  démontrer;  l'objet  du  présent  Mémoire  est  de  combler  cette 
lacune. 

»   En  désignant  ^  --y--    par  g(sc)  [g(a;)  doit  signifier  o  pour  *•  <  i], 

1 

^   [J.(/.")  log/i  /■/      \  t'r     ■  \  1      i>>        1-     ■ 

2j j P'""'  J{^')<  Pt  en  delinissant  ^(^,r)  an  moyen  de  1  égalité 

[|£(a:)|  est  toujours  <i  (Mertens)  (^)  et  <a  e-*^'°ë^  (de  la  Vallée- 
Poussin)  ('),  a  et  è  désignant  deux  constantes  positives;  j'entends  o  par 

ï(o)],  on  a  (5) 

(i)  /  "='  "=' 

»  Je  me  propose  de  montrer  que  chacune  de  ces  trois  sommes  a,  pour 
X  -^  00,  la  limite  o. 

»   Quant  à  la  première,  je  la  décompose  en  trois  parties,  limitées  par  i. 


(')  Sur  la  fonction  ^(s)  de  Rieniann  et  le  nombre  des  nombres  premiers  infé- 
rieurs à  une  limite  donnée  {Mémoires  couronnés  et  autres  Mémoires  publiés  par 
l' Académie  royale  de  Belgique,  t.  LIX;  1899). 

(-)  Ueber  eine  besondere  Art  von  Vmkehiung  der  Reihen  {Journal  de  Crelle, 
t.  9,  p.  122). 

(')  Ein  Beitrag  zur  analytischen  Zahlentheorie  {Journal  de  Crelle,  l.  78,  p.  48  ). 

(*)  Loc.  cit.,  p.  54. 

C")  Neuer,  etc.,  p.  12. 


(  H'4   ) 


yîogic,  sfx  et  X.  On  a 

y^jySyj,)      'o|^,r~7JJ    =^   ^    [lôgx— loge  "'"  l^g^r^log( (•-+-))] 


i"      ; 


V   ., 


(■,'û^t) 


1C 


•2C 


v/log; 


■^  —  'og(\/joga;  4-  i)  log.r  —  logÇy'logj;  -+-  i)' 


celle  somme  a  donc,  pour  a;  =  oo,  !a  limite  o 


(v'.r) 


E  '(-)Kî)--^(^;t)] 


(/losx)  +  l 


(/?) 


:.     2 


-Av'logi'        V       i 


(v'lug.r)  ^1 


Or,  comme  v''Z,x,  on  démontre  aisément  qii 

(tO         fâ) 


L<". 


-h<A<- 


La  somme  en,  question  est  donc,  en  valeur  absolue,  inférieure  à 


Or,  l'intégrale 


étant  finie,  la  série  X 


(  i/lu;j-  )  ^  1 
"1  «-o 

; —  e>t  convergenie,  de  sorte  que 


Il  m 


y 


g— i  vlogi' 


o, 


3° 


V    e(.) 


(/lO!;.r)  +  I 


.)] 


<fl  2 '^^*^"-'"''  2  ^=«e-*^'°°^'^2i=«^~^^"'""(^os*' "0- 


donc,  à  la  limite,  =:  o. 


« 


(  8iâ; 
»   Quant  aux  deux  autres  sommes  de  l'équation  (i),  vu  que  les  séries 

y  l^^''~  ')    et  V  lo;^/->(^    ;-  — ^    ,  .  .  .  )  sont  convergentes  el  que  tous  les 


facteurs  o(-  j  sont,  en  valeur  absolue*,  ^i  et  tendent,  pour  tout  i>,  verso 

pour  x  infini,    il   est  évident  qu'elles  s'approchent,  pour  a; -- ao,  de  la 
limite  o  ('). 

))    Il  résulte  donc  de  l'équaLion  (i  )  que 

.1' 

existe  et  égale  —  i,  et  la  démonstration  promise  est  achevée.    » 


MÉCANlQUiî    RATIONNELLE.    —   Sur  (es    systèmes    isolés   simi/ltanés. 
Note  de  M.  A\urade,  présentée  par  M.  Appell. 

u  [.  On  sait  que  les  principes  fondamentaux  de  la  Mécanique  affirmeiit 
l'existence  d'iin  espace  absolu  et  d'une  hor!(>i.^e  absolue;  ceux-ci  fixent  le 
sens  de  la  loi  de  l'inertie  et  de  la  loi  de  l'égalité  de  l'action  et  de  la  réac- 
tion. Ce  dernier  principe  déclare  que  les  forces  absolues  qui  agissent  sur 
les  différents  points  matériels  de  l'univers  doivent  se  résoudre  cîi  forces 
mutuelles  s'exerçant  entre  ces  points,  ou  en  d'autres  termes  que  l'univers 
est  un  système  isole. 

»  II.  Si  l'on  ne  fait  aucune  autre  hypothèse  sur  les  forces  absolues  mu- 
tuelles, il  est  naturel  de  se  demander  si  l'hypothèse  fondamentale  de  la 
Mécanique  peut  être  vérifiée  par  l'étude  des  seuls  mouvements  relatifs  des 
points  matériels  supposés  tous  observables. 

»  La  réponse  est  simple  ;  la  vérification  demandée  est  impossible  lors- 
qu'on ne  connaît  qu'un  seul  système  isolé;  mais  une  vérification  devient  au 
contraire  possible,  si  l'on  connaît  deux  ou  plusieurs  systèmes  isolés  ou 
simultanés. 

»  III.  (Considérons,  en  effet,  /i:  systèmes  isolés  simultanés  S,,  So,  ....  S/,. 


(')  M.  de  la  Vallée-Poussin,  à  qui  j'avais  communiqué  ma  démonslralion,  m'a 
indiqué  que,  pour  la  raison  cilée,  la  séparation  de  ces  deux  sommes  en  plusieurs  par- 
ties était  inutile. 


(  8i6  ) 

Un  système  Sy  renfermera  rij  points  dont  je  désignerai  les  coordonnées  et 
la  masse  respectivement  par 

-■'  (/  =  I,  2,  3,  .  .  .,  Ilj). 


xj,  j/,   c/: 


m'- 


»  Les  variations  de  ces  coordonnées  sont  supposées  évaluées  dans  un 
temps  relatif  t  et  dans  le  trièdre  relatif  R. 

>>  D'autre  part,  le  déplacement  du  trièdre  R  par  rapport  à  l'espace  ab- 
solu E  sera  défini  par  ses  éléments  cinémaliques  relatifs  au  temps  t;  la  rota- 
tion instantanée  et  raccélération  angulaire  de  ce  mouvement  auront  pour 
projections  sur  les  axes  relatifs 


(j   >  pour  la  rotation  ; 


")  .  .  . 

7,  1   pour  1  accélération  angulaire. 

P    ) 


»   Définissons  de  même  au  temps  t  la  vitesse  et  l'accélération  de  l\)ri- 
gine  du  trièdre  R  par  leurs  projections  sur  les  axes  relatifs,  savoir 


('    ,'   pour  la  vitesse; 


pour  raccélération. 


»   Ces  éléments  sont,  d'ailleurs,  unis  par  les  équations  dilTérentielies 


(0 


du 
dv 

dt  '  '"  -f'"' 


(^-) 


['"  =  11 

["^-"dt' 
1  ^7 

\'^^'di' 

dr 
\    ?   =dt- 


pv  -  qit; 


»  Soient  encore  A/,  B/,  C^,  les  projections  sur  les  axes  relatifs  de  la 
force  absolue  appliquée  à  la  masse  mj  ;  pour  un  même  système  Sy,  ces  Srij 
éléments  satisfont  aux  conditions  de  l'équilibre  des  corps  rigides  et  dé- 
pendent par  conséquent  de  3nj  —  6  arbitraires. 


(8.7  ) 

Il     nniic   ï"»nci=>mnQ 

dt 

dt 


df) 

»  Désignons  enfin  par  9  le  temps  absolu,  nous  poserons  ^-  =  u>,  puis 
(3)  "^' 


»  Les  équations  du  mouvement  de  la  masse  m^-  seront  la  suivante  et  les 
deux  qui  en  dérivent  par  permutation  circulaire 


j[d^^j  dzJ- 


dt 


(4) 


~  ^'■^  ■^P^P'^'i-^  ^T'i-^rzi) 


-(/'^  +  r  +  '-^)^H-x^/-pM] 


da:{ 

lit 


'<    -17  +  ^-'  ~ry\-\-u 


»  Les  équations  de  la  forme  (4)  sont  au  nombre  de 

3w,  H-  3/Î2  + . . . -{-  Sra*. 

»  En  dehors  des  éléments  du  mouvement  relatif  observable,  ces  équa- 
tions renferment  :  d'ahord  les  dix  quantités 

p,     a,     r;  w,     y,      p;  u  —m—,     v — v—,     w'-.w  —  -.     —; 

puis  les  quantités  d'où  dépendent  les  forces  et  qui  sont  au  nombre  de 

3/1,  +  3^2  +  ••-!-  ^ri/, —  6A". 

»  Les  dix  quantités  précitées  seront  donc  déterminées  sous  la  réserve 
de  6X-  —  lo  équations  de  condition  ;  de  plus,  en  portant  ces  quantités  dans 
les  équations  (2)  et  (3),  nous  aurons  trois  nouvelles  équations  de  condi- 
tion renfermant  les  dérivées  troisièmes,  par  rapport  <à  t,  des  coordonnées 
observables. 

»  Quant  aux  équations  (i),  elles  définiront,  après  l'orientation  relative 
des  espaces  E  et  R  connue  par  les  {p,  q,  r),  la  position  de  l'espace  E  à  un 
mouvement  uniforme  près. 

»  De  même,  la  valeur  de  w  définit  l'horloge  absolue. 

»  En  défmitive,  nous  avons  donc  6^-  —  7  équations  de  vérification  dont 
trois  contiennent  les  dérivées  troisièmes  des  coordonnées. 

M   Ces  équations  n'existent  d'ailleurs  que  si  k  est  au  moins  éijal  à  2. 

»  IV.   Une  remarque  intéressante  mérite  cependant  d'être  faite  lorsque. 


(  8iH  ) 

/•  éliuit  ognl  il  I,  on  suppose  que  l'on  conrinisse  une  liorloge  absolue  et 
l'état  initial  dos  forces;  on  peut  alors  déterminer  les />,  q,  ri\  l'instant  ini- 
tial, et  par  le  théorème  des  aires  à  tout  instant,  lorsque  le  système  n'est 
pas  condensé  en  lifi^ne  droite. 

11   L'orientation  de  l'espace  absolu  se  rattache  alors  au  temps  absolu  et  à 
l'état  initial  des  forces.    » 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Théorie  nouvelle  des  phénomènes  optiques 
d'enlraincment  de  l'éther par  la  matière.  Note  de  ]\I.  G.  Sagxac,  présentée 
parM.  liippmann. 


«  Dans  le  mécanisme  que  j'ai  imaginé  pour  expliquer  la  propagation 
de  la  lumièreà  travers  la  matière  (Cow/?/P5re/ir//:/5du  i3  novembre  dernier), 
je  n'ai  recours  h  aucune  des  hypothèses  qui  expliquent  dynamiquement  les 
phénomènes  optiques  (!'«  entraînement  de  l'éther  par  la  matière(')  ». 
Or,  je  n'ai  eu  rien  à  modifier  dans  mes  hvpothèses  primitives  pour  trouver 
de  tous  les  faits  bien  établis  une  explication  purement  cwe/na^i^we  d'ailleurs 
assez  simple.  Je  rendrai  compte  dans  cette  Note  du  seul  résultat  positif 
acquis,  dû  à  Fizeau  :  les  vibrations  lumineuses  qui  se  propagent  suivant 
l'axe  d'un  tube  plein  d'eau  OS  {fi^-  i)  sont  comme  entraînées  par  l'eau, 
quand  ce  liquide  se  renouvelle  dans  l'inlérieur  du  tube  fixe  OS  où  il  entre 
et  d'où  il  sort  par  des  ajutages  latéraux  avec  une  vitesse  de  quelques 
mètres  par  secontle. 

»  Je  considère  cet  eJfel-Fizeau  comme  la  résultante  de  deux  effets 
simultanés  : 

»  1°  Effet  de  masse.  —  Je  supposerai,  pour  fixer  les  idées,  que  l'eau 
fuit  devant  la  lumière  dans  le  sens  OS  avec  la  vitesse  v.  Pendant  que  la 
lumière  parcourt  la  longueur  L  du  tube  OS,  une  petite  colonne  d'eau  S(,S 
s'écoule  hors  du  tube.  Le  temjis  T'  ciiiplové  |)ar  la  lumière  pour  parcourir 
de  O  en  S  la  longueur  L  du  Inhe  fixe  plein  d'eau  en  mouvement  est  donc 
égal  au  temps  employé  par  la  lumière  pour  parcourir  la  longueur  /  de  la 
colonne  mobile  d'eau  qui,  d'abord  en  OSo  {fig-  i),  se  transporte  en 
O'S  {fig-  ^)  pendant  que  la  lumière  se  propage  di;  O  en  S.  Le  nombre  de 


(')  Cf.  :  FuESNEL,  Ann.  de  Cln'ni.  et  de  Phys.,  t.  IX,  p.  57;  1818.  —  IL  PomcARÉ, 
Leçons  sur  la  théorie  mathématique  de  la  lumière,  du  i<^''  semestre  1887-1888; 
Chap.  Vm,  n«  239  et  240. 


(  «r9  ) 
couches  de  particule'^  réellement  trnversées  de  O  en  S  par  la  lumière  est 

S  S 
donc  diminué  de  la  fraction  -^  ^6  sa  valcnr.  Cette  réduction  de  la  masse 

utile  de  l'eau  produit  une  égale  réduction  de  la  durée  T  de  propagation 

s      So 


Fis.   I. 


■ 


Fiff.  2. 


de  O  en  S.  Si  V  est  la  vitesse  de  propagation  dans  l'eau  en  repos,  on  peut 
remplacer  ^^  par  i^  et  la  valenr  de  l'effet  de  masse  est  la  diminution  de 

durée  de  propagation  (')  T^,  c'est-à-dire -:^- 

»  2°  Effet  de  mouvement.  —  Après  avoir  tenu  compte  du  raccoî/rcmp/wenf 
de  la  colonne  utile,  il  faut  tenir  compte  de  Vétat  de  mouvement  de  celte 
colonne  /  qui  se  meut  avec  la  vitesse  v  par  rapport  au  tube  OS.  Il  faut 
chercher  de  combien  varie  la  durée  de  propagation  de  la  lumière  d'une 
extrémitéà  l'aulred'un  cvlindrede  matière  de  longueur  /quand  ce  cylindre 
fuit  devant  la  lumière  avec  la  vitesse  v  par  rapport  à  l'éther  du  vide  (■). 

»  Je  rappelle  que  la  vibration  lumineuse  transmise  à  l'extrémité  S„  de 
de  la  colonne  OS^  (  fig,  3)  est  définie,  dans  ma  manière  de  voir,  comme  la 
résultante  d'un  mnBJjre  théoriquement  infini  de  vibrations  élémentaires 
transmises  par  Vcther  du  vide  et  retardées  par  allées  et  venues  entre  les 
particules  qui  les  réfléchissent.  Soit  une  vibration  élémentaire  quelconque 
caractérisée  par  les  réflexions  sur  des  couches  de  particules  en  r,,  r^,  . . . , 
^-ij-K"  ^2j'  •  •  • .  ^2/7  (fig-  3).  Les  différents  segments  Or,,  r,;-,,  ...,  r^^So 
représentés  séparés  sur  la  ffg.  3  sont  en  réalité  superposés  suivant  la 
du'ection  du  rayon  réfracté  qui  joue  aussi  le  rôle  de  rayon  par  rapport  aux 
ondes  élémentaires  correspondant  aux  diverses  vibrations  élémentaires. 

»  Considérons  les  durées  de  parcours  des  différents  trajets  doubles  tels 
que  r^r^t,,  ...,r,î_^r^j  t^j_^,  ...  mesurés  dans  la  colonne  mobile,  qui  sont 


(')  Dans  tout  ceci,  on  néglige  les  quantités  du  second  ordre  qui  sont,  dans  l'expé- 
rience de  Fizeau,  inférieures  à  la  fraction  iq-"  de  l'eflet  principal. 

(-)  Il  est  facile  de  voir  que,  dans  le  dispositif  de  Fizeau,  rigoureusement  rien  ne 
pourrait  être  changé  au  résultat  si  la  terre  était  immobile  par  rapport  à  l'éther. 
C.   R.,  iSgrj,  3"  Semestre.  (T.  CXXIX,  N-^Zl.)  I  09 


(    820    ) 

composés  de  deux  trajels  égaux  et  de  sens  inverses.  Pendant  que  la  vibra- 
tion élémentaire  se  propage  dans  l'éther  du  vide  de  r,^_,  à  r^j,  la  parli- 


Fig.  3. 


cule  r,  s'est  avancée  au-devant  de  la  vibration  et  a  raccourci  le  chemin 
parcouru  dans  l'éther  parla  vibration  et,  par  suite,  la  durée  de  propagation 

correspondante  d'une  fraction  /  de  sa  valeur  du  même-  ordre  que  y-  (la 

vitesse  de  la  lumière  dans  le  vide  étant  V„).  Inversement,  pendant  que  la 
vibration  revient  de  r^j  en  Z^,..,,  le  point  t„j_^,  invariablement  lié  au  milieu, 
a  fui  devant  la  vibration  et  a  allongé  la  durée  de  propagation  de  la  vibra- 
tion dans  l'éther  d'une  fraction  de  sa  valeur  qui  est  égale  à/aux  quantités 

près  de  l'ordre  de  ^-  Donc,  à  celte  approximation,  la  durée  de  parcours 

d'un  trajet  double  r,  r„  /,,  ...,  r^j^i  r.,,  /.,^_,,  ...  n'est  pas  altérée  par  le 
mouvement  de  la  colonne  0S„.  Il  en  est  de  même  pour  un  trajet  multiple 
d'aller  et  retour,  tel  que  r^  r,  r^  r^  t^.  Or,  si  l'on  met  à  part  tous  les  trajets 
doubles  ou  multiples  ainsi  composés  de  parties  symétriques  deux  à  deux, 
il  reste  une  série  de  serments  directs 


Or,, 


'3^. 


^•2/— 1    '2/-f-  1» 


top-i  î>n  • 


»  La  réunion  de  ces  segments  forme  exactement  la  longueur  /  de  la 
colonne  en  mouvement  et  ces  différents  tronçons  sont  parcourus  dans 
Véther  chivide  avec  la  même  vitesse  que  si  les  particules  du  milieu  isotrope 
étaient  absentes.  L'influence  du  mouvement  de  la  colonne  OSq  est  donc  la 
même  que  si  l'intérieur  du  cylindre  OS,  était  vide  de  toute  matière.  Cela  est 
vrai  pour  chaque  vibration  élémentaire  et,  par  suile,  pour  leur  résultante 
en  S„  qui  est  la  vibration  lumineuse  transmise  par  le  cylindre  de  matière. 
Or  la  durée  de  propagation  de  la  lumière  d'une  extrémité  à  l'autre  d'un 

cylindre  de  longueur  /  vide  de  toute  matière  serait  ^  dans  le  cas  où  le 

cylindre  serait  immobile  par  rapport  à  l'éther  et  ?,' allongerait  de  ^■:  ou  -r^ 

'00 

(au  second  ordre  près)  dans  le  cas  où  le  cylindre  fuirait  devant  la  lumière 


(     821     ) 

avec  la  vitesse  c.  Telle  est  donc  aussi  la   valeur  de  X effet  de  mouvement. 
)i   La  valeur  de  l'effet-Fizeau  Ci«t  donc  la  diminution  de  durée  de  propa- 
gation 

Le         Li'         Lr  ...         x 
T.-T'-  .  ^    -  ^_  ■'--  Yî  («-"')' 

en  désignant  par  n  la  valeur  -y  <le  l'indice  de  réfraction  de  l'eau.  C'est  pré- 
cisément la  formule  direclemeiU  vérifiée  par  le  déplacement  des  frangf-s 
d'interférence  dans  l'expérience  de  Fizeau  (').  On  voit  que  l'effet-Fizeau 
est  la  différence  de  deux  effets  simultanés  de  même  type.  L'effet  dû  à 
Xélat  de  mouvement  de  la  masse  d'eau  utile  {effet  de  moH('e.'-«p/i^)  affail>!ir 
l'effet  d'entraînement  aj^parent  qui  est  dû  à  la  diminution  de  la  masse  unie 
tie  l'eau  réellement  traversée  par  chaque  onde  lumineuse  {effet  de  massé).  » 


OPTIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  loupe  binoculaire.  Note  de  M.  Emile  Berger, 

présentée  par  M.  Lippmann. 

'(  Les  loujies  et  microscopes  binoculaires  actuels  sont  construits  d'après 
dtiux  principes  :  i°  deux  microscopes  (Chérubin,  1678)  ou  loupes  compo- 
sées (Leitz,  Westien,  Sclianz)  à  long  foyer  et  à  axes  convergents  (corres- 
pondant k  la  convergence  des  lignes  visuelles)  placés  devant  chaque  œil; 
a''  loupes  et  microscopes  à  court  foyer  avec  interposition  de  prismes  entre 
l'oculaire  et  l'objectif  (Ridell,  i853;  Nachet,  i854;  Giraud-Teulon, 
VVenham,  Czapsky,  1899).  Ces  instrumeuls  ne  peuvent  remplacer  la  loupe 
monoculaire  simple,  dont  certaines  professions  (horlogers,  graveurs,  etc.) 
se  servent  journellement  à  cause  1°  de  leur  grossissement  trop  fort  et 
2"  de  la  grande  étroitesse  de  leur  champ  visuel.  On  conçoit  très  facilement 
qu'il  serait  avantageux  de  remplacer,  dans  lesdites  professions,  la  loupe 
monoculaire  par  un  appareil  binoculaire,  qui  éviterait  le  surmenage  de 
l'œil  qui  travaille  et  rendrait  la  vision  stéréoscopique,  si  nécessaire  pour 
les  travaux  de  grande  finesse,  à  des  ouvriers  qui,  par  leur  outillage  actuel, 
sont  borgnes  pendant  leur  travail. 

»  On  a  essayé  d'utiliser  l'action  prismatique  d'une  lentille  convexe  dé- 
centrée (Brùcke,  Liebreich)  :  ces  essais  n'ont  pu  aboutir  à  la  construction 


(')  FizEAL',  Comptes  rendus,  t.  XXXllI,  p.35i;  i85i.  —  Micbelson  el  W.  Morlev, 
American  Journal  of  Science,  t.  XXI,  p.  877;  1886. 


y 


/ 


/ 

/■ 


(  8^-^  ) 
d'une  loupe  binoculaire  à  court  foyer.  Il  est  facile  de  concevoir  que  les- 
dites  lentilles  n'ont  qu'une  action  prismatique  faible  et  ne  diminuent  la 
convergence  que  d'une  façon  insuffisante.  En  effet,  à  cause  de  l'écarte- 
ment  des  deux  yeux,  les  rayons  lumineux  émanant  d'un  objet  rapproché 
situé  dans  la  ligne  médiane  arrivent  sous  un  angle  si  grand  sur  les  parties 
temporales  des  deux  lentilles  (où  l'action  prismatique  est  forte)  qu'ils  se 
perdent  par  réflexion,  et  les  parties  nasales  (situées  près  des  centres)  des 
lentilles  n'ont  qu'une  action  prismatique  faible.  La  partie  des  lentilles 
convexes  décentrées,  que  les  rayons  lumineux,  émanant  d'un  objet  rap- 
proché, peuvent  traverser,  augmente  en  proportion  de  la  grandeur  du 
foyer. 

»  Ces  considérations  m'ont  encouragé  à  élargir  l'angle  d'incidence 
par  l'inclinaison  des  lentilles  à  l'horizontale.  J'ai  l'honneur  de  présenter 
un  appareil  que  j'ai  fait  construire  d'après  ce  principe.  L'inclinaison  des 
verres  ne  doit  cependant  pas  dépasser  une  certaine  limite  à  cause  de 
l'astigmatisme  qu'elle  provoque.  L'astigmatisme  de  mes  verres  est  de  7^  de 
leur  foyer.  Un  angle  d'inclinaison  double  produirait  un  astigmatisme  cinq 
fois  plus  grand  (d'après  les  travaux  de  Swan  Burnett  et  de  John  Green). 
L'astisgmatisme  de  ma  loupe  binoculaire  a  son  maximum  dans  le  méridien 
horizontal,  c'est-à-dire  l'inverse  de  celui  de  90  à  g4  pour  100  des  yeux 
humains  (de  Steiger).  Une  inclinaison  de  ma  loupe  à  la  verticale  permet 
de  diminuer  le  degré  de  l'astigmatisme  des  verres.  La  loupe  que  j'ai 
l'honneur  de  présenter  a  un  foyer  de  10  D,  son  astisgmatisme  est  de 
0,75  D  (contre  la  règle),  l'astigmatisme  de  mes  yeux  est  de  o,25  (selon  la 
règle).  Il  suffit  donc  d'une  légère  inclinaison  de  la  loupe  à  la  verticale 
pour  corriger  notre  propre  astigmatisme.  Généralement,  il  est  préférable  de 
corriger,  par  l'inclinaison  à  la  A-erticale,  l'astigmatisme  de  l'œil  directeur; 
mais  on  peut,  soit  donner  des  inclinaisons  différentes  à  la  verticale  aux 
deux  lentilles  dans  les  cas  où  l'astigmatisme  des  deux  yeux  est  d'un  degré 
différent,  soit  surajouter  des  verres  cylindriques  dans  les  cas  où  l'obser- 
vateur a  un  astigmatisme  contre  la  régie  ou  à  axes  obliques. 

»  En  examinant  un  objet,  à  l'aide  de  ma  loupe,  on  constate  qu'elle  pro- 
duit des  images  très  différentes  pour  les  deux  yeux;  les  images  sont  d'au- 
tant plus  déplacées  vers  le  côté  temporal  que  le  foyer  des  lentilles  est  plus 
court. 

»  Le  premier  phénomène  nous  explique  l'effet  stéréoscopique  très 
marqué  de  notre  loupe.  En  effet,  par  l'action  prismatique  des  lentilles,  les 
images  des  deux  yeux  sont  aussi  différentes  qu'elles  le  seraient  si  notre 


(  823  ) 

écartement  pupillaire  était  élargi.  Cependant  l'impression  stéréoscopique 
ne  se  produit  que  par  un  certain  entraînement,  plus  facilement,  en  général, 
chez  les  jeunes  gens  que  chez  les  vieillards;  elle  se  manifeste  dès  le  début 
chez  des  gens  qui  se  servent  des  longues-vues  stéréoscopiques,  dont  le 
principe,  d'après  une  Communication  du  D'  Kœnig,  de  Berlin,  revient  à 
Helmhollz.  Nous  sommes  frappé  du  fait  qu'un  certain  nombre  de  savants 
auxquels  nous  avons  présenté  notre  loupe  ne  jugent  le  relief  que  par  la 
superposition  des  contours  ou  l'ombie  des  objets  et  nullement  par  la  diffé- 
rence des  deux  images  rétiniennes.  Notre  loupe  n'est  pour  eux  que  binocu- 
laire et  nullement  stéréoscopique.  Il  y  a  donc  des  anomalies,  probablement 
congénitales,  quelquefois  acquises,  dont  nous  parlerons  dans  une  autre 
Communication,  du  soi-disant  sens  stéréoscognosique,  comme  il  y  en  a 
|)our  la  sensation  des  couleurs. 

»  Le  deuxième  phénomène  nous  explique  qu'on  peut  observer,  à  l'aide 
de  notre  loupe,  sans  avoir  la  fatigue  de  la  convergence.  II. est  aisé  de  con- 
cevoir que  notre  système  est  aussi  applicable  aux  verres  concaves,  en  don- 
nant à  l'observateur  les  avantages  de  la  convergence  et  d'un  effet  stéréo- 
scopique marqué.  » 


CHIMIE.  —  Effets  chimiques  produits  par  les  rayons  de  Becquerel.  Note 
de  M.  1*.  Curie  et  de  M"^*^  Curie,  présentée  par  M.  Becquerel. 

«  Les  rayons  émis  par  les  sels  de  baryum  radiféres  très  actifs  sont 
capables  de  transformer  l'oxygène  en  ozone. 

»  Lorsqu'on  conserve  le  sel  radioactif  dans  un  flacon  bouché,  on  perçoit 
en  ouvrant  le  flacon  une  odeur  d'ozone  bien  nette.  C'est  M.  Demarçay  qui 
a  découvert  ce  phénomène  avec  du  chlorure  de  baryum  radifère  très  actif 
que  nous  lui  avions  envoyé,  pour  ses  études  spectroscopiques,  dans  un  petit 
flacon  bouché.  Le  flacon  étant  ouvert,  l'odeur  se  dissijie  incomplètement; 
j)our  qu'elle  reprenne  son  intensité  primitive,  il  suffit  de  refermer  le  flacon 
pendant  une  dizaine  de  minutes. 

»  Nous  avons  vérifié  le  dégagement  d'ozone  avec  un  papier  à  l'iodure 
de  potassium  amidonné  qui,  placé  devant  l'ouverture  du  flacon,  se  teint 
légèrement.  La  teinte  est  plus  foncée  si  l'on  amène  du  chlorure  de  baryum 
radifère  au  contact  du  papier,  tandis  que  le  chlorure  de  baryum  ordinaire 
ne  produit  dans  les  mêmes  conditions  aucun  effet. 


(  824  ) 

»  Les  produits  ra  lifèrfs  nécessaires  pntir  la  proHnction  de  l'ozone  sont 
tous  très  actifs  et  tous  lumineux.  Le  phénomène  semble  plus  directement 
relié  à  la  radioactivité  qu'à  la  luminosité.  C'est  ainsi  qu'un  carbonate  de 
radium  très  lumineux  jiroduit  nniins  d'ozoi:e  qu'un  clildriu'p  de  radium 
bien  moins  lumineux  mais  bien  plus  fortement  radioactif. 

»  Nous  avons  remarqué  également  une  action  colorante  des  rayons  de 
Becquerel  sur  le  verre.  Si  l'on  conserve  pendant  quelque  temps  un  sel  de 
rndium  dans  un  flacon  de  verre,  on  aperçoit  une  coloration  violette  qui 
apparaît  peu  à  peu  en  se  propas^eant  de  l'intérieur  du  flacon  vers  l'extérieur. 
Avec  un  produit  très  actif  au  bout  d'une  dizaine  de  jours  le  fond  du  flacon 
ree^ardé  de  côté  est  presque  noir  au  contact  du  sel.  Cette  teinte  va  en  dé- 
£;radant  à  mesure  qu'elle  pénètre  dans  le  verre  et,  à  quelques  millimètres 
(In  fond,  elle  paraît  violette.  Avec  un  pioduit  moins  actif  la  teinte  est  moins 
intense  et  demande  plus  de  temps  pour  se  produire.  Le  verre  des  flacons 
où  s'est  produit  le  phénomène  ne  noircit  pas  à  la  flamme  réductrice,  il  ne 
doit  pas  renfermer  de  plomb. 

H  La  modification  produite  dans  le  ()latinocyanure  de  baryum  par  les 
rayons  du  radium  est  probablement  aussi  un  effet  chimique.  Soumis  à  l'ac- 
tion des  rayons  du  radium,  le  platinocyanure  de  baryum  commence  à  jaunir, 
ensuite  il  devient  brun,  et  cette  variété  brune  est  moins  sensible  à  l'exci- 
tation de  fluorescence.  Pour  régénérer  le  platinocyanure,  i!  suffit  de 
l'exposer  à  la  lumière  solaire.  Ce  phénomène  est  le  même  que  celui  qui  a 
été  décrit  pour  les  rayons  de  Rontgen  par  M.  Villard  (  '  ). 

»  Quand  on  place  dans  robscurilé  une  couche  de  platinocyanure  de  ba- 
ryum ai:-dessus  d'une  couche  d'un  sel  radioactif  recouvert  par  une  lame 
(Taluminium,  le  platinocyanure  devient  fortement  lumineux  sous  l'effet  des 
rayons  de  Becquerel;  mais  peu  à  peu  le  platinocyanure  se  transforme  en 
la  variété  brune  et  la  luminosité  diminue  graduellement.  En  exposant  le 
système  à  la  lumière,  le  platinocyanure  est  partiellement  régénéré,  et  si 
alors  on  reporte  le  système  dans  l'obscurité,  la  lumière  émise  est  de  nou- 
veau très  brillante. 

)i  On  réalise  donc  ainsi  la  synthèse  d'un  corps  phosphorescent  à  longue 
du:  ée  de  phosphorescence  au  moyen  d'un  corps  fluorescent  et  d'un  corps 
radioactif. 

»  M.  Gicsel  a  réalisé  un  platinocyanure  de  baryum  radifère,  très  liniii- 


{')  Soc.  de  Phys.,  i8  mai  1898. 


(  8^5  ) 

neiix  an  moment  de  sa  préparation,  lequel,  sous  l'action  rie  ses  propres 
rayons  de  Becquerel,  se  transforme  en  la  variété  brune  moins  lumi- 
neuse ('). 

»  Quand  le  chlorure  de  haryum  et  de  radium  se  dépose  dans  une  solu- 
tion qui  a  été  saturée  à  chaud,  les  cristaux  sont  incolores  au  moment  du 
dépôt.  Peu  à  peu  ces  crislaux  prennent  une  coloration  rose  de  plus  en 
plus  prononcée.  Cette  coloration  apparaît  d'autant  plus  rapidement  et  est 
d'autant  plus  intense  que  le  sel  contient  plus  de  radium.  Si  l'on  dissout 
les  cristaux  roses,  la  solution  est  incolore,  et,  si  on  la  fait  crislalliscr,  elle 
dé()ose  des  cristaux  incolores  au  début.  Le  développement  do  !a  colora- 
tion semble  accompagner  celui  de  la  radioactivité,  laquelle,  après  le  dépôt, 
augmente  avec  le  temps. 

»  Le  chlorure  de  baryum  et  de  radium  sec  est  tout  d'abord  blanc,  il 
jaunit  graduellement  en  même  temps  que  sa  radioactivité  se  développe. 

»  Il  est  probable  que  ces  changements  de  coloration  correspondent  à 
des  modifications  moléculaires  qui  se  produisent  dans  les  sels  de  baryum 
radifères  sous  l'effel  des  rayons  du  radium. 

»  La  transformation  de  l'oxygène  en  ozone  nécessite  une  dépense 
d'énergie  utilisable.  La  production  d'ozone  sous  l'effet  des  rayons  émis 
par  le  radium  est  donc  une  preuve  que  ce  rayonnement  représente  un 
dégagement  continu  d'énergie.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.    -    Déplacement  récipj-oque  des  métaux.  Note 
de  M.  Ai.B.  Coi.soN,  présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«  Après  avoir  établi  que  la  décomposition  de  certains  sels  par  un  acide 
ou  par  une  base  est  un  phénomène  de  dissociation  hétérogène  (-),  j'ai 
cherché  si  le  déplacement  direct  d'un  mi  tal  par  un  autre  ne  donne  pas 
lieu,  lui  aussi,  à  des  réactions  réversibles.  J'ai  d'abord  étudié  le  déplace- 
ment à  basse  température  de  l'argent  cl  du  cuivre  par  l'hydrogène  ('')  : 

SO''  Ag=  :  -  ii\  .,  SO'  H-  -  :-  2  Ag, 
SO'Cu       211  =  SO'H-  ;-Cu. 


(')   Wied.  Ann.,  t.  LXLX,  p.  91. 

(^)  Comptes  rendus,  1896,  t.  CXXIII,  p.  1286;  1897,  '•  CXXIV,  p.  8r  et  mars  1897. 

(')  Comptes  rendus,  décembre  1898,  mai  et  juin  1899. 


(  8-6  ) 

Comme  ni  le  cuivre  ni  l'argent  usuels  ne  se  substituent  directement  à  l'hy- 
drogène, la  réversibilité  des  réactions  précédentes  n'eût  été  possible  que 
si  l'argent  noir  et  le  cuivre  divisé  formés  dans  ces  réactions  eussent  été  plus 
actifs  que  dans  leur  état  usuel.  Or  j'ai  déjn  montré  que  le  cuivre  réduit 
à  loo"  ne  diffère  pas  chimiquement  du  cuivre  ordinaire  (');  quant  à  l'ar- 
gent noir  déplacé  de  l'oxyde  AgOH  vers  o°,  il  conserve  ses  propriétés 
après  transformation  en  argent  blanc  sous  l'influence  d'une  température 
de  3oo°  (-).  l.es  réactions  inverses  de  celles  qui  sont  formulées  ci-dessus 
sont  donc  chimiquement  impossibles.  Le  fait  que  la  tension  de  l'hvdrogène 
en  contact  avec  les  sulfates  diminue  quand  la  température  augmente  per- 
mettait de  prévoir  celte  conclusion. 

))  Puisque  le  déplacement  des  métaux  par  l'hvdrogène  ne  donne  pas  de 
rénctions  réversibles,  cherchons  s'il  existe  d'antres  métaux  volatils  ca- 
pables de  déplacer  un  métal  fixe  avec  dégagement  de  chaleur  :  Le  mercure 
et  l'argent  forment  des  systèmes  toutindiqués  dansles  réactions  suivantes: 

2AgCl  ~-  Hg=  r-.  Hg=Cl-  --  2Ag   ;-  a^"', 
AgS--Hg:r=      HgS-^    Ag-4-8f^'",2 

))  Ces  réactions  étant  exothermiques,  les  actions  inverses  seront  endo- 
thermiques,  si  elles  sont  possibles;  vovons-le  : 

»  Calornel  et  argent.  —  Dans  un  petit  tube,  mélangeons  de  l'argent  réduit  et  du 
calomel  dans  les  proportions  indiquées  par  Téquation  ci-dessus;  faisons  le  vide  au  -j-^^ 
de  millimètre,  et  chaufTons  au  bain  d'iuiile.  Vers  170°,  la  réaction  commence  visible- 
ment; elle  est  très  nette  à  260°  :  le  mercure  se  condense  en  gouttelettes  dans  les  parties 
froides  du  tube.  Mais  le  calomel  aussi  se  volatilise  partiellement;  de  sorte  que  la  pré- 
sence simultanée  des  deux  vapeurs  de  mercure  et  de  calomel  ne  permet  pas  d'assimiler 
cette  réaction  à  une  dissociation  hétérogène  comme  celle  du  carbonate  de  cliaux. 

»  Cinabre  et  argent.  —  En  substituant  le  cinabre,  beaucoup  moins  volatil,  au 
calomel,  les  résultats  sont  diflérents;  et,  bien  que  les  mesures  de  pression  n'aient  pas 
encore  été  effectuées,  on  peut  affirmer  que,  entre  i5o°  et  3oo°,  la  réaction  est  limiiée 
par  la  tension  de  la  vapeur  mercurielle.  \'oici  pourquoi  :  d'une  part,  le  mercure  est 
absorbé  par  le  sulfure  d'argent  faiblement  chauffé  ;  d'autre  part,  le  système  HgS  +  Ag-, 
chauffé  au  bain  d'huile  dans  le  vide  de  Crookes  (au-dessous  de  yj-,,-  de  millimètre), 
émet  des  vapeurs  mercurielles,  d'une  façon  constante,  dès  la  température  de  i5o°.  Ces 
vapeurs  se  condensent  dans  les  parties  froides  du  tube  sous  forme  de  gouttelettes  de  < 
% 

I 


(')   Comptes  rendus,  décembre  1898,  mai  et  juin  1S99. 

(-)  Ils  précipitent  également  bien  le  plomb  de  son  iodure  dissons.  C'est,  comme 
dans  le  cas  du  cuivre,  le  fait  d'une  isomérie  physique  sans  action  nette  sur  les  pro- 
priétés chimiques. 


I 


(  827  ) 

mercure  pur  (').  Enfin  ce  dégagement  est  indépendant  de  la  quantité  de  sulfure  d'ar- 
gent qui  existe  dans  le  système;  je  l'ai  constaté  en  ajoutant  j^^^Ag^S  au  mélange 
HgS  +  Ag2,  et  c'est  là  un  caractère  fondamental  des  dissociations  hétérogènes. 

»  Sulfure  de  cadmium  et  cuivre.  —  Le  cadmium  est  un  métal  volatil  par  rapport 
au  cuivre  et  au  fer;  de  plus,  il  réagit  vers  35o°  dans  le  vide  de  Crookes  sur  les  sul- 
fures Cu^S  et  FeS,  en  dégageant  de  la  chaleur,  tandis  qu'à  la  température  où  le  tube 
de  verre  se  déforme  sous  la  pression  de  l'atmosphère  la  réaction  se  manifeste  par  un 
dégagement  de  vapeurs  de  cadmium.  Celles-ci  forment,  sur  les  parties  froides  du  tube, 
un  anneau  métallique  brillant  qui  ne  renferme  que  du  cadmium,  d'après  mes  analyses. 

»  Cependant  la  réaction  Cd  S  -h  Cu^  =  Cu^S  -t-  Cd  ne  paraît  pas  être  limitée  par  la 
vapeur  de  cadmium,  attendu  que  le  sulfure  de  ce  dernier  métal  est  dissociable  dans 
les  conditions  de  l'expérience;  le  cuivre  ouïe  fer  n'agit  peut-être  que  pour  augmenter 
la  vitesse  et  non  la  tension  de  la  dissociation.  Il  n'est  pas  facile  de  démontrer  la  dis- 
sociation du  sulfure  de  cadmium  dans  le  vide  de  Crookes,  parce  que  tous  les  échan- 
tillons de  ce  corps  dégagent  du  gaz  sulfhjdrique  au  début  du  chauffage  et  qu'il  faut 
alors  examiner  la  possibililé  d'une  réduction  par  les  gaz  renfermés  dans  le  sulfure  ou 
dans  le  verre.  Pour  faire  cette  constatation,  j'ai  placé  le  sulfure  de  cadmium  à  la  partie 
supérieure  du  tube;  puis,  après  avoir  réduit  la  [)ression  à  ■^^  de  millimètre,  j'ai 
chaulTé  énergiquement  le  sulfure  et  le  tube  dans  toute  sa  longueur,  afin  de  chasser 
tous  les  gaz  ;  et  seulement  à  la  suite  de  cette  opération,  j'ai  fait  tomber  le  sulfure  à  la 
partie  inférieure  du  tube,  en  maintenant  le  vide.  Chauflant  alors  de  nouveau  le  sul- 
fure jusqu'au  ramollissement  du  verre,  j'ai  observé  un  second  dégagement  de  vapeurs 
de  cadmium  métallique  qui  n'était  plus  imputable  à  une  réduction  du  sulfure,  attendu 
qu'aucun  gaz  n'avait  pris  naissance,  la  pression  n'avait  pas  varié. 

»  Oxyde  de  cadmium .  —  Ce  corps  se  comporte  comme  le  sulfure  et  donne  lieu, 
dans  les  mêmes  conditions,  à  une  décomposition  et  à  une  dissociation. 

»  Avec  l'oxyde  ou  avec  le  sulfure,  on  arrive  à  donner  à  l'anneau  métallique  une  si 
faible  épaisseur  que  la  lumière  le  traverse  en  prenant  une  teinte  bleu  violacé;  d'où 
Ton  conclut  que  la  couleur  du  cadmium,  par  rédexion,  est  jaune. 

»  En  résumé,  l'emploi  du  vide  de  Crookes,  en  éliminant  l'action  pertur- 
batrice de  l'oxygène  atmosphérique  et  des  gaz  retenus  par  les  corps  solides, 
nous  a  permis  d'établir  que  le  déplacement  direct  de  l'argent  par  le  mer- 
cure est,  dans  certains  cas,  une  réaction  réversible  limitée  par  une  tension 
de  vapeur  métallique,  comme  une  dissociation  hétérogène  l'est  par  une 
tension  gazeuse.  Enfin,  ce  mode  opératoire  nous  a  montré  que  le  sulfure 
et  l'oxyde  de  cadmium  sont  dissociables  au-dessous  de  600°  et  il  nous  a 
donné  la  couleur  par  transparence  du  cadmium  (^).    » 


(')  Vers  le  rouge,  la  réaction  est  vive,  et  j'ai  constaté  que  le  sulfure  resté  dans  le 
tube  ne  renferme  que  de  l'argent;  mais  une  partie  du  sulfure  mercurique  se  volatilise 
à  cette  température. 

(^)  Sous  ces  faibles  pressions,  on  obtient  encore  très  aisément  des  transformations 
isomériques  :  le  cinabre  se  transforme  en  sulfure  noir,  etc. 

C.  R.,  1899,  1'  Semestre.  (T.  CXXIX,   N»81.)  UO 


(  828  ) 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  de  l'oxyde  nitrique  sur  la  dichlorhvdrine  chro- 
mique  (' ).  Noie  de  M.  V.  Thomas,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Dans  une  Note  parue  aux  Comptes  rendus  (-),  M.  Chesneau  a  étudié 
l'aclion  du  bioxyde  d'azote  sur  les  sels  chromeux  en  solution.  Ce  travail, 
qui  vient  compléter  heureusement  les  recherches  faites  antérieurement  sur 
l'absorption  de  ce  gaz  par  les  sels  de  fer,  m'a  encouragé  à  résumer  rapide- 
ment les  expériences  nombreuses  que  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  sur  l'ac- 
tion exercée  par  l'oxyde  nitrique  sur  la  dichlorhydrine  chromique. 

»  Lorsqu'on  fait  passer  un  courant  de  bioxyde  d'azote  dans  de  l'acide 
chlorochromique,  une  réaction  très  vive  se  produit.  Il  se  dégage  d'abon- 
dantes vapeurs  colorées  en  jaune,  la  température  s'élève  rapidement  et  il 
se  forme  une  masse  noire,  la  plupart  du  temps  visqueuse,  qu'il  est,  dans 
la  suite,  difficile  de  transformer  en  un  produit  solide  homogène,  même  par 
l'action  prolongée  de  l'oxyde  nitrique. 

»  Pour  obtenir  cette  substance  dans  un  état  de  pureté  plus  grand  et 
bien  exempte  d'acide  chlorochromique,  il  faut  entraîner,  à  l'aide  d'un  cou- 
rant d'acide  carbonique,  des  vapeurs  de  CrO^Cl-  dans  un  grand  ballon  oîi 
se  rend  également  un  tube  par  lequel  se  dégage  un  excès  de  bioxyde 
d'azote.  Dans  ces  conditions,  et  l'acide  chlorochromique  arrivant  par  le 
col  du  ballon,  on  voit  immédiatement  se  former  une  poussière  blanchâtre 
qui  tombe  au  fond  du  récipient.  Après  très  peu  de  temps,  ce  composé  blanc 
formé  se  transforme  en  une  substance  de  couleur  brune.  C'est  ce  produit 
que  l'on  recueille  lorsque  la  réaction  est  terminée,  c'est-à-dire  lorsqu'on 
estime  avoir  fait  réagir  une  quantité  suffisante  de  gaz.  Dans  mes  expé- 
riences, la  vitesse  des  courants  gazeux  était  telle  que  la  quantité  de  produit 
recueilli  en  six  heures  oscillait  entre  2*^  et  3^"". 

»  Ce  produit  constitue  une  poudre  brune  extrêmement  avide  d'eau. 
Lorsqu'on  l'abandonne  quelque  temps  dans  un  flacon  bien  bouché,  on  voit 
bientôt  celui-ci  se  remplir  de  vapeurs  rutilantes.  Il  est  nécessaire,  pour 
l'en  débarrasser,  de  laisser  le  produit  plusieurs  heures  en  présence  de 
potasse  en  plaques,  sous  un  dessiccateur  dans  lequel  on  a  fait  le  vide. 


(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  appliquée  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
l'Université  de  Paris. 
(')  T.  CXXIV,  p.  loo. 


(  829  ) 

«  La  substance  ainsi  obtenue  se  dissout  très  facilement  dans  l'eau  en  la 
colorant  en  noir.  Au  moment  de  la  dissolution,  on  observe  le  dégagement 
plus  ou  moins  abondant  de  vapeurs  rutilantes. 

»   La  solution  ainsi  obtenue  contient  : 

»  1°  Du  chrome  à  l'état  d'oxyde  de  chrome,  car  l'ammoniaque  y  produit 
un  précipité  abondant  ; 

»  2"  Du  chrome  à  l'état  d'acide  chromique,  car,  après  séparation  de 
l'oxyde  de  chrome,  la  solution  est  fortement  colorée  en  jaune  et  précipite 
par  l'acétate  de  plomb  en  solution  acide; 

»   3°  Du  chlore; 

»  4"  Des  composés  oxygénés  de  l'azote  provenant  de  la  dissolution  plus 
ou  moins  notable  des  vapeurs  rutilantes  que  nous  avons  mentionnées  ci- 
dessus. 

»  Les  solvants  les  plus  couramment  employés  :  l'alcool,  l'éther,  le  chlo- 
roforme, la  benzine,  etc.,  ne  la  dissolvent  pas  ou  seulement  en  quantité 
extrêmement  faible.  Sous  l'action  de  la  chaleur,  elle  dégage  des  vapeurs 
nitreuses  et  du  chlore  et  se  transforme  en  oxyde  vert  de  chrome.  En  pré- 
sence des  réducteurs,  zinc  et  acide  chlorhydrique,  par  exemple,  il  y  a  for- 
mation d'ammoniaque. 

))  A  l'analyse,  le  produit  donne  des  nombres  concordants,  même  lorsque 
les  analyses  portent  sur  des  substances  provenant  d'opérations  diverses. 
On  trouve  ainsi  : 

Cr  total 39,93  40 ,  33 

Cl 27,66  27,63 

Az 4,67  4.45 

»  Toutefois,  si  l'on  vient  à  effectuer  la  séparation  du  chrome  à  l'état  de 
sel  de  chrome  du  chrome  à  l'état  d'acide  chromique,  on  ne  peut  arriver  à 
des  nombres  concordants.  Il  faut  en  chercher  la  cause  dans  la  décomposi- 
tion même  qui  accompagne  le  phénomène  de  la  dissolution.  Du  peroxyde 
d'azote  produit,  une  partie  se  dégage  tandis  que  l'autre  reste  en  solution. 
Le  rapport  entre  l'hvpoazotide  dégagé  et  i'hypoazotide  dissous  est  extrê- 
mement variable  et  dépend  surtout  de  la  rapidité  avec  laquelle  ce  gaz  est 
mis  en  liberté.  Il  en  résulte  dans  la  liqueur  la  formation  d'une  quantité 
variable  d'acide  azoteux  qui  réagit  immédiatement  sur  l'acide  chromique 
pour  le  transformer  en  sesquioxvde  de  chrome.  C'est  ainsi  qu'une  série  de 
dosages  a  dorme,  par  exemple. 


ji.  II.  ni. 


Cr(à  l'état  deCrO^) 16, 4  i3,2  i4,8 

»   Cependant,   cette  teneur  en  chrome  (CrO^)  ne  paraît  pas  dépasser 


(  83o  ) 

i6,5  pour  loo  et,  dans  la  plupart  des  dosages,  a  été  inférieure  à  i6 
pour  loo. 

)>  Le  dosage  de  l'azote  peut  s'effectuer  très  simplement  :  dans  un  tube  en 
verre  peu  fusible  dél>arrassé  de  toute  trace  d'air  comme  pour  le  dosage  de 
l'azote  dans  les  matières  organiques,  on  chauffe  au  rouge  un  poids  connu 
de  substance  qu'on  a  eu  soin,  au  préalable,  de  bien  mélanger  avec  du 
cuivre  réduit  en  poudre.  Dans  ces  conditions,  le  gaz  dégagé  est  constitué 
par  de  l'azote  pur. 

M  La  formule  Cr^CPO',  2AzO-  exprime  assez  exactement  les  résultats 
d'analyse.  Elle  donne,  en  effet  : 

Cr  total 4o  )  53 

Cr  (à  l'état  d'acide  chromique) 16,20 

Cl 27,66 

Az 4,36 

»  Ce  composé  Cr^CPO^,  2AzO'  représente-t-il  une  espèce  chimique 
bien  définie?  Il  est  amorphe  et,  par  suite  de  sa  facile  décomposition,  on  ne 
peut  songera  le  purifier  par  les  procédés  habituellement  employés.  Cepen- 
dant, sa  composition,  qui  reste  constante  même  quand  on  fait  varier  nota- 
blementles  proportions  des  gaz  générateurs,  ne  semble  pas  rendre  probable 
l'hypothèse  d'un  mélange  de  plusieurs  composés. 

»  La  solution  aqueuse  se  comporte  comme  celle  d'un  chlorochromate 
d'oxyde  de  chrome,  analogue  à  ceux  déjà  décrits,  et  quoique  la  substance 
ressemble  fort  au  composé  Cr'0°Cl-  signalé  par  différents  auteurs,  il  reste 
encore  à  prouver  que  cette  substance  contient  tout  son  chrome  saturé 
comme  il  l'est  dans  l'acide  chromique  ou  dans  l'oxyde  de  chrome  vert,  car 
certains  groupements  pourraient  bien  ne  prendre  naissance  qu'au  moment 
de  la  décomposition  au  contact  de  l'eau. 

»  L'étude  de  sels  composés  est  très  délicate,  et  de  longues  recherches 
consacrées  à  l'étude  de  cette  action  de  l'oxyde  nitrique  sur  la  dichlorhy- 
drine  chromique  ne  m'ont  amené  qu'à  vin  seul  résultat  ne  pouvant  être  mis 
en  doute  :  c'est  que,  comme  l'étain,  comme  le  bismuth,  comme  le  fer,  le 
chrome  est  susceptible  de  donner  naissance  à  des  composés  renfermant 
des  groupes  AzO',  stables  même  dans  le  vide  à  température  ordinaire,  mais 
se  décomposant  avec  la  plus  grande  facilité  au  contact  de  l'eau.  Dans  la 
série  du  fer,  en  particulier,  cette  propriété  appartient  en  même  temps  aux 
sels  ferreux  et  aux  sels  ferriques  (').  Les  composés  du  chrome  se  com- 

(')  J'ai  montré,  en  effet,  que  le  chlorure  ferrique,  le  chlorure  et  le  bromure  fer- 
reux étaient  tous  trois  susceptibles  de  donner  des  composés  nitrés  (Thèse  de  Doctorat)- 


(  83i   ) 

portent-ils  exactement  de  même?  C'est  là  un  point  qui  serait  évidemment 
intéressant  à  éclaircir. .» 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  sulfate  de  méthylène  ou  méthylal  suifurique; 
Note  de  M.  Marcel  Delëpi.ve. 

«  Sous  le  nom  de  sulfate  de  méthylène  ou  méthylal  suifurique,  je  propose 
de  désigner  un  produit  neutre,  cristallisé,  CH^^      \SO-  ou  CH-O,  S0^ 

que  j'ai  obtenu  par  l'union  de  molécules   égales  d'aldéhyde  formique  et 
d'anhydride  suifurique.  En  raison  de  sa  neutralité,  je  le  considère  comme 

l'éther  suifurique  neutre  du  glycol  méthylénique  hypothétique  CH^,  , 

dont  nous  connaissons  les  éthers  simples  CH^CP,  CH-Br^,  CH-  [-,  l'éther 

diacétiqueCH^(O.CO.CH')S  l'éther oxahqueCH='<^^^C-0%  etc. 

B  Préparation.  —  On  ajoute,  par  petites  portions  en  agitant,  du  trioxyméthylène 
bien  sec  à  de  l'acide  suifurique  fumant  à  5o  pour  loo  d'anhydride  jusqu'à  ce  que  l'acide 
ne  fume  presque  plus;  les  premières  portions  se  dissolvent  totalement;  les  suivantes 
se  transforment  en  une  poudre  blanche  nettement  cristallisée.  Après  douze  heures  de 
repos  du  mélange  on  essore  la  partie  insoluble  pendant  longtemps  à  la  trompe;  après 
expulsion  de  presque  tout  l'acide  imprégnant,  on  lave  à  l'eau,  puis  à  l'alcool  et  à 
l'éther.  Le  produit  obtenu  est  le  sulfate  de  méthylène  pur  SO*CH^  : 

Trouvé  pour  loo.  .  .      C:    io,83         H:    1,88         S  :  29,20  et  29,09 
Calculé  pour  100  .  .      C:    10,90  H;    1,82  S:   29,09 

»  La  réaction  de  formation  est  la  suivante  : 

|(CH20)^+  S-0'H-=  S0*CH^4-  SO*H^ 

»  Propriétés.  —  Le  sulfate  de  méthylène  est  une  poudre  blanche,  complètement 
cristallisée,  inodore  et  insipide  quand  elle  n'a  pas  subi  le  contact  prolongé  de  l'air 
humide,  inaltérable  en  tube  scellé;  insoluble  ou  à  peu  près  dans  l'eau,  l'alcool  et  l'éther 
froids,  le  chloroforme  et  le  benzène  froids  ou  chauds;  un  peu  soluble  dans  le  paral- 
déhyde  bouillant  qui  l'abandonne  en  gros  cristaux  par  le  refroidissement;  son  dissol- 
vant est  l'acétone  qui  en  prend  plus  à  froid  qu'à  chaud  et  permet  de  l'obtenir  par 
refroidissement  ou  par  évaporation  rapide  en  cristaux  de  plusieurs  millimètres;  la 
solution  acétonique  additionnée  d'eau,  d'alcool,  d'éther  ou  de  chloroforme  laisse 
précipiter  des  cristaux  de  sulfate  de  méthylène. 

»  Ce  corps  fond  mal  vers  i55°;  maintenu  à  cette  température  et  même  au-dessous, 
il  se  met  à  bouillir  vivement  en  dégageant  d'abord  des  torrents  d'anhydride  sulfu- 


(  832  ) 

rique,  puis  de  l'oxyde  de  carbone  et  de  l'anhydride  sulfureux;  il  reste  de  l'acide  sul- 
furique  coloré  en  brun.  Ces  décompositions  s'expriment  par  les  équations  suivantes  : 

(i)  S0*CH2=S0'-t-CH"-0 

(2)  S0'CH2=S0=+C0  +  H-^0, 

(3)  SO*CH2  +  H2  0  =  SO'H^+CH^O. 

»  La  première  représente  une  sorte  de  dissociation;  la  deuxième  et  la  troisième 
dégagent  respectivement  i'^''',5  et  o'^''',7,  d'après  la  chaleur  de  formation  de  SO*CH'. 

»  Si  l'on  chauffe  le  sulfate  de  méthylène  en  tube  scellé  à  200°  pendant  une  heure, 
les  réactions  changent  peu;  à  l'ouverture  du  tube,  il  se  dégage  CO,  CO-,  SO'  et 
l'acide  fortement  coloré  en  noir  contient,  partie  en  suspension,  partie  en  dissolution, 
une  matière  humoïde  qui  ressemble  à  du  charbon,  mais  qui  n'en  est  pas.  Une  matière 
noire  analogue  se  forme  plus  facilement  quand  on  maintient  à  100°  pendant  une  heure 
en  tube  scellé  le  sulfate  de  méthylène  additionné  de  son  poids  d'alcool  :  l'acide  sulfu- 
rique  formé  étendu  d'eau  laisse  précipiter  une  matière  noire  qui  contient  72,71  pour  100 
de  carbone  et  7,53  d'hydrogène,  nombres  conduisant  à  la  formule  C^H'O,  ou  plutôt  à 
celle  d'un  polymère;  la  formation  de  ce  corps  s'exprime  facilement,  ainsi  que  la  pro- 
duction d'une  certaine  dose  d'anhydride  carbonique 

(4)  6SO*CH2=  1  (C=H60)«+  3S0^H-  3SO»H2+  C0=. 

/i 

»  Le  sulfate  de  méthylène  transforme  instantanément  l'aldéhj'de  en  paraldéhyde, 
sans  doute  en  raison  d'une  légère  dissociation  en  SO'-t-  CH-0. 

»  Action  de  Veau  et  des  alcalis.  —  Il  n'y  a  pas  d'action  sensible  à  froid, 
même  au  bout  de  plusieurs  jours;  mais  à  ôo^-^o",  la  réaction  devient  très 
vive.  On  a,  en  effet,  d'après  le  calcul  : 

SO'CH^sol.  +  «H20=:S0»H^diss. -i-CH^Odiss. +  («-i)H20....     +i8C''',6 

»  Action  des  alcools.  —  Ils  ne  réagissent  pas  non  plus  à  froid;  mais,  vers 
6o°-70'',  ils  exercent  une  action  remarquable;  il  y  a,  à  la  fois,  production 
de  formai  et  d'éther  sulfurique  acide  de  l'alcool  emplové,  ainsi  que  d'acide 
sulfurique  libre,  transformations  que  traduisent  les  équations 

2R.OH  +  SO'CH='  =  CH-(OR)--+-SO^H- 

3R.0H  +  SO'CH-=  CH-(OR)^  +  SO'RH  +  H^O. 

»  J'ai  effectué  cette  double  réaction  avec  les  alcools  niéthylique,  éthv- 
lique,  propylique,  isopropylique,  isobutylique,  isoamylique  et  benzylique; 
j'ai  pu  en  constater  la  généralité  et,  en  particulier,  préparer  le  formai 
dibenzylique  CH=(O.C''H')=  et  les  sels  auparavant  inconnus  de  l'acide 
benzylsulfurique  C'H'.O.SO'H;  j'ai  obtenu  les  sels  de  Ba,  K,  Cu,  Ag,  Pb, 


(  833  ) 

les  premiers  à  l'état  cristallisé,  les  deux  derniers  en  solution  :  ce  sont  tous 

des  sels  laciles  à  hydrater  par  l'action  de  la  chaleur  sur  leurs  dissolutions 

et  plus  altérables  encore  à  l'état  sec. 

»   Chaleur  de  formation .  —  L'adjonction  d'une  dose  suffisante  de  camphre 

permet  parfaitement  de  brûler  le  sulfate  de  méthylène.  La  réalisation  de 

l'équation 

SO'CH^  sol.  4-  0=  gaz.  =  CO^  gaz.  -+-  SO*H-  diss. 

a  fourni  par  gramme  1281"^"', 9,  1295^', 4»  i282<^-^',  2;  en  moyenne  1286'^^',.'); 
soit  pour  une  molécule,  à  volume  et  à  pression  constante,  i4i*^''',5.  D'où 
l'on  déduit 

Soct.  -H  0*gaz.  +Cdiam.  +  H^  gaz.  ==  SO^CH- sol +162^^1,9 

c'est-à-dire  pour  la  réaction  de  formation 


SO^soJ.  -H  -(CIPO)"  trioxym.=r  SO'CH^sol. 


8Cal 


II 


'/ 


valeur  que  ne  modifie  pas  sensiblement  l'intervention  de  S'O'H"  au  lieu 
de  SO'.  A  première  vue,  il  semble  qu'il  n'en  doive  plus  être  de  même  si 
l'on  considère  la  formation  à  partir  de  SO'H-  liquide,  avec  élimination 
d'eau,  comme  cela  a  lieu  dans  la  formation  des  éthers,  ce  qui  donnerait 

SO'H-liq.-H  -(CtPO)"  liioxym.^iSO^CH^sol. -t-H^Oliq....      —     oC"',7 

mais,  en  réalité,  au  commencement  de  la  réaction  l'acide  SC^Il'  s'unit 
avec  l'eau  formée,  avec  un  dégagement  de  chaleur  d'au  moins  +6^"',!; 
c'est-à-dire  que  la  réaction  réelle  serait  exothermique  en  présence  d'un 
excès  d'acide,  avec  limitation  due  à  l'hydratation  dudit  acide.  En  vérité, 
on  ne  peut  se  rendre  compte  de  ce  qui  se  passe,  le  sulfate  de  méthylène  se 
dissolvant  dans  un  excès  d'acide  sulfurique  et  se  détruisant  totalement 
par  suite  de  réchauffement  lorsqu'on  dilue  l'acide. 

»  Tels  sont  les  points  saillants  relatifs  à  ce  singulier  éther  sulfurique 
neutre;  c'est  sans  doute  le  seul  de  cet  ordre,  car  les  aldéhydes  homologues 
m'ont  donné  des  résultats  bien  différents  que  j'espère  exposer  prochai- 
nement.   )> 


(  834  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  mode  de  synthèse  de  l'acide  parahamque. 
Note  de  M.  P.  Cazenecve,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

«   En  traitant  un  mélange  d'urée  et  d'acide  oxalique  par  le  trichlorure 

de  phosphore,  Panomareff  obtient  un  corps  cristallisé  en  prismes  minces, 

transparents  et  incolores  qui  présentait  la  plupart  des  réactions  de  l'acide 

parabanique  ou  oxalviurée.  Toutefois  le  corps  obtenu  ne  se  dissout  pas 

dans  l'alcool,  tandis  que  l'acide  parabanique  s'y  dissout  assez  facilement. 

D'autre   part,  il   correspondrait,   à   l'analyse,  à  l'acide   parabanique  plus 

CO.AzHx 
deux  molécules  d'eau,  i  /CO,2H^O. 

CO.AzH/ 

»  La  synthèse  de  l'acide  parabanique  par  cette  méthode  n'est  donc  rien 
moins  que  prouvée,  puisque  le  corps  produit  présente  des  caractères  diffé- 
rentiels importants  qui  ne  permettent  pas  de  le  confondre  avec  la  véritable 
oxalylurée  dérivée  de  l'alloxane.  L'analyse  centésimale  du  sel  d'argent 
obtenu  concorde,  il  est  vrai,  avec  le  parabanate  d'argent,  mais  cette  con- 
cordance ne  suffit  pas  pour  conclure  à  une  identité. 

»  Un  autre  mode  de  synthèse  totale  consisterait  à  faire  réagir  l'urée 
sur  l'o-xalate  d'éthyle  au  sein  de  l'alcool  absolu,  en  présence  de  l'éthylate 
de  sodium.  Ce  mode  de  formation  a  été  contesté. 

»  Nous  sommes  parvenu  à  produire  synthétiquement  l'acide  paraba- 
nique en  faisant  réagir  l'oxamide  sur  le  carbonate  de  phényle,  conformé- 
ment à  l'équation  suivante  : 

CO.AzH='  /OC«H=       CO.AzH  \ 

I  -i-CO<  =1  ^CO-f-aCH^OH. 

CO.AzH^  \OC*H'^       CO.AzH/ 

»   Voici  les  conditions  expérimentales  : 

»  On  porte  à  l'ébuUition  tranquille  5  parties  de  carbonate  de  phényle. 
Le  thermomètre  plongé  dans  le  carbonate  en  fusion  marque  de  240°  à  230°. 
On  projette  dans  la  masse  liquide  i  [)artie  d'oxamide  en  poudre.  Le  mé- 
lange, un  peu  pâteux,  se  liquéfie  bientôt  en  se  colorant  légèrement.  On 
maintient  i'ébullition  vers  240°  pendant  une  demi-heure.  La  masse  refroidie 
et  solidifiée  est  bouillie  avec  Soo**^  d'eau  pendant  cinq  minutes.  On  laisse 
refroidir  et  l'on  filtre. 

»   Cette  solution  aqueuse  est  fortement  acide  au  tournesol.  Elle  ren- 


(  835  ) 

ferme  du  phénol  et  de  l'acide  parabanique.  Ce  dernier  est  mis  en  évidence 
de  la  façon  suivante  :  on  évapore  le  liquide  aqueux  à  siccité  dans  le  vide 
sur  l'acide  sulfurique  et  sur  la  chaux  sodée:  on  obtient  d'emblée  de  petits 
cristaux  blancs  offrant  tous  les  caractères  de  solubilité  de  l'acide  para- 
banique aussi  bien  que  ses  caractères  organoleptiques.  En  reprenant  par 
l'éther,  puis  évaporant  lentement,  il  se  f;iit  des  cristaux  très  nets  et  très 
purs.  En  reprenant  par  l'eau,  au  lieu  d'éther,  on  sépare  également  l'acide 
parabanique  mêlé  d'un  peu  d'oxamide  entraînée. 

»  Dans  cette  solution  aqueuse  le  nitrate  d'argent  donne  un  précipité 
qu'une  addition  d'ammoniaque  augmente  et  rend  gélatineux.  C'est  un  des 
caractères  de  l'acide  parabanique. 

»   Le  sel  d'argent  analysé  a  donné  à  la  calcination,  pour  matière  o,36i5, 

CO.AzAgx 
Ag  =  0,2273,  soit,  pour  100,  62,93.  La  formule  1  /CO,  H-O  exige 

CO.AzAg/ 

62,42  pour  100. 

»  Nous  avions  préalablement  chauffé  ce  sel  à  100°  pour  le  sécher  de  l'eau 

hygroscopique,  l'eau  de  la  cristallisation  n'étant  chassée  qu'à  i65°.  A  100° 

il   est   devenu    grisâtre    et    a    dû    légèrement    s'altérer.     Le  résultat,    à 

0,5  pour  100  près,  dans  le  dosage  de  l'argent  s'explique  par  cette  très 

légère  altération.  D'ailleurs  le  dosage  de  l'azote  a  inversement  indiqué  un 

léger  déficit  en  rapport  avec  le  sens  de  l'altération  :  pour  matière  o,3i37, 

nous  avons  obtenu,  en  centièmes,  Az  =  8,o5;  la  théorie  exige  8,53. 

»   Le  corps  libre,  cristallisé  de  l'éther,  nous  a  donné  à  l'analyse,  pour 

matière  o,  38 1 1 ,  en  centièmes  : 

C=:3i,4o,  H  =^1,82,  Az  =  24,62. 

La  théorie  exige 

C^3i,58.         H  =  1,75.         Az  =  24,56. 

»  Nous  avons  encore  confirmé  la  synthèse  de  l'acide  parabanique  de  la 
façon  suivante  : 

))  La  solution  aqueuse  provenant  de  l'épuisement  du  produit  de  la  réac- 
tion de  l'oxamide  sur  le  carbonate  de  phényle  a  été  portée  pendant  quelques 
minutes  à  l'ébullition  en  présence  de  carbonate  de  chaux  pur  précipité. 
Par  évaporation  dans  le  vide,  nous  avons  obtenu  des  cristaux  perdant 
de  l'eau  de  cristallisation  à  100°  dans  la  proportion  de  11,08  pour  100. 
La  formule  C°H''Az^O'*Ca,  2H-O  exige  10,97  pour  100. 

G.   R.,  1S99,  2'  Semestre.  (T.   CXXIX.  N°  21.)  I  I  I 


(  836  ) 

»  La  calcination  an  rouge  a  donné  pour  matière  0,5909  :  CaO  =  0,1  i  1  i, 
soit  18,80  pour  100. 

»  I^a  formule  de  l'oxalurate  de  calcium 

CO.AzH.CO.AzH- 

CO-0\ca 
CO  .  0/ 

CO.AzH.CO.AzH^ 

demande  i8,54  pour  100. 

»  Cet  oxalurate  s'est  produit  d'ailleurs  conformément  à  ce  que  l'on  sait 
sur  l'hydratation  de  l'acide  parabanique,  en  présence  des  carbonates  et 
même  du  carbonate  de  chaux. 

»  La  synthèse  de  l'acide  parabanique  par  cette  méthode  est  donc 
démontrée.  Les  rendements  sont  faibles,  il  est  vrai,  et  n'excèdent  pas 
5  pour  100  environ  de  l'oxamide  employée.  L'attaque  de  cette  dernière 
par  le  carbonate  de  phényle  vers  24o''-25o"  est  lente;  au-dessous  de  cette 
température,  elle  n'a  pas  lieu;  au-dessus,  l'acide  parabanique  est  détruit; 
même  à  24o°-25o°,  cet  acide  tend  à  s'altérer.  De  là  des  rendements  faibles. 

)>  Cette  réaction  semble,  dans  tous  les  cas,  offrir  un  réel  intérêt.  Sans 
doute  applicable  aux  homologues  de  l'oxamide,  elle  permettra  de  préparer 
sy  nthétiquement  des  homologues  encore  inconnus  de  l'acide  parabanique.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  une  nouvelle  Myxosporidie,  Nosema  Stephani,  ^ara«/e  du 
Flesus  passer  iT/o/ea«  (').  Note  de  M.  Hagenmcller,  présentée  par  M.  H. 
de  Lacaze-Duthiers. 

«  Depuis  les  recherches  si  approfondies  de  Thélohan,  les  Pleuronectidés 
sont  regardés  comme  réfraclaires  à  l'infeslation  myxosporidienne.  Ce  fait 
paraissait  d'autant  plus  intéressant  que  les  conditions  biologiques  de  ces 
poissons  semblaient  devoir  favoriser  chez  eux  les  chances  de  pénétration 
des  parasites.  Thélohan  insiste  lui-même  sur  ce  point. 

»  Les  travaux  de  Thélohan  ont  porté  particulièrement  sur  les  poissons 
des  côtes  océaniques,  et  dans  ses  voyages  aux  stations  méditerranéennes, 


(')  Travail  du  laboratoire  de  M.  le  professeur  Marion,   station   zoologique  d'En- 
doùine. 


(837  ) 
il  n'avait  pu  étudier  les  représentants  de  la  faune  des  eaux  saumàtres  des 
étangs  littoraux  dont  M.  le  professeur  Mnrion  a  fait  connaître  les  particu- 
larités si  intéressantes  (').  Une  de  ces  parliciilarités  très  importante,  rap- 
pelons-le en  passant,  est  la  variabilité  des  oonriitions  de  milieu.  Ces  con- 
ditions, degrés  de  salure  des  eaux,  invasion  brusque  des  eaux  douces 
dans  l'eau  de  mer  et  réciproquement,  dessèchement  périodique  de  certains 
étangs,  faibles  profondeurs,  apports  changeants  de  matières  organiques, 
sont  de  nature  proi)ablement  à  favoriser  le  parasitisme  en  général.  Quoi 
qu'il  en  soit,  un  des  Pleuronectidés  caractéristiques  de  cette  faune,  le 
Flesus  passer  Moreau,  m'a  permis  d'observer  une  espèce  de  Myxosporidie 
nouvelle,  qui  se  rencontre  très  fréquemment  (dans  un  peu  plus  de  la 
moitié  des  individus,  i8  fois  sur  3o),  dans  ce  poisson. 

»  Cette  Mvxosporidie  appartient  au  genre  Glugea  Thélolian,  aujourd'hui 
Nosema;  elle-  infeste,  sous  forme  d'infiltration  diffuse  ou  de  kystes,  les  parois 
du  tube  digestif.  Les  seul  es  Mvxosporidies  observées  jusqu'ici  dans  ces  con- 
ditions appartiennent  au  genre  Myxuholus. 

))  L'infiltration  diffuse  représente  plus  particulièrement  un  mode  de 
pullulation  endogène,  tandis  que  les  kystes  assurent  la  dissémination  du 
parasite  à  l'extérieur.  Kystes  et  amas  d'infUlration  s'observent  depuis  la 
partie  supérieure  de  l'œsophage  jusqu'à  l'exlrémité  du  rectum,  logés  dans 
les  tissus  ou  simplement  recouverts  par  le  péritoine.  Il  n'existe  ni  amas  ni 
kystes  dans  le  parenchyme  d'aucun  organe,  rein,  r;ite,  foie,  cœur,  etc. 
Cependant,  sous  le  péritoine  à  la  surface  du  foie  et  dans  les  replis  périto- 
néaux  où  cheminent  des  vaisseaux,  les  kystes  sont  assez  nombreux;  j'en  ai 
trouvé  jusque  sur  le  conduit  cholédoque  près  de  son  abouchement  avec 
l'intestin.  Dans  la  paroi  intestinale,  les  kystes  siègent  dans  les  couches 
musculaires  et  surtout  dans  la  couche  conjonctive.  J'en  ai  vu  jusque  dans 
la  charpente  conjonctive  des  replis  de  la  muqueuse  et  des  villosités,  mais 
jamais,  non  plus  que  d'infiltration  diffuse,  dans  la  couche  épithéliale  de 
l'intestin. 

»  Ces  kystes  apparaissent  à  l'œil  nu  comme  de  petits  grains  d'un  blanc 
de  lait,  ovoïdes  ou  plus  rarement  sphériques,  ne  dépassant  guère  i"""  en 
diamètre,  n'atteignant  même  pour  la  plupart  que  quelques  dixièmes  de 
millimètre,  ou  moins  encore. 

»   Le  fait  intéressant  mis  en  lumière  par  leur  observation  se  rapporte  au 

(')  A. -F.  MARIO^•,  Étude  des  étangs  saumàtres  de  Beire  {Bouclies-da-Rliàne)  : 
Faune  ichtyologique  {Comptes  rendus.  3  mai  1S87). 


(  838  ) 

mode  (l'oriii;ine  (le  leur  membrane.  Oii  a  beaucoup  discuté,  à  propos  des 
Myxosporidies,  pour  savoir  si  la  membrane  kystique  appartient  à  l'hôte  ou  au 
parasite.  Dans  le  cas  du  Nosema  Stephani,  la  membrane  limitante  des  kystes 
est  composée  d'éléments  provenant  des  tissus  de  l'hôte  et  sa  formation 
résulte  d'une  réaction  de  l'organisme  envahi. 

»  Un  kyste  âgé,  ayant  terminé  son  évolution,  montre  sur  les  coupes  son 
contenu  formé  d'une  masse  granuleuse  résiduelle,  et  d'une  innombrable 
quantité  de  spores  disséminées  dans  cette  masse  ;  celle-ci  n'occupe  pas  toute 
la  cavité  kvstique,  mais  laisse  entre  elle-même  et  l'enveloppe  une  zone  vide, 
due  à  l'action  des  réactifs  durcissants.  Sur  beaucoup  de  coupes,  cette  zone 
est  traversée  par  des  sortes  de  filaments,  de  minces  brides,  rattachant  la 
masse  sporigène  à  la  surface  interne  de  l'enveloppe.  Un  très  fort  grossisse- 
ment démontre  dans  ces  brides  des  noyaux  caractérisés  par  leur  forme 
aplatie,  il  en  montre  de  tout  pareils  très  nombreux  dans  l'enveloppe  kystique 
elle-même,  et  fait  voir  cette  enveloppe  composée  de  nombreuses  couches 
minces,  concentriques,  imbriquées  comme  les  tuniques  sur  la  coupe  d'un 
bulbe  de  liliacée.  Il  n'y  a  pas  de  ligne  de  démarcation  bien  nette  entre  les 
dernières  couches  de  la  paroi  kystale  et  le  tissu  conjonctif  ambiant. 

»  Sur  un  kyste  moins  évolué,  présentant  des  spores  achevées,  mais 
aussi  des  sporoblastes,  le  nombre  considérable  de  ceux-ci  nous  garantit 
que  ce  deuxième  kyste  est  moins  avancé  que  le  premier.  Ici,  les  spores 
mûres  et  la  matière  résiduelle  occupent  sur  la  coupe  une  surface  plus  res- 
treinte, sous  forme  d'amas  central  encerclé  d'une  zone  vide,  zone  de  con- 
traction, due  à  l'action  des  réactifs.  En  dehors  de  cette  zone  vide,  une 
couche  de  protoplasma,  restée  accolée  à  la  face  interne  de  l'enveloppe  kys- 
tale, est  remplie  de  pansporoblastes  pressés  les  uns  contre  les  autres,  avec 
chacun  des  sporoblastes  caractéristiques  nombreux,  et  des  sporoblastes 
déjà  libres,  à  différents  degrés  d'évolution.  Cette  couche,  où  le  processus 
de  multiplication  se  montre  si  actif,  est  la  dernière  appartenant  en  propre 
à  la  Myxosporidie.  Elle  est  accolée  immédiatement  à  l'enveloppe  kystale. 

»  L'enveloppe  de  ce  deuxième  kyste  est  bien  différente  de  celle  du 
premier.  Ici  pas  d'aspect  fibreux,  pas  de  tuniques  minces  avec  dés  noyaux 
aplatis,  mais  de  nombreuses  cellules  très  nettes,  à  corps  renflé,  où  loge 
un  gros  noyau  vésiculeux,  aux  deux  extrémités  atténuées  et  effilées,  stra- 
tifiées les  unes  sur  les  autres  en  plusieurs  rangs,  avec  leur  plus  grande  face 
tangentiellement  ordonnée  par  rapport  à  la  couche  sporoblastique.  Ce  sont 
des  cellules  épiihéliuïdes,  avant  le  tassement  final  et  la  translormation  en 
enveloppe  fibreuse  qu'elles  montrent  sur  les  coupes  de  kystes  parachevés. 


(  839  ) 
On  voit  très  bien  les  limites  de  cette  formation  épithélioïde  et  les  rapports 
de  ses  éléments  avec  les  faisceaux  du  tissu  conjonctif  ambiant. 

»  Le  Nosema  Slephani  s'enkvste  donc  par  im  processus  identique  à  celui 
dont  Metscbnikoff  a  généralisé  le  rôle.  Je  dédie  cette  espèce  à  M.  Pierre 
Stephan,  qui  a  trouvé,  le  premier,  les  kystes  et  les  a  signalés  à  mon  at- 
tention.   » 

BOTANIQUE.  —  Sur  les  phénomènes  cytologiques  précédant  et  accompagnant 
la  formation  de  la  téleutospore  chez  le  PucciniaLiliacearum  Duby  ;  Note  de 
M.  R.  Maire,  présentée  par  M.  Guignard. 

«  he  Puccinia  Liliacearum,  parasite  fréquent  dans  l'est  de  la  France  sur 
les  feuilles  de  V Ornithogalum.  pyrenaicum,  est  une  Urédinée  auloïque  sans 
stade  urédosporifère  el  à  stade  écidien  très  rare.  Le  champignon  se  trouve 
donc  d'ordinaire  réduit  aux  stades  spermogoniqueettéleutos|)onfère.  Nous 
avons  étudié  la  formation  des  téleutospores  sur  des  exemplaires  fixés  à 
l'aide  du  mélange  de  Flemming.  La  coloration  des  noyaux  est  assez  facile 
et  réussit  surtout  avec  l'hémalun  de  Mayer  el  la  méthode  de  Benda  (safra- 
nin-lichtgrûn).  L'emploi  de  ces  colorations  et  de  quelques  autres  nous  a 
permis  les  constatations  suivantes,  dont  les  unes  confu-ment  les  observa- 
tions antérieures  de  MM.  Poirault,  Raciborski  et  Sappin-Trouffy,  et  les 
autres  mettent  en  lumière  un  fait  non  étudié  par  ces  auteurs. 

»  Le  mycélium  du  parasite  est  composé  de  cellules  uninucléées,  ou 
assez  souvent  plurinucléées  par  suite  de  divisions  amitotiques  du  noyau.  La 
chromatine  des  noyaux  du  mycélunn  est  iorlement  satranophile  et  disposée 
en  une  pelote  ou  un  réseau  plus  ou  moins  compliqué,  sans  nucléole  appa- 
rent. 

»  Les  filaments  mycéliens  s'enchevêtrent  pour  former  les  jeunes  sores 
téleutosporifères  :  à  ce  moment  il  ne  se  forme  pas  de  cloison  après  la  divi- 
sion de  chaque  noyau  terminal,  de  sorte  que  la  cellule  terminale  est  bi- 
nucléée.  Ces  deux  noyaux  restent  côte  à  côte  et,  à  partir  de  ce  moment,  se 
divisent  synergiquemeut  par  mitose.  Les  fdaments  s'allongent  donc  par  des 
cellules  à  deux  noyaux  et  se  dressent  au-dessus  de  l'enchevêtrement  qui 
sera  le  stroma  du  sore  léleutosporifére.  A  dater  du  moment  où  les  deux 
noyaux  sont  réunis  dans  une  même  cellule,  on  voit  apparaître  à  leur  inté- 
rieur un  nucléole,  véritable  plasmosome.  D'abord  de  petite  taille,  ce  plas- 
mosome  devient  de  plus  en  plus  gros  au  fur  et  à  mesure  qu'on  se  rapproche 
de  l'extrémité  du  filament. 


(  84o  ) 

M  En  même  temps  qu'il  grossit,  la  chromatine  safranophile  disparaît  ou 
se  transforme  peu  à  peu,  laissant  à  sa  place  une  substance  acidophile 
(dans  les  colorations  aux  couleurs  d'aniline),  mais  différente  de  celle  du 
plasmosome,  car  elle  se  colore  encore  comme  la  hasichromatine  par  l'héma- 
lun,  tandis  que  le  plasmosome  prend  une  teinte  plus  pâle  et  d'une  nuance 
différente.  Bientôt  les  noyaux  sont  entièrement  acidophiles  ;  en  même  temps 
le  cytoplasma  est  devenu  plus  abondant,  plus  condensé  et  présente  un 
réticulum  très  net  à  tendances  basophiles,  sans  que  toutefois  on  puisse  y 
distinguer  de  formations  ergastoplasmiques  bien  nettes.  C'est  à  ce  moment 
que  se  forme  la  téleutospore;  elle  se  constitue  par  le  renflement  des  deux 
cellules  terminales,  qui  accumulent  de  grandes  quantités  de  réserves  entre 
les  mailles  de  leur  cvtoplasma  et  cela  aux  dépens  des  cellules  sous-jacentes, 
qui  j)erdent  peu  à  peu  l'abondant  deuloplasma  qu'elles  avaient  déjà  éla- 
boré, et  même  leur  cytoplasma.  C'est  ce  qu'on  remarque  surtout  dans  la 
cellule  qui  précède  immédiatement  la  téleutospore  et  en  constitue  à  ma- 
turité le  pédicelle. 

»  Pendant  tout  ce  travail,  les  noyaux  restent  acidophiles;  avant  la  ma- 
turation complète  de  la  téleutospore,  alors  que  son  épispore  n'est  pas 
encore  complètement  épaissi,  les  deux  noyaux  de  la  loge  supérieure  se 
fusionnent.  Ceux  de  la  loge  inférieure  ne  se  fusionnent  que  plus  tard,  mais 
d'ordinaire  avant  la  maturation  complète  de  la  téleutospore.  Quand  celle-ci 
se  détache  spontanément,  la  fusion  est  toujours  accomplie.  (Il  n'en  est  pas 
de  même  chez  d'autres  espèces  :  chez  Puccinia  Schneideri,  par  exemple, 
nous  avons  pu  observer  des  téleutospores  spontanément  détachées,  dont 
la  loge  inférieure  possédait  encore  deux  noyaux.) 

»  La  fusion  des  noyaux  et  des  plasmosomes  se  fait  comme  l'ont  décrit 
MM.  Sappin-Trouffy,  l'oirault  et  Raciborski.  Le  noyau  qui  résulte  de  la 
fusion  continue  à  être  acidophile  et  le  reste  encore  dans  la  téleutospore 
mûre. 

»  Un  phénomène  analogue  d'oxychromatisation  a  été  signalé  par 
MM.  Bouin  dans  la  cellule-mère  du  sac  embryonnaire  des  Liliacées  et  le 
jeurie  oocyte  d'Asle/ina  gibhosa,  où  il  coïncide  avec  l'existence  dans  le 
cytoplasma  de  formations  ergastoplasmiques.  Ces  auteurs  l'assimilent  à  la 
chromatolyse  partielle  décrite  par  M.  Garnier  dans  les  noyaux  des  cellules 
glandulaires  en  activité  sécrétoire,  cellules  qui  possèdent  alors  aussi  des 
formations  ergastoplasmiques  basophiles.  Nous  croyons  que  le  phénomène 
présenté  par  le  P.  Liliacearum  est  comparable  jusqu'à  un  certain  point 
aux  modifications  du  noyau  signalées  par  les  auteurs  susdits  :  en  effet,  si 


(  84'  ) 
ces  dernières  accusent  le  travail  de  la  cellule  en  train  d'élaborer  un  abon- 
dant deutoplasma,  il  en  est  de  même  chez  P.  Liliacearum,  où  l'oxychroma- 
tisation  coïncide  avec  l'élaboration  des  réserves  destinées  à  la  téleutospore. 
Mais,  dans  notre  cas,  les  formations  ergastoplasmiques  basophiles  sont  peu 
distinctes,  bien  que  le  cyloplasma  présente  un  réliculum  plus  accentué  et 
ayant  une  certaine  tendance  à  fixer  les  couleurs  basiques,  s'accusant  par 
les  teintes  mixtes  qu'il  prend  dans  les  doubles  colorations. 

»  Toutefois  si,  chez  le  P.  Liliacearum,  l'entrée  en  activité  élaboratrice, 
en  sécrétion  du  cytoplasma,  produit  des  phénomènes  nucléaires  compa- 
rables à  ceux  déjà  connus  dans  des  cas  analogues,  le  noyau  paraît  ne  pas  se 
comporter  de  même  façon  au  point  de  vue  de  sa  faculté  cinétique.  Dans  les 
glandes,  en  efiêt,  le  travail  sécrétoire  paraît  incompatible  avec  la  mitose; 
chez  le  P.  Liliacearum,  au  contraire,  il  se  produit  environ  trois  pu  quatre 
mitoses  entre  le  début  apparent  du  travail  élabprateur  et  la  constitution 
de  la  téleutospore. 

»  I/oxychromatisation  du  noyau  ne  paraît  donc  rien  lui  enlever  de  sa 
faculté  cinétique,  et  il  semble  qu'il  y  a  ici  moins  d'antagonisme  entre  la 
sécrétion  et  la  mitose  que  dans  la  plupart  des  cas  connus  jusqu'ici;  toute- 
fois il  est  probable  que  le  travail  séciéteur  doit  subir  un  temps  d'arrêt  pen- 
dant la  durée  de  la  mitose  elle-même. 

»  Le  fait  de  mitoses  trouvées  dans  les  corps  jaunes  en  activité  par 
P.  Bouin  se  rapprocherait  du  nôtre;  mais,  d'après  ce  dernier  auteur,  il  est 
encore  trop  peu  étudié  pour  que  l'on  puisse  appuyer  sur  lui  des  conclusions 
un  peu  fermes.  » 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  les  modijîcalioiis  histologiques  produites  dans 
les  tiges  par  V action  des  Phyto|)tus  (').  Note  de  M.  Marin  Molliar», 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  la  plupart  des  galles  produites  par  des  Phytoptides,  les  parasites 
restent  externes  par  rapport  à  l'organe  attaqué,  qui  est  généralement  une 
feuille  végétative  ou  florale;  ce  n'est  qu'assez  rarement  que  ces  Acariens 
pénètrent  dans  les  feuilles,  aux  dépens  desquelles  ils  vivent;  Soraér  a 
montré  quelles  sont  les  transformations  anatomiques  qu'ils  déterminent 
alors  en  étudiant  la  galle  produite  par  le  Phyloptus  Piri  Pag.  sur  les  feuilles 


(')  Travail  du  Laboratoire  de  Botanique  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris. 


(  842  ) 
de  Poirier.  Il  est  encore  plus  rare  que  les  tiges  abritent  à  leur  intérieur  ces 
parasites,  et  Frank,  dans  son  Traité  des  maladies  des  plantes,  donne  une 
courte  liste  de  ces  galles  caulinaires  sous  le  titre  de  galles  corticales;  c'est 
à  celte  catégorie  que  se  rapporte  la  phytoptocécidie  des  jeunes  rameaux  de 
Pin  décrite  par  Th.  Hartig  (  '  )  et  dont  l'étude  anatomique  m'a  présenté 
certains  faits  qui  peuvent  offrir  quelque  intérêt. 

»  Ce  sont  les  tiges  de  deux  ou  trois  ans  qui  présentent  ces  galles  sous 
forme  de  renflements  considérables,  produits  presque  uniquement  aux 
dépens  de  l'écorce;  si  l'on  compare  la  structure  anatomique  de  l'écorce 
d'une  telle  tige  dans  une  région  saine  et  dans  la  partie  parasitée,  on  est 
frappé  de  la  transformation  complète  que  subissent  tous  les  tissus.  Sans 
entrer  dans  le  détail  de  cette  structure,  rappelons  que  l'écorce  saine  com- 
prend à  cet  âge  une  zone  externe  île  liège,  du  phelloderme  réduit  à  une 
assise  de  cellules,  et  environ  six  à  huit  assises  de  cellules  parenchyma- 
teuses,  dont  les  unes  sont  vivantes,  à  parois  relativement  épaisses,  conte- 
nant de  nombreux  grains  d'amidon,  les  autres  mortes,  desséchées,  réduites 
à  leur  membrane  qui  est  souvent  rompue;  de  place  en  place  existe  un 
large  canal  sécréteur  formé  par  une  assise  de  cellules  sécrétrices  et  une 
assise  de  cellules  de  soutien  plus  ou  moins  sclérifiées. 

»  Dans  la  région  gallaire  on  observe  en  dedans  du  liège,  dont  les  assises 
sont  très  comprimées  radialement,  un  tissu  homogène,  constitué  par  un 
grand  nombre  de  cellules  dont  on  peut  compter  jusqu'à  cinquante  assises 
et  plus;  elles  se  sont  formées  par  les  divisions  répétées  et  s'effectuant  dans 
tous  les  sens  du  parenchyme  cortical  primitif,  sous  l'influence  des  parasites 
qu'on  trouve  logés  dans  des  cavités  produites  par  celles  d'entre  ces  cellules 
qui  ont  servi  à  leur  nutrition,  et  dont  on  reconnaît  les  membranes  scléri- 
fiées et  desséchées.  Sous  l'action  des  Acariens,  le  phelloderme  s'est  divisé 
aussi  très  activement  suivant  le  sens  normal,  de  sorte  que  cette  région  est 
constituée  par  plusieurs  assises  de  cellules  nettement  superposées;  toutes 
les  cellules  ainsi  formées  sont  complètement  dépourvues  d'amidon,  ou,  s'il 
en  existe  des  grains,  ils  sont  beaucoup  plus  petits  que  dans  les  cellules 
vivantes  du  parenchyme  normal. 

»  Sous  l'action  directe  des  Phyloptus  les  cellules  qui,  dans  les  conditions 
ordinaires,  subissent  des  dilférenciations  variées  prennent  donc  toutes  la 
même  structure  qui  correspond  à  une  nouvelle  fonction,  celle  de  nourrir 
les  parasites;  on  a  déjà  de  nombreux  exemples  de  tels  changements  de 

(')  Tn.  ttARTif.,  Forstl.  KonversalionslexiA-on,  p.  787;  i836. 


(  843  ) 

différenciation  effectués  expérimentalement  en  changeant  les  conditions 
de  milieu  de  la  plante  ;  mais  certains  organes  semblent  résister  plus  parli- 
cnlièrement  à  une  pareille  déviation  et  au  nombre  de  ceux-ci  se  trouvent 
les  organes  sécréteurs.  Nous  observons,  en  effet,  dans  la  phyto|)locécidie 
qui  nous  occupe,  que  bien  souvent  les  canaux  sécréteurs  corticaux  ne  subis- 
sent qu'une  faible  transformation;  elle  consiste  en  la  division  langentielle 
de  certaines  cellules  délimitant  le  canal  sécréteur;  mais  l'action  des  para- 
sites peut  se  taire  sentir  d'une  manière  plus  intense  sur  ces  tissus  cl  l'on 
trouve  toutes  les  transitions  entre  ces  canaux  sécréteurs  presque  normaux 
et  des  colonnes  compactes  de  cellules  parenchvmateuses  comprenant  en- 
viron 10  assises  irrégulièrement  concentriques  de  cellules;  au  centre  de 
ces  massifs  existe  ou  n'existe  même  ])lus  un  faible  lumen  et  il  n'y  est  plus 
sécrété  de  produits  résineux. 

»  Le  parasite  ne  pénètre  jamais  plus  profondément  cjue  l'écorce,  mais, 
à  côté  de  l'action  directe  qu'il  exerce  sur  cette  région,  on  observe  dans  la 
zone  plus  profonde  des  modifications  qui  sont  en  relation  avec  les  change- 
ments survenus  dans  la  physiologie  des  cellules  centrales.  C'est  ainsi  que, 
lorsque  la  galle  est  surtout  dévelopj)éed'un  côté  de  la  tige,  les  formations 
ligneuses  sont  très  visiblement  plus  épaisses  du  côté  parasité  ;  le  nombre 
des  assises  du  bois  augmente  et  les  éléments  ligneux  offrent  des  parois 
beaucoup  plus  épaisses;  leur  lignification  est  également  plus  intense. 

»  A  côté  de  ces  galles  internes,  où  l'écorce  seule  est  envahie  par  des 
Phytoptus,  vient  se  placer  une  catégorie  de  phytoptocécidies  également  in- 
ternes où  toutes  les  régions  de  la  tige  peuvent  être,  à  des  degrés  divers, 
transformées  par  les  parasites  ;  le  seul  exemple  de  ce  groupe  m'a  été  fourni 
par  une  nouvelle  espèce  de  Phylopliis  que  je  désignerai  sous  le  nom  de 
P.  Obiones  et  qui  attaque  les  tiges  de  1'  Obione  pedunculata  Moq.  ;  j'ai  ren- 
contré celte  galle  en  très  grande  abondance  dans  les  marais  salants  du 
Pouliguen;  elle  se  présente  sous  la  forme  de  renflements  irréguliers  des 
axes  florifères,  au  niveau  des  pédoncules  floraux;  l'attaque  débute  par  les 
bourgeons  floraiix  et  progresse  jusque  dans  l'axe  correspondant  en  s'éten- 
dant  un  peu  au-tlessus  et  au-dessous  du  pédoncule  parasité.  Nous  retrou- 
vons la  même  différenciation  des  cellules  corticales  que  dans  la  galle  du 
Pin,  les  cellules  primitives  se  divisant  un  très  grand  nombre  de  fois,  de 
sorte  que  chaque  cellule  primitive,  dont  on  reconnaît  encore  le  c^tour 
général,  peut  être  transformée  en  un  massif  d'une  vingtaine  de  cellules 
séparées,  le  plus  souvent,  par  des  membranes  cellulosiques;  cependant,  il 
arrive  que  l'on  observe  une  division  du  protoplasma  et  du   noyau  sans 

C.  K.,   1S99.  ^'  Semestre.  (T.  CXXl.^  ÎN"  21.)  112 


(  84/i  ) 
qu'il  se  constitue,  du  moins  de  suite,  de  membranes  cellulosiques  indé- 
pendantes; on  se  trouve  en  présence  de  cellules  analogues  à  celles  qui 
ont  été  signalées  par  MM.  Vuillemin  et  T.egrain  (')  chez  les  Nématocéci- 
dies,  avec  celte  différence  qu'ici  la  division  du  noyau  a  été  accompagnée 
d'une  division  très  apparente  du  protoplasma. 

M  Les  parasites  pénètrent  également  dans  la  moelle  à  laquelle  ils  don- 
nent la  même  structure;  le  pnrenchvme  des  ra\ons  médullaires  primaires 
subit  aussi  la  même  transformation  et  lorsque  ce  tissu  patbologique  a  été 
utilisé  par  les  Acariens  les  faisceaux  libéroligneux  sont  absolument  isolés 
sous  forme  de  cordons  continus  au  sein  de  ce  tissu  dissocié.  Si  l'attaque  a 
été  suffisamment  précoce,  c'est-à-dire  a  commencé  à  un  moment  où  les  for- 
mations libéroligneuses,  soit  primaires,  soit  secondaires,  ne  sont  pas  en- 
core différenciées,  les  cellules  qui  devaient  normalement  donner  ces  tissus 
subissent,  elles  aussi,  l'action  parasitaire,  et  tel  élément  qui  devait,  de  par 
sa  situation  à  l'intérieur  de  la  lige,  donner  naissance  à  un  vaisseau  du  bois 
devient  cellule  nutritive  du  parasite;  c'est  ainsi  qu'on  peut  observer  des 
faisceaux  libéroligneux  où  un  liber  normal  est  adossé  en  partie  à  des  files 
de  vaisseaux  ligneux  et  en  partie  à  des  cellules  palbologiques  représentant 
le  reste  du  faisceau  ligneux  correspondant  au  faisceau  libérien  considéré. 

»  Il  résulte  de  ces  quelques  faits  que,  si  les  variations  introduites  expé- 
rimenlalemenl  dans  le  milieu  extérieur  où  se  développe  une  plante  vascu- 
laire  amènent  des  modifications  de  structure  se  traduisant  le  plus  souvent 
par  des  différences  uniquement  quantitatives  dans  le  développement  re- 
latif des  divers  tissus  normaux,  Vaction  chimique  qui  correspond  à  la  pré- 
sence de  parasites  tels  que  les  P/iytoplides  détermine  la  formation  d'un  tissu 
nouveau  qui  se  différencie  aux  dépens  de  cellules  quelconques,  quelle  que  soit  la 
destinée  de  chacune  de  celles-ci  dans  les  conditions  ordinaires  de  développe- 
ment. » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  la  variation  négative  du  courant  nerveux  axial.  Note 
de  M.  Mexdelssoun,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  En  poursuivant  mes  recherches  sur  le  courant  nerveux  axial  (on 
nomme  ainsi  tout  courant  j)rovenant  d'une  différence  de  potentiel  élec- 
trique entre  deux  surfaces  d»^  section  transversale  du  nerf),  j'ai  cru   utile 

(')  P.  "N'uiLLEMiN  et  E.  Legrain,  Comptes  rendus,  t.  CXVIII,  p.  5^9;  1894. 


(  845  ) 

de  rechercher  les  modifications  que  ce  courant  subit  sous  l'influence  des 
irritations  électriques  du  nerf.  Il  résulte  de  mes  recherches  antérieures  ('  ) 
que  la  direction  du  courant  axial  des  nerfs  est  opposée  au  sens  de  leur  acti- 
vité physiologique  et  que  ce  courant  au  repos  est  soumis  aux  mêmes  varia- 
lions  que  le  courant  transverso-longitudinal.  Il  était  donc  intéressant  de 
voir  comment  se  comporte  le  courant  axial  d'un  nerf  en  activité.  Aussi  ai-je 
entrepris  une  série  de  recherches  sur  ce  sujet.  En  disposant  l'expérience 
de  manière  à  éviter  toute  cause  d'erreur  et  surtout  à  ne  pas  dériver  des 
branches  du  courant  irritant  dans  le  circuit  galvanométrique,  j'ai  pu  con- 
stater les  faits  suivants  : 

»  Toute  irritation  tétanisante  (avec  un  courant  d'induction)  de  courte 
durée  diminue  la  force  du  courant  axial;  l'aiguille  galvanométrique  déviée 
par  le  courant  de  repos  revient  sur  ses  pas  vers  le  zéro  sans  toutefois  dé- 
passer ce  dernier.  Le  courant  axial  diminue  plus  ou  moins  notablement, 
mais  il  n'est  jamais  ni  annulé,  ni  renversé  par  la  tétanisation  du  nerf.  Si 
l'on  a  soin  de  compenser  préalablement  le  courant  axial,  on  voit  à  la  suite 
de  l'irritation  électrique  l'aiguille  dévier  de  zéro  dans  le  sens  opposé  à 
celui  de  la  déviation  produite  par  le  courant  de  repos.  Au  bout  d'un  cer- 
tain temps  l'aiguille  déplacée  revient  plus  ou  moins  rapidement  à  sa  posi- 
tion primitive.  Tout  ceci  indique  que,  de  même  que  les  courants  transverso- 
longitudinaux,  le  courant  axial  manifeste  à  l'état  d'activité  du  nerf  une 
iiariation  négative,  dont  l'intensité  varie  suivant  les  différents  nerfs  et  pré- 
sente en  moyenne  une  valeur  de  i5-20  pour  loo  de  l'intensité  du  courant 
axial  au  repos.  Il  résulte  d'un  grand  nombre  de  recherches,  que  j'ai  insti- 
tuées sur  la  force  électromotrice  de  la  variation  négative  du  courant  axial, 
que  celle-ci  n'est,  dans  la  majorité  des  cas,  qu'une  différence  entre  les 
forces  électromotrices  des  variations  négatives  de  deux  courants  trans- 
verso-longitudinaux dérivés  de  l'équateur  du  nerf  et  de  ses  sections  trans- 
versales, centrale  el  périphérique.  Les  nerfs  des  animaux  à  sang  froid  ainsi 
que  ceux  des  animaux  à  sang  chaud,  les  nerfs  h  myéline  et  sans  myéline, 
les  nerfs  moteurs,  sensilifs  et  mixtes  présentent  tous  à  l'état  d'activité  une 
variation  négative  du  courant  axial;  celle-ci,  contrairement  au  courant 
axial  lui-même,  va,  comme  de  raison,  toujours  dans  le  sens  de  l'activité 
physiologique  des  nerfs. 

»  La  variation  négative  du  courant  axial  se  manifeste  dans  un  nerf  isolé 


(')  y o\r  Sur  le  courant  nerveux  axial  {Arch.f.  Ànat.  und Physiol.,p.  SSa,  1886). 
el  Nouvelles  recherches  sur  le  courant  nerveux  axial  {Comptes  rendus,  1886). 


(  »46  ) 
encore  dix  ou  quinze  heures  et,  dans  les  cas  exceptionnels,  vingt-quatre  ou 
trente  heures  après  la  mort  et  ne  paraît  pas  être  en  rapport  avec  la  durée 
de  la  survie  du  nerf.  Tel  nerf  qui  est  encore  excitable  au  point  de  produire 
une  secousse  musculaire  peut  ne  plus  manifester  une  variation  négative  de 
son  courant  axial. 

)•  Le  degré  de  l'excitabilité  du  nerf  influe  sensiblement  sur  la  valeur  de  la 
variation  négative;  tout  ce  qui  modifie  la  première  fait  varier  la  dernière.  La 
variation  négative  du  courant  axial  augmente  avec  l'intensité  de  l'irritation 
sans  qu'il  y  ait  cependant  parallélisme  complet  entre  les  deux  valeurs.  La 
longueur  de  la  portion  du  nerf  intercalée  dans  le  circuit  galvanométrique 
influe  peu  sur  la  grandeur  de  la  variation  négative;  celle-ci  est  influencée 
par  la  grosseur  du  nerf.  De  deux  nerfs  ayant  le  même  rôle  fonctionnel  chez 
deux  animaux  de  la  même  espèce  mais  présentant  une  grosseur  différente, 
celui  qui  est  plus  volumineux,  c'est-à-dire  celui  dont  le  diamètre  de  section 
transversale  est  plus  grand,  présentera  un  plus  fort  courant  axial  et  une 
plus  forte  variation  négative  de  ce  courant. 

»  Il  existe  un  certain  rapport  entre  la  valeur  de  la  variation  négative  et 
la  localisation  de  l'irritation  dans  le  nerf  dans  les  deux  directions  du  cou- 
rant axial.  J'ai  pu  m'assurer,  par  des  recherches  très  nombreuses,  que 
l'effet  obtenu  varie  sensiblement  suivantque  l'irritation  a  lieu  au  voisinage 
d'une  des  sections  transversales  ou  bien  au  milieu  du  nerf  et  suivant  que 
le  courant  axial  a  une  direction  descendante  ou  ascendante.  Ainsi  dans  un 
nerf  à  courant  axial  descendant  (c'est-à-dire  dans  un  nerf  centripète), 
lorsque  l'irritant  est  appliqué  au  voisinage  du  bout  central  du  nerf  on  ob- 
tient une  variation  négative  plus  grande  que  lorsque  l'irritation  est  portée 
sur  la  portion  périphérique  du  nerf;  c'est  le  contraire  qui  a  lieu  dans  un 
nerf  à  courant  axial  ascendant  (donc  dans  un  nerf  centrifuge),  la  variation 
négative  est  alors  bien  plus  grande  dans  le  cas  où  l'irritant  est  appliqué  au 
voisinage  du  bout  périphérique  que  lorsque  c'est  le  bout  central  qui  est 
irrilé.  Tout  se  passe  donc  comme  si  l'irritation  produite  au  voisinage  de  la 
section  transversale  augmentait  la  négativité  (ou  diminuait  la  positivité)  de 
cette  dernière.  Rien  d'analogue  ne  s'observe  dans  le  cas  où  l'irritation 
est  appliquée  juste  au  milieu  du  nerf,  comme  cela  avait  lieu  presque  dans 
toutes  nos  expériences;  l'eifet  obtenu  est  alors  le  même  quelle  que  soit 
la  direction  du  courant  axial  et,  par  conséquent,  le  sens  de  la  fonction 
physiologique  du  nerf. 


(  8'r  ) 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Des  élémenls  de  diagnostic  et  de  pronostic  fournis 
par  la  cryoscopie  des  urines.  Note  de  MM.  H.  Claude  et  V.  Iîaltiiazakd, 
|)résentée  par  M.  Bouchard. 

«  Nous  poursuivons  depuis  longtemps  des  recherches  pour  arriver  à  dé- 
terminer par  la  cryoscopie  la  (quantité  et  la  qualité  des  molécules  des  sub- 
stances élaborées  qui  passent  dans  l'urine;  nous  n'apportons  aujourd'hui 
que  quelques-uns  des  résultats  de  nos  études  en  cours. 

»  Dans  la  recherche  du  taux  de  l'élimination  moléculaire,  il  nous  a 
paru  préférable  de  tenir  compte  surtout  des  valeurs  des  molécules  achio- 
rèes,  plutôt  que  d'estimer  la  totalité  des  molécules  solides  dissoutes, 
la  molécule  de  Na  Cl,  grâce  à  &on  petit  voUime,  devant  facilement  passer 
au  dehors;  quant  à  l'albumine  et  au  sucre,  accidents  pathologiques,  ils 
seront  déduits  également  du  chiffre  concernant  les  molécules  achlorées. 
Nous  recherchons  donc  le  point  cryoscopique  attribuable  aux  molécules 
des  substances  élaborées,  abstraction  faite  des  degrés  d'abaissement  thermo- 
métrique relevant  de  NaCl,  et  accessoirement  du  sucre  et  de  l'albumine. 
Le  nombre  obtenu  S  indique,  comme  l'a  montré  M.  Bouchard,  le  nombre 
relatif  des  molécules  élaborées  dans  l'unité,  dans  i'^''.  Ce  chiffre  multiplié 
|)ar  le  volume  d'urine  rendu  en  vingt-quatre  heures  nous  donne  une 
valeur  SV,  très  variable,  mais  beaucou|)  plus  instructive  que  A  (point 
cryoscopique  de  l'urine  globale)  ou  que  S.  Toutefois,  pour  arriver  à  une 
estimation  rationnelle,  il  faut  considérer  cette  valeur  dans  ses  rapports 
avec  le  poids  de  l'individu.  C'est  ce  que  nous  avons  fait  dans  nos  premières 
recherches,  mais  nous  nous  proposons  dorénavant  de  rapporter  cette  va- 
leur à  la  substance  active  de  l'organisme,  au  kilogramme  d'albumine  fixe 
du  corps. 

»  Voici  quelques-uns  des  résultats  obtenus  :  chez  deux  individus  nor- 
maux, l'un  au  régime  lacté  et  au  repos,  l'autre  soumis  à  l'alimentation  ordi- 
naire et  en  pleine  activité,  la  valeur  S  était  sensiblement  égale  :  1 1 1  et  1 17  ; 

SV  ,     . 
SV  était  plus  différent  :  122000  et  189300,  tandis  que  -p-  était  représenté 

par  1900  et  2400.  Ces  chiffres  encore  une  lois  ne  répondent  pas  à  des  quan- 
tités réelles,  mais  ne  représentent  que  des  valeurs  comparatives. 

»  Chez  des  enfants  normaux  on  trouva  pour  SV  des  valeurs  de  42000, 

boooo  et  pour  -p-  2000  a  2000. 

»  Chez  des  chiens,  sur  lesquels  nous  avons  étudié  les  modifications  de 


(  848  ) 
l'économie  dans  l'inanition  avec  diète  hydrique  ('),  le  nombre  S  augmente 
plutôt  avec  la  durée  du  jeûne,  V  étant  très  inférieur  à  la  quantité  normale; 
dans  ces  conditions  W  paraît  moins  élevé  que  dans  le  régime  ordinaire  : 

Gogo  à  looooau  lieu  de  aSoooàSSooo;  mais  ^demeure  à  peu  près  con- 
stant par  suite  de  la  dimunition  du  poids  de  l'animal  :  2  3oo  à  2600,  valeurs 
constatées  avant  le  début  de  l'expérience.  La  valeur -j^  paraît  donc  peu 
variable  chez  l'individu  sain  et  oscille  dans  des  limites  assez  voisines  chez 
les  divers  sujets. 

»  Dans  les  maladies  où  la  perméabilité  rénale  est  diminuée,  il  en  est 
tout  autrement. 

»  Trois  cas  de  néphrite  avec  urémie  suivie  de  mort  nous  ont  donné  : 

s.  ûV.  -p-- 

1 72  18000  327 

n 48  16800  3oo 

III 4i  70900         1180 

»  Chez  le  troisième  malade,  trois  semaines  plus  tard,  l'avant-veille  de  la 
mort  : 

S  ^45,     SV  =  20700,     ^=38o. 

»  Dans  les  néphrites  qui  tendent  vers  la  guérison  ou  qui  restent  à  l'état 

stationnaire,   les  valeurs  SV  et  -p-  tendent  à  se  rapprocher  de  la  normale 

et  c'est  dans  ces  cas  que  l'on  voit  bien  que  les  variations  de  A  ne  suffisent 
pas  à  caractériser  le  mode  d'excrétion  urinaire  : 

6V 
0.  oV.  —  ■ 

1 81  119800         1930     néplirlle  syphilitique,  état  général  bon 

II....      65  74500         i55o     néphrite  infectieuse,  période  de  convalescence 

III.  .  .      35  73500  !o8o     néphrite  afrigore,  fièvre,  état  général  médiocre 

»  Chez  un  enfant  atteint  de  diphtérie  toxique  avec  albuminurie  qui  a 
dépassé  4''^  observé  régulièrement  pendant  quinze  jours,  la  valeur  SV  s'est 
maintenue  élevée,  plutôt  au-dessus  de  la  normale  (à  cause  de  la  fièvre)  et 
l'élimination  des  molécules  élaborées  s'est  toujours  montrée  relativement 

bonne;  -^  n'est  descendu  qu'une  fois  à  i3oo  et  a  oscillé  entre  2000  et  3ooo 
(')  Recherches  entreprises  avec  M.  Perrier  et  qui  seront  publiées  bientôt. 


(  849  ) 

pour  dépasser  ce  chiffre  pendant  la  convalescence.  Le  malade  a  guéri  de 
sa  lésion  rénale. 

))  Nos  recherches  expérimentales  en  cours  nous  permettent  déjà  de 
penser  que  les  mêmes  phénomènes  s'observent  clans  les  néphrites  aiguës 
provoquées.  Pendant  la  période  où  la  lésion  rénale  est  à  son  maximum 
(congestion,  œdème,  glomérulo-lubulile  aiguë)  l'élimination  des  molécules 
achlorées  est  très  diminuée.  La  terminaison  de  la  maladie  est  annoncée 
par  une  élévation  progressive  du  taux  de  celles-ci. 

»  La  valeur  fonelionnelle  des  reins  avant  été  déterminée,  on  peut 
essayer  d'apprécier  l'excrétion  des  molécules  élaborées  par  l'émoncloire 
rénal.  Nous  avons  ainsi  constaté  que  dans  le  diabète  flavide,  chez  les  sujets 
dont  l'élat  général  est  bon,  l'élévation  du  taux  des  molécules  élaborées  est 

considérable;  dans  un  cas,  par  exemple,  S  =:  147,  ï^V  =  492000,  -p-  =  5  700 

(déduction  faite  du  sucre  et  de  NaCl).  Chez  un  diabétique  albuminurique 
dans  la  période  de  cachexie  terminale,  les  valeurs  étaient  bien  différentes  : 

s  =  38,  SVr=  qTiooo,  y5-  =  1283.  Un  polyurique  hystérique  présenta  une 

élimination  moléculaire  voisine  delà  normale.  iVlalgré  une  quantité  énorme 
d'urine  (ro'"),  B  =  i4,  SV=  14^000. 

))  Les  applications  de  la  cryoscopie  à  l'étude  des  urines,  dans  les  condi- 
tions où  nous  nous  plaçons,  nous  paraissent  donc  fournir  des  renseigne- 
ments utiles  au  médecin  sur  le  fonctionnement  des  reins,  et  lorsque  ces 
organes  apparaissent  sains,  on  peut  espérer  en  tirer,  jusqu'à  un  certain 
point,  des  notions  intéressantes  sur  la  nutrition  en  général. 

»  La  valeur  SV,  dans  ses  rapports  avec  le  poids  ou  mieux  avec  la  sub- 
stance active  de  l'organisme,  est  donc  la  plus  intéressante  à  déterminer 
tout  d'abord.  Nous  pensons  toutefois  que  l'étude  de  la  sécrétion  chlorurée 
dans  ses  rapports  avec  A,  a  une  très  réelle  importance,  comme  l'a  déjà 
indiqué  Roranyi;  nous  aurons  l'occasion  de  revenir  sur  ce  sujet  ultérieu- 
rement. 

»  Jusqu'à  présent,  nous  avons  cherché  à  évaluer  le  taux  de  l'élimina- 
tion des  molécules  élaborées;  à  côté  de  cette  étude  quantitative,  l'estima- 
tion de  la  grosseur  et  de  la  qualité  de  la  molécule  élaborée  moyenne, 
telle  que  l'a  indiquée  M.  Bouchard,  est  d'un  intérêt  plus  grand.  Nous 
savons  en  effet  que  toute  augmentation  de  poids  de  celle-ci  est  l'expression 
d'un  désordre  profond  de  la  nutrition,  notion  capitale  bien  établie  par 
notre  maître.  Nous  avons  pu  vérifier,  dans  un  certain  nombre  de  cas,  cette 
donnée  fondamentale;  toutefois,  au  cours  des  altérations  rénales  que  nous 


(  .S')o  ) 

avons  étudiées,  les  nombres  exprimant  le  volume  de  cette  molécule  ont 
présenté  des  variations  qui  nous  empêchent  de  donner  ici  une  conclusion 
ferme;  il  est  à  supposer,  cependant,  que  l'état  anatomique  des  reins, 
variable  suivant  les  moments,  a  une  influence  siu'  l'élimination  des  molé- 
cules de  volumes  différents.    » 


TOÉRAPEUTIQUI^.  —  Effets  d'une  alimentation  pauvre  en  chlorures  sur  le 
trailement  de  l'épilepsie  par  le  bromure  de  sodium.  Note  de  MM.  Ch. 
lîiciiET  et  El).  Toi!i.oisE,  présentée  par  M.  Marey. 

<i  On  sait  que  les  bromures  alcalins  diminuent  et  parfois  arrêtent  com- 
plètement les  accès  d'épilepsie.  Mais  celte  médication  n'est  pas  sans  incon- 
vénients; car  il  se  produit  à  la  longue  une  intoxication  bromique  due  aux 
doses  énormes  qu'il  faut  donner  pour  faire  cesser  les  accès  (de  8^^  à  iS^"" 
par  jour). 

»  Nous  avons  pensé  qu'en  privant,  dans  une  certaine  mesure,  l'orga- 
nisme de  chlorures,  on  devait  le  rendre  ainsi  plus  sensible  à  l'action  des 
bromures.  Comme,  selon  toute  vraisemblance,  les  actions  médicamenteuses 
sont  dues  à  l'imbibilion  des  cellules  par  tels  ou  tels  poisons,  les  actions 
doivent  être  d'autant  plus  intenses  que  l'appétition  des  cellules  pour  ces 
j)oisons  est  plus  intense,  et,  par  conséquent,  elle  doit  être  augmentée  pour 
les  sels  alcalins  thérapeutiques  par  l'absence  de  sels  alcalins  alimentaires. 

))   Les  faits  ont  confirmé  notre  hypothèse. 

»  Chez  trente  épileptiques  (femmes)  soumises  à  un  régime  alimentaire 
spécial  ('  ),  pauvre  en  chlorures,  des  doses  de  2^"'  de  bromure  par  jour  ont 
fait,  parfois  en  moins  d'une  semaine,  disparaître  les  accès  épileptiques, 
quelle  qu'ait  été  leur  fréquence  avant  le  traitement. 

»  Exceptionnellement  les  crises  convulsives  font  place  à  des  vertiges, 
(qui  sont  des  accès  atténués)  moins  fiéquents  que  les  accès.  Mais  même 
ces  vertiges  finissent  par  disparaître,  si  l'on  porte  la  dose  de  bromure  de 


(')  Ce  régime  était  constitué  par:  lait,  looos"';  viande  de  bœuf,  SooS'";  pommes  de 
terre,  Sooe'';  farine,  200e'';  deux  œufs,  708'';  sucre,  SoS'';  café,  joos'';  beurre,  4oS''.  Celte 
ration,  au  point  de  vue  alimentaire,  équivaut  à  2  yoo'""'  et  aos'  d'azote.  La  quantité  de 
chlorures,  évalués  en  NaCl,  est  d'environ  li'  dans  ces  aliments  naturels.  Rappelons 
que  la  quantité  de  chlorure  de  sodium  ajouté  au  pain  et  à  nos  aliments  est  de  8=' 
à  12S''  par  jour,  ce  qui  nous  fait  une  consommation  moyenne  de  los'' à  i5s'"de  NaCI 
par  jour. 


(  85i  ) 

sodium  à  3^''  ou  4*^''  par  jour,  la  dose  de  4*^"^  étant  d'ailleurs  très  rarement 
nécessaire. 

»  Certains  sujets  soumis  à  ce  régime  alimentaire  et  traités  par  2^''  ou  3*='' 
de  bromure  de  sodium  n'ont  eu  ni  accès  ni  vertige  depuis  plus  de  six  mois. 
Mais  il  a  suffi  de  les  faire  revenir  au  régime  alimentaire  ordinaire,  même  en 
continuant  la  médication  bromurée,  pour  faire  reparaître  les  accès,  ce  qui 
prouve  bien  que  c'est  la  combinaison  du  régime  pauvre  en  chlorures  avec 
la  médication  bromurée  qui  produit  l'effet  thérapeutique. 

))  Ce  régime  alimentaire  spécial  n'a  pas  d'influence  nocive  sur  la  nutri- 
tion générale.  Le  poids  a  diminué  quelquefois;  mais,  dans  d'autres  cas,  il  a 
augmenté.  Nous  n'avons  pu  observer  aucun  trouble  organique,  ni  ther- 
mique, ni  vasculaire,  ni  névro-vasculaire. 

»  Naturellement  il  faut  surveiller  avec  soin  les  malades;  car  le  bromure 
de  sodium,  étant,  dans  ces  conditions,  beaucoup  plus  actif,  peut  produire 
des  accidents  de  bromisme,  même  à  la  dose,  relativement  faible,  de  4*^'- 
De  même  il  est  prudent  de  ne  pas  cesser  brusquement  le  régime,  de  peur 
qu'il  ne  survienne,  au  moment  de  son  interruption,  des  accès  fréquents, 
pouvant  dégénérer  en  état  de  mal. 

»  Les  bons  effets,  au  point  de  vue  thérapeutique,  de  celte  alimentation 
spéciale,  se  produisent  encore,  quand,  au  lieu  d'une  inanition  presque  com- 
plète.en  chlorures,  on  ne  produit  qu'une  inanition  relative,  par  l'addition 
quotidienne,  au  régime  spécial  indiqué  plus  haut,  de  petites  doses,  38^'' à  4^' 
ou  5°''  de  chlorure  de  sodium.  Même  alors  on  ne  voit  pas  reparaître  les 
accès.  On  peut  (')  ainsi  tâter  la  susceptibilité  des  malades  en  augmentant 
progressivement  l'ingestion  des  chlorures  jusqu'au  moment  oi^i  elle  sera 
suffisante  pour  faire  revenir  les  accès,  et  cela  sans  changer  la  dose  de 
bromure  de  sodium  ingéré. 


(')  En  calculant  la  quantité  de  chlorures  de  la  ration  normale  d'entretien,  on  voit 
que,  si  le  chlorure  de  sodium  n'était  pas  ajouté  aux  aliments,  c'est  à  peine  si  l'on  con- 
sommerait 25"'  de  sel  par  jour.  Le  pain  (5oo8')  ne  ferait  guère  que  iS''  de  NaCl  en  plus. 
C'est  donc  en  tout  Ss"'  de  NaCl  qu'on  prendrait  par  jour  dans  le  cas  d'une  alimentation 
sans  addition  de  sel.  C'est  là  une  condition  évidemment  très  facile  à  réaliser,  et  qui 
répond  aux  exigences  de  ce  régime  spécial.  En  somme,  cet  état  d'hypochlorurie,  qui 
est  suffisant  pour  TefTet  thérapeutique,  n'est  pas  la  privation  du  chlorure  de  sodium 
nécessaire,  mais  bien  celle  du  chlorure  de  sodium  de  luxe. 

Les  analyses  faites  par  M.  A.  Perret,  au  laboratoire  de  Chimie  de  la  Faculté  de 
Médecine,  ont  montré  que,  même  chez  les  malades  soumis  depuis  longtemps  à  ce 
régime,  et  ingérant  25''  de  bromure  de  sodium,  le  rapport  du  chlore  au  brome  dans 
l'urine  ne  tombait  que  rarement  au-dessous  de  2  à  i. 

C.  R.,  1899,  t2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  21.)  t  l3 


(  852  ) 

))  En  résumé,  nous  pensons  avoir  établi  que,  dans  la  presque  totalité  des 
cas,  des  doses  de  2*'''  de  bromure  de  sodium  par  jour  font  cesser  les  accès  épi- 
leptiques,  quand  le  régime  alimentaire  ne  contient  pas  de  chlorures  ajoutés, 
comme  dans  l'alimentation  ordinaire. 

»  Nous  croyons  qu'il  y  a  là  une  méthode  générale,  nouvelle,  de  théra- 
jîeutique,  ajjplicable  non  seulement  aux  maladies  dans  lesquelles  des  sels 
alcalins  (iodure  et  bromure  de  potassium)  sont  administrés,  mais  peut-être 
encore  aux  affections  traitées  par  d'autres  médicaments  (quinine,  digita- 
line, atropine).  En  mettant  les  cellules  nerveuses  en  état  de  demi-inani- 
tion chlorurique,  on  les  rend  plus  aptes  à  assimiler  les  substances  médi- 
camenteuses. 

»  Nous  proposons  d'appeler  méthode  métatrophique  cette  méthode  thé- 
rapeutique qui  consiste  à  modifier  l'alimentation  et  la  nutrition,  en  même 
temps  qu'on  administre  telle  ou  telle  substance  thérapeutique.   » 

M.  W.-A.  Bentley  adresse  une  Note  relative  à  des  photographies  de 
cristaux  de  neige. 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart. 

M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  20  nov'embre  1899. 

I  :  Etude  géologique  sur  l'isthme  de  Panama,  par  MM.  Marcel  Bertrand, 
Membre  de  l'Institut,  et  Philippe  Zurcher.  —  II  :  Les  phénomènes  volcaniques 
et  les  tremblements  de  terre  de  l'Amérique  centrale,  par  M.  Marcel  Bertrand, 
Membre  de  l'Institut.  S.  1.  n.  d.;  i  fasc.  in-4°.  (Hommage  des  Auteurs.) 

Analyses  des  eaux  minérales  françaises,  exécutées  au  Bureau  d'essai  de 
l'Ecole  nationale  supérieure  des  Mines,  par  M.  Adolphe  Carnot,  Membre  de 
l'Institut.  Paris,  V'«  Ch.  Dunod,  1899;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Au- 
teur. ) 


(   8.53  ) 

Miscellanées  biologiques,  dédiées  au  professeur  Alfred  Giard,  à  l'occasion  du 
XXV*  anniversaire  de  la  fondation  de  la  Station  zoologique  de  Wimereux,  i  874. 
1899.  Paris,  1899;  I  vol.  in-4".  (Présenté  par  M.  Darboux.  Hommage  des 
Auteurs.) 

Le  traité  sur  l'astrolabe  plan  de  Sévère  Sabokl,  écrit  au  vu*  siècle  d'après 
des  sources  grecques  et  publié  pour  la  première  fois  par  M.  F.  Nau.  Paris, 
E.  Leroux,  1899;  i  fasc.  in-8°.  (Préseuté  par  M.  Wolf.) 

Nouvel  appareil  orthopédique  destiné  à  s'opposer  à  lafoimation  de  l'angle 
pottique  et  à  l'ouvrir,  par  F.  Lacroix.  Paris,  impr.  J.-E.  Watelet  et  P.  Vigot, 
1899;  I  fasc.  in-8''. 

Le  mois  scientifique  et  industriel.  N"  4.  Sej)tembre  189g.  Paris;  i  fasc. 
in-8''.  (Présenté  par  M.  A.  Carnot.) 

Mesures  micrométriques  d'étoiles  doubles  faites  à  Domkino  et  à  Saint-Péters- 
bourg (5*  série  des  mesures  d'étoiles  doubles),  par  S.  de  Glasenapp.  Saint- 
Pétersbourg,  1899.  (Présenté  par  M.  Lœwy.  Hommage  de  l'Auteur.) 

The  development  and  application  of  a  gênerai  équation  for  free  energy  and 
phisico-chemical equilibrum,  by  Gilbert-Newton  Lewis.  {Proceedings of  the 
American  Academy  of  Arts  and  Sciences,  Vol.  XXXV,  n°  1.)  i  fasc.  in-8''. 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

U.  S.  Department  of  Agriculture.  Report  w°  62.  Cultivation  of  ci gar-leaf  to- 
bacco  in  Florida,  by  Marcus-L.  Floyd.  Washington,  1899;  i  fasc.  in-8'». 

Notas fitoteratologicas,  por  Angel  Gallardo.  Buenos  Aires,  1899;  i  fasc. 
in-8".  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Algunas  rejlexiones  sobre  la  especificidad  celular  y  la  teoriafisica  de  la  vida, 
de  Bard,  por  Angel  Gallardo.  Buenos  Aires,  1899.  (Hommage  de  l'Au- 
teur.) 

Meteorological  charls  ofthe  Southern  Océan  between  the  Cape  of  Good  Hope 
and  New  Zealand.  Officiai  n°  123.  London,  1899;  i  fasc.  in-f»  oblong. 

Report  on  the  Madras  observatory  for  iSç)S-gg.  Calcutta;  i  fasc.  in-4''. 

Koninkrijk  derNederlanden.  Statistiek  vanden  in-,  uit-  en  doorvoer  over  het 
jaar  1898.  Tweede  gedeelte.  189g.  i  vol.  in-f°. 

Transactions  of  the  Academy  of  Science  of  Saint-Louis.  Vol.  VOT,  n°'  8, 
10-12;  Vol.  IX,  n°^  1-3,  5,  7,  9.  Saint-Louis,  Mo.,  1898-99;  1 1  fasc.  in-8°. 


On    souscrit    à    Pans,    chez    GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augusiins,  n°  55. 

il836  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  rej^ulièrement  le  Dimancke.  Ils  forment,  à  la  9n  de  l'aniK^e,   deux  rolumes  ln-4*.   Deux 
De  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque   volume.    L'abonnement  est  annuel 

f  I*'  janvier. 

Le  i>rix  de  Pabiinnemcnl  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  ÎO  fr.  —  Déparlements  :  30  fr.  —  Dnion  postal»  ;  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Ferran  frères. 

iCbaix. 
Jourdan. 
Ruff. 
Courtin-Hecquet. 

(  Germain  etGrassin. 

\  Lachèse. 

I    Jérôme. 

Jacquard. 

1  Feret. 
1   Laurens. 

'  Muller  (G.). 
1    Renaud. 

,  Derrien. 

)  F.  Robert. 
j  J.  Robert. 

'  Uzel  frères. 
.  .    .....     Jouan. 

!  Perrin. 

)  Henry. 

I  Marguerie. 

j  Juliot. 

j  Ribou-Collay. 

Laniarche. 

Ratel. 
'Rey. 

I  Lauverjat. 
f  Degez. 
(  Drevet. 
I  Gratier  et  G'*. 

Foucher. 
\  Bourdignon. 
(  Dombre. 
i  Tborez. 
(  Quarré. 


(  Ferr.. 


f.'.e 


Lorient. 


chez  Messieurs  : 
\  Baumal. 


Lyon. 


M"*  Texier. 

Bernoux  et  Cumin. 

Georg. 
,  Côte. 
J  Savy. 
'  Vitte. 

Marseille Ruât. 

1  Calas. 
Jlf^'^tpellier ,  ^^^,^^ 

Moulins Martial  Place. 

l  Jacques. 
Nancy I  Grosjean-Maupin. 

'  Sidot  frères. 

^  Loiseau. 

I  Veloppé. 

j  Barma. 

/  Visconti  et  G". 

Aimes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

I  Blanchier. 

^'"''"' Ularche. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Bochefort Girard  (  M""  ). 

1  Langlois. 

Rouen , 

(  Lestringant. 

S'-Étienne Chevalier. 

i  Ponteil-liurles. 

Toulon ,  _        ., 

(  Rumebe. 

J  Gimet. 

I  Privât. 

.  Boisselier. 

Tours ■.  Péricat. 

(  Suppligeon. 

j  Giard. 

(  Lemaître. 


Nantes 


Nice. 


Toulouse.. 


Valenciennes . . 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 


chez  Messieurs  : 
Feikema    Caarelsen 
et  C". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

(  Asher  et  G'". 


Berlin. 


Bucharest. 


1  Dames. 

,  Friediander  et   fils. 

1  Mayer  et  Muller. 

Berne Scbniid  et  Francke. 

Bologne... Zanichelli. 

iLamerlin. 
Mayolez  et  Audiarte. 
,  Lebégue  et  C'*. 
(  Sotcheck  et  C°. 
)  Storck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  elC°. 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Hôst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

Cherbuliez. 

Genève Georg. 

!  Stapelmohr. 

La  Haye Belinfanle  frères. 

t  Benda. 

Lausanne „ 

(  Payot. 

Barth. 
\  Brockhaus. 

Leipzig <  Lorenlz. 

i  Max  Riibe. 
\  Twietmeyer. 


chez  Messieurs  ; 

iDuIau. 
Hachette  et  C». 
Nutt. 
V.  Buck. 
Libr.  Gutenberg. 

Madr,d \  ^°""'  y  ''"'^«l- 

I  Gonzalès  e  hijos. 
l  F.  Fé. 

Bocca  frères. 
Hœpli. 
Moscou Tastevin. 


Luxembourg . 


Milan. 


Liège. 


(  Desoer. 
I  Gnusé. 


Naples (Marghieri  d.  G.us. 

(  Pellerano. 

I  Dyrsen  et  Pfeiffer. 

Ne^v-York !  Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  G'' 

Paterme Clausen. 

Porto Magalhaés  et  Moniz. 

Prague Rivnac. 

Bio-Janeiro Garnier. 

Bocca  frères. 

Loescher  et  C'°. 

Botterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm. Samson  et  Wallin 

Zinserling. 

Wolff. 

Bocca  frères. 


Bome . 


S'-Petersbourg. 


I  ' 


Turin. 


Vienne . 


Brero. 

Clausen. 

Rosenberg  et  Sellier. 

Varsovie Gebethuer  et  Wollî 

Vérone Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C". 
Ziirick Meyer  et  Zeller. 


l  .£S  GËNËRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADËHIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1«    31.  —  (3  Août  i835  à  Si  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4°;  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.—  (i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.  )  Volume  in-4°;  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (i"  Janvier  1866  à  Si  Décembre  1S80.)  Volume  10-4";  1889.  Prix 15  fr. 

1 LÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

1  Mémoire  sur  quelques  points  delà  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DERBÉset  A.-J.-J.  Soliee.—  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
s,ar  M.HiNiEN.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

r  M.  CL*toK  Bernard.  Volume  in-4°,  avec  32  planches;  i856 15  fr. 

I    :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Vas  Benedbs.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 

'ocours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
a  :s,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition .  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
»;orts  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4°,  avec  27  planches;  1861. 


15  fr. 


nne  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


i 


.      K  21. 

TABLE   DES    ARTICLES.  (Séance  du  20  novembre  1899.) 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBRRS  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


M.  Lœwv.  —  Noie  sur  les  LiMniiiIrs -s- 

M.  .J.  Janssen.  —  Note  sur  les  observations 
des  étoiles  filantes  dites  Le'o/iides,  faites 
sous    la    direction    dr    l'observatoire    de 

Meudon 78S 

M.  J.  BoLissiNESQ.  —  Ce  f|ue  devient  un 
système  d'ondes  planes  latéralement  indé- 
finies, dans  un  milieu  tj-auspareul  isotrope. 


Pages. 

mais  iiétérogènc.  formé  de  couches  planes 
et  parallèles 

M.  Henki  Moissajj.  —  Action  de  l'acide 
fluorliydrique  et  du  fluor  sur  le  verre.... 

M.  Ad.  Cahnot  fait  hommage  à  l'Académie 
d'un  nouveau  liecueil  d'analyses  des  eaux 
.minérales  françaises 


79;) 


'99 


M 


MEMOIRES  PRÉSENTÉS. 


M.  A.  GuEriN  adresse  un  Mi-moire  sur 
«  L'Étiologie  générale  des  maladies  de  Ja 
prostate  » ' 


804 


JNI.  Ukk.main   adresse  un   Méhioire  intitulé  : 
<i  Théorie  de  la  pression  universelle  >■....     80^ 


CORRESPOND  AIVCE 


M.  le  Ministre  de  L'iNSTmioTio»  publique 
invite  l'Académie  à  lui  présenter  une  liste 
de  deux  candidats  à  la  place  de  Membre 
Astronome  devenue  vacante  au  Bureau 
des  Longitudes  par  suite  du  décès  de 
M .    Tisserand 8o5 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, un  Recueil  de  Piîémoires  dédié  à 
M.  Giard  et  divers  Ouv'rages  de  M.  S.  de 
Glasenapp,  et  de  M.  l'abbé  Nau Soô 

M.  G.  BioouRDAN.  —  Observation  de 
l'essaim  des  Léonides,  faite,  à  l'Observa^ 
toire  de  Paris,  du  i3  au  16  novembre  iSyi).     8o5 

M.  Baillaud.  —  Observation  des  Léonides, 
à  l'observatoire  de  Toulouse 806 

M.  H.  Deslandues.  —  Observation  de 
l'essaim  des  Léonides 807 

MM.  Hambaud  et  Sy.  —  Observations  des 
nouvelles  planètes  (  EW  )  et  (EU),  faites 
à  l'observatoire  d'Alger,  à  l'équatorial 
coudé  de  0",3ilj  d'ouverture 809 

M.  J.  Guillaume.  —  Observations  du  Soleil, 
faites  à  l'observatoire  de  Lyon  (éqiiatorial 
Brunner  de  o^jiS)  pendant  le  deuxième 
trimestre  de  1899 810 

M.  Ei)M.  Landau. —  Contribution  à  la  théo- 
rie de  la  fonction  Ç(i)  de  Biemann 812 

M.  Andrade.  —  Sur  les  systèmes  isolés  si- 
multanés       bi5 

M.  G.  Sagnac.  —  Théorie  nouvel  1.-  des  phé- 
nomènes optiques  d'entrainemcnl  de 
l'éther  par  la  matière .S  18 

M.    E.MiLE    Beuuer.    —    Sur    une     uouvclle 

Bulletin  niBLiuGRApiiiQUE 


loupe  binoculaire 

M.  P.  Curie  et  M°"  Curie.  —  Efl'ets  chi- 
miques produits  par  les  rayons  de  Bec- 
querel   

M.  Ale.  Colson.  —  Déplacement  réci- 
proque des  métaux 

M.  'V.  Thomas.  —  .4ction  de  l'oxyde  ni- 
trique sur  la  dichlorhydrine  chromique.. 

M.  Marcel  Delépine.  —  Sur  le  sulfate  de 
méthylène  ou  méthylal  sulfurique .. 

M.  P.  Cazeneuve.  —  Sur  un  mode  de  syn- 
thèse de  l'acide  parabanique 

M.  Hagenmulleh.  —  Sur  une  nouvelle 
Myxosporidie,  Nosejna  Steplwni.  para- 
site du  Flesus  passer  Moreau 

M.  R.  Maire.  —  Sur  les  phénomènes  cyto- 
logiques  précédant  et  accompagnant  la 
foi'mation  de  la  léleutospore  ehe/  le  Piic- 
cinia  LUiacéarum  Duby 

M.  Marin  Molliard.  —  Sur  les  modifica- 
tions histologiques  produites  dans  les 
tiges  par  l'action  des  Phytoptus 

M.  Mendelssohn.  —  Sur  la  variation  néga- 
tive du  courant  nerveux  axial 

MM.  H.  Claude  et  V.  Balthazard.  —  Des 
cléments  de  diagnostic  et  de  pronostic 
fournis  par  la  cryoscopie  des  urines 

MM.  Cn.  RicHET  et  Ed.  Toulouse.  —  ElTets 
d'une  alimentation  pauvre  en  chlorures 
sur  le  traitement  de  l'épilepsio  par  le  bro- 
mure de  sodium 

M.  \V.-  V.  Bentley  adresse  une  Note  rtla- 
tives  à  des  photographies  de  cristaux  de 
neige 


8i3 
825 
828 
83 1 

83:'! 

83(i 

839 

84. 
844 

8^7 


852 
852 


PARIS.   —    IMPIUMIÎRIE     G  VUTH  t  K  It-Vf  L  L  A  RS 

Quai  des  Grands-Augustins,   55. 

/.c  aérant  :  '«AurH 


ûEC  23  1899 

^0^1        1899 

SECOND  SEMESTRE 


COMPTES  RENDIS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  IVm.  liES  SECRÉTAIRES  PERPÉTIJEJLS. 


TOME  CXXIX. 


N^22  (27  Novembre  1899) 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCES  DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 

1899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES   DES    23    JUIN    1862   ET    a/J    MAI    iSyS. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  |  Les  Lrograniines  des  prix  proposés  par  l'Acac  i 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de  j  sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  le;  3 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes  |   ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai 


piésentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
/i8  p-iges  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

IJ  V  a  deux  volumes  par  année. 


que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séanc  h 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus 


Article  1*'.  —  Impressions  des  travaux  de  l'Académie 


Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un 
ou  car  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  doiiner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communie  ués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  idonner 
plus  de  32  pages  par  année.  l 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduitjpas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  $ein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Sava 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perse  t 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  del  j 
Membre  '   '^^"^'^  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'u  e 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  u 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requi 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  noi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  E 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  li 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondant 
cielle  de  l'Académie. 


Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  re 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tai 
jeudi  à  i  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  le  f 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte)  » 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendm- 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  • —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  de;  u 
leurs;  il  n'v  a  d'exceplion  que  pour  les  Rappor  f' 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrativi  su 
un  Rapport  sur  la  situation  àes  Comptes  rendus  a  t 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  f- 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  cl» 
déposer  an  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sui'  » 


DEC  !aS  1899 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉA.NCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  27  NOVEMBRE   1899, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MÉMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrï'jtaire  perpétuel  croif.  devoir  rendre  compte  à  l'Académie  de 
l'état  présent  de  la  Souscription  pour  élever  un  monument  à  Lavoisier. 

«  La  Souscription  a  été  annoncée  en  1894  au  nom  de  l'Acadéniie. 

»  En  août  1896  une  première  liste  donnant  le  détail  des  souscriptions 
et  le  nom  des  souscripteurs  a  été  distribuée  à  tous  les  abonnés  des 
Comptes  rendus. 

»  Un  Tableau  résumé  de  cette  liste  a  paru  dans  le  Compte  rendu  de  la 
Séance  du  10  août. 

C.  R.,  1899,  2"  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  22.)  I  l4 


\ 


(  856  ) 

fr       c 

Le  total  versé  de  la  souscription  s'élevait  à 47  533,3o 

Le  8  juin  1897,  M.  le  Général  de  Tillo  annonce  à  l'Académie  l'envoi 
d'une  somme  de  26  000'^'',  provenant  de  la  souscription  effectuée  en 
Russie  avec  le  concours  et  l'autorisation  de  S.  M.  l'Empereur  Nicolas  II. 
Cette  somme  a  été  versée  au  Secrétariat 25  000 

M.  Gauthier-Villars  a  reçu  directement  les  souscriptions  dont  le  détail 

est  donné  ci-après 7  9*'9>7^ 

(Ces  souscriptions  comprennent  celles  versées  par  M.  Kerreira  da  Silva,  au  nom 
de  la  Commission  portugaise,  soit  34S'',95;  par  M.  Hinrichs,  au  nom  des 
Savants  américains,  soit  2697''^;  par  M.  Istrati,  au  nom  du  Comité  roumain, 
soit  1819'';  par  le  Comité  norvégien,  soit  409''. 10.) 

Espero.  Societo  Esperantista  (Odessa) 55,85 

Souscription  au  nom  de  la  Ville  de  Paris  par  le  Conseil  municipal 
(32  octobre   1897) Sooo 

Le  Ministre  de  l'Instruction  pliblique  et  des  Beaux-Arts  (1898),  sur  la 
proposition  du  Directeur  des  Beaux-Arts,  a  souscrit  pour  9000",  dont 
la  moitié  déjà  versée,  ci 1 4  5oo 

(Une  somme  égale  sera  versée  en  1900.) 

Souscription  du  Comité  lyonnjais,  dont  le  détail  est  donné  plus  loin..  .  0210 

Sommes  reçues 91  208,88 

Intérêts..  .  .i 2  344, '2 

Total 93553 


»   Ces  sommes  ont  été  versées  à  la  Caisse  des  Dépôts  et  Consignations. 

»  M.  Barrias,  Membre  de  l'Institut,  a  bien  voulu  se  charger  de  l'exécu- 
tion de  la  statue  de  Lavoisier  et  des  bas-reliefs  destinés  à  figurer  sur  le  pié- 
destal. 

»  Le  Conseil  municipal  de  la  Ville  de  Paris,  par  délibération  du  22  no- 
vembre 1897,  a  accordé  un  emplacement  place  de  la  Madeleine,  dans  l'axe 
de  l'entrée  nord  de  l'Église  et  de  la  rue  Tronchet,  emplacement  voisin  de 
l'ancienne  habitation  de  Lavoisier.  Le  Préfet  de  la  Seine  a  annoncé  cette 
concession  par  lettre  du  7  juin  1898. 

»  Les  travaux  de  fondation  du  piédestal  vont  commencer  ces  jours-ci. 
Le  modèle  de  la  statue  est  exécuté  et  la  fonte  de  la  statue  est  également 
commencée.  L'inauguration  aura  lieu  à  l'époque  de  l'Exposition  univer- 
selle. 


(857  ) 


Versements  faits  chez  AI.  Gauthier-Villars. 


MM.  (r-      c. 

Mannheim 20,00 

F.-R.  Nobre  (Porto) 17, 5o 

André 20,00 

Gauthier-Villars  père 5o,oo 

Albert  Gauthier-Villars 25, 00 

Des  Cloizeaux 20,00 

Gérard  (  Witrj-les-Reims). .  .  .  100,00 

Simoès  de  Carvalho  (Porto)..  12,00 

Balland 20,00 

De  Poutrinsky  (Dillingen).  .  .  100,00 

Athanasesco  (  Bucarest) 20,00 

Vracin  (Idem.) 2,00 

Ghimpo  (Idem.) 2,00 

Schiumberger       (souscription 

collective) 700,00 

Syndicat  commercial  des  Chi- 
mistes essayeurs 17,00 

Avlotinis  (Conslantinople)  ...  67  ,00 

A.  Quiroga  (Buenos-Ayres).  .  100,00 

(Comité  norvégien 4o9>  10 

Avlonilis  (Conslantinople).  .  .  28, 5o 
Ferreira  de  Castro  (Oliviera).  3,99 
\y  Souza  Gomes  (Goïmbre).  .  7^,79 
Société   nationale   d'Horticul- 
ture    100,00 

Raulin  (Bordeaux) 10,00 

Hinrichs     (États-Unis)     (sou- 
scription collective) 1000,00 

Ferreira  da  Silva  (souscription 

collective) 3x5, 5o 

Ferreira  da  Silva 33 ,  45 

Hinrichs  (Étals-Unis) 1000,00 

Janssen 20 ,  00 

Bouchardat 5o,oo 

Jungfleisch 5o,oo 

Lacroix 5 ,  00 


MM.  fr.      c. 

Adrian 100,00 

Baverel  (Lyon) 10,00 

Auge  (Idem) 5, 00 

Poitevin    Le  Mans) 5, 00 

Baelde  (  Nord  ) 5 ,  00 

Philippe    Lyon) 5, 00 

Brouquil  (Sainte-Levrade)..  .  .  0,75 

Boulhier  (Vierzon) 5, 00 

Pivert  (  Auray  ) 5 ,  00 

(ihaumeil  (Annonay) 5, 00 

Samson  (Beuglon) 10,00 

Monier  (Valence) 2,26 

Tourdot  (Lure) 5, 00 

Barillon  (Saint-Amour) 3, 00 

Mondet  (Gap) 10,00 

Callaudre  (  Allanche) 5, 00 

Moles  (S&int-Sever) 5, 00 

Delamour 5, 00 

Garin  ( Vitrj'-en-Artois) 2,00 

Dupain  (Lamolhe-S'-Hervy) .  .  5, 00 

Giraud  (Lozère) 5, 00 

PelTerkorn  (Levallois-Perret) .  2,00 

Agier  (Avignon) 5, 00 

Hinrisch  (Etats-Unis) .5oo,oo 

Islrali  (  Bucarest) 61 ,00 

Comité  roumain 1708,00 

Jacot  (Saint- Etienne) 5, 00 

Degorce  (  Royan) 10,00 

Willni     (Lille)     (souscription 

collective) 654  >  80 

Société  physico-chimique. ...  3o,oo 

Hinrichs  (États-Unis 197, 10 

Société  des  Chimistes,  sucre- 
ries et  distilleries 100,00 

Total 7909-73 


\ 


(  858  ) 


Versements  faits  par  le  Comité  de   Lyon. 


MM. 

Mangini 

Gensoul 

Bonnet,  Ramel,  Savigny 

La  Chambre  de  Commerce.  .  . 
Lumière  fils  et  leur  personnel. 
J.  Martin  (maison  Coignet).  . 
Joseph  Lortet 

F.  Pocquillon 

Université  de  Lyon 

Soudière  de  Saint-Fons  (Saint- 

Gobain) 

Syndicat  commercial  et  indus- 
triel  

G.  Lyonnet  

J.  Coignet 

Coignet  et  C'' 

Jacquand  et  C'" 

Vial  et  Pradel 

Société  Lumière,  Monplaisir  . 
Société  de  Stéarinerie  et  Sa- 
vonnerie  

Société  des  Sulfures    de  car- 
bone  

J.  Simon 

Société  Jalabert 

S.  Laprévote  et  C'" 

Lucien  Picard,  Saint-Fons.  .  . 
F.  Poly  » 

O.  Enjoiras  »  ... 

Union  mutuelle,  rue  Gasparin. 

Hours-Edel  et  Dupont 

Doix-Mulàton  et  Wolf 

Laroche-Juillaud  .    

E.  Mauriat 

Givaudan  et  Trouillat 

Auge  et  C'" 

Blanchon  et  Allegret 

H.-J.  Diederichs 

E.  Voisin 

L.  Chicoidard,  Fontaines  .... 


5o 
5o 

100 

200 

190 

10 

5 

5 

100 

5o 

100 
20 
20 
5o 
20 
5o 
5o 


20 
20 
20 
20 
20 
10 
10 
20 
20 
20 
10 
10 
10 
10 
10 
20 
10 
10 


Compagnie  des  Engrais  et  pro- 
duits chimiques  de  l'Est  .  .  . 

Compagnie  du  Gaz 

Compagnie  des  Produits  chi- 
miques de  Saint-Fons 

Société  chimique  des  Usines 
du  Rhône 

F.  Monnet 

Gilliard 

Gistre 

Perrussel 

Les  Employés  de  la  Société 
chimique  des  Usines  du 
Rhône 

D'  Lortet 

D'  Lépine 

Barrai 

Bordier 

Goulier 

Monoyer 

Fochier 

Weill 

Pic 

Hugounenq 

Crolas 

Renaut 

Beauvisage 

D"'  Teissier 

i\ove  Josserand 

D'  Laroyenne 

D''  Tripier 

Sambuc 

Th.  Vautier 

D'-OUier 

Amigue,  Proviseur  du  lycée  de 
Toulon,  les  Professeurs  et 
Elèves  du  lycée 

Gillet  et  fils 

E.  Gillet  

P.  Gillet 


10 
5o 


100 

20 

20 

10 

5 


22 
20 
20 
10 
10 
10 
10 
10 

5 

5 

10 
10 
10 

5 
10 

5 

lO 

10 

5 

20 

100 


100 
20 
20 


(  859  ) 


MM.  'I 

Sociétédes  Amis  de  l'Université 

lyonnaise loo 

Syndicat  de  la  t ai n  t  Lire  en  pièces 

et  impressions 5o 

Société  d'Agriculture,  des 
Sciences  et  Industrie  de 
Lyon DO 

Manufacture  lyonnaise  de  ma- 
tières colorantes 3oo 

Société  des  dentistes  du  Rhône 

et  de  la  région loo 

D"'  Carry,  pour  la  Société  na- 
tionale de  Médecine loo 

Perrin,     de     l'Académie     des 

Sciences loo 

Cérésole,  a  Neuville 20 

Cracuer  »  5 

E.  Laurent        »  2 

Succursale     de     la     Badische 

Anilin  und  Soda  Fabrik. .  .  .         100 

Vignon,  Faculté  des  Sciences.  20 

Deperet,  »  .         20 


Gouy,                        »                  .  5 

Autonne,                   »                  .  5 

Ray,                         »                 .  5 

Vautier 20 

Léser 5 

Hélier 20 

Couvreur 5 

D'  Raphaël  Dubois 5o 

Balay 10 

Eug.  Vignon 10 

Pierre  Danto 10 

Société      da      Pharmacie     du 

Rhône 2.5 

André  Guilleminet,   Président 
de  la  Société  de  Pharmacie 

de  Lyon 5o 

Durand,  H  uguenin,Saint-Fons.  20 

Total 33o3 

Frais  de  recouvrement  ...  gS 

Somme  versée 8210 


OPTIQUE  PHYSIQUE.  —  Propagation,  dans  un  milieu  transparent  hétéro- 
gène, d'un  pinceau  latéralement  limité  de  lumière  parallèle  :  intégration 
des  équations  du  mouvement  ;  par  M.  J.  Boussixesq. 

«  I.  Maintenant  que  nous  savons  (')  intégrera  très  peu  près  les  équa- 
tions (i)  du  mouvement,  dans  le  cas  d'ondes  planes,  incidentes,  latérale- 
ment indéfinies,  il  nous  fatit  passer  au  cas  d'un  pinceau  limité  de,  lumière 
parallèle,  où  ç,-r\,'C,  varieront  lentement  avec  x,y,  z  quand  la  variable  prin- 
cipale T  ne  changera  pas,  c'est-à-dire  quand  on  restera  sur  une  même 
onile  (suivie  au  besoin  dans  sa  propagation).  Ces  variations  seront,  en 
effet,  très  lentes,  ou  analogues  aux  différentielles  ô\,  dr,,  dZ,  de  ^,  v),  "(  en  x 
dans  la  précédente  question,  si  la  largeur  du  pinceau  comprend  un  grand 
nombre  de  longueurs  d'ondulation  :  or  ce  sera  nécessaire  pour  qu'on 
puisse  négliger,  comme   nous  le  ferons,    les  phénomènes  de  diffraction. 


(')  Voir  le  précédent  Compte  rendu,  p.  79^. 


(  86o  ) 

Donc,  l,  •/],  X,  étant  considérés  comme  fonctions  de  la  variable  principale 

T  =  /  — mjK —  /  Idx  et  de  x,  y,  z,  les  dérivations  partielles  exprimées  par 

des  à,  relatives  à  ces  trois  dernières  variables  x,  y,  z,  comporteront  les 
simplifications  admises  précédemment  pour  les  dérivations  en  x  :  d'une 

part,  les  dérivées  premières  3- —  n'auront  de  sensibles  que  leurs  dé- 
rivées (accentuées)  relatives  àx;  d'autre  part,  elles  se  trouveront,  elles- 
mêmes,  négligeables,  si  ce  sont  des  dérivées  (en  dx,  dy,  dz)  de  petits 
termes,  contenant  en  facteur  des  déplacements  longitudinaux  déjà  com- 
parables aux  dérivées  en  àx,  ây,  dz  de  ç,  y,,  Z,  l. 

»  Les  équations  (i)  dui  mouvement  cesseront  d'ailleurs  d'être  réduc- 
tibles à  la  forme  (4)  et  s'écriront 


(i3)     (/^+;n^)^]'l)iA,(^,^,0 


c?6 


d{x,y,s) 


avec  0 


1' 
dx 


dY 


dK 
dz' 


système  où  les  inconnues  ;,  y),  X,  ne  se  séparent  plus. 

»  II.  Étant  données  les  ondes  planes  incidentes,  limitées  comme  on 
voudra  tout  autour  de  l'origine  dans  la  première  couche  hétérogène  a;  =  o, 
et  décomposées  en  deux  systèmes  d'ondes  à  mouvements  sensiblement 
perpendiculaires,  pourl'url,  et  parallèles,  pour  l'autre,  au  plan  d'incidence, 
considérons  d'abord  le  premier  de  ces  deux  systèmes,  celui  où  la  compo- 
sante principale  est  C. 

»  Nous  pourrons  évidemment  continuer  à  l'exprimer  par  la  formule  (fi), 
pourvu  que  ç'  y  soit  une  fonction  convenablement  choisie,  lentement 
variable,  de  x,  y,  z,  et  rajpidement  variable  de  t.  Si  '^'  ne  dépendait  pas 
directement  de  x, y,  z,  ce  déplacement  t  se  produirait  même  seul,  comme 
on  l'a  vu  en  démontrant  cette  formule  (6).  Mais  les  lentes  variations  de 
9'  dans  le  plan  de  chaque  onde  incidente  pourront  entraîner  l'existence 
de  deux  petits  déplacements,  que  j'appellerai  7.  et  p,  suivant  les  x  et  les  y, 
déplacements  correctifs  dont  les  dérivées  en  t  seront  seules  sensibles.  Nous 
poserons  donc 

04) 

d'où 


K 


?=..«,  ^  =  [3; 


=  -  (/a  +mI3')-f-—  -^ 


»   La  dilatation  cubique  0,  à  termes  tous  très  petits,  n'aura  de  sensible, 


(  »6i  ) 

comme  a,  p  et  même  ^'  ->;)  que  sa  dérivée  principale  ou  relative  à  t.  Et 
le  système  (i3)  deviendra 


«   Les  deux  premières  de  ces  équations  donnent 
06)  l^'-^m^'-y^^^o. 


ou 


bien 


(l6èw)  /a--»zp^-^':^, 

par  deux  intégrations  successives  en  t,  effectuées  sur  place  et  de  manière 
que  l'intégrale  /  <p' f/x  -=  cp  soit,  en  {x,y,  z),  comme  X,,  a.  et  p,  ou  initiale- 
ment nulle  (s'il  s'agit  d'ondes  isolées  venues  d'ailleurs),  ou  nulle  en 
moyenne  (s'il  s'agit  de  vibrations  périodiques).  Or  le  quotient  de  li  -H  nir,, 
c'est-à-dire  de  /a  +  m^,  par  y//- +  m^,  est  évidemment  la  composante  lon- 
gitudinale des  déplacements;  et  c'est,  par  conséquent,  elle  seule  que  dé- 
terminent les  deux  premières  équations  (i5).  Nous  appellerons  s,  ce  très 
petit  déplacement  longitudinal,  dû  à  la  limitalion  latérale  des  ondes,  pour 
le  distinguer  de  celui,  e,  qu'exprime  la  formule  (12)  el  que  provoque  l'hété- 
rogénéité du  milieu  dans  le  cas  de  mouvements  parallèles  au  plan  d'inci- 
dence. La  formule  (i6  bis)  donnera  donc,  en  se  rappelant  que  R  désigne 
la  racine  carrée  positive  de  /(/-  +  ni-), 

»   IlL   11  reste,  pour  déterminer  'C,  ou  tp,  la  troisième  équation  (i5).  On 
trouve  aisément,  vu  la  première  relation  (i/|)'  f'abord 

puis,  par  de  secondes  différentiations  où  les  termes  déjà  très  petits  n'auront 
de  sensible  que  leur  dérivée  en  t, 


i 


(  8H2  I 

et  la  troisième  équation  (i5)  devient  successivement 


(.8)     / 


dx 


m-V-  =  o, 


d-r  dy ]  dt'\   dx 


do\ 


))   Celle-ci,  multipliée  deux  fois  successivement  par  dt  et  intégrée  chaque 
fois  surplace,  donne,  quand  il  s'agit  d'ondes  isolées  venues  d'ailleurs  dans 

la  région  (x,y,'),  et  en  annulant  alors  la  valeur  initiale  de   /  9'(f<  =  cp 
comme  s'annulent  celles  de  K,  9'  et  s, , 


(19) 


ÛJC 


m 


do 


=  o. 


»  Le  résultat  est  le  mêiitie,  dans  le  cas  de  vibrations  périodiques,  où  les 
valeurs  moyennes,  en  chaque  point,  de  ^,  £,  et,  par  suite,  ©',  ç  sont  nulles. 

Car  les  deux  relations   /  tp|c?T  =  o,    /«pc^T^o,  qui  expriment  l'annulation 

de  ces  valeurs  moyennes  et  où  l'intégration  (à  limites  indépendantes  de 
X,  y,  ^)   s'étend  à  toute  une  période,  peuvent  être  différentiées  sous  le 

signe  /   et  donnent   /    -,V  ^!dz  :=  o:  ce  qui  signifie  l'égalité  à  zéro  des 

"      J  J  à{J(,y)  ^  f  c 

valeurs  moyennes  des  dérivées  de  o'  et  de  ç  en  dx  ou  dy,  et  annule  les 
constantes  qu'introduit,  au  second  membre  de  la  dernière  équation  (18), 
chaque  intégration  par  rapport  à  t. 

»  IV.  Or  le  premier  membre  de  (19),  divisé  par  y//^  -hm^,  est  la  dérivée 
partielle  de  cp  suivant  un  chemin  an  mené  normalement  aux  ondes,  dans  le 
sens  de  leur  progression.  Donc  l'intégrale  obtenue  (19)  exprime  que, 
dans  la  formule  (i4)  du  déplacement  tr;msversal  ^,  la  fond  ion  cp  conserve, 
sur  chaque  onde,  les  mêmei  valeurs  durant  toute  sa  propagation,  le  long  des 
trajectoires  qui  lui  sont  normales. 

»  Celte  fonction  cp  peut  ainsi  recevoir  au  départ  de  l'onde,  c'est-à-dire 
dans  le  voisinage  delà  première  couche  a;  =  0,  telles  valeurs  qu'on  voudra, 
fonctions  données  de  z  et  d'une  coordonnée  courbe  normale  aux  z  ou  me- 
surée, le  long  de  cette  onde  au  départ,  sur  le  plan  xy  d'incidence;  elle 
peut,  par  exemple,  être  nulle,  sauf  dans  une  petite  étendue  autour  de 
l'origine.  Mais  dès  lors,  ses  valeurs  sur  l'onde  en  question  sont  déter- 
minées pour  toute  la  suite  des  temps  t,  puisque  chacune  d'elles  se  conserve 
sur  la  trajectoire,  normale  aux  ondes,  émanant  du  point  où  elle  existait  au 
départ.  A  raison  de  la  formule  (i4)  <'e  '^»  c'est  dire  évidemment  que  le 


(  8ti3  ) 

faisceau  proposé  de  lumière  parallèle  se  transmet  suivant  le  sens  normal  aux 
oncles,  mais  pas  (du  moins  en  quantité  appréciable)  dans  les  sens  qui  leur  sont 
tangents.  Le  mode  tle  variation  de  çp  ou  de  *(  suivant  ces  sens  règle  seule- 
ment le  déplacement  longitudinal  insensible  s,,  donné  par  la  formule(i'7), 
etqui  même  ne  dépend,  comme  on  voit,  dans  une  mesure  appréciable,  que 
de  la  variation  de  (p  ou,  au  fond,  des  déplacements!^  eux-mêmes,  suivant  le 
sens  de  ces  déplacements,  c'est-à-dire,  ici,  des  z. 

»  V.  Passons  maintenant  à  l'étude  d'ondes  latéralement  limitées,  dans 
lesquelles  il  n'y  ait  de  notable  que  le  déplacement  transversal  S  parallèle 
au  plan  d'incidence  ou  des  xy,  déplacement  qu'on  pourra  toujours  sup- 
poser exprimé  par  une  formule  comme  celle,  (i4)'  de  Z,,  où  tp',  rapide- 
ment variable  avec  t,  changerait,  en  outre,  lentement  avec  x,  y,  z.  A  ce 
déplacement  S  devront  s'adjoindre  non  seulement  le  petit  déplacement 
longitudinal  s  donné  par  (12)  et  annulant  la  grande  parenthèse  de  (g), 
mais  encore  un  surcroit,  e,,  de  déplacemeuL  longitudinal  et,  peut-être 
même,  un  minime  déplacement  C  =  y  suivant  le  sens  des  :;,  dû  au  défaut 
de  symétrie  que  cause  la  variation  de  S  avec  z.  Les  expressions  des  dépla- 
cements suivant  les  axes  seront  dès  lors,  au  lieu  de  (8), 

/     \      >-            m    ,              I        /          \                l    ,            m       ,  \       V 

(20)      ç--.^--  j^ç  +  -^^^(e  +  £,),      -^-^  R?  H-         r(e  +  s,).      C-=T. 

M  Les  petiis  termes  (en  i,  ^^,  y)  n'auront  de  sensibles  que  leurs  dérivées 
principales  (accentuées,  ou  en  t).  Quant  à  la  fonction  (p',  elle  aura,  en 
outre,  de  petites  dérivées  premières  non  négligeables,  en  dx,  dy,  dz.  Les 
expressions  de  A^c,  A^-o  et  des  dérivées  de  9  en  x  et  j,  obtenues  après  les 
formules  (8),  s'accroîtront,  par  suite,  des  nouveaux  termes  respectifs 

et  les  Oiîixxx  premières  équations  (r3),  au  lieu  de  donner  les  deux  re- 
lations (9),  dans  lesquelles  la  grande  parenthèse  sera  annulée  par  l'ex- 
pression de  s,  deviendront 

))  VI.  Celles-ci,  ajoutées  après  midtiplication  par  — //i  et  par /respecti- 
vement, donnent  l'équation  (18)  déjà  obtenue  pour  régir  0  dans  le  cas 
d'ondes  à  mouvements  normaux  au  plan  d'incidence;  et  il  en  résulte  de 

C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N-  22.)  1  l5 


C  864  ) 
même,  tant  pour  des  ondes  isolées  que  pour  des  ondes  périodiques,  l'in- 
tégrale (19).  On  en  déduira  donc  la  conservation  des  valeurs  de  la  fonc- 
tion (p  suivant  le  sens  normal  aux  ondes,  ou  la  transmission  exclusive, 
dans  ce  sens,  du  mouvement  sensible.  D'ailleurs,  les  expressions  de  ?5  et 
de  £  seront  toujours  (10)  et  (12),  mais  avec  9  fonction  arbitraire,  rapide- 
ment variable,  de  /  —  my  —  i Idx,  et  lentement  variable  de  z,  ainsi  que 

d'une  coordonnée  courbe,  comptée  dans  le  plan  des  xy  le  long  de  la  pre- 
mière surface  d'onde,  comme  quand  il  s'agissait  de  déplacements  X,  nor- 
maux au  plan  d'incidence. 

))   Quant  au  nouveau  déplacement  longitudinal  e,,  sa  loi  résultera  des 
équations  (21),  maintenant  réduites  à 

.      .  R         „_  1  (?y"|_  -I  ()y"_        I (làj"  ^m^'!\ 


i/li  _j_  ;^s    '        i  ày  m     d-z-        l'  +  m^  \    dy 

L'on  en  déduit  aisément 


V2-5;  ^.  -  K  [^^^^.  dx  ^  sJir^Tn-'  ày)        R  as  ' 


où  as  désigne  un  arc  élémentaire  tiré,  à  partir  du  point  (x,  y,  z)  et  paral- 
lèlement au  plan  des  xy,  dans  la  surface  d'onde,  c'est-à-dire  suivant  la 
direction  même  du  déplacement  S  quand  il  est  positif. 

»  Cette  formule  est  toute  pareille  à  celle,  (17),  du  petit  déplacement 
longitudinal  a,  dans  le  cas  de  mouvements  perpendiculaires  au  plan  d'inci- 
dence; car,  ici,  la  coordonnée  de  même  sens  que  le  déplacement  trans- 
versal est  s  et  non  plus  z. 

»   Il  reste  enfin  la  troisième  équation  (i3).  Mais  la  petite  expression  de  6, 

n'ayant  de  sensible  que  sa  dérivée  principale  9',  donne  -7^  =  o  ;  et,  dès  lors, 

cette  troisième  équation  du  mouvement  régit  Z,  indépendamment  de  E  et  v). 
Autrement  dit,  les  déplacements  transversaux  S  parallèles  au  plan  des  xy 
n'entraînent  aucun  déplacement  appréciable  qui  soit  normal  à  ce  plan. 

»  En  résumé,  les  lois  obtenues  ci-dessus  (n°'  II,  III  et  IV)  pour  régir, 
dans  un  pinceau  limité  de  lumière  parallèle,  les  vibrations  sensiblement 
normales  au  plan  d'incidence,  s'appliquent  sans  changement  aux  vibra- 
tions parallèles  à  ce  plan  (  '  ).    » 


(')  C'est  en  i885,  dans  le  Volume  inlitulé  Application  des  potentiels  à  l'étude  de 


(  865  ) 


MEMOIRES  PRESENTES. 

VITICULTURE.  —  Expériences  sur  la  destruction  du  Phylloxéra. 
Note  de  M.  Lanfrey.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

«  Les  expériences  ont  été  faites  avec  l'^e  d'acide  picrique  dissous  dans 
90'''  d'eau,  on  a  employé  i'"  par  pied  de  vigne  (cette  quantité  pourrait  être 
diminuée);  le  prix  de  revient  varie  de  o'''',o4  à  o^'^oS  par  litre,  mais  ce 
chiffre  sera  certainement  rendu  inférieur  par  des  approvisionnements  en 
gros.  Les  injections  ont  été  faites  avec  un  verre;  un  injecteur  à  pression 
donnera  de  meilleurs  résultats. 

))  On  détruit  aussi  de  la  sorte  tous  les  autres  insectes  microscopiques 
contenus  dans  les  racines.  Le  ver  blanc  est  également  atteint. 

»  Le  moment  opportun  pour  cette  opération  paraît  être  aux  mois  de 
juin,  juillet  et  août. 

»  Le  même  produit  employé  sur  des  racines  d'arbres  fruitiers,  tels  que 
pommiers,  poiriers  et  abricotiers  également  attaqués  par  les  racines,  a 
donné  le  même  résultat  que  pour  la  vigne.   « 

M.  Fii.  lÎAiLr,Y  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  «  Sur  un 
appareil  volant   «. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

M.  Deiss  adresse  une  Note  relative  à  «  son  procédé  d'extraction  du 
caoutchouc   ». 

(Commissaires  :  MM.  Van  Tieghem,  Arm.  Gautier,  Guignard.) 


l'équilibre  et  du  mouvement  des  solides  élastiques,  avec  des  notes  étendues  sur 
divers  points  rie  Physique  mathématique  et  d'Analyse,  que  j'ai  donné  la  mélliode 
approchée  d'intégration  suivie  ici  pour  expliquer  la  délimitation  latérale  des  rayons 
lumineux.  Elle  y  est  appliquée  (p.  673  à  698)  aux  ondes  émanées  d'un  centre  d'ébran- 
lements, ou  enveloppes  d'ondes  planes  de  toute  orientation  parties  simultanément  de 
ce  centre,  dans  un  éther  homogène  de  la  contexture  élastique  la  plus  générale  pos- 
sible, vibrant  au  sein  d'un  corps  transparent,  également  homogène,  de  contexture 
symétrique. 


(  866  ) 


CORRESPONDANCE. 


ASTRONOMIE.   —  Observations  des  Lconides  faites  en  1899  à  l'observatoire 
de  Lyon.  Note  de  M.  J.  Guillaume,  présentée  par  M.  Lœwy. 


/ 


»  Le  xn  novembre.  —  Ciel  pur,  la  lumière  zodiacale  est  visible  jusqu'aux 
étoiles  de  la  tête  du  Lion,  En  quarante  minutes  d'observation,  j'ai  vu 
i3  étoiles,  soit  un  nombre  horaire  proportionnel  de  19,5.  Ces  i3  étoiles  se 
répartissent  ainsi  : 

h        m  h         lu 

De  17.   oàf-.iS 9  étoiles 

De  17 .  i5  à  «7 .3o 3       » 

De  1 7 .  3o  à  1 7 .  40 I       » 

))  Dans  le  premier  quart  d'heure  d'observation,  on  en  a  compté  5  en 
une  minute,  vers  17'' 5™. 

»  Les  trajectoires  étaient  généralement  courtes,  le  mouvement  plutôt 
lent,  la  teinte  bleuâtre  et  l'éclat  de  5*  à  6*, 5  grandeur;  deux  d'entre  elles 
étaient  plus  brillantes,  i^,5  et  2^  grandeur,  l'une  dans  la  Vierge  (182" —  3" 
et  183°—  5°)  et  l'autre  dans  la  Boussole  (i36°—  19°  et  i32°—  23");  elles 
étaient  toutes  deux  orangées,  plus  brillantes  au  milieu  de  leur  course 
qu'au  commencement  et  à  la  fin. 

»  Le  radiant  de  la  plupart  de  ces  étoiles  était  près  de  (7  et  t  Lion 
(170° +  6°). 

»   Au  jour,  on  voyait  le  ciel  parsemé  de  bandes  de  légers  cirrus. 

»  Le  i3.  —  Ciel  brumeux,  la  lumière  zodiacale  n'est  visible  que  jusque 
vers  p  Lion.  Au  jour,  on  voit  des  cirrus. 

»  De  i7''o"'  à  17'' 45",  je  n'ai  noté  que  deux  étoiles  : 

144°  +  26°  et  i35°-T-  37" 
195°+  iS"  et  216°+  11° 

Elles  étaient  blanches,  assez  rapides,  sans  traînée,  de  4^  grandeur. 

»   Les  i4  et  i5.  —  Brouillard  très  épais  a  empêché  d'observer. 

»  Le  16.  —  Ciel  très  pur  mais  la  Pleine  Lune  gène,  la  vision  s'arrête 
aux  étoiles  de  4*  grandeur  dans  la  Vierge  et  à  celles  de  5"  dans  le  Lion. 


(  «<^7  ) 
))  En  une  heure  trente  minutes,  j'ai  noté  1 1  étoiles,  soit  une  moyenne 
horaire  de  7,4-  Voici  leur  répartition  : 

^      ^''     °;    /    »"        l  5'' sr.  bleue,  très  rapide     i5o°  :    i3"  et  i5i°+  12" 
De  1 6 .   o  a  1 6 . 1  a.     2      „    "  ;  .  /  „  „  „ 

(  3=    «  orangée,  rapide  log"--    8°  et  160° H-    2° 

!i'   »       »       assezrapide     i94°-i     3''et200°H-    1° 
3'^    »  jaune,  lente,    trai-  ) 
neeavecgranules,  ;  169°      ai"  et  loo"-'^  21" 
persiste  \^  \  ] 

T^      „   „     ,     ^    ,^  (a''    »   oranffée,  assez  ra-  )  ,      ,       .,         o  r„       o   „ 

De  ib.3oà  i6.4o.     1  .,      .  .  100°    -  Aooà  203°  i- 37<'el2o5°  ;   32° 

(  pide,  incurvée      ) 

/    5"    )>  orangée,  assez  ra-  j 

\  pide,  incurvée  à  /    i4o°—    9°ài39° — i7°eti38° —  i8° 

x\      c    r-  ■  /    ]  \^in\  I 

DeiD.4oai7.   o.     4   1   ,  ,         ,         .,  ,.  ,,    , 

1  4°    »   orangée,  très  rapide,  granulée,  courte,  passe  sur  V  Hydre 

I  5"',5  »  blanche,  >>  i9>°  i-  i6°eti93°H-  16° 

\   S''     )>  »  rapide  188"— 27°  et  196°+ 29° 

De  17  .  i5  à  17 .3o.     o 

(4''    »  orangée,  assez  ra-  )     „„  .  „ 

.,"     '  j63°   -  2o°el  161° -n-  25° 

pide 
ue  17.00  a  i-,  .i\o.     2   (    ^  '         , 

'a"    »  orangée,  assez  ra-  cn„         o„ 

.  ,^  177°^    2°et  i83°—    3° 

pide  ) 


ASTRONOMIE.  —  Obseivalions  des  Léonides,  faites  à  l' obseivaloire  d'Alger, 
les  i3,  i4  et  13  novembre  189g.  Noie  de  M.  Cii.  Trépied,  présentée  par 
M.  Lœwy. 

Les  observateurs  sont  désignés  par  les  lettres  suivantes  : 

E Evrard.  H" Rénaux. 

G Gaultier.  S Sj. 

R'' Rambaud.  T Trépied. 

Dates. 
1899.  d'Algci-.  de  Léonides.  du  ciel.  Observateurs. 

h  m  II         m 

Nov.  i3  .  .    .  .  .      II.. 5o     à     12.20  I  Brumeux.  R-^.S.T 


Temps  ninyen 
d'Alger. 

Nombre 
de  Léonides. 

Etal 
du  ciel. 

Il         m 

1  I  .  .5o 

à 

Il         m 
I  2  .  20 

, 

Brumeux. 

12  .20 

à 

I2.5o 

0 

» 

I2.5o 

à 

l3.20 

I 

» 

l3.20 

à 

i3.5o 

0 

» 

i3.5o 

à 

l4-20 

0 

)) 

l4.20 

à 

i4.5o 

I 

» 

A   i4''.5o'"  le  ciel  se  couvre  complètement. 


(  868  ) 


Dates. 

189f). 


Nov.    lli 12.10 


Nov.  10 


Temps  moyen 

Nombre 

État 

d' 

^Ige 

'. 

de  Léonides. 

du  ciel. 

Il       II 

h       m 

12.10 

à 

12.40 

0 

Beau. 

12.4o 

à 

i3.io 

I 

)) 

l3.I0 

à 

i3.4o 

2 

» 

i3.4o 

à 

i4. 10 

4 

» 

i4. 10 

à 

14.40 

I 

» 

14.40 

à 

i5. 10 

I 

» 

1.5. 10 

à 

i5.4o 

4 

» 

i5.4o 

à 

16. 10 

4 

» 

16.  10 

à 

16.40 

.5 

» 

16.40 

à 

17.10 

7 

» 

17.10 

à 

17.40 

7 

» 

II  .3o 

à 

12.   0 

I 

Beau. 

12,   0 

à 

12.3o 

1 

1) 

la.So 

à 

i3.   0 

1 

» 

i3.   0 

à 

i3.3o 

2 

» 

i3.3o 

à 

.4.   0 

3 

)> 

i4.   0 

à' 

14. 3o 

6 

» 

i4-3o 

à 

i5.  0 

3 

)) 

i5.   0 

à 

i5.3o 

1 

» 

i5.3o 

à 

16.   0 

I 

» 

16.   0 

à 

16. 3o 

2 

M 

16. 3o 

à 

17.   0 

2 

» 

17.   0 

à 

17.30 

3 

» 

17. 3o 

à 

18.   0 

4 

» 

Observateurs. 

E 

» 


G 

» 
» 

E 


R» 

Rd.E 


R-.S.T. 

» 

E.S.T. 


R* 


i4  montrent  un  accroissement  sensible  du 
es  vers  la  fin  de  la  nuit,  de  i5''io'°  à  17'' 40'". 
quer  l'existence  d'un   maximum   entre    i4''o'" 


»   Les  observations    du 
nombre  horaire  des  météoi 
Celles  du  i5  semblent  indi 
et  lA^So'". 

»   Les  météores  étaient,  pour  la  jilupart,  de  couleur  jaune;  on  en  a  noté 
quelques-uns  orangés. 

Classemenl  des  Léonides  par  ordres  de  grandeur. 


Grandeur. 

1  .  .  . 

2  .  .  . 
3... 
4... 
5... 


Nombre 
de  Léonides. 


10 
22 
'9 

9 
6 


»  Position  du  radiant.  —  La  position  du  point  radiant  a  été  déterminée 


(   869  ) 
par  i8  traces  marquées  sur  la  Carte  pour  le  i4  novembre,  et  par  i4  traces 
pour  le  i5.  On  a  trouvé 

M.  (S>. 

NOV.    l4 iSo"  ^-22° 

i5 i5o">  +21° 

))  Météores  étrangers  à  l'essaim  des  Léonides.  —  Le  nombre  de  ces  mé- 
téores, avec  la  durée  de  l'observation,  est  indiqué  dans  le  Tableau  sui- 
vant : 

Durée 
Dates.  Nombre  de 

1899.  de  météores,     l'observation. 

h     m 

Nov.   i3 7  3.0 

i4 I  '  5-5 

i5 23  6. .5 

»  Les  étoiles  filantes  étrangères  à  l'essaim  des  Léonides  entrent  donc 
pour  4o  pour  loo  environ  dans  le  nombre  total  des  météores  observés 
pendant  les  trois  nuits. 

))  Il  est  certain  que  l'observation  du  phénomène  a  été  fort  gênée  par  la 
lumière  de  la  Lune;  on  avait  déjà  de  la  peine  à  percevoir  les  traces  d'un 
éclat  comparable  ;i  celui  des  étoiles  de  5*  grandeur.  Néanmoins,  il  se  ma- 
nifeste une  telle  différence  d'intensité  entre  le  flux  de  1899  et  celui 
de  1866,  que  l'hypothèse  d'un  changement  profond  dans  la  distribution 
des  corpuscules  de  l'essaim,  pendant  la  dernière  période  écoulée  de  33  ans, 
est  devenue  très  vraisemblable.  » 


ASTRONOMIE.  —  Observation  des  Léonides  à  Alger. 
Note  de  M.  Harold  Taruv.  (Extrait.) 

«  Les  observations  des  Léonides  à  Alger  ont  été  faites  par  les  membres 
de  la  section  astronomique  du  Petit  Athénée,  Société  d'études  et  de  vulga- 
risation littéraire,  scientifique,  artistique  et  sociale. 

))  M.  l'Amiral  avait  bien  voulu  mettre  à  notre  disposition,  pour  ces 
observations  faites  sous  ma  direction,  les  terrasses  de  l'Amirauté,  et 
M.  Voinot,  maire  d'Alger,  dans  le  même  but,  les  terrasses  du  fort  Babazoun 
devenu  propriété  communale  depuis  le  déclassement  des  fortifications. 

»  Les  observations  ont  duré  trois  nuits  et  ont  été  très  complètes  dans 
les  deux  dernières;  une  quarantaine  d'observateurs  ont  pris  part  aux 
observations. 


(  «?"  ) 

»   Voici,  par  heure,  les  nombres  d'étoiles  filantes  observées 


Du  i3  au  i4 

h  h 

10  à   II bolide 

1 1  à   1 2 6 

1 2  à     1 6 

là     3 » 

2  à     3 » 

3  à     4 » 


>4. 

Du  i4  au 

i5. 

Du 

i5  au 

16 

e 

3 
5 
7 

19 
16 
20 

70 

I 

3 
6 

» 
» 
» 

10 

Total  92 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  la  définition  de  l'aire  d'une  surface. 
Note    de  M.    H.   Lebesgue,   présentée   par  M.  E.   Picard. 

«  Le  problème  de  la  mesure  des  surfaces  planes  limitées  par  des  courbes 
fermées  sans  point  double  peut  se  poser  de  la  façon  suivante  (Voir 
Hadamard,  Leçons  de  Géométrie  élémentaire,  page  289)  :  Faire  correspondre 
à  chaque  surface  un  nombre  appelé  aire,  de  façon  que  deux  surfaces  égales 
aient  des  aires  égales  et  que  la  surface  formée  par  la  réunion  d'un  nombre 
fini  ou  infini  de  surfaces,  ayant  des  portions  de  frontière  communes  et 
n'empiétant  pas  les  unes  sur  les  autres,  ait  pour  aire  la  somme  des  aires 
des  surfaces  composantes  (conditions  A). 

»  Le  problème  est  possible  lorsqu'on  se  limite  aux  polygones.  Une  sur- 
face plane  étant  donnée,  les  aires  des  polygones  intérieurs  à  celle  surface 
ont  une  limite  supérieure  s  que  l'on  appelle  aire  intérieure,  et  les  aires  des 
polygones  comprenant  la  surface  ont  une  limite  inférieure  S  que  l'on 
appelle  aire  extérieure.  Il  est  possible  de  décomposer  la  surface  en  poly- 
gones dont  la  somme  des  aires  est  s,  de  fiçon  que  chaque  point  de  l'inté- 
rieur appartienne  à  un  polygone,  et  à  un  seul  ou  soit  sur  la  frontière  d'un 
polygone.  Il  faut  donc  attribuer  à  la  surface  proposée  l'aire  s.  Mais  avec 
cette  définition  l'aire  de  la  somme  de  deux  surfaces  pourrait  être  plus 
grande  que  la  somme  des  aires  de  ces  deux  surfaces.  Cela  n'arrive  pas  pour 
les  surfaces  telles  que  S  =  5;  on  les  appelle  sur/aces  quarrables,  I^e  pro- 
blème de  la  mesure  des  surfaces  planes  n'est  donc  possible  que  pour  les 
surfaces  quarrables.  Si  l'on  appelle  courbes  quarrables  celles  qui  peuvent 
être  enfermées  dans  des  aires  aussi  petites  que  l'on  veut,  on  voit  que  les 
(rentières  d'une  surface  quarrable  sont  des  courbes  quarrables. 


(  87«  ) 

»  Les  conditions  A  suffisent  pour  déterminer  le  problème  de  la  mesure 
des  surfaces  sphériques  (ou  cylindriques  de  révolution),  le  problème  n'est 
encore  possible  que  pour  certaines  surfaces  particulières;  mais  ces  condi- 
tions A  ne  suffisent  pas  en  général,  de  plus  elles  ne  permettent  d'établir 
aucune  relation  entre  les  aires  planes  et  les  aires  sphériques.  Il  faut  donc 
définir  des  conditions  supplémentaires. 

»  Je  rappelle  que  les  courbes  se  divisent  en  deux  catégories  (Scheeffer, 
Jordan)  :  les  courbes  rectifiables,  pour  lesquelles  les  longueurs  des  lignes 
polygonales  inscrites  ont  une  limite  supérieure  que  l'on  appelle  longueur 
de  la  courbe,  et  les  courbes  non  rectifiables. 

))  Il  a  semblé  tout  d'abord  que  l'on  pouvait  définir  d'une  façon  analogue 
l'aire  d'une  surface  par  la  considération  des  surfaces  polyédrales  inscrites. 
Schwarz  a  montré,  dans  une  lettre  à  Genocclii,  que  les  aires  de  ces  surfaces 
polyédrales  n'ont  pas  de  limite  supérieure.  J'opérerai   donc   autrement. 

»  Soit  dans  l'espace  une  ligne  polygonale  fermée  /.  Les  aires  des  surfaces 
polyédrales  bilatères  simplement  connexes  ayant  /  pour  unique  frontière 
ont  une  limite  inférieure  que  j'appelle  Vaire  minima  de  l.  Soit  une  courbe 
fermée  G,  j'inscris  dans  cette  courbe  une  ligne  polygonale  /.  Il  est  possible 
de  déterminer  deux  nombres  *  et  S  (^=S)  tels  qu'à  partir  d'un  certain  degré 
de  petitesse  pour  les  côtés  de  /,  l'aire  minima  de  /  soit  comprise  entre  s  —  t 
et  S  +  £  (quel  que  soit  i).  J'appelle  s  l'aire  minima  intérieure  de  C,  S  l'aire 
minima  extérieure.  Si  S  =  5  je  dirai  que  la  courbe  est  quarrable  et  j'appel- 
lerai s  son  aire  minima.  Pour  qu'une  courbe  soit  quarrable  il  faut  et  il  suffit 
que  sa  projection  sur  tout  plan  soit  quarrable.  Les  courbes  rectifiables  sont 
quarrables.  Soient 

les  coordonnées  des  points  d'une  surface  (que  j'appelle  rectifiable)  telle 
qu'à  toute  courbe  rectifiable  du  plan  (m,  c)  corresponde  une  courbe  recti- 
fiable  sur  la  surface.  Il  est  facile  de  déterminer  la  forme  la  plus  générale 
des  fonctionsy, 'p,  i|/ correspondant  aux  surfaces  rectifiables;  ces  fonctions 
sont,  à  plusieurs  points  de  vue,  les  analogues  des  fonctions  d'une  variable 
à  variation  limitée.  Les  surfaces  analytiques  sont  rectifiables.  A  une  courbe 
quarrable  du  plan  (j/,  v)  correspond  sur  la  surface  rectifiable  une  courbe 
quarrable. 

»  Soit  une  surface  rectifiable  S  limitée  par  une  courbe  quarrable  1.  Je 
décompose  S  en  morceaux,  par  des  courbes  quarrables.  La  somme  des  aires 
minima  de  ces  courbes  tend  vers  une  limite,  indépendante  du  choix  des 

c.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  iN'  22  j  I  I  (3 


(    «72    ) 

courbes  de  division  quand  le  diamètre  maximum  de  ces  courbes  tend  vers 
zéro.  Celte  limite,  que  l'on  aurait  aussi  pu  définir  comme  limite  supérieure, 
est  ce  que  j'appelle  X'aire.  Elle  satisfait  aux  conditions  A.  En  parLiculier  si 
l'on  a  divisé  S,  i)ar  des  courbes  quarrables,  en  morceaux  dont  la  somme  des 
aires  est  inférieure  à  l'aire  de  S,  on  peut  affirmer  qu'il  existe  une  infinité 
non  dénombrable  de  points  n'appartenant  à  aucun  de  ces  morceaux. 

M  Le  problème  de  la  mesure  des  surfaces  est  donc  possible  pour  les  sur- 
faces rectifiables  S  limitées  par  des  courbes  quarrables  2.  Il  n'est  plus  pos- 
sible si  i  n'est  pas  quarrable.  En  opérant  comme  ci-dessus,  on  fait  corres- 
pondre à  S  un  nombre  que  j'appelle  aire  intérieure,  mais  il  ne  satisfait  plus 
aux  conditions  A.  Si  la  surface  rectifiable  est  définie  au  delà  de  1,  on  peut, 
comme  dans  le  cas  du  plan,  définir  l'aire  extérieure  de  S. 

))  Dans  le  cas  où  la  surface  admet  des  plans  tangents  variant  d'une  façon 
continue,  on  peut  définir  l'aire  à  l'aide  d'une  intégrale.  On  a  alors  deux 
définitions  d'un  même  nombre;  ces  deux  définitions  concordent. 

»  Étant  donnée  une  courbe  C,  il  existe  une  surface  rectifiable  ayant  C 
pour  unique  frontière  et  dont  l'aire  intérieure  est  égale  à  l'aire  minima 
intérieure  de  C.  Je  l'appelle  surface  minima.  Il  n'existe  pas,  avec  les  con- 
ditions précédentes,  de  surfaces  ayant  une  aire  intérieure  plus  petite.  Une 
surface  minima  pour  une  courbe  C  est  minima  pour  toute  courbe  V  tracée 
par  elle.  Si  T  n'est  pas  quarrable,  l'aire  extérieure  relative  à  r  de  la  surface 
minima  est  l'aire  minima  extérieure  de  T. 

»  La  définition  qui  précède,  de  l'aire  d'une  surface,  présente  la  plus 
grande  analogie  avec  la  définition  de  la  longueur  d'une  courbe.  A  une 
division  de  la  courbe  par  des  points  correspond  une  division  de  la  surface 
par  des  courbes  quarrables  et  à  la  distance  de  deux  points  de  division  sur 
la  courbe,  c'est-à-dire  à  la  longueur  de  la  courbe  de  longueur  minima  joi- 
gnant ces  deux  points,  correspond  la  surface  minima  d'une  des  courbes 
de  division,  c'est-à-dire  l'aire  de  la  surface  d'aire  minima  passant  par  cette 
courbe. 

»  M.  Peano  a  indiqué  (')  une  définition  de  l'aire  d'une  surface  dans 
laquelle  intervient  une  division  de  la  surface  en  morceaux,  par  des  courbes. 
Sa  définition  est  donc  analogue  à  celle  que  je  viens  de  donner.  Mais,  pour 
l'appliquer  avec  certitude,  au  moins  sans  études  nouvelles,  il  faut  faire 
certaines  hypotbèses  dont  la  méthode  que  j'ai  indiquée  permet  de  s'at- 
franchir. 

(')  liendiconti  délia  Accadeinia  dei  Lincei ;  1890. 


(  »7^>  ) 

»  On  peut  donner  de  l'aire  d'une  surface  des  définitions  plus  simples  et 
s'appliquant  à  des  familles  de  surfaces  moins  particulières,  du  moins  si 
l'on  renonce  à  la  seconde  des  conditions  A;  mais  la  définition  précédente 
met  en  évidence  une  classe  très  générale  de  surfaces  qui  présentent  une 
grande  analogie  avec  les  courbes  rectifiables. 

»  Je  conviens  d'appeler  sur/aces  applicables  l'une  sur  l'autre,  deux  sur- 
faces rectifiables  entre  les  points  desquelles  il  est  possible  d'établir  une 
correspondance  biunivoque  et  continue  conservant  les  longueurs  des 
courbes  rectifiables.  Cette  définition  est  plus  générale  que  celle  que  l'on 
donne  ordinairement.  On  peut  démontrer  que  les  portions  correspon- 
dantes de  deux  surfaces  applicables  ont  même  aire  intérieure  et  même 
aire  extérieure.  Les  aires  et  les  longueurs  sont  donc  conservées:  les  angles 
ne  le  sont  pas.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  nombre  de  racines  d'une  équation  algé- 
brique comprises  à  l'intérieur  d'une  circonférence  donnée.  Note  de 
M.  Michel  Petrovitch,  présentée  par  M.  Hermite. 

n  Dans  une  Note  précédente  ('),  j'ai  démontré  le  théorème  suivant  : 
Soit  ¥(x)  =  o  une  équation  algébrique  de  degré  m,  à  racines  réelles  ou 
imaginaires,  égales  ou  inégales;  soit  ensuite  C  une  circonférence  donnée 
de  rayon  r,  ayant  l'origine  pour  centre.  Décrivons  de  part  et  d'autre  de  C 
deux  circonférences  C,  et  C,,  ayant  l'origine  pour  centre,  de  rayons  res- 
pectifs r,  el  r,  (avec  /■,</•<  r^)  et  telles  que  la  couronne  qu'elles  limitent 
ne  contienne  aucune  racine  de  F(œ)  =  o. 

»  Formons  la  transformée  de  F  (a;)  —  o  ena=  isjy  el  soit 

(i)  $(j,  ?)  =  o 

cette  transformée.  Formons  ensuite  la  transformée  de  (i)  en  y  =  yjY,,  puis 
la  transformée  de  celle-ci  en  z,  =  s/z^  et  répétons  cette  opération  jusqu'à  la 
transformée  d'ordre  n,  que  nous  désignerons  par 

(2)  W{z„,t)  =  oC). 


(')  Comptes  rendus,  n°  16  du  16  octobre  1899,  p.  583-586. 
C)  V  étant  un  polynôme  en  z„  et  t,  de  degré  m  en  z„. 


(  874  ) 
»  Désignons  par  \,  le  nombre  qu'on  obtient  en  posant 


.,         ,  =  ^1±^ 


dans  la  dérivée  logarithmique  de  W  par  rapport  à  z„. 

»  Le  nombre  de  racines  de  F(x)  =  o  comprises  à  l'intérieur  de  C  sera  égal 
à  la  partie  entière  de  o,5  4-  !„  et  cela  quel  que  soit  l' entier  n  à  partir  d'une 
certaine  valeur  entière  [j.. 

»  J'avais  indiqué,  comme  limite  supérieure  de  [/.,  le  plus  petit  nombre 
entier  supérieur  à  la  quantité  toujours  positive 


(3) 


1     iog(4"i 


logl  I 


'■■.—  l\\ 


»  Mais  on  peut  avoir  une  limite  supérieure  de  [x  plus  petite  que  cette  dernière. 
«   En  effet,  la  démonstration  de  la  Noie  jjrécédente  repose  sur  ce  fait 
que,  si 

(4)  W,{z,t)=o 
est  la  transformée  de  F(a)  ^  o  en 

x  =  t\Jz, 

le  nombre  y.^,  obtenu  en  posant  s  =  i,  /  =  ^(r,  +  r^)  dans  la  dérivée  loga- 
rithmique de  Wh  par  rapport  à  z-,  satisfera  aux  inégalités 

(5)  /?  —  £<>.*</>  +  ■'), 

où  p  est  égal  au  nombre  de  racines  de  F  =  o  comprises  à  l'intérieur  de  C 
et  où  l'on  a  posé 


^\T-. 


1 


m  — p 


I 


(^) 


'  2 


2r9 


»  Chaque  terme  des  seconds  membres  de  (6)  est  positif  et  tend  vers 
zéro  lorsque  k  augmente  indéfiniment.  De  plus,  en  prenant  pour  k  un  en- 


(  875  ) 
lier  quelconque  supérieur  à  la  quantité  toujours  positive 


loef.       '''-''' 


/■<!  4-  r 


chaque  terme  de  (6)  sera  plus  petit  que  ~;  par  suite,  on  aura  s  <C  ?,  vX^  ^, 
d'où 

ou  encore 

»   Or,  la  transformée  (2)  n'est  autre  que  la  transformée  de  F  (a;)  ^  o  en 

2"+'/ 

»   Par  suite,  en  faisant 

[S  étant  défini  par  (7)]  on  aura  une  limite  supérieure  de  jx  en  prenant  pour 
ce  nombre  le  plus  petit  entier  supérieur  à  la  quantité  toujours  positive 

(8)  pl-i. 

^      '  lOg  2 

M   Et  comme  pour  m  >  i  on  a  toujours  !5  >  3  et,  par  suite, 

log  0^8 

log  2  2 

le  nombre  (8)  est  toujours  plus  petit  que  le  nombre  (3).  » 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  généralisation  des  développements  en 
fractions  continues,  donnés  par  Lagrange,  de  la  fonction  (i  +  x)'"-.  Note 
de  M.  H.  Padé,  présentée  par  M.  Appell. 

«    l.  Ces  développements^  au  nombre  de  trois,  ont  été  donnés  par  La- 
grange dans  son  Mémoire  Sur  l'usage  des  fractions  continues  dans  le  Calcul 


(')  Je  saisis  l'occasion  de  corriger  une  petite  erreur  qui  s'était  introduite  par  mé- 
garde  dans  la  Note  précédente  et  qui  consiste  en  ce  que  l'exposant  2"+'  s'y  trouve  par- 
tout remplacé  par  2(n  -t-  i).  Ceci  ne  change,  d'ailleurs,  en  rien  ni  la  démonstration  ni 
le  résultat  énoncé,  puisque  les  inégalités  (5)  et  les  formules  (6)  subsistent  quel  que 
soit  l'exposant  positif  k. 


(  876  ) 

intégral.  Le  premier  d'entre  eux,  avec  sa  représentation  schématique  ('). 


est  le  suivant 


y\    .    .  H I 

B-lc.       . 
aI — . — -. — .— 


(l  -t-.T)"'—  I 


(m-O- 


m  -^-  \   œ 


3        ■>. 


m  —  IX 


3        2 


nt-\-  1  œ 


3        2 


»    Soit 

^  '  I  1.2 


la  q  uantité  Q  peut  être  mise  sous  la  forme 

Q=- 


m{ni  ■ —  I ) .  .  .  (  m  —  ■;  +  i ) 

V\ 

m  {m  —  \).  .  .{m  —  v  ) 


X' 


(v  +  ,)! 


x'-^'  X  Q; 


^1 


(v  H-  I  )  (v  +  1  —  w  ) 


•     Ht •! 

x!'  ;  : 

i 

A(o,v)|       .... 


(v+l)(v  +  2) 


I  (i  -H  m) 

(v+2)(v  +  3) 


(v  H-  2  )  (v  +  2  —  w  ) 

(v4-3)(v  +  4)       ' 
2  (  2  +  «l  ) 


(v4-4)(v  +  5) 


»  Les  numérateurs  partiels  étant  désignés  par  i ,  r,  x,  r.^x,  . .  ,  on  a 


r„  = 


i{i  -h  m) 


(■'  +  2J)(^  +  2'  -f-  ') 


^it  +  > 


(  V  -t-  /  +  I  )  (v  +  ('  -I-  1  -  m)_ 
(v -f- 2? -(- i)(v  +  2/ -H  2)    ' 


un  quotient  complet  quelconque  est  i  +  7„a;-^i  avec 

J\.i  =  F  (v  +  /  +  I  —  /«,      /,      V  +  2/  +  I ,  —  x), 
/■ii+\  =  F(v  +  /  +  I  —  m,  «'  +  I ,  V  +  2  /  +  2,  —  x). 

»   Le  schéma  placé  contre  la  fraction  continue  Q  représente  la  disposi- 


(')  Voir  Comptes  rendus,  i3  novembre  1899. 


(877  ) 
tion,  dans  le  plan,    des   réduiles  du    développement   correspondant    de 
(i-hx)'". 

»  Le  développement  considéré  de  Lagrange  est  le  cas  particulier  de  ce  déve- 
loppement de  (t  +  x)"',  qui  correspond  à  v  =  o. 

»  2.  Nous  rapprochons  ici  les  deux  autres  développements  de  Lagrange, 
parce  qu'ils  vont  apparaître  comme  des  cas  particuliers  d'une  seule 
fraction  continue  générale;  les  voici,  avec  leurs  schémas  : 


(' 


^ .   \Ht    r         I          «-n  ^ 

+  - 

1 

//*(//(  —  i)  ^^ — 

y 

D 

By  ,    .    . 
/.     .    .     . 

m  —  2 

1  .0 

m  X 

(w  +  i)(m- 
9 

-2)    a^- 

4 

A 

C 

(  m  -)-  2  )  (  /«  —  3  )  x' 
m  —  i  .[l                       2.5                (4 

3.0                        m  —  2.Q 

I 2x  +  .  . 

0-7 

\\      ,     ^  , 

>  +  (l 

X 

»l'  —  I    x^ 

V 

:  :  y: 

1.3      4 

I  -i- 

X                   3.5       4 

/" 

0 

A 

ce 

2                                          m^ 

X             5.7 

IH 1 

2                  j; 

IH 

2 

9  ^' 
4 

»   La  fraction  continue  dont  on  les  peut  déduire  s'obtient  en  prenant 
pour  Q  le  développement  suivant  ; 


ACO.K) 


0  = 


V ( V  -(-  I  —  m) 
v(v  -H  2) 


1(1  -t-  m)  (y  -i-  i)(v  +  1  —  m)     „ 
(v+i)(v  +  2)2(v-)-3)        ■^■■' 


2(2-1-  OT)(v-t-2)(vH-2  —  m) 

v(v  -I-  I  —  m)-H  2(v  -t-  2)    ^ (y -t- 3)(v -^  4)^(v  4- 5) 

(y -H  2)  (y -h  4)  ,   ,    v(vH-i— wO-h4(''  +  3) 


(y-+-4)(v4-6) 


(  878  ) 

»  Les  numérateurs  partiels  étant  désignés  par  i,  r^x'-,  r.>œ-,  r^x^,  ...  et 
les  dénominateurs  partiels  par  i  +s^^a:,  \  +  s^x,  1  +  ^,^.  ...,ona 

^■(^■^- /«)  (v +/)(v -I- j  —  7/i)  v(v -4- I  —  7?i) -4- 2/(v  +  « -I- i)_ 

'  (v  +  2t—  1)  (v  +  2J)-(V+  2«  +  l)'  '  (v  -h  2«)(v  +  2<'-+-  2)  ' 

f 

si  l'on  désigne  un  quotient  complet  par  i  -A-  s„_,a;  -h  r„x^  ~^,  on  a 

Jn 

fi  =  F(v  -\-  i  —  m,  i,  V  +  2/,  —  x). 

))  Les  deux  fractions  de  Lagrange  s'obtiennent  :  la  première,  en  faisant 
•^  =^  \ ,  la  seconde,  v  =  o,  dans  ce  développement  de  (i  +  a;)'". 

»  3.  Les  cinq  fractions  continues  de  Gauss,  Euler  et  Lagrange,  que  j'ai 
rapportées  dans  cette  Communication  et  dans  celle  qui  l'a  précédée, 
épuisent  les  fractions  continues  relatives  à  (i  +  a?)"'  connues  jusqu'à  ce 
jour;  mais  les  quatre  fractions  générales  dont  je  lésai  déduites  ne  sont  pas 
les  seules  fractions  continues  régulières  attachées  à  cette  fonction;  il  en 
existe  encore  deux  autres  entièrement  nouvelles,  en  ce  sens  qu'aucun  cas 
particulier  n'en  a  même  jamais  été  donné. 

»  En  reprenant  la  quantité,  analogue  à  Q,  que  j'ai  désignée,  dans  ma 
Communication  précédente,  par  P,  et  posant 


1  -t-iû-y + 


r,x 


\  +  s.,x  -\-  . 


I  -H5„a;H-  /•„a;-'^""^' 


on  a,  pour  la  première  de  ces  fonctions, 

i{i  -h  m)  V  —  i  —  m 

ri ■;  77—;  :  7  î  S; : j 

(v -H  j)  (v-l-  J -hl)  '          v  +  i  +  i 

fi  =  F(v  +  I  —  m,  i,  ^  -i-  i  -h  i,  —  x). 
w   Posant  maintenant 

Q  = 


r\a)^ 

l\X^ 

1  -\-  s^x  -+-. 

'                                               f 
J" 

(  879) 
la  seconde  fraction  s'obtiendra  en  faisant 


Si- 


(  |A  +  2  «■  —  I  )  (|J.  -f-  2  0'  (  IJ-  +  2  «  +  1  ) 

/'■  =  F(,w-  -\-i  +  m,  i,  [y.  +  2?',  —  x). 
»   Les  schémas  de  ces  fractions  sont  les  suivants  : 


|x(  |JL  -4-  1  +  m)  4-  2  i{  |J.  +  t  -t-  l) 
(;a  +  2î)  (lJi+  2' +  2) 


A(o,'J) 


^* 


B       C       0       E 
va: 


A(|i,o) 


»  J'ai  réussi  à  former  l'expression  générale  de  la  réduite  de  (i -h  x)'" 
d'oîi  peuvent  se  déduire  toutes  les  formules  précédentes,  sinon,  toutefois, 
les  expressions,  données  par  des  séries  hypergéométriques,  des  quotients 
complets.  » 


MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  Sur  la  Stabilité  de  l'équilibre  des  corps  flottants 
et,  en  particulier,  d'un  navire  qui  porte  un  chargement  liquide.  Note  de 
M.  P.  DuHEM,  présentée  par  M.  Appell. 

«  Dans  une  Note  récente.  Sur  les  positions  d'équilibre  d'un  navire  avec 
chargement  liquide  ('),  M.  P.  Appell  me  fait  l'honneur  de  mentionner  un 
travail,  Sur  la  stabilité  d'un  navire  qui  porte  du  lest  liquide  (-),  que  j'ai  pu- 
blié en  1896.  Depuis  ce  temps,  j'ai  complété  ce  travail  par  quelques 
recherches  sur  lesquelles  je  demande  la  permission  d'appeler  l'attention 
de  l'Académie. 

»  Mon  premier  travail  avait  pour  objet  d'établir  des  conditions  néces- 
saires, mais  non  suffisantes,  pour  la  stabilité  d'un  flotteur  qui  porte  un 
chargement  liquide. 

»  Peu  de  temps  après,  je  parvenais  (^)  à  trouver  les  conditions  néces- 


(')  Comptes  rendus,  l.  CXXIX,  p.  067,  séance  du  16  octobre  1899. 
('-)  Journal  de  Mathématiques  de  Liouville,  5°  série,  t.  II,  p.  28;  1896. 
C)  De  l'influence  qu'un  chargement  liquide  exerce  sur  la  stabilité  d' un  navire 
{Bulletin  de  l'Association  technique  maritime,  n"  7;  session  de  1896). 

C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N'  22.)  1 17 


(   88o  ) 

saires  et  suffisantes  pour  la  stabilité  de  l'équilibre  d'un  navire  qui  flotte  sur 
un  liquide  incompressible,  homogène,  pesant,  et  porte  un  chargement 
formé  d'un  liquide  semblable.  Les  conditions  obtenues  coïncidaient  avec 
celles  qu'admettaient,  bien  que  sans  démonstration  complète,  les  construc- 
teurs ;  elles  coïncidenl  également  avec  celles  auxquelles  parvient  M.  P. 
Appell  (  '  )  en  étendant  la  méthode  géométrique  de  Bravais  et  de  M.  Guyou. 
»  La  méthode  analytique  que  j'ai  suivie  est  susceptible  d'une  grande 
extension,  elle  fournit  (- j  les  conditions  nécessaires  et  suffisantes  pour  la  sta- 
bilité d'un  Jîotteur  solide,  qui  na^e  à  la  surface  d' un  liquide  unique,  compres- 
sible suivant  une  loi  quelconque,  et  porte  ou  non  un  chargement  liquide,  com- 
pressible suivant  une  loi  quelconque  ;  les  divers  corps  du  système  étant  d' ailleurs 
soumis  à  des  forces  extérieures  quelconques.    » 


Remarque  sur  la  Communication  précédente  ;  par  M.  Appell. 

(I  Je  me  permets  de  rappeler  que  l'objet  de  mes  deux  Notes  était  de 
montrer,  ce  qui  n'avait  pas  encore  été  fait,  que  la  généralisation  de  la 
méthode  de  M.  Guyou  permet  d'obtenir,  par  un  raisonnement  de  Géométrie 
élémentaire,  sans  intégrales  multiples  ni  formes  quadratiques,  la  condition 
nécessaire  et  suffisante  de  l'équilibre  stable  d'un  vaisseau  chargé  de  liquides. 
Celte  méthode  géométrique  sera  prochainement  exposée  en  détail  dans  un 
Mémoire  inséré  au  Journal  de  l'École  Polytechnique.    » 


TÉLÉPHONIE.  —  Sur  le  rendement  de  la  transmission  du  son  par  l'électricité. 

Note  de  M.  Dussadd  (  '). 

«  Je  me  suis  proposé  de  rechercher  les  conditions  dans  lesquelles  le  son 
était  transmis  avec  le  meilleur  rendement  au  moyen  de  l'électricité. 


(')  Équilibre  cV  un  flotteur  avec  chargement  liquide  {Comptes  rendus, l.CXXW, 
p.  636;  séance  du  28  octobre  1899). 

(2)  Conditions  nécessaires  et  suffisantes  pour  la  stabilité  de  l'équilibre  des  corps 
flottants  {Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux,  séance  du  7  jan- 
vier 1897).  —  Sur  la  stabilité  de  l'équilibre  d\in  corps  flottant  à  la  surface  d'un 
liquide  compressible  {Journal  de  Mathématiques  de  Liouville.  5"  séiie,  t.  III,  p.  889, 

>897)- 
(')  Université  de  Genève. 


(  88i   ) 

»  Poste  transmetleur.  —  J'ai  constaté  que  le  rendement  est  d'autant 
meilleur  qu'on  enferme  davantage  de  membranes  microphoniques  dans 
une  caisse  de  résonance  où  vient  vibrer  l'air  mis  en  mouvement  par  la 
voix  et  que  l'on  augmente  encore  ce  rendement  en  faisant  agir  l'air  vibrant 
sur  chacune  des  deux  faces  des  membranes  microphoniques.  Ces  mem- 
branes sont  réunies  par  des  doubles  cônes  et  des  granules  en  charbon. 

»  Posle  récepteur.  —  J'ai  observé  que  le  rendement  est  d'autant  meilleur 
que  l'on  donne  i)lus  de  facettes  à  chacun  des  pôles  de  l'électro-aimant, 
chaque  facette  ayant  en  face  d'elle  une  plaque  vibrante,  et  que  l'on  aug- 
mente encore  ce  rendement  en  recueillant  l'air  ébranlé  des  deux  côtés  de 
chacune  des  plaques  vibrantes  au  moyen  de  conduits  qui  aboutissent  à  un 
même  orifice. 

M  En  se  servant  de  deux  postes  où  sont  appliqués  les  principes  ci-dessus, 
l'on  constate  que  le  rendement  de  la  transmission  est  suffisant  pour 
actionner  un  phonographe. 

»  C'est  ce  dernier  appareil  qui  m'a  servi  de  mesure  des  rendements 
obtenus. 

»  J'ai  pu  enregistrer  ainsi,  à  un  très  grand  nombre  de  kilomètres  et  avec 
les  courants  ordinaires  de  la  téléphonie,  des  conversations  téléphoniques, 
des  communications  téléphoniques  en  l'absence  de  l'abonné  appelé,  des 
auditions  théàtrophoniques  et  des  discours,  le  poste  transmetteur  étant  dis- 
simulé sur  la  tribune  de  l'orateur. 

))  A  la  suite  de  ces  expériences,  j'ai  été  chargé  par  le  Département  de 
l'Instruction  publique  de  les  répéter  dans  une  conférence  officielle,  le 
i5  novembre  dernier. 

»  Le  poste  transmetteur  fut  installé  dans  le  laboratoire  de  Physique  de 
notre  Université  et  le  poste  récepteur  dans  le  grand  amphithéâtre  de  ce 
même  bâtiment.  Plus  de  mille  personnes  qui  se  trouvaient  dans  cet  amphi- 
théâtre ont  entendu,  sans  perdre  un  mot,  les  paroles  enregistrées  et 
répétées  par  le  poste  récepteur. 

»  Le  rendement  était  tel  que  l'intensité  et  le  timbre  de  la  voix  des  per- 
sonnes qui  parlaient  devant  le  poste  transmetteur  conservaient  presque, 
au  poste  récepteur,  leur  valeur  primitive  malgré  les  nombreuses  transfor- 
mations d'énergie  nécessitées  par  le  fait  de  la  transmission  électrique  et  de 
l'enregistrement  du  phonographe.   » 


(  882  ) 


PHYSIQUE.  —  Sur  l'action  chimique  des  rayons  X.  Note  de  M.  P.  Villard  ('), 

présentée  par  M.  J.  Violle. 

n  Les  intéressants  résultats  que  M.  Curie  et  M"*  Curie  (*)  viennent  de 
faire  connaître  donneront  peut-être  quelque  intérêt  à  l'observation  sui- 
vante, que  je  n'avais  pas  cru  devoir  publier  jusqu'à  ce  jour. 

»  Quand  un  tube  de  Crookes  a  fonctionné  pendant  quelque  temps,  le 
verre  de  l'ampoule  prend,  comme  on  le  sait,  une  teinte  violette  très  accen- 
tuée dans  toute  la  partie  située  au-dessus  du  plan  de  l'anticathode,  c'est- 
à-dire  du  côté  où  celle-ci  reçoit  les  rayons  cathodiques.  Cette  région  de 
l'ampoule  est  frappée  à  la  fois  par  les  rayons  X  et  par  les  rayons  catho- 
diques diffusés;  l'expérience  suivante  permet  de  décider  auquel  des  deux 
rayonnements  il  faut  attribuer  l'action  observée. 

»  Dans  un  tube  focus,  j'ai  entouré  l'anticathode  par  un  large  tube,  soit 
de  verre,  soit  de  cristal,  dont  la  paroi  intérieure  pouvait  être  protégée 
contre  les  rayons  cathodiques  par  une  très  mince  feuille  d'aluminium,  très 
transparente  aux  rayons  X.  Une  silhouette  en  métal  opaque,  en  platine  par 
exemple,  était,  au  besoin,  interposée  sur  le  trajet  de  ceux-ci.  Après  une 
demi-heure  environ  de  fonctionnement,  j'ai  obtenu  les  résultats  suivants  : 

»  Quand  il  n'y  a  pas  de  feuille  d'aluminium,  le  tube  noircit  fortement 
s'il  est  en  cristal,  et  prend  la  teinte  bleuâtre,  à  reflets  métalliques,  du  cristal 
réduit.  Il  brunit  simplement  s'il  est  en  verre  ordinaire,  lequel  contient 
toujours  un  peu  de  plomb.  C'est  la  réduction  cathodique  ordinaire,  sem- 
blable à  celle  qui  se  produit  dans  uue  flamme  réductrice.  L'interposition 
de  la  feuille  d'aluminium,  arrêtant  les  rayons  cathodiques,  supprime  com- 
plètement cette  réduction;  et  l'on  obtient  alors  une  coloration  violette,  aussi 
bien  avec  le  cristal  qu'avec  le  verre.  Cette  modification  est  évidemment 
due  aux  rayons  X  :  elle  ne  se  produit  en  effet  qu'au-dessus  du  plan  de 
l'anticathode,  et,  si  l'on  a  interposé  une  petite  lame  de  platine  sur  le  trajet 
des  ravons,  la  région  protégée  par  celle-ci  reste  incolore.  C'est  à  ce  phé- 
nomène que  je  faisais  allusion  dans  une  conférence  faite  devant  la  Société 
de  Physique  à  la  séance  de  Pâques,  en  disant  qu'il  était  à  la  rigueur  pos- 

(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  de  l'École  Normale  supérieure. 
(')  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  823. 


(  883  ) 

sible  d'obtenir  une  radiographie  en  prenant  comme  préparation  sensible 
une  simple  lame  de  verre. 

»  Cette  transformation  du  verre  ou  du  cristal  est  certainement  due  à  un 
phénomène  d'oxydation,  car  on  l'obtient  également  en  chauffant  le  cristal 
dans  une  flamme  très  oxydante.  Très  probablement  la  coloration  violette 
est  produite  par  le  manganèse;  on  sait  que  ce  métal,  au  maximum  d'oxy- 
dation, colore  le  verre  en  violet. 

»  Ces  résultats  établissent  une  analogie  de  plus  entre  les  rayons  X  et 
les  radiations  émises  par  les  substances  radio-actives.  Pour  cette  raison 
je  me  propose  de  reprendre  les  expériences  précédentes,  mais  en  substi- 
tuant au  verre  ordinaire  un  silicate  contenant,  en  quantité  notable,  une 
matière  dont  l'oxydation  soit  aisée  à  reconnaître.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  l'action  de  l'acide  cJdorhydrique  sec  sur  /'argent 
et  réaction  inverse  (  '  ).  Note  de  M.  Jocniaux,  présentée  par  M.  Troost. 

«  L'argent  est  attaqué  par  l'acide  chlorhydrique  gazeux  :  ce  f;iit  a  été 
mis  en  évidence  pour  la  première  fois  par  Boussingault  (^)  qui,  en  faisant 
passer  de  l'acide  chlorhydrique  sec  sur  de  l'argent  chauffé  au  rouge  vif, 
constata  la  formation  de  chlorure  d'argent  et  la  mise  en  liberté  d'hydro- 
gène. Cette  expérience  a  été  reprise  par  M.  Berlhelot  ('),  qui  opérait  à 
5oo°-55o°,  alors  que  la  dissociation  de  l'acide  chlorhydrique  ne  pouvait 
influer  sur  la  marche  du  phénomène. 

»  Réciproquement,  le  chlorure  d'argent,  chauffé  dans  une  atmosphère 
d'hydrogène,  est  réduit  par  ce  gaz  :  il  y  a  formation  d'argent  métallique 
et  d'acide  chlorhydrique. 

M  Nous  nous  trouvons  donc  en  présence  de  deux  réactions  inverses  sur 
lesquelles  nous  nous  sommes  proposé  d'étudier  méthodiquement  l'in- 
fluence de  la  température. 


(')  Ce  travail  a  été  fait  au  Laboratoire  de  Chimie  générale  de  l'Institut  de  Chimie 
de  Lille. 

(-)  Boussingault,  Mémoire  sur  l'action  du  gaz  acide  hydrochlorique  sur  l'ar- 
gent à  une  haute  température  {Annales  de  Physique  et  de  Chimie,  2"  série,  t.  LIV, 
p.  253). 

(^)  Berthelot,  Sur  la  décomposition  des  hydracides  par  les  métaux  {Annales  de 
Physique  et  de  Chimie,  5^  série,  t.  XVI,  p.  433). 


(  884  ) 
»   La  méthode  employée  est  la  suivante  : 

»  Des  tubes  scellés  renfermant,  soit  du  chlorure  d'argent  fondu  et  de  l'hydrogène, 
soit  de  l'argent  pur  et  de  l'acide  chlorhydrique  sec,  sont  chauffés  pendant  un  temps 
suffisamment  long  à  des  températures  fixes.  On  les  refroidit  alors  brusquement,  on 
les  ouvre  sur  la  cuve  à  mercure  et  l'on  fait  passer  leur  contenu  dans  une  éprouvette 
graduée  :  on  a  le  volume  V  du  mélange  des  gaz.  On  absorbe  l'acide  chlorhydrique 
par  de  l'eau  distillée  récemment  bouillie  et  on  lit  le  volume  c  de  l'hydrogène.  Le  rap- 

{ V —  (')  100    ,  ,  .  .,  ,     1,     •  1      I  1     1     j  • 

port  p  :=  :^ donne  la  proportion  en  centièmes  de  1  acide  chlorhydrique  con- 
tenu dans  les  tubes  scellés.  On  a  naturellement  fait  subir  à  V  et  à  r  les  corrections 
relatives  à  la  pression  et  à  la  tension  maxima  de  la  vaj)eur  d'eau  à  la  température  de 
l'analyse. 

»  L'étude  de  l'action  de  l'hydrogène  sur  le  chlorure  d'argent  conduit  aux 
résultats  suivants  : 

»  1°  Si  l'on  chatiffe  à  une  température  fixe  du  chlorure  d'argent  dans  une 
atmosphère  limitée  d'hydrogène,  pendant  des  temps  progressivement  crois- 
sants, on  remarque  que  la  proportion  d'acide  chlorhydrique  croit  d'abord 
avec  le  temps,  puis  tend  vers  une  certaine  limite  qui  dépend  de  la  tempé- 
rature de  l'expérience  : 


Expériences  à  35o°. 


Temps 

Valeur 

de  chauffe. 

de  p. 

8  jours 

.      .53,89 

3  semaines. .  . 

•      70,98 

5  semaines.    . 

.     75,85 

6  semaines. .  . 

.     70,87 

8  semaines. .  . 

.     75,88 

Expériences 

à  44o°. 

Temps 

Valeur 

de  chauffe. 

de  p. 

12  heures  .  .  . 

7' '67 

36  heures  . .  . 

.      82,46 

70  heures  .  .  . 

.     88,66 

408  heures  .  . 

.     88,88 

5o4  heures  .  . 

88,42 

Expériences  à  (300°. 


Temps 

Valeur 

de  chauffe. 

de  p. 

i  d'heure. .  . 

. .      92,08 

i  heure  .... 

.     92,56 

I  heure.  .  .  . 

•     92,80 

2  heures  .  .  . 

.     92,86 

5  heures  .  . . 

•     92,84 

»  Le  temps  de  chauffe  nécessaire  pour  atteindre  la  limite  en  question 
varie  avec  la  température;  il  est  d'autant  plus  long  que  la  température  est 
plus  basse  :  ainsi,  à  250",  il  faut  plusieurs  mois  pour  atteindre  cet  équilibre; 
à  600",  il  ne  faut  plus  qu'une  heure. 

»  2°  Cette  action  réductrice  de  l'hydrogène  sur  le  chlorure  d'argent 
débute  vers  200°.  Très  faible  à  250°  (elle  atteint  à  peine  5  centièmes),  la 
valeur  de  p  monte  rapidement  à  75,88  à  35o°,  pour  atteindre  successive- 
ment 88,88;  90,80;  92,  i5  et  92,80  aux  températures  de  44o°,  490°»  ^So" 
et  600°. 

»  h'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  l'argent  est  aussi  limitée  : 


(  885  ) 

Expériences  A  4ç)o°.  Expériences  à  o3o".  Expériences  à  600°. 

Durée  Valeur                           Durée  Valeur  Durée  Valeur 

(le  cliaulTi'.  de  p.  rie  chauffe.                  de  p.  de  cnauffe.  de  p. 

I  lieure r)'i,35  [d'heure 98,81                  i  d'heure 94,74 

3  heures 94,07  J  heure 93,44                 J  heure g^," 

24  heures  ...  .  94,18  2  heures 92,95                 i  heure 92-82 

^8  heures 94, o3  5  heures 92,92                 i4  heures 9^,79 

»  L'attaque  de  l'argent  par  l'acide  chlorhydrique  sec  commence  vers 
400°.  Lorsque  l'équilibre  est  atteint-,  on  trouve  pour  p  les  valeurs  94.  •"! 
92,95  et  92,80  aux  températures  respectives  de  ^go°,  53o°  et  600". 

»  Les  résultats  précédents  montrent  que,  pour  toutes  les  températures 
inférieures  à  600",  la  limite  des  deux  réactions  inverses  est  bien  différente 
suivant  le  système  dont  on  est  parti.  Si  l'on  représente  la  marche  du 
phénomène  par  des  courbes  construites  en  portant  en  abscisses  les  tempé- 
ratures et  en  ordonnées  les  proportions  centésimales  d'acide  chlorhy- 
drique formé,  les  deux  courbes  limitent  une  région  du  plan  à  laquelle 
M.  Duhem  (  '  )  a  donné  le  nom  de  région  des/aux  équilibres. 

"  Au  delà  de  600°,  les  limites  sont  les  mêmes  quel  que  .soit  le  système 
considéré. 

»  Remarques. —  1°  Aux  températures  inférieures  à  45o°,  alors  que  le  chlorure  d'ar- 
gent n'est  pas  encore  liquéfié  dans  les  tubes  scellés,  il  se  recouvre  d'un  enduit  blanc, 
brillant,  d'argent  métallique.  Nous  nous  sommes  naturellement  demandé  si  cette 
couche  d'argent  métallique  ne  protégeait  pas  le  chlorure  d'argent  de  l'action  ulté- 
rieure de  l'hydrogène,  si  ce  n'était  pas  elle  qui  limitait  la  réduction.  Nous  avons  ainsi 
été  conduit  à  faire  varier  dans  de  larges  limites  la  surface  du  chlorure  d'argent  intro- 
duit dans  nos  tubes. 

»  L'équilibre  est  sensiblement  indépendant  des  surfaces  en  contact.  Ajoutons  que 
pour  toutes  les  températures  supérieures  à  450°,  alors  que  le  point  de  fusion  du  chlo- 
rure d'argent  est  dépassé,  la  limite  a  été  trouvée  (et  ici  les  résultats  sont  encore  plus 
nets)  absolument  indépendante  de  la  masse.  Seul,  le  temps  de  chauffe  nécessaire  pour 
atteindre  l'équilibre  a  été  en  général  d'autant  plus  réduit  que  le  chlorure  d'argent  était 
en  proportion  plus  considérable. 

»  2°  Une  difficulté  beaucoup  plus  grande  est  la  suivante  :  aux  températures  de  nos 
expériences,  le  verre  est  attaqué  par  l'acide  chlorhydrique  ;  il  semble  donc  qu'il  y  avait 
là  une  cause  d'erreur.  Nous  sommes  arrivé  à  l'éviter,  dans  une  certaine  mesure,  soit 
en  argenlanl  intérieurement  les  tubes,  et  le  procédé  n'est  malheureusement  pas  appli- 
cable aux  températures  élevées  parce  qu'alors  l'argenture  est  détruite,   soit  en  em- 


(  ')  P.  Di'HEM,  Traité  élémentaire  de  Mécanique  chimique  fondée  sur  la  Thermo- 
dynamique. 


(  886  ) 

ployant  un  verre  aussi  peu  attaquable  que  possible  par  cet  hydracide.  Celui  qui  nous 
a  donné  les  meilleurs  résultats  a  été  le  verre  dit  d'Iéna. 

))  Il  est  essentiel  d'ailleurs  de  remarquer  que,  si  l'on  chauffe  à  une  température 
élevée  pendant  un  temps  suffisamment  long  des  tubes  scellés  renfermant  de  l'acide 
chlorhjdrique  sec,  le  gaz  que  renferment  ces  tubes  est,  après  refroidissement,  entière- 
ment absorbable  par  l'eau  :  il  n'y  a  donc  pas,  dans  l'attaque  du  verre  par  cet  hydra- 
cide, production  de  gaz  dont  la  présence  aurait  faussé  les  résultats. 

»  Au  reste,  dans  la  région  des  équilibres  véritables,  les  divergences  observées  dans 
la  limite  des  deux,  réactions  inverses  sont  de  l'ordre  des  erreurs  expérimentales.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  camphénylone .   Note 
de  MM.  E.-E.  Blaise  et  G.  Blanc. 

«  Dans  un  récent  travail  (5er.f/.cA.  G.,  t.  XXXII,  p,  1498,  12  juin  fSgg), 
M.  W.  Jagelki  a  montré  que  le  camphène,  traité  par  le  nitrite  de  sodium 
et  l'acide  acétique,  fournit  un  mélange  de  dérivés  azotés.  Ceux-ci,  chauffés 
avec  la  potasse,  donnent  une  cétone  cyclique  :  la  camphénylone  C'H"0, 
dont  l'oxime  se  déshydrate  sous  l'influence  du  chlorure  d'acétyle  avec  for- 
mation de  nitrile  camphocéénique.  Enfin,  l'acide  camphocéénique,  traité 
par  le  permanganate  de  potassium,  donne  un  dérivé  ddiydroxylé  qui, 
oxydé  par  l'acide  azotique,  fournit  de  l'acide  «.a-diméthyllricarbaUylique. 

»  Il  était  intéressant  de  chercher  à  établir  une  relation  entre  l'acide 
camphocéénique  et  son  isomère,  l'acide  isolauronolique,  qu'on  obtient  en 
faisant  réagir  le  chlorure  d'aluminium  sur  l'anhydride  camphorique. 
Adoptant  pour  le  camphène  la  formule  de  Bredt,  M.  Jagelki  attribue  à 
l'acide  camphocéénique  la  constitution  suivante 

CH'  CH' 

^         ,CH3 


CO^H-CH  /   ^|C/ 
CH2  I ^^1  Cil 

»   Or,  la  formule  que  M.  Bredt  assigne  d'autre  part  à  l'acide  campho- 
rique conduit,  pour  l'acide  isolauronolique,  au  schéma  ci-dessus,  ou  au 

suivant  : 

CH'  CH^ 


*^  CIP 

COMI-CII  /\  G'^ 

CH^  I '^  CH2 


(  887  ) 

»  On  voit  que,  dans  les  deux  cas,  la  réduction  totale  des  nilriles  cam- 
phocéénique  et  isolauronolique  doit  fournir  une  seule  et  même  araine. 
L'aminodilivdrocampholène  qui  résulte  de  la  réduction  du  nitrile  isolauro- 
nolique ayant  déjà  été  préparé  par  l'un  de  nous,  nous  avons  cherché  à 
réduire  le  nitrile  camphocéénique  dans  les  mêmes  conditions,  afin  de  con- 
firmer ou  d'infirmer  la  relation  précédente.  On  voit  d'ailleurs  qu'au  cas 
où  la  liaison  éthylénique  du  nitrile  camphocéénique  ne  se  tût  pas  hydro- 
génée, la  base  obtenue  aurait  dû  être  identique  à  l'a  ou  au  fl-aminocampho- 
lène  que  nous  avons  préparés  précédemment  à  partir  des  campholénaniides 
correspondantes  ('). 

»  Nos  premiers  essais  ont  été  effectués  sur  un  échantillon  de  camphène 
qui  nous  avait  été  gracieusement  donné  par  M.  Étard,  que  nous  sommes 
heureux  de  remercier. 

»  Le  camphène  que  nous  avons  employé  ensuite  nous  a  été  fourni  par 
la  maison  Schimmel  et  porte  le  nom  de  camphène  de  l'ùobornéol;  il  tond 
à  53°  et  possède  un  pouvoir  rotatoire  gauche  Irèsfiible  :  a^  =  —  ^°. 

»  La  préparation  de  la  camphénylone  par  le  procédé  de  M.  Jageiki  étant 
fort  laborieuse  et  ne  nous  ayant  pas  fourni  de  bons  rendements,  nous 
l'avons  modifiée.  Nous  faisons  réagir  directement  les  vapeurs  nitreuses  sur 
le  camphène,  à  o°.  Le  carbure  fond  rapidement  en  un  liquide  vert,  puis 
bleu,  qui  absorbe  aisément  l'hypoazotide.  Lorsque  la  fixation  de  ce  der- 
nier atteint  une  molécule  (Az-0'')pour  une  molécule  de  camphène,  on 
voit  des  bulles  gazeuses  se  former  à  la  surface  du  liquide  puis  une  réaction 
violente  se  déclare;  il  se  dégage  un  mélange  d'oxydes  d'azote  et  de  vapeur 
d'eau.  Le  résidu,  duquel  on  peut  séparer  aisément  le  nitrite  de  camphényle 
par  entraînement  au  moyen  de  la  vapeur  d'eau,  est  alors  additionné  de 
lessive  de  potasse.  On  chauffe  à  reflux,  à  l'ébuUition,  pendant  cinq  heures, 
puis  on  entraîne  dans  un  courant  de  vapeur  la  camphénylone  formée. 

I)  La  cétone  ainsi  obtenue  et  séparée  par  épuisemciit  à  l'éther  forme 
une  masse  solide  de  cristaux  en  feuilles  de  fougère.  Comme  celle  qu'on 
obtient  en  suivant  le  procédé  de  M.  Jageiki,  elle  fond  vers  5o°  et  n'est  pas 
pure;  elle  renferme  en  effet  un  peu  de  camphène  et,  en  outre,  une  faible 
proportion  d'un  corps  non  cétonique  à  point  de  fusion  très  élevé,  pro- 
bablement identique  à  l'isobornéol.  On  la  purifie  par  transformation  en 
semi-carbazone,  fusible  à  224°,  qu'on  hydrate  ensuite  au  moyen  de  l'acide 
chlorhydrique  concentré.  La  camphénylone  pure  tond  à  'à']". 

(')  Bull.  Soc.  chim.,  20  novembre  1899. 

C.  R.,  1899,  ■"-'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  22.)  u8 


(  888  ) 

M  Cette  purification  est  d'ailleurs  inutile  quand  on  se  propose  de  pré- 
parer l'oxime;  il  suffit,  en  effet,  de  dissoudre  l'oxime  brute  dans  l'acide 
chlorhvdrique  et  d'épuiser  trois  fois  la  solution  à  l'éther  pour  éliminer  les 
impuretés.  L'oxime  qu'on  précipite  ensuite,  en  neutralisant  la  liqueur  acide, 
est  facilement  entraînable  par  la  vapeur  d'eau;  elle  se  sublime  en  cristaux 
blancs,  fusibles  à  iog°-iio°.  La  déshydratation  de  l'oxime  au  moyen  du 
chlorure  d'acétvle  fournit  le  nitrile  camphocéénique,  liquide  réfringent,  à 
odeur  forte  et  particulière,  qui  bout  à  22o''-23o°  à  la  pression  atmosphé- 
rique. En  même  temps  se  forme  une  isooxime  fusible  à  i65".  La  déshydra- 
tation à  l'aide  de  l'acide  sulfurique  à  20  pour  100,  que  M.  Jagelki  indique 
comme  plus  commode,  a  l'inconvénient  de  régénérer  une  certaine  quantité 
de  camphénylone. 

»  La  réduction  du  nitrile  a  été  effectuée  au  moyen  du  sodium  et  de 
l'alcool  absolu  bouillant.  Lorsqu'elle  est  terminée,  on  neutralise  par  l'acide 
chlorhydrique  étendu  et  l'on  distille  l'alcool.  On  met  la  base  en  liberté  par 
addition  de  potasse,  on  épuise  à  l'éther,  on  sèche  la  solution  éthérée  sur 
la  potasse  fondue  et  on  distille  le  solvant.  On  distille  alors  le  résidu  et  l'on 
recueille  la  portion  200-220;  on  la  dissout  dans  l'éther  anhydre  et  l'on  fait 
passer  dans  la  liqueur  un  courant  d'acide  chlorhydrique  sec.  Le  chlorhy- 
drate se  précipite;  on  l'essore,  on  le  redissout  dans  le  moins  possible  d'al- 
cool absolu  et  on  le  reprécipite  par  addition  d'éther  anhydre. 

))  La  base,  régénérée  du  chlorhydrate  pur,  constitue  un  liquide  réfringent 
et  bout  à  2o4°-20j°  sous  la  pression  atmosphérique;  elle  fixe  avec  avidité 
l'acide  carbonique.  L'analyse  montre  qu'elle  n'est  pas  saturée.  Son  chlor- 
hydrate constitue  une  poudre  blanche,  peu  soluble  dans  l'alcool,  assez  so- 
luble  dans  l'eau;  il  noircit  vers  193°  et  se  décompose  vers  225°  en  tondant. 
Traité  par  le  cyanate  de  potassium,  il  donne  une  urée 

C.''H'^\zH  -CO- AzH^ 

cristallisant  en  lamelles  micacées,  très  peu  soluble  dans  le  benzène  froid, 
s'y  dissolvant  facilement  à  chaud  et  fusible  à  1 1  8°.  L'éther  oxalique,  réagis- 
sant sur  la  base,  donne  une  oxamide.  Celle-ci  est  très  peu  soluble  dans 
l'alcool  absolu,  même  à  l'ébuUition,  et  cristallise  en  aiguilles  soyeuses  qu^ 
fondent  à  148".  Le  chloroplatinate  constitue  une  poudre  jaune  clair,  inso- 
luble dans  l'eau  et  l'alcool. 

»  Dans  les  eaux-mères  du  chlorhydrate  de  cette  première  base,  on  trouve 
le  chlorhydrate  d'une  base  isomère  :  ce  sel  fond  à  175°-! 76°.  La  base  libre 
bout  à  193";  son  urée  et  son  oxamide  fondent  à  ioG''-io7'',  et  le  picrate 
correspondant  à  178°. 


(  889  ) 

»  Des  faits  précédents,  il  résnltc  qne  les  hases  qu'on  obtient  en  rédui- 
sant le  nilrile  cnmphocéénique  sont  essentiellement  différentes  du  dihydro- 
aminocampholène  et  d^s  aminocampliolènes  a  et  (i.  La  camphénylone  et 
ses  dérivés  ne  renferment  donc  plus  le  noyau  triméthylcyclopentanique 
qui  existe  dans  les  corps  qui  appartiennent  à  la  série  du  camphre. 

»  Ces  conclusions  théoriques  seront  développées  dans  un  Mémoire  qui 
paraîtra  au  Bulletin  de  la  Sociélé  chimique.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  matière  colorante  de  la  digitale. 
Note  de  MM.  Adriax  et  A.  Trillat,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

<(  Nous  avons  pu  retirer  de  la  digitale  un  nouveau  corps  cristallisé  en 
employant  une  méthode  analogue  à  celle  qui  nous  avait  servi  à  extraire  la 
matière  colorante  jaune  de  V Artemisia  absinthium,  la  grande  absinthe  ('). 

»  Le  produit  a  été  retiré  de  la  Digitalis  lutea(\a.  digitale  de  Hongrie),  en 
traitant  lesrésidus  provenant  de  la  préparation  de  la  digitaline  cristallisée. 

))  Les  eaux-mères,  après  la  cristallisalion  de  la  digitaline  obtenue  en  suivant  les 
indications  du  Codex,  sont  évaporées  jusqu'à  consistance  d'un  extrait  qui  est  ensuite 
mis  en  contact  à  froid  pendant  plusieurs  heures  avec  de  la  benzine.  On  sépare  la  partie 
insoluble  qui  est  constituée  surtout  par  de  la  digitaline  amorphe,  on  fdtre  la  benzine 
et  on  la  distille.  Le  résidu  de  la  distillation,  débarrassé  par  la  chaleur  des  dernières 
traces  de  benzine,  est  à  son  tour  épuisé  par  de  la  gazoline  qui  dissout  l'huile  dans 
laquelle  le  nouveau  produit  se  trouve  en  suspension.  Après  quelques  heures  de  repos, 
on  décante  et  l'on  dissout  la  partie  solide  dans  l'alcool  amylique  chaud  qui  la  laisse 
cristalliser  par  refroidissement.  Pour  purifier  le  produit,  on  emploie  l'alcool  à  90° 
bouillant  dans  lequel  il  cristallise  rapidement  par  simple  abaissement  de  température. 

»  Après  de  nombreuses  cristallisations,  le  corps  obtenu  par  la  méthode 
que  nous  venons  de  décrire  se  présente  sous  la  forme  de  belles  aiguilles 
jaunes,  soyeuses  et  feutrées,  fondant  très  nettement  à  la  température  de 

2I7°-2l8°. 

»  Nous  avons  cherché  à  en  établir  la  formule  par  la  combustion  et  par 
la  détermination  du  poids  moléculaire. 
>)   Analyse  : 

I.  II.  Moyenne. 

Carbone 7Ij99  7'»63  71,860 

Hydrogène 4,6'  4,72  4,665 

Oxygène  (par  diff.) 28, 4o  ^     23,65  28,475 

ce  qui  correspond  à  une  formule  en  (CH'O)". 


(')  Comptes  rendus,  novembre  7898. 


(  890  ) 

»  Détermination  du  poids  moléculaire.  —  La  détermination  du  poids  mo- 
léculaire par  la  méthode  cryoscopique  n'a  donné  que  des  résultats  négatifs 
par  suite  de  la  faible  solubilité  de  la  substance. 

»  Nous  avons  préféré  employer  la  méthode  ébuUioscopique.  iS'",  8221  de 
substance  séchée  à  iio"  ont  été  dissous  dans  27s'-, 6  d'acide  acétique 
(éb.  I  iS",  5)  (élévation  du  point  d'ébuUition  o°,66). 

»    En  appliquant  la  formule  suivante,  on  a  : 

_       .,  ,,  „   p   X   100  f.     o  1,8221X100  f-g 

Poids  moiec.=  K^s =  25,  J  X  ^ r^  =  20 J. 

P  X  c  27,6  X  0,06 

»  L'analyse  élémentaire  ayant  donné  la  formule  (C'fPO)"  on  trouve 
le  chiffre  268  pour  C'«H'-0\ 

»   Cette  formule  est  différente  de  celle  de  la  digitoflavone  de  Fleischer. 

»  Nous  pensons  que  la  substance  ainsi  retirée  de  la  digitale  constitue  la 
matière  colorante  de  cette  plante.  Elle  est  insoluble  dans  l'eau,  dans  les 
acides  minéraux  étendus  et  dans  l'éther  de  pétrole;  elle  se  dissout  surtout 
à  chaud  dans  l'alcool,  le  chloroforme,  l'alcool  amylique.  Les  solutions 
alcalines  la  dissolvent  avec  une  belle  coloration  rouge. 

»  L'acide  chlorhydrique  bouillant  ne  l'attaque  pas;  elle  ne  donne  pas 
de  sucre  réducteur,  l'acide  acétique  et  la  phénylhydrazine  ne  la  trans- 
forment pas.  Nous  n'avons  pas  pu  constater  la  formation  de  la  pyrocaté- 
chine  et  de  la  phloroglucine  par  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  ou  de 
la  potasse;  elle  diffère  donc  encore  en  cela  de  la  digitoflavone. 

))  Nous  avons  cherché  si  notre  produit  pouvait  provenir  de  la  décom- 
position de  la  chlorophylle  ou  d'un  des  composés  qui  l'accompagnent. 
Nous  avons  trouvé  qu'il  ne  devait  pas  être  assimilé  à  un  dérivé  à  noyau 
chlorophyllien  et  qu'il  n'était  pas  comparable  au  carottène,  car  il  ne  donne 
pas  de  bandes  d'absorption.  D'autre  part,  la  comparaison  avec  les  pro- 
duits tinctoriaux  jaunes  naturels,  sur  tissus  mordancés  au  chrome,  au  fer 
et  à  l'alumine,  ne  permet  pas  de  le  considérer  comme  une  matière  colo- 
rante bien  active.  Il  est  donc  spécial  à  la  digitale  et  encore  faut-il  remar- 
quer que  seule  la  Digitalis  lutea  peut  en  fournir. 

»  En  résumé,  le  nouveau  principe  que  nous  avons  retiré  de  la  digitale 
est  remarquable  pai-  sa  grande  stabilité  et  sa  résistance  aux  divers  agents 
chimiques.  En  ceci,  il  a  une  grande  analogie  avec  le  composé  que  nous 
avons  retiré  de  la  plante  d'absinthe,  mais  il  en  diffère  par  le  point  de 
fusion  et  l'analvse.  » 


(     %!     ^ 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  une  expérience  relative  aux  courants  sous-manns. 

Note  de  M.  J.  Thoflet. 

«  Pendant  son  mémorable  voyage  d'exploration  scientifique,  à  diverses 
reprises,  le  Challenger  exécuta  des  mesures  relatives  à  l'existence,  à  la  di- 
rection et  M  la  vitesse  des  courants  sons-marins.  Ces  expériences  (' )  furent 
faites  principalement  pendant  les  mois  d'avril,  d'août  et  de  septembre  1873, 
d'abord  à  l'ouest  des  Bermudes,  puis  entre  les  îles  du  Cap  Vert  et  Fernando 
Noronha.  On  amarrait  une  embarcation  sur  le  câble  de  la  drao;ue  ou  sur  la 
lififne  de  sonde  dont  le  plomb  reposait  au  fond  et  servait  d'ancre.  De  ce 
point  fixe,  à  l'aide  d'une  drague  à  courant,  descendue  à  des  profondeurs 
variables  et  qui  ont  dépassé  5oo  brasses  (91 5™),  on  évaluait  la  direction 
et  la  vitesse  du  courant  d'abord  à  la  surface  puis  à  des  profondeurs  aug- 
mentant progressivement.  Ou  construisait  alors  des  roses  de  courants,  dia- 
grammes montrant  de  la  façon  la  plus  nette  que,  sur  une  même  verticale, 
les  courants  profonds  étaient  susceptibles  de  différer  considérablement, 
comme  direction  et  comme  vitesse,  non  seulement  entre  eux,  mais  encore 
du  courant  de  la  surface. 

»  Ces  expériences  ont  été  reprises  par  des  procédés  semblables  ou  dif- 
férents par  le  prof.  I.  Y.  Buchanan,  à  bord  du  Dacia  en  1878,  puis  du  Buc- 
caneer  dans  le  golfe  de  Guinée  et  par  le  commandant  Anthony  S.  Thomson 
en  1895,  à  bord  du  Buccaneer,  dans  l'Atlantique,  au  sud  de  l'équateur  (^). 

»  Grâce  à  la  bienveillance  des  membres  de  la  mission  hydrographique 
opérant  dans  i'Iroiseau  large  de  Brest,  j'ai  pu,  à  bord  du  bâtiment  de  l'État 
le  Laborieux,  avec  l'aide  de  M.  l'Ingénieur  hydrographe  de  la  marine 
Gauthier,  me  livrer  à  une  expérience  du  même  genre  et  établir  une  nou- 
velle confirmation  d'un  fait  dont  l'importance  est  capitale  pour  l'étude  de 
la  circulation  océanique. 

»  Le  vendredi  11  août  1899,  à  environ  trois  milles  et  quart  dans  le  sud 
du  phare  des  Pierres-Noires,  c'est-tà-dire  aussi  en  dehors  que  possible  des 
phénomènes  d'interférences  provenant  de  réflexions  contre  la  terre,  par 


(')  Cliallenger's  Reports.  Narlative  of  llie  cruise. 

(^)  Remarks  on  océan  currents  and  p radical  liinlson  the  metkodof  their  obser- 
vation, by  A.  S.  Tliomson.  lleporl  of  tlie  6^''  Intern.  Geog.  Congress  lield  in  Londoii 
in  1895,  p.  443. 


(  892  ) 

une  profondeur  de  70™,  cinq  flotteurs,  dont  chacun  était  constitué  par  deux 
bouteilles  de  mêmes  dimensions  accouplées  selon  la  méthode  de  M.  Hau- 
treux,  furent  jetés  simultanément  à  la  mer  et  abandonnés  à  eux-mêmes. 
Le  point  de  départ  fut  soigneusement  relevé  au  cercle.  On  était  à  ce  mo- 
ment en  flot,  dix-huit  minutes  seulement  après  l'heure  de  la  basse  mer  qui 
avait  lieu,  ce  jour-là,  à  i*"  de  l'après-midi. 

»  La  bouteille  supérieure  de  chaque  flotteur  était  peinte  d'une  couleur 
différente,  afin  d'être  reconnaissable.  Pour  chacun  d'eux,  une  bouteille 
flottait  à  la  surface,  en  y  enfonçant  autant  que  possible,  à  l'aide  d'un  lest 
d'eau;  la  seconde  bouteille  était  aussi  lestée  de  manière  à  avoir  une  den- 
sité à  peine  supérieure  à  celle  de  l'eau  ambiante  et  était  reliée  à  la  première 
par  une  cordelette  très  fine  de  5"  pour  le  premier  flotteur,  de  10™,  20™, 
3o™,  40"  et  60"  pour  les  suivants.  Dès  le  départ,  les  cordelettes  des  flot- 
teurs à  20™  et  So"  s'enchevêtrèrent,  de  sorte  que  ce  double  svstème  de 
quatre  bouteilles  fut  considéré  comme  un  flotteur  unique  correspondant 
à  une  profondeur  de  25".  La  mer  était  calme  et  il  n'y  avait  pas  de  vent. 

»  Après  que  le  bâtiment  se  fut  maintenu  en  vue,  sans  toutefois  troubler 
la  dérive  des  flotteurs,  pendant  un  plus  d'une  heure,  une  embarcation  fut 
mise  à  la  mer  et  chaque  flotteur  fut  recueilli.  On  eut  soin  de  noter  exac- 
tement au  cercle  la  position  où  il  était  parvenu,  ainsi  que  la  durée  de  son 
immersion. 

»  Ces  données  furent  reportées  sur  la  carte  marine.  Le  flotteur  à  5™  étant 
considéré  comme  de  surface,  la  trajectoire  de  chaque  flotteur  déterminant 
en  direction  et  en  vitesse,  le  courant  à  cette  profondeur  s'obtenait  par  la 
comjîosante  suivant  le  parallélogramme  des  forces  de  la  résultante  diago- 
nale indiquée  par  la  trajectoire  de  la  bouteille  de  surface  et  de  la  trajec- 
toire du  flotteur  à  5"  comme  autre  composante.  On  obtint  de  cette  ma- 
nière une  rose  de  courant  suivant  une  verticale  au  point  considéré. 

»   Les  résultats  mesurés  graphiquement  sont  les  suivants  : 

Surface.  Direction.  Vitesse  à  l'heure, 

m  o  in 

5 N  29  W  i43o 

10 S  28  E  94 

25 S  73  E  1 5o 

4o S  78  E  1 5o 

60 j\    8  E  420 

«  A  l'inspection  du  diagramme,  il  semblerait  que  les  eaux  de  flot,  ren- 
contrant la  masse  des  eaux  qui  finit  de  descendre  en  jusant,  les  heurtent 


(893) 
comme  un  double  coin,  d'abord  à  la  surface  avec  une  vitesse  maximum 
tandis  qu'à  io'"de  profondeur  le  courant,  encore  influencé  par  le  jasant, 
possède  une  vitesse  minimum  et  une  direction  presque  inverse.  A  mesure 
qu'on  descend  davantage,  le  courant  tourne  de  plus  en  plus  sur  lui-même, 
en  sens  inverse  des  aiguilles  d'une  montre,  avec  une  vitesse  croissante; 
jusqu'à  60",  c'est-à-dire  à  10"  seulement  au-dessus  du  fond,  il  ne  fait  plus 
qu'un  angle  de  3']°  avec  la  direction  du  courant  de  surface  quoique  avec 
une  vitesse  notablement  moindre  que  celle  de  celui-ci.  Le  phénomène  pré- 
sente quelque  analogie  avec  ceux  étudiés  par  Helnihollz  à  propos  des 
vagues  atmosphériques. 

»  Il  serait  à  désirer  que  de  semblables  expériences  fussent  renouvelées, 
en  jusant  et  à  des  époques  différentes,  aussi  loin  que  possible  de  la  terre 
pour  éviter  les  interférences.  On  y  trouverait  sans  doute  d'intéressantes 
conclusions  relatives  aux  phénomènes  de  marées.  Indépendamment  de 
l'importance  scientifique  de  ces  questions,  la  navigation  pourrait  peut-être 
être  amenée  à  tirer  profit  de  courants  si  peu  profonds  et  pourtant  si  diffé- 
rents en  intensité  et  en  direction  du  courant  régnant  à  la  surface.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.    —   Sur  la  résistance  des  graines  aux  températures 
élevées.  Note  de  M.  Yictor  Jodi\,  présentée  par  M.  Dehérain. 

«  Au  cours  de  ses  Recherches  sur  i Alucite,  Doyère  constata  qu'on  peut 
chauffer  jusqu'à  100°  le  blé  qui  a  été  séché  dans  le  vide,  sans  que  ses 
graines  penlent  la  faculté  de  germer. 

»  Il  est  possible  d'obtenir  le  même  résultat  sans  l'emploi  du  vide,  en 
ménageant  la  température  et  en  n'introduisant  les  graines  dans  l'étuve 
à  100°  qu'après  leur  avoir  enlevé  leur  eau  hygrométrique  à  une  tempéra- 
ture moins  élevée. 

))  Des  graines  de  Pois  et  de  Cresson  alénois,  chauffées  directement  à  98° 
pendant  tlix  heures,  furent  complètement  tuées.  Mais,  chauffées  d'abord 
vingt-quatre  heures  à  60",  puis  dix  heures  à  98°,  elles  avaient  conservé  un 
pouvoir  germinatif  de  3o  pour  100  pour  les  Pois,  et  de  60  pour  100  pour 
les  Cressons. 

»  Cette  température  de  60°  ne  paraît  pas  préjudiciable  à  certaines 
graines;  car  des  Pois  et  des  Cressons  germèrent  très  bien  après  cinq  cents 
et  huit  cents  heures  passées  dans  l'étuve  à  65". 

»   On  n'observe  cette  immunité  que  si  l'on  chauffe  en  vase  ouvert,  de 


(  894    ' 

façon  à  permettre  l'élimination  rapide  de  l'eau  hygrométrique.  Il  en  va 
autrement  si  l'on  retarde  ou  si  l'on  met  obstacle  à  cette  élimination.  Si, 
par  exemple,  on  opère  dans  des  tubes  scellés  ou  simplement  étirés  en 
pointes  capillaires  laissées  ouvertes,  les  dimensions  de  ces  tubes  étant 
telles  que  leur  ca])acité  intérieure  puisse  se  saturer  de  vapeur  formée  aux 
dépens  d^ane partie  seulement  de  l'eau  hydrométrique  des  graines  renfer- 
mées, celles-ci,  d^ns  l'imposbibililé  de  se  dessécher  complètement,  ne  sup- 
portent même  plus  des  températures  relativement  faibles. 

»  Ainsi  des  Pois  et  des  Cressons,  chauffés  à  4o°en  tubes  scellés,  avaient 
tout  à  fait  perdu  leur  pouvoir  germinatif  au  bout  de  cinq  cents  heures,  soit 
environ  vingt  jours. 

»  Mais  si,  avec  les  graines,  on  introduit  dans  les  tubes  scellés  un  corps 
desséchant,  les  choses  changent,  et  l'on  retrouve  la  résistance  signalée 
précédemment  dans  le  chauffage  à  vase  ouvert.  Des  Pois  et  Cressons  en 
tubes  scellés,  contenant  de  la  chaux  vive,  purent  séjourner  à  l'étuve  à  40° 
pendant  deux  cent  six  jours  sans  subir  aucune  diminution  apparente  de 
leur  puissance  germinative. 

»  Il  y  a  peut-être  là  l'indication  d'un  procédé  pour  prolonger  la  vie  la- 
tente et  le  pouvoir  germinatif  de  certaines  graines.  Depuis  assez  longtemps 
j'ai  dans  mon  laboratoire  des  graines  noyées  dans  lui  mélange  de  plâtre  et 
de  chaux  vive  (contenu  dans  des  flacons  à  l'émeri)  et  qui  continuent  à 
germer  parfaitement.  « 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  période  glaciaire  dans  les  Karpates  méridionales. 
Note  de  M.  E.  de  Martonne,  présentée  par  M.  A.  de  Lapparent. 

«  Les  traces  de  la  période  glaciaire,  dans  les  Karpates  méridionales,  ont 
été  signalées  pour  la  première  fois  par  Lehmann,  en  1881.  Mais  ses  obser- 
vations furent  contestées  par  les  géologues  hongrois  Primics  et  Inkev.  La 
question  a  été  touchée  depuis  par  MM.  Mrazec,  Popovici-Hatzeg  et  Mun- 
teanu  Murgoci.  En  août  1889,  j'ai  visité  les  massifs  du  Paringu  et  du  Bu- 
cegiu  et  acquis  la  conviction  que,  de  tous  les  arguments  invoqués,  le  seul 
décisif  était  l'argument  topographique.  Les  Cartes  existantes  étant  inca- 
pables de  donner  idée  de  la  topographie  de  ces  montagnes  qui  offrent  les 
cirques  glaciaires  les  plus  typiques,  l'on  ne  saurait  s'étonner  du  scepti- 
cisme avec  lequel  ont  été  accueillies  les  descriptions  pourtant  exactes  de 
Lehmann. 


(   8o^  ) 

M  En  août  et  septembre  1^99.  j':ii  exécuté  un  lever  tnpographiqne  du 
massif  du  Paringu.  Les  deux  cirques  de  Gauri  et  Giïlcescu,  situés  en  terri- 
toire roumain,  ont  été  levés  avec  la  règle  à  éclimèlre  au  ,„^„^  (courbes  de 
niveau  de  5™  en  5™,  /)oo  cotes  sur  une  surface  de  8'^""i).,Les  cirques  de  Je- 
seru  et  Coasla  Pelresi  ont  été  levés  par  intersection,  les  autres  cirques  à  la 
boussole  alidade  et  au  baromètre.  La  topographie  des  cirques  situés  en 
territoire  autrichien  a  été  soumise  à  une  révision  qui  a  permis  de  compléter 
et  d'ajouter  certains  détails  caractéristiques.  Un  relief  au  .,^,'p^  de  tout  le 
massif  du  Paringu  doit  être  exécuté  d'après  la  Carte  ainsi  obtenue. 

»  Ce  travail  a  amené  la  découverte  de  plusieurs  cirques  dont  la  Carte 
au  ^-r~y  n'offrait  même  pas  une  indication,  d'un  grand  nombre  de  lacs,  dont 
plusieurs  sont  incontestablement  d'origine  glaciaire  et  sur  lesquels  je  me 
propose  de  revenir  nltérieurement.  Enfin,  il  m'a  permis  de  rechercher 
toutes  les  traces  du  passage  des  anciens  glaciers,  en  les  soumettant  à  la 
critique  la  plus  sévère.  Les  résultats  sont  les  suivants  : 

»  Toutes  les  hautes  vallées  se  terminent  en  cirques,  dont  la  topographie 
est  à  tous  égards  la  même  que  celle  des  cirques  actuellement  occupés  par 
des  glaciers  dans  les  Alpes  ou  les  Pyrénées,  et  les  vallées  où  la  présence 
d'anciens  glaciers  a  été  démontrée  d'une  façon  indiscutable,  dans  les  Alpes, 
les  Pyrénées,  le  Jura,  le  Riesengebirge,  la  Tatra.  Le  profil  transversal 
en  U,  le  profil  longitudinal  en  escalier,  l'indépendance  des  courbes  de 
niveau  relativement  au  tracé  des  cours  d'eau,  la  convergence  des  lignes  de 
plus  grande  pente  vers  un  ou  plusieurs  points  autres  que  le  débouché  du 
cours  d'eau  principal,  tels  sont  les  traits  les  plus  caractéristiques  de  cette 
tO|)ogra|ihie  qui  ne  peut  s'expliquer  par  l'érosion  seule. 

»  Les  cirques  les  plus  caractéristiques  se  trouvent  sur  le  versant  nord, 
ce  sont  :  Zîïnoaga  Scliveiului,  Rosiile,  Crcresiu,  Gâuri,  Giilcescu,  Jezeru, 
Coasta  Petresi.  Un  certain  nombre  tle  cirques  sont  orientés  vers  l'est,  ce 
sont  :  Munlinu,  Urda,  Dengheru.  I!  existe  aussi  des  cirques  orientés  au  sud 
dont  les  plus  typiques  sont  :  Gâura  Mohorului,  Jesul  et  Zunoaga  Plescoi. 

»  Dans  presque  toutes  ces  vallées,  j'ai  trouvé  des  roches  moutonnées 
qui,  par  leur  nombre  et  leur  position,  ne  permettent  pas  d'autre  explica- 
tion que  le  passage  d'un  glacier.  L'altitude  à  laquelle  on  les  rencontre  est 
lyoo""  (Urda). 

»  Les  stries  bien  conservées  sont  extrêmement  rares,  ce  qui  s'explique 
par  la  rapidité  avec  laquelle  les  schistes  cristallins  se  décomposent.  A  Gal- 
cescu  et  à  Jesul  j'en  ai  trouvé  sur  des  roches  moutonnées,  qui  paraissent 
bien  incontestablement  des  stries  glaciaires. 

C.   R.,  1S99,  2»  Semestre.  (T.   CXXIX,  N°  22.)  I  I9 


(  896  ) 

»  La  plupart  des  points  où  Ton  a  signalé  jusqu'ici  des  moraines  et  où 
j'ai  cru  moi-même  d'abord  en  trouver  ne  présentent  que  des  éboulis.  Je 
crois  pouvoir  affirmer  qu'il  n'existe  pas  de  moraines  typiques  dans  ces 
hautes  vallées.  On  s'expliquera  facilement  ce  fait  si  l'on  songe  qu'il  n'existe 
aucun  moyen  de  distinguer  des  éboulis  la  moraine  de  surface  ou  la  moraine 
latérale  dès  qu'elle  a  été  remaniée  par  l'érosion,  et  que  les  glaciers  suspen- 
dusn'ont  généralement  pas  de  moraine  de  fond.  Sur  les  jjentes  de  Câr- 
bunele  (entièrementforniées  de  roches  vertes),  M.  Munteanu  a  déjà  signalé 
la  présence  de  blocs  de  gneiss,  assez  difficiles  à  expliquer.  Ces  blocs  peuvent 
être  les  restes  d'une  moraine  latérale  du  glacier  de  Jezeru. 

>)  Plusieurs  faits  semblent  indiquer  l'existence  de  deux  et  peut-être  trois 
périodes  glaciaires,  au  moins  sur  le  versant  nord.  Tous  les  cirques  du  ver- 
sant nord  sont  accompagnés  de  petits  cirques  parasites  qui  présentent  tous 
les  caractères  de  la  topographie  glaciaire  d'une  façon  bien  plus  nette  que 
les  grands  cirques,  et  peuvent  être  considérés  comme  les  traces  d'une  pé- 
riode glaciaire  plus  récente.  Au  débouché  de  plusieurs  cirques  du  versant 
nord  (Jezeru,  Giïuri,  Coasta  Petresi,  Urda)  et  d'un  cirque  du  versant  sud 
(Moharu),  on  obserA^e  une  série  de  terrasses  dans  le  rocqui  permettent  de 
reconstituer  une  vallée  beaucoup  plus  large,  plus  élevée  et  d'une  pente 
généralement  plus  rapide  que  la  vallée  actuelle.  Sur  ces  terrasses  on  trouve 
des  roches  moutonnées  qui  manquent  dans  le  fond  de  la  vallée.  C'est  sur 
une  pareille  terrasse  que  sont  les  blocs  de  gneiss  de  Carbunele.  Il  faut  donc 
admettre  au  moins  deux  périodes  glaciaires  séparées  par  une  période  d'é- 
rosion. Jja  première,  dont  la  plupart  des  traces  ont  disparu,  s'est  étendue 
jusque  dans  les  vallées  et  doit  dater  de  la  fin  du  pliocène;  la  deuxième  qui 
ne  forma  que  des  glaciers  suspendus,  limités  aux  cirques  des  hautes  val- 
lées, n'a  pas  laissé  de  moraines,  mais  d'après  la  position  des  roches  mou- 
tonnées on  peut  fixer  la  limite  moyenne  des  glaciers  à  1700™  et  la  limite 
des  neiges  éternelles  à  iSao"". 

»  Une  rapide  exploration  de  la  répion  la  plus  élevée  du  massif  des 
Fogarash  (Negoiu,  Paltinu,  Buda,  Capra,  Riosu)  m'a  conduit  à  des  consta- 
tations analogues.  J'ai  découvert  sur  le  versant  sud  un  grand  nombre  de 
cirques  dont  la  Carte  ne  porte  pas  la  plus  légère  indication,  ainsi  que 
plusieurs  lacs  d'origine  glaciaire  incontestable.  Dans  les  cirques  de  Capra 
j'ai  trouvé  des  roches  polies  et  moutonnées  et  des  striés  d'un  étal  de 
conservation  parfait.  Au  contraire  du  massif  du  Paringu,  la  glaciation 
paraît  avoir  été  j)Uis  intense  sur  le  versant  sud  que  sur  le  versant  nord. 
Il  semble  en  être  de  même  dans  le  massif  du  Bucegiu  que  j'ai  visité  l'an- 
née dernière. 


(  «97  ) 
»  Tout  cet  ensemble  de  faits  concorde  avec  la  récente  découverte  des 
traces  d'une  glaciation  dans  le  Riladagh  par  M.  Cvijic.   » 


PIIYSIOLOGIK.  —  La  variation  négative  n'est  pas  un  signe  infaillible  d'activité 
nerveuse.  Note  de  M.  A.  Iïerzex. 

«  On  sait  que  l'actiNité  d'nn  nerf  est  accomjiagnée  de  négativité  élec- 
trique; on  ne  connaît  aucune  exception  à  cette  règle  et  l'on  est,  par  consé- 
quent, autorisé  à  admettre  que,  toutes  les  fois  qu'un  nerf  devient  actif, 
il  devient  en  même  temps  électro-négatif.  Mais  on  admet  comme  allant  de 
soi  que  Vinverse  est  également  vrai,  c'est-à-dire  que  toute  variation  négative 
éveillée  dans  iiii  nerf  par  une  irritnlinn,  fût-elle  fonctionnellement  inefil- 
cace,  est  nécessairement  accompagnée  d' activité  physiologique  de  ce  nerf.  Or, 
non  seulement  cette  présomption  ne  repose  sur  aucun  fait  connu,  mais  u.i 
certain  nombre  de  faits  indiquent  que  la  variation  négative  peut  avoir  lieu 
dans  un  nerf  encore  excitable,  sans  qu'il  devienne  actif.  J'ai  signalé  ces  faits 
en  1898  (dans  V Intermédiaire  des  Biologistes).  Cependant,  comme  ils  se 
rapportent  à  des  nerfs  et  à  des  organes  terminaux  plus  ou  moins  altérés, 
jo  me  suis  attaché  à  trouver  le  moyen  de  produire  la  variation  négative  dans 
des  nerfs  normaux  aboutissant  à  des  organes  périphériques  intacts,  sans 
activité  physiolo;^i<p!o. 

))  On  connaît  depins  longiemps  un  certain  nombre  de  substances  qui 
ont,  sur  les  nerfs  avec  lesquels  on  les  met  directement  en  contact,  une 
action  très  particulière  :  le  trajet  du  nerf  soumis  à  leur  influence  perd  peu 
à  peu  son  excitabilité  locale,  sans  que  sa  conductibilité  subisse  une  dimi- 
nution appi  éciïible;  d ms  ces  conditions,  le  trajet  nerveux  modifié  transmet 
parfaitement  les  impulsions  centripètes  et  centrifuges  qui  lui  arrivent  de  la 
partie  périphérique  ou  de  la  partie  centrale  du  nerl,  mais  il  est  totalement 
iîiciipable  de  transformer  lui-même  en  activité  fonctionnelle  les  irritations 
([ue  l'on  fait  agir  directement  sur  lui;  elles  ne  produisent  aucun  effet  phy- 
siologique, ni  sensitif  ni  moteur. 

»  Il  était  tout  indiqué  de  l'aiie  quelques  expériences  sur  des  nerfs  placés 
dans  ces  conditions,  afin  de  voir  si  l'iiritation  du  trajet  inexcitable,  bien 
qu'elle  ne  fournisse  aucun  effet  fonctionnel,  produit  néanmoins  une  varia- 
tion négative  dans  les  parties  normales  du  nerf  situées  près  du  centre  ou 
plus  près  du  muscle. 

»   Quelques  essais  préliminaires  nous  montrèrent,  à  M.   Radzikowski, 


(  »;.«  ) 

mon  assistant,  et  à  moi,  que  la  cocaïne  et  le  chloral  étaient,  dans  ce  but, 
préférables  à  d'autres  substances,  et  nous  eûmes  à  plusieurs  reprises  de 
bonnes  variations  négatives  dans  les  parties  normales  du  nerf  en  irritant  sa 
partie  inexcitable.  'SI.  Radzikowski  a  en  outre  trouvé  que  la  substance  qui 
agit  le  mieux  est  la  chloralose.  Son  action  est  plus  lente,  mais  plus  con- 
stante. 

n  II  se  pourrait  que  nos  constatations  entraînassent  des  conséquences 
d'une  grande  portée  :  elles  semblent  inconciliables  avec  les  théories  domi- 
nantes concernant  la  nature  intime  de  l'activité  nerveuse.  En  effet,  dans 
l'expérience  sur  un  nerf  rendu  localement  inexcitable,  la  variation  néga- 
tive naît  seule  dans  la  partie  modifiée  du  nerf  et  se  propage  seule  dans  ses 
parties  normales;  elle  n'est  donc  ni  l'effet  nécessaire,  ni  la  caM^e  néces- 
saire de  l'aclivilé  foLicliounelle,  qui  serait  quelque  chose  d'autre  et  quelque 
chose  de  plus  que  le  phénomène  électrique  qui  l'accomiiagne  habituelle- 
ment. Néanmoins,  la  conciliation  est.  possible,  à  la  condition  qu'd  soit 
expérimentalement  démontré  qu'il  s'agit  de  deux  formes  dilïérentes  de  va- 
riation négative,  l'une  brusque  et  rapide,  phvsiologiquement  efficace,  et 
l'autre  graduelle  et  lente,  phvsiologiquement  inefficace.  Le  galvanomètre 
à  lui  seul  est  impuissant  à  révéler  cette  différence.  Il  appartient  à  des  re- 
cherches ultérieures  d'établir  si  elle  existe  et,  selon  le  résultat  auquel  elles 
aboutiront,  les  théories  actuelles  pourront  être  maintenues  dans  leur  inté- 
grité ou  devront  être  modifiées.    » 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Embolies  cellulaires. 
Note  de  MM.  Charrin  et  Levaditi  ('),  présentée  par  M.  Cb.  Bouchard. 

«  Nous  venons  d'observer  des  faits  qui  permettent  d'établir  que  le  cou- 
rant sanguin  peut  transporter  des  cellules  constitutives  des  différents 
organes  de  l'économie. 

»  Dans  un  premier  cas,  il  s'agit  d'une  femme  qui  a  succombé  aux 
atteintes  d'une  fièvre  tyj)hoïde  grave  contractée  au  terme  d'une  grossesse. 
—  En  dehors  des  lésions  caractéristiques  de  l'intestin,  nous  avons  constaté 
une  dégénérescence  profonde  du  foie  et  du  myocarde,  organes  décolorés, 
mous,  dépressibles.  Mais  nous  avons  surtout  été  frappés  par  l'existence, 

(')    Travail    du    laboratoire  de    Médecine    expériinenlale   de    l'École   des    Hautes 
Études. 


(  899  ) 
dans  quelques  capillaires,  d'éléments  figurés  ;  ces  éléments,  découverts  dans 
les  vaisseaux  hépatiques  comme  dans  ceux  du  cœur,  du  rein  ou  du  poumon, 
nous  ont  paru  constitués  par  des  débris  de  cellules  provenant,  pour  une 
part,  de  la  glande  biliaire.  De  plus,  dans  les  artérioles  cardiaques  et  pul- 
monaires, nous  avons  décelé,  d'une  façon  indiscutable,  des  fragments  de 
muscles  striés  à  noyau  central,  autrement  dit,  en  raison  de  ces  caractères' 
des  fragments  myocardiques;  dans  une  de  ces  artérioles  cardiaques  on  a 
reconnu  deux  de  ces  fragments  entourés  de  globules  rouges  mélangés  à 
des  gouttelettes  graisseuses.  Dans  une  veinule  du  poumon,  on  a  rencontré 
une  de  ces  cellules  musculaires  du  myocarde  parfaitement  conservée,  placée 
près  de  la  paroi  et  entourée  de  nombreuses  hématies. 

))  Dans  un  second  cas,  nous  venons  de  découvrir,  dans  des  capillaires 
du  foie,  des  éléments  anatomiques  soit  de  cet  t)rgane,  soit  du  revêtement 
des  canaux  biliaires  :  ce  foie  a  été  recueilli  chez  un  lapin  mort  des  lésions 
que  provoque  la  pancréatine  en  circulation.  —  Un  des  capillaires  des 
espaces  portes,  contient  sept  de  ces  éléments  anatomiques  hépatiques,  dont 
l'un  présente  deux  noyaux;  ce  capillaire  renferme,  en  outre,  quatre  cel- 
lides  épithéliales  provenant  de  la  membrane  interne  des  voies  de  la  bile,  et 
tout  autour  des  globules  rouges  très  pâles,  mêlés  à  d'abondants  leu- 
cocytes. 

»  En  présence  de  ces  constatations,  la  première  idée  qui  vient  à  l'es- 
prit, c'est  que,  par  suite  d'un  singulier  hasard,  ces  éléments  ont  pu  être 
placés  dans  ces  vaisseaux  par  les  mouvements  du  rasoir  qui  a  servi  à  pra- 
tiquer les  coupes.  Toutefois,  comme  ces  embolies  cellulaires  existent  dans 
un  assez  grand  nombre  d'artérioles  ou  de  veinules,  il  faudrait  admettre  la 
répétition  de  cette  cause  d'erreui-,  et,  si  sa  fréquence  est  telle,  on  ne  con- 
çoit pas  comment  des  faits  de  cette  nature  n'ont  pas  depuis  longtemps  et 
fréquemment  été  signalés,  d'autant  plus  qu'on  retrouve  ces  embolies  dans 
des  plans  successifs  d'un  même  conduit  sanguin;  d'ailleurs,  comment  con- 
cilier cette  interprétation  avec  l'exislence  des  fragments  musculaires  myo- 
cardiques dans  des  capillaires  pulmonaires,  attendu  que,  de  telles  fdjres 
musculaires  n'entrant  pas  dans  la  structiu-e  du  poumon,  on  ne  peut  pour- 
tant pas  soutenir  que  ce  rasoir,  en  coupant,  a  détaché  et  transporté 
quelques-unes  de  ces  fibres? 

»  On  ne  saurait  prétendre  daAantage  que  ces  cellules  en  suspension 
dans  les  liquides  conservateurs  ou  les  réactifs  colorants  se  sont  fixées  sur 
ces  pièces;  d'une  part,  en  eifet,  en  examinant  ces  liquides,  on  retrouve- 
rait tout  au  moins  un  petit  nombre  de  ces  corps;  d'autre  part,  dans  ces 


(  yoo  ) 

conditions,  on  les  décèlerait  uniquement  à  la  surface  et  non  dans  l'épais- 
seur des  parcelles  d'organes  recueillies  sur  l'animal,  dans  des  coupes  suc- 
cessives; enfin,  sur  une  de  ces  coupes  prises  isolément,  un  fort  grossisse- 
ment ne  permettrait  pas  de  reconnaître  que  ces  divers  éléments  sont  au 
même  niveau  et  nullement  superposés,  tandis  qu'un  dépôt  superficiel  en- 
traînerait forcément  cette  superposition. 

»  Si  la  réalité  de  ces  embolies  est  indiscutable,  il  n'est  pas  aisé  de  pré- 
ciser le  mécanisme  de  leur  formation  et  surtout  de  leur  pénétration  intra- 
vasculaire. 

«  A  la  vérité,  dans  le  foie  de  l'animal  tué  par  la  pancréatine,  à  côté  de 
territoires  relativement  sains,  on  aperçoit  des  foyers  constitués  par  des 
cellules  hépatiques  dissociées,  isolées,  flottant  pour  ainsi  dire  librement, 
faciles,  par  conséquent,  à  déplacer  puisqu'elles  ne  sont  plus  dis|)osées  et 
fixées  en  travées  régulièrement  ordonnées;  de  plus,  dans  quelques-uns  de 
ces  fovers  existent  des  globules  rouges  sortis  des  canaux  artériels  ou  vei- 
neux. Peut-être  s'est-il  produit  là  une  de  ces  hémorragies  qu'engendrent 
assez  souvent  les  toxines  ou  les  diastases.  Peut-être  cette  hémorragie  en 
rompant  le  capillaire  a-t-e!le  pratiqué,  dans  la  paroi,  une  brèche  capable 
de  laisser  ces  cellules  devenues  libres  s'introduire  dans  la  circulation; 
peut-être  aussi,  résorbés  en  quelque  sorte  dans  les  espaces  lymphatiques, 
ces  éléments  sont-ils  ensuite  conduits  par  la  lymphe  dans  les  vaisseaux  san- 
guins. Tout  en  penchant  pour  la  première  de  ces  hypothèses,  nous  man- 
quons de  données  suffisantes  pour  trancher  définitivement  la  question. 

»  Un  point  paraît  acquis,  c'est  que  ces  transports  n'ont  dû  se  faire  que 
dans  les  derniers  moments  de  la  vie.  Quand,  en  effet,  on  injecte  dans  une 
veine  des  cellules  du  foie,  du  rein,  etc.,  on  les  voit  en  général  dispa- 
raître promptement.  Maximow,  après  avoir  malaxé  un  placenta,  a  réussi  à 
retrouver  dans  les  viscères  des  débris  détachés  de  ce  placenta  (');  Klebs  ("), 
Sohmorl  ('),  lAibarscb  (*)  avaient,  du  reste,  indiqué,  dans  certains  capil- 
laires, la  présence, d'éléments  le  plus  ordinairement  dérivés  de  la  moelle 
osseuse,  sans  jamais  signaler  de  fibres  musculaires. 

»  Néanmoins,  ou  conçoit  à  quel  point  ces  résultats  sont  suggestifs;  en 
dépit  de  cette  rapide  disparition  des  parcelles  de  viscères  expérimenta- 


(')  Parenchy mezelLcn  Embolie  {Fort.  d.  Mcd.,  iSgS). 
C^)  Deitràgc  Ziegler;  Bd.  III,  1888. 
{^)  Puerperalcklampsie ;  Leipzig,  iSgS. 
{•')  Fort,  der  Med.,  Bd.  XI,  iSqS. 


(  9"!  ) 
lement  introdiiiles  dans  le  sang,  on  entrevoit  tonte  nne  série  de  déductions 
relatives  à  la  greffe  on  an  transport  des  cellnles  bactériennes,  cancéreuses 
on  autres.  Des  perfertionnements  de  technique  ou  des  recherches  plus  hen- 
reuses  permettront  sans  doute  nn  jour  de  constater  la  fixation,  suivie  d'évo- 
lution, de  ces  éléments  anatomiques  d'organes;  dès  lors,  les  chercheurs 
pourront,  avec  plus  de  facilité  comme  aussi  a\pc  plus  de  précision,  étudier 
une  foule  de  questions,  même  en  dehors  de  celles  qui  touchent  aux  géné- 
ralisations néoplasiques.    » 


CHIRURGIE.  —  Sur  un  cas  d' endothéliome  des  os.  Note  de  M.  Paul  Berger, 
présentée  par  M.  Lannelongue. 

«  Les  endothéliomes  des  os  paraissent  avoir  été  d'abord  confondus  aver 
les  carcinomes  primitifs  des  os  dont  ils  se  rapprochent  par  quelques-uns 
de  leurs  caractères  histologiques  et  par  leur  évolution  chimique. 

»  Ce  n'est  qu'à  parlirdes  travaux  d'Hildebrand  et  deRudolph  Volkmann 
que  l'origine  conjonctive  de  ces  tumeurs  a  été  mise  hors  de  doute  et  qu'elles 
ont  constitué  un  groupe  distinct  des  autres  variétés  de  sarcomes  par  leur 
structure  et  la  nature  de  leurs  éléments. 

»  Nous  ne  connaissons  que  deux  observations  appartenant  à  cette  sorte 
de  tumeurs  qui  aient  été  publiées  en  France;  elles  sont  dues  à  MM.  Poncet 
ctDor  (de  Lyon),  et  à  M.  Gross  (de  Nancy).  Le  fait  dont  nous  donnons  le 
résumé  et  dont  l'étude  anatomique  détaillée  a  été  faite  par  M.  leDTernand 
Bezançon,  chef  du  laboratoire  de  Chimie  à  la  Faculté  de  Médecine,  précise 
les  notions  que  nous  possédons  sur  les  caractères  microscopiques  et  sur 
les  relations  originelles  de  ces  tumeurs  et  permet  d'indiquer  quelques-uns 
des  signes  chimiques  qui  pourront  servir  à  en  faire  reconnaître  l'existence. 

»  Une  femme  de  cinquante-quatre  ans,  après  quelques  mois  de  douleurs 
vives  dans  le  membre  supérieur  gauche,  présente  une  fracture  spontanée 
au  tiers  supérieur  de  l'humérus;  bientôt  apparaît  en  ce  point  une  tumeur 
pulsatile  qui  nécessite  la  désarticulation  de  l'épaule.  A  peine  la  malade 
est-elle  guérie  qu'on  voit  se  développer  une  nouvelle  tumeur  pulsatile  au 
niveau  de  la  région  frontale  gauche  et  qu'une  autre  tumeur,  également 
pulsatile,  se  montre  à  la  région  trochantérienne  gauche  qui,  même  avant 
l'apparition  de  la  première  tumeur,  avait  été  le  siège  de  quelques  douleurs. 

»   Cette  tumeur  détermine  bientôt  la  production  d'une  fracture  spon- 


(  9^2  ) 
lanée  du  fémur.  Des  hématuries,  des  hémophysies  indiquent  la  généralisa- 
lion  de  la  néoplasie  et  l'invasion  de  la  cachexie  terminale. 

»  Examen  de  la  tumeur.  —  La  tumeur  a  complètement  détruit  le  tiers  supérieur 
de  la  diaphvse  luimérale  sans  envahir  la  tête  liuniérale,  les  muscles  qui  s'j'  insèrent  et 
l'articulation  scapulo-huraérale;  elle  est  limitée  par  une  capsule  conjonctive  du  côté 
des  parties  molles,  mais  elle  pénètre  dans  les  espaces  médullaires  de  l'os  malade.  Sa 
coupe  est  parfaitement  homogène. 

»  L'examen  histologique,  pratiqué  par  iM.  Bezançon,  y  démontre  les  caractères 
suivants  :  la  tumeur  est  exclusivement  constituée  par  des  alvéoles  remplis  de  cellules; 
ces  alvéoles  ne  ressemblent  que  grossièrement  aux  alvéoles  des  cancers.  Les  cloisons 
qui  les  séparent  sont  formées  par  des  capillaires  sanguins  du  plus  petit  calibre  qui 
délimitent  des  mailles  remplies  par  les  formations  cellulaires.  Celles-ci  reposent  direc- 
tement sur  la  paroi  des  capillaires  sans  interposition  de  tissu  conjonctif;  tantôt  elles 
remplissent  tout  l'alvéole,  tantôt  elles  laissent  à  son  centre  un  espace  clair  dépourvu 
de  cellules. 

»  Les  cellules  ont  de  i5  à  aofji  de  diamètre,  elles  sont  cylindriques  ou  polyédriques, 
parfois  renflées  à  leur  extrémité;  elles  sont  constituées  par  un  protoplasma  clair  ne 
(ivant  ni  les  couleurs  acides  (éosine),  ni  les  couleurs  basiques  d'aniline  (thionine); 
elles  possèdent  un  gros  noyau  vésiculeux,  peu  riche  en  chromatine  et  pourvu  d'un 
gros  nucléole.  On  n'y  trouve  nulle  part  de  figures  de  karyokinèse. 

1)  La  forme,  les  caractères  physiques  et  hislochimiques  de  ces  cellules  les  dis- 
tinguent absolument  des  cellules  épilhéliales;  leurs  rapports  avec  les  ca|)illaires  dans 
les  mailles  desquelles  elles  sont  logées  démontrent  qu'elles  procèdent  de  l'endotliélium 
vasculaire  ou  des  cellules  endothéliales  des  gaines  péri-vasculaires. 

»  Cette  tumeur  est  donc  un  exemple  indiscutable  d'endothélium  des  os  à  forme 
alvéolaire. 

))  T/endolhélium  des  os  présente  une  autre  forme  histologique,  plus 
rare,  l'endothéliuin  tubulé  dans  lequel  les  formations  cellulaires  se  pro- 
longent sous  forme  de  cordons  cellulaires  anastomosés  autour  de  cajiil- 
laires  ramifiés  qui  en  constituent  en  quelque  sorte  la  lumière.  Ces  tumeurs 
rentrent  dans  la  catégorie  des  tumeurs  plexiformes. 

»  Enfin,  il  est  des  cas  où  la  formation  endothéliale  paraît  indépendante 
des  vaisseaux  sanguins  et  où  elle  dérive  des  cellules  des  fentes  lympha- 
tiques du  tissu  conjonctif:  les  observations  de  Liicke,  de  Driessen,  d'En- 
gelmann  et  de  von  Liickowicz  en  sont  des  exemples. 

»  L'endothéliome  des  os  [)résente  quelques  caractères  cliniques  qui, 
sans  être  constants,  se  rencontrent  assez  fréquenuuent  réunis;  notre  obser- 
vation en  est  un  des  exemples  les  plus  complets.  Ce  sont  des  tumeurs  à  dé- 
veloppement rapide;  elles  déterminent  souvent  de  bonne  heure  des  frac- 


(  9o3  ) 
tures  spontanées  au  niveau  des  points  où  elles  se  développent.  Elles 
présentent  des  pulsations  artérielles,  une  expansion,  à  l'auscultation  du 
souffle,  qui  s'observent  non  seulement  dans  la  tumeur  originelle  mais  dans 
les  tumeurs  secondaires:  elles  constituent  donc  une  variété  des  ané- 
vrismes  des  os.  Enfin,  elles  sont  parfois  multiples  d'emblée  (cas  de  Rus- 
tifzky,  de  Zîibn,  de  Kahler,  de  Wieland,  de  Marckwald)  :  il  semble  que 
dans  notre  cas  la  tumeur  du  fémur,  qui  s'était  annoncée  dès  le  début  par 
des  douleurs  à  la  cuisse,  et  celle  du  frontal,  qui  apparut  aussitôt  après  l'opé- 
ration, doivent  être  considérées  comme  contemporaines  de  la  tumeur  de 
l'humérus  et  non  comme  des  récidives. 

>'  Les  endolhéliomes  des  os  sont  des  tumeurs  éminemment  malignes; 
l'amputation  même  éloignée  du  membre  ne  mettra  pas  toujours  à  l'abri  de 
leur  récidive  ou  de  leur  généralisation.    » 

M.  G.  ViKCENTi  adresse  des  «  Études  de  Phonographie  et  de  Phonotélé- 
graphie  ». 

A  3  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Chimie  présente  la  liste  suivante  de  candidats  pour  la 
place  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Friedel  : 

En  première  ligne M.      Étakd. 

En  deuxième  ligne M.      Le  Bel. 


En  troisième  ligne,  par  ordre  alphabétique.   .   . 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
Ij'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts. 


MM.   COLSON. 

Hanriot. 
j  ungfleiscu 

Le   Chatelier. 
Le  moïse. 


xVI.  B. 


G.  R.,  1899,  1'  Semestre    {t.  CXXIX,  N«  22.) 


120 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLA RS, 
Quai  des  Grands- Augusiins,  n"  55. 

epuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièremenl  le  Dimanche.  lis  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  Tolumes  ln-4*.  Deui 

'ses   l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.    L'abonnement  est  annuel 

it  art  du  i"  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

I  Paris  :  30  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Dnion  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


chez  Messieurs 
t Ferrsn  frères. 

i  Chaix. 
T ; Jourdan. 

(Ruer. 


Si 


! 


Courtin-Hecquet. 
(  Germain  etGrassin. 
I  Lachése. 

Jérôme. 


Lorient. 


nçon Jacquard. 

,  Feret. 

eaux Laurens. 

(  Muller  (G.). 

ges Renaud. 

/  Derrien. 
F.  Robert. 

j  J.  Robert. 

[  Uzel  frères. 

Jouan. 

Jtberv Perrin. 

i  Henry. 


bourg.. 


C, 

C.  mont-Ferr. 


D. 

D, 

Gi 

'^ 
Le  t 

Lu. 


(  Marguerie. 
(  Juliot. 
j  Ribou-Collay. 
■  Lamarche. 

1 Ratel. 

(Rey. 

,  (  La.uverjat. 

[  Degez. 

wble 1^"^.^'- 

I  Gratier  et  O'. 

■oehelle Foucher. 

\  Bourdignon. 
(  Dombre. 


(  Thorez. 
(  Quarré. 


chez  Messieurs  : 
(  Baumal. 
I  M"*  Texier. 

Bernoux  et  Cumin 
l  Georg. 
Lyon «  Côte. 

Savy. 

Ville. 

Marseille Ruât. 

if     ..      Il-  i  Calas. 

Montpellier „     ,  . 

(  Coulet. 

Moulins Martial  Place. 

i  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frères. 
(  Loiseau. 
l  Veloppé. 
I  Barma. 
'  Visconli  et  Cv 

Aimes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

Blanchier. 
Marche. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Bocke/ort Girard  (M»"). 

{  Langlois. 
(  Leslringanl. 

S'-Élienrie Chevalier. 

j  Ponleil-Burles. 
(  Rumèbe. 
j  Gimet. 
i  Privai. 
Boisselier. 

Tours J  Péricat. 

'  Suppligeon. 
(  Giard. 
!  Lemaltre. 


Nantes 

Nice.. . 

Aime 
Orléa 

i  Poitiers.. 

Bennes 
Boche/ 

Bouen. 

S'-Étie 

Toulon.. . 

Toulouse.. 

Tours 

Valenciennes. 


On  souscrit,  à  l'Etranger, 


A  msterdam . 


Berlin. 


Bucharest. 


chez  Messieurs  : 

Feikema    Caarelsen 
et  C". 

Athènes Beck . 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C". 

Dames. 

Friedlander   et   fils. 

Mayer  et  Millier. 

Berne Schmid  et  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

Lamertin. 
Bruxelles {  Mayolezet  Audiarte. 

Lebègue  et  C'". 

Sotcheck  et  C°. 

Storck. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Hôsl  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

Cherbuliez. 

Genève '  Georg. 

'  Stapelmohr. 

La  Haye Belinfanle  frères. 

Benda. 

Payot. 

Barth. 

Brockhaus. 
Leipzig Lorenlz. 

Max  Rûbe. 

Twielmeyer. 

,  Desoer. 
^'^S^ IGnusé. 


chez  Messieurs  : 
.  Dulau. 

^"""^'•«^ Hachette  et  C". 

'  Nuit. 
Luxembourg . ...     V.  Biick. 

Libr.  Gutenberg. 

Madrid I  Rome  y  Fussel. 

I  Gonzaiès  e  hijos. 
F.  Fé. 

Milan I  Bocca  frères. 

'  Hœpli. 
Moscou Tastevin. 

Aaples (Marghieri  di  Giu,. 

(  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
New-Vork Slechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C- 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaés  et  Mouii. 

Prague Rivnac. 

Bio-Janeiro Garnier. 

D  1  Bocca  frères. 

Bome , 

f  Loescheret  C". 

Botterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallm 


S'-Petersbourg. 


Lausanne. 


^  Zinserling. 

;  Woiff. 


j  Bocca  frères. 

j  Brero. 

\  Clausen. 

1  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolff 

Vérone Drucker. 

,,.  \  Frick. 

Vienne „      ,  , 

(  Gerold  et  C'-. 

Ziirich Meyer  et  Zeller. 


Turin. 


ITàBUS  générales  des  comptes  rendus  des  séances  de  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 
Tomes  !•'    31.  —  (  3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.)  Volume  in-4°;  i853.  Prix 15  fr. 
Tomes  32  à  61.—  (  i"  Janvier  i85t  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4'';  [870    Prix 15  fr. 
Tomes  62  à  91.—  1  i"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1S80.)  Volume  in-4";  "889.  \\\%. 15  fr. 
.... 


lUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

T  me  I:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DerbÉs  et  A.-J.-J.  Solier. —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbation»  qu'éprouvenlies 
Co  ites,  par  M.Han(bn. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

gri  es,  par  M.  Claudb  Bernard.  Volume  in-4°,  avec  Sa  planches  ;  i856 15  fr. 

US  II:  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  V*n  Bknedïn. —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
p>i  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
«  1  intaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition .  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
•  c.  rapports  qui  existent  entre  l'étatactuel  du  régne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4°,  avec  27  planches;  1861..  .        15  fr. 


'  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


W  22. 

TABLE   DES    ARTICLES.  (Séance  du  27  novembre  1899. 


RIEWOIRES  ET  COMMUNICATIOXS 

DES  MEMBUES  et   des  correspondants   de   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

.M.  le  J^ECRÉTAIRE  PEliPÉTrEL  rend  rnmple  à 
l'Académie  de  l'élat  présent  de  la  Sous- 
cription pour  élever  un  ninnumi^nl  à  La- 
voisier 855 

M.  J.  BoussiNESy.     -    Propagation,  dans  un 


Pages, 
milieu     transparent,      liétérogéne,      d'un 
pinceau    latéralement    limité    de    lumière 
parallèle    :    inlégratiou    des  équations  du 
mouvement Sôg 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  Lanfrev.  —  Expériences  sur  la  destruc- 
tion du  Phyllo.xera .S65 

M.  Fr.  Bailly  soumet  au  jugement  de  l'Vca- 
démie    un    Mémoire    «    Sur   un    ajipareil 


volant  » 865 

M.  Deiss  adresse  une  Note  relative  à  "  son 
procédé  d'extraction  du  caoutchouc  i.    ..     SGô 


CORRESPO.\DANCE. 


M.  J.  Guillal.me.  —  Observations  des  Léo- 
nides,  faites  en  iSgy  à  l'observatoire  de 
Lyon 

M.  Cii.  Trépied.  —  Observations  des  Léo- 
nides,  faites,  à  l'observatoire  d'.\li;er, 
les  i3,  I.')  et  i5  novembre  1899 

AI.  Harold  Tarry.  —  Observation  des  Léo- 
nidcs  à  Alger 

M.  H.  Leblsuue.  —  Sur  la  déliuitiun  de 
l'aire  d'une  surface 

.M.  Michel  Petrovitch.  —  Sur  le  nombre 
de  racines  d'une  équation  algébrique  com- 
prises à  l'intérieur  d'une  circonférence 
donnée 

AI.  H.  Fade.  —  Sur  la  généralisation  des 
développements  en  fractions  continues, 
donnés  par  Lagrange,  de  la  fonc- 
tion (t  -f-  j:)" 

-AI.  P.  DfHE.M.  —  Sur  la  stabilité  de  l'équi- 
libre des  corps  flottants  et,  en  particulier, 
d'un  navire  qui  porte  un  chargement 
liquide 

AI.  .\i-PELL.  --  Kemarque  sur  la  Communi- 
cation  précédente  de  AI.  P.  Dulicm 

Al.    Du-ssacd.    -      Sur    le    l'cndenient    de    la 


866 

«67 
Siig 
S-o 


S75 


880 


transmission  du  son  par  l'électricilé 

iVI.  P.  Villard.  ~  Sur  l'action  chimique 
des  rayons  X 

AI.  J0UNIAU.X.  —  Sur  laclion  de  l'acide 
chlorliydrique  sec  .sur  l'argent  et  réaction 
inverse 

AIM.  E.-E.  Blaise  et  G.  Blanc.  —  Sur  la 
campliénylonc 

AI.M.  Adriax  et  A.  Trillat.  —  Sur  la  matière 
colorante  de  la  digitale 

M,  .1.  TuouLET.  —  Sur  une  expérience  rela- 
tive aux  courants  sous-marins 

AI.  Victor  Jodix.  —  Sur  la  résistance  des 
graines  aux  températures  élevées 

AI.  t:.  m;  AIarto.nne.  —  Sur  la  période  gla- 
ciaire dans  les  Karpates  méridionales 

M.  A.  Hehzen.  —  La  variation  négative 
n'est  pas  un  signe  infaillible  d'activité 
nerveuse  

AIAI.  Charrix  et  Levaditi.  —  Embolies  cel- 
lulaires  

AI.  Paul  Berger.  —  Sur  un  cas  d'cndolhé- 
liome  des  os 

M.  G,  A'incenti  adresse  des  .>  Études  de 
Phonographie  et  de  Phonotélégrai)liie  >•.. 


88» 
883 

S83 
88ti 
889 
891 
893 
S94 

89: 

S98 
901 
<io3 


COMITE  SECRET. 


Liste  de  randidals  présentés  pour  la  place 
laissée  vacante,  dans  la  Si'ction  de  Chimie, 
par  le  décès  de  AL  Frk'del  :  1"  .AI.  litard; 


•j°   AL   Le  Bel:  3»  MAI.  Cohon^  Hanriot, 
Jungfleisch,  Le  Chatclicr.  Lemoine goS 


t' 
^ 


PAKIS.    —     IMPKIMKKIK     G  .\.  U  I' H  1  b.  It- V  t  L  L  .\  K  S 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

/.«  CeranI  .* (>AOrBiER-ViLLATit 


JAN  17  190O 

ioi^  1899 

SECOAD  SEaiESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES     , 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  itm.  IiES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUEIiS. 


TOME  CXXIX. 


N^  23  (4  Décembre  1899). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCES  DE   L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    DES    23    JUIN    1862   ET    2^    MAI    iByS. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Mepibres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  s 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 


Article  1". 


Impressions  des  travaux  de  C Académie. 


Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  car  unAssociéétranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

l^es  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académ 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Ra 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'auta 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pi 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personn 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  r 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  so 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  ] 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nonini' 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extr; 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  lefo 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  oi 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  tenij 
le  titre  seulduMémoireestinséré  dans  le  Compte  ren 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  si 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  a 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Raj)ports 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  f 
un  Rapport  sur  la  situation  âes  Comptes  rendus  ap 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pi 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  > 
déposer  an  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivai 


JAN  17  1900 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  4  DÉCEMBRE    1899, 

PRESIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES     ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 

OPTIQUE  PHYSIQUE.  —  Justification  du  principe  de  Fermât  sur  l'économie  du 
temps,  dans  la  transmission  du  mouvement  lumineux  à  travers  un  milieu 
hétérogène,  d'ailleurs  transparent  et  isotrope  ;  par  M.  J.  Iîoussixesq. 

«  T.  Passons  au  cas  où,  dans  le  plan  a;  =  o  de  la  première  couche  hétéro- 
gène (  '),  le  déplacement  transversal  elfectif  se  trouve  incliné,  partout  où 
il  n'est  pas  nul,  d'un  angle  constant  V  sur  le  plan  tl'incidence,  sa  valeur  v 

étant   d'ailleurs   de    la  forme     —Wl  —  my,y,z),  avec  J/'  ou,  par  suite, 

V    '0 

/y  dl  =  i,  fonction  arbitraire  ûunnée,  rapidement  variable,  de  t  —  my  et, 
lentement  variable,  de  v,  z.  L'on  aura  évidemment,  pour  toutes  les  valeurs 

(')  Noir  le  précédent  Compte  rendu,  p.  SSg. 

C.   K.,  1899,  2«  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  23  )  121 


(  9o6  ) 

,./ 
positives  (\ex,  ^  égala  ^[/sinV,  dans  l'expression  ^  de  'C,  mais  égal  à  icosV, 

dans  l'expression  analogue  de  S,  les  valeurs  de  i  et  de  ']/'  étant,  au  point 
quelconque  {^,y,  s),  et  à  l'époque  t,  celles  quiexistaient,  dans  le  plan  même 
a;  =  G,  au  point  d'où  en  émane  la  trajectoire,  normale  aux  ondes,  qui 
aboutit  en  (a?,  y,  ;;),  et  à  l'instant  de  départ  de  l'onde  qui  arrive  actuelle- 
ment en  ce  point  (ar-,  j.  -). 

Ainsi,  les  deux  composantes  notables  ou  sensibles,  C,  ^.  des  déplacements 
seront,  en  ne  mettant  en  évidence  dans  <!'(')  que  la  variable  principale, 

(o4)      î:  =  ±1  ,y  (/  -  my  -flda^j,         S  =  î2lY  .y  f,  _„,_,._  p,/,,). 

(')  Si  l'on  voulait  faire  figurer  explicitement,  dans  les  fonctions  'Y  et  •},  toutes  les 
variables  dont  elles  dépendent,  on  pourrait,  par  exemple,  appeler  y^,,  Sq  les  coordon- 
nées jy,  s  des  divers  points  de  la  première  couche  hétérogène  j"=o,  et  <„  les  instants 
du  passage  ou  du  départ  des  ondes  en  ces  points.  Alors  les  valeurs  initiales  de  'Y  ou 
de  i}*,  c'est-à-dire  leurs  valeurs  dans  cette  couche,  arbitraires  et  données,  s'écriraient 

Or,  de  chaque  point  (  >'„,  :,,)  du  plan  ct-  =  o  émane  un  rayon  avant  pour  équations 
différentielles  rf;  :=  o.  dy —dj;^o,  ou  pour  équations  intégrales 

r"'  dx 

=  =-0.         y  — m  I     -j  =  r„. 

De  plus,  chaque  élément,  dn,  de  ce  rayon  somme  de  ses  projections  dx  et  dy  respec- 
tivement projetées  elles-mêmes  sur  lui,  ou  exprimé  par  — =:^=  dx  -\ —  —  dy, 

\/l-  -\-  m-  y,7'--t-  ni- 

exige,  pour  être  parcouru  par  les  ondes,  le   temps  —  =^  \//- + //;-  dn,   c'est-à-dire 

(0 

simplement  l dx -h  mdy;  de  sorte  que  la  durée  de  parcours  du  rayon,  jusqu'au  point 

{x,y,  z),(iilm{y  —  y„]  -^  j     Idx. 

Ainsi,  d'après  les  lois  concrètes  établies  ci-dessus,  les    valeurs  de  <V  et  de  •!/,  en 

(x,  y,  z)  et  à  l'époque  t,  sont  les  valeurs  connues  qu'avaient  prises  Y  et  <l  an  point 

/''   /  ' 
du   plan  j- =  o  ayant  les  coordonnées    r„  ^=  >'  —  m  j      -j- ,    z„^=  :,    el    à    l'époque 

'-  Il 

t„^=  l  —  m{y —  v„) —  /     /dx,   qui   donne 

t^  —  »!/„=:  t  —  »(  )    —    /       l  dx. 


(  907  ) 

»  II.  Quant  à  leur  petite  composante  longitudinale,  formée  par  la  su- 
perposition de  celle,  (17),  qui  correspond  aux  mouvements  effectués  dans 
des  plans  normaux  au  plan  d'incidence,  et  des  deux,  (12)  et  (aS),  qui  cor- 
respondent aux  mouvements  effectués  parallèlement  au  plan  d'incidence, 
elle  se  composera  de  deux  parties  distinctes,  dues,  l'une, 

à  l'hétérogénéité  du  milieu,  c'est-à-dire  à  la  lente  variation,  avecir,  du  para- 
mètre /=  v/ ~ï  "~  '""  o"  ^^  ^^  vitesse  oj  de  pro|>agation;  l'autre, 

(.6)  e,==^(^NiuV+^NosY 


à  la  lente  variation  du  déplacement  transversal  effectif  \,''C'  -+-  ^'  sur  une 
même  onde  et  à  un  même  moment. 

»  Dans  l'expression  (2(j)  de  celle-ci,  la  quantité  entre  parenthèses  est 
la  somme  des  petites  dérivées  partielles  de  la  fonction  <^  suivant  les  deux 
sens  respectifs  de  dz  et  de  ds,  multipliées  par  les  cosinus  directeurs  sinV, 
cosV,  relatifs  à  ces  deux  éléments  rectilignes,  d'un  petit  arcr/S  tiré,  aussi 
dans  la  surface  d'onde  et  à  partir  de  Çi\y,  :■),  suivant  la  direction  (positive) 
des  déplacements  sensibles  totaux  /('  +  ^'-  La  somme  dont  il  s'agit  repré- 
sente par  conséquent  la  dérivée  de  la  fonction  (J^  suivant  la  propre 
direction  du  mouvement  transversal  ;  et  l'on  a 

(27)  ''  =  R^S' 

formule  comprenant  comme  cas  particuliers  les  deux  précédentes  (17), 
(23).  C'est  donc  une  loi  générale,  que  le  petit  déplacement  longitudinal  e, 

Les  fonctions  ']/'  et  '^  recevront  donc  les  expressions,  explicites  en  t,  x,  jet  z, 

■i^'  (t  —  my  -  j     Idx,  y  —  mj      -^,  :.  j 
et 

'^[t  —  my  —  I     Idx,  y  —  m  j      —,   z\, 

la  première  étant  la  dérivée  de  la  seconde  par  rapport  à  la  variable  t —  m  y  —  /     Idx. 


(  0"8  ) 
ne  dépend  ;i  1res  peu  près,  dans  un  milieu  isotrope,  que  du  mode  de  varia- 
tion, suivant  leur  pro|)re  sens,  des  déplacements  transversaux  effectifs. 
»   III.  Mais  laissons  de  côté  les  déplacements  longitudinaux  qui,  étant 

du  premier  ordre  de  petitesse  comme  ,,     '  "^ — r)  ne  donnent  lieu  qu'à  des 

vitesses  vibratoires  du  même  ordre  et  à  des  demi-forces  vives  d'ordre  supé- 
rieur, c'est-à-dire  négligeables  dans  notre  théorie  approchée.  Ne  nous 
occupons  que  du  déplacement  transversal,  seul  sensible,  résultant  des  deux 
composantes  "C,  S,  et  qui,  incliné  partout,  d'après  (24),  de  l'angle  V  sur  le 

plan  d'incidence,  a  pour  valeur  -  •  La  vitesse  vibratoire  est  évidemment  sa 

'h"  .    il"' 

dérivée  par  rapport  au  temps,  ^_;  et  elle  a  pour  carré -^• 

»  Cela  posé,  considérant  dans  notre  milieu  transparent  un  rayon  lumi- 
neux limité  par  des  trajectoires  orthogonales  à  toutes  les  surfaces  d'onde, 
et  d'une  très  petite  section  normale  variable  c,  évaluons  la  demi-force  vive 
que  charrie,  le  long  de  ce  rayon,  ime  onde  quelconque,  à  laquelle  nous 
attribuerons  partout  une  épaisseur  infiniment  petite,  wdr,  telle,  que  cette 
onde  emploie  un  petit  temps  constant  donné,  d-z,  à  passer  par  un  quelconque 
de  ses  points. 

»  Le  ravon  sera,  par  exemple,  compris,  d'une  part,  entre  deux  plans 
parallèles  au  plan  d'incidence  et  distants  de  ôz-,  d'autre  part,  entre  deux 
petites  surfaces  cylindriques,  de  hauteur  Oz,  normales  au  même  plan  et 
inclinées  sur  les  xz  de  l'angle  variable  i  d'incidence.  Ces  surfaces  cylin- 
driques coupant  ainsi,  toutes  les  deux  sous  le  même  angle  i,  cbaque  plan 
normal  aux  x,  leur  intervalle,  Oy,  mesuré  dans  le  sens  parallèle  aux  v, 
sera  constant;  et  leur  espacement  perpendiculaire  Os,  largeur  variable  du 

ravon,  égalera,  par  suite,  (Jycosi  ou       '  La  section  (j,  c'est-à-dire  J^  Je, 

du  ravon,  vaudra  donc  — -      "  •  Par  suite,  l'élémentd'onde.d'épaisseunor/-:, 

V' '^  +  '"^ 

.,.          ,                                      11           loiOvd^d-        lOyOzdi 
a  considérer  dans  ce  ravon,  aura  le  volume    ,  ou  -jf —■ 

»  Dans  l'évaluation  de  sa  masse,  regardons,  à  la  manière  de  Fresnel, 
l'éther  du  corps  comme  plus  dense  que  l'élher  libre,  ou  assimilons  à  une 
surcharge  inerte  d'éther  la  matière  [)ondérable,  en  tant  qu'elle  participe 
(faiblcmonl)  au  mouvement  vibratoire.   Autrement  dit,   prenons  comme 

densité  du  milieu  vibrant  le  quotient,  -4  ou  <j.{l-  -\-m-),  du  coefficient 


(  'J"9  ) 
d'élasticité  [j.  de  l'éther  libre  par  le  carré  de  la  vitesse  w  de  propagation. 
La  masse  vibrante  à  considérer,  produit  de  cette  densité  par  le  volume 
ci-dessus,  sera  donc  simplement  (<j.dydzdx,  ou  pr()|)ortionnello  à  /;  et,  le 

carré  de  sa  vitesse  étant    ,->  elle  aura  pour  demi-force  vive  le  proiiuit 

(28)  '^[j:Y-'\Ydz,h. 

Or  celui-ci  est,  le  long  du  rayon  quelconque  suivi,  fonction  uniquement  de 
la  variable  principale -r  :  il  reste  donc  constant  durant  toute  la  propagation 
de  l'onde  considérée,  que  définit  une  valeur  particulière  de  t. 

»  Ainsi,  la  proportionnalité  inverse,  à  yjï,  du  déplacement  vibratoire 
qu'apporte  chaque  onde  aux  divers  points  d'un  même  rayon  quelconque,^ 
signifie  simplement  (|ue  la  demi-force  vive  possédée  par  tout  élément  d'une 
onde,  au  départ  de  celle-ci  dans  le  milieu,  se  transmet  intégralement  avec  L'onde 
même,  le  long  du  rayon  mené  à  partir  de  cet  élément  el  normal  aux  positions 
successives  de  l'onde. 

»  Cette  loi,  établie  pour  le  cas  de  vibrations  sensiblement  rectilignes 
polarisées,  s'élend  d'elle-même  au  pinceau  résultant  de  la  superposition 
de  deux,  autres  de  même  direction,  polarisées  respectivement  dans  deux 
azimuts  rectangulaires,  comme  il  arrive  quand  il  s'agit  de  lumière  naturelle. 
Et  alors  les  deux  pinceaux  continuent  à  cheminer  ensemble  ou  à  n'en  faire 
qu'un,  nos  formules  ne  faisant  nullement,  dans  un  milieu  isotrope,  dé- 
pendre la  direction  des  ondes  de  celle  du  mouvement  vibratoire  dans  leur 
plan,  ni,  par  suite,  le  sens  des  rayons,  de  leur  mode  de  [polarisation. 

»  IV.  Maintenant  que  nous  savons  comment  progresse,  dans  un  milieu 
transparent  à  couches  isotropes  planes  et  parallèles,  le  mouvement  excité 
iiar  uu  pinceau  de  liunière  parallèle  qui  v  pénètre,  il  nous  est  facile  d'ob- 
tenir les  lois  élémentaires  de  la  transmission  d'un  jjareil  pinceaLi  dans  un 
milieu  à  .couches  courbes  et  non  |)nralléles.  Jusqu'à  des  dislances  de 
quelques  longueurs  tl'onde  tout  autoin-  (l'ini  point  assigné  quelconque 
(.2-,  y,  s),  la  vitesse  tie  propagation  m  y  sera,  très  sensiblement,  la  même 
que  si  les  surfaces  w  =  const.  s'y  trouvaient  être  des  plans  parallèles  au 
plan  langent,  en(^x,y,  z),  de  la  véritable  surface  équiréfringente  qui  y 
passe,  et  que  l'on  eût,  en  (x,  y,  z),  les  valeiu's  tant  de  o>  que  des  dérivées 

partielles  premières  -y, données  pour  ce  point.  Donc  la  propagation 

"  (  ■^'  )  J'y    ^  ) 

du  mouvement  vibratoire  s'y  fera  aussi  de  même,  à  très  |ieu  près,  y  com- 
pris notamment  les  changements  de  direction  du  pmceau  lumineux  dus  à 
l'existence  de  ces  dérivées  de  eu. 


»  Tl  est  vrai  que  le  pinceau,  en  arrivant  sur  la  première  des  couches 
planes  et  parallèles  ainsi  considérées  et  substituées  fictivement  aux  couches 
courbes  co  =  const.,  ne  viendra  pas  d'une  région  homogène,  comme  nous 
l'avions  admis,  pour  fixer  les  idées,  dans  notre  analyse.  Mais,  cette  analyse 
même  montrant  que  le  pinceau  conserve,  après  avoir  traversé  des  couches 
hétérogènes,  sa  nature  de  pinceau  parallèle,  ou,  en  d'autres  termes,  que 
les  ondes  y  prennent  seulement  des  courbures  insensibles  et  que  le  mou- 
vement transversal,  s'il  était  polarisé  au  départ,  reste  polarisé,  les  ébran- 
lements se  produiront  très  sensiblement,  à  l'entrée  des  couches  planes  el 
parallèles  dont  il  s'agit,  comme  nous  l'avons  supposé  dans  nos  calculs. 

»  V.  r/axe  du  pinceau,  dévié  dans  le  plan  d'incidence  quand  les  surfaces 
équiréfringentes  sont  planes  et  parallèles,  le  sera  donc  encore,  presque 
entièrement,  dans  ce  plan.  Autrement  dit,  le  plan  osculateur  du  rayon  lu- 
mineux coïncidera  avec  le  plan  d'incidence,  ou  plan  que  déterminent  le 
rayon,  à  son  arrivée  sur  une  surface  équiréfringente  co  =  const.,  et  la  nor- 
male à  cette  surface.  Ainsi,  le  plan  osculateur  du  rayon  lumineux  sera  par- 
tout normal  à  la  surface  w  =  const.  traversée. 

»  De  plus,  le  changement  de  direction  du  rayon  sur  un  petit  trajet  dn 
étant,  à  très  peu  près,  le  même  que  dans  le  milieu  à  plans  parallèles  équi- 
réfrmgents,  l'angle  de  contingence  correspondant  du  rayon,  que  j'appel- 
lerai A  (en  le  comptant  positivement  quand  le  rayon  s'écartera  de  la  nor- 
male aux  surfaces  équiréfringentes  traversées),  pourra  s'évaluer  par  la 
formule  qui  le  donnerait  dans  l'hypothèse  de  tels  plans  parallèles.  Or  cette 

formule  est  m  =  const.,  ou  ^^  =  const.,  ^  désignant  les  angles  faits  avec 

la  normale,  en  {x,  y,  z),  à  la  surface  u  =  const.  qui  y  passe,  par  divers  élé- 
ments successifs  du  rayon,  et,  w,  les  vitesses  respectives  de  propagation  de  la 
lumière  sur  ces  éléments.  Prenons  donc,  pour  l'un  d'eux,  celui  qui  perce, 
en  {x,  y,  z),  la  surface  donnée  w  =  const.,  et  soit  i  l'angle  correspondant 
d'incidence,  ou  angle  de  l'élément  (prolongé)  avec  la  normale  à  cette 
surface,  sur  laquelle  m  désignera  la  vitesse  de  propagation.  Un  second 
élément  sera  pris  à  la  distance  dn  après  le  premier,  là  où  oj  est  devenu 
oj  +  f/io  et  où  le  rayon,  ayant  tourné  de  A,  fait  l'angle  i -t-  A  avec  la  même 
normale.  La  relation  m  =.  const.  donnera  ainsi,  sauf  erreurs  négligeables 
de  l'ordre  de  dn-  ou  de  dia"^ , 

/  2Q  )  sinf  sin(f-t-  A)  sin/+(cosj)A  {coii)\ 

<^  ta  -i-  dtx)  (0  -(-  o'w  f/o)      ' 


(  9"   ) 
c'est-à-dire 

(3o)  A  =  — tangj, 

formule  différentielle  fondamentale,  bien  connue,  des  réfractions  atmo- 
sphériques. 

»  VI.  Les  déviations  élémentaires  des  rayons  lumineux  se  calculeront 
donc  par  la  loi  de  Descartes  ou  des  sinus,  exactement  comme  si  les  sur- 
faces équiréfringentes  étaient  des  surfaces  de  séparation  de  couches  homo- 
gènes ou  produisaient  des  réfractions  proprement  dites.  Or  Fermât  a 
obtenu,  comme  on  sait,  les  vraies  lois  de  la  réfraction,  en  admettant 
comme  point  de  départ,  et  en  exprimant  analyliquement,  que  la  lumière 
obéit,  dans  sa  propagation,  au  principe  tle  l'économie  du  temps,  c'est-à- 
dire  que  tout  rayon  suit,  entre  deux  quelconques  de  ses  points,  le  trajet 
y  assurant  au  mouvement  lumineux  la  transmission  la  plus  rapide,  eu  égard 
aux  vitesses  m  qu'impose  la  nature  des  milieux  traversés. 

M  Par  conséquent,  cette  belle  loi  de  minimum  ou  d'épargne,  révélée  à 
Fermât  par  une  inspiration  de  génie,  se  trouve  ici  justifiée,  du  moins  pour 
le  cas  d'isotropie,  en  ce  qui  concerne  le  trajet  des  rayons  hunineux  à  tra- 
vers un  milieu  de  réfringence  graduellement  variable.  Tant  dans  ce  phé- 
nomène que  lorsqu'il  y  a  rupture  brusque  des  rayons  à  la  surface  sépa- 
rative  de  deux  milieux,  la  presque  totalité  du  mouvement  est  propagée 
suivant  les  voies  qui  assurent  au  trajet  la  plus  grande  économie  possible 
de  temps. 

»  Il  doit  y  avoir  une  raison  générale,  sans  doute  à  la  fois  métaphysique 
et  mathématique  (suivant  le  point  de  vue  d'où  on  l'envisage),  mais  qui 
nous  échappe  encore,  pour  que  les  transmissions  qui  se  font  par  ces  voies 
soient  les  seules,  ou  soient  seules  efficaces.  Serait-ce,  en  quelque  manière, 
parce  que,  de  tous  les  mouvements  partis  en  même  temps,  ceux  qui  arrivent 
les  premiers  quelque  part  résulteraient  d'impulsions  incomparablement 
plus  nombreuses,  et  à  résultante  incomparablement  plus  intense,  que  ceux 
qui,  isolés,  arrivent  ultérieurement,  à  raison  de  ce  fait  capital,  signalé  par 
Kepler,  que  les  fonctions  pourvues  d'un  minimum  ou  d'un  maximum 
restent  bien  plus  longtemps  dans  son  voisinage  que  dans  celui  de  toute 
autre  de  leurs  valeurs?  Des  considérations  d'une  telle  nature  explique- 
raient-elles synthétiquement  la  transmission  quasi  intégrale,  suivant  la 
normale,  de  la  force  vive  d'un  élément  d'onde,  circonstance  principale  de 
la  propagation  dans  les  milieux  isotropes?  » 


(  0'-'  ) 


PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  les  phénomènes  de  phosphorescence  produits 
par  le  rayonnement  du  radium;  par  M.  Hexui  Becquerel. 

«  On  saiL  qu'après  avoir  découvert  eL  préparé  des  substances  radio- 
actives dont  le  ravonnement  est  considérablement  plus  intense  que  celui 
de  rnraniiim,  IM.  et  M""'  Curie  ont  reconnu  les  premiers  que  ce  rayonne- 
ment excitait  la  fluorescence  du  platinocvanure  de  baryum.  M.  et  M™"  Curie 
ayant  eu  l'obligeance  de  mettre  à  ma  disposition  quelques  milligrammes 
de  chlorure  de  baryum  radifère  extrêmement  actif,  j'ai  pu  étudier  l'action 
du  ravonnement  de  cette  matière  sur  diverses  substances  phosphores- 
centes. 

))  Ces  substances  ont  été  celles  qui  ont  servi  autrefois  aux  travaux  de 
mon  père,  et  plus  tard  aux  miens.  Je  citerai  notamment  diverses  prépara- 
tions de  sulfures  de  calcium  et  de  strontium,  très  lumineuses  sous  l'action 
de  la  lumière,  des  minéraux,  tels  qu'un  rubis,  un  diamant,  une  variété  de 
spath  calcaire  manganésifère,  divers  échantillons  de  fluorine,  et  de  la 
blende  hexagonale  très  phosphorescente  préparée  par  M.  H.  Sainte-Claire 
Deville.  Ces  substances  étaient  pour  la  plupart  réduites  en  poudre  et 
collées  sur  des  feuilles  très  minces  tie  mica. 

»  'Lorsqu'on  se  place  dans  l'obscnrilé,  et  qu'on  approche  ces  substances 
à  quelques  niillimèlres  de  distance  du  corps  radiant,  en  évitant  l'inter- 
position de  toute  autre  matière  que  l'air,  on  reconnaît  que  la  plupart 
deviennent  lumineuses.  Celles  dont  le  spectre  d'excitation  (')  est  formé 
de  rayons  lumineux,  telles  que  le  ridiis  et  le  Sj)ath  calcaire  précités,  ne 
deviennent  pas  phosphorescentes.  Au  contraire,  celles  des  substances  qui 
s'illuminent  dans  les  rayons  ultra-violets,  ou  sous  l'influence  des  rayons 
de  Rontgen,  deviennent  généralement  lumineuses  sous  l'mfluence  du 
rayonnement  du  radium. 

»  On  observe  cependant  des  différences  profondes  dans  les  effets  de  ces 
deux  rayonnements.  Ainsi  l'échantillon  de  diamant  qui  a  servi  dans  ces 
expériences  et  qui  est  vivement  lumineux  sous  l'action  du  radium,  ne 
devient  pas  lumineux  avec  le  rayonnement  du  tubefocus  que  j'ai  employé, 
en  l'entourant  d'un  papier  noir.  Le  sulfite  double  d'uranium  et  de  potas- 
sium est  plus  lumineux  que  la  blende  hexagonale,  sous  l'influence  des 


(')  \'oir  en  parliculiiT  Comptes  rendus,  l.  I^XIX,  p.  994;  1869. 


(  9t'^  ) 
rayons  X;  il  l'est  moins  avec  le  radium;  le  sulfure  de  strontium  lumineux 
vert  est  vivement  excité  par  les  deux  rayonnements;  le  sulfure  de  calcium 
lumineux  bleu,  au  bismuth,  est  à  peine  excité  par  les  rayons  X,  alors  qu'il 
devient  lumineux  lorsqu'on  l'approche  du  sel  radifère.  Je  me  borne  à  ces 
exemples  que  l'on  pourrait  multiplier. 

»  Afin  d'avoir  des  données  plus  précises  sur  les  intensités  relatives  des 
effets  lumineux  ainsi  observés,  j'ai  établi  la  disposition  photométrique  sui- 
vante :  le  chlorure  de  baryum  radifère  est  placé  sur  un  support  mobile,  muni 
d'une  vis  micrométrique  qui  lui  permet  de  s'abaisser  ou  de  s'élever  de 
hauteurs  connues  ;  au-dessus  est  disposée,  sur  un  support  fixe,  la  substance 
phosphorescente,  collée  sur  une  lame  de  mica  ou  de  verre,  la  face  tournée 
du  côté  de  la  matière  active.  A  côté  de  la  substance  phosphorescente  étu- 
diée, on  projette  par  réflexion,  sur  une  bande  de  papier  blanc,  l'image 
d'une  soiu-ce  lumineuse  d'intensité  constante,  obtenue  au  travers  d'une 
lentille  munie  d'un  diaphragme  variable,  à  œil  de  chat;  en  faisant  varier  la 
surface  de  l'ouverture  on  fait  varier  l'intensité  de  l'image  proportionnelle- 
ment à  cette  surface,  et  l'on  mesure  cette  intensité  après  l'avoir  rendue 
autant  que  possible  égale  à  celle  de  la  substance  phosphorescente.  La 
source  lumineuse  était  un  petit  rectangle  de  verre  dépoli,  éclairé  soit  par 
une  lampe  carcel,  soit  par  un  bec  Auer.  l^es  verres  colorés  permettaient  de 
donner  à  l'image  une  teinte  voisine  de  celle  des  lueurs  phosphorescentes. 

»  En  plaçant  diverses  substances  à  6™"  environ  au-dessus  de  la  ma- 
tière active,  on  a  eu  pour  les  intensités  relatives  les  nombres  suivants  : 

Affaiblissement 
au  travers  du  papier  noir. 

Blende  hexagonale i3,36  o,o4 

Platinocyanure  de  baryum 'jQO  o,o5 

Diamant i,i4  o,oi 

Sulfate  double  d'uranium  et  de  potassium ...  .  i,oo  o,.3i 

Fluorure  de  calcium  (cliiorophane  verte).  ..  .  q,3o  0,02 

))  Ces  nombres  ne  sont  pas  des  valeurs  caractérisant  d'uue  manière 
absolue  les  substances  dénommées;  ils  sont  relatifs  aux  écrans  phospho- 
rescents tels  qu'ils  ont  été  préparés;  l'intensité  varie  avec  la  densité  de  la 
couche  pulvérulente. 

M  On  a  fait  ensuite  mouvoir  la  vis  micrométrique  du  support  de  manière 
à  éloigner  la  matière  active  à  diverses  distances  de  la  substance  phospho- 
rescente. Afin  d'éliminer  la  lumière  émise  par  la  matière  active  elle-même, 
la  substance  phosphorescente  étudiée  reposait  sur  une  feuille  mince  d'alu- 

C.  K.,   1H99,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N-  23.)  122 


(  9'4  ) 
minium  battu,  repliée  en  double  sur  elle-même.  Dans  ces  conditions  on  a 
obtenu,   pour  l'effet  produit  par  les  radiations  qui  traversent  la  double 
feuille  d'aluminium,  les  intensités  suivantes  : 

Sulfate  double 
Plalinocyanure  d'uranium  et  de  potassium. 

Distances.  de  baryum.        Diamant.  — ^ — -i^ — 

d.  d~-.  i.  i.  d.  i.  d~-. 


III  m 


6,3                I  1                    I  5,6                (  I 

8,5  0,549  0,480  0,543  7,8  o,556  o,5i5 

11,5  0,299  0,262  0,262  10,8  0,267  0,268 

i3,5  0,217  0,167  0,167  12,8  0,175  0,191 

»  On  voit  par  ces  nombres  que  l'intensité  varie  un  peu  plus  vite  que  la 
raison  inverse  du  carré  de  la  distance  à  la  matière  active,  ce  qui  indique 
une  absorption  par  l'air.  Cette  absorption  est  différente  pour  le  rayonne- 
ment particulier  qui  excite  chaque  substance. 

))  Le  support  fixe  était  disposé  de  façon  qu'on  pût  interposer  entre  la 
source  radiante  et  les  corps  phosphorescents  des  écrans  de  diverse  nature. 
On  constate  alors  que  les  mêmes  écrans  affaiblissent  très  inégalement  la 
phosphorescence  des  diverses  substances. 

»  La  dernière  colonne  du  premier  Tableau  ci-dessus  indique  l'alîaiblis- 
sement  de  phosphorescence  des  diverses  substances  lorsque  les  rayons 
qui  les  excitent  ont  traversé  une  feuille  de  papier  noir.  Parmi  les  séries  de 
mesures  obtenues,  je  citerai  la  suivante,  pour  laquelle  les  substances 
phosphorescentes  étaient  à  6"""  environ  au-dessus  de  la  matière  active,  et 
reposaient  soit  sur  une  feuille  double  d'aluminium  battu,  soit  sur  une 
feuille  de  papier  noir. 

Sulfate  double  d'uranium 
Au  travers  de  l'aluminium.  et  de  potassium 

. ^ ^— - ..«^ •  au  travers 

Écrans  ^ — -"■ — — ^ - 

. »^ ^  —  Blende  Platinocyanure  de  du 

Nature.  Épaisseur.  hexagonale.        Diamant.  de  baryum,     l'aluminium,  papier  noir. 

Aluminium  batUi.    Feuille  double.         0,914  0,966  o,853  0,996         0,999 

mm 

Mica 0,025  0,0756  0,0289  0,0784  0,417  0,772 

Papier  noir 0,068  o,o384  0,0108  0,0713  0,387  0,890 

Aluminium 0,098  0,0275  o,oo55  o,o56i                »  0,637 

Verre o,i4o  o,0263  o,oo46  o,o445  0,241  o,6i3 

Ébonite 0,738  »  0,0009  o,oi37  0,111  o,3i6 

Cuivre 0,090  o,oi48  0,0000  0,0137  0,117  o,325 

))  Ce  Tableau,  ainsi  que  d'autres  analogues  que  j'ai  pu  dresser,  montre 


(  9''>  ) 
une  absorption  relative  inégale,  par  un  même  écran,  du  rayonnement  qui 
excite  la  phosphorescence  des  diverses  substances.  On  peut  interpréter  ce 
résultat  en  admettant  que  chaque  substance  est  excitée  par  un  rayonne- 
ment particulier,  comme  cela  se  produit  avec  les  rayons  lumineux,  et  l'on 
en  conclut  que  le  ravonnement  de  la  source  radiante  se  compose  de  rayon- 
nements de  diverses  natures,  caractérisés  par  leur  absorption  et  analogues 
aux  radiations  de  diverses  longueurs  d'onde  d'un  faisceau  de  lumière 
blanche. 

))  Parmi  les  effets  de  phosphorescence  observés,  un  des  plus  curieux 
est  la  persistance  considérable  de  la  phosphorescence  excitée  par  le 
radium  dans  certains  minéraux,  et  en  particulier  dans  la  fluorine.  La  phos- 
phorescence de  la  fluorine  reste  observable  pendant  plus  de  vingt-quatre 
heures  après  que  l'influence  du  radium  a  cessé. 

»  Les  divers  échantillons  de  fluorine  que  j'ai  réunis  autrefois  pour  mes 
recherches  sont  des  corps  qui,  exposés  à  la  lumière  du  jour  ou  au  soleil, 
puis  examinés  dans  une  chambre  noire,  sont  faiblement  phosphorescents. 
Si  on  les  expose  à  la  lumière  de  l'arc  électrique,  ils  deviennent  beaucoup 
plus  lumineux,  et  conservent  une  phosphorescence  appréciable  pendant 
des  heures  entières.  Le  même  effet  est  encore  produit  lorsqu'on  fait  éclater 
très  près  de  la  fluorine  la  décharge  d'une  bouteille  de  Leyde.  11  est  très 
remarquable  que  le  rayonnement  du  radium  produise  un  effet  presque 
aussi  intense. 

»  On  doit  rapprocher  ce  phénomène  de  celui  qui  a  été  observé  par 
M.  Crookes,  puis  par  mon  père  ('),  sous  l'influence  des  rayons  catho- 
diques, dans  un  tube  à  gaz  raréfié;  la  persistance  de  matières  qui  s'étei- 
gnent assez  lentement  dans  le  phosphoroscope  est  considérablement  aug- 
mentée; la  phosphorescence  des  substances  qui  s'éteignent  très  vite, 
comme  les  sels  d'urane  ou  les  platinocyanures,  ne  présente  pas  de  persis- 
tance observable  autrement  qu'au  piiosphoroscope.  Dans  les  expériences 
précitées,  mon  père  avait  reconnu  que  le  spath-fluor  blanc  se  colore  rapi- 
dement en  violet  sous  l'influence  des  rayons  cathodiques;  le  même  effet 
avait  été  obsei'vé  en  i832  par  M.  Perseal  (-),  sous  l'influence  de  l'étincelle 
électrique.  Le  rayonnement  du  radium  ne  m'a  encore  rien  montré  de 
semblable  au  travers  de  la  feuille  de  mica  qui  supportait  les  fragments  rie 

(•)  Comptes  rendus,  l.  CI,  p.  2o5  ;  1895. 

{-)  Ann.  de  Chim.  et  de  Pliys.,  t.  XLIX,  p.  SSy  el  346;  i832. 


(9i6) 

fluorine  influencés.  Ces  faits  doivent  cependant  être  de  la  même  nature 
que  la  coloration  violette  du  verre  sous  l'influence  du  radium,  signalée 
récemment  par  M.  et  M™*  Curie. 

»  L'influence  «les  radiations  du  radium  sur  la  phosphorescence  par  la 
chaleur  a  donné  lieu  à  un  résultat  intéressant.  On  sait  que  la  fluorine  natu- 
relle est  phosphorescente  par  la  chaleur.  Si  on  l'échauffé,  elle  rend  sous 
forme  lumineuse  l'énergie  qu'elle  a  emmagasinée  depuis  l'époque  de  sa 
formation,  et  qu'elle  aurait  conservée  indéfiniment  si  elle  n'avait  pas  été 
échauffée.  Cette  élévation  de  température  la  rend  impropre  à  devenir  de 
nouveau  lumineuse  par  une  calcinalion  ultérieure.  Un  grand  nombre  de 
minéraux  et  toutes  les  substances  phosphorescentes  présentent  cette 
propriété. 

»  Dessaignes,  en  1809,  avait  observé  qu'en  faisant  éclater  une  étincelle 
très  près  des  corps  calcinés  et  rendus  inactifs  on  leur  rendait  la  faculté 
d'être  de  nouveau  phosphorescents  par  la  chaleur,  soit  immédiatement, 
soit  à  une  époque  ultérieure  quelconque.  L'action  prolongée  des  rayons 
violets  et  ultra-violets  produit  le  même  effet  (').  J'ai  eu  occasion  de  mon- 
trer (-)  que,  dans  la  phosphorescence  par  la  chaleur,  la  lumière  émise  est 
identique,  comme  composition,  à  celle  que  l'on  observe  avec  le  phospho- 
roscope  sous  l'influence  de  la  lumière.  Pour  la  fluorine,  en  particulier,  le 
spectre  de  la  lueur  émise  se  compose  des  mêmes  raies  et  bandes,  qui 
apparaissent  et  persistent  dans  un  ordre  révélant  la  plus  ou  moins  grande 
rapidité  d'extinction,  ou  la  plus  ou  moins  grande  capacité  lumineuse  de 
substances  diverses  existant  dans  le  minéral. 

»  Avec  la  fluorine  verte,  qui  a  servi  aux  expériences  décrites  plus  haut, 
lorsque  l'étincelle  rend  au  cristal  inactif  une  énergie  nouvelle,  l'émission 
lumineuse  est  la  même  qu'au  phosphoroscope.  On  remarque  toutefois  la 
prédominance  d'une  lueur  continue,  verte  et  bleue,  avec  deux  raaxima 
>.(53o-5io)  et  X(488-48o).  On  reconnaît  au  phosphoroscope  que  cette 
lueur  a  une  durée  de  persistance  plus  grande  que  celle  des  autres  bandes, 
mais  qu'elle  est  plus  lente  à  atteindre  son  intensité  maximum. 

»  On  a  soumis  à  l'influence  du  radium,  en  les  plaçant  sur  une  lame  mince 
de  mica,  à  quelques  millimètres  au-dessus  de  la  matière  active,  des  frag- 
ments de  fluorine  préalablement  calcinés  et  rendus  inactifs.  Ces  fragments 

(')  Ed.  Becoukrel,  La  Lumière,  t.  I,  p.  5i. 
(-)  Comptes  rendus,  l.  CXII,  p.  557;  1891. 


(  917  ) 
qui  deviennent  instantanément  lumineux   redeviennent  rapidement  ca- 
pables de  rendre,  quand  on  les  échaiifFe,  une  lumière  identique  à  celle  qui 
est  provoquée  par  l'étincelle  électrique  avec  prédominance  de  l'éclat  de 
la  bande  53 1-478  signalée  ci-dessus. 

»  Déjà,  en  i89'7,  M.  Borgman(')  avait  pu  manifester  avec  les  ravons  de 
l'uranium  un  effet  de  thermo-luminescence  sur  des  mélanges  de  sulfate  de 
potasse  et  de  sulfate  de  manganèse. 

»  Je  terminerai  ce  résumé  en  signalant  l'indépendance  entre  les  effets 
de  phosphorescence  et  le  phénomène  découvert  le  mois  deraier  par  M.  et 
M™^  Curie,  le  pouvoir  temporaire  de  rendre  l'air  conducteur,  communiqué 
aux  corps  soumis  à  l'influence  du  radium. 

»  J'ai  pu  vérifier  qu'un  grand  nombre  de  corps  subissent  cette  influence 
et  déchargent  à  distance  les  corps  éleclrisés;  ces  corps  influencés  placés 
sur  une  plaque  photographique,  soit  directement  s'ils  ne  sont  pas  phospho- 
rescents, soit  sur  du  papier  noir,  n'ont  produit  aucune  action.  L'effet  paraît 
donc  être  différent  de  celui  que  j'avais  signalé  il  y  a  quelques  mois  (-).  Ces 
substances,  lorsqu'on  les  échauffe,  perdent  leur  activité. 

»  Le  sulfate  double  d'uranium  et  de  potassium  n'a  pas  paru  subir  cette 
influence.  Après  une  exposition  de  plusieurs  jours  à  l'action  du  radium,  il 
n'a  pas  manifesté  de  variation  appréciable,  soit  dans  son  pouvoir  de  rendre 
l'air  conducteur,  soit  dans  son  action  sur  une  plaque  photographique. 

M  La  fluorine,  soumise  à  l'action  du  radium,  s'est  comportée  comme 
très  active  pour  rendre  l'air  conducteur;  on  peut  faire  disparaître  cette 
propriété  par  un  lavage  à  l'eau,  sans  modifier  sensiblement  la  phosphores- 
cence persistante  acquise  par  le  cristal  sous  l'influence  du  radium. 

»  I^es  faits  qui  viennent  d'être  exposés  apportent  de  nouvelles  preuves 
à  la  réalité  d'une  émission  continue  d'énergie  par  les  corps  radio-actifs;  ils 
mettent,  de  plus,  en  évidence  l'existence,  dans  cette  émission,  de  radia- 
tions particulières  caractérisées  par  leur  absorption  élective,  et  présentant 
entre  elles  des  différences  du  même  ordre  que  les  radiations  lumineuses 
de  diverses  longueurs  d'onde  et  les  ravons  X  secondaires  de  M.  Sagnac.    /) 

(')  Journal  de  Physique,  3*  série,  t.  VII,  p.  671. 
(')   Comptes  rendus,  l.  CXXVIII,  p.  771;  mars  1899. 


(  9'8  ) 


THERMOCHIMIE.  —  Sur  les  radicaux  mélalbques  composés  :  dérivés 
du  mercure;  jjar  M.  Beuthei.ot. 

«   J'ai  mesuré  la  chaleur  de  formation  de  trois  radicaux  dérivés  du  mer- 
cure :  le  mercure  diméthyle,  le  mercure  diéthyle,  le  mercure  diphényle. 

»  Ces  produits  ont  été  fournis  par  Kahlbaum;  le  mercure  diméthyle,  liquide,  et  le 
mercure  diphénj'le,  cristallisé,  étaient  purs  d"après  leur  analyse.  L'échantillon  de  mer- 
cure diéthyle  liquide,  au  contraire,  renfermait  seulement  C=:i6,8  au  lieu  de  i8,6;  il 
contenait  un  excès  de  mercure  et  un  composé  iodé.  Redistillé  à  point  fixe  (i6i°),  il  a 
laissé  séparer  une  goutte  de  mercure  liquide.  Le  composé  distillé  offrait  celle  fois  une 
composition  exacte. 

Trouve.  Calculé. 

C j8,6.5  i8,6i 

H 3,93  3,88 

»  La  combustion  dans  la  bombe  s'opère  bien  avec  les  radicaux  éthjlique  el  pliény- 
Jique.  Le  radical  mélliylique,  trop  pauvre  en  carbone,  a  exigé  l'inlervenlion  d'une 
petite  dose  de  camphre.  Il  se  forme  dans  ces  combustions,  comme  il  arrive  en  général, 
quelques  centigrammes  d'acide  azotique,  qui  se  trouve  changé  eu  un  azotate  mercu- 
reux;  on  a  tenu  compte  dans  le  calcul  de  cette  correction,  faible  d'ailleurs.  Après 
chaque  combustion,  il  est  nécessaire  de  débarrasser  par  l'acide  azotique  les  pièces 
intérieures  de  platine  de  la  bombe  du  mercure  qui  s'y  trouve  condensé. 

»   Voici  les  résultats  de  ces  combustions  : 

»  Mercure  diméthyle,  (CH')-Hg  liquide  =  23o. 

»   Chaleur  de  combustion  pour  i^»"  :  1867,6  et  1 876,6.  Moyenne  1 872""',  i . 

»  pour  I  mol.  :  43o'^'''',8  à  v.  c.  ;  43i,8  à  p.  c. 

))   Formation  par  les  éléments,  2C  -I-  3H--f-  Hg  :  —  SG''"',  2. 
»  Mercure  diéthyle,  (C-H')-Hg  liquide  =  258. 
M   Chaleur  de  combustion  pour  i^'"  :  285o,6  et  2836, o.  Moyenne  2843"^',  3. 

»  |)our  i  mol.  :  733*'-''',6  à  v.  c.  ;  735,0  à  p.  c. 

»   Formation  par  les  éléments,  4  C  -h  5 H^  -h  Hg  :  —  1 2*^"',  8. 
»   Mercure  diphényle,  (C*H°)- Hg  cristallisé  =364- 
»   Chaleur  de  combustion  pour  i R''  :  44^3, 4  ^t  44 1 1  >  7 •  Moyenne  44 '  7''''.5 . 

»  pour  I  mol.  :  i563''''',8à  v.  c;  i565,3  à  p.  c. 

»   Formation  par  les  éléments,  2  (J"  +  5  H"  -1-  Hg  :  —  88*^"',  5. 
»   Toutes  ces  chaleurs  de  formation  sont  négatives,  c'est-à-dire  que  les 
radicaux  mercuriels  composés  renferment  un  excès  d'énergie,   de  même 


(  9'9  ) 
que  les  radicaux  acétyloraétalliques  ;  excès  susceptible  d'expliquer  leur  rôle 
de  radicaux  et  leur  aptitude  à  se  combiner  à  la  façon  des  corps  simples. 
J'ai  montré  ailleurs  comment  ce  caractère  rendait  compte  de  l'aptitude 
singulière  de  l'acétylène  à  se  transformer  et  à  entrer  en  combinaison,  et 
ces  considérations  sont  également  applicables  aux  radicaux  mercuriels. 

»  Si  nous  nous  bornons  d'abord  à  comparer  la  chaleur  de  formation 
des  radicaux  entre  eux,  nous  obtenons  des  différences  de  l'ordre  de  gran- 
deur de  celle  qui  existe  entre  les  dérivés  de  même  fonction,  appartenant 
aux  séries  méthylique,  éthylique,  phénylique.  Soit  d'abord  la  différence 
entre  le  mercure  diéthyle  et  le  mercure  diméthyle  (36,8  —  12,8)  =  24,0 
ou  12,0  X  2  pour  une  double  différence  homologue  2CH-,  valeur  un  peu 
plus  forte  que  la  moyenne  générale  5,8.  Un  excès  analogue  peut  être 
observé  dans  un  certain  nombre  de  circonstances,  particulièrement  lorsque 
l'on  compare  les  premiers  termes  des  séries,  rapportés  au  même  état  phy- 
sique : 

Entre  les  acides  malonique  et  oxalique  cristallisés,  on  a.  .      -h  16,  i 

Entre  la  toluidine  (ortho)  et  l'aniline  liquides -t-  17  ,  r 

Entre  l'éthylamine  et  la  méthylamine  gazeuse -t-  10,  i 

D'autre  part,  entre  les  radicaux  mercuriels,  phénylique  et  méthylique, 

.        ,    ^        F 
l'écart,  soit  2.6,  j  -+-  -pour  CH' —  C^W  ('),  en  les  rapportant  au  même 

état  physique,  est  à  peu  près  le  même  que  ])our  les  autres  fonctions,  car 
on  a 

Cal 

Carbures  :  CH'  —  C^  H^  état  gazeux -(-  3o ,  2 

Alcool-phénol  CII*0  —  CH'^O  état  liquide -+-  29, 1 

Alcools  C'H'''0  —  C"ll*0  alcool  benzylique  liquide.  ...  -H  3i  ,7 

Acides  C-H'O-—  C'H«0=  état  solide 4-25,5 

Les  relations  entre  les  radicaux  mercuriels  composés  sont  donc  du 
même  ordre  de  grandeur  qu'entre  les  autres  composés  appartenant  à 
d'autres  fonctions. 

Les  rapprochements  suivants  sont  plus  intéressants. 

»  Voici  quelques  chiffres,  destinés  à  comparer  les  combinaisons  de  l'hy- 
drogène et  celle  du   mercure  avec  les  radicaux  hydrocarbonés,  et  qui 

(')   F  reprcsenlaiil  la  chaleur  de  fusion  du  mercure  diphényle. 


(    920    ) 

montrent  toute  l'étendue  de  la  différence  entre  les  dérivés  de  ces  deux 
éléments  : 

(  (CH')'+H2=2CH*  gaz,  dégage +i8,5 

Dimelhyle  gaz.   j  (CH^)^  +  Hg  =  (CH'fHg  liquide,  absorbe -5g,5 

.1   (C'H=)'-t- H' ^  2 C H' cristallisée,  dégage +29,9 

Diphényle  crislalhse.   ■    ,,^-11..,       „  ,/^,-ijk  ^o  u         •  .        1        u 

'        ■'                           /   (C'H')--f- Hg  =  (C'H'j-Hgcrist.,  absorbe.  ..  .  — oa 

(C'H^)=+H2=2C=H«gaz -1-12      env. 

(C-H')-  +  Hg  =  (C^H5)"ngliquide,  absorbe —48      env. 


Diéthyie  gaz. 


»  Des  observations  semblables  peuvent  être  faites,  en  comparant  les 
combinaisons  du  mercure  avec  les  radicaux  hydrocarbonés  niercuriels. 
D'une  part,  en  effet,  ces  derniers,  comme  on  vient  de  le  voir,  sont  tous 
endolhermiques,  tandis  que 

Hg -(- O  dégage -t-2r,5 

Hg  +  Cl-  dégage -1-53 , 3 

Hg  -h  1- .  .      -1-25,2;  elc. 

On  voit  par  là  pourquoi  la  réunion  des  carbures  au  métal  exige  le  con- 
cours de  réactions  indirectes,  c'est-à-dire  de  doubles  décompositions,  four- 
nissant l'énergie  complémentaire  nécessaire  pour  rendre  la  combinaison 
possible.    » 


THERMOCHIMIE.  —  L'acide  lactique;  par  MM.  Bektkelot  et  Delépixe. 

«  L'acide  lactique  est  l'un  des  corps  les  plus  importants  en  Chimie 
organique  et  physiologique.  Cet  acide  et  ses  dérivés  azotés  et  autres  jouent 
un  rôle  essentiel  dans  les  études  relatives  à  la  chaleur  animale.  Cependant 
ses  chaleurs  de  formation  et  de  combustion  sont  imparfaitement  connues, 
n'ayant  été  déterminées  que  par  un  calcul  indirect,  et  par  une  relation  nu- 
mérique approximative,  déduite  des  données  obtenues,  non  sur  l'acide  ou 
sur  ses  sels,  mais  sur  son  éther.  C'est  ce  qui  nous  a  décidés  à  en  reprendre 
l'étude  thermochimique.  Nous  l'avons  fait  par  trois  voies  différentes,  au 
moyen  du  lactate  d'argent,  au  moyen  du  lactate  de  zinc  et  au  moyen  du 
lactide,  anhydride  fort  important,  car  il  constitue  avec  le  glycolide  les  pro- 
totypes des  anhydrides  d'acides  alcools. 

»  Les  lactates  de  zinc  et  d'argent  sont  particulièrement  indiqués  pour 
ce  genre  d'étude  :  d'une  part,  à  cause  de  la  focilité  avec  laquelle  on  les 


(  92  1  ) 
obtient  anhydres  et,  d'autre  part,  parce  que  leur  combustion  laisse  pour 
l'un  un  métal  pur,  l'argent,  pour  l'autre  un  oxyde  bien  défini;  ce  qui 
n'arriverait  ni  pour  les  sels  des  métaux  formant  plusieurs  oxydes,  ni 
pour  les  métaux  dont  les  oxydes  demeurent,  après  combustion,  sous  forme 
de  carbonates  basiques,  ou  hygrométriques. 

I-  —  Lactate  d'akgent. 

»  Ce  sel  a  été  préparé  avec  l'acide  lactique  et  l'oxyde  d'argent.  Il  est  né- 
cessaire de  dire  d'abord  comment  l'acide  a  été  purifié. 

»  L'acide  lactique  blanc,  que  le  commerce  fournit  aujourd'hui,  contient 
une  certaine  dose  d'anhydride  ou  plutôt  d'acide  dilactique;  c'est  ce  que 
nous  avons  constaté  sur  notre  échantillon  (Kahibaum).  Une  quantité  de 
ce  corps  étant  pesée  exactement  et  dissoute  dans  5o  fois  son  poids  d'eau 
froide,  à  i5°,  7,  a  dégagé,  pour  une  molécule 


GMPO^ 


Valeur  probablement  un  peu  forte,  l'acide  renfermant  environ  un  sixième 
d'anhydride,  d'après  les  résultats  qui  suivent. 

»  En  effet,  la  liqueur,  traitée  par  une  proportion  équivalente  de  potasse, 


a  dégagé  immédiatement 


,06; 


mais  le  dégagement  de  chaleur  se  prolonge  ensuite  d'une  façon  lente  et 
indéfinie.  Au  bout  de  cinq  minutes,  il  s'élevait  à 

+  11,96. 

»  Pour  atteindre  le  terme  de  la  transformation,  il  faut  faire  bouillir  pen- 
dant une  demi-heure  la  dissolution  aqueuse  d'acide  lactique,  ou  bien 
l'abandonner  à  elle-même  pendant  un  temps  considérable.  On  obtient 
ainsi  la  valeur  normale  +i3,5,  déjà  constatée  par  l'un  de  nous. 

)i  L'emploi  d'un  excès  considérable  de  potasse  accélère  cette  transfor- 
mation. 

»  Nous  avons  observé  sur  l'acide  glycérique,  CH'O^  autre  acide  mo- 
nobasique à  fonction  alcoolique,  des  phénomènes  analogues. 

»  L'acide  déshydraté  par  simple  évaporation  a  fourni  immédiatement, 
avec  un  seul  équivalent  de  soude,  NaOIJ  étendue,  une  chaleur  de  neutra- 
lisation ajjparcnte  é^ale  a 

-t-i  1 ,3, 

C.  K.,  1899,   2-  Hemestre.  (ï.  CXM\,  ^°  23.)  12^ 


(    9^2    ) 

laquelle  s'est  élevée  au  bout  de  quelques  minutes  à 

+  i3,i, 
et  par  l'addition  d'un  deuxième  équivalent,  NaOH  étendue,  à 


»  On  sait  qu'en  général  les  acides  alcools  ont  beaucoup  de  tendance  à 
former  des  anhydrides  spéciaux,  désignés  sons  le  nom  de  lactones,  et  cette 
circonstance  a  dû  amener  plus  d'une  erreur  dans  leur  étude  chimique  et 
thermique.  Dans  le  cas  de  Tacide  lactique,  une  déshydratation  partielle  se 
produit  très  aisément,  comme  l'ont  constaté  M.  Wislicenus  (Annalen  der 
Liebig,  t.  164,  p.  i8i)  et  M.  J.-A.  Muller  {^Bulletin  de  la  Société  chimique 
de  Paris,  3*  série,  t.  XV,  p.  1206;  1896). 

»  Cette  circonstance  se  traduit  dans  la  formation  des  sels.  En  effet,  si 
l'on  opère  la  neutralisation  de  l'acide  lactique  immédiatement  après  l'avoir 
dissous,  ces  sels  sont  parfois  mélangés  avec  des  produits  moins  riches  en 
métal,  probablement  des  dilactates,  ainsi  que  nous  l'avons  reconnu  notam- 
ment sur  le  se!  d'argent. 

))  Pour  obtenir  des  lactates  purs,  il  est  nécessaire,  comme  on  vient  de 
le  dire,  de  faire  bouillir  la  dissolution  aqueuse  récemment  préparée  au 
moyen  de  cet  acide  concentré.  C'est  avec  un  semblable  acide,  après  refroi- 
dissement, que  nous  avons  préparé  le  lactate  d'argent  à  froid,  au  moyen  de 
l'acide  et  de  l'oxyde  d'argent.  On  a  concentré  la  liqueur  dans  le  vide,  à  la 
température  ordinaire  et  dans  l'obscurité,  afin  de  prévenir  toute  décom- 
position. Le  sel  cristallise  à  un  certain  degré  de  concentration  des  liqueurs. 
C'est  un  hydrate;  on  l'a  privé  d'eau  en  le  séchant  à  l'étuve  vers  80",  pen- 
dant trois  heures,  dans  l'obscurité. 

»   Analyse:  Ag  =  5Zj,72;  54,77-  ~  Calculé:  54,75. 

))    Chaleur  de  dissolution  :  (i  p.  +  /[O  p.  eau,  à  12").  —  2''"''',oj. 

))  Chaleur  de  neutralisation.  —  On  l'a  mesurée  par  voie  indirecte,  en  pi'é- 
cipitant  l'argent  du  sel  dissous  par  l'acide  chlorhydrique  étendu 

C'H'AgO^diss. -f.IICléi.=  AsClprée. +CHPO^cHss.     -m6,55  et   16, 4-? 

Moyenne -t-iô^Sô 

»   D'où  résulte 

2C'IP0Ȏlendn  +  A^^O  =  aC  H'AgO'  dissous -h  IPO H-S"-"',  2 

»   Chaleur  de  neutralisation  pour  un  équivalent  -H  4''''',i. 


(  9'^3  ) 

»  Chaleur  de  combuslion.  —  Le  sel  aislivlre  (l'^'.A)  a  élé  brûlé  dans  la 
bombe  calorimétrique,  avec  addition  du  tiers  de  son  poids  de  cimphre, 
dont  il  a  été  tenu  compte  dans  les  calculs  ('). 

»   On  a  obtenu  pour  !«'■  du  sel  :  1620,2;  1598,9;  iGio,o.  Moy.  iGocj*^"',;. 

»  Soit  pour  une  molécule  (196s'',  7),  3iG'^^"',6  à  volume  constant,  et, 
par  conséquent,  3iG'^',5  à  poids  constant. 

»   Chaleur  de  formalioji.  —  On  la  conclut  des  chiffres  précédents;  soit 

C»  +  IP  -t-  Ag  +  O'  =  Cni°AgO'' +i38"i,9 

»   Pour  le  sel  dissous  -+-  1 36,85. 

»   On  déduit  de  ces  chiffres  : 

))   Chaleur  de  formadon  de  l'acide  lactique  : 

C^4-li6  +  0';r:C3H«03  dissous -Hl63,75 

»   Pour  C/' ll'^O^  liquide  pur:  environ  +162,6. 

Lactatk  uii  ziNt;. 

»   Ce  sel  est  facile  à  préparer  à  l'état  cristallisé,  pur,  et  à  l'état  anhydre. 
»   Chaleur  de  dissolution. —  Sel  anhydre  (i  partie  sel  +100  parties  eau). 
Pour  !e  poids  moléculaire  (C^HM)')-Zn  :  +8'-"''',oo. 
»   Sel  hydraté  : 

(C^H^0»)^Zn,3H^0 -3™i,3.5 

»   Chaleur  d' hydratation.  —  Eau  liquide  :  +1 1'^''',35. 
»   Chaleur  de  neutralisation.  —  En  ajoutant  KOH  étendue,  on  dé^asfe  : 
+7'^'", 5,  d'où 

aC^H^O'  étendu  4-  ZnO  hydraté 27, '1  —  7,5  =  +  i9=''',9 

soit  :  +18,6  pour  ZnO  anhydre. 

»  Par  la  méthode  des  doubles  décompositions  réciproques,  qui  est 
plus  exacte  : 

(  (C3IF0=)Zndiss.-HS0'H-dis> +3-i,2i5 

j  S0*Zndiss.H-2C-IIi=05diss —  o-»i,i2.5 


(')   Ij'argent  étant  demeuré  dans  !a    caphide  supéiieure,  il  i;e  b'ust  pas  formé  d'azo- 
tate d'areenl. 


(  924  ) 
En  admettant 

SO'IPdiss.+  ZnO  hydraté -)-23"='',4 

on  a  dès  lors 

aC'ÎPO'-f-ZnO  hydraté 4-20™', 06 

Avec  ZnO  anhvdre,  on  aurait H- 18"^"', 76 

On  remarquera  qno  Vacide  sulfaiiqne  ilcplace  presque  complètement 
l'acide  lactique,  comme  il  arrive  d'ordinaire  pour  les  acides  organiques 
ou  nionobasiqnes. 

»  Chaleur  de  combustion  (avec  addition  de  camphre).  —  Zn  reste  à  l'état 
d'oxyde,  ZnO,  qui  salure  l'acide  azotique  formé  dans  ces  conditions  et 
condensé  dans  l'ean  ajoutée  d'avance  au  fond  de  la  bombe.  On  a  tenu 
compte  de  cette  circonstance.  Tous  calculs  faits,  la  chaleur  de  combustion 
a  été  trouvée,  pour  1^  de  lactate  de  zinc  anhydre  : 

2080, 3;      26o5,5;     2590,4;     moyenne....      2592'^''',  r. 

))  Soit  poiu'  le  poids  moléculaire  243*^'',  i  ,à  volume  età  pression  constante, 
640^^'.  1 5. 

»   En  admettant  Zn  +  O  =  ZnO  anhydre  :  +84'^"',  8. 

»   On  a,  dès  lors: 

»   Chaleur  déformation  par  les  éléments  : 

2(C'+  H'+0')-+-Zn  sel  anhydre +355"', 45 

)'  sel  dissous -f-  363"',  45 

On  en  déduit  : 

O+H'=_H0-^=C'IP0'diss.  +  i64,45;  liquidepnr..     -4-  r63,3 

Lactide  :  C'ir*0-. 

))  Le  corps  a  été  préparc  en  beaux  cristaux,  pu*  les  procédés  connus.— 
On  l'a  fait  recrisfalliser  dans  l'alcool  et  analysé. 

»  Chaleur  de  combustion.  —  Pour  i"''  :  4542, o  et  4543,6;  movenne  : 
4542"',  8. 

»  D'où  pour  le  poids  moléculaire  72  :  -+-  327''''',  i  à  volume  constant  et  à 
pression  constante. 

»  Chaleur  déformation  parles  éléments.  —  D'après  les  chiffres  précédents 
elle  est  +  93^»',  8. 


(  925  ) 

»  Dissolution.  —  La  dissolution  du  lactide  dans  65  fois  son  j)oids  d'eau 
à  i5"  donne  lieu  tout  d'abord  à  une  absorption  de  chaleur  à  peu  près  instan- 
tanée, soit  — o*^"',  79  par  molécule  dans  une  expérience. 

»  Mais  cette  absorption  est  suivie  presque  aussitôt  d'un  dégagement  de 
chaleur  qui  se  prolonge  indéfiniment.  Au  bout  de  quelques  minutes,  la 
chaleur  ainsi  dégagée  s'élevait  à  +o™',75,  c'est-à-dire  était  presque  égale 
à  l'absorption  initiale.  Il  est  clair  que  le  premier  changement  répond  à 
la  dissolution  simple  du  corps  solide,  le  second  à  sa  combinaison  avec 
l'eau;  mais  la  distinction  ne  saurait  être  regardée  que  comme  qualitative. 

))  Pour  compléter  la  transformation,  on  a  ajouté  à  la  liqueur  une  dis- 
solution de  potasse  en  excès  sensible,  de  façon  à  changer  peu  à  peu  le 
lactide  en  lactale.  Cette  opération  a  dégagé  +i4'''''-5o;  soit,  dans  l'opé- 
ration totale,  +10''''', G4.  Elle  avait  duré  plus  d'une  heuie. 

»  On  a  vérifié,  en  ajoutant  à  la  liqueur  une  dose  d'acide  chlorhvdrique 
étendu  précisément  équivalente  à  celle  de  la  potasse,  que  la  transforma- 
tion était  totale,  la  chaleur  dégagée  étant  sensiblement  celle  qui  corres- 
pondait à  la  dose  de  potasse  employée  en  excès,  sur  celle  que  l'acide 
lactique  devait  avoir  saturée.  Cette  vérification  est  nécessaire  et  assez 
rigoureuse. 

»  Dans  une  autre  expérience,  le  lactide  a  été  dissous  directement  dans 
un  excès  considérable  de  potasse;  ce  qui  a  dégagé,  dans  l'espace  de  six  mi- 
nutes, toute  la  chaleur  de  transformation,  la  vitesse  de  refroidissement 
du  système  étant  ensuite  devenue  normale.  La  chaleur  dégagée  dans  ce 
cas  a  été| trouvée  -f- 15"=*',  58. 

»  On  déduit  de  ces  expériences  la  chaleur  d'hydratation  du  lactide,  soit 
i5™',6  -  i3^"^',5  =  +  2^="',  I. 

OW'O-  cristallisé -f-H^O-^  eau  =  C'H«0^  dissous -(-2'-'',i. 


»  Pour  l'acide  CHPO^  liquide  pur,  on  aurait  -1-  l'^^'.o  environ;  valeur 
faible,  conformément  à  ce  qui  été  déjà  observé  pour  le  glycolide. 

Elle  est  fort  inférieure  à  la  chaleur  de  transformation  des  anhydrides 
normaux,  tels  que  les  anhydrides  sulfurique,  phosphorique,  les  carbures 
d'hydrogène  changés  en  alcools,  etc.  Ceci  accuse  une  distinction  digne 
d'intérêt  dans  les  corps  analogues  au  laclide,  malgré  le  caractère  en  appa- 
rence incomplet  de  semblables  composés;  je  veux  dire  une  sorte  de  satu- 
ration interne,  qui  rapproche  leur  constitution  de  celle  des  corps  complets 
et  saturés. 


(  926  ) 
»   Comparons  maintenant  la  chaleur  de  formation  du  lactide  par  les  élé- 
ments à  celle  de  l'acide  lactique;  on  a  : 

tT'IPO- -t-  93,8 

11^ O -+-  69,0 

Combinaison +     2,1 

+  i64,9 

»  Ce  dernier  chiffre  représentant  la  chaleur  de  formation  de  l'acide  lac- 
tique dissous,  celle  de  l'acide  liquide  pur  sera  environ  -+- 163,8. 
»   On  a  donc,  en  définitive  : 

Acide  dissous.  Acide  piir  liquide. 

D'après  le  lactate  d'argenl -hi63,75  +162,6 

D'après  le  lactale  de  zinc -hi64,45  -t-i63,3 

D'après  le  laciide +i64,9  +i63,8 

Moyenne -hi64,3  -i-i63,2 

Ce  sont  les  valeurs  qu'il  convient  d'adoptei'.  ». 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  V  explosion  du  chlorate  de  potasse  ; 
par  M.  Berthelot. 

«  Le  chlorate  de  potasse  est  un  composé  endothermique,  à  partir  de 
l'oxygène  et  du  chloruré  de  potassium,  car  la  transformation  inverse 

C10^K  =  IvCl-i-0'dégage +ii«'',9 

en  développant  33'", 5  d'oxygène;  soit  pour  i^''  :  97*^"'  et  273"*^. 

«  Cependant  le  chlorate  de  potasse  n'est  pas  classé  parmi  les  corps 
explosifs.  H  ne  détone  j)as  sous  l'influence  d'un  éch;iuffement  progressif, 
bien  qu'il  se  décompose  avec  une  vitesse  et  une  élévation  de  température 
qui  peut  aller  jusqu'à  l'incandescence,  lorsqu'on  opère  dans  une  petil.e 
cornue  chauffée  à  feu  nu  et  contenant  une  centaine  de  grammes,  ou  davan- 
tage. 

»  J'ai  reconnu  qu'on  peut  le  faire  détoner  sous  la  pression  ordinaire,  en 
vase  ouvert  et  dans  un  gaz  inerte,  en  opérant  conformément  à  une  mé- 
thode ou  plutôt  à  un  principe  que  j'ai  signalé  il  y  a  longtemps,  comme 
applicable  en  général  aux  réactions  des  systèmes  exothermiques  :  je  dis  aux 
réactions  qui  conservent  leur  signe  et  leur  valeur  approchée   lorsqu'on 


(  927  ) 
élève  la  température  du  système.  Il  suffit  de  placer  ce  dernier  brusque- 
ment dans  une  enceinte  portée  à  l'avance  et  maintenue  à  une  température 
beaucoup  plus  élevée  (pie  celle  de  li  décomposition  commençante,  dont  la  masse 
soit  telle  que  l'introduction  de  la  quantité  de  matière  décomposable  (sup- 
posée introduite  en  la  prenant;!  la  température  ordinaire)  soit  trop  faible 
pour  abaisser  sensiblement  la  température  générale  du  milieu. 

»  J'ai  montré  (')  comment  on  peut  faire  détoner  ainsi  l'acide  picrique, 
composé  qui  brûle  cependant  tranquillement  lorsqu'on  le  fait  fondre  et 
qu'on  l'enflamme  au  contact  de  l'air. 

»  Or  la  môme  expérience  réussit  avec  le  chlorate  de  potasse.  Pour  la 
réaliser,  il  suffit  de  prendre  un  tube  de  verre,  fermé  p;u-  un  bout,  d'un 
diamètre  de  aS"™  à  So"""  ;  on  le  fixe  à  l'aide  d'un  support  convenable  et 
on  l'échauffé  presque  verticalement,  en  le  maintenant  enveloppé  par  la 
flamme  d'un  bec  de  gaz,  sur  une  longueur  de  So'""  à  60°"",  jusqu'à  ce  que 
le  fond  du  tube  et  cette  longueur  du  tube  aient  été  portés  à  la  température 
du  rouge  visible,  sans  cependant  le  fondre. 

w  D'autre  part,  on  a  disposé  à  l'avance  l'extrémité,  amincie  en  forme 
de  gros  fil,  d'une  baguette  de  verre,  puis  on  l'a  trempée,  à  plusieurs  re- 
prises, dans  une  masse  de  chlorate  de  potasse  pur  fondue  au  préalable  dans 
une  capsule,  puis  refroidie  jusqu'à  ce  qu'elle  commence  à  se  solidifier.  On 
opère  de  façon  à  accumuler  quelques  décigrammes  du  sel  solidifié  sur 
l'extrémité  de  ce  fil  de  verre,  en  paquet  ovoïde. 

»  Quand  le  tube  de  verre  est  rougi,  on  saisit  la  baguette  de  verre  et  on 
l'introduit  dans  le  tube,  en  rapprochant  le  chlorate  de  potasse  du  fond,  à 
10"™  environ,  avec  la  précaution  qu'il  ne  touche  le  tube  en  aucun  point. 
Au  bout  de  quelques  instants,  ce  chlorate  de  potasse  se  liquéfie  sous  l'in- 
fluence du  rayonnement  des  parois  du  tube  et  de  la  flamme  enveloppante, 
et  il  s'écoule  goutte  à  goutte,  lentement,  en  tombant  sur  le  fond  du  tube 
maintenu  au  rouge.  Chaque  goutte  fait  explosion,  à  l'instant  où  elle  arrive 
au  contact  du  verre,  avec  un  bruit  très  net  et  une  fumée  blanche,  formée 
de  poussière  et  de  vapeur  de  chlorure  de  potassium.  Mais  l'explosion  ne  se 
propage  pas  à  la  portion  de  sel  liquide  qui  est  demeurée  à  la  surface  du  fil 
de  verre.  Le  bruit  de  l'explosion  est  net,  brusque,  quoique  un  peu  pro- 
longé, à  la  façon  de  celui  d'une  poudre  lente. 

»   Cette  expérience  est  facile  à  réaliser.  Elle  est  la  même  que  celle  de  la 


(')   Ann.  de  Chim.  et.  de  Phys.,  6'-  séi-ie,  t.  \YI,  p.  aS;  1889. 


(  92«  ) 
tlclonalion  de  l'acide  picrique.  L'une  et  l'autre  s'exécutent  au  sein  d'un  gaz 
inerte;  car  je  l'ai  faite  dans  l'azote  avec  l'acide  picrique,  et  la  détonation 
du  chlorate  de  potasse  a  lieu  dans  l'air. 

»  L'acide  picrique  détone  encore  mieux,  si  l'on  opère  dans  l'air  ou  dans 
l'oxvgène,  comme  on  devait  s'y  attendre,  parce  que  la  chaleur  de  sa  com- 
buslion  totale  s'ajoute  à  celle  de  sa  décomposition  pyrogénée. 

»  Le  chlorate  de  potasse  détone  également  mieux,  si  on  le  chauffe  dans 
une  flamme  hvdrocarbonée,  son  oxygène  se  combinant  en  partie  avec  le 
carbone  et  l'hvdrogène,  en  donnant  lieu  à  un  nouveau  dégagement  de  cha- 
leur :  cette  observation  est  citée  dans  un  rapport  récent  et  fort  intéressant 
du  colonel  Ford,  inspecteur  en  chef  des  explosifs,  rapport  relatif  à  une 
explosion  survenue  cette  année,  en  Angleterre,  dans  une  fabrique  de 
chlorate  de  potasse.  IVIais  cette  dernière  observation  ne  suffirait  pas  à  prou- 
ver que  le  chlorate  de  potasse  pur  soit  explosif  par  lui-même  et  sans  l'inter- 
vention d'aucun  corps  combustible.  La  présence  de  ce  dernier,  même  en 
petite  quantité,  concoui  t  à  déterminer  d'une  manière  plus  prompte  et  plus 
facile  l'explosion  du  chlorate  lui-même. 

))  C'est  ici  le  lieu  de  faire  observer  que  les  conditions  précises  des  expé- 
riences que  je  viens  de  rappeler  sur  l'acide  picrique  et  sur  le  chlorate  de 
potasse  sont  susceptibles,  à  la  rigueur,  d'être  réalisées  dans  un  grand 
incendie  affectant  le  toit  ou  les  parois  d'un  magasin  renfermant  une  masse 
considérable  d'acide  picrique,  ou  de  chlorate  de  potasse.  Je  citerai  comme 
exemple  l'explosion  récente,  mentionnée  plus  haut,  de  i56  tonnes  de  chlo- 
rate de  potasse  embarillé  dans  des  tonneaux  de  bois,  à  la  fabrique  nommée 
Kurtz  Chemical  Works  de  la  United  Alkali  C  Ld,  au  bourg  de  Sainte-Hélène 
(Londres).  Cette  explosion  a  tué  5  hommes,  en  a  blessé  4o  à  5o,  et  elle  a 
amené  des  destructions  de  bâtiments  considérables.  Elle  paraît  avoir 
réalisé  sur  une  grande  échelle  les  circonstances  que  je  décris  ici.  L'explo- 
sion du  chlorate  de  potasse  a  été  d'ailleurs  facilitée,  dans  ce  cas,  par  la 
combustion  du  bois  des  tonneaux,  comme  elle  l'est  par  la  flamme  d'un  gaz 
combustible. 

»  On  pourrait  citer  également  des  exemples,  intermédiaires  en  quelque 
sorte,  de  l'exaltation  des  propriétés  explosives,  produite  par  des  circon- 
stances analogues.  Tel  est  le  cas  de  la  dynamite  :  répandue  sur  une  table, 
en  couche  mince,  elle  brûle  à  peu  près  sans  danger.  Mais  il  en  est  autrement 
si  l'on  enflamme  une  masse  un  peu  considérable  de  dynamite,  et  surtout  si 
on  l'échaulïe  avec  le  concours  d'un  bourrage,  même  sans  détonateur. 


(  929  ; 

»  Ces  phénomènes  doivent  être  également  rapprochés  de  la  détonation 
de  l'acétylène,  laquelle  n'a  pas  heu  par  simple  échauffement  sous  la  pres- 
sion atmosphérique,  à  l'air  libre;  mais  elle  se  produit  dès  que  la  conden- 
sation du  gaz,  sous  des  pressions  doubles  ou  davantage,  permet  à  la  tem- 
pérature développée  par  la  décomposition  provoquée  sur  un  point,  sans 
être  abaissée  à  mesure  par  mélange,  convection,  conductibilité,  ou  rayonne- 
ment, de  s'élever  toujours  davantage. 

»  Dans  les  cas  de  ce  genre,  la  température  croissant,  sans  que  son 
accroissement  soit  limité  par  dissociation  ou  changement  d'état  physique, 
la  vitesse  de  la  réaction,  combinaison  ou  décomposition,  croit  de  son  cùlé, 
suivant  une  loi  que  j'ai  reconnue,  comme  une  fonction  exponentielle  de  la 
température.  Il  y  a  là  certaines  propriétés  générales  des  corps  explosils, 
qui  entrent  en  jeu  avec  une  facilité  inégale,  suivantleur  nature  individuelle, 
mais  qu'il  est  nécessaire  de  ne  jamais  oublier  dans  leur  emploi  industriel  ou 
militaire.    -( 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  l' existence  normale  de  l'arsenic  chez 
les  animaux,  et  sa  localisation  dans  certains  organes;  par  M.  Armand 
Gautier. 

«  Les  découvertes  sont  bien  rarement  le  fruit  du  hasard.  Celle  dont  je 
vais  entretenir  l'Académie  a  ses  origines  dans  les  traditions  les  plus  reculées 
de  la  Médecine.  Les  cadmies  ou  fléjjôts  formés  sur  les  parois  des  fours  où 
l'on  produisait  le  bronze  au  moyen  de  minerais  généralement  arsenicaux, 
étaient  employés  déjà  par  les  peuples  de  l'Asie  et  de  l'ancienne  Grèce 
contre  les  maladies  des  yeux  ou  de  la  |jeau  et  pour  le  pansement  des 
plaies;  plus  tard  Pline  relatait  que  les  malades  afléctés  de  toux  opiniâtre  se 
trouvent  soulagés  lorsqu'ils  respirent  les  vapeurs  provenant  de  la  calcina- 
tion  de  l'orpiment  avec  du  bois  de  cèdre  (').  Depuis  l'antiquité  jusques  à 
nous,  l'arsenic  n'a  cessé  d'être  utilisé  dans  les  maladies  de  la  peau  ou 
du  poumon  et  contre  certaines  anémies  spécifiques.  Mais,  quoique  em- 
ployées depuis  plus  de  trente  siècles,  les  diverses  préparations  minérales 
de  ce  métalloïde  sont  restées  ce  qu'elles  étaient  au  temps  de  Pline,  des 
médicaments  difficiles  à  manier,  infidèles,  mystérieux  dans  leur  action. 


(>)  Édition  Lemerre,  t.  XXXIV,  56. 

0.  K.,  1899,  2«  Semestre.  (T.  CXXIX,  N«  23.)  »24 


(  93<>  ) 

»  An  mois  de  juin  dernier,  j'ai  fait  connaître  à  l'Académie  de  Méde- 
cine (')  les  essais  que  j'avais  tentés  depuis  quelques  années  avec  succès 
contre  les  maladies  de  poitrine,  l'anémie,  la  malaria,  etc.,  grâce  à  une  sub- 
stance arsenicale  organique,  l'acide  cacodylique  découvert  par  Bunsen  en 
1843,  et  resté  jusque  là  sans  emploi.  Cet  acide,  As(CH')-O^H,  quoique 
très  soluble  dans  l'eau  et  contenant  54,3  pour  100  d'arsenic  mélalloïdique, 
ne  possède  aucune  des  propriétés  vénéneuses,  aucun  des  caractères  chi- 
miques des  composés  arsenicaux.  L'arsenic  y  est  comme  latent;  mais  j'ai 
établi  qu'il  y  conserve,  à  un  degré  éminent,  et  sous  une  forme  inoffensive, 
des  propriétés  médicatrices  spécifiques  précieuses.  Employé  en  injections 
hypodermiques,  il  surexcite  l'appétit,  active  l'assimilation  et  permet,  tout 
particulièrement,  de  combattre  les  maladies  de  poitrine. 

»  Depuis  ma  publication,  ce  corps  à  peu  près  inconnu,  même  dans  nos 
laboratoires,  se  fabrique  en  grand  dans  l'industrie  en  France  comme  en 
Allemagne,  et  plusieurs  centaines  de  kilogrammes  ont  été  déjà  utilisés  dans 
nos  hôpitaux  français  et  dans  la  clientèle  de  ville. 

Il  En  réfléchissant,  au  cours  de  ces  recherches,  au  mécanisme  de  l'acti- 
vité de  l'arsenic,  à  son  efficacité  dans  les  anémies  graves  et  surtout  dans  la 
maladie  de  Basedow,  conséquence  d'une  altération  fonctionnelle  de  la 
glande  thyroïde  que  l'on  sait  être  iodée;  en  tenant  compte  de  cette  obser- 
vation que  l'arsenic  et  l'iode  sont  l'un  et  l'autre  deux  médicaments  très 
efficaces  des  maladies  de  cette  glande;  en  rapprochant  ces  remarques  de 
celles  laites  d'autre  part  par  les  chimistes  qui  se  sont  occupés  d'eaux  miné- 
rales, que  l'arsenic  est  souvent,  dans  la  nature,  le  satellite  de  l'iode  (-);  enfin 
en  retrouvant,  au  cours  de  mes  études  sur  les  algues,  l'arsenic  et  l'iode 
souvent  juxtaposés  dans  ces  végétaux  inférieurs,  comme  je  le  montrerai 
un  jour,  j'ai  songé  qu'il  pourrait  bien  se  faire  que  l'explication  de  l'activité 
de  l'arsenic  dans  les  maladies  ci-dessus  visées,  tînt  à  ce  que  ce  métalloïde 
fait  partie  constitutive  de  quelques-uns  de  nos  organes,  et  spécialement  de 
la  glande  thyroïde,  où  l'iode  est  relativement  abondant. 

»  C'est  ainsi  que  j'ai  été  amené  à  rechercher  si  ce  singulier  élément, 
l'arsenic,  existe  normalement  chez  les  animaux.  Je  viens  annoncer  à  l'Aca- 


(')  Bull.  Acad.  Méd.  Paris,  séance  du  6  juin  1899. 

(-)   Kosmann  a  indiqué  la  présence  de  l'arsenic  dans  les  eaux  ferrugineuses  ou  sul- 
fureuses, où  l'on  rencontre  toujours  de  l'iode  et  du  brome.  MM.  Chatin,  Filhol,  puis 
M.  Bourcet,  ont  constaté  aussi  que  l'arsenic  se  trouve  dans  plusieurs  eaux,  des  Pyrénées 
du  Jura,  etc.,  où  il  est  généralement  acconapagné  par  l'iode. 


(  9'^'   ) 
demie  qu'en  effet  l'arsenic  se  rencontre  d'une  façon  constante  dans  la  glande 
thyroïde  chez  les  herbivores,  les  carnivores  et  l'homme,  à  dose  faible,  mais 
pondérable,  et  qu'on  le  trouve,  en  plus  petites  quantités,  dans  quelques 
autres  organes. 

»  L'existence  de  l'arsenic  normal  dans  l'économie  paraît  contredire 
toutes  les  données  expérimentales  de  la  toxicologie.  Des  milliers  d'exper- 
tises ont  été  faites,  en  effet,  sans  qu'on  ait  signalé  ce  métalloïde  chez 
l'homme.  Ce  fait  s'explique,  d'une  part,  par  les  méthodes  généralement 
employées  pour  la  destruction  des  matières  organiques  (Cl;  Chlorate  de  K 
+  HCl;  Distillation  en  présence  de  SO''H-  +  NaCl,  etc.),  méthodes  qui 
font  perdre  l'arsenic  en  totalité  ou  en  partie,  comme  je  m'en  suis  de  nou- 
veau assuré  par  les  essais  les  plus  minutieux  (');  ils  s'expliquent,  d'autre 
part,  par  la  constatation  que  je  viens  de  faire  au  cours  du  présent  travail, 
par  une  méthode  très  sure  exposée  plus  loin,  que  l'arsenic  esf,  en  effet, 
absent  de  la  plupart  des  organes  animaux.  Seule  la  glande  thyroïde,  vers 
laquelle  j'avais  d'abord  dirigé  mes  investigations,  puis  avec  elle,  mais  en 
bien  moindre  proportion,  le  thymus  et  le  cerveau  (^),  enfin  à  l'état  de  traces 
seulement,  la  peau  ('),  contiennent  normalement  de  l'arsenic.  Je  fais 
toutes  mes  réserves  pour  la  glande  pituitaire,  que  je  n'ai  pas  encore  étu- 
diée (''). 

»  J'ai  constaté  l'arsenic  dans  toutes  les  glandes  thyroïdes  normales  que 
j'ai  analysées  (')  chez  l'homme,  le  chien,  le  porc,  le  mouton,  etc.  Toujours 
l'arsenic  est  présent  dans  cette  glande,  toujours  il  est  absent  (ou  à  doses 
insensibles)  des  autres  organes,  sauf  le  thymus  et  le  cerveau. 

»  J'ai  à  ce  point  de  vue  examiné  plusieurs  fois,  comparativement  avec 
la  glande  thyroïde  : 

Le  foie  de  mouton  (120^'), 
»       de  veau  (iSo»''), 
"        de  chien,  de  porc  (loo^'), 


(')  Voir  à  ce  sujet  mon  Mémoire  {Ann.  de  Chini.  et  de  Phys.,  5''  série,  t.  VIII, 
p.  384). 

(-)  Ils  avaient  été  privés,  pour  ces  reclierches,  de  leurs  glandes  pituitaire  et  pinéale. 

(')   i48s''  de  peau  de  porc  privé  de  poils  et  de  tissu  adipeux. 

(')  Je  n'ai  pas  encore  examiné  le  cœur,  le  pancréas,  la  moelle  osseuse,  les  poils  et 
cheveux,  les  urines,  les  fèces. 

(^)  Je  me  propose  d'étudier  les  cas  du  goitre  simple,  de  la  maladie  de  Basedow,  du 
myxœdème,  de  l'anémie  pernicieuse,  de  l'infantilisme,  etc. 


(  9^2  ) 

La  rate  de  chien,  de  bœuf  (70B'), 

Le  rein  de  cochon  (looS""). 

La  chair  de  chien  (loo^''). 

Le  sang  de  porc  (iSo^"  défibriné  ). 

Le  testicule  humain  (yo^""). 
«  La  méthode  employée  (voir  piusloin,  p.  gSG)  me  permettait  de  retrou- 
ver dans  100  grammes  de  ces  organes  frais,  poids  sur  lequel  j'opérais  en 
général,  o°"^'',oo5  ou  un  demi-centième  de  milligramme  d'arsenic.  Je  n'en 
ai  pas  obtenu  la  moindre  trace  dans  les  organes  ci-dessus  éniimérés.  L'arse- 
nic est  au  contraire  constant  dans  la  thyroïde.  Quoique  sa  dose  soit  minime, 
j'ai  pu,  dès  mes  premières  tentatives,  le  constater  dans  S^"",  sde  glande 
thvroïde  fraîche  fournie  par  deux  chiens,  quantité  répondant  seulement  à 
ie'",3  de  matière  sèche.  Quarante-cinq  grammes  de  thyroïde  de  porc 
fraîche  (')  m'ont  donné  un  anneau  d'arsenic  qui,  jugé  par  comparaison 
avec  une  série  d'anneaux  témoins  de  poids  connus,  pesait  environ  o™^,  o3, 
ce  qui  répond  à  o"^,  067  pour  100^'' de  glande,  ou  environ  sept  dixièmes 
de  milligramme  par  kilogramme  de  glande  fraîche,  et  3  milligrammes 
par  kilogramme  de  thyroïde  prise  à  l'état  sec. 

H    loo^''  de  thyroïde  de  mouton  fraîche  m'ont  donné  un  anneau  arse- 
nical pesant  o'"S'^,o5,  ce  qui  répond  à  2'"^"  par  kilogramme  de  glande  sèche. 
>)   Ces  premiers  nombres  ne  sont  toutefois  qu'approchés,  ayant  reconnu 
depuis  quelques  imperfections  à  ma  méthode,  qui  donnait  des  résultats  tou- 
jours tropf[ubles. 

»  Après  l'avoir  corrigée,  j'ai  opéré  sur  127  grammes  de  glande  thyroïde 
humaine,  provenant  de  six  individus  n'ayant  pris,  durant  leur  maladie, 
aucun  médicament  métallique  ni  surtout  arsenical  (").  J'ai  obtenu  un 
anneau  d'arsenic  pesant  un  peu  moins  de  1"'^  (au  juste,  o^^'jqS). 

M  Toutes  ces  expériences  ont  été  répétées  en  double  en  employant 
comparativement  le  foie  de  mouton,  que  j'attaquais  par  des  quantités 
d'acides  égales  ou  supérieures  à  celles  qui  servaient  à  détruire  les  thy- 


(')  La  glande  entière  avec  ses  deux.  lobes  pèse  environ  17s'-  par  animal. 
(-)  Femme  (33  ans);  Ensipèle  et  pneumonie; 

Homme  (27  ans);  Fracture  de  la  colonne  vertébrale; 

Homme  (43  ans);  Méningite  tuberculeuse; 

Honime  (47  ans);  Obstruction  intestinale. 

Homme  (46  ans);  Cancer  de  reslomac; 

Homme  (  19  ans  )  ;  Pleurésie,  ascite. 


(  93'^  ) 
roïdes.  Les  expériences  témoins  ont  toujours  été  entièrement  négatives. 

»  Il  existe  donc  constamment,  du  moins  à  l'état  normal,  chez  les  ani- 
maux carnivores  et  chez  les  herbivores,  de  l'arsenic  dans  la  glande  thy- 
roïde. Chez  l'homme,  pour  lequel  toutes  nos  déterminations  ont  été  faites 
après  que  notre  première  méthode  eut  été  perfectionnée,  nous  avons 
trouvé  environ  i  milh'gramme  d'arsenic  métalloïdique  pour  127  grammes 
de  glande,  soit  j^'iT^  du  poids  de  la  thyroïde  fraîche  ou  un  Lrente-flcnx 
millième  du  poids  sec.  Celte  petite  quantité  d'im  élément,  sans  nul  doute, 
nécessaire,  puisqu'il  est  constant  dans  la  glande  saine  chez  tous  les  ani- 
maux examinés,  suffit  à  l'accomplissement  d'une  fonction  vitale  impor- 
tantes, fonction  encore  inconnue,  mais  certaine  et  indispensable,  car  pas 
de  thyroïde  sans  arsenic  et  pas  de  santé  sans  thyroïde. 

»  L'animal  trouve  ce  singulier  élément  dans  quelques-uns  des  ali- 
ments où  l'accompagnent  sans  doute  le  fer  et  l'iode  (').  De  là,  comment 
l'arsenic  arrive-t-il  à  la  glande?  Il  est  curieux  de  constater  qu'on  ne  le 
retrouve  pas,  même  à  l'état  de  traces,  dans  le  sang.  L'arseoic  doit  cepen- 
dant, comme  dans  les  aliments  qui  l'apportent,  y  exister  à  un  état  de  dilu- 
tion extrême,  inférieur  à  un  cinquante  millionnième,  quantité  encore 
accessible  à  ma  méthode  de  recherche.  Mais  même  à  cet  état  de  dilution, 
et  peut-être  bien  au-dessous  encore,  la  glande  s'empare  de  cet  élément 
et  construit,  grâce  à  lui,  le  principe  arsenical  nécessaire  à  son  fonction- 
nement. C'est  là  un  fait  de  sélection  dont  nous  n'avons  aucune  explication 
rationnelle,  fait  qui  rappelle  celui  qu'observait  Raulin  de  l'influence  des 
traces  de  zinc  sur  l'accroissement  de  V Aspergillus ;  mais  pour  la  glande 
thyroïde,  mes  expériences  établissent  la  fixation  de  l'arsenic  par  le  tissu, 
tandis  que  pour  V Aspergillus  il  n'est  pas  démontré  que  le  zinc  se  fixe  dans 
le  végétal,  sur  lequel  il  pourrait  n'agir  que  comme  un  simple  excitateur  de 
la  nutrition. 


(')  Stein  {Journ.  f.  prakt.  Chem.,  t.  LI,  p.  3o2,  et  t.  LUI,  p.  87)  reconnut  la  pré- 
sence de  l'arsenic  dans  un  assez  grand  nombre  de  végétaux.  Il  en  trouva  des  traces 
dans  la  paille  de  seigle;  des  quantités  sensibles  dans  le  chou,  les  navets,  les  tubercules 
de  ponames  de  terre,  etc.  J'ai  observé  qu'il  existe  aussi  dans  plusieurs  algues,  où  il  est 
accompagné  par  l'iode;  iSoS""  de  baregine  de  Ludion  peséeà  l'état  humide,  après  esso- 
rage à  la  centrifugeuse,  m'ont  donné  7^'",  3  de  résidu  sec.  Cette  quantité  contenait  : 

Soufre 6,4 

Autres  nialières 0,8 

Dans  ces  os', 8,  j'ai  trouvé  de  l'iode  en  quantité  et  une  trace  très  sensible  d'aisenic. 


(  934  ) 

»  L'arsenic  se  trouve  en  quanlité  pondérable  dans  la  thyroïde,  très  sensible 
dans  le  thymus  et  le  cerveau,  à  l'état  de  traces  dans  la  peau.  Sous  quelle 
forme  y  existe-t-il  et  quel  est  son  rôle  probable  dans  ces  organes? 

»  Après  l'avoir  découvert  dans  la  thyroïde,  je  pensai  que  l'arsenic,  que 
ses  analogies  chimiques  rapprochent  du  phosphore,  devait  se  trouver 
dans  les  cellules  sous  la  forme  active  de  ce  dernier  élément,  c'est-à-dire  à 
l'état  de  nucléines  constituant  les  noyaux  des  cellules  et  les  granulations 
basophiles  du  protoplasma.  J'avais  aussi,  pour  me  laisser  guider  d'après 
cette  hypothèse,  les  observations  de  savants  déjà  nombreux  qui  ont  remar- 
qué que  les  substances  métalliques,  ou  plus  généralement  celles  à  poids 
moléculaires  élevés,  lorsqu'elles  pénètrent  dans  le  sang,  se  fixent  sur- 
tout sur  la  substance  des  noyaux  cellulaires. 

»  Je  me  suis  donc  déterminé  à  séparer  les  nucléines  de  la  glande  thy- 
roïde pour  y  rechercher  l'arsenic.  J'ai  recouru,  dans  ce  but,  à  la  digestion 
pepsique  à  laquelle  on  sait  qu'elles  résistent  :  loo  grammes  de  glande 
thyroïde  de  mouton  hachée,  mise  en  présence  de  o^,5  d'une  pepsine  très 
active  et  d'eau  acidulée  à  i,5  millième,  se  sont  très  lentement  digérés  à  38°. 
Il  est  resté,  après  cinquante-six  heures,  un  résidu  formé  de  fibrilles  élas- 
tiques, de  tissus  kératiniques  et  d'un  peu  de  graisse,  mélangé  d'une  ma- 
tière pulvérulente  gris  de  fer  paraissant  très  iodée.  J'ai,  par  filtration, 
séparé  ce  résidu  total  de  digestion  de  la  peptone  qui  s'était  formée  en  même 
temps,  et  après  l'avoir  lavé,  je  l'ai  repris  à  35°  par  de  l'ammoniaque  très 
étendue.  De  la  liqueur  filtrée,  j'ai  précipité  les  nucléines  par  acidulation 
avec  l'acide  acétique;  enfin  j'ai  filtré  et  lavé. 

»  J'ai  alors  cherché  l'arsenic  par  la  méthode  appliquée  dans  ce  travail, 
d'une  part,  dans  les  peptones  qui  s'étaient  formées,  de  l'autre,  dans  les  nu- 
cléines ainsi  séparées.  L'arsenic  était  absolument  absent  des  peptones;  au 
contraire,  il  était  relativement  très  abondant,  ainsi  que  l'iode,  dans  la  nu- 
cléine.  i^"^,  21  de  cette  substance  prise  à  l'état  sec,  et  répondant  à  loo^"^  de 
glande  thyroïde  de  mouton  fraîche,  m'ont  donné  un  bel  anneau  d'arsenic. 

))  Il  existe  donc,  à  l'état  normal,  dans  la  glande  thyroïde,  et  par  exten- 
sion, dans  le  thymus  et  dans  le  cerveau,  oii  nous  avons  aussi  découvert 
l'arsenic,  des  nucléines  arsenicales,  des  arsénucléines,  coexistant  avec  les 
nucléines  phosphorées ordinaires.  Ellesjouent,  danslesnoyauxdes cellules, 
et  sans  doute  aussi  dans  les  granulations  chromatophyles  du  protoplasma  de 
ces  organes,  un  rôle  important,  puisque  l'arsenic  est  toujours  présent 
dans  le  tissu,  puisque  aussi,  dans  les  maladies  de  ces  glandes,  la  médication 
arsenicale  a  été  empiriquement  reconnue  avantageuse,  puisque  enfin  la 


(  935  ) 

glande  de  l'économie  de  beaucoup  la  plus  riche  en  arsenic,  la  thyroïde  (et 
ses  annexes),  ne  peut  être  malade  ou  détruite  sans  qu'apparaissent  les 
troubles  du  myxœdème  qui  frappent  particulièrement  les  trois  organes, 
thyroïde,  cerveau  et  peau,  où  j'ai  trouvé  de  l'arsenic. 

»  Mais  la  constatation  de  l'existence  de  l'arsenic  normal  dans  le  noyau 
de  certaines  cellules  n'est  pas  seulement  importante  en  ce  que  la  seule  pré- 
sence d'un  élément  aussi  rare  que  l'arsenic  dans  la  thyroïde,  le  thymus, 
le  cerveau,  la  peau  et  probablement  la  glande  pituitaire,  sufHt  à  démontrer 
les  relations  chimiques  et  fonctionnelles  qui  unissent  ces  organes  ;  cette  con- 
statation nous  éclaire  encore  à  un  point  de  vue  plus  général.  Elle  établit  l'in- 
fluence que  sont  aptes  à  exercer  sur  le  fonctionnement  des  tissus  et  sur  la 
vie  de  l'être  tout  entier  des  doses  presque  infinitésimales  de  certains  élé- 
ments spécifiques.  Une  glande  thyroïde  humaine  (pesant  21  s'' en  moyenne), 
glande  empruntée  à  l'espèce  animale  qui,  à  poids  égal,  fournit  le  plus  d'ar- 
senic, contient  à  peine  o^^"",  17  de  cet  élément.  Pour  un  individu  d'un  poids 
moyen  de  67''^,  ces  17  centièmes  de  milligramme  représentent  environ 
4ouo()uuoo  ^^  ^^  masse  totale.  Ce  quatre  cent  millionième  d'arsenic  suffit  pour 
que,  la  glande  foncticmnant  normalement,  la  santé  générale  se  maintienne. 
Un  poids  encore  bien  plus  faible  d'arsenic,  un  milliardième  chez  certaines 
espèces,  suffit  chez  d'autres  animaux. 

»  Il  se  dégage  encore  de  ces  recherches  une  autre  conséquence,  à 
savoir,  que  des  fonctions  spécifiques  plus  ou  moins  nécessaires  à  la  vie, 
plus  ou  moins  latentes,  se  poursuivent  dans  les  organes,  grâce  à  la  pré- 
sence de  certains  éléments  actifs  dont  la  majeure  partie  nous  échappe  sans 
doute  encore  à  cette  heure.  Tel  semble  être  le  rôle  du  manganèse,  reconnu 
dans  le  ferment  oxydant;  de  l'iode  dans  la  thyroïde;  de  l'arsenic  dans  les 
nucléines,  où  il  remplace  le  phosphore;  du  fluor  dans  la  cellule  osseuse,  etc. 
Il  y  a  donc  lieu  de  rechercher  aujourd'hui,  dans  chaque  organe,  et  grâce 
aux  méthodes  les  plus  délicates,  les  divers  éléments  qui,  tels  que  les  pré- 
cédents, peuvent  raisonnablement  être  regardés  comme  aptes  à  se  sub- 
stituer à  leurs  analogues  chimiques,  éléments  grâce  auxquels  la  nature  peut 
arriver  à  modifier  plus  ou  moins  profondément  le  fonctionnement  soit  local, 
soit  général  :  tels  seraient  le  sélénium  à  la  place  du  soufre  ;  le  soufre  négatif 
substitué  à  l'oxygène;  le  cuivre,  le  zinc  ou  le  manganèse  remplaçant  le  ter; 
le[)hosphore,  l'arsenic,  le  vanadium,  le  bismuth  lui-même,  jouant  le  rôle  de 
l'azote.  C'est  toute  une  Chimie  biologique  nouvelle  à  entreprendre;  elle 
me  paraît  pleine  de  promesses  pour  l'avenir. 

»   Des  observations  faites  d'abord  sur  le  mode  d'action  de  l'arsenic  chez 


(  g3f.  ) 

les  malades  m'ont  amené  à  découvrir  cet  élément  chez  les  animaux;  par 
une  réciproque  inverse,  et  ajirès  les  considérations  générales  que  je  viens 
d'exposer,  je  n'ai  pas  besoin  de  foire  remarquer  la  portée  de  cette  décou- 
verte au  point  de  vue  de  l'éliologie  et  de  la  thérapeutique  des  maladies. 

»  Les  toxicologistes  auront  à  leur  tour,  dans  les  expertises  médico- 
légales,  à  tenir  compte  de  ces  observations  qui  établissent  l'existence  nor- 
male de  l'arsenic  dans  certains  organes,  mais  aussi  son  absence  de  la 
majeure  partie  des  tissus  ou  des  glandes  et  du  sang  lui-même.   » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Recherche  et  dosage  des  1res  petites  quantités  d'arsenic 
dans  les  organes;  par  M.  Arîuand  Gautier. 

«  Quoique  j'aie  déjà  déjà  décrit  depuis  longtemps  la  méthode  qui  me 
permet  de  retrouver  et  même  de  doser  de  très  petites  quantités  d'arsenic 
dans  les  tissus  animaux  ou  végétaux  ('),  je  crois  devoir,  dans  l'intérêt  de 
ceux  qui  voudraient  répéter  ou  étendre  mes  observations  sur  l'arsenic 
normal  de  l'économie  animale,  aussi  bien  qu'au  point  de  vue  des  toxicolo- 
gistes, donner  quelques  renseignements  complémentaires  sur  cette  méthode 
que  j'ai  d'ailleurs  perfectionnée  au  cours  du  précédent  travail.  Ces  indica- 
tions leur  éviteront  bien  des  tâtonnements  et  des  doutes. 

»  La  méthode  consiste  à  détruire  la  matière  organique  successi- 
vement |)ar  l'acide  nitrique,  l'acide  sulfuriqiie,  puis  encore  l'acide  ni- 
trique. On  agit  ainsi  du  commencement  à  la  fin  en  milieu  très  oxydant  et 
l'on  chasse,  presque  dès  le  début,  la  totalité  des  chlorures,  l'une  des  causes 
principales  des  pertes  d'arsenic  sous  forme  de  composés  volatils. 

»  Sur  loo^  de  tissu  frais,  on  verse,  suivant  les  cas,  de  ?>o^^  à  6oS'"  d'acide 
nitrique  pur  (AzO^)-,  3H-0;  on  additionne  de  i s'' d'acide  sulfurique,  et  l'on 
chaulïe  le  tout,  dans  une  capsule  de  porcelaine,  jusqu'à  liquéfaction  coni- 
plète  puis  épaississement;  on  retire  du  feu  et  l'on  ajoute  alors  seulement 
8  à  lo  grammes  d'acide  sulfurique  pur.  On  chauffe  de  nouveau  assez  forte- 
ment, j)uis  retirant  du  feu,  l'on  verse  sur  la  matière  en  train  de  se  détruire 
de  l'acide  nitrique  par  faibles  quantités  à  la  fois,  jusqu'à  ce  que,  chauflanl 
jusqu'au  point  oii  l'acide  sulfurique  émet  d'épaisses  vapeurs,  il  ne  reste 
plus  dans  la  capsule  qu'un  liquide  brun  à  peu  près  incarbonisable  à  la 
température  où  l'acide  sulfurique  commence  à  bouillir.  Dans  certains  cas 

(')  Annales  de  CIdmie  et  de  Physique,  5°  série,  l.  VIII,  p.  384. 


(93?  ) 
(résidus  iirinaires,  extraits  de  vin,  et  surtout  glande  thyroïde),  la  destruc- 
tion est  difficile  et  les  additions  successives  d'acide  nitrique  doivent  être 
plusieurs  fois  répétées.  Arrivé  au  point  où  l'acide  nitrique  n'oxyde  presque 
plus,  on  chasse  celui-ci  une  dernière  fois  à  chaud,  on  laisse  refroidir,  on 
ajoute  encore  un  peu  d'acide  sulfurique,  et,  en  agitant,  on  verse  la  petite 
quantité  de  liqueur  brune  résiduelle  dans  600'='=  à  700"  d'eau  distillée.  On 
lave  ensuite  la  capsule,  après  refroidissement,  et  l'on  réunit  le  tout.  Il 
tombe  au  fond  du  récipient  une  matière  humique  très  divisée  à  laquelle 
surnage  une  liqueur  plus  ou  moins  foncée  (').  On  filtre,  on  ajoute  l'^'^à  2*=" 
d'une  solution  d'acide  sulfureux  et  l'on  fait  enfin  passer  dans  la  liqueur 
acide,  à  chaud  et  durant  plusieurs  heures,  un  courant  d'hydrogène  sul- 
furé. Le  sulfure  d'arsenic  se  précipite  avec  un  excès  de  soufre  qui  en- 
traîne encore  un  peu  de  matière  organique.  On  recueille  ce  précipité 
douze  heures  après,  on  le  lave  sur  un  filtre  et  l'on  place  le  filtre  avec  son 
résidu  dans  une  capsule  oîi  l'on  verse  ua  peu  d'eau  ammoniacale  (i  partie 
d'ammoniaque  et  20  parties  d'eau).  On  laisse  digérer  trente  à  quarante  mi- 
nutes, vers  Zjo"  à  5o°,  et  l'on  filtre.  La  liqueur  filtrée,  évaporée  doucement, 
laisse  un  résidu  qu'on  oxyde  par  un  mélange  d'acide  nitrique  et  sulfurique. 
On  chauffe  jusqu'à  décoloration  en  renouvelant,  s'il  le  faut,  l'acide  nitrique. 
On  élève  enfin  la  température  jusqu'à  l'apparition  des  fumées  abondantes 
d'acide  sulfurique,  dans  le  but  de  chasser  les  dernières  traces  d'acide 
nitrique  ;  on  étend  d'eau  et  l'on  verse  peu  à  peu  dans  l'appareil  de  Marsh. 

»  Pour  les  détails  de  la  conduite  de  cet  appareil  et  le  dosage  de  l'ar- 
senic, je  renvoie  à  mon  Mémoire  des  Annales  de  Chimie  et  de  Physique  de 
1876  (/oc.  c/V.,  p.  397  et  402). 

»  La  méthode  le  plus  souvent  employée  pour  détruire  les  matières 
animales,  méthode  dite  de  Fresenius  et  Babo  (en  réalité  d'AbreiJ,  perfec- 
tionnée par  Duflos  et  Millon),  consistant  à  détruire  la  matière  organique 
par  un  mélange  d'acide  chlorhydrique  et  de  chlorate  de  potasse,  occasionne, 
même  en  cornue  fermée,  même  en  agissant  à  5o"  ou  60"  seulement,  des 
pertes  notables  d'arsenic  entraîné  à  l'état  de  chlorure  par  les  oxydes  de 
chlore  qui  se  forment.  Je  me  suis  assuré  que,  dans  le  cas  de  la  glande 
thyroïde,  la  majeure  partie  de  l'arsenic  disparaissait  ainsi. 


(' )  Si  l'on  se  bornail  à  carboniser  la  matière,  il  arriverait,  dans  certains  cas,  qu'on 
s'exposerait,  en  épuisant  imparfaitement  par  l'eau  bouillante  un  charbon  encore  bitu- 
mineux, à  des  pertes  très  notables  d'arsenic;  c'est  ce  qui  se  passerait  particulièrement 
pour  le  tissu  thyroïdien. 

C.  K..  1899,  2'  Semestre.  (1.  CXXIX,  N°  23.)  125 


(  93«  ) 

»  La  marche  précédente,  lorsqu'on  se  borne  à  carboniser  la  matière 
sans  détruire  la  majeure  partie  du  charbon  par  des  additions  successives 
d'acide  nitrique,  donne  lieu,  dans  le  cas  de  la  glande  thyroïde  et  dans 
quelques  autres  rares  cas,  à  des  pertes  d'arsenic  qui  reste  occlus  dans  le 
résidu  charbonneux. 

»  Pour  les  dosages,  on  pèse,  quand  c'est  possible,  l'anneau  d'arsenic. 
Il  répond  à  la  totalité  du  métalloïde  primitivement  contenu  dans  le  tissu 
examiné,  si  l'on  prend  les  précautions  que  je  viens  d'indiquer  dans  cette 
Note,  et  celles  que  j'ai  décrites  aux  Annales  pour  la  conduite  de  l'appareil 
Marsh.  » 

IXOMINATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Membre 
de  la  Section  de  Chimie,  en  remplacement  de  feu  M.  Friedel. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  67, 

M.  G.  Lemoine  obtient 21  suffrages, 

M.  Étard  >>  19  » 

M.  Le  Bel  »         17  » 

Aucun  des  candidats  n'ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  il 
est  procédé  à  un  deuxième  tour  de  scrutin. 
Le  nombre  des  votants  étant  encore  57, 

M.  G.  Lemoine  obtient 23  suffrages, 

M.  Étard  »        19  '' 

M.  Le  Bel  »        i5  « 

Aucun  candidat  n'ayant  encore  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
il  est  procédé  à  un  troisième  tour  de  scrutin,  scrutin  de  ballottage  entre 
les  deux  candidats  qui  ont  obtenu  le  plus  grand  nombre  de  suffrages. 

Le  nombre  des  votants  étant  toujours  07, 

M.  G.  Lemoine  obtient 32  suffrages, 

M.  Étard  »  25  » 

M.  Georges  Lemoine,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
proclamé  élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président  de  la  Répu- 
blique. 


(  939  ) 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  à  l'Académie  un  Rap- 
port adressé  par  M.  le  Consul  général  de  Naples  à  M.  le  Ministre  des 
Affaires  étrangères  sur  divers  travaux  de  M.  Schrôn,  membre  de  l'Aca- 
démie de  Médecine  de  Naples,  concernant  la  Cristallogénie. 

(Renvoi  aux  deux  Sections  de  Minéralogie  et  de  Botanique.) 

M.  U.  G  ANNA  adresse,  de  Turin,  une  Note  relative  à  un  projet  d'avertis- 
seur destiné  à  prévenir  les  rencontres  des  trains  sur  les  chemins  de  fer. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  E.  Roger  adresse  un  Mémoire  relatif  à  la  Navigation  aérienne. 
(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 


CORRESPONDANCE. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Berlin  informe  l'Académie  qu'elle 
célébrera  le  second  centenaire  de  sa  fondation  les  19  et  20  mars  1900,  et 
l'invite  à  se  faire  représenter  à  cette  solennité. 

M.  le  Consul  de  France  a  Batavia,  par  une  Lettre  adressée  à  M.  le 
Ministre  des  Affaires  étrangères,  donne  les  détails  suivants  sur  le  tremble- 
ment de  terre  qui  a  désolé,  le  3o  septembre  dernier,  l'île  de  Céram  et  une 
partie  des  Moluques  : 

«  Dans  la  nuit  du  29  au  3o  septembre  dernier,  vers  i''45°'  du  matin,  un  fort  tremble- 
ment de  terre,  suivi  d'un  raz  de  marée,  a  eu  lieu  sur  la  côte  sud  de  Céram  et  sur  les 
territoires  inférieurs  d'Amboina,  de  Banda  et  d'Ouliasiers.  C'est  dire  qu'une  grande 
partie  des  Moluques  ont  été  atteintes  par  le  bouleversement  souterrain. 

«  On  estime  que  le  tremblement  de  terre  dont  il  s'agit  a  occasionné  plus  de 
4 000  décès  et  que  5oo  personnes  ont  été  blessées.  Les  victimes  sont  indigènes.  Ces 
estimations  ne  sont,  bien  entendu,  qu'approximatives. 

»  Toutes  les  constructions  de  la  côte  sud  de  Céram  sont  détruites,  ainsi  que  les 
remparts  d'Aniabei. 


(  9  |0  ) 
M.  Lœwt,  en  présentant  à  l'Académie  le  troisième  Volume  des  «  Annales 
de  l'observatoire  de  Toulouse  »,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Je  viens  faire  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Bailland,  Direc- 
teur de  l'observatoire  de  Toulouse,  du  troisième  Volume  des  Annales  de 
cet  établissement,  qui  n'a  pu  paraître  que  treize  années  après  le  second 
Volume.  Toutefois,  durant  cette  période,  de  nombreux  travaux  d'une  très 
grande  valeur,  embrassant  diverses  branches  de  l'Astronomie  théorique  et 
pratique,  y  ont  été  exécntés,  grâce  à  l'activité  toujours  croissante  des  astro- 
nomes attachés  à  cette  institution  scientifique.  Mais  des  raisons  impérieuses 
ont  empêché  le  Directeur  de  livrer  à  l'impression  ces  travaux  au  fur  et  à 
mesure  de  leur  achèvement.  En  effet,  les  progrès  incessants  accomplis  dans 
le  domaine  général  de  la  Science  ont  modifié  d'une  manière  essentielle  les 
mélhodes  d'observation,  et  M.  Baillaud  s'est  trouvé  ainsi  dans  l'obligation 
de  consacrer  toutes  ses  ressources  budgétaires  à  la  création  d'un  nouvel 
outillage.  Il  est  parvenu  ainsi  à  doler  l'observatoire  de  Toulouse  de  nou- 
veaux et  puissants  moyens  d'investigation  dont  cet  établissement  fait 
aujourd'hui  un  si  excellent  usage. 

»  M.  Baillaud  a  pu  seulement  commencer  maintenant  la  publication  des 
précieux  documents  accumulés  dans  !e  long  intervalle  écoulé  et  qui  for- 
meront la  matière  de  plusieurs  Volumes. 

»  Le  tome  présent  débute  [lar  trois  Mémoires  très  instructifs  de  M.  An- 
doyer.  Le  premier  est  relatif  aux  formules  générales  de  la  Mécanique  cé- 
leste. M.  Andoyer  applique,  avec  beaucoup  d'habileté  et  d'ingéniosité, 
aux  divers  problèmes  qu'offre  le  système  solaire,  la  méthode  des  coefficients 
indéterminés  employée  par  Laplace  dans  la  théorie  de  la  Lune;  il  obtient 
très  rapidement,  à  l'aide  de  cette  méthode,  les  coefficients  des  expressions 
trigonomélriques  représentant  les  inconnues  des  problèmes  et,  ce  qui  est 
important,  ne  renfermant  aucun  terme  proportionnel  au  temps  ou  à  une 
puissance  du  temps.  M.  Andoyer  précise  qu'on  peut  pousser  assez  loin  le 
calcul  pour  que  la  substitution  des  formules  trouvées  dans  les  équations 
différentielles  donne  des  résidus  d'ordre  aussi  élevé  qu'on  voudra  par  rap- 
port à  certaines  quantités  regardées  comme  petites  du  premier  ordre. 

»  M.  Andoyer,  dans  les  deux  autres  Mémoires  sur  des  inégalités  de 
la  Lune,  applique  celte  méthode  :  il  calcule  avec  la  même  approximation 
que  Delaunay  les  coefficients  des  inégalités  de  la  longitude  qui  ne  dé- 
pendent que  de  la  première  puissance  de  l'excentricité  de  notre  satellite  et 
du  rapport  des  moyens  mouvements  du  Soleil  et  de  la  Lune;  il  calcule 


(  94'  ) 

aussi  la  partie  du  mouvement  du  périgée  lunaire  relativement  à  ce  dernier 
rapport  et  les  inégalités  de  la  longitude  de  la  Lune  qui  ne  dépendent  que  de 
rexcentricilé  de  l'orbite  de  la  Terre.  M.  Andoyer  a  vérifié  ses  résultats  par 
la  méthode  de  M.  Hill  (Mesearches  on  the  lunar  theory')  et  trouve,  à  partir 
du  huitième  ordre,  certaines  discordances  avec  les  nombres  donno's  par 
Delaunay  dans  ses  recherches  supplémentaires.  M.  Andoyer  explique  ces 
différences  et  rectifie  ainsi  très  heureusement  certains  développements  de 
la  théorie  de  Delaunay. 

!)  Deux  importants  Mémoires  de  M.  BaiUaud  renferment  la  démonstra- 
tion de  résultats  annoncés  par  lui  dans  les  Comptes  rendus.  Dans  une  étude 
sur  les  formules  de  quadratures  premières  et  secondes,  M.  BaiUaud 
démontre  comment  un  peut  déduire  facilement,  par  les  procédés  élémen- 
taires du  Calcul  intégral,  les  formules  générales  données  par  M.  Gruey  et 
par  Th.  von  Oppolzer  pour  le  calcul  de  ces  quadratures. 

'1  II  fait  connaître  un  grand  nombre  de  formules  intéressantes  qui  per- 
mettent en  outre  de  vérifier  par  divers  procédés  les  résultats  obtenus;  il 
donne  enfin  les  valeurs  numériques  des  cinc[  premiers  coefficients  des  qua- 
dratures des  quatre  premiers  ordres. 

»  Ces  diverses  recherches  théoriques  constituent  la  partie  principale  du 
volume  actuel,  et  elles  fournissent  de  nouvelles  et  très  satisfaisantes  solutions 
de  quelques  problèmes  très  délicats  de  la  Mécanique  céleste. 

1)  Une  autre  série  de  Chapitres  renferme  d'abord  les  observations  des 
étoiles  de  culminalion  lunaire  et  les  positions  de  la  Lune,  déterminées 
avec  beaucoup  de  précision  par  M.  Saint-Blancat,  de  janvier  1H84  à  sep- 
tembre 1887;  et,  ensuite,  de  très  nombreuses  mesures  d'étoiles  doubles 
effectuées  de  i885  à  iSy'i.  Cette  dernière  recherche,  à  laquelle  ont  colla- 
boré MM.  Andoyer,  BaiUaud,  Cosserat,  Montangerand,  Saint-Blancat  et 
Rossard,  a  été  exécutée  dans  les  meilleures  conditions  d'exactitude  et  forme 
une  contribution  très  précieuse  pour  l'étude  de  ces  corps  célestes.  La 
partie  astronomique  est  accompagnée  de  deux  spécimens  de  photographies 
très  réussies  des  célèbres  nébuleuses  d'Orion  et  de  la  Lyre. 

>)  Le  volume  se  termine  par  les  observations  météorologiques  trihoraires 
faites  de  6''  du  matin  à  9''  du  soir  pendant  les  années  1894,  1893,  1896  et 
1897. 

»  Cette  très  rapide  analyse  permet  de  constater  que  l'observatoire  de 
Toulouse  a  déployé,  depuis  sa  réorganisation,  une  incessante  et  très  fé- 

coutle  act.vilé.  » 


(    942     ) 

M.  Tarry  adresse,  par  dépêche  télégraphique,  les  indications  complé- 
mentaires suivantes,  sur  les  nombres  horaires  des  Léonides  seules,  ob- 
servées à  Alger  : 

Deuxième  nuit i,  a,  5,   i8,    17  Total  :  43 

Troisième  nuit 1,1,  3,     8,     6  Total  :  19,  jusqu'à  4'" 

ASTRONOMIE.  —   Observations  des  Léonides  et  des  Biélides,  faites  à  Athènes, 
en  novembre  1 899.  Note  de  M.  D.  Égixitis,  présentée  par  M.  M.  Lœwy. 

Obseri'ations  des  Léonides. 

«  Depuis  le  8  novembre,  avec  le  concours  des  trois  observateurs  de  notre 
service  régulier  météorique,  nous  avons  surveillé  attentivement  le  ciel,  pour 
suivre  les  diverses  phases  de  l'averse  des  Léonides.  Malheureusement,  le 
mauvais  temps  et  la  vive  lumière  de  la  Lune,  pendant  toute  la  période  de 
l'apparition  de  cet  essaim,  en  ont  beaucoup  gêné  l'observation  complète  à 
Athènes.  Cependant,  malgré  la  nébulosité  du  ciel,  le  très  petit  nombre  de 
météores  que  nous  avons  pu  apercevoir,  dans  des  éclaircies,  montre  qu'un 
maximum  possible  de  cette  pluie  météorique  attendue  cette  année,  bien  que 
peu  probable,  n'a  pas  eu  lieu. 

»   Les  résultats  de  notre  exploration  sont  les  suivants  : 

»  Le  8  novembre,  le  ciel  était  couvert;  on  a  eu  cependant  un  assez  grand  nombre 
d'éclaircies,  dans  lesquelles  on  n'a  vu  aucune  étoile  filante. 

»  L'apparition  des  Léonides  a  commencé  le  9  novembre;  pendant  cette  nuit,  on  a 
pu  observer,  dans  quelques  éclaircies,  trois  météores  de  cet  essaim. 

»  Le  10  novembre,  presque  avec  le  même  état  du  ciel,  on  a  pu  noter  le  passage  de 
deux  Léonides. 

»  Le  1 1  novembre,  le  ciel  était  complètement  clair,  cependant  on  n'a  vu  que  deux 
météores. 

»  Le  12  novembre,  le  ciel  étant  nébuleux,  on  a  observé,  dans  des  éclaircies,  9  étoiles 
filantes  émanant  de  la  constellation  du  Lion. 

»  Le  i3  novembre,  le  ciel  fut  complètement  couvert. 

»  Le  i4  novembre,  on  a  aperçu,  en  grande  partie  à  travers  les  nuages,  de  i4''  jus- 
qu'à iSi",  46  météores  dont  les  trajectoires  donnent  les  trois  radiants  suivants  : 

a=    i52°,  140",  '76°; 

0  =  -t-  25  ,         H-  i4  ,  -h  16  . 

»  La  plupart  de  ces  météores  ont  émané  du  radiant  connu,  situé  près  de  Ç  Lion  ;  une 
dizaine  environ  appartiennent  au  deuxième  qui  nous  paraît  nouveau  et  quelques-uns 
seulement  à  un  troisième  qui,  comme  nous  le  supposons,  n'a  pas  été  également  observé 


(  q43  ^ 

jusqu'ici.  Le  deuxième  radiant  se  trouve  près  de  Régulus  et  le  troisième  est  situé  aussi 
dans  la  constellation  du  Lion. 

»  Le  i5  novembre,  on  a  aperçu,  à  travers  les  nuages,  cinq  météores  et,  le  i6,  avec 
le  même  état  du  ciel,  un  seul.  Le  17  novembre,  le  ciel  était  complètement  couvert. 

1)  Les  météores  étaient,  en  général,  rouges,  rapides  et  d'un  éclat  moyen  de  deuxième 
à  troisième  grandeur;  quelques-uns  seulement  avaient  une  couleur  jaune  et  rouge  jau- 
nâtre et  plusieurs  un  éclat  de  première  grandeur. 

»  D'après  l'ensemble  de  ces  données,  le  maximum  de  l'averse  de  cette 
année  a  eu  lieu,  très  probablement,  à  moins  que  l'état  vaporeux  du  ciel  ne 
nous  ait  trompé,  dans  la  nuit  du  i4  novembre  (temps  astronomique); 
d'ailleurs,  il  paraît  certain  que,  dans  la  nuit  du  i5  novembre,  pendant 
laquelle  on  s'attendait  à  observer  la  plus  grande  valeur  de  ce  maximum, 
on  n'a  vu,  relativement,  que  très  peu  de  ces  corpuscules. 

Obsenations  des  Biélides. 

»  Pendant  quatre  soirées,  dn  24  au  27  novembre,  nous  avons  observé  à 
Athènes,  par  un  ciel  très  beau  et  à  l'aide  de  nos  trois  observateurs  du  ser- 
vice astronomique,  MM.  Terzakis,  Maris  et  Tsapèkos,  l'essaim  des  Biélides. 

»  Le  24  novembre  on  a  noté,  depuis  6''3o"  jusqu'à  la^" 20"  (temps  moyen  d'Athènes), 
4i  météores,  dont  20  ont  émané  d'un  petit  cercle,  de  1°  de  rayon,  situé  tout  près 
de  T  Andromède;  les  trajectoires  de  ces  météores,  tracées  sur  une  carte  construite 
exprès  pour  notre  latitude,  nous  donnent  le  radiant  suivant  : 

a  =  23°,         8  =  -t-39<'. 

»  L'année  dernière,  le  20  novembre,  nous  avons  observé  le  radiant,  ayant  les  coor- 
données {Comptes  rendus,  p.  1000)  : 

a  =  20°,  o=+37''. 

»  La  ditTérence  entre  ces  coordonnées  n'est  pas,  relativement,  très  grande;  c'est 
donc  le  même  radiant  que  nous  observons  pendant  deux  années  consécutives  et  qui  est 
autre  que  celui  qu'on  constate  habituellement  près  de  y  Andromède.  Ce  radiant  fut 
déterminé  aussi,  il  y  a  quelques  années,  par  plusieurs  autres  observateurs. 

n  Les  21  autres  météores  notés  dans  la  soirée  du  24  novembre  émanaient  des 
constellations  de  Cassiopée,  du  Triangle,  du  Bélier  et  de  la  Girafe. 

»  Le  25  novembre,  depuis  6''3o"' jusqu'à  [7''3o™,  on  a  vu  11  météores,  dont  4  seule- 
ment appartiennent  aux  Andromédides;  le  radiant  de  ces  dernières,  situé  près  de 
Y  Andromède,  est  : 

a  — 25°.  o  =  +  43°. 

»  Les  étoiles  filantes  qui  émanaient  de  y  Andromède  étaient  rouges,  rapides  et 
brillantes,  tandis  que  celles  qui  sortaient  de  ~  Andromède  étaient  moins  rapides, 
faibles  et  rouge  jaunâtre. 


(  9^44  ) 

»  Le  26  iio\  LMiibre,  de  8^  à  ii''i5",  on  a  vu  4  météores  de  la  constellation  d'An- 
dromède; le  ciel  fut  couvert  pendant  la  seconde  moitié  de  la  nuit. 

»  Le  27  novembre,  de  6'' Se™  à  12'',  on  a  aperçu  9  météores,  dont  4  émanant  d'An- 
dromède et  5  de  Cassiopée.   m 


GÉ0MÉTRI1-:  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  quelques  propriétés  de  certains  systèmes 
de  cercles  et  de  sphères.  Note  de  M.  C.  Guichard,  présentée  par  M.  Dar- 
boiix. 

«  Je  vais  indiquer  les  principales  propriétés  des  systèmes  de  cercles  et 
de  sphères  définis  dans  ma  Note  du  i3  novembre. 

»  Les  sphères  I  sont  des  sphères-points,  dont  le  centre  M  décrit  un 
réseau  de  lignes  de  courbure.  Les  cercles  focauK  sont  des  cercles-points 
ayant  pour  centre  M  et  situés  dans  les  plans  principaux  de  la  surface  (M). 

))  Il  en  résulte  que  les  courbes  I  sont  des  cercles-points  dont  le  centre  M 
décrit  un  réseau  de  lignes  de  courbure,  ces  cercles  étant  situés  dans  le 
plan  tangent  à  la  surface  (M).  Les  sphères  focales  passent  par  M  et  ont 
pour  centres  les  centres  de  courbure  G,  G'  de  la  surface  M;  ce  sont  les 
sphères  osculatrices  de  la  surface  M. 

»  Si  l'on  désigne  par  Y,,  Yj,  Y3  ;  Z,,  Zj,  Z3  les  coordonnées  de  G  et  de 
G',  {)ar  /•  et  p  les  rayons  de  courbure  correspondants,  les  coordonnées 
^,,  . . .,  Ej;  -/j, ,  . . .,  -/is  des  deux  sphères  focales  seront 

l,=  2^.Z,,         Sj—  2[xZo,  Ej-^ap-Zj, 

E,r_,f.(Z;-i-Z=+Z^-p^-Hi),         E,  =  f.(Z;+Z^4-Z^-p=--i), 


r,,  =  2XY,,         -n.,^  2).Yo, 

y,,  :^  À( Y; -4- y;;  +  y;;  -  A"  + 1\ 


2>.Y 


_^l(Y^.^Y;  +  Y;-r-^-i), 


1  et  [j.  étant  des  facteurs  de  proportionnalité  auxquels  il    convient   de 
donner  les  valeurs  suivantes: 


).= 


6(/--p)' 


a(p— /•)' 


a^ du-  +  b-  dv-  étant  \e ds-  de  la  représentation  sphérique  de  la  surface  M; 
avec  ce  choix  de  valeurs  pour  \  et  \i.,  on  aiu-a  les  équations 


('^ 


d'il 

I    dix 

è  =  -^" 

I  di 

m    =Z   -  -r- 

^  du 

Si  l'on  tait 


C  9^«5  ) 


on  voit  qne  E,,  l.,,  . . .,  ;„  ;  r,,.  r..,,  . ..,  •/)„  représentent  les  paramètres  di- 
recteurs des  deux  tangentes  d'un  réseau  à  ds'-  nul  dans  l'espace  à  six 
dimensions;  ce  qui  est  bien  conforme  à  ce  résultat  que  les  cercles  I  cor- 
respondent aux  réseaux  de  l'espace  à  cinq  dimensions  applicables  sur  un 
réseau  à  une  seule  dimension.  Je  montrerai  plus  tard  comment  de  ces 
formules  on  peut  déduire  une  démonstration  très  simple  du  théorème  de 
Weinffarten  sur  la  déformation  des  surfaces. 

))  Les  centres  des  sphères  2I  décrivent  des  réseaux  O  ou  2O.  Dans  le 
premier  cas,  leur  rayon  est  constant.  Les  sphères  2T  sont  celles  pour 
lesquelles  les  lignes  de  courbure  se  correspondent  sur  les  deux  nappes 
de  l'enveloppe. 

»  Les  plans  des  courbes  2I  enveloppent  des  réseaux  O  ou  2O;  dans  le 
premier  cas,  le  rayon  du  cercle  est  constant;  le  centre  du  cercle  est  le 
point  où  le  plan  touche  son  enveloppe.  Dans  tous  les  cas,  les  pôles  d'un 
cercle  2I  décrivent  des  réseaux  O. 

»  Les  centres  des  sphères  O  décrivent  un  réseau  C.  Voici  comment  on 
les  construit  :  Soient  M  et  M'  deux  points  qui  décrivent  des  réseaux  appli- 
cables :  on  sait  (théorème  de  M.  Bellrami)  que  si  une  s])hère  S  de  centre  M 
décrit  une  congruence,  la  sphère  S'  de  centre  M'  et  qui  a  même  rayon  que 
S',  décrit  aussi  une  congruence.  Si  la  sphère  S'  passe  par  un  point  fixe,  la 
sphère  S  décrit  une  congruence  O  et  l'on  obtient  ainsi  toutes  les  con- 
gruences  O.  Si  la  sphère  S'  coupe  ortliogonalement  une  sphère  fixe,  la 
sphère  S  décrit  une  congruence  2O;  enfin,  si  la  sphère  S  est  quelconque, 
la  congruence  S  est  30.  On  obtient  ainsi  des  congruences  2O  ou  30  qui 
sont  particulières. 

»  Appelons  cercles  correspondants  les  cercles  situés  dans  les  plans 
tangents  en  M  et  M'  qui  viennent  coïncider  quand  on  fait  rouler  M'  sur  M; 
les  cercles  O  de  M  correspondent  aux  cercles  de  M'  qui  sont  situés  sur 
une  sphère-point  fixe;  les  cercles  2O  de  M  correspondent  aux  cercles 
de  M'  qui  sont  situés  sur  une  sphère  fixe. 

»  Les  cercles  O  sont  les  cercles,  trouvés  par  Ribaucour,  qui  sont  nor- 
maux à  une  famille  de  surfaces. 

»  Il  y  a  une  remarque  importante  à  faire  :  L'inversion  ne  change  pas  la 
nature  d'une  congruence  de  cercles  ou  d'une  congruence  de  sphères,  c'est-à-dire 
qu'une  sphère /jI  se  transforme  par  l'inversion  en  une  congruence pL 

c.  R.,  iSqg,  -i'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  23  j  1 '-if> 


(  9^^  ^ 
»   Voici  maintenant   un  Tableau  qui  donne  les  systèmes  de  cercles  qui 
sont  h.irmoniqiies  ou  conjugués  aux  divers  systèmes  df  sphères  : 

Cercles  harmoniques. 

\   I  cercle I 

/  les  autres  ...  al 

P I 

<  oc' al 

(  les  autres.  . .  31 

i  00' ai 

)  00' 31 

(  les  autres  ...  [\\ 

cercles C 


(    I  cercle C 

/  les  autres  ...    aC 


Spliéi-rs. 

Cercles  conjugués. 

1 

0 

aT 

i 
f 

I  cercle.. . 
les  autres  . 

..         O 
..      aO 

1 

a  cercles. . 

..         0 

31 

1 

00' 

..      aO 

les  autres  . 

..      30 

j 

oo' 

I 

0 

oo^ 

.  .       ol 

1 

les  autres  . 

..      31 

i 

00^ 

al 

aO 

oo' 

..     31 

\ 

les  autres  . 

..     41 

C 

) 


o 

1" ^o 

(  les  autres  ...  30 

oo' aO 

•iC. \  0)5 30 

les  autres  ...  40 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  théorie  des  ensembles.  Noie  de 
M.  R.  Baire,  présentée  par  M.  Picard. 

«  I.  Dans  ma  Thèse  de  doctorat  (yl««a/<  rf/iWa/e/?2a//crt,  1899),  j'ai  traité 
un  certain  nombre  de  questions  relatives  aux  lonctions  discontinues  de 
variables  réelles,  et  j'ai  montré  que  leur  solution  est,  en  général,  intime- 
ment liée  à  celles  de  certaines  questions  relatives  à  la  théorie  des  ensembles 
de  points;  c'est  ce  qui  a  lieu,  en  particulier,  pour  la  recherche  des  fonc- 
tions discontinues  développables  en  séries  de  polynômes.  En  poursuivant 
les  recherches  indiquées  au  Chapitre  III  de  ce  travail,  c'est-à-dire  en 
essayant  d'obtenir  toutes  les  fonctions  discontinues  développables  en 
séries  doubles,  triples,  etc.,  de  polynômes,  j'ai  été  conduit  à  reconnaître 
que  la  théorie  des  ensembles  de  points,  telle  qu'elle  est  envisagée  dans  les 
Mémoires  de  MM.  Caritor  et  Bendixson  {Acta  mathematica,  t.  II)  et  dans 
ma  Jbèse,  devient  insuffisante  poui'  étudier  ces  nouvelles  questions.  Il  y  a 


(  9^47  ) 
lieu  de  la  remplacer  par  une  théorie  plus  générale,  construite  sur  ries  bases 
nouvelles,  et  qui  comprendra,  comme  cas  particulier,  la  théorie  des 
ensembles  de  points  dans  un  continu  à  n  dimensions.  Cette  dernière 
théorie  est  dominée  par  la  nolion  de  point  limile;  c'est  celte  notion  cju'il 
s'agit  de  transformer,  de  manière  à  la  dégager,  non  seulement  de  l'intui- 
tion du  continu,  mais  encore  de  la  notion  d'inégalité  ou  de  grandeur  rela- 
tive de  deux  nombres. 

»  J'appellerai  cette  nouvelle  théorie  :  théorie  des  ensembles  de  suites  d'en- 
tiers. Je  me  propose  d'en  indiquer  ici  les  principes  et  d'en  énoncer  quelques 
théorèmes,  en  mettant  surtout  en  évidence  ceux  qui  me  sont  utiles  pour  la 
théorie  des  fonctions.  Je  crois  d'ailleurs  que  cette  théorie  peut  présenter 
un  certain  intérêt  en  elle-même,  indépendamment  de  ses  applications. 

»  II.  On  appelle  groupe  d'entiers  d'ordre p  un  système  de/;  nombres  en- 
tiers positifs  rangés  dans  un  ordre  déterminé,  soit  (a,,  a„,  .  ..,  a^);  il  y  a 
des  groupes  d'ordres  i,  2,   3.   ...;   on  convient  de  dire  que  le  groupe 

d'ordre /7  (a,,  y.., a^)  est  contenu   dans  chacun   des   groupes   (z,), 

(a,,  a^),  .  .  .,  (a,,  a^.  . . .,  «p.,).  On  apjielle  suite  d'entiers  une  suite  infinie 
d'entiers  positifs  rangés  dans  un  ordre  déterminé,  soit 

(a,,  a,,   ....  cLp,  .  . .); 

on  convient  de  dire  que  cette  suite  est  contenue  dans  chacun  des 
groupes  («,),  (a,,  ao) (a.,,  a^,  ...,  a^),  .... 

»  Si  P  est  un  ensemble  de  suites  d'entiers,  on  dit  qu'une  suite  A,  faisant 
ou  non  partie  de  P,  est  limite  pour  P,  si,  quel  que  soit  n,  il  y  a  dans  P  des 
suites  antres  que  A  contenues  dans  le  même  groupe  d'ordre /i  que  A  (c'est- 
à-dire  ayant  en  commun  avec  A  les  n  premiers  nombres).  Un  ensemble  P 
de  suites  est  à\ifermé,  s'il  contient  toutes  ses  suites  limites.  Un  ensemble  P 
fermé  de  suites  est  dit  parfait,  si  chacune  de  ses  suites  est  limite  pour  lui. 

»  Soit  E  un  ensemble  de  groupes  d'entiers;  on  dit  que  E  est  complet  si, 
dès  qu'un  groupe  g- d'ordre/;  fait  partie  de  E,  les  groupes  d'ordres  1,2,..., 
p  —  i,  qui  contieimenl g  font  aussi  partie  de  E.  Un  ensemble cojnplet  E  de 
groupes  est  dit  fermé,  si  tout  groupe  g'  de  E  contient  au  moins  un  groupe 
d'ordre  supérieur  au  sien  contenu  aussi  dans  E. 

»  Étant  donné  un  ensemble  complet  E  de  groupes,  il  peut  exister  une 
suite  A,  telle  que  tous  les  groupes  contenant  A  se  trouvent  dansE;  l'en- 
semble F  des  suites,  telles  que  A  est  dit  déterminé  par  l'ensemble  de 
groupes  E;  l'ensemble  F,  s'il  existe,  e.>t  fermé.  Tout  ensemble  fermé  de 
groii]>cs  E  détermine  un  ensemble  fermé  de  suites   F;   réciproquement, 


(  94«  ) 
étant  donné  un  ensemble  fermé  de  suites  F,  il  existe  un  et  un  seul  en- 
semble fermé  de  groupes  E,  déterminant  F  ;  il  y  a  correspondance  parfaite 
entre  les  divers  ensembles  fermés  de  groupes  et  les  divers  ensembles 
fermés  de  suites.  Si  F  est  parfait,  on  dira  que  l'ensemble  de  groupes  cor- 
respondant E  est  parfait;  pour  qu'un  ensemble  de  groupes  E  soit  parfait, 
il  faut  et  il  suffit  que  tout  groupe  de  E  contienne  au  moins  deux  groupes 
d'un  même  ordre  supérieur  au  sien  et  contenus  aussi  dans  E. 

»  Soit  P  un  ensemble  de  suites;  l'ensemble  P'  des  suites  limites  de  P  est 
dit  l'ensemble  dérivé  de  P;  P'  est  fermé.  On  définit  de  même  P"  dérivé 
de  P',  . . .,  P'"'  dérivé  de  P<"-'),  . .  .,  puis  P",  ensemble  des  suites  contenues 
dans  P",  quel  que  soit  /?,...  et  d'une  manière  générale  P",  a.  étant  un 
nombre  de  la  première  ou  de  la  deuxième  classe. 

»  Si  P  est  un  ensemble  fermé  quelconque,  il  existe  toujours  un  nombre  x 
tel  que  P"  =  P""^*  :=...;  ou  bienP  est  dénombrable,  on  bien  il  se  compose 
d'un  ensemble  dénombrable  et  d'un  ensemble  parfait. 

»  Considérons  un  ensemble  parfait  de  groupes  E,  déterminant  un  en- 
semble parfait  de  suites  F.  On  dit  que  l'ensemble  de  suites  P,  contenu 
dans  F,  est  non  dense  dans  F  (ou  dans  E)  si  tout  groupe  de  E  contient  au 
moins  un  groupe  de  E  ne  contenant  aucune  suite  de  P.  On  dit  que  P,  con- 
tenu dans  F,  est  de  première  catégorie  par  rapport  à  F  s'il  existe  une  infi- 
nité dénombrable  d'ensembles  P,,  Po,  ...,  P„,  ...,  dont  chacun  est  non 
dense  dans  F,  et  tels  que  toute  suite  de  P  fait  partie  de  l'un  au  moins  des 
ensembles  P,,  P^,  ...,  P„,  ....  Un  ensemble  qui  n'est  pas  de  première 
catégorie  est  dit  de  seconde  catégorie. 

M  Un  ensemble  parfait  de  suites  F  est  de  seconde  catégorie  par  rapport 
à  lui-même. 

»  Si  un  ensemble  Q  contenu  dans  l'ensemble  de  suites  F,  déterminé  par 
l'ensemble  de  groupes  E,  est  de  seconde  catégorie,  il  existe  un  groupe  g 
de  E  tel  que,  dans  tout  groupe  de  E  contenu  dans  g,  la  portion  de  Q  qui  y 

est  contenue  est  de  seconde  catéeorie. 

o 

»  Si  P  est  de  première  catégorie,  si  Q  est  de  seconde  catégorie,  F  —  P 
et  Q  ont  des  suites  communes,  qui  constituent  un  ensemble  de  seconde 
catégorie. 

))  111.  Nous  considérerons  des  éléments  constitués  par  une  même  lettre  r 
affectée  d'une  infinité  d'indices,  ces  indices  étant  des  entiers  positifs 
rangés  dans  un  ordre  déterminé  :  la  forme  générale  de  ces  éléments  sera 

^a„a= a,, .   •  Nous  Conviendrons  de  dire  qu'un  tel  élément  est  contenu 

ilans  le  groupe  (a,,  7.^,  .  . .,  a^). 


(  949  ) 
1)   Je  me  propose  d'indiquer,  dans  une  prochaine  Note,  quelques  appli- 
cations de  la  théorie  précédente  à  la  théorie  des  fonctions.    » 


ANALYSE  MATHEMATIQUE.  —  Sur  les  équations  différentielles  du  second  ordre 
à  points  critiques  fixes.  Note  de  M.  Paul  Painlevé,  présentée  par 
M.  Appell. 

«   Considérons  une  équation 

où  R  est  rationnel  en  -^)  algébrique  en  Y,  analytique  en  X.  J'ai  formé 

explicitement  toutes  les  équations  (I)  à  points  critiques  fixes  (^Comptes 
rendus,  i8g8).  Le  problème  inverse  se  pose  ni\lore\lement  :  L'équation  (!) 
étant  donnée,  reconnaître  si  ses  points  critiques  sont  fixes.  J'ai  résolu  complè- 
tement ce  problème  dans  le  cas  où  R  est  rationnel  en  Y  (^Comptes  rendus, 
i3  novembre  1899)  :  on  sait  alors  reconnaître  algébriquement  ('  )  si  l'équa- 
tion (I)  a  ses  points  critiques  Hxes  et  (quand  il  en  est  ainsi)  la  ramener 
par  une  transformation  algébrique  à  un  des  vingt-trois  types  (intégrables 
ou  irréductibles)  que  j'ai  énumérés. 

»   Étudions  maintenant  le  même  problème  en  supposant  R  non  plus 
rationnel,  mais  algébrique  en  Y.  Tout  d'abord  R  doit  être  de  la  forme 

A(Y,  X)Y'=  -^  B(Y,  X) Y'  +  C(Y,  X), 

et  les  fonctions  algébriques  A,  B,  C  de  Y  (où  X  est  regardé  comme  un 
paramètre)  doivent  s'exprimer  rationnellement  à  l'aide  soit  d'un  para- 
métre y,  soit  de  j  et  de  v'j'(j'  —  1)  [j'  ~  ^(^)]  (')'  la  fonction  j(X)  ayant 
des  points  critiques  fixes  en  même  temps  que  Y(X).  Dans  le  premier  cas, 
si  l'on  substitue  à  Y  la  fonction  y,  on  est  ramené  aux  équations  (I)  où  R 
est  rationnel  en  y.  Dans  le  second  cas,  posons  x  =  a(X)  sia(X)  n'est  pas 


(')  Par  conditions  (ou  opérations)  algébriques,  j'entends  des  conditions  (ou  des 
opérations)  algébriques  entre  les  coefficients  «(X),  etc.  de  (I).  De  même,  par  trans- 
formation algébrique,  j'entends  une  transformation  y=:ip(Y,  X),  a;=:4'(X)  où  tp  est 
algébrique  en  Y  et  où  les  fonctions  o,  «i  de  X  s'expriment  algébriquement  à  l'aide 
des  a(X)  et  de  leurs  dérivées. 

(-)  Ce  qu'on  sait  reconnaître  algébriquement. 


(  95o  ) 
une  constante,  et  a;  =  X  si  a  est  constant;  la  nouvelle  équation  en  y{x) 
tioit  coïncider  avec  une  des  deux  suivantes  : 

(-^)  r  .  ir.  .    .  rfrl 

I     P:^;j'(j  — i)(7  — a),     a  =  const.  numérique,      p  =  o    ou     — >      2  w  période  de -7=  . 

»  Nous  arrivons  donc  à  ce  théorème  :  Etant  donnée  une  équation  (I), 
on  sait,  à  l'aide  d'un  nombre  fini  d'opérations  algébriques  extrêmement 
simples,  reconnaître  si  elle  a  ses  points  critiques  fixes  et,  quand  d  en  est  ainsi, 
la  ramènera  un  des  types  (i),  (2),  (25).  Il  va  toutefois  un  cas  d'ex- 
ception, le  cas  où  l'équation  (I)  se  trouve  ramenée  au  type  (24)  avec  ?>  =^0; 

la    condition    supplémentaire    ^ -=  '^  est   transcendante.    Ce    type    (24) 


(oùp  =  —  )  est  le  seul  dont  l'intégrale  possède  des  singularités  essen- 
tielles mobiles  ;  ces  singularités  sont  des  points  essentiels  isolés. 

n  Quant  aux  25  types  énumérés,  d'après  le  Tableau  que  j'en  ai  donné, 
ils  sont  tous  réductibles  aux  équations  linéaires  et  aux  quadratures,  sauf 
les  six  types  (aS),  (aS),  (22),  (21),  (20)  et  (19),  qui  se  ramènent  à  quatre 
types  irréductibles,  a  savoir  le  type  bien  connu  (25)  et  les  trois  types  : 

y"  =  67-  -\-  X,        y"  ^  2j'  -t-  xy  -h  a,         y"  ^  y"'  -  ^  ^  '•^'  "^  ^7"  "^  ¥    ' 

»  L'intégrale  des  deux  premiers  est  une  fonction  y{x)  méromorphe 
dans  tout  le  plan,  et  il  en  est  de  même  pour  le  troisième,  si  l'on  prend 
comme  nouvelle  variable  indépendante  ^  =  logic.  Les  transcendantes  uni- 
formes ainsi  engendrées  sont  irréductibles  aux  transcendantes  classiques 
et  se  calculent  à  l'aide  (\q  fonctions  entières  qui  vérifient  (pour  chacun  des 
trois  types)  une  équation  très  simple  du  3*=  ordre,  que  j'ai  déjà  indiquée. 

>i   Les  résultats  précédents  résolvent  plusieurs  problèmes  importants. 

»  Problème  L  —  Former  toutes  tes  équations  ([),  —  où  R  est  rationnel 
en  Y',  algébrique  en  Y  et  en  X,  —  dont  tes  points  critiques  sont  fixes.  Il  suffit, 
dans  les  équations  (i),  (2),  ...,  (25)  [le  type  (20)  étant  écarté],  d'assu- 
jettir les  fonctions  arbitraires  a{x),  ...,  qui  y  figurent,  à  être  algé- 
briques, puis  d'effectuer  sur  ces  équations  la  transformation  Y  =  cp(j,  x), 
X  =  K^)'  ^^  P'"^  générale,  où  tp  et  ^  sont  algébriques  en  x  et  rationnels 


(  95i  ) 

soit  en  j,  soii  [pour  les  types  (24)  et  (2^)]  en  y  et  \y{y  —  i)''.v  —  ,^). 
,!:,'■  désignnnt  x  pour  ('-It)  et  la  constante  a  pour  (24)- 

»  Problème  II.  —  Former  toutes  les  équations  Y"=  R(Y',  Y),  —  où  R  est 
rationnel  en  Y',  algébrique  en  Y,  indépendant  de  X,  —  </ort^  les  points  cri- 
tiques sont  fixes. 

»  Il  suffit  d'écarter  du  Tableau  des  types  (i),  (2),  ...,  (25)  les  7  types 
(25),  (23),  (22),  (21),  (20),  (rg)  et  (10),  et  de  remplacer,  dans  les  types 
restants,  les  fonctions  arbitraires  a{x).  ...,  par  des  constantes;  puis  d'ef- 
fectuer  sur  ces  équations  la  transformation  Y  =  cp(^)  la  plus  générale 

où  <p  est  rationnel  en  v,  ou  [pour  le  type  (24)]  eny  et  \jy{y  —  i)  (t  ~  ^-J- 
»   D'après  le  Tableau  même,   ces  équations  se  ramènent  toutes  sans 
intégration  à  une  équation  de  Riccali,  où  une  équation 

•^  =  a(x)dx, 

équations  dont  les  coefficients  sont  des  fonctions  rationnelles  àe  x  +  x^, 
ou  de  e5t-^+-^«'  ou  de  -^{x  4-  x„,  g.,,  g.^),  Y'(;r  +  x„,  g^,  g^).  J'ai  déjà  établi  ce 
dernier  théorème  {Comptes  rendus,  juillet  1894),  mais  par  une  méthode 
bien  plus  longue  et  compliquée. 

»  Je  voudrais  comparer  enfin  les  résultats  précédents  avec  quelques 
théorèmes  généraux  que  j'ai  établis  sur  les  équations  du  second  ordre  à 
points  critiques  fixes 

(II;  ¥(y",y',y,x)=o, 

F  désignant  un  polynôme  en  y",  y,  y,  analytique  en  x.  Pour  de  telles  équa- 
tions, deux  cas  généraux  sont  à  distinguer  suivant  que  l'on  peut  ou  non 
choisir  les  constantes  d'intégration  de  façon  qu'une  au  moins  de  ces 
constantes  figure  algébriquement  dans  y{x).  Dans  le  premier  cas,  j'ai 
montré  que  l'équation  se  ramène  aux  équations  linéaires  et  aux  quadra- 
tures; le  second  cas,  le  cas  où  y  (x)  est  une  fonction  essentiellement 
transcendante  des  deux  constantes,  peut  seul  conduire  à  des  transcendantes 
uniformes  nouvelles.  Le  Tableau  (i )  ...  (aS)  fournit  une  vérification  dé- 
taillée de  ces  théorèmes. 

>)  Dans  mes  Leçons  de  Stockholm,  j'ai  de  plus  indiqué  comme  vraisem- 
blables ces  deux  théorèmes  ; 

))  1"  Si  l'intégrale  de  (II)  a  ses  points  critiques  fixes  mais  présente  des 
singularités  essentielles  mobiles,  ces  singularités  sont  des  points  essentiels 
isolés  et  i'é.juation  n'est  pas  irrédiielible. 


(    9^2    ) 

»  2°  Si  l'intégrale  fie  (II)  a  ses  points  critiques  fixes  et  est  une  fonction 
essentiellement  transcendante  des  deux  constantes,  la  surface  algébrique 
F  =  o  (oîi  X  est  un  paramètre)  correspond  à  un  cylindre  f'-  =  f/(//— i)(m— a) 
de  l'espace  (h,  v,  «'). 

»  Ces  deux  théorèmes  se  trouvent  démontrés  rigoureusement  pour  les 
équations  (II)  du  premier  degré  en  y".    « 

ANALYSE  MATHEMATIQUE.  —  Gcnéralisaliu/i  d' une  forinuli-  ilc  Gauss. 
Note  de  M.  E.  Iîcsche,  présentée  par  M.  Hermitc. 

((   La  formule  très  connue  de  Gauss 

P-'  1^ 

.r  =  1  .1=1 

oi'i  y  (oc)  désigne  l'entier  contenu  dans  x,  est  le  premier  membre  d'une 

longue  série  de  théorèmes  plus  généraux  dus  à  Eisenstein,  Dirichht,  Stern, 
Syh'esler  et  à  beaucoup  d'autres  auteurs.  C'est  pourquoi  j'espère  que  la 
formule  (2)  indiquée  ci-dessous,  qui  me  semble  être  la  source  de  tous  ces 
théorèmes,  pourra  intéresser  les  Géomètres. 
»   Soient 

«v„  <  «v„+.  <  ■  ■  •  <  «.„  :  K  <  K^>  <■■  ■<  f',„.  ;  «^v.  ■'  '  Cv..+i  <  •  •  •  <  c„^ 

des  nombres  réels  représentés  par  des  points  d'une  droite.  Par  a_,.(h  )  je 
désigne  l'indice  y  du  nombre  b^  qui  satisfait  à  la  condition 

par  b^i'a)'  l'indice  x  du  nombre 

))  Les  symboles  a^^c),  b^(c)' ,  c.{a)',  c^(by  ont  la  signification  corres- 
pondante. Une  différence  entre  les  symboles  accentués  et  non  accentués 
existe  seulement  au  cas  que  deux  ou  trois  des  nombres  a,  b,  c  coïncident  : 
un  nombre  c  est  regardé  comme  situé  devant  un  nombre  b  ou  a  coïncidant 
avec  c,  et  un  nombre  b  comme  situé  devant  un  nombre  a  coïncitlant 
avec  b.  Tous  les  nombres  a,  b,  c  sont  contenus  dans  l'intervalle  de  a 
à  p>a  (ocexcl.,  p  incl."),  à  l'exception  de  a,,  ,,  b^^,  r,^   qui  sont  la. 


(^) 


(  95a  ) 

»  lui  taisanl  usage  de  ces  notations,  ou  a  léquation  suivaiilf-,  où 
J(j7,  v,  =)  est  une  fonction  arbitraire  des  variables  réelles  x,  y,  z  ; 

/  "a 

2]   ;j[*-.  «..:(*).  «x(c)|  —S\x-i,a^(b),a^{c)][, 

.1  =  Va -1-1 

-i-    2    !  J[t-.-(«)'.c.(/-')',=J  -  J[c,(ay,c,(6)',  ::- 1]!, 

:=Vc  +  l 

»  En  effet,  si,  pour  v„<;  ay^w^,  on  a  Uj^^b)  =  y,  a^Çc)  =  ^,  un  terme  de 
la  première  somme  sera  ^(x,  y,  z).  Le  nombre  a^  n'étant  pas  le  plus  grand 
de  tous  les  nombres  a,  b,  c,  il  y  aura  un  nombre  voisin  à  droite  de  a^  qui 
pourra  être  ou  a^^_,  ou  b^_^,  ou  c-^,.  En  tous  cas,  il  y  a  évidemment  un  seul 
terme  —  ^Çx,  y,  z)  qui  se  trouve  dans  la  première  somme,  si  a^^,,  dans 
la  seconde,  si  b^^,,  dans  la  troisième,  si  c-^,  est  voisin  dea^;.  Ainsi,  à  chaque 
terme  ^(a;,  y,  s)  de  la  partie  à  gauche  de  l'équation  répond  un  seul  terme 
égal  et  de  signe  contraire,  à  l'exception  du  terme  #(««'  "«'  '^c).  apparte- 
nant ou  à  la  première,  ou  à  la  seconde,  ou  à  la  troisième  somme,  suivant 
que  le  nombre  a„^,  ou  6„,,  ou  c,,^  est  le  plus  grand  de  tous  les  nombres  a, 
b,  c.  Le  seul  terme  négatif  qui  reste  est  —  .l^(v^„  v^,  v^.). 

»  Il  est  clair  qu'on  peut  écrire  une  formule  tout  à  fait  analogue  à  (2) 
avec  deux  ou  ])Ius  de  trois  sommes,  en  faisant  usage  de  deux  ou  plus  de 
trois  systèmes  de  nombres  a,  b,  c,  d,  .. .  et  d'une  fonction  arbitraire 
j(.r,  y)  ou  J'(x,  y,  z,u,  .. .). 

»  L'équation  (i)  est  un  cas  particulier  de  (2).  Prenons,  pour  le  mon- 
trer, a.  =  o,  [5  =  ~pq,  a^  =  qx,  by  =  py,  où  p  el  q  sont  deux  nombres  pre- 
miers impairs.  On  a  maintenant 

où  l'accent  de  b^i^a)  peut  être  retranché,  parce  qu'aucun  nombre  a  ne 
peut  coïncider  avec  un  nombre  b.  En  posant  S{x,  y)  =  xy,  la  formule  (i) 
résulte  immédiatement. 

»  Pour  faire  une  application  plus  générale  de  (2),  désignons  par  a{x), 
b(x),  c(x)  des  fonctions  continues,  de  telle  sorte  que  leurs  valeurs  situées 

c.  1'..,   iSy.j,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N'  23.)  12^ 


(  954  ) 
enlre  les  limites  a.  et  p  croissent  toujours  lorsque  a;  augmente,  et  par  A  (a-), 
B(a;),  C(x)  les  fonctions  inverses  de  a(a?\  b(x),  c(x).  Si  l'on  pose 

on  a,  supposant  ax{b)  =  y, 

b{y)  =  a(x^<^b{y^^i), 

d'où 

j  =  B[a(a:)]<j+., 
ou 

a^{b)  =  c[Ba(a;)], 

en  écrivant  ha{x)  au  lieu  de  B[a(a-)].  De  même,  on  obtient 

b/ay  =  clkb{y)]' 

La  fonction  c(^x)'  désigne  l'entier  défini  par 

C{xy  <^x^C{x)'  -\-  1. 
■)   Comme  on  a 

v„=t[A(a)J.  «,=  t[A(p)] 

on  trouve  de  (2)  l'équation  suivante  : 


(3) 


2     [S\x,  £[Ba(j;)],  C[Ca(>)]j  —S\x-i,  C[ùa{x)],  c\_i:a{x)\\] 

Mail  +  i 

2     [S\cikb{y)],  y,  C{Cb(yy\\  -  s\c\Kb{y)]' ,  y  -  i,  c[b{y)\] 


-h    2     (^'l^IM^)]'.  C[Bc(^)]'.z|  -i|t[A(s)]',  c[Bc(:.)]',  :;-i!) 

='#!^[A(!Î)].  i:[B^?)],  4C(?)];  -  fy]C\k{y.)l  4B(.)].  C[C(x)]|. 

1)  On  pourrait  déduire  une  formule  sur  la  fonction  c(x'),  plus  générale 
que  (3)  de  l'équation  (2),  si  l'on  supposait  quelques-unes  des  fonctions 
a(x),  bÇx),  .  .  .  décroissantes,  lorsque  x  augmente,  mais  comme  cela  exi- 
gerait un  calcul  un  peu  long,  je  me  borne  à  renvoyer  le  lecteur  à  un  petit 
Mémoire  :  Ein  Beùrag  znr-  Diff'erenzenrechnung  und  zur  Zallien-theorie,  qui 
va  paraître  dans  \es  Mal/iematische  Arinalen.  J  y  démontre  une  formule  de 
Dirichlet  de  cette  espèce  (Œuvres  complèles,  t.  II,  p.  loi),  à  l'aide  d'un  cas 
spécial  de  la  formule  (2).    « 


(    9^^      ': 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.—  Sur  la  transformation  des  fonctions  ahélicnncs. 
Note  de  M.  G.  Humbert,  présentée  par  M.  C.  Jordan. 

«    Soit  un  système  de  fonctions  abélienncsà  deux  variables,  de  périodes 

I      o      i;      h 
o      I      h     g" 
supposons  que  l'on  ait 

(0  g'  =  '^g-' 

à  cette  relation  singulière  entre  les  périodes  répond,  entre  les  modules  des 
fonctions  abéliennes,  une  relation  qui  est  algébrique,  et  qu'on  peut  ob- 
tenir de  la  manière  suivante  : 

»  Considérons  une  conique,  et  faisons  correspondre  à  chacune  de  ses 
tangentes,  d'une  manière  univoque,  un  argument  x;  soient  a;,,  ..  .,  a;,.,  les 
:irgumentsde  six  tangentes.  Le  radical 


\/(  X  —  X,)  (x  ~  X,)  .  .  .(x  —  Xg) 


conduira  à  des  fonctions  abéliennes  dont  les  périodes  vérifient  la  rela- 
tion (i)  si  les  six  tangentes  peuvent  se  répartir  en  trois  couples,  A  et  A', 
B  et  B',  C  et  C,  de  telle  sorte  qu'il  existe  un  et  un  seul  système  simplemenl 
infini  de  cubiques  planes  passant  par  les  sommets  des  trois  couples  et  tou- 
chant en  outre  les  six  droites. 

»  Cette  condition  est  équivalente  à  la  suivante,  moins  symétrique,  mais 
plus  avantageuse  pour  le  calcul  :  il  existe  une  cubique  et  une  seule,  pas- 
sant par  les  sommets  des  trois  couples,  avant  un  point  double  au  point 
d'intersection  de  A  et  de  B,  et  touchant  en  outre  les  droites  A',  B',  C  et  C. 
Sous  cette  forme,  on  arrive  à  obtenir,  sans  trop  de  peine,  la  relation  mo- 
dulaire entre  x^,x„,  .  . . ,  x^.  Afin  de  simplifier,  on  peut  supposer,  comme 
on  en  a  le  droit, 


a?,  —ao,  X.,^    o,  073  =  T,  x^~k'-,  X5=/-, 

et  si  l'on  fait  pour  abréger 


X.  =z  nr 


k 


^  m' 


„    \—  k'- 


-  k'- 
l'équation  modulaire  entre  X",  /,  m,  qui  correspond  à  la  relation  (i)  eiilre 


{ (P<i  ) 

les  périodes,  est 

{ni'  -  klk'l')  {l'k  —  Ik')  -  [^mklk'l 

=  m(l'k  +  Ik'y-(kk'-U')  ,  \ = 


(2) 


M  L'intérêt  du  cas  particulier  (i)  considéré  est  qu'il  fournit  l'exemple  le 
plus  simple  possible  de  ces  transformations  singulières  du  premier  ordre  dont 
j'ai  déjà  eu  Toccasion  de  parler,  et  qui  conduisent  d'un  système  de  fonc- 
tions abéliennes  à  des  fonctions  abéliennes  de  modules  différents.  Sous 
une  autre  forme,  une  surface  hyperelliptique  répondant  à  des  modules 
k-,  l^,  m^,  qui  vérifient  (2),  correspond  point  par  point  à  une  surface  de 
modules  k'^,  /^,  m^,  sans  que  les  systèmes  de  modules  k'-,  P,  m-  et  k'^,  t\,  m\ 
puissent  se  ramener  l'un  à  l'autre  par  une  transformation  du  premier  ordre 
ordinaire  d'Hermite. 

»  Il  s'agirait  maintenant  d'exprimer  leg  modules  k'^,  l\,  m\,  conjugués  des 
modules  k-,  P,  m-,  en  fonction  de  ces  derniers  :  je  n'ai  pas  réussi,  à  cause 
de  la  longueur  des  calculs,  à  obtenir  explicitement  ces  expressions  qui 
paraissent,  a  priori,  devoir  être  fort  comjiliquées;  mais  la  Géométrie  en 
donne  une  représentation  assez  élégante. 

»  Supposons  vériliée  l'équation  (2),  et  formons,  avec  les  trois  couples  de 
droites  considérées  plus  haut,  un  hexagone  (de  Brianchon)en  prenant  ces 
droites  dans  l'ordre  ABCA'B'C,  de  manière  que  deux  droites  d'un  même 
couple,  telles  que  A  et  A',  soient  des  côtés  opposés  de  l'hexagone  :  il  existe 
une  courbe,  C^,  du  quatrième  ordre,  unicursale,  inscrite  et  circonscrite  à 
l'hexagone;  les  modules  k'-,  P,  m"  sont  les  rapports  anharnwniques  quatre  à 
quatre  des  six  côtés  de  l'hexagone  considérés  comme  tangents  à  une  conique; 
les  mochdes  conjugués,  k],  1%  m'^  sont  les  rapports  anharmoniques  quatre  à 
quatre  des  six  sommets  de  l'hexagone,  considérés  comme  situés  sur  la  courbe 
unicursale  C,.    » 


ÉLECTRICITÉ.    —    InJIaence  des  rayons   X   sur  la  résistance  électrique 
du  sélénium  (').  Note  de  M.  Perreau,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  L'intérêt  que  présente  la  connaissance  de  la  nature  des  rayons  X  m'a 
conduit  à  chercher  s'ils  exercent  sur  la  résistance  électrique  du  sélénium 

(')  Travail  fait  au  laboiatoiie  de  Physique  de  la  Faculté  des  Sciences  de  l'Université 
de  \ancv. 


(  9^7  ) 
l'influence  singulière  que  produit  la  lumière,  influence  signalée  en   1873 
par  W.  Smith  el  utilisée  par  Graham  B(41  dans  son  radioplione  en  1878. 

»   L'expérience  a  répondu  affirmativement. 

»  La  résistance  du  sélénium  a  été  faite  suivant  la  technique  indiquée  par  M.  Merca- 
dier  (rubans  de  laiton  de  o™",i  d'épaisseur  et  de  2"  de  long,  papier  parchemin  de 
G""", 4  d'épaisseur).  Elle  était  placée  dans  un  circuit  comprenant  un  élément  Daniell, 
un  commutateur,  une  boite  de  résistances  el  un  galvanomètre.  Elle  était  contenue 
dans  une  boîte  en  zinc  qu'on  pouvait  fermer  avec  une  plaque  mince  d'aluminium. 

).  Au  début,  dans  l'obscurité,  la  résistance  était  égale  à  40000  ohms;  à  la  lumière 
difiuseou  à  celle  d'un  bec  de  gaz  placé  à  1™,  5o,  elle  tombait  rapidement  à  33ooo  ohms, 
puis,  placée  de  nouveau  à  l'obscurité,  revenait  à  sa  première  valeur  au  bout  d'un  temps 
très  court, 

>>  Éclairée  par  des  ravons  X  venant  d'un  luhe  de  Crookes  (tube  Chabaud),  dont 
l'anticalhode  était  à  une  distance  d'environ  o"',o5,  elle  diminuait  rapidement  jusqu'à 
34000  ohms,  éprouvait  de  part  et  d'autre  de  celle  valeur  de  faibles  variations  tenant 
sans  doute  à  celles  de  l'intensité  des  rayons  fournis  par  le  tube. 

»  Les  rayons  X  supprimés,  la  résistance  revenait  à  sa  première  valeur  plus  lente- 
ment qu'après  l'action  de  la  lumière  ordinaire. 

»  Celte  action  diminue  quand  on  éloigne  le  tube  de  Crcjokes;  elle  était  encore 
sensible  à  une  distance  de  o™,i7.  Elle  varie  avec  la  nature  des  corps  interposés  comme 
le  fait  prévoir  leur  transparence  pour  les  rayons  X.  Aucun  effet  n'était  sensible  en 
interposant  une  lame  de  plomb  de  i'"™  d'épaisseur.  Cette  résistance  de  4oooo  ohms 
au  début  a  augmenté  graduellement  pour  devenir  égale  à  55ooo  ohms  dans  l'obscurité 
au  bout  de  six  jours,  mais  présente  toujours  la  même  diminution  sous  l'iulluence  des 
rayons  X. 

)■  J'ai  l'ait  agir  aussi  sur  cette  résistance  des  oscillations  électriques  a  la 
fois  pourvoir  s'il  ne  fallait  pas  se  méfier  d'un  effet  Branly  et  si  les  vibra- 
tions hertziennes  produisaient  inie  modification  de  la  rési-tance  du  sélé- 
nium. Le  résultat  a  été  négatif,  bien  qu'un  résonateur  non  à  l'unisson  du 
vibrateiu-  donnât  des  étincelles  au  delà  de  la  résistance  du  sélénium. 

»  Je  me  propose  de  construire  tles  formes  de  résistances  plus  sensibles 
et  aussi  d'étudier  cette  même  action  des  rayons  X  sur  d'autres  corps.    » 


PHYSIQUE.    —   Sur  la  constatation  de  la  fluorescence  de  l'aluminium  et  du 

magnésium  dans  l'eau  et  dans  l'alcool  sous  l'action  des  courants  de  la 

o 

bobine  d'induction.  Note  de  M.  Thomas  ïommasina,  présentée  par  M.  A. 
Cornu. 

«   Au  mois  de  juillet  dernier,  j'avais  entrevu  une  faible  fluorescence  dans 
l'extrémité  la  plus  large  d'un  tube  focus  rempli  d'eau  distillée  en  regardant 


(  958  ) 
dans  la  direction  du  disque  cathodique  qui  se  trouvait  à  l'autre  extrémité. 
J'ai  repris  l'étude  de  ce  phénomène  avec  un  tube  ovoïde,  de  ceux  créés  par 
Crookes  pour  observer  la  phosphorescence  de  différents  corps,  dans  l'air 
raréfié,  sous  l'action  des  rayons  cathotliquos. 

»  Dans  cette  ampoule  remplie  d'eau  distillée,  les  électrodes  en  aluminium  situées 
du  même  côté  et  formant  deux,  miroirs  concaves  ont  été  reliées  au  pôle  positif,  tandis 
qu'un  fil  de  platine  servait  de  cathode.  Ayant  fait  l'obscurité  dans  la  salle,  j'ai  vu  que 
les  deux  miroirs  étaient  devenus  fluorescents.  En  augmentant  l'intensité  du  courant, 
la  lueur  devint  assez  brillante  pour  illuminer  non  seulement  l'eau  et  le  verre  de  l'am- 
poule, mais  aussi  les  objets  proches.  Ayant  remplacé  le  fil  de  platine  par  un  fil  d'am- 
monium, je  l'ai  vu  devenir  lumineux,  en  même  temps  que  les  disques,  lesquels,  comme 
le  fil,  étaient  recouverts  d'un  grand  nombre  de  petites  bulles  gazeuses  avec  de  minus- 
cules étincelles;  mais  la  fluorescence  existait  aussi  dans  les  endroits  où  il  n'y  avait  ni 
étincelles  ni  bulles.  La  luminosité  ayant  un  caractère  pulsatoire  très  prononcé,  en  fai- 
sant les  interruptions  du  primaire  à  la  main,  j'ai  constaté  que  l'extra-courant  direct 
d'ouverture  rendait  lumineuse  l'anode  et  celui  de  fermeture  la  cathode;  c'est  donc  une 
fluorescence  anodique.  Bien  que  les  deux  électrodes  semblent  lumineuses  en  même 
temps,  l'action  est  alternative  en  réalité. 

»  En  approchant  dans  différentes  positions  un  écran  au  platinocyanure  de  baryum, 
je  n'ai  pas  aperçu  de  fluorescence.  J'ai  pu  au  contraire,  dans  l'obscurité  absolue,  pho- 
tographier l'ampoule,  dont  les  deux  miroirs  ont  donné  une  faible  image  en  quatre 
minutes  de  pose,  et  une  très  bonne  en  trente-deux  minutes;  dans  cette  dernière  on 
voit,  bien  que  très  légèrement  marqué,  le  contour  de  l'ampoule  et  un  des  fils  conduc- 
teurs externes. 

»  Pour  étudier  le  phénomène  en  variant  les  métaux  et  les  liquides,  j'ai 
adopté  un  récipient  cylindrique  en  verre,  dans  lequel  plongent  parallèle- 
ment deux  fils  ou  deux  lames  métalliques.  Seuls,  l'aluminium  et,  à  un 
degré  moindre,  le  magnésium  deviennent  lumineux.  Le  platine,  l'argent, 
le  cuivre,  le  laiton,  le  zinc,  l'étain  ne  semblent  rien  protluire.  Pour  les 
deux  premiers,  j'ai  constaté  aussi  que  la  fluorescence  augmente  et  devient 
plus  blanche  avec  l'intensité  du  courant  et  diminue  avec  l'augmentation  de 
la  surface  des  électrodes. 

»  Dans  un  voltamètre,  contenant  deux  lames  rectangulaires  de  platine  disposées  pa- 
rallèlement et  fixées  au  fond  par  des  conducteurs  les  reliant  chacune  à  un  serre-fils 
extérieur,  j'ai  placé  entre  les  lames  de  platine  une  lame  mince  en  aluminium.  Faisant 
anode  celle-ci  et  cathode  l'une  des  lames  de  platine,  l'aluminium  ne  devenait  lumineux 
que  sur  la  face  en  regard  de  la  lame  de  platine  en  circuit.  Lorsque  les  électrodes  de 
platine  étalent  toutes  les  deux  reliées  au  pôle  négatif,  l'anode  d'aluminium  devenait 
lumineuse  sur  ses  deux  faces.  En  laissant  comme  écran  la  lame  d'aluminium  hors  cir- 
cuit, l'une  des  lames  de  platine  étant  anode  et  l'autre  cathode,  j'ai  vu  la  lame  d'alu- 
minium devenir  encore  lumineuse  des  deux  côtés  si  elle  était  disposée  parallèlement, 


et  seulement  dans  les  parties  les  plus  proches  des  électrodes  de  platine  lorsqu'elle  était 
hors  de  l'espace  compris  entre  les  premières  et  disposée  normalement  aux  mêmes. 

»  Pour  éviter  les  réflexions  des  parois  en  verre,  j'ai  répété  les  expé- 
riences dans  une  grande  cuve  rectangulaire  en  ébonite  que  j'ai  divisée  en 
long  par  une  paroi  étanche  en  fer-blanc  épais. 

1)  Les  deux  compartiments  remplis  d'eau  ordinaire  ont  reçu  chacun  un  fil  d'alumi- 
nium, reliés  l'un  au  pôle  positif  et  l'autre  au  négatif  de  la  bobine.  Immédiatement  les 
parties  immergées  des  deux  fils  devinrent  lumineuses  avec  dégagement  de  bulles  ga- 
zeuses qui  montaient  à  la  surface,  mais  celles-ci  sans  aucune  lueur  visible.  Ayant  sub- 
stitué à  la  lame  métallique  une  autre  lame  en  verre,  j'ai  encore  observé  la  fluorescence 
des  deux  fils  immergés  un  de  chaque  côté  de  la  lame  de  verre  sans  la  toucher. 

»  Une  série  d'expériences  avec  l'aluminium  et  le  magnésium  m'ont  permis  de  con- 
stater que  la  lueur  se  manifeste  même  si  les  lames  ont  été  polies,  mais  qu'elle  se  produit 
plus  vite  lorsque  les  lames,  ayant  déjà  servi,  sont  couvertes  d'une  légère  couche  d'oxyde  ; 
dans  ce  cas,  la  lueur  est  plus  vive.  Ayant  enlevé  l'oxyde  sur  une  partie  d'une  lame,  j'ai 
observé  que  la  partie  polie  devenait  bien  moins  lumineuse  que  celle  recouverte 
d'oxvde.  On  pourrait  en  déduire  que  l'oxyde  joue  un  rôle,  et  même  que  c'est  lui  qui 
devient  fluorescent. 

»  Quant  aux  liquides  dans  lesquels  le  phénomène  se  manifeste,  les 
meilleurs  sont  l'eau  distillée  et  l'alcool  ;  viennent  ensuite  l'eau  ordinaire  et 
même  l'eau  contenant  quelques  gouttes  d'acide  sulfurique.  Dans  les  huiles 
diélectriques  telles  que  la  vaseline,  le  pétrole,  etc.,  je  n'ai  rien  pu  obtenir. 

))  Comme  explication  du  phénomène,  je  serais  disposé  à  admettre  qu'il 
est  produit  pendant  l'électrolyse  par  les  décharges  successives  dans  les 
deux  sens,  entre  le  métal  et  le  liquide  à  travers  la  mince  couche  très  dié- 
lectrique formée  par  l'oxyde.  Le  passage  du  flux  électrique  à  travers  l'oxyde 
serait  la  cause  directe  de  la  fluorescence.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Dissociation  par  l'eau  de  l' iodomercurate  d'ammo- 
niaque et  de  r iodomercurate  de  potasse.  >(ote  de  M.  Maurice  François, 
présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«  L'étude  de  l'acliou  de  l'eau  sur  l'iodomercurate  d'ammoniaque  et  sur 
l'iodomercurate  de  potasse  montre  que  la  décomposition  de  ces  sels  par 
une  quantité  d'eau  limitée  obéit  aux  lois  de  la  dissociation  des  sels  par  l'eau, 
lois  établies  par  M.  Ditte.  C'est  ce  résultat  que  je  voudrais  présenter  dans 
cette  Note. 


(  960  ) 

lODOMERCURATE  d'ammoniaql'e  :  HgP AzH*  1,  H^O. 

>)  Décomposition  complète.  —  C'est  celle  qui  se  produit  quand  on  verse  de  l'eau  en 
grande  quantité  sur  les  cristaux  de  HgPAzlPI,H^O  ;  soit,  par  exemple,  100'='^  d'eau  sur 
56''  de  ce  corps.  11  se  dépose  Hgl^  rouge  surmonté  par  une  liqueur  jaune,  solution  sa- 
turée de  HgP  dans  AzH*I  (')• 

»  Décomposition  limitée.  —  Elle  se  produit  quand  on  verse  une  quantité  très 
faible  d'eau  sur  l'iodomercurate  ;  soit,  pour  fixer  les  idées,  5"  d'eau  sur  aSs''  d'iodo- 
mercurate  (avec  20'^'^  d'eau  pour  25»''  de  sel,  la  décomposition  est  déjà  complète  pour 
la  température  de  20°).  11  se  produit  de  l'iodure  mercurique  qui  se  dépose  mêlé  de 
cristaux  inaltérés  d'iodomercurate  conservant  leur  couleur;  le  dépôt  est  surmonté 
d'un  liquide  jaune.  La  décomposition  est  donc  limitée;  il  se  produit  un  état  d'équi- 
libre et  la  composition  du  liquide  reste  constante  lorsqu'on  fait  varier  les  quantités 
d'eau  ajoutées,  aussi  longtemps  qu'il  reste  des  cristaux  d'iodomercurate  non  décom- 
posés. 

»  Dans  cette  décomposition  limitée,  il  est  à  remarquer  que  le  liquide, 
séparé  des  cristaux  d'iodomercurate  et  d'iodure  mercurique  qu'il  baignait, 
laisse  déposer  abondamment  des  cristaux  d'iodomercurate  par  le  moindre 
refroidissement  (refroidissement  d'un  demi-degré).  Ce  fait,  qui  force  à 
opérer  les  déterminations  à  une  température  absolument  constante,  semble 
avoir  une  certaine  valeur  pour  établir  que,  au  moment  de  l'équilibre,  le 
liquide  est  une  solution  saturée  de  HgT  AzH'I,  H-0  dans  l'iodure  d'ammo- 
nium provenant  de  la  dissociation. 

»  Dans  une  série  de  tubes  à  essai  bouchés,  placés  dans  un  étuve  bien  réglée  à  30", 
on  met  aSs"' d'iodomercurate  d'ammoniaque  crist.  Dans  chacun  des  tubes,  on  verse,  en 
une  seule  fois,  un  certain  volume  d'eau  préalablement  portée  à  20°.  Après  quarante- 
huit  heures  de  contact  et  agitation  fréquente,  on  prélève  directement  sur  le  liquide 
surnageant  limpide  1='=  de  liqueur  pour  j  doser,  par  électrolyse,  le  mercure  et  l'iode: 
1"  pour  y  doser  l'ammoniaque.  Ou  transforme  ensuite,  par  calcul,  le  mercure  en  io- 
dure  mercurique,  puis,  retranchant  l'iode  combiné  au  mercure  de  l'iode  total  dosé, 
on  a  l'iode  à  l'état  d'iodure  d'ammonium. 

n    Résultats  trouvés  : 

aSi-'  iodomercurate  HgPAzIl*  1,H20;         T"—  20°. 


Eau 

Hgr 

\zH'I 

• 

employée. 

dans  loo""^. 

dans  100". 

1 

ce 

5 

61 ,800 

00,409 

11 

7 

61 , 120 

3o,4o9 

m 

10 

61,199 

3o,825 

(')   Comptes  rendus,  l.  C\\\  111,  p.  i\jG. 


(  9^'   ) 

»  Si  l'on  admet  que,  clans  l'état  d'équilibre,  lout  le  mercure  dissous  est  à  l'état  de 
HgP  Az  FI'l,  H- O,  et  si  l'on  se  sert  des  cliiffres  précédents  pour  calculer  les  quan- 
tités de  HgPAzH'I,  H-0  et  de  AzH*l  libre  dans  la  liqueur,  on  a  : 

Hgr'AzH'I,H-0  AzH'Ilibrc 

dans  loo".  dans  loo". 

1 83,980  10,67/4 

II 83,062  10,869 

III 83,169  11,281 

11  Action  inverse.  —  Elle  a  été  pratiquée  en  mettant  en  contact  avec  un  excès  d'io- 
dure  mercurique  des  solutions  d'iodure  d'ammonium  contenant  de  SSs""  à  SoS''  d'iodure 
d'ammonium  par  loc^",  et  laissant  quarante-liuit  heures  à  20°  avec  agitations  fré- 
quentes. L'iodure  d'ammonium  forme  avec  l'iodure  mercurique  de  l'iodomercurate 
qui  se  dépose  en  cristaux.;  il  reste  un  excès  d'iodure  mercurique. 

»  L'état  d'équilibre  étant  atteint,  on  a  trouvé  : 

Hgl-dans  100".  AzH*I  dans  loo"'^ 

6i8S263  3oi%488 

et  en  faisant  le  calcul  ci-dessus  indiqué  : 

HgI-Azll'I,H  =  Odans  ino".  AzH'Ilibre  dans  100  = 

83e'',  256  io5'',9i9 

lODOMERCURATE    DE    POTASSE    :  HgPKI,  I,5H^0. 

»  L'étude  de  l'action  de  l'eau  sur  ce  corps  a  été  conduite  comme  celle  de  l'iodo- 
mercurate d'ammoniaque  et  donne  lieu  aux.  mêmes  remarques. 

»  Décomposition  complète.  —  Elle  se  produit  quand  on  verse  une  grande  quantité 
d'eau  sur  l'iodomercurate  de  potasse  :  soit  100™  d'eau  sur  5s''  de  ce  corps.  Il  se  dé- 
pose de  l'iodure  mercurique;  le  liquide  surnageant  est  une  solution  saturée  de  Hgl- 
dans  Kl. 

»  Décomposition  limitée.  —  258''  iodomercurate  Ilgl-RI,  i,5H^0;  T°=20''. 

Eau  ajoutée.      Hgl- dans  ioo=\        Kl  dans  lOO". 
ce  ^  er  gr 

1 2,5  116,11  62,722 

II 3,5  116,22  63,o36 

III 5  116,45  62,607 

»   Si  l'on  admet  que  tout  le  mercure  dissous  est  à  l'état  de  Hgl- Kl,  i,5H'0 
et  si  l'on  calcule  les  quantités  de  ce  sel  dissous  et  de  K.I  libre,  on  a  : 

HgrKt,i,5H'0 

dans  100".  Kl  libre  dans  100". 

„8^  ,  S"' 

I i65,45  20,285 

Il 1 65 ,  60  20 ,  56o 

m  165,94  20,094 

C.   R.,   1899,  3'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  23.)  '  ^^ 


(962  ) 

)i  Action  iiweise. —  On  la  pratique  en  meltanl  au  contact  d'un  excès  d'iodure 
mercurique,  à  la  température  de  20°,  des  solutions  d'iodure  de  potassium  pur  conte- 
nant 906''  à  looS''  d'iodure  de  potassium  par  100'-''.  On  trouve  après  équilibre  : 

Hgl- dans  100".  CI  dans  100". 

II 68'-,  45  62S'.8i4 

et  en  faisant  le  calcul  ci-dessus  indiqué  : 

Hgl-KI,  1,5  H-O  dans  100".  Kl  libre  dans  100". 

i65s%9J4  20S"",  25i 

»  Dans  le  but  de  contrôler  les  résultats  ci-dessus,  j'ai  déterminé  pour 
la  température  de  20°  la  solubilité  de  l'iodure  mercurique  dans  des  solu- 
tions d'iodure  d'ammonium  de  richesse  croissante;  puis,  la  solution  d'iodo- 
mercucate  HgPAzH^I,  H-0  dans  des  solutions  d'iodure  d'ammonium  de 
plus  en  plus  concentrées.  Ces  deux  séries  de  déterminations  ont  fourni 
deux  courbes  régulières  dont  le  point  commun  correspond  à  l'état  d'équi- 
libre étudié  plus  haut,  que  l'on  retrouve  deux  fois  par  ce  procédé.  Faisant 
alors  agir  sur  une  quantité  fixe  d'iodomercurate  IJgPAzH*!,  H-O  crist., 
des  quantités  d'eau  croissantes,  analysant  les  liquides  pour  avoir  la  teneur 
en  iodure  mercurique  et  en  iodure  d'ammonium,  j'ai  obtenu  une  courbe 
qui  concorde  bien  avec  la  première;  c'est-à-dire  avec  celle  qui  exprime  la 
solubilité  de  l'iodure  mercurique  dans  des  solutions  d'iodure  d'ammonium 
de  richesse  croissante. 

»  Le  même  travail  a  été  fait  pour  l'iodomercurate  de  potasse. 

»  Conclusions.  —  La  décomposition  de  l'iodomercurate  d'ammoniaque 
HgPAzH'  [,  H-Oparde  faibles  quantités  d'eau  est  limitée  et  réversible;  elle 
obéit  aux  lois  de  la  dissociation  des  sels  par  l'eau.  11  en  est  de  même  de 
la  décomposition  de  l'iodomercurate  dépotasse  HgPKL  i,5H-0.  Lorsque 
l'état  d'équilibre  est  atteint,  la  liqueur  contient  une  quantité  de  AzH^I  ou 
de  Kl  libre  constante  pour  une  température  donnée.  » 


THERMOCHIMIE.  — Sur  les  chaleurs  de  neutralisation  fractionnée  de  V acide 
carhonylferrocyanhydrique,  comparées  à  celles  de  V acide  ferrocyanhy drique . 
Note  de  M.  J.-A.  Muller. 

«   En  neutralisant  par  quarts  l'acide  ferrocyanhydrique  par  la  potasse, 
j'ai  obtenu,  pour  une  molécule-gramme  de  cet  acide,  en  solution  très 


(  963  ) 
étendue  et  vers  18", 6,  les  résultats  suivants  (')  : 


Col 


Première  fraction i4>  '5 

Deuxième       »        i3,86 

Troisième       »        i4'07 

Quatrième      »        i4)io 

Total,  pour  H»FeCAz"=  2iCrf 56, 18(2) 

»  D'autre  part,  les  neutralisations  par  tiers  de  l'acide  carbonvlferro- 
cyanhydriqiie  par  la  potasse  et  par  la  baryte,  dans  les  mêmes  conditions 
de  dilution,  m'ont  fourni  les  nombres  que  voici  : 

Neutralisation  Neutralisation 

par  la  potasse  par  la  baryte 

(vers  19°, 6).  (vers  17°, 4). 

Cal  Cal 

Première  fraction i^jOj  i4,o8 

Deuxième       »        13,87  i4)i4 

Troisième       »        18,96  i3,95 

Tolal.pour  H'FeC0CXI'=si7e'....  ',1,90  42,17 

»  Deux  autres  déterminations  m'ont  donné,  pour  la  chaleur  de  neutra- 
lisation totale  de  l'acide  carbonylferrocyanhydrique  par  la  potasse,  res- 
pectivement 42^"', 06  à  19", 5  et  ^i^^'.gS  à  19",!,  Enfin,  en  neutralisant 
totalement  le  même  acide  par  la  baryte,  j'ai  trouvé  ^2^'\^\2  à  i8°,'7.  On 
peut  donc  prendre,  en  moyenne,  pour  la  chaleur  de  neutralisation  de 
l'acide  carbonylferrocvanhvdrique  par  la  |)otasse,  en  solution  très  étendue 
et  vers  19",  4)  1^  nombre  41*""'.  9^  et  pour  sa  chaleur  de  neutralisation  par 
la  barvte,  vers  t8°,  42^"',  29. 

»  Les  déterminations  calorimétriques  qu'on  vient  de  relater  conduisent 
aux  conclusions  suivantes  : 

»  1°  L'acide  carbonylferrocyanlivdrique  est  un  acide  fort,  au  même  titre 
que  l'acide  ferrocyanhvdrique,  car  les  neutralisations  de  ces  acides  par  les 
bases  fortes  dégagent,  en  solutions  très  étendues  et  à  la  température  ordi- 
naire, environ  14^"'  par  atome-gramme  d'hydrogène  neutralisé; 

(')  Les  détails  de  mes  expériences  calorimétriques  devant  être  publiés  dans  les 
Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  je  n'en  donne  ici  que  le  résumé. 

(2)  M.  Joannis  a  trouvé  (Annales  de  Chiin.  et  de  Phvs.,  5'  série,  t.  XXVI,  p.  5i5; 
1882)  pour  la  chaleur  de  neutralisation  totale  de  loSs"'  d'acide  ferrocjanliydrique,  par 
la  potasse  en  solution,  vers  11°,  5,  le  nombre  27*^^', 76  qui  est  voisin  de  la  moitié  de 
56^^',  18,  soit  28c»",o9. 


li 


(  9^C^  ) 
dissolutions  de  soude,  de  potasse,  d'ammoniaque,  de  carbonates  de  sodium, 
de  potassium,  etc.,  il  se  forme  des  précipités  jaunes  qui  se  décomposent 
rapidement  sous  raclion  de  l'eau.  Ces  précipités  sont,  sans  doute,  les  ben- 
zèiie-monodimétaphosphates  de  sodium,  de  potassium,  d^ ammonium.,  etc., 
mais  il  est  impossible  de  les  recueillir. 

)>  II.  Quand  on  chauffe  le  même  mélange  de  benzène  el  d'anhydride  phosphorique 
pendant  plusieurs  heures  à  une  température  plus  élevée  (200"'-2io°),  il  se  forme 
un  composé  dillérenl  de  celui  que  je  viens  de  décrire.  Ce  nouveau  corps  est  jaune.  Il 
possède  des  propriétés  analogues  à  celles  de  l'acide  benzène-monodimétaphospho- 
rique  :  il  est  solide,  insoluble  dans  le  benzène,  l'éther,  le  sulfure  de  carbone,  le  chlo- 
roforme; très  peu  soluble  dans  l'alcool.  Il  est  très  déliquescent,  décomposable  par 
l'eau,  en  benzène  et  acide  phosphorique.  On  le  conserve  dans  un  tube  de  verre,  entre 
deux  couches  de  kaolin  sec. 

1)  L'analyse  montre  qu'il  résulte  de  l'union  de 

C=H«+3P20=. 
»  Sa  constitution  peut  s'expliquer  par  la  formule 

C^H'-P^O^H, 
\P2  0=H 

c'est  Vacide  benzène-tridimétaphosphoriqne. 

»   Cet  acide,  placé  dans  un  flacon  en  présence  d'un  grand  excès  de  benzène  et  agité 

fréquemment,  absorbe  le  gaz  ammoniac  en  donnant  un  corps  solide,  jaune  clair.  Quand 

il  n'absorbe  plus  de  gaz,  on  le  place  entre  deux  couches  de  kaolin,  dans  un  tube  de  verre. 

Au  bout  de  quelques  jours,  quand  la  matière  solide  est  bien  débarrassée  de  l'excès  de 

benzène  qui  l'imprégnait,  on  l'analyse.    On    trouve   que   sa   composition   répond  à  la 

formule 

/P^O^AzIP 

C^H^— P^O'AzUS 

XP^O'AzH' 

c'est  le  henzèiie-tridimélaphosphate  d'ammonium. 

»  L'acide  benzène-tridimétaphosphorique,  traité  par  des  dissolutions  de  soude,  de 
potasse,  de  carbonates  de  sodium,  de  potassium,  etc.,  y  produit  des  précipités  jaune 
clair,  rapidement  décomposés  par  l'eau,  et  qui  paraissent  être  les  sels  de  sodium, 
de  potassium,  etc.  de  l'acide  benzène-tridimétaphosphorique,  mais  que  je  n'ai  pu 
isoler. 

))  J'ai  constaté  que  le  toluène,  le  xvlène,  l'anthracène  et  d'autres  car- 
bures analogues  s'unissent  aussi  à  l'anhydride  phosphorique,  et  plusieurs 
d'entre  eux  même  à  froid,  pour  donner  des  combinaisons  qui  paraissent  du 
même  genre  que  les  précédentes,  et  dont  je  poursuis  l'étude.  « 


(  9^7  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Préparation  des  orthoquinones  tètrachlorées  et  létra- 
bromées,  en  parlant  des  gaïacols  et  vératrols  lélrahalo gênés  correspondants. 
Note  de  M.  H.  Cousin,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  La  découverte  des  premiers  corps  appartenant  à  la  série  de  l'ortho- 
quinone  C'"'H^O*(o  =  o  en  i  et  2)  est  due  à  M.  Zincke  ('),  qui  obtint  les 
orthoquinones  tètrachlorées  et  tétrabromées  en  partant  des  pyrocatéchines 
substituées  correspondantes.  En  traitant,  par  exemple,  une  solution  acé- 
tique de  pyrocatéchine  tétrachlorée  CCI"  (OH)-  par  l'acide  nitrique, 
celui-ci  agit  comme  oxydant,  enlève  H"  à  la  pyrocatéchine  tétrachlorée  et 
donne  l'orthoquinone  tétrachlorée  C" Cl" O*. 

»  J'ai  eu  l'idée  d'appliquer  la  réaction  de  Zincke  aux  gaïacols  et  véra- 
trols tétrahalogénés  et  j'ai  constaté  que  dans  tous  les  cas  il  v  avait  forma- 
tion de  ces  mêmes  orthoquinones. 

»  Gaïacol  télrachloré.  —  Je  triture  los-'de  gaïacol  tétrachloré  CCI''—  OCH^  —  OH 
avec  20"  d'acide  acétique  cristallisable  et  j'ajoute  peu  à  peu  io<^=  d'acide  azotique  ordi- 
naire ;  le  mélange  se  colore  en  rouge  foncé  et  bientôt  il  se  dépose  une  poudre  cristal- 
line rouge;  j'ajoute  de  l'eau  peu  à  peu  pour  acliever  la  précipitation  et  recueille  le 
précipité  que  je  dessèche  dans  le  vide.  Pour  purifier  le  produit  obtenu,  je  le  dissous 
dans  l'élher  dans  lequel  il  est  très  soluble  :  par  évaporation  spontanée,  l'éther  aban- 
donne de  gros  cristaux  rouge  foncé  sous  une  petite  épaisseur,  brun  noir  en  masse. 

»  L'aspect  de  ces  cristaux  est  le  même  que  celui  de  Torlhoquinone  tétrachlorée 
C'Cl'O^;  leur  point  de  fusion  iSo"  est  identique  à  celui  donné  par  Zincke  pour 
C'C1*0^.  Des  analyses  confirment  ces  données  et  montrent  que  le  corps  obtenu  dans 
l'action  de  l'acide  nitrique  sur  le  gaïacol  tétrachloré  est  bien  l'orthoquinone  tétra- 
chlorée. 

»  J'ai  constaté  que  cette  quinone  donne  facilement  avec  la  benzine  une  combinaison 
moléculaire  de  formule  C'C1*0- -h  SC'H".  Cette  combinaison  cristallise  en  gros 
prismes  allongés  rouge  vif;  abandonnée  à  l'air,  elle  perd  rapidement  la  benzine  et  il 
reste  une  poudre  rouge  violacé  qui  est  l'orthoquinone  tétrachlorée. 

»  Vératrol  télrachloré.  —  La  réaction  est  plus  difficile  que  dans  le  cas  du  gaïacol 
correspondant  et  l'acide  nitrique  ordinaire  n'attaque  pas  à  froid  le  vératrol  tétra- 
chloré. Si  l'on  chauffe  au  bain-marie  un  mélange  de  vératrol  tétrachloré,  acide  acé- 
tique et  acide  nitrique,  au  bout  de  quelque  temps  le  mélange  se  colore  en  rouge,  mais 
la  proportion  de  quinone  formée  est  très  faible.  J'ai  du  opérer  de  la  façon  suivante: 
105''  de  vératrol  tétrachloré  sont  finement  pulvérisés  et  triturés  avec  20"^°  d'acide 
nitrique  fumant  ;  bientôt  le  mélange  se  colore  en  rouge  foncé,  il  y  a  dégagement  de 


(')  Berichle,  t.  XX,  p.   1777. 


(  968  ) 

vapeurs  rutilantes  et  peu  à  peu  le  tout  se  dissout.  J'ajoute  alors  de  l'eau  et  je  traite  par 
la  benzine  dans  une  boule  à  décantation  :  la  solution  benzénique  évaporée  laisse  dé- 
poser les  prismes  caractéristiques  de  la  combinaison  de  l'orthoquinone  tétrachlorée  et 
de  benzine  G^d'O-H-SCH^.  Je  décante  les  eaux-mères,  je  lave  avec  un  peu  de  benzine 
et,  après  évaporation,  j'obtiens  une  poudre  que  je  purifie  par  cristallisation  dans 
l'éther.  Je  me  suis  assuré,  par  l'étude  des  propriétés  et  par  des  analyses,  que  le  corps 
formé  par  cette  réaction  était  bien  l'orthoquinone  tétrachlorée  C'Cl'O^. 

»  Gaïacol  tétrabromé.  —  J'ai  opéré  comme  dans  le  cas  du  gaïacol  tétrachloré; 
dans  le  mélange  de  gaïacol  tétrabromé,  acide  acétique  et  acide  nitrique  ordinaire,  il 
se  dépose  au  bout  de  peu  de  temps  une  poudre  brune  qui  est  desséchée  et  purifiée 
par  cristallisations  dans  le  chloroforme.  J'obtiens  ainsi  des  cristaux  aplatis,  brun 
foncé,  paraissant  noirs  vus  en  masse;  leur  point  d'ébullition,  i49"-i5o°,  est  celui  de 
l'orthoquinone  tétrabromée  ;  des  analyses  confirment  ces  résultats. 

»  Vératrol  tétrabromé.  —  Comme  dans  le  cas  du  vératrol  tétrachloré,  j'emploie 
comme  oxydant  l'acide  nitrique  fumant;  le  mélange  de  vératrol  tétrabromé  et  acide 
nitrique  se  colore  bientôt  en  rouge  foncé  et  le  tout  se  dissout  :  j'ajoute  de  l'eau  et 
j'extrais  par  le  chloroforme.  Les  cristaux  obtenus  sont  purifiés  par  une  seconde  cristal- 
lisation. J'obtiens  ainsi  de  l'orthoquinone  tétrabromée  C^Br*0-. 

))  Les  rendements  en  orthoquinones,  en  partant  des  gaïacols  halogènes,  sont  satisfai- 
sants; il  n'en  est  pas  de  même  en  partant  des  vératrols,  car  une  grande  partie  des 
orthoquinones  formées  est  détruite  par  l'action  de  l'acide  nitrique  fumant. 

»  Il  résulte  des  faits  que  je  viens  d'exposer  que  l'acide  nitrique  saponifie 
d'abord  les  gaïacols  et  vératrols  tétrachlorés  et  tétrabromés,  et  les  trans- 
forment en  pyrocatéchines  substituées  :  celles-ci  sont  alors  oxydées  et 
donnent  les  quinones  correspondantes. 

»  Je  me  propose  d'étudier  celte  réaction  dans  le  cas  des  autres  gaïacols 
et  vératrols  halogènes,  ainsi  que  des  éthers  correspondants  des  autres 
diphénols.    » 


PH"ysiOLOGIE  MÉDICALE.  —  Un  cas  d' hémiplégie  hystérique  guéri  par  la 
suggestion  hypnotique  et  étudié  par  la  Chronophoto graphie.  Note  de 
M.  G.   Mari\esco.  présentée  par  M.  Marey. 

«  Dne  femme  de  28  ans,  mariée  à  i5  ans,  était  sujette  à  divers  accidents  nerveux 
et  à  des  syncopes,  quand  elle  éprouvait  des  émotions.  Le  5  août  de  cette  année,  à 
propos  d'une  discussion  avec  son  mari,  elle  fut  prise  d'un  tremblement  de  la  moitié 
droite  du  corps,  puis  d'un  mutisme  absolu,  suivi  d'une  nouvelle  syncope.  Au  réveil,  le 
mutisme  persistait  et  la  malade  présentait  une  hémiplégie  du  côté  droit.  La  parole 
revint,  mais  l'hémiplégie  persista  sans  qu'il  y  eût,  cependant,  déviation  de  la  face. 

»  Au  commencement  de  septembre,  l'hémiplégie  persistait,  quoiqu'à  un  degré 
moindre;  le  bras  droit  n'a\ait  que  des  mouvements  restreints;  la  main,  tout  en  con- 


(  9^9  ) 

servant  le  mouvenienl  des  doigts,  ne  développait  aucune  pression  sensible  au  dynamo- 
mètre. A  la  jambe,  sensation  d'engourdissement  et  de  fourmillement;  les  mouvements 
de  ilexion  du  genou  et  de  la  cheville  étaient  à  peu  près  abolis. 

»  Hémianesthésie  sensitivo-sensorielle  du  côté  droit;  abolition  du  rélleve  plantaire, 
conservation  du  réflexe  rotulien  et  des  réflexes  tendineux  du  membre  supérieur. 

»  Intelligence  conservée,  très  vive  même.  Il  s'agissait  donc  bien  d'une  hémiplégie 
hystérique. 

»  La  fiiçou  ilont  marchait  celle  malade  répondait  bien  aux  caractères 
que  Todd  et  Charcot  ont  assignés  à  l'hémiplégie  hystérique.  J'en  ai  voulu 
fixer  les  phases  par  la  Chronopholographie.  \.es  //g.  i  et  2  correspondent 


à  ct  lie  marche  pathologique. 


i<ig.  .. 


Jambe  niiilaile  nu  levé;  preiiiirie  phase  ilu  pas. 


»  Or,  comme  les  cas  de  ce  genre  sont  de  ceux  qui  peuvent  guérir  par  la' 
suggestion,  je  mis  cette  femme  en  état  d'hypnotisme  et  lui  suggérai  l'idée 
que  ses  membres  n'étaient  plus  engourdis  et  qu'elle  pouvait  marcher. 


Fii 


Jambe  uialaile  au  levé;  seeonje  phase  du  pas. 

»  La  malade,  effectivemenl,  a  recouvré  la  marche,  el  sa  guérison  s'est 
maintenue  jusqu'à  ce  jour,  c'est-à-dire  depuis  deux  mois,  avec  disparition 
successive  de  tous  les  stigmates  hystériques. 

»  L'étude    clironophotographique    de    la   niaiche    après  guérison    est   représentée 

11    J'essayerai  d'analyser,  d'après  ces  figures,  les  caractères  de  la  marche  hyslériciue 
C     K.     1899,  2- .Semei(re     (  T.   CXM.\,   N"  23.  )  '  SQ 


(  97»  ) 

que  l'œil  ne   peul   apprécier  direcleineiU,  et  qui   clillèrenl  sur   quelques  poiuts  de   la 
description  donnée  par  Todd. 

»  Et  d'abord,  pour  faciliter  cette  analyse,  au  lieu  de  considérer  le  pas  du  plnsio- 
logiste,  c'est-à-dire  la  série  des   inouvementi  exécutés  pendant  le  temps  où  l'un  des 

Fig.  3. 


Marche  après  suêrison. 


pieds,  partant  d'une  altitude,  revient  à  celte  même  altitude,  je  n'envisage,  avec 
P.  Richer,  qu'un  demi-pas.  Dans  la  série  des  mouvements  que  fait  l'un  des  pieds  pour 
aller  se  placer  devant  l'autre,  je  distingue,  dans  leur  ordre  de  succession,  les  phases 
suivantes  :  i°  période  de  double  appui,  les  deux  pieds  posant  sur  le  sol  ;  i°  pas  pos- 
térieur, partie  de  l'oscillation  du  membre  depuis  son  départ  jusqu'à  :  Z°  passage  du 
pied  par  la  verticale  ;  puis  le  pied,  achevant  son  oscillation,  exécute  :  4°  le  pas 
antérieur. 

«Dans  toute  son  oscillation,  le  pied  du  côté  paralysé  garde  la  même  attitude  (y7^.i), 
à  cause  de  l'immobilité  de  l'articulation  tibio-tarsienne;  parfois,  cependant,  quand  le 
pied  quitte  le  sol,  le  talon  se  soulève  un  peu  avant  la  pointe.  Dans  le  reste  de  son 
oscillation,  le  pied  malade  rase  le  sol  par  une  sorte  de  glissement.  Au  moment  du 
passage  du  pied  oscillant  par  la  verticale,  la  jambe  portante  est  manifestement  fléchie. 

»  Le  tronc  se  penche  en  avant  et  s'incline  du  côté  de  la  jambe  portante  au  début  de 
l'oscillation,  puis,  au  moment  du  passage  par  la  verticale,  se  redresse  à  peu  près 
comjjlètemenl. 

»  (^)uand  la  jambe  malade  appuie  sur  le  sol  {Jig.  2),  la  jambe  saine  oscillante  est 
légèrement  fléchie  comme  dans  la  marche  normale,  au  moment  où  le  pied  va  se  déta- 
cher du  sol,  le  talon  se  relève  d'une  manière  sensible,  tandis  que  la  pointe  est  abaissée; 
la  deuxième  parlie  de  l'oscillation  est  plus  brève  que  la  première,  ce  qui  est  l'inverse 
de  ce  que  l'on  observait  dans  \a  Jig.  1. 

»  Le  tronc  se  porte  en  avant  et  continue  à  s'incliner  après  le  passage  de  la  jambe 
saine  par  la  verticale;  il  ne  s'incline  que  faiblement  du  côlé  de  la  jambe  malade 
portante. 

)'  \^&Jig.  3  montre  la  marche  de  la  malade  après  guérison;  on  y  trouve  les  carac- 
tères de  la  marche  normale;  cette  figure,  rapprochée  des  précédentes,  est  bien  propre 
a  faire  saisir  les  caractères  de  la  marche  hémiplégique. 

»  L'examen  des  figures  chronophotographiques  montre  que  le  type  de 


(  971  ) 
la  marche  des  hémiplégiques  hystériques  est  sensiblement  plus  compliqué 
que  celui  que  les  cliniciens  admettent  d'après  Todd.  T.a  malade  ne  traîne 
pas  simplement  la  jambe  |iaralysée,  mais  le  transport  de  ce  membre  se  fait 
péniblement  et  est  secondé  par  les  inclinaisons  du  Ironc  en  avant  et  latéra- 
lement. En  outre,  dans  l'appui  sur  le  membre  malade,  la  jambe  saine 
accomplit  très  rapidement  la  seconde  phase  de  son  oscillation.  » 


ZOOLOGIE.  —   Observations  biologiques  sur  le   Peripatus  capensis   Gruhe. 
Note  de  M.  E.-L.  lîouviEn,  présentée  par  M.  A.  Milne-Edwards. 

«  Parmi  les  formes  zoologiques  qui  servent  d'intermédiaire  entre  deux 
grands  groupes  du  règne  animal,  les  Peripatus  méritent,  au  point  de  vue 
de  l'intérêt  scientifique,  d'être  rangés  au  premier  rang.  Arthropodes  par 
leur  chitine,  par  leur  vaisseau  dorsal  et  par  leurs  trachées,  ils  se  rattachent 
aux  Vers  par  le  reste  de  leur  organisation  et,  de  la  sorte,  relient  l'un  à 
l'autre,  deux  immenses  embranchements.  Les  études,  jusqu'ici  entreprises, 
ont  fait  largement  connaître  l'organisation  et  le  développement  de  ces 
curieux  animaux,  mais  l'étude  systématique  de  leurs  affinités  propres  n'a 
jamais  été  suffisamment  abordée  et  l'on  ne  connaît  guère  davantage  l'en- 
semble de  leurs  caractères  biologiques.  Je  serai  en  état,  très  prochainement, 
de  combler  la  première  de  ces  lacunes;  quant  à  la  seconde,  je  m'efforcerai 
de  la  faire  disparaître  partiellement  dans  la  Note  que  je  présente  aujour- 
d'hui. 

»  Les  observations  suivantes  se  rapportent  au  Peripatus  capensis  Grah^ 
dont  M.  Raiïray,  notre  Consul  au  Cap,  m'a  obligeamment  communiqué  un 
exemplaire  vivant,  il  v  a  plus  d'un  mois.  Enveloppé  dans  la  mousse  où  il 
avait  probablement  vécu,  l'animal  a  bien  supporté  le  voyage;  je  le  conserve 
dans  ce  milieu  où  il  paraît  se  trouver  à  merveille,  pourvu  que  l'on  y  entre- 
tienne une  atmosphère  suffisamment  humide.  .T'emploie,  dans  ce  but,  le 
cristallisoir  couvert  et  muni  d'un  récipient  à  eau,  qu'un  de  mes  plus 
aimables  correspondants,  M.  A.  Deudy,  a  utilise  avec  succès. 

»  J'ai  toujours  vu  le  Pcripate  ramassé  et  à  demi  enroulé  dans  un  plan, 
quand  je  soulevais  la  mousse  où  il  se  trouve.  Une  fois  sorti  de  son  gîte  et 
baigné  par  la  lumière,  il  quitte  bientôt  cet  élat  de  torpeur,  effectue  des 
mouvements  en  divers  sens,  se  contourne  et  soulève  la  partie  antérieure  de 
son  corps,  comme  pour  explorer  l'espace.  Ces  mouvements  sont,  à  coup 
sûr,  provoqués  par  la  lumière,  car  le  Péripate  est  un  animal  extraordinai- 


(    9/2    ) 

rement  lucifiige.  A])rès  les  mouvements  lents  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  on 
le  voit  s'allonger  considérablement,  puis  se  mettre  en  marche  et  fuir,  aussi 
rapidement  (|ue  possible,  dans  un  sens  directement  opposé  à  celui  des 
rayons  lumineux.  Quand  on  retourne  le  plateau  sur  lequel  il  se  trouve 
pour  le  remettre  en  face  de  la  lumière,  on  voit  le  Péripate  s'arrêter  brus- 
quement, soulever  la  partie  antérieure  de  son  corps,  contracter  ou  allon- 
ger ses  antennes  et  donner  toutes  les  marques  d'une  impression  désa- 
gréable; après  quoi,  l'animal  fait  demi-tour  et,  à  grands  pas,  se  dirige  en 
sens  opposé.  Dans  sa  marche,  il  explore  continuellement  l'espace  avec  ses 
antennes  et,  h  de  fréquents  intervalles,  leur  fait  toucher  le  sol.  Le  jour, 
l'animal  ne  se  dirige  pas  avec  les  yeux  ou,  du  moi;is,  ceux-ci  ne  paraissent 
pas  capables  de  distinguer  les  objets  qu'on  en  approche;  les  antennes,  par 
contre,  sont  beaucoup  plus  sensibles  et  s'écartent  devant  une  pointe,  même 
avant  d'avoir  été  touchées.  On  pourrait  dire  qu'à  la  lumière  le  Péripate  se 
comporte  comme  s'il  était  aveugle;  mais  cette  expression  ne  serait  pas  des 
plus  exactes;  l'animal,  en  effet,  perçoit  la  lumière  avec  ses  veux  et,  quand 
ces  derniers  sont  couverts,  il  ne  ces^e  de  s'agiter  et  de  se  diriger  en  tous 
sens.  L'appareil  de  vision  lui  sert  par  conséquent  de  guide,  non  pas  pour 
s'orienter  dans  le  milieu,  mais,  comme  on  l'avait  observé  déjà,  pour  fuir  la 
lumière  au  plus  vite. 

))  Dans  tous  ses  mouvements,  le  Péripate  donne  bien  plus  l'impression 
d'un  Ver  que  d'un  Arlhopode;  il  se  contracte  ou  s'allonge  démesurément 
comme  , une  Sangsue,  s'enroule  parfois  à  la  manière  d'un  Lombric  ou  se 
tord^en  spirale  autour  d'un  brin  de  mousse;  en  même  temps,  des  ondula- 
lions  vermiformes  se  propagent  en  divers  points  de  son  corps. 

»  Sa  marche  est  des  plus  curieuses.  Les  pattes  d'une  même  paire  se 
meuvent  simultanément  dans  le  même  sens,  et  les  pattes  de  deux  paires 
consécutives  s'éloignent  d'abord  au  maximum  pour  se  rapprocher  ensuite, 
presque  jusqu'au  contact.  Du  reste,  toutes  les  pattes  du  corps  ne  se  dé- 
placent pas  ensemble  dans  la  même  direction;  elles  sont  en  retard  les  unes 
sur  les  autres  d'avant  en  arrière,  de  sorte  que  si  l'on  suppose  le  corps  di- 
visé en  une  série  de  couples  de  paires  de  pattes,  on  ne  voit  pas  les  pattes 
de  tous  les  couples  s'éloigner  ou  se  rapprocher  en  même  temps.  Les  pattes 
de  la  paire  j)ostérieure,  d'ailleurs  rudimentaires,  restent  constamment 
sans  usage. 

»  Le  mécanisme  de  la  marche  n'est  point  celui  qu'avait  supposé  Gaffron, 
car  les  griffes  des  pieds  jouent  un  rôle  important  dans  la  fonction  locomo- 
trice. Quand  l'animal  déplace  en  avant  une  de  ses  pattes,  il  la  soulève  très 


(  973  ) 
légèrement,  la  fiiit  glisser  sur  les  arceaux  des  soles  et  relève  le  pied  avec 
les  griffes  qui  le  terminent  ;  la  patte  une  fois  arrivée  au  terme  antérieur  de 
sa  course,  on  voit  le  pied  s'abaisser  et  sa  griffe  s'implanter  dans  le  sup[)ort  ; 
le  Péripate  trouve  de  la  sorte  un  point  d'ap|)ui  cpii  lui  |:)ermet  de  se  tirer  en 
avant.  On  observe  très  bien  l'impression  des  griffes  dans  un  graphique  au 
noir  <le  fumée;  on  i)eut,  d'ailleurs,  la  voir  se  produire  très  distinctement 
quand  on  examine  l'animal  à  la  loupe.  Sur  une  plaque  de  verre  inclinée 
à  45°.  le  Péripate  glisse  et  tombe;  grâce  à  ses  grilles,  il  peut  marcher  dans 
toutes  les  positions,  et  même  le  dos  en  bas,  sur  une  plaquette  de  bois  ou 
de  carton. 

»  L'animal  est  suffisamment  patient;  néanmoins,  il  finit  par  s'irriter 
quand  on  l'excite  et  projette  alors,  par  ses  tantacules  céphaliques,  le  li- 
quide muqueux  dont  ont  parlé  la  plupart  des  auteurs.  Ce  liquide  res- 
semble tout  à  fait  au  sérum  sanguin  des  Arthropodes  mais,  plus  que  lui,  se 
coagule  rapidement  à  l'air.  On  n'y  voit  pas  d'éléments  figurés.  M.  Kennel 
pense,  à  juste  titre,  qu'il  sert  à  capturer  les  proies;  comme  on  vient  de  le 
voir,  il  joue  aussi  un  rôle  dans  la  défense  de  l'animal. 

»  On  ne  sait  rien  du  régime  des  Péripates,  mais  M.  Kennel  suppose,  non 
sans  raison,  qu'il  doit  être  carnassier.  Je  ne  crois  pas  toutefois  que  ces 
animaux  se  nourrissent  de  vers  de  terre  ou  de  cloportes,  car  j'ai  placé  mon 
exemplaire,  pendant  plusieurs  jours,  au  voisinage  immédiat  de  ces  êtres 
et  je  n'ai  pas  vu  qu'il  leur  ait  fait  le  moindre  mal.  D'ailleurs,  je  continue 
ces  observations  et  je  ne  désespère  pas  d'arriver  quelque  jour  à  des  résul- 
tats plus  positifs.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  fécondation  hybride  de  l'aîbumen.  Note 
de  M.  Hugo  ije  YitiEs,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Les  belles  recherches  de  MM.  Nawaschineet  Guignard  ont  établi  que 
le  tube  poUinique  des  Angiospermes  contient  deux  spermatozoïdes,  dont 
l'un  sert  à  la  fécondation  de  l'oosphère,  tandis  que  l'autre  se  fusionne  avec 
le  noyau  central  du  sac  embryonnaire.  Ce  noyau,  qui  est  le  générateur 
de  l'albumen,  est  donc  fécondé  en  même  temps  que  l'oosphèi'e  elle-même. 

»  Pour  le  cas  d'une  fécondation  hybride,  on  peut  déduire  de  ces  obser- 
vations que  l'albumen  sera  hybride  tout  aussi  bien  que  le  jeune  embryon. 
Mais  ordinairement  les  albumens  manquent  de  caractères  qui  pourraient 
déceler  leur  origine  mixte.   Parmi  les  rares  exceptions  à  cette  régie,  se 


(  974  ) 
trouve  le  Maïs  sucré,  variété  ou  sous-espèce  de  Maïs,  dont  l'albumen,   au 
lieu  de  se  remplir  d'amidon,  se  gonfle  de  sucre.  Ce  caractère  se  trahit  à 
l'œil  nu  sur  les  épis  mûrs  parce  que  les  graines,  en  se  desséchant,  dimi- 
nuent de  volume,  se  rident  et  deviennent  transparentes. 

»  En  croisant  le  Maïs  sucré  avec  un  Maïs  ordinaire  à  amidon,  on  verra 
donc  directement  sur  les  épis  si  l'albumen  est  hybride  ou  non.  Et  dans  le 
premier  cas  on  aura  une  preuve  expérimentale  et  macroscopique  en  faveur 
delà  conclusion  tirée  de  la  découverte  de  la  fécondation  de  l'albumen. 
Celte  découverte  deviendra,  par  ce  moyen,  d'une  démonstration  très  Facile. 

»  Le  Maïs  sucré  qui  a  servi  pour  mes  expériences  est  une  variété  très 
pure,  dite  blanche.  Ayant  acheté  des  graines,  j'ai  fait  pendant  deux  années 
une  expérience  de  contrôle.  En  i8g8,  j'avais  environ  quaj'ante  exemplaires 
et,  en  ;i8f)9,  je  possédais  par  leurs  graines  une  seconde  génération  de 
soixante  plantes,  qui  donnaient  soixante-sept  épis  pleins  de  graines,  les- 
quelles toutes,  sans  aucune  exception,  étaient  sucrées.  Il  est  donc  évident 
que  les  plantes  destinées  à  mon  expérience  et  issues  du  même  lot  oriijinel 
de  graines  auraient  donné  des  épis  purs  de  graines  sucrées,  si  je  les  avais 
fécondées  par  leur  propre  pollen. 

»  La  fécondation  hybride  a  eu  lieu  au  mois  d'août  1898.  Au  commence- 
ment de  ce  mois,  avant  la  floraison,  j'avais  coupé  la  plus  grande  partie  de 
chaque  inflorescence  mâle.  Lorsque  les  stigmates  sortirent  de  leurs 
bractées,  je  les  saupoudrai  de  temps  en  temps  avec  du  pollen  d'un  Maïs  à 
amidon,  mais  sans  empêcher  tout  à  fait  la  fertilisation  par  le  pollen  prove- 
nant des  branches  inférieures  de  leurs  propres  inflorescences  mâles. 

»  La  récolte  donna  dix  épis  |)lus  ou  moins  grands  et  bien  couverts  de 
graines.  Chaque  épi  portait  les  deux  sortes  de  graines,  la  majeure  partie 
à  amidon,  comme  le  père,  les  autres  à  sucre,  comme  la  mère.  Ces  dernières 
étaient  évidemment  dues  à  l'autofécondation,  ce  dont  je  me  suis  assuré,  du 
reste,  en  en  semant  une  partie  en  1899:  elles  reproduisirent  la  variété 
sucrée  tout  à  fait  pure. 

»  Les  graines  amylacées  étaient  des  hybrides,  aussi  bien  dans  leur 
albumen  que  dans  leur  embryon.  L'albumen  avait  tout  à  fait  le  caractère 
du  père,  bien  rempli  d'amidon  et  sans  trace  visible  de  sucre,  d'un  blanc  de 
craie  à  l'intérieur,  et  d'une  surface  lisse  et  sans  rides.  Il  est  évident  que  ces 
propriétés  paternelles  lui  avaient  été  communiquées  par  le  second  sperma- 
tozoïde du  tube  pollinique. 

»  J,a  présence  d'un  certain  nombre  de  graines  autofécondées  et  sucrées 
sert  à  démontrer  l'origine  de  ces  épis  ;  si  je  les  avais  fertilisés  exclusivement 


(  975  ) 
par  le  pollen  de  l'antre  variété,  toutes  leurs  graines  auraient  été  amylacées, 
et    ils   ne   se   seraient    pas    distingués   visiblement  des  épis  ordinaires   à 
amidon. 

»  Il  reste  à  prouver  la  nature  hybride  des  embryons  de  ces  graines.  Dans 
ce  but,  j'en  ai  semé  une  partie  en  1899,  et  j'ai  laissé  se  féconder  les  plantes 
par  leur  propre  pollen.  Il  y  avait  trente-deux  |)lantes  qui  donnèrent  trente- 
cinq  é|jis  riches  en  graines.  Tous  ces  épis  étaient  de  nature  mixte.  Envi- 
ron un  cpiart  des  graines  étaient  sucrées,  les  trois  autres  quarts  étaient 
amylacées.  Les  premières  élaicnt  revenues  au  caractère  de  la  grand'mère, 
les  dernières  montraient  celui  du  père  et  du  grand-père.  Le  nombre  des 
graines  fertiles  variait  pour  la  |>lupart  de  ces  épis  entre  trois  cents  et 
quatre  cents. 

»  Les  graines  amylacées  de  mes  épis  croisés  de  1898  étaient  donc  bien 
des  hybrides  capables,  comme  tant  d'autres  hybrides,  de  reproduire  les 
types  de  leurs  deux  parents.  Il  est  nécessaire  de  remarquer  qu'il  n'y  avait 
sur  tous  ces  épis  aucune  graine  intermédiaire,  moitié  sucrée,  moitié  amy- 
lacée. De  telles  graines  ne  se  trouvaient  pas  non  plus  sur  les  épis  croisés 
de  1898. 

»  Quand  on  cultive  une  variété  de  Maïs  à  sucre,  à  côté  d'une  variété  à 
amidon,  le  vent  peut  transporter  une  partie  du  pollen  de  la  dernière  sur 
les  stigmates  de  la  première.  En  s'ajoutant  aux  faits  énoncés  plus  haut, 
ceci  nous  explique  pourquoi  l'on  rencontre  de  temps  en  temps  des  épis 
sucrés  contenant  quelques  graines  amylacées.  Il  est  évidemment  très  facile 
de  se  procurer  de  tels  épis,  et  l'on  a  alors  entre  les  mains  une  démonstra- 
tion frappante,  quoique  accidentelle,  de  la  mémorable  découverte  de 
MM.  NavsMSchine  et  Guignard.    » 


MINÉRALOGIE.  —  Les  minéraux  du  Crétacé  de  l'Aquitaine.  Note  de 
M.  Ph.  Glaxgeaud,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  On  ne  s'était  pas  occupé,  jusqu'ici,  de  l'étude  minéralogique  des 
sédiments  crétacés  du  bassin  de  l'Aquitaine.  Cette  Note  est  une  première 
contribution  destinée  à  combler  cette  lacune. 

«  Les  minéraux  constitutifs  du  Crétacé  de  l'Aquitaine  sont  assez 
nombreux.  Ce  sont  sensiblement  les  mêmes  que  ceux  qui  ont  été  observés 
dans  le  bassin  de  Paris.  Nous  ne  pouvons  donner  ici  la  répartition  géogra- 


{  91^  ) 
phique  et  géologique  de  chacun  d'eux  :  c'est  donc  un  résultat  brut  que 
nous  présentons. 

»  D'une  façon  î^énérale  les  sédiments  cénomaniens,  coniaciens,  san- 
toniens,  campaniens,  maeslrichtiens  sont  relativement  détritiques.  Ils 
présentent  ce  caractère  d'autant  plus  accentué  que  l'on  se  lapproche 
davantage  du  sud  du  département  de  la  Dordogne,  du  Lot  et  du  Lot-et- 
Garonne. 

))  Par  contre  le  Turonien  est  très  riche  en  dépôts  chimiques  et  zoogènes 
(Calcaires  à  Rndistes)  dans  le  nord-ouest  du  bassin;  vers  le  sud-est,  ces 
dépôts  sont  également  remplacés,  en  grande  partie,  par  des  sédiments 
détritiques. 

»  Les  barres  récifaies,  parfois  très  étendues,  formées  par  les  Rudistes 
dans  l'Aquitaine,  manf|uent  totalement  dans  le  bassin  de  Paris  où  ces 
organismes  ne  se  montrent  qu'il  l'état  sporadique. 

»  En  revanche  la  Craie,  si  abondante  dans  ce  dernier  bassin,  fait  presque 
totalement  défaut  dans  le  second,  sauf  en  quelques  points  de  l'An- 
goumien. 

»  11  n'existe  pas  non  plus  de  niveaux  phosphatés  dans  l'Aquitaine; 
on  en  trouAC,  au  contraire,  d'assez  importants  dans  le  bassin  de  Paris. 
Faut-il  rapprocher  ce  fait  de  ce  que,  dans  cette  dernière  région,  le  Crétacé 
est  relativement  riche  en  Vertébrés  fossiles,  tandis  qu'ils  sont  extrêmement 
rares  dans  l'Aquitaine?  La  corrélation  ne  paraît  pas  absolument  évidente. 

1)  L'élude  micrographique  du  Crétacé  de  l'Aquitaine  m'a  Iburni  les  résul- 
tais suivants  : 

»   La  silice  est  d'origine  organique,  cliimique  et  détritique. 

>i  h'opa/e,  qui  constitue  les  spicules  d'épongés,  est  assez  abondante  à  certains  niveaux. 
(Sanlonieii,  Canipanien).  Elle  se  montre  parfois  sous  forme  de  petits  globules  prove- 
nant en  partie  de  la  dissolution  des  spicules  d'épongés  et  des  coquilles  de  radiolaires. 

»  La  calcédoine  est  très  fréquente,  mais  très  variée  dans  sa  modalité.  Tantôt  elle 
imprègne,  localement  ou  uniformément,  les  roclies  et  les  transforme  en  véritable 
gaizes,  tantôt  elle  remplace  l'opale  des  spicules  d'épongés,  ou  le  carbonate  de  chaux, 
de  la  coquille  de  certains  fossiles.  On  l'observe  également  sous  forme  de  sphérulites  à 
croix  noire.  Elle  provient  de  la  dissolution  des  éléments  siliceux  (spongiaires,  radio- 
laires). Assez  fréquemment  la  silicification  s'est  faite  par  l'eau  qui  a  lessivé  les  sables 
ou  les  argiles  les  surmontant. 

»  Une  évolution  plus  complète  de  la  silice  donne  naissance  à  de  petits  cristaux  de 
quarts  {quartz  secondaire). 

M  A  part  les  calcaires  à  rudistes  et  quelques  calcaires  grenus  et  suboolitiques,  la 
plupart  des  roches  observées  renferment  du  quartz  détritique,   sous  forme  de  grains 


(  977  ) 

plus  ou  moins  arrondis  ou  d'esquilles  à  angles  émoussés.  Dans  un  grand  nombre  de 
ces  cas,  ces  grains  ont  été  brisés,  probablement  sous  l'influence  des  mouvements  ayant 
plissé  le  Crétacé. 

»  Les  silex  sont  nombreux  dans  le  Santonien  et  leCampanien.  J'ai  observé  du  quartz 
tapissant  les  cavités  de  certains  d'entre  eux,  qui  sont  ainsi  transformés  en  véritables 
druses.  C'est  là  un  produit  ultime  de  l'évolution  de  la  silice. 

»  Les  débris  de  feldspaths  (plagioclases)  sont  rares  et  très  décomposés. 

»  La  calcile  d'origine  organique  constitue  presque  exclusivement  certaines  roches 
(calcaires  de  l'Angoumien  inférieur  à  Biradiolites  lumbricalis).  Les  calcaires  grenus 
sont  formés  presque  en  totalité  par  des  rhomboèdres  de  calcite,  parfois  volumineux. 

»  L'existence  de  la  dolomie  est  très  locale. 

«  La  glauconie  est  absente  dans  la  presque  totalité  du  Turonien  et  du  Cénoma- 
nien.  Elle  est  répandue,  au  contraire,  dans  le  Santonien  et  le  Campanien  :  i"  elle 
existe  sous  forme  de  grains  isolés,  homogènes  ou  granuleux,  avec  ou  sans  inclusions 
(calcite);  2°  elle  moule  les  cavités  des  foraminifères  et  les  loges  des  bryozoaires;  elle 
est  alors  associée  généralement  à  la  pyrite;  3°  elle  s'est  déposée  dans  les  clivages  du 
mica  blanc;  4°  on  l'observe  parfois  sous  forme  de  grains  nettement  polychroïques, 
avec  clivages  et  màcles  offrant  l'aspect  des  assemblages  microscopiques  du  microcline 
ou  de  certains  grenats. 

»  La  pyrite  est  très  répandue  dans  le  Sénonien,  dont  les  sédiments  presque  tous 
gris  bleu,  dans  la  profondeur,  sont  imprégnés  de  cette  substance  qui  accompagne 
presque  toujours  la  glauconie  dans  les  calcaires. 

»  La  magnétite  se  présente  sous  forme  de  grains  irréguliers,  rarement  elle  est 
octaédrique. 

»  Le  mica  blanc  est  fort  abondant  dans  le  Coniacien,  le  Santonien  et  le  Campanien, 
principalement  sur  la  bordure  du  Massif  central.  11  est  visible  à  l'œil  nu  en  beaucoup 
de  points.  Je  ne  l'ai  observé  ni  dans  le  Cénomanien,  ni  dans  le  Turonien. 

»  Le  mica  noir  est  une  rareté.  Peut-être  ce  minéral  a-t-il  participé,  dans  une  cer- 
taine mesure,  à  la  formation  de  la  glauconie. 

»  Les  échantillons  examinés  renferment  de  belles  inclusions  de  zircon. 

»  C'est  dans  le  Sénonien,  principalement  dans  le  Sénonien  de  la  Dordogne,  que  se 
trouve  presque  exclusivement  la  tourmaline. 

»  Elle  est  relativement  fréquente. 

»  Le  zircon  est  également  développé  dans  la  même  région  et  aux  mêmes  niveaux. 
Plusieurs  préparations  m'ont  montré  jusqu'à  huit  cristaux  de  zircon  présentant  les 
inclusions  caractéristiques  de  ce  minéral,  parfois  les  clivages  «•  et  /('. 

»  Le  rutile,  la  brookite,  V a n atase  onX.  une  répartition  analogue  à  celle  du  zircon  et 
de  la  tourmaline,  mais  ils  sont  infiniment  plus  rares. 

»  Le  phosphate  de  chaux  ne  se  présente  que  sous  forme  de  grains  dans  le  Santo- 
nien et  le  Campanien.  Parfois  il  constitue  une  légère  couche  autour  des  loges  de  fora- 
minifères. 

"  Le  gypse  se  rencontre  en  beaux  cristaux  (formes  ma^g^)  de  plusieurs  centi- 
mètres de  long,  dans  les  lignites  du  Cénomanien  inférieur  et  de  l'Angoumien  supérieur 
de  la  Dordogne. 

C.   R.,  1899,  2-  Semestre.  (ï.   CXXIX,  N»  23.)  I  3o 


(97«  ) 

))   En  résumé,  c'est  clans  le  Sénonien  que  se  montrent  la  presque  totalité 

des  minéraux  que  je  viens  de  signaler;  le  Cénomanien  ne  renferme  guère 

que  du  quartz,  de  la  pyrite  (argiles)  et  localement  du  gypse.  Le  Turonien 

est  l'étage  le  plus  pauvre  au  point  de  vue  minéral,  il  est  en  grande  partie 

calcaire. 

»   On  peut,  il  me  semble,  établir  de  la  façon  suivante  les  différences 
surtout  pétrographiques  existant  entre  le  Crétacé  de  l'Aquitaine  et  le  Cré- 


surtout  pétrographiq 
tacé  du  bassin  de  Paris  : 

Bassin  fie  l'Aquiliiinc. 

Pas  ou  peu  de  craie. 

Calcaires  grenus  el  subooliliques  très  dé- 
veloppés. 
Calcaires  à  Rudistes  (barres  récifales). 

Roches  peu  glauconieuses. 

Pas  de  niveaux  phosphatés. 

(Débris  vertébrés  très  rares). 

Niveaux  sauniàtres (Cénomanien  inférieur, 

Angoumien  supérieur). 
Lignites  el  gjpse. 


Bassin  de  Paris. 

Craie  abondante. 

Calcaires  grenus  et  subooliliques  rares. 

Pas    de    calcaires    à    Rudistes    (Rudistes 

sporadiques). 
Roches  relativement  très  glauconieuses. 
Plusieurs  niveaux  phosphatés  importants 

(Vertébrés  assez  fréquents). 
Pas  de  niveaux  saumâtres. 

Ni  lignites,  ni  gypse. 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Suj-  l' histoire  de  la  vallée  du  Jiu  {Karpates  mé- 
ridionales). Note  de  M.  E.  de  Martonne,  présentée  par  M.  A.  de  Lap- 
parent. 

«  Le  Jiu  présente  un  des  cas  les  plus  curieux  de  vallée  perçant  toute 
une  chaîne  de  montagnes.  On  a  déjà  cherché  à  l'expliquer  soit  par  une 
fracture  (Lehmann,  Mrazec),  soit  par  l'érosion  régressive  (Inkey).  Ayant 
étudié  en  aoiit  1898  et  octobre  1899  la  plus  grande  partie  du  Jiu,  le  bassin 
de  Petroseny  et  le  bassin  de  Hatzeg,  j'ai  été  amené  à  constater  un  certain 
nombie  de  faits  géologiques  et  lopographiques  qui  ne  peuvent  s'expliquer 
qu'en  assignant  au  Jiu  une  histoire  plus  compliquée. 

))  La  partie  des  Karpates  Iraverséepar  le  Jiu  est  constituée  presque  exclu- 
sivement par  les  Schistes  cristallins  formant  plusieurs  anticlinaux  el  syn- 
clinaux orientés  est-ouest,  dont  l'axe  subit  un  abaissement  sensible  sur  le 
trajet  de  la  vallée.  Ce  lait,  déjà  signalé  par  M.  Murgoci,  est  particulièrement 
net  à  J^ainici  où  les  schistes  à  chloritoïde  el   les  quartzites  de  la  formation 


(  979  ) 
de  Schéla  apparaissent  pinces  clans  un  pli  aigu  au  fond  de  la  gorge,  tandis 
qu'ils  s'élalent  en  un  synclinal  aplati  sur  les  hauteurs  d'Alaunn.  La  vallée 
du  Jiu  n'est  donc  pas  d'origine  récente  (Inkev)  mais  suit  une  très  ancienne 
ligne  de  dislocation.  D'autre  part,  l'énergie  de  l'érosion,  la  fréquence  des 
éboulis,  la  présence  de  marmites  d'une  conservation  parfaite  à  3o™  ou  ^o™ 
au-dessus  du  niveau  du  fleuve  témoignent  cependant  de  la  jeunesse  de  la 
vallée  actuelle.  Une  série  de  terrasses  dans  le  roc,  parfois  surmontées  d'al- 
luvions,  permettent  de  reconstituer  un  fond  de  vallée  très  large  dont  la 
hauteur  varie  entre  3o"  et  loo'"  au-dessus  du  lit  de  la  rivière.  Le  point  le 
plus  haut  de  ces  terrasses  se  trouve  en  amont  de  Lainici  près  de  i'aïus.  Il 
semble  qu'on  ait  là  un  ancien  partage  des  eaux. 

M  Des  lambeaux  de  calcaire  considérés  comme  jurassique  par  M.  Mrazec 
surmontent  cii  et  là  le  massif  primitif,  formant  sur  les  bords  de  la  vallée  des 
escarpements  dominant  les  pentes  régulières  des  Schistes  cristallins  (Pàrete, 
Pietrile  Albe).  A  l'ouest  du  Jiu  ils  se  multiplient  de  plus  en  plus  jusqu'à  la 
Cerna.  Ce  sont  les  restes  d'une  couverture  continue  de  calcaire  mésozoïque 
qui  subit  des  dislocations  correspondant  à  celles  de  son  soubassement  cris- 
tallin, et  qui  s'étendait  comme  lui  jusqu'au  Danube  avant  l'affaissement  de 
la  plaine  valaque,  se  rattachant  d'ailleurs  au  nord  aux  massifs  cristallins 
maintenant  isolés  au  nord  de  Petroseny. 

»  C'est  sur  cette  surface  faiblement  inclinée  vers  le  sud  que  dut  s'établir 
le  cours  primitif  du  Jiu.  La  vallée  ne  tarda  pas  à  devenir  un  canon  comme 
toutes  les  vallées  qui,  à  l'heure  actuelle,  traversent  les  lambeaux  de  ce  cal- 
caire affaissés  sur  le  bord  des  Karpates,  si  bien  qu'au  moment  du  soulè- 
vement de  cette  partie  de  la  chaîne  (Crétacé  supérieur)  le  fleuve,  prison- 
nier de  sa  vallée  profondément  encaissée,  dut  continuer  à  creuser  son  lit 
dans  les  Schistes  cristallins.  (Cette  explication  pourrait  peut-être  s'appli- 
quer à  plus  d'une  vallée  semblable  à  celle  du  Jiu.) 

))  Au  début  du  Tertiaire,  le  Jiu  avait  déjà  une  vallée  assez  profondément 
creusée  dans  les  Schistes  cristallins  à  loo™  au-dessus  de  son  lit  actuel.  A 
la  fm  de  l'Oligocène  ou  au  début  du  Miocène  commencent  les  phénomènes 
de  tassement  qui  font  naître  une  série  de  dépressions  d'origine  tectonique 
sur  le  bord  des  Karpates.  Le  bassin  de  Petroseny  et  le  bassin  de  Hatzeg  se 
forment  alors  sur  le  versant  nord.  Les  couches  à  Cerithium  margaritaceum 
et  les  lignites  indiquent  qu'ils  ont  été  occupés  par  des  lagunes  sans  com- 
munication possible  avec  le  versant  sud  des  Karpates.  Il  y  eut  donc  à  ce 
moment  dislocation  du  réseau  fluvial  du  Jiu.  C'est  par  le  défilé  de  Merisor 
que  devaient  arriver  dans  le  bassin  de  Petroseny  les  eaux  saumàtres  du 


(  980  ) 

bassin  de  Hatzee;.  Celui-ci  resta  à  l'état  de  lac  jusqu'au  Sarmatique,  alors 
que  le  bassin  de  Petroseny  n'offre  pas  de  couches  plus  récentes  que  le 
Burdi^alien.  Les  deux  rivières,  dont  la  réunion  à  Livazény  forme  le  Jiu 
actuel,  dateraient  donc  du  Miocène  inférieur,  mais  elles  coulaient  alors 
par  Merisor  vers  le  nord-ouest.  A  Livazény  se  jetait  un  torrent  venant  de 
Pâïus.  Ainsi  s'explique  l'établissement  d'une  ligne  de  partage  des  eaux  dans 
l'ancienne  vallée  karpalique  du  Jiu. 

»  C'est  à  la  fin  du  Tertiaire  que  le  cours  du  Jiu  s'est  établi  définitive- 
ment tel  que  nous  le  trouvons  maintenant,  sous  l'influence  de  deux  phé- 
nomènes :  le  soidèvement  du  bassin  de  Petroseny  et  la  formation  sur  le 
versant  sud  des  Karpates  de  dépressions  analogues  à  celles  du  versant 
nord. 

))  Le  soulèvement  du  bassin  de  Petroseny  est  rendu  sensible  par  l'im- 
portance de  la  terrasse  de  cailloutis  qui  s'étend  de  Petroseny  à  Livazény 
et  par  le  fait  que  la  rivière  est  entaillée  jusqu'au  Tertiaire. 

»  Les  dépressions  qui  longent  le  pied  des  Karpates  en  Oltenie  (  Valachie 
occidentale)  ont  été  signalées  par  M.  Mrazec  sous  le  nom  de  dépression 
subkarpatique.  En  réalité  on  a  affaire  à  une  série  de  dépressions  séparées, 
de  profondeur  et  d'étendue  très  variables,  remplies  de  terrasses  de  cail- 
loutis du  Pliocène  supérieur  et  riominées  au  sud  par  une  rangée  de  collines 
tertiaires  que  traversent  les  rivières  en  des  vallées  souvent  étroites.  L'ori- 
gine de  ces  déjjressions,  qu'on  n'a  pas  cherché  à  expliquer,  nous  paraît 
être  tectonique.  En  effet,  elles  correspondent  à  une  zone  où  l'érosion  est 
rarement  descendue  plus  bas  que  les  cailloutis  pliocènes  et  quaternaires, 
comprise  entre  deux  zones  où  la  roche  en  place  paraît  seule  dans  le  fond 
de  la  vallée. 

»  La  plus  importante  de  ces  dépressions  est  celle  traversée  par  le  Jiu  et  au 
centre  de  laquelle  se  trouve  Tîrgu-Jiu  (230").  Sa  formation  a  eu  pour  con- 
séquence de  donner  à  l'ancien  Jiu  décapité  assez  de  force  érosive  pour 
reconquérir  son  cours  supérieur  aux  dépens  du  fleuve  de  Petroseny.  Une 
nouvelle  dislocation  du  réseau  fluvial  s'ensuivit  dans  la  vallée  de  Merisor. 
La  ligne  de  partage  des  eaux  entre  Merisor  et  Banitza  est  si  peu  marquée 
à  l'heure  actuelle  qu'il  suffirait  d'un  soulèvement  de  lo""  pour  que  le  ruis- 
seau de  Banitza  s'écoulât  vers  Merizor  et  Hatzeg.  De  plus  on  trouve,  juste 
sur  cette  ligne  de  partage,  une  nappe  de  cailloutis  de  schistes  cristallins, 
dont  la  présence  serait  bien  difficile  à  expliquer  si  l'on  admettait  que  le 
drainage  de  la  région  a  toujours  été  le  même  qu'à  l'heure  actuelle.  » 


(9»!  ) 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  vestiges  d'une  ancien  ne  forteresse  vitrifiée,  au  bourg  de 
Saint-Sauveur,  dans  la  vallée  supérieure  de  la  Dore  (^Puy-de-Dôme).  Note 
de  M.  J.  UsELADE.  (Extrait.) 

«  Le  bourg  de  Saint-Sauveur,  situé  dans  la  vallée  supérieure  de  la  Dore,  ne  compte 
qu'une  douzaine  de  maisons,  échelonnées  le  long  d'un  chemin  vicinal  reliant  cette 
commune  à  celle  de  Saint-Alyre.  La  Dore,  peu  large  à  cet  endroit,  décrit  une  sorte  d'S, 
au  centre  de  laquelle  est  jeté  un  pont  métallique.  Près  de  ce  pont,  s'élève  une  butte 
de  gneiss,  de  forme  irrégulièrement  conique,  n'ollrant  à  son  sommet  qu'une  surface 
relativement  faible,  mais  dont  la  hase,  beaucoup  plus  large,  se  trouve  presque  en- 
tièrement baignée   par  la  Dore  qui  la  contourne. 

»  Le  dessus  de  cette  butte  est  à  peu  près  plat,  recouvert  de  gazon,  parsemé  de 
quelques  pins  rabougris,  avec,  ça  et  là,  des  tas  de  pierres,  des  blocs  épars  de  granit 
ou  de  gneiss.  A  la  cassure,  ces  blocs  ont  une  teinte  d'un  blanc  grisâtre  avec  des  stries 
noires,  ce  qui  pourrait,  à  première  vue,  les  faire  ranger  dans  la  série  des  roches  tra- 
chytiques.  Mais  un  examen  plus  approfondi  montre  que  ces  moellons  doivent  leur 
couleur  joj'e/vc  de  deuil  à  l'action  d'un  feu  intense  auquel  on  a  dû  les  soumettre. 

»  Ce  sont  des  roches  gneissiques  ou  granitiques,  dont  les  éléments,  sous  l'influence 
de  la  chaleur,  se  sont  modifiés,  déterminant  ainsi  le  métamorphisme  de  la  roche.  A  la 
surface,  ces  pierres  sont  recouvertes  d'un  enduit  vitreux,  noirâtre,  ressemblant  au 
verre  employé  par  la  Compagnie  fermière  des  eaux  de  Vichy  dans  la  fabrication  de  ses 
bouteilles. 

»  J'ai  recueilli  et  étudié  de  nombreux,  échantillons  de  ces  blocs;  j'ai  multiplié  mes 
visites  à  la  butte,  et  j'ai  été  amené  à  cette  conclusion  que  je  me  trouvaisen  présence 
des  derniers  vestiges  d'une  de  ces  anciennes  forteresses  vitrifiées,  de  ces  châteaux  de 
verre,  comme  il  en  existe  beaucoup  en  Ecosse  et  comme  il  en  a  été  rencontré  quel- 
ques-uns en  France. 

»  Des  considérations  d'un  ordre  plus  général  militent,  d'ailleurs,  en  faveur  de  cette 
assertion.  D'abord  la  configuration  du  pays,  couvert  de  forêts  sur  une  très  grande 
étendue  et  où  il  était  facile  de  se  procurer  le  bois  nécessaire  à  la  vitrification  de 
l'édifice.  Puis  la  position  du  lieu,  position  imprenable  grâce  à  l'inaccessibilité  du  dyke 
de  rochers  et  à  la  rivière  qui  forme  autour  de  lui  un  fossé  naturel. 

)>  De  plus,  la  plate-forme  qni  surmonte  la  butte  est  connue,  dans  le  pays,  sous  le 
nom  patois  de  Châtevé,  qui  signifie  vrvàserah^hlGment  Château-Vieux,  dénomination 
qui  a  dû  se  transmettre  d'un  siècle  à  l'autre. 

»  Enfin,  l'entrepreneur  qui  a  établi  la  route  traversant  Saint-Sauveur  et  coupant 
un  angle  de  la  butte  de  Châtevé  m'a  affirmé  avoir  extrait,  à  cet  endroit,  au  cours  des 
travaux  de  terrassement,  il  y  a  quatorze  ou  quinze  ans,  un  grand  nombre  de  blocs 
analogues  à  ceux  que  j'ai  recueillis  moi-même. 

))  J'ai  la  conviction  qu'il  y  a  eu  en  Auvergne  des  forteresses  vitrifiées  et  que  la  butte 
de  Saint-Sauveur  a  soutenu  un  de  ces  étranges  édifices,  qui  n'ont  pu  être  construits 
qu'à  une  époque  très  reculée,  à  l'aurore  de  la  civilisation.  » 


(  9«^  ) 
M.  Apéru  adresse,  de  Constantinople,  une  Note  relative  à  un  «  moyen 
de  destruction  des  rats  à  bord  des  bateaux  ».  Ce  projet  consisterait  dans 
l'emploi  du  gaz  carbonique,  que  l'on  ferait  dégager  à  fond  de  cale.  Il  serait 
particulièrement  utile  dans  les  temps  d'épidémie  de  peste,  puisqu'il  est 
reconnu  que  les  rats  contribuent  puisamment  à  la  propagation  du  fléau. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie. 

M.  B. 


BULLETIN     BIBI.IOGKAPHIQUE. 


Outrages  reçus  dans  la  séancr  du  27  novembre  1899. 

Notice  sur  les  travaux  de  Chimie  de  M.  Georges  Lemoine.  Paris,  Gauthier- 
Villars,  1899;  i  fasc.  in-4°. 

Les  vieux  arbres  de  la  Normandie,  étude  botanico-historique,  par  Henri 
GADEA.U  DE  Rerville.  Fasc.  4.  J.-B.  Baillère  et  fds,  1899;  ^  '^"^-  *"-^"- 
(Hommaoe  de  l'Auteur.) 

A  la  conquête  du  Ciel!  Contributions  astronomiques  de  F.-C.  de  Nascius,  en 
i5  Livres.  Livre  H,  fasc.  S.Nantes,  R.  Guist'hau,  1899;  i  fasc.  in-S". 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

Beginselen  der  scheikunde  door  D'  M.-C.  Schuyten.  Anlwerpen,  1899; 
I  fasc.  in-8". 

An  account  of  the  Deep-sea  Brachyura  collected  by  the  Royal  Indian  Manne 
Survey  ship  «  Investigator  »,  by  A.  Alcock.  Calcutta,  1899;  i  fasc.  in-Zj". 
(Presented  by  the  trustées  of  the  Indian  Muséum.) 

Beitrdge  zur  Géologie  der  Schweiz..  Geotechnische  Série,  1.  Lieferung. 
Bern,  1899;  i  fasc.  in-4". 

R.  Unii-ersita  romana.  Scuola  d' applicazione  per  gl'ingegneri.  Annuario 
perl'anno  scolastico  1899-1900.  Roma,  1899;  i  fasc.  in-24. 

Almanach  der  kaiserlichen  Akademie  der  Wissenschaften.  XLVill.  Jalir- 
gang,  1898.  Wien,  1898;  i  vol.  in-12. 

Rapporta  annuale  dello  /.  R.  Ossermtorio  astronomico-meteorologico  di 
Trieste,  perVanno  1896.  Vol.  XIIl.  ïrieste,  1899;  i  fasc.  in-4''- 


(983  ) 

Denkschrifien  der kaiserlichen  Akademie  der  Wissenschaften  :  Mathematisch- 
naturwissenschaftUche  Classe.  Bd.  LXV-LXVII,  1898-99.  Wien,  1898-99; 
4  vol.  in-4'\ 

Philosophical  transactions  of  the  Royal  Society  of  London.  Séries  A, 
Vol.  CXCII.  Séries  B,  Vol.  CXCI.  London,  1899;  2  vol.  in-/^^ 

bitzungsberichte  der  kaiserlichen  Akademie  der  Wissenschaften.  CVII.  Band, 
Jahrgang  1898.  Wien,  1898;  i2fasc.  in-8''. 

Bulletin  mensuel  du  Magnétisme  terrestre  de  V observatoire  royal  de  Belgique, 
par  L.  NiEsïEN.  Janvier-février-mar.s  1899.  Bruxelles,  1899;  1  tasc.  in-24. 

Bergens  muséums  Aarbo g  1899.  1*"=  Hefte.  Bergen,  1899;  1  fasc.  in-8°. 

The  journal  of  the  British  astronomical  Association.  Vol.  X,  n°  1.  London, 
1899;  I  fasc.  in-8". 

Anales  del  Instituto  y  obsermtorio  de  Marina  de  San  Fernando,  publicados 
por  don  Juan  Viniegra.  Seccion  1".  Observacionesastronomicas.  Afio  1898. 
San  Fernando,  1899;  i  vol.  pelit  in-4". 

Ouvrages  rbçus  dans  la  sÉA^CK  du  4  décembre  1899. 

Les  roches  et  leurs  éléments  minéralogiques,  par  Ed.  Jânnettaz;  3*  édition, 
entièrement  revue  et  augmentée,  avec  2  cartes  géologiques,  21  planches 
chromolithographiques  et  822  figures.  Paris,  J.Rothschild,  1900;  i  vol. 
in-8°.  (Hommage  de  l'Editeur.) 

A  propos  de  l'Ours  miocène  de  la  Grive-Saint-Alban  {Isère),  par  Claudius 
Gaillard.  Lyon.  impr.  A.  Rey,  1899;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Graminées.  Descriptions,  figures  et  usages  des  Graminées  spontanées  et  cul- 
tivées de  France,  Belgique,  Iles  Britanniques,  Suisse,  par  T.  Hus>ot;  p.  73-92, 
pi.  XXV-XXXm.  Athis  (Orne),  T.  Husnot,  1896-99;  i  fasc.  in-f^  (Hom- 
mage de  l'Auteur.) 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France.  47*  année,  1899,  janvier- 
juin.  Paris,  Gauthier-Villars;  i  fasc.  in-8''. 

Annales  de  l'observatoire  astronomique,  magnétique  et  météorologique  de 
ToM/ow^e.  T.  IlLrenfermanlune  partie  des  travaux  exécutés,  de  1884  à  1897, 
sous  la  direction  de  M.  B.  Baillaud.  Paris,  Gauthier-Villars,  1899;  i  vol. 
in-4°.  (Présenté  par  M.  Maurice  Lœvvy.) 

Régions  po'aires,  parJ.  de  Schokalski,  avec  deux  cartes  dressées  par 
l'Auteur.  (En  russe.  Extrait  du  dernier  Volume  de  la  grande  Encyclopédie 
russe.)  S.  1.  n.  d.;  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  de  Lapparent.) 

Ueber  die  Temperaiur  der  Insekten  narh  Beohachtungen  in  Bulgarien,  von 


(  9^4  ) 
P.  Bachmetjew.  Mit  5  Figuren  im  Text.  Leipzig,  Wilhelm  Engelmann,  1899  ; 
I  fasc.  in-8".  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Rafinarea  petroleuhd  cruel  si  manufactura  diferitelor  producte  comerciale  din 
petroleul  crud  in  Slalelele-Unite  aie  Americei,  de  Victor-S.  Gutzu,  inginer. 
Bucuresci,  Carol  Gobi,  1898;  i  fasc.  in-8°. 

Studii geologice si paleontologice dinCarpatii sudici,  de  D'"Ioan  Simionescu. 
I-III.  Bucuresci,  Carol  Gobi,  1898-99;  2  fasc.  in-8°. 

Fauna  cretacica  superiora  de  la  Urmôs  (Transihania),  de  D""  Ioan  Simio- 
nescu. Bucuresci,  Carol  Gobi,  1899;  i  fasc.  in-8°. 

Transactions  0/  the  Clinical  Society  of  London.  Vol.  XXXII.  London, 
Longmans,  Green  and  C,  1899;  i  vol.  in-8". 

Acta  mathematica.  Zeitschrift,  herausgeg.  v.  G.  Mittag-Leffler.  22  : 
3,  4.  Stockholm,  Berlin,  Paris,  1898-99;  2  fasc.  in-4°.  (Offert  par  M.  Her- 
mite  au  nom  de  M.  Mittag-Leffler.) 

Publicationen  der  Sternwarle  der  Eidg.  Polyteknikum  zu  Zurich.  Band  II; 
herausgeg.  v.  A.  Wolfer.  Zurich,  Friedrich  Schulthess,  1899;  i  fasc. 
in-4''. 

Publicationen  fur  die  internationale  Erdmessung.  Die  astronomisch-geodd- 
tischen  Arbeiten  der  k.  und  k.  militdr-geographischen  Jnstitutes  in  Wien. 
Bande  XIII-XV.  Wien,  1899;  3  fasc.  in-4°. 


TABLE   DES    ARTICLES.     Séance  du  4  décembre  1899.) 


MÉMOIRES  ET  COMMUlMCATIOIVS 

DES  MEMBHES   ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADËMIE. 


Pages. 

M.  J.  BoussiNi-SQ.  —  Jiislilicalion  du  prin- 
cipe de  Kcrmat  sur  l'économie  du  temps, 
dans  la  transmission  du  mouvement  lumi- 
neux à  travers  un  milieu  liétérogène, 
d'ailleurs  transparent  et  isotrope i)o5 

M.  Hii.NRi  Becquerel.  KechercUes  sur  les 
phénomènes  de  phosplioresrence  produits 
par  le  rayonnement  du  radium <)[.! 

M.  Beutiielot.  —  Sur  les  radicaux  métalli- 
ques composés  ;  dérivés  du  mercure...-       (|iS 


iM.M.  limiTiiELOT  et  Delkpine.  -  L'acide 
lactique 

jM.  Berthelot.  —  Sur  l'explosion  du  clilo- 
rate  de  potasse 

M.  Armand  Gautier.—  Sur  l'existence  nor- 
male de  l'arsenic  chez  les  animaux  et  sa 
localisation  dans  certains  organes 

M.  Arm.\nu  Gautiiîr.  —  Méthode  pour  la  re- 
cherche et  le  dosage  des  très  petites  quan- 
tités d'arsenic  contenues  dans  les  organes. 


Pages 


.,:ii; 


IVOMIi\ATIOIVS. 


M.   Gorges    Lejioine  est  élu  Membre  de  la 
Section   de   Chimie,   en   remplacement  de 


eu  M.  Fiicdel. 


MEMOIRES  PRÉSENTÉS. 


.M  le  I\IiNi.>sTRE  DE  l'Instruction  publique 
transmet  un  Rapport  du  Consul  général 
de  Naples  sur  les  travaux  de  M.  .Schron, 
concernant  la  Crislallogénie 

M.  U.  Ganna  adresse  un  projet  d'avertisseur, 


ri'O 


destiné  à  prévenir  les  rencontres  des  trains 

sur  les  chemins  de  fer i|3i| 

M.  E.  KoGER   adresse  un   Mémoire  relatif  a 
la  Navigation  aérienne lyi,, 


CORRESPONDANCE. 


L'Académie  royale  de.s  Science.s  de  Berlin 
informe  l'Académie  qu'elle  célébrera  le 
second  centenaire  de  sa  fondation  les  19 
et  20  mars  1900,  et  l'invite  à  se  faire  re- 
présenter à  cette  solennité ' ij.?;) 

M.  le  Consul  de  France  a  Batavia  adresse 
quelques  détails  sur  le  tremblement  de 
terre  qui  a  désolé,  le  3o  septembre  dernier, 
l'ile  de  Céram  et  les  Moluques q,») 

M.  Lœwy  présente  à  l'.Vcadémie  le  Tome  III 
des  «  .Vnnales  de  l'observatoire  de  Tou- 
louse " Il'jn 

M.  Tariiy  adresse  des  indications  complé- 
mentaires sur  les  nombres  horaires  des 
Léonides  observées  à  Alger tf'ft 

M.  D.  Eginitis.  ~  Observations  des  Léo- 
nides et  des  Biélides,  faites  à  Athènes....     94-2 

M.  C.  GuiciiAHD.  —  Sur  quelques  propriétés 
de   certains    systèmes    de    cercles    et    de    ■ 
sphères ' (|/|/| 

M.  R.  Baire.  -  Sur  la  théorie  des  ensem- 
bles       (j',(î 

M.  Paul  Painlevê.  —  Sur  les  équations 
dill'érentielles  du  second  ordre  à  points 
critiques  fixes 9:^9 


M.  E.  BusciiE.  —  Généralisation  d'une 
formule  de  Gauss. . 

M.  G.  Hiimbert.  —  Sur  la  transformation 
des  fonctions  abéliennes 

M.  Perreau.  —  Influence  des  rayons  .\  sur 
la  résistance  électrique  du  sélénium 

,M.  Th^  Tommasina.  —  Sur  la  constatation 
de  la  nuorescence  de  l'aluminium  et  du 
magnésium  dans  l'eau  et  dans  l'alcool 
sous  l'action  des  courants  de  la  bobine 
d'induction 

M.  Maurice  I''iianijois.  —  Dissociation  par 
l'eau  de  l'iodomercurate  d'ammoniaque  et 
de  l'iodomercurate  de  potasse 

M.  J.-A.  Muller.  -  Sur  les  chaleurs  de  neu- 
tralisation fractionnée  de  l'acide  carbonyl- 
ferrocyaiihyilrique,  comparées  à  celles  de 
l'acide  ferrocyanhydrique 

M.  H.  GiRAN.  —  Sur  de  nouvelles  combinai- 
sons de  l'anliydriile  phosphoricpie  avec  le 
benzène 

M.  U.  Cousin.  —  Préparation  des  ortlioqui- 
noncs  létrachlorées  et  tétrabromées  en 
parlant  des  gaïacols  et  vératrols  lélraha- 
logénés  correspondants 


yj' 
9,31, 


N°  23. 

SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


Pages. 


M.  G.  Marinesoo.  —  Un  cas  d'hémiplégie 
hystérique  guéri  par  la  suggestion  hypno- 
tique et  étudié  par  la  Clircinoplioto- 
graphie '. .  ■    • 

M.  E.-L.  HouviER.  —  Observations  biologi- 
ques sur  le  Peripatus  cnpeitsis  Griibe... 

M.  IluGo  DE  Vriks.  -  Sur  la  fécondation 
hybride  de  l'albumen 

.M.  Pn.  Glaxgeaud.  —  Les  minéraux  du 
Crétacé  de  l'Aquitaine 


97» 

975 


Pages. 

,M.  E.  iiE  Martonne.  —  Sur  l'histoire  de  la 
vallée  du  Jiu  (Karpates  méridionales  1. . .     078 

M.  J.  UsELADE.  —  Sur  les  vestiges  d'une 
ancienne  forteresse  vitrifiée,  au  bourg  de 
Saint-Sauveur,  dans  la  vallée  supérieure 
de  la  Dore  (  Puy-de-Dôme) ySi 

M.  ArÉRU  adresse  une  Note  relative  à  un 
<i  moyen  de  destruction  des  rats  à  bord 
des  bateaux  » c)li2 


LLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 


982 


PARIS.   —    IMPRIMERIE     GAUT  HI  E  R-VI  L  L  A  RS 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


/.«  Cérant  .* Gaotbibb-Villaki 


JAN  17  1900  i  oqn 


SECOIVD  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAK  MTI.   liES  SBCRÉTAIRES  PBRPÉTVEEiS. 

\ 


TOME  CXXIX. 


W  U  (H  Décembre  1899), 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    KENDUS   DES   SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

ynai  (les  Granris-Auguslins,   55. 

'l899 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUl 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    DES    20    JUIN    1862    ET    2/j    MAI    1H75. 


Les  Comptes  rendus  hebdomaaaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
yrésentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
4fi  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  l' Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposes  par  l'Acadt 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les! 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'au 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savon 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perSbï 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  del'i 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'^ai. 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  ! 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  ExI 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ilslei 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance > 
cielle  de  l'Académie.  <^ 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  r< 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard 
jeudi  à  10  heures  du  malin  ;  faute  d'être  remis  à  tem 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  ra 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendui 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 


Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  ; 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports» 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fi 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  apr 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sonl  chargés  de  l'exécution  dupr 
sent  Règlement. 


Les  Savauts  étraugers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivan 


JAN  1?  1900 

COMPTES  RENDl  S 

DES    SÉANCES 

DE   ^ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  11   DÉCEMBRE    1899, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  que,  en  raison  de  la  fête  de  Noël, 
la  séance  du  lundi  aS  décembre  sera  remise  au  mardi  26. 

La  séance  du  lundi  1*'' janvier  sera,  de  même,  remise  au  mardi  2. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  l'envoi  du  dernier  complément  de 
la  Souscription  Lavoisier,  organisée  aux  Etats-Unis  parle  concours  dévoué 
de  M.  Hinrichs;  il  s'élève  à  107*^';  cette  somme,  ajoutée  aux  2(397'''  ^"" 
nonces  à  la  page  856  des  Comptes  rendus,  et  aux  aSo'''  qui  figurent  au  nom 
de  M.  Hinrichs  dans  la  première  liste  publiée  le  i*' août  1896,  forme  un 
total  de  3054'",  transmis  par  le  Délégué  de  l'Académie.  Plus  de  cinq  cents 

C.  K.,  1S99,  2"  Semestie.  (T.  CXXIX,  N"  24.)  l3l 


(  9H6  ) 
chimistes  américains  y  ont  contribué.  Nous  leur  adressons  ici  nos  remercî- 
ments,  ainsi  qu'à  toutes  les  personnes  dont  le  dévouement  scientifique 
nous  a  permis  de  réaliser  la  Souscription  internationale  au  Monument  La- 
voisier. 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  parallaxe  du  Soleil  (Extrait  d'un  premier  Mémoire); 

par  M.  Bouquet  de  la  Grye. 

«  L'Académie  des  Sciences  avait  envoyé  en  1882  dix  missions  pour 
observer  le  Passage  de  Vénus  sur  le  Soleil. 

»  Leur  personnel,  composé  en  majeure  partie  d'astronomes  et  d'offi- 
ciers, devait,  d'après  les  instructions  données  avant  le  départ,  s'attacher  à 
la  détermination  la  plus  exacte  possible  des  contacts  internes  de  la  pla- 
nète avec  le  Soleil,  pour  en  déduire  la  correction  de  la  parallaxe  de  cet 
astre  à  laquelle  nos  éphémérides  assignaient  une  valeur  de  8",  86.  Huit 
stations,  quatre  au  nord  de  l'équateur  et  quatre  au  sud,  devaient  en  plus 
rapporter  des  photographies  du  Soleil  en  nombre  aussi  grand  que  possible, 
prises  pendant  le  passage  de  la  planète.  Un  rapport  préliminaire,  contenant 
le  résumé  des  principales  observations  faites  par  les  missionnaires,  a  été 
publié  par  l'Académie  en  i883,  mais  la  seule  mention  des  résultats  que 
l'on  pouvait  en  déduire  a  été  présentée  dans  deux  Notes  à  l'Académie  : 
l'une  sur  la  forme  de  Vénus  (').  l'autre  sur  la  nécessité  d'utiliser  les 
plaques  photographiques  dont  le  nombre  s'élevait  à  un  millier  (-). 

»  La  Commission  du  Passage  de  Vénus  voulut  bien  adopter  mes  propo- 
sitions et  me  charger  de  procéder  à  ces  mesures  en  m'en  donnant  les 
moyens. 

»  Ce  travail,  qui  a  duré  plusieurs  années,  et  les  calculs  qui  en  étaient  la 
conséquence  sont  aujourd'hui  terminés. 

»  Il  a  été  nécessaire  aussi  de  calculer  de  minute  en  minute,  pendant 
toute  la  durée  du  passage  et  pour  toutes  les  stations,  les  distances  des 
centres  des  deux  astres  et  l'angle  formé  par  leur  direction  avec  l'équateur 
en  ayant  pour  base  les  chiffres  des  éphémérides  plus  ou  moins  corrigés. 

»  Nous  sommes  donc  à  même,  à  l'heure  actuelle,  de  calculer  les  valeurs 

(')   Comptes  rendus,  9  juin  1884. 
(-)  Ibid.,  novembre  1884. 


(  987  ) 

provenant  de  l'observation  directe  des  circonstances  du  passage  de  Vénus 
et  celles  de  l'impression  lumineuse  sur  les  plaques  photographiques,  et  je 
puis  aujourd'hui  donner  à  l'Académie  un  premier  chiffre  provenant  des 
déterminations  des  contacts  internes  de  la  planète,  en  indiquant  les  causes 
qui  ont  modifié  le  premier,  d'ailleurs  provisoire,  que  j'avais  tiré  des 
observations  contenues  dans  le  Rapport  préliminaire. 

»  Je  disais  en  i88/j  :  «  J'ai  pris  comme  représentant  les  heures  vraies 
»  (les  contacts,  soit  la  moyenne  de  toutes  les  observations,  si  l'on  avait 
»  utilisé  les  prismes  pour  répéter  les  heures  des  contacts,  soit  l'heure 
»  unique  dans  le  cas  où  l'on  aurait  eu  un  seul  chiffre,  et  point  de  gouttes 
»  ni  d'anneaux,  soit  enfin  l'heure  du  contact  géométrique  corrigé  de  la 
»  diffraction,  dans  les  cas  les  plus  défavorables,  ce  qui  a  été  rare,  en 
.)  m'appuyant  sur  les  données  et  les  chiffres  contenus  dans  le  rapport  de 
»   M.  André.    » 

»  Les  heures  des  contacts  utilisées  présentement  diffèrent  de  celles 
employées  en  1884,  en  ce  sens  que  j'ai  dû  écarter  les  répétitions  données 
par  les  prismes  biréfringents. 

)i  En  étudiant,  en  effet,  dans  les  cahiers  mêmes  des  observateurs,  les 
résultats  que  donnent  ces  prismes,  on  s'aperçoit  que,  d'une  façon  géné- 
rale, l'instant  accusé  pour  le  deuxième  contact  est  en  retard  sur  l'obser- 
vation directe  pendant  qu'au  troisième  contact  il  est  en  avance. 

»  Les  prismes,  en  affaiblissant  l'éclat  du  Soleil,  diminuent  en  même 
temps  son  diamètre  d'une  partie  de  l'épaisseur  des  gaz  incandescents  qui 
le  terminent,  et  chez  le  plus  habile  de  nos  observateurs  en  cette  matière, 
M.  Fleuriais,  qui  avait  préconisé  l'usage  des  prismes  et  qui  a  donné  des 
résultats  très  concordants,  la  différence  chaque  fois  est  supérieure  à  lo  se- 
condes, si  bien  que  la  différence  du  temps  entre  les  deuxièmes  et  les  troi- 
sièmes contacts  dépasse  23  secondes  de  temps. 

)>   Ceci  correspond  à  une  diminution  de  o",6  du  rayon  du  Soleil. 

«  La  Commission  du  Passage  de  Vénus  avait  recommandé  aux  obser- 
vateurs d'argenter  très  légèrement  la  surface  extérieure  des  objectifs  pour 
éviter  l'éclatement  des  verres  colorés  sous  l'action  d'une  trop  forte  cha- 
leur; l'emploi  des  primes  et  le  mélange  de  leurs  données  avec  celles  obte- 
nues directement  a  faussé  les  premiers  résultats  que  j'avais  indiqués  et  qui 
avaient  conduit  à  une  moyenne  pour  la  parallaxe  de  8", '78. 

»  Une  autre  cause  de  modification  des  données  du  problème  a  été  la 
substitution  des  longitudes  définitives  à  celles  indiquées  en  premier  lieu 


(  9»»  ) 
pour  certaines  stations  (');  enfin,  une  antre  correction  a  été  introduite 
dans  les  calculs  des  valeurs  des  distances  des  deux  astres  qui  servent  aux 
comparaisons  avec  les  instants  des  contacts  provenant  des  observations 
directes. 

:>  Au  lieu  de  partir  des  données  de  la  Connaissance  des  Temps  pour  les 
valeurs  de  l'ascension  droite  et  de  la  déclinaison  des  deux  astres,  je  les  ai 
corrigées  au  moyen  des  données  recueillies  pendant  le  passage,  et  les  dis- 
tances des  centres  de  Vénus  et  du  Soleil  ont  été  calculées,  en  tenant 
compte  de  la  forme  de  la  Terre  et  aussi,  pour  la  station  du  Mexique,  de  l'al- 
titude de  2  200™  de  la  station. 

»  Les  valeurs  des  rayons  du  Soleil  p  et  de  Yénus  p'  interviennent  pour 
la  détermination  des  instants  des  contacts  externes  et  internes.  Nous 
avions  bien  un  grand  nombre  de  mesures  des  diamètres  de  Vénus  prises 
dans  les  stations  pendant  le  passage  (au  moyen  des  micromètres  des 
grandes  lunettes  équatoriales);  mais,  comme,  on  pouvait  s'y  attendre, 
l'irradiation  a  diminué  ces  diamètres,  qui  n'ont  plus  été  comparables  à 
ceux  obtenus  sur  les  plaques  photographiques. 

»  Il  m'a  semblé  plus  logique  de  faire  intervenir  dans  ces  mesures  les 
contacts  mêmes,  et  d'utiliser  pour  cela  la  durée  comprise  entre  le  troisième 
et  le  quatrième,  qui  est  d'environ  douze  cent  dix  secondes  et  comporte 
une  approximation  apparente  d'environ  cinq  secondes. 

»  C'est  dans  ces  conditions  que  l'on  a  pu  comparer  l'instant  observé 
avec  l'instant  calculé  et  appliquer,  à  l'aide  de  leur  différence  et  des  T:i- 


(')  Voici  les  positions  qui  ont  été  adoptées  poui-  les  diverses  stations;  le  Mémoire 
contient  la  manière  dont  ces  résultats  ont  été  obtenus  : 

Latitude.  Longitude. 

"      •        Il  °      I        II 

Puebla  (Mexique) 19.   3.24  6.42.   6,1 

Saint-Augustin  (Floride) 29.53.5i  5.34.35,3 

Petionville  (Haïti) i8.3i.ii  3.58.34,9 

Fort-Tartenson  (Martinique) i4.36.20  4-'3.4i,t 

Cerro-Negro  (Chili) 33.36.3o  4.52.6,3 

Montevideo  (République  orientale).     34.54.23  3.54. 10, 3 

Bragado  (La  Plata) 35.   7.27  4- n -17)0 

Patagones  (Rio-Negro) 40.47-5I  4-2i.i7,3 

Chubut  (Patagonie) 43. 18. 38  4.29.47,33 

Santa-Cruz  (Patagonie).    49-59.22  4-43.32,26 

Cap  Horn 55.3i.24  4-4i-44i6 


(  989  :^ 

bleaux,  l'équation 

empruntée  aux  Notes  publiées  par  M.  Puiseux  dans  les  Connaissances  des 
Temps  de  1875  et  1876,  et  dans  laquelle  S  représente  un  coefficient  com- 
pliqué (acosAcosL -)- èsinAsinL  +  csinA),  où  interviennent  la  lati- 
tude A  et  la  longitude  L  de  la  station,  ù  l'angle  formé  par  la  direction  des 
deux  centres  avec  l'équateur,  t^  l'instant  observé  et  te  celui  calculé,  cette 
différence  étant  exprimée  en  fraction  de  minute. 

1)  Le  nombre  d'équations  ainsi  comprises  s'élève  à  gS  pour  toutes  les 
stations  et  ce  sont  les  combinaisons  deux  à  deux  de  ces  équations  qui, 
théoriquement,  pourraient  servir  à  la  détermination  de  la  parallaxe. 

»  Pour  les  raisons  indiquées  plus  haut,  nous  nous  bornons  aux  obser- 
vations directes  et  nous  leur  appliquons  successivement  la  méthode  de 
Halley  et  celle  de  Delisle. 

"  Dans  la  première,  on  ajoute,  pour  chaque  station,  les  équations  cor- 
respondant au  deuxième  et  au  troisième  contact  et  l'on  retranche  les  résul- 
tats  obtenus    dans   chaque  station  Sud  de  ceux  d'une  station  Nord.  En 

faisant  ces  différences,  les  termes  cost^rfX,  èinddY,  dp,  do',    ~r-^  dh,  dis- 

[)araissent  et  il  reste  une  équation  de  la  forme  (T  —  T'  )  f/^r  =  R  —  R',  dans 

laquelle  T  ==  S,  -^  S,,   R  =--  -  '-^{t,  -  t,^}  -  f^  (l,  -  t,). 

Nous  allons  donner  ces  valeurs  : 

Stations  Nord. 

Puebla Bouquet  de  la  Grye  II, III. . 

»  Héraud  •  II,IIi  . 

»  Ferrari  II,lli. . 

Floride Basset  11,111... 

»  Defforges  11,111.    . 

Haïti D'Abbadie  11,111... 

»  Callandreau  11,111.. 

I)  de  la  Baume  Pluvinel         11,111. 

Chili de  Bernardières  11,111.    . 

»  Barnaud  II, III. .  . 

1)  Favereau  11,111. .  . 

Montevideo Penfenteuyo  11,111.. 

Bragado Perrin  11,111... 

Chubul Hatt  11,111... 


T. 

R. 

3,9707 

-0,1764 

3,9707 

—  0,3173 

3,9707 

-  o,28i3 

4,7457 

— o,25i3 

4,7457 

-1-0,1473 

i-4,5586 

—0,2910 

1-4,5586 

— 0, I i5o 

.-4,5586 

— o,o3o7 

r- 1,2608 

—0,2087 

3) 

+0,2797 

» 

-+-0,0880 

4-1,5583 

— 0,2923 

4-1 ,  1624 

H-o,27i5 

-1-0,4661 

-1-0,0668 

(  990  ) 

Santa-Cruz Fleuriais —0,1091  ^-o,iio4 

))  Lepord »  -t-0,2846 

Cap  Horn CoiircelleSeneuii —0,5896  -  o, 2338 

»  Nous  avons  huit  observations  faites  au  nord  de  l'équateur  que  nous 
devons  combiner  avec  neuf  faites  au  sud,  ce  qui  nous  fournit  soixante-douze 
résultats.  Il  avait  été  indiqué  avant  le  départ  des  expéditions  que  les 
instants  des  contacts  dépendant  directement  de  la  grandeur  des  objectifs, 
les  combinaisons  devaient  être  faites  entre  les  données  provenant  de  lu- 
nettes de  même  grandeur.  Ceci  est  exact  dans  la  pratique  lorsqu'il  s'agit 
de  phénomènes  difficiles  à  noter  par  défaut  de  luminosité,  tels  la  dispa- 
rition des  satellites  de  Jupiter;  ces  disparitions,  comme  nous  l'avons 
observé  à  Puebla,  étant  d'autant  plus  tardives  que  la  lunette  était  plus 
puissante. 

»  Dans  le  cas  des  contacts  intérieurs  de  Vénus  il  n'en  est  pas  ainsi;  la 
luminosité  est  en  excès,  on  est  obligé  de  l'atténuer,  et  l'instant  du  contact 
le  plus  exact  dépend  principalement  de  la  qualité  de  l'œil  de  l'observateur. 

»  Comparons  néanmoins  entre  elles  les  données  provenant  des  lunettes 
de  huit  pouces  . 

Coefficient. 

Combinaisons  Bouquel  de  la  Grye  et  de  Bernardières.  -1-2,7099  -1-0,0278 

»                              id.                       Ilatl H-3,5o46  —0,2432 

»                             id.                       Fleuriais -1-4,0798  —0,2868 

»                      d'Abbadie                de  Bernardières.  -;-3,2978  — 0,0878 

»                              id.                       Hatl -)-4,o925  —0,3578 

»                             id.                       Fleuriais 4-4,6677  — o,4oi4 

))  En  divisant  la  somme  de  la  deuxième  colonne  par  celle  de  la  première, 
on  a  n  =  —  0,0604,  ce  qui  conduit  à  la  valeur  de  la  parallaxe  8",  7996. 

»  Passons  maintenant  ii  l'ensemble  de  toutes  les  combinaisons  utili- 
sables et  nous  pouvons  pour  arriver  rapidement  au  résultat  éviter  de  faire 
successivement  tous  les  groupements  deux  à  deux. 

»  En  effet,  en  appelant  T, ,  T„,  T3,  ...  les  coefficients  des  stations  Nord 
et  R,,  R2.  ...  les  valeurs  des  seconds  membres  et  en  affectant  d'une  asté- 
rique  les  valeurs  similaires  des  stations  Sud,  nous  aurons  à  combiner  en- 
semble T,  -  T;,  R,  -  r;  ;  T,  -  T;,  r,  -  r;;  t,  -  t;,  r,  -  r;;  mais  il  est 
plus  court  de  retrancher  de  /iT,  et  de  nR,  les  sommes  de  T',  -f-  T.,  -hT.^  ... 
Ri  -h  R,  -I-  R',  ...,  et  la  division  finale  tiendra  compte  du  poids  de  chaque 
groupement. 


ï 


et 


(  991   ) 

En  faisant  la  sommation  des  données  des  stations  Sud,  on  a  +  6,i6i4 

-  o,3654- 
En  retranchant  ces  chiffres  de  neuf  fois  ceux  des  stations  Nord,  on  a 


Bouquet  de  la  Grye     et 

stations  Sud.. 

-H    29,5749 

—  i,953o 

Héraud 

id. 

■■       +    29,57/49 

--  3,2211 

Ferrari 

id. 

■  •       +    29,5749 

—  2,8971 

Bassot 

id. 

.  .       +    36,5499 

—  2,6271 

Defforges 

id. 

. .     +  36,5499 

-H    0,9603 

D'Abbadie 

id. 

..     -f-  34,8660 

-   2,9844 

Callandreau 

id. 

..     +  34,8660 

—  i,4oo4 

De  la  Baume  Pluvinel 

id. 

,  .     +  34,8660 

—  0,6417 

266,4225 


—14,7645 


»  En  divisant  la  sommation  de  la  deuxième  colonne  par  celle  de  la  pre- 
mière on  a  û?n  =  -  o,  o532;  d'où  n  =  8,8068  avec  une  erreur  probable 
inférieure  à  o",oi . 

»   Employons  maintenant  la  méthode  de  Delisle. 

»  Un  des  inconvénients  de  cette  méthode  c'est  qu'elle  laisse  subsister 
les  erreurs  des  longitudes  des  stations.  Dans  la  situation  actuelle  ces 
erreurs  ne  dépassent  guère  deux  secondes  de  temps  et  par  suite  elles  n'oc- 
casionneraient dans  le  résultat  qu'une  différence  d'environ  o",oi;  mais 
le  plus  grave  inconvénient  tient  à  l'équation  propre  à  l'observateur  :  s'il 
observe  trop  tard  le  deuxième  contact,  il  y  a  quelques  chances  pour  qu'il 
en  soit  de  même  pour  le  troisième,  et  l'erreur  qui  en  résulte  disparaît  tandis 
qu'elle  reste  sensible  si  l'on  n'utilise  qu'un  contact. 

»  Nous  pouvons,  comme  nous  l'avons  fait  plus  haut,  grouper  toutes  les 
données  relatives  aux  stations  Sud  en  y  introduisant  des  observations  nou- 
velles incomplètes. 


Deuxième  contact. 

De  Bernardières.. .  -1-0,0970 

Barnaud +0,0970 

Ganereau +0,0970 

Penfenteuyo — -1,1912 

Perrin — 0,0906 

Hatt —0,3997 


Leigue 

Fleuriaiâ 

Lepord 

Courcelle-Seneuil . . 


—0,3997 
— 0,6634 
— o,6634 
—0,9054 


+0,0895 
-HO ,  o4o  I 
+0,0612 
—0,5791 
+0,7153 
— o,35o6 
— o,o5i I 

— 0,o52I 

—0,1169 
+0,4234 


— 0,0224     +0,1100 


Troisième  contact. 
De  Bernardières.  .      +    i,i638 

Barnaud 

Ganereau 

Penfenteuyo 

Perrin 

Perrotin 

Delacroix 

Cessier 

HaU 

Fleuriais 

Lepord. 


Courcelle-Seneuil . 


— 0,2932 
+0,2396 
+0,0268 
+0,2868 
+0,0639 
+0,3952 
— 0,0668 
+0,1086 
+0,4174 

-HO, 1625 
+0,1677 
— 0,6572 

1,7691     +o,88i3 


i,i638 
i,i638 

',7495 
i,253o 
0,9950 
0,9950 
0,9950 
o,8658 
0,5543 
0,5543 
o,3i58 


(  992  ) 
»   Groupons  maintenant  ces  résultats  avec  les  données  des  stations  Nord 
multipliées  par  lo  pour  le  deuxième  contact  et  par  12  pour  le  troisième  : 


Deuxième  contact. 


Bouquet  de  la  Grye     et  stations  Sud . 

+ 

26,0299 

— 

4,2i85 

Héraud                                      id. 

. . .     + 

26,0209 

— 

6, 3255 

Ferrari                                        id. 

. . .     + 

26,0209 

— 

5,9655 

Perrier                                       id. 

.  .  .       4- 

28,0889 

— 

4,9335 

Bassot                                         id. 

-h 

28,0889 

— 

4,9005 

Defforges                                    id. 

.  .  .       -+- 

28,0889 

— 

2,0285 

D'Abbadie                                id. 

. . .     -^- 

24,6829 

-1- 

0,5545 

Callandreau                               id. 

.  .  .     -t- 

24,6829 

+ 

3,8142 

De  la  Baume-Pluvinel             id. 

-\- 

24,6829 

-h 

i,o549 

Tisserand                                   id. 

. . .     -t- 

22,0739 

— 

3,6335 

Bigourdan                                  id. 

...     -'(- 

22,0789 

— 

i,4i85 

Puiseux                                      id. 

-t- 

22,0789 

+ 

0 , I 900 

3o2,5848 

— 

26,6099 

on  en  tire 

dn 


0,0879         d'où 


n 


8,77: 


Le  troisième  contact  donne: 


Bouquet  de  la  Grye     et  stations 

Sud.... 

-f-    8,2817 

-H  1,5679 

Héraud 

id. 

-+-    8,2817 

-^2,4o58 

Ferrari 

id. 

-t-    8,2817 

^2,7871 

Bassot 

id. 

-t-  15,1071 

—  1 ,2o53 

Defforges 

id. 

+   15,1071 

-1-2,8243 

D'Abbadie 

id. 

-t-  16,9421 

—5,5349 

Callandreau 

id. 

+  16,9421 

—7,3337 

De  la  Baume-Pluvinel 

id. 

-+-  16,9421 
105,8836 

—3,  i3ii 

—7,6202 

on  en  tire 

dn  =-'-     0 

07 

19 

d'où 

n=:  8,788. 

))  En  résumé,  en  nous  bornant  aux  observations  directes  nous  avons  eu, 
en  employant  celles  faites  aux  grandes  lunettes  par  la  méthode  de  Halley, 
8,7996,  et  avec  toutes  les  lunettes,  8,8068,  chacune  de  ces  valeurs  étant 
obtenue  avec  une  erreur  probable  d'environ  o",oi . 

«  Avec  la  méthode  de  Delisle,  le  résultat  est  plus  incertain,  l'erreur 
probable  beaucoup  plus  considérable. 

»  Nous  pouvons  donc  offrir  la  valeur  de  8",  80  comme  le  résultat  des 
observations  françaises  directes  provenant  des  deuxième  et  troisième  con- 
tacts de  toutes  les  stations. 


(993) 

»  A  titre  de  curiosité,  nous  pouvons  donner  le  résultat  obtenu  par  les 
observations  directes  du  premier  et  du  quatrième  contact,  calculées  i)ar 
la  méthode  de  Halley;  on  a  alors  8",  783,  mais  il  y  a  discordance  entre  les 
résultais  partiels,  ce  qui  est  loin  de  surprendre,  les  instants  de  ces  contacts, 
surtout  du  premier,  étant  difficiles  à  apprécier. 

»  D'autres  déterminations  sérieuses  vont  résulter  de  l'étude  complète 
des  données  prises  par  les  observateurs  et  aussi  des  mesures  des  plaques 
photographiques.  Nous  les  présenterons  ultérieurement  à  l'Académie.   > 

PHYSIQUE  TERRESTRE.    —    Note  sur  les  travaux  au  mont  Blanc  en  1899; 

par  M.  J.  Janssev. 

(c  1.  Etude  des  pertes  qu'un  câble  électrique  peut  éprouver  quand  il  est  placé 
à  nu  sur  le  glacier.  —  Cette  étude,  d'un  très  haut  intérêt  pour  la  Télé- 
graphie en  général,  et  en  particulier  pour  l'Administration  des  Télégraphes, 
avait  été  entreprise  par  MM.  Lespieau  et  Cauro,  et  je  m'étais  mis  à  leur 
disposition  pour  les  aider  de  tout  mon  pouvoir. 

»  L'Administration  des  Télégraphes  qui,  comme  je  viens  de  le  dire,  avait 
un  intérêt  direct  dans  la  question,  avait  bien  voulu  nous  prêter  le  fil  et  les 
appareils  nécessaires  à  la  réalisation  de  cette  étude. 

»  On  connaît  le  mortel  accident  arrivé  à  M.  Cauro  au  début  même  des 
opérations.  Ce  jeune  et  très  distingué  physicien  fit  une  chute  dans  un  sen- 
tier de  la  montagne  de  la  Cote,  montagne  conduisant  au  glacier  sur  lequel 
on  devait  expérimenter,  et  il  se  tua  sur  le  coup.  Ce  grand  malheur,  qui 
brisait  une  carrière  pleine  d'avenir,  m'atterra.  Je  fus  d'autant  plus  affecté 
de  cette  mort  que  c'était  par  amour  et  amour  absolument  désintéressé  de 
la  Science  qu'elle  se  produisait.  Aussi  ai-je  tenu  à  rendre  à  cette  si  intéres- 
sante mémoire  tout  l'hommage  qui  lui  était  dû  et  à  agir  en  cette  circon- 
stance comme  s'il  se  fût  agi  de  mon  propre  fils.  Son  ami,  M.  Lespieau, 
aussi  affecté  que  moi-même,  m'aida  de  tout  son  pouvoir  dans  cette  si  dou- 
loureuse circonstance.  Nous  nous  rendîmes  au-devant  du  corps  qui  fut 
ramené  à  Chamonix  et  mis  en  cercueil  plombé  chez  moi.  Le  lendemain  un 
service  solennel  eut  lieu  à  l'église  de  Chamonix  et  nous  attendîmes  l'arrivée 
de  M""' Bougleux,  sœur  de  M.  Cauro,  qui  vint  bientôt  et  put  emmener  le 
cercueil  de  son  frère  et  le  faire  placer  à  Paris  dans  une  sépulture  de  famille. 
Une  croix,  rappelant  l'accident  et  son  noble  motif,  a  été  placée  sur  le  lieu 
même  par  mes  soins.  M.  Lespieau  conduisit  l'expédition  et  ma  fille  m'y 
représenta. 

c.  R.,iS99,  ^'Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  24.)  l32 


'  994   ! 

»  Indépendamment  des  études  sur  le  câble,  M.  Cauro  s'était  proposé 
d'instituer  entre  le  sommet  du  mont  Blanc  et  Chamonix  des  expériences 
de  télégraphie  sans  fil  et  il  avait  préparé  et  apporté  dans  cette  intention 
les  appareils  nécessaires.  Les  connaissances  de  M.  Caiiro  en  électricité  le 
préparaient  tout  particulièrement  à  ces  intéressantes  expériences.  Le 
projet  fut  nécessairement  abandonné,  mais  nous  comptons  le  reprendre. 

»   M.    Lespieau,    ayant  accompli  tout  ce  qui   dépendait   de  lui  pour 

honorer  la  mémoire  de  son  ami,  voulut  bien  à  ma  demande  continuer  les 

expériences  commencées  et  je  lui  donnai  les  moyens  nécessaires  à  cet 

effet. 

Rapport  de  M.  Lespieau. 

1)  Avec  l'aide  de  trois  guides  de  Chamonix,  j'ai  relié  le  rocher  des  Grands-Mulels 
au  sommet  de  la  montagne  de  la  Côte  par  deux  fils  de  fer  galvanisé  d'un  diamètre  de 
3™™,  du  modèle  de  ceux  utilisés  par  l'Administration  des  Télégraphes.  Ces  deux  fils, 
distants  l'un  de  l'autre  d'au  moins  5",  reposent  à  même  sur  le  glacier,  sauf  à  l'arrivée 
aux  Grands-Mulets,  où  ils  courent  pendant  quelque  mètres  sur  le  rocher.  La  longueur 
de  l'un  d'eux  est  1700""  environ;  la  dislance  du  point  de  départ  au  point  d'arrivée  est 
plus  petite,  mais  il  a  fallu  faire  de  nombreux  détours  et  laisser  du  jeu  au  fil. 

»  Ces  deux  fils  constituaient  une  ligne  utilisable  pour  la  télégraphie,  ainsi  qu'il 
a  été  vérifié.  On  s'est  préoccupé  d'en  étudier  la  résistance  et  l'isolement. 

»  1°  Aux  Grands-Mulets  on  a  monté  en  série  dix-huit  éléments  Leclanché  grand 
modèle  de  l'Administration  des  Télégraphes,  puis  on  a  relié  en  série  l'un  des  fils,  la  pile, 
un  milliampèremètre  et  l'autre  fil.  On  na  observé  aucune  déviation,  alors  qu'après 
avoir  bouclé  les  deux  fils  à  l'autre  extrémité  on  a  vu  que  trois  éléments  de  piles  fournis- 
saient une  intensité  de  courant  supérieure  à  5o  milliampères,  limite  de  la  graduation 
de  l'instrument. 

I)  2°  L'ampèremètre  étant  remplacé  par  un  galvanomètre,  le  guide  Emile  Ducroz 
relie  un  deuxième  galvanomètre  du  même  modèle  que  le  précédent  aux  deux  fils  de 
fer  à  des  distances  variables  des  Grands-Mulets.  La  indications  des  deux  instruments 
sous  l'influence  du  même  courant  se  montrent  concordantes. 


Déviations 

Déviations  observées 

aux 

par  M.  Ducroz, 

Grands-Mulets. 

à  Soc 

"  des  Grands-Mulets. 

61 

62 

55 

56 

54 

55 
Id.  à  600 

62 

61 

60 

r50 

5o 

5o 
Id.  à  1700 

62 

60 

52 

53 

39 

38 

f  995 

»  Les  dernières  observations  en  chaque  point  sont  dues  au  courant  donné  par  un 
seul  élément  quelque  peu  polarisé. 

»  3°  Les  deux  fils  étant  soudés,  on  mesure  la  résistance  de  la  ligne  à  l'aide  d'un 
pont  de  Wheatslone;  on  la  trouve  comprise  entre  56  et  67  ohms,  mais  plus  voisine 
de  37  que  de  56.  La  résistance  du  fil  isolé  est  de  17,3  ohms  à  17,8  ohms  par  kilomètre 
(nombres  fournis  par  l'Administration).  La  ligne  devrait  donc  avoir  une  résistance 
de  Sg  à  60  ohms  si  elle  élait  parfaitement  isolée. 

»  4°  Un  Leclanché  non  polarisé  fournissait  dans  la  ligne  un  courant  de  24  milli- 
ampères,  deux  éléments  en  série  un  courant  de  46,5  millianipères.  La  résistance  de  la 
ligne  étant  67  ohms,  celui  de  l'ampèremètre  i,85  ohm,  on  peut  de  ces  données  dé- 
duire la  résistance  intérieure  d'un  élément  et  sa  force  électromolrice  par  la  formule 
de  Ohm.  On  trouve  ainsi  R  =  i  ,96  et  E  =ri  ,459;  or,  on  sait  que  E  égale  i  ,46.  Quant 
à  R,  la  mesure  directe  a  fourni  des  nombres  oscillant  entre  1,8  et  2  ;  la  température 
avait  une  certaine  influence. 

»  De  ces  expériences  il  résulte  que  la  ligne  constituée  par  deux  fils  posés  sur  un 
glacier  ou  sur  un  rocher  émergeant  du  glacier  est  parfaitement  utilisable  pour  la  télé- 
graphie ;  que  son  isolement  est  bon  même  lorsque  la  glace  fond  à  la  surface  du  gla- 
cier, comme  cela  a  eu  lieu,  enfin  qu'un  fil  de  fer  de  3™"  reposant  sur  une  longueur  de 
1700™  de  glacier  ne  constitue  pas  une  terra  télégraphique. 

»  Il  a  été  dit  que  la  résistance  des  piles  variait  notablement  avec  la  température. 
Cet  effet  est  dû  en  partie  à  l'appauvrissement  en  chlorhydrate  d'ammoniac  jjar  suite 
du  dépôt  de  ce  sel.  Maintenues  à  basse  température,  les  piles  se  refroidissent  jusqu'à 
—  16°  en  conservant  approximativement  la  même  force  électromotrice.  Elles  se  con- 
gèlent alors  lentement.  Quand  la  congélation  est  totale,  la  température  de  la  pile 
s'abaisse  de  nouveau,  mais  sa  résistance  devient  énorme.  Un  élément  fermé  sur  une 
résistance  de  3i  ,85  ohms  fournit  43  milliarnpères  à  la  température  de  ^-  i5".  Congelé 
et  fermé  sur  une  résistance  de  i,85  ohm,  il  ne  donne  plus  qu'un  quart  de  milliam- 
père  ;  encore  cet  effet  est-il  attribuable  à  une  trace  de  liquide  non  solidifié. 

»  J'ajouterai  que  c'est  grâce  au  concours  que  m'a  prêté  M.  Janssen  et  sur  sa  demande 
l'Administration  des  Télégraphes  que  j'ai  pu  réaliser  ces  expériences.  Qu'il  me  soit 
permis  de  les  remercier  ici. 

1)  Il  ré.siille  de  ces  intéressantes  expériences  qu'une  ligne  télégraphique 
d'une  grande  longueur  peut  être  établie,  à  fil  nu,  sur  les  glaciers  et  fom-nir 
un  bon  service.  Ce  résultat  est  fort  intéressant  pour  la  télégraphie  en  haute 
montagne  et  nous  savons  que  l'Administralion  en  a  été  très  satisfaite. 

»   C'est  un  nouveau  service  que  le  mont  Blanc  aura  rendu. 

11  Disons  maintenant  que  si  l'isolement  donné  par  la  glace  se  prête 
à  rétablissement  de  lignes  à  fd  nu,  d'un  autre  côté  les  mouvements  de 
descente  des  glaciers  sont  des  causes  incessantes  de  rupture  des  câbles. 
Cette  difficulté  n'est  pas  insurmontable  et  nous  nous  proposons  de  faire 
ultérieurement  des  expériences  à  cet  égard. 

»   2.   Sur  l'oxygène  solaire.  —  L'étude  de  cette  difficile  question  de  la 


{  996 
présence  de  l'oxygène  dans  les  enveloppes  gazeuses  du  Soleil  a  été  conti- 
nuée celte  année  et  le  sera  encore  les  années  suivantes  jusqu'à  ce  qu'on  ait 
obtenu  des  résultats  absolument  décisifs. 

1)  On  sait  qu'il  s'agit  de  démontrer  que  les  groupes  A,  B,  a  du  spectre 
solaire,  qui  se  rapportent  à  la  présence  de  l'oxygène  dans  notre  atmo- 
sphère, disparaîtraient  complètement  aux  limites  mêmes  de  cette  atmo- 
sphère et  que  les  enveloppes  gazeuses  solaires  ne  sont  pour  rien  dans  leur 
formation. 

Il  Pour  résoudre  cette  question  d'un  intérêt  capital,  j'ai  institué  depuis 
1886  une  série  d'expériences  : 

»  1°  Au  laboratoire  de  l'observatoire  de  Meudon  avec  des  tubes  conte- 
nant des  quantités  d'oxygène  équivalentes  à  celles  de  l'atmosphère  ter- 
restre ; 

»  2°  Par  une  expérience  faite  en  1889  entre  la  Tour  Eiffel  et  Meudon, 
l'épaisseur  atmosphérique  traversée  en  cette  circonstance  par  un  faisceau 
lumineux  étant  équivalente  comme  quantité  à  celle  que  traverse  un  rayon 
atmosphérique  zénithal  ; 

»  3"  Par  des  expériences  comparatives,  instituées  à  Meudon,  à  Chamo- 
nix  et  au  sommet  du  mont  Blanc  et  dont  M.  de  la  Baume-Pluvinel  avait 
bien  voulu  se  charger  à  ma  demande  ; 

»  4"  Par  l'intervention  des  ballons-sondes,  lesquels  permettent  d'obte- 
nir le  spectre  solaire  à  une  très  grande  hauteur,  et  par  conséquent  en  lais- 
sant une  portion  très  faible  d'atmosphère  au-dessus  d'eux. 

»  Cette  année,  sur  mes  instructions,  M.  Tikhoff,  élève  astronome  de 
Meudon,  s'est  livré  à  des  expériences  nouvelles  à  Meudon,  àChamonix, 
au  sommet  du  mont  Blanc.  Les  spectres  solaires  photographiés  qu'il  a 
obtenus  seront  discutés  ultérieurement. 

»  Du  reste,  je  compte  en  outre  reprendre  l'expérience  de  1889  à  la 
Tour  Eiffel  pendant  le  cours  de  l'année  1900.  » 


PHYSIQUE.    —  Influence  d'un  champ  magnétique  sur  le  rayonnement  des 
corps  radio-actifs.  Note  de  M.  Henri  Becquerel  ('). 

«   Au  cours  des  expériences  que  je  poursuis  dans  la  recherche  des  faits 
qui  peuvent   nous  éclairer  sur   la  nature  du  rayonnement  émis  par  les 

(')  J'ai  été  obligeamment  aidé  dans  ces  expériences  par  M.  Malout. 


(  997  ) 
corps  radio-actifs,  j'ai  en  l'occasion  d'observer  ces  jours  derniers  des  effets 
remarquables  produits  sur  ce  rayonnement  lorsqu'il  traverse  un  champ 
magnétique. 

w  Dans  un  champ  magnétique  non  uniforme,  constitué  par  un  puissant 
électro-aimant,  j'ai  observé  que  le  rayonnement  du  radium  s'infléchit  et  se 
concentre  sur  les  pôles. 

»  M.  et  M""  Curie,  à  qui  je  montrais  quelques-unes  des  expériences  qui 
vont  être  décrites,  m'ont  alors  appris  que  MM.  Stefan  Meyer  et  Egon  R.  v. 
Schweidler  venaient  de  publier,  il  y  a  trois  semaines  ('),  l'observation 
d'une  action  d'un  champ  magnétique  sur  les  rayons  du  radium  et  du  polo- 
nium,  et  ils  m'ont  communiqué  la  Note  de  ces  auteurs.  Ceux-ci,  en  étu- 
diant dans  un  champ  magnétique  uniforme  le  rayonnement  du  radium  au 
moyen  d'un  écran  de  platinocyanure  de  baryum,  ont  conclu  de  leurs 
expériences  que,  dans  un  plan  perpendiculaire  au  champ,  les  rayons  sont 
infléchis  vraisemblablement  suivant  des  lignes  circulaires,  tandis  qu'il 
existerait  dans  la  direction  du  champ  des  rayons  qui  ne  sont  pas  déviés. 
Ces  propriétés  sont  celles  des  rayons  cathodiques. 

»  Parmi  les  faits  que  j'ai  observés,  sans  avoir  eu  connaissance  de  ces 
expériences,  les  uns  sont  conformes  à  ceux  qui  ont  été  découverts  par  les 
auteurs  viennois  ;  les  autres  apportent  une  contribution  nouvelle  à  nos 
connaissances  sur  le  rayonnement  du  radium. 

»  Voici  les  expériences  que  j'ai  réalisées  avec  la  petite  quantité  de 
chlorure  de  baryum  radio-actif  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  et  de 
M"'  Curie  : 

Il  Effets  produits  dans  le  sens  des  lignes  de  force.  —  Dans  un  champ 
magnétique  formé  par  deux  petites  surfaces  de  fer  doux,  planes  et  circu- 
laires, de  i4""°  environ  de  diamètre,  qu'un  fort  électro-aimant  permettait 
d'aimanter  presque  à  saturation,  et  dont  la  distance  a  varié  de  quelques 
millimètres  à  plusieurs  centimètres,  suivant  les  expériences,  j'avais  disposé 
d'abord,  près  du  centre  d'une  des  surfaces  polaires,  la  matière  radio- 
active, déposée  sur  du  papier  et  recouverte  d'une  mince  feuille  d'alumi- 
nium battu,  puis  contre  l'autre  pôle  un  écran  fluorescent,  soit  de  sulfate 
double  d'uranium  et  de  potassium,  soit  de  platino-cyanure  de  baryum,  de 
blende  hexagonale,  de  diamant,  ou  d'autres  matières  phosphorescentes. 

))  Tant  que  l'électro-aimant  n'est  pas  excité,  la  phosphorescence 
apparaît  sous   la  forme  d'une  large  tache  lumineuse  s'étendant  bien  au 

(')  Physikaliscke  Zeitschrift,  n"  10,  p.  ii3-ji4- 


(  99»  ^ 
delà  de  la  surface  polaire  en  contact  avec  l'écran;  la  lueur  est  assez  faible 
lorsque  les  armatures  sont  à  une  distance  de  i*"""  environ,  conformément 
aux  expériences  que  j'ai  publiées  la  semaine  dernière. 

»  Si,  alors,  on  excite  l'électro-aimant,  on  voit  la  tache  lumineuse  se  ré- 
trécir et  devenir  considérablement  plus  intense.  La  lueur  dépasse  à  peine 
les  contours  de  la  pièce  polaire,  et  il  semble  que  tous  les  ravons  excita- 
teurs ém;inés  du  radium  viennent  aboutir  sur  cette  surface.  L'augmenta- 
tion d'intensité  est  considérable,  j'en  donnerai  prochainement  une  mesure; 
elle  ne  présente  pas  de  différence  notable  lorsqu'on  change  le  sens  de 
l'aima  ntalion.  , 

»  Le  même  phénomène  se  produit  lorsqu'on  interpose  entre  la  matière 
active  et  la  surface  fluorescente  des  écrans  de  diverses  natures,  tels  que  du 
papier  noir,  du  verre,  etc.;  l'intensité  s'est  seulement  affaiblie  comme  je 
l'ai  indiqué  antérieurement. 

»  Si  aux  écrans  phosphorescents  on  substitue  contre  la  surface  polaire 
une  plaque  photographique,  on  obtient  en  quelques  instants  des  épreuves 
très  intéressantes.  Les  épreuves  que  je  présente  aujourd'hui  à  l'Académie 
ont  été  obtenues,  l'une  à  une  distance  de  iS""  environ,  en  une  minute  et 
demie,  l'autre  à  une  distance  de  4*^"*,  en  cinq  minutes;  on  voit  sur  la  même 
plaque  rim|)ression  très  faible  lorsque  l'électro-aimant  n'est  pas  excité, 
et  l'impression  très  intense  produite  par  les  rayons  qui  ont  traversé  le 
champ  magnétique. 

))  L'augmentation  considérable  de  l'intensité,  obtenue  dans  cette  expé- 
rience pourrait  peut-être  donner  un  moyen  de  concentrer  sur  une  petite 
surface  polaire  l'action  produite  par  une  large  surface  de  matière  peu 
active  telle  que  l'uranium,  mais  je  n'ai  pu  jusqu'ici  réussir  cette  expé- 
rience soit  en  raison  de  la  faiblesse  de  l'intensité,  soit  en  raison  des  pro- 
priétés particulières  des  rayons  de  l'uranium. 

»  Effets  produits  dans  un  plan  perpendiculaire  au  champ.  -  La  ma- 
tière active  recouverte  d'aluminium,  comme  dans  les  expériences  précé- 
dentes, était  placée  au  milieu  du  champ;  autour  de  celle-ci  on  avait  disposé 
un  écran  fluorescent  cylindrique  en  enduisant  de  sulfate  double  d'ura- 
nium et  de  potassium  l'intérieur  d'un  tube  de  verre  dont  l'axe,  parallèle 
au  champ,  passait  par  la  source  radiante;  tous  les  points  de  l'écran  étaient 
ainsi  sensiblement  à  la  même  distance  de  la  source  et  dans  une  direction 
normale  au  champ.  Si  l'on  excite  alors  l'électro-aimant,  on  voit  dans  les 
conditions  particulières  de  l'expérience  la  phosphorescence  diminuer 
considérablement,  au  point  de  devenir  à  peine  perceptible. 

»   Dans  une  autre  expérience,  la  matière  a  été  placée  en  dessous  de  la 


(  999  ) 
partie  la  plus  intense  du  champ,  et  un  écran  fluorescent  plan  a  été  disposé 
au-dessus,  de  l'autre  côté  du  champ.  Dans  ces  conditions,  on  voit  l'effet 
changer  avec  le  sens  du  courant;  pour  un  sens  de  l'aimanlalion,  la  phos- 
phorescence s'affaiblit;  pour  le  sens  contraire,  elle  se  présente  en  une 
tache  lumineuse  plus  brillante. 

1)  Exploration  du  champ  par  la  photographie.  —  La  photographie,  parla 
netteté  des  détails  qu'elle  enregistre,  a  donné  pour  l'étude  du  champ  des 
résultats  bien  supérieurs  à  ceux  de  la  fluorescence.  J'ai  réalisé  en  parti- 
culier les  expériences  suivantes  : 

»  i"  On  place  parallèlement  au  champ,  entre  les  deux  pôles  distants 
de  45"'",  une  plaque  photographique  horizontale  entourée  de  papier  noir. 
Après  avoir  excité  l'éleclro-aimant,  on  met  sur  la  plaque,  à  égale  distance 
des  |)ôles,  la  matière  radio-active.  Après  quelques  minutes  de  pose,  on  peut 
développer  la  plaque  et  l'on  constate  que  l'impression,  très  forte,  au  lieu 
de  s'être  faite  uniformément  autour  de  la  source,  est  tout  entière  rejetée 
sur  la  droite  du  champ  (à  gauche  [)our  un  observateur  qui  regarde  le 
pôle  H-  ).  En  dehors  de  la  tache  noire  qui  marque  la  place  de  la  source  ra- 
diante, l'impression  maximum  est  répartie  sur  une  zone  étroite  qui  affecte 
la  forme  ci-contre  {' j  ifig-  i  )•  L'écarlimaximum  correspond  à  la  direction 
normale  au  chamjj,  passant  par  la  source  qui,  dans  le  cas  actuel,  est  au 
milieu  du  champ.  Le  maximum  d'écart  est  aussi,  dans  ce  cas,  le  maximum 


de  l'intensité  de  l'impression;  de  part  et  d'autre  de  ce  maximum,  la  courbe 
s'infléchit  et  rejoint  les  pôles  presque  normalement  aux  surfaces  polaires, 
en  des  points  situés  à  droite  des  centres  de  ces  surfaces. 

»  La  courbure  est  d'autant  moins  accentuée  que  le  champ  est  plus  in- 
tense. 


(  '  )  Les  figures  représentent  la  forme  des  courbes,  mais  nullement  l'aspect  des  pho- 
tographies. 


(     lOOO    ") 

»  Cette  expérience  est  identique  à  celle  que  MM.  Meyer  et  Schweidler  ont 
faite  avec  un  écran  fluorescent.  Ces  auteurs  ont  signalé  seulement  le  maxi- 
mum du  sommet  de  la  courbe;  mais  ils  ont  montré  ce  fait  capital  que 
l'impression  était  due  à  des  rayons  émis  au-dessus  de  la  plaque,  et  ramenés 
sur  celle-ci  par  l'aimant. 

»  Les  rayons  émis  au-dessous  de  la  plaque  donneraient  la  courbe 
symétrique,  mais  dans  notre  expérience  ils  sont  absorbés  par  le  verre  qu'ils 
ont  à  traverser  deux  fois. 

»  Celte  première  expérience  permet  d'expliquer  les  anomalies  appa- 
rentes qu'on  observe  quand  on  place  des  écrans  fluorescents  à  diverses 
distances  de  la  source  radiante  supposée  au  milieu  du  champ.  Si  celle-ci 
était  réduite  à  un  point,  le  lieu  dans  l'espace  du  maximum  d'action  serait 
la  surface  de  révolution  ayant  pour  axe  l'axe  du  champ  passant  par  la 
source,  et  pour  méridienne  la  courbe  que  nous  venons  de  décrire.  Sur 
cette  surface  la  propagation  du  rayonnement  se  fait  suivant  des  hélices 
en  tournant  dans  le  sens  d'un  courant  circulaire  qui  produit  un  champ 
de  même  sens  que  le  champ  étudié.  Lorsqu'un  écran  coupe  cette  surface, 
le  maximum  d'action  a  lieu  sur  celle  des  régions  d'intersection  qui  reçoit 
le  rayonnement  curviligne;  si  le  sens  de  l'aimantation  change, le  maximum 
d'action  est  sur  l'autre  région.  Si  l'écran  est  tangent  à  la  surface,  la  région 
du  maximum  ne  paraît  pas  se  déplacer  quand  le  sens  de  l'aimantalion 
change.  Enfin  si  l'écran  ne  coupe  pas  la  surface,  on  observe  sur  l'écran 
une  action  moindre  que  si  le  champ  n'existait  pas. 

»  2°  Une  seconde  expérience,  tout  aussi  importante,  consiste  à  placer 
le  radium  près  de  l'un  des  pôles,  du  pôle  -f-  par  exemple,  la  plaque  photo- 
graphique restant  dans  la  même  position  que  ci-dessus. 

»  L'effet  obtenu  est  notablement  différent.  L'impression  ne  va  pas  en 
ligne  droite  comme  dans  l'expérience  de  MM.  Meyer  et  Schweidler,  elle 
affecte  encore  la  forme  curviligne  décrite  plus  haut,  et  est  tout  entière  à 
droite  du  champ  { fig.  2).  A  côté  de  la  tache  marquant  la  place  de  la  source, 
se  trouve,  à  droite  du  champ,  une  tache  presque  aussi  intense  qui  se  rejoint 
à  la  première;  l'impression  va  ensuite  en  diminuant  le  long  de  la  courbe 
jusqu'au  sommet,  au  milieu  du  champ,  où  elle  est  minimum,  puis  elle  aug- 
mente en  se  rapprochant  de  l'autre  pôle,  près  duquel  elle  est  très  intense, 
moins  cependant  qu'à  l'autre  extrémité,  figurant  une  sorte  d'image  disper- 
sée de  la  matière  active. 

»  Il  résulte  de  la  propagation  curviligne  que  l'on  peut  placer,  au  milieu 
du   champ,    un    petit  écran    opaque,  une  petite   pièce   de   monnaie  par 


(    lOOI     ) 

exemple,  sans  que  le  rayonnemenl  cesse  do  se  concentrer  sur  le  pôle.  Si 
l'on  déplace  excentriqiiement  l'écran,  l'action  sur  le  pôle  est  considérable- 
ment affaiblie. 

))  Ces  expériences  montrent  d'une  aiilre  manière  l'augmentation  d'ac- 
tion près  des  pôles,  que  j'ai  indiquée  au  début  de  cette  Note.  Elle  rend 
compte,  en  outre,  de  ce  fait  que  si  l'on  place,  près  du  pôle  opposé  à  la 
source,  un  écran  fluorescent  ou  photographique,  et  qu'on  le  déplace  vers 
le  milieu,  la  surface  impressionnée  s'élnrgit,  et  l'intensité  est  moindre  que 
sur  le  pôle,  bien  qu'on  s'approche  de  la  source. 

»  3°  Si  l'on  fait  une  troisième  expérience  en  disposant  la  plaque  photo- 
graphique comme  ci-dessus  et  en  plaçant  la  matière  active  non  plus  au 
milieu  du  champ  ou  près  d'un  des  pôles,  mais  en  un  point  quelconque  de 
l'axe  du  champ,  on  obtient  encore  la  courbe  décrite  ci-dessus;  celle-ci 
présente  alors  un  maximum  d'intensité  en  face  de  la  source  radiante,  sur 
la  même  normale  au  champ.  Ce  maximum  a  une  tendance  à  se  rappro- 
cher du  pôle  le  plus  voisin;  et  lorsque  la  matière  active  est  à  une  petite 
distance  de  l'un  des  pôles,  on  voit  apparaître  un  second  maximum  d'action 
près  du  pôle  opposé. 

»  Enfin,  parmi  les  expériences  que  j'ai  réalisées  il  en  est  d'intéressantes 
qui  montrent  qu'un  écran  de  plomb,  arrêtant  le  rayonnement  direct  de  la 
source  sur  une  surface  fluorescente,  ou  photographique,  n'arrête  pas  le 
rayonnement  curviligne  dans  le  champ,  si  celui-ci  peut  contourner 
l'obstacle;  le  point  où  ce  rayonnement  curviligne  vient  frapper  l'écran 
change  alors  avec  le  sens  de  l'aimantation. 

«  Tous  ces  faits  montrent  que  le  rayonnement  du  radium  se  rapproche 
considérablement  des  rayons  cathodiques;  certaines  expériences  donnent 
presque  la  reproduction  d'expériences  faites  avec  les  rayons  cathodiques 
par  M.  Broca  ('). 

»  IjCS  expériences  qui  viennent  d'être  rapportées  nous  fournissent  des 
éléments  nouveaux  pour  nous  guider  dans  la  recherche  de  la  nature  des 
radiations  émises  par  les  corps  radio-actifs;  toutefois  le  fait  de  leur  émis 
sion  continue  et  sans  affaiblissement  notable,  par  des  substances  non  élec- 
trisées,  n'en  reste  pas  moins,  jusqu'ici,  un  mystère  d'un  grand  intérêt.  » 

(')  Journal  de  Physique,  3"  série,  t.  \\\,  p.  710;  1898. 


C.  R.,  1899,  .!'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  24.) 


i33 


(     I002     ) 


ANALYSE  CHIMIQUE.  —  Sur  une  méthode  générale  pour  h  dosage  tin  divers 
corps  simples  contenue  dans  les  composés  organiques;  par  M.  Berthflot. 

o  Le  dosage  des  éléments  mnlliples  contenus  dans  les  composés  orga- 
niques a  été  effectué  jusqu'à  clés  derniers  temps  par  des  voies  et  méthodes 
diverses,  souvent  longues  etcampliquées,  mnis  dont  la  complication  résulte 
de  la  nécessité  de  détruire  complètement,  et  d'ordinaire  progressivement,  le 
composé,  par  l'action  de  la  cjialeur  et  de  divers  réactifs,  tels  que  l'oxvde 
de  cuivre,  les  alcalis,  le  chlorate,  ou  l'azotate  de  potasse,  etc. 

);  Te  crois  utile  de  montrer  qu'il  existe  une  méthode  générale  plus  simple 
et  plus  rapide  dans  la  plupart  des  cas,  méthode  fondée  sur  les  procédés 
mêmes  que  j'emploie  pour  les  études  calorimétriques,  et  je  réunirai  ici  les 
résultats  que  j'ai  observés,  dejpuis  vingt  années,  dans  les  analyses  qui  ont 
suivi  les  déterminations  calorimétriques;  ces  analyses  ayant  leur  caractère 
propre  et  indépendant  de  la  Thermochimie. 

>i  En  effet,  cette  destruction  peut  être  accomplie,  d'un  seul  coup  et  d'une 
façon  instantanée,  par  l'emploi  de  l'oxygène  comprimé  à  25  atmosphères, 
dans  la  bombe  calorimétriquei  de  façon  à  ramener  le  problème  des  dosages 
d'éléments  aux  conditions  d'une  analyse  purement  minérale.  C'est  d'ailleurs 
ce  que  j'ai  signalé  à  différentes  reprises,  dans  le  coin-s  de  mes  recherches 
sur  la  chaleur  de  combustion  ^  volume  constant  des  composés  organiques, 
recherches  qui  remontent  à(i88i;  les  procédés  par  lesquels  je  mesure 
cette  chaleur  reposent  sur  une  combustion  totale,  dont  les  produits  formés 
en  vase  clos  se  prêtent  parfaitement  à  des  dosages.  L'opération  de  la  com- 
bustion instantanée  demeure  la  même,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  l'exé- 
cuter en  plongeant  la  bombe  dans  un  calorimètre;  ce  qui  la  rend  plus 
prompte.  Dans  certains  cas,  on  peut  ajouter  à  l'avance  dans  la  bombe 
des  matières  qui  facilitent  les  analyses  ultérieures.  La  combustion  enfin 
s'exécute  avec  une  égale  facilité  sur  les  gaz,  les  liquides,  les  solides, 
volatils  ou  non,  en  observant  les  conditions  décrites  dans  mon  Traité  pra- 
tique de  Calorimélrie  chimique. 

»  Ra]jpelons  brièvement  qaels  sont  les  corps  simples  que  j'ai  dosés  par 
celte  méthode. 

»  1.  Le  carbone  se  dose  en  le  pesant  sous  la  forme  d'acide  carbonique, 
que  l'on  extrait  avec  la  pompe  (extractions  et  rentrées  d'air)  {Traité  pra- 
tique de  Calorimélrie  chimique,  p.  i8o);  j'ai  exécuté  un  grand  nombre  de 
lois  cette  opération,  principalement  sur  les  gaz.  Ce  dosage  est  facile. 


(    loo'i  ) 

«  Vhydrogêne  se  dose  à  l'état  d'eau.  Mais  ce  dosage  exige  l'emploi  ini- 
tial d'oxygène  sec,  et  l'échauffement  consécutif  de  la  bombe  dans  un  bain- 
mariu,  de  façon  à  réduire  l'eau  en  vapeur,  que  l'on  entraîne  par  une  suite 
d'extractions  et  de  rentrées  d'air  :  ce  qui  reml  l'analyse  assez  pénible. 

»  Le  dosage  de  l'azote  en  volume  est  également  pénible,  à  cause  de 
l'impureté  de  l'oxygène  qui  exige  une  mesure  spéciale;  mais  le  principe 
en  est  aisé  à  énoncer. 

»  2.  Au  contraire,  les  dosages  du  soufre  et  du  phosphore  sont  faciles  et 
rigoureux;  je  les  ai  décrits,  en  détail,  dans  plusieurs  Mémoires.  Ils 
exigent  souvent,  le  premier  surtout,  l'addition  d'une  certaine  dose  d'un 
corps  combustible,  tel  que  le  camphre  ou  la  naphtaline  :  ce  qui  ne  com- 
plique en  rien  le  dosage  du  soufre,  susceptible  d'être  exécuté  immédiate- 
ment à  l'état  de  sulfate  de  baryte;  ni  celui  du  phosphore,  à  l'étal  de  phos- 
phate ammoniaco-magnésien. 

»  3.  Le  dosage  du  chlore  s'effectue  sous  forme  d'acide  chlorhydrique, 
transformable  en  chlorure  d'argent.  Le  composé  chloré  doit  être,  dans  plu- 
sieurs cas,  additionné  de  camphre  ou  de  naphtaline.  Pour  les  expériences 
calorimétriques,  on  opère  en  ajoutant  à  l'avance  dans  la  bombe  20™  à  25'='^ 
d'une  solution  titrée  d'acide  arsénieux ,  ce  qui  exige  le  dosage  exact  de  l'acide 
chlorhydrique  contenu  dans  cette  dernière  solution;  j'ai  donne  plusieurs 
exemples  de  la  transformation  totale  du  chlore  en  acide  chlorhydrique  dans 
ces  conditions,  même  avec  les  composés  les  plus  riches  en  chlore,  tels  que 
le  perchlorure  de  carbone  et  la  benzine  perchlorée.  Mais  on  peut  suppri- 
mer cette  correction,  lorsqu'on  ne  se  propose  pas  de  faire  une  détermina- 
tion calorimétrique  simultanément.  Il  suffit  d'introduire  au  préalable  dans 
la  bombe,  en  projiortion  convenable,  une  dissolution  aqueuse  d'arsénite  de 
soude,  ou  de  sulfite  de  soude,  ou  de  tout  autre  composé  susceptible  de 
ramener  la  petite  quantité  de  chlore  libre,  qui  pourrait  se  produire  dans 
les  combustions,  à  l'état  de  chlorure,  ou  d'acide  chlorhydrique.  On  vérifie 
qu'il  n'y  a  pas  de  chlore  libre,  dans  les  gaz  qui  s'échappent  de  la  bombe, 
dont  on  ouvre  le  robinet  après  la  combustion. 

»  4.  Le  dosage  du  brome  s'effectue  de  la  même  manière,  mais  avec  un  tour 
de  main,  peu  convenable  dans  les  essais  calorimétriques,  mais  excellent 
pour  les  cas  où  il  ne  s'agit  que  d'un  dosage  pondéral.  En  effet,  lorsqu'on 
brûle  un  composé  brome  (additionné  au  besoin  de  camphre  ou  de  naphta- 
line) dans  la  bombe  calorimétrique,  en  présence  d'eau  ou  d'une  dissolution 
aqueuse  qui  contient  de  l'acide  arsénieux,  par  exemple,  le  brome  ne  passe 
presque  jamais  entièrement  à  l'état  d'acide  bromhydriqne  pur;  une  portion 


(  loo'i  ) 
demeurant  à  l'état  de  perbromure  d'hydrogène,  dans  les  gouttelettes  proje- 
tées sur  les  parois.  La  tension  du  brome  étant  presque  nulle  dans  ce  per- 
bromure, il  n'est  pas  absorbé  par  la  liqueur  réductrice  placée  au  fond,  du 
moins  pendant  la  durée  des  quelques  minutes  consacrées  à  l'expérience; 
cependant  sa  transformation  totale  en  acide  bromhydrique  est  facile  et  im- 
médiate, il  la  comlilion  de  prendre  la  bombe  à  la  main  et  de  l'agiter  forte- 
ment, ainsi  que  nous  l'avons  vérifié. 

»  A  la  vérité,  cette  opération  exclut  toute  mesure  calorimétrique  rigou- 
reuse; mais  elle  n'entrave  ei»  rien  le  dosage  final  du  brome  à  l'état  de 
bromure  d'argent;  on  opère  d'ailleurs  soit  en  présence  d'un  arsénite,  soit 
en  présence  d'un  sulfite  alcalin. 

"   .5.  Le  dosage  de  l'tWe  est  également  facile,  quoique  un  peu  plus  long. 

»  Cet  élément  est  mis  en  liberté,  entièrement  ou  presque  entièrement, 
suivant  les  cas,  dans  les  combustions  par  l'oxygène  comprimé;  si  le  corps 
combustible  est  trop  pauvre  eh  carbone,  on  y  ajoute  du  camphre  ou  de  la 
naphtaline.  Mais  il  faut  certcJines  précautions  pour  le  dosage,  en  raison 
de  la  tension  de  vapeur  de  l'iode.  Après  refroidissement  complet,  on  fait 
écouler  les  gaz,  en  raison  de  leur  excès  de  pression,  à  travers  une  dissolu- 
tion d'acide  sulfureux,  ou  de  sulfite  alcalin. 

»  On  poursuit  même  cet  écoulement  sous  une  pression  inférieure  à 
la  pression  atmosphérique,  à  l'aide  d'une  pompe  à  gaz,  toujours  en  con- 
duisant d'abord  les  gaz  à  travers  la  solution  sulfureuse.  On  rétablit  alors 
la  pression  atmosphérique,  ce  qui  fait  pénétrer  une  partie  de  l'acide  sul- 
fureux dans  la  bombe  et  ramène  l'iode  à  l'état  d'acide  iodhydrique. 

»  On  réunit  enfin  toutes  les  liqueurs,  on  lave  la  bombe  et  l'on  dose  l'iode 
sous  forme  d'iodure  d'argent. 

»  6.  Le  dosage  des  métaux  s'effectue  aisément,  les  combustions  étant 
tantôt  totales  directement,  tantôt  rendues  totales  par  une  addition  de 
camphre. 

»  Par  exemple,  le  picrate  de  potasse  détone  et  brûle  dans  l'oxygène 
comprimé,  en  laissant  du  carbonate  dépotasse;  on  rassemble  ce  dernier  par 
des  lavages  et  l'on  y  dose  la  potasse  sous  forme  de  sulfate. 

»  Les  sels  alcalins  et  terreux  brûlent  en  laissant  des  carbonates  ou  des 
oxydes,  que  l'on  redissout  dans  l'acide  chlorhydrique  étendu,  etc. 

»  Les  métaux  proprement  dits  laissent,  suivant  les  cas,  un  oxyde,  de 
composition  variable,  si  le  métal  est  suroxydable  (le  cuivre  par  exemple), 
ou  bien  un  métal  libre. 

»  Par  exemple,  le  zinc  laisse  de  l'oxyde  de  zinc,  dosable  sans  difficulté. 


(   I oo5  ) 

»  Le  fer  seul  ne  peut  être  dosé  par  cette  voie,  en  raison  de  l'emploi  de 
la  spirale  de  ce  métal,  qui  allume  le  mélange  combustible.  A  la  vérité,  on 
pourrait  déduire  le  poids  du  métal  correspondant.  La  combustion  laisse 
d'ailleurs  de  l'oxyde  magnétique,  difficile  à  redissoudre  pour  le  dosage  final. 

»  L'argent,  dans  nos  essais,  est  demeuré  réuni  en  un  globule,  au  fond 
de  la  petite  capsule  de  platine  qui  contenait  la  matière;  mais  on  le  redis- 
sout par  l'acide  azotique.  Dans  les  cas  de  ce  genre,  on  a  à  redouter  la 
formation  d'alliages  du  platine.  On  y  obvie  en  opérant  la  combustion 
dans  un  petit  creuset  de  biscuit  que  l'on  a  scié  par  le  milieu,  afin  de  n'en 
mettre  que  la  moitié  dans  la  bombe. 

»  Le  mercure  se  disperse,  en  se  volatilisant  sur  les  parois  de  la  bombe; 
on  doit  le  récolter  au  moyen  de  l'acide  azotique,  etc. 

»  J'ai  cru  devoir  entrer  dans  ces  détails  pratiques,  afin  de  montrer  la 
généralité  de  la  méthode.  En  somme,  le  dosage  des  métaux  dans  la  bombe 
est  ramené  à  des  conditions  analogues  à  celles  du  dosage  par  incinération, 
l'emploi  de  la  méthode  nouvelle  étant  particulièrement  avantageuse  et 
préférable  pour  le  dosage  des  métalloïdes.  » 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  réfractions  moléculaires ,  la  dispersion  molécu- 
laire et  le  pouvoir  rotatoire  spécifique  de  quelques  alcoylcamphres .  Note  de 
MM.  A.  Haller  et  P. -Tu.  3Iuli.er. 

«  Dans  une  précédente  Communication  ('),  nous  avons  étudié  les  pro- 
priétés optiques  des  combinaisons  du  camphre  droit  avec  quelques  aldé- 
hydes aromatiques  ;  de  l'ensemble  de  nos  déterminations  concernant 
ces  combinaisons,  nous  avons  conclu  que  l'addition  des  aldéhydes  aroma- 
tiques a  pour  effet,  non  seulement  d'augmenter  les  réfractions  et  la  dispersion 
moléculaires,  mais  encore  d'exalter  le  pouvoir  rotatoire  des  molécules,  jusqu'à 
le  décupler. 

»  Nous  avons  continué  les  mêmes  recherches  sur  les  produits  d'hydro- 
génation de  ces  combinaisons,  c'est-à-dire  sur  les  alcoylcamphres.  Ainsi 
que  l'un  de  nous  l'a  démontré  (-),  ces  produits  s'obtiennent  en  réduisant 
des  solutions  alcooliques  des  composés  provenant  de  la  copulation  des 
aldéhydes  avec  le  camphre,  au  moyen  de  l'amalgame  de  sodium.  Les 
rapports  qui  existent  entre  ces  deux  catégories  de  dérivés  du  camphre 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  1870;  1899. 

(^)  A,  tiALLER,  Comptes  rendus,  t.  GXtlI,  p.  22;  t.  CXXVIII,  p.  1070. 


(    ioo6  ) 
peuvent  se  Iraduire  par  les  deux  schémas  suivants,  où 

R=:C''H%C''H»0-CH',C°H*C^H';  i7'W0CR\ 
/C=CH.R  /Cil  — CIP.R 

CO  \G0 

Combinaisons  du  camphre  Alcoylcamplires. 

avec  les  aldéhydes 
ou  alcoylidènecamphres. 

.  I 

»  Nous  avons  mesuré  les  inriices  de  ces  composés  par  rapport  à  la  raie 
du  sodium  et  aux  trois  raies  a,  p,  y  de  l'hydrogène,  à  la  température  de 
20° ±  0,2,  avec  le  réfractomètre  de  Pulfrich. 

»  Pour  la  mesure  de  ces  indices,  comme  pour  celle  des  pouvoirs  rota- 
toires,  nous  avons  employé  des  solutions  toluéniques  des  corps  mis  en 
expérience.  Le  mode  opératoire  a  d'ailleurs  été  exactement  le  même  que 
celui  que  nous  avons  suivi  pour  l'étude  des  alcoylidènecamphres. 

»  D'autre  part,  les  réfractions  moléculaires  théoriques,  ainsi  que  les 
dispersions  moléculaires,  ont  été  calculées  dans  les  mêmes  conditions  que 
celles  des  combinaisons  aldéhydiques. 

»  Le  Tableau  ci-dessous  résume  nos  résultats  :  il  est  disposé  dans  le 
même  ordre  que  celui  de  notre  première  Communication  (');  les  lettres  et 
les  signes  y  ont  !a  même  signification. 


Nom 

(le  la  àiibstantc.  Fui-mule. 

Benzylidéae  camphre.  C"H-''0"|'J 

Id Id. 

Id Id. 

Pipcronylidène  c C'H-O'O^ll' 

Cuminyl  camphre. . .  .  C-'H^O'lf 

Éthylsaligcnyl  c C"H«0"0<|7 

-VlélamcUioxybenzyl  c.  C'"H-'0"0<lf 
Paraméthoxybenzyl  c. 

ou  anisyl  camphre.  C"H-'0"0'^l'? 


Poids 
du  corps     IVorml- 
dansioopr.      litc 

de  de  la  a 

sulution.    liqueur.    IrouïO. 


Réfractions  moléculaires 


'2    - 

^   d  ' 


Diâper^i(ll1 
moléculaire 


(K, 


R»>  M. 


Calculé  Calculé 

d'après        Na         d'après 
Uriihl.      trouve.    Conradv. 


Calculé 

d'après 

Irouïé.    Brilhl. 


i3,6o^4 
6,853" 
3,455ç) 
8,ii4i 
G,5o58 
5,5882 
6,2071 


72, 3i  73,79  73,05  7'), 98  76,03  2,7s 
»  -3,48  »  74,99  77,09  3,93 
"    74>oo    »    75,71  77,11  3,i6 


2, -20 


"3,25 
70,16 

73,95 

79>i7  77,98    79,59    78,91     81,49    83,73    4,58    2,29 

86,09  86,02    86,65    86,86    88,18    89,37     3, 18     2,56 

83,74  83,10    83,96    83,94    85,69    86,74     3, 00    2,47 

79,23  78,53     79,58    79,33    Si. .38    82.69    3.46    2,35 


3     7,77^3 


79,-" 


79,J*J 


r,o,>.j 


Pouvoir 

rolatoire 
spécitlque 
fai„a  2„'. 

i4i°,82  (  =  ) 
144,01 
.43,08  P) 
i33,74 
89.25 
103,69 
127,36 

95,43 


C)  Dans  ce  Tableau  (Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  i34o),   il  s'est   glissé   une 

faute  d'impression;  il  faut  lire et  non 

n^  -H  2  «--(-  I 

(-)  Pouvoir  iotatoire  pris  à  une  température  oscillant  aux.  environs  de  20".   Les 

autres  pouvoirs  rotatoires  ont  été  déterminés  à  une  température  de  20°±o'',  2. 


(  I007  ) 

»  Ainsi  que  nous  l'avons  annoncé,  dans  les  alcoylidènecamphres, 
les  perturbations  constatées  dans  les  réfractions  et  dispersion  molécu- 
laires sont  dues  probablement  à  la  double  liaison  qui  lie  le  camphre  au 
reste  aldéhydique.  Les  mêmes  constantes,  déterminées  avec  les  alcoyl- 
camplires  où  cette  double  liaison  a  disparu,  montrent  qu'il  en  est  bien 
ainsi,  puisque  la  concordance  entre  les  réfractions  moléculaires  trouvées 
et  celles  calculées  avec  les  modules  de  Brûhl  et  de  Conrady  est  suffisante, 
si  l'on  songe  qu'on  a  affaire  à  des  solutions  assez  étendues  et  que  l'élimi- 
nation du  dissolvant  repose  sur  des  calculs  un  peu  incertains,  les  modules 
ayant  été  déterminés  à  l'aide  d'observations  faites  sur  des  liquides  purs, 
sans  dissolv.ints. 

»  La  dispersion  moléculaire  présente  encore  avec  les  nombres  calculés 
une  divergence  assez  forte,  de  l'ordre  de  celle  que  l'on  constate  chez  les 
aldéhydes  aromatiques  (').  Nous  devons  d'ailleurs  faire  observer  que  le 
module  de  dispersion  (y  —  a)  de  la  double  liaison  n'est  pas  constant  pour 
les  produits  de  la  série  aromatique  (-),  et  il  semble  que  le  nombre  o,23 
qui  sert  de  base  à  nos  calculs  soit  trop  faible  dans  le  cas  particulier.  On 
sait  que  les  dérivés  aliphatiques  du  camphre  n'offrent  aucune  anomalie  de 
dispersion. 

»  Enfui  le  pouvoir  rotatoire  spécifique  a  aussi  baissé,  tout  en  restant 
encore  supérieur  à  celui  du  camphre  et  de  ses  composés  qui  ne. contien- 
nent pas  de  double  liaison.  Toutefois  cette  diminution  du  pouvoir  rotatoire 
pourrait  trouver  son  explication  dans  la  formation  d'une  espèce  de  racé- 

miques,  en  ce  qui  concerne  uniquement  les  groupements  — C*H  —  CH^R, 

I 

dans  lesquels,  par  suite  de  l'hydrogénation,  l'atome  marqué  d'un  astérisque 
devient  asymétrique.  Les  molécules  renfermeraient  ainsi  fleux  atomes  de 
carbone  asymétrique,  dont  l'un,  celui  du  noyau,  n'est  pas  modifié  et 
continue  à  imprimer  au  dérivé  du  camphre  son  allure  optique.  Bien  entendu, 
la  présence  de  ces  deux  atomes  asymétriques  entraîne  la  possibilité, 
pour  ces  composés,  de  pouvoir  exister  sous  quatre  modifications,  comme 
lesbornéols  et  les  acides  camphoriques. 

»  En  résumé,  nous  pouvons  attribuer  à  la  même  cause  l'exaltation  de 
la  réfraction,  de  la  dispersion  et  du  pouvoir  rotatoire  des  combinaisons  du 


(')  BRiiHL,  Zeitschr.f.physik.  Cliein.,  t.  VII,  p.  iSr. 
(^)  BniJHL,  loc.  cit.,  p.  19 1. 


(  ioo8  ) 

camphre  avec  les  aldéhyfles  aromatiques,  toutes  ces  molécules  renfermant 
un  groupement  èthylcnique  uni  lui-même  au  noyau  benzénique. 

»  L'influence  spectromélriqiie  de  ce  complexe  est  connue  depuis  long- 
temps par  les  travauxdeGladstone,  d'Eykmann.deBriihl,  de  Walden,  etc. 
(voir  Bnuni,,  Zeit.  f.  physik.  Chem.,  t.  XXI,  p.  Zjio).  D'autre  part, 
Walden  (')  avait  de  son  côté  constaté,  quelques  années  après  notre  pre- 
mière publication  sur  les  alcoylidènecamphres,  l'influence  de  la  double 
liaison  sur  le  pouvoir  rotatoire,  sans  que  cependant  ses  dérivés  amylés  aient 
donné,  même  pour  l'acide  cinnamique,  des  divergences  aussi  notables  que 
celles  qui  ont  été  observées  par  nous. 

))  Au  point  de  vue  du  pouvoir  rotatoire,  nos  dérivés  restent  uniques  dans 
leur  genre.  » 


M.  DucLAUx,  en  présentant  à  l'Académie  le  troisième  Volume  de  son 
«   Traité  de  Microbiologie  »,  s'exprime  comme  il  suit  : 

((  Ce  Volume  est  consacré  à  l'étude  de  la  fermentation  alcoolique.  J'essaie 
de  montrer  la  transformation  profonde  qu'a  subie  l'histoire  de  cette  ques- 
tion, depuis  la  découverte  faite  par  E.  Biichner  d'une  zymase  alcoolique, 
produisant,  en  dehors  de  la  cellule  de  levure,  de  l'alcool  et  de  l'acide  car- 
bonique aux  dépens  du  sucre.   » 


NOMINATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de  deux  candidats  qui  devront  être  présentés  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique  et  des  Beaux-Arts,  pour  la  place  d'Astronome  laissée  vacante 
au  Bureau  des  Longitudes  par  le  décès  de  M.  Tisserand. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  premier  can- 
didat, le  nombre  des  volants  étant  48, 

M.  Radau  obtient 38  suffrages 

M.  Wolf       ..      • 20 


(')  Zeilachr.fiir phys.  Chem.,  t.  XX,  p.  583;  1896. 


(    I009  } 
Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  second  candidat, 
le  nombre  des  votants  étant  encore  48, 

M.  Bigourdan  obtient 46  suffrages 

M.  Wolf  >.  r 

Il  V  a  I  bulletin  blanc. 

En  conséquence,  la  liste  présentée  par  l'Académie  à  M.  le  Ministre  sera 
composée  comme  il  suit  : 

En  première  ligne M.  Radaii 

En  seconde  ligne M.  Bigourdan 


L'Académie   procède,    par  la  voie  du   scrutin,  à   la   nomination  d'un 
Correspondant  pour  la  Section  de  Géométrie. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  45, 

M.  Méray  obtient  .    ,       43  suffrages 

Il  y  a  2  bulletins  blancs. 

M.    Méray,   ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  Minéralogie. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  44» 

M.  Rosenbusch  obtient 44  suffrages 

M.  Rosenbusch,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Marcellin  Langlois  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Cornu,  un  nou- 
veau Mémoire  intitulé  «  Origine  de  la  tension  superficielle  ;  sa  loi  de  for- 
mation  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.  ) 

C.  R.,  1899,  2*  Semestre.  (T.  CXXIX,  N-  24.)  l34 


(     lOIO    ~) 


CORRESPOIVnAIVCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétiel  donne  lecture  de  la  dépêche  suivante  qui 
est  adressée  à  l'Académie,  d  Odessa,  à  l'occasion  du  Centenaire  de  l'adop- 
tion du  Système  métrique  : 

«  A  l'occasion  du  Centenaire  du  Mètre,  nous  venons  rendre  liommage  aux  grands 
fondateurs  du  Svstème  métrique,  qui  ont  procuré  à  la  France  la  ijloire  de  faire  adop- 
ter ce  Système  par  le  monde  entier. 

»  Les  Présidents  des  Sociétés   impériales  naturalistes  et  technique, 

n    IVLOSSOVSKY   et   Depp.    » 


M.  H.  T.4RRY  adresse,  d'Alger,  la  Note  suivante,  relative  à  l'observation 
des  Biélides  dans  la  nuit  du  28  au  29  novembre  : 

«  Le  temps  a  été  pluvieux  pendant  toute  la  nuit  du  i-j-'xi  et  l'observation  a  été  im- 
possible; toutefois  quelques  personnes  assurent  que,  pendant  les  éclaircies,  on  voyait 
beaucoup  d'étoiles  filantes. 

»  La  section  Flammarion  a  observé  dans  la  nuit  du  28-29  et  a  noté  12  étoiles  filantes 
de  io''i5™  à  i*"  du  matin,  savoir  : 

De   II'' 10'"  à   ii^So" I 

De   ii^So™  à  minuit .5 

De  minuit   à    n''3o 2 

De   I '>.'■  3o"'  à      i*" 4 

Total 12 

»  Une  circonstance  indépendante  de  notre  volonté  n'a  pas  permis  de  continuer, 
quoique  le  temps  fùl  très  beau,  d 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   -  Sur  la  théorie  des  fonctions  discontinues. 
Note  de  M.  R.  Raire,  présentée  par  M.  Picard. 

«  I.  Quand  on  considère  une  fonction  de  variables  réelles,  on  définit 
un  domaine  continu,  à  une  ou  plusieurs  dimensions,  et  l'on  suppose  que, 
à  tout  système   de  valeurs  appartenant  à  ce  domaine  (ou  à  un  certain 


(   loii   ) 

ensemble  contenu  dans  ce  domaine),  correspond  un  nombre  déterminé. 

»  Nous  remplacerons  cette  notion  par  la  suivante  : 

))  Étant  donné  un  ensemble  d'éléments  pourvus  d'une  infinité  d'in- 
dices, c'est-à-dire  de  la  forme  x^^,^_  ^  [voir  ma  Note  :  Sur  la  théorie 
des  ensembles  (Comptes  rendus,  4  décembre)],  on  suppose  qu'à  chacun  de 
ces  éléments  correspond  un  nombre;  l'ensemble  de  ces  nombres  consti- 
tuera une  fonction  définie  sur  l'ensemble  d'éléments  considéré. 

»  Soit  '1>  un  ensemble  d'éléments  x  de  la  nature  précédente  ;  soit  F  l'en- 
semble des  suites  d'indices  des  éléments  de  $  ;  nous  supposerons  F  parfait, 
et  nous  dirons  aussi  que  *  est  parfait.  Soit  E  l'ensemble  de  groupes  qui 
détermine  F. 

»  Considérons  une  fonction  quelconque  f(-v)  définie  sur  l'ensemble 
d'éléments  <t>.  Si  g  est  un  groupe  de  E,  l'ensemble  des  valeurs  i!(î  la  fonc- 
tion pour  les  éléments  contenus  dans  g  a  un  maximum  M[J(a:),  g\,  un 
minimum  m[/(iv),  g\.  Considérons  maintenant  un  élément  particulier, 
soit.r3j  y  ,  ;  il  fait  partie  des  groupes  (a.,),  (a,,  z^  ),...,  (ce,,  a^, ...,  z,,), ...; 
la  suite  des  nombres  M  relatifs  à  tous  ces  groupes  a  une  limite  que  nous 
appellerons  le  maximum  de  J\x)  pour  l'élément  a?^  .^^  ^  et  que  nous 
désignerons  |)ar  M  [/(a?),  j7„  „  ^  J.  On  définira  d'une  manière  analogue 
le  nombre  in(  J',x^^^ j,     ). 

Reprenons  le  groupe  g.  Il  existe  un  nombre  W{f,g)  tel  que  les  élé- 
ments pour  lesquels  />  M'  forment  un  ensemble  de  première  catégorie 
dans  g,  tandis  que  ceux  pour  lesquels  />  M'  —  t  forment  un  ensemble  de 
deuxième  catégorie,  quel  que  soit  e  >o.  On  définit  de  même  m'(/,  g),  puis, 
par  le  même  procédé  que  tout  à  l'heure,  les  nombres  M'(/,  a,,,.» a, )» 

»*'(/.^-a„«....a,,..  )• 

»  Ou  a,  pour  tout  élément  x, 

i\I;;iVI'^w'îm. 
')  Posons,  en  outre, 

r,\/,x\-^M\J\x\-m\f,x\, 
n,'\/,x\=^M'\J\x\~m'\/,.v]. 

Si,  pour  un  élément  déterminé  x,  on  i\J'{x)  =^  M[/,  x\,  ou  di;a  que/ est 
semi-continue  supérieurement  pour  cet  élément;  de  même,  si  /—  m[/,  x\, 
la  fonction  esldile  semi-continue  in/érieureinent.  Enfin,  si  l'on  a  y=M  =  ot, 
la  fonction  est  dite  continue. 

»   Quelle  que  soit  /,  les  fonctions  suivantes  de  l'élément  x  :  M,  —  m,  m, 


(     IOI2    ) 

M',  -  m,  u',  sont  semi-continues  supérieurement,  pour  chaque  élément. 

»  H.  Ces  principes  étant  posés,  je  vais  essayer  d'en  indiquer  quelques 
applications.  Je  me  suis  proposé  d'étudier  l'ensemble  E  de  fonctions  dis- 
continues d'une  variable,  que  j'ai  défini  dans  une  Note  précédente  (Com;?<e* 
rendus,  6  juin  1898),  et  dans  ma  thèse  (Ch.  III,  Section  I).  Cet  ensemble  E 
possède  les  deux  propriétés  suivantes  :  i''  il  renferme  les  fonctions  con- 
tinues (on  pourrait  se  contenter  de  dire  les  polynômes);  2°  il  contient 
toutes  ses  fonctions  limites.  Il  se  divise  en  classes  de  fonctions,  marquées 

par  les  nombres  de  M.  Cantor:  o,  1 ,  2,  ...,/?,...,  co,  ...,  x, La  classe  o 

forme  l'ensemble  des  fonctions  continues;  la  classe  1  forme  l'ensemble  des 
fonctions  étudiées  au  Chapitre  II  de  ma  thèse. 

»  Dès  qu'on  aborde  l'étude  des  fonctions  de  classe  2,  on  peut,  dans  le 
champ  de  variation  de  la  variable,  faire  abstraction  d'un  ensemble  dénom- 
brable  quelconque;  par  exemple,  si  l'on  considère  le  continu  o<a;<i,  on 
peut  se  borner  à  étudier  les  valeurs  àef{x)  pour  les  valeurs  irrationnelles 
de  X.  D'autre  part,  considérons  l'ensemble  de  tous  les  groupes  d'entiers 
possibles;  les  nombres  irrationnels  compris  entre  o  et  i  peuvent  être  assi- 
milés aux  éléments  x  contenus  dans  ces  groupes  :  on  considérera  l'élé- 
ment x^^^_ „^       comme  définissant  le  nombre  irrationnel  dont  la  suite 

(les  quotients  incomplets  est  (a,,  a, a,,,  ...  ).  On  est  ainsi  ramené, 

pour  la  question  qui  nous  occupe,  à  étudier  àes  fonctions  d'éléments  de  la 
nature  indiquée  dans  le  §  I  de  cette  Note.  La  théorie  des  Jonctions  d'élé- 
ments sera  plus  générale  que  la  théorie  des  fonctions  faite  en  prenant  pour 
point  de  départ  un  champ  de  variation  continu  de  la  variable;  elle  la  com- 
prendra comme  cas  particulier,  mais  elle  nous  permettra  d'aborder  des 
problèmes  dont  cette  théorie  ne  pourrait  pas  nous  fournir  la  solution. 

»  Revenons  à  l'ensemble  E.  Pour  caractériser  les  fonctions  de  cet  en- 
semble, il  est  naturel  de  rechercher  une  propriété  se  conservant  à  la  limite, 
c'est-à-dire  telle  que,  si  les  fonctions/,. /,,  ...,/„  d'une  suite  possédant 
une  fonction  limite/  la  possèdent,  la  fonction/  la  possède  aussi.  Je  suis 
parvenu  à  trouver  une  telle  propriété;  en  voici  l'énoncé  sous  sa  forme  la 
plus  générale  : 

Si,  pour  chacune  des  fonctions  f „  f ., /„,  définies  sur  un  ensemble  par- 
fait d'éléments  <P,  /a  fonction  ct'(/)  a  son  minimum  nul  pour  tout  élément,  la 
fonction  f  limite  def,  est  aussi  de  telle  nature  que  ct'(/)  a  son  minimum  nul 
pour  tout  élément. 

»  Sous  une  forme  plus  abrégée,  je  dirai  :  La  propriété  exprimée  par 
"^[^'(/)\  =  o  se  conserve  à  la  limite. 


(   loi 3  ) 

»  Ce  théorème  nous  donne  des  conditions  nécessaires  pour  les  fonctions 
de  E;  il  reste  à  voir  si  elles  sont  suffisantes,  et  à  distinguer  les  différentes 
classes  de  E  entre  elles;  je  suis  déjà  parvenu  à  trouver  des  propriétés  spé- 
ciales aux  fonctions  de  classe  2.  » 


PHYSIQUE.  —  Méthoc/e  pour  déterminer  la  densité  moyenne  de  la  Terre  et  la 
constante  graiitationnelle.  Note  de  M.  Al.  Gerschun,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

«  Dans  la  présente  Communication  je  donne  la  description  schéma- 
tique d'une  nouvelle  méthode  pour  déterminer  la  densité  moyenne  de  la 
Terre  et  la  constante  de  l'attraction. 

»  Si  l'on  approche  de  la  surface  libre  d'un  liquide  une  masse  pesante, 
la  surface  du  liquide  prend  la  forme  d'une  surface  d'égal  potentiel  new- 
tonien,  provenant  de  l'action  simultanée  de  la  Terre  et  de  la  masse  pesante 
qui  perturbe  le  champ  gravitationnel  de  la  Terre.  Si  le  corps  perturbateur 
a  la  forme  d'une  sphère  de  masse  ja,  dont  le  centre  est  à  une  distance  h  de 
la  surface  libre  (supposée  très  grande)  du  liquide,  la  surface  sera  de  révo- 
lution, autour  d'un  axe  passant  par  les  centres  du  corps  et  de  la  Terre.  Le 
rayon  p  de  la  sphère  osculatrice  ii  cette  surface  à  son  point  ombilic  est 
donné  par 

_  MA'—  i^R' 7  D 

où  M  est  la  masse  de  la  terre,  R  son  rayon. 

»  Pour  toutes  les  masses  ne  dépassant  pas  des  dimensions  possibles  en 
pratique,  le  second  terme  (^,R-  du  numérateur  est  complètement  négli- 
geable en  comparaison  avec  le  premier  terme  MA'.  En  le  négligeant  et  en 
supposant  que  la  Terre  et  la  masse  donnée  ont  la  forme  d'une  sphère, 
nous  avons 

-  =  1  +  va'', 

P  ^ 

où  d  est  la  densité  de  la  masse  (y.,   S  la  densité  moyenne   de  la  Terre, 

a  =  j,  r  étant  le  rayon  de  la  sphère  [j.. 

»  Celte  expression  nous  montre  qu'à  condition  d'une  valeur  constante 
de  «,,  la  valeur  de  p  ne  dépend  pas  du  rayon  r  de  la  sphère,  mais  seulement 
de  sa  densité.  Cela  nous  donne  la  possibilité  d'employer  comme  masse 


(  ioi4  ) 

perturbatrice  une  sphère  de  petites  dimensions,  faite  d'un  corps  à  grande 
densité,  par  exemple  une  petite  sphère  de  platine.  Dans  ce  dernier  cas,  si 
nous  posons  §  =  5,5  et  -/.  =  0,9,  nous  avons  p  =  o,26R,  c'est-à-dire  près 
de  iGSoi^". 

))  Si  nous  avions  une  méthode  pour  mesurer,  avec  une  exactitude  suffi- 
sante, des  rayons  de  courbure  de  la  grandeur  donnée,  nous  pourrions  me- 
surer p  et,  d'après  la  valeur  dé  p,  calculer  B  la  densité  moyenne  de  la  Terre 
etC  la  constante  de  l'attraction. 

>)  Pour  déterminer  la  valeur  de  p  on  peut  employer  une  méthode  op- 
tique basée  sur  le  moyen  d'une  extrême  sensibilité  que  Foucault  a  donné 
l)our  vérifier  la  planéité  des  surfaces  optiques.  Si  l'on  fait  tomber  un  fais- 
ceau homocentrique  de  lumière  sous  un  angle  d'incidence  9  >  o  sur  l'om- 
bilic d'une  surface  de  révolution  réfléchissante,  le  faisceau  réfléchi  de 
homocentrique  deviendra  astigmatique,  et  les  rayons  se  réuniront  en  deux 
lignes  focales,  dont  une  sera  située  dans  le  plan  d'incidence,  l'autre  dans 
un  plan  perpendiculaire.  Si  le  rayon  de  la  sphère  osculatrice  à  l'ombilic  de 
cette  surface  est  p,  nous  avons  (dans  le  cas  d'un  p  très  grand),  avec  une 
approximation  suffisante,  l'expression  suivante  pour  la  distance  (i  entre  ces 
deux  lignes  focales  : 

n  2S'      . 

S  —  —  sino  tango, 

où  S  est  la  distance  de  la  source  lumineuse  à  la  surface  réfléchissante. 

»  Dans  le  cas  d'une  surface  convexe  les  deux  lignes  focales  virtuelles 
peuvent  être  observées  au  moyen  d'une  lunette,  dont  l'axe  est  dirigé  sui- 
vant le  rayon  axial  du  faisceau  réfléchi  astigmatique.  Le  déplacement  de 
l'oculaire  de  la  lunette  nécessaire  pour  passer  de  la  mise  au  point  d'une 
ligne  focale  à  celle  d'une  autre  est  donné  par 

où    r    est   la   distance  focale  principale   de    l'objectif  de  la  lunette   et 

/c  =     ~^\  p  étant  la  distance  de  l'objectif  au  point  considéré  de  la  sur- 

face.  Pour  des  valeurs  de  F  et  de  ç  assez  grandes  la  valeur  de  y  même  pour 
des  p  énormes  est  assez  considérable  et  peut  être  mesurée  avec  une  exacti- 
tude suffisante  (').  Pour  F  — 10",  9  —  85°,  ^-  — o,5,    p  =  iooo'^'",   nous 

(')  J'ai  pu  mesurer  de  cette  manière,  au  moyen  d'un  simple  viseur  à  luuelte,  la 
courbure  (rayon  de  quelques  kilomèlrtjs)  d'un  miroir  d'iiéliostat. 


(  ioi5  ) 

avons  y^o^.r).  Un  objectif  d'une  très  grande  distance  focale  (comme 
par  exemple  l'objectif  de  M.  Gautier)  donnerait  des  valeurs  de  y  beaucoup 
plus  considérables. 

»  Cette  méthode  nous  permet  de  mesurer  le  rayon  de  courbure  de 
l'ombilic  de  la  surface  du  liquide  soumis  à  l'influence  de  la  masse  pertur- 
batrice, et  de  trouver  en  conséquence  la  valeur  de  la  densité  moyenne  de 
la  Terre. 

»  En  exécutant  des  mesures  d'après  la  méthode  décrite  il  faut  employer 
comme  surface  liquide  un  bain  de  mercure.  Tia  courbure  propre  du  sommet 
de  la  surface,  provenant  des  forces  capillaires,  peut  être  négligée  même 
pour  un  bain  de  dimensions  assez  restreintes,  comme  on  peut  le  montrer 
aisément  au  moyen  des  formules  données  par  Laplace.  Les  changements 
de  forme  de  la  surface,  qui  proviennent  de  l'action  d'autres  masses  envi- 
ronnantes influençant  le  champ  gravitationnel  de  la  Terre,  peuvent  être  no- 
tablement diminués  par  un  groupement  convenable  de  ces  masses  et  leur 
influence  peut  être  annulée  avec  une  approximation  suffisante  par  une 
double  mesure  de  p,  en  observant  la  surface  sous  l'action  de  la  masse  a  et 
sans  la  masse  [/..  Pareillement  on  peut  éviter  par  une  méthode  bien  connue 
la  nécessité  de  mesurer  exactement  la  distance  h,  en  observant  les  valeurs 
de  p  pour  deux  distances  /*,  et  /«.,,  dont  la  différence  est  mesurée  avec  une 
précision  suffisante. 

»  Les  difficultés  que  présente  la  mesure  exacte  de  y,  à  cause  de  la  pro- 
fondeur de  foyer  des  objectifs  à  long  foyer,  peuvent  être  notablement 
diminuées  en  observant  les  phénomènes  de  diffraction  au  plan  focal  de 
l'objectif  et  en  employant  comme  source  lumineuse  un  réseau  rectangulaire, 
éclairé  à  la  lumière  monochromatique;  les  lignes  du  réseau  doivent  être 
situées  dans  le  plan  d'incidence  et  perpendiculairement  à  ce  plan.  Pareille- 
ment la  mesure  directe  de  la  valeur  de  l'angle  ç,  qui  doit  être  connue  avec 
une  grande  exactitude,  peut  être  évitée  en  mesurant  successivement  le 
déplacement  y  pour  quelques  points  d'intersection  d'une  ligne  verticale  du 
réseau  avec  les  lignes  horizontales  qui  la  coupent. 

»  Les  calculs  préalables  et  quelques  expériences  préliminaires  ont 
montré  que  la  méthode  décrite  peut  donner  une  précision  pas  moindre  que 
celle  donnée  par  les  méthodes  connues  et  probablement  ne  présentera  pas 
de  difficultés  d'exécution  plus  grandes  que  ces  méthodes. 

»  Les  détails  de  la  méthode  seront  publiés  dans  le  Journal  de  la  Sociélc 
astronomique,  russe.    » 


(    TOl6   ) 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  principe  de  V égalité  de  l'action 
et  de  la  réaction.  Noie  de  M.  André  Broca,  présentée  par  M.  Cornu. 

«  En  électricité,  on  démontre  que,  malgré  la  forme  de  la  loi  de  Laplace, 
l'action  d'un  pôle  sur  un  courant  fermé,  ayant  partout  la  même  intensité, 
passe  par  le  pôle  et  qu'il  y  a  alors  égalité  de  l'action  et  de  la  réaction  ('  ). 

).  M.  Vaschy,  complétant  un  théorème  dû  à  Stokes,  a  montré  {Comptes 
rendus,  i8q4.  —  Théorie  de  l'électricité.  Baudry,  iSgS)  l'existence  de  masses 
vectorielles  agissant,  suivant  la  loi  de  Laplace,  sur  un  pôle  scalaire  dans 
un  champ  de  force  de  nature  quelconque.  Je  veux  montrer  qu'on  a  le  droit 
de  calculer  comme  en  électricité  la  réaction  du  pôle  sur  les  masses,  et 
que  cette  réaction  est  directement  opposée  et  égale  à  l'action.  Soient  X,  Y,  Z, 
les  composantes  de  la  force  exercée  en  tout  point  sur  la  masse  scalaire 
d'exploration  du  champ.  Les  masses  vectorielles  élémentaires  de  Vaschy 
ont  pour  expression  : 

»   i"  M  dxz  =  -^i-. -T-]dt5  et  les   deux   autres  composantes   par 

permutation,  dxs  étant  l'élément  de  volume.  Ces  masses  n'existent  que  là 
où  il  n'y  a  pas  de  potentiel. 

»   2°  N^(/co=  -'-(nY,  —  mZ,)rfw  et  les  autres  composantes  par  permuta- 

tion.  X,,  Y,,Z,  sont  les  composantes  de  la  discontinuité  de  la  force;  rfw  est 
l'élément  de  surface  d'une  surface  de  discontinuité;  l,m,n  sont  les  cosi- 
nus directeurs  de  sa  normale  au  point  considéré. 

»  Nous  allons  montrer  que  les  masses  de  deuxième  espèce  n'existent 
pas  et  que  les  premières  forment  des  tubes  conservatifs  malgré  les  surfaces 
de  discontinuité,  ce  qui  permettra  de  réduire  leur  action  sur  une  masse 
scalaire  à  celle  d'un  feuillet  analogue  au  feuillet  magnétique.  Dansée  cas, 
la  réaction  pourra  se  calculer  sur  ce  feuillet,  c'est-à-dire  qu'il  y  aura 
encore  égalité  de  l'action  et  de  la  réaction,  celle-ci  pouvant  être  calculée 
élémentairement  par  la  loi  de  Laplace. 

»  Nous  allons  généraliser  aux  points  où  il  n'y  a  pas  de  potentiel  le  théo- 
rème démontré  par  Maxwell,  p.  gS  de  son  Traité. 

»  Théorème.  —  Sur  une  surface  de  discontinuité  d'un  champ  de  vecteur,  la 


(')  Potier,  Cours  de  Physique  de  l'École  Polytechnique. 


(   'OI7  ) 
composante  normale  seule  de  ce  dernier  peut  être  discontinue,  sauf  si  la  force 
est  infinie  au  point  considéré. 

»   Soit  F,  la  composante  de  la  force  suivant  le  chemin  ds.  Le  théorème 
tle  Stokes  nous  apprend  que,  pour  un  contour  infiniment  petit  c. 


i  ^sds=\l(~-'^) 


dZ        (JY\  fô\        dZ\  fôY        dX\ 


^/co. 


ày        (Jz  '  \  <J;         d.c /  \dx         ày / _ 

)>  Le  second  membre  est  du  second  ordre;  donc,  pour  un  contour  c  infi- 
niment petit,  l'sds  peut  être  considéré  comme  une  différentielle  exacte.  Si 
donc  F^^  ds,  =  SV,  est  nécessaire  pour  aller  d'un  point  M  à  un  point  M, ,  et 
Y,ds.,=  S  V;  pour  aller  de  M  en  i\L,,  on  aura,  en  appelant  F^  la  composante 

de  F  suivant  M,  IVL, 

l'^ds  =  i)\'.,--  hV  ,,  (i  OU  1"  s  =  7 

»  Soit  maintenant  un  chemin  traversant  une  surface  de  discontinuité,  la 
fonction  SV  prendra  toujours  un  accroissement  de  l'ordre  de  ds,  si  la  force 
n'y  est  pas  infinie;  or,  ds  peut  être  pris  du  second  ordre  pour  le  passage, 
doncSVaura,  de  part  et  d'autredela  surface,  la  même  valeur,  s'il  est  calculé 
en  parlant  d'un  point  M  infiniment  voisin. 

»  Soit  un  élément  de  longueur  A,  B, ,  du  premier  ordre,  tout  entier  dans 
une  réijion  de  continuité,  et  infiniment  voisin  du  second  ordre  de  la  sur- 
face, et  soient  A2  et  B.,  des  points  à  distance  du  second  ordre  respectivement 
de  A,  etB,,  mais  dans  l'autre  région  de  continuité.  En  appliquant  ce  qui 
vient  d'être  dit,  on  voit  immédiatement  que  SV,  entre  A,  et  B,  est  le  même 
que  SV^  entre  A.^  et  B.,,  puisque  les  valeurs  en  A,  et  A^  sont  les  mêmes  au 
second  ordre  près  ainsi  qu'en  B,  et  Bo.  Donc  F^  c?5,  =  F^  ^5,,  comme 
ds,  =  dsn,  Fi=  Fj ,  et  la  seule  condition  à  remplir  étant  que  les  F^  soient 
parallèles  à  la  siuface  de  discontinuité,  le  théorème  est  démontré. 

»  Corollaire  L  —  En  prenant  l'axe  des  z  normal  à  la  surface  de  discon- 
tinuité en  un  point,  on  voit  immédiatement  que  la  masse  vectorielle  de  surface  N 
est  nulle  (/  :=  m  =  X,  =  Y,  =  o")  quand  la  force  n'est  pas  infinie  en  ce  point. 

»  Corollaire  IL  —  Le  vecteur  M  forme  partout  des  tubes  fermés  soumis  à 
la  condition  M  û?cù  =  const.,  c?to  étant  leur  section  droite. 

»  En  etfet,  le  théorème  de  Stokes  nous  apprend  que,  c  étant  un  contour 
el  S  une  surface  limitée  à  ce  coutour, 

/  F^  ds  —  i  (/iM^  +  m  s\y  +  nJVI.)  r/oj. 

c.  K.,  1899,  i'  Semestre.  (T.  CXXIX,  iN"  24.)  l35 


(    loi  8  ) 

Si  le  contour  c  est  une  section  droite  infiniment  petite  d'un  tube  de  vecteur  M, 
nous  pouvons  prendre  pour  S  :  i"  la  surface  plane  qu'il  limite  ;  2"  une  por- 
tion de  surface  latérale  du  tube  de  vecteur  et  une  autre  section  droite  de 
celui-ci.  Les  deux  intégrales  de  surfaces  seront  égales  comme  étant  toutes 
deux  égales  à  l'intégrale  de  ligne.  Or,  les  éléments  dus  à  la  surface  laté- 
rale du  tube  sont  nuls,  donc  M  r/to  =  M ,  f/w , .  Ceci  s'applique  dans  toute 
région  de  continuité.  Je  dis  que  cela  s'applique  même  quand  on  traverse 
une  surface  de  discontinuité. 

»   En  effet,  on  voit  immédiatement  que  /  ¥,ds  est  le  même  pour  toute 

courbe  tracée  sur  la  surface  d'un  tube  de  vecteur  M,  et  c'est  cette  valeur 
qui  détermine  la  valeur  Mr/w,  constante  dans  une  région  de  continuité  de 
la  force.  Soit  alors  un  tube  coupant  une  surface  de  discontinuité  ;  les  deux 
contours  parallèles  à  l'intersection  des  deux  surfaces  et  respectivement  de 
part  et  d'autre  de  la  surface  de  discontinuité  et  à  distance  du  second  ordre 
de  celle-ci,  détermineront  M  c?co  dans  les  deux  régions.  Or,  la  composante 
de  la  force  mise  en  jeu  pour  ces  parcours  est  parallèle  partout  au  plan 
tangent,  donc  est  continue,  et  les  deux  contours  étant  à  distance  du 
second  ordre,  Mdio  a  la  même  valeur  de  part  et  d'autre  d'une  surface  de 
discontinuité  de  la  force.  Donc,  les  tubes  de  vecteur  de  Stokes  jM  sont 
infinis  ou  fermés,  et  le  champ  de  force  dû  à  l'un  d'eux  en  un  point  exté- 

,     ,     ,.            „         /"Md'wsinO          r  M.e/w.*.  sinO    ^ 
rieur  sera  de  la  lorme  F  ^  1   ^^ =:   /   ; Or, 

Mdo>  =:  const.  =  1, 

et  nous  pouvons  écrire  ceci  F  =  /  ■ — ^-^ — ,  c  étant  un  contour  fermé. 

»  Le  principe  de  l'égalité  de  l'action  et  de  la  réaction  est  donc  absolu- 
ment général. 

«  Nous  pouvons  encore  tirer  de  là  une  particularisation  du  théorème 
d'Helmholtz  (Mémoire  de  1847).  Celui-ci  démontre  que  pour  les  régions 
à  potentiel  on  peut  ramener  l'explication  du  champ  à  des  forces  centrales. 
Nous  voyons  que  ces  forces  centrales  peuvent  toujours  être  considérées 
comme  dues  à  des  masses  scalaires  agissant  en  raison  inverse  du  carré  des 
dislances. 

»  Nous  terminerons  par  trois  remarques.  En  appliquant  aux  régions  à 
potentiel  ce  que  nous  avons  vu  d'une  manière  générale,  nous  voyons  qu'il 
ne  peut  y  avoir  de  discontinuité  du  potentiel.  Donc  les  différences  de 
potentiel  au  contact  de  deux  corps  sont  produites  dans  une  «  couche  de 
»   passage  »  à  variation  rapide. 


(  I019  ) 

»  De  même,  le  vecteur  courant  électrique  étant  partout  tangent  an  fil 
ne  peut  être  discontinu.  Il  passe  donc  forcément  de  la  valeur  au  centre  à 
la  valeur  zéro  dans  le  diélectrique  par  une  couche  de  passage  à  variation 
rapide,  où  la  résistance  tend  vers  l'infini. 

»  Ce  que  nous  venons  de  dire  étant  général  s'applique  au  régime 
variable;  même  dans  ce  cas,  tous  les  courants  électriques  sont  fermés 
comme  l'avait  prévu  Maxwell.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  chlorure  d' aluminium  sur  l'anhydride 
camphorique  ('").  Note  de  M.  G.  Blanc. 

Cl  T. 'action  du  chlorure  d'aluminium  sur  l'anhydride  camphorique  four- 
nit, comme  l'on  sait,  l'acide  isolauronolique  avec  un  bon  rendement  ('). 
Il  se  produit  également,  dans  cette  réaction,  un  certain  nombre  de  pro- 
duits secondaires  que  j'ai,  dans  une  première  étude,  laissés  intentionnelle- 
ment de  côté  pour  m'occuper  exclusivement  de  l'acide  isolauronoliqne. 
Mais,  depuis  que  la  constitution  de  ce  dernier  acide  ne  fait  plus  de  doute, 
je  reviens  à  l'étude  de  ces  produits  secondaires,  avec  l'intention  de  les 
décrire  sommairement. 

)■  Dans  la  préparation  de  l'acide  isolauronolique,  on  obtient  une  assez  grande  quan- 
tité d'une  liqueur  mère  de  cristallisation  qui,  soumise  à  la  distillation  dans  le  vide,  se 
scinde  en  deux  portions  :  une  partie  qui  distille  el  un  résidu  charbonneux  qui  est 
éliminé. 

»  La  partie  distillée,  semi-solide,  constitue  environ  3o  à  35  pour  loo  du  poids  de 
l'anhydride  camphorique  employé.  Par  une  série  de  cristallisations  fractionnées,  on 
peut  la  scinder  très  aisément  en  trois  portions  :  i"  de  l'anhydride  camphorique  inal- 
téré; 2°  de  l'acide  isolauronolique;  3°  un  liquide  huileux,  bouillant  à  i4o°-i45"  sous 
une  pression  de  20"""  de  mercure  (rendement  10  à  1 1  pour  100). 

»  Un  grand  nombre  d'extractions  répétées  par  une  solution  de  bicarbonate  de  po- 
tasse divise  ce  liquide  en  deux  parties  :  une  partie  acide  et  une  partie  neutre. 

1)  Partie  acide.  —  Celte  portion  bout  entièrement  à  i4o''-i42°  (H  =:  20™'").  Soumise 
à  l'analyse,  elle  fournit  des  cliiflFres  intermédiaires  entre  les  nombres  correspondant 
aux  formules  C'H'*0-  et  C'H'*0^  ce  qui  prouve  qu'elle  est  formée  d'un  mélange  de 
plusieurs  acides  possédant  ces  formules.  N'ayant  pu  les  séparer  par  cristallisation 
fractionnée  des  sels  de  baryum,  et,   d'autre  part,  pensant  que  les  produits  en  11'°  de- 


(')  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  laboratoire  de  Chimie  organique. 
(2)  Bulletin  de  la  Société  chimique,  3"  série,  t.  XV,  p.  1191.  —  Thèse  de  Paris, 
1899,  et  Annales  de  Physique  el  de  Chimie,  octobre  1899. 


(     I020    ) 

vaienl  être  saturés,  j'ai  dû  me  contenter  d'isoler  ceux-là,  en  détruisant  les  autres  par 
le  permanganate  de  potassium. 

))  L'oxydation  se  fait  à  la  température  de  o°  en  solution  très  légèrement  alcaline,  et 
de  la  même  façon  que  pour  l'obtention  de  l'acide  isolauronique.  Les  liquides  d'oxyda- 
tion, évaporés  à  un  petit  volume,  sont  additionnés  d'un  léger  excès  d'acide  chlorhy- 
drique,  puis  soumis  à  l'action  d'un  fort  courant  de  vapeur  d'eau. 

»  Dans  le  liquide  résiduel,  on  a  reconnu  la  présence  des  produits  d'oxydation  de 
l'acide  isolauronique  et  de  l'acide  isolauronolique  (acides  oxalique,  dimétliylsucci- 
nique,  dimétliylliexanonoïque,  isolauronique),  plus  un  acide  huileux,  non  cétonique, 
qui  doit  vraisemblablement  correspondre  à  un  acide  CH^O",  non  saturé  et  différent 
de  l'acide  isolauronolique. 

»  Le  produit  qui  a  passé  avec  la  vapeur  d'eau  peut  être  séparé  en  deux  acides 
possédant  tous  deux  la  formule  Cff^O'  et  qui  sont  saturés.  Le  premier  est  un  corps 
solide,  fusible  à  "6''-J'/°-  Son  amide  C'Il'^COAzIP  est  en  fines  aiguilles  fondant 
à    190°. 

M  L'étlier  brome  que  l'on  obtient  par  la  méthode  classique  bout  à  iSo" — iSa' 
(Il  =  25""").  La  potasse  alcoolique  le  convertit  en  un  acide  incomplet  C'H"0- fusible 
à  io8°— 110"  et  différent  de  l'acide  isolauronolique.  Son  amide  C'H"COAzH=  fond  à 
163°. 

»  Le  second  de  ces  deux  acides  est  une  huile  incristallisable,  d'une  odeur  d'acide 
gras  à  point  d'ébullition  élevé.  Son  amide  est  liquide.  De  plus,  les  tentatives  faites  en 
vue  d'obtenir  l'acide  non  saturé  correspondant,  en  passant  par  l'éther  brome,  n'ont 
jusqu'ici  fourni  aucun  résultat. 

»  Partie  neutre.  —  Cette  partie,  convenablement  purifiée  par  un  traitement  au 
gaz  ammoniac  sec  et  un  fractionnement  soigné,  constitue  un  liquide  huileux,  d'une 
forte  odeur  lactonique,  insoluble  dans  les  alcalis  étendus  froids,  soluble  dans  les  alcalis 
chauds  et  répondant  à  la  formule  CH'^O-.  Il  bout  mal  entre  i25»  et  i35°(H  =  3o™™). 
Ce  produit  est  vraisemblablement  la  laclone  d'un  acide  C'II'^0'^. 


»  Je  m'apprêtais  à  continuer  cette  étude,  quand  je  me  suis  aperçu  que 
cette  lactone  avait  déjà  été  l'objet  d'une  Note  dans  les  Proceedings  elje  me 
vois  contraint  de  l'abandonner. 

»  On  peut  néanmoins  tirer  de  ce  court  travail  une  conclusion  intéres- 
sante. Si  les  acides  G"  H' *^^0-  renfermaient  le  même  noyau  que  l'acide  isolau- 
ronolique (le  noyau  du  camphre  en  général),  ils  devraient  tous  deux  être 
identiques  à  l'acide  dihydroisolauronolique.  Comme  il  n'en  est  rien,  on  en 
conclut  qu'ils  constituent  des  produits  de  transposition  lîioléculaire  de 
l'anhydride  camphorique.  Il  en  est  très  vraisemblablement  de  même  de  la 
lactone  C''H'''0-,  dont  la  formule  de  constitution  devra,  pour  être  valable, 
être  démontrée  directement .  » 


)t1 


(     I02l'    ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Alcalimétrie  des  aminés  (').  Note  de  M.  A.  Astruc. 

«  Menschoutkine  et  Dibowsky  ont  indiqué  ('-)  qu'une  solution  aqueuse 
de  chlorhydrate  d'aniHne  à  laquelle  on  ajoute  quelques  gouttes  de  solution 
alcoolique  de  phcnolphtaléine  donne  à  ce  réactif  un  virase  alcalin,  lorsque, 
pour  une  molécule  de  sel  d'aniline,  on  a  ajoulé  exactement  une  molécule 
d'alcali.  Ils  ont  rendu  ce  mode  de  dosage  général  en  l'appliquant  à  l'am- 
moniaque et  aux  aminés  grasses  en  dissolution,  à  l'état  de  chlorhydrate, 
dans  l'alcool  à  c)5". 

»  Le  fi  novembre  dernier,  M.  Berthelot  communiquait  à  l'Académie 
des  Sciences  les  résultats  obtenus  avec  l'éthylènediamine  et  la  diéthylène- 
diamine  ou  pipérazine,  en  présence  d'hélianthine  et  de  phénolphtaléine. 
Ces  bases  sont  monoacides  à  la  phénolphtaléine,  et  diacides  à  l'hélianthine. 

»  Depuis  quelque  temps,  je  m'occupais  du  dosage  alcalimétrique  des 
aminés  en  employant  les  deux  réactifs  indicateurs  déjà  cités.  Il  n'est  p:!s 
à  ma  connaissance  que  cette  étude  comparative  ait  été  faite;  mais  les 
résultats  publiés  par  M.  Berthelot  m'engagent  à  indiquer  immédiatement 
les  conclusions  auxquelles  je  suis  arrivé. 

»  J'ai  examiné  successivement  le  titrage  alcalimétrique  des  aminés 
gi  asses  et  des  aminés  aromatiques. 

')  Les  premières  sont  caractérisées  par  ce  lait  qu'elles  sont  monoacides 
à  la  fois  aux  deux  réactifs. 

»   Les  bases  grasses  qui  ont  servi  à  ce  travail  sont  : 

Mélhylamine en  solution  aqueuse 

Diméthjlamine : ' 

Triméthylamine > 

Hydrate  de  tétraméthylammonium 

Elhylamine 

Diélhyiamine 

Triélhylamine 

Hydrate  de  tétraéthylammonium 

Propylamine " 

Dipropylamine " 


(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  recherches  cliimiques  de  l'Ècolo  fîe  Pharmacie  de 
Montpellier,  dirigé  par  M.  Henri  Imbert. 

(-)  Journal  soc.  phys.  chini.  R..  t.  XXIX,  p.  il^i,  et  t.  XV^,  p.  95. 


(    I022    ) 

Ti-ipopvlamine en  solution  hj'droalcoolique 

Bulvlamine  normale en  solution  aqueuse 

Isobulvlamine i> 

Amylamine » 

Dianirlamine en  solution  liydroalcoolique 

)i  Les  aminés  aromatiques  primaires,  au  contraire,  sont  neutres  à  la 
phénophtaléine,  mais  se  conduisent  comme  bases  mononcides  au  méthyl- 
orange. 

»  Telles  sont  : 

L'aniline en  solution  livdioaIrooHquo 

L'o-toluidine kl. 

La  p-toluidine en  solution  aqueuse 

La  naphlylamine  a en  solution  liydroalcoolique 

Id.  |3 Id. 

»   Se  conduisent  d'une  façon  identique  : 

La  diméthylaniline. 

La  pyridine, 

La  quinoléine, 

La  pliénvlhvdiaziiie, 

auxquelles  il  faut  joindre  l'hydroxylamine. 

»  Pour  ce  dernier  corps,  au  lieu  d'emplover  une  solution  d'hvdroxyl- 
amine,  j'ai  opéré  d'une  façon  inverse,  sur  le  chlorhydrate  d'hydroxylamine 
en  solution  aqueuse.  Ce  sel  est  acide  à  la  phénophtaléine,  mais  il  est  sen- 
siblement neutre  à  l'hélianthine,  et  il  faut  ajouter  très  approximativement 
I  molécule  d'alcali  pour  i  molécule  de  sel,  afin  d'amener  le  virage  à  la 
pliénolphtaléiue. 

»  Si  l'on  compare  ces  deux  séries  d'expériences,  on  voit  que  l'emploi 
successif  des  deux  réactifs  indicateurs  permet  d'accuser  entre  les  aminés 
grasses  et  les  aminés  aromatiques  la  même  différence  de  basicité  qu'indi- 
quent les  données  therinochiiniques.  Ainsi  les  aminés  grasses  se  conduisent 
comme  des  bases  fortes,  faisant  virer  les  deux  réactifs,  mais  les  aminés 
aromatiques  accusent  une  fonction  basique  plus  fiible,  puisqu'elles  sont 
sans  action  sur  la  phtaléiue,  mais  monoacides  à  l'hélianthine.  Cette  dimi- 
nution de  la  basicité  du  radical  ammoniaque  est  encore  produite  par  la 
substitution  à  un  alome  d'hydrogène  de  la  molécule  AzH'  d'un  oxhydrile 
OH  (hydroxvlamine). 

»   D'autre  part,  la  substitution  de  deux  radicaux  gras  aux  deux  atomes 


(     I023    ) 

(l'hydrogène  ammoniacaux  de  l'aniline  n'influe  en  rien  sur  la  basicilé  du 
corps  (dimélhylaniline). 

»  Même  lorsque  l'azote  ammoniacal  fait  partie  du  noyau  aromatique 
(pyridine,  quinoléine  ),  la  basicité  est  encore  abaissée  d'un  degré. 

»  La  phénylhydrazine  se  conduit  elle-même  comme  base  faible,  et  il 
convient,  ce  que  je  fais  en  ce  moment,  de  comparer  son  action  à  celle  de 
l'hydrazine,  et  l'action  de  celle-ci  à  celle  des  diamines  étudiées  par  M.  Ber- 
llielot. 

»  J'ai  en  outre  examiné  l'action  d'une  solution  hydroalcoolique  de  diphc- 
nylamine.  J'ai  constaté  que  l'introduction  d'un  nouveau  radical  aromatique 
dans  la  molécule  d'aniline  entraînait  une  diminution  de  la  basicité,  puisque 
ce  corps  est  neutre  aux  deux  réactifs. 

»  Enfin,  une  diamine  aromatique,  la  paraphénylène-diamine,  bien  que 
possédant  deux  fonctions  ammoniacales,  est  neutre  à  la  phénolpbtaléine  et 
monoacide  à  l'héliantliine. 

»  En  résumé,  les  deux  réactifs  employés  successivement  permettent  de 
caractériser  deux  basicités  bien  différentes  :  celle  des  aminés  purement 
grasses,  qui  se  conduisent  comme  bases  fortes,  résultat  d'accord  avec  les 
données  thermochimiques;  celle  des  aminés  aromatiques  primaires,  qui  se 
conduisent  comme  bases  faibles,  ne  faisant  virer  que  le  méthylorange, 
résultat  d'accord  également  avec  les  données  thermocliimiques. 

M  L'influence  d'un  second  radical  aromatique,  dans  une  aminé  aroma- 
tique secondaire,  fait  disparaître  toute  basicité  aux  deux  réactifs. 

»  Mais  il  est  difficile  de  tirer  une  conclusion  de  l'examen  isolé  des  carac- 
tères de  basicité  de  la  paraphénylène-diamine. 

«  J'appellerai  l'attention  sur  ce  point,  que  l'hélianthine  sert  à  caractériser 
une  fonction  acide  fort,  et  inversement  une  fonction  base  faible;  la  phta- 
léine,  au  contraire,  permet  de  déceler  une  fonction  acide  faible  et  une 
fonction  base  forte.   » 


CHIMIE  ANIMALE.  —  Sur  /a  coexistence  d'une  diastase  réductrice  et  d'une  dias- 
tase  oxydante  dans  les  organes  animaux.  Note  de  MIVI.  J.  Abelous  et  E. 
Gëkard,  présentée  par  m.  Arm.  Gautier. 

«  Nous  avons  établi  qu'il  existait  dans  l'organisme  animal  un  ferment 
soluble  qui  réduit  les  nitrates  en  nitrites.  Au  cours  de  nos  recherches,  nous 
avons  constaté  que  le  tem[)s  de  séjour  à  l'étuve  exerçait  une  influence 


(     I02^    ) 

manifeste  sur  la  quantité  de  nitrile  lormée.  Cette  quantité  va  en  effet  en 
croissant  avec  la  durée  du  séjour  à  l'étuve  jusqu'à  la  vingt-quatrième  heure 
pour  diminuer  ensuite.  Si,  par  exemple,  la  quantité  de  nitrite  exprimée 
en  anlivdridc  azoteux  est  de  o^',  0012  (pour  too'*^  d'extrait  de  rein  à  parties 
égales  et  4^'  d'azotate  de  potasse)  au  bout  de  quatre  heures,  elle  est  de 
o6'',oo22,  de  oS'',oo3o  et  de  o^^ooSg  au  bout  de  sept,  seize  et  vingt-quatre 
heures,  pour  descendre  à  o^'",  0028  au  bout  de  quarante-huit  heures. 

»  Il  semble  donc  qu'à  un  moment  donné  il  y  ait  disparition  d'une  cer- 
taine quantité  de  nitrite.  Nous  avons  été  ainsi  amenés  à  nous  demander  si 
cette  diminution  n'était  pas  la  conséquence  d'une  oxydation  d'une  partie 
du  nitrite  produit,  la  quantité  de  nitrite  trouvée  au  bout  d'un  certain  temps 
ne  représentant  que  l'excès  de  la  réduction  sur  l'oxydation,  et,  au  cas  où 
il  y  aurait  oxydation,  quel  était  le  mécanisme  qui  la  provoquait. 

))  D'une  part,  si  l'on  ajoute  à  loo*^*^  de  macération  de  rein  de  cheval, 
/préalablement  bouillie,  une  petite  quantité  de  nitrite  de  sodium,  o^^ooi  par 
exem|>ie,  et  qu'on  maintienne  le  mélange  à  l'étuve  pendant  vingt-quatre  à 
quarante-huit  heures,  on  constate  qu'il  n'y  a  pas  disparition  de  nitrite. 

)!  Au  contraire,  si  l'on  effectue  la  même  expérience  avec  la  macération 
de  vem  non  soumise  à  l'ébullition,  la  majeure  partie  du  nitrite  disparaît,  et 
après  un  séjour  prolongé  à  l'étuve  on  ne  retrouve  plus  de  nitrite. 

»  Les  résultats  sont  aussi  nets  quand,  au  lieu  de  l'extrait  aqueux  de 
rein,  on  emploie  une  solution  aqueuse  obtenue  avec  le  précipité  qui  se 
forme  quand  on  traite  l'extrait  rénal  par  quatre  à  cinq  fois  son  volume 
d'alcool  (précipité  desséché  dans  le  vide  à  basse  température). 

1)  C'est  donc  à  l'intervention  d'une  oxydase  qu'est  due  la  disparition 
du  nitrite. 

»  On  peut  d'ailleurs  arriver  à  supprimer  complètement,  ou  à  peu  près, 
l'action  réductrice  des  extraits  et  laisser  intacte  l'action  oxydante.  Il  suffit 
pour  cela  de  soumettre  préalablement  la  pulpe  rénale  à  la  digestion  soit 
par  la  papaïne,  soit  par  la  trypsine.  On  obtient  ainsi,  quand  la  digestion 
est  assez  avancée,  des  liqueurs  qui  ne  réduisent  plus  d'une  façon  appré- 
ciable le  nitrate  de  potasse  ou  qui,  tout  au  plus,  ne  produisent  qu'une 
quantité  de  nitrile  infiniment  moindre  que  lorsque  la  pulpe  rénale  n'a  pas 
été  soumise  à  la  digestion. 

»  Par  contre,  l'extrait  de  rein  digéré  oxyde  les  nitrites  plus  énergique- 
ment  que  l'extrait  de  rein  non  digéré,  car  dans  le  premier  cas  l'action 
réductrice  ne  gêne  plus  l'action  oxydante.  Inversement,  on  peut  arriver  à 
diminuer  l'action  oxydante  et,  par  suite,  à  obtenir  un  rendement  plus  fort 


(     I025     ) 

en  nitrite  :  Il  suffit  pour  cela  de  priver  d'air  l'extrait  rénal  nitrate  et  de  le 
mettre  en  présence  d'une  atmosphère  d'un  gaz  inerte,  comme  l'hydrogène. 
C'est  ainsi  que,  si  l'on  abandonne  à  l\i^  pendant  vingt-quatre  heures  deux 
extraits  de  rein  de  cheval  additionnés  de  nitrate  (extrait  ioo<^'=,  azotate  de 
potasse  8^'  et  chloroforme  i*^*'),  l'un  en  présence  de  l'air,  l'autre  dans  une 
atmosphère  d'hydrogène,  le  dosage  des  nitrites  permet  de  constater  qu'il 
s'est  produit  dans  la  liqueur  aérée  o^^ooSo  de  nitrite,  exprimé  en  anhy- 
dride azoteux,  et  oS',oo38  dans  la  liqueur  privée  d'air  et  laissée  en  contact 
avec  l'hydrogène. 

»  En  présence  de  ces  faits,  nous  nous  croyons  autorisés  à  conclure  que, 
dans  les  macérations  aqueuses  de  rein  de  cheval,  il  y  a  coexistence  d'an 
ferment  soluble  rédacteur  et  d'un  ferment  soluble  oxydant,  la  présence 
de  ce  dernier  pouvant  entraîner  la  disparition  d'une  certaine  proportion 
des  produits  dus  au  ferment  réducteur.  » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  présence  de  la  mannocellulose  dans  le  tissu 
ligneux  des  plantes  gymnospermes  {^).  Note  de  M.  Gabriel  Bertrand, 
présentée  par  M.  Duclaux. 

«  En  reprenant  l'étude  de  la  substance  gommeuse  retirée  du  bois  par 
Poumarède  et  Figuier,  à  l'aide  de  la  lessive  de  soude  Ç-),  Thomsen  a 
observé  que  le  pin  et  le  sapin,  contrairement  à  ce  qui  arrive  avec  le  bou- 
leau, le  hêtre,  le  chêne  et  quelques  autres  arbres,  ne  fournissent  que  des 
quantités  insignifiantes  de  gomme  de  bois  ( '). 

»  Cette  observation,  confirmée  plus  tard  par  Koch,  et  même  étendue 
par  cet  auteur  à  deux  autres  conifères,  l'if  et  le  genévrier  ('),  est  passé 
presque  inaperçue.  Il  était  cependant  intéressant  de  savoir  si  des  plantes, 
telles  que  des  conifères  et  des  angiospermes,  déjà  séparées  par  l'ensemble 
de  leurs  caractères  sexuels  et  la  structure  anatomique  de  leur  bois,  pré- 
sentent une  telle  différence  de  processus  physiologiques  qu'on  puisse 
encore  les  reconnaître  à  la  composition  de  leurs  membranes  cellulaires. 

»   Aussi,  à  la  suite  des  recherches  que  j'ai  publiées,  il  y  a  quelques 


(')  Travail  du  laboratoire  de  Chimie  du  Muséum. 

(-)   Comptes  rendus,  t.  XXIII,  p.  giS;  i846. 

(')  Joiirn.  fïir  prakt.  Chemie,  t.  XIX,  p.  i46;  1879. 

(')  Phannaceut.  Zeitsch.  fiir  Russland,  t.  XXV;  i886. 

G.  R.,  1899,  2«  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  24.)  '36 


(    1026    ) 

années,  sur  la  composition  immédiate  du  tissu  ligneux  ('),  ai-je  entrepris 
l'analyse  du  bois  des  gymnospermes.  Dans  ma  première  Note,  j'étais  arrivé 
à  cette  conclusion,  que  le  tissu  ligneux  des  plantes  angiospermes,  mono- 
cotylédones  et  dicotylédones,  était  formé,  quel  que  soit  l'organe  où  on 
l'examine,  de  quatre  substances  principales  :  la  cellulose  ordinaire,  la 
vasculose  de  Fremy,  une  sorte  de  résine  probablement  phénolique  ou 
lignol  (^),  et  la  gomme  de  bois,  appelée  aussi  xylane.  Dans  celte  Noie,  je 
montrerai  que,  chez  les  plantes  gymnospermes,  la  xylane,  à  peu  près 
absente,  est  remplacée  par  un  hydrate  de  carbone  tout  à  fait  différent, 
par  de  la  mannocellulose. 

»  Du  bois,  des  feuilles,  des  cônes  de  diverses  plantes  appartenant  aux  trois  familles 
de  gymnospermes,  furent  séchés  et  pulvérisés,  puis  débarrassés  de  leurs  principes 
solubles  dans  l'eau  et  dans  l'alcool  avant  d'être  soumis  à  l'action  delà  lessive  de  soude. 
Dans  aucun  cas,  contrairement  à  ce  qui  arrive  avec  le  tissu  ligneux  des  plantes  angio- 
spermes, on  n'a  obtenu  de  proportion  importante  de  xylane.  Par  exemple,  au  lieu  de 
i5  à  25  pour  loo  que  donnent  avec  facilité  les  bois  de  hêtre,  de  bouleau  et  de  chêne, 
les  pailles  d'avoine  et  de  froment,  les  feuilles  d'alfa,  les  coques  de  noix,  etc.,  on  n'a 
obtenu  que  quelques  millièmes  avec  le  bois  de  sapin,  beaucoup  moins  encore  avec  la 
plupart  des  autres  plantes  gymnospermes  examinées. 

»  Le  tissu  ligneux  qui  reste,  après  les  traitements  indiqués  plus  haut,  fut  alors  mis 
à  bouillir  pendant  quatre  à  cinq  heures  avec  dix  fois  son  poids  d'eau  contenant  cinq 
centièmes  de  H  Cl.  Dans  ces  conditions,  que  j'ai  reconnues  les  plus  favorables  à  l'hy- 
drolyse de  la  mannocellulose,  on  obtient  un  liquide  fortement  réducteur.  On  le  sature 
à  froid  par  la  soude  et  on  l'additionne  d'acétate  de  phénylhydrazine  en  proportion 
calculée  d'après  la  teneur  en  sucre.  Le  précipité,  recueilli  après  une  heure,  est  lavé  à 
l'eau  froide  et  à  l'alcool,  puis  recristallisé  dans  l'eau  bouillante.  C'est  de  la  phényl- 
mannose-hydrazone.  Dans  tous  les  cas,  on  l'a  identifiée  avec  le  dérivé  correspondant  du 
mannose  ordinaire  du  Phytelephas  ou  c?.-mannose,  à  l'aide  de  son  point  de  fusion  et 
de  sa  transformation  en  rf.-glucosazone.  Cette  dernière  transformation  s'obtient, 
comme  on  sait,  en  chauffant  l'hydrazone  avec  une  solution  aqueuse  d'acétate  de  phé- 
nylh3'drazine  :  les  lamelles  presque  incolores  de  mannose-hydrazone  sont  alors  rempla- 
cées peu  à  peu  par  de  fines  aiguilles  jaune  d'or,  groupées  en  petits  pinceaux,  peu 
solubles  dans  l'eau,  moins  encore  dans  l'alcool  mélhylique,  même  bouillant,  et  fusibles 
vers  -)-  iZo°  (au  bloc  Maquenne). 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXIV,  p.  1492,  1892;  et  Bull.  Soc.  chim.,  3=  série,  t.  Vil, 
p.  468;  1892.  Dans  cette  dernière  Note,  p.  469,  ligne  i3,  lire  :  oxalique,  au  lieu  de  : 
malique. 

C')  J'ai  d'abord  appelé  cette  substance  lignine;  mais,  pour  éviter  toute  confusion 
avec  la  lignine  des  auteurs  allemands,  qui  comprend  l'ensemble  des  matières  incrus- 
tantes du  bois  autres  que  les  hydrates  de  carbone,  je  me  servirai  maintenant  du  nom 
de  lignol. 


(    I027  ) 

»  Pour  plus  de  garantie,  on  a,  une  fois,  extrait  le  mannose  cristallisé  en  décomposant 
son  hydrazone  par  l'élégante  méthode  de  Herzfeld(').  24s'' de  mannosehydrazone, 
provenant  du  bois  de  Pinus  maritima,  ont  été  maintenus  deux  heures  en  ébullition 
avec  200B''  d'eau  et  12s''  d'aldéhyde  benzoïque.  Après  refroidissement,  la  solution, 
séparée  de  la  benzaldéhydehydrazone  insoluble,  a  été  évaporée  presque  à  sec  dans  le 
vide  et  le  résidu  repris  par  un  peu  d'alcool  méthylique.  En  amorçant,  le  sirop  a  rapi- 
dement cristallisé.  On  a  essoré  le  sucre  et,  après  une  nouvelle  cristallisation  dans 
l'alcool  méthylique,  on  l'a  passé  au  polarimètre.  La  solution,  d'abord  lévogyre,  a  donné 
comme  pouvoir  rotatoire  constant  : 

[a]i,r= +14026' 

(pour  une  concentration  de  2  pour  100  et  à  la  température  de  -t-  3°).  C'est  le  chiffre 
donné  par  van  Ekenstein  ("  )  et  que  j'ai  retrouvé  en  opérant  sur  le  mannose  extrait  de 
l'amande  de  Phytelephas. 

»  J'ai  recherché  la  mannocellulose  dans  le  tissu  ligneux  des  plantes 
gymnospermes  suivantes  : 

Cycadées    :   Cycas  siamensis  Miq tige 

Conifères   :   Taxas  baccata  L «    (aubier,  bois  parfait) 

Podocarpus  macrophylla  Don m 

Cu pressas  torulosa  Don » 

Biota  (  Thuya)  orientalis  End » 

Séquoia  gigantea  End » 

Abies  peclinata  D.  C » 

»      excelsa  D.  C » 

Pinus  sylvestris  L » 

»       maritima  Lam » 

»       laricio  Poir feuilles,  fruit 

Araucaria  brasiliana  A.  Rich tige 

Gnétacées  :  Ephedra  distachya  L tige 

Giietum  Thoa  R.  Brown tige 

Welwilschia  mirabilis  Hook racine 

»  Toutes  les  espèces  des  deux  premières  familles  m'ont  fourni  un  pré- 
cipité de  mannosehydrazone,  assez  abondant  même  pour  qu'on  puisse  les 
recommander  comme  une  source  avantagetise  de  mannose.  Voici,  comme 
preuve,  les  dosages  que  j'ai  effectués  : 

Mannosehydrazone   Mannose  correspondant 
pour  100.  pour  100. 

Taxus  baccata,  aubier i5,o  10,0 

»  bois  parfait 12,0  9,0 

C)  Berichted.  d.chem.  Gesellsch.,  t.  XXVIII,  p.  448;  i895. 

('-)  Recueil  des  travaux  chimiques  des  Pays-Bas,  t.  XV,  p.  222;  1896. 


(     I028    ) 

Mannosehydrazone    Mannose  correspondant 
pour  100.  pour  loo, 

Cupresstts  torulosa,  û^e  enûère.  5,o  3,4 

Abies  pectinata,  bois  de  la  tige..  i/i,4  9)6 

Pinus  laricio,  cône 12,6  8,4 

Araucaria  brasiliana,  tige 12,8  9,5 

»  Au  contraire,  clans  la  petite  famille  des  Gnétacées,  lorntiée  de  trois 
genres,  Ephcdra  dislachya  n'a  fourni  qu'un  très  petit  rendement  (environ 
i^  d'hydrazone  pour  iS.'îs''  de  bois  frais  débarrassé  de  son  écorce),  tandis 
que  Gnetum  Thoa  et  Welwitschia  mirabilis  n'ont  rien  donné  du  tout.  C'est 
là  un  fait  d'autant  plus  intéressant  que  les  Gnétacées  ne  sont  pas  de  véri- 
tables gymnospermes,  mais  bien  plutôt  un  terme  de  passage,  un  véritable 
trait  d'union  entre  les  deux  grands  groupes  de  Phanérogames.  » 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Note  pour  servir  à  l'histo're  de  la  pression  inlra- 
oculaire  et,  par  suite,  à  la  connaissance  du  mécanisme  de  la  pression  du 
sang  dans  les  capillaires  ;  par  M.  W.  Nicati,  présentée  par  M.  Ranvier. 

M  Poursuivant  les  expériences  par  lesquelles  il  m'a  été  possible  d'indi- 
quer la  mesure  de  la  dureté  de  l'œil  comme  un  moyen  d'aider  au  diagnostic 
de  la  mort  certaine  ('),  j'ai  été  amené  à  constater  que  la  dureté  habituelle 
de  l'œil  varie  en  fonction  des  dimensions  du  corps  et  de  la  pression  atmo- 
sphérique ambiante. 

»  Atteignant  jusqu'à  0,66  de  l'unité  sclérométrique  choisie  [le  centimil- 
limètre-gramme  (')]  pour  l'homme  adulte,  la  dureté  habituelle  de  l'œil 
n'est  que  o,  3o  de  la  même  unité  pour  un  gros  lapin  ou  un  enfant  de  même 
taille. 

»  Mesurée  égale  à  o,3opour  le  lapin  sous  la  pression  atmosphérique 
ordinaire,  elle  est  montée  à  o,43  dans  la  cloche  à  plongeur  par  une 
atmosphère  et  demie  de  surpression. 

Ces  résultats  ont  leur  explication  dans  le  fait  que  la  pression  interne  de 
l'œil,  corollaire  et  cause  de  sa  dureté,  est  l'indice,  plus  exactement  la 
mesure,  de  la  pression  du  sang  dans  les  capillaires.  Mes  expériences  et  le 
calcul  en  fournissent  la  preuve. 

M   Enfin,  le  calcul  appliqué  aux  résultats  généraux  de  mes  recherches 

(')  Comptes  rendus,   22  janvier  1894. 

(^)  Duielé  du  corps  qu'un  gramme  déprime  d'un  centimillimètre. 


(   '029  ) 
conduit  à  constater  que  la  dureté  ordinaire  de  l'œil  varie  comme  le  rapport 
entre  le  volume  du  corps  et  sa  surface. 

»  La  formule  générale  suivante  résume  mon  exposé  : 

»  Fonction  des  dimensions  du  corps  et  de  la  pression  atmosphérique,  la 
pression  du  sang  dans  les  capillaires,  mesurée  à  la  dureté  de  l'œil,  a  été  trouvée 
proportionnelle  au  rapport  entre  le  volume  du  corps  et  sa  surface. 

»  A  peine  est-il  besoin  d'appeler  l'attention  sur  la  portée  de  pareils  faits. 
Ils  éclairent  le  mécanisme  de  la  circulation  du  sang,  les  effets  physiolo- 
giques de  l'air  comprimé  et  de  l'air  raréfié,  l'action  thérapeutique  des  cures 
d'altitude  et  des  cures  d'air  sous  pression  dans  les  affections  morbides  du 
cœur  et  du  poumon.    » 


ZOOLOGIE.  —  Nouvelles  observations  sur  les  Péripates  américains.  Note 
de  M.  E.-L.  Bouvier,  présentée  par  M.  Milne-Edwards. 

»  Les  Péripates  sont  des  animaux  rares  et  en  apparence  fort  peu  diffé- 
rents les  uns  des  autres;  pour  ces  deux  raisons,  les  zoologistes  se  sont 
heurtés  dans  leur  étude  à  des  difficultés  de  toute  nature  et,  en  fin  de 
compte,  les  ont  souvent  considérés  comme  les  représentants  d'un  groupe 
très  homogène.  Que  cette  homogénéité  soit  réelle,  on  n'en  saurait  douter 
lorsqu'on  passe  en  revue  les  formes  les  plus  diverses  de  ces  curieux  ani- 
maux; mais  elle  est  loin  d'être  aussi  grande  qu'on  l'avait  cru  jusqu'ici,  et, 
en  dehors  des  sections  déjà  établies  dans  la  classe,  il  est  possible  d'en  in- 
troduire d'autres  dont  la  base  ne  saurait  être  sérieusement  contestée.  C'est, 
du  moins,  la  conclusion  à  laquelle  m'a  conduit  une  étude  minutieuse  des 
Péripates  américains  ;  ces  Péripates  ne  comptent  pas  moins  de  vingt  espèces 
et  forment  à  eux  seuls  la  partie  la  plus  importante  du  groupe,  mais  ils  sont 
d'une  observation  particulièrement  délicate,  et  je  n'aurais  pu  parvenir  à 
élucider  leur  histoire  si  des  confrères  obligeants  et  les  divers  Musées  d'Eu- 
rope ne  m'avaient  obligeamment  communiqué  les  richesses  dont  ils  sont 
les  détenteurs. 

»  Dés  études  que  j'ai  entreprises,  il  résulte  que  les  Péripates  américains 
peuvent  se  ranger  dans  deux  sections  absolument  distinctes  :  à  la  première 
section  appartiennent  des  espèces  qui  ont  quatre  ou  cinq  papilles  pédieuses 
et  les  orifices  urinaires  des  pattes  IV  et  V  inclus  dans  le  troisième  arceau 
qui  constitue  la  sole  de  ces  appendices;  dans  la  seconde  viennent  se  grou- 
per toutes  les  formes  qui  ont  trois  papilles  pédieuses  (deux  en  avant,  une 


(  io3o  ) 

en  arrière)  et  où  les  orifices  urinaires  anormaux  se  trouvent  compris  entre 
les  arceaux  3  et  4  de  la  sole.  Les  Péripates  de  la  première  section  habitent 
tous  les  hauts  plateaux  de  la  chaîne  montagneuse  qui  avoisine  le  Pacifique, 
ou  le  versant  maritime  de  cette  chaîne;  je  les  appellerai  pour  cette  raison 
Péripates  andicoles;  ceux  de  la  seconde  section  peuvent  être  appelés  Péri- 
pates caraïbes,  parce  qu'ils  sont  localisés  dans  les  îles  (Antilles)  et  dans  les 
vallées  américaines  situées  à  l'est  de  la  chaîne. 

»  Les  Péripates  andicoles  sont  connus  depuis  la  région  de  Tépic,  au 
Mexique  (P.  Eisenii  Wheeler),  jusqu'en  Bolivie  {P.  Dalzani  Camerano); 
les  Péripates  caraïbes  se  retrouvent  depuis  Cuba  jusqu'aux  rives  de  l'Ama- 
zone. Deux  Péripates  mexicains,  le  P.  Perrien  Bouv.  de  la  Véra-Cruz  et 
le  P.  Goudoti  Boav.,  appartiennent  aussi  à  cette  seconde  section. 

»  De  tous  les  Péripates  andicoles,  l'un  des  plus  curieux  provient  des 
environs  de  Quito  et  appartient  à  la  collection  du  British  Muséum;  je  l'ap- 
pellerai P.  Lankesteri,  en  l'honneur  de  M.  le  professeur  Ray  Lankester,  qui 
a  libéralement  mis  à  ma  disposition  les  importants  matériaux  du  grand 
établissement  anglais.  Ce  Péripate  ressemble  aux  espèces  d'Australie  et  de 
la  Nouvelle-Zélande  en  ce  qu'il  est  muni  d'une  papille  sur  la  face  dorsale 
du  pied  ;  il  diffère  de  toutes  les  formes  jusqu'ici  connues  par  la  présence  de 
cinq  papilles  pédieuses  et  par  la  position  de  l'orifice  urinaire  anormal  qui 
occupe  l'extrémité  postérieure  du  troisième  arceau  de  la  sole  des  pattes  IV 
et  V. 

»  Viennent  ensuite  trois  espèces  qui  ont,  comme  la  précédente,  cinq 
arceaux  à  chaque  sole,  et  parfois  six,  comme  le  P.  tuberculatus  Bouv.  ;  cette 
dernière  espèce  se  fait  d'ailleurs  remarquer  par  les  grosses  papilles  tuber- 
culiformes  qui  se  trouvent  éparses  au  milieu  des  papilles  accessoires  de  sa 
face  dorsale;  elle  a  été  trouvée  en  Colombie,  aux  environs  de  Popayan. 
Des  deux  autres  espèces  de  la  même  série,  l'une  provient  de  Quito,  c'est  le 
P.  quilensis  Schmarda  {non  Camerano),  l'autre  a  été  trouvée  sur  les  pla- 
teaux boliviens,  c'est  le  P.  Balz-ani  Cam.;  la  première  présente  sur  le  dos 
des  plis  alternativement  grands  et  petits,  ces  derniers  étant  dépourvus  de 
grosses  papilles;  la  seconde  est  munie  partout,  du  côté  dorsal,  de  papilles 
grandes  et  petites. 

»  Parmi  les  espèces  andicoles  à  quatre  arceaux,  on  doit  accorder  une 
place  spéciale  au  P.  Cameranoi  nov.  sp.  (P.  quitensis  Cam.),  dont  les  papilles 
dorsales  sont  subégales  et  qui  provient  de  Sigzig,  dans  l'Equateur;  les 
deux  autres  espèces  de  la  même  série  sont  le  P.  Corradi  Cam.  des  environs 
de  Quito  et  le  P.  Eisenii  W^heeler  de  la  région  de  Tépic;  dans  la  première, 


(  io3i  ) 

le  tubercule  urinaire  anormal  n'est  pas  séparé  en  avant  du  troisième  arceau; 
dans  la  seconde  il  occupe  le  centre  d'un  tubercule  indépendant  comme 
dans  les  espèces  de  l'Afrique  australe. 

»  Les  espèces  caraïbes  ressemblent  aux  trois  précédentes  en  ce  qu'elles 
sont  pourvues  de  quatre  arceaux,  à  l'exception  du  P.  Perrieri  Bouv.,  qui 
en  a  cinq  ;  on  les  distingue  les  unes  des  autres  d'après  les  ornements  de 
leur  peau,  la  position  des  papilles  sexuelles  du  mâle  et  le  nombre  de  leurs 
pattes,  qui  varie  entre  des  limites  plus  ou  moins  larges.  Une  espèce  nou- 
velle de  Santarem,  le  P.  brasiliensis ,  se  distingue  de  toutes  les  antres  par 
la  disposition  de  ses  plis  dorsaux,  qui  ne  se  bifurquent  pas  au  niveau  des 
pattes.  Pour  ce  qui  est  des  appendices  locomoteurs,  on  peut  dire  qu'en 
général  les  espèces  andicoles  ont  un  plus  grand  nombre  de  pattes  que  les 
espèces  caraïbes,  mais  cette  règle  est  sujette  à  de  nombreuses  exceptions. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  les  Péripates  américains  présentent 
une  variété  des  plus  grandes,  que  leurs  espèces  andicoles  ne  sont  pas  sans 
affinités  avec  les  espèces  caraïbes,  mais  qu'elles  se  rapprochent  aussi,  par 
plus  d'un  point,  des  espèces  non  américaines.  On  est  loin,  malgré  tout,  de 
connaître  complètement  leurs  enchaînements  zoologiques;  d'après  une 
Note  intéressante  de  M.  Filippo  Silvestri  ('),  une  espèce  chilienne,  le  P. 
Blaifni/lei Bhnch. ,  se  rapproche  à  tous  égards  des  formes  néo-zélandaises, 
de  sorte  qu'il  s'agit  de  trouver  actuellement  le  passage  entre  les  Péripates 
andicoles  et  ceux  qu'on  rencontre  plus  au  sud,  dans  la  région  du  Chili.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  Muconnée  pathogène.  Note  de  MM.  Lucet 
et  CosTANTiN,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Les  parasites  du  groupe  des  Mucorinées  qui  attaquent  les  animaux 
supérieurs  sont  encore  peu  nombreux.  Les  affections  qu'ils  produisent, 
confondues  souvent  avec  les  mycoses  aspergillaires,  n'ont  pas  paru  avoir 
jusqu'ici  une  grande  importance;  peut-être  cela  tient-il  à  ce  que  leur  étude 
n'a  pas  été  faite  avec  assez  de  précision.  Ces  espèces  pathogènes  mériteraient 
cependant  d'être  soigneusement  étudiées,  si  l'on  tient  compte  du  cas  de 
mycose  généralisée  et  mortelle  observé  par  M.  Paltauf  (-),  dans  lequel 

(')  Filippo  Silvestri,  Peripatoïdes  BlainvilleiBlanch.  {Zool.  Anzeiger,  XXII.  Bd, 
p.  370,  371  ;  1899). 

(^)  Paltauf,  Mycosis  mucorinea.  Ein  Beitiag  zur  Kenntniss  der  menschlichen 


(   loSa  ) 

presque  tous  les  organes  de  l'individu  décédé  avaient  été  atteints  et  où  les 
poumons,  les  intestins,  le  larynx,  la  rate,  le  cerveau  renfermaient  un 
Mucor  dont  la  détermination  spécifique  n'a  malheureusement  pas  été  faite. 
»  L'observation  précédente  nous  apprend  à  la  fois  que  la  connaissance 
des  Mucorinées  parasites  présente  un  véritable  intérêt  et  que  leur  spécifi- 
cation laisse  souvent  à  désirer.  Nous  croyons  donc  ulile  de  signaler  une 
espèce  nouvelle  de  ce  groupe,  découverte  dans  les  circonstances  remar- 
quables suivantes  : 

»  Origine.  —  Au  mois  de  novembre  1898,  une  femme  d'une  trentaine  d'années, 
atteinte  depuis  quelques  mois  d'une  afTection  à  marche  lente  des  voies  respiratoires, 
vient  consulter  le  D'  Lambry,  médecin  à  Courtenay  (Loiret).  Celui-ci  pense  d'abord 
à  la  tuberculose.  Les  crachats  de  la  malade,  recueillis  en  tube  stérilisé,  sont  remis 
à  M.  Lucet;  ils  ne  révèlent  pas  le  bacille  de  Koch,  mais  des  globules  sphériques, 
pourvus  de  prolongements,  rappelant  ceux,  que  l'on  voit  dans  l'aspergillose.  Quelques 
jours  après,  l'examen  de  nouveaux  crachats  met  en  évidence  :  1°  des  spores  intactes, 
2°  des  spores  en  germination,  3°  des  fragments  de  mycélium  jeune.  Des  cultures  faites 
en  liquide  de  Raulin  donnent  d'emblée  l'espèce  nouvelle  que  nous  allons  définir  plus 
loin. 

»  La  présence  de  ce  Champignon  n'était  pas  accidentelle,  car  de  nouveaux  examens 
faits,  une  première  fois  huit  jours  plus  tard,  une  seconde  fois  trois  semaines  après, 
donnèrent  le  même  résultat  positif.  La  malade,  traitée  notamment  par  l'arsenic  et  l'io- 
dure  de  potassium,  suivant  la  méthode  recommandée  en  pareil  cas  contre  l'aspergillose 
[Lucet  ('),  Renon  (^)],  s'est  remise  peu  à  peu;  elle  va  actuellement  aussi  bien  que 
possible,  sa  toux  a  presque  complètement  disparu,  ses  crachats  ne  présentent  plus  leurs 
caractères  primitifs,  et  elle  a  augmenté  de  poids.  Depuis  le  traitement,  les  crachats 
ont  donné  en  ensemencement  des  résultats  d'abord  positifs,  puis  un  certain  nombre 
d'entre  eux  ont  été  négatifs  dans  les  premiers  mois;  ce  n'est  que  plus  lard  qu'ils  de- 
vinrent plus  régulièrement  infructueux,  à  mesure  que  l'amélioration  se  manifestait  avec 
plus  de  netteté  dans  l'état  de  santé  de  la  malade. 

»  Description  du  parasite.  —  Le  Champignon  qui  est  la  cause  de  TafFec- 


Faden  Erkrankung  (  Virchow's  Aichiv,  t.  Cil  ;  i885).  Les  observations  de  Furbringer 
{Zeils.  f.  klin.  Medec,  t.  VIT,  1882,  p.  140)  de  Hvckel  {Zur  Kenntniss  der  Biologie 
d.  M.  corymbifer,  i884)  établissent  que  des  Mucorinées  pathogènes  peuvent  exister 
dans  le  poumon,  l'oreille.  Cela  résulte  aussi  des  recherches  de  Bezold  et  Siebmann, 
Jakowski  et  des  études  plus  anciennes  de  ScHiiiz,  Reinhardt,  Bôllinger,  Zijrn  et 
CoHNHEiM,  et  surtout  des  expériences  de  Lichtheim  et  Lindt.  Enfin,  récemment  IIerla 
{Acad.  royale  de  Médecine  de  Belgique,  i895)a  signalé  aussi  un  cas  de  pneumo- 
mycose  chez  l'homme  mal  défini  botaniquement. 

(')  Lucet,  De  /'Âspergillus  fumigatus  chez  les  animaux  domestiques.  Paris,  1897. 

(')  Renon,  Etude  sur  l'aspergillose  chez  les  animaux  cl  chez  l'homme.  Paris,  1897. 


(  io33  ) 

tion  précédente  est  différent  des  quatre  espèces  pathogènes  connues  jus- 
qu'ici avec  précision  (  '  ). 

»  Il  difFére  des  Mucor  pusillns  Tandt,  coryinbifer  làchtheim  et  Colin  et 
ramosus  Lindt  par  la  présence  de  rhizoïdes  se  présentant  irrégulièrement 
de  place  en  place  sur  le  mycélium  rampant,  quelquefois  à  la  base  des  fila- 
ments fructifères,  mais  souvent  sans  rapport  avec  eux.  Son  mode  de  rami- 
fication rappelle  un  peu  celui  de  ces  deux  dernières  espèces,  dont  il  se  dis- 
tingue cependant  par  l'absence  de  renflement  du  pied  au-dessous  de  la 
colnmelle.  Le  caractère  de  la  ramification  le  rapproche  du  genre  Mucor, 
mais  ses  rhizoïdes  tendraient  à  le  faire  placer  dans  les  Rh'zopus;  nous 
croyons  devoir  en  faire  le  type  d'une  section  nouvelle  du  genre  Mucor  c^ae 
nous  proposons  d'appeler  Rhizoïnucor  et  l'espèce  nouvelle  Rhizomucor  pa- 
raslticus,  dont  voici  la  diagnose  très  sommaire  : 

»  Rhizomucor  parasilicus.  —  Mucorée  à  stolons  rampants,  à  rhizoïdes  irréguliers, 
à  pédoncules  fructifères  ramifiés  au  sommet  en  grappe,  quelquefois  en  corymbc;  spo- 
ranges de  80  [J.  à  35  [x;  columelle  ovoïde,  cutinisée,  dc70|j.à  Soja.  Spores  réniformes,  4  [^ 
sur3|x.  Couleur  des  cultures  gazonnantes  peu  élevées  :  d'abord  grisâtre,  puis  brun 
fauve  grisâtre. 

»  Températures  critiques  du  parasite.  —  Les  propriétés  de  ce  Champignon  vis- 
à-vis  de  la  chaleur  sont  tout  à  fait  remarquables  et  n'appartiennent,  à  notre  con- 
naissance, qu'au  Mucor  pusillus  (dont  il  se  distingue  nettement  par  ses  rhizoïdes  et 
sa  ramification  en  milieux  riches)  :  il  ne  germe  pas  aux  températures  du  laboratoire, 
et  commence  à  croître  lentement  à  21°.  Il  végète  admirablement  entre  34°  et  44°-  Sa 
croissance  est  lente  à  5o°,  il  ne  pousse  plus  à  54". 

»  Inoculations.  —  Les  caractères  précédents  laissent  entrevoir  que  le  Rhizomucor 
doit  être  essentiellement  pathogène,  ce  que  l'expérience  justifie. 

»  A.  Un  fort  lapin  est  inoculé  par  voie  intraveineuse  de  deux  centimètres  cubes  de 
bouillon  stérilisé  dans  lequel  ont  été  émulsionnées  en  quantité  abondante  des  spores 
d'une  culture  âgée  de  8  jours.  Il  meurt  au  bout  de  4  jours  avec  les  lésions  suivantes  : 
reins  congestionnés,  piquetés  de  rouge;  foie  hypertrophié,  jaunâtre;  rate  énorme, 
noire;  ganglions  intestinaux  hyperémiés;  urine  sanguinolente.  De  la  pulpe  de  foie 
étalée  sur  pomme  de  terre,  à  titre  de  contrôle,  donne  rapidement  les  jours  suivants 
une  culture  pure  du  champignon  inoculé. 

(')LicHTEiM,  Zeitsch.  fur  klinische  Medec,  t.  VII,  p.  i4o;  Lindt,  Ârchiv.  f. 
experim.  Pathol.  u.  Pharmac,  t.  XXI,  p.  269.  Les  espèces  Mucor  racemosus  et 
conoideus  signalées  par  Bôllinger  (Ueber  Pilzkrank.  hôherer  und  niederer  Thiere) 
sont  insuffisamment  décrites.  Il  en  est  de  même  du  M.  se ptat us  ^e.7.o\à  (Siebmann, 
Schiniincl-mycosen  des  0/ires).  Le  M.  niger,  qui  produit  l'afTection  de  la  langue 
noire  (d'après  Ciaglinski  et  Hiîwelke,  Zeilscli.  /.  klinische  Medec,  iSgS)  n'est  pas 
pathogène  pour  le  lapin. 

C.  K.,  1S99,  3'  Semestre.  (T.  CXXIX,   N'  24.)  l37 


(    'o34  ) 

»  B.  Cette  expérience  est  le  type  d'une  série  d'autres  qui  ont  donné  des  résultats  tout 
à  fait  analogues.  Ce  qui  semble  surtout  caractéristique,  ce  sont  les  lésions  du  rein 
(qui  devient  énorme  et  gris  jaunâtre)  et  celles  des  ganglions  mésentériques.  Des  frag- 
ments de  ces  organes  prélevés  avec  tous  les  soins  usités  en  pareil  cas  ont  redonné  la 
culture  type  du  Rhizomucor.  Mènae  résultat  avec  la  rate. 

»  C.  Si  la  dose  de  spores  inoculées  est  très  forte,  la  mort  peut  survenir  en  3  jours; 
si  on  les  dilue,  par  exemple,  dans  de  l'eau  salée  physiologique  {j^)  et  si  l'on 
n'inocule  que  1"%  5,  la  mort  survient  au  bout  de  huit  jours.  Les  poids  de  l'animal  sont 
les  suivants  chaque  jour  :  i<="-jour,  2''5,88o;  2=,  a''^,  55o ;  3%  2''s,55o;  4°,  2''S,6oo;  5% 
2''s,65o;  6'^,  2''s,5oo;  la  mort  survient  le  8"  jour. 

»  D.  Les  variations  de  température  de  l'animal  sont,  dans  une  autre  expérience,  de 
jour  en  jour  :  38°,  9;  38",  8;  4o";39<';  39°,8;  35°,  4  et  34°,  8  le  jour  de  la  mort. 

»  E.  Des  inoculations  dans  le  péritoine  amènent  également  la  mort  en  un  temps 
variable  de  quatre  à  sept  jours,  avec  des  lésions  de  même  ordre. 

»  Toutes  ces  expériences,  et  d'autres  faites  sur  le  cobaye,  que  nous  pu- 
blierons ultérieurement,  établissent  d'une  manière  indéniable  le  caractère 
pathogène  de  l'espèce  nouvelle,  pour  ces  animaux.  Le  chien  paraît  résister, 
au  contraire. 

»  Ces  données  et  l'observation  faite  sur  l'homme  mentionnée  plus  haut 
suffisent  à  montrer  l'intérêt  s'attachant  à  Tétude  de  cette  espèce.  La  con- 
naissance de  ses  températures  critiques  conduirait  à  penser,  ou  que  ce 
Champignon  est  surtout  tropical,  ce  qui  est  assez  peu  vraisemblable,  ou 
qu'il  est  essentiellement  pathogène;  et  cette  dernière  conception  contri- 
buerait à  faire  soupçonner  qu'il  est  commun  chez  les  animaux  ou  chez 
l'homme.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  un  nouveau  mode  de  fonnalion  de  l'œuf  chez  les  Pipto- 
cephalis.  Note  de  M.  L.  Matruchot,  présentée  par  M.  Gaston  Bon- 
nier. 

(c  Le  genre  Piptocephalis,  un  des  plus  intéressants  de  la  famille  des  Mu- 
corinées,  est  représenté  à  l'heure  actuelle  par  huit  espèces,  dont  une  seule, 
P.  Freseniana,  est  connue  comme  susceptible  de  former  des  œufs.  Aussi 
n'est-il  pas  sans  intérêt  de  signaler  la  reproduction  sexuée  dans  une 
deuxième  espèce  du  même  genre,  d'autant  plus  que  le  mode  de  formation 
des  œufs  est,  dans  ce  second  cas,  assez  différent  du  premier. 

))  L'espèce  qui  m'a  fourni  ce  type  nouveau  de  formation  d'œuf  chez  les 
Piptocephalis  diffère  nettement  des  autres  espèces  du  genre.  Je  la  dé- 
nomme Piptocephalis  Tieghemiana,  la  dédiant  ainsi  à  M.  Van  Tieghem,  à 


(   io35  ) 

qui  nous  devons  la  plus  grande  part  de  nos  connaissances  sur  la  biologie 
des  Mucorinées. 

»  Le  P.  Tieghemiana  s'est  développé  spontanément  dans  une  assiette  luimide  où 
avaient  été  mises  à  germer  diverses  graines  (Pois,  Fève,  Ricin,  etc.).  Il  vivait  en  para- 
site sur  un  Rhizopus  nigricans  développé  à  la  surface  des  graines.  Comme  tous  les 
autres  Piptocephalis,  le  P.  Tieghemiana  s'est,  à  l'essai  des  cultures,  montré  comme 
un  parasite  nécessaire,  et,  fait  remarquable,  il  semble  incapable  de  se  développer  sur 
tout  autre  mycélium  que  celui  des  Mucorinées.  C'est  en  vain,  en  effet,  que  j'ai  tenté  la 
culture  sur  de  nombreuses  espèces  de  Mucédinées  {Amblyosporium  uinbellalum, 
Gliocladium  viride,  Sterigmatocystis  et  Aspergiltii.t  variés,  etc.),  d'Ascomycètes 
(Pyronema  conjluens.  Nectria  Peziza,  Morchelln  esculenta  et  rimosipes,  etc.)  et  de 
Basidiomycètes  (PleuroCus  ostreatus,  Tricholoma  nudum,  Matruchoda  varions, 
etc.).  Au  contraire,  les  cultures  sur  Mucorinées  ont  réussi  (Pilaira.  Miicor.  Rhizo- 
pus, Absidia,  Sporodinia,  ilelicoslylum,  Syncephnlis);  seuls  les  Morlierella,  dont 
j'ai  essayé  quatre  espèces,  se  sont  montrés  réfractaires  à  toute  culture  du  Pipto- 
cephalis ('). 

»  Le  Piptocephalis  Tieghemiana  se  différencie  des  espèces  voisines  par  les  carac- 
tères suivants  :  l'arbuscule  sporangifère,  dépourvu  de  rhizoïdes  à  la  base,  se  ramifie 
en  dichotomie  régulière  ;  ses  branches  successives  diminuent  progressivement  de  lon- 
gueur et  de  calibre,  et  se  cutinisent  à  maturité  sans  présenter  de  rainures  longitudi- 
nales; enfin  les  articles  ultimes  se  terminent  chacun  par  une  tète  sphérique  de  'èv■-[^v■ 
de  diamètre,  Tporlanl  sur  toute  sa  périphérie  des  sporanges  cylindriques.  Les  sporanges 
sont  ovales,  d'une  longueur  de  8V-;  ils  renferment  généralement  deux  spores  coniques, 
parfois  trois  (la  médiane  étant  cylindrique),  rarement  une  seule  (qui,  dans  ce  cas,  est 
fusiforme);  les  spores  ont  4^'-5l^  sur  2l^-2l'',5. 

»  Sur  le  mycélium  rampant  peuvent  s'observer  des  chlamydospores.  On  a  déjà  si- 
gnalé ces  chlamydospores  chez  divers  genres  de  Mucorinées,  mais  pas  encore,  à  ma 
connaissance,  chez  les  Piptocephalis.  Dans  P.  Tieghemiana,  ce  sont  des  éléments 
volumineux,  très  réfringents^  de  forme  irrégulière,  ayant  de  12!^  à  3o!^  de  longueur 
sur  iol^-i5H-  de  largeur. 

»  La  reproduction  sexuée  de  Piptocephalis  Tieghemiana  se  fait  par  fusion 
de  deux  gamètes  égaux  et  semblables.  Commei^lifis  P.  Freseniana,  les  deux 
branches  copulatrices  sont  recourbées  en  mors  de  pince;  mais  les  éléments 
sexuels  et  l'œuf  lui-même  présentent  avec  leurs  homologues  chez  P.  Frese- 
niana de  profondes  différences. 

»  Tout  d'abord  les  cloisons  qui,  dans  les  branches  copulatrices,  isolent 
les  gamètes  du  corps  de  la  plante,  sont  ici  très  haut  placées,  tandis  que  dans 


(')  M.  Van  Tieghem  a  déjà  observé  le  même  fait  pour  d'autres  espèces  du  même 
genre.  A  ce  point  de  vue,  comme  à  beaucoup  d'autres,  les  Mortiérellées  forment  donc 
un  groupe  à  part  dans  la  famille  des  Mucorinées. 


(  io3()  ) 

P.  Freseniana  elles  séparent  chaque  branche  en  deux  parties  à  peu  près 
égales  :  ici  les  gamètes  sont  relativement  petits. 

»  En  outre,  l'œuf,  une  fois  formé,  devient  parfaitement  sphérique,  et  à 
sa  surface  se  développent,  non  un  petit  nombre  de  pointes  faisant  forle- 
nient  saillies  (comme  dans  P.  Freseniana),  mais  un  grand  nombre  de 
petits  tubercules  arrondis  et  à  peine  saillants  à  la  surface. 

»  Enfin,  la  différence  capitale  entre  les  deux  formes  s'observe  dans  le 
développement  de  l'œuf  en  embryon.  Dans  P.  Freseniana,  l'embryon  se 
développe  au-dessus  àa  point  de  jonction  des  deux  éléments  sexuels.  Ici, 
c'est  entre  les  deux  branches  copulatrices  :  sur  l'œuf  mûr,  on  voit  les  deux 
suspenseurs  s'insérer  presque  à  l'opposé  l'un  de  l'autre,  comme  dans  un 
Mucor  ou  un  Sporodinia.  D'ordinaire  il  y  a,  entre  les  points  d'insertion 
des  deux  suspenseurs,  un  arc  de  |  de  circonférence  environ. 

»  Ce  dernier  fait  a  une  certaine  importance.  Dans  toutes  les  Muco- 
rinées  de  la  tribu  des  Syncéphalidées  où  jusqu'à  ce  jour  on  ait  observé  des 
œufs  (un  Piplocephalis  et  deux  Syncephalis),  ceux-ci  se  développent  en 
embryon  au-dessus (\ei,  suspenseurs.  La  plupart  desauteurs,  A.  Fischer  ('), 
Schrôter  (-),  etc.,  ont  généralisé  et,  dans  les  classifications,  donnent  à  la 
tribu  des  Syncéphalidées  (ou  Piptocéphalidées),  comme  caractère  de  pre- 
mier ordre,  d'avoir  un  œuf  se  développant  de  la  sorte.  M.  Van  Tieghem 
avait,  au  contraire,  depuis  longtemps  attiré  l'attention  sur  ce  fait  que,  dans 
une  classification  naturelle  des  Mucorinées,  les  caractères  tirés  de  la  re- 
production sexuée  doivent  venir  en  second  lieu,  après  ceux  que  fournit 
la  reproduction  asexuée.  Le  Piplocephalis  Tieghemiana  apporte  une  preuve 
remarquable  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir.  » 


GÉOLOGIE.   —  Sur  la  Tectonique  de  l' extrémité  septentrionale  du  massif  de 
la  Chartreuse.  Note  de  M.  H.  Révil,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  Entre  Chambéry,  au  nord-est,  et  Grenoble,  au  sud-ouest,  se  déve- 
loppe un  groupe  de  chaînons  de  direction  sensiblement  nord-sud,  dont 
l'ensemble  constitue  le  massif  de  la  Chartreuse.  Nous  avons  repris  l'étude 
de  la  terminaison  nord  de  ces  chaînes,  entre  le  Guiers-Yif  et  Chambéry, 


(  '  )  liciben/iorsl's  Kryplogamen-Flora:IV.  Phycomyccles,  par  Alf.  Fischer,  p.  i  77. 
{-)  Colui's  Kryplogamen-Flora  von  Sclilesien  :  Pilze,  par  J.  Schrôter,  i"  Partie, 

p.   2l5. 


(  ^o37  ) 
afin  d'établir  leur  relation  avec  celles  du  Jura,  qui  les  limitent  à  l'ouest,  et 
celles  des  Bauges,  qui  sont  situées  an  nord-est.  Leur  structure  est  d'ailleurs 
plus  comjjlexe  que  ne  le  faisaient  prévoiries  travaux  de  nos  prédécesseurs, 
qui  en  expliquaient  les  anomalies  par  des  failles  verticales  se  continuant 
sur  une  certaine  longueur  ('). 

»  Les  plis  de  cette  partie  du  massif  peuvent  être  groupés  en  quatre 
bandes  parallèles  qui  sont,  en  allant  de  l'ouest  à  l'est  :  I,  faisceau  anticli- 
nal du  Corbelet-Hauterans;  II,  synclinal  du  col  du  MoUard-la-PoinLière; 
III,  faisceau  anticlinal  de  Montagnole-Entremont;  IV,  synclinal  du  Joi- 
gny-Granier. 

1)  I.  \Janliclinal  du  Corbelet  n'a  pas  de  continuation  vers  le  nord,  car  les  bancs  de 
rUrgonien  qui  forment  les  deux  flancs  du  pli  présentent,  au  point  de  sa  terminaison, 
au  sud  du  Pont  Saint-Charles,  un  plongement  périclinal  très  net.  De  plus,  elles  sup- 
portent sur  tout  leur  pourtour  des  assises  dépendant  de  l'Aquitanien. 

»  L'axe  se  relève  plus  au  sud,  et,  à  partir  de  i'IIauterans,  le  pli  se  complique  : 
il  présente  deux  anticlinaux  que  sépare  un  synclinal  formé  d'assises  qui  appartiennent 
à  rUrgonien.  Plus  au  sud  encore,  au  nord-est  de  Saint-Jean-de-Couz,  un  nouveau  syn- 
clinal prend  naissance  dans  le  flanc  occidental  de  la  chaîne.  C'est  le  synclinal  des 
Egaux,  que  remplissent  des  dépôts  faisant  partie  du  Gault,  du  Sénonien,  du  Burdiga- 
lien  et  de  l'Aquitanien  {''-). 

»  Quant  à  l'anticlinal  succédant  à  ce  synclinal,  il  montre,  au-dessous  de  Corbel, 
les  assises  de  Berrias  et,  au  bord  du  Guiers,  celles  du  Jurassique  supérieur. 

))  L'étude  de  ce  faisceau  de  plis  n'est  pas  sans  intérêt,  car  elle  fait  voir  les  modifi- 
cations que  peut  subir  un  pli  d'abord  unique,  lors(iu'il  arrive  dans  une  région  où  les 
eflorts  de  striction  ont  présenté  plus  d'intensité. 

»  IL  Le  synclinal  du  col  du  Mollard.  —  La  Pointière  est  jalonné  dans  la  vallée 
de  Chambéry  par  des  assises  appartenant  à  l'Aquitanien.  Il  est  ici  fortement  étiré  et 
chevauché  par  un  anticlinal  faisant  partie  du  groupe  de  plis  situé  plus  à  l'est. 

»  Au  col  du  Mollard,  les  couches  de  Berrias  sont  en  recouvrement  très  net  sur  les 
assises  tertiaires;  le  synclinal  est  donc  incomplet  et  étiré  sur  son  flanc  est.  Par  contre, 
dans  la  vallée  d'Entreraont,  le  synclinal  s'élargit  et  est  alors  rempli  par  des  forma- 
tions appartenant  au  Gault  et  au  Sénonien.  Plus  au  sud,  et  à  la  hauteur  des  Gandys 


(')  Ch.  Lory,  Essai  géologique  sur  le  groupe  des  montagnes  de  la  Grande-Char- 
treuse {Bull.  Soc.  Stat.de  l'Isère,  2'' série,  t.  II,  1862.  — Description  géologiquedu 
Dauphiné,  publiée  en  3  parties  dans  les  t.  V^  VI  et  VII  dans  Bull.  Soc.  Slat.  —  D. 
Hollande^  Etude  sur  les  dislocations  des  montagnes  calcaires  de  la  Sa<,'oie  {Bull. 
Soc.  hist.  nat.  Sacoie,  r=  série,  t.  II). 

(-)  Voir  KiLiAN  et  P.  Lory  {Comptes  rendus,  Collaborateurs  \)our  1898)  pour  sa 
continuation  vers  le  sud;  c'est  le  svnclinal  de  la  Charmette. 


(  io38  ) 

et  de  la  Frasette,  il  est  complet  et  l'on  voit  le  Gault  du  flanc  oriental  se  relever  contre 
une  barre  urgonienne  et  le  centre  de  la  cuvette  être  rempli  par  quelques  bancs  de 
mollasse  tertiaire.  Ce  même  pli  s'étire  de  nouveau  au  sud  de  la  Frasette  et  n'est  plus 
indiqué  que  par  un  lambeau  de  Sénonien.  Il  est  ensuite  relayé,  au  bord  du  Guiers, 
par  un  synclinal  de  marno-calcaires  berriassiens. 

»  III.  Les  plis  du  faisceau  de  Monlagnole-E ntremont  sont  très  nombreux  dans  la 
vallée  de  Cliambér}' et  l'on  peut,  en  se  dirigeant  de  l'ouest  à  l'est,  relever  la  succession 
suivante  d'anticlinaux  et  de  synclinaux  :  anticlinal  deSaint-Cassin,  synclinal  du  Pélaz, 
anticlinal  de  Césolel,  synclinal  des  Alberges,  anticlinal  de  Jacob,  synclinal  de  Belle- 
combette,  anticlinal  de  la  fontaine  Saint-Martin,  synclinal  des  Charmettes,  anticlinal 
de  Buisson-Rond.  La  plupart  de  ces  plis  présentent  une  dyssimétrie  très  nette  et  ils 
sont  déversés  vers  l'ouest.  L'anticlinal  de  Saint-Cassin  se  couche  au  mont  Pélaz  sur 
le  synclinal  du  Mollard  et  supporte  le  synclinal  suivant.  Quelques-uns  d'entre  eux  sont 
la  continuation  de  la  chaîne  Nivollet-Revard,  tandis  que  d'autres  n'ont  pas  de  prolon- 
gement vers  le  nord  et  disparaissent  au  milieu  des  alluvions. 

»  Ces  plis  si  nombreux  sur  le  plateau  de  Monlagnole  se  simplifient  vers  le  sud,  et 
l'on  ne  rencontre  plus  au  bord  du  Guiers  qu'un  seul  anticlinal  jurassique  se  dévelop- 
pant entre  deux  synclinaux  formés  par  les  calcaires  argileux  du  niveau  de  Berrias. 

»  IV.  A  l'est  des  plis  précédents  se  développe  le  grand  synclinal  du  Joigny-Granier, 
formé  de  couches  appartenant  au  Crétacé.  L'arête  qui  s'étend  de  la  Trousse  au  Pas-de- 
la-Fosse  et  qui  est  la  continuation  de  l'un  des  plis  du  Nivollet,  se  poursuit  par  le  mont 
Joigny,  où  les  assises  sont  disposées  en  bancs  sensiblement  horizontaux.  Entaillées  par 
l'érosion  au  col  du  Frêne,  les  marnes  valanginiennes  viennent  passer,  plus  au  sud, 
sous  la  chaîne  duGranier  formée  d'Hauterivien  et  d'Urgonien.  Celle-ci,  oii  l'on  trouve 
des  lambaux  de  Gault  et  de  Sénonien,  est  un  synclinal  surélevé  situé  entre  deux  anti- 
clinaux profondément  érodés. 

»  En  résumé,  la  chaîne  Semnoz-NivoUet-Revard  est  la  seule  chaîne  du 
massif  des  Bauges  qui  se  continue  dans  celui  de  la  Chartreuse.  Les  parties 
de  ce  dernier  massif  situées  à  l'ouest  de  l'anticlinal  jurassique  d'Entremont 
naissent  au  sud  de  Chambéry  et  ne  se  prolongent  pas  vers  le  nord.  Ces  plis 
relaient  ceux  situés  à  l'est  de  la  chaîne  du  mont  du  Chat,  mais  n'en  sont 
pas  la  continuation  directe.  Ils  ne  sont  que  l'épanouissement  d'un  pli 
simple  dont  on  voit  l'axe  s'abaisser  peu  à  peu  pour  disparaître  ensuite  avec 
plongement  périclinal  sous  les  assises  tertiaires  et  les  alluvions  quater- 
naires de  la  vallée  s'étendaut  de  Chambéry  à  Aix-les-Bains.  Cette  der- 
nière, formée  par  la  réunion  des  synclinaux  de  Couz  et  du  Mollard,  se 
continue  au  nord  par  le  lac  du  Boiirget  et  la  vallée  du  Rhône;  elle  s'acci- 
dente de  deux  anticlinaux  importants  :  celui  de  la  Chambotte  et  celui  du 
Vivier  et  de  lloche-du-Roi.  « 


(  ïo39  ) 

GÉOLOGIE.    —   Les  faciès   et  les  conditions   de  dépôt   du   Turonien   de 
r Aquitaine.  Note  de  M.  Ph.  Gla\geaud,  présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

«  Aucun  étage  du  Crétacé  du  bassin  de  l'Aquitaine  ne  présente  des 
changements  pétrographiques  et  paléontologiqiies  plus  considérables  que 
le  Turonien,  tant  dans  le  sens  latéral  que  dans  le  sens  vertical. 

))  On  sait  que  le  Turonien  se  divise  en  deux  sous-étages  :  le  Ligérien  et 
l'Angoumien.  Le  Ligérien  étant  presque  partout  constitué,  dans  l'Aqui- 
taine, par  des  calcaires  marneux  et  des  marnes  kAm.  Rochehrunei  el  Ostrea 
columba,  nous  nous  occuperons  surtout  de  l'Angoumien,  que  l'on  divise  de 
la  façon  suivante  : 

»  Angoumien  supérieur  (Provencien  auct.),  caractérisé  par  Hipp.  Moulinsi,  Hipp- 
petrocoriensis,  et  riche  en  Sphœrulites  :  Sphœr.  radiosus,  Sphœr.  Sauvagesi,  etc. 

»  Angoumien  inférieur.  2.  Divers  niveaux  à  Rudistes  :  Hipp.  inferus.  Biradioliles 
lumbricalis,  Bir.  cornupastoris.  Rad.  ponsianits.  1.  Calcaires  marneux  ou  sublitho- 
graphiques à  Am.  Deverlanus  et  Ain.  Fleuriaudanus . 

»  En  raison  de  leur  résistance  à  l'érosion,  les  sédiments  de  l'Angoumien 
forment  des  abrupts  hardis,  de  pittoresques  falaises,  principalement  dans 
la  région  comprise  entre  Cognac,  Angoulêine  et  Périgueux.  Les  vallées 
ouvertes  à  travers  ces  calcaires  sont  même  parfois  transformées  en  véri- 
tables canons  (vallée  de  la  Dronne). 

»  Durant  tout  l'Angoumien  s'édifièrent,  dans  une  grande  partie  du  bas- 
sin, des  amas  de  Rudistes,  véritables  barres  récifales  atteignant  parfois  de 
grandes  dimensions.  Ces  constructions,  bien  que  n'ayant  pas  l'ampleur  de 
celles  qui  ont  été  élevées  par  les  polypiers,  offrent  cependant  beaucoup 
d'analogies  avec  ces  dernières.  Les  Rudistes  vivaient,  en  effet,  dans  les 
mêmes  conditions  que  les  polypiers,  avec  lesquels  on  les  trouve  d'ailleurs 
fréquemment  associés.  Comme  eux,  ils  ne  pouvaient  se  développer  au 
delà  d'une  certaine  profondeur  (40""  au  maximum).  Leur  absence  dans 
les  régions  septentrionales  fait  supposer  qu'ils  avaient  besoin  d'une  tem- 
pérature assez  élevée.  Une  troisième  ressemblance  a  trait  au  milieu  dans 
lequel  ils  vivaient;  de  même  que  pour  les  Polypiers,  l'argile  arrêtait  leur 
développement;  ils  ne  se  multipliaient  que  dans  des  eaux  riches  eu  cal- 
caire. Si  on  les  trouve  dans  des  argiles,  ce  n'est  qu'à  l'état  sporadique;  ils 
n'y  forment  pas  d'accumulations. 

»  Parfois  les  îlots  à  Rudistes  n'ont  que  quelques  mètres  carrés  de  surface; 
ils  se  présentent  sous  forme  de  bouquets,  de  gerbes,  isolément,  au  milieu 


(   io4o  ) 

des  calcaires.  Fréquemment,  ils  constituent  de  véritables  îlots,  affectant 
une  forme  vaguement  lenticulaire,  mesurant  plusieurs  mètres  de  haut 
(rarement  plus  de  lo™),  et  plusieurs  centaines  de  mètres,  quelquefois 
plus  de  1*""  de  long. 

»  Ces  dépôts  zoogcnes  passent  latéralement  à  des  calcaires  grenus, 
suboolitiques,  puis  à  des  calcaires  marneux  et  à  des  marnes.  Dans  leur  voi- 
sinage, on  recueille  (autre  analogie  avec  les  récifs  à  Polypiers)  une  faune 
véritablement  coralliophile.  On  trouve  ainsi  associés  :  des  Échinides 
{Cidaris,  Cyphosoma,  Micrasler),  des  Crinoïdes  nombreux,  des  Nérinés, 
des  Gastropodes  et  des  Lamellibranches  à  test  épais,  pouvant  résister  au 
choc  des  vagues.  Les  calcaires  grenus  sont  souvent  peuplés  de  Brachio- 
podes  et  le  pourtour  du  récif  d'algues  calcaires,  telles  que  les  Litho- 
thamnium.  Quelquefois  les  Foraminifères  et  les  Bryozoaires  viennent  aug- 
menter cette  faune  littorale  déjà  si  variée. 

»  Les  passages  latéraux  des  calcaires  à  Rudistes  sont  fréquents  et  rapides 
dans  l'Angoumien  de  l'Aqaitîùne.  A  quelques  centaines  de  mètres  d'un  îlot 
à  Rudistes,  on  a  parfois  une  transformation  pétrographique  et  paléontolo- 
gique  profonde.  Ces  changements  ont  induit  certains  géologues  en  erreur 
en  leur  faisant  considérer  comme  superposées  des  couches  qui,  en  réalité, 
étaient  équivalentes.  (Environs  de  Périgueux.) 

»  L'épaisseur  de  l'Angoumien  varie  entre  quelques  mètres  et  gS"'.  C'est 
vers  l'Océan  (Charente-Inférieure)  que  cet  étage  est  le  moins  épais.  De 
même  que  le  Coniacien,  le  Santonien  et  le  Maestrichtien,  il  atteint  son 
maximum  de  puissance  au  sud  de  la  Dordogne,  dans  le  Lot  et  le 
Lot-et-Garonne  ('). 

»  C'est  dans  cette  même  région  que  les  changements  de  faciès  sont  les 
plus  fréquents  dans  le  sens  vertical  et  latéral  et  que  les  sédiments  sont  le 
plus  détritiques. 

))  Si  l'on  considère  l'étendue  du  bassin  de  l'Aquitaine,  on  peut  dire  que 
l'Angoumien  est  principalement" constitué,  dans  la  Charente-Inférieure, 
par  des  calcaires  renfermant  des  silex.  Dans  la  Charente  et  le  nord  de  la 
Dordogne,  cet  étage  comprend  des  calcaires  crayeux,  grenus,  subooli- 
tiques, avec  intercalation  de  nombreux  îlots  à  Rudistes.  La  variété  des  sé- 
diments est  encore  plus  considérable  dans  le  sud  de  la  Dordogne,  le  Lot 
et  le  Lot-et-Garonne,  où,  durant  l'Angoumien  supérieur,  on  voit  se  succé- 
der  fréquemment    et  brusquement  des  grès,   des   calcaires  grenus,  des 


'  )  Les  dépôts  jurassiques  présentaient  des  caractères  .nalogues. 


(    lo^i    ) 

argiles,  des  sables,  des  lignites,  elc.  On  conçoit  que  les  conditions  dans 
lesquelles  se  faisait  celte  sédimentation  étaient  peu  propres  au  développe- 
ment en  masse  des  Rudistes. 

))  Un  fait  des  plus  importants  est  l'existence  de  lignites  à  maints  endroits 
et  à  plusieurs  niveaux  de  l'Angoumien  supérieur  do  cette  région.  On  con- 
state, aux  mêmes  points,  la  trace  de  ravinements  et  la  présence  de  roches 
perforées  par  les  lithophages.  De  pareilles  observations  s'étendent  sur  plus 
de  So"*"  du  nord  au  sud  et  à  plus  de  So''"  de  la  bordure  occidentale  du 
massif  central.  On  déduit  de  ces  faits  que,  durant  l'Angoumien  supérieur, 
il  y  eut,  à  plusieurs  reprises,  dans  le  bassin  de  l'Aquitaine,  des  oscillations 
du  rivage  et  un  retrait  considérable  de  la  mer.  Cette  régression  qui  se  fit 
surtout  sentir  à  l'est  du  bassin  ne  fut  pas  spéciale  à  l'Aquitaine;  elle  coïn- 
cide avec  une  régression  marine  analogue,  dans  le  bassin  de  Paris  et  le  sud 
de  l'Angleterre. 

»  Il  est  bon  de  se  rappeler  que  c'est  à  ce  moment  que  s'édifiaient  les 
formations  à  Rudistes  des  Corbières  et  que  se  déposaient  du  gypse  et  des 
argiles  à  lignites  au  sud  de  la  Provence  ('). 

Il  De  l'ensemble  des  faits  qui  précèdent  on  peut  conclure  que  le  maxi- 
mum d'extension  et  de  profondeur  de  la  mer  Turonienne  eut  lieu  à 
l'époque  ligérienne  (à  la  fin)  et  le  minimum  durant  l'Angoumien  supé- 
rieur. Pendant  le  Ligérien  et  jusqu'au  milieu  de  l'Angoumien  inférieur,  les 
eaux  marines  s'avançaient  assez  loin  vers  les  massifs  cristallins  qui  leur 
servaient  de  rivage.  Le  retrait  de  la  nier  se  fit  sentir  à  la  fin  de  l'Angou- 
mien inférieur  et  s'accentua  durant  l'Angoumien  supérieur. 

»  En  raison  de  cette  régression,  la  communication  des  bassins  de  Paris  et 
de  l'Aquitaine  fut  rendue  plus  difficile.  Ce  fut  la  cause  principale  qui  em- 
pêcha les  Rudistes  de  pénétrer  dans  le  bassin  de  Paris,  où  on  ne  les  trouve 
qu'à  l'état  sporadique.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  de  nouvelles  recherches  souterraines  en  Dévoluy  (^Hautes- 
Alpes^  et  sur  le  plus  profond  puits  naturel  connu  (^chourun  Martin,  3io™). 
Note  de  M.  E.-A.  Martel,  présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

«  En  juillet  et  août  derniers,  j'ai  repris  les  explorations  commencées 
en  1896  dans  les  chouruns  (abîmes)  du  Dévoluy  (Hautes-Alpes).  Confir- 

(')  Cf.  Travaux  de  MM.  Arnaud,  Mouret,  de  Grossouvre,  Péron,  Cayeux,  Vasseur, 
Munier-Chalmas. 

C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  24.)  '38 


(    I042    ) 

niant  les  premières  conclusions  (voir  Comptes  rendus,  24  mai  1H9),  elles 
ont  fourni  les  nouvelles  données  suivantes  : 

»  Sur  les  indications  et  avec  le  concours  de  M.  David  Martin,  conser- 
vateur du  musée  de  Gap,  j'ai  reconnu  l'existence,  à  travers  les  calcaires 
sénoniens  et  urgoniens  des  pentes  orientales  du  Grand-Ferrand  (2761'"), 
du  plus  profond  abîme  naturel  connu  jusqu'à  présent,  situéà4oo'"ou  Soo"" 
à  l'ouest  du  chourun  du  Camarguier  (décrit  dans  ma  précédente  Note)  et 
une  trentaine  de  mètres  plus  haut  (à  i58o'"  d'altitude  environ);  il  fait 
partie  d'un  groupe  de  sept  chouruns  très  rapprochés  les  uns  des  autres  et 
il  n'avait  pas  de  nom  spécial  :  je  l'ai  appelé  chourun  Martin. 

»  Un  difficile  sondage,  qui  a  demandé  deux  jours  de  travail  (3i  juillet  et  i"''  août) 
et  (jui  n'est  pas  définitif,  a  révélé  que  l'énorme  profondeur  de  ce  gouffre  atteint  au 
moins  Sic™,  répartis  en  un  premier  puits  de  35™_  un  deuxième  (double)  de  5o™,  un 
troisième  de  85"  et  un  quatrième  de  i^o"'  (le  grand  puits  de  Jean-Nouveau,  en  Vau- 
cluse,  a  i63™).  Certains  indices  nous  font  croire  que  le  gouffre  pourrait  bien  se  conti- 
nuer en  un  cinquième  puits  arrivant  jusqu'à  400"  ou  Soc""  sous  terre;  mais  je  ne 
saurais  l'affirmer.  L'insuffisance  du  matériel  et  surtout  des  avalanches  de  pierres  et 
de  neige  détachées  par  le  frôlement  des  cordages  dans  l'intérieur  du  second  puits  ne 
m'ont  permis  de  descendre  que  jusqu'à  70™.  L'exploration  complète  de  l'abîme  sera 
longue  et  très  coûteuse,  à  cause  des  travaux  préparatoires  qu'elle  exigera  pour  dimi- 
nuer autant  que  possible  les  risques  d'accident.  J'ai  pu  me  rendre  compte  que  le 
troisième  puits  doit  avoir  des  dimensions  considérables,  peut-être  20'"  de  diamètre. 

))  Le  chourun  Martin  doit  être  considéré  comme  le  plus  profond  puits 
naturel  actuellement  constaté,  car  celui  de  Trebic  (Trebiciano),  près  de 
Trieste,  sur  le  Karst,  où  l'on  a  retrouvé  le  cours  présumé  de  la  Recca,  à 
322™  sous  terre,  est  en  partie  artificiel,  puisque  l.indner  n'a  pu  en  atteindre 
le  fond  qu'après  onze  mois  de  travaux  miniers  (i84o-i84r)'  ^^  celui  de  la 
Kacna-Jama,  dans  les  mêmes  parages,  n'arrive  qu'à  3o4"'  de  profondeur, 
d'après  les  dernières  explorations  de  M.  Marinitsch  (Spelunca,  n°  7;  189G). 

»  Le  chourun  Martin  descend  au  moins  à  1270™  d'altitude;  si  c'est  là 
son  fond  véritable,  il  se  trotive  encore  à  ^go'"  au-dessus  du  niveau  de  la 
double  source  des  Gillardes  (S^S™),  à  6'""  au  nord-nord-est,  émissaire 
de  toutes  les  eaux  souterraines  du  Dévoluv  (voir  Comptes  rendus  du 
24  mai  1897).  L'investigation  complète  de  ce  remarquable  abime  pourrait 
provoquer  les  plus  curieuses  découvertes  dans  le  sous-sol  du  massif;  a 
priori,  il  est  impossible  de  prévoir  s'il  conduira  à  un  j)uissant  courant  inté- 
rieur (ayant  au  maximum  6  à  7  pour  100  de  pente,  alors  que  Bramabian 
en  a  i3  pour  100),  ou  s'il  aboutira,  comme  la  plupart  de  ses  émules  de 


(  io43  ) 

Vaucluse  et  des  Causses,  à  un  bouchon  de  pierres  et  de  détritus  divers.  Il 
est  important  de  rappeler  toutefois  que  son  voisin,  le  chourun  de  Camar- 
guier,  se  prolonge  par  une  fente  étroite  dont  j'ai  déjà  recommandé  l'élar- 
gissement, et  que  beaucoup  d'autres  chouruns  du  Dévoluy,  bouchés  par  la 
neige  seulement,  semblent  également  se  continuer  à  une  grande  profon- 
deur tlans  la  direction  des  Gillardes. 

»  J'ai  examiné,  cet  été,  plusieurs  de  ces  puits  à  neige,  comblés,  plus  ou 
moins  bas,  par  de  vrais  névés  en  pleine  fusion  pendant  la  saison  chaude 
(chouruns  Jumeaux,  ch.  Rond,  ch.  Picard,  ch.  de  la  Parza,  etc.). 

»  La  Parza  est  le  plus  intéressant;  à  i'""  nord  du  cliourun  Martin,  et  à  lyaS"  d'al- 
titude, il  mesure  25'"  de  diamètre  à  l'orifice;  sou\ent  la  neige  le  remplit  jusqu'à  la 
gueule;  le  2  août,  elle  ne  s'y  trouvait  qu'à  3o"  de  profondeur,  vrai  névé  creusé  de 
grandes  crevasses  comme  un  glacier  ;  dans  une  de  ces  crevasses,  la  sonde  est  descendue 
jusqu'à  44'"  (soit  y^™  de  profondeur  depuis  l'orifice  du  goufTre)  ;  telle  est  donc  l'épais- 
seur 7?H>i«/M«//i  de  la  couche  glacée  dans  ce  cliourun  (température  extérieure:  i4°; 
intérieure:  H-i",  aC). 

»  Aux  chouruns  Picard  (18  août)  la  masse  de  neige,  dans  une  longue  diaclase  de  3"' 
à  7'"  de  largeur,  m'a  arrêté  à  87™  de  profondeur;  elle  se  dressait  en  étroite  pyramide 
de  12"'  de  hauteur,  déjà  isolée  des  parois  par  la  chaleur  estivale;  des  fissures  impéné- 
trables absorbaient  toute  l'eau  de  fusion. 

»  Les  puits  à  neige  du  Dévoluy  expliquent  à  eux  seuls  la  basse  température  (6°,  5  C.) 
de  l'eau  des  Gillardes  qui  m'avait  tant  étonné  en  1896  :  le  2  août  1899,  je  l'ai  trouvée  à 
6°,  2,  fort  inférieure  à  la  moyenne  annuelle  qui  correspondrait  à  l'altitude  de  875™; 
d'ailleurs  une  autre  petite  source  voisine,  mais  indépendante  des  Gillardes,  qui  jaillit 
d'un  grand  clapier  à  gSo"'  d'altitude,  était  en  même  temps  à  9"C. 

n  Tout  cela  confirme  absolument,  comme  je  l'ai  énoncé  il  y  a  trois  ans, 
la  provenance  élevée  de  l'eau  des  Gillardes,  et  sa  relation  certaine  avec  les 
hauts  choui'uns  et  les  puits  à  neige  du  Dévoluy,  qu'il  faut  désormais 
classer  parmi  les  principaux  phénomènes  géologiques  et  géographiques 
de  ce  genre.   » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —    Évaluation  approchée  de  la  dénudation  du  terrain 
crétacé  des  côtes  normandes.  Note  de  M.  J.  Thoulet. 

i(  Pa  côte  de  France,  entre  l'embouchure  de  la  Seine  et  celle  de  la 
Somme,  est  bordée  de  hautes  falaises  verticales,  en  craie  compacte,  avec 
bandes  horizontales  de  silex,  dont  la  surface  supérieure,  qui  forme  la  plus 
grande  partie  du  pays  de  Caux,  est  un  plateau  plus  ou  moins  coupé  de 


(  lovl  ) 

vallées  et  uniformément  recouvert  d'argile  ou  terre  ronge.  Celle-ci,  forte- 
ment mélangée  de  silex,  provient  de  rattaque  de  la  craie  sous-jacenle  par 
les  agents  atmosphériques.  Il  m'a  semblé  que  la  considération  des  volumes 
respectifs  de  la  craie  et  de  l'argile,  ainsi  que  la  proportion  d'argile  conte- 
nue dans  la  craie,  permettraient  d'évaluer  le  volume  de  craie  nécessaire 
pour  produire  la  quantité  d'argile  recouvrant  le  plateau,  c'est-à-dire  l'épais- 
seur de  terrain  crétacé  enlevée  par  dénudation. 

»  Les  échantillons  qui  ont  servi  à'  mes  expériences  proviennent  des 
falaises  situées  au  nord-est  d'Etretat,  dont  la  paroi  abrupte  se  prête  d'une 
façon  exceptionnellement  nette  aux  évaluations. 

»  La  falaise  présente  une  hauteur  de  90™  à  100™;  elle  est  coupée  par 
des  bancs  parallèles  de  silex  noirs  ou  blancs,  en  rognons  irréguliers,  noyés 
dans  la  craie.  Celle-ci  est  parfaitement  homogène,  et,  sauf  les  silex,  on  n'y 
aperçoitque  de  très  rares  poches  ayant  à  peine  quelques  décimètres  cubes 
et  remphes  de  sable  fin.  J'ai  estimé  que  le  volume  total  des  silex  était 
d'environ  -^^  de  celui  de  la  craie. 

»  La  couche  superficielle  d'argile  est  d'épaisseur  assez  uniforme,  bien 
qu'on  la  trouve  accumulée  dans  les  fentes  et  cassures  de  la  craie  sous- 
jacente.  Cette  épaisseur  est  d'environ  i™en  moyenne;  la  couleur  est  rouge, 
elle  ne  manifeste  point  d'effervescence  aux  acides  et  renferme  à  peu  près 
moitié  de  son  volume  de  gros  rognons  de  silex.  Cette  terre  rouge  résulte 
de  la  destruction  et  de  la  décomposition  chimique  d'une  certaine  épaisseur 
de  craie  qu'il  s'agit  d'évaluer.  11  est  évident  que  tout  ce  qui  a  été  ainsi 
produit  n'est  pas  resté;  mais  l'homme,  pour  lequel  l'argile  constitue  un  sol 
agricole,  a  tout  fait  pour  la  conserver,  tandis  qu'au  contraire  il  s'est  efforcé 
de  se  débarrasser  des  silex  qui  lui  étaient  une  gène.  L'horizontalité  du 
plateau  offrait  d'ailleurs  d'excellentes  conditions  de  conservation.  On  com- 
prend que  la  quantité  de  silex  de  la  couche  de  terre  rouge  soit  moindre  que 
la  quantité  de  silex  provenant  de  la  destruction  de  l'épaisseur  de  craie  né- 
cessaire pour  donner  naissanceà  l'argile,  et  l'on  ne  saurait,  pour  ce  motif, 
se  fier  à  un  calcul  basé  sur  ces  proportions  relatives.  Il  devient  indispen- 
sable de  ne  s'appuyer  que  sur  la  proportion  d'argile  contenue  dans  la 
craie. 

»  Un  morceau  de  craie  a  été  desséché  et  exactement  pesé;  on  la  attaqué  par  de 
l'acide  chlorhjdrique  étendu,  dans  un  appareil  spécial  qui  permet  à  l'attaque  de 
s'effectuer  lentement  et  régulièrement.  On  a  recueilli  ainsi  un  mélange,  facile  à  sé- 
parer par  lévigation,  d'argile  et  de  silev  fins. 

»  L'argile  pure  est  desséchée,  calcinée,  mouillée  d'eau,  desséchée   à  100°  et  enfin 


•  (  1045  ) 

pesée.  Sa  couleur  rouge  et  son  aspect  sont  identiques  à  l'argile  naturelle  tlans  les 
mêmes  conditions.  Les  grains  de  silex  sont  très  fins,  de  forme  globuleuse,  recouverts 
d'une  croûte  d'un  blanc  opaque,  semée  de  fines  aspérités.  On  reconnaît  au  microscope 
que  ces  rognons  de  silex  en  miniature  sont  paieils  à  ceux  qu'on  retrouve  dans  la  terre 
rouge  naturelle. 

»  I005''  de  craie  ainsi  traités  renferment  os^SSB  de  résidu  insoluble,  constitué  lui- 
même  par  08'^, 666  d'argile  et  os'',  167  de  silex  fins. 

»  Comme  il  s'agit  de  ramener  les  proportions  en  poids  fournies  par  l'analyse  à  des 
proportions  en  volume,  la  densité  apparente  de  la  craie  (i,795)  a  été  obtenue  en 
cubant  et  pesant  des  morceaux  de  craie  taillés  régulièrement,  et  celle  de  l'argile 
(1,457),  en  lassant  à  refus  et  en  pesant  de  l'argile  naturelle  dans  un  flacon  cylindrique 
en  verre,  préalablement  taré. 

»  On  trouve  ainsi  qu'une  hauteur  de  o"',57  de  résidu  insoluble  corres- 
jîoiid  à  une  hauteur  de  55™,  71  de  craie. 

»  Faisant  la  correction  relative  au  sileK  contenu  dans  la  proportion  de 
Y^  du  volume  total  dans  la  craie  et  de  ~  dans  la  terre  rouge,  ramenant  à  i'" 
de  terre  rouge,  on  trouve  que  cette  dernière  hauteur  correspond  à  oa"  de 
falaise  avec  silex.  Tel  serait  le  taux  de  la  dénudation  minimum  aux  envi- 
rons d'Étretat.    » 

M.  PocRovicz  adresse,  de  Moscou,  une  Note  relative  au  mouvement  des 
planètes. 

M.  AuG.  BoiiTiN  adresse  une  Note  «  Sur  quelques  équations  de  Pell  et 
autres  équations  indéterminées  du  second  degré   ». 

M.  L.-A.  Levât  adresse  une  Note  relative  à  un  projet  de  «  ceinture- 
tampon  »  à  adapter  aux  navires,  contre  l'accostage. 

M.  A.  Payot  adresse  une  Note  relative  à  un  procédé  pour  rendre  les 
bois  incombustibles. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts. 

M.   B. 


(  io46  ) 


BPLLETIIV    BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVKAGES    REÇUS    DANS    r.A    SÉANCE    DU     II    DÉCEMBRE    1899. 

Traité  de  Microbiologie,  jjar  M.  E.  Duclaux,  Membre  de  l'Inslitiit,  Direc- 
teur de  l'Institut  P;isteur.  Tome  III  .  Fermentalion  alcoolique.  Paris, 
Masson  et  O",  1900.  (Hommage  de  l'Auleiir.) 

Essai  sur  les  pompes  centrifuges,  recherches  expérimentales,  par  A. -H. 
Courtois.  Paris.  V'Cli.  Diinod,  1900. 

Complément  du  «  Précis  analytique  des  travaux  de  V  Académie  des  Sciences, 
Belles-Lettres  et  Arts  de  Rouen  »,  penlant  Vannée  1896-1897.  Pi.  I-VII. 
Rouen,  1898;  i  fasc.  in-8°. 

Précis  analytique  des  travaux  de  l'Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et 
Arts  de  Rouen,  pendant  l'année  1897-1898.  Rouen,  impr.  Gagniard,  1899; 
I  vol.  in-8^ 

Experiments  on  the  metaholism  of  matter  and  energy  in  the  human  body, 
by  W.-O.  Atwaïteu  and  F. -G.  Benedict  with  the  coopération  of  A.-W. 
Smith  and  A. -P.  Bryant.  Washington,  1899;  1  fasc.  in-S". 

The  influence  of  substituents  on  the  electrical  conductivity  ofbenzoïc  acid, 
by  Alfred  Tiîngel.  PhHadelphia,  1899;  i  fasc.  in-8°. 

Electrolytic  déterminations  and  séparations,  byLiLY  Gavit-Rollock.  Phila- 
delphia,  1899;  i  fasc.  in-8°. 

An  electrolytic  study  of  benz-oin  and  henzil,  by  Joseph  Hildy-James.  Phi- 
iadelphia,  1899;  i  fasc.  in-8°. 

Une  série  d'Opuscules  sur  la  «  Phonographie  universelle  »,  par  Vincenti 
Giuseppe.  Florence  et  Turin,  1889-1898;  formats  divers.  (Hommage  de 
l'Auteur.) 

Prace  matematyczno-fizyczne.  T.  X,  1899.  Warszawa,  1899-1900;  t  vol. 
in-8°. 

Memoirs  of  the  Royal  Aslronomical  Society.  Vol.  LU,  LUI;  1896-99. 
London,  1899;  2  vol.  iu-Zj".  (Presented  by  tiie  Royal  Astronomical  Soceity.) 

Transactions  of  the  3o*  and  3i*  a  nnucd  meetings  of  the  Kansas  Academy  of 
Science,  1897-1898.  Vol.  XVI.  Topeka,  Kansas,  1899;  '  ^*^'-  in-8°.  (Com- 
pliments of  Bernard-B.  Smyth,  librarian  Kansas  Academy  of  Science.) 

Annales  de  la  Société  royale  malacologique  de  Belgique.  T.  XXXII, 
année  1897.  Bi'uxelles,  1899;  i  fasc.  in-8''. 


(  io47  ) 
Annales  du  Musée  du  Congo.  Série  I  :  Botanique.  T.  I,  fasc.  4.  Bruxelles, 
1899;  I  fasc.  in-l". 


ERRATA. 


Une  erreur  d'impression  s'esl  glissée  dans  la  désignation  des  quanlités  de  clialeur 
relatées  dans  les  Notes  de  M.  Berthelot,  dans  le  précédent  numéro  des  Comptes 
rendus,  pages  918-928,  le  correcteur  ayant  confondu  les  petites  calories  (rapportées 
à  I  gramme  d'eau)  avec  les  grandes  Calories  (rapportées  à  i  kilogramme  d'eau).  Ces 
dernières  seules  sont  applicables  aux  poids  atomiques  et  moléculaires  des  corps  rais 
en  expérience. 

(Séance  du  6  novembre   1899.) 

Note  de  M.  Malteucci,  Sur  l'état  actuel  des  volcans  daris  l'Europe  mé- 
ridionale : 

Page  -34,  ligne  i3,  supprimes  1891. 
Même  page,  ligne  i,  après  7  juin,  ajoutez  1891. 

Page  735,  ligne  i3  du  haut,  au  lieu  de  sulfurique,  lire  sulfhjdrique. 
Même  page,  ligne  3  du  bas,  après  solfatarienne,  ajoutez  commencée  depuis  l'érup- 
tion. 

Même  page,  ligne  1  du  bas,  au  lieu  de  sulfurique,  lisez  sulfureux. 
Page  736,  ligne  7  du  haut,  au  lieu  de  sulfurique,  lire  sulfhydrique. 


N"  24. 

TABLE   DES   ARTICLES.  (Séance  du  il  décembre  1899. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES   MEMBItlîS   ET    DES  COlUiRSI'ONDANTS   DE   L' ACADEMIE. 


l'iiecs. 


M.  le  Président  annonce  à  l'AcadtJmie  que, 
en  raison  de  la  fcte  de  Noël,  la  séance 
du  lundi  25  décembre  sera  remise  au 
mardi  aO.  La  séance  du  lundi  i"  janvier 
sera,  de  même,  remise  au  mardi   ! 

M.  le  SECRiiTAiRK  PERi'ÉTUEL  annonce 
l'envoi  du  dernier  complément  de  la 
Souscription  Lavoisicr,  organisée  aux 
États-Unis  par  M.  Hin:icl\t 

M.  Bouquet  de  i.a  Gryk.  -  Sur  la  paral- 
laxe du  Soleil 

M.  .[.  Janssen.  —  Note  sur  les  travaux  au 
mont  Blanc  en   1899 


.).^ 


Pages. 

M.  Henri  Becquerel.  —  Iniluence  d'un 
champ  magnétique  sur  le  rayonnement 
des  corps  radio-actifs çigfi 

.M.  Behïhelot.  —  Sur  une  méthode  générale 
pour  le  dosage  des  divers  corps  simples 
contenus  dans  les    composés  organiques,   loo-j 

MM.  A.  Haller  et  P. -Tu.  Muller.  —  Sur 
les  réfractions  moléculaires,  la  dispersion 
moléculaire  et  le  pouvoir  rotatoire  spéci- 
fique de  quelques  alcoylcamplires luo.') 

M.  DucLAUxprésente  à  l'Académiule  tome  III 
de  son  «  Traité  de  Microbiologie  >■ joo.s 


■1 


IVOMINATIOIVS. 


Liste  de  candidats  présentés  à  U.  le  Minislie 
de  l'Instruction  publique  pour  la  place 
d'Astronome  vacante,  au  Bureau  des  Lon- 
gitudes, par  le  décès  de  M.  tisserand  : 
1°  M.  JiaUau,  v  M.  Bisourdan 


M.  Meray  est  élu  Cnrrcspondanl  poui-  la 
Section  de  Géométrie 1  oo.S 

M.  KosENBUSCH  est  élu  Correspondant  pour 
la  Section  de  Minéralogie mni, 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  Marcellin  Lanulois  adresse  un  nouveau 
Mémoire   intitulé  «  Origine  de  la  tension 


^iiperlicielle  ;  sa  loi  ^le  loi-malion 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture 
d'une  dépèche  adressée  d'Odessa  à  l'Aca- 
démie, à  l'occasion  du  Centenaire  de 
l'adoption  du  Système  métrique mni 

M.  H.  Tarry  adresse  une  Note  relative  à 
l'observation  des  Biélides,  à  Alger,  dans 
la  nuit  du  2S  au  29  novembre luio 

Al.  Baike.  —  Sur  la  théorie  des  fonctions 
discontinues imo 

.■M.  Al.  Gersciiux.  —-  Méthode  pour  déter- 
miner la  densité  moyenne  de  la  Terre  et 
la  constante  gravitationnelle iiu.'i 

M.  .\ndre  Broca.  —  Sur  le  principe  de 
l'égalité  de  l'action  et  de  la  réaction loili 

M.  G.  Blanc.  —  Action  du  chlorure  d'alu- 
minium sur  l'anliytlride  campliorique. .  .  .    mni 

M.  .\.  AsTuuG.  —  .\lcaliraétrie  des  aminés..    i"m 

MM.  ,1.  Abolous  et  E.  Gérard.  —  Sur  la 
coexistence  d'une  diastase  réductrice  et 
d'une  diastase  oxydante  ilans  les  organes 
anintaux ii»''î 


M.  Gaukiel  Bertrand.  -  Sur  la  présence 
de  la  mannoeellulose  dans  le  tissu  ligneux 
des  plantes  gymnospermes 10  !,") 

M.  W.  NiCATi.  —  Note  pour  servir  à 
l'histoire  de  la  pression  intra-oculairc  el, 
par  suite,  à  la  connaissance  du  mécanisme 
delà  pression  du  sang  dans  les  capillaires,   uns 

M.  E.-L.  Bouvier.  --  Nouvelles  observations 
sur  les  Péripates  américains 10  !.| 

.MM.  LucET  et  CosTANTiN.  —  Sur  une  nou- 
velle Mucorinée  pathogène np,lr 

M.  L.  Matruchot.  —  Sur  un  nouveau  mode 
de  formation    de    l'ccul'   chez    les    Pipto-     y 
cephalis loj'i 

-M.  II.  RÉviL.  --  Sur  la  Tectonique  de  l'ex- 
trémité septentrionale  du  massif  de  la 
Chartreuse niiîii 

M.  Pu.  Glanc.e.wd.  —  Les  faciès  et  les  con- 
ditions de  dépôt  du  Turonien  de  l'Aqui- 
taine      JoJi] 

iM.  K.-A.  Martel.         Sur  .le   nouvelles  re- 


N"  24. 

SUITE  DE  LA    PABLE  DES   ARTICLES. 


Pages? 
clieiclics  soutoiraines  iii  Dcvoluy  (Haules- 
Alpcs)  et  sur  le  plus  profond  puits  nii'i- 
roi  nonnu  {rliourun  IMiirtiii,  3io"')...  I'jji 

M,  .1.  TiioiTi.nT.  —  Kvaliiation  approrliéc  de 
In  dénuilatlon  d»  terrain  crétacé  des  cùles 
normandes io^3^ 

M.  Pounovii-.z  adresse  une  Note  relative  an 
mouvcnienl  des  planètes lo  j5 

M.    AuG.    BouTiN   adresse    une    \ote    «    Sur 

HlTLETIN  BtBMOGlUPlIIOUR 

Eriiatv.  .  . 


Pas 


quelques  équalions  de  l'ell  el  autres  équa- 
tions indéterminées  du  second  degré  »... 

M.  L.-A.  Levât  adresse  une  Note  relative  à 
un  projet  de  «  ceinture-tampon  »  à  adap- 
ter aux  navires,  contre  l'accostage 

M.  A.  Payot  adresse  une  Note  relative  à  un 
procédé  pour  rendre  les  hois  ineoinbus- 
tihles 


1.1 1.) 

'►1; 


P\1US.    —    IMPur  MHKIE     G\.UTH[fi;K-V[  LLAKS 
Quai  des  Grands-Aususlins,  55. 

1^  l.erani  ." ''^crHiKR-ViLi.jitiS 


SECOND  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  MM.  liBS  SBCnÉTAIHBS  PBRPÉTVEIiS. 


TOME  CXXIX. 


N°  25  (18  Décembre  1899). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS   DES    SÉANCES  DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1899 


MENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  aS  juin  1862  et  24  mai  1875. 


endus  hebdomadaires  des  séances  de 
imposent  des  extraits  des  travaux  de 
sel  <;t  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 

pij  5  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

lue  cahier  ou  numéro  des  Comptes   rendiu  a 
(ts  ou  6  teuilles  en  moyenne, 
j  numéros  composent  un  volume. 
J^  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1*'.  —  Impressions  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  l'rogrammes  des  prix  proposés  par  l'Acadéc 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  R 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aut; 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  i 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savanti 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personi 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'A 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui   présentent  ces  Mémoires  s., 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  | 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ext 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  lel  , 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  ( 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  reru 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  ten  . 
le  titre  seul  du  Mémoire  estinséré  dans  le  Compte  re.  i 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  :  ■ 
vant  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  àpart. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapport* 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  duf 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  d( 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  6^.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sui* 


n 


COMPTES  ilENDl 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 


SÉANCE  PUBT>!QUE  ANNUELLE  DU  LUNDI   18  DECEMBRE  1899, 

PRÉSIDÉE  PAR  i\(.  VAN  TIEGHEM. 


M.  Pu.  Van  TiEGiiEM  prononce  l'allociilion  suivante  : 

»   Messieurs, 

»  Fondée  en  iG66,  l'Académie  des  Sciences  compte  anjoiird'hui  deux 
cent  trente-trois  ans  d'existence.  Durant  ce  long  espace  de  temps,  où  notre 
pays  a  connu  bien  des  vicissitudes,  pas  un  seul  jour  elle  n'a  failli  à  sa 
noble  mission,  qui  est  de  travailler,  par  tous  les  moyens  et  dans  toutes  les 
directions  de  l'esprit,  à  l'avancement  de  la  Science,  c'est-à-dire  à  l'aug- 
mentation de  notre  connaissance  ou  plus  exactement  à  la  diminution  de 
notre  ignorance  des  choses  et  des  lois  de  l'Univers.  Elle  sait  bien,  en  effet, 
que  l'homme  le  plus  savant  sera  longtemps  encore,  sera  toujours  sans 
doute  comme  l'enfant  auquel,  dans  sa  modestie,  le  grand  Newton  aimait 
à  se  comparer  :  en  jouant  sur  le  rivage,  il  trouve  çà  et  là  un  caillou  plus 
brillant  que  les  autres,  il  découvre  de  temps  en  temps  un  coquillage  mieux 
orné  que  les  autres,  pendant  que  l'immense  océan  de  la  Vérité  s'étend 
inexploré  devant  lui. 

C.  K.,   1899,   ■'  Semeslre.   (T.  CX\1\,  N"  25  )  .  1^9 


(   io5o  ) 

»  A  mesure  donc  que,  par  l'effet  même  de  cette  constante  impulsion, 
la  Science  a  marché  et  qu'en  se  ramifiant  se  sont  multipliées  les  voies  où 
■fille  se  développe;  à  mesure  que,  sur  le  rivage  chaque  jour  un  peu  plus 
élargi  de  la  mer  inconnue,  l'œil  plus  exercé  de  l'enfant  a  pu  apercevoir  de 
nouveaux  cailloux  plus  beaux,  que  sa  main  plus  habile  a  pu  saisir  de  nou- 
veaux coquillages  plus  précieux  que  les  anciens,  la  tâche  de  notre  Compa- 
gnie est  devenue  plus  complexe  et  plus  difficile  à  remplir.  Mais  aussi  elle 
a  su,  chaque  fois,  par  un  effort  plus  grand,  se  porter  plus  avant  et  plus 
haut,  de  manière  à  se  maintenir  à  toute  époque  à  la  tête  du  mouvement 
scientifique  contemporain,  tout  en  préparant  les  voies  de  l'avenir.  Qu'elle 
conserve  encore  aujourd'hui  ce  beau  rôle  d'initiatrice  du  progrès,  qu'elle 
exerce  même  plus  efficacement  que  jamais  ce  qui  est,  pour  ainsi  dire,  sa 
fonction  sociale,  pour  le  prouver,  il  suffira  de  jeter  un  coup  d'œil  rapide 
sur  les  progrès  les  plus  importants  réalisés  dans  les  diverses  parties  de  la 
Science  au  cours  des  deux  ou  trois  années  qui  viennent  de  s'écouler. 

))  Longtemps  séparées  et  comme  étrangères  l'une  à  l'autre,  les  diverses 
Sciences  mathématiques  se  rapprochent,  se  pénètrent  chaque  jour  davan- 
tage et  tendent  de  plus  en  plus  à  s'unifier.  C'est  ainsi  que  la  notion  de 
groupes  de  transformations,  introduite  d'abord  en  Algèbre,  a  peu  à  peu 
envahi  tout  le  domaine  inalhémalique  et  que  les  nouvelles  méthodes  de 
l'Analyse  se  sont  introduites  dans  la  Géométrie,  dans  la  Mécanique  et 
jusque  dans  la  Théorie  des  nombres.  Tout  en  suivant  celte  marche  con- 
vergente, chacune  des  sciences  particulières  a  réalisé  pour  son  compte 
d'importants  progrès.  En  Géométrie,  ils  ont  porté  sur  la  déformation  des 
surfaces,  sur  les  surfaces  à  courbure  constante,  sur  l'élude  des  lignes  et 
des  surfaces  à  l'aide  des  nouvelles  fonctions  transcendantes  fournies  par 
le  Calcul  intégral.  En  Analyse,  ils  ont  intéressé  l'étude  des  fonctions  défi- 
nies soit  par  des  équations  différentielles,  soit  par  des  séries,  soit  par  des 
fractions  continues;  aussi,  de  ces  dernières,  ne  peut-on  plus  répéter  au- 
jourd'hui ce  qu'en  disait  hier  encore  un  de  nos  Confrères,  que  c'est  «  une 
sorte  de  terre  inconnue,  dont  la  carte  est  presque  blanche  «.  En  Méca- 
nique, plusieurs  géomètres  se  sont  occupés  de  la  recherche  des  intégrales 
des  problèmes  de  Dynamique.  D'autres  ont  perfectionné  la  théorie  de 
l'élasticité  par  une  étude  approfondie  des  analogies  existant  entre  les 
équations  de  l'élasticité  et  l'équation  de  Lnplace,  qui  se  présente  en  Phy- 
sique mathématique.  D'autres  encore  ont  consacré  leurs  efforts  à  la  réso- 
lution d'un  problème  d'une  actualité  immédiate,  le  mouvement  de  la  bicy- 
clette. Un  concours  ouvert  par  l'Académie  sur  ce  sujet  a  non  seulement 


(     .OH     ) 

donné  les  résultats  les  plus  satisfaisants  au  point  de  vue  pratique,  mais 
provoqué  de  nouvelles  recherches  théoriques  sur  l'impossibilité  d'appli- 
quer aux  mouvements  de  roulement  certaines  équations  générales  données 
par  Ijagrange. 

))  L'Astronomie  a  reçu  du  Traité  de  Mécanique  céleste  de  notre  illustre  et 
regretté  Tisserand,  digne  continuateur  de  Laplace,  et  de  l'Ouvrage  d'un  de 
nos  Confrères,  Sur  les  Méthodes  nouvelles  en  Mécanique  céleste,  une  très  forte 
impulsion,  qui  a  donné  naissance  aussitôt  à  de  nombreux  et  importants 
travaux.  D'autre  part,  elle  a  recueilli  des  renseignements  plus  précis  sur 
la  constitution  du  système  solaire,  et  plusieurs  vastes  entreprises,  enga- 
gées par  elle  depuis  plusieurs  années,  ont  commencé  à  porter  leurs  fruits. 
Appelant  à  son  aide  la  Photographie  et  la  Spectroscopie,  elle  a  pu  étendre 
le  champ  de  ses  recherches  et  pénétrer  plus  avant  dans  l'exploration  des 
espaces  célestes.  C'est  ainsi  qu'on  a  vu  paraître  récemment  les  premières 
feuilles  de  la  Carte  photographique  du  Ciel,  exécutée  par  une  Commission 
internationale,  sur  l'initiative  de  la  France.  Avec  ses  trente  millions 
d'étoiles,  cette  grandiose  publication  léguera  à  la  postérité  l'image  exacte 
du  Ciel  à  notre  époque.  L'Atlas  photographique  de  la  Lune,  qui  s'y  rat- 
tache étroitement,  donne  déjà,  pour  une  grande  partie  de  la  surface  de 
notre  satellite,  une  image  à  la  fois  expressive  et  fidèle.  Ses  cirques  pro- 
fonds, ses  hautes  montagnes,  ses  nombreuses  vallées,  ses  rayonnements 
de  cendres  blanches,  tout  y  est  reproduit  avec  une  exactitude  qui  n'a  pas 
encore  pu  être  atteinte  jusqu'à  présent  dans  la  représentation  du  sol  de  la 
Terre  qui  nous  porte. 

»  En  même  temps,  la  Spectroscopie,  cette  méthode  admirable  qui  nous 
a  permis  déjà  de  pénétrer  dans  la  constitution  intime  des  astres  les  plus 
éloignés,  a  réussi  à  déterminer  avec  une  précision  de  plus  en  plus  grande 
la  vitesse  du  mouvement  des  astres  dans  le  sens  du  rayon  visuel,  et  il  est 
devenu  possible  de  reconnaître  qu'un  grand  nombre  d'étoiles,  en  appa- 
rence simples,  sont  en  réalité  des  groupes  d'astres,  circulant  les  uns  autour 
des  autres  à  des  distances  si  faibles  que  les  lunettes  les  plus  puissantes  ne 
parviennent  pas  à  les  distinguer  isolément.  Elle  a  permis  aussi  de  démon- 
trer que  les  ondes  lumineuses  subissent  l'influence  des  agents  physiques 
et,  par  l'analyse  de  ces  effets,  elle  a  pu  confirmer  que,  dans  le  gigantesque 
foyer  de  matières  incandescentes  qu'est  l'enveloppe  solaire,  les  gaz  se 
trouvent  superposés  dans  l'ordre  de  leurs  poids  atomiques. 

»  La  Physique  nous  a  dotés  de  la  télégraphie  sans  fil,  dont  le  principe 
a  été  posé  le  jour  où  l'illustre  Hertz  a  établi  que  l'électricité  se  propage  à 


(   io52  ) 

distance  par  voie  de  vibrations,  à  la  façon  <io  la  chaleur  et  de  la  lumière. 
Grâce  à  elle,  on  a  pu  déjà  correspondre  de  France  en  Angleterre  à  travers 
la  Manche,  en  franchissant  une  distance  de  cinquante  kilomètres,  relier 
entre  elles,  tant  en  France  qu'en  Amérique,  diverses  stations  maritimes, 
rattacher  Chamonix  à  l'observatoire  établi  au  sommet  du  mont  Blanc  :  ces 
premiers  succès  justifient  toutes  les  espérances. 

)>  La  production  et  le  transport  de  l'énergie  électrique  en  vue  des  appli- 
cations les  plus  variées  :  éclairage,  locomotion,  industries  électrochimiques, 
métallurgiques  et  autres,  ont  amené  l'invention  de  machines  électriques 
affectant  les  formes  les  plus  diverses  et  dans  lesquelles  le  courant  est  pro- 
duit dans  les  conditions  les  plus  différentes,  depuis  les  intensités  les  plus 
faibles  et  les  tensions  les  plus  réduites,  jusqu'aux  intensités  les  plus  fortes 
et  aux  tensions  comparables  à  celle  de  la  foudre.  La  jouissance  de  ces 
machines  atteint  aujourd'hui  looo  chevaux  et  l'on  en  construit  qui  dépas- 
seront i5oo  chevaux. 

»  Pour  les  mettre  en  marche,  ou  a  demandé  aux  machines  à  vapeur  des 
vitesses  de  plus  en  plus  grandes  et  aussi  des  puissances  de  plus  en  plus 
fortes  sous  des  volumes  et  des  poids  de  plus  en  plus  réduits,  et,  comme 
conséquence,  une  utilisation  de  plus  en  plus  complète  de  l'énergie  calo- 
rifique employée.  De  là,  de  grands  progrès  dans  la  construclion  des 
machines  à  vapeur  ordinaires  et  dans  leurs  générateurs,  qui  ont  permis 
aussi  aux  locomotives  de  franchir  sans  arrêt  d'énormes  distances.  De  là, 
surtout,  une  conception  nouvelle,  qui  consiste  à  faire  agir  la  vapeur 
directement  comme  l'eau  sur  les  aubes  d'une  turbine.  Légères  et  peu 
encombrantes,  ces  turbines  à  vapeur,  qui  font  )usqu'à4oo  tours  par  seconde, 
ont  aussitôt  trouvé  leur  emploi  naturel  à  bord  des  navires  et  surtout  des 
torpilleurs,  où  elles  ont  permis  d'obtenir  des  vitesses  inespérées.  Les 
navires  à  marche  rapide  faisaient  naguère  35  kilomètres  à  l'heure,  ils  en 
font  maintenant  55,  et  les  torpilleurs  jusqu'à  65. 

»  Malgré  les  perfectionnements  apportés  aux  moteurs  à  vapeur  et  la 
meilleure  utilisation  qui  en  résulte  pour  les  approvisionnements,  après 
tout  limités,  de  combustible  minéral  dont  l'industrie  peut  disposer,  des 
efforts  considérables  ont  été  faits  pour  utiliser  les  forces  naturelles  dispo- 
nibles sous  forme  de  chutes  d'eau.  Des  travaux  d'art  gigantesques  s'élèvent 
déjà  dans  certains  pays,  spécialement  favorisés  par  la  nature  sous  ce  rap- 
port, et  de  puissantes  turbines  sont  mises  en  service  pour  actionner  les 
générateurs  d'électricité,  dont  l'énergie  est  utilisée  sur  place  ou  transportée 
à  distance  pour  alimenter  des  usines  produisant  l'éclairage,  mettant  eu 


(  io53  ) 

marche  des  véhicules,  ou  servant  à  des  fabrications  diverses,  notamment 
aux  industries  chimiques  et  métallurgiques. 

»  En  modifiant  les  conditions  de  la  vie  sociale,  la  bicyclette,  celte  véri- 
table merveille  de  mécanique,  dont  on  disait  tout  à  l'heure  que  la  théorie 
laisse  place  encore  à  bien  des  surprises,  a  provoqué  l'étude  de  nouveaux 
moyens  de  locomotion  plus  rai)ide;  elle  a  été  l'introductrice  de  la  locomo- 
tion automobile  et  de  ses  rapides  développements,  qui  promettent  une  vie 
nouvelle  à  nos  vieilles  routes  abandonnées.  Celle-ci,  à  son  tour,  a  introduit 
des  perfectionnements  dans  les  différents  types  de  petits  moteurs  suscep- 
tibles d'être  appliqués  à  la  mise  en  marche  des  véhicules,  et  de  ce  côté 
aussi  de  remarquables  progrès  ont  été  accomplis. 

»  La  production  des  fameux  ravons  X,  dont  la  découverte  si  récente  a 
déjà  provoqué  tant  d'utiles  applications,  a  été  améliorée  par  l'emploi  de 
tubes  qui  ne  s'usent  pas  et  donnent  une  surface  radiante  intense  et  presque 
ponctuelle.  On  peut  obtenir  ainsi  en  peu  de  temps  des  radiographies  très 
nettes,  résultat  très  important  aussi  bien  pour  la  Médecine  que  pour  la 
Chirurgie,  où  cette  nouvelle  méthode  d'investigation  rend  des  services 
chaque  jour  plus  précieux. 

»  A  côté  de  ces  rayons,  d'autres,  encore  plus  mystérieux,  ont  pris  place 
dans  la  Science.  Ils  sont  dégagés  d'une  façon  continue  par  l'uranium,  et 
aussi  par  d'autres  corps  simples  que  l'on  a  découverts  précisément  par 
cette  singulière  propriété  et  dont  on  connaît  déjà  trois  :  le  radium,  le  polo- 
nium,  le  troisième  n'est  pas  encore  nommé. 

»  Enfin  les  relations  profondes  et  longtemps  cachées  qui  existent  entre 
la  matière  pondérable  et  l'éther,  et  au  sein  de  l'éther  lui-même  entre  les 
divers  modes  de  vibration  dont  il  est  animé,  en  particulier  entre  les  ondes 
électriques  et  les  ondes  lumineuses,  ont  continué  d'exercer  avec  succès  les 
efforts  des  physiciens. 

»  La  Chimie  nous  a  fait  connaître  l'argon,  l'hélium  et  les  autres  gaz  de 
l'atmosphère  qui  sont,  par  rapporta  l'azote  et  à  l'oxygène,  comme  les  petites 
planètes  par  rapport  aux  grandes  dans  notre  Système  solaire. 

»  Maniant  facilement,  grâce  au  four  électrique,  les  températures  les 
plus  élevées  jusqu'au  delà  de  35oo",  elle  a  reproduit  le  diamant,  étudié  les 
carbures  métalliques  et  obtenu  à  l'état  de  pureté  les  métaux  réfractaires, 
en  dernier  lieu  l'uranium,  type  des  métaux  radiants.  Sachant  aussi,  d'autre 
part,  obtenir  les  températures  les  plus  basses  et  jusqu'à  — 257°,  c'est- 
à-dire  jusqu'à  i6°  au-dessus  du  zéro  absolu,  non  seulement  elle  a  liquéfié 
l'air,  qui  aujourd'hui  se  manie  aisément  à  l'état  liquide  dans  tous  les  lab  - 


(  io54  ) 
ratoires,  mais  encore  liquéfié,  puis  solidifié  l'hydrogène,  faisant  ainsi  dis- 
paraître de  la  langue  scientifique  le  mot  de  gaz  permanent . 

»  Après  avoir  réalisé  la  synthèse  des  sucres,  elle  reproduit  maintenant, 
à  partir  de  l'acide  urique,  avec  le  guano  comme  matière  première,  la 
caféine  du  Café,  la  théobromine  dn  Cacao  et  dirige  ses  efforts,  déjà  cou- 
ronnés d'un  succès  partiel,  vers  la  reconstitution  des  alcaloïdes  naturels, 
notamment  de  la  morpliine  et  de  la  strychnine.  Après  avoir  fabriqué  de 
toutes  pièces  l'alizarine  de  la  Garance  et  la  vanilline  de  la  Vanille,  elle 
reproduit  aujourd'hui  les  essences  de  Violette,  de  Jasmin,  de  Lilas,  d'Es- 
tragon, d'autres  encore,  et  nous  fait  espérer  que,  tout  en  reconstituant  de 
la  sorte  toutes  les  essences  naturelles  connues,  elle  saura  en  créer  de  nou- 
velles, plus  délicieuses,  et  réaliser  ainsi,  pour  les  parfums,  ce  qui  a  été  fait 
depuis  une  trentaine  d'années  pour  les  matières  colorantes. 

»  Comme  les  Sciences  mathématiques,  la  Physique  et  la  Chimie  se  rat- 
tachent l'une  à  l'autre  par  des  liens  chaque  jour  plus  nombreux  et  tendent 
ainsi  vers  l'unité.  H  en  est  résulté,  à  leurs  limites,  la  constitution  d'une 
région  nouvelle,  la  Physicochimie,  avec  ses  diverses  subdivisions  :  la  Ther- 
mochimie, la  Photochimie,  l'Eleclrochimie,  etc.,  région  dans  laquelle  se 
sont  accomplis  déjà  des  travaux  importants  et  qui  est  pleine  de  promesses 
pour  l'avenir. 

»  La  Physique  du  globe  comprend,  comme  on  sait,  l'étude  des  trois 
parties  dont  se  compose  notre  planète  :  l'atmosphère,  les  terres  et  les  mers. 
L'exploration  de  l'atmosphère  à  l'aide  des  cerfs-volants  et  des  ballons- 
sondes  a  ouvert  une  voie  nouvelle  à  la  Météorologie.  A  leur  aide,  on  a  pu 
élever  jusqu'à  une  hauteur  de  i5  kilomètres  des  appareils  enregistreurs, 
qui  ont  mesuré  simultanément  la  température,  la  pression,  l'état  hygro- 
métrique et  fixé  la  composition  chimique  de  l'air  dans  les  hautes  régions. 

»  La  Géographie  a  fait  un  pas  important  vers  la  solution  du  problème 
du  continent  austral.  Si  l'existence  de  ce  continent  n'est  pas  douteuse,  en 
raison  de  la  nature  des  pierres  que  la  drague  rapporte  du  fond  sur  le  bord  de 
la  banquise,  du  moins  les  dernières  expéditions  conduisent  à  lui  attribuer 
une  superficie  moindre  qu'on  n'étail  porté  à  lui  supposer.  De  récents 
voyages  dans  l'Asie  centrale  ont  précisé  la  position  des  chaînes  de  mon- 
tagnes de  cette  région  et  la  constitution  spéciale  du  sol  dans  les  grands 
déserts  du  Gobi  et  de  la  Mongolie.  Les  géologues,  de  leur  côté,  pénètrent 
chaque  jour  plus  avant  dans  la  connaissance  si  difficile  des  régions  dislo- 
quées, telles  que  les  Pyrénées  et  les  Alpes  en  Europe,  telles  que  les  Andes 
en  Amérique. 


(  io55  ) 

»  Maintenant  que  l'importance  de  son  but  est  mieux  comprise  et  que  ses 
méthodes  d'investigation  sont  plus  sûres,  l'Océanographie  marche  à  grands 
pas.  Vers  le  pôle  Nord,  les  expéditions  suédoises,  danoises,  anglaises  et 
françaises  ont  pénétré  jusqu'à  86°  de  latitude  et  rencontré  des  profondeurs 
de  5400  mètres.  Dans  les  régions  de  latitude  moyenne,  le  Pacifique,  la  mer 
Rouge,  la  Méditerranée  ont  été  explorés  en  tous  sen.s.  Vers  le  pôle  Sud, 
une  expédition  belge,  dont  l'heureux  retour  a  été  fêté  ces  jours-ci,  a  réussi, 
pour  la  première  fois,  à  hiverner  dans  la  banquise  antarctique;  une  expédi- 
tion allemande  a  atteint  le  bord  du  continent  antarctique  par  53°  de  lon- 
gitude E.  et  a  trouvé  là  des  profondeurs  de  5ooo  mètres.  Une  expédition 
anglo-norvégienne  vient  de  s'installer  sur  la  terre  Victoria  pour  un  hiver 
nage  qui  permettra  de  déterminer  la  position  du  pôle  magnétique  austral, 
nécessaire  à  l'établissement  définitif  delà  théorie  du  magnétisme  terrestre. 
Toutes  ces  explorations  nous  ont  révélé  la  nature  et  la  proportion  des  di- 
vers organismes,  animaux  et  plantes,  qui  peuplent  la  haute  mer  au  voisi- 
nage de  la  surface  et  dont  l'ensemble  constitue  ce  qu'on  a  nommé  le 
plancton.  L'étude  méthodique  de  ce  plancton  a  été  poursuivie  avec  succès, 
notamment  dans  la  mer  du  Nord,  où  les  variations  de  sa  composition 
étaient  d'autant  plus  utiles  à  connaître  qu'elles  semblent  régler  l'appa- 
rition et  la  disparition  des  bancs  de  Harengs.  La  fondation,  à  Monaco,  d'un 
Musée  océanographique,  où  seront  centralisés  tous  les  documents  spéciaux 
ainsi  obtenus,  facilitera  désormais  leur  tâche  aux  explorateurs  de  toutes 
les  nations. 

»  Comme  les  Sciences  mathématiques,  comme  les  Sciences  physiques, 
les  Sciences  qui  étudient  les  êlres  vivants  tendent  déplus  en  plus  à  se  con- 
fondre en  une  seule  :  la  Biologie.  Chacun  de  leurs  progrès  récents  marque 
un  pas  de  plus  vers  cette  unification. 

»  La  Biologie  générale  s'est  attachée  à  l'étude  du  difficile  problème  des 
diastases,  ces  singuliers  corps  azotés  neutres  qui  transforment  sans  cesse, 
par  un  mécanisme  que  la  Chimie  ne  nous  a  pas  encore  expliqué,  les  ma- 
tériaux de  réserve  en  substances  assimilables.  Elle  a  fait  connaître  deux 
catégories  nouvelles  de  ces  corps  :  les  uns  provoquent  l'oxydation  des  ma- 
tières soumises  à  leur  action,  ce  sont  les  oxydases;  les  autres  ne  sont  pas 
diffusibles  au  dehors  à  travers  les  membranes  des  cellules  et  demeurent 
intimement  unis  au  protoplasme,  dont  on  ne  peut  les  séparer  que  par  la 
destruction;  aussi  a-t-on  cru  longtemps  que  leur  action  décomposante  était 
l'œuvre  directe  du  protoplasme  lui-même.  Telle  est  cette  zymase  qui,  pro- 
duite par  la  Levure  de  bière  dans  les  conditions  d'asphyxie,  provoque  la 


(   io56  ) 

décomposition  du  glucose  en  anhydride  carbonique  et  alcool,  en  un  mot,  l;i 
fermentation  alcoolique. 

»  La  Biologie  animale,  ou  Zoologie,  a  montré  que  les  animaux  les  plus 
simples,  ceux  qui  ont  la  propriété  de  former  des  spores  comme  les  Cham- 
pii^nons,  ce  qui  les  a  fait  nommer  Sporozoaires,  produisent  néanmoins  des 
œufs  par  le  même  mécanisme  compliqiié  qui  est  bien  connu  chez  les  ani- 
maux supérieurs.  Elle  a  fait  voir  que,  chez  certains  parasites,  l'oeuf  donne 
non  pas  un  seul  embrvon,  mais  tout  un  groupe  d'embryons,  devenant  plus 
tard  autant  d'animaux  adultes,  fait  depuis  longtemps  constaté  chez  diverses 
plantes.  Elle  a  éclairé  le  mode  de  formation  des  vraies  perles,  en  montrant 
qu'elles  se  forment  dans  l'Huître  perlière  à  la  suite  de  la  piqûre  locale  d'un 
parasite,  qu'elles  sont  le  résultat  d'une  sorte  de  maladie  contagieuse  de 
l'Huître.  Elle  a  fait  connaître  la  reproduction  des  Anguilles,  qui  vont 
pondre  à  la  mer,  oii  leurs  œufs  se  développent  en  larves  nommées  Lepto- 
céphales,  qui  remontent  ensuite  dans  les  rivières.  Elle  a  établi,  résultat 
important  au  point  de  vue  de  la  recherche  des  origines,  que  le  corps  des 
Vertébrés  est  formé  de  segments  comparables  à  ceux  des  Insectes  et  des 
Vers  annelés,  la  tète  ne  renfermant  pas  moins  de  sept  de  ces  segments. 
Aux  fonctions  bien  connues  du  foie  elle  en  a  ajouté  une  nouvelle,  en  mon- 
trant qu'il  concentre  et  met  en  réserve  le  fer  nécessaire  à  la  constitution 
et  à  l'entretien  de  l'organisme.  Enfin,  poursuivant  l'étude  de  la  contrac- 
tion musculaire,  soit  statique,  soit  dynamique,  elle  a  recherché  les  règles 
qui  gouvernent  les  transformations  d'énergie  dont  le  muscle  est  le  siège 
dans  l'un  et  l'autre  cas  et  qui  sont  la  source  de  son  travail. 

»  La  Paléozoologie  a  découvert  de  nouveaux  types  d'animaux,  notam- 
ment de  Vertébrés  fossiles  :  Reptiles,  Oiseaux  et  Mammifères  de  forme 
étonnante,  trouvés  d'abord  dans  l'Amérique  du  Nord,  aux  Montagnes  Ro- 
cheuses, puis  en  dernier  lieu  dans  l'Amérique  du  Sud,  en  Patagonie.  Ces 
tvpes  nouveaux  bouleversent  les  anciennes  classifications,  qui  doivent 
s'élargir  et  se  transformer  pour  les  recevoir;  ils  nous  donnent  en  même 
temps  une  idée  plus  complète  de  l'histoire  de  la  vie  animale  à  la  surface  du 
globe. 

»  La  Biologie  végétale,  ou  Botanique,  a  établi  cpie  certaines  Phanéro- 
games, telles  que  les  Cycades  et  le  Ginkgo,  forment  leurs  œufs  à  l'aide 
d'anthérozoïdes  mobiles  etcUiés,  assez  semblables  à  ceux  des  Cryptogames 
vasculaires,  mais  beaucoup  plus  grands,  puisqu'ils  sont  visibles  à  l'œil  nu, 
ce  qui  a  abaissé  d'un  degré  la  barrière  qui  sépare  ces  deux  embranche- 
ments. Elle  a  fait  voir  aussi   que  l'ovule  manque  chez  bon  nombre  de 


(  ioJ7  ) 
Pharénogames  de  la  classe  des  Dicotylédones,  et  montré,  par  la  marche 
diClérente  des  choses  quand  il  fait  défaut,  par  la  variation  de  sa  structure 
quand  il  existe,  qu'il  est  nécessaire  de  distinguer  dans  cette  classe  un  bon 
nombre  de  familles  nouvelles  et  de  préciser  plus  exactement  les  afdnilés 
des  anciennes,  ce  qui  conduit  à  améliorer  la  classification  de  ces  plantes. 
Enfin,  par  la  connaissance  chaque  jour  plus  précise  des  variétés  et  par  le 
choix  chaque  jour  |)lus  judicieux  de  celles  qu'il  convient  de  soumettre  de 
préférence  à  la  culture,  comme  répondant  le  mieux  aux  besoins  de  l'homme, 
elle  est  parvenue  à  augmenter  dans  une  proportion  considérable  la  récolte 
des  plantes  agricoles,  en  particulier  de  la  Betterave,  de  la  Pomme  de  terre 
et  du  Blé. 

n  La  Paléobotanique  a  repris  avec  succès  l'étude,  inaugurée  il  y  a 
vingt  ans,  mais  longtemps  délaissée,  du  rôle  qu'ont  joué  dès  les  temps 
les  plus  anciens,  notamment  dans  la  formation  de  la  houille,  les  petites 
Algues  incolores  de  la  famille  des  Bactériacées.  Elle  a  achevé  ainsi  de 
démontrer  que  le  rôle  de  ces  plantes  dans  la  fermentation  et  dans  la  des- 
truction de  la  matière  organisée  avait  pris  déjà,  dans  ces  âges  si  reculés, 
toute  l'importance  que  nous  lui  connaissons  aujourd'hui. 

»  Celles  qui  vivent  et  pullulent  dans  la  terre  arable,  la  fertilisant  si  elles 
y  fixent  l'azote  de  l'air  et  si  elles  oxydent  l'azote  pour  faire  de  l'acide  ni- 
trique, la  stérilisant,  au  contraire,  si  elles  décomposent  l'acide  nitrique 
pour  en  dégager  et  en  perdre  l'azote,  préoccupent  chaque  jour  davantage 
les  agronomes,  qui  en  poursuivent  activement  la  difficile  étude.  Celles  qui 
se  développent  dans  le  fumier  de  ferme  le  transforment  peu  à  peu  et  lui 
donnent  enfin  ses  propriétés  fertilisantes.  Aussi,  en  s'appliquant  à  régler 
la  marche  du  phénomène,  est-on  parvenu  à  améliorer  beaucoup  la  prépa- 
ration du  fumier,  à  éviter  notamment  les  grandes  pertes  d'azote  qu'on  y 
déplorait  naguère. 

»  On  sait,  d'autre  part,  depuis  les  beaux  travaux  de  notre  grand  Pasteur, 
que  la  plupart  des  maladies  de  l'homme  et  des  animaux  domestiques  sont 
de  même  provoquées  par  le  développement  dans  le  corps  de  certaines  Bac- 
tériacées parasites.  La  connaissance  approfondie  des  propriétés  spécifiques 
de  ces  plantes  a  conduit  déjà  à  prévenir  ou  à  guérir  quelques-unes  de  ces 
maladies  et  il  est  permis  d'espérer  que  de  nouveaux  efforts  réussiront  peu 
à  peu  à  les  vaincre  toutes.  Aussi  voyons-nous,  dans  le  monde  entier,  toute 
une  légion  de  travailleurs  s'engager  résolument  dans  cette  voie  difficile, 
mais  féconde  en  bienfaisantes  découvertes.  Bornons-nous  à  inscrire  ici  les 
deux  résultats  le  plus  récemment  obtenus  dans  cette  direction. 

C.  R.,  i>99,  2'  Semestre.  (T.  CXSIX,  N»  25.)  l4o 


(  io58  ) 

»  D'une  pari,  on  s'est  appliqué  à  résoudre  le  problème  très  compliqué 
delà  préservation  et  de  l'immunité.  Tout  d'abord  on  a  été  amené  à  attribuer 
aux  leucocytes  le  rôle  prépondérant  dans  ce  phénomène.  Tantôt  ils  agis- 
sent directement  en  détruisant,  en  digérant  le  corps  même  des  Bactéria- 
cées  :  ils  sont  phagocytes,  il  y  a  phagocytose,  comme  on  dit.  Tantôt  ils 
fonctionnent  indirectement,  en  sécrétant  des  substances  capables  de  com- 
battre l'action  des  toxines  produites  par  les  Bactériacées,  des  antitoxines, 
comme  on  les  appelle.  Plus  tard,  le  rôle  si  actif  joué  j)ar  les  leucocytes 
dans  la  défense  de  l'organisme  a  été  reconnu  appartenir  aussi  à  d'autres 
cellules,  notamment  à  celles  qui  revêtent  la  paroi  interne  des  vaisseaux. 

»  D'autre  part,  la  peste  ayant  reparu  d'abord  dans  l'Inde  et  tout  récem- 
ment en  Portugal,  à  Oporto,  on  s'est  attaché  à  son  étude;  on  a  découvert 
]a  Bactérie  qui  la  provoque,  montré  le  rôle  que  jouent  les  puces  et  les  rats 
dans  la  propagation  du  parasite,  et  surtout  on  est  parvenu  à  produire  un 
sérum  antipesteux,  dont  l'efficacité,  déjà  éprouvée  dans  l'Inde,  apparaît 
plus  nettement  encore  à  la  suite  des  expériences  toutes  récentes  faites  à 
Oporto.  On  est  donc  fondé  à  croire  que  les  efforts  de  la  Science  ne  seront 
pas  déçus,  pourvu  que  la  maladie  lui  laisse  quelque  répit  et  ne  se  répande 
pas  avant  qu'aient  pu  être  forgées  les  armes  destinées  à  la  combattre. 

»  Tel  est  le  résumé,  très  succinct  et  sans  doute  aussi  très  incomplet,  des 
résultats  le  plus  récemment  acquis  par  la  Science  dans  les  diverses  di- 
rections où  s'exerce  son  activité.  Pour  un  si  court  espace  de  temps,  c'est, 
comme  on  voit,  une  abondante  récolte. 

»  Au  cours  de  cet  exposé,  pour  n'offenser  la  modestie  de  j^ersonne,  on 
s'est  abstenu  de  citer  aucun  nom.  Mais  tout  le  monde  sait  bien  quelle  large 
part  nos  Confrères  ont  prise  à  tous  ses  progrès;  on  les  a  reconnus  et  salués 
au  passage.  Aussi  l'Académie,  fière  de  leurs  efforts  et  de  leurs  succès,  pro- 
clarae-t-elle  ici  par  ma  voix  qu'ils  ont  bien  mérité  de  la  Science  et  de  la 
Patrie.  Beaucoup  d'autres  aussi,  qui  n'ont  pas  encore  pu  prendre  rang 
parmi  nous,  tant  à  l'Etranger  qu'en  France,  et  notamment  les  nombreux 
lauréats  auxquels  nos  prix  vont  être  décernés  tout  à  l'heure,  y  ont  puis- 
samment contribué.  L'Académie  est  heureuse  de  leur  adresser  à  tous  ses 
remercîments  et  ses  félicitations. 

»  Ne  l'oublions  pas,  cependant  :  après  tout,  ce  sont  là  seulement 
quelques  beaux  cailloux,  quelques  précieux  coquillages,  ramassés  un  à  un 
sur  le  rivage  chaque  jour  un  peu  plus  découvert;  la  grande  mer  de  la 
A'érité  n'en  continue  pas  moins  de  s'étendre  devant  nous,  presque  aussi 


(  io59  ) 
profonde  et  presque  aussi  inconnue.  Souvenons-nous-en,  non  pas  certes 
pour  nous  décourager,  tout  au  contraire,  pour  nous  exciter  sans  cesse  à 
de  nouveaux  efforts,  dans  la  certitude  que,  dirigés  par  une  méthode  de 
plus  en  plus  sûre,  ils  seront  aussi  de  plus  en  plus  fructueux,  en  sorte  que 
peu  à  peu  tous  les  voiles  seront  écartés,  toutes  les  ombres  dissipées,  et 
qu'enfin  il  sera  permis  à  l'homme  de  contempler  face  à  face  toute  la  Vérité 
dans  la  pleine  lumière. 

»  Hélas!  Messieurs,  il  n'est  pas  donné  à  tous  ceux  qui  ont  semé  et  cul- 
tivé, de  faire  aussi  la  moisson.  La  mort  emporte  chaque  année  quelques- 
uns  d'entre  nous.  Depuis  notre  dernière  séance  publique,  notre  Académie 
a  perdu  deux  de  ses  Membres,  M.  Naudin,  doyen  de  la  Section  de  Bota- 
nique, et  M.  Friedcl,  doyen  de  la  Section  de  Chimie,  deux  de  ses  Associés 
étrangers,  M.  Frankland  à  Londres  et  M.  Bunsen  à  Heidelberg,  et  cinq  de 
ses  Correspondants,  tous  étrangers,  M.  Richards  à  Londres,  M.  Wiede- 
mann  à  Liepzig,  M.  Marsh  a  New-Haven  (Connecticut),  M.  Flower  à 
Londres  et  M.  Riegenbach  à  Ollen.  Chacun  d'eux  a  reçu  ou  recevra,  dans 
la  Section  à  laquelle  il  appartenait,  tout  l'hommage  mérité  par  son  talent 
et  ses  services.  J'ai, seulement  le  devoir  de  les  rappeler  ici  en  quelques 
mots  à  votre  souvenir. 

))  Élève  et  ami  deDecaisne,  dont  il  fut  longtemps  l'aide-natnraliste  dans 
la  chaire  de  Culture  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  M.  Naudin  s'est  fait 
connaître  du  monde  savant  d'abord  par  d'importants  travaux  descriptifs, 
en  particulier  par  une  monographie  de  la  grande  famille  des  Mélasto- 
macées,  puis  et  surtout  par  une  longue  et  belle  série  de  recherches  sur 
l'hybridité  et  sur  la  variation,  qui  a  obtenu  le  grand  prix  de  Physiologie  au 
concours  de  1861  et  lui  a  ouvert  les  portes  de  l'Académie  des  Sciences 
dans  la  Section  de  Botanique  en  i863.  H  aurait  pu  tout  aussi  justement  y 
entrer  dans  la  Section  d'Économie  rurale.  De  bonne  heure,  en  effet,  il 
s'était  intéressé  à  l'art  de  la  Culture.  Sur  ce  vaste  sujet,  on  lui  doit  un  très 
grand  nombre  d'articles,  publiés  dans  les  revues  et  journaux  spéciaux,  et 
un  Manuel  de  l'Amateur  des  jardins  en  qualre  \o\ames,  rédigé  en  collabo- 
ration avec  Decaisne.  Depuis  bien  des  années  déjà,  toujours  retenu  dans 
le  Midi,  d'abord  par  un  établissement  de  Botanique  expérimentale  qu'il 
avait  fondé  à  Collioure,  puis  par  la  direction  du  Laboratoire  et  du  Jardin 
botanique  créés  à  Antibes  par  Gustave  Thuret  et  généreusement  légués  à 
l'État  par  sa  famille,  M.  Naudin  ne  faisait  plus  à  Paris  que  de  rares  et  courtes 
apparitions.  Aussi  la  plupart  d'entre  nous  ne  le  connaissaient-ils  que  de 


(  lofio  ) 

nom.  Il  continuait  pourtant  à  s'intéresser  à  nos  travaux  et  à  nous  donner 
des  preuves  de  sa  propre  activité  en  publiant,  entre  autres  Ouvrages,  un 
Manuel  de  r Acclimateur  et  deux  Mémoii'es  importants  sur  les  Eucalyptes, 
qui  montrent  Lien  toute  l'utilité  de  ces  Jardins  d'essai,  lorsqu'ils  sont 
dirigés  par  un  savant  expérimenté.  Il  est  parti,  nous  a  dit  celui  de  nos  Con- 
frères qui  l'a  le  mieux  connu,  laissant  le  souvenir  d'un  homme  bienveillant, 
d'un  brillant  causeur,  d'un  esprit  vif,  original,  très  ouvert,  qui  se  mouvait 
avec  la  même  aisance  dans  le  domaine  des  faits,  dans  celui  des  idées  et 
dans  celui  de  l'imagination,  d'une  âme  virile,  que  les  épreuves  les  plus 
cruelles  n'ont  pu  abattre. 

»  Elève  de  Wurlz  et  son  successeur  dans  la  chaire  de  Chimie  organique 
de  l'Université  de  Paris,  M.  Friedel  a  consacré  tous  ses  efforts  à  continuer 
et  à  développer  l'œuvre  de  son  illustre  maître  et  ami.  Par  ses  nombreux  et 
importants  travaux,  par  son  enseignement  à  l'Ecole  Normale  et  à  la 
Faculté  des  Sciences,  par  les  élèves  distingués  qu'il  a  formés  dans  son 
laboratoire  et  tout  récemment  encore  par  cette  Ecole  de  Chimie  pratique 
appliquée  à  l'industrie  qu'il  venait  de  fonder  à  la  Sorbonne  et  à  laquelle  il 
donnait  sans  compter  tous  ses  soins,  il  a  exercé  une  grande  et  féconde 
influence  sur  les  progrès  de  la  Chimie  organique  dans  notre  pays  durant 
le  dernier  quart  de  siècle.  On  lui  doit  notamment  de  belles  recherches  sur 
les  aldéhydes,  les  acétones  et  les  acides  organiques,  une  série  de  travaux 
sur  les  combinaisons  du  silicium  qui  ont  mis  en  évidence  les  étroites  ana- 
logies entre  ce  corps  et  le  carbone,  et  une  nouvelle  méthode  de  synthèse 
fondée  sur  l'emploi  du  chlorure  d'aluminium,  méthode  dont  l'admirable 
fécondité  est  encore  loin  d'être  épuisée.  La  Minéralogie  avait  eu  tout 
d'abord  sa  prédilection;  il  était  Conservateiu' des  Collections  minéralo- 
giques  de  l'Ecole  des  Mines,  et  c'est  cette  Science  qu'il  a  enseignée  à 
l'Ecole  Normale  et  aussi  à  la  Sorbonne  avant  d'y  recueillir  la  succession 
de  Wurtz.  Il  n'a  pas  manqué  de  l'enrichir  de  nombreuses  observations, 
cristallographiques  et  cristallophysiques,  en  même  temps  qu'il  réussissait 
à  reproduire  un  grand  nombre  de  minéraux  naturels.  Tout  autant  que 
l'étendue  et  la  variété  de  ses  connaissances,  nous  savions  apprécier  l'affa- 
bilité de  son  caractère,  la  droiture  de  son  esprit,  l'élévation  de  son  âme, 
infatigablement  éprise  de  vérité  et  de  justice,  et,  pour  tout  dire  en  un  mot, 
la  haute  valeur  morale  de  sa  personne. 

»  Professeur  de  Chimie  à  l'Institution  royale  de  la  Grande-Bretagne  et 
à  l'Ecole  des  Mines  de  Londres,  M.  Frankland  s'est  illustré  par  la  décou- 
verte des  combinaisons  organo-métalliques,  ces  singuliers  corps  composés 


(     T06l     ) 

qui,  comme  le  cyanogène,  jouent  le  rôle  de  corps  simples,  et  dont  les 
types  sont  le  zinc-éthyle  et  le  zinc-méthyle.  Il  a  fait  connaître  ensuite  plu- 
sieurs procédés  généraux  de  synthèse  qui,  se  fondant  sur  l'emploi  de  ces 
combinaisons,  ont  contribué  à  fixer  la  valence  des  métaux  et  leur  satura- 
tion. Parmi  beaucoup  d'autres  recherches,  on  lui  doit  aussi  d'importantes 
études  sur  les  eaux  potables  et  les  eaux  vannes,  qui  ont  conduit  à  améliorer 
les  conditions  hvgiéniques  de  la  ville  de  Londres. 

»  La  longue  vie  de  M.  Bunsen  s'est  écoulée  tout  entière  dans  le  labora- 
toire  et  dans  la  chaire  de  Chimie  de  l'Université  de  Heidelberg.  Dès  1837, 
il  y  établissait  sa  réputation  en  découvrant  dans  le  cacodyle,  ou  arsenic- 
dimélhyle,  le  premier  et  le  type  de  cette  série  de  radicaux  organo-métal- 
liques  dont  M.  Frankland  a  depuis,  comme  on  vient  de  le  rappeler,  enrichi 
la  Chimie.  Plus  tard,  à  l'aide  d'une  pile  nouvelle  qui  porte  son  nom,  il  a 
isolé  le  calcium,  le  baryum,  le  strontium,  et  fait  connaître  les  propriétés 
de  ces  métaux.  Chacune  des  étapes  de  sa  longue  et  laborieuse  carrière  a 
été  marquée  ainsi  par  quelque  nouveau  progrès.  Mais  surtout  il  a  eu  la 
gloire  d'attacher  son  nom  à  l'une  des  découvertes  les  plus  considérables 
de  la  Science  moderne,  celle  du  spectroscope  et  de  l'analyse  spectrale,  faite 
en  collaboration  avec  Kirchhoff,  son  collègue  dans  la  chaire  de  Physique 
de  l'Université.  On  sait  combien  cette  méthode  a  été  et  continue  d'être 
féconde,  et  qu'après  nous  avoir  fait  connaître  toute  une  série  de  nouveaux 
corps  simples  dont  Bunsen  et  Rirchhoff  ont  trouvé  les  deux  premiers, 
le  cîEsium  et  le  rubidium,  elle  a  permis  de  démontrer  l'unité  de  composi- 
tion chimique  de  tous  les  astres  et  de  prouver  ainsi  l'identité  de  la  matière 
dans  toute  l'étendue  de  l'Univers,  résultat  de  la  plus  haute  importance, 
on  le  comprend,  pour  la  Philosophie  naturelle. 

»  Après  s'être  acquitté  avec  succès  de  plusieurs  missions  hydrogra- 
phiques, longues  et  difficiles,  notamment  la  reconnaissance  des  côtes  et  des 
îles  de  l'Amérique  occidentale  dans  une  région  où  la  nature  paraît  avoir 
accumulé  tous  les  obstacles,  opération  qui  n'a  pas  duré  moins  de  sept 
années,  l'amiral  Richards,  alors  seulement  capitaine  de  vaisseau,  fut  nonuiié 
en  i863  au  poste  élevé  d'Hydrographe  de  l'Amirauté  anglaise.  Là,  pendant 
dix  ans,  il  a  consacré  son  activité  à  améliorer  le  service  qui  lui  était  confié, 
tant  au  point  de  vue  des  méthodes  scientifiques  qu'à  celui  de  la  production 
générale.  C'est  sous  sa  direction  que  furent  organisés  divers  groupes  d'ex- 
ploration des  mers,  et  notamment  en  1872  la  célèbre  expédition  du  Chal- 
lenger. C;'est  à  lui  également  que  sont  dues  les  études  préliminaires  con- 


(     1003    ) 

cernant  les  missions  anglaises  du  premier  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil. 
Dès  1866,  notre  Académie  l'avait  nommé  Correspondant  dans  sa  Section  de 
Géographie  et  de  Navigation. 

»  Professeur  de  Mathématiques  à  l'Université  de  Christiania  depuis  1877, 
M.  Lie  avait  répondu  en  1886  à  l'appel  très  honorable  de  TUniversité  de 
Leipzig,  où  il  a  enseigné  jusqu'en  1898;  mais,  tout  récemment,  il  était 
revenu  dans  son  pays  natal  pour  y  occuper  la  chaire  que  le  parlement  de 
Norvège  lui  avait  spécialement  réservée,  en  la  dotant  pour  lui  d'un  traite- 
ment exceptionnel.  Après  une  première  étude  où  il  a  su  trouver  une  trans- 
formation singulière  qui  fait  correspondre  à  toute  ligne  droite  une  sphère, 
qui  fait  dériver  par  conséquent  de  toute  proposition  relative  à  un  système 
de  lignes  droites  Tin  théorème  relatif  à  un  ensemi)le  de  sphères,  et  vice  versa, 
il  a  été  conduit  à  construire  progressivement  cette  magistrale  théorie  des 
groupes  continus  de  transformations  qui  constitue  son  œuvre  la  plus  im- 
portante et  qu'il  a  t^v  la  suite  appliquée  à  un  grand  nombre  de  sujets  par- 
ticuliers, notamment  à  la  théorie  des  surfaces  minima  et  à  celle  des  surfaces 
à  courbure  constante.  Ces  beaux  travaux  ont  eu  le  privilège  de  réunir  dans 
une  commune  admiration  les  géomètres  et  les  analystes,  et  ils  ont  beaucoup 
contribué  à  ce  rapprochement,  à  cette  unification  des  Sciences  mathéma- 
tiques à  laquelle  on  a  fait  tout  à  l'heure  allusion.  Aussi,  dès  1892,  notre 
Académie  s'était-elle  attaché  M.  Lie  comme  Correspondant  dans  sa  Section 
de  Géométrie. 

M  M.  Wiedemann  était,  depuis  1871,  professeur  de  Chimie  physique  à 
l'Université  de  Leipzig,  et  depuis  1893,  notre  Correspondant  dans  la  Section 
de  Physique.  On  lui  doit  de  nombreux  travaux  sur  l'Électricité  et  le  Ma- 
gnétisme, en  particulier  des  recherches  devenues  classiques  sur  l'Électro- 
chimie  et  les  propriétés  des  dissolutions  salines,  sur  la  conductibilité  des 
métaux  pour  la  chaleur  comparée  à  leur  conductibilité  électrique,  sur  l'ai- 
mantation du  fer  et  de  l'acier  et  ses  relations  avec  les  déformations  méca- 
niques, enfin  sur  la  rotation  du  plan  de  polarisation  de  la  lumière  sous 
l'influence  du  courant  électrique,  qu'il  a  démontrée  le  premier  être 
proportionnelle  à  l'intensité  du  courant.  En  1877,  il  a  pris  la  direction 
des  célèbres  Annales  de  Poggendorff,  qui  sont  devenues  les  Annales 
de  Wiedemann,  et  il  a  su  conserver  à  cette  publication  toute  l'auto- 
rité que  lui  avait  donnée  son  fondateur.  Mais  son  œuvre  principale,  à 
laquelle  il  a  consacré  une  grande  partie  de  son  existence,  est  un  Traité 
général  d'Électricité  et  de  Magnétisme.  Véritable  monument  scientifique, 


(   io63  ) 

cet  Ouvrage  a  eu,  sous  des  titres  différents,  quatre  éditions  successives;  le 
dernier  volume  de  la  dernière  édition,  qui  en  compte  quatre,  a  paru  en 
1898,  peu  de  mois  avant  la  mort  de  l'auteur. 

))  M.  Marsh,  de  New-Haven  (Connecticut),  Correspondant  dans  la  Sec- 
lion  de  Minéralogie,  a  consacré  sa  grande  fortune  à  la  recherche  des  Ver- 
tébrés fossiles.  Il  a  fait  dans  ce  dessein  aux  Montagnes  Rocheuses  une  longue 
suite  de  pénibles  et  périlleuses  explorations.  Il  en  a  rapporté  des  monceaux 
d'osscmenls,  qui  lui  ont  permis  de  reconstituer  une  multitude  d'animaux 
gigantesques  et  étranges  qui  ont  étonné  le  monde  scientifique  et  qu'il  a 
décrits  dans  de  magnifiques  publications.  Tout  récemment,  dans  un  admi- 
rable élan  de  générosité,  il  a  fait  don  à  Yale  University  de  ces  splendides 
collections.  Pour  tout  cela,  son  nom  restera  honoré  par  tous  ceux  qui  s'in- 
téressent à  l'histoire  de  la  vie  dans  les  temps  passés. 

»  M.  Flower,  surintendant  du  département  zoologique  du  Brîtish 
Muséum,  oii  il  a  remplacé  Richard  Owen  en  1874.  occupait  parmi  les 
naturalistes  anglais  une  situation  des  plus  élevées.  Pendant  plus  de  trente- 
cinq  années,  il  s'est  consacré  à  l'élude  de  l'Anatomie  comparée  et  ses 
principaux  travaux  ont  eu  pour  objet  les  Mammifères.  On  lui  doit  notam- 
ment de  belles  recherches  sur  la  conformation  de  l'encéphale  dans  les 
Vertébrés  supérieurs,  sur  le  cerveau  et  la  dentition  des  Marsupiaux,  sur 
les  homologies  existant  entre  la  ceinture  pelvienne  et  la  ceinture  scapulaire 
des  Vertébrés,  sur  le  crâne  des  Carnassiers,  et  toute  une  série  de  Mémoires 
sur  les  grands  Mammifères  de  l'ordre  des  Cétacés.  Tous  ces  travaux  l'ont 
désigné,  en  1893,  au  choix  de  notre  Académie,  qui  l'a  nommé  Correspon- 
dant dans  sa  Section  de  Zoologie. 

»  Attaché  d'abord  comme  ingénieur  à  la  construction  des  chemins  de 
fer  de  l'Ouest  Suisse,  M.  Riggenbach  a  été  le  promoteur  du  lançage  des 
ponts  métalliques,  procédé  qui,  après  des  perfectionnements  successifs,  a 
été  étendu,  comme  on  sait,  à  des  portées  de  plus  en  plus  grandes,  aujour- 
d'hui gigantesques.  On  lui  doit  la  création  du  système  à  crémaillère  pour 
les  chemins  de  fer  de  montagne,  système  qu'il  a  inauguré  de  1871  à  1874 
sur  les  deux  versants  du  Rigi  avec  une  pente  maximum  de  20  pour  100, 
et  qui  a  reçu  depuis  de  si  nombreuses  applications.  On  lui  doit  aussi  la 
construction  des  chemins  de  fer  funiculaires  à  caisse  d'eau,  l'éalisée  d'abord 
en  Suisse,  puis  dans  beaucoup  d'autres  pays.  Grâce  à  lui,  les  voies  ferrées 
pénètrent  désormais  dans  les  gorges  les  plus  escarpées  et  atteignent  le 
sommet  des  plus  hautes  montagnes,  rendant  d'immenses  services  à  des 
populations  qui   n'avaient  avant  lui   aucun  espoir  d'être  jamais  desser- 


(  io64  ) 

vies  autrement  que  par  d'étroits  chemins  de  mulets  ou  par  de  périlleux 
sentiers.  C'est  pour  récompenser  ces  éminents  services  que  l'Académie 
avait  élu,  en  i8i)3,  M.  Riggenbach  comme  Correspondant  dans  sa  Section 
de  Mécanique. 

1)  Vous  le  voyez,  Messieurs,  Meml)res  ordinaires,  Associés  ou  Corres- 
pondants, chacun  de  ces  Confrères  disparus,  par  une  belle  et  libre  intel- 
ligence, par  un  labeur  obstiné  et  fécond,  par  un  dévouement  de  toute  la 
vie  aux  idées  supérieures,  a  largement  contribué  à  accroître  le  patrimoine 
de  la  Science,  à  en  répandre  au  dehors  les  bienfaits,  à  la  faire  aimer  et 
respectei',  justifiant  ainsi  toutes  les  espérances  que  le  monde  moderne  a 
placées  e,i  elle  et  nous  laissant  la  tranquille  assurance  que  dans  l'avenir 
les  plus  hautes  même  ne  seront  pas  déçues.  Aussi  leur  garderons-nous  à 
tous  un  souvenir  reconnaissant.  i> 


PRIX  DÉCERNÉS 

ANIMÉE   1899. 


GE03IETRIE. 


PRIX  BORDIN. 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Emile  Picard,  Maurice  Lévy,  Appell; 

Darboux,  rapjiorteur.) 

L'Académie  avait  rais  au   concours,    pour  le  prix    Bordin   à    déceriier 
en  1898,  la  question  suivante: 

Étudier  les  questions  relatives  à  la  détermination ,  aux  propriétés  et  aux 


(  io6t  ) 

applications  des  systèmes  de  coordonnées  curvilignes  orthogonales  à  n  i^ariahles. 
Indiquer  en  particulier,  et  d'une  manière  aussi  précise  que  possible,  le  degré 
de  géuéralité  de  ces  syslèmes. 

Un  seul  Mémoire  fut,  envovc  an  concours,  [iiscrit  sons  la  devise 

L'imagination  prix  de  l'expéiience  des  sens  ne  nous  permet  pas  de  nous  fip;uier  plus 
d'une  rencontre  de  deux  di-oites  ;  mais  ce  n'est  pas  sur  quoi  la  Science  doit  être  fondée. 

Leibnitz. 

il  contenait  des  résultats  très  dignes  d'intérêt;  mais  son  auteur  y  annon- 
çait l'envoi  d'un  Supplément;  et  ce  Supplément  parvint  seulement  le 
i*''  décembre  à  l'Académie.  Dans  ces  conditions.  l'Académie  décida,  sur  la 
proposition  de  la  Commission,  ùi\  laisser  le  concours  ouvert  et  de  main- 
tenir pour  l'année  1899  la  question  cpi'elle  avait  proposée  pour  1898. 

Depuis  l'année  dernière,  trois  nouveaux  Mémoires  ont  été  envovés  au 
concours.  Un  seul,  inscrit  sous  le  n"  4  et  portant  la  devise 

[^'esprit  ne  peut  se  soumettre  qu'à  ce  qui  est  esprit, 

a  été  retenu  par  la  Commission.  Son  écriture,  sa  rédaction  et  un  renvoi 
formel  nous  permettent  de  reconnaître;  c[u'i!  émane  de  l'auteur  qui  avait 
déjà  concouru  l'année  précédente. 

La  Commission  s'est  donc  trouvée  en  présence  d'un  travail  unique, 
envoyé  par  fragments  à  des  époques  différentes  et  ilans  lequel  se  trouve 
abordée  par  cinq  méthodes  distinctes  la  principale  des  questions  sur  les- 
quelles l'Académie  avait  appelé  l'attention  des  concurrerîts  :  à  savoir  le 
degré  de  généralité  des  .systèmes  orthogonaux  dans  l'espace  euclidien 
à  n  dimensions. 

Dans  le  Mémoire  de  1898  l'auteur  rattache  l'étude  de  ce  point  essentiel 
aux  propositions  générales  que  nous  devons  à  MM.  Riquieret  Delassus  sur 
la  réduction  des  systèmes  les  plus  généraux  d'équations  aux  dérivées  par- 
tielles à  une  ou  à  plusieurs  fonctions  inconnues.  En  particulier,  il  donne 
une  exposition  à  quelques  égards  nouvelle  de  la  méthode  de  M.  Delassus. 

Dans  le  même  Mémoire,  il  indique  une  seconde  démonstration  reposant 
sur  la  considération  de  ce  système  qui  a  été  introduit  par  l'un  de  nous  sous 
le  nom  de  système  auxiliaire.  Étant  donné  un  système  d'écjuations  différen- 
tielles ou  aux  dérivées  partielles,  ce  système  auxiliaire  est  le  système 
linéaire  auquel  doivent  satisfaire  toutes  les  solutions  infiniment  voisines 
d'une  solution  particulière  cjuelconque  du  système. 

Dans  le   Supplément   envoyé   en   décembre  au  Mémoire   de    1898,    il 

r.   R.,  1899,  'i'  Semestre.  (T.   CXXIX,  N-  25.)  l/jl 


(   io66  ) 

reprend  l'étude  de  la  même  question,  soit  en  employant  les  méthodes  de 
M.  Riquier,  soit  en  étudiant  le  système  des  équations  aux  dérivées  par- 
tielles du  troi-;ième  ordre  auquel  doit  satisfaire  chacune  des  fonctions  in- 
connues. 

Le  Mémoire  de  1899  n'est  pas  consacré,  comme  on  pourrait  le  supposer, 
au  développement  du  travail  précédent.  L'auteur  remarque  que  la  fpies- 
tion  proposée  par  l'Académie  est  comprise  dans  la  suivante  : 

Étant  donnée  une  forme  quadratique  de  différentielles 

:Llaikdxid.Vi„ 

déterminer,  dans  les  cas  où  elles  existent,  toutes  les  formes  équivalentes  qui  ne 
contiennent  que  les  carrés  des  différentielles? 

et  il  a  abordé  l'étude  des  formes  différentielles  dont  il  n'avait  pas  fait  usage 
dans  son  premier  travail. 

Il  reprend  d'abord  avec  quelques  développements  la  méthode  que 
M.  Christoffél  a  développée  dans  un  travail  classique  pour  reconnaître  si 
deux  formes  quadratiques  données  de  différentielles  sont  équivalentes  et 
cherche  ensuite  à  appliquer  les  critères  obtenus  en  supposant  que  l'une  au 
moins  des  deux  formes  quadratiques  ne  contienne  que  les  carrés  des  diffé- 
rentielles. 

Cet  exposé,  dans  lequel  nous  avons  dû  négliger  l'étude  de  certains  pro- 
blèmes accessoires  faite  par  l'auteur,  montre  assez  cpielle  est  l'étendue  de 
ses  connaissances  et  la  fertilité  des  ressources  dont  il  dis[)ose. 

Malheureusement  les  démonstrations  ne  sont  pas  présentées  avec  la 
précision  que  l'Académie  était  en  droit  d'exiger  et  sur  laquelle  elle  avait 
expressément  appelé  l'attention  des  concurrents.  La  rédaction,  d'ailleurs, 
fait  défaut  presque  complètement,  malgré  tout  le  temps  qui  a  été  laissé  aux 
concurrents  pour  l'étude  d'une  question  qui  est,  en  somme,  très  limitée. 

D'après  cela,  la  Commission  propose  de  clore  le  concours,  de  ne  pas 
décerner  le  prix,  mais  d'accorder  une  mention  très  honorable  à  M.  Jdles 
Dracii.  auteur  des  travaux  que  nous  venons  d'analyser  en  lui  accordant 
une  récompense  sur  les  fonds  du  prix  Bordin. 


(   '"^7  ) 

PRIX  FRANCOEUR. 

(Commissaires  :  MM.  Picarfl,  Appell,  Hermite; 
Darboux  et  Poincaré,  rapporteurs.) 

Le  prix  est  attribué  à  feu  M.  Le  Cordif.r. 

Une  mention  très  honorable  est  en  outre  accordée  à  M.  IjE  Roy. 

PRIX   PONCELET. 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  J.  Bertrand,  Appell,   Sarrau; 
Darboux,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  ^L  E.  Cosserat,  pour  l'ensemble  de 
ses  travaux  de  Géométrie  et  de  Mécanique. 


MECANIQUE. 


PRIX  EXTRAORDINAIRE  DE  SIX  MILLE  FRANCS. 

(Commissaires:  MM.  de  Russy,  Guyou,  de  Jonquiéres,  Sarrau, 
Bouquet  de  la  Grye.) 

Rapport  sur  les  travaux  de  M.  le  commandant  Baills,  par  M.  de  lîussv. 

Le  Mémoire  de  M.  ie  commandant  Bahxs,  intitulé  :  Géométrie  des  dia- 
grammes, complété  par  les  additions  que  l'autenr  y  a  faites  postérieurement 
il  ia  publication  de  son  Travail  dans  la  Rr^vue  maritime,  fournit  pour  la  rc- 
clierche  des  causes  qui  ont  amené  l'abaissement  du  rendement  d'une  ma- 
chine à  vapeur  un  procédé  qui  a  le  grand  avantage  d'être  rapide.  Le  travail 
qu'entraîne  son  application  n'est  pas  considérable  et  les  résultats  obtenus 


(  ioG8  ) 
iii(li(]Liei()iit  à  un  mécanicien   les  améliorations  à  apporter  à  l'état  des  or- 
e;anes  de  la  distribution. 

Certainement  le  calcul,  d'après  les  diagrammes  obtenus  avec  l'indicalenr 
de  Watl,  des  quantités  de  vapeur  existant  dans  un  appareil  à  différentes 
époques,  n'est  pas  chose  nouvelle,  mais  la  méthode  inventée  par  le  com- 
mandant Baills  est  aussi  simple  qu'élégante.  La  construction  qu'il  indique 
permet  de  comparer  rapidement  et  nettement  le  poids  de  vapeur  existant 
dans  les  divers  cylindres  avec  celui  qu'ils  devraient  renfermer  s'il  n'y  avait 
ni  fuites,  ni  condensations,  et  par  suite  de  déterminer  la  valeur  des  pertes. 
Il  y  a  lieu  d'observer  que  ce  contrôle  ne  peut  se  faire  qu'en  comparant  les 
résultats  obtenus  en  marche  de  campagne  avec  ceux  des  essais  officiels  de 
recette  pour  lesquels  toutes  les  précautions  ont  été  prises  en  vue  d'éviter 
des  pertes  de  vapeur,  et  cette  comparaison  doit  se  faire  sensiblement  dans 
les  mêmes  conrlitions  de  marche,  nombre  de  tours,  introduction,  pression 
d'admission,  réchauffage,  et  avec  une  même  activité  de  combustion  aux 
chaudières.  Or  le  nombre  des  essais  est  toujours  assez  considérable  pour 
que  l'on  puisse  se  rapprocher  de  l'un  d'eux. 

Nous  estimons  donc  que  les  travaux  de  M.  le  commandant  Baills  faci- 
literont la  conservation  en  bon  étal  de  rendement  des  appareils  moteurs 
de  la  flotte  et  contribueront  par  suite  au  développement  de  nos  forces  na- 
vales. 

La  Commission  du  prix  extraordinaire  de  six  mdle  francs  lui  décerne  à 
l'unanimité  un  prix. 

Rapport  sur  les  travaux  de  MM.  Charbonnier  el  Galy-Aché; 

par  M.  Sahrau. 

Dans  un  Mémoire  sur  la  mesure  des  pressions  de  la  poudre  au  moyen  de 
cylindres  crushers,  MM.  Charbonnier  et  Galy-Aché,  capitaines  d'Artillerie 
de  la  Marine,  viennent  de  faire  une  nouvelle  étude  des  conditions  dans 
lesquelles  le  manomètre  à  écrasement,  dit  crusher,  peut  ilonner  l'éva- 
luation exacte  des  pressions  développées  par  les  gaz  de  la  poudre  dans  les 
armes.  Les  études  étendues  dont  cet  appareil  a  été  l'objet,  dans  les  Ser- 
vices de  la  Guerre  et  de  la  Marine,  depuis  les  premières  recherches  qui 
ont  conduit  la  Marine  à  l'adoption  de  l'artillerie  modèle  1870,  ont  fait  con- 
naître les  conditions  qui  assurent  s,o\-\  fonctionnement  statique,  c'est-à-dire 
rendent  ses  indications  sensiblement  exemptes  de  l'effet  des  forces  d  iner- 
tie. Ces  conditions  sont  aujourd'hui  réalisées,  soit  dans  le  développement 


(  '"^^!»  ) 
normal  fies  j3ressioiis  explosi^■es,  soil  dans  les  opérations  du  tarage;  mais 
la  durée  de  l'écrasemetit  étant,  dans  le  premier  cas,  beaucoup  plus  petite 
que  dans  le  second,  la  question  s'est  présentée  de  savoir  s'il  n'en  résulte 
pas,  dans  la  loi  de  résistance  à  l'écrasement,  une  modification  telle  que 
récrasement  correspondant  à  un  même  efl'ort  ne  soit  pas  le  même  dans 
les  deux  cas,  ce  qui  impliquerait  erreur  dans  l'évaluation  des  pressions 
explosives. 

Cette  question  a  été  envisagée  par  M.  Vieille  qui  a  trouvé  expérimenta- 
lement que  l'influence  de  la  durée  de  Ipcrasement  peut  être  considérée 
comme  négligeable,  quand  il  s'agit  de  comparer  entre  elles  les  pressions 
explosives  développées  dans  des  temps  dilïérents,  d'après  les  indications 
correspondantes  des  crushers;  mais  quand  il  s'agit  de  la  mesure  absolue 
de  ces  pressions,  il  devient  nécessaire  desavoir  quelle  peut  être  l'influence 
de  la  différence  très  considérable  de  durée  qui  se  produit  en  jiassant  du 
|)hénomène  explosif  au  tarage. 

A  la  suite  d'ex|)ériences  faites  avec  la  balance  de  Jœssel,  M.  G.  Cliarpy 
a  trouvé  que  celte  influence  était  appréciable  et  que,  pour  évaluer  la  pres- 
sion explosive,  la  pression  de  la  table  correspondant  au  même  écrasement 
devait  être  augmentée  d'une  quantité  dont  l'auteur  n'a  pu  qu'indiquer 
l'ordre  de  grandeur  et  qu'il  y  aurait  à  déterminer  par  de  nouvelles  expé- 
riences. 

C'est  cette  détermination  que  MM.  Charbonnier  et  Galy-Aché  ont  en- 
treprise, au  laboratoire  central  de  la  Marine,  en  substituant  à  la  balance 
de  Jœssel  le  manomètre  à  piston  bbre  de  M.  Vieille  pour  la  détermi- 
nation des  résistances  luiiites. 

Procédant  d'abord  suivant  une  méthode  dont  le  principe  avait  été  déjà 
utilisé  par  M.  Vieille  et  par  la  Commission  deGâvre,  ils  ont  constaté  que 
la  résistance  finale  d'un  cylindre  crusher  écrasé,  dans  l'opération  du  ta- 
rage, entre  les  enclumes  du  manomètre  à  piston  libre  est  moindre  que  celle 
d'un  autre  crusher  écrasé  de  la  même  quantité  par  l'action  des  gaz  de  la 
poudre  ;  c'est-à-dire  que,  si  l'on  désigne  |)ar  P  la  force  qui  a  |)roduit  l'écra- 
sement du  premier  crusher,  il  est  nécessaire  d'appliquer  au  second,  pour 
y  déterminer  une  nouvelle  déformation  permanente,  une  force  P  +  AI^, 
l'excès  AP  atteignant  8  à  lo  |)our  loo  de  la  valeur  de  1*.  Les  auteurs  en 
concluent  que  cet  excès  représenterait  la  correction  à  appliquer  au  nombre 
de  la  Table  de  tarage  pour  évaluer  la  pression  maximum  si,  dans  l'écra- 
sement rapide,  la  température  du  cylindre  était  la  même  que  dans  l'écra- 
sement lent;  en  fait,  elle  est  notablement  plus  élevée  et,  comme  la  résis- 


(  1070  ) 

lance  du  métal  diminue  quand  la  tem|jéiMlure  augmente,  une  seconde 
correction  est  nécessaire;  les  auteurs  l'évaluent  dans  la  suite  de  leur 
Tra  va  i  1 . 

Pour  compléter  leur  élude,  les  aulcnrs  ont  considéré  les  écrasements 
produits  par  des  poids  tombant  sur  les  cylindres  crushers  en  enregistrant 
le  mouvement  de  ce  poids,  de  manière  à  avoir  l'écrasement  variable  en 
fonction  du  temps  pendant  la  durée  totale  du  phénomène,  laquelle  était, 
dans  les  conditions  de  leurs  expériences,  du  même  ordre  de  grandeur  que 
les  durées  des  écrasements  que  la  pression  des  gaz  réalise  dans  les  canons. 

Ils  ont  ensuite  cherché,  à  la  température  ordinaire  et  avec  le  mano- 
mètre à  piston  libre,  les  résistances  finales  des  crushers  ainsi  écrasés,  de 
manière  à  constrtnre  une  courbe  ayant  les  écrasements  comme  abscisses 
et  les  résistances  comme  ordonnées  (courbe  A). 

De  plus,  ayant  préalablement  déterininé  par  des  mesures  calorimé- 
triques la  température  développée  dans  les  cylindres  pendant  leur  écrase- 
ment par  les  poids  et  ayant,  d'autre  part,  cherché  avec  le  manomètre  la 
résistance  de  cylindres  portés  directement  à  la  même  température,  ils  ont 
construit  une  seconde  courbe  dont  les  ordonnées,  égales  à  celles  de  la 
courbe  A  diminuées  des  ~  environ  de  leurs  valeurs,  représentent  les  ré- 
sistances finales  des  crushers  à  la  température  des  écrasements  dus  aux 
pressions  exjilosives  (courbe  B). 

Enfin,  une  troisième  courbe  (courbe  C)  se  déduit,  par  simple  différen- 
tiation,  de  la  relation  expérimentale  qui  existe  entre  les  écrasements 
finaux  et  le  travail  total  correspondant  de  la  résistance  à  l'écrasement 
c|ue  mesure,  dans  chaque  expérience,  le  produit  da  poids  par  la  hauteur 
de  chute. 

C'est  en  utilisant  ces  données  d'expérience  et  en  leur  attribuant  une 
interprétation  confirmée  par  la  discussion  des  tracés  que  les  auteurs 
arrivent  à  cette  conclusion  que  la  Table  représentée  par  la  courbe  B,  dont 
les  nombres  sont  de  6  pour  100  environ  au-dessous  des  nombres  corres- 
jjondanls  de  la  Table  réglementaire,  donne  la  jn'ession  maximum  et  que 
la  combinaison  des  courbes  B  et  C  permet  de  déterminer  la  loi  de  la  varia- 
tion des  pressions  en  fonction  du  temps. 

Ces  conclusions  ont  été  soiunises,  en  outre,  à  une  vérification  expéri- 
mentale directe  consistant  à  employer  simultanément  dans  le  canon  deux 
crushers  enregistreurs,  l'uu  en  cuivre,  l'autre  en  argent. 

Le  Mémoire  se  ternune  par  les  Tables  nécessaires  à  l'emploi  pratique 
des  crushers. 


(  i<>7'  ) 
Ce  travail,  conduit  avec  beaucoup  de  soins  et  de  méthode,  a  exigé  la 
réalisation  d'un  nombre  considérable  d'expériences  à  l'occasion  desquelles 
les  auteurs  ont  introduit  de  notables  perfectionnements  dans  les  appareils 
de  mesure  en  usage;  la  fabrication  des  cylindres  a  été  améliorée  pour 
éviter  des  défauts  d'homogénéité  qui  ont  pu,  dans  d'autres  expériences, 
masquer  l'allure  réelle- des  phénomènes;  il  constitue  une  contribution  im- 
portante aux  recherches  persévérantes  qui  ont  été  faites,  dans  ces  der- 
nières années,  pour  accroître  la  précision  des  expériences  de  balistique 
intérieure,  et  la  Commission,  en  a|)préciant  le  grand  mérite,  propose  à 
l'Académie  de  décerner  à  MM.  Ciiakbo.v.mer  et  Galy-Aché  un  prix  sur 
les  fonds  mis  à  sa  disposition  par  le  Ministère  de  la  Marine. 

Rapport  sur  les  travaux  du  capitaine  (le  frégate  ^.  Perrin;  par  M.  Guyou. 

M.  Edouard  Pekuin,  actuellement  capitaine  de  frégate,  commandant  du 
Galilée,  est  sorti  de  l'Ecole  Navale  en  1871.  Depuis  cette  époque,  il  a  con- 
sacré à  l'étude  des  diverses  branches  des  Sciences  nautiques  tous  les  loisirs 
que  lui  laissaient  ses  devoirs  professionnels,  et  publié  une  série  de  Mémoires 
qui  ont  attiré  l'attention  du  public  maritime,  non  seulement  en  France, 
mais  encore  à  l'étranger. 

Les  Mémoires  de  M.  E.  Perrin,  qui  ont,  le  plus  souvent,  pour  objet  l'ex- 
position de  méthodes  nouvelles  poui-  résoudre  d'importants  problèmes  de 
navigation,  se  distinguent  par  deux  qualités  essentielles  :  leur  précision 
scientifique  et  le  soin  avec  lequel  sont  traités  les  détails  pratiques  d'appli- 
cation. Sur  ce  dernier  point,  les  conseils  de  l'auteur  sont  d'autant  plus  pré- 
cieux qu'il  est  lui-même  très  habile  praticien,  et  qu'il  n'a  jamais  négligé, 
avant  de  conseiller  une  méthode, 'd'en  faire  personnellement  de  nombreuses 
applications  pour  s'assurer  de  sa  valeur  pratique. 

Son  premier  Oiivr;ige  date  île  187G.  A  cette  époque,  le  ca[)itaine  de  fré- 
gate Marcq  de  Suint-IIilaire  venait  de  publier,  dans  la  Revue  maritime,  les 
lumineux  Mémoires  dans  lesquels  ont  été  exposés  pour  la  première  fois 
les  vrais  |)rincipes  des  nouvelles  méthodes  de  navigation.  Pour  l'application 
de  ces  méthodes,  il  devenait  nécessaire  de  déterminer  l'azimut  de  chaque 
astre  observé,  et  les  marins,  qui  jusqu'alors  n'utilisaient  cet  élément  que 
pour  contrôler  le  compas,  n'avaient  à  leur  disposition  que  des  Tables 
dressées  spécialement  pour  le  Soleil,  et  applicables,  par  suite,  seulement 
aux  astres  voisins  de  l'équateur.  M.  Perrin  fit  voir  que,  par  une  transfor- 
mation très  simple,  la  formule  qui  relie  l'angle  au  pôle  et  l'azimut  à  la  de- 


(  i"72  ) 
clinaison  et  à  In  latitude  pouvait  être  réduite  à  trois  termes  faciles  à  mettre 
en  Tables,  et  que  les  Tables  ainsi  dressées  facilitaient  non  seulement  la 
recherche  de  l'azimut,  mais  encore  celle  de  divers  éléments  fréquemment 
utiles  à  la  mer.  IjCS  Tables  de  M.  Perrin  comblèrent  d'une  façon  si  heureuse 
la  lacune  qui  existait  dans  les  recueils  de  Navigation  qu'elles  furent  bientôt 
adoptées  à  l'École  Navale  où  elles  sont  encore  réglementaires,  et  repro- 
duites dans  divers  recueils  étrangers. 

Dans  les  années  suivantes,  de  1877  à  1881,  3.Î.  Perrin,  en  collaboration 
avec  son  collègue  M.  Beuf,  entreprend  l'élude  théorique  et  ex|,érimentale 
des  problèmes  des  distances  lunaires  et  des  occultations  d'étoiles  au  point 
de  vue  spécial  de  leurs  applications  à  la  mer.  A  cette  époque,  l'opinion 
générale,  basée  sur  i]es  considérations  théoriques  erronées  qui  ont  été 
rectifiées  depuis,  était  que  les  petites  distances  devaient  être  écartées  de 
la  pratique  à  cause  de  l'importance  des  erreurs  qu'elles  pouvaient  occa- 
sionner. Cependant  le  contre-amiral  Mottez,  très  habile  observateur,  avait 
déjà  constaté,  à  la  mer,  que  les  meilleurs  résultats  lui  étaient  donnés  en 
général  par  les  plus  petites  des  distances  que  fournissait  alors  la  Connais- 
sance des  Temps.  MM.  Perrin  et  Beuf  firent  en  1877  et  1878  de  nombreuses 
observations  pour  élucider  cet  important  sujet,  et  constatèrent  que  non 
seulement  l'avantage  signalé  par  l'amiral  Mottez  était  bien  réel  mais  encore 
qu'il  s'étendait  jusqu'aux  très  petites  distances.  Ce  résultat  était  d'autant 
plus  intéressant  que  l'observation  de  ces  distances  offre  dos  facilités  excej)- 
tionnelles.  C'est  à  la  suite  d'un  Rapport  dans  lequel  ces  deux  officiers 
exposèrent  le  résultat  de  leurs  travaux  que  le  Bureau  des  Longitudes 
décida  l'insertion  des  petites  distances  dans  la  Connaissance  des  Temps. 
Depuis  1880  ce  Recueil  donne  les  distances  lunaires  jusqu'aux  limites  de 
petitesse  au-dessous  desquelles  l'interpolation  deviendrait  impraticable. 
Comme  complément  indispensable  de  leur  travail  MAI.  Perrin  et  Beuf 
donnèrent  une  formule  de  réduction  nouvelle  pour  remplacer  les  formules 
usuelles  dont  l'approximalion  devenait  insuffisante  poiu-  les  très  petites 
distances  (^Comptes  rendus,  t.  LXXXVI,  p.  708;  1878). 

Les  résultats  des  recherches  de  ces  officiers  sur  lesoccidtations  d'étoiles 
ont  été  publiés  dans  la  l{evue  maritime  eu  1882;  cette  publication  a  valu  à 
ses  auteurs  une  mention  honorable  du  Ministère  de  la  Marine. 

Dans  un  travail  publié  en  1884  par  la  Revue  maritime ,  M.  Perrin  appelle 
l'attention  sur  les  services  que  peut  reniire,  dans  certaines  circonstances, 
la  méthode  des  hauteurs  correspondantes  du  Soleil  [)our  déterminer  le 
pointa  la  mer.  [|  (ait  remarquer  que  les  diverses  raisons  qui  ont  fait  écarter 


(  I073  ) 
cette  méthode  par  les  praticiens  disparaissent  lorsque  le  Soleil  culmine 
dans  le  voisinage  du  zénith,  circonstance  (|ui  se  présente  assez  fréquem- 
ment d'ans  les  navigations  intertropicales.  Alors,  en  effet,  dans  un  intervalle 
qui  peut  ne  pas  dépasser  quelques  miinites,  et  qui  n'atteint  |)as  une  heure 
même  lorsque  la  distance  zénithale  méridienne  est  de  20°  à  25°,  le  marin 
peut  recueillir  les  éléments  nécessaires  à  la  détermination  du  point  et  ob- 
tenir ce  résultat  par  un  calcul  très  rapide.  M.  Perrin  donne,  dans  son 
Mémoire,  des  formules  nouvelles  et  une  Table  très  simple,  spécialement 
applicables  au  cas  des  petits  intervalles.  Pour  étendre  sa  méthode  aux  cas 
où  l'intervalle  dépasse  une  heure  et,  par  suite,  au  réglage  des  chronomètres 
par  des  observations  à  terre,  il  suffit  de  tenir  compte  d'un  terme  correctif 
donné  par  l'auteur  dans  une  petite  Table  supplémentaire. 

En  i885,  M.  Perrin,  chargé  des  montres  à  bord  du  La  Galissonnière,  mit 
à  profit  sa  campagne  dans  les  mers  de  Chine  pour  vérifier  l'exactitude  de 
nos  Tables  de  dépression  apparente  de  l'horizon  de  la  mer.  Ces  Tables  ont  été 
calculées  avec  la  valeur  o,  08  du  coefficient  de  réfraction  géodésique,  valeur 
qui  a  été  déduite  exclusivement  d'observations  faites  à  terre.  Déjà  l'ingé- 
nieur hydrographe  de  Tessan,  pendant  la  campagne  de  circumnavigation 
de  la  Vénus  (i836  à  iSSg),  avait  constaté  par  de  nombreuses  mesures 
directes  de  dépression  que  la  valeur  0,08  était  trop  forte.  M.  Perrin  fit 
soixante-deux  mesures  nouvelles  très  précises  avec  un  cercle  répétiteur  de 
Borda,  muni  à  cet  effet  d'un  miroir  spécial  imaginé  par  l'ingénieur  hydro- 
graphe Daussy.  Il  résulte  de  ces  observations  que  la  valeur  du  coefficient 
de  réfraction  géodésique  pour  la  mer  devrait  être  réduite  à  o,o5.  Ce  ré- 
sultat concorde  avec  celui  qu'avait  indiqué  M.  de  Tessan.  Les  observations 
de  M.  Perrin  ont  été  insérées  aux  Comptes  rendus  (t.  Cil,  p.  495  et  597). 

A  son  débarquement  du  La  Galissonnière,  M.  Perrin  est  détaché  à  l'ob- 
servatoire de  Montsoutis.  Ayant  eu  l'occasion,  au  cours  de  ses  nouvelles 
études,  de  s'occuper  de  la  méthode  de  détermination  du  temps  local  et  de 
la  latitude  par  plusieurs  hauteurs  égales  d'étoiles,  et  frappé  de  la  préci- 
sion surprenante  obtenue  avec  des  instruments  imparfaits  par  Gauss 
d'abord,  puis  par  d'autres  observateurs,  il  en  entreprend  l'étude  au  point 
de  vue  des  services  qu'elle  pourrait  rendre  à  l'Hydrographie.  Il  en  fait  lui- 
même  l'application  à  la  détermination  de  la  latitude  de  Montsouris.  Avec 
son  sextant,  muni  pour  la  circonstance  d'un  oculaire  grossissant  douze  à 
treize  fois  et  monté  sur  un  pied  articulé  construit  sur  ses  indications,  il 
observe  quatre  séries  de  quatre  ou  cinq  étoiles,  et  obtient  quatre  valeurs 
de  la  latitude  dont  le  plus  grand  écart  ne  dépasse  pas  deux  secondes  et 

G.  R. .  1899,  2-  Semestre.  (T.  CX.XI.\,  N"  25.)  I  42 


(  I074  ) 
dont  la  valeur  moyenne  diffère  de  Utte  seconde  seulement  de  la  valeur 
donnée  parla  Connaissance  des  Temps.  Les  résultats  des  études  de  M.  Perrin 
sur  ce  sujet  sont  exposés  dans  un  Mémoire  que  le  Bureau  des  Longitudes  a 
jugé  cligne  d'être  inséré  dans  ses  Annales  (1888).  L'auteur  ne  s'est  pas 
borné  à  y  exposer  la  méthode  de  Gauss  et  les  perfectionnements  qui  lui  ont 
été  apportés  depuis  par  divers  astronomes;  au  point  de  vue  théorique,  il 
dortne  notamment  du  problème  une  interprétation  géométrique  dont  il 
déduit  ensuite  une  solution  graphique  élégante  et  simple  ;  au  point  de  vue 
pratique,  il  indique  les  précautions  minutieuses  à  prendre  pour  obtenir 
toute  la  précision  dont  la  méthode  est  susceptible,  précautions  dont  la  plu- 
part lui  sont  suggérées  par  ses  connaissances  scientifiques  et  par  sa  grande 
expérience  personnelle  des  observations  exactes. 

M.  Perrin  n'a  pas  borné  ses  études  aux  sujets  d'Astronomie  nautique. 
Les  marins  lui  doivent  encore  une  solution  graphique,  d'une  simplicité 
remarquable,  d'un  problème  relatif  à  la  compensation  des  compas  :  la 
séparation  des  influences  respectives  du  magnétisme  permanent  de  la  coque 
et  du  magnétisme  induit  par  la  composante  verticale  de  la  Terre  sur  la 
partie  semi-circulaire  de  la  déviation  des  compas.  Pour  résoudre  ce  pro- 
blème, il  fallait  autrefois  attendre  que  l'on  ait  pu  recueillir  les  données 
nécessaires^  dans  un  nombre  suffisant  de  relâches,  convenablement  répar- 
ties en  latitude  magnétique,  et  résoudre,  par  la  méthode  des  moindres 
carrés,  un  système  d'équations  de  condition.  Par  la  méthode  de  M.  Perrin 
le  problème  est  ramené  à  la  détermination  d'une  droite,  dont  chaque 
relâche  fournit  un  point  par  un  calcul  facile. 

Enfin,  avant  de  terminer,  nous  mentionnerons  encore  les  services  rendus 
à  la  Science  par  M.  Perrin,  dans  l'observation  du  dernier  passage  de  Vénus, 
en  1882,  comme  directeur  de  la  mission  Argentine  à  Bragado.  La  Com- 
mission n'a,  il  est  vrai,  à  apprécier  ici  que  les  services  rendus  à  la  Naviga- 
tion, mais  il  lui  est  permis  de  signaler  à  l'Académie  ces  services  spéciaux 
comme  une  i)reuve  nouvelle  du  mérite  de  l'officier  qu'elle  propose  de 
récompenser. 

L'exposé  qui  précède,  où  nous  nous  sommes  bornés  à  citer  les  principaux 
travaux  de  M.  Perrin,  montre  combien  a  été  féconde  l'intervention  de  ce 
savant  officier  dans  l'étude  des  questions  scientifiques  intéressant  la  Navi- 
gation. Son  mérite  dans  l'accomplissement  de  cette  tâche  a  été  d'au- 
tant plus  grand  qu'il  n'a  négligé  pour  elle  aucun  de  ses  devoirs  profes- 
sionnels. Il  s'est  au  contraire  acquitté  de  ces  derniers  de  manière  à 
obtenir  un  des  plus  brillants  avancements  de  la  Marine. 


(  I07T  ) 

I.a  Commission  propose  donc  à  l'Académie  d'attribuer  à  M.  E.  Perris, 
pour  l'ensemble  de  ses  travaux  scientifiques  relatifs  à  la  Navigation,  un 
prix  sur  les  fonds  alloués  par  le  Département  de  la  Marine. 


PRIX  MONTYON. 

(Commissaires  :  ]\1M.  Boussinesq,  Léauté,  Sarrau,  général  Sebert; 
Maurice  Lévy,  rapporteur.) 

T>a  Commission,  à  l'unnnimité,  décerne  le  prix  à  M.  Partiot,  inspecteur 
génér,Tl  des  Ponts  et  Chaussées  en  retn^ite,  pour  les  nombreuses  observa- 
tions qu'il  a  faites  sur  le  régime  des  fleuves  maritimes,  dans  les  quarante 
deri^ières  années,  et  qui  ont  ét6,  en  majeure  partie,  publiées  soit  aux 
Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  soit  dans  les  Comptes  rendus  de  l' Académie 
des  Sciences.  L'une  de  ses  études  sur  les  rivières  à  marées  et  sur  les 
estuaires  a  déjà  été  honorée  du  prix  Telfcrd,  par  l'Institution  des  ingénieurs 
civils  de  Londres.  Une  autre,  sur  les  sables  de  la  Loire,  a  reçu  une  men- 
tion honorable  aux  Annales  des  Ponts  et  Chaussées. 

Quelque  opinion  que  l'on  ait  sur  le  problème  très  difficile  et  très  contro- 
versé de  la  correction  des  rivières  à  marées  ou  de  leurs  estuaires,  les  con- 
sciencieuses observations  faites  par  M.  Partiot,  pendant  sa  longue  car- 
rière, soit  sur  les  courbes  des  marées,  soit  sur  le  mouvement  des  sables, 
foin-niront  aux  ingénieurs  qui  ont  à  s'en  occuper  des  données  très  utiles. 
C'est  pourquoi  la  Commission  a  voulu  récompenser  l'ensemble  de  son 
œuvre. 

PRIX  PLUMEY. 

(Commissaires  :  MM.  Guyou,  Sarrau,  Deprez,  Léauté; 
de  Bussy,  rapporteur.) 

M.  BoxjouR,  Ingénieur,  à  qui  l'ingéniosité  de  ses  inventions  a  fait  depuis 
longtemps  déjà  une  situation  des  plus  distinguées  parmi  les  mécaniciens, 
est  l'auteur  d'un  certain  nombre  de  dispositifs  ayant  pour  objet  d'aug- 
menter l'effet  utile  des  machines  à  va|)8ur  ou  de  simplifier  leur  construc- 
tion. Nous  citerons  spécialement  : 

1°  Le  déclenchement  hydraulique  substitué  au  déclic  des  machines 
Corliss; 


(  1076  ) 

2°  Une  transmission  supprimant  les  excentriques  multiples,  les  cou- 
lisses, les  bielles  et  autres  organes  mécaniques  ordinairement  employés 
pour  conduire  les  tiroirs. 

Le  déclenchement  hydraulique,  dont  j'emprunte  la  description  à  un 
Rapport  fait  par  M.  Hirch  i\  la  Société  d'Encouragement,  a  pour  organe 
principal  une  bielle  en  deux  parties  formant  la  transmission  entre  l'excen- 
trique et  le  distributeur;  les  deux  parties  de  la  bielle  se  terminent  :  l'une, 
par  un  fourreau;  l'autre,  par  un  piston  entrant  tians  ce  fourreau.  L'inter- 
valle entre  le  piston  et  le  fond  du  fourreau  est  plein  d'un  liquide,  lequel 
résiste  par  son  incompressibilité  à  la  poussée  produite  par  l'excentrique 
et  détermine  ainsi  l'ouverture  du  distributeur;  mais,  à  un  point  donné  du 
parcours,  un  robinet  s'ouvre  danslefond  du  fourreau,  le  liquide  s'échappe, 
la  force  de  rappel  agit  seule  et  ramène  le  distributeur  à  la  position  de  fer- 
meture. Des  combinaisons  cinématiques  très  élégantes  mettent  le  robinet 
sous  la  dépendance  du  régulateur,  ce  qui  fait  varier  la  détente  à  la  demande 
du  travail  imposé  au  moteur. 

Le  déclenchement  hydraulique  supprime  les  chocs  si  fâcheux  qui  se 
produisent  forcément  dans  les  commandes  des  distributeurs  avec  déclic, 
et  permet,  par  suite,  d'aborder,  dans  le  fonctionnement  des  machines,  des 
allures  beauceup  plus  vives.  Il  est  employé  avec  succès  sur  un  grand 
nombre  de  puissantes  machines  dans  les  diverses  parties  de  l'Europe. 

La  solution  très  simple,  imaginée  par  M.  Bonjour  à  l'aide  de  sa  trans- 
mission hydraulique,  du  problème  de  la  conduite  des  tiroirs,  intéresse 
particulièrement  les  grands  appareils  moteurs  employés  pour  la  navigation. 
Chacune  des  machines  actionnant  les  propulseurs  sur  un  grand  navire 
comprend,  pour  la  distribution  de  la  vapeur  dans  les  quatre  cylindres, 
huit  chariots  d'excentrique,  huit  colliers  d'excentrique,  huit  barres  d'excen- 
trique, quatre  coulisses  avec  leurs  bielles  de  suspension,  des  arbres  de 
relevage  avec  leurs  appareils  de  manœuvre  à  bras  et  à  vapeur. 

Dans  le  système  imaginé  par  M.  Bonjour,  tout  cela  est  remplacé  par  un 
excentrique  unique  actionnant  de  petites  pompes  foulantes  dites  ge'nera- 
irices,  en  nombre  égal  à  celui  des  cylindres,  lesquelles  mettent  en  mou- 
vement un  liquide  qui  se  rend  par  un  tuyau  sous  un  piston  monté  sur  la 
lige  du  tiroir  dont  les  mouvements  suivent  exactement  ceux  du  piston 
énératcur.  Des  dispositions  simples  et  très  efficaces,  inventées  par 
M.  Bonjoiu',  annulent  les  effets  perturbateurs  auxquels  pourraient  doruier 
lieu  les  fuites  et  les  dilatations  de  l'organisme.  Le  changement  de  marche 
et  la  variation  de  la  détente  s'obtiennent  eu  modifiant  le  calage  de  l'excen- 


& 


(  I077  ) 
trique  sur  l'arbre.  La  transmission  hydraulique  de  M.  Bonjour  a  été  expé- 
rimentée par  la  Marine  nationale  sur  YOndine.  Des  essais  prolongés  faits 
sur  ce  navire  ont  été  suivis  par  une  Commission  dont  le  Rapport  a  été  très 
favorable. 

A  la  suite  de  ce  Rapport,  le  Creusot  n'a  pas  craint  d'adopter  le  système 
de  M.  Bonjour  pour  la  conduite  des  tiroirs  de  l'un  des  appareils  moteurs 
du  croiseur  à  deux  hélices  Vlnfernel,  de  8000  chevaux,  et  le  Ministre  de  la 
Marine  en  a  autorisé  l'application  à  l'une  des  machines  du  croiseur  le 
Dupedt-Thouars,  de  17600  chevaux,  et  à  une  machine  de  torpilleur. 

En  raison  des  faits  exposés  ci-dessus,  la  Commission  estime  que  les 
travaux  de  M.  Boxjour  apportent  des  perfectionnements  sérieux  aux  ma- 
chines à  vapeuret  notamment  à  celles  employées  pour  la  navigation,  et  lui 
décerne,  à  l'unanimité,  le  prix  Pliimev  pour  la  présente  année. 


PRIX    FOURNEYRON. 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Lévy,  Boussinesq,  Sarrau,  Sebert  ; 
Léaulé,  rapporteur.) 

Le  sujet  du  prix  était  le  suivant  : 

Perfectionner  en  quelque  point  la  théorie  des  trompes.  Confirmer  les  résultats 
obtenus  par  l'expérience. 

La  Commission  a  eu  à  examiner  deux  Mémoires  qui  lui  ont  été  soumis; 
l'un  portant  la  devise  : 

Miini/ns  iiiimquani  est.  nascitiir  sejnper  et  moritiir 

lui  a  paru  très  digne  d'intérêt. 

Ce  Mémoire  qui  est  clair  et  conscieusement  rédigé  comprend  une  partie 
théorique  et  une  partie  expérimentale;  il  répond  donc  bien  au  programme 
du  prix. 

La  théorie  admet  comme  hypothèse  fondamentale  que  les  densités  du 
fluide  moteur  et  du  fluide  entraîné  ne  varient  pas  pendant  le  passage  à 
travers  le  mélangeur  et  le  diffuseur,  c'est-à-dire  que  le  mélange  des  deux 
fluides  s'établit  sans  contraction  de  volume. 

Cette  hypothèse,  qui  peut  être  approchée  dans  certains  cas,  n'est  admis- 
sible qu'à  titre  de  première  approximation;  le  choc  de  deux  veines  fluides 


(  '078  ) 

animées  de  vitesses  diflPérentes  doit  aqiener  une  variation  de  pression  qui 
se  répercute  dans  toute  la  masse. 

Cependant  il  faut  reconnaître  que,  en  opérant  comme  il  l'a  fail,  l'autenr 
est  conduit  par  ses  formules  à  des  résultats  qui  concordent  bien  avec  l'ex- 
périence dans  le  cas  de  ce  qu'il  appelle  \e  fonctionnement  normal. 

Quelle  que  soit  d'ailleurs  la  valeur  qu'il  faille  attribuer  à  cette  partie 
théorique,  en  raison  des  simplifications  faites,  simplifications  qui  sont  tou- 
jours mises  en  lumière,  c'est  la  deuxième  partie  du  travail  où  se  trouvent 
les  recherches  expérimentales  qui  présente  le  plus  d'intérêt;  elle  constitue 
ime  addition  utile  aux  expériences  déjà  connues  sur  le  même  sujet. 

L'auteur  étudie  spécialement  les  trompes  à  air;  ses  essais  portent  sur 
onze  trompes  et  pour  quatre  d'entre  elles  il  arrive  à  obtenir  un  rendement 
très  satisfaisani ,  notablement  supérieur  même  à  celui  qu'on  obtient  d'ordi- 
naire. 

A  ce  titre,  ses  expériences  mériteraient  déjà  de  fixer  l'attention,  mais 
elles  conduisent  encore  à  des  remarques  intéressantes  parmi  lesquelles 
nous  signalerons  l'opportunité  d'employer  plusieurs  tuyères  concentriques 
lorsque  le  rapport  des  débits  dans  la  veine  motrice  et  dans  la  veine  en- 
traînée dépasse  l'unité. 

En  résumé,  le  Mémoire  soumis  à  notre  examen  contient  une  partie 
théorique  qui,  sans  prétendre  à  la  rigueur,  est  conduite  avec  clarté  et 
.méthode;  il  renferme  ensuite,  dans  sa  partie  pratique,  des  expériences 
consciencieuses,  bien  faites,  conduisant  à  des  résultats  intéressants  dont 
quelques-uns  constituent  des  progrès. 

La  Commission  n'hésite  pas,  dans  ces  conditions,  à  décerner  à  ce  Mémoire 
le  prix  Fourneyron. 

Le  pli  cacheté  portant  comme  devise  :  Mundus  nunquam  est,  nascitur 
semper  et  moritur,  a  été  ouvert  en  comité  secret  à  la  séance  du  lundi  20  no- 
vembre; il  contenait  le  nom  de  M.  Auguste  Râteau,  ingénieur  au  Corps 
des  Mines,  qui  a  été  proclamé  lauréat  du  prix  Fourneyron. 


(    '079  ) 


ASTR0N03IIE. 


PRIX  LALANDE. 

(Commissaires  :  MM.  Paye,  Wolf,  Janssen,  Callandreau  ; 
I^œwy,  rapporteur.) 

M.  W.-R.  liRooKS  s'est  rendu  célèbre  par  une  série  ininterrompue  de 
découvertes  cométaires  très  importantes,  accomplies  d'abord  à  Phelps, 
de  i883  à  1888,  et,  depuis  cette  époque,  à  Geneva,  dans  l'État  de  New 
York. 

L'Astronomie  lui  est  aussi  redevable  de  iG  nouvelles  comètes  qui  nous 
ont  apporté  des  renseignements  précieux  et  variés  sur  cette  catégorie  de 
corps  célestes.  Cinq  de  ces  astres  décrivent  autour  du  Soleil  des  orbites 
elliptiques,  deux  d'une  période  très  courte  et  trois  dont  la  durée  de  révo- 
lution ne  dépasse  pas  mille  ans.  Plusieurs  autres  trajectoires  semblent  pos 
séder  un  caractère  légèrement  hyperbolique. 

Parmi  ces  conquêtes  qui  ont  enrichi  l'Astronomie,  il  convient  de  signaler 
de  façon  toute  spéciale  la  comète  Brooks  de  1889.  Cet  astre  nous  fournit 
un  exemple  fraj)pant  des  modifications  notables  que  peuvent  subir  les 
comètes  sous  l'influence  des  forces  attractives  des  masses  planétaires. 

En  effet,  la  comète  Brooks  parcourait  en  quarante-deux  ans  sa  trajec- 
toire autour  du  Soleil,  dans  des  conditions  normales,  jusque  vers  le  milieu 
de  l'année  188G;  mais,  à  partir  de  cette  époque,  où  elle  a  passé  si  près  de 
Jupiter  qu'elle  en  a  presque  frôlé  la  surface,  sa  constitution,  aussi  bien  que 
sa  marche,  ont  été  profondément  altérées.  A  cette  fiaible  distance,  sous 
l'action  considérable  de  l'énorme  planète,  l'astre  s'est  divisé  en  cinq  frag- 
ments et  la  durée  de  sa  révolution,  de  quarante-deux  ans  en  1886,  est 
descendue  à  sept  ans  en  1889.  Cet  essaim  cométaire  est  ainsi  devenu  le 
point  de  départ  de  très  intéressantes  études. 

Grâce  à  son  infitigable  exploration  du  Ciel,  M.  W.-R.  Brooks  a  réussi 
en  outre,  et  sans  le  secours  d'aucune  cphéméride,  à  retrouver  les  deux 
anciennes  comètes  périodiques  de  Pons  (1812)  et  d'Olbers  (i8i5). 

Afin  de  récompenser  les  efforts  si  persévérants  et  si  féconds  de  cet  astro- 
nome, votre  Commission  propose  de  lui  décerner  le  prix  Lalande. 


(   io8o  ) 


PRIX  VALZ. 

(Commissaires  :  MM.  Lœwy,  Fave,  Jaussen,  Wolf; 
Callandreau,  rapporteur.) 

La  Commission  propose  de  décerner  le  prix  Valz  à  M.  Nykêx,  astronome; 
à  l'observatoire  de  Poulkovo,  pour  l'ensemble  de  ses  travaux  dans  le  do- 
maine de  l'Asti'dnomie  si<lérale. 

On  sait  la  grande  place  que  l'Astronomie  sidérale  tient  aujourd'hui  dans 
les  préoccupations  des  astronomes.  M.  Nyrén,  depuis  une  trentaine  d'an- 
nées, a  pris  une  part  prépondérante  aux  admirables  séries  de  mesures  qui 
ont  mis  hors  de  pair  l'observatoire  de  Poulkovo  et  assuré  les  fondements 
de  l'Astronomie  de  précision. 


PHYSIQUE 


PRIX  LA  CAZE. 

(Commissaires  :  MM.  (]ornu,  Mascart,  Lippmann,  Becquerel,  Berthelot, 
Violle,  Cailletet,  .T.  Bertrand;  Potier,  rapporteur.) 

La  Commission,  à  l'unanimité,  décerne  le  prix  La  Caze  à  M.  Iîloxdlot, 
professeur  à  la  Faculté  de  Nancy,  Correspondant  de  l'Académie. 

M.  Blondlot  s'est  occupé  spécialement  d'Electricité.  Dès  ses  débuts,  ses 
TraA'aux  sur  la  non-existence  de  la  dilatation  galvanique,  et  sur  la  capacité 
de  polarisation,  ont  attiré  l'attention  des  physiciens,  tant  par  l'originalité 
des  méthodes  que  par  la  rigueur  des  raisonnements.  Depuis  cette  époque, 
soit  seul,  soit  en  collaboration  avec  le  savant  doyen  de  la  faculté  de  Nancy, 
ou  ayec  M.  Curie,  il  n'a  cessé  de  produire  :  la  simultanéité  des  phéno- 
mènes optiques  dus  au  magnétisme  ou  à  l'électricité  (rotation  du  plan  de 
polarisation,  phénomène  de  Rerr)  et  de  leur  cause;  les  différences  élec- 
triques au  contact  de  deux  liquides;  la  transmission  de  l'électricité  à  faible 
tension  par  l'intermédiaire  de  l'air  chaud,  l'influence  de  l'illumination  et 


(     T08l    ) 

de  rinsiit'flation  sur  la  décharge  des  corps  électriscs;  la  construclion  d'un 
électromètre  absolu  pour  hautes  tensions,  d'tin  wattmctre  et,  tout  récem- 
ment, d'un  compteur  fondé  sur  un  principe  entièrement  nouveau,  ont  été 
successivement  l'objet  de  ses  études. 

Nous  ne  pouvons  ici  qu'énumérer  ces  Mémoires,  sans  en  faire  ressortir 
l'importance;  obligés  de  faire  un  choix,  nous  donnerons  un  peu  plus  de 
détail  sur  d'autres  Travaux. 

La  détermination  de  la  vitesse  avec  laquelle  se  propage  dans  le  vide  une 
perturbation  électrique  est  aussi  importante  en  elle-même  que  la  mesure 
de  la  lumière. 

La  théorie  de  Maxwell  conduisait  bien  à  admettre  que  cette  vitesse 
n'était  autre  que  la  quantité  désignée  sous  le  nom  de  rapport  des  unités 
électromagnétique  et  électrostatique,  rapport  mesuré  par  de  nombreux  phy- 
siciens, et  la  coïncidence  entre  la  vitesse  ainsi  calculée  et  la  vitesse  de  la 
lumière  est  un  argument  puissant  en  faveur  de  l'assimilation  des  phéno- 
mènes lumineux  et  des  phénomènes  électromagnétiques,  ou  au  moins  de 
l'unité  du  milieu  dans  lequel  ils  se  propagent.  Il  n'en  était  que  plus  dési- 
rable d'avoir  une  mesure  directe  de  cette  vitesse,  et  non  une  évaluation 
basée  sur  des  idées  théoriques. 

En  dépit  de  sa  simj)licité  apparente,  la  question  était  difficile  et  n'avait 
pas  été  résolue,  malgré  les  efforts  de  savants  tels  que  Wheatstone  et  Fi- 
zeau.  La  difficulté  la  plus  importante  provient  de  l'emploi  obligatoire  des 
fils  métalliques,  indispensables  comme  les  lentilles  dans  les  expériences 
d'Optique,  pour  guider  les  perturbations  ou  ondes  électro-magnétiques,  et 
qui  apportent  un  trouble  considérable  dans  la  propagation  quand  la  per- 
turbation n'est  pas  très  brusque,  trouble  dont  l'importance  varie  avec  la 
nature  du  conducteur.  Par  un  heureux  dispositif  expérimental,  M.  Blondlot 
a  su  triompher  de  ces  obstacles  et  est  arrivé  à  montrer  l'égalité  des  deux 
vitesses. 

En  étudiant  la  propagation  des  ondes  électromagnétiques  dans  les 
milieux  pondérables,  M.  Blondlot  a  réussi  à  démontrer  expérimentalement 
les  lois  suivantes  :  la  longueur  d'onde  correspondant  à  un  résonateur 
donné  est  indépendante  du  milieu  ambiant,  et  la  vitesse  de  propagation  en 
raison  inverse  de  la  racine  carrée  du  pouvoir  inducteur  spécifique  de  ce 
milieu  ;  et  par  l'emploi  d'un  résonateur  de  forme  appropriée,  il  a  pu  cal- 
culer, avec  une  précision  bien  supérieure  à  celle  qu'avait  obtenue  l'illustre 
Hertz,  la  longueur  d'onde  correspondante,  longueur  qui  a  été  trouvée 
conforme  à  celle  prévue  dans  la  théorie. 

r.  R.,  1899,  2«  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  25.)  I  4^ 


(    io82  ) 

Enfin,  par  une  méthode  tout  à  fait  nouvelle,  et  indépendante  de  la 
théorie  à  laquelle  on  vient  de  faire  allusion,  M.  Blondiot  est  parvenu  à 
comparer  directement  les  pouvoirs  inducteurs  des  diélectriques  quand  ils 
sont  le  siège  d'oscillations  hertziennes,   c'est-à-dire   d'une   très   grande 

fréqtience. 

On  voit,  par  ce  bref  exposé,  combien  les  recherches  de  M.  Blo\olot 
ont  donné  de  précision  aux  notions  expérimentales  acquises  antérieure- 
ment et  combien  est  justifié  le  choix  de  la  Commission. 


STATISTIQUE 


PRIX  MOISTYON  (Statistique). 

(Commissaires  :  MM.  de  Jonquières,   Rouché,  Brouaidel,   J.    Bertrand, 
Laussedat;  Haton  de  la  Goupillière,  rapporteur.) 

L'Académie  a  reçu  cette  année  huit  Ouvrages  pour  le  concours  du  prix 
Montyon  de  Statistique. 

Quatre  d'entre  eux  ont  dû  être  écartés  purement  et  simplement  par 
votre  Commission,  comme  ne  rentrant  pas  dans  l'énoncé  des  conditions  du 
jn-ix.  nettement  formulées  par  son  fondateur.  Cette  décision  nécessaire  n'est 
en  aucune  façon  relative  à  la  valeur  intrinsèque,  très  inégale  d'ailleurs,  de 
ces  travaux  que  nous  ne  désignerons  pas  ici  nominativement,  suivant  l'usage 
établi  en  pareil  cas. 

Nous  pouvons  même  ajouter  que  l'un  d'eux  constitue  une  œuvre  de 
premier  ordre,  digne  à  nos  yeux,  après  un  scrupuleux  examen,  d'une 
haute  récompense  de  la  part  de  l'Académie,  qui  devra  seulement  être 
cherchée  dans  une  direction  différente. 

Les  quatre  Ouvrages  retenus  par  votre  Commission  ont  été  classés  par 
elle  de  la  manière  suivante  : 

Le  prix  Montyon  de  Statistique  de  1899  est  attribué,  par  moitié  pour 
chacune  d'elles,  aux  deux  œuvres  suivantes  : 

i"  Les  deux  Volumes  intitulés  :  La  France  charitable  et  Paris  charitable, 
présentés  par  I'Office  es  xtral  des  Œuvres  de  bienfaisance  ; 


(   ioH3  ) 

2"  Entiuête  sur  les  logemenls,  professions,  salaires  et  budgets;  par  MM.  les 
D'*  DuMEsxiL  et  Maxgenot. 


il 

11' 


M.  TtKQi'Ax  a  présenté  un  Album  démographique  de  la  France,  a\ec  un 
Mémoire  à  l'appui,  intitulé  :  Examen  analytique  de  l'accroissement  de  la 
population  française.  Cet  auteur  en  est  à  sa  quatrième  présentation,  pour 
le  concours  du  prix  Montyon  de  Statistique,  d'Ouvrages,  variés  de  forme, 
mais  relatifs  à  ce  même  sujet  de  la  population  française.  Il  a  déjà  obtenu, 
en  i885,  une  mention  très  honorable;  en  1886,  un  rappel  de  celte  men- 
tion; et,  en  1887,  le  prix  Montyon  de  Statistique  {Comptes  rendus,  t.  CV, 
p.  1327).  Votre  Commission  lui  décerne,  pour  la  présente  année,  le  rappel 
de  ce  prix,  en  raison  de  la  valeur  de  l'œuvre  nouvelle  présentée  par  lui, 
mais  sans  partage  des  sommes  précitées. 

M.  Henri  de  Beaumont  a  présenté  la  première  année  de  la  Revue  de  Sta- 
tistique. 

Pour  des  motifs  énoncés  plus  loin,  votre  Commission,  en  signalant 
aujourd'hui,  par  une  simple  mention,  ce  nouveau  périodique  à  son  début, 
en  a  remis  à  plusieurs  années  l'appréciation  définitive. 

Les  Rapports  suivants  sont  destinés  à  vous  présenter  en  détail  les  motifs 
qui  ont  déterminé  ces  choix. 

Rapport  de  M.  us  Josquièues  sur  les  deux  Ouvrages  intitulés  :  «  La  France 
charitable  »  et  »  Paris  charitable  »,  présentés  par  r«  Office    central  des 

OEUVKES  DE  BIE^'FAISA^•CE    ». 

L Office  central  des  Œuvres  de  bien/aisance,  reconnu  d'utilité  publique, 
siège  au  n"  17  j  du  boulevard  Saint-Germain,  a  pour  président  M.  le  mar- 
quis de  Vogiié,  Membre  de  l'Académie  française,  pour  vice-jjrésident 
M.  Georges  Picot,  Membre  de  l'Institul,  pour  Secrétaire  général  fonda- 
teur M.  Léon  Lefébure,  ancien  député,  et  se  composait,  en  outre,  au 
moment  de  sa  création,  de  trente-sept  membres,  jouissant  tous  d'une  haute 
notoriété;  M.  Jules  Simon  en  faisait  alors  partie.  Cette  Société  présente  à 
l'Académie  des  Sciences,  pour  concourir,  en  1899,  au  prix  de  Statistique 
fondé  par  M.  de  Montyon  deux  Volumes  (grand  in-8°),  l'un  de  plus 
de  1200  pages,  intitulé  :  La  France  charitable  et  prévoyante  ;  l'autre 
de  644  pages  :  Paris  charitable  et  prévoyant,  ayant  tous  deux  pour  objet 
Il  le  recensement  général  de  nos  œuvres  de  bienfaisance  ». 


(  1084  ) 

L'Office  central  des  Institutions  charitables,  créé  par  M.  LéonLefébiire, 
a  eu  pour  but,  non  de  se  substituer  à  ces  œuvres,  d'em|Méter  sur  leurs 
droits,  ou  d'aH'aiblir  en  quoi  que  ce  soit  leur  autonomie,  mais  au  contraire 
de  les  fortifier  par  une  entente  commune,  et  d'accroître  leur  puissance  en 
régularisant  leurs  efforts.  Ainsi  que  le  disait,  avec  une  éloquente  précision, 
M.  Paul  Descbanel  dans  un  discours  prononcé  le  7  juin  1895,  à  l'Assem- 
blée^ générale  de  l'Office  central  :  «  Les  œuvres  de  l'initiative  privée 
s'étaient  développées  un  peu  au  hasard,  sans  concert,  sans  méthode, 
restant  isolées,  souvent  ignorées  les  unes  des  autres  et,  chose  plus  grave, 
de  ceux-là  mêmes  qu'elles  se  proposaient  de  secourir.  De  là,  un  gaspillage 
de  forces,  de  ressources;  des  doubles  emplois  fréquents;  les  vrais  pauvres 
dépouillés  par  les  faux;  la  charité  dupée  par  l'imposture.    » 

Frappé  de  cette  dispersion  et  du  contraste  qui,  d'après  ses  recherches 
approfondies,  «  existait  entre  l'immensité  de  l'effort  tenté  par  la  charité  pu- 
blique et  privée  pour  secourir  la  misère  et  le  résultat  de  cet  effort  »,  M.  Léon 
Lefébure,  à  la  suite  d'un  discours-programme  prononcé  devant  la  Société 
d'Économie  sociale,  obtmt  la  fondation,  en  1890,  de  l'Office  central,  qui 
a  eu  pour  but  de  mettre  un  terme  à  cette  situation.  «  Cet  Office  sert  de 
lien  aux  institutions  charitables,  rappi-oche  les  bienfaiteurs  et  les  pauvres 
qui,  trop  souvent,  se  cherchaient  sans  se  rencontrer;  s'efforce  de  substituer 
de  plus  en  plus  à  l'aumône  aveugle  l'assistance  raisonnée  et  informée,  de 
procurer  aux  pauvres  valides  un  travail  temporaire,  d'ouvrir  aux  orphelins, 
aux  malades,  aux  vieillards,  aux  malheureux  de  toute  catégorie  l'accès  des 
œuvres  créées  pour  eux,  de  canaliser,  en  un  mot,  les  efforts  et  les  res- 
sources de  la  charité  privée  ». 

Pour  1  emplir  ce  vaste  programme,  il  était  nécessaire  que  l'Office  fût 
exactement  renseigné  lui-même  sur  toutes  les  institutions  charitables  de 
notre  pays.  Aucun  document  n'était  alors,  à  beaucoup  près,  assez  com- 
plet pour  remj)lir  ce  but.  «  A  l'heure  présente,  disait  M.  Lamy,  la  bien- 
faisance est  un  livre  immense  et  admirable,  où  chaque  œuvre  a  écrit  une 
page;  mais  il  manque  à  ce  livre  une  table  des  matières,  l'aule  de  celte 
table,  beaucoup  de  gens  ne  peuvent  y  trouver  le  passage  dont  ils  auraient 
besoin  et,  faute  de  temps,  ils  laissent  le  livre  fermé  ».  {Assemblée  générale 
de  1891-1892)  ('). 


(')  Celle  raétapliore,  enipiuntée  à  M.  Lain\-,  a  le  mérlle  d'une  éléganle  simpli- 
cilé;  mais  elle  est  insuffisanle.  liile  pourrait  laisser  croire  que  «  l'œuvre  de  l'Office 
cenlral  »  ii'esl  rien  de  plus  qu'une  lable  des  malières,  tandis  qu'en  réalité,  oulre  un 


(   io85  ) 

L'Office  central  a  donc  commencé  par  procéder  à  une  enquête  perma- 
nente et  impartiale  sur  les  œuvres  charitables  de  toute  nature  qui  existent 
eu  France.  Cette  laborieuse  enquête  répondait  à  un  besoin  professionnel 
de  l'Office  central,  et  tendait  du  même  coup  à  un  évident  profit  pour  le 
public.  Le  nombre  est  grand,  en  effet,  des  personnes  qui  veulent  secourir 
les  malheureux  et  ne  savent  comment  s'y  prendre.  «  Faute  d'êlre  guidées, 
certaines  velléités  charitables  s'évaporent;  d'autres  s'égarent.  »  C'était 
donc  leur  rendre  un  important  service  que  de  mettre  à  leur  disposition 
un  tableau  méthodique,  où  elles  pourraient  trouver  la  solution  convenant 
à  leur  cas  particulier. 

A  ce  premier  motif,  qui  conseillait  la  publicité  de  l'enquête,  s'en  joi- 
gnait un  autre  d'ordre  plus  général  encore  :  l'intérêt  qu'il  pouvait  y  avoir 
à  donner  à  la  France  le  sentiment  de  sa  générosité  et  de  ses  vertus  intimes, 
en  lui  révélant  le  bilan  de  sa  charité. 

«  Notre  littérature,  du  moins  celle  qui  est  la  plus  bruyante,  crie  sur 
les  toits  nos  défauts,  aime  à  étaler  nos  plaies,  et  donne,  comme  des  types, 
des  exceptions  peu  édifiantes;  nous  calomnie  et  pratique  à  nos  dépens 
l'hypocrisie,  non  de  la  vertu,  mais  du  vice.  Nous  valons  mieux  que  ce 
prétendu  portrait;  sous  des  ajjparences  qui  peuvent  tromper  un  observa- 
teur superficiel  ou  malveillant,  la  population  française,  envisagée  dans  son 
ensemble,  travaille,  peine,  épargne,  exerce  dans  l'ombre  les  vertus  de  ht 
jjrévoyance  et  de  la  charité.  » 

C'est  sous  la  poussée  de  ce  double  courant  qu'il  s'est  fondé,  en  France, 
d'admirables  institutions  pour  prévenir  ou  soulager  la  misère.  Elles  ont 
jailli  du  sol,  isolément,  obscurément,  silencieusement,  fuyant  la  publicité. 
Ainsi  dérobée  au  grand  |)ublic,  celte  floraison  spontanée  est  non  seulement 
ignorée,  mais  encore  méconnue,  et  trop  souvent  l'on  se  fait  contre  ces 
œuvres  une  arme  de  leur  discrétion.  Il  im|)orte  de  les  produire  au  grand 
jour  et  de  montrer,  en  les  rapprochant,  l'admirable  gerbe  qu'elles  com- 
posent. «  Malgré  des  symptômes  alarmants,  dit  M.  Lefébure  dans  son  rap- 
port de  1894- 1893,  nous  conservons  encore,  au  milieu  de  tous  les  peuples 
du  monde,  la  plus  enviable  des  supériorités;  notre  nation  est  celle  vis-à- 


itivenlaire  com])Iet  et  une  éniimération  minutieuse,  elle  ollVe  une  classification  métho- 
dique accompagnée  de  toutes  les  indications  utiles  et  des  tableaux  de  chillres  néces- 
saires, c'est-à-dire  qu'elle  réunit  l'ensemble  des  caractères  dislinctifs  d'une  vraie  sta- 
tistique, par  lesquels  la  Science  qui  porte  ce  nom  est,  ou  devrait  être,  toujours 
définie. 


(  io86  ) 

vis  de  laquelle  riiiimanilé  contracte  chaque  jour  la  plus  grosse  detle,  et 
nous  pouvons  avoir  la  légitime  ambition  de  rester  les  maîtres  dans  l'art  de 
faire  du  bien.  »  Aux  détracteurs  qui  seraient  tentés  de  nier  l'âme  et  le 
cœur  de  la  France,  il  n'y  a  pas  à  op(!Oser  de  réfutation  plus  péremptoire 
que  l'inventaire  exact  de  nos  richesses  charitables,  tel  que  l'Oifice  central, 
grâce  à  un  persévérant  et  prodigieux  labeiir,  l'a  dressé  et  résumé,  avec 
autant  d'ordre  que  de  clarté,  dans  les  deux  Volumes  soumis  par  lui  à 
l'examen  de  notre  Commission  de  Statistique. 

Ce  magnifique  travail,  soigneusement  et  généreusement  édité  par  la 
maison  Pion,  Nourrit  et  C'*,  met  en  complète  lumière  ce  qui  fait  pour  une 
bonne  part  l'honneur  d'une  nation,  c'est-à-dire  la  solidarité  intelligente  et 
afTectucuse  qui  en  relie  les  différents  membres.  Jl  stimule,  par  la  contagion 
de  l'exemple,  l'initiative  individuelle  et  la  générosité  publique;  enfin,  il 
rend  plus  efficace,  en  la  fiiisant  connaître  à  tous,  l'assistaiice  qui,  sous  des 
formes  multiples  et  infiniment  ingénieuses,  s'aflresse  à  tous  les  besoins  et 
à  toutes  les  misères  sur  tous  les  points  de  notre  France. 

Sans  nous  laisser  entraîner  ici  à  des  détails,  pour  la  connaissance  desquels 
il  suffira  d'ouvrir  et  de  feuilleter  les  deux  volumes,  bornons-nous  à  signa- 
ler les  substantielles  et  lumineuses  Notices  de  M.  l'Inspecteur  général  des 
Ponts  et  Chaussées  Chaysson,  président  de  la  Commission  d'enquête,  où  ont 
été  empruntées,  souvent  textuellement,  les  considérations  qui  précèdent, 
et  concluons  en  disant  que  jamais  peut-être  aucun  travail  de  statistique  n'a 
exigé  des  recherches  plus  délicates,  plus  difficiles,  plus  variées;  n'a  ré- 
clamé, dans  l'exposition  des  résultats,  plus  d'ordre  et  de  méthode  pour 
porter  efficacement  et  promptement  les  résultats  à  la  connaissance  des 
intéressés,  bienfaiteurs  et  assistés;  n'a  abordé  des  faits  d'un  ordre  plus 
élevé,  et  plus  utiles  à  la  société;  enfin  n'a  eu  pour  collaborateurs  des  hommes 
plus  éniinents,  plus  dévoués,  plus  entraînés  par  l'amour  du  bien  public  et 
de  leurs  semblables. 

Après  l'avoir  lu,  on  est  donc  en  droit  de  dire  que  si  le  charitable 
M.  de  Montyon,  créateur  du  prix  que  nous  sommes  chargés  de  décerner, 
pouvait  reparaître  un  instant  au  milieu  de  nous,  il  y  reconnaîtrait  sans  hési- 
tation l'idéal  auquel  il  obéissait  en  faisant  sa  fondation. 


(   io87  ) 


Rapport  de  M.  Broitaisdei,  sur  l'  «  Enquête  sur  l-s  logements,  professions, 
salaires  et  budget  »  (Loyers  inféniurs  à  4od  francs),  par  1rs  D''  Dumesnil 
et  Mangenot. 

Cette  enquête  a  été  fiute  personnellement  par  les  auteurs,  elle  n'a  uti- 
lisé aucun  document  de  seconde  main.  Ils  ont,  dans  un  quartier  du 
XIIP  arrondissement,  visité  chaque  logement,  si  infect  qu'il  fût.  Ils  ont 
causé  avec  les  occupants,  se  sont  renseignes  sur  la  nature  des  travaux  aux- 
quels se  livrent  les  membres  de  la  famille,  sur  le  produit  qu'ils  en  tirent, 
sur  la  durée  du  chômage  des  industries  dans  lesquelles  ils  sont  employés. 
En  un  mot,  ils  ont  procédé  à  une  étude  complète  d'hygiène  sociale  appli- 
quée aux  logements  et  aux  habitants  de  la  Pointe  d'Ivry. 

Cette  étude  comprend  deux  parties  :  la  première  est  consacrée  à  la 
description  des  rues,  maisons,  logements,  de  leur  mode  d'habitation,  de 
leur  peuplement  ou  plutôt  de  leur  surpeuplement;  la  seconde  donne  les 
renseignements  les  plus  complets  sur  la  profession,  les  salaires,  les  recettes 
et  les  dépenses  des  occupants. 

Ce  travail  constitue  un  recueil  d'observations  prises  sur  le  vif,  avec 
l'exactitude  la  plus  scrupuleuse;  il  peut  servir  de  base  de  discussion  à  ceux 
que  préoccupe  le  sort  des  classes  nécessiteuses. 

Je  ne  puis  entrer  dans  la  description  des  logements  qui  sont,  pour  la 
plupart,  d'une  insalubrité  incroyable;  des  garnis,  du  nombre  d'habitants 
cjui  les  occupent;  notons  seulement  que  le  prix  de  location  est  infini- 
ment plus  élevé  pour  la  surface  occupée  qu'il  ne  l'est  pour  les  grands  appar- 
tements, que  le  nombre  des  enfants  est  considérable;  quelques  familles, 
confinées  dans  une  seule  chambre,  ont  sept,  huit  enfants;  une  en  a 
douze. 

La  seconde  partie,  celle  que  l'on  peut,  par  euphémisme,  appeler  le 
budget  de  la  famille,  est  certainement  la  partie  la  plus  neuve  de  cette 
étude.  Chacun  des  trois  mille  habitants  a  son  compte  spécial,  la  part  réservée 
au  loyer,  à  la  nourriture  et  au  vêtement  est  faite  avec  une  rigueur  com- 
plète. 

Les  auteiH's  arrivent  à  cette  conclusion  qu'un  ménage  ayant  moins  de 
un  franc  de  revenu  par  tète  et  |iar  jour  ne  peut  subvenir  à  ses  dépenses 
uniquement  avec  le  produit  de  son  travail,  il  faut  lui  venir  en  aide.  Pour 
ne  pas  recourir  à  l'aumône,  l'ouvrier  doit  faire  partie  d'une  société  de 
secours  mutuels,  des  sociétés  de  secours  par  le  travail,  etc. 


(  io88  ) 

Celte  étude,  basée  sur  une  statistique  individuelle,  est  tout  à  fait  nou- 
velle; elle  a  été  menée  à  bien,  parce  que  les  auteurs  ont  fait  personnelle- 
ment une  enquête  qui  a  duré  plus  d'un  an,  qu'ils  ont  dû  grouper  leurs 
observations  avec  une  parlaite  clarté.  L'un  d'eux,  M.  le  D''  Dumesnil,  est 
mort,  épuisé  de  fatigues,  avant  d'avoir  complètement  terminé  cette  œuvre. 

Nous  estimons  qu'un  tel  travail  est  digne  d'un  j)rix. 

Rapport  de  M.  Roitché  sur  «  l' Album  démographique  de  la  France  »  ; 
par  M.  Victor  Turquan. 

Cet  Ouvrage  a  pour  objet  l'examen  analytique  de  la  variation  et  de  la 
composition  par  sexe,  âge  et  état  civil  de  la  population  française  depuis  le 
commencement  de  notre  siècle. 

Il  se  compose  d'un  magnifique  Album  renfermant  126  planches  coloriées 
et  d'un  Mémoire  manuscrit  expliquant  sommairement  l'objet  de  chaque 
planche  et  les  conséquences  qui  en  résultent. 

Il  y  a,  pour  chaque  département  :  1°  un  diagramme  indiquant  l'allure 
générale  de  la  population;  2°  une  figure  spéciale  que  M.  Turquan  nomme 
pyramide  des  âges  et  qui  met  en  évidence  la  distribution  de  la  population 
suivant  le  sexe,  l'âge  et  l'état  civil.  Ces  deux  figures  sont  intimement  liées 
l'une  à  l'autre  et  se  complètent  en  quelque  sorte  mutuellement. 

Les  départements  ont  été  classés  par  province;  ce  mode  de  classification 
est  justifié  par  ce  fait  que,  dans  les  départements  appartenant  à  une  quel- 
conque de  nos  anciennes  provinces,  l'allure  générale  de  la  population  esta 
peu  près  semblable  et  que  la  composition  est  même  parfois  presque  iden- 
tique. 

Les  provinces  à  leur  tour  ont  été  groupées  par  régions,  qui  sont  au 
nombre  de  six.  Les  voici  avec  les  provinces  qui  les  composent  : 

1°  Ouest.  —  Normandie,  Poitou,  Saintonge,  Aunis,  Angoumois,  Maine, 
Anjou,  Bretagne; 

2"  Est.   —  Lorraine,  Alsace,  Franche-Comté,  Champagne,  Bourgogne; 

3°  Sud-Ouest.  —  Guyenne,  Gascogne,  Béarn,  Comté  de  Foix,  Langue- 
doc et  Roussillon,  Pyrénées; 

4°  Nord.  — Ile-de-France; 

5°  Sud-Est.  —  Corse,  Comté  de  Nice,  Comtat-Venaissin,  Savoie,  Pro- 
vence; 

6°  Centre.  —  Berry,  Bourbonnais,  Touraine,  Nivernais,  Lyonnais,  Au- 
vergne, Marche,  Limousin,  Orléanais. 


(   "^«9  ) 

Nous  no  saurions  suivre  M.  Turquan  dans  les  détails  relatifs  à  chaciue 
région;  il  faudrait  pour  cela  reproduire  entièrement  son  excellent  Mé- 
moire. Mais  il  est  particulièrement  intéressant  de  signaler  les  foyers  prin- 
cipaux et  eu  quelque  sorte  permanents,  soit  de  la  diminution,  soit  de 
l'accroissement  de  la  population. 

Le  plus  ancien  foyer  de  dépopulation  est  la  Normandie,  exception  faite 
du  Havre  et  de  Rouen.  Puis  viennent  successivement  Clamecy,  Vitry-le- 
Francais,  une  partie  de  la  ÎNIarne  et  de  la  Nièvre,  le  Jura,  les  vallées  du 
Rhône,  de  la  Garonne,  du  Tarn,  de  l'Aude  et  de  l'Hérault. 

Les  foyers  d'augmentation  sont  heureusement  plus  nombreux  que  les 
précédents  et  permettent  par  suite  de  regagner  très  amplement  ce  que  le 
pays  a  perdu.  Ce  sont  :  le  Pas-de-Calais,  le  Nord,  les  Ardennes,  Fteims, 
la  frontière  de  l'Est,  le  Finistère,  le  Morbihan,  la  Loire-Inférieure,  les  bords 
de  la  Gironde,  la  Vendée,  le  Poitou,  le  Berry,  le  Lyonnais  et  Saint-Etienne, 
Rayonne,  Toulouse,  les  côtes  de  la  Méditerranée,  la  Corse  et  l'aggloméra- 
tion parisienne. 

Il  faut  remarquer  que  ce  ne  sont  |jas  toujours  les  régions  les  moins 
fécondes  qui  voient  leur  population  s'éclaircir  le  plus.  Ainsi  dans  les  Al[)es, 
en  Savoie,  dans  le  Massif  central,  c'est  surtout  à  l'émigration  qu'est  due  la 
diminution  de  l'effectif  des  habitants. 

Heureusement,  dans  la  plupart  des  cas,  cette  émigration  se  |)roduit  à 
l'intérieur  de  la  France,  sans  sortir  de  nos  frontières;  elle  a  pour  elfet 
de  remplacer,  dans  les  centres  les  plus  actifs  et  les  plus  riches,  les  vides 
causés  |)ar  la  mort  et  par  la  diminution  des  naissances,  et  de  fournir  la 
main-tloeuvre  aux  populations  pauvres  et  prolifiques;  elle  contribue  de  la 
sorte  à  développer  la  richesse  de  notre  pays. 

Notre  analyse  fort,  incomplète  ne  saurait  donner  qu'une  faible  idée  de 
l'importance  de  l'Ouvrage  de  M.  Turquan,  des  recherches  qu'il  a  nécessi- 
tées, ni  enfin  du  soin  avec  lequel  l'Album  a  été  exécuté. 

C'est  un  très  beau  travail  qui  mérite  certainement  d'être  récompensé. 

Rapprot  de  M.  IIato.v  de  i-a  Gocpillièhe  sur  la  «  Revue  de  Stalislique  «, 
présentée  par  M.  Henri  de  Beau  mont. 

Le  directeur  de  la  Revue  de  Statistique,  M.  Henki  de  Beaujiont,  présente 
au  concours  du  prix  Montyon  de  Statistique  la  première  année  de  ce 
Recueil  hebdomadaire,  laquelle  s'étend  du  6  mars  1898  au  gavril  1899,  avec 
Table  des  matières  et  832  pages  grand  in-8''  sur  deux  colonnes  chacune. 

G.  K.,  1899,  1'  Semestre.  (T.  CXMX,  ^■'  25.)  l44 


(  'ogo  ) 

Cette  présentation  rentre  incontestablement  dans  le  programme  du 
prix,  car  le  volume  est  exclusivement  formé  d'études  et  de  Tableaux  de 
Statistique;  et,  bien  qu'il  concerne  un  peu  tous  les  pays,  il  fait  à  la  France 
une  part  tellement  importante  que,  en  s'y  réduisant  par  la  pensée,  on  y 
trouve  encore  une  matière  considérable. 

Toutefois  on  peut  objecter,  sinon  en  principe,  mais  tout  au  moins  par 
comparaison  avec  d'autres  concurrents,  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  à  proprement 
parler  d'une  œuvre  originale  de  Statistique,  c'est-à-dire  de  l'élaboration 
par  un  auteur  de  nombres  recueillis  par  lui,  ou  même  par  d'autres,  sur  un 
sujet  déterminé,  mais  coordonnés  par  ses  propres  efforts,  de  manière  à  en 
dégager  des  énoncés  et  des  lois,  ou  tout  au  moins  à  les  préparer  utilement 
pour  une  telle  investigation  de  la  part  de  chercheurs  et  d'économistes 
futurs. 

La  lettre  d'envoi  explique  que  le  but  que  s'est  proposé  le  fondateur 
«  estde  vulgariser  les  renseignements  statistiques  contenus  dans  les  innom- 
brables documents  publiés  par  les  administrations  publiques,  et  de  faire 
connaître  exactement  l'état  économique  de  la  France,  ses  ressources,  sa 
richesse  et  sa  situation  dans  le  monde  ». 

Nous  reconnaissons  volontiers  que  ce  but,  qui  a  certainement  une  grande 
importance,  semble  atteint  par  cette  publication  qui,  dès  son  début,  paraît 
présenter  une  grande  solidité,  en  même  temps  qu'une  variété  plus  grande 
encore  d'articles,  dont  le  nombre  est  énorme,  la  plupart  se  réduisant  à 
une  ou  deux  pages.  Cette  revue  s'impose  donc  à  l'attention  des  hommes 
d'étude,  mais  nous  ne  saurions  admettre  qu'elle  puisse  victorieusement 
concourir,  après  un  aussi  court  laps  de  temps,  pour  les  récompenses  éle- 
vées que  décerne  l'Académie  des  Sciences. 

Le  fondateur  aura  tout  avantage  à  laisser  écouler  un  certain  temps,  en 
accumulant  plusieurs  Volumes,  par  exemple  trois  ou  quatre,  pour  en 
représenter  alors  tout  l'ensemble.  Peut-être,  dans  ces  conditions,  l'impor- 
tance de  sa  publication,  au  point  de  vue  du  concours  annuel  que  nous 
avons  à  juger,  se  sera-l-elle  accrue  par  îles  rapprochements,  des  coordina- 
tions de  nature  à  augmenter  pour  l'homme  d'études  la  valeur  de  cette 
mosaïque,  précieuse  par  sa  richesse,  mais  nécessairement  un  peu  dénuée 
de  consistance,  si  l'on  ne  l'envisage  que  pour  une  aussi  courte  étendue. 

Voire  Commission,  en  signalant  à  votre  attention  l'intéressant  début 
de  la  Bei'ue  de  Statistique,  vous  propose  donc  d'engager  l'auteur  à  ne  la 
représenter  qu'au  bout  d'un  intervalle  de  quelques  années. 


(  1091  ) 


CHIMIE. 


PRIX  JECRER. 

(Commissaires  :  MM.  Troost,  H.  Moissan,  E.  Grimaiix,  Ditle; 
Armant!  Gaulicr,  rapporteur.) 

La  Commission  du  prix  Jecker  propose,  à  l'unanimité,  de  décerner  ce 
prix,  pour  1899,  à  M.  Maurice  Hanriot. 

M.  M.  Hanriot,  déjà  lauréat  de  l'Instilut,  Membre  de  l'Académie  de  Méde- 
cine, agrégé  et  chef  des  Travaux  chimiques  de  la  Faculté  de  Médecine, 
Président  de  la  Société  chimique  de  Paris  pour  1899,  s'est  distingué  depuis 
longtemps  par  la  variété  et  la  valeur  de  ses  travaux  en  Chimie  orga- 
nique. De  ses  anciennes  recherches,  nous  nous  bornerons  à  citer  ses  tra- 
vaux sur  la  glycérine  et  les  dérivés  du  glycide;  sur  l'aldéhyde  et  ses  poly- 
mères; sur  quelques  produits  d'oxydation  delà  strychnine;  sur  un  procédé 
de  synthèse  de  corps  aromatiques  complexes  par  substitutions  opérées  sur 
les  hydrocarbures  potassés,  etc.;  dans  l'ordre  de  la  Chimie  physiologique, 
nous  rappellerons  ses  études,  en  collaboration  avec  M.  Ch.  Richet,  sur  la 
respiration  et  les  lois  qui  président  aux  échanges  pulmonaires  sous  l'in- 
lluence  du  travail  musculaire,  du  sommeil,  de  l'ahmentation  variée,  des 
bains,  etc.,  et,  comme  suite  à  cet  important  travail,  ses  recherches  sur 
l'assimilation  des  hydrates  de  carbone,  et  sur  le  mécanisme  de  leur  trans- 
formation en  graisses  dans  l'économie. 

Nous  nous  étendrons  un  peu  plus  sur  les  publications  ftùtes  par  M.  Han- 
riot au  cours  de  ces  dix  dernières  années. 

En  1889,  eu  collaboration  avec  M.  Bouveault,  alors  son  préparateur,  il 
étudia  l'action  du  sodium  sur  les  nilriles  de  la  série  grasse  et  obtint  le 
propionylpropionitrile,  premier  représentant  de  la  classe  des  nitriles  acé- 
loniques.  Après  avoir  donné  une  mélhode  permettant  de  remonter  aux  ho- 
mologues supérieurs  de  ces  corps,  M.  Hanriot  prépara,  par  l'action  de  l'hy- 
droxylamine  sur  le  propionylpropionitrile,  ramidométhyléthyloxazol,  etc. 
Ce  corps  ouvrait  une  série  nouvelle,  celle  des  isoxazols,  véritables  bases 
à  sels  définis,  mais  bases  cycliques  fournissant  des  dérivés  diazoïques  et  des 


(   "»92  ) 
isoxalones.  T^es  nombreux  dérivés  de  ces  premiers  termes  établirenl  les 
aptitudes  et  fonctions  de  celte  famille. 

Des  recherches  poursuivies  sur  l'action  physiologique  du  chloral  ame- 
nèrent, on  1893,  M.  Haiiriot  à  combiner  ce  corps  à  la  glycose  dans  le  but 
d'obtenir  une  substance  qui,  a  priori,  paraissait  devoir  êlre  hypnotique  en 
fournissant  lentement  du  chloral  à  l'économie.  Le  glycose  et  le  chloral 
s'unissent,  en  effet;  il  se  forme  ainsi  deux  isomères,  M.  Hanriot  les  appela 
chloralose  cV parachloralose.  Le  chloralose  C'H"CI'0"  est  un  alcool  tétra- 
valcnt  que  les  oxydants  iiansforment  en  acide  chloralique  monoba- 
sique C'E^CPO".  Les  divers  chloraloses  et  parachloraloses  prévus,  aussi 
bien  que  les  acides  chlondiques  correspondants,  furent  de  même  obtenus 
avec  les  divers  sucres  aldéliydiques  :  glycose,  galactose,  mannose,  xylose, 
arabinose.  Les  sucres  cétoniques  lui  ont  fourni  des  résultats  différents  :  le 
lévulose  donne  un  chloralose  bien  dislincl  des  prérédt-nts;  U>  sorbose  n'a 
|)u  être  combiné  au  chloral. 

Les  chloraloses  furent  étudiés  au  point  de  vue  physiologique  par 
MM.  Richetet  Hanriot;  ils  reconnurent  que  le  chloralose  a.  delà  glycose  or- 
dinaire jouit  d'un  pouvoir  hypnotique  considérable.  Ce  corps  est  depuis 
passé  dans  la  pratique  de  la  thérapeutique  moderne. 

Eu  i8q8,  M.  Hanriot  découvrait  dans  le  plasma  sanguin  des  animaux  un 
ferment  doué  de  l'aptitude  de  saponifier  rapidement  les  graisses.  La  lipase 
(c'est  le  nom  qu'il  lui  a  donné)  réagit,  à  35°  ou  4o°,  sur  tous  les  éthers  à 
acides  organiques  qu'elle  hvdrate  et  dédouble,  en  présence  de  l'eau,  en 
acides  et  alcools.  De  là  une  méthode  qui  permet  de  suivre  les  effets  de  ce 
ferment  et  d'en  doser  l'activité  en  mesurant  alcalimétriquement  la  quantité 
d'acide  qu'il  mcl  en  liberté.  M.  Hanriot  a  constaté  cpie  ces  quantités  sont 
toujours  j)roporlionnelles  aux  doses  du  ferment  piimitif  en  activité;  il  a 
soigneusement  analysé  les  conditions  extérieures  qui  font  varier  son  action. 
Il  i  ésulle  encore  de  ces  recherches  cette  curieuse  remarque  que,  chez  le 
niêuie  animal,  l'hœmolipase,  ou  lipase  du  sang,  et  la  pancréaticolipase,  ou 
lipase  du  pancréas,  sont  deux  ferments  saponificateurs  dilférents  ;  ils 
agissent  aulrement  l'un  et  l'autre  en  milieu  neutre  et  alcalin,  ainsi  qu'aux 
diverses  températures. 

Ces  recherches  sur  la  lipase,  suite  naturelle  des  études  de  M.  Hanriot  sur 
les  transformations  des  hydrates  de  carbone  dans  l'économie  animale,  ont 
ti'ès  sensiblement  agrandi  le  chamjj  de  nos  connaissances  sur  les  méca- 
nismes chimiques  de  la  désassirailation  et  sur  le  mode  d'action  des  ferments 
solubles. 


(       HXjJ     ) 

c'est  le  propre  des  bons  esprils  en  Chimie,  de  ceux  qui  hussenl  dans  la 
Science  une  trace  durable  et  personnelle,  d'aimer  à  passer  de  la  Chimie 
pure,  minérale  ou  organique,  aux  applications  industrielles  ou  biologiques. 
Ces  recherches  appliquées  soulèvent  et  éclairent  à  l'occasion  des  ques- 
tions qu'une  science  trop  théorique,  trop  étroite,  ne  soupçonnerait  même 
pas.  Le  lauréat  du  prix  Jecker  de  cette  année  a  suivi  cette  voie  et  l'Aca- 
démie des  Sciences  ne  saurait  que  l'approuver. 

PRIX  WH.DE. 

(Commissaires  :  MM.  Faye,  Berthelot,  Moissan,  Fouqué; 
Cornu,  rajiporteur.) 

Depuis  longtemps  les  Physiciens  et  les  Géomètres  avaient  été  conduits 
à  |)enser  que  la  création  d'un  cliamp  magnétique  dans  l'espace  oîi  existe 
iMie  source  radiante  doit  niolifier  la  nature  des  ondes  émises,  dans  leur 
])ériode  ou  dans  la  forme  de  leurs  vibrations.  Mais  les  essais  exécutés  dans 
cette  direction  n'avaient  conduit  qu'à  des  résultats  incertains,  attribuables 
d'ailleurs  à  des  causes  secondaires. 

C'est  à  M.  le  D''  P.  Zeeman  qu'on  doit  d'avoir  réussi  en  189(3  à  démon- 
trer l'action  d'un  champ  magnétique  sur  la  nature  et  la  polai'isation  des  ra- 
diations lumineuses  qu'on  y  développe.  Les  expériences  ont  été  poursui- 
vies au  laboratoire  de  Physique  de  l'Université  de  Leyde  dirigé  par  M.  le 
professeur  Ivamerlingh  Onnes,  avec  l'appui  et  les  conseils  de  M.  le  profes- 
seur n.  Lorcnlz  dont  les  travaux  mathématiques  sur  ce  sujet  ont  été  d'un 
grand  secours  pour  l'interprétation  correcte  des  apparences  délicates  ob- 
servées au  début. 

L'importance  de  cette  découverte  est  considérable;  elle  ajjporle  une 
relation  nouvelle  et  étroite  entre  les  phénomènes  électromagnétiques  lumi- 
neux. Aussi  la  Commission  a-t-elle  été  unanime  pour  proposer  à  l'Acadé- 
mie de  décerner  à  M.  le  D''  P.  Zeema.\  le  prix  Wilde  pour  l'année  189g. 

PRIX  LA  CAZE. 

(Commissaires  :  MM.  Friedel,  Troost,  A.  (iautier,  Moissan,  Grimaux, 
Berlhelot,  Haulefeuille,  Schlœsing;  Ditte,  rapporteur.) 

Les  recherches  de  M.  Excel,  professeur  à  l'Ecole  centrale,  commencées 
en  1873,   ont  été  continuées  sans  interruption  pendant  une  période  de 


(  I094  ) 
vingt-six  ans;  elles  ont  débuté  par  un  examen  de  la  substance  qui  se  pro- 
duit dans  l'action  de  certains  réducteurs  sur  l'acide  arsénieux,  et  que  l'on 
regardait  comme  un  hydrure.  M.  Engel  a  montré  qu'il  n'en  est  rien,  que 
cette  matière  est  de  l'arsenic  doué  de  propriétés  spéciales,  dont  la  densité 
n'est  plus  que  ^,6  au  lieu  de  celle  5,7  qui  appartient  à  l'arsenic  ordinaire; 
il  a  apporté  une  contribution  intéressante  à  l'étude  des  allotropies  de  l'ar- 
senic. 

Une  série  de  Mémoires  très  précis,  minutieusement  détaillés,  a  porté 
sur  le  carbonate  de  magnésie,  ses  hydrates,  sa  solubilité,  ses  combinaisons. 
M.  Engel  a  établi  que  le  précipité  déterminé  par  les  carbonates  alcalins 
dans  le  sel  de  magnésium  est  un  carbonate  neutre,  hydraté,  amorphe, 
décomposé  par  l'eau  froide  en  hydrocarbonate  et  en  bicarbonate  de  ma- 
gnésie; le  phénomène  est  limité  et  réversible,  l'hydrocarbonate  reprenant 
de  l'acide  carbonique  au  bicarbonate,  mais  il  n'a  pas  lieu  avec  les  carbo- 
nates hydratés,  cristallisés.  L'auteur  a  complètement  étudié  les  équilibres 
qui  se  produisent  entre  les  solutions  carboniques  de  carbonate  et  de  bi- 
carbonate de  magnésie,  ainsi  que  la  formation  du  carbonate  de  potasse  par 
réaction  du  chlorure  de  potassium  sur  le  bicarbonate  de  magnésie;  ses 
expériences  ont  rigoureusement  défini,  pour  chaque  température,  l'équi- 
libre qui  s'établit  entre  ces  deux  sels  et  le  sesquicarbonate  double  de  ma- 
gnésium et  de  potassium  qui  tend  à  se  former;  elles  l'ont  conduit  à  exa- 
miner les  divers  carbonates  de  magnésie  et  à  découvrir  un  carbonate 
anhydre  qui  fixe  avec  facilité  les  éléments  de  l'eau. 

En  étendant  ses  recherches  relatives  aux  équilibres  dans  les  dissolutions, 
M.  Engel  s'est  préoccupé  de  ceux  qui  s'établissent  entre  divers  sels  et  un 
excès  de  l'acide  qui  entre  dans  leur  composition;  l'acide  sulfurique  préci- 
pite certains  sulfates,  comme  s'il  s'emparait  des  deux  molécules  d'eau;  la 
solubilité  des  azotates  alcalins  diminue  sensiblement  d'une  molécule  par 
molécule  d'acide  ajouté,  tout  au  moins  au  commencement  de  la  précipita- 
tion; dans  une  solution  saturée,  une  molécule  d'acide  chlorhydrique  en 
déplace  sensiblement  une  de  chlorure  monovalent,  une  demi-molécule  de 
chlorure  bivalent;  quand  il  paraît  augmenter,  au  contraire,  la  solubilité 
des  chlorures,  c'est  qu'il  se  forme  des  chlorhydrates  de  chlorures,  et 
M.  Engel  a  pu  isoler  huit  de  ces  sels  bien  définis  et  cristallisés.  Il  semble 
donc  que  la  loi  des  proportions  multiples  se  poursuive  même  dans  ces  dis- 
solutions, l'acide  se  substituant  molécule  à  molécule  au  chlorure  qu'd 
déplace,  en  donnant  tantôt  une  dissolution  définie,  tantôt  un  chlorhydrate 
de  chlorure  cristallisé. 


(  '09S  ) 

Nous  ne  rappellerons  que  pour  mémoire  les  recherches  de  M.  Engel  sur 
la  séparation  du  chlore  et  du  Liome  à  l'aide  des  persulfates  alcalins;  sur 
la  manière  de  mettre  en  évidence  la  fonction  acide  des  amines-acides  et 
autres  acides  faibles;  sur  la  dissociation  des  sulfures  ammoniacaux  et  des 
hydrates  de  chloral  et  de  butylchloral  (en  commun  avec  M.  Moitessier); 
sur  plusieurs  questions  de  Chimie  organique  auxquelles  l'Académie  a 
décerné  une  partie  du  prix  Jecker  en  1889. 

Mais  nous  tenons  à  signaler  plus  longuement  une  belle  série  de  Mémoires 
relatifs  aux  hydrates  de  bioxyde  d'étain,  étudiés  dès  1812  par  Berzélius, 
plus  tard  par  Gay-Lussac,  Fremy,  Musculus,  etc.,  et  sur  lesquels  cepen- 
dant les  données  demeuraient  confuses,  obscures  et  parfois  contradic- 
toires. M.  Engel  a  établi  qu'indépendamment  dn  chlorure  stannique  il 
existe  deux  oxychlorures,  répondant  à  l'acide  métastannique  de  Berzélius, 
et  différant  complètement  des  oxychlorures  que  l'on  obtient  en  dissolvant 
du  bioxyde  d'étain  dans  du  chlorure  stannique;  ceux-ci  ne  précipitent  pas 
par  l'acide  chlorhydrique,  qui  se  borne  à  changer  en  chlorure  l'excès 
d'oxyde  ajouté;  il  n'en  est  plus  de  même  des  oxychlorures  de  M.  Engel  : 
l'un  d'eux,  le  chlorure  métastannique,  est  précipité  par  l'acide  chlorhy- 
drique concentré,  l'acide  sulfurique  ne  le  trouble  pas,  et  l'eau  le  décom- 
pose en  donnant  l'acide  métastannique  de  Fremy.  Cet  acide,  après  ébulli- 
tion  prolongée  dans  l'eau,  donne,  au  contact  de  l'acide  chlorhydrique,  un 
second  oxychlorure,  le  chlorure  parastannique,  doué  de  caractères  parti- 
culiers :  l'acide  sulfurique  étendu  le  précipite  et  l'eau,  en  le  décomposant, 
donne,  non  plus  les  hydrates  métastanniques,  mais  un  nouvel  acide  défini, 
l'acide  parastannique,  qui  forme  avec  les  bases  des  sels  différents  des 
métastannates,  et  qui,  au  contact  de  l'acide  chlorhydrique,  régénère  le 
chlorure  parastannique  duquel  il  provient.  Ces  faits  et  l'examen  des  trans- 
formations des  hydrates  ont  conduit  M.  Engel  à  dissiper  les  obscurités  et 
à  faire  cesser  les  contradictions  qui  existaient  avant  ses  travaux.  Il  a  mon- 
tré, par  exemple,  que  l'acide  stannique  perd  de  l'eau,  à  la  température 
ordinaire,  pour  se  changer  en  acide  métastannique,  et  que,  si  l'on  observe 
de  près  cette  transformation  d'un  corps  renfermant  82,7  pour  100  d'eau  en 
un  autre  qui  en  contient  10,7  pour  100,  on  arrive  à  un  produit  qui  ne 
contient  que  la  proportion  imprévue  de  8  pour  100  d'eau  :  le  fait  tient  à  ce 
que  la  transformation  de  l'acide  stannique  est  limitée;  elle  s'arrête  quand 
il  y  a  molécules  égales  des  deux  acides  stannique  et  métastannique,  s'unis- 
sant  en  un  stannate  de  métastannyle  formé,  comme  tout  sel  à  partir  de 
son  acide  et  de  sa  base,  avec  élimination  d'eau,  et  cela  explique  la  plus 


(     lOC)f>     ) 

faible  quantité  d'eau  restant  dans  le  produit  final.  M.  Engel  a  pu  recon- 
naître ainsi  que  les  prétendus  acides  de  Musculus  ne  sont  que  des  mélanges 
et  montrer  à  quoi  sont  dus  les  résultats  contradictoires  des  divers  auteurs, 
relativement  aux  quantités  d'eau  trouvées  dans  ce  qu'on  désignait  tantôt 
sous  le  nom  d'acide  stannique,  tantôt  sous  celui  d'acide  métastannique. 

L'ensemble  de  ces  longues,  difficiles  et  délicates  recherches  fait  honneur 
au  savant  qui  les  a  effectuées;  votre  Commission  est  heureuse  de  recon- 
naître leur  importance  en  proposunt  à  l'Académie,  par  un  vote  unanime, 
d'accorder  à  M.  Engel  le  prix  La  Caze  (Chimie)  jjour  Tannée  1899. 


MINÉRALOGIE  ET  GEOLOGIE. 


PRIX  DE  LES  SE. 

(Commissaires  :  IMM.  Fouqué,  Gaudry,  Hautefeuille,  Michel  Lévy; 
Marcel  Bertrand,  rapporteur.) 

M.  W.  KiLiASf,  professeur  à  l'Université  de  Grenoble,  s'est  consacré 
depuis  dix  ans,  avec  une  activité  et  une  énergie  infatigables,  à  l'étude  des 
Alpes  françaises.  Depuis  dix  ans,  l'étude  de  détail  s'est  substituée  pour  nos 
montagnes  à  l'étude  d'ensemble,  dont  le  regretté  Lory  avait  si  longtemps 
seul  assumé  la  charge.  Les  données  nouvelles  se  sont  accumulées,  et,  sans 
que  la  mémoire  de  Lory  en  ait  à  souffrir  ni  que  l'importance  de  ses  travaux 
en  soit  diminuée,  nos  idées  sur  l'histoire  de  la  chaîne  se  sont  progressive- 
ment modifiées.  Cette  périoderécente  comptera  certainementparmi  les  plus 
fécondes  dans  l'étude  de  nos  Alpes. 

La  part  de  M.  Kilian  dans  les  nouveaux  résultats  acquis  est  consi- 
dérable; il  n'est  pas  un  progrès  auquel  son  nom  ne  se  trouve  mêlé,  et 
quelques-uns  des  résultats  les  plus  importants,  comme  l'âge  de  la  brèche 
du  Télégraphe  et  l'extension  du  Jurassique  supérieur  dans  les  hautes 
chaînes,  lui  appartiennent  complètement. 

Aussi  bien  an  point  de  vue  de  la  succession  complexe  des  terrains  et  de 
la  détermination  de  leur  âge  qu'au  point  de  vue  des  complications  toujours 
nouvelles  de  la  structure,  il  est  devenu  le  meilleur  connaisseur  des  Alpes 


(   '097  )     . 
françaises;  il  est,  comme  autrefois  Lory,  celui  dont  l'opinion  a  le  plus  de 
poids  dans  tous  les  problèmes  qui  les  concernent.  La  Commission  à  l'una- 
nimité propose  d'accorder  le  prix  Delesse  à  M.  Kiliax. 


PRIX  FONTANNE. 

(Commissaires  :  MM.  Fouqué,   Gaudry,   Marcel  Bertrand,  Michel-Iiévy; 

de  Lapparent,  ra|)porteur.) 

Les  rapides  progrès  accomplis  dans  l'exploration  de  la  croûte  terrestre 
ont  mis  à  découvert  tant  de  richesses  paléontologiques,  que  le  nombre  des 
publications  consacrées  à  cette  spécialité  devient  chaque  jour  plus  consi- 
dérable. Aussi,  en  présence  de  tant  d'ceuvres  de  mérite  soumises  à  son 
examen,  la  Commission  du  prix  Fontanne  éprouverait-elle  un  sérieux 
embarras  si,  outre  l'obligation  de  récompenser  un  travail  de  haute  valeur, 
elle  n'avait,  eu  vertu  des  termes  mêmes  de  la  donation  qui  a  constitué  le 
prix,  le  devoir  étroit  de  rechercher  «  l'auteur  de  la  meilleure  publication 
paléontologique  ». 

Pour  se  guider  dans  cette  difficile  désignation,  elle  ne  peut  mieux  faire 
que  de  prendre  en  considération  non  seulement  la  valeur  descriptive  des 
travaux,  en  tant  qu'ils  enrichissent  nos  connaissances  en  fait  de  restes  fos- 
siles, mais  encore  la  portée  de  ces  travaux,  c'est-à-dire  la  valeur  des  con- 
séquences générales  qui  en  rejaillissent  sur  la  Science  du  globe. 

C'est  pourquoi,  bien  qu'il  eût  été  agréable  à  la  Commission  de  donner 
un  témoignage  aux  persévérants  efforts  déployés  par  quelques  spécialistes, 
par  exemple  à  ceux  qui,  depuis  tant  d'années,  se  manifestent  dans  la  série 
des  Annales  de  Géologie  et  de  Paléontologie,  de  M.  de  Gregorio,  elle  a  cru 
devoir  arrêter  son  choix  sur  une  œuvre  d'un  caractère  plus  synthétique. 
A  ce  point  de  vue,  il  lui  a  paru  qu'elle  n'en  pouvait  pas  trouver  de  plus 
digne  que  l'ensemble  des  publications  paléontologiques  de  M.  Emile  Uaug. 

C'est  à  l'étude  des  Ammonoïdés,  si  importante  par  la  précision  qu'elle 
imprime  à  la  détermination  des  horizons  géologiques,  que  M.  Haug  a  con- 
sacré la  plus  grande  part  de  son  activité.  Ses  travaux  descriptifs,  commen- 
cés en  i883,  l'ont  conduit,  deux  ans  après,  à  une  revision  de  toutes  les 
espèces  d'un  groupe  déterminé  d'Ammonites  jurassiques.  Poursuivant  le 
même  ordre  d'idées,  il  a  été  amené  à  mettre  en  évidence  de  curieux  plié- 

C.,R.,  1899,  i'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  25.)  l45 


(  i"98  ) 
noniènes  de  convergence,  produits  par  l'évolulion  parallèle  de  rameaux 
distincts,  mais  où  les  différences  d'origine  restent  reconnaissables  dans  le 
mode  de  développement  de  la  cloison. 

Après  avoir  établi,  en  itSgi,  la  synonvmie  rigoureuse  et  l'horizon  strati- 
graphique  des  espèces  françaises  du  genre  Phylloceras,  qui  joue  un  rôle  si 
important  dans  la  région  méditerranéenne;  après  avoir,  en  iSgS,  ajouté 
d'intéressants  exemples  à  la  série  des  phénomènes  de  dimorphisme  que 
présentent  certains  genres  d'Ammonites,  M.  Haug  s'est  tourné  du  côté  des 
Ammonoïdés  les  plus  anciens,  ceux  des  terrains  paléozoïques  et  triasiqucs. 
Il  a  donné  à  ses  recherches  une  forme  définitive  dans  ses  Etudes  sur  les  Go- 
niatites,  publiées,  en  1898,  dans  les  Mémoires  de  Paléontologie  de  la  Société 
géologique  de  France. 

Pour  éviter  de  réunir  dans  un  même  groupe  des  formes  parvenues  au 
même  stade  de  développement,  mais  issues  de  souches  différentes,  l'au- 
teur a  eu  recours  à  la  méthode  ontogénique,  qui  l'avait  guidé  au  cours  de 
ses  recherches  sur  les  Ammonites  jurassiques.  Il  est  ainsi  parvenu  à  mettre 
en  évidence  l'existence  de  plusieurs  types  d'enroulement,  qui  demeurent 
constants  durant  les  premiers  stades  de  toutes  les  Goniatites,  et  persistent 
souvent  jusque  chez  Fadulte.  Chacun  de  ces  types  lui  sert  à  caractériser  un 
groupe  naturel  on  phylum,  où  se  manifeste  une  évolution  propre  dans  la 
forme  du  péristome,  le  développement  du  goulot  siphonal  et  la  complica- 
tion des  cloisons,  tandis  que  le  mode  d'enroulement  lui-même  reste  en  re- 
lation permanente  avec  la  forme  de  la  loge  d'habitation  :  caractère  que 
M.  Haug,  à  la  suite  de  M.  Suess,  croit  devoir  remettre  en  honneur,  en  ré- 
partissant  les  Ammonoïdés  entre  les  deux  grands  groupes  des  Longidomes 
et  des  Brévidomes. 

D'autre  part,  dans  l'étude  de  la  distribution  slratigraphique  des  types, 
M.  Haug  a  mis  tous  ses  soins  à  faire  ressortir  l'influence  probable  du  mi- 
lieu ambiant,  ainsi  que  l'importance  des  formes  dites  cryptogènes,  dont  la 
brusque  apparition,  en  un  point  donné,  accuse  des  changements  géogra- 
phiques qu'on  doit  faire  intervenir  dans  l'établissement  des  limites  entre 
les  périodes.  Il  a  ainsi  apporté  une  contribution  de  haute  valeur  à  l'étude 
des  premiers  représentants  de  ce  groupe  d'animaux  marins,  qui  olfre  au- 
jourd'hui le  critérium  le  plus  sûr  pour  la  détermination  du  synchronisme 
des  assises. 

Par  la  précision  de  ses  travaux  comme  par  leur  caractère  philosophique, 
M.  Haug  s'est  placé  au  nombre  des  meilleurs  paléontologistes  de  l'époque. 


I 


(   1099  ) 
En  France,  comme  à  l'étranger,  ses  publications  jouissent  d'une  réelle  au- 
torité. Aussi  la  Commission  n'hésite-t-elle  pas  à  proposer  de  lui  attribuer 
le  prix  Fontanne. 


BOTANIQUE. 


PRIX  DESMAZIERES. 

(Commissaires  :  MM.  Chatin,  Van  Tieghem,  Bornet,  Guignard,  Prillieux; 
Gaston  Bonnier,  rapporteur.) 

M.  l'abbé  Hue  a  envoyé  à  l'Académie  un  Mémoire  d'une  grande  valeur 
sur  une  nouvelle  classification  des  Lichens  fondée  sur  leur  anatomie.  Ce 
Mémoire  est  accompagné  de  dessins  qui  représentent  très  exactement  la 
structure  des  principaux  types  de  Lichens. 

Après  avoir  écarté  les  diverses  espèces  de  Cryptogames  qu'on  a  con- 
fondues avec  les  Lichens,  M.  l'abbé  Hue  donne  les  caractères  généraux 
du  groupe  et  expose  les  principes  sur  lesquels  est  fondée  la  classification 
qu'il  établit. 

On  sait  qu'un  Lichen  est  formé  par  l'association  d'une  Algue  et  d'un 
Champignon.  C'est  surtout  d'après  la  structure  des  hyphes,  c'est-à-dire  en 
examinant  la  partie  végétative  du  Champignon,  que  l'auteur  délimite  les 
grandes  divisions  de  sa  classification.  Il  distingue  trois  types  principaux 
dans  la  structure  :  le  type  homaeomère  (^Collema,  par  exemple),  où  les 
hvphes  sont  dispersés  dans  toute  l'étendue  du  thalle;  le  type  radiaire 
{Usnea,  par  exemple),  où  les  hyphes  forment  deux  couches  distinctes  et 
circulaires,  l'une  médiane  et  l'autre  extérieure;  le  type  dorsiventral 
(Parmelia,  par  exemple),  où  les  hyphes  présentent  trois  couches,  deux  cor- 
ticales dissemblables  et  une  médullaire. 

La  nature  de  l'Al^^ue  associée  au  Lichen,  ou  gonidie,  la  forme  et  la  con- 
stitution de  la  fruclification  du  Champignon,  ou  apolhécie,  ne  fournissent 
que  des  données  de  second  ordre. 

L'auteur  n'a  pas  la  prétention  d'avoir  découvert  les  caractères  sur  les- 
quels il  s'appuie,  car  les  diverses  structures  du  thalle  des  Lichens  ont  déjà 


(    non  ) 

élé  discutées  et  figurées  par  plusieurs  botanistes,  entre  autres  Schwen- 
dener,  Fûnfstuck,  Zukal,  Wainio  et  Reinke;  mais  c'est  l'application  de  ces 
caractères  au  classement  méthodique  et  rationnel  de  ces  végétaux,  dont 
l'étude  systématique  est  si  difficile,  qui  constitue  le  mérite  spécial  du  Tra- 
vail de  M.  l'abbé  Hue. 

Il  est  curieux  de  remarquer  que  celle  classification,  fondée  sur  les 
caractères  anatomiques,  se  rapproche  plus  de  celles  quiavait  adoptées  les 
lichénographes  du  commencement  de  ce  siècle,  tels  que  Hoffmann,  Acha- 
rius,  Eischweiler,  édifiées  sans  l'aide  du  microscope,  que  des  classifica- 
tions plus  récentes.  H  y  a  donc  une  concordance  plus  grande  entre  les 
caractères  anatomiques  et  les  caractères  de  morphologie  générale  qu'entre 
ces  mêmes  caractères  et  ceux  qui  sont  tirés  des  spores  dont  on  avait  essayé 
de  faire  la  base  d'un  classement  des  Lichens. 

Devant  l'importance  de  ce  Travail,  la  Commission  accorde  à  M.  l'abbé 
Hue  le  prix  Desmazières. 

La  Commission  a,  en  outre,  examiné  un  Travail  imprimé  de  M.  le  D""  G. 
Leuduger-Fortmorel,  intitulé  :  Diatomées  de  la  côte  occidentale  d'Afrique, 
qui  fait  suite  aux  Ouvrages  de  même  nature  que  l'auteur  a  publiés  anté- 
rieurement sur  les  Diatomées  de  Saint-Brieuc  et  des  côtes  du  Nord,  sur  les 
Diatomées  de  l'île  de  Ceylan,  de  la  Malaisie.  La  bande  littorale  du  conti- 
nent africain,  qui  s'étend  du  Maroc  au  Cap  de  Bonne-Espérance,  est  à 
peine  connue  au  point  de  vue  des  Diatomées.  Des  circonstances  favorables 
ont  mis  à  la  disposition  de  M.  Leuduger-Fortmorel  des  matériaux  prove- 
nant d'une  douzaine  de  localités  distribuées  le  long  de  celte  côte.  Il  en  a 
déterminé  les  espèces,  et  les  listes  qu'il  donne  pour  chaque  localité  forment 
un  total  déjà  considérable.  Beaucoup  d'espèces  nouvelles  sont  décrites  et 
figurées  dans  8  planches,  d'après  les  dessins  de  l'auteur.  Une  telle  série 
de  recherches  est  digne  d'une  récompense;  aussi  la  Commission  accorde 
une  mention  honorable  à  M.  Leuduger-Fortmorel. 


PRIX  MONTAGNE. 

(Commissaires  :  MM.  Chalin,  Van  Tieghem,  Guignard,  Bonnier,  Prillieux; 

Bornet,  rapporteur.) 

Parmi  les  travaux  imprimés  ou  manuscrits  adressés  au  Secrétariat  pour 
les  prix  attribués  à  l'étude  des  plantes  cryptogames,  deux  Ouvrages  rela- 


1 


{  iioï  ) 
tifs  aux  Mousses,  l'un  et  l'autre  de  valeur  sérieuse,  ont  été  distingués 
par  la  Commission.  Le  premier,  remarquable  par  la  méthode  et  la  maîtrise 
avec  lequel  il  est  exécuté,  non  moins  que  par  la  netteté  des  résultats  aux- 
quels il  a  conduit,  est  l'œuvre  de  M.  Jules  Cakdot,  dont  l'Académie  a  déjà 
récompensé  les  travaux  en  iSpS.  En  même  temps  que  diverses  publica- 
tions utiles  et  intéressantes,  telles  qu'un  Catalogue  général  synonymique 
et  bibliographique  des  Sphagnum,  une  Revision  des  échantillons-types  des 
Mousses  nord-américaines  contenues  dans  l'herbier  d'Hedwig  et  de 
Schwegrichen,  des  Contributions  aux  flores  bryologiques  des  Açores,  de 
Java,  etc.,  qui  ont  paru  dans  ces  deux  dernières  années,  l'auteur  a  présenté 
un  travail  manuscrit  de  78  pages,  accompagné  de  36  planches,  qui  a  pour 
titre  :  Recherches  anatomiques  sur  les  Leiicohryacées. 

Le  Leucobryum  glaucum,  type  de  cette  famille,  dont  les  espèces  décrites 
sont  au  nomlire  de  176,  mais  qui  sont  en  réalité  plus  nombreuses,  est  une 
des  Mousses  les  plus  remarquables  de  notre  région.  Ses  touffes  en  coussins 
denses,  épais,  spongieux,  sa  couleur  glauque  ou  blanchâtre  la  distinguent 
de  loin  de  toutes  les  autres.  Cet  aspect  particulier  est  dû  à  la  structure  des 
feuilles  qui,  de  même  que  celles  des  Sphagnum,  sont  formées  d'un  sque- 
lette de  cellules  étroites  contenant  de  la  chlorophylle,  et  de  grandes  cel- 
lules vides,  incolores,  à  parois  minces.  Les  genres  réunis  dans  la  famille 
des  Leucobryacées  étant  jusqu'à  présent  insuffisamment  définis,  et  com- 
prenant, par  suite,  des  espèces  disparates,  une  étude  d'ensemble  était  de- 
venue nécessaire.  M.  Cardot  l'a  entreprise.  En  faisant  concourir  les  ca- 
ractères anatomiques  avec  ceux  que  fournit  la  forme  des  organes  et  le  port 
des  plantes,  il  s'aperçut  bientôt  que  la  structure  analomique  de  la  feuille, 
la  situation,  la  forme,  la  complication,  les  relations  réciproques  des  deux 
sortes  de  cellules  donnent  naissance  à  des  combinaisons  variées  qui  peuvent 
servir  de  base  à  l'établissement  des  tribus,  des  genres,  et  même  à  la  déli- 
mitation des  espèces. 

Nous  ne  saurions  exposer  ici  les  différences  anatomiques  signalées  par 
l'auteur,  ni  indiquer  l'application  qu'il  en  a  faite  à  la  classification  de  la  fa- 
mille, il  convient  pourtant  de  dire  que  ses  recherches  établissent  définiti- 
vement que  les  feuilles  des  Leucobryum  sont  presque  entièrement  formées 
par  la  nervure  très  dilatée,  ainsi  que  de  Notatis  l'avait  pressenti,  et  que  les 
Leucobryacées  ont,  au  point  de  vue  analomique,  îles  affinités  très  nettes 
avec  les  Dicranacées  et  le  genre  Syrrhopodon,  dont  elles  se  rapprochent 
déjà  par  l'organisation  du  sporogone. 


(     II02     ) 

I/auteiir  du  second  travail,  le  Frère  Héribaud  Joseph,  professeur  au 
pensionnat  de  Clermont-Ferrand,  est,  lui  aussi,  lauréat  de  l'Académie. 
Les  Muscinées  cl  Auvergne  constituent  un  beau  volume  de  544  pag^s,  où 
l'auteur  a  consigné  le  résultat  des  herborisations  qu'il  a  poursuivies  pen- 
dant une  longue  série  d'années.  Grâce  aux  matériaux  rassemblés  par  lui- 
même  ou  qu'il  a  reçus  de  ses  correspondants,  il  a  été  en  mesure  de  tracer 
une  histoire  à  peu  près  complète  de  la  bryologie  d'une  région  intéressante 
et  qu'il  connaît  à  merveille.  Dans  une  série  de  chapitres  très  développés, 
il  décrit  successivement  la  géologie,  l'hydrographie,  la  climatologie  du 
Puy-de-Dôme  et  du  Cantal,  la  propagation  et  les  conditions  d'existence 
des  Mousses,  les  régions  bryologiques,  les  florules  comparées  des  deux 
départements,  et  de  ces  deux  départements  avec  les  Pyrénées,  les  Alpes, 
le  Jura  et  les  Vosges.  La  seconde  partie  de  l'Ouvrage  contient  l'énuméra- 
tion  des  634  espèces  de  Muscinées  trouvées  jusqu'à  présent  en  Auvergne. 
Un  grand  nombre  d'observations  critiques  sur  les  espèces  litigieuses,  la 
description  succincte,  mais  suffisante,  des  variétés  et  des  formes  nouA'elles 
ou  peu  connues,  augmentent  beaucoup  l'intérêt  et  l'utilité  pratique  du  Livre. 

Heureux  de  reconnaître  le  mérite  de  ces  deux  travaux,  et  autorisée  par 
les  dispositions  prises  par  le  fondateur  à  décerner  deux  prix  Montagne,  la 
Commission  attribue  le  premier,  à  M.  Jules  Cardot,  et  le  second,  au 
Frère  Héribaud  Joseph. 

PRIX  TIIORE. 

(Commissaires  :  MM.  Bornet,  Van  Tieghem,  Perrier,  Bonnier; 
Guignard,  rapporteur.) 

La  classification  des  Fougères  a  été  fondée,  jusqu'ici,  à  peu  près  exclusi- 
vement sur  des  caractères  tirés  de  la  morphologie  externe  et  surtout  de  la 
conformation  et  de  la  localisation  des  sporanges  sur  les  feuilles.  La  présence 
ou  l'absence  d'anneau  sur  les  sporanges,  le  développement  plus  ou  moins 
complet  et  la  direction  de  cet  organe,  la  forme  de  l'indusium  quand  il 
existe,  la  disposition  des  sores,  etc.  fournissent  les  bases  principales  de  la 
classification.  Ce  n'est  pas  que,  parmi  les  nombreux  auteurs  qui  ont  étudié 
la  structure  des  Fougères,  plusieurs  n'aient  songé  à  comparer,  au  point  de 
vue  taxinomique,  les  données  qu'elle  peut  fournir  avec  celles  qui  sont 
empruntées  à  la  morphologie  externe;  mais  on  n'a  pas  encore  envisagé 
d'une  façon  suffisamment  générale  l'application  des  caractères  anatomiques 
au  groupement  systématique  de  ces  plantes. 


(   iio3  ) 

Cette  considération  a  conduit  M.  Paul  Paumentier  à  entreprendre  une 
étude  des  Fougères  basée  à  la  fois  sur  l'anatomie  et  la  morphologie 
externe.  Pensant  avec  raison  que  tous  les  caractères,  tant  internes  qu'ex- 
ternes, doivent  se  compléter  mutuellement  dans  les  recherches  taxino- 
miques,  ce  botaniste  s'est  adonné  avec  ardeur,  depuis  une  dizaine  d'années, 
à  ce  genre  d'observations  et  a  déjà  publié  sur  divers  groupes  de  Phanéro- 
games des  travaux  estimés.  Il  était  donc  bien  préparé  pour  des  recherches 
analogues  sur  les  Fougères. 

Dans  un  Mémoire  intitulé  :  Recherches  sur  la  structure  de  la  feuille  des 
Fougères  et  leur  classijîcation,  il  passe  en  revue  une  soixantaine  de  genres 
appartenant  à  chacune  des  tribus  que  l'on  peut  distinguer  dans  ce  groupe 
de  végétaux.  Il  a  reconnu  que  la  conformation  des  faisceaux  ligneux 
pétiolaires,  considérés  surtout  à  la  base  de  l'organe,  la  forme  et  la  structure 
(les  poils  épidermiques,  l'existence  ou  l'absence  dans  le  pétiole  d'éléments 
oléo-résinifères,  la  structure  du  mésophylle,  etc.,  constituent  un  ensemble 
de  caractères  de  premier  ordre,  qui,  combinés  judicieusement  avec  ceux 
du  dehors  employés  jusqu'à  ce  jour  par  les  monographes,  lui  ont  servi  à 
subordonner  systématiquement  les  familles  et  les  genres,  tout  en  permet- 
tant d'entrevoir  la  filiation  probable  de  ces  diverses  entités  taxinomiques. 

D'une  façon  générale,  l'anatomie  confirme  les  données  fournies  par  la 
morphologie  externe,  et  les  variations  de  structure  coïncident,  notamment, 
avec  celles  que  l'on  observe  dans  la  direction  de  l'anneau  des  sporanges. 
Même  les  caractères  d'importance  subordonnée,  tirés  de  la  forme  de  l'indu- 
sium,  de  la  position  des  sores,  de  la  forme  et  de  la  déhiscence  des  spo- 
ranges, du  mode  de  terminaison  des  nervures  sur  les  bords  de  la  feuille, 
présentent  fréquemment  une  concordance  manifeste  avec  les  caractères 
anatomiques.  La  présence  d'éléments  oléo-résinifères  circonscrit  nettement 
certaines  familles  et  certains  genres;  il  en  est  de  même  pour  les  poils;  par 
contre,  l'existence  de  l'oxalate  de  calcium  n'a  que  la  valeur  d'un  carac- 
tère spécifique. 

Ces  résultats  ont  conduit  d'abord  M.  Parmentier  à  établir  une  classifi- 
cation générale  des  Fougères,  qui  a  l'avantage  de  s'appuyer  sur  la  combi- 
naison raisonnée  des  caractères  anatomiques  et  morphologiques.  Ensuite, 
après  avoir  rais  en  évidence,  par  l'élude  de  nombreux  spécimens,  la  fixité 
des  caractères  anatomiques  dans  une  même  espèce  et  dans  les  diverses 
conditions  de  végétation,  il  a  pu  donner  la  diagnose  de  toutes  les  Fougères 
et  de  la  flore  française.  Ce  travail,  abordé  partiellement  par  certains 
auteurs,  n'avait  pas  encore  été  poursuivi  ni  exécuté  d'une  façon  aussi  com- 


(  iio4  ) 

plète.  Si  quelques-uns  des  rapprochements  admis  par  l'auteur  peuvent 
prêter  à  controverse,  et  si  la  discussion  touchant  les  caractères  distinctifs 
des  espèces  et  des  variétés  reste  toujours  ouverte,  le  Mémoire  de  M.  Par- 
nientier  n'en  fournit  pas  moins,  au  point  de  vue  théorique  et  pratique, 
une  importante  contribution  à  l'étude  systématique  du  groupe  le  plus 
considérable  des  Cryptogames  vasculaires. 

Dans  un  travail  ayant  pour  titre  :  Recherches  sur  la  végétation  de  quel- 
ques Algues  d'eau  douce,  M.  Bouilhac  étudie  trois  questions  différentes  : 
1°  l'influence  de  l'acide  arsénique  sur  la  végétation  de  quelques-unes  de 
ces  plantes;  i"  la  fixation  de  l'azote  atmosphérique  par  l'association  des 
Algues  et  des  Bactéries  ;  3°  les  conditions  permettant  de  cultiver  un  Nostoc 
en  l'absence  de  lumière. 

1.  Bien  que  l'acide  arsénique  ait  toujours  été  considéré  comme  un  poison 
violent  pour  les  animaux  et  les  plantes,  on  sait  pourtant  que  certains 
Champignons  inférieurs  peuvent  vivre  dans  des  solutions  arsenicales. 
Comme  on  connaît,  d'autre  part,  les  analogies  chimiques  qui  existent 
entre  l'acide  arsénique  et  l'acide  phosphorique  et  le  besoin  qu'ont  les 
plantes  de  ce  dernier  composé  pour  leur  végétation,  on  pouvait  se 
demander  si,  dans  quelques  cas  toutau  moins,  les  phosphates  ne  pourraient 
pas  être  remplacés  par  les  arséniates. 

En  semant  les  spores  de  diverses  Algues  vertes  communes  dans  une  solu- 
tion nutritive  additionnée  de  proportions  variables  d'arséniate  de  potasse, 
M.  Bouilhac  a  d'abord  constaté  qu'elles  peuvent  s'y  développer,  quand  on 
ne  dépasse  pas  une  certaine  dose,  et  que,  même  en  présence  de  l'acide 
phosphorique,   elles  saisissent    au    moins  des  traces  d'acide  arsénique. 

Cultivant  ensuite,  à  l'état  de  pureté,  certaines  espèces  appartenant  aux 
genres, SticJiocuccus  ^ISchizolhrix  àsins  des  solutions  nutritives  additionnées 
d'arséniate  de  potasse,  mais  contenant  moins  d'acide  phosphorique  que  dans 
le  cas  précédent,  il  croit  pouvoir  conclure  que  ce  dernier  corps  peut  être 
remplacé  partiellement  par  l'acide  arsénique. 

2.  Le  second  chapitre  du  Mémoire  de  l'auteur  a  trait  à  la  fixation  de 
l'azote  atmosphérique  par  les  Algues.  On  avait  remarqué  dans  ces  derniers 
temps  que  certains Nostocs,  qui  se  rencontrent  communément  à  la  surface 
de  la  terre  végétale,  sont  capables  de  fixer  l'azote  libre  de  l'air  en  quantité 
notable.  Mais,  les  cultures  n'ayant  pas  été  faites  à  l'état  de  pureté,  il 
restait  à  savoir  si  celte  fixation  est  opérée  directement  par  les  végétaux 
en  question  ou  bien  si  elle  n'est  pas,  comme  on  l'avait  déjà  constaté  pour 


(  ..o5  ) 

cerlaines  Algues  vertes,  le  résultat  d'une  symbiose  avec  les  Bactéries.  Pour 
résoudre  le  problème,  il  fallait  nécessairement  obtenir  des  cultures  pures 
et  rechercher  comment  une  espèce  donnée  se  comporte  soit  seule,  soit  en 
mélange  avec  des  Bactéries. 

Sous  ce  rapport,  il  y  aurait,  d'après  M.  Bouilhac,  des  différences  entre 
les  Algues  d'un  même  groupe.  Le  Nostoc punctiforme,  par  exemple,  ne  fixe 
pas  l'azote  libre  en  culture  pure,  mais  il  en  opère  la  fixation  en  présence 
des  bactéries  du  sol,  tandis  que  \e  Schizothrix  lardacea,  qui  est  également 
une  Nostocacée,  ne  le  fixerait  ni  dans  un  cas  ni  dans  l'autre,  et  il  en  serait 
de  même  pour  une  Algue  verte,  V Ulothrix  flaccicla. 

3.  Enfin,  dans  une  dernière  série  d'expériences,  l'auteur  a  recherché 
l'influence  du  glucose  sur  la  végétation  du  Nostoc  punctiforme.  Le  résultat 
le  plus  saillant  de  ces  observations  est  le  suivant  :  tandis  que  ce  Nostocr 
cultivé  en  solution  purement  minérale,  a  besoin  de  lumière  pour  végéter 
et  décomposer  l'acide  carbonique  aérien,  il  se  développe  h  l'obscurité  com- 
plète si  l'on  ajoute  du  glucose  à  la  solution  minérale,  à  condition  toutefois 
que  la  proportion  de  glucose  ne  soit  pas  trop  élevée  et  que  la  température 
soit  voisine  de  3o°.  Ce  résultat  est  intéressant  en  ce  qu'il  montre  qu'une 
plante  inférieure  pourvue  de  chlorophylle  peut,  suivant  les  conditions, 
emprunter  sa  matière  organique  à  deux  sources  différentes,  l'acide  carbo- 
nique aérien  à  la  lumière,  une  substance  carbonée  à  l'obscurité. 

Ces  recherches  délicates  méritent  de  fixer  l'attention.  S'il  reste  encore 
beaucoup  à  faire  dans  cette  voie,  on  n'en  doit  pas  moins  savoir  gré  à 
M.  Bouilhac  d'avoir  élucidé  certains  points  encore  peu  connus  de  la  phv- 
siologie  des  Algues  inférieures. 

La  Commission  propose  de  partager  le  prix  Thore  entre  MM.  Par- 
MENTIER  et  Bouii.iiA».:. 


ANAÏOMIE  ET  ZOOLOGIE. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

(Commissaires  :  MM.  Milne-Edwards,  ('e  Lacaze-Duthiers, 
Perrier,  Filhol,  Borne!.) 

Le  grand  prix  des  Sciences  physiques  pour  1899  n'est  pas  décerné. 

C.  R.,  1899,  2»  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  25.)  l46 


(   iio6  ) 


PRIX  BORDIN  (SCIENCES  PHYSIQUES). 

(Commissaires  :  MM.  Milne-Erlwards,  Perrier,  de  Lacaze-Duthiers, 
Ranvier;  Filhol,  rapporteur.) 

Le  sujet  mis  au  concours  pour  le  prix  Bordin  était  le  suivant  :  Études  des 
modifications  des  organes  des  sens  chez  les  animaux  cavernicoles. 

Un  seul  travail  est  parvenu  à  l'Académie,  c'est  celui  de  M.  Viré,  intitulé  : 
La  Faune  souterraine  de  la  France. 

Avant  les  travaux  de  M.  Viré  on  savait  bien  que  les  animaux  des  cavernes 
possédaient  certains  organes  atrophiés  et  hypertrophiés;  mais  ce  que  l'on 
ignorait  encore  en  grande  partie,  c'étaient  les  causes  et  le  mécanisme  intime 
de  ces  anomalies  apparentes. 

Grâce  aux  explorations  multipliées  qu'il  a  accomplies,  seul  ou  avec 
M.  Martel,  dans  de  très  nombreuses  cavernes  ou  gouffres  du  centre  de 
la  France;  grâce  aux  expériences  diverses  qu'il  a  pu  faire  au  Muséum 
d'Histoire  naturelle,  dans  le  laboratoire  des  catacombes,  dont  la  création 
est  due  à  M.  A.  Milne-Edwards,  M.  Viré  a  pu  mener  à  bonne  fin  son 
travail. 

Il  nous  a  appris,  fait  opposé  à  ce  que  l'on  admettait,  que,  dès  qu'un 
animal  est  soumis  au  régime  de  l'obscurité,  ses  organes  de  relation  ou  une 
partie  d'entre  eux  se  modifient  dès  la  première  génération. 

Pour  certaines  espèces,  ces  modifications  s'accentuent  graduellement 
sous  les  yeux  de  l'observateur;  les  organes  du  tact,  de  l'ouïe,  de  l'odorat 
s'hypertrophient,  alors  que  l'œil  s'atrophie,  que  le  pigment  qu'il  renferme 
disparaît.  Par  suite  de  ces  transitions  absolument  graduelles,  des  espèces 
aériennes  changent  (teu  à  peu  jusqu'à  produire  des  formes  considérées  à 
tort  jusqu'ici  comme  spécifiques  et  spéciales  aux  cavernes.  Celte  observa- 
tion importante  permet  de  saisir,  grâce  au  changement  d'une  seule  des  con- 
ditions des  milieux,  la  série  des  modifications  qui  président  à  la  variation 
des  espèces. 

D'autre  part,  M.  Viré  a  soumis  à  l'influence  de  la  lumière  des  animaux 
recueillis  dans  les  cavernes  et  privés  d'organes  visuels.  Il  a  vu  la  repig- 
mentation s'accomplir.  Des  expériences  longuement  continuées  devront  lui 
permettre  de  mieux  préciser  les  conséquences  définitives  de  cette  action. 

Durant  le  cours  de  ses  investigations  dans  les  cavernes,  M.  Viré  a  décou- 
vert de  nombreuses  espèces  d'insectes  qui  n'avaient  pas  encore  été  signa- 


(   II07  ) 
lées  et  dont  peut-être  quelques-unes,  dit-il,  grâce  à   leur  mode  spécial 
d'existence,  pourraient  provenir  d'époques  géologiques  antérieures,   par 
suite  de  ce  fait  qu'elles  ont  été  moins  soumises  aux  influences  extérieures 
des  climats. 

Votre  Commission  a  pensé  que  les  recherches  de  M.  Viré  présentaient 
un  réel  intérêt  scientifique,  et  elle  vous  propose  de  lui  accorder  le  prix 
Bordin. 

PRIX  SAVIGNY. 

(Commissaires  :  MM.  Perrier,  de  Lacaze-Duthiers,  Filhol,  Blanchard; 
Milne-Edwards,  rapporteur.) 

Votre  Commission  a  décerné  le  prix  Savigny  pour  1899  à  M.  Guillaume 
GiiANDiDiER,  pour  son  voyage  à  Madagascar. 

M.  G.  Grandidier,  suivant  les  traces  de  son  père,  a  exploré  pendant 
quinze  mois  la  grande  île  africaine,  de  mars  1898  à  mai  1899,  visitant  suc- 
cessivement les  régions  de  l'ouest,  du  centre  et  de  l'est  qu'il  a  étudiées 
au  point  de  vue  géographique  et  surtout  au  point  de  vue  de  l'histoire  natu- 
relle. Son  itinéraire  ne  compte  pas  moins  de  jooo"^"". 

Il  a  commencé  ses  recherches  sur  la  côte  occidentale  oii  il  a  découvert 
à  Moroundava  un  Rongeur  inconnu  (Mus  auratus),  divers  petits  Mammi- 
fères intéressants  et  de  nombreux  Insectes.  A  Bélo,  il  a  pratiqué  des 
fouilles  au  milieu  des  marais  et,  malgré  des  difficultés  considérables  pro- 
venant de  la  nature  du  sol  et  de  l'insécurité  du  pays,  il  a  réuni  une  belle 
collection  d'ossements  du  plus  grand  des  ^Epyornis,  comprenant  tous  les 
os  de  la  patte,  jusqu'aux  dernières  phalanges,  et  montrant  que  cet  Oiseau 
gigantesque  était  incapable  de  nager.  Il  a  exhumé  également  des  débris 
du  squelette  de  plusieurs  Lémuriens  de  grande  taille  dont  l'espèce  est  tout 
à  fait  éteinte. 

Dans  le  sud-ouest,  à  Tuléar,  il  a  continué  ses  collections  et,  dans  les 
marécages  tl'Ambolisalra,  il  a  découvert  le  Peloriadapis,  genre  disparu 
dont  la  taille  était  de  beaucoup  supérieure  à  celle  de  tous  les  Lémuriens 
actuels. 

De  Tuléar  à  Fianarantsoa,  il  a  traversé  une  région  qu'aucun  Européen 
n'avait  encore  visitée,  et  il  a  relevé  le  cours  du  Sakondry,  colleclionuaut 
sur  son  passage  des  Insectes  d'espèce  inconnue,  des  Crustacés  d'eau  douce 
et  une  grande  Euphorbiacée  arborescente,  V Euphorhia  enlophora.  Plus 
loin,  dans  le  district  d'Ikongo,  ses  récoltes  ont  été  aussi  importantes. 


(   iio8  ) 

La  région  nue  et  désolée  qui  s'étend  entre  Fianarantsoa  et  ïananarive 
lui  a  fourni  de  nombreux  minéraux. 

Sur  la  côte  nord-est,  il  a  consacré  deux  mois  entiers  à  fouiller  l'empla- 
cement d'une  ancienne  ville  arabe  du  x*  siècle,  sans  négliger  ses  recherches 
/.oologiques  qui,  là  encore,  ont  été  très  fructueuses. 


MEDECINE  ET  CHIRURGIE. 


PRIX  MONTYON  (Médecine  et  Chirurgie). 

(Commissaires: MM.  Bouchard,  Guyon,  Marey,  Lannelongue,  d'Arsonval, 
Brouardel,  Ranvier,  Chauveau  ;  Potain,  rapporteur.) 

L'un  des  prix  est  décerné  à  MM.  Nocard  et  Leclai\ciie,  pour  leur  Livre  : 
Les  maladies  microbiennes.  Ce  n'est  pas  parce  que  ce  Livre,  qui  traite  d'un 
sujet  non  pas  neuf  mais  entièrement  renouvelé,  est  fort  bien  fait,  mais  à 
cause  de  la  part  considérable  prise  par  les  auteurs,  l'un  d'eux  surtout,  aux 
progrès  si  importants  accomplis  |)ar  la  Physiologie  pathologique  dans  le 
domaine  nouA  eau  que  les  immortelles  découvertes  de  Pasteur  ont  ouvert 
à  l'activité  des  chercheurs. 

Parmi  les  maladies  décrites  par  MM.  Nocard  etLecIainche,  les  unes  sont 
particulières  aux  espèces  animales,  les  autres  sont  communes  à  l'homme 
et  aux  animaux  domestiques.  Nous  signalerons  surtout  les  faits  nouveaux 
relatifs  à  ces  dernières  :  le  tétanos,  la  rage,  le  charbon,  la  morve,  la  tuber- 
culose. 

Sur  le  tétanos,  il  faut  citer  particulièrement  le  traitement  préventif  de  la 
maladie  parla  sérothérapie.  Expérimenté  en  grand,  par  M.  Nocard,  avec 
le  plus  grand  succès,  sur  les  animaux  domestiques,  ce  traitement  a  donné 
assez  de  preuves  de  son  efficacité  pour  qu'on  soit  autorisé  à  en  attendre  les 
mêmes  excellents  résultats  dans  son  application  à  l'espèce  humaine. 

Les  contributions  à  la  connaissance  et  à  la  prévention  de  la  rage  sont 
nombreuses  et  importantes.  Il  suffit  d'en  signaler  une,  due  à  la  collabora- 
lion  de  M.  Nocard  et  de  notre  confrère  M.  Roux.  Après  avoir  confirmé  la 
découverte  de  M.  Gallier  sur  l'effet  vaccinal  des  injections  intraveineuses 


(  "09  ) 
du  virus  rabique  chez  le  mouton  et  la  chèvre,  ils  ont  montré  l'heureux 
parti  qu'on  peut  tirer,  contre  l'éclosion  de  la  rage  des  ruminants,  des  injec- 
tions inlravasculaires  d'émulsions  nerveuses  virulentes.  Ces  injections 
inlravasculaires,  pratiquées  vingt-quatre  heures  après  l'injection  intra- 
oculaire  de  virus  rabique  (moyen  aussi  sûr  que  l'inoculation  crânienne  de 
communiquer  la  maladie),  préservent  toujours  les  animaux  de  la  rage.  Au 
cours  de  ces  expériences,  les  auteurs  ont  rencontré  un  autre  fait  extrême- 
ment intéressant,  au  sujet  de  la  pathogénie  de  la  rage,  à  savoir  que  l'injec- 
tion, sûrement  préservatrice  quand  on  la  pratique  dans  un  vaisseau  arté- 
riel dont  le  sang  emporte  le  virus  loin  des  centres  nerveux,  est  non  moins 
sûrement  contaminante  si  le  virus  est  poussé  dans  le  sang  d'une  artère, 
telle  la  carotide,  chargée  d'irriguer  ces  centres  nerveux. 

Si  les  faits  nouveaux,  trouvés  par  les  auteurs  en  étudiant  le  iv/M^c/iarèo/z- 
neux,  sont  peu  nombreux,  il  en  est  toutefois  qui  s'imposent  à  l'attention 
d'une  maniiîre  tout  à  fait  parliculière.  La  physiologie  générale  du  virus  a  à 
tirer  bon  parti  de  l'observaLion,  faite  par  M.  Leclainche,  que  la  bactéridie 
de  Davainne  se  cultive  et  s'entretient,  chez  la  chèvre,  pendant  des  mois, 
dans  les  sinus  galactophores,  où  l'agent  virulent  a  été  injecté,  après  vacci- 
nation préalable  du  sujet. 

Avec  la  moire,  les  contributions  personnelles  des  auteurs  se  multiplient 
et  prennent  une  importance  pratique  considérable.  Les  recherches  persé- 
vérantes de  M.  Nocard  l'ont  amené  à  préciser  les  conditions  qui  assurent 
l'infection  morveuse  par  les  voies  digestives  et  à  découvrir  des  lésions  pul- 
monaires spontanément  curables.  Grâce  à  ces  déterminations  nouvelles, 
les  expériences  sur  le  diagnostic  de  la  morve  au  moyen  de  la  mallcine 
pouvaient  être  poursuivies  avec  une  très  grande  sûreté.  Et  elles  l'ont  été 
d'une  manière  extrêmement  méthodique  par  M.  Nocard.  Nul  n'a  autant  con- 
tribué à  établir  les  principes  de  la  malléination  appliquée  au  diagnostic  des 
formes  larvées  de  la  morve  chevaline. 

Ajoutons  que,  dans  l'étude  des  maladies  qui  peuvent  simuler  l'affection 
farcino-morveuse,  M.  Nocaril  a  concouru  au  progrès,  particulièrement  par 
la  distinction  qu'on  lui  doit  du  microbe  delà  lymphangite  ulcéreuse  du  cheval. 

\j'A  tuberculose,  qui  vient  enfin,  a  été  beaucoup  étudiée  par  les  auteurs. 
On  doit  à  M.  Nocard,  collaborant  avec  M.  Roux,  ungrand  perfectionnement 
des  procédés  de  culture  du  microbe  de  la  maladie  par  l'introduction  de  la 
glycérine  dans  les  milieux  de  culture,  solides  ou  liquides. 

M.  Nocard  a  encore  à  son  actif  une  série  d'études  sur  la  tuberculose  du 
cheval  :  tuberculose  pulmonaire,  appartenant  au  type  humain;  tuberculose 
abdominale,  se  rattachant  au  type  aviaire. 


(    iiio  ) 

A  citer,  de  plus,  la  détermination,  déjà  commencée  par  J.  Courmont  et 
L.  Dor,  des  relations  étroites  existant  entre  ces  denx  types  de  tuberculose, 
considérés  le  plus  généralement  comme  étant  absolument  distincts  l'un  de 
l'autre. 

Mais  les  efforts  les  plus  méritants  de  M.  Nocard,  ceux  qui  ont  rendu  les 
plus  grands  services,  ont  été  consacrés  à  l'application  de  la  tuberculination 
de  Roch  au  diagnostic  de  la  tuberculose  dans  l'espèce  bovine.  On  ne  peut 
y  comparer  que  les  elforts  de  Baug,  en  Danemarck,  appliqués  au  même 
objet.  Grâce  à  la  campagne  vigoureuse  menée  par  ces  deux  expérimenta- 
teurs, le  public  sait  qu'on  peut  diagnostiquer  avec  une  sûreté  presque 
absolue  l'existence  de  la  tuberculose  la  plus  cachée.  D'où  la  possibilité 
d'entreprendre,  avec  succès,  la  lutte  contre  la  propagation  de  la  maladie 
entre  bovins  ou  de  l'espèce  bovine  à  l'homme  par  l'alimentation  avec  le  lait. 

Dans  le  champ  d'étude  des  maladies  spéciales  aux  animaux,  la  récolte 
des  faits  normaux  n'a  pas  été  moins  importante. 

Comme  il  faut  se  restreindre,  nous  nous  bornerons  à  signaler  : 

1°  La  découverte,  par  M.  Nocard,  du  microbe  du  farcin  du  bœuf,  strep- 
totrix  spécial,  très  répandu  maintenant,  comme  objet  d'études  et  d'exer- 
cices, dans  tous  les  laboratoires  d'enseignement; 

2°  La  culture  à  l'état  de  pureté,  et  en  grande  abondance,  du  virus  de  la 
clavelée,  dans  la  substance  cérébrale  du  mouton,  auquel  l'inoculation  du 
virus  communique  toujours  une  clavelée  mortelle,  quand  c'est  cette  sub- 
stance qui  reçoit  directement  le  virus. 

3°  ],a  détermination  par  M.  Leclainche  de  l'agent  du  coryza  gangreneux 
du  bœuf,  agent  considéré  par  l'auteur  comme  un  coli-hacille ; 

4°  Enfin  la  démonstration,  faite  par  M.  Leclainche,  de  la  possibilité 
d'enrayer  l'infection  du  rouget  du  porc  de  douze  à  quarante-huit  heures, 
suivant  les  espèces,  après  l'inoculation,  eu  faisant  intervenir  la  sérothé- 
rapie préventive.  M.  Leclainche  a  démontré  qu'on  peut  obtenir  le  sérum 
actif  nécessaire  à  cette  prévention  non  seulement  sur  le  lapin,  le  porc,  le 
mouton,  mais  encore  sur  le  cheval,  qui  en  donne  des  quantités  énormes 
et  se  prêle  ainsi  parfaitement  à  l'exploitation  en  grand  de  la  méthode. 
Grâce  à  l'immunité  immédiate  qu'elle  confère  sans  aucun  risque,  elle 
permet  d'intervenir  dans  les  porcheries  déjà  infectées.  Il  est  vrai  que  cette 
immunité  immédiate  est  passagère.  Mais  l'addition  au  sérum  d'une  culture 
virulente,  en  quantité  égale,  rend  l'immunité  durable  sans  accroître  les 
dangers  de  l'inoculation,  qu'on  peut  considérer  comme  à  peu  près  nuls. 

Parmi  les  œuvres  médicales,  pour  la  plupart  très  remarquables,  pré- 


(     I"!     ) 

sentées  cette  année  au  concours  pour  le  priv  Montyon,  il  en  est  une  qui  a 
paru  à  votre  Commission  spécialement  digne  de  vous  être  désignée  comme 
méritant  le  prix.  C'est  le  Traité  de  Diagnostic  médical  et  de  Séméiologie  du 
professeur  Mayet,  de  Lyon. 

Il  a  tout  d'abord  le  mérite  très  particulier  d'être,  pour  le  moment,  uu 
Livre  unique,  c'est-à-dire  le  premier  Traité  de  ce  genre  qu'on  ait  entrepris 
de  publier  en  France  depuis  près  d'un  siècle;  encore  bien  que  la  Science 
médicale  se  soit,  à  l'égard  des  matières  dont  il  est  question,  radicalement 
transformée  dans  cet  espace  de  temps. 

Or,  si  on  ne  l'avait  point  fait,  ce  n'est  pas  faute  assurément  d'en  sentir 
l'importance  et  la  nécessité.  Sans  Séméiologie,  il  ne  saurait  exister  de  mé- 
decine clinique;  c'est  dire  que  la  Médecine  n'existerait  pas.  Le  pronostic,  le 
traitement  des  maladies  ne  peuvent,  en  effet,  être  basés  que  sur  des  indices 
fournis  par  la  Séméiologie.  Les  plus  grandes  découvertes  de  l'Anatomie,  de 
la  Physiologie  pathologique,  de  la  Pathogénie  seraient  lettres  mortes  si 
elles  ne  trouvaient  |)as,  dans  la  Séméiologie,  les  moyens  d'éclairer  sur  l'être 
vivant  les  caractères  inlimesetla  nature  de  la  maladie.  Mais,  par  bonheur, 
il  n'est  pour  ainsi  dire  pas  de  découverte  de  la  Science  moderne  qui  n'y  ait 
trouvé  une  application,  et  vous  en  avez  eu  récemment  un  exemple  en- 
core dans  tout  ce  qu'elle  sut  emprunter  aux  rayons  de  Rontgen,  dès  qu'ils 
lui  furent  révélés.  On  conçoit  ainsi  la  portée  inimense  de  la  Séméiologie 
et  des  progrès  considérables  que  le  siècle  actuel  lui  a  fait  faire.  C'est  par 
les  progrès  incessants  de  sa  technique  séméiologique  que  la  Médecine 
d'aujourd'hui  se  distingue  surtout  de  celle  des  temps  antiques  et  même  de 
celle  du  siècle  dernier. 

Les  applications  des  sciences  à  la  Médecine  pratique  sont  ainsi  devenues 
sans  nombre  et  souvent  des  plus  délicates.  Aussi  ne  faut-il  pas  s'étonner 
que  les  auteurs  aient  hésité  à  entreprendre  de  les  considérer  dans  leiu*  en- 
semble en  même  temps  que  dans  tous  leurs  détails.  On  a  publié  bien  des 
manuels,  beaucoup  de  traités  concernant  chacune  des  parties  de  la  Séméio- 
logie en  particulier;  jamais  rien  de  complet.  Sans  doute  aussi,  dans  les 
traités  de  Pathologie  interne,  on  a  nécessairement  énuméré,  à  propos  de 
chacune  des  maladies,  les  divers  signes  à  l'aide  desquels  on  les  peut  re- 
connaître. Mais  SI  l'on  a  constitué  ainsi  un  tableau  frappant  pour  chaque 
type  envisagé,  cette  forme  synthétique,  comme  on  l'a  souvent  fait  remar- 
quer, répond  mal  au  procédé  intellectuel  tout  analytique,  par  lequel  le 
médecin,  en  face  de  son  malade,  doit  le  plus  souvent  remonter  du  symp- 
tôme à  la  maladie.  Elle  s'accorde  peu  surtout  avec  ce  fait  que,  en  Patho- 


(     ' 1 '9    ) 

logie,  la  phrase  symptomatique  est  souvent  incomplète  et  que  la  nature 
vent  être  entendue  à  demi-mot. 

Un  Traité  s'imposait  donc  où  chaque  symptôme  fut  étudié  en  lui-même 
et  dans  ces  nuances  les  plus  délicates  où  la  valeur  de  ces  nuances  fût  exac- 
tement spécifiée.  C'est  cette  œuvre  que  M.  Mayet  a  entreprise  et  a  su 
mener  à  bonne  fin  :  OEiivre,  il  faut  le  dire,  toute  d'abnégation  et  de  dévoue- 
ment, car,  s'il  est  singulièrement  tentant  de  se  lancer  à  la  découverte  de 
quelque  élément  nouveau  de  Pathogénie  ou  de  Séméiologie  ;  si,  sur  une 
piste  de  ce  genre,  volontiers  on  consacre  à  sa  poursuite  une  bonne  partie 
de  son  existence;  il  est  beaucoup  moins  séduisant  de  vérifier  patiemment 
et  attentivement  la  valeur  de  chacun  des  éléments  de  la  Séméiologie,  telle 
qu'elle  est  actuellement  constituée,  d'en  préciser  la  technique,  d'en  déter- 
miner la  signification  précise  en  toute  circonstance  et  de  refaire  ainsi  la 
Médecine  entière  en  se  plaçant  au  point  de  vue  séméiologique.  Tout  cela,  I 

le  professeur  Mayet  l'a  fait  avec  une  admirable  conscience. 

En  le  faisant,  il  a  réalisé  une  œuvre  d'une  haute  valeur  et  d'une  srande 
utilité.  Et  si  nous  ajoutons  que,  non  content  d'exposer  l'état  de  la  Science, 
il  y  a  ajouté  le  produit  de  ses  propres  recherches  et  les  faits  nouveaux 
qu'elles  lui  avaient  fournis,  nous  aurons  justifié  suffisamment  la  propo- 
sition de  votre  Commission,  qui  est  d'accorder  à  M.  le  professeur  Mayet 
un  prix  Montyon  de  Médecine  pour  cette  année. 

Rapport  sw  !e  «  Traité  de  l'allaitement  et  de  l'alimentation  des  enfants  4 

du  premier  âge  ».  par  M.  le  D-^  A.-B.  Marfan;  par  M.  Gcyox.  " 

La  mortalité  des  nouveau-nés  est  considérable.  Elle  égale  dans  la  pre- 
mière année  celle  des  vieillards  qui  ont  atteint  ou  dépassé  8o  ans;  sur 
looo  enfants  qui  naissent,  il  en  meurt  environ  200  avant  le  douzième  mois, 
la  plupart  succombent  à  des  troubles  digestifs.  Ces  pertes  effrayantes  ne 
sont  pas  compensées  par  la  natalité.  Si  l'on  ne  doit  pas  désespérer  de  son 
relèvement,  la  nature  des  difficultés  qui  lui  font  obstacle  ne  peut  laisser 
l'illusion  de  l'obtenir  prochainement. 

La  vie  des  enfants  et  le  maintien  de  leur  santé  ne  sont  plus  seulement  le 
bien  le  plus  précieux  de  nos  familles,  l'avenir  de  notre  pays  dépend  de 
leur  conservation.  L'élude  des  causes  de  la  mortalité  des  enfants  en  bas 
âge,  des  moyens  de  la  prévenir  et  de  la  combattre  offre,  à  la  fois,  l'intérêt 
d'une  question  médicale  et  d'une  question  sociale  de  premier  ordre. 


i 


(   i"3  ) 

M.  le  D''  Marfan  est  de  ceux  qui  se  sont  attachés  avec  persévérance  à 
son  étude;  depuis  huit  ans  il  n'a  cessé  d'y  apporter  des  contributions  im- 
portantes. Aussi  bien  par  ses  recherches  et  ses  publications  que  dans  l'en- 
seignement dont  il  a  été  chargé  par  la  Faculté  de  Médecine,  il  a  soumis  à 
un  examen  approfondi  chacun  des  points  de  ce  difficile  et  attachant  pro- 
blème. Son  Livre  présente  l'ensemble  très  complet  de  nos  connaissances 
actuelles  sur  l'allaitement  et  l'alimentation  des  enfants  du  premier  âge; 
les  résultats  obtenus  donnent  la  preuve  de  la  puissance  d'une  direction 
médicale  éclairée,  et  témoignent  de  l'influence  exercée  sur  les  progrès 
accomplis  par  les  travaux  de  l'auteur. 

Le  Traité  de  l' allaitement  est  une  œuvre  personnelle,  et  l'esprit  dans 
lequel  il  a  été  conçu  lui  donne  son  véritable  caractère.  Il  renferme  un 
abrégé  de  la  chimie  du  lait,  un  exposé  de  la  physiologie  de  la  mamelle, 
une  étude  très  complète  des  microbes  du  lait;  deux  Chapitres  sont  consa- 
crés à  la  digestion  du  lait  et  aux  échanges  nutritifs  chez  le  nourrisson. 
L'auteur  a  donné  de  grands  développements  à  toutes  ces  questions,  car  il 
estime  que  les  médecins  ne  peuvent  ignorer  les  résultats  obtenus  par  la 
Chimie,  la  Physiologie  et  la  Bactériologie,  sans  courir  le  risque  de  retomber 
dans  l'empirisme  grossier  et  meurtrier,  auquel  il  faut  soustraire  les  nour- 
rissons. C'est  en  prenant,  comme  point  de  départ,  chacune  de  ces  données 
scientifiques,  pour  les  soumettre  au  contrôle  et  à  la  critique  de  l'observa- 
tion clinique,  que  M.  Marfan  est  arrivé  à  formuler  les  préceptes  précis  et 
pratiques  qui  ont  fait  si  longtemps  défaut  dans  cette  délicate  partie  de  l'Art 
médical. 

La  méthode  à  laquelle  il  a  obéi  rend  intéressants  et  instructifs  tous  les 
Chapitres  de  son  Livre,  mais  elle  marque  particulièrement  de  son  empreinte 
ceux  qui  lui  sont  personnels.  Je  ne  puis  les  indiquer  tous;  je  signale  seu- 
lement l'importance  des  démonstrations  relatives  à  l'existence,  dans  le  lait 
stérilisé,  de  poisons  capables  d'engendrer  le  choléra  infantile;  aux  condi- 
tions qui  permettent  à  cette  dangereuse  adultération  de  se  produire,  aux 
moyens  qui  peuvent  très  sûrement  s'y  opposer,  aux  indications  du  cou- 
page du  lait,  à  tous  les  détads  relatifs  à  son  administration  aux  différentes 
époques  du  début  de  la  vie,  à  l'emploi  si  précieux  de  la  diète  aqueuse  dans 
les  gastro-entérites  graves  ou  tenaces. 

La  lecture  du  Livre  de  M.  Marfan  entraine  la  conviction.  Le  médecin  a 
le  devoir  de  mettre  les  nouveau-nés  dans  les  conditions  qui  permettent 
le  développement  régulier  et  progressif  des  fonctions  de  leur  appareil  di- 
gestif. Là  se  trouve  le  secret  de  la  conservation  de  leur  existence  et,  dans 

C.  R.,  1899,  2-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  25.)  l47 


(  ii'4  ) 

une  certaine  mesure,  celui  de  l'amélioration  de  notre  race.  Les  accidents 
qui  menacent  la  vie  de  l'enfant  qui  vient  de  naître  portent  toujours  atteinte, 
quand  ils  l'épargnent,  à  sa  santé.  Les  effets  d'une  alimentation  défectueuse 
se  perpétuent;  ils  empêchent  les  jeunes  sujets  d'être  mis  en  possession 
d'un  corps  robuste  et  sain,  capable  de  déjouer  les  atteintes  de  la  maladie  ou 
d'y  résister,  et  de  ne  laisser  se  reproduire,  qu'après  une  longue  accumu- 
lation d'années,  la  fragilité  des  premiers  mois. 

C'est  à  une  œuvre  scientifique  et  pratique,  patiemment  mûrie  et  vrai- 
ment humanitaire,  que  la  Commission  des  prix  Montyon,  de  Médecine  et 
de  Chirurgie,  propose  à  l'Académie  de  décerner  l'un  de  ceux  dont  elle  dis- 
pose. 

La  Commission  accorde,  en  outre,  des  mentions  à  MM.  Lejaks,  Fournier 
et  Garxier;  des  citations  à  MM.  Guille.mo.vat  et  Labbé. 


PRIX  BARBIER. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Guyon,  Guignard,  Potain; 
Lannelongue,  rapporteur.) 

La  Commission  du  prix  Barbier  a  décidé,  à  l'unanimité,  de  partager  le 
prix  entre  MM.  Houdas  et  Joua.mn  pour  leurs  recherches  originales  sur  le 
lierre  terrestre;  M.Lapicqiie  pour  ses  observations  relatives  à  la  substitu- 
tion du  chlorure  de  potassium  au  chlorure  de  sodium  chez  certaines  peu- 
plades de  l'Asie;  et  M.  Schlagdenhauffe.v  pour  ses  contributions  à  l'étude 
du  genre  Coronilla. 

MM.  Schlagdenuauffen  et  Reeb  ont  publié,  dans  ces  derniers  temps,  une 
étude  à  la  fois  botanique,  chimique,  physiologique  et  thérapeutique  sur 
certaines  Légumineuses  appartenant  au  genre  Coronilla.  La  plus  intéres- 
sante parmi  les  espèces  de  ce  genre  est  connue  depuis  longtemps,  en  rai- 
son de  ses  propriétés  spéciales,  sous  le  nom  iVamarelle,  qu'où  appelle  aussi 
queue  de  scorpion  (Coronilla  scorpioides).  Plus  heureux  que  leurs  devanciers, 
les  auteurs  de  cette  étude  ont  réussi  à  retirer  de  cette  plante,  ainsi  que  de 
plusieurs  espèces  voisines,  un  principe  actif  doué  de  propriétés  physiolo- 
giques spéciales  et  auquel  ils  ont  donné  le  nom  à& coronilline .  C'est  un  glu- 
coside  analogue,  sous  certains  rapports,  à  la  digitaline  et  à  la  strophantine, 
mais  qui  possède  aussi  quelques  réactions  chimiques  spécifiques. 


(  "l'>  ) 

L'isolement  de  ce  composé  a  permis  d'étudier  avec  beaucoup  plus  (]e 
précision  qu'on  ne  l'avait  fait  auparavant  les  propriétés  physiologiques  des 
Coronillcs.  L'expérience  montre  que  l'intoxication  qu'il  détermine  chez 
les  animaux  suit  la  même  marche  que  celle  qui  résulte  de  l'administration 
de  la  digitaline  ou  de  la  strophantine.  Plusieurs  physiologistes  ont  reconnu 
que  la  coronillihe  mérite  d'être  employée  comme  médicament  cardiaque, 
et  l'observation  clinique  a  déjà  prouvé  que  le  nouveau  principe  actif,  que 
MM.  Schlagdenhauffen  et  Reeb  ont  eu  le  mérite  d'isoler,  peut  répondre  à 
d'intéressantes  applications  thérapeutiques. 


PRIX  BREANT. 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  Guyon,  Potain,  d'Arsonval,  Lannelongue; 

Bouchard,  rapporteur.) 

La  Commission,  à  défaut  d'un  Travail  qui  mérite  le  prix  destiné  à  récom- 
penser l'auteur  d'un  traitement  capable  de  guérir  le  choléra,  a  décidé  de 
prélever  sur  les  arrérages  une  somme  Ae  six  mille  francs  (\\i  eWe  partage  entre 
les  auteurs  de  travaux  importants  sur  la  pathogénie  et  la  pathologie  du 
tétanos. 

Elle  accorde  quatre  mille  francs  à  M.  Vaillard  qui  a  montré  quelles  pré- 
cautions doivent  être  prises  pour  obtenir  là  stérilisation  certaine  des  cul- 
tures du  bacille:  le  chauffage  qu'on  pratiquait  à  65°  ou  70°  tuait  en 
effet  le  bacille.  Une  température  plus  haute  est  nécessaire  pour  tuer  les 
spores. 

Rnud  Faber,  Tizzoni  et  Cattani,  Brieger  et  Frrenkel  avaient  étudié  ou 
tenté  d'isoler  la  toxine  tétanique;  M.  Vaillard  a  repris  cette  étude  et  montré 
la  longue  persistance  de  cette  toxine  dans  le  sang  de  la  poule. 

Il  a  fait  voir  surtout  que  cette  toxine  est  le  plus  souvent  nécessaire  pour 
que  l'infection  devienne  possible.  Il  avait  été  frappé  de  ces  deux  faits, 
l'extrême  dissémination  des  germes  de  la  maladie  et  des  excoriations  qui 
doivent  réaliser  très  souvent  l'inoculation;  cependant,  l'infection  ne  se 
produit  qu'exceptionnellement  d'une  [)art,  et  !a  grande  rareté  du  tétanos, 
d'autre  part.  Cela  tient  à  ce  que  le  plus  souvent  les  spores  ne  sont 
pas  accompagnées  par  une  quantité  suffisante  de  la  toxine  et  il  vérifie 


(iii6) 
riiYPothèse  en  inoculant  sans  succès  les  cultures  lavées  et  débarrassées  de 
leurs  toxines. 

M.  Vaillard  le  premier  a  réussi  à  vacciner  à  l'aide  de  cultures  fdtrées, 
puis  chauffées.  Avant  lui,  on  évitait  l'intoxication  par  la  culture  en  l'addi- 
tionnant de  trichlorure  d'iode  ou  d'extrait  de  thymus. 

Il  a  mis  sur  la  véritable  voie  de  l'utilisation  du  sérum  des  vaccinés  en 
montrant  que  si  les  espérances  de  Behring  et  de  Ritasato  étaient  vaines 
quand  ils  pensaient  guérir  par  l'injection  du  sérum  antitétanique,  comme 
ils  guérissaient  la  diphtérie  par  l'injection  du  sérum  antidiphtérique ,  cepen- 
dant ce  sérum  était  capable  de  prévenir  le  développement  de  la  maladie.  Il 
est  préservateur,  mais  non  curateur.  Si  l'on  n'utilise  pas  souvent  cette 
propriété  chez  l'homme,  elle  donne  au  moins  les  résultats  les  plus  sérieux 
dans  la  Médecine  vétérinaire. 

On  pourrait  croire  d'après  cela  que  ce  sérum  est  bactéricide.  Il  lui  dénie 
cependant  cette  propriété,  ne  lui  reconnaissant  que  le  pouvoir  anlitoxique 
que  Behring  avait  démontré. 

Ce  pouvoir  antitoxique  qui  protégerait  l'animal  contre  l'envahissement 
par  le  microbe  est  neutralisé  par  l'injection  simultanée  du  poison  bacté- 
rien, au  moins  chez  les  animaux  affaiblis. 

Je  signale  un  dernier  fait  et  très  important  :  c'est  la  transmission  héré- 
ditaire de  l'immunité  tétanique  acquise. 

Une  somme  de  deux  mille  francs  est  accordée  à  MM.  Courmont  et  Dot  on 
pour  leurs  études  sur  la  même  maladie. 

De  ces  études,  il  résulte  que  la  poule  qu'on  disait  réfractaire  peut  con- 
tracter le  tétanos;  que  si  la  toxine  tétanique  ne  s'élimine  pas  par  l'urine, 
les  urines  cependant  sont  convulsivantes  et  cela  même  pendant  la  période 
d'incubation;  que  la  grenouille  cesse  d'être  réfractaire  quand  on  élève 
artificiellement  sa  température;  que  la  toxine  injectée  dans  le  sang  de  cet 
animal  ne  produit  son  effet  pathogène  que  quand  la  température  de  l'ani- 
mal s'élève;  que  le  siège  de  l'incitation  tétanisante  paraît  être  limité  à 
certaines  portions  du  système  nerveux  et  vraisemblablement  à  certaines 
portions  sensitives. 

La  donnée  fondamentale  à  laquelle  les  auteurs  attachent  avec  raison  la 
plus  haute  importance  est  celle  qu'ils  ont  cru  pouvoir  déduire  de  certaines 
expériences  qui  montrent  que  la  toxine  ne  produit  les  effets  convulsivants 
qu'après  une  longue  incubation,  tandis  que  le  sang  des  tétaniques  provo- 


(  i"7  ) 
querait  la  convulsion.  La  conclusion  formulée  par  ces  Messieurs  est  que 
le  jjoison  tétanisant  est  produit  par  les  tissus  à  l'occasion  de  l'imprégnalion 
de  ces  tissus  par  la  toxine  bactérienne. 

La  Commission  accorde  une  mention  à  M.  H.  de  Brun  pour  son  Mémoire 
intitulé  :  L'organisation  sanitaire  de  V Empire  ottoman  et  la  défense  de  l'Europe 
contre  la  peste  et  le  choléra. 

La  Commission  accorde  en  outre  une  mention  à  un  travail  adressé  par 
MM.  Ch.  Iîesnoit  et  J.  Cuillé,  décrivant  une  septicémie  hémorragique  du 
mouton,  maladie  microbienneextrêmementnieurtrière,  considérée  à  tort  par 
les  propriétaires  et  les  vétérinaires  praticiens  comme  une  affection  parasi- 
taire ÇDistomatose),  mais  dans  laquelle  l'anémie  causée  par  le  parasite  favo- 
risait simplement  le  développement  de  l'agent  microbien  (une  bactérie 
ovoïde),  cause  essentielle  de  la  maladie. 


PRIX  GODARD. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Potain,  Lannelongue,  Brouardel; 

Guyon,  rapporteur.) 

État  du  système  lymphatique  dans  les  maladies  de  la  vessie  et  de  la  prostate  ; 

par  M.  le  D"  O.  Pasteau. 

Les  recherches  très  étendues  de  l'auteur  ont  été  faites  à  l'aide  de  l'Ana- 
tomie  normale  et  pathologique,  associées  à  la  Clinique;  pareil  travail  n'avait 
pas  encore  été  entrepris. 

M.  Pasteau  a  repris  toutes  les  recherches  relatives  aux  lymphatiques  de 
la  vessie  et  de  la  prostate;  il  a  fait,  en  outre,  de  nombreuses  autopsies  et 
annexé  à  son  Mémoire  178  observations;  il  a  pu,  en  procédant  ainsi,  faire 
faire  un  pas  décisif  à  une  question  longtemps  discutée. 

Si  l'on  était  depuis  longtemps  renseigné  sur  l'état  lymphatique  de  la 
prostate  et  ses  conséquences  au  point  de  vue  de  la  propagation  ganglion- 
naire que  déterminent  les  néoplasmes  de  cette  glande  ;  si  l'on  savait  même 
qu'elle  peut  occasionner  des  propagations  inflammatoires,  on  n'avait  cessé 
de  mettre  en  doute  la  présence  de  vaisseaux  lymphatiques  dans  la  vessie, 
que  depuis  très  peu  de  temps. 

La  propagation  des  néoplasmes  de  la  vessie  par  voie  lymphatique  n'était 


(   i"8  ) 

plus  disciilable;  on  savait  aussi  que,  dans  certains  cas  de  cystite,  les  gan- 
glions périphériques  sont  parfois  enflammés  ou  suppures,  rhais  la  question 
n'était  pas  étudiée  dans  ses  détails  et  n'avait  pas  été  envisagée  dans  son 
ensemble.  Le  travail  de  M.  Pasteau  comble  ces  lacunes,  et  nous  connais- 
sons maintenant  le  rôle  des  lymphatiques  de  la  vessie  dans  les  cystites 
anciennes  et  profondes. 

Sans  entrer  dans  d'autres  détails,  il  nous  est  permis  de  flire  que  le  tra- 
vail de  M.  Pasteau  réalise  un  progrès  véritable  en  Pathologie  urinaire;  la 
Commission  du  prix  Gorlard  propose  à  l'Académie  de  lui  décerner  le  prix. 

PRIX  SERRES. 

(Commissaires  :  MM.  Ranvier,  Bouchard,  deLacaze-Duthiers,  Marey; 
Edm.  Perrier,  rapporteur.) 

La  Commission  propose  d'attribuer  le  prix  à  M.  Boule,  professeur  de 
Zoologie  à  l'Université  de  Toulouse,  et  d'accorder  des  mentions  honorables 
à  chacun  des  concurrents  suivants  :  M.  Joiix  Beard,  professeur  à  l'Uni- 
versité d'Edimbourg  ;  M.  Maurice  Caullery,  maître  de  conférences  à 
l'Université  de  Lyon;  M.  Félix  Mesml,  attaché  à  l'Institut  Pasteur. 

M.  Boule  a  présenté  au  concours  un  ensemble  très  important  de  tra- 
vaux :  ce  sont,  les  uns,  des  Ouvrages  généraux,  marque  d'une  érudition 
considérable;  les  autres,  des  Mémoires  sur  des  points  spéciaux  de  la 
Science,  témoignant  d'une  grande  habileté  d'observation.  Les  uns  et  les 
autres,  s'étayant  réciproquement,  montrent  leur  auteur  parfaitement  armé 
pour  conduire  à  bien  les  investigations  scientifiques  les  plus  difficiles  et  en 
dégager  toutes  les  conséquences  d'un  intérêt  général. 

L'illustre  Confrère  qui  a  laissé  une  part  si  large  de  sa  fortune  au  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle  et  à  l'x^cadémie  des  Sciences,  pour  assurer 
non  seulement  les  progrès  de  l'Embryogénie,  mais  aussi  son  union  intime 
avec  l'Anatomie  comparée  et  la  Paléontologie,  ne  pourrait  voir  sans  grande 
joie  sa  doctrine  si  bien  représentée  par  les  trois  Ouvrages  généraux 
que  M.  Roule  a  soumis  à  l'appréciation  de  l'Académie  et  qui  ont  pour 
titres  : 

I  °  L' Embryogénie,  générale  (  '  )  ; 


(')   I  vol.  in-S",  5io  pages;  iSgS.  Reinwald,  éditeur. 


I 


(   '"9  ) 

1°  L'Embryogénie  comparée  ('  ) ; 

3°  L' Anatomie  com.parée  des  animaux  basée  sur  l' Embryogénie  (^). 

Ce  dernier  litre  implique  même  que  la  pensée  de  Serres  a  été  quelque  peu 
dépassée,  et  c'est  justement  par  là  que  l'œuvre  de  M.  Roule,  quant  aux 
principes,  se  prête  à  quelques  critiques.  Ces  critiques  s'adressent  bien 
moins  d'ailleurs  à  des  Ouvrages  dont  la  documentation  est  d'une  richesse 
digne  de  tous  les  éloges  qu'à  des  idées  très  répandues  dans  la  Science,  que 
M.  Roule  a  acceptées,  comme  presque  tout  le  monde,  et  qu'il  est,  par  con- 
séquent, nécessaire,  au  moment  où  l'Académie  semblerait,  à  son  tour,  leur 
donner  son  adhésion,  de  soumettre  à  un  examen  plus  approfondi. 

Les  naturalistes  allemands,  principalement  ceux  de  l'école  des  Philo- 
sophes de  la  nature,  ont  plus  d'une  fois  indiqué  les  ressemblances  que  les 
embryons  des  animaux  supérieurs  présentent  avec  les  animaux  inférieurs 
du  même  groupe,  ressemblances  qui  s'affirment  par  exemple  d'une  façon 
vulgaire  dans  les  analogies  de  structure  du  têtard  des  Grenouilles  avec  les 
Poissons.  De  cette  idée  vague,  Etienne  Geoffroy  Saint-Hilaire  fit  le  premier 
une  application  scientifique  en  montrant  que  les  os  si  nombreux  de  la  tête 
des  Poissons  étaient  représentés  dans  la  tête  des  embryons  de  Mammifère, 
et  que  ces  centres  d' ossification  n'avaient  qu'à  se  souder  d'une  façon  déter- 
minée, pour  constituer  les  os  plus  étendus  et  moins  nombreux  de  la  tête 
des  Mammifères  adultes.  Il  s'ensuivait,  pour  ainsi  dire,  que,  en  étudiant 
l'embryogénie  des  types  supérieurs  du  règne  animal,  on  pouvait  espérer 
voir  se  dérouler  sous  ses  yeux  l'organisation  de  tous  les  types  inférieurs,  en 
commençant  par  les  plus  simples  ;  c'est  ce  qui  a  fait  dire  à  Etienne  Geoffroy 
Saint-Hilaire  lui-même  que  les  animaux  inférieurs  n'étaient  que  des  arrêts  de 
développement  de  formes  plus  élevées;  c'est  ce  qui  a  conduit  Serres  à  donner 
à  l'Embryogénie  le  nom  un  peu  ambitieux  t\' Anatomie  transcendante  et  à 
formuler  la  loi  suivante  :  L' anatomie  transcendante  n'est  qu'une  anatomie 
comparée  transitoire,  comme  l' anatomie  comparée  n'est  quune  anatomie  trans- 
cendante permanente. 

Cette  loi  de  Serres  est  devenue  la  base  de  l'Embryogénie  comparée 
actuelle;  elle  exprime  entre  la  succession  des  formes  embryonnaires  des 
animaux  supérieurs  et  les  progrès  graduels  de  l'organisation  dans  la  série 
ascendante  des  animaux  inférieurs  un  indéniable  parallélisme,  indépen- 


(')    I  vol.  grand  in-8°,  1162  pages,  ioi4  figures;  1894.  Reinwakl,  éditeur. 

(2)  2  vol.  grand  in-8°,  ensemble  2971  pages  et  1202  figures;  1898.  Masson,  éditeur. 


(     I I20    ) 

(lant  des  interprétations  philosophiques  qu'on  en  peut  donner,  comme  des 
hypothèses  sur  les  causes  auxquelles  on  peut  l'attribuer. 

La  doctrine  transformiste,  à  laquelle  se  range  M.  Roule,  donne  de  ce 
parallélisme  une  explication  saisissante.  Il  est  clair  que  si  toutes  les  formes 
animales,  qui  se  sont  produites  depuis  l'origine  des  temps,  avaient  de  nos 
jours  des  représentants,  l'Anatomie  comparée  ne  serait  que  l'exposé  des 
complications  graduelles  et  des  transformations  que  les  organismes  ont 
présentées,  que  la  meilleure  manière  d'exposer  ces  modifications  des  orga- 
nismes primitifs  et  d'en  dégager  les  causes  serait  de  les  décrire  dans  l'ordre 
même  où  elles  se  sont  manifestées,  et  que  nos  classifications,  comme  le  vou- 
lait Lamarck,  ne  seraient  qu'un  Tableau  synoptique  de  la  généalogie  du 
Règne  animal.  La  formule  de  Serres  pourrait  donc  être  remplacée  par  celle- 
ci  :  L'embryogénie  d'un  animal  n'est  qu'une  répétition  de  sa  généalogie;  et 
comme  cette  répétition  reproduit  en  quelques  semaines  une  série  de  formes, 
qui  se  sont  succédé  depuis  que  le  Règne  animal  évolue,  la  formule  pour  être 
exacte  devrait  être  énoncée  :  L'embryogénie  d'un  animal  n'est  qu'une  répé- 
tition TRÈS  ABRÉGÉE  de  SU  généalogie.  Cette  répétition  est  elle-même  une  con- 
séquence directe  de  la  loi  d' hérédité  àe  Lamarck.  Fritz  Mûller  a  rassemblé 
dans  un  petit  écrit  intitulé  :  Fur  Darwin,  un  ensemble  d'observations  portant 
principalement  sur  les  Crustacés,  qui  lui  ont  permis  d'étudier  et  de  con- 
firmer, sans  d'ailleurs  y  rien  ajouter  qui  en  changeât  l'essence,  les  idées  de 
Geoffroy  Saint-Hilaire  et  de  Serres;  il  montre  seulement  que  les  choses  ne 
sont  pas  aussi  simples  que  nous  venons  de  le  supposer  ;  il  résume  ses  obser- 
vations dans  plusieurs  propositions  qu'il  met  sur  le  même  plan  et  dont  au- 
cune ne  reproduit  la  forme  évoluée  de  la  loi  de  Serres  ;  il  est  difficile  de  com- 
prendre comment  celte  dernière  loi  est  devenue  pour  quelques  auteurs  la 
loi  de  Fritz  Millier.  S'il  y  avait  quelque  nécessité  à  enlever  à  la  Science  fran- 
çaise le  mérite  d'avoir  la  première  explicitement  formulé  la  loi  du  parallé- 
lisme de  l'embryogénie  et  de  l'anatomie  comparée  et  d'en  avoir  tiré  de  vé- 
ritables applications  scientifiques,  c'est  bien  plutôt  le  nom  d'H;eckel  qu'il 
faudrait  substituer  à  celui  de  Serres,  puisqu'il  a  donné  à  la  proposition  du 
savant  français  une  de  ces  formes  lapidaires  dont  il  est  coutumier.  Mais  le 
rôle  de  Fritz  Mûller  et  de  Hœckel  a  été,  au  contraire,  de  rechercher  des  for- 
mules nouvelles  permettant  de  réunir  en  groupes  définis  les  perturbations 
de  la  loi  de  Serres,  c'est-à-dire  les  écarts  très  considérables  que  présente 
l'embryogénie  de  nombre  d'animaux  avec  les  indications  les  plus  précises 
que  l'on  puisse  avoir  sur  leur  généalogie.  Hœckel  a  admis  que  dans  l'accé- 


I 


(     I  121     ) 

lération  à  laquelle  elle  est  fatalement  condamnée  l'embryogénie  supprime, 
saute,  confond,  télescope  pour  ainsi  dire,  tantôt  les  phases  les  plus  récentes 
de  la  généalogie,  tantôt,  au  contraire,  les  phases  les  plus  anciennes.  Dans 
le  premier  cas,  elle  reproduit  un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  formes 
ancestrales,  et  elle  est  alors  particulièrement  instructive  ;  c'estce  que  H;eckel 
nomme  une  paUngènic  et  ce  que  M.  Giard  appelle  une  embryogénie  dilatée; 
dans  le  second,  les  états  les  plus  récents  de  l'organisme  sont  seuls  repro- 
duits avec  quelque  fidélité;  l'embryogénie  pose  alors  plus  de  problèmes 
qu'elle  n'en  résout,  c'est  une  cœnogénie  ou  une  embryogénie  condensée. 
M.  Roule  accepte  ces  idées  et  fait  un  fréquent  usage  des  mots  embryogénie 
dilatée  et  embryogénie  condensée. 

Que  ces  mots  aient  pu  être  commodes,  au  moment  oti  ils  ont  été  lancés 
dans  la  Science  pour  répondre  d'ailleurs  à  des  cas  tout  particuliers,  nous 
l'admettons  sans  peine  ;  mais,  même  à  ce  moment,  ils  ne  représentaient 
que  très  imparfaitement  l'ensemble  des  faits  connus;  ce  désaccord  s'est 
depuis  fortement  accentué,  et  il  suffira  de  quelques  indications  pour  faire 
comprendre  qu'ils  sont  la  négation  mêmede  la  méthode  scientifique  à  laquelle 
doit  se  plier  l'embryogénie  comparée,  comme  toutes  les  autres  sciences. 

Ils  créent,  en  effet,  deux  catégories  opposées  là  où  il  n'y  a  qu'une  série 
continue  de  faits  rigoureusement  reliés  entre  eux.  La  répartition  des  faits 
entre  ces  deux  catégories,  répartition  plus  ou  moins  arbitraire,  puisqu'il 
ne  devrait  exister  entre  elles  aucune  démarcation,  masque  les  relations  de 
causalité  qui  existent  entre  ces  faits;  or  la  recherche  de  telles  relations  est 
justement  le  véritable  problème  de  Vembryogénie  générale  ou  de  ['embryo- 
génie comparée.  D'autre  part,  ces  dénominations  mêmes  sont  inexactes,  et  ne 
peuvent  laisser  qu'une  idée  fausse  de  l'ensemble  des  faits  que  l'embryo- 
génie cherche  à  grouper.  Si  l'embryogénie  n'est  qu'une  répétition  abrégée 
de  la  généalogie,  et  même  prodigieusement  abrégée,  comment  pourrait-il  y 
avoir  des  embryogénies  dilatées?  Toutes  sont  forcément  condensées,  si  l'on 
veut  employer  ce  mot,  le  premier  créé  des  deux  et  qui  a  entraîné,  par 
contraste,  l'apparition  de  l'autre.  Qu'appelle-t-on,  dès  lors,  embryogénies 
dilatées? 

Sous  cette  dénomination,  comme  sous  toutes  celles  qui  ont  été  mal  con- 
çues, on  confond,  en  général,  au  moins  deux  catégories  de  phénomènes  qui 
n'ont  aucun  rapport  entre  eux  :  i°  ceux  que  l'on  observe  lorsqu'une  série 
plus  ou  moins  longue  d'anciennes  formes  ancestrales  vraisemblables  est  re- 
produite; 2°  ceux  que  l'on  observe  lorsqu'au  cours  de  son  développement 
l'embryon  revêt  des  formes  qui  lui  sont  propres,  qui  tiennent  aux  condi- 

C.  R.,  1899,   2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  25.)  '48 


(     1122    ) 

iions  récemment  réalisées  de  son  développement,  conditions  qui  n'ont  pu 
être  à  aucun  de£;ré  celles  où  ont  vécu  les  formes  ancestrales.  Ces  formes 
compliquent  quelquefois  l'embryogénie,  lorsque  l'embryon  est  pélagique, 
par  exemple;  et  c'est  dans  ce  sens  qu'il  pourrait  être  question  d'une  sorte 
de  dilatation  embryogénique,  bien  que  cette  dilatation  ne  soit  en  réalité 
qu'une  déi'iation  momentanée  qui  se  superpose  souvent  à  une  accélération 
très  intense,  comme  dans  le  casdes  Phoronis  si  bien  étudiées  par  M.  Roule 
lui-même.  Mais  des  formes  embryonnaires  qui  n'ont  rien  d'ancestral 
viennent  aussi  compliquer,  dilater  par  conséquent,  au  sens  où  l'on  emploie 
ce  mot,  les  embryogénies  les  plus  condensées,  les  cœnogénies  les  plus 
caractérisées,  celles  des  Vertébrés  allantoïdiens,  par  exemple.  Ainsi  se 
trouvent  abitrairement  réparties  entre  deux  catégories  opposées  des  formes 
embryonnaires  dues  à  une  même  cause,  l'adaptation  personnelle  de  l'em- 
bryon aux  conditions  de  développement  qui  lui  sont  imposées.  Comment 
apercevoir  les  liens  qui  unissent  entre  elles  des  formes  que  l'on  se  con- 
damne tout  d'abord  à  dissocier  ainsi  ?  Toute  la  méthode  de  coordination 
des  faits  se  trouve  par  là  viciée,  sinon  anéantie. 

En  réalité,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  il  semble  bien  que  la 
succession  des  |)hénomènes  embryogéniques  que  présente  un  animal  donné 
ait  pour  cause  première  les  transformations  graduelles  subies  par  les  an- 
cêtres de  cet  animal  et  ne  soit  qu'une  reproduction  héréditaire  très  accé- 
lérée de  ces  transformations.  Mais  il  ne  s'ensuit  pas  que  ces  transformations 
successives  soient  rigoureusement  reproduites  et  que  l'embryogénie  d'un 
animal  soit  une  sorte  de  cinématographe  à  mouvement  rapide  qui  ferait 
passer  sous  les  yeux  de  l'observateur  la  galerie  des  miniatures  des  ascen- 
dants de  l'animal  considéré.  D'une  part,  la  cause  ou  l'ensemble  de  causes 
encore  inconnues  qui  détermine  l'accélération  embryogé nique  et  que  nous 
avons  désigné  sous  le  nom  de  tachygénèse  substitue  le  plus  souvent  aux 
véritables  portraits  une  série  à' ébauches  qui  se  transforment  les  unes  dans 
les  autres  par  des  procédés  nécessairement  plus  rapides  que  ceux  qui  ont 
déterminé  les  transformations  initiales;  d'autre  part,  l'embryon  peut  trou- 
ver réalisées  autour  de  lui  des  conditions  d'existence  tout  autres  que  celles 
parmi  lesquelles  ont  vécu  ses  ancêtres,  il  s'adapte  momentanément  à  ces 
conditions  sans  cesser  pour  cela  d'être  dominé  par  l'hérédité,  et  diffère 
des  formes  ancestrales  réelles  soit  par  l'absence  ou  l'état  rudimentaire  de 
certains  organes,  soit  par  le  dévelo])pement  d'organes  complémentaires 
transitoires,  essentiellement  embryonnaires,  soit,  le  plus  souvent,  par 
ces  deux  sortes  de  modifications  à  la  fois.  On  peut  dire  qu'une  embiyo- 


(  ii->3  ) 

génie  est  normale  (^patrogonie)  lorsque  la  scène  est  dominée  par  la  repré- 
sentation des  formes  ancestrales,  qu'une  embryogénie  est  accélérée  {tachy- 
gonié)  lorsque  la  représentation  des  ancêtres  est  assez  rapide  pour  amener 
des  modifications  imj)ortantes  dans  les  procédés  évolutifs;  qu'elle  est 
adaptative  (^armozogonie)  lorsque  les  adaptations  propres  de  l'embryon 
défigurent  au  point  de  les  rendre  méconnaissables  les  portraits  ancestraux  ; 
mais  tous  ces  phénomènes  se  combinent  étroitement.  Les  patrogonies  les 
plus  typiques  sont  toujours  fortement  altérées  par  des  tachygonies  plus  ou 
moins  mélangées  d'armozogonies.  En  général,  dans  les  ordres  les  plus 
inférieurs  des  classes  les  plus  anciennes  de  chacune  des  séries  ou  même  des 
embranchements  du  règne  animal,  l'éclosion  des  embryons  est  précoce; 
l'embrvon  est,  dés  sa  naissance,  apte  à  rechercher  sa  nourriture;  il  mène 
une  existence  analogue  à  celle  d'un  animal  adulte;  il  atteint  graduelle- 
ment son  état  définitif,  sans  à-coup  ni  déviations,  par  la  formation  suc- 
cessive des  unités  morphologiques  (mérides  ou  zoïdes)  dont  son  corps  est 
constitué;  s'il  éprouve  des  changements  importants,  ces  changements  sont 
précédés  de  modifications  dans  les  conditions  d'existence  qui  les  expliquent 
facilement.  Ce  sont  là  les  signes  auxquels  se  reconnaissent  les  patrogonies 
typiques;  en  prenant  pour  point  de  départ  celles  où  les  phénomènes  s'ac- 
complissent avec  le  plus  de  lenteur,  on  peut  disposer  les  embryogénies  de 
tous  les  animaux  de  la  classe  ou  même  de  l'embranchement  dans  un  ordre 
tel  que  les  effets  de  la  tachygénèse  y  soient  de  plus  en  plus  marqués;  les 
lois  des  modifications  embryogéniques  dues  à  la  tachygénèse  peuvent  dés 
lors  ressortir  nettement  de  cette  coordination,  et  la  recherche  de  ces  lois 
est  au  fond  le  problème  le  plus  important  comme  aussi  le  plus  négligé  de 
l'embryogénie  comparée,  parce  qu'une  classification  vicieuse  des  phéno- 
mènes embryogéniques  a  masqué  et  masque  encore  trop  souvent  la  mé- 
thode qui  devait  conduire  à  sa  solution. 

Les  lois  de  l'accélération  embryogénique  une  fois  connues  permettent  de 
démêler  plus  nettement  les  cas  d'adaptations  embryonnaires  parmi  les 
phénomènes  dus  à  la  tachygénèse,  et,  ce  déj)art  fait  à  son  tour,  il  devient  pos- 
sible de  demander  avec  quelque  sécurité  son  secours  à  l'Embryogénie  pour 
combler  les  lacunes  de  l'Anatomie  comparée.  Sans  doute  ce  n'est  pas  abso- 
lument la  faute  de  M.  Roule  si  ces  conceptions  ne  dominent  pas  son  Livre  de 
toute  leur  logique;  elles  sont  cependant  dans  la  Science  depuis  plusieurs 
années,  et  l'on  peut  regretter  qu'un  esprit  aussi  ouvert  que  le  sien  n'ait  pas 
été  plus  frappé  ilu  caractère  impérieux  de  la  discipline  qu'elles  imposent. 

Il  n'eût  pas  manqué  dès  lors  de  reconnaître  le  caractère  contradictoire 


(     iI2/i    ) 

(lu  titre  qu'il  a  choisi  pour  un  autre  de  ses  Ouvrages,  véritable  trésor  de  faits 
dont  la  réunion  a  certainement  coûté  bien  des  veilles  :  son  Traité  cl' Ana- 
tomie  comparée  basée  sur  l'Embryogénie.  Le  temps  n'est  plus  ou  l'on  pou- 
vait à  son  gré  commencer  par  un  bout  ou  par  l'autre  l'étude  des  Sciences 
naturelles.  Depuis  que  ces  Sciences  ont  été  toutes  pénétrées  du  principe  de 
causalité,  qu'elles  ont  senti  la  possibilité  d'expliquer  ce  qu'elles  ne  faisaient 
autrefois  qu'exposer,  leurs  divers  chapitres  s'enchaînent  comme  ceux  de 
la  Physique,  et  il  n'est  pas  plus  permis  de  les  renverser  qu'il  n'est  permis 
de  renverser  l'ordre  des  théorèmes  de  la  Géométrie.  Or,  que  signifie  la 
loi  de  Serres,  sinon  que  l'Anatomie  comparée  est  la  c^use,  la  base  scien- 
tifique de  l'Embryogénie?  C'est  donc  une  idée  à  abandonner  que  celle 
de  fonder  l'Anatomie  comparée  sur  l'Embryogénie,  qui  n'en  est  en  somme 
qu'un  majestueux  corollaire,  qui  sans  elle  serait  totalement  énigmatique,  et 
qui  ne  peut  d'ailleurs  lui  prêter  quelque  secours  qu'après  avoir  été  épurée 
des  phénomènes  d'accélération  et  d'adaptation  qu'elle  subit. 

Sans  doute,  l'état  adulte  n'étant  que  le  dernier  état  auquel  parviennent 
les  embryons,  il  semble  au  premier  abord  légitime  de  présenter  l'organi- 
sation définitive  d'un  animal  comme  la  suite  naturelle  des  modifications 
successives  de  l'organisation  de  l'embryon;  on  s'imagine  même  avoir 
expliqué  cette  organisation  quand  on  a  décrit  les  diverses  étapes  qu'elle  a 
traversées.  Il  n'en  est  rien,  car  ces  étapes  elles-mêmes  sont  inintelligibles 
si  une  connaissance  approfondie  des  modifications  que  les  formes  adultes 
ancestrales  ont  pu  subir  logiquement  ne  vient  en  fournir  la  raison  d'être,  et 
celte  connaissance  c'est  justement  l'Anatomie  comparée  qui  la  donne. 

Le  beau  travail  de  M.  Roule  sur  l'Embryogénie  des  Phoronis  vient  à  point 
nommé  pour  mettre  nettement  en  lumière  la  portée  précise  de  ces  propo- 
sitions. 

Les  Phoronis  sont  de  petits  Vers  marins,  tubicoles,  sédentaires,  se  nour- 
rissant des  menus  corpuscules  amenés  à  leur  bouche  par  un  courant  que 
détermine  un  volumineux  panache  de  tentacules  ciliés,  occupant  l'extré- 
mité antérieure  de  leur  corps.  La  place  des  Phoronis  ài\n's>  les  classifications 
est  fort  discutée.  Des  Annélides  tubicoles,  les  Serpulid.î:,  présentent  un 
panache  assez  semblable,  et  l'on  en  a  rapproché  ces  petits  animaux,  mais 
ils  ne  possèdent  rien  des  organes  locomoteurs  des  Serpulid.î:;  et,  de  plus, 
leur  anus,  au  lieu  d'être  situé  à  l'extrémité  postérieure  du  corps  comme 
chez  tous  les  Vers  annelés,  est  situé  dans  la  région  antérieure  du  côté 
dorsal,  non  loin  du  panache  lentaculaire.  Par  ces  caractères  particuliers,  les 
Phoronis  se  rapprochent  des  Bryozoaires,  qui  ont  comme  eux  un  panache 


(     II25     ) 

tentaculaire,  mais  les  Bryozoaires  n'ont  pas  un  corps  vermiforme,  ils 
sont  dépourvus  de  l'appareil  circulatoire  qui  est  nettement  indiqué  chez 
les  l'horonis,  auxquels  lont  en  revanche  défaut  la  puissante  facullé  de 
bourgeonnement  et  la  destruction  périodique  du  corps,  si  caractéristique 
des  Bryozoaires. 

On  retrouve  d'autre  part  chez  certains  Géphyriens,  les  Sipunculid^, 
le  corps  vermiforme,  l'absence  d'organes  locomoteurs,  l'anus  reporté  en 
avant  et  dorsal,  l'appareil  circulatoire,  les  néphridies,  l'absence  de  blas- 
togénèse  et  de  destruction  périodique  du  corps  des  Plioroms;  mais  aucun 
Siponcle  ne  possède  leur  panache  tentaculaire  compliqué. 

Si  la  parenté  des  Phoronis  avec  les  SipunculidjE  est  vraisemblable,  elle 
ne  peut  être  démontrée  qu'à  la  condition  d'expliquer  comment  les  pre- 
miers ont  pu  dériver  des  seconds.  L'Embryogénie,  à  première  vue  tout  à 
fait  exceptionnelle  des  Phoronis,  ne  semble  pas  apte  à  nous  renseigner,  et 
M.  Roule,  qui  l'a  étudiée  avec  le  plus  grand  soin,  qui  a  vérifié  toutes  les 
données  recueillies  par  les  précédents  observateurs,  se  trouve  lui-même 
assez  embarrassé  d'en  tirer  parti,  car  s'il  rapproche  les  Phoronis  des 
Bryozoaires  ptérobranches,  il  laisse  indécise  la  question  de  savoir  si  ces 
animaux  {Rhabdoplcura)  sont  réellement  des  Bryozoaires,  et  la  ressem- 
blance qu'il  signale  entre  les  Phoronis  et  les  Vertébrés  ne  dépasse  pas 
les  toutes  premières  phases  du  développement,  l'état  de  trochosphère.  Il 
y  a  cependant,  dans  l'embryogénie  des  Phoronis,  deux  périodes  très  signi- 
ficatives :  celle  qui  précède  la  réalisation  complète  de  la  larve  depuis  long- 
temps célèbre  sous  le  nom  d'Aclinotrocha,  et  cejle  qui  suit  immédiatement  la 
métamorphose  de  cette  larve.  Dans  la  première  période,  rien  ne  distingue 
l'embryon  des  Phoronis  de  celui  d'un  Ver  annelé  d'abord,  de  celui  d'un 
Siponcle  ensuite;  après  la  métamorphose,  la  jeune  Phoronis  est  presque 
identique  à  un  jeune  Siponcle,  et  c'est  seulement  plus  tard,  par  l'exagé- 
ration du  développement  du  panache  tentaculaire,  que  le  type  Phoronis  se 
différencie  en  même  temps  que  l'animal  se  cantonne  exclusivement  dans 
l'existence  tubicole.  Les  relations  des  Phoronis  avec  les  Sipunculid-e 
seraient  donc  évidentes  si  entre  les  deux  phases  géphyriennes  du  déve- 
loppement ne  venait  s'intercaler  une  phase  de  métamorphose  tout  à  fait 
aberrante,  tout  à  fait  «  originale  »,  comme  dit  M.  Roule. 

Cette  métamorphose  justement  ne  paraît  si  étrange  qu'en  raison  du 
renversement  que  l'on  fait  d'habitude  des  rapports  del'Anatomie  comparée 
et  de  l'Embryogénie.  I^'Analomie  comparée  nous  montre,  en  effet,  que  les 
premiers  Géphyriens  avaient,  comme  les  Vers  annelés,  leur  anus  situé 


(     II26    ) 

tout  à  fait  à  l'extrémilé  postérieure  du  corps  (Echiurimorpha,  Priapuli- 
morpha);  l'anus  est  devenu  dorsal  et  plus  ou  moins  antérieur  chez  les 
SiPUNCULiMORPiiA.  Cc  déplacement  s'explique  facilement  si  l'on  admet, 
conformément  au  principe  de  la  fixation  des  attitudes  avantageuses,  consé- 
quence du  principe  de  Lamarck,  qu'en  raison  de  son  existence  souter- 
raine, afin  de  pouvoir  rejeter  facilement  au  dehors  ses  excréments,  l'ani- 
mal a  pris  l'habitude  de  contracter  ses  muscles  longitudinaux  dorsaux  et 
de  relâcher  en  même  temps  ses  muscles  longitudinaux  ventraux;  l'anus  a 
été  d'abord  volontairement  amené  sur  la  face  dorsale  par  ce  procédé;  cette 
attitude  habituelle  s'est  ensuite  fixée  héréditairement  ;  la  région  dorsale 
située  en  avant  de  l'anus  s'est  raccourcie  d'une  manière  permanente,  le 
méridien  médian  ventral  et  la  portion  du  méridien  dorsal  inférieur  à  l'anus 
se  sont  au  contraire  allongés. 

Dans  une  embryogénie  patrogonique,  on  devrait  voir  cette  disproportion 
et  ce  déplacement  s'établir  graduellement;  mais  si  la  tachygénèse  inter- 
vient, elle  doit  s'établir  d'un  coup;  de  là,  la  métamorphose.  L'exoderme  et 
l'entodertne  ventraux  grandissent  démesurément;  par  suite  de  sa  crois- 
sance, le  premier,  qui  sérail  gênant  au  dehors,  se  reploie  en  une  vaste  poche 
à  l'intérieur  de  la  cavité  générale,  où  il  est  entouré  de  matériaux  nutritifs; 
on  observe  chez  les  larves  de  certains  Tuniciers  (Clavelhna)  une  croissance 
semblable  de  l'exoderme  aboutissant  à  la  formation  non  d'une  invagination 
proprement  dite,  mais  d'un  pli  qui  permet  la  rotation  brusque  de  la  larve 
après  sa  fixation.  Lorsque  l'exoderme  invaginé  de  Y Actinotrocha  se  déploie, 
il  constitue  d'un  coup  le  tégument  de  la  région  inférieure  du  corps,  et  du 
même  coup  l'anus  d'abord  terminal  se  trouve  antérieur. 

L'anus  primitif  ne  persiste  cependant  pas;  il  disparaît  ainsi  que  le  rec- 
tum; un  rectum  et  un  anus  nouveaux  les  remplacent.  L'Embryogénie  con- 
state le  remplacement,  en  décrit  tout  le  mécanisme,  mais  ne  nous  apprend 
rien  sur  l'origine  et  la  raison  d'être  de  ce  mécanisme.  L'organisation  des 
Géphyriens  adultes  des  autres  groupes  éclaire  le  mystère.  Le  rectum  nou- 
veau apparaît  comme  un  cordon  solide  dorsal,  dépendance  immédiate  de 
l'intestin  de  V  Actinotrocha  ;  or,  à  cette  même  place  se  trouve,  chez  presque 
tous  les  Géphyriens,  un  tube  parallèle  à  l'intestin,  le  double  en  quelque 
sorte  et  constitue  le  siphon  intestinal.  Il  est  manifeste  que  c'est  ce  siphon 
intestinal  qui,  chez  les  Phoronis,  s'adapte  aux  fonctions  du  rectum  et  se 
substitue  au  rectum  primitif.  Ainsi,  grâce  à  l'application  rigoureuse  de  la 
loi  de  Serres,  en  vertu  de  laquelle  l'Anatomie  comparée  prime  et  explique 
l'Embryogénie  par  la  seule  application  des  principes  de  la  fixation  des  atti- 


(     "27    ) 

ludes  et  de  \' accélération  emhryogénique.  principes  qui  s'appliquent  au  Règne 
animai  tout  entier,  rien  ne  demeure  inexpliqué  dans  la  métamorphose  des 
Phoronis.  L'étrangeté  apparente  des  métamorphoses  en  général  est  d'ail- 
leurs faite  en  grande  partie  de  ce  qu'on  ne  s'est  pas  avisé  d'introduire  dans 
l'exposé  des  phénomènes  embryogéniques  une  méthode  rigoureusement 
scientifique. 

Si  M.  Roule  n'est  pas  encore  résolument  entré  dans  cette  voie,  ses  beaux 
livres  si  pleins  de  faits,  si  magnifiquement  illustrés  de  figures  schématiques 
d'un  étonnant  relief,  ses  recherches  si  approfondies  non  seulement  sur  les 
Phoronis,  mais  aussi  sur  le  développement  de  la  Marionia  enchylrœoïdes 
(^Enchytrœoides  Marionia'KQv\\e),  précédemment  récompensées  par  l'Aca- 
démie, n'en  forment  pas  moins  un  ensemble  bien  digne  de  la  haute  dis- 
tinction qui  leur  est  aujourd'hui  réservée. 

MM.  Caullery  et  Mesnil  ont  présenté,  pour  le  concours  relatif  au  prix 
Serres,  deux  Mémoires  dus  à  leur  collaboration  assidue  et  qui  portent,  les 
uns  sur  les  Annélides  polychètes,  les  autres  sur  les  Sporozoaires. 

On  sait  depuis  longtemps  que  diverses  Annélides,  lesA'erm,  beaucoup  de 
Syllidiens,  auxquelles  sont  venues  s'ajouter  depuis  peu  un  certain  nombre 
de  Phyllodociens,  prennent,  au  moment  de  la  reproduction,  des  caractères 
spéciaux  qui  rappellent  ce  que  l'on  désigne  chez  certains  Poissons  et  chez 
certains  Oiseaux  sous  le  nom  de  robes  de  noces;  l'état  adulte  des  Insectes 
pourrait  être  considéré  comme  une  robe  de  noces  de  ce  genre.  Les  Anné- 
lides qui  présentent  ces  particularités  sont  dites  épigames  ou  épitoques.  Le 
fait  n'était  connu  que  chez  les  Annélides  errantes;  MM.  Caullery  et  Mesnil 
l'ont  constaté  chez  les  Annélides  sédentaires  de  la  famille  des  Cirratuliens 
et  en  ont  profité  pour  faire  une  remarquable  étude  d'ensemble  de  Vépigamie. 
Leurs  Études  sur  la  morphologie  comparée  et  la  phylogénie  des  espèces  chez 
les  Spirorbes;  leur  Noie  sur  la  position  systématique  du  genre  Ctcnodrilus  ;  CfUe 
Sur  un  cas  de  ramification  latérale  chez  les  Dodecaceria  concharum  ne  se  rat- 
tachent qu'indirectement  à  l'Embryogénie,  mais  contiennent  cependant 
d'assez  nombreuses  allusions  au  développement  embryogénique  des  Poly- 
chètes, pour  n'être  pHS  déplacées  dans  le  concours  qui  nous  occupe.  H  en 
est  de  même  des  recherches  sur  les  Sporozoaires  du  genre  Siedleckia  Metz- 
nikowitch,  etc.,  dont  MM.  Caullery  et  Mesnil  ont  précisé  le  cycle  évolutif, 
tandis  qu'un  Orlhonectide,  le  S/fecAarMr;/m  Giardi,  a  permis  à  ces  jeunes 
savants  une  élude  approfondie  du  mode  de  développement  si  singulier  de 
ces  animaux  dont  la  position  zoologique  est  encore  douteuse. 

Les  deux  Mémoires  de  M.  Beard  auxquels  votre  Commission  propose 


(     II28    ) 

d'accorder  une  mention  ont  pour  titre,  le  premier  :  On  certain  prohlems  of 
vertébrale  Embryoîogy  (i8g6),  le  second  :  The  span  of  gestation  and  the 
cause  ofbirth  (1897).  Tous  deux  se  rattachent  à  une  même  idée  fondamen- 
tale, intéressante  sans  doute,  mais  à  laquelle  il  est  impossible  d'accorder 
une  approbation  sans  réserve,  malgré  l'importance  des  investigations  pré- 
cises de  l'auteur.  Beaucoup  d'Invertébrés,  des  classes  entières  de  plantes 
présentent,  au  cours  de  leur  développement,  ce  phénomène  singulier  au 
premier  abord  que  les  individus  composant  une  génération  donnée  difFèrent 
par  des  caractères  souvent  très  importants  de  ceux  de  la  génération  qui 
précède  et  de  celle  qui  suit.  En  1842,  Steenstrup  a  essayé  de  réunir  tous 
ces  faits  dans  une  même  théorie  devenue  célèbre  sous  le  nom  de  Théorie 
des  générations  alternantes.  Plus  tard,  Henri  Milne-Edwards,  par  une  sorte 
d'extension  de  la  doctrine  de  l'unité  de  plan  de  composition  de  Geoffroy 
Saint-Hilaire,  prit  la  génération  alternante  comme  point  de  départ  d'une 
théorie  générale  de  la  reproduction.  C'est  dans  une  voie  analogue  qu'est 
entré  M.  Beard.  Il  admet,  lui  aussi,  qu'à  un  certain  moment  de  l'évolution 
des  Métazoaires  il  y  a  véritablement  production  d'un  organisme  sexué  par 
un  organisme  asexué,  ce  qui  est  le  propre  de  la  génération  alternante,  dont 
il  fait  ainsi  la  loi  même  du  développement  des  organismes.  De  cette  hypo- 
thèse qui  lui  a  été  suggérée  par  des  découvertes  réellement  importantes, 
comme  celle  d'un  système  nerveux  transitoire  chez  les  Raies,  et  qui  sont 
ce  que  votre  Commission  vous  propose  d'encourager,  M.  Beard  tire  des 
conséquences  très  inattendues  relativement  au  développement  des  Ver- 
tébrés eux-mêmes;  il  considère,  par  exemple,  le  blastoderme  comme  un 
organisme  asexué  nécessaire  à  la  production  de  la  forme  sexuée,  qui  est 
pour  nous  tout  le  Vertébré;  une  fois  sur  cette  voie,  il  considère  comme 
des  explications  les  assimilations  qui  se  présentent  entre  les  faits  obscurs 
du  développement  des  animaux  supérieurs  et  les  phénomènes  très  nets, 
en  apparence,  de  la  génération  alternante  chez  les  animaux  inférieurs. 

Ce  sont  là  des  comparaisons  tout  à  fait  ingénieuses,  mais  non  des  explica- 
tions. Partir  des  phénomènes  de  ^e/zera^ior?  rt//er«an/e  tels  qu'on  les  observe 
chez  les  Polypes  et  les  Tuniciers,  par  exemple,  pour  poser  en  principe 
que  tous  les  êtres  vivants  traversent  deux  phases  analogues,  c'est  introduire 
dans  la  Science  un  mystère  de  plus,  car  on  ne  comprend  pas  la  nécessité  de 
cette  alternance  compliquée,  ni  la  raison  de  sa  généralité. 

C'est  justement  parce  que  les  naturalistes  ont  trop  longtemps  cherché, 
au  rebours  des  physiciens,  à  retrouver  les  phénomènes  les  plus  complexes 
de  la  biologie  dans  les  plus  simples  qu'ils  ont  si  péniblement  échafaudé 
leur  science  et  que  les  théories  les  plus  contradictoires,  les  plus  étonnants 


(   '"29  ) 
paradoxes  y  peuvent  encore  trouver  place,  sans  soulever  trop  de  protes- 
tations. 

En  suivant,  sans  parti  pris,  les  faits  dans  leur  ordre  de  complication  crois- 
sante, on  s'aperçoit  bien  vite,  au  contraire,  que  les  mystères  s'évanouissent, 
que  les  contradictions  disparaissent,  et  c'est  ainsi  que  Ton  arrive  à  voir  dans 
les  phénomènes  dits  de  génération  alternante  non  plus  une  sorte  de  truc 
ingénieux  de  la  Nature  pour  accroître  la  puissance  reproductrice  des  indi- 
vidus, mais  bien  la  conséquence  nécessaire  de  mécanismes  biologiques  re- 
lativement faciles  à  démêler.  Ils  y  pej'dent,  à  la  vérité,  l'imposante  unité 
que  Steenstrup  leur  avait  jadis  attribuée  et  par  laquelle  on  se  laisse  sé- 
duire encore  trop  volontiers.  Il  n'y  a  rien  de  commun,  en  effet,  entre  ce 
qu'on  appelle  la  génération  alternante  des  Cryptogames  vasculaires  et  celle 
des  Polypes,  qui  est  l'équivalent,  au  point  de  vue  de  la  morphologie  externe, 
de  la  floraison  des  Phanérogames;  la  génération  alternante  des  Salpes  dé- 
rive d'une  adaptation  graduelle  à  la  gestation  des  blastozoïdes  des  Ascidies 
composées,  de  captations  dont  toutes  les  étapes  sont  aujourd'hui  connues, 
à  partir  du  moment  où  l'ozoïde  et  les  blastozoïdes  sont  absolument  sem- 
blables. L'alternance  des  générations  est  réalisée  par  de  tout  autres  moyens 
que  celle  des  Polypes  et  n'aboutit  pas  au  même  résultat.  La  génération 
alternante  des  Trématodes  n'est  qu'un  phénomène  de  parthénogenèse 
compliqué  de  pédogénèse.  Comment  comprendre  ces  phénomènes  si  dis- 
parates et  d'ailleurs  expliqués  dans  une  formule  générale  et  mystérieuse 
qui  s'appliquerait  à  tous  les  organismes? 

La  formation  d'un  blastoderme,  celle  d'un  sac  vitellin,  d'un  placenta, 
de  glandes  mammaires  s'expliquent  par  les  méthodes  mêmes  qui  ont  permis 
d'expliquer  les  divers  phénomènes  illusoirement  groupés  sous  la  dénomi- 
nation de  générations  alternantes,  mais  sans  qu'il  soit  besoin  de  faire  inter- 
venir ces  derniers.  Les  périodes  de  crise  qui  interviennent  dans  le  dévelop- 
pement de  tant  d'animaux  sont  simplement  les  périodes  où  s'accumulent 
les  résultats  définitifs  des  mécanismes  variés  de  la  tachygénèse.  La  ten- 
tative de  M.  Beard  ne  contient  donc  pas,  à  notre  sens,  les  éléments  des 
explications  qu'il  cherche,  mais  ses  travaux  positifs  d'embryogénie  sont 
d'un  tel  intérêt  que  votre  Commission  n'a  pas  cru  pouvoir  les  laisser  passer 
sans  vous  proposer  de  leur  donner  un  témoignage  de  votre  haute  estime. 


C.  R.,  1899,  2«  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  25.)  '49 


I  i3o 


PRIX  CHAUSSIER. 


(Commissaires  ;  MM.  Marey,  Giiyon,  Rnnvier,  Lannelongiie; 
Bouchard,  rapporteur   > 

Pour  se  faire  une  idée  de  la  part  qui  appartient  à  M.  Ghabri.v  dans  les 
progrès  de  la  Médecine  scientifique  au  cours  de  ces  quinze  dernières 
années,  il  faut  considérer  surtout  ses  travaux  de  Pathologie  expérime-n- 
tale,  où  certaines  constatations  cliniques  dont  la  précision  et  la  rigueur 
donnent  à  l'observation  une  signification  et  une  puissance  démonstrative 
que  n'atteint  pas  toujours  l'expérimentation. 

En  Pathologie  expérimentale,  M.  Charrin  a  eu  le  mérite  de  bien  déli- 
miter l'objet  de  ses  recherches,  de  choisir  cet  objet  et  au  besoin  de  le  créer. 
Je  ne  sais  rien  de  plus  nouveau,  de  plus  hardi  et  de  plus  ingénieux  que  sa 
création  d'une  maladie  nouvelle  qu'il  a  constituée  de  toutes  pièces  en  vue 
de  l'étude  de  l'infection  et  qu'il  a  établie  à  titre  de  maladie  d'étude  en  face 
de  la  maladie  charbonneuse  qui  avait  fourni  les  premières  notions  à  Chau- 
veau,  à  Toussaint  et  à  Pasteur  et  qui,  presque  partout,  a  été  remplacée 
par  la  maladie  pyocyanique.  On  savait  que  parfois  les  plaies  présentent 
chez  l'homme  une  suppuration  bleue,  on  avait  extrait  de  ce  pus  bleu  un 
alcaloïde  coloré,  la  pyocyanine;  enfin,  M.  Gessard  avait  démontré  que  cette 
pyocyanine  et  un  autre  pigment  vert  sont  les  produits  d'un  microbe,  le  bacille 
pyocyanique.  M.  Charrin  a  provoqué  à  l'aide  de  ce  microbe  une  maladie 
chez  le  lapin,  puis  il  l'a  poursuivie  dans  la  série  animale.  Il  a  établi  les 
variétés  de  forme  de  cette  maladie,  qui  tantôt  est  essentiellement  ou  exclu- 
sivement une  maladie  locale,  tantôt  est  d'emblée  une  maladie  générale, 
laquelle  peut  tuer  rapidement  sans  localisations  à  la  façon  d'une  septicémie 
ou  déterminer  des  affections  organiques  secondaires  et  se  prolonger,  par- 
fois passer  à  l'état  chronique. 

Toutes  ces  variétés  de  forme  sont  en  rapport  ou  avec  la  quantité  du  virus, 
ou  avec  l'intensité  de  sa  virulence,  ou  avec  la  résistance  variable  naturelle 
ou  acquise  de  l'organisme  animal.  Telle  a  été  la  précision  de  ces  détermi- 
nations de  types  morbides  provoqués  chez  l'animal,  que  les  cliniciens  ont  à 
leur  tour  retrouvé  ces  formes  chez  l'homme  et  ont  complété  l'étude  de 
M.  Charrin  par  la  démonstration  de  la  maladie  pyocyanique  interne  dans 
l'espèce  humaine. 

Quand  parut  cet  opuscule  intitulé  :  La  maladie  pyocyanique,  il  semblait 


(   'i3i  ) 
que  tout  y  fiU  traité,  que  tous  les  possibles  y  fussent  réalisés  et  que  toutes 
les  questions  eussent  reçu  leur  solution.  Le  temps  n'a  pas  manqué  d'élargir 
ce  domaine,  et  M.  Charrin  est  resté  au  premier  rang  parmi  ceux  qui  l'ont 
fait  fructifier. 

Dès  la  première  heure,  il  avait  expérimenté  sur  le  microbe  lui-même  et 
fait  en  quelque  sorte  sa  Physiologie  et  sa  Pathologie.  Il  avait  étudié  sa 
nutrition  en  choisissant  comme  milieu  de  culture  des  substances  toutes 
cristallisables,  en  suivant  leur  destruction  et  leur  disparition  dans  le  li- 
quide nourricier,  en  les  retrouvant  transformées  dans  la  matière  constituée 
du  corps  des  microbes  ou  dans  leurs  produits  de  sécrétion. 

Il  a  montré  que  certaines  modifications  dans  la  composition  du  milieu 
nutritif  entravent  la  vie  du  microbe,  retardent  la  segmentation  des  bacilles, 
qui  deviennent  fdamenteux  ou  se  réduisent  en  granulations,  ou  changent 
de  forme  et  se  constituent  morphologiquement  à  l'état  de  spirilles. 

Malgré  les  expériences  anciennes  de  Zopf  et  de  Ray  Lankester,  l'idée 
du  polymorphisme  des  bactéries  avait  été  abandonnée,  et  la  doctrine  de 
l'invariabilité  de  la  forme,  établie  comme  un  dogme  parCohn,  régnait  sans 
conteste.  Le  travail  de  M.  Charrin  a  définitivement  démontré  la  variabilité 
de  la  forme  d'un  même  microbe,  et  les  travaux  de  même  ordre  qui  ont  été 
publiés  bientôt  après  n'ont  fait  que  le  confirmer. 

On  change  à  volonté  la  forme  des  microbes,  on  change  aussi  leur  fonc- 
tionnement, on  modifie  leurs  sécrétions,  on  diminue  ou  l'on  restitue  leurs 
sécrétions  colorées,  on  les  supprime  temporairement,  on  les  supprime 
même  définitivement,  on  crée  des  races  dépourvues  de  la  fonction  chromo- 
gène. On  influence  de  même  les  sécrétions  par  lesquelles  les  microbes 
exercent  sur  les  animaux  une  action  souvent  nuisible,  parfois  utile  ;  on 
exalte  et  l'on  atténue  leur  virulence. 

Une  constatation  intéressante  qui  rentre  dans  le  même  ordre  de  modifi- 
cations artificielles  apportées  à  la  vie  et  au  fonctionnement  des  microbes 
a  été  fournie  à  M.  Charrin  par  la  culture  simultanée,  dans  un  même  milieu, 
de  la  levure  et  du  bacille  pyocyanique.  Les  deux  organismes  se  développent, 
mais  la  levure  cesse  d'agir  comme  ferment  et  le  bacille  pyocyanique  ne 
sécrète  plus  le  pigment  bleu. 

Ce  sont  là,  en  réalité,  de  pures  recherches  de  Bactériologie,  mais  on 
devine  de  quel  intérêt  elles  vont  être  pour  l'étude  expérimentale  de  la  viru- 
lence, de  l'immunité,  de  la  Bactériothérapie. 

Pour  expliquer  la  genèse  de  la  maladie,  il  n'est  pas  moins  nécessaire 
d'étudier  les  variations  de  l'activité  chez  l'homme  que  chez  le  microbe.  On 
avait  de  bonnes  raisons  pour  admettre  que  la  fatigue,  l'excès  du  travail,  la 


(     Il32    ) 

crainte,  l'inquiélude,  le  chagrin  rendent  l'homme  plus  vulnérable  et  le 
placent  en  état  d'opportunité  morbide.  M.  Charrin,  en  collaboration  avec 
M.  Roe[er,  a  démontré  que  des  causes  de  même  ordre  font  qu'un  animal 
normalement  réfractaire  à  une  maladie  devient  capable  de  la  contracter, 
ou  que,  s'il  n'est  pas  réfractaire,  elles  rendent  cette  maladie  plus  grave  et 
plus  rapide  dans  son  développement.  Ces  expériences,  qui  ont  fait,  à 
l'époque,  grande  impression,  sont  considérées  comme  la  démonstration 
expérimentale  de  l'influence  du  surmenage  sur  l'infection.  Leur  significa- 
tion est  plus  large.  Elles  ont  eu  le  mérite  de  démontrer  que,  dans  les  ma- 
ladies infectieuses,  tout  ne  réside  pas  dans  le  microbe  et  que  la  détériora- 
tion préalable  de  l'économie,  le  consentement  de  l'organisme  humain  n'est 
pas  chose  indifférente  pour  la  production  de  la  maladie. 

Le  i5  avril  1878,  Toussaint  avait  affirmé  sans  preuve,  mais  avec  une 
parfaite  netteté,  que  la  bactéridie  charbonneuse  fabrique  ou  excite  l'orga- 
nisme à  fabriquer  une  substance  solubJe,  toxique,  phlogogène,  capable 
d'amener  l'ensemble  des  accidents  de  la  maladie.  C'était  la  première  affir- 
mation de  l'origine  toxique  des  symptômes  caractéristiques  des  maladies 
infectieuses.  L'idée  devait  faire  son  chemin.  Il  appartient  à  M.  Charrin 
d'avoir  démontré  que  les  poisons  spécifiques  de  ces  maladies  sont  réelle- 
ment sécrétés  par  les  microbes.  Les  cultures  filtrées  du  bacille  pyocyanique 
injectées  à  l'animal  produisent,  tout  aussi  bien  que  l'inoculation  du  microbe, 
la  fièvre,  l'albuminurie,  la  diarrhée,  l'amaigrissement  et  surtout,  cela  est 
spécifique,  la  paraplégie  spasmodique  et  la  paralysie  vésicale.  Le  travail  de 
M.  Charrin  est  du  3  mars  1887. 

Ce  n'est  pas  seulement  la  fièvre,  l'albuminurie,  la  diarrhée,  les  paraly- 
sies qui  résultent  des  poisons  versés  dans  l'organisme  parles  microbes  qui 
s'y  développent,  les  dégénérescences  chroniques  de  certains  organes 
peuvent  avoir  la  même  origine  toxique.  C'est  ce  que  M.  Charrin  a  démon-  ' 
tré  pour  le  rein,  pour  le  cœur,  où  il  a  constaté  même  la  dégénérescence 
amyloïde  à  la  suite  des  intoxications  répétées  par  les  poisons  bactériens. 
Ce  travail  a  ouvert  la  voie  et  les  lésions  toxiques  du  foie  dans  les  maladies 
infectieuses  ont  pris  leur  place  à  côté  de  celles  du  cœur  et  des  reins. 

M.  Charrin  a  signalé  un  fait  plus  inattendu  :  les  toxines  bactériennes 
amènent  un  gonflement  parfois  énorme  des  capsules  surrénales  et  du  même 
coup  ces  organes  perdent  l'une  de  leurs  fonctions.  On  sait  que  le  suc 
extrait  des  capsules  surrénales,  injecté  aux  animaux,  produit  une  élévation 
brusque  et  considérable  de  la  tension  artérielle.  Le  suc  des  capsules  sur- 
rénales modifiées  par  les  toxines  n'agit  plus  sur  la  circulation. 

L'action  nuisible  des  poisons  bactériens  est  bien  autrement  générale. 


(  ii33  ) 

profonde  et  durable,  elle  change  la  nutrition  tout  entière.  Les  jeunes  ani- 
maux qui  ont  subi  cette  imprégnation  sont  retardés  dans  leur  développe- 
ment et  atteignent  rarement  la  taille  et  le  poids  des  individus  sains  de  la 
même  portée.  Bien  plus,  le  trouble  nutritif  et  formateur  se  produit  même 
dans  la  descendance  des  animaux  qui  ont  subi,  je  ne  dis  pas  une  atteinte 
de  la  maladie  infectieuse,  mais  une  simple  impression  par  les  produits  de 
sécrétion  du  microbe  pathogène.  Tous  ceux  qui  s'intéressent  à  ces  grandes 
questions  de  l'hérédité  ont  vu  les  animaux  issus  de  mères  et  parfois  même 
de  pères  intoxiqués  par  les  poisons  pyocyaniques  et  qui  offraient  des  mal- 
formations des  oreilles,  des  membres,  du  vagin,  qui  se  présentaient  avec 
tous  les  attributs  du  nanisme;  chez  lesquels  enfin  on  a  pu  reconnaître 
l'apparition  des  difformités  et  des  lésions  histologiques  qui  caractérisent  le 
rachitisme.  Un  peu  de  hardiesse  dans  l'hypothèse  et  une  constante  et  per- 
sévérante attention  dans  la  recherche  des  effets  lointains  d'une  expérience 
ont  fixé  la  Science  sur  les  points  les  plus  graves  et  les  plus  discutés  du  dé- 
veloppement des  monstruosités  comme  conséquence  des  maladies  infec- 
tieuses des  parents,  faits  que  la  clinique  nous  avait  révélés,  mais  qu'elle 
était  incapable  de  nous  expliquer.  Ainsi  M.  Charrin  a  donné  à  sa  découverte 
ses  plus  larges  développements. 

Ce  qu'il  a  obtenu  chez  les  petits  des  femelles  imprégnées  parles  toxines 
microbiennes,  M.  Charrin  l'a  constaté  pour  les  enfants  nés  de  mères 
atteintes  de  maladies  infectieuses  pendant  la  grossesse,  plus  particulière- 
ment chez  les  enfants  de  mères  tuberculeuses  et  chez  les  enfants  nés  de 
mères  atteintes  de  fièvre  typhoïde  au  cours  de  leur  grossesse.  Ces  enfants 
ont  moindre  poids  et  moindre  taille,  même  s'ils  naissent  à  terme.  Leur 
température  centrale  est  abaissée,  elle  ne  dépasse  guère  36°,  elle  est 
souvent  35°.  Cela  tient  peut-être  à  ce  que  le  kilogramme  corporel  chez  ces 
enfants  est  desservi  par  une  surface  de  o'^ijoS  à  o°"i,o9  au  lieu  de  o™i,o6, 
comme  c'est  chez  le  nouveau-né  normal.  En  tout  cas  cela  démontre  que 
leur  système  nerveux  est  incapable  d'assurer  la  régulation  thermique. 
L'alcalinité  du  sang  est  diminuée,  l'acidité  de  l'urine  augmente.  Elle  con- 
tient plus  de  phosphates,  elle  est  plus  toxique  que  l'urine  normale.  Le 
rapport  de  l'azote  urinaire  total  oscille  de  0,72  à  0,78  au  lieu  de  la  nor- 
male 0,85. 

Les  poisons  bactériens  ont  aussi  des  actions  plus  limitées,  plus  spéciali- 
sées, et  tout  à  fait  passagères.  On  avait  démontz'é  que,  dans  certaines  ma- 
ladies infectieuses,  ou  même  dans  les  intoxications  aiguës  produites  par 
les  poisons  que  sécrètent  les  microbes  de  ces  maladies,  les  leucocytes  ne 
sortent  pas  des  vaisseaux,  la  diapédèse,  même  si  l'on  cherche  à  la  provo- 


(  iï34  ) 

quer,  ne  s'effectue  pas.  M.  Charrin  a  fait  faire  un  pas  de  plus  à  la  question; 
il  a  montré  que  ces  poisons,  qui  empêchent  la  sortie  des  leucocytes,  em- 
pêchent aussi  la  dilatation  vasculaire  et  l'exsudation  du  plasma,  suppriment 
la  rougeur  et  le  gonflement,  empêchent  la  manifestation  de  l'inflammalion, 
même  si  l'on  tente  de  la  produire  par  l'application  de  l'huile  de  croton  sur 
la  peau.  Poussant  plus  loin  son  expérience,  il  a  démontré  que  si  certaines 
substances  bactériennes  s'opposent  à  la  manifestation  de  l'inflammation, 
c'est  en  produisant  une  paralysie  des  centres  vaso-dilatateurs,  dont  l'exci- 
tation ne  réussit  plus  à  provoquer  par  action  réflexe  la  dilatation  active  des 
vaisseaux  de  l'oreille.  Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  sur  l'importance  de  ces 
découvertes,  et  sur  la  lumière  dont  elles  éclairent  certains  faits  constatés 
cliniquement  ou  expérimentalement,  et  qui  jusque-là  étaient  obscurs. 
L'un  d'eux  appartient  précisément  à  M.  Charrin.  Le  cobaye  est  relative- 
ment réfractaire  à  la  maladie  pyocyanique,  qui  produit  chez  lui  non  une 
septicémie  mortelle,  mais  une  tumeur  inflammatoire  curable.  Il  possède  un 
système  nerveux  qui,  dans  ses  centres  vaso-dilatateurs,  ne  se  laisse  pas  pa- 
ralyser par  les  toxiques  pyocyaniques.  D'autre  part,  le  lapin  rendu  réfrac- 
taire par  vaccination  atténue  le  bacille  en  question,  et  l'empêche  de  verser 
dans  le  sang  ses  poisons  paralysants.  Ce  lapin  vacciné  fait,  comme  le  co- 
baye, une  gomme  inflammatoire  et  non  plus  la  septicémie  d'emblée. 

En  1880,  Pasteur  avait  formulé  deux  hypothèses  par  lesquelles  on  pour- 
rait expliquer  l'immunité  acquise  :  ou  bien  le  microbe  pathogène,  pendant 
la  première  maladie  qui  a  guéri,  a  détruit  et  supprimé  dans  le  corps  de 
l'animal  quelque  principe  nécessaire  à  la  vie  bactérienne  et  que  la  vie  de 
l'organisme  animal  ne  ramène  pas;  ou  bien,  dans  son  premier  passage  par 
cet  organisme,  le  microbe  a  laissé  quelque  sécrétion  nuisible  à  son  déve- 
loppement, et  dont  l'économie  aniuîale  ne  parvient  pas  à  se  débarrasser. 
Pasteur  se  prononçait  en  faveur  de  la  première  hypothèse  :  c'était  la  théorie 
de  l'épuisement.  A  la  même  époque,  Chauveau  se  déclarait  en  faveur  de 
la  seconde  hypothèse  et  adoptait  la  doctrine  des  matières  empêchantes, 
que  les  expériences  de  Toussaint  semblaient  confirmer.  Pendant  sept  ans, 
la  question  n'avait  pas  fait  un  pas;  mais  le  génie  de  Pasteur  n'était  pas  resté 
inactif,  et  son  esprit  avait  conçu  une  interprétation  de  la  vaccination  qui, 
sans  nouvelles  expériences,  l'amena  à  abandonner  sa  première  idée  de 
l'épuisement,  et  à  se  ranger  à  l'opinion  des  matières  empêchantes.  Huit 
mois  après  cette  Communication,  MM.  Salmon  et  Smith  apportaient  le 
commencement  de  la  démonstration  expérimentale;  un  mois  plus  tard, 
le  24  octobre  1887,  M.  Charrin  rendait  publique  la  preuve  décisive  et  défi- 
nitive qu'il  possédait,  et  dont  il  m'avait  rendu  témoin  dès  le  mois  de  mars, 


(  ii35  ) 

mais  que,  par  un  scrupule  excessif  et  par  un  sentiment  de  déférence  fort 
honorable,  il  ne  voulait  pas  publier  avant  d'avoir  obtenu  l'approbation  de 
ses  maîtres  de  l'Institut  Pasteur.  Les  cultures  du  bacille  pyocyanique,  fd- 
trées  ou  chauffées  à  ioo°  et  même  à  i  io°,  conféraient  l'immunité  au  lapin. 
Deux  mois  plus  tard,  le  25  décembre  1887,  MM.  Roux  et  Chamberland 
répétaient  la  démonstration  à  l'aide  des  produits  solubles  du  vibrion  sep- 
tique.  A  cette  époque,  M.  Duclaux  a  fait  la  critique  des  expériences  de 
MM.  Salmon  et  Smith,  et  remarqué,  non  sans  raison,  qu'ils  n'avaient  pas 
conféré  au  porc  l'immunité  par  les  produits  du  bacille  du  choléra  des  porcs, 
mais  seulement  au  pigeon,  animal  qui,  de  leur  aveu,  est  placé  à  la  limite 
de  la  réceptivité.  On  a  pu  ajouter  très  judicieusement  que  les  cultures 
avaient  été  peut-être  insuffisamment  stérilisées  seulement  par  la  chaleur 
entre  58°  et  60".  C'est  ce  qu'avait  fait  Toussaint  pour  stériliser  le  sang 
charbonneux,  et  c'est  parce  que  le  procédé  avait  été  jugé  insuffisant  que 
l'honneur  de  la  découverte  des  vaccinations  par  produits  solubles  ne  lui 
appartient  pas. 

M.  Charrin  a  voulu  pénétrer  le  mécanisme  de  cette  immunisation  pro- 
duite par  un  poison.  Elle  n'est  pas  l'effet  d'une  accoutumance,  d'une  mi- 
Ihridatisation.  Si  Ton  injecte  aux  vaccinés  la  dose  de  produits  solubles  stric- 
tement nécessaire  pour  tuer  un  animal  non  vacciné,  cette  dose  suffit  aussi 
à  tuer  le  vacciné. 

Ce  qui  assure  l'immunité  c'est,  pour  une  part,  un  changement  humoral 
qui  survient  chez  le  vacciné  à  la  suite  de  l'intoxication,  changement  qui 
rend  son  sang  bactéricide.  On  avait  déjà  reconnu  que  le  sang  est  bactéri- 
cide même  chez  l'animal  normal,  et,  à  la  veille  de  la  publication  du  Mé- 
moire de  MM.  Charrin  et  Roger,  Nissen,  qui  donnait  le  bilan  actuel  de  nos 
connaissances,  concluait  au  doute  sur  la  question  de  savoir  si  la  vaccina- 
tion augmente  le  pouvoir  bactéricide  du  sang.  Après  la  publication  dont  je 
parle,  le  doute  n'a  plus  semblé  permis.  Dans  seize  maladies  on  a  établi 
que  le  sang,  après  guérison,  fournit  un  sérum  bactéricide,  et  pour  toutes 
ces  démonstrations  on  a  adopté  la  technique  de  MM.  Charrin  et  Roger.  Ce 
n'est  pas  à  dire  que  d'autres  modifications  humorales  ne  surviennent  pas 
chez  les  vaccinés,  en  particulier  l'état  antitoxique,  qui  n'est  encore  ferme- 
ment établi  que  pour  la  diphtérie  et  le  tétanos. 

Plus  récemment,  M.  Charrin  a  communiqué  des  recherches  expérimen- 
tales sur  l'influence  qu'exercent  les  substances  minérales,  même  neutres, 
quand  elles  sont  introduites  dans  le  corps  pendant  un  assez  long  temps  à 
petites  doses.  Au  nombre  de  ces  effets,  on  note  une  augmentation  de  la 
résistance  à  certaines  maladies  infectieuses.  On  savait  déjà  que  la  modifi- 


(  ii36  ) 

cation  durable  de  la  nutrition,  qui  confère  une  immunité  plus  ou  moins 
complète,  n'est  pas  produite  exclusivement  par  les  toxines  microbiennes; 
les  venins,  la  peptone,  certains  produits  de  la  sécrétion  du  foie  exercent  de 
ces  actions  tardives  et  durables.  Les  constatations  de  IM.  Charrin,  en  mon- 
trant que  les  changements  de  la  nutrition  que  produisent  les  substances 
minérales  peuvent  aussi  créer  l'état  rèfractaire,  font  sortir  de  la  spécificité 
et  du  mystère  cette  question  de  l'immunité. 

Les  nombreux  et  importants  travaux  que  je  viens  de  résumer  ont  déter- 
miné votre  Commission  à  décerner  le  prix  Chaussier  à  M.  Charrin. 


PRIX  BELLION. 

(Commissaires:  MM.  Bouchard,  Guyon,  Lannelongue,  Marey; 
Potain,  rapporteur.) 

La  Commission  propose  à  l'Académie  de  partager  le  prix  entre  : 
D'une  part  :  îvL  Cestan,  pour  son  Livre  sur  la  Thérapeutique  des  em- 
pyèmes.  Livre  où  tous  les  détails  de  cette  Thérapeutique  très  importante, 
très  délicate,  très  disputée,  sont  exposés  et  discutés  avec  un  très  grand 
talent,  une  haute  compétence  et  un  véritable  luxe  de  documents; 

D'autre  part  :  MM.  Grespix  et  Sergent,  pour  leur  Mémoire  sur  la  fièvre 
typhoïde  en  Algérie,  Mémoire  dans  lequel  ces  auteurs  ont  réuni  un  très 
grand  nombre  de  documents  nouveaux  sur  les  caractères  et  la  marche  de 
cette  maladie  dans  la  population  civile  de  l'Algérie,  sur  les  causes  de  sa 
propagation  et  sur  les  mesures  d'hygiène  qui  pourraient  l'atténuer  ou 
l'éteindre. 

PRIX  MÈGE. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Potain,  Marey,  Brouardel  ; 
Guyon,  rapporteur.) 

La  suture  intestinale,  pat  MM.  Félix  Terrier  et  Marcel  Baudoin. 

Ce  Livre  a  eu  pour  point  de  départ  les  leçons  faites  à  la  Faculté  de 
Médecine,  dans  le  semestre  d'été  1898,  par  M.  le  Professeur  Félix  Terrier. 
Noire  savant  Collègue  a  pris  et  nous  a  donné  la  bonne  habitude,  depuis 
qu'il  occupe  la  chaire  de  Médecine  opératoire,  de  publier  chaque  année 


'    '  '37    •' 

ses  leçons;  il  poursuit  ainsi  une  œuvre  de  véritable  Thérapeutique  chirur- 
gicale. 

Le  Volume  qui  a  été  présenté  par  les  auteurs  pour  le  prix  Mège  est 
avant  tout  un  Livre  d'Histoire.  Il  contient  la  description  de  la  presque 
totalité  des  procédés  connus  et  publiés  de  suture  intestinale.  On  y  trouve, 
à  côté  de  la  partie  descriptive,  un  nombre  considérable  de  figures.  Les 
auteurs  se  sont  efforcés,  aussi  bien  pour  le  texte  que  pour  les  images  qui 
aident  la  description,  de  toujours  puiser,  de  façon  directe,  aux  sources 
originales.  Ils  ont  considéré  que  le  dessin,  lui  aussi,  avait  droit  au  titre  de 
document  bibliographique  et  devait  en  offrir  les  garanties.  Aussi  ont-ils 
reproduit  les  figures  mêmes  des  Publications  originales.  Ils  ont  ainsi  réuni 
l'ensemble  le  plus  complet  de  documents  qui  ait  encore  été  publié,  sur 
les  procédés  chirurgicaux  successivement  inventés  pour  toutes  les  solu- 
tions traumaliques  ou  opératoires  de  l'intestin. 

Il  n'est  pas  besoin  de  remarquer  que,  malgré  qu'ils  se  soient  astreints  à 
l'ordre  chronologique  afin  de  rester  historiens,  les  auteurs  n'ont  pas 
oublié  que  l'esprit  critique  est  l'une  des  qualités  essentielles  du  chirur- 
gien; on  sait  comment  le  professeur  de  Médecine  opératoire  de  notre 
Faculté  sait  apprécier,  juger  et  appliquer  les  ressources  de  l'intervention 
chirurgicale.  Mais  nous  ne  voulons  insister  que  sur  le  très  grand  intérêt 
que  présente  l'histoire  détaillée  d'un  simple  chapitre  de  Médecine  opéra- 
toire, au  point  de  vue  de  l'étude  des  causes  qui  ont  retardé  ou  favorisé  les 
progrès  de  la  Médecine. 

C'est,  on  le  sait,  pour  favoriser  les  travaux  de  cet  ordre,  qu'a  été  fondé 
le  prix  Mège.  Son  auteur  a  désiré  que  son  essai,  qui  ne  comprend  qu'un 
avant-propos  et  un  assez  court  chapitre  de  prolégomènes  consacré  à  l'ex- 
posé de  la  période  préhippocratique,  soit  continué  et  complété.  Il  faudrait, 
pour  le  compléter,  écrire  l'histoire  tout  entière  de  la  Médecine  et  de  la 
Chirurgie,  dénoncer  les  erreurs  reconnues  et  mettre  en  leur  place  les 
vérités  conquises.  Mais  il  ne  peut  être  plus  utilement  continué  que  par 
les  œuvres  où  se  trouvent  représentées,  avec  tant  d'autorité  et  de  compé- 
tence, l'érudition  la  plus  complète  et  la  critique  la  mieux  autorisée. 

L'histoire  de  la  suture  intestinale  montre,  en  effet,  que  les  efforts  tentés 
de  tous  temps  pour  la  réparation  des  plaies  de  l'intestin,  ne  sont  devenus 
effectifs  que  lorsque  des  notions  physiologiques  exactes  ont  nettement 
déterminé  les  conditions  qui  permettent  la  reprise  très  rapide  des  surfaces 
mises  en  rapport;  c'est  ainsi  que  jjeuvent  être  obtenus  la  fermeture  immé- 
diate des  solutions  de  continuité,  la  complète  incarcération  et  l'abandon 

C.  R.,  1899,  y  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  25.)  IJO 


(  ii38  ) 

des  fils  dans  le  ventre.  C'est  grâce  à  ces  conditions  que  l'on  peut  utiliser, 
pour  cette  Chirurgie  à  laquelle  elle  convient  si  bien,  l'asepsie  au  lieu  de 
l'antisepsie. 

Votre  Commission  propose  à  l'Académie  de  décerner  le  prix  Mège  pour 
1899  à  MM.  Félix  Terrier  et  Marcel  Baudoin. 

PRIX  LÂLLEMATSD. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Potain,  Ranvier,  d'Arsonval  ; 
Marey,  rapporteur.) 

Le  prix  n'est  pas  décerné  cette  année.  Une  mention  honorable  est  ac- 
cordée à  M.  le  D*"  Pierre  Janeï,  pour  son  Ouvrage  intitulé  :  L' Automatisme 
physiologique  et  Névroses  et  idées  fixes. 

PRIX  DU  BARON  LARREY. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Potain,  Marey,  Lannelogue; 
Guyon,  rapporteur.) 

Statistique,  étiologie  et  prophylaxie  de  la  Tuberculose  dans  l'armée; 
par  MM.  les  Tf^  Arnaud  et  Lafeuille. 

Ce  travail  manuscrit  s'appuie  sur  les  statistiques  recueillies  de  1876  a 
1895  par  le  Service  de  santé  des  armées;  cette  importante  enquête  accuse 
une  augmentation  sensible  de  la  Tuberculose  chez  les  soldats.  Api'ès  avoir 
fait  la  part  légitime  qui  revient  dans  cette  constatation  aux  meilleures 
classifications  et  aux  examens  plus  soigneux,  qui  permettent  d'attribuer  à 
la  Tuberculose  tout  ce  qui  lui  revient  avec  certitude,  les  Auteurs  recon- 
naissent néanmoins  sa  réelle  et  rapide  progression. 

Leurs  recherches,  très  étendues,  très  méthodiques  et  très  soigneuses, 
portent  sur  l'évolution  comparée  de  la  Tuberculose  chez  les  jeunes  et  chez 
les  anciens  soldats;  sur  l'évolution  de  la  Pleurésie:  sur  l'influence  des  ma- 
ladies infectieuses.  Les  Auteurs  examinent  l'influence  de  la  contagion  et 
celle  des  saisons  sur  la  propagation  de  la  tuberculose;  ils  font  la  part 
respective  de  la  contagion  et  de  la  réinfection,  et  donnent  un  aperçu  géné- 
ral de  sa  prophylaxie  dans  l'armée.  Cette  étude  documentée  les  amène  à 
conclure  :  que  l'augmentation  delà  Tuberculose  dans  l'armée  porte  exclu- 
sivement sur  les  jeunes  soldats;  qu'elle  est  due  à  l'insuffisante  sélection 


(  ii39  ) 

faite  par  les  Conseils  de  revision  ;  que  la  Tuberculose  évolue  principalement 
sous  l'influence  des  maladies  infectieuses  et  des  conditions  inhérentes  au 
service  militaire;  les  Auteurs  sont  disposés  à  très  peu  incriminer  la  caserne. 
Ils  terminent  leur  Mémoire  en  proposant  les  mesures  prophylactiques  qui 
visent  à  la  fois  le  séjour  à  la  caserne,  et  les  conditions  dans  lesquelles 
s'opère  le  recrutement.  Votre  Commission  propose  à  l'Académie  de  décerner 
le  prix  Larrey  à  MM.  les  D"  Arnaud  et  Lapeuillf. 


PHYSIOLOGIE. 


PRIX  MONTYON  (PHYSIOLOGIE  EXPERIMENTALE). 

I  Commissaires  :  MM.  d'Arsonval,  Bouchard,  Chauveau,  Ranvier; 

Marey,  rapporteur.  ) 

M.  Le  Hello,  professeur  au  Haras  du  Pin,  a  présenté  au  concours  des 
études  sur  le  mécanisme  de  la  locomotion  du  cheval.  Les  épures  chrono- 
photographiques  des  allures  de  cet  animal  lui  avaient  montré  que  les 
théories  régnantes  ne  sont  pas  admissibles.  Ainsi,  le  membre  postérieur 
n'agit  pas  en  s'allongeant  par  le  redressement  de  ses  angles;  cet  allonge- 
ment ne  serait  efficace  pour  la  propulsion  de  l'animal  que  si  le  pied  à 
l'appui  se  trouvait  en  arrière  de  la  verticale  abaissée  du  centre  de  l'articu- 
lation de  la  hanche;  dans  le  cas  contraire,  il  ferait  reculer  le  cheval;  or 
les  épures  montrent  qu'il  n'en  est  pas  ainsi. 

L'auteur  est  arrivé  à  une  conception  nouvelle  du  rôle  des  divers  groupes 
musculaires  du  membre  postérieur;  parmi  eux,  les  muscles  ischio-tibiaux 
ouvrent  l'angle  que  forme  en  avant  la  cuisse  avec  le  bassin.  C'est  l'ouver- 
ture de  cet  angle  qui  produit  la  propulsion  à  toutes  les  phases  de  l'appui 
du  pied.  Mais,  dans  ce  mécanisme,  la  rigidité  de  la  colonne  vertébrale 
joue  un  rôle  capital.  Chargée  parle  poids  <iu  corps,  cette  colonne  empêche 
le  bassin  de  se  relever  lorsque  s'ouvre  l'angle  coxofémoral;  dès  lors,  cette 
ouverture  ne  peut  se  produire  qu'en  propulsant  la  masse  du  corps.  Celte 
théorie  explique  pourquoi,  si  les  vertèbres  lombaires  sont  altérées  dans 
leurs  articulations  et  ont  perdu  leur  rigidité,  le  cheval  ne  peut  pas  marcher. 
L'ouverture  de  l'angle  produit  un  mouvement  de  bascule  du  bassin  avec 


(  ii4o  ) 

flexion  (le  la  région  lombaire  dont  les  apophyses  épineuses  forment  une 
saillie  apparente,  mais  la  propulsion  est  abolie. 

Ce  mécanisme  un  peu  compliqué,  M.  Le  Hello  l'a  rendu  parfaitement 
clair  au  moyen  d'une  démonstration  schématique.  Une  carcasse  de  métal 
dont  les  pièces  articulées  imitent  grossièrement  le  squelette  d'un  cheval 
est  munie  de  bandelettes  de  caoutchouc  tendues  et  dont  les  attaches  cor- 
respondent aux  insertions  des  principaux  groupes  musculaires.  Suivant 
qu'on  enlève  ou  qu'on  replace  telle  ou  telle  de  ces  bandelettes,  on  voit 
disparaître  ou  reparaître  la  fonction  que  M.  Le  Hello  avait  assignée  au 
muscle  d'où  elle  tient  la  place;  c'est  ainsi  que  peut  se  démontrer  le  rôle 
indispensable  des  ischio-tibiaux  dans  la  propulsion.  Enfm,  la  nécessité  de 
la  rigidité  de  la  colonne  vertébrale  se  démontre  sur  le  schéma  en  rendant, 
à  volonté,  rigide  ou  flexible  la  région  lombaire.  Dans  ce  dernier  cas,  le  rein 
forme  un  angle  convexe  en  haut  et  la  propulsion  est  supprimée. 

La  même  méthode  suivie  par  M.  Le  Heilo  lui  a  montré  que  les  membres 
antérieurs  ne  soat  pas  île  simples  colonnes  portantes  comme  on  l'a  cru 
longtemps,  mais  que  ces  organes  servent  aussi  à  la  propulsion.  D.ins  ce 
cas,  l'effort  propulsif  est  produit  par  le  grand  pectoral.  Un  schéma  très 
démonstratif  explique  ce  mécanisme  d'une  manière  saisissante. 

Votre  Conmiission  a  pensé  que  ces  importantes  études  île  M.  Le  Hello 
devaient  être  récompensées  par  le  prix  de  Physiologie. 

Une  mention  honorable  a  été  accordée  à  M.  Quixton  pour  ses  persévé- 
rantes études  sur  la  constance  du  milieu  marin  originel  à  travers  la  série  ani- 
male. L'auteur  entend  par  là  que  l'origine  de  tous  les  animaux  a  été  pri- 
mitivement marine,  et  que  les  cellules  organiques  dont  sont  formés  leurs 
tissus  gardent  la  composition  primitive;  de  sorte  que  les  éléments  dont 
elles  sont  formées  renferment  tous  les  sels  qui  entrent  dans  la  composition 
de  l'eau  de  mer.  Il  observe  que  la  proportion  de  chacun  de  ces  sels  est  la 
même  pour  l'eau  de  mer  et  pour  les  tissus  organisés,  si  l'on  excepte,  bien 
entendu,  les  matières  azotées  qui  leur  sont  propres. 


PRIX  LACAZE  ^Physiologie). 

Commissaires  :   MM.  Marey,  d'Arsonval,  Bouchard,  Duclaux,  Ranvier, 
Folaiii,  Mdne-Edwards;  A.  Chauveau,  rapporteur.  ) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  le  professeur  Morat,  pour  l'en- 
semble de  ses  travaux  de  Physiologie  expérimentale. 


Les  plus  importants  de  ces  travaux  sont  ceux  qu'il  a  exécutés  sur  le  sys- 
tème nerveux,  particulièrement  sur  le  grand  sympathique,  en  collaboratioM 
avec  M.  le  professeur  Dastre,  auquel  le  prix  Lacaze  a  été  décerné  il  y  a 
quatre  ans. 

Avant  de  parler  de  ces  travaux,  il  importe  d'en  rappeler  quelques  autres, 
portant  sur  la  Chimie  physiologique  et  l'Électrophysiologie. 

Signalons  d'abord  un  travail,  auquel  M.  Dastre  a  également  collaboré, 
faisant  connaître  un  caractère  optique  de  la  lécithine  et  où  il  est  démontré 
que  les  dégénérescences  dites  graisseuses  sont  souvent  des  dégénérescences 
lécithiques. 

Avec  M.  Dufourt,  M.  Morat  a  étudié  la  consommation  du  glycogène  faite 
par  les  muscles  pendant  leur  travail  artificiellement  provoqué.  Par  des 
dosages  comparatifs  de  la  glycose  dans  le  sang  artériel  et  le  sang  veineux 
il  montre  ensuite  comment,  dans  les  muscles  épuisés  de  glycogène,  la 
reconstitution  de  celui-ci  s'effectue  rapidement  à  l'aide  de  la  glycose  em- 
pruntée au  sang. 

Le  progrès  apporté,  par  M.  Morat,  en  Électrophysiologie  consiste  en 
ceci  : 

Par  l'auscultation  du  muscle  et  l'analyse  myographique,  on  a  montré  la 
ressemblance  de  la  contraction  volontaire  avec  le  tétanos  physiologique  et 
réciproquement.  Néanmoins  l'étude  des  phénomènes  électriques  du  muscle 
montrait  un  certain  désaccord  dans  les  deux  cas.  Avec  Toussaint,  M.  Morat 
a  fait  disparaître  ce  paradoxe,  en  précisant  les  circonstances  dans  lesquelles 
on  amène  les  phénomènes  électriques  eux-mêmes  à  être  semblables  dans  ces 
deux  cas.  L'Académie  a  honoré  ce  travail  d'un  prix  Montyoa  (Physiologie 
expérimentale)  en  1877,  sur  le  Rapport  de  Cl.  Bernard. 

De  la  colLiboration  de  M.  Morat  avec  Toussaint  est  résulté  un  autre  tra- 
vail d'Électrophysiologie  :  les  phénomènes  de  l'eVec/rotoniw  dans  l'excitation 
unipolaire.  Nous  le  passons  sous  silence  pour  arriver  de  suite  aux  travaux 
qui  ont  eu  pour  objet  la  physiologie  du  système  nerveux. 

Ces  travaux  ont  trait  :  à  la  détermination  et  au  classement  méthodique  des 
fonctions  du  grand  sympathique,  à  la  constitution  de  ce  système  de  nerfs,  à 
l'analyse  des  rapports  fonctionnels  de  ses  éléments  constituants.  Ils  débutent 
par  une  critique  des  méthodes  employées  pour  la  recherche  des  nerfs 
vaso-moteurs  (constricteurs  et  dilatateurs).  On  y  trouve  un  des  premiers 
exemples  de  la  méthode  d'inscription  autographique  à  l'étude  de  la  con- 
traction des  muscles  vasculaires,  provoquée  par  excitation  artificielle  de 
leurs  nerfs. 


Les  deux  expériences  suivantes  sont  les  plus  originales  et  les  plus  saisis- 
santes des  séries  exécutées  par  les  deux  collaborateurs. 

Ils  excitent  le  sympathique  cervical  ou  sympathique.  Faite  sur  certains 
animaux,  cette  excitation  provoque  une  dilatation  vasculaire  très  intense 
de  certaines  régions  de  la  tête  :  c'est  donc  que  ce  tronc  nerveux  contient 
des  éléments  dilatateurs  des  vaisseaux.  Ce  résultat,  malgré  les  apparences, 
n'est  nullement  en  contradiction  avec  ceux  qui  ont  été  constatés  par 
Cl.  Bernard  sur  le  même  sujet  et  le  même  objet.  Il  les  complète  tout  au 
contraire.  La  fonction,  en  effet,  n'appartient  pas  au  tronc  nerveux,  mais  à 
ses  éléments  composants.  L'expérience  de  MM.  Dastre  et  Morat,  par  sa 
réalisation  facile,  par  ses  effets  évidents,  par  sa  signification  très  nette,  est 
devenue  une  expérience  de  cours.  Grâce  à  la  suivante,  d'une  exécution  plus 
délicate,  la  question  fait  un  pas  de  plus. 

Chez  d'autres  animaux,  les  effets  susdits  s'obtiennent  par  l'excitation 
du  sympathique  thoracique.  Mais  ils  changent  de  sens  quand  on  excite  le 
svmpathique  cervical.  Le  lieu  qui  correspond  à  cette  inversion  remarquable 
est  la  masse  des  ganglions  situés  à  la  base  du  cou,  au  niveau  de  l'entrée  de 

la  poitrine. 

On  peut  conclure  de  ces  constatations  que  le  grand  sympathique  n'est  pas 
un  simple  nerf,  mais,  comme  les  anatomistes  en  avaient  le  pressentiment, 
un  système  de  nerfs.  Des  éléments  antagonistes  coexistent  dans  ses  branches 
de  distribution  ou  d'origine.  Ces  éléments  convergentvers  les  masses  gan- 
glionnaires, qu'ils  traversent  depuis  la  chaîne  vertébrale  jusqu'aux  plexus 
terminaux.  Les  masses  ganglionnaires  sont  comme  les  points  nodaux  du 
système,  et  l'expérience  les  désigne  comme  ayant  des  fondions  impor- 
tantes, de  la  nature  de  celles  qui  sont  attribuées  à  la  substance  grise  des 
masses  nerveuses  centrales. 

Les  nerfs  vaso-dilatateurs  sont,  en  somme,  des  inhibiteurs  vasculaires. 
Le  mot  inhibition,  ainsi  qu'on  sait,  désigne  simplement  ce  qu'on  appelait 
autrefois  les  phénomènes  d'arrêt.  Le  mot  nouveau  a  fait  fortune.  Mais  en 
s'appliqnant  à  des  phénomènes  de  plus  en  plus  nombreux  et  souvent  dis- 
parates, il  perd  sa  signification  première  et  jusqu'à  sa  raison  d'être.  Les 
expériences  précédentes  montrent  qu'il  faut  l'entendre  comme  désignant 
des  phénomènes  avant  tout  nerveux,  résultant  d'un  conflit  d'éléments  et 
localisés  dans  la  substance  grise  ou  ses  équivalents  des  masses  ganglion- 
naires. 

Pendant  que  les  uns  étendaient  l'inhibition  outre  mesure,  les  autres, 
par  une  conséquence  logique  de  cette  exagération,  acceptaient  le  phéno- 


(  1.43  )      • 

mène,  mais  niaient  l'existence  de  nerfs  spéciaux  à  lui  dévolus  :  tout  nerf, 
pour  eux,  serait  moteur  ou  inhibiteur,  suivant  les  circonstances.  Dans  les 
travaux  que  nous  analysons  rapidement  ici,  il  est  démontré  que  cette  ma- 
nière de  voir  est  insoutenable.  Si,  en  elfet,  on  excite  un  nerf,  comme  le 
pneumogastrique  ou  le  sympathique,  provoquant  dans  son  champ  de  dis- 
tribution des  effets  les  uns  moteurs,  les  autres  inhibiteurs,  ces  effets  ne 
sont  pas  successifs,  mais  simultanés.  Bien  plus,  si  l'on  fait  varier  en  série 
régulière  les  conditions  d'intensité,  de  rythme,  de  durée  et  de  sens  du 
courant  excitateur,  on  voit  ces  effets  croître,  atteindre  un  maximum,  puis 
décroître  parallèlement,  mais  en  restant  toujours  inverses.  Donc,  il  y  a  des 
nerfs  qui,  possédant  toutes  les  propriétés  générales  des  nerfs  moteurs,  s'en 
distinguent  en  ce  qu'ils  produisent  le  repos,  là  où  les  nerfs  moteurs  vrais 
produisent  le  mouvement.  Donc,  il  y  a  des  nerfs  inhibiteurs  spéciaux. 

Pour  l'anatomiste  descripteur,  le  grand  sympathique  s'arrête  en  haut  à 
la  base  du  crâne  et  en  arrière  aux  trous  de  conjugaison.  Ce  sont  là  des 
limites  évidemment  conventionnelles.  Les  travaux  de  MM.  Dastre  et  Morat 
rattachent  à  ce  système  tous  les  éléments  de  môme  fonction  qui  sont  con- 
tenus dans  les  nerfs  crâniens  et  auxquels  les  bouleversements  embryolo- 
giques de  cette  région  ont  valu  de  porter  des  noms  particuliers,  notam- 
ment les  éléments  contenus  dans  le  pneumogastrique  (moyen  sympathique) 
et  dans  le  facial  (petit  sympathique  des  anciens).  Quant  à  la  question, 
longtemps  controversée,  des  origines  du  système,  origines  que  les  anciens, 
avec  Bichat,  plaçaient  de  préférence  dans  les  ganglions,  et  les  modernes, 
avec  Schiff,  de  préférence  dans  la  moelle  épinière,  M.  Morat  montre,  par 
la  méthode  des  dé  générations,  que  cette  alternative  ne  se  pose  pas. 

Formé  de  pièces  juxtaposées  en  même  temps  que  superposées,  ce  sys- 
tème, pas  plus,  du  reste,  que  les  autres,  ne  possède  une  origine  unique, 
mais  autant  d'origines  qu'il  compte  d'éléments,  ou,  pour  employer  le  mot 
nouveau,  de  neurones.  De  ces  neurones,  les  uns  commencent  dans  la 
moelle  épinière  et  vont  plonger  leurs  extrémités  dans  un  des  ganglions, 
soit  de  la  chaîne  vertébrale,  soit  de  la  périphérie;  les  autres  commencent 
dans  ces  ganglions  et  vont  jusqu'aux  organes. 

Le  grand  sympathique  est  de  la  sorte  comparable  à  une  moelle  dissociée 
et  éparpillée  diins  les  organes  et  les  tissus.  Les  noyaux  moteurs  sont  des 
ganglions.  De  ceux-ci  partent  des  fibres  allant  aux  viscères,  aux  glandes, 
aux  vaisseaux.  A  ces  ganglions  aboutissent  des  fibres  de  projection  venues 
de  la  moelle  épinière  et  comparables  à  celles  qui,  de  l'écorce  cérébrale. 


(    11/44    ^ 

descendent  le  long  de  l'axe  gris  de  la  moelle  pour  le  rejoindre  à  des  niveaux 
différents. 

Toutes  ces  études  sont  complétées  par  celle  des  poisons  particuliers  du 
çrand  sympathique.  Ce  sont  des  alcaloïdes  dont  l'atropine  et  la  pilocarpine 
représentent  les  deux  types  les  mieux  définis.  Ces  deux  substances  trou- 
blent puissamment,  mais  en  sens  inverse,  les  mouvements  de  l'iris,  du 
cœur,  des  viscères  et  la  sécrétion  des  glandes.  Il  est  montré  qu'elles  agis- 
sent sur  les  éléments,  les  uns  moteurs,  les  autres  inhibiteurs,  contenus  dans 
le  grand  sympathique;  comme  les  méthodes  usuelles  de  section  et  d'exci- 
tation, elles  constituent  un  nioven  de  déceler  l'antagonisme  fonctionnel 
des  éléments.  En  d'autrrs  termes,  l' antagonisme  des  effets  observés  réside 
non  dans  les  substances  administrées,  mais  dans  les  éléments  nerveux  affectés 
par  elles.  L'antagonisme  est  de  nature  physiologique  et  non  chimique. 

Parmi  les  fonctions  particulières  assez  nombreuses  du  grand  sympa- 
thique, M.  Moratenafait  connaître  plusieurs.  Indépendamment  de  la  fonc- 
tion vaso-dilatatrice,  il  a  établi,  avec  M.  Doyon,  l'existence  d'une  fonction 
accommotiatrice,  pour  la  vision  éloignée,  en  étendant  au  muscle  ciliaire 
l'action  inhibitrice  exercée  par  le  cordon  cervical  sur  le  muscle  irien. 

D'autre  part,  il  a  étudié,  avec  M.  Dufonrl,  les  nerfs  qui  gouvernent  la 
formation  de  la  glycose  dans  le  foie  et  indiqué  les  arguments  qui  permet- 
tent de  les  considérer  comme  étant  indépendants  des  nerfs  vaso-moteurs 
de  l'organe. 

Enfin,  en  appliquant  la  méthode  graphique  à  l'étude  des  mouvements 
de  l'estomac,  M.  Morat  a  montré,  à  côté  des  nerfs  moteurs,  les  nerfs  inhi- 
biteurs de  la  membrane  charnue  de  ce  viscère. 


PRIX  POUR  AT. 

Commissaires  :  MM.  Chauveau,  d'Arsonval,  Ranvier,  Bouchard; 
Marey,  rapporteur.^ 

La  question  proposée  était  la  suivante  :  Les  caractères  spécifiques  de  la 
contraction  musculaire  dans  la  série  animale. 

Un  Mémoire  anonyme  a  attiré  l'attention  de  la  Commission  ;  il  a  pour 
objet  l'étude  de  la  contraction  musculaire  principalement  dans  la  phase 
embryonnaire  et  la  comparaison  de  ses  caractères  avec  ceux  qu'on  observe 
chez  l'adulte. 


I 


(    ■t4:''   ) 

L'auteur  a  cherché  d'abord  à  vérifier  une  affirmation  de  Preyer,  à  savoir 
que  des  mouvements  volontaires  s'observent  chez  l'embryon  à  une  époque 
où  les  muscles  ne  réagissent  pas  encore  aux  excitations  électriques.  Il  a  vu 
qu'à  cette  phase  existent  des  mouvements  spontanés,  rythmés,  auxquels 
on  ne  peut  assigner  le  caractère  de  mouvements  volontaires,  attendu  que 
le  système  nerveux  n'est  pas  encore  formé,  que  ces  mouvements  peuvent 
être  provoqués  parfois  par  les  excitations  électriques,  mais  que  leurs 
caractères  ne  ré|)ondent  ni  à  l'intensité,  ni  îi  la  fréquence  des  excitations. 
A  cette  époque,  le  muscle  n'est  encore  formé  que  de  protoplasma;  lorsque 
les  fibrilles  y  apparaissent,  les  réactions  ordinaires  du  muscle  aux  excita- 
tions viennent  interférer  d'abord  avec  les  mouvements  spontanés,  puis  se 
substituer  à  eux  quand  le  muscle  a  acquis  sa  structure  définitive. 

Toutefois,  dans  cette  période  précoce  de  la  vie  embryonnaire,  les 
secousses  musculaires  sont  faibles  et  prolongées,  la  période  d'excitation 
latente  est  longue  et,  chose  curieuse,  ni  l'amplitude  des  secousses,  ni  la 
durée  de  l'excitation  latente  ne  sont  modifiées  par  les  variations  de  la  tem- 
pérature. A  une  phase  plus  avancée,  au  contraire,  les  variations  de  la  tem- 
pérature produisent  sur  les  caractères  de  la  secousse  les  efTets  bien  connus 
qu'on  observe  sur  les  muscles  de  l'animal  adulte. 

Dans  ces  expériences,  la  mesure  des  températures  a  été  faite  avec  le 
plus  grand  soin,  les  réactions  musculaires  ont  été  inscrites  au  myographe; 
enfin,  toutes  les  fois  que  cela  a  été  possible,  le  fœtus  a  été  maintenu  en 
relation  avec  le  placenta  maternel. 

Frappée  du  soin  apporté  dans  ces  études  expérimentales,  votre  Com- 
mission a  pensé  qu'elles  jugeaient  une  question  encore  peu  connue  des 
caractères  de  la  contraction  musculaire  aux  dilFcrentes  époques  de  la  vie 
embryonnaire,  et  elle  a  décerné  le  prix  Pourat  à  leurs  auteurs,  qui  sont 
MM.  Weiss  et  Carvalho. 


PRIX  PHILIPEAUX. 

(Commissaires  :  MM.  d'Arsonval,  Marey,  Bouchard,  Ranvier; 
Chauveau,  rapporteur.) 


Le  prix  n'est  pas  décerné. 


C,  R.,  1S99,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  25.  131 


(  ii46  ) 
GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE. 

PRIX  GAY. 

(^Commissaires:  MM.  Milne-Edwards,  de  Lacaze-Diithiers,  Filhol, 
Blanchard;  Edm.  Perrier,  rapporteur.) 

L'Académie  avait  mis  au  concours,  pour  le  prix  Gay,  l'Etude  des  Mol- 
lusques nus  de  la  Méditerranée;  leur  comparaison  avec  ceux  des  côtes  océaniques 
françaises.  Les  beaux  Mémoires  que,  depuis  1877,  M.  Albert  Vayssière  a 
publiés  sur  ce  sujet  répondent  admirablement  à  ce  programme. 

C'est  d'abord  la  description  d'un  élégant  Nudibranche,  voisin  des  Tritonia, 
qu'il  dédie  à  son  maître,  M.  Marion,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences 
de  Marseille  et  qu'il  dénomme  Marionia  Berghii  (').  Viennent  ensuite  de 
très  précises  Uecherches  anatomiques  sur  les  Mollusques  de  la  famille  des  Bul- 
lidœ  (-),  qui  servent  au  jeune  naturaliste  de  thèse  de  doctorat  et  oîi  est  dé- 
ciite  avec  de  grands  détails  l'organisation  des  Gastropteron ,  Doridium, 
Philine,  Scaphander,  Haminea.  En  1887,  dans  les  Annales  du  Musée  d'Histoire 
naturelle  de  Marseille,  M.  Vayssière  commence  la  publication  de  ses 
Recherches  zoologiques  et  anatomiques  sur  les  Opisthobranches  du  golfe  de 
Marseille;  dans  ce  Recueil  paraissent  successivement  ses  études  et  ses  dé- 
couvertes sur  les  Tectibranches  (Act.i:onid.ï:,  Bullid.e,  Scaphandrid^e,  Phi- 
LINID.E,  Gastropterid^ï:,  Doridiid.e,  Aplysid.e,  Oxynoeid.e,  Peltid.e,  Pleu- 
ROBRANCHiD-E,  Umbrellid.e) ;  en  1889,  celles  sur  les  Nudibranches;  enfin, 
dans  les  Annales  des  Sciences  naturelles  Q),  une  Monographie  de  la  famille  des 
Pleurohranchidés,  qui  contient  la  revision  et  la  description  de  toutes  les 
espèces  de  cette  famille.  C'est  là  un  ensemble  de  travaux  considérables, 
tous  orientés  dans  le  même  sens  et  dans  lesquels  M.  Albert  Vayssière  s'est 
montré  tour  à  tour  anatomiste  habile,  zoologiste  érudit  et  critique  très 
avisé.  De  nombreuses  et  belles  figures  font  connaître  le  détail  de  l'organi- 
sation des  animaux  qu'il  décrit  et  représentent  la  configuration  extérieure 
et  la  couleur  des  espèces  nouvelles.  Grâce  à  ces  travaux,  on  peut  dire  que 


(')  Coniples  rendus,  (877,  el  Journal  de  Conchyliologie,  1879. 
(-)  Annales  des  Saiences  naturelles;  1879-1880. 
(»)  8«  série,  t.  Mil. 


(   i'47  ) 
M.   Vayssière  tient,  parmi  les  zoologistes  français,  la  place  éminente  que 
Rudolph  Ber^h  occupe  depuis  si  longtemps  parmi  les  zoologistes  danois  et 
qui  lui  ont  valu  le  titre  lie  Correspondiinl  étranger  dont  l'Académie  des 
Sciences  est  si  ménagère. 

L'Académie,  en  récompensant  M.  Albert  Vayssière,  aura  témoigné  de 
son  estime  pour  les  études  que  rien  ne  décourage,  de  l'intérêt  qu'elle  porte 
aux  savants  laborieux  qui  ne  s'arrêtent  qu'après  avoir  épuisé  les  sujets 
qu'ils  ont  choisis. 


PRIX  GENERAUX. 


MEDAILLE  ARAGO. 

L'Académie  a  décerné  la  Médaille  Arago  à  Sir  George-Gabriel  Stores, 
à  l'occasion  de  son  Jubilé,  célébré  à  Cambridge  les  i*""  et  2  juin  dernier, 
pour  fêter  la  cinquantième  armée  de  son  professorat  à  la  chaire  lucasienue 
de  \'\]m\ers\lé.  (Comptes  rendus,  12  juin  1899.) 

PRIX  MONTYON  (ARTS  INSALUBRES). 

(Commissaires  :  MM.  Brouardel,  Armand  Gautier,  Schlœsing,  Troost; 

Moissan,  rapporteur.) 

Le  prix  est  décerné  à  M.  E.  Collin. 

Une  mention  est  accordée  à  M.  Paul  Razous. 

Parmi  les  nombreux  travaux  qui  lui  ont  été  soumis,  votre  Commission 
n'en  a  retenu  que  deux.  Le  premier  est  dû  à  M.  Collin;  il  a  pour  titre  : 
Élude  microscopique  des  aliments  d'origine  végétale;  le  second  nous  est  pré- 
senté par  jM.  Paul  Razous,  Inspecteur  départemental  du  travail;  il  traite 
De  l'assainissement  des  ateliers  industriels. 

Parmi  les  questions  qui  intéressent  au  plus  haut  degré  l'hygiène  publique, 


C  ii4B  ) 

il  faut  citer  celle  qui  concerne  la  pureté  des  substances  alimentaires.  Indé- 
pendamment des  altérations  spontanées  qu'elles  peuvent  éprouver,  ces 
substances  subissent  dans  leurs  pays  d'origine  et  d'importation  de  nom- 
breuses falsifications  qui,  sans  être  toujours  directement  nuisibles  à  la 
santé,  atténuent  leurs  qualités  alimentaires  et  diminuent  leur  valeur  com- 
merciale. 

Il  est  assez  facile  de  constater  la  pureté  et  la  qualité  des  substances  ali- 
mentaires quand  elles  sont  constituées  par  des  organes  entiers,  tels  que 
des  feuilles,  des  graines  et  des  fruits.  L'examen  et  la  comparaison  de  leurs 
caractères  extérieurs  fournissent  la  plupart  du  temps  des  moyens  de  vérifi- 
cation assez  précis.  Il  n'en  est  |)lus  de  même  quand  ces  substances  ont 
subi  une  préparation  ou  sont  offertes  sous  un  état  de  division  qui  facilite 
singulièrement  leur  mélange  avec  d'autres  produits;  c'est  ce  qui  se  pré- 
sente pour  la  plupart  des  aliments  végétaux  tels  que  les  farines,  le  thé,  le 
cacao  et  les  épices,  qui  sont  l'objet  de  falsifications  aussi  nombreuses  que 
variées. 

Pendant  longtemps  on  a  demandé  à  la  Chimie  la  solution  de  ce  problème 
délicat;  mais,  si  cette  Science  nous  permet  de  déterminer  parfaitement  la 
composition  des  aliments  liquides,  tels  que  le  vin,  la  bière,  le  lait  et  les 
huiles;  si  elle  conduit  facilement  à  la  découverte  des  substances  minérales 
et  organiques  qui  peu\ent  avoir  été  introduites  frauduleusement  dans  les 
aliments,  elle  ne  peut  donner  que  des  indications  vagues  pour  l'étude  des 
aliments  végétaux  réduits  en  poudre  et  des  produits  si  variés  qui  servent 
à  les  adultérer. 

Depuis  plusieurs  années  déjà  des  procédés  d'investigation  plus  parfaits 
ont  été  utilisés.  Les  résultats  importants  qui  ont  été  obtenus  établissent 
nettement  que  l'examen  microscopique  permet  de  constater  rapidement  et 
sûrement  la  pureté  et  la  qualité  des  aliments  végétaux,  de  déterminer  la 
nature  des  altérations  et  des  falsifications  qu'ils  ont  subies,  et  de  fixer 
même,  jusqu'à  un  certain  point,  la  proportion  des  éléments  étrangers. 

Celte  méthode,  adoptée  d'abord  en  Allemagne,  où  elle  a  suscité  la  publi- 
cation d'Ouvrages  très  importants,  a  été  longtemps  négligée  en  France. 
Dans  diverses  Communications  présentées  au  Conseil  d'hvgiène  de  la 
Meuse,  dans  de  nombreux  Mémoires  publiés  depuis  l'année  1874  dans  les 
journaux  français  et  étrangers,  M.  (>ollin  a  démontré  par  des  découvertes 
intéressantes  l'utilité  du  microscope  pour  l'analyse  des  denrées  alimen- 
taires. Depuis  cette  époque,  il  n'a  cessé  de  s'occuper  spécialement  de  cette 


(  11.^19  ) 
question  si  intéressante,  et  c'est  le  résultat  de  ses  longues  et  patientes  ob- 
servations qu'il  a  réuni  dans  le  Mémoire  qu'il  a  l'honneur  de   présenter 
aux  suffrages  de  l'Académie. 

Dans  ce  Mémoire,  absolument  personnel  et  très  complet,  M.  Collin  em- 
brasse l'étude  anatomique  de  tous  les  alimeiils  végétaux  ainsi  que  la 
recherche  des  altérations  et  des  falsifications  qu'ils  peuvent  subir. 

L'auteur  y  étudie  successivement  : 

i"  Les  aliments  féculents  (céréales,  farines,  fécules  exotiques,  pain, 
pommes  de  terre); 

2"  Les  aliments  stimulants,  tels  que  le  thé,  le  café,  le  cacao,  le  chocolat  ; 

3°  Toute  la  série  des  condiments  (poivre,  piment,  anis,  girofles,  va- 
nille) ; 

4°  Les  herbes  fraîches  ; 

5°  Les  conserves  végétales; 

6°  Les  confitures  et  gelées  de  fruits. 

Après  avoir  examiné  la  structure  interne  des  substances  alimentaires 
quand  elles  sont  entières,  M.  Collin  s'attache  à  étudier  spécialement  les 
particularités  différentes  qui  caractérisent  leurs  éléments  anatorniques 
quand  ils  sont  divisés  ou  séparés  les  uns  des  autres.  La  connaissance  de 
ces  particularités  est  indispensable  pour  constater  la  pureté  et  la  qualité 
des  substances  alimentaires  réduites  en  poudre.  Appliqué  à  l'étude  des 
farines  de  céréales,  cet  examen  constitue  une  méthode  d'expérimentation 
dont  M.  Collin  a  pu  faire  ressortir  tous  les  avantages  dans  les  nombreuses 
expertises  de  farine  qu'il  a  exécutées  pour  le  Ministère  du  Commerce. 

Après  avoir  étudié  la  structure  intime  des  substances  alimentaires, 
M.  Collin  applique  la  même  méthode  d'observation  à  chacun  des  produits 
avec  lesquels  on  les  mélange  dans  un  but  de  spéculation  frauduleuse.  Il  a 
reproduit  toutes  les  falsifications  qui  ont  été  signalées,  tant  en  France  qu'à 
l'étranger,  et  il  décrit  tous  les  caractères  que  présentent  ces  produits 
quand  ils  sont  entiers  et  quand  ils  sont  pulvérisés.  Chaque  description  est 
accompagnée  de  nombreux  dessins  originaux  dessinés  par  l'auteur. 

Les  observations  consignées  dans  le  Mémoire  de  M.  Collin  n'ont  pas 
seulement  un  intérêt  pratique.  Par  le  grand  nombre  et  la  variété  des  sub- 
stances qui  ont  été  observées  et  décrites,  ce  Mémoire  constitue  un  ensemble 
de  documents  dont  on  ne  peut  nier  l'intérêt  scientifique,  surtout  si  l'on 
se  place  au  point  de  vue  de  l'Anatomie  comparée  des  végétaux. 

Le  travail  de  M.  Paul  Razocs  ne  comporte  pas  de  recherches  person- 
nelles. L'auteur  a  visité  de  nombreuses  usines  et  il  passe  en  revue  les 


(   ii5o  ) 

conditions  dans  lesquelles  se  produisent,  dans  l'industrie,  les  poussières, 
les  gaz,  les  vapeurs  et  les  buées.  Il  indique  dans  chaque  cas  particulier 
comment  on  peut  arriver  à  l'assainissement  des  ateliers.  .Son  Mémoire 
renferme  des  exemples  nombreux  et  intéressants. 

Votre  Commission  vous  propose  de  décerner  le  prix  Montyon  (Arts 
insalubres)  à  M.  Collin  et  une  mention  très  honorable  à  M.  Paul  Razous. 

Ces  conclusions  sont  adoptées. 

PRIX  TRÉMONT. 

(Commissaires  :  MM.  J.  Bertrand,  Berthelot,  Maurice  Lévy,  Sarrau; 

Cornu,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  Louis  Ducos  du  Hauron,  l'un  des 
inventeurs  de  la  Photographie  des  couleurs  par  la  méthode  des  images 
colorées  superposées  (procédé  trichrome),  qui  a  publié  son  invention  dès 
1868  en  même  temps  que  Charles  Gros  et  indépendamment  de  ce  dernier. 
Ce  procédé  est  devenu  la  source  d'une  industrie  très  répandue  par  suite  de 
perfectionnements  techniques  et  artistiques  sans  que  l'inventeur  ait  tiré 
aucun  profit  de  son  ingénieuse  conception. 


PRIX  GEGNER. 

(Commissaires  :  MM.  Joseph  Bertrand,  Berthelot,  Darboux,  Hermite; 

Mascart,  rapporteur.) 

Le  prix  est  décerné  à  M.  Vaschy  (  Aiimé). 


PRIX  PETIT  D'ORMOY  (SCIENCES  MATHÉMATIQUES). 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Picard,  Jordan,  Hermite; 
Darboux,  rapporteur.) 


Le  prix  est  décerné  à  M.  Moutard,  pour  l'ensemble  de  ses  travaux  rel; 
tifs  à  l'Analyse  et  à  la  Géométrie. 


(  "5i  ) 


PRIX  PETIT  D'ORMOY  (SCIENCES  PHYSIQUES). 

(Commissaires  :  MM.  Milne-Edwards,  Van  Tieghem,  Bornet,  Blanchard; 

Edm.  Perrier,  rapporteur.) 

La  Commission  propose  de  donner  le  prix  Petit  d'Ormoy  à  M.  Alfred 

GlARD. 

Le  prix  Petit  d'Ormoy,  en  raison  de  sa  valeur  (^dix  mille  francs),  est  de 
ceux  que  l'Académie  réserve  d'habitude,  soit  à  une  découverte  exception- 
nelle, soit  à  un  effort  particulièrement  méritoire,  soit  à  une  carrière  d'in- 
cessant et  utile  labeur.  Il  y  a  souvent  dans  les  plus  retentissantes  décou- 
vertes une  part  importante  d'heureux  hasards:  un  souffle  généreux,  qui 
passe  et  s'éteint,  peut  provoquer  un  effort  qui  étonne  par  sa  puissance, 
mais  ne  se  renouvelle  pas;  la  volonté  continue  qui  préside  à  une  existence 
dont  tous  les  instants  sont  employés  à  la  poursuite  d'un  but  élevé,  dont 
toutes  les  forces  sont  constamment  tendues  vers  la  réalisation  d'un  même 
idéal,  une  telle  volonté  est  peut-être  ce  qu'il  y  a  de  plus  méritoire  dans  un 
homme  de  science.  Elle  s'est  rencontrée  à  un  haut  de^ré  dans  l'œuvre 
de  M.  Alfred  Giard,  professeur  d'Embryogénie  comparée  à  la  Sorboune, 
et  c'est  ce  qui  a  déciilé  votre  Commission  à  le  désigner  à  l'Académie  pour 
l'un  de  ses  plus  beaux  prix. 

•  Tout  enfant,  M.  Ciard  s'est  voué  à  l'étude  des  Sciences  naturelles.  Her- 
borisant ou  recueillant  des  Insectes  dans  la  campagne,  il  s'est  familiarisé 
de  bonne  heure  avec  les  formes  extérieures  des  élres  vivants  qui  sont 
comme  l'alphabet  d'une  langue  dont  il  devait  plus  tard  cherchera  péné- 
trer tous  les  secrets.  Ainsi  pourvu  de  connaissances  préliminaires  que  l'on 
ne  soupçonnait  pas  alors  au  collège  et  c|u'on  n'y  soupçonne  pas  beaucoup 
plus  aujourd'hui,  il  entrait  en  1867  à  l'École  Normale  supérieure,  où  l'on 
ne  songeait  pas  davantage  à  faire  des  naturalistes  inutilisables  dans  les 
lycées,  mais  où  le  large  esprit  de  Pasteur  visant  le  développement  intégral 
des  facultés  de  ses  élèves  avait  constitué,  avec  MM.  Delesse,  van  Tieghem 
et  de  Lacaze-Duthiers,  un  puissant  enseignement  des  Sciences  naturelles. 
M.  Giard  se  laissa  facilement  enthousiasmer  pour  la  Zoologie  par  un 
maître  dont  les  leçons  étaient  pour  son  jeune  et  vibrant  auditoire  des 
surprises  toujours  renouvelées,  et  ont  laissé  de  telles  traces  que  six  des 


(     1  132    ) 

élèves  de  cette  école  de  mathématiciens  et  de  physiciens  professent  aujour- 
d'Iiiii  les  Sciences  naturelles  à  la  Sorbonne  ou  au  Muséum.  Sans  se  préoc- 
cuper d'acquérir  le  tilre  professionnel  d'agrégé  pour  lequel,  en  1870,  il 
avaitété  impossible  d'ouvrir  un  concours,  M.  Giard,  à  peine  remis  des  dou- 
loureuses émotions  de  la  guerre  allemande,  alla  s'enfermer  à  Roscoff,  où 
aucun  laboratoire  n'existait  encore;  il  y  passa  l'hiver  et  en  revint  avec  une 
thèse,  ouvrage  de  début  qui  a  eu  la  rare  fortune  de  demeurer  classique. 

Nous  ne  saurions,  dans  ce  Rapport,  suivre  le  jeune  docteur  partout  où  l'a 
conduit  depuis  un  esprit  d'observation  toujours  en  éveil,  s'arrêtant  devant 
les  sujets  les  j)lus  variés,  aussi  bien  en  Botanique  qu'en  Zoologie,  scrutant 
les  squares  de  Paris  aussi  bien  que  les  bois  des  environs  de  Valenciennes 
ou  bien  encore  explorant  toutes  les  grèves  de  notre  littoral.  Nous  cherche- 
rons principalement  à  exposer  celles  de  ses  études  qui  ont  été  longtemps 
maintenues  dans  une  même  direction,  ont  révélé  ou  coordonné  des  en- 
sembles de  faits  de  quelque  étendue  et  ont  marqué  un  progrès  incontesté 
dans  nos  connaissances  zoologiques.  Ces  recherches  sont  relatives  aux 
Ascidies  composées,  au  parasitisme,  à  la  castration  parasitaire  et  aux  varia- 
tions qu'est  susceptible  de  présenter  le  développement  embryogénique 
des  animaux  d'un  même  groupe. 

On  appelle  Ascidies  des  animaux  marins,  de  structure  assez  complexe, 
mais  qui  se  présentent  sous  l'aspect  de  sacs  irréguliers,  de  consistance 
cartilagineuse,  livrant  passage  à  deux  tubes  régulièrement  découpés  sur  leurs 
bords  et  qu'on  nomme  les  siphons.  Dans  l'un  de  ces  siphons  s'engage  un 
courant  d'eau  qui  apporte  à  l'animal  des  aliments  et  de  l'oxygène,  filtre  au. 
travers  de  parois  d'un  sac  en  forme  de  trémie  qui  constitue  la  branchie, 
pénètre  dans  un  espace  péribranchial  communiquant  avec  l'autre  siphon, 
et  sort  par  ce  dernier,  en  entraînant  les  excréments  et  les  éléments  géni- 
taux qui  se  déversent  naturellement  eux-mêmes  dans  l'espace  péribran- 
chial. Parmi  les  Ascidies,  il  en  est  de  volumineuses  qui  vivent  à  l'état  soli- 
taire ;  de  petites,  qui  jouissent  d'ordinaire  de  la  faculté  de  bourgeonner  et 
forment  alors  des  colonies  généralement  incrustantes,  ornées  des  plus  vives 
couleurs.  Ce  sont  ces  Ascidies  coloniales  qui  portent,  depuis  Henri  Milne- 
Edwards,  le  nom  A' Ascidies  composées.  Les  recherches  de  M.  Giard  sur  ces 
animaux  remontent  à  environ  vingt-cinq  ans  (').  A  ce  moment,  une  révo- 
lution complète  venait  de  s'accomplir  dans  les  idées  des  zoologistes  relati- 


(')  A.  GiAiiu,  Recherches  sur  les  Ascidies  composées  ou  Synascidies  {Archives  de 
Zooloffie  expérimentale,  t.  I,  1872). 


(.153) 

vement  aux  Ascidies;  on  les  avait  longtemps  considérées  comme  apparentées 
aux  Mollusques  ;  les  recherches  embryogéniques  de  Kowalevsky  établirent, 
au  contraire,  que  les  larves,  en  forme  de  têtard,  des  Ascidies  présentaient, 
dans  leur  mode  de  développement  et  jusque  dans  leur  organisation,  d'é- 
troites ressemblances  avec  les  embryons  des  Vertébrés  les  plus  inférieurs  et 
notamment  avec  celui  de  VAmphioxus.  Les  Ascidies  semblaient  donc  le  pont 
si  longtemps  cherché  entre  les  Vertébrés  et  les  Invertébrés.  Toutefois,  à  ce 
moment  même,  la  découverte  par  notre  éminent  Confrère,  M.  de  Lacaze-Du- 
thiers,  d'un  mode  de  développement  exclusif  du  têtard  chez  certaines  Asci- 
dies de  la  famille  des  Molgulidées,  semblait  enlever  une  grande  partie  de 
leur  valeur  théorique  aux  observations  de  Kowalevsky,  puisque  la  forme 
larvaire  sur  laquelle  elles  portaient  pouvait  indifféremment  être  réalisée  ou 
faire  défaut.  M.  Giard  montra  que,  dans  la  famille  même  des Molgulidées('), 
l'absence  de  têtard  n'est  pas  générale.  Il  y  a  deux  groupes  de  Molgulidées  : 
les  unes  vivent,  comme  les  autres  Ascidies,  fixées  aux  pierres  ou  aux  algues; 
les  autres,  fixées  seulement  à  de  menus  objets,  semblent  libres  dans  le 
sable  et  mènent,  par  suite,  un  genre  de  vie  tout  à  fait  exceptionnel  chez 
les  Ascidies.  Les  Molgulidées  libres  sont  seules  dépourvues  de  têtard,  et 
l'absence  apparente  de  ce  dernier  n'est  que  le  résultat  d'un  mode  de  déve- 
loppement plus  rapide  que  le  mode  normal.  Les  Ascidies  ordinaires  vivent 
d'abord  libres  sous  forme  d'un  têtard  qui  nage  avec  sa  queue;  le  têtard  se  fixe 
plus  tard  par  sa  région  antérieure  et  subit  ensuite  une  importante  métamor- 
phose au  cours  de  laquelle  sa  queue  est  résorbée;  la  jeune  Molgule  se 
métamorphose,  pour  ainsi  dire,  en  même  temps  qu'elle  se  développe,  et 
sa  queue  se  constitue  c^'ew/'/ee  à  l'état  où  l'amène  d'habitude  sa  régression. 
C'est  ce  que  M.  Giard  appelle  un  développement  condense.  Grâce  à  cette 
ingénieuse  interprétation,  les  observations  de  Kowalevsky  et  celles  de 
M.  de  Lacaze-Duthiers,  en  apparence  contradictoires,  pouvaient  être 
facilement  synthétisées. 

Tout  en  se  livrant  à  ces  recherches  sur  les  Ascidies  simples,  M.  Giard 
rassemblait  les  matériaux  d'une  monographie  des  Ascidies  composées  de 
nos  côtes  de  Bretagne,  longtemps  demeurée  la  plus  complète  des  mono- 
graphies consacrées  à  ce  groupe  d'animaux.  Dans  ce  travail,  sa  thèse  de 
doctorat,  toutes  les  espèces  d'Ascidies  composées  des  côtes  de  Bretagne 
sont  étudiées  aussi  soigneusement  qu'on  pouvait  alors  le  faire;  un  grand 

(')  A.  Giard,  Étude  critique  des  travaux  d'Embryologie  relatifs  â  la  parenté 
des  Vertébrés  et  des  Tuniciers  {Archives  de  Zoologie  expérimentale,  l.  1,  1872). 

C.  R.,  1899,  2-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  26.)  '  32 


(  'i54  ) 

nombre  de  renseignements  sont  recueillis  sur  leur  habitat,  leurs  variations 
sous  l'influence  des  agents  extérieurs,  leur  alimentation,  leurs  parasites, 
de  manière  à  pré]>arer  une  sorte  de  vérification  expérimentale  de  la  doc- 
trine alors  fort  contestée  de  la  descendance.  Un  grand  nombre  d'espèces 
inconnues  jusque-là  sont  décrites;  des  genres  nouveaux  sont  constitués, 
d'autres  mieux  définis,  et  l'ensemble  des  genres  est  disposé  en  un  arbre 
généalogique  provisoire  qui  met  nettement  en  relief  leurs  affinités 
naturelles.  Mais  il  ne  s'agit  pas  ici  d'une  monographie  purement  taxo- 
nomique;  M.  Giard  étudie  aussi  l'organisation  des  Ascidies  composées, 
découvre  notamment  un  organe  glandulaire  spécial  en  rapport  avec 
leur  tube  digestif;  il  décrit  leur  développement,  suit  la  formation  de 
leurs  colonies,  cherche  à  déterminer  les  influences  que  le  milieu  exté- 
rieur peut  exercer  sur  elles  et  se  trouve  ainsi  amené  à  faire  connaître 
leurs  commensaux  et  leurs  parasites;  il  signale  déjà  quelques  modifica- 
tions que  la  présence  des  parasites  apporte  à  la  forme  des  colonies  des 
Synasciches. 

C'est  le  prélude  des  fécondes  recherches  que  M.  Giard  ne  tardera  pas  à 
effectuer  sur  les  parasites.  Le  parasitisme,  sous  toutes  les  formes  qu'il 
revêt,  soit  dans  le  Règne  animal,  soit  dans  le  Règne  végétal,  a  vivement 
excité  son  intérêt,  en  raison  surtout  des  modifications  qu'il  imprime  soit 
au  parasite,  soit  à  son  hôte,  des  singulières  métamorphoses  ou  des  migra- 
tions étonnantes  qu'il  provoque  et  qui  sont  susceptibles  d'éclairer  d'un 
jour  nouveau  le  problème  de  l'origine  et  de  la  raison  d'être  des  formes 
animales. 

Chez  les  Echinodermes,  M.  Giard  découvre  d'abord  une  classe  nouvelle 
de  parasites,  les  Orthonectidés,  êtres  vermiformes,  ciliés,  mais  d'une  orga- 
nisation tellement  simplifiée,  que  quelques  auteurs  ont  créé  pour  eux  et 
les  Dicyémidés,  parasites  des  Seiches,  une  division  primordiale  du  Règne 
animal,  la  division  des  Mésozoaires,  intermédiaire  entre  celle  des  animaux 
uniceilulaires  ou  Protozoaires  et  celle  des  animaux  pluricellulaires  ou 
Métazoaires.  La  complication  remarquable  du  mode  de  reproduction  des 
Dicyémidés  et  des  Orthonectidés  témoigne,  comme  le  fait  observer  avec 
raison  M.  Giard,  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  d'un  groupe  primitif  du  Règne 
animal,  mais  bien  d'êtres  dégradés  par  le  parasitisme  et  appartenant  vrai- 
semblablement au  sous-embranchement  des  Vers  plats. 

C'est  à  ce  même  sous-embranchement  qu'appartient  un  auti-e  parasite, 
jusqu'ici  unique  dans  son  genre,  découvert  à  Fécamp  par  M.  Giard  et  au- 
quel il  a  donné  le  nom  lie  Fecampia.  Sur  |)lusieurs  points  du  lilloral  de  la 


(     1.5,3     ) 

iMaiiche  on  Lrou\e  en  abondance,  sur  les  grandes  algues  du  genre  f^iioiira 
ou  sous  les  pierres,  de  petits  sacs  blancs,  effilés  à  une  extrémité,  qui  laissent 
écouler  quand  on  les  écrase  une  matière  jaunâtre.  Ces  sacs  étaient  demeurés 
longtemps  problématiques.  Un  jour,  dans  un  de  ces  Crabes  communs  qu'il  a 
ouverts  par  milliers  pour  en  recueillir  les  parasites,  M.  Giard  observe,  au  voi- 
sinage du  cœur,  une  sorte  de  ver  semblable  à  une  larve  de  Mouche;  il 
l'isole  dans  de  petits  cristallisoirs.  L'animal  se  met  à  nager  d'une  façon  ca- 
ractéristique, propre  aux  Vers  plats  de  la  classe  des  Planaires,  puis  il  se 
fixe  et  file  une  sorte  de  cocon  où  il  effectue  sa  ponte.  L'explication  des 
singuliers  sacs  de  Fécamp  était  trouvée.  La  Fecampia  est  le  premier 
exemple  d'une  Planaire  parasite  dans  le  jeune  âge  et  qui  recouvre  ensuite 
sa  liberté. 

Le  plus  grand  nombre  des  parasites  des  animaux  marins  appartient  à  la 
classe  des  Crustacés.  M.  Giard  s'est  surtout  attaché  à  l'étude  de  ceux  qui 
sont  parasites  d'autres  Crustacés,  et  il  en  a  trouvé  qui,  redoublant  en 
quelque  sorte  ce  genre  de  parasitisme,  sont  parasites  de  Crustacés  eux- 
mêmes  parasites  sur  des  Crustacés. 

1j  Aspulœcid  Normani,  par  exemple,  est  un  Crustacé  copépode,  qui  vit  sur 
V Aspidophryocits  peltalus,  Crustacé  isopode,  parasite  lui-même  d'un  Crustacé 
schizopode,  VEryihrops  micro phtalma.  Ici  le  parasitisme  est  pour  ainsi  dire 
descendant,  le  parasite  appartenant  à  un  ordre  inférieur  à  celui  dans  lequel 
se  classe  son  hôte;  mais  il  peut  être  aussi  wograû^e  —  les  Cabirops,  Crustacés 
iso])odes,  sont  en  effet  des  parasites  spéciaux  d'autres  Isopodes;  ou  même 
ascendant,  comme  c'est  le  cas  pour  les  Microniscus  et  les  Cryptoniscus, 
Crustacés  isopodes,  parasites  respectivement  des  Copépodes  et  des  Cirri- 
pèdes. 

Le  Crabe  commun  porte  fréquemment  sous  son  abdomen  un  gros  para- 
site que  les  pêcheurs  prennent  pour  ses  œufs;  c'est  une  sorte  de  Cirripède 
dégradé,  la  Sacculine;  comme  les  autres  Cirrijjèdes,  les  Sacculines  sont 
parasitées  par  des  C/jy>/on«cM^.  Or,  M\L  Giard  et  Bonnier  ont  constaté  que 
les  espèces  de  Crabes  susceptibles  d'être  attaquées  par  des  Sacculines 
étaient  presque  toujours  susceptibles  aussi  d'être  parasitées  par  quelque 
Crustacé  isopode,  appartenant  à  la  singulière  tribu  des  Entoniscinœ.  Préci- 
sément les  Entoniscus,  dont  les  femelles  étrangement  déformées  se  substi- 
tuent, pour  ainsi  dire,  aux  organes  génitaux  des  Crabes  qu'elles  habitent, 
traversent  une  phase  de  développement  où  ils  sont  presque  identiques  aux 
Cryptoniscus.  MM.  Giard  et  Bonnier  en  concluent  que  les  Entoniscus  ne  sont 
que  des  Cryptoniscus  qui  auraient  passé  de  la  Sacculine  sur  le  Crabe  qui 


(  "56  ) 
la  portait,  seraient  devenus  des  parasites  presque  internes  et  se  seraient 
profondément  modifiés,  en  raison  de  leur  mode  nouveau  d'existence.  Il  y 
a  là  toute  une  méthode  de  reconstitution  du  passé  des  parasites  qui  a  été 
appliquée  par  MM.  Giard  et  Bonnier  à  la  filiation  des  formes  nombreuses 
qui  constituent  la  famille  des  Bopyridœ  ou  Epicarides. 

Les  Epicarides  se  développent,  en  effet,  comme  s'ils  descendaient  d'une 
forme  ancestrale  voisine  des  Microniscus  ei  (\vn  aurait  donné  successivement 
les  Phryxusel  les  Bopyrus,  tandis  que  les  Phryxus  auraient  eu  pour  descen- 
dants, d'une  part  les  Dajus,  d'autre  part  les  Cryptoniscus  et  les  Enloniscus. 
Cette  filiation  une  fois  établie,  il  devient  possible  de  suivre  méthodiquement 
les  modifications  imprimées  à  un  organisme  par  le  parasitisme  à  mesure 
que  ce  dernier  devient  de  plus  en  plus  profond. 

Si  le  parasitisme  modifie  l'être  qui  le  pratique,  la  présence  de  celui-ci 
n'est  pas  sans  altérer  aussi,  dans  une  certaine  mesure,  l'hôte  qui  l'héberge. 
En  1881,  l'auteur  de  ce  rapport  (')  exprimait  déjà  l'idée  que  le  parasite  et 
son  hôte  sont  soumis,  comme  les  parties  d'un  même  cor()s,  à  la  loi  des 
adaptations  réciproques,  et,  se  basant  sur  une  observation  d'Alhnan,  faisait 
remarquer  que  le  développement  précoce  des  œufs  peut  amener  chez  cer- 
tains Polypes  hydraires  des  phénomènes  d'arrêt  de  développement  an;do- 
gues  à  ceux  que  provoque  la  présence  d'un  parasite.  En  1884,  M.  J.  Ferez, 
professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Bordeaux,  étudiait  avec  un  soin  re- 
marquable les  modifications  que  produisent  sur  les  Abeilles  solitaires  du 
genre  Andrène  les  Insectes  parasites  du  genre  Slylops,  qui  déterminent  chez 
elles  une  vériable  castration.  En  1886,  M.  Giard  fit  des  observations  ana- 
logues sur  les  Crabes  affectés  de  Sacculine;  il  montra  que  la  présence  de 
ce  parasite  causait  la  stérilité  du  Crabe  attaqué  et  que  cetle  castration  para- 
sitaire, tout  comme  la  castration  chirurgicale,  entraînait  avec  elle  une  mo- 
dification plus  ou  moins  profonde  des  caractères  sexuels  extérieurs  de  l'ani- 
mal. Depuis  celte  époque,  M.  Giard  n'a  cessé  de  rechercher  par  lui-même 
ou  de  recueillir  les  faits  de  castration  parasitaire  existant  déjà  dans  la 
science.  Coordonnant  tous  ces  faits,  étendant  beaucoup  la  signification  de 
cette  expression  castration  parasitaire,  M.  Giard  s'est  efforcé  de  codifier,  en 
quelque  sorte,  les  lois  de  l'adaptation  réciproque  des  parasites  et  de  leur 
hôte. 

L'étude  des  parasites  est  d'ailleurs  féconde  en  résultats  dont  les  uns  ont 

(')  Edmoxd  I'errier,  Les  colonies  animales  et  la  formation  des  organismes, 
p.   284  cl  7 10. 


(  i'57  ) 
une  portée  théorique,  les  autres  une  importance  pratique.  C'est  ainsi  que, 
parmi  les  Epicarides,  M.  Giard  a  constaté  une  singulière  évolution  de  l'ap- 
pareil génital  :  l'animal,  d'abord  exclusivement  mâle,  devient  ensuite  her- 
maphrodite, puis  exclusivement  femelle.  On  soupçonnait  déjà  des  faits 
analogues  chez  certains  Mollusques,  l'Huître  comestible  par  exemple,  pour 
laquelle  celle  protandrie  est  aujourd'hui  complètement  confirmée;  elle  a 
été  retrouvée  chez  des  Vers,  tels  que  les  Myzostomes  ou  la  célèbre  Ophrio- 
trocha  puerilis,  et  même  chez  un  Vertébré  parasite  des  Morues  et  voisin 
des  Lamproies,  laMyxine.  Il  y  a  d'ailleurs  des  raisons  théoriques  de  penser 
que,  sauf  de  rares  exceptions  qu'il  faudrait  examiner  de  près,  les  éléments 
mâles  sont  toujours  ceux  qui  se  développent  les  premiers  chez  les  animaux 
hermaphrodites. 

Dans  une  tout  autre  direction,  suivant  l'exemple  donné  par  les  natura- 
listes étrangers,  M.  Giard  a  cherché  à  s'opposer  aux  ravages  que  divers 
Insectes  font  dans  nos  cultures  en  infestant  ces  Insectes  de  Champignons  ou 
de  Bactéries  pouvant  provoquer  chezeux  des  épidémies  exterminatrices.  Un 
Champignon,  Visaria  clensa,  paraît  susceptible  de  restreindre  ainsi  les  dé- 
prédations des  Hannetons.  Si  les  résultats  de  ces  recherches  ne  sont  pas 
encore  entrés  d'une  manière  courante  et  efficace  dans  les  pratiques  agricoles, 
ils  n'en  ont  pas  moins  attiré  l'attention  des  cultivateurs  sur  le  bénéfice 
qu'on  en  pourrait  tirer,  le  cas  échéant,  et,  en  les  poursuivant,  leur  auteur 
a  saisi  l'occasion  de  faire  connaître  un  certain  nombre  de  végétaux  ento- 
mobies  nouveaux. 

Ces  études  ont  naturellement  marché  de  pair  avec  d'autres  relatives  aux 
Insectes  parasites  des  végétaux  et  aux  Insectes  parasites  d'autres  Insectes. 

Là  encore  M.  Giard  s'est  montré  entomologiste  avisé;  il  a  en  la  bonne 
fortune  de  découvrir  un  certain  nombre  de  formes  nouvelles  de  Coche- 
nilles, de  Cécidomvides  et  d'Hyménoptères  entomophages. 

En  1897,  M.  Giard  a  été  l'un  des  lauréats  du  prix  Serres;  un  Rapport 
imprimé  à  cette  époque,  suivant  l'usage,  dans  le  Compte  rendu  de  notre 
séance  publique  annuelle,  précise  le  rôle  qu'il  a  joué  comme  embryo- 
géniste;  on  me  pardonnera  de  ne  pas  m'étendre  sur  ce  sujet.  Parmi  les 
Mémoires  embryogéniques  publiés  par  M.  Giard,  je  signalerai  cependant 
ses  recherches  sur  le  développement  d'une  Annélide  tubicole,  la  Salmacina 
Dysteri,  et  celles  qu'il  a  consacrées  à  un  Mollusque  qui  broute  les  Ascidies 
composées,  la  Lamellaria  perspicua.  Ces  recherches  conduites  simulta- 
nément, comme  celles  de  Kowalevsky,  sur  V Amphioxus  et  les  Ascidies, 
ont  permis  à  leur  auteur  de  confirmer  les  idées  qui  avaient  déjà  cours  sur 


(    ii58  ) 

la  parenté  des  Mollusques  et  des  Vers.  Mais  c'est  dans  une  autre  direction 
que  l'action  de  M.  Giard  s'est  principalement  fait  sentir.  Il  a  surtout  fait 
servir  l'expérience  qu'il  a  acquise  des  processus  embryogcniques  à  la  coor- 
dination de  ces  processus,  à  leur  groupement  en  catégories,  et  il  a  fait  de 
grands  efforts  pour  en  dégager  toutes  les  conséquences.  Les  conditions  de 
la  parthénogenèse  ou  génération  sans  fécondation  préalable,  les  modifica- 
tions que  le  développement  embryogénique  est  susceptible  de  présenter 
dans  des  formes  voisines,  celles  même  qu'il  peut  présenter  dans  une  espèce 
donnée  quand  les  circonstances  extérieures  viennent  à  changer,  ont  été 
ainsi  plus  vigoureusement  mises  en  relief.  En  voici  un  frappant  exemple. 

On  trouve  sur  nos  côtes  un  Crustacé,  à  peine  différent  de  la  Crevette 
ordinaire,  mais  qui  a  la  remarquable  faculté  de  vivre  aussi  bien  dans  les 
eaux  douces  que  dans  les  eaux  saumàtres  et  dans  la  mer;  c'est  le  Palœmo- 
netes  varians.  Avec  Walter  Faxon,  Mayer,  Boas,  M.  Giard  a  contribué  à 
établir  que,  dans  la  mer,  le  Palœmonetes  se  développe  à  la  façon  de  la  Cre- 
vette ordinaire,  en  présentant,  à  l'état  de  liberté,  des  transformations 
compliquées;  dans  les  eaux  douces,  il  subit  à  la  façon  des  Écrevisses,  sous 
les  enveloppes  de  l'œuf  devenu  très  gros,  les  plus  importantes  de  ses 
transformations,  de  sorte  qu'il  éclôt  avec  une  forme  peu  différente  de  sa 
forme  définitive.  De  ce  fait  et  d'autres  analogues,  qui  constituent  ce  qu'il 
nomme  la  pœcilogonie,  M.  Giard  a  tiré  habilement  parti  pour  montrer 
comment  ont  pu  être  réalisés  des  développements  plus  ou  moins  rapides 
chez  des  formes  voisines,  confinées  dans  des  conditions  d'existence  plus 
ou  moins  favorables  ;  pour  montrer  aussi  avec  quelle  prudence  il  faut  user 
des  ressemblances  ou  des  différences  des  formes  larvaires,  quand  on  veut 
apprécier  les  affinités  des  animaux  adultes. 

Au  reste,  les  services  généraux  rendus  à  l'Embryogénie  par  M.  Giard 
ont  reçu  une  importante  consécration.  Ils  ont  été  pour  beaucoup  dans  la 
création  à  la  Sorbonne,  par  le  Conseil  municipal  de  Paris,  d'une  Chaire 
de  l'Évolution  des  êtres  organisés,  qui  lui  a  été  attribuée  sans  conteste. 
Auparavant,  M.  Giard  s'était  acquis  une  juste  notoriété  par  le  nombre 
d'élèves  qu'il  a  formés  à  Lille,  par  la  création  du  laboratoire  maritime  de 
Wimereux,  et  par  l'impulsion  qu'il  a  su  donner  à  un  Recueil  local  devenu, 
sous  sa  direction,  une  de  nos  plus  importantes  publications  périodiques 
d'Histoire  naturelle,  le  Bulletin  zoologique  de  la  France  et  de  la  Belgique. 
Par  tous  ces  travaux,  par  son  érudition  toujours  exactement  et  complète- 
ment informée,  par  ces  créations  diverses,  par  l'influence  légitime  qu'il 
exerce  sur  nos  jeunes  zoologistes,  M.  Giaud  s'est  depuis  longtemps  classé 


(  11^9  ) 
parmi  les  maîtres  de  la  Zoologie  française,  et  tous  les  naturalistes  applau- 
diront à  la  récompense  enviée  que  votre  Commission  vous  propose  de  lui 
décerner. 

PRIX  TCHIHÂTCHEF. 

(Commissaires  :  MM.  Milne-Edwards,  Grandidier,  Bouquet  de  la  Gryo, 
Guyou;  Marcel  Bertrand,  rapporteur.) 

MM.  Verbeck  et  Fennema,  ingénieurs  en  chef  des  mines  des  Indes  néer- 
landaises, ont  publié,  en  1896,  une  description  géologique  des  îles  de  Java 
et  de  Madoura,  qui  renouvelle  et  fixe  pour  longtemps  nos  connaissances 
sur  ces  régions.  L'Ouvrage  est  accompagné  d'un  atlas  qui  comprend  :  une 
carte  géologique  détaillée,  au  joo'ooo'  ^"  -^  feuilles,  malheureusement  sans 
aucune  représentation  du  relief;  une  carte  d'ensemble,  au  j^^^^,  des  coupes 
nombreuses  et  des  cartes  de  détail  des  districts  les  plus  intéressants.  Le 
progrès  réalisé  sur  les  anciennes  cartes  et  descriptions  de  lunghuhn  (i855) 
est  considérable;  non  seulement  des  régions  entières  qui,  du  temps  de 
lunghuhn,  étaient  encore  sauvages  et  inaccessibles,  ont  pu  être  étudiées 
en  détail,  mais  la  découverte  de  nombreux  fossiles  et  l'étude  microsco- 
pique des  roches  ont  permis  de  préciser  dans  ses  traits  fondamentaux  l'his- 
toire de  la  grande  île  néerlandaise. 

Java  borde,  sur  près  de  looo'^"',  les  grandes  profondeurs  de  l'océan 
Indien;  l'île  appartient  encore  au  socle  continental;  une  élévation  de 
40  mètres  la  rattacherait  à  l'Asie.  La  composition  générale  de  ce  socle  ancien 
n'est  pas  observable  à  Java  même,  mais  les  affleurements  connus  à  Suma- 
tra, aux  îles  K.arimoun-Diawa,  à  Billiton  et  à  Bornéo,  ainsi  que  les  cailloux 
trouvés  dans  les  conglomérats  tertiaires  de  Java,  permettent  de  conclure 
que  le  substratum  général  de  la  région  est  un  terrain  schisteux  fortement 
plissé,  analogue  à  celui  de  Malacca  et  traversé  comme  lui  par  des  granités 
anciens.  Ce  terrain  conslitue  une  sorte  de  plate-forme  sur  laquelle  ont 
débordé  par  intervalles  les  mers  anciennes  (carbonifère  avec  Fusulines  à 
Sumatra,  jurassique  à  Bornéo,  Timor  et  Rôti,  schistes  serpentineux  avec 
Orbitolines  à  Java);  de  nombreux  lufs  de  diabase  et  de  porpbvrite 
montrent  que  l'activité  éruptive  avait  déjà  commencé  à  se  manifester  à 
Java  dès  l'époque  crétacée. 

Le  terrain  éocène,  remarquablement  semblable  à  lui-même  à  Sumatra,  à 
Java  et  à  Bornéo,  avec  Nummulites,  grandes  Orbitoïdes  et  autres  Forami- 
nifères,  soigueusement  décrits  et  figurés,  renferme  des  couches  de  houille 
et  est  accompagné  de    nouveaux    produits  d'éruptions  qui  ressemblent 


(  ii6o  ) 

plus  à  la  série  ancienne  (gabbros,  diahases,  porphyrites,  mélaphyres)  qu'à 
la  série  tertiaire  de  nos  régions  classiques.  Mais  c'est  surtout  au  début  de 
l'époque  miocène  que  l'activité  éruptive  commence  à  prendre,  à  Java,  des 
proportions  grandioses  :  on  peut  évaluer  à  plusieurs  dizaines  de  milliers 
de  kilomètres  cubes  la  masse  de  matières  rejelées  (basaltes,  andésites  à 
pyroxène  et  à  hornblende),  non  pas  sous  forme  de  montagnes  coniques 
isolées,  comme  dans  les  volcans  actuels,  mais  sous  forme  de  véritables 
chaînes  continues  qui   se  faisaient  jour  le  long   de   crevasses   parallèles, 
qui  se   sont,   depuis,   morcelées  et  ont,  en  grande  partie,  disparu  sous 
l'amoncellement  des  formations  plus  récentes.  Puis  est  venue  une  période 
de  repos  relatif,  pendant  laquelle  presque  toute  l'île  a  été  recouverte  par  la 
mer,  dont  les  dépôts,  épais  de  plus  de  600  mètres,  se  trouvent  pour  la  pre- 
mière fois  classés  et  divisés  en  étages.  A  la  fin  de  l'époque  tertiaire  se  sont 
produits  les  mouvements  qui  ont  donné  à  Java  sa  forme  actuelle,  et  l'ont 
même  momentanément  réunie  au  continent,  en  permettant  l'immigration 
des  mammifères  asiatiques.  C'est  à  ce  moment  que,  dans  une  formidable 
poussée,  se  sont  élevés  tous  les  grands  volcans  que  contient  l'île.  Il  faut 
signaler  dans  celte  dernière  période  :  l'existence  de  volcans  à  leucite  (Mou- 
riah  et  Ringguit)  qui  ont  précédé  les  grandes  sorties  andésitiques  et  basal- 
tiques; la  distribution  des  bouches  suivant  des  fentes  transversales;  le  rôle 
des  effondrements  (comme  celui  du  Krakatoa),  qui  ont  partout  laissé  leur 
empreinte  dan^  le  relief  et  qui  ont  réduit  de  près  de  1000  mètres  la  hauteur 
des  principales  cimes;  enfin  la  persistance  des  coulées  de  lave  dans  les 
temps  historiques  (Lemengan,  Semerou  etGountoun),  niée  par  lunghuhn 
et  constatée  avec  certitude  par  M.  Fenneraa. 

Ce  résumé  des  résultats  nouveaux  acquis  par  huit  années  d'explorations 
n'a  pas  semblé  inutile  pour  montrer  comment  la  Commission  du  prix 
Tchihatchef  a  été  amenée  à  détourner  cette  année  ses  regards  du  vaste 
champ  d'exploration  de  l'Asie  centrale,  pour  les  reporter  sur  les  'des  limi- 
trophes de  l'Asie,  spécialement  mentionnées  dans  les  volontés  du  fondateur 
du  prix.  L'œuvre  que  nous  avons  voulu  couronner  n'est  pas,  il  est  vrai, 
l'œuvre  d'un  seul;  il  serait  injuste  ainsi  de  ne  pas  mentionner  ici  le  nom 
de  M.  Fennema,  qui  a  exploré  ei  décrit  le  cinquième  de  l'île,  et  celui  de 
M.  Martin,  qui  a  étudié  et  décrit  les  fossiles  recueillis.  Mais  c'est  certai- 
nement à  M.  Verbeck  que  revient  la  part  principale;  d'ailleurs  ses  belles 
éludes  sur  la  côle  ouest  de  Sumatra,  sur  les  îles  du  délroit  de  Gaspar  et 
surtout  sur  l'éruption  du  Krakatoa,  suffiraient  à  justifier  le  choix  de  la 
Commission,  qui  décerne  le  prix  Tchihatchef  à  M.  Verbeck. 


(  ii6i  ) 


PRIX  GASTON   PLANTE. 

(Commissaires  :  MM.  Lippmann,  Cornu,  Violle,  Becquer&l; 
Mascart,  rapporteur.) 

Jusqu'en  1889,  les  courants  continus,  presque  exclusivement,  étaient  em- 
ployés dans  les  grandes  applications  industrielles,  notamment  dans  les 
transmissions  d'énergie.  Vers  celte  époque,  l'usage  des  transformateurs, 
l'invention  des  moteurs  d'induction  et  l'emploi  des  courants  polyphasés 
ont  lancé  l'industrie  électrique  dans  une  voie  nouvelle,  en  rendant  pratique 
l'utilisation  des  très  hautes  tensions  qui  permettent  seules  les  transmissions 
à  très  longues  distances.  Les  grandes  installations  à  courants  alternatifs  se 
sont  multipliées,  et  leur  progression  est  au  moins  aussi  rapide  que  celle  des 
installations  à  courant  continu. 

M.  I^ÎAURicE Leblanc  a,  depuis  1889,  étudié  dans  de  nombreux  Mémoires 
les  questions  complexes  que  soulève  l'application  des  courants  alternatifs, 
simples  ou  polvphasés.  Parmi  les  résultats  qu'il  a  obtenus,  les  trois  sui- 
vants ont  particulièrement  attiré  l'attention  de  la  Commission  : 

L  En  donnant  le  premier  la  théorie  des  moteurs  alternatifs  d'induction, 
M.  Leblanc  a  fait  voir  que  ces  moteurs,  s'ils  sont  construits  de  manière  à 
avoir  un  bon  rendement,  ont  un  très  faible  couple  au  démarrage,  incon- 
vénient pratique  grave;  mais  qu'en  introduisant  des  résistances  variables 
dans  les  circuits  secondaires,  au  lieu  de  fermer  ceux-ci  sur  eux-mêmes,  on 
pouvait  avoir  à  la  fois  un  bon  rendement  et  un  fort  couple  de  démarrage; 
c'est  aujourd'hui  le  procédé  le  plus  employé  pour  la  mise  en  route  des 
moteurs  de  grande  puissance. 

IL  Dans  les  installations  importantes,  on  ne  peut  se  contenter  d'une 
machine  génératrice,  on  doit  en  associer  plusieurs.  Mais  tandis  que  la  mise 
en  parallèle  de  dynamos  à  courant  continu  ne  présente  aucune  difficulté, 
il  n'en  est  plus  de  même  pour  les  alternateurs,  particulièrement  quand  ils 
sont  actionnés  par  des  moteurs  a  vapeur;  leur  synchronisme  doit  être 
absolument  rigoureux  et  se  rétablir  automatiquement  avec  une  extrême 
rapidité  s'il  vient  à  être  troublé. 

M.  Leblanc  a  montré  que  ce  but  pouvait  être  atteint  en  munissant  le  sys- 
tème inducteur  de  circuits  amortisseurs,  et  a  réussi  à  assurer  ainsi  la  marche 
synchrone  dans  des  cas  considérés  comme  désespérés. 

IIL   Si  les  courants  alternatifs  se  prêtent  à  la  transmission  à  grande  dis- 

C.  R..  1899,  ■>•  Semestre.  (T.  CXXIX,  •-"  25.)  I  ^-* 


(   it62  ) 

tance,  ils  sont  peu  convenables  pour  certaines  applications  mécaniques  et 
pour  l'électrolyse;  il  v  a  donc  un  intérêt  très  grand  à  transformer  ces  cou- 
rants en  courants  continus.  Deux  solutions  étaient  déjà  connues  :  l'une 
consiste  à  associer  un  moteur  à  courant  alternatif  avec  une  dynamo  à  cou- 
rant continu,  l'autre  à  associer  à  un  transformateur  une  commutatrice  ou 
un  redresseur  de  courant;  dans  ces  deux  solutions,  les  parties  tournantes 
ont  le  même  poids  que  dans  une  machine  de  puissance  égale  à  la  puissance 
à  transformer.  M.  Leblanc  en  a  donné  une  nouvelle  dans  son  transforma- 
teur redresseur,  oi^i  la  partie  tournante  n'absorbe  qu'une  puissance  insi- 
gnifiante; ce  système  a  reçu  des  applications  importantes  sur  le  réseau  du 
Nord  et  à  l'étranger. 

Les  inventions  de  M.  Maurice  Leblanc,  parmi  lesquelles  nous  n'avons 
mentionné  que  celles  qui  ont  été  consacrées  par  l'expérience,  ont  paru 
à  la  Commission  assez  importantes  pour  la  décidera  attribuer  à  leur  auteur 
le  prix  Gaston  Planté,  destiné  à  l'auteur  français  d'une  découverte,  d'une 
invention  ou  d'un  travail  important  dans  le  domaine  de  l'Electricité. 


PRIX  CAHOURS. 

(Commissaires  :  MM.  Troost,  Friedel,  Berthelot,  Gautier; 
Moissan,  rapporteur.) 

La  Commission  du  prix  Cahoursà  l'unanimité  a  décidé  de  donner  le  prix 
pour  l'année  1899  à  M.  René  Metznek. 


PRIX  SAINTOUR. 

(Commissaires  :  MM.  Joseph  Bertrand,  Berthelot,  Maurice  Lévy,  Jordan 

M.  Mascart,  rapporteur.) 

Depuis  les  recherches  de  Reichert  et  de  Remak,  les  embryogénistes  ont 
fait  d'immenses  efforts  pour  démontrer  que,  chez  tous  les  animaux  supé- 
rieurs aux  Polypes,  tous  les  organes  dérivaient  de  trois  couches  d'éléments, 
de  trois  feuillets  :  Vexoderme,  comprenant  l'assise  externe  des  éléments  de 
l'embryon;  Ventoderme,  formé  de  l'assise  interne,  et  le  mésoderme,  em- 
brassant tout  ce  qui  est  compris  entre  les  deux  assises.  Ils  se  sont,  en 
outre,  efforcés  d'établir  que  chacun  de  ces  trois  feuillets  avait  une  |)rédes- 
tination  particulière  et  donnait  toujours  naissance  aux  mêmes  organes  et 


(   I.G3  ) 

que,  réciproquemenl,  un   organe  donné  tenait  toujours  son  origine  d'un 
même  feuillet  embryonnaire. 

La  première  proposition  peut  être  considérée  comme  une  simple  défi- 
nition ;  la  seconde  tire  une  importance  particulière  des  idées  finalistes 
qu'elle  cache  et  des  efforts  accomplis  pour  en  établir  la  généralité.  Les 
exceptions  à  la  règle  admise  comme  une  des  bases  de  l'Embryogénie 
prennent  à  leur  tour  une  valeur  exceptionnelle,  parce  qu'elles  peuvent 
entraîner  comme  conséquence  un  changement  complet  dans  l'orientation 
des  idées  directrices  et  des  travaux  des  ontogénistes.  C'est  ce  qui  est  arrivé 
pour  les  travaux  de  Heymons,  relatifs  à  l'embryogénie  des  Orthoptères.  Il 
résulte  de  ces  recherches  qu'au  lieu  de  dériver  immédiatement  de  l'ento- 
derme  comme  chez  les  autres  animaux,  l'épilhélium  du  tube  digestif  et  les 
glandes  qui  en  dépendent  sont  constitués,  chez  les  Phasmides  notamment, 
par  l'exoderme.  Un  tel  résultat  demandait  confirmation. 

M.  Lecaillon  s'est  proposé  de  le  vérifier  et  il  s'est  adressé  pour  cela  aux 
œufs  de  certains  Coléoptères,  les  Chrysomélides.  Ses  observations  lui  ont 
permis,  non  seulement  de  retrouver  les  résultats  d'Heymons,  mais  encore 
de  les  expliquer.  Chez  les  Chrysomèles,  la  couche  de  cellules  qui  corres- 
pond à  l'entoderme  se  dissocie;  ses  cellules  épaisses  dans  le  vitellius  le 
modifient  de  manière  à  lui  permettre  de  servir  à  l'alimentation  des  cellules 
superficielles,  mais  elles  s'usent  en  accomplissant  celte  digestion  et  dispa- 
raissent. Seules  les  cellules  superficielles  correspondant  à  l'exoderme 
sont,  par  conséquent,  appelées  à  construire  l'embryon.  M.  Lecaillon  a, 
de  plus,  constaté  que,  dès  le  débat  du  développement,  quelques  cellules 
étaient  mises  en  réserve  pour  être  employées  plus  lard  à  constituer  l'appa- 
reil génital.  Ces  faits  ne  sont  pas  isolés  dans  le  Règne  animal;  mais  ils  sont 
normaux  pour  la  classe  des  Insectes  et  peuvent  être  considérés  comme  un 
exemple  de  l'accélération  qui  marque  les  phénomènes  de  développement 
chez  ces  animaux. 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  Lecaillon. 


PRIX  JEAN-JACQUES  BERGER. 

(Commissaires  :  MM.  J.  Bertrand,  Berthelot,  Maurice  Lévy,  Marey; 
Brouardel,  rapporteur.) 

Ce  prix  est  décerné  successivement  par  les  cinq  Académies  à  l'œuvre  la 
plus  méritante  concernant  la  ville  de  Paris.  Après  avoir  dans  plusieurs 


(  n6'i  ) 
séances,  recherché  quelles  étaient  les  œuvres  scientifiques  dont  la  ville  de 
Paris  avait  le  plus  bénéficié  dans  ces  dernières  années,  l'attention  de  votre 
Commission  s'est  arrêtée  sur  les  services  que  I'Institut  Pasteur  a  rendus 
à  la  ville  de  Paris  dans  la  cure  de  la  diphtérie. 

La  découverte  de  Behring-Roux  date  de  1894.  Depuis  cette  époque,  l'In- 
stitut Pasteur  a  largement  distribué  le  sérum  antidiphtéritique,  il  l'a  gra- 
tuitement donné  aux  pauvres  et  à  toutes  les  institutions  de  bienfaisance. 
Quels  sont  les  résultats  obtenus  ?  Il  suffit  de  consulter  la  statistique  mor- 
tuaire de  la  ville  de  Paris  de  1886  à  1897  : 

Décès  annuels  par  diphtérie  survenus  à  Paris  de  1886  à  1897  : 

1886-90 1640 

1891 i36i 

1892 i4o3 

1893 1266     Organisation  du  Service  de  désinfection. 

1894- 1009     Application  de  la  sérothérapie  pendant 

le  dernier  mois  de  l'année. 

1893 435 

1896 444 

1897 298 


La  mort  frappe  donc,  aujourd'hui,  à  Paris,  quatre  fois  moins  d'enfants 
par  diphtérie  qu'il  y  a  six  ans.  Ce  résultat  a  deux  causes.  Les  injections  de 
sérum  antidiphtéritique  ont  abaissé  la  mortalité  de  la  diphtérie.  Elle  était, 
à  l'hôpital  des  Enfants  de  la  rue  de  Sèvres,  de  5i  pour  100;  elle  est  de 
16  pour loo. 

On  sauve  donc  trois  fois  plus  d'enfants  atteints  de  diphtérie  qu'il  y  a  six 
ans.  De  plus,  un  beaucoup  moins  grand  nombre  sont  frappés.  Le  traite- 
ment réduit  dans  une  proportion  considérable  la  durée  de  la  maladie,  par 
suite  celle  de  la  période  contagieuse.  Aussi,  à  Paris,  où  nous  avons  dans  les 
hôpitaux  deux  services  consacrés  à  la  diphtérie,  nous  relevons  qu'avant 
1894  ils  recevaient  annuellement  2200  à  23oo  enfants;  ils  n'en  reçoivent 
plus  que  1 130. 

La  fréquence  de  la  maladie  a  donc  diminué  de  moitié,  et  comme  le  trai- 
tement permet  d'en  sauver  trois  fois  plus  qu'autrefois,  nous  ne  perdons 
plus  par  diphtérie  que  le  quart  des  enfants  qui  succombaient  il  y  a  six  ans 
à  Paris. 

Je  dois  faire  remarquer  que  la  mortalité  décrit  une  courbe  régulière- 
ment décroissante  et  que  nous  avons  le  droit  d'espérer  qu'elle  n'a  pas 
encore  atteint  son  point  minimum. 


(  ii65  ) 

La  Commission  n'a  pas  oublié  qn'au  nom  de  la  diphtérie  elle  aurait  pu 
joindre  celui  d'autres  uialadies.  C'est  en  1887  que  Pasteur  a  créé  le  traite- 
ment de  la  rage;  depuis  lors,  3607  personnes  du  département  de  la  Seine 
ont  été  traitées  à  l'Institut  Pasteur,  les  deux  tiers  avaient  été  mordues  par 
des  chiens  enragés.  Elle  a  pensé  que  de  tels  travaux  désignaient  I'Institut 
Pasteur  pour  recevoir  le  prix  fondé  au  nom  de  M.  Jean-Jacques  Berger,  et 
elle  vous  propose  de  le  lui  donner  pour  les  services  rendus  à  la  ville  de 
Paris  dans  la  cure  de  la  diphtérie. 

PRIX  FONDÉ  PAR  M"'  la  Marquise  DE  LAPLACE. 

Une  Ordonnance  royale  a  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter 
la  donation,  qui  lui  a  été  faite  par  M°*la  Marquise  deLaplace,  d'une  rente 
pour  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  collection  com- 
plète des  Ouvrages  de  Laplace,  qui  devra  être  décerné  chaque  année  au 
premier  élève  sortant  de  l'École  Polytechnique. 

Le  Président  remet  les  cinq  Volumes  de  la  Mécanique  céleste,  Y  Exposition 
du  Système  du  monde  et  le  Traité  des  Probabilités  à  M.  Siegler  (  Jeax-Paul), 
entré,  en  qualité  d'Élève  Ingénieur,  à  l'École  nationale  des  Mines. 


i\[l 


PRIX  FONDE  n^[l  M.   FELIX  RIVOT. 

Conformément  aux  termes  de  la  donation,  le  prix  Félix  Rivet  est  décerné 
à  MM.  Siegler  (Jean-Paul)  et  Heurteau  (Edouard-Ciiarles-Emile), 
entrés  les  deux  premiers  en  qualité  d'Élèves  Ingénieurs  à  l'École  nationale 
des  Mines;  et  MM.  Aron  (Alexandre-Georges)  et  Becquerel  (Jean- 
Antoine-Édouard-Marie),  entrés  les  deux  premiers  au  même  titre  à  l'École 
nationale  des  Ponts  et  Chaussées. 


(  ii66  ) 
PROGRAMME    DES    PRIX    PROPOSÉS 

POUR  LES  AN\'ÉES  1900,  1901,  1902  ET  1903. 


GEOMETRIE. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHEMATIQUES. 

(Prix  du  Budget.) 

(Question  proposée  pour  l'année  1900.) 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  mis  au  concours,  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques  de  1900,  la  queslion  suivante  : 

Perfectionner,  en  quelque  point  important,  la  recherche  du  nombre  des 
classes  de  formes  quadratiques  à  coefficients  entiers,  de  deux  indéterminées. 

Les  Mémoires  manuscrits  destinés  au  concours  seront  reçus  au  Secré- 
tariat  de  l'Institut  avant  le  i*'  octobre  1900;  ils  seront  accompagnés  d'un 
pli  cacheté  renfermant  le  nom  et  l'adresse  de  l'auteur.  Ce  pli  ne  sera 
ouvert  que  si  le  Mémoire  auquel  il  appartient  est  couronné. 

PRIX  BORDIN. 
(Question  proposée  pour  l'année   1900.) 

Développer  et  perfectionner  la  théorie  des  surfaces  applicables  sur  le  para- 
boloïde  de  révolution . 

Le  prix  est  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires,  manuscrits  ou  imprimés,  devront  être  déposés  au  Secré- 
tariat de  l'Institut  avant  le   i"  octobre  1900;  ils  devront  être  accompa- 


(i,r>7) 

gncs  (l'un  [)li  cacheté  renfermaiil  le  nom  et  l'adresse  de  l'auteur.  Ce  pli  ne 
s'.;ra  ouvert  que  si  le  Mémoire  auquel  il  appartient  est  couronné. 

PRIX  FRANCOEUR. 

Ce  prix  annuel,  de  mille  francs,  sera  décerné  à  l'auteur  de  découvertes 
ou  de  travaux  utiles  au  progrès  des  Sciences  mathématiques  pures  et  ap- 
pliquées. 

PRIX  PONCELET. 

Ce  prix  annuel,  d'une  valeur  de  deux  mille  francs,  est  destiné  à  récom- 
penser l'Ouvrage  le  plus  utile  aux  progrès  des  Sciences  mathématiques 
pures  ou  appliquées,  publié  dans  le  cours  des  dix  années  qui  auront  pré- 
cédé le  jugement  de  l'Académie. 

Le  Général  Poncelet,  plein  d'affection  pour  ses  Confrères  et  de  dévoue- 
ment aux  progrès  de  la  Science,  désirait  que  son  nom  fût  associé  d'une 
manière  durable  aux  travaux  de  l'Académie  et  aux  encouragements  par  les- 
quels elle  excite  l'émulation  des  savants.  M""  Poncelet,  en  fondant  ce  prix, 
s'est  rendue  l'interprète  fidèle  des  sentiments  et  des  volontés  de  l'illustre 
Géomètre 

Une  donation  spéciale  de  M"""  Poncelet  permet  à  l'Académie  d'ajouter 
au  prix  qu'elle  a  primitivement  fondé  u  n  exemplaire  des  Œuvres  complètes 
du  Général  Poncelet. 


MECANIQUE. 


PRIX  EXTRAORDINAIRE  DE  SIX  MILLE  FRANCS, 

DESTINÉ   A   RÉCOMPENSER    TOUT    PROGRÈS    DE   NATURE    A    ACCROITRE    l'eFFICACITÊ 

DE  NOS  fori:es  navales. 

L'Académie  décernera  ce  prix,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  prochaine  séance 
publique  annuelle. 


(  iifiS  ) 

Les  Mémoires,  plans  et  devis,  manuscrits  ou  imprimés,  doivent  être 
adressés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i"  juin  de  chaque  année. 

PRIX  MONTYON. 

Ce  prix  annuel,  d'une  valeur  de  sept  cents  francs,  est  fondé  en  faveur  do 
celui  qui,  au  jugement  de  l'Académie  des  Sciences,  s'en  sera  rendu  le  plus 
digne,  en  inventant  ou  en  perfectionnant  des  instruments  utiles  aux  pro- 
grès de  l'Agriculture,  des  Arts  mécaniques  ou    des  Sciences. 

PRIX  PLUMEY. 

Ce  prix,  de  deux  mille  cinq  cents  francs,  est  destiné  à  récompenser 
«  l'auteur  du  perfectionnement  des  machines  à  vapeur  ou  de  toute 
»   autre  invention  qui  aura  le  plus  contribué  au  progrès  de  la  na^  igation  à 

vapeur  ».  Il  sera  décerné  au  travail  le  plus  important  qui  lui  sera  sou- 


» 


mis  sur  ces  matières. 

PRIX  FOURNEYRON. 

Une  somme  de  cinq  cents  francs  de  rente  sur  l'État  français  a  été  léguée 
à  l'Académie,  pour  la  fondation  d'un  prix  de  Mécanique  appliquée,  à  dé- 
cerner tous  les  deux  ans,  le  fondateur  laissant  à  l'Académie  le  soin  d'en 
rédiger  le  programme. 


ASTRONOMIE. 


PRIX  LALANDE. 


Ce  prix,  d'une  valeur  de  cinq  cent  quarante  francs,  doit  être  attribué 
annuellement  à  la  personne  qui,  en  France  ou  ailleurs,  aura  fait  l'obser- 
vation la  plus  intéressante,  le  Mémoire  ou  le  travail   le    plus   utile   aux 


(  "69  ) 

progrès  de  l'Astronomie.  Il  sera  décerné  dans  la  prochaine  séance  publique, 
conformément  à  l'arrêté  consulaire  en  date  du  i3  floréal  an  X. 


PRIX  DAMOISEAU. 

L'Académie  met  au  concours,  pour  l'année  1900,  la  question  suivante  : 

Faire  la  théorie  d'une  des  comètes  périodiques  dont  plusieurs  retours  ont  été 
observés. 

Le  prix  sera  de  quinze  cents  francs. 

Les  Mémoires  seront  reçus  au  Secrétariat  de  l'Institut  jusqu'au 
i"  juin  1900. 

PRIX  VALZ. 

Ce  prix,  d'une  valeur  de  quatre  cent  soixante  francs ,  sera  àécemê  tous 
les  ans  à  des  travaux  sur  l'Astronomie. 

L'Académie  décernera  ce  prix,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa  prochaine  séance 
publique,  à  l'auteur  de  l'observation  astronomique  la  plus  intéressante  qui 
aura  été  faite  dans  le  courant  de  l'année. 


PRIX   JANSSEN. 

Ce  prix  biennal,  qui  consiste  en  une  médaille  d'or,  destinée  à  récom- 
penser la  découverte  ou  le  travail  faisant  faire  un  progrès  important  à  l'As- 
tronomie physique,  sera  décerné  en  1900. 

M.  Janssen,  dont  la  carrière  a  été  presque  entièrement  consacrée  aux 
progrès  de  l'Astronomie  physique,  et  considérant  que  cette  science  n'a  pas 
à  l'Académie  de  prix  qui  lui  soit  spécialement  affecté,  a  voulu  combler 
cette  lacune. 

Un  généreux  anonyme  a  offert  à  l'Académie  une  somme  de  quinze  cents 
francs,  destinée  à  encourager  les  calculateurs  de  petites  planètes,  spéciale- 
ment de  celles  découvertes  à  l'observatoire  de  Nice.  La  Section  d'Astrono- 
mie est  chargée  de  trouver  le  meilleur  emploi  de  cette  somme. 


G.  R.,  1899,  2"  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  25.)  '^4 


(    n?"   ) 


PHYSIQUE. 


PRIX  L.  LA  GAZE. 

M.  Louis  La  Gaze  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  trois  rentes  de  cinq 
mille  francs  chacune,  dont  il  a  réglé  l'emploi  de  la  manière  suivante  : 

«  Dans  l'intime  persuasion  où  je  suis  que  la  Médecine  n'avancera  réel- 
»  lement  qu'autant  cju'on  saura  la  Physiologie,  je  laisse  cinq  mille  francs 
»  de  rente  perpétuelle  à  l^  Académie  des  Sciences,  en  priant  ce  corps  savant 
»  de  vouloir  bien  distribuer  de  deux  ans  en  deux  ans,  à  dater  de  mon 
))  décès,  un  prix  de  dix  mille  francs  (loooo  fr.)  à  l'auteur  de  l'Ouvrage 
))   qui  aura  le  plus  contribué  aux  progrès  de  la  Physiologie.  Les  étrangers 

M   pourront    concourir 

»  Je  confirme  toutes  les  dispositions  qui  précèdent;  mais,  outre  la 
»  somme  de  cinq  mille  francs  de  rente  perpétuelle  que  j'ai  laissée  à  \'Aca- 
n  demie  des  Sciences  de  Paris  pour  fonder  un  prix  de  Physiologie,  que  je 
'  maintiens  ainsi  qu'il  est  dit  ci-dessus,  je  laisse  encore  à  la  même  Acadé- 
mie des  Sciences  deux  sommes  de  cinq  mille  francs  de  rente  perpétuelle, 
»  libres  de  tous  frais  d'enregistrement  ou  autres,  destinées  à  fonder  deux 
»  autres  prix,  l'un  pour  le  meilleur  travail  sur  la  Physique,  l'autre  pour 
»  le  meilleur  travail  sur  la  Chimie.  Ges  deux  prix  seront,  comme  celui  de 
»  Physiologie,  distribués  tous  les  deux  ans,  à  perpétuité,  à  dater  de  mon 
»  décès,  et  seront  aussi  de  dix  mille  francs  chacun.  Les  étrangers  pourront 
»  concourir.  Ces  sommes  ne  seront  pas  partageables  et  seront  données  en 
1)  totalité  aux  auteurs  qui  en  auront  été  jugés  dignes.  Je  provoque  ainsi, 
!)  par  la  fondation  assez  importante  de  ces  trois  prix,  en  Europe  et  peut- 
»  être  ailleurs,  une  série  continue  de  recherches  sur  les  Sciences  naturelles, 
»  qui  sont  la  base  la  moins  équivoque  de  tout  savoir  humain;  et,  en 
n  même  temps,  je  pense  que  le  jugement  et  la  distribution  de  ces  récom- 
1  penses  par  V Académie  des  Sciences  de  Paris  sera  un  titre  de  plus,  pour 
«  ce  corps  illustre,  au  respect  et  à  l'estime  dont  il  jouit  dans  le  monde 
<  entier.  Si  ces  prix  ne  sont  pas  obtenus  par  des  Français,  au  moins  ils 
)  seront  distribués  par  des  Français,  et  par  le  premier  corps  savant  de 
'>  France.  » 


(  ïi?'  ; 

L'Académie  décernera,  dans  sa  séance  publique  de  l'année  1901,  trois 
prix  de  dix  mille  francs  chacun  aux  Ouvrages  ou  Mémoires  qui  auront  le 
plus  contribué  aux  progrès  de  la  Physiologie,  de  la  Physique  et  de  la  Chimie. 
(Voir  pages  1 172  et  1 182.; 


STATISTIQUE. 


PRIX  MONTYON. 

L'Académie  annonce  que,  parmi  les  Ouvrages  qui  auront  pour  objet  une 
ou  plusieurs  questions  relatives  à  la  Statistique  de  la  France,  celui  qui,  à  son 
jugement,  contiendra  les  recherches  les  plus  utiles,  sera  couronné  dans  la 
prochaine  séance  publique.  Elle  considère  comme  admis  à  ce  concours  les 
Mémoires  envoyés  en  manuscrit,  et  ceux  qui,  avant  été  imprimés  et  publiés, 
arrivent  à  sa  connaissance. 

Le  prix  est  de  cinq  cents  francs . 


CHIMIE. 


PRIX  JECKER. 


Ce  prix  annuel,  d'une  valeur  de  dix  mille  francs,  est  destiné  à  accélérer 
les  progrés  de  la  Chimie  oj-ganique. 

L'Académie  annonce  qu'elle  décernera  tous  les  ans  le  prix  Jecker  aux 
travaux  qu'elle  jugera  les  plus  propres  à  hâter  les  progrès  de  la  Chimie 
organique. 


(     "72    ) 


PRIX  WILDE. 


M.  Henry  Wilde  a  fait  donation  à  l'Académie  des  Sciences  d'une  somme 
de  cent  trente-sept  mille  cinq  cents  francs,  qui  devra  être  convertie  en  rente 
3  pour  loo  sur  l'État  français.  Les  arrérages  de  ladite  rente  seront  consa- 
crés à  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  annuel  de  quatre  mille  francs,  qui 
portera  le  nom  de  Prix  Wilde. 

Ce  prix  sera  décerné  chaque  année  par  l'Académie  des  Sciences,  sans 
distinction  de  nationalité,  à  la  personne  dont  la  découverte  ou  l'Ouvrage 
sur  Y  Astronomie,  la  Physique,  la  Chimie,  la  Minéralogie,  la  Géologie  ou  la 
Mécanique  expérimentale  aura  été  jugé  par  l'Académie  le  plus  digne  de 
récompense,  soit  que  cette  découverte  ou  cet  Ouvrage  ait  été  fait  dans 
l'année  même,  soit  qu'ils  remontent  à  une  autre  année  antérieure  ou  pos- 
térieure à  la  donation. 

Les  Mémoires,  manuscrits  ou  imprimés,  devront  être  déposés  au  Secré- 
tariat de  l'Institut  avant  le  i"  juin  1900. 


PRIX  L.  LA  GAZE. 
Voir  page  1 170. 


MINERALOGIE  ET  GEOLOGIE. 


PRIX  VAILLANT. 

(Question  proposée  pour  l'année  1900.) 


L'Académie  a  décidé  que  le  prix  fondé  par  M.  le  Maréchal  Vaillant 
serait  décerné  tous  les  deux  ans.  Elle  rappelle  qu'elle  a  mis  au  concours, 
pour  l'année  igoo,  la  question  suivante  : 

La  détermination  rigoureuse  d'un  ou  de  plusieurs  poids  atomiques, 


(   1-73  ) 
ou 

L'Etude  des  alliages. 

Le  prix  est  de  quatre  mille  francs. 

Les  Mémoires  seront  reçus  au  Secrétariat  de  l'Tnstitut  jusqu'au  i"  juin 
de  l'année  1900. 

PRIX  DELESSE. 

jYjme  y  ve  £)elesse  a  fait  don  à  l'Académie  d'une  somme  de  vingt  mille  francs, 
destinée  par  elle  à  la  fondation  d'un  prix  qui  sera  décerné  tous  les  deux 
ans,  s'il  y  a  lieu,  à  l'auteur,  français  ou  étranger,  d'un  travail  concernant 
les  Sciences  géologiques,  ou,  à  défaut,  d'un  travail  concernant  les  Sciences 
minéralogiques. 

Le  prix  Delesse,  dont  la  valeur  est  de  quatorze  cents  francs,  sera  décerné 
dans  la  séance  publique  de  l'année  1901. 

Les  Ouvrages  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
I*''  juin  de  l'année  1901. 

PRIX  FONTANNE. 

Ce  prix  sera  décerné,  tous  les  trois  ans,  à  V auteur  de  la  meilleure  publica- 
tion paléontologique . 

L'Académie  décernera  le  prix  Fontanne  en  1902. 

Le  prix  est  de  deux  mille  francs. 

Les  Ouvrages  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i'"^juin  1902. 


(   '174  .) 
BOTANIQUE. 

PRIX  BORDIN. 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  mis  au  concours,  pour  l'année  1901,  la 
question  suivante  : 

Étudier  l' influence  des  conditions  extérieures  sur  le  protoplasma  et  le  noyau 
chez  les  végétaux. 

IjC  prix  est  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  manuscrits  destioés  à  ce  concours  seront  reçus  au  Secré- 
tariat de  l'Institut  jusqu'au  i**"  juin  1901;  ils  devront  être  accompagnés 
d'un  pli  cacheté  renfermant  le  nom  et  l'adresse  de  l'auteur.  Ce  pli  ne  sera 
ouvert  que  si  le  Mémoire  auquel  il  appartient  est  couronné. 


PRIX  BARBIER. 

Ce  prix  annuel,  d'une  valeur  de  deux  mille  francs,  est  destiné  à  récom- 
penser «  celui  qui  fera  une  découverte  précieuse  dans  les  Sciences  chirur- 
"  gicale,  médicale,  pharmaceutique,  et  dans  la  Botanique  avant  rapport  à 
"   l'art  de  guérir 

L'Académie  décernera  ce  prix,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa  prochaine  séance. 

Voir  page  1 178. 

PRIX  DESMAZrÈRES. 

Ce  prix  annuel,  d'une  valeur  de  seize  cents  francs,  sera  décerné  «  à 
»  l'auteur,  français  ou  étranger,  du  meilleur  ou  du  plus  utile  écrit,  publié 
»   dans  le  courant  de  l'année  précédente,  sur  tout  ou  partie  de  la  Crypto- 

»   garnie   » . 

Conformément  aux  stipulations  ci-dessus,  l'Académie  annonce  qu'elle 
décernera  le  prix  Desmazières  dans  sa  prochaine  séance  publique. 


(   '175  ) 


PRIX  MONTAGNE. 

Par  testament  en  date  dn  ,i  i  octobre  1862,  M.  Jean-François-Camille 
Montagne,  Membre  de  l'Institut,  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  la  tota- 
lité de  ses  biens,  à  charge  par  elle  de  distribuer  chaque  année  un  ou  deux 
prix,  au  choix  de  la  Section  de  Botanique. 

L'Académie  décernera,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa  séance  publique  de  1900, 
les  prix  Montagne,  qui  seront  ou  pourront  être,  l'un  de  mille  francs ,  l'autre 
de  cinq  cents  francs,  aux  auteurs  de  travaux  importants  ayant  pour  objet 
l'anatomie,  la  physiologie,  le  développement  ou  la  description  des  Crypto- 
games inférieures  (Thallophytes  et  Muscinées';. 

Les  Mémoires,  manuscrits  ou  imprmiés,  devront  être  déposés  au  Secré- 
tariat de  l'Institut  avant  le  i^'^juin;  les  concurrents  devront  être  Français 
ou  naturalisés  Français. 


PRIX  DE  LA  FONS  MELICOCQ. 

Ce  prix  sera  décerné  «  tous  les  trois  ans  au  meilleur  Ouvrage  de  Botanique 
)  sur  le  nord  de  la  France,  c'est-à-dire  sur  les  départements  du  Nord,  du 
»  Pas-de-Calais,  des  Ardennes,  de  la  Somme,  de  l'Oise  et  de  l'Aisne  ». 

Ce  prix,  dont  la  valeur  est  de  neuf  cents- francs ,  sera  décerné,  s'il  v  a  lieu 
dans  la  séance  annuelle  de  1901,  au  meilleur  Ouvrage,  manuscrit  ou 
imprimé,  remplissant  les  conditions  stipulées  par  le  testateur. 


PRIX  THORE. 

Ce  prix  annuel,  tl'une  valeur  de  deux  cents  francs,  sera  décerné  «  à 
•■'  l'auteur  du  meilleur  Mémoire  sur  les  Cryptogames  cellulaires  d'Europe 
•I  (Algues  fluviatiles  ou  marines,  Mousses,  Lichens  ou  Champignons),  ou  sur 
.'   les  mœurs  ou  l'anatomie  d'une  espèce  d'Insectes  d'Europe   ». 

Ce  prix  est  attribué  alternativement  aux  travaux  sur  les  Cryptogames 
cellulaires  d'Europe  et  aux  recherches  sur  les  mœurs  ou  l'anatomie  d'un 
Insecte.  TVoir  page  1177.) 


(  1176  ) 


ECONOMIE   RURALE. 


PRIX    BIGOT    DE    MORGUES. 

Ce  prix  décennal,  d'une  valeur  de  dix-sept  cents  francs,  sera  décerné 
dans  la  séance  annuelle  de  igoS,  à  l'Ouvrage  qui  aura  fait  faire  le  plus  de 
progrès  à  l'Agriculture  de  France. 


AJVATOMIE  ET  ZOOLOGIE. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

(Prix  du  Budget.) 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  mis  au  concours  pour  l'année   1901   la 
question  suivante  : 

Étudier  la  biologie  des  Nématodes  libres  d'eau  douce  et  humicoles  et  plus 
particulièrement  les  /ormes   et   conditions    de  leur  reproduction. 

Le  prix  est  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires,  manuscrits  ou  imprimés,  devront  être  déposés  au  Secré- 
tariat de  l'Institut  avant  le  i"juin  1901. 


PRIX  SAVIGNY,  FONDE  PAR  M'"»  LETELLIER. 

«  Voulant,  dit  la  testatrice,  perpétuer,  autant  qu'il  est  en  mon  pouvoir 
»  de  le  faire,  le  souvenir  d'un  martyr  de  la  science  et  de  l'honneur,  je 
»  lègue  à  l'Institut  de  France,  Académie  des  Sciences,  Section  de  Zoologie, 


4 


(  "77  ) 

)i  vingt  mille  francs,  au  nom  de  Marie-Jules-César  IjC  Lorgne  de  Savigny, 

»  ancien  Membre  de  l'Institut  d'Egypte  et  de  l'Institut  de  France,  pour 

»  l'intérêt  de  cette  somme  de  vingt  mille  francs  être  employé  à  aider  les 

»  jeunes  zoologistes  voyageurs  qui  ne  recevront   pas  de  subvention  du 

»  Gouvernement  et  qui  s'occuperont  plus  spécialement  des  animaux  sans 

»  vertèbres'de  l'Egypte  et  de  la  Syrie.   » 

Le  prix  est  de  neuf  cent  soixante-quinze  francs. 

Les  Mémoires,  manuscrits  ou  imprimés,  devront  être  envoyés  au  Secré- 
tariat de  l'Institut  avant  le  i"'  juin   1900. 


PRIX  DA  GAMA  MACHADO. 

L'Académie  décernera,  tous  les  trois  ans,  le  prix  da  Gama  Machado  aux 
meilleurs  Mémoires  qu'elle  aura  reçus  sur  les  parties  colorées  du  système 
tégumentaire  des  animaux  ou  sur  la  manière  fécondante  des  êtres  animés. 

Le  prix  est  de  douze  cents  francs. 

Il  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  igoo. 

PRIX  THORE. 
Voir  page  1175. 


MÉDECINE  ET  CHIRURGIE. 


PRIX  MONTYON. 

Conformément  au  testament  de  M.  Auget  de  Montyon  il  sera  décerné 
un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  des  Ouvrages  ou  des  découvertes  qui  se- 
ront jugés  les  plus  utiles  à  Var/  de  guc'rir. 

C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXI\,  N°  25.)  •^'^ 


(   i^7«  ) 
L'Académie  juge  nécessaire  de  faire  remarquer   que  les  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  propres  à 
perfectionner  la  Médecine  ou  la  Chirurgie. 

Les  pièces  admises  au  Concours  n'auront  droit  au  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte parfailemenl  déterminée. 

Si  la  pièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée;  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 

Conformément  à  l'Ordonnance  du  23  août  1829,  outre  les  prix  annoncés 
ci-dessus,  il  sera  aussi  décerné,  s'il  y  a  lieu,  des  prix  aux  meilleurs  résultats 
des  recherches  entreprises  sur  des  questions  proposées  par  l'Académie, 
conformément  aux  vues  du  fondateur. 

Les  Ouvrages  ou  Mémoires  présentés  au  concours  doivent  être  envoyés 
au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i"  juin  de  chaque  année. 


PRIX  BARBIER. 

Ce  prix,  d'une  valeur  de  deux  mille  francs,  sera  décerné  à  «  celui  qui 
))  fera  une  découverte  précieuse  dans  les  Sciences  chirurgicale,  médicale, 
»   pharmaceutique,  et  dans  la  Botanique  ayant  rapport  à  l'art  de  guérir  ». 

L'Académie  décernera  ce  prix,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa  séance  publique 
de  1900. 

Voir  page  1171. 

PRIX  BRÉANT. 

M.  Bréant  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  de  cent  mille 
francs  pour  la  fondation  d'un  prix  à  décerner  «  à  celui  qui  aura  trouvé 
«  le  moyen  de  guérir  du  choléra  asiatique  ou  qui  aura  découvert  les  causes 
»   de  ce  terrible  fléau  ». 

Prévoyant  que  le  prix  de  cent  mille  francs  ne  sera  pas  décerné  tout  de 
suite,  le  fondateur  a  voulu,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  soit  gagné,  que  l'intérêt 
du  capital  fut  donné  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la  Science  sur  la 


(   "79  ) 
question  du  choléra  ou  de  toute  autre  maladie  épidémique,  ou  enfin  que  ce 
prix  pût  être  gagné  par  celui  qui  indiquera  le  moyen  de  guérir  radicale- 
ment les  dartres  ou  ce  qui  les  occasionne. 

Les  concurrents  devront  satisfaire  aux  conditions  suivantes  : 

1°  Pour  remporter  le  prix  de  cent  mille  francs ,  il  faudra  :  «  Trouver  une 
»  médicaUon  qui  guérisse  le  choléra  asiatique  dans  r  immense  majorité  des  cas  »  ; 

Ou:»  Indiquer  d'une  manière  incontestable  les  causes  du  choléra  asiatique,  de 
»  façon  qu'en  amenant  la  suppression  de  ces  causes  on  fasse  cesser  l' épidémie  »  ; 

Ou  enfin  :  «  Découvrir  mie  prophylaxie  certaine,  et  aussi  évidente  que  l'est, 
»  par  exemple,  celle  de  la  vaccine  pour  la  variole  » . 

2°  Pour  obtenir  le  prix  annuel  représenté  par  l'intérêt  du  capital,  il 
faudra,  par  des  procédés  rigoureux,  avoir  démontré  dans  l'atmosphère 
l'existence  de  matières  pouvant  jouer  un  rôle  dans  la  production  ou  la 
propagation  des  maladies  épidémiques. 

Dans  le  cas  où  les  conditions  précédentes  n'auraient  pas  été  remplies,  le 
prix  annuel  pourra,  aux  termes  du  testament,  être  accordé  à  celui  qui  aura 
trouvé  le  moyen  de  guérir  radicalement  les  dartres,  ou  qui  aura  éclairé  leur 


ctiologie. 


PRIX  GODARD. 

M.  le  D'  Godard  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  «  le  capital  d'une 
rente  de  mille  francs,  trois  pour  cent.  Ce  prix  annuel,  d'une  valeur  de  mille 
francs,  sera  donné  au  meilleur  Mémoire  sur  l'anatomie,  la  physiologie 
et  la  pathologie  des  organes  génito-uiinaires.  Aucun  sujet  de  prix  ne  sera 
proposé.  «  Dans  le  cas  où,  une  année,  le  prix  ne  serait  pas  donné,  il  serait 
»   ajouté  au  prix  de  l'année  suivante.  » 


PRIX  SERRES. 

Ce  prix  triennal  «  sur  l' Embryologie  générale  appliquée  autant  que  possible 
»  à  la  Physiologie  et  à  la  Médecines  sera  décciné  en  1902  au  meilleur 
Ouvrage  qu'elle  aura  reçu  sur  cette  uiiportante  question. 

I>e  prix  est  de  sept  mille  cinq  cents  francs. 


(  ii8o  ) 
Les  Mémoires  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
1*'' juin  1902. 

PRIX  CHAUSSIER. 

Ce  prix  sera  décerné  tous  les  quatre  ans  au  medleur  Livre  ou  Mémoire 
qui  aura  paru  peiidant  ce  temps,  et  fait  avancer  la  Médecine,  soit  sur  la 
Médecine  légale,  soit  sur  la  Médecine  pratique. 

L'Académie  décernera  ce  prix,  de  la  valeur  de  dix  mille  francs ,  dans  la 
séance  annuelle  de  1908,  au  meilleur  Ouvrage  paru  dans  les  quatre  an- 
nées qui  auront  précédé  son  jugement. 

Les  Ouvrages  ou  Mémoires  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de 
r Institut  avant  le  1"  juin  1908. 

PRIX  PARRIN. 

Ce  prix  triennal  est  destiné  à  récompenser  des  recherches  sur  les  sujets 
suivants  : 

«  1°  Sur  les  elFets  curatifs  du  carbone  sous  ses  diverses  formes  et  plus 
»  particulièrement  sous  la  forme  gazeuse  ou  gaz  acide  carbonique,  dans 
))   le  choléra,  les  différentes  formes  de  fièvre  et  autres  maladies; 

»  2°  Sur  les  effets  de  l'action  volcanique  dans  la  production  de  maladies 
»  épidémiques  dans  le  monde  animal  et  le  monde  végétal,  et  dans  celle  des 
»   ouragans  et  des  perturbations  atmosphériques  anormales.  » 

Le  testatenr  stipule  : 

«  1°  Que  les  recherches  devront  être  écrites  en  français,  en  allemand 
»    ou  en  italien  ; 

»  2°  Que  l'auteur  du  meilleur  travail  publiera  ses  recherches  à  ses  pro- 
»  près  frais  et  en  présentera  un  exemplaire  à  l'Académie  dans  les  trois 
»   mois  qui  suivront  l'attribution  du  prix  ; 

»  3°  Chaque  troisième  et  sixième  année  le  prix  sera  décerné  à  un  tra- 
»  vail  relatif  au  premier  desdits  sujets,  et  chaque  neuvième  année  à  un 
»   travail  sur  le  dernier  desdits  sujets.  » 

li' Académie  ayant  décerné  pour  la  première  fois  ce  prix  dans  sa  séance 


(   iirti  ) 

publique  de  [897,  en  continuera  l'altribulion,  pour  se  conformer  au  vœu 
du  testateur,  en  l'année  1900. 

Le  prix  est  de  trois  mille  quatre  cents  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  li 
i^'juiu  1900. 

PRIX  BELLION,  FONDÉ  PAR  M""  FOEHR. 

Ce  prix  annuel  sera  décerné  aux  savants  «  qui  auront  écrit  des  Ouvrages 
»  ou  fait  des  découvertes  surtout  profitables  à  la  santé  de  l'homme  ou  à  l'amc- 
»  lioration  de  F  espèce  humaine  ». 

Le  prix  est  de  quatorze  cents  francs . 

Les  Ouvrages  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avaul  l;' 
1"  juin  de  chaque  année. 

PRIX  MÈGE. 

Le  D''  Jean-Baptiste  Mège  a  légué  à  l'Académie  «  dix  mille  francs  à  donner 
»  en  prix  à  l' auteur  qui  aura  continué  et  complété  son  essai  sur  les  causes  f/iii 
»  ont  retardé  ou  favorisé  les  progrés  de  la  Médecine,  depuis  la  plus  haute  anli- 
»   quitè  jusqu  à  nos  jours. 

»  L'Académie  des  Sciences  pourra  disposer  en  encouragement  des  inté- 
»   rets  de  cette  somme  jusqu'à  ce  qu'elle  pense  devoir  décerner  le  prix.    )i 

L'Académie  des  Sciences  décernera  le  prix  Mège,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa 
séance  publique  annuelle  de  1900. 

Les  Ouvrages  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i'"^  juin. 

PRIX  DUSGATE. 

Ce  prix  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  1900,  à  l'auteur  du  meilleu:- 
Ouvrage  sur  les  signes  diagnostiques  de  la  mort  et  sur  les  moyens  de  pré- 
venir les  inhumations  précipitées. 


(     II«2    ) 


PRIX  LALLEMAND. 


Ce  prix  annuel,  d'une  valeur  de  dix-huil  cents  francs ,  est  destiné  à  «  ré 
compenser  ou  encourager  les  travaux  relatifs  au  système  nerveux,  dans  la 
plus  large  acception  des  mots  ». 

Les  travaux  destinés  au  concours  devront  être  envoyés  au  Secrétariat 
de  l'Institut  avant  le  i"  juin  de  chaque  année. 


PRIX  DU  BARON  LARREY. 

Ce  prix  sera  décerné  annuellement  à  un  médecin  ou  à  un  chirurgien 
des  armées  de  terre  ou  de  mer  pour  le  meilleur  Ouvrage  présenté  à  l'Aca- 
démie et  traitant  un  sujet  de  Médecine,  de  Chirurgie  ou  d'Hygiène  mili- 
taire. 

Le  prix  est  de  mille  francs. 

Les  Ouvrages  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i""  juin  de  chaque  année. 


PHYSIOLOGIE. 


PRIX  MONTYON. 

L'Académie  décernera  annuellement  un  prix  de  la  valeur  de  sept  cent 
cinquante  francs  à  l'Ouvrage,  imprimé  ou  manuscrit,  qui  lui  paraîtra  ré- 
pondre le  mieux  aux  vues  du  fondateur. 


PRIX  L.  LA  GAZE. 
Voir  page  1 170. 


(  ii83  ) 


PRIX  POURAT. 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  mis  au  concours,  pour  l'année  1900,  la 
question  suivante  : 

Détermination  des  principales  données  anthropométriques. 

Le  prix  est  de  quatorze  cents  francs. 

Les  Mémoires  seront  reçus  au  Secrétariat  de  l'Institut  jusqu'au  i"  juin 
rf)oo. 

PRIX  POURAT. 

(Question  proposée  pour  l'année   1901.) 

La  question  mise  au  concours  pour  le  prix  Pourat,  eu  1901,  est  la  sui- 
vante : 

Sur  le  refroidissement  dû  à  la  contraction  musculaire.  Détermination  expé- 
rimentale des  contractions  et  du  mécanisme  intime  de  ce  phénomène. 

PRIX  MARTIiN'-DAMOUREÏTE. 

Ce  prix  biennal,  dont  la  valeur  est  de  quatorze  cents  francs ,  sera  décerné, 
s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  publique  annuelle  de  1900. 

Les  Ouvrages  ou  Mémoires  seront  reçus  au  Secrétariat  de  l'Institut  jus- 
qu'au I*'  juin  1900. 

PRIX  PHILIPEAUX. 

Ce  prix  annuel  de  Physiologie  expérimentale,  de  la  valeur  de  huit  cent 
quatre-vingt-dix  francs ,  sera  décerné  dans  la  prochaine  séance  publique. 


(    ii84  ) 


GEOGRAPHIE   PHYSIQUE. 


PRIX  GAY. 


Par  un  leslament,  en  date  du  3  novembre  1873,  M.  Claude  Gay, 
Membre  de  l'Institut,  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  rente  perpé- 
tuelle de  deux  mille  cinq  cents  francs,  pour  un  prix  annuel  de  Géographie 
physique,  conformément  au  programme  donné  par  une  Commission  nom- 
mée à  cet  effet. 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  mis  au  concours  pour  sujet  du  prix  Gay, 
qu'elle  doit  décerner  dans  sa  séance  publique  de  l'année  1900,  la  question 
suivante  : 

Appliquer  à  une  région  de  la  France  ou  à  une  portion  de  la  chaîne  alpine, 
l'analyse  des  circonstances  géologiques  qui  ont  déterminé  les  conditions 
actuelles  du  relief  et  de  l'hydrographie. 

Ce  prix  est  de  deux  mille  cinq  cents  francs. 

Les  Mémoires  seront  reçus  au  Secrétariat  de  l'Institut  jusqu'au 
i^juin  1900. 

PRIX  GAY. 
(Question  proposée  pour  l'année  1901.) 

Grâce  aux  explorations  récentes  de  l'Asie  centrale,  les  plantes  de  celte 
région  sont  beaucoup  mieux  connues  et  les  documents  réunis  dans  nos  col. 
lections  fournissent  les  éléments  d'une  étude  comparative  des  diverses 
flores  alpines  du  monde  ancien.  Les  résultats  qu'on  peut  espérer  de  cette 
étude  seraient  d'un  grand  intérêt.  C'est  dans  le  dessein  de  la  provoquer 
que  la  Commission  chargée  de  projjoser  une  question  pour  le  prix  Gay  qui 
sera  distribué  en  1901,  met  au  concours  la  question  suivante  : 

Faire  connaître  la  distribution  des  plantes  alpines  dans  les  grands  massifs 
montagneux  de  l'ancien  monde.  Indiquer  les  régions  où  se  trouvent  réunies  le 


1 


(   ii85  ) 

plus  grand  nombre  d'espèces  du  même  groupe.  Établir  la  diminution  graduelle 
de  r importance  de  chacun  de  ces  groupes  dans  les  autres  régions.  Rechercher 
les  causes  anciennes  ou  actuelles  susceptibles  d'expliquer,  dans  une  certaine 
mesure,  la  répartition  de  ces  plantes  alpines. 


PRIX  GENERAUX. 


MEDAir.LE  ARAGO. 

L'Académie,  dans  sa  séance  du  i4  novembre  1887,  a  décidé  la  fondation 
d'une  médaille  d'or  à  l'effigie  d'Arago. 

Cette  médaille  sera  décernée  par  l'Académie  chaque  fois  qu'une  décou- 
verte, un  travail  ou  un  service  rendu  à  la  Science  lui  paraîtront  dignes  de 
ce  témoignage  de  haute  estime. 


PRIX  MONTYON  (ARTS  INSALUBRES). 

Il  sera  décerné  un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  qui  auront  trouvé  les 
moyens  de  rendre  un  art  ou  un  métier  moins  insalubre. 

1/ Académie  juge  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  qui  dimi- 
nueraient les  dangers  des  diverses  professions  ou  arts  mécaniques. 

Les  pièces  admises  au  Concours  n'auront  droit  au  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 

Si  la  pièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée;  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 

Les  Ouvrages  ou  Mémoires  présentés  au  concours  doivent  être  envoyés 
au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le  i*'  juin  de  chaque  année. 

G.  R.,  1899,  ■>.'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  25.)  130 


(  ii86  ) 


PRIX  CUVIER. 

Ce  prix  est  décerné  tous  les  trois  ans  à  l'Ouvrage  le  plus  remarquable, 
soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la  Géologie. 

L'Académie  annonce  qu'elle  décernera,  s'il  y  a  lieu,  le  prix  Cuvier,  dans  î 

sa  séance  publique  annuelle  de  1900,  à  l'Ouvrage  qui  remplira  les  condi-  - 

lions  du   concours,  et  qui  aura  paru  depuis  le  i^'  janvier  1891  jusqu'au  ^ 

i^'juin  1900.  ■i 

Le  prix  est  de  quinze  cents  francs. 


l'RIX  TREMONT. 

Ce  prix,  d'une  valeur  annuelle  de  onze  cents  francs,  est  destiné  «  à  aider 
dans  ses  travaux  tout  savant,  ingénieur,  artiste  ou  mécanicien,  auquel  une 
assistance  sera  nécessaire  pour  atteindre  un  but  utile  et  glorieux  pour  la 
France  ». 

Jj' Académie,  dans  sa  séance  publique  annuelle,  accordera  la  somme 
provenant  du  legs  Trémont,  à  titre  d'encouragement,  à  tout  savant,  ingé- 
nieur, artiste  ou  mécanicien  qui,  se  trouvant  dans  les  conditions  indiquées, 
aura  présenté,  dans  le  courant  de  l'année,  une  découverte  ou  un  perfec- 
tionnement paraissant  répondre  le  mieux  aux  intentions  du  fondateur. 


PRIX  GEGNER. 

Ce  prix  annuel,  d'une  valeur  de  quatre  mille  francs ,  est  destiné  «  à  sou- 
tenir un  savant  qui  se  sera  signalé  par  des  travaux  sérieux,  et  qui  dès  lors 
pourra  continuer  plus  fructueusement  ses  recherches  en  faveur  des  progrès 
des  Sciences  positives  ». 


(   -i«7  ) 


PRIX  DELALANDE-GUERINEAU. 


Ce  prix  biennal,  d'une  valeur  de  mille  francs,  sera  décerné  en  1900  «  au 
»  voyageur  français  ou  au  savant  qui,  l'un  ou  l'autre,  aura  rendu  le  plus  de 
»   services  à  la  France  ou  à  la  Science  » . 


I^es  pièces  de  concours  devront  être  déposées  au  Secrétariat  de  l'Institut 
avant  le  i*''juin  1900. 

PRIX  JEAN  REYNAUD. 

]yjme  Veuve  Jean  Reynaud,  «  voulant  honorer  la  mémoire  de  son  mari 
et  perpétuer  son  zèle  pour  tout  ce  qui  touche  aux  gloires  de  la  France  », 
a  fait  donation  à  l'Institut  de  France  d'une  rente  sur  l'État  français,  de  la 
somme  de  dix  mille  francs,  destinée  à  fonder  un  prix  annuel  qui  sera  suc- 
cessivement décerné  par  les  cinq  Académies  «  au  travail  le  plus  méritant, 
relevant  de  chaque  classe  de  l'Institut,  qui  se  sera  produit  pendant  une 
période  de  cinq  ans  ». 

«  Le  prix  J.  Reynaud,  dit  la  fondatrice,  ira  toujours  à  une  œuvre  origi- 
»   nale,  élevée  et  ayant  un  caractère  d'invention  et  de  nouveauté, 
»   Les  Membres  de  l'Institut  ne  seront  pas  écartés  du  concours. 

»  Le  prix  sera  toujours  décerné  intégralement;  dans  le  cas  où  aucun 
»  Ouvrage  ne  semblerait  digne  de  le  mériter  entièrement,  sa  valeur  sera 
»   délivréeà  quclquegrandc  infortune  scientifique,  littéraire  ou  artistique.    » 

L'Académie  des  Sciences  décernera  le  prix  Jean  Reynaud  dans  sa  séance 
publique  de  l'année  190 1. 


PRIX  JEROME  PONÏI. 

Ce  prix  biennal,  de  la  valeur  de  trois  mille  cinq  cents  francs,  sera  accordé  à 
l'auteur  d'un  travail  scientifique  dont  la  continuation  ou  le  développement 
seront  jugés  importants  pour  la  Science. 

L'Académie  décernera  ce  pris,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa  séance  publique 
de  1900. 


(   ii88  ) 
Les  Mémoires  seront  reçus  au  Secrétariat  de  l'Institut  jusqu'au  i"  juin 
1900. 

PRIX  PETIT  D'ORMOY. 

L'Académie  a  décidé  que,  sur  les  fonds  produits  par  le  legs  Petit  d'Or- 
moy,  elle  décernera  tous  les  deux  ans  un  prix  de  dix  mille  francs  pour  les 
Sciences  mathématiques  pures  ou  appliquées,  et  un  prix  de  dix  mille  francs 
pour  les  Sciences  naturelles. 

Les  reliquats  disponibles  de  la  fondation  pourront  être  employés  par 
l'Académie  en  prix  ou  récompenses,  suivant  les  décisions  qui  seront  prises 
à  ce  sujet. 

L'Académie  décernera  le  prix  Petit  d'Ormoy,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa 
séance  publique  annuelle  de  1901 . 

PRIX  LECONTE. 

Ce  prix,  d'une  valeur  de  cinquante  mille  francs,  doit  être  donné,  en  un 
seul  prix,  tous  les  trois  ans,  sans  préférence  de  nationalité  : 

1°  Aux  auteurs  de  découvertes  nouvelles  et  capitales  en  Mathématiques, 
Physique,  Chimie,  Histoire  naturelle,  Sciences  médicales; 

1°  Aux  auteurs  d'applications  nouvelles  de  ces  sciences,  applications  qui 
devront  donner  des  résultats  de  beaucoup  supérieurs  à  ceux  obtenus 
jusque-là. 

L'Académie  décernera  le  prix  Leconte,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa  séance 
annuelle  de  lyoï. 

PRIX  TCHIHATCHEF. 

M.  Pierre  de  Tchihatchef  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  la  somme 
de  cent  mille  francs. 

Dans  son  testament,  M.  de  Tchihatchef  stipule  ce  qui  suit  : 

«  Les  intérêts  de  cette  somme  sont  destinés  à  offrir  annuellement  aux 
»  naturalistes  de  toute  nationalité  qui  se  seront  le  plus  distingués  dans  l'ex- 
»   ploration  du  continent  asiatique  (ou  îles  limitrophes),  notamment  des 


(  1-89  ) 
»  régions  les  moins  connues  et,  en  conséquence,  à  l'exclusion  des  con- 
»   trées  suivantes  :  Indes  britanniques,  Sibérie  proprement  dite,  Asie  Mi- 
»   neureet  Syrie,  contrées  déjà  plus  ou  moins  explorées. 

»  Les  explorations  devront  avoir  pour  objet  une  branche  quelconque 
»   des  Sciences  naturelles,  physiques  ou  mathématiques. 

>)  Seront  exclus  les  travaux  ayant  rapport  aux  autres  sciences,  telles 
»   que  :  Archéologie,  Histoire,  Ethnographie,  Philologie,  etc. 

»  Lorsque  l'Académie  ne  croira  pas  être  dans  le  cas  d'accorder  une  ré- 
»  compense  ou  un  encouragement,  soit  partiellement,  soit  intégralement 
»  le  montant  ou  le  restant  des  intérêts  annuels  de  la  susdite  somme  seront 
')  ajoutés  à  ceux  de  l'année  ou  des  années  subséquentes  jusqu'à  l'époque 
«  où  l'Académie  jugera  convenable  de  disposer  de  ces  intérêts,  soit  à  titre 
»  de  récompense  pour  des  travaux  accompHs,  soit  pour  en  faciliter  l'entre- 
»   prise  ou  la  continuation. 

»  Il  est  bien  entendu  que  les  travaux  récompensés  ou  encouragés 
»  devront  être  le  fruit  d'observations  faites  sur  les  lieux  mêmes  et  non  des 
»  œuvres  de  simple  érudition.   » 

L'Académie  décernera  le  prix  Tchihatchef,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance 
publique  de  l'année  1900. 

Le  prix  est  de  trois  mille  francs. 

Les  Ouvrages  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
i^' juin  de  l'année  1900. 


PRIX  GASTON  PLANTE. 

Ce  prix  biennal  sera  attribué,  d'après  le  jugement  de  l'Académie,  à 
l'auteur  français  d'une  découverte,  d'une  invention  ou  d'un  travail  im- 
portant  dans  le  domaine  de  l'électricité. 

L'Académie  décernera,  s'il  y  a  lieu,  le  prix  Gaston  Planté  dans  sa  séance 
annuelle  de  1901 . 

Le  prix  est  de  trois  mille  francs. 

Les  Mémoires  devront  être  déposés  au  Secrétariat  de  l'Institut  avant  le 
I*'  juin  1901. 


(   "9"  ) 


PRIX  BOILEAU. 


Ce  prix  triennal,  d'une  valeur  de  treize,  cents  francs,  est  destiné  à  récom- 
penser les  recherches  sur  les  mouvements  des  fluides,  jugées  suffisantes 
pour  contribuer  au  progrès  de  l'hydraulique. 

A  défaut,  la  rente  triennale  échue  sera  donnée,  à  titre  d'encouragement, 
à  un  savant  estimé  de  l'Académie  et  choisi  parmi  ceux  qui  sont  notoire- 
ment sans  fortune. 

L'Académie  décernera  le  prix  Boileau  dans  sa  séance  annuelle  de  1900. 

PRIX  HOULLEVIGUE. 

M.  Stanislas  HouUevigue  a  légué  à  l'Institut  cinq  mille  francs  de  rentes 
3  pour  100,  à  l'effet  de  fonder  un  prix  annuel  qui  portera  son  nom  et  sera 
décerné  à  tour  de  rôle  par  l'Académie  des  Sciences  et  par  l'Académie  des 
Beaux-Arts. 

L'Académie  des  Sciences  décernera  le  prix  HouUevigue  dans  la  séance 
publique  annuelle  de  1900. 

PRIX  CAHOURS. 

M.  Auguste  Cahours  a  lé^ué  à  l'Académie  des  Sciences  la  somme  de 
cent  mille  francs. 

Conformément  aux  \œux  du  testateur,  les  intérêts  de  cette  somme  se- 
ront distribués  chaque  année,  à  titre  d'encouragement,  à  des  jeunes  gens 
qui  se  seront  déjà  fait  connaître  par  quelques  travaux  intéressants  et  plus 
particulièrement  par  des  recherches  sur  la  Chimie. 

Le  prix  est  de  trois  mille  francs. 

L'Académie  des  Sciences  décernera  le  prix  Cahours,  s'il  y  a  lieu,  dans 
sa  séance  publique  annuelle  de  1900. 


(  i'9'   ) 


PRIX  SAINTOUR. 


L'Académie  décernera  ce  prix,  de  la   valeur  de  trois  mille  francs,  dans 
sa  séance  annuelle  de  1900. 


PRIX    RASTNER-BOURSAULT. 

Le  prix,  d'une  valeur  de  deux  mille  francs,  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu, 
en  190 1,  à  l'auteur  du  meilleur  travail  sur  les  applications  diverses  de 
l'Électricité  dans  les  Arts,  l'Industrie  et  le  Commerce. 


PRIX  ESTRADE-DELCROS. 

M.  Estrade-Delcros,  par  son  testament  en  date  du  8  février  1876,  a 
lé^ué  toute  sa  fortune  à  l'Institut.  Le  montant  de  ce  legs  devra  être  par- 
tagé, par  portions  égales,  entre  les  cinq  classes  de  l'Institut,  pour  servir  à 
décerner,  tous  les  cinq  ans,  un  prix  sur  le  sujet  que  choisira  chaque 
Académie. 

Ce  prix,  de  la  valeur  de  huit  mille  francs ,  sera  décerné  par  l'Académie 
des  Sciences,  pour  la  première  fois,  dans  sa  séance  publique  de  190.3. 


PRIX  JEAN-JACQUES  BERGER. 

Le  prix  Jean-Jacques  Berger,  de  la  valeur  de  quinze  mille  francs,  à  dé- 
cerner successivement  par  les  cinq  Académies  à  l'OEuvre  la  plus  méritante 
concernant  la  Ville  de  Paris,  sera  attribué,  par  l'Académie  des  Sciences, 
en  1904. 


PRIX  BARON  JOEST. 
Ce  prix,  décerné  successivement  par  les  cinq  Académies,  sera  attribué 


(     "92    ) 

à  celui  qui,  flans  l'année,  aura  fait  la  découverte  ou  écrit  l'Ouvrage  le  plus 
utile  au  bien  public. 

Ce  prix,  de  la  valeur  de  deux  mille  francs,  sera  décerné  par  l'Académie 
des  Sciences,  pour  la  première  fois,  dans  sa  séance  publique  de  1901. 

PRIX  FONDÉ  PAR  M-"*  la  Marquise  DE  LAPLACE. 

Ce  prix,  qui  consiste  dans  la  collection  complète  des  Ouvrages  de 
Laplace,  est  décerné,  chaque  année,  au  premier  élève  sortant  de  l'École 
Polytechnique. 

PRIX  FONDÉ  PAR  M.  FÉLIX  RIVOT. 


Ce  prix,  qui  est  annuel  et  dont  la  valeur  est  de  deux  mille  cinq  cents 
francs,  sera  partagé  entre  les  quatre  élèves  sortant  chaque  année  de 
l'École  Polytechnique  avec  les  n°'  1  et  2  dans  les  corps  des  Mines  et  des 
Ponts  et  Chaussées. 


(  «193   ) 


CONDITIONS  COMMUNES  A  TOUS  LES  CONCOURS. 

Les  concurrents  sont  prévenus  que  l'Académie  ne  rendra  aucun  des 
Ouvrages  envoyés  aux  concours;  les  auteurs  auront  la  liberté  d'en  faire 
prendre  des  copies  au  Secrétariat  de  l'Institut. 

Par  une  mesure  générale  prise  en  i86,j,  l'Académie  a  décidé  que  la 
clôture  des  concours  pour  les  prix  qu'elle  propose  aurait  lieu  à  la  même 
époque  de  l'année,  et  le  terme  a  été  fixé  au  premier  juin. 


Les  concurrents  doivent  indiquer,  par  une  analyse  succincte,  la  partie 
de  leur  travail  où  se  trouve  exprimée  la  découverte  sur  laquelle  ils  appellent 
le  jugement  de  l'Académie. 


Nul  n'est  autorisé  à  prendre  le  titre  de  La.uréa.t  de  l'Académie,  s'il  n'a 
été  jugé  digne  de  recevoir  un  Prix.  Les  personnes  qui  ont  obtenu  des  ré- 
compenses, des  encouragements  ou  des  mentions,  n'ont  pas  droit  à  ce  titre. 


Li:CTURES. 


M.  Bertrand,   Secrétaire  perpétuel,   lit  une   Notice  historique   sur  la 
vie  et  les  travaux  de  M.  Félix  Tisserand,  Membre  de  l'Institut. 

J.  B.   et  M.  B. 


C.  R.,  1899,  1'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N°  25.)  1^7 


(   "9l  ) 


TABLEAUX 

DES   PRIX   DÉCERNÉS   ET    DES   PRIX   PROPOSÉS 


DANS  LA  SÉANCE  DU  LUNDI  18  DECEMBRE  1899. 


TABLEAU    DES  PRIX  DECERNES. 


ANNÉE  1899. 


GÉOMÉTRIE. 

Prix  Bordin  (Sciences  mathématiques).  Prix 
de  i8ç)8  reporté  à  1899.  —  Le  pri.\  n'est 
l)as  décerné.  Une  mention  très  honorable 
est  accordée  à  M.  Jules  Drach 1064 

Prix  Francœur.  —  Le  pri,t  est  décerné  à 
feu  M.  Le  Cordier.  Une  mention  très 
honorable  est  attribuée  à  iM.  Le  Roy....    1067 

I'rix  Ponoelet.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Casserai loG- 


mecaniqtje. 

Prix  extraordinaire  de  six  mille  fr.\ncs. 
—  Un  prix  est  décerné  à  M.  le  commandant 
Bailles.  Un  prix  à  MM.  Charbonnier  et 
Galy-Aché.  Un  prix  à  M.  E.  Perrin. . . .    iofi7 

Prix  Montyon.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Parliot lo-ô 

Prix  Plumey.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Bonjour 1075 

Prix  Fouuneyron.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Auguste  Bateau 1077 


ASÏIIOJNOMIE. 

Prix  Lalande.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Brooks 1079 

Prix  Valz.  —  Le  prix  est  décerné  à  M.  Ny- 
réii 1 080 


Prix   La  Gaze. 
M.   Blondlot. 


PHYSIQUE. 
-   Le   prix   est   décerné  à 


loSo 


STATISTIQUE. 

Prix  IMontyon.  —  Le  prix  est  partagé  entre 
VOffice  central  des  Œuvres  de  bienfai- 
sance et  M.M.  Duniesnil  et  Mangenot. 
Rappel  de  prix  à  M.  Turquan.  Une  men- 
tion honorable  à  M.  de  Beaiiniont. 10S2 

CHIMIE. 

Prix  Jecker.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Maurice  Hanriot myi 

Prix  Wilde.  —  Le  prix  est  décerné  à  M.  le 
D'  Zcemnn 1093 

Prix  La  Caze.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Engel logS 

MINÉKALOGIE    ET    GÉOLOGIE. 

Prix  Delesse.  —  Le  prix  est  décerne  à 
IVI.  Kilian logfi 

Prix  Fontanne.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Haug 1097 

BOTANIQUE. 

Prix  Desmazières.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  l'abbé  Hue 1099 


(  "9^  ) 


Pnix  Montagne.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Jules  Cardot.  Un  prix  est  décerné  au 
frère   Héribaud  Joseph non 

Prix  Thore.  —  Le  prix  est  partagé  entre 
MM.  Parmentier   et   Bouilhac nos 


ANATOMIE    ET     ZOOLOGIE. 

Grand  Prix  des  Sciences  physiques.  —  Le 
prix  n'est  pas  décerné iio5 

Prix  Bordin.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Armand  Vire , i  io6 

Prix  Savigny.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Guillaume  Grandidier 1 107 

MÉDECINE    ET    CHIRURGIE. 

Prix  Montyon.  —  Un  prix  est  décerné  à 
MM.  Nocard  et  Leclainche.  Un  prix  ;\ 
M.  Mayet.  Un  autre  prix  à  M.  Marfan. 
Des  mentions  sont  attribuées  à  MM.  Le- 
jars,  Fournier,  Garnier.  Des  citations  A 
MM.  Guillemonat,  Labbe i  loS 

Pri.^  Barbier.  —  Le  prix  est  partagé  entre 
MM.  Uoudas  et  Joanin,  M.  Louis  LapC'jue 
et  ^L^[.  Schlagdenhauffen  et  Reeb in'i 

Prix  Bréant.  —  Un  prix  est  décerné  à 
M.  Vaillard.  Un  prix  à  MM.  Courmont 
et  Doyon.  Des  mentions  sont  attribuées  à 
MM.  Besnoit  et  Guillé  et  à  AL  de  Brun.    iii,5 

Prix  Godard.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Pasteau 1 1 17 

Prix  Serres.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Louis  Boule.  Des  mentions  sont  attri- 
buées à  MM.  CauUery  et  Mesnil  et  à 
M.  Bearrf  .......  .    iiiS 

Prix  Chaussier.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.   Chavrin 1 1  iio 

Prix  Belliox.  —  Le  prix  est  partagé  entre 
MM.  Cestan  et  Crespin  et  Sergent ii36 

Prix  Mège.  —  Le  prix  est  décerné  à 
MM.  Terrier  et  Baudoin 1 136 

Prix  Lallemand.  —  Le  prix  n'est  pas  dé- 
cerné. Une  mention  honorable  est  accordée 
à  .M.    Pierre  Janet 1 1 3.S 

Prix  du  baron  Lahrey.  —  Le  prix  est  dé- 
cerné à  MM.  Arnaud  et  La  feuille 1 138 


PHYSIOLOGIE. 


Prix  Montyon  (Physiologie  expérimentale). 
—  Le  prix  est  décerné  à  M.  Le  Ilello.  Une 
mention  est  attribuée  à  M.  Quinton iiSg 

Prix  La  Gaze  (Physiologie).  —Le  prix  est 
décerné  à  M.  Moral •  •  • 114° 

Pbix  Pourat.  —  Le  prix  est  décerné  à  MM. 
Weiss  e(  Carvalho 1 :44 

Prix  Philipeaux  (Physiologie  expérimen- 
tale). —  Le  prix  n'est  pas  décerné ii45 


GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 

Prix  G.\y.  —  Le  prix  est  décerné  à  M.  Vays- 


pniX    GÉNÉRAUX. 

médaille  .\rago.  —  La  médaille  Arago  a  été 
décernée  à  sir  George-Gabriel  Stokes... 

Prix  Montyon  (Arts  insalubres).  —  Le  prix 
est  décerné  à  M.  E.  Collin.  Une  mention 
est  attribuée  à  M.  Paul  Bazous 

Prix  Trëmont.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Louis  Ducos  de  Hauron 

Prix  Geoner.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M .  Vaschy 

Prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  mathémati- 
ques). —  Le  prix  est  décerné  à  M.  Mou- 
tard   

Prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  naturelles).  — 
Le  prix  est  décerné  à  M.  Alfred  Giard. 

Prix  Tchihatchef.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.   Verbeck 

Prix  Gaston  Planté.  —  Le  prix  est  décerné 
à  M.  Maurice  Leblanc 

Prix  Cahours.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M .  Bené  Metzner 

Prix  Saintour.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M .  Lecaillon 

Prix  Jean-Jacques  Berger.  —  Le  prix  est 
décerné  à  YInstitut  Pasteur 

Prix  Laplace.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M .  Siegler 

Prix  Kivot.  —  Le  prix  est  décerné  à  MM. 
Siegler,  Heurteau.  Aron  et  Becquerel    . 


ii46 

'i47 

1147 
I  i5o 
I  i5o 

ii5o 
I  i5i 

"59 

1 161 

11 62 
1 162 
ii63 
1 165 
I  î63 


(  II96  ) 


PRIX  PROPOSES 

pour  les  années   1900,    1901,    1902  et   1903. 


géométrie. 

1900.  Grand  prix  des  Sciences  mathéma- 
tiques. —  Perfectionner,  en  quelque  point 
important,  la  recUerclie  du  nombre  des 
classes  de  formes  quadratiques  à  coeffi- 
cients entiers  de  deux  indéterminées 1166 

1900.  Prix  Bordin.  —  Développer  et  per- 
fectionner la  théorie  des  surfaces  appli- 
cables sur  le  paraboloïde  de  révolution..    1166 

1900.  Prix  Francœur 1167 

1900.  Prix  Poncelet 1 167 


mécanique. 

1900.  Prix  extraordinaire  de  six  mille 
FRANCS.—  Destiné  à  récompenser  tout  pro- 
grès de  nature  à  accroître  l'efficacité  de 
nos  forces  navales 1167 

1900.  Prix  Montyon 1168 

1900.  Prix  Plumey 1)68 

1901.  Prix  Fourneyron 1168 

astronomie. 

1900.  Prix  Lalande 1168 

1900.  Prix  Damoiseau.  —  Faire  la  théorie 
d'une  des  comètes  périodiques  dont  plu- 
sieurs retours  ont  été  observés 1169 

1900.  Prix  Valz 1169 

1900.  Prix  Janssen.  —  Médaille  d'or  des- 
tinée à  récompenser  la  découverte  ou  le 
Travail  faisant  faire  un  progrès  important 

à  l'Astronomie  physique 1 169 

physique. 

1901.  Prix  L.  La  Caze 1170 

statistique. 
1900.  Prix  Montyon uni 

CHIMIE. 

1900.  Prix  Jeoker unj 

1900.  Prix  Wilde ...,   , ,,2 

1901.  Prix  L    La  Caze 11,2 


MINÉRALOGIE    ET    GÉOLOGIE. 

1900.  Prix  Vaillant.  —  La  détermination 
rigoureuse  d'un  ou  de  plusieurs  poids  ato- 
miques, ou  l'étude  des  alliages 1172 

1901.  Prix  Delesse 11^3 

190'2.  Prix  Fontanne 11-3 


BOTANIQUE. 

1901.  Prix  Bordin.  —  Étudier  l'influence 
des  conditions  extérieures  sur  le  proto- 
plasma et  le  noyau  chez  les  végétaux. ...   1174 

1 900.  Prix  Barbier 1 1 74 

1900.  Prix  Desmazières 1 174 

1900.  Prix  Montagne n-jo 

1901.  Prix  de  la  Fons  Mélicocq 1175 


economie    rurale. 

1903.  Prix  Bioot  de  Morgues 


176 


ANATOMIE    ET     ZOOLOGIE. 

1901.  Grand  prix  des  Sciences  physiques. 
—  Étudier  la  biologie  des  Nématodes  libres 
d'eau  douce  et  humicoles  et  plus  particu- 
lièrement les  formes  et  conditions  de  leur 

reproduction 1 1-6 

1900.  Prix  Savigny 1176 

1900.  Prix   da  Gama  Machado 1177 

1900.  Prix  Thore 1:77 


MÉDECINE    ET    CHIRURGIE. 


1900.  Prix  Montyon.. 
1900.  Prix  Barbier  . . 
1900.  PrixBrêant  ... 
1900.  Prix  Godard... 

1902.  Prix  Serres 

1903.  Prix  Chaussier. 
1900.  Prix  Parkin.... 
1900.  Prix  Bellion... 

1900.  Prix  Mège 

1900.  Prix  Dusqate.. 


178 
.78 
'79 
'79 
;8o 
180 
181 
[81 
:8i 


(  "97  ) 


1900.  Prix  Lallemand 1182 

1900.  Prix  du  baron  Larrey 1 182 


PHYSIOLOGIE. 


1900.  Prix  Montyon 

1901.  Prix  L.  La  Gaze 

1900.  Prix  Pourat.  —  Détermination  des 
principales  données  anthropométriques.. . 

1901.  Prix  Pourat.  —  Sur  le  refroidisse- 
ment dû  à  la  contraction  musculaire. 
Détermination  expérimentale  des  contrac- 
tions et  du  mécanisme  intime  de  ce  phé- 
nomène   

1900.  Prix  Martin-Damourette 

1900.  Prix  Philipeaux 


1182 


ii83 


ii83 
ii83 
ii83 


GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 

1900.  Prix  Gay.  —  Appliquer  à  une  région 
de  la  France  ou  à  une  portion  de  la  chaîne 
alpine,  l'analyse  des  circonstances  géolo- 
giques qui  ont  déterminé  les  conditions 
actuelles  du  relief  et  de  l'hydrographie. . . 

1901.  Prix  Gay.  —  Faire  connaître  la  dis- 
tribution   des    plantes    alpines    dans    les 


.84 


grands   massifs   montagneux   de   l'ancien 
monde "84 


PRIX    GÉNÉRAUX. 
MÉDAILLE  AkAGO 1 185 

1900. 
1900. 
1900. 
1900. 
1900. 
1901. 
1900. 
1901. 
1901. 
1900. 


Prix  Montyon,  Arts  insalubres 118,) 

Prix  Cuvier ii86 

Prix  Trémont 1186 

Prix  Geoner 1186 

Prix  DELALANDE-GUÉniNEAU 1187 

Prix  Jean  Reynaud 1 1 87 

Prix  Jérôme  Ponti 1187 

Prix  Petit  d'Ormoy 1188 

Prix  Leconte 1188 

Prix  Tchihatchef "88 

1901.  Prix  Gaston  Plante "89 

1900.  Prix  Boileau •■  "90 

1900.  Prix  Houllevigue "90 

1900.  Prix  Caiiours "90 

1900.  Prix  Saintour "91 

1901.  Prix  Kastner-Boursault "91 

1903.  Prix  Estrade-Delcros "91 

1904.  Prix  Jean-Jacques  Berger "91 

1901.  Prix  du  Baron  de  Joest 1191 

1900.  Prix  Laplace "92 

1900.  Prix  Rivot "92 


Conditions  communes  à  tous  les  concours "93 

Avis  relatif  au  titre  de  Lauréat  de  l'Académie ■  ■Q-' 


(  II98  ) 


TABLEAU  PAR  ANNÉE 

DES    PRIX     PROPOSÉS     POUR    1900,    1901,     1902     ET     1903. 


1900 


Grand  prix  des  Sciences  mathématiques.  — 
Perfectionner,  en  quelque  point  important,  la  re- 
cherche du  nombre  des  classes  de  formes  quadra- 
tiques à  coefficients  entiers  de  deux  indéterminées. 

Prix  Bordin.  —  Développer  et  perfectionner 
la  théorie  des  surfaces  applicables  sur  le  parabo- 
loïde  de  révolution. 

Prix  Francœur.  —  Découvertes  ou  travaux 
utiles  au  progrès  des  Sciences  mathématiques 
pures  et  appliquées. 

Prix  Poncelet.  —  Décerné  à  l'auteur  de  l'Ou- 
vrage le  plus  utile  au  progrés  des  Sciences  ma- 
thématiques pures  ou  appliquées. 

Prix  extraordinaire  de  six  mille  francs.  — 
Progrès  de  nature  à  accroître  l'efficacité  de  nos 
forces  navales. 

Prix  Montyon.  —  Mécanique. 

Prix  Plumey.  —  Décerné  à  l'auteur  du  per- 
ectionnement  des  machines  à  vapeur  ou  de  toute 
autre  invention  qui  aura  le  plus  contribué  aux 
progrès  de  la  navigation  à  vapeur. 

Prix  Lalande.  —  .astronomie. 

Prix  Damoise.ali.  —  Faire  la  théorie  d'une 
des  comètes  périodiques  dont  plusieurs  retours 
ont  été  observés. 

Prix  Valz.   —  .\stronomie. 

Prix  Janssen. 

Prix  Montyon.  —  Statistique. 

Prix  Jecker.   —  Chimie  organique. 

Prix  H.  Wilde. 

Prix  Vaillant.  —  La  détermination  rigoureuse 
d'un  ou  de  plusieurs  poids  atomiques;  ou  : 
L'étude  des  alliages. 

Prix  Desmazières.  —  Décerné  à  l'auteur  de 
l'Ouvrage  le  plus  utile  sur  tout  ou  partie  de  la 
Cryptogamie. 

Prix  Montagne.  —  Décerné  aux  auteurs  de 
travaux  importants  ayant  pour  objet  l'Anatomie, 
la  Physiologie,  le  développement  ou  la  descrip- 
tion des  Cryptogames  inférieures. 

Prix  Thore.  —  Décerné  alternativement  aux 
travaux  sur  les  Cryptogames  cellulaires  d'Eu- 
rope et  aux  recherches  sur  les  mœurs  ou  l'ana- 
tomie  d'une  espèce  d'Insectes  d'Europe. 


Prix  S.avigny,  fondé  par  M"*  Letellier.  —  Dé- 
cerné à  de  jeunes  zoologistes  voyageurs. 

Prix  Da  Gama  M.aohado.  —  Décerné  aux  meil- 
leurs Mémoires  sur  les  parties  colorées  du  sys- 
tème tégumentaire  des  animaux  ou  sur  la  matière 
fécondante  des  êtres  animés. 

Prix  Montyon.  —  Médecine  et  Chirurgie. 

Pri.x  Barbier.  —  Décerné  à  celui  qui  fera  une 
découverte  précieuse  dans  les  Sciences  chirurgi- 
cale, médicale,  pharmaceutique,  et  dans  la  Bo- 
tanique ayant  rapport  à  l'art  de  guérir. 

Prix  Bréant.  —  Décerné  à  celui  qui  aura 
trouvé  le  moyen  de  guérir  le  choléra  asiatique. 

Prix  Godard.  —  Sur  l'anatomie,  la  physiologie 
et   la    pathologie    des   organes    génito-urinaires. 

Prix  Parkin.  —  Destiné  à  récompenser  des  re- 
cherches sur  les  sujets  suivants  :  1°  sur  les  cITets 
curatifs  du  carbone  sous  ses  diverses  formes  et 
plus  particulièrement  sous  la  forme  gazeuse  ou 
gaz  acide  carbonique  dans  le  choléra,  les  di lié- 
rentes  formes  de  fièvre  et  autres  maladies;  2°  sur 
les  effets  de  l'action  volcanique  dans  la  produc- 
tion de  maladies  épidémiques  dans  le  monde 
auimal  et  le  monde  végétal  et  dans  celle  des 
ouragans  et  des  perturbations  atmosphériques 
anormales. 

Prix  Bellion,  fondé  par  M"°  Foehr.  —  Dé- 
cerné à  celui  qui  aura  écrit  des  Ouvrages  ou  fait 
des  découvertes  surtout  profitables  à  la  santé 
de  l'homme  ou  à  l'amélioration  de  l'espèce  hu- 
maine. 

Prix  Mège.  —  Décerné  à  celui  qui  aura  con- 
tinué et  complété  l'essai  du  D'  Mège  sur  les 
causes  qui  ont  retardé  ou  favorisé  les  progrès  de 
la  Médecine. 

Prix  Dusqate.  —  Décerné  à  l'auteur  du  meil- 
leur Ouvrage  sur  les  signes  diagnostiques  de  la 
mort  et  sur  les  moyens  de  prévenir  les  inhuma- 
tions précipitées. 

Prix  Lallemand.  —  Destiné  à  récompenser  ou 
encourager  les  travaux  relatifs  au  système  ner- 
veux, dans  la  plus  large  acception  des  mots. 

Prix  du  baron  Larrey.  —  Sera  décerné  à  un 
médecin  ou  à  un  chirurgien  des  armées  de  terre 


(  "99  ) 


ou  de  mer  pour  le  meilleur  Ouvrage  présente  à 
l'Académie  et  traitant  un  sujet  de  Médecine,  de 
Chirurgie  ou  d'Hjgiènc  militaire. 

Prix  Montyon.  —  Physiologie  expérimentale. 

Prix  Pourat.  —  Détermination  des  principales 
données  anlhropométrit[ues. 

Prix  Martin-Damoubette. 

Prix  Piulipeaux.  —  Physiologie  expérimentale. 

Prix  Gay.  —  Appliquer  à  une  région  de  la 
France  ou  à  une  portion  de  la  Chaîne  alpine 
l'analyse  des  circonstances  géologiques  qui  ont 
déterminé  les  conditions  actuelles  du  relief  et  de 
l'hydrographie. 

Médaille  Arago.  —  Celte  médaille  sera  dé- 
cernée par  l'.Académie  chaque  fois  qu'une  décou- 
verte, un  travail  ou  un  service  rendu  à  la  Science 
lui  paraîtront  dignes  de  ce  témoignage  de  haute 
estime. 

Prix  Montyon.  —  Arts  insalubres. 

Prix  Cuvier.  —  Destiné  à  l'Ouvrage  le  plus 
remarquable  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la 
Géologie. 

Prix  Trémont.  —  Destiné  à  tout  savant,  artiste 
ou  mécanicien  auquel  une  assistance  sera  néces- 
saire pour  atteindre  un  but  utile  et  glorieux  pour 
la  Fi-ance. 


PrixGegner.  —  Destiné  à  soutenir  un  savant 
qui  se  sera  distingué  par  des  travaux  sérieux  poui-- 
suivis  en  faveur  du  progrés  des  Sciences  positives. 

Prix  Delalande-Guérineau. 

Prix  Jérôme  Ponti. 

Prix  Tchiuatohef.—  Destiné  aux  naturalistes 
de  toute  nationalité  qui  auront  fait,  sur  le  conti- 
nent asiatique  (ou  iles  limitrophes),  des  explo- 
rations ayant  pour  objet  une  branche  quelconque 
des  Sciences  naturelles,  physiques  ou  mathéma- 
tiques. 

Prix  Houllevigue. 

Prix  Boileau. 

Prix  Cahours. —Décerné,  à  titre  d'encourage- 
ment, à  des  jeunes  gens  qui  se  seront  déjà  fait 
connaître  par  quelques  travaux  intéressants  et 
plus  particulièrement  par  des  recherches  sur  la 
Chimie. 

Prix  Saintour. 

Prix  Laplace.  —  Décerné  au  premier  élève 
sortant  de  l'École  Polytechnique. 

Prix  Rivot.  —  Partagé  entre  les  quatre  élèves 
sortant  chaque  année  de  l'Ecole  Polytechnique 
avec  les  n°'  1  et  2  dans  les  corps  des  Mines  et  des 
Ponts  et  Chaussées. 


1901 


Grand  prix  des  Sciences  physiques.  —  Etu- 
dier la  biologie  dcsNématodes  libres  d'eau  douce 
et  humicoles  et  plus  particulièrement  les  formes 
et  conditions  de  leur  reproduction. 

Prix  Bordin.  —  Étudier  l'influence  des  condi- 
tions extérieures  sur  le  protoplasme  et  le  noyau 
chez  les  végétaux. 

Prix  Fourneyron. 

Prix  Gay.  —  Faire  connaître  la  distribution 
des  plantes  alpines  dans  les  grands  massifs  mon- 
tagneux de  l'ancien  monde. 

Prix  La  Caze.  —  Décerne  aux  Ouvrages  ou 
iMémoires  qui  auront  le  plus  contribué  aux  pro- 
grés de  la  Physiologie,  de  la  Physique  et  de  la 
Chimie. 

Prix  Delesse.  —  Décerné  à  l'auteur,  français 
ou  étranger,  d'un  travail  concernant  les  Sciences 
géologiques  ou,  à  défaut,  d'un  travail  concernant 
les  Sciences  minéralogiques. 

Prix  de  la  Fons  Mélicocq. — Décerné  au  meil- 
leur Ouvrage  de  Botanique  sur  le  nord  de  la 
France,  c'est-à-dire  sur  les  départements  du 
Nord,  du  Pas-de-Calais,  des  Ardennes,  de  la 
Somme,  de  l'Oise  et  de  l'Aisne. 

Prix  Pourat.  —  Sur  le  refroidissement  dû  à 
la  contraction  musculaire.  Détermination  expé- 


rimentale des  contractions  et  du  mécanisme  in- 
time de  ce  phénomène. 

Prix  Jean  Reynaud.  —  Décerné  à  l'auteur  du 
travail  le  plus  méritant  qui  se  sera  produit  pen- 
dant une  période  de  cinq  ans. 

Prix  Leconte.  —  Décerné  :  i°  aux  auteurs  de 
découvertes  nouvelles  et  capitales  en  Mathéma- 
tiques, Physique,  Chimie,  Histoire  naturelle, 
Sciences  médicales  ;  2°  aux  auteurs  d'ai>plications 
nouvelles  de  ces  sciences,  applications  qui  devront 
donner  des  résultats  de  beaucoup  supérieurs  à 
ceux  obtenus  jusque-là. 

Prix  Petit  d'Ormoy.  —  Sciences  mathéma- 
tiques pures  ou  appliquées  et  Sciences  naturelles. 

Prix  Gaston  Planté.  —  Destiné  à  l'auteur  fran- 
çais d'une  découverte,  d'une  invention  ou  d'un 
travail  important  dans  le  domaine  de  l'Élec- 
tricité. 

Prix  Kastner-Boursault.  —  Décerné  à  l'au- 
teur du  meilleur  travail  sur  les  applications 
diverses  de  l'Électricité  dans  les  Arts,  l'Industrie 
et  le  Commerce. 

Prix  Baron  de  Joest.  —  Décerné  à  celui  qui, 
dans  l'année,  aura  fait  la  découverte  ou  écrit 
l'Ouvrage  le  plus  utile  au  bien  public. 


(     I200    ) 


1902 


Prix  Fontanne.  —  Ce  prix  sera  décerné  à 
l'auteur  de  la  meilleure  publication  paléontolo- 
gique. 

Prix  Serres.  —  Décerné  au  meilleur  Ouvrage 


sur  l'Embryologie  générale  appliquée  autant  que 
possible  à  la  Physiologie  et  à  la  Médecine. 

PRix  VAILLA^■T. 


1905 


Prix  Chaussier.  —  Sur  l'Embryologie  générale 
appliquée  autant  que  possible  à  la  Physiologie  et 
à  la  Médecine. 


Prix  Estrade-Deloros. 
Prix  Bigot  de  Morgues. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER-VILLA RS, 
Quai  des  Grands-Augiistins,  n°  55. 

36  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  Tolumes  ln-4«    Deuï 
par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.   L'abonnement  est  annuel 
'  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  JO  fr.  -  Départements  :  30  fr.  -  Dnion  postale  -.  34  fr.  -  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


hei. 


chez  Messieurs  : 
Ferran  frères. 

i  Chaix. 

Jourdan. 
JRuff. 

Courtin-Hecquet. 


Germain  etGrassin. 


(  Laclièse. 

Jérôme. 

Jacquard. 

Feret. 

Laurens. 
!  Muller  (G.). 

Renaud. 

Derrien. 
)  F.  Robert. 
1  J.  Itobert. 
(  Uzel  frères. 

Jouau. 

Perrin. 
j  Henry. 
)  Marguerie. 
j  Juliot. 
!  Ribou-Collay. 

La  m  a  relie. 

Ratel. 
(Rey. 

1  Lauverjat. 

!  Degez. 

\  Drevet. 

(  Gralier  et  C". 

Foucher. 
\  Bourdignon. 
(  Dombre. 
(  Thorez. 
(  Quarré. 


Lorient. 


Lyon. 


Montpellier . 


chez  Messieurs  : 

Baumal. 

M"*  Texier. 

Bernoux  et  Cumin. 

Georg. 

Côte. 

Savy. 

Vitte. 
Marseille Ruât. 

Calas. 

Coulet 

Moulins Martial  Place. 

1  Jacques. 
Nancy Grosjean-Maupin. 


Nantes 


(  Sidot  frères. 
j  Loiseaii. 
(  Veloppé. 
)  Barma. 


^'" (  Visainti  et  C-. 

Nîmes Thibaud. 

Orléans    Luzeray. 

„   .  .  j  Blanchier. 

Poitiers ,,      , 

(  Marche. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Boche/ort Girard  (M""). 

I  Langlois. 


Rouen 

S'-Étienne 
Toulon. . .  ■ 


{  Lestringant. 

Chevalier. 
(  Ponteil-Burles. 
(  Rumèbe. 
(  Gimet. 
j  Privât. 
J  Boisselier. 

Tours J  Péricat. 

(  Suppligeon. 
j  Giard. 
'  Lemaitre. 


Toulouse.. 


Valenciennes. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin . 


chez  Messieurs  : 
Feikema   Caarelsen 
et  C". 

Athènes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C". 
Dames. 

Friedlander  et   fils. 
Mayer  et  Muller. 
Schmid  et  Francke. 


Bucharest. 


Berne  

Bologne Zanichelli. 

Lamertin. 
Bruxelles J  Mayolezet  Audiarte 

Lebègue  et  C'". 

Sotcheck  et  C°. 

.\lcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  etC». 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

Gênes  ■  .    Beuf. 

Cherbuliez. 

Genève \  Georg. 

Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frères. 

)  Benda. 
I  Payot. 
Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig /  Lorentz. 

Max  Riibe. 
'^  Twietmeyer. 
Desoer. 
^'^^* ÎGnusé. 


Lausanne. 


Londres 

Luxembourg . 
Madrid 


Milan .... 
Moscou. . .  . 
Naples. . . . 

New-Vork 


Odessa 

Oxford 

Palerme 

Porto 

Prague 

Bio-Janeiro . 


Bome. 


Botterdam. 
Stockholm.. 


S'-Petersbourg. 


Turin. 


Varsovie. 
Vérone . . . 


Vienne . 
Zurich . 


chez  Messieurs  : 

iDulau. 
Hachette  et  C'. 
Nutt. 
V.  Buck. 
Libr.  Gutenberf;. 
Romo  y  Fussel. 
)  GoTizalcs  e  hijos. 
(  F.  Fé. 

(  Bocca  frères. 
l  Hœpli. 

Tastevin. 
(  Marghieri  di  Gius. 
\  Pellerano. 
I  Dyrsen  et  PfeiSfer. 
!  Stechert. 
(  LenickeetBuechner 

Rousseau. 

Parker  et  C" 

Clausen. 

Magalhaès  elMoniz. 

Rivnac. 

Garnier. 
;  Bocca  frères. 

Loescheret  C*. 

Kramers  et  fils. 

Samson  et  Wallin 
I  Zinserling. 
'  WolCf. 

Bocca  frères. 
I  Brero. 

Clausen. 

RosenbergetSelJiei'. 

Gebethner  et  Wollf 

Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  G". 

Meyer  et  Zeller. 


UÏÎS  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DÉS  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"    31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.)  Volume  in-4';  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  -  (  i"  Janvier  i85t  à  3i  Décembre  i865.  )  Volume  in-4°;  1870    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (i"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  iSJJo.)  Volume  in-4'';  1889.  Prix 15  fr. 

PIÉHENT  AUX  COMPTÉS  RENDUS  DÉS  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

I:  émoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Debbés  et  A.-J.-J.  Solieb. —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 

i);r  M.Han«en.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

P  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4'',  avec  32  planches  ;  i856 15  fr. 

I  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Benedkn.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
dcour»  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi« 
»i) ,  suivan'  "  jrdre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
iprts  qui  saxistent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4°,  avec  27  planches;  1861..  .       15  fr. 


mie  Librairie  les  HémolreB  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Saranta  à  l'Académie  des  Sciences. 


N°  25. 

TViîlE  DES  ARTICLES. 

(Séance  publique   annuelle  du  ]8   décembi'e   1899.) 


Pages. 

Alloculiuii   .le-  .M.  l'ii    \  '.\  TiKUirM lu^., 

Prix  décernés 'o6/| 

Prix  proposés " ''' ' 

Tahloan  des  prix  décernés i  ig'l 

Tableau  des  prix  proposés i  '9l> 

Tahli-aii  par  année  des  prix  proposés 119K 


PARIS.    -    IMPRIMERIE     G  AUTHIER-VI  L  L  A  RS 
Quai  des  Grands-Aususlins,  55 

Le  aérant  .*  *i*uraiEa-ViLi.Aus 


OAN  X7  1900  i8Q0 


SECOND  SEMESTRE 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  MM.  IiES  SECRÉTAIRES  PBRPÉTUECiS. 


TOME  CXXIX. 


N'  26  (26  Décembre  1899) 


^^PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Quai  des  Grands-Auguslins,   55. 

1899 


/ 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES    SÉANCES    DES    2.3    Jt'IM    1H62    ET    2/4    MAI     1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  teuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impressions  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  oarunAssociéétrangerde  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comvtes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comjirennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  rejjroduit  fias  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
(iris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
[>réjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  J'rogranimes  des  prix  proposés  par  l'Acad 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'a 
que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séana 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Sava. 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perse 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  1 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'u  ii 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  d 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requi  1 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  net 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Eb 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  reM 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tan 
jeudi  à  I  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  || 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  fo/?y><c  A 
actuel,  et  l'txlrail  est  renvoyé  au  Compte  rentbt 
vaut  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 


Article  4.  ■ —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais 
leurs;  il  n'v  a  d'exception  que  pour  les  Rappoi 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrai» 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus^ 
l'imjjression  de  chaque  volume.  J 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  é 
sent  Règlement. 


Les  S^anU  étrangers  à  l'Acadéicie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MK.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  SM 


^-^  ~  7  im 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE  DU  MARDI  26  DECEMBRE    1899, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  VAN  TIEGHEM. 


RENOUVELLEMENT   ANNUEL 

DU  BUREAU  ET  DE  LA  COMMISSION  CENTRALE  ADMINISTRATIVE. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Vice-Président  pour  l'année  1900,  lequel  doit  être  choisi,  cette  fois, 
parmi  les  Membres  appartenant  aux  Sections  de  Sciences  physiques. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  41, 

M.  H.  Milne-Edwards  obtient 38  suffrages, 

M.  Fouqué 2 

M.  Bouchard  ....       i 

M.  H.  Milne-Edwards,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
est  élu  Vice-Président  pour  l'année  1900. 

C.  R.,  1899,  2»  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  26.)  l58 


(     1202    ) 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  deux  de 
ses  Membres  qui  devront  faire  partie  de  la  Commission  centrale  adminis- 
trative pendant  l'année  1900. 

MM.  Darbocx  et  Borset  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ETj  DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  lTnstructiox  publique  et  des  Beaux- Arts  adresse 
l'amplialion  du  Décret  par  lequel  le  Président  de  la  République  approuve 
l'élection  de  M.  Georges  Lemoine,  dans  la  Section  de  Chimie,  en  rempla- 
cement de  M.  Friedel. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  G.  Lemouve  prend  place  parmi 
ses  Confrères, 


ASTRONOMIE.  —  Note  sur  les  travaux  contenus  dans  le  volume  des  «  Annales 
de  l'Observatoire  de  Paris  de  1897   »  ;  par  M.  Lœwy. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  l'ensemble  des  travaux  méri- 
diens effectués  à  l'Observatoire  de  Paris  pendant  l'année  1897,  ainsi  que 
les  observations  obtenues  aux  deux  équaloriaux  de  la  terrasse  supérieure. 
Le  Volume  qui  les  renferme  inaugure  une  nouvelle  série  à' Annales  se  dis- 
tinguant des  Volumes  précédents,  aussi  bien  au  point  de  vue  du  plan  adopté 
pour  l'exécution  des  études  qu'à  celui  de  la  forme  choisie  pour  la  publica- 
tion. Des  raisons  très  importantes  nous  ont  obligé  d'abandonner  les  tradi- 
tions suivies  pendant  de  longues  années. 

»  En  effet,  le  travail  fondamental  exécuté  à  l'aide  des  instruments  méri- 
diens et  auquel  ont  collaboré  presque  tous  les  Astronomes  de  l'Observatoire 
de  Paris  depuis  cinquante  ans,  la  revision  des  zones  de  Lalande,  est 
complètement  achevé.  Mais,  en  dehors  de  cette  cause  purement  acciden- 
telle, un  changement  de  plan  nous  a  été  imposé  par  les  conditions  nouvelles 
dans  lesquelles  s'accomplissent  aujourd'liui  un  grand  nombre  de  recherches 
astronomiques. 


(    I203     ) 

))  Les  études  principales  dévolues,  jusqu'à  l'époque  moderne,  aux 
instruments  méridiens,  consistaient  dans  la  mesure  des  constantes  fonda- 
mentales de  l'Astronomie  de  précision  et  dans  la  détermination  des  posi- 
tions relatives  des  astres  dans  l'espace.  Mais,  la  Photographie  ayant  armé 
les  Astronomes  d'un  nouveau  et  puissant  instrument  d'investigation  leur 
permettant  d'évaluer  avec  beaucoup  plus  de  facilité  et  en  plus  grand 
nombre  les  coordonnées  relatives  des  étoiles,  le  programme  des  travaux  à 
effectuer  aux  instruments  méridiens  s'est  trouvé  notablement  réduit.  Tou- 
tefois, leur  tâche  reste  encore  très  étendue  et  elle  devient  d'autant  plus 
difficile  qu'ils  serviront  surtout  à  étudier  les  questions  les  plus  élevées  de 
l'Astronomie  de  mesure.  Ils  seront,  en  outre,  appelés  à  concourir  à  la  solu- 
tion de  nouveaux  problèmes  d'une  nature  très  délicate,  tels  que  la  variation 
de  la  latitude,  la  d'étermination  de  la  parallaxe  solaire,  etc.  Mais,  lorsqu'on 
veut  aborder  des  études  d'une  nature  si  complexe,  il  faut,  pour  les  mener 
à  bonne  fin,  confier  leur  exécution  à  des  astronomes  habiles,  formés  à  la 
suite  d'une  longue  expérience,  capables  de  mettre  à  profit  toutes  les  res- 
sources de  la  Science  moderne,  et  leur  accorder  la  liberté  nécessaire  pour 
déployer  cette  initiative  personnelle  qui  est  la  condition  essentielle  du  suc- 
cès de  toute  œuvre  scientifique.  Il  s'agit,  en  effet,  de  progrès  à  réaliser 
dans  un  domaine  oii  la  culture  intellectuelle  a  déjà  atteint  un  niveau  très 
élevé.  La  centralisation  excessive  des  travaux  méridiens  qui  existait  jus- 
qu'à présent,  basée  sur  la  collaboration  d'un  nombre  considérable  d'ob- 
servateurs, étant  de  nature  à  paralyser  tout  esprit  d'entreprise,  ne  pouvait 
être  maintenue  plus  longtemps  dans  les  conditions  données. 

»  En  s'inspirant  de  ces  considérations,  il  fallait  non  seulement  affecter 
les  instruments  méridiens  à  de  nouvelles  recherches,  mais  établir  en  outre 
une  autre  organisation  du  travail  scientifique.  Voici  dans  quelles  condi- 
tions cette  réforme  a  été  réalisée  : 

»  Nous  possédons  trois  instruments  méridiens;  chacun  d'eux,  en  gé- 
néral, est  maintenant  confié  à  deux  astronomes,  assistés  d'un  aide,  et 
employé  à  l'étude  d'une  des  questions  les  plus  importantes  de  l'Astro- 
nomie de  précision.  Les  observations  ainsi  effectuées  sont  réduites,  discu- 
tées, publiées  en  forme  de  Mémoires,  sous  le  nom  des  astronomes  qui  les 
ont  accomplies;  en  assumant  la  responsabilité  scientifique  de  leurs  re- 
cherches, ils  recueillent  d'une  manière  intégride  l'honneur  que  comporte 
le  succès  de  leurs  efforts. 

»  Dans  le  présent  Volume,  on  verra  pour  la  première  fois  les  travaux 
méridiens  publiés  en  quatre  Mémoires  distincts.  Le  premier,  émanant  de 


(     I20'}    ) 

M.  Bonnet,  a  pour  objet  l'observation  du  Soleil,  des  grosses  planètes  et  des 
étoiles  les  plus  brillantes. 

..  Le  second  renferme  les  recherches  entreprises  par  MM.  Oltramare  et 
Luiicelin,  assistés  par  M.  J.  Chatelu,  en  vue  de  déterminer  avec  la  plus 
grande  exactitude  possible  les  distances  polaires  d'un  certain  nombre 
d'étoiles  fondamentales.  Le  troisième,  ayant  pour  auteurs  MM.  Barré, 
Viennet  et  Brandicourt,  contient  les  positions  de  la  Lune,  des  planètes  et 
d'un  certain  nombre  d'étoiles;  il  s'agit  surtout  ici  de  déterminer  les  posi- 
tions précises  des  étoiles  de  repères  du  Catalogue  de  la  Carte  photogra- 
phique du  Ciel  pour  les  zones  dévolues  à  l'Observatoire  de  Paris.  Le  qua- 
trième est  relatif  à  la  détermination  de  la  latitude  de  l'Observatoire  de 
Paris,  étude  entreprise  à  l'aide  de  nouvelles  méthodes  par  MM.  Renan, 
Perchol  et  Ebert. 

))  Les  ressources  normales  du  budget  de  l'Observatoire  n'ayant  reçu 
aucune  augmentation  depuis  bien  des  années,  tandis  qu'au  contraire  l'ac- 
tivité du  personnel  a  toujours  été  croissante,  il  a  fallu  imprimer  les  re- 
cherches méridiennes  dans  une  nouvelle  forme  qui,  tout  en  maintenant 
dans  les  Tableaux  les  données  essentielles  des  observations,  a  conduit  à 
une  grande  économie  d'espace. 

»  Dans  le  but  de  rendre  ces  travaux  aussi  rigoureux  que  possible,  l'en- 
semble des  réductions  effectuées  par  les  observateurs  est  transmis  au  Bu- 
reau des  Calculs  qui  les  soumet  à  une  vérification  approfondie.  En  vérité, 
une  section  de  ce  Bureau  exécute  sous  la  direction  de  M.  Bossert,  une  nou- 
velle réduction  entièrement  indépendante  de  celle  des  astronomes.  I^es 
étoiles  de  Lalande,  ainsi  que  les  astres  mobiles,  y  sont  en  outre  soigneuse- 
ment comparés  soit  aux  éphémérides,  soit  aux  divers  Catalogues  d'étoiles. 

>)  L'ensemble  de  ces  travaux  est  dirigé  personnellement  par  le  Directeur 
de  l'Observatoire,  assisté  de  M.  G.  Leveau,  astronome  titulaire,  chef-ad- 
joint du  Service  méridien. 

))  Le  Volume  renferme,  comme  par  le  passé,  les  observations  faites, 
d'une  part,  à  l'équatorial  de  la  tour  de  l'Ouest,  par  MM.  Bigourdan  et 
Fayet;  et,  d'autre  part,  à  la  tour  de  l'Est,  par  M.  Callandreau. 

»  Le  Volume  contient,  en  outre,  les  résultats  des  observations  de  M.  Bi- 
gourdan sur  les  nébuleuses  et  amas  d'étoiles  correspondant  aux  heures  XX 
et  XXL  On  sait  que  cet  astronome  a  commencé  cette  grande  et  belle  étude 
en  1884  et  en  a  déjà  publié  antérieurement  plusieurs  fascicules. 

«  Les  observations  météorologiques  faites  dans  le  courant  de  l'année 
1897  terminent  celte  publication.  » 


(    I2o5    ) 


PHYSIQUE.  —  Sur  le  rayonnement  des  corps  radio-actifs. 
Note  de  M.  Henri  Becquerel. 

«  Depuis  ma  dernière  Communication  (  '  )  relative  à  l'action  d'un  champ 
magnétique  sur  le  rayonnement  du  radium,  j'ai  pu  étudier  de  pins  près  ce 
phénomène.  Il  résulte  des  observations  que  je  communique  aujourd'hui 
que  cette  action  du  magnétisme  ne  semble  pas  être  générale. 

»  M.  et  M™*  Curie  ont  eu  l'obligeance  de  me  remettre  un  peu  d'une  pré- 
paration d'azotate  de  polonium,  presque  aussi  active  que  le  radium,  soit 
pour  rendre  l'air  conducteur,  soit  pour  impressionner  une  plaque  photo- 
graphique non  enveloppée.  Le  rayonnement  de  cette  substance,  placée 
dans  un  champ  magnétique,  n'a  manifesté  aucune  influence  de  l'ordre  de 
celle  qu'on  observe  avec  le  radium.  Ni  les  phénomènes  de  phosjihorescence, 
ni  les  actions  photographiques  n'ont  révélé  aucune  influence»  appréciable 
de  la  part  du  champ  magnétique. 

»  Je  citerai,  en  particulier,  les  expériences  comparatives  suivantes  : 
Entre  les  pôles  d'un  électro-aimant,  dans  un  champ  magnétique,  dont 
l'iulensitéaété  de  4ooo,  puis  de  loooo  unités  C.G.S.,  on  a  placé  la  prépa- 
ration de  polonium  ;  au-dessus  de  cette  matière,  à  des  distances  qui  ont  été 
dans  diverses  expériences  de  2""""  et  de  i"^™,  on  a  disposé  horizontalement, 
soit  dans  le  champ,  soit  en  dehors  du  champ,  une  plaque  photographique 
non  enveloppée,  car  le  rayonnement  du  polonium  est  considérablement 
absorbé  par  le  papier  noir.  Dans  ces  conditions,  après  quelques  minutes  de 
pose,  on  obtient  sur  la  plaque  photographique  une  impression  symétrique 
par  rapport  à  la  position  de  la  source  active,  et  cette  impression  est  la 
même,  lorsque  l'électro-aimant  est  excité  ou  lorsqu'il  ne  l'est  pas. 

»  Si  au  polonium  on  substitue  du  radium,  dans  les  mêmes  conditions 
d'expérience,  on  obtient  avec  le  champ  magnétique  et  sur  une  plaque  enve- 
loppée une  impression  rejetée  dans  le  sens  du  courant  qui  produit  le 
champ,  et  ayant  l'aspect  que  j'ai  signalé  antérieurement. 

»  Le  rayonnement  de  la  préparation  de  polonium  qui  a  été  soumise  à 
cts  expériences  ne  subit  donc  pas  les  mêmes  influences  que  celui  du  radium. 
On  savait  déjà  que  ces  deux  rayonnements  sont  très  inégalement  absorbés 
par  diverses  substances;  ce  fait  avait  été,  sinon  publié,  du  moins  vu  par 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  999. 


(     12o6    ) 

M.  et  M"*  Curie,  lorsqu'ils  ont  découvert  et  préparé  ces  matières;  j'ai  eu 
également  l'occasion  de  le  signaler  l'année  dernière  ('). 

))  On  doit  rapprocher  de  ces  expériences  une  observation  négative  faite 
il  y  a  quelque  temps  par  M.  et  M™^  Curie  sur  le  rayonnement  de  l'uranium 
dans  un  champ  magnétique. 

M  L'action  magnétique  révèle  donc,  dans  les  caractères  du  rayonne- 
ment des  diverses  prép.T  rations  radio-aclives,  des  différences  profondes  d'une 
nature  différente  de  celles  que  manifestent  les  phénomènes  d'absorption  (*). 

»  En  poursuivant  les  recherches  que  j'ai  décrites  dans  ma  dernière  Note, 
j'ai  recueilli  diverses  observations  qui  montrent  que  le  rayonnement  du 
radium,  tout  en  se  rapprochant  considérablement  des  rayons  cathodiques, 
ne  semble  pas  avoir  toutes  les  propriétés  de  ces  rayons. 

»  Dans  un  champ  magnétique  qui,  pour  certaines  expériences,  a  été 
rendu  sensiblement  uniforme,  on  a  placé  une  petite  quantité  de  radium 
sur  une  plaque  photographique  enveloppée  de  papier  noir,  horizontale  et 
parallèle  au  champ;  puis  on  a  disposé  à  angle  droit,  normalement  au 
champ,  une  seconde  plaque  photographique  enveloppée  de  papier  noir, 
et  on  l'a  placée,  dans  diverses  expériences,  à  diverses  distances  de  la 
source  radiante  et  des  pièces  polaires  de  l'électro-aimant.  Après  quelques 
minutes  de  pose,  on  obtient  sur  la  plaque  horizontale  les  courbes  que  j'ai 
décrites  antérieurement,  puis  sur  la  [laque  verticale  une  impression 
intense,  limitée  par  une  spirale  dont  le  sens  est  celui  du  courant  qui  pro- 
duit le  champ. 

»  Dans  un  champ  uniforme,  l'origine  de  cette  spirale  est  sensiblement 
au  point  de  rencontre  avec  la  plaque  verticale  d'une  droite  passant  par  la 
source  et  parallèle  au  champ,  montrant  que  les  rayons  parallèles  aux  lignes 
de  force  ne  sont  pas  déviés,  ainsi  que  l'ont  reconnu  MM.  Stefan  Meyer  et 
Schweidler.  Ces  rayons,  rasant  la  plaque  horizontale,  ne  donnent  sur 
celle-ci  aucune  impression  photographique. 

»  La  spirale  qui  limite  l'impression  sur  la  plaque  verticale  est  la  trace, 
déformée  par  le  champ,  de  la  droite  d'intersection  des  plaques  horizon- 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  776. 

(-)  Depuis  que  j'ai  communiqué  celle  Noie  à  l'Académie,  j'ai  été  informé  que 
M.  Giesel  avait  observé,  avec  du  polonium  et  du  radium,  la  déviation  du  rayonnement 
de  ces  substances  par  un  champ  magnétique.  La  préparation  radio-active  que  M.  Gie- 
sel a  étudiée  sous  le  nom  de  polonium  doit  être  d'une  autre  nature  que  celle  qui  m'a 
été  remise  par  M.  Curie;  celte  observation  date  du  3i  octobre  1899. 


(  1=^07  ) 
taie  et  verticale  qui  se  comportent  comme  des  écrans  partiellement 
opaques.  La  tangente  à  la  spirale  à  l'origine  fait  avec  l'intersection  des 
plaques,  dans  le  sens  du  mouvement  d'entraînement,  un  angle  d'autant 
plus  grand  que  la  distance  de  la  source  à  la  plaque  verticale  est  plus  grande 
ou  que  le  champ  est  plus  intense. 

»  Ces  expériences  permettent  de  mesurer  la  déviation  dans  un  champ 
magnétique.  Si,  comme  il  arrive  pour  les  rayons  cathodiques,  on  pouvait 
constater  que  le  rayonnement  transporte  des  charges  électriques  et  est 
dévié  dans  un  champ  électrostatique,  on  sait  que  l'on  pourrait  déduire  de 
la  mesure  des  deux  déviations  la  vitesse  d'émission  du  rayonnement. 

«  Les  expériences  que  M.  et  M™^  Curie  ont  réalisées  jusqu'ici  et  celles 
que  j'ai  faites  avec  un  champ  électrique  très  intense  n'ont  montré  ni  trans- 
port de  charges  électriques  appréciables,  ni  déviation  sensible  dans  un 
champ  électrique. 

»  Les  courbes  que  donnent  les  photographies  montrent  que  la  vitesse 
de  propagation  du  rayonnement  du  radium  est  de  l'ordre  de  grandeur  de 
la  vitesse  de  rotation  communiquée  par  un  champ  magnétique  de  4ooo 
unités  C.G.S. 

»  Les  mesures  qu'on  peut  effectuer  sur  ces  courbes  donnent  le  rapport 
entre  la  vitesse  de  propagation  et  la  vitesse  angulaire  d'entraînement  du 
rayonnement.  Je  publierai  prochainement  les  résultats  de  ces  mesures.  Si 
l'on  assimile  un  champ  magnétique  à  un  milieu  animé  de  mouvements 
giratoires,  et  si  l'on  admet,  comme  une  hypothèse  compatible  avec  les  ré- 
sultats de  mes  recherches  antérieures  sur  la  polarisation  rotatoire  magné- 
tique, que,  pour  un  champ  égal  à  l'unité  C.  G.  S.  dans  l'air,  la  vitesse 
de  rotation  des  tourbillons  soit  271;  >;  6,6  x  10^  par  seconde,  on  obtient 
pour  la  vitesse  du  rayonnement  du  radium  des  nombres  tout  à  fait  de 
l'ordre  de  grandeur  de  ceux  qui  ont  été  trouvés  pour  la  vitesse  des  rayons 
cathodiques.    » 


BOTANIQUE.  —  Cultures  expérimenLales  sur  T adaptation  des  plantes  au  climat 
méditerranéen.  Note  de  M.  Gaston  Bonmer. 

«  Les  plantes  de  la  région  méditerranéenne  ont,  en  général,  des  carac- 
tères qui  semblent  en  rapport  avec  le  climat  spécial  de  celte  région.  Ces 
plantes  subissent  le  plus  souvent  deux  périodes  d'arrêt  dans  leur  végétation 
annuelle  :  l'une  en  hiver,  moins  marquée  que  dans  les  régions  tempérées; 


(    I 2o8    ) 

l'autre  en  été,  par  suite  de  la  grande  sécheresse.  Leur  organisation  permet 
aux  végétaux  méditerranéens  de  supporter  un  éclairement  plus  grand  en 
même  temps  qu'une  somme  de  chaleur  plus  élevée  ;  elles  ont,  par  suite,  une 
assimilation  chlorophyllienne  énergique  et  doivent  résister  à  une  intense 

transpiration. 

»  Comme  un  grand  nombre  d'espèces  répandues  dans  les  régions  tem- 
pérées font  défaut  dans  le  littoral  méditerranéen,  et  inversement,  comme 
la  flore  méditerranéenne  contient  un  nombre  considérable  d'espèces  spé- 
ciales, on  peut  se  demander  si  les  espèces  ou  les  variétés  qui  croissent 
dans  celte  flore  ont  des  caractères  particuliers  que  ne  peuvent  acquérir  les 
espèces  ou  variétés  des  régions  plus  froides.  On  peut  aussi  poser  le  pro- 
blème autrement,  et  chercher  si,  dans  une  certaine  limite  tout  au  moins, 
les  plantes  des  régions  tempérées  ne  peuvent  pas  s'adapter  au  climat  médi- 
terranéen, en  modifiant  partiellement  leur  forme  et  leur  structure. 

»  C'est  cette  dernière  question  que  j'ai  essayé  de  résoudre  expérimen- 
talement et,  dans  celte  Communication,  je  donne  un  résumé  des  premiers 
résultats  acquis,  en  me  bornant  aux  changements  obtenus  dans  la  morpho- 
logie externe  du  végétal.  J'exposerai  plus  tard  les  modifications  de  la 
structure  anatomique. 

))  1°  Établissement  des  cultures  comparées.  —  J'ai  opéré  sur  un  assez 
grand  nombre  d'espèces,  parmi  lesquelles  je  citerai  les  suivantes  : 

»  Teucriuin  Scorodonia,  Rubus  Idœus,  Iris  germanica,  Euphorhia  silvatica, 
Calamintha  Ciinopodium,  Senecio  Jacobœa,  Veronica  ojjlcinalis,  Scabiosa  Suc- 
cisa,  Scrofularia  nodosa,  Solidago  Virga-aurea,  Pulmonaria  ojjicinalis,  Tanace- 
tum  vulgare,  Aquilegia  vulgaris,  Primula  ojficinalis,  Ajuga  reptans,  Betonica 
officinalis,  Fiagaria  vesca,  Viola  caiiina,  Origanum  vulgare,  Slachys  silvatica, 
Potentilla  Tormentilla,  Geum  urbanum,  Carex  glauca,  Helleborus  fœtidus,  Lysi- 
machia  vulgaris,  Aira  cœspitosa,  Artemisia  vulgaris,'  Robinia  Pseudacacia, 
Fraxinus  excelsior ,  Quercus  sessiliflora,  Fagus  silvatica,  Tiliasilveslris,  Evonymus 
japonicus,  Ribes  rubrum,  Corylus  Avellana,  Syringa  vulgaris,  Ligustrum  vul- 
gare, Acer  Pseudo-Platanus,  jEscuIus  Hippocastanum,  Carpinus  Betulus,  Picea 
excelsa,  Pinus  silveslris,  Thuja  occidentalis. 

»  Pour  chaque  plante  herbacée  vivace,  les  touffes  prises  à  Fontainebleau 
étaient  divisées  en  touffes  aussi  semblables  que  possible,  la  moitié  étant 
plantée  sur  les  terrains  du  Laboratoire  de  Biologie  végétale  de  Fontaine- 
bleau, l'autre  moitié  sur  un  terrain  situé  dans  la  plaine  de  La  Garde,  près 
de  Toulon.  Pour  presque  tous  les  arbres  ou  arbrisseaux,  mis  en  cultures 


(      I209    J 

comparées,  les  deux  lots,  installés  l'un  près  de  Fontainebleau,  l'autre  près 
de  Toulon,  provenaient  de  boutures  ou  de  marcottes  comparables  du  même 
individu  initial.  Pour  le  Pin  et  l'Epicéa  seulement,  j'ai  dû  prendre  des  pieds 
différents  aussi  exactement  semblables  que  possible  et  provenant  d'un 
semis  fait  dans  des  conditions  uniformes.  En  somme,  sauf  pour  ces  deux 
Gymnospermes,  les  plants  d'une  même  espèce  croissant  aux  environs  de 
Paris  ou  dans  la  région  méditerranéenne  étaient  des  fragments  analogues 
d'un  même  être,  ce  qui  rend  les  comparaisons  bien  meilleures  que  si  l'on 
opère  avec  des  graines,  surtout  lorsqu'on  se  borne  à  ne  cultiver  qu'un 
petit  nombre  d'individus  de  la  même  espèce. 

»  Afin  d'éliminer  toute  influence  pouvant  provenir  de  la  composition 
chimique  du  sol,  une  partie  de  la  terre  sur  laquelle  ont  été  établies  les  cul- 
tures près  de  Toulon  a  été  transportée,  et  les  plants  à  comparer  ont  été 
installés  sur  cette  terre  de  Toulon  amenée  à  Fontainebleau.  D'ailleurs  un 
troisième  lot  de  chaque  espèce  était  cultivé  en  même  temps  sur  la  terre  du 
Laboratoire,  et  l'on  pouvait  se  rendre  compte,  de  la  sorte,  que  l'influence 
du  changement  de  climat  l'emportait  de  beaucoup,  dans  ces  cultures,  sur 
l'influence  exercée  par  la  nature  du  sol.  Toutes  les  plantes'ont  été  laissées 
dans  les  conditions  naturelles  des  deux  climats,  sans  arrosages  ni  soins 
d'aucune  sorte,  sauf  le  sarclage. 

1)  Ces  expériences  ont  été  commencées  en  janvier  1898,  et  dès  Li 
première  année  ont  déjà  donné  des  résultats  remarquables,  dont  l'impor- 
tance n'a  fait  qu'augmenter  dans  la  saison  de  1899. 

»  Les  échantillons  à  examiner  ont  été  prélevés,  pour  chaque  plante,  dans 
les  trois  séries  de  cultures  (Toulon  sur  terre  de  Toulon,  Fontainebleau  sur 
terre  de  Toulon,  et  Fontainebleau  sur  terre  de  Fontainebleau)  à  des  mo- 
ments déterminés  de  l'évolution  de  la  plante  :  floraison,  fructification, 
époque  où  les  feuilles  sont  complètement  différenciées,  etc.  Des  récolles, 
faites  aux  mêmes  dates,  n'auraient  pas  permis  de  faire  des  comparaisons 
précises,  le  développement  annuel  de  cliaque  végétal  se  faisant  à  des 
époques  différentes  dans  la  région  méditerranéenne  et  aux  environs  de 

Paris. 

« 

»  2°  Différences  observées.  —  Presque  toutes  les  espèces  cultivées  dans 
ces  conditions  ont  montré,  dès  la  première  saison,  des  différences  notables 
dans  leur  forme  et  dans  leur  port,  suivant  qu'elles  se  trouvaient  dans  le 
climat  méditerranéen  ou  dans  le  climat  de  la  région  parisienne. 

»   D'une  manière  générale,  les  plants  cultivés  dans  la  région  méditerra- 

C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  26.)  I  Sg 


(      12  le,     I 

néenneont  présente  :  des  tiges  plus  ligneuses,  même  pour  les  tiges  qui  ne 
vivent  qu'un  an;  des  feuilles  relativement  plus  larges,  plus  épaisses,  plus 
coriaces,  à  nervures  mieux  marquées,  à  dents  moins  nombreuses  et  moins 
aiiïuës,  à  limbe  moins  profondément  divisé,  et  souvent  plus  longtemps 
persistantes;   des   rameaux   plus   divariqués   ou   des   inflorescences   plus 

étalées. 

«  Comme  on  devait  s'y  attendre,  certaines  espèces  ont  naturellement 
varié  plus  que  les  autres,  et  quelques-unes  n'ont  présenté  que  des  diffé- 
rences fort  peu  sensibles;  mais  je  n'ai  noté,  sur  les  plantes  de  ces  cultures, 
aucune  différence  inverse  de  celles  que  je  viens  d'énumérer.  Pendant  la 
seconde  saison,  en  1899,  toutes  les  modifications  produites  en  1898  se  sont 
maintenues,  et,  en  général,  accentuées. 

»  Pour  mieux  préciser  les  résultats  obtenus,  je  citerai  les  changements 
provoqués  ainsi  expérimentalement  dans  une  même  plante,  par  le  chan- 
gement de  climat,  pour  un  certain  nombre  des  espèces  citées  plus  haut. 

»  Parmi  les  plantes  vivaces  dont  les  parties  aériennes  n'évoluent  que 
pendant  une  saison,  on  peut  citer  la  Tanaisie  (Tanacetum  vulgare).  Dans 
la  région  méditerranéenne,  l'échantillon  présente  des  feuilles  moyennes 
moins  divisées  que  les  feuilles  comparables  des  échantillons  de  Fontaine- 
bleau, à  lobes  plus  confluents,  souvent  réunis  entre  eux  au  sommet  de  la 
feuille;  les  lobes  secondaires  ont  des  dents  moins  aiguës,  et  la  direction 
générale  de  la  feuille  fait  un  angle  plus  grand  avec  la  direction  de  la  lige; 
les  folioles  forment  aussi  un  angle  bien  moins  aigu  avec  la  direction  du 
pétiole  principal;  enfin,  dans  leur  forme  générale,  les  feuilles  sont  plus 
larges,  mesurant  en  moyenne  o",i7  de  longueur  sur  o™,o9  de  largeur, 
tandis  que  les  feuilles  comparables  des  échantillons  de  Fontainebleau 
mesurent  o'°,i8  de  longueur  sur  o™,o6  seulement  de  largeur. 

»  Dans  les  régions  analogues  de  la  plante,  la  tige  mesure  environ  6°""  de 
largeur  au  lieu  de  4""°,  5;  elle  est  plus  épaisse,  non  seulement  d'une 
manière  absolue,  mais  surtout  par  rapport  aux  feuilles.  L'inflorescence 
totale  est  plus  divariquée  dans  les  échautdlons  de  Toulon  et  le  corymbe 
de  capitules  qui  la  termine  est  plat  ou  même  concave  au  lieu  d'être  un  peu 
convexe  comme  dans  les  échantillons  de  Fontainebleau. 

»  Le  Séneçon  (Senecio  Jacobœa)  présente  des  modifications  encore  plus 
frappantes.  Cultivé  dans  la  région  méditerranéenne,  il  a  acquis  des  feuilles 
larges,  plates,  à  divisions  très  étalées  et  comme  réunies  entre  elles  à  la  base, 
presque  tronquées  au  sommet,  à  limbe  épais,  tandis  que  les  feuilles  simi- 
laires des  exemplaires  de  Fontainebleau  sont  très  profondément  divisées. 


Î2I  1 


à  lobes  eux-mêmes  découpés,  à  dents  aiguës,  à  limbe  mince.  En  comparant 
les  exemplaires  du  Midi  à  ceux  des  environs  de  Paris,  on  ne  croirait  pas 
avoir  sous  les  yeux  deux  échantillons  de  la  même  espèce,  bien  que  tous 
ces  plants  proviennent  de  la  même  touffe  initiale. 

))  Le  Clinopode  ((Jalamintha  Clùwpodium)  est  devenu,  à  Toulon,  plus 
trapu,  à  tiges  beaucoup  plus  épaisses,  ligneuses  vers  la  base,  à  feuilles  plus 
étalées,  relativement  plus  larges  (o'",20  de  longueur  sur  o"',i4  de  largeur 
au  lieu  de  o™,3o  de  longueur  sur  o™,i3  de  largeur). 

»  La  Pulmonaire  (Pulmonaria  officinalis)  a  des  feuilles  de  formes  très 
différentes  dans  la  région  méditerranéenne  et  à  Fontainebleau.  Les  feuilles 
de  la  base  ayant  acquis  tout  leur  développement  mesurent,  en  moyenne, 
dans  le  Midi,  o'",  1 1  de  longueur  sur  o",o3  de  largeur,  et  aux  environs  de 
Paris  0^,29  de  longueur  sur  o°',027  de  largeur. 

»  Des  modifications  de  même  ordre  ont  été  obtenues  avec  des  Grami- 
nées ou  des  Cypéracées.  C'est  ainsi  que  Y Aira  cœspitosa,  dont  les  feuilles  de 
la  base  mesurent  en  moyenne  o™,4o  sur  o°',o5  de  largeur  à  Fontainebleau, 
ont  en  moyenne  o'",23  de  longueur  sur  o'",07  de  largeur  à  Toulon  et  sont, 
en  outre,  plus  épaisses,  plus  coriaces  et  moins  flexibles;  l'inflorescence  de 
la  plante  est,  dans  le  Midi,  beaucoup  plus  ramassée  el  à  pédoncules  bien 
plus  courts.  Il  s'est  produit  des  caractères  différentiels  de  même  ordre 
avec  le  Carecc  glauca. 

»  Les  arbres  et  arbustes  ont  subi  des  modifications  analogues  et  l'on  y 
remarque  particulièrement  le  développement  plus  grand  des  nervures  des 
feuilles.  Ce  fait  est  spécialement  frappant  si  l'on  considère  les  nervures 
d'ordre  tertiaire,  qui  sont  plus  épaisses  et  plus  saillantes  dans  les  échan- 
tillons méditerranéens.  Le  Troëne  (Liguslrum  vutgare)  offre  des  rameaux 
plus  étalés,  à  feuilles  plus  élargies  (28™'"  sur  iS""™  au  lieu  de  3o™™  sur 
i3™"),  moins  dentées.  Le  Lilas  (Syringa  vulgaris)  acquiert  à  Toulon 
des  feuilles  plus  épaisses  du  double,  et  persistant  bien  plus  longtemps 
sur  les  branches.  Le  Frêne  (Fraxùnis  excelsior')  développe  des  feuilles 
dont  le  contour  général  est  plus  large  par  rapport  à  la  longueur,  avec  des 
folioles  à  dents  moins  aiguës  et  moins  nombreuses.  I^e  Framboisier 
(Rubus  idœus)  produit  des  feuilles  de  o™,i2  sur  o™,io,  alors  que  les 
feuilles  comparables  des  exemplaires  de  Fontainebleau  mesurent  o'",i6 
sur  o™,  12;  les  folioles  sont  aussi  bien  plus  larges,  à  nervures  plus  déve- 
loppées, les  tertiaires  nettement  saillantes.  Le  Marronnier  (/Esculus  Bippo- 
castanum)  est  très  remarquable  par  l'épaisseur  que  ses  feuilles  acquièrent 
dans  le  Midi,  par  ses  nervures  accentuées,  les  tertiaires  faisant  nettement 


(     1212    ) 

saillie,  alors  qu'elles  restent  absolument  sans  relief  dans  les  exemplaires 
de  Fontainebleau.  Le  Chêne  (Quercus  sessilijlora)  a  acquis  en  deux  ans 
presque  tous  les  caractères  de  la  variété  du  Chêne  Rouvre  qui  pousse 
naturellement  dans  la  région  méditerranéenne.  Les  feuilles  deviennent 
moins  profondément  lobées,  plus  larges,  plus  coriaces,  longtemps  per- 
sistantes à  l'état  vert. 


»  3°  Comparaison  avec  les  espèces  méditerranéennes  naturelles.  —  Un  cer- 
tain nombre  des  espèces  mises  en  expérience  croissent  naturellement  dans 
les  deux  climats  considérés.  Or,  si  l'on  compare  les  échantillons  natu- 
rels recueillis  dans  la  région  méditerranéenne  à  ceux  qui  leur  semblent 
assez  similaires  dans  la  région  parisienne,  on  observe  souventdes  différences 
importantes,  à  tel  point  que  ces  plantes  sont  décrites  comme  variétés  de  la 
même  espèce  ou  même  comme  espèces  différentes  du  même  genre.  Bien 
que  les  comparaisons  ne  puissent  être  établies  solidement  ainsi,  par  de 
simples  observations,  on  remarque  cependant  que  la  plupart  des  diffé- 
rences observées  entre  deux  plantes  du  même  type  sont  dans  le  sens  indi- 
qué et  précisé  par  les  cultures  expérimentales.  C'est  ainsi  que  le  Senecio 
nemorosiis  de  Jordan  se  rapproche  par  bien  des  caractères  des  exemplaires 
de  5enec'jo-/acoZ'rt'a  issus  de  Fontainebleau  mais  ayant  poussé  à  Toulon  ;  c'est 
ainsi  que  dans  la  région  méditerranéenne  la  Chicorée  sauvage  (Cichorium 
Intybus  L.)  devient  le  Cichorium  divaricatum  Schousb.,  à  rameaux  écartés 
de  l'axe,  à  feuilles  plus  coriaces  et  plus  épaisses.  Les  échantillons  obtenus 
à  Toulon  avec  le  Frêne  ordinaire  (  Fraxinus  excelsior  L.  )  se  rapprochent  du 
Fraxinus  parvifolia  G.  G.  tel  qu  on  le  trouve  dans  la  région  méditerra- 
néenne. Les  échantillons  développés  à  Toulon  de  Belonica  ojjicinalis  L. 
sont  très  comparables  à  l'espèce  décrite  sous  le  nom  de  Betonica  occilana 
Jord.  dans  la  région  provençale,  etc,  etc. 

»  Enfin,  si  même  on  compare  l'ensemble  de  toutes  les  plantes  médi- 
terranéennes à  l'ensemble  de  toutes  les  plantes  des  régions  tempé- 
rées, on  y  trouve  des  caractères  beaucoup  plus  marqués  que  ceux  dont 
nous  venons  de  parler  :  la  lignification  des  tiges  et  même  des  tiges 
annuelles  peut  devenir  considérable  et  la  proportion  des  plantes  tout  à  fait 
ligneuses  est  fort  augmentée;  les  plantes  à  feuilles  épaisses,  coriaces  et 
persistantes  sont  beaucoup  plus  fréquentes;  la  forme  des  feuilles,  classi- 
quement représentées  par  celles  du  Myrte  ou  du  Laurier,  se  simplifie 
tandis  que  leurs  nervures  sont  très  épaisses;  les  plantes  à  rameaux  étalés 
ou  à  inflorescences  divariquées  sont  en  grand  nombre,  etc. 


(     I2l3    ) 

»  En  somme,  en  rapprochant  les  faits  dont  je  viens  de  parler  des 
résultats  fournis  par  les  cultures  expérimentales,  il  est  impossible  de  nier 
qu'un  grand  nombre  d'espèces  des  régions  tempérées  puissent,  dans  une 
certaine  mesure,  changer  de  forme  pour  s'adapter  au  climat  méditerra- 
néen. De  plus,  les  caractères  provoqués  par  l'expérience  se  révèlent,  bien 
qu'avec  une  intensité  beaucoup  moindre,  comme  analogues  à  ceux  qu'on 
remarque  chez  les  végétaux  croissant  naturellement  sur  le  littoral  médi- 
terranéen et  qui  donnent  à  la  Flore  son  aspect  si  spécial.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  la  tautomérie  de  l'acide  henzoylben- 
zoïqiie;  par  MM.  A.  Haller  et  A.  Guyot. 

«  Dans  une  Communication  sur  de  nouveaux  dérivés  obtenus  en  partant 
de  l'acide  o-benzoylbenzoïque  (  '  ),  nous  avons  essayé  de  donner  une  inter- 
prétation de  la  formation  de  diphénylphtalide  aux  dépens  du  chlorure  de 
cet  acide,  en  admettant  pour  ce  chlorure  la  formule  de  constitution  I,  ce 
qui  conduirait  à  donner  à  l'acide  la  formule  II,  au  lieu  de  le  considérer 
comme  un  acide  cétonique  III. 

/Cl  /OH 

çjejjii/  C  — C  H  C"H'^       "^  ^  (-'6TT/,     CO.C'H'' 


CO/^  CO/^ 


COOH 


»   Rappelons  que  M.  Bredt  (-  ),  à  la  suite  d'un  travail  effectué  sur  l'acide 
lévulique,  acide  y-cétonique  de  la  série  aliphatique,  avait  considéré  cette 

/OH 
molécule  comme  une  sorte  d'oxylactone  CH'  —  C  —  CH',  et  avait  étendu 

CH--CO/^ 
ces  considérations  à  l'acide  benzoylbeuzoique.  Ajoutons  que  la  formation 
de  l'acide  benzoylbenzoïque,  aux  dépens  du  dichlorure  de  phtalyle  et  de 
la  benzine,  en  présence  d'une  quantité  limitée  de  chlorure  d'aluminium, 
autorise  encore,  dans  une  certaine  mesure,  à  attribuer  à  cet  acide  la  fonc- 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXIX,  p.  iSg;  1894. 

(-)  Liebig's  Annalen,  t.  CCXXXVI,  p.  225;  1886. 


{    121 4    ) 


lion  d'une  oxylactonè 


/Cl 

CE'      \^ +C''H''  =  C/H^        \^       +HC1, 
\/  \    / 

co  co 

/Cl  /OH 

/C-CH^  /C-CH^ 

C'W        \^        -fH^O  =  C^H''        \^       -1-HCl. 

\    /°  \    /^ 

CO  co 

»  Mais,  dans  beaucoup  de  réactions,  chlorure  et  acide  o-benzoylben- 
zoïques  se  comportent  nettement  comme  des  molécides  y-cétoniques.  Il 
devenait  donc  intéressant  de  s'assurer,  par  la  préparation  de  combinaisons 
éthérées,  si  les  deux  modifications  lautomères  de  l'acide  pouvaient  exister 
sous  la  forme  d'éthers  métbyliques,  dans  des  circonstances  déterminées. 
Cette  tentative  était  d'autant  plus  justifiée  que  M.  Wegschneider  (')  est 
arrivé,  par  un  procédé  analogue,  à  mettre  en  évidence  la  tautomérie  d'un 
acide  y-aldéhydique,  l'acide  opianique,  qui,  selon  le  mode  d'éthérification 
employé,  donne  naissance  à  deux  éthers  méthyliques  isomères.  Nous  avons 
donc  éthérifié  l'acide  benzoyibenzoïque  par  cinq  méthodes  différentes, 
dans  le  but  d'obtenir  i'éther  normal  et  le  pseudo-éther. 

«  1°  Éther  méthylique  obtenu  par  éthérificalion  directe.  —  Une  solution  d'une 
partie  d'acide  benzoyibenzoïque  dans  cinq  parties  d'alcool  inéthylique  est  saturée 
par  du  gaz  chlorhydrique  sec,  puis  abandonnée  pendant  vingt-quatre  heures  et  éva- 
porée au  tiers  de  son  volume  primitif.  Le  liquide  visqueux  ainsi  obtenu  est  étendu  de 
dix  fois  son  volume  d'eau  et  agité  avec  I'éther.  Après  avoir  été  lavée  au  carbonate  de 
soude,  la  solution  éthérée  est  séchée  sur  du  chlorure  de  calcium,  puis  abandonnée  à 
l'évaporation  spontanée  sous  une  cloche  à  dessiccation.  On  obtient  une  huile  épaisse, 
incolore,  qui  ne  tarde  pas  à  se  fondre  en  une  masse  cristalline,  blanche,  dure  et 
cassante,  qu'on  débarrasse,  par  expression  entre  des  doubles  de  papier  à  filtre,  de 
traces  de  produit  visqueux  qui  y  adhère.  Le  produit,  cristallisé  dans  un  mélange 
d'éther  et  d'éther  de  pétrole,  se  présente  sous  la  forme  de  prismes  transparents,  fon- 
dant à  52°,  et  dont  de  nouvelles  cristallisations  ne  modifient  pas  le  point  de  fusion. 
Rendement  :  85  pour  loo  de  la  théorie. 

»  2°  Éther  méthylique  obtenu  par  action  de  CH^I  sur  le  sel  d'argent.  —  Une 
partie  de  benzoylbenzoate  d'argent  a  été  mise  en  suspension  dans  dix  parties  de  ben- 


(')  Monatshefte  f.  Chemie,  t.  XIII,  p.  252;  1892. 


(     I  2  I  5    ) 

zine  pure,  puis  additionnée  d'iodure  de  méthyle,  bien  neutre,  en  léger  excès,  et 
chauffée  au  réfrigérantascendant  pendant  deux  heures.  La  solution  benzénique  laisse 
déposer,  après  filtration,  des  cristaux  qui,  après  purification,  fondent  à  02°.  Rende- 
ment presque  théoricjue. 

»  3°  Ether  obtenu  par  action  du  méthylate  de  sodium  sur  l'anhydride  benzoyl- 
benzoùjue.  —  On  met  en  suspension  une  partie  d'anhydride  finement  pulvérisé  dans 
cinq  parties  d'alcool  méthylique  absolu,  et  l'on  ajoute  la  quantité  théorique  de  méthy- 
late de  sodium.  Après  avoir  chauffé,  pendant  quelques  minutes,  au  réfrigérant  ascen- 
dant, on  évapore  à  sec  au  bain-marie.  Le  produit  est  traité  par  l'eau  et  par  l'éther,  et 
la  solution  éthérée,  après  avoir  été  lavée  au  carbonate  de  soude  et  séchée  sur  du 
chlorure  de  calcium,  fournit  une  masse  qu'on  purifie  et  fait  cristalliser  comme  il  est 
dit  plus  haut.  On  obtient  ainsi  des  cristaux  prismatiques  fondant  à  52°  et  qui  res- 
semblent en  tous  points  aux  élhers  1°  et  2°. 

»  4°  Ether  préparé  par  action  du  méthylate  de  sodium  sur  l'anhydride  mixte 
acétylbenzoylbenzoïque.  —  Une  partie  d'anhydride,  préparé  par  le  procédé  Pech- 
mann,  est  dissoute  dans  cinq  parties  d'alcool  méthylique  absolu,  et  la  solution  est 
additionnée  de  la  quantité  théorique  de  méthylate  de  sodium  pur.  Le  mélange,  après 
avoir  été  chauffé  au  réfrigéraint  ascendant,  est  évaporé  à  sec  et  le  résidu  est  traité  par 
l'eau  et  l'éther.  La  solution  aqueuse  renferme  de  l'acétate  de  sodium,  tandis  que  la 
liqueur  éthérée  contient  le  benzoylbenzoate  de  méthyle,  qu'on  fait  cristalliser.  Prismes 
transparents  fondant  à  52°.  Rendement  :  90  pour  100. 

))  Comme  on  le  voit,  dans  cette  double  décomposition  entre  le  méthylate  de  soude 
et  l'anhydride  mixte,  c'est  le  groupement  acide  le  plus  riche  en  carbone  qui  entre  en 
réaction  avec  l'alcool,  tandis  que  le  sodium  se  combine  au  reste  le  moins  carboné  : 

C^''"    ,CO-0-GOCH=-^CH30Na  .Cn<^Q^^^j3-:-CH3.COONa. 

»  L'un  de  nous  et  M.  Umbgroves  (')  avions  déjà  observé  une  réaction  analogue 
avec  l'anhydride  acétylbenzoylbenzoïque  tétrachloré  et  le  méthylate  de  sodium. 

»  5°  Ether  obtenu  par  l'action  de  l'alcool  méthylique  sur  le  chlorure  de  l'acide 
benzoylbenzoïquc.  —  On  dissout,  à  froid,  une  partie  de  chlorure  bien  cristallisé  dans 
dix  parties  d'alcool  méthylique  absolu;  la  solution  est  alors  portée  à  l'ébullitiou,  puis 
concentrée  au  tiers  de  son  volume  primitif,  étendue  de  dix  parties  d'eau  et  traitée 
exactement  comme  dans  le  cas  de  l'éthérification  directe.  On  obtient  ainsi  des  cristaux 
ayant  même  habitus  et  un  point  de  fusion  identique  à  ceux  obtenus  par  les  autres  mé- 
thodes, mais  avec  un  plus  faible  rendement  et  moins  purs  du  premier  jet.  Lors  de 
l'expression  entre  les  doubles  de  papier  à  filtrer,  ils  ont  abandonné  une  quantité  de 
produits  huileux  qui  représentait  environ  le  yj  de  leur  poids. 

»   Conclusions.  —  Quel  que  soit  le  mode  opératoire  employé,  on  obtient 


1^')  A.  Hallkr  et  H.  Umbgroves,  Comptes  rendus,  t.  GXXIX,  p.  90;  1899. 


(  t2ib  ) 

toujours  le  mêmeéther,  cristallisant  en  prismes  fondant  à  52°.  Or,  comme 

le  procédé  de  préparation,  décrit  en  2'^,  exclut,  dans  une  certaine  mesure, 

l'existence  d'une  forme  lactonique  du  composé  benzoylbenzoïque  mis  en 

jeu,  il  faut  admettre,  ou  bien  que  les  deux  formes  d'élher  n'existent  pas  et 

/COC'H' 
que,  seule,  la  forme  CH^^^^QQ^jjj  est  susceptible  de  prendre  naissance, 

/OCH» 
ou  bien  que  la  seconde  forme  CH^^         \  »'<?st  pas  stable  et  se 


\ 


CO. 


o 


transpose  aussitôt  formée.    » 


M.  Albert  Gaudry  présente  à  l'Académie  le  résumé  d'un  travail  de 
M.  Erland  Nordenskjold.  Il  s'exprime  dans  les  termes  suivants  : 

M  Notre  érainent  associé  M.  Nordenskjold  m'envoie  de  Stockholm  une 
Note  de  son  fds  Erland,  intitulée  :  La  grotte  du  Glossotherium  (Neomylodon) 
en  Patagonie.  Comme  cette  Note  dépasse  les  limites  accordées  dans  les 
Comptes  rendus,  je  crois  devoir  en  donner  le  résumé  à  l'Académie. 

)>  L'animal  de  la  Cueva  Eberhardt,  qui  a  été  l'objet  des  recherches  de 
MM.OttoNordenskjold,FlorentinoAmeghino,Lônnberg,SmilhWood\vard, 
Hauthal,  Santiago  Roth,  Lehman-Nitsche,  vient  d'être  étudié  par  M.  Erland 
Nordenskjold,  au  moyen  d'une  multitude  d'échantillons  qu'il  a  recueillis 
lui-même  en  Patagonie  et  qu'il  a  comparés  avec  les  pièces  de  l'important 
Musée  de  Copenhague. 

»  M.  Erland  Nordenskjold  adopte  l'opinion  que  cet  édenté  nommé 
Neomylodon  Listai  par  M.  Ameghino,  dont  on  a  trouvé  des  peaux  garnies 
de  poils  et  des  excréments,  est  une  espèce  déjà  connue  à  l'état  fossile;  ce 
serait  le  sous-genre  de  Mylodon,  appelé  Glossotherium  Danvini,  auquel  on 
a  aussi  donné  le  nom  de  Grvpotherium. 

»  M.  Erland  Nordenskjold  prétend  qu'on  n'a  pas  de  preuves  que  cette 
singulière  créature  ait  élé  domestiquée,  ainsi  que  le  dit  M.  Hauthal,  et  il 
repousse  le  nom  de  Grypotherium  domesticum. 

»  Il  y  a  plusieurs  grottes  auprès  de  la  forme  Eberhardt.  Elles  sont 
ouvertes  dans  des  conglomérats  formés  de  fragments  de  porphyres  et 
d'autres  roches  cristallines;  M.  Nordenskjold  a  exploré  ces  diverses 
grottes.  Il  a  fait  dans  la  ])rincipale  des  fouilles  méthodiques,  en  tenant 


(   1217  ) 
compte  du  contenu  de  chaque  couche.  Il  distingue  trois  couches  qui  sont 
de  haut  en  bas  : 

»  Couche  A.  —  Elle  renferme  des  cendres,  du  foin,  des  coquilles  de 
Mytilus,  des  objets  d'industrie,  des  os  fendus  pour  en  retirer  la  moelle; 
ces  os  proviennent  tous  d'animaux  vivant  dans  le  pays. 

»  Couche  B.  —  On  y  trouve  des  cendres  avec  des  os  A'Auchenia  lama  et 
d'un  Équidé  auquel  M.  Roth  a  appliqué  le  nom  çVOnohippidium  Saldiasi 
Moreno.  Des  feuilles  et  des  branches  d'arbres  indiquent  que,  lors  de  sa 
formation,  le  pays  était  boisé. 

»  Couche  C.  —  Elle  repose  sur  le  fond  rocheux  de  la  grotte;  elle  a  i" 
d'épaisseur.  M.  Nordenskjold  n'y  rencontre  plus  des  branches  et  des 
feuilles  d'arbres,  mais  seulement  des  herbes;  il  en  conclut  que,  lors  de  sa 
formation,  le  pays  était,  comme  les  Pampas,  couvert  d'herbes  et  dépourvu 
d'arbres.  Il  déclare  que  c'est  dans  cette  couche  seulement  qu'il  a  recueilli 
les  os  du  Glossotherium  Darwini;  ils  y  sont  très  nombreux.  Il  a  rencontré 
auprès  d'eux  beaucoup  d'excréments  non  fossilisés  qu'il  attribue  au  Glosso- 
therium, parce  qu'ils  sont  mêlés  aux  poils  de  cet  Edenté.  Il  a  rapporté  aussi 
des  restes  d'un  grand  Felis  onca,  d'un  Marauchenia,  de  VOnohippidium 
Saldiasi,  un  rocher  d'un  enfant  et  une  courroie. 

M.  Erland  Nordenskjold  pense  que  la  peau  du  Glossotherium  rapportée 
par  M.  Otto  Nordenskjold  et  décrite  par  M.  Lonnberg  a  été  recueillie  dans 
la  couche  B,  mais  qu'elle  pourrait  provenir  originairement  de  la  couche  C 
d'où  elle  aurait  été  tirée  par  les  hommes. 

En  résumé,  il  croit  que  le  Glossotherium  de  la  Cueva  Eberhardt  ne  vit 
plus  de  nos  jours,  mais  que  cependant  il  appartient  à  des  temps  moins 
anciens  que  l'époque  quaternaire.    » 


IV03IIIVATI0NS. 

L'Académie    procède,    par  la  voie  du   scrutin,  à  la   nomination  d'un 
Correspondant  pour  la  Section  de  Géographie  et  Navigation. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  44. 

M.  le  général  Gallieni  obtient  ....     4^  suffrages, 
M.  Savorgnan  de  Brazza 2         » 

M.   le  général  Galliem,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
est  proclamé  élu. 

c.  R.,  1899,  !•  Semestre.  (T.  CXXIX,  N«  26.)  l6o 


(     I2l8    ) 


MÉMOIRES  PRÉSEÎ\TÉS. 


M.  F.  Martin  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  appareil  destiné  à 
'arrêt  instantané  des  chevaux  emportés. 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  Maurice  I-évy.) 


M.  Lambert-Roymn  adresse  une  Noie  relative  à  un  principe  pouvant 
servir  à  la  direction  des  ballons. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 


CORRE  SPON I)  ANGE . 

M.  H.  PoiNCAftÉ,  Président  du  Bureau  des  Longitudes,  présente  V An- 
nuaire du  Bureau  des  Longitudes  pour  l'année  1900.  Il  signale,  parmi 
les  innovations  introduites  cette  année,  l'adoption  du  temps  moyen  civil 
compté  de  o''  à  2/\^  et  un  Tableau  des  équivalents  électrochimiques  des 
corps  simples. 

M.  Ch.  Méray,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  de  Géométrie, 
adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 


M.  RosEXBCscH,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  de  Minéralogie, 
adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 


MM.  DE  Beaumont,  J.  Becquerel,  Besnoit  et  Cuillé,  Blondlot,  Box- 
jovR,  Carvalho,  Caillery  et  Mesxii.,  Cestan,  Courmont  et  Doy'ox,  Jui.es 
Drach,  E\gee,  (jiard,  Kiliax,  Lécaielox,  Le  Hello,  E.  Le  Roy,  Morat, 
Nyréx,  Partiot,  a.  Râteau,  Louis  Roule,  Sciilagdexhauffex  et  Reeb, 
Vaillard,  MarquisDE  Togué  (Président  de  V  OJ^ce  central  des  OEuires  de  Bien- 
faisance), Zeemanx  et  Weiss  adressent  des  remercîments  à  l'Académie 
pour  les  distinctions  accordées  à  leurs  travaux. 


(     1219    ) 


ASTRONOMIE.  —  Observation  de  l'éclipsé  de  Lune  du  i&  décembre  1899  à  l'équa- 
tonal pJiolo graphique,  à  Toulouse.  Note  de  M.  Moxtaivgerajïd,  présentée 
par  M.  Lœwy. 

«  Pendant  l'éclipsé  partielle  de  I-nne  du  16  décembre,  t2  clichés  ont 
été  obtenus  à  l'éqnatorial  photographique  de  l'observatoire  de  Toulouse  : 
8  des  diffcrenles  phases  du  phénomène,  4  en  vue  d'expériences  diverses. 
Il  a  paru  utile  de  donner  les  résultats  des  premiers,  faits  avec  des  plaques 
Lumière  :  rapides,  lentes,  ou  panchromatiques. 

»  I.  Plaque  lente  (pose  :  3  secondes).  —  16  minutes  après  l'entrée  de 
la  Lune  dans  l'ombre. 

))  La  partie  éclairée  de  l'astre  donne  une  image  très  nette  avec  de  nom- 
breux détails.  La  partie  cachée  ne  vient  pas,  mais  le  conlour  du  disque  est 
apparent. 

»  IL  Plaque  rapide  (pose  :  i  seconde).  —  23  minutes  après  l'entrée 
dans  l'ombre. 

))  La  partie  brillante  est  surposée  ;  le  reste  apparaît,  mais  sans  détails 
précis;  le  bord  obscur  est  très  nettement  dessiné. 

»  III.  Plaque  lente  (pose  :  3  secondes).  —  f\i  minutes  après  l'entrée 
dans  l'ombre. 

«   Seule,  la  partie  éclairée  est  obtenue  et  avec  détails. 

»  VI.  Plaque  panchromatique  (pose  20  minutes).  —  Le  milieu  de  la 
pose  était  à  8  minutes  avant  le  milieu  de  l'éclipsé. 

))  Le  phénomène  est  alors  dans  son  maximum.  Le  bord  resté  brillant  ne 
donne  que  peu  de  détails;  l'image  est  noircie  par  un  voile  intense.  Quant 
au  reste  du  disque  lunaire,  il  est  vu  très  distinctement;  on  reconnaît  tous 
les  détails  de  la  surface. 

»  VIL  Plaque  panchromatique  (pose  :  i5  minutes).  —  17  minutes 
(milieu  de  la  pose)  après  le  milieu  de  l'éclipsé.  Le  moment  du  minimum 
de  lumière  est  passé;  la  partie  éclairée  est  plus  étendue;  son  image  est  plus 
noire  sur  le  cliché.  En  revanche,  la  netteté  du  reste  du  disque  est  complète; 
le  cliché  montre  tous  les  détails,  ou  à  peu  près,  habituellement  reconnus 
dans  les  poses  sur  la  pleine  Lune.  Ce  cliché  est  supérieur  au  précédent. 
VI  et  VII  contiennent  de  nombreuses  traînées  d'étoiles  voisines  delà  Lune. 

»  VIII.  Plaque  rapide  (pose  :  10  minutes).  —  39  minutes  avant  la  sortie 
de  l'ombre. 


(     I220    ) 

»  On  avait  placé  devant  la  plaque,  sur  l'image  de  la  moitié  éclairée  de 
l'astre,  un  écran  noir;  mais,  en  raison  des  difficultés  de  cette  opération,  le 
cliché  est  fortement  surposé.  Aucun  détail. 

»  IX.  Plaque  rapide  (pose  :  2  secondes).  —  16  minutes  avant  la  sortie 
de  l'ombre. 

»  Le  disque  étant  presque  entièrement  brillant,  il  y  a  surpose.  Le  bord 
obscur  ne  donne  que  ses  contours. 

»  XL  Plaque  lente  (pose  :  3  secondes).  —  i  minute  avant  la  sortie  de 
l'ombre. 

))  L'image  est  très  nette;  un  bord  seul  est  encore  légèrement  échancré. 

))  Le  ciel  était  un  peu  nuageux  pour  la  poseL  mais  très  beau  pour  toutes 
les  autres.  Les  images  dans  le  champ  de  la  lunette-pointeur  étaient  assez 
bonnes. 

»  On  a  pointé  généralement  sur  des  pics;  mais  pour  VL  VH,  Vtll  sur 
une  tache  ronde,  blanche  et  bien  définie  du  disque  obscur. 

»  L'instrument  étant  réglé  sur  le  mouvement  des  étoiles,  il  a  fallu  em- 
ployer les  rappels.  L'astre  étant  à  peu  près  au  lunistice  et  son  déplacement 
en  déclinaison  étant  par  conséquent  faible,  la  conduite  dans  ce  sens  de 
l'instrument  était  ainsi  facilitée. 

»  De  l'examen  comparatif  des  clichés  VI  et  VII  il  résulte  que  VII  est 
préférable.  Une  pose  de  quinze  minutes,  ou  à  peu  près,  est  donc  suffisante 
pour  obtenir  l'image  du  disque,  caché  dans  l'ombre,  avec  tous  ses  détails, 
aii  moins  pour  la  présente  éclipse. 

»  J'ai  comparé  les  clichés  actuels  à  ceux  obtenus  pendant  l'éclipsé  totale 
du  27  décembre  1898  (voir  Comptes  rendus  du  2  janvier  1899). 

»  Les  premiers  sont  supérieurs  aux  seconds,  comme  étendue  de  la  sur- 
face obscure  reproduite.  Le  27  décembre  1898,  pendant  la  totalité  une  por- 
tion notable  du  disque  était  sensiblement  plus  éclairée  que  le  reste,  et  ce 
contraste  s'est  représenté  sur  les  clichés  correspondants,  tandis  que  pour 
l'éclipsé  du  16  décembre  dernier,  à  part  le  bord  resté  hors  du  cône 
d'ombre,  le  disque  était  d'une  lumière  assez  uniforme.  Aussi  les  clichés 
actuels  donnent  tonte  la  surface  cachée  dans  l'ombre;  ceux  du  27  décembre 
1898  n'en  montrent  qu'une  partie,  très  notable  d'ailleurs. 

»  Dans  ces  deux  phénomènes,  des  plaques  panchromatiques  ont  été 
employées  et  des  poses  de  quinze  minutes  obtenues.  Il  semble  bien  que 
ce  genre  de  plaques  et  cette  durée  donnent  les  meilleurs  résultats  pendant 
les  éclipses  totales  ou  presque  totales. 

»  Des  épreuves  sur  papier  (positives)  des  quatre  clichés  I,  II,  VI,  VII 


(     1221     ) 

décrits  dans  les  lignes  qui  précédent,  soumises  à  l'Académie,  donnent 
assez  bien  l'idée  des  clichés  originaux,  quoiqu'elles  leur  soient  sensiblement 
intérieures.  » 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  nouvelle  plane'te  EY  (Chariots)  faites  à 
l'observatoire  de  Besançon,  avec  réquatorial  coudé,  par  M.  P.  Chofardet. 
Note  transmise  par  M.  L.-J.  Gruey,  présentée  par  M.  Lœwy. 


Dates. 

1899. 


Étoiles.     Grandcui'. 


Décembres a  9 

9 «  9 

Il b  6 

12 b  6 

i3 b  6 


Planète. 

—  Etoile. 

Nombre 
de 

Ascension 

Distance 

droite. 

polaire. 

comparaisons 

m        s 
—  I  .45,21 

-1-10.34,8 

l5:  12 

—  2.38,95 

-h  7.15,8 

12:  16 

-)-3.  6,60 

-H  0. 28,q 

12:16 

-1-2.  10,20 

-  3.14,5 

12: 16 

-t-I  .  18,  12 

-  6.48,8 

12:  10 

Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Ascension 

Étoiles 

droite 

Réduction 

Distance  polaire 

Réduction 

de 
compar. 

moyenne 
1899,0. 

au 
jour. 

moyenne 
1899,0. 

au 
jour. 

Autorités. 

a 

h       m       s 
4.35.43,16 

+5' 70 

75.22.20,2 

-  9'.  9 

Yarnall,  1981 

a 

» 

-1-5,70 

» 

-  9-8 

1) 

b 

4.28.    6,79 

+  5,71 

75.22.  4,8 

—  10,7 

Glascow  I,  1099 

b 

» 

-f-5,72 

» 

—  10,7 

)) 

b 

)) 

-t-5,72 

»> 

—  io,7 

1} 

Positions  apparentes  de  la  planète. 

Temps  moyen            Ascension  Distance 

Dates.                       de                          di-oite  Log.  fact.  polaire  Log.  fact. 

1899.                    Besançon.                apparente.  parallaxe.  apparente.  parallaxe. 

h        m       s                h       m       s  .        ,         „ 

Dec.  8 10.47.   4  4-34.   3,65  2,825„  75.32.45,  i  0,678,, 

9 9.41.56  4-33.   9,91  T,233„  75.29.26,2  0,689,, 

II 9.27.25  4-3i. 19,10  T,253„  75.22.23,0  0,689,, 

12 10.   6.    5  4-3o,22,7i  7,021,;  75.18.39,6  0,679, 

i3 9. II. 32  4-29. 3o, 63  7,279,,  75.15.   5,3  0,690,, 


(     1222    ) 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  -  Organisation  de  V enregistrement  quotidien  de  la 
Chromosphère  entière  du  Soleil  à  l'observatoire  de  Meudon.  Premiers  résul- 
tats. Note  de  M.  H.  Deslandres,  présentée  par  M.  Janssen. 

»  J'ai  organisé  déjà  l'enregistrement  quotidien  de  la  Chromosphère  en- 
tière du  Soleil  à  l'Observatoire  de  Paris,  après  des  recherches  nombreuses 
sur  la  question.  (Voir,  en  particulier,  Comptes  rendus,  t.  CXIII,  p.  307; 
t.  CXIV,  p.  276  et  578;  t.  CXV,  p.  222;  t.  CXVII,  p.  716  et  io53; 
t.  CXVIII,  p.  842  et  i3i2;  t.  CXXVI,  p.  879.) 

»  En  février  1892,  M.  Haie,  directeur  de  l'observatoire  de  Chicago,  et 
moi,  nous  annonçons  que  le  spectre  des  facules  solaires  contient  des  raies 
brillantes  violettes,  identifiables  avec  les  raies  H  et  K  attribuées  au  cal- 
cium; ce  qui  assure  la  photographie  des  vapeurs  correspondantes  sur  le 
disque  et,  d'autre  part,  aussi  la  photographie  des  protubérances,  vainement 
tentée  jusqu'alors. 

»  Je  montre,  de  plus,  que  ces  mêmes  raies  brillantes  apparaissent  sur  le 
disque  entier  plus  ou  moins  fortes  et  décèlent,  en  réalité,  la  chromosphère 
ou  partie  basse  de  l'atmosphère  solaire  (telle  qu'on  la  verrait  isolée  de  la 
surface  du  disque),  dans  la  partie  très  étendue  qui  est  projetée  sur  le 
disque,  et  qui  jusqu'alors  avait  échappé  à  l'observation. 

))  Ce  résultat  est  une  extension  nouvelle  de  la  méthode  spectrale  qui  a 
été  inaugurée  en  1868  par  MM.  Janssen  et  Lockyer,  et  qui,  jusqu'en  1892. 
a  assuré  par  l'observation  oculaire  la  reconnaissance  journalière  des  pro- 
tubérances et  de  la  chromosphère  au  bord  extérieur. 

»  Dès  le  début,  j'ai  réclamé  l'enregistrement  quotidien  et  même  continu 
de  la  chromosphère  entière  du  Soleil  par  ces  moyens  nouveaux  ;  et,  à  partir 
de  1893,  j'ai  organisé  à  l'Observatoire  de  Paris  deux  spectrographes  auto- 
matiques enregistreurs  appelés  spectrographe  des  formes  et  speclro graphe 
des  vitesses.  Le  premier  donne  la  chromosphère  projetée  sur  le  disque  avec 
ses  plages  brillantes,  et  aussi,  mais  avec  une  pose  plus  longue,  les  protu- 
bérances du  bord  extérieur.  Le  second  donne  les  mouvements  des  vapeurs 
chromosphériques  dans  le  sens  du  rayon  visuel  et,  en  plus,  l'épaisseur  de 
la  chromosphère  au  bord, 

»   J'ai  organisé   ces  mêmes  appareils  à  l'observatoire  de  Meudon,  avec 
l'assentiment  et  le  concours  du  directeur,  M.  Janssen,  grâce  à  une  subven- 


(     1223    ) 

lion  spéciale  que  l'Académie  a  bien  voulu  m'accorder.  Je  présente  dans 
celte  Note  la  description  générale  de  rapj)areil  établi  àlNIeudon,  qui  diffère 
de  celui  de  Paris,  et  les  premiers  résultats  obtenus.  Il  sera  question  seule- 
ment du  spectrographe  des  formes,  le  spectrographe  des  vitesses  élant 
réservé  pour  une  Noie  ultérieure. 

»  L'appareil  comprend  deux  parties  principales  :  i°  un  sidérostat  qui 
renvoie  dans  luie  direction  constante  les  rayons  solaires  réfléchis  et  qui, 
complété  par  un  objectif  astronomique,  donne  une  image  du  Soleil  réelle  et 
fixe;  2°  im  spectrographe  mobile  à  deux  fentes,  qui  reprend  cette  image 
réelle  et  en  extrait  la  lumière  spéciale  de  l'atmosphère  solaire  sous  la 
forme  d'une  ligne  lumineuse,  la  lumière  de  la  surface  de  l'astre  étant  éli- 
minée, et  qui,  par  le  mouvement  de  la  ligne  lumineuse,  reconstitue  l'image 
même  de  l'atmosphère  solaire  el  de  ses  plages  brillantes. 

»  A  Paris  le  sidérostat  est  div  type  Foucault;  les  rayons  sont  réfléchis 
horizontalement,  et  j'ai  pu  facilement  augmenter  la  distance  focale  de  l'ob- 
jectif et  obtenir  successivement  deux  séries  de  photographies  de  la  chromo- 
sphère de  valeur  croissante  : 

M  Première  série  :  de  1893  à  i8g6  inclus.  —  Objectif  de  o™,i2  et  de 
2"",  80  de  distance  focale.  Agrandissement  2  par  le  spectrographe.  Image 
finale  de  la  chromosphère  de  5o™"  de  diamètre. 

»  Deuxième  série  :  1897  et  i"  semestre  de  1898.  —  Objectif  de  o™,3o  et 
de  5"'  de  distance  focale.  Agrandissement  1,7  par  le  spectrographe.  Image 
finale  de  la  chromosphère  de  85™". 

»  A  Meudon  le  seul  sidérostat  existant  a  été  mis  à  ma  disposition  par 
M.  Janssen,  Il  est  polaire,  plus  simple  que  le  précédent  et  de  marche  plus 
régulière,  mais  ne  se  prête  pas  aux  grandes  distances  focales.  Les  rayons 
solaires  sont  réfléchis  suivant  une  ligne  parallèle  à  l'axe  du  monde,  donc 
très  inclinée  sur  l'horizon,  le  long  de  laquelle  sont  disposés  l'objectif  et  le 
spectrographe.  Le  dessin  schématique  ci-contre  montre  la  disposition 
adoptée.  A  la  partie  supérieure  est  le  sidérostat  sur  un  pilier  indépendant 
dont  la  hauteur  a  été  réglée  sur  la  distance  focale  (3™, 20)  du  seul  objectif 
disponible  d'ouverture  égale  à  o™,2o.  Le  spectrographe  el  son  chariot  mo- 
bile sont  à  la  partie  inférieure,  dans  un  bâtiment  spécial  que  l'on  a  recou- 
vert en  pierre,  terre  et  chaume,  pour  diminuer  les  variations  de  tempéra- 
ture. L'agrandissement  par  le  spectrographe  a  été  porté  à  trois  fois;  si  bien 
que  l'image  chromosphérique  atteint  92°""  el  est  plus  grande  que  les  deux 
précédentes. 


(    1224    ) 

»  Le  pilier  du  sidérostat  et  le  bâtiment  annexe  ont  été  construits  en 
i8n8;  et,  pendant  le  premier  semestre  de  1899,  le  sidérostat  et  le  spectro- 
graplie,  avec  leurs  nombreux  accessoires,  ont  été  mis  en  place  ('). 

Coupe  schématique  verlicale  {dans  le  plan  méridien)  qui  montre  ta  disposition  générale 
du  sidérostat  et  du  spectrographe. 


\ 


A,  Sidéioslat  polaire. 

B,  Pilier  massif  qui  porte  le  sidérostat. 

C,  Galerie  faisant  le  tour  du  sidérostat  et  indépendante  du  pilier. 

D,  Objectif  astronomique. 

E,  Spectrographe. 

G,  Chariot  mobile  sur  roues  portant  le  spectrographe. 
HH,  Bâtiment  avec  appentis  recouvert  de  terre  et  chaume. 
S,   Direction  du  Soleil. 

))  En  juin  1899  j'ai  commencé  la  troisième  série  de  photographies  de  la 
chromosphère.  Je  présente  à  l'Académie  plusieurs  épreuves  qui  donnent, 
les  unes  la  chromosphère  projetée  sur  le  disque,  les  autres  les  protubé- 
rances du  bord  extérieur.  Les  résultats  généraux  sont  les  suivants  : 

»  Les  épreuves  de  l'année  1899  offrent  un  intérêt  spécial,  à  cause  du 


(')  Le  speclrograplie  a  été  payé  en  partie  avec  la  subvention  fournie  par  TAcadémie; 
les  autres  dépenses  (bâtiments,  accessoires)  ont  été  supportées  parles  budgets  des  bâ- 
timents civils  et  de  l'observatoire. 


(     12-5    ) 

voisinage  d'un  minimum  de  taches.  Les  premières  épreuves  de  1892  et 
1893,  au  contraire,  ont  élé  faites  au  moment  du  maximum  de  taches  et  de 
facules.  L'image  chromosphcrique  offrait  alors  de  larges  plages  très  bril- 
lantes à  l'emplacement  des  facules  du  disque,  et,  en  outre,  de  petits 
maxima  de  lumière  formant  ce  que  j'ai  appelé  le  réseau  chromosphérique . 
La  présence  de  ces  maxima  avait  été  contestée  dans  la  région  polaire;  mais 
j'ai  montré  qu'ils  existaient  aux  pôles  comme  en  tous  les  autres  points  du 
disque.  De  même,  j'ai  obtenu  le  réseau  chromosphérique  sur  le  disque  en- 
tier, en  1897  et  1898,  alors  que  le  pôle  n'offrait  plus  de  facules  visibles. 
Enfin,  lesépreuves  de  cette  année  le  montrent  également  complet  sur  toute 
la  surface,  même  lorsque  le  disque  entier  est  dénué  de  taches  et  aussi  de 
facules  appréciables. 

»  Le  réseau  chromosphéricfue  semble  donc  permanent;  il  est  d'ailleurs 
persistant,  en  ce  sens  qu'il  conserve  en  général  la  même  forme  au  même 
point  pendant  plusieurs  heures.  Il  apparaît  souvent  formé  par  des  sortes 
de  mailles  qui,  en  1898,  avaient  paru  moins  nombreuses  que  les  années 
précédentes  (').  Les  épreuves  de  l'année  1899,  plus  rapprochée  du  mini- 
mum, ne  confirment  pas  cette  diminution,  difficile  à  apprécier,  d'ailleurs, 
à  cause  des  différences  entre  les  appareils  employés  successivement  et  aussi 
parce  que  les  mailles  ne  sont  pas  également  nettes.  Il  est  seulement  très 
probable  que  l'intensité  du  réseau  a  diminué  par  rapport  aux  annexes  du 
maximum. 

»  Dans  une  Note  prochaine,  je  présenterai  les  résultats  du  spectrographe 
des  vitesses  qui  donne  les  vitesses  et  l'épaisseur  de  la  chromosphère,  c'est- 
à-dire  des  éléments  susceptibles  de  varier  pendant  la  période  solaire.   » 


(  '  )  Le  réseau  est  conslilué  j)lulôl  par  des  masses  brillantes  isolées,  qui  souvent  se 
soudent  et  forment  alors  des  mailles.  Puis,  parfois,  l'éclat  de  la  maille  augmente,  et 
une  facule  est  alors  visible  au  point  correspondant  de  la  surface  du  disque;  enfin 
parfois,  au  milieu  de  la  maille,  apparaît  une  tache.  Les  mailles  les  plus  intenses  et  les 
plus  larges  correspondent  aux  plus  fortes  facules  et  taches.  D'ailleurs,  dans  le  réseau 
chromosphérique,  on  peut  distinguer  les  régions  à  masses  isolées,  les  régions  à  mailles 
nettes  et  les  régions  intermédiaires  entre  les  deux  précédentes.  Les  mailles  ont  souvent 
des  formes  polygonales  qui  rappellent  les  images  formées  par  les  bords  des  cratères 
enchevêtrés  dans  certaines  parties  de  la  Lune.  Dans  les  deux  cas,  les  mailles  chro- 
mosphériques  et  les  bords  des  cratères  lunaires  correspondent  à  des  parties  élevées  de 
la  surface  de  l'astre. 


C.   H..  1899,  2- 5emei<;Ê.   (T.   CXXIX,  N'Ze.)  lOI 


(     12  26) 


Remarques  sur  la  précédente  Communication;  par  M.  J.  Janssen. 

«  Ainsi  que  le  dit  M.  Deslandres,  la  Communication  ci-dessus  vise  le 
commencement  d'observations  qui  doivent  être  continuées  régulièrement 
et  constituer  un  véritable  service  de  l'observatoire. 

))  A  côté  des  photographies  qui  nous  donnent  l'état  «le  la  surface  solaire, 
il  est  intéressant  d'obtenir  également  des  photographies  nous  renseignant 
sur  l'existence  des  facules  et  des  protubérances.  Ces  documents  sont 
même  indispensables  pour  connaître  l'état  général  du  globe  solaire  au 
point  de  vue  photosphérique  et  chromosphérique,  c'est-à-dire  au  point 
de  vue  des  phénomènes  de  la  surface  du  globe  solaire.  L'immense  atmo- 
sphère coronale  et  ses  annexes  restent  encore  en  dehors  de  nos  études 
journalières.  A  cet  égard,  il  y  aura  à  créer  des  méthodes  nous  permet- 
tant leur  étude  journalière.  Alors  le  cycle  de  ces  études  sera  complet. 

»  Les  études  de  M.  Deslandres  sur  ce  sujet  avaient  été  commencées  par 
lui  à  l'Observatoire  de  Paris.  J'ai  tenu  à  lui  créer  à  Meudon  une  installa- 
tion qui  lui  permît  de  les  continuer  et  de  les  développer,  et,  sous  ce 
rapport,  nous  avons  fait  tout  ce  que  les  ressources  de  l'observatoire  per- 
mettaient. Les  fonds  que  l'Académie  a  bien  voulu  lui  accorder  à  ma  de- 
mande l'ont  également  beaucoup  aidé  au  point  de  vue  instrumental. 

»  On  sait  que  la  méthode  employée  ici  repose  en  principe  sur  celle  que 
j'ai  proposée  en  1869  (')  et  qui  consiste  dans  l'emploi  d'une  seconde  fente 
permettant  d'isoler  dans  le  spectre  obtenu  à  l'aide  de  la  première  une  radia- 
tion déterminée. 

M  MM.  Haie  et  Deslandres  ont  fort  habdement  appliqué  ce  principe  et, 
par  son  aide,  ont  obtenu  les  intéressants  résultats  qu'on  connaît  et  auxquels 
je  suis  heureux  d'applaudir.  A  cet  égard,  et  c'est  là  surtout  le  but  de  ces 
remarques,  je  voudrais  appeler  l'attention  sur  l'intérêt  des  comparaisons 
qu'il  y  aurait  à  faire,  pour  un  même  instant,  entre  les  photographies 
solaires  ordinaires  et  ces  photographies  spéciales  des  facules  et  des  protu- 
bérances. Ces  comparaisons  conduiraient  à  fixer  les  rapports  qui  existent 
entre  ces  diverses  manifestations  solaires. 

»  Il  y  a  là  une  voie  qui  serait  certainement  féconde  en  résidtats.    » 


(')  Comptes  rendus,  11  janvier  el  28  mais  1869. 


(     1227    ) 


ÉLECTRICITÉ.  —  De  V emploi  des  courants  triphasés  en  Radiographie. 
Note  de  M.  Delézinier,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Les  courants  triphasés,  employés  de  préférence  dans  les  secteurs  de 
construction  récente,  n'ont  pu  jusqu'à  présent  être  utilisés  en  Radio- 
graphie. En  1896,  des  vues  théoriques  ont  été  émises  sur  la  possibilité  de 
leur  emploi  à  l'aide  de  trois  bobines  actionnant  une  ampoule  à  trois  pôles. 
De  l'avis  des  principaux  constructeurs,  ce  dispositif  n'a  pas  même  été 
expérimenté.  A  la  date  du  26  septembre  1899,  il  résultait  des  expériences 
de  Radiguet  que,  si  l'on  relie  une  bobine  par  les  deux  bouts  de  son  induc- 
teur à  deux  quelconques  des  fds  d'un  triphasé,  il  ne  jaillit  pas  d'étincelles 
entre  les  pôles  de  l'induit,  mais  il  s'y  produit  une  flamme  analogue  à  celle 
de  Tesla;  l'ampoule  reiuse  de  s'éclairer,  et  si  par  le  chauffage  on  diminue 
la  raréfaction,  elle  s'éclaire  un  instant  dans  toute  son  étendue  et  se  brise. 

»  M.  Radiguet  m'ayant  confié  le  matériel  utilisé  par  lui  dans  ses  essais 
sur  le  secteur  triphasé  de  Limoges  (5o  pulsations,  120  volts),  j'ai  fait,  de 
septembre  à  décembre  1899,  des  recherches  d'où  il  résulte  que  : 

»  1°  Aucune  ampoule  placée  sur  l'induit  ne  s'éclaire  si  l'on  excite  la 
bobine  par  une  prise  sur  deux  quelconques  des  fils  d'un  triphasé.  En  dimi- 
nuant la  raréfaction,  on  voit  l'ampoule  s'éclairer  uniformément  quelques 
secondes,  puis  se  briser. 

»  2°  Des  interrupteurs  divers  (ty|)e  Foucault  ou  Neef),  mis  dans  le  pri- 
maire, refusent  de  fonctionner.  Le  Wehnelt  à  réglage  ne  prend  pas  un 
régime  régulier.  En  amenant  la  durée  d'oscillation  propre  des  interrupteurs 
au  synchronisme  avec  la  pulsation  du  secteur,  les  résultats  ne  sont  pas 
meilleurs,  même  si  le  réglage  est  fait  au  diapason  enregistreur  avec  le  signal 
Deprez.  Le  résultat  le  moins  mauvais  est  donné  par  les  interrupteurs  qui 
ont  par  construction  le  moins  de  self  et  d'hystérésis. 

))  3°  Si  l'on  interpose  un  électro  à  noyau  feuilleté,  formé  de  deux 
branches  reclilignes  à  120",  portant  deux  bobines  de  sens  inverse,  de  faible 
résistance,    dont   les  nombres  de  spires  décroissent  de   deux  tours  par 

couche  : 

»  se.  Le  Wehnelt  fonctionne  avec  nue  régularité  absolue  pendant  des 
heures.  Il  doit  avoir  pour  liquide  une  solution  saturée  d'alun  de  potas- 
sium; un  platine  à  réglage  avec  bain  d'amalgame  d'étain,  un  ajutage  en 
ébonite  ou  en  stéatite,  la  grande  électrode  creuse  en  plomb  à  courant 


(  ia-8  ) 

f  l'eau  intérieur,  la  bobine  donne  des  étincelles  nourries,  mais  jamais  la 
longue  étincelle  en  chenille  du  Wehnelt  sur  continu. 

»  p.  L'éclairage  de  l'ampoule  est  si  parfait  que  la  stroboscopie  seule  en 
montre  les  intermittences. 

))  y.  Si,  laissant  le  reste  en  l'état,  on  intervertit  les  extrémités  du  fil 
induit  par  rap|)ort  à  l'ampoule,  celle-ci  ne  s'inverse  pas.  La  zone  éclairée 
ne  se  déplace  pas,  elle  est  aussi  active  pour  les  plaques,  un  peu  moins  lu- 
mineuse pour  l'écran. 

»  S.  Les  interrupteurs  à  période  variable  fonctionnent  très  bien  quand  on 
peut  les  synchroniser  avec  la  période  du  secteur.  I^eplus  satisfaisant  est  le 
solénoïde  vertical  à  extrémité  inférieure  plongeant  dans  le  mercure.  En  le 

réglant  de  façon  que  la  portion  de  phase  utilisée  soit  -  à  ^^  ou  inversement 

on  obtient  d'excellentes  radiographies. 

»  J'ai  pu  ainsi,  avec  un  matériel  ordinaire  pour  courant  continu,  exa- 
miner et  radiographier  de  nombreux  cas  de  fractures,  oxostoses,  lésions  par 
projectiles,  lésions  pulmonaires,  cardiaques,  etc.  » 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  les  discontinuités  produites  par  la  détente 
brusque  de  gaz  comprimés.  Noie  de  M.  Paul  Yieili.e,  présentée  par 
M.  Sarrau. 

«  J'ai  étudié,  dans  de  précédentes  Communications,  la  propagation  par 
ondes  planes,  dans  un  milieu  en  repos,  de  perturbations  brusques  pro- 
duites par  la  combustion  d'explosifs,  et  montré  que  le  phénomène  de 
discontinuité  prévu  par  la  théorie  pouvait  être  mis  en  évidence,  soit  par  la 
mesure  des  vitesses  de  propagation,  soil  par  l'étude  de  la  déformation  du 
front  de  l'onde. 

»  La  méthode  d'enregistrement  des  vitesses  de  propagation  était  fondée 
sur  l'inscription  simultanée,  sur  un  même  cylindre  tournant,  de  pistons 
légers  placés  aux  extrémités  d'un  tube  fermé,  le  phénomène  excitateur 
étant  produit  au  voisinage  de  l'une  des  extrémités. 

»  La  méthode  suppose  l'onde  initiale  symétrique  :  cette  onde  peut  être 
obtenue,  sans  l'emploi  des  explosifs,  à  l'aide  de  gaz  comprimés  dans  des 
ampoules  en  verre  sphériques  du  diamètre  du  tube  et  dont  la  rupture  par 
|)uK  érisation  sous  pression  croissante  présente  une  brusquerie  très  grande. 

»  Mais  on  est  limité  dans  cette  voie,  au  point  de  vue  de  l'intensité  du 


(    '129  ) 

phénomène,  par  la  capacité  relativement  faible  de  la  sphère  inscrite  clans 
le  tube  cylindrique.  Le  coefficient  d'affaiblissement  de  l'onde  devient,  dans 
ce  cas,  considérable,  et  je  n'ai  pu  observer,  dans  des  Inbes  de  22™'",  sur 
des  parcours  de  i'"  dans  l'air  et  pour  des  pressions  de  rupture  de  5o  atmo- 
sphères, que  des  vitesses  de  430™  supérieures  de  100™  environ  à  la  vitesse 
normale  du  son. 

»  On  peut,  au  contraire,  en  partageant  un  tube  en  deux  parties  par  un 
diaphragme  dont  on  provoque  la  rupture  par  compression  lente  du  gaz 
dans  l'un  des  segments,  donner  ii  la  masse  excitatrice  une  valeur  quel- 
conque. Mais,  en  même  temps,  le  phénomène  cesse  d'être  symétrique  et 
les  mesures  de  vitesse  de  piopagation  exigent  l'enregistrement  latéral  d'un 
même  côté  du  diaphragme.  L'enregistrement  a  été  obtenu  par  des  pistons 
légers,  normaux  à  l'axe  du  tube,  et  affleurant  par  leur  base  sa  paroi  interne. 
Ces  pistons  sont  contrebutés  par  des  ressorts  dont  la  déformation  s'inscrit 
parallèlement  à  l'axe  du  tube,  sur  un  même  cylindre  tournant. 

»  On  obtient  des  diaphragmes  de  faible  masse  et  de  grande  résistance  en  utilisant 
des  lames  de  collodion.  Les  pressions  de  rupture  de  ces  lames  présentent  une  régularité 
bien  supérieure  à  celle  des  lames  de  verre  trempé  ou  non  trempé,  ou  de  clinquant 
d'acier,  que  j'avais  expérimentées  tout  d'abord.  I^a  rupture  des  diaphragmes  s'opère 
suivant  des  lignes  ravonnant  du  centre  et  régulièrement  espacées,  et  les  segments 
ainsi  formés  sont  arrachés  ou  rabattus  sur  la  paroi  du  tube  suivant  un  mode  très  favo- 
rable à  l'écoulement  rajjide  du  gaz.  Celte  rupture  s'opère  sous  le  diamètre  de  22""" 
à  27°""  absolues  pour  l'épaisseur  de  o""",  29,  et  à  14^""  pour  l'épaisseur  de  o'"™,i  i. 

»  J'ai  également  utilisé  des  diapln-agmes  en  papier,  rompant  sous  la  pression 
de  2'''""  alisolues. 

»  J'ai  étudié  tout  d'abord  comment  les  vitesses  de  propagation  dans  l'air 
variaient  avec  la  pression  de  rupture  et  quelle  était  la  loi  d'amortissement 
des  vitesses. 

»  Dans  ces  expériences,  le  diaphragme  était  voisin  de  l'un  des  fonds  du  tube  (271"'™) 
et  formait  une  chambre  de  petite  capacité,  100^"  environ.  Le  tube  avait  plus  de  6""  de 
longueur  et  recevait  en  divers  points  des  enregistreurs  identiques.  Chaque  mesure  de 
vitesse  comportait  cinq  à  six  déterminations  eflectuées  en  permutant  alternativement 
les  enregistreurs  en  vue  d'éliminer  leurs  retards  propres. 

»  Le  Tableau  suivant  résume  les  résultats  observés: 

Vitesses  moyennes  de  propagation  mesurées  entre 
Nature  Pressions  absolues  des  points  distants  du  diapliragme  de 

du  de  — ^ — ~, ■  ^ 

diapliragme.  rupUire.  o",o52  et  o"',458.     o», 458  et  i", 888.    o",458  el  4°'.oi  j. 


mni  al  m 


Collodion  0,29.  ..        27  625,4  606,4  570,5 

Collodion  0,11.  ..        16  »  540,2  » 

Papier 2  »  »  390,2 


mo- 


(    i23o  ) 

»  n  résulte  de  ces  nombres  que  la  détente  d'une  faible  masse  d'air  corn 
primé  à  27  atmosphères  suffit  à  assurer  dans  l'air  sons  la  pression  at 
sphérique  des  vitesses  de  propagation  en  tube  cylindrique  supérieures  à 
600™  et  que  ces  vitesses  se  sontiennent  sur  plusieurs  mètres  avec  le  même 
ordre  de  grandeur,  la  décroissance  de  la  vitesse  étant  de  20"  environ  par 
mètre  de  parcours  dans  les  limites  observées. 

»  Des  détentes  brusques  beaucoup  plus  faibles  assurent  encore  des 
vitesses  de  propagation  très  supérieures  à  celles  du  son.  I^es  explosifs  ne 
jouent  donc  aucun  rôle  essentiel  dans  les  phénomènes  de  propagation  à 
grande  vitesse  que  j'ai  antérieurement  signalés. 

»  En  second  lieu,  j'ai  cherché  comment  la  capacité  du  réservoir  influait 
sur  la  vitesse  de  prop;igation. 

»  A  cet  effet,  le  diaphragme  était  disposé  à  2",5o8  de  l'un  des  fonds  de  façon  dé- 
cupler environ  la  longueur  et  le  volume  de  la  chambre  à  gaz. 

»  Les  essais  ont  porté  sur  les  diaphragmes  les  plus  résistants  de  o^^jSg  avec  rupture 
à  27  atmosphères.  La  vitesse  mesurée  entre  les  points  distants  du  diaphragme  de 
o"',458  et  i™,888  a  été  trouvée  dans  six  expériences  comportant  la  permutation 
alternée  des  enregistreurs  de  608'", 9.  Elle  diffère  donc  à  peine  de  la  vitesse  de  606", 4 
obtenue  dans  des  conditions  identiques  avec  le  petit  réservoir  de  loo"'". 

))  Il  V  a  donc  lieu  de  penser  que  la  discontinuité  qui  assure  la  vitesse  de 
propagation  reste  la  même  dans  ces  divers  cas  et  que  l'infltience  de  la 
capacité  du  réservoir  s'exerce  seulement  sur  le  mode  d'alimentation  de  cette 
discontinuité. 

»  L'étude  directe  de  la  forme  de  l'onde  propagée  justifie  cette  prévision 
et  permet  de  montrer  que  la  grandeur  de  la  discontinuité  qui  assure  des 
vitesses  de  propagation  de  600'"  est,  conformément  aux  données  théo- 
riques, bien  inférieure  à  la  pression  de  27  atmosj)hères  qui  produit  la  rup- 
ture des  diaphragmes. 

»   Cette  étude  fera  l'objet  d'une  prochaine  Communication.    » 

PHYSIQUE.  —  Sur  quelques  phénomènes  que  présente  le  fer. 
Note  de  M.  Galy-Aciié,  présentée  par  M.  Sarrau. 

(i  On  sait  que  MM.  Osmond  et  Werth  ont  été  conduits,  pour  expliquer 
les  particularités  que  présente  la  trempe  des  aciers,  à  admettre  l'existence 
de  deux  variétés  allotropiques  du  fer,  le  fer  a.,  stable  à  la  température 
ordinaire,  et  le  fer  fi,  stable  aux  hautes  températures.  Nous  allons  décrire 
sommairement  quelques  expériences  qui  paraissent  venir  à  l'appui  de  cette 
manière  de  voir. 


(     .231     ) 

»  Le  fer  que  nous  avons  utilisé  est  presque  chimiquement  pur,  il  a 
notamment  été  trouvé  complètement  exempt  de  carbone  et  contient  seule- 
ment des  traces  de  phosphore. 

)>  Ce  fer  a  été  étiré  à  la  filière  en  barres  rondes  de  S"""  de  diamètre, 
dans  lesquelles  on  a  découpé  mille  cylindres  de  i3"""  de  hauteur.  Ces 
cylindres  ont  été  recuits  à  looo"  et  refroidis  dans  des  cendres  chaudes.  La 
durée  du  refroidissement  a  été  d'environ  douze  heures. 

»  Essais  effectués  à  la  presse  hydraulique.  —  Si  l'on  comprime  à  la  presse 
les  cylindres  de  fer  ainsi  obtenus  et  qu'où  construise  la  courbe  des  écra- 
sements en  fonction  des  charges,  on  constate  que  ces  cylindres  sont  très 
homogènes.  Pour  chacun  d'eux,  l'écrasement  permanent  commence  seule- 
ment sous  une  pression  voisine  de  goo'^s  correspondant  à  iS''^''  par  milli- 
mètre carré.  Cette  pression  de  iS''^  est  la  limite  élastique  du  fer  à  la  com- 
pression. 

))  Chaque  cylindre  s'écrase  d'environ  o""",  lo  sous  la  pression  constaote 
de  900''^,  donnant  lieu  ainsi  au  phénomène  connu  sous  le  nom  de  palier. 
L'écrasement  croît  ensuite  en  même  temps  que  la  charge; 

)i  Si  à  une  époque  quelconque  de  l'essai  on  laisse  tomber  la  pression  et 
qu'on  la  réapplique  aussitôt  progressivement,  on  constate  que  le  cylindre 
ne  commence  à  s'écraser  de  nouveau  que  lorsqu'on  a  atteint  la  pression 
antérieurement  supportée,  et  l'on  n'observe  plus  de  palier. 

»  Mais  si ,  au  lieu  de  réappliquer  la  pression  aussitôt  après  l'avoir  enlevée, 
on  attend  quelques  heures,  le  cylindre  pourra  supporter  sans  déformation 
une  pression  supérieure  à  la  pression  antérieurement  appliquée.  En  outre, 
le  cylindre  commencera  à  s'écraser  de  quelques  centièmes  de  millimètre 
sous  charge  constante  et  la  courbe  des  écrasements  en  fonction  des  charges 
présentera  une  amorce  de  palier. 

»  La  surélévation  de  limite  élastique  observée  croît  avec  le  temps  et 
tend  vers  une  limite  (5o''°  par  millimètre  carré,  si  la  limite  élastique  primi- 
tive était  de  43'^s). 

M  Enfin,  si  l'on  attend  six  mois  avant  de  réappliquer  la  pression, la  pres- 
sion supportée  reste  toujours  très  supérieure  à  la  pression  antérieurement 
appliquée,  et  la  longueur  du  palier  obtenu  est  comparable  à  celle  du  palier 
observé  lors  de  la  compression  initiale. 

»  Influence  de  la  vitesse  du  refroidissement.  —  Lorsqu'on  porte  un  cylindre 
de  fer  à  la  température  de  1000°  et  qu'on  le  laisse  refroidir  en  enregistrant, 
par  exemple  à  l'aide  du  couple  thermo-électrique  Le  Chatelier,  la  tempé- 
rature en  fonction  du  temps,  on  sait  que,  pour  une  temi)crature  voisine 


(    12.32    ) 

de  85o°,  on  observe  un  arrêt  clans  la  marche  du  thermomètre,  arrêt  qui 
dénote  un  dégagement  de  chaleur  correspondant  à  un  changement  d'état. 
Nous  avons  répété  cette  expérience  et  effectué,  en  outre,  les  suivantes  : 

»  Après  avoir  chauffé  un  cylindre  de  fer  à  une  température  supérieure 
à  85o°,  nous  l'avons  laissé  se  refroidir  lentement  et  nous  avons  constaté 
l'existence  d'un  palier  en  soumettant  ce  cylindre  à  l'essai  de  compression 

lente. 

»  Mais,  si  dans  les  mêmes  conditions  on  refroidit  brusquement  le  fer 
en  le  jetant  dans  l'eau  froide,  le  palier  disparaît  à  l'essai  de  compression. 
Ce  palier  réapparaît  avec  le  temps.  On  peut  hâter  sa  réapparition  en  chauf- 
fant le  cvlindre,  même  légèrement. 

»  Lorsque  le  fer  a  été  chauffé  à  une  température  inférieure  à  85o°,  le 
palier  subsiste  toujours,  quelle  que  soit  la  vitesse  du  refroidissement. 

»  Nous  devons  ajouter  que,  jusqu'à  la  température  de  1000°,  la  limite 
élastique  paraît  être  indépendante  de  la  température  à  laquelle  a  été  porté 
le  cylindre  et  de  la  vitesse  du  refroidissement. 

»  Au-dessus  de  1000",  la  limite  élastique  du  fer  refroidi  brusquement 
diminue  avec  la  température. 

»  Ces  faits  semblent  bien  montrer  cpi'il  existe  deux  variétés  allotro- 
piques du  fer  :  l'une  a,  stable  à  la  température  ordinaire  ;  l'autre  p,  stable 
aux  hautes  températures. 

»  La  variété  {i  peut  être  obtenue  à  la  température  ordinaire,  soit  par 
refroidissement  brusque,  soit  en  déformant  le  métal;  mais  le  fer  à  l'état  p 
revient  à  l'état  a,  lentement  à  la  température  ordinaire,  rapidement  si  l'on 
élève  la  température,  même  en  la  maintenant  au-dessous  du  point  de  trans- 
formation.   M 


CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  les  changements  de  volume  corrélatifs  du  durcis- 
sement des  liants  hydrauliques.  Note  de  iM.  H.  Le  Chatelier,  présentée 
par  M.  Ciirnot. 

«  Les  ciments  et,  en  général,  tous  les  liants  hydrauliques  augmenterit 
de  volume  pendant  leur  hydratation.  M.  Considère  a  montré  récemment  le 
rôle  de  ce  phénomène  dans  la  consolidation  des  poutres  en  ciment  armé. 
Pour  les  ciments  portlands  de  bonne  qualité,  le  gonflement  linéaire  est  en 
moyenne  de  —^  ;  cela  résulte  des  déterminations  concordantes  de  MM.  Tet- 
maiger,   Dyekerhof,  Considère  et  Blount.  Si  l'existence  de  ce  gonflement 


I 


I 


(    1233  ) 

est  connue  depuis  longtemps,  il  ne  paraît  pas  qu'on  se  soit  préoccupé  jus- 
qu'ici d'en  rechercher  la  cause.  On  a  admis  comme  évident  que  le  volume 
des  hydrates  formés  était  plus  grand  que  la  somme  des  volumes  de  l'eau 
et  du  ciment  anhydre.  Il  m'a  semblé  que  celte  hypothèse  méritait  d'être 
soumise  au  contrôle  de  l'expérience.  Elle  ne  s'impose  pas  nécessairement; 
il  se  pourrait  très  bien  que  le  volume  apparent  et  le  volume  absolu  varient 
en  sens  inverse  pendant  l'hydratalion.  C'est  bien  en  effet,  comme  je  vais  le 
montrer,  ce  qui  se  passe;  l'augmentation  du  volume  apparent  résulte 
d'un  déplacement  relatif  des  différentes  particules  solides.  C'est  un  phé- 
nomène analogue,  mais  sur  une  échelle  très  réduite,  à  celui  qui  se  produit 
dans  l'extinction  de  la  chaux. 

»  Pour  les  mesures  j'ai  employé  de  grands  thermomètres  de  70"^°  de  capacité  dans 
lesquels  on  introduit  par  le  vide  la  pâte  molle,  puis  au-dessus  une  certaine  quantité 
d'eau  s'arrètant  à  mi-hauteur  dans  la  tige.  On  scelle  ensuite  à  la  lampe  l'extrémité 
supérieure  de  cette  tige.  Il  ne  reste  plus  qu'à  mesurer  de  temps  en  temps  la  descente 
progressive  du  sommet  de  la  colonne  liquide.  Son  déplacement  donne  la  mesure  très 
précise  de  la  diminution  du  volume  absolu;  cette  diminution  est  d'ailleurs  accompa- 
gnée d'une  augmentation  du  volume  ajjparent  qui  finit  par  amener  la  rupture  des  ré- 
servoirs en  verre  après  un  temps  compris  généralement  entre  un  mois  et  six  mois. 

M  Le  Tableau  suivant  donne  les  résultats  d'une  série  d'expériences  com- 
mencées en  1894.  Les  contractions  sont  exprimées  en  centimètres  cubes 
et  rapportées  à  loo^''  de  matière.  Une  croix  indique  la  rupture  du  tube  par 

gonflement  apparent. 

(i  1  7  1         a         iS         j 

heures,    jour,      jours,      mois.      mois.      mois.       .ins. 
ce  ce  rc  vc  te  re  ce 

Ciment  porlland  de  Boulogae o,4  0,7  2  2,9  x 

))  (roches  grises) 0,6  1,0  3,7  4)'  4'6  ><^ 

Ciment  lent  de  Grenoble ...  1,3  (,8  3,8  8,9  x 

i>       rapide  »        1,2  1,8  2,0  2,2  2,4  3,6        X 

Chaux,  siliceuse  de  Saint-Astier 0,0  o,3  1,2  i,S  2,2  2,6       3,o 

Grappier  du  Teil 0,0  0,2  0,6  i,5  1,9  2,0       3,o 

Ciment  siliceux  de  I^uoms 0,2  0,9  2,8  3,6  4!''>  4)5       4^7 

I  p.  SiO' calcinée -)- I  p.  CaO,  H^O..  .  0,0  o,3  2,5  3,i  3,9  x 

))  On  voit  donc  que  pour  la  plupart  des  liants  hydrauliques  la  contrac- 
tion après  achèvement  du  durcissement  est  comprise  entre  4*""  et  S"". 

M  Ces  expériences  montrent  que  la  diminution  du  volume  absolu  dans 
le  durcissement  des  mortiers  est  un  fait  aussi  constant  que  l'accroissement 
de  leur  volume  apparent.  Il  n'y  a  aucune  corrélation  à  établir  entre  ces 

C.  W.,  1899,  2'  Saniestre.  (T.  GXXIX,  N-  26.;  '  ^- 


(   '^Sl  ) 
deux  ordres  de  phénomènes  dont  les  causes  sont  nécessairement  indé- 
pendantes. 

»  Une  contraction  semblable  accompagne  l'hydratation  de  la  chaux,  de 
la  magnésie  et  du  plâtre.  Je  l'ai  vérifié  par  des  expériences  directes,  mais 
un  calcul  basé  sur  les  densités  de  ces  corps  anhydres  et  hydratés  suffit 
pour  établir,  a  priori,  ce  fait.    » 


CHIMIE.  —  Sur  la  température  de  transformation  des  deux  variétés  quadra- 
tique et  orthorhombique  de  Viodure  mercurique.  Note  de  M.  D.  Gerxez. 

«  La  transformation  de  l'iodure  mercurique  rouge  quadratique  en  cris- 
taux jaunes  orlhorhombiques  sous  l'influence  de  la  chaleur  est  réversible, 
mais  le  phénomène  présente,  dans  les  deux  sens,  un  retard  :  i"  celui  que 
M.  Mallard  a  dési2;né  sous  le  nom  de  surfusion  cristalline,  qui  se  manifeste 
lorsque  l'iodure  jaune  est  lentement  refroidi  à  une  température  inférieure 
à  celle  où  la  transformation  peut  s'effectuer;  la  durée  de  ce  retard  se 
prolonge  très  longtemps,  à  l'abri  de  poussières  cristallines  de  l'autre 
forme,  car  je  conserve  des  cristaux  de  ce  genre,  restés  jaunes,  depuis  le 
24  mars  dernier;  2°  le  retard  que  j'ai  appelé  surchauffe  cristalline,  que  pré- 
sentent les  cristaux  rouges  qui  persistent  tels  à  une  température  supérieure  à 
celle  où  l'on  pourrait  les  observer  jaunes.  Ces  deux  phénomènes  expliquent 
la  diversité  des  nombres  indiqués  par  les  savants  qui  ont  observé  la  trans- 
formation de  ces  deux  variétés  d'ioclure  mercurique.  Elle  est  indiquée  par 
les  uns  (')  comme  se  produisant  vers  i5o",  par  les  autres  ( -j  vers  i3o''. 
D'autres  déterminations  plus  précises  fixent  cette  température  à  i26°('). 

»  Si  l'on  considère  que  la  présence  d'un  cristal  de  l'une  des  variétés  dé- 
termine la  formation  de  cristaux  identiques  dans  les  conditions  de  tempé- 
rature et  de  pression  où  ils  sont  la  figure  d'équilibre  stable,  on  voit  qu'il 
est  possible  de  déterminer  avec  certitude  la  température  de  la  transfor- 
mation, en  opérant  sur  une  couche  mince  d'iodure  mercurique  dont  une 
partie  est  rouge  et  l'autre  chauffée  de  manière  à  devenir  jaune,  puis  en 
mettant  le  tout  dans  un  bain  à  température  constante  et  notant  quels  sont 


(')  Oppenheim,  Dictionnaire  de  Wiirtz,  t.  Il,  V  Partie,  p.  346. 
(*)  Wyrolboff,  Bullclinde  la  Société  chimique,  3"  série,  t.  IX,  p.  216. 
(')  Gmelin,  Traité  de  Chimie;  G.-F.  Rodweli.  et  H. -M.  EuDiiit,  Praceedings  of  Ihe 
Royal  Societj,  t.  XXVIII,  p.  284. 


(  1235  ) 

les  cristaux  qui  augmentent  aux  dépens  des  autres.  Si  le  milieu  ambiant, 
est  à  une  température  inférieure  à  celle  où  la  transformation  est  possible, 
les  cristaux  rouges  envahissent  la  région  jaiuie  contigué;  s'il  est  à  une  tem- 
pérature supérieure,  les  cristaux  jaunes  se  développent  aux  dépens  des 
rouges. 

»  L'expérience  comporte  quelques  précautions  que  je  vais  indiquer  : 
I  °  il  convient  d'opérer  dans  des  tubes  de  verre  très  minces  afin  que  la  tem- 
pérature des  cristaux  qui  s'y  trouvent  soit  aussi  peu  différente  que  possible 
de  celle  du  milieu  ambiant;  i°  il  faut  de  plus  que  l'iodure  mercurique 
forme  une  couche  continue  adhérente  à  la  paroi  du  tube,  ce  que  l'on 
obtient  facilement,  lorsqu'on  opère  sous  la  pression  atmosphérique,  en 
fondant  l'iodure  dans  le  tube  ouvert,  étalant  le  liquide  sur  ses  parois 
et  refroidissant;  3°  pour  suivre  la  marche  du  phénomène  qui  est  très  lente 
dans  le  voisinage  du  point  de  transformation,  il  est  nécessaire  de  tracer 
sur  le  tube  des  traits  équidistants  qui  serviront  de  repère. 

»  Le  tube  présentant  des  régions  rouges  et  jaunes,  déterminées  par 
exemple  par  un  fd  de  platine  enroulé  en  hélice  et  qu'on  chauffe  par  un 
courant  électrique,  est  plongé  dans  un  bain  à  température  constante  et  l'on 
suit  la  marche  du  phénomène  :  elle  est  rapide  si  la  température  ne  diffère 
que  d'une  quinzaine  de  degrés  du  point  de  transformation;  elle  est  beau- 
coup plus  lente  pour  des  températures  plus  rap|)rochées  et  l'on  peut,  par 
des  essais  successifs,  reconnaître  que  le  point  tie  transformation  est  compris 
entre  deux  températures  de  plus  en  plus  voisines.  A  ii'S°  les  cristaux  rouges 
s'allongent  sur  fond  jaune  avec  une  lenteur  extrême,  à  127"  les  cristaux 
jaunes  envahissent  le  fond  rouge,  mais  avec  une  vitesse  très  faible.  La  tem- 
pérature de  transformation  est  donc  très  voisine  de  126°  sous  la  pression 
atmosphérique. 

»  Pour  ce  qui  est  de  la  température  de  transformation  des  deux  espèces 
de  cristaux  dans  le  vide,  on  peut  la  déterminer  de  la  même  manière.  Il  est 
cependant  nécessaire  de  faire  une  remarque  :  si,  eu  effet,  après  avoir  placé 
les  cristaux  rouges  dans  un  tube,  on  fait  le  vide  et  scelle  le  tube  à  la  lampe, 
puis  qu'on  essaie  de  liquéfier  l'iodure  pour  en  étaler  une  couche  sur  les  pa- 
rois, les  cristaux  se  subliment  sans  passer  par  l'état  liquide  et  vont  se  dé- 
|)oser  plus  loin  en  poussière  cristalline  à  éléments  isolés.  On  évite  cet  incon- 
vénient en  liquéfiant  l'iodure  dans  le  tube  avant  de  faire  le  vide.  On  peut 
alors  procéder  comme  nous  l'avons  indiqué  et  l'on  constate  que  la  tempé- 
rature de  transformation  est  sensiblement  la  même  que  sous  la  pression 
atmosphérique,  c'est-à-dire  voisine  de  12G". 


(   JiiG  ) 

»  Un  savant  aussi  remarquable  par  l'originalité  de  ses  vuoe  que  par 
l'importance  de  ses  découvertes,  M.  Wyrouboff  ('),  a  indiqué  que  cette 
température  de  transformation  dans  le  vide  est  seulement  ^S".  Je  vais 
expliquer  l'illusion  dont  il  a  été  victime.  Si  l'on  met  dans  un  tube  des 
cristaux  rouges  d'iodure  mercurique,  qu'on  y  raréfie  l'air  autant  que  pos- 
sible et  qu'on  ferme  le  tube,  il  se  produit,  dès  qu'on  le  chauffe,  des  vapeurs 
d'iodure.  Ces  vapeurs,  quelle  que  soit  la  température  de  leur  production, 
donnent,  comme  je  l'ai  établi  antérieurement,  lorsqu'elles  rencontrent  un 
corps  froid,  un  dépôt  de  cristaux  jaunes.  M.  Wyrouboff  chauffait  le  tube  à 
n5°,  le  retirait  du  bain  et  observait  que  la  surface  interne  était  jaune.  Ce 
dépôt  se  produisait  aussitôt  que  le  tube  se  refroidissait,  mais  ces  cristaux 
jaunes  ne  résultaient  pas  de  la  transformation  des  cristaux  rouges,  ils 
étaient  dus  à  la  condensation,  sur  la  paroi  refroidie,  de  la  vapeur  émise 
par  ces  cristaux.  On  peut  aisément  obtenir  ce  résultat,  à  toutes  les  tempé- 
ratures inférieures  ou  supérieures  à  126",  lorsqu'on  retire  le  tube  du  bain 
où  il  est  plongé.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Nouvelles  expériences  sur  l'acliviié  du  manganèse  par 
rapport  à  la  phosphorescence  du  sulfure  de  strontium.  Note  de  M.  José 

RODRIGUEZ  MoURELO  ('). 

«  Dans  une  Communication  antérieure,  j'ai  exposé  le  résultat  obtenu 
dans  la  préparation  du  sulfure  de  strontium  phosphorescent,  en  substituant, 
comme  matière  active,  le  sous-nitrate  de  bismuth  au  carbonate  de  manga- 
nèse en  très  petites  proportions.  La  phosphorescence,  toujours  intense, 
présentait,  dans  ce  cas,  une  coloration  vert  jaunâtre,  assez  claire  .  En  fai- 
sant varier  les  conditions  expérimentales,  j'ai  pratiqué  plusieurs  essais,  dont 
les  résultats  sont  consignés  dans  cette  Note. 

»  On  employa,  comme  suljstance  active,  le  suiCale  de  manganèse  pur  el  anhydre.  Ce 
corps,  d'après  les  expériences  de  M.  Lecoq  de  Boisbaudran,  mêlé  à  d'autres  sulfates, 
tels  que  ceux  de  magnésium  et  de  zinc,  et  calciné,  produit  dans  le  vide,  sous  l'in- 
fluence des  effluves  électriques,  une  phosphorescence  rougeâtre. 

»  I^our  loos''  de  SrCO'  on  employa  3o5''  de  soufre  et  oS'-,2  de  MnSO';  le  mélange 


(1)  Bulletin  de  la  Société  chimique,  3"  série,  l.  IX,  p.  291. 

{-)  Travail  fait   au   laboraloire  de  Chimie  de  l'École  centrale  des  Arts  et  Métiers 
de  Madrid. 


(  i^'37  ) 

bien  fait,  on  le  mil  dans  un  creuset  en  terre  fermé;  on  le  rouvrit,  pendant  trois 
heures,  à  la  température  du  rouge  vif.  Il  en  résulta  un  sulfure  presque  blanc,  assez 
dur  et  doué  d'une  très  intense  phosphorescence  d'un  vert  jaunâtre  clair,  excitable  par 
la  seule  exposition  de  quelques  secondes  à  la  lumière  diffuse.  A  loos''  de  SrCO^,  on 
ajouta  50"^=  d'eau,  qui  contenait  dissous  28'' de  Na'-CO^  préalablement  dépourvu  d'eau 
et  qS'',  5  de  NaCl  fondu.  On  calcina  le  mélange  après  dessiccation  et,  à  la  strontiane 
impure  résultant,  on  ajouta  SoS"'  de  soufre  et  oS"',  2  de  MnSO*.  En  soumettant  de 
même  au  feu,  on  obtint  un  sulfure  de  strontium  encore  plus  brillant  et  nécessitant 
moins  d'exposition  lumineuse  que  dans  le  cas  précédent.  On  obtint  un  efl'et  analogue 
en  mêlant  d'abord  le  MnSO'  avec  le  SrCO'  et  en  y  ajoutant  Na^CO^  et  NaCl  dissous, 
sans  modifier  autrement  le  procédé. 

»  On  peut  encore  mêler  2S'-  de  Na-CO^  desséché,  os^S  de  NaCl  et  oB'',2  de  MnSO', 
en  ajoutant  au  mélange  looS''  de  SrSO^  et  SoS''  de  soufre.  Chauffé  sans  accès  d'air,  pen- 
dant trois  heures,  à  la  température  du  blanc,  le  sulfure  de  strontium  devient  excitable 
au  plus  haut  degré,  avec  une  phosphorescence  splendide  vert  clair,  nuancée  de  jaune. 
»  Dans  une  autre  série  d'expériences,  le  procédé  employé  fut  celui-ci  :  à  lOos"' 
de  SrCO'  on  ajouta  5o''<^d'eau  qui  contenaient,  en  dissolution,  2S''  de  Na^GO^  et  os',5 
de  NaCl,  et  20™  d'eau  avec  oS"',2  de  MnSO*.  On  dessécha  le  mélange  à  85°  en  agitant 
continuellement;  il  fut  soumis  ensuite  a  la  température  de  120°,  pour  achever  la  des- 
siccation. En  y  ajoutant  3oS''  de  soufre  et  chaufl'ant  au  rouge  vif,  pendant  trois  heures, 
on  obtint  un  sulfure  de  strontium  de  magnifique  phosphorescence  vert  jaune. 

»  A  loos-'de  SrCO^on  ajouta  Sc^""  d'eau  qui  contenait  en  dissolution  oS'',2  de  MnSO'; 
on  procéda  à  la  dessiccation,  comme  plus  haut;  le  produit,  bien  mélangé  à  3o5'' de 
soufre,  fut  chauffé,  au  rouge  vif  également  pendant  trois  heures.  Il  en  résulta  un 
sulfure  de  strontium  très  phosphorescent  et  très  excitable,  mais  à  un  moindre  degré 
que  l'antérieur. 

»  On  versa  sur  ioo5''de  SrCO' 5o'^<^  d'eau  ayant  en  dissolution  28'' de  Na-CO' et  oB',5 
de  NaCl;  le  mélange,  séché  à  120°,  fut  calciné  pendant  quatre  heures  au  rouge;  la 
strontiane  résultante  fut  mêlée  à  So^''  de  soufre  et  oS"',2  de  MnSO*  bien  sec.  Chauffant 
pendant  trois  heures  au  rouge  vif,  on  obtint  un  sulfure  doué  d'une  phosphorescence 
intense  qui  persista  longtemps,  après  une  très  courte  exposition  à  la  lumière  diftuse. 
))  Avec  la  même  quantité  de  loos'-  de  SrCO^  on  mêla  So""  d'eau  où  l'on  avait  dis- 
sous o8'',2  de  MnSO^  En  faisant  la  dessiccation  et  chauffant  comme  il  est  dit,  on 
obtint  de  la  strontiane  impure;  ce  corps,  mélangé  à  aos''  de  soufre,  08'', 5  de  NaCl  et 
28"' de  Na-CO^  donna,  après  avoir  été  chauffé  au  rouge  vif  pendant  trois  heures,  un  sul- 
fure de  strontium  assez  blanc,  dur,  granuleux,  comme  le  sont  tous  ceux  de  la  série, 
et  doué  d'un  très  grand  pouvoir  phosphorescent,  que  la  plus  petite  excitation  de  la 
lumière  diffuse  fait  développer. 

»  Il  résulte  de  ces  expériences  que  le  sulfate  de  manganèse,  ainsi  que  le  carbo- 
nate de  manganèse  et  le  sous-nitrate  de  bismuth,  se  présentent  comme  activant  la 
phosphorescence  du  sulfure  de  strontium,  de  telle  sorte  que  la  luminescence  devient 
beaucoup  plus  intense,  dure  plus  longtemps  et  se  produit  après  une  moindre  exposition 
à  la  lumière  diffuse.  Les  proportions  indiquées  sont  celles  qui  ont  donné  les  meilleurs 
résultats  dans  les  nombreuses  expériences  effectuées. 


(   1238  ) 

»  Quant  à  la  comparaison  entre  les  pouvoirs  actifs  des  substances  citées, 
celle  qui  paraît  les  posséder  à  un  plus  haut  degré,  c'est  le  carbonate  de 
manganèse  fraîchement  préparé,  précipité  et  sec,  en  dehors  du  contact  de 
l'air;  puisqu'il  suffit  de  o^',  i5  pour  obtenir  sensiblement  les  mêmes  effets 
qu'avec  o"',  2  de  sulfate  de  manganèse  ou  de  sous-nitrate  de  bismuth. 

»  Il  y  a  une  différence  marquée  dans  la  couleur  de  la  phosphorescence, 
selon  que  la  matière  active  est  le  manganèse  ou  le  bismuth  ;  dans  le  pre- 
mier cas,  elle  est  vert  jaune  très  clair;  dans  le  second,  vert  bleu  bien 
défini.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  le  si/iciure  de  mo/ybdéne  ('). 
Note  de  M.  E.  Yigoirolx,  présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«  Le  molybdène,  préparé  au  four  électrique  par  le  procédé  de  M.  H. 
Moissan,  s'unit  directement  au  silicium,  comme  l'a  démontré  ce  chimiste  (-). 
Nous  avons  étudié  le  résultat  de  celte  combinaison. 

»  Du  silicium  cristallisé  a  été  niélaiigé  au  produit  obtenu  on  calcinant  au  rouge  le 
molybdate  d'ammoniaque,  masse  constituée  par  des  proportions  variables  des  deux 
oxydes  INIoO^  et  MoO'^.  On  a,  par  exemple,  fait  un  mélange  de  :  silicium  loos'';  oxyde 
de  molybdène  25o8\  Le  tout  a  été  chaufFé  dans  un  creuset  en  charbon  introduit  dans 
un  four  électrique  qu'actionnait  un  courant  d'environ  1000  ampères  et  5o  volts. 
Pendant  la  cliaulle,  le  molybdène  naissant  se  combinait  au  silicium,  la  majeure  partie 
de  la  scorie  se  volatilisait  et,  après  refroidissement,  il  restait  un  culot  d'aspect  fran- 
chement métallique.  Dans  la  plupart  des  essais,  sa  cassure  laissait  paraître  des  stries 
nombreuses  qui  indiquaient  une  cristallisation  abondante.  Pour  isoler  les  cristaux, 
on  plongeait  le  culot,  fonctionnant  comme  anode,  dans  de  l'acide  chlorhydrique  étendu, 
au  sein  duquel  baignait  également  une  lame  de  charbon  agissant  comme  cathode.  Un 
faible  courant  les  détachait  et  les  amenait  au  fond  du  vase.  Après  traitements  alternés 
et  rapides  à  l'eau  régale  et  à  la  potasse,  on  reprenait  successivement  par  l'acide  lluor- 
hydrique,  par  l'eau,  puis  on  séchait  à  l'étuve.  Ces  cristaux  étaient  un  mélange  d'un 
siliciurede  molybdène,  d'un  siliciure  de  fer  et  de  siliciure  de  carbone.  Au  moyen  du 
tungstale  de  cadmium,  on  enlevait  le  siliciure  de  carbone,  par  densité,  mais  il  n'était 
pas  possible  de  séparer  le  siliciure  de  fer.  Ce  n'est  que  par  des  essais  multiples  qu'on 
a  pu  obtenir  un  produit  à  peu  près  exempt  de  fer;  il  répondait  à  la  formule  Si^Mo^- 

M   Ce  corps,  dont  la  composition  est  analogue  à  celle  du  siliciure  de 


(  ')  Travail  fait   au  laboratoire  de  Chimie  industrielle  de  l'Université  de  Bordeaux. 
(•-)  II.  Moissan,  ComjHes  rendus,  t.  CXX,  p.  i3'2o. 


(     T23Ç)    ) 

tungstène  étudié  précédemment  ('  ),  jouit  de  ses  mêmes  propriétés.  Ainsi 
le  chlore  le  brûle  avec  inc^inclescence,  vers  3oo°,  en  formant  dn  tétra- 
chlorure de  silicium  et  du  perchlornre  de  molybdène  noir  qui  se  dépose 
dans  l'appareil. 

»  Analyse.  —  Attaque  par  le  chlore  dans  un  tube  de  Bohème  chaufFé  au  rouge  sur 
une  grille  à  gaz.  Les  chlorures  formés,  traités  par  l'acide  azotique,  puis  portés  vers 
200°,  se  transforment,  après  évaporation  de  ce  dernier,  en  un  mélange  de  silice  et 
d'acide  molvbdique.  En  reprenant  par  le  chlore,  lacide  moijbdique  est  entraîné  à  l'état 
d'oxychlorure  jaune,  la  silice  reste.  On  la  pèse.  Quant  au  composé  molybdique,  on  le 
rassemble  avec  de  l'eau  chaude  et  l'on  évapore  à  siccité,  ce  qui  a  pour  efifet  de 
redonner  de  l'acide  molybdique  avec  dégagement  d'acide  chlorhydrique.  Il  est  ensuite 
dissous  dans  l'ammoniaque  [le  fer  reste  insoluble,  on  le  dose  (-)]  et  finalement  le 
molybdate  d'ammoniaque  soluble  est  transformé  en  molybdate  de  plomb  insoluble 
que  l'on  pèse.  On  est  conduit  à  la  formule  précédente. 

»  D'autres  moyens  permettent  la  formation  de  ces  corps;  ainsi,  dans  le 
four  à  réverbère,  en  présence  de  l'hydrogène,  le  silicium  se  combine,  soit 
au  molybdène,  soit  à  ses  oxydes.  Nous  poursuivons  cette  étude.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  le  bisulfure  de  molybdène  {^).  Note  de  M.  Marcrl 
GuicHARo,  présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«  Aucune  des  préparations  indiquées  jusqu'ici  ne  permet  d'obtenir 
facilement  des  quantités  un  peu  considérables  de  bisulfure  de  molyb- 
dène pur.  Après  de  nombreux  essais,  nous  avons  trouvé  deux  préparations 
satisfaisantes,  l'une  donnant  le  bisidfnre  cristallisé,  l'autre  le  bisulfure 
amorphe. 

I)  I.  Bisulfure  cristallisé.  —  De  Schulten  (  '  )  a  obtenu  de  petites  quantités  de  bisul- 
fure en  cristaux  microscopiques  en  fondant  du  carbonate  de  potasse  avec  du  soufre, 
et  ajoutant  ensuite  peu  à  peu  de  l'anhj'dride  molybdique.  Partant  de  celte  synthèse 
minéralogique,  nous  sommes  arrivés  à  la  préparation  suivante  : 

»  On  fait  un  mélange  de  i5o5''  de  carbonate  de  potasse,  SioS"'  de  soufre  et  aooS''  de 
bioxyde  de  molybdène  obtenu  par  calcination   du  molybdate  d'ammoniaque  pur.   Ce 


(  '  )  E.  ViGOL'Rorx,  Comptes  rendus,  t.  CXXVII,  p.  SgS. 
(^)  Le  fer  est  fourni,  soit  par  le  silicium,  soit  par  le  molybdate. 
(^)  Travail  poursuivi  au  laboratoire  des  Hautes  Études  de  M.  Moissan. 
(*)  De  Schulten,  Reproduction  artificielle  de  la  molybdénite  (Bull,  de  la  Société 
miner,  de  France,  t.  XII,  p.  .545;  1889). 


mélan-e  est  maintenu  une  rlemi-heure  à  la  température  maxima  du  four  à  gaz  Perrol. 
Après  refroidissement,  le  culût,  formé  .le  polysulfure  de  potassium,  de  sulfomolybdate 
de  potassium  et  de  bisulfure,  est  repris  par  l'eau,  qui  laisse  insoluble  le  bisulfure 
cristallisé.  Le  poids  obtenu  est  de  Sos'.  ^ 

>)  Si  l'on  substitue  au  bioxyde  de  molybdène  le  molybdale  d'ammoniaque  (loos''  de 
carbonate  de  potassium,  aSos"' de  soufre  et  20os-  de  molybdale  d'ammoniaque),  le  ren- 
dement est  moins  élevé,  mais  le  sulfure  est  très  bien  cristallisé.  Nous  avons  ainsi  ob- 
tenu des  paillettes  de  i">",  de  forme  hexagonale  et  de  couleur  gris  bleu  rappelant  la 
molybdénile  naturelle.  L'analyse  de  ce  bisulfure  donne  : 

I.  II.  Calciilr. 

Molybdène 59,96  59,85  60 

Soufre 40,19  ^o 

»  Cette  préparation  donne  donc  du  bisulfure  cristallisé,  mais  elle  n'est  pas  très  avan- 
taoeuse,  parce  qu'une  partie  du  molybdène  passe  à  l'état  de  sulfomolybdate  alcalin. 

»  Bisulfure  amorphe.  —  Scheele  a  obtenu  du  bisulfure  par  l'action  du  soufre  sur 
l'anhydride  molybdique  à  haute  température.  Sranberg  et  Struve  ('),  dans  leur  mé- 
thode d'extraction  de  l'acide  molybdique  de  la  molybdénile,  obtiennent  du  bisulfure 
impur  par  laction,  au  four  à  vent,  du  soufre  sur  le  molybdale  de  potasse  impur;  ils 
purifient  le  sulfure  par  l'eau,  le  carbonate  de   potassium   et  l'acide  chlorhydrique. 

»  Pour  obtenir  facilement  le  bisulfure  amorphe  pur,  nous  opérons  de  la  façon  sui- 
vante :  ôos''  de  molybdale  d'ammoniaque  cristallisé,  pulvérisé  finement,  sont  mélangés 
avec  IO0S--  de  soufre.  Le  mélange  est  lassé  dans  un  creuset  de  terre  n°  9  placé,  avec  son 
couvercle,  dans  un  creuset  n°  iV.  L'intervalle  entre  les  deux  creusets  est  rempli  de 
noir  de  fumée.  On  chaufle  le  tout  au  rouge  dans  un  four  Perrol  pendant  une  heure. 

»  Le  sulfure  ainsi  produit  renferme  encore  une  très  petite  quantité  d'oxygène,  ainsi 
que  le  montre  son  analyse  :  molybdène  pour  100,  60,21;  soufre,  87,69;  calculé  60  et 
40.  On  le  mélange  de  nouveau  avec  son  poids  de  soufre,  et  on  le  chauffe  une  seconde 
fois  dans  les  mêmes  conditions  ;  on  obtient  alors  le  bisulfure  parfaitement  pur.  L'analyse 

donne  : 

I.  II.  Calculé. 

Molybdène 59,70  60,01  60,0 

Soufre 4o,53  4o,o 

»  Dans  cette  préparation,  la  totalité  du  molybdène  est  transformée  en  sulfure  gris 
pulvérulent. 

»  Si  l'on  remplace  le  molybdale  d'ammoniaque  par  le  bioxyde  de  molybdène,  on 
n'arrive  pas  à  la  sulfuration  complète. 

»  Nous  avons  employé,  pour  les  analyses,  la  méthode  de  séparation 
suivante,  applicable  à  tous  les  sulfures  de  molybdène  : 

»  Le  sulfure  est  attaqué  par  l'acide  azotique  ou  par  fusion  avec  l'azotate  de  potasse 

(')  Sranberg  et  Struve,  Sur  quelques  combinaisons  du   molybdène  et  sur  son 
poids  atomique  {Journ.  fiir pralxt.  Chemie,  t.  XLIV,  p.  257;  1848). 


(     T2'|t     ) 

et  le  carbonate  de  soude.  Après  attaque,  on  chasse  l'acide  azoti([iie  par  évaporation 
avec  l'acide  chlorhyJriqiie.  On  précipite  ensuite  l'acide  sulfuriqiie  par  le  clilorure  de 
baryum  en  solution  chlorliydrique. 

»  L'acide  molybdique  reste  en  solution;  on  élimine  ensuite  l'excès  de  chlorure  de 
baryum  par  le  moins  possible  d'acide  suifurique,  puis,  après  filtration,  on  additionne 
la  liqueur  d'acétate  d'ammoniaque  en  excès  et  l'on  précipite  le  molybdène  par  l'acétate 
de  plomb  à  chaud.  L'acétate  d'ammoniaque  empêche  toute  précipitation  de  chlorure 
ou  de  sulfate  de  plomb.  La  densité  du  bisulfure  cristallisé  a  été  trouvée  égale  à  4'8o: 
celle  du  bisulfure  amorphe  est  de  4,88,  à  10°. 

»  Nous  avons  repris  l'étiule  de  quelques  propriétés  cliimiques  du  bisul- 
fure de  molybdène. 

»  Le  soufre  sous  forme  de  dissolution,  dans  le  sidfhydrate  ou  le  chlorure 
de  soufre,  n'agit  pas  en  tube  scellé. 

)'  Le  |)hosphore  est  également  sans  action  à  la  température  de  ramollisse- 
ment du  verre.  Von  den  Pfordten  (')  a  montré  que  le  bisulfure  chauffé 
fortement  dans  un  courant  d'hydrogène  sec  est  complètement  transformé 
en  métal.  Nous  avons  cherché  si,  par  l'action  ménagée  de  l'hydrogène  sec, 
il  était  possible  d'obtenir  un  sous-sulfure  avant  d'arriver  au  métal.  L'hy- 
drogène commence  à  agir  sur  le  bisulfure  cristallisé  un  peu  avant  le  rouge. 
La  réduction  est  encore  très  lente  un  peu  au-dessous  du  point  de  ramol- 
lissement du  verre.  En  trente  heures,  os^isS  de  bisulfure  ont  perdu,  peu 
à  peu,  23,20  pour  100  du  poids  primitif.  Or  le  bisulfure,  en  se  transfor- 
mant en  sesquisulfiu'e  ou  en  protosulfure,  cloit  perdre  10  pour  100  de  son 
pnidsdans  un  cas  et  20  pour  100  dans  l'autre;  il  semble  donc  que,  à  la  plus 
basse  température  à  laquelle  la  réduction  par  l'hydrogène  comnaence  à 
être  sensible,  cette  action  se  poursuive  peu  à  peu  jusqu'au  métal,  sans 
s'arrêtera  lui  sous-sulfure. 

))  L'action  de  la  chaleur  est  intéressante.  Nous  avons  montré  en  i8q6 
que  la  molybdénite  naturelle,  qui  est  du  bisulfure  prssque  pur,  pouvait 
perdre  la  totalité  de  son  soufre  à  la  température  de  l'arc  électrique  pour 
donner  du  métal  (-). 

»  En  reprenant  l'étude  de  celte  action,  sur  le  bisulfure  pur  préparé  par 
les  méthodes  décrites  dans  celte  Note,  nous  avons  pu  isoler  un  sulfure 


(')  Von  DEN  Pfordten,  Réduction  du  sulfure  de  molybdène  {Berichle,  t.  XVII, 
p.  781;  i885). 

(-)  GuiCHARD,  Sur  la  molybdénite  et  la  préparation  du  molybdène  {Comptes 
rendus,  t.  CXXII,  p.  1270;  1896). 

C.  R.,  1899,  2-  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  26.)  l63 


(    1242    ) 

intermédiaire,  le  sesquisulfure  de  molybdène  cristallisé.  Ce  nouveau  sul- 
fure  sera  décrit  dans  une  prochaine  Communication.  >. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  -  Action  de  l'acide  nitreux  sur-la  leucohase  C*'H=' Az^ 
Note  de  M.  A.  ïrillat,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  On  sait  que  la  diméthylaniline  ne  donne  avec  l'acide  nitreux  qu'un 
dérivé  en  position  para 

AzQ/        \az(CH')S 

et  que  toutes  les  tentatives  faites  pour  obtenir  une  fixation  du  résidu 
nitreux  en  position  ortho  ou  meta  ont  donné  des  résultats  négatifs. 

»  Il  était  donc  intéressant  de  se  rendre  compte  de  l'action  de  l'acide 
nitreux  sur  une  base  de  la  forme 


CH.CH'< 


dans  laquelle  les  deux  positions  para  des  deux   molécules  de  diméthyl- 
aniline se  trouvent  occupées. 

»  Si  l'on  fait  agir  l'acide  nitreux  sur  une  dissolution  acidulée  de  cette 
base,  il  se  produit  une  réaction  extrêmement  vive.  Pour  étudier  convena- 
blement l'action  de  l'acide  nitreux,  j'ai  opéré  de  la  manière  suivante  : 

»  On  dissout  lo?"'  de  la  leucobase  dans  iSs''  d'acide  chlorhydrique  pur  à  3o  pour  loo 
additionné  de  SoS"'  d'eau.  On  refroidit  le  liquide  dans  un  mélange  de  glace  et  de  sel 
marin  jusqu'à  environ  —8°  et  l'on  ajoute  peu  à  peu  une  dissolution  de  ô^' de  nitrite  de 
■  soude  dans  lo''"  d'eau.  Il  se  forme  bientôt  un  dépôt  cristallin  :  on  ne  perçoit  pas  pen- 
dant la  réaction  l'odeur  d'aldéhyde  acétique.  Après  deux,  heures  de  contact,  on  filtre 
et  l'on  essore  le  précipité  à  la  trompe  :  on  le  fait  ensuite  cristalliser  dans  la  plus  petite 
quantité  possible  d'alcool  bouillant.  On  peut  encore  obtenir  des  cristaux  en  reprenant 
les  eaux-mères  et  en  les  additionnant  à  froid  d'une  petite  quantité  de  uitrite  de  soude. 

))  La  combinaison  résultant  de  l'action  de  l'acide  nitreux  sur  la  base  se 
présente  sous  la  forme  de  belles  aiguilles  jaunes  pouvant  atteindre  plu- 
sieurs centimètres  de  longueur  et  dont  le  point  de  fusion  est  de  i63°-i64°. 


(  '243  ) 

Elles  sont  soliibles  à  chaud  dans  l'acide  acétique,   l'acide  chlorhydrique, 
l'alcool,  et  insolubles  dans  l'eau. 

»  Analyse.  —  o^^,  1673  de  substance  ont  donné  2^"'^  d'azote  à  1 1°  sous  la 
pression  de  762™™,  soit  17,4  pour  100.  Cette  quantité  d'azote  est  théori- 
quement différente  de  celle  qui  est  fournie  par  le  composé 

CH.CH'[C''H'(AzO)2Az(CH^)-]- 

ou  d'autres  corps  analogues. 

»  D'autre  part,  la  combinaison  obtenue  ne  donne  pas  d'une  manière  gé- 
nérale les  réactions  caractéristiques  des  dérivées  nitrosés  :  le  traitement 
avec  ses  dérivés  phénoliques  appropriés  n'a  fourni  aucune  matière  colo- 
rante. 

»  Par  contre,  en  réduisant  le  corps  par  l'acide  chlorhydrique  et  le  zinc 
en  poudre  j'ai  obtenu  les  caractères  analytiques  des  diamines.  J'ai  donc 
été  amené  ainsi  à  le  comparer  avec  des  dérivés  niLrés  et  finalement  j'ai  pu 
l'identifier  avec  la  paranitrodiméthylaniline  : 

Az02(^         \Az(CH3)2. 

»  Ce  dérivé  nitré  a  été  obtenu  par  Grall,  Jaubert  et  divers  auteurs  qui 
lui  ont  donné  comme  point  de  fusion  i62"-i63'^  (trouvé  :  i63'^-i64°)-  La 
quantité  théorique  d'azote  étant  16,87  pour  100  (trouvé:  17,4  pour  100). 

»  L'action  de  l'acide  nitreux  sur  le  dérivé  dissymétrique  ou  tétraméthyl- 
diamidodiphényléthane  a  donc  eu  pour  résultat  de  scinder  la  molécule  de 
la  combinaison  : 


/'        ^Kz{C\\^y- 


CH.CH'( 


'(^      •^Az(ap)» 


en  donnant  au  moins  une  molécule  de  paranitrodiméthylaniline. 

»  Ces  résultats  confirment  d'ailleurs  ceux  qui  ont  été  antérieurement 
obtenus  en  prenant  comme  point  de  départ  la  leucobase  dérivée  du  mé- 
thane. 

»  La  formation  de  dérivés  nitréspar  l'action  de  l'acide  nitreux  est  assez 
rare  pour  mériter  d'être  signalée.  Elle  peut  expliquer  le  rôle  de  l'acide 
nitreux  dans  certains  cas.  » 


(  1244  ) 

CHIMIE  GÉNÉRALK.   —  Chaleur  de  neutralisation  et  acidimétrie  de  l'acide 
cacodylique.  Nolede  M.  Henri  Imbert,  présentée  par  JM.  HenriMoissan. 

»  Le  24  juillet  1H99  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  déposer  à  l'Académie  un 
pli  cacheté  sous  le  n"  6131  se  rapportant  à  la  question  dont  je  vais  parler. 
Ce  travail  a  été  entrepris  comme  suite  à  une  étude  que  j'avais  fait  faire  sur 
les  acides  alcoylphosphoriques.  Je  rappellerai  que  les  acides  monoalcovl- 
phosphoriques  (')  se  conduisent  comme  monohasiques  à  l'hélianthine  et 
bibasiques  à  la  phtaléine  du  phénol.  Il  semble  donc  que  des  trois  fonctions 
acides  différentes,  qui  existent  dans  l'acide  jjhosphoriqne,  les  deux  fonc- 
tions, acide  fort  et  acide  faible,  persistent  après  éthérification.  Ces  deux 
fonctions  sont  au  reste  accusées  par  des  valeurs  différentes  des  chaleurs 
de  neutralisation. 

»  Au  contraire,  les  acides  dialcoyiphosphoriques  sont  monobasiques 
à  l'hélianthine  et  à  la  phtaléine,  résultats  encore  d'accord  avec  les  données 
tliermochimiques. 

))  Il  était  donc  intéressant  de  savoir  comment  se  conduiraient  les  acides 
phosphiniques  et  arsiniques,  qui^diffèrent  des  acides  phosphorique  etarsé- 
nique  par  la  substitution  de  radicaux  bydrocarbonés  monov^alents  à  un 
ou  deux  oxliydriles  et  des  acides  alcoylphosj)horiques  par  un  ou  deux 
atomes  d'oxygène  en  moins  : 


/OH 

PhO-OH 

\0H 

/OH 

AsO— 011 

\0H 

/OH 
PhO-OH 
\R 

/OH 
AsO-OH 
\R 

/OH 
PhO— R 
\R 

/OH 
AsO-R 
\R 

V.  phospliiniquc 
monosubslituc. 

A.  arsinique 
monosubslituc. 

A.  phosphinique 

tlisubsliLué. 

A.  aisinique 
disubsliLué. 

/OH 

PhO-OH 

\0R 

,  011 

PhO-OR 

.\0R 

A.  uionoalcojlphosphorique.  \.  dialcoylphospliuiique. 

»  C'est  pour  atteindre  ce  but  que  je  me  suis  occupé  de  l'acide  cacody- 


(')  G.  Rellgou,  De  quelques  propriétés  des  acides  alcoylpliosphoriqucs.  Impri- 
uierie  du  Midi,  1897. 


(     I2V'    ) 

lique,  acide  diméthylarsinique,  que  le  commerce  livre  aujourd'hui  pour 
les  usages  pharmaceutiques  dans  un  état  de  très  grande  pureté.  Cet 
acide  doit  contenir  théoriquement  54,34  pour  loo  d'arsenic. 

»  J'ai,  par  un  dosage  préalable,  établi  que  l'échantillon  que  je  possédais 
était  bien  |)ur. 

»  Pour  cela,  j'en  ai  pris  un  poids  déterminé  et  je  l'ai  calciné  dans  une  capsule  en 
argent  avec  de  la  potasse  et  du  nitrate  de  potasse.  Le  résidu,  repris  par  l'eau  et  neutra- 
lisé par  l'addition  d'acide,  a  servi  à  précipiter  l'acide  arsénique  formé  à  l'état  d'arséniate 
ammoniaco-maguésien.  Celui-ci  a  été  recueilli  avec  les  précautions  habituelles  et  trans- 
formé par  la  calcination  en  pyroarséniate  de  magnésium.  Du  poids  de  ce  dernier  j'ai 
déduit  la  quantité  d'arsenic.  J'ai  pu  établir  ainsi  que  l'acide  dont  je  disposais  con- 
tenait 53,95  pour  100  d'arsenic.  Si  Ton  efl'cctue  la  calcination  de  l'acide  en  présence 
de  potasse  seulement  les  résultats  sont  un  peu  plus  faibles,  et  l'on  perçoit  d'ailleurs 
pendant  l'opération  une  odeur  alliacée,  indices  de  pertes  par  volatilisation. 

»  Un  poids  déterminé  de  ce  même  acide  cacodjlique  pur  a  été  alors  dissous  dans 
l'eau.  J'ai  constaté  que  la  solution  était  sensiblement  neutre  à  l'hélianthine,  mais 
acide  à  la  phtaléine  du  phénol,  et  de  la  quantité  de  potasse  nécessaire  pour  la  neutra- 
lisation à  ce  dernier  réactif. 

»  J'ai  pu  déduire  la  quantité  d'arsenic  que  contenait  pour  loo  mon  échantillon. 
J'ai  ainsi  trou\é  54,37  pour  100  de  As,  en  supposant  qu'une  molécule  dépotasse  cor- 

,  OH 
responde  à  une  molécule  de  AsO— CH'.  Cet  acide  est  donc  bien  neutre  à  riiélianlhiue 

\CH^ 
et  monobasique  à  la  phtaléine.   De  plus,  la  solution  ne  précipitait  ni  par  le  nitromo- 
lybdate  d'ammoniaque  ni  par  la  mixture  ammoniaco-magnésienne. 

»  Inversement,  une  molécule  de  cacodylate,  en  solution,  alcalin  à  l'hélianthine 
deviendra  neutre  à  ce  réactif  lorsqu'on  aura  ajouté  une  molécule  d'acide  monobasique. 
Ces  expériences  m'ont  permis  d'indiquer  ('),  en  collaboration  avec  M.  A.  Astruc,  un 
procédé  de  dosage  volumétrique  des  cacodylates. 

»   J'ai  déterminé  ensuite  les  chaleurs  de  neutralisation  de  l'acide. 

»  Pour  cela,  178s''  (i  mol.)  du  corps  ont  été  dissous  dans  2"'  d'eau.  L'expérience 
calorimétrique  a  été  faite  avec  200"  de  ce  liquide  auquel  on  a  ajouté  aoo"=  d'une  solu- 
tion de  soude  à  4o8''  (i  mol.)  pour  2'". 

»  Dans  deux  expériences  successives  les  chaleurs  de  neutralisation  ont  été  trouvées 
égales  à  14*^"', 09  et  14*^^',  12. 

»  En  faisant  agir  200'^"  de  solution  de  soude  sur  le  liquide  provenant  des  opérations 
précédentes,  la  quantité  de  chaleur  dégagée  rapportée  à  une  molécule  de  sel  et  une 
molécule  de  base  a  été  de  o'^''',3o. 

»  Ces  données  conHrment  la  monobasicité  de  l'acide  comme  les  essais 
(')  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  6'-'  série,  t.  X,  p.  092. 


(  1246  ) 
acidimétriques.  Elles  sont  de  plus  comparables  à  celles  que  M.  Belugou 
d'une  part  et  M.  Cavalié  d'autre  part  ont  établies  pour  l'action  de  la  soude 
sur  les  mono-alcoyipliosphates  monométalliques.  Dans  ce  cas  la  chaleur  de 
neutralisation  a  varié  de  j4^''',i  pour  lemonométhylphosphate  monosodique 
à  iS'^^'jT  pour  le  monoglycérophosphate  monosodique,  tous  sels  neutres  à 
l'hélianthine,  raonobasiques  à  la  phtaléine. 

))  L'acide  cacodylique  est  donc  un  acide  monobasique  faible,  et  comme 
il  diffère  en  réalité  de  l'acide  diméthylphosphorique  non  seulement  par  la 
substitution  de  l'arsenic  au  phosphore,  mais  encore  par  deux  atomes 
d'oxygène  en  moins,  on  voit  que  la  présence  ou  l'absence  de  l'oxygène 
dans  la  molécule  fait  augmenter  ou  diminuer  d'un  degré  l'énergie  de  la 
fonction  acide,  puisque  les  acides  dialcoylphosphoriques  sont  des  acides 
forts  neutralisables  par  la  même  quantité  de  base  à  l'hélianthine  et  à  la 
phtaléine.  » 

CHIMIE.  —  Sur  l'hydrate  de  hioxyde  de  sodium  et  la  préparation  de  l'eau 
oxygénée.  Note  de  M.  de  Foucrand. 

«  J'ai  indiqué  précédemment  (')  que,  d'a|)rès  mes  expériences,  et  en 
prenant  pour  base  les  données  de  M.  Joannis  :  Na  sol.  •+-  Aq.  =  +  4-*^^'>4o, 
on  aurait  pour  la  chaleur  de  formation  des  deux  principaux  oxydes  de 

sodium  : 

Na^-H-O  =Na^O SgC-^gSS 

Na^+O^^Na^O^ 117c»!, 69 

soit  une  différence  de  27^^',755  pour  passer  de  Na-0  à  Na-0*. 

»  Dans  son  étude  du  bioxyde  de  sodium,  Vernon  Harcourt  (-)  a  signalé 
un  hydrate  cristallisé  Na"0-+  8IP0,  qui  se  formerait  par  évaporation 
lente  des  solutions  aqueuses  de  Na^O'.  J'ai  cru  devoir  reprendre  l'étude 
de  cet  hydrate. 

»  I.  L'évaporalion  lente  de  ces  solutions  ne  donne  que  très  peu  de 
ces  cristaux,  et  il  doit  en  être  ainsi.  En  effet,  elles  ne  constituent  pas  un 
état  stable;  elles  dégagent  dès  le  début  et  continuellement  de  l'oxygène, 
formant  une  dose  croissante  de  NaOH  dissous,  laquelle  accélère  la  décom- 
position. 

»  On  obtient  des  rendements  bien  meilleurs  en  faisant  une  solution 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  p.  lôig. 

(-)  Chein.  Soc.  Quart.  Journ.,  t.  XV,  p.  276. 


(  1247  ) 

concentrée  de  Na'O^  Les  proportions  les  plus  convenables  sont  i  partie 
de  Na-0'  pour  4  parties  d'eau.  Partant  de  o",  on  s'arrange  de  manière 
que  la  température  s'élève  vers  4»°  (au-dessus  de  40"^,  il  y  ain-ait  décom- 
position rapide  avec  effervescence).  La  liqueur  est  alors  parfaitement  lim- 
pide. On  la  fait  refroidir  rapidement  vers  0°.  Il  se  forme  aussitôt  des  cris- 
taux très  abondants.  Ce  sont  de  petites  écailles  nacrées,  qui  ont  un  peu 
l'aspect  de  l'acide  borique.  On  les  sépare  de  l'eau  chargée  de  NaOH,  par 
des  plaques  poreuses  sous  cloche,  et,  finalement,  par  l'action  de  feuilles 
de  papier  poreux,  sous  pression  et  toujours  sous  cloche. 
))  Néanmoins  je  n'ai  pu  arriver  exactement  à  la  composition 

Na*0='  +  8H^0; 

toutes  les  analyses  que  j'ai  faites  correspondant  à  des  degrés  d'hydratation 
qui  varient  de  8,5  à  gli'O.  Il  est  d'ailleurs  impossible  de  dessécher  par  des 
déshydratants  sous  cloche,  un  hydrate  inférieur  pouvant  alors  se  former. 
Mais  comme  les  échantillons  que  j'ai  préparés  formaient  bien,  par  l'action 
de  H  Cl  dissous,  la  quantité  d'eau  oxygénée  prévue  par  le  dosage  de  Na,  on 
peut  conclure  qu'ils  étaient  formés  par  l'hydrate  Na-O^-h  8H-0  retenant 
en  plus  de  0,5  à  I  de  H'O,  soit  de  4  à  7  pour  100  d'eau. 

»  A  première  vue,  ces  cristaux  paraissent  très  stables  ;  du  moins  j'ai  pu 
les  conserver  pendant  plusieurs  semaines  sans  altération,  aux  températures 
actuelles  de  l'hiver.  En  été  (au-dessus  de  +  3o°)  j'ai  vu  un  échantillon 
fondre  dans  son  eau  de  cristallisation,  avec  effervescence  d'oxygène. 

»  IL  J'ai  déterminé  la  chaleur  de  dissolution  de  cet  hydrate. 

»  D'abord  dans  l'eau,  directement.  On  trouve  —  14^''',  868,  vers  -t-  12°, 
dans  4"',  pour  une  molécule  de  Na-0-  +  8H-0.  (Expérience  I.) 

»  La  liqueuradditionnée  immédiatement  de  la  quantité  de  HCl(36s'', 5  =  2'") 
nécessairepour  neutraliser,  adonné  -+-  22^"',  792  pour  Na".  (Expérience  IL) 

»  Enfin,  j'ai  dissous  les  cristaux  dans  la  quantité  équivalente  de  HCl 
étendu,  ce  qui  a  fourni  -l-  7*^^', 729  pour  Na-0,  8H-0.  (Expérience  III.) 

»   Voici  les  conséquences  qui  me  paraissent  se  dégager  de  ces  essais  : 

))   m.   Connaissant  la  chaleur  dégagée  dans  les  deux  réactions  : 

Na^O-solide  +  2HCI  dissous  =  2  NaCl  dissous -f- H^O^  dissous -h4i,8io 

Na-  O- ,  8  H'^  O  solide  +  2  H  Cl  dissous  =  2  NaCl  dissous  -t-  H-  0==  dissous -h  7 ,  729 

on  a,  par  différence,  la  chaleur  de  formation  de  l'hydrate  : 

+  34c»', 081  pour  SH^O  liquide 

OU 

+  22<'''',64i  pour  8H-0  solide, 


(    I2/i8    ) 

£oil   pour   chaque  molécule    de   H-0,   liquide  ou   solide,    -4- 4*^*',  26  ou 
+  2C''',83. 

)>  Ces  nombres  sont  remarquablement  élevés;  ils  indiquent  une  grande 
stabilité  de  l'hydrate.  Comme  combinaison  analogue,  on  peut  citer 
j5aO''-{- ioH-0  qui  fournirait  seulement  H-iS'^^'.a  ou  -+-3^"', g  poiu' 
ioH-0,  soit  -+-i^^',82  0u  -+-  o^^'.agpourH^O. 

»  La  stabilité  de  cet  hydrate  fait  qu'il  est  d'un  emploi  très  commode 
pour  préparer  l'eau  oxygénée.  En  dissolvant  28 1^''  de  cristaux  de  composi- 
tion Na-0-  +  8,5K^O  dans  deux  molécules  d'acide  chlorhydrique  assez 
concentré  (36^'',  5  =  uoo<"'=),  on  obtient  aussitôt,  et  sans  dégagement  de 
gaz,  de  l'eau  oxygénée  neutre  et  limpide  à  19'^'''  ou  20™'. 

»  Avec  de  l'acide  à  36°'',  5  =  100'^'=  on  l'aurait  à  3o  volumes.  La  tempé- 
rature s'élève  très  peu,  a  cause  de  la  grande  chaleur  de  formation  de  l'hy- 
drate et  de  la  chaleur  de  fusion  des  8  molécules  d'eau.  Il  est  vrai  que 
NaCl  reste  dissous,  mais  il  est  sans  inconvénients  dans  presque  tous  les 
cas  ('). 

»    IV.   On  sait  que  la  neutralisation  du  Na^O  diss.  par  2HCI  diss.  donne 
-H  28^=', 4o.  Si  donc  la  dissolution  dans  l'eau  de  l'hydrate  Na^O'-t-  8H^0 
devait  se  formuler 
(Na^îO^  +  8 H- O)  +  Aq  =  Na=  O  diss.  +  H^ 0==  diss.  (sans  combinaison), 
l'expérience  II  aurait  dû  donner  -|-  27^"', /jo  et  non  pas  -f-  22^"',  792. 

))  La  diflérence  4- 4^^', 608  représente  donc  l'action  spéciale  de  H"  O"  diss. 
surNa^O  diss.,  laquelle  donne  probablement  Na'O"  diss.  et  de  l'eau. 

«  D'ailleurs  la  dissolution  dans  l'eau  de  Na-0-+8H'0  fournit  — i4C''',8G8, 
nombre  assez  voisin  de  la. chaleur  de  fusion  des  811- O  (—  11^"', 44).  Il  est 
donc  vraisemblable  que  Na-0^  reste  dissous  à  l'état  de  bioxvde. 

»  On  peut  encore  évaluer  la  valeur  thermique  de  l'action  de  Na^O  diss. 
sur  H-0*  diss.  de  deux  autres  manières  : 

>)  1"  Par  mesure  directe,  en  ajoutant  H-Q-  diss.  à  Na-0  diss.;  j'ai 
trouvé  aussi  +  4^"',  727  ; 

»   1°  Par  le  raisonnement  suivant  : 

>i  La  dissolution  de Na=0^  anhydre  dans  2  H  Cl  diss.  dégage  -+- 4iC='i,8io. 
Dans  l'eau  elle  donnerait  donc  -f-  4i^'",8io  —  27^^1,400,  soit  -f-  i4C--'i,4io, 
si  elle  fournissait  Na-0  diss.  et  H-0-  diss.  sans  combinaison. 


(•)  La  présence  de  NaCl  active  bien  un  peu  la  décomposition  de  l'eau  oxvîjénée, 
mais  cette  action  est  très  peu  sensible.  D'ailleurs,  la  préparation  est  si  simple  que  l'on 
peut  faire  la  dissolution  peu  de  temps  avant  l'emploi  en  se  servant  d'une  provision  de 
cristaux  qui,  eux,  ne  s'altèrent  pas  aux  températures  ordinaires. 


(  1249  ) 
»  D'autre  part,  la  dissolution  de  Na^O",  8H^0  dans  l'eau  fournit 
—  14*^"',  868.  La  différence  avec  -h  i4^^',4ioest  de  +  29^^="',  274.  Cependant 
la  chaleur  dégagée  par  la  fixation  de  8H-0  liq.  est  4-  34'^'''»o8i.  La  diffé- 
rence entre  +34^^',  081  et  +  29^^',  274  est  de  4-4'^'''.8o3  qui  représente 
encore  la  réaction 

Na^Odiss.  h- H=*0='diss.  =  Na=0'diss. 

)i   On  peut  prendre  la  moyenne  4-  4^"'>  ;i3. 

)i   V.  Enfin  la  réaction  précédente  peut  se  décomposer  en  deux  phases  : 

»  Décomposition  de  H-'O' diss.  en  H^Oliq. +  0  gaz.,  ce  qui  dégage 
+  21*^''',  700,  et  fixation  de  O  libre  sur  Na'O  diss.  ; 

»  Et  puisque  la  somme  dégage  +4^'''.7i3,  on  a,  pour  celte  dernière 
réaction,  — 16'^^\987. 

»  Ainsi,  tandis  que  l'état  stable  est,  pour  les  corps  solides,  JNa-0-,  un 
atome  d'oxygène  libre  fixé  sur  Na-0  solide  dégageant  +  27^''',  755,  l'état 
stable,  pour  les  corps  dissous,  est  au  contraire  Na^O  4-  O,  la  fixation  de  O 
sur  Na-0  diss.  absorbant  16*^"',  987.   » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  sesqidchlorures  de  rhodium  et  d'iridium 
anhydres  (  '  ).  Note  de  M.  E.  Leidié,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Les  difficultés  que  l'on  rencontre  dans  la  préparation  des  sesqui- 
chlorures  anhydres  de  rhodium  Rh-Cl"  et  d'iridium  Ir-Cl",  par  l'action 
directe  du  chlore  sur  le  métal  chauffé,  ont  conduit  à  chercher  pour  ces 
préparations  des  méthodes  indirectes.  Celles  que  je  viens  exposer  sont, 
ou  nouvelles,  ou  réalisées  dans  des  conditions  d'exactitude  que  n'offraient 
pas  les  anciennes. 

»  L  Sesquichtorure  de  rhodium  Rh-Cl".  —  Les  sesquichlorures  doubles 
hydratés  Rh-Cl%6NaCl,i8H=OetRh=Cl%6RCl,3H=0,  chauffés  progressi- 
vement dans  un  courant  de  gaz  acide  chlorhydrique  sec,  perdent  leur  eau  de 
cristallisation  sans  formation  de  sesquioxyde,  et  se  transforment  lentement 
à  36o",  rapidement  à  440°,  en  chlorure  alcalin  qu'on  peut  enlever  par  des 
lavages  à  l'eau,  et  en  sesquichlorure  anhydre  et  insoluble  Rh-CI^;  le  chlo- 
rure Rh-Cl°,6AzH'CI,3H-0  donne  lieu  à  des  réactions  secondaires  dues 
sans  doute  à  la  formation  de  bases  purpuréorhodiques  et  ne  peut  être 
employé. 


(')  Travail  effectué  au  Laboratoire  de  Chimie  de  l'École  Normale  supérieure. 
C.  R.,  1899,  2»  Semestre.  (T.  CXXIX,  N»  26.)  l64 


(  r'-'5o  ) 
,,  La  préparation  du  chlorure  Rh^Cl"  est  pratiquement  plus  facile  à 
réaliser  si  l'on  chauffe  à  44o°  dans  un  courant  de  chlore  pur  et  sec  l'un 
des  trois  chlorures  doubles  de  potassium,  de  sodium  ou  d'ammonium  que 
l'on  a  préalablement  desséchés  à  ioo°-io5°;  on  les  laisse  refroidir  dans  un 
courant  de  chlore  que  l'on  chasse  ensuite  par  de  l'anhydride  carbonique 

sec. 

»  Dans  le  cas  des  deux  premiers,  on  sépare  par  des  lavages  à  l'eau  le 
chlorure  alcalin,  et  le  résidu  séché  à  io5"-i  fO°  représente  le  sesquichlorure 
Rh-Cl".  Mais,  comme  il  y  a  toujours  lieu  de  craindre  que  ce  corps,  qui  est 
très  poreux,  ne  retienne  des  traces  de  chlorure  alcalin,  il  est  toujours  pré- 
férable d'avoir  recours  à  la  décomposition  du  sesquichlorure  double 
Rh^Cl",6AzH*C!  qui  donne  directement  le  sesquichlorure  RIkCI". 

»  Ces  procédés  nécessitent  la  préparation  préalable  des  sels  cristallisés;  car,  si  un 
excès  de  chlorure  d'ammonium  ne  peut  que  rendre  l'opération  plus  longue,  un  excès 
de  IvCl  ou  de  NaCl  peut,  suivant  les  proportions,  entraver  ou  empêcher  complètement 
cette  dissociation  de  la  molécule  double.  On  sait,  en  effet,  que  la  préparation  du  sel 
double  Rh-Cl«,6NaCl  s'effeclue  en  faisant  réagir  Cl  au  rouge  sombre  sur  un  mélange 
de  Rh  et  de  NaCl  employé  en  excès.  On  peut  même,  en  chauffant  jusqu'au  point  de 
fusion  de  NaCl,  le  sesquichlorure  Rh-Cl^  avec  cinq  à  six  fois  son  poids  de  NaCl 
(/40  molécules  environ)  obtenir  la  transformation  complète  de  Rh^Cl"  insoluble  dans 
l'eau  en  la  combinaison  Rh*CI%6NaCl  soluble  dans  ce  liquide. 

»  Le  procédé  suivant,  au  contraire,  permet  d'employer  non  seulement  le  chlorure 
double  isolé  par  des  cristallisations,  mais  encore  le  produit  brut  de  l'attaque  de  Rh 
par  le  chlore  en  présence  d'un  excès  de  NaCl. 

»  L'un  ou  l'autre  de  ces  produits  est  dissous  dans  deux  fois  son  poids  d'eau  ;  la 
solution  (filtrée  dans  le  second  cas  pour  éliminer  Rh  inattaqué)  est  additionnée  de 
son  volume  d'acide  chlorhydrique  (solution  des  laboratoires)  et  abandonnée  pendant 
vingt-quatre  heures  environ  dans  un  endroit  frais.  On  sépare  les  cristaux  de  NaCl 
qui  se  sont  déposés  et,  dans  le  liquide  refroidi  à  0°,  on  fait  passer  jusqu'à  refus 
un  courant  de  gaz  HCl.  Ce  liquide,  enfermé  dans  un  vase  bien  bouché,  est  maintenu 
pendant  cinq  à  six  jours  dans  une  enceinte  voisine  de  0°  et,  quand  tout  le  chlorure 
de  sodium  est  déposé,  on  décante  et  l'on  évapore  doucement  jusqu'à  consistance  siru- 
peuse. La  liqueur  est  alors  exposée  dans  le  vide  au-dessus  de  fragments  de  potasse 
jusqu'à  ce  que  le  produit  de  l'évaporation  puisse  être  détaché  du  vase  qui  le  renferme. 
Cette  matière,  qui  représente  un  sesquichlorure  hydraté,  est  chauffée  progressivement 
dans  un  courant  de  gaz  HCl  sec.  Vers  go'-gSo,  elle  conserve  encore  de  4  à  SH^O  et 
environ  a  H  Cl,  puis  elle  perd  progressivement  H-0  et  HCl  simultanément;  ài75°-i8o°, 
elle  est  complètement  déshydratée,  mais  elle  se  dissout  encore  dans  l'acide  chlorhy- 
drique à  l'ébullition  ;  enfin,  à  partir  de  36o»,  elle  devient  complètement  insoluble  dans 
l'eau.  La  transformation  du  sesquichlorure  hydraté  en  sesquichlorure  anhydre  Rh^Cl'^ 
insoluble  est  beaucoup  plus  facile  et  plus  rapide  à  réaliser  si  l'on  chauffe  dans  un 
courant  de  chlore  à  44o°  le  chlorure  hydraté  dont  on  a  chassé  tout  HCl  et  tout  H^O 


(     1201     ) 

par  un  courant  à  gaz  IICI  à  i-5''-i8o°;  on  laisse  refroidir  le  résidu  dans  le  chlore 
qu'on  chasse  ensuite  par  un  courant  de  CO^  sec.  Je  rappellerai  que  Berzélius  opérait 
cette  transformation  en  chauffant  le  sesquichlorure  hydraté  à  l'air;  or,  dans  ces 
conditions,  on  obtient  de  grandes  quantités  de  sesquioxyde. 

M  Le  sesquichlorure  Rh-Cl"  ainsi  obtenu  est  brun  noirâtre,  sa  poudre  est 
brun  foncé.  Il  est  insoluble  dans  l'eau  et  dans  les  acides;  il  est  décomposé 
par  une  solution  concentrée  et  froide  de  potasse,  et  se  comporte  alors 
comme  la  dissolution  de  Rh^O'  dans  les  alcalis.  Ilestsoluble  à  chaud  dans 
les  tartrates  alcalins  de  K  ou  de  Na  à  réaction  fortement  alcaline,  et  dans  les 
solutions  concentrées  de  cyanure  de  potassium,  ainsi  que  dans  les  oxalates 
alcalins  de  R  ou  de  Na  à  réaction  très  faiblement  alcaline  :  de  ces  deux  der- 
nières réactions,  l'une  donne  les  oxalates  doubles  que  j'ai  autrefois  décrits, 
l'autre  donne  des  cyanQres  doubles  complexes. 

»  II.  Sesquichlorure  d'iridium  :  Ir-Cl".  —  Les  sesquichlorures  doubles 
hydratés  Ii-Cl»,  6KCI,  6H=0  et  Ir-Ci«,  6NaCl,  20H-O,  sont  beaucoup 
plus  stables  que  les  composés  correspondants  du  rhodiimi.  Chauffés  dans 
le  gaz  H  Cl  à  44o">  i's  nf  donnent  qu'une  faible  proportion  de  sesquichlo- 
rure Ir^Cl"  insoluble;  il  faudrait  atteindre  le  rouge  naissant  pour  dissocier 
la  combinaison,  et  alors  il  y  aurait  lieu  de  craindre  une  décomposition  par-, 
tielle.  Chauffés,  après  dessiccation,  dans  un  courant  de  chlore  à  36o° 
comme  à  44o°»  ils  se  transforment  en  tétrachlorures  doubles  solublesdans 
l'eau.  Quant  au  sesquichlorure  double  Ir- CI"  ,6AzH.''Cl,3H-0  chauffé  dans 
H  Cl,  de  même  que  le  sel  correspondant  de  rhodium  et  pour  des  raisons 
analogues,  il  donne  lieu  à  des  réactions  secondaires  complexes. 

»  Pour  obtenir  le  sesquichlorure  Ir-Cl",  on  pourrait  chauffer  dans  le 
chlore  à  440"  le  sel  double  Ir-  Cl"  ,6 AzH''  Cl  desséché. 

»  Mais  comme  ce  sel  est  lui-même  obtenu  à  l'aide  du  tétrachlorure 
double  Ir(^l*,  2AzH''CI,  lequel  est  anhydre,  on  emploiera  directement 
celui-ci.  Ce  tétrachlorure  double  est  chauffé  à  440*^  dans  un  courant  de 
chlore  sec;  il  se  décompose  en  chlore  et  en  produits  de  destruction  du 
chlorure  d'ammonium,  et  laisse  comme  résidu  le  sesquichlonu'e  anhydre 
Ir^Cl";  on  laisse  refroidir  ce  résidu  dans  le  chlore  qu'on  chasse  ensuite  par 
un  courant  de  gaz  CO"  sec. 

»  Le  sesquichlorure  Ir-'Cl"  ainsi  obtenu  est  une  matière  vert  noirâtre, 
dont  la  poudre  est  brun  olive;  il  est  insoluble  dans  l'eau,  dans  les  acides 
et  dans  les  alcalis.    »  " 


(    1252    ) 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Oxydation  biochimique  du  propylglycol.  Noie 
de  M.  André  Kling  (  '  ),  présentée  par  M.  Troost. 

«  Dans  une  Communication  antérieure  (-),  j'ai  montré  que,  sous  l'in- 
fluence de  la  bactérie  du  sorbose,  le  propylglycol  (propane  diol  i  ,2)  s'oxy- 
dait avec  formation  d'un  corps  réducteur  donnant,  avec  l'acétate  de  phé- 
nylhydrazine,  l'osazone  du  méthylglyoxal. 

»  Depuis  lors,  j'ai  recherché  quelle  était  exactement  la  nature  du  pro- 
duit de  fermentation,  et  je  me  suis  assuré  que  c'était  l'acétal 

CH=CO.CH=OH. 

»  Pour  cela,  dans  les  produits  résultant  de  la  distillation  du  liquide  fer- 
menté, j'ai  titré,  avec  la  liqueur  de  Fehling,  la  quantité  de  corps  réducteur 
qui  y  était  contenue  (en  supposant  que  c'était  de  l'acétal),  puis  j'y  ai  ajouté 
du  chlorhydrate  d'hydroxylamine  et  du  bicarbonate  de  soude  en  quantités 
nécessaires  pour  former  l'oxime  qui  a  été  isolée  et  caractérisée  par  son 
point  de  fusion  et  la  détermination  de  sa  teneur  en  azote. 

»  La  séparation  de  l'acétal,  contenu  en  dissolution  à  2,5  pour  100  dans 
le  mélange  d'eau  et  de  propylglycol  non  touché,  est  pratiquement  impos- 
sible à  réaliser  par  suite  de  la  facilité  avec  laquelle  ce  corps  est  entraîné 
avec  la  vapeur  d'eau  et  à  cause  de  son  extrême  solubilité  dans  ce  liquide 
et  dans  les  solutions  salines  saturées;  aussi,  n'ai-je  pu  l'extraire,  même  en 
me  conformant  aux  prescriptions  données  par  J.  Perkin  pour  retirer  ce 
corps  des  solutions  beaucoup  plus  concentrées  qu'il  obtient  par  saponifi- 
cation de  ses  éthers  ('). 

»  J'avais  espéré  pouvoir  effectuer  cette  séparation  à  l'aide  du  réactif  de 
Denigès,  mais,  tout  en  prenant  des  précautions  pour  modérer  l'action  de 
l'acétal  sur  le  sulfate  mercurique,  celle-ci  dépasse  le  terme  désiré  et  il  se 
précipite  des  sulfates  basiques  et  mercureux  mélangés  seulement  à  une 


(')  Travail  commencé  au  Laboratoire  d'Enseignement  et  de  Recherches  chimiques 
de  la  Sorbonne,  terminé  à  l'École  de  Physique  et  Chimie  industrielles,  laboratoire  de 
M.  Hanriot. 

('^)  Comptes  rendus,  l.  CXXVIII,  p.  244. 

(')  J.  PERkiN,  Proceedings  of  the  cheniical  Society,  l.  DXCVII,  p.  790;  1891. 


(  1253  ) 

faible  proportion  d'une  matière  organique  :  dans  cette  réaction  la  majeure 
partie  de  l'acétal  est  donc  détruite  (semblable  fait,  du  reste,  se  produit 
avec  l'acétone  monochlorée,  mais  dans  ce  cas  la  proportion  de  corps  orga- 
nique formée  semble  plus  grande  qu'avec  l'acétal).  Actuellement,  m'adres- 
sant  à  d'autres  combinaisons  des  cétones,  je  cherche  si  l'une  d'elles  ne  se 
prêterait  pas  à  la  séparation  de  l'acétal  et  à  sa  régénération  ultérieure. 

»  Quel  que  soit  le  temps  qu'on  laisse  agir  la  bactérie  du  sorbose  sur  le 
propylglycol,  on  n'arrive  jamais  à  transformer  plus  de  la  moitié  environ 
du  produit  mis  en  réaction;  cette  évaluation  n'est,  bien  entendu,  qu'ap- 
proximative, car  elle  résulte  d'un  titrage  par  la  liqueur  de  Fehling,  lequel 
ne  donne  que  des  résultats  approchés  lorsqu'on  se  placé  dans  les  conditions 
de  dilution  indiquées  par  Perkin  et  qui,  a  fortiori,  ne  fournira  que  des  ren- 
seignements incertains  dans  le  cas  de  concentrations  quelconques. 

»  Néanmoins  l'existence  de  cette  limite  de  transformation,  peu  variable 
d'une  expérience  à  l'autre,  pouvait  être  due  :  soit  à  l'action  paralysante  de 
l'acétal  sur  la  bactérie,  soit  à  la  préférence  élective  de  cette  bactérie  pour 
l'un  des  isomères  optiques  dont  le  propylglycol  inactif  représente  le  racé- 
mique  inactif,  soit  enfin  à  ces  deux  causes  réunies.  Dans  deux  des  cas 
énoncés  ci-dessus,  le  résultat  de  la  fermentation  devait  être  l'apparition  du 
pouvoir  rolatoire  dans  les  résidus.  C'est,  en  effet,  ce  qui  s'est  produit  :  on 
a  extrait  le  propylglycol  du  liquide  fermenté  à  l'aide  du  carbonate  de 
potasse  et  de  l'alcool  et  l'on  a  fractionné  le  produit  sous  pression  réduite 
(200"™)  pour  éviter  toute  décomposition,  car,  distillé  à  l'air  libre,  le  pro- 
pylglycol prend  une  odeur  acre  et  une  couleur  jaunâtre.  On  a  obtenu  de 
la  sorte  du  propylglycol  optiquement  actif  constitué  par  un  mélange  de 
propylglycol  dextrogyre  et  du  racémique. 

»  Voici,  pour  des  fermentations  abandonnées  pendant  des  temps  varia- 
bles (vingt-cinq  jours  à  deux  mois  et  demi)  à  la  température  aS^-So", 
quelles  ont  été  les  valeurs  du  pouvoir  rotatoire  : 

[a]i,  rapporté  à  1'*'^°^  d'épaisseur  de  liquide -{-1° j-j's     +3°,3o     +3°,  10 

»  M.  Le  Bel  (  '  ),  qui,  le  premier,  a  démontré  la  possibilité  de  séparer  les 
isomères  actifs  dont  le  propylglycol  est  un  mélange,  y  était  parvenu  à 
l'aide  de  ferments  et  moisissures  variés;  il  n'avait,  en  général,  obtenu 
que  des  mélanges  pauvres  en  l'un  des  isomères  libres;  le  plus  souvent, 

(')    Le  Bel,  B.  Soc.  chiin.,  c>'  Série,  t.  IX,  p.  67S,  et  Comptes  rendus,  t.  XGII, 
p.  53o. 


(  1254  ) 
c'était  l'isomère  gauche  qui  était  respecté  par  le  ferment.  Voici  les  résul- 
tats qu'il  a  publiés  à  ce  sujet  :  ^,^_  _^^^  ^^  ^^^ 

rapportées  à  i**"^  d'épaisseur  de  liquide. 

O  ' 

Ferment  :  Bactérie  du  fromage — o,58 

Bacterium  termo "-'  i97 

Bactérie  non  spécifiée -l-o ,  20 

,>  On  voit  donc  que  la  bactérie  du  sorbose  présente,  au  point  de  vue  du 
rendement,  une  supériorité  sur  les  autres  ferments  et  moisissures  qui  dé- 
doublent le  propylglycol  racémique.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  valeur  maxima 
r3,]j,=  +  i3",3o  doit  encore  différer  sensiblement  de  la  valeur  vraie  du 
pouvoir  rotatoirede  l'isomère  droit.  Quelle  est  la  proportion  relative  des 
isomères  optiques  contenus  dans  les  mélanges  obtenus?  Pourrait-on,  à 
l'aide  delà  bactérie,  obtenir  des  mélanges  encore  plus  riches  en  isomère 
dextrogyre?  C'est  ce  que  je  compte  rechercher.  Néanmoins  ce  qui,  dès 
maintenant,  paraît  résulter  de  cette  expérience,  c'est  que,  si  le  rendement 
ne  dépasse  pas  5o  pour  100,  cela  est  dû  à  la  fois  à  une  préférence  de  la 
bactérie  pour  l'isomère  gauche,  et  non  à  une  inactivité  complète  vis-à-vis 
de  ce  dernier,  et  aussi  à  ce  que  l'acétal  qu'elle  produit  gêne  son  procès 
physiologique.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  préparation  des  carbazides.  Action  des  hydra- 
zines  sur  les  carbonates  phénoliqnes.  Note  de  MM.  P.  Cazeneuve  et 
MoREAU,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  Il  semble  théoriquement  que  les  carbo-dérivés  des  hydrazines 
puissent  se  préparer  avec  facilité,  comme  les  corps  de  constitution  simi- 
laire, à  l'aide  de  l'oxychlorure  de  carbone  réagissant  sur  les  bases  hydra- 
ziniques.  L'expérience  montre  que  cette  réaction  trop  énergique  aboutit 
à  la  formation  de  composés  divers,  dont  l'un  de  forme  cyclique  de  la 
formule 

O 

/\ 
R-AzH-AzH-C         CO 

Il  I 

Az  -   Az  —  R 

lorsqu'on  fait  intervenir  une  liydrazine  primaire. 


(  1255  ) 

»  On  a  été  plus  heureux  en  faisant  réagir  telle  hydrazine  sur  l'éther 
carbonique  éthylique,  ou  encore  sur  l'urée  ou  l'uréthane.  La  préparation 
indiquée  par  Curtius  et  Heidenreich  (')  de  la  carbazide 

^        AzH.AzH- 
\AzH.AzH- 

par  action  de  l'hydrate  d'hydrazine  sur  l'éther  carbonique  à  ioo°  en  est  un 
exemple.  La  carbazide  de  la  phénylhydrazine  se  prépare  avec  de  bons 
rendements,  comme  nous  l'avons  vérifié,  par  action  de  cette  base  sur 
l'urée  et  l'uréthane  (-). 

»  Nous  avons  reconnu  que  l'action  des  bases  hydraziniques  sur  les  car- 
bonates phénoliques  était  encore  un  mode  général  de  préparation  des  car- 
bazides  donnant  d'excellents  résultats.  Il  suffit  de  régler  la  température 
d'action  suivant  les  hydrazines  intervenant  ou  la  nature  de  l'éther  carbo- 
nique employé.  Elles  se  forment  suivant  l'équation  : 

4(R.HAz.AzH-)+  CO'(C«H')= 

=  CO(AzH.AzH.R)-+  aÇCH^O.  AzH=.  AzH  .R). 

»  L'emploi  du  carbonate  de  diphényle  donne  ainsi  avec  la  phénylhydra- 
zide  la  carbohydrazide  avec  un  rendement  de  70  pour  100. 

»  a.  Action  de  C hydrazine  su7'  le  carbonate  diphénylique.  —  La  solution 
aqueuse  d'hydrazine  réagit  instantanément  avec  élévation  de  température 
sur  le  carbonate  diphénylique. 

»  aSs"'  d'hydrazine  en  solution  dans  7.00'  d'eau  ont  été  versés  sur  256"'  carbonate 
diphénylique.  Le  mélange  s'échaufl'e,  le  carbonate  se  dissout.  Par  refroidissement,  on 
obtient  une  magnifique  cristallisation  en  paillettes  de  phénate  d'hjdrazine,  qui  fond 
à  63°-64°  et  correspond  à  l'analyse  à  une  combinaison  de  4  molécules  de  phénol  pour 
1  molécule  d'hydrazine. 

(C«II''0)^Az^^-— AzH'-(C«H''0)'. 
Azote  trouvé  :  6,94  pour  100.         Théorie  :  6,86  pour  100. 

»  Du  liquide  isolé  du  phénate,  évaporé  dans  le  vide  et  repris  par  l'alcool  absolu,  on 
retire  la  carbazide 

/AzH  — AzH' 
\AzH  -AzH» 

découverte  par  Curtius  et  Heidenreich,  et  fondant  à  i32°-i53''. 


(')  Z>.  ch.  G.,  t.  XXVII,  p.  55. 

(^)  S.  Ski.nner  et  P.  RicHEJiANN  {D.  chcm.  G.,  t.  XX,  p.  3872). 


(  1256  ) 

,)  Sans  doute  se  forme-t-il  le  corps 

\AzH   —  AzH  / 

sorte  de  biuret  également  signalé  par  ces  chimistes  dans  l'action  de  l'hydrazine  sur  le 
carbonate  d'élhyle.  Nous  n'avons  pas  opéré  avec  des  quantités  suffisantes  de  matière 
pour  l'isoler. 

»  b.  Action  de  la  phénylhydrazine  sur  le  carbonate  diphénylique.  —  On  chauffe 
à  i6o''-i70°  pendant  une  heure  i  molécule  de  carbonate  diphénylique,  soit  aSef,  au 
sein  de  4  molécules  de  phénylhydrazine,  soit  5o8''  environ. 

»  Il  se  dégage  des  traces  de  CO^.  Le  liquide  jaunit  à  peine.  Par  refroidissement,  on 
obtient  une  masse  cristallisée  blanc  jaunâtre,  qu'on  reprend  à  chaud  par  2ooS'' d'alcool 
à  60°,  fortement  acidifié  par  l'acide  chlorhydrique  pour  enlever  l'excès  de  phénylhy- 
hydrazine.  L'alcool  coloré  en  jaune  enlève  le  phénol  formé  et  le  chlorhydrate  de  phényl- 
drazine.  Deux  nouvelles  cristallisations  dans  l'alcool  à  60°  donnent  le  produit  corres- 
pondant à  l'analyse  à 

p^/AzH.AzH.G«H= 
XAzH.AzH.CH^" 

Azote  trouvé. .     23,38  pour  100  Théorie 23,i4  pour  100 

»  Le  corps  obtenu  fond  à  169°- 170". 

»  Le  point  de  fusion  iSi"  donné  par  Skinner  et  Richemann  ne  nous 
paraît  pas  exact;  à  iSi"  le  corps  prend  une  teinte  rose  sans  fondre;  il 
semble  subir  un  commencement  d'altération. 

»  Nous  avons  également  préparé  cette  carbazide  par  action  de  la  phé- 
nylhydrazine sur  le  carbonate  de  gaïacol.  Les  rendements  sont  bons, 
quoique  tm  peu  moins  élevés. 

))  c.  Action  de  la  méthylphénylhydrazine  sur  le  carbonate  diphénylique.  — 
Il  s'agit  de  la  méthylphénylhydrazine  dissymétrique.  Nous  avons,  en  effet, 
reconnu  que  les  hydrazines  secondaires  symétriques  n'ont  plus  d'action  sur 
les  carbonates  phénoliques,  leur  basicité  ayant  disparu.  C'est  le  cas  de 
l'hydrazobenzol  qui  ne  réagit  pas. 

»  ôos'-  méthylphénylhydrazine  et  258'-  carbonate  de  diphényle  sont  chauffés  une  heure 
à  i6o°-i70°.  On  agite  la  masse  avec  de  l'eau  acidifiée  par  H  Cl  pour  enlever  l'excès  de 
base  et  une  partie  du  phénol.  Deux  cristallisations  dans  l'alcool  à  60°  donnent  un 
produit  pur  en  cristaux  blancs,  ne  se  colorant  pas  à  l'air,  et  donnant  à  l'analyse 
Az  pour  100  =  2o,5o5. 

..  Laformulero/^'"-^^*^H'-C'H'       • 

"  toi  mule  ^0\A,H.ÂzaP.C«H=  ^^'^^  '^''^  P°"'"  '««• 

»   Ce  corps  nouveau  fond  à  i49<'-i5o<'.  Il  ne  distille  pas  sans  décomposN 


(   '^57  ) 

lion.  Il  est  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool  à  60"  bouillant, 
soluble  dans  l'alcool  fort,  l'éther,  le  chloroforme,  la  benzine  et  la  nitro- 
benzine. 

»  Cette  carbazide  de  la  niélhylpliénylhydrazine  colore  en  bleu  intense 
les  sels  de  cuivre  par  formation  d'une  combinaison  sans  doute. 

»  d.  Action  de  la  naphlylhydrazine  P  sur  le  carbonate  diphénylique.  —  En  fai- 
sant réagir  4  molécules  de  naphlylhydrazine  P  sur  le  carbonate  diphénylique  à  100° 
pendant  une  demi-heure,  soit  28e''  de  base  sur  Ss''  de  carbonate,  on  obtient  en  petite 
quantité  un  corps  cristallisé,  par  cristallisation  dans  l'alcool  à  ôC  d'abord  acidulé  par 
H  Cl,  ensuite  pur. 

»  Ce  corps  correspond  a  '-<^\Az1I.  Azll.C'»H' p' 

Azote  trouvé.  .  .  .      16,20  pour  100.  Théorie 16,37  pour  100. 

»  Ce  corps  est  soluble  dans  l'alcool  fort  et  l'éther. 

»  Si  l'on  fait  réagir  2  molécules  de  naphlylhydrazine  p  sur  i  molécule  de  carbonate 
diphénylique,  soit  i48';^e  base  sur  86"'  de  carbonate,  en  chauffant  trois  heures  à  la  tem- 
pérature du  bain-marie,  on  obtient  une  urélhane  hydrazinique.  Comme  précédemment, 
on  traite  la  masse  par  l'eau  acidulée  avec  H  Cl  et  l'on  fait  cristalliser  plusieurs  fois 
dans  l'alcool  à  80°,  en  traitant  par  le  noir  animal.  On   recueille  des  paillettes  légère- 

.        ,  j        .  ,    ,  ,     ,,^/.VzIl.AzH.C"'H^ 

ment  jaunâtres,  correspondant  a  la  tormule  '-''-'X/'^pcHô 

»  L'analyse  a  donné  : 

Trouvé  :  Azr=  10,01  poui-  100.         La  théorie  exige  :  9,90  pour  100. 
Trouvé  :  C  =  73,59;     11= '1,77.  Calculé  :  C  =  73,38;     H  =  ;j,o3. 

11  (je  corps  ne  fond  pas  sans  décomposition. 

»  Sans  doute,  le  traitement  des  carbonates  phénoliques  par  les  hydra- 
zines  en  proportion  calculée  permettrait  d'obtenir  des  urélhaues  aroma- 
tiques analogues  à  celle  que  nous  signalons  pour  la  naphtylhydrazine  p. 

»   Ces  recherches  seront  poursuivies.   « 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Combinaisons  du  chlorure  de  lithium  avec  V élhylamine. 

Note  de  M.  J.  Bonnefoi. 

«  Pur  et  anhydre,  le  chlorure  de  lithium  forme  avec  l'éthylamine  trois 
composés  solides.  Ces  corps  se  produisent  plus  rapidement,  si  l'on  prend 
soin  de  faire  absorber  d'abord  par  le  chlorure  du  gaz  ammoniac,  que  l'on 
chasse  ensuite  par  un  courant  d'azote  sec. 

c.  K.,  1899,  ■î'  Semeslre.  (T.  CXXIX,  N°  26.)  '  t>3 


(   1258  ) 

»  1  LiCl  -f-C-H"  Az.  —  Ce  composé  se  forme  lorsqu'on  l'ail  passer  le  gaz  élhyl- 
aiiiiue  sur  le  chlorure  de  lithium  au-dessus  de  H-  70",  ou  bien  en  décomposant  à  celte 
température  les  combinaisons  suivantes.  C'est  une  masse  blanche,  poreuse,  semblable 
aux  corps  obtenus  avec  le  gaz  ammoniac  ou  la  méthvlamine,  et  précédemment  dé- 
crits ('). 

»  Sa  chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  (6'")  est  de  -f-7C'",5o3. 

.)  Connaissant  la  chaleur  de  dissolution  de  C- H'Â7.(-t- i9.'-''',9i)  ('),  on  en  déduit  : 

Li  Cl  sol.  -+-  C'^H"  Az  gaz  =  Li  Cl,  C^H'Az  sol -4-i3'=",  834 

B  Ce  nombre  est  le  même  que  celui  que  fournit  Li  Cl -H  CH'Az  (+ 13^^"',  820),  et 
plus  élevé,  de  deux  calories,  que  celui  donné  pour  LiCl  4- AzFP(+  ii«^',842). 

»  Les  tensions  de  dissociation  du  composé  LlCI,C'H''Az  ont  été  déterminées  seu- 
lement à  deux  températures  : 


89°,  3. 
•9'°.7' 


858" 


ce  qui  donne,  en  appliquant  la  formule  de  Clapeyron, 

-l-i3c»i,7i7, 

résultat  qui  concorde  sensiblement  avec  la  donnée  calorimétrique  directe. 

»  On  peut  dès  lors  calculer  toute  la  courbe. 

»  IL  LiCl  -+-  2C^H''Az.  —  Ce  composé  se  produit  entre  +  58"  et  -+-  70°,  soit  direc- 
tement, soit  en  laissant  la  combinaison  suivante  se  détruire.  Il  est  blanc  et  poreux 
comme  le  précédent  : 

Chaleur  de  dissolution  (8''') -H    9'^"', 43 

d'où  l'on  déduit 

LiCl  sol.  +  2C-^H"Azgaz  =  LiCl,  2C'irAzsol -h  24<^'",8i7 

et 

(LiCl  4-  C'PPAz)  sol.  -h  aWAz  gaz  =  LiCl,  aC-IF Az  ....      +  loC-'.gSS 

»  C'est  un  nombre  inférieur  à  la  fois  à  celui  que  donne  LiCl,  CH'Az  fixant  CH'Az 
{-+- 12*^', 06)  et  même  à  celui  fourni  par  LiCl,  AzH*  fixant  AzH'  (+  i  i'^"',5i7).  Cepen- 
dant les  trois  résultats  sont  très  voisins. 

»  Les  tensions  de  dissociation  de  LiCl,  2C-H"Az  sont 

^   +69°,^ 743""" 

A  +72» 840""" 

ce  qui  donnerait,  en  appliquant  la  formule  de  Clapeyron, 

-t-i  i'^^',09 

pour  la  fixation  de  la  seconde  molécule  de  C^H'Az. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXIV,  p.  771,  et  t.  CXXVU,  p.  367  et  017. 
(2)  M.  Berthelot,  T/iermoc/iimie,  t.  II,  p.  368. 


(  1259  ) 

»  III.  LiCI -H  3C^H' Az.  —  Ce  composé  se  produit  au-dessous  de  +58°.  Il  est 
saturé,  et  je  n'ai  pu  obtenir  de  combinaison  à  4C'^H"Az,  même  en  employant  i'éthvl- 
amine  liquide.  Il  est  blanc,  poreux,  plus  volumineux,  que  les  deux  précédents. 

Chaleur  de  dissolution  (lo^'') -M  i'"»',77 

d'où  l'on  déduit 

LiCI  sol.-(-  SC^H^Az  gaz.  =  LiCl,  SCnPAzsol +35<=--'', 887 

et 

(LiCl+  C^H'Az)sol.  +  C-H-Azgaz.  — LiCl,3CMnAzsol....      -h,oC"',57 

nombre  inférieur  aux  deux  résultats  correspondants  obtenus  antérieurement  : 

(LiCI,  2CH=Az)  +-  CH^Az H-ioC^',8i 

et 

(LiCl,2AzH'')  +  AzH^ +iiCai,o97 

mais  encore  très  voisin. 

»  Les  tensions  de  dissociation  de  LiCI',  3C'^H"Az  sont 


mm 
mm 


A  +57° 696 

A   +61° 843 

ce  qui  donne,  en  appliquant  la  formule  de  Clapejron, 

+  io'^»',5o3 

pour  la  fixation  de  la  troisième  molécule  de  C'-II'Az  gaz.,  résultat  qui  concorde  avec 
la  donnée  directe  +10,57. 

»  IV.  En  résumé,  l'addition  de  3  molécules  de  AzH\  de  CH'Az  ou  de 
C^H'Az  à  I  molécule  de  LiClsol.  dégage  des  quantités  de  chaleur  très 
voisines  :  -+-34,456,  -1-36,690  et  -1-35,387.  ^'^  faillie  différence  constatée 
tient  sm-tout  à  la  fixation  de  la  première  molécule.  Enfin  l'ammoniac  seul 
donne  un  composé  à  4  molécules. 

»  Dans  tous  les  cas,  la  formule  de  Clapevron  donne  des  résultats  qui 
concordent  parfaitement  avec  les  données  calorimétriques  directes.   » 


THERMOCHIMIE.    —   Sur  la  narcéine  (').  Note  de  M.  Emile  Leroy. 

«  L'échantillon  de  narcéine  utilisé  a  fourni  à  l'analvse  les  nombres  sui- 
vants :  C  57,37;  H  6,60;  Az  2,98;  perte  à  xoo°  :  7,40,  ce  qui  correspond 
à  la  formule  C-'H^'AzO*2H-0.  qui  exige  :  C  57,38;  H  6,44;  Az  2,91;  eau 

(')  Laboratoire  du  Collège  de  France. 


(    I26o    ) 

(l'hvdratation  7,48.  L'existence  d'un  hydrate  de  narcéine  à  2H-O  n'a  pas 
encore  été  signalée.  Ce  corps,  dissous  dans  l'eau  bouillante,  donne  par 
refroidissement  des  cristaux  qui  renferment  3H-0;  c'est  l'hydrate  ancien- 
nement connu.  Il  ne  m'a  d'ailleurs  pas  été  possible,  en  faisant  varier  les 
conditions  de  cristallisation,  de  reproduire  l'hydrate  à  2H-O. 

»  Chaleur  d'hydratation.  —  Elle  a  été  déterminée  en  mesurant  les  chaleurs  de 
dissolution  de  la  narcéine  anhydre  et  de  ses  hydrates,  dans  la  potasse  étendue.  On  a 
dissous  I  molécule  de  narcéine  dans  2  molécules  de  potasse  (i  molécule  KOH  dans 
25"').  Le  dégagement  de  chaleur  a  été  vers  i4°  : 

Pour     Né.SH^O     dissous  dans  2 KOH +    2,"8 

»        Né.aH^O  »  +5,8 

))        Né  anhydre  (déshydraté  à  100°) +12,0 

>i  On  déduit  de  là  : 

Eau  liquide.  Eau  solide. 

Né+2H^0 -t-ôc^i,  ou  ac'",!  X  3         -)-3t"i,i   ou  +i«^i,55x  2 

Né.2tP0  +  lP0 +3Ca',0  +ic=',45 

))  L'addition  de  la  troisième  molécule  d'eau  dégage  presque  autant  de  chaleur  c|iie 
chacune  des  deux  premières. 

»  Chaleur  de  combustion.  —  La  narcéine  anhydre  étant  très  hygrométrique,  on  a 
brûlé  dans  la  bombe  calorimétrique  l'hydrate  à  lU^O.  Il  a  été  nécessaire  d'employer 
une  petite  quantité  de  camphre  pour  faciliter  la  combustion.  On  a  trouvé,  à  la  tempé- 
rature de  1 5°,  pour  1S-- de  substance:  5820"=,9;  5823% 8;  5824^9;  moyenne  5823^2; 
d'où,  pour  i""'i=48i,  2790^9  à  volume  constant  et  2792^2  à  pression  constante. 

»  Chaleur  de  formation.  —  On  en  déduit,  pour  la  chaleur  de  formation  de  la  nar- 
céine hydratée, 

C"+  H"-H  Az  -t-0«-i-  2H2O  liq.=  Né.2lI2  0 -t-3o8'^"i,4 

et  pour  la  formation  du  corps  anhydre, 

C"+H"+Az-!-0'=Né 302'^»',  2. 

»  Chlorhydrate  de  narcéine.  —  La  narcéine  ne  se  dissout  pas  dans  la  quantité 
équivalente  d'acide  cldorhydrique  étendu;  il  faut  employer  un  excès  d'acide  pour  que 
la  dissolution  soit  complète.  On  a  trouvé  que  la  dissolution  de  i  molécule  de  Né.  2  11^0 
dans  5  molécules  d'acide  (i"""HCl  dans  lo"')  absorbe  — 4c^',62.  En  tenant  compte  de 
la  chaleur  d'hydratation,  on  aurait  pour  la  base  anhydre  +1^»!,  58. 

»  Le  chlorhydrate  cristallisé  a  été  obtenu  en  dissolvant  la  narcéine  dans  H  Cl  étendu 
et  en  ajoutant  un  grand  excès  d'acide;  il  se  sépare  peu  à  peu  des  cristaux  brillants 
ayant  pour  formule  C"H"  AzO^HCI  .3H20  (HCl  trouvé  :  6,77,  calculé  :  6, Si; 
H^^O  trouvé  :  10,01,  calculé  :  10,08).  Ce  sel  se  déshydrate  sans  altération  à  t2o°.  Il 
ne  se  dissout  pas  complètement  dans  l'eau  pure,  maisse  dissout  facilement  dans  l'eau 


(      I26l     ) 

acidulée  par  H  Cl.  Cela  permet  de  réaliser,  par  dissolution  du  sel  dans  l'eau  acidulée 
l'état  final  obtenu  dans  les  expériences  de  neutralisation.  On  a  trouvé  pour  chaleur 
de  dissolution  du  sel  hydraté,  vers  i5°,  — g'^^'jSo,  et  pour  le  sel  anhydre  — 2'^''',54. 
))  On  en  déduit  d'abord  la  chaleur  d'hydratation  : 

Né.HCl  +  SH^Oliq -1-  e^SyB 

Né.HCI  -f-SH'Osol +  2C»i,o8 

puis  la  chaleur  de  formation  du  chlorhydrate  solide  : 

Né-+-HClgaz  =  NéHClsol +21^=',  Sa 

»  Sel  de  potassium.  —  On  a  donné  plus  haut  la  chaleur  de  dissolution  de  1  molé- 
cule de  narcéine  dans  2  molécules  de  KO  H.  Si,  à  la  liqueur  ainsi  obtenue,  l'on  ajoute 
I  molécule  de  HCl,  le  dégagement  de  chaleur  est  de  i3'^"',4  vers  i4°,  température  à 
laquelle  la  chaleur  de  neutralisation  de  KOHpar  HCl  est  i3'^-'',9;  on  en  déduit  que 
le  deuxième  équivalent  de  potasse  ajouté  a  dégagé  0''"',  5  et  par  conséquent. 

Né  sol.  -t-  KO  H  diss.  dégage +1  icai,  5 

Le  sel  de  potassium  solide  a  été  préparé  d'après  les  indications  de  Freund  {Annales 
de  Liebig,  t.  CCLXXVII,  p.  35).  Ce  sel  retient  i  molécule  d'alcool  de  cristallisation, 
qu'il  perd  facilement  dans  le  vide  sur  l'acide  sulfurique.  Il  a  alors  pour  formule 
Q23jj26^20'K  (K  trouvé  :  7,89;  calculé  :  8,o5);  cette  substance  très  hygrométrique 
se  dissout  facilement  dans  l'eau,  en  dégageant  par  molécule  -t-  S'^^',  85. 
»  On  calcule  alors  facilement  la  chaleur  de  formation  du  sel  solide 

C"H"AzO«  soI.-hKOH  so1.  =  C"H2«AzO'KsoI.-hH20  so1.+ lô'^^Sy. 

»  Il  résulte  de  cette  étude  que  la  narcéine  est  une  base  très  faible;  de 
tous  les  alcaloïdes  de  l'opium,  c'est  celui  dont  la  fonction  basique  a  la 
moindre  intensité.  La  chaleur  de  formation  de  son  chlorhydrate,  21*^^', 52, 
est  voisine  (un  peu  moindre  cependant)  de  celle  du  chlorhydrate  de  nar- 
cotine,  21^*',  72;  et  comme  cette  base,  la  narcéine  est  sans  action  sur  le 
tournesol.  L'étude  thermique  de  la  narcéine  montre  surtout  nettement 
l'existence  d'une  fonction  acide  bien  caractérisée.  La  formation  du  sel  île 
potassium  dégage  16^"',  7;  c'est  un  nombre  notablement  inférieur  à  la 
chaleur  de  formation  des  sels  de  potassium  des  acides  proprement  dits 
(acétates,  benzoates,  etc.),  mais  supérieur,  d'autre  part,  à  celle  des  phé- 
nates.  La  fonction  acide  de  la  narcéine  est  seulement  un  peu  affaiblie  par 
la  coexistence  d'une  fonction  basique  dans  la  même  molécule.  » 


(   1 262  ) 


CHIMIE    VÉGÉTALE.   —  Sur  V évolution  de  la  matière  minérale  pendant   la 
sermination  (  '  ).  Note  de  M.  G.  Andrk. 

«  H  m'a  paru  intéressant  de  suivre  les  variations  de  la  matière  minérale 
depuis  le  moment  oi^i  la  graine  est  confiée  au  sol,  dans  les  conditions  ordi- 
naires de  la  germination,  jusqu'à  celui  où  la  plante,  après  avoir  diminué 
constamment  de  poids  sec,  parvient  à  cet  état  de  développement  où  elle 
pèse  à  peu  près  le  même  poids  que  sa  graine.  La  plante  possède  souvent  à 
ce  moment  une  tige  de  plusieurs  centimètres  de  hauteur,  garnie  de  feuilles, 
et  la  fonction  chlorophyllienne  s'exerce  déjà  depuis  quelque  temps. 

»  J'ai  principalement  cherché,  dans  mes  expériences,  à  comparer  l'évolu- 
tion de  la  matière  minérale  à  celle  de  la  matière  organique  et  à  saisir  la 
correspondance  qui  existe  entre  les  deux;  on  sait  quelles  associations  intimes 
présentent  ces  deux  matières  chez  les  êtres  vivants. 

»  J'ai  pris  comme  sujet  d'expériences  le  Haricot  d'Espagne  (Phaseolus 
multiJJorus).  Sa  graine  est  essentiellement  amylacée,  son  poids  est  assez 
considérable  (is"'  environ),  et  il  est  facile  de  la  déraciner  à  tout  moment 
de  la  végétation,  sans  léser  les  racines.  J'ai  évité  à  dessein  les  cultures  dans 
l'eau,  voulant  n'opérer  que  dans  les  conditions  naturelles  de  la  germi- 
nation. 

»  Les  graines  de  cette  plante  ont  été  semées  sur  une  parcelle  de  la  Station  de  Chimie 
végétale  de  Meudon  :  huit  jours  après  le  semis,  j'ai  prélevé  avec  précaution,  à  des 
intervalles  de  temps  assez  rapprochés,  un  lot  de  60  à  80  graines  prises  au  hasard  sur  la  par- 
celle ensemencée,  je  les  ai  lavées  extérieurement  à  l'eau  pour  enlever  toute  trace  de 
terre,  pesées  à  l'état  frais  après  dessiccation  d'une  heure  à  l'air,  puis  pesées  à  l'état  sec 
après  dessiccation  à  1 10°,  et  enfin  analysées.  La  perle  de  poids  sec  est  considérable  pen- 
dant la  germination;  on  sait  que  les  graines  amylacées  perdent  alors  plus  de  matière 
sèche  que  les  graines  oléagineuses. 

»  I.  Je  citerai  seulement  ici  quelques  chiffres  qui  se  rapportent  à  la  pre- 
mière et  à  la  troisième  série  de  mes  essais,  dont  je  publierai  les  détails,  ainsi 
que  ceux  des  autres  séries,  dans  un  Mémoire  étendu. 

»  100  graines  ou  plantules  sèches  contiennent  les  quantités  de  matière 
suivantes  : 

(')  Laboratoire  du  Collège  de  France. 


(   1263  ) 


Première  scrU 


Perle 

Puids 

[mur  100 

de 

du 

l'oids 

la  matière 

poids  sec 

des 

séchée 

de 

cendre* 

A/. 

à    iio°. 

la  graine. 

totales. 

total. 

PO*  II'. 

K-0. 

Si  0 '. 

CuO. 

10  mai 

1899.  100  graine^ 

•     93 , I 5 

» 

Kl- 

4.63 

SI' 

3,18 

1,69 

2  ,  22 

sr 

o,o.'i 

o,.4 

1. 

19      « 

100  plan  tules. 

■     89.30 

4,23 

4,94 

3,07 

1  ,61 

2,04 

0,  i6 

0,17 

2_ 

23      » 

100         » 

■     90,42 

•'-,9' 

5,86 

3,27 

1,76 

2,4. 

1 ,33 

0,25 

3. 

26     )i 

1 00         » 

■     79>26 

14, 3-. 

7,93 

3,11 

1,66 

2,36 

2,96 

o,3S 

k. 

3o     » 

1 00         » 

.     69,33 

25,  o3 

C) 

9,46 

3,02 

1,56 

2,3l 

3 ,5 1 

0,57 

5. 

3  juin. 

100         11 

■     73>i9 

'9,27 

10,28 

3,00 

.,.58 

2,67 

3,81 

0,94 

6. 

9     >' 

1 00         » 

•    "3,27 

+21 ,61 

1 6 ,  90 

4,18 

1,85 

4,53 

4,-6 

2,47 

Troisième 

série. 

26  juin. 

100  graines  .  . 

UT 
.        I 16,95 

» 

5,29 

3'i6i 

1,29 

2,55 

o,oi 

0,21 

1. 

3  juille 

l.  looplanlules. 

.           98,00 

10,78 

4,5o 

3,47 

1,45 

2, 12 

o,38 

0,28 

2. 

5       ,. 

100         » 

■           99,71 

14,75 

5,32 

3,64 

1,47 

2,10 

I  ,o5 

0, 33 

3. 

8       ., 

100         » 

.           84,34 

27,89 

6,74 

3,4i 

.,18 

2, 10 

3,00 

0,47 

4. 

1 1        1) 

100         » 

■           77. S9 

33, 4o 

C^) 

8,00 

3,47 

1 ,3o 

2,02 

4,47 

0,79 

5. 

1.5       )i 

100         )i 

.    io5,66 

9,66 

16, 38 

4,56 

1,47 

3,44 

5,69 

1,80 

6. 

10       » 

100          ' 

.    i33,55 

H-'4,i9 

17,88 

â,97 

1,74 

4,3i 

4,48 

3,33 

w  Dans  les  deux  exemples  qui  jjrécèdent,  entre  le  3  et  le  9  juin,  d'une 
part,  le  i.5  et  le  19  juillet,  d'autre  part,  la  plante,  à  l'état  sec,  pesait  autant 
que  sa  graine  initiale.  Les  cendres  totales  ont  à  peu  près  triplé.  Cette  ab- 
sor[)tion  de  matière  fixe  ne  porte  pas,  dès  le  début,  sur  tous  les  éléments  à 
la  fois,  comme  on  le  voit;  il  semble  que  ceux  qui  sont  les  plus  utiles  à  la 
vie  ultérieure  du  végétal  (acide  phosphorique  et  potasse)  sont  aussi  ceux 
que  la  graine  eu  germination  absorbe  les  derniers.  On  comprend  facile- 
ment la  cliose,  si  l'on  réfléchit  à  la  relation  rlroite  qui  existe,  par  exemple, 
entre  la  formation  des  albuminoides  d'une  part  et  la  présence  des  phos- 
phates de  l'autre. 

»  II.  En  ce  qui  concerne  l'azote,  en  effet,  l'analyse  montre  que,  dans 
la  première  série,  la  quantité  d'azote  total  contenu  dans  100  graines  sèches 
était  de  3''''',  18.  Cet  azote  n'a  pas  varié,  dans  les  limites  d'erreur  des  expé- 
riences, tant  que  la  plante  a  pesé  moins  que  sa  graine;  il  a  atteint,  à  la 


{')  Tiges  de  o"»,  12  à  o",  i5  de  hauteur  portant  quatre  feuilles  vertes. 

(-)  Tiges  de  o"",  i5  à  o™,20  de  hauteur  portant  de  deux  à  quatre  feuilles  vertes. 


(  1264  ) 

sixième  prise  d'échantillon,  le  chiffre  de  4^'.  i8,  alors  que  l'augmentation 
de  poids  sec  de  la  plaiitule,  par  rapport  à  celui  de  la  graine  initiale,  était 
de  2i,6i  pour  loo.  On  voit,  en  consultant  le  Tableau  qui  précède,  que 
l'acide  phosphorique  suit  une  marche  à  peu  près  parallèle  à  celle  de  l'azote, 
et  que  le  poids  de  cet  acide  ne  se  relève  à  is%85  qu'au  moment  où  l'azote 
passe  de  3^"^  à  f\^^  i8.  Mêmes  observations  pour  la  troisième  série,  ainsi  que 
pour  les  autres  dont  je  ne  puis  ici,  faute  de  place,  transcrire  les  chiffres. 

»  III.  La  potasse,  dont  on  connaît  les  relations  remarquables  avec  la 
genèse  de  l'amidon,  se  comporte  de  la  façon  suivante  :  Tant  que  la  plan- 
tule  vit  sur  sa  graine  et  qu'elle  perd  de  poids  sec,  le  taux  de  cet  alcali 
demeure  sensiblement  invariable.  Il  commence  cependant  à  augmenter  un 
peu  plus  tôt  que  celui  de  l'acide  phosphorique,  et  cette  augmentation 
semble  coïncider  avec  le  développement  de  la  fonction  chlorophyllienne, 
avec  le  moment  où  la  plante  récupère  peu  à  peu  par  cette  nouvelle  fonction 
de  nouvelles  matières  organiques  remplaçant  celles  qu'elle  a  perdues. 
Dans  les  deux  Tableaux  ci-dessus,  aux  chiffres  2,67  et  3,44.  notablement 
plus  élevés  que  ceux  qui  les  précèdent  immédiatement,  correspondent  les 
époques  où  la  plante,  après  avoir  atteint  le  maximum  de  sa  perte  sèche, 
commence  à  augmenter  de  poids  sec  et  où,  par  conséquent,  la  fonction 
chlorophyllienne  devient  active.  Cette  remarque  confirme  le  rôle  de  la 
potasse  dans  la  formation  de  l'amidon,  signalé  autrefois  par  Nobbe, 
Schrœder  et  Erdmann. 

»  IV.  Le  poids  de  la  silice  devient  cent  et  quatre  cents  fois  plus  grand 
dans  le  cours  de  l'expérience;  celui  de  la  chaux  dix-sept  fois  plus  grand 
environ.  Il  n'y  a  donc  pas  de  relation  directe  entre  ces  deux  éléments, 
chacun  d'eux  entrant  dans  le  végétal  indépendamment  de  l'autre.  Si  l'on 
veut  chercher  une  signification  physiologique  dans  ce  fait  d'une  absorption 
de  principes  fixes  ayant  lieu  dès  le  début  même  de  la  germination,  on  est 
conduit  à  penser  que  l'absorption  de  la  silice  est  en  relation  avec  la 
transformation  des  celluloses  facilement  saccharifiables  (hémicelluloses) 
en  celluloses  non  saccharifiables  par  les  acides  étendus.  I.  Pierre, 
M.  Dehérain,  MM.  Berthelot  et  André  ont  déjà  insisté,  à  différentes  reprises, 
sur  les  relations  remarquables  existant  entre  la  cellulose  et  la  silice. 

»  Peut-être  en  est-il  de  même  pour  la  chaux,  qui  s'accumule  de  préfé- 
rence dans  les  cendres  de  la  matière  dite  incrustante  à  mesure  que  la  plan- 
tule  se  développe.  Il  est  remarquable  de  voir  la  silice,  colloïdale,  monter 
dans  le  végétal  avec  une  pareille  rapidité,  alors  que  les  principes  cristal- 
loïdes  ne  sont  absorbés  que  plus  tard. 


(  1265  ^ 

»  Il  existe  donc,  d'après  ce  qui  précède,  une  relation  intime  entre  la 
matière  minérale  et  la  matière  organique  pendant  la  germination.  Toute- 
fois, il  convient  de  ne  pas  trop  généraliser  le  rôle  de  la  silice,  encore  fort 
obscur,  puisque  la  graine,  comme  l'on  sait,  peut  évoluer  dans  des  solu- 
tions exemptes  de  cette  substance. 

»  J'exposerai  prochainement  quelques  remarques  relatives  aux  trans- 
formations de  la  matière  organique  pendant  la  germination.    » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.   —   Sur  le  dosage  des  halogènes  dans  les  composés 
organiques  (').  Note  de  M.  Amand  Valeur. 

«  M.  Berthelot  a  montré  depuis  longtemps  et  rappelé  récemment 
(Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  1002)  que  la  combustion  des  corps  orga- 
niques dans  la  bombe  pouvait  être  utilisée,  non  seulement  pour  les  mesures 
thermochimiques  de  précision,  mais  aussi  pour  le  dosage  de  la  plupart  des 
éléments  minéraux  susceptibles  d'entrer  dans  la  composition  des  corps 
organiques.  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  de  faire  connaître  les  essais 
que  j'ai  effectués  dans  le  même  ordre  d'idées  et  les  résultats  que  j'ai  ob- 
tenus, dans  le  cas  particulier  du  dosage  des  éléments  halogènes. 

M  J'étudierai  en  premier  lieu  le  dosage  du  chlore  et  du  brome,  puis  celui 
de  l'iode  : 

»  I.  Dosage  du  chlore  et  du  brome.  —  Les  travaux,  de  MM.  Berthelot  et  Matignon 
sur  la  combustion  des  composés  chlorés,  dans  l'oxygène  comprimé,  ont  montré  que, 
dans  cette  combustion,  Cl  est  transformé  partiellement  en  HCI  et  reste  en  partie  à 
l'étal  libre. 

»  Pour  ramener  le  chlore  libre  à  l'état  de  HCI,  MM.  Berthelot  et  Matignon  se  sont 
servis  d'une  solution  d'acide  arsénieux;  et  plus  récemment,  spécialement  en  vue  du 
dosage,  M.  Berthelot  indique  l'emploi  des  arsénites  et  des  sulfites  alcalins. 

»  Le  procédé  dont  je  me  sers  présente  le  très  grand  avantage  de  ramener  le  dosage 
de  Cl  et  de  Br  à  l'emploi  des  méthodes  volumétriques  et  permet  d'eft'ectuer  le  dosage 
de  ces  éléments  dans  un  temps  qui  n'excède  pas  une  demi-heure.  Il  consiste  à  brûler  la 
substance  organique  dans  la  bombe,  en  présence  d'une  solution  ammoniacale  concen- 
trée :  les  produits  de  la  combustion  étant  CO-,  HCI,  Cl,  et  AzO'II  (en  très  petite 
quantité),  l'ammoniaque  en  excès  fait  passer  Cl  et  HCI  à  l'état  de  Âz  H*  Cl  et  trans- 
forme CO-  et  AzOni  en  sels  ammoniacaux.  Il  suffit  donc  d'agiter  la  bombe  après  la 
combustion  et  de  recueillir  la  solution  ammoniacale;  celle-ci  se  prête  avec  la  plus 
grande  facilité  au  dosage  par  voie  vohimétrique. 


(')  Laboratoire  du  Collège  de  France. 

C.  R.,  1899,  2«  Semestre.  (1.  CXXIX,  N°  26.)  •"" 


(  1266  ) 

»  Pour  cela  j'ai  employé  deux  moyens  :  le  premier  consiste  à  évaporer  la  solution 
ammoniacale  au  bain-raarie,  à  siccité.  Dans  ces  conditions,  il  n'y  a,  comme  on  le  sait, 
aucune  perle  de  AzH*Cl.  11  suffit  alors  de  doser  l'élément  halogène  au  moyen  d'une 
solution  titrée  d'azotate  d'argent,  en  se  servant  de  chromate  neutre  de  potasse  comme 
indicateur.  La  seconde  méthode  est  plus  rapide  encore  et  tout  aussi  précise;  elle  con- 
siste à  rendre  nettement  acide  par  AzO^H  la  solution  ammoniacale,  y  ajouter  un  excès 
d'une  solution  titrée  de  AzO^Ag  et  déterminer  l'excès  d'argent  par  la  méthode 
Lextreit-Vôhlard,  au  moyen  du  sulfocyanure  d'ammonium,  en  se  servant  de  l'alun  de 
fer  comme  indicateur;  ces  deux  modes  opératoires  donnent  également  de  bons  résul- 
tats et  sont  applicables  indifTéremment  au  cas  du  chlore  ou  du  brome. 

»  i"  Acide  chloranilique.  —  On  a  employé  oS"',3262  de  substance,  qui  ont  été  brûlés 
avec  OS'  4o  environ  d'un  combustible  auxiliaire  (naphtalèae)  en  présence  de  25"^°  de 
AzH^  concentrée  et  pure;  il  a  fallu  3i'%3  de  liqueur  argentique,  correspondant  à 
oS'',oo354  de  Cl  par  centimètre  cube.  Soit,  trouvé,  Cl  pour  loo  :  33,96;  calculé  pour 
C«H^0*C1^  Cl  pour  100  :  33,97. 

»  2"  Acide  parabromobenzoïque.  —  Deux  opérations  ont  été  faites  :  l'une,  sur 
o8''^6573,  a  donné,  Br  pour  100  :  39,44;  l'autre,  sur  o6'',5o5i,  a  fourni,  Br  pour  100  : 
89,48;  calculé  pour  C'H^BrO%  Br  pour  100  :  89,80. 

»  3°  Dibroinoanthracèiie.  —  On  a  opéré  sur  o8'',7656;  les  liqueurs  ammoniacales 
ont  été  divisées  en  deux  parties;  l'une  a  été  titrée  au  chromate,  l'autre  au  sulfo- 
cyanure; on  a  trouvé  respectivement,  Br  pour  100  :  47!45  et  47ï5i;  calculé  pour 
C'^H^Br^,  Brpour  100:47,72. 

»  II.  Dosage  de  l'iode.  —  La  méthode  qui  précède  n'est  point  applicable  au  dosage  de 
l'iode,  en  raison  de  la  manière  différente  dont  cet  élément  réagit  sur  AzH^.  J'ai  rem- 
placé, dans  ce  cas,  la  solution  ammoniacale  par  une  solution  de  potasse  concentrée. 
Cette  méthode  demande  quelques  précautions  spéciales  ;  aussi  la  décrirai-je  avec 
quelques  détails.  J'ai  opéré  sur  un  corps  très  riche  en  iode,  le  létraiodoéthylène 
(diiodoforme)  GH*.  Ce  composé  étant  trop  dense  pour  qu'on  puisse  réduire  en  pas- 
tille une  quantité  aussi  faible  que  celle  qui  a  été  mise  en  œuvre,  j'ai  creusé  une  petite 
cavité  dans  une  pastille  de  naphtalène  et  y  ai  déposé  le  corps  iodé,  soit  oS'',2942,  dans 
une  expérience;  au-dessus  de  la  substance  a  été  placée  une  seconde  pastille  de  naph- 
talène et  la  combustion  a  été  faite  à  la  manière  ordinaire,  dans  la  bombe,  au  fond  de 
laquelle  on  avait  déposé,  avant  l'expérience,  5o"  de  KOH  (i  mol  =  o''',  5o). 

»  La  combustion  terminée,  on  place  la  bombe  sur  un  plan  parallèlement  à  son 
grand  axe  et  on  la  fait  rouler  pendant  quelque  temps  sur  le  plan,  de  manière  que  la 
solution  de  potasse  vienne  toucher  successivement  tous  les  points  delà  surface  interne 
de  la  bombe.  Cela  fait,  on  laisse  refroidir,  et  alors  seulement  on  détend  lentement  les 
gaz;  ils  doivent  être  absolument  inodores,  si  l'opération  a  été  bien  conduite.  La  bombe 
ouverte  est  lavée  avec  soin  et  le  liquide  placé  dans  un  petit  ballon.  On  neutralise  alors 
partiellement  la  potasse  au  moyen  deSO*H-au  cinquième,  puis  on  distille  en  recueil- 
lant l'iode  dans  une  solution  de  Kl.  Quand  il  ne  passe  plus  d'iode,  on  ajoute  une  nou- 
velle quantité  de  SO*H'-,  de  manière  à  rendre  la  liqueur  très  fortement  acide,  puis 
3o'='=  à  50='=  de  Cr^O'K^  en  solution  saturée,  et  l'on  distille  de  nouveau.  Quand  il  ne 
passe  plus  d'iode,  on  étend  la  solution  iodoiodurée  à  200'='=,  on  en  prélève  20'='=  et  l'on 
dose  avec  une  solution  d'hyposulfite  étendue,  exactement  titrée  au  moyen  d'iode  pur. 


(  1267  ^ 

Il  a  fallu  21", 9  d'hyposulfite  correspondant  à  is^,  28  d'iode  par  litre.  Soit  : 

I  pour  100  ==95,28  calculé  pour  OP,  I  pour  100  =  95,48.   » 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  quelques  effets  des  décharges  élec- 
triques sur  le  cœur  des  Mammifères.  Noie  de  MM.  J.-L.  Prévost  et 
F.  Battelli,  présentée  par  M.  Ranvier. 

«  Dans  une  précédente  Note  (23  octobre  1899)  nous  avons  résumé  le 
mécanisme  de  la  mort  par  les  décharges  électriques,  en  indiquant  la  tech- 
nique que  nous  avons  suivie. 

»  Nous  donnons  aujourd'hui  le  résumé  d'expériences  faites  dans  le  labo- 
ratoire de  Physiologie  de  l'Université  de  Genève  en  suivant  le  même  dis- 
positif, avec  la  différence  qu'une  des  électrodes  était  appliquée  directement 
sur  le  cœur  mis  à  nu.  Cette  électrode  était  constituée  par  un  ou  plusieurs 
disques  métalliques  recouverts  d'étoffe  mouillée,  qui  étaient  appliqués  sur 
la  paroi  antérieure  des  ventricules. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  sur  des  Mammifères  (chiens,  chats, 
lapins) curarisés  ou  anesthésiés  parle  chloroforme,  lechloral,  la  morphine 
ou  l'élher. 

»  Dans  une  Note  précédente  (i3  mars  1899)  nous  avons  montré  que  les 
trémulations  fibrillaires  du  cœur  provoquées  chez  le  chien,  chez  lequel 
elles  sont  définitives,  peuvent  dans  certaines  conditions  être  arrêtées,  le 
cœur  reprenant  ses  battements  lorsque  l'on  soumet  l'animal  au  passage 
d'un  courant  alternatif  de  haute  tension  (de  4800  volts  par  exemple). 

»  xiu  moyen  de  décharges  électriques  faites  directement  sur  le  cœur, 
nous  sommes  arrivés  à  des  résultats  analogues,  que  nous  résumons  dans 
les  conclusions  suivantes  : 

»  1.  Quelle  que  soit  la  cause  qui  a  provoqué  les  trémulations  fibrillaires 
du  cœur,  chez  le  chien  ou  chez  le  chat  adultes,  elles  peuvent  être  abolies 
et  remplacées  par  de  vraies  contractions  rythmiques  du  cœur,  avec  restau- 
ration de  la  pression  artérielle  lorsqu'on  applique  sur  le  cœur  une  décharge 
électrique  appropriée  (ni  trop  faible,  ni  trop  forte);  si  toutefois  on  ne 
laisse  pas  s'écouler  un  laps  de  temps  supérieur  à  quinze  secondes  environ. 

>  2.  Quand  on  a  laissé  passer  plus  de  quinze  secondes  après  l'apparition 
des  trémulations  fibrillaires,  il  faut  recourir  à  un  massage  plus  ou  moins 
prolongé  du  cœur,  pour  appliquer  la  décharge  d'une  manière  efficace  et 
obtenir  la  cessation  des  trémulations  et  le  rétablissement  des  battements 
rythmiques  du  cœur. 


(     T268    ) 

»  Sous  l'effet  fie  ces  décharges,  les  oreillettes  sont,  le  plus  souvent, 
arrêtées  en  diastole;  mais  cet  arrêt  n'est  que  momentané,  si  les  ventri- 
cules réacquièrent  des  contractions  efficaces. 

M  Les  décharges  qui  nous  ont  paru  les  plus  favorables  à  la  restitution 
des  battements  du  cœur  étaient,  chez  le  chat  (capacité  :  o,63  microfarad  ; 
distance  explosive  :  5°"")  ;  chez  les  chiens  de  petite  ou  de  moyenne  taille 
(capacité  :  i,']l\;  distance  explosive  :  5™");  chez  les  chiens  de  grande 
taille  (capacité  :  1,74;  distance  explosive  :  6™'"). 

»  3.  Les  courants  induits  appliqués  sur  la  région  du  cœur,  qui  a  reçu 
une  forte  décharge  électrique,  ne  provoquent  plus  de  trémulations  fdiril- 
laires. 

))  Ces  trémulations  peuvent,  au  contraire,  être  provoquées,  si  l'on  élec- 
trise  un  point  autre  que  celui  qui  a  reçu  la  décharge. 

»  4.  L'inhibition  du  point  du  cœur  qui  a  reçu  la  décharge  peut  être  plus 
ou  moins  intense,  suivant  l'énergie  de  la  décharge;  ce  point  peut  être  ou 
complètement  inhibé  et  rester  sans  réaction,  ou  ses  réactions  peuvent  être 
simplement  affaiblies. 

»  5.  L'inhibition  du  point  qui  a  reçu  la  décharge  ne  provient  pas  d'une 
lésion  anatomique  profonde,  car  elle  est  habituellement  passagère. 

»  6.  En  cas  de  décharges  d'énergie  modérée,  le  courant  induit  appliqué 
sur  le  point  de  la  décharge  donne  souvent  lieu  à  une  accélération  du 
cœur.  » 


ANATOMIE  ANIMALE.  —  Considérations  générales  sur  les  organes  reproducteurs 
mâles  des  Coléoptères  à  testicules  composés  et  disposés  en  grappes  {*).  Note 
de  M.  L.  Bordas,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Les  glandes  génitales  mâles  des  Coléoptères,  malgré  leur  prodigieuse 
polymorphie,  leur  complexité  apparente,  les  formes  variées  qu'affectent 
les  testicules,  les  glandes  annexes,  etc.,  peuvent  néanmoins  se  ramener  à 
deux  formes  types  fondamentales,  relativement  simples,  autour  desquelles 
nous  avons  groupé  toutes  les  autres,  quelles  que  soient  leur  complication 
et  leur  diversité  morphologiques.  Dans  ces  deux  formes  primordiales  sont 
compris  :  1°  les  Coléoptères  à  testicules  simples  et  tubuleux,  et  2°  les  Coléo- 
ptères à  testicules  composés  et  disposés  en  faisceaux  ou  en  grappes. 


{•)  Travail  dû-Laboratoire  de  Zoologie  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Marseille,  dirisé 
par  M.  le  professeur  Marion. 


(  1269  } 

»  Nous  allons,  dans  cette  étude  préliminaire,  nous  occuper  des  espèces 
à  testicules  composés  et  disposés  en  grappes.  Dans  ce  groupe  se  rangent 
les  Coléoptères  appartenant  aux  familles  suivantes  :  Tenehrionidœ,  Sta- 
phylinidœ,  Hydrophilidœ,  TelepJioridœ,  Silphidœ,  Coccinellidcc,  Cantharididœ, 
Cleridœ,  Elateridœ,  etc. 

»  Les  TESTICULES  affectent  parfois  la  forme  de  grappe  simple  et  sont 
formés  d'un  petit  nombre  de  lobes  ou  capsules  testiculaires  s'ouvrant 
à  l'extrémité  antérieure  du  canal  déférent  {Tenehrionidœ^.  Parfois  aussi,  la 
grappe,  également  simple,  simule  l'apparence  d'un  épi  et  comprend  un 
réceptacle  central  tubuleux,  dans  lequel  viennent  déboucher  une  mul- 
titude d'ampoules  spermatiques  coniques  et  sessiles  {Slaphylinidœ,  Hydro- 
philidœ,  etc.).  Mais,  dans  la  majorité  des  cas,  la  grappe  est  composée  et 
comprend  un  conduit  médian,  portant  latéralement  des  ramifications,  gé- 
néralement très  courtes,  sur  lesquelles  s'ouvrent  directement  des  capsules 
ou  ampoules  spermatiques  sessiles  ou  faiblement  pédicellées  ÇTimarc/ia, 
Silphidœ,  Coccinellidœ,  Elateridœ,  etc.).  Chez  les  Cleridœ,  ces  ampoules  sont 
allongées,  fusiformes,  amincies  et  fdamenteuses  à  leur  extrémité  libre. 

»  Les  CANAUX  DÉFÉRENTS,  tubulcux  et  parfois  courts  (^Slaphylinidœ),  sont 
généralement  longs,  sinueux  et  souvent  pelotonnés.  Chez  toutes  les  espèces, 
leur  extrémité  terminale  s'élargit  plus  ou  moins  pour  constituer  les  vési- 
cules SÉMINALES.  Ces  dcmières  renferment  toujours,  au  milieu  d'un  li- 
quide clair  et  gluant,  de  nombreux  faisceaux  de  spermatozoïdes.  Chez  les 
Coccinellidœ,  la  dilatation  réceptaculaire,  large  et  sacciforme,  est  tout  par- 
ticulièrement caractéristique.  Ces  canaux  vont  généralement  déboucher  à 
la  partie  terminale  des  glandes  annexes  externes  ou  bien  sur  les  côtés  de 
l'extrémité  initiale,  légèrement  dilatée,  du  conduit  éjaculaleur  (^Staphyli- 
nidœ).  Le  point  d'embouchure,  chez  les  Coccinelles,  est  situé  à  peu  près  au 
quart  inférieur  de  la  première  paire  de  glandes  annexes. 

»  Le  nombre  des  glandes  annexes  ou  accessoires  (')  dépasse  toujours 
deux  paires,  contrairement  à  ce  qui  existe  chez  les  Coléoptères  à  testicules 
simples  et  tubuleux  et  chez  ceux  à  testicules  composés  et  fascicules. 

1)  Les  Tenehrionidœ,  les  Slaphylinidœ,  les  Silphidœ,  les  Telephoridœ,  etc., 
ont  deux  paires  de  ces  glandes,  tandis  qu'on  en  compte  trois  chez  les  Coc- 
cinellidœ, les  Cantharididœ,  les  Elateridœ,  etc.,  et  quatre  paires  chez  les 


(')  K.  EscHERiCH  (1894)  et  P.  Blatter  (1897),  dans  leur  Étude  sur  l'Hydrophile, 
appellent  ectadénies  les  glandes  annexes  dépendant  directement  du  conduit  éjaculaleur 
et  mésadénies  les  organes  annexiels  dus  à  des  évaginations  des  canaux  déférents. 


(     I270    ) 

Cleridœ.  Exceptionnellement,  les  Timarcha  ne  possèdent,  comme  glandes 
annexes,  que  deux  petites  vésicules,  considérablement  atrophiées  ets'ou- 
vrant  chacune  au  milieu  du  canal  déférent  correspondant. 

»  Parmi  ces  organes,  lesuns  (mésadénies)  sont  généralement  en  rapport 
avec  l'extrémité  terminale  des  canaux  déférents,  tandis  que  les  autres 
(ectadénies)  s'ouvrent  directement  à  l'origine  du  conduit  éjaculateur.  Ces 
glandes  sont  généralement  tubuleuses,  allongées,  sinueuses  et  parfois 
pelotonnées  {Telephoridœ,  Silphidœ,  Coccinellidœ,  etc.).  Elles  se  présentent 
cependant  assez  souvent  sous  la  forme  de  vésicules  ovoïdes  (Timarcha, 
Staphylins)  ou  de  tubes  larges,  sacciformes,  cylindriques,  très  variables 
quant  à  leur  conformation  et  à  extrémité  libre  émoussée  et  recourbée  en 
S  ou  en  forme  de  crochet  (Clerus,  Elater,  Athous,  Corymbites,  etc.). 

»  Le  produit  de  sécrétion  glandulaire  est  un  liquide  souvent  mnqueux, 
gluant,  hyalin  et  transparent;  parfois,  il  se  prend  en  une  masse  homogène 
et  gélatineuse  ;  souvent  aussi,  dans  les  glandes  internes  (ectadénies),  ce 
produit  se  concrète  en  une  masse  dure,  résistante,  cornée,  élastique  et 
flexible,  de  couleur  jaunâtre  ou  rougeâtre  (Cleridœ).  Dans  ce  dernier  cas, 
les  coupes  sont  rendues  très  difficiles.  Certaines  des  glandes  annexes  ont 
sans  doute  pour  fonction  de  sécréter  un  liquide  destiné  à  diluer  le  sperme 
ou  d'exercer  une  fonction  physiologique  au  moment  de  la  copulation. 

))  Les  glandes  annexes  ont  une  structure  histologique  assez  simple.  Elles 
sont  pourvues  extérieurement  d'une  membrane  enveloppante  assez  mince, 
formée  de  faisceaux  musculaires  circulaires  et  longitudinaux.  Vient  ensuite 
une  membrane  basilaire  (tunique  propre),  très  ténue  et  de  nature  con- 
jonctive, supportant  l'épithélium  sécréteur.  Ce  dernier  est  formé  par  une 
assise  unique  de  cellules  allongées  et  cylindriques,  de  formes  variables 
suivant  la  nature  des  glandes  et  les  régions  de  l'organe.  Le  bord  interne  de 
l'épithélium  est  irrégulier, parfois  sinueux,  et  ne  présente,  en  aucun  cas,  de 
membrane  chitineuse  recouvrante  interne. 

»  Le  CONDUIT  ÉJACULATEUR  cst  long  et  sinueux  chez  les  Tenebrionidœ,  les 
Staphylinidœ,  les  Telephoridœ,  etc.,  large  et  court,  au  contraire,  chez  la 
plupart  des  autres  espèces.  Il  présente  en  général,  au  cours  de  son  trajet, 
un  renflement  vésiculeux,  dû  non  à  la  dilatation  de  son  lumen  interne, 
mais  bien  à  un.  accroissement  considérable  de  l'épaisseur  de  ses  parois.  Il 
traverse  finalement  l'axe  du  pénis  et  s'ouvre  au  dehors  par  un  orifice  circu- 
laire. 

))  Le  conduit  éjaculateur  est  entouré  d'un  manchon  externe  très  puis- 
sant et  fort  épais,  constitué  par  des  fibres  musculaires  circulaires  et  longi- 


(  I27I  ) 

tudinales,  disposées  en  un  nombre  variable  d'assises.  Sur  le  bord  interne  de 
la  couche  musculaire,  vient  un  très  mince  ruban  membraneux  basilaire, 
de  nature  conjonctive,  sur  lequel  repose  Vépiihéliumchitinogène.  Ce  dernier 
est  formé  par  des  cellules  allongées  et  cylindriques  ou  parfois  aplaties  et 
cubiques.  La  cavité  centrale  du  conduit,  généralement  fort  étroite,  est 
limitée  par  une  intima  chitineuse,  à  contour  plus  ou  moins  sinueux,  parfois 
lisse  et  souvent  aussi  recouvert  de  soies  ou  de  piquants  cornés. 

»  L'étude  de  l'épithélium  chitinogène  nous  montre  que  le  bord  libre  des 
cellules  disparaît  parfois  et  que  l'on  peut  passer,  par  des  transitions  insen- 
sibles, de  la  structure  protoplasmique  de  la  région  interne  des  cellules  à  la 
couche  chitineuse.  Cette  constatation  nous  permet  de  conclure  que 
l'intima  chitineuse  n'est  pas  un  produit  de  sécrétion  cellulaire,  mais  bien 
une  différentiation  de  la  région  cytoplasmique  interne  de  l'assise  chitino- 
gène. 

»  Le  conduit  éjaculateur,  malgré  son  apparence  simple,  a  cependant  une 
origine  double,  ainsi  qu'en  témoignent  :  1°  un  bourrelet  médian  interne 
que  l'on  observe  parfois  sur  les  coupes,  et  2°  l'existence  de  deux  conduits 
allongés,  sinueux  et  libres  sur  la  presque  totalité  de  leur  parcours,  que  l'on 
trouve  encore  chez  quelques  Longicornes  {Lamiinœ).  » 

ZOOLOGIE.  —  ÉvoliUion  sans  hélérogonie  d'un  Angiostome  de  la  Couleuvre 
à  collier.  Note  de  M.  Railliet,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Les  belles  recherches  de  Leuckart  et  de  von  Linstow  ont  montré  que 
les  Angiostomes  {Angiostoma  Dujardin)  sont  le  type  des  Nématodes  hété- 
rogoniques,  c'est-à-dire  qu'ils  offrent  régulièrement  deux  ordres  successifs 
de  générations  sexuées,  savoir  une  forme  monoïque  parasite  et  une  forme 
dioïque  libre. 

»  Or,  je  viens  d'étudier  un  Angiostome  du  poumon  du  Tropidonolus 
natrix  dont  le  développement  ne  comporte  plus  de  génération  libre. 

»  Ce  Ver,  pour  lequel  je  propose  le  nom  cV  Angiostoma  fuscovenosum,  se 
présente  sous  l'aspect  d'une  femelle  longue  de  3""°, 4  à  5""", 6,  large  au 
maximum  de  i5o  [/.  à  190  [j.,  de  teinte  blanchâtre  avec  une  ligne  brunâtre 
correspondant  à  l'intestin.  Le  corps  est  cylindrique,  atténué  aux  deux 
extrémités,  surtout  en  arrière  où  il  se  termine  en  pointe  fine.  Le  tégument 
est  strié  en  travers.  L'extrémité  céphalique  est  tronquée;  la  bouche,  munie 
de  six  lèvres  ou  papilles,  donne  entrée  dans  une  capsule  buccale  infundi- 


(     Ï272    ) 

buliforme  ;  l'œsophage,  un  peu  renflé  en  massue  dans  sa  région  postérieure, 
est  Ion"  de  270  [;.,  large  de  70  |x  dans  la  partie  la  plus  dilatée;  l'intestin,  for- 
tement pigmenté,  est  à  peu  près  cylindrique,  sauf  à  l'extrémité  postérieure, 
oîi  il  s'atténue  pour  aboutir  à  l'anus,  situé  à  1 10  p.  de  la  pointe  caudale.  I.a 
vulve,  assez  saillante,  est  située  un  peu  en  avant  du  milieu  du  corps.  Les 
deux  tubes  génitaux  renferment  20  à  3o  et  jusqu'à  4o  œufs  non  segmentés, 
longs  de  79  ;;.  à  85  jj.,  larges  de  48  [i.  à  52  [a,  pourvus  d'une  coque  très  mince. 
).  Les  œufs  sont  pondus  dans  le  poumon;  ils  évoluent  et  éclosent  sur 
place.  Ils  donnent  des  embryons  rhabditiformes  que  l'on  trouve  en  très 
grand  nombre,  non  seulement  dans  la  cavité  pulmonaire,  mais  aussi  dans 
le  tube  digestif,  qui  constitue  leur  voie  normale  d'expulsion. 

»  Recueillies  le  10  juin  et  conservées  dans  de  l'eau  de  rivière  filtrée  sur  porcelaine, 
ces  larves  rhabditiformes  mesurentàce  moment  33o[ji.à  35o|j.  de  long  sur  20  (j.  d'épais- 
seur. Leur  appareil  digestif  comprend  une  très  faible  dépression  buccale  suivie  d'un 
tube  pharyngien  assez  mince;  puis  un  œsophage  à  double  renflement,  la  dilatation 
postérieure  étant  pourvue  d'un  appareil  dentaire;  enfin,  un  intestin  assez  large, 
étranglé  en  arrière  et  terminé  par  un  rectum  fort  grêle. 

»  Le  12  juin,  ces  larves  sont  déjà  longues  de  53o[j.  et  larges  de  3o|j..  Elles  montrent 
une  capsule  buccale  très  nette  et  un  tube  pharyngien  plus  large.  Pour  me  rapprocher 
autant  que  possible  des  conditions  naturelles,  je  les  dépose  sur  du  terreau  humide, 
préalablement  passé  à  l'autoclave  à  120°,  de  manière  à  éliminer  les  Anguillulidés  sus- 
ceptibles de  l'habiter.  Un  échantillon  de  ce  terreau  est  du  reste  conservé  pour  servir 
de  milieu  témoin.  Le  tout  est  placé  en  chambre  humide,  à  la  température  du  labo- 
ratoire. 

«  Le  i4  juin,  les  larves  rhabditiformes  mesurent  63o  jx  à  660  [x  de  long;  le  16  juin, 
la  plupart  ont  de  690  |j.  à  800  |ji. 

»  Mais,  à  partir  du  i4  juin,  on  les  voit  successivement  changer  d'aspect.  Le  20  juin, 
toutes  ont  subi  une  mue  et  se  présentent  à  l'état  de  larves  strongyloïdes  ou  filari- 
formes.  Elles  sont  plus  grêles,  et  surtout  beaucoup  plus  agiles,  au  point  qu'on  les 
prendrait  à  première  vue  pour  des  larves  de  Rhabditis.  La  cuticule  est  nettement 
striée;  la  capsule  buccale  s'ouvre  directement  dans  l'œsophage,  et  celui-ci  ne  laisse 
plus  guère  distinguer  qu'un  renflement  postérieur,  moins  accusé  que  dans  la  larve 
rhabditiforrae,  étranglé  dans  son  milieu  et  dépourvu  d'armature  dentaire.  Elles  me- 
surent alors  610  |J.  à  65o  |x  de  long  sur  24  [x  à  26  [t.  de  large. 

))  On  sait  que  les  larves  strongyloïdes  représentent  la  phase  ultime  de  la  vie  libre 
de  l'espèce,  la  forme  qui  doit  réintégrer  l'organisme  de  l'hôte.  Aussi  bien,  à  dater  du 
25  juin,  les  voit-on  périr  peu  à  peu,  de  quelque  façon  qu'on  varie  les  conditions  de 
milieu;  toutes  sont  mortes  avant  la  fin  de  juillet. 

w  L'évolution  qui  vient  d'être  résumée  est  exactement  parallèle  à  celle 
qu'ont  observée,  à  plusieurs  reprises,  Grassi,  Leichlenslern  et  Max  Braun, 
soit  pour  le  Strongyloïdes  intestinahs  de  l'Homme,  soit  surtout  pour  divers 


(  1273  ) 

Strongyloîdes  des  animaux.  Mais  l'intérêt  qu'elle  présente  repose  précisé- 
ment sur  ce  fait  qu'on  avait  considéré  jusqu'à  présent  l'alternance  de 
générations  comme  nécessaire  chez  les  Angiostomes.  On  voyait  dans  ces 
Nématodes  un  type  de  passage  entre  les  Rhabditis,  toujours  libres  et  à 
sexes  séparés,  et  les  Slrongyloides,  offrant  une  puissante  adaptation  à  la 
vie  parasitaire,  révélée  par  une  tendance  fréquente  à  la  suppression  de  la 
génération  libre  et  dioique. 

»  Les  faits  qui  précèdent  montrent  cette  adaptation  déjà  très  marquée 
dans  les  Angiostomes,  puisque  ces  Vers  peuvent  aussi  se  développer  sans 
hétérogonie.  Ils  se  rapprochent  même  très  nettement,  à  cet  égard,  des 
Strongylidés  de  l'appareil  digestif,  et,  en  particulier,  des  Sclérostominés, 
ce  qui  confirme  les  affinités  soupçonnées  par  Dujardin  d'après  la  seule 
morphologie. 

»  Dans  des  recherches  ultérieures,  il  y  aura  lieu  de  s'assurer  si,  comme 
le  fait  a  pu  se  produire  parfois  pour  les  Slrongyloides,  l'intervention  d'une 
température  relativement  élevée  ne  serait  pas  susceptible  de  favoriser 
l'apparition  d'une  génération  libre  à  sexes  distincts,  c'est-à-dire  le  réta- 
blissement de  riiétérogonie.    » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  le  pigment  des  Arénicoles.  Note  de  M.  Pierre  Fauvel, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Il  existe  dans  le  tégument  des  Arénicoles  deux  pigments  ordinaire- 
ment regardés  comme  complètement  distincts  : 

))  1°  Un  lipochrome  jaune,  contenu  dans  les  cellules  épithéliales, 
dépourvu  d'éléments  figurés  et  soluble  dans  l'alcool; 

»  2°  Un  pigment  noir,  formé  de  fines  granulations  insolubles  de  méla- 
nine, de  i[j.  à  9.]j.,  localisées  dans  le  tiers  supérieur  des  cellules  épider- 
miques.  C'est  à  ce  dernier  pigment  que  certaines  Arénicoles  doivent  leur 
coloration  noire. 

«  Ayant  remarqué  que  des  spécimens  d'Arénicole,  colorés  en  jaune 
clair,  et  à  peu  près  complètement  dépourvus  de  la  pigmentation  noire, 
noircissent  fortement  dans  l'alcool,  au  pointd'égaler  les  spécimens  les  plus 
foncés,  surtout  lorsqu'ils  ont  été  fixés  par  un  réactif  acide,  tel  que  le 
liquide  de  Perenyi,  tandis  que  d'autres  conservés  dans  le  formol,  ou  fixés 
au  sublimé,  conservent  une  teinte  claire  ou  se  colorent  à  peine  en  brun, 
j'ai  été  amené  à  me  demander  si  la  couleur  noire,  chez  l'animal  vivant, 

C.  R.,  1899,  2'  Semestre.  (T.  CXXIX,  N"  26.)  167 


(  I271  ) 

n'est  pas  due  à  une  modification  chimique  du  lipochrome  jaune,  à  l'inté- 
rieur des  cellules  sous  l'influence  d'un  milieu  acide. 

»  1°  Le  développement  de  la  pigmentation  noire  suit  la  même  marchv? 
que  la  coloration  jaune.  Chez  les  jeunes  A.  marina,  au  stade  Clymenides, 
cette  dernière  se  montre  d'abord  sur  les  deux  extrémités  du  corps  et  gagne 
peu  à  peu  vers  le  milieu;  la  pigmentation  noire  se  montre  plus  tard  et 
débute  sur  les  mêmes  régions. 

»  2°  La  partie  antérieure  et  la  partie  postérieure  du  tube  digestif  sont 
précisément  celles  qui  présentent  une  réaction  acide  et  leur  épilhélium  est 
en  continuité  avec  celui  des  extrémités  du  corps. 

»  3°  La  pigmentation  noire  augmente  avec  l'âge,  il  en  est  de  même  de 
la  coloration  jaune; 

»  4°  Les  espèces  chez  lesquelles  le  lipochrome  est  le  plus  abondant  sont 
aussi  les  plus  fréquemment  atteintes  demélanisme  (A.  ecau^lata,  A.  Grubii)  ; 

»  5°  Si  l'on  examine  au  microscope  un  fragment  de  tégument  vivant, 
pris  dans  une  région  bien  colorée  en  jaune,  mais  dépourvue  de  colora- 
tion noire,  on  y  voit  un  grand  nombre  de  cellules  colorées  en  jaune 
intense  d'une  façon  uniforme  et  sans  traces  de  granulations.  Si  l'on 
ajoute  alors  à  la  préparation  de  l'alcool,  on  voit  celui-ci  se  teinter  en  jaune 
par  dissolution  partielle  du  lipochrome  et  en  même  temps,  à  mesure  que 
le  réactif  gagne  les  cellules,  jusque-là  transparenles,  on  voit  se  former  dans 
celles-ci  une  foule  de  granulations  noires,  identiques  à  celles  que  l'on  ob- 
serve dans  les  parties  naturellement  foncées  de  l'épiderme.  Avec  les  acides, 
le  phénomène  est  encore  plus  frappant. 

»  La  solution  du  lipochrome,  obtenue  en  faisant  macérer  des  A.  Gruhii,  pendant 
quelques  minutes,  dans  l'alcool  à  90°,  est  fluorescente,  jaune  d'or  par  transparence, 
verte  par  réflexion.  Abandonnée  à  la  lumière,  elle  brunit  en  donnant  un  fin  précipité 
noirâtre  insoluble  dans  l'eau  et  dans  l'ammoniaque.  Conservée  à  l'obscurité,  elle  se 
décolore  et  précipite  beaucoup  plus  lentement;  le  précipité  est  soluble  dans  l'ammo- 
niaque qu"il  colore  en  vert.  Même  au  bout  de  deux  mois,  ^  de  cette  solution  décolorée 
ajouté  à  ^0  d'eau  distillée  colore  celle-ci  en  jaune  vif.  L'addition  de  quelques  gouttes 
d'ammoniaque  à  la  solution  alcoolique  la  fait  virer  au  vert  émeraude  intense  et  empêche 
la  formation  du  précipité,  même  à  la  lumière. 

»  L'addition  de  quelques  gouttes  d'acide  chlorliydrique,  d'acide  azotique,  ou  de  li- 
quide de  Perenyï,  à  la  solution  alcoolique,  fait  virer  rapidement  sa  couleur  au  brun 
et  il  se  forme  bientôt  un  précipité  d'un  vert  noirâtre,  dont  les  granulations  examinées 
au  microscope  sont  identiques,  comme  aspect  et  comme  taille,  à  celles  que  l'on  observe 
sur  les  coupes  de  l'épiderme.  L'acide  acétique  donne  un  précipité  brun. 

»  Ces  précipités  sont  insolubles  dans  l'eau,  l'alcool  et  l'ammoniaque. 

>'  La  solution  du   lipochrome   dans  la   formoline  à  5  pour  100  est  jaunâtre,  assez 


(   '275  ) 

claire  et  ne  m'a  pas  paru  fluorescente.  L'acide  acétique,  l'acide  clilorliydrique,  l'acide 
azotique  y  déterminent  rapidement  la  formation  d'un  précipité  brun  clair,  insoluble 
dans  l'eau  et  dans  l'ammoniaque.  Ce  précipité;  abondant,  floconneux,  n'a  pas  l'aspect 
de  celui  des  solutions  alcooliques.  L'addition  d'ammoniaque  à  la  solution  dans  la 
formaline  empêche  la  formation  du  précipité,  mais  la  couleur  du  liquide  ne  vire  pas 
au  vert. 

»  Si  l'on  fait  macérer  dans  l'alcool  à  90°,  pendant  quelques  minutes,  une  certaine 
quantité  de  tubes  digestifs  d'^.  Grubii,  on  obtient  un  liquide  à  peine  coloré  en  brun 
clair  (sans  doute  par  le  sang  du  sinus  intestinal).  L'ammoniaque  n'y  détermine  pas 
de  coloration  verte,  et  les  acides  n'y  produisent  que  des  traces  d'un  fin  précipité 
blanc,  d'aspect  albuminoïde. 

»  Cette  solution  ne  présente  donc  pas  les  mêmes  réactions  que  celle  du  lipochrome 
de  l'épiderme. 

»  Il  semble  donc  rationnel  d'altribuerla  formation  des  granulations  de 
mélanine,  dans  les  cellules  épilhéliales,  à  une  modification  chimique  du 
lipochrome,  à  l'intérieur  des  cellules  mêmes,  sous  l'influence  de  l'acidité 
provenant,  soit  du  voisinage  des  régions  acides  du  tube  digestif  (extré- 
mités du  corps),  soit  de  l'accumulation  des  déchets  organiques  (pigmen- 
tation augmentant  avec  l'âge),  soit  enfin  du  milieu  extérieur  (pigmenta- 
tion très  variable  avec  l'habitat  ). 

»  Les  différentes  espèces  semblent  présenter  de  légères  différences 
dans  la  composition  chimique  du  lipochrome. 

))  Il  convient  de  remarquer  que  Y  A.  Grubii  est  celle  qui  renferme  la 
plus  grande  quantité  de  lipochrome  et  que  c'est  également  l'espèce  chez 
laquelle  le  mélanisme  est  le  plus  fréquent  et  le  plus  intense. 

))  UA.  ecaudata  a  un  lipochrome  moins  abondant  et  moins  foncé,  la 
mélanine  est  aussi  moins  développée  chez  elle  que  chez  la  précédente. 

»  Chez  VA.  marina,  le  pigment  jaune  est  encore  plus  rare,  il  est  sou- 
vent localisé  seulement  aux  extrémités  du  corps,  et  il  en  est  de  même  de 
la  coloration  noire,  qui,  même  chez  des  individus  de  i5'='",  fait  parfois 
presque  coinplètement  défaut  dans  la  région  moyenne. 

»  Enfin,  chez  l'^l.  Vincenli,  le  lipochrome  jaune  semble  faire  défaut, 
sans  doute  parce  qu'il  est  en  trop  petite  quantité  pour  être  facilement 
observé;  or  c'est  également  l'espèce  chez  laquelle  la  mélanine  est  le  moins 
abondante.   » 


(  1276  ) 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  L' assimilation  chlorophyllienne  dans  la  lumière 
solaire  qui  a  traversé  des  feuilles  (').  Note  de  M.  Ed.  Griffon,  présentée 
par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Depuis  les  recherches  de  Timirjazeff,  Reinke,  Engelmann,  etc.,  on  sait 
que  le  phénomène  de  la  décomposition  de  l'acide  carbonique  est  lié  à  l'ab- 
sorption, par  la  substance  verte  des  feuilles,  de  certaines  radiations  lumi- 
neuses dont  les  longueurs  d'onde  sont  connues.  M.  Timirjazeff  a  montré, 
en  outre,  que  la  lumière  blanche  est  incapable,  quelle  que  soit  son  intensité, 
de  provoquer  dans  des  tissus  verts  le  phénomène  de  l'assimilation  du  car- 
bone, si  elle  a  traversé  auparavant  une  dissolution  de  chlorophylle.  Dans 
ce  cas,  en  effet,  elle  est  privée  des  radiations  qui  fournissent  aux  chloroleu- 
cites  l'énergie  nécessaire  à  la  décomposition  de  l'acide  carbonique. 

»  Dans  la  nature,  la  lumière  solaire  qui  frappe  une  feuille  n'a  jamais,  il 
est  vrai,  traversé  une  dissolution  de  chlorophylle;  mais,  par  contre,  elle 
peut  avoir  traversé  une  ou  plusieurs  feuilles  vertes.  Il  était  intéressant  de 
Toir  ce  que  devient,  dans  cette  lumière  transmise,  la  fonction  assimilatrice; 
autrement  dit,  une  feuille,  qui  ne  reçoit  de  radiations  lumineuses  que  celles 
qui  ont  traversé  une  ou  plusieurs  autres  feuilles,  est-elle  encore  capable 
de  décomposer  l'acide  carbonique? 

i>  En  1887,  M.  Nagamatz  (^)  a  essayé  de  résoudre  directement  ce  problème;  il  a 
recouvert  une  feuille  verte  par  une  autre  semblable  et  il  a  constaté  que  dans  la  feuille 
ainsi  masquée  il  n'y  a  jamais  formation  d'amidon.  Il  en  a  conclu  qu'une  feuille  verte 
de  200 |x  d'épaisseur  suffisait  à  arrêter  l'assimilation.  Mais  on  sait  aujourd'hui,  depuis 
les  recherches  de  Schimper,  Saposchnikoft",  Brown  et  Morris,  et  j'ai  eu  l'occasion  de 
le  constater  moi-même  bien  des  fois  dans  un  autre  travail,  qu'il  n'y  a  pas  proportion- 
nalité entre  la  quantité  d'amidon  produit  et  l'énergie  assimilatrice;  que  la  non-appa- 
rition  de  l'amidon,  dans  une  feuille  qui  en  contient  d'ordinaire,  n'implique  nullement 
l'arrêt  complet  de  l'assimilation. 

»  L'expérience  qui  précède  n'est  donc  pas  concluante.  Je  me  suis  proposé  de  la  re- 
prendre et  je  l'ai  modifiée  comme  il  suit  : 

»  J'ai  employé  des  éprouvettes  aplaties  enduites  d'un  vernis  noir  au  sommet  et  sur 
les  côtés,  de  façon  que  la  lumière  ne  puisse  arriver  dans  l'intérieur  que  par  les  deux 


(')  Travail  fait  au  Laboratoire  de  Biologie  végétale  de  Fontainebleau,  dirigé  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

{■)  Arbeiten  des  botanischen  Instituts  in  Wurzburg,  i,  III,  p.  899. 


(  1277  ) 

faces  planes.  J'appliquais  sur  ces  deux  faces  des  portions  rectangulaires  de  feuilles 
d'une  espèce  donnée  et  que  je  maintenais  en  place  au  moyen  d'anneaux,  en  caoutchouc. 
Dans  l'intérieur  des  éprouvettes  se  trouvait  de  l'air  ordinaire  contenant  5  à  lo  pour 
100  d'acide  carbonique;  une  feuille  de  Troène  {Ligustrum  ovalifoliitnt)  reposait  dans 
cet  air  sur  le  mercure.  Grâce  à  des  analyses  faites  avant  et  après  l'expérience,  je 
voyais  si  cette  feuille  assimilait  ou  non  derrière  l'écran  appliqué  sur  les  parois  des 
éprouvettes.  Celles-ci,  descendues  dans  un  cristallisoir  plein  d'eau  se  renouvelant 
continuellement  de  façon  à  maintenir  la  température  constante,  étaient  exposées  soit  à 
la  lumière  directe,  soit  à  la  lumière  diffuse.  Des  éprouvettes  témoins  se  trouvaient  à 
côté  des  précédentes;  les  unes  étaient  dépourvues  d'écran  et  laissaient  par  conséquent 
pénétrer  dans  leur  intérieur  toute  la  lumière;  les  autres  étaient  complètement  noircies, 
en  sorte  que  la  feuille  de  Troène  qu'elles  contenaient  se  trouvait  à  l'obscurité. 
»  Je  vais  exposer  maintenant  les  principales  conclusions  auxquelles  je  suis  arrivé. 

»  I.  Derrière  une  seule  feuille,  j'ai  toujours  observé  qu'il  y  a  décom- 
position d'acide  carbonique.  Et  il  en  est  ainsi,  non  seulement  avec  des 
feuilles  comme  celles  d'Érable  Sycomore  (77;-'.),  de  Châtaignier  (8ofj.),  de 
Hêtre  (90[/.),  de  Marronnier  (loojx),  mais  encore  avec  des  feuilles  plus 
épaisses  et  plus  vertes  de  Vigne  vierge  et  de  Lilas  (200  [ji),  de  Poirier  (270  (x) , 
et  même  de  Lierre  (3oo[y.)  et  de  Laurier-Cerise  (34o[;.).  Toutes  les  expé- 
riences qui  m'ont  fourni  ces  résultats  ont  été  faites  à  la  lumière  directe  du 
soleil,  la  température  variant  entre  16"  et  20°,  l'air  employé  contenant, 
comme  il  a  été  dit  plus  haut,  de  5  à  10  pour  100  de  gaz  carbonique. 

»  IL  Par  contre,  le  plus  souvent,  derrière  deux  feuilles,  et  dans  les 
mêmes  conditions  de  milieu,  il  y  a  généralement  dégagement  d'acide  car- 
bonique. La  lumière  qui  traverse  deux  feuilles  est  cependant  encore 
capable,  ainsi  que  je  m'en  suis  assuré,  de  permettre  la  décomposition  de 
ce  gaz;  mais  la  respiration  l'emporte  sur  l'assimilation  et  donne  son  signe 
à  la  résultante  de  ces  deux  phénomènes  inverses. 

»  IIL  Le  passage  de  la  lumière  à  travers  une  seule  feuille  alTaiblit 
néanmoins  d'une  manière  notable  la  force  vive  des  radiations  qui  servent 
à  la  fonction  chlorophyllienne.  Aussi,  derrière  une  feuille,  l'énergie  assi- 
milatrice  d'un  tissu  vert,  mesurée  'par  les  quantités  d'oxygène  dégagé  ou 
d'acide  carbonique  absorbé  par  unité  de  surface  dans  un  temps  donné,  se 
trouve-t-elle  réduite  dans  de  fortes  proportions.  En  comparant  l'énergie 
assimilalrice  de  la  feuille  de  Troène  dans  l'éprouvette  recouverte  d'une 
feuille  et  dans  l'éprouvette  témoin  sans  écran,  j'ai  trouvé  que  derrière  une 
feuille  de  Hêtre  cette  énergie  était  7  fois  plus  faible  qu'à  la  lumière 
directe;  elle  était  8  fois  plus  faible  derrière  une  feuille  d'Érable  Sycomore, 
10  fois  derrière  une  feuille  de  Haricot,  12  fois  derrière  une  feuille  de 


(  1278  ) 

Viffne  vierge,  16  fois  derrière  une  feuille  de  Poirier,  20  fois  derrière  une 
feuille  de  Lierre. 

»  IV.  Mais  les  résultats  qui  précèdent  varient,  comme  il  fallait  s'y 
attendre,  si  l'on  change  les  conditions  de  température  et  d'éclairemeht. 
A  la  lumière  diffuse,  par  exemple,  une  feuille  de  Vigne  vierge  rend  l'énergie 
assimilatrice  24  fois  plus  faible  au  lieu  de  X2  fois  seulement  à  la  lumière 
directe;  et  une  feuille  de  Lierre  abaisse  l'intensité  de  l'assimilation  à  un 
degré  tel  que  la  respiration  l'emporte,  alors  qu'à  la  lumière  directe  c'est 
la  fonction  chlorophyllienne  qui  domine.  D'une  manière  générale,  derrière 
une  feuille  à  la  lumière  diffuse  et  derrière  deux  feuilles  à  la  lumière 
directe,  l'assimilation  est  nulle  ou  elle  est  masquée  par  la  respiration;  en 
outre,  on  peut  admettre,  sans  craindre  d'aller  au  delà  de  la  vérité,  que 
derrière  un  tissu  bien  vert  présentant  3oo[/.  d'épaisseur,  l'assimilation  est 
impossible. 

»  V.  Lorsque  la  lumière  a  traversé  des  feuilles,  son  pouvoir  assimila- 
teur  se  trouve  abaissé,  non  seulement  à  cause  de  l'absorption  des  radia- 
tions par  la  chlorophylle,  mais  encore  par  suite  de  l'absorption  due  aux 
parties  incolores,  membranes  et  surtout  protoplasme.  Le  rapport  des 
actions  exercées  par  des  tissus  verts  et  par  des  tissus  identiques,  mais 
privés  de  chlorophylle,  varie  naturellement  avec  la  quantité  de  matière 
verte  dans  les  cellules.  En  général,  derrière  une  feuille  décolorée  par 
l'alcool,  l'énergie  assimilatrice  est  de  deux  à  deux  fois  et  demie  plus 
faible  qu'à  la  lumière  directe;  et,  derrière  une  feuille  albinotique,  de  deux 
fois  au  plus  seulement.  Celte  différence  s'explique  parfaitement  si  l'on 
observe  qu'une  feuille  panachée  a  des  chromatophores  moins  nombreux, 
plus  petits,  et  est  moins  épaisse  et  plus  aqueuse  qu'une  feuille  normale; 
que,  de  plus,  le  durcissement  du  protoplasme  par  l'alcool  ne  peut  que 
diminuer  sa  perméabilité  pour  la  lumière.  J'ai  constaté,  en  outre,  que 
derrière  une  feuille  verte  de  Tabac,  l'énergie  assimilatrice  est  5  fois  plus 
faible  que  derrière  une  feuille  albinotique  de  la  même  plante;  et  il  en  est 
ainsi  avec  une  feuille  verte  et  une  feuille  décolorée  par  l'alcool  de  Vigne 
vierge,  de  Chêne  et  de  Haricot.  Si  donc,  derrière  des  tissus  adultes  et  bien 
verts  l'assimilation  se  trduve  arrêtée  ou  ralentie  dans  des  proportions 
plus  ou  moins  grandes,  c'est  surtout  à  l'absorption  des  radiations  lumi- 
neuses par  la  chlorophylle  de  ces  tissus  qu'il  faut  attribuer  l'effet  produit.  » 


(  1279   ' 


BOTANIQUE.  —  Sur  une  zooglée  bactérienne  de  forme  définie  {^).  Note  de 
M.  Rabais,  présentée  par  M.  Guignard. 

"  La  bactérie  dont  il  s'agit  a  été  isolée  de  tiges  de  Sorgho  sucré  atteint 
de  brûlure;  elle  ne  joue  toutefois  aucun  rôle  dans  le  développement  de 
cette  maladie  parasitaire,  comme  j'ai  pu  m'en  assurer  par  des  expériences 
d'inoculation  semblables  à  celles  qui  m'ont  amené  à  déterminer  l'action 
pathogène  d'une  levure  chez  celte  plante  industrielle  (-). 

»  Il  serait  donc  superflu  d'attirer  l'attention  sur  un  simple  saprophyte 
si  cet  organisme  ne  présentait»  d'autre  part,  des  particularités  propres  à 
mettre  une  fois  de  plus  en  lumière  les  liens  morphologiques  qui  rattachent 
les  Bactériacées  aux  Algues  inférieures  pourvues  de  chlorophylle. 

»  La  bactérie  forme,  à  la  surface  des  milieux  nutritifs,  une  zooglée  résistante, 
coriace,  chagrinée  extérieurement  et  comme  hérissée  de  pointes  mousses.  Comprimée 
avec  précaution  sous  un  couvre-objet,  la  gelée  s'étale  et  se  montre  formée  d'articles 
ovoïdes  reliés  entre  eux  en  chaînettes  toruleuses,  souvent  ramifiées  et  enchevêtrées. 
Chacun  des  articles  qui  mesure,  en  moyenne,  8  xio  \i.,  n'est  autre  chose  qu'une  colo- 
nie ou  famille  de  bactéries,  à  peine  plus  longues  que  larges  (0,6  X  0,8  |a,  environ, 
immédiatement  après  la  division),  plongées,  sans  ordre  apparent,  dans  la  gelée  qui 
déborde  au  pourtour  en  une  enveloppe  incolore  de  faible  épaisseur.  Cette  enveloppe 
limite  ainsi  chaque  colonie  qui  se  montre  parfaitement  autonome  et  ne  se  soude  aux 
colonies  voisines  que  par  une  portion  de  la  gelée  elle-même. 

»  On  peut  cultiver  cet  organisme  sur  la  plupart  des  milieux  usuels,  mais  la  pré- 
sence des  sucres  et  notamment  du  saccharose  augmente  notablement  le  rendement. 
Une  réaction  acide  favorise  également  le  développ^ent ;  aussi  le  liquide  de  Raulin, 
solidifié  par  la  gélatine  ou  la  gélose,  constitue-t-il  un  excellent  substratum  pour  la 
mise  en  évidence  des  caractères  morphologiques  de  la  zooglée. 

B  En  milieu  liquide,  la  bactérie  forme  un  voile  d'abord  réticulé,  puis  continu.  On 
V  rencontre  la  même  structure  en  chaînettes  simples  ou  ramifiées  de  colonies  massives 
ovoïdes. 

»  L'optimum  de  développement  se  place  entre  25°  et  3o°. 

»  Les  cellules  pourvues  d'une  membrane  épaisse,  dont  le  contour  externe  est  diffi- 
cile à  délimiter  par  rapport  à  la  gelée  ambiante,  ont  un  contenu  qui  se  teint  énergi- 
quement  par  toutes  les  couleurs  basiques  d'aniline;  ce  contenu  ne  se  colore  pas  par  la 
méthode  de  Gram. 

»  La  forme  de  cette  zooglée  bactérienne,  nettement  définie  et  constante 


(  '  )  Travail  fait  au  Laboratoire  de  Botanique  de  l'École  de  Pharmacie  de  Paris. 
(-)   Comptes  rendus,  1 3  février  1899. 


(     I28o    ) 

sur  tous  les  milieux  où  elle  se  développe,  différencie  l'organisme  qui  la 
produit  des  bactéries  jusqu'ici  décrites. 

»  On  ne  saurait  toutefois  rattacher  cette  forme  aux  divers  aspects,  sou- 
vent typiques,  mais  variables  avec  le  substratum,  que  présentent  un  grand 
nombre  d'autres  zooglées  bactériennes  {Proteus  vulgaris  Hauser,  Micro- 
coccus  po!ypiJsMi§uh,  etc.).  De  pareilles  figures  ne  sont,  en  effet,  que  le 
résultat  de  phénomènes  physiques  de  confkience  des  diverses  portions 
d'une  gelée  amorphe  plus  ou  moins  cohérente. 

»  La  réunion  de  bactéries  en  familles  ou  colonies  nettement  délimitées 
rappelle,  au  contraire,  les  groupements  cellulaires  de  certaines  Algues 
chlorophylliennes  inférieures.  A  ce  titre,  l'organisme  qui  nous  occupe  doit 
prendre  place  à  côté  d'un  petit  nombre  de  Baclériacées  déjà  décrites,  et 
que  leur  développement  en  colonies  morphologiquement  définies  a  permis 
de  rapprocher  de  formes  analogues  chez  les  Cyanophycées,  Chlnrophycées, 
Diatomées,  etc.  On  peut  citer  VJscococcus  Billrothii  Cohn,  tout  ii  fait  com- 
parable aux  Mc/-oc)'5/M  Kïitzing;  le  Leuconosloc  mesenteroides  Van  Tieghem, 
dont  la  morphologie  est  celle  des  Nostoc  Vaucher;  le  Nevskia  ramosa 
Famintzin,  ainsi  que  le  Baclerium  pediculatum  Koch  et  Hosaeus,  qu'on 
rapproche  du  genre  Gomphonema;  certaines  bactéries  agrégées  et  nçtam- 
ment  V Ascobacteria  ulvina  Van  Tieghem,  etc. 

»  De  même  que  V  Ascococcus  Billrothii,  dont  elle  diffère  d'ailleurs  par  la 
forme  allongée  et  non  sphérique  de  ses  cellules,  la  bactérie  du  Sorgho  se 
développe  en  familles  globuleuses  analogues  à  celles  des  Microcyslis ;  mais, 
de  plus,  ces  colonies  massives  élémentaires  se  groupent  à  leur  tour  en 
chaînettes  toruleuses  simples  ou  ramifiées,  sortes  d'arbuscules  que  l'on 
peut  comparer  aux  colonies  composées  du  Godlewskia  aggrcgata  Janc- 
zewski.  Ici,  toutefois,  il  faut  se  borner  à  un  simple  rapprochement  d'aspect 
extérieur,  car  cette  curieuse  Chamœsiphonacée  présente,  d'autre  part, 
dans  son  développement  et  dans  son  mode  de  reproduction,  un  degré  de 
complication  organique  que  l'on  chercherait  sans  doute  vainement  chez 
une  Bactériacée. 

»  Je  propose  de  désigner  sous  le  nom  de  Baclerium  Trabuti  (  '  )  l'espèce 
ci-dessus  décrite  et  caractérisée  par  son  mode  de  végétation  en  chaînettes 
simples  ou  ramifiées  de  familles  zoogléiques  massives  nettement  distinctes. 

»  Il  se  peut  que  l'étude  de  zooglées  analogues  justifie  plus  tard  pour  ces 


(')  Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  Trabut  les  échantillons  de  Sorgho 
brûlé  qui  ont  été  le  point  de  départ  de  ces  recherches. 


{    I28e    ) 

formes  la  création  d'un  genre  nouveau  chez  les  Bactériacées.  Cette  création, 
pour  une  espèce  unique,  serait  prématurée,  car  on  risquerait  de  confondre, 
dans  la  diagnose,  les  caractères  génériques  et  spécifiques.  » 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  les  éléments  de  symétrie  limite  et  la  mériédrie. 
Note  de  M.  Wallerant,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  Pasteur  est  le  premier  qui  ait  appelé  l'attention  sur  les  formes  limites. 
Il  montra  que  :  «  dans  les  substances  dimorphes,  l'une  des  formes  qu'elles 
présentent  est  une  forme  limite,  une  forme  en  quelque  sorte  placée  à  la 
séparation  de  deux  systèmes  dont  l'un  est  le  système  propre  de  cette 
forme,  et  l'autre  le  système  dans  lequel  rentre  la  seconde  forme  de  la  sub- 
stance ».  Mallard,  de  son  côté,  montra,  au  moyen  d'observations  faites  sur 
un  grand  nombre  d'espèces  minérales,  que  des  cristaux  pouvaient  se 
grouper  symétriquement  autour  à'axes  limites  de  leur  réseau. 

»  La  considération  des  éléments  de  séparation  limite  paraît  devoir  être 
très  féconde  en  résultats,  à  la  condition  toutefois  de  les  définir  d'une  façon 
précise  et  de  les  faire  intervenir  autrement. 

»  On  admet  généralement  qu'un  élément,  droite,  point,  plan,  est  un 
élément  de  symétrie  limite  d'un  polyèdre  quand  la  coïncidence  entre  ce 
polyèdre  et  le  polyèdre  symétrique  au  lieu  d'être  parfaite  n'est  qu'approchée. 
Cette  définition  est  toutefois  insuffisante  ;  elle  amène  en  effet  à  cette  con- 
clusion qu'une  droite,  par  exemple,  voisine  d'un  axe  réel  est  un  axe  limite  ; 
ce  qui  est  évidemment  inexact.  On  doit  compléter  la  définition  en  ajoutant 
que  dans  la  position  symétrique  la  coïncidence  est  plus  approchée  que 
pour  toute  autre  position  voisine. 

»  Ainsi  définis,  les  éléments  limites  satisfont  aux  conditions  qui  régis- 
sent les  éléments  réels,  a^ec  une  certaine  tolérance  toutefois.  C'est  ainsi 
qu'ils  peuvent  ne  pas  faire  rigoureusement  entre  eux  les  angles  que  font 
les  éléments  réels  d'un  polvèdre;  dans  un  polyèdre  centré,  un  axe  limite 
d'ordre  pair  peut  ne  pas  être  rigoureusement  perpendiculaire  sur  le  plan 
de  symétrie  limite  correspondant. 

»  Je  me  contenterai  de  montrer  aujourd'hui  comment  la  considération 
des  éléments  limites,  non  du  réseau,  mais  de  la  particule  complexe, 
permet  d'expliquer  les  structures  mériédriques.  On  voit  facilement  que 
dans  la  cristallisation  les  particules  complexes  se  disposent  suivant  un 
réseau  tel  que  les  axes  réels  ou  limites  de  la  particule  soient  des  rangées 

C.  R.,  r899,   •''  Semestre.  (T.  C\\l\,  N°  26.)  '^^ 


(     1282    ) 

ot  (les  axes  réels  ou  limites  du  réseau,  tel  que  les  pians  de  symétrie  réels 
ou  limites  de  la  particule  soient  des  plans  réticulaires  et  des  plans  de 
symétrie  réels  ou  limites  de  ce  même  réseau.  Mais  il  est  un  cas  particulier 
à  distino^uer  .  c'est  celui  où  les  éléments  de  symétrie  limite  font  entre  eux 
et  avec  les  éléments  de  symétrie  réelle  les  angles  que  font  entre  eux  les 
éléments  réels  d'un  polyèdre.  Dans  ce  cas,  en  effet,  les  réseaux  étant  des 
polyèdres  tout  spéciaux,  leurs  éléments  limites  deviennent  des  éléments 
réels  et  la  structure  est  mériédrique. 

»  Il  y  a,  par  suite,  deux  cas  de  mériédrie  à  distinguer  : 
»   Celui  où  le  réseau  est  déterminé  par  les  éléments  réels  seuls  de  la 
particule  complexe,  qui  peut  ou  non  avoir  des  éléments  limites.  C'est  la 
mériédrie,  telle  qu'on  l'entend  habituellement  et  que  je  désignerai  sous 
le  nom  de  mériédrie  à  symétrie  élevée. 

»  Dans  le  second  cas,  le  réseau  est  déterminé  par  l'intervention  com- 
binée des  éléments  réels  et  des  éléments  limites.  Dans  ce  cas,  le  corps 
cristallisé  rentre,  par  sa  symétrie,  dans  un  système  cristallin  de  symétrie 
inférieure  à  celle  de  son  réseau.  C'est  la  mériédrie  à  svmétrie  restreinte.    » 


GÉOLOGIE.  —  Complément  d'observations  sur  la  structure  du  diluvium 
de  la  Seine.  Note  de  M.  Stanislas  Mecnier. 

«  Tout  le  monde  sait  que  les  géologues  ne  sont  pas  d'accord  quant  à 
la  manière  de  concevoir  le  processus  du  creusement  des  vallées.  Tandis 
que  la  très  grande  majorité  d'entre  eux  reporte  ce  phénomène  à  une  époque 
déterminée  et  dès  maintenant  accomplie  et  y  voient  l'œuvre  de  cours  d'eau 
incomparablement  plus  rapides  et  plus  volumineux  que  les  fleuves  con- 
temporains qui  n'en  seraient  qu'un  faible  résidu,  d'autres  se  croient  en 
droit  d'affirmer  que  la  rivière  actuelle,  avec  la  dimension  et  l'allure  que 
nous  lui  voyons,  a  pu,  à  la  faveur  d'un  temps  suffisant  et  qui  ne  lui  a  pas 
manqué,  procéder  à  la  soustraction  de  matière  qu'il  s'agit  d'expliquer. 

»  Parmi  les  arguments  que  ceux-ci  considèrent  comme  les  plus  décisifs, 
il  en  est  qui  ont  trait  à  la  façon  dont  les  débris  rocheux  charriés  par  le 
cours  d'eau  ont  été  accumulés  sur  le  fond  de  la  vallée  et  qui  naturellement 
a  dû  varier  beaucoup,  selon  que  le  phénomène  a  été  violent  ou  tranquille. 
Or,  malgré  le  grand  nombre  de  publications  dont  il  a  été  l'objet,  il  semble 
que  le  diluvium  n'a  pas  encore  été  étudié  dans  sa  structure  intime  avec 
tout  le  soin  qu'il  mérite.  Quand  on  s'applique,  sans  parti  pris,  à  la  recherche 


(   1283  ) 

de  quelque  loi  présidant  à  l'agencement  des  sables,  des  graviers  et  des  ga- 
lets diluviens,  on  est  fort  surpris  d'un  résultat  diamétralement  opposé  à 
celui  que  ferait  prévoir  l'épithète  de  torrentiels,  qui  leur  a  été  si  souvent 
appliquée.  On  trouve  que  le  diluvium  est  pourvu  d'une  structure  dont  la 
délicatesse  est  extrême  et  dans  laquelle  la  situation  des  particules  est  déter- 
minée strictement  par  des  conditions  dynamiques  définies  en  chaque  point. 

»  Tout  d'abord,  et  pour  éliminer  des  particularités  qui  s'expliqueront 
d'elles-mêmes  tout  à  l'heure,  il  convient  d'examiner  spécialement  la  por- 
tion moyenne  du  diluvium.  Elle  est  formée  d'espèces  de  lentilles  ou  d'a- 
mandes sableuses  ou  caillouteuses,  de  dimensions  très  variables  et  de 
forme  plus  ou  moins  aplatie,  et  qui  sont  enchevêtrées  les  unes  dans  les  autres 
d'une  façon  parfois  fort  compliquée.  Dans  chacune  de  ces  lentilles,  les 
éléments  sableux  ou  caillouteux  sont  disposés  en  lits  parfaitement  réguliers 
plus  ou  moins  obliques,  parfois  presque  horizontaux  et  toujours  nettement 
parallèles  entre  eux.  L'orientation  en  est  aussi  variable  que  le  plongement 
et  semble  tout  à  fait  indépendante  de  la  direction  et  de  la  pente  de  la  vallée  ; 
ils  se  distinguent  les  uns  des  autres  par  les  faibles  variations  dans  la  gros- 
seur de  leurs  grains,  et  à  cet  égard  ils  sont  immédiatement  comparables 
aux  lits  constitutifs  des  dunes  de  sable. 

»  Mais  si  la  structure  de  chaque  lentille  est  aisée  à  expliquer,  il  semble 
en  être  autrement  de  l'enchevêtrement  qu'elles  présentent  les  unes  vis-à- 
vis  des  autres,  etBelgrand,  par  exemple,  l'a  attribué  (p.  l'jSûe  la  Seine)  au 
tourbillonnement  des  eaux  diluviennes.  En  réalité,  la  comparaison  avec  la 
sédimentation  fluviaire  actuelle  démontre  que  cette  structure  entrelacée 
représente  une  série  de  remaniements  successifs,  prodigieusement  délicats, 
opérés  sur  une  même  verticale  en  conséquence  des  variations  dans  la  vi- 
tesse de  l'eau,  dues  elles-mêmes  aux  fluctuations  de  son  volume  et  surtout 
au  déplacement  horizontal  des  méandres.  Par  suite  de  ce  déplacement,  un 
point  donné  se  comporte  comme  s'il  occupait  successivement  des  positions 
diverses  dansje  lit  du  cours  d'eau  et  il  peut  conserver  des  témoignages  de 
ces  conditions  successives,  dans  des  lambeaux  de  sédiments  et  dans  des 
traces  d'érosions  superposés  ;  c'est  précisément  ce  qui  a  lieu. 

»  Par  exemple,  ce  point,  supposé  d'abord  dans  une  anse  convexe,  siège 
d'un  alluvionnement  actif,  pourra  être  plus  tard  situé  au  milieu  de  la  ri- 
vière, et  soumis  alors  à  une  dénudation  qui  lui  reprendra  tantôt  la  totalité, 
tantôt  une  partie  plus  ou  moins  considérable  des  dépôts  précédemment 
accumulés.  Le  résultat  dans  le  dernier  cassera  une  entaille,  dont  la  forme 
gracieusement  incurvée  indique  déjà  qu'elle  dérive  d'une  action  fort  déli- 


(   1286  ) 

par  rapport  aux  hypothétiques  rayons  de  l'odorat,  les  matières  qui  em- 
pêchent la  propagation  de  la  lumière  se  conduisent  autrement. 

»  L'hypothèse  que  nous  voulons  soutenir  peut  être  formulée  ainsi  : 
L'odorat  ne  provient  pas  d'un  contact  direct  entre  les  particules  détachées 
(les  corps  odoriférants  et  les  terminaisons  des  nerfs  olfactifs,  mais  d'un 
rapport  indirect  au  moyen  de  rayons  de  courte  ondulation,  analogues 
mais  non  semblables  à  ceux  que  nous  considérons  comme  la  cause  de  la 
lumière,  de  la  chaleur  et  des  phénomènes  Rôntgen,  etc.  Voici  les  princi- 
pales présomptions  qui  plaident,  péremptoirement  à  notre  avis,  en  faveur 
de  notre  thèse  : 

»  1°  L'histoire  de  la  Science  nous  montre  comme  une  évolution  néces- 
saire d'être  arrivée  peu  à  peu  à  reconnaître  que  les  sensations  ne  provien- 
nent pas  directement  des  corps,  mais  plutôt  du  milieu  ambiant  ; 

M  2°  Les  nerfs  olfactifs  ont  la  même  origine  cérébrale  que  les  nerfs 
optiques,  et  cette  condition  spéciale  les  distingue  des  autres  nerfs  senso- 
riels. Embryologiquement,  cette  affinité  d'origine  étant  constatée,  il  est 
très  vraisemblable  que  les  fonctions  se  ressemblent  également; 

M  3°  Des  substances  chimiques  odoriférantes,  qui  appartiennent  au 
même  groupe,  possèdent  la  qualité  de  provoquer  dans  le  spectre  lumineux 
des  bandes  d'absorption  qui  se  l'approchent  d'autant  plus  de  l'extrémité 
du  spectre  à  mesure  que  leur  poids  spécifique  augmente  (Ramsay).  En 
même  temps,  on  remarque  que  les  odeurs  de  ces  substances  se  rangent 
également  dans  le  même  ordre  de  succession  que  les  bandes  d'absorption 
[Ramsay  ('),Haycraft  (2)]; 

))  4"  Les  odeurs  possèdent  la  faculté  d'absorber  la  chaleur  rayonnante, 
ce  qui  prouve  qu'il  y  a  un  rapport  intime  entre  ces  odeurs  et  les  rayons  de 
chaleur  [Tyndall  (•')]; 

»  5°  Les  substances  odorantes  ne  perdent  pas  de  poids  ni  de  volume, 
ou  en  tout  cas  la  perte  est  insignifiante,  à  moins  d'être  une  substance  vo- 
latile. Le  fait  parait  certain  depuis  que  Haller  C*)  l'a  fait  valoir; 

»  6"  Il  y  a  bien  des  corps  dont  les  particules  se  détachent,  en  d'autres 
mots, qui  se  transforment  en  vapeurs  et  ne  sentent  pas;  de  même  qu'il  y  a 


(')  On  Smcll  {A'aliire,  l.  XXVI,  p.  187;  18S2). 

(-)    r/ie  nature  0/  the  objective  cause  of  sensation.  Sniell  {Brain,  p.  166-178; 
1888-89). 
(^)  Radiation  (tr.  française),  p.  39,  42,  69;  1868. 
(»)  Elém.  phys.,  t.  V,  p.  162. 


(  '287  ) 

d'autres  corps  qui  répandent  de  fortes  odeurs  sans  qu'on  puisse  prouver 
que  des  particules  s'en  détachent.  Il  est  bien  bizarre,  remarquons-le  en 
passant,  de  prouver  la  divisibilité  infinitésimale  par  le  fait  simple  de  la  pro- 
priété odorante.  Le  simple  procédé  de  mesurer  aurait  pu  convaincre  les 
anciens  que  la  vision  ne  saurait  être  due  aux  particules  détachées; 

M  7"  Il  existe  des  matières  dont  chacune  indépendamment  répand  une 
odeur  assez  forte,  mais  qui,  mises  ensemble,  sans  former  une  nouvelle 
substance  chimique,  anéantissent  mutuellement  leurs  odeurs.  Le  café  et 
l'iodoforme  par  exemple.  Ce  phénomène  présente  une  analogie  avec  ce 
qui  se  passe  quand  un  corps  froid  et  un  corps  chaud  se  trouvent  l'un  près 
de  l'autre;  ils  anéantissent  dans  un  certain  sens  les  sensations  qu'ils  pro- 
voquent chacun  s'ils  agissent  séparément; 

))  8°  On  a  étudié  l'influence  de  la  couleur  des  étoffes  sur  la  propriété  de 
fixer  les  soi-disant  effluves  odorants  [Stark,  d'Edimbourg  ('),  Duménil  (-)] 
et  l'on  a  trouve  que  l'absorption  des  odeurs  varie  avec  les  couleurs  des 
étoffes  ; 

))  9°  La  fatigue  peut  ne  porter  que  sur  une  odeur,  tandis  que  l'odorat 
reste  intact  pour  d'autres  odeurs,  de  même  que  l'œil  peut  être  fatigué  par 
les  rayons  rouges  et  très  sensible  pour  les  autres  rayons  [Aronshon  ('), 
Toulouse  et  Vaschide  (''),  etc.]; 

■>}  10°  L'air  n'est  pas  le  seul  véhicule  de  l'odorat,  car  il  ressort  des  re- 
cherches que  l'un  de  nous  (Vaschide)  a  faites  avec  M.  Toulouse,  qu'on 
peut  parfaitement  sentir  avant  les  narines  pleines  d'une  solution  odorifé- 
rante. En  outre,  l'ancienne  expérience  de  Weber(i847)  est  loin  d'être 
indiscutable,  car  il  n'v  a  aucune  preuve  que  la  sensation  soit  disparue  phy- 
siologiquement,  lorsque  le  nez  est  plein  d'un  liquide  odorant;  elle  a  pu 
très  bien  disparaître  psvchologiquement,  l'excitation  physiologique  ne 
pouvant  être  perçue  à  cause  d'une  sensation  désagréable  et  nouvelle. 

»  Telle  est  notre  hypothèse;  nous  la  croyons  justifiable  d'autant  plus 
qu'elle  cadre  avec  toutes  les  données  scientifiques  acquises.  Walther,  de 
Landshut  ('),  a  vaguement  agité,  au  commencement  du  siècle  (1808),  la 
possibilité  d'une  théorie  dynamique  des  odeurs  et  inclinait  à  croire  à  une 


(')    The  Edinb.  Net,v pldlosopli.  .loinnal,  avril-juin  i834. 

(^)  Des  odeurs.  Paris,  i843. 

(')  Exper.  Vnlersuch.  z.  Physiol.  des  Geriiches,  1886. 

(')   C.  R.  Soc.  Biologie,  nov.  i834. 

('')   Physiologie  des  Mensclien,  t.  X\\  ,  p.  269-277;  1808. 


(   1288  ) 

propagation  analogue  à  celle  de  la  lumière,  de  la  chaleur,  du  son,  etc., 
phénomènes  dont  il  ignorait  d'ailleurs  la  nature. 

»  Tl  y  a  bientôt  quatre  années  que  nous  poursuivons  l'étude  de  ce  pro- 
blème, pendant  ce  temps  nous  avons  pu  réfléchir  et  formuler  ces  argu- 
ments. Notre  hypothèse  ouvre  de  nouveaux  horizons,  et  l'existence  d'une 
onde  olfactive,  que  nous  croyons  pouvoir  sous  peu  de  temps  démontrer 
physiquement,  fait  rentrer  la  fonction  de  l'odorat  dans  le  système  de  cette 
ondulation  et  vibration  universelle,  forme  essentielle  de  la  vie.  « 


ANTHROPOMÉTRIE.  —   Sur  un  campylo gramme  crânien. 
Note  de  MM.  Blin  et  Simon. 

«  L'appareil  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  est 
destiné  à  prendre  des  mesures  permettant  de  dessiner  les  courbes  du 
crâne  sur  le  vivant. 

»  Pour  obtenir  ce  résultat,  il  était  d'abord  nécessaire  de  pouvoir  immo- 
biliser facilement  la  tête  d'une  façon  complète;  puis,  d'imaginer  un  dispo- 
sitif, lequel,  mobile  autour  de  cette  tète  immobilisée,  permît  d'en  étudier 
la  configuration  sous  ses  divers  aspects.  Le  mode  de  fixation  de  la  tète  est 
le  suivant  :  sur  la  base  de  sustentation  de  l'appareil  est  dressée  une  sorte 
de  barre  fixe  AB,  que  le  sujet  vient  mordre  :  elle  peut  se  déplacer  vertica- 
lement, et  des  dispositions  spéciales  ont  été  prises  pour  que  la  partie  en 
contact  avec  la  bouche  puisse  être  facilement  désinfectée. 

»  La  description  que  nous  allons  donner  de  l'appareil  est  faite  d'après 
la  maquette  en  bois  exécutée  par  nous-mêmes,  maquette  dont  la  figure  est 
ci-joint  reproduite,  et  qui  ne  donne  qu'une  idée  schématique  de  l'aspect 
définitif  de  l'appareil. 

»  Ce  dernier  se  compose  d'abord  de  deux  supports  verticaux  CD,  munis  de  cré- 
maillères leur  donnant  un  double  mouvement  vertical  et  antéro-postérieur.  A  la  partie 
supérieure  de  ces  supports  est  placé  un  axe  transversal  xy  sur  lequel,  en  son  milieu  E, 
vient  reposer,  par  un  point  de  sa  circonférence,  un  cercle  métallique  gradué  00. 
Lest  ce  cercle  métallique,  animé  d'un  mouvement  angulaire  autour  de  l'axe  xy,  qui 
vient  encadrer  la  tête  immobile.  Les  mouvements  propres  aux  deux  supports  CD  per- 
mettent d  amener  le  point  E  au  niveau  du  point  de  repère  crânien  antérieur  choisi 
par  l'expérimentateur  (sillon  naso-frontal,  glabelle  ou  ophrion).  D'autre  part,  les 
mouvements  angulaires  du  cercle  00  permettent,  le  point  E  restant  fixe  puisqu'il  est 
sur  taxe  xy,  d'orienter  à  volonté  ce  cercle  selon  divers  plans  déterminés  par  ce 
point  li  et  un  second  point  de  repère  crânien,  protubérance  occipitale  externe,  par 
exemple,  ou  ligne  biauriculaire. 


(  12%  ) 

B   Enfin,  perpendiculaire  au  plan  du  cercle  00  et  mobile  autoui-d'un  axe  vertical  FG 
passant  par  le  centre  de  ce  cercle,  se  trouve  un  demi-cercle  métallique  gradué  HI,  et 
sur  ce  demi-cercle  se  meut  un  curseur  porteur  d'un  index  tel  que  la  direction  de  ce 
dernier  soit  toujours  un  rayon  de  ce  cercle  ou  de  la  sphère  qu'il  engendre  par  sa  rota- 


lion  autour  de  son  axe  FG.  Les  cliillVes  de  la  graduation  de  l'index  indiquent  la 
distance  de  sa  pointe  au  centre  du  demi-cercle  mobile.  Nous  n'insistons  pas  sur  ce 
principe,  qui  est  celui  indiqué  déjà  en  i838  par  Antelme  et  appliqué  à  son  céphalo- 
mètre. 

»  On  voit  donc  qu'en  raison  des  divers  mouvements  des  deux  cercles 
gradués  et  de  l'index  par  rapport  au  crâne  immobile,  il  est  facile  d'amener 
l'index  successivement  au  contact  de  tous  les  points  de  la  têle;  et,  par  le 
report  sur  une  feuille  préparée  à  cet  effet,  des  diverses  mensurations  obte- 
nues, qu'il  est  aisé  d'établir  un  graphique  correspondant  à  la  courbe  cher- 
chée. Du  reste,  nous  nous  proposons  de  revenir  sur  ce  sujet;  ce  mode  de 
mensuration  crânienne,  applicable  à  tous  les  plans  crâniens,  pourra  per- 
mettre par  l'établissement  d'une  moyenne,  d'obtenir  un  indice  anthropo- 
métrique, non  pas  arbitraire,  mais  en  rapport  direct  avec  le  volume  de  la 
tête,  puisqu'il  représenterait  le  rayon  moyen  de  la  calotte  crânienne.  » 


C.  R.,  1S99,  2*  Semestre.  (T.  C.XXIX.  N»  26.) 


169 


(  1290  ) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Mouvements  barométriques  provoqués,  sur  le  méridien 
du  Soleil,  par  sa  marche  en  déclinaison.  Note  de  M.  A.  Poincaré,  pré- 
sentée par  M.  Mascart. 

(c  Nous  rentrons  ici  dans  le  domaine  des  choses  généralement  incontes- 
tées. Mon  but  est  de  faire  ressortir,  dans  une  même  année,  discutées  par 
les  mêmes  procédés,  les  distinctions  entre  les  mouvements  barométriques 
commandés  sur  un  méridien  par  la  marche  en  déclinaison,  soit  de  la  Lune, 
soit  du  Soleil.  Sans  préjudice  de  l'intervention  de  la  rotation  terrestre,  ces 
mouvements,  régis  par  la  variation  du  sinus  de  la  déclinaison  de  l'astre, 
sont  dus  :  au  cas  de  la  Lune,  exclusivement  à  l'action  immédiate  de  l'at- 
traction (soulèvement  ou  compression,  appel  par  en  bas  ou  par  en  haut); 
au  cas  du  Soleil,  presque  entièrement  à  l'action  lente  du  réchauffement  et 
du  refroidissement  (dilatation  ou  contraction,  mêmes  appels). 

»  Pour  éviter  les  longueurs,  je  suppose  qu'on  a  sous  les  yeux  ma  der- 
nière Communication  ('). 

»  Moyennes  de  l'hémisphère.  —  En  m'efforçant  de  me  rapprocher  des 
équinoxes  pour  le  partage  de  l'année,  je  trouve  pour  moyenne  pression 
sur  l'hémisphère  760°"",  07,  aussi  bien  en  Soleil  boréal  qu'en  Soleil  aus- 
tral (=>). 

»  Il  y  a,  en  cette  année  i883,  dans  les  stocks  des  échanges  entre  les 
deux  hémisphères,  une  oscillation  par  saison,  avec,  sur  nous,  un  minimum 
de  la  pression  moyenne  aux  changements  de  saison.  Celui  du  solstice  d'été 
est  assez  peu  accentué.  Les  trois  autres  donnent  un  écart,  sur  la  pression 


(•)  Comptes  rendus,  n"  14,  p.  529. 

La  correspondance  en  déclinaison  entre  les  jours  tropiques  1,  2,  3,  ...  et  les  mois 
(synodiques)  I,  II,  III,  . . .  peut  se  figurer  ainsi  (I,  équilune;  IV,  équinoxe,  ascd)  : 

I    234567    8    9    10  I I    12   i3   i4   i3   16   17   18   19  20  21   22  23  24  25  26  27 

IV  V     VI    vu  viH    IX      X        XI         xii  II        m 

Voir,  sur  lajig.  2  ci-jointe,  les  dates  extrêmes  des  mois  principaux. 

('')  Cette  égalité  commande  une  légère  rectification  à  l'observation  incidente  du  der- 
nier alinéa  de  la  Communication  susrappelée.  Les  différences  de  chiffres  sont  d'ailleurs 
trop  faibles  pour  qu'on  doive  en  tirer  des  conclusions  absolues.  Je  ne  raisonne  ici  que 
sur  une  année  et  des  moyennes  mensuelles  et  sur  un  méridien  présentant  à  peu  près 
les  conditions  moyennes. 


(     129»     ) 

moyenne,  de  —  o'"'°,75  vers  le  mois  I,  —  i'"'",i6  au  IV,  —  i""",27  au  X. 
Le  maximum  du  mois  III  atteint  ■+-  i°"°,i5;  les  autres  sont  moitié  moindres. 
Les  forts  échanges  ont  lieu  aux  équinoxes  et  en  Soleil  austral.  Il  y  a  six  fois 
compensation  ('). 

»  Le  profil  des  moyennes  de  l'hémisphère  dans  le  mois  tropique  rap- 
])elle  la  forme  simple  de  l'onde  lunaire.  Celui  de  l'année  tropique  répond  à 
l'entre-croisement  de  deux  ondulations  doubles  analogues  à  celle  de  la 
variation  diurne  solaire.  Vagues  adverses. 

»  Écarts  sur  la  moyenne  de  l' hémisphère  aux  différentes  latitudes,  en  l'année 
et  en  Soleil  boréal  ou  austral  (/ig.  i).  —  En  chacun  des  trois  profils,  les 
demi-sommes  des  écarts  opposés,  multipliées  par  les  longueurs  respectives 
des  parallèles,  donneraient  un  total  nul.  Il  en  est,  à  très  peu  près,  de  même 
du  total  des  écarts  de  chaque  côté  étendus  aux  demi-parallèles. 

»  De  chaque  côté,  le  profil  de  l'année  part  de  l'équateur  à  — i™". 
Montée  lente  jusqu'au  1 5*,  limite  du  champ  de  rencontre  des  alizés  (-),  puis 
rapide  et  uniforme  jusqu'au  35*,  sommet  de  la  ceinture  des  calmes,  qui 
atteint  4™""  côté  A  et  3™""  seulement  côté  P  (').  Passage  à  zéro  au  5o*.  Des- 
cente au  minimum  polaire  — 8™™,i,  sauf  ressaut  de  o™™,37  au  70*  côté  A 
et  de  o'"™,  20  au  60"  côté  P. 

»  Dans  les  latitudes  inférieures,  le  profil  en  Soleil  boréal  est  au-dessous 
du  profil  moyen  côté  A  et,  sauf  vers  l'équateur,  au-dessus  côté  P.  C'est 
l'inverse  dans  les  hautes  latitudes.  Le  nœud  côté  A  est  au  5o*  au  point  où 
le  méridien  cesse  d'être  continental.  Le  nœud  côté  P  est  au  60*,  à  la  ren- 
contre du  grand  axe  de  rapprochement  des  deux  continents.  La  contre- 
pente  de  o""",25  qu'on  voit,  en  Soleil  boréal,  au  10*  côté  A,  répond  au 
déplacement  de  l'équateur  barométrique.  La  différence  du  Soleil  austral 
au  Soleil  boréal  au  35*,  est  côté  A  +3'"'°,5,  côté  P  —2°""  au-dessus  du 
70*,  la  différence  inverse  s'accuse  plus  vigoureusement  encore  du  côté  A 
et  amène  le  décentrage  déjà  étudié  du  lourbdlon  polaire  ('')  :  le  grand 
minimum  passe  en  hiver  du  pôle  au  ^5*,  atteignant  — 10""",  soit  7'°",  5  au- 
dessous  du  palier  qui  s'accuse  entre  le  65*  et  le  80*  sur  le  profil  d'été  (^). 


(')  Ces  échianges  se  font  par  l'intermédiaire  des  ceintures  des  calmes  et  d'assez  forts 
écarts  y  correspondent. 

(-)  Champ  moyen  des  courants  d'E.  et  des  rotations  extraéquatoriales. 
(')  A,  côté  Atlantique  et  côté  jour.  P,  côté  Pacifique  et  côté  nuit. 
(*)  Comptes  rendus.  i5  juillet  1892. 
(^)  Orographie  du  bassin  de  la  mer  Glaciale  et  variation  diurne. 


(     1292    ) 

))  En  somme,  effets  annuels  à  peu  près  de  même  grandeur  et  de  même 
sens  que  les  effets  mensuels  de  la  révolution  tropique  de  la  Lune,  mais  au- 
trement distribués.  Principales  causes  déterminantes  de  l'ensemble  des 
faits  :  force  centrifuge;  couloir  équatorial  entretenu  par  l'aspiration  et  par 
l'opposition  des  masses;  différences  entre  les  échauffements  et  les  refroi- 
dissements suivant  la  nature  des  surfaces,  dont  l'action  prédomine  dans  les 

Fig.  I. 
Moyennes  barométriques,  annuelles  et  semi-annuelles  sur  le  demi-méridien  boréal  du  Soleil. 

< Côté  Greenwich Midi x. Côté  Pacifique Minuit » 

0°    10°    20»    30°  hO"   SO"    60»   70°    80°    90»   80°    70°    G0°    S0°    <tO°    30°    20°    10°     0° 


+  20 
+  16 
+  12 
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'  +  "» 

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Année. 


Soleil  boréal. 


Soleil  austra 


latitudes  inférieures;  différences  entre  les  durées  du  jour  et  de  la  nuit, 
dont  l'effet  barométrique  devient  considérable  dès  avant  le  cercle  polaire. 
))  Ecarts,  en  chaque  latitude,  entre  les  moyennes  des  différents  mois  et  les 
moyennes  annuelles  {fig.  2).  —  Écarts  au  pôle.  Zéro  à  l'équinoxe  de  prin- 
temps. Plus  grand  écart  négatif  à  l'équinoxe  d'automne,  —  11""",  égal  en 
A'aleur  absolue  aux  écarts  ±  de  la  révolution  tropique  de  la  Lune;  mois 
d'été  polaire  où  le  tourbillon  polaire  est  à  peine  éteint  par  le  lunistice 
austral  ('). 


(')  Comptes  rendus,  i5  juillet  1892. 


(  '293   ) 

»   Environ  4-  8""°  au  solstice  d'hiver  et  —  a"""  au  solstice  d'été. 

M  Minimum  secondaire  :  —  o"",5o  en  février.  Maxima  secondaires  : 
-1-5""", 5o  en  juin,  -+■  i™™  en  août.  De  l'équinoxe  d'automne  au  solstice 
d'hiver,  montée  soutenue. 

Fig.  2. 
Écarts  sur  les  moyennes  annuelles  aux  mois  des  solstices  et  des  equinoxes. 

0»  10°  20»  30°  VO"  50°  60°  70°  80°  90°  80°  70°  60°  S0°  "tO"  30°  20°  10°  0° 


+28 

^7 

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+  6 

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+5 

+  16 

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Mois  VII, 
5  juin—  3  juin 

+  23°  12'. 

Mo 

i"-3 

isx 

0  se 
"49 

pt. 

La  ligne  des  abscisses  correspond  :  sur  la  i"  ligure,  à  la  moyenne  pression  sur  Ihémisphère; 
sur  la  2%  à  la  ligne  en  Irait  plein  de  la  i". 

»  Écarts  à  l'équateur.  -  Décembre,  moyenne  +  i""",  plus  haut  côté  P. 
Mai  :  -  i""»,  pins  bas  côté  A.  Juillet,  août  :  +  i"'",2'5,  côté  A,  o  côté  P. 
Octobre  :  +!■"■"  de  part  et  d'autre.  Novembre  :  -o""",70  de  part  et 
d'autre.  Effet  de  balancement  affecté  par  la  nature  des  surfaces. 

»  Écarts  intermédiaires.  -  Quand  l'écart  est  positif  au  pôle,  il  y  a  autour 


(  1294  ) 
de  l'éminence  :  fossé  plus  ou  moins   profond  (chapelet  circumpolaire), 
bourrelet,  puis  descente  à  la  cote  de  l'équateur. 

»  Quand  de  cette  situation  l'écart  va  au  négatif,  c'est  comme  si  l'on  pres- 
sait du  doigt  le  sommet  d'une  figure  élastique  des  écarts.  La  saillie  polaire 
est  progressivement  remplacée  par  une  excavation,  autour  de  laquelle  sur- 
git une  saillie  annulaire,  entourée  d'un  fossé  bordé  du  bourrelet  tropical 
réduit.  S'approfondissant  et  s'élargissant  l'excavation  envahit  de  plus  en 
plus  l'hémisphère,  et,  à  l'équinoxe  d'automne  tous  les  écarts  sont  passés  au 
négatif.  Alors  arrêt,  renversement  du  mouvement  et,  au  solstice  d'hiver, 
retour  à  la  forme  première.  L'effet  barométrique  du  refroidissement  serait, 
sur  l'hémisphère,  plus  de  deux  fois  aussi  rapide  que  l'elFet  incidente  de 
réchauffement. 

»  Oscillations,  plus  grands  écarts  mensuels  : 

mra  moi 

à  70°côlé  A  :  +6,2  mois  VII;  —8,4  mois  XI, 

à  70° côté  P  :  +9,4  mois  IV;  —8,4  mois  X, 

à  4o°côté  A  :  -1-6      mois  III;  —5       mois  V, 

à  io"  côté  P  :  4-4,3  mois  IX  ;  — 7       moisi. 

»  De  ces  écarts  sur  les  moyennes  locales,  se  trouvent  éliminées  les 
moyennes  des  différences  entre  midi  et  minuit.  Restent,  pour  expliquer  les 
dissemblances  entre  les  deux  côtés  de  chaque  profil,  les  variations  des- 
dites différences  suivant  la  saison,  les  progressions  en  spirale,  les  reliefs  et 
la  nature  des  surfaces.  A  remarquer,  côté  P,  sur  le  profil  du  solstice  d'hi- 
ver, la  grande  excavation  entretenue,  sous  l'arc  continental,  par  la  conser- 
vation du  calorique  de  la  mer  et  le  ralentissement  de  la  marche  des  dépres- 
sions, maintenues,  en  tout  ou  en  partie,  sur  la  trajectoire  principale.  » 

M.  H.  Feuille  adresse  une  Note  relative  à  un  instrument  destiné  à  ap- 
précier immédiatement  les  distances. 

M.  DE  Capdeville  adresse  une  Note  relative  à  un  allumeur  automatique, 
spécialement  destiné  à  l'allumage  des  foyers  producteurs  de  nuages  arti- 
ficiels contre  les  gelées. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts. 

iVI.  B. 


(  1295  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  26  décembre  1899. 

Annuaire  pour  l'An  1900,  publié  par  le  Bureau  des  Longitudes.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1900;  i  vol.  in-12.  (Présenté  par  M.  Poincaré.) 

Annales  de  l'Observatoire  de  Paris,  publiées  sous  la  direction  de  M.  Mau- 
rice Lœwy,  Directeur  de  l'Observatoire.  Observations,  1897.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1899;  i  vol.  i[i-4°.  (Présenté  par  M.  M.  Lœwy.) 

Les  huiles  essentielles  et  leurs  principaux  constituants,  par  E.  Charabot, 
J.  Dupont  et  L.  Pillet.  Préface  de  M.  E.  Grimaux,  Membre  de  l'Institut. 
Paris.  Ch.  Béranger,  1899;  i  vol.  in-8.  (Présenté  par  M.  Moissan.) 

Le  Système  nerveux  central,  structure  et  fonctions;  histoire  critique  des 
théories  et  des  doctrines,  par  Jules  Soury.  Paris,  Georges  Carré  et  G.  Naud, 
1899;  1  vol.  in-  8".  (Présenté  par  M.  Bouchard.) 

Éléments  de  Physiologie,  par  F.  Laulamé.  i"  fascicule,  avec  ii4  figures. 
Considérations  générales.  Fonctions  de  nutrition.  Paris,  Asselin  et  Houzeau, 
1900;  I  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Colonie  de  Madagascar.  La  soie  d'araignée,  par  le  lieutenant  J.  Maroix. 
3*  trimestre  1899,  s.  1.;  i  fasc.  in-8°. 

Calcolo  grafico  delr..  Ingegnere  Amilcare  Troncone.  Maracaïbo  (Vene- 
zuela), 1899;  I  fasc.  in-8''i 

Congreso  cientifico  latino-americano.  P  Seccion  :  Ciencias  exactas  é  ingé- 
niera. IL  Buenos  Aires,  1898;  i  vol.  in-8". 

Publicalionen  der  v.  Kuffner  schen  Sternvt'arte  in  Wien,  herausgeg.  v. 
D'' Léo  de  Ball.  V.  Band.  Wien,  1900;  i  vol.  in-4°. 

Atmospheric  tendencies,  mean  velocity  and  probable  weather  (^for  1900), 
by  D.  Dewar.  Glasgow,  1899;  i  feuillet  in-12. 

Système  silurien  du  centre  de  la  Bohême,  par  Joachim  Barrande.  F*  Partie  : 
Recherches paléontologiques.  Continuation  éditée  par  le  Musée  de  Bohème, 
Vol.  VII.  Classe  des Echinodermes .  Famille  des  Crinoides.  Texte,  ^o  planches 
et  33  figures  dans  le  texte,  par  le  Prof.  D'  W.  W^aagen  et  le  1)''  J.  Jahn. 
TraduitparA.  S.  Oudin.  Prague,  1899;  i  vol.in-4''.  (Présenté  par  M.  Albert 
Gaudry;  hommage  du  Musée  de  Bohème.) 

Annales  du  Musée  du  Congo.  Botanique,  Série  II.  Contributions  à  la  Flore 


(  Ï296  ) 
</m  Co/ze^o,  par  E.  DE  WiLDEMAN  et  Th.  Durand.  T.  I,  fasc.  I.  Bruxelles,  1899; 
I  fasc.  in-f". 

Dritler  Beitrag  zur  Granulafrage,  von  Max  Munden.  ( Séparât- Abzugaus 
Archiv.  fur  Anatomie  und  Physiologie,  1897.  )  Leipzig,  i  fasc.  in-8°. 

Manuel  {revisé  et  augmentée)  du  1/  Humphreys,  par  le  D''  Frederick  Hum- 
PHREYs.  Paris,  New-York,  s.  d.  ;  i  fasc.  in-i8. 

Statistiek  van  den  Handelde  scheepvaart  en  de  in-  en  uilvoerrechten  in  Ncder- 
landsch-Indië,  overhetjaar  1898.  Batavia,  1899;  i  vol.  in-4°. 


ERRA  TA . 


(Séances  des   14  et  21   août   1899.) 

Notes  de  M.  E.-O.   LovelL    Sur  la  correspondance...,  Sur   un  groupe 
continu...  : 

Au  lieu  des  mots  groupe  et  groupe  continu,  lise:  famille. 


(Séance  du  9  octobre   1899.) 

Note  de  M.  L.  Cruls,  Sur  une  modification  de  la  méthode  deBessel,  etc. 
Page  542,  ligne  4  eu  remontanl,  au  lieu  de  (i  -f-  x),  lisez  (i  —  a). 


FIN    DU   TOME    CENT   VINGT-NEUVIÈME. 


N"  26. 

TABÎ.E    DES    ARTICLES.  (Séance  du  20  décembre  1899.) 


REIVOUVELLEMEIVT   ANNUEL 

nn  nuRRMi  kt  de  la  commission  centrale  administrative. 


Pages. 
M.  II.  MiLNE-LiiUAiiDs  ol  ulu  \  icc-l'rchi(l(.iU 

de  l'Acadcmie  puur  l'aiiiiée  uioo i  ir.i 

MM.  D.uinoux  et  BonNETsonl  i-ius  iMeiiiliics 


de  ia  CoiiiiiiissioM  ci-nii-.dc' adminislraliv. 
pAiir  rannéo  igoo 


l'aï 


MÉiVIOlRES  ET  COMMUNICATIONS 

des  MEMliltliS   ET    DES  COliRESPONDANTS    DE   LACADËM1E. 


.M.  Il-  .MiMsTIiK  ui;  i.'I.\si'>ii,(;ti(i\  i-uiil.Kjri: 
ET  i)i-:s  lÎF.AUX-Aiiïs  adresse  l'aïuiiliation 
du  Décret  approuvant  l'élcctioiidcM.  Geor- 
ges Lemoine 

.M.  Lœwy.  —  Note  sur  les  travaux  contiMuis 
dans  le  \uhime  des  «  Annales  de  l'Obser- 
\atoire  de  Paris  de  181)7  " 

M.  IIeniu  liiiCQUEREL.  —  Sur  le  rayonne- 
nu'Ut  di's  eorps  radio-aclifs 

AL  Gaston  Bonnikr.        Ciiltun-s  cxpi-rinoii- 


talcs  sur  ladaptalioii  des  plantes  au 
climat    méditerranéen ..-. .   i-io-j 

I\LM.  A.  Haller  et  A.  Guyot.  —  Hcchcrehes 
sur  la  tautoméric  de  l'acide  benzoylben- 
zoïque - ,  >,o 

M.  Ai.UEitT  G.iUDKY  présente  le  résume  d'un 
travail  de  M.  Erland  Noidenskjolcl,  sur 
"  La  grotte  du  Glossotkerium  (Neomylo- 
daii  )  en   Palagooie   » i  >,(; 


NOMINATIONS. 


iM.    Il-    j;énéral     Gali.ikm    i-st    nomme    Toi-  I        et   N'avigalii 

respondani  pour  la  .Seelion  de  Géographie  I 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  K.  Martin  suiiniel  an  jnjjenienl  de  lAea 
demie  un  appareil  destiné  à  l'arrêt  inslan 
lané  des  chevaux  emportés 


.\l.  Lamiikkt-Huv.m.n  adres>e  une  iNole  rela- 
tive à  un  principe  pouvant  servir  à  la 
direel  ion    îles  hallmis 1  m  s 


CORUESPO.XDANCE. 


M.  IL  l'olNeAUU  présente  «  l'Annuaire  du 
Bureau  des  Longitudes  pour  l'année  u|oo  ». 

M.  Cii.  Mehay,  nommé  Correspondant  pour 
la  Section  de  Géométrie,  adresse  ses 
remcrciments  à  l'Académie 

M.  HosEXUUScii,  nommé  Correspondant  pour 
la  Section  de  Minéralogie,  adresse  ses 
remcrciments  à  l'Académie 

M,\L  hv.   Ceaumoxï,  J.  Uecquerel,  Besnoit 

et  CUILLE,  BloNOLOÏ,  BONJOI'H,  Carvalho. 

Caullery  et  Mksnil,  Cestan,  Colrmont 
et  Doyox,  .Ijles  Dracr,  Ensei.,  C.iarr. 
KiLiAN,  LÉCAii.LON,  Le  Uello,  E.  Le  Uov. 
Mon.vT,  N'yren,  Partioi,  A.  Uatau,  Loi  i 

UOL'LE  ,       S(;ULAGDEXHAUrFEN       et      REEI: 
Vaili.ahp,    Marc|uis    pe  Voiii'r,    ZirM\N. 


iJlS 


iJlS 


et  Weiss  adressent  des  remcrciments  à 
l'Académie  pour  les  distinctions  accordées 
à  leurs  travaux 

M.  MoNTANOERAND.  —  Uliscrvalions  de 
l'éclipsé  de  Lune  du  iG  décembre  iSijg  à 
l'équalorial  photographique,  à  Toulouse  . 

M.  P.  Cuoeardet.  —  Observations  de  la 
nouvelle  planète  EV  (Charlois)  faites  à 
l'observatoire  de  Besancon,  avec  l'équalo- 
rial coudé 

M.  IL  Deslaxdres.  —  Organisation  de  l'en- 
registrement quotidien  de  la  chromo- 
sphére  entière  du  Soleil  à  l'observatoire 
de  Meudon.  Premiers  résultats 

M.  J.  Jaxs.sen.  —  Remarques  sur  la  précé- 
dente Communication 


1 2!fi 


SUITE  DK  1  A    1  Ali  LE  HES  ARTICLES. 


M.  IIKLEZINIER.  —  l>o  l'cnifiloi  des  courants 
triphasés  en  Radiographie ■•■    '"7 

M.  Paul  Vikille.  —  Sur  les  discontinuités 
produites  par  la  délente  brusque  de  gaz 
comprimés '  '  ' 

M.  GAI-Y-AoriK.  ^  Sur  iiuclr|ues  pliéno- 
ménes  que  présente  le  fer '     ' 

M.  M.  Li;  CiiATELiEB.  —  Sur  les  change- 
ments de  volume  corrélatifs  du  durcisse- 
ment des  liants  hydrauliques i?' 

I\l.  D.  Cernez.  —  Sur  la  température  de 
transformation  des  deux  variétés  quadia- 
tique  et  orlhorhonibique  de  l'iodure  mer- 
curique i  ^o  l 

i\I.  .I.-R.  MouRELO.  —  Nouvelles  expé- 
riences sur  l'activité  du  manganèse  par 
rapport  à  la  phosphorescence  du  sulfure 
de  strontium i  '  •" 

M.  K.  ViQOUHOUX.  —  Sur  le  siliciure  de 
molybdène i  'i'* 

M.  Marcel  Guiciiard.  —  Sur  le  bisulfure 
de   molybdène i'.''"i 

M.  A.  'l'niLLAT.  —  Action  de  l'acide  nitreux 
sur  la  leucobase  C"  IP' Az- \>\i 

M.  HicNHi  Imbert.  —  Chaleur  de  neutrali- 
sation et  acidimétrie  de  l'acide  cacody- 
lique   I 'l'i 

M.  DE  FoRciiAND.  —  Sur  l'hydrate  de  bi- 
oxyde  de  sodium  et  la  préparation  de  l'eau 
oxygénée i  ■  V' 

iM.  E.  Leidié.  —  Sur  les  sesqu'ichlorures  Hl 
rhodium  et  d'iridium  anhydres i  ■  pi 

M.  André  Kling.  —  Oxydation  biochi- 
mique du  pi-opylglycol j.J! 

MM.  P.  Cazeneuvi;  et  Moreau.  —  Sur  la 
préparation  des  carbazides.  Action  des 
hydrazines  surlcs  carbonates  phénoliques.   i  >.i'| 

M.  .1.  noXNEFOi.  —  Combinaison  du  chlo- 
rure de  lithium  avec  l'éthylamine \i:i- 

M.  Emile  Leroy.  —  Sur  la  narcéine i  .'i', 

M.  (j.  André.  —  Sur  l'évolution  de  la   uia- 

Bur.I.ETIN  BIBLIOGRAPHIQUE 

lÎRllATA 


Pages, 
tière  minérale  pendant  la  germination...   i2f>> 

M.  ,\mand  Valeur.  —  Sur  le  dosage  des  ha- 
logènes dans  les  composés  organiques....    i2li.') 

MM.  J.-L.  PiiEvosT  et  l'.  Battelli.  —  Sur 
quelques  effets  des  décharges  électriques 
sur  le  cœur  des  Mammifères \i^\-j 

M.  L.  HouDAs.  —  Considérations  générales 
sur  les  organes  reproducteurs  mâles  des 
Coléoptères  à  testicules  composés  et  dis- 
posés CD  grappes irilis 

M.  Raillikt.  —  Evolution  sans  hétérogonie 
d'un  .^ngiostome  de  la  Couleuvre  à  col- 
lier      I  •!7  c 

M.  Pierre  Kauvel.  Sur  le  pigment  des 
Arénicoles \i"^!\ 

M.  Ed.  Guiffon.  ~  L'assimilation  chloro- 
phyllienne dans  la  lumière  solaire  qui  a 
traversé  des  feuilles.?   l'^li 

M.  Radais.  —  Sur  une  zooglée  bactérienne 
de  forme  définie i  j-(| 

M.  Wallerant.  —  Sur  les  éléments  de  symé- 
trie limite  et  la  niériédrie loSi 

M.  Stanislas  Meunier.  —  Complément  d'ob- 
servations sur  la  structure  du  diluvium 
de  la  Seine i  .s  . 

.MM.  VAs<;nii)E  et  Van  Melle.  —  Une  nou- 
velle hypolhèse  sur  la  nature  des  condi- 
tions physiques  de  l'odorat i  'S.') 

MM.  Ri.iN  et  Simon.  -  Sur  un  canipylo- 
grammc  crânien r>KS 

M.  A.  l'niNOARit.  —  Mouvements  barométri- 
ques provoqués,  sur  le  méridien  du  So- 
leil, par  sa  marche  en  déclinaison iM)r) 

M.  H.  I''eiiii,le  adresse  une  Note  relative  à 
un  instrument  destiné  à  apprécier  immé- 
diatement les  distances inq') 

M.  DK  Gai'Devili.e  adresse  une  Note  relative 
à  un  allumeur  automatique,  spccialenienl 
dcstinéà  l'ulluniage  des  foyers  producteurs 
de  nuages  aili(iciels  contre  U^s  gelées....    \  "\\ 


I  2<)() 


P  A  11  I  S  . 


niPKlMERIE     GAUTHIER-VILLAKS, 
Q'iai  des  r.ranr!s-\uuustins.   .t.', 

/.r   t.erant  .' '-^n  i  ».  i  :  h-V  i.  I.AHS 


-JUN  iôiflou 


TABLES 

DES   COMPTES   RENDUS 

DES   SÉANCES 


L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


SECOND  SEMESTRE  189Î). 


TOME    CXXIX 


JUN  1&  IfOO 


COMPTES  RENDUS 


DES   SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


TABLES    ALPHABÉTIQUES. 


JUILLET  -  DECEMBRE  1899. 


TABLE  DES  MATIERES  DU  TOME  CXXIX. 


Pages. 
Académie.  —  Allocution  de  M.  Fan  Tie- 
gheni,  Présiflenl,  dans  la  séance  [lu- 
blique  annuelle  du  i8  décembre  1899.   '"49 

—  M.  Alph.  Miine-Edifiirds  est  élu  Vice- 

Président  pour  l'année  1900 1201 

—  MM.    Darboux   et    Borriel    sont   élus 

Membres  de  la  Commission  centrale 
administrative  pour  l'année  1900. . . .  1202 
Acétones.  —  Sur  quelques  propriétés  de 
la  dioxyacétone,  en  relation  avec  le 
degré  d'agrégation  moléculaire;  par 
M.  Gabriel  Birtnind 34 1 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication        42! 

Acétylène  et  ses  dkrivés.  —  Recherches 
sur  les  dérivés  métalliques  de  l'acéty- 
lène; par  MM.  Bcrthdnt  et  Dclépine.     36i 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      422 

—  Sur  la  vitesse  de  détonation  de  l'acéty- 

lène; par  MM.  Berthelot  et  Le  Clia- 
telier 427 

C.  H.,   1S99,  ^"  Semestre.  (T.  CXXIX  ) 


Pages. 

Acides  gras. —  Emploi  de  la  tétrachlorhy- 
droquinone  pour  la  caractérisation 
et  l;i  séparation  des  acides  gras;  par 
M.  L.  Boiweaidt 53 

Aciers.  —  Sur  les  variations  temporaires 
et  résiduelles  des  aciers  au  nickei  ré- 
versibles; par  M.  Ch.-Ed.  Giidlciumr.     i55 

—  Sur  les  chan.i;ements  d'élat  du  fer  et  de 

l'acier;  par  M.  H.  Le  Chatelier 279 

—  Sur  la  dilatation  du  fer  et  des  aciers 

aux  températures  élevées;  par  M.  H. 

Le  Chatelier 3  à  i 

—  Sur  la  position  des  points  de  transfor- 

mation  magnétique  des   aciers  au 

nickel  ;  par  M.  L.  Dumas \i 

Acoustique.  —  Contribution  à  la  théorie 
des  instruments  de  musique  à  embou- 
chure; par  M.  Firiniti  Larriir/iw. . .  .       gS 

—  M.    F.    Larrnque   adresse    une    Note 

«  Sur  le  mécanisme  de  l'audition  des 
sons  » 493 

—  M.  F.  LarroqueAATe&Sie  une  Note  «  Sur 

170 


(  I 

Pages. 

la  mesure  de  l'intensi  té  des  impressions 
sonores  » "°9 

—  Sur  les  battements  des  sons  donnés  par 

les  cordes;  par  M.  C.  Maltézos ^38 

AÉROSTATION.  —  Voir  Navigatinn  aérienne. 
Ai.BUMiNOÏDEs.  —  Sur  la  liquéfaction  ré- 
versible     des      albuminoïdes;     par 

M.  Tsvell 55 1 

Alcaloïdes.  —  Nouveau  mode  de  dosage 
acidimétrique  des  alcaloïdes;  par 
M.  Étie  Falières 1 1 o 

—  Sur   quelques  alcaloïdes  de  l'opium; 

par  M.  Emile  Leroy 220 

Alcoolisme.  —  Recherches  sur  l'alcoo- 
lisme aigu;  dosage  de  l'alcool  dans  le 
sang  et  dans  les  tissus;  par  M.  iV. 

Gréhant 7'î*^ 

Aldéhydes.  —  Aldéhydes  salicylique  et 
para-oxybenzoïque  et  hydrosalicyla- 
mique;  par  MM.  Delépine  et  Rifols.  520 
Alimentaires  (matières  ).  —  Sur  le  gluten 
coagulé  et  les  matières  azotées  des 
farines;  par  M.  Balland 3 12 

—  Sur  la  composition  et  la  valeur  alimen- 

taire des  principaux  fruits  ;  par  M.  Bal- 
land       C22 

—  Le   prix  Montyon   (Arts   insalubres) 

pour  1899  est  décerné  à  M.  E.  Collin, 
pour  son  «  Étude  microscopique  des 
aliments  d'origine  végétale  » 1 147 

Aluminium.  —  Sur  les  propriétés  réduc- 
trices du  bore  et  de  l'aluminium;  par 
MM.  Diiboin  et  Gaiit/iier 2\~ 

Aminés.  —  Transformation  directe  de  l'a- 
cétamide  en  éihylamino  par  Indro- 
génation;  par  M.  Giierbft 61 

—  Déterminations  thermochimiques;  l'é- 

thylène-diamine;  par  M.  Bcrthclot. .     320 

—  Recherches  sur  les  diamines.  Diélliy- 

lène-diamine  (pipérazine)  ;  par  M.  Ber- 
thelut C87 

—  Sur  quelques  caractères  des  diamines, 

lirésdeleurneutralisalion;parM..ffe/-- 

thelot (jq.j 

—  Observations  relatives  aux  recherches 

sur  les  diamines;  par  M.  Benlwlot . .     74'; 

—  Alcalimétrie  des  aminés;  par  M.  A. 

^■<!truc ,021 

—  Combinaison  du  chlorure  de  lithium 

avec  l'élhylamine;  par  M.  /.  Bon- 
nef  ni ia5- 

Ammoniums.  —  Sur  la  dissociation  de  l'io- 
dure  de  mercurdiammonium;  par 
M.  Maurice  François .2q(j 


298    ) 

Pages. 

—  Action  du  sodammonium  et  du  potas- 

sammonium  surle  sélénium;  parM.C. 
Hiignt 299 

—  Action  du  sodammonium  et  du  potas- 

sammonium  sur  le  tellure  et  le  soufre  ; 

par  M.  C.  Hugot 388 

—  Action  du  potassammonium  sur  l'arse- 

nic; par  M.  C.  Hiigot 6o3 

Analyse  mathématique.  —  Les  groupes 
d'ordre  16  p,/»  étant  un  nombre  pre- 
mier impair;  par  M.  Le  Vavasseiir. .       26 

—  Sur  le  développement  d'une  branche 

uniforme  de  fonction  analytique  en 
série  de  polynômes;  par  M.  Paul 
Painlevé 27 

—  Sur   le   développement  des   fonctions 

analytiques    de   plusieurs   variables; 

par  M.  Paul  Painlevé 92 

—  Sur  les  équations  du  second  ordre  à 

points  critiques  fixes;  par  M.  Paul 
Painlevé 730  et     949 

—  Sur  doux  équations  intégrales  du  se- 

cond ordre;  par  M.  E.  Goiirsat 3i 

—  Sur  une  classe  d'équations  aux  déri- 

vées partielles;  par  M.  Jvan  Fred- 
liolni 32 

—  Considérations  sur  les  travaux  de  MM.  S. 

Lie  et  A.  Mayer  ;  par  M.  N.  Sali_y/,rin\      34 

—  Sur  la  théorie  des  équations  aux  déri- 

vées partielles;  par  M.  N.  Saltykoiv.     iy5 

—  Sur  les  équations  indéterminées  de  la 

forme  .E^ -H  j>'^  =  02^  \  par  M.  Edmond 
Maillet 1 98 

—  Sur  les  équations  de  Pfaff  ;  par  M.^.-O. 

Lovett 274 

—  Sur   les   cols  des  équ;i lions  différen- 

tielles; par  M.  Henri  Dulac 276 

—  Sur  un  développement  d'une  fonction 

holomorphe  à  l'intérieur  d'un  contour 
en  une  série  de  polynômes;  parM.iJe- 
naux 47^ 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      626 

—  Sur  les  fonctions  fondamentales  et  sur 

le  développement  d'une  fonction  holo- 
morphe à  l'intérieur  d'un  contour  en 
série  de  fonctions  fondamentales;  par 
M.  Rénaux 545 

—  Théorème  sur  le  nombre  de  racines 

d'une  équation  algébrique,  comprises 
à  l'intérieur  d'une  circonférence  don- 
née; par  M.  Michel  Petrovitch.  583  et     873 

—  Sur  les  fonctions  hyperabéliennes;  par 

M.  Georges  Humbert 667 


(  «299  ) 


Pages. 

—  Sur  la  transformation  des  fonctions  abé- 

liennes;  par  M.  G.  Humbert 955 

—  Sur  la  généralisation  des  développe- 

ments en  fractions  continues,  donnés 
par  Gauss  et  par  Euler,  de  la  fonc- 
tion (i-t-x)™;  par  M.  H.  Parlé 755 

—  Sur  la   généralisation  des  développe- 

ments en  fractions  continues,  donnés 
parLagrange,  de  la  fonction  (i  -t-  x)'"  ; 
par  m',  h.  Padê 875 

—  Contribution  à  la  théorie  de  la  fonc- 

tion ^(5)  de  Riemann;  par  M.  Edm. 
Landau S 1 2 

—  Sur   la    théorie   des   ensembles;    par 

M.  h.   Baire 94(J 

—  Généralisalion  d'une  formule  de  Gauss; 

par  M.  E.  Biische 932 

—  Sur  la  théorie  des  fonctions  disconti- 

nues; par  M.  Baire 1010 

—  M.  V.  Dticla  adresse  une  Note  ayant 

pour  titre  :  «  Résolution  de  l'équation 
du  troisième  degré  par  une  méthode 
nouvelle  » 785 

—  M.  Jiig.  Boulin  adresse  une  Note  «  Sur 

quelques  équations  de  Pell  et  autres 
équations   indéterminées  du    second 

degré  » io4i 

Anatomie  animale.  —  Division  du  noyau 
dans  la  spermatogénèse  chez  l'homme; 
par  M.  Sappin-Trmijlfy 171 

—  Sur  la  Structure  du  noyau  dans  les  myé- 

locites  des  Gastéropodes  et  des  Anné- 
lides;  par  M.  Joannes  Chatin 5 j  i 

—  Considérations  générales  sur  les  or- 

ganes reproducteurs  mâles  des  Coléo- 
ptères à  testicules  composés  et  dis- 
posés en  grappes;  par  M.  L.  Bordas.  1268 
Voir  aussi  :  Embrynhgie. 
AxvTOMiE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  Un  cas 
d'endothélium  des  os;  par  M.  Paul 
Berger 90 1 

—  Rapport  de  M.  Guyou,  concluant  à  dé- 

cerner le  pri.x  Godard  à  M.  Pasteau, 
pour  ses  recherches  sur  le  système 
lymphatique  dans  les  maladies  de  la 

vessie  et  de  la  prostate 1 1 17 

Anatomik  viiGÉTALE.  —  Sur  la  structure 
analomique  des  Vanilles  aphylles;  par 
M.  Edouard  Heckel 347 

—  Sur  la  formation  des  canaux  sécréteurs 

dans  les  graines  de  quelques  Gutti- 
fères;  par  .M.  Edouard  Heckel ioS 

—  Sur  les  phénomènes  cytologiques  pré- 

cédant et  accompagnant  la  formation 


Pages 
de  la  téleutospore   chez  le  Puccinia 
Liliacearum  Duby  ;  par  M.  R.  Maire.     889 
Voir  aussi  :  Botanique. 

Anthropométrie.  —  Sur  un  campylo- 
gramrae  crânien;  par  MM.  Blin  et 
Simon 1288 

-antimoine  et  ses  composés.  —  Sur  les 
sulfoantimonites  métalliques;  par  M. 
Pouget io3 

Antiseptiques  (substances).  —  Leségols: 
nouveaux  antiseptiques  généraux;  par 
M.  E.  Gautrelet 1 1 3 

Argent.  —  Sels  basiques  mixtes  argento- 

cuivriques;  par  M.  Paul  Sahntier. . .     211 

—  Sur  l'azotate  d'argent  ammoniacal;  par 

MM.  Berllieloi  et  Delëpine 3'2G 

—  Sur  l'action  de  l'acide  chlorhydrique 

sec  sur  l'argent  et  réaction  inverse; 

par  M.  Jouniaux 883 

Argon.  —  Nouvelles  recherches  sur  l'ar- 
gon et  ses  combinaisons;  par  M.  Ber- 
tlielot 7  V 

—  Réaction  de  l'argon  et  de  l'azote  sur 

les  radicaux  mercuriels;  par  M.  Ber- 

thelot 378 

Arsenic  et  ses  composés.  —  Sur  la  pré- 
paration et  les  propriétés  des  arsé- 
niures  de  strontium,  de  baryum  et 
de  lithium  ;  par  M.  P.  Lebeau 47 

—  Sur  l'existence   normale  de  l'arsenic 

chez  les  animaux,  et  sa  localisation 
dans  certains  organes;  par  M.  Armand 
Gautier 9«9 

—  Méthode  pour  la  recherche  et  le  dosage 

de  très  petitesquantités  d'arsenic  con- 
tenues dans  les  organes;  par  M.  Ar- 
mand Gautier 936 

Astronomie.  —  Sur  la  parallaxe  du  Soleil; 

par  M.  Bouquet  de  la  Grye 986 

M.  G.-B.  Otivero  adresse  une  Lettre 

relative  à  un  Mémoire  d'Astronomie 
communiqué  par  lui  à  l'Académie. . .     i32 

—  Rapport  de  M.  Zœiv/,  concluant  à  dé- 

cerner le  prix  Lalande  à  M.  W.-R. 
Brook'i 1079 

—  Rapport  de  M.  Callandrcau,  concluant 

à  décerner  le  prix  Valz  à  M.  Nirén. .  1080 
Voir  aussi  :  Bolidex,  Éclipses,  Étoiles, 
Étoile  s  filante  s,  Nébuleuses,  Comètes, 
Lune,  Planètes, Soleil,  Cltronumètres, 
Latitudes,  Mécanique  céleste  et  Ob- 
servatoires. 
Azote.  —  Sur  les  combinaisons  du  sul- 
fure  de    carbone   avec    l'hydrogène 


(  i3oo  ) 


Pages, 
et  avec  l'azote  ;  par  M.  Berihelot. ...     1 33 
—  Remarques    sur    la    combinaison    de 
l'azote  avec  l'oxygène;  par  M.  Ber- 


Pages. 

thelot 1 37 

—  Sur  la    sléréochimie  de   l'azote  ;   par 

M.  J.-A.  Le  Bel 548 


B 


Balistique.  —  Sur  la  loi  des  pressions 
dans  les  bouches  à  feu;  par  M.  E. 
rallier •■     ^^^ 

Baryum  et  ses  composés.  —  Sur  le  poids 
atomique  du  métal  dans  le  chlorure 
de  baryum  radifère;  par  M.  Skludw- 
shn  Curie 76° 

—  Sur  la  préparation  et  les  propriétés 

des  phosfjhures  de  strontium  et  de 
baryum  crislallisés  ;  par  M.  A.  Jabnin.  762 
Benzène  et  ses  dérivés.  —  Action  du 
brome  en  présence  du  chlorure  d'alu- 
minium anhydre  sur  quelques  déri- 
vés chlorés  du  benzène;  par  M.  A. 
Mounerriit  et  Ch.  Potiret 6o5 

—  Sur    de    nouvelles    combinaisons    de 

l'anhydride  phosphorique  avec  le  ben- 
zène ;  par  M.  H.  Giran 9C4 

BenzoTque  (acide)  et  ses  dérivés.  —  Sur 
les  acides  dialcoyibenzoyibenzoïques 
et  dialcoyihenzylbenzoïques  létracblo- 
rés;  par  U.-A.  Huiler  et  H.  Uml>- 
grove yo 

—  Recherches  sur  la  tautomérie  do  l'acide 

benzoyibenzoïque;  par  MM.  A.  Hal- 

ler  et  A.  Gujol 1 2 1 3 

Bolides.  —  Sur  un  bolide  remarquable; 

par  M.  Cil.  Anilré 383 

—  Orbite  du  bolide  du  24  août  1899;  par 

M .  J.  Comtis  Sala 5 1 1 

Bore.  —  Sur  les  propriéiés  réductrices  du 
bore  et  de  l'aluminium  ;  par  MM.  Bu- 
hr.in  et  Gnntliier 21^ 

—  Sur  le  poids  atomique  du  bore;  par 

M.  Henri  Gauthier 395  et     67^ 

Botanique.  —  Sur  les  affinités  des  Mi- 
cr().y,oruin;  par  MM.  L.  Matruchol 
et  Ch.  Dasstiriville 123 

—  Le  piraiiihv,  liane   à  caoutchouc   de 

Madagascar;  par  M.  Henri  Jumelle. .     349 

—  Sur  une  plante  à  gutta-percha,  suscep- 

tible d'être  cultivée  sous  un  climat 
tempéré;  par   MM.  Drbowski  et  G 

/™"-, 558 

—  sur    lallernance   de  générations   des 

Cutleria;  par  M.  C.  Smwageau 555 

—  Greffe   de    quelques  Monocolylédones 


sur  elles-mêmes;  par  M.  Lucien  Da- 
niel      654 

—  Sur  la  fécondation  hybride  de  l'albu- 

men ;  par  M.  Hugo  de  Viies 973 

—  Sur   une   nouvelle  Mucorinée   patho- 

gène; par  MM.  Lucet  et  Costandn.. .    io5i 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  formation  de 

l'œuf    chez    les    Piptocephalis ;    par 

M.  L.  Matruchot io34 

—  Sur  une  zooglée  bactérienne  de  forme 

définie  ;  par  M.  Rntlais 1279 

—  Rapport  de  M.  Gastnn  Bonnier^  con- 

cluant à  décerner  le  prix  Desmazières 
pour  1899  à  M.  l'abbé  Hue,  pour  ses 
travaux  sur  les  lichens 1099 

—  Rapport  de  M.  Bornel,  concluant  à  dé- 

cerner, pour  l'année  1899,  deux  prix 
Montagne,  l'un  à  M.  Jules  Cardot, 
l'autre  au  Frère  Joseph  Héribaud,  pour 
leurs  ouvrages  relatifs  aux  mousses..    1 100 

—  Rapport  de  M.  Guignant,  concluant  à 

partager  le  prix  Thorepour  1899  entre 
M.  Paul  Farmentier,  pour  ses  travaux 
sur  les  Fougères,  et  M.  Bouilhac, 
pour  ses  recherches  sur  la  végétation 

des  Algues  d'eau  douce 1 102 

Voir  aussi  :  Analomie  tie'gétale.  Physio- 
logie -oégétnle.  Pathologie  végétale. 

Bulletins  BiBi.ioGRAPiiiotEs,  67,  187, 
246,  357,  402,  421,  440,  458,  480, 
533,  563,  624,  6G0,  740,  785,  852, 
982,   1046,  1295. 

Bureau  des  LoNtaTUDES. —  M.  H.  Poinearé 
présente  à  l'Académie  la  «  Connais- 
sance des  Temps  pour  l'année  1900  ».     663 

—  M.  H.  Poinearé  présente  «  L'Annuaire 

du  Bureau  des  Longitudes  pour  l'an- 
née 1 900  » 1218 

—  M.    le   Ministre  de  l'Instruction  pu- 

blique invite  l'Académie  à  lui  présen- 
ter une  liste  de  candidats  à  la  place 
de  Membre  Astronome,  devenue  va- 
cante au  Bureau  des  Longitudes  par 
suite  du  décès  de  M.  Tisserand 8o3 

—  Liste  de  candidats  présentés  à  M.    le 

Ministre  pour  celte  place  :  i"  M.  Ra- 
dau,  2°  M.  Bisourdan 1008 


(  i3ot  ) 


Pages. 

Calendrier.  —  M.  von  Sichart  adresse 
une  Note  relative  à  un  calendrier  per- 
pétuel      533 

Camphres  et  dérivés.  —  Sur  les  amino- 
campholènes;  par  M.  E.-E.  Biaise  ei 
G.  Blanc io6 

—  Sur  la  camphénylène;  par  M.  E.-E. 

Biaise  el  G.  Blanc 886 

—  Sur  les  réfractions  moléculaires,  la  dis- 

persion moléculaire  et  le  pouvoir  ro- 
tatoire  spécifique  de  quelques  alcoyl- 
camphres;  par  MM.  ^4 .  Hnllcr  et  P. -M. 
Millier ioo5 

—  Action  du  chlorure  d'aluminium   sur 

l'anhydride  camphorique;  par  M.  G. 
Blanc 1019 

Caoi'TCHOUC.  —  Sur  le  piraîahr,  liane  à 
caoutchouc  de  Madagascar;  par  M.  H. 

Jumelle 34f) 

—  M.  Deiss  adresse  une  Note  relative  à 
«  son  procédé  d'extraction  du  caout- 
chouc » 865 

CÉRAMiQLE.  —  M.  le  Secrétaire  perpétuel 
signale  un  article  do  M.  Clermont- 
Ganneau,  inséré  dans  la  Revue  ar- 
chénlogique,  et  relatif  à  un  vase  de 
terre  cuite,  du  vi°  siècle  avant  notre 
ère 193 

—  Sur  les  terres  cuites  noires;  par  M.  H. 

Le  Chntelier 386 

—  Sur  la  porcelaine  égyptienne;  par  M.  H. 

Le  Chatelier 387 

—  Sur  les  poteries  égyptiennes;  par  M.  H. 

Le  Chatelier 4/7 

Chemims  de  fer.  —  M.  L.  Brach  adresse 
l'indication  d'un  moyen  de  protection 
pour  les  trains  de  chemins  de  fer  en 
marche 458 

—  M.  U.  Ganna  adresse  un  projet  d'aver- 

tisseur destiné  à  prévenir  les  ren- 
contres des  trains  sur  les  chemins  de 

fer 939 

Chimie.  —  Remarques  sur  l'emploi  des 

cryohydrales;  par  M.  À.  Ponsot.. . .       98 

—  Sur  les  combinaisons   du  sulfure   de 

carbone  avec  l'hydrogène  et  l'azote; 

par  M.  Berthelol 1 33 

—  Remarques   sur    la    combinaison    de 

l'azote  avec  l'oxygène;  par  M.  Ber- 
thelot 137 


Pages. 

—  Sur  les  points  fixes  de  transformation; 

par  M.  H.  Le  Chatelier 497 

—  Sur  la  stéréochimie   de   l'azote;    par 

M.  J.-J.  Le  Bel 548 

—  Sur  la   simultanéité  des   phénomènes 

d'oxydation  el  des  phénomènes  d'hy- 
dratation accomplis  aux  dépens  des 
principes  organiques,  sous  les  in- 
Quences  réunies  de  l'oxygène  libre  et 
de  la  lumière  ;  par  M.  Berthelnt 627 

—  Sur  les  anhydrides  mixtes  des  acides 

acycliques  et  cycliques;  par  M.  A. 
Béhal 08 1 

—  Déplacement  réciproque  des  métaux; 

par  M.  Alb.  Colsori 8îï 

—  Sur  lés  radicaux  métalliques  composés  : 

dérivés  du  mercure;  par  M.  Bcr- 
thelot 918 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication    1047 

—  Sur  la  température  de  transformation 

des  deux  variétés  quadratique  et  or- 
thorhombique  de  l'iodure  mercurique  ; 
par  M.  D.  Gernez T234 

—  Rapport    de  M.   Ann.   Gautier,   con- 

cluant à  décerner  le  prix  .lecker  pour 
1899  à  M.  Maurice  Hanriot 1091 

—  Rapport  de  M.  Ditle,  concluant  à  dé- 

cerner le  prix  La  Gaze  (Chimie)  pour 

1 899  à  M.  Enoel 1093 

—  Le  prix  Cahours  pour  1899  est  accordé 

à  M.  René  Metzner 1 162 

Voiraussi  :  Dissociation,  Therniorhiniie, 
et  les  articles  spéciaux  :  Aciers,  Alu- 
minium, Antimoine,  Argent,  Argon, 
Arsenic,  Azote,  Baryum,  Bore, 
Chrome,  Cuivre,  Fer,  Fluor.  Hydro- 
gène, Iode,  Iridium,  Lithium,  Ma- 
gnésium, Mercure,  Molybdène,  Ozone, 
Palladium,  Phosplinre,  Radium,  Rho- 
dium, Ruthénium,  Silicium,  Sodium. 
Chimie  animale.  —  Sur  la  présence,  dans 
l'organisme  animal,  d'un  ferment  so- 
kibleréduisantles  nitrates  ;parMM.-£'. 

Ahelous  et  E.  Gérard 56 

-  Sur  la  présence,  dans  l'organisme  ani- 
mal, d'un  ferment  soluble  réducteur. 
Pouvoir  réducteur  des  extraits  d'or- 
ganes; par  MM.  E.  Abelous  et  E.  Gé- 
rard       1 64 


(  • 

Pages. 

—  Recherches  expérimentales  sur  une  ag- 

glutinine  produite  par  la  glande  de 
l'albumen  chez  \' Hélix  pomatia  ;  par 
M.  L.  Cnmii.i 233 

—  Oxydation  biochimique  du  propylgly- 

col;  par  M.  Jndré  Kling 1252 

Voir  aussi  Glycogène. 

Chimie  industrielle.  —  M.  A.  Payot 
adresse  une  Note  relative  à  un  pro- 
cédé pour  rendre  les  bois  incombusti- 
bles    io45 

Voir  aussi  Céramique,  Ciments. 

Chimie  organique.  —  Sur  une  méthode 
générale  pour  le  dosage  des  divers 
corps  simples  contenus  dans  les  com- 
posés organiques;  par  M.  BiTthelnt.   1002 

—  Transformation  directe  de  l'acétamide 

en   éthylamine    par    hydrogénation; 

par  lA.Guerbet 61 

—  Sur  le  benzoylfurfurane;   par  M.  H. 

Marquis i  1  i 

—  Oxydation  du  propylglycol  par  l'eau  de 

brome;  par  M.  André  Kling 219 

—  Surracidedichloro-3.4-butanoïque;  par 

M.  f{.  Lcspieiit 224 

—  Action  du  bror.ie  sur  le  bromure  d'iso- 

butyle  en  présence  du  bromure  d'a- 
luminium anhydre  et  du  chlorure  d'a- 
luminium; par  M.  J.  Mimnejrai . . .     22G 

—  Sur    quelques    acétylacétonates;    par 

MM.  G.  Urbiicn  et  A.  Debiernc 3o2 

—  Sur  la  liquéfaction  réversible  des  albu- 

minoïdes;  par  M.  T.svett 55 1 

—  La  naphlopurpurine,  un  produit  d'oxy- 

dation delà  naphtazarine;parM.  Geor- 
ges-F.  Jaubert 684 

—  Sur   de    nouveaux   composés  asymé- 

triques de  l'azote  obtenus  par  syn- 
thèse et  doués  du  pouvoir  rotatoire; 
par  MM.  W.-J.  Pnpe  et  S.-J.  Fea- 
clier ^  J67 

—  Action  de  l'oxyde  nitrique  sur  la  di-* 

clilorhydrine  chromique;  par  _M.  V. 
Thomas 828 

—  Sur  un  mode  de  synthèse  de  l'acide  pa- 

rabanique;  par  M.  P.   Cazennwe. . .     834 

—  Action  de  l'acide  nitreux  sur  la  leuco- 

base  Ci8H-"Az2;  par  M.  J.  Trillat.   1242 

—  Chaleur  de  neutralisation  et  acidimétrie 

de  l'acide  cacodylique;  par  M.  Henri 
Imbert \-x!i' 

—  Sur  la  préparation  des  carbazides.  Ac- 

tion des  hydrazines  sur  les  carbonates 
phénoliques;  par  MM.  P.  Cnzennwe 


3o2  ) 

Pap,es. 
et  Moreau i  a54 

—  Sur  le  dosage  des  halogènes  dans  les 

composés  organiques;  par  M.  Armand 

Valeur 1 265 

Voir  aussi  :  Thermochimie,  et  les  articles 
spéciaux  Acétylène,  Acétones,  Acides 
gras,  Alcaloïdes,  Aldéhydes,  Aminés, 
Ammoniums,  Benzène,  Benzoïque 
{Acide),  Camphres,  Diastases,  Mé- 
ihyle,  Phénylhydrazine ,  Ptnmalnes, 
Quinones,  Styrolène. 
Chimie  végétale.  —  Contribution  à  l'é- 
tude chimique  de  l'écorce  du  Rham- 
nus  piirshiann  (  Cascara  sagrada  )  ; 
par  M.  Leprince 60 

—  Sur  la  composition  de  l'albumen  de  la 

graine  de  caroubier  ;  production  de 
galactose  et  de  mannose  par  hydro- 
lyse; par  MM.  Em.  Bourquclot  et  H. 
Hérissey 228 

—  Sur  la  composition  de  l'albumen  do  la 

graine  de  caroubier;  par  MM.  Em. 
Bourquclot  et  H.  Hérissey .........     Sgi 

—  Germination  de  la  graine  de  caroubier. 

Production  de  mannose  par  un  ferment 
soluble;  par  MM.  Em.  Bourquclot  et 
H.  Hérissey Gi4 

—  Sur  la  constitution  de  la  matière  colo- 

rante des  feuilles.  La  cliloroglobine; 

par  M.  Twit 607 

—  Recherches  sur  le  développement  pro- 

gressif de   l'essence   de  bergamote; 

par  M.  Eugène  Charabot 728 

—  Sur  la  matière  colorante  de  la  digitale; 

par  MM.  Adrian  et  A.  Trillat 889 

—  Sur  la  présence  de  la  mannocellulose 

dans  le  tissu  ligneux  des  plantes  gym- 
nospermes; par  M.  Gabriel  Bertrand.   \o?.i 
Voir  aussi  Alimentaires  (Matières). 

Chirurgie.  — Rapportde  M.  Guyon,  con- 
cluant à  décerner  le  prix  Mège  pour 
(899  à  MM.  Félix  Terrier  et  Marcel 
Baudoin,  pour  leur  Livre  "  La  Suture 
intestinale  » 436 

Chrome  et  ses  composes.  —  Action  du 
bioxyde  d'azote  sur  les  sels  de  pro- 
toxyde  de  chrome;  par  M.  G.  Ches- 
neau 100 

—  Sur  l'acétate  chromique;  par   M.   A. 

Recoura 1 58 

—  Sur  les  états  isomériques  de  l'acétate 

chromique.  Acétate  normal.  Acétate 
anormal  violet  monoacide;  par  M.  A. 
Recoura 208 


(  i3o3  ) 


—  Sur  les  états  isomériques  de  l'acétate 

chromique  :  acétate  anormal  violet 
biacide,  acétate  anormal  vert  mono- 
acide, par  M.  A.  Recoura 288 

CnnoNOMÈTRES.  —  Enregistrement  micro- 
plionique  de  la  marche  des  chrono- 
mètres; par  M.  Alphonse  Berge t .  ...  712 
C1.MENTS.  — Variations  de  volume  des  mor- 
tiers de  ciment  de  Portiand,  résultant 
de  la  prise  et  de  l'état  hygrométrique  ; 
par  M.  Cnnsidère 4G7 

—  Sur  les  changements  de  volume  corré- 

latifs du  durcissement  des  liants  hy- 
drauliques; par  M.  H.  Le  CliMelier.  i-iSa 
Comètes.  —  Observations  de  la  comète 
Swift  (1899  a),  faites  à  l'observatoire 
de  Lyon  ;  par  M.  /.  Guillaume 16 

—  Observations  de  la  comète  périodique 

Tempels  =  1873 II,  faites  à  l'Observa- 
toire de  Paris;  par  M.  G.  Fayet. . . .     38o 

—  Observations  de  la  comète  Swift  (1899 

a),   faites   à    l'observatoire  de  Bor- 
deaux, par  MM.  G.  Rayet  et  A.  Fa- 


raud      443 

—  Observations  de   la  comète  Giacobini 

(1899  e),    faites  à  l'observatoire  de 
Besançon;  par  M.  P.  Chofardet 545 

—  Observations  de  la  comète  Giacobini 

(27  septembre  1899),  faites  à  l'obser- 
vatoire d'Alger;  parMM./{aw6rt«rf  et 

^y 577 

—  Sur  la  comète  Giacobini;  par  M.  Per- 

rotin 664 

Cristallographie.  —  M.  le  Ministre  de 
l'Inslruclion  publique  transmet  un 
Rapport  du  Consul  général  de  Naples 
sur  les  travaux  de  M.  Sc/iro/i,  concer- 
nant la  Cristallogénie 989 

Cuivre.  —  Sels  basiques  mixtes  argento- 

cuivriques  ;  par  M.  Paul  Sahatier. . .     211 

—  Action  du  phosphure  d'hydrogène  sur 

l'oxyde,  l'hydrate  et  le  carbonate  de 
cuivre;  par  M.  E.  Rubéïioritch 336 

—  Sur  l'hypophosphite  de  cuivre  et  sa  dé- 

composition par  le  palladium  préci- 
pité ;  par  M.  R.  Engel 5 18 


D 


DÉCÈS  de  Membres  et  de  Correspondants 
de  l'Académie.  —  M.  le  Secrétaire 
perpétuel  annonce  la  mort  de  M.  Wil- 
liam Flower,  Correspondant  pour  la 
Section  d'Anatomie  et  Zoologie 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  la 

mort  de  M.  Rieggenbach,  Correspon- 
dant pour  la  Section  de  Mécanique. . 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  la 

mort  de  M.  Frankland (  Ed(vards)  el 
de  M.  Bunsen  (^Robert - fV ilheUn-Ebe- 
rhard).  Associés  étrangers,  et  rappelle 
en  quelques  mots  leurs  découvertes  . 
Décrets.  —  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publicjue  et  des  Beaux-Arts 
adresse  l'ampliation  d'un  Décret  qui 
porte  de  100  à  116  le  nombre  des 
Correspondants  de  l'Académie,  tant 
nationaux  qu'étrangers 

—  M.  le  Ministre  de  l' Instruction publicjue 

et  des  Beaux-Arts  adresse  l'amplia- 


Eau  oxygénée.  —  Surl'hydratedebioxyde 
de  sodium  et  la  préparation  de  l'eau 


i'9 


i49 


4o3 


E 


tion  du  Décret  approuvant  l'élection 

de  M.  Georges  Lemoine 1202 

Diastases.  —  Sur  la   sécrétion  des  dia- 

stases  ;  par  M.  Dienert 63 

—  Nouvelles  observations  sur  l'échidnase; 

par  M.  C.  Phisalix 1 15 

—  Sur  la  coexistence  d'une  diastase  ré- 

ductrice et  d'une  diastase  oxydante 
dans  les  organes  animaux:  par  MM.  J . 

Abelous  et  E.  Gérard ioa3 

Dissociation.  —  Sur  la  dissociation  du 
chlorure  de  cadmium  hexammonia- 
cal  ;  par  MM.  W.-R.  Lang  et  A.  Ri- 
gaut 294 

—  Sur  la  dissociation  de  l'iodure  de  mer- 

curdiammonium;  par  M.  Maurice 
François 296 

—  Dissociation,  par  l'eau,  de  l'iodomercu- 

rate  d'ammoniaque  etdel'iodomercu- 
rate  de  potasse;  par  M.  Maurice 
François 9^9 

oxygénée;  par  M.  de  Forcrand 1246 

Eaux  naturelles.  —  M.  Ad.  Carnot  fait 


(  i3o4  ) 


Pages- 
hommage  à  l'Académie  d'un  nouveau 
Recueil  d'analyse  des  eaux  minérales 

françaises 804 

Éclipses.  —  Lettre  de  M.  le  Directeur  de 
l'Instituto  y  Observatorio  de  Marina 
de  San  Fernando,  relative  aux  futures 
expéditions  pour  l'observation  de  l'é- 
clipse  de  Soleil  du  27  mai  1900 445 

—  Sur  la  comparaison  des  heures  obte- 

nues, pour  les  contacts  d'éclipsés 
partielles  de  Soleil,  par  l'observation 
directe  et  les  mesures  de  longueurs 
de  corde  commune;  par  M.  Cit.  André.     496 

—  Observations  de  l'éclipsé  de  Lune  du 

16  décembre  1899  à  l'équatorial  pho- 
tographique, à  Toulouse  ;  par  M.  Mon- 

tangernnd 1219 

École  polytechnique.  —  M.  le  Ministre 
de  la  Guerre  invite  l'Académie  à  lui 
désigner  deux  de  ses  Membres  pour 
faire  partie  du  Conseil  de  perfection- 
nement de  l'École  Polytechnique. ...     5i  i 

—  MM.  Cornu  et  Sarrau  sont  désignés 

comme  devant  être  présentés  à  M.  le 
Ministre  de  la  Guerre  pour  faire 
partie  de  ce  Conseil 540 

Économie  rirale.  —  Cultures  dérobées 
d'automne.  Leur  efficacité  comme  en- 
grais vert;  par  M.  P. -P.  Dehérain..      139 
Voir  aussi  :  Vins  et  Viticulture. 

Élections.  —  M.  Gcorjyes  Lenwine  est 
élu  .Membre  de  la  Section  de  Chimie, 
en  remplacement  de  feu  M.  Brieddl    gJS 

—  M.  Méray  est  élu  Correspondant  pour 

la  Section  de  Géométrie 1008 

—  M.  Roscnbusch  est  élu  Correspondant 

pour  la  Section  de  Minéralogie 1009 

—  M.  le  général  GulUeni  est  élu  Corres- 

pondant pour  la  Section  de  Géogra- 
phie et  Navigation j2,o 

ÉLECTRICITÉ.  —  Étincelle  globulaire  am-        ' 
bulante  ;  par  M.  Stéphane  Leduc 3; 

—  Sur  la  nature  et  la  cause  du  phénomène 

des  cohéreurs;  par  M.  Thomas  Tom- 
masina , 

—  Sur  les  formules  de  Mossoti-Clausius 

et  de  Betti  relatives  à  la  polarisation 
des  diélectriques;  par  M.  F.  Beau- 
lard 

—  Lesgaz  raréfiés  possèdent-ils  la  conduc-     '  ^ 

tivitéélectrolytique?parM.£.^„„/^      ,52 

—  Sur  la  cohésion  diélectrique  des  ^az 

raréfiés;  par  M.  E.  Bout  y "        204 

—  Sur  le  champ  magnétique  "à  l'intérieur 


Pages, 
d'un  cylindre  creux  parcouru  par  un 
courant;  par  M.  ff^.  de  Nikolaieve.  .     202 

—  Sur  les  déformations  électriques  des 

diélectriques   solides   isotropes  ;   par 

M.  Paul  Sacerdote 282 

—  Sur  les  spectres  des  décharges  oscil- 

lantes; par  M.  G.- A.  Hemsalech 285 

—  Sur  diverses  expériences  desti-^nées  à 

confirmer  l'hypothèse  d'Ampère,  rela- 
tive à  la  direction  de  l'action  élémen- 
taire électromagnétique;  par  M.  fV. 
de  Nikolaieve 47^ 

—  Sur  les  réactions  d'induit  des  alterna- 

teurs ;  par  M.  A.  Blondel 586 

—  Observation  de  U.  A.  Potier  sur  la 

Note  précédente  de  M.  Blondel 63; 

—  La  mort  par  les  décharges  électriques; 

par  MM.  J.-L.  Prévost  et  F.  Battelli.     65 1 

—  Sur   la    propagation    des   oscillations 

électriques  dans  les  milieux  diélec- 
triques; par  M.  Albert  Turpuin 670 

—  Transmission  des  ondes  hertziennes  à 

travers  les  liquides;  par  M.  Edouard 
Brardy 672 

—  Sur   l'interrupteur   éleclrolytique    de 

Wehnelt;  par  M.  E.  Roihé. 673 

—  Reproduction  électrique  de  figures  de 

Savart,  obtenues  à  l'aide  de  lames  li- 
quides ;  par  M.  P.  de  Heen 717 

—  Sur  le  rendement  de  la  transmission 

du  son  par  l'électricité;  par  M.  Dus- 
saud 880 

—  Sur  la  constatation  de  la  fluorescence 

de  l'aluminium  et  du  magnésium  dans 
l'eau  et  dans  l'alcool  sous  l'action  des 
courants  de  la  bobine  d'induction  ;  par 
M.  Th.  Tnmniusina 957 

—  M.  B.  de  Bidassny  adresse  une  Note 

relative  à  la  décharge  électrique  et  à 

la  constitution  de  l'étincelle 3i6 

—  Rapport  de  M.  PoOer,  concluant  à  dé- 

cerner le  prix  La  Case  (Physique), 
pour  1899,  à  M.  Blondlot,  pour  ses 
travaux  d'électricité 1080 

—  Rapport  de  M.  Mascart,  concluant  à 

décerner  le  prix  Gaston  Planté,  pour 
1899  à  M.  Maurice  Leblanc,  pour  ses 
travaux  relatifs  à  l'application  des 
courants  alternatifs,  simples  ou  po- 
lyphasés  " 1161 

Voir  aussi  :  Rayons  X  et  Télégraphie . 
E.MBRVOLOGIE.  —  Sur  le  parablasle  et  l'en- 
doderme viiellin  du  blastoderme  des 
Poules;  par  M.  Etienne  Rabatid.  ...      167 


(  i3o5  ) 


Paires. 

—  Rapport  de  M.  Edm.  Perrier  concluant 

à  décerner  le  prix  Serres  pour  1899 
à  M.  Roule,  pour  les  travaux  d'Em- 
bryogénie, et  des  mentions  honorables 
à  M.  J.  Beard,  et  à  MM.  Caidlcry  et 
Mesnil 1 1 1 8 

—  Rapport  de  M.  Mascnrt  concluant  à 

décerner  le  prix  Saintour  pour  1899 
à  M.  Lecnillnn,  pour  ses  travaux 
d'Embryogénie 1 163 

Errata,  188,  358,  422,  565,  626,  1047, 
1296. 

Étoiles.  —  Observations  de  p  Lyre,  faites 
à  l'observatoire  de  Lyon;  par  M.  M. 
Luizet 267 

—  Sur   l'étoile   variable   du    type   Algol 

(DM. -+-  12°, 3557);  par  M.  Luizet...     269 
Étoiles  filantes.  —  Observations  des  Per- 

séides  de  1899  ;  par  M""  D.  Klampke.     281 

—  Sur  la  pluie  d'étoiles  filantes  des  Per- 

séides,  à  Lyon,  et  sur  un  bolide  re- 
marquable; par  M.  Ch.  André 383 

—  Sur  la  cause  des  traînées  lumineuses 

persistantes  qui  accompagnent  cer- 
taines étoiles  filantes  ;  par  M.  Ch.  An- 
dré      404 

—  Les  Perséides  en  1899  ;  parM.  C.  Flam- 

marion    435  et    460 

—  Observations  des  Perséides,   faites  à 

Athènes;  par  M.  D.  Eginitis 447 

—  Remarques  de  M.  Bouquet  de  la  Grye, 

sur  l'utilisation  possible  des  étoiles 
filantes  pour  la  détermination  des  dif- 
férences de  longitudes 464 


Pages. 

—  Note  sur  les  Léonides;  par  M.  Lœwy.    7S7 

—  Note  de  M.  /.  Janssen  sur  les  observa- 

tions des  Léonides,  faites  sous  la  di- 
rection de  l'observatoire  de  Meudon.     788 

—  Observation  de  l'essaim  des  Léonides, 

faite  à  l'Observatoire  de  Paris,  du 
i3  au  16  novembre  1899;  Pt""  M-  f»- 
Bioourdan 8nS 

—  Observation  des  Léonides,  à  l'observa- 

toire de  Toulouse;  par  M.  Badlaud.     806 

—  Observation  de  l'essaim  des  Léonides; 

par  M.  H.  Deslamlres 807 

~  Observations  des  Léonides,  faites  en 
1899  à  l'observatoire  de  Lyon;  par 
M.  y.  Guillaume 866 

—  Observations    des   Léonides   faites    à 

l'observatoire  d'Alger,  les  i3,  14  et 
i5  novembre  i8gg;  par  M.  Ch.  Tré- 
pied      867 

—  Observation  des  Léonides  à  Alger  ;  par 

M.  Harold  Tarry 869 

—  M.  TVzrrj  adresse  des  indications  com- 

plémentaires sur  les  nombres  horaires 

des  Léonides  observées  à  Alger 942 

—  M.  H.  7Vr/-rr  adresse  une  Note  relative 

à  l'observation  des  Biélides,  à  Alger, 
dans  la  nuit  du  28  au  29  novembre..   loio 

—  Observations  des  Léonides  et  des  Bié- 

lides, faites  à  Athènes;  par  M.  D.  Egi- 

nilis 94^ 

Explosifs  (Corps).  —  Sur  l'explosion  du 

chlorate  de  potasse;  par  M.  Berthelot.    926 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

cation io47 


Fer.  —  Sur  les  changements  d'état  du  fer 

et  de  l'acier;  par  M.  H.  Le  Chatelier.     279 

—  Sur  les  dilatations  du  fer  et  des  aciers 

aux  températures  élevées;  par  M.  E. 

Le  Chatelier 33 1 

—  Sur  les  propriétés  magnétiques  du  fer 

aux  basses  températures;  par  1\L  G. 
Claude 409 

—  Sur  quelques  phénomènes  que  présente  I 

le  fer  ;  par  M.  Galy-Aché !23o  j 

Ferments.  —  Sur  la  présence,  dans  l'or- 
ganisme animal,  d'un  ferment  soluble 
réduisant  les  nitrates;  par  MM.   E.  I 


Abelous  et  E.  Gérard 56  et     164 

—  Germination  de  la  graine  de  caroubier; 

production  de  mannose  par  un  fer- 
ment soluble;  par  MM.  Em.  Bour- 
quclot  et  H.  Hérissey. ....  Sgi  et  61 4 
Voir  aussi  Diastuses. 
Fluor.  —  Production  d'ozone  par  la  dé- 
composition de  l'eau  au  moyen  du 
fluor  ;  par  M.  Henri  Mnissan Syo 

—  Action  de  l'acide  fluorhydrique  et  du 

fluor   sur   le    verre;    par    M.   Henri 
Moissart 799 


C.  R.,  1899,  !•  Semestre.  (T.  CXXIX.) 


171 


(  i3o6  ) 


G 


Pïges . 

Gaz.  —  Sur  les  discontinuités  produites 
par  la  détente  brusque  de  gaz  com- 
primés; par  M.  Paul  Vieilte 1228 

GÉOGRAPHIE.  —  Sur  les  travaux  géogra- 
phiques et  cartographiques  exécutés 
à  Madagascar,  par  ordre  du  général 
Gallieni,  de  1897  à  1899;  Note  de 
M.  Alfred  Gramlidier 8/1 

GÉOLOGIE."  —  Sur  les  brèches  éogènes  du 

Briançonnais;  par  M.  W.Kilian...     240 

—  Sur  le  bord  externe  du  Briançonnais 

entre  Freyssinières  et  Vars  ;  par 
MM.  W.  Kiliiiii  et  E.  Haiig 35 1 

—  Sur  les  marmites  des  îlots  granitiques 

de  la  cataracte  d'Assouftn  (Haute- 
Egypte)  ;  par  M.  Jean  Brtinhes 354 

—  Complément  d'observations  sur  le  ter- 

rain caillouteux  des  Préalpes  vau- 
doises;  par  M.  Stanislas  Meunier. . .     5-2  5 

—  Observations  relatives  au  dépôt  de  cer- 

tains travertins  calcaires;  par  M.  Sta- 
nislas Meunier 639 

—  Les  plaques  subéreuses  calcifiées   du 

terrain  houiller  d'Hardinghen  (Pas- 
de-Calais);  parM.  C.-Eg.  Bertrand.     619 

—  Lithologie  sous-marine  des   côtes  de 

France;  par  M.  J.  Thoulet CaS 

—  Sur  l'intervention  des  végétaux  dans  la 

formation   des    tufs    calcaires  ;    par 

M.  de  Lapparent G64 

—  Sur  la  période  glaciaire  dans  les  Kar- 

pathes  méridionales;  par  M.  E.  de 
Martonne 894 

—  Sur  l'histoire  de  la  vallée  du  Jiu  (Kar- 

pathes  méridionales);  par  M.  E.  de 
Martonne g-i8 

—  Sur  les  vestiges  d'une  ancienne  forte- 

resse vitrifiée,  au  bourg  de  Saint-Sau- 
veur, dans  la  vallée  supérieure  de  la 
Dore  (Puy-de-Dôme);  par  M.  /.  Use- 

'"lie gg, 

—  Sur  la  Tectonique  de  l'extrémité  sep- 

lentrionaledumassifde  la  Chartreuse; 

par  M.  H.  Réi'il ,035 

—  Les  faciès  et  les  conditions  de  dépôt 

du Turonien de  l'Aquitaine;  parM./*/;. 
Glangeaud ,£,39 

—  Sur  de  nouvelles  recherches  souter- 

raines en  Dévoluy  (Hautes-Alpes)  et 
sur  le   plus   profond    puits   naturel 


Pages, 
connu  (chourun  Martin,  Sio");  par 
M.  E.-A.  Martel 1041 

—  Évaluation  approchée  de  la  dénudation 

du  terrain  crétacé  des  côtes  nor- 
mandes; par  M.  J .  Thoulet 104 3 

—  Complément  d'observations  sur  la  struc- 

ture du  diluvium  de  la   Seine;   par 

M.  .Stanislas  Meunier 1282 

—  M.  de  Lapparent  présente  à  l'Académie 

les  deux  premiers  fascicules  de  la  qua- 
trième édition  de  son  «  Traité  de  Géo- 
logie I) 665 

—  Remarque  au  sujet  de  l'Ouvrage  pré- 

cédent  de    M.    de    Lapparent;    par 

M.  Foiique' 665 

—  Rapport  de  M.  Marcel  Bertrand,  con- 

cluant à  décerner  le  prix  Delesse  à 
M.  W.  Kilian,  pour  ses  études  sur 
les  Alpes  françaises 1096 

—  Rapport  de  M.  Marcel  Bertrand,  con- 

clant  à  décerner  le  prix  Tchihatchef 
pour  1899  à  M.  Verbeck,  pour  ses  tra- 
vaux géologiques  sur  les  îles  de  Java, 

de  Madoura,  etc nSg 

Voir  aussi  Minéralogie,  Paléontologie, 
Pétrographie. 
GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  transformations  des 

droites;  par  M.  E.-O.  Lovett 20 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       358 

—  Sur  les  transformations  des  droites; 

par  M.  E.-O.  Lovett 144 

—  Sur  les  surfaces  de  M.  Voss;  par  M.  C. 

Guichard 23 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       188 

—  Sur  la  théorie  générale  des  congruences 

de  cercles  et  de  sphères;  par  M.  C. 
Guichard 1 4  7 

—  Sur  une  correspondance  entre   deux 

espaces  réglés  ;  par  M.  A.  Demoulin.     200 

—  Sur  la  correspondance  entre  les  lignes 

droites  et  les  sphères;  par  M.  E.-O. 
Lovett 383 

—  Sur  un  groupe  continu  infini  de  trans- 

formations de  contact  entre  les  droites 

et  les  sphères;  par  iM.  E.-O.  Lovett.     4o5 

—  Errata  se  rapportant  à  ces  deux  der- 

nières Communications 1296 

—  Sur  les  surfaces  de  quatrième  degré 


(  i3o7  ) 

Pages. 


qui  admettent  une  intégrale  différen 

tielle  totale  de  première  espèce;  par 

M.  Arthur  Berry i49 

—  Sur  quelques  dépendances  géométri- 

ques entre  deux  systèmes  de  points 
définis  par  des  équations  algébriques; 
par  M.  S.  Mangeot 4^4 

—  Quelques  remarques  sur  les  intégrales 

doubles  de  seconde  espèce  dans  la 
théorie  des  surfaces  algébriques;  par 
M.  Emile  Picard SSg 

—  Sur   un   problème   relatif   aux    coii- 

gruences  de  droites;  par  M.  É. 
Goursat 578 

—  Sur  les  congruences  de  normales;  par 

M.  E.   Goursat 669 

—  Sur  la  classification  des  groupes  pro- 

jectifs  de  l'espace  à  n  dimensions; 

par  M.  F.  Marotte 58o 

—  Sur    certaines  surfaces  remarquables 

du  quatrième  ordre;  par  M. G.  Hum- 
bert 640 

—  Sur  les  congruences  de  cercles  et  de 

sphères  qui  interviennent  dans  l'é- 
tude des  systèmes  orthogonaux  et 
des  systèmes  cycliques;  par  M.  C. 
Guichard 748 

—  Sur  quelques   propriétés  de  certains 


Pages. 

systèmes  de  cercles  et  de  sphères; 
par  M.  C.  Guichard 944 

—  Sur  la  définition  de  l'aire  d'une  sur- 

face ;  par  M.  H.  Lcbetgue 870 

—  Rapport  de  M.  Darbou.x  sur  le  con- 

cours du  prix  Bordin  en  1899.  Men- 
tion très  honorable  décernée  à  M. /tt/e* 
Drach 1064 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Fran- 

cœur 1067 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Pon- 

celet 1067 

—  Le  prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  ma- 

thématiques) est  décerné  à  M.  Mou- 
tard, pour  ses  travaux  relatifs  à  l'Ana- 
lyse et  à  la  Géométrie 1 1 5o 

Glycérine.  —  Sur  les  variations  de  la  pro- 
duction de  glycérine  pendant  la  fer- 
mentation alcoolique  du  sucre;  par 
M.  /.  Laborde 344 

Glycogène.  —  Préparation  et  dosage  du 

glycogène;  par  M.  Armand  Gautier.     701 

Gravitation.  —  Méthode  pour  détermi- 
ner la  constante  ne^\tonienne;  par 
M.  Geo-K.  Burgess 4°? 

—  Méthode  pour  déterminer  la   densité 

moyenne  de  la  Terre  et  la  constante 
gravi  tationnelle  ;  par  M .  ^1  /.  Gerschun .  i  o  1 3 


H 


Hydrogène.  —  Sur  les  combinaisons  du 
sulfure  de  carbone  avec  l'hydrogène 
et  avec  l'azote;  par  M.  Berthelot. . . .     i33 

—  M.  Henri  Moissan  transmet  à  l'Aca- 

démie une  dépèche  de  M.  Dewar,  de 
Londres,  relative  à  la  solidification  de 
l'hydrogène 434 

—  Sur  la  solidification  de  l'hydrogène;  par 

M.  James  Deuar 45i 

Hydrographie.  —  Sur  un  balhymètre 
fondé  sur  l'emploi  de  cylindres  crus- 
hers;  par  MM.  Carbonnier  et  Galy- 

Aché 243 

Hygiène  publique.  —  M.  Eugène  Four- 


nier  adresse  un  Mémoire  intitulé  : 
«  Recherches  sur  la  désinfection  par 
l'aldéhyde  formique  :  formacétone  ».     igS 

M.  Eug.  Ackcrmann  adresse  un  Mé- 
moire «  Sur  le  dessèchement  futur  de 
l'île  de  Marajo  (Brésil )  » 54 1 

M.  Apéru  adresse  une  Note  relative 
à  un  «  Moyen  de  destruction  des  rats 
à  bord  des  bateaux  » 982 

Une  mention  très  honorable  dans  le 
concours  du  prix  Montyon  (Arts  insa- 
salubres)  est  accordée  à  M.  P-  Ba- 
zous,  pour  son  Mémoire  sur  l'assai- 
nissement des  ateliers  industriels...   ii47 


Infectieuses  (maladies).  —  M.  G.  Cro- 
quevieille  adresse  une  Note  «  Sur  cer- 
taines affections  d'origine  cryptoga- 
miques   connues    sous  les  noms  de 


maladies  paludéennes,  contagieuses, 

épidémiques,  etc.  » 264 

M.  G.  Croquevieille  adresse  une  Note 
«  Sur  les  propriétés  curatives  du  sul- 


(   i3o8  ) 


Vùpes. 
fale  de  fer  dans  les  maladies  micro- 
biennes » /     *^'i° 

Voir  aussi  :  Jntise/ttiques  {substances), 
Physiologie  jxithohiaiifue . 
Iode  et  ses  composés.  —  Examen  de  l'eau 
de  mer  puisée  à  différentes  profon- 
deurs; variations  de  ses  composés 
iodés;  par  M.  Armand  Gautier. ....         9 

—  Remarques,  à  propos  d'une  Communi- 

cation de  M.  Matieiicci,  sur  la  pré- 
sence de  l'acide  iodhydriqne  dans  les 
émanations  volcaniques;  par  M.  Arm. 
Gautier 66 

—  Présence  de  l'iode  en  proportions  no- 

tables dans  tous  les  végétaux  à  chlo- 


Pages. 
rophylle  de  la  classe  des  Algues  et 
dans  les  Sulfuraires;  par  M.  Armand 
Gautier '  9  ' 

—  Erriitum  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       358 

—  Sur  l'absorption  de  l'iode  par  les  végé- 

taux: par  M.  P.  Bourget 7fi8 

—  Sur  la  température  de  transformation 

des  deux  variétés  quadratique  et  or- 
thorhombiqiie  de  l'iodure  mercurique  ; 

par  M.  D.  Gernez ia3/l 

Iridium.  —  Sur  la  puriBcation  de   l'iri- 
dium; par  M.  E.  Leidié 214 

—  Sur  les  sesquiclilorures  de  rhodium  et 

d'iridium  anhydres;  par  M.  E.  Leidié.   la^ig 


Lactique  (Acide).  —  L'acide  lactique;  par 

MM.  Berthelot  et  Delépine 920 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 
nication      1047 

Latitudes.  —  Sur  les  méthodes  de 
M.  Lœwy  pour  la  détermination  des 
latitudes;  par  MM.  W.  Ehert  et  /. 
Perchot 270 

Lithium.  —  Combinaison  du  chlorure  de 
liihium  avec  l'éthylamine;  par  M.  J. 
Bonnefoi 1 257 

Locomotion.  —  Du  rôle  des  organes  loco- 


moteurs du  cheval  ;  par  M.  P.  le  Helto.  1 79 
Longitudes.  —  Remarques  de  M.  Bouquet 
de  la  Grye,  sur  l'utilisation  possible 
des  étoiles  filantes  pour  la  détermi- 
nation des  différences  de  longitudes  .  464 
Lune.  —  Considérations  sur  la  constilu- 
lion    physique    de    la    Lune  ;     par 

MM.  Lœwy  et  Puiseii.v 5 

—  M.  Lœwy  présente  deux  photographies 
lunaires  qui  lui  sont  adressées  par 
M.  Weineck i44 


M 


Magnésium.  —  Sur  le  carbonate  de  magné- 
sium anhydre  ;  par  M.  R.  Engel 598 

—  Action  du  magnésium  sur  ses  solutions 

salines;  par  M.  Georges  Lemoine...     291 
Magnétisme.  —  Sur  la  position  des  points 
de    transformation    magnétique    des 
aciers  au  nickel;  par  M.Z.  Dumas. .       42 

—  Sur   les    propriétés    magnétiques    du 

fer    aux   basses    températures;    par 

M.  Georges  Claude 409 

Magnétisme  terrestre.  —  M.  Emile 
Renner  adresse  une  étude  sur  le  Ma- 
gnétisme terrestre 67 

Mécanique.  —  Sur  les  mou\ements  de 
roulement  ;  équations  du  mouvement 
analogues  à  celles  de  Lagrange;  par 
M.  AijpelL 3,7 

—  Sur  une  forme  générale  des  équations  de 

la  Dynamique  ;  par  M.  P.  Appell 423 


—  Sur  une  forme  nouvelle  des  équations 

de  la  Dynamique;  par  M.  P.  Appell.     459 

—  Sur  les  positions  d'équilibre  d'un  na- 

vire avec  un  chargement  liquide;  par 

M.  Jppell 5()7 

—  Équilibre  d'un   flotteur  avec  un  char- 

gement liquide;  par  M.  Appell (i36 

—  Sur  la  stabilité  de  l'équilibre  des  corps 

flottants,  et,  en  particulier  d'un  na- 
vire qui  porte  un  chargement  liquide  ; 
par  M.  P.  Dukem 879 

-  Remarque  de  M.  Appell  sur  la  Commu- 

nication précédente  de  M.  P.  Duhem.     S80 

-  Sur  l'identité  de  solution  de  certains 

problèmes  d'élasticité  et  d'hydrody- 
namique; par  M.  Georges  Poisson ..  .     5ij 

-  Sur  l'équilibre  élastique  d'une  plaque 

rectangulaire;  par  M.  Maurice  Lévy.     535 

-  Sur  les  systèmes  isolés  simultanés;  par 


(   i3o9  ) 


1016 


705 


1073 


17 


Pages. 
M.  Andrade 8i5 

—  Sur  le  principe  de  l'égalité  de  l'action 

et  de  la  réaction  ;  par  M.  André  Bro- 

ca 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  le  tracé  des 
freins  hydrauliques;  par  M.  Valtier.. 

—  Rapport  de  M.   de  Biissj  concluant  à 

décerner  le  prix  Plumey  à  M.  Bajnur, 
pour  les  perfectionnements  apportés 
par  lui  aux  machines  à  vapeur 

—  Rapport  de  M.  Léautê  sur  le  concours 

du  prix  Fourneyron  (perfectionnements 

à  la  théorie  des  trompes) 1077 

Voir  aussi  BalistUiue. 
MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  la  suppression 
des  essais,  dans  le  calcul  des  orbites 
paraboliques;  par  M.  L.  Picnrt 

—  Sur  une  modification  de  la  méthode  de 

Bessel  pour  le  calcul  des  occultations; 

par  M.  L.  Cru  h 54 1 

—  Errnta  se  rapportant  à  celte  Communi- 

cation     1296 

Voir  aussi  Gravitation. 
MÉDAILLES.  —  M.  \q  Ministre  des  Affaires 
étrangères  informe  l'Académie  que  le 
«  Cercle  industriel,  agricole  et  com- 
mercial »  de  Milan  a  décidé  d'offrir 
une  médaille  d'or  à  l'invention  la  plus 
efficace  contre  les  accidents  du  travail 
des  ouvriers  électriciens 576 

—  L'Académie  décerne  la  médaille  Arago 

à  Sir  G.-G.  Stokcs 1 1/17 

MÉDECINE.  —  Rapports  sur  le  concours  du 
prix  Montyon  (Médecine  et  Chirur- 
gie) :  de  M.  Pntain  concluant  à  dé- 
cerner un  prix  à  MM.  Nocard  et  Le- 
etfiinche,  pour  leur  livre  sur  les 
«  Maladies  microbiennes  n  ;  et  un  prix 
à  M.  Magei,\io\]iT  son  «  Traité  de  dia- 
gnostic médical  et  séméiologie  », 
1108;  —  De  M.  Giiynn,  concluant  à 
décerner  un  prix  à  M.  Narjnn,  pour 
son  «  Traité  de  l'alimentation  et  de 
l'allaitement  des  enfants  du  premier 
âge  » II 12 

—  Rapport  de  M.  Lannelongue  sur  le  con- 

cours du  prix  Barbier 1 1 14 

—  Rapport  de  M.  Bouchard  sur   le  con- 

cours du  prix  Bréanl  :  une  somme  de 
six  raille  francs,  prélevée  sur  les  arré- 
rages, est  partagée  entre  les  auteurs 
de  travaux  sur  la  pathogénie  et  la 
pathologie  du  tétanos. 

—  Rapport  de  M.  Bouchard,  concluant  à 


ii63 


296 


i[i5 


Pages, 
décerner  le  prix  Chaussier  pour  1899 
à  M.    Charria,  pour  ses  travaux  de 
Pathologie  expérimentale 1 1 30 

—  Rapport  de  M.  Po?«m,  concluant  à  par- 

tager le  prix  Bellion  entre  M.  Cestan, 
pour  son  livre  sur  la  Thérapeutique 
des  empyèmes,  et  MM.  Crespin  et 
Sergent,  pour  leur  Mémoire  sur  la 
fièvre  typhoïde  en  Algérie 1 136 

—  Rapport  de  M.  Bmuardel,  concluant  à 

décerner  le  prix  Jean-Jacques  Berger 
pour  1899  à  l'Institut  Pasteur,  pour 
les  services  qu'il  a  rendus  à  la  ville  de 
Paris  dans  la  cure  de  la  diphtérie. . . 
Voir  aussi  Hygiène  publique. 
Mercure  et  ses  composés.  —  Sur  la  dis- 
sociation de  l'iodure  de  mercurdiam- 
monium;  par  M.  Maurice  François. . 

—  Dissociation,  par  l'eau,  de  l'iodomercu- 

rate  d'ammoniaque  et  de  l'iodomercu- 
rate  de  potasse;  par  M.  Maurice 
François gSg 

—  Sur  les  radicaux  métalliques  composés  : 

dérivés  du  mercure;  par  M.  Ber- 
thelot 918 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication     1047 

—  Sur  la  température  de  transformation 

des  deux  variétés  de  l'iodure  mercu- 

rique;  par  M.  F).  Gernez 1234 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  les  ascensions,  dans 
l'atmosphère, d'enregistreurs  météoro- 
logiques portés  par  des  cerfs-volants; 
par  M.  Léon  Teisserenc  de  Bort.  . .  . 

—  Variations  de  la  température  dans  l'at- 

mosphère libre,  d'après  les  observa- 
tions de  quatre-vingt-dix  ballons- 
sondes  ;  par  M.  L.  Teisserenc  de  Bort. 

—  M.  Ad.  Richard  adresse  une  Note  rela- 

tive à  un  arc-en-ciel  présentant  une 

apparence  anormale 357 

Voir  aussi  Physique  du  globe. 

MÉTHYLÈXE  ET   SES  DÉRIVÉS.   —    Élude   de 

l'oxyméthylène-cyanacétate  de  mé- 
thyle  et  de  quelques-uns  de  ses  homo- 
logues; par  M.  È.  Grégoire  de  Bol- 
lemont 5o 

—  Études    sur    le    brométhylène  ;    par 

M.  Bertliclot 483 

—  Sur  le  sulfate  de  méthylène  ou  méthylal 

sulfurique;  par  M.  Marcel  Delépine. 

MÉTRIQUE  (système).  —  Sur  la  masse  du 

décimètre  cube  d'eau;  par  MM.  Ch. 

Fnbry,  J.  Macé  de  Lépinay  &i  A.  Pé- 


i3i 


417 


83 1 


(  i3io  ) 


rot . 


Pages. 
•      709 


—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lec- 

ture d'une  dépêche  adressée  d'Odessa 
à  l'Académie,  à  l'occasion  du  Cente- 
naire de  l'adoption  du  Système  mé- 
trique  ■   i°'o 

MicnoBioLOGiE.  —  M.  Diiclaux  présente  à 
l'Académie  le  tome  III  de  son  «  Traité 
de  Microbiologie  » 'ooS 

Minéralogie.  —  Sur  l'origine  de  la  symé- 
trie dans  les  corps  cristallisés  et  le 
polymorphisme;  par  M.  Fréd.  Wnlle- 
rant "A 

—  Sur  les  éléments  de  symétrie  limite  et 


Pages, 
lamériédrie;  ^zvW.  Fréd.fVallerant.   1281 

—  Les  minéraux  du  crétacé  de  l'Aquitaine; 

par  M.  Ph.  Glangeaud 975 

Molybdène.  —  Sur  le  bioxyde  de  molyb- 
dène ;  par  M.  Marcel  Guichard 722 

—  Sur  le   siliciure  de   molybdène;   par 

M.  E.  Flgouroux 1238 

—  Sur  le  bisulfure   de  molybdène;    par 

M.  Marcel  Guichard 1 239 

Monnaies.  —  M.  Troosi  est  réélu  Membre 
de  la  Commission  de  contrôle  de  la 
circulation  monétaire,  au  Ministère 
des  Finances 666 


N 


Navigation.  —  M.  Aug.  Coret  adresse 
une  Note  relative  a  un  appareil  destiné 
à  mesurer  l'inclinaison  d'un  navire, 
produite  par  le  roulis 409 

—  M.  E.    Granboulan  adresse  une  Note 

sur  un  système  de  propulsion  des  na- 
vires à  vapeur 533 

—  M.  L.-A.  Levât  adresse  une  Note  rela- 

tive à  un  projet  de  «  ceinture-tam- 
pon »  à  adapter  aux  navires,  contre 
l'accostage io45 

—  Rapports  sur  le  concours  du  prix  extra- 

ordinaire de  six  mille  francs  :  de 
M.  Bussy  sur  les  travaux  de  M.  le 
commandant  Bailh,  1067;  de  M.  Sar- 
rau., sur  les  travaux  de  MM.  Char- 
bonnier et  Galy-Aché,  io6g;  de  M. 
Guyou,  sur  les  travaux  du  capitaine 
de  frégate  E.  Perrin 1071 

—  Rapport  de  M.  Maurice  Lévy,  con- 

cluant à  décerner  le  prix  Montyon 
(Mécanique)  à  M.  Partial   pour  ses 


observations  sur  le  régime  des  fleuves 

maritimes 1073 

Navigation  aérienne.  —  MM.  A.  Breuil- 
Int  et  Thomas  adressent  une  Note  re- 
lative à  un  aérostat  dirigeable 49^ 

—  M.  G.  Gibon  adresse  diverses  Notes 

relatives  à  ses  trois  types  de  ballons 
dirigeables 54 1 

—  M.    Fr.    Bailly  adresse  un  Mémoire 

«  Sur  un  appareil  volant  » 865 

—  M.  E.  Roger  adresse  un  Mémoire  re- 

latif à  la  Navigation  aérienne gSg 

—  M.   Lambert- Roynin  adresse  une  Note 

relative  à  un  principe  pouvant  servir 

à  la  direction  des  ballons 1218 

Nébuleuses.  —  Sur  la  nébuleuse  annulaire 
de  la  Lyre,  d'après  des  observations 
faites  à  l'observatoire  de  Toulouse;  par 
MM .  Bourget^  Montangerand  et  Bail- 
laud , 265 

Neige.  —  M.  W.-A.  Bentley  adresse  une 

Note  relative  à  des  cristaux  de  neige.    852 


o 


Observatoires.  —  M.  Lœwy  présente  le 
tome  III  des  «  Annales  de  l'Observa- 
toire de  Toulouse  » g4o 

—  Note  sur  les  travaux  au  mont  Blanc  en 

1 899;  par  M.  y.  Janssen 993 

—  Note  sur  les  travaux  contenus  dans  le 

Volume  des  »  Annales  de  l'Observa- 
toire de  Paris  de  1897  " 1202 

Optique.  -  Disparition  instantanée  du 
phénomène  deKerr;  parMM.  Abraham 


et  /.  Lemoine 206 

Action  des  diverses  radiations  lumi- 
neuses sur  les  êtres  vivants  ;  par  M.  C. 
Flammarion SgS 

Méthode  pour  la  mise  au  point  d'un 
collimateur;  par  M.  G.  Lippmann. . .     569 

Sur  la  spectrophotométrie  des  lumières 
électriques;  par  M.  Fernand  Gaud. .     759 

Sur  une  nouvelle  loupe  binoculaire; 
par  M.  Emile  Berger 821 


(  i3ii  ) 


Rapport  de  M.  Cornu,  concluant  à  dé- 
cerner le  prix  Wilde,  pour  1899,  à 
M.  P.  Zeemann,  pour  sa  découverte 
relative  à  l'action  d'un  champ  magné- 
tique sur  la  nature  et  la  polarisation 


Pages. 


Pages. 

des  radiations  lumineuses logS 

Voir  aussi  Physique  mathématique. 
Ozone.  —  Production  d'ozone  par  la  dé- 
composition de   l'eau  au  moyen  du 
fluor;  par  M.  Henri  Moissan 570 


Paléontologie.  —   Sur  le  Néomylodon; 

par  M.  Albert  Gaudry 49' 

—  M.  Albert  Gaudry  présente  le  résumé 

d'un  travail  de  M.  Erland  Norden- 
skjold^  sur  «  La  grotte  du  Ghssotlie- 
rium  (Néomylodon)  en  Patagonie  ». .    1216 

—  Rapport  de  M.    de  Lapparent,    con- 

cluant à  décerner  le  pri.x  Fontane 
pour  1899  à  M.  Emile  Haug,  pour 
ses  publications  paléonlologiques  . . .    1097 

Palladium.  —  Sur  la  décomposition  de 
l'hyposulSte  de  cuivre  par  le  palla- 
dium précipité;  par  M.  R.  Engel 5i8 

Pathologie  végétale.  —  Cultures  de  Nec- 
tria,  parasites  des  chancres  des  arbres. 
Analogies  de  ces  cultures  avec  celles 
du  champignon  parasite  du  cancer  hu- 
main; par  M.  i*ra iiS 

— -  Sur  la  cicatrisation  du  système  fasci- 
culaire  et  celle  de  l'appareil  sécréteur, 
lors  de  la  chute  des  feuilles;  parM.^. 
Tison 125 

—  La  Graisse,   maladie  bactérienne  des 

Haricots;  par  M.  Delacroix 656 

—  Sur  une  maladie  nouvelle  des  Œillets; 

par  M.  Louis  Mangin 73 1 

—  La  maladie  des  CEillets  à  Antibes;  par 

MM.  Prillicux  et  Delacroix 744 

—  Sur  les  modifications  histologiques  pro- 

duites dans  les  tiges  par  l'action  des 
Phytoptus;-^^vVi.  Marin-Molliard.  .     841 

Phéntlhydrazine.  —  Action  de  la  phé- 
nylhydrazine  sur  les  bromures,  chlo- 
rures et  iodures  alcooliques  ;  par  M.  /. 
Allain-Le  Canu i  o5 

Phonographie.  —M.  G.  F/«c<?«?i  adresse 
des  «  Études  de  Phonographie  et  de 
Phonotélégraphie  » 9"3 

Phosphore  et  ses  composés.  —  Recherche 
et  dosage  du  phosphore  libre  dans 
les  huiles  et  les  corps  gras;  par  M.  E. 
Louise 394 

—  Sur  le  dosage  du  phosphore  dans  les 

composés  organiques;  par  M.  Cli. 
Marie 766 


—  Sur  la  préparation  et  les  propriétés  des 

phosphores  de  baryum  et  de  stron- 
tium cristallisés;  par  U.^1.  Jaboin. .     762 

—  Décomposition    du   phosphate    mono- 

manganeux  par  l'eau  à  0°  et  à  100°; 

par  M.  G.  Fiard 412 

—  Sur  l'hypophosphite  de  cuivre  et  sa 

décomposition  par  le  palladium  préci- 
pité; par  M.  R.  Engel 5i8 

Photographie.  —  Le  prix  Trémont  pour 
1899  est  décerné  à  M.  L.  Ducos  du 
Hauron,  l'un  des  inventeurs  de  la 
photographie  des  couleurs  par  images 
colorées  superposées ii5o 

Physiologie  animale.  —  Oscillations  ner- 
veuses, leur  fréquence;  par  M.  Aug. 
Charpentier 38 

—  Sur  le  rôle  de  la  chaleur  dans  le  fonc- 

tionnement des  muscles;  par  M.  Ra- 
phiiël  Dubois 1 1 4 

—  Sur    l'absence    de    régénération    des 

membres  postérieurs  chez  les  Ortho- 
ptères sauteursel  ses  causes  probables; 
par  M .  Edmond  Bordage 1 20 

—  Régénération  tarsienne  et  régénération 

des  membres  des  deux  paires  anté- 
rieures chez  les  Orthoptères  sauteurs; 
par  M.  Edmond  Bordage 169 

—  Sur  le  mode  de  croissance  en  spirale 

des  appendices  en  voie  de  régénéra- 
tion chez  les  Arthropodes  ;  par  M.  Ed- 
mond Bordage 455 

—  Sur  un  mode  particulier  de  protection 

des  appendices  en  voie  de  régénération 
après  sections  artificielles  chez  les  in- 
sectes ;  par  M.  Edmond  Bordage. ...     5oi 

—  Sur    l'élimination    de    l'azote    et    du 

phosphore  chez  les  nourrissons;  par 

M.  GEschner  de  Coninck 224 

—  Sur  la  respiration  branchiale  chez  les 

diplopodes ;  par  M.  Causard 237 

—  Thermogénèse  et  dépense  énergétique 

chez  l'homme  qui  élève  ou  abaisse  son 
propre  poids.  Le  travail  positif  prend 
de  la  chaleur  au  moteur  animé  qui 


(    l3l2    ) 


Pages. 

exécute  ce  travail  ;  le  travail  négatif 

lui  en  donne;  par  M.  A.  Chauveaa  ...     249 

—  Sur  la  fécondation  mérogonique  et  ses 

résultats;  par  M.  Yves  Délace 645 

—  Les  affinités  et  la  propriété  d'absorp- 

tion de  l'endothélium  vasculaire;  par 

M.  Henri  Stnssano 648 

—  Sur  l'innervation   sécrétoire  du  pan- 

créas; par  MM.  E.  Wertheimer  et  L. 
Lepage 7^7 

—  Des  relations  existant  entre  les  actions 

diurétiques  et  les  propriétés  osmo- 
tiques  des  sucres;  par  M.  E.  Hédon 
et  /.  Arrous 778 

—  Sur  la  variation  négative  du  courant 

nerveux  axial  ;  par  M.  Memlelsolm. . .     844 

—  La  variation  négative  n'est  pas  un  signe 

infaillibled'acti  vite  nerveuse;  par  M. v^. 
Herzen 897 

—  Note  pour  servir  à  l'histoire  de  la  pres- 

sion intra-oculaire  et,  par  suite,  à 
la  connaissance  du  mécanisme  de  la 
pression  du  sang  dans  les  capillaires; 
par  M.  fV.  Nicati 1028 

—  Sur  quelques  effets  des  décharges  élec- 

triques sur  le  cœur  des  Mammifères  ; 

par  MM.  J.-L  Prévost  et  F.  BattelU.   1267 

—  Une  nouvelle  hypothèse  sur  la  nature 

des  conditions  physiques  de  l'odorat; 

par  MM.  Faschide  et  Fan  Melle. .  . .    i285 

—  Rapport  de  M.  FUhol,  concluant  à  dé- 

cerner le  prix  Bordin  (Sciences  phy- 
siques) pour  1899  à  M.  Viré,  pour 
ses  travaux  sur  les  modifications  des 
organes  des  sens  chez  les  animaux 

cavernicoles 1 106 

Voir  aussi  Locomotion. 
Physiologie  expérimentale.  —  Rapport 
de  M.  Marey,  concluant  à  décerner 
le  prix  Montyon  (Physiologie  expéri- 
mentale), pour  1899,  à  M.  Le  Hello, 
pour  ses  études  sur  le  mécanisme  de 
la  locomotion  du  cheval i  i3g 

—  Rapport  de  M.  Cliauveau,  concluant  à 

décerner  le  prix  La  Gaze  (Physiolo- 
gie) pour  1899  à  M.  Moral,  pour  l'en- 
semble de  ses  travaux  de  Physiologie 
expérimentale ,  ,^£, 

—  Rapport  de  M.  Marcy,  concluant  à  dé- 

cerner le  prix  Pourat  pour  1899  à 
MM.  IFeiss  et  Carvallo,  pour  leur 
Mémoire  sur  les  caractères  spécifiques 
de  la  contraction  musculaire  dans  la 
série  animale ^^^ 


Pages. 
Physiologie  pathologique.  —  Sur  la  pré- 
vention et  la  guérison  de  l'épilepsie 
toxique,  par  l'injection  de  substance 
nerveuse  normale;  par  MM.  y.  Babès 
et  Bacconcea i6i 

—  Expériences  concernant  l'état  réfrac- 

taire  au  sérum  d'anguille.  Immunité 
cytologique  ;  par  MM.  L.  Camus  et  E. 
Gley 23 1 

—  Transmission  intra-utérine  de  l'immu- 

nité vaccinale  et  du  pouvoir  antiviru- 
lent du  sérum;  par  MM.  Béclère, 
Chainbnn,  Ménard  et  Coulomb 235 

—  Action  des  matières  minérales  et  des 

acides  organiques  sur  les  variations 
de  la  résistance  et  les  modifications  de 
l'économie;  par  MM.  Cftarrin,  Guil- 
lemonat  et  Levadiii 3o5 

—  Immunité  et  spécificité.  Réflexions  à 

propos  de  la   Note  précédente;  par 

M.  Ch.  Bouchard 338 

—  Des  qualités  préventives  du  sérum  san- 

guin d'une  génisse  immunisée  contre 
la  péripneumonie  contagieuse  des  Bo- 
vidés ;  par  MM.  S.  Arloing et  Duprez.   .  5y3 

—  Démonstration  de  la  désagrégation  des 

leucocytes  et  de  la  dissolution  de  leur 
contenu  de  leur  plasma  sanguin  pen- 
dant l'hypoleucocytose.  Influence  de  la 
leucolyse  intra-vasculaire  sur  la  coagu- 
lationdusang;  par  M.  Henri  Stassano.     610 

—  Recherches  sur  l'alcoolisme  aigu;  par 

M.  N.  Gréhant 748 

—  Sur  la  lipase  à  l'état  pathologique;  par 

MM.  Ch.  Achard  et  A.  Clerc 78  r 

—  Embolies  cellulaires;  par  MM.  Charria 

et  Levaditi 898 

—  Un  cas  d'hémiphlégie  hystérique,  guéri 

par  la  suggestion  hypnotique  et  étudié 
par  laChronophotographie;  jiar  M.  G. 
Marinesco 968 

—  M.  Al.  Tsimbouraky  adresse  une  Note 

relative  à  un  traitement  de  la  lithiase 

et  de  l'hyperhémie  hépatiques 1  86 

—  M.  L.  Laurent  adresse  une  Note  n  Sur 

le  rôle  de  l'insuffisance  en  matières 
grasses  de  la  ration  alimentaire,  dans 
l'étiologie  du  béribéri  » 38o 

—  M.  A.   Guépin   adresse  un   Mémoire 

sur  «  L'étiologie  générale  des  maladies 

de  la  prostate  » 804 

Voir  aussi   Urines,    Infectieuses  {Ma- 
ladies). 
Physiologie  végétale.   —  Sur  quelques 


(  i3i3  ) 


56 1 


893 


1207 


1262 


Paijes. 
phénomènes  de  la  désorganisation  cel- 
lulaire; par  M.  V.  Boulet 5oG 

—  Action  des  vapeurs  anesthésiques  sur  la 

vitalité  des  graines  sèches  et  des 
graines  humides;  par  M.  Henri  Cou- 
pin  

—  Sur  l'hygrométricité  des  graines;  par 

M.  L.  Macjuenne 773 

—  Sur  la  résistance  des  graines  aux  tem- 

pératures élevées;  par  M.  fuctor  Jo- 
din 

—  Cultures  expérimentales  sur  l'adapta- 

tion des  plantes  au  climat  méditerra- 
néen ;  par  M.  Gaston  Bonnier 

—  Sur  l'évolution  de  la  matière  minérale 

pendant  la  germination;  par  M.  G. 
Aitdré. 

—  L'assimilation  chlorophyllienne  dans  la 

lumière  solaire  qui    a  traversé   des 

feuilles;  par  M.  E.  Griffon 12-G 

Voir  aus^i  Chimie  vége'tale. 
PiiYsiQLu:  DU  Gi.oBE.  —  Écarts  baromé- 
triques sur  le  méridien  du  Soleil  aux 
jours  successifs  de  la  révolution  sy- 
nodique;  par  M.  A.  Polnc/ué 128 

—  Écarts  barométriques  sur  le  méridien 

du  Soleil  aux  jours  successifs  de  la 
révolution  tropique  de  la  Lune;  par 
M .  A.  Poinrtiré 

—  Mouvements  barométriques  provoqués, 

sur  le  méridieiidu  Soleil,  par  sa  marche 
en  déclinaison;  par  M.  A.  Poinccné. 

—  Les  variations  de  l'horizon  apparent; 

par  M.  F.-A.  Ford 272 

—  Dosage  du    gaz  carbonique    au    mont 

Blanc;  par  M.  Maurice  de  Thierry..      3i5 
---  Sur  la  variation  diurne  de  l'électricité 
atmosphérique;  par  M.  A.-B.  Chau- 
veau 5op 

—  Sur  un  voyage  aérien  de  longue  durée, 

de    Paris    à    la    Méditerranée;    par 

M.  Gustave  Hermite 327 

—  Sur  uneexpériencerelativeaux  courants 

sous-marins;  par  M.  /.  Thoulet 891 

Voir  aussi  :  Météorologie,  .Uag/ictisme 
terrestre.  Tremblements  de  terre, 
Volcaniques  (  Phénomènes). 
Physique  mathématique.  —  Nouvelle  ma- 
nière de  considérer  la  propagation  des 
vibrations    lumineuses    à    travers  la 


529 


1290 


matière;  par  M. 


G.  Sagnac -56 


—  Théorie  nouvelle  des  phénomènes  op- 

tiques d'entr;iînement  de  l'éther  par 

la  matière  ;  par  M.  G.  Sagnnc 818 

—  Ce  que  devient  un  système  d'ondes 

planes  latéralement  indéfinies,  dans 
un  milieu  transparent  isotrope,  mais 
hétérogène,  formé  de  couches  planes 
et  parallèles;  par  M.  /.  Boussinesq. .     794 

—  Propagation  dans  un  milieu    transpa- 

rent, hétérogène,  d'un  pinceau  laté- 
ralement limité  de  lumière  parallèle  ; 
intégration  des  équations  du  mouve- 
ment ;  par  iM.  /.  Boussinesq SSg 

—  Justification  du  principe  de  Fermât  sur 

l'économie  du  temps,  dans  la  trans- 
mission du  mouvement  lumineux  à 
travers  un  milieu  hétérogène,  d'ail- 
leurs transparent  et  isotrope;  par 
M.  /.  Boussinesq go5 

—  M.  Marcelin  //««a/o/.ç  adresse  un  nou- 

veau Mémoire  intitulé  «  Origine  de  la 
tension  superficielle;  sa  loi  de  forma- 
tion »  , 1 009 

Pisciculture.  —  Sur  le  développement  et 
la  pisciculture  du  Turbot;  par  M.  A.- 
Eugène 3Ialliird 181 

Planètes.  —  Découverte  d'une  nouvelle 
planète  à  l'Observatoire  de  Paris;  par 
M.  Jean  Mitscart 434 

—  Observations  de   la   planète    EP    (J. 

Mascart  1899,  août  26)  faites  à  l'ob- 
servatoiredeBesançon;  par  M./*.  Cho- 
fardet 446 

—  Observations   des  planètes    (EW)   et 

(ER),  faites  à  l'observatoire  d'.^lger; 

par  MM.  Rnnéaud  et  Sy 809 

—  Observations  de  la  nouvelle  planète  EY 

(Charlois),  faites  à  l'observatoire  de 
Besançon  ;  par  M.  P.  Chofardet 1221 

—  M.  Pourovicz  adresse  une  Note  relative 

au  mouvement  des  planètes io45 

Prix  décernés.  —  Table  des  prix  décernés 
par  l'Académie,   dans  la    séance  du 

18  décembre  189g 1 194 

Prix  proposés.  —  Table  des  prix  propo- 
sés par  l'Académie 1198 

—  Table,  par  année,  des  prix  proposés. .   1198 
Ptomaines.    —    Contribution    à    l'étude 

d'une  oxyptomaïne:  par  M.  OEschner 

de  Cotdnck 10g 


C.  U.,  iSycj,  V  Semestre.  (T.  CX\I\.) 


172 


(  '3i4  ) 


Pages. 

QuiNONES.  —  Sur  le  dosage  volumétrique 
des  quinones  dérivés  du  benzène;  par 
M.  Armand  Valeur 552 

—  Préparation  des  orlhoquinones  létra- 


chlorés  et  télrabromés,  en  partant  des 
gaïacols  et  véralrols  létrah:ilogénés 
correspondants;  par  M.  H.  Cousin. 


Pages. 


967 


R 


Radio-actifs  (Corps).  —  Sur  une  nou- 
velle matière  radio-active;  par  M.  A. 
Debkrne SgS 

—  Sur  la  radio-ai^tivité  provoquée  parles 

rayons  de  Beciiiierel.  Noie  de  M.  P. 
Curie  et  de  M'""  M.-l\  Curie 714 

—  Observations  à  propos  de  l.i  Noie  pré- 

cédenle;  par  M.  H.  Becquerel 716 

—  Effets  chimiques  produits  piir  les  rayons 

de  Becquerel.  Note  de  M.  et  M™"  Cu- 
rie       823 

—  Influence  d'un  champ  magnétique  sur 

le  rayonnement  des  corps  radio-actifs  ; 

par  M.  H.  Bcaïucrel 996 

—  Sur  le   riiyormement  des  corps   radio- 

aclifs;  par  .M.  //.  Becquerel i2o5 

Voir  aussi  Rndiuni. 
ll.\DiocoNDucTEURS.  —  Sur  la  nature  et  la 

cause  du  phénomène  des  cohéreurs; 

par  M.  'fil.  Tonininsinn 4o 

Kadioguapiiie.  —  liégénérations  o.-.seuses, 

suivies  à  l'aide  de  la   radiographie; 

par  M.  Abel  Buj^uet 174 

—  Radiographie  des  calculs  du  rein;  par 

MAI.  Atbnrran  et  Cnntrenwulin 175 

—  Radiographie  du  cœur  et  de  l'aorte  aux 

différentes  phases   de   la    révolution 


Sections  de  l'Académie.  —  Liste  de  can- 
didats présentés  pour  la  place  lai.-sée 
vacante,  dans  la  Section  de  Chimie, 
par  le  décès  de  M.  Frudel  :  1°  M.  É- 
tnrd;  2'  M.  Le  Bel;  3"  .MM.  Cr>l,on, 
Uiiuriit,  Juiiglleisch,  Le  Chutelier, 
Lemoliie 

Silicium.  —  Action  du  chlore  sur  un  mé- 
lange de  silicium,  de  silice  et  d'alu- 
mine ;  par  M.  Emile  J'i^miroux. .... 

-   Sur  le  siliciure    de   molybdène; 


903 


334 


par 


cardiaque;  par  M.  H-  Guillemiiwl. .  .      177 

—  Ampoule  radiographique  à  anlicalhode 

froide;  parMM.  Abel Bus;uetei  f'ietor 
Ctiobnud 591 

—  De  rem(iloi  des  courants  triphasés  en 

Radiograi'hie;  par  M.  Dvlézbder....    1227 
Radium.  —  Sur  le  spectre  du  radium;  par 

M.  Eug.  Deniiirciiy 716 

--  RecherciiessurlcsphiMiomenesde  plios- 
phoie-cence  produits  par  le  rayonne- 
ment du  radium;  par  M.  Henri  Bec- 
querel       912 

Hayons  X  ou  Rayons  Roentgen.  —  Sur 
l'action  des  rayons  X  ;  par  .M.  P.  Vd- 
lard 882 

—  Inûuence  de»  rayons  X  sur  la  résistance 

électrique  du  sélénium;  par  M.  Per- 
reau       956 

RÊVES.  —  Recherches  expérimentales  sur 
les  réves.  De  la  continuité  des  rêves 
pendant  le  sommeil  ;  pai-  M.  I  iischide.     i83 

Rhodium.  —  Sur  les  sesquichloiures  de 
rhodium  et  d'iridium  anhydres;  par 
M .  E.  Leidié 1 249 

KuTHÉNiuM.  —  Sur  un  azotite  double  de 
ruthénium  et  de  potassium;  par  M.  L. 
Briztird 216 

JM.  É.  FigDuroux ,  .    1 238 

Sociétés  scientifiques.  —  L'Association 
jrançdise pour  l'avancement  des  Scien- 
ces invite  l'Académie  à  se  faire  repré- 
senter à  son  vingi-huilième  Cnngrès.  264 
Sodium  et  ses  co.mposés.  —  Sur  l'hydrate 
de  bioxyrie  de  sodium  et  la  prépara- 
tion  de   l'eau    oxygénée;   par   iM.  de 

Forera  iid 1 246 

Voir  au>si  Ammoniums. 
Soleil.  —  Observations  du  Soleil,  faites  à 


(  ' 

Pages, 
l'observatoire    de    Lyon    (équatorial 
Brunner  de  o",  i6)  |^:endanl  le  pre- 
mier trimeslre  de  1899;   par  M.  /. 
Guillaume 4g4 

—  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'Obser- 

vatoire de  Lyon  (équatorial  Brunner 
de  o",  16)  pendant  le  deuxième  tri- 
mestre de  1899;  par.  M.  /■  Guil- 
laume      8  [  o 

—  Organisation  de  l'enregislrement  quo- 

tidien de  la  cliromosphère  entière  du 
Soleil  à  l'observaioire  de  Mi'udoti.  Pre- 
miers résultats  :  par  M.  //.  Deslamtres.   1222 

—  Remarques  de  M.  J.  Jarisseri  sur   la 

précédente  Commiinii-ation 1226 

Solennités  scientifiques.  —  M.  le  Maire 
de  Nuity-Siii/i'-Gearges  invile  l'Aca- 
démie à  se  faire  représenter  à  l'inau- 
guration du  monument  élevé  à  la  mé- 
moire de   Félix   Tisserand 472 

—  M.  Mascart  rend  compte  à  l'.\cadémie 

de  la  cérémonie  organisée  à  Côme 
pour  fêter  le  centenaire  de  la  décou- 
verte de  la  pile  de  Volta 493 

—  M.  le  Maire  de  Chaniilly  informe  l'Aca- 

démie que  l'inauguration  de  la  statue 
élevée  au  duc  d'Aumale  aura  lieu  le 
dimanche  i5  octobre 5i  i 

—  h' Académie  royale  des  Silences  de  Ber- 

lin informe  l'Académie  qu'elle  célé- 
brera le  second  centenaire  de  sa  fon- 
dation les  19  et  20  mars  1900,  et 
l'invite  à  se  faire  représenter  à  cette 
solennité 939 

Solubilité.  —  Sur  la  détermination  du 
coefficient  de  solubilité  des  liquides; 
par  MM.  A.  Aignan  et  E.  Diigas.  .  .     643 

Souscriptions.  —  M.  le  Secrétaire  j>er- 
péiuel  rend  compte  à  l'Académie  de 
l'état  de  la  souscription  pour  élever  un 
monument  à  Lavoisier 855  et    985 

Statistique.  —  Rapport  sur  le  concours 


3i5  ) 


Pages. 


des  prix  Montyon  (Statistique)  :  de 
M.  deJonquières,  sur  les  deux  volumes 
intiiulés  :  «  La  France  charitable  »  et 
«  Paris  charitable  »,  présentés  par 
l'Office  central  des  œuvres  de  bienfai- 
sance, io83;  — •  De  M.  Brouardcl,  sur 
r  «  Enquête  sur  les  logements,  pro- 
fessions, salaires  et  budget  »  ;  par 
MM.  Dumesnil  el  Mangennt,  1087;  — 
De  M.  Rouelle,  sur  1'  «  Album  démo- 
graphique delà  France  ;  par  M .  Victor 
Turt/iian,  108S.  —  De  M.  Halon  de 
la  Goupillière,  sur  la  n  Revue  de 
Statistique  »  présentée  par  M.  lienri 
de  Beaumont 1089 

Styrolène.  —  Transformation  du  styro- 
lène en  métastyrolène  sous  l'influence 
de  la  lumière;  par  M.  Georges  Le- 
mninc 719 

Sucres.  —  Composition  de  l'albumen  de 
la  gx'aine  de  caroubier;  production  de 
galacto.se  et  de  mannose  par  hydro- 
lyse; par  MM.  Em.  Bourquelitt  et 
H.  Hérissey 248 

—  Sur  le  dosage  du  mannose  mélangea 

d'autres  sucres;  par  MM.  Em.  Bmir- 
ijuelot  et  H.  Hérissey SSg 

—  Germination  de  la  graine  de  caroubier  : 

production  de  mannose  par  un  ferment 
soluble;  par  M.M.  Bourquelnt  ^\,  Hé- 
rissey      391     et    614 

—  Sur  le  rhamninose;  par  MM.  Charles 

et  Georges  Tanret 725 

—  Des  relations  existant  entre  les  actions 

diurétiques  et  les  propriétés  osmo- 
tiques  des  sucres;  par  MM.  E.  Hédon 

et  J.  Arrous 778 

Sulfures.  —  Nouvelles  expériences  sur 
l'activité  du  mang.mèse  tiar  rapporta 
la  phosphorescence  du  sulfurede  stron- 
tium ;  par  M.  f.-R.  Mourelo i236 


TÉLÉGRAPHIE.  —  Expérienccs  de  télégra- 
phie sans  fil,  exécutées  entre  Chamo- 
nix  et  le  sommet  du  mont  Blanc;  par 
M.M.  Jean  et  Louis  Lecnrme 589 

Télémètres.  —  M.  J.-M.  Nnél  soumet 
au  jugement  de  l'Académie  une  Note 
sur  «  Un  nouveau  télémètre  » 640 

Tératologie.  —  Sur  un  monstre  double 


sternopage  en  voie  de  formation,  ob- 
servé sur  un  blastoderme  d'œuf  de 
poule;  par  MM.  Bonmariage  et  Pe- 

triicci ■'^ 

Thérapeutique.  —  Etfets  d'une  alimenta- 
tion pauvre  en  chlorures  sur  le  trai- 
tement de  l'épilepsie  par  le  bromure 
de  sodium;  par  MM.  Cli.  Richet  et 


\ 


(  i3i6  ) 


Pages. 

Ed.  Toulouse 85o 

Thermochimie.  —  Déterminations  thermo- 
chimiques.  L'éthylènediamine  ;  par 
M.  Berthdot 320 

—  Études  sur  le  triméthylène  ;  par  M .  Ber- 

thelot 483 

—  Diéthylène  riiamine  (pipérazine);  par 

M.  Berthelot 687 

—  Caractères  des  diamines,  tirés  de  leur 

neutralisation;  par  M.  Bertlwhi.  694  et 743 

—  Sur  les  radicaux  métalliques  composés  : 

dérivés  du  mercure  ;  par  M.  Benlwiot.     918 

—  Sur  l'acide  lactique;   par   MM.   Btr- 

tlirlot  et  Dfléinne 920 

—  Sur  l'explosion  du  chlorate  de  potasse  ; 

par  M.  Berthelot giC 

—  Errata  se  rapportant  à  ces  trois  der- 

nières Communications 1047 

—  Sur  les  chaleurs  de  neutralisation  frac- 

tionnée de  l'acide  carbonylferrocyan- 
hydriqiie,  comparées  à  celles  de  l'acide 
ferrocyanhydrique  ;  par  W.J.-A .  Mul- 
ler 962 

—  Sur  la  narcéine;  par  M.  Emile  Lrroj .  iiSç) 
Thermodynamique.  —  M.   C/i.  Laurans 


Pages. 

soumet  au  jugement  de  l'Académie 
un  Mémoire  «  Sur  la  théorie  méca- 
nique de  la  chaleur  » 666 

Tremblements  de  terre.  —  Communica- 
tionfaiteparM.  le  M/nistredes  Affaires 
étrangères,  d'un  Rapport  sur  un  trem- 
blement de  terre  survenu  à  Smyrne 
et  en  Anatolie,  dans  la  nuit  du  19  au 

20  septembre 576 

M.  le  Consul  de  France  à  Batavia 
adresse  quelques  détails  sur  le  trem- 
blement de  terre  qui  a  désolé,  le 
3o  septembre  dernier,  l'île  de  Céram 
et  les  Moluques gSg 

Tuberculose.  —  Rapport  de  M.  Guynn, 
concluant  à  décerner  le  prix  Larrey 
pour  i899àMM.  Arnaud  et  Lajeudlc, 
pour  leurs  recherches  sur  la  sta- 
tistique, l'éliologie  et  la  prophylaxie 
de  la  tuberculose  dans  l'armée 11 38 

Tungstène.  —  Sur  deux  chlorobromures 

de  tungstène;  par  M.  Ed.  Dejacqz. .     5i5 

—  Sur  la  chaleur  d'oxydation  du  tungstène; 

par  MM.  Delépine  et  Hallopeau 600 


u 


Urines.  —  Sur  le  pouvoir  réducteur  des 

urines  ;  par  M.  Henri  Hélier 58 

—  Des  éléments  de  diagnostic  et  de  pro- 


nostic fournis  par  la  cryoscopie  des 
urines;  par  MM.  H.  Claude  et  F.  Bal- 
thazard 847 


■Vins.  —  M.  le  D'  E.  Fidal  donne  lecture 
d'un  Mémoire  «  Sur  la  fermentation 
des  vins  » 195 

■ViTicuLTnRE.  —  M.  E.  Sumien  adresse  une 
Note  «  Sur  la  lutte  contre  le  Phyl- 
loxéra » 264 

—  M.  Th.  Descamps  adresse  un  Mémoire 

«  Sur  la  maladie  du  Rot  brun  et  du 
Black  rot  » ^go 

—  Nouvelles  expériences  relatives  à  la  dé- 

sinfection antiphylloxérique  des  plants 
de  vignes  ;  par  MM.  Georges  Couanon, 
Joseph  Michnn  et  E.  Salomon ^83 

—  Expériences  sur  la  destruction  du  Phyl- 

loxéra ;  par  M.  Lanfrey 865 

—  M.  de  Capdeville  adresse  une  Note  rela- 

tive à  un  allumeur  automatique,  spé- 
(■iale,Tie;it   destiné   à    l'allumage   des 


foyers  producteurs  de  nuages  artifi- 
ciels contre  les  gelées 1294 

Volcaniques  (Phénomènes).  —  Sur  les 
particularités  de  l'éruption  du  Vésuve; 
par  M.  Matteuci 65 

—  Remarques  de  M.  Ami.  Gautier  sur  la 

présence  de  l'acide  iodhydrique  dans 

les  émanations  volcaniques 66 

—  Sur  l'état  actuel  des  volcans  de  l'Eu- 

rope méridionale;  par  M.  Matteucci .     734 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication     1047 

Voyages  scientifiques.  —  M.  le  Secré- 
taire perpétuel  signale  le  deuxième 
Volume  de  l'Ouvrage  publié  en  langue 
russe  par  M.  Groum-Grjimaïlo  :  » 
Description  d'un  voyage  dans  la  Chine 
occidentale  » 54 1 


(  i3.7  ) 


Pages. 

Zinc.  —  Sur  le  dosage  volumétrique  du 

zinc;  par  M.  Poiiget 45 

Zoologie.  —  Note  de  M.  EclmornlPerricr, 
accompiignant  la  prosenlation  du  cin- 
quième fiiscicule  de  son  «  Traité  de 
Zoologie  » 69 

—  Imprégnation  hypodermique  chez  \'H(e- 

merittiria  cusCiita  de  Millier  {Plu- 
cobdclla  catciiigeru  de  R.  Blanchard)  ; 
par  M.  A.  Kiwalevsky 261 

—  Sur  la  coloration  des  Tuniciers   et   la 

mobilité  de  leurs  granules  pigmen- 
taires  ;  par  M.  Anlninc  Piznn Sgj 

—  Sur  la  persistance  des  contractions  car- 

diaques pondant  les  phénomènes  de 
régression  chez  les  Tuniciers;  par 
i\I .  Antoine  Pizoïi 4  '  5 

—  Sur  les  organes  céphaliques  latéraux  des 

Glomtris;  par  M.  N.  de  Zograf. ....      5o  i 

—  Sur  les   AplospiTidies,  ordre  nouveau 

de  la  classe  des  Sporozoaires;  par 
SIM.  Maurice  Caullery  et  Félix  Mes- 
nil 616 

—  Sur    la    morphologie    et     l'évolution 

sexuelle  d'un  Epicaride  parasite  des 
Balanes  (  Heinion'iscus  balani  Bucholz); 
par  M.M.  Caullery  et  Félix  Mesnil . .     770 

—  Sur  une  nouvelle  Myxosporidie,  No- 

senia  Stepltarii,   parasite    du    Flesus 


jDi7.Me7- Moreau  ;  par  M.  Hagenimdlcr. 

•  Observations  biologiques  sur  le  Pcri- 

patiis  cn/ic/i.Hs  Gvube;  far  M.  E.-L. 

Bouvier 

-  Nouvelles  observations  sur  les  Péripates 

américains;  par  M.  E.-L.  Bouvier .  .  . 

■  Evolution,  sans  hétérogonie,  d'un  An- 

giostome  de  la  Couleuvre  à  collier  ;  par 

M.  Rnillict 

-  Sur  le  pigment   des  Arénicoles;    par 

M.  Pierre  Fauvel 

-  Rapport  de  M.   A.   Milne-Edwards, 

concluant  à  décerner  le  prix  Savigny 
pour  1899  à  M.  Guillaume  Grandi- 
ilier,  pour  son  voyage  à  Madagascar. 

-  Rapport  de  M.  Edni.  Perrier,  concluant 

à  décerner  le  prix  Gay  pour  1899  à 
M.  Albert  J^ayssières,fOVirs,6i  travaux 
sur  les  Mollusques  nus  de  la  Méditer- 
ranée  

-  Rapport  do  i\l.   Edm.    l'crrier,    con- 

cluant à  décerner  le  prix  Petit  d'Or- 
moy  (Sciences  physiques)  pour  iSgg 
à  AI.  Alfred  Giard,  pour  ses  travaux 

de  Zoologie 

Voir  aussi  Anoiumie  animale,  Embryo- 
logie, Paléontologie,  Physiologie  ani- 
male. 


âges. 
836 


971 
1029 

1271 

1273 


[i46 


ii5i 


I 


y 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

ABEI-OUS  (E.).  —  Sur  la  présence,  dans 
ruri;aiii.>^nie  animal,  d'un  ferment  so- 
luble  réihiisanl  les  nitrates.  (En  com- 
mun avec  M.  E.  Gérard.)..  .  ., 56 

—  Sur  la  présence,  dans  l'organisme  ani- 

nial,  d'un  ferment  soluble  réducteur. 
Pouvoir  réducteur  des  extraits  d'or- 
ganes. (En  commun  avec  M.  E.  Gé- 
rard.)       164 

—  Sur  la  coexistence  d'une  diastase  réduc- 

trice et  d'une  diasta.se  o\ydanlo  dans 
les  organes   animaux.   (En    commun 

avec  M.  E.  Gérard. ) loaS 

ABRAHA.M.  —  Disparition  inslanlanée  du 
lihénoméne  de  Kerr.  (En  commun  avec 
M .  J .  Lenioiiic.  ) '206 

ACADEMIE  liOYALE  DES  SCIENCES  DE 
BEliLI.N  (  L' )  informe  l'Aciidémie 
([u'elle  célébrera  le  second  centenaire 
de  sa  fondation  les  19  et  20  mars  1900, 
et  l'invite  à  se  faire  re()résenter  à  cette 
solennité 989 

ACllARD  (Cii.).  —  Sur  la  lipase  à  l'état 
pathologique.  (En  commun  avec  M.  .4 . 
Clerc.) 781 

AGKERMANN  (Eue.)  adresse  un  Mémoire 
<i  Sur  le  dessèchement  futur  de  lile  de 
Rlarajo  (Brésil)  » 541 

ADRIAN.  —  Sur  la  matière  colorante  de  la 
digitale.  (En  commun  avec  M.  ^. 
Ttillat.) 889 

AIGNAN  (A.).  —  Sur  la  détermination  du 
coeflicient  de  solubilité  des  liquidi'S. 
(En  commun  avec  W.E.  Duga^.)...     043 

ALBARRAN.  —  Radiographie  des  calculs 
du  rein.  (En  commun  avec  1\1.  Cou- 


Ireniiiiitiii .) [.^5 

ALLA1N-LE-C.\NU  (J.).  -Action  de  la 
phénylhyrirazine    sur   les    bromures, 

chlorures  et  iodures  alcooliques io5 

ANDRADE.  —  Sur  les  systèmes  isolés  si- 

miilliinés 8i5 

ANDRÉ  (Ch.).  —  Sur  la  pluie  d'étoiles 
filantes  des  l'ersi'ides,  à  Lj  on,  et  sur 
un  bolide  remarquable 383 

—  Sur  la  cause  des  traînées  lumineuses 

persistantes  qui  accompagnent  cer- 
taines étoiles  filantes 40a 

—  Sur  la  comparaison  des  lieuresobtenues, 

pour  les  contacts  d'éclipsés  partielles 
de  Soleil,  par  l'observation  directe  et 
les  mesures  de  longueurs  de  corde 
commune 496 

ANDRE  (G.).  —  Sur  l'évolution  de  la  ma- 
tière minérale  pendant  la  germination.  1262 

APPELE  (P.).  —  Sur  les  mouvements  de 
roulement;  équations  du  mouvement 
analogues  à  celles  de  Lagrange 317 

—  Sur  une  forme  générale  des  équations  de 

la  Dynamique 4^3 

—  Sur  une  forme  nouvelle  des  équations 

de  la  Dynamique 4^9 

—  Sur  les  positions  d'équilibre  d'un  na- 

vire avec  \in  chargement  liquide.  . .  .     667 

—  Équilibre  d'un  flotteur  avec  un  char- 

gement liquide 636 

—  Remarque  sur  une  Communication  de 

M.   /'.  Ddlwin   relative  à   l'équibbre 
d'un  navire  qui  porte  un  charg-ement 

lii)uiile S8c 

APÉIIU  adresse  une  Note  relative  à  un 
«  moyen  de  destruction  des  rats  à 


(    l320    ) 


MM.  P 

bord  des  bateaux  » 

ARLOING  (S.).  —  Des  qualités  préven- 
tives du  sérum  sanguin  d'une  génisse 
immunisée  contre  la  péripneumonie 
contagieuse  des  Bovidés.  (En  com- 
mun avec  M.  Duprez.) 

ARNAUD.  —  Un  prix  du  baron  Larrey 
(Médecine  et  Chirurgie)  lui  est  dé- 
cerné  

ARON.  —  Un  prix  Rivot  lui  est  décerné. . 


98'2 


573 


ii38 
ii65 


MM. 

ARROUS  (J.).  —  Des  relations  existant 
entre  les  actions  diurétiques  et  les  pro- 
priétés osmotiques  des  sucres.  (En 
commun  avec  M.  E.  Hidon.). ...... 

ASSOCIATION  FRANÇAISE  POUll  L'AVAN- 
CE.MENT  DES  SCIENCES  (I/)  invite 
l'Académie  à  se  faire  représenter  à 
son  28'  Congrès,  qui  se  tiendra  à  Bnu- 
loi;ne-sur-!\]cr 

ASTRUC  (  A .  ).  —  Alcalimétrie  des  aminés. 


Pages. 


778 


2G4 
1021 


B 


BABÈS(V.).  —  Sur  la  prévention  et  la 
guérison  de  l'épilepsie  toxique,  par 
l'injection  de  substance  nerveuse  nor- 
male. (En  commun  avec  M.  Bacou- 
cca.) iGf 

BACOUCEA.  —  Sur  la  prévention  et  lu 
guérison  de  l'épilepsie  toxique,  par 
l'injection  de  substance  nerveuse  nor- 
male. (En  commun  avec  M.  F.  Babès.)     iGi 

BAILLAUD.  —  Sur  la  nébuleuse  annulaire 
de  la  Lyre,  d'après  des  observations 
faites  à  l'observatoire  de  Toulouse. 
(En  commun  avec  MM.  Bourgci  et 
Monlangenmd .  ) jg  j 

—  Observation  des  Léonides,  à  l'observa- 

toire de  Toulouse 806 

BAILLY  (Fr  .  )  soumet  au  jugement  de  l'Aca- 
démie un  Mémoire  «  Sur  un  appareil 

volant  » 865 

BAILLS.  —  Un  prix  lui  est  décerné  dans  le 
concours  du  prix   extraordinaire  de 

six  mille  francs 1067 

BAIRE(R.).  —  Sur  la  théorie  des  ensembles    94G 

—  Sur  la  théorie  des  fonctions  discon- 

„./'""es ,0,0 

BALASSNY  (  B.  de  )  adresse  une  Note  rela- 
tive à  la  décharge  électrique  et  à  la 
constitution  de  l'étincelle 3,6 

BALLAND.  —  Sur  le  gluten  coagulé  et  les 

matières  azotées  des  farines"" 3,2 

-  Sur  la  composition  et  la  valeur  alimen- 

taire des  principaux  fruits. .  622 

BALTHAZARD(V.).  _  Des  éléments  de 
diagnostic  et  de  pronostic  fournis  par 
la  cryoscopie  des  urines.  (En  com- 
mun avec  M.  H.  Claude.). .  h î- 
B.\TTELLI  (F.).  -  La  mort  par  les'dél 
charges  électriques.  (En  commun  avec 
^'^-  ■f.-L.  Prévost.) gjj 

-  Sur  quelques  effets  des  décharges  élec- 


triques sur  le  cœur  des  mammifères. 
{V.n  commun  avec  M.  J.-L.  Premsi.)  1267 

BAUDOIN  (Marcel).  —  Un  prix  Mège 
(Médecine  et  Chirurgie)  lui  est  dé- 
cerné. (En  commun  avec  M.  Fclix 
Terrier.) nSe 

BAUDOUIN  (A.)  adresse,  pour  le  concours 
du  prix  Leconte,  un  Mémoire  intitulé  : 
«  L'éther;  sa  nature,  ses  vibrations 
différentes;  chaleur,  lumière,  électri- 
cité » 434 

BAZOUS  (F.).  —  Une  mention  très  hono- 
rable dans  le  concours  du  prix  Montyon 
(Arts  insalubres)  lui  est  accordée  .. .   1147 

BEARD.  —  Une  mention  lui  est  attribuée 
dans  le  concours  du  prix  Serres  (Mé- 
decine et  Chirurgie) 1 1 18 

BEAU[,ARD  (F.)  —  Sur  les  formules  de 
Mossoti-Clausiusetde  Betti,  relatives 
à  la  polarisation  des  diélectriques  . . .      149 

BEAUMONT  (de).  —  Une  mention  hono- 
rable lui  est  accordée  dans  le  concours 
du  prix  Montyon  (Statistique) 1082 

—  Adresse   ses   remercîments    à    l'Aca- 

tlémie ,218 

BECLERE.  —  Transmission  intra-utérine 
de  l'immunité  vaccinale  et  du  pouvoir 
antivirulent  du  sérum.  (En  commun 
avec  MM.  Cliambon,  Ménnrdei  Cou- 
lomb .  ) .235 

BECQUEREL  (Henri).  -  Observations  à 
propos  d'une  Communication  de  M.  et 
M""'  Curie 716 

—  Recherches    sur    les    phénomènes    de 

phosphorescence  produits  par  le  rayon- 
nement du  radium 912 

—  Influence  d'un  champ  magnétique  sur 

le  rayonnement  des  corps  radio-actifs.     996 

—  Sur  le   rayonnement  des  corps  radio- 

actifs      I205 


(  '^ 

MM.  Pages. 

BECQUERKLfJ.-A.).  -  Un  prix  Rivot  Uii 

est  décerné 1 1 05 

—  Adresse  ses  remercîments  :i  l'Académie.  121S 
BÉ!]AL(  A.).  —  Sur  les  anhydridis  mixtes 

des  acides  acycliqups  et  cycliques. . .     G8r 

BENTLEY  (  W. -A.  ")  adresse  une  Note  rela- 
tive à  des  photographies  do  cristaux 
de  neige 8)7 

BERGER   (Èmilr).   —   Sur  une  nouvelle 

loupe  binoculaire 811 

BERGER  (Pml).    —  .*^ur  un  cas  d'endo- 

tliéliome  des  os 901 

BERGET  (Alphonse;.  —  Enregistrement 
niicrnphoniquc  de  la  marche  des  chro- 
nomètres           TIJ 

BERRY  (Arthur).  —  Sur  les  surfaces  de 
quatrième  degré  qui  admettent  une 
intégrale  différentielle  totale  de  pre- 
mière espèce 449 

BERTHELOT  (M.).  —  .Nouvelles  recherches 

sur  l'argon  et  ses  combinaisons 71 

—  Sur  les  combinaisons  du  sulfure  de  car- 

bone avec  l'hydrogène  et  l'azote  ....     i33 

—  Remarques  sur  la  combinaison  do 
l'azote  avec  l'oxygène 1 37 

-  Déterminations  thermochimiques.  L'é- 

thylènediamine 3v!o 

—  Sur  l'azotate  d'argent  ammoniacal,  (lin 

commun  avec  M.  Dclépuie.) 826 

—  Recherches  sur  les  dérivés  métalliques 

de    l'acétylène.    (En    commun    avec 

M .  Diléplne. ) 30 1 

—  Réactions  de  l'argon  et  de  l'azote  sur 

les  radicaux  mercuriels 378 

—  hrraifi  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication         4-29, 

—  Sur  la  vitesse  de  détonation  de  l'acéty- 

lène. (En  commun  avec  M.  Le  Chn- 
ti-Uer.  ) 49- 

—  Études  sur  le  triméthylène 483 

—  Sur  la  simultanéité  des  phénomènes 

d'oxydation  et  des  phénomènes  d'hy- 
dratation accomplis  aux  dépens  des 
principes  organi(iues,  sous  les  in- 
fluences réunies  de  l'oxygène  libre  et 
de  la  lumière 627 

—  Recherches  sur  les  diammes.  Diéthy- 

lène-diamine  (pipérazine) 687 

-  Sur  quelques  caractères  des  diainines, 

tirés  de  leur  neutralisation 694 

-  Observations  relatives  aux  recherches 
sur  les  diamines 743 

—  Sur  les  radicaux  métailifpies  composés  : 

dérivés  du  mercure 918 

C.  R.,  iS.)9,  •_"■  Semestre.  (T.  CX\I\.) 


21     ) 

—  L'acide   lactique.    (En  commun   ave(; 

M.  Delrpiri'-.  ^ 090 

—  Sur  l'explosion  du  chlorate  de  potasse.     926 

—  Errata  se  rapportant  à  ces  trois  der- 

nières Communicalions io{^ 

—  Sur  une  méthode  générale  pour  le  do- 

sage des  divers  corps  simples  contenus 
dans  les  composés  organiques ioot, 

—  M.    le    Secrétaire  perpétuel   signale, 

parmi  les  pièces  imprimées  de  la  Cor- 
respondance, un  article  de  M.  Clcr- 
mnnt-Ganuenu,  inséré  dans  la  Revue 
<(rrhéolngiipie,  et  relatif  à  un  vase  de 
lerro  cuiie,  du  vi'  siècle  avant  notre 
ère,  195.  —  La  deuxième  édition  du 
«  Traité  de  Physique  élémentaire  »  de 
M.  Ed.  Branly,  576.  —  Divers  Ou- 
vrages de  M.  Ernesto  Pascal  et  de 
M.  Willard  Giljbx,  709.  —  Divers 
Ouvrages  de  M.  L.-J.-B.  Brreager- 
Féraud  et  de  M.  André  Brnca.  748. 
—  Un  Recueil  de  Mémoires  dédié  à 
M.  Giardel  divers  Ouvrages  de  M.  S. 
de  Glasenapp  et  de  M.  l'abbé  Nau. .     8o5 

—  Rend  compte  à  l'Académie  de   l'état 

présent  de  la  souscription  pour  élever 

un  monument  à  Lavoisier  ...     855  et  985 

—  Annonce    à    l'Académie    la    mort   de 

M.  [f'illiani  Fln<\u'r,  Correspondant 
pour  la  Secliond'Anatomie  et  Zoologie.       69 

—  Donne  leclure  dune  dépêche  adressée 

d'Odessa  à  l'Académie,  à  l'occasion  du 
Centenaire  de  l'adoption  du  Système 
métrique loio 

BERTRAND  (C.-Eg.).  -  Les  plaques  su- 
béreuses calcifiées  du  terrain  houiller 
d'Hardinahen  (Pas-de-Calais) G19 

BERTRAND  (Gabriel).  -  Sur  quelques 
propriétés  de  la  dioxyacélone,  en  rela- 
tion avec  le  degré  d'agrégation  molé- 
culaire       341 

—  Errata  se  rapportant  à  celie  Commu- 

nication       42a 

—  Sur  la  présence  de  la  mannocellulose 

dans    le    tissu    ligneux    des    plantes 

gymnospermes 102.5 

BERTRAND  (.Ioseph).  -~  M.  le  Seereinnr 
perpétuel  signale,  parmi  les  pièces 
imprimées  de  la  Correspondance,  di- 
vers Ouvrages  de  MM.  Bas  et  Laf- 
f argue,  de  M.  Maurice  d'Ocagne,  de 
'm.  h.  Z  ci  lier,  de  M.  Eruest  Lebnn  ; 
le  premier  numéro  du  «  Mois  scien- 
tifique   et    industriel    »,    i5.    —    Un 


(     l322    ) 


MM.  P 

Volume  publié  par  l'Association  fran- 
çaise pour  l'avancement  des  Sciences, 
144.  —  Le  deuxième  Volume  de 
l'Ouvrage  publié  en  langue  russe 
par  M.  Groum-Grjimaïlo  :  «  Des- 
cription d'un  voyage  dans  la  Chine 
occidentale,  »  54i.  —  Divers  Ouvrages 
de  M.  y.  Coitantin  et  de  M.  A.  Kar- 
pinsky  

—  Annonce  à    l'Académie    la    mort    de 

M.  Ries;s.enbach,  Correspondant  pour 
la  Section  de  Mécani(iiie 

—  Annonce    à    l'Académie    la    mort    de 

M.  Frnnklnnd  {E'Uvanls)  et  de 
M.  Bunsen  (Robrri-  Willielm-Ebcr- 
liard).  Associés  étrangers,  et  rappelle 
les  découvertes  faites  par  ces  deux 

chimistes 

BERTRAND  (Marcel).  —  Rapport  sur  le 
concours  du  prix  Delesse  (Minéralogie 
et  Géologie) 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix 
Tchihatchef , 

BESNOIT  (Ch.).  —  Une  mention  lui  est 
accordée  dans  le  concours  du  prix 
Bréant  (Médecine  et  Chirurgie).  (En 
commun  avec  M.  /.  Cuillê.) 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

BIGOURDAN  (G.).  —  Observation  de  l'es- 
saim des  Léonides,  faite,  à  l'Observa- 
toire de  Paris,  du  i3  au  16  novembre 
1899 

—  Est  présenté  par  l'Académie  à  M.  le 

Ministre  de  l'Instruction  publique  pour 
remplacer  M.  Tisserand  au  Bureau  des 

Longitudes 

BLAISE  (E.-E.).  —  Sur  les  aminocam- 
pholènes.  (En  commun  avec  M.  G. 
Blanc.  ) 

—  Sur   la  camphénylone.   (  En    cummiin 

avec  M.  G.  Blanc) 

BLANC  (G.).  —  Sur  les  aminocampho- 
lènes.  (En  commun  avec  M.  E.-E. 
Biaise.) 

—  Sur   la  camphénylone.  (En   commun 

avec  M.  E.-E.  Biaise.) 

—  Action  du  chlorure  d'aluminium   sur 

l'anhydride  cam|ihorique 

BLIN.  —  Sur  un  campylogramme  crânien. 
(En  commun  avec  M.  Simitn.). .    . 

BLONDEL  (A.).  -  Sur  les  réactions  d'in- 
duit des  alternateurs 

BLONDLOT.  -  Le  prix  La  Case  (Phy- 
sique) lui  est  décerné 


âges. 


666 


■249 


4o3 

1096 
II 59 


I  II  3 

\ii8 


8o5 

1008 

106 
886 

106 

886 

1019 

1288 

586 

1080 


'099 


1207 


MM.  Pages. 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.   1218 
BOLLEMONT  (E.  Grégoirr  de).  -    Étude 

de  l'oxyméthylène-cyanacétate  de  mé- 
thyle  et  de  quelques-uns  de  ses  homo- 
logues        5o 

BONJOUR.  —  Le  prix  Plumey  (Mécanique) 

lui  est  décerné 1075 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.  1218 
BONMARIAGE.  —  Sur  un  monstre  double 

slernopage  en  voie  de  formation,  ob- 
servé sur  un  blastoderme  d'œuf  de 
poule.  (En  commun  avec  M.  Petrueci.)     523 

BONNEFOI  (J.)  —  Combinaison  du  chlo- 
rure de  lithium  avec  l'éthylamine. . .   1237 

BONMER  (Gaston).  —  Rapport  sur  le 
concours  du  prix  Desmazières  (Bota- 
nique)   

—  Cultures  expérimentales  sur  l'adapta- 

tion des  plantes  au  climat  méditerra- 
néen  

B0RD.4GE  (Edmond).  —  Sur  l'absence  de 
régénération  des  membres  postérieurs 
chez  les  Orthoptères  sauteurs,  et  sur 
ses  causes  probables 120 

—  Régénération  tarsienne  et  régénération 

des  membres  des  deux  paires  anté- 
rieures chez  les  Orthoptères  sauteurs. 

—  Sur  le  mode  de  croissance  en  spirale 

des  appendices  en  voie  de  régénéra- 
lion  chez  les  Arthropodes 455 

—  Sur  un  mode  particulier  de  protection 

des  appendices  en  voie  de  régénéra- 
tion après  sections  artificielles  chez 
les  Insectes 5oi 

BORDAS  (L.).  -  Considérations  géné- 
rales sur  les  organes  reproducteurs 
mâles  des  Coléoptères  à  testicules 
composés  et  disposés  en  grappes  ....    1268 

BORNET.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  .Montagne  (Botanique) 1 100 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  cen- 

trale administrative  pour  l'année  1900  1202 
BOUCHARD  (Cil.).  —  Immunité  et  spécifi- 
cité. Réflexions  à  propos  d'une  Note 
de  .MM.  Cliarrin,  Gtiillemonal  et  Lefn- 
cliti  

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Bréant 

(Médecine  et  Chirurgie) 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Chaus- 

sier  (  Médecine  et  Chirurgie  ) 11 3o 

BOUILHAC.  -  Un  prix  Thore  lui  est  dé- 
cerné. (En  commun  avec  M.  Parmen- 

tier.) 1 102 

BOULET   (V.).  —  Sur  quelques  phéno- 


69 


338 


iii5 


(  ' 

MM.  •  Pa{;es. 

mènes  de  la  désorganisation  cellulaire.     5o6 

BOUQUET  DE  LA  GRYE.  —  Remarques, 
à  propos  d'une  Communication  de 
M.  Flainmtiriiin,  sur  l'utilisation  pos- 
sible des  étoiles  filantes  pour  la  déter- 
mination desdifférencesde  longitudes.     4*'4 

—  Sur  la  paralla.xe  du  Soleil 986 

BÛURCET  (P.).  —  Sur  l'absorption  de 

l'iode  [lar  les  végétaux 768 

BOURGET.  —  Sur  la  nébuleuse  annulaire 
de  la  Lyre,  d'après  des  observations 
faites  à  l'observatoire  de  Toulouse. 
(En  commun  avec  MM.  Mnntangeraiid 

et  Baillau  l.) 265 

BOURQUELOT  (Em.).  —  Sur  la  couipo- 
silion  de  l'albumen  de  la  graine  de 
caroubier;  production  de  galactose  et 
de  mannose  piir  hydrolyse.  (En  com- 
mun  avec  M.  H.  Ht^rissry.) avî8 

—  Sur  le  dosage  du  maimose  mélangé  à 

d'autres    sucres.   (En  commun  avec 

M.  H.  Hèhs.sey.) 33y 

—  Sur  la  composition  de  la  graine  de  ca- 

roubier. (En  commun  avec  M.  Hé- 
rLssey.  ) Sij  1 

—  Germination  de  la  graine  de  caroubier  ; 

production  de  mannose  par  un  fer- 
ment   soluble.    (En    commun    avec 

I\L  Hi'rissey.) 614 

BOUSSINESQ  (J.j.  —  Ce  que  devient  un 
système  d'ondes  planes  latéralement 
indéfinies,  dans  un  milieu  transpa- 
rent isotrope,  mais  hétérogène,  formé 
de  couches  planes  et  parallèles 794 

—  Propagation,  dans  un  milieu   tran.-,pa- 

renl,  hétérogène,  d'un  pinceau  laté- 
ralement limité  de  lumière  parallèle: 
intégration  des  équations  du  mouve- 
ment      8J9 

—  Justification  du  principe  de  Fermât  sur 

l'économie  du  temps,  dans  la  trans- 
mission du  mouvement  lumineux  à 
travers  un  milieu  hétérogène,  d'ail- 
leurs transparent  et  isotrope goS 

BOUTIN  (AuG.)  adresse  une  Note  «  Sur 
quelques  équations  de  Pell  et  autres 
équations  indéterminées  du  second 
degré  » I  o  i  J 

BOUTY  (E.).  —  Les  gaz  raréfiés  possè- 
dent-ils la  conductivité  électrolytique?     1 5^ 

--  Sur   la   cohésion   diélectrique  des  gaz 

raréfiés -204 

BOUVEAULT  (L.j.  —  Emploi  de  la  létra- 
chlorhydroquinone  pour  la  caraetéri- 


32.3  ) 

MM.  Pages 

sation  et  la  séparation  des  acides  gras.      53 
BOUVIER  (E.-L.).  -    Observations  biolo- 
giques sur  le  Peripfitus  capeiisisGrwhn    97 1 

—  Nouvelles  observations  sur  les  Péri- 
pates  américains 1029 

BRA.  —  Cultures  de  Neclria,  parasite  des 
chancres  des  arbres.  Analogies  de  ces 
cultures  avec  celles  du  champignon 
parasite  du  cancer  humain 118 

BRACH  (L.)  soumet  au  jugement  de  l'Aca- 
démie l'indication  d'un  moyen  de  pro- 
tection pour  les  trains  de  chemins  de 
fer  en  marche 458 

BRANLY  (Edouard).  —  Transmission  des 

ondes  herLziennes'àtraversIesliquides.     672 

BREUILLOT  (A.)  adresse  une  Note  relative 
à  un  aérostat  dirigeable.  (En  com- 
mun avec  M.  Thimias.) 49^ 

BRIZAKD(M.-L.).  —  Sur  un  azotile  double 

de  ruthénium  et  de  potassium 216 

BROCA  (A.NDRÉ).  —    Sur   le  principe  de 

l'égalité  de  l'action  et  de  la  réaction.    1016 

BROOKS.  —  Le  prix  Lalande  (Astronomie) 

lui  est  décerné 1079 

BROUARDEL.  -  Rapport  sur  !'«  Enquête 
sur  les  logements,  professions,  salaires 
et  budget  (loyers  inférieurs  à  400*^'),  » 
parles  W  DttnicsiiilcXMungtnot. . .    1087 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Jean- 
Jacques  Berger i  i(J3 

BRUN  (de).  —  Une  mention  lui  est  attri- 
buée dans  le  concours  du  prix  Bréant 
(Médecine  et  Chirurgie) i  ii5 

BRUiNHES  (Jean).  —  Sur  les  marmites  des 
îlots  granitiques  de  la  cataracte  d'As- 
souân  (Haute-Egypte) 354 

BUGUET  (Abel).  —  Régénérations  os- 
seuses, suivies  à  l'aide  de  la  radiogra- 
phie       1/4 

—  Ampoule  radiographique  à  anticathode 
froide.  (En  commun  avec  M.  f  iclor 
Clitihciuil.) 591 

BUNSEN   (Wilhelm-Eberiiard).    —   Sa 

mort  est  annoncée  à  l'Académie ^oi 

BURGESS   (Geo-K.).    —    Méthode   pour 

déterminer  la  constante  newtonieime.     407 

BDSCHE    (E.).    —    Généralisation    d'une 

formule  de  Gauss 9^2 

BUSSY(de).—  Rapport  sur  les  travauxdu 
commandant  Bciills,  dans  le  concours 
du  prix  extraordinaire  de  six  mille 
francs 1067 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Plu- 

mey  (Mécanique) io75 


(      l32/!    ) 


MM.  ''"S^*- 

CAMUS  (L.).  —  Expériences  concern;inl 
l'élat  réfi-acUire  au  sérum  d'anguille. 
Immunité  cylologique.  (En  commun 
avec  M.  E.  'cicy.) ^-^i 

—  Uecherclies  expérimentales  sur  une 
ii.ijglutinirie  produite  par  la  glande  de 
l'albumen  l'Iiez  r/:f('//^ /•"««"""■■  ■    •     ^33 

CAl'DE VILLE  (de)  adresse  une  Noie  rela- 
tive à  uii  allumeur  automatique,  spé- 
cialement destiné  à  l'allumage  des 
foyers  producteurs  de  nuages  artili- 
ciels  contre  les  gelées 1 29-1 

CAUiiOT  (Jules).  —  Le  prix  Montagne 

(  Botanique)  lui  est  décerné 1 100 

CAKNOT  (Au.)  fuit  hommage  à  l'Aca- 
démie d'un  nouveau  Recueil  d'ana- 
lyses des  ea-ux  minérales  françaises.  .     804 

C.\RVALHO.  —  Un  prix  Poural  (Physio- 
logie) lui  c.-l  décerné.  (Eii  cnmmuii 
avec  M.  IKri.v.v.) 1 144 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.  1218 
CAULLE!iY(iM.iURicE).  —  Sur  les  AiÀo- 

sporidics,  ordre  nouveau  de  la  classe 
des  Sporozoaires.  (En  commun  avec 
M.  Fétia:  Mesnil. ) G16 

—  Surlamorphologieetl'évolutionsexi.eile 

d'un  Epicaride  parasite  des  Balanes 
(Hemwniscu.s  haUirii  Buchhol/, ).  (En 
commun  avec  M.  Félix  Mesnil.). .  .  .     771 

—  Une  mention  lui  est  attribuée  dans  le 

concours  du  pri.\  Serres  (Médecine  et 
Chirurgie.)  (En  ronimunavecM.  Mcs- 
/"'/.) 1127 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.  121S 
CAUSARD.  —  Sur  la  respiration  branchiale 

chez  les  Diplopodes 237 

C.AZENEUVE  (P.).  -  Sur    un  mode,  de 

synthèse  de  l'acide  parabanique 834 

—  Sur  la  préparation  des  carbazides.  Ac- 

tion des  hydrazinessui  les  carbonates 
phénoliques.  (En  commun  avec  M.  Mo- 

'■<-■<"<■) 1254 

CESTAN.  —  Un  prix  Bellion  (Médecine  et 
Chirurgie)  lui  est  décerné.  (En  com- 
mun avec  MM.  Cie.spi/t  i;l  Si-ri;efit.).    ii3(i 

—  Aiiressesesremercimeiitsà  l'Académie.   1218 
CHABAUD  (Victor).  —  Ampuule  radio- 
graphique  à  anticathode  froide.   (En 
commua  avec  M.  ^bei  Bii^uct.) âyi 

CHAMBON.  —  Transmission  intra-utérine 


Vl  M  .  !>= 

de  l'immunité  vaccinale  et  du  pouvoir 
antivirulent  du  sérum.  (En  commun 
avec  MM.  Béclèir,  Menard  et  Cou- 
lomb .) 

CHARABOT  (Eugène).  —  Recherches  sur 
le  développement  progressif  de  l'es- 

.tenco  di;  bergamote 

CHARBUNNIER.  —  Sur  un  balhymèlre 
fondé  sur  l'emploi  de  cylindres  cru- 
shors.  (  En   commun  avec  M.   ddy- 

Aclw .  ) 

—  Un  prix  lui  est  décerné  (en  commun 
avec  M.  Gnly- Aché]  dans  le  concours 
du    [)rix    e.\traordinaire  de  six  mille 

francs 

CHARPENTIE;;  (Ai;g.  i.  —  Oscillations  ner- 
veuses, leur  fréquence 

CHARRIN.  —  Action  des  matières  miné- 
rales et  des  acides  organiques  sur  les 
variations  de  la  résistance  et  les  mo- 
difications de  l'économie.  (En  com- 
mun avec  MM.  GmUeinoiuil  et  Lwa- 
'  diti.) 

—  Embolies  cellulaires.  (En  commun  avec 

M.  Lnv.id'ai.) 

—  Le  prix  Chaussier  (Médecine  et  Chi- 

rurgie) lui  est  décerné 

CHATIN  (Jo.^NNiis).  —  Sur  la  structuie 
du  noyau  dans  les  myélocytes  des  Gas- 
téropodes et  des  Annélides 

CHAUVEAU  (A.).  —  Thermogénèse  et  dé- 
pense énergétique  chez  l'homme  qui 
élève  ou  abaisse  son  propre  poids.  Le 
travail  positif /^/rW  de  la  chaleur  au 
moteur  animé  qui  exécute  ce  travail; 
le  travail  négatif  lui  en  donne 

—  r  Ra[)port  sur  le  concours  du  prix  La- 

cdze  (  Physiologie  ) 

CHAUVEAU  (A.-Bj.  —Sur  la  variation 
diurne  de  l'électricité  atmosphérique. 

CUESNEAU  (G.).  —  Action  du  bioxyde 
d'azote  sur  les  sels  de  protoxyde  de 
chrome 

CHOFARDET  (P.j.  -  Observations  de  la 
comète  Giacobini  (1899,  e)  faites  à 
l'observatoire  de  Besançon,  avec  l'é- 
quatorial  coudé 

—  Observations  de  la  nouvelle  planète  EY 

(Charlùis)  faites  à  l'observatoire  de 
Besançon,  avec  l'équatorial  coudé.  . . 


ges. 

■235 

728 

243 

10G8 
38 


3o5 

898 

i  [3o 


219 

1 140 


545 


(   .3. 


MM.  1' 

CLAUDE  (Georges).  —  Sur  les  propriétés 
magnétiques  du  fer  aux  basses  tempé- 
ratures  

CLAUDE  (H.).  —  Des  éléments  de  dia- 
gnostic el  de  pronostic  fournis  par  la 
cryo.scopie  des  urines.  (  En  conmuin 
avec  M.  Biilthazaid) 

COLLIN  (E.).—  Le  prix  Montyon  (Arts 
insalubres)  lui  est  décerné , 

COLSON  (Alb.).— Déplacement  réciproque 
des  métaux 

—  Est  présenté  par  la  Section  de  Chimie 

comme  candidat  à  la  place  laissée 
vacante  par  le  décès  de  M.  Fricdcl. . 

COMAS  SOLA  (J.).  —  Orbite  du  bolide  du 
24  août  i8<j9 

CONSIDÈHE.  —  Vciriaiions  lie  volume  des 
mortiers  de  ciment  de  Portland,  ré- 
sultant de  la  prise  et  de  l'état  hygro- 
métrique     

CONSUL  DE  FRANCE  A  BATAVIA  (M.  le) 
adresse  quelques  détails  sur  le  trem- 
blement de  terre  quia  désolé,  le  3o  sep- 
tembre dernier,  l'île  de  Céram  et  les 
Moluques 

CONTREMOULIN.  -  Radiographie  des  cal- 
culs du  rein.  (En  commun  avec  M.  Jl- 
barran .) 

CORET  (AuG.)  adresse  une  Note  relative 
à  un  appareil  destiné  à  mesurer  l'in- 
clinaison d'un  navire,  produite  par  le 
roulis 

CORNU  (A.)  est  désigné  comme  devant  être 
présenté  à  M.  le  Ministre  de  la  Guerre 
pour  faire  partie  du  Conseil  de  per- 
fectionnement de  l'École  Polytech- 
nique  

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Wilde 

(Chimie) 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Tré- 

mont _ 

COSSERAT  (E.).  —  Le  prix  Poncelet  lui 
est  décerné. . 

COSTANTIN.  —  Sur  une  nouvelle  Muco- 
rinée  pathogène.  (En  commun  avec 
M.  Liiciil.) 

COUANON  (Georges).—  Nouvelles  expé- 
riences relatives  à  la  désinfection  anti- 


aj;es. 


409 


547 


l'-i; 


8-25 


903 


-iC; 

175 

540 
1093 
I  i5o 
J067 


5  ) 

MM.  Pages. 

pliylloxérique  des  plar;ts  de  vignes. 
(  En  commun  avec  MM .  Josefih  Miclion 
et  C.  Snloinoii .  ) y83 

COULOMB.  —  Transmission  intra-ulérine 
de  l'ininiunité  vaccinale  el  du  pouvoir 
antiviruleut  du  sérum.-(En  commun 
avec  MM.  JBéclère.  Chanib„i  et  Mi- 
""'■(l) -235 

COUPIN  (Henri).  —  Action  des  vapeurs 
anestliési(|uesb-ur  la  vitalité  des  graines 
sèches  et  des  grames  humides 56i 

COURMONT.  —  Un  prix  Bréant  (Médecine 
etChirurgie)  lui  est  décerné.  (En  com- 
mun avec  M.  Dojori.) me 

—  Adresse   ses    remercîments   à   l'Aca- 

démie     12  [S 

COUSIN  (H.).  —Préparation  des  ortho- 
quinones  tétrachlorées  et  tétrabro- 
mées  en  partant  des  gaïacols  et  véra- 
trols  tétrahalogénés  correspondants.  967 
CROQUEVTELLE  (  G.)  soumet  au  jugement 
de  l'Académie  une  Note  «  Sur  cer- 
taines affections  d'origine  cryptoga- 
mique,  connues  sous  les  noms  de 
niaUtdii's  jmladteiincs,  coiitagieii.sfs, 
épidéiniques,  etc.  « 264 

—  Adresse  une  Note  «  Sur  les  propriétés 

curatives  du  sulfate  de  fer  dans  les 

maladies  microbiennes  « O40 

CRULS  (L.).  —  Sur  une  modification  de  la 
méthode  de  Bessel  pour  le  calcul  des 
occultations 541 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Communi- 

cation     1 290 

CURIE  (P.).  —  Sur  la  radio-activité  pro- 
voquée par  les  rayons  de  Becquerel. 
(En  commun  avec  M""  P.  Curie.). . .     714 
-  Ellèls  chimiques  produits  par  les  rayons 
de  Becquerel.  (En  commun  avec  iM"'" 

Curie .  ) 823 

CURIE  (M"""  P.).  —  Sur  la  radio-activité 
provoquée  par  les  ra  y  onsde  Becquerel. 
(En  commun  avec  M.  P.  Curie.). .  . .     714 
Sur  le  poids  alomique  du  mêlai  dans  le 

chlorure  de  baryum  radifère 7(Jo 

--  Effets  thimii]ues  produits  par  les 
layons  de  Becquerel.  (En  commun 
avec  M.  P.  Cune.) Sv.3 


D 


DANIEL  (Lucien).  —  Greffe  de  quelques 

Monocotylédones  sur  elles-mêmes. . .     654 


DARBOUX  (Gaston).  —  Rapport  sur  le 

concours  du  iirix  Bordtn 1064 


(   r326  ) 


MM. 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Fran 

cœur 

--  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Poii- 
celet 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Petit 

d'Osmoy 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission  cen- 

trale administrative  pourrannée  1900. 
DASSONVILLE  {  Cii.)-  —  Sur  les  affinités 

des  inicrosporiim.  (En  commun  avec 

M.    L.  Malruchitt.) 

DEBIEItNE  (A.)-  —  Sur  quelques  acétyl- 

acétonaies.  (En  commun  avec  M.  G. 

Urbain.) 

—  Sur  une  nouvelle  matière  radio-active. 
DEFACQZ  (Er.).  —  Sur  deux  chlorobro- 

mures  de  tungstène 

DEHÉRA1N  (P. -P.).  —  Cultures  dérobées 
d'automne.  Leur  efficacité  comme  en- 
ijiais  vert 

DËISS  adresse  une  Note  relative  à  «  soii 
procédé  d'extraction  du  caoutchouc.  » 

DELACUOIX.  --  La  Graisse,  maladie  bac- 
térienne des  Haricots 

—  La  maladie  des  Œillets  à  Anlibes.  (En 

comuiun  avec  M.  l'nlUcux.) 

DELAGE  (Vviîs).  —  Sur  la  fécondation 
niérogonique  et  ses  résultats 

DELÉPINE.— Sur  l'azotate  d'argent  ammo- 
niacal. (En  commun  avec  M.  Ber- 
ihehit  ) 

—  Recherclies  sur  les  dérivés  métalliques 

de   l'acétylène.    (  En   commun   avec 
M.  Bcnhelnl.) 

—  Errata  se  rapporlant  à  cette  Commu- 

nication  

—  Aldéiiydes  salicylique  et  para-oxyben- 

zoïque  et  hydrosalicylamide.  (  En  com- 
mun avec  M.  Rn'als.) 

—  Surlachaleurd'uxydaliondutungstène. 

(En  commun  avec  M.  Hallnpeau .) .  . . 

—  Sur  le  sulfate  de  méthylène  ou  méthylal 

sulfuri(]ue 

—  L'acide    lactique.   (En   commun   avec 

M.   B<-r//ie/ol.} 

DELÉZIMEli.  —  De  l'emploi  des  courants 
triphasés  en  Uadiu.i,'ra|ihie 

DEMARÇAY  (Eugène).'-  Sur  le  spectre 
du  radium 

DEMOULIN  (A.).  -  Sur  une  correspon- 
dance entre  deux  espaces  réglés. 

DESCAMPS  (Th.)  soumet  au  jugement  de 
l'Académie  un  Mémoire  «  Sur  la  ma- 
ladie du  Rot  brun  et  du  Black  rot  ». 


Pages. 
1067 
1067 
I  I  5o 
1202 


123 


302 

593 

Ji5 


'39 

805 
65G 

045 

36 1 

422 

520 

600 

83i 
920 

1227 
716 
200 

460 


MM. 

DESLANDRES(H.).  —  Observation  de  l'es 
saim  des  Léonides 

—  Organisation  de  l'enregistrement  quo- 
tidien de  la  chromosphère  entière  du 
Soleil  à  l'observatoire  de  Meudon. 
Premiers  résultats 

DEWAR  (James).  —  Sur  la  solidification 
de  l'hydrogène 

DIENERT. —  Sur  la  sécrétion  des  diastases. 

DIRECTEUR  DE  L'  «  LXSTITUTO  Y  OB- 
SERVATORIO  DE  MARINA  DE  SAN 
FEUNANDO  (M.  le).  —  Lettre  rela- 
tive aux  futures  expéditions  pour 
l'observation  de  l'éclipsé  de  Soleil 
du  27  mai  1900 

DITTE.  —  Rapport  sur  le  concours  du 
prix  La  Gaze  (Chimie) 

DOYON.  —  Un  prix  Bréanl  (Médecine  et 
(Chirurgie)  lui  est  décerné.  (En  com- 
mun avec  M.  Cnunnnnt.) 

—  Aresse  ses  remercîmentsà  l'Académie. 

D1\AC1I  (JuLiis).—  Une  mention  très  hono- 
rable lui  est  accordée  dans  le  concours 
du  prix  Bordin 

—  Adiesseses  remerciments  à  l'Académie. 
DUBOIN.  —  Sur  les  propriétés  réductrices 

du  bore  et  de  l'aluminium.  (En  com- 
mun avec  M.  Gautier.) 

DUBOIS  (Raphaël).  -  Sur  le  rôle  de  la 
chaleur  dans  le  fonctionnement  du 
muscle 

DUCLA  (V.)  adresse  une  Note  ayant  pour 
titre  :  «  Résolution  de  l'équation  du 
troisième  degré  par  une  méthode  nou- 
velle » 

DUCLAUX  présente  à  l'Académie  le  tomelll 
de  son  «  Traité  de  Microbiologie  ».. . 

DUCOS  DU  HAURON  (Louis).-Le  prix  Tré 
mont  lui  est  décerné 

DUGAS  (E.).  —  Sur  la  détermination  du 
coefficient  de  solubilité  des  liquides. 
(En  commun  avec  M.  A.  Aigr/an).  . 

DUHEM  (P.).  -  Sur  la  stabilité  de  l'équi- 
libre des  corps  flottants  et,  en  particu- 
lier, d'un  navire  qui  porte  un  char- 
gement liquide 

DULAC  (HuNni).  —  Sur  les  cols  des  équa- 
tions différentielles 

DUMAS  (  L.).  —  Sur  la  position  des  points 
de  transformation  magnétique  des 
aciers  au  nickel 

DUMESNIL.  —  Un  prix  Monlyon  (Statis- 
tique) lui  est  décerné.  (En  commun 
avec  M .  Ma/igenut .) 1 


Pages. 

807 


45i 
C3 


445 
1093 


1 1 16 
1218 


1064 
1218 


217 


"85 
1008 
I  i5o 

643 

879 
276 

42 

1087 


MM.  Pages. 

DUPREZ.  —  Des  qualités  préventives  du 
sérum  sanguin  d'une  génisse  immu- 
nisée contre  la  péripneumonie  conta- 
gieuse des  Bovidés.  (  En  commun 
avec  M.  5.  Arloing.) 073 

DUSSAUD.  —  Sur  le    rendement  de    la 


(    l327   ) 

MM. 


Pages. 

transmission  du  son  par  l'élpctricilé.    880 
DYBOWSKl.  —  Sur  une  plante  à  gulta- 
percha,    su>cepiible   d'être    cultivée 
sous  un  climat  lempéré.  (En  commun 
avec  M.  Fron.) 558 


EBERT  (W.).  —  Sur  les  méthodes  de 
M.  Lœa'j  pour  la  détprmination  des 
latitudes.  (En  commun  avec  M.  J. 
Perrhot.  ) 270 

EGÎNITIS  (D.).  —   Observations  des  Per- 

séides,  faites  à  Athènes 447 

—  Observations  des  Léonides  et  des  Bié- 

lides,  faites  à  Athènes 942 

ENGEL  (R.).  —  Sur  l'iiypophosphite  de 


cuivre  et  sa  décomposition  par  le  pal- 
ladium précipité 5i8 

—  Surlecarbonatedemagnésiumanhydre.    SgS 
--  Le  prix  La  Gaze  (Chimie)  lui  est  dé- 
cerné     1093 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.   1318 
ÉTARD  est  présenté  par  la   Section  de 

Chimie  comme  candidat  à  la  place  va- 
cante par  le  décès  de  M.  Friedel. . . .     goS 


FABRY  (Ch.).  —  Sur  la  masse  du  déci- 
mètre cube  d'eau.  (En  commun  avec 
MM.  M'icé  de  Lépinay  et  A.  Pérnt  )     70g 

FALIÈRES  (ÉLiR).  —  Nouveau  mode  de 

dosage  acidimétrique  des  alcaloïdes.      110 

FAUVEL  (Pierre).  —  Sur  le  pigment  des 

Arénicoles \i~'i 

FAYET  (G.).  ^  Observations  de  la  comète 
périodique  Tempeli  =  1873  H,  faites 
à  l'Observatoire  de  Paris 38o 

FÉRAUD(A.).  —  Observations  de  la  co- 
mète Swift  (i8gS,  «),  faitesà  l'obser- 
vatoire de  Bordeaux.  (En  commun 
avec  M,  Rnyet) i  i3 

FEUILLE  (H.)  adresse  une  Note  relative 
à  un  instrument  destiné  à  apprécier 
immédiatement  les  distances i'2g4 

FILHOL.—  Rapportsurleconcours  du  prix- 

Bordin   (Sciences  physiques) rio6 

FLAM.\L\R10N  (G.).  —  Action  des  diverses 
radiations  lumineuses  sur  les  êtres 
vivants 398 

—  Les  Perséides  en  1899.    435,  460 

FLOWER  (  William).  —  Sa  mort  est  an- 
noncée à  l'Académie (ig 

FORCRAND  (dr).  —  Sur  l'hydrate  de  bi- 
oxyde  de  sodium  et  la  préparation  de 


l'eau  oxygénée 1246 

FOREL  (F. -A.).  —  Les  variations  de  l'ho- 
rizon apparent 27'- 

FOUQUÉ(F.).  -  Remarque  au  sujet  de 
la  nouvelle  édition  du   «   Traité  de 

Géologie  »  de  M.  de  Liippnrent 665 

FOURNIER  (Eugènk)  adresse  un  Mémoire 
intitulé  :  «  Recherches  sur  la  désin- 
fection par  l'aldéhyde  formique  ;  for- 
macétone  » '9^ 

—  Une  mention  lui  est  attribuée  dans  le 

concours  du  prix  Montyon  (Médecine 

et  Chirurgie) mi 

FRANÇOIS  (Maurice).  —  Sur  la  dissocia- 
tion de  l'iodure  de  mercurdiammo- 
nium ■^Q^ 

—  Dissociation  par  l'eau  de  l'iodomercu- 

rate  d'ammoniaque  et  de  l'iodomercu- 
rate  de  potasse 9^9 

FRANKLAND  (Edwards).  —  Sa  mort  est 

annoncée  à  l'Académie 403 

FREDHOLM  (Iwan).  —  Sur  une  classe 

d'équations  aux  dérivées  partielles. .       32 

FRON  (G.).  —  Sur  une  plante  à  gutla- 
percha ,  susceptible  d'être  cultivée 
sous  un  climat  tempéré.  (En  commun 
avec  M.  Ih-l>nn:-ki.) 558 


(    i328  ) 


MM.  Pages. 

G.4LLIENI  (le  général)  est  nommé  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Géogra- 
phie et  Naviijation r'-i; 

GALY-ACHÉ.  —  Sur  un  bathymèlre 
fondé  sur  l'emploi  de  cylindres  cru- 
sliers.  (En  commun  avec  .M.  Char- 
b'inn/cr) 5-P 

—  Un  prix  lui  est  décerné  dans  le  ron- 

coiirs  du  prix  extraordinaire  de  six 
mille  francs  (En  commun  avec  M. 
Charbonnirr.  ) 10G7 

—  Sur  quelques  phénomènes  que  présente 

le  fer i>'^o 

GANN.^  (  U.)  adresse  un  projet  d'avertis- 
seur, destiné  à  prévenir  les  rencontres 
des  trains  sur  les  chemins  de  fer 939 

GAKNIER.  —  Une  mention  lui  est  attri- 
buée dans  le  conrours  du  prix  Mon- 
tyon  (  Médecine  et  Chirurgie) i  n  S 

GAUD  (Fernand).  —  Sur  la  spectroplio- 

tométrie  des  lumières  électriques. . .     759 

GAUDRY  (Albert).—  Sur  leNéomylodon.     49' 

—  Présente   le   résumé  d'un    travail  de 

M.  Erland  NordenskjoU,  sur  «  la 
grotte  du   Glossotherium  {ISeonirlo- 

don  )  en  Patagonie 1 9, 1  fi 

GAUTIER  (AiiM.VND).  —  Examen  de  l'eau 
de  mer  puisée  à  différentes  profon- 
deurs; variations  de  ses  composés 
iodés c) 

—  Remarques,  à  propos  d'une  Communi- 

cation de  M.  Miitteiirci,  sur  la  pré-  . 
sence  de  l'acide  iodhydrique  dans  les 
émanations  volcaniques fie 

—  Présence  de  l'iode  en  proportions  no- 

tables dans  tous  les  végétaux  à  chloro- 
phylle de  la  classe  des  Algues  et  dans 
les  Sulfuraires ipn 

.ffr^m/n  .se  rapportante  cette  Commu- 
nication       3,^3 

--  Préparaiion  et  dosage  du  giycogène..     7or 
-    Sur  l'existence  normale  de   l'arsenic 
chez  les  animaux  et  sa  localisalion 
dans  certains  organes 029 

—  Méthode  pour  la  recherche  et  le  dosa;,'e 

des  très  peiites  quantités  d'arsen'ic 
contenues  dans  les  organes nSfi 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Jicker 

(Chimie) ^^^^ 

GAUTIER  (Hemii).  —  Sur  le  poids  ato- 


MM.  Pages. 

mique  du  bore SgS  et    678 

GAUTliELET(E.).  -  l.eségols:  nouveaux 

antiseptiques  généraux 1 13 

GÉRARD  (E  ).  —  Sur  la  présence,  dans 
l'organisme  animal,  d'un  ferment  so- 
luble  réduisant  les  nitrates.  (En  com- 
mun avec  M.  E.  JbrluKs.) 5() 

-  fur  la  présence,  dans  l'organisme  ani- 

mal, d'un  ferment  soluble  réducteur. 
Pouvoir  réducteur  des  extraits  d'or- 
ganes. (En  commun  avec  M.  E.  Jbe- 

Inns.) 1G4 

-  Pur  la  coexistence  d'une  diastase  réduc- 

trice et  d'une  diastase  oxydante  dans 
les  organes  animaux.  (En  commun 
avec  M.  E.  .Ibeloiis .) loaS 

GERMAIN   adresse  un  Mémoire  intitulé  : 

«  Théorie  de  la  pression  universelle  ».     804 

GERKEZ  (D.).  —  Sur  la  température  de 
transformation  des  deux  variétés  qua- 
dratique et  orthorhombique  de  l'iodure 
mercurique i  îS'i 

GERSCHUN  (Al.).  —  Méthode  pour  dé- 
terminer la  densité  moyenne  de  la 
Terre  et  la  constante  gravitation- 
nelle     ioi3 

GI.\RD  (Alfred).  --  Le  prix  Petit  d'Or- 
moy  (Sciences  naturelles)  lui  est  dé- 
cerné     1 1 5 1 

—  Adresse   ses    remercîmenis    à    l'Aca- 

démie     iii8 

GIBON  (G.)  adresse  diverses  Notes  rela- 
tives à  ses  trois  types  de  ballons  di- 
rigeables       51 1 

GIRAN  (H.).  —  Sur  de  nouvelles  combi- 
naisons de  l'anhydride  pliosphorique 

avec  le  benzène 964 

GL\NGEAUD  (P. -H.).  —  Les  minéraux 

du  Crétacé  de  l'Aquitaine 97O 

—  Les  faciès  et  les  conditions  de  dépôt  du 

Turonien  de  l'Aquitaine loSg 

GLEY  (E.).  —    Expériences  concernyiit 

l'état  réfraclaire  au  sérum  d'anguille. 

Immunité  cytologique.  (En  commun 

avec  M.  L.  Camus.) î.3i 

GOURSAT  (E.).  —  Sur  deux  équations  in- 

tégrables  du  second  ordre 3i 

—  Sur    un    problème    relatif    aux    con- 

gruences  de  droites 578 

—  Sur  les  congruences  de  normales C69 


(   '329  ) 


533 


64 


1107 


iS 


MM.  Pages 

GRANBOULAN  (E.)  adresse  une  Noie  sur 
un  système  de  propulsion  des  navires 
à  vapeur  

GRANDIDIER  (Alfrhd).—  Sur  les  lia- 
vaux  géographi(iues  et  cartogra- 
phiques exécutés  à  Madagascar,  par 
ordre  du  générai  Gallieni,  do  1897  à 
1899 

GRANDIDIER  (Gdill.vume).  -  Le  prix  Sa- 
vigny  (Anatomie  et  Zoologie)  lui  est 
décerné  

GRÉANT  (N.).  —  Rectiorches  sur  l'alcoo- 
lisme aigu;  dosage  de  l'alcool  dans  le 
sang  et  dans  les  tissus 

GRIFFON  (Ed.).  —  L'assimilation  chloro- 
phyllienne dans  la  lumière  solaire  qui 
a  traversé  des  feuilles 1276 

GRUEY  (L.-J.).  —  Observations  de  la  pla- 
nète EP  (J.  Mascart,  1899,  août  «6) 
faites  à  l'observatoire  de  Besançon 
par  M.  P.  Chofardet 446 

GUÉPIN(A.)  adresse  un  Mémoire  sur 
«  L'ÉtIologie  générale  des  maladies 
de  la  prostate  » 804 

GUERBET.  —  Transformation  directe  de 
l'acétamide  en  éthylamine  par  hydro- 
génation  

GDICHARD  (C).  —  Sur  les  surfaces  de 
M.  Voss 

—  Sur  la  théorie  générale  des  congruences 

de  cercles  et  de  sphères 147 

—  Sur  les  congruences  de  cercles  et  de 

sphères  qui  interviennent  dans  l'étude 
des  systèmes  orlhogonaux  et  des  sys- 
tèmes cycliques 748 

—  Sur  quelques   propriétés  de  certains 

svstèmes  de  cercles  et  de  sphères. . .     944 
GUICHARD  (Marcel).  —  Sur  le  bioxyde 

de  molybdène 722 

—  Sur  le  bisulfure  de  molybdène 12^9 

GUIGNARD.  —  Rapport  sur  le  concours 

du  prix  Thore  (Botanique) 1  loa 

GUILLAUME  (Ch.-Ed.).  —  Sur  les  varia- 


MM. 


Fa 


61 


23 


lions  temporaires  et  résiduelles  des 

aciers  au  nickel  réversibles 

GUILLAUME  (J.)  _  Observations  à  la 
comète  Swift  (iSggw),  faites  à  l'ob- 
servatoire de  Lyon 

—  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'obser- 

vatoire de  Lyon  pendant  le  premier 
trimestre  de  1 899 

—  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'obser- 

vatoire de  Lyon  pendant  le  deuxième 
trimestre  de  1899 

—  Observations  des  Léonides,   faites  en 

189g  à  l'observatoire  de  Lyon 

GUILLÉ. —  Une  mention  lui  est  attribuée, 
en  commun  avec  M.  Bcsnoie,  dans  le 
concours  du  prix  Bréant  (Médecine  et 
Chirurgie) 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 
GUILLEMINOT  (H.).  -  Radiographie  du 

coeur  et  de  l'aorte  aux  ditïérentes 
phases  de  la  révolution  cardiaque  . . . 
GUILLEMONAT.  —  Action  des  matières 
minérales  et  des  acides  organiques 
sur  les  variations  de  la  résistance  et 
les  modifications  de  l'économie.  (En 
commun  avec  MM.  Clinrrlit  et  Lcva- 
ditt.) 

—  Une  citation  lui  est  attribuée  dans  le 

concours  du  prix  Montyon  (Médecine 

et  Chirurgie) 

GUYON.  —  Rapport  sur  le  concours  du 
prix  Godard  (Médecine  et  Chirurgie). 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mège 

(Médecine  et  Chirurgie) 

—  Rapport   sur  le  concours  du  prix  du 

baron  Larrey  (Médecine  et  Chirurgie). 

GUYOU.  —  Rapport  sur  les  travaux  du 
capitaine  de  frégate  E.  Peniii,  dans 
le  concours  du  prix  extraordinaire  de 
six  mille  francs 

GUYOT  (A.).  —  Recherches  sur  la  tauto- 
mérie  de  l'acide  benzoylbenzoïque. 
(En  commun  avec  M.  A.  Halier.).  . 


ges. 

i55 
iG 

494 

810 

86G 


1117 
1218 


177 


3o5 

1 108 
1117 
ii3(3 
Il  38 


iji3 


H 


HAGENMULLER.  —  Sur  une  nouvelle 
Myxosporodie,  Noscnui  Stf/ihiiiii,  pa- 
rasite du  Ftems  pui.scr  Moreau 836 

HALLER  (A.).  —  Sur  les  acides  dialcoyl- 
benzylbenzoïques  et  dialcoylbenzyl- 
benzoïques  télrachlorés.  (En  commun 
avec  M.  Umbgruve.) 90 

C.  P..,  1899,  3' Semestre.  (T.  CWIX.) 


Sur  les  réfractions  moléculaires;  la 
dispersion  moléculaire  el  le  pouvoir 
rotatoire  spécifique  de  quelques  al- 
coylcamphres.  (En  commun  avec 
M.  P.-T/i.  Mulkr.) 100!; 

Recherches  sur  la  tautomériede  l'acide 
benzoylbenzoïque.  (En  commun  avec 


(  i33o  ) 


MM. 

M.  J.  Gufot.) 

HALLOPEAU.  —  Sur  la  chaleur  d'oxyda- 
tion du  tungstène.  (En  commun  avec 
M.  Dilépine.) 

HANRIOT  (Maurice).  —  Le  prix  Jecker 
(Chimie)  lui  est  décerné 

—  Est  présenté,  par  la  Section  de  Chimie, 

comme  candidat  à  la  place  vacante 

par  le  décès  de  M.  Friedel 

HÂTON  DE  LA  GOUPILLIÈRE.  —  Rap- 
port sur  le  concours  du  prix  Montyon 
(Statistique) 

—  Rapport  sur  la  «  Revue  de  Statistique  n, 

présentée  par  M.  Henri  de  Beiturnont. 

HAUG  (Emile).  —  Sur  le  bord  exlerne  du 

Briançonnais  entre  Freyssiiiières   et 

Vars.  (En  commun  avec  M.  Kilian.). 

—  Le  prix  Fontane  (Minéralogie  et  Géo- 

logie) lui  est  décerné 

HECKÉL  (Edouard).  —  Sur  la  structure 
anatomique  des  Vanilles  aphylles. . . . 

—  Sur  la  formation  des  canaux  sécréteurs 

dans  les  graines  de  quelques  Gutti- 
fères 

HÉDON  (E.).  —  Des  relations  existant 
entre  les  actions  diurétiques  et  les 
propriétés  osmotiques  des  sucres.  (En 
commun  avec  M.  /.  Arroiis.) 

HEEN  (P.  de),  —  Reproduction  électrique 
de  figures  deSavart,  obtenues  à  l'aide 
de  lames  liquides 

HELIER  (Henri).  —  Sur  le  pouvoir  ré- 
ducteur des  urines 

HEMSALECH  (G.-A.)  -  Sur  les  spectres 
des  décharges  oscillantes 

HÉRIBAUD  (Joseph).—  Un  prix  Montagne 
(Botanique)  lui  est  décerné 

HÉRISSEY  (H.).  -  Sur  la  composition  de 
l'albumen  de  la  graine  de  caroubier; 
production  de  galactose  et  de  man- 
nose  par  hydrolyse.  (En  commun  avec 
M.  Bourquelot.) 


I2l3 

600 
1091 

903 

1082 
1089 

35 1 
'097 

347 

5o8 

778 

717 

58 

285 

1100 

228 


MM.  Pages. 

—  Sur  le  dosage  du  mannose  mélangé  à 

d'autres  sucres.  (En  commun   avec 

M.  Bourquelot .) 889 

—  Sur  la  composition  de  l'albumen  de  la 

graine  de  caroubier.  (En  commun 
avec  M.  Bourquelot.) Sgi 

—  Germination  de  la  graine  de  caroubier; 

production  de  mannose  par  un  fer- 
ment soluble.  (En  commun  avec 
M .  Bnurquelot.) 6 1 4 

HERMITE  (Gustave).  —  Sur  un  voyage 
aérien,  de  longue  durée,  de  Paris  à  la 
Méditerranée,  exécuté  le  16-17  sep- 
tembre 1 809 J27 

HERRERA  (A.)  adresse  une  Note  sur  une 
modification  à  introduire  dans  la  for- 
mation des  noms  de  genres,  en  His- 
toire naturelle 186 

HERZEN  (A.).  —  La  variation  négative 
n'est  pas  un  signe  infaillible  d'activité 
nerveuse 897 

HEURTEAU.  —  Un  prix  Rivot  lui  est  dé- 
cerné      1 1  fis 

HOUDAS.  —  Un  prix  Barbier  (Médecine 
et  Chirurgie)  lui  est  décerné.  (En  com- 
mun avec  M.  Jnuanin.) 11 14 

HUE  (L'AuBÉ).  —   Le  prix   Desmazières 

(Botanique)  lui  est  décerné 1099 

HUGO  DE  VRIES.  —  Sur  la  fécondation 

hybride  de  l'albumen 978 

HUGOT  (C).  —  Action  du  sodammonium 

etdu  potassammonium  sur  le  sélénium.     299 

—  Action  du  sodammonium  et  du  potas- 

sammonium sur  le  tellure  et  le  soufre.     388 

—  Action  du  potassammonium  sur  l'ar- 

senic      6o3 

HUMBERT  (G.).  —  Sur  certaines  surfaces 

remarquables  du  quatrième  ordre...     640 

—  Sur  les  fonctions  hyperabéliennes  ....     667 

—  Sur  la  transformation  des  fonctions  abé- 

llennes 955 


IMBERT  (Henri).  —  Chaleur  de  neutrali- 
sation et  acidimétrie  de  l'acide  caco- 
dylique 


1244 


INSTITUT   PASTEUR   (L).   —   Le   prix 

Jean-Jacques  Berger  lui  est  décerné.   1 163 


(  i3;^.  ) 


MM.  Pages. 

JABOIN  (A.).  —  Sur  la  préparation  et  les 
propriétés  des  phosphures  de  stron- 
tium et  de  baryum  cristallisés 762 

JANET  (Pierre).  —  Une  mention  hono- 
rable lui  est  accordée  dans  le  concours 
du  prix  Lallemand 1 1 38 

JANSSEN  (J.).  —  Note  sur  les  observa- 
tions des  étoiles  filantes  dites  Léo- 
nides,  faites  sous  la  direction  de  l'ob- 
servatoire de  Meudon ;88 

—  Note  sur  les  travaux  au  mont  Blanc  en 

'899 993 

—  Remarques  sur  une  Communication  de 

M.  U.  Destandres,  relative  à  l'or- 
ganisation de  l'enregistrement  quoti- 
dien de  la  chroraosphère  entière  du 

Soleil 1 22), 

lAUBERT  (Georges-F.  ).—  Lanapluopur- 
purine,  un  produit  d'oxydation  de  la 
naphtazarine 684 


MM.  Pages 

JOANIN.  —  Un  prix  Barbier  (Médecine  et 
Chirurgie^  lui  est  attribué  (En  com- 
mun avec  M.  Hondas.) 1114 

JODIN  (Victor).  —  Sur  la  résistance  des 

graines  aux  températures  élevées Sgî 

JONQUIÈRES  (DE).  -  Rapport  sur  les 
deux  Ouvrages  intitulés  :  «  La  France 
charitable  »  et  «  Paris  charitable  » 
présentés  par  l'Office  central  des 
Œuvres  de  bienfaisance  pour  le  con- 
cours du  prix  Montyoti  (Statistique).   io83 

JOUNIAUX.  —  Sur  l'action  de  l'acide 
chlorhydrique  sec  sur  l'argent  et  réac- 
tion inverse 883 

JUMELLE  (Henri  ).  —  Le  piralahy,  liane 

à  caoutchouc  de  Madagascar 349 

JUNGFLEISCH.—  Est  présenté  par  la  Sec- 
tion de  Chimie,  comme  candidat  à  la 
place  vacante  par  le  décès  de  M.  Frie- 
del 9o3 


K 


KILIAN  (W.).  —  Sur  les  brèches  éogènes 

du  Briançonnais 240 

—  Sur  le  bord  externe  du  Briançonnais 

entre  Freyssinières  et  Van^.  (En  com- 
mun avec  M.  E.  Hatig.) 35i 

—  Le  prix  Delesse  (Minéralogie  et  Géolo- 

gie) lui  est  décerné 1096 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Acadé- 

mie   121 8 


KLING  (André).  —  Oxydation  du  propyl- 

glycol  par  l'eau  de  brome 219 

—  Oxydation  biochimique  du  propylglycol.  1252 

KLUMPKE  (M""  D.).  —  Observations  des 

Perséides  de  1899 38i 

KOWALEVSKY  (A.).  —  Imprégnation 
hypodermique  chez  XHœmenlaria  cos- 
tuta  de  Millier  (flacubdella  cateni- 
gera  de  R.  Blanchard) 261 


L 


LABBÉ.  —  Une  citation  lui  est  attribuée 
dans  le  concours  du  prix  Montyon 
(Médecine  et  Chirurgie) 1  ii4 

LABORDE  (  J.).  —  Sur  les  variations  de  la 
production  de  glycérine  pendant  la 
fermentation  alcoolique  du  sucre. . . .     344 

LAFEUILLE.  —  Un  prix  du  baron  Larrey 
(.Médecineel  Chirurgie)  lui  est  décerné. 
(En  commun  avec  M.  Arnaud.) ....   11 38 

LAMBERT-ROYNLN  adresse  une  Note  re- 
lative à  un  principe  pouvant  servir  ii 
la  direction  des  ballons 1218 

LAND.4U  (Edm.).  —  Contribution    à  la 


865 


^94 


théorie  de  la  fonction  i;(«)deRiemann.    812 

LANFREY.  —  Expériences  sur  la  destruc- 
lion  du  Phylloxéra 

LANG  (W.-C).  —  Sur  la  dissociation  du 
chlorure  de  cadmium  hexammoniacal. 
(En  commun  avec  M.  A.  Rigaud.) . . 

LANGLOIS  (Marcelin)  adresse  un  nou- 
veau Mémoire  intitulé  «  Origine  de  la 
tension  superficielle;  sa  loi  de  forma- 
tion » '009 

LANNELONGUE.  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  fearbier  (Médecine  et 
Chirurgie) "'4 


(  i33 


Pages. 


[14 


MM. 

LAPICQUE  (Louis).  —  Un  prix  Barbier 
(Médecine  et  Chirurgie)  lui  est  dé- 
cerné  

LAPPARENT  (de).  —  Sur  l'intervenlion 
des  végétaux  dans  la  formation  des 
tufs  calcaires 664 

—  Présente  à  l'Académie  les  deux  premiers 

fascicules  de  la  quatrième  édition  de 

son  (I  Traité  de  Géologie  » 665 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Fon- 

tane  (Minéralogie  et  Géologie) 1097 

LARROQUE  (Firmim).  —  Contribution  à  la 
théorie  des  instruments  de  musique  à 
embouchure 9^ 

—  Adresse  une  Note  «  Sur  le  mécanisme 

de  l'audition  des  sons  » 493 

—  Soumet  au  jugement  de  l'Académie  une 

Note   «  Sur  la  mesure  de  l'intensilc 

des  impressions  sonores  » 709 

LAURANS  (Ch.)  soumet  au  jugement  de 
l'Académie  un  Mémoire  «  Sur  la  théo- 
rie mécanique  de  la  chaleur  » 666 

LAURENT  (  L.)  adresse  une  Note  «  Sur  le 
rôle  de  l'insuffisance  en  matières  grasses 
de  la  ration  alimentaire  dans  l'étiolo- 
gie  du  béribéri  » 38o 

LÉÂUTÉ.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  Fourneyron  (Mécanique; 1077 

LEBEAU  (P.).  —Sur  la  préparation  et 
les  propriétés  des  arséniuresde stron- 
tium, de  baryum  et  de  lithium 47 

LEBEL  (3. -A.).  —  Sur  la  stéréoehimie  de 

l'azote 548 

—  Est  présenté  par  la  Section  de  Chimie 

comme  candidat  à  la  place  vacante  par 

le  décès  de  M.  Friedel ç)o3 

LEBESGUE  (H.).  -  Sur  la  définition  de 

l'aire  d'une  surface 870 

LEBLANC  (Mal'ricej.  —  Le  prix  Gaston 

Planté  lui  est  décorné 1161 

LECAILLON.  —  Le  prix  Saintour  lui  est 

décerné 1162 

—  Adresse  ses  remercîmenls  à  l'Acadé- 

mie     1-218 

LECARME  (Jean).  —  Expériences  de  té- 
légraphie sans  Ql,  exécutées  entre 
Chamonix  et  le  sommet  du  mont  Blanc. 
(  En  commun  avec  M.  Louis  Lccnrme.) 

LECARME  (  Louis).  —  Expériences  de  télé- 
graphie sans  fil,  exécutées  entre  Cha- 
monix et  le  sommet  du  mont  Blanc. 
(  En  commun  avec  M.  Jean  Lccamw.) 

LE  CllATELlER  (H.).  -  Sur  les  change- 
uionts  d'état  du  fer  et  de  l'acier.  T. . 


âSi) 


589 


■^79 


2    ) 
MM.  Pages. 

—  Sur  la  dilatation  du  fer  et  des  aciers 

aux  températures  élevées 33 1 

—  Sur  les  terres  cuites  noires 386 

—  Sur  la  porcelaine  égyptienne 387 

—  Sur  les  poteries  égyptiennes 477 

—  Sur  la  vitesse  de  détonation  de  l'acéty- 

lène. (En  commun  avecM.  Berihclnt.)     4'-7 

—  Sur  les  points  fixes  de  transformation.     497 

—  Sur  les  changements  de  volume  corré- 

latifs du  durcissement  des  liants  hy- 
drauliques     lî'ia 

—  Est  présenté  par  la  Section  de  Chimie, 

comme  candidat  à  la  place  vacante 

par  le  décès  de  M.  trie.iUd goS 

LECLAINCHE,  —  Un  prix  Montyon  (Mé- 
decine et  Chirurgie)  lui  est  décerné. 
(  En  commun  avec  M.  Nocard.  )  . . .  .    1 1 08 

LE  CORDIER  (feu).  —  Le  prix  Francœur 

lui  est  décerné 1 067 

LE  DOUBLE  (le  D''  F.)  prie  l'Académie  de 
le  comprendre  parmi  les  candidats  au 
prix  Mège 264 

LEDUC  (Stéphane).  —  Etincelle  globu- 
laire ambulante >7 

LEFORT  (J.-L.)  adresse  diverses  Commu- 
nications relatives  à  la  Physique,  à  la 
Physiologie  et  à  l'Anthropologie 4"' 

LE  HELLO  (P.).  —  Du  rôle  des  organes 

locomoteurs  du  cheval 179 

—  Un  prix  Montyon  (Physiologie  expéri- 

mentale) lui  est  décerné i  iSg 

LEIDIÉ  (  E.).  —  Sur  la  purification  de  l'iri- 
dium       H  } 

—  Sur  les  sesquichlorures  de  rhodium  et 

d'iridium  anhydres 1249 

LEJ.4RS.  —  Une  mention  lui  est  attribuée 
dans  le  concours  du    prix  Montyon 

(Médecine  et  Chirurgie) 1114 

LEMOINE  (J.,)-  —  Disparition  instantanée 
du  phénomène  de  Kerr.  (En  commun 

avec  M.  Abrahom.) 206 

LEMOINE  (Georges).  —  Action  du  ma- 
gnésium sur  ses  solutions  salines. ...     291 

—  Transformation  du  styrolène  en  méta- 

slyrolène  sous  lintluence  de  la    lu- 
mière       719 

—  Est  présenté  par  la  Section  de  Chimie 

comme  candidat  à  la  place  vacante 

par  le  décès  de  M.  Friedel goS 

—  Est  élu  Membre  de  la  Section  de  Chi- 

mie, en  remplacement  de  M.  Friedel.     g38 
LEPAGE  (L.).  —  Sur  l'innervation  sécré- 
loire  du  pancréas.  (En  commun  avec 
M.   Werlheiiiier.) 737 


(  i333  ) 


MM.  Pages. 

LEPRINCE.  —  Contribution  à  l'étude  chi- 
mique de  l'écorce  du  Rliamnus  piir- 
sliiana  (  Cascara  sagradn  ) 60 

LEROY.  —  Une  mention  très  honorable  lui 
est  accordée  dans  le  concours  du  prix 
Francœur 1067 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Acadé- 

mie     1218 

LEROY  (Emile).  —  Sur  quelques  alca- 
loïdes de  l'opium ifo 

—  Sur  la  narcéine 1239 

LESFIEAU(R.).  — Sur  l'acide  dichloro-3. 4- 

butanoïque 224 

LEUDUGER-FORTMOREL.  —  Une  men- 
tion honorable  lui  est  accordée  dans 
le  concours  du  prix  Desmazières  (Bo- 
tanique)     lOÇHJ 

LEVADITL  —  Action  des  matières  miné- 
rales et  des  acides  organiques  sur  les 
variations  de  la  résislance  et  les  mo- 
difications de  l'économie.  (En  com- 
mun avec  MiM.  Cliarrin  et  Gtdlleinn- 
nat.) 3o'> 

—  Embolies  cellulaires.  (  En  commun  avec 

M.  Charri/i.) 89S 

LEVAT  (L.-A.)  adresse  une  Note  relative 
à  un  projet  de  «  ceinture-tampon  »  à 
adapter  aux  navires,  contre  l'accos- 
tage     1045 

LEVAVASSEUR.  —  Les  groupes  d'ordre 

j6/.<,jDétantunnombrepremier  impair.      26 
LÉVY  (Maurice).  —  Sur  l'équilibre  élas- 
tique d'une  plaque  rectangulaire. .  .  .     5'>5 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mon- 

tyon  (Mécanique) 107J 

LIl'PMANN  (G.).  —  Méthode  pour  la  mise 

au  point  d'un  collimateur 569 

LCEWY.  —  Considérations  sur  la  consti- 
tution physique  de  la  Lune.  (En  com- 


MM. 


Pages. 


940 


mun  avec  M.  Pidseux.) 

—  Présente  deux  photographies  lunaires 

qui  lui  sont  adressées  par  M.  fFei- 
"eck ,44 

—  Note  sur  les  Léonides 787 

—  Présente  à  l'Académie  le  Tome  UI  des 

«  Annales  de  l'Observatoire  de  Tou- 
louse » 

—  Note  sur  les  travaux  contenus  dans  le 

Volume  des  «  Annales  de  l'Observa- 
toire de  Paris  de  1897  » 1202 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  La- 

lande  (Astronomie) 1079 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Valz 

(Astronomie) 

LOUISE  (E.).  —  Recherches  et  dosage  du 
phosphore  libre,  dans  les  huiles  et  les 
corps  gras  

LOVETT  (E.-O.).  —  Sur  les  transforma- 
tions des  droites 

—  Sur  les  transformations  des  droites. . . 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication  

—  Sur  les  équations  de  Pfaff 274 

—  Sur  la  correspondance  entre  les  lignes 

droites  et  les  sphères 383 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication     1 296 

—  Sur  un  groupe  continu  infini  de  trans- 

formations de  contact  entre  les  droites 

et  les  sphères 4o5 

LUCET.  —  Sur  une  nouvelle  Mucorinée 
pathogène.  (En  commun  avec  M.  Cos- 
tantin.) io3t 

LUIZET  (M.).  —  Observations  de  |3  Lyre, 

faites  à  l'observatoire  de  Lyon 267 

—  Sur    l'étoile    variable    du    type   Algol 

(DM.-l-i2",3JJ7) 269 


loïio 


59'. 

20 

t44 
358 


M 


MACÉ  DE  LÉPINAY(J.).  —  Sur  la  masse 
du  décimètre  cube  d'eau.  (En  com- 
mun avec  MM.  Cli.  Fabry  et  A.  Pe- 
rot.) 

MAILLET  (Edmond).  —  Sur  les  équations 
indéterminées  de  la  formex>-H/^=c3^. 

MAIRE  (R.).  —  Sur  les  phénomènes  cyto- 
logiques  précédant  et  accompagnant 
la  formation  de  la  téleutospore  chez  le 
Pitcciiiia  Liliacearum  Duby 839 


709 


9« 


MAIRE  DE  CHANTILLY(le)  informe  l'Aca- 
démie que  l'inauguration  de  la  statue 
élevée  au  duc  d'Aumale  aura  lieu  le 
dimanche  i5  octobre 5ii 

IMAIRE  DE  NUITS-SAINT-GEORGES  (le) 
invite  l'Académie  à  se  faire  repré- 
senter à  l'inauguration  du  monument 
élevé  à  la  mémoire  de  Ftli.r  Tisse- 
rand, qui  aura  lieu  le  i5  octobre 47'' 

MALARD  (A. -Eugène).  —  Sur  le  déve- 


(  i334  ) 


MM.  Pages, 
loppement  et  la  pisciculture  du  Tur- 
bot      i«i 

MALTÉZOS  (C).   —  Sur  les  battements 

des  sons  donnés  par  les  cordes 438 

MANGEOT  (S.).  —  Sur  quelques  dépen- 
dances géométriques  entre  deux  sys- 
tèmes de  points  définis  par  des  équa- 
tions algébriques 4*^4 

MANGENOf.  -  Un  prix  Montyon  (Statis- 
tique) lui  est  décerné. . , 1082 

MANGIN  (Louis).   —  Sur  une  maladie 

nouvelle  des  (Eillets "Si 

MAQUENiNE  (L).  —  Sur  l'hygrométricité 

des  graines 77^ 

MAREY.  —  Rapport  sur  le  concours  du 
prix  Montyon  (Physiologie  expérimen- 
tale)    iiSg 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Pou- 

rat  (  Physiologie  ) 1 1 44 

MARFAN.  —  Un  prix  Montyon  (Médecine 

et  Chirurgie)  lui  est  décerné 1112 

MARIE  (Ch.).  —  Sur  le  dosage  du 
phosphore  dans  les  composés  orga- 
niques      766 

MARINESCO(G.).-Un  cas  d'hémiplégie 
hystérique,  guéri  par  la  suggestion 
hypnotique  et  étudié  par  la  Chrono- 
photographie 9G8 

MAROTTE  (F.).  —  Sur  la  classification 
des  groupes  projeclifs  de  l'espace  à  n 
dimensions '^80 

MARQUIS  (R.).  -  Sur  le  benzoylfurfu- 

rane m 

MARTEL  (E.-A.).  —  Sur  de  nouvelles  re- 
cherches souterraines  en  Dévoluy 
(Hautes-Alpes)  et  sur  le  plus  profond 
puits  naturel  connu  (chourun  Martin, 
310-") ,041 

MARTIN  (F.)  soumet  au  jugement  de  l'Aca- 
démie un  appareil  destiné  à  l'arrêt 
instantané  des  chevaux  emportés 1 2 1 8 

MARTONNE  (E.  de).  -  Sur  la  période 
glaciaire  dans  les  Karpates  méridio- 
nales      894 

—  Sur  l'histoire  de  la  vallée  du  Jiu  (Kar- 

pates méridionales) 078 

MASCART  rend  compte  à  l'Académie  de 
la  cérémonie  organisée  à  Côme  pour 
fêter  le  Centenaire  de  la  découverte  de 
la  pile  par  Volta ^g3 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Gegner.  ii5o 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Gaston 

Planté ,  ,(3i 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Sain- 


MM.  Pages, 

tour 1 162 

MASCART  (.Iean).  —  Découverte  d'une 
nouvelle  planète  à  l'Observatoire  de 
Paris 434 

MATRUCHOT  (L.).  —  Sur  les  affinités  des 
Microsporum.  (En  commun  avec 
M.  Ch.  Dassnm'ille.) 128 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  formation  de 

l'œuf  chez  les  Piptocephalis io34 

MATTEUCCI.  —  Sur  les  particularités  de 

l'éruption  du  Vésuve 65 

—  Sur  l'état  actuel  des  volcans  de  l'Europe 

méridionale 784 

MÉNARD.  —  Transmission  intra-ulérine 
de  l'immunité  vaccinale  et  du  pouvoir 
antivirulent  du  sérum.  (En  commun 
avec  MM.  Béclère,  Cliambon  et  Cou- 
lomb .) 235 

ME.NDELSSOHN.  -  Sur  la  variation  néga- 
tive du  courant  nerveux  axial 844 

MÉRAY  est  élu  Correspondant  pour  la  Sec- 
tion de  Géométrie 1008 

—  Adresse   ses    remercîments    à    l'Aca- 

démie      1218 

MESNIL  (Félix).  —  Sur  les  Jplosporidies, 
ordre  nouveau  de  la  classe  des  Spo- 
rozoaires.  (  En  commun  avec  M.  .M/h- 
rice  Caidlery.) G 1 6 

—  Sur  la  morphologie  et  l'évolution 
sexuelle  d'un  Epicaride  parasite  des 
Balanes  {Heminniscus  balani  Buch- 
holz).  (En  commun  avec  M.  M. 
Caullery.) 770 

—  Une  mention  honorable  lui  est  attri- 

buée, en  commun  avec  M.  Caullery, 
dans  le  concours  du  piix  Serres  (Méde- 
cine et  Chirurgie) 11 18 

METZNER  (René).  —  Le  prix  Cahours 

lui  est  décerné 1 1G2 

MEUNIER  (Stanislas).  —  Complément 
d'observations  sur  le  terrain  caillou- 
teux des  Préalpes  vaudoises 525 

—  Observations  relatives  au  dépôt  de  cer- 

tains travertins  calcaires GSg 

—  Complément  d'observations  sur  la  struc- 

ture du  diluvium  de  la  Seine 1282 

MICHON  (Joseph).  —  Nouvelles  expé- 
riences relatives  à  la  désinfection  an- 
liphylloxéiique  des  plants  de  vignes. 
(  En    commun    avec    MM.     Georges 

Couiiiiiin  et  E.  Sidomon.) 783 

MILNE-EDWARDS  (Alphonse).  —  Rapport 
sur  le  concours  du  prix  Savigny(Ana- 
tomie  et  Physiologie) 1 107 


(  i335  ) 


M  M.  Pages. 

—  Est  élu  Vice-Président  de  l'Académie 

pour  l'année  1900 1201 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (M.  le)  invite 
l'Académie  à  lui  désigner  deux  de  ses 
Membres  pour  faire  partie  du  Conseil 
de  perfectionnement  de  l'École  Poly- 
technique      5 1 1 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PU- 
RLIQUE  ET  DES  REAUX-ARTS 
(M.  le)  adresse  l'ampliation  d'un  Dé- 
cret qui  porte  de  100  à  ii6  le  nombre 
des  Correspondants  de  l'Académie, 
tant  nationaux  qu'étrangers !> 

—  Invile  l'Académie  à  lui  présenter  une 

liste  de  deux  candidats  pour  la  place  de 
Membre  Astronome  devenue  vacante 
au  Rureau  des  Longitudes  par  suite  du 
décès  de  M.  Tisserand 8oj 

—  Transmet  un  Rapport  du  Consul  gé- 

néral de  Naples  sur  les  travaux  de 
M.  Schron,  concernant  la  Cristallo- 
génie gSg 

—  Adresse  l'ampliation  du  Décret  approu- 

vant   l'élection   de    M.    Georges  Le- 

moine lao?. 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES 
(M.  le)  informe  l'Académie  que  le 
«  Cercle  industriel,  agricole  et  com- 
mercial »  de  Milan  a  décidé  d'offrir 
une  médaille  d'or  à  l'invention  la  plus 
efficace  contre  les  accidents  du  travail 
des  ouvriers  électriciens 376 

—  Communication  d'un  Rapport  sur  un 

tremblement  de  terre  survenu  à 
Smyrne  et  en  Anatolie,  dans  la  nuit 

du  19  au  20  septembre 576 

MOISSAN  (Henri)  transmet  à  l'Académie 
une  dépèche  de  M.  Denar,  de  Lon- 
dres, relative  à  la  solidification  de 
l'hydrogène 434 

—  Production  d'ozone  par  la  décomposi- 

tion de  l'eau  au  moyen  du  fluor 570 

—  Action  de  l'acide  lluorhydrique  et  du 

fluor  sur  le  verre 799 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mon- 

tyon  (Arts  insalubres) 1 147 


MM.  Pages. 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Ca- 

hours 1162 

MOLLIARD  (Marin).  —  Sur  les  modifica- 
tions histologiques  produites  dans  les 
tiges  par  l'action  des  Phytopiiis.  ...  841 
M0NTANGER.4ND.  —  Sur  la  nébuleuse 
annulaire  de  la  Lyre,  d'après  des  ob- 
servations faites  à  l'observatoire  de 
Toulouse 265 

—  Observations  de  l'éclipsé  de  Lune  du 

16  décembre  1899  à  l'équatorial  pho- 
tographique, à  Toulouse 1219 

MORAT.  —  Le  prix  La  Caze  (Physiologie) 

lui  est  décerné ii4o 

—  Adresse   ses   remercîments    à    l'Aca- 

démie     1218 

MOREAU.  —  Sur  la  préparation  des  car- 
bazides.  Action  des  hydrazincs  sur  les 
carbonates  phénoliques.  (En  commun 

avec  M.  P.  Cazeneiive.) i254 

MOUNEYRAT  (A.).  —  Action  du  brome 
sur  le  bromure  d'isobutyle  en  présence 
du  bromure  d'aluminium  anhydre  et 
du  chlorure  d'aluminium 226 

—  Action  du  brome  en  présence  du  chlo- 

rure d'aluminium  anhydre  sur  quel- 
ques dérivés  chlorés  du  benzène.  (En 
commun  avec  M.  Ch.  Poiuet.) 6o5 

MOURELO  (J.-R.).  —  Nouvelles  expé- 
riences sur  l'activité  du  manganèse 
par  rapport  à  la  phosphorescence  du 
sulfure  de  strontium i236 

MOUTARD.  —  Le  prix  Petit  d'Ormoy 
(Sciences  mathématiques)  lui  est  dé- 
cerné       I  I  ')0 

MULLER  (J.-A.).  —  Sur  les  chaleurs  de 
neutralisation  fractionnée  de  l'acide 
carbonyl-ferrocyanhydrique ,  compa- 
rées à  celles  de  l'acide  ferrocyanhy- 
drique 9*^'^ 

MULLER  (P. -Th.).  —  Sur  les  réfractions 
moléculaires,  la  dispersion  moléculaire 
et  le.  pouvoir  rotatoire  spécifique  de 
quelques  alcoylcamphres .  (En  commu  n 
avec  M.  A.  Halier .  ) ioo5 


NICATI  (W.).  -  Note  pour  servir  ;\  l'his- 
toire de  la  pression  intra-ooulaire  et, 
par  suite,  à  la  connaissance  du  méca- 
nisme de  la  pression  du  sang  dans  les 


N 


capillaires '^^8 

NIKOLAIEVE  (W.  de).  -  Sur  le  champ 
magnétique  à  l'intérieur  d'un  cylindre 
creux  parcouru  par  un  courant 202 


(  i336  ) 


MM.                                                          .   ^         P^B**- 
—  Sur  diverses  expériences  destinées  a 
confirmer  Fiiypothèse  d'Ampère,  re- 
lative à  la  direction  de  l'action  élémen- 
taire électromagnétiqHe 47^ 

NOCARD.  —  Un  prix  Montyon  (Médecine 
et  Chirurgie)  lui  est  décerné.  (En 
communavec  M.  Leclainclie.) i  loH 


MM.  Pages. 

NOËL  (.I.-M.)  soumet  au  jugement  de  l'A- 
cadémie une  Note  sur  «  Un  nouveau 
télémètre  » 6(0 

NYRÉN.  —    Le   prix  Valz   (Astronomie) 

lui  est  décerné 1080 

—  Adresse  ses  reraercîments  à  l'Aca- 
démie    1218 


o 


CECHSNER  DE  CONINCK.  — Contribution 

à  l'étude  d'une  oxyptomaïne 109 

—  Sur  l'élimination  de  l'azote  et  du  phos- 
phore chez  les  nourrissons 224 

OFFICE  CENTRAL  DES  ŒUVRES  DE 
BIENFAISANCE  (L').  —  Un  prix 
Montyon  (Statistique  )  lui  est  décerné.  1 082 


OLIVERO  (G.-B.)  adresse  une  Lettre  rela- 
tive à  un  Mémoire  d'Astronomie  com- 
muniqué par  lui  à  l'Académie i3?. 

—  Sur  la  généralisation  des  développe- 
ments en  fractions  continues,  donnés 
par  Gauss  et  par  Euler,  de  la  fonc- 
tion (i  -t-a;)'" 753 


PADÉ(H.).  —  Sur  la  généralisation  des 
développements  en  fractions  conti- 
nues, donnés  par  Lagrange,  de  la 
fonction  (i  -1-  x)'" 875 

PAINLEVÉ  (Paul).  —  Sur  le  développe- 
ment d'une  branche  uniforme  de  fonc- 
tion analytique  en  série  de  poly- 
nômes         27 

—  Sur   le   développement  des   fonctions 

analytiques  de  plusieurs  variables . . .       92 

—  Sur  les  équations  du  second  ordre  à 

points  critiques  fixes 760 

—  Sur  les  équations  différentielles  du  se- 

cond ordre  à  points  critiques  fixes  . .     9/19 
PARMENTIER  (Paul).  -  Un  prix  Thore 

lui  est  décerné 1 102 

PARTIOT.  —  Le  prix  Montyon  (Méca- 
nique) lui  est  décerné 1075 

—  Adresse  ses  reraercîments  à  l'Acadé- 

mie     i-2i8 

PASTEAU.  —  Le  prix  Godard  (Médecine 

et  Chirurgie)  lui  est  décerné 1 1 17 

PAYOT  (A.). —  Adresse  une  Note  relative 
à  un  procédé  pour  rendre  les  bois  in- 
combustibles      ro45 

PEACHEY  (S.-J.).  -  Sur  de  nouveaux 
composés  asymétriques  de  l'azote  ob- 
tenus par  synthèse  et  doués  du  pou- 
voir rotatoire.  (En  commun  avec  M.  /. 
Pope-) 767 

PERCHOT  (J.).  -  Sur  les  méthodes  de 
M.  Lœwy  pour  la  détermination  des 


latitudes.  (En  commun  avec  M.  W. 
Ebert.) 270 

PÉROKA.).  —  Sur  la  masse  du  déci- 
mètre cube  d'eau.  (En  commun  avec 
MM.  Ch.  Fabry  et  /.  Macé  de  Lé- 
pinny.) 709 

PERREAU.  —  Influence  des  rayons  X  sur 

la  résistance  électrique  du  sélénium.     <)5G 

PERRIER  (Edmond).  —  Note  accompa- 
gnant la  présentation  du  cinquième 
fascicule  de  son  «  Traité  de  Zoolo- 
gie » 69 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Serres 

(Médecine  et  Chirurgie) 1 1 18 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Gay 

(Géographie  physique) ii4G 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Petit 

d'Ormoy  (Sciences  physiques  ) 1 1 5 1 

PERRIN  (E.).  —  Un  prix  lui  est  décerné 
dans  le  concours  du  prix  extraordi- 
naire de  six  mille  francs 1071 

PERROTLN.  —  Sur  la  comète  Giacobini. .     664 
PETROVITCH  (Michel).—  Théorème  sur 
le  nombre  de  racines  d'une  équation 
algébrique,    comprises   à    l'intérieur 
d'une  circonférence  donnée 583 

—  Sur  le  nombre  de  racines  d'une  équa- 

tion algébrique,  comprises  à  l'inté- 
rieur d'une  circonférence  donnée  .  .  .     873 
PETRUCCI.    —   Sur  un  monstre   double 
sternopage  en  voie  de  formation,  ob- 
servé sur  un   blastoderme  d'œuf  de 


(   >337  ) 


MM.  Pages, 

poule.  (En  commun  avec  M.  Bnumn- 
ria^e.) 59,3 

PHISALIX  (C).  —  Nouvelles  observations 

sur  i'échidnase '  i  â 

PICARD  (Emile).  —  Quelques  remarques 
sur  les  intégrales  doubles  de  seconde 
espèce  dans  la  théorie  des  surfaces 
algébriques 53g 

PICART  (L.).  —  Sur  la  suppression  des 
essais  dans  le  calcul  des  orbites  pa- 
raboliques         17 

PIZON  (Antoine).  —  Sur  la  coloration 
des  Tuniciers  et  la  mobilité  de  leurs 
granules  pigmentaires ^95 

—  Sur  la   persistance   des   contractions 

cardiaques   pendant  les  phénomènes 
de  régression  chez  les  Tuniciers  ....     4i5 
POINCARÉ  (A.).  —  Écarts  barométriques 
sur  le  méridien  du  Soleil  aux  jours 
successifs  de  la  révolution  synodique.     128 

—  Écarts  barométriques  sur  le  méridien 

du  Soleil  aux  jours  successifs  de  la 
révolution  tropique  de  la  Lune 5-29 

—  Mouvements  barométriques  provoqués 

sur    le    méridien   du   Soleil    par   sa 

marche  en  déclinaison 1290 

l'OlNCARÊ  (H.).  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  Francœur 10O7 

—  Présente  à  l'Académie  la  «  Connais- 

sance des  Temps  pour  l'année  1902».     663 

—  Présente  «  l'Annuaire  du  Bureau  des 

Longitudes  pour  l'année  1900  « 1218 

POISSON  (Geouges).  —  Sur  l'identité  de 
solution  de  certains  problèmes  d'élas- 
ticité et  d'hydronamique 5i3 

PONSOT  (A.).  —  Remarques  sur  l'emploi 

des  cryohydrates 98 


MM.  •  Payes. 

POPE  (W.-J.).  —  Sur  de  nouveaux  com- 
posés asymétriques  de  l'azote,  obtenus 
par  synthèse  et  doués  du  pouvoir  ro- 
tatoire.  (En  commun  avec  M.  S.-J. 
Priichey .  .  ) 767 

POTAIN.  —  Rapport  sur  le  concours  du 
jirix  Montyon  (Médecine  et  Chirur- 
gie)      1  uiS 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Bellion 

(Médecine  et  Chirurgie) .  .j. i  i3fi 

POTIER  (A.).  —  Observations  sur  une 
Note  de  M.  Blondel  relative  à  la  réac- 
tion d'induit  des  alternateurs 637 

—  Rapport  sur   le  concours   du  prix  La 

Gaze  (Physique) 1080 

POUGET.  —  Sur  le  dosage  volumétriqut^ 

du  zinc 45 

—  Sur  les  sulfoantimonites  métalliques  . .     io3 
P0URET(Ch.).   —  Action  du  brome  en 

présence  du  clilorure  d'aluminium 
anhydre  sur  quelques  dérivés  chlo- 
rés du  benzène.  (En  commun  avec 
M.  A.  Mntiniyrat .)   6o5 

POUROVICZ.  —  Adresse  une  Note  relative 

au  mouvement  des  planètes io45 

PREVOST  (J.-L.).  —  La  mort  par  les  dé- 
charges électriques.  (En  commun 
avec  M.  F.  Batielli.) (in 

—  Sur  quelques  effets  des  décharges  élec- 

triciues  sur  le  cœur  des  Msmmifères. 

(Rn  commun  avec  M.  F.  Bidtrlli.) .  .    1267 

PRILLIEUX.  —  La  maladie  des  Œillets  à 
Antibes.  (En  commun  avec  M.  Dela- 
croix.)      71-1 

PUISEUX  (P.).  —  Considérations  sur  la 
constitution  physique  de  la  Lune. 
(En  commun  avec  M.  Lœivj.) 5 


QUINTON.  —  Une  mention  lui  est  attri- 
buée dans  )e  concours  du  prix  Mon- 


tyon (Physiologie  expérimentale) 


1 140 


R 


RABAUD  (ETIENNE).  —  Sur  le  parablaste 
et  l'endoderme  vitellin  du  blasto- 
derme de  poule / ; i^7 

RADAIS.  —  Sur  une  zooglée  lààctérienne 

de  forme  définie 1279 

RADAU  est  présenté  par  l'Académieà  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique  pour 

C.  H.,  iSyy.  2-  Semestre.  (T.  CX.VIX.; 


remplacer  M.  7>.siera/«Zau  Bureau  des 
Longitudes 1008 

RAILLIET.  —  Évolution  sans  hétérégonie 
d'un  Angiostome  de  la  Couleuvre  à 
collier 1271 

RA.MBAUD.  —  Observations  de  la  co- 
mète Giacobini  {29  septembre  1899), 


(   i338  ) 


MM.  ^  P^ees. 

faites  à  l'observatoire  d'Alger.  (En 
commun  avec  M.  Sy.) ■  •  •     ^77 

—  Observations  des  nouvelles   planètes 

(EW)  et  (ER),  faites  à  l'observatoire 
d'Alger.  (En  commun  avec  M.  Sj'.).     809 

RATEAU  (Auguste).  —  Le  pris  Fourney- 

ron  (Mécanique)  lui  est  décerné 1077 

RAYET  (G.).  —  Observations  de  la  comète 
Swift  (1899,  a)  faites  au  grand  équa- 
torial  de  l'observatoire  de  Bordeaux. 
(En  commun  avec  M.  J.  Féraiid.). .     443 

RAZOUS  (Paul).  —  Une  mention  lui  est 
attribuée  dans  le  concours  du  prix 
Montyon  (Arts  insalubres) 1 147 

RECOUR  A   (A.).  —  Sur   l'acétate   chro- 

mique '  ^^ 

—  Sur  les  états  isomériques  de  l'acétate 

chromique.  Acétate  normal.  Acétate 
anormal  violet  monoacide 208 

—  Sur  les  états  isomériques  de  l'acétate 

chromique  :  acétate  anormal  violet 
biacide,  acétate  anormal  vert  mono- 
acide       288 

REEB.  —  Un  prix  Barbier  (  Médecine  et 
Chirurgie)  lui  est  attribué.  (En  com- 
mun avec  M .  ScMaadenhavfen .)....    1114 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Acadé- 


mie . 


liU 


RENAUX.—  Sur  un  développement  d'une 
fonction  holomorphe  à  l'intérieur  d'un 
contour  en  une  série  de  polynômes..     473 

—  Sur  les  fonctions  fondamentales  et  sur 

le  développement  d'une  fonction  ho- 
lomorphe à  l'intérieur  d'un  contour 
en  série  de  fonctions  fondamentales. .     545 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      626 

RENNER  (Emile)  adresse  une  étude  sur 


MM. 

le  Magnétisme  terrestre 

REVIL  (H.).  —  Sur  la  Tectonique  de  l'ex- 
trémité septentrionale  du  massif  delà 
Chartreuse 

RICHARD  (Ad.)  adresse  une  Note  relative 
à  un  arc-en-ciel  présentant  une  appa- 
rence anormale 

UICHET  (Ch.).—  Effets  d'une  alimentation 
pauvre  en  chlorures  sur  le  traitement 
de  l'épilepsie  par  le  bromure  de  so- 
dium. (En commun  avec  M.  Ed.  Tou- 
louse.)   

RIEGGENBACH.  —  Sa  mort  est  annoncée 
à  l'Académie 

RIGAUT  (A.).  —  Sur  la  dissociation  du 
chlorure  de  cadmiuiti  hexammonia- 
cal.  (En  commun  avec  M.  f-F.-R. 
Long.) 

RIVALS.  —  Aldéhydes  salicylique  et  para- 
oxybenzo'ique  et  hydrosalicylamide. 
(En  commun  avec  M.  Delépine.) 

ROGER  (E.)  adresse  un  Mémoire  relatif  à 
la  Navigation  aérienne 

ROSENBUSCH  est  élu  Correspondant  pour 
la  Section  de  Minéralogie 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Acadé- 

mie  

ROTHÉ  (E.).  — Sur  l'interrupteur  électro- 
lylique  de  Wehnelt 

ROUCHÉ.  —  Rapport  sur  «  l'Album  dé- 
mographique de  la  France  » 

ROULE  (Louis).  —  Le  prix  Serres  lui  est 
décerné  

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Acadé- 

mie  <  • 

RUBÉNOVITCH  (  E.).  —  Action  du  phos- 
phure  d'hydrogène  sur  l'oxyde,  l'hy- 
drate et  le  carbonate  de  cuivre 


67 

io36 

357 

85o 
249 

294 

520 

939 
1009 

iai8 
675 
1088 
(118 
1218 

336 


SABATIER  (Paul).  —  Sels  basiques  mixtes 

argento-cuivriques 211 

SACERDOTE  (Paul).  —  Sur  les  déforma- 
tions électriques  des  diélectriques 
solides  isotropes 282 

SAGNAC  (G.).  —  Nouvelle  manière  de 
considérer  la  propagation  des  vibra- 
tions lumineuses  à  travers  la  ma- 
tière      -50 

—  Théorie  nouvelle  des  phénomènes  op- 
tiques d'entraînement  de  l'éther  par 
la  matière 818 


S.4L0M0N(E.).  —Nouvelles  expériences 
relatives  à  la  désinfection  antiphyl- 
loxérique  des  plants  de  vignes.  (En 
commun  avec  MM.  Georges  Couanon 
et  Joseph  Miclion.) 783 

SALTYKOW  (N.).  —  Considérations  sur 
les  travaux  de  MM.  S.  Lie  et  A. 
Mayer 34 

—  Sur  la  théorie  des  équations  aux  déri- 
vées partielles '95 

SAPPLN'-TROUFFY.  —  Division  du  noyau 

dans  la  sperraatogénèse  chez  l'homme.     1 7 1 


(  ' 

MM.  Pages. 

SARRAU  est  désigné  comme  devant  être 
présenté  à  M.  le  Ministre  de  la  Guerre 
pour  faire  partie  du  Conseil  de  per- 
fectionnement de  l'École  Polytech- 
nique       540 

—  Rapport  sur  les  travaux  de  MM.  Char- 

bonnier et  Galy-AcJié ,  dans  le  con- 
cours du  prix  extraordinaire  de  six 
mille  francs 1068 

SAUVAGEAU  (C).  -  Sur  l'alternance  de 

générations  des  Cutleria 555 

SCHLAGDENHAUFEN.-  Un  prix  Barbier 
(Médecine  et  Chirurgie)  lui  est  dé- 
cerné. (En  commun  avec  M.  Reeb.)  11 14 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Acadé- 

mie    1218 

SERGENT.  —  Un  prix  Bellion  (Médecine 

et  Chirurgie)  lui  est  décerné.   (En 

commun  avec  M .  Crespin . ) 1 1 36 

SICHART  (Von)  adresse  une  Note  relative 

à  un  calendrier  perpétuel 533 

SIEGLER  (J.-P.).  -   Le  prix  Laplace  lui 

est  décerné 1 165 

—  Un  prix  Rivot  lui  est  décerné n65 


19,88 


610 


339   ) 

[   MM. 

I  SIMON.  —  Sur  un  campylogramme  crâ- 
nien. (En  commun  avec  M.  Blin.). . . 
STASSANO.  —  Démonstration  de  la  désa- 
grégation des  leucocytes  et  de  la  dis- 
solution de  leur  contenu  dans  le 
plasma  sanguin  pendant  l'hypoleuco- 
cytose.  Influence  de  la  leucolyse  in- 
travasculaire  sur  la  coagulation  du 
sang 

—  Les  affinités  et  la  propriété  d'absorp- 

tion de  l'endothélium  vasculaire 648 

STORES  (Sir  George-Gabriel).    —   La 

médaille  Arago  lui  est  décernée 1 147 

SUMIEN  (E.)  adresse  une  Note  «  Sur  la 

lutte  contre  le  Phylloxéra  » 264 

PY.  —  Observations  de  la  comète  Giaco- 
bini  (2g  septembre  1899),  faites  à 
l'observatoire  d'Alger.  (En  commun 
avec  M.  Rambaud .) 377 

—  Observations   des    nouvelles  planètes 

(EW)et  (ER),  faites  à  l'observatoire 
d'Alger.  (En  commun  avec  M.  Ram- 
baud.)      809 


TANRET  (Charles).—  Sur  lerhamninose. 

(En  commun  avec  M.  Georges  Tanret.)  725 
TANRET  (Georges).  —  Sur  le  rhamni- 

nose.  (En  commun  avec  M.  Charles 

Tanret.) 725 

TARRY  (Harold).  —  Observations  des 

Léonides  à  Alger 869 

—  Adresse  des   indications    complémen- 

taires sur  les  nombres  horaires  des 
Léonides  observées  à  Alger 942 

—  Adresse  une  Note  relalive  à  l'observa- 

tion des  Biélides  à  Alger,  dans  la  nuit 

du  28  au  29  novembre loio 

TEISSERENC  DE  BORT  (Léon).  —  Sur 
les  ascensions  dans  l'atmosphère  d'en- 
registreurs météorologiques  portés  par 
des  cerfs-volants 1 3 1 

—  Sur  la  température  et  ses  variations 

dans  l'atmosphère  libre,  d'après  les 
observations  de  quatre-vingt-dix  bal- 
lons-sondes       417 

TERRIER  (Félix).  —  Un  prix  Mège  (Mé- 
decine et  Chirurgie)  lui  est  décerné. 
(En  commun  avec  M.  Marcel  Bau- 
doin ) 1 1 3G 

THIERRY  (Maurice  de).  —  Dosage  du 


'  gaz  carbonique  au  mont  Blanc 3i5 

THOMAS  adresse  une  Note  relative  à  un 
!  aérostat  dirigeable.  (En  commun  avec 

i  M.  Breuillot.) 493 

THOMAS(  V.).—  Action  de  l'oxyde  nitrique 

sur  la  dichlorhydrine  chromique 828 

THOULET  (J.).  —  Lithologie  sous-marine 

des  côtes  de  France 623 

—  Sur  une  expérience  relative  aux  cou- 

rants sous-marins 891 

—  Évaluation  approchée  de  la  dénudation 

du  terrain  crétacé  des  côtes  nor- 
mandes     1043 

TISON  (A.).—  Sur  la  cicatrisation  du  sys- 
tème fasciculaire  et  celle  de  l'appareil 
sécréteur  lors  de  la  chute  des  feuilles.     i25 

TOMMASINA  (Thomas).  —  Sur  la  nature 
et  la  cause  du  phénomène  des  cohé- 
reurs 4o 

—  Sur  la  constatation  de  la  fluorescence 

de  l'aluminium  et  du  magnésium  dans 
l'eau  et  dans  l'alcool,  sous  l'action  des 

courants  de  la  bobine  d'induction 957 

TOULOUSE  (Ed.).  —  Effets  d'une  alimen- 
tation pauvre  en  chlorures  sur  le 
traitement  de  l'épilepsie  par  le  bro- 


(  I 

MM.  Page», 

mure  de  sodium.  (En  commun  avec 
M.  Ch.  Richet.) S5o 

TKÉPIED  (Ch.).  —  Observations  des  Léo- 
nides,  faites,  à  l'observatoire  d'Alger, 
les  i3,  i4  et  i5  novembre  1899 SOy 

TRILLA.T  (A.).  —  Sur  la  matière  colorante 
rie   la   digitale.    (En   commun   avec 

M.  Àdrinn.) 889 

—  Action  de  l'acide  nitreux  sur  la  leuco- 

base  Ci«H"Az2 1242 

TROOST  (L.)  est  élu  Membre  de  la  Com- 
mission de  contrôle  de  la  circulation 
monétaire  au  Ministère  des  Finances.     666 


340   ) 


MM.  Pages. 

TSIMBOURAKY  (Al.)  adresse  une  Note 
relative  à  un  traitement  de  la  lithiase 
et  de  l'hyperhémie  héjiatiques 186 

TSVETT.  —Sur  la  liquéfaction  réversible 

des  albuminoïdes  ....    55i 

—  Sur  la  constitution  de  la  matière  colo- 
rante des  feuilles.  La  chloroglobine. .     607 

TURPAIN  (Albert). —  Sur  la  propagation 
des  oscillations  électriques  dans  les 
milieux  diélectriques 670 

TURQUAN  obtient  un  rappel  de  prix  (Sta- 
tistique)    io83 


u 


UMBGROVE(H.).  —  Sur  les  acides  dial- 
coylbenzoylbenzoïques  et  dialcoylben- 
zylbenzoïques  tétrachlorés.  (En  com- 
mun avec  M.  A.  Huiler.') 90 

URBAIN  (G.).  —  Sur  quelques  acélyiacé- 
tonates.  (En  commun  avec  M.  À.  De- 


bierrie.) Sou 

USELADE  (J.).  —  Sur  les  vestiges  d'une 
ancienne  forteresse  vitrifiée,  au  bourg 
de  Saint-Sauveur,  dans  la  vallée  su- 
périeure de  la  Dore  (Puy-de-Dôme).     981 


VAILLÂRD.  —  Une  somme  de  quatre 
mille  francs  sur  le  concours  du  prix 
Bréant  (Médecine  et  Chirurgie)  lui  est 
accordée 1 1 1 5  ' 

—  Adresse  ses  remercîments  à  l'Académie.  121S 
VALEUR  (Arma.nd).  —  Suj-  le  dosage  vo- 

lumétrique  des  quinones  dérivées  du 
benzène 55o 

—  Sur  le  dosage  des  halogènes  dans  les 

cûinpo.sés  organiques 1263 

VALLIER  (E.).—  Sur  la  loi  des  pressions 

dans  les  bouches  à  feu 258 

—  Sur  le  tracé  des  freins  hydrauliques. .     706 
VAN  MELLE.  —  Une  nouvelle  hypothèse 

sur  la  nature  des  conditions  physiques 
de  l'odorat.  (En  comuuin  avec  M.  f'a.s- 
cliiitc.) ,.285 

VAN  TIEGHEM.  -  Allocution  de  M.  Fan 
Titg/it'/n,  président  de  l'Académie, 
dans  la  séance  publique  du  18  dé- 
cembre 1899 1049 

VASCHIDE.—  Recherches  expérimentales 
sur  les  rêves.  De  la  continuité  des 
rêves  pendant  le  sommeil i83 

—  Une  nouvelle  hypoliiese  sur  la  nature 

des  conditions  physiques  de  l'odorat. 


(En  commun  avec  M.  Fan  Melle.)..    i285 

VASCHY(AiMÉ).  —  Le  prix  Gagner  lui 

est  décerné 1 1 5o 

VAYSSIÈRES(Aluert).— Le  prixGay  (Géo- 
graphie physique)  lui  est  décerné  ...    1 146 

VERBECK.  —  Le  prix  Tchiatchef   lui  est 

décerné 1 1  âg 

VIARD  (Georges). —  Décomposition  du 
phosphate  monomanganeux  par  l'eau 
à  0°  et  à  100° 412 

VIDAL  (D'  E.)  donne  lecture  d'un  Mémoire 

«  Sur  la  fermentation  des  vins  »  . . . .      195 

VIEILLE  (Paul).  —  Sur  les  discontinuités 
produites  par  la  détente  brusque  de 
gaz  comprimés 1 228 

VIGÔUKÛUX  (E.MILE).  —  Action  du  chlore 
sur  un  mélange  de  silicium,  de  silice 
et  d'alumine 334 

—  Sur  le  siliciure  de  molybdène i238 

VILL.4Ri)  (P.).  —  Sur  l'action  chimique 

des  rayons  X 882 

VDvCENTI  (G.)  adresse  des  «  Éludes  de 

Phonographie ei  de  Plionotélégraphie»     goj 

VIRÉ.  —  Le  prix  Bordin  (Sciences  phy- 
siques, Anatomie  et  Physiologie)  lui 
est  décerné 1 1 06 


MM. 


VOGUÉ  (Mauquis  de)  adresse  des  renier 
ciments  à  l'Académie,  pour  le  prix 


(  i34i 

Pages . 


) 


MM.  Pages, 

déceinéà  rOjî^ce  central  des  (Xiwres 
de  bienfaisance . .    1218 


w 


WALLERANT  (Fréd.).  —  Sur  l'origine 
de  la  symélrie  dans  les  corps  cristal- 
lisés et  du  polymorphisme 775 

—  Sur  les  éléments  de  symétrie  limite  et 

la  mériédrie 1281 

WEISS.  —   Un  prix  Pourat  (Physiologie) 


■M4 
1218 


lui  est  décerné.  (En  commun  avec  M. 

Carvalho .) 

—  Adresse  des  remercîmentsà  l'Académie. 
WERTHEIMER  (E.).  —  Sur  linnervation 

sécrétoire  du  pancréas.  (En  commun 

avec  M.  L.  Lrpa^e.) 737 


ZEEMAN  (P.).-  Le  prix  Wilde  (Chimie) 

lui  est  décerné logS 

—  Adresse  des  remercîmentsà  l'Académie.  121. S 


ZOGRAF  (N.  DE).  —  Sur  les  organes  cé- 

phaliques  latéraux  des  Glomeris 5o4 


OAUTHIER-VILL.\RS 

274i4 


IMPKI.MKUR-LIBHAIBE  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  l'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 
Paris.  —  Quai  des  Grands-.Vugustins,  55. 


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